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REFERENCE/CONSULTATION
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Cet ouvrage ne peut être consulté qu'àf
la bibliothèque.
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in 2012 with funding from
University of Toronto
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DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
D'HISTOIRE NATURELLE
TOiME HUITIEME.
LISTE DES AUTEURS PAR ORDRE DE MATIÈRES.
Zoologie générale. Anatoniie, Physiologie. Tératologie
et Aatthropologie.
MM.
CASIMIR BR0USSA1S ,#, D. M., professeur àl'hô-
pita! militaire du Val-de-Grâce.
DUPONCHELfils, #, méd. de l'Ecole polvtechnîq.
DUVERNOY, %, D.-M., membre de l'Institut, pro-
fesseur nu Collège de France, etc.
MILNE EDWARDS, O. #, D.-M., memb. de Tins.
FLOURENS, C. $fc, D.-M., secrétaire perpétuel de
l'Académie des Sciences, membre de l'Académie
française, etc.
MM.
ISIDORE GEOFFROY S.-IIILAIRE.O. #, D.-M.,
membre de l'Institut, in.-p. gêner de l'Université]
professeur-administrateur au Muséum d'histoire
naturelle . etc.
DE HUMlïOl.DT (le baron Alexandre), C. $£, mern-
bre de l'Institut de France, de l'Académie royale
de Berlin, etc.
MARTIN SAINT-ANGE, 0. $f, I). M., membre de
plusieurs sociétés savantes.
Mammifères et Oiseaux.
ISIDORE GEOFFROY S.-IIILA1RE, O. #, D.-M.
membre de l'Institut, etc.
BAUDEMEN'l', professeur à l'Institut national agro-
nomique, membre de la Société pliilomatique.
GERBE, aide-naturaliste au Collège de France.
DE LAF11ESNAYE, membre de plusieurs soc. sa?,
LAI3RILLA RI), 2j£, membre de plusieurs sociétés
savantes.
DE ODATREFAGES, >%, docteur en médecine, elc.
R0UL1N, membre de la Société pliilomatique, etc.
Reptiles et Poissons.
UIBRON , $fc, professeur d'histoire naturelle.
VALENCIENNES, #, membre de l'Institut, profes-
seur-administrat.au Muséum d'histoire naturelle.
Mollusques.
DESIl AYES, $fe, membre de plusieurs sociétés sa?.
VALENCIENNES, %■ , membre de l'Institut, etc.
ALCIDE D'ORBIGNY, O. #, membre de la Société
pliilomatique, elc.
Artieulés.
(Insectes, Myriapodes, Arachnides, Crustace's, Ciri hopodes, Anne'lides, Helniinthides, Systolides.)
AUDOUIN, ifc, D.-M., membre de l'Institut, profes-
seur-administrat. au Muséum d'histoire naturelle.
BLANCHARD, membre de plusieurs sociétés sav.
BOITARD, #, auteur déplus, ouvrages d'hist. nat.
BRULLÊ, ^.prof. à la faculté des scienc. de Dijon.
CHEVROLAT, membre de plusieurs sociétés savant.
DESMAREST, secrétaire de la soc. entomolog. de
France.
I DU J AR D1N, %, professeur d'histoire naturelle
j DIJPONCIIEI„->£,memhn'deplus;eurs sociétéssav.
LUCAS, membre de hi Société entomologique.
GERVA1S, professeur d'histoire naturelle, membre
de la Société pliilomatique.
| MILNE EDWARDS , O. #, D.-M., membre de
l'Institut, profe.ss.-administ. au Muséum d'histoire
j naturelle, etc.
Zoophytes ou Rayonnes.
(Echinodermes, Acalèplies, Foraminifèi es, Polypes, Spongiaires et I illusoires.)
ALCI»E D'ORBIGNY, O. #, membre de la Société
philomatique de France, etc.
DUJABD1N, #, professeur d'histoire naturelle, etc.
MILNEEDWARDS,0.#,D.-M.,mem.del'Inst.,etc.
ISotanique.
DE BREBISSON, membre de plusieurs sociétés sa-
vantes.
t'.RONGNIART, O. %, D.-M., membre de l'Inst.,
professeur-administrateur au Muséum d'histoire
naturelle, etc.
DECA1SNE, ifc, membre de l'Institut.
DUCHARTRE , professeur à l'Institut national agro-
nomique, membre de la Société pliilomatique, etc.
DE JUSS1EU, O. %, D.-M., membre del'Inst. , pi o-
/esseur-administr. au Muséum d'histoire naturelle.
LEVE1LLÉ, D.-M., memb. de la Société philomatiq.
MONTAGNE, {$, D.-M., memb. de la Soc. phil., etc.
lïICHARI), $fc, D.-M., membre de l'Institut, profes-
seur à la Faculté de médecine.
SPACH, aide-naturaliste au Muséum d'histoire natu.
relie.
Idéologie , Minéralogie.
CORDIER , C. ^ , membre de l'Institut , prof.-adm.
au Muséum d'histoire naturelle, etc.
DELAFOSSE, ^, professeur de minéralogie à la
DESNOYERS, #, ) . ibl'iolhé'caire au Muséum d'his-
toire naturelle, membre de plusieurs sociétés sav.
ÉLIE DE REAUMONT.O. #, membre del'Institut,
profes. au Collège de France, insp. gén. des mines.
CIL D'ORBIGNY, membre de plusieurs sociétés
savantes, etc. ,
CONSTANT PREVOST, # , membre de l'Institut,
profes. de géologie à la Faculté des sciences, etc.
Chimie, Physique et Astronomie.
ARAGO , C. %p, secrè'aire perpétuel de l'Académie
des sciences , elc.
BECQUEREL, O. #, membre de l'Institut, profess.-
admin strateurau Muséum d'histoire naturelle, etc.
DUMAS, C. îfc, D.-M., membre le l'Inst., prof, de
chim. àla fac. de méd. et àlafac. des scienc. , etc.
PELOUZE , ifc , membre de l'Institut, professeur de
chimie au collège de France.
PELTIER, membre de plusieurs sociétés savan-
tes.,
RIVIÈRE, ifc, professeur de sciences physique».
Paris. — mprimerie de L. Maktinet, rue Mignon. 2.
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
D'HISTOIRE NATURELLE
RÉSUMANT ET COMPLÉTANT
TOUS LES FAITS PRÉSENTÉS PAR LES ENCYCLOPÉDIES
LES ANCIENS DICTIONNAIRES SCIENTIFIQUES
les OEuvres complètes de Buffon, et les Traités spéciaux sur les diverses branches des sciences naturelles
DONNANT
LA DESCRIPTION DES ÊTRES ET DES DIVERS PHÉNOMÈNES
DE LA NATURE
PÉtymologie et la Définition des Noms scientifiques, les Principales Applications des corps organiques et inorganiques,
à l'agriculture, à la médecine, aux arts industriels, etc.
PAR MM.
ARAGO, AUDOUIN, BAUDEMENT, BECQUEREL, BIBRON,
BLANCHARD, BOITARD, DE BRÉBISSON , AD. BRONGNIART,
C. BROUSSAIS, BRULLÉ", CHEVROLAT, CORDIER, DECAISNE, DELAFOSSE,
DESHAYES, DESMAREST, J. DESNOYERS, ALCIDE ET CHARLES d'ORBIGNY, DOYERE.
DUCHARTRE, DUJARDIN, DUMAS, DUPONCHEL, DUVERNOY, ÉLIE DE BEAUMONT,
FLOURENS, IS. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, GERBE, GERVAIS, HOLLARD,
DE JUSSIEU, DE LAFRESNAYE, LAURJLLARD, LEMAIRE, LÉVEILLÉ,
LUCAS, MARTIN ST-ANGE, MILNE EDWARDS, MONTAGNE,
PELOUZE, PELTIER, C, PRÉVOST, DE QUATREFAGES, j^9\\f\Ht*n /f^
A. RICHARD, RIVIÈRE, ROULIN, SPACII,
VALENCIENNES, ETC. BIBUOTHECA
DIRIGÉ PAR m. C. D'ORBIGNY ^W^^en^!5
d'un magnifique Atlas de $@§ planches gravées sur acier
uOuawa
TOME HUITIÈME.
PARIS
CHEZ LES ÉDITEURS, L. 'HOUSSIAUX ET C
RUE ET HÔTEL MIGNON, 2
(Quartier de l'Ecolede-Médecine)
1861
JLMS TE
i
DES ABRÉVIATIONS
EMPLOYEES DANS CET OUVRAGE.
( Les abréviations on petites capitales placées au commencement de chaque article
indiquent la grande classa à laquelle ils appartiennent.)
Acal. . .
. Acalèphes.
5?0
Mam. . .
. Mammifères.
Anal. . .
. Anatoraie.
Mém. . .
. Mémoire.
Ann. . .
. Annales.
Méléor. .
. Météorologie.
Annél . .
. Annélides.
Min. . .
. Minéralogie.
Arach. .
. Arachnides.
Moll. .
. . Mollusques.
Astr. . .
. Astronomie.
Myriap.
. Myriapode.
Bot . . .
. Botanique.
Ois. . .
. Oiseaux.
Bot. cr. .
. Botanique cryptogami-
Paléont.
. . Paléontologie.
que.
Ph. ou Phi
in. Phanérogame, ou pha
Bot. ph. .
. Botanique phanéroga-
nérogamie.
rnique.
Phys . .
. . Physique.
Bull. . .
. Bulletin.
Physiol .
. . Physiologie.
Chim. . .
. Chimie.
PI. . . .
. . Planche.
Cirrh. . .
. Cirrhopodes.
Poiss. .
. . Poissons.
Crust. . .
. Crustacés.
Polyp. .
. . Polypes, Polypiers.
Échin . .
. Echinodermes.
Rad. . .
. . Radiaires.
Fig. . . .
. Figure.
liept. . .
. . Reptiles.
Foramin .
. Foraminileres.
Spong. .
. . Spongiaires.
Foss . . .
. Fossile.
Systol. .
. . Systolides.
G. ou g.
. Genre.
Syn uuSy
non. Synonyme.
Géol. . .
. Géologie.
Ter ai. .
. . Tératologie.
Helm. . .
. llelminthides.
V. ou Vo%
I. . Voyez.
Hist. nat.
. Histoire naturelle.
Vulg. . .
. . Vulgaire.
In fus. . .
. lnfusoires.
Zool. . .
. . Zoologie.
Ins. . . .
. Insectes.
Zoopn . ,
. . Zoophytes.
mm.
1 * t 1
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
D'HISTOIRE NATURELLE.
M
MARTE. Mustela. mam. — Ce genre de
Mammifères , établi par Linné et placé à la
tête des Carnassiers digitigrades de G. Cu-
vier, forme, pour M. Is Geoffroy, sous le nom
de Mustéliens, la troisième famille de son
sous-ordre des Carnivores à molaires plus ou
moins tranchantes , mais non hérissées de
pointes. Les Martes ont une seule dent tu-
berculeuse en arrière de la dent carnassière
de la mâchoire supérieure; on leur compte
de trente-deux à trente-huit dents. Leur
corps très allongé et leurs pieds très courts
leur permettent de passer par les plus petits
trous. Elles manquent de cœcum, et ne
tombent pas l'hiver en léthargie.
Les Martes proprement dites ont à cha-
que mâchoire six incisives, deux canines, et,
parmi les mâchelières , deux carnassières et
deux tuberculeuses ; mais le nombre des faus-
ses molaires varie quelquefois de quatre à six
à la mâchoire supérieure, et de six à huit à
l'inférieure, d'où il résulte que le nombre
de leurs dents varie de trente-quatre à trente-
huit. Les carnassières ressemblent assez à
celles des Chats : cependant les supérieures
ont le tubercule interne plus distinct, et les
inférieures sont remarquables par un talon
assez étendu que présente leur partie pos-
térieure. Les tuberculeuses inférieures sont
petites, arrondies, etleurcouronnese termine
par trois petites pointes ; les supérieures sont
divisées en deux parties par un sillon assez
profond, et chaque partie offre trois petits
tubercules. Les pieds sont courts compara-
tivement à la longueur de leur corps effllé,
et terminés chacun par cinq doigts réunis
dans une grande partie de leur longueur
par une membrane. Les ongles sont arqués
T. VIII.
et très pointus, excepté dans les Zorilles. La
queue varie beaucoup de longueur, selon les
espèces. Leur pupille est allongée transver-
salement, comme chez les animaux crépus-
culaires; l'os pénial existe assez développé
dans toutes, mais sa forme n'est pas toujours
la même. Les mamelles sont placées sur le
ventre, au nombre de quatre à huit. Près de
l'anus sont de petites glandes qui sécrètent,
surtout quand ces animaux sont en colère,
une humeur d'une odeur toujours désagréa-
ble et souvent fétide.
De tous les animaux carnassiers, les Mar-
tes sont les plus cruels et les plus sangui-
naires. Elles ne se nourrissent que de proies
vivantes, et il faut qu'elles soient poussées
par une faim extrême pour manger quelques
baies sucrées, telles que les Raisins et les fruits
de la Ronce. Celles qui vivent dans les bois
sont constamment occupées de la chasse des
Oiseaux, des Souris, des Rats; les plus pe-
tites espèces même, telles que l'Hermine et
la Relclte, attaquent sans hésitation des ani-
maux dix fois plus gros qu'elles, les Lapins,
les Lièvres et les plus grands oiseaux de
basse-cour. La ruse dans l'attaque, l'effron-
terie dans le danger, un courage furieux
dans le combat, une cruauté inouïe dans la
victoire, un goût désordonné pour le car-
nage et le sang, sont des caractères qui ap-
partiennent à toutes les espèces de cette fa-
mille, sans exception. Leur corps, long,
grêle, vermiforme, comme disent les natu-
ralistes, leurs jambes courtes, leur souplesse
et leur agilité, permettent à ces animaux de
se glisser partout et de passer par les plus
petits trous, pourvu que leur tête puisse y
entrer ; aussi parviennent-ils aisément à pé-
1
iMAU
MAR
nétrer dans les basses-cours, et leur appari-
tion est toujours le signal de la mort pour
tous les petits animaux domestiques qu'on y
élève. Rien n'est épargné, et, avant d'assou-
vir leur faim, il faut qu'elles aient tué tout
ce qui les entoure, tout ce qu'elles peuvent
atteindre. Elles ont un art merveilleux pour
s'approcher doucement de leur victime sans
en être aperçues et sans la réveiller, pour
s'élancer sur elle, la saisir, l'envelopper
comme un serpent dans les replis de leur
corps long et souple, lui couper la gorge
avant qu'elle ait eu le temps de pousser un
cri qui eût donné l'alarme aux autres. Les
Martes sont si cruelles qu'elles n'épargnent
pas mêjne les animaux de leur genre; les
espèces les plus fortes font une guerre à mort
aux plus faibles; et cependant les mâles ne
mangent pas leurs petits, comme font la plu-
part des Chats, les Cochons, et même les La-
pins. Ils en prennent au contraire le plus
grand soin, et, dès qu'ils peuvent marcher,
ils partagent avec la femelle les soins de
Jeur éducation. J'ai pu m'assurer de ce fait
par mes propres yeux dans l'espèce de la
Marte commune et celle de la Fouine.
Les Martes, d'un caractère sauvage et fa-
rouche, ne se plaisent que dans les forêts les
moins fréquentées, et, si l'on en excepte la
Fouine et la Belette, elles ne s'approchent
pas volontiers des habitations de l'homme.
On ne peut nier qu'elles aient de l'intelli-
gence, si on en juge par l'adresse et la ruse
qu'elles emploient pour surprendre leurs
ennemis; mais c'est purement une intelli-
gence de meurtre et de cruauté, qui ne les
empêche pas de tomber dans tous les pièges
qu'on leur tend. Réduites en captivité,
elles s'apprivoisent assez bien; cependant
jamais assez pour sentir de l'affection pour
leur maître, et ne pas s'effaroucher de la
présence d'un étranger. Sans cesse agitées
par un mouvement de défiance et d'inquié-
tude, elles ne peuvent rester un moment en
place, et si elles cessent par intervalle d'es-
sayer à briser leur chaîne , c'est pour dor-
mir. Cependant, comme on le verra à l'ar-
ticle de la Fouine , quelques individus font
un peu exception et ont le caractère moins
farouche.
Le genre Marte a été divisé par presque
tous les naturalistes en quatre sections ou
sous-genres, savoir :
I. Les MARTES (Musteia, G. Cuv.).
Elles ont 6 fausses molaires à la mâchoire
supérieure, et 8 à l'inférieure. Elles se trou-
vent en Europe, en Asie et en Amérique.
1 . La Marte commune, Musteia martes Lin. ;
la Marte, Buff. ; Marte des sapins ou Marte
abietum de quelques anciens écrivains. Elle
a environ 1 pied et demi (0m,487) de lon-
gueur, non compris la queue, qui a un peu
moins de 10 pouces (0m,27t). Elle est d'un
brun lustré, avec une tache d'un jaune clair
sous la gorge, ce qui la distingue fort bien
de la Fouine ; le bout du museau, la dernière
partie de la queue et les membres sont d'un
brun plus foncé, et la partie postérieure du
ventre d'un brun plus roussâtre que le reste
du corps. Avant que les grandes forêts fus-
sent détruites en France, la Marte y était
assez commune, mais aujourd'hui elle est
devenue très rare. Cependant j'en ai tué
plusieurs, dans ma jeunesse, dans les mon-
tagnes qui séparent le bassin de la Loire de
celui de la Saône, et j'observerai que l'une
d'elles était suivie de six petits, quoique
Bufîon prétende que cet animal n'en fait que
deux ou trois par portée. Ces animaux ne se
plaisent que dans la profondeur des forêts
les plus sauvages, où elles grimpent avec
agilité sur les arbres les plus élevés, pour
faire une chasse incessante aux oiseaux et
aux petits mammifères. La Marte n'est pas
un animal tout-à-fait nocturne, malgré la
disposition de sa pupille; mais, ainsi que
tous les animaux sauvages qui habitent des
pays très peuplés, où l'homme les inquiète
souvent, elle se cache pendant le jour,et ne
sort de sa retraite que la nuit, pour com-
mettre ses déprédations. Elle détruit une
grande quantité de menu gibier; elle cherche
les nids d'oiseaux, dont elle mange les œufs ;
elle tâche de surprendre la Perdrix couvant
dans les bruyères, le Lièvre dans son gîte,
les Écureuils dans leur nid; et, si ces espè-
ces lui manquent, elle se jette sur les Mu-
lots, les Loirs, les Lérots, et même sur les
Lézards et les Serpents. Elle cherche aussi les
ruches des Abeilles sauvages, pour s'emparer
du miel.
Courageuse et rusée, comptant surtout
sur son extrême agilité, elle s'effraie peu
quand elle est chassée par des Chiens cou-
rants ; elle se plaît à faire battre et rebattre
M A R
MAR
3
sa passée, à les dépister, à les fatiguer, avant
de monter sur un arbre pour échapper à leur
poursuite. Encore, quand elle emploie ce
dernier moyen, ne se donne-t-elle pas la
peine de grimper jusqu'au sommet. Assise à
la bifurcation de la première branche, elle
les regarde effrontément passer sans s'en in-
quiéter davantage. Elle ne se creuse pas de
terrier et n'habite même pas ceux qu'elle
trouve tout faits; mais, quand elle veut
mettre bas, elle cherche un nid d'Écureuils,
en mange ou en chasse le propriétaire, en
élargît l'ouverture, l'arrange à sa fantaisie,
et y fait ses petits sur un lit de mousse.
Tant qu'elle les allaite, le mâle rôde dans les
environs, mais n'en approche pas. Quand
les petits sont assez forts pour sortir, la mère
les conduit chaque jour à la promenade, et
leur apprend à grimper, à chasser et à re-
connaître la proie dont ils doivent se nour-
rir. C'est alors que le mâle se réunit à la fe-
melle, apporte à ses enfants des oiseaux, des
Muiots et des œufs. Dès lors ils ne rentrent
plus dans le nid, et dorment tous ensemble
dans des trous d'arbres ou dans des feuilles
sèches, sous un buisson touffu. Dans les fo-
rêts très solitaires, la famille se hasarde quel-
quefois à sortir de sa retraite pendant le
jour, mais en se glissant furtivement sous le
feuillage et se donnant bien de garde d'être
aperçue par les oiseaux. Si un Roitelet, un
Rouge-Gorge , une Mésange ou toute autre
espèce d'oiseau, grand ou petit, vient à aper-
cevoir une Marte, il pousse aussitôt un cri
particulier qui donne une alarme générale à
un quart de lieue à la ronde. Les Pies, Geais,
Merles, Pinsons, Fauvettes, en un mot pres-
que toute la population ailée, se réunit aus-
sitôt en criaillant, entoure l'animal, le pour-
suit, le harcèle, s'en approche en redoublant
ses cris, et, à force de l'étourdir par des cla-
meurs, le contraint à une prompte retraite.
Du reste, tous les animaux carnassiers ,,
Chouettes, Ducs, Chats, Renards, etc., ne
sont pas reçus d'une manière plus amicale
par le peuple chantant des forets, tandis qu'il
vit en très bonne intelligence avec les ani-
maux paisibles, comme Chevreuils, Lièvres,
Lapins, etc. Ce fait ne servirait-il pas à ex-
pliquer, au moins en partie, comment tous
les Carnassiers, soit qu'ils aient la pupille
ronde ou allongée, ont contracté des habi-
tudes nocturnes?
La fourrure de la Marte commune a quel-
que valeur, mais il s'en faut de beaucoup
qu'elle soit comparable à celle de la Marte-
Zibeline , dont nous aurons à nous occuper
plus loin. Elle est moins rare dans le Nord
qu'en France, et plus commune encore dans
le Canada et dans toute l'Amérique septen-
trionale.
2. La Zibeline, MuslelazibelUnaLinn.; la
Marte-Zibeline, Buff.; \eSabbal des Suédois;
le Sobol des Polonais et des Russes. Cet ani-
mal habite les régions les plus septentrionales
de l'Europe et de l'Asie, et se trouve jusqu'au
Kamtschatka ; il n'est pas rare non plus dans
le nord de l'Amérique septentrionale. Sa
fourrure est extrêmement précieuse, et il
s'en fait un commerce immense en Russie.
Les plus estimées viennent de Sibérie, sur-
tout celles de Witinski et deNerskinsk. Les
bords de la Witirna, rivière qui sort d'un
lac situé à l'est du Baïkal et va se jeter dans
la Lena, sont célèbres par les Zibelines qu'on
y trouve; elles abondent également dans la
partie glacée et inhabitable des monts Altaï,
ainsi que dans les montagnes du Saïan9 au-
delà du Jenissei, dans les environs de l'Oby
et le long des ruisseaux qui tombent dans la
Touba. La fourrure d'hiver est noire, et
c'est la plus précieuse ; celle d'été, plus ou
moins brunâtre et mal fournie, a beaucoup
moins de valeur; mais les marchands russes,
par des préparations particulières, savent la
faire passer dans le commerce pour de la
Marte d'hiver, et les plus fins connaisseurs
s'y laissent quelquefois prendre.
Elle ressemble beaucoup à la Marte com-
mune, quant aux mœurs et aux formes, et
elle n'en diffère que par les couleurs et la
finesse de son pelage. Elle est d'un brun
lustré, noirâtre en hiver, plus pâle en été,
quelquefois entièrement blanche ou roussâtre
dans certaines variétés accidentelles. Ellea le
dessous de la gorge grisâtre, le devant de la
tête et les oreilles blanchâtres, et, ce qui la
distingue très bien de la Marte commune, ce
sont les poils qui lui couvrent le dessous de ses
pieds jusque sous les doigts. Elle rôde sans
cesse dans les buissons, et se plaît particuliè-
rement dans les halliers fourrés, sur le bord
des lacs, des rivières et des ruisseaux, dans
les bois peuplés de grands arbres. Quelque-
fois elle s'établit dans un terrier qu'elle so
creuse en terrain sec, sur une pente rapide.
MAR
MAR
et dont l'entrée se trouve toujours masquée
par des ronces et d'épais buissons. Quelque-
fois aussi elle se loge dans des trous d'arbre,
ou elle s'empare du nid d'une Chouette ou
d'un Petit-Gris. Jamais elle ne s'approche
des habitations, et cependant elle a un cou-
rage indomptable, nullement comparable à
son peu de force. Quel que soit l'ennemi qui
l'attaque, elle se défend avec fureur jusqu'à
son dernier moment, et parvient quelque-
fois à échapper à la dent meurtrière du
chien le mieux dressé à la chasse. Son cor-
sage délié lui permet de se glisser dans les
plus petits trous; sa force musculaire et ses
ongles arqués et pointus lui donnent une
extrême facilité à grimper, à s'élancer de
branche en branche pour poursuivre jus-
qu'au sommet des plus minces rameaux les
oiseaux, les Écureuils et autres petits ani-
maux auxquels elle fait une guerre d'exter-
mination. Quelquefois elle suit le bord des
ruisseaux , pour s'emparer, faute de mieux,
des reptiles aquatiques, et même des pois-
sons, si on s'en rapporte à quelques voya-
geurs et à Buffon ; mais ce fait me paraît
très contestable. Quand le gibier lui manque,
elle mange des insectes, et quelquefois elle
se contente de quelques baies sucrées, telles
que celles de l'Airelle.
C'est aux chasseurs qui poursuivent la
Zibeline dans les déserts glacés du Nord que
l'on doit la découverte de la Sibérie orien-
tale. Je vais citer ici ce que je dis , dans
mon Jardin des Plantes, de la chasse de cet
animal.
« Sur quatre-vingt mille exilés, plus ou
moins, qui peuplent habituellement la Sibé-
rie , environ quinze mille sont employés à la
chasse de la Zibeline et de l'Hermine. Ils se
réunissent en petites troupes de quinze ou
vingt, rarement plus ou moins, afln de pou-
voir se prêter un mutuel secours , sans ce-
pendant se nuire en chassant. Sur deux ou
trois traîneaux attelés de Chiens , ils em-
portent leurs provisions de voyage , consis-
tant en poudre , plomb , eau-de-vie , four-
rures grossières pour se couvrir, quelques
vivres d'assez mauvaise qualité , et une
bonne quantité de pièges. Aussitôt que les
gelées ont suffisamment durci la surface de
la neige , ces petites caravanes se mettent
en route et s'enfoncent dans le désert, cha-
cune d'un côté différent. Quand le ciel de
la nuit n'est pas voilé par des brouillards ,
elles dirigent leur voyage au moyen de quel-
ques constellations; pendant le jour, elles
consultent le soleil ou une petite boussole
de poche. Quelques chasseurs se servent ,
pour marcher, de patins en bois à la ma-
nière de ceux des Samoièdes ; d'autres n'ont
pour chaussure que de gros souliers ferrés ,
et des guêtres de cuir ou de feutre.
» Chaque traîneau a ordinairement un
attelage de huit Chiens; mais pendant que
quatre le tirent, les quatre autres se repo-
sent, soit en suivant leur maître, soit en se
couchant à une place qui leur est réservée
sur le traîneau même. Ils se relaient de
deux heures en deux heures. Pendant les
premiers jours on fait de grandes marches,
afln de gagner le plus tôt possible l'endroit
où l'on doit chasser, et cet endroit est quel-
quefois à 2 ou 300 lieues de distance du
point d'où l'on est parti ; mais plus on avance
dans le désert, plus les obstacles se multi-
plient. Tantôt c'est un torrent non encore
glacé qu'il faut traverser: alors on est obligé
d'entrer dans l'eau jusqu'à l'estomac, et de
porter les traîneaux sur l'autre bord , en se
frayant un passage à travers les glaçons
charriés par les eaux. Une autre fois, c'est
un bois à traverser en se faisant jour à coups
de hache dans les broussailles; puis un pic
de glace à monter, et alors les chasseurs,
après s'être attaché des crampons aux pieds,
s'attèlent avec leurs Chiens pour hisser leurs
traîneaux à force de bras.
» Là , un hiver de neuf mois couvre la
terre d'épais frimas ; jamais le sol ne dégèle
à plus de 3 ou 4 pieds de profondeur, et la
nature, éternellement morte, jette dans
l'âme l'épouvante et la désolation ; à peine
si une végétation languissante couvre les
plaines de quelque verdure pendant le court
intervalle de l'été; et des bruyères stériles,
de maigres bouleaux, quelques arbres rési-
neux rachitiques, font l'ornement le plus
pittoresque de ces climats glacés. Là , tous
les êtres vivants ont subi la triste influence
du désert; les rares habitants qui traînent
dans les neiges leur existence engourdie sont
presque des sauvages difformes et abrutis;
les animaux y sont malheureux , farouches
et féroces, et tous, si j'en excepte le Renne,
ne sont utiles à l'Homme que par leur four-
rure : tels sont les Ours blancs , les Loups
MAR
MAR
gris, les Renards bleus, les blanches her-
mines et la Marte-Zibeline. Venons à nos
chasseurs.
.» L'hiver augmente en intensité ; les
longues nuits de trois mois deviennent plus
sombres, parce que l'atmosphère est sur-
chargée d'une fine poussière de glace qui
l'obscurcit. Vers le nord , le ciel se colore
d'une lumière rouge et ensanglantée an-
nonçant les aurores boréales. Les Gloutons,
les Ours, les Loups et autres animaux fé-
roces, ne trouvant plus sur la terre couverte
de neige leur nourriture accoutumée, errent
dans les ténèbres, s'approchent audacieuse-
ment de la petite caravane, et font retentir
les roches de glace de leurs sinistres hurle-
ments. Chaque soir, lorsqu'on arrive au
pied d'une montagne qui peut servir d'abri
contre le vent du nord, il faut camper. On
fait une sorte de rempart avec les traîneaux ;
on tend au-dessus une toile soutenue par
quelques perches de sapin coupées dans un
bois voisin. On place au milieu de cette fa-
çon de tente un fagot de broussailles auquel
on met le feu. Chacun étend une peau
dOurs sur la glace , se couche dessus , se
couvre de son manteau fourré, et attend le
lendemain pour se remettre en route.
» Pendant que les chasseurs dorment,
l'un deux fait sentinelle , et souvent son
coup de fusil annonce l'approche d'un Ours
féroce ou d'une troupe de Loups affamés. Il
faut se lever à la hâte , et quelquefois sou-
tenir une affreuse lutte avec ces terribles
animaux; mais il arrive aussi que la nuit
n'est troublée par aucun bruit , si ce n'est
par le sifflement du vent du nord qui glisse
sur la neige, et par une sorte de petit bruis-
sement particulier sur la toile de la tente.
Les chasseurs ont dormi profondément, et
il est grand jour quand ils se réveillent. Ils
appellent la sentinelle, mais personne ne
répond : leur cœur se serre ; ils se hâtent de
sortir, car ils savent ce que signifie ce si-
lence. Leur camarade est là, assis sur un
tronc de sapin renversé. Il a bien fait son
devoir de surveillant, car son fusil est sur
ses genoux, son doigt sur la gâchette, et ses
yeux sont tournés sur la montagne, où, la
nuit, les hurlements des loups se sont fait
entendre; mais ce n'est plus un homme
qui est en sentinelle, c'est un bloc de glace.
Ses compagnons, après avoir versé une larme
sur sa destinée, le laissent là, assis dans le
désert, et se réservent de lui donner la sé-
pulture six mois plus tard , à leur retour,
lorsqu'un froid moins intense permettra
d'ouvrir un trou dans la glace. Ils le retrou-
veront à la même place, dans la même atti-
tude et dans ie même état , si un Ours n'a
pas essayé d'entamer avec ses dents des
chairs transparentes , blanches et roses
comme de la cire , colorées , mais dures
comme le granit.
» Enfin, après mille fatigues et mille dan-
gers épouvantables, la petite caravane ar-
rive dans une contrée coupée de collines et
de ruisseaux. Les chasseurs les plus expéri-
mentés tracent le plan d'une misérable ca-
bane construite avec des perches et de vieux
troncs de bouleaux à moitié pourris. Ils la
couvrent d'herbes sèches et de mousse, et
laissent au haut du toit un trou pour don-
ner passage à la fumée. Un autre trou, par
lequel on ne peut se glisser qu'en rampant,
sert de porte, et il n'y a pas d'autre ouver-
ture pour introduire l'air et la lumière. C'est
là que quinze malheureux passeront les cinq
ou six mois les plus rudes de l'hiver; c'est
là qu'ils braveront l'inclémence d'une tem-
pérature descendant presque chaque jour à
22 ou 25" du thermomètre de Réaurnur.
Lorsque les travaux de la cabane sont ter-
minés, lorsque le chaudron est placé au mi-
lieu de l'habitation, sur le foyer, pour faire
fondre la glace qui doit leur fournir de l'eau,
lorsque la mousse et les lichens font dis-
posés pour faire les lits, alors les chasseurs
partent ensemble pour aller visiter leur nou-
veau domaine, et pour diviser le pays en
autant de cantons de chasse qu'il y a d'hom-
mes. Quand les limites en sont définitive-
ment tracées, on tire ces cantons au sort, et
chacun a le sien en toute propriété pendant
la saison de la chasse, et aucun d'eux ne
se permettrait d'empiéter sur celui de ses
voisins. Us passent toute la journée à tendre
des pièges partout où ils voient sur la neige
des impressions de pieds annonçant le pas-
sage ordinaire des Martes, Hermines et Re-
nards bleus. Ils poursuivent aussi ces ani-
maux dans les bois à coups de fusil , ce qui
exige une grande adresse; car, pour ne pas
gâter la peau, ils sont obligés de tirer à
balle franche. Le soir tous se rendent à la
cabane, et la première chose qu'ils font est
MAR
MAR
de se regarder mutuellement le bout du nez ;
si l'un d'eux l'a blanc comme de la cire
vierge et un peu transparent, c'est qu'il l'a
gelé, ce dont il ne s'aperçoit pas lui-même.
Alors on ne laisse pas le chasseur s'appro-
cher du feu , et on lui applique sur ie nez
une compresse de neige que l'on renouvelle
à mesure qu'elle se fond, jusqu'à ce que la
partie malade ait repris sa couleur natu-
relle. Ils traitent de même les pieds et les
mains gelés ; mais, malgré ces soins, il est
rare que la petite caravane se remette en.
route au printemps sans ramener avec elle
quelques estropiés. Dans les hivers extrême-
ment rigoureux, il est arrivé maintes fois
que des caravanes entières de chasseurs sont
restées gelées dans leurs huttes , ou ont été
englouties dans les neiges. Les douleurs
morales des exilés, venant ajouter aux ri-
gueurs de cet affreux climat, ont aussi poussé
très souvent les chasseurs au découragement,
et, dans ces solitudes épouvantables, il n'y
a qu'un pas du découragement à la mort.
Qu'un exilé harassé s'asseye un quart d'heure
au pied d'un arbre, qu'il se laisse aller aux
pleurs, puis au sommeil, il est certain qu'il
ne se réveillera plus. »
Il paraîtrait , d'après ce que raconte le
voyageur Lesseps , que les Kamtschadales
prennent les Martes d'une manière fort sin-
gulière. « Un d'entre eux, dit-il , nous de-
manda un cordon : nous ne pûmes lui don-
ner que celui qui attachait nos Chevaux.
Tandis qu'il y faisait un nœud coulant, des
Chiens accoutumés à cette chasse entou-
raient l'arbre. L'animal, occupé aies regar-
der, soit frayeur, soit stupidité naturelle,
ne bougeait pas; ii se contenta d'allonger
son cou lorsqu'on lui présenta le nœud cou-
lant : deux fois il s'y prit de lui-même, deux
fois ce lacs se défit. A la fin, la Marte s'étant
jetée à terre, les Chiens voulurent s'en sai-
sir; mais bientôt elle sut se débarrasser, et
elle s'accrocha avec ses pattes et ses dents
au museau d'un des Chiens, qui n'eut pas
sujet d'être satisfait de cet accueil. Comme
nous voulions lâcher de prendre l'animal en
vie , nous écartâmes les Chiens ; la Marte
quitta aussitôt prise et remonta sur un ar-
bre, où, pour la troisième fois, on lui passa
le lacs, qui coula de nouveau. Ce ne fut qu'à
la quatrième que le Kamtschadale parvint
à la prendre. Cette facilité de chasser les
Martes est d'une grande ressource aux ha-
bitants de ces contrées, obligés de payer leur
tribut en peaux de Martes-Zibelines. »
3. La Fouine, Mustelafoina Lin., a beau-
coup de ressemblance avec la Marte com-
mune; mais cependant elle s'en distingue
au premier coup d'œil par le dessous du
cou et la gorge, qui sont blancs et non pas v
jaunâtres. Sa taille est la même; son pelage f
est brun , avec les jambes et la queue noi-
râtres. Elle exhale une forte odeur mus-
quée désagréable. Elle se trouve dans toute
l'Europe , et dans une partie de l'Asie occi-
dentale. On la rencontre dans toutes les lo-
calités, dans les forêts, les bois, les vergers,
les granges, les fermes, et même dans les
magasins à fourrage des villes; il n'est pas
rare d'en trouver jusque dans les faubourgs
de Paris , et c'est surtout par ces habitudes
qu'elle diiîere essentiellement de la Marte.
« La Fouine , dit Buflon , a la physionomie
très fine, l'œil vif, le saut léger, les mem-
bres souples, le corps flexible, tous les mou-
vements très prestes; elle saute et bondit
plutôt qu'elle ne marche; elle grimpe aisé-
ment contre les murailles qui ne sont pas
bien enduites , entre dans les colombiers ,
les poulaillers , etc. ; mange les œufs , les
Pigeons, les Poules, etc. ; en tuevquelque-
fois un grand nombre et les porte à ses pe-
tits ; elle prend aussi les Souris , les Rats ,
les Taupes, les Oiseaux dans leur nid. Les
Fouines , dit-on , portent autant de temps
que les Chats. On trouve des petits depuis
le printemps jusqu'en automne, ce qui doit
faire présumer qu'elles produisent plus d'une
fois par an. Les plus jeunes ne font que trois
ou quatre petits, les plus âgées en font jus-
qu'à sept. Elles s'établissent, pour mettre
bas, dans un magasin à foin, dans un trou
de muraille, où elles poussent de la paille
et des herbes; quelquefois dans une fente
de rocher ou dans un trou d'arbre, où elles
portent de la mousse; et lorsqu'on les in-
quiète , elles déménagent et transportent
ailleurs leurs petits , qui grandissent assez
vite; car celle que nous avions élevée avait,
au bout d'un an , presque atteint sa gran-
deur naturelle; et de là on peut inférer que
ces animaux ne vivent que huit à dix ans.
Elle demandait à manger comme le Chat et
ïe Chien, et mangeait de tout ce qu'on lui
donnait, à l'exception de la salade et de»
IAR
MAR
berbes ; elle aimait beaucoup le miel , et
préférait le chènevis à toutes les autres
graines. » Le grand naturaliste a remarqué
qu'elle buvait fréquemment, qu'elle dor-
mait quelquefois deux jours de suite , et
qu'elle était aussi quelquefois deux ou trois
jours sans dormir ; que pendant le sommeil
elle se mettait en rond , cachait sa tête , et
l'enveloppait de sa queue ; que, tant qu'elle
ne dormait pas, elle était dans un mouve-
ment continuel si violent et si incommode ,
que quand même elle ne se serait pas jetée
sur les volailles , on aurait été obligé de
l'attacher pour l'empêcher de tout briser.
La Fouine, sans s'attacher positivement
à son maître , peut cependant s'apprivoiser
et devenir capable d'une certaine éducation.
J'ai été témoin d'un fait assez curieux qui
le prouve. Dans un village sur les bords de
la Saône, un ancien garde-chasse, un peu
fripon , était parvenu à apprivoiser si bien
une Fouine, qu'il appelait Robin, que ja-
mais il ne l'a tenue à l'attache ; elle courait
librement dans toute la maison , sans rien
briser et avec toute l'adresse d'un chat. Elle
était turbulente, il est vrai, mais elle pre-
nait ses précautions pour ne rien renverser.
Elle répondait à la voix de son maître, ac-
courait quand il l'appelait, ne le caressait
pas, mais semblait prendre plaisir à ses ca-
resses. Elle vivait en très bonne intelligence
avec Bibi , petit chien terrier anglais qui
avait été élevé avec elle. Ceci est déjà très
singulier, mais voici qui l'est davantage :
Robin et Bibi n'étaient pour leur maître que
des instruments de vol et des complices.
Chaque matin le vieux garde sortait de chez
lui , portant à son bras un vaste panier à
deux couvercles dans lequel était caché Ro-
bin; Bibi suivait derrière son maître, lui
marchant presque sur les talons. Ce trio se
rendait ainsi autour des fermes écartées, où
l'on est dans l'usage de laisser la volaille er-
rer assez loin de l'habitation. Dès que le
vieux garde apercevait une poule à proxi-
mité d'une haie , dans un lieu où on ne pou-
vait le voir, il prenait Robin, lui montrait
la poule, le posait à terre et continuait son
chemin. Robin se glissait dans la haie, se
faisait petit, rampait comme un serpent,
et s'approchait ainsi de l'oiseau; puis tout-
à-coup il s'élançait sur lui et l'étranglait
sans lui donner le temps de pousser un cri.
Alors le vieux fripon de garde revenait sur
ses pas; Bibi courait chercher la poule et
l'apportait suivi de Robin ; l'oiseau était
aussitôt mis dans le panier avec la Fouine,
qui avait sa petite loge séparée , et l'on se
remettait en marche pour chercher une nou-
velle occasion de recommencer cette ma-
nœuvre. A la fin , les fermiers du voisinage
s'aperçurent de la diminution du nombre de
leurs poules et de leurs chapons; on se mit
à guetter, et l'on ne tarda pas à saisir les
voleurs sur le fait. Le juge de paix , qui
n'était nullement soucieux des progrès de
l'histoire naturelle, fît donner un coup de
fusil à la Fouine, et crut faire grâce au
vieux garde en ne le condamnant qu'à payer
les poules qui, grâce à Bibi et à Robin,
avaient passé par son pot-au-feu.
4. Le Pékan, Muslcla canaclensisGm).; le
Pékan de Daubent, et de G. Cuv., est un
peu plus grand que les espèces précédentes.
Ses pattes, sa queue, le dessous de son
corps et son museau sont d'un brun marron
très foncé ; ses oreilles sont blanchâtres; le
reste du corps est d'un brun gris varié de
noirâtre, très changeant et passant quel-
quefois au noir. Cette espèce vit sur le bord
des lacs et des rivières, dans des terriers
qu'elle sait se creuser. Elle habite le Canada
et le nord des États-fnis. On en connaît
une variété entièrement blanche, qui, chez
les fourreurs, porte le nom de Vison blanc.
5. La Marte a tète de Loutre, Muslela
lutreocephala Harlan; le Mink des Améri-
cains, de Warden ; le Muslcla rufa Desm.,
Muslela vison Shaw, est un animal assez
mal déterminé par les auteurs , et il ne me
paraît pas former une espèce bien distincte.
Voici , d'ailleurs , ce qu'en dit M. Is. Geof-
froy : « La courte description et les indica-
tions données par Warden ne permettent
pas de décider si le Mink des Américains
diffère réellement du Vison et du Mink
d'Europe , et s'il existe deux espèces dans les
États-Unis, sans compter le Pékan et les
autres Martes bien caractérisées, que nous
avons dit appartenir à la même contrée.
L'examen des diverses pelleteries que possède
le Muséum laisse dans le même doute. Nous
avons trouvé, en effet, parmi les animaux
de l'Amérique du Nord, des individus d'un
brun foncé , d'autres d'un marron clair,
d'autres enfin d'une nuance intermédiaire.
s
1YIAR
MAR
Chez quelques uns, la tache blanche de la
mâchoire inférieure se prolonge en une ligne
étroite sur le milieu de la gorge , tandis que
chez la plupart on ne voit rien de semblable :
mais d'autres n'ont qu'une ligne blanche
très petite ou très peu prononcée, et tien-
nent ainsi le milieu entre ceux où elle existe
entière et ceux où elle n'existe pas. Enfin
leur taille n'est pas moins variable, en sorte
qu'ils ne sont ni assez différents pour qu'on
puisse les considérer comme types de deux
espèces distinctes, ni assez semblables pour
qu'on soit certain de leur identité spéci-
fique. »
Quoi qu'il en soit , la Marte à tête de Lou-
tre est généralement d'un blanc brunâtre
ou jaunâtre, plus clair en dessous, avec la
queue d'un brun ferrugineux, ce qui la dis-
tingue du Vison ; sa taille est le double de
celle du Tuhcuri, et elle ressemble à la Loutre
par la forme de sa tête et de ses oreilles ; ses
doigts sont à demi palmés , ce qui lui donne
des habitudes un peu aquatiques, c'est-à-
dire qu'elle vit de reptiles, de crustacés et
de poissons, et qu'elle habite de préférence
le bord des ruisseaux et des petites rivières,
dans le Maryland et les États-Unis.
6. Le Vison, Mustelavison Lin.; le Vison,
Buff., G. Cuv., est d'un brun plus ou moins
foncé, tirant plus ou moins sur le fauve,
avec une tache blanche à l'extrémité de la
mâchoire inférieure ; sa queue est noirâtre,
et il n'a pas les pieds palmés. Cette espèce
vit dans des terriers qu'elle se creuse au bord
des eaux, dans le Canada et dans tout le
nord de l'Amérique. Je ne sais trop pourquoi
M. Lesson ( Nouv. tabl. du Règne animal)
lui assigne pour patrie le Poitou et la Sain-
tonge; se trouverait-il en France?
7. La Marte des Hurons, Mustela huro Fr.
Cuv., est ordinairement d'un brun clair,
avec les pattes et l'extrémité de la queue
plus foncées et quelquefois brunes. Cette es-
pèce varie beaucoup pour les couleurs; car
on en voit au Muséum dont les parties infé-
rieures du corps sont plus foncées que les
supérieures, et d'autres dont les couleurs
sont dans une disposition inverse; la tête est
^quelquefois blanchâtre ou même entièrement
blanche. Elle habite le haut Canada.
8. LeWAJACH, Mustela Pennantii Erxl.,
Mustela melanorhyncha Bodd., Mustela pis-
catoria Less., Viverra piscalor Shaw, a
le museau pointu et le nez d'un brun noi-
râtre. Ses oreilles sont courtes, larges, ar-
rondies, bordées de noir; ses moustaches
longues et soyeuses; la poitrine est brune,
avec quelques poils blancs; le ventre et les
cuisses sont d'un brun noir; ses pieds sont
larges, velus, avec des ongles blancs; le
fond de son pelage est jaunâtre, quelquefois
noirâtre , passant au brun-marron sur la
tête; la queue est touffue, très grêle à son
extrémité , noire et lustrée. Il habite la Pen-
sylvanie et les bords du grand lac des Es-
claves.
9. La Marte-Renard, Mustela vulpina Ra-
rînesq., est une espèce assez mal déterminée,
qui habite le Canada et principalement les
bords du Missouri.
1 0. Le Cuja, Mustela cuja, Mol in a, Mustela
cigogniari Ch. Bonap., est de la taille d'un
Furet ; son pelage est très doux , épais , en-
tièrement noir; sa queue est aussi longue
que son corps , touffue; son museau est re-
levé vers l'extrémité; ses yeux sont noirs.
Ses mœurs sont à peu près les mêmes que
celles de notre Fouine. Il chasse continuelle-
ment aux souris, qui font sa principale nour-
riture, et la femelle fait deux portées par
an , chacune de quatre ou cinq petits. Il
habite le Chili et le Mexique.
Quant au Mustela quiqui de Molina, son
système dentaire l'exclut absolument du
genre des Martes.
II. — Les PUTOIS {Putorius, G. Cuv.).
Ils n'ont que quatre fausses molaires à la
mâchoire supérieure, six à l'inférieure et
point de tubercule intérieur à la carnassière
inférieure. Leur tête est un peu moins al-
longée que chez les Martes, et tous exhalent
une odeur très désagréable.
1. Le Putois commun, Putorius communis
Less., Mustela putorius Lin., le Putois,
Buff., a un peu plus d'un pied de longueur
(0m,335), non compris la queue , qui a envi-
ron 6 pouces (0m,162). Il est d'un brun noi-
râtre , assez foncé sur les membres , mais
plus clair et prenant une teinte plus fauve
sur les flancs ; il a le bout du museau , des
oreilles et une tache derrière l'œil , blancs ;
ses poils intérieurs, laineux, sont blanchâtres.
Il en existe une variété blanche, assez rare,
et une autre blanchâtre ou jaunâtre, qui se
trouve assez communément en Lorraine. Le
MAR
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9
Putois (ou Puant) se trouve dans toute
l'Europe, soit au Midi, soit au Nord, et ii est
très commun dans la zone intermédiaire de
cette partie du globe. Son nom vient de
Todeur infecte qu'il exhale, surtout lors-
qu'il est en colère : alors cette odeur devient
tellement forte qu'elle dégoûte et éloigne les
chiens les plus ardents à la chasse. Ses
inœurs ont beaucoup d'analogie avec celles
de la Fouine, et souvent, quand il s'agit
de leurs méfaits, nos cultivateurs les con-
fondent l'un avec l'autre. 11 habite la cam-
pagne pendant la belle saison; mais aussitôt
que les froids se font sentir, il se rapproche
d,s habitations, et se loge dans les vieux bâ-
timents , les granges et les greniers à foin.
11 dort pendant le jour et ne sort de sa re-
traite que la nuit, pour aller à la chasse des
petits mammifères dont il se nourrit. Il a
toute la cruauté, toute l'audace des Mar-
tes , mais il est plus rusé, plus défiant , et
donne moins souvent dans les pièges qui lui
sont tendus. « Il se glisse dans les basses-
cours , dit Buffort , monte aux volières , aux
colombiers, où, sans faire autant de bruit
que la Fouine, il fait plus de dégâts. Il coupe
ou écrase la tète à toutes les volailles, et en-
suite il les emporte une à une et en fait un
magasin. Si, comme il arrive souvent, il
ne peut les emporter entières, parce que le
trou par où il est passé se trouve trop étroit,
il leur mange la cervelle et emporte les têtes.
Comme il aime beaucoup le miel, il sait
profiter du temps où les abeilles sont en-
gourdies pour attaquer les ruches et les
piller. »
Rarement cet animal s'éloigne des lieux
hr.bités; il entre en amour au printemps,
et alors il n'est pas rare d'entendre les mâles
se livrer des combats acharnés sur les toits,
pour se disputer une femelle que le vain-
queur ne tarde pas à abandonner pour aller
passer l'été à la campagne ou dans les bois.
La femelle, au contraire, reste dans son
grenier jusqu'à ce qu'elle ait mis bas, et
n'emmène ses petits que vers le milieu ou
la fin de l'été. Elle en fait Jrois ou quatre ,
quelquefois cinq, qu'elle n'allaite pas long-
temps et qu'elle accoutume de bonne heure
à sucer du sang et des œufs.
Pendant qu'il habite la campagne , le Pu-
tois fixe son domicile dans un trou de rocher
ou un tronc d'arbre. Mais , s'il y a une ga-
t. vnr.
renne dans les environs, il s'empare d'un ter-
rier de lapins , et, après en avoir mangé les
habitants, il s'y établit commodément. Dans
ces heureuses circonstances, il trouve chaque
jour la facilité de satisfaire son goût pour lef
carnage et sa soif pour le sang. Grâce à sa
taille fluette , il se glisse aisément dans les
terriers , et massacre tout ce qu'il y Louve.
S'il n'y a pas de garenne dans les environs,
il dort le jour et bat la campagne toute la
nuit , pour chercher les nids d'alouettes , do
cailles, de perdrix, etc., et le plus souvent
il parvient à surprendre la mère sur ses
œufs. Quoique très farouche , cet animal ne
manque pas d'intelligence, et probablement
on pourrait le dressera la chasse aux lapins
si l'on n'avait pas le Furet.
2. Le Tuhcuri, Putorius lutreola Less.,
Mustela lutreola Pall., Mustela minorErx}.,
le Mink des naturalistes , le Tuhcuri des
Finlandais , le Mœnch des Russes et le Nœrs
ou Norek des Prussiens. Son pelage est d'un
brun noirâtre, avec le dernier tiers de la
queue tout-à-fait noir; la lèvre supérieure,
le menton et le dessous du cou sont blancs;
il a les pieds à demi palmés. Cet animal
habite le nord de l'Europe et surtout la Fin-
lande. Il se tient sur le bord des eaux, et se
nourrit de grenouilles, d'écrevisses et de
poissons, qu'il poursuit dans les ondes. Ses
habitudes tiennent à la fois de celles des
Putois et des Loutres. Il n'exhale qu'une
légère odeur de musc, peu désagréable, d'où
il résulte que sa fourrure, d'ailleurs fort
belle, est plus recherchée que celle de la
plupart des autres animaux de son genre.
3. Le Furet ou Nimse, Putorius furo Less.,
Mustela furo Linn., ne diffère de notre Pu-
tois que par son pelage, d'un blanc jaunâtre,
et ses yeux roses, ce qui me semble être sim-
plement un effet de l'albinisme. Ce qui le
prouve, c'est qu'on en élève souvent dont le
pelage est mêlé de blanc, de fauve et de
noir, ainsi que celui du Putois, et ceux-là
n'ont plus les yeux roses. J'en conclus que
le Furet n'est qu'une variété albine du Pu-
tois, perpétuée par une longue domesticité.
11 nous a été apporté d'Espagne, et les Espa-
gnols eux-mêmes l'ont reçu de Barbarie,
dès la plus haute antiquité, si l'on s'en rap-
porte à Strabon. A l'état sauvage, il ne peut
vivre en France, et, lorsqu'il a conquis sa
liberté, les froids de nos hivers ne lardent
30
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guère à le faire périr : aussi n'a-t-on jamais
revu un seul des nombreux individus qui
s'échappent des mains des chasseurs. En Es-
pagne, où il s'est parfaitement naturalisé,
ses mœurs ne diffèrent en rien de celles du
Putois. « En naissant, dit Buflbn , il ap-
porte une telle haine pour les Lapins ,
qu'aussitôt qu'on en présente un, même
mort, à un jeune Furet qui n'en a jamais
vu, il se jette dessus et le mord avec fureur.
S'il est vivant , il le prend par le cou , par
le nez, et lui suce le sang. »
Les chasseurs ont profité de cette anti-
pathie pour dresser le Furet à la chasse des
Lapins, autant que le caractère farouche et
indiscipliuable de cet animal le permettait.
Lorsqu'on s'en sert , on a le soin de le mu-
seler avant de le présenter à l'entrée du ter-
rier, car sans cela il en tuerait tous les ha-
bitants, leur mangerait la cervelle, se gor-
gerait de sang , puis il s'endormirait sur ses
victimes, et rien ne serait capable de le ré-
veiller, ou au moins de le déterminer à sor-
tir du trou. Quand il est muselé, il les at-
taque seulement avec les ongles ; les pauvres
Lapins épouvantés se hâtent de sortir, et,
dans leur frayeur, vont donner tête baissée
dans la bourse de filet que le chasseur a
tendue à l'entrée du terrier. Quelquefois,
malgré sa muselière, le Furet parvient à su-
cer le sang d'un jeune Lapin, après l'avoir
déchiré avec les ongles. Dans ce cas on par-
vient souvent à le faire sortir du trou en
tirant un ou deux coups de fusil à l'entrée
du terrier, ou en le foimant comme un Re-
nard. Mais quelquefois il s'enfonce davan-
tage dans les différentes branches du terrier,
et alors il est perdu pour le chasseur.
On voit que le Furet n'est jamais réelle-
ment bien apprivoisé, et que, dans sa pré-
tendue éducation, tout se borne à tirer parti
de l'instinct que lui a donné la nature; on
est parvenu à en faire, non un domestique,
mais un esclave toujours en révolte, et qu'on
ne peut conduire qu'à la chaîne. 11 ne re-
connaît pas son maître, n'obéit à la voix de
personne, et ne manque guère démordre
la main qui le nourrit. On élève les Furets
dans des tonneaux ou des cages; on leur
donne de la filasse dans laquelle ils aiment
è s'enfoncer pour dormir, et on les nourrit
avec du pain, du son, du lait, etc.; maison
s'abstient de leur donner de la chair , afin
de leur faire oublier, autant que possible,
ce goût pour le sang, qui les fait rester le
plus souvent dans les terriers. Us dorment
continuellement , et ne se réveillent guère
que pour manger, ce qu'ils fontavec voracité.
La femelle estun peu plus petite que le maie;
elle le recherche avec ardeur dans le temps
des amours, et ii serait dangereux de les sé-
parer à cette époque, puisque le plus ordi-
nairement elle mourrait de chagrin. Elle
porte six semaines, et fait des petits deux
fois par an. Il arrive assez fréquemment à
cette bonne mère de manger ses enfants,
non par voracité, mais simplement pour avoir
le plaisir de faire de nouvelles avances à
son mâle; dans ce cas , elle fait trois por-
tées au lieu de deux. Chaque portée est or-
dinairement de cinq ou six petits, rarement
de huit ou neuf. Ces animaux exhalent, sur-
tout quand ils sont en colère , une odeur
fétide tout-à-fait analogue à celle du Pu-
tois.
4. Le Perouasc a, Putorius sarmalica Less.,
Mustela sarmatica Pall., Muslela prœcincta
Rzacz., le Putois de Pologne des voyageurs,
est un peu plus petit que notre Furet, étale
poil très court, d'un beau fauve clair, par-
semé de nombreuses taches brunes en des-
sus ; le dessous , les membres et le bout de
la queue sont d'un brun foncé; l'oreille, le
bout du museau et le dessous de la mâ-
choire inférieure sont blancs; il a sur le
front une bande blanche en fer à cheval ,
naissant sous les oreilles et passant sous
les yeux. Du reste, son pelage varie. Cet
animal est vorace, cruel, et a toutes les ha-
bitudes de notre Putois. Quand il est irrité,
il exhale une odeur tout aussi fétide. Il ha-
bite la Pologne méridionale, entre le Volga
et le Tanais.
5. L'Hermine, Putorius erminea Less., Mus-
tela erminea Lin. , Mustela alba Gesn., Pu-
torius hermellanus Boit., V Hermine ou le
Roselet, BulT. Cet animal atteint ordinaire-
ment une taille un peu plus grande que la
Belette, à laquelle, du reste, il ressemble
beaucoup. Il a jusqu'à 9 pouces 6 lignes
(0m,258) du bout du museau à l'origine de
la queue, et celle-ci a un peu plus de 3 pou-
ces et demi (Om,095). En pelage d'été il porte
le nom de Roselet: alors il est généralement
d'un beau marron, plus ou moins pâle en
dessus , et d'un blanc quelquefois un peu
MAR
MAXl
11
jaunâtre en dessous, avec la mâchoire in-
férieure blanche; sa queue est brune, avec
l'extrémité noire. En hiver le Roselet de-
vient une Hermine , c'est-à-dire que le pe-
lage devient entièrement blanc, si ce n'est
le bout de la queue , qui reste noir. Cet ani-
mal est d'autant plus commun que l'on re-
monte davantage vers le Nord jusqu'aux
dernières limites des terres ; il est rare dans
les pays tempérés, et il n'existe plus au-
dessous du 44e degré, si ce n'est quelquefois
et accidentellement dans les Alpes. Les pays
où il abonde sont : la Russie, la Sibérie, le
Kamtschatka, l'Amérique tout-à-fait septen-
trionale, la Laponie et la Norwége. On a cru
aussi qu'il se rencontrait en France, dans
Ja Normandie et la Bretagne; mais ce fait,
qui me paraît fort douteux, doit résulter
de ce qu'on l'aura confondu avec VHermi-
nette , qui ne me paraît rien autre chose
qu'une variété de Belette.
A propos de la Zibeline, j'ai dit comment
on lui faisait la diasse, et j'ai montré com-
bien le luxe futile des riches coûte de larmes
et de misères aux pauvres ; je n'y reviendrai
pas. L'Hermine a 'es mêmes mœurs que la
Belette, à cela près qu'elle est d'un carac-
tère plus farouche , qu'elle ne se plaît que
dans les forêts les plus sauvages , et que ja-
mais elle ne s'approche de l'habitation des
hommes. Elle se nourrit d'Écureuils , de
Petits-Gris, de Rats et autres petits mam-
mifères; elle se hasarde quelquefois dans
les prairies et les roseaux, pour chercher les
œuf» d'oiseaux aquatiques, dont elle est très
friande tomme la Belette, elle s'élève très
bien en captivité, et elle s'apprivoise même
beaucoup mieux; mais, au lieu de blanchir
pendant; l'hiver, comme lorsqu'elle est en
liberté , son pelage reste d'un brun sale et
terne. Sa fourrure, en possession depuis
longtemps d'orner la robe de nos docteurs ,
et, ce qui est beaucoup moins ridicule, les
robes de nos dames, est, comme tout le monde
le sait, l'objet d'un commence considérable.
Elle est extrêmement estimée parmi les plus
précieuses, surtout quand elle a ce blanc
éclatant, qu'elle perd toujours plus ou moins
en vieillissant, pour prendre une teinte un
peu jaunâtre.
6. Liens d'Aristolc, Putorius boccamcla
Cctti, qui se trouve en Sardaigne, ne me
paraît être qu'une simple variété de la Be-
lette faisant le passage de celle-ci à l'Her-
mine. Elle est brune en été et roussâtre en
hiver.
7. La Belette, Putcrlus muslela Boit.,
Mustelavulgaris Linn., le Gâte des Lapons,
a 6 pouces de longueur (0m,162), non com-
pris la queue, qui a environ 2 pouces (0m,054).
Son corps est extrêmement effilé, d'un brun
roux en dessus, blanc en dessous; l'extré-
mité de sa queue n'est jamais noire, si ce
n'est dans ses variétés.
Elle se trouve dans toutes les parties tem-
pérées de l'Europe, et ne s'écarte guère des
habitations, si ce n'est dans la belle saison :
alors elle part pour îa campagne , suit le
bord des ruisseaux et des petites rivières, se
plaît dans les haies et les broussailles des
prairies sèches et des petites vallées, se loge
dans un trou de rocher ou dans un tas de
pierre, plus souvent dans un terrier creusé
par les Taupes ou les Mulots, quelquefois
dans un trou d'arbre ou même dans la car-
casse d'un animal mort et à demi putréfié,
comme l'a observé Buffon. Son œil vif et
sa marche dégagée lui donnent un air d'ef-
fronterie remarquable quand, se croyant
hors de danger sur les branches d'un arbre,
elle regarde le chasseur. Elle est d'une agi-
lité surprenante , et ses mouvements sont
si aisés, si gracieux, qu'on croirait que les
sauts les plus prodigieux ne lui coûtent au-
cun effort. Sa vivacité ne lui permet pas de
marcher, elle bondit; si elle grimpe à un
arbre, du premier élan elle parvient à 5 ou
6 pieds de hauteur , et elle s'élance ensuite
de branche en branche avec la même agi-
lité que l'Écureuil. Dans la campagne, elle
fait la chasse aux Taupes , aux Mulots , aux
oiseaux, aux Rats d'eau , aux Lézards et aux
Serpents. On a raconté à ce sujet que, lors-
qu'en se battant contre une Vipère elle était
mordue, elle allait aussitôt se rouler sur
une certaine herbe {Echiumvulgarc, ou Vi-
périne), en mâchait quelques feuilles et re-
venait guérie au combat. De tels contes
n'ont pas besoin délie réfutés.
Le courage de ce joli petit animal est ex-
traordinaire; il combat le Surmulot, deux
fois plus gros que lui , l'enlace de son corps
flexible, l'étrcint de ses griffes et finit par le
tuer : il ose même attaquer un Lièvre de 6
à 7 livres, et j'ai été témoin de ce fait. Buf-
fon dit que la Belette ne chasse que la nuit,
12
MAR
MAR
et ceci est une erreur : il n'est pas un chas-
seur qui n'en ait rencontré le jour, en plein
soleil, et qui n'ait admiré l'adresse qu'elle
met pour surprendre les petits oiseaux dans
les haies et les buissons où elle se met en em-
buscade. Si un Moineau l'aperçoit, il appelle
aussitôt ses compagnons, qui l'entourent et la
harcèlent de leurs cris; mais loin de s'en
laisser étourdir, et de fuir, comme la Marte
ou la Fouine, elle profite de la circonstance
pour saisir et emporter le plus hardi ou le
plus imprudent. C'est au printemps qu'elle
met bas, dans un nid qu'elle s'est préparé à
l'avance avec de la paiile , du foin, des feuil-
les sèches et de la mousse, dans un tronc
d'arbre ou un terrier. Elle fait ordinaire-
ment de 3 à 5 petits, qui grandissent vite ,
et qui ne tardent guère à suivre la mère à
la chasse. Lorsque vient la mauvaise saison,
toute la famille se retire dans les greniers
à fourrage d'une grange ou d'une ferme , et
c'est alors qu'elle est dangereuse par les dé-
gâts qu'elle fait. Sa taille lui permet de se
glisser par les plus petits trous, et si elle
parvient à pénétrer dans un colombier ou
un poulailler elle y fait les mêmes dépré-
dations que la Fouine et le Putois. Si le ha-
sard la fait tomber sur une couvée de jeu-
nes poussins , elle les tue tous et les em-
porte les uns après les autres. Quant aux
vieilles volailles, elle se borne à leur sucer
la cervelle par un très petit trou qu'elle
leur fait au crâne, et elle abandonne le ca-
davre sans y toucher autrement.
Quoi qu'en ait dit Buffon, c'est, de tous
les animaux de ce genre, celui qui s'appri-
voise le plus facilement, pourvu qu'il soit
pris jeune et traité avec beaucoup de dou-
ceur. J'ai vu une Belette qui, à la voix de
son maître, venait prendre dans sa main la
viande et le pain trempé dans le lait dont
on la nourrissait.
On rencontre assez fréquemment en
France des Belettes entièrement jaunâtres,
d'autres parfaitement blanches, surtout en
hiver. Je regarde encore comme de simples
variétés de notre Belette, l'Herminette, la
Belette alpine, et La Belette de l'Altaï, que
je vais décrire.
8. L'Herminette ou Belette des neiges,
Mustella nivalis Lin., Mustela hyemalis Pal-
las, Musteîa vulgaris var., Gmel.; Mustela
herminea var., Bodd., ressemble absolument
à la variété blanche de notre Belette , avec
la seule différence qu'elle a constamment le
bout de la queue noir. Elle habite le nord do
l'Europe, et se trouve quelquefois en France.
9. La Belette altaïque , Mustela altaica
Pall., ne m'est connue que par cette phrase
de Pallas : « Queue deux fois pius longue
que la tête, et d'une seule couleur. » Elle
est du nord de l'Asie et de l'Europe.
10. La Belette des Alpes, Mustela alpina
Gebl., ne me paraît différer de notre Belette
que par sa taille légèrement plus grande.
Elle est jaunâtre ou brunâtre en dessus,
d'un jaune pâle en dessous, avec le men-
ton blanc, ainsi qu'une partie de la bouche.
Elle habite les Alpes, se loge dans des trous
de rochers ou dans des terriers, et se nour-
rit de petits Mammifères et d'oiseaux.
11. Le Chorock, Putorius sibiricus Less.,
Mustela sibirica Pall., est une espèce bien
distincte, à peu près de la taille du Furet,
dont il a les formes générales ; mais son pe-
jage esta poils plus longs , d'un fauve doré
en dessus, et d'un jaune fauve -pâle en des-
sous ; le tour du mufle est blanc, et la par-
tie du museau comprise entre les yeux et
cette partie blanche est brune. Quelques in-
dividus ont le dessous1* de la mâchoire infé-
rieure blanc, d'autres de la couleur du
corps, mais un peu plus clair. Le Chorock
habite les forêts de la Sibérie, et, ainsi que
Je Putois, dont il a les mœurs , il se rap-
proche des habitations rurales pendant Phi-
ver, et dévaste les basses-cours.
12. Le Putois a gorge dorée, Putorius
Hardivickii Ho rs t., Mustela flavigula Bod<i.,
Mustela quadricolor Shaw. Cet animal va-
rie assez de couleur , d'où il résulte que les
auteurs en ont fait quatre espèces, trois sous
les noms que je viens de citer, et la qua-
trième sous celui de Mustela leucotis Tenim.
Il a environ 22 pouces de longueur (0m,595),
non compris la queue, qui est presque de !a
même dimension. Il est généralement noir,
avec la gorge , le ventre et le dos jaunes.
11 a les joues blanches. 11 se trouve au
Népaul.
13. Le Putois d'Eversmann, Putorius Evers-
mannii Less., ressemble beaucoup au Pu-
tois ordinaire, dont il n'est peut-être qu'une
variété. Son pelage est d'un jaune clair, à
pointe des poils brune seulement sur les
lombes ; la poitrine et les pieds sont bruns;
MAll
là queue est partout d'une égale teinte. Il
habite entre Orembourg etBukkara.
44. Le Furet de Java, Putorius nudipes
Boit., Muslela nudipes Fr. Cuv., est un peu
plus petit que le Putois commun ; son pelage
est d'un beau roux doré très brillant; la tête
et l'extrémité de sa queue sont blanches ou
d'un blanc jaunâtre; le dessous de ses pieds
est entièrement nu. Il a été trouvé à Java,
et l'on pense que ses mœurs sont les mêmes
que celles de notre Putois commun.
III. Les ZOR1LLES {Zoiitta, Is. Geoff.).
Système dentaire des Putois, mais on-
gies longs, robustes, non pointus, propres à
fouir la terre , mais non à grimper sur les
arbres. On n'en connaît qu'une espèce.
Le ZoniLLE, Zorilla variegata Less., Vi-
verra zorilla Gm., Muslela zorilla Desm.,
le Blaireau du Cap, Kolbe; le Zorille, Buîî.
Cet animalaplusdelpied (0m,325)du bout
du museau à l'extrémité de la queue, qui a
8 pouces (0m,217) à peu près de longueur. II
est noir, avec plusieurs taches blanches sur
la tête, et des lignes longitudinales blanches
sur le corps en dessus, ou blanc, avec des
taches ou des lignes noires. La première va-
riété se trouve au cap de Bonne-Esperance,
et la seconde au Sénégal et sur les bords de
la Gambie. Du reste, cet animal a le même
genre de vie que les Martes, à cela près que,
ne pouvant grimper sur les arbres, il se
creuse un terrier qu'il habite pendant le
jour, et dans lequel il se retire à la moin-
dre apparence de danger. (Bûiïard.)
MARTEAU. Zygœna. roiss. — Genre de
l'ordre des Chondroptérygiens à branchies
fixes, famille des Sélaciens, établi par Cuvier
(Règne animal, t. II, p. 393) aux dépens des
Squales. Ces poissons ont à peu près les ca-
ractères des Requins; ils en diffèrent par
leur tête aplatie horizontalement, tronquée
en avant, et dont les côtés se prolongent
transversalement en branches qui la font
ressembler à un marteau; les yeux sont aux
extrémités des branches, et les narines à
leur bord antérieur. On connaît 4 espèces
de ce genre ; la plus commune dans nos mers
est le Marteau commun, vulgairement appelé
Maillet {Zygœna maliens Val.). Ce poisson a
le corps grisâtre, la tête très large, noirâtre
et légèrement festonnée. Il atteint quelque-
fois 4 mètres de longueur, et son poids s'é •
MAR
13
lève jusqu'à 34 myriagrammes. On le prend
ordinairement en juillet, août et septembre.
Sa chair est peu estimée. Les autres espèces
sont : le Z. Blochii Val., reconnaissable à ses
narines placées bien plus près du milieu, et
dont la deuxième dorsale est plus près de la
caudale ; le Pantouflier ( Z. tudes Val. ), es-
pèce à très large tête ; le vrai Pantouflier
{Squalus tiburo L. et Val. ) , qui a la tête
en forme de cœur. La chair de cette dernière
espèce est moins désagréable que celle du
Marteau commun ; on la pêche souvent sur
les côtes de la Méditerranée.
MARTEAU. Maliens, moll. — Genre de
Mollusques bivalves monomyaires , établi
par Lamarck aux dépens du genre Avicule
de Bruguière , lequel était lui-même un dé-
membrement du grand genre Huître {Ostrea)
de Linné. Lamarck avait d'abord rapproché
ce genre des Vulselles et des Avicules, dans
la famille des Ostracées ; mais plus tard il
l'en sépara pour le porter dans la famille des
Byssifères ; et enfin , dans son Histoire des
Animaux sans vertèbres, il le prit pour type
de sa famille des Malléacées , qu'il séparait
alors des Byssifères. Mais presque tous les
autres zoologistes, au contraire, ont rappro-
ché les Vulselles et les Marteaux dans une
même famille, nommée par M. deBlainville
les Margaritacés. L'animal du Marteau est
inconnu ; sa coquille est presque équivalve,
raboteuse , difforme , souvent allongée à
l'opposé de la charnière et plus ou moins
élargie à la base en deux lobes figurant des
oreillettes ou les deux côtés d'un marteau ;
la charnière , dépourvue de dents, présente
une fossette obliquement allongée, conique,
destinée à contenir un ligament très fort, et
située sous les crochets, qui sont petits,
divergents. Chaque valve est terminée au-
dessus de la charnière par un talus oblique,
qu'on nomme le talon , et dont la réunion
forme un grand sillon triangulaire entre les
crochets. A l'origine du bord supérieur de
l'oreillette antérieure se voit une échancrure
qui, lorsque les valves sont réunies, cor-
respond à celle du côté opposé, et forme un
trou perpendiculaire communiquant à l'in-
térieur et donnant passage au byssus ; à côté
de cette échancrure est une surrace plane,
un peu saillante et triangulaire, derrière
laquelle est creusée cette fossette dont nous
avons parlé, destinée à contenir le ligament.
14
MAR
Ce ligament n'est pas , comme le croyait La-
marck, étendu sur toute la longueur du
talon; il est, au contraire , resserré dans
une fossette cardinale très analogue à celle
des Avicules , des Limes ou des Peignes,
ainsi que l'a démontré M. Deshayes.
La coquille des Marteaux varie singulière-
ment avec làge , et suivant les diverses cir-
constances locales dans lesquelles ils ont
vécu , de sorte qu'on n'en peut trouver deux
semblables. II paraît même que la coquille
des jeunes individus est toujours dépourvue
d'oreillettes latérales. M. Deshayes a remar-
qué aussi que, chez les vieux, le manteau
abandonne peu à peu ces oreillettes, qu'il
avait sécrétées d'abord. Il résulte donc de ce
retrait successif du manteau des stries sem-
blables à celles d'accroissement, mais qui
se succèdent en sens inverse.
On a décrit six espèces de Marteaux pro-
venant de la mer des Indes et de la mer
Rouge. Ce sont des coquilles longues de 9 à
15 millimètres, très recherchées dans les
collections. (Duj.)
MARTELLA. bot. cr. — Nom que donne
Scopoli dans ses plantes de Hongrie à YHyd-
num echenis. (Lév.)
MARTESIA. — Voy. martisia.
MARTIA. bot. ph. — Leandr., syn. de
Neurocarpum, Desv.-Spreng. — Syn. d'J£-
îodes , Àdans.
MARTIN, ins. — L'un des noms vul-
gaires des Coccinelles du pays. (C.)
MARTIN. Acrydotheres et Pastor. ois. —
Genre de la famille des Sturnidées (Étour-
ncaux) dans l'ordre des Passereaux, caracté-
risé par un bec plus ou moins long, com-
primé , très peu arqué, à mandibule supé-
rieure légèrement échancrée à la pointe, à
angles membraneux; des narines latérales,
ovoïdes, recouvertes par une membrane en
partie emplumée; un espace nu autour des
yeux; des tarses allongés, assez robustes, et
des ailes longues, pointues.
Lesespècesquicomposent ce genre étaient
confondues par Linné, Gmelin et Latham
avec les Mainates, les Étourneaux et les
Merles. Elles en ont été distraites par les
ornithologistes modernes pour être groupées
génériquement sous le nom que Buffon don-
nait à l'une d'elles. Nous ne devons point
nous préoccuper, pour le moment, des dé-
membrements que, vers ces dernières années,
MAR
on a fait subir à la division qui renferme les
oiseaux dont il est question ; nous verrons
plus bas quels sont parmi eux ceux qui en
ont été l'objet; ce que nous devons faire ici,
c'est l'histoire collective de toutes les espèces
que G. Cuvier, Vieillot, Temminck, Wa-
gler, etc., ont classées dans leur genre
Martin.
LesMartins, déjà si voisins des Étourneaux
par leurs caractères physiques, semblent l'être
plus encore sous le rapport des mœurs; ils
en ont les habitudes, les allures, la docilité.
D'un autre côté, tous lesMartins dont on a pu
observer les actes dans l'état de nature, ont
une manière de vivre tellement identique,
que l'histoire de l'un d'entre eux est appli-
cable à tous les autres. Ce sont des oiseaux
très portés à vivre dans la société de leurs
semblables. Ils fuient la solitude autant que
d'autres espèces la recherchent, et sont tou-
jours réunis en troupes plus ou moins nom-
breuses, même à l'époque de la reproduction.
On a remarqué que tous les Martins d'un
canton, au lieu de former, durant le jour,
une bande unique, se divisent en plusieurs
volées qui vont chacune de leur côté exploiter
les environs ; mais, quand vient le soir et au
moment où le soleil disparaît à l'horizon,
ces diverses volées se réunissent en une seule.
Ce rapprochement a pour cause le besoin de
repos; en effet, la bande unique quelquefois
innombrable que forment, à re moment, les
Martins, après quelques évolutions dans les
airs, s'arrête sur les arbres ou sur l'arbre
qu'elle a adopté pour gîte. Le plus touffu et
le plus élevé est toujours celui sur lequel se
portent de préférence ces oiseaux. Ils s'y en-
tassent, pour ainsi dire, en se serrant les uns
contre les autres. C'est lorsqu'ils sent ainsi
rassemblés que commence leur babil, babil
qui se transforme bientôt en un concert
bruyant et discordant, en un mélange d'un
millier de voix et de cris confus qui ne ces-
sent qu'à la nuit.
Le vol des Martins est vif et saccadé ; en
d'autres termes, il s'exécute par de fréquents
battements d'ailes. Rarement ils s'élèvent
très haut dans l'air; assez souvent ils rasent
la terre et passent avec la vitesse d'un trait.
Lorsque, cependant, ils n'ont qu'un court
trajet à faire, leur vol est bien moins rapide.
Les individus qui composent une bande
volent en se tenant toujours serrés, ainsi
MAR
MAR
15
que le font les Étourneaux, ainsi que le font
encore les Jaseurs de Bohême. Comme ces
oiseaux, on ne les voit également jamais dé-
vier de leur route; toujours ils se dirigent
en ligne droite. 3N1 Nordman, qui a parfaite-
ment observé le Marlinroselin, a vu que, lors-
qu'une volée de cette espèce descend à terre ,
tous les individus qui la composent se disper-
sent bientôt dans toutes les directions, qu'il
est rare d'en surprendre quatre ou cinq très
rapprochés, et qu'en marchant dans l'herbe,
ils observent strictement une certaine direc-
tion générale et avancent peu à peu avec une
certaine vitesse. « Les Roselins, ajoute-t-il,
sont très adroits à enlever, en sautant, les
insectes de dessus les brins d'herbe; quel-
quefois aussi, mais rarement, ils saisissent
de cette façon des Sauterelles qui volent bas.
Celui d'entre eux qui vient de faire ime
bonne trouvaille pousse un cri de joie qui
attire sur-le-champ quelques uns de ses
compagnons désireux de partager sa bonne
fortune. Dans un pareil cas, surtout lorsqu'il
s'agit d'une grosse Sauterelle ou de quelque
autre morceau friand, on voit souvent de
petites disputes s'élever entre ces oiseaux,
d'ailleurs paisibles, toujours de bonne hu-
meur, gais et d'une grande agilité. »
Les Marlins ne fuient pas trop la présence
de l'homme; ils sont peu timides, et s'ap-
prochent avec confiance des lieux habités.
lis fréquentent les prairies et les pâturages,
se plaisent surtout dans le voisinage des eaux,
se mêlent volontiers à d'autres bandes d'oi-
seaux et principalement aux bandes d'Étour-
neaux , et, comme ceux-ci, ils aiment à se
percher sur le dos des troupeaux, au milieu
desquels leur instinct les appelle souvent.
Il est peu d'oiseaux qui rendent à l'agri-
culture des services aussi grands que les
Martins, parce qu'il en est peu qui soient
aussi grands destructeurs de toute sorte d'in-
sectes. C'est surtout dans les contrées expo-
sées aux ravages des Sauterelles voyageuses
{Gryllus migratoriusLinn. ) que la présence
des Martins peut être considérée comme un
précieux bienfait de la providence. Ils met-
tent un acharnement incroyable à poursuivre
les essaims dévastateurs de ces redoutables
insectes; ils les détruisent sous tous leurs
états, et les attaquent même dansleur germe.
Du reste, le fait cité parGuéneau de Mont-
beillard (Hist. nat. des Ois.), d'après le té-
moignage de M. Poivre , démontre de la
manière la plus positive quel est le rôle,
quelle est la part que prennent ces oiseaux
dans l'économie de la nature. Il fut un temps
où l'île Bourbon était, pour ainsi dire, dé-
vorée par des Sauterelles , qui , ayant été
apportées de Madagascar, dans de la terre,
à l'état d'œufs , s'y étaient développées et
avaient fini par s'y multiplier d'une façon
prodigieuse et vraiment inquiétante. A cette
époque , MM. Desforges-Boucher et Poivre,
l'un gouverneur général et l'autre inten-
dant de cette île, eurent l'heureuse idée,
pour arrêter les ravages toujours croissants
que faisaient ces insectes, de tirer des Indes
quelques paires de Martins (Acr. tristis),
de les faire propager , et de les opposer,
comme auxiliaires, à leurs redoutables en-
nemis. Cette mesure eut d'abord un com-
mencement de succès; mais, lorsqu'on s'en
promettait les plus grands avantages, ils
furent proscrits, parce que les colons, les
ayant vus fouiller dans les terres nouvelle-
ment ensemencées, s'imaginèrent qu'ils en
voulaient aux grains, lorsque, selon toute
probabilité, ils n'étaient qu'à la recherche
des œufs d'insectes. L'espèce entière fut donc
détruite, et avec elle la seule digue qu'on
pouvait opposer aux Sauterelles; car celles-
ci, ne trouvant plus d'ennemis acharnés à
les dévorer, multiplièrent au point que les
habitants de l'île eurent bientôtà se repentir
de leur arrêt de proscription, et se virent
forcés de rappeler les Martins à leur secours.
Deux autres couples furent donc rapportés et
mis cette fois sous la protection des lois. Les
médecins, de leur côté, leur donnèrent une
sauve-garde encore plus sacrée, en déclarant
que leur chair était une nourriture malsaine.
Enfin, quelques années plus tard, les Saute-
relles étaient entièrement détruites. Malheu-
reusement les Martins, dont le nombre s'était
considérablement accru, devinrent à leur
tour un fléau redoutable, en ce sens que, ne
trouvant plus assez d'insectes pour satisfaire
leur appétit, ils s'attaquèrent non seulement
aux fruits, mais encore au blé, au mais, aux
fèves, etc.
Quoi qu'il en soit, les Martins sont de vé-
ritables bienfaiteurs pour les contrées expo-
sées aux ravages des Sauterelles. Partout où
ces insectes se montrent, on est à peu près
certain de rencontrer ces oiseaux. Au rap-
16
IvîAR
MAR
port de M. Nordmann, lesTartares et les Ar-
méniens considèrent le Martin roselin comme
étant en quelque sorte sacré, et ont en lui
une grande confiance pour la destruction
des Sauterelles: « C'est au point, dit-il, que
toutes les fois que leurs terres sont menacées
des ravages de quelque essaim de Sauterel-
les, non seulement les habitants des provin-
ces situées au-delà du Caucase, mais encore
les Tartares de la Crimée, emploient un pro-
cédé particulier au moyen duquel ils espè-
rent attirer les Martins roselins. Voici qiel
est ce procédé: Non loin ducouventd'Etchc-
miadsin, en Arménie, etdu villaged'Argoui i-
situé au pied de l'Ararat, il se forme une
source dont l'eau passe pour être sacrée,
Dès que les Sauterelles se montrent, on va
chercher une certaine quantité de cette eau,
et celle-ci n'est pas plus tôt arrivée que les
oiseaux paraissent pour commencer la des-
truction. Dans la Crimée et dans plusieurs
endroits des provinces transcaucasiennes, on
conserve constamment de cette eau sacrée,
et, lorsqu'elle vient à manquer, on dépêche
des exprès pour aller, au pied de l'Ararat,
en chercher une nouvelle provision. »
Les Martins font la chasse non seulement
aux Orthoptères , mais encore à d'autres in-
sectes de la classe des Coléoptères et de celle
des Hémiptères. Ils sont également très
friands de cerises et de mûres, et font une
consommation ou plutôt un dégât considé-
rable de ces fruits.
Réduits en captivité, les Martins devien-
nent bientôt aussi privés et aussi familiers
que les Étourneaux, et se font aimer à cause
de leur docilité et de leurs gentillesses. Ils
retiennent facilement et répètent avec assez
de fidélité ce qu'on veut leur apprendre, et
apprennent même sans qu'on leur fasse la
leçon ; car bien souvent ils imitent le chant
ou les cris des animaux qui restent quelque
temps leurs voisins. Dans plusieurs contrées
de l'Inde , on se plaît à les élever à cause
de leur talent imitateur.
Les faits qui se rapportent aux circonstan-
ces de nidification des Martins ne sont pas
encore bien et entièrement connus. On a
seulement quelques détails sur la manière
dont nichent le Martin triste et le Martin
roselin, et sur leur ponte. Le premier donne
à son nid une construction grossière et Pat-
tache aux aisselles des feuilles du Palrnier-
Latanier ou d'autres arbres ; quelquefois
même il l'établit dans les greniers, lorsqu'il
peut s'y introduire; le second recherche,
pour faire ses pontes , les gradins escarpés
de quelque montagne, les masures abandon-
nées , les ruines et aussi les arbres creux.
L'un et l'autre font une ou deux couvées
dans la saison, et chaque couvée est de qua-
tre à six œufs.
Une particularité des plus remarquables
est celle dont M. Nordman a été le témoin.
II a vu que de grandes volées de Roselins,
composées d'un nombre à peu près égal de
mâles et de femelles (ce qui rend le fait en-
core plus extraordinaire), ne vaquaient pas
à l'œuvre de la reproduction et vivaient,
comme il le dit lui-même, dans un Célibat
complet. Il a acquis la certitude que, parmi
ces volées , il n'y avait pas un seul couple
apparié. On pourrait croire que les indivi-
dus qui forment ces bandes vagabondes sont
de jeunes oiseaux incapables encore de se
reproduire ; mais M. Nordman a bien posi-
tivement constaté qu'elles se composaient
d'individus âgés d'un , de deux , de trois
ans et même au-delà. Ce fait, que nous sa-
chions , est sans exemple, et demeure , jus-
qu'à présent, sans explication.
Les Martins sont des oiseaux voyageurs.
Levaillant a assisté-aux migrations des es-
pèces qui habitent l'Afrique, et a pu acqué-
rir la preuve que leur passage, qui se fait
toujours par bandes considérables, dure une
semaine environ. Les jeunes de l'année,
comme cela a lieu pour une foule d'autres
oiseaux, ne voyagent pas en compagnie des
adultes : les uns et les autres forment des
bandes à part. Tous les Martins actuelle-
ment connus appartiennent à l'ancien con-
tinent.
Nous ne saurions admettre avec quelques
auteurs les coupes que l'on a voulu fonder
sur certaines espèces de Martins , ces coupes
n'étant motivées par aucun caractère d'une
importance vraiment générique. Il y a chez
toutes même organisation et mêmes mœurs.
Bien plus , les Martins diffèrent si peu des
Étourneaux sous ces deux rapports, que
quelques ornithologistes, M. Nordman entre
autres, malgré l'opinion générale, ont per-
sisté à en faire des oiseaux congénères. Si
Ton éprouve déjà de la difficulté à pouvoir
distinguer génétiquement les Étourneaux
I\JAR
des Martins, à plus forte raison doit-il être
difficile de trouver chez ces derniers des ca-
ractères différentiels suffisants pour autori-
ser des démembrements. Tout au plus pour-
rait-on , avec M. Lesson et quelques autres
auteurs, établir des groupes secondaires dans
lesquels se trouveraient réunies des espèces
que quelque attribut particulier distingue-
rait des autres.
Nous nous bornerons à citer quelques
unes des espèces connues , et, parmi elles,
celles surtout qui sont devenues types de
genres.
1. Le Martin triste, Ac. tristis Vieil!.,
Past. trislis Wagl. (Buff., pi. enl, 219).
Tête et cou noirâtres , dessus du corps d'un
brun marron, poitrine et gorge grises. —
Habite le Bengale , lTIe de France et Java.
Cette espèce type du g. Martin est celle
dont on s'était servi à Bourbon pour détruire
les Sauterelles.
2. Le Martin roselin, Ac. roseus Vieill.,
P. roseus Temm. (représenté dans l'atlas de
ce Dictionnaire, oiseaux, pi. 25). Le mâle de
cette espèce a la tête, le cou, les pennes des
ailes et de la queue noirs, avec des reflets
verts et pourpres ; la poitrine, le ventre, le
dos, le croupion et les petites couvertures des
ailes roses. — Habite l'Asie et l'Afrique. Elle
est accidentellement de passage dans l'Eu-
rope méridionale, et visite irrégulièrement
la France et surtout les contrées situées au
midi. En 1838, plusieurs bandes considéra-
bles se répandirent dans la Provence à leur
passage au printemps, et y séjournèrent
plus d'un mois.
3. Le Martin huppé, Ac. cristalellus Vieill.,
P. cristalellus Wagler (Buff., pi. enl., 507).
D'un noir bleuâtre sombre; couvertures des
;iiles blanches à leur extrémité. — Habite
Java.
4. Le Martin Brame, Ac. pagodarum
Vieill. , P. pagodarum Wagl. ( Levai!!.,
Ois. d'Afr., pi. 95). Plumes de la tête noires,
à reflets violets; dessus du corps gris , des-
sous jaune-roussâtre. — Habite au Malabar,
au Goromandel, en Chine et dans l'Afrique
méridionale.
VAc. malabaricus de Vieillot serait, d'a-
près Wagler, la femelle de cette espèce.
5. Le Martin porte-lambeaux, P. carun-
culatus Wagl. (Levaill., Ois. d'Af., pi. 93).
Tête nue, pourvue de caroncules ; ailes et
T. VIII.
IUAR
17
queue noires ; tout le reste du plumage d'un
gris roussâtre. — Habite le cap de Bonne-
Espérance.
Vieillot, ayant égard aux caroncules qui
distinguent cette espèce, en avait fait le type
d'un genre sous le nom de Dilophus ; plus
tard il l'a rapportée aux Martins, comme
l'avait fait G. Cuvier.
6. Le Martin gracieux, P. turdiformis
Wagl. (Buff.,p£. enl., 617, sous le nom de
Kink de la Chine). Joues et gorge d'un blond
orangé, haut de l'aile d'un blanc pur, queue
rousse, rayée de noir. — Habite la Cochin-
chine.
Cette espèce est pour M. Lesson le type
de son g. Sturnia.
Quelques ornithologistes ont encore rang
parmi les Martins quelques espèces qui
avaient avec eux des rapports assez éloignés,
et qui en ont été distraites. Telles sont le
Past. capensis Temm., dont M. Lesson a
fait le type de son g. Fregilupus ; le P.
Traillii Vig., dont la place n'est pas encore
bien déterminée , puisque les uns en font
un Langrayen , les autres un Pie-grièche,
d'autres un Loriot, etc., et le P. calvus,
dont G. Cuvier a fait le représentant de son
g. Goulin {Gymnops). ( Z. G.)
MARTIN-CHASSEUR. Dacelo, Leach.
OIS. — VOII. MARTIN-PÊCHEUR.
MARTM-PÊCHEUR. Alcedo. ois. —
Par suite de cette réforme particulière, dont
le résultat a été la transformation des genres
linnéens en familles, le nom générique de
Martin-Pêcheur, qui s'étendait à un grand
nombre d'espèces, détourné de la significa-
tion générale, ne s'applique plus aujour-
d'hui qu'à un groupe assez restreint, dont
notre Marlin-Pêeheur d'Europe est le type.
Nous devrions donc , si nous nous confor-
mions à la nomenclature moderne, nous
astreindre à ne traiter que de ce groupe;
mais il nous paraît préférable, ainsi que
nous Favons déjà fait ailleurs, de considé-
rer les Martins Pêcheurs comme division
linnéenne, ou, si l'on veut, comme fa-
mille, sans avoir égard ici aux sections dont
cette famille est susceptible.
Les Martins-Pêcheurs sont des oiseaux
qui appartiennent à l'ordre des Passereaux,
et, pour les méthodistes modernes, à la fa-
mille des Alcédidées ou AIccdinidées. Ils onl
pour caractères: un bec long, gro«, droit,
a
18
MAR
MAR
plus ou moins comprimé, très rarement
échancré et incliné vers le bout; des narines
situées à la base du bec, étroites; des tar-
ses courts, placés un peu en arrière du
corps; quatre ou trois doigts, l'externe
presque aussi long que celui du milieu , au-
quel il est uni dans une grande partie
de sa longueur; une queue généralement
courte et des ailes de médiocre longueur.
En général , les Martins-Pêcheurs se dis-
tinguent des autres oiseaux par leur forme,
et ont entre eux une très grande analogie
sous le rapport des couleurs. Ainsi leur corps
est épais, court, ramassé pour ainsi dire;
leur tête est allongée, grosse, et, presque
chez toutes les espèces , couverte de plumes
étroites plus ou moins longues, et formant,
vers l'occiput , une sorte de huppe immo-
bile qui a une direction contraire à celle du
bec. Quant à leur plumage , lustré chez les
uns, mat chez les autres, il est, en géné-
ral , assez richement coloré ; et parmi les
couleurs qui les parent, on peut dire que,
dans toutes les espèces, le bleu domine sous
fies différentes nuances.
Les Martins-Pêcheurs, ou mieux les oi-
seaux que nous réunissons sous ce nom gé-
nérique, n'ont pas une conformité de mœurs
aussi grande que ce que pourrait le faire
supposer leur conformité générale d'organi-
sation. Ainsi, tandis que les uns ont des
habitudes essentiellement aquatiques , qu'ils
nesauraient exister loin des rives des fleuves
ou des bords de la mer, les autres, au con-
traire, ne fréquentent qu'accidentellement
les rivières et ne vivent qu'au sein des fo-
rêts touffues et humides : cette différence
d'habitat produit nécessairement une diffé-
rence dans le régime : tels sont ichthyo-
phages , tels autres insectivores. C'est en
raison de ces considérations que les premiers
sont plus particulièrement désignés sous le
nom de Martins-Pêcheurs, et que les se-
conds ont été distingués sous celui de Mar-
tins-Chasseurs. D'ailleurs , les uns et les au-
tres sont des oiseaux solitaires, qui vivent
ordinairement loin de toute société, et qui
évitent même celle de leur semblable. Tous
ont un vol rapide et bas, direct et peu sou-
tenu.
L'espèce dont on connaît le mieux les
mœurs est, sans contredit, notre Martin-
Pêcheur d'Europe {Alcedo ispida). Soumise ,
pour ainsi dire , à notre observation de tou»
les jours, tous ses actes nous sont devenus
familiers. Mais, ainsi que la plupart des
animaux qui vivent dans le voisinage de
l'homme , et qui se font remarquer par quel-
ques attributs particuliers, le vulgaire s'est
plu à doter cet oiseau de propriétés mer-
veilleuses. Il y a peu de nations qui ne lui
aient reconnu quelque faculté extraordi-
naire. Les anciens croyaient que son corps
desséché repoussait la foudre; que, porté
sur soi, il communiquait la grâce et la
beauté; qu'il donnait la paix à la maison,
le calme à la mer, et rendait la pêche abon-
dante sur toutes les eaux. Ce qu'il y a de
singulier, c'est que des idées à peu près
pareilles se trouvent chez les Tartares et
les Asiatiques. Si ces croyances ont totale-
ment disparu , d'autres sont restées , et l'on
n'est pas peu surpris d'entendre , dans nos
campagnes , dire et affirmer que la dépouille
du Martin-Pêcheur a la singulière propriété
de conserver les draps et les autres étoffes
de laine en éloignant les teignes qui pour-
raient les dévorer. Les dénominations d'Oi-
seau-Teigne, Drapier, Garde- Boutique, etc.,
font tous allusion à cette prétendue faculté
dont nous venons de parler. Il est inutile de
dire que cette croyance tombe devant les
faits; les plumes du Martin-Pêcheur de-
viennent, comme celles des autres oiseaux,
la pâture des Teignes , et sa chair est la proie
des Anthères et des Dermestes.
Dépouillée de ces erreurs , qui pouvaient
en être jadis la partie intéressante, l'his-
toire du Martin-Pêcheur d'Europe (histoire
qui, à quelques différences près , doit être
celle de toutes les autres espèces) n'est pas
moins pleine d'attraits. Cet oiseau, que l'on
voit triste et toujours seul , si ce n'est à l'é-
poque des amours, a un caractère sauvage
et méfiant qui lui fait fuir la présence de
l'homme. Lorsqu'on l'approche , il part d'un
vol rapide, file en rasant la surface de l'eau
ou du sol , et en suivant ordinairement tous
les détours d'une rivière. En volant, il fait
entendre un cri perçant qu'expriment assez
bien les syllabes ki ki kivi ki; c'est même
de ce cri que lui vient, selon Gesner , le
nom latin ispida. Il est peu d'oiseaux de sa
taille dont les mouvements d'ailes soient
aussi prompts, et qui cependant puissent
mieux commander à son voK Au moment où
MAR
MAR
19
il parcourt l'air avec le plus de vélocité , il
s'arrête tout d'un coup et s'y soutient pen-
dant plusieurs secondes. A ce moment, ses
battements d'ailes, réitères et pressés, res-
semblent à une sorte de trémoussement, et
ne peuvent être comparés qu'à ceux du Fau-
con lorsqu'il plane, ou encore mieux à ceux
des Colibris , lorsqu'ils cherchent leur nour-
riture dans le calice des fleurs. Le Martin-
Pêcheur alcyon ne saute ni ne marche lors-
qu'il se pose à terre , ce qui tient à l'ingrate
organisation de ses pieds. Comme il ne peut
saisir sa proie qu'au passage, et qu'il est
forcé de l'attendre pour s'en emparer, la na-
ture l'a doué d'une patience admirable. On
le voit des heures entières, épiant les pois-
sons, perché sur une branche morte, sur
une pierre qui s'élève dans l'eau, ou même
sur la rive d'un fleuve, et dans une immo-
bilité complète. On a vanté la patience du
Héron ; on a dit avec quelle persévérance il
attend, les pieds dans l'eau, qu'une proie
passe à portée de son bec; mais cependant
le Martin-Pécheur ne le lui cède pas sous ce
rapport. Il est, comme le Héron, doué d'une
grande patience : il sait attendre , et aussi-
tôt qu'il aperçoit un poisson , il fond des-
sus avec la rapidité de l'éclair , en tom-
bant d'aplomb, la tête en bas , et en plon-
geant dans l'eau : le plus ordinairement
il fait cette pêche aux petites espèces, ou
encore il s'attaque aux petits individus des
grandes espèces; mais, à défaut de ceux-
ci, il se jette sur ceux d'une taille plus
forte, et alors, si sa capture est d'une
grosseur qui ne lui permette pas de l'ava-
ler, il la porte à terre, et là il la dépèce
tout à l'aise. La manière dont le Martin-
Pêcheur traite la proie vivante qu'il vient
de saisir est un fait digne de remarque, et
rappelle ce que font beaucoup d'oiseaux in-
sectivores. Avant de la déglutir, il la con-
serve quelque temps dans son bec, la tourne,
la retourne, la bat contre une pierre ou
contre un tronc d'arbre; il ne se contente
pas de la tuer, il la malaxe, la pétrit, si
l'on peut dire, et, lorsqu'il la juge suffi-
samment brisée, il l'avale la tête la pre-
mière; ce qu'il y a de particulier, c'est
qu'il agit de même à l'égard d'une proie
morte.
De l'habitude qu'a le Martin-Pêcheur de
toujours se poser sur les branches mortes
était venu ce conte , né en Allemagne et ac-
crédité chez nous, du moins dans la classe
ignorante , que cet oiseau fait sécher le bois
sur lequel il s'arrête; mais depuis long-
temps l'opinion a été rectifiée sur ce point.
C'est par instinct que le Martin-Pêcheur se
pose de préférence sur les branches sèches
ou dépouillées de feuilles qui avancent sur
l'eau ; de là il est mieux à portée de guetter
et d'apercevoir les poissons, isolé qu'il est
de tout ce qui pourrait borner sa vue ; de là
aussi il peut tomber dans Peau sans que
rien l'arrête. L'hiver, lorsqu'il est forcé
par la glace ou la crue des eaux de quitter
momentanément les rivières , on le voit sur
les bords des ruisseaux d'eau vive exercer
son industrie aux dépens alors plutôt des
insectes aquatiques que des poissons. Mais
comme , dans ces circonstances , il ne trouve
pas toujours d'arbres où il puisse s'arrêter,
il chasse en voltigeant continuellement; il
s'élève , plane , puis plonge si une proie se
présente. Lorsqu'il veut changer de place,
il descend de quelques pieds , continue à
voler, s'arrête de nouveau, se relève et s'a-
baisse encore : il peut, de cette manière,
parcourir de grandes distances.
Au rapport des voyageurs, les Martins-
Chasseurs font dans les forêts ce que les
Martins-Pêcheurs et ses congénères font le
long des rives des fleuves et des ruisseaux et
sur le bord de la mer; ils attendent patiem-
ment, juchées sur une branche, qu'un in-
secte, une larve ou un ver de terre, se
montrent et passent à portée d'être saisis.
Les Martins-Pêcheurs ne chantent point;
ils ne font entendre que des cris aigus; ceux
de VAlcedo gigantea ressemblent à des éclats
de rire. Us entrent en amour au printemps.
On ne connaU pas , jusqu'à présent , d'es-
pèce qui fasse un nid proprement dit. Ces
oiseaux, comme les Pics, les Guêpiers, etc.,
nichent, les uns dans les crevasses qui exis-
tent le long des berges des rivières ou dans
les trous qu'y creusent les Rats d'eau, les
autres dans les trous pratiqués sur les troncs
des vieux arbres. Leurs œufs varient en
nombre selon les espèces; généralement ils
sont blancs. Notre Martin -Pêcheur d'Eu-
rope en pond ordinairement six ; le trou au
fond duquel il les dépose a quelquefois deux
pieds de profondeur, et dans les abords de
ce trou sont toujours entassées des arêtes et
20
MAR
BIAR
des écailles de poissons , restes non digérés
et vomis des nombreuses proies qu'il a fai-
tes. Les jeunes Martins-Pêcheurs sont très
difficiles à élever; on ne peut guère les con-
server que quatre ou cinq mois; d'ailleurs,
parviendrait-on à les faire vivre plus long-
temps en les entourant de tous les soins
possibles, ils n'offriraient d'autre agrément
que celui que procure la vue de leur plu-
mage.
La chair des Martins-Pêcheurs est d'un
goût détestable et porte avec elle une odeur
de faux musc très prononcée; la qualité des
aliments dont ils font usage influe d'ailleurs
sur celle de leur chair. Les uns se nourris-
sent presque exclusivement de poissons, les
autres mêlent à ce régime des insectes aqua-
tiques de toute sorte , des crabes; ceux-ci
font la chasse aux petits lézards, ceux-là
aux insectes de terre et à leurs larves.
La distribution géographique des Mar-
tins-Pêcheurs est fort étendue. Ces oiseaux
sont répandus sur tout le globe et en nom-
bre considérable; l'Europe et l'Amérique
ne possèdent qu'une seule espèce qui soit
propre à leur climat; mais ils se trouvent
profusément répartis dans les contrées
chaudes de l'Afrique et de l'Asie.
Le genre Alcedo de nos méthodes mo-
dernes est loin d'être ce qu'il était dans le
Systcma nalurœ. Latham , Brisson , Vieil-
lot, etc., l'ont conservé tel que l'avait éta-
bli Linné. G. Cuvier, de son côté, a réuni
sous le nom générique de Martins-Pêcheurs
toutes les espèces linnéennes desquelles il a
distrait seulement sous le nom de Ceyx ,
comme d'ailleurs l'avait déjà fait Lacépède,
celles qui n'ont que trois doigts , deux de-
vant et un derrière. Levaillant, ayant con-
staté que certaines espèces à plumage non
lustré et à bec ordinairement échancré vers
le bout, vivaient au sein des forêts loin du
voisinage des eaux , s'autorisa de ces diffé-
rences de mœurs et de caractères pour dis-
tinguer ces espèces sous la dénomination de
Martins -Chasseurs. C'est de ceux-ci que
Leach fit un peu plus tard son genre Dacelo.
M. Lesson , tout en admettant une grande
division Alcedo (Alcyon), introduisit cepen-
dant dans cette division des modifications
assez importantes, en ce sens qu'il y établit
plusieurs groupes auxquels il donna le titre
de sous-genres. Par ce fait, les Alcyons fut
rent distingués en Ceyx, en Marlins -Pê-
cheurs proprement dits, en Symés, en Ta-
nysiptères, en Martins-Chasseurs, en Chou-
calcyons, en Mélidores et en Todiramphes.
Une autre modification profonde du genre
Alcedo est celle que G.-R. Gray a consignée
dans sa List of the gênera. Ici, les Martins-
Pêcheurs ne se trouvent plus réunis dans
une seule grande division générique, mais
ils sontcompris dans deuxsous-familles : celle
des Halcyoninées , qui a pour type le genre
Dacelo; et celle des Alcédininées, fondée sur
les Martins-Pêcheurs proprement dits.
Nous adopterons pour la classification des
Oiseaux dont il est question une sorte de
compromis; c'est-à-dire que distinguant ces
Oiseaux en ceux qui fréquentent le bord des
eaux et en ceux qui en vivent éloignés , nous
essaierons ensuite de les grouper selon leurs
affinités naturelles , chaque groupe corres-
pondant à un genre établi.
I. MaréÎEas-Pêclieurs riverains.
1° Espèces à bec droitt pointu et quadrangu-
laire. (G. Alcedo, Lin.)
Le Martin-Pêcheur d'Europe, Al. ipsida
Lin. (Buff. , pi. enl. , 77). Dessus du corps
d'un vert d'aigue-marine, le dessous roux-
marron ; la gorge blanche et les joues rousses
et vertes.
II est répandu dans toute l'Europe, mais
il est assez rare dans les contrées boréales;
il habite aussi l'Afrique et l'Asie, car on le
trouve en Egypte , au cap de Bonne-Espé-
rance et à la Chine , où il porte le nom de
Tye-Tzoy,
Le M. Pêcheur bicolore, Al. bicclor Gin.
(Buff., pi. enl., 592). Vert en dessus, mar-
ron en dessous , un demi-collier de cette
couleur ; gorge rousse.
Le M. Pêcheur du Bengale , Al. benga-
lensis Gmel. (Temm., pi. col., 239). Dessus
du corps bleu d'aigue-marine; ventre roux;
un trait de cette couleur sur les côtés de la
tête ; gorge blanche. Habite le Bengale, Ti~
mor et les Moluques.
Le M. Pêcheur pourpre , Al. purpurea
Gmel. (Buff. pi. enl, 778, f. 2). Dessus du
corps d'un bleu pourpré; tête pourpre; ven-
tre roux et bec rouge. Habite le Sénégal et
la côte d'Angola.
Le M. Pêcheur a tête bleue, Al. cœru-
leocephala Gmel. (Buff., pi. enl., 356).
MAR
MAI1
21
Tête, manteau et ailes bleu-azur tiqueté de
bleu clair; dos aigue-marine ; ventre mar-
ron. Habite Java.
Le M. Pécheur biru, Al. biru Horsf.
(Temm. , pi. col., 239, f. 1). Dessus du
corps et ceinture vert d'eau clair; gorge et
abdomen blancs; une tache blanche de cha-
que côté du cou. Habite Java.
Le M. Pècueur huppé, Al. cristata Gmel.
(BufT., pi. enl. , 756, f. 1 , sous le nom de
Vintsi). Dessus du corps azur; huppe et oc-
ciput bleus variés de brun; gorge blanche ;
ventre roux. Habite le Sénégal, le cap de
Bonne-Espérance et Madagascar.
On rapporte encore à ce groupe le M.
Pêcheur à collier, Al. torquata Gmel., du
Brésil. — Le Grand M. Pêcheur , Al. maxi-
mum Gmel. (BufT., pi. enl., 679), du cap de
Bonne-Espérance. — Le M. Pêcheur alcyon,
Al. alcyon Lin. (Buff.,pL ml., 590, f. 3),
de Saint-Domingue. — Le M. Pêcheur d'A-
mérique , Al. americana Gmel . (BufT., pi.
enl. , 191 , f. 2), de Cayenne. — Le M. Pê-
cheur oranveut , Al. superciliosa Gmel.
( Bulî., pi. enl, 756, f. 2), de Cayenne. —
Le M. Pêcheur roux, Al. inadagascariensis
Gmel. (BufT., pi. enl., 778, f. 1), de Mada-
gascar.
Le M. Pécheur Pie, Al. rudis Gmel.
(BufT., pi. enl. , 216), à plumage tapire de
noir et de blanc; oiseau que la plupart des
ornithologistes ont toujours placé parmi les
vrais Martins - Pêcheurs , et devenu pour
Boié le sujet d'un g. nouveau , auquel il
donne le nom de Ceryle. Cette espèce d'A-
frique est mise au nombre des oiseaux d'Eu-
rope; elle visite quelquefois l'Espagne et
l'Italie.
2° Espèces à bec élargi à la base , à bords
rnandibulaires garnis de dents en scie, et
à queue arrondie. (G. Syma , Lesson.)
La seule espèce connue de cette dhision
est le Symé torotoro, Syma torotoro Less.
(Zool. delaCoq., pi. 31 bis, f. 1). Dessus du
corps bleu; tête rousse; parties inférieures
d'un roux blanchâtre; bec doré. Habite la
Nouvelle-Guinée.
3° Espèces à pieds tridaclyles et à queue très
courte. (G. Ceyx, Lacépède.)
Cette section a déjà été le sujet d'un ar-
ticle particulier (voy. ceyx). Nous rappelle-
rons seulement ici que l'une des espèces
qu'on y avait rapportée , le Ceyx azureus
Vig. et Hors. (Al. tribracteys Shaw. ), est
devenue pour Svvainson le type d'un genre
qu'il a nommé Alcyone. {Voy. également
ce mot.)
IL Martins-Pëcheurs sylvaïna
(Martins-Chasseurs).
1° Espèces à bec épais, large à sa base; à
mandibule supérieure échancrée ou sans
échancrure ; à queue allongée et à tarses
robustes. (G. M. chasseur proprement dit;
Dacelo, Leach ; Choucalcyon, Lesson ; Pa-
ralcyon, Gloger.)
Le M. Chasseur trapu , Da. concrela
Temm. (figuré dans l'atlas de ce Diction-
naire, Ois., pi. 4). Dessus du corps et mous-
tache d'un beau bleu d'azur; calotte verte
à reflets dorés , encadrée par une bande noire
qui part de l'angle du bec; rémiges noires;
nuque, partie postérieure du cou, poitrine,
ventre et abdomen roux.
Le M. Chasseur oreillon bleu, Da. cya-
notis Temm. (pi. col. , 262 ). Dessus d? la
tête et queue rousses; ailes et un trait sur
l'œil azur; sourcils pourprés; abdomen gris-
roussâtre. Habite Sumatra.
Le M. Chasseur de Coromandel , Da. co-
mmanda Less. , Al. commanda Lath. Des-
sus du corps d'un beau pourpre azur; crou-
pion gris-blanc; parties inférieures roux-
cannelle. Habite Java.
Le M. Chasseur a tète rousse, Da. ru-
ficeps G. Cuvier. Tête et cou roux ; trait sur
l'œil et demi - collier noirs ; dos et ailes ai-
gue-marine; dessus du corps roux vif ou
roux clair. Habite les Mariannes.
Le M. Chasseur a bec noir, Da. mclano-
rhyncha Temm. (pi. col., 391). Plumage
roux-gris varié de brun; ailes et dos verts.
Habile Java.
Le M. Chasseur a tète blanche, Da. al-
bicilla Less. Manteau et ailes aiguë marine;
le reste du plumage blanc.
Nous citerons encore le M. Chasseur de
Lindsey, Da. Lyndscii (Eyd. etSouleyet,
Voy. de la Bonite, pi. 6). — Le M. Chas-
seur a coiffe noire , Da. atricapiUa Less. ,
Al. atricapiUa Gmel. (BulT.,])L enl., 679),
du cap de Bonne-Espérance. — Le M. Chas-
seur smyrnéen, A. smyrnen s is Gmel . (Bulf.
22
MAR
MAR
pi. enl, 894 ) , du Bengale. — Le M. Chas-
seur a tète verte, Al. chlorocephala Gmel.
(Buff. , pi. enl. , 789), de Timor. — Le M.
Chasseur omnicolore, Al. omnicolor Temm.
(pi. col., 135). —Le M. Chasseur actéon,
Da. acteon Less. — Le M. Chasseur a tête
grise, Al. senegalensis Gmel. (Buff., pi. enl.,
594), dont Swainson a fait le type de son
genre Halcyon. —Le M. Chasseur Gaudi-
ca âud, Al. Gaudichaudi Quoy et Gaim. (Zool
de l'Uranie, pi. 21), et le M. Chasseur
géant, Al. gigantea Vieill. (Gai. des Ois. ,
pi. 180), composent pour M. Lesson le g.
Choucalcyon. Voy. ce mot.
2° Espèces à bec conique court ; à rectrices
intermédiaires très longues, terminées en
palette. (G. TanysiPtère, Tanysiptera, Vi-
gors. )
Espèce unique, le Tanysiptère des forêts,
Tan. dea Vig., Al. dca Gmel. (Buïï.,pl. enl,
116). Dessus du corps bleu et azur ; parties
inférieures d'un blanc pur; rectrices blan-
ches à tige bleue. Habite les Moluques, Ter-
nate et la Nouvelle-Guinée.
3° Espèces à bec robuste , énorme , à man-
dibule supérieure terminée par un crochet,
et garnie de cils rigides à sa base. (Genre
Mélidore, Mehdora, Lesson.)
Le Mélidore d'Euphrosine , Mel. Euphro-
siœ , Da. manorhynchus Less. (Zool. de la
Coq., pi. 31 bis, fig. 2). Calotte verte et
brune, entourée d'un cercle bleu; dos et
ailes d'un brun varié de roux ; joues noires ;
rectrices et rémiges rousses. Habite la Nou-
velle-Guinée.
4° Espèces à bec droit déprimé, comme celui
des Todiers, et à queue longue. (Genre To-
diramphe, Todiramphus, Lesson.)
Le Todiramphe sacré, Tod. sacer Less.
(A/e'ro. de la Soc. d'hist. nat., t. III, pi. il) ,
Alcedo sacra Gmel. Tête et corps verts; sur
le haut de la poitrine un collier blanc ; ven-
tre blanchâtre tacheté de blanc. Habite
Otaïti et Borabora , où les naturels le con-
naissent sous le nom de Olatare.
Le Todiramphe dieu , Tod. divinus Less.
(Mém. de la Soc. d'hist. nat. , pi. 12). Plu-
mage brun en dessus, blanc en dessous, avec
un collier noir sur le bas du cou.
Cette espèce ne serait-elle pas un double
emploi, et ne représenterait-elle pas le jeune
âge ou la femelle de la précédente? Quoi
qu'il en soit, elle habite les mêmes contrées,
et joue, à ce qu'il paraît, un grand rôle dans
l'ancienne théogonie des habitants de l'ar-
chipel de la Société. C'était un des oiseaux
favoris du grand dieu Oro. (Z. Gerbe.)
MARTIN SEC et MARTIN-SIRE. bot.
ph. — Noms vulgaires d'une variété de
Poires.
*MARTINERIA, Flor. Flumin.uoT. ph.
— Syn. de Kielmeyera, Mart. et Zucc.
MARTINET, ois. — Voy. hirondelle.
MARTINEZIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Palmiers, tribu des
Cocoïnées, établi parRuiz etPavon(Prodr.,
138, t. II). Palmiers du Pérou. Voy. pal-
miers.
*MARTINIERIA,Guill. bot. ph. — Syn.
deWendtia, Mey.
MARTINS. ois. — M. Lesson a établi sous
ce nom, dans l'ordre des Passereaux, une
famille qui renferme des Oiseaux qui ont
un bec allongé, pointu, comprimé, voûté,
à bords lisses, déjetés; des narines percées
en avant d'une membrane latérale, nues;
les plumes de la tête ou du cou sétacées,
lancéolées, rigides; la tête, ordinairement
enveloppée d'une peau nue ou le bec sur-
monté d'excroissances charnues , et le tour
des yeux fréquemment nu. Les genres Tro-
pidorhynque, Gracupie, Philante, Argie et
Martin font partie de cette famille. (Z. G.)
*M ART1SIA. moll. — Genre proposé par
Leach pour des Pholades raccourcies, cunéi-
formes , bâillantes , avec plusieurs pièces
accessoires, l'une dorsale et moyenne, et
deux marginales inférieures. Ce genre ne
peut être admis que comme subdivision du
genre Pholade. Voy. ce mot. (Duj.)
*MARTITE. min. — Fer oligiste, en oc-
taèdres réguliers , décrit sous ce nom par
MM. Spix et Martins , dans leur Voyage au
Brésil. Voy. fer oligiste. (Del.)
MARTIUSIA, Schult. bot. ph. — Syn.
de Neurocarpum, Desv.
MARTRASIA, Lagasc. bot. ph. — Syn.
de Jungia, Linné.
MARTRE, mam. — Voy. marte.
MARTYNIA ( nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Pédalinées, établi
par Linné ( Gen. n. 753). Herbes de l'Amé-
rique tropicale. Voy. pédalinées.
MAS
MAS
23
*MARTÏNIACEES. Martyniaceœ. bot.
ph. — La section établie sous ce nom par
M. Link , parmi les Personnées, correspond
à la famille des Pédalinées. Voy. ce mot.
(Ad. J.)
*MAÏUJMÏA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Métastomacées-Miconiées, établi
par Blume (m Flora , 1831, pag. 503). Ar-
brisseaux de l'Asie tropicale. Voy. mélasto-
uiacées. — Reinw., syn. deSaurauja, Willd.
MARUTA. bot. ph. — - Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées , établi
par Cassini (in Dict. sc.nat., XXIX, 174).
Herbes d'Europe. Voy. composées.
MASARIDES. Masaridœ. ins.— Famille
de la tribu des Euméniens , de l'ordre des
Hyménoptères, caractérisée par des anten-
nes renflées en massue à l'extrémité , leurs
derniers articles étant plus ou moins con-
fondus entre eux. Nous rattachons deux
groupes à cette petite famille : ce sont les
Masarites et les Céramite1?. (Bl.)
MASARIENS. ins. — Voy. masarides.
MASARIS. ins. — Genre de la famille
des Masarides, de l'ordre des Hyménoptères,
établi par Fabricius, et adopté par tous les
entomologistes. Ce genre se distingue par-
faitement des Cœlonites, qui appartiennent
au même groupe par la longueur des an-
tennes, qui surpasse celle de la tête et du
thorax réunis. Les antennes, ainsi renflées
en une longue massue fusiforme, font de
ce type un des insectes les plus singuliers de
l'ordre des Hyménoptères. On connaît une
seule espèce du genre Masaris , qui a été
rapportée de Barbarie par le célèbre bota-
niste Desfontaines. C'est le M. vespiformis
Fabr. (Coquebert, Jllustr. Icon., Dec, 2,
lab. 2) , que nous avons aussi représenté
dans notre Histoire des Insectes, publiée par
Firmin Didot , et dans les planches qui ac-
compagnent la nouvelle édition du Règne
animal de Cuvier.
Ce qu'il y a de remarquable, c'est que
cette espèce n'a jamais été retrouvée par les
voyageurs, qui, depuis Desfontaines, ont ex-
ploré le nord de l'Afrique. (Bl.)
MASARITES. Masaritœ. ins. — Groupe
de la famille des Masarides, de l'ordre des
Hyménoptères, caractérisé par des antennes
dont les cinq derniers articles sont totale-
ment confondus, et distingué ainsi du groupe
des Céramites, qui est caractérisé par des
antennes dont les cinq derniers articles sont
moins renflés et un peu distincts les uns des
autres. Nous rattachons seulement au groupe
des Masarites les genres Masaris et Cœlo-
nites. (Bl.)
MASCARIÎV. Mascarinus, Less. ots. —
Division de la famille des Perroquets. Voy.
ce mot.
*MASCHALANTHE , Bl. bot. ph.— Syn.
d'Axanthes, Bl.
MASCHALANTHUS ( f*«<7XaV/j , aisselle ;
avOoç, fleur), bot. cr. — Genre de Mousses-
Bryacées, établi par Schultz [Starg., 356).
Mousses vivaces , croissant sur la terre ou
sur les arbres, dans toutes les régions
chaudes du globe. Voy. mousses.
MASCHALOCARPUS,Spreng. bot. cr.
— Syn. de Maschalanchus , Sch.
*MASCHALODONTA fjia^aJî}, aisselle;
ôtîovç, dent), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Lamiaires,
formé par Dejean ( Catal., 3e éd. p. 376 ) ,
avec une espèce de Cayenne, qui a été nom-
mée M. polygramma par M. Th. Lacor-
daire. (C.)
MASDEVALLIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Orchidées -Van-
dées, établi par Ruiz et Pavon (Prodr., 122,
t. XXVII). Herbes du Pérou. Voy. orchidées.
*MASICERA (f*<xÇa, gâteau; x/paç, an-
tenne), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères brachocères, famille des Musciens ,
tribu des Muscides, établi par M. Macquart
{Ins. Dipt., t. II, p. 118). On en connaît
14 espèces, qui toutes habitent la France et
l'Allemagne.
MASOREUS. ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Carabiques ,
tribu des Féroniens , proposé par Ziegler ,
et publié par Dejean (Species général des
Coléoptères f t. III, pag. 536). Trois es-
pèces rentrent dans ce g. La première ha-
bite une grande partie de l'Europe, mais
elle y est assez rare partout. La deuxième
est propre à l'Egypte , et la troisième aux
Indes orientales. (C.)
MASQUE. Persona. moll. — Genre pro-
posé par Montfort (Conchyol. system.) pour
quelques espèces de Murex, et rapporté par
Lamarck au genre Triton. Voy. ce mot.
MASSARIA (Massara, nom d'homme).
bot. cr. — Genre de Champignons apparie-
24
MAS
MAS
iiani aux Pyrénomycètes , établi par M. de
Notaris (Cennq scel. trib. de Pyrenomyc.
sferiaccs, p. 9), et présentant les caractères
suivants : Réceptacles coriaces nichés dans
Técorce, globuleux, déprimés en dessus et
atténués au sommet, avec un ostiole proé-
minent papilliforme. Thèques en forme de
massue, grandes, renfermant huit spores,
presque disposées sur deux séries , grandes,
ovales, recouvertes d'un épispore transpa-
rent et épais; l'endospore est papyracé,
brun, à trois loges inégales, la supérieure
plus grande, presque hémisphérique, la
moyenne globuleuse, et l'inférieure plus
petite et hémisphérique; les thèques sont
mélangées avec un grand nombre de para-
physcs filiformes , s'ouvrent par le sommet ,
et laissent écouler , sous forme de taches
noires, les spores.
Ce genre a été fondé sur le Sphœria in-
guinans, de Tode , dont le professeur Link
avait fait le genre Spitobolus. (Lév.)
*MASSAÏIMJM {massa, masse), poltp. —
Genre proposé comme provisoire par M. de
Blainville, pour attirer l'attention des ob-
servateurs sur un corps organisé , décrit
par 0. F. Miller, sous le nom d'Alcyonium
massa; c'est une masse spongieuse et in-
forme, parsemée de cellules à 5 dents , et
recueillie dans la mer de Norwége. (Duj.)
MASSE D'EAU, bot. ph. — Nom vul-
gaire des Massettes. Voy. ce mot.
MASSETTE. Scolex. helm.— Genre d'En-
tozoaires, de l'ordre des Bothriocéphalés,
établi par Muller et ayant pour caractères :
Corps extrêmement mou, polymorphe, con-
tinu ou sans aucun indice d'articulations,
renflé en avant, atténué et caudiforme en
arrière : le renflement céphalique est bien
distinct, tétragone et pourvu de quatre fa-
cettes peu profondes, auriculiformes. Le type
est la Massette des poissons, Scolex auricu-
iatus Muller (Zool. dan., t. II, lab. 58 ,
fig. 1). (E. D.)
MASSETTE. Typhafrïyoç, marais, d'a-
près Linné), bot. ph. — Genre de plantes
de la famille des Typhacées , à laquelle il
donne son nom , de la moncecie triandrie ,
dans le système sexuel de Linné. Il se com-
pose de plantes de marais qui, comme la
plupart des plantes aquatiques, ont une cir-
conscription géographique très large , et se
retrouvent sur presque tous les points de la
surface du globe, sans paraître attachées plus
particulièrement à aucun d'entre eux , si ce
n'est peut-être aux parties un peu froides de
la zone tempérée. Ces plantes ont un rhi-:
zome rampant, duquel s'élève un chaume'
sans nœuds, portant des feuilles alternes,
longues et étroites, dilatées en gaine à leur
base; ce chaume se termine par l'inflores-
cence en épi extrêmement serré et formé
d'un très grand nombre de fleurs : celles-ci
sont monoïques; les mâles terminent l'in-
florescence, et surmontent, avec ou sans
interruption, la portion formée par les fleurs
femelles. Cette portion , supérieure et mâle,
se compose d'un grand nombre de fleurs
entièrement nues ou dépourvues de tout pé-
rianthe, naissant en grand nombre du cy-
lindre épais qui forme l'axe commun de
l'inflorescence, et composées uniquement
de 1 à 4 anthères, le plus souvent de 2
ou 3, dont les filets sont soudés en un corps
unique jusque près de leur sommet ; ces
anthères sont oblongues , biloculaires. De
nombreux filaments , entremêlés à ces fleurs
si simples, et naissant également de l'axe
commun de l'inflorescence, sont regardés
comme n'étant autre chose que des fleurs
stériles et avortées. La portion femelle de
l'épi des Massettes est formée d'un nombre
très considérable aussi de fleurs femelles
naissant immédiatement de l'axe commun ,
ou portées sur les dentelures latérales de
très petites écailles; chacune d'elles se com-
pose uniquement d'un pistil, sans périan-
the, porté sur un pédicule d'où partent, à
des hauteurs diverses, des poils nombreux,
simples, renflés au sommet, qui paraissent
être autant de pistils avortés. L'ovaire est
uni-loculaire, et renferme un seul ovule
suspendu au sommet de la loge; il est sur-
monté d'un style continu d'un côté avec
l'ovaire, de l'autre avec un stigmate uni-
latéral , en languette. Après la floraison , le
pédicule s'allonge beaucoup; de sorte que.
le fruit, qui est presque drupacé, très pe-
tit, se trouve longuement stipité. En même,
temps que le pédicule, les poils qu'il sup-ij
porte se sont beaucoup allongés, d'où il ré-
sulte au total une longue aigrette qui vient
entourer le fruit.
Quatre espèces de Massettes appartien-
nent à la Flore française; parmi elles , deux
sont extrêmement répandues et méritent
MAS
MA!
25
d'être mentionnées ici; ce sont les sui-
vantes :
1. Massette a larges feuilles, Typha
latifolia Lin. — Cette espèce, vulgairement
connue sous les noms de Masse d'eau, Ro-
seau des élangs, se trouve non seulement
dans toute l'Europe, mais encore dans le
Caucase, l'Altaï et dans l'Amérique sep-
tentrionale. Elle croît dans les étangs, les
fossés, les ruisseaux dont le cours est peu
rapide, sur les bords des rivières et des
lacs. De son rhizome et de son chaume,
haut d'environ 2 mètres, partent des feuilles
très longues et larges de 2 à 3 centimètres,
planes et lisses , qui dépassent le sommet de
la tige fleurie. Les deui épis, mâle et fe-
melle, sont cylindriques , très serrés, et se
continuent sans interruption l'un avec l'au-
tre. D'après l'observation de M. Delile (Ar-
chives de botan.y II, p. 403), les grains du
pollen de cette plante sont constamment
groupés par quatre, conservant ainsi dans
l'état adulte leur manière d'être à l'état
jeune et dans l'utricule pollinique.
2. Massette a feuilles étroites, Typha
angustifulia Lin. — Celle-ci est répandue
sur une portion plus considérable encore de
la surface du globe; on la trouve en effet
dans les étangs, les fossés, au bord des lacs
et des rivières de l'Europe, du Caucase, de
l'Altaï, de l'Amérique septentrionale, du
Chili (Bertero), et même dans des pays
très chauds, tels que l'Egypte, l'Arabie, les
Indes et Timor. Elle s'élève moins que la
précédente, à laquelle elle ressemble par la
longueur de ses feuilles, qui sont cepen-
dant plus étroites proportionnellement, mais
dont elle se distingue surtout par l'inter-
valle très appréciable qui existe entre son
épi femelle et l'épi mâle qui le surmonte.
Une autre différence signalée par M. Delile,
et qui serait constante d'après ce botaniste,
est que les grains de son pollen sont globu-
leux, isolés, et non groupés par quatre.
D'après la remarque de De Candolle ( Flore
franc., III, p. 148), son chaume se bi-
furque quelquefois au sommet, et ses deux
branches se terminent alors par deux inflo-
rescences distinctes.
Les deux espèces de Massettes qui vien-
nent de nous occuper sont si répandues , et
abondent tellement dans toutes les contrées
marécageuses et le long de la plupart des
T. VIII.
eaux douces , qu'on a cherché à les utiliser de
diverses manières. Malheureusement leurs
feuilles sont tellement sèches et dures , que
les bestiaux refusent de les manger ; mais on
les emploie pour la confection des nattes et
des paillassons et pour couvrir des habita-
tions rustiques. Leurs rhizomes volumineux,
d'un tissu charnu et féculent, servent de
nourriture aux Kalmouks;en certaines par-
ties de l'Europe, on les recueille, lorsqu'ils
sont encore jeunes , pour les confire au vi-
naigre ; on les mange ensuite en salade : leur
pollen est tellement abondant, que, dans
les départements méridionaux, on le recueille
pour l'employer en place de la poudre de
Lycopode; mais c'est surtout l'aigrette qui
accompagne les fleurs, particulièrement les
fleurs femelles, qui semble pouvoir acqué-
rir de l'importance. En Perse , on mêle ces
poils à de la cendre et de la chaux , et l'on
obtient ainsi un mortier qui acquiert une
très grande dureté; dans certains pays on
les emploie pour garnir des matelas et des
coussins ; on les mêle à de la poix pour cal-
fater les bateaux. On a essayé aussi de les
mêler aux poils de Lièvre et de Lapin pour
les incorporer au feutre; enGn , on a réussi
à les filer et à confectionner des tissus avec
les fils qui en avaient été obtenus. Quant
aux usages médicinaux de ce duvet de Mas-
sette, ils se bornent à leur application sur les
engelures excoriées; et, dans ce cas, il pa-
raît qu'ils produisent d'assez bons effets; on
a , de plus , proposé de les employer pour le
traitement des brûlures. (P. D.)
MASSICOT, min. — Voy. plomk.
MASS0N1E. Massonia (nom d'homme).
rot. ph. — Genre de plantes de la famille des
Asphodélées, de Thexandrie monogynie dans
le système sexuel de Linné. Il se compose
d'espèces bulbeuses d'un port remarquable,
leur hampe courte sortant du milieu de deux
feuilles quelquefois très grandes, déjetées
horizontalement et le plus souvent appli-
quées à la surface du sol. La hampe elle-
même est courte, terminée par des fleurs
nombreuses, en grappe raccourcie, et commo
fasciculées, accompagnées de bractées dont
les inférieures, beaucoup plus grandes, for-
ment une sorte d'involucre autour de l'inflo-
rescence. Les fleurs présentent: un périan-
the corollin à six divisions égales, très éta-
lées ou réfléchies, plus courtes que le tube,
MAS
MAS
qui est cylindracé, droit et rempli d'une
humeur mielleuse; six étamines égales entre
elles, insérées à l'orifice du tube, dont les
filaments, s'élargissant et se soudant entre
eux à leur base, forment une sorte de cou-
ronne dont les anthères, bifides à leur base,
sont fixées par le milieu de leur face dorsale.
Le pistil est formé d'un ovaire libre, sessile,
à trois loges renfermant ordinairement des
ovules nombreux, surmonté d'un style fili-
forme, très long, que termine un stigmate
obtus. Le fruit qui succède à ces fleurs est
une capsule membraneuse, à trois angles
saillants. Les caractères de ce genre se rap-
prochent beaucoup des Jacinthes, desquelles
il diffère surtout par l'insertion des étamines
à l'orifice du tube et non à sa partie infé-
rieure, comme chez ce dernier. Plusieurs
espèces de Massonies sont cultivées dans les
serres ; cependantaucune d'elles n'estencore
bien répandue: aussi nous bornerons-nous à
mentionner simplement la Massonie a larges
feuilles, Massonia lalifolia Lin., originaire
du cap de Bonne-Espérance , remarquable
par ses deux grandes feuilles presque arron-
dies , qui s'étalent à la surface du sol , et
d'entre lesquelles sortent des fleurs blan-
ches, à couronne, filets et style rouges; et
la Massonie tuberculeuse , Massonia puslu-
lata Jacq. , également originaire du cap de
Bonne-Espérance , espèce singulière à cause
de ses feuilles arrondies, aiguës à leur som-
met , dont la surface est parsemée de sortes
de petits tubercules dispersés absolument
sans ordre. (P. D.)
MASSUE D'HERCULE (petite), moll.
— Nom vulgaire de Murex brandaris
Linn.
MASSUE ÉPINEUSE ou GRANDE
MASSUE, bot. ph. — On désigne ainsi vul-
gairement le Murex cornulus.
*MASTACA1XTHUS fcaWÇ, moustache ;
«vGoç, fleur), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Verbénacées?, établi par Endli-
cher (Gen. plant., n. 3720, p. 638). Ar-
brisseaux de Canton.
MASTACEMBLE. poiss. — Voy. rhîn-
CnOBDELLE.
MASTIC, bot., chim. — Substance rési-
neuse formée par le Lentisque (Pislecia len-
liscus L), arbrisseau commun dans tout le
bassin méditerranéen {voy. pistecia). Quoi-
que le Lentisque se rencontre dans tout
l'archipel, pour récolter le Mastic Chio, avait
seule le privilège de le cultiver, et cette
culture, avant les dévastations des Turcs,
était pour les habitants de l'île une source
de richesses et d'immunités.
Pour obtenir le Mastic, on fait au Len-
tisque de légères incisions, desquelles dé-
coule peu à peu un suc poisseux, qui, s'é-
paississant, reste attaché à l'arbre en larmes
plus ou moins grosses, ou tombe à terre
quand il est par trop abondant.
Dans le premier cas l'on obtient le Mastic
en larmes, qui, ainsi que l'indique son nom,
est en larmes sphériques ou un peu allon-
gées, d'un jaune pâle, couvertes d'une pous-
sière blanchâtre, ayant une odeur résineuse
aromatique, une cassure vitreuse, une trans-
parence un peu opaline et se ramollissant
sous la dent. Le Mastic commun, mêlé d'im-
puretés, est celui qui se rassemble au pied de
l'arbre en masses irréguhèrcs.
Dans le Levant, cette résine est surtout
employée comme masticatoire ; elle blanchit
les dents, fortifie les gencives , et procure
une haleine suave. Dans nos pays, elle fait
partie de quelques préparations pharmaceu-
tiques, et entre aussi dans la composition
de certains vernis très brillants.
M. Guibourt considère le Mastic comme
une résine unie à une certaine quantité
d'huile essentielle, et à un principe particu-
lier insoluble à froid dans l'alcool. (A. D.)
*MASTICHONEMA (^t^, fouet; v7r
f*a, filament), bot. cr. — (Phycées.) Genre
établi par Schwabe, et appartenant à la
tribu des Scytonémées. On en connaît deux
espèces, dont l'une habite les eaux ther-
males et l'autre les eaux douces. (Breb.)
*MASTICHOTHRLY (pa^c-, fouet;
OplÇ, cheveu), bot. eu. — (Phycées.) Genre
établi par M. Kutzing (Phycol. gêner., p. 232)
dans sa tribu des Maslichotrichées , qui se
rapproche des Scytonémées. Deux espèces
sont décrites; elles croissent sur les Chéto-
phores , enveloppées dans le mucus propre
à ces algues. (Bréb.)
MASTIGOCERA (pa<mÇ , fouet; xépuç,
antenne), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères , tétramères de Latreille , fa-
mille des Longicornes, tribu des Lamiaires,
créé par Delean (Catalog ue, 3eédit.,p. 371)
avec une espèce de Guinée , la Lamia bar"
bicornis de F. Une seconde espèce de Port-
MAS
MAS
27
Nata!, découverte depuis peu, est très rap-
prochée du type. (C.)
*MASTIGOCERCA (/uxerriÇ, p.a.?ûycq ,
fouet; x('py.oç , queue), infus. — Genre pro-
posé par M. Ehrenberg, pour un systolide
que nous croyons encore être simplement
un état de développement plus avancé du
llatulus carinatus de Lamarck, que Miller
avait décrit le premier, sous le nom de Tri-
choda rastus, et dont M. Ehrenberg fait au-
jourd'hui son Monocerca ratus. Le genre
Mastigocerca , de la famille des Euchlani-
dotOy serait caractérisé par une cuirasse gon-
flée, anguleuse, et par une queue en forme
de soie simple. (Dm.)
MASTIGODES. helm. — Dénomination
proposée par Zeder, pour des Nématoïdcs
que Ton nommait déjà Trichocéphales. Voy.
ce mot. (Duj.)
*MASTIGOPHORA , Nées. bot. pu. —
Syn. de Sendtnera> Endl.
*MASTIGURA (.«cttiÇ, évantail; oùpoc',
queue), rept. — Groupe de Reptiles formé
aux dépens du genre Stellion. (E. D.)
*MÀSTIGUS(fA3t<TTsÇ, fouet), ins. — Genre
de Coléoptères tétramères , famille des Pal-
peurs de Latreille , des Scydmœnites de Spi-
nola , proposé par Hoffmansegg, et adopté
par llliger etKlug. Ce dernier auteur (En-
tomologische monographicn , 1824, p. 163)
rapporte 6 espèces à ce genre ; une 7e doit
y être comprise, savoir : M. palpalis Hoff.,
III., Lat. , prolong alus G . , spinicornisY. (Pti-
nus)y glabralus , fuscus , Klug, deustus et
flavus Th. Sch. Les deux premières habitent
le Portugal ; la troisième a été trouvée aux
îles Sandwich, et les suivantes sont indigènes
du cap de Bonne-Espérance. (C.)
*MASTIXIA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Cornées ?, établi par Blume (Btjdr.,
634). Arbres de Java. Voy. cornées.
*MASTODONSAUR;US (,ano'?, maxil-
laires; ISovi;, dent; ciavpsç, lézard), rept.
— M. Jrcger (FiirJ. foss. rept., 1838) a décrit
sous ce nom un groupe de Batraciens fos-
siles. (E. D.)
MASTODONTE. Mastodon ( ^«xoç ,
pointe, mamelon; ISov;, dent), mam. foss.
— Genre fossile de l'ordre des Pachydermes
et de la famille des Proboscidiens , établi
par M. Cuvier (1er vol. de ses Recher-
ches sur les ossements fossiles) , pour des
débris d'animaux voisins des Éléphants,
pourvus comme eux d'une trompe et de
' longues défenses implantées dans l'os in-
cisif, ayant leur taille et des pieds de même
structure, et qui n'en différaient que par
des dents molaires hérissées de tubercules
ou mamelons coniques disposés en collines
transversales, séparées par des vallées, tan-
dis que, chez les Éléphants, elles sont for-
mées de lames transversales dont les inter-
valles sont comblés par un cément. La res-
semblance des Éléphants et des Mastodontes
est assez grande pour que M. Tilesius, qui
n'accordait pas au système dentaire des
animaux la même valeur générique que
M. Cuvier, n'en fit qu'un genre. Dans son
Ostéographie des Gravigrades , M. de Blain-
ville adopte la même opinion , mais il divise
à la vérité ce genre en deux sections , c'est-
à-dire en Éléphants lamellidontes et en Élé-
phants mastodontes.
Les ossements de Mastodontes, aussi
bien que ceux des Éléphants, ont été long-
temps considérés comme des os de géants et
propres à confirmer ce que dit la Genèse
d'anciennes races humaines gigantesques.
On les trouve généralement dans les ter-
rains tertiaires supérieurs dits pliocènes,
non mélangés avec les ossements d'Éléphants,
à l'exception de quelques localités où il y a
eu remaniement du terrain. Les races de
ces animaux paraissent avoir habité pres-
que toutes les contrées du globe, car on en
trouve dans les deux Amériques, dans une
grande partie de l'Europe, dans les Indes
et jusqu'en Australasie ; l'Afrique n'en a pas
encore fourni, mais on sait que ce conti-
nent est bien peu connu géologiquement.
Les dents de Mastodontes ont un collet
renflé; l'émail en est très épais, et lorsqu'il
est coloré par un sel métallique, il fournit
cette substance que l'on appelle turquoise.
Comme chez les Eléphants, les dents des
Mastodontes n'existaient pas toutes à la
fois; elles se succédaient de telle sorte qu'à
mesure que l'une tombait en avant il en
poussait une autre en arrière , et qu'il
s'en trouvait rarement plus de deux en
usage , de chaque côté des deux mâchoires ;
enfin il n'en restait plus qu'une dans la
vieillesse. Cuvier n'a pas connu le nombre
des dents qui se manifestaient ainsi ; il ne le
croyait que de quatre, mais de nombreuses
mâchoires inférieures de jeunes, d'adultes
28
MAS
et de vieux individus , découvertes aux
États-Unis d'Amérique et à Eppelsheim
(uoy.Kaup, Oss. foss. de Darmstadt) ont mon-
tré qu'elles étaient au nombre de six, dont
on peut considérer les trois premières
comme des dents de lait. Les deux pre-
mières de ces dents de lait étaient rempla-
cées, du moins à la mâchoire supérieure ,
par une dent verticale, qui, dans quelques
espèces, selon M. Owen, avortait souvent.
Sur les individus chez lesquels elle se dé-
veloppait, il paraissait donc sept dents de
chaque côté dont cinq dites permanentes.
Comme il est très rare de trouver cette dent
en place , nous n'en parlerons que là où elle
sera manifestée , et nous ne la compterons
pas dans la série.
Les molaires supérieures étaientsemblables
aux inférieures, à l'excepîiondela dernière,
qui était plus courte. Chaque colline des
dents de Mastodontes fournit une racine
divisée en deux parties par un sillon longi-
tudinal, indice des deux cônes qui forment
les collines. La racine de la colline anté-
rieure est généralement séparée des autres,
qui toutes, plus ou moins soudées, for-
ment une grande masse dirigée en ar-
rière ; ces racines sont toutes sillonnées en
travers.
Les trois premières dents sont plus larges
en arrière qu'en avant, les deux suivantes
sont carrées ou en parallélogramme ; mais la
dernière se rétrécit graduellement , de sorte
qu'elle se termine en pointe mousse. Les
dents supérieures sont un peu plus larges
que les inférieures.
Ce genre comprend plusieurs espèces :
1 . Le grand Mastodonte, Mast. giganteum
Cuv. (voy. l'atlas de ce Dict., mammifères
fossiles, pi. 6), dont les collines des dents
sont formées de deux grosses pointes obtuses
ou pyramides réunies, et dont la coupe
ou l'usure représente un losange à la
pointe externe et un quadrilatère allongé
à la pointe interne pour la mâchoire in
férieure, et en sens opposé pour la mâ-
choire supérieure. Dans les germes de
ces dents on voit que chaque pointe est
elle-même composée de deux mamelons
soudés ensemble. Le nombre des collines
transversales est pour les lrC3 de deux,
pour les 2e" de deux avec un bourrelet ;
pour les 3% 4e et 5% de trois, et pour les
MAS
6" de quatre supérieurement avec un tu-
bercule, et de cinq inférieurement avec un
tubercule.
Outre leurs défenses ou grandes incisives
supérieures, quelques individus , qui étaient
probablement des mâles, portaient jusqu'à
un certain âge une paire d'incisives caduques
ou des défenses courtes à la mâchoire infé-
rieure. Selon M. Owen, celle du côté droit
persistait plus longtemps que celle du côté
gauche.
Cette espèce est la première qui ait été
connue, d'abord sous le nom de Mam-
mouth ou Éléphant de Sibérie, puis sous
celui d'animal de l'Ohio, parce que les pre-
miers os qui en furent rapportés en France
avaient été trouvés sur les bords de cette
rivière. William Hunter la croyait un Élé-
phant carnivore. Dans ces derniers temps ,
M. Godman a proposé le nom générique de
Telracaulodon pour les mâchoires inférieures
qui portaient des défenses, et qu'il croyait
d'espèce différente que celles qui n'en ont
point. M.Fischer l'a nommé Harpugmothe-
rium.
Il existe plusieurs fables relatives à cet
animal. Les Indiens Chawanais croient
qu'avec ces Mastodontes vivaient des hom-
mes d'une taille proportionnée à la leur,
et que le grand Être foudroya les uns et les
autres. Ceux de Virginie disent que le
grand homme d'en haut foudroya cette es-
pèce, de peur qu'elle ne détruisît les ani-
maux nécessaires à la nourriture del'homme,
et qu'il n'en réchappa que le plus gros mâle,
qui, ayant été blessé, s'enfuit vers les grands
lacs, où il se tient jusqu'à ce jour. Ceux du
Canada et de la Louisiane le désignent sous
le nom de Père aux bœufs, probablement à
cause des ossements de bœufs qu'on déterre
avec les siens.
On rencontre des os de ce Mastodonte
dans toutes les parties tempérées de l'A-
mérique septentrionale, et le plus souvent
dans les lieux salés et humides; ces os ne
sont pas roulés et gisent à peu de profon-
deur; quelquefois on les trouve dans une
situation verticale, comme si les animaux
s'étaient simplement enfoncés dans la vase;
ils sont généralement teints et pénétrés de
substance ferrugineuse, et accompagnés, dit-
on, d'ossements d'animaux encore existants.
Cette dernière circonstance aurait besoin de
MAS
MAS
29
preuves; car il ne suffit pas de dire que des
os d'espèces différentes ont été trouvés aux
mêmes lieux, il faut s'assurer s'ils gisent
dans les mêmes couches. Ce sont les dents
du grand Mastodonte, du moins les grosses
dents postérieures, car Daubenton et Buf-
fon prenaient les dents moyennes à trois
collines pour des dents d'Hippopotame qui
ont fait naître l'idée qu'il pourrait bien
avoir existé des animaux dont les races sont
éteintes. Buffon (Époques de la nature,
note 9) dit en parlant de ces grosses dents :
« Tout porte à croire que cette ancienne es-
» pèce, qu'on doit regarder comme la pre-
j> mière et la plus grande de tous les ani-
» maux terrestres, n'a subsisté que dans les
» premiers temps et n'est point parvenue
■» jusqu'à nous. »
2. Le Mastodonte a dents étroites, M.
angustidens Guv. Les molaires de cette es-
pèce , moins larges à proportion que celles
du grand Mastodonte, sont formées de col-
lines composées également de deux grands
cônes réunis. Aux dents supérieures, les
cônes internes et quelques uns des externes
sont flanqués vers leur point de jonction de
cônes plus petits. L'usure développe sur ces
cônes réunis trois à trois une figure à trois
lobes semblable à une feuille de trèfle. Aux
dents inférieures, le cône externe reçoit seul
de ces cônes plus petits, qui concourent à for-
mer des feuilles de trèfle; le cône interne
est comprimé, et la mastication nedéveloppe
sur lui qu'un parallélogramme plus ou
moins allongé à angles arroudis.
Les premières dents sont formées d'un
cône avec un bourrelet semi-circulaire plus
ou moins hérissé de petites pointes : les 2esde
trois collines, les 3e, 4e et 5e de quatre
collines, les 6e9 de quatre collines en
haut et de cinq en bas, toutes deux avec
un talon; quelquefois (peut-être dans les
mâles) les 5C6 ont un talon, et les 6CS unecol-
line de plus , aussi bien en haut qu'en bas.
La 3e molaire ou la dernière de lait porte,
en avant et en arrière des quatre collines,
un bourrelet assez saillant. Les grandes
dents postérieures sont arquées dans le sens
de la courbure de la mâchoire.
On voit, pi. XIV de l'Os*, des Éléphants de
M. de Blainville, la figure de la mâchoire
inférieure de cette espèce, sous la rubrique
d'Autriche, et deux palais, l'un jeune et
l'autre adulte d'Eppelsheim. La symphyse
annonce que cette mâchoire inférieure se
terminait par un bec assez prononcé, inflé-
chi en bas; jusqu'à présent on ne sait si
cette mâchoire inférieure portait des dé-
fenses.
Les défenses supérieures sont à peu près
cylindriques, légèrement planes à leur face
supérieure; très longues relativement à leur
grosseur, elles décrivent une courbe spirale
assez prononcée. Cette espèce était fort
grande , aussi grande peut-être que l'Élé-
phant fossile.
3. Le Mastodonte a long museau, M. Ion-
girostris Kaup. Cette espèce , établie par
M. Kaup, mais que M. de Blainville n'ac-
cepte pas, présente cependant des caractères
bien prononcés. Les dents sont plus étroites
encore que dans l'espèce précédente. Les
supérieures sont moins compliquées; la
pointe interne seule donne un double trèfle,
l'externe un parallélogramme à angles ar-
rondis ou un ovale, les inférieures offrent
les mêmes figures inversement situées. Les
dents intermédiaires, au lieu d'avoir quatre
collines, n'en ont que trois, comme dans le
grand Mastodonte. Ce caractère, que nous
avions cru apercevoir, nous a été confirmé
par M. Lartet , savant paléontologiste,
qui possède les matériaux nécessaires pour
l'établir, et à qui nous avions fait part
de notre conjecture. M. Lartet formule
ainsi dans sa réponse la série dentaire de
ce Mastodonte à long museau. Les llCS
dents se composent d'un tubercule avec
un entourage semi-circulaire pour la su-
périeure; les 2es dents, de deux collines ;
les 3e, 4e et 5e de trois collines ; les 6tS, le
plus souvent de quatre, avec un talon en
haut et de cinq en bas aussi avec un talon.
Quelquefois le talon disparaît, etquelquefois
aussi il y a pour cette 6e dent une colline
de moins; on peut croire que celles-ci ap-
partenaient à des individus femelles. Les
molaires intermédiaires portent presque
toutes, à l'état de germe, un talon qui s'efface
par la pression de la dent suivante. Cette
espèce est remarquable par la longueur de
la symphyse de la mâchoire inférieure, qui
se prolonge en un bec plus allongé que ses
branches , légèrement infléchi en bas, et ter-
miné par deux incisives droites de 10 à 20
centimètres de longueur. Les défenses su-
30
MAS
MAS
péricuresne donnent pas un cercle parleur
coupe transversale, mais une demi-ellipse;
et, comme dans les dents de la plupart des
rongeurs, la face supérieure aplatie offre
une bande d'émail plus épais, coloré en
jaune, tandis que le reste de la circonfé-
rence de la dent n'est couvert que d'un
émail blanc plus mince et plus tendre.
Cettedent est courbée en une légère spirale,
moins prononcée que dans le M. angustidens.
La dent de remplacement des deux premières
molaires supérieures n'avait que deux col-
lines, comme on le voit dans les divers
Mastodontes de Cuvier, pi. III, Cg. 2.
Cette espèce était d'une taille moindre que
la précédente ; toutes deux se rencontrent
dans les terrains tertiaires supérieurs de
presque toutes les parties de l'Europe. Dès
la seconde moitié du xvne siècle, il avait été
publié des figures de quelques unes de leurs
dents, que les uns croyaient être de géant,
les autres d'un animal marin, eten dernier
lieu d'un Hippopotame. Le Mast. longi-
roslris est plus commun à Simorre et, à ce
qu'il paraît, dans toutes les collines sub-py-
réennes qu'en Auvergne, à Eppelsheim et
en Italie, où le M. angustidens domine. Voy.
deBlainville, Ost. des Éléphants, p. XIV, pour
la mâchoire inférieure et un fragment de
mâchoire supérieure sous le nom de M. an-
gustidens du département du Gers.
4. Le Mastodonte des Cordilièkes , M.
andium Cuv. Nous croyons qu'il existe aussi
dans l'Amérique méridionale deux espèces
distinctes de Mastodontes, quoique M. de
Blainville n'en admette qu'une. L'espèce à
laquelle nous réservons le nom de M. des
Cordillères a les dents intermédiaires pres-
que carrées et composées de trois collines
comme celles du grand Mastodonte. Les fi-
gures développées à la couronne des mâche-
lières sont semblables par leur forme géné-
rale à celles du Mastodonte à long museau;
mais chaque cône étant sillonné dans sa
hauteur, il en résulte que les bords formés
par l'émail sont ondulcux (Voy. Cuv., t. L,
Divers Mastodontes, p. II. fig. 1. Voy. encore
Voyage dans l'Am. mérid. par Alcide d'Or-
bigny, Géol., pi. 10 et 11, pour la mâchoire
inférieure). La symphyse de cette mâchoire
se prolonge en un sorte de bec recourbé en
bas, à peu près comme dans le Mastodonte
a dents étroites, et il ne paraît pas y avoir
eu d'incisives. Cette espèce a été établie par
Cuvier sur deux fragments de dents rap-
portés par M. de Humboldt et trouvés par
lui près du volcan d'Imbaburra au royaume
de Quito, à près de 600 mètres de hauteur,
et à la Cordilière de Chiquitos, près de
Santa-Crux de la Sierra. Nous regardons
les dents rapportées du Pérou par Dombey,
que Cuvier croyait être du Mastodonte à
dents étroites, comme appartenant à cette
espèce.
5. Le Mastodonte de Humboldt, M. Hum
boldlii Cuv. Cette espèce, la seule que M. de
Blainville admette pour l'Amérique méri-
dionale, nous paraît se distinguer de la
précédente par les caractères suivants, tirés
des molaires. Les deux cônes de chaque
colline de ces dents sont flanqués aussi
bien aux molaires supérieures qu'aux infé-
rieures de cônes plus petits, qui produisent
par l'usure deux figures de trèfles opposées
l'une à l'autre et à rebord d'émail très si-
nueux ; tandis que dans le M. andium
le cône extérieur des dents inférieures et l'in-
férieur des supérieures offrent seuls des
trèfles. Les dents intermédiaires sont aussi
à trois collines.
Voy. Cuv. 1, Divers mast., pi. If, fig. 5
et 12. Cette dernière figure est rapportée à
l'espèce précédente, mais nous la croyons
de celle-ci. Voy. encore de Blainville, Ost.
des Éléphants, pour une mâchoire inférieure,
et divers os que M. de Blainville avait au-
trefois considérés comme ceux qui avaient
été attribués au roi Teutobochus, et qu'il
donne ici, avec raison , comme venant de
l'Amérique méridionale. On voit que la
symphyse de la mâchoire inférieure est
courte etqu'elle diffère considérablement de
celle du M. andium.
Cuvier pensait que cette seconde espèce
était plus petite que l'autre; mais c'est que
les dents qu'il avait sous les yeux ne se
correspondaient pas pour leurs numéros
d'ordre. Elles étaient toutes deux fort
grandes, et leurs débris se rencontrent mê-
lés les uns aux autres. M. l'amiral Dupotet
a rapporté de Buénos-Ayres une dernière
dentsupérieure du Mastodonte de Humboldt,
qui estaussi grande que celle du grand Masto-
donte. Cuvier avait établi cette espèce sur
une petite dent rapportée de la Conception
du Chili, également par M. de Humboldt.
MAS
MÀS
31
Tous les auteurs qui ont écrit sur l'Amé-
rique méridionale après sa conquête ont si-
gnalé des dents et des os de ces deux Mas-
todontes. Les habitants du Mexique et du
Pérou prennent ces débris pour des os de
géants qui existaientavant le déluge. On en
trouve en grande abondance dans les envi-
rons de Tarija en Bolivie; les dents ont le
même aspect que celles que l'on rencontre
en Europe, et se trouvent également dans
les terrains tertiaires supérieurs.
6. Le Mastodonte tapiroïde, M. tapiroides
Cuv. Cette espèce, que Cuvier a proposée sur
quelques dents seulement, a été retrouvée
en plusieurs endroits, et nous semble devoir
être admise définitivement. Les collines
des dents au sortir de l'alvéole ne sont pas
divisées aussi exactement en deux pointes
que celles des autres espèces : cependant, par
l'usure, elles prennent de la ressemblance
avec le grand Mastodonte, et c'est ainsi que
Cuvier lui-même n'a pas osé affirmer que
ce dernier ne se trouvât pas en Europe,
comme l'avait admis Buffon. On en a ren-
contré dans le Gers, dans la Haute-Saône,
en Piémont, et quoique M. de Blainville
reste indécis sur cette espèce, il y rapporte
avec raison les dents envoyées de Sibérie à
Buffon par l'abbé Cbappe et par M. de Ver-
gennes , celles mêmes qui ont fait admettre
à Buffon et à Cuvier l'existence du grand
Mastodonte dans l'ancien continent. Les col-
lines sont plus obliques, et lorsqu'elles sont
usées elles présentent un losange. plus in-
décis; il existe au collet interne des dents
supérieures un bourrelet plus prononcé; les
postérieures d'en haut et d'en bas se rétré-
cissent moins en arrière et se terminent par
un angle plus obtus sans autre talon qu'un
bourrelet : les dents intermédiaires ne sont
également qu'à trois collines; il étaitd'une
grande taille.
7. Le petit Mastodonte, M.minulus Cuv.
A été établi par Cuvier sur une dent mo-
laire indiquant, selon lui, une espèce
plus petite, qui est rejetée par M. de
Blainville. Cette espèce existait bien réelle-
ment d'après le témoignage de M. Lartet,
qui évaluesa taille à celle des Rhinocéros de
moyenne grandeur. En effet, M. Lartet
possède des molaires et des os des memhrcs
provenant d'individus adultes de dimension
moitié moindre que les espèces précédentes,
et qui présentent d'ailleurs des différences
spécifiques bien prononcées. Il est certain
que l'on trouve parfois chez les espèces d'a-
nimaux sauvages des races d'une taille
moins élevée. Ainsi il existe à Sumatra
deux races de Rhinocéros bicornes, l'une
d'un cinquième plus grande que l'autre;
mais il n'y a point d'exemple dans aucune
espèce d'une différence aussi forte dans les
dimensions des individus qui la composent
que celle que nous rencontrons ici.
Il existe au cabinet de paléontologie une
mâchoire, sans lieu d'origine, d'un individu
âgé, puisque sa dernière dent est déjà très
usée, qui, par ses dimensions, nous paraît
devoir appartenir au petit Mastodonte.(Foy.
Cuv., Divers Mast., pi. III, fig. 5.)
8. Le M. sivalensis (Cautley). Dans le
Journal de la Soc. as. du Bengale, t. V, pi.
XI, M. Cautley a établi cette espèce, qui se
trouve dans les collines tertiaires sub-hirna-
layanes. Les dents qu'il a publiées ont du
rapport avec celles du M. angustidens; mais
elles ne sont pas dans un assez bon état de
conservation pour que l'on puisse se pro-
noncer d'une manière positive.
9. Le M. auslralis (Owen). On trouve la
proposition de cette espèce, tome XIV des
Annales des se. nat. de Londres. M. Owen
donne la figure d'une dent à trois collines
provenant des environs des cavernes de la
vallée de Wellington ; elle est fort sembla-
ble à l'une des dents intermédiaires du
M. longirostris, et jusqu'à plus amples do-
cuments, on peut lui conserver le nom que
M. Owen a proposé.
Tels sont les vrais Mastodontes, ceux
qui se distinguent nettement par leurs dents
des Éléphants ;'mais il existait encore aux
Indes d'autres espèces dont les dents offrent
des collines plus nombreuses et plus ruba-
nées , et que M. de Blainville range parmi
les vrais Éléphants, parce que l'intervalle des
collines est en partie comblé par du cément.
Mais comme cette circonstance a déjà lieu
pour les Maslodon Andium et Humboldlii;
comme ces collines n'ont que la hauteur or-
dinaire de celles des Mastodontes et qu'elles
conservent encore quelques indices de leur
division en deux pointes, étant plus étroites à
la partie extérieure des dents supérieures et
à l'interne des inférieures, ainsi que chez les
Mastodontes, tandis que chez l'Éléphant fos-
32
MAS
sile et l'Eléphant d'Asie, les lames sont
à bords parallèles, et que chez l'Éléphant
d'Afrique, le milieu seul des lames est
plus large; comme la dent a un collet pro-
noncé, et que ces racines sont grosses et
tout-à-fait semblables à celles des Masto-
dontes , nous pensons , tout en convenant
qu'elles font le passage auxÉléphants, qu'on
doit les placer parmi les Mastodontes.
10. Le Mastodonte a larges dents, M. la-
tidens Clift. {Voy. Trans. de la Soc. géol. de
Londres, II, 2e série). Cette espèce, établie
pour des restes fossiles trouvés sur la rive
gauche de l'Irrawadi, imprégnés de carbonate
de fer, a des dents très larges, non pas relati-
vement à leur longueur, mais comparative-
ment à celles des autres espèces ; la dernière
molaire, tant supérieure qu'inférieure, paraît
avoir eu dix collines ; les défenses parais-
sent avoir été fort grandes. M. Clift, dans
ce même travail, établit une seconde espèce,
le M. elephantoides. Mais M. Falconner et
M. Cautley pensent qu'au lieu de deux es-
pèces il y en avait plusieurs. Au reste, un
travail de MM. Falconner et Cautley sur les
animaux fossiles des Indes est sous presse et
paraîtra bientôt.
Nous n'avons parlé dans cet article que des
dents, afin de ne point l'allonger par des
détails fatigants ; il est d'ailleurs plus fa-
cile de trouver des caractères d'espèces dans
ces organes que dans les autres parties du
squelette. Nous n'avons point parlé non
plus des nombreuses espèces qui ont été
proposées dans ces derniers temps , parce
qu'elles ne nous ont paru , ainsi qu'à
M. de BlainYille, ne reposer que sur des ca-
ractères insuffisants; nous ne ferons ici que
citer leurs noms.
Le M. d'Auvergne ( selon nous , M. à
dents étroites), proposé par MM. Croizet et
Jobert; le M. a quatre défenses, proposé
par M. Godman {grand Mastodonte, selon
M. Owen) ; le M. intermédiaire, proposé par
M. Eichwald ; le M. douteux, proposé par
M. Kaup; le M. de Jefferson; le M. de
Godman; le M. de Collinson; le M. de Cu-
yier; le M. deChapman; IcM.deBorson, pro-
posés tous six par M. Hays {Trans. de la Soc.
phil. de Philadelphie, vol. IV). (Laurillard.)
MASTONOTUS (aacrroç , éminence; v£-
*oç, dos), mam. — M. Wesmaël {Comptes-
rendus de l'Académie des sciences, 1841) in-
MAT
dique sous ce nom un petit groupe de Ron-
geurs. (E- D-)
*MASTOTHETHUS ()xa<rroç, éminence ;
<7T£vw, être fort), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, famille des Eupodes, tribu
des Mégalopides, créé par M. Th. Lacor-
daire {Monographie des Coléoptères subpenta-
mères de la famille des Phytophages , 1845 ,
p. 614). Le principal caractère de ce genre
consiste dans le métasternum muni d'une
saillie conique ou comprimée. Les Mas-
totethus sont tous américains. Le nombre
des espèces s'élève à 57. 26 sont originaires
du Brésil , 14 de Cayenne , 5 de Batavia ,
11 du Mexique, et 1 est indigène de Colom-
bie. Nous citerons les suivantes : M. nigro-
cinctus Chev., rubricollis Lac, curvatus ,
obliquas, libialis de Fab., etc. (C.)
MASTOZOAIRES. Mastozoa. mam. — ■
M. de BlninviHe(BuH. de la Soc. philomati-
que, 1816) désigne sous ce nom le second
sous-type de son premier sous-règne. (E. D.)
MASTREMA. polyp. — Genre de Poly-
piers tubiporés, établi par Rafinesque pour
des corps pierreux , composés de plusieurs
tubes articulés, libres ou réunis, formés d'ar-
ticulations imbriquées, ayant un oscule ter-
minal campanule, avec une saillie centrale,
lis ont été trouvés dans l'Amérique du Nord.
(Duj.)
MATADOA. moll. — Nom donné par
Adanson à une coquille bivalve, qu'il rap-
portait à son genre Telline, correspondant
à nos Donaces; mais il est impossible de dé-
cider aujourd'hui quelle doit être cette co-
quille, qui, suivant M. Deshayes , serait
plutôt encore uneMactre qu'une Donacc eu
une Vénus, commel'avait pensé Linné. (Duj.)
*MATAMATA, Merr. rept. — Syn. de
Chélyde, Cuv. (E- D)
MATA1BA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Sapindacées-Sapindées, établi par
Aublet {Guian., I, 331, t. 128). Arbres de
la Guiane. Voy. sapindacées.
MATELEA . bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Asclépiadées-Gonolobées , établi
par Aublet {Guian., I, 278, t. 109). Arbris-
seaux de la Guiane. Voy. asclépiadées.
MATELOT, ois., moll. — Nom vulgaire
de l'Hirondelle de fenêtre, et d'une coquille
du g. Cône, le Conus classiarius.
*MATHEA,Flor. Flum. bot. pb. — Syn.
de Schmnkia, Linné.
MAT
MAT
33
MATIERE. — La matière pondérable,
ou soumise à l'action de la pesanteur sur le
globe terrestre , se présente en dernière ana-
lyse sous 55 ou 56 états, que les chimistes
ont nommés des corps simples parce qu'on
n'a pu jusqu'ici les changer les uns dans les
autres ni les décomposer en des éléments
plus simples. Ces corps, pris isolément ou
combinés diversement, sous l'influence des
seules forces physiques, constituent la ma-
tière inorganique. Mais si une autre force,
différente des forces physiques et souvent en
antagonisme avec elles, si la vie vient ajou-
ter son action ,il se forme de nouvelles com-
binaisons qui sont la matière organique.
Ces combinaisons se sont produites d'abord
sous l'influence de la vie , mais elles peuvent
se modifier ensuite sous l'influence des for-
ces physiques ou par leur action réciproque;
elles forment ainsi de nouvelles combinai-
sons qui sont également de la matière orga-
nique. La formation de ces nouveaux pro-
duits, indépendamment de la vie, dans le
sol et dans les eaux douces ou marines ,
pourrait faire croire à la présence de la vie
diffuse dans toute la nature, et agissant sur
toute la matière de même que les forces phy-
siques pour former incessamment de nou-
veaux êtres; telle serait, en effet, la ma-
nière de voir de ceux qui croient à la géné-
ration spontanée. Cependant avec un peu
d'attention on ne tarde pas à faire la dis-
tinction des deux ordres de phénomènes et
à reconnaître que la vie exerce son action et
se manifeste exclusivement dans des corps
nettement circonscrits qui sont comme au-
tant de types ou de moules virtuels dans
.lesquels les molécules de la matière, soit
f brute soit déjà combinée sous l'influence
de la vie organique, entrent par une sorte
de rotation incessante pour en ressortir en-
suite et faire place à d'autres molécules.
C'est là ce qui fit dire à Cuvier : « La vie
est donc un tourbillon plus ou moins ra-
pide, plus ou moins compliqué, dont la di-
rection est constante et qui entraîne tou-
jours des molécules de mêmes sortes, mais
où les molécules individuelles entremet d'où
elles sortent continuellement, de manière
que la forme du corps vivant lui est plus
essentielle que sa matière. »
Le corps dans lequel réside la vie, ou le
corps vivant, doit présenter une structure
t. vin.
différente de celle des corps bruts ; il est
organisé , c'est-à-dire pourvu d'organes ou
d'instruments appropriés à l'exercice des
fonctions ou des phénomènes de la vie; mais
il n'était pas nécessairement pourvu d'or-
ganes à son origine lorsqu'il n'était encore
qu'un germe en apparence homogène. Il
possédait seulement alors une faculté par-
ticulière de développement, suivant certaines
dispositions de structure interne et externe :
c'est là ce qui constitue le moule virtuel
dévolu dès le principe aux différents êtres
par la puissance créatrice.
Puisque la Matière inorganique ou brute
ne peut être transformée en Matière organi-
que que sous l'influence de la vie, il faut sa-
voir si tous les corps vivants sont également
aptes à produire cette transformation. Or on
est frappé tout d'abord de cette différence
entre les animaux et les végétaux, que ceux-
ci trouvent dans le sol, dans les eaux et dans
l'atmosphère, les matériaux propres à leur
nutrition; ils semblent donc se nourrir ex-
clusivement de Matière inorganique, qu'ils
savent transformer en Matière organique.
Les animaux, au contraire, se nourrissent
toujours de Matières végétales ou animales,
et semblent dépourvus de la faculté de s'as-
similer la Matière brute. Cependant cette
différence, bien que réelle, n'est pas absolue.
En effet, d'une part, nous voyons des végé-
taux parasites, comme le Gui, ou des bour-
geons transportés par la greffe, ne pouvoir
continuer à vivre que s'ils ont à discrétion
pour s'en nourrir une sève déjà élaborée ;
et, en même temps, nous devons reconnaître
que l'eau puisée par les racines des plantes
contient toujours en dissolution des Matières
organiques, produit de la décomposition des
êtres qui ont vécu. D'autre part, les animaux
savent s'approprier diverses substances inor-
ganiques dissoutes ou combinées dans les
eaux qu'ils habitent ou dans celles qu'ils
boivent. C'est ainsi que les Mollusques s'ap-
proprient le carbonate de chaux, qui doit
former leur coquille. C'est ainsi que les Oi-
seaux trouvent aussi le calcaire indispen-
sable pour consolider la coque de leurs
œufs. Si l'on voulait dire que ce sont là de
simples produits excrétés, on pourrait citer
en outre les os des Mammifères, dont la
chaux a dû provenir en partie d'eau servant
de boisson, comme l'a prouvé récemment
5
34
MAT
MAT
M. Boussingaut; et, d'ailleurs, le soufre, le
phosphore, le fer, qui sont des éléments de
l'albumine, de la matière nerveuse et du
sang, ont dû avoir en partie cette même
origine sans qu'il soit nécessaire d'attribuer
aux animaux la faculté de produire directe-
ment ces corps simples, non plus qu'il n'est
besoin d'accorder aux plantes la faculté de
créer de la potasse, puisqu'on sait aujour-
d'hui qu'elles trouvent dans le sol cette
substance provenant de la décomposition
des roches granitiques. En un mot, la Ma-
tière inorganique obéit aux forces qui la
font entrer dans telles ou telles combinai-
sons ou qui l'en font sortir, mais elle n'aug-
mente ni ne diminue en quantité dans la
nature. Elle n'est ni créée, ni détruite par
l'action des corps organisés.
Une restriction semblable doit être appor-
tée à l'opinion récemment soutenue en
France, que les animaux ne pourraient que
s'approprier certaines Matières organiques
formées par les végétaux, et seraient incapa-
bles de les fabriquer eux-mêmes ; la graisse,
par exemple, serait trouvée toute faite dans
les plantes dont se nourrissent les animaux
frugivores. Cela est vrai, en général, et dans
une certaine limite; en effet, pour recon-
naître encore que ce n'est pas une vérité ab-
solue, considérons seulement comment se
sont engraissées les nombreuses larves de
Coléoptères longicornes, Ptiniores et autres
qui vivent dans le bois sec. Ces larves y ont
creusé des galeries proportionnellement as-
sez restreintes, et sans avoir eu d'autre
nourriture , elles sont cependant chargées
d'une graisse abondante, devant servir pen-
dant le repos de la nymphe au développe-
ment des organes dont la composition sera
si différente dans l'insecte parfait.
Dans certaines circonstances la matière
a paru s'organiser d'elle-même , et l'on a
pu croire à une véritable génération sponta-
née, non pas sans doute telle que les anciens
la supposaient possible par la putréfaction
dans le limon du Nil ou dans le cadavre des
animaux ; mais on a vu des Helminthes se
produire sans que leur germe pût être même
supposé; on a vu des Infusoires apparaître
en foule dans les liquides, des moisissures
envahir tout-à-couples objets qui remblaient
en être à l'abri. Les observations sérieuses
et approfondies, faites avec de bons mi-
croscopes et de bons yeux, ont diminué de
plus en plus le nombre des faits cités comme
exemples. Nous-même, nous avons regardé
comme extrêmement probable que les Hel-
minthes cystiques, les Cœnures et les Cysti-
cerques ne sont qu'un mode de développe-
ment anormal de certains Ténias. Or, ce
sont ces Helminthes qu'on avait plus spécia-
lement regardés comme spontanément pro-
duits dans les tissus des animaux. Nous
avons également signalé la production des
œufs de certains Nématoides en quantité in-
nombrable dans les organes de certains ani-
maux vertébrés, comme pouvant expliquer
l'apparition des innombrables petits vers que
l'on voit quelquefois , soit dans les mêmes
animaux, soit dans ceux qui les ont dévorés.
Cependant nous ne pouvons encore nous
expliquer complètement l'apparition de la
Trichma spiralis dans tous les tissus des corps
humains ni l'apparition des Anguillules du
vinaigre; et quant aux Infusoires, on ne
saurait trop répéter que les espèces les mieux
caractérisées, celles dont l'organisation pré-
sente des traits plus distincts, sont précisé-
ment celles qui ne se trouvent que dans l'eau
des marais et des rivières ou dans l'eau de
la mer, mais non dans les infusions; et
d'autre part, les espèces comme les Para-
mécies , les Kolpodes et les Vorticelles , qui
sont si abondantes dans les infusions, ne s'y
montrent pas ainsi dès le début, mais on les
a vues d'abord assez peu nombreuses pour
qu'on puisse encore supposer qu'elles pro-
viennent par fissiparité des quelques indi-
vidus nés de germes arrivés du dehors. Ce
qu'on voit dans le principe dans les eaux
putréfiées et dans les infusions, ce sont les
Vibrions proprement dits, les Bactérium,
que leur extrême petitesse dérobe à nos
moyens d'étude, et dont l'animalité peut
être mise en doute, en tant que ce ne sont
pas des animaux pourvus d'organes et consti-
tuant des espèces distinctes.
Il n'y a qu'à se rappeler l'histoire de la
découverte de M. Robert Brown, pour pou-
voir penser que l'apparition des premiers
Infusoires, des Vibrioniens, pourrait bien
n'être qu'un simple elîet de la combinaison
de la matière organique sous l'influence des !
forces physiques ou des agents chimiques.
On sait, en effet, que M. Robert Brown,
ayant le premier observé au microscope h»
MAT
MAT
35
mouvement d'agitation et de trépidation
continuelle des plus petites parcelles de la
matière solide en suspension dans un li-
quide, crut avoir trouvé les molécules or-
ganiques, et ne s'aperçut de son erreur qu'a-
près avoir retrouvé le même phénomène de
trépidation dans les molécules les moins
organiques que l'on puisse imaginer. La dé-
couverte n'en était pas moins un fait im-
portant, et les savants en ont exprimé leur
reconnaissance à l'auteur en nommant ce
phénomène le mouvement brownien. Mais
ici , le mouvement en apparence spontané
de la matière avait été un indice trompeur
de la vérité.
Or il ne s'agissait ici que des molécules
de matière quelconque obéissant aux im-
pulsions multipliées et diverses que leur im-
priment de simples forces physiques telles
que le calorique, par exemple, rayonnant
de tous les corps environnants : mais s'il
s'agit d'un liquide chargé de substances or-
ganiques qui, en dissolution d'abord, ten-
dent à se séparer pour rester en suspension
plus tard, on doit s'attendre à des phéno-
mènes analogues, mais plus compliqués
encore. Et les faits si curieux de l'endosmose
et de l'épipolisme ont dû nous préparer à
l'explication de ces phénomènes qu'on a pris
pour une première apparition des Infusoires.
Or les macérations, les eaux putréfiées dans
lesquelles on aperçoit d'abord un trouble
laiteux , si on les observe avec soin au mi-
croscope, ne montrent d'abord que des
particules d'un transparent et d'une peti-
tesse extrême qui semblent agitées seule-
ment de cette sorte de trépidation qu'on
nomme le mouvement brownien; bientôt
on distingue de ces particules plus longues
que larges qui paraissent formées par la réu-
nion de deux ou de plusieurs des précédentes
et qui se meuvent plus spécialement dans le
sens de leur longueur. Ce sont là les pré-
tendus animaux que les zoologistes veulent
nommer Baclerium termo : ils sont longs de
2 à 3 millièmes de millimètre et larges de
6 à 18 dix millièmes. Un peu plus tard, on
voit de ces prétendus Infusoires devenus plus
longs , comme si de nouvelles particules
s'étaient placées à la suite des premières;
puis le mouvement de ces corps filiformes,
tout en continuant à se faire dans le sens de
la longueur, tend à devenir ondulatoire; puis
on en voit qui se contournent en spirale ; enfin
l'on a successivement sous les yeux toute la
série des Infusoires vibrioniens , dont la
multitude remplit la masse entière du li-
quide. Sont-ce bien là des animaux? et peut-
on citer cela comme exemple de génération
spontanée?
Nous ne prétendons pas sans doute que
l'on puisse ainsi aisément se rendre compte
de l'apparition des Infusoires monadaires
ou des Vorticelliens et des Paraméciens ; m ais
les progrès incessants de la science per-
mettent d'espérer une solution à plus d'une
des énigmes qui nous restent à résoudre.
(DUJARDIN.)
MATIN, mam. — Race de Chien domes-
tique. Voy. chien. (E. D.)
MATISIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Sterculiacées-Hélictérées , établi
par HumboldtetBonpland(P/an£. œquinoct.,
1, 10, t. II, III). Arbres du Pérou. Voy. ster-
CULIACÉES.
MÂTKEIXA, Pers. bot. ph. — Syn. de
Zoysia , Willd.
MATRICAIRE. Matricaria (nom tiré des
usages de cette plante en médecine), bot.
ph. — Genre de plantes de la famille des
Composées-Sénécionidées, de la syngénésie
polygamie superflue dans le système sexuel
de Linné. Il se compose de 14 ou 15 es-
pèces herbacées, annuelles, qui croissent
pour la plupart en Europe, dont les feuilles
multipartites sont divisées en lobes linéaires
sétacés. Leurs capitules de fleurs sont por-
tés sur des rameaux uniflores, dont l'en-
semble constitue un faux corymbe ; dans
chacun d'eux , les fleurs du disque sont jau-
nes et celles du rayon blanches; les pre-
mières sont hermaphrodites, tubuleuses ,
terminées par 4 ou 5 dents; les dernières
sont femelles, ligulécs, rangées en une
série. L'involucre est composé d'écaillés
presque égales entre elles, imbriquées, dis-
posées en un petit nombre de séries; le ré-
ceptable est nu, très développé, conique.
Les fruits ou achaines qui succèdent à ces
fleurs sont uniformes dans tout le capitule,
surmontés d'Un grand disque épigyne, le
plus souvent dépourvus d'aigrette, plus ra-
rement en présentant une en forme de cou-
ronne. Parmi les espèces de ce genre, il en
est deux sur lesquelles nous dirons quelques
mots.
36
MAT
MAT
1. Matricaire camomille, Matricaria cha-
momilla Lin. C'est une plante assez com-
mune en Europe , dans les champs , le long
des chemins, etc.; elle est glabre dans toutes
ses parties. Sa tige est diffuse, rameuse,
haute de 4 ou 5 décimètres, souvent rou-
geâtre; ses feuilles sont bipinnatipartites ,
et leurs lobes sont linéaires, très étroits et
presque sétacés , entiers ou partagés à leur
tour. Ses capitules, solitaires à l'extrémité
de rameaux ou pédoncules nus, sont larges
de 3 centimètres ; leur involucre est peu
concave, formé d'écaillés oblongues, blan-
châtres sur leurs bords; les fleurs de leur
rayon sont trois fois plus longues que l'invo-
lucre. Les acharnes sont tétragones, sur-
montés d'une aigrette courte , en forme de
couronne entière à son bord. Cette plante
a une odeur douce , aromatique , qui la dis-
tingue de certaines autres espèces auxquelles
elle ressemble beaucoup , mais dont les unes
sont inodores , comme la suivante , dont les
autres ont une odeur désagréable , comme
k Camomille puante. Elle est d'une amer-
tume très prononcée, mais plus faible que
celle de Y Anthémis nobilis Lin. , à laquelle
elle ressemble beaucoup par ses propriétés
médicinales , en place de laquelle on l'em-
ployait même fréquemment autrefois.
Aujourd'hui, au contraire, c'est à celle-
ci qu'on donne ordinairement la préfé-
rence.
2. Matricaire inodore, Matricaria ino-
dora Lin. (Pyrethrum inodorum Smith).
Nous ne mentionnons ici cette plante que
pour la faire distinguer de la précédente à
laquelle elle ressemble beaucoup, et avec la-
quelle il est très facile de la confondre. Elle
croît dans les mêmes localités qu'elle; elle
ne s'en distingue guère que par les lobes de
ses feuilles presque toujours bi-ou tripartis,
par les écailles de son involucre bordées
d'une membrane scarieuse, par sesachaines
à 3 ou 4 angles à couronne entière, portant
au sommet deux glandes, et finissant sou-
vent par se percer de deux pores; de plus,
cette plante est presque entièrement ino-
dore. (P. d.)
*MATTJIEWSÏA (nom propre), bot. pu.
— Genre de la famille des Crucifères-Camé-
Jinées, établi par Hooker {Bot.MiscelL, III,
140, t. 96). Sous-arbrisseaux du Chili. Voy.
CTIUCIFÈRES.
MATTÏIÏOLE. MaLlhîola (Matthiule, bo-
taniste italien du xvie siècle), bot. pu. —
Genre de plantes de la famille des Crucifè-
res , sous-ordre des Pleurorhizées , de la té-
tradynamie siliqueuse dans le système sexuel
de Linné, qui a été établi par M. Rob. Brown
pour des espèces précédemment comprises
dans les Cheiranthus. 11 se compose d'envi-
ron 30 espèces de la région méditerranéenne,
pour la plupart herbacées , quelques unes
sous-frutescentes qui se font remarquer par
leur couleur blanchâtre provenant des poils
cotonneux, étoiles, dont elles sont couvertes,
et quelquefois par des glandes pédicellées;
leurs feuilles sont entières ou sinuées; leurs
fleurs sont blanches ou de diverses nuances
de rouge, réunies en grappes terminales ;
elles présentent l'organisation suivante : ca-
lice à 4 sépales dressés, dont les 2 latéraux
sont renflés à leur base; pétales onguiculés,
à limbe étalé, ovale ou oblong ; filets des
longues étamines dilatés en bosse à leur
base; stigmate épais, bilobé. Le fruit qui
succède à ces fleurs est une silique bivalve ,
cylindrique ou comprimée , allongée, sur-
montée par les lobes du stigmate conni-
vents , épaissis à leur côté dorsal ou déve-
loppés en pointes : il renferme plusieurs
graines rangées en une seule série , le plus
souvent bordées d'une membrane.
Parmi les espèces de ce genre, il en est
deux dont la culture a tiré un excellent
parti, et qui figurent parmi les plantes d'or-
nement les plus vulgaires et aussi les plus
belles. Nous nous arrêterons sur elles quel-
ques instants.
1 . Matthiole blancuatre , Matthiola in-
cana Rob. Brown (Cheiranthus incanus Lin.).
Cette espèce est connue dans les jardins sous
les noms vulgaires de Giroflée grosse espèce,
Giroflée des jardins , Violier ; elle croît sur
les bords de la mer dans le midi de l'Eu-
rope. Elle est vivace. Sa tige est dure et
sous-frutescente à sa base, droite, rameuse,
haute de 5 ou 6 décimètres, et quelquefois
davantage dans les individus cultivés ; ses
feuilles sont lancéolées-allongées, entières,
molles, couvertes d'un duvet court qui leur
donne une teinte blanchâtre, d'où est venu
le nom de l'espèce ; elles deviennent plus ou
moins sinueuses dans les jardins; les pétales
de ses fleurs sont entiers; ses siliques sont
à peu près cylindriques, comme tronquées
MA'
flAT
37
à leur extrémité, dépourvues ne glandes. La
culture a singulièrement amélioré cette es-
pèce, et elle en a fait Tune des plantes d'or-
nement les plus belles et les plus variées que
possèdent nos parterres. Les horticulteurs
en ont obtenu de nombreuses variétés de
couleur blanche, couleur de chair, rose,
rouge , violette , panachées de rouge et de
blanc, les unes simples, les autres doubles,
et même une prolifère. Tout le monde con-
naît de plus l'odeur suave de ces fleurs, qui,
à ces divers mérites, joignent celui de se con-
server et de se succéder pendant très long-
temps. Au reste , la culture de ces belles
plantes exige assez peu de soins , ce qui ex-
plique très bien comment elles sont si ré-
pandues. On les multiplie principalement de
graines, qu'on sème sur couche au prin-
temps ; l'été on met le jeune plant en pleine
terre aune exposition méridionale; après
quoi on l'empote pour l'enfermer pendant
l'hiver dans une orangerie bien aérée, ou
seulement dans une fosse qu'on couvre de
châssis pendant les grands froids. On pro-
page également de boutures les variétés à
fleurs pleines.
2. Matthiole annuelle, Matthiola annua
DC. (Cheiranthus annuus Lin.). Celle-ci re-
çoit des horticulteurs les dénominations
vulgaires de Quaranlain, Giroflée quaran-
taine, Violier d'été. Elle est moins haute que
la précédente et annuelle; elle croît aussi
naturellement sur le littoral des mers dans
les parties méridionales de l'Europe. Sa tige
est herbacée, droite, rameuse; ses feuilies
sont lancéolées, obtuses, couvertes d'un du-
vet blanchâtre ; les pétales de ses fleurs sont
échancrés au sommet; ses siliques sont
presque cylindriques et se terminent en
pointe. Cette jolie espèce est presque aussi
fréquemment cultivée dans les jardins que
la précédente ; elle a également donné, par
l'effet de la culture, de nombreuses variétés
de couleur blanche, couleur de chair, rouge,
lilas, brune, etc. Ses fleurs deviennent
également très doubles, et leur floraison est
de longue durée. Comme elle est annuelle,
on la multiplie uniquement de graines qu'on
sème ordinairement à la fin de l'hiver et sur
couche, ou plus tard et jusqu'au commence-
ment de l'été, alin d'en avoir en fleurs jus-
que vers la fin de l'automne. Parmi les
jeunes pieds qui proviennent de ces semis ,
on ne conserve d'ordinaire que ceux à fleur
double, et l'habitude a appris aux jardi-
niers à distinguer ceux-ci même lorsqu'ils
sont encore fort jeunes. (P. D.)
*MATTïA. bot. ph.— Genre de la famille
des Aspérifoliées-Cynoglossées , établi par
Schultes (Observ., 30). Herbes de l'Europe
austro-occidentale. Voy. aspérifoliées.
*MATTO]\IA. bot. cr. —Genre de Fou-
gères-Polypodiacées, établi par R. Brown
{in Wall. Plant, as. rar., I, 16, t. XVI).
Fougères de la montagne d'Ophir, près Ma-
lacca. Voy. fougères. — Sm., syn. d'Elet-
taria, Rheed.
MATÏUSCHIA, Gmel. bot. ph. —Syn.
de Saururus, Linné.
MATTUSCHKE A , Schreb. bot. ph. —
Syn. de Perama, Aubl.
*MATUS (aaro;, action de chercher), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Hydrocanthares, créé par M. le
docteur Aube ( Iconographie des Coléoptères
d'Europe. — Species général des Hydrocan-
thares, 1838, t. VI, p. 390). L'espèce type
et unique est le M. bicarinatus Say (emar-
ginalus, elongatus Dej.); elle est originaire
des Etats-Unis. (C.)
MATUTE. Maluta (nom mythologique).
crust. — C'est un genre de l'ordre des
Décapodes brachyures , établi par Fabri-
cius , adopté par tous les carcinologistes ,
étrange par M. Milne-Edwards dans sa fa-
mille des Oxystomes et dans sa tribu des
Calappiens. Les Crustacés qui composent
ce genre ressemblent à certains Portu-
niens , et sont remarquables par leur cara-
pace circulaire, et les pattes des quatre
dernières paires terminées par un article
lamelleux et complètement natatoire. La
distinction des espèces que renferme cette
coupe générique présente d'assez grandes
difficultés; le docteur Leach a employé
comme caractères la direction transversale
ou un peu oblique des grosses épines laté-
rales de la carapace, et le nombre de petits
points écailleux qui se voient sur la face su-
périeure de cette carapace ; mais à cet égard
il n'y a rien de constant, et si ce natura-
liste avait examiné un grand nombre de ces
Crustacés , il aurait vu que les particulari-
tés qu'il signale comme des différences spé-
cifiques varient suivant les individus: aussi
les espèces qui composent actuellement cette
3S
MAU
MAU
coupe générique sont-elles beaucoup res-
treintes. On ne connaît rien sur les mœurs
de ces Crustacés , qui habitent la mer des
Indes. Le Matute vainqueur , Matuta viclor
Desrn. (Edw., lîist. nat. des Crust., t. II,
pag. 115, pi. 20, fig. 3 à 6) peut être con-
sidéré comme le type de ce genre remar-
quable dont on ne connaît encore que deux
espèces. (H. L.)
*MATUTOIDES. Matutoidea. crust. —
M. de Haan , dans la Faune japonaise, dé-
signe sous ce nom une famille de Crustacés
qui correspond en partie aux Oxystômes de
M. Milne Edwards. Voy. oxystômes. (H. L.)
MAUBÈGHE. Tringa, Linn. ois. — Voy.
BÉCASSEAU
MAUDUYTA, Commers. bot. ph. — Syn.
de Samadera , Gaertn.
MAUL1N. mam. — Molina {Hist. nat. du
Chili ) a décrit sous ce nom un Mammifère
encore peu connu , et qu'à l'exemple de
Shaw on rapporte au genre Marmotte, sous
la dénomination (VArclomys rnaulina. (E.D.)
MAUNEIA. bot. ph. — Genre dont la
place dans les méthodes n'est pas encore
fixée. Il a été établi par Dupetit-Thouars
{Gen. Madagasc. , 19), qui lui donne les
caractères suivants : Calice monophylle à
4 lobes , plan ; corolle nulle ; étamines nom-
breuses , insérées au calice ; ovaire unique.
Style plus long que les étamines; stig-
mates , 3. Le fruit est une baie ovale, ai-
guë 3-ou par avortement 2-sperme.
Les Mauneia sont des arbrisseaux de Ma-
dagascar, à feuilles alternes, ovales, den-
tées , à épines axillaires , à fleurs axillaires ,
solitaires.
MAURANDIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Scrophularinées-
Antirrhinées , établi par Ortega (Decad., II,
21). Herbes du Mexique. Voy. scrophula-
B.1NÉES.
MAURE, mam. — Espèce de Guenon. Voy.
CERCOPITHÈQUE. (E. D.)
MAURES, ins. — Nom donné vulgaire-
ment aux Papillons du g. Satyre , à cause
de leur couleur obscure et même noire.
MAURESQUE, moll. — Nom vulgaire
de VOliva maura Linn.
MAUR1A. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Anacardiacées, établi par Kunth
( in Ann. se. nat., lly 338). Arbres du Pé-
rou. Voy. anacardiacées.
MAURICOU , Adans. bot. ph. — Syn.
d'Erylhrina , Linn.
MAUIUTIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Palmiers, tribu des Lépidocary-
nées-Flabellifrondes, établi par Linné fils
(Suppl, 1436). Palmiersde l'Amérique tro-
picale. Voy. PALMIERS.
MAUROCENIA, Mill. bot. ph. —Syn.
de Cassine, Linn.
MAUSSANE. bot. ph. — Nom vulgaire
du Viburnum opulus , dans quelques can-
tons de la France.
MAUVE, ois. — Nom vulgaire de quel-
ques espèces de Mouettes.
MAUVE. Malva. bot. ph. — Grand genre
de plantes de la famille des Malvacées , à la-
quelle il donne son nom , de la monadel-
phie polyandrie dans le système sexuel de
Linné. 11 comprend aujourd'hui plus de
100 espèces. Les végétaux qui le composent
sont herbacés , sous-frutescents ou frutes-
cents, quelquefois même, mais rarement,
ils forment de petits arbres; ils sont disper-
sés sur presque toute la surface du globe;
néanmoins on les trouve groupés en plus
grand nombre dans la région méditerra-
néenne et au cap de Bonne-Espérance. Leurs
feuilles sont alternes , pétiolées , dans la plu-
part des cas anguleuses ou lobées , pour-
vues de stipules pétiolaires géminées. Leurs
fleurs se font remarquer par la grande di-
versité de couleurs qu'elles présentent dans
toute l'étendue du genre ; elles sont tantôt
solitaires , tantôt réunies en épi , en grappes
ou en glomërules. Leur calicule est formé
de trois folioles , soudées au calice par leur
base, très rarement fixées sur le pédicule;
M. Endlicher considère ces folioles comme
représentant une bractée avec deux stipules.
Le calice est divisé en cinq lobes égaux entre
eux , à préfloraison valvaire dans le bouton.
La corolle est à cinq pétales, le plus sou-
vent échancrés au sommet et inéquilaté-
raux , à préfloraison tordue. Comme nous
l'ont montré nos recherches sur l'organogé-
nie de la fleur (voyez Annales des se. nalur.,
septembre 1845, pag. 123 et suiv.), ces pé-
tales sont libres et distincts , et même éloi-
gnés l'un de l'autre , à l'état jeune; maïs
dans la fleur adulte , ils forment à leur base
un corps unique par l'intermédiaire du tube
staminal auquel ils adhèrent, de sorte que
plusieurs botanistes ont pu mettre en ques-
MAU
MAU
39
tion si cette corolle est monopétale ou po-
lypétale. Les étamines sont nombreuses ,
monadelphes , comme dans les autres genres
de la famille. Le fruit est une capsule dé-
primée, qui se divise, à la maturité, en
plusieurs coques à une seule graine, s'ou-
Trant en deux valves ou indéhiscentes. Les
espèces à coques renfermant deux ou plu-
sieurs graines , que comprenait le genre tel
qu'il était dans le Prodromus , en ont été
séparées.
Plusieurs espèces de ce grand et beau
genre ont de l'intérêt , soit à cause de leurs
usages médicinaux, soit parce qu'elles sont
fréquemment cultivées dans les jardins
comme plantes d'ornement; nous nous ar-
rêterons seulement sur les plus connues d'en-#
tre elles.
1. Mauve sauvage , Malva sylvestris Lin.
Cette espèce est très connue sous les noms
vulgaires de Mauve, grande Mauve. Sa tige
est droite, rameuse, velue, et s'élève à 5
ou 6 décimètres de hauteur; ses feuilles sont
pétiolées , légèrement velues, divisées en 5-7
lobes aigus au sommet et crénelés sur leurs
bords; ses pétioles et ses pédoncules sont pi-
leux. Les fleurs sont grandes , purpurines,
marquées de lignes plus colorées; les fo-
lioles de leur calice égalent en longueur les
sépales. — La Mauve sauvage croît en abon-
dance dans les lieux incultes, le long des
haies, des habitations, etc. Ses propriétés
médicinales sont absolument identiques à
celles de l'espèce suivante; aussi les expo-
serons-nous en même temps pour l'une et
l'autre à la fois.
2. Mauve a feuilles rondes , Malva ro~
tundifolia Lin. Elle reçoit vulgairement le
nom de pelile Mauve; elle croît dans les
mêmes lieux que la précédente, le long des
chemins , et elle est à peu près aussi com-
mune qu'elle. Sa tige est couchée et n'at-
teint guère que 2 ou 3 décimètres de lon-
gueur; ses feuilles sont petites, orbicu-
laires, échancrées en cœur à leur base,
crénelées à leur bord, divisées en cinq lobes
très obtus , larges et courts, longuement
pétiolées ; ses pétioles et ses pédoncules sont
pubescents; ses fleurs sont petites, d'un
blanc lavé de rose, le plus souvent grou-
pées par cinq à l'aisselle des feuilles ; les
pédoncules fructifères sont déclinés. Cette
plante était alimentaire pour les Grecs et les
Romains , qui la mangeaient en guise d'é-
pinards; cependant elle ne constitue jamais
qu'un aliment très médiocre , la cuisson no
la ramollissant qu'imparfaitement. Encore
aujourd'hui l'on mange l'une et l'autre de
nos deux Mauves communes dans certaines
parties de la France, de l'Italie, ainsi que
dans la Basse-Egypte. Mais le principal usage
de ces plantes est motivé par leurs proprié-
tés médicinales ; elles forment, en effet „
l'un des émollients et adoucissants les plus
usités , grâce au mucilage qu'elles renfer-
ment en abondance. On les emploie jour-
nellement, surtout dans la médecine popu-
laire , en décoction , pour bains, tisanes,
injections, etc., contre les inflammations
intérieures, contre les rhumes, etc. La
Mauve sauvage est la plus usitée des deux,
et particulièrement ses fleurs.
Dans les jardins, on cultive, comme
plantes d'ornement, plusieurs espèces de
Mauves , dont nous ne pouvons nous dis-
penser de faire connaître un petit nombre.
3. Mauve frisée, Malva crispa Lin. Elle
est cultivée à cause de ses grandes feuilles,
glabres , d'un vert gai , à sept lobes , den-
tées et frisées sur leurs bords avec beaucoup
d'élégance ; sa tige est droite et s'élève or-
dinairement à un mètre de hauteur. Ses
fleurs sont axillaires et sessiles. Elle croît
spontanément en Syrie; elle est annuelle.
On la multiplie de graines qu'on met en
terre immédiatement après leur maturité.
Elle réussit dans toutes sortes de terres ,
pourvu que leur exposition soit méridionale.
4. Mauve du Cap , Malva capemis Cav.
Cette espèce est originaire du Cap de Bonne-
Espérance, ainsi que l'indique son nom, de
même que les deux espèces suivantes; toutes
les trois sont vivaces et ligneuses. La Mauve
du Cap se distingue par ses feuilles à trois
et à cinq* lobes, crénelées ou dentées sur
leurs bords , enduites d'une humeur vis-
queuse; par ses fleurs roses, solitaires ou
géminées sur leur pédicule, qui dépasse en
longueur le pétiole; les folioles du calicule
sont ovales , lancéolées.
5. La Mauve effilée, Malva virgalaCav.,
a des feuilles glabres , raides , incisées et
crénelées sur leurs bords; ses fleurs sont
blanches, portées, comme chez la précé-
dente , au nombre d'une ou de deux, sur
des pédoncules plus longs que le pétiole;
40
MAY
MEA
les folioles de leur calicule sont linéaires.
6. La Mauve divaiuquée, Malva divari-
cala Andr., est une très jolie espèce, dont
les branches et les rameaux sont divariqués ,
flexueux, dont les feuilles sont petites, lo-
bées, plissées, dentées sur leur bord, un
peu rudes au toucher; dont les fleurs, qui
se succèdent pendant tout l'été et jusqu'aux
grands froids, sont blanches et rayées,
d'un très beau rouge, solitaires, sur un pé-
doncule plus long que le pétiole de la feuille
à l'aisselle de laquelle elles viennent. Les
trois espèces qui viennent de nous occuper
sont des plantes d'orangerie, qu'on multi-
plie soit de graines semées en pots , sur cou-
che chaude et sous châssis , soit de boutures
traitées avec les mêmes soins.
7. On cultive encore fréquemment la
Mauve rouge, Malva miniala Cav., petit ar-
buste dont la patrie est inconnue, dont les
fleurs sont d'un rouge cinabre vif, réunies
en petites grappes axillaires, pauciflores, et
quelques autres que nous passerons sous si-
lence. Certaines de ces espèces de Mauves
cultivées ont même donné des hybrides qui
sont venues augmenter nos richesses horti-
coles. (P. D.)
MAUVIETTE, ois. — Nom vulgaire de
la Grive et de l'Alouette des Champs.
MAUVIS. ois. — Espèce du g. Merle.
Voy. ce mot.
MAXIMILIANA (nom propre), bot. pu.
— Genre de la famille des Palmiers, tribu
des Cocoïnées , établi par Martius ( Palm.",
131, t. 91 ). Palmiers des forêts du Brésil.
Voy. PALMIERS.
*MAXIMÏLIENS. ois. — Nom donné par
M. Lesson à une division de la famille des
Perroquets. (Z. G.)
MAYACA. bot. pb. — Genre placé à la
fin des Xyridées , avec lesquelles il a de
grandes affinités. Il a été établi par Aublet
(Guian., I, 42, t. XV), pour de petites her-
bes croissant dans les marais des régions les
plus chaudes de l'Amérique tropicale. Voy.
XYRIDÉES.
MAYEPEA, Aubl. bot. pu. — Syn. de
Linociera, Swartz.
MAYNA. bot. ph. — Genre de la famille
des Schizandracées ? , établi par Aublet
( Guian., II, 922, t. 352). Arbrisseaux de la
Guiane. Voy. schizandracées. — Radd, syn.
de Carpotroche, Endl.
MAYTENUS. bot. pu. — Genrede la fa-
mille des Célastrinées-Évonymées, établi
par Jussieu (Gen., 449). Arbres et arbris-
seaux de l'Amérique australe. Voy. celas-
trinées.
MAZAME. Mazarna. mam. — Buffon,
d'après Hemandez, Réchi et Fernandez,
désigne collectivement sous ce nom les espè-
ces du genre Cerf qui habitent le Mexique;
et Rafinesque (4m. Month. Mag. 1817) a
adopté cette division. Fr. Cuvier a appliqué
spécifiquement le nom de Mazame à une
espèce du genre Cerf qu'il appelle Cervus
campeslris. Voy. cerf. (E. D.)
MAZARD. ins. — Dans l'ancienne pro-
vince appelée Bourgogne , on désigne sous
ce nom , les Coléoptères qui coupent les
bourgeons. Voy. Eumolpus , Bromius, etc.,
et aussi sous celui de Coupe-Bourgeons,
Bêche, Pique-Brot et Lisette. (C.)
MAZENTOXERON, Labill. bot. ph. —
Syn. de Correa, Smith.
MAZUS. bot. ph. — Genre de la famille
des Scrophularinées-Gratiolées, établi par
Loureiro ( Flor. cochinch., 385). Herbes de
l'Asie tropicale , du Japon et de l'île Die-
men. Voy. scrophularinées.
MAZZA. moll. — Genre proposé par Klein
pour des coquilles assez voisines des Turbi-
nelles et des Pyrules. (Duj.)
MEADIA, Catesb. bot. ph. — Syn. de
Dodecalheon, Linn.
MÉAMDRINE. Meandrina (Méandre,
fleuve de la Troade, remarquable par ses
sinuosités), polyp. — Genre de Polypes an-
thozoaires dont le Polypier calcaire a été
classé par Lamarck parmi les Polypiers la-
mellifères, et a fourni pour Lamouroux le
type de la famille des Méandrinées. M. de
Blainville l'a placé dans sa section des Ma-
dréphyllies.CePolypier forme ordinairement
une masse simple convexe, hémisphérique
ou ramassée en boule; sa surface est occu-
pée par des sillons sinueux ou tortueux,
plus ou moins larges, plus ou moins creux,
garnis de chaque côté de lames transverses
parallèles, qui adhèrent à des crêtes ou col-
lines séparant les sillons dont elles suivent
les sinuosités. Ces sillons ou vallons repré-
sentent les étoiles isolées ou circonscrites
qu'on voit sur les autres Polypiers lamelli-
fères; ce ne sont en effet que des étoiles al-
longées, cenfluentes latéralement. Les Po-
MEB
MEC
41
lypes des Méandrines, comme ceux des autres
genres voisins, sont les animaux assez sem-
blables à des Actinies qui seraient réunies
par rangées sinueuses au fond des sillons du
Polypier; mais ils n'ont de tentacules que
sur les côtés de la bande charnue résultant
de leur agrégation , et leurs bouches lisses
et saillantes sont espacées au milieu de cette
bande. L'espace qui sépare les bouches de
deux Polypes voisins est non seulement dé-
pourvu de tentacules, mais il ne présente
aucune trace de soudure; de sorte que l'u-
nion de ces Polypes est encore plus intime
que pour les autres Anthozoaires. M. Ehren-
berg a décrit une espèce de la mer Rouge
comme tout-à-fait dépourvue de tentacules.
Les Méandrines habitent les mers des pays
chauds ; on commence déjà à en trouver
dans la mer Rouge; mais c'est surtout en se
rapprochant de l'équateur qu'on trouve ces
masses de Méandrines, que leur forme et
leur aspect ont fait nommer autrefois Cer-
veau de Neptune. On connaît onze ou treize
espècesdeMéandrines encore vivantes, etplus
de huit fossiles, soit des calcaires jurassiques,
soit des terrains tertiaires. Les caractères
distinctifs ont été tirés de la largeur des sil-
lons de l'aspect des crêtes ou collines qui
sont lisses ou dentelées en peigne, simples
ou bifides, etc.; mais il est vraisemblable
que la connaissance des Polypes eux-mê-
mes fournirait des caractères plus précis*
(Dm.)
MËANDRINËES. polyp. — Famille de
Polypiers pierreux lamellifères proposée par
Lamouroux,maisnonadoptéegénéralement.
Elle devait contenir les genres Pavonie,
Apseudésie, Agaricie, Méandrine et Monti-
culaire. (Duj.)
MÉANDRITE. polvp.— Nom donné quel-
quefois anciennement à des Méandrines fos-
siles. (Duj.)
MEROREA. bot. pu. — Genre dont la
place, dans les méthodes, n'est pas encore
fixée. Endlicher {Gen. plant., 5879) le place
avec doute à la fin des Euphorbiacées. Il a
étéétabliparAublet(Gi«an.,ÏI, 825, t. 323)
qui lui donne les caractères suivants : Fleurs
monoïques. Calice à six divisions lancéolées,
munies à leur base interne d'une fossette
marginale. Corolle nulle. Fleurs mâles: Éta-
mines 3, formant par leur réunion une
colonne épaisse à la base et trilobée au som-
t. vin.
met. Anthères 3, fixées aux lobes de la co-
lonne, à deux loges s'ouvrant longitudinale-
ment. Fleurs femelles : Ovaires à trois loges
2-ovulées. Style simple (?). Le fruit est une ?
capsule 3-lobée, à loges bivalves, dispermes.
Les Meborea sont des arbrisseaux origi*
naires de la Guiane, à feuilles alternes, ses*
siles, ovales, aiguës, très entières, glabres;
fleurs axillaires et terminales, disposées en
grappes; les supérieures, mâles; les infé-
rieures, femelles, et situées sur le même ra-
meau.
*MECASPIS (pvîxos, longueur; «»wfç,
écusson). ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Curculionides, établi par
Schœnherr (Dispositio methodica, p. 56) avec
le Lixus palmatus, mais que l'auteur a retiré
des Orthoceres pour le mettre parmi les Go-
natocères , et qu'il a réuni depuis aux Cleo-
nus. (C.)
*MECMDEUS. ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Lamellicor-
nes , tribu des Scarabéides phyllophages ,
créé par Westwood ( Entomologie al Society
ofLondon, 1841), et qui renferme deux
espèces, les M. Mellyanus et Hopeianus, de
la Nouvelle-Hollande. (C.)
MECHIDIUS ou MGECeiDÏUS (f*otXt-
&oç, adultérin), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Lamellicornes,
tribu des Scarabéides arénicoles, établi par
Mac-Leay ( Horœ entomologiœ, Ed. Lequin,
Paris , p. 71 ). L'espèce type et unique, le
M. spurius Kirby, originaire de l'Australie.
L'extrémité postérieure de leur abdomen est
découverte, et leurs antennes sont compo-
sées de 9 articles. (C.)
MECHOACAN. bot. ph. —Nom vulgaire
d'une espèce de Convolvulus, le C. Mcchoa-
cana. Voy. liseron.
On nomme aussi Méchoacan noir le Jalap,
et Méchoacan du Canada le Phytolacca de-
candra.
*MECHORIS, Billberg, Stephens. ins. —
Synon. de Rhynchites des auteurs. Voy. ce
mot. (C.)
*MECINOPlJS (fjrôxoç, longueur; ttoOç,
pied), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille des
Longicornes, tribu des Cérambycins, créé
par Érichson (Arch. fur naturel., 18i2,
p. 222, g. 30), et rapporté à la tribu des
Nécydalidcs de l'auteur. Le type, le M . co~
42
MEC
MEC
humains , est originaire de la Nouvelle-
Hollande. (C.)
MECINUS(/*/»xoç, longueur), ins.— Genre
de Coléoptères tétramères, famille des Cur-
culionides gonatocères, division des Cioni-
des, établi par Germar (Magaz. enlom. 4,
p. 315) et adopté par Schœnherr {Disp. meth.
321; Gen. et sp. Curculion. synon., t. IV,
p. 776). Quatre espèces d'Europe et une du
nord de l'Afrique rentrent dans ce genre ;
ce sont les M. py r aster Ust., barbarus Schr.,
collaris, janthinus Gr., et circulalus Marsh.
(C.)
*MECISTURA, Leach. ois. — Syn. de
Parus, Linn. Voy. mésange. (Z. G.)
*MECKELIA (nom propre), helm. —
Genre de la famille des Nemertes , établi
par Leuckart en 1828. (P. G.)
*MECLATIS. eot. ph. — Genre de la fa-
mille des Renonculacées-Clématidées, établi
par M. Spach (Suites à Buffon , VII , 239)
pour deux espèces de Clématites, les Clema-
tis glauca et orientales.
*MECOCERUS (ftfïxoç, longueur ; xe'paç,
antenne), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Curculionides orthocè-
res , division des Anthribides, créé par
Schœnherr [Gen. et sp. Curent, syn., 1833,
t. I, p. 115; V, p. 183). Quatre espèces
rentrent dans le genre : les M. gazella Schr. ,
Auclouinii, mœstificus Schr , et disparipes
Imhoff. La première et la quatrième sont ori-
ginaires des Indes orientales, et les deuxième
et troisième de Madagascar. M. Gaëde a pu-
blié (Mag. zoolog. deGuérin, 1833, p. et
pî. 15) la première espèce de ce genre, sous
les noms générique et spécifique d'Acantho-
thorax longicornis. Ce nom a peut-être la
priorité sur l'autre. (C.)
*MECOCHIRUS (pixoç, longueur; x*rP,
X«'p°'s> patte), crust. — Genre de l'or-
dre des Décapodes brachyures, établi par
M. Germar dans le Keferst. geogn. Deutsch.,
t. IV, 1826. Les espèces qui composent ce
genre sont au nombre de deux et ne sont
connues qu'à l'état fossile. Le Mecochirus
Baieri Germ. {Op. c*7.,p. 103, pi. 1, fig. 5)
peut être considéré comme le type de ce
genre singulier. Cette espèce a été rencon-
trée dans les pétrifications de Solenhofcn en
Bavière. (H. L.)
♦MECOCORYNUS (ftfîxoç, longueur; xo-
pwvvi, massue), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gona-
tocères, division des Apostasimérides crypto-
rhynchides, créé par Schœnherr (Gen. et sp.
CurcuL syn., t. IV, p. 194-8 , p. 358).
L'espèce type, le M. Weslermanni Schr., est
originaire de Guinée. Nous avons décrit sous
le nom de Tretus loripes une espèce du Sé-
négal que Schœnherr a fait entrer dans son
genre Mecocorynus. (C.)
*MECODEMA (p.îîxoç, longueur; tfyaç,
taille), ins. — Genre de Coléoptères pen- .
tamères , famille des Carabiques, tribu des ,
Féroniens , publié par MM. Hombron et ,
Jacquinot (Voyage au pôle sud, tab. 2, fig. ;
14), et qui a pour type une espèce de la Nou- j
velle-Zélande, nommée M. sculpturatum par [
ces auteurs. (C.)
*MECOMENUS (^xo?, longueur ; pivi»,
lunule), ins. — Genre de Coléoptères penta-
rnères, famille des Curculionides orthocères,
division des Anthribides, créé par MM. Bra-
hamm et Imhoff, et adopté par Schœnherr
(Synops. gen. et sp. Curcul. syn., t. VIIï,
2e part., p. 341, 2). L'espèce type est ori-
ginaire de l'Amérique centrale. (C.)
*MECONELLA (diminutif de Meconium,
Pavot), bot. ph. — Genre de la famille des
Papavéracées - Papavérées - Platystémonées ,
établi par Nuttall (in Toney et A. Gray
Flora of North Americ, I, 64). Herbes de
l'Amérique boréale. Voy. papavéracées.
*JMECONEMA (^xoç, longueur; v?,>a,
fil, patte), ins. — Genre de la tribu desLocus-
tiens, groupe des Locustites, de l'ordre des
Orthoptères, caractérisé par un prosternum
mutique, une têle offrant une épine entre
les antennes, et des élytres étroites, sans
miroir dans les mâles. On ne connaît qu'une
seule espèce de ce genre, d'assez petite di-
mension; c'est la M. varia (Locusta varia
Fab.). Elle habite notre pays. (Bl.)
MECONOPSIS (avîxûjv , pavot; Stytç, as-
pect), dot. pu. — Genre de la famille des
Papavéracées-Argémonées , établi par Vi-
guier (Papav., 20 et 48, f. 3). Herbes crois-
sant sur les Pyrénées, en Angleterre, dans
la Sibérie, leNépaul et l'Amérique boréale
occidentale. Voy. papavéracées.
*MEGONYX (^xoç, longueur ; êvvÇ, on-
gle), ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Malacodermes, tribu des
Mélyrides, proposé par Schœnherr et adopté
par Dejean (Catal, 3e édit., p. 125). La
MEC
MED
43
seule espèce connue est de Colombie ; Schœn-
herr l'a nommée M. collaris. (C.)
*MECOPODA (piyîxoç, longueur; «ouç,
patte), ins. —Genre de la tribu des Locustiens,
groupe des Locustites, de l'ordre des Orthop-
tères, établi par M. Serville sur une espèce
assez commune à l'île de Java; c'est le
M. elongata (Locusta elongata Fab.). Les
Mécopodes sont caractérisés par un sternum
étroit et bi-épineux, desélytres une fois plus
longues que le corps, etc. On trouve encore
aux Indes orientales les M. ferruginea Stoll.
{maculata Serv.) et M. virens Brull. (Bl.)
*MECOPUS (fx~xoç, longueur; ttovç,
tige), bot. ph. — Genre de la famille des
Légumineuses - Papillonacées- Hédysarées,
établi par Bennett (in Horsfield Plant. Jav.
rar., 154 , t. 52). Herbes de Java. Voy. lé-
gumineuses.
MECOPUS (fAvîxoç, longueur; ttouç, pied).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères, division
des Apostasimérides cryptorhynchides, établi
par Schœnherr (Disp. method., p. 304 ; Gen.
et sp. Curcul. syn., t. III, p. 555-8, 2,
p. 19). Huit espèces rentrent dans ce genre;
nous citerons principalement les trois sui-
vantes : M. bispinosus F., Audinetii Schr. et
trilineatus Guérin. Sept sont originaires des
Indes orientales et la dernière est propre à la
Nouvelle-Guinée. Les mâles portent en avant
du prothorax, en dessous, deux défenses
minces et recourbées (C.)
*MÉCORflYI\CHES. Mecorhynchi. ins.—
Sous cette dénomination, Schœnherr établit
une seconde légion dans l'ordre des Coléop-
tères tétramères, famille des Curculionides
gonatocères (Gen. etsp. Curcul syn., t. VII,
1, p. 418) , et qui correspond aux Rhyn-
chœnides (Rhynchœnides) de Fabrie.'us. La
trompe des Mécorhynques est cylindrique,
filiforme, plus ou moins allongée, rarement
plus courte que le corselet; leurs antennes
sont insérées en avant ou vers le milieu de
la trompe, et non près de la courbure de la
bouche. (C.)
*MECOSA , Blume. bot. ph. — Syn. de
Platanthera, L.-C. Rich.
«MECOSAKTURON (^xo;, longueur;
apOpov, articulation), ins. — Genre de Co-
léoptères subpentamèrcs, tétramères de La-
treille, famille des Longicornes, tribu des
Prioniens, créé par M. L. Buquet (Revue
zoologique de Guérin, 1840, p. 172). L'au-
teur l'a formé avec une espèce du Brésil
qu'il nomme M. buphagus. (C.)
*MECOTARSUS (ptfxoç, longueur; rap-
cro'ç, tarse), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Curculionides or-
thocères, division des Anthribides, créé par
Schœnherr (Gen. et sp. Curcul. syn., t. V,
p. 186, 17). L'espèce type et unique de
ce genre est le M. Rosenschœldi. Elle est
propre à l'île de Madagascar. (C.)
*M ECYNODERA ( pyjxvvw , être long ;
cîfpy), cou), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famille des Eupodes, tribu des
Sagrides, créé par M. Hope {Coleopterist's
Manual, 18-iO, p. 181, pi. 1, fig. 6) qui lui
donne pour type une espèce de la Nouvelle-
Hollande, la M. picla, qui avait été décrite
premièrement par M.Boisduval sous le nom
de Lema coxalgica, et, en dernier lieu, par
Sturm sous les noms générique et spécifique
de Mesophalacrus Spinolœ. (C.)
*MECYNORHINA (p.Wv«, être long;
piv, nez), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides mélitophiles, établi par M. Hope
(Coleopterist's Manual, 1837, p. 60) avec les
Cetonia polyphemus et micans de Fabricius.
MM. Westwood, Burmeister et Schaum ont
adopté ce genre; mais le dernier de ces au-
teurs n'en mentionne qu'une espèce, la C.
torquata de Drury (collaiis Schr.). EUS pro-
vient de la côte de Guinée. (C.)
*MECYSMGDERES (pjxu^o'ç, prolon-
gé; <î/pY), cou), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gonato-
cères , division des Apostasimérides crypto-
rhynchides, créé par Schœnherr (Gen. et sp.
Curculion. synon., t. IV, p. 596). L'espèce
type est le Rhynchœnus euglyptus Daim.,
espèce originaire de Java, et dont la taille se
rapproche de celle du Ceuthorhynchus didy-
mus de Fab. (C.)
*MÉDÉE (nom mythologique), acal. —
Genre d'Acalèphes dans la famille des Bé •
roïdes, établi parEschscholtz pour des espèces
de Béroés nui ont les cils vibratiles deux fois
plus longs que îes intervalles séparant les pe-
tites rangées transverscs de ces cils. Les
rangées longitudinales qui partent de l'ex-
trémité fermée ne dépassent pas beaucoup
la moitié de la longueur du corps qui est
comprimé et forme deux grosses lèvres de
Ai
MED
MÊD
chaque côté de la bouche. Le mouvement de
locomotion est très vif en raison de la lon-
gueur des cils vibratiles, et, comme les es-
pèces de ce genre sont toutes très petites, on
serait tenté de penser que ce sont les jeunes
de quelques espèces d'un autre genre.
Eschscholtz en décrivit deux espèces : l'une
trouvée par lui dans la mer du Sud, l'autre
trouvée par Chamisso dans le détroit de la
Sonde. M. Lesson y ajoute trois autres es-
pèces, savoir : deux observées par Scoresby
dans les mers polaires, et une troisième nom-
mée Beroe fulgens par Macartney, qui l'ob-
serva sur la côte nord du comté de Kent, en
Angleterre, où elle est commune , dit-il ,
et remarquable par sa phosphorescence.
(Duj.)
MEDEOLA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Smilacées-Paridées, établi par
Gronovius {Virgin., p. 55). Herbes de l'A-
mérique boréale. Voy. smilacées.
*MEBETERUS. ins. —Genre de l'ordre
des Diptères brachocères, tribu des Doli-
chopodes, groupe des Dolichopodites, établi
par Meigen aux dépens des Dolichopus de
Fabricius. On n'en connaît qu'une seule es-
pèce, \eMedeterus regius, qui habite la France.
M. Macquart (DipJ. exot., t. II, 2e part, p.
123) en cite trois nouvelles espèces (M. ci-
nereusWied., cupreus et fuscipennisMucq.) ;
la première est de Tanger, les deux autres
des îles Canaries.
MEDICAGO. bot. ph. — Voy. luzerne.
MÉDIGINIER. Jatropha, Kunth (faTpov,
remède; ipâya , je mange), bot. ph. — Genre
de plantes de la famille des Euphorbiacées,
de la moncecie monadelphie dans le système
sexuel de Linné. Tel qu'il était circonscrit
par le botaniste suédois, il formait un groupe
hétérogène et nombreux; mais les botanis-
tes modernes l'ont restreint entre des limites
plus étroites, en même temps plus précises,
et pour cela ils en ont séparé diverses espèces
qui ont été se ranger dans des genres déjà
établis, ou qui ont servi à former des gen-
res nouveaux (voy., par exemple, manihot).
Ainsi limité, le genre Médicinier se compose
d'arbres et d'arbrisseaux, et de quelques
herbes , qui renferment tous un suc laiteux
abondant ; leurs feuilles sont alternes ,
quelquefois entières, plus souvent palmées
ou lobées , dans quelques cas hérissées de
poils glanduleux qui sécrètent une humeur
caustique. Leurs fleurs, ordinairement de
couleurs assez vives , sont monoïques; leui
périanthe est le plus souvent double , c'est-
à-dire composé d'un calice à cinq lobes plus
ou moins profonds , et d'une corolle égale-
ment à cinq lobes profonds ; celle-ci manque
dans quelques espèces, Plus intérieurement
que la corolle, se trouve un disque formé
de cinq petites écailles glanduleuses , tantôt
libres et distinctes, tantôt soudées en un
anneau sinueux à son bord. Les fleurs mâles
présentent 8-10 étamines à filets soudés
dans leur partie inférieure, et dont les 3-5
plus intérieures dépassent les autres. Quant
aux fleurs femelles, elles offrent un pistil
dont l'ovaire est à trois loges uni-ovulées, et
porte à son sommet trois styles bifides ou
dichotomes. A ces fleurs succède un fruit à
trois coques. Les Médiciniers habitent tous
les contrées chaudes du globe , soit dans
l'ancien, soit surtout dans le nouveau con-
tinent. La plus connue et la plus importante
d'entre leurs espèces est la suivante :
MÉDICINIER CATHARTIQUE , Jatrophd CUî'CaS
Lin. Cette espèce porte vulgairement les
noms de Médicinier, Gros Pignon d'Inde, Ri-
cin d'Amérique. Elle paraît être originaire
de l'Afrique et avoir été transportée de là
en Amérique , où elle s'est naturalisée. C'est
un arbre très peu élégant, haut d'environ
4 mètres, dont toutes les parties exhalent
une odeur vireuse narcotique , et laissent
couler par gouttes, à la moindre blessure ,
le suc laiteux qu'elles renferment. Son tronc
a un décimètre environ de diamètre; il
donne naissance à des branches nues dans
une grande partie de leur longueur, cassan-
tes, marquées à leur surface de nombreuses
cicatrices laissées par les feuilles qui sont
tombées; les feuilles ne se trouvent qu'à
l'extrémité des branches; elles sont longue-
ment pétiolées , en cœur à leur base, divi-
sées sur leur bord en cinq lobes aigus et en-
tiers ; les fleurs sont portées sur des pédon-
cules multiflores, axillaires et latéraux, plus
courts que le pétiole, et la même grappe en
réunit de mâles et de femelles ; leur corolle
est d'un jaune terne, assez clair. Le fruit
qui succède aux fleurs femelles est presque
arrondi , pendant. Les graines du Médici-
nier cathartique sont extrêmement actives,
et agissent comme un violent purgatif lors-
qu'on les prend en petite quantité ; à plus
MED
MED
45
forte dose , elles sont vénéneuses. Leur prin-
cipe actif réside dans leur embryon et dans
leur tégument, tandis que leur albumen est
presque inoffensif; aussi peut-on les manger
impunément après les avoir débarrassées des
deux parties qui leur communiquent toute
leur énergie. Leur principe actif, qui paraît
être l'acide jatrophique, est volatil, et dispa-
raît en grande partie par Faction de la cha-
leur. Telles qu'elles nous arrivent en Europe,
elles constituent encore un médicament très
actif, et même un poison acre et irritant,
comme l'ont prouvé les expériences de M. Or-
fila. Ce loxicologiste a vu en effet que leur
farine , ingérée dans l'estomac des chiens à
la dose de 4-12 grammes, les fait périr en
dix heures , et détermine une inflammation
vive sur les parois de leur canal digestif. En
Amérique , on obtient de ces graines une
huile extrêmement énergique, qu'on n'em-
ploie guère qu'à l'extérieur pour le traite-
ment de la gale et des dartres , mais dont
l'usage doit être accompagné de beaucoup de
précautions. On l'utilise aussi comme huile
à brûler.
Les autres espèces du même genre possè-
dent généralement des propriétés analogues
à celles du Médicinier cathartique; l'une
d'elles particulièrement-, le Jatropha multi-
fida, donne des graines connues sous le nom
vulgaire de noisettes purgatives , qui, après
avoir été fort usitées autrefois, sont aujour-
d'hui à peu près abandonnées, à cause des
accidents qu'amène fréquemment leur em-
ploi. Le Jatropha urens et quelques autres
sont couverts de poils raides, dont la piqûre
est suivie pendant longtemps d'une vive
cuisson. (P. D.)
MEDICUSIA, Mœnch. bot. ph. — Syn.
de Picris, Linn.
*MEDINILLA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Mélastomacées-Miconiées , établi
par Gaudichaud (ad Frcycinet, 484, t. 106),
et présentant pour principaux caractères :
Calice à tube ovoïde, turbiné ou cylindracé,
soudé à l'ovaire, à limbe supère, tronqué ou
irrégulièrement denté. Corolle à quatre ou
cinq pétales, rarement six, insérés à la gorge
du calice. Étamincs huit ou dix, rarement
douze. Anthères subulées, présentant à la
base un connectif émarginé-subbilobé anté-
rieurement, et garni d'un éperon à la partie
postérieure. Ovaire soudé, glabre au sommet
ou très rarement pubescent , à quatre, cinq
ou six loges multi-ovulées. Style filiforme;
stigmate court, obtus. Le fruit est une baie
allongéeouglobuleuse,couronnéeparlelimbe
du calice.
Les espèces de ce genre sont des arbrisseaux
des Moluques, glabres ou rarement couvert*
d'une pubescence étoilée, à rameaux cylin-
driques ou anguleux, à feuilles opposées ou
verticillées, pétioléesousessiles, très entières
ou dentelées, à fleurs d'un blanc rosé, dis-
posées en cymes ou en ombelles pauciflores
ou multiflores, axillaires ou terminales.
Blume (m Flora, 1831, p. 509) a établi
dans ce genre quatre sections qu'il a nom-
mées : 1° Campsoplacuntia : tube du calice
ovale, limbe cylindracé-tubuleux, tronquéou
rarement fendu; 2° Sarcoplacuniia : tube
du calice subglobuleux; limbe court, tron-
qué ou dentelé; 3° Hypenanthe : tube du
calice oblong; limbe court, 4-lobé; 4° Dac-
tyliota: tube du calice subglobuleux; limbe
court, très entier. Style entouré d'un nec-
taire en forme d'anneau.
*MEDON, Stephens {Illustrât, of British.
2?Mfom.,1835, V, 273). ins. — Syn. du genre
Lithocharis de Dejean et Erichson, mais qui
devra sans doute prévaloir, comme antérieur
de publication à ce dernier nom. (C.)
MEDUSA , Lour. — Syn. de Commerso-
nia, Forst.
MÉDUSAIRES ou MÉDUSES, agal. —
Les animaux compris dans cette division des
Acalèphes se reconnaissent tout d'abord à
leur forme si remarquable. Ils se composent
d'un disque plus ou moins bombé en om-
brelle, quelquefois hémisphérique ou en clo-
che, muni en dessous de divers appendices
servant à la respiration ou à la manduca-
tion , et souvent pendants ou flottants, de
manière à rappeler les Serpents dont étaient
coiffées Méduse et les Gorgones de la mytho-
logie. Cependant leur aspect, loin d'être hi-
deux ou repoussant, est curieux et souvent;
très agréable; leur substance molle a pres-
que la consistance d'une gelée; sa diapha-
néité est quelquefois parfaite, ou bien elle
se distingue par des nuances pures et déli-
cates de rose, de violet et d'azur. Leurs di-
mensions, suivant les genres et les espèces,
varient depuis 2 millimètres jusqu'à 1/3 de
mètre. Elles flottent librementdans les eaux
de la mer, où, par les contractions péristal-
40
MED
tiques de leur ombrelle, elles se soulèvent '
alternativement; et quand un courant ou
le mouvement des vagues tend à les entraî-
ner, ces contractions de l'ombrelle leur font
prendre une position oblique contre le cou-
rant, et suffisent quelquefois pour en sur-
monter l'action. Certaines Méduses se trou-
vent quelquefois en troupes très nombreuses
en pleine mer , et quand le vent souffle long-
temps dans la direction des côtes, elles sont
jetées sur le sable du rivage, où, laissées à
sec, et mortes presque aussitôt, elles pa-
raissent comme autant de masses d'empois
bleuâtre ou de gelée diversement colorée.
C'est ainsi qu'elles ont dû attirer l'attention
de toutes les personnes qui ont parcouru les
grèves de l'Océan et de la Méditerranée;
mais souvent en outre elles sont vivement
phosphorescentes dans l'obscurité; et enfin
leur contact, quand la température est assez
chaude , produit aussi la sensation d'une
brûlure comme les Orties, et c'est là ce qui
fit donner à ces animaux le nom d'Acalèphes,
du mot grec qui signifie ortie.
Les Méduses ont été considérées d'abord
comme des animaux distincts et complets;
mais les travaux récents des naturalistes ten-
dent au contraire à les faire considérer sim-
plernentcomme une phase du développement
de certains Polypes , qui seraient , par rap-
port aux Méduses , ce que le Mycélium fila-
menteux ou le Byssus est aux Champignons ;
c'est-à-dire qu'ils en seraient la phase végé-
tative , tandis que la Méduse elle-même,
comme le Champignon, est la phase de fruc-
tification ou de reproduction; mais encore
la Méduse, pendant cette dernière période,
se détache complètement du Polype d'où elle
dérive. C'est donc comme une fleur, isolée
du végétal qui l'a produite, et cependant
destinée à donner les œufs d'où naîtra une
nouvelle génération de Polypes.
Les Méduses, observées déjà dans l'anti-
quité par Aristote , furent désignées par ce
grand naturaliste et par Dioscoride sous le
nom commun d'Acalèphe, et de Knidè avec
les Actinies. Pline se borna à traduire ce
nom en celui d'Urlicœ marines , sans rien
ajouter à ce qu'avait dit Aristote. A l'époque
de la renaissance des lettres, Belon d'abord
mentionna les Méduses sous le nom de Pou-
mon marin, exprimant le mouvement péri-
etaltiquc de leur ombrelle. Rondelet ensuite,
r.iEû
et après lui Aldrovande, donnèrent aux Mé-
duses le nom d'Orbes de mer libres pour les
distinguer des Actinies, qu'ils nommaient
Orties de mer fixes. Dans le siècle suivant ,
Réaumur étudia une grande Méduse, le Rbi-
zostome, sur les côtes de La Rochelle, et lui
donna le nom de Gelée de mer si bien en
rapport avec son aspect , quand elle gît sur
la plage comme une masse d'empois ayant
conservé la forme du plat où elle s'est soli-
difiée. C'est Linné qui, le premier, leur
assigna le nom de Méduse , pour en former
un seul genre de sa classe des Vers. Depuis
lors le nombre des espèces connues de Mé-
duses s'est successivement accru, par suite
des recherches des naturalistes et des voya-
geurs; mais jusqu'à la fin du xvme siècle,
malgré les travaux de Modéer sur les Mé-
duses , les classificateurs continuèrent à en
faire un seul genre, que Cuvier plaçait dans
le second ordre de sa classe des Zoophytes.
Bientôt après, ce grand naturaliste distingua
parmi les Méduses le genre Rhizostome , si
remarquable par l'absence d'un orifice buc-
cal unique. Enfin Péron et Lesueur, de re-
tour d'un grand voyage dans l'Océanie, et
riches de leurs nombreuses observations ,
publièrent leur première classification des
Méduses-, en y comprenant les espèces déjà
connues, celles de Modéer , de Forskal , etc.
Us les divisent, d'après la considération de
l'existence ou de l'absence d'un estomac, et
d'une ou de plusieurs bouches; d'après un
pédoncule central sous l'ombrelle, qui porte
quelquefois aussi des appendices ou bras; et
enfin d'après l'existence ou l'absence de cir-
rhes ou tentacules marginaux. Leurs Mé-
duses agastriques , c'est-à-dire dépourvues
d'estomac et de bouche , forment 6 genres :
1° l'Eudore , sans pédoncule ni tentacules;
2° la Bérénice sans pédoncule, mais pourvue
de tenlacules; 3" l'Orythie, et 4° la Favo-
nie péuonculées, mais sans tentacules; 5° la
Lymnorée, et 6° la Géryonie, pourvues de
pédoncules et de tentacules.
Leurs Méduses, pourvues d'estomac, ont
une ou plusieurs bouches. Les Monostornes,
ayant une seule bouche, forment 13 genres,
qui sont : 7° la Carybdée, 8° la Phortynic,
9° l'Eulymène, sans pédoncules, ni bras, ni
tentacules; 10° l'Équorée, 11° la Fovéolie,
12° la Pégasie, sans pédoncule, ni bras, mais
pourvues de tentacules; 13° la Callirhoé,
MED
MED
47
sans pédoncule, mais pourvue de bras et de
tentacules; 14° la Mélitée et 15" l'Évagore,
pourvues de pédoncule et de bras, mais sans
tentacules; enfin 16° l'Océanie , 17° la Pé-
lagie, 18° l'Aglaure, et 19° la Mélicerte ,
ayant à la fois un pédoncule, des bras et des
tentacules.
Les Méduses polystomes, ou ayant plu-
sieurs bouches, comprennent les 10 genres
suivants: 20" l'Euryale, et 21° l'Éphyre,
sans pédoncule , ni bras , ni tentacules ;
22° TObélie , sans pédoncule ni bras , mais
pourvue de tentacules; 23° l'Ocyroé , et
24° la Cassiopée , sans pédoncule ni tenta-
cules, mais pourvues de bras ; 25" l'Aurélie,
sans pédoncule, mais pourvue de bras et de
tentacules; 26° la Céphée , et 27° la Rhi-
zostome, pourvues de pédoncules et de bras,
mais sans tentacules; enfin 28° îa Cyanée,
et 29° la Chrysaore, ayant un pédoncule,
des bras et des tentacules.
Lamarck adopta treize de ces genres pour
former son ordre des Radiaires mollasses
réguliers. Dans ces treize genres il fit ren-
trer les autres , et il les distribua d"une
manière différente en deux sections. Les
unes, ayant une seule bouche, compren-
nent sept genres, savoir : 1° l'Eudore ,
et 2° laPhorcynie, sans pédoncule, ni bras,
ni tentacules; 3° la Carybdée, qui en dif-
fère par la présence de lobes ou appendices
au pourtour de l'ombrelle; 4° l'Equorée,
sans pédoncule ni bras, mais ayant des ten-
tacules ; 5" la Callirhoé, sans pédoncule,
mais pourvue de bras , et souvent aussi de
tentacules au pourtour de l'ombrelle; 6°
l'Ory thie , ayant un pédoncule avec ou sans
bras, mais toujours dépourvue de tentacules
au pourtour de l'ombrelle; 7° la Dianée,
qui en diffère par da tentacules au pour-
tour de l'ombrelle. Les autres Méduses,
ayant plusieurs bouches, comprennent les
six genres suivants : S" l'Éphyre, sans pé-
doncule, ni bras, ni tentacules; 9° l'Obé-
lic , sans pédoncule ni bras , mais ayant
des tentacules au pourtour; 10° la Cassio-
pée, sans pédoncule, sans tentacules au
pourtour, mais garnie de bras en dessous ;
11" l'Aurélie , sans pédoncule, mais garnie
de bras et ayant des tentacules au pourtour ;
13" enfin la Cyanée , ayant à la fois un pé-
doncule , des bras et des tentacules au
pourtour.
Eschscholtz, qui avait beaucoup étudié
par lui-même les Méduses qu'ii nomme Aca-
lèphes Discophores, les distribua, en 1829,
d'une manière un peu moins artificielle; il
les classa en trente- un genres, formant sis
familles réunies en deux grandes divisions :
les Discophores phanérocarpes, dont les ovai-
res sont visibles, et les cryptocarpes sans
ovaires visibles, et qui, suivant cet auteur,
sont dépourvues de ces corpuscules colorés
marginaux pris récemment pour des yeux.
Ses phanérocarpes, au contraire, ont au
bord du disque huit échancrures dans cha-
cune desquelles est un corpuscule coloré;
elles se divisent en deux familles: 1" les
Rhizostomides sans bouche, mais pourvues
de bras très divisés et ramifiés, terminés par
des suçoirs; ce sont les trois genres Cassio-
pée, Rhizostome et Céphée; 2° les Médusides
ayant une bouche entre les bras, et compre-
nant les six genres Slhénonie, Méduse, Cya-
née, Pélagie, Chrysaore et Ephyre. Les
cryptocarpes d'Eschschollz, dont le caractère
distinctif est cependant inexact, forment
six familles, savoir : 1° les Géryonides ayant
un long pédoncule qui part du milieu de
l'ombrelle en dessous ; cette famille ren-
ferme les sept genres Géryonie, Dianée, Li-
nuche, Saphénie, Eirène , Lymnorée et Ea-
vonie; 2" les Océanides ayant sous l'ombrelle
qui est plus convexe ou en cloebe une sorte
de trompe terminée par une bouche étroite,
et une cavité stomacale peu étendue d'où
partent des canaux arrivant jusqu'au bord.
A cette famille appartiennent les sept genres
Océanie, Callirhoé, Thaumantias, Tirna, Cy-
tœis, Mélicerte et Phorcynie; 3" les Équori-
des ayant la bouche beaucoup plus large,
protractile, et l'estomac plus large avec des
prolongements en forme de canaux ou de sacs
dilatés. Ce sont les six genres Équorée,
Mésonème, Égine, Cunine, Eurybie et Po-
lyxènc; 4° les Bérénicides comprenant seu-
lement les deux genres Eudore et Bérénice
dont l'ombrelle est presque plane et qui, au
lieu de cavité stomacale, n'ont que des ca-
naux ramifiés à l'intérieur.
Cuvicr, dans son Règne animal, avait sim-
plement divisé les Méduses en trois groupes:
1° les Méduses propres ayant une vraie bou-
che sous le milieu de l'ombrelle et compre-
nant, comme sous-genres, lesÉquorées dont
la bouche est simple et non prolongée, ni
48
MED
MED
garnie de bras; les Pélagiesdont la bouche
se prolonge en pédoncule ou se divise en
bras; les Cyanées qui ont en outre quatre
cavités latérales correspondant aux ovaires;
2° les Rhizostomes qui n'ont point de bouche
Duverte au centre, et qui paraissent se nour-
rir par la succion des ramiQcations de leur
pédoncule ou de leurs tentacules ; ce sont,
avec les vraies Rhizostomes, les Céphées et
les Cassiopées ; 3° les Astornes sans bouche
centrale, ni pédoncule ramifié, ni cavités
ovariennes: ce sont les Lymnorées et les
Favonies, qui ont encore un grand pédoncule
garni de filaments chevelus; les Géryonies,
dont le pédoncule est terminé par une mem-
brane en forme d'entonnoir; les Orythies,
dont le pédoncule est simple et nu; les Bé-
rénices et les Eudores qui n'ont pas de pé-
doncule, mais dont l'ombrelle est presque
plane; et, enfin, les Carybdées, également
sans pédoncule, mais dont l'ombrelle est très
convexe en forme de bourse.
M. de Blainville, dans son Manuel d'ac-
tinologie , en 1834, a formé avec les Méduses
l'ordre des Pulmogrades qui constitue pres-
qu'en totalité la classe des Arachnodermaires.
Il les divise en cinq sections : 1° les Simples,
c'est-à-dire sans tentacules proprement dits,
ni pédoncules, ni bras; 2° les Tentaculées
ayant des cirrhes ou tentacules autour de
l'ombrelle et quelquefois autour de l'orifice
buccal; 3" les Subproboscidées ayant la ca-
vité stomacale prolongée en un court pédon-
cule à l'extrémité duquel est la bouche;
4° les Proboscidées ayant la partie inférieure
et médiane du corps prolongée en une sorte
de trompe simple; 5° les Brachïdées ayant
la partie inférieure pourvue d'un nombre
plus ou moins considérable d'appendices
branchidësetramiîiés sans prolongement mé-
dian en forme de trompe.
M. Brandt, en 1835, a modifié aussi la
classification d'Eschscholtz, tout en adoptant
jes familles établies par ce naturaliste. Ainsi
31 en fait trois tribus : lu les Monostomes
comprenant les familles des Océanides, des
Équorides et des Médusides ; 2° les Polysto-
mes comprenant les Géryonides et les Rhi-
zostornides; 3° la tribu des Astornes établie
provisoirement pour la seule famille des
Bérénicidcs , qui , mieux connue , pour-
rait bien entrer dans la tribu des Polys-
tomes.
M. Lesson, enfin, dans son Prodrome, en
1837, et dans son Histoire des Acalèphes, en
1843, a divisé les Méduses en quatre grou-
pes, comprenant onze tribus subdivisées en
soixante -douze genres et deux cent quarante-
quatre espèces, savoir : 1° le groupe des
Méduses non proboscidées comprenant les
cinq tribus des Eudorées, des Carybdées,
des Marsupiales, des Nucléifères et des Bé-
rénicidées; 2° le groupe des Océanides ou
Méduses vraies comprenant les trois tribus
des Thalassanthées, des Équoridées et des
Océanidées; 3° le groupe des Agaricines ou
Proboscidées constituant une seule tribu qui
contient quatorze genres; 4° le groupe des
Méduse? à pédoncule central ou Rhizostomées,
renfermant les deux tribus des Médusidées
ou Méduses monostomes et des Rhizostomi-
dées ou Méduses polystomes.
Quelques autres genres ont été encore
décrits depuis lors: tels sont les genres Cla-
donème, Sthényo et Callichore dont nous
avons étudié les métamorphoses; beaucoup
d'autres genres devront sans doute être sup-
primés comme n'ayant qu'une valeur nomi-
nale ou n'exprimant qu'une première phase
du développement de quelques autres, ou bien
comme établis sur des Méduses incomplètes
ou tronquées. Maintenant nous allons passer
en revue les principaux faits relatifs à la
structure et au mode de développement des
Méduses. Pour cela nous suivrons en partie
l'excellent traité d'anatomie comparée de
M. de Siebold.
Le corps des Méduses est en grande partie
formé d'une substance demi-transparente
qui présente la consistance d'une gelée un \
peu solide, et qui est traversée en diverses ,
directions par des fibres ou des lamelles dia-
phanes et contractiles. La surface, revêtue
d'un epiderme peu distinct, présente çà et là
des groupes d'organes verticaux ou de capsu-
les filifères, et, d'autre part, elle est souvent
revêtue de cils vibratiles sur les parties ser-
vant à la respiration ou à la génération.
Quant aux capsules filifères qu'on a nommées
aussi les organes à hameçons, ce sont des
vésicules à parois rondes, élastiques, résis-
tantes, chez les Pélagies, ou ovales, chez la
plupart des autres Méduses, plus grosses ou
plus petites, suivant les espèces, et contenant
à l'intérieur un filament très mince, roulé
en spirale, lequel sort brusquement en se
MED
MED
49
déroulant, quand la capsule, déjà mûre, est
touchée par un corps solide.
En outre des fibres ou lamelles qui tra-
versent l'ombrelle et qui serventefûcacement
à produire les contractions péristaltiques de
cette partie du corps, certaines Méduses,
•■; j- telles que les Océanides, ont encore en des-
[| sous une membranediaphancdisposéecomme
f/Jun diaphragme percé au milieu et formé de
' [fibres concentriques et rayonnantes ou obli-
ques pour concourir à la contraction de l'om-
brelle. Des tentacules filiformes qui occupent
i souvent aussi le bord ou le dessous de l'om-
brelle sont d'ailleurs également pourvus de
fibres contractiles; mais, à part les contrac-
tions de l'ombrelle, il n'y a pas d'autre
moyen de locomotion que le mouvement vi-
bratile régulier des appendices flottants de
ia face inférieure.
On a voulu considérer comme des yeux ,
chez les Méduses, certains points colorés en
noir ou en rouge , et qui , au nombre de 4 ,
6 ou 8 , sont disposés symétriquement au
bord de l'ombrelle , soit à la base des ten-
tacules opposés , soit dans les échancrures
de la membrane festonnée et pendante qui
l'entoure. On a prétendu que ces petits corps
marginaux ont un cristallin et un pigment
comme de vrais yeux, et qu'à chacun d'eux
correspond un ganglion nerveux; mais il
est bien plus vrai qu'au lieu d'un cristallin
comparable à ceux des autres animaux, il
n'y a là que des cristaux hexagones de ma-
tière inorganique. Quelques corps margi-
naux contenant aussi de petits cristaux cal-
caires , mais dépourvus de pigment, ont
Clé pris pour des organes auditifs d'après le
même principe de détermination , et l'on a
voulu voir à la base de chaque tentacule un
.ganglion d'où part un filet nerveux.
L'appareil digestif se présente, chez les
Méduses, avec des caractères très divers, et
qui ont servi à distinguer les familles ou les
genres de ces Acalèphes. La bouche, comme
nous l'avons dit plus haut, est simple chez
les Monostomcs , telles que les Océanides ,
les Équorides ou les Médusides; elle est
multiple chez les Polystomes, telles que les
fthizostomes ; elle manque tout-à-fait chez
les Astomes , telles que les Géryonies, les
Bérénices, etc. La bouche, quand elle existe,
est tantôt nue, tantôt entourée de tenta-
cules ou d'appendices, souvent revêtue de
T. VIII.
ciîsvibratiles, ainsi que la cavité digestive,
et d'ailleurs armée de capsules Clifères ou
d'organes urticants. La cavité digestive est
concentrée dans une sorte de trompe sus-
pendue comme un pédoncule sous l'ombrelle
des Océanides, ou bien elle occupe le centre
de l'ombrelle et s'étend plus ou moins dans
l'épaisseur de cet organe, dont le paren-
chyme gélatineux l'entoure immédiatement.
Souvent , dans ce dernier cas , cette même
cavité digestive est prolongée latéralement
dans des appendices en forme de sac , dont
le nombre est variable ; on en compte qua-
tre chez les vraies Méduses ou Aurélies,
seize chez les Pélagies , et trente-deux chez
les Cyanécs. Chez d'autres , comme les
Équorées, la cavité digestive est entourée)
de nombreux prolongements tubuleux, dis-
posés comme autant de rayons. Chez plu-
sieurs aussi, telles que les Océanies, on
voit partir du sommet de l'ombrelle quatre,
six, huit canaux dirigés vers le bord , où ils
aboutissent dans un canal circulaire margi-
nal ; dans ces canaux principaux et dans les
canaux secondaires qui en dérivent, il se
produit une sorte de circulation vague par
le moyen des cils vibratiles. Chez quelques
autres Méduses, telles que l'Aurélie, de
semblables canaux partant de la cavité di-
gestive viennent aboutir dans les échancru-
res du bord , où ils semblent s'ouvrir, et on
a voulu attribuer à ces animaux autant d'a-
nus qu'il y a de semblables tubes; tous ces
tubes ou canaux sont d'ailleurs simplement
creusés dans le parenchyme de l'ombrelle,
comme la cavité digestive elle-même. Au-
tour de la bouche, comme chez la Pélagie,
se voient quelquefois des prolongements
très amples recourbés en dehors et creusés
en gouttière à l'intérieur; une membrane
sinueuse, flottante et garnie de cils vibratiles,
borde ces prolongements ou bras de chaque
coté de la gouttière interne; ce sont là de
vrais organes respiratoires pour ces Acalè-
phes , en même temps que ce sont des or-
ganes destinés à la locomotion , et destinés
aussi à amener à la bouche le courant du
liquide où flottent de petits animaux ma-
rins. Ajoutons aussi qu'une proie môma
assez volumineuse , une fois qu'elle a eut
amenée dans la cavité digestive par les ap*
pendices de la bouche ou par la simple con
traction de cet organe, ne tarde pas i\ " r
50
MED
MED
altérée et dissoute en quelque sorte par les
sucs digestifs sécrétés à l'intérieur. Les ca-
naux circulatoires, simples ou ramifiés dans
l'ombrelle , peuvent également être consi-
dérés comme servant à la respiration ; mais
surtout les cavités correspondant aux ovaires
sous l'ombrelle des Pélagies, des Rhizo-
' stomes et de beaucoup d'autres Méduses,
méritent d'être considérées comme remplis-
sant ce même rôle quand elles sont garnies
de franges et revêtues de cils vibratiles.
Beaucoup de Méduses, comme d'autres
Acalèphes physophores ou siphonophores , et
comme les Actinies, sécrètent à leur sur-
face externe une humeur acre, brûlante,
qui produit sur la peau la même sensation
que le contact des orties, et c'est là ce qui
avait fait donner autrefois à ces divers ani-
maux le nom d'Orties de mer. On a cru
dans ces derniers temps que cette sensation
douloureuse est causée par la piqûre des cils
ou des pointes de la surface et même des fila-
ments contenus dans les capsules filifères;
mais il est facile de s'assurer que ce n'est
point une action mécanique qui cause ici la
brûlure. Une autre sécrétion non moins re-
marquable des Méduses, c'est celle qui leur
donne la propriété de luire dans l'obscurité,
ou qui les rend phosphorescentes.
Peut-être est-ce le même liquide qui,
chez quelques unes, produit en même temps
la brûlure. Ce qu'il y a de positif, c'est que
nous avons vu le liquide qui s'écoulait de
la surface des Pélagies en voie de décom-
position , continuer à luire dans l'obscurité
et causer la sensation de brûlure sur les
bras d'un jeune enfant.
Les Méduses se propagent par des œufs
contenus dans des cavités spéciales sous
l'ombrelle, ou dans la direction des rayons,
ou produits dans l'épaisseur de la paroi de
l'estomac en forme de trompe chez les Océa-
nides. Avec les Méduses femelles, portant
ainsi des œufs, se trouvent d'autres indi-
vidus mâles qui, dans les mêmes endroits
de l'ombrelle, ont produit des spermato-
zoïdes filiformes très actifs.
Les œufs donnent naissance non pas à de
jeunes Méduses , mais à des formes ani-
males totalement différentes , et qui devront
passer par plusieurs phases avant d'acquérir
leur forme définitive de Méduse; qui même
pourront présenter alternativement les phé- [
nomènes de la vie individuelle et de la vie
collective. Tels sont du moins les faits étran-
ges que l'on a eu l'occasion d'observer chez
les seules espèces étudiées dans toute la série
de leurs transformations et de leur déve-
loppement. Ainsi la Médusa aurita, étu-
diée alternativement par MM. Sars et de
Siebold , donne des œufs d'où sort un jeune
animal ovoïde oblong, revêtu de cils vibra-
tiles et ressemblant à un infusoire du genre
Leucophre ; cet infusoire , après s'être nourri
pendant quelque temps des animalcules
qu'il avale, se fixe et devient une sorte de
polype pédicellé en forme de coupe, dont
le bord est muni de huit tentacules allongés
contractiles ; ce polype est susceptible de se
multiplier par gemmation et par stolons,
mais plus tard son corps de plus en pius
long montre huit côtes longitudinales sépa-
rées par autant de sillons; puis il se divise
transversalement en un certain nombre de
tranches, qui seront autant de jeunes Mé-
duses analogues , sinon identiques , à celles
que Péron et Lesueur avaient nommées
Ephyra. Celles-ci, par suite de leur déve-
loppement successif, deviendront finalement
des Médusa aurita , comme la mère d'où
provenaient les œufs destinés à produire
une telle succession de formes. Un mode si
singulier de propagation par segmentation
transverse du polype transitoire de cette
Méduse a donné lieu à l'établissement du
genre Strobila, par M. Sars, qui reconnut
ensuite la véritable signification de ce fait.
D'autre part, plusieurs observateurs ont
Vu des polypes rapportés aux genres Cam-
panulaire et Syncoryne produire des jeunes
Méduses, qu'ils ont cru être ou des larves
ou des femelles de ces mêmes polypes ; nous-
même nous avons pu suivre plus complète-
ment les transformations, ou plutôt les
phases successives du développement de plu-
sieurs Méduses de la famille des Océanides.
Nous avons vu que d'un œuf de ces Mé-
duses naît un petit Polype voisin des Synco-
rynes , lequel , après s'être propagé pendant
longtemps par stolons et par gemmation ,
produit, à une certaine époque, des bour-
geons latéraux qui se développent et s'épa-
nouissent en Méduses, ainsi que l'on voit
les fleurs chez les végétaux. Ces Méduses ,
que nous avons nommées Cladonème et
Sthényo, produisent des œufs d'où naissent
MEG
MEG
51
encore des Polypes destinés à se développer
comme précédemment , et à reproduire en-
core les Méduses. D'autres faits, déjà nom-
breux, tendent à confirmer cette théorie des
phases successives et alternes du dévelop-
pement des Polypes hydraires et des Aca-
lèphes , qui ne sont ni les uns ni les autres
des animaux complets, si on les considère
isolément , puisque la notion de chacune des
deux formes doit nécessairement compléter
l'autre. Il est donc désormais bien probable
que des recherches ultérieures feront con-
naître, pour les autres types des Rhizosto-
mes, des Pélagies, etc. , des phases de déve-
loppement analogues au fond, quoique diffé-
rentes dans les particularités plus ou moins
étranges qu'ils nous montrent. (Dujardin.)
MEDUSULA (nom mythologique), bot.
cr. — Tode (Champ, di Mecklenb., p. 17,
tab. 3 , f. 28) a décrit sous ce nom un my-
célium et les réceptacles d'une trichiacée
qui n'ont pas acquis tout leur développe-
ment. M. Corda (Icon. fung., I, p. 18,
tab. 4, fig. 140 et 141) a donné ce nom à
un autre genre , qu'il range dans sa famille
des Psiloniacées , et qui a pour caractères
des filaments droits , raides , cloisonnés et
hétérogènes, qui reposent sur un fauxstroma
charnu ; les spores sont rondes , simples et
éparses sur les filaments. Ces caractères me
paraissent trop vagues, malgré la figure que
l'auteur en donne, pour que ce genre puisse
être parfaitement compris. (LÉv.)
nlIEEIlBURGIA, Mœnch. bot. pu. —
Syn. de Pollichia, Soland.
ïilEESIA, Gœrtn. bot. pu. — Syn. de
Walkera, Schrad.
*MEGABASIS(f«V«ç, grand ; S»<nç, base).
im. — Genre de Coléoptères subpentamèrcs,
tétramères de Latreille, famille des Longi-
cornes, tribu des Lamiaires, établi par Ser-
ville (Annal, de la Soc. entom. de France,
t. IV, p. 53). L'espèce type, le M. speculifer
Servillc, est originaire du Brésil. Ses étuis
portent six épines fort longues , et sont re-
vêtus d'une plaque brune, lisse, en forme
de croissant, qui réfléchit les objets comme
un miroir. (C.)
MEGACARP^EA (p.e'ya; , grand ; xapTroç ,
fruit), bot. ph. — Genre de la famille des
Crucifères-Thlaspidécs , établi par De Can-
dolle(S?ys*., 11,417; Prodr., 1, 183). Herbes
de l'Asie centrale. Voy. cruciikhes.
MEGACEPI2ALA ( p./yas , grand; xs-
yaà-n, tête), ms. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Carabiques , tribu
des Cicindélètes, créé par Latreille (Gênera
Crustaceorum et Insector., I, 175), et
adopté depuis par plusieurs auteurs. Qua-
rante espèces environ font partie du genre.
Elles sont propres à l'Amérique , à l'Afrique
et à l'Asie. Nous citerons comme en faisant
partie les M. Senegalensis Lat. ( Cic. me-
gacephala F.), Euphratica 01., Virginica
et Sepulchralis de F. La première et la
deuxième ont servi à Laporte à former son
genre Aptema ; la troisième, le genre Tetra-
cha de Westwood , et la quatrième celui de
Aniara de Hope. Mais on n'est pas encore
bien fixé sur les caractères de ces genres.
Les Megacephala sont nocturnes, et se réu-
nissent pendant le jour dans des trous faits
sous les racines de certains arbres. (C.)
*MÉGACÉPHALIDES. Megacephalidœ .
ins. — Deuxième tribu de Coléoptères pen-
tamères , famille des Cicindélides , ainsi éta-
blie par M. Th. Lacordaire (Révision de la
famille des Cicindélides, Liège, 1842, p. 11),
qui la caractérise ainsi: Tête grosse ou mé-
diocre; palpes labiaux plus longs que les
maxillaires , leur premier article dépassant
toujours fortement l'échancrure du men-
ton, celle-ci munie d'une dent plus ou
moins forte ; yeux petits chez les uns, grands
chez les autres ; les trois premiers articles
des tarses antérieurs dilatés chez les mâ-
les; des ailes sous les élytres chez presque
tous.
I. Yeux petits, arrondis, plus ou moins
saillants-
Labre en triangle allongé , régulier,
cachant entièrement les mandi-
bules r. Oxïcheila.
Labre triangulaire, rétréci subite-
ment , et prolongé en une forte
pointe 2. Centrocheii.'.,
II. Yeux grands, oblongs et saillants.
A. Dernier article des palpes labiaux
plus court que le pénultième.
a. Corps court , élargi en arrière. . . 3. Eurymoïpha .
aa. Corps allongé, subparallèle.
b. Labre court, coupé plus ou moins
carrément en avant , laissant les
mandibulps à découvert.
Corps aptère; angles numéraux des
élytres effacés 4. MegAcEphALA.
Corps presque toujours aile; angles
liuméraux des élytres bien dis-
tincts 5. Tetracha.
M. Labre avancé , cachant en grande
partie les mandibules Q. Amtik.
52
MEG
h Di rnicr article des palpfs labiaux
plus long que le pénultième. . . 1- Iresia,
(C.)
*MEGACEPHALUS (u//«ç, grand; xc-
<P<xU , tête), rept. — L'une des nombreuses
subdivisions de l'ancien genre Couleuvre
(voy. ce mot) a été indiquée sous ce nom
par M. Fitzinger (Syst.Rept., 1843). (E. D.)
*MEGACERA ( p£'w , grand ; x/paç ,
corne), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Lamiaires,
créé par Serville (Ann. de la Soc. ent. de
Fr.t t. IV, p. 42 ) , et qui a pour type une
espèce du Brésil, la M. viltata Serv. (ma-
crocera Dej.). M. Newman a fait connaître
depuis une seconde espèce de Bahia. Elle
porte le nom de M. parvula. (C.)
MEGACEKAS (p-eyaç, grand; xepas,
corne), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides xylophiîes , attribué à Kirby par
M. Hope (Coleopteris'ts Manual , XV11I ,
p. 82). Ce genre se compose des espèces
suivantes: Geotrupes milon, bicomis , cha-
rinœus , crœsus , barbarosa F., et phor-
banla 01. Les trois premières sont d'Amé-
rique , la quatrième est d'Asie (Cochin-
chine), la cinquième d'Australie (Nouvelle-
Hollande), et la sixième d'Afrique (Séné-
gal). (C.)
MÉGACHILE ( piyas , grand ; xu),oç ,
lèvre), ins. — Genre de la famille des Os-
miides, tribu des Apiens (Mellifères, Latr.),
de l'ordre des Hyménoptères, établi par La-
treille, et caractérisé par des palpes maxil-
laires de deux articles ; des mandibules qua-
dridentées ; un abdomen plan en dessus cbez
les femelles, etc.
Les Mégacbiles sont assez nombreuses en
espèces répandues en Europe, surtout dans
le midi, ainsi que dans le nord de l'Afrique.
Ces Hyménoptères , à raison de leurs habi-
tudes , ont été nommées souvent Coupeuscs
de feuilles. Les femelles creusent dans le sa-
ble ou dans la terre un trou propre à servir
de nid à leurs larves ; quelquefois même
elles s'emparent d'une cavité dans de vieux
troncs d'arbres ou dans des murailles : le
tout pour elles est d'avoir un endroit conve-
nable. Quand elles ont ainsi trouvé une re-
traite, elles coupent des fragments defeuiljes
et les emploient à garnir ces nids. Les Mé-
MEG
I gachilcs coupent les feuilles avec leurs man-
dibules, et les taillent toujours avec une
netteté si parfaite qu'il semblerait que les
morceaux ont été enlevés à l'aide d'un em-
porte-pièce.
Le type du genre , l'espèce qui a été sur-
tout observée par Réaumur, la Mégachile de
la Rose cent feuilles {Mégachile centuncula-
n'sLin.), est commune dans notre pays; elle
est généralement assez abondante dans les
jardins. Elle pratique d'abord, sur le bord
des chemins ou dans les avenues, des trous
formant à l'extérieur de longs tubes cylin-
driques. C'est quand ce premier travail est
achevé, que notre industrieux insecte va à la
recherche des fragments de feuilles dont il
a besoin. Notre espèce choisit de préférence
celles du Rosier. Elle en coupe des morceaux
à plusieurs reprises, les contourne et les
rapproche les uns des autres de manière à
simuler la forme d'un dé à coudre. La labo-
rieuse Mégachile place cela au fond du tube ;
mais ce godet, destinée recevoir un œuf et
plus tard une larve, n'aurait pas sans doute
une solidité assez grande , car cette femelle
ajoute bientôt une seconde enveloppe , puis
une troisième, puis jusqu'à huit ou dix. Les
feuilles en se desséchant se resserrent, et
conservent enfin la forme qui leur a été im-
primée. Quand un œuf a été déposé dans
cette loge avec une quantité suffisante de
nourriture, notre insecte la ferme avec un
fragment de feuille, puis construit une nou-
velle loge au-dessus de la première, et ainsi
de suite jusqu'à l'extrémité. Les larves, au
moment de se transformer en nymphe, se
construisent une coque soyeuse , comme le
font la plupart des Apiens. (Bl.)
*MEGACHIRUS. crust.— Syn. de Me-
cochirus. Voy. ce mot. (H. L.)
*MEGACLÏNIUM (peya;, grand; xllrn ,
lit), bot. ph. — Genre de la famille des Or-
chidées -Dendrobiées , établi par Lindley
(Bot. Reg., t. 989). Herbes de l'Afrique tro-
picale. Voy. orchidées.
*MEGACNEMIUS (p/ya<; , grand ; xv^-/?,
jambe), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , formé par Eschscholtz, et adopté
par Dejean (Catalogue, 3e éd., p. 105) et
Lap. de Castelnau (Histoire natur. des anim.
art., I , p. 239). Latreille a publié ce genre
sous les noms générique et spécifique de
Tomicephalus sanguinicollis> quia été adopté
MEG
T.IEG
depuis par Germar. Cette espèce est origi-
naire du Brésil. (G.)
*aiEGACROMlTS , Stephens. ms. —Sy-
nonyme de Bolelobius. (G.)
* RïEGADACTYLUS(fxtV«? » grand '■> S^~
tu)o.:, doigt), iiept. — Division du genre
Stellion {voy. ce mot) , créée par Fitzinger
(Sysl. Rept., 1843). (E. D.)
MÉGADERME. Megaderma (,a/yaç,
grand ; Ssoiia , peau), mam. — Et. Geoffroy
Saint-Hilaire [Ann. du Mas., t. XV, 1810)
a créé sous ce nom un genre de Chéiroptères
de la division des Vespertilioniens, qui a été
adopté par tous les zoologistes, et qui vient
établir un passage naturel des Phyllostomes
aux Rhinolophes.
Les Mégadermes, principalement remar-
quables par un développement considérable
de la peau au-dessus des narines , ont pour
principaux caractères : pas d'incisives supé-
rieures, les inférieures se trouvant unifor-
mément placées à côté Tune de l'autre sur
la même ligne, et dentelées à leur tranchant;
les canines, semblables à celles de toutes les
Chauves-Souris, sont fortes et crochues; les
fausses molaires au nombre de six : deux
normales à la mâchoire supérieure , et à la
mâchoire inférieure deux normales et deux
anormales; enfin des vraies molaires, au
nombre de six, à l'une et à l'autre mâchoire;
les oreilles très grandes et réunies sur le de-
vant de la tête; l'oreillon intérieur très dé-
veloppé. On remarque trois crêtes nasales ,
une verticale, une horizontale ou folliculée,
et une troisième en fer à cheval; il n'y a
pas de queue; la membrane fémorale est cou-
pée carrément; enfin le troisième doigt de
l'aile sans phalange onguéale.
Les Chéiroptères qui nous occupent ont ,
comme nous l'avons dit, beaucoup de rap-
ports avec les Phyllostomes et les Rhinolo-
phes, mais ils ne sauraient être confondus
avec eux; car, s'ils se rapprochent beaucoup
des premiers par la présence d'oreillons et
l'absence de queue ; ils s'éloignent égale-
ment des uns et des autres par leurs lèvres
velues et sans tubercules , et par leur langue
courte, lisse, sans verrues ni papilles : les
os intcrmaxillaires n'existent pas ou sont
rudimentaircs, ainsi que chez les Rhinolo-
fhus.
On ne connaît que quatre espèces de ce
groupe , et l'on n'a aucun détail sur leurs
mœurs : ces espèces habitent l'Afrique et
l'Inde. Daubenton a fait connaître une es-
pèce de ce genre (Megaderma frons); mais
c'est surtout Et. Geoffroy Saint-Hilaire (loco
c'Uato) qui a donné une bonne monographie
des Mégadermes.
1° Le Mégaderme trèfle, Megaderma tri-
foliumÉi. GeofTr. (Ann. Mus., XV; Guér.,
Icon. du règn. anim., pi. 8, f. 4 et 5). La
feuille nasale est ovale, la follicule aussi
grande qu'elle, chacune du cinquième de la
longueur des oreilles ; l'oreillon est en trèfle.
Le poil est très long, moelleux et de couleur
de gris de souris. La longueur du corps est
de 8 centimètres.
Cette espèce a été trouvée à Java par
M. Leschenault.
2" Le Mégaderme spasme , G. Cuv. ( Tab.
e'ie'm. des Mamm. ), Glis volans ternatanus
Séba (Mus., pi. 56, f. 1 ), Vespertilio spasma
Linn., Gm., Schreb., Shaw, Et. Geoffr. La
feuille nasale est en cœur; la follicule aussi
grande et semblable; l'oreillon en demi-
cœur. Un peu plus grande que la précédente,
cette espèce n'est connue que par la des-
cription de Séba, qui dit que son front est
d'un roux clair , et que le reste de son pe-
lage tire sur le roussâtre.
Elle habite l'île de Ternate.
3° Le Mégaderme lyre , Megaderma lyra
Et. Geoffr. (loco citalo, pi. 12). La feuille
nasale est rectangulaire, la follicule de moi-
tié plus petite qu'elle. Le corps a 8 centi-
mètres de longueur, et le pelage est roux en
dessus et fauve en dessous. Les oreilles sont
très amples, et la partie de leurs bords réu-
nis égale en longueur la portion libre qui
en excède au-delà; l'oreillon est formé de
deux lobes en demi-cœur.
On ne sait pas positivement le pays qu'ha-
bite cette espèce. Et. Geoffroy Saint-Hilaire
pensait que l'individu qui lui avait été en-
voyé de Hollande venaitdes Indes orientales.
On l'indique aussi comme venant de la côte
de Coromandel.
4" Le Mégaderme feuille, Daubenton
(Acad. des se., 1759; Uist.nat. gén. et part.
de Buffon), Megaderma frons Et. Geoffr.
(loco citalo) . La feuille nasale est ovale, très
grande et d'une demi-longueur des oreilles ;
le pelage est d'une belle couleur cendrée ,
avec quelque teinte de jaunâtre peu appa-
rent. La longueur du corps est moindre quo
54
MEG
dans les espèces précédentes, car elle ne dé-
passe pas 6 centimètres.
Cette espèce se trouve au Sénégal , d'où
Adanson l'a rapportée pour la première fois.
(E. D.)
MEGADERUS ( f*éyaS , grand ; SéP-n ,
cou), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille
des Longicornes , tribu des Cérambycins ,
des Trachydérides de M. Dupont, formé par
Dejean , et adopté par Serville ( Ann. de la
Soc. entom. de Fr., t. IÏI , p. 57). Deux es-
pèces font partie de ce genre , les Cerambyx
stigma de Linné, et M. bifasciatus Dej.-
Serv. La première se trouvée Cayenne et au
Brésil ; la seconde au Mexique. (C.)
*MEG£]RA (nom mythologique), mam.
— M. Temminck {Monog.mam.) indique
sous cette dénomination un petit groupe de
Chéiroptères = (E- D.)
*MEG/ERA. bept. —Division du groupe
des Vipères indiquée sous ce nom par
M. Wagler ( Syst. amphib., 1830). (E. D.)
*MEGAGENIUS ( F.iya.ç , grand ; y/vsiov,
joue), ins. — Genre de Coléoptères hétéro-
mères , famille des Mélasomes, créé par So-
lier ( Annal, de la Soc. entom. de France ,
t. IV, p. 513), qui le comprend parmi ses
Collaptérides et dans la tribu de ses Macro-
podites. Ce genre ne renferme qu'une es-
pèce , le M. Frioli Sol. Elle est originaire de
Barbarie , et a été trouvée aux environs de
Bone. (C)
MEGAGNATHUS(fjLcVa;, grand; j*a9oç,
mâchoire), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Xylophages , tribu
des Trogositides , proposé par Mégerle, et
adopté par Dahl et Dejean dans leurs Cata-
logues respectifs. Le type , le M. mandibu-
laris F. (Trogosita), se trouve dans une
partie de l'Europe australe et de l'Asie mi-
neure. (G.)
*MEGALA1MGIUM. bot. cb. — Genre de
Mousses-Bryacées établi par Bridel (Bryol.,
II , 28) pour des mousses vivaces , épigées ,
croissant dans les parties les plus élevées des
Andes de Quito. Voy. mousses et bbyacées.
♦MEGALOBATRACHUS ( piya?, grand ;
€arpaXoç, grenouille), bept. — Genre de Ba-
traciens de la famille des Salamandres, créé
par M. Tschudi (Balrach., 1838). (E. D.)
*MEGAEOCHILES (ue'yaç, grand ; x£~*oç,
!èvre).BEFT. — M. Eichwald indique sous
MEG
cette dénomination une des divisions du
genre Stellion. V. ce mot. (E. D.)
*MEGALODERES (p/ya?, grand; ëépn,
cou), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Malacodermes , tribu
des Scydmœnites, des Palpeurs de Latreille,
créé par Stephens {Illusl. of BriLish Entom.,
t. V, p. 428). Le type, M. thoracicus Mûl-
cer, a été trouvé en France , en Angleterre
et en Allemagne. M. Schaum (Analecta m-
tomologica, 1841 , p. 29) forme, avec cet
insecte , une division dans le genre Scyd-
menus. f ^ '
MEGALODONQacV;, grand ; o<?ov?, dent).
ins. — Genre de la tribu des Locusliens ,
groupe des Bradyporites, de Tordre des Or-
thoptères, établi par M. Brullé {Hist. des
Ins.) sur une seule espèce très remarquable
de l'île de Java, le M. ensifer Brul. Cet In-
secte est caractérisé génériquement par un
thorax très large, des mandibules inermes,
un prosternum et un mésosternum munis
l'un et l'autre de deux longues épines , et
des élytres aussi longues que l'abdomen. (Bl.)
*MEGALOMETîS (fu'yas, grand; ftfTtç,
ruse), ins. — Genre de Coléoptères tétramè-
res, famille des Curculionides gonatocères,
division des Cléonides, établi par Schœnherr
(Gêner, et sp. Curculionid. syn.7 tom. VI,
part. 2, pag. 267). Deux espèces sont dé-
crites par l'auteur : les M. spiniferus et Chi-
liens* Chv., Schœn. ; toutes deux font par-
tie de notre collection, et sont originaires du
Chili. (G;)
MEGALONYX. mam. foss. — Voy. mega-
THÉRIOÏDES.
*3WÉGALON\X. Megalonyx ( f«yaç ,
grand; SwÇ, ongle), ois. — Genre créé
à peu près en même temps par trois au-
teurs différents : par Kittlitz, sous le nom
de Pteroptochos , par King sous le nom
VHylactes, et par M. Lesson sous celui
que nous avons adopté. Ce genre est éta-
bli sur une espèce qui, par sa taille et la
disposition de sa queue , par la forme de
son bec, celle de ses tarses et la couleur de
son plumage, rappelle le beau Ménure
lyre qui vit relégué dans la zone tempérée
australe de la Nouvelle -Hollande. On as-
signe pour caractères à ce genre : un bec
droit, conique, robuste , à mandibule su-
périeure plus longue que l'inférieure, ter-
minée en pointe obtuse, et éehancrée vers
MEG
MEG
53
le bout ; des narines amples, creusées sur
les côtés du bec, dont elles occupent la
moitié supérieure; des ailes très courtes,
obtuses; des tarses pointus, très gros pro-
portionnellement à la taille de l'oiseau ; des
doigts presque égaux, robustes; des on-
gles, surtout celui du pouce, très grands,
très peu recourbés , très forts , comprimés
■sur les côtés, et à pointe mousse. C'est prin-
cipalement sur ce caractère tiré de la lon-
gueur des ongles que repose la distinction
du genre Mégalonyx.
M. Lesson, ayant cru apercevoir dans les
Mégalonyx une analogie de forme avec cer-
taines espèces de Gallinacés , les avait pla-
cés à côté de ceux-ci dans son sous-ordre
des Passeri-Galles. M. ls. Geof. Saint-Hilaire
nous paraît avoir été plus heureux en rap-
portant les Mégalonyx à l'ordre des Passe-
reaux, et en les rapprochant des Rhino-
myes de MM. Aie. d'Orbigny et Lafresnaye.
M.G.-R. Gray, comme M, ls. Geof. Saint-
Hilaire, place ces deux genres d'oiseaux dans
le voisinage l'un de l'autre, et dans sa sous-
famille des Troglodylinées.
On ignore complètement quelles sont les
mœurs et quel est le genre de vie des Mé-
galonyx ; il est à supposer pourtant , d'a-
près la conformation de leurs ailes et de
leurs pieds, que leurs habitudes sont plutôt
terrestres qu'aériennes. Leur marche doit
être rapide; et, selon toute probabilité, ils
doivent gratter le sol pour y chercher leur
nourriture.
L'espèce type du genre est le Mégalonyx
roux, M. rufus Less. (Centurie Zool,
J>1. 66). Plumage presque entièrement
toux; sourcils, menton et moustaches
blancs ; sur le croupion de nombreuses raies
blanchâtres. — Habite l'extrémité méridio-
nale de l'Amérique , au Chili , dans le pays
des Araucans et des Puelches.
Le Mégalonyx a gorge rousse , M. rufo-
gularis d'Orb. et Laf. (Voyag. Ois., pi. 7,
fig. 3), d'un brun verdâtre nuancé de roux,
avec la gorge et la poitrine rouges, ce qui
lui donne quelque ressemblance avec notre
Rouge-Gorge d'Europe. — Habite le Chili.
Une troisième espèce, également de l'A-
mérique méridionale, est celle qui a été
publiée par Kittlilz sous le nom de Ptcro-
ptochos albicollis; elle se trouve figurée dans
le Voyage de M. Aie. d'Orbigny, à côté des
autres espèces que ce naturaliste a dé-
crites. (Z. G.)
MÉGALOPE. Megalopus (fxeyaç , grand ;
w^, aspect ). poiss. — Genre de l'ordre des
Malacoptérygiens abdominaux , famille des
Clupées, établi par Lacépède, et adopté par
Cuvier {Règ. anim., II, 323). Ces Poissons
ressemblent aux Harengs par la forme gé-
nérale de leur corps; mais on leur compte
beaucoup plus de rayons aux ouïes ( 22 à
24), et le dernier rayon de leur dorsale,
souvent de leur anale, se prolonge en filet.
On connaît deux espèces de ce genre : la
Savalle ou Apalike (Clupea cyprinoïdes Bl.,
Cl. gigantea Sh.), qui atteint jusqu'à 4 mè-
tres de longueur; cette espèce habite l'Amé-
rique. Une autre , qui provient des Indes ,
porte le nom de Mégalope filamenteux.
MÉGALOPE. Megalops (p-«>aç, grand;
o^, œil), crust. — Genre de l'ordre des
Décapodes anomoures , de la famille des
Ptérygnres, de la tribu des Porcellaniens,
établi par Leach aux dépens du Galathea de
Latreille. Les Crustacés qui composent ce
genre, et qui ont été désignés sous le nom
générique de Mégalope , ont beaucoup
d'analogie avec les Galathéides , aussi bien
qu'avec les Porcellaniens; et, si ce sont
réellement des animaux parvenus à leur
entier développement, ils devront établir
le passage entre les Décapodes anomoures
et macroures : car leur abdomen, quoi-
qu'il ne présente pas à son extrémité cinq
laime.s réunies en éventail comme dans
ces derniers, est très développé, et sert à la
natation ; mais on est porté à croire que ce
sont seulement des jeunes de quelques Ano-
moures de la première famille , et que, lors~
qu'on les aura mieux étudiés, on les rayera
de la liste des genres dont se compose l'or-
dre des Décapodes , ou du moins on leur
assignera une place et des caractères diffé-
rents. Du reste ces Crustacés ont une très
grande analogie avec les Dromies dans le
jeune âge; ils sont remarquables par leur
carapace courte et large, terminée anté-
rieurement par un très petit rostre; par
leurs yeux qui sont extrêmement gros et
saillants, et par les pattes qui sont très
courtes, dont la première paire est didac-
tyle, et les autres monodactyles. Les Crus-
tacés qui composent cette coupe générique,
dont on ne connaît que trois espèces, se
50
WiiO
aiÊG
rencontrent principalement en haute mer,
et paraissent se trouver ordinairement en
compagnie avec déjeunes Crustacés appar-
tenant aux genres Lupa, Thalamita et Grap-
sus (Voy. ces mots). Le Mégalope de Mon-
tagu, Megalops Montagui Leach (Malac.
Pod. brit., pi. 1 G, fi g. 1 à 6), peut être con-
sidéré comme le type de ce genre. Cette es-
pèce a été rencontrée sur les côtes d'Angle-
terre. (H. L.)
*MEGALOPHONUS, G.-R. Gray. ois.—
Syn. de Brachonyx, Swainson. (Z. G.)
*MEGAEOPRRYS (^V«s, grand; fypu'ç,
sourcil), rept. — Genre d'Amphibiens de la
division des Raniformes , créé par Kuhl
(Mus. Lugd. Batav.), et adopté par MM. Du-
méril et Bibron qui lui donnent pour prin-
cipaux caractères : Tête et corps très dépri-
mes ; paupière supérieure prolongée en
pointe à son bord libre; quatredoigts libres,
sans rudiment de pouce à l'extérieur, etc.
Une seule espèce entre dans ce groupe :
c'est le Megalophrys monlana Kuhl , qui
est en dessus d'une couleur olivâtre avec
une tache triangulaire en forme d'Y sur la
tête , habite Java , et est assez voisine
du Bufo comutus de Linné. (E. D.)
*H1EGAL0PKTHALMUS Q^'yaç, grand ;
ouj6aùuoç, œil), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Malacodermes ,
tribu des Lampyrides, établi par Gray (Ani-
mal Kingdon, Ins., t. I , p. 371). Quatre
espèces font partie de ce genre: les M.
BenneUii Gray, coslalus Delap. collaris
Guér., et melanurus Chev., Lap. Les trois
premières sont originaires de l'ancienne Co-
lombie, et la quatrième provient du Pérou.
(C.)
*MEGALOPHUS, Swainson. ois. — Syn.
de Muscivora, G. Cuvier. Voy. gobe-mouche.
*MÉGALOPIDES. Megalopidœ. ins. —
Quatrième tribu d'Insectes coléoptères sub-
pentamères, famille des Eupodes , établie
par M. Th. Lacordaire (Monographie des
Coléoptères subpentamères , de la famille des
Phytophages, 1845, p. 609), et ainsi carac-
térisée par l'auteur : Languettegrande, mem-
braneuse, rarement demi-cornée, fortement
bilobée chez le plus grand nombre, entière
chez quelques uns; mandibules à pointe
entière , inermes et tranchantes au côté in-
terne; dernier article de tous les palpes al-
longé et acuminé; yeux grands, fortement
échancrés ; antennes grossissant plus ou
moins de la base à leur extrémité, souvent
dentées ou pectinées , insérées à la base des
canthus oculaires; tête penchée , déprimée,
en avant, généralement munie d'un cou en
arrière; front large, séparé de l'épistorne
par un sillon transversal recliligne toujours
très marqué; hanches antérieures et inter-
médiaires cylindriques et contigues ; aucun
vestige de prosternum entre les premières ; à
peine une légère trace de mésosternum entre
les secondes, dernier segment abdominal ,
le plus grand de tous ; les angles des pre-
miers embrassant de chaque côté les épi-
mères métathoraciques; crochets des tarses
simples.
Cette tribu est composée de six genres :
Maslostethus, Homalopterus , Agalhomerus,
Temnaspis, Megalopus, Pœcilomorplta. Dans
les cinq premiers de ces genres, la languette
est profondément divisée en deux lobes ,
tandis que cette languette est entière dans
le dernier. (C.)
*MEGALOPS f>7«; , grand; 06 , œil).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Brachélytres , tribu des Oxy-
téliens , formé par Dejean ( Catalogue ,
3e édit., p. 75), et adopté par Erichson
(Gen. et sp. Slaphylinorum, 1840, p. 751).
Trois espèces américaines rentrent dans le
genre: les M. cœlalus 01., punctalus et
cephalotes Er. (C.)
MEGALOPTERES.iI/e#atop/cra. ins. —
Voy. semblides, Latr.
*MEGALOPTERUS, Boié. ois. — Syn.
de Noddi, G. Cuv. — Smith, syn. de Juida,
Lesson. Voy. sterne et merle. (Z. G.)
*ME G ALOPUS (*//«;, grand; *ovç, pied).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères de Latreille , famille des Eu-
podes, tribu des Mégalopides (Sagrides de
Latreille), créé par Fabricius (Systema Elcu-
theralorum, t. 2, p. 367), et adopté par
KlugetDejean, mais restreint par M. Th. La-
cordaire (Monog. des Col. subpentam. de la
fam. des Phytophages, 1845 , p. 696) à 15
espèces américaines ainsi réparties : 9 ap- !
partiennent au Brésil ; 5 à la Guyane ; etune i
seule est de Colombie. L'auteur assigne à
ce genre les caractères suivants : Élytres de
forme variable, non sinueuses, et légère-
ment coupées en demi-cercle à leur base ,
ayant une aile sous scutcllaire plus ou moins
JYIÉG
INiEG
57
distincte, parfois tuberculeuses, arrondies
isolément, et légèrement déhiscentes à leur
extrémité; prothorax cylindrique ou sub-
globuleux, traversé en dessus par deux sil-
lons ; point de saillie métasternale. (C.)
*MEGALORHYNCHUS, Eyton. ois. —
Syn. de Caloramphe , Lesson. Voy. ce mot.
*MEGALORI\IS , G.-R. Gray. ois. —
Syn. de Grue. Voy. ce mot. (Z. G.)
MEGALOSAURUS.— Voy. dinosauriens.
*MEGALOSOMA (v-éyaç, grand ; rô|U.«,
corps), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides xyiophiles , créé par Kirby
(Trans. Lin. soc, t. XIV, p. 3), et adopté
par Hope (Coleopterist's manual, 1837,
p. 82 ). Toutes les espèces de ce genre
sont américaines; savoir, Geotrupes Acteon,
Typhon, Elephas de F., Se. Anubis Chv., et
Simson Linné. (C.)
*MEGALOSTYLUS (peyaeç, grand ; errv-
/oç , fouet ou scapus). ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères, famille des Carabi-
ques , tribu des Féroniens , créé par M. de
Chaudoir ( Bullet. de la Soc. des nalur. de
Moscou, 1842, extrait, pag. 24). L'auteur
y rapporte 5 espèces des États-Unis, et qui
toutes ont été trouvées aux environs de la
Nouvelle-Orléans. (C.)
MÉGALOTIS (p-îVûcç, grand; ou5, èr6it
oreille), mam. — Illiger (Prcdr. syst. Mam
et Av. , 1811) a créé sous ce nom un genre
de Mammifères carnivores qui ne comprend
qu'une seule espèce, le Fennec ou Zordo,
dont il a été parlé à l'article Cuien, division
des Renards (Dict. univ., t. III, p. 569).
(E. D.)
*MEGALOTIS (psy«Ào«is, grandeur),
ois. — Genre établi par Swainson pour une
espèce de Fringille, qui adesrapportsavecleS
Bouvreuils d'une part, et avec les Alouettes
d'une autre; aussi Smilh, qui a également
reconnu ce genre, a-t-il composé pour lui le
nom de Pyrrhulauda (Bouvreuil, Alouette),
L'espèce type est le P. australis Smith (lll,
zool. ois., pi. 24). (Z. G.)
*MÉGALURE. Megalurus (fwya«, grand ;
ovpa , queue ). ois. — Genre appartenant
à la nombreuse tribu des Passereaux den-
tirostres, formé par Vigors et Horsficld
aux dépens des genres Mérion et Martin.
Les caractères qu'on lui assigne sont : un
bec allongé , presque droit . Mg»— m»m
t. vin.
convexe, à bords lisses, à pointe mousse,
à mandibules garnies d'une lamelle cou-
pante; des narines petites, latérales, à
demi closes ; deux ou trois poils à la com-
missure du bec; des tarses longs, grêles,
scutellés , à doigt du milieu très long.
On ne sait rien des mœurs des Mégalures.
Les espèces que l'on rapporte à ce genre
SOnt le MÉGALURE A LONGUE QUEUE ( MARTIN A
longue queue, Gracula caudata Cuv.), le
MÉGALURE GALACTOTE ( MÉRION GALACTOTE ,
Malurus galaclotes Temm., pi. col., 65, f. 1)
et le MÉGALURE LONGIBANDE (MÉRION LONGI-
bande, Malurus marginalis Reinw.,Temm.,
pi. col., 65, t. 2). (Z. G.)
*MEGAMERUS ftuytc, grand; pjpo'î, \
cuisse), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille
des Eupodes, tribu des Sagrides, créé par
Mac-Leay (Append. to King's Surv. of Ihe
coast of Austral, II, p. 448), et adopté par
M. Th. Lacordaire (Monogr. des Coléopt.
subpent. de la famille des Phytophages, t. I ,
p. 5). Ce genre a une grande analogie de
forme avec certains Prioniens. Le type, le
M. KingiiM.-L. Lac. {M. prionesthis Boisd.),
est originaire d'Australie. (C.)
*MEGAMERUS (j*/y«s» grand; fojpo's,
cuisse), arachn. — Genre de l'ordre des Aca-
rides, établi par Dugès aux dépens des Trom-
bidium de Hermann, et dont les caractères
uistinctifs peuvent être ainsi exprimés :
Palpes onguiculés, allongés, libres ; corps *
étroit; hanches distantes; pieds ambulatoires
à cuisse très longue ; septième article du pied
court; larves semblables aux adultes hexa-
podes. Les espèces qui composent ce genre
sont les Trombidiens à pieds antérieurs très
longs d'Hermann. L'^4. motatorius Linné, en
ferait sans doute partie, si on le connaissait
mieux. Plusieurs de ceux qu'y place Dugès ...
sont fort voisins du Trombidium celer et des \
Scyphiusde M. Koch. Les Mégamères vivent
a terre, sur les lieux ombragés et un peu hu-
mides ; leurs mœurs ne diffèrent guère de
celles de la plupart des Tétronyques, mais ils
sont plus vifs que ne le sont, en général, ces
derniers. Ce genre renferme huit espèces
toutes propres à l'Europe. Nons citerons sur-
tout le mégamère agile, M. celer Kerm.,
Dugès {Ann. se. nat., 2e série, t. I, p. 30);
cette espèce habite l'Alsace, et marche avec
une très grande rapidité. (TT. L.)
3
58
MEG
♦MEGAMYRMOEKION (^V«ç, grand;
jj.vpp.yj?, fourmi), auachn. — M. Reuss {Mu-
séum senkenber g ianum, t. I, p. 217, pi. 18,
fig. 12) désigne ainsi un genre d'Aranéides
que M. Walckenaër rapporte, mais avec
doute, au genre des Agelena. Voy. ce mot.
(H. L.)
*MEGAMYS (^'yaç, grand; ^ç, rat).
mam. — Un groupe de Rongeurs voisin des
Oryctéropes est indiqué sous ce nom dans le
Voyagedans l'Amérique méridionale de M . Àl-
cided'Orbigny. (E. D.)
*MEGANEREIS. annél. — Syn. de Léo -
âice, Savig. ; Eunice, Guvier; Nereidonte,
Blainville. (P. G.)
*MEGAPELIA, Kaup. ois. — Synon. de
Goura.
*MEGAPODA (p.E'ya?, grand ; ttovç, pied).
1NSé — Genre de l'ordre des Diptères bra-
chocères, tribu des Asiliques, établi par
M. Macquart (Suites à Buffon, Hist. des Dip-
tères, t. I, pag. 288), et caractérisé princi-
palement par l'absence de la moustache et
la longueur des pieds. Il ne renferme qu'une
seule espèce, Jl/. cyanea Maeq. (Laphria la-
oiata Fab.), grand et bel insecte du Brésil.
MÉGAPODE. Megapodius (p./yaç, grand ;
t.ovç , pied), ois. — Les Oiseaux ainsi nom-
més par MM. QuoyetGaimard et découverts
en partie par ces naturalistes, dans un voyage
de circumnavigation, se rapprochent des Mé-
nures et un peu des Kamichis par la forme
de leurs doigts et de leurs ongles, et rappel-
lent, par leurs autres caractères physiques,
ceux des Cryptonyx et des Tinamous. Ces
caractères mixtes, si nous pouvons ainsi
dire, expliquent les divergences d'opinion
des auteurs relativement à la place qu'il
convient d'assigner aux Mégapodes. G. Cu-
vier en a fait des Échassiers macrodactyles,
et les a placés à la suite des Jacanas et des
Kamichis; M. Lesson les a considérés comme
des Passereaux et les a rangés immédiate-
ment après les Pigeons. Enfin M. Temminck
a pensé que les Mégapodes pouvaient être
regardés comme les représentants des Tina-
mous dans les contrées chaudes de l'ancien
continent, et les a, par conséquent, placés
parmi les Gallinacés. Cette opinion est celle
qu'a adoptée G.-R. Gray dans sa List of the
gênera.
Quoi qu'il en soit, les Mégapodes forment
un genre qui offre pour caractères : un bec
MEG
grêle, faible, droit, aussi large que haut, et
aplati en dessus à sa base, à mandibule su-
périeure dépassant l'inférieure et légèremen i
courbée à la pointe; des narines ovales,
ouvertes, placées plus près de la pointe du
bec que de sa base, et percées dans une
membrane garnie de petites plumes; la ré-
gion ophlhalmique nue; le cou couvert seu-
lement de petites plumes; des ailes médio-
cres, concaves, arrondies; une queue cunéi-
forme et courte; des tarses et des pieds
forts, et des ongles très longs, très forts,
plats en dessous, très peu courbés, triangu-
laires et obtus.
Les Mégapodes ne sont point encore par-
faitement connus sous le rapport de leurs
mœurs. Les voyageurs naturalistes se sont
généralement bornés à nous apprendre qu'ils
vivent dans les terrains marécageux, qu'ils
sont craintifs, courent très vite dans les
broussailles à la manière des Perdrix, volent
peu et bas, et font entendre pour cri une
sorte de gloussement. Les seuls détails un
peu complets que l'on possède ont été four-
nis en grande partie par MM. Quoy et Gai-
mard, et sont relatifs à leur reproduction.
Leurs œufs sont énormes, relativement à leur
taille ; ils les déposent dans des cavités qu'ils
forment eux-mêmes en creusant légèrement
le sable. Us choisissent pour cela les exposi-
tions les plus chaudes, et ne pondent, dans
chaque cavité, qu'un seul œuf qu'ils ont soin
de recouvrir avec des débris de plantes ; du
moins c'est ce que fait le Mégapode aux
pieds rouges. Les petits, ace qu'il paraît,
naissent par la seule influence de la chaleur
solaire et pourvoient eux-mêmes à leurs be-
soins dès qu'ils sortent de l'œuf, sans que
leur mère veille à leur conservation. Ce fait,
si contraire à ce que nous montrent les Gal-
linacés sous le rapport des soins qu'ils don-
nent à leurs petits, de la sollicitude avec
laquelle ils veillent sur eux, ferait supposer
que les Mégapodes ne sont point des Galli-
nacés, et peut-être serait-il plus convenable,
jusqu'à ce que de nouvelles observations
pussent lever tous les doutes à l'égard de la
place qu'ils doivent occuper, de les laisser
auprès des Kamichis où les a mis G. Cuvier.
MM. Quoy et Gaimard rapportent que,
dans les îles Waigiou et Boni, l'espèce qu'ils
ont nommée Mégapode Freycinet paraît
vivre dans une sorte de demi-domesticité.
MEG
Buffon n'a connu aucune espèce de ce
genre. Celles qu'on y admet sont:
1. Le Mégapode Freycinet, Meg. Freyci-
iictii Quoy et Gaimard ( Voyage de l'Uranie,
pi. 32). Plumage en entier d'un noir brun,
qui s'éclaircit un peu sous le ventre. Habite
les îles de Guebé, de Waigiou. Les naturels
de ces îles le nomment Maukirio ou Mane-
saqui.
2. Le Mégapode Lapérouse , Meg. Lape*
rousii Quoy et Gaimard ( Voyage de l'Uranie,
pi. 33). Plumage roussâtre, cou dépourvu
de plumes, tarses jaunes. Habite les îles
Mariannes et les Philippines, où il porte le
nom de Tavon.
3. Le Mégapode Duperrey, Meg . Duper-
rexji Garnot et Less. {Voyage de la Coquille,
pi. 36). Une huppe de couleur brune fauve ;
le cou, la gorge, l'abdomen gris - ardoise;
ailes et dos roux; croupion rougeâtre. Ha-
bite la Nouvelle-Guinée.
4. Le Mégapode a pieds rouges, Meg. ru-
bripes Temm. {pi. col., 411 ). Une huppe et
le dos roux; croupion et bas-ventre rougeà-
tres; bec de cette couleur; tarses d'un rouge
vif. Habile Amboine.
Cette espèce est fort voisine de la précé-
dente, et pourrait bien n'être établie que sur
uuq différence d'âge ou de sexe.
G. Cuvier et quelques autres naturalistes
ont encore placé parmi les Mégapodes une
cinquième espèce dont M. Lesson a fait le
type de son genre Alecthilia, et qu'il nomme
Al. Urvilii. (Z. G.)
*MÉGAPODES. Lyriferi. ois.— Sous ce
nom , M. Lesson a établi , dans l'ordre des
Pa^oreaux, une famille à laquelle il donne
les caractères suivants : Bec droit, grêle ,
aplati et élargi à sa base, rétréci au milieu,
et légèrement renflé au sommet; fosses na-
sales latérales, étroites; tour des yeux dé-
nudé; tarses allonges, forts, scutcllés , ter-
minés par quatre doigts munis d'ongles al-
longés, robustes. Celle famille, qui, pour
M. Lesson, se joint aux Échassiers himanto-
galles par le genre Talcgale , comprend les
genres Ménure, Mégapode et Alecthélie.
(Z. G.)
*ÏV!KGAP0DIDÉES. Megapodidœ. ois.
— Famille établie par G.-R. Gray {A List of
the gênera) dans l'ordre dît Gallinacés, et
correspondant en partie a celle que M. Les-
son a fondée sous le nom de Mégapodes;
MEG
59
seulement il a éloigné les Ménures des g.
Mégapode et Alecthélie, et a réuni à ces der-
niers, pour en constituer sa famille des Me-
gapodidœ, les g. Talegallus , Leiopa et Me-
sites. (Z. G.)
MEGAPODIUS. ois. — Voy. mégapode.
*MEGAPROCTUS ^«5» grand ; wpwx-
to'ç, anus), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes , tribu des Céram-
bycins, créé par nous {Revue ent. de Sil~
bermann, tom. V, 1837, pag. 321, pi. i,
f. 2 , 3), avec une espèce de l'Afrique aus-
trale, que nous avons nommée Megaproc-
tus didelphis. (C.)
*MEGAPROCTUS [>V«s, grand ; -*pû>x-
toç, anus), ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères, famille des Curculionides gonato-
cères, division des Rhynchophorides,créé par
Schœnherr ( Gêner, et sp. Curculion. syn.,
t. IV, p. 868, 1838 , 8-2, p. 234). Ce genre
renferme les trois espèces suivantes : M. acu-
tus ¥.,exclamationis Wied., etfunebris 111.
(Calandra), qui toutes sont originaires des
Indes orientales.
M. Guérin-Méneville a établi avec l'une
de ces espèces son genre Bclorhinus et non
pas Belorhynchus, comme l'indique Schœn-
herr : ce nom doit prévaloir. Cet auteur con-
signe, dans le texte de Vie. du Règn. anim.,
t. III, p. 177 et 178, trois nouvelles espèces
des mêmes contrées : les B. ocellatus, afli-
nis Guér., et filiforinis Buq. (C.)
*MEGAF»HINLS (fx/yaç, grand ; ^'v, nez).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères ,
famille des Curculionides gonatocères, divi-
sion des Érirhinides, établi par Schœnherr
{Gêner, etsp. Curculion. syn., t. III, 397-
7, 2, p. 274). Le type, M. frmus Sch.,
est indigène de l'île de Java. (C.)
*MEGARHIPÏS, Dupont, Delaporte. ins..
. — Syn. de Microrhipis. (C.)
*MEGARH1NCHUS (pE'y«;> grand; jtây-
Xoç , bec , rostre), ins. — Genre de la fa-
mille des Scutellérides , groupe des Penta-
tomites, de l'ordre des Hémiptères, établi
par M. Laporte de Castelnau, et adopté par
MM. Amyot et Servillc {Ins. hem., suites à
Buffon). Ces derniers rapportent seulement
deux espèces {M. roslratus Fab., et M. tes-
laceus Am. et Scrv.) à ce genre , que nous
regardons comme une simple division du
genre Phyllocephala. (Bl.)
60
MEG
MEG
*MEGARTHRIJS ifuyai, grand ; SpGpov,
articulation), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Brachélytres, tribu
des Protéiniens , proposé par Rirby, décrit
par Stephens (Illust. Brit.Ent.,Y, p. 330).
et adopté par Erichson (Gênera et sp. Sta-
phylinorum, t. I, p. 904). Ce dernier au-
teur mentionne les quatre espèces suivantes ,
qui toutes sont propres à l'Europe, et se
trouvent aux environs de Paris , savoir :
M. depressus Pk. (Staphyl.), sinuatocollis
B.-D., Lac, denticollis Beck (Omalium) et
hemipterus 111. (Silpha). On rencontre ces
Insectes dans les amas de branches mortes
et humides. (C).
*MEGASANTHES, Alph. DC. bot. ph.—
Syn. de Codonopsis, Wall.
MEGASCELIS (p/yaç, grand; «Aoç,
jambe), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères , tétramères de Latreille , fa-
mille des Eupodes, tribu des Criocérides ,
formé par Dejean, et adopté par Latreille
et M. Th. Lacordaire. Ce dernier auteur
en décrit (Monog. des Coléopt. subpent. delà
fam. des Phytophages , t. I, p. 241) 51 es-
pèces , qui toutes appartiennent à l'Amé-
rique. Nous citerons les suivantes : M. pur-
purea Pert., lema, viridis 111., vittata (cu-
prea var. ) Fab. , M. prasina Chvt. , et
curta Lac. (C.)
*MEGASCOLEX vpeyaç, grand ; axcJ^?,
lombric), annél. — Genre de la famille
des Lombrics, nouvellement établi par
M. Templeton pour une grande espèce qu'il
a découverte dans l'île de Ceylan, Megas-
colex cœruleus Templ. (Proceed zool. soc.
London, 1844). (P. G.)
MEGASEA, Hasw. (Saxif., 6). bot. ph.
— Syn. de Bergenia, Mœnch.
*MEGASTEGIA, Don. bot. ph. — Syn.
de Harpalyce , Moç. et Less.
*MEGASTERNUM (^'ya;, grand ; arip-
vov , sternum), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Palpicornes, tribu
des Sphéridiens mégasternaires , créé par
Mulsant ( Hist. nat. des Coléopt. de Fr. ,
1844 , p. 187 ). L'espèce type, le M. bole-
ophagum Marsh. , habite une partie de
l'Europe. (C.)
*MEGASTOMA, Swainson. ois. — Syn.
de Tyrannus, Vieillot. Voy. tyran. (Z. G.)
MÉGATHÉRÏOIOES ou MÉGATHÉ-
RlDES. mam. foss. — M. Owen (Descrip-
tion du squelette du Mylodon robustus , Pa-
resseux gigantesque perdu, Londres, 1842)
désigne sous ce nom une famille d'animaux
fossiles de l'ordre des Edentés , dont l'orga-
nisation offre sur une grande échelle un
composé de celle des Paresseux , des Four-
miliers et des Tatous actuels, et qui a pour
type un animal décrit par Cuvier sous le
nom de Megatherium.
Cette famille se compose déjà de plusieurs
genres qui se rencontrent, hors unseuj peut-
être, tous en Amérique, c'est-à-dire dans le
continent qui nourrit le plus grand nombre
des genres actuels d'Édentés. On en trouve
en grande abondance dans les sables argileux
tertiaires du vaste bassin de la Plata , mais
on en rencontre aussi dans les nombreuses
cavernes du Brésil et dans celles de l'Amé-
rique septentrionale. Les os y sont même si
bien conservés qu'il n'est pas rare de ren-
contrer des phalanges onguéales encore re-
couvertes de leur partie cornée à demi dé-
composée ; ce qui indique que ces cavernes
se trouvent dans des conditions favorables à
une longue conservation des matières ani-
males, car il est probable que les animaux
qui portaient ces ongles ont disparu depuis le
soulèvement de la chaîne des Andes.
Les dents des Mégathérides sont d'une
seule venue , sans collets ni racines , et se
composent, comme celles des Paresseux, d'un
ivoire peu dense au milieu , entouré d'un
ivoire plus dur (dentine vasculaire et den-
tine dure de M. Owen), le tout enveloppé de
cément , recouvert lui-même d'une couche
mince de substance osseuse plus dure. Le
pied est articulé, de telle sorte que son
mouvement sur la jambe est oblique, ce qui
tient à ce que le bord interne de la poulie
de l'astragale est presque entièrement effacé,
et que le bord externe est oblique de dehors
en dedans. La composition de la tête, qui
est petite , est à peu près celle des Pares-
seux ; le jugal fournit une apophyse mon-
tante qui cerne en partie la fosse orbitaire,
et une grande apophyse descendante, qui
donnait sans doute de fortes attaches aux
muscles des lèvres. Comme dans l'Unau,
l'apophyse acromion de l'omoplate se joint
à l'apophyse coracoïde. La tête supérieure
du radius est tout-àfait circulaire, ce qui
annonce un mouvement de pronation et de
supination bien déterminé. Le bassin est
MKG-
MEG
61
très large et l'extrémité postérieure d'une
force extrême. Ils ont tous un ou deux doigts
externes sans ongles, propres à la susten-
sion et à la marche ; les autres doigts por-
tent de forts ongles qui ne pouvaient se
ployer qu'en dessous. La queue est médio-
crement longue, mais très épaisse.
Cette famille comprend les genres :
Mégalonyx , Jefferson ( péyaç , grand ;
ovyï , ongle). Dans les Trans. de la Soc.
phil. de Philadelphie, t. IV, on trouve un
Mémoire de M. Jefferson ( qui fut le troi-
sième des présidents des États-Unis d'Amé-
rique ), où cet homme d'État fait connaître
des restes de cet animal , qu'il prenait pour
ceux d'un grand Carnassier de 5 pieds de
haut. Mais, dans le même volume , le doc-
teur Whistar donna une description et des
figures de ces os, en indiquant leur analo-
gie avec les os des Paresseux. Peu de temps
après, Cuvier (Oss. foss. , t. IV) prouva
cette analogie par la disposition des facettes
des deux dernières phalanges , qui empê-
chent l'ongle de porter sa pointe en haut, et
ne lui permettent que de le fléchir en des-
sous, et par la forme générale des os, qui
présentent en grand tous les détails d'orga-
nisation que les Paresseux offrent en petit.
Les dents du Mégalonyx sont — -H— , sans
4 — 4
incisives ni canines; elles vont en grandis-
sant d'avant en arrière; les deuxième et
troisième inférieures ont leur couronne à peu
près pyriforme, Je gros bout dirigé en avant.
Les phalanges onguéales sont très grandes et
comprimées.
Les ossements mentionnés par Jefferson
venaient d'une caverne de l'ouest de la Vir-
ginie; mais il s'en trouve aussi dans le bas-
sin de la Plata. M. Owen donne la figure (3e
la mâchoire inférieure du Mégalonyx Jeffer-
sonii, car c'est ainsi que cette espèce se
nomme, pi. 29 des Mamm. foss. du Deagle.
Le bord interne des deux branches, à par-
tir de la dernière dent, décrit une demi-
ellipse. Cet animal était de la taille d'un
très grand bœuf.
Mecatherium, Cuv. (fx/yaç, grand ; G/ipi'ov,
animal). Ce genre a été établi par Cuvier
pour un animal de la taille des grands Rhino-
céros, dont un squelette presque complet a
été trouvé, en 1789, sur les bords de la
rivière de Luxan , à quatre lieues environ de
Buénos-Ayres. Ce squelette , qui fait l'orne-
ment du cabinet de Madrid, a d'abord été dé-
crit par Jean-Baptiste Bru, puis par Cuvier
(Ossements fossiles, t. IV), d'abord sur les figu-
res de ce dernier, publiées par don Joseph
Garriga, ensuite sur celles de MM. d'Alton et
Pander ( Bonn, 1821). Enfin M. Clift (vol.
III des Trans. de la Soc. géol. de Londres,
2e série) a complété la description des par-
ties qui manquaient au squelette de Madrid,
telles que la queue et une portion du bassin.
Chez le Megalherium Cuvieri, car c'est ainsi
que les paléontologistes nomment cet ani-
mal , l'apophyse descendante du jugal est
très grande ; la mâchoire inférieure très ren-
flée au-dessous des molaires , à cause de la
profondeur des alvéoles, se termine en une
g 5
sorte de bec; les dents, au nombre de ,
4 — 4
sont très longues , quadrangulaires , et of-
frent une composition très compliquée. Lors-
qu'on pratique une coupe longitudinale de
l'une d'elles dans un plan antéro-postérien,
on voit que la cavité de la pulpe est très
grande, et qu'elle se prolonge en pointe
presque jusqu'au niveau du bord alvéolaire.
Le milieu de la dent est formé d'un ivoire
blanc grossier et tendre; de chaque côté de
cette substance existe pour un quart un cé-
ment jaunâtre ; mais , entre lui et l'ivoire ,
on voit un ruban de substance plus dure,
formé lui-même de trois lignes grises et de
deux blanches. Ce ruban, de substance dure,
correspond à deux crêtes transversales de la
couronne de la dent, séparées par une val-
lée profonde. Sur les côtés latéraux de la
dent, cette substance, plus dure, est très
mince; le tout est enveloppé d'une couche
peu épaisse , fort semblable à de l'émail. La
dernière dent est de moitié plus petite ^ue
les autres , qui sont à peu près égales entre
elles; le diamètre antéro-postérieur d'uno
dent du cabinet de Paris a 53 millimètres,
et le diamètre latéral 40. La longueur de !a
plus longue, figurée par M. Ov»en , a 240
millimètres. Cet animal avait des membres
très robustes , surtout ceux de derrière. Le
fémur, d'un quart moins long que celui d'un
Éléphant de 8 pieds de haut, est plus de
deux fois plus large ; le bassin , d'un tiers.
Les vertèbres sont au nombre de 7 cervica-
les , 16 dorsales, 3 lombaires, 5 sacrées et
1 5 caudales. Il avait quatre doigts à la main,
62
MÈG
IVÏÊG
«Joïit trois armés d'ongles peu comprimés. A
en juger par les figures, il y avait aussi quatre
doigts au pied , dont deux armés d'ongles.
On a cru pendant quelque temps que cet
animal était couvert d'une cuirasse osseuse,
comme les Tatous ; mais on sait maintenant
que les portions de derme ossifié qu'on lui
avait attribuées à tort, appartenaient à d'au-
tres animaux plus voisins des Tatous. (Voy.
l'atlas de ce Dictionnaire, paléontologie,
MAMMIFÈRES FOSSILES, pi. 5.)
Mylodon, Owen (uv).vj , meule; o-W; ,
5 5
dent). Les dents sont au nombre de .
4 — 4
La première des supérieures est presque el-
liptique et un peu éloignée des autres ; la
seconde elliptique ; les autres trigones , avec
un sillon à leur face interne. La première
inférieure est elliptique, la troisième tétra-
gonc , la dernière , très grande , bilobée ; les
pieds sont égaux, ceux de devant pentadac-
tyles ; ceux de derrière tétradactyles; dans
les uns et les autres, les deux doigts exter-
nes ne portent point d'ongles; ceux-ci sont
grands, semi-coniques, inégaux.
M. Owen compte dans ce genre :
Le Myl. robustus Owen , dont un sque-
lette entier se voit au collège des chirurgiens
de Londres. Ce squelette a été décrit par
M. Owen, en 1842, avec toute la science
qu'exigeait un aussi beau débris de la faune
qui a précédé celle de nos jours , et qu'on
pouvait attendre d'un paléontologiste aussi
distingué. L'auteur fait ressortir dans sa
description , non seulement les affinités du
Mylodon robustus avec les Paresseux, mais
aussi celles des autres genres de Mégathé-
rides. La mâchoire inférieure de cette espèce
est à symphyse courte et large; la seconde
de ces dents est à peu près trigone ; la der-
nière à trois sillons, deux internes et un ex-
terne , arrondie.
Le Myl. Darwinii Owen. La mâchoire
inférieure à symphyse plus longue et plus
étroite. La seconde molaire presque ellipti-
que ; la dernière à deux sillons ; le sillon
interne angulaire.
Le Myl. Harlani Owen , Megalonyx la-
queatus et Orycterotherium missouriense
Harlan. La symphyse de la mâchoire infé-
rieure courte et large , la seconde presque
carrée, la dernière à trois sillons, dont l'in-
terne est bi-angulaire.
Scelidotiierium , Owen ( <jxt/.!'; , fémur ;
6/ipi'ov , animal). Les dents de ce genre , au
5 5
nombre de , sont conliguës ou sépa-
4 — 4
réespar des intervalles égaux. Les supérieu-
res sont trigones ; aussi bien que la première
des inférieures, les deuxième et troisième
inférieures un peu comprimées , à face ex-
terne sillonnée; la dernière , très grande,
bilobée.
Le Scel. leplocephalum Owen. Décrit par
M. Owen (Mammifères fossiles du Réagh) ; a
la tête allongée, de même forme à peu près
que celle de l'Oryctérope , mais deux fois
aussi grande ; la symphyse de la mâchoire
inférieure, longue d'un décimètre , est con-
cave intérieurement. Les os nasaux, rétré-
cis dans leur milieu et plus larges en avant
qu'en arrière , sont échancrés à leur bord
antérieur ; les intermaxillaires n'atteignent
point les os du nez , de sorte que les maxil-
laires bordent l'ouverture nasale en arrière,
comme dans les Paresseux, et probablement
comme dans tous les Mégathérides. La cloi-
son des narines est osseuse et se prolonge
jusqu'à l'extrémité antérieure des nasaux.
M. Owen pense que les Megalonyx Cuvierif
Bucklandi, minulus de M. Lund , sont au-
tant d'espèces de Scelidotherium.
Il est probable que le Macrotherium de
M. Lartet , genre d'Édentés qui se trouve
dans les terrains tertiaires supérieurs de
l'Europe , entrera dans la famille des Méga-
thérides lorsque les nombreux ossements
qu'en possède M. Lartet seront décrits. Nous
ferons seulement remarquer ici que cet ani-
mal se rapprochej par sa phalange onguéale
fendue , du genre Pangolin , qui habite au-
jourd'hui l'Asie. (Laurillard.)
*MEGATHOPA(pe7a8oç, grandeur; d>njt
face), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides coprophages, créé par Eschscholtz
(Entomograpluen, Berlin, 1822, édit. Leq.,
Paris 1835, p. 34), et adopté par Reiche
(Revue zoologique de Guérin, 1841, p. 213).
Ce genre est composé de cinq ou six espèces
américaines. Nous citerons les trois suivan-
tes : M. villosa Esch., bicolor Guér., Brullei
Reich. (C.)
MEGATOMA (i«yaç, grand; toP.yj, cou-
pure), ins. -Genre deColéoptèrespentamères,
famille desClavicornes, tribu des Dermestins,
JVIEG
MEL
63
créé par Herbst et adopte par Latreille {Règ.
anim., t. IV, p. 509) et par Dejean qui men-
tionne uniquement {Cat., 3e éd., p. 139)
le Dermestes serra ùe F., espèce qu'on trouve
en Europe et en Amérique sous les écorces
des arbres. On pense que Y 'Attagenus macel-
larius d'Olivier n'est que la femelle du type.
Erichson fait connaître une seconde espèce
qui est originaire de la Nouvelle-Hollande,
et qu'il nomme M. morio. (G.)
MÉGÈRE, ins. — Nom vulgaire de quel-
ques espèces du genre Satyre.
*MEGISCHIA {fiéyoiç, grand; l^tn ,
hanche), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères, famille des Xystropides, tribu des
Cténiopites, créé par Solier {Annal, de la
Soc. enlom. de France, t. IV, p. 247). Le
type, la M. curvipes Dej., Sol., est originaire
du midi de la France. (C.)
MÉGISTANES. Megistanes. ois. — Sous
ce nom, Vieillot a créé, dans l'ordre des
Échassiers , une familie qui correspond à
celle des Brévipennes de G. Cuvier, et qui,
comme elle, comprend les genres Autruche,
Nandou, Casoar et Emou. ( Z. G.)
*MÉG1STME. Megistina, Vieillot, ois.—
Syn. de Parus. Voy. mésange. (Z. G.)
*MEGISTOCERA (pey^oç, très grand;
x/paç, antenne), ins.— Genre de l'ordre des
Diptères némocères, famille des Tipuliciens
(Tipulaires, Lat.), groupe des Tipulites, éta-
bli par Wiedmann (Auss. Zweift., n. 41).
On ne connaît que quelques espèces exotiques
de ce genre; la principale est connue sous le
nom de M. fdipes. Elle habite la Guinée.
*MEG!STOSAURUS (p^roç, très
grand; erccvpoç, lézard), mam. — Ce nom a
été appliqué par M. Godmann {Trans. of
the american phil. Soc.) à un groupe de
Cétacés. (E. D.)
*MEGOPIS (pVyocç, grand; ty, œil), ins.
— Genre de Coléoptères subpentamères, té-
tramères de Latreille, famille des Prîoniens,
formé par Dejean {Catal., 3e édit., p. 343),
et adopté par Serville {Annal, de la Soc.
entom. de France, t. I, p. 127, 161). Nous
citerons, comme en faisant partie, les M. mu-
tica Lat. , Serv. et brunnea Dej . L'une et l'au-
tre sont originaires des îles Maurice et Bour-
bon. (C>)
*MEGOPS (,/£>;, grand; ty, œil), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères , division des
Apostasimérides-Baridides, créé par Schœn-
herr ( Gêner, et sp. Curculion., tom. VIII,
pars 1, pag. 181). Le type, M. morosus
Germ. {Magdalis), est originaire du Bré-
sil. (C).
*MEGYMENUM ( péyocç , grand ; ûpfv ,
membrane), ins. — Genre de l'ordre des Hé-
miptères hétéroptères , tribu des Scutellé-
riens, établi par M. Guérin {Voy. de Dupcr-
rey, Ins., pi. 12). Les espèces de ce genre,
peu nombreuses, appartiennent à la Nou-
velle-Hollande, aux Indes orientales et à
l'Afrique méridionale.
*MEIGLYPTES, Swainson. ois. -Syn.
de Picus. Voy. pic. (Z. G.)
MÉÎOMTE (^efcov, moindre), min. —
Hyacinthe blanche de la Somma. Ce miné-
ral a la même forme cristalline, et très pro-
bablement aussi la môme composition que
la Wernéritc, dont il n'est qu'une variété
particulière, remarquable par une plus
grande pureté, un éclat vitreux et une assez
belle transparence. On le trouve en cristaux
ou en graine cristalline dans les blocs de
dolomie de la Somma, au Vésuve. Voy. wer-
néuite. (Del.)
*MEÏSNERIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Mélastomacées-Mé-
lastomées-Lavoisiérées , établi par De Can-
dolle {Prodr., III, 114). Herbes du Brésil.
Voy. MÉLASTOMACÉES.
MEISTERIA , Scop. bot. pu. — Syn. de
Pacourina, Aubl.
*MELACI1NE , Schrod. bot. ph. — Syn.
de Lamprocarya, R. Br.
*MÉLACONISE (pe'Aaç, noir; xovtç, pous-
sière), min. — Oxyde de cuivre, en masse
terreuse noire, que l'on trouve en petite
quantité dans les mines de cuivre, où il pa-
raît résulter de la composition de l'Azurito
ou Cuivre carbonate bleu. Il est attaquable;
par l'acide azotique et la solution précipitée
du cuivre métallique sur une lame de fer.
(Del.)
*MELA2NIA, Dumort. bot. pu. — Syn.
de Catlleya, Lindl.
MELAENUS (prouva, noire), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille des
Carabiques (Carnassiers), tribu des Scaritides
(Bipartis de Latreille), créé par Dejean
{Species général des Coléoptères, t. V, p. 482).
Le type, M- elegans de Fauteur, estoriginairc
du Sénégal. (G)
64
MEL
13ÉLALEUQUE. Melaleuca f>elaç, noir ;
Itvxo's, blanc), bot. ph. — Beau genre de la
famille des Myriacées , de l'icosandrie mo-
nogynie dans le système sexuel de Linné. Il
se compose d'arbres et d'arbrisseaux, origi-
naires, pour la plupart, de la Nouvelle-
Hollande, rarement des Indes, dont plusieurs
sont maintenant cultivés comme espèces d'or-
nement. Ces végétaux ont des feuilles sim-
ples, alternes ou opposées, dépourvues de
stipules, marquées de points transparents,
qui ne sont autre chose que de petits réser-
voirs d'huile essentielle; leurs fleurs sont
blanches , jaunâtres ou purpurines , sessiles
ou même un peu enfoncées par leur base
dans le rameau qui les porte, et sur lequel
elles sont groupées en épi ou en tête. Eiles
présentent : un calice dont le tube adhère à
l'ovaire, dont le limbe est à cinq divisions
plus ou moins profondes ; une corolle de cinq
pétales insérés à la gorge du calice, alternes
aux lobes de celui-ci; des étamines nom-
breuses dont les filets sont soudés en cinq
faisceaux opposés aux pétales ; un ovaire
adhérent, à trois loges multi-ovulées, sur-
monté d'un style et d'un stigmate unique.
A cette fleur succède une capsule renfermée
dans le tube du calice, qui, à sa maturité,
laisse sortir ses graines par trois ouvertures
terminales.
Les deux espèces les plus remarquables
de ce genre sont les Melaleuca leucadendron
Lin. et M. minor Smith {M. Cajuputi Roxb.).
La première forme un arbre de 15 à 20 mè-
tres de hauteur, dont le tronc est tortu; de
la surface de ses branches se détachent des
lames épidermiques nombreuses, blanches et
minces. Ses feuilles sont alternes , allon-
gées-lancéolées, acuminées, courbées en fau-
cille, à 3-5 nervures; ses fleurs sont blan-
ches, réunies en épis un peu lâches sur des
rameaux pendants; ces rameaux sont par-
faitement glabres, de même que les calices.
La seconde est de taille moins élevée , et se
distingue par ses feuilles alternes elliptiques-
lancéolées, peu aiguës, légèrement courbées
en faucille, à 3-5 nervures, grandes et res-
semblant à des phyllodes. Ses fleurs sont
réunies en épis plus serrés, qui deviennent
lâches et interrompus après la floraison, dont
l'axe est velu, de même que les calices et
les jeunes rameaux. Ces deux plantes crois-
sent dans les Moluques et dans les îles de
MEL
l'archipel Indien , où elles portent l'une et
l'autre le nom de Cajuputi, qui signifie bois
blanc. Leurs feuilles et leurs jeunes pousses
donnent l'huile volatile connue sous le nom
d'huile de Cajeput , qui paraît cependant
provenir plus particulièrement de la der-
nière. Cette substance se présente sous la
forme d'un liquide épais , visqueux, verdâ-
tre, d'une odeur forte et particulière, que
les uns ont comparée à celle du Romarin,
les autres à celle du Cardamome , du Cam-
phre. Pour l'obtenir, on recueille les feuilles
et les parties jeunes qu'on laisse dans des
sacs pendant un ou deux jours , jusqu'à ce
qu'elles commencent à fermenter; on les
met ensuite infuser pendant une nuit dans
de l'eau qu'on distille; le résultat de cette
distillation est l'huile de Cajeput. Soumise à
une seconde distillation, cette substance de-
vient limpide, tout en conservant une légère
couleur verte. L'huile de Cajeput arrive ra-
rement en Europe, où son prix est toujours
très élevé; mais en Chine , dans l'Inde et
dans les îles de l'Asie, elle est fréquemment
employée, et passe pour un médicament pré-
cieux dans un grand nombre de maladies.
Les Malais et les Chinois surtout en font le
plus grand usage, soit à l'extérieur, en fric-
tions, dans les affections goutteuses et rhu-
matismales, soit à l'intérieur, où elle agit
comme un excellent sudorifique, comme an-
tispasmodique, et comme un puissant exci-
tant : elle a même été fort préconisée contre
le choléra
Parmi les espèces de Melaleuca que l'or»
rencontre le plus habituellement dans les
jardins, nous nous bornerons à signaler les
plus répandues. Telles sont : le Mélaleuque
gentil, Melaleuca pulchella R. Br., joli ar-
brisseau à rameaux grêles, flexibles et pen-
dants à l'extrémité, à petites feuilles ovales,
alternes ou presque opposées, glabres, qui
donne des fleurs lilas , sessiles ou presque
sessiles, ordinairement solitaires ; leurs fais-
ceaux d'étamines dépassent les pétales, et,
à leur face interne, se dégagent des extré-
mités de filets de la base jusqu'au sommet.
Le MÉLALEUQUE A FEUILLES DE MILLEPERTUIS,
Melaleuca hypericifolia Smith, arbrisseau
qui s'élève à 3 ou*4 mètres dans nos jardins.
Ses feuilles sont opposées en croix , ellipti-
ques-oblongues , à bords recourbés en des-
sous, aiguës, glabres; ses fleurs, d'un beau
M EL
rouge vif, forment de beaux épis de 3 ou
4 centimètres de longueur, qui doivent pres-
que tout leur effet à leurs faisceaux d'éta-
inines. Cette espèce est une des plus belles
du genre. On cultive encore fréquemment
le Mélaleuque a feuilles de Diosma , Mela-
leuca diosmœfolia Andr.; le Mélaleuque cou-
ronné , M. coronata Andr., et quelques au-
tres. Toutes ces espèces sont d'orangerie, et
se multiplient par graines, par boutures ou
même par marcottes. (P. D.)
MËLAMPE. Melampus. moll. — Genre
établi par Montfort ( Conchyl. systém. ) et
adopté par Lamarck , qui en a changé le
nom en celui de Conovule. Voy. ce mot.
MELAMPODIUM ( f^V , noir ; tcoSç ,
tto^oç, tige), bot. ph. — - Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées , éta-
bli par Linné (Gen., n. 989), qui le ca-
ractérise ainsi : Capitule multiflore , hétéro-
game; fleurs du rayon ligulées, femelles;
celles du disque tubuîeuses, mâles. Invo-
lucre double : l'extérieur composé de 5
écailles, rarement 3, planes, et envelop-
pant l'intérieur dont les écailles sont en
môme nombre que les fleurs du rayon ( 5
ou 10). Réceptacle convexe ou subulé-co-
nique , garni d'aigrettes diaphanes et déci-
dues. Corolle du rayon ligulée , celle du
disque tubuleuse, à limbe 5-fide. Akène du
disque nul; celui du rayon présente une
forme ovale, un peu courbée ; il est plus ou
moins renfermé dans les écailles de l'invo-
lucre intérieur. Aigrette nulle.
Les Melampodium sont des herbes ou des
sous-arbrisseaux de l'Amérique, à tiges di-
chotomes, à feuilles opposées, à fleurs ordi-
nairement jaunes , celles du rayon quelque-
fois blanches.
Ce genre renferme 21 espèces , dont 18
bien connues (DC, Prodr., V, 517 ); elles
ont été réparties en trois sections, nommées :
Eumelampodium, DC. (I. c.) : Involucre in-
térieur enveloppant l'akène composé d'é-
cailles tuberculeuses ou muriquées extérieu-
rement, prolongées supérieurement en une
coiffe tronquée ou terminée en arête; Za-
rabclla, Cass. (in Dict. se. nat., L1X, 240):
Ecailles de l'involucre rugueuses ou tuber-
culécs , tronquées à la partie supérieure ou
terminées par 1-3 dents, qui, s'écartant an-
térieurement, laissent apercevoir le sommet
dénudé de l'akène; Alcina, Cavanill. ( le. ,
T. VIII.
MÉL
65
I , 10, 1. 15) : Écailles de l'involucre ovaies-
oblongues, lisses, présentant au sommet 2-4
très petits tubercules. Akène strié.
Les espèces de ce genre ne sont guère cul-
tivées que dans les jardins de botanique. (J.)
MÉLAMPYRE. Melampyrum Lin. (f*«Xaç,
noir; irypoç, blé : de la couleur des graines
du M. arvense). bot. ph. — Genre de plantes
de la famille des Scrophularinées, tribu des
Euphrasiées-Mélampyrées, de la didynamie
angiospermie dans le système sexuel de
Linné. Dans le Xe volume du Prodromus qui
vient d'être publié, M. Bentham n'en décrit
que 6 espèces; mais sur ce nombre, 5 ap-
partiennent à la Flore française , et parmi
elles 3 se trouvent très communément dans
les champs, les prairies et les bois de toute
la France. Les Mélampyres sont tous des
plantes annuelles qui croissent dans les par-
ties tempérées de l'ancien continent; leur
tige est droite , rameuse , le plus souvent à
angles ouverts ; leurs feuilles caulinaires
sont linéaires ou lancéolées, les supérieures
fréquemment incisées-dentées à leur base ;
celles qui accompagnent les fleurs sont pres-
que toujours élargies à leur base, et de plus
dentées ou incisées, soit seulement à leur
partie inférieure, soit dans toute leur éten-
due. Les fleurs naissent à l'aisselle de ces
feuilles florales, et, suivant la longueur de
celles-ci et leur écartement, elles forment
une sorte d'épi feuille plus ou moins dense,
qui donne à ces plantes un aspect particu-
lier : elles sont jaunes ou violacées, ou mê-
lées de diverses couleurs. Leur calice est tu-
buleux, à quatre dents, dont les postérieures
sont souvent plus longues. Leur corolle pré-
sente un tube cylindrique élargi à sa partie
supérieure; une lèvre supérieure courte,
comprimée, obtuse, dont les bords sont un
peu repliés; une lèvre inférieure un peu plus
longue, à trois lobes saillants. Les étamines
sont didynames , logées sous la lèvre supé-
rieure, à anthères rapprochées, oblongues ,
un peu hérissées. L'ovaire est à deux loges,
dont chacune renferme deux ovules fixés
près de la base de la cloison, et sur lesquels
l'un est presque sessile, tandis que l'autre est
stipité. Il succède à cet ovaire une capsule
comprimée, ovoïde, un peu recourbée, qui
renferme 1-4 graines. Nous nous bornerons
à décrire une seule des espèces de ce genre.
Mélampyre des champs, Melampyrum ar-
66
MEL
MEL
vense Lin. Cette espèce est désignée vulgai-
rement sous les noms de Blé de Vache, Cor-
nette, Rougeole; elle croît dans les champs
et parmi les moissons de la plus grande par-
tie de l'Europe, jusqu'au Caucase. Sa tige
est pubescente, surtout le long de 4 lignes
longitudinales qui correspondent à autant
d'angles peu marqués ; ses branches sont
dressées ou peu étalées; ses feuilles sont
lancéolées ou linéaires-lancéolées, entières,
ou les supérieures seulement dentées à leur
base. Son épi de fleurs est rougeàtre, cou-
leur qu'il doit surtout à ses feuilles florales
ovales-lancéolées, divisées sur leurs bords
en longues dents sétacées : il est long de
8-10 décimètres. Le calice est pubescent ,
rude au toucher, prolongé à son bord en
quatre longues dents sétacées , qui arrivent
presque à l'extrémité du tube de la corolle ;
celle-ci est rouge , marquée d'une tache
jaune ; sa lèvre supérieure est oblongue ,
entière, un peu repliée sur ses bords. La
capsule est ovale, obtuse , un peu oblique.
Les graines sont noires et dures ; comme on
fauche la plante en même temps que le Blé,
ces graines se mêlent souvent au grain , et
subissent également l'action de la meule;
elles mêlent alors leur farine à la sienne : la
farine ainsi mélangée donne au pain une cou-
leur rougeàtre violacée, sans qu'il paraisse
cependant en résulter d'autre inconvénient.
Cette plante constitue un bon fourrage pour
les bestiaux, et particulièrement pour les
Vaches, ce qui lui a valu le nom vulgaire de
Blé des Vaches; maisTessier a reconnu qu'on
ne peut guère l'utiliser sous ce rapport, at-
tendu qu'elle vient mal lorsqu'on la sème
sans mélange d'autre graine.
Parmi les autres espèces de ce genre, les
plus communes sont le Mélampyre a crête,
Melampyrum cristatum Lin., qui croît dans
les bois de toute l'Europe et de l'Asie jus-
qu'aux monts Altaï, qui se reconnaît à son
épi serré et carré , à ses bractées en cœur
rapprochées entre elles au point de se su-
perposer par leurs bords , aux divisions de
son calice linéaires-aiguës; le Mélampyre des
prés, M. pratense Lin., qui abonde dans nos
prés , et que caractérisent des feuilles lan-
céolées dont les supérieures sont incisées-pin-
natiQdes à leur base, des fleurs à corolle
fermée, etc. (P. D.)
AfÉLANCHLENES. Melanchlœni fpâotf,
noir; x*av'«> couverture), ras. — Division
employée autrefois par Latreille , qui y com-
prenait les genres Licinus, Harpalus et Sia-
gona. (C.)
*MELA]\CimUS (f«Àayoxp»ç, de couleur
noire), ras. — Genre de Coléoptères hété-
romères, famille des Mélasomes, tribu des
Piméliaires, créé par Dejean (Catal., 3e éd.,
p. 206) qui en mentionne cinq espèces afri-
caines : les M. pedinoides, amaroides, rugi'
frens, Capensis et compaclus. (C.)
MELANCONIUM (pAotç, noir; xoviç,
poussière), bot. cr. — Ce nom a été donné
par le professeur Link à de petits Champi-
gnons qui se développent sous r'épiderme ou
sous l'écorce des plantes et des arbres; on
les dislingue facilement, parce que, à leur
maturité, ils rompent l'écorce, sortent et
forment de nombreuses taches noires;
malheureusement, ils ne sont pas les seuls
qui se présentent sous cette forme : il faut
le microscope pour les distinguer du Stil-
bospora Phoma , etc. Je place les Melanco-
nium dans ma famille desClinosporés. Dans
le jeune âge, sur l'écorce de Bouleau par
exemple, on voit de petites élévations, si
on enlève l'épidémie, d'abord formées par
un mycélium blanc; plus tard son centre
est devenu charnu , et sa surface s'est divi-
sée en un nombre immense de petits pédi-
celles rameux , qui supportent à leur extré-
mité une spore conique, ronde ou elliptique,
noire, et constamment simple. Les Melan-
conium betulinum et ovatum sont les deux
espèces les plus répandues; ce dernier est
très fréquent sur l'écorce du Noyer. Le
Melanconium sphœrospermum, quia, comme
son nom l'indique, les spores rondes, se
trouve sur les chaumes du Phragmites corn-
munis. (Lév.)
MELANCRANIS. bot. ph. — Genre de
la famille des Cypéracées-Fuirénées, établi
parVahl (Enum., II, 239). Herbes du Cap.
Voy. CYPKRACÉES.
MELANDRYA (ue).«ç, noir;c?pîîç, arbre).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères,
famille des Sténélytres, tribu des Serropal-
pides, établi par Fabricius {Systema Eleu-
theratorum , I, p. 163), et adopté par De- ;
jean {Catalogue, 3* édit., p. 223), qui en [
mentionne huit espèces ; cinq appartiennent
à l'Europe et trois à l'Amérique septentrio-
nale. Parmi celles de notre hémisphère , sont
MEL
MEL
67
les M. serrata , canaliculata , ruficollis de
Fab., Goryi Delap. [sulcata Dej.) et flavicor-
nis Dufts. Ces Insectes sont généralement
noirs ou d'un noir bleuâtre, très fragiles et
d'une grande agilité. La M. serrata vit dans
le bois de tremble, et la Goryi dans celui du
chêne ; mais cette dernière est excessive-
ment rare partout. (C.)
MELANELLA ( pAaç , noir ). infus. —
Senre proposé par M. Bory de Saint- Vin-
cent pour des Infusoires extrêmement sim-
ples de la famille des Vibrioniens. Le type
de ce genre, qu'on ne peut caractériser que
par l'absence de tout caractère distinct, est
le Vibrio lineola de Millier, auquel nous con-
servons ce nom {voy. vibrion); M. Bory de
Saint-Vincent l'a nommé Melanella aloma ,
et il range dans le même genre plusieurs
autres Vibrions de Millier, qui, vus avec un
microscope imparfait , paraissent autant ne
petites ligues noires , comme l'indique le
nom proposé pour eux. (Duj.)
*MELANERPES, Swains. ois. — Syn.
de Picus, Linné. Voy. pic. (Z. G.)
*MELANESTHES (uAaq, noir ; fa&jmç,
habillement), ins. — Genre de Coléoptères
héléromères, famille des Mélasomes , tribu
des Piméliaires, formé par Dejean (Cata-
logue, 3e édit., p. 203) avec les Pedinus et
Opatrum laticollis et Sibiricum de Falder-
mann. (C.)
*MELA1\ETTA. ois. — Division établie
par Boié aux dépens du genre Anas de
Linné, et dont le type est Y An. fusca.
*MELANIA, Brid. (Msc). bot. cr. —
Syn. de Cat ascopiwm , id.
MÉLANIDES. Melanides. moi.l.— Famille
proposée par Latreille pour réunir plusieurs
genres groupés par cet auteur avec les Méla-
nies ; mais deux de ces genres, les Phasia*
nelleset les Planaxes, doivent au contraire
en être séparés. Voy. mélaniens. (Duj.)
MELANIE. Melania (fAfXovcoc, couleur
noire), moll. — Genre de Mollusques gastéro-
podes, typede la familledes Mélaniens, établi
parLamarckpourdes coquilles presque toutes
remarquables par leur couleur noire, et habi-
tant les eaux douces des régions tropicales;
quelques unes seulement, anciennement con-
nues, avaient été prises pour des Bulimes ou
des Buccins. Les Mélanies ont une coquille
turriculée, dont l'ouverture estentière, vnk
ou oblongue, evas.ee à sa base, avec une co-
îumelle lisse, arquée en dedans, et un oper-
cule corné. L'animal a un pied court, peu
épais; une tête allongée en forme de trompe
un peu conique , tronquée , et terminée
par une fente buccale petite et longi-
tudinale. Les tentacules , au nombre de
deux, sont allongés, filiformes , et portent
les yeux , soit près de leur base en dehors ,
soit vers le quart de leur longueur. Le man-
teau a ses bords étalés, et découpés ou fran-
gés. Lamarck rapportait à son genre Mêla-
nie 16 espèces vivantes et 12 fossiles. Les
conchyliologistes modernes en ont considéra-
blement augmenté le nombre, mais en même
temps M. Desbayes a montré que l'on doit
rapporter à ce genre plusieurs espèces de
Pyrènes , et au contraire en séparer beau-
coup d'autres appartenant aux genres Eu-
lime et Rissoa , ou même à d'autres genres
qu'il faudrait créer : telles sont , par exem-
ple, les grandes Mélanies fossiles du terrain
marin tertiaire si communes aux environs
de Paris, et qui ne sont certainement pas
les congénères des espèces fluviatiles. On peut
considérer comme type des vraies Mélanies
une coquille très commune dans les eaux
douces des îles de France et de Bourbon , de
Madagascar et de l'Inde , et nommée d'abord
par Linné Ilelix amarula , puis Buccinum
amarulapar Muller; c'est la Mélanie thiare
(M. amarula ) de Lamarck : elle est longut
de 25 à 40 millimètres, toute noire, presque
ovoïde; ses tours de spire sont couronnés
par une sorte de rampe sur laquelle s'élèvent
des épines droites assez longues, qui sont le
prolongement d'autant de côtes longitudi-
nales peu marquées. L'ouverture est blanche
en dedans. L'animal de cette coquille est
très amer, et passe dans ces contrées pour
un excellent remède contre l'hydropisie.
D'autres Mélanies, devant former une autre
section du même genre, sont beaucoup plus
allongées et turriculées. (Du.)
MÉLANIENS. moll. — Famille de Mol-
lusques gastéropodes établie par Lamarck
pour les trois genres Mélanie, Mélanopside et
Pyrène; mais ce dernier genre , comme l'a
bien prouvé M. Deshayes , ne pouvant êtr*>
conservé et devant se fondr» dcrs les de:
autres , il ne reste que ceux-ci pour constC
tuer ccttô famille formée de Trachélipodes
fiuviatiles operculés, ne respirant que l'eau,
munis de deux tentacules seulement, et por-
68
MEL
MEL
tant une coquille dont l'ouverture a ses bords
désunis. L'opercule est toujours corné, et le
bord droit de l'ouverture est tranchant ;
mais ainsi limitée, cette famille, rapprochée
de celle des Cérites, doit contenir en outre le
genre Eulime , et peut être même le genre
Rissoa, qui, dans tous les cas, est intermé-
diaire entre les deux familles. Les autres
zoologistes de la période actuelle n'ont pas
compris, comme Lamarck, la nécessité de la
famille des Mélaniens. Cuvier avait d'abord
placé les Mélanies, avec les Ampullaires et
les Phasianelles, dans son grand genre Con-
chylie. Plus tard il en fit un genre distinct,
comprenant comme sous-genres les Rissoai-
res , les Mélanopsides et les Pyrènes. Férus-
sac faisait des Mélanies proprement dites un
sous-genre desPaludines, et le plaçait entre
les Paludines, les Rissoaires et les Littorines,
tandis qu'il rejetait à la fin des Trochoïdes
le genre Mélanopside pour le rapprocher da-
vantage des Cérites. M. de Blainvillea éga-
lement séparé ces deux principaux genres
des Mélaniens , en plaçant les Mélanopsides
avec les Cérites dans sa famille des Ento-
mostomes, et le genre Mélanie au contraire
dans sa famille des Ellipsostomes, qui cor-
respondent aux Conchylies de Cuvier. Tou-
tefois aujourd'hui, d'après les observations
de MM. Quoy, Rang, et de Férussac lui-
même, on ne peut douter de l'analogie de
structure qui rapproche les Mélanies et les
Mélanopsides dans un même groupe et dans
le voisinage des Cérites. (Duj.)
*MELANIPPE (nom mythologique), ins.
— Genre de l'ordre des Lépidoptères noc-
turnes, tribu des Phalénides, établi par
Duponchel ( Calai, des Lcpidopt. d'Europe ,
p. 265 ) , et caractérisé principalement par
des antennes simples; des palpes courts,
atteignant à peine le bord du chaperon ;
des ailes arrondies. On en connaît 10 es-
pèces, qui habitent principalement la France
et l'Allemagne. Les Mélanippes ont pour la
plupart des couleurs vives. On trouve com-
munément dans notre pays la Mélaismppe ta-
chetée, M. macularia Lin., appelée la Pan-
thère par Geoffroy; ses ailes sont d'un beau
jaune, avec une grande quantité de taches
noires.
MÉLANISME (fx&as, noir), térat. — La
peau doit sa coloration à une matière parti-
culière nommée pigment, qui a son siège
principal dans le corps muqueux de Malpi-
ghi. Ce pigment peut être moins coloré et
moins abondant que dans l'état normal ,
quelquefois même manquer entièrement; il
peut, au contraire, être plus coloré et plus
abondant; de là deux ordres d'anomalies:
l' Albinisme et le Mélanisme {voyez, dans le
tome Ier de ce Dictionnaire, le premier de
ces ordres pour les caractères qui lui sont
spéciaux).
Les caractères extérieurs du Mélanisme
consistent dans la couleur noire ou très
foncée de la peau, des poils et de l'iris.
Les exemples de Mélanisme complet
se sont rarement présentés jusqu'à présent
chez l'homme, et parmi le très petit nombre
de faits cités, aucun n'est parfaitement au-
thentique. Cependant il est certain que ces
caractères peuvent se produire peu à peu, et
quelquefois même apparaître presque tout -
à coup. M. Rostan, savant médecin, rap-
porte {Bull, de la Soc. de la Faculté de méd.,
n°s 9 et 10) qu'une femme de 70 ans de-
vint noire comme une négresse dans l'espace
d'une nuit, et cela à la suite d'une vive
douleur morale. Le Mélanisme partiel
s'offre fréquemment à l'observation , et
c'est à lui que doivent être rapportées, en
grande partie, les taches congéniales de la
peau, désignées sous les noms de nœvus,
nœvus maternus ou envies , et que l'on ne
doit pas confondre avec les taches sanguines
qui ont une origine toute différente. En
effet, celles ci résultent de la présence, dans
une portion de la peau, d'artérioles et sur-
tout de vénules capillaires , plus nom-
breuses, moins petites, ou disposées autre-
ment que dans l'état normal; elles sont
rouges, violacées ou bleuâtres; les taches
mélaniennes , au contraire, sont produites
par l'excès local de la matière colorante, et
présentent une nuance intermédiaire entre
la couleur normale et le noir.
Les taches mélaniennes, dont la couleur
peut varier depuis celle du café au lait jus-
qu'au noir , offrent quelquefois un aspect
lardacé; d'autres fois elles sont couvertes de
poils. Elles sont ordinairement assez petites;
cependant quelques unes sont assez étendues
pour couvrir une région tout entière. Les for-
mes qu'affectent ces taches sont aussi très
variables; et, l'imagination aidant, elles se
rapprochent quelquefois de la forme de cer-
M EL
MEL
69
tains objets. Ainsi on a cru trouver sur des
enfants la figure de certains fruits, celle de
divers objets employés dans l'économie do-
mestique, etc. Nous rappellerons à ce sujet
un fait mentionné dans le Traité de Térato-
logie de M. Isid. -Geoffroy St. -Hilaire : « Une
petite fille, née à Valenciennes, pendant la
révolution, en Tan III, portait sur le sein
gauche un bonnet de la liberté; et, ce qu'il
y a de plus remarquable dans ce fait,
c'est que le gouvernement de l'époque crut
devoir récompenser , par une pension de
400 francs, la mère assez heureuse pour
avoir donné le jour à un enfant paré par la
nature elle-même d'un emblème révolution-
naire. »
Les animaux domestiques et sauvages pré-
sentent aussi des exemples remarquables et
authentiques de Mélanisme; nous citerons
principalement le Daim où l'on observe des
individus plus ou moins complètement Mé-
lanos; les grands Felis des contrées chaudes
des deux continents dont le pelage est géné-
ralement d'un noir lustré avec des taches en
yeux d'un noir profond, ce qui les a fait
considérer par quelques zoologistes modernes
comme espèces nouvelles; mais les observa-
tions de M. Isid. -Geoffroy St-Hilaireont dé-
montré que ces animaux noirs ne sont autre
chose que des Jaguars et des Panthères mé-
lanos. Le Lion a aussi présenté quelques
exemples de Mélanisme. Il en est de même
du Mouflon, du Raton-Laveur, du Castor du
Canada, etc. Le Mélanisme a jusqu'alors
paru plus fréquent chez les animaux que
chez l'homme, et les climats tempérés et
même froids aussi bien que les climats équa-
toriaux en ont offert des exemples.
On a longtemps considéré les Mélanos et
les Albinos comme devant constituer chacun
une race particulière; mais les faits tendent
constamment à prouver la fausseté d'un
semblable système; on sait actuellement de
la manière la plus positive que l'Albinisme
et le Mélanisme ne sont que les résultats
d'une modification individuelle et acciden-
telle, (j.)
MÉLAMTE ( pftaç , noir), min. —Es-
pèce de Grenat , d'un noir foncé , à base de
Fer et de Chaux. Voy. grenat. (Del.)
MELANITIS (pdaviot, couleur noire).
ins. — Genre de l'ordre des Lépidoptères
diurnes, tribu des Papillonides, établi par
Fabricius , et réuni par Latreille au genre
Biblis du même auteur. Voy. biblis.
MELANIUM, Rich. bot. ph. — Syn.
{TArlhrostemma, Pavon.
*MELAMOCHLORA, Lesson. ois.— Syn.
de Parus. Voy. mésange. (Z. G.)
*MÉLANOCHROITE (^ocvo'xpovç, co-
loré en noir), min. — Nouvelle espèce de plomb
chromaté rouge , dont la teinte est plus fon-
cée que celle du plomb rouge ordinaire, et
qui diffère en outre de celui-ci par sa forme
et par les proportions de ses éléments. Voy»
PLOMB CHROMATÉ. (DEL.)
*MELANOCORYPHA. ois.— Genre éta-
bli par Boié dans la famille des Alouettes,
pour l'Ai, calandre, Al. calandrahin.
*MELANODENDROI\ (fw/ccç, noir ; J/v-
<îpov, arbre), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Astéroïdées, éLabli par
De Candolle {Prodr., V, 280). Arbres de
l'île Sainte-Hélène. Voy. composées.
*MELANOG ASTER (f*el«ç, noir ; yacrrvj'p,
ventre), bot. cr. — Genre de Champignons,
établi par Corda (Sturm. Deulsch., FI. 111,
1 1 heft., tab. 1) , appartenant à la classe des
Basidiosporés hypogés. MM. Tulasne (Ann.
se. nat., juin 1843) en ont parfaitement éta-
bli les caractères. Ces Champignons ressem-
blent à des Truffes; leur réceptacle est su-
béreux, clos, et composé de funicules fila-
menteux appliqués les uns contre les autres ;
quelques uns se détachent et se confondent
avec le mycélium dans la terre ; on ne voit
pas de base par laquelle ils puissent absor-
ber l'humidité; le parenchyme est celluleux,
cloisonné ; chaque cellule renferme une
matière noire diffluente, composée de fila-
ments mucilagineux courts, à l'extrémité
desquels sont attachées quatre spores très
petites , lisses et transparentes. C'est à ce
genre que l'on doit rapporter le Tuber wos-
chatum de Bulliard; les genres Bulliardia,
lngbn.; une partie des Octaviana, West.,
Argysium, Wallr., et Hyperrhisa, Klotzsch.
Les Melonog aster Broomeianus Berk., et am-
biguus Tul., croissent dans les environs do
Paris. Aucune espèce n'est comestible. (Lév.)
MÉLANOGRAPHITE (puVç , noir; ypd-
<pw, écrire), min. — Nom donné ancienne-
ment aux pierres arborisées, à dendrixes
ou dessins de couleur noire. (Del.)
*MELANOLEUCA, Steph. ins. — Syn.
dVEdïa, Dup.
70
MEL
MELANOLOMA (PAa<;, noir; XSpa,
bordure), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées- Cynarées , établi par Cassini
(Dict. sc.nat., XXIX, 472 ; XLIV, 37; L,
252), pour deux espèces de Centaurées, les
Centaurea pullata et involucrala.
MELAN0P1ULA ({//)«;, noir; tpàla, ai-
mer). Ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Sternoxes, tribu des Bupres-
tites, créé par Eschscholtz (Zooïogical Allas,
p. 9), et adopté par Dejean et par MM. La-
porte de Castelnau et Gory, dans le supplé-
ment à leur monographie des Buprestides.
Vingt-quatre espèces font partie de ce genre,
et sont réparties dans les contrées chaudes
de l'Europe, de l'Amérique, de l'Afrique et
de l'Asie. Nous citerons celles de notre hé-
misphère: M. decasligma, appendiculata,
tarda de Fab. (Buprestis), et$M. œqualis
Mann. (C.)
MELA^OPHORA f>A«ç, noir: yop0ç,
qui porte), ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, tribu des Museides,
établi par Meigen et généralement adopté.
Il se distingue des autres genres de la même
tribu par ces antennes à troisième article
plus long que le deuxième; l'épistome non
saillant ; l'abdomen nu au milieu Les espè-
ces de ce genre sont assez nombreuses , et
toutes très petites (M. Carceli, rufipes, etc.).
On les trouve assez ordinairement dans
toute la France. Ces insectes voltigent sur
les murs et les pierres qui se trouvent ex-
posés au soleil.
*MELAMOPHORA (PAa5,noir; <p0pôç,
qui porte), crust. — Ce genre, établi par
Koch aux dépens des Drassus, a été rap-
porté à cette dernière coupe générique par
M. Walckenaër. Voy. drassds. (H. L.)
MELANOPIiTIÎALMUM , Fée ( Melh.
Lichen. , 45 , t. 2 , f. 2 ). bot. cr. — Voy\
STRIGULA, Fr.
MÉLANOPSÏDE. Melanopsis{u.Ù«<;, peiot-
voç, noir; fy, aspect), moll. — Genre de Mol-
lusques gastéropodes de la famille des Mé-
laniens, proposé d'abord par Férussac et
adopté par Lamarck et tous les naturalistes
qui l'ont suivi. Il est caractérisé par sa co-
quille turriculée, à ouverture entière, ovale-
oblongue avec la columelle calleuse, tron-
quée à la base, et séparée du bord droit par
un sinus peu profond. Une callosité plus ou
Moins considérable ou un sinus peu profond
MÉL
se trouve à la réunion de la lèvre droite sur
l'avant-dernier tour, et l'opercule est corné.
L'animal a le pied court, arrondi ; sa tête est
munie de deux gros tentacules coniques mé-
diocrement longs, portant les yeux sur un
renflement assez saillant, en dehors de leur
base. Leur bouche est à l'extrémité d'une
sorte de mufle; leur cavité respiratoire con-
tient deux peignes branchiaux inégaux, et se
prolonge en une sorte de tube à son angle
antérieur et externe. Ce genre, ainsi défini,
comprend en même temps une partie des
Pyrènes de Lamarck qui devaient s'en dis-
tinguer surtout par un sinus au sommet du
bord droit, et qui d'ailleurs, en raison de leur
forme allongée, avaient pu être prises pour
des Céritcs par Bruguicre. Quant aux Méla-
nopsides proprement dites, dont la forme est
ordinairement plus ovoïde, c'étaient des Buc-
cins ou des Bulimes pour les naturalistes pré-
cédents. Toutes les espèces de ce genre ha-
bitent les eaux douces; mais, tandis que les
espèces allongées, et dont on faisait le genre
Pyrène, ne se trouvent que dans les régions
tropicales, les autres se voient sur divers
points de la zone tempérée jusqu'au 45e de-
gré de latitude ; c'est ainsi que l'espèce type,
la M. marron (M. lœvigala Lamarck, ou
buccinoidea Fér.) se trouve dans les îles de
l'Archipel, en Grèce, et en Espagne, notam-
ment dans les aqueducs de Séville. Une autre
espèce, la M. allongée (M. acicularis F.),
longue de 20 millimètres et large de 7 mil-
limètres , se trouve dans le Danube et dans
les autres rivières de l'Autriche méridionale.
M. Deshayes rapporte au même genre une
coquille de FOhio, dans l'Amérique septen-
trionale, qui, par sa forme ovale-globuleuse
avec une spire courte et obtuse, rappelle cer-
taines Nérilines.
Plusieurs des espèces vivantes se trouvent
aussi fossiles dans les terrains tertiaires de
l'Europe à des latitudes plus septentrionales.
La M. lœvigata, que nous avons déjà citée,
se trouve ainsi aux environs de Paris et en
Angleterre. On connaît en outre sept autres
espèces de Mélanopsides fossiles qui n'ont
pas d'analogues vivants. (Duj.)
*MELANOPS!DIUM (p.A«?, noir; ff-
Jtov, écorce). bot. ph. — Genre de la famille
des Uubiacées-Cinchonacées , établi par Cels
(Hort.). Arbrisseaux d'origine orientale.
Voy. rubiacées.
MEL
*MELANORRïI0EA (u.e'X«ç, noir; pot«,
grenade), bot. ph. — Genre de la famille
des Anacardiacées, établi par Vallich (Plant.
as. rar., I, 9, t. 11). Arbres de l'Inde.
*MELANORNIS , G.-R. Gray. ois. —
Syn. de Melasoma, Swains. Voy. mélasome.
MÉLANOS. térat. — Nom donné aux in-
dividus affectés de Mélanisme. Voy. ce mot.
MELANOSELINUM ( f«A«ç , noir ; 0A1-
vov, persil), bot. ph. — Genre delà famille
des Ombellifères Thapsïées, établi par Hoff-
mann (Umbellif., 2e édit., I , p. 156). Ar-
brisseaux d'origine incertaine. Voy. ombel-
lifères.
MELANOSÏNAPIS , DC. (Prodr., I,
217). BOT. PH. — Voy. MOUTARDE.
MELANOSTICTA (pt'la;, noir; «xtixtoç ,
piqué), bot. ph. — Genre de la famille des
Légumineuses-Papilionacées - Cœsalpiniées ,
établi par De Candolle (Mém. légum., 474,
t. 69; Prodr., II, 485). Sous-arbrisseaux
du Cap. Voy. légumineuses.
*MELANOSTOLA ( pA*ç, noir; otoH ,
habit), ms. — Genre de Coléoptères hété-
romères , famille des Mélasomes , tribu des
Piméliaires, établi par Dejean ( Catalogue,
3e édit., p. 19S), qui en mentionne trois es-
pèces, les M. simplex, blap so'ides et obi on g a.
La première est originaire de Tripoli, en
Barbarie; la seconde de l'Asie mineure, et
la troisième d'Arabie. (C.)
MELANOSTROMA. bot. cr. — Voyez
STICTIS. (LÉV.)
*MELANOTUS frAoç, noir ; vSroq, dos).
ins. — Genre de Coléoptères penî.amères, fa-
mille des Carabiques , tribu des Féroniens,
créé par Dejean (Species général des Co-
léoptères, t. V, p. 698). Quatre espèces ren-
trent dans ce genre : les M. flavipes, rotun-
dicollis, impressifrons Dej. , et Chilicnsis
Chaudoir. Toutes sont originaires d'Amé-
rique. (C.)
*MEEANOTLTS , Esch. , Lat. ins. —
Syn. de Cralonychus, Dej., Erichs., et de
Pcrimerhus, Dehv., Ky., Stéph. (C.)
*?;ÏELAN0XANTHUS (pA«ç, noir; £«v-
e&ç, roux), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Sternoxes , tribu des
Élatérides, proposé par Eschscholtz, et
adopté par Dejean (Catalogue, 3e édit.,
p. 103). Ce genre se compose de quatre es-
pèces : les M. melanocephalusYab., dimi-
diatipennis , lepidus Dej., et quadrigutlalus
MEL
71
Es. Les trois premières sont originaires des
Indes orientales, et la dernière est indigène
de la Nouvelle-Hollande. (C.)
*MELANOXiTON ( p.&«; , noir ; çv'Aov ,
bois), bot. ph. — Genre de la famille des
Légumineuses-Papilionacées- Cœsalpiniées ,
établi par Schott ( in Spreng. Cur. post.,
406). Arbres du Brésil. Voy. légumineuses.
*MÉLANTÉRIE (melanteria , liqueur
noire), min. — Nom donné par M. Beudant
au Sulfate de fer (Couperose verte), qui sert
à préparer l'encre et les teintures en noir.
Voy. SULFATES.
*ME LAITERIES (pe/âvrepo,-, noir, au
comparatif), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides go-
natocères, division des Apostasimérides cryp-
torhynchides, créé par Erichson (Archiv.
fur Naturg., 1842, p. 209). L'auteur com-
prend dans ce genre trois espèces de la Nou-
velle-Hollande, qu'il nomme M. porcatus,
semi-porcatus et picirostris. (C.)
MÉLANTHACÉES. bot. ph.— Voy. col-
CHICACÉES.
MELANTHERA (**&«;, noir ; «vSnpx ,
anthère), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées , établi par Rohr
(in Kiobenh. nat. hist. Selskab. Skrift, I,
213). Herbes de l'Amérique tropicale. Voy.
COMPOSÉES.
MELAXTHÉRITE. min.— Syn. de Cou-
perose. Voy. FER.
*MELANTHESA (f**V , noir ; «vOyjjtç ,
floraison), bot. ph. — Genre de la famille
des Euphorbiacées-Phyllanthées, établi par
Blume (Bijdr., 590). Arbrisseaux de l'Iade.
Voy. EUPHORBIACÉES.
*MELANTHIA (nom mythologique), ins.
— Genre de l'ordre des Lépidoptères noc-
turnes , tribu des Phalénides, établi par
Duponchel (Calai, des Lépidopt. d'Europe,
p. 263), et caractérisé principalement par
des antennes simples ; des palpes assez longs,
à deuxième article très hérissé; des ailes
arrondies.
Ce genre renferme 16 espèces , réparties
en deux sections : la première comprend
celles dont les ailes supérieures sont traver-
sées au milieu par une bande plus ou moins
entière ( 14 espèces); la deuxième ne ren-
ferme que 2 espèces distinguées par des ailet
supérieures sans aucune bande médiane.
Les Melanthia sont répandues dans toute
72
M EL
MÉL
l'Europe. Leurs chenilles vivent , les unes
sur les arbres , les autres sur les plantes
basses, et se métamorphosent, tantôt dans
la terre, et tantôt dans un léger tissu entre
les feuilles.
MELANTHIUM (^'A«ç, noir; avOcç ,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Mclanthacées-Vcralrées, établi par Linné
{Gen., n. 454, excl. sp.) pour des herbes
du Cap à racine bulbeuse, à feuilles linéaires
ou lancéolées, engainantes, souvent ciliées,
planes ou très rarement canal iculées-tri-
quètres , à fleurs disposées en épis.
Schlechtendalt a réparti les espèces de ce
genre (m Linnœa , I, 80) en deux sections,
qu'il nomme: 1° Criocephalus , divisions du
périgone tuberculées à la base, sèches;
2° Meliglossus , divisions du périgone mu-
nies à leur base de deux petits sacs à fos-
settes nectarifères. Voy. mélanthacées.
*MELAI\THO (nom mythologique), ras.
— • Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Sternoxes, tribu des Élatérides,
créé par de Laporte {Revue entomologique
de Silbermann, t. IV, p. 10) avec deux es-
pèces de Madagascar : les M. Klugii et
costicollis de l'auteur. (C.)
*MELAPHORUS (f*A«ç , noir; yopo'ç,
qui porte), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères, famille des Méîasomes, tribu des
Tentyrites, créé par Guérin-Méneville (Mag.
zool., 1834, p. 43, pi. 109). Le type, le
M. Reichei de l'auteur, est de l'île de Santo-
Lorenzo, au Pérou. M. Solier a désigné la
même espèce sous les noms de Stenholma
tentyrioides (Ann. de la Soc. eut. de France,
t. IV, 1835, p. 142). (C.)
MÉLAPHYRE. géol.— Ce nom, adopté
par MM. Brongniart et d'Omalius d'Halloy,
dans leur classification des Roches, est pour
M. Cordier synonyme de son espèce Ophite.
Voy. ce mot. (C. d'O.)
MELAS, mam. — Voy. chat.
MELAS, moll. — Montfort donne ce nom
(Conchyl. systém. ) aux coquilles du g. Mé-
lanie.
*MELASINA(pAas, noir), ras.— Genre
de l'ordre des Lépidoptères nocturnes, tribu
des Lithosides , établi par M. Boisduval et
adopté par M. Duponchel (Hist. des Lépidop-
tères). Il ne renferme qu'une seule espèce ,
M . ciliaris , qui habite le Valais et la Dal-
roatie.
MELASIS Qt/Xaç, noir), ras. — Genre de
Coléoptères pentamères, famille des Ster-
noxes, tribu des Buprestides , créé par Fa-
bricius (Systema Eleutheratorum, I, 331),
et généralement adopté depuis. Les cinq es-
pèces suivantes font partie de ce genre , sa-
voir : M. flabellicornis Linné {Etaler) , pec-
linicornis Norwich , nigricornis , ruficornis
Say, et rufipalpis Chv. La première se trouve
dans toute l'Europe; les trois suivantes sont
propres aux États-Unis , et la dernière est
originaire du Mexique. (C.)
MELASMA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Scrophularinées-Gérardiées , éta-
bli par Bergius (Flor. cap., 162, t. III, f. 4).
Herbes du Mexique et du Cap. Voy. scp.o-
phularinées.
"MELASOMA, Delwynn. ras. — Syn. de
Lina, Mégerle, Dejean. (C.)
*MÉLASOME. Melasoma. ois.— Swain-
son a établi sous ce nom, dans la sous-fa-
mille des Dicurinées (Drongos) , un petit
genre auquel il donne pour type une espèce
qu'il nomme Mel. idoloïdes. (Z. G.)
MÉLASOMES. Melasoma Q«Aoes, noir;
awp;« , corps), ras. — Famille de Coléoptères
hétéromères, établie par Latreille {les Crus-
tacés, les Arachnides et les Insectes, t. II,
p. 2), et qui se compose d'insectes de cou-
leur noire ou cendrée (l'île de Fernando-Pô
fait exception à la règle ; la plupart des Pi-
méliaires en provenant ont les étuis blancs
ou jaunes) et sans mélange, d'où vient le
nom que leur assigne cet auteur; ils sont
aptères pour la plupart et à élytres souvent
soudées; à antennes en tout ou en partie
grenues, presque de la même grosseur, ou
un peu renflées à leur extrémité, insérées
sous les bords avancés de la tête, et dont
le troisièmearticle est généralement allongé;
à mandibules bifides ou échancrées à leur
extrémité, ayant enfin une dent cornée ou
un crochet au côté interne des mâchoires ;
tous les articles des tarses entiers et les yeux
oblongs et très peu élevés, ce qui, d'après
les observations de M. Marcel de Serres ,
indique leurs habitudes nocturnes. Presque
tous ces insectes vivent à terre , soit dans
le sable , soit sous les pierres , et souvent
aussi dans les lieux bas et sombres des mai-
sons, comme les caves, les écuries.
Suivant M. Léon Dufour {Anal, des se.
tfhist. nat. , V, 276) , l'insertion des vais-
MEL
MÉL
73
seaux biliaires se fait à la face inférieure du
cœcum , par un-seul tronc tubuleux, résul-
tant de la confluence de deux branches fort
courtes , composées elles-mêmes de la réu-
nion de trois vaisseaux biliaires. La bile est
jaune, quelquefois brune ou violette. Le
tube alimentaire (loc. cit., V, 478) est long,
et sa longueur, dans la tribu des Piméliaires,
est triple de celle du corps; l'œsophage est
long, et débouche dans un jabot lisse ou
glabre à l'extérieur, plus développé dans
ces derniers Insectes , où il forme une poche
ovoïde logée dans la poitrine. Il est garni
à l'intérieur de plissures ou colonnes char-
nues, longitudinales, aboutissant, dans quel-
ques Érodites et Piméliaires, du côté du
ventricule chylifique, à une valvule formée
de quatre pièces principales, cornées, ova-
laires et conniventes; le ventricule chyli-
fique est allongé , flexueux ou replié , le plus
souvent hérissé de petites papilles sembla-
bles à des points saillants, et se termine
par un bourrelet calleux en dedans, et où
a lieu l'insertion des vaisseaux biliaires. Le
même savant a observé, dans quelques genres
de Blapsides et d'Asidites, un appareil sa-
îivaire , consistant en deux vaisseaux ou
tubes flottants, tantôt parfaitement simples
(Asidiles) , tantôt irrégulièrement rameux
(Blapsides), et il ne doute point que ces
vaisseaux n'existent aussi dans les Pimé-
liaires.
M. Marcel de Serres a étudié avec beau-
coup de soin la texture des tuniques du
canal digestif (Obs. sur les usages des diver-
ses parties du tube intestinal des Ins. — Ann.
du mus. d'hist. nat.)(\). Le tube adipeux
est plus abondant dans ces hétéromèresque
dans les suivants: aussi peuvent ils, même
étant piqués et fixés avec une épingle , vivre
pendant près de six mois sans prendre de
nourriture, ainsi que des Akis en ont mon-
tré 1 exemple.
Latreille divise cette famille, formant
dans la méthode de Linné le genre Tenebrio,
d'après l'absence ou la présence des ailes.
Cette famille renferme trois tribus: les
li) Ce que M. Léon Dufour nomme ventricule chylifique
estpoui m Serres l'estomac, et relativement à d'autres in-
sertes le duoder.u-, -,„ ou>ll appe„c ,.,ntestin grê,e est
considéré par le premier comme ic ,.«..,.,„». c. ,,„,„, m. Lion
Dufour, M. de Serres n'a point parlé du jabot des Méla-
«omes, quoiqu'il soit très apparent dan» les Akisites et les
Piméliaires.
T. VIII.
Piméliaires , les Blapsides et les Ténébrio-
nites.
M. Solier, ayant fait une longue étude
des Coléoptères hétéromères , s'est vu forcé
de rejeter le nom de Mélasomes d'après les
caractères assignés par Latreille aux mâ-
choires de ces Insectes, car il faudrait alors,
y comprendre un assez grand nombre de
genres classés parmi les Taxicornes et les
Hélopiens. Cet auteur substitue ainsi le nom
de Collaptérides à celui de Mélasomes, qui
renferme, à peu de chose près, les Pimé-
liaires et les Blapsides de Latreille.
Voici quels sont les caractères donnés par
Solier aux Collaptérides (Annales de la soc.
enlom. de France, t. III, p. 492): Lobe interne
des mâchoires terminé par un crochet corné
distinct, ou garni de cils nombreux au côté
interne, dont plusieurs plus épais, subépi-
neux; élytres soudées entre elles et réunies
au tergum du mésothorax dans la plupart,
rarement libres; mais alors à menton tri-
lobé antérieurement , à métasternum très
court, très resserré entre les hanches inter-
médiaires et postérieures , et fortement tri-
lobé en arrière. (C)
MELASPHGERULA Ker. bot. ru. —
Syn. de Diasia, DC.
MÉLASTOMACÉES. Melastomaceœ . bot.
ph. — Famille de plantes dicotylédonées ,
polypétales, périgynes , ainsi caractérisée :
Calice tubuleux, dont le tube est tantôt en-
tièrement libre, tantôt soudé avec l'ovaire
ou par toute sa superficie, ou seulement par
ses nervures en nombre égal aux étamines ,
et dont le limbe se découpe en 5 , plus ra-
rement en 4-6 ou 3 lobes, à préfloraison
valvaire, d'autres fois se tronque en un re-
bord entier, doublé d'une couche charnue
qui se prolonge en un bourrelet saillant.
Pétales en nombre égal et alternes , insérés
sur ce bourrelet, courtement onguiculés, à
préfloraison tordue. Étamines insérées au
même point en nombre double, tantôt tou-
tes égales et fertiles, tantôt ies oppositipé taies
plus petites ou stériles , rudimentaires ou
manquant même tout-à-fait; filets libres,
filiformes, plies dans le bouton; anthères
terminales, par suite de cette plicature re-
gardant en bas dans la pix'ffuraison, ets'en-
ronyaiH même dans les interstices ménagés
entre les parois de l'ovaire et celles du ca-
lice, quand il ne lui adhère que par ses ner-
10
74
MEL
M EL
vures, biloculaires, ovales ou linéaires, ré-
trécics en bec au sommet, où elles s'ouvrent
par un ou deux pores, plus rarement s'ou-
vrant par des fentes longitudinales, quel-
quefois éperonnées à leur base , articulées
avec le filet par un prolongement inférieur
de leur connectif, qui présente souvent vers
cette articulation des appendices de forme
variable. Ovaire libre ou adhérent en tout
ou en partie, nu ou garni de soies à son som-
met, surmonté d'un style et d'un stigmate
simples , à plusieurs loges dont le nombre
e3t égal à celui des pétales ou de moitié
moindre, et qui contiennent chacune plu-
sieurs ovules anatropes insérés à l'angle in-
terne ou sur les cloisons. Le fruit est charnu
lorsque le calice est adhérent , capsulaire
lorsqu'il est libre , et, dans ce cas, se sépare
en autant de valves dont chacune emporte
sa cloison sur son milieu, tandis que souvent
les placentas s'en séparent soudés en une
colonne centrale. Les graines nombreuses, à
test crustacé que double un tégument mem-
braneux, sont tantôt réniformes, avec le hiie
placé au milieu de leur concavité , tantôt
ovoïdes , oblongues ou anguleuses, avec le
bile basilaire , et contiennent un embryon
de même forme sans périsperme; à coty-*
lédons inégaux dans le premier cas , égaux
dans le second; à radicule tournée du côté
du hile. Les espèces nombreuses sont des ar-
bres, arbrisseaux ou sous-arbrisseaux, rare-
ment des herbes , très abondantes dans l'A-
mérique tropicale, s'avançant en petit nom-
bre jusque vers le 40e degré dans la septen-
trionale , répandues aussi , mais beaucoup
moins dans la zone équinoxiale de l'ancien
continent. Leurs feuilles , dépourvues de
stipules, sont rarement verticillées, ordinai-
rement opposées deux à deux et alors quel-
quefois inégales , simples , entières ou plus
rarement dentées, parcourues de la base au
sommet par des nervures saillantes dont le
nombre ^arie de 3 à 9, qu'unissent d'autres
nervures plus fines, transversales, formant
aussi des réseaux. Leurs fleurs élégantes sont
groupées en cymes paniculées ou contractées,
plus rarement solitaires. On cite plusieurs
espèces employées comme tinctoriales dans
les pays quelles habitent, dont les écorces
fournissent une couleur jaune dans les unes,
noire dans les autres. Cette dernière couleur
est assez générale dans les fruits charnus ,
et c'est ainsi qu'à la Guiane le suc de celui
du Tococca est employé comme encre. C'est
même à cette propriété que le genre Melas-
loma^ et par suite la famille entière, doivent
leur nom, à cause de la teinte noire que
laissent sur les lèvres les baies du M. mala
bathricum , et de plusieurs autres lorsqu'on
les mange (p-Aa;, noir; aTÔpx, bouche). Dans
ces fruits on trouve des acides libres , miti-
gés par une certaine dose de sucre. Ces aci-
des se retrouvent dans les autres parties
herbacées, et quelquefois aussi on y ren-
contre une huile essentielle ou une résine .
de la présence desquelles résultent des pro-
priétés légèrement stimulantes.
Tribu
Lavoisiérées.
Anthères s'ouvrant par 1-2 pores. Ovaire
libre , ordinairement glabre au sommet.
Fruit capsulaire. Graines droites, ovoïdes ou
anguleuses. Espèces américaines.
Meriania, Sw. ( Wrightia , Sol. ) — - Axi ■
nœa , R. Pav. — Chastenœa, DC. — Slcpha-
hothricum, Naud. — Lavoisiera, DC. — Da-
vya, DC.—Adelbertia, Meisn. — Gr a ffen-
rieda, DC. — Huberia , DC. — Behuria ,.
Cham. — Centradenia, G. Don (Plagiophyl-
lum, Schlecht. ) — Brachycentrum , Meisn.
^-Pyramia, Cham. — Centronia , Don. —
Truncaria, DC. — Rynchanthera, DC. (Pro-
boscidia , Rich.) — Bucquelia , DC. — Cam-
bessedesia, DC. —Chœtosloma, DC. — Mcis-
neria, DC. — Siphanthera, Pohl. — Salpinga,
Marta ( Aulacidium , Rich. ) — Bertolonia ,
Raddi (Triblemma, Mart. ) — Lilhobium ,
Rong. — Sonenla , Roxb. ( Cassebeeria ,
Dennst. )
Tribu II. — Rhexiées.
Anthères s'ouvrant par un seul pore.
Ovaire libre, ordinairement glabre au som-
met. Fruit capsulaire. Graines réniformes.
Espèces américaines.
Dicrananthera , Pohl. — Polcranthera ,
Bong. — Spennera, Mart. {Jaravœa^ Scop.)
— Noterophila, Mart. — Microlicia, Don.—
Uranthera , Naud. — Fritschia, Cham. —
Emestia, DC. — Rhexia, R. Br. — HeMo-
noma, Mart. (Pachyloma, r>r )—Helero-
cenirun , iluuk. Arn. — Oxyspora , DC. —
Tricentrum, DC. — Marcetia, VC.— Trem-
bleya, DC. — Adelobotrys, DC.
MÉL
MÉL
75
Tribu III. — Osbeckiées.
Anthères s'ouvrant par un seul pore.
Ovaire libre ou adhérent , ordinairement
surmonté de soies ou d'écaillés. Fruit cap-
sulaire ou charnu. Graines réniformes. Es-
pèces originaires des deux continents.
Lasiandra, DC. — Macairea, DC. — Chœ-
togastra, DC. — Arthrostema, Pav. (Mela-
nium, Rich.) — Heeria, Schlecht. — Svilra-
mia, Cham. — Tibouchina, Aubl. (Savasta-
nia, Neck. ) — Monochœtum , Naud. —
Diplostegia, Don. — Tristemma , J. — Ple-
roma , Don. — Lachnopodium , Blum. —
Melastoma , Burm. ( Acinodendron , L. ) —
Otanthera , Blum. — OsbccMa, L. — Plero-
lepis, DC. —Chœtolepis, DC. — Microlepis,
DC. — ? Aciotis , Don.
Tribu IV. — Miconiées.
Anthères s'ouvrant par 1-2 pores. Ovaire
adhérent. Fruit charnu. Graines droites. Es-
pèces américaines pour la plupart.
Rousseauxia, DC. — Dichœtanthera, Endl.
— Leandra, Raddi. — Cidemia, Don. (Theu-
dia, DC.) — Jucunda, Cham. (Graffenrieda,
Mart. ) — Myriaspora , DC. ( Hamastris ,
Mart.) — Tococa, Aubl. — Myrmidone, Mart.
— Majeta, Aubl .— Calophysa, DC. — Medi-
nilla, Gaud. (Gallaria, Schr. ) — Daclyliotay
Blum. — Triplectrum, Don. — Pachycentria,
Blum. — Pogonanthera, Blum. — Allomor-
phia , Blum. — Calycogonium , DC. (Caty-
copteris, Rich. ) — Ossœa , DC. — Sagrœa ,
DC. — Tetrasygia, Rich. — Heterotrichum,
DC. — Dissochœta , Blum. — Aplectrum ,
Blum. — Conostegia, Don ( Calycotomus et
Bruguiera, Rich.)— Diplogenœa, Lindl. —
Diplochiton, Spreng. (Diplochita, DC.—Chi-
lonia, Don. — Folherghilla, Aubl. — leoni-
teœnî'a, Scop. ) — Phyllopus, DC.—Hcnriet-
]ea, DC. — Loreya, DC. — Marumia, Blum.
^-Creochilon, Blum. — Phyllagathis, Blum.
*-Decaraphe, Miq.— Miconia, R. Pav.(iïy-
))o^an(/iMs , Rich. ) — Octomeris , Naud. —
Vhiloporus, Naud. — Oxymeris, DC. — Oe-
nanium, Don ( Cyathanthera , Pohl. ) —
Blakea, L. [Topabca, Aubl. — FaJdesia, R.
Pav. — Bellucia et Drepanandrnm , Neck.
-- Apatitia, Desv.) — Cycnopodium, Naud.
— Sarcopyramis, Wall.
Tribu V. — Charianthées.
Anthères s'ouvrant par des fentes longi-
tudinales. Ovaire adhérent. Fruit générale-
ment charnu. Graines droites. Espèces de
l'Amérique ou des archipels asiatiques.
Charianlhus, Don {Chœnantfxera et Tetra-
zygos, Rich.) — Chœnoplevra, Rich. — JE«-
fressia, DC. — Ewyckia, Blum. (? Piernaw-
dra, Jack.) — Jsfrom'a, Blum. — Spathan-
dra, Guill. Perr. (Ad. J.)
MÉLASTOME. Melasloma (fx£l«ç, noir;
arrosa, ouverture), bot. ph. — Genre de la
famille des Mélastomacées-Osbeckiées, établi
par Burmann (Flor. Zeyl., 72). Ce genre
renfermait un assez grand nombre d'espèces ;
quelques unes en ont été séparées pour for-
mer divers autres genres (Osbeckia, Lachno-
podïum> etc.) ; actuellement il ne comprend
plus aujourd'hui que celles qui ont pour
principaux caractères: Calice à tube ovale,
soudé à la partie inférieure avec l'ovaire,
couvert de squamules ou de soies nombreu-
ses, à limbe 5-6-fide. Corolle à 5-6 pétales
insérés à la gorge du calice, ovales. Étami-
nes 10-12, insérés avec les pétales ; anthères
oblongues-Iinéaires, un peu arrondies en
voûte, s'ouvrant par un pore terminal, réu-
nies par un connectif stipiforme, allongé ou
court, bi-auriculé à la partie antérieure, ou
émarginé. Ovaire à 5-6 loges multi-ovulées.
Style filiforme, un peu renflé au sommet;
stigmate ponctiforme. Le fruit est charnu,
à 5-6 loges s'ouvrant irrégulièrement. Les
Mélastomes sont des arbrisseaux de l'Asie
tropicale, à feuilles opposées, très entières
ou dentées en scie, nerveuses; à fleurs pé-
donculées, réunies en faisceaux ou en corym-
bes terminaux, quelquefois solitaires, et de
couleurs variées: blanches, roses ou pour-
pres.
JUÉLASTOMÉES. Meïastomeœ. bot. fh.
— La plupart des auteurs modernes parta-
gent le groupe des Mélastomacées en denx
secondaires, caractérisées par le mode diffé-
rent de déhiscence des anthères , qui , dans
le moins nombreux , s'ouvrent par des fentes
longitudinales, dans l'autre par un ou deux
porcs terminaux. Ce dernier, auquel on
donne le nom de Mélastomées , comprend
donc les quatre premières tribus précédem-
ment exposées. (Ad. J.)
MÉLÉAGRE. Melcagris. mqll. — Genre
établi parMontforf (Conchyl. systém., t. II,
p. 206) aux dépens du g. Turbo de Linné.
Voy. ce mot.
76
MÉL
MEL
*MÉLÉAGR3DES. ois. — Famille établie
par M. Lesson dans l'ordre des Gallinacés
pour les espèces qui ont la tête et le cou en
partie dénudés ; les ailes arrondies et amples,
très concaves; la queue très courte, tom-
bante; les tarses médiocres, sans ergots, et le
corps bombé de toutes parts. Le genre Pin-
tade fait seul partie de cette famille. (Z. G.)
*MÉLÉAGRINÉES. Meleagrinœ. ois. —
Sous-famille de la famille des Phasianidées
Faisans) établie par G.-R. Gray (a List of
the gênera), et comprenant les genres Melea-
Qris, Numida, Gutleraet Acryllium. (Z. G.)
BfELEAGRIS ois. — Voy. dindon.
*MELECEBINE/E. mam. — Groupe pro-
posé par M. Lesson {Spec. des Mamm., 1840)
et placé à la suite des Lémuriens, et ne com-
prenant que le genre Polto ou Cercoleptes.
(E. D.)
MELECTA. ins.— Genre de la tribu des
Apiens, famille des Nomadides, de Tordre
des Hyménoptères, distingué surtout des au-
tres genres du même groupe par un écusson
court et bidenté. On connaît un petit nom-
bre d'espèces de ce genre. La plus répandue
est la M. punclala Fab.
Voy. pour les habitudes les articles noma-
dides et MELLIFÈRES. (Bl.)
MELES, mam. — Nom latin du Blaireau.
Voy. ce mot. (E. D.)
MELEUS, Mëgerle. ins. — Syn. de Plin-
thus, Germar, Schœnherr. (C.)
MÉLÈZE. Lariœ. bot. ph. — Tournefort
avait établi sous ce nom un genre particu-
lier pour des arbres de la famille des Abié-
tinées , de la monœcie polyandrie dans le
système sexuel de Linné, que distinguent
surtout leurs feuilles annuelles groupées en
faisceau par l'effet du raccourcissement des
rameaux qui les portent. Ce genre a été
réuni par Linné, et après lui par plusieurs
botanistes, tels que Gaertner, Lambert,
M. Endlicher, dans le grand genre Pinus ,
dont il ne forme plus qu'une simple section.
D'autres le distinguent des vrais Pins, mais
le confondent avec les sapins sous le nom
générique commun d'Abies; de ce nombre
sont A.-L. de Jussieu et L.-C. Richard ;
quelques uns, enfin, tels que MM. De Can-
dolle, Leach, Loudon, admettent la manière
de voir de Tournefort, ei en font un genre
distinct et séparé. Quoi qu'il en soit, rela-
tivement au rang qu'on assigne à ce groupe,
il présente les caractères suivants : les fleurs
sont monoïques; les chatons mâles sont
ovoïdes , sessiles le long des rameaux , ac-
compagnés à leur base d'écaillés soudées
entre elles qui forment une sorte d'ureéole;
les anthères s'ouvrent par une fente longi-
tudinale; les chatons femelles sont également
sessiles, ovoïdes, feuilles à leur base ; la
bractée qui accompagne chaque écaille flo-
rigère est membraneuse, colorée, persis-
tante, et, pendant la floraison , beaucoup
plus longue que cette écaille elle-même;
celle-ci est charnue, amincie vers son ex-
trémité. Le cône qui succède à ces chatons
femelles est dressé, formé d'écaillés imbri-
quées, presque ligneuses, amincies supé-
rieurement, concaves à leur base, qui per-
sistent après la chute des graines ; celles-ci,
au nombre de deux à la base de chaque
écaille, sont petites, coriaces, munies d'une
aile persistante, large, oblique; leur em-
bryon a 5-7 cotylédons. Les Mélèzes sont
de beaux arbres à cime pyramidale, dont
les branches pendent plus ou moins vers la
terre, dont les feuilles sont planes, minces
et linéaires , d'un vert gai ou glauque, an-
nuelles, éparses sur les jeunes scions, comme
fasciculées sur les rameaux anciens, à cause
de leur insertion sur un ramule très rac-
courci. — Ce genre renferme une espèce
très intéressante et très connue.
Le Mélèze d'Europe , Larix europœa DC.
(Pinus LarixLinn. , Abies Larix Poir., L.-G.
Rich.). Cette espèce croîtspontanément dans
la plupart des chaînes de montagnes de
l'Europe moyenne et méridionale , à l'ex-
ception de la Scandinavie, delà Grande-
Bretagne, des Pyrénées et de l'Espagne; elle
se trouve ensuite dans l'Oural, dans la Si-
bérie et dans l'Amérique septentrionale;
elle est vulgairement désignée sous la simple
dénomination de Mélèze. C'est un bel arbre
qui s'élève ordinairement à 20 mètres en-
viron , mais qui peut dépasser beaucoup ces
dimensions et atteindre jusqu'à 30 et même
40 mètres de hauteur , avec un diamètre
proportionné; ainsi il en existe quelques
individus que leurs dimensions vraiment
colossales ont rendus célèbres. Sa racine est
longue, pivotante. Ses branches «o»11 pres-
que verticilléps , trèa <5iaiees ou un peu pen-
dantes, surtout par les progrès de l'âge. Ses
feuilles sont glabres et lisses, linéaires,
MEL
MEL
77
d'un vert gai qui contraste avec la teinte
foncée de la plupart des autres Conifères.
Les chatons de fleurs se montrent au prin-
temps en même temps que les jeunes feuil-
les ; les mâles sont d'un jaune clair, longs
de près de 1 centimètre , tandis que les fe-
melles sont rougeâtres et longs de 1 à 2 cen-
timètres. Les cônes sont ovoïdes- oblongs ,
dressés, longs d'environ 3 centimètres, de
couleur jaunâtre ou roussâtre à leur matu-
rité, qui arrive en automne; quoique mûrs
dès cette époque, ils ne s'ouvrent pour laisser
sortirleurs graines qu'au printemps suivant,
et, même après qu'ils se sont ouverts , ils
persistent encore longtemps sur l'arbre.
Le Mélèze d'Europe est utile sous plu-
sieurs rapports. Il occupe un rang des plus
distingués parmi les arbres forestiers , tant
à cause de la rapidité de son développement
que des qualités précieuses de son bois. Cette
rapidité d'accroissement pendant les 20 ,
25 ou 30 premières années dépasse celle de
toutes les autres Conifères ; mais après cette
époque, l'arbre éprouve un ralentissement
très appréciable, et qui devient tel dans
certains cas qu'il peut alors être dépassé par
d'autres espèces. M. de Chambray ( Traité
prat. des arb. résin. Conif., 1845) cite des
plantations de vingt-trois ans dont les indi-
vidus avaient de 13 à 16 mètres de haut ,
sur près de 1 mètre de circonférence. En
général cette espèce peut acquérir environ.
20 ou 25 mètres de hauteur dans l'espace
de cinquante ans ; après quoi elle continue
à grossir sans s'élever beaucoup, pour l'or-
dinairejusqu'à cent cinquante ou deux cents
ans, terme le plus habituel de son existence.
Son bois est rougeâtre, surtout au cœur,
lorsqu'il s'est formé dans des lieux froids
et élevés ; il est jaunâtre dans les pieds qui
sont venus sur de bons fonds ; il est dur ,
imprégné de résine qui le rend presque in-
corruptible, ou qui du moins lui permet de
résister à l'action des agents atmosphéri-
ques et de l'humidité beaucoup plus que
celui de toutes les autres Abiétinées. D'après
M. Hartig, il pèse 68 livres 1 3 onces par pied
cube lorsqu'il est vert, et 36 livres 6 onces
lorsqu'il est sec. Il n'est pas sujet à se fen-
dre, et il proscrite encore cet avantage que
les insectes l'attaquent rarement. Ces divers
motifs lui donnent une valeur supérieure
pour la construction, soit des charpentes
qui, faites avec ce bois, réunissent beau-
coup de solidité à une longue durée et à une
légèreté assez grande , soit des navires, dans
lesquels le Mélèze est regardé, à Venise et
en Russie , comme préférable au Chêne.
Dans le Haut-Dauphiné, dans la Savoie et
le Pays de Vaud , où cet arbre est extrême-
ment abondant, on en construit des maisons
en posant les uns sur les autres des troncs
équarris d'environ un pied de côté , assem-
blés dans les angles et vis-à-vis des refends.
Ces maisons sont d'abord blanches; mais
elles noircissent en deux ou trois ans. De
plus, la résine suintant à la surface du bois
de ces troncs superposés, ferme toutes les
jointures et s'étend en une couche semblable
à un vernis luisant et poli , qui rend le tout
absolument impénétrable à l'eau et à l'air,
mais en même temps très inflammable.
Employé dans les constructions submergées,
le bois de Mélèze se conserve presque indé-
finiment et acquiert une très grande du-
reté. Débité en planches , il est très propre
aux ouvrages de menuiserie; mais il est
sujet à se tourmenter, et à se voiler lorsqu'il
a été mis en œuvre avant sa parfaite dessic-
cation. Pour éviter cet inconvénient, on a
recommandé de le plonger dans l'eau pendant
un an etde le laisser ensuite à l'air pendant
une autre année avant de le débiter. En
Suisse, et dans quelques parties de, l'Alle-
magne, on confectionne en bois de Mélèze
des tonneaux et des futailles qui conservent
parfaitement le vin. Enfin , ce même bois
donne des échalas dont la durée est telie
qu'ils se transmettent, dit-on, avec les
propriétés. Comme combustible , le bois de
Mélèze présente quelques inconvénients en
ce qu'il s'enflamme avec peine et qu'il s'é-
teint assez facilement; mais il se recom-
mande d'un autre côté par la grande quan-
tité de chaleur qu'il donne, et qui est esti-
mée par M. Hartig , relativement à celle du
Hêtre, comme 1248 : 1540. Le charbon qu'il
donne est très lourd et propre aux opéra-
tions des usines métallurgiques.
Le Mélèze d'Europe se recommande en-
core par son écorce et par ses produits rési-
neux. Recueillie sur déjeunes pieds, cette
écorce est utilisée pour le tannage et pour
la teinture en brun. Quant aux produits
résineux, ils sont de deux sortes , et ils sont
connus, l'un sous le nom de Térébenthine de
78
MEL
Venise, l'autre sous celui de Manne de Br lan-
çon. La térébenthine de Venise est la résine
qui exsude naturellement à travers l'écorce,
mais que l'on obtient ordinairement des
pieds arrivés à peu près à leur parfait déve-
loppement dans lesquels on perce avec des
tarières des trous obliques qui n'atteignent
pas le centre de l'arbre, ou dans lesquels
on pratique des entailles. La résine qui s'é-
coule est reçue dans des baquets. Elle est
à l'état liquide et de consistance sirupeuse ;
sa couleur est claire, jaunâtre; sa saveur
est un peu amère. Elle a des usages assez
nombreux dans les arts et en médecine. Par
la distillation, elle donne de l'essence de
térébenthine, et elle laisse comme résidu de
la colophane. Employée en nature, elle agit
comme stimulant; elle concourt de plus à la
confection de divers onguents et emplâtres.
Un Mélèze aménagé convenablement fournit
de la térébenthine pendant quarante ou cin-
quante ans.
Ce peu de mots sur les usages du Mélèze
suffit pour faire sentir son importance et
pour justifier le conseil qui a été donné par
plusieurs agronomes de s'en servir, afin
d'utiliser beaucoup de terrains abandonnés.
On sait, en effet, que cet arbre est très peu
difficile sur le choix du terrain, et qu'il pros-
père dans les lieux montueux, sur le bord
des ravins et des torrents, dans les terrains
graveleux; en un mot, dans des endroits où
il semble impossible d'introduire avec succès
aucune autre culture. (P. D.)
MELHANIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Byttnériacées-Dombeyacées , éta-
bli par Forskal (JEgypt., 64). Arbres ou ar-
brisseaux de l'Asie et de l'Afrique tropicale.
Voy. BYTTNÉRIACÉES.
MELÏA, Lin. bot. ph. — Genre qui
donne son nom à la famille des Méliacées,
et qui rentre dans la décandrie monogynie.
Les végétaux dont il se compose sont des
arbres qui habitent pour la plupart les par.
ties tropicales de l'ancien continent, dont
*in croît spontanément jusque dans le bassin
âe la Méditerranée. Leurs branches sont
marquées de larges cicatrices trilobées, lais-
sées parla chute des feuilles; les jeunes
pousses et les inflorescences sont revêtues
d'un duvet cotonneux d'aspect farineux.
Leurs feuilles sont alternes, bipinnées. Leurs
fleurs sont portées sur des pédoncules axil-
IV] EL
Jaires, simples dans leur partie inférieure,
rameux et paniculés dans la supérieure;
elles présentent l'organisation suivante: un
calice 5- parti ; une corolle de 5 pétales
étalés, un tube formé par la soudure com-
plète des filets, 10-fide au sommet, dont
les divisions sont 2-3-parties, et qui porte
à sa face interne et à sa gorge 10 anthères
incluses, biloculaires; un ovaire reposant
par sa Uase sur un disque, à 5 loges, qui
renferment chacune deux ovules superposés,
dont le supérieur est ascendant, dont l'in-
férieur est suspendu; ce dernier est le seul
qui se retrouve dans le fruit qui constitue
un drupe peu charnu à noyau 5-loculaire.
L'espèce la plus connue de ce genre est le
Mklia azedabach, Melia azedarach Lin.,
vulgairement connue sous les noms de faux
Sycomore, Arbre Saint, Lilas des Indes, Lilas
de la Chine , Arbre à Chapelet ; ce dernier
nom est tiré de l'usage que les moines de
l'Archipel et des pays qui bordent la Médi-
terranée font du noyau de ses fruits. C'est
un arbre qui s'élève à 10 ou 12 mètres de
hauteur; ses feuilles sont bipinnées, for-
mées de folioles lisses , ovales- lancéolées ,
aiguës au sommet, dentées-incisées; ses
fleurs , de couleur lilas , ont une odeur
agréable ; leur tube staminal est d'un pour-
pre brun assez foncé. — Dans le midi de
la France, cet arbre passe parfaitement en
pleine terre; aussi y est-il assez fréquem-
ment planté en allées de promenades et le
long des routes. Dans nos départements
du nord , au contraire, il ne résiste aux
froids de l'hiver que lorsqu'on le place à
une bonne exposition , et même dans ce cas
il n'acquiert jamais tout le développement
dont il est susceptible. Ses fruits sontgénéra-
Iement regardés comme vénéneux, et de là
vient le nom d'Azedarach , mot arabe qui
signifie plante vénéneuse; leur action ne
paraît pas être cependant aussi énergique
que quelques auteurs l'ont prétendu. La
racine de cet arbre a une saveur amère et
nauséabonde; elle agit comme anlhelmin-
tique à un degré très prononcé. Elle est em-
ployée comme telle en diverses contrées, et
particulièrement dans l'Amérique septen-
trionale. Des propriétés analogues ont été
signalées dans les fruits secs de l'Azedarach.
Enfin , la décoction des feuilles de cet arbre
est employée dans l'Inde contre l'hystérie;
MEL
IV] EL
79
elle est également regardée comme astrin-
gente et stomachique.
On cultive encore dans les jardins le Melia
sempervirens Swartz, originaire de la Ja-
maïque et des Indes, dont les feuilles sont
également bipinnées, mais à 7-9-folioles
légèrement ridées, incisées; ses fleurs et
ses fruits sont un peu plus petits que ceux
de l'Azedarach. Cette espèce fleurit plus tôt,
et dès l'âge de deux ans; elle perd ses
feuilles plus tard, et résiste moins au froid,
ce qui oblige à la tenir dans l'orangerie
pendant l'hiver. (P. D.)
*MELIA. crust. — Genre de l'ordre des
Décapodes brachyures, de la tribu des Can-
cériens, établi par M. Milne Edwards aux
dépens des Grapsus deLatreiMe. Cette petite
coupe générique est très voisine du genre
des Pilumnus, mais a aussi beaucoup d'ana-
logie avec celui des Grapsus. Le caractère
distinctif est que chez ce nouveau genre le
bord orbitaire inférieur ne se joint pas au
front et laisse à l'angle interne de l'orbite
un hiatus qui est rempli par l'antenne ex-
terne. La carapace est presque circulaire.
La seule espèce connue est la Mélie damier,
Melia tessellata, Edw. (Hist.nat. des Crust.,
t. I, p. 391, pi. 18, fig. 6 à 9). Elle a été
rencontrée sur les côtes de l'Ile de France.
(H. L.)
MELIACÉES. Meliaceœ. bot. ph. — La
famille de plantes dicotylédonées , polype-
taies, hypogynes, àlaquelle on avait donné ce
nom , est généralement aujourd'hui divisée
en deux : l'une, à laquelle on le conserve ;
l'autre, qui a reçu le nom de Cédrélacées.
Quoique bien distinctes , elles restent unies
par des rapports assez intimes, pour que
nous ayons cru ne pas devoir en traiter sé-
parément; nous allons donc successivement
exposer les caractères de l'une et de l'autre,
Méliacées.
Calice libre, de 3- S--3 folioles distinctes
ou soudées à une hauteur plus ou moins
grande, égales, imbriquées dans la préflo-
raison. Pétales en nombre égal et alternes,
plus longs, libres ou plus rarement unis par
leur base entre eux ou avec le tube stami-
nal , à préfloraison valvaire ou imbriquée.
Etamiries en nombre double, insérées au
même point que les pétales , à filets larges,
aplatis, bidentés ou bifides au sommet, sou-
dés entre eux par leurs bords en u:i UUni
plus eu moins long et de formes diverses.
Anthères introrses, à deux loges s'ouvrant
longitudinalement , insérées entre les dents
du filet, saillantes hors du tube , ou cachées
par lui. Disque tantôt presque nul , tantôt
élevant le pistil sous forme de colonne, tan-
tôt l'entourant sous celle d'anneau, ou même
prolongé en un tube charnu ou membraneux
qui l'engaîne à une plus ou moins grande
hauteur. Ovaire libre , à loges égalant en
nombre celui des pétales, rarement moindre
ou au contraire multiple, communiquant
quelquefois entre elles vers leur sommet,
renfermant chacune deux ovules attachés à
l'angle interne, collatéraux ou superposés ,
ascendants ou plus souvent suspeirdus, plus
rarement quatre sur deux rangs. Style ter-
minal, simple, égal au tube staminal ou plus
court, terminé par un stigmate en tête, py-
ramidal ou discoïde , marqué d'autant de
lobes ou d'angles qu'il y a de loges. Le fruit
offre des formes variables , celle d'une baie
ou d'une drupe , ou d'une capsule à déhis-
cence loculicide. Les graines , souvent soli-
taires dans les loges par avortement, sont
revêtues ou dépourvues d'un arille charnu,
dressées, suspendues ou horizontales, de
forme variée, jamais ailées; un périsperme
charnu s'observe dans quelques genres, man-
que entièrement dans le plus grand nombre.
Dans le premier cas , l'embryon a la radi-
cule saillante en dehors des cotylédons folia-
cés; dans le second , la radicule courte est
comme retirée entre les cotylédons épars ,
quelquefois soudés ensemble : elle se dirige
vers le hile ou en sens inverse. Les espèces
de cette famille sont des arbres ou des ar-
brisseaux, croissant la plupart sous les tro-
piques , quelques uns en dehors , la plu-
part de ceux-ci dans l'hémisphère austral,
un seul dans le boréal. Leurs feuilles sont
ordinairement alternes , rarement simples ,
plus souvent composées ou une seule fois
avec folioles opposées ou alternes ou deux
fois, .dépourvues de stipules. Leurs fleurs
sont ordinairement disposées en petites cy-
mes, qui se groupent elles-mêmes en pani-
cules, en corymbes, en grappes, en épis, à
l'extrémité des rameaux , ou plus souvent.
encore aux aisselles des feuilles ; il n'est pas
rare de voir l'un des sexes s'y développer
incomplètement, et les fleurs alors; tout en
80
aiEL
présentant l'apparence de l'hermaphrodisme,
deviennent réellement polygames ou monoï-
ques. Beaucoup deMéliacées présentent un
mélange de principes acres, amers et astrin-
gents , auxquels ils doivent des propriétés
variables, suivant la proportion de ces prin-
cipes divers, toniques et stimulantes dans les
unes, émétiques et purgatives dans les au très.
Les graines et les péricarpes renferment une
huile fine, qui participe a cette amertume.
Cependant les fruits d'un petit nombre d'es-
pèces font exception , et fournissent un ali-
ment doux et agréable.
GENRES.
Tribu I. — Méliées.
Embryon dans un périsperme mince et
charnu, à cotylédons foliacés, a radicule sail-
lante. — Espèces toutes originaires de l'an-
cien continent , à feuilles simples , pennées
ou plus souvent bipennées, à folioles sou-
vent dentées.
Quivisia, Comm. (Gilibertia, Gmel. ) —
Calodryum , Desv. — Turrœa, L. — Mun-
ronia, Wight. — Naregamia, W. et Arn. —
Melia , L. ( A zedarach , Tourn. ) — Azadi-
rachla , Ad. J. — Mallea , Ad. J. — Cipa-
dessa, Bl.
Tribu II. — Trichiliées.
Embryon sans périsperme, à cotylédons
épais, à radicule courte et incluse. — Espèces
originaires des deux continents , à feuilles
une seule fois pennées, à folioles très en-
tières.
Aglaia, Lour. (Camunium , Rumph. —
Cambania, Comm.) — Milnea. Roxb. (Nya-
lelia, Dennst.) — Lansium, Rumph. (Sphœ-
rosacme , Wall.) — Nemedra , Ad. J. —
Amoora, Roxb. {Anderson ia, Roxb. — Amura,
Sch. — Aphanomixis, Bl.) — Disoxylon, Bl.
— Chizocheton, Bl. {Schizochiton, Spreng.)
— Synoum, Ad. J. {Schoutensia, Endl.) —
Hartighsea, Ad. J. — Epicharis, Bl, — Ca-
bralea, Ad. J. — Didymochiton, Bl. — Go-
niochiton, Bl. — Sandoricum, Cav. — Eke-
lergia, Sparm. — Walsura, Roxb. — Hey-
liea, Roxb. — Trichilia, L. (Elcaja, Forsk.
•— Portesia, Cav.) — Moschoxylum, Ad. J.
— Guarea, L. {Elutheria,V . Br.) — Carapa,
Aubl. (Persoonia, W.) — Xylocarpus, Ad. J.
genres douteux.
Calpandria, Bl. —Odontandra, Kth.
MEL
CÉDRÉLACÉES.
Elles diffèrent de la famille précédente
par leurs étarnines quelquefois distinctes ,
par leurs ovules au nombre de quatre au
moins dans chaque loge, de plus ordinai-
rement imbriquées sur deux rangs, et de-
venant autant de graines plates et ailées
à périsperme mince ou nul , dans un fruit
capsulaire à péricarpe ligneux dont les val-
ves se séparent des cloisons qui restent avec
les graines attachées à l'axe persistant. Les
espèces, toutes tropicales, sont des arbres en
général très élevés, à bois dur, odorant et
coloré, employé en conséquence dans la me-
nuiserie, comme l'est, par exemple, celui
de l'Acajou , qui appartient à cette famille.
Leurs feuilles sont pennées une seule fois ,
quelquefois parsemées de points transpa-
rents. Les principes astringents et amers do-
minent dans ces plantes, et leur donnent des
vertus toniques, vantées dans quelques unes
comme fébrifuges.
GENRES.
Tribu I. — Swiétkniées.
Filets soudés en un tube. Hile à l'extré-
mité d'une aile parcourue par le funicule.
Préfloraison de la corolle tordue.
Swietenia , L. (Maagoni, Ad. — Roia ,
Scop. — Cedrus, Mill.) — Khaya, Ad. J. —
Soymida, Ad. J. — Chickrassia, Ad. J. (Pla-
giotaxis, Wall.).
Tribu IL — Cédrélées.
Filets distincts. Hile à l'extrémité de la
graine, qui n'est pas prolongée en aile. Pré-
floraison de la corolle convolutive.
Chloroxylon, DC. — Flindersia, R. Br.—
Oxleya , AU. Cunn. — Cedrela, L. (Jon-
sonia, Ad. — Cuveracea, Jones. — Surenus,
Rumph.). (Ad. J.)
*MÉLIANTIIÉES. Meliantheœ. bot. ph.,
— Le genre Melianthus a été placé à la suite
des Zygophyllées avec doute, et présente en
effet des caractères assez tranchés pour que
M. Endlicher le considère comme destiné à
former le noyau d'une famille distincte.
Mais jusqu'ici il la constituerait à lui seul,
et les caractères de cette famille rentreraient
en conséquence complètement dans ceux du
genre. Nous les indiquerons à l'article de
celle à laquelle on l'associait. Voy. zygo-
phyllées. (Ad. J.)
MEL
MÈL
81
MELIANTIIUS (fuîli, miel;av0oç, fleur).
bot. ph. — Genre qu'Endlicher considère
comme devant former le type d'une nouvelle
famille, celle des Mélianthées {voy. ce mot).
Il a été établi par ïournefort (Inst., 245)
pour des arbrisseaux du Cap et du Népaul.
YOIJ. MÉLIANTHÉES OU plutôt ZYGOPIIYLLÉES
pour les caractères distinctifs de ce genre.
*MELIAS, Gloger. ois.— Syn. de Phœni-
co])/jaus(Malcoha), Vieil lot. (Z. G.)
MÉL1BÉE. ins. — Nom d'une espèce du
g. Satyre.
MELICA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Eestucacées, établi par
Linné (Gen. n. 82). Gramens abondants
dans l'Europe et l'Asie centrale, dans les
régions tropicales et extra tropicales de l'A-
mérique , et se rencontrant assez fréquem-
ment aussi au cap de Bonne-Espérance.
Voy. GRAMINÉES.
*MELICEKTA. ins.— M. Stephens a éta-
bli sous ce nom, pour une seule espèce trou-
vée en Angleterre (il/, ochroleuca Steph.),
■un genre dans le groupe des Tenthréditesde
Ja tribu des Tenthrédiniens, de l'ordre des
Hyménoptères. Voy. tenthrédiniens. (Bl.)
MELSCEXITA et MELICERTUM (nom
mythologique), acal. — Genre de Méduses
monostomes établi par Péron et Lesueur et
caractérisé par les tentacules marginaux de
l'ombrelle et par des bras très nombreux (in-
formes , chevelus et formant une espèce de
■houppe à l'extrémité du pédoncule.
Ce genre, que Lamarck avait réuni à ses
Dianées, comprenait alors cinq espèces dont
la première, Melic. digitale, est une Eirene
d'Eschscholtz, et la troisième, M. perle, est
un Bhizostome du môme auteur. M. de
Blainville adopta ce genre avec ses caractè-
res; mais Eschscholtz,déjaauparavant, chan-
geant son nom en Melicertum, l'avait défini
d'une autre manière, en prenant pour type
Ja deuxième espèce de Péron et Lesueur, la
M. campanule. 11 le plaçait dans la famille
des Océanides, où seul, parmi les aucres
.genres, il présente des franges de tentacules
à la face inférieure de l'ombrelle, qui est en
forme de cloche, avec une cavité stomacale
simple, un orifice tubiforme lobé; quatre
«anaux supportant les franges et qui portent
des cirrhes marginaux de différentes gran-
deurs en nombre déterminé. Ce genre, ainsi
caractérisé, comprenait quatre espèces dont
T. VI II.
une seule de Péron et une autre, M. penicilla-
lum, sont rangées par M. de Blainville parmi
ses Aglaures. M. Lesson , dans son Histoire
des Acalèphes, en 1843, a admis : 1° un genre
Melicerta comprenant trois des espèces de
Pérou, mais aucune des espèces d'Esehs-
choltz; 2° un genre Melicertum comprenant
seulement deux des espèces d'EschschoItz, et
3° un genre Clochette, Campanella, renfer-
mant les deux autres Mélicertes d'EschschoItz,
admises sous ce môme nom par M. de Blain-
ville, et dont l'une est en même temps la
M. campanula de Péron et Lesueur. Pour
M. Lesson, les Melicerla appartiennent à son
troisième groupe; ce sont des Méduses aga-
ricines ou proboscidées, c'est-a-dire ayant
sous le milieu de l'ombrelle un stipe ou pé-
doncule à peine divisé au sommet; comme
caractère générique, elles ont des tentacules
courts, simples ou peu nombreux au pour-
tour de l'ombrelle, et leur pédoncule, assez
épais, est terminé au sommet par des fran-
ges ou filaments nombreux.
Les Melicertum et les Clochettes du même
auteur sont, au contraire, des Méduses non
proboscidées. Le genre Clochette fait partie
de la troisième tribu des Marsupiales, Médu-
ses en sac ou en cloche, ayant de quatre à
huit faux bras sur le rebord de l'ombrelle ,
sans pédoncule, sanscirrhes; comme carac-
tère générique, elles ont une ombrelle à
quatre angles, à bords lisses et garnis de trois
rangées de tentacules courts, et des ovaires à
cloisons en croix, garnies de fibrilles internes
nombreuses.
Le genre Melicertum de M. Lesson appar-
tient à sa tribu des Nucléiferes, Méduses cam-
panules, à ouverture circulaire, lisse ou di-
versement ciliée au pourtour, et distinguées
de toutes les autres familles par un sac sto-
macal, cylindracé, terminé en bas par un
prolongement buccal en forme de trompe à
quatre ou huit divisions. Comme caractères
de ce genre, l'auteur signale les quatre pi-
liers ciliés du sac stomacal quadrilobé, ci. le
bord de l'ombrelle portant des cirrhes courts,
réguliers, assez nombreux, et huit eirrhès
plus grands. (Huj.)
MELICERTA. crust.— Syn. dcLysmata.
Voy. ce mot. (11. L J
MÉLICERTE. ins. —Espèce de Lépi-
doptère du g. Satyre.
MÉLICERTE. Melicerla , nom mytho-
• il.
82
MEL
1WEL
logique), infus. — Genre de Systolides ou Ro-
tateurs, établi par Schrank pour une espèce
assez commune dans les eaux douces, et que
IlilletPallas rangèrent parmi les Brachiens.
M. Dutrochet la désigna sous le nom de
îiotifcr quadricircularis; Lamarck, Cuvier
et M. Bory de Saint-Vincent Font nommée
Tubicolaria quadriloba. M. Ehrenberg , en
adoptant ce genre, y réunit d'abord comme
seconde espèce (M. biloba) le Limnias ccra-
lophylli de Schrank , dont plus tard il a fait
aussi un genre distinct. Nous pensons que
ces deux, espèces appartiennent à un seul
genre que nous caractérisons ainsi : ce sont
des animaux presque diaphanes, logés dans
un fourreau un peu conique incrusté de
matières terreuses qui le rendent opaque et
cassant comme celui de la première espèce ,
M. ringens , ou formé de grains uniformes,
longs de trois à cinq quarts de millimètre,
qui sont les excréments. Ce tube est fixé
perpendiculairement sur quelque tige de
plante aquatique , et l'animal lui-même
a le corps en massue ou en entonnoir al-
longé, avec un limbe ou bord supérieur
épanoui en deux ou quatre lobes arrondis
et entourés de cils rotatoîres. (Duj.).
MÉLICERTE. Melicertus. crust.— Genre
établi par Rafinesque sur un Crustacé de
l'ordre des Décapodes macroures, qui paraît
excessivement voisin des Pénées, et qui a
été adopté avec doute par les carcinologlstes.
L'espèce type de cette nouvelle coupe géné-
rique est le Melicertus tigrinus Raf. (II. L.)
*MÉLICERTIENS. infus. syst. — Fa-
mille de Systolides ou Rotateurs fixés par
un pédoncule. Ce sont de petits animaux
aquatiques à corps mou, diaphane, en forme
de massue ou d'entonnoir, porté par un pé-
doncule charnu extensible, qui se contracte
en se plissant. Ils vivent isolément à nu ou
logés dans un tube. Leur corps est terminé
par un limbe supérieur plus ou moins étalé
et lobé, bordé de cils rotatoires. La bouche,
située près du limbe, est armée de mâchoires
en étrier à trois ou plusieurs dents. Les Mé-
Iicertiens se trouvent ordinairement fixés
sur des herbes aquatiques , et ils sont assez
volumineux pour être vus à l'œil nu ou avec
..le secours d'une loupe: aussi ont-ils attiré
l'attention de tous les anciens observateurs.
* Pallas les réunissaitaux Brachions ; Eichhorn
les nommait des polypes-fleurs et des po-
lypes-étoiles ; O.-F. Mullcr rapportait à son
genre Vorticellc ceux qu'il a connus. Schrank
le premier essaya de les distinguer généri-
q:iement sous les noms de Melicerta, Lim-
nias et Linza. M. Dutrochet, de son côté ,
les étudia plus particulièrement et les dé-
crivit comme des Rotiferes; mais Lamarck,
d'après les observations mêmes de ce natu-
raliste, en forma le genre Tubicolaire.
Schweigger, pour quelques unes des mêmes
espèces , avait proposé le nom générique de
Lacinulaire, que M. Bory de Saint-Vincent
changea en celui de Mégalotroque , en dis-
tinguant comme deux autres genres
les noms de Synanthérine et de Sten:
les jeunes individus de ce genre. M. Ehren-
berg, enfin, dans ses publications successives
depuis 1830, a admis pour ces animaux lc^
genres Ptygura , OEcistes , Conochilus ,
Megalotrocha, Tubicolaria, Limnias, Laci-
nularia et Melicerta , qu'il répartit dans ses
quatre familles des Ichthydina, desOEcistina,
des Megalotrochœa et des Flosculariœa ,
qui contiennent en même temps d'autres
genres pourvus de caractères totalement
différents. Quant aux genres que nous ve-
nons de nommer, cet auteur les distinguo
d'après l'absence ou la présence des yeux,
au moins dans le jeune âge, et d'après le
nombre des lobes de l'organe rotatoire.
Ainsi ses Tubicolaires sont toujours privées
d'yeux, tandis que les autres genres en ont
deux pendant le jeune âge; ses Limnias et
ses Lacinulaires ont l'organe rotatoire bi-
lobé; ils diiîèrent parce que les uns ont des
étuis ou fourreaux coniques, isolés, tandis
que les autres ont une enveloppe commune
qui n'est qu'une masse gélatineuse ; ses Mé-
licertes ont des étuis isolés comme les Lim-
nias, mais en diffèrent par leur appareil
rotatoire à quatre lobes. Tous, d'ailleurs,
ont la même forme générale et des mâchoires
en étrier, c'est-à-dire composées d'un arc
traversé par une barre sur laquelle s'ap-
puient trois dents parallèles, partant du
sommet. Nous pensons donc que ces dis-
tinctions de genres et de familles, basées
sur la présence des points rouges qu'on
veut nommer des yeux , ou sur la natur- de
l'enveloppe, ont trop peu d'importance, et
nous préférons n'en former qu'une seule
famille divisée seulement en quatre genres,
d'après le mode d'expansion du limbe efi
MÉL
MÈL
83
d'après la constitution du fourreau, ou son
absence. Un premier genre, Plygure, est
caractérisé par le peu d'ampleur du limbe,
lequel , bordé de cils courts , n'offre pas
l'apparence d'une roue en mouvement; le
deuxième genre, Lacinulaire, a, au con-
traire, un limbe' largement étalé , échancré
d'un seul côté, et bordé de cils assez longs,
produisant un mouvement rotatoire dis-
tinct. Les espèces de ces deux genres sont
libres ou accidentellement engagées dans
une masse gélatineuse , mais toujours sans
étui. Les deux autres genres, Tubicolaire et
Mélicerte , ont le limbe divisé en lobes
comme une corolle de fleur ; mais ils se dis-
tinguent par la nature de l'étuiou fourreau,
qui est membraneux , transparent chez les
Tubicolaires, et incrusté de matière ter-
reuse , opaque , chez les Mélicertes. (Duj.)
MELIGERTUS. crust. — Syn. de Lys-
mala. Voy. ce mot. (H. L.)
XICÏIRUS (^'-XP^ i doux comme du
miel ). bot. ph. — Genre de la famille des
Épacridées-Styphéliées, établi par R. Brown
(Prodr.y 539). Petits arbrisseaux de la Nou-
velle-Hollande.
Endlichcr a réparti (Gen. plant., p. 747,
n° 4270) les espèces de ce genre en deux
sections, qu'il nomme: 1° Eumclichrus ,
corolle en forme de roue; 2° Melidepas > co-
rolle urcéolèe.
MELICOGGA (f«A», miel ; saxjwç, coque).
bot. pu. — Genre de la tribu des Sapinda-
cées- Sapindées, établi par Linné {Gen. n.
47 ). Arbres de l'Amérique tropicale. Voy.
SAPINDACÉE5.
MELIGOPE. bot. pu. — Genre de la
famille des Diosmécs-Pilocarpées, établi par
Forster (Char, gen., 28). Arbrisseaux de la
Nouvelle-Hollande. Voy. diosmées.
MELICïTUS(,a«>e, miel; xu't0ç, cavité).
bot. ph. — Genre de la famille des Bixa-
cées, tribu des Flacourtianées? , établi par
Forster (Char, gen., t. 62). Arbres de la
Nouvelle-Zélande. Voy. bixacées.
*MELIDIUM(fj.vAt'ç, pommier), bot. cr. —
Petite plante cryptogame décrite par M. Es-
chweiler (de Fructif. gen. rhizemorphœ , p.
33, t. 1, fig. 10), et qui probablement n'a
pas été observée depuis. Elle appartient aux
Cystisporés et est caractérisée par des fila-
ments solides, rameux, d'abord ternes puis
bifides, et qui se terminent par un sporange
globuleux renfermant quatre spores ovales
ou rondes. Le Melidium subterraneum, la
seule espèce du genre, croît dans les sou-
terrains , avec d'autres Mucédinées , sur le
Rhizomorpha subterranea. (Lév.)
*MELIDORA, Salisb. bot. ph. — Syn.
(VEncyanthus , Lour.
*MÉIADOKE. Melidora. ois.— Division
du genre Martin-Pêcheur. Voy. ce mot.
(Z. G.)
*MELÏERAX. ois. — Genre établi par
G.-R. Gray dans la sous-famille des Circi-
nées, pour l'Épervier chanteur, Nisus musii
eus Cuv. Voy. autour. (Z. G.)
*MELIGETHES ( pdiytb»; , qui cause
une douce joie), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Clavicornes,
tribu des Nitidulaires, proposé par Kirby,
publié par Stéphens (Illust. of Brit. Ent.,
III, 45), et adopté par Érichson (Zeitschrift
fur die Entomologie von Germar, 1843).
Ce genre a pour type une espèce de France,
le M. pyrenaicus Xap. ( Strongylus floralis
Dej.), qui paraît devoir habiter aussi l'An-
gleterre et l'Allemagne. (G.)
*MEUGLOSSUS, Schlect. bot. ph. —
Voy. MELANTIIIUM.
MÉLILITHE (pAt, mîel ; mç, pierre).
min. — Substance d'un jaune de miel , en
très petits prismes droits à base carrée,
découverte par Fleuriau de Bellevue dans
les roches basaltiques de Capo di Bove,
près de Rome. Elle paraît identique avec la
Humboldtilithe de la Somma , et composée
comme elle de silice, d'alumine, d'oxyde
ferrique , de chaux, de magnésie, et d'un
peu de potasse et de soude. Ces deux miné-
raux, réunis en une seule espèce, viennent
se ranger à côté de la Gehlénite, parmi les
silicates alumineux de la tribu des espèces
quadratiques. (Del )
MÉLILOT. Melilotus, Tourn. bot. ph. —
Genre de la famille des Légumineuses-Pa-
pilionacées, de la diadelphiedécandrie dans
le système de Linné. Établi d'abord par
Tournefort, il avait été réuni par Linné aux
Trifolium; dans ces derniers temps, il a été
rétabli et généralement adopté par les bota-
nistes , qui se sont bornés à en détacher un
petit nombre d'espèces, soit pour les trans-
porter dans des genres voisins (ex. : M. cœru •
lea — Trigonclla cœrulcaSer.), soit pour fa iro
de l'une d'elles le type d'un genre nouveau
84
IYJÉL
MEL
(M. crelica^=PococlciacreticaScr.). Il com-
prend aujourd'hui environ trente espèces qui
habitent l'Europe moyenne et la région médi-
terranéenne. Ce sont des plantes herbacées,
glabres sur leurs diverses parties, dont la
tige est dressée ou ascendante, souvent éle-
vée, dont les feuilles sont pennées-trifolio-
lées , fréquemment bordées de dents aiguës ;
dont les fleurs, presque toujours jaunes,
quelquefois blanches, sont petites, réunies
en grappes allongées, axillaires et presque
terminales , et présentent l'organisation sui-
vante : un calice campanule, à 5 dents allon-
gées, peu inégales; une corolle papiliona-
cée, dont le» ailes adhèrent, au-dessus de
,1'ouglet, à la carène , qui est obtuse; 10 éta-
mines diadelphes ; un pistil dont l'ovaire
est rétréci à sa base en pédicule, et 2-8-
ovulé. Le principal caractère de ces plantes
consiste dans leur légume, entouré à sa par-
lie inférieure par le calice, qu'il dépasse,
membraneux ou coriace, rugueux ou veiné
à sa surface, indéhiscent, à 1-4 graines.
C'est d'après la forme et l'état de la sur-
face de ce légume que M. Seringe 1 |ME?*
tagé les Mélilots en trois sections o& h<raâ-
genres, dont les noms indiquent les carac-
tères dis Une tifs.
a. Cœlorutis , Ser. Légume marqué de
sillons lacuneux.
C'est à cette section qu'appartiennent la
plupart de nos espèces françaises, dont les
plus répandues sont les Melilotus aliissima
Thuill., leucantha Koch, et officinales Willd.
Cette dernière (Trifolium melilotus officina-
lis Lin.) est une plante annuelle, qui croît
communément dans les prés et le long des
champs de presque toute l'Europe ; 6a tige
est droite, rameuse, à branches étalées, et
s'élève à 7-8 décimètres; les folioles de ses
feuilles sont lancéolées, oblongues, obtuses,
découpées sur leurs bords en dents de scie
écartées; ses stipules sont grêles et séta-
cées; ses Heurs sont jaunes, réunies: en
grappes deux fois plus longues que les feuil-
les ; leur calice est renflé en dessus à sa base,
divisé à son bord en dents inégales, de lon-
gueur égale à celle du tube; l'étendard de
la corolle et ses ailes égalent en longueur la
carène; le premier est marqué de stries lon-
gitudinales. Le légume est obové , pubes-
cent dans l'état jeune, assez renflé; il ren-
ferme deux graines en forme de cœur, à
côtés inégaux. Malgré sa dénomination spé-
cifique, le Méiilot officinal n'a que des usa-
ges très peu importants en médecine. On
emploie sa décoction, à l'extérieur, en lo- '
tions, particulièrement contre les inflam-
mations de l'œil , et en lavements. Toute la
plante est regardée comme émolliente , et
ses fleurs passent pour carminatives. Elle
est remarquable par son odeur agréable ,
qui devient plus prononcée par la dessicca-
tion, et que certains auteurs ont attribuée-
à l'acide benzoïque qui existe en elle. Cette
espèce, et les Mélilots en général, sont
quelquefois cultivés comme plantes fourra-
gères; mais les avantages de cette culture
sont assez peu prononcés pour qu'elle n'ait
pris encore que peu d'extension.
b. Plagiorutis, Ser. Légume marqué de
sillons transverses , légèrement arqués.
Comme appartenant à cette section, nous
citerons le M. arvensis Wallr.
c. Campylorutis, Ser. Légume ové ou obové,
marqué de veines arquées , rapprochées. A.
cette troisième section appartiennent les M.
vulcata Desf., et messanensis Desf. (P. D.)
*MEL3NA (jttjXtV/}, de couieur jaunâtre).
ins. — Gen^e de Coléoptères téèramères, fa-
mille des Cycliques, tribu des Colaspides,
créé par nous, et adopté par Dejean (Cata-
logue, 3e édit., p. 433) , qui en mentionne
les trois espèces suivantes : M. calceata, de-
cempunctata et erotyloides Dej. Elles sont
originaires du Brésil. (C.)
MËLINET. Cerinthe. bot. pu. — Genre
de la famille des Aspérifoliées-Borraginées»
Anchusées, établi par Linné {Gen., 186), et
dont ies principaux caractères sont : Calice
à 5 folioles inégales. Corolle hypogyne, cy-
lindrique, nue a la gorge, à limbe 5-denté.
Étamines 5, insérées au tube de la corolle,
incluses ; anthères sagittées, lobées a la base.
Ovaire à 2 lobes 2-loculaires. Style simple;
stigmate émarginé. Deux noix biloculaires ,
fixées sur un réceptacle plan. — Les Méli-
nets sont des herbes des contrées centrales et
australes de l'Europe, velues ou lisses, à
feuilles alternes, très entières ou dentelées;
à fleurs disposées en grappes terminales.
Les espèces de ce genre, peu nombreuses,
ont été réparties par Reichenbach (Flor.
excurs., 339) en deux sections, nommées :
Ceranthe: limbe de la corolle 5-fide; fila-
ments -Ses étamines presque nuls; noixmo-
JVIEL
MEL
85
nospermes par ravorternent de Tune des
loges; Cerinthe: limbe de la corolle à 5 dents
très courtes; filaments des étamines égalant
les anthères; noix 2-loculaires , dispermes.
MELINIS. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Panicées , établi par
Palisotde Beauvois (Agrost., 54, t. II, f.4),
Gramens du Brésil tropical. Voy. graminées.
*MELINOPTERUS (pfttvo's , jaunâtre ;
Trr/pov, aile), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Lamellicornes, tribu
des Scarabéides arénicoles, créé par Mulsant
(Hist. nat. des Coléopt. de Fr., 1842, p. 282).
Les trois espèces d'Europe suivantes y sont
rapportées : M. {aphodius des auteurs) conta-
minants Hbst., obliteratus Heyden et pro-
dromus Braham. (G.)
*MELINOSPERMUM ( pAiy«e , miel ;
(jTr/pfxa, graine), bot. pu. — Genre de la
famille des Légumineuses-Papilionacées-
Lotées, établi par Walpers (tn Linnœa, XIII,
527). Herbes du Cap. Voy. légumineuses.
*IMELIOLA (:j.7ikov, pomme), bot. cr. —
Genre de Champignons delà classe desCli-
nosporés. Les réceptacles sont ronds, fragi-
les, placés à la base de petites soies raides ;
ils renferment dans leur intérieur un cli-
node dont les divisions supportent à l'extré-
mité des spores ovales, noires et cloisonnées.
Les espèces de ce genre croissent sur les
feuilles, dans les contrées chaudes ou tropi-
cales, sur lesquelles elles forment des taches
noires, orbiculaires ou confidentes, qui rap-
pellent les Fumago. On les a considérées
comme des Sphéries ; mais les spores n'étant
pas renfermées dans des thèques, elles doi-
vent nécessairement en être séparées. Les
longues soies au milieu desquelles les ré-
ceptacles se développent ont été prises par
Sprengel, Fries et d'autres mycologues, pour
desostioles, mais elles ne sont véritablement
que des parties accessoires, puisqu'elles exis-
tent à la marge, où l'on ne voit pas de récep-
tacles. (Lév.)
*MELIOHMS, G.-R. Gray. ois. — Syn.
de Philedon, Cuvier. Voy. philedon. (Z. G.)
*MELlOSMA fjrtlt, miel; àrpî, odeur).
bot. pu. — Genre de la famille des Mélios-
mées, établi par Blume (Flor. Jav. Prœf.,
VII). Arbres de l'Asie tropicale. — Voy.
MELIOSMÉES.
*MÉLIOSMÉES. Meliosmeœ. bot. pu. —
Cette famille est indiquée par M. Endltcber
plutôt qu'établie, ne comprenant encure
qu'un genre unique avec les caractères du-
quel se confondent les siens. Elle est placée
à la suite des Sapindacées avec laquelle nous
l'examinerons. (Ad. J.)
MÉLIPHAGE. Meliphaga. ois. — Divi-
sion du g. Philedon. Voy. ce mot. (Z. G.)
*MÉLIPIIAGIDÉES. Meliphagidœ. ois.
— Famille de l'ordre des Passereaux établi
pour la plupart des espèces de cet ordre, qui
ont la langue terminée par un pinceau de
fibres. G.-R. Gray (A list of the gênera ) la
divise en trois sous-familles : celle des My-
zomélinées (Myzomelinœ), qui renferme les
genres Myzomela, Acanthorhynchus et Gly-
ciphil a ; celle des Méliphaginées (Meliphagi-
nœ), qui comprend les genres Meliornis ,
Prosthemadera , Plilolis, AnLhornis, Philc-
mon , Phyllornis, Meliphaga, Anlhochœra%
Acanlhogenys, Entomyza et Tropidorhyn-
chus; et celle des Mélilhreptinées (Melilhrcp-
tinœ), dont font partie les genres Plectoram-
phus, Manorhina, Psophodeus , Eidopsarus,
Melithreplus et Entomophila. (Z. G.)
MÉLIPHAGINÉES. Meliphaginœ. ois.-~
Voy. MÉLIPHAGIDÉES.
*MELIPHLEA, Zuccar. bot. pu. — Syn.
de Sphœralcea , Saint-Hil.
MELIPHYLLUM, Bent. bot. ph. — Voy,
mélisse.
1\ÎELIPQ!\TA (at/t, miel; «r&voç, travail).
ins. — Genre de la tribu des Apiens (Melli-
fères de Latreillc), familledes Apodes, groupe
des Méliponites, de l'ordre des Hyménop-
tères, établi par Illiger et adopté par tous les
entomologistes. Voy. méliponites. (Bl.)
MÉLIPONITES. Meliponitœ. ins. -•
Groupe de la tribu des Apiens (Mellifères,
Lalr.), de l'ordre des Hyménoptères , carac-
térisé par des pattes postérieures dont les
jambes sont élargies et munies d'une espèce
de peigne à l'angle interne, et le premier
article des tarses inerme et dilaté à l'angle
externe de sa base , et par une langue cylin-
drique presque aussi longue que le corps.
Les Méliponites se rapprochent considé-
rablement des Abeilles : ce sont même les
Insectes qui leur ressemblent le plus. II y a
entre ces Hyménoptères des caractères com-
muns extrêmement faciles à saisir. Comme
les Abeilles , les Méliponites ont une langue
allongée qui leur permet de sucer dans le
n-ectaire des fleurs ; des pattes propres à la ré-
MEL
I\ÎEL
coite du pollen. Comme les Abeilles encore,
les Méliponites ont trois sortes d'individus,
des mâles, des femelles et des neutres, ces
dernières construisant des demeures pour y
élever les larves. Ce sont donc également
des Hyménoptères constituant de nombreu •
ses sociétés.
Les Méliponites ressemblent aussi à nos
Abeilles par leur aspect général ; mais ce-
pendant elles sont plus petites , elles ont un
corps plus ramassé et plus velu, des pattes
postérieures beaucoup plus longues, com-
parativement à la dimension du corps.
Les Méliponites diffèrent non seulement
des Abeilles, mais encore de tous les Hymé-
noptères qui construisent des nids, par l'ab-
sence d'un aiguillon. On peut, en effet,
toucher les Mélipones sacs le moindre dan-
ger, car elles sont dépourvues de toute arme
offensive et défensive; chez elles, on peut
retrouver des traces d'un aiguillon, mais
c'estici un organe tout-à-fait rudimentaire,
n'ayant pas de vésicule pour la sécrétion du
venin. On comprendra combien ce fait est
important à noter, non seulement sous le
rapport de la zoologie et de l'anatomie com-
parée, mais aussi sous le rapport des modi-
fications dans les habitudes de ces Hyméno-
ptères que doit nécessairement entraîner la
présence ou l'absence d'un aiguillon. Chez
les Méliponites , il ne peut y avoir entre les
femelles ces combats à mort qu'on observe
parfois chez les Abeilles.
Les mœurs de ces Insectes sont, au reste,
fort mal connues , et cela n'a rien qui doive
surprendre; les Méliponites, étant toutes
étrangères à l'Europe, n'ont pu être étu-
diées avec tout le soin qu'exigerait l'intérêt
du sujet. La plupart des renseignements ont
été répandus par les récits de quelques
voyageurs, qui eux-mêmes n'avaient fait
que des observations très peu nombreuses et
très superficielles.
Les Méliponites habitent exclusivement
les régions chaudes du nouveau continent
et quelques îles de l'Archipel indien. Leurs
espèces paraissent fort nombreuses ; nos col-
lections n'en renferment guère plus d'une
cinquantaine, mais il est probable et même
presque certain que beaucoup d'autres sont
encore à découvrir. Les individus de plu-
sieurs espèces américaines sont fort abon-
dants. Cependant nous ne connaissons très
génvralement que les individus neutres, ou
ouvrières; les mâles et les femelles n'ont
presque jamais été recueillis par les voya-
geurs.
Ces Hyménoptères établissent leur domi-
cile dans les creux de certains troncs d'ar-
bres, ou quelquefois entre les branches. On
les y rencontre abondamment dans les vas*
tes forêts de l'Amérique méridionale. CeC
industrieux Insectes construisent , comme
les Abeilles , les loges de leurs larves avec
la cire qu'elles ont, comme ces dernières,
la propriété de sécréter. Leurs nids consis-
tent en une série de gâteaux superposés et
disposés horizontalement; mais ici ces gâ-
teaux n'ont pas , comme ceux des Abeilles ,
(leur, rangées de cellules opposées. Sous ce
rapport , les gâteaux de nos Méliponites res-
semblent à ceux des Guêpes, n'offrant des
cellules que d'un seul côté.
Le capitaine Beechy a publié la description
et la représentation du nid d'une Mélipone
du Mexique; M. Pierre Huber {Mém. de
la Soc. de phys. et d'hist. natur. de Ge-
nève, t. VIII, 1839) a publié aussi une no-
tice pleine d'intérêt sur une espèce égale-
ment mexicaine, qui est devenue domes-
tique au Mexique, où elle a été observée par
le capitaine Basil Hall. Depuis, nous avons
eu nous-même, à Paris, l'occasion de voir
les constructions de deux espèces brési-
liennes, ayant encore leurs habitants par-
faitement vivants. Une dame, aimant beau-
coup l'histoire naturelle, avait eu la patience
et pris tout le soin nécessaire pour amener
de Rio-Janeiro à Paris ces curieux Hymé-
noptères, qui ont vécu encore plusieurs
mois , allant recueillir le pollen et sucer le
miel des fleurs dans un jardin de la rue
Saint-Lazare. Tous les individus de l'une des
deux espèces ne tardèrent pas à succomber;
c'était une petite Trigone ( Trigona pallida
Lep. St-Farg.). Quant à ceux de l'autre es-
pèce, d'une taille bien supérieure, c'était la
Melipona anthidioidesLep. St-Farg., qui est
noire , avec des bandes jaunes sur l'abdo-
men ; on les conserva vivants à Paris depuis
le mois de mai jusqu'à la fin de septembre ;
et déjà ces Insectes avaient vécu enfermés
dans une petite caisse pendant toute la tra-
versée de Rio-Janeiro en France et le voyage
par terre jusqu'à Paris. Une petite provision
de miel avait suffi à leur nourriture durant
MEL
MÉL
87
tout ce temps. Au moment où leur prison
leur fut ouverte, ces Insectes étaient faibles
et volaient difficilement; mais au bout de
peu de jours on les voyait quitter leur ru-
che placée sur une terrasse, aller pomper
ie miel des fleurs et recueillir le pollen dans
un jardin voisin. Quand le temps était beau,
on les voyait fréquemment rentrer et sortir,
comme le font continuellement nos Abeilles.
Ces laborieux Hyménoptères semblaient ne
pas s'apercevoir qu'ils eussent change de
climat. On voyait leur nid s'augmenter peu
à peu par de nouvelles constructions. Déjà
j'espérais pouvoir conserver en captivité, et
en quelque sorte élever en domesticité , ces
industrieux Insectes. Déjà j'étais heureux
de penser qu'on pourrait étudier tous les
détails de leurs habitudes, et savoir exac-
tement les différences qu'elles présentent,
sous ce rapport, avec nos Abeilles. Mais cet
espoir devait bientôt s'évanouir. Dès ie mois
de septembre, on les vit mourir successive-
ment , et dans l'espace d'une quinzaine de
jours, l'habitation était devenue complète-
ment déserte. Je désirais bien vivement
examiner l'intérieur de ce nid pourvoir s'il
n'existait pas à l'intérieur des cellules de
grandeurs différentes , comme chez les
Abeilles , pour les larves des mâles , des fe-
melles et des neutres, et peut-être aussi
pour y trouver une ou plusieurs femelles ,
car jamais je ne pus voir que des neutres;
mais il me fut impossible d'obtenir la per-
mission d'examiner ce nid et d'en rompre le
moindre fragment. La personne qui avait
fait des sacrifices de toutes sortes pour con-
server ces Méliponites se désola au plus haut
degré quand elle les vit mourir. Elle tint à
conserver intact leur nid , sous un bocal ,
comme une précieuse relique. 11 me fallut
donc, à mon grand regret, renoncer à mieux
connaître les constructions des Méliponites.
Toutefois nous savons que leurs habitations
ne diffèrent pas seulement de celles de nos
Abeilles par l'existence d'une seule rangée
de cellules à chaque gâteau. Elles ne placent
pas, comme ces dernières, leurs provisions
de miel dans des cellules analogues à celles
qui servent de berceaux aux larves; elles
construisent sur les côtés de leur nid , pour
conserver leur miel , des godets d'une di-
mension dix fois supérieure à celle des loges
des gâteaux ; ce sont des sortes d'amphores
un j)eu irrégulières. Les Méliponites les
remplissent peu à peu, et quand elles sont
suffisamment pleines , elles en prolongent
les parois de manière à former un couvercle
et à les clore exactement. J'ai vu moi-même
quelques unes de ces amphores de la Meli-
pona anthidioides s'agrandir et se remplir
du miel puisé sur les fleurs cultivées dans
nos jardins.
Il semble que cette distinction que font
les Méliponites dans la construction <]: .
vases devant servir à contenir le miel et 3c
cellules destinées seulement aux larves i::
dique quelque chose de plus parfait encore
que la construction uniforme des Abeille.
Les Méliponites ménagent beaucoup moin >
la matière ; car ces amphores à miel en em-
ploient une très grande quantité , et les
gàieaux n'offrant qu'une rangée de cellules,
il en faut nécessairement une quantité bien
supérieure pour un nombre égal de cellules.
On ignore encore si les Méliponites con-
stituent des sociétés aussi nombreuses que
nos Abeilles. D'après la dimension des nids
que nous avons vus, il est certain que les
habitants n'avaient jamais pu être comptés
par 15, 20 ou 25,000, comme chez les
Abeilles. Toutefois ceci ne prouverait rien;
il serait possible qu'ils acquissent un déve-
loppement plus considérable d'année en an-
née. Nous ne savons pas non plus si les
sociétés des Méliponites sont durables ou si
au contraire elles sont annuelles, comme
celles des Bourdons et des Guêpes; cepen-
dant le premier cas est le plus probable. On
ne sait pas davantage si elles se multiplient
par essaims, fondant de nouvelles colonies
quand l'ancienne habitation est trop char-
gée d'habitants, ou bien, au contraire, si
les habitations peuvent s'étendre sans li-
mites.
On n'a pu même reconnaître jusqu'ici
s'il existait , dans la ruche des Méliponites,
une seule femelle féconde, une reine,
comme chez les Abeilles, ou bien si, au
contraire, il s'en trouve plusieurs dans la
même demeure. Un entomologiste qui s'est
occupé de ces intéressants Hyménoptères,
M. Spinola (Ann. des se. nat., 2e série,
1640), a fait remarquer le premier combien
les femelles fécondes de Mélipones étaient
de petite taille. Sous ce rapport, il n'exis-
terait pas de différence sensible entre elles;
83
jlEL
IMEL
et les ouvrières, tandis que chez les Abeilles
l'abdomen des reines est toujours d'un vo-
lume bien supérieur à celui des neutres.
D'après ce fait , ce savant a été conduit à
regarder les Méliponites comme devant
pondre un petit nombre d'œufs, et de là la
probabilité de l'existence de plusieurs fe-
melles fécondes dans le même nid. C'est
aussi ce qui nous paraît le plus probable ;
rar, comme nous l'avons fait remarquer
ailleurs (Hist. des Insectes, t. I, p. 15), les
Méliponites n'ayant pas d'aiguillon , il ne
saurait y avoir entre plusieurs femelles ces
combats à mort qui ont lieu parmi les
Abeilles entre les reines. Cette circonstance
nous fait penser que plusieurs femelles fé-
condes peuvent vivre en bonne intelligence
dans les nids des Méliponites. Mais l'obser-
vation directe manque; on en est réduit
aux conjectures.
Les Méliponites ne sont pas farouches;
elles passent même, au Brésil et à la Guianc,
pour être familières jusqu'à I'importunité.
Elles sont donc connues de tout le monde
dans l'Amérique méridionale; elles le sont
même d'autant mieux qu'on va souvent dé-
truire leurs nids pour s'emparer du miel et
de la cire. Les sauvages américains ne crai-
gnent pas d'enfumer et de tuer ces Insectes,
si utiles pour eux, dans le seul but de
s'emparer plus facilement de leur miel.
Cependant quelques personnes plus éclai-
rées ont tenté de transporter du couvain
dans une ruche artificielle , comme on le
fait généralement pour les Abeilles. Ce
moyen , assure-t-on , aurait réussi pour
quelques espèces ; mais il n'en aurait pas
été ainsi pour toutes.
Dans chaque localité, les sauvages et les
colons ont adopté des noms pour chaque es-
pèce ; c'est une série de dénominations as-
sez baroques pour des oreilles européennes,
qu'on trouve rapportées dans diverses rela-
tions de voyages , et , par suite , dans cer-
tains ouvrages d'entomologie.
La cire des Méliponites a été étudiée,
comparativement à celle des Abeilles , par
M. Lewy (Ânn. de chirn. et de phys., t. XIII,
3e série).
Ce chimiste l'a trouvée composée de 50
parties pour cent de cire de palmier, plus
de 45 parties de cérosie et de 5 parties de
matière huileuse. Ce résultat est plein d'in-
térêt au point de vue physiologique; car il
prouve que les Méliponites , comme les
Abeilles, ne sécrètent pas directement la
cire, mais la récoltent sur les végétaux en
lui faisant subir une élaboration. Il paraît
cependant, comme l'ont montré les obser-
vations de MM. Milnc-Edwards et Dumas ,
que ces Insectes , absorbant une petite
quantité de cire végétale, ont la faculté
d'en produire une quantité beaucoup plus
considérable. Des expériences faites sur des
bestiaux, à l'égard de la graisse, par M. Bous-
singault, ont donné un résultat analogue.
Plusieurs auteurs se sont occupés des Mé-
liponites sous le rapport de leur conforma-
tion extérieure et de leurs habitudes. Sca-
bra a publié une notice en espagnol ; Huber
a donné une notice dans les Mcm. de la so-
ciété de Genève, t. VIII; M. Spinola, que nous
avons déjà eu l'occasion de citer, a publié
un Mémoire plein d'intérêt sur ce sujet. Ce
savant entomologiste a observé le premier
que les Méliponites ouvrières n'olîraient,
sous les segments de leur abdomen, qu'une
seule cavité propre à la sécrétion de la cire
au lieu de deux, comme chez les Abeilles.
Il a montré que les jambes postérieures de-
vaient seules servir à détacher de l'abdomen
les lamelles de cire, l'angle supérieur de
l'extrémité étant aigu et souvent prolongé
en arrière, et l'angle interne toujours armé
d'une espèce de peigne pourvu de neuf à onze
branches spiniformes, courbes, dirigées de
bas en haut , et terminées en pointe aiguë.
Dès lors le premier article du tarse, servant,
chez les Abeilles, à l'extraction de la cire,
est ici tout-à-fait impropre à cet usage. II
est de forme presque triangulaire, avec sa
base étroite et le bord complètement inerme.
Quant à la description des espèces du
groupe des Méliponites , elle a été faite
surtout par Latreille dans le Voyage de
M. de Humboldt, et par Lepeletier île Saint-
Fargeau, qui en décrit 35 espèces dans son
Histoire des Hyménoptères (suites à Buffon,
Roret). Depuis , M. Guérin , dans le texte
de son Iconographie du Règne animal, en
a fait connaître plusieurs espèces nouvelles.
Nous admettons deux genres seulement
dans le groupe des Méliponites , et encore
sont-ils très voisins l'un de l'autre : ce sont
les genres Mclipona et Trigona. Le pre-
mier, caractérisé surtout par un abdomen
M EL
MEL
89
convexe en dessus, à peine caréné en des-
sous, et le second , par un abdomen trian-
gulaire et caréné en dessous. Latreille avait
voulu introduire une quatrième division
sous le nom de Telragona, mais tous les en-
tomologistes l'ont réunie aux Trigones. (Bl.)
*MËLISGDERA (fA&tffGè, blaireau ; Sép-n,
cou), ins. — GenredeGoléoptèrespentamèrcs,
famille des Carabiques, tribu des Ozœnides,
créé par Westwood (Mag. zool., 1835) et
adopté par Hope (Coleopt. man., 1838, p.
108). L'espèce type et unique, le M. pici-
pennis West., est originaire de la Nouvelle
Hollande. (G.)
MÉMSSJE. Melissa, Benlh. bot. pu. —
Genre de plantes de la famille des Labiées,
de la didynamic gymnospermie dans le sys-
tème de Linné. Tel qu'il a été limité par
M. Bentham (Labiat. gen. etspec, p. 383),
et que nous l'admettons ici, il comprend
non seulement les groupes établis par Tour-
ncfort sous les noms de Melissa et Calamin-
tha, et réunis par Linné dans ses Melissa,
mais encore une portion des Clino podium et
des Thymus du botaniste suédois. Même
après la réforme que ce genre a subie , ses
limites sont encore un peu vagues , comme
cela a lieu du reste pour beaucoup de gen-
res appartenant à des familles très natu-
relles. Les Mélisses sont des plantes herba-
cées, plus rarement sous-frutescentes , qui
habitent presque toute l'Europe, la région
méditerranéenne et le nord de l'Asie; deux
d'entre elles se trouvent en Amérique et une
troisième dans les Indes orientales. Leurs
fleurs sont purpurines , blanchâtres ou jau-
nes. Elles se composent d'un calice tubulcux
à 13 nervures, souvent strié, dont le limbe
est divisé en deux lèvres, la supérieure à
3 dents, l'inférieure bifide, dont la gorge
est nue ou velue ; d'une corolle à tube droit
ou courbé-ascendant, nu intérieurement,
à gorge le plus souvent renflée, à limbe di-
visé en deux lèvres dont la supérieure est
dressée, presque plane, entière ou émar-
ginéc, dont l'inférieure est étalée, à trois
lobes plans , entiers ou émarginés , le mé-
dian ordinairement plus large ; de 4 éta ••
mines didynames, le plus souvent rappro-
chées par paires au sommet, dont les
supérieures parfois stériles; d'un style à
deux lobes tantôt égaux, subulés, tan-
tôt inégaux , l'inférieur étant allongé, re-
T. VIII.
courbé , aplani. Les achaines sont secs et
lisses.
Les Mélisses ont été divisées par M. Ben-
tham en 7 sections ou sous-genres, dont
nous allons donner le tableau d'après le
botaniste anglais, en signalant dans chacune
d'elles les principales espèces qu'elle ren-
ferme et en décrivant les plus importantes:
1. Calamintha. Grappes lâches , presque
déjetées d'un seul côté. Cymes pédoncuiées,
dichotomes (au moins les inférieures). Ca-
lice à peine gibbeux à sa base , velu inté-
rieurement à la gorge. A cette section se
rapportent entre autres deux espèces assez
répandues et assez intéressantes pour méri-
ter de nous arrêter un instant.
Mélisse népéta , Melissa nepela Linn.
( Thymus nepela Smith ). Cette plante est
très commune dans les lieux secs, le long
des chemins, etc., dans les parties surtout
méridionales de l'Europe. Sa tige est her-
bacée, décombante ou ascendante, rameuse,
à rameaux couchés, ascendants ou dressés,
allongés, légèrement tétragones , revêtus de
poils serrés. Ses feuilles sont pétiolées,
ovales-élargies , obtuses au sommet, créne-
lées sur leurs bords, velues à leurs deux
faces , rugueuses , d'un vert foncé en des-
sus, blanchâtres en dessous. Ses fleurs sont
blanches ou légèrement purpurines, mar-
quées de points plus colorés , réunies en
une grappe composée, lâche, allongée,
multiflore; leur calice a ses dents peu iné-
gales, les supérieures courtes, ovales, ai-
guës, les inférieures subulées , un peu plus
longues ; leur corolle n'est qu'une fois et
demie environ plus longue que le calice.
Cette plante a une odeur forte qui rappelle
assez bien celle de la Menthe-Pouillot; elle
a des propriétés stimulantes assez pronon-
cées.
Mélisse calatïIent, M. calamintha Linn.
( Thymus calamintha Scop.). Celle espèce
croît dans les mêmes lieux et plus au nord
que la précédente, à laquelle elle ressemble
et de laquelle il importe de la distinguer.
Sa tige, également herbacée, est plus droite;
elle émet des rameaux ascendants ; se?
feuilles ressemblent, pour la configuration,
à celles de la précédente, mais elles sonl
moins obtuses, leurs dents sont moins ar-
rondies, leurs deux faces sont également
vertes. Ses fleurs sont réunies en une grappe
12
90
M EL
M EL
composée, lâche, formée de cymes très lâ-
ches, pauciflores, presque dichotomes; leur
calice est nettement bilabié, au moins deux
fois plus court que la corolle. Quoique d'un
usage restreint, celte espèce est quelquefois
substituée à la Mélisse officinale, dont elle
c les propriétés affaiblies. On emploie Tin-
fusion de ses sommités.
2. Calomelissa. Faux verlicilles multiflo-
res, égaux, serrés. Calice velu intérieure-
ment à la gorge: M. Caroliniana.
3. Acinos. Faux verlicilles à 6 fleurs
environ , portés sur des pédicelles courts
et raides. Bractées presque nulles. Calice
gibbeux en dessous à sa base , velu inté-
rieurement à la gorge. C'est à cette section
qu'appartient une espèce très commune dans
nos champs, la Mélisse des champs, M. aci-
nos Benth. {Thymus acinos Lin.), petite
plante herbacée, annuelle, presque dres-
sée , pubescente ou velue ; à feuilles ovales,
un peu dentées en scie , dont les florales
ont la même configuration et dépassent les
fleurs ; celles-ci sont au nombre de 6 par
faux verticille, presque sessiles, et leur co-
rolle déborde à peine le calice. Une autre
espèce qui se rapproche beaucoup de la pré-
cédente est la Mélisse des Alpes, M. alpina
Benlh. (Thymus alpinus Lin.), plante qui
croît dans les lieux pierreux de nos chaînes
de montagnes ; elle est vivace ; elle se dis-
tingue de la Mélisse des champs par sa tige
presque ligneuse à sa base et très rameuse;
par ses feuilles plus petites et propor-
tionnellement plus larges ; par ses fleurs
plus grandes, dont le calice est rougeâtre
et deux fois au moins plus court que la
corolle.
4. Clinopodium. Faux verlicilles multi-
flores ou pauciflores, lâches, égaux, à pé-
doncule commun presque nul. Bractées
grêles , tantôt petites, tantôt de même lon-
gueur que le calice. Gorge du calice nue ou
peu velue. A celle section appartient la
Mélisse clinopode, M. clinopodium Benth.
(Clinopodium vulg are Lin.), plante très com-
mune le long des haies et des chemins, ainsi
que dans les bois découverts de toute l'Eu-
rope et des parties moyennes de l'Asie. Nous
nous bornerons à la mentionner. Elle a fi-
guré dans l'ancienne matière médicale ;
mais elle est aujourd'hui inusitée. Elle se
fait remarquer par son défaut presque com-
plet d'odeur, particularité rare parmi les
Labiées.
5. Meliphyllum. Faux verlicilles pauci-
flores, un peu lâches, déjetés d'un seul côté.
Bractées peu nombreuses, ordinairement
ovales. Calice étalé, nu ou à peine pileux à
la gorge. Corolle jaune ou blanchâtre. C'est
à ce sous-genre qu'appartient l'espèce du
genre la plus remarquable et la plus inté-
ressante à connaître, la Mélisse officinale,
M. officinalis Lin. C'est une plante herba-
cée très variable sous le rapport de sa taille,
de sa villosilé , de la grandeur de ses feuil-
les, de la longueur de sa corolle. Sa tige
est droite, plus ou moins velue, et s'élève
de 3 à 10 décimètres ou même un peu au-
delà. Ses feuilles sont ovales-élargies, cré-
nelées sur leur bord, tronquées ou en cœur
à leur base , les florales et les raméales plus
petites, toutes obtuses ou les supérieures
seulement aiguës, à poils assez raides sur
leurs deux faces , vertes, ridées. Ses fleurs
sont blanches ou d'un jaune pâle , groupées
à l'aisselle des feuilles florales en faux ver-
licilles distants. Leur calice est béant et à
peu près nu à la gorge, à lèvre supérieure
plane, tronquée, pourvue de trois dents
courtes, de moitié plus court que la corolle.
Cette plante exhale , surtout quand on la
frotte, une odeur agréable de citron qui lui
a valu le nom vulgaire de Citronnelle; mais
cette odeur dégénère à mesure qu'elle arrive
à un état plus avancé, ce qui oblige à la
recueillir pour l'usage un peu avant l'épo-
que de la floraison. Sa saveur est amère et
un peu aromatique. On en fait très souvent
usage en médecine en diverses circonstan-
ces. Comme antispasmodique , elle est fré-
quemment usitée dans les affections ner-
veuses, et son eau distillée entre habituel-
lement dans les potions calmantes. Comme
excitante et tonique , on la prescrit dans
plusieurs maladies accompagnées ou prove-
nant de débilité dans les organes; les an-
ciens en faisaient encore plus souvent usage
que les modernes sous ce rapport. On l'em-
ploie encore comme cordial, stomachi-
que, etc., comme diurétique, emménago-
gue, etc. Par la distillation , on en obtient
une huile essentielle qui partage les pro-
priétés de la plante. On a recours principa-
lement à son infusion ; enfin on se sert en-
core de la plante entière réduite en poudre.
6. Macromelissa. Faux verticilles lâches,
le plus souvent pauciflores ; cymes en forme
d'ombelles , presque dicholomes. Calice
étalé , à gorge nue ou à peine pileuse. Co-
rolle purpurine ou rouge. Étamines non
rapprochées. C'est dans cette section que
rentre notre Mélisse a grandes fleurs ,
/¥. grandiflora Lin. (Thymus grandiflorus
Scop.), jolie plante, remarquable par ses
corolles renflées à la gorge, les plus grandes
du genre, qui croît sur plusieurs points
de la France , dans les lieux frais et om-
bragés.
7. Heleromelissa. Faux verticilles irrégu-
liers, déjetés d'un seul côté. Calice allongé,
à peine bilabié, à dents droites presque
égales : M. longicaulis. (P. D.)
*MÉLISSINÉES.JlfeItssiM<?œ. bot. ph. —
Tribu de !a famille des Labiées, ainsi nom-
mée du genre Métissa, qui lui sert de type.
(An. J.)
MELÏSSODES. ins.— Genre de la tribu
des Apiens, groupe des Anlhophorites , de
l'ordre des Hyménoptères, établi par La-
treille , et caractérisé par des antennes fili-
formes très longues dans les mâles , àes
palpes maxillaires de quatre articles, etc.
Les espèces de ce genre sont américaines.
M. de Romand en a fait connaître une espèce
sous le nom de M. Foscolombei dans le Ma*
gasin de zoologie. Nous en avons aussi re-
présenté une espèce de la Guiane dans l'a-
llas de la nouvelle édition du Règne animal
de Cuvier (Ins.t pi. 12S bis); celle-ci porte
le nom de il/. Leprieurei. (Bl.)
*.\1ELISS0IDES, Bent. bot. pu. — Voy.
TLECTRANTHUS.
AIELIT/EA (nom mythologique), ins. —
Genre de l'ordre des Lépidoptères diurnes,
tribu des Argynnides, établi par Fabricius
(Ent.Syst.f t. III), et généralement adopté.
Duponchel, dont nous adoptons la classifica-
tion qu'il a lui-même suivie dans son Uist.
tes Lcpidopl . , le caractérise ainsi : Antennes
oresque aussi longues que le corps , termi-
nées brusquement par un bouton turbîné
ou pyriforme, un peu aplati en dessous.
Palpes minces; leur second article hérissé
de longs poils; le troisième moins velu et
très aigu. Yeux moins gros que dans les Ar-
gynnis. Abdomen presque aussi long que les
ailes inférieures, et dont l'extrémité dé-
passe la gouttière abdominale dans l'état
MEL
91
de repos. Ailes entières ou à peine dentelées,
et jamais ornées de taches d'argent.
Les chenilles sont garnies de tubercules
charnus, cunéiformes, couverts de poils
courts et raides. Les chrysalides sont obtuses
antérieurement, avec six rangées de points
verruqueux sur le dos; sans taches métal-
liques, mais de couleurs variées.
Ce g. renferme 17 espèces , la plupart
d'Europe, où elles vivent dans les bois;
nous citerons principalement la Melilœa Ar~
ternis, qui habite les environs de Paris. Elle
a le corps noir ; les ailes d'un brun noirâtre,
légèrement festonnées, ayant des taches fau-
ves et jaunes , disposées par bandes trans-
versales; les postérieures fauves en dessous,
avec trois bandes d'un jaune pâle, et une
rangée de taches ocellées.
MÉLÏTE. Melila. crust. — Synonyme
d'Ischyrocère. Voyez ce mot. (IL L.)
MÉLÏTE et MÉLITÉE. Melilœa (nom
mythologique), polyp. — Genre de Polypiers
établi sous ce dernier nom par Lamouroux,
et que, par erreur, Lamarck changea en ce-
lui de Mélite. Il fait partie de l'ordre des
Isidées dans la section des Polypiers cortici-
fères, et comprend plusieurs espèces précé-
demment décrites comme des Isis par Linné,
Solander, Esper, etc. Les animaux de ce
genre ne sont pas connus, mais ils sont très
probablement analogues à ceux des Isis et
des Gorgones, c'est-à-dire pourvus de huit
tentacules pinnés. Le Polypier est fixé, ra-
meux, composé d'un axe articulé pierreux et
d'un encroûtement cortical contenant les Po-
lypes à l'état frais, ou mince, ccllulifère, et
persistant dans l'état sec. Les articulations
pierreuses sont un peu striées longitudina-
lemcnt et séparées par des entre nœuds
spongieux et renflés. Les Mélitées se distin-
guent des Isis parce que celles-ci ont les
entre-nœuds au contraire plus resserrés et
de consistance cornée, et en même temps
l'écorce plus épaisse. Les Mélitées sont aussi
beaucoup plus ramifiées et leurs rameaux
sont souvent anastomosés comme ceux des
Gorgones. On en connaît quatre espèces or-
dinairement remarquables par leur colora-
tion en rouge vif ou rose, ou en jaune.
Quelques échantillons, conservés dans les col-
lections, ont près d'un mètre de hauteur.
(Duj.)
MÉLÏTÉE (nom mythologique), acal.—
92
MEL
JVIEL
Genre établi par Péron et Lesucur parmi
leurs Méduses gastriques, monostornes, pé-
donculées , brachidées et non tentaculées.
11 a pour caractères : Huit bras supportés
par autant de pédoncules, et réunis en une
espèce de croix de Malte; sans organes inté-
rieurs apparents. Lamarck réunissait la seule
espèce, M. purpurea, type de ce genre, à ses
Orythies qui ont un pédoncule avec ou sans
bras , une bouche centrale , et qui sont dé-
pourvues de tentacules. M. dcBlainville,
au contraire, a admis le genre de Péron et
Lcsueur, mais il Ta caractérisé toutdifférem-
ment, en lui attribuante une excavation inté-
rieure , qui communique avec l'extérieur par
huit ouvertures, formées par autant de pédi-
cules d'attache percés au milieu, d'où nais-
sent huit appendices brachidés fort courts. »
Eschscholtz, déjà précédemment, avait
réuni cette même espèce à ses Rhizostomes.
M. Lesson , dans son Histoire des Acalè-
phes, a de nouveau admis le gen re de Péron,
en y inscrivant une seconde espèce qu'il
avait lui-même décrite d'abord sous le nom
de Rhizosloma brachiura. Il pince les Méli-
tées dans la première tribu de son qua-
trième groupe, celui des Rhizostomécs ou
Méduses à pédoncule central, portant des
bras ou des appendices rameux ; cette tribu
des Médusidées ou Méduses monostornes
est caractérisée par un pédoncule plus ou
moins allongé, ayant au sommet une ou-
verture quadrilatère qu'entourent quatre
bras réunis à leur base. Les appendices du
sac stomacal sont en forme de sac, et les
ovaires flexueux sont surmontés par quatre
cavités. La première espèce, M. purpurea,
a souvent un demi-mètre de largeur et les
bras très courts ; elle se trouve sur les côtes de
l'île deWight. La M. brachyura est presque
aussi large ; mais les bras, d'un rouge ocreux
foncé, ont un mètre de longueur; son om-
brelle est incolore, demi-transparente, avec
le bord légèrement teint de rouille; elle
habite près des côtes de la Nouvelle-Gui-
née. (Duj.)
MÉLÏTHREPTINÉES. Melithreptinœ.
OIS. — Voy. MÉLIPHAGIDÉGS.
MELITHREPTUS, Vieillot, ois. — Syn.
de PMedon, Guvïer. Voy. fhiledon. (Z. G.)
*MELITONOMA fcAiWf , de couleur de
miel; vipaq, qui partage), ins. —Genre de
Coléoptères subpcntamères, famille des Tu-
bifères (Cycliques), tribu des Clythraire9
(Chrysomélines de Latreille), formé par nous
et adopté par Dcjean (CataL, 3e éd., p. 443).
Onze espèces font partie de ce genre; dix sont
originaires d'Afrique, et la onzième est pro-
pre aux Indes orientales. Cette dernière,
type du genre, est le Cryplocepkalus pollens
de Fab. Parmi les autres, est la Clyllirade-
ccmpunctalad'0\i\icv. (C.)
*MÉLïTOPHAGE. Melitopharjus, Boié.
ois. — Syn. de Merops, Linn. Voy. guêpier.
(Z. G.)
MELITOPIHLES. Melitophili ( paiera,
miel, pris pour pollen des fleurs; quléu,
j'aime), ins. — Sixièmesectionou tribu deCo-
léoplèrcspentamèresjde la famille des Lamel-
licornes , établie par Latreille (les Crustacés,
les Arachnides et les Insectes, t. I, p. 5G9),
et composée d'insectes dont le corps est dé-
primé, le plus souvent ovale, brillant, sans
cornes, avec le corselet trapézi forme ou
presque orbiculaire; une pièce axillaire oc-
cupe, dans le plus grand nombre, l'espace
compris entre les angles postérieurs et l'ex-
térieur de la base des élytres. L'anus est
découvert. Le sternum est souvent prolongé
en manière de pointe ou de corne avancée.
Les crochets des tarses sont égaux et sim-
ples. Les antennes ont dix articles , dont les
trois derniers forment une massue toujours
feuilletée. Le labre et les mandibules sont
cachés, en forme de lames aplaties, entiè-
rement ou presque entièrement membra-
neutes. Les mâchoires se terminent par un
lobe soyeux en forme de pinceau, sans
dents cornées. Le menton est ordinairement
ovoïde, tronqué supérieurement, ou presque
carré, avec le milieu du bord supérieur plus
ou moins concave ou échancré. La languette
n'est point saillante.
Des observations anatomiques faites par
Léon Dufour sur ces Insectes , l'on peut
conclure qu'ils sont de tous les Scarabéides
ceux où le tube alimentaire est le plus court.
Le ventricule chylifique a, communément,
sa tunique extrême couverte de fort petites
papilles superficielles en forme de points
saillants. Le renflement qui termine l'in-
testin grêle n'est point caverneux, comme
celui des Hannetons, L'armure copulatrice
des mâles diffère aussi de celle de ces der-
niers. Les capsules spermatiques sont au
nombre de dix ou de douze par chaque tes-
MEL
Î\1ÊL
93
iicule. Leurs conduits propres ne confluent
pas tous ensemble en un même point pour
îa formation du canal déférent , mais ils
s'abouchent entre eux de diverses manières.
Le nombre des vésicules séminales est d'une
ou trois paires ; le conduit éjaculateur se
contourne et se renfle beaucoup avant de
pénétrer dans l'appareil copulaieur (Ann.
des se. nat.,l\ly 235; IV, 178).
Les larves vivent dans levieux bois pourri.
On trouve l'insecte parfait sur les fleurs,
et souvent aussi sur les troncs d'arbres d'où
il suinte une liqueur qu'il suce.
Latreille dit que cette section est suscep-
tible de se partager en trois divisions; Tri-
CUIIDES, GOLIATHIDES et CÉTONUDES.
Les Mélitophiles des deux premières di-
visions n'ont point de saillie sternale bien
prononcée; la pièce latérale du mésosternum
ou axillaire (épimère) ne se montre point
généralementen dessous, ou n'occupequ'une
portion de l'espace compris entre les angles
postérieurs du corselet et la base extérieure
des élytres. Le corselet ne s'élargit point de
devant en arrière, ainsi que dans les Céto-
niides. Le côté extérieur des élytres n'est
point brusquement rétréci ou uni-sinué
un peu au-dessous des angles huméraux ,
comme dans ces derniers insectes. Mais un
caractère qui paraît à Latreille plus rigou-
reux, c'est qu'ici les palpes latéraux sont
insérés dans des fossettes latérales de la
face antérieure du menton, de sorte qu'ils
sont entièrement à découvert, et que les
côtés de ce menton les débordent même à
la naissance et les protègent par derrière.
Dans les deux premières divisions, ces pal-
pes sont insérés sous les bords latéraux du
menton ou dans les bords mêmes, de ma-
nière que les premiers articles ne paraissent
point, vus par devant.
Latreille rapporte aux Mélitophiles les
genres Trichius , Plalygenia , Crcmaslochei-
lus, Goliathus , Inca, Cetonia, Gymnelis et
Macronota.
Dans ces derniers temps, divers auteurs
se sont appliqués à l'étude de ces insectes :
1° MM. H. Gory et A. Percheron ont donné
une monographie des Cétoines (1833, 2 vol.
in-8 avec planches). Elle renferme les genres
Osmoderma , Valgus , Trichius , Âgenius ,
Stripsipher , Gnorimus, Ynca, Platigcnia ,
Cremastochcilus , Diplognalha , Gnalhoccra,
Amphitoros , Macroma , Goliathus , Schizo-
rhina , Cetonia , DicJieros , Ischnestoma ,
Tetragonos, Lomaptera, Macronota et Gym-
netis ; 2° M. Burmeister , tout en adoptant
ces genres, a créé un assez grand nombre
de nouvelles coupes génériques; 3° enfin ,
M. Schaum {Ann. delà Soc. ent. de France,
1845, p. 37) donne le catalogue des espèces
qui entrent dans la famille des Lamellicor-
nes Mélitophiles. Là se trouve établie l'in-
dication de la synonymie des genres et es-
pèces, ainsi que l'antériorité des noms. Il
résulte de ce travail que cette section ren-
ferme 135 genres et G50 espèces , dont 121
genres et 593 esp. pour les Cétoniades et 14
genres et 57 esp. pour les Trichiades.
On les trouve presque sur tous les points
du globe. Cependant les pays chauds boisés
et abondants en végétaux offrent un plus
grand nombre d'espèces. Il est à remar-
quer que la plupart des Mélitophiles , bien
qu'ayant leurs étuis en partie soudés, peu-
vent en soulever l'extrémité pour déployer
leurs ailes. Ils volent avec rapidité en se te-
nant placés obliquement , et produisent un
bruit qui est assez élevé et continu. (C.)
MELiïTIS. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Labiées-Stachydées , établi par
Linné (Gcn., n. 731), et dont les principaux
caractères sont : Calice campanule, mem-
braneux, irrégulièrement veiné, biiabié , à
lèvre supérieure large , arrondie , bilobée ,
ou brièvement 2-3-dentée; lèvre inférieure
bifide, à lobes arrondis. Corolle à tube am-
ple, saillant; limbe biiabié; lèvre supé-
rieure orbiculée, entière, étalée; lèvre in-
férieure à 3 lobes. Étamines 4, ascendantes,
les inférieures plus longues; anthères rap-
prochées par paires, à 2 loges distinctes.
Style brièvement bifide au sommet. Stig-
mates terminaux. Akène sec, lisse ou très
légèrement réticulé.
Les espèces de ce genre sont des herbes
des régions de l'Europe centrale et australe,
hirsutées , à feuilles brièvement pétiolées ,
ovales, crénelées, cordiformes ou arrondies
à leur base, rugueuses; à fleurs gran-
des , rouges ou d'un blanc rosé , disposées
en verticille axillaire 6-florc. L'odeur qu'ex-
halent ces plantes leur a fait donner les
noms de Mélisse puante et de Mélisse pu-
naise.
MÉLIZOPIÏ1LE. Mclizoplulus. ois. —
94
M EL
3VIEL
Genre établi par Leaeh sur la Syl. provin-
ciolis. Voy. svlvie. (Z. G.)
MELLIFÈRES. Mcllifcra. ins.— Latreillc
désignait ainsi une de ses grandes familles
de l'ordre des Hyménoptères qui correspond
à notre tribu des Apiens. Cette grande di-
vision est caractérisée et distinguée de tous
les autres Hyménoptères par des mâchoires
Ct des lèvres généralement fort longues,
constituant une sorte de trompe, la lèvre
inférieure plus ou moins linéaire avec l'ex-
trémité soyeuse; des pattes postérieures, le
plus souvent conformées pour récolter le
pollen des étamines, ayant le premier article
des tarses très grand en palette carrée ou
en forme de triangle; des ailes étendues
pendant le repos.
Plusieurs des caractères que nous ve-
nons de signaler, malgré leur importance
très réelle, bien qu'on les retrouve tous si-
multanément chez la plupart des représen-
tants de la famille des Mellifèrcs, viennent ce-
pendant à manquer chez quelques uns d'en-
tre eux. L'allongement des mâchoires et des
lèvres est une tendance bien marquée chez
ces Hyménoptères. Dans un grand nombre,
ces parties atteignent une longueur égale ,
ou même supérieure, à celle du corps tout
entier. Mais chez quelques uns cependant
elles demeurent infiniment plus courtes. On
verra plus loin que ces modifications cor-
respondent avec des différences dans les habi-
tudes et dans la constitution générale de ces
Insectes. Le caractère si remarquable fourni
par les pattes postérieures vient aussi à
manquer, et dans la plupart des cas, ceci
coïncide avec le raccourcisssment des mâ-
choires. Cependant, malgré ces différences
notables, les Mellifères , par l'ensemble de
leur organisation , n'en constituent pas
moins une division extrêmement naturelle,
dont les limites ne sauraient être modifiées
en aucune manière.
Les Mellifères ont généralement un corps
gros et court, souvent très velu ; ils ont des
antennes filiformes, peu longues, s'épais-
sissant un peu plus vers l'extrémité chez
les mâles que chez les femelles. Us ont des
veux étendus , surtout les mâles, et en outre
on observe sur le sommet de la tête trois
ocelles ou petits yeux lisses.
Il existe chez certains de ces Hyméno-
ptères trois sottes d'individus : des mâles, des
femelles et des neutres, ou ouvrières; c'est
le cas, comme on le sait, pour les Abeilles
et les Bourdons. Dans tous les autres il
n'y a jamais que deux sortes d'individus.
Les femelles ct les individus neutres sont
munis d'un aiguillon qui leur sert d'arme
offensive et défensive. Cet organe produit
une piqûre dans laquelle il verse un liquide
venimeux contenu dans un petit réservoir;
c'est ce qui occasionne , comme personne ne
l'ignore, une douleur très vive, et qui suffit
pour tuer ou paralyser complètement les
autres Insectes ainsi atteints par les Melli-
fères femelles.
L'organisation de ces curieux Hyméno»
ptères est encore bien incomplètement con-
nue. Le système nerveux n'a encore été
décrit que chez l'Abeille commune; ce sont
MM. Brandt et Ratzeburg qui l'ont repré-
senté; mais, par quelques recherches, nous
avons comparé cet appareil dans quelques
autres types.
Chez tous les Mellifères, les trois centres
nerveux du thorax sont confondus en une
seule masse, et néanmoins les ganglions
abdominaux forment encore une chaîne
s'étendant presque jusqu'à l'extrémité de
l'abdomen. Chez l'Abeille , on distingue
seulement trois masses médullaires dans
l'abdomen. Mais chez les Xylocopes et quel-
ques autres, on en distingue encore au
moins cinq. Au reste, l'absence d'observa-
tions nous empêche de nous étendre sur ce
point, si fécond cependant en données pré-
cieuses pour la zoologie.
Chez les Mellifères, l'appareil respiratoire
est extrêmement développé. Les trachées de-
viennent vésiculeuses dans certaines parties
de l'économie, et elles acquièrent !; une
dimension qu'on ne retrouve pas ailleurs.
A la base de l'abdomen, on distingue deux
poches aérifères occupant le tiers de la
cavité abdominale. Ces deux poches, réu-
nies l'une à l'autre par une arcade ana-
stomotique, se continuent en arrière avec
un tube pius ou moins élargi d'espace en
espace , communiquant au tube du côté
opposé par des conduits aériens transver-
saux, et en rapport direct avec les stig-
mates placés sur les parties latérales de l'ab-
domen. Les deux grandes poches princi-
pales sont encore en rapport, par leur
portion antérieure, avec les trachées tubu-
]MEL
M EL
^j
leuscs qui pénètrent et se ramiOent dans
îe thorax et dans la tête. M. Newport a
donné une excellente figure do l'appareil
respiratoire du Bourdon (1). Le canal di-
gestif a été étudié dans divers Mellifères
par M. Léon Dufour. 11 est de largeur va-
riable suivant les genres, ayant chez cer-
tains trois ou quatre fois l'étendue du corps,
mais dans plusieurs seulement le double de
sa longueur.
L'œsophage de ces Hyménoptères est
droit et d'une ténuité capillaire dans le tho-
rax, et jusqu'au-delà du pédicule de l'ab-
domen, où il se renfle en un jabot musculo-
membraneux. Le gésier qui lui succède est
en général turbiné et comme invaginé dans
le jabot. Le ventricule chylifique est allongé
et de forme cylindroïde. Les vaisseaux
biliaires sont en nombre assez considérable.
L'intestin décrit plusieurs circonvolutions
dans l'abdomen, où. il se termine en un rec-
tum conoïde ou turbiné, le plus souvent
offrant à sa surface des boutons charnus.
Les organes de la génération sont trop
variables entre tous les types de la tribu des
Mellifères, pour qu'on puisse rien dire de
général à cet égard ; les organes testiculaires,
rarement isolés, sont le plus souvent ren-
fermés dans une même enveloppe. Ces or-
ganes présentent le plus souvent de trois à
huit capsules spermifiques suivant les genres ;
mais, chez l'Abeille commune, le nombre en
devient infiniment plus considérable. lien
est de même relativement aux ovaires; chez
l'Abeille, les gaines ovigères sont fort nom-
breuses. Dans chaque ovaire on en compterait
environ cent cinquante , d'après les observa-
tions de Swammerdam ; tandis que, dans
les Bourdons et la plupart des Mellifères, il
n'en existe que huit, rarement en trouve-
t-on cinq, six ou huit. Comme on le voit ,
il existe dans cette tribu , relativement aux
organes de la génération , des différences
notables qui paraissent devoir caractériser
des groupes secondaires , comme le fait très
bien remarquer M. Léon Dufour.
Si les Mellifères ou Apiens, par le dé-
veloppement de leur organisation, parais-
sent occuper le premier rang parmi les
insectes, il en est de même, et comme
conséquence de cette première perfection ,
(i) On the respiration of Jnserts [Philosophical trrni.uut.,
H.1S36). A
relativement à leur instinct et, oserons-
nous dire, à leur intelligence. Ces insectes
savent pourvoir au besoin de leurs larves,
qui sont incapables de se procurer leur
nourriture ; tantôt c'est une femelle seule
qui construit un nid dans lequel elle dépose
ses œufs. Elle ne doit jamais voir les êtres
qui en sortiront, car elle aura déjà cessé de
vivre quand paraîtra sa postérité.
Mais auprès de chaque œuf, bien enfermé
dans sa cellule, elle aura déposé une pro-
vision suffisante pour l'existence entière de
l'animal à l'état de larve.
Tantôt ce sont des sociétés nombreuses
où vivent quelques femelles ou une seule,
mais alors entourées par des individus neu-
tres, ou ouvrières, dont on compte des
centaines et des milliers dans une même ha-
bitation.
Les mœurs de ces Hyménoptères sont
vraiment admirables. Leurs travaux sont or-
dinairementd'uneexécution si parfaitequ'on
s'explique difficilement commentun frêle in-
secte parvient à un tel résultat, et comment,
dans certaines circonstances, il parvient à
vaincre des obstacles tout-à-faitfortuits.
Certains observateurs , et plus particu-
lièrement les adeptes de la philosophie sco-
lastique, n'ont voulu voir dans ces mer-
veilleux travaux que le produit d'un instinct
extrêmement développé. D'autres, au con-
traire, ont cru y voir le résultat d'une vé-
ritable intelligence comparable en quelque
sorte à celle de l'homme.
Comme nous avons eu l'occasion de le
dire ailleurs, ces deux opinions exclusives
paraissent également fausses. En effet, cer-
tains actes de la vie de ces Hyménoptères
semblent être seulement du domaine de
l'instinct, mais certains autres semblent ne
pouvoir être que le résultat d'une idée ,
d'une pensée, d'une volonté préméditée.
La distinction entre ce qui appartient à l'un
et ce qui appartient à l'autre est sans doute
extrêmement difficile; car il doit y avoir
une union intime, l'intelligence devant
aider l'instinct dans mille détails que nous
ne pouvons suivre. Néanmoins il semble
qu'on doive ranger au nombre des faits
instinctifs ce qui a rapport à la construc-
tion des nids. Le Mellifère se met à l'œuvre
ûiis sa naissance et sait disposer ses loges ou
Ê£S cellules sans aucune éducation préa-
95
MEL
MEL
lable. Les femelles ou les ouvrières vont
chercher la nourriture qui convient à leurs
larves. Ceci paraît être encore du domaine
de l'instinct. Mais l'Abeille va pomper le
miel de certaines fleurs plutôt que d'autres ;
elle construit des cellules différentes pour
les ouvrières, pour les mâles et pour les
femelles. Elle ne leur donne pas la même
nourriture. Quand elle veut rendre des
larves d'ouvrières, femelles fécondes , elle
modifie la forme de leurs alvéoles et la
nourriture de ses larves. L'Abeille ne se
défend pas seulement contre l'ennemi qui
Tient l'attaquer comme le font beaucoup
d'animaux, elle le poursuit encore après
qu'il l'a abandonnée , semblant chercher
une vengeance. L'Abeille sait reconnaître
tous les individus de sa ruche, et expulse du-
rement ou perce de son aiguillon les étran-
gers, même ceux de son espèce.
Les Xylocopes, comme l'indique leur nom,
ont rhabitude de percer le bois et de creuser
des tuyaux pour y établir le berceau de leur
progéniture; mais nous connaissons des exem-
ples qui montrent que ces Hyménoptères dé-
rogent parfois à leurs habitudes ordinaires
en s'emparant de trous déjà formés.
Il en est de même à l'égard de beaucoup
d'autres Mellifères. Les Chalicodomes , qui
construisent sur les murailles des nids d'une
dureté extrême, composés en grande partie
de gravier et de terre, qu'ils font adhérer
fortement au moyen d'un liquide visqueux
qu'ils ont la propriété de sécréter, ne man-
quent pas de profiter souvent des vieux nids
qui ont résisté d'une année à l'autre. Les
industrieuses femelles se contentent alors
de les raccommoder, d'en boucher les fissu-
res , et en quelque sorte de les remettre à
neuf. Cependant ces Hyménoptères sont ap-
pelés à construire eux-mêmes leur nid tout
entier, et la paresse, si l'on peut employer
ici ce mot , les porte à s'emparer de l'habi-
tation d'un autre , depuis longtemps aban-
donnée et détériorée.
Tous ces faits, plus ou moins accidentels,
étant le résultat de diverses impulsions, qui
se manifestent selon les circonstances, elles
ne peuvent être que du domaine de l'intel-
ligence. En effet, comme nous l'avons dit
dans une autre occasion , il semble que tout
être appelé par la nature à exécuter une
chose quelconque doit avoir un certain de-
gré d'intelligence; car lorsqu'il s'agira d'ac-
complir les actes auxquels la nature l'a des-
tiné, il se présentera toujours des cas parti-
culiers qui pourront parfois en entraver la
marche, et dont la solution ne sera trouvée
que par une idée intelligente.
Pendant leur état de larve, les Mellifères
demeurent dans un état d'imperfection re-
marquable. Ce sont des Vers mous, blan-
châtres, apodes, ne pouvant nullement se
déplacer, restant maintenus dans une loge
où leur nourriture leur est apportée , soit
par la mère , soit par les ouvrières. Leur
transformation en nymphe a lieu dans la
même loge, et l'espace de temps qu'ils pas-
sent sous celte forme varie suivant les gen-
res et les espèces.
Les Mellifères constituent une famille ex-
trêmement considérable. Les espèces en sont
très nombreuses, répandues dans toutes les
régions du inonde, mais plus abondamment,
d'après tout ce que nous savons, dans l'Eu-
rope méridionale et le nord de l'Afrique.
Toutes ces espèces sont réparties par les en-
tomologistes dans une soixantaine de gen-
res, dont on forme plusieurs petits groupes
et même plusieurs familles.
Les habitudes des Mellifères étant très
variables, suivant les groupes et les familles,
nous ne pouvons en traiter d'une manière
générale à toute la tribu. Pour que les faits
les plus intéressants relatifs aux mœurs de
ces curieux Hyménoptères puissent être suf-
fisamment compris, et pour qu'on saisisse
facilement ce qui est propre à chacun , il
est nécessaire de connaître d'abord ces divi-
sions. Nous commencerons par indiquer les
plus essentielles.
Dans notre Histoire des Insectes (1), nous
avons admis six familles parmi les Mellifères
ou notre tribu des Apiens. On les distingue
surtout par les caractères fournis par les
pattes postérieures et par la langue.
Ces six familles sont :
1° Les Apides, caractérisés par des pattes
postérieures, dont les jambes sont élargies
avec le premier article des tarses dilaté à
l'angle externe de sa base, et par une langue
cylindrique presque aussi longue que le
corps.
2° Les Psythirides , caractérisés par des
pattes postérieures simples, sans dilatation
(i) Paris, Didot, i845.
M EL
MEL
97
ni poils propres à retenir le pollen non plus
que l'abdomen , et par une langue cylin-
drique aussi longue que le corps.
5° Les Anthophorides , caractérisés par
des pattes postérieures dont les jambes sont
dilatées en forme de palette, ainsi que le
premier article du tarse, dont la partie in-
férieure est en outre munie d'une brosse, et
par une langue toujours plus longue que la
moitié du corps.
4° Les Andrénides , caractérisés par des
pattes postérieures dont les jambes sont mu-
nies de longs poils pour la récolte du pollen,
et par une langue courte.
5" Les Osmudes, caractérisés par aes pattes
postérieures simples, impropres à récolter le
pollen , ayant une seule brosse sous le pre-
mier article des tarses , et par l'abdomen,
offrant une palette garnie de poils étages
pour retenir le pollen.
6° Les Nomadides , caractérisés par des
pattes postérieures simples, sans dilatation
ni poils propres à recueillir le pollen , non
plus que l'abdomen , et par une langue à
peine aussi longue que la tête.
La première de ces familles , les Apides ,
est elle-même subdivisée en trois groupes :
ce sont les Méliponites, dont les jambes pos-
térieures sont munies d'une espèce de peigne
à l'angle interne, et dont le premier article
des tarses est inerme; les Apiles , dont les
jambes postérieures sont inermes , et le
premier article de leurs tarses quadrangu-
laire, avec son angle supérieur proéminent;
et les Bombites, dont les jambes postérieures
sont bi épineuses à l'extrémité , et le pre-
mier article de leurs tarses dilaté à l'angle
externe de sa base.
Au groupe des Méliponites , on rattache
seulement les genres Mélipone et Trigone.
Voy. MÉLIPONITES.
Au groupe des Apites appartient seule-
ment le genre Abeille (Apis). Nous ren-
voyons également à l'article de ce Diction-
naire qui traite de ce genre.
Seulement , comme les Abeilles ont une
importance réelle pour les pays qu'elles ha-
bitent, nous allons donner un aperçu de leur
distribution géographique.
Lepeletier de St. -Fargeau ( Ins. hymé-
nopt., suites à Buffon) en décrit douze es-
pèces :
L'Abeille aiELLiFiQOB (Apis mcllifica LlnA
T. VIII.
répandue dans tout le centre et le nord de
l'Europe, et qui a été introduite dans l'A-
mérique du Nord, et probablement aussi à
Van-Diemen.
VApis ligustica Lin. , qu'on rencontre
dans le midi de la France, en Italie, en
Grèce, en Syrie.
VApis unicolor Lat., qui est très répan-
due à Madagascar, aux îles Mascareignes,
aux îles Canaries. Les Abeilles que M. Lucas
a rapportées d'Algérie et celles que j'ai re-
cueillies en Sicile ne paraissent pas devoir
en être distinguées.
VApis caffra Lep. St.-Farg. , qui est
commune au cap de Bonne-Espérance.
Les Apis sculellala et capensis Lep. St.-
Farg., habitent également la même partie
de l'Afrique.
VApis nigritarsum Lep. St.-Farg. , qui
habite le Sénégal et une partie de la tôle
occidentale d'Afrique.
VApis fasciata Latr., qui habite l'Egypte
et l'Arabie.
VApis dorsata et VApis socialis Fab.,
paraissent communes dans la péninsule en
deçà du Gange.
VApis Gronovii, décrite par M. Lesguil-
lou, comme provenant d'Amboine, ne diffère
pas sensiblement de VApis dorsata.
VApis Peronii Latr. , a été découverte à
Timor.
VApis indica Latr. est une toute petite
espèce qui habite le Bengale.
VApis nigripennis Latr., qui habite le
même pays, est la plus grande espèce du
genre. VApis zonata Guér. n'en est cer-
tainement qu'une variété.
Le troisième groupe de la famille des
Apides (les Bombites) ne comprend que le
seul genre Bourdon (Bombus, Lin.). Ces
Insectes, assez nombreux en espèces (voy,
l'article bourdon ), ont beaucoup de rapports
avec les Abeilles, tout en ayant une taille
très supérieure. Comme ces dernières , les
Bourdons construisent des demeures consi-
dérables. Ils y forment des sociétés assez
nombreuses ; mais ce nombre est cependant
minime comparativement à celui que nous
fournissent les sociétés des Abeilles; car
souvent ces habitations n'ont pas au-delà
de cinquante à soixante habitants , et le
grand maximum ne paraît pas dépasser deux
rp.nU.
13
M KL
MEL
Les Bourdons construisent ieurs nids dans
des prairies ou auprès des haies; la plupart
emploient la mousse pour leurs construc-
tions. Toujours ces nids sont creusés dans
la terre ; c'est pour cela qu'on voit fré-
quemment les Bourdons entrer et sortir par
un orifice assez étroit pratique à la surface
du sol. Les sociétés de ces Hyménoptères,
comme celles des Guêpes, ne durent jamais
au-delà d'une saison; chaque automne,
tous les habitants se dispersent ; les étales
ont péri peu de temps après l'accouplement;
les individus neutres, ou ouvrières, meurent
quand les premiers froids se font sentir.
Seules les femelles fécondes se cachent dans
le creux des arbres, dans les fissures des
murailles , dans tous les endroits propres à
leur fournir un abri convenable. Elles y
passent l'hiver dans un état d'engourdisse-
ment complet. Mais , dès qu'elles sentent
les premières chaleurs du printemps, elles
sortentdeleur retraite; le moment de pondre
est venu; alors il devient nécessaire pour
elles de construire une demeure pour rece-
voir leur progéniture.
Chaque femelle isolément choisit une ca-
vité propice, la nettoie, la déblaie, et la
dispose de la manière la plus convenable.
Aussitôt après, elle apporte de la mousse et
en recouvre l'habitation improvisée. La la-
borieuse femelle va ensuite recueillir du
miel et du pollen , et en amasse ainsi une
provision considérable ; elle en forme des
boules, et dans chacune d'elles elle dépose
alors un ou plusieurs œufs. Les larves , ve-
nant promptement à éclore, trouvent autour
d'elles la nourriture qui leur convient.
Quand la matière alimentaire vient à dimi-
nuer, l'industrieux Hyménoptère va recueil-
lir d'autres provisions. Quand les larves ont
pris tout leur accroissement, elles se fabri-
quent, au milieu des boules de pollen mêlé
de miel, une coque soyeuse dans laquelle
elles se transforment en nymphes, et peu
de jours après les Insectes parfaits sortent
cm cette étroite demeure. Comme chez les
Guêpes, toutes les larves de cette première
génération de l'année donnent naissance,
sans exception, à des individus neutres,
c'est-à-dire à des ouvrières. Alors celles-ci
se mettent bientôt à l'œuvre; elles agran-
dissent le domicile, vont chercher de nou-
veaux matériaux, de nouvelles provisions.
La femelle ne participera plus à ces rudes
travaux, mais bientôt elle va poudre des
œufs dont il sortira des larves de mâles et
de femelles, aussi bien que de neutres; et
ce seront ces ouvrières qui leur donneront
tous les soins nécessaires , ainsi que cela
se passe dans les sociétés des Abeilles.
Les Bourdons qui construisent leur nid
avec de la mousse , et c'est le plus grand
nombre , forment au-dessous de l'enveloppe
supérieure une seconde voûte à parois de
cire. Avec cette cire , ils construisent aussi
de petits godets dans lesquels ils déposent
du miel. Les gâteaux sont très irréguliers,
et sont composés de corps oblongs appliqués
les uns contre les autres. La cire est sécré-
tée, comme celle des Abeilles, entre les an-
neaux de l'abdomen, seulement elle n'a pas
les mêmes propriétés; sa couleur est d'un
gris jaunâtre ou brunâtre; elle brûle faci-
lement ; mais comme sans doute elle con-
tient beaucoup de matières étrangères, elle
ne se liquéfie pas complètement quand on
l'expose à la chaleur.
On n'a pas observé si les larves des fe-
melles reçoivent une nourriture différente
de celle des ouvrières. Lepeletier de Saint-
Fargeau pense qu'il doit en être ainsi par
analogie avec ce qui se passe à cet égard
chez les Abeilles.
Les Bourdons mâles et femelles nés au
milieu de l'été produisent aussitôt une nou-
velle génération qui n'arrive à l'état adulte
que vers le mois d'août. Ces individus ont
ordinairement une taille un peu supérieure
à celle des précédents. C'est vers cette épo-
que que les femelles , qui vont hiverner,
reçoivent l'approche des mâles.
C'est dans les écrits de Réaumur qu'on
trouve une série d'observations pleines d'in-
térêt sur les Bourdons. On doit aussi à Hu-
ber (Linnean Transactions , t. VI) un mé-
moire extrêmement important sur le même
sujet.
La famille des Psilhyrides comprend le
seul genre Psithyre , dont les espèces con-
nues ne sont pas fort nombreuses. Les Psi-
thyres ressemblent aux Bourdons d'une
manière si frappante par leur grosseur, par
leurs formes, par leurs couleurs , par leur
aspect général, que pendant longtemps tous
les entomologistes les ont confondus avec ces
derniers, même ceux, comme Dahlbom,
MEL
MEL
99
qui ont écrit spécialement sur les Bourdons.
C'est Lepeletier de Saint Fargeau qui le
premier les en a distingués, en montrant que
ces Hyménoptères avaient des pattes posté-
rieures simples , et se trouvaient ainsi com-
plètement dépourvus d'organes propres à la
récolte du pollen et propres aussi à con-
struire des nuls. Cependant les Psithyrides,
incapables d'élever leur progéniture, ont
des larves aussi incapables de se procurer
leur nourriture elles-mêmes que celles de
tous les autres Mellifères. Chez ces Hymé-
noptères , il n'existe que deux sortes d'in-
dividus, des mâles et des femelles. Comme
Lepeletier de Saint-Fargeau l'a bien observé,
les femelles des Psilhyrus , si semblables
aux Bourdons , pénètrent dans les nids de
ces derniers sans que ceux-ci reconnaissent
les Psithyres pour étrangers. Les œufs des
deux espèces sont confondus, et les indus-
trieux Bourdons nourrissent les larves de
ces nouveaux hôtes aussi bien que les leurs.
C'est un instinct bien remarquable que
celui qui porte la femelle du Psithyre à al-
ler déposer ses œufs dans le nid des Bour-
dons. 11 n'est pas moins remarquable de voir
que chaque Psithyre porte la livrée du
Bourdon , chez lequel il s'introduit furti-
vement.
La famille des Anthophorides est divisée
en trois groupes, les Euglossites , dont les
jambes postérieures, très renflées dans les
mâles , sont très dilatées, en forme de pa-
lette creuse , chez les femelles ; les Anlho-
phoriles , dont les jambes postérieures sont
garnies en dessus de longs poils , ainsi que
le premier article des tarses , et dont les
mandibules sont pointues, et les Xyloco-
pites, dont les jambes postérieures et le
premier article de leurs tarses sont munis
de longs poils touffus, et dont les mandi-
bules sont élargies à l'extrémité.
Nous rattachons seulement au groupe des
ïnglossites les deux genres Euglossa et Eu-
lœma, dont toutes les espèces sont particu-
lières à l'Amérique méridionale et aux
Antilles. On n'a étudié ni leurs habitudes
ni leurs métamorphoses. Quelques uns de
ces Hyménoptères se font remarquer par
l'éclat de leurs couleurs.
Le groupe des Anthophorites est beaucoup
plus considérable. Nous y rattachons les
genres Anlhophora, Sarropoda, Macroccra,
Eucera, Melissodes, Melillurgus. Ces Hymé-
noptères, assez nombreux en espèces, sont
fort abondants en Europe, particulièrement
dans le midi, ainsi que dans le nord de l'A-
frique. Ils ressemblent, par leur aspect gé-
néral, à nos Abeilles communes; mais ils
sont beaucoup plus velus, généralement
d'une couleur grisâtre; mais néanmoins on
en connaît aujourd'hui quelques uns de nos
possessions en Afrique dont le corps est orné
de couleurs rouge, orangée, fauve, etc. La
taille des Anthophorites est un peu supé-
rieure à celle des Abeilles. Ces Insectes, que
plusieurs observateurs ont désignés sous les
noms d'Abeilles solitaires , établissent le
berceau de leur postérité dans des cavités de
vieilles murailles, dans la terre sablonneuse,
dans les terrains escarpés et bien exposés au
soleil. La plupart des espèces d'Anthophores
forment un long tuyau qu'elles divisent
simplement en une série de cloisons. Mais
une espèce de notre pays, la plus commune
du genre , celle qu'on peut en considérer
connue le type, offre dans ses habitudes cer-
taines particularités que Latreille a très bien
observées. U Anlhophora pariclina Lin. pra-
tique des trous entre les pierres qui ont
été réunies par un sable fin et argileux. Eu
creusant son nid, notre laborieux Hymé-
noptère apporte au dehors tout le sable qu'il
en a retiré, en l'humectant au moyen de
la liqueur visqueuse qu'il a la propriété
de sécréter; il le fixe successivement sous
forme de petits rouleaux , de manière à en
former un tube extérieur. Toutefois ce tube
ne doit pas subsister longtemps ; car, dès que
le tuyau intérieur est suffisamment grand,
l'Anthophore va reprendre successivement
les petits rouleaux de sable pour former les
cloisons qui doivent clore la loge de cha-
cune de ses larves. Comme tous les Melli-
fères ou Apiens nidifiants, les Anlhophores
approvisionnent leurs larves d'une pâtée
composée de miel et de pollen , en quantité
suffisante pour toute la durée de leur exis-
tence sous ce premier état. Ces Insectes ,
dont la trompe est fort longue, vont surtout
pomper le miel dans les fleurs à corolle in-
fundibulée, comme les Labiées, les Rhi-
nanthacées , les Borraginées , les Anlirhi-
nées, etc.
Les Systrophcs , Macroccres , Eucères ,
Mellitturgues, sont des Anthophorites euro-
100
M EL
MEL
péens ou africains , dont les habitudes sont
analogues à celles des Anthophores.
Les Melissodes sont américains (voy. les
articles de chacun de ces genres pour ce qui
les concerne spécialement).
Les Xylocopites sont des Mellifères qui
ont un peu l'aspect de nos gros Bourdons ,
et dont la taHIe est quelquefois supérieure
à celle de ces derniers. Les genres Ancylo-
scelis, Centris, Epicharis et Lestis, que nous
rattachons à ce groupe, sont tous exotiques
et propres aux régions les plus chaudes du
globe. Les Xylocopes proprement dits, assez
nombreux en espèces , sont aussi générale-
ment étrangers à l'Europe. Le seul repré-
sentant de ce groupe dans notre pays est le
Xylocopa violacea Lin. , gros Hyménoptère
noir, velu, à reflets violacés. Cet insecte, fort
commun , que Réaumur désigne sous le
nom d'Abeille perce-bois, construit son nid
un peu à la manière des Anthophores : seu-
lement, au lieu de le placer, soit dans le
sable, soit entre des pierres, il l'établit or-
dinairement dans du bois mort ou même
pourri. La femelle xylocope creuse et perfore
peu à peu ce bois à l'aide de ses mandi-
bules, en faisant successivement tomber la
sciure au dehors. Souvent elle pratique dans
le même morceau de bois trois ou quatre
trous à peu près parallèles, et quand ils
sont achevés , ils ont , en général , jusqu'à
10 à 15 pouces de longueur. Le plus ordi-
nairement ces galeries sont droites ; mais
•- vers l'extrémité, cependant, elles se rappro-
chent de la superficie du bois. C'est un
grand travail pour les Xylocopes que la per-
foration de ces trous : aussi n'est- il pas rare
de voir une femelle occupée à cette rude be-
sogne pendant plusieurs semaines.
Quand le local estenfin complètement pré-
paré, la laborieuse femelle va recueillir du
pollen, qu'elle place au fond de son tube.
Elle recueille également une certaine quan-
tité de miel, qu'elle mélange avec le pollen.
Lorsque la quantité de cette pâtée est jugée
suffisante, elle dépose un œuf, puis elle éta-
blit au dessus un plancher solide avec de la
sciure de bois, maintenue au moyen du li-
quide visqueux qu'elle a la propriété de sé-
créter. Ce plancher devient le fond d'une
nouvelle cellule. Un travail semblable s'a-
chève ainsi successivement dans toute la
longueur du tube, qui se trouve ainsi divisé
en une série de loges n'ayant entre elles
aucune communication. Quand le petit Ver
éclôt, il trouve sa nourriture tout autour de
lui; il grossit en même temps que sa pro-
vision diminue, etquand tout est consommé
il a acquis tout son accroissement, et son
corps remplit alors la loge en entier. Il se
métamorphose bientôt en nymphe, et sa
tête se trouve tournée vers le fond de la cel-
lule de manière que l'insecte parfait cherche
naturellement à sortir do ce côté. Ceci ex-
plique pourquoi l'industrieuse mère a rap-
proché le fond de son tube de la superficie
du bois; car l'insecte dont l'œuf a été pondu
le premier doit aussi naître le premier, et
sans cette précaution il ne pourrait sortir
de sa retraite , car c'est lui qui pratique le
chemin par lequel vont successivement sor-
tir tous les Xycolopes nouveau-nés jusqu'à
celui qui est le plus rapproché de l'entrée
du tube.
Quelques uns des Xylocopes s'épargnent
une partie de leur travail en profitant de
trous ou de cavités accidentels. C'est ainsi
que nous avons eu l'occasion de voir un de
ces Hyménoptères établir le berceau de sa
progéniture dans un tube de cuivre.
Les espèces exotiques de ce genre n'ont
pas encore été observées dans leurs habi-
tudes.
Les Andrénides, qui se distinguent des
autres Mellifères par le lobe intermédiaire
de leur lèvre inférieure, qui est très court,
et en forme de cœur lancéolé , ont du reste
complètement l'aspect des autres représen-
tants de la tribu. Elles ont comme les Xy-
locopites, et plus même que les Xylocopites,
des pattes postérieures garnies de longs poils
propres à la récolte du pollen , en offrant
des espaces lisses sur les hanches, à la base
des cuisses et sur les côtés du corps.
Les Andrénides sont aussi des Hyménop-
tères solitaires. Les femelles creusent, à peu
près comme les Anthophorides , des trous
profonds dans les terrains sablonneux et ar-
gileux, ou dans le mortier dont on se sert
pour lier les pierres entre elles. Ces trous,
toujours exposés le plus possible à la cha-
leur du soleil, sont des tubes obliques dont
la longueur est ordinairement de 6 à 8 pou-
ces; mais en outre, chaque femelle établit
au fond de la galerie principale plusieurs
petits tubes ayant tous accès dans le trou
M EL
principal. Ce sont là des loges séparées pour
chaque larve, qui , convenablement appro-
visionnée de miel et de pollen, et ensuite
enfermée entièrement dans sa cellule au
moyen d'un couvercle formé de terre et de
sable, doit s'y développer.
Les Andrénides, dont on connaît un assez
grand nombre d'espèces, paraissent avoir
toutes des mœurs très analogues. Cependant
; il existe assurément certaines petites dif-
] férences dans le mode de construction. Nous
: rattachons trois groupes à la famille des
: Andrénides.
1° Les Dasypodites, dont le premier article
assez long est garni de poils extrêmement
longs et touffus.
2° Les Andrénites, dont le premier article
des tarses postérieurs est court et dépourvu
de longs poils, et la langue courte et dilatée
à l'extrémité.
3° Les Collétites, dont le premier article
des tarses postérieurs assez long est dépourvu
de longs poils , et la langue courte et tri-
lobée.
Nous rattachons au premier de ces grou-
pes les genres Panurgus, Dufourea et Dasy-
poda. Les Panurgus, qui habitent l'Europe
et la Barbarie , sont remarquables par leur
grosse tête. M. Lepeletier de Saint-Fargeau
a vu, dans le sentier battu d'un jardin ,
huit à dix individus de l'espèce type du
genre (le Panurgus lobatus Fab.), qui péné-
traient tour à tour dans le même tube, ap-
portant des provisions de pollen. Ceci aurait
pu faire supposer que ces Hyménoptères tra-
vaillaient en commun. Il n'en est rien cepen-
dant, car chaque femelle devait avoir son
nid particulier, dont l'issue seulement se
trouvait être commune avec celle d'autres
nids.
Nous ne connaissons pas les habitudes
particulières des Dufourées. Quant aux Da-
sypodes, si remarquables par les énormes
poils de leurs pattes , on a vu fréquemment
le type du genre ( Dasypoda hirlipes Fab. )
creusant des trous profonds dans les che-
mins, et portant de grandes quantités de
pollen qu'il maintient facilement sur ses
jambes poilues.
C'est à ce groupe que paraît devoir ap-
partenir le genre Megilla, tel qu'il est adopté
par M. Léon Du four.
Fabricius avait d'abord établi sous cette
MEL 101
dénomination un genre composé d'espèces
très différentes, qui ont été successivement
réparties par les entomologistes dans les gen-
res Anthophora, Halictus, Nomia, Cera-
tina, etc. Depuis lors, M. Léon Dufour (An-
nales de la Société entomologique de France,
t. VII, p. 287, 1838) a proposé de repren-
dre le nom générique de Megilla pour une
espèce qu'il a bien observée , et que Fabri-
cius plaçait dans ce genre ; c'est la Megilla
labiata de Fabricius, dont la femelle est dé-
crite par le même auteur sous le nom de M.
fulvipes. C'est aussi l'espèce décrite par La-
treille sous le nom (TAndrena lagopus (Gêner.
Cr. et Ins. , t. IV, p. 15). Le genre Megilla
ainsi constitué doit se placer dans la famille
des Andrénides, près des Dasypoda, dont il
diffère surtout par le corps plus glabre, par
la brièveté du premier article des tarses pos-
térieurs, etc.
Le groupe des Andrénites est le plus nom-
breux. On y range les genres Andrœna ,
Scrapler, Halictus, Nomia et Ancylus.
Les Andrènes proprement dites sont assez
abondantes dans notre pays, où elles éta-
blissent leurs nids dans des chemins. Les
Halictus ont été parfaitement observés par
M. le baron Walckenaër. Le célèbre auteur
du tableau des Aranéides a vu aussi, comme
on l'a remarqué chez les Panurgus, plusieurs
femelles s'introduisant dans le même nid;
mais il paraît probable que c'étaitseulement
une ouverture commune à plusieurs habi-
tations.
Le genre Ancyla a été établi par M. de
Saint-Fargeau pour une seule petite espèce
trouvée aux environs d'Oran (A. Oranicnsis
St Farg.). Voyez pour les autres genres leurs
articles particuliers.
Les Collétites ne comprennent que le seul
genre Colletés, dont l'espèce la plus répan-
due en France ( C. hirta ) a été surtout ob-
servée par Réaumur. On rencontre fréquem-
ment les nids de cet insecte dans les mu-
railles exposées au midi. Ca retraites con-
sistent en cylindres divisés en plusieurs
cellules placées au bout les unes des autres,
et ressemblant par leur forme à un dé à
coudre. Toutes ces loges sont formées d'une
substance feutrée membraneuse, produite
par une liqueur visqueuse et comme gom-
mée que les Colletés ont la propriété de sé-
créter, surtout quand elles ont absorbé des
102
MEL
MEL
matières végétales. Chaque cellule a environ
10 à 12 millimètres de profondeur sur 5 de
diamètre. Les parois en sont très minces ,
mais la pâtée de miel et de pollen qui la
remplit soutient les parois de la loge.
Les Osmiides, dont les habitudes ressem-
blent à celles des autres Mellifères solitaires,
sont surtout remarquables par la manière
dont ils récoltent le pollen. Tandis que tous
les autres Mellifères le recueillent sur leurs
jambes et le premier article de leurs tarses ,
ceux-ci, à l'aide de leurs pattes, Tentassent
sous leur abdomen , où il se trouve retenu
par des poils étages. Ce seul caractère suffit
pour distinguer les Osmiides de tous les
autres Hyménoptères.
C'est cette singulière disposition qui avait
engagé Latreille à désigner les Osmiides
sous le nom de Dasygastres. Nous avons
admis neuf genres dans cette petite famille,
et les caractères qui les séparent les uns des
autres sont si peu prononcés qu'ils ne pa-
raissent pouvoir être répartis en plusieurs
groupes. Ces genres sont les Diphysis , Os-
mia , Chalicodoma , Megachile , Lithurgus,
Anthocopa, Ànthidium , Heriades , Chelos-
toma.
Les Osmies proprement dites sont assez
nombreuses en espèces; elles recherchent
des cavités , soit dans le bois , soit dans îa
pierre , pour y construire une ou plusieurs
loges. Si l'espace est assez grand , TOsmie
en bâtit plusieurs dans le même trou ; si
au contraire il est trop petit, elle se con-
tente d'en former une, et va ensuite cher-
cher un endroit propice pour en construire
une seconde , une troisième , et ainsi de
suite. Nous avons eu l'occasion de rencon-
trer de ces nids de VOsmia cornuta dans des
fragments d'os. Lepeletier de Saint-Fargeau
ïapporte encore avoir obtenu des coquilles
du genre Hélice qui renfermaient des nids
d'Osmies. Chacune de ces coquilles conte-
nait environ une dizaine de cellules con-
struites dans l'intérieur de la spirale avec
de la bouse de vache mêlée de terre.
Nous renverrons à l'article chalicodoma
pour les particularités des mœurs propres
aux espèces de ce genre.
Les Heriades et les Chélostomes recher-
chent le plus ordinairement les galeries
creusées dans le bois par d'autres Insectes ,
comme les larves des Cérambycins. Les
Chélostomes (C. maxillosa Fabr.) choisis-
sent fréquemment des tuyaux du chaume
qui couvre les habitations des villages, ou
bien encore les tiges mortes de certaines
plantes , comme les Joncées. Ces Hyméno-
ptères se contentent alors d'établir, dans
l'intérieur de ces tubes tout fabriqués, des
cloisons en mortier en nombre sufGsant
pour y former autant de loges qu'ils ont
d'œufs à déposer.
Les Anthidies, qui forment un genre
nombreux en espèces , toutes reconnaissa-
bles à leur abdomen orné de bandes et de
taches jaunâtres sur un fond brun ou noir,
mettent une délicatesse très remarquable
dans la construction de leurs nids. Les An-
thidies établissent ordinairement l'habita-
tion de leurs larves au pied des arbres ;
elles l'entourent de mousse, et construisent,
d'après les observations de M. Westwood,
de douze à quinze loges. Chaque cellule est
garnie d'un duvet extrêmement doux.
Les Mégachiles emploient surtout des
feuilles dans la construction des berceaux
de leurs larves {voy. l'article megachile).
Les Anthocopes emploient des fragments
de fleurs , qu'elles coupent à l'aide de leurs
mandibules. C'est ce qui leur a valu la dé-
nomination générique qui leur a été appli-
quée par Lepeletier de Saint-Fargeau.
Ces Osmiides creusent des terriers per-
pendiculairement dans la terre battue des
chemins. Chacun d'eux ne contient jamais
qu'une seule loge, que l'industrieuse mère
tapisse avec un grand soin de morceaux de
pétales. L'espèce la plus commune de notre
pays, celle qui a été si bien observée par
Réaumur et par Latreille, est l'Anthocope
du Pavot {A. papaveris Latr.), qui garnit ses
alvéoles avec les feuilles du Coquelicot des
champs. Réaumur la désigne dans ses écrits
sous le nom d'Abeille tapissière. L'Anthocope
construit en terre des trous ayant jusqu'à
3 pouces de profondeur; elle les garnit
d'abord dans toute leur longueur de pétales
de Coquelicots ; mais, quand son œuf a été
déposé auprès de sa provision de miel, elle
refoule ces pétales dans le fond, de manière
que la loge de la larve n'a guère plus d'un
pouce de profondeur. L'Abeille tapissière
ferme alors son trou avec la terre qu'elle en
a d'abord retirée , et elle l'égalise et l'unit
si bien à la surface qu'il devient fort dif-
M EL
MEL
1(3
fkile de découvrir ces modestes retraites.
On n'a pas encore observé les habitudes
des Diphysis et des Lithurgus.
Les Nomadides sont des insectes incapa-
bles de construire, dépourvus complètement
d'organes propres à récolter le pollen. Ils
vivent dans les habitations d'autres Melli fo-
res, comme le font les Psithyres à l'égard des
Bourdons. La femelle épie le moment où la
constructrice d'un nid est absente pour pon-
dre un œuf dans une cellule encore ouverte
et déjà approvisionnée. L'Insecte nidifiant
achève la loge qui renferme l'œuf de l'espèce
parasite, et, ne s'apercevant pas de sa pré-
sence, elle y dépose aussi un œuf et clôt en-
suite sa cellule. Selon toute probabilité, la
larve du Nomadide naît la première, et la
provision est déjà en grande partie consom-
mée quand l'habitant légitime vient à éclorc.
Ceci n'a cependant pas été suffisamment ob-
servé.
TouslesNomadides se ressemblent évidem-
ment par certains caractères de même que
par leurs habitudes. Néanmoins chaque type
de cette famille ressemble en général beau-
coup aux espèces dans l'habitation desquelles
il vit. Aussi est-il probable que nous serons
conduit, quand nous connaîtrons mieux l'or-
ganisation des Melliféres, à placer chaque
petit groupe de notre famille actuelle des
Nomadides auprès des types dont ils se rap-
prochent à beaucoup d'égards, comme les
Psithyres avec les Bourdons.
Nous avons admis cinq groupes parmi les
Nomadides: ce sont les Philerémites, les
Épéolites, les Nomadites, les Spuécodites et
les PnosopiTF.s.
Les Philerémites, qui comprennent les
genres Phileremus, Stelis, Dioxys, Cœlioxis,
Ammobalcs, Âllodape, Pasitcs, vivent aux
dépens des Osmiides.
Il en est de même pour les Épéolites, aux-
quels nous rattachons le seul genre Epeolus.
Les Nomadites comprennent plusieurs gen-
res exotiques. Le genre Aglaé, établi parLe-
pcletier de Saint-Fargeau sur une seule es-
pèce de la Guiane, remarquable par sa taille
et ses belles couleurs d'un bleu violacé écla-
tant.
Les genres Mesocheirus , Hopliphorus ,
Mesoplia, Mesonychia, Oxœa, Ctenioschclus
(fondé sur une seule espèce des Antilles, C.
goryi de Romand, Magaz. de zool.), Acan-
thopus, tous exotiques, et les Crociscs , Mé-
lectes et Nomades, dont on connaît des es-
pèces européennes, vivant aux dépens des
Anthophores, avec lesquels les Méleclesont
plus d'un rapport. Les Sphécodites et les Pro-
sopites, qui ont, comme les Andrénides, des
mâchoires à lobe très court, vivent dans les
nids des Hyménoptères de cette famille.
Le genre Geratina est regardé par Lepclc-
tier de Saint-Fargeau comme ayant des ha-
bitudes analogues aux Nomadides, et vivant
aux dépens de certains Osmiides. Ses carac-
tères paraissent aussi le rapprocher de ces
derniers; cependant il reste encore beau-
coup de doute relativement à ses affinités
naturelles, l'organisation n'ayant pas encore
été suffisamment étudiée.
Tous les insectes, qui formaient pour La-
treille la famille des Melliféres, et qui con-
stituent pour nous la tribu des Apiens,
étaient considérés par Linné comme appar-
tenant à un seul genre, le genre Abeille
( Apis ). Puis vint Fabricius , qui ajouta les
genres Bombus, Euglossa, Centris, Megilla,
Anlhophora, Melecla, Epeolus, Anthidium.
Puis Illigcr , Scopoli , Jurine , Latreille ,
Spinola , qui augmentèrent successivement
le nombre des genres de ce groupe considé-
rable de l'ordre des Hyménoptères.
Latreille, dans son Gênera Crustaceorum
et Insectorum, désignait tous les Insectes qui
nous occupent en ce moment sous la déno-
mination générale d'AnlhophilesiAnthophila),
puis il partageait cette division en deux fa-
milles, les Andrénètes (Andrenetœ) et les
Apiaires (Apiariœ), d'après la considération
de la languette.
Dans ses derniers ouvrages (Règne animal,
1829), il conserva toujours ces deux fa-
milles ; mais la dénomination d'Anlhophiles
fut remplacée par celle de Melliféres.
Dans ces derniers temps , Lepeletier de
Saint-Fargeau (Ins. hyménopt., suites àBuf-
fon) a considérablement embrouillé la clas-
sification de ces Insectes, en voulant soi-di-
sant les classer d'après leurs mœurs et nul-
lement d'après leurs caractères organiques.
Pour cet entomologiste, les Melliféres pren-
nent place dans sa première division dei
Ovititiières piivïiphagi s, et en grande partie
dans sa subdivision des Piivtipiiages nidi-
fiants.
Les Apides , Méliponides et Bombideg
104
MEL
MEL
{Apiarites, Meliponides et Bombides) forment
la famille des Apiarides, placée dans les So-
ciaux pérennes, entre les Formiciens (Héléro-
gynes) et les Vespiens (Polislides).
Puis les Nidifiants solitaires constituent
une deuxième section, dans laquelle sont
rangées les Podilégides ou nos Anthopho-
rides, les Mérilégides ou nos Andrénides ,
les Gastrilég.desou nos Osmiides.
Enfin nos Psithyrides et Nomadides con-
stituent, pour Lepeletier de Saint-Fargeau ,
une division des Phytophages parasites, sub-
divisée en Psithyrides et en Dimorphides
(nos Nomadides).
Il est presque inutile de montrer tout ce
qu'un semblable arrangement a de défec-
tueux , car on comprend à peine qu'un en-
tomologiste ait cru ne pas méconnaître les
affinités naturelles les plus frappantes en
séparant les Apides et les Bombides des An -
thophorides, pour placer entre ces types un
groupe d'une organisation si différente que
le sont les Guêpes ou Vespiens.
Ou comprend aussi tout ce que ces déno-
minations nouvelles, appliquées aux tribus
et aux familles, ont d'embarrassant et d'inu-
tile tout à-la-fois. (E. Blanchard.)
MELLIEIC1ENS. ins. — Synonyme de
Mellifères. (Bl.)
MELL1LITE. — Voy. mellite.
MELLIftUS. ins. — Genre de la tribu des
Crabroniens , de l'ordre des Hyménoptères ,
établi par Fabricius et adopté par tous les
entomologistes. Ce genre est distingué des
autres Crabronidespardes antennes presque
filiformes, des mandibules tridenlées dans
les mâles, et bidentées dans les femelles. Le
type du genre est le Melline des champs
(Mellinus arvensis Lin.). (Bl.)
MELLISUGA, Brisson. ois. — Syn. de
Trochilus, Linn. Voy. colibri.
MELLITA. ÉcniN. — Genre d'Oursins
proposé par Klein , et réuni aux Scutelles
par Lamarck et par les naturalistes plus ré-
cents. (Duj.)
MELLITE (mely rnellis, miel), min. —
Syn. Honigstein , Pierre de miel , Alumine
mellatée. — Substance d'un jaune rougeâtre
et d'un éclat résineux, qui paraît avoir une
origine semblable à celle du Succin, et se
trouve, comme lui, dans les dépôts de Lignite.
Mais elle en diffère en ce qu'elle est un sel
organique, d'une composition parfaitement
définie, et qui se présente toujours à l'étal
cristallin. C'est un meîlitate d'alumine hy- .
draté, composé de 46 £ d'acide mellitique,
de 16 d'alumine et de 38 d'eau. Elle cris-
tallise en octaèdres à base carrée, de 93° à la
base des deux pyramides. Elle est tendre,
translucide et d'un poids spécifique=l,58.
Elle se ebarbonne et brûle au chalumeau, en
sorte qu'elle peut prendre place à côté du
Succin, dans la classe des substances inflam-
mables ou des combustibles proprement dits.
On la trouve à Artern en Thuringe et à Lus-
chitr, près de Bilin, en Bohême. (Del.)
MELLITUHGUS. ins.— Genre de la tribu
des Apiens (Mellifères de Latreille), de l'or-
dre des Hyménoptères, de la famille des
Anthophorides, établi par Latreille et adopté
par tous les entomologistes. Les Melliturgus
sont distingués de tous les autres Anthopho-
rides par leurs antennes courtes, de la lon-
gueur de la face et renflées en massue. Le type
du genre est le M. clavicomis Fabr., qui est
peu commun dans notre pays. (Bl.)
MELLIVOBA. mam. — Nom latin du
genre Ratel. Voy. ce mot. (E. D.)
*MELLOLOBIUM (p/Ae, miel; Xo'ffco»,
gousse), bot. ph. — Genre de la famille des
Légumineuses-Papilionacées-Lotées , établi
parEcklon et Zeyher {Enum., 188). Arbris-
seaux du Cap. Voy. légumineuses.
MELO. bot. pu. — Voy. melon.
MELOBASÎS, Caslten. et Gor. ins. —
Syn. à'Abrobapla, Dej.
MELOBESÏA (nom mythologique), po-
lyp. (?) algues. — Genre de Polypiers établi
par Lamouroux pour de petites expansions
crustacées, calcaires, à la surface des plantes
marines, qui se composent à la vérité de pe-
tites cellules contiguës, régulières, disposées
en séries divergentes ; mais ces cellules n'ont
jamais contenu de Polypes : elles sont closes
et simplement encroûtées de carbonate de
Chaux , comme celles des Nullipores et des
Corallines; les Mélobésies sont donc aussi
des Algues calcifères. Les petits tubercules
dont ces minces croûtes calcaires sont parse-
mées sont les conceptacles du végétal, et non.
des cellules polypifères. Lamouroux, qui en
comptait quatre espèces , les avait d'abord
classés à la suite des Corallines; plus tard
il les rangea parmi les Milléporées. L'espèce
type, M. membranacea, forme sur les feuilles
de 7n<uka* -Je petites plaques grisâtres très
1U EL
MEL
105
minces, îarges de 5 à G millimètres. Audouin
a nommé Melobesia radiata un Polypier
figuré par M. Savigny dans les planches du
grand ouvrage sur l'Egypte, et qui paraît
être un Tubulipore très analogue au T. pa-
tina. (Duj.)
MELOCACTUS. bot. pu. — Section éta-
blie par Tournefort dans le g. Cactus de
Linné. Voy*. opuntiacées.
*MEL0CAN1VA , Roep. et Trin. bot. ph.
— Syn. de Deesha , Rhced.
MELOGHÎA. dot. m. — Genre de la fa-
mille des Byttnériacées-Hcrmanniees, établi
par Linné (Gcn. n. 829). Arbrisseaux de
l'Amérique tropicale. Voy. bvttnériacées.
MELOC1HNITES. — Voy. melocrinus.
*MELOCRENUS et MÉLOGR1NITES.
ÉcniN. — Genre de Crinoïdes établi par
M. Goîdfuss pour des fossiles du terrain de
transition, et dont il a décrit trois espèces.
Il leur assigne pour caractères : une cupule
inarticulée; un bassin formé de quatre piè-
ces, avec cinq pièces costales primaires hexa-
gonales, surmontées de cinq pièces secon-
daires de même forme entre lesquelles se
trouvent cinq pièces intercostales également
hexagones ; cinq pièces scapulaires hexagones
et cinq rayons. La tige cylindrique est tra-
versée par un canal cylindrique ou à cinq
cotes. Les Mélocrinites ont beaucoup d'ana-
logie avec les Actinocrinites ; la partie su-
périeure de leur cupule s'élève beaucoup
au-dessus des rayons , et est couverte de
plaques pentagonales nombreuses ; mais
l'ouverture buccale est située ordinairement
de côté et non au sommet. (Duj.)
MELODES, Keysling et Blasius. ois. —
Syn. ûaCalliope, Gould. Voy. sylvie. (Z.G.)
.-.LOD1NES. bot. ph. — Genre de la
famille des Apocynacées-Carissées , établi
par Forster {Char, gen., 19). Arbrisseaux
de l'Asie tropicale et des îles de l'Océan
austral. Voy. apocynacées.
::LODOPtUM, Lour. (Flor. cochinch.,
430). bot. pu. — Syn. d'Uvaria, Blume.
XOE ou MELOES (f*fl«, noir), ins.
— Genre de Coléoptères hétéromères , fa-
mille des Trachélides, tribu des Vésicants,
créé par Linné (Syslcma nalurœ , p. 679) ,
et généralement adopté depuis. Deux mo-
nographies ont été faites sur ce genre, l'une
par le docteur Leach(27ie Trans. of the Lin.
soc. Lond. , t. XI , p. 35) , pour les espè-
T. VIII.
ces qui habitent l'Angleterre; l'autre par
MM. Brandt et Erichson (ex actor. Acad.
C. L. C. Nat. curiosorum , t. XVI , p. 103),
pour les espèces de tous les points du globe.
Les 27 espèces que ces deux, auteurs énu-
mèrent se trouvent ainsi réparties: 14 ap-
partiennent exclusivement à l'Europe , 3 à,
l'Afrique, 3 à l'Amérique; 5 sont également!
propres à l'Europe et à l'Asie, uneestori-»!
ginaire de l'Europe australe et de l'Afriqua
boréale (Barbarie), et la dernière est d,
patrie inconnue. 15 espèces environ ont et
décrites depuis cette publication. Nous cite-
rons, comme faisant partie de ce genre, les
M. proscarahœus , majœlis Lin., erythrec-
nemus , Uralensis Pall. , limbalus F., au-
tumnalis 01. , Olivieri Ghev. , cancellalus
B. Er. Ces insectes sont aptères, très gros,
et se traînent lourdement à terre ; ils man-
gent prodigieusement, et se nourrissent de
l'herbe des prairies; ils rendent beaucoup
d'excréments d'un vert liquide. Il est rare
de les rencontrer lorsque le soleil nous dé-
robe accidentellement sa clarté; leurs étuis
sont courts, évasés sur la partie dorsale ;
les crochets des tarses sont ordinairement
fendus ; la M. cancellata fait exception , et
les a simples. Les Méloés sont noirs, bleus,
cuivrés, et quelques espèces ont des seg-
ments traversés de rouge.
Les Indiens du Mexique utilisent les Mé-
loés en les écrasant et en les appliquant
comme emplâtres sur les plaies des chevaux.
» Plusieurs auteurs ont observé !a larve des
Méloés, particulièrement Réaumur, Degéer
et Léon Dufour, qui l'a décrite (Ann. de la
Soc. d'hist. nat.) sous le nom de Triongu-
linus. Cette larve est parasite et s'attaque à
des Apiaires. Voici sa description :
Environ vingt-quatre jours après le dépôt
des œufs, par la femelle, dans une fosse
assez profonde en terre, éclosent des larves
ayant de 3 1/2 à 5 millimètres de longueur.
Ces larves sont très agiles, noires ou de
couleur d'ocre; leur corps est allongé et
composé de 13 anneaux; la tête est trian-
gulaire; les 12 autres segments sont pli.:.'.
arrondis et déprimés; les 3 antérieurs por-
tent chacun une paire de pieds, et surpas-
sent les autres en largeur; le dernier seg-
ment, plus petit qu'aucun autre, offre à l'ex-
trémité quatre filets ou soies, donf les in-
termédiaires pins longs; le corps Cil lotale-
14
106
MEL
MEL
ment couvert de petits faisceaux poilus
(Degécr a remarqué un mamelon sous-cau-
dal qui émet une liqueur visqueuse) ; les
ongles des tarses sont robustes et trifides ;
la bouche se compose d'un labre grand et
large; la queue est couverte de quelques
poils au sommet; la lèvre est plus petite
que le labre, et présente de chaque côté un
palpe bi-arliculé, dont l'article terminal est
tronqué, cylindrique et dentelé; les man-
dibules ont la forme d'ongles aigus ; les mâ-
choires sont presque carrées, ciliées en de-
dans et munies extérieurement d'un palpe
tri-articulé et tronqué au sommet; les an-
tennes n'ont qu'un petit nombre d'articles
(trois) , longs, avec le dernier sétacé. (C.)
*MÉLOGALE {Mêles, Blaireau; yaivj ,
Marte), mam. — M. Isidore Geoffroy-Saint-
Hilaire (Zoologie du Voyage aux Indes orien-
tales de M. Bélanger , 1834) a créé, sous
le nom de Mélogale , un genre de Carnas-
siers de sa division des Vermiformes , et qui
comprend une espèce assez voisine des Martes
et des Putois. Les principaux caractères des
Mélogales sont les suivants : Tête conique ,
très longue; museau fin , très allongé, non
terminé en groin; dix molaires à la mâ-
choire supérieure, douze à l'inférieure ; les
carnassières supérieures quadrangulaires ,
présentant quatre tubercules et se rappro-
chant de la forme des dents dites tubercu-
leuses; pieds pentadactyles; pouces courts;
ongles peu différents de ceux des Chiens en
arrière, arqués, très longs et très forts à
ceux de devant; queue longue. Les Mélo-
gales ont beaucoup de rapports avec les
Martes, les Putois, les Zorilles, les Mou-
fettes et les Mydas; mais ils diffèrent: 1° des
Martes par leurs ongles fouisseurs et par
la forme particulière de la tête; 2° des Pu-
; tois parles mêmes caractères et par le nombre
de leurs dents; 3° et 4° des Zorilles et des
Moufettes par le nombre de leurs dents et
par leur museau allongé ; 5° enfin , des My-
das par le nombre de leurs dents et par la
longueur du museau, qui n'est pas terminé
en groin.
Une seule espèce entre dans ce genre ,
c'est la Mélogale masquée, Mélogale perso-
nata Is. Geoffr. (loco citûto). Ce Carnassier
est long d'un peu plus de 1 pied depuis le
bout du museau jusqu'à l'anus; la queue
a, d'après M. Bélanger, la longueur à j?eu
près de la moitié du corps : son pelage est
presque semblable pour la couleur à celui
du Blaireau du Labrador. La tête en dessus
est brune , avec une tache blanche , et en
dessous elle est blanchâtre; le corps est brun,
avec une bande blanche ; les flancs et la ré-
gion externe des membres sont couverts de
poils gris légèrement roussâtres; les mem-
bres sont à peu près de cette dernière cou-
leur; la queue est couverte de très longs
poils de deux couleurs ; ceux de la base de
la queue sont d'un brun grisâtre à la ra-
cine, blanchâtres à la pointe, et ceux de
l'extrémité sont blanchâtres à la racine
comme à la pointe.
On a peu de détails sur les mœurs de fa
Mélogale à l'état sauvage ; on sait seulement
qu'elle vit dans les bois. M. Bélanger a con-
servé quelque temps un individu de cette
espèce , et il a pu en étudier les mœurs à
l'état domestique. Cet animal était très ir-
ritable ; ses poils se hérissaient sur son corps
lorsqu'il était en colère, et sa nourriture
habituelle consistait presque uniquement en
matière végétale, et particulièrement en riz;
mais il est certain qu'en liberté la Mélogale
se nourrit de chair, et qu'elle se creuse des'
terriers.
Cette espèce a été trouvée au Pégou, dans
les environs de Bangoun. (E. D.)
MELOLONTHA. ins. — Nom scienti-
fique du g. Hanneton. Voy. ce mot. (C.)
*MÉLOLONTHAIRES. ins. — Première
branche des Mélolonthins de Mulsant (Co-
léoptères pentamères lamellicornes) et qui a
pour caractères : Tarses postérieurs pourvus
de deux ongles armés chacun en dessous
vers la base, soit d'une ou de deux pcLites
dents, soit d'un crochet : celui-ci moins épais
et à peine moitié aussi long que l'ongle ou
crochet supérieur et principal dont il est
détaché; suture frontale transversale ou
courbée en arrière ; jambes postérieures mu-
nies de deux éperons.
Ils renferment les quatre genres suivants:
Melolontha, Anoxia, Rhizotrogus et Amphi-
mallus. (C.)
*MÉLOLONTHINS. ins. — Septième
famille de Coléoptères pentamères Lamelli-
cornes, établie par Mulsant (Hist. nat. des
Coléopt de Fr., 1842, p. 392) et qui a pour
caractères: Pieds intermédiaires aussi rap-
prochés que les autres à leur naissance; écus-
MEL
M EL
107
son toujours visible; élytres n'embrassant
pas le pourtour de l'abdomen et laissant à
découvert le pygidium et une partie du seg-
ment dorsal précédent; joues formant sous
les yeux un canthus généralement prolongé
jusqu'à la moitié de leur zone médiaire ;
antennes de neufou dixarticles, insérées au-
devant des yeux, sous le bord étroit que
forme la tête au point de jonction de l'épi-
stome et des joues; à scape obconiqtte ou
parfois presque globuleux, plus renflé du
côté externe, vers son extrémité, à massue
de trois à sept feuillets, tous visibles par
leur tranche dans la contraction; épistorne
le plus souvent transversal, couvrant les
mandibules : celles-ci courtes, épaisses, cor-
nées, ne formant point dans le repos de
saillies en dehors de l'épistome, armées or-
dinairement vers l'extrémité du côté externe
de deux dents , souvent séparées , par une
touffe de poils, de la molaire basilaire : celles-
ci différemment conformées dans les deux
mandibules; mâchoires généralement écail-
leuses et munies de quatre à six dents tran-
chantes , souvent disposées presque en fer à
cheval ou en partie sur deux rangées; der-
nier article des palpes maxillaires et labiaux
le plus long et le plus épais; ventre plus
grand que les deux derniers segments pec-
toraux ; cuisses postérieures plus renflées que
les précédentes; jambes de devant armées
d'une à trois dents; dernier article des tar-
ses postérieurs habituellement le plus long,
ordinairement muni en dessous d'une plan-
tule rudimentaire ou tout au plus médio-
crement développéeetsétigère ; ongles d'une
paire de pieds au moins, tantôt pourvus en
dessous d'une dent, d'un crochet ou d'une
branche plus courte que la supérieure, tan-
tôt inégaux ou bifides, tantôt enfin uniques.
L'auteur compose cette famille de quatre
branches : des Mélolonthaires, des Séricai-
res, des Anomalaires et des Hopliaires. (C.)
*MÉLOLONTHÏTES. Melolonthites. ins.
— Sous ce nom M. Laporte de Castelnau a
établi (Hist. nat. des anim. arlic. , t. II) un
groupe de Coléoptères pentamères Lamelli-
cornes ayant pour caractères : des mâchoires
à plusieurs dents à leurs extrémités et des
mandibules entièrement cornées. Il se com-
pose des genres suivants: Pachypus, Caloc-
nemis , Haplopus, Pachydema, Eucyrrus,
Melolontha , Anoxia , PJrizotrogus , Amphi-
mallus, Tanyproclus , Euchlora, Idiocnema,
Odontognathiis , Popilia, Liogenus , Trema-
todes, Leucothyrcus, Evanos, Bolax , Clavi-
palpus , Apogonia , Hcleronyx , Geniates ,
Trigonosloma, Dasyus, Pleclris et Athlia.
Les Melolonthites sont nombreux en es-
pèces. Ils se multiplient quelquefois d'une
manière funeste pour nos jardins et pour
nos bois , qu'ils dépouillent; de leur ver-
dure; leur vol est lourd et incertain.
Les larves vivent en terre, et y passent plu-
sieurs années avant de se transformer; elles
sont redoutées par les dégâts qu'elles causent
aux plantes, qu'elles coupent par les racines}
avec leurs fortes mandibules. (C.)
MELON, bot. ph. — Espèce remar-
quable du genre Concombre. Une autre es-
pèce du même genre porte le nom de Me-
lon D'EAU. Voy. CONCOMBRE.
On a aussi appelé Melon épineux, le Me-
locactus; Melon a trois feuilles, une espèce
du g. Cratœva, le C. marmelos, etc.
MELON DE SYRIE ou DU MONT-
G ARMEL, min. — Noms vulgaires de la
Mélonite. Voy. ca mot.
MELONGEMA, Tournef. bot. ph.— Syn.
de Solanum , Tournef.
MÉLONIE ( raelo , melon ). moll. ? —
Genre proposé par Lamarck pour plusieurs
petits corps fossiles des terrains marins ter-
tiaires, et ayant pour type la Mélonie sphé-
rique , nommée aussi Nautilus vnelo par
Fichtel et Moll , ou Claasulus indicator par
Montfort. Les Méîonies sont presque sphé-
riques ou un peu allongées; elles sont for-
mées de loges nombreuses qui s'enroulent
autour d'un axe, le dernier tour enveloppant
tous les autres ; les cloisons sont imperfo-
rées, mais l'intervalle qui les sépare est oc-
cupé par un ou plusieurs rangs de tubes
extrêmement fins, accolés par leurs parois,
qui s'ouvrent quelquefois à l'extérieur, ou
bien qui restent fermées. M. A. d'Orbigny,
dans sa classification des Foraminifères ,
plaça les Méîonies dans sa 5e famille, celle
des Entomostègues , qui ont les loges divi-
sées en plusieurs cavités par des cloisons ou
de petits tubes. 11 en fit son 4e genre sous le
nom d'Alvéoline. Voy. ce mot.
Montfort avait établi sous ce même nom
un genre totalement différent, qui a pour
type le Nautilus pompdoides de Fichtel et
Moll , espèce vivante des côtes de la Médi-
108
MEL
MEM
tcrranée. M. A. d'Orbigny place ces autres
Mélonies dans son genre Nonionine. (Duj.)
MÉLOMTES. min.— Syn. Melons fossi-
les ; Melons du mont Carmel. — Noms que
les anciens lilhologistesdonnaientauxGéodes
et autres masses nodulaires siliceuses dont
la forme ovoïde pouvait rappeler celle des
Melons. Il est inutile de dire que ce sont de
pures concrétions dont l'origine n'est aucu-
nement organique. (Del.)
MELOPEPO. eot. ph. — Genre établi
par Tournefort aux dépens de quelques es-
pèces de Cucurbita. Voy. ce mot.
MELOPIIAGUS (f,vAo?a'yoÇ, qui mange
les brebis), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères brachocères , famille des Pupipares,
tribu des Coriaces, établi par Latreilie (ïïist.
nat. des Crust. et des Ins., t. XIV, p. 403).
La principale espèce de ce genre est le Me-
lophagus ovinus, qui vit sur les Moutons.
Le corps de cet insecte est entièrement fer-
rugineux , avec l'abdomen plus foncé.
*MELOPHUS. ois. — Genre établi par
Swainson aux dépens desEmbérizes(Bruants)
pour le Br. de Latham, Emb. Lathami Gray,
cristata Vigors. (Z. G.)
MELOPSITTACUS, Gould. ois. — Divi-
sion du genre Perroquet. Voy. ce mot. (Z.G.)
MÉLOS IRE. Melosira ou Meloseira (p./-
>oç, membre; (râpa, chaîne), bot. cr. —
(Phycées.) Genre appartenant à la tribu des
Diatomées, et établi par Agardh {Syst. Alg.).
Une espèce de ce genre avait été placée par
M. Bory de Saint-Vincent dans son g. Gail-
lonella, adopté par M.Ehrenberg. Cette même
espèce a été le type du genre Lysigonium
de Link. Le g. Melosira, définitivement
idopté par M. Kutzing, dans son grand
ouvrage sur les Diatomées, a pour carac-
tères: Corpuscules rapprochés en chaînes
■ i la menteuses; carapace à deux valves, réu-
nies par un anneau diaphane, délicat. On
connaît une vingtaine d'espèces de ce genre
habitant les eaux douces et salées. Elles for-
ment le plus souvent des masses filamen-
teuses, fragiles, brunâtres. Les espèces
d'eau douce , dont le M. varians Ag. est la
plus commune , sont remarquables par l'o-
deur oléagineuse qu'elles exhalent. (Bréb.)
MELOTÎIRIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Cucurbitacées-Cucurbitécs, éta-
bli par Linné (Gen. n., 68). Herbes de l'A-
mérique tropicale. Voy. cucurbitacèes.
MELOTHRÏEES. Melothrieœ. bot. ph.
— Une des sections des Cucurbitacèes. Voy,
CUCURBITACÈES. (Ad. J.)
*MELURSUS (mêles, blaireau; ursus,
ours), mam. — Division proposée par Meyer
(Zool. Ann., 1796) dans le genre des Ours.
Voy. ce mot. (E. D.)
*MELVILLA, Anders.(ilfsc). bot. ph. —
Syn. de Cuphœa, Jacq.
MÉLYR1DES. Mehjrides. ins. — Troi-
sième tribu de Coléoptères pentamères Ma-
lacodermes, formée par Latreilie (Les Crus-
tacés, les Arachnides et les Insectes, t. I, p.
472), offrant des palpes le plus souvent fili-
formes et courts; des mandibules échancrées
à la pointe; un corps ordinairement étroit
et allongé, avec la tête seulement recouverte
à sa base par un corselet plat, un peu con-
vexe, carré ou en quadrilatère allongé, et
les articles des tarses entiers; leurs crochets
sont unidentés ou bordés d'une membrane;
les antennes sont en scie et quelquefois pec-
tinées dans les mâles de quelques espèces.
La plupart sont très agiles et se trouvent
sur les fleurs, sur les feuilles et sur le bois
dans lequel vivent les larves.
Latreilie compose cette tribu des genres
Malachius, Dasytes, Zygia, Melyris, Peleco-
phoraet Diglobicerus. (C.)
MELYRIS. ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Malacodermes, tribu
des Mélyrides, créé par Fabricius {Systema
Entomologia, p. 58) et adopté par les au-
teurs subséquents. Dejean (Catal., 3e édit.,
p. 125 ) en énumère huit espèces ; six sont
africaines , une est propre à l'Asie , et une à
l'Europe australe. On comprend dans ce
genre les M. viridis, abdominalis, bicolor,
lineata, granulata, nigrade F., aulica 01.,
Andalusica Waltl. (C.)
MEMBRACIDES. Membracidœ. ins. —
Nous désignons sous cette dénomination une
famille de la tribu des Fulgoriens, de l'ordre
des Hémiptères, caractérisée par des anten- j
nés très petites, insérées en avant des yeux,|
des ocelles au nombre de deux, et un cor-
selet dilaté de manière à couvrir le corps,
soit en partie, soit en totalité. Jusqu'à pré-
sent, peut-être parce que tous les caractères
n'ont pas été suffisamment étudiés, nous n'a-
vons pu séparer cette famille en plusieurs
petits groupes naturels. Dans notre Histoire
des Insectes , nous lui avons rattaché les
JVIEM
WEM
109
genres Centrotus, Heteronotus , Combophora,
Smilia , Bocydium , Lamproplera , Darnis ,
Bemiptycha, Polyglypta, Entilia, Boplo-
phora,OœyrachiselMembracis, en rattachant
à quelques uns d'entre eux, comme simples
divisions, plusieurs genres établis par les
entomologistes et notamment par MM. Amyot
et Serville.
On connaît un grand nombre d'espèces de
Membracides dont M. Léon Fairmaire vient
de commencer la publication dans les An-
nales de la Société entomologique de France.
A quelques exceptions près seulement, ces
Insectes habitent le Nouveau-Monde. Ils ne
présentent rien de bien particulier dans leurs
habitudes; comme la plupart des Hémiptè-
res, il» se tiennent sur les végétaux, dontiis
sucent la sève. En général, les Membracides
ontla facultédesauter. Un grand nombred'en-
tre eux présentent des formes extrêmement
bizarres dues aux expansions de leur corse-
let, qui ressemblent tantôt à des membranes
foliacées, tantôt à des points, tantôt à des
parties vésiculeuses. Ils ont souvent des cou-
leurs vives et assez variées. Beaucoup d'es-
pèces sont noires et ornées de taches ou de
bandes jaunes ou rougcàtres. (Bl.)
MEUBRACIS. ins.— Genre de la famille
des Membracides, de l'ordre des Hémiptères,
établi par Fabricius et adopté depuis par
tous les entomologistes, mais avec de grandes
restrictions. Tel qu'il est généralement admis
aujourd'hui, lesMembracis sont surtout dis-
tingués des autres Membracides par un pro-
thorax prolongé en arrière, fort élevé et com-
primé latéralement en une sorte de feuillet,
des jambes aplaties, etc.
On peut considérer comme le type de ce
genre la Membracis foliacea Fabr., espèce
assez commune au Brésil. (Cl.)
MEMBRANES. Membrana. anat.— On
donne le nom de Membranes à des parties
molles, larges, minces, souples , qui tapis-
sent les cavités du corps, enveloppent les
organes, entrent dans la composition d'un
grand nombre d'entre eux, enfin, en con-
stituent quelques uns.
Les Membranes, malgré ces caractères gé-
néraux, diffèrent entre elles parleur texture,
leur composition , leur action , etc. : aussi
peut-on les diviser en deux grandes classes :
l'une comprenant celles qui , libres par une
de leurs faces, sont essentiellement exha-
lantes et absorbantes, comme la peau, les
Membranes muqueuses , les Membranes sé-
reuses ; l'autre formée de celles qui, n'étant
jamais libres , ni humectées par un fluide
particulier, sont toujours adhérentes et
continues par leurs deux faces aux parties
voisines; telles sont: le périoste, la dure-
mère cérébrale et spinale , les capsules fi-
breuses des articulations, les gaines fibreuses
des tendons , les aponévroses , la sclérotique ,
la Membrane propre du rein , de la rate , etc.
Bichat , auquel on doit d'avoir le premier
éclairé l'anatomie des Membranes , ainsi
que celle de tous les autres tissus de l'éco-
nomie , avait établi une classe de Membra-
nes composées; mais cette division nous
semble pouvoir être supprimée sans incon-
vénient , puisqu'une Membrane composée
n'est jamais que ïe résultat del'adossement
de deux Membranes différentes qu'il est
toujours possible d'isoler.
Les Membranes fibreuses, dont nous par-
lons d'abord, sont celles qui, comme nous
l'avons dit, adhèrent parleurs deux faces aux
parties voisines. Blanches, d'un aspect bril-
lant et satiné , elles sont formées de fibres
très apparentes, tantôt s'entrelaç.'mt comme
à la dure-mère, par exemple, tantôt, au
contraire, régulières, parallèles, et se di-
rigeant dans le sens des mouvements qu'exé-
cutent les organes dont elles font partie. Ces
fibres, dures, peu contractiles, douées néan-
moins d'une sorte d'élasticité, et surtout
d'une grande force de résistance, ne sont
pas susceptibles d'une extension soudaine ;
mais elles se prêtent facilement à un déve-
loppement lent, graduel, et pouvant ainsi
devenir considérable. Les vaisseaux sanguins
sont inégalement répartis dans les mem-
branes fibreuses ; la présence des nerfs n'y
est guère démontrée que par la sensibilité
extraordinaire qu'elles manifestent dans
certains cas. Ces membranes servent, en
grande partie , à protéger , à envelopper, à
réunir les organes qu'elles embrassent,
comme aussi à maintenir la configuration
de certains d'entre eux. Aussi affectent-elles
en général la forme de sacs ; ces sacs ne sont
pas cependant complètement clos , comme
nous verrons que le sont ceux que forment
les Membranes séreuses , mais ils présentent
des ouvertures aux points qui correspondent
à l'entrée et à la sortie des nerfs, des vaisseaux
no
IUEM
MEM
et des conduits excréteurs. Les aponévroses ,
néanmoins, toujours en rapport avec des
muscles , affectent rarement la disposition
que nous venons d'indiquer.
Sons le rapport de la composition chi-
mique, les Membranes fibreuses sont entiè-
rement formées de gélatine; trois heures d'é-
bullition suffisent pour les convertir presque
complètement en colle.
Nous avons réuni dans l'autre classe des
Membranes la peau, les Membranes mu-
queuses et les Membranes séreuses. La peau,
constituant l'un des organes, l'un des ap-
pareils les plus importants de l'économie
animale , fera l'objet d'un article spécial ;
nous allons donc examiner immédiatement
les Membranes muqueuses.
Les Membranes muqueuses, ainsi nom-
mées en raison de l'humeur qu'elles sécrè-
tent, sont un véritable tégument interne, se
continuant avec le tégument externe, et for-
mant avec lui une enveloppe close dans la-
quelle sont contenus tous les organes ; cette
continuation des deux téguments s'opère au
moyen d'ouvertures apparentes à l'extérieur,
et conduisant, pour la plupart, dans la
portion la plus considérable du système des
Membranes muqueuses , qui n'est autre que
Je canal digestif {Voy. intestin), s'étendant
de la tête à la partie inférieure du tronc ,
et envoyant des prolongements dans diffé-
rents viscères. Au-dessus du diaphragme ,
la Membrane muqueuse du canal alimen-
taire pénètre dans les cavités du nés et de
la bouche, ainsi que dans leurs appendices
et dans les glandes salivaires buccales. Elle
se continue, en outre, par le canal nasal ,
avec un prolongement en cul-de-sac, com-
prenant les voies lacrymales et la conjonc-
tive. La Membrane muqueuse du nez et
celle de la bouche se réunissent dans le
pharynx , puis se partagent de nouveau pour
aller tapisser en avant la trachée-artère et
les bronches, et en arrière Vœsophage. La
Membrane interne des voies respiratoires
est le plus grand des prolongements du sys-
tème muqueux alimentaire qui , à sa partie
supérieure, en présente encore un autre
peu considérables'introduisant dans Y oreille
interne. Au-dessous du diaphragme, la Mem-
brane muqueuse digestive pénètre dans le
foie , dans le pancréas; puis, après avoir
tapissé Y intestin grêle et le gros intestin ,
elle vient se terminer à Yanus, où elle se
continue avec le tégument externe.
Indépendamment de ce tégument mu-
queux général, il existe encore quelques
portions de Membranes muqueuses complè-
tement isolées du premier , et qui n'offrent-
qu'une seule ouverture extérieure : ce sont
la Membrane muqueuse qui s'enfonce dans
Yoreille externe , celle des conduits lactés ,
dans les glandes mammaires, enfin la Mem-
brane muqueuse de Yappareil générateur ,
et celle de Yappareil urinaire, qui vien-
nent toutes deux s'ouvrir au dehors par un
orifice commun.
Considéré d'une manière absolue, le té-
gument internes'éloignepeu,par sa texture,
du tégument externe; il est loin, néan-
moins, de présenter, comme celui-ci, une
disposition presque identique dans toutes
ses parties, et ces différences tiennent évi-
demment à la variété des fonctions qu'il est
destiné à accomplir.
Comme la peau, la Membrane muqueuse
possède une face libre et une face adhérente;
celle-ci repose sur une couche de tissu cel-
lulaire serré , blanc , fibreux , qui s'unit
aux parties sous-jacentes , tantôt de la ma-
nière la plus intime, comme à la langue, à
la matrice, etc. , tantôt au contraire avec
une grande laxité, comme dans le canal in-
testinal et dans la vessie. Outre ce tissu
fibreux, parcouru par les nerfs et les vais-
seaux qui se rendent à la membrane pro-
prement dite , la membrane muqueuse est
doublée dans presque toute l'étendue du
canal digestif, et dans quelques autres par-
ties encore , par un plan musculeux ; dans
d'autres endroits , elle est soutenue par un
tissu élastique particulier, comme on le
remarque dans les voies aériennes ; ailleurs
même, elle est doublée par un véritable
tissu fibreux, aux fosses nasales, par exem-
ple, dans les sinus, au palais, etc.
La surface libre de la Membrane mu-
queuse n'est point lisse comme celle de la
peau ; elle offre des inégalités plus ou moins
prononcées dans ses différentes portions ;
tantôt ce sont de petites éminences dont
les unes, appelées papilles, se remarquent
surtout à la surface de la langue , et dont
les autres , qui ont reçu le nom devillosilés,
et se rencontrent partout, ne sont nulle
part plus nombreuses, plus apparentes que
MEM
MEM
lit
dans la moitié pylorique de l'estomac, et
dans l'intestin grêle; tantôt ces inégalités se
présentent sous forme de valvules, de plis,
de rides formés par toute l'épaisseur de la
Membrane.
La même surface libre de la Membrane
muqueuse offre aussi des dépressions ou
des enfoncements qui varient d'aspect ; les
uns, simples, infundibuliformes, atteignant
leur maximum de développement dans le
second estomac des Ruminants, se rencon-
trent beaucoup plus petits chez l'Homme;
les autres sont les orifices des organes sé-
créteurs , follicules , cryptes , glandes , ré-
pandus dans toute l'étendue du système ,
mais variant néanmoins en nombre , en
volume, en structure, suivant les parties;
certaines de ces glandes , désignées sous le
nom de glandes de Lieberkuhm, ou glandes
digestives, constitueraient même à peu
près à elles seules, selon M. le professeur
Lacauchie, la Membrane de l'intestin; cette
Membrane, dit l'habile et savant anato-
miste, soumise à une injection continue
d'eau, semble, et est en effet, formée, pour
la plus grande partie , d'un nombre im-
mense de tubes très étroits, d'une longueur
variable, dont les innombrables orifices,
perceptibles seulement à la loupe, se pres-
sent à côté les uns des autres, comme les
trous d'un crible.
La peau est revêtue d'un épiderme dans
toute son étendue ; il n'en est pas de
même du tégument muqueux. L'épiderme
ou épithélium est , il est vrai , parfaitement
apparent aux différentes ouvertures qui
font communiquer les deux enveloppes ;
mais il le devient moins à mesure que l'on
pénètre plus profondément, et finit enfin
par disparaître, ou du moins il cesse d'être
appréciable ; et disons à ce sujet que les dif-
férentes couches du tégument interne sont
bien plus difficiles à isoler que les couches
correspondantes du tégument externe.
L'épaisseur et la consistance du derme
muqueux sont loin d'être uniformes; dans
la plus grande partie de son étendue, ce
derme consiste en un tissu spongieux plus
ou moins mou ; quant à l'épaisseur, il en
diminue depuis les gencives, le palais, les
fosses nasales, l'estomac, les intestins, la
vésicule biliaire et la vessie urinaire, jus-
qu'aux sinus et aux divisions des conduits
excréteurs , où il parvient à sa plus grande
ténuité. C'est dans le derme, partie essen-
tielle de la Membrane muqueuse, que se
ramifient les dernières divisions des vais-
seaux et des nerfs, et c'est de sa surface li-
bre que s'élèvent les villosités. Le corps
muqueux ou réticulaire (voy. peau) n'a pu,
jusqu'à ce jour, être mis en évidence dans
les Membranes muqueuses; nous n'avons
rien à ajouter à ce qui a été dit plus haut
de la couche celluîeuse qui correspond au
chorion du tégument externe , et du plan
musculeux qui existe surtout dans la ma-
jeure partie du canal digestif.
La Membrane muqueuse, considérée d'une
manière générale , reçoit de nombreux vais-
seaux sanguins; ses nerfs proviennent du
grand sympathique et du pneumo-gastrique;
elle admet cependant, vers ses différentes
ouvertures, des filets du système cérébro-
spinal. Sa couleur varie du blanc ou rose
pâle au rouge vif ; sa composition chimique,
suivant Berzélius , semblerait différer de
celle de la peau , puisqu'elle ne donnerait
point de colle par l'ébullition prolongée,
qui la rendrait, au contraire, dure et cas-
sante ; elle se rapprocherait donc des ma-
tières albumineuses ?
Les actions organiques ou fonctions du
tégument interne sont : une absorption en
général très énergique, dont les villosités
sont les principaux agents; une sécrétion
perspiratoire et folliculaire, dont les pro-
duits , variables suivant les appareils, por-
tent néanmoins le nom collectif de mucosi-
tés. Les Membranes muqueuses sont en outre
susceptibles de certains mouvements de
contraction tonique, augmentés , dans cer-
tains organes , par l'action du tissu élasti-
que , et, dans d'autres , par celle de la cou-
che musculeuse ; elles sont aussi le siège de
sensations plus ou moins distinctes, géné-
rales ou spéciales, ainsi que des sentiments
de besoin ou des appétits.
Les Membranes séreuses, qui nous restent
à examiner, sont ainsi nommées à cause du
liquide que sécrètent les principales d'entre
elles. Bien que formant toutes un groupe
parfaitement naturel , on les distingue en
Membranes séreuses proprement dites, ou
séreuses des cavités splanchniqucs , et en
Membranes synoviales.
Les Membranes séreuses proprement dites
112
MEM
MEM
ont toutes la forme d'un sac sans ouverture,
se repliant sur lui-même, et dont une com-
paraison triviale , celle du bonnet de colon,
peut seule donner une idée exacte. Toutes
«es Membranes forment ainsi des sacs par-
faitement clos , dont la portion repliée sur
elle - même renferme toujours un organe
auquel elle adhère plus ou moins intime-
ment; ainsi le cerveau est enveloppé par
l'arachnoïde, le cœur par le péricarde , les
poumons par les plèvres, les viscères abdo-
minaux par le péritoine et ses replis, le tes-
ticule par la tunique vaginale. I! se trouve
néanmoins toujours à la périphérie de l'or-
gane un point dépourvu d'enveloppe sé-
reuse, c'est celui par où il reçoit ses vais-
seaux et ses nerfs, ou par lequel il tient aux
parties voisines. Bien que les Membranes
séreuses soient en général des sacs sans ou-
verture , le péritoine cependant fait excep-
tion à cetîe règle, l'orifice abdominal des
trompes de Fallope s'ouvrant dans sa cavité ;
c'est du reste le seul cas où l'on voie deux
Membranes complètement différentes , une
Membrane séreuse et une Membrane mu-
queuse , se continuer l'une avec l'autre ; le
péritoine présente en outre des replis et des
prolongements connus sous le nom d'ept-
ploons, qui se prêtent, quand il y a lieu , à
l'ampliation des viscères abdominaux.
La face interne des Membranes séreuses,
toujours libre, est partout contiguë à elle-
même ; elle paraît lisse et parfaitement po-
lie ; cependant le microscope y fait aperce-
voir des villosités; cette face est continuel-
lement humectée par le liquide séreux ; la
face externe, inégale, s'unit aux parties
voisines par du tissu cellulaire parfois très
lâche, parfois, au contraire , très serré.
Les Membranes séreuses sont blanches,
brillantes, plus ou moins transparentes;
leur composition intime les rapproche beau-
coup du tissu cellulaire, dont elles semblent
ne différer que par leur condensation et par
la cavité qu'elles circonscrivent. Elles reçoi-
vent peu de vaisseaux sanguins , et sont
presque exclusivement composées d'un tissu
de vaisseaux absorbants et exhalants; les
nerfs n'y sont point apparents, bien que,
dans certains cas , elles deviennent d'une
extrême sensibilité; elles sont extensibles et
rétractiles à un haut degré.
Les fonctions des Membranes séreuses
consistent à isoler les organes qu'elles enve-
loppent, et surtout à en faciliter les mou*
vemenls en exhalant , par leur surface lisse,
un fluide lubrifiant qui ressemble au sérum
du sang, quant à ses propriétés essentielles;
aussi ces Membranes sont-elles dans un tra-
vail incessant de sécrétion et d'absorption
dont le juste équilibre constitue l'état nor-
mal , le seul dont nous ayons à nous occu-
per ici. Disons cependant que l'inflamma-
tion des Membranes séreuses étant extrême-
ment fréquente , elles deviennent le siège
de nombreuses altérations de sécrétion et
de tissu.
Tout ce que nous venons de dire des
Membranes séreuses proprement dites peut
s'appliquer aux Membranes synoviales , qui
comprennent les bourses synoviales sous-
cutanées , les Membranes synoviales des ten-
dons et les capsules synoviales articulaires.
Il existe toutefois certaines différences que
nous allons signaler; à l'exception des der-
nières , les Membranes synoviales n'offrent
point la forme de sac sans ouverture que
présentent les séreuses ; elles sont minces,
molles, demi-transparentes, blanchâtres,
extensibles et rétractiles , mais moins que
les séreuses proprement dites; leur adhé-
rence avec les parties voisines, et surtout
avec les cartilages , est plus intime que celle
des précédentes avec les organes qu'elles re-
vêtent.
Il n'est pas rare de voir faire saillie, dans
la cavité des Membranes synoviales, des
corpuscules vasculaires , rougeàtres , dont
l'extrémité libre est toujours frangée, et qui
reçurent le nom de glandes synoviales de
Havers à une époque où on les regardait
comme les organes sécréteurs de la synovie.
La synovie, humeur sécrétée par les Mem-
branes synoviales, est transparente, vis-
queuse, et ses propriétés physiques la rap-
prochent du blanc d'œuf : de là son nom ,.
imaginé par Paracelse [cvv, avec; â»v,
œuf).
Les Membranes synoviales ont pour fonc-
tion principale de faciliter, au moyen du
fluide qu'elles sécrètent, les mouvements
des articulations, le glissement des tendons,
et même celui de la peau, là où cette enve-
loppe recouvre des parties qui exercent de
grands et de fréquents mouvements, comme
aux environs de l'épaule, au coude, autour
MEM
MEM
113
de l'articulation de la cuisse, à la rotule, etc.
Les Membranes synoviales présentent
ce fait remarquable , c'est qu'elles se déve-
loppent accidentellement dans certaines
circonstances ; elles sont sujettes à de
nombreuses et fréquentes altérations pa-
thologiques. Leur composition chimique est
essentiellement gélatineuse. Les Membranes
séreuses et synoviales ne se rencontrent que
chez les animaux vertébrés.
Outre les Membranes que nous venons
d'examiner, on en rencontre encore dans
l'économie animale un certain nombre qui
ne sauraient se grouper dans les deux gran-
des divisions que nous avons établies. Ce
sont : la pie-mère, trame celluleuse qui en-
veloppe immédiatement le cerveau et la
moelle épinière, en pénétrant dans toutes
leurs cavités, ce que ne fait pas l'arachnoïde ;
la choroïde ou uvée , expansion membra-
neuse de couleur foncée qui revêt la face
interne de la sclérotique; la Membrane hya-
loïde , d'une excessive ténuité, qui contient
l'humeur vitrée de l'œil, et envoie dans son
intérieur des prolongements qui forment
autant de cellules ; la Membrane du cristal-
lin , qui recouvre cet organe ; la Membrane
propre , qui tapisse les cavités du cœur et
des vaisseaux sanguins; enfin les différentes
Membranes du fœtus (voy. les articles oeil,
coeur, oeuf, ainsi que le mot sécrétions,
pour la composition des humeurs sécrétées
par les Membranes ). (A. D.)
MEMBRANEUSES. Membranaceœ. ins.
— Tribu établie par Latreille (Fam. nat. )
dans l'ordre des Hémiptères hétéroptères ,
famille des Géocorises, et dans laquelle il
comprenait les genres Macrocephalus, Phy-
mata, Tingis, Arade et Cimex (Punaise).
M. Blanchard (Hist. des Insectes, publiée
par Firmin Didot, 1845) a groupé ces genres
dans la famille des Aradides,de la tribu des
Réduviens. Voy. ce dernier mot.
*MEMBRANIPORA {membrana, mem-
brane ; porus , pore ). polyp. — Genre pro-
posé par M. de Blainville pour des Polypiers
membraneux formés de cellules distinctes
non saillantes, fermées à leur face supé-
rieure par une membrane fort mince très
fugace, dans laquelle est fermée l'ouverture.
Ce genre comprend plusieurs Flustres et
Discopores de Larnarck. (Duj.)
MEMBRES. Membrum (x«Xov, ^o5).
T. VIII.
anat. — On donne le nom de Membres h
des appendices disposés par paire, unis au
tronc au moyen d'articulations, et compo-
sés essentiellement d'os, organes passifs des
mouvements, et de muscles, agents mo-
teurs par excellence. Les Membres sont
destinés spécialement à l'accomplissement
de la locomotion et des autres grands mou-
vements. Voy. les articles locomotion, mus-
cles, os.
Chez l'Homme et chez les animaux ver-
tébrés , il n'y a jamais plus de quatre Mem-
bres , deux thoraciques et deux pelviens ;
parfois il n'en existe que deux , le plus sou-
vent les thoraciques , comme chez les Céta-
cés et chez certains Reptiles; il arrive
même que tous quatre manquent, comme
chez les Serpents et chez les Poissons cy-
clostomes. Enfin , bien que nous ayons dit
que les Membres sont disposés par paire,
le Membre postérieur des Poissons est im-
pair.
Les Membres, chez l'Homme, comme chez
tous les animaux vertébrés, sont thoraci-
ques et pelviens ; mais chez lui ils sont de
plus supérieurs et inférieurs. Ils se compo-
sent d'une portion fixe , épaule ou bassin ,
et d'une portion mobile, véritable levier,
divisée elle-même en trois parties : bras ,
avant-bras, main, cuisse, jambe, pied. Chez
les Mammifères , les membres thoraciques
et pelviens , comme chez l'Homme, devien-
nent , en raison de la station quadrupède ,
antérieurs et postérieurs ; ils présentent, du
reste , une grande analogie de composition
avec ceux de l'Homme; il est à remarquer
néanmoins que la dissemblance qui se re-
marque chez celui-ci, entre les membres
supérieurs et inférieurs , est bien moins
tranchée dans les Mammifères entre les
membres antérieurs et postérieurs, et so
manifeste à peine chez ceux qui sont essen-
tiellement quadrupèdes.
Les Oiseaux, appelés à s'élever dans les
airs , ont les membres thoraciques modifies
pour l'accomplissement du vol; les mem-
bres pelviens, destinés à la station et à la
progression , s'éloignent moins de ceux des
Quadrupèdes.
Nous retrouvons chez les Reptiles pourvus
de Membres , comme les Tortues , les Lé-
zards , les Batraciens anoures , la plupart
des Batraciens urodèles , nous retrouvons ,
15
114
MEM
à très peu près, les dispositions signalées
chez les Mammifères. Mais, chez les Pois-
sons, toute ressemblance cesse , et ce n'est
qu'en s'appuyant sur l'analogie de fonc-
tions plutôt que sur celle de structure que
l'on parvient à retrouver les Membres tho-
raciques dans les nageoires pectorales, et
les Membres abdominaux dans la nageoire
ventrale, placée inférieurement sur la ligne
médiane du corps.
Nous venons d'indiquer sommairement
les points d'analogie et de dissemblance que
présentent les Membres dans les quatre
classes d'animaux vertébrés ; au mot sque-
lette, nous nous réservons d'entrer dans
des détails que ne comporte pas le présent
article.
Quant aux Membres, ou plutôt aux ap-
pendices locomoteurs des animaux infé-
rieurs , ils s'éloignent complètement du
type des Membres des Vertébrés, et varient,
d'une classe à l'autre, en nombre, en dis-
position, en structure. Voy. articulés,
ARACHNIDES , CRUSTACÉS , INFOSOIRES , INSECTES,
mollusques, etc.,etc. (A. D.)
MÉMÉCYLÉES. Memecyleœ. bot. ph. —
Petite famille de plantes dicotylédonées,po-
lypétales, périgynes, placée par quelques au-
teurs à la suite des Mélastomacées, distin-
guée par les autres, notamment par De
Candolle, qui lui assigne les caractères sui-
vants : Calice à tube ovoïde ou globuleux,
adhérent à l'ovaire, à limbe 4-5-lobé 'ou
denté. Autant de pétales alternes, insérés
sur ce calice, ainsi que les étamines en nom-
bre double, à filets libres, à anthères bi-
loculaires s'ouvrant quelquefois par deux
pores au sommet. Style filiforme terminé
par un stigmate simple. Ovaire à 2-4-8 lo-
ges contenant chacune un ovule pendant, de-
Tenant une baie couronnée par les lobes du
calice persistant, réduite quelquefois par
avortement à une loge unique. Graines dé-
pourvues de périsperme, à cotylédons folia-
cés, convolutés (qui établissent la principale
différence entre ce petit groupe et le grand
groupe des Mélastomacées), à radicule droite
et supère. — Les espèces sont des arbrisseaux
originaires des tropiques, à feuilles oppo-
sées, simples, très entières, penninervées,
dépourvues de stipules et de points glandu-
leux; à fleurs axill aires pédicellées.
MEN
Memecylon, L. {Valicaha, Ad. — Scutula,
Lour.) — Mouriria, J. {Mouriri, Aubl. —
Petaloma, Sw.)~ Guildingia, Hook. {Olis-
bea, DC). (Ad. J.)
MEMECYLON. bot. ph.— Genre consti-
tuant le type de la petite famille des Mémé-
cylées. Il a été établi par Linné (Gen. n.
481) pour des arbrisseaux de l'Asie tropicale
et des îles de l'Afrique tropicale. Voy. mé-
MÉCVLÉES.
MEMECYLON , Mitch. (Gen. in A. N.
C., 13). bot. ph. — Syn. A'Epigœa , Linn.
* MEMiNA. mam.— Genre de Marsupiaux
indiqué par M. G. Fischer [Zooguas , t. H,
1814). (E- D)
*MEMINNA. mam.— Groupe formé dans
le grand genre Cerf (voy. ce mot) par M. Gray
(Ann. ofphil., XXVI, 1825). (E. D.)
MEMNONITE. moll. —Nom vulgaire
d'une espèce de Cône.
*MEMORIALIS , Hamilt. (flfcc). bot.
PH# _ Syn. de Pouzolzia, Gaud.
MENAIS, bot. ph.- Genre dont la place,
dans la méthode, n'est pas encore défini-
tivement fixée. Endlicher le range avec
doute à la fin de la famille des Cordiacées.
Les caractères que lui donne Linné, créa-
teur de ce genre, sont les suivants {Gen.
n. 239) : Calice à 3 divisions ou à 3 folio-
les, persistant. Corolle hypocratérimorphe,
a tube excédant le calice, à limbe plan,
5-parti. Anthères 5 , subulées , sessiles à la
gorge de la corolle. Ovaire Style sim-
ple; stigmates 2, oblongs. Le fruit est une
baie globuleuse , à 4 loges monospermes.
Les Menais sont des arbrisseaux de l'A-
mérique méridionale , à tige cylindrique ,
villeuse ; à feuilles alternes , ovales , en-
tières , rudes.
MÉNAKANITE (nom de lieu), min.— Syn.
Isérine.— Fer titane octaédrique trouvé sous
forme arénacée dans la vallée de Ménakan,
au comté de Cornouailles, en Angleterre.
Voy. FER TITANE. (DEL.)
*MENALCAS. ins. — Genre de Coléop-
tères subpentamères , tétramères de La-
treille, famille des Cycliques , tribu des Co-
laspides (Chrysomélides de Latreille), formé
par Dejean Calai., 3e édit., p. 437) avec
une espèce de Java , nommée par l'auteur
! M. ru fus, (c>)
MEN
MEN
115
MENARDA. bot. ph. — Genre delà fa-
mille des Euphorbiacées-Phyllanthées, éta-
bli par Commerson (ex Air. Jussieu Eu-
phorbe 23, t. 18). Arbustes de Madagascar.
Voy. EDPHORBIACÉES.
*MENDEZIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées , établi par De Candolle (Prodr., V,
532). Herbes du Mexique. Voy. composées.
*MENDÏPITE (nom de lieu), min.— Oxy-
chlorure de Plomb, cristallisé en prisme droit
à baserhombe,del02"27', et trouvé dans les
mines de plomb de Mendip-Hill dans le
Somersetsbire. C'est la Kérasine de Beu-
dant. Voy. plomb. (Del.)
MENDOZIA ( nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Acanthacées, tribu
des Thunbergiées?, établi par Vellozo (ex
Vandelïi in Hœmer script., 126, t. VII,
f. 22). Arbrisseaux de l'Amérique tropicale.
Voy. ACANTHACÉES.
MENDOLE. Mœna. poiss. — Genre de
Tordre des Acanthoptérygiens , famille des
Ménides, établi par G. Guvier (Règ. anim.,
t. II , p. 186) aux dépens des vrais Spares,
dont ils se distinguent par des dents en ve-
lours ras sur une bande étroite et longitu-
dinale du vomer. Leurs mâchoires n'en ont
aussi que de très fines et sur une bande fort
étroite. La forme de leur corps est oblongue,
comprimée, assez semblable à celle d'un Ha-
reng. Il y a une écaille allongée au-dessus
de chacune de leurs ventrales, et une entre
elles. Les Poissons de ce genre vivent près
des côtes, dans les endroits riches en algues
et vaseux; leur nourriture consiste en petits
Poissons, et quelques Mollusques sans co-
quille qu'ils trouvent dans les herbes.
On connaît quatre espèces de Mendoles,
vivant toutes dans la Méditerranée. La prin-
cipale est la Mendole commune , Mœna vul-
garis Cuv. (Spams Mœna Linn.), qui a en-
viron 20 centimètres de longueur. La cou-
leur générale de ce Poisson est blanchâtre ,
avec des raies longitudinales très nombreu-
ses, étroites et bleues, et une grande tache
noire de chaque côté des flancs. Les Men-
doles sont très fécondes, mais leur chair est
coriace et insipide. Au temps du frai , elle
prend une couleur plus noirâtre et devient
très mauvaise, ce qui lui a fait donner par
les pêcheurs le nom de Bouc. Cependant,
lorsqu'elles sont engraissées, leur goût n'est
pas désagréable; les femelles, remplies
d'oeufs, sont quelquefois assez bonnes à
manger. Dans certains endroits, on en prend
une si grande quantité qu'on les vend par
monceaux, et qu'on en fait saler un très
grand nombre.
Les autres espèces de ce genre sont : la
Mendole jdscle , Mœna jusculum Cuv. et
Val. , qui diffère de la précédente par un
corps plus étroit , un museau plus court ,
une dorsale plus haute ; — la Mendole d'Os-
beck, Mœna Osbeckii Cuv. et Val. (Sparus
tricuspidatus Spin.), d'un bleu d'acier foncé,,
des raies bleues obliques sur la joue; des
taches bleues sur les ventrales, la dorsale
encore plus haute; — la Mendole vomérine,
Mœna vomerina Cuv . et Val., qui se distin-
gue des autres par des dents situées sur le
chevron du vomer. (J.)
MENÉ (pvîvyj, lune), poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens , famille des
Scombéroïdes, établi par Lacépède, et con-
servé par MM. G. Cuvier et Valenciennes
(Hist. des Poiss., t. X, p. 103). Ces Poissons
ont un museau semblable à celui des Equula;
mais leur corps est encore plus comprimé;
leur ventre est tranchant , et son bord très
convexe par le bas , par le développement
des os de l'épaule et du bassin , tandis que
la ligne du dos est presque droite , ce qui
recule leurs ventrales en arrière de leurs
pectorales.
On ne connaît qu'une seule espèce de ce
genre : le Mené Anne-Caroline, Lacép. (Mené
maculata Cuv. et Val., Zeus maculatus BL,
Schn.), d'un bel argenté tacheté de noirâtre
vers le dos; il habite les mers des Indes et
de la Chine. Le plus grand individu connu
a 15 ou 16 centimètres de longueur.
*MENEGHII\IA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Aspérifoliécs-
Borraginées Anchusées, établi par Endlicher
(Gen. plant., p. 648 , n. 3766). Herbes de
l'Egypte. Voy. aspérifoliées.
*MENEMACI1US. ins. — Genre de Co-
léoptères tétramères, famille des Curculio-
nides gonatocères, cité par Dejean (CataL,
3e éd., p. 311) comme étant de Schœnherr et
ayant pour type une espèce du Brésil du nom
de M. serrirostris. On ne trouve pas ce genre
dans l'ouvrage de l'auteur suédois. (C.)
*MENEMTARI/\, Herm. bot. ph.— Syn.
d'Isachne, R. Br.
116
MEN
*MENESTORIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Rubiacées-Cinchonacées-Gardé-
niées , établi par De Candolle (Prodr., IV,
390). Arbrisseaux du Népaul. Voy. rubia-
cées.
*MENESTRATA (Flor. flum., V, 2).
bot. ph. — Syn. de Litsœa, Juss.
MEMCILEA , Sonner, bot. ph. — Syn.
de Stravadium , Juss.
MÉNÏDES. Menides. poiss. — Famille de
l'ordre des Acanthoptérygiens, établi par G.
Cuvier ( Règn. anim. , t. II , p. 186) pour
quelques Poissons laissés jusqu'alors parmi
les Sparoïdes, mais qui, cependant, en dif-
fèrent assez pour constituer un groupe à
part. Les Ménides ont les dents en velours
plus ou moins ras aux mâchoires, et quel-
quefois deux ou quatre petites canines. Leur
mâchoire supérieure est fort protractile et
rétractile , à cause de la longueur des pédi-
cules des intermaxillaires qui se retirent
entre les orbites, ce qui constitue leur carac-
tère principal. Ces Poissons tiennent d'ail-
leurs de fort près aux Sparoïdes par le reste
de leur organisation : « Leur corps est écail-
leux; leurs ventrales sont sous les pecto-
rales; leur dorsale est garnie d'écaillés, mais
très fines. Leur anatomie est également fort
semblable : ils ont l'estomac médiocre, à pa-
rois peu épaisses; le nombre de leurs cœ-
cums varie de quatre à sept; leur vessie
aérienne est grande, simple et arrondie à sa
partie antérieure, le plus souvent divisée
en arrière en deux longues cornes qui pénè-
trent dans les muscles de la queue de chaque
côté des inter-épineux de l'anale. » (Cuv. et
Val. Hist. des Poiss., t. VI, p. 381).
La famille des Ménides comprend quatre
genres, nommés : Mendole, Picarel, Cœsio
et Gerre. Voy. ces mots. (J.)
MÉNILITHE. min. — Variété d'Opale
commune, de Ménil-Montant près de Paris.
Voy. opale et quartz. (Del)
MÉNINGES (//.vjvtyS, membrane), anat.
— On donne ce nom aux trois membranes
qui enveloppent tout l'appareil nerveux cé-
rébro-spinal (la dure-mère, l'arachnoïde et
la pie-mère). Voy. système nerveux.
MENIOCUS. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Grucifères-Alyssinées , établi par
Desvaux (Journ. bot., III, 173). Herbes
abondantes en Espagne et dans les régions
caucasiennes. Voy. crucifères.
MEN
MÉNIPÉE. Menipea (nom mythologique).
polyi>. — Genre de Polypes établi par La-
mouroux pour plusieurs espèces de Cellaires
de Lamarck,et caractérisé par la disposition
des cellules polypifères, qui ont toutes leurs
ouvertures dirigées du même côté sur un
seul rang, et naissant l'une de l'autre par
dichotomie de manière à former les articu-
lations et les rameaux d'un Polypier subcal-
caire comme palmé, et fixé par un grand
nombre de fibrilles radiculaires. Le type de
ce genre est la Cellularia crispa de Pallas ,
qui se trouve dans les mers de l'Inde , et
qu'Esper a nommée Tubularia crispa. Une
autre espèce de la Méditerranée avait ét{
confondue avec celle-ci , et une troisième
espèce, M. flabellum , se trouve^dans l'O-
céan. (Duj.)
MENIPPE. Menippa. crust. — Ce genre,
qui appartient à l'ordre des Décapodes bra-
chyures et à la famille des Cancériens, a
été établi par M. Dehaan , dans la Fauna
japonica, aux dépens du Cancer des au-
teurs. On en connaît quatre espèces dont
trois habitent les îles des Moluques , et la
quatrième le cap de Bonne-Espérance. Le
Ménippe de Rumph, 1/emppa Rumphii , peut
être considéré comme le type de cette nou-
velle coupe générique. (H. L.)
MEMSCIUM. bot. ph. — Genre de la
famille des Fougères-Polypodiacées-Polypo-
diées , établi par Schreber (Gen. n. 1630).
Fougères croissant abondamment dans tou-
tes les contrées tropicales du globe. Voy.
FOUGÈRES.
MENISCOSTA. bot. ph. — Genre de la
famille des Ménispermacées-Ménispermées,
établi par Blume (Bijdr., 28). Arbrisseaux
de Java. Voy. ménispermacées.
MÉNISPERMACÉES. Menispermaceœ.
bot. ph. — Famille de plantes dicotylédo-
nées, polypétales, hypogynes, dont les fleurs
sont le plus ordinairement unisexuelles par
suite d'avortement. Dans les mâles : Calice
de 3 à 12 folioles disposées par verticilles
ternaires, plus rarement de 4-10, libres ou
soudées entre elles à la base. Pétales en nom-
bre égal ou plus souvent moitié moindres,
c'est-à-dire réduits à 2 verticilles binaires
ou ternaires, et s'opposant naturellement
aux folioles calicinales des deux séries les
plus intérieures , en général plus courts
qu'elles, souvent distincts et concaves, quel-
MEN
M EN
117
quefois soudés entre eux. Étamines en même
nombre et opposées à ces pétales, qui em-
brassent le filet, ou rarement plus nom-
breux, à filets iinéaires, libres ou monadel-
phes ; à anthères extrorses, dont les loges, au
nombre de deux, ou quelquefois de quatre,
s'ouvrent longitudinalement ou transversa-
lement. Dans les femelles : Calice semblable
à celui des mâles, réduit quelquefois à une
foliole unique avec un seul pétale opposé.
Corolle manquant le plus souvent. Étami-
nes rudimentaires ou nulles ; un ou plu-
sieurs carpelles , contenant chacun un seul
ovule campulitrope attaché à l'angle interne,
munis chacun d'un style ou terminal ou sou-
vent basilaire, qui, d'autres fois, manque
tout- à-fait, et que termine un stigmate sim-
ple; quelquefois ces carpelles se soudent
entre eux inférieurement; quelquefois le
style est trifide. Fruit composé d'une ou plu-
sieurs drupes ou baies, dans chacune des-
quelles la loge réniforme par la suture de
la paroi placentaire renferme une graine de
même forme, revêtue d'un tégument mem-
braneux que recouvre un périsperme mince,
ou immédiatement l'embryon à cotylédons
linéaires , foliacés , appliqués l'un contre
l'autre ou séparés par une couche de péri-
sperme , beaucoup plus longs que la radi-
cule. Les Ménispermacées sont des lianes
dont le bois présente une suite de couches
concentriques séparées par autant de zones
corticales, la plus intérieure seule munie de
faisceaux de liber, les autres entièrement
cellulaires : cette formation de couches ne
paraît pas correspondre au nombre des an-
nées. Les feuilles alternes, simples, souvent
peltées , entières , sont dépourvues de sti-
pules; les fleurs monoïques ou dioïques,
groupées en grappes ou en panicules , sou-
vent petites et verdâtres. Les espèces sont la
plupart originaires des régions tropicales ,
abondantes en Amérique et en Asie surtout,
plus rares en Afrique ; quelques unes s'a-
vancent à des latitudes plus élevées, au Ja-
pon, dans l'Amérique du Nord, une seule en
Sibérie, peu dansl'hémisphèreaustral. Beau-
coup sont remarquables par leurs propriétés
stimulantes , dues à un principe amer , au-
quel se joint parfois un certain degré d'â-
creté, et qui se trouve dans les racines. Dans
les fruits de quelques unes se trouve une
substance narcotique flffs S&AlogCt à la
Strychnine, et qui les rend en conséquence
très vénéneux; propriétés dues à un prin-
cipe extractif résidant dans le péricarpe, et
qu'on a nommé Ménispermine. La coque du
Levant est le fruit d'un Anamirta, qui en
offre l'exemple le plus connu.
GENRES.
Agdestis, Moç. et Sess. — Menispcrmum,
Tour. (Trilophus, Fisch.) — Pselium, Lour.
— Cocculus , DC. (Abula, Aubl. — Baum-
garlia , Mœnch. — Androphylax , WendI.
— Wendlandia et Braunea , W. — Tilia-
cora, Colebr. — Epibaterium , Forst. —
Limacia , Fibraurea et Nephroia , Lour. —
Cebatha et Leœba , Forsk. — Columbra ,
Comm. — Bagaletta , Roxb.) — Chondoden-
drum, R. Pav. — Meniscosla, Bl. — Spiro-
spermum, Pet. -Th. — Trichoa, Pers. {Bat-
schia , Thunb. — Abuta, Poepp. ) — Cosci-
nium, Colebr. (Pereiria, Lind.) — Anamirta,
Colebr. — Stephania, Lour. (Clypea, Bl.) —
Cissampelos, L. (Ca apeba, Blum.) (Ad. J.)
MENÏSPERMUM (fMjvtç, croissant;
exffépfAa, graine), bot. ph. — Genre de la
famille des Ménispermacées-Ménispermées ,
établi parTournefort (inMém. Acad. Paris.,
1705, p. 237). Arbrisseaux de l'Amérique
boréale et de l'Asie centrale. Voy. ménisper-
macées.
MEMSPORA (fA>,vy), lune;>7copa, spore).
bot. cr. — Genre de Champignons établi
par M. Ehrenberg, mais non décrit (Sylv.
myc. bercl., p. 11) , caractérisé par des fila-
ments rameux, sans chorions, qui suppor-
tent des spores cylindriques et courbées. Ce
genre appartient à la classe des Trichospo-
rés: on n'en connaît que quelques espèces.
Le professeur Link l'avait d'abord désigné
sous le nom de Camptosporium , et Fries l'a
réuni au g. Psilonia; mais comme ce der-
nier réunit plusieurs espèces qui ne pré-
sentent pas les mêmes caractères, je pense
qu'il doit être conservé. (Lev.)
*MENOBRANCHUS (pr
vo;,
force
tpxy-
Xtoc, branchie). rept. — M. Harlan (Ann.
Lyc.) a créé sous ce nom un groupe d'Am-
phibiens de la famille des Salamandres, et
qui a pour type le Triton lateraîis Say (Me-
nebranchus lateraîis Mari., figuré dans l'a-
tlas de ce Dictionnaire, pi. 19, Cg. 1 )»
Nous nous en occuperons à l'article triton.
Voy. ce mot. (E. D.)
118
MEN
M EN
*MENOCERAS, R. Brown. bot. ph. —
Voy. velleja , Smith.
MENODORA. bot. ph. — Genre de la
famille des Jasminées, établi parHumboldt
et Bonpland ( Plant, œquinoct., II , 98 , t.
110 ). Arbrisseaux de l'Amérique orientale.
Voy. JASMINÉES.
*MENOETHIUS. crust. —M. Milne-Ed-
wards désigne sous ce nom, dans son His-
toire naturelle des Crustacés, un petit genre
établi aux dépens du Pisa de Latreille, et qui
établit un passage entre cette coupe généri-
que et celle des Halimes. Chez ce genre, la
carapace est formée par un grand stylet
pointu, avec les pattes des quatre dernières
paires cylindriques et offrant à la face in-
férieure des tarses deux rangées de pointes
cornées. La seule espèce connue est le Mé-
néthie Licorne , Menœthius monoceros Latr.
(Ru pp. Crustacés de la mer Rouge, pi. 5,
fig. 4). Cette espèce habite les côtes de l'Ile
de France, de la mer Rouge et de l'océan
Indien. (H. L.)
MENOETIUS, Dejean. ras.— Synon. de
Diaprepes et de Lordops, de Schœnh. (C.)
MENONANTHES , Haller. bot. ph. —
Syn. de Menyanthes, Linn.
MENONVILLŒA. bot. ph. — Genre de
la famille des Crucifères-Thlaspidées, établi
par De Candolle {Syst., II, 419; Prodr., I,
184). Herbes du Pérou. Voy. crucifères.
*MENOPOMA (*/v0ç, force ; u5;,a, oper-
cule), rept. — Genre d'Amphibiens de la fa-
mille des Salamandres, créé par M. Harlan
[Ann. Lyc. New-York, t. I, pi. 17), et ne
comprenant qu'une seule espèce placée pré-
cédemment dans le genre Salamandra. Les
Menopoma ont pour caractères : Un corps
allongé , des yeux apparents , des pieds bien
développés , un orifice de chaque côté du
cou, des mâchoires armées de fortes dents
et, en outre, une rangée de dents sur le
devant du palais.
L'espèce type est la Salamandra gigantea
Barton, dont la longueur est de quinze à
dix-huit pouces et la couleur d'un bleu noi-
râtre, et qui se trouve dans les rivières de
l'intérieur et dans les grands lacs de l'Amé-
rique. (E. D.)
*MENOSCELIS (j«'voç, force; «Aoç,
jambe), ms. — Genre de Coléoptères subté-
tramères, trimères de Latreiile, famille des
Aphidiphages , de nos Coccinellidcs, formé
; par Dejean avec une espèce de Cayenne: la
M. saginala de Th. Lacordaire. (C.)
MENOTTE, bot. cr. — Voy. mainotte.
MENTHE. Mentha. bot. ph. — Genre de
plantes de Ja famille des Labiées, de la di-
dynamie gymnospermie dans le système de
Linné, dans lequel rentrent aujourd'hui en-
viron 25 espèces répandues très abondam-
ment dans les parties tempérées et septen-
trionales des deux mondes , d'où elles sont
même parvenues, à la suite des Européens,
dans beaucoup d'autres contrées. Ce sont
des plantes herbacées qui ressemblent, pour
la configuration, la disposition de leur tige
et de leurs feuilles , à la grande majorité
des végétaux de la même famille; dont les
fleurs sont réunies en verticilles multiflores,
tantôt éloignes les uns des autres à l'aisselle
des feuilles supérieures, semblables à celles
du reste de la tige , tantôt rapprochés en
faux épis terminaux, les feuilles à l'aisselle
desquelles ils se trouvent étant alors réduites
à l'apparence de simples bractées. Ces fleurs
présentent : un calice campanule ou tubu-
leux, à 5 dents à peu près égales entre
elles, nu ou velu à la gorge; une corolle
dont le limbe 4-fide est presque régulier,
sa division supérieure différant seule des
autres par un -peu plus de largeur, et se
montrant entière ou à peine échancrée au
sommet; 4 étamines égales entre elles et
non didynames, distantes; un style terminé
par deux courtes branches stigmatifères au
sommet. Les achaines qui leur succèdent
sont secs et lisses.
Plusieurs des espèces qui composent le
genre Menthe sont extrêmement variables
dans tous leurs organes de la végétation ;
leurs feuilles particulièrement sont tantôt
cotonneuses, tantôt seulement pubescentes,
ou même glabres ; ailleurs elles deviennent
ondulées, crépues, etc. Il en résulte $ue
leur détermination est extrêmement difficile,
et que , malgré les travaux de plusieurs bo-
tanistes, elles forment un véritable chaos,
et rendent nécessaire une révision complète
du genre. Il est à espérer que cette révision
sera faite d'une manière satisfaisante par
M. Bentham dans le 1 Ie volume du Pro-
dromus. Deux des espèces dans lesquelles
ces variations sont les plus nombreuses , et
qui se trouvent le plus communément le
long des fossés, des ruisseaux et dans tous
MEN
MEN
119
les lieux humides, sont : 1° la Menthe sau-
vage , M. Sylvestris Lin., dont la tige est
droite, les feuilles presque sessiles, ovales-
lancéolées , oblongues, velues à des degrés
très divers à leur face supérieure, généra-
lement cotonneuses à leur face inférieure;
dont les faux verticilles de fleurs sont rap-
prochés au sommet de la tige en épis denses,
lin peu coniques, assez souvent interrom-
pus à leur base; enfin dont les calices sont
légèrement striés, velus -cotonneux , et de-
viennent ventrus après la floraison ; 2° la
Menthe aquatique, Mentha aquatica Lin.,
dont la tige est hérissée de poils réfléchis;
dont les feuilles sont pétiolées, ovales, den-
tées en scie, arrondies ou presque en cœur
à leur base , légèrement hérissées ou velues
à leurs deux faces ; dont les faux verticilles
de fleurs sont en petit nombre, les 2 ou 3
supérieurs raccourcis et rapprochés en une
sorte de tête arrondie ou oblongue, tandis
que l'inférieur est toujours écarté. D'après
M. Bentham T cette inflorescence et les ca-
ractères des feuilles caractérisent toujours
la Menthe aquatique. Cette espèce est du
petit nombre des plantes cosmopolites qu'on
est certain de rencontrer dans les lieux hu-
mides de presque toute la terre, soit qu'elle
y croisse spontanément , soit qu'elle y soit
arrivée avec les Européens.
Une espèce beaucoup plus intéressante
par son utilité est la Menthe poivrée, Men-
tha piperita Lin., qui paraît être originaire
des parties septentrionales de l'Europe,
mais que l'on trouve cultivée et plus ou
moins naturalisée dans presque toute l'Eu-
rope, en Egypte, dans plusieurs parties de
l'Asie et dans les deux Amériques. Sa tige
est droite ou ascendante, flexueuse , ra-
meuse au sommet, glabre ou ciliée de quel-
ques poils étalés; ses feuilles sont pétiolées,
ovales-oblongues , aiguës , dentées en scie,
arrondies à leur base, d'un vert intense,
glabres dans une variété, hérissées dans
l'autre sur les nervures et les pétioles. Ses
faux verticilles de fleurs sont peu nombreux,
lâches, les supérieurs rapprochés en un faux
épi court, oblong, rougeâtre, les inférieurs
écartés ; les pédicelles de ces fleurs sont
glabres; leur calice est tubuleux, rougeâtre,
à dents subulées, hérissées. Tout le monde
connaît l'odeur et la saveur de cette Menthe ;
son odeur est forte et pénétrante; sa saveur
est poivrée, comme camphrée, et elle laisse
après elle, dans la bouche , une impression
de froid qui la caractérise. C'est surtout à
cause de ces deux propriétés qu'on la cul-
tive si communément et qu'on la préfère à
toutes ses congénères , dont certaines sont
cependant remarquables sous les mêmes
rapports, comme , par exemple , la Mentha
cervina. C'est surtout dans les arts du con-
fiseur et du liquoriste que la Menthe poivrée
joue un rôle des plus importants ; mais elle a
aussi des usages divers en médecine. On l'em-
ploie surtout comme excitant et stimulant,
pour ranimer les organes, dans les cas où
il n'existe pas chez eux d'inflammation ; on
l'emploie également comme résolutive, apé-
ritive , diurétique, etc.; mais l'un de ses
principaux usages est celui d'antispasmo-
dique. On lui a attribué une action parti-
culière sur le lait, dont elle empêcherait,
a-t-on dit, la coagulation ; on a même dit
qu'elle arrêtait la sécrétion de ce liquide;
mais ces faits ne sont pas suffisamment éta-
blis , bien que le dernier soit appuyé de
l'autorité de Linné.
Une partie des Menthes, que distinguent
leur calice fermé de poils à la gorge, la di-
vision supérieure de leur corolle entière, et
leur inflorescence par faux verticilles écartés,
a été regardée par Miller comme un genre
distinct que quelques botanistes de nos
jours, par exemple M. Koch , ont adopté,
tandis que la plupart des autres l'ont consi-
déré comme ne formant qu'un sous-genre.
C'est dans cette section , sous-genre ou
genre, que rentre comme type principal la
Menthe-Pouillot , Mentha Pulegium Lin.
(Pulegium vulgare Mill.), espèce très com-
mune dans les fossés humides , le long des
ruisseaux et dans les lieux inondés, que dis-
tinguent sa tige rampante , ses feuilles
ovales , obtuses , presque crénelées , ponc-
tuées en dessous , son calice presque cylin-
drique, à 5 dents, dont les 2 inférieures
sont plus longues que les autres et acumi-
nées. Cette plante est douée de l'odeur, de
la saveur et des principales propriétés de
ses congénères; de plus on l'a beaucoup
préconisée comme produisant de bons effets
contre la toux, l'asthme, l'enrouement;
enfin quelques médecins, et particulière-
ment Haller, l'ont regardée comme un ex-
cellent emménagogue. (P. D.)
120
MEN
MEN
MENTHOIDÉES. Menthoideœ. bot. ph.
— Tribu de la famille des Labiées [voy. ce
mot), qui comprend et a pour type le genre
Mentha. (Ad. J.)
HÏENTIANE. bot. ph. — Nom vulgaire
du Viburnam lantana.
*MEI\TOPHILUS (Mentha, Menthe;
aJoc, ami), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides Coprophages, établi par M. La-
porte de Castelnau (Hist. nat. des anim.
artic, t. II, p. 74), qui le place dans ses
Ateuchites. L'espèce type , le Scarabœus
Hollandiœ d'Olivier, est originaire de la
Nouvelle-Hollande. (C),
MENTZELIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Loasées, établi par
Linné (Gen., n. 670). Herbes de l'Amé-
rique tropicale. Voy. loasées.
Ce genre renferme 6 espèces, que De Can-
dolle (Prodr., III , 343) a réparties en 2 sec-
tions : la première comprend celles qui ont
20-23 élamines , toutes à peu près égales;
3-6 graines ; les fleurs petites (M. asperaet
oligosperma); la seconde section renferme
les espèces qui ont 30-100 étamines, les 10
extérieures plus longues; 6-9 graines, les
fleurs grandes (M. hispida, strigosa, scabra
et slipitata).
Endlicher (Gen. plant., p. 930, n. 5111)
a aussi établi plusieurs divisions dans ce
genre, d'après l'aspect de la capsule et le
nombre des graines. Ces divisions sont au
nombre de trois : Oligosperma : Capsule à
3 valves verticales, à 3 placentaires parié-
taux ; graines 3-9 ; Macrosperma : Capsule
à 3 valves verticales, à 3 placentaires pa-
riétaux; graines nombreuses, très grandes;
Microsperma : Capsule à 5 valves verticales,
à 5 placentaires pariétaux; graines nom-
breuses, très petites. (J.)
MENUISIÈRES. ins. — Nom vulgaire
des Xylocopes. Voy. ce mot.
MÉNURE. Menura. ois.— Genre de l'or-
dre des Passereaux, caractérisé par un bec
plus large que haut à sa base, droit, incliné
à sa pointe, qui est échancrée ; des fosses na-
sales prolongées et grandes; des narines
percées vers le milieu du bec, ovales, gran-
des, couvertes d'une membrane; des pieds
grêles ; des tarses deux fois longs comme le
doigt intermédiaire; celui-ci et les latéraux
à peu près égaux, l'externe uni jusqu'à la
première articulation , l'interne divisé; des
ailes courtes, concaves ; et une queue à pen-
nes très larges, de différentes formes et au
nombre de seize.
Le genre Ménure est un de ces exemples si
fréquents en ornithologie, qui décèlent l'em-
barras où sont quelquefois les auteurs, lors-
qu'il s'agit d'assigner à un oiseau sa vraie
place. Celle du Ménure, oiseau depuis long-
temps connu, et beaucoup étudié par les
différents auteurs, du moins sous le rapport
de ses caractères physiques, est loin d'être
irrévocablement fixée. Ballotté d'ordre en
ordre, de famille en famille ; placé d'abord
parmi les Gallinacés sous le nom de Faisan-
Lyre, ou sous ceux de Faisan des montagnes,
Faisan des bois; rangé en second lieu parmi
les Passereaux par la plupart des méthodis-
tes, il a été reporté ensuite par quelques
auteurs à la place qu'on lui avait primitive-
ment assignée. Vieillot l'avait classé entre
les Calaos et les Hoazins, à la fin des Passe-
reaux. Cuvier et Temminck, d'après la re-
marque faite par eux de l'existence d'une
échancrure à l'extrémité de la mandibule
supérieure, ont été conduits à le rapporter à
la famille des Passereaux dentirostres et à le
rapprocher des Merles. M. Is. Geoffroy, sans
lui assigner précisément le rang que lui
avait marqué Vieillot, le fait voisin des Sa-
sas, et le place dans son sous-ordre des
Gallinacés passeripèdes, entre les Mégapo-
des et les Tinamous. Enfin, M. G.-R. Gray
( a List of the gen. ) le range dans sa sous-
famille des Troglodytinées, dans sa famille
des Cerlhidées. Quelle que soit l'opinion qui
prévale, il résultera toujours de l'analyse
faite des caractères extérieurs que l'Oiseau-
Lyre, par son bec et ses pieds, se rapproche
autant des Merles et s'éloigne autant des
Mégapodes, dans le voisinage desquels on l'a
mis, qu'il est, par ses formes générales, voi-
sin des derniers et éloigné des premiers.
L'étude complète des mœurs du Ménure
pourra seule conduire à déterminer défini-
tivement sa place ou bien encore à le con-
naître entièrement. Le peu que l'on en sait
tendrait à faire admettre que c'est une es- j
pèce fort voisine des Merles , si même elle
n'appartient pas à la même famille. M. de
Lafresnaye nous apprend, d'après M. Gould
{Revue zoologique, n° de janvier 1841), que
c'est un oiseau chanteur; qu'il niche dans
MEN
MEN
121
les arbres à peu d'élévation de terre, et que
ses grands ongles lui servent à gratter et à
éparpiller les feuilles sèches et les détritus
qui couvrent le sol des forêts pour y cher-
cher les vers et les larves qu'ils récèlent.
« C'est, dit de son côté M. Lesson (Annal,
des se. nat. et Man. d'ornith., p. 259), dans
les forêts d'Eucalyptus et de Casuarina qui
couvrent la surface entière des montagnes
Bleues à la Nouvelle-Hollande, et les ravins
qui les divisent, qu'habite principalement
le Ménure, dont la queue est l'image fidèle,
sous les solitudes australes, de la lyre har-
monieuse des Grecs. Cet oiseau, nommé
Faisan des bois par les Anglais du Port-
Jackson, aime les cantons rocailleux et reti-
rés. Il sort le soir et le matin, et reste tran
quille pendant le jour sur les arbres où il
est perché. Il devient de plus en plus rare. »
La seule espèce connue est le Ménure-
Lyre, Men. superba Dav. (figuré dans l'atlas
de ce Dictionnaire, pi. 2), auquel on a encore
donné les épithètes de paradisea Swains.,
mirabilis Bechst. , Lyra Shaw. Comme la
plupart des animaux qui nous viennent de
la Nouvelle-Hollande et qui se font remar-
quer par une physionomie exceptionnelle, le
Ménure se distingue par la singulière dispo-
sition et par la nature des plumes de sa
queue. Ces plumes, dans le mâle, sont de
trois sortes : douze , très longues, à tige
mince, ont leurs barbes effilées et très écar-
tées ; deux médianes, sont garnies d'un côté
seulement de barbes serrées, sont étroites et
se recourbent en arc chacune de leur côté;
et deux externes, dont la figure est celle
d'une S, ont leurs barbes extérieures très
courtes , tandis que les barbes intérieures,
grandes et serrées, forment un large ruban
alternativement rayé de bandes brunes et
rousses. La queue de la femelle ne présente
point cette disposition particulière. Le plu-
mage du Ménure est d'ailleurs fort triste; il
est généralement d'un brun grisâtre.
Cet oiseau habite la Nouvelle-Galles du
Sud. (Z. G.)
MÉNYANTHE. Menyanthes, Tourn. (P.vîv,
rnenstrue; à'vOo;, fleur), bot. th. — Genre
de plantes de la famille des Gentianées, de
la pentandrie monogynie dans le système
sexuel. Linné et les botanistes qui l'ont
suivi lui avaient donné une étendue qui a
été considérablement restreinte par la sup-
T. VIII.
pression des Villarsia Vent., et des Lim-
nanthemum Gmel. Aujourd'hui, réduit pai
les travaux monographiques de M. Grise-
bach à une seule espèce , il présente les ca-
ractères suivants : Calice 5-parti ; corolle
charnue, régulière, 5-partite, dont le limbe
est barbu à sa face interne, c'est-à-dire hé-
rissé de filaments corollins; ovaire unilo-
culaire, dans lequel les ovules sont portés
le long de l'axe des valves , entouré à sa
base de 5 glandes; style filiforme; stigmate
bilobé. Capsule uniloculaire, se déchirant à
la maturité le long de la suture des valves.
La seule espèce de ce genre est le Ményanthe
trifoliolé , Menyanthes trifoliata Lin., vul-
gairement connu sous le nom de Trèfle
d'eau, jolie espèce qui croît dans les marais
de l'Europe moyenne et de l'Amérique du
Nord. De son rhizome rampant s'élèvent des
feuilles à long pétiole, pourvues à leur base
d'une gaîne auriculée, dont le limbe est di-
visé très profondément en trois segments
elliptiques , entiers. Ses fleurs sont assez
grandes , blanches , et forment une grappe.
Cette plante est d'une amertume très forte,
que la dessiccation ne fait qu'affaiblir, mais
que la cuisson dans l'eau lui enlève entiè-
rement : aussi a-t-elle la plupart des pro-
priétés des plantes amères , et ressemble-
t-elle, sous ce rapport, à la Gentiane jaune.
On en fait usage , en médecine, contre les
fièvres intermittentes , contre les maladies
de la peau ; elle est encore estimée comme
vermifuge , stomachique, comme antiscor-
butique. Dans ces divers cas, on emploie la
plante en poudre, ou son infusion , ou son
extrait , ou même son suc. De plus , Linné
nous apprend que les Lapons utilisent la
fécule de son rhizome en la faisant entrer
dans la composition de leur pain ; enfin ,
dans plusieurs parties de l'Allemagne et en
Angleterre , ses feuilles remplacent partiel-
lement , ou même quelquefois en totalité ,
le Houblon dans la fabrication de la bière.
(P. D.)
MÉNYANTHÊES. Menyantheœ. bot. pu.
— Tribu de la famille des Gentianées ainsi
nommée du genre Menyanthes qui lui sert de
type, et distincte des vraies Gentianées par
ses feuilles alternes et non opposées, par ses
graines revêtues d'un tégument ligneux et
non membraneux, par la préfloraison de sa
corolle induplicative et non tordue, enfin
122
MER
MER
par le séjour de ses espèces dans l'eau et
non sur la terre. (Ad. J.)
MENZIEZIA ( nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Éricacées-Andromé-
dées, établi par Smith (le. inédit. Nr., 56),
et dont les principaux caractères sont : Ca-
lice 4-5-fide. Corolle hypogyne, campanulée
ou arrondie , à limbe 4-5-fide ou réfléchi.
Étamines 8 ou 10, hypogynes , incluses;
filets filiformes ou subulés ; anthères obtuses
ou présentant deux pointes à leur sommet,
mutiques ou aristées sur la partie dorsale.
Ovaire à 4 ou 5 loges multi-ovulées. Style
simple ; stigmate dilaté. Capsule à 4 ou 5
loges. Graines nombreuses, lisses ou scro™
biculées.
Les Menziezia sont des arbrisseaux des
contrées boréales du globe, à feuilles alter-
nes, linéaires ou ovales ; à fleurs terminales
solitaires ou agrégées.
Les espèces de ce genre ont été réparties
en 4 sections, qui sont: 1° Bryardhus,Gm. :
calice 5-parti ; corolle 5-partite , étalée ;
étamines 10; anthères obtuses, mutiques
ou aristées sur le dos ; 2° Phyllodoce, Salisb.:
calice 5-parti; corolle globuleuse, à limbe
5-denté; étamines 10; anthères obtuses,
mutiques ; capsule 5-loculaire ; 3° Ddbœcia,
Don : calice 4-parti; corolle ovale, à limbe
4-denté; étamines 8; anthères sagittées à
la base , garnies de deux pointes au som-
met; capsule 4-loculaire; 4° Arcimbalda ,
Endl. : calice 5-parti; corolle globuleuse, à
limbe 4-parti ; étamines 8 ; anthères ob-
tuses, mutiques. (J.)
*MEPHITIDIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Rubiacées-CofféacéesGuettar-
dées, établi par Reinwardt (Msc). Arbustes
ou arbrisseaux de l'Inde , exhalant une
odeur fétide.
MEFHITIS. mam. — Nom latin du genre
Moufette. Voy. ce mot. (E. D.)
MER. géol. — On entend par ce mot la
totalité des eaux amères et salées qui occu-
pent la plus grande partie de la surface du
globe terrestre, et qu'on subdivise en Océans,
en Mers proprement dites et en Golfes, se-
lon leur étendue et la configuration des ter-
res qui les environnent. Notre but n'est pas
de nous arrêter à cette subdivision , qu'on
trouvera d'ailleurs dans tous les traités de
géographie.
Étendue de la Mer. Sur environ 5 millions
de myriametres carrés que présente la sur-
face du globe, les trois quarts à peu près
sont formés par les mers; elles sont répar-
ties d'une manière fort inégale. L'hémi-
sphère austral en contient plus que le bo-
réal dans la proportion de 8 à 5. En effet,
c'est autour du pôle nord que les terres sont
particulièrement groupées. Au sud , il n'y a
de grandes terres que la Nouvelle-Hollande:
du reste, il y existe une multitude d'îles
plus ou moins grandes, tantôt isolées les unes
des autres, tantôt rassemblées et formant
des archipels.
Niveau des Mers. La plupart des physi-
ciens sont aujourd'hui d'accord sur ce point,
que la Mer actuelle est dans un état sta-
tionnaire, et que son niveau ne s'élève ou
ne s'abaisse que par des causes locales et
temporaires. Les lois de l'hydrostatique nous
apprennent qu'une masse liquide ne peut
présenter en un point de sa surface ni sou-
lèvement, ni affaissement durable, et que
le niveau doit partout se rétablir. Il en ré-
sulte que le niveau de la Mer ne peut rester
stationnaire en un point sans se conserver
également partout , et que ses eaux ne peu-
vent s'élever ou s'abaisser quelque part sans
subir les mêmes changements dans tous les
points du même bassin. Or, on connaît des
milliers de localités où la surface des mers
n'a pas subi la moindre variation depuis les
temps historiques les plus reculés; donc le
niveau moyen des mers n'a pas changé, et
sa constance est un fait positif, puisqu'il a
subi l'épreuve de tous les âges. Si l'on pou-
vait être conduit comme les habitants du
Chili, en voyant les changements de niveau
du sol qui ont eu lieu sur la côte , à penser
que la Mer s'est retirée ou abaissée dans
ces parages, il faudrait aussi conclure, avec
ceux de la Californie , du Pérou , du Brésil,
du cap de Bonne-Espérance , etc., que dans
les mêmes temps elle n'a subi en ces lieux
aucune variation. Ces circonstances étant
incompatibles les unes avec les autres, et
opposées aux lois d'équilibre qui régissent
les liquides , on est en droit de conclure
qu'au lieu de l'immutabilité du sol habi-
table , il faut admettre celle de la Mer, en
reconnaissant que la surface solide de la
terre est susceptible de soulèvements et d'af-
faissements, comme la géologie le prouve
par des faits concluants. Les narrations do
MER
tous les temps nous présentent ces mêmes
faits, mais expliqués d'une autre manière.
C'est ainsi que les auteurs anciens annon-
cent tantôt que la Mer s'est retirée plus ou
moins loin, laissant son lit à sec, tantôt,
au contraire, qu'elle a envahi tout-à-coup
des côtes plus ou moins élevées. Le niveau
des grandes Mers est généralement le même
partout, mais les golfes et les petites mers,
qui ne sont que de grands golfes ne commu-
niquant avec l'Océan que par quelques is-
sues , peuvent être à un niveau quelquefois
différent. C'est ainsi que les eaux de la Mer
Rouge sont élevées de 8 mètres au-dessus
de celles de la Méditerranée, parce que les
vents y portent les eaux de l'Océan Indien,
que le mouvement général de la Mer de l'est
à l'ouest y retient. Il y a aussi de petites
Mers où le niveau des eaux change avec les
saisons: la Baltique et la Mer Noire, par
exemple, s'enflent au printemps par la
quantité d'eau que les grands fleuves leur
apportent.
On sait, suivant M. de Humboldt, que
l'Océan Pacifique est de 7 mètres plus élevé
que l'Atlantique, et que le golfe du Mexi-
que, qu'on peut regarder comme une pe~
tique Mer, est à 6,n,70 plus haut que l'O-
céan Pacifique. Ces différences s'expliquent
par l'influence des vents alizés qui chassent
les eaux de l'Atlantique dans le golfe du
Mexique , et élèvent le niveau de celui-ci au-
dessus de celui du grand Océan.
Quant à la Mer Caspienne, son niveau
est de 108 mètres au-dessous du niveau de
la Mer Noire; cette différence est due pro-
bablement soit à un affaissement du sol ,
soit à la diminution de ses eaux par suite de
l'évaporation. Tout porte à croire qu'elle oc-
cupait autrefois une bien plus grande éten-
due , et que la Mer ou le lac d'Aral en fai-
sait jadis partie: cette dernière aurait été
isolée par un soulèvement.
;• Nature des eaux de la Mer. Les eaux de
: la Mer ont une odeur nauséabonde, une
saveur amère et très salée; c'est aux sels
à base de magnésie qu'on attribue leur
amertume: leur salure provient du chlo-
rure de sodium. On remarque que l'amer-
tume diminue à raison de la profondeur,
que l'Océan est plus salé au large que sur
les côtes, vers l'équateur que vers les pôles;
généralement la salure diminue près de l'em-
MER. 123
bouchure des fleuves et près des glaces po-
laires. Elle varie aussi suivant les saisons,
les climats et la température.'
L'analyse faite sur 1,000 grammes d'eau
de l'Océan Atlantique a donné les substances
et les quantités suivantes :
Acide carbonique 0,23
Chlorure de sodium 25,10
Id. de magnésium ..... H, 50
Sulfate de magnésie .... 5,78
Carbonate f chaux. : • ) . . . 0,20
( magnésie. )
Sulfate de chaux 0,(5
Résidu fixe. . . . 54,73
Outre ces substances, on y découvre quel-
ques traces d'oxyde de fer, et une petite
quantité de potasse qui paraît provenir de
la décomposition des végétaux entraînés par
les fleuves.
L'analyse chimique découvre assez faci-
lement la nature des eaux de la Mer: mais
on n'a que des hypothèses vagues sur l'ori-
gine de leur salure. Quelques géologues
l'ont attribuée à des bancs inépuisables de
sel , qui se trouvent , disent-ils, au fond de
l'Océan, ou à des amas immenses répandus
sur la terre, et que les eaux dissolvent en se
rendant à la Mer. Ce qu'il y a de certain, c'est
que les eaux des fleuvesencontiennentàpeinc
quelques atomes. D'autres pensent que, peut-
être , les eaux se sont imprégnées de sel à
l'époque de leur retraite dans le bassin , ou
que la salure est le produit d'un fluide pri-
mitif aussi ancien que la création. Enfin, le
célèbre chimiste Cronstaedt dit que le sel ma-
rin se forme journellement au sein des mers,
et que l'acide chlorhydrique que l'on tire
du sel est le produit de l'atmosphère, puis-
qu'on le trouve à la surface de l'Océan, tan-
dis qu'on ne le trouve point dans les eaux
marines, à quelque profondeur qu'on les
prenne.
Densité. La pesanteur spécifique moyenne
de l'eau de la Mer, d'après les expériences
de M. Gay-Lussac , est de 1,0272; l'aug-
mentation de pression qu'elle offre en rai-
son de sa profondeur est un fait important
à constater. Elle doit avoir une influence
considérable sur les êtres organisés, et l'on
doit même penser qu'à une grande profon-
deur, cette pression Jointe à l'absence de
la lumière s'oppose à l'action vitale : consé«
124
MER
MER
quemment qu'il n'y existe ni animaux ni
végétaux. Tout fait présumer aussi qu'à de
grandes profondeurs, c'est-à-dire sous l'in-
fluence d'une forte pression , l'eau de la
mer occupant moins d'espace qu'à sa sur-
face, doit avoir une pesanteur spécifique
plus considérable.
Fond de la Mer. Le fond des Mers offre des
inégalités analogues à celles qu'on remarque
sur les continents. Quelquefois il est à peu de
distance sous les eaux, et constitue ce qu'on
nomme des bancs, des hauts fonds ; ailleurs
on trouve avec la sonde des profondeurs di-
verses autour d'un point situé lui-même
plus ou moins profondément sous la surface
du liquide, et qui indique une montagne
sous-marine. Souvent on reconnaît à peu
près la même profondeur sur une très
grande étendue, et par conséquent de vastes
plaines qui sont aussi successivement les
unes au-dessus des autres. Ailleurs, il y a
des parties où la sonde , ne trouvant pas de
fond à 3 et 4,000 mètres, point le plus bas
où l'on puisse avec succès la descendre ,
nous indique des profondeurs qu'il est im-
possible d'évaluer. On remarque aussi que,
près des côtes plaies, la Mer est peu pro-
fonde, et que le fond s'abaisse successive-
ment en pente douce jusqu'à une très grande
distance; près des côtes escarpées, au con-
traire, la profondeur est considérable, et
«'accroît rapidement au large. Ainsi l'en-
semble de ces observations indique la con-
tinuation du relief supérieur avec la partie
submergée, et nous fait voir que cette der-
nière partie n'est pas moins irrégulière que
la première.
Profondeur. Il est probable que la plus
grande profondeur des Mers ne dépasse pas la
plus grande hauteur des montagnes. Ce n'est
que par des calculs approximatifs que l'on est
parvenu à évaluer, terme moyen , la profon-
deur des Mers à 4 ou 5,000 mètres. En sou-
mettant au calcul l'attraction que le soleil
et la lune exercent sur la terre, et les divers
effets de la force centrifuge provenant du
mouvement de rotation du globe, Laplace a
démontré que cette profondeur ne peut dé-
passer 8,000 mètres. Cette profondeur s'ac-
corde en effet avec l'élévation des plus
hautes montagnes. On sait que les princi-
paux points culminants de l'Himalaya ne
s'élèvent pas au-delà.
On connaît néanmoins assez exactement la
profondeur de quelques Mers. La Méditerra-
née, par exemple, est fort inégale. Suivant le
capitaine Smith, entre Gibraltar et Ceuta,
elle est d'environ 5,700 pieds. A Nice, Saus-
sure l'a évaluée à 2,000 pieds. La partie de
cette Mer connue sous le nom d'Adriatique
est beaucoup moins profonde. Le docteur
Young porte à 3,000 pieds la profondeur
moyenne de l'Océan Atlantique, et à 4,000
celle de l'Océan Pacifique , bien que la
sonde n'y soit pas parvenue à la moitié de
cette profondeur. Le capitaine Parry n'a pu
trouver le fond de l'Océan Austral : cepen-
dant il est parvenu à y faire descendre la
sonde à 7,700 pieds. Il importe de remar-
quer que la sonde ne produit pas toujours
des données exactes, surtout dans les grandes
profondeurs , parce qu'elle peut être en-
traînée par des courants sous-marins ou
bien encore parce qu'elle peut avoir dé-
placé une quantité d'eau égale à son poids,
et dans ce cas elle doit flotter entre deux
eaux, sans pouvoir descendre davantage, en
raison des lois de la pesanteur.
Température. La température des eaux de
la Mer varie sensiblement par le voisinage
des terres, selon les courants, les saisons,
l'heure, la latitude et la profondeur. On
a constaté surtout deux variations pronon-
cées , dont l'une dépend de l'heure de l'ob-
servation , et l'autre de la latitude et de la
profondeur des eaux. II semble que le re-
froidissement général et progressif des cou-
ches sous-marines est dû à l'action des
courants, qui transportent sans cesse les
eaux des pôles vers les régions équatoriales;
action qui se fait surtout sentir à de grandes
profondeurs, et qui pourrait être due à i'é-
vaporation des eaux des Mers de la zone tor-
ride, qui sont remplacées par celles des la-
titudes élevées.
On remarque que la température de l'air
n'est pas la même à la surface des Mers
qu'à la surface des terres. En contact avec
les Mers éloignées des continents, l'air pré-
sente moins de variations dans la tempéra-
ture que celui qui touche les terres, ce qui
provient évidemment de la température
presque toujours égale des eaux qui lui com-
muniquent, par leur contact, leur unifor-
mité.
Entre les tropiques, la température di-
MER
MER
125
minue avec la profondeur. Dans les Mers
tempérées la température décroît aussi, mais
l'abaissement est en raison inverse de la
latitude ; ainsi au 70e parallèle elle com-
mence à devenir croissante avec la profon-
deur. Par une latitude boréale de 80°, on
a trouvé à une profondeur de 120 brasses
que la température était de 2° 4, et celle
de la surface de 1° 3. Dumont-d'Urville a
trouvé dans son voyage autour du Monde, à
520 brasses de profondeur, près du 37e de-
gré de latitude australe, 5° 4 , la tempéra-
ture de la surface étant 12°. L'eau puisée
à cette profondeur pétille comme du vin
mousseux.
En général , toutes les expériences faites
dans différentes régions du globe prouvent,
relativement aux zones torride et tempérée,
que les eaux de la Mer sont plus chaudes à
leur surface que dans leur profondeur, et
qu'à mesure qu'on s'approche des pôles on
obtient des résultats contraires. Toutefois,
il importe de remarquer que ces expériences
exigent une si grande précision et sont su-
jettes à tant d'erreurs, qu'il n'est pas éton-
nant que des observateurs également ha-
biles aient obtenu dans les mêmes parages
des résultats différents. Cependant on peut
admettre qu'elles s'accordent avec les lois de
la physique, qui nous apprend qu'à la tem-
pérature de 4°, l'eau est à son maximum de
densité; qu'ensuite cette densité diminue,
soit que la température s'élève ou s'abaisse,
d'où il résulte qu'à 4° l'eau doit toujours
occuper la région la plus basse.
Mouvement général des courants. Les na-
vigateurs attestent qu'il existe au sein de
l'Océan , principalement entre les tropi-
ques, et jusqu'au 30e degré de latitude
nord et sud , un mouvement continuel qui
porte les eaux d'Orient en Occident dans une
direction contraire à celle de la rotation du
globe. Un second mouvement porte les Mers
des pôles vers l'équateur, mouvement qui,
d'ailleurs, a aussi son analogue dans l'at-
mosphère. La cause de ces deux mouvements
parait tenir à l'action du soleil, à celle de
l'évaporalion des eaux et à la rotation du
globe.
Le mouvement de l'est à l'ouest semble
être provoqué par l'action attractive du
soleil et de la lune; ces deux astres, en
avançant chaque jour à l'Occident , doivent,
selon Buffon , entraîner la masse des eaux
vers ce côté : de là le retard des marées ,
qui font le tour du globe en 24 u. 50', et
en reculant chaque jour vers l'ouest; d'où.
l'on conclut la tendance habituelle des eaux
vers l'Occident.
On explique l'autre mouvement, c'est-à-
dire celui qui porte les eaux des pôles vers
l'équateur, de cette manière: les rayons so-
laires liquéfient constamment une énorme
quantité de glaces , d'où il suit que les Mers
polaires ont une surabondance d'eau dont
elles tendent à se décharger; d'ailleurs,
l'eau, sous l'équateur, a une moindre pesan-
teur spécifique, et l'évaporation en absorbe
une grande partie: il est donc nécessaire
que les eaux voisines accourent pour réta-
blir l'équilibre.
La concision qui doit régner dans un ar-
ticle de Dictionnaire ne nous permet pas de
mentionner les courants partiels résultant
de la rencontre d'une grande terre ou d'un
archipel , et qui forcent une partie des eaux
à prendre une direction contraire à celle
qu'elles avaient d'abord. On conçoit que
ces mouvements doivent être aussi multi-
pliés que les obstacles qui les font naître;
de là ces courants si contraires et si dange-
reux décrits dans les voyages deCook,de
La Pérouse et de la plupart des navigateurs.
Mouvement et action des flots. Plusieurs
savants célèbres ont soumis à leurs calculs
le mouvement des ondes. Newton , La
Place , La Grange , MM. Biot et Poisson
ont, de leur propre aveu, fondé leurs sa-
vantes théories sur des hypothèses plutôt
que sur des faits. De nouvelles recherches,
appuyées sur des expériences, ont conduit
le colonel du Génie Emy à une théorie
qui rend compte de tous les phénomènes
dus à l'action des ondes. Selon cet ingé-
nieur, « les véritables flols de fond sont
produits par un de ces ressauts du fond de
la mer que les marins nomment accores.
Un banc de sable en pente douce, quelque
élévation qu'on lui suppose , ne formera
pas de flots de fond; mais s'il présente,
dans le sens du mouvement des ondes , un
escarpement vertical, il produit ces flots de
fond; et ceux-ci acquerront d'autant plus
de force que l'accorc sera plus élevée, ou
qu'elle sera suivie d'autres accores qui s'é-
lèveront successivement les unes au-dessus
126
MER
MER
des autres. Lorsqu'à la suite d'un ou de
plusieurs ressauts les flots de fond ne ren-
contrent qu'une plage unie , mais en pente,
l'inclinaison retarde leur mouvement de
translation pendant que l'ondulation supé-
rieure continue à les presser avec la môme
vigueur; ils sont alors contraints de pren-
dre une forme plus relevée ; ils influent
davantage sur la forme des ondes de la sur-
face , qui , en devenant plus courtes, don-
nent lieu à l'accroissement du volume des
flots de fond. Une plage n'est', à l'égard des
flots de fond, qu'une suite de très petits
ressauts. Ainsi , soit que le fond s'élève par
ressauts successifs , soit qu'il s'élève par une
pente , les flots de fond , en s'avançant vers
le rivage , se soulèvent et se gonflent de plus
en plus, tandis que l'épaisseur du fluide
diminue par l'effet de la pente du fond. »
Les flots de fond , conduits par l'ondulation
jusqu'à la limite de la Mer, s'avancent sur
la grève avec toute la vigueur qu'ils ont
acquise par la pression continuelle des on-
dulations supérieures, et forment alors ces
nappes très étendues qui remontent au
rivage.
C'est le mouvement des flots de fond qui
produit tous les phénomènes que l'on attri-
bue ordinairement à la réaction des hauts-
fonds, à l'action des ouragans dans les ras
de marée, à la lutte qui a lieu entre l'eau
douce et l'eau de mer à l'embouchure de
certains fleuves, et qui forme les barres.
C'est encore à l'action des flots de fond que
le colonel Emy rapporte les atterrissements
marins, les ensablements des ports, les
bancs de sable et les atterrissements vaseux.
Quand leur volume et leur vitesse sont suf-
fisants, et que la masse d'eau supérieure
n'est pas trop épaisse, ils montent rapide-
ment et à une grande hauteur contre les
escarpements de la côte. Souvent ils s'élan-
cent en gerbes immenses au-dessus de la
falaise. Le rocher nommé la Femme de Loth,
dans l'archipel des îles Mariannes , s'élève
perpendiculairement à 350 pieds de hau-
teur, et cependant les vagues viennent se
briser contre son sommet.
Les flots de fond agissent toujours dans
le même sens ; et, aune grande profondeur,
ils portent tout vers le rivage , soit que la
marée monte ou qu'elle descende. D'ailleurs
il y a des Mers sans flux et reflux , et qui ne
rejettent pas moins à la côte les objets qui y
ont été engloutis. C'est ainsi que les flots do
fond portent sur la plage les corps des nau-
fragés, ce sont eux qui jettent les navires
sur les écucils , qui font échouer sur la côte
les corps des Baleines et d'autres grands
Cétacés, qui, surpris par de gros temps
près des côtes, ne trouvent pas assez d'eau
pour utiliser leur vigueur contre les flots
de fond.
I! n'y a rien de plus remarquable et de
plus terrible que les ras de marée, dus aussi
à l'action des flots de fond. Ce phénomène,
qu'on pourrait appeler bizarrerie de la mer,
se manifeste dans les Antilles par un mou-
vement subit et violent des ondes à peu de
distance des côtes, tandis qu'à quelque dis-
tance de celles-ci la Mer est calme. Le mou-
vement de la Mer est tel que les navires
sont souvent forcés de gagner le large au
commencement du ras de marée , et re-
viennent ensuite reprendre leur mouillage
quand cette espèce de caprice est entièrement
passé.
Si l'on considère que les flots de fond
sont formés par des ressauts ou des accores
au sein des Mers, et qu'aux diverses épo-
ques où les continents sont sortis du sein
des eaux, ces inégalités du fond des Mers
durent être plus abruptes qu'elles ne le sont
aujourd'hui , on concevra que l'intensité
des flots de fond dut être proportionnée aux
obstacles qu'ils rencontraient, et conséquem-
ment qu'ils durent exercer à la longue une
influence considérable sur les côtes qu'ils
ont morcelées. Tout ce que nous venons de
dire prouve quelle est l'influence de la Mer
sur la forme des côtes. Les flots de fond ne
sont pas les seuls que Ton doive considérer.
Les mouvements de l'air produisent aussi
de grandes perturbations sur la surface des
ondes , qui s'élèvent en montagnes écuman-
tes , roulent et se brisent avec fracas sur
les falaises, qu'elles minent par une action
incessante.
Couleur de la mer. Elle est généralement
d'un bleu verdâtre assez foncé et qui de-
vient plus clair à mesure qu'on approche des
côtes. Cette couleur azurée provient sans
doute des mêmes causes qui font paraître
bleues les montagnes vues dans le lointain,
et qui donnentà l'atmosphère cette belle cou-
leur d'azur qu'on nomme vulgairement le
MER
MER
127
ciel. Les rayons bleus étant très réfrangi-
bles sont conséquemment envoyés en plus
grande quantité par l'eau, qui leur fait
subir une déviation en raison directe de sa
densité et de sa profondeur. Les autres
nuances de couleur que l'on remarque dé-
pendent de causes locales, quelquefois d'il-
lusions d'optique. Autour des îles Maldives,
la Mer est noire; elle est blanche dans le
golfe de Guinée. Entre la Chine et le Japon
elle est jaunâtre, rouge près de la Californie
et verdâtre dans les Canaries et les Açores.
11 n'est pas impossible que plusieurs de ces
teintes ne puissent provenir d'une grande
quantité d'animalcules , d'un mélange de
certaines substances terreuses ou minérales ,
de la nature du sol et de plusieurs autres
causes. En 1825, M. Ehrenberg s'assura
que la couleur de la Mer Rouge provenait
d'une espèce d'Oscillaria , être microsco-
pique intermédiaire entre l'animal et le
végétal. M. De Candolle a aussi reconnu que
la couleur de sang que prirent les eaux du
lac de Mora, en 1825, provenait également
d'une espèce d'Oscillaria. A l'égard des tein-
tes noires, jaunes ou verdâtres, elles pro-
viennent probablement des végétaux marins
qui s'élèvent dans certains endroits jusqu'à
la surface , et aussi dans certains parages
de l'immense quantité d'eau qu'apportent
les grands fleuves et qui tiennent en disso-
lution plusieurs substances colorantes.
Phosphorescence. Il n'est pas un navigateur
qui n'ait contemplé avec autant de surprise
que d'admiration le phénomène si remar-
quable de la phosphorescence de la Mer. Sou-
vent par une nuit sombre, lorsque l'air est sec
et la Mer agitée, une vive lumière se dégage
à sa surface ; tantôt ce sont des étincelles qui
brillent pendant quelques instants , quel-
quefois c'est une nappe immense, lumineuse,
qui s'étend comme une écharpe, dont toutes
les ondulations suivent les mouvements
continuels des vagues. C'est surtout entre
les tropiques qu'a lieu cet étonnant et ma-
gnifique spectacle, quoiqu'il paraisse se re-
produire aussi dans tout l'Océan ; mais dans
les régions les plus chaudes il est plus in-
tense et plus fréquent. Un mouvement même
assez léger sufflt le plus souvent pour y
donner lieu. Un corps jeté dans la mer pro-
duit aussitôt des jets lumineux qui s'élan-
cent dans l'air , et les vaisseaux qui voguent
avec une certaine vitesse paraissent comme
embrasés , enveloppés de toutes parts de
flammes qui brillent avec éclat.
Ce phénomène était trop fréquent , trop
remarquable pour qu'on ne cherchât pas à
l'expliquer. L'abbé Nollet prétendit que
l'électricité était la cause de cette phospho-
rescence. Leroy, de Montpellier, tout en
admettant ce principe, y joignait aussi l'in-
fluence exercée parla présence du sel marin.
Des expériences l'avaient conduit à celte
opinion, qui était un acheminement déplus
vers la vérité. Plus tard , quelques person-
nes attribuèrent ce phénomène à la pré-
sence d'animalcules phosphoriques. Les ex-
périences de J. Canton vinrent jeter une
vive lumière sur l'explication du phénomène
qui nous occupe. Ce savant ayant mis dans
de l'eau de mer des Poissous morts , et leur
ayant imprimé un mouvement fréquent,
vit qu'à la température de 26 à 30° cette
eau devenait lumineuse; il constata aussi
que l'effet était plus intense lorsque l'on
employait exclusivement des Poissons ma-
rins , et que la présence du sel déterminait
la production plus abondante de cette ma-
tière lumineuse qui couvre souvent la sur-
face de la Mer , matière connue par les
pêcheurs sous le nom de Graissin, et que
laissent souvent après eux les bancs nom-
breux de harengs qui paraissent avoir le
corps enduit de cette humeur. Il remarqua
en outre que la présence du sel marin était
indispensable, et que dans son absence le
phénomène n'avait plus lieu. Dès lors on
n'hésita pas à trouver dans le graissin la
cause de la phosphorescence, opinion qui
s'appuyait entièrement sur cette expérience
que chacun peut répéter et qui consiste en
ceci : si dans de l'eau de mer non lumi-
neuse on place pendant un jour ou deux des
Poissons marins, cette eau se couvre d'une
pellicule de matière grasse, et elle ne tarde
pas à devenir lumineuse.
C'était, en effet, la principale cause du
phénomène; toutefois, on n'aurait pas dû
l'adopter à l'exclusion des autres; car lors-
qu'on eut constaté que les Poissons étaient
phosphoriques , on ne tarda pas à découvrir
qu'il en était de même de beaucoup de Mol-
lusques, de Polypiers et d'animaux micro-
scopiques. Dès lors on cessa d'attacher au-
tant d'importance à l'effet de la putréfactiont
128
MER
MER
qui entre cependant pour beaucoup dans la
production du phénomène. Plusieurs navi-
gateurs célèbres attribuèrent également Ja
phosphorescence de la Mer à d'innombra-
bles animalcules qui couvrent sa surface.
Aujourd'hui, que ce phénomène et les
différentes causes qui le produisent sont
mieux connus , on ne saurait refuser une
certaine influence à chacune des causes qui
se sont tour à tour partagé l'opinion des
savants; l'influen'ce de l'électricité, cet agent
si général de la nature, ne peut être véri-
tablement niée, car la phosphorescence de-
vient plus intense si l'on agite leliquideavec
une barre de fer. Celle du sel marin et des
dépouilles putréfiées des animaux est prou-
vée par des expériences directes. Il en est
de même d'un grand nombre d'animaux
vivants , et surtout de certains animalcules
phosphorescents dont le nombre est tel, que
parfois, pendant plusieurs nuits consécu-
tives, toute la surface de la Mer est changée
en une plaine de feu. La quantité des Mol-
lusques et des Zoophytes jouissant aussi de
cette propriété est encore plus considérable.
Les observations faites lors de l'expédi-
tion commandée par le capitaine Freycinet
sont venues jeter un nouveau jour sur cette
importante question. Voici dans quels ter-
mes MM. Quoy et Gaimard les communi-
quèrent à l'Académie des sciences, le 18 oc-
tobre 1824: « Nous reconnûmes que les
zones blanchâtres qui entouraient le vais-
seau étaient produites par des zoophytes
d'une petitesse extrême, et qui avaient en
eux un principe phosphorescent si subit et
tellement susceptible d'expansion , qo'en
nageant avec vitesse et en zigzag ils lais-
saient sur la Mer des traînées éblouissantes,
d'abord larges d'un pouce, et qui allaient
à deux ou trois par le mouvement des ondes.
Leur longueur était quelquefois de plusieurs
brasses. Générateurs de ce fluide, ces ani-
maux l'émettaient à volonté; on voyait tout-
à-coup un point lumineux jaillir à leur sur-
face et se développer avec une prodigieuse
rapidité. Un bocal que nous mîmes à la
surface de la mer reçut deux de ces animal-
cules, qui rendirent immédiatement l'eau
toute lumineuse. Peu à peu cette lueur di-
minua et finit par disparaître. Ce fut en vain
qu'à la loupe et à la lumière nous fîmes
des efforts pour apercevoir quelque chose ;
tout avait disparu. Seulement nous pouvons
affirmer qu'à l'aide de la lueur que répan-
daient ces animaux , nous discernâmes qu'ils
étaient excessivement petits. »
Quelquefois la Mer se montre toute lumi-
neuse dans certaines contrées, notamment
dans les Antilles. Les flammes qui sortent
des récifs ressemblent à de grandes gerbes
de feu d'artifice qui répandent au loin une
clarté remarquable, surtout après le coucher
de la lune. En pleine mer, les navires sont
souvent suivis , pendant plusieurs jours,
par une multitude de Bonites. Ces poissons,
alléchés constamment par toutes les ordures
qui s'échappent du bord, et dont ils font
immédiatement leur proie, sont très visi-
bles la nuit à l'aide des traînées lumineuses
qu'ils dégagent continuellement par leurs
mouvements locomotifs. (C. d'O.)
*MERACANTHA (p.vjpoç, cuisse ; ocxavôa,
épine), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères , famille des Sténélytres , tribu des
Hélopiens , créé par Kirby {Fauna boreali
americana , p. 238), qui le comprend dans
ses Hélopides. Le type, la M. Canadensis,
est originaire de l'Amérique septentrio-
nale. (C.)
MERATIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées , créé
par Cassini ( in Dict. se. nat. , XXX, 65 et
67 ) pour quelques espèces que De Candolle
réunit à son genre Elvira.
MERATIA, Nées (m N. A. N. C. , XI ,
107, t. 10). bot. ph. — Syn. de Chïmonan-
thus, Lindl.
MERCIERA. bot. ph.— Genre placé par
Endlicher à la fin des Campanulacées. 11 a
été établi par Alph. De Candolle {Camp. ,
369 , t. 5 ) pour des sous-arbrisseaux du
Cap.
*MERCKIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Caryophyllées-Alsinées, établi par
Fischer ( Msc. ). Herbes de l'Asie et de l'A-
mérique. Voy. CARYOPHYLLÉF.S.
MERCURE, min. — Dans les méthodes
minéralogiques qui procèdent par les bases,
comme celle d'Hatiy, ce métal donne lieu à
l'établissement d'un genre composé de cinq
espèces, dont l'une offre le Mercure à l'état
natif, une seconde à l'état d'alliage "vec l'ar-
gent, et les autres le présentent combiné
avec le soufre, le chlore et l'iode. Voici les
principaux caractères de ces espèces.
MER
MER
129
1. Mercure natif. Hydrargyrum, vulgai-
rement Vif-Argent. —Ce métal, que les an-
ciens comparaient à de l'argent liquide, est
d'un blanc d'argent et liquide à la tempéra-
ture ordinaire; sa densité est de 13,50; il
se volatilise par l'action d'une chaleur peu
élevée, et se congèle à 40° centigrades au-
dessous de zéro. En se solidifiant, il cristal-
lise sous la forme de l'octaèdre régulier. Le
Mercure natif ne se rencontre qu'acciden-
tellement dans les mines de Mercure, où il
paraît résulter de la décomposition du Mer-
cure sulfuré. Il existe en gouttelettes dans
les fissures du minerai auquel il adhère, et de
la masse duquel il semble suinter. Mais il
est toujours en trop petite quantité pour
devenir la base d'une exploitation spéciale.
Le Mercure peut dissoudre l'or et l'argent,
propriété qui est mise à profit pour l'extrac-
tion de ces métaux ainsi que pour la dorure.
Mais on l'emploie encore à d'autres usages
importants , tels que la préparation de cer-
tains médicaments bien connus, la construc-
tion des baromètres et thermomètres, Téta-
mage des glaces, etc.
2. Mercure argental. Hydrargyrure d'ar-
gent; amalgame naturel d'argent. — Sub-
stance d'un blanc d'argent, cristallisant en
dodécaèdre rhomboïdal, et formée par la com-
binaison d'un équivalent d'argent avec deux
équivalents de Mercure. Elle est cassante,
d'une dureté assez faible, d'une densité égale
à celle ûa Mercure natif. Elle donne du
Mercure par la distillation, et se décompose
par l'action du feu en laissant sur le char-
bon un globule d'argent. Elle contient 36 ~
d'argent. On ne connaît de cette substance
que deux variétés principales : le Mercure
argental cristallisé, en dodécaèdres simples
ou modifiés; une des combinaisons décrites
par Haiiy est la réunion de six formes diffé-
rentes, et offre centvingt-deux faces, quand
elle est complète; le Mercure argental la-
melliforme, en lames minces ou en dendrites
superficielles. Ce minéral ne se trouve qu'ac-
cidentellement, comme leMercure natif, dans
les gîtes de Mercure, surtout dans ceux de
Moschel-Landsberg, dans le duché de Deux-
Ponts, Bavière rhénane. M. Domeyko a dé-
crit, sous le nom d'Arquérite, un autre
amalgame d'argent, trouvé à Arqueros, pro-
vince deCoquimbo, au Chili, lequel cris-
tallise en octaèdre régulier, et par cotisé-
T. VIII.
quent dans le mêmesystèmequele premier,
mais paraît offrir une composition très dif-
férente; car il serait formé de six atomes
d'argent contre un de Mercure, et contien-
drait 86 £ d'argent, d'après l'analyse qu'en a
donnée M. Domeyko.
3. Mercure sulfuré ou Cinnabre. Zinno-
ber, W. — Sulfure de Mercure , composé d'un
atome de soufre et d'un atome de Mercure,
ou en poids, de quatorze parties de soufre et
de quatre-vingt-six de Mercure; facile à re-
connaître à sa belle couleur rouge, jointe à
la propriété de se volatiliser complètement
au feu, sans dégagement d'odeur d'ail. Sa
poussière est d'un rouge écarlate. Ses cris-
taux, qui sont rares et généralement fort
petits, se rapportent au système rhornhoédri-
que, et dérivent d'un rhomboèdre aigu de
71°47'; ce rhomboèdre a cela de remarqua-
ble, qu'il n'offre que des clivages à peine
sensibles parallèlement à ses faces, tandis
qu'il se divise très nettement parallèlement
aux faces d'un prisme hexagonal. Les cris-
taux, de forme tabulaire ou aplatie, se com-
posent ordinairement de plusieurs rhomboè-
dres combinés avec les bases et les pans de
ce prisme hexagonal. La dureté du Cinna -
bre=2,5 ; sa densité=7 . Il n'est soluble que
dans l'eau régale. Le Cinnabre se présente
le plus souvent en masses grenues ou com-
pactes, quelquefois à l'état terreux ou pul-
vérulent (vermillon natif); ou bien en mas-
ses feuilletées ou testacées, d'un rouge som-
bre passant au noir. Cette dernière variété,
qui est bitumineuse, est connue sous le nom
de Mercure hépatique (Lebererz). Elle se
rencontre en couches puissantes, et consti-
tue l'un des principaux minerais de Mercure
d'Idria. Mais sa couleur et sa richesse en
Mercure varient beaucoup : contient-elle une
forte proportion de Cinnabre, elle est d'un
rouge brun; mais elle s'appauvrit souvent
au point de n'être plus qu'un calcaire ou un
schiste noirâtre, pénétré de Cinnabre, dont
la présence ne peut se reconnaître sans le
secours des essais que dans les points où le
sulfure s'est concentré. Cette concentration
a lieu surtout dans les coquilles et autres
corps organiques, lorsque la roche en con-
tient. Le Cinnabre, surtout celui qui est bi-
tumineux, est le seul minerai de Mercure
que l'on exploite pour fournir aux besoins
des arts et mannfVhires. On en extrait la
17
130
MER
MER
métal par un procédé très simple, qui consiste
à distiller le minerai en le mettant en con-
tact avec de la limaille de fer ou de la chaux.
Le soufre s'unit au fer ou à la chaux, et le
Mercure seul se volatilise. Les mines de Mer-
cure les plus importantes sont, en Europe:
celles d'Idria en Carinthie, et d'Almaden en
Espagne; en Amérique: celles de Huanca-
Velica au Pérou.
Le Mercure sulfuré affecte deux gisements
particuliers : il est, tantôt en filons, dans les
schistes cristallins et les terrains de cristalli-
sation (mines de Ripa, en Toscane; d'Alma-
den, dans la Manche, en Espagne); tantôt
disséminé dans les grès, schistes et calcaires
secondaires, depuis le grès houiller jusqu'aux
terrains jurassiques. Il existe dans le grès
houiller, dans le Palatinat et l'ancien duché
de Deux-Ponts, sur la rive gauche du Rhin;
ce terrain renferme, outre des impressions
végétales, de nombreuses empreintes de Pois-
sons, dont les écailles sont changées en Ciri-
nabre. A Idria, en Carinthie, dans les cal-
caires et schistes bitumineux de l'âge du
Zechstein, ou peut-être même jurassiques ,
les schistes y sont pétris de Mercure sulfuré.
En France, on ne connaît que des indices de
ce minerai, à Ménildot, département de la
Manche, et à la Mure, départementde l'Isère.
Quelques gouttelettes de Mercure natif, trou-
vées récemment à Saint-Paul-des-Fonts, ont
fait penser que les montagnes du Larzac ren-
fermaient un gisement de ce précieux mi-
néral.
4. Mercure chloruré. Syn.: Mercure mu-
riaté; Mercure corné; Calomel; Hornerz.
— Substance d'un gris de perle, fragile, très
tendre, se coupant comme de la cire, vola-
tile, déposant du Mercure lorsqu'on la passe
avec frottement sur une lame de cuivre hu-
mecté, cristallisant en prismes à bases car-
rées qui dérivent d'un quadroctaèdre de 136°
à la base des deux pyramides. Elle est for-
mée d'un atome de chlore et d'un atome de
Mercure, et contient 85 £ de métal. On la
trouve accidentellement et le plus souvent
sous forme de petites concrétions dans quel-
ques mines deCinnabre, notamment à Alma-
den et à Moschel-Landsberg, dans le duché
de Deux Ponts.
5. Mercure ioduré. Coccin'i te, Haid. —
M. Del Rio a trouvé à Casas-Viegas, au Mexi-
que, un iodure de Mercure dont la couleur
rouge ressemble à celle du Cinnabre. Cette
substance est encore peu connue. (Del.)
MERCURE. Hydrargyrum (ZSwp , eau;
à'pj-upoç , argent), chim. — Connu dès
la plus haute antiquité , le Mercure , au
moyen-âge , fut de tous les métaux celui
sur lequel les alchimistes poursuivirent
avec le plus d'ardeur et de persévérance le
grand œuvre de la transmutation. Son vif
éclat, joint à sa fluidité à la température
ordinaire , leur faisait présumer que c'é-
tait de l'argent liquéfié, auquel il ne s'a-
gissait que de rendre sa solidité ; et ce fut
dans ce but qu'ils se livrèrent à une foule
d'opérations et d'expériences qui , si elles
ne les conduisirent où ils désiraient , ame-
nèrent néanmoins des résultats dont la
science sut profiter plus tard.
Le Mercure est liquide à la température
et sous la pression atmosphérique ordinaires;
il a le brillant de l'argent, avec un reflet
bleuâtre; sa densité est de 13,568. Il se so-
lidifie à — 40°, et peut cristalliser en oc-
taèdres au moment où il se congèle. A l'état
solide , il devient malléable, et il augmente
de densité (14,391). Quand , sous ce der-
nier étal, il est mis en contact avec la peau,
il fait éprouver une vive sensation de brû-
lure, et le point touché blanchit en perdant
toute sensibilité. Le métal solidifié ne tarde
point, du reste, à reprendre sa fluidité en
absorbant rapidement le calorique des corps
environnants.
Le Mercure, comme tous les liquides,
laisse dégager quelques vapeurs à la tem-
pérature ordinaire; mais, soumis à unecha-
leur de 360 à 363", il entre en ébullition, et
se volatilise complètement. La densité de sa
vapeur est, d'après M. Dumas, de 6,976.
L'Oxygène et l'air secs ou humides, à la
température ordinaire, sont sans action sur
le Mercure. On a cru remarquer toutefois que
le métal se recouvrait à la longue d'une lé-
gère pellicule noirâtre, due à un commence-
ment d'oxydation. A une température voi-
sine de son point d'ébullition, il s'oxyde peu
à peu et se transforme en deutoxyde.
Le Mercure se combine donc avec l'Oxy-
gène en deux proportions.
Le premier de ces composés, ouprotoxyde,
ne peut s'obtenir directement; il ne peut
même être maintenu isolé sans se décompo-
ser plus ou moins promptement en métal
MER
MER
131
ou en deutoxyde. On le produit en précipi-
tant le proto-azotate de Mercure par une
solution de potasse caustique; le précipité
est formé de protoxyde de Mercure noir,
pulvérulent, insoluble dans l'eau. Exposé à
une chaleur rouge sombre, le protoxyde se
décompose en Oxygène et en Mercure métal-
lique ; la plupart des corps avides d'Oxy-
gène en opèrent aussi la décomposition à
une température peu élevée. Sa formule —
Hg20.
Le deutoxyde se forme par la dissolution
du Mercure dans l'acide azotique , puis par
l'évaporation jusqu'à siccité au bain de sa-
ble ; la masse rouge ainsi produite est du
deutoxyde. En maintenant le Mercure à son
point d'ébullition pendant un an et même
pendant deux dans un vase particulier connu
sous le nom d'enfer de Boyle, les alchimistes
obtenaient une poudre rouge qu'ils appe-
laient précipité per se, et qui n'est autre que
du deutoxyde.
Le deutoxyde de Mercure , en masse, est
rouge-orangé; il prend une teinte jaunâtre
par la pulvérisation. Soumis à une chaleur
rouge, il se réduit en Oxygène et en Mer-
cure métallique. La plupart des corps com-
bustibles le décomposent. L'air est sans
action sur ce composé; mais l'eau, à la tem-
pérature ordinaire, semble en dissoudre une
certaine quantité, puisqu'elle acquiert une
saveur acre et styptique. La formule du
deutoxyde est représentée par HgO.
Le Mercure s'unit à la plupart des Mé-
talloïdes pour former des composés dont
quelques uns sont fort employés en méde-
cine et dans les arts. Nous citerons le proto-
chlorure (Mercure doux, calomélas), le
deuto- chlorure (sublimé corrosif), les iodu-
res , le proto-sulfure (éthiops minéral ), le
ieulo-sulfure (cinnabre, vermillon), les cya-
nures , etc.
On connaît deux classes de sels de Mer-
cure, correspondant , l'une au protoxyde,
l'autre au deutoxyde. Ces sels présentent les
caractères suivants : Ils sont solubles ou
insolubles; on reconnaît les premiers en
plongeant dans la solution une lame de cui-
vre bien décapée, qui blanchit rapidement
par la précipitation du Mercure revivifié.
Les autres, réduits en poudre, sont placés
sur une lame de cuivre également décapée,
puis arrosée d'acide chlorhydrique ; dans cet
état , la lame , frottée avec un bouchon ,
ne tarde point à blanchir. Tous les sels de
Mercure sont volatilisés ou décomposés par
la chaleur : volatilisés, si les deux éléments
sont volatils ; décomposés , si l'acide esi
stable ou lui-même décomposable.
L'acide sulfhydrique forme , dans les sels
solubles de Mercure, un précipité noir qui
devient rouge par la trituration. Les sels de
protoxyde sont précipités en noir, ceux de
deutoxyde en rouge , l'acide sulfurique et
les sulfates précipitent les sels mercuriels
en sous-sulfate jaune. Le cyanure de potasse
et de fer y détermine un précipité blanc.
Tous les sels solubles de Mercure sont véné-
neux; l'albumine, qui les décompose pour
donner lieu à un produit insoluble , en est
le meilleur contre-poison.
Le Mercure forme avec les métaux , sur-
tout avec les métaux mous, des alliages qui
portent le nom d'amalgames. Us sont solides
ou liquides : liquides quand le Mercure est
en excès, solides dans le cas contraire. Ces
derniers sont en général plus ou moins
cristallisables , cassants , et décomposables
par la chaleur, qui en dégage facilement le
Mercure.
Parmi ces amalgames , nous citerons d'a-
bord celui d'Étain et celui de Bismuth. Le
premier sert à l'étamage des glaces , le se-
cond à l'étamage intérieur de bouteilles et
de globes de verre. Le Mercure, mêle au
Plomb , à l'Étain et au Bismuth, forme un
amalgame très fusible et très convenable
pour les injections anatomiques. Les amal-
games du Mercure avec l'Étain et le Zinc
sont employés pour exciter la puissance
électrique des plateaux de verre dans leur
frottement contre le corps de la machine.
C'est sur la propriété dont jouit le Mercure
de s'amalgamer avec l'Or et l'Argent, de les
dissoudre et de s'en séparer ensuite par la
chaleur, qu'est fondée l'extraction de ces
métaux précieux, ainsi que l'art de dorer et
d'argenter, art dont l'importance est dimi-
nuée par l'invention de nouveaux procédés
moins dispendieux et surtout plus salubres
( dorure et argenture galvaniques ).
Le Mercure est un métal fort employé.
Dans les laboratoires , on s'en sert, en rai-
son de sa liquidité et de son inaltérabilité,
pour recueillir certains fluides élastiques
solubles dans l'eau; il constitue ainsi la
132
MER
î>ier
i:\x\Qhydrargyro-pneumalique. Sa dilatabi-
lité . plus grande que celle des autres li-
quides , la marche uniforme de sa dilata-
tion, et sa moins grande volatilité le ren-
dent des plus convenables pour les thermo-
mètres (voy. ce mot). Sa densité particulière
le rend aussi plus propre que tout autre li-
quide à mesurer les différentes pressions at-
mosphériques ; aussi est-il exclusivement
employé pour la construction du baromètre
(voy. ce mot). Nous avons signalé plus haut
ses nombreux usages dans les arts et en
médecine.
L'équivalent du Mercure est représenté
par 1265,82. (A. D.)
MERCURE, ins. — Nom vulgaire d'une
espèce du g. Satyre.
MERCURIALE. Mercurialis. bot. ph.—
Genre de la famille des Euphorbiacées -Aca-
iyphées, établi par Linné (Gen., n. 1125),
et dont les principaux caractères sont : Fleurs
monoïques ou dioïques. 3Jâles: Calice 3-4-
parti.Etamioes8-12, quelquefois plus; filets
libres, saillants, terminés par des anthères
à loges globuleuses et distinctes. Femelles:
Calice 3-4 parti. Filets 2-3, stériles, appli-
qués dans un sillon creusé de chaque côté
de l'ovaire didyme, à 2 ou 3 loges uni-ovu-
lées. Styles 2-3, courts, élargis et frangés
dans leur contour. Le fruit est une capsule
revêtue d'aspérités ou d'un duvet tomenteux,
à 2 ou, rarement, 3 coques globuleuses, mo-
nospermes.
Les Mercuriales sont des plantes herbacées,
annuelles ou vivaces, quelquefois suffrutes-
centes, à feuilles opposées ou, rarement, al-
ternes, stipulées, dentées ou entières ; à Heurs
axillaires et terminales; les mâles disposées
en épis agglomérés et bractées ; les femelles
en épis ou en faisceaux, ou solitaires. Elles
croissent abondamment en Europe, surtout
dans les contrées australes , et se montrent
rarement dans l'Asie et l'Afrique tropicale.
On connaît une dizaine d'espèces de ce
genre réparties par Endlicher (Gcn. plant.,
p. 1111, n. 5786) en deux sections qu'il
nomme : Linozostis: Capsule à deux coques ;
feuilles opposées; Trismegista : Capsule à
trois coques; feuilles alternes. Nous citerons
principalement parmi les espèces de la pre-
mière section qui sont toutes européennes :
1° la Mercuriale vivace, Mercurialis peren-
nis Linn., très commune dans les bois om-
bragés; elle a des racines traçantes qui pro-
duisent des tiges droites ou rameuses et
garnies de quelques poils ; à feuilles ovales-
lancéolées, dentées et d'un vert sombre. C'est
une plante dangereuse et qu'on ne doit par
conséquent employer qu'avec la plus grande
circonspection. Elle est même fatale aux bes
tiaux; les Chèvres seules peut-être la man-
gent impunément. 2° la Mercuriale an-
nuelle, Mercurialis annua Linn., extrême-
ment commune dans les jardins et dans les
endroits cultivés. Elle ressemble à la précé-
dente. Cette espèce sert à faire une prépara-
tion laxative, appelée Miel mercurial, qu'on
n'emploieque dans les lavements. Il est com-
posé de parties égales de suc de Mercuriale
non dépuré et de Miel choisi que l'on fait
cuire en consistance de sirop. (J.)
M ÉRENDÈRE. Merendera, Ram. bot. ni.
— Genre de plantes de la famille des Colchi-
cacéesouMélanthacées, de l'hexandrie trigy-
nie dans le système de Linné, établi par Ra-
mond (Bull, phil., n. 47, tab. 12, f. 2) pour
une très jolie plante des Pyrénées, intermé-
diaire par ses caractères aux Colchiques et
aux Bulbocodes. Certains auteurs, particu-
lièrement La Pérouse (Hist. abr., p. 202),
l'ont rangée dans ce dernier genre, et, d'un
autre côté, Bergeret (Flore des Basses-Pyrc-
nées,\l), en la séparant génériquement, avait
proposé pour elle le nom générique de Geo-
phila, qui n'a pu être conservé, celui qui lui
avait été donné parRamond étant antérieur.
Le genre Mérendère se distingue par un pé-
rianthe divisé profondément en six segments
rétrécis en long onglet à leur base, portant
à leur sommet des étamines dressées, dont
l'anthère est aiguë, en fer de lance; l'ovaire
est unique, surmonté de trois styles allon-
gés, dressés au sommet. Le fruit qui succède
à ces fleurs est une capsule à trois loges peu
renflées , ressemblant à autant de follicules
réunis par leur partie intérieure. L'espèce
pour laquelle ce genre a été créé est la Mé-
rendère bulbocode, Merendera Bulbocodium
Ram. (Bulbocodium autumnale La Pér., Geo-
phila pyrenaica Bergeret), fort jolie plante
qui abonde dans les prairies alpines et sous-
alpines dans le centre de la chaîne des Py-
rénées. Sa longueur tout entière n'est guère
que d'environ un décimètre; son bulbe est
ovoïde, d'environ un centimètre de largeur,
revêtu extérieurement de tuniques brunes,
MER
MER
13:
membraneuses et sèches. Dans le mois d'août
et au commencement de septembre, il en
sort une fleur grande, solitaire, d'une belle
couleur violacée, dont les segments sont mé-
diocrement étalés; un peu après la fleur,
commencentàsemontrer les feuilles, qui sont
linéaires et étalées. La fleur est à peu près
sessile sur le bulbe ; mais, après la floraison,
ie pédoncule s'allonge, et finit par atteindre
sous le fruit près d'un décimètre de long.
Comme chez le Colchique d'automne, ce fruit
n'arrive à sa maturité qu'au printemps sui-
vant. (P. D.)
MÉRENDÉRÉES. Merendereœ. bot. ph.
— Nom donné par M. de Mirbel à la famille
des Colchicacées. Voy. ce mot.
*MERETTIA, Gray (BriL, pi. I, 349).
bot. en. — Syn. de Palmella , Lyngb.
"MERGANETTE. Merganetla (mergus et
anas, qui participe desharles et des canards),
ois. — Genre faisant partie de la nombreuse
famille des Canards et de l'ordre des Palmi-
pèdes. Caractères : Bec de la longueur de la
tête, droit, presque cylindrique, terminé
par un onglet courbé à son extrémité, mais
moins brusquement que dans les Harles, à
mandibule supérieure pourvue de dents la-
melleuses; narines linéaires situées presque
sur le milieu du bec; ailes médiocres armées
d'un fort éperon; queue à pennes raides ;
tarses assez longs, couverts sur les côtés d'é-
cailles hexagones; doigt du milieu un peu
plus long que le tarse; pouce libre, élevé et
un peu lobé.
Ce genre, créé en 1841 par M. Gould et
en second lieu (1844) par M. Gay, dans
son ouvrage sur l'histoire naturelle du Chili,
sous le nom de Raphiptcrus, reposait jusqu'ici
sur un oiseau rapporté du Chili par M. Brid-
ges, voyageur anglais. M. 0. Desmurs, dans
a belle collection d'oiseaux qu'il publie pour
iiire suite aux planches enluminées de Buf-
Fon et aux planches coloriées deTemminck,
lient de décrire une deuxième espèce fort
voisine de celle que M. Gould avait précé-
demment fait connaître. Ce petit genre se
rompose donc, quant à présent, des deux
espèces suivantes :
1 . Le Merganette armé , Merg. armata
Gould (0. Desmurs, Iconog. ornith., pi. 5,
sous le nom de Merg. chilensis). Tête ornée
de trois bandes noires, une médiane large,
et deux latérales plus étroites, séparées entre
elles par deux lignes blanches ; naissance des
épaules et scapulaires d'un blanc pur lan-
céolé de noir; dos et croupion gris ardoisé
foncé, avec de fines stries noires. Toutes les
parties inférieures d'un brun marroa taché
de noir.
Cette espèce est encore très rare, car
M. Gay, pendant un séjour de douze ans,
n'a pu s'en procurer que cinq individus de
différents âges.
2. Le Merganette de Colombie, Merg.
columbiana 0. Desmurs (Iconog. ornith.,
pi. 6). Tête comme chez l'espèce qui pré-
cède; toute la base du bec entourée d'une
ligne noire; plumes du dos effilées, brunes,
avec une tache longitudinale noire dans le
milieu; tout le dessous du corps d'un gris
blanc flammé de noirâtre.
Cette espèce vient de Santa-Fé de Bogota,
et fait partie de la collection du Muséum de
Paris.
« Les Merganettes, dit M. Desmurs, sont
très solitaires et habitent les plus hauts som-
mets des Cordilières. M. Gay en a trouvé
jusqu'à une élévation de 1500 à 2000 mè-
tres au-dessus du niveau de la mer. Ce n'est
que lorsque le froid devient trop intense
qu'Us redescendent de ces hauteurs; et en-
core ne dépassent-ils pas alors au-dessous de
600 mètres.
«Ils fréquentent exclusivement les tor-
rents, qu'ils parcourent avec une aisance et
unefacilitésurprenantes : au moindre signe
dedanger,ilsplongentimmédiatement pour
ne plus reparaître. » Leurs mœurs paraissent
avoir une très grande analogie avec celles
des Harles. (Z. G.)
MERGANSER, Brisson. ois.— Syn. do
Mergus, Linné. Voy. harle.
*MERGIÏ\ÉES. Merginœ. ois.— Nom que
porte , dans la List of Ihe gênera de G. - R.
Gray, la huitième sous-famille de sa famille
des Anatidées dans l'ordre des Palmipèdes.
Elle a été établie pour les espèces de eet
ordre qui ont les bords des deux mandibules
garnis de dents aiguës dirigées en arrière,
et ne renferme que le genre Harle ( Mer-
gus). (Z. G.)
*MERGOIDES, Eyton. ois. — Syn. de
Fuligula, Leach , g. établi aux dépens des
Canards , et dont le type est le Millouls
huppé, An. rvfina Lin. (Z. G.)
MERGULE. Mergulus, Vieill. ois. —
134
MER
MÉR
Division du genre Guillemot. Voyez ce
mol. (Z.G.)
111ERGUS, Linn. ois. — Syn. latin de
Barte.
MERÏA. ins. — Genre de la famille des
Scoléides, tribu des Sphégiens, de Tordre des
Hyménoptères, établi par Iiliger et adopté
par tous les entomologistes. Les Méries ont
des pattes épineuses, des mandibules sans
dentelures et des palpes maxillaires de six ar-
ticles. On connaît peu d'espèces de ce genre,
dont le type est la Meria tripunctata Rossi,
qui est assez répandue dans le midi de la
France, en Italie et en Espagne. (Bl.)
MEIUANA, Trew. bot. ph. — Syn. de
Walsonia , Mill.
*MERIA1MDRA. bot. ph. — Genre de la
famille des Labiées-Menthoïdées, établi par
Bentham (Labiat., 188). Arbrisseaux de
l'Inde. Voy. labiées.
*MEIUAN!A. bot. ph. — Genre, de la fa-
mille des Mélastomacées-Lavoisiérées , éta-
bli par Swartz (Flor. Ind. occid., II, 824 ,
t. 15). Arbres ou arbrisseaux des Antilles,
du Brésil et du Pérou. Voy. mélastomacées.
BIERIDA, Neck. {Elem. n. 1195). bot.
ph. — Syn. de Portulaca, Tournef.
MERIDIANA, Linn. {in Linn. f. suppl.,
248). bot. ph.— Syn. de Portulaca, Tournef.
MERIDION (fxspt'ç, (xtpiSou particule).
infus. ? algues. — Genre établi par Agardh
pour des Bacillariées que M. Ehrenberg
place parmi les Infusoires. Il est caractérisé
par la forme et lé mode d'agrégation des
articles ou corpuscules, qui, plus larges à
une extrémité , forment une bandelette
contournée en cercle ou en spirale, au lieu
d'être droite, comme pour les Fragillaires.
Le Meridion vernale, très commun au
printemps dans les fossés d'eau vive , parmi
les Conferves, est le type de ce genre. (Duj.)
MÉRÏLÉGÏDES , Lep. de St-Farg. ins.
— Synonyme d'Andrénides. Voy. melli-
Fères. (Bl.)
*MERIMEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Élatinées, établi par Gambessèdes
(in Mem. Mus., XVIII, 230). Herbes du
Brésil. Voy. élatinées.
*MERIMNETES (/«pipvwTife, curieux).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères , divi-
sion des Cyclomides , créé par Schœnherr
(Gênera et $p. Curculion. syn., tom. VII,
pag. 252). L'espèce type et unique, le M.
uniformis Schœnherr, est originaire de la
Nouvelle-Hollande. (C.)
MÉRINOS, mam. — Race espagnole de
Moutons. Voy. ce mot. (E. D.)
*MERIOLIX. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des OEnothéracées-Épilobiées, établi
par Raflnesque (in Americ. Monthly Magaz.,
1819). Herbes de l'Amérique boréale. Voy.
0ENOTHÉRACÉES.
MÉRION. Malurus. ois. — Genre de la
nombreuse famille des Becs-Fins et de l'or-
dre des Passereaux , caractérisé par un bec
plus haut que large , comprimé dans toute
sa longueur, fléchi, légèrement courbé et
échancré vers sa pointe, à arête distincte et
se prolongeant jusque entre les plumes du
front; des narines situées sur les côtés de
la base du bec , et à moitié recouvertes par
une membrane; des pieds longs et grêles;
le doigt extérieur uni à celui du milieu jus-
qu'à la première articulation ; des ailes
courtes, arrondies ; une queue très longue,
conique; rectrices étroites, et souvent à bar-
bules rares et décomposées.
Ce g. n'a pas été adopté par tous les na-
turalistes. Ainsi G. Guvier a laissé les espè-
ces qui le composent avec les Traquets. Ce-
pendant les Méfions, loin de se confondre
avec ces derniers, paraissent au contraire
s'en distinguer et devoir former un groupe
à part, dont le principal caractère peut être
tiré de la longueur de la queue. Ce carac-
tère, il est vrai, déterminerait le genre trop
incomplètement s'il était seul ; mais , asso-
cié à ceux tirés de la forme du bec, etc., il
sert à caractériser lesMérions d'une manière
assez énergique.
Les mœurs des Mérions sont, en général,
fort peu connues. Le Mérion-Capocier est la
seule espèce sur laquelle on ait quelques
détails un peu satisfaisants , dus en grande
partie à Levaillant, qui a eu occasion d'ob-
server cet oiseau en Afrique, où on le trouve
en nombre assez considérable, surtout dans
les contrées les plus méridionales. Il paraît
qu'il est familier, et qu'il s'approche avec
confiance des habitations des colons. Il con-
struit son nid avec le duvet qui entoure la
graine d'une espèce d'Asclépiade > nommée
par les habitants des colonies Capoc ( d'où
le nom de Capocier). Ce nid, assez volumi-
neux, a une entrée à la partie supérieure,
MER
MER
135
et souvent est établi dans les bifurcations
de l'arbrisseau même. On sait aussi que le
Malurus palustris habite les parties maréca-
geuses de la Nouvelle-Hollande , et que le
Mal. textilis se tient presque constamment
sous les buissons, comme notre Accenteur-
Mouchet, et qu'il court très vite lorsqu'on
le trouble. C'est à quoi se borne l'histoire
de leurs mœurs. Du reste , ce sont des Oi-
seaux insectivores, qui, ayant une grande
analogie de formes avec les Fauvettes , doi-
vent avoir avec elles de grands rapports de
mœurs.
A l'exception de quelques espèces ancien-
nement connues , et qui étaient réparties
dans les g. Merle, Sylvie et Gobe-Mouche,
la plupart de celles dont on avait composé
le g. dont nous parlons appartiennent aux
découvertes faites dans ces quinze ou vingt
dernières années : elles ont été trouvées dans
l'archipel des Indes et de l'Océanie. Quel-
ques unes des espèces que M. Temminck
avait reconnues pour des Mérions sont deve-
nues des types de nouvelles divisions généri-
ques. Ainsi le Mérion bridé (Mal. frenalus
Temm. ) a été pour Swainson la souche de
son g. Chœtops. Le même auteur a fait du
Capocier (Mal. macroura, Sylviamacroura
Lath.) son g. Drymoica. Sur le Mal. peclo-
ralis Steph. (Syl. brachyplera Lath.) a été
fondé, par Lichtenstein, le g. Sphenura. Il
en est de même pour plusieurs autres espè-
ces, considérées ou reconnues pour des Mé-
rions par divers auteurs, et devenues plus
tard des sujets de sections particulières.
Telles sont, par exemple, le Mérion natté
(Mal. textilis Quoy et Gaim.) et le Mérion
queve gazée (Mal. malachur us Vïç. ctHorsf.),
que M. Lesson a pris pour types, le premier
de son g. Amytis de la famille des Fringilles,
et le second de son g. Stipiturus de la fa-
mille des Becs-Fins. Il en est de même du
Mal. Africanus Swains. (Mal. a/raGmel.),
dont Strickland a fait le g. Sphcnœacus , et
du Mal. marginalis Reinw., dont Horsfield
a fait le g. Megalurus. De sorte qu'à vrai
dire, il n'y a bien du g. Mérion , tel que
Vieillot et Temminck l'avaient fait, que l'es-
pèce qui avait servi de type, et deux ou trois
autres dont il ne serait pas surprenant que
l'on fît plus tard autant de sections parti-
culières.
Nous citerons le Mérion a tête bleue ,
Mal. cyaneus Vieill. (Gai. des Ois., pi. 163) :
front bleu ; tête et nuque d'un beau noir de
velours ; dessus du corps et gorge noirs ;
parties inférieures blanches. — Habite la
Nouvelle-Hollande.
G. Cuvier fait de cette espèce un Traquet.
Le Mérion a tête noire , Mal. mclanoce-
phalus , Musci. melanocephala Lath. : tête
et dessous du corps d'un noir de velours;
dos et ailes rouge vermillon ; abdomen d'un
blanc jaunâtre ; queue noire et blanche.
M. Lesson place encore dans ce g. le M.
élégant ( Mal. superba Shaw), de la Nou-
velle-Hollande. (Z. G.)
MEMONES, Illig. mam. — Syn. de Gtr-
bille, A. -G. Desm.
MEUIONUS, Mégerle, Dejean. ras. —
Syn. de Hypsonolus, Schœn., et Barynotus,
Germar. (C.)
*MERIPI1US (p-, par élision ; ïpiyoç ,
chevreau), ms. — Genre de Coléoptères té-
tramères , famille des Curculionides gona-
tocères , division des Érirhinides, créé par
Erichson (Archiv. fur nalurg., 1842, p.
199, g. 22). Ce genre a de grands rapports
avec les Anthonomus. L'espèce type et uni-
que, le M. fullo Er., est originaire de la
Nouvelle-Hollande. (G.)
MEIUSIEU. bot. ph. — Nom d'une es-
pèce du genre Cerisier. Voy. ce mot.
MERISMA (pcpcJpo's, division), bot. cr.
— Genre de la classe des Basidiosporés et de
la famille des Théléphores, établi par Per-
soon ( Tentant, disp. rnelh. fung. , p. 74 ;
Syn. fung., 582; et myc. Europ., p. 155).
Le réceptacle est coriace, à rameaux com-
primés ou arrondis, fertiles sur toute leur
surface. Les espèces de ce genre ont la forme
des Clavaires et la structure des Théléphores.
Persoon , en considérant les Merisma laci-
nialum, terrestre, (labellatum , etc., a eu
tort, parce que ces espèces ont une surface
stérile et une fructifère. Le professeur Fries
a profité de celte erreur pour détruire le
genre. Il existe véritablement, e-t les con-
trées tropicales nous en présentent un
grand nombre d'espèces; mais on doit en
séparer celles dont les rameaux sont tomen-
teux, et que je désigne sous le nom de Da-
sycladus. Le Merisma vermiculare, en raison
de sa forme , en donne une idée exacte , et
le genre Florula n'est qu'un Merisma, si l'on
adopte la définition de Persoon. (Lév.)
136
MER
MER
*MERISMOPOED!A,Mey. bot. en. —
Syn. à'Agmenellum, Bréb.
*M£R1SMUS. ms.— Genre delà tribu des
Chalcidiens, groupe des Miscogastérites, de
l'ordre des Hyménoptères, établi par M. Wal-
Ler (Entom. Magazine), et adopté par nous
(Histoire des Insectes). Les Mérismes sont dis-
tingués des autres Miscogastérites par des
antennes de treize articles dans les deux sexes,
assez renflées dans les mâles, par une tête
large, etc. Le type est le M. aculealus Walk.
(Entom. Magaz., t. I, p. 375). ^l.;
*MERISOSTIGMA, Diet. bot. pu.— Syn.
tfOiieda , Spreng.
*Jtf£RIZOMYRIA (p.fpc'Çw, partager ; f*v-
p'oç, innombrable), bot. cr. — (Phycées.) Ce
genre, établi par M. Kutzing ( Dec. et Phyc.
gêner.), qui le place dans sa famille des
Mastichotrichées, nous semble appartenir
aux Rivulariées. Voici ses caractères : Fila-
ments moniliformes à leur base, se terminant
en un Clament délié continu; articles infé-
rieurs renflés et se divisant en sporanges,
M. Kutzing en décrit cinq espèces. (Bréb.)
MERLAN {Gadus merlangus Lin.), poiss.
— C'est un des Poissons dont le nom et la
forme extérieure sont le mieux connus dans
presque toute l'Europe septentrionale. La
Morue, que l'on sert sur presque toutes les
tables plus communément que le Merlan ,
que Ton nomme si souvent, n'est pas aussi
connue ; sa forme est souvent ignorée des
hommes qui vivent à peu de distance des
côtes, parce qu'on la sert toujours dépecée;
tandis que le Merlan est transporté entier et
en très grande abondance pendant la moitié
ou le tiers au moins de l'année.
C'est un poisson à corps allongé, couvert
de petites écailles, ayant trois dorsales, deux
anales, des pectorales petites, des ventrales
jugulaires étroites, et dont le premier rayon
s'allonge en un petit filet. La gueule est bien
fendue; les mâchoires sont armées de dents
coniques et crochues ; il y en a aussi sur les
palatins, sur les pharyngiens; la langue est
lisse. La mâchoire inférieure avance au-delà
de la supérieure : elle n'a pas de barbillons.
La couleur du dos est un gris tirant un peu
au verdâtre; le reste du corps et même l'i-
ris de l'œil , qui est très grand , sont bril-
lants du plus bel éclat d'argent poli. L'es-
tomac est un grand et large sac conique avec
une branche montante courte. Il y a de nom-
breux cœcums auprès du pylore. Le foie est
gros, jaunâtre, son parenchyme est mou. La
rate, brune foncée, est attachée derrière*
l'estornac. La vessie aérienne est grande, et
communique avec l'œsophage par un large
trou. Les ovaire ssont assez gros ; les œufs,
nombreux, sont très petits. 11 n'est pas rare
de rencontrer des Merlans hermaphrodites.
J'en ai observé plusieurs fois sur le marché
de Paris; il y avait deux laitances bien dis-
tinctes , qu'un anatomiste ne pouvait con-
fondre avec les lobes du foie. Je fais cette
observation parce que l'on trouve dans des
ouvrages fort recommandables que l'on a
souvent établi l'hermaphroditisme des Mer-
lans en prenant pour des laitances des lobes
d'un foie malade.
Le Merlan habite en abondance les mers
septentrionales de l'Europe; il est l'objet
d'une pêche active et lucrative dans la Man-
che. On le prend quelquefois avec le filet
qu'on nomme drège, mais le plus souvent
avec de longues lignes de fond armées de
deux à trois cents hameçons , amorcés avec
des Vers et autres matières animales. On les
retire toutes les deux ou trois heures. Tout
le monde connaît la chair blanche et déli-
cate du Merlan , dont les muscles se déta-
chent et se lèvent par écailles après la cuis-
son. Ce poisson se montre en plus grande
quantité après l'apparition du Hareng; et à
cette époque il est meilleur et plus gras ,
parce qu'il a pu dévorer les œufs ou le petit
fretin du Hareng, dont le Merlan est un des
plus grands destructeurs.
Au reste, sa chair et sa forme varient sui-
vant la nature des fonds. Ils ont le corps
plus court , le dos plus épais sur les fonds
de roches que sur les fonds de gravier ou
de vase. On fait sécher le Merlan dans quel-
ques endroits, mais cette industrie n'est pas
très étendue , probablement à cause de la
petitesse du corps du poisson , de la main-
d'œuvre plus coûteuse > et parce qu'aussi
en cet état il ne peut suppléer aux grands
autres Gades, et surtout à la Morue.
Le Merlan est devenu , dans l'ichthyolo-
gie moderne, le type d'un genre particulier
de la famille des Gades, dont Linné et Artedi
ne faisaient qu'un seul genre. L'absence du
barbillon sous-maxillaire caractéristique des
Morues distingue le Merlan de celles-ci. On
peut placer à la suite du Merlan commun :
MER
MER
137
1° Le Colin ou le Merlan noir ( Gadus
carbonarius). Il a les caractères généraux du
Merlan , c'est-à-dire trois dorsales , deux
anales, pas de barbillons sous une mâchoire
inférieure armée de fortes dents, mais elle est
plus courte que la supérieure. On le reconnaît
d'ailleurs à ses teintes verdâtres rembrunies,
à ses dorsales presque noires, à une grande
tache de cette couleur foncée au-dessus des
pectorales , et enfin à ce que la muqueuse
de la bouche est noire. La ligne latérale
droite tranche par son blanc nacré sur ces
couleurs rembrunies.
Le Colin est moins commun dans la Man-
che que dans les latitudes septentrionales ,
où il est assez abondant pour devenir l'ob-
jet d'une pêche qui peut suppléer avec quel-
que profit à celle de la Morue, car il atteint
un mètre de longueur; et quand il est sé-
ché et salé, sa chair peut être vendue avec
celle de la Morue sans qu'il soit possible de
les distinguer l'une de l'autre, du moins au
goût.
2° Le Lieu ou Merlan jaune (Gadus pol-
lachius Lin. ) est semblable au Merlan ,
mais ses couleurs sont jaunes; sa ligne la-
térale , droite dans les deux espèces précé-
dentes, est courbe chez celui-ci. C'est aussi
une espèce des mers septentrionales qui ne
devient pas plus grande que le Merlan, dont
la chair est moins bonne , et qui reste tou-
jours à la petite taille de 25 à 30 centi-
mètres.
3° Le Sey ou Merlan vert (Gadus virens
Ascanius) est une autre espèce voisine des
précédentes, mais à mâchoires égales. Cette
espèce, plus verte que notre Merlan , est
abondante sur les côtes de Norwége, où elle
remplace, pour la consommation journa-
lière, le Merlan de la Manche. Les indivi-
dus ne deviennent pas plus grands. (Val.)
MERLE. Turdus. ois. — Les Oiseaux
que la plupart des auteurs comprenaient,
il n'y a pas longtemps encore, sous ce terme
générique , composeraient la réunion la plus
hétérogène et la plus disparate, si les orni-
thologistes modernes, pour atténuer un peu
ce qu'un pareil rassemblement d'espèces en
une seule division avait de défectueux , n'a-
vaient fait une famille de ce que l'on con-
sidérait comme genre. Cet expédient a con-
duit à ceci : d'une part, les espèces de Merles
ont été divisées par petits groupes naturels,
T. VIII.
qui sont devenus autant de genres particu-
liers ; et d'autre part, des oiseaux qui n'a-
vaient jamais été considérés comme des
Merles, quoiqu'ils eussent avec eux de très
grands rapports d'organisation , ont été in-
troduits, quoique sous une dénomination [
différente, dans la même famille. En vou-
lant éviter un inconvénient, quelques au-
teurs ne seraient-ils pas tombés forcément
dans un autre? La famille des Merles est
tellement élastique; elle se trouve actuelle-
ment si agrandie ; ses limites sont si peu
tranchées, si diffuses, qu'il y a vraiment
impossibilité de dire où commence et où
finit cette famille. D'ailleurs nous devons
avouer que cette difficulté est, en très grande
partie, justifiée par l'absence absolue de tout
caractère propre à faire distinguer bien net-
tement les vrais Merles des autres groupes
qui les avoisinent; et cette difficulté exis-
tera , nous en sommes convaincus , tant que
nous n'aurons pas de bons détails de mœurs
sur les espèces étrangères dont aujourd'hui
on fait des Merles. Plus bas nous expose-
rons la manière de voir de la plupart des
ornithologistes relativement à la classification
de ces oiseaux; ici nous devons essayer de
tracer leur histoire naturelle, etc., en ayant
toujours et principalement en vue, dans
cette partie de notre travail, les espèces que
possède l'Europe.
Les Merles, parmi lesquels se placent
naturellementles Grives, les Moqueurs, etc.,
offrent, en raison de leur nombre considé-
rable, des instincts, des goûts, des habi-
tudes , et des mœurs différents. Si les uns,
en dehors de l'époque des amours, vivent
par petites familles, si les autres aiment la
société de leurs semblables au point de se
réunir en essaims innombrables , il en est
aussi qui , quelle que soit l'époque de l'an-
née, se montrent solitaires, ou ne se ren-
contrent que momentanément réunis au
nombre de deux ou trois, conduits dans le
même lieu par le même besoin. De co
nombre sont à peu près tous les Merles pro-
prement dits et les Pétrocincles ou Merles
saxicoles.
Chaque contrée, chaque localité a ses
Merles. Les bosquets d'une certaine éten-
due , les bords de l'eau , les bois en plaines,
les bois en coteaux, les monts rocailleux, etc.,
sont les lieux où ces oiseaux m trouvent
1S
23S
MER
MER
distribués. Les uns recherchent les ombrages
frais , le fond des vallées , les terrains gras
et humides ; les autres n'aiment que les sites
arides et les plus exposés aux ardeurs du
soleil ; ceux-ci ne s'écartent jamais des rives
qu'ils fréquentent; ceux-là ont des mœurs
sylvaines qui les retiennent constamment
au sein des forêts les plus épaisses. Il n'y a
qu'un besoin urgent de nourriture qui puisse
faire écarter les Merles de leur habitat
accoutumé, et encore, dans ce cas, ils se
répandent dans des lieux analogues poul-
ies circonstances à ceux qu'ils abandonnent.
Cette différenced'habitat ne coïncide pas,
comme on le constate pour beaucoup d'au-
tres familles d'Oiseaux, avec une différence
bien notable dans le régime; car à peu près
tous les Merles sont à la fois insectivores >
frugivores et baccivores. La plupart de nos es-
pèces d'Europe pourraientmême à la rigueur
être considérées comme omnivores, tant les
aliments dont elles se nourrissent sont de di-
verse nature. La Grive commune , la Draine ,
le Mauvis, le Merle noir, s'attaquent in-
différemment aux raisins, aux figues , aux
cerises , aux fruits du Sorbier, du Mûrier ,
du Lierre, aux baies du Sureau, du Gené-
vrier, du Pistachier noir, aux[ nsectes , et
surtout aux larves, aux petits Colimaçons
et aux Vers de terre, qu'ils cherchent sous
les feuilles tombées , et qu'ils mettent à dé-
couvert en grattant le sol. Il n'y a guère que
nos Merles saxicoles dont le régime soit beau-
coup plus insectivore que frugivore.
L'activité que les Merles mettent à chercher
leur nourriture, surtout par un temps de
disette, est extrême ; on les voit alors tou-
jours en mouvement , courir de buisson en
buisson , piétiner la terre et la fouiller à
l'aide de leur bec. Leur gourmandise égale
leur gloutonnerie. Leur avidité est telle que
lorsqu'ils rencontrent un aliment abondant
et selon leur goût, il leur faut tout au plus
quarante-huit heures pour passer de la mai-
greur à l'obésité. La Grive commune , par
exemple , peu de jours après son arrivée
dans le midi de la France , a acquis telle-
ment d'embonpoint en se gorgeant de fi-
gues, d'olives et de raisins, qu'elle devient
incapable de fournir, en volant, une
longue traite. C'est elle qui a donné lieu à
ce proverbe : Saoul comme une Grive, parce
qu'on pense qu'elle s'enivre en mangeant
du raisin. Si les observateurs qui ont avancé
ce conte avaient fait la part de toutes les cir-
constances, ils n'auraient certainementpas
attribué aux raisins l'état d'inertie dans lequel
se montre la Grive. Pour nous , cet état doit
être rapporté à deux causes : à l'embonpoint
de l'oiseau et aux fortes chaleurs delà jour-
née; deux causes qui la rendent paresseuse
et quelquefois incapable de voler. D'ailleurs
on trouve d'autres Oiseaux, principalement
parmi les Bec-Fins et Jes Pipis, qui son t tout-
à-fait dans le même cas , quoique pourtant
ils ne se nourrissent que d'Insectes ou de
fruits qui ne fournissent pas une liqueur
spiritueuse. Ce seul exemple suffirait pour
prouver que la Grive ne s'enivre pas; elle
est gloutonne comme toutes ses congénères;
mais elle a de plus qu'elles la faculté d'en-
graisser promptement.
Les Merles joignent à un caractère sau-
vage une défiance, une inquiétude, une
circonspection extrêmes ; un rien les met
en émoi et les détermine à fuir. Les espèces
saxicoles sont surtout farouches à l'excès. Il
est impossible de les aborder, et si, pour
se les procurer, on ne met pas la ruse en
usage, il faut renoncer à les atteindre. Du
reste , il n'y a qu'à observer le Merle noir
dans nos jardins publics, où cependant la
présence continuelle de l'homme devrait
avoir un peu modifié son naturel. Il est cir-
conspect avant tout. Quel quesoit l'objet qui
l'affecte, il semble s'en défier; il s'avance,
s'arrête , regarde , puis avance encore. Gué-
neau de Montbeilîard ( Hist nat. des Ois.
de Buffon) paraît avoir mis en doute la dé-
fiance de cet oiseau , par la raison qu'ordi-
nairement un oiseau défiant est difficile à
attraper, et que le Merle noir d'Europe
donne assez facilement dans les pièges. Mais
la faim, la soif , et aussi la gourmandise
généralement très grande , comme nous
l'avons dit, chez les Merles , mettent bien
souvent en défaut des animaux plus soup-
çonneux et plus rusés qu'eux. Du reste,
Guéneau de Montbeilîard semble s'être con-
tredit lui-même lorsque, quelques lignes
plus bas, il dit que les Merles se laissent
prendre aux gluaux, aux lacets et à toutes
sortes de pièges , pourvu que la main qui
les a tendus se rende invisible.
Quoique sauvages, ou peut-être parce
qu'ils sont sauvages, les Merles (certains du
MER
MER
139
moins) sont acariâtres et querelleurs; lors-
qu'ils se voient pris, ils essaient de se dé-
fendre en pinçant vigoureusement. Mis
en volière, ils se rendent presque toujours
redoutables à ceux de leurs compagnons
d'esclavage qui sont plus faibles qu'eux. Mais
l'espèce qui, par son courage, est la pre-
mière dans cette nombreuse famille, est,
sans contredit , la Draine. Elle devient
hardie, intrépide, ne connaît point le dan-
ger lorsqu'il s'agit de défendre sa couvée ,
«t ne craint même pas alors d'attaquer le
Geai, le Corbeau, la Crécerelle , le Hobe-
reau , et les autres petits Oiseaux de proie.
S'il arrive qu'un de ces Oiseaux s'appro-
che de ses petits , elle se précipite sur
lui avec fureur en poussant des cris per-
çants ; le poursuit avec autant d'ardeur que
d'acharnement, et le force à prendre la
fuite. D'ailleurs ce caractère, qui mérite-
rait à peine d'être remarqué si elle ne le
manifestait qu'à l'époque des amours, se
décèle encore en dehors de ces circonstan-
ces. La Draine est naturellement très har-
gneuse , très querelleuse, et se bat souvent
avec ses semblables.
La famille des Merles est une des plus
richement dotées, sous le rapport du chant.
La nature, en dispensant cette faculté à
presque toutes les espèces , semble avoir
voulu faire oublier par là le triste plumage
dont , en général , elle les a parées. Cepen-
dant tous les Merles ne sont pas chanteurs
au même degré. S'il en est parmi eux que
l'homme recherche pour les précieuses qua-
lités de leur voix, il en est aussi qu'il né-
glige parce que leur chant n'a plus ni la
même harmonie ni la même durée. Nos
Merles et nos Grives d'Europe chantent
toute l'année. Il est pourtant vrai de dire
que le printemps est l'époque pendant la-
quelle ils se font entendre plus fréquem-
ment. A l'automne, la plupart d'entre eux
gazouillent plutôt qu'ils ne chantent; mais
aux premiers beaux jours leur voix acqué-
rant son amplitude , ils en déploient tous
les riches accords. C'est surtout le matin et
îe soir, lorsque le soleil descend à l'horizon, r
qu'ils en développent toutes les ressources.
La Draine , au fond des bois, est la première
à nous faire entendre les sons flûtes et va-
riés de son ramage; le Merle noir, dans les
bosquets, dans nos jardins , redit ces chants
tristes et mélancoliques que tout le monde
connaît, et le Merle bleu, du haut de son
rocher solitaire, jette ces notes tantôt douces
et harmonieuses, tantôt sonores et métalli-
ques , qui donnent à son chant une expres-
sion tour à tour gracieuse et grave. Ce dernier
Oiseau a toujours été fort estimé à cause
de la beauté et des modulations de sa voix.
Un de nos grands rois de France , Fran-
çois Ier, prenait, dit-on, un singulier plaisir
à l'entendre ; il l'estimait plus belle que celle
de toute autre espèce. Olina rapporte qu'à
Milan et à Genève un mâle apprivoisé de
Merle bleu se vendait fort cher de son
temps ; et selon Hassclquist, un pareil Oiseau
valait à Smyrne et à Constantinople de 50 à
100 piastres (250 à 500 fr.).
Comme tous les Oiseaux chanteurs enlevés
jeunes à la tutelle de leurs parents, et sou-
mis de bonne heure à cette éducation factice
que nous leur donnons, les Merles et les
Grives possèdent à un certain degré le talent
d'imitation. Ils oublient leur propre chant
pour répéter des sons qu'ils ont entendus
et qu'ils se sont appropriés. Belon nous dit
que la Draine peut prononcer quelques mots,
et Pline rapporte, avec un peu trop d'exa-
gération peut-être, qu'Agrippine avait une
Grive qui contrefaisait les paroles de tous
ceux qu'elle entendait.
Mais de toutes les espèces de la nombreuse
famille des Merles, celle qui possède au plus
haut point la faculté d'imiter les autres
animaux, celle en même temps dont le chant
naturel est le plus suave et le plus mélo-
dieux, est sans contredit le Moqueur poly-
glotte. Comme son nom l'indique, cet Oiseau
a le singulier talent de reproduite à l'ins-
tant tous les cris , tous les chants qui vien-
nent le frapper. Nous connaissons biea
quelques Oiseaux, tels que lesPies-Grièchcs
rousse et écorcheur, les Fauvettes effarvollc
et verderolle , le Traquet imitateur, etc.,
qui , à l'état de liberté , prennent le ramage
des autres espèces leurs voisines. Il est éga-
lement certain, d'après les observations de
Nordman, que le Merle de roche imite le
chant et les airs d'appel des autres Oiseaux ;
mais, au dire des voyageurs, l'imitation
chez le Moqueur serait portée à un degré
de perfection bien supérieur. «Bien loin de
rendre ridicules les chants étrangers qu'il
répète, dit Bulîon , il paraît ne les imiter
140
MER ■
MER
que pour les embellir; on croirait qu'en
s'appropriant ainsi tous les sons qui frap-
pent ses oreilles , il ne cherche qu'à enrichir
et perfectionner son propre chant, et qu'à
exercer de toutes les manières son infati-
gable gosier. » Fernandez , Nieremberg et
en général les Américains , considèrent le
Moqueur comme le premier parmi les Oi-
seaux chanteurs de l'univers ; ils le mettent
même au-dessus du Rossignol. Sa voix forte
et bruyante est surtout agréable lorsqu'on
l'entend à une certaine distance. Non seu-
lement il chante avec goût sans paraître se
répéter, mais il chante avec action, avec
âme ; il semble que les diverses positions où
il se trouve, que les diverses passions qui
l'affectent, aient leur ton particulier. Gomme
le Merle bleu et le Merle de roche, il s'é-
lève en chantant dans les airs ; comme eux
il décrit en volant une multitude de cercles
qui se croisent; il pousse en même temps
des cris vifs et légers , puis son chant s'é-
teignant par degrés , on le voit planer rnoel-
leusement au-dessus de son arbre, cal-
culer de plus en plus les ondulations im-
perceptibles de ses ailes, et rester enfin
comme suspendu au milieu des airs, immo-
bile et sans voix.
Ainsi que nous l'avons déjà dit , c'est sur-
tout au printemps que les Merles, comme
les Grives et les Moqueurs, déploient toutes
les ressources de leur gosier. Chez eux , le
chant est bien , comme l'a dit Buffon d'une
manière générale des Oiseaux, l'expression
des amours. Aussitôt accomplis , le mâle ,
chez ces espèces, ne quitte plus sa femelle
et semble vouloir se l'attacher et lui plaire
par ses chants continuels. Celle-ci travaille-
t-eîle à son nid , le mâle , sans prendre une
part active à sa construction, préside pour
ainsi dire au travail de sa femelle, la suit
dans les mille courses qu'elle fait pour cher-
cher les matériaux qu'elle met en œuvre,
et ne cesse de se faire entendre durant
des heures entières. Alors son excitation
est telle, qu'il chante même en volant. Il
chante encore, et cela presque sans inter-
ruption, pendant toute la journée lorsque
sa compagne couve; il paraît prendre à
tâche de la distraire et de lui faire trouver
moins pénibles les soins de l'incubation ;
mais son chant se ralentit, devient moins
fréquent, après l'éclosion des petits; il finit
même par ne plus se faire entendre qu'à de
longs intervalles, le matin et le soir. C'est,
du reste, ce qui arrive pour presque tous
les oiseaux chanteurs. Le mâle , qui n'avait
point aidé sa femelle pour l'édification du
nid , qui n'avait pris qu'une très légère part
aux fonctions pénibles de l'incubation, par-
tage cependant les soins que réclame l'édu-
cation des jeunes ; il pourvoit comme elle à
leur subsistance. Tout entier aux besoins de
sa famille, il emploie son activité à aller
chercher pour elle des aliments, et oublie,
pour ainsi dire, de chanter.
La plupart des espèces de la famille des
Merles nichent de très bonne heure. Parmi
celles d'Europe, la Draine, par exemple,
travaille à son nid dès le mois de mars ,
quelquefois en février, par conséquent bien
longtemps avant que les arbres sur lesquels
elle s'établit se couvrent de feuilles. Des
couples de cette espèce paraissent même ne
pas être arrêtés dans leurs fonctions de re-
production par les intempéries de la saison;
car j'ai vu à Paris des nichées de Draines à
une époque où la température tombait en-
core quelquefois à zéro. Notre Merle noir
entre également en amour de très bonne
heure. Il n'est pas rare de trouver des jeunes
de cette espèce vers la fin d'avril. Le Merle
bleu, au contraire, et le Merle de roche,
ne nichent qu'en mai et en juin. Ces der-
niers n'élèvent ordinairement qu'une couvée,
tandis que les premiers font deux et parfois
trois pontes. Ceux de nos Merles et de nos
Grives d'Europe qui se retirent très avant
dans le Nord , se reproduisent en général
un peu plus tard que ceux qui restent dans
les contrées plus méridionales. Ces mêmes
faits se rencontrent chez les espèces étran-
gères ; il en est de plus précoces et de plus
fécondes les unes que les autres.
Les mêmes endroits ne conviennent pas
à tous les Merles pour l'établissement de
leur nid; la plupart, comme le Merle noir,
le Merle à plastron, la Grive commune,
choisissent le plus ordinairement, à cet
effet, les arbustes, les buissons épais, les
broussailles , les vieux troncs d'arbres étêtés
et couverts de lierre. La hauteur à laquelle
ils le placent varie à l'infini; quelquefois il
est tout-à-fait à l'appui du sol, d'autres fois
il occupe presque le sommet des grands ar-
bres; mais, en général, il est situé à peu
MER
MER
141
près à hauteur d'homme. D'autres espèces ,
comme la Litorne, la Draine, le construi-
sent sur les arbres de haute futaie, au fond
des forêts ou sur la lisière des bois. Enfin ,
il en est qui, à l'exemple du Merle de ro-
ches et du Merle bleu, choisissent, pour
établir leur nid , les sites rocailleux et es-
carpés, lesanfractuosités des cavernes creu-
sées sur les flancs des montagnes, les vieilles
tours, les édifices en ruines. Quelques uns,
dit-on, parmi les exotiques, suspendent le
leur aux roseaux, aux grandes plantes her-
bacées qui croissent le long des eaux. D'ail-
leurs on peut dire, d'une manière générale,
que chaque espèce niche dans les lieux où
ses habitudes naturelles l'appellent à vivre.
On a vu, ce qui est assez remarquable , les
mêmes couples de Merle noir, de Merle
bleu et de Merle de roche, revenir constam-
ment, à l'époque des amours, dans la loca-
lité où ils s'étaient reproduits une première
fois, et faire leur nid dans le même buis-
son, dans le même trou de rocher.
Les Merles n'apportent pas une égale in-
dustrie dans la construction de l'édifice qui
doit recevoir leurs œufs , et tous n'emploient
pas les mêmes matériaux. Les espèces d'Eu-
rope qui compliquent le plus leur ouvrage,
sont le Merle noir, la Grive commune et
le Mauvis. Leur nid, composé extérieure-
ment de mousse , de petites racines , de
feuilles et d'herbes sèches , liées ensemble
par une forte couche de terre détrempée ,
est matelassé à l'intérieur de matériaux plus
mollets. Les espèces saxatiles font un nid
assez négligé et fort semblable à celui des
Traquets. Le nombre d'œufs que pond
chaque espèce est ordinairement de cinq ;
mais ce nombre est très susceptible de va-
rier. J'ai vu jusqu'à sept petits dans un nid
de Merle bleu et trois seulement dans un
de Merle noir ; ce dernier nombre était
probablement le produit d'une troisième
couvée. La couleur des œufs, chez les Merles,
ne varie pas autant que pourrait le faire
supposer le grand nombre d'espèces con-
nues : elle est ou bleu-verdàtre , avec des
taches noires, comme dans la Grive com-
mune et le Mauvis ; ou vert-bleuâtre clair,
avec taches rousses ou brunes, comme chez
le Merle ordinaire, le Merle erratique et la
Litorne; ou d'un bleu sans taches, comme
chez les Merles bleu et de roche; ou d'un
gris roussâtre taché de brun, comme chez
la Draine; ou enfin blanchâtre pointillé de
noir , de roux ou de brun , comme chez plu-
sieurs espèces étrangères. La durée de l'in-
cubation chez les Oiseaux dont il est ques*
tion est de 15 à 18 jours; elle est subor-
donnée à des conditions de température.
Celle de l'incubation des jeunes varie éga-
lement, car elle dépend en grande partie
de l'abondance ou de la disette de nourriture
que fournit le canton où ils sont nés.
C'est après l'émancipation des dernières
nichées que toutes les espèces de la famille
des Merles commencent à émigrer. Aucune
d'elles ne reste dans le canton où elle s'est
reproduite ; toutes passent dans d'autres
contrées, pour y demeurer autant qu'elles
y trouveront des circonstances favorables à
leur existence : ces circonstances venant à
faire défaut, elles gagnent d'autres loca-
lités. C'est donc par une série d'excursions
que les Merles effectuent leurs migrations.
Les vieux partent rarement en compagnie
des jeunes; ils les devancent et suivent en
général d'autres routes. Au moment du
départ, les uns (et c'est le plus grand nom-
bre) s'assemblent en bandes plus ou moins
grandes qui se dispersent lorsqu'elles sont
arrivées au lieu de leur destination; les
autres, comme la Grive commune, voya-
gent seulement par petites familles compo-
sées d'un nombre d'individus qui varie de
trois à dix environ; d'autres, enfin, émi-
grent solitairement ; les Merles saxicoles et
le Merle noir sont dans ce cas. S'il arrive
qu'au temps du passage on surprenne deux
ou trois individus de ces espèces émigrant
ensemble, ils sont tellement éloignés l'un
de l'autre, qu'il est impossible de les consi-
dérer comme composant une petite troupe.
Tous les Merles , à l'exception des saxicoles ,
réclament en voyageant. Dans une bande
de Draines, de Litornes, de Grives com-
munes et de Mauvis, il y a toujours un ou
plusieurs individus qui poussent en volant
un cri d'appel qu'on entend de fort loin. Si
le temps leur est favorable, ils font de lon-
gues traites et se soutiennent dans les ré-
gions moyennes de l'air, tandis que s'ils
ont un vent qui leur soit contraire et qui
les fatigue, leur vol est fort bas et leur ex-
cursion de courte durée.
Comme c'est *q grande partie le besoin
!42
MIlK
MER
de nourriture qui force les Merles à émi-
grer, il en résulte que leur course s'étend
d'autant plus loin , qu'ils ne trouveront pas
les pays qu'ils traversent sufûsamment
pourvus de subsistances; et cela est si vrai
que nos Merles et nos Grives d'Europe qui,
à l'automne , abandonnent le nord pour se
répandre sur les îles de l'Archipel grec et
passer en Afrique , s'arrêtent et demeu-
rent l'hiver, en nombre considérable , dans
le midi de la France , sur les îles de la Corse
et de la Sardaigne, lorsque les baies de
Genévriers et d'autres petits fruits dont ils
se nourrissent y sont abondants. Si la ré-
colte de ces baies et de ces fruits est nulle
ou pauvre , on est assuré de voir ces Oiseaux
ne s'y arrêter qu'en très petit nombre.
D'ailleurs quelques individus du Merle noir
(ce qui ne fait pas exception à la règle gé-
nérale) ne bougeront pas de toute Tannée
du canton où ils seraient assurés de trouver
constamment de quoi satisfaire leur appétit.
Si l'on en juge par les espèces qui se re-
produisent chez nous, ou qui au temps
des migrations traversent la France, il est
certain que tous les Merles ne se met-
tent pas en route au même moment ni
à la même époque. Les Merles saxicoles
érnigrent les premiers ; ordinairement
vers les derniers jours du mois d'août
or! les voit se mettre en mouvement; ce
n'est qu'un mois plus tard qu'on com-
mence à voir passer la Draine et le Merle
noir ; la Grive commune abandonne le nord
vers la fin de septembre , son passage du-
rant habituellement une vingtaine de jours;
le Mauvis la suit de très près , et souvent
l'accompagne; enfin, la Litorne, moins
sensible au froid , ne paraît dans nos prai-
ries humides et marécageuses qu'après les
premières gelées.
De tous les temps, la chair des Merles,
et surtout celle des espèces à plumage gri-
velé, du Mauvis, par exemple, et de la
Grive commune, a été fort recherchée et fort
estimée à cause de son fumet et de sa dé-
licatesse. Mais une réputation moins bien
méritée qu'on lui avait faite , et que n'ont
pas craint de lui attribuer des auteurs du
siècle dernier, et même des écrivains fort
recommandâmes du commencemeut du
siècle actuel, est celle d'être un remède
efficace contre certaines maladies. Ainsi la
chair du Merle noir guérissait, disait-on ,
les inflammations intestinales, et l'huile dans
laquelle on la faisait bouillir était fort re-
commandée contre la sciatique et la goutte.
Il n'est pas jusqu'aux excréments de cet
Oiseau qui n'eussent, comme ceux des Hi-
rondelles et d'une foule d'autres espèces,
quelque propriété particulière. La plus re-
marquable était celle de dissiper les rous-
seurs du visage et les taches de la peau ; mais
il fallait préalablement faire dissoudre ces
excréments dans du vinaigre et en faire
usage comme aliment. La chair de la Grive
commune avait bien moins de vertus, car
elle ne guérissait que de l'épilepsie; encore
fallait-il que l'oiseau se fût nourri pendant
quelque temps de gui de Chêne. Ces croyan-
ces n'ont pas existé seulement aux époques
de barbarie; et si nous en parlons, c'est
précisément parce qu'on les trouve exposé-es
sans commentaire dans des ouvrages dont
la publication remonte à peine à trente et
cinquante ans.
La chair des Merles , des Grives , etc., a,
comme la plupart des viandes noires , la
propriété unique d'être légèrement excitante,
et le précieux avantage, surtout lorsqu'elle
estgrasse, d'être, pour les gourmets, un mets
très succulent et très savoureux.
Les Romains, qui se connaissaient quel-
quefois en bons morceaux ( pour employer
le langage des gourmands), faisaient sou-
vent figurer la Grive commune dans le menu
de leur banquet. Cette espèce était pour eux
le premier gibier parmi les Oiseaux, comme
ils avaient fait du lièvre le premier des Mam-
mifères. Horace, qui n'était pas le moins sen-
suel deson temps, s'écriedans unedeses épî-
tres: Nilmelius Turdo, rien n'est préférables
la Grive. Cette opinion était tellement celle
de ses compatriotes, que la manière d'élever
et d'engraisser cet Oiseau était devenue
pour eux un art , et un art dont le premier
inventeur, à ce que dit Plutarque , fut,
comme on le pense bien, ce même Lucullus
qui employait son temps et ses richesses à
chercher pour sa table des mets nouveaux ou
délicats. Selon Varon et Columellc {do Re
rusiieà) , les Romains conservaient et en-
graissaient les Grives dans des volières som-
bres, et surtout éclairées de façon que
les Oiseaux captifs, pour ne point être dis-
traits, ne pussent pas voir ni la campagne
MER
MER
143
ni les bois. Entassées dans ces sortes de
prisons , et au milieu d'une nourriture
abondante et choisie , dont faisaient partie
les baies de lentisque , de myrte, de lierre,
et surtouf. une pâte faite avec du millet pilé
et des figues broyées, les Grives ne tar-
daient pas à prendre de l'embonpoint. Puis ,
pour leur faire atteindre leur dernier degré
d'obésité, et vingt jours environ avant de
Jes manger, on les mettait à part dans un
lieu bien plus étroit et plus abondamment
pourvu de nourriture. Ces grivières, comme
les appelle Guéneau de Montbeillard, étaient
en si grand nombre aux environs de Rome,
et les Grives qu'elles renfermaient étaient
en quantité si prodigieuse , que leurs excré-
ments étaient employés comme engrais pour
fertiliser les terres, et servaient encore à
engraisser les Bœufs et les Cochons.
Cette industrie n'a plus d'imitateurs, et
Lucullus, sous ce rapport, n'a plus de des-
cendants. Les gastronomes du midi de la
France sont peut-être les seuls qui aient un
peu conservé les goûts des Romains , car la
plupart d'entre eux savent encore parfumer
la chair des Grives au moyen des baies de
Genièvre. D'ailleurs, comme la chair de ces
Oiseaux n'a rien perdu de ses qualités na-
turelles, il en résulte que la chasse qu'on
leur fait est toujours des plus destructives.
Cette chasse forme même une branche con-
sidérable d'industrie dans certaines loca-
lités, telles que la Corse et la Sardaigne;
les moyens que l'on met en usage pour la
faire sont prodigieux; mais le piège le plus
simple, et en même temps le plus généra-
lement usité, est le collet.
Les espèces qui composent la famille des
Merles offrent une vaste distribution géo-
graphique. Elles sont, on peut dire, ré-
pandues partout avec profusion, même en
Europe, qui cependant est une des parties
du monde qui en possède le moins. En
effet, on n'y en compte guère que quatorze;
huit qui y nichent et six qui s'y montrent
accidentellement de passage.
Enfin, le plumage des Merles présente
de nombreuses variétés totales ou partielles
que nous indiquerons plus bas.
Ainsi que nous l'avons dit, la division
dans laquelle sont comprises les différentes
espèces d'Oiseaux auxquelles on donne le
nom général de Merles, se caractérise d'une
manière si vague, que la plus grande con-
fusion règne parmi les auteurs sur la ques-
tion de savoir quelles en sont les vraies li-
mites. Les uns la bornent à un fort petit
nombre de genres; les autres ne lui don-
nent pour ainsi dire pas de circonscription,
tant ils y comprennent d'éléments divers ,
mais en excluant telle ou telle espèce que
d'autres y rapportent. Il n'y a pas dans toute
la série ornithologique de section qui soit
aussi mal définie et aussi arbitrairement
établie que celle dont il est question. Les
auteurs se sont toujours récriés avec raison
contre la difficulté que présentent sous le
rapport de leur composition les familles des
Fringillidées, des Sylviadées et desMuscica-
pidées; mais ces difficultés ne sont rien ,
on peut le dire, en comparaison de celles
qu'offre la famille des Merles. Aussi une
monographie de ces Oiseaux serait unechoso
vraiment nécessaire, et celui qui, dans un
travail de synonymie et de classification,
nous ferait bien connaître quelles sont les
espèces auxquelles le nom de Merle, pris
dans une acception un peu générale, doit
rester, aurait bien mérité de l'ornithologie.
Nous justifierons ces considérations en reti-
rant de quelques unes des méthodes orni-
thologiqucs la partie qui est relative aux
Merles, et en en faisant un exposé rapide.
Le g. Turdus, de Linné, Gmelin et La-
tham , formait une collection si hétéro-
gène, qu'on est arrivé à en retirer soixante
espèces au moins, qui ont été réparties
dans trente-cinq ou trente-six genres , et
dans une vingtaine de familles différentes.
MM. Vieillot, Temminck et G. Cuvier,'en
adoptant le g. Turdus des auteurs que nous
venons de citer, ont essayé de l'épurer en
en éloignant des espèces qui ne pouvaient
s'y rapporter; mais ce ne sont pas là les
seules modifications qu'ils y aient intro-
duites. Pour Vieillot, les Oiseaux compris
sous le nom de Turdus se divisaient en
Moqueurs , en Grives et en Merles, qui eux-
mêmes formaient deux sections: l'une pour
les espèces à narines découvertes, et l'autre
pour celles à narines couvertes par les plu-
mes du capistrum. M. Temminck, prenant
en considération l'habitat, s'est borné à les
distinguer en Merles sylvains et en Merles
saxicoles. La méthode de G. Cuvicr , sur ce
point, estplus compliquée et diffère notable-
tu
MER
ment de ce qu'ont fait Vieillot et Temminck.
En effet, il comprend comme sections du
g. Turdus les Stournes, les Turdoïdes, les
Astrapies, les Grallines , les Endures et les
Crinons, que Temminck et Vieillot en
avaient génétiquement retirés, et comme
ce dernier il différencie les Merles des Grives.
Cette manière de voir est à peu près celle
qu'a adoptée M. Lesson dans son Traité
d'ornithologie. Les genres linnéens ayant
élé convertis en familles, et M. Lesson ac-
ceptant cette innovation, qui était un pro-
grès, fit du g. Turdus, non pas une fa-
mille, comme Vigors, mais une sous-famille
dans laquelle il distingua les Stournes , les
Juidas, les Spréos, les Pélrocincles, les Merles-
pies-Grièches et les Merles qu'il a subdivisés
en Merles pr. dits , en Grives , en Fausses-
Grives , en Cinclosomes , en Merles-Philé-
dons , en Moqueurs , en Petits-Merles , en
Merles à bec court, en Merles- Griviers, en
Turdoïdes, en Podobés et en Merles -Traquets.
Un essai de classification que nous ne sau-
rions passer sous silence, est celui qu'a
proposé M. de Lafresnaye. Pour lui , les
Oiseaux dont nous parlons composent la
quatrième famille de ses Passereaux denti-
rostres à bec comprimé, et sont, d'après
des considérations de mœurs et d'habitat,
distribués dans sept sections : celles des
Merles buissonniers, qui comprend les genres
Ixos , Brachypus , Tricophorus , Orpheus et
les Merles philédons et latirostres; celle
des Merles sylvains ou Merles proprement
dits , représentés par les genres Turdus ,
Kittacincla, Sericulus, Myiophonus et Merles
rubiettes; celle des Meules riverains, de
laquelle font partie les genres Sciurus, Cra-
teropus , Garrulaxis, Malacocircus , Cin-
closoma, Psophodes, Megalurus; celle des
Merles de roseau , g. Donacobius ; celle des
Merles plongeurs, g. C inclus ; celle des
Merles marcheurs, comprenant les genres
Lamprotornis et Gryllivora ; et celle des
Meules hiîmicoles , g. Grallina. Enfin, pour
G.-R. Gray la famille des Turdidées em-
brasse 70 genres , qui sont répartis en cinq
sous-familles, celles des Formicarinœ , des
Turdinœ, des Timalinœ , des Oriolinœ et
des Pycnonolinœ.
Il doit résulter de cet exposé très rapide
et incomplet, mais suffisant cependant, que
la difficulté de fixer les limites de la division
MER
qui renferme les Merles est grande, puisque
les tentatives faites aux différentes époques
de la science ont conduit à des résultats qui
sont presque la négation les uns des autres.
Comme la classification de G. Cuvier est
celle que l'on a le plus généralement adop-
tée dans le courant de cet ouvrage, e'etf
également d'après la méthode de cet auteur,
combinée avec celle de M. Lesson , et mise
le plus possible en rapport avec les progrès
qu'a faits l'ornithologie, que nous distribue-
rons les Merles. On ne doit pas s'attendre à
trouver ici un spéciès complet, ni moins en-
core la description de toutes les espèces que
nous citerons; nous nous bornerons à dé-
crire succinctement celles d'Europe, et pour
les Merles étrangers, nous donnerons de la
plupart d'entre eux une simple indication.
I. MERLES. Turdus.
Bec long, arqué, comprimé, fort, assez
élevé, échancré à la pointe, qui n'est point
recourbée en crochet; ailes ne dépassant pas
les couvertures supérieures de la queue ;
celle-ci ample et le plus ordinairement car-
rée, et de médiocre longueur.
(a) Espèces dont le plumage offre des cou-
leurs uniformes ou distribuées par grandes
masses. (G. Merula, Ray, Boié.)
Le Merle commun , Turdus merula Linn.
(Buff., pi. enl. , 2 et 555) : tout le plumage
noir, avec le bec jaune ; la femelle est brune.
— Habite toute l'Europe.
Cette espèce présente de nombreuses va-
riétés albines totales ou partielles. Celle à
queue cerclée de blanc, que P. Roux indique
comme constante sur les montagnes des en-
virons de Nice , se trouve dans les environs
de Paris , où nous l'avons rencontrée plu-
sieurs fois.
Le Merle a plastron, Tur. torquatus
Linn. (Buff., pi. enl.t 168 et 182) : noir, à
plumes bordées de blanchâtre; un plastron
blanc sur la poitrine. — Habite les diffé-
rentes contrées de l'Europe; s'y montre en
moins grand nombre que le Merle commun,
et comme lui offre de nombreuses variétés
albines.
Le Merle a gorge noire, Tur. alrogu-
laris Nauman (Gould., pi 75) : tête, devant
du cou et haut de la poitrine d'un noir pro-
fond ; parties supérieures d'un cendré oli-
MER
vâtre; milieu du ventre blanchâtre; flancs
roux , avec de faibles taches brunes. — Ha-
bite la Russie et la Hongrie, de passage en
Autriche et en Silésie.
Le Merle blafard, Tur. pallidus Pall. :
brun-olivâtre en dessus; de larges sourcils
jaunâtres; thorax et flancs couleur d'ocre;
tout le reste des parties inférieures blanc.
— Habite la Sibérie, très accidentellement
de passage en Europe.
Le Merle a sourcils blancs, Tur. sibiricus
Pall., des montagnes boisées de la Sibérie,
que M. Temminck place, dans son Manuel,
parmi les espèces qui se montrent en Eu-
rope, doit être rayé de la liste des oiseaux
européens , attendu que c'est d'après une
fausse indication qu'on l'y avait mis. Parmi
les espèces étrangères, nous citerons : le M.
ardoisé , T. ardosiacus Cuv. , du Brésil. —
Le M. a collier blanc , T. collaris Soret
{Rev. zool.y janv. 1840), de Calcutta. — Le
M. a tête noire, T. atricapilla Cuv . , du Bré-
sil.— Le M. a tête blanche, T. albiceps
Cuv. , du Sénégal . — Le M. a calotte noire,
T. nigropileus De la Fr. (Rev. zool., mars
1840), des Indes orientales. — Le M. citrin,
T. citrinus Temm. (pi. col., 445). — Le M.
a pieds rouges, T. rubripes Temm. (pi. col.,
409 ), de Cuba. — Le M. de l'Australasie ,
T. Australasiœ Sh. (Nat. mise, 1013). — La
Grive brune , T. fuscus Cuv. , du Brésil. —
Le M. roux de Cayenne , T. pecloralis Cuv.
(Buff., pi. enl., 644, t. 1). —Le M. unico-
lore, T. unicolor Gould , de l'Himalaya. —
Et le M. aux ailes variées, T. pœcilopterus
du même auteur, et venant des mêmes lo-
calités.
(b) Espèces à gorge seulement grivelée.
( Ce sont les fausses Grives de M. Lesson.)
Le M. erratique ou M. robin, T. migra-
torius (Buff., pi. enl., 556, t. 1) : tête gris-
ardoise; gorge blanche marquée de taches
noires oblongues; parties supérieures d'un
brun noirâtre; devant du cou , poitrine et
ventre d'un roux couleur de brique. — Ha-
bite l'Amérique septentrionale, très acci-
dentellement de passage en Allemagne.
A ce groupe peuvent se rapporter le M.
plombé, T. plumbeus Gmel. (Buff., pi. enl.,
560 ) , de Porto-Rico. — La Grive des Ma-
louines, T. FalklandicusQuoy et G aim. (Zool.
du voy. deFreyc, p. 104). — Le M. a tète
T, VIII.
MER
145
jaune, T. ochrocephalus Tcm. (pi. col., 136).
— LcGrivrou, T. olivaceus Gmc] . (Levailî.,
Ois. d'Afr., pi. 98), du cap de Bonne-Espé-
rance.— La Grive poiteau, T. Poitcauii
Less., de Cayenne; et le Gr. champêtre, T.
campestris Pr. Maxim.
(c) Espèces à poitrine et dessous du corps
grivelés. (Grives proprement dites. G. Tur-
dus. )
La Grive commune, Tur. musicus Linn.
(Buff., pi. enl., 406) : dessus du corps d'un
brun nuancé d'olivâtre; sourcil jaunâtre;
côtés du cou et de la poitrine roussâtres ,
avec des taches triangulaires brunes. — Ha-
bite presque toute l'Europe.
Cette espèce varie du blanc parfait au
brun plus ou moins tapiré de blanc; elle a
quelquefois tout le plumage d'un roux ar-
dent ou d'un roux jaunâtre.
La Draine, Tur. viscivorus Linn. (Buff.,
pi. enl. , 489 ) : dessus du corps brun cen-
dré; dessous jaunâtre, avec des taches bru-
nes en forme de fer de lance. — Habite l'Eu-
rope; elle est très commune en France.
Elle offre des variétés totales et partielles
comme la précédente.
La Grive dorée, Tur. aureus Holl., T. va-
n'MsHorst. (Gould., Birdsof Eur., vol. 2).
Cette Grive diffère de la précédente , avec
laquelle elle a de fort grands rapports d'ail-
leurs, en ce que son plumage est, en dessus
comme en dessous , parsemé de taches en
forme de croissant. Elle fait partie, si elle
n'en est le type, du g. Oreocincla de Gould.
— Habite l'Asie et l'Australie ; très acciden-
tellement de passage en Europe.
La Litorne, Tur. pilaris Linn. (Gould,
Birds ofEur., part. 8) : tête et derrière du
cou cendrés; dos châtain ; gorge et poitrine
d'un roux clair, avec des taches lancéolées
noires ; plumes des flancs également tachées.
— Habite de préférence le nord de l'Europe ;
de passage à l'automne dans les contrées
tempérées.
Le Mauvis, Tur. iliacus Linn. (Buff., pi.
enl. , 51 ) : brun-olive en dessus; un large
sourcil blanchâtre; sur les côtés du cou, de
la poitrine et du ventre, de nombreuses ta-
ches noirâtres ; le dessous de l'aile d'un roux
ardent. — Habite le nord de l'Europe ; de pas-
sage en automne dans nos pays méridionaux.
Le Merle Nauman, Tur. Naumanni Tem. :
19
146'
MER
MER
sommet de la tête et méat auditif d'un brun
foncé ; parties supérieures d'un cendré roux ;
sur les flancs et l'abdomen de larges taches
rousses frangées de blanc; couvertures in-
. férieures de la queue rousses. — Habite l'A-
sie ; de passage en Silésie , en Hongrie , en
Autriche et en Dalmatie.
Nous citerons parmi les Grives étrangères
à l'Europe: le Merle interprête, T. inlerpres
Kuhl (Tem., pi. col., 458). — La Gr. de la
Guiane, T. Guianensis Gmel. (Buff., pi. enl.,
398 , fig. 1). — Le Grivereau , T. olivaceuS
Lath. ( Levaill. , Ois. d'Afr.,$\. 98). — La
Gr. grivette , T. minor Gmel. , de l'Amé-
rique. — La Gr. solitaire , T. solilarius
Wils. (Aud., pi. 58), de l'Amérique du Nord.
— La Gr. a ventre blanc, T. ventralis Tem.,
de la Nouvelle-Hollande. — La Gr. tannée,
T. mustelinusWùs., de l'Amérique du Nord.
— La Gr. de Wilson, T. Wilsonii Bonap. ,
même habitat. — Et la Gr. brune, T. fusca-
tus Vieill. (Ois. de VAm. sept., 57 bis).
II. PÉTROCINCLES. Petrocossyphus, Boié.
Bec allongé, comprimé, légèrement fléchi
à son extrémité, et plus large à sa base que
chez les Merles ordinaires; ailes fort lon-
gues, dépassant le milieu de la queue ; celle-
ci légèrement échancrée.
Les espèces qui se rapportent à cette di-
vision se rapprochent beaucoup des Traquets
par leur manière de vivre, de nicher, et par
la couleur de leurs œufs : aussi quelques
auteurs les rangent-ils avec eux.
Le Merle bleu, Pet. cyanus Boié, T. cya*
nus Gmel. ( Buff. , pi. enl. , 250) : tout le
plumage bleu, avec des croissants noirs et
blanchâtres. — Habite tout le midi de la
France, l'Espagne, la Sardaigne, l'Italie, la
Grèce, etc.
Le Mer. de roche, Pet. saxatilis, T. saxa-
Mis Lath. (Buff., pi. enl., 562) : tête et cou
d'un joli bleu cendré; dos noirâtre, avec une
large tache blanche; parties inférieures et
queue d'un roux ardent. — Habite toutes les
lAlpes suisses et les Apennins; commun sur
Jles hautes montagnes du midi de la France.
Voy. l'atlas de ce Dictionnaire, oiseaux,
pi. 18.
M. Lesson, qui a fait la révision de cette
division , y place encore les espèces étran-
gères suivantes : Le Pet. solitaire, Pet . ma-
nilliensis, T. manilliensis Gmel., de l'Inde.
— Le Pet. Merle, Pet. cinclorhynchus Vig.,
de l'Himalcya. C'est de cette espèce que
Swainson a fait son g. Pelrophila, nom au-
quel G.-R. Gray a substitué celui tïOrocetes.
— Le Pet. paudon , Pet. paudao Sykes , du
pays des Mahrates (Inde). — Le Pet. maal,
Pet. maal Sykes , même habitat. — Le Pet.
a ventre rouge-brun, Pet. ferrugineo-venter
Less., de l'Himalaya. M. Lesson pense, avec
la plus grande réserve, que ce pourrait être
là l'espèce dont M. Hodgson a fait son g.
Larvivora. — Le Pet. a ventre orangé, Pet.
aurantiiventer Less. , même habitat. — Et
le Pet. a cou marron , Pet. castaneicollis
Less., même habitat.
A cette division doivent encore se rappor-
ter le Merle bleu de la Chine , T. viola-
ceitsLath., le M. rocar, T. rupestris Vieill.
(Vieill., Ois. d'Afr., pi. 101), et I'Espion-
neur, T. explorator Vieill. (Vieill., loc. cit.3
pi. 103).
III. MOQUEURS. Mimus, Briss.
(Orpheus, Sw.)
Bec plus mince et plus convexe que dans
les Merles ; ailes de médiocre longueur ;
queue aussi longue ou plus lougue que le
reste du corps, très étagée.
Toutes les espèces appartenant à cette di-
vision sont étrangères à l'Europe ; ce sont :
Le Moqueur pr. dit, Mi. polyloltus, T.poly-
glottus Gmel . (Buff. ,pl. enl. , 558), des États-
Unis. — Le Moq. calandria , Mi. calandria
Less., du Paraguay et du Chili. — Le Moq.
cendré, Mi. gilvus, T. gilvus Vieill. , des
États-Unis.— Le Moq. cat-bird, Mi. felivox,
T. felivox Vieill., de Virginie. — Le Moq. a
long bec, Orpheus longirostris de la Fr. , de
la Californie. — Le Moq. bleu, Orp. cœru-
lescens Sw., du Mexique. — Le Moq. merle,
Orp. meruloïdes Sw., du détroit de Nootka.
— Le Moq. roux, Orp. rufusëvt., des États-
Unis. — Le Moq. de la Patagonie, Orp.pa-
tagonicus d'Orb. et la Fr.— Le Moq. a trois
bandes, Orp. trifasciatus Gould, des îles
Gallapagos. — Le Moq. livide, Turdus livi-
dus Licht., de la Guiane et de Cayenne. —
V Orpheus dor salis d'Orb. et la Fr. , de Bo-
livie et des Andes. — V Orpheus tricaudalus
d'Orb. et la Fr., de Bolivie. — Le Moq. mon-
tagnard , Mi. montanus Bonap., de l'Amé-
rique du Nord. — VOrph. melanotis Gould,
des Gallapagos. — VOrph. parvulus Gould,
MER
MER
147
même habitat. — Le Mi. saturninus , Tur.
saturninus L\cht., du Brésil. — L'Orph. mo-
dulator Gould, du détroit de Magellan. —
Et le Moq. a bec recourbé, Orph. curviros-
tris Sw. ( du Mexique ), dont Wagler a fait
le type de son g. Toxostoma.
C'est après cette division que se place
«elle des Cinclosomes (Cinclosoma, Vig. et
Horsf. ), dont on a fait le sujet d'un article
particulier.
} IV. STOURNES. Lamprotornis , Temm.
Bec médiocre, élevé, élargi à sa base,
à arête entamant le front; tarses forts;
plumage métallisé, les plumes de l'occiput
longues et pointues comme chez i'Étourneau.
Toutes les espèces connues sont de l'an-
cien continent, et sont considérées par la
plupart des auteurs comme appartenant plu-
tôt à la famille des Étourneaux qu'à celle
des Merles. Le Merle vert, Lam. mauritia-
nus, Tur. mauritianus Gmel. (Buff.,pZ.
enl., 648, t. 2), de l'île Maurice et de Min-
danao. — Le Stourne chanteur, Lam. can-
tor Temm., Tur. cantor Lath. (pi. col.,
149), de l'Ile de France , type du g. Calor-
nis de G.-R. Gray. — Le Stou. bronzé, Lam.
metallicus Temm. (pi. col., 266), de Ter-
nate. — Le Stou. des colombiers, Lam. co-
lombinus, Tur. colombinus Gmel , des îles
Mariannes , Carolines et Philippines. — Le
Stou. a sourcils rouges, Lam. erythrophris
Temm. (pi. col., 267), des Célèbes. — Le
Srou. a ventre roux, Lam. rufiveniris Riipp.,
de l'Abyssinie.— Le Stou. a bec grêle, Lam.
tenuirostris Rupp., de l'Abyssinie.
G. Cuvier a cru devoir distinguer des
Stournes les espèces à plumage cuivré, mé-
tallisé et éclatant : la plupart d'entre elles
ont une queue fort longue et étagée. Ce sont
ces espèces que M., Lesson , dans son Traité
d'ornithologie, réunit sous les noms de Juida
et Spréo.
Le Merle a longue queue, Lam. œnca
Licht. ( Buff. , pi. enl. , 220 ) , du Sénégal ,
type du g. Suida de M. Lesson. — Le Merle
d'Angola, Lam. nitens Licht. (Levaill., Ois.
d'Afr., pi. 90), de la Sénégambie. — Le
Merle de Juida, Lam. aurata Licht. ( Buff.,
pi. cnl., 540), du cap de Bonne-Espérance.
— Le Spréo , Lam. bicolor Licht. (Levaill. ,
Ois. d'Afr., pi. 88), du cap de Bonne-Espé-
rance, type du g. Spréo de M. Lesson. —Le
Roupenne, Lam. mono Licht., Tur. rufipen-
nis Shaw (Levaill., Ois. d'Afr., pi. 83), du
Cap. — L'Oranvert , Lam. chrysogaster
Licht. , de l'Afrique. — Et le Merle a ventre
blanc , Lam. leucogaster, Tur. leucogaster
( Buff., pj.eni., 648, 1. 1), de Juida. M. Les-
son place ces deux dernières espèces dans sa
7e race*des Merles à petite taille.
V. TURDOIDES. Ixos, Temm.
Bec court , faible , comprimé , fléchi dès
sa base; pieds courts ; doigt du milieu plus
long que le tarse; ongles courts et grêles.
Cette division réunit les Merles ixos et les
Podobés de M. Lesson. Quelques unes des
espèces dont M. Temminck a fait des Tur-
doïdes ont été prises pour types ou pour su-
jets d'autres sections, que nous indiquerons
au fur et à mesure que nous signalerons ces
espèces. Une d'elles se montre accidentelle-
ment en Europe; c'est le Turdoïde obscur ,
Ix. obscurus Temm. : tête, joues et gorge
d'un brun sombre; dessus du corps d'un
brun de terre terne; poitrine et flancs d'un
brun clair; abdomen et couvertures infé-
rieures de la queue blanchâtres. — Habite
l'Afrique; se montre en Andalousie.
Le Tur. Levaillant, Ix. Vaillantii Temm.
(Buff., pi. enl., 317), du cap de Bonne-Es-
pérance.— Le Tur. a tète blanche, Ix. leu-
cocephala Temm. (pi. col. , 4 ). — Le Po-
doeé, Turd. erythropterus Gmel. (Buff.,pï.
enl., 334), du Sénégal , type de la 11e race
de M. Lesson , ou Podobés. — Le Turd. cap-
bronzé, Ix. calceocephalus Temm. (pi. col.,
453), de Java, type du g. Micropode (Mi-
cropus) de Swainson. — Le Turd. écaillé ,
Ix. squamatus , Turd. squamatus Temm.
(pi. col., 453), que Swainson place dans son
g. Brachype (Brachypus), dont le Turd. dis-
par Horsf., espèce de Turdoïde, est le type.
— Le Turdoïde a tète noire , Ix. atriceps
Temm. (pi. col. , 137 ). — VIxos plebeius
Rupp. (Voy. pi. 23). — Le Turd. a ventre
jaune, Turd. aurigaster Vieill. (Levaill.,
Ois. d'Afr., 107), dont Swainson fait son g.
Hœmatornis.
Enfin G. Cuvier range encore avec les
Turdoïdes \eJaufredic (Levaill., Ois. d'Afr.,
111). —-Le Grivctin (id., 118). — Le Con-
dor (id., 119 ). — Et le Turd. orienlalis
Gmel. (Buff., pi. cnl, 273).
Il en distingue les espèces à queue excès-
148
MER
MER
sivement fourchue, dont M. Temminck a
fait un g. sous le nom tfEnicure.
VI. GRALLINES. Grallina, Vieil!.
(Tanypus, Oppel.)
Bec médiocre , allongé , convexe ; ailes
longues et pointues; tarses longs, robustes,
scutellés.
C'est surtout par ce dernier caractère ,
qui donne à ces oiseaux une apparence d'É-
chassiers, que les Grallines se distinguent
des autres Merles.
On n'en connaît que deux espèces : la
Grall. noire et blanche, Gr. melanoleuca
Vieill. (Gai. des Ois., pi. 150), de la Nouvelle-
Hollande; et la Grall. bicolore, Gr. bicolor
Vig. et Horsf. , des environs de Port-
Jackson.
VIL CRINONS. Criniger, Temm.
Enfin , G. Cuvier place parmi les Merles
le Crinon barbu, Cr. barbatus Temm. (pi.
col., 86), qui porte pour caractères distinc-
tifs des soies fortes et raides à la base de la
mandibule supérieure , et les plumes de la
nuque terminées par une sorte de soie.
Une foule d'autres espèces, décrites par
des auteurs comme étant des Merles, ont été
rapportées par d'autres auteurs à des gen •
res et à des familles tout différents. Ainsi
les Turd. malabarius Lath. et cochinchinen-
sis Gmel., sont pour Boié des Philédons ; le
Turd. badins Licht. , est un Foumier pour
Vieillot; le T. longirostris Gmel. est le type
du g. Tatau de Lesson, et appartient à la
famille des Grimpereaux; le T. varieyatus
Gmel. est le type du g. Campylorhynchus
Spix, de la famille des Troglodytes ; le T.
brachypterus Lath. est un Mérion pour
M. Temminck; le T. arundinaceus Linn. est
une Fauvette; le T. aureocapilla Gmel. est,
pour les uns , un Accenteur, pour les autres
une Fauvette; le T. flavirostris Horsf. est
un Myophone pour M. Temminck; le T.
colma Gmel. est pour Boddaert un Fourmi-
lier; le T. perspicillatus Gmel. est un Ga-
rulaxe pour M. Lesson ; le T. crassirostris
Lath. est pour le même auteur un Turnagra;
le T. palmarum Linn. est dans Vieill. un
Tachyphone; le T. gulturalis de Lath. est,
dans la famille des Cotingas, le type du g.
Pachycéphale de Svvainson ; le T. zeilonus
est une Pie-Grièche; le T. leucotis Lath. est
un Phiiédon pour M. Temminck ; le T. fla-
virostris Horsf. est également pour lui un
Myophone; le T. amœnus Horsf. appartient,
selon G.-R. Gray, au g. Traquet.
La liste des espèces que l'on a successive-
ment retirées du g. Turdus est presque iné-
puisable; mais nous devons borner là nos
citations. Elles suffiront pour démontrer
combien peu cette division des Merles est
caractérisée , puisqu'elle est susceptible de
comporter tant d'éléments hétérogènes.
(Z. Gerbe.)
MERLE D'EAU, ois. — Nom que don*
naient Buffon et les ornithologistes de son
époque au Cincle plongeur d'Europe. Voy.
cincle. (Z. G.)
MERLUS (Gadusmerluccius Lin.), poiss.
— C'est un grand Poisson de la famille des
Gades habitant l'Océan d'Europe et la Médi-
terranée. Il a le corps très allongé , com-
primé vers la queue, arrondi en avant; la
tête large et déprimée ; la gueule bien fen-
due, les mâchoires hérissées de longues dents
en crochets et pointues sur plusieurs rangs;
un barbillon à la symphyse ; deux dorsales :
l'antérieure petite, basse et courte; la se-
conde, étendue sur presque tout le dos, va
jusqu'à la caudale, avec laquelle elle ne se
confond pas; une seule anale très longue;
la caudale petite et courte. Un gris plus ou
moins blanchâtre colore le dos ; le ventre est
blanc mat.
C'est un Poisson vorace qui vit en trou-
pes et dont on fait une pêche abondante,
surtout le long des côtes de la Méditerranée,
parce que ce poisson donne lieu à de bonnes
et abondantes salaisons qui rendent sa chair
plus ou moins sèche, suivant le procédé qui
a été suivi pour la saler. On vend alors ce
poisson sous le nom de Merluche quand il
n'est pas très dur, et sous celui de Stock-fish
quand il est devenu tout-à-fait raide et sec.
On le réduit à cet état surtout en Flandre
et dans le nord de la Basse-Allemagne. C'est
une des nourritures les plus abondantes pour
les classes pauvres.
Le Merlus est devenu aussi le type d'un
genre particulier de la famille des Gades, et
qui se distingue de celui des Morues et des
Merlans , parce qu'il n'a que deux dorsales
et qu'une seule anale. Il se dislingue des
Merlans par le barbillon. 11 y a plusieurs es-
Dèces de ce genre , car celle que Lacé-
MER
MER
149
pède a vue dessinée par Commei&un, et qui
se trouve autour du cap Horn, est bien dis-
tincte de celle d'Europe. Elle a été rapportée
par M. Gay. On en connaît d'autres de la
Nouvelle-Zélande. (Val.)
*MERMIS (pcpfus, fi], cordelette), helm.
— Genre d'Helminthes établi par M. Du-
jardin pour des vers longs, filiformes, con-
fondus avec les Gordius ou avec les Fi-
laircs. Les mâles sont inconnus ; les femelles,
après avoir vécu dans le corps de quelque
insecte ou d'une larve, en sortent et se trou-
vent pelotonnées sur la terre humide, où
elle répandent leurs œufs globuleux , noirâ-
tres. Ces œufs sont contenus d'abord dans
une capsule ou dans un calice bipolaire,
susceptible de se diviser en deux moitiés
cupuliformes. Les Mermis femelles, à l'in-
stant de la ponte, n'ont qu'un intestin in-
complet, sans orifice anal; leur bouche est
terminale, très petite; leurs téguments, très
épais, sont formés de fibres obliques. (Duj.)
*MEROCORÏS (fjwpoç, cuisse; xopiç, pu-
naise). iNS. — Genre de la famille des Coréi-
des, groupe desCoréites, de l'ordre des Hé-
miptères, établi par Perty [Delect. anim.
articulât.) et généralement adopté par les
entomologistes. Ces Insectes sont caractéri-
sés par une tête courte et des antennes dont
le dernier article est en forme de fuseau al-
longé. Le type de ce genre est le M. acri-
dioides (Coreus acridioides Fabr.), de l'Amé-
rique méridionale. (Bl.)
MERODON (iMpoç, , cuisse ; oJotfç, dent).
ins. — Genre de l'ordre des Diptères bra-
chocères, famille des Brachystomes , tribu
des Syrphides , établi par Latreille et carac-
térisé comme suit : Corps épais. Antennes
insérées sur la moitié inférieure de la hau-
teur de la tète et sur une saillie du front;
troisième article ovale ; style bi-articulé.
Yeux velus. Cuisses épaisses, ordinairement
terminées par une dent; jambes arquées.
Cellule sous-marginale des ailes pédiforme.
Ce genre renferme 16 espèces , toutes de
France ou d'Italie, et 3 qui paraissent ap-
partenir à l'Afrique septentrionale. Nous
citerons parmi les premières le il/, equestris,
qui se trouve aux environs de Paris. C'est
un Insecte long de 1 à 2 centimètres; il a
la face et le front grisâtres , les antennes
noires, le thorax antérieurement à poils
ferrugineux, postérieurement à poils noirs;
î ecusson et l'abdomen à poils ferrugineux ;
les pieds noirs; les jambes postérieures à
tubercule vers l'extrémité, et terminées par
une pointe recourbée.
Les larves des Merodon se nourrissent de
substances végétales ; quelques unes ont été
découvertes dans des ognons de Narcisse ,
dont elles rongent l'intérieur. Elles ont le
corps blanchâtre, épais, cylindrique, pointu
aux deux extrémités.
MÉROE. Meroe. iioll. — Genre créé par
Schumacher aux dépens des Donaces. Voy.
ce dernier mot.
*MEROLES. rept. — Division formée
dans l'ancien genre Lézard par M. Gray
(Ann.ofn. hist., I, 1838). (E. D.)
*MEROMALES. ins.— Genre de la tribu
des Chalcidiens, groupe des Osmocérites, de
l'ordre des Hyménoptères, établi par M. Wal-
ker (Entom. Magazine). Le type est le M.
flavicornis Walk. (Entom. Magaz., t. II,
p. 178). (Bl.)
*MERONCÏDIES. ins.— Genre de la tribu
des Locustiens, de l'ordre des Orthoptères ,
établi par M. Serville (Rev.rnéth. de l'ordre
des Orthopt., Ann. des se. nat.t lre série) sur
une espèce de la Guiane (M. obscurus Serv.),
qui n'est pas séparée des Acanthodis par
d'autres entomologistes. (Bl.)
*MEROPACHYS(pivjpoç, cuisse; ™Xvç,
épais), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, famille
des Longicornes , tribu des Cérambycins,
établi par M. Hope et adopté par Erichson
{Archiv. fur Naturg., 1842, p. 221, 162).
Les deux espèces suivantes , de la Nouvelle-
Hollande, en font partie : les M. Mac-Leayi
H., et sericeus Er. (C.)
*MEROPACH¥S (avjpôç, cuisse ; wr«xvç,
épais), ins. — Genre de la famille des Co-
réides , groupe des Anisoscélites, de l'ordre
des Hémiptères , établi par M. Laporte de
Castelnau (Essai hémipt. hétéropt.) sur quel-
ques espèces exotiques. Les Meropachys ont
une tête courte, arrondie; des pattes posté-
rieures grandes , dont les cuisses sont très
renflées et les jambes arquées. On peut en
considérer comme le type le M. gracilis
Burm., qui est assez commun au Brésil. (Bl.)
*M ÉROPIDÉES. Meropidœ. ois. — Fa-
mille de l'ordre des Passereaux , établie
pour des espèces qui ont un bec plus long
que la tête, arqué; un corps allongé, svclte;
150
MER
MER
des ailes longues ; une queue le plus ordi-
nairement terminée par deux brins ; des
pieds courts, et le doigt externe profondé-
ment soudé à celui du milieu.
Cette famille , qui correspond aux Lepto-
rarnphus de M. Duméril et aux Guêpiers de
G. Cuvier, a été créée par Vigors. Elle
comprend, pour! G. -R. Gray, les genres
Merops, Meïittophagus et Nyctiornis ; et
pour M. Lesson, indépendamment du genre
Merops , dans lequel il confond les Mélitto-
phages et les Nyctiornes , la famille des Mé-
ropidées renferme encore les genres Irrisor
et Rhinopomastur. (Z. G.)
MEROPS. ois. — Nom scientifique du
genre Guêpier. Voy. ce mot.
*MEROSCELISUS (pnpéc, cuisse ; <r*tllç,
jambe; îaoç , égal), ms. — Genre de Co-
léoptères subpentamères, tétramères de La-
treille, famille des Longicornes, tribu des
Prioniens , créé par Serville (Ann. de la
Soc. ent. de Fr., t. I , p. 126 et 157), et
qui ne renferme qu'une espèce , le M. vio-
laceus Dej., Serv., originaire du Brésil. La
femelle paraît être privée d'ailes. (C.)
MEROSPORUM. bot. cr. — Voy. da-
CRINA. (LÉV.)
*MEROSTACHYS (prjpoç , tige; 5TaXv;,
épi), bot. ph. — Genre de la famille des
Graminées-Festucacées, établi par Sprengel
(Syst. , 1 , 132 ). Gramens du Brésil. Voy.
GRAMINÉES.
MÉROU, pois. — Voy. serran.
*MERRETIA, Soland. (Afsc). bot. ph.
— Syn. de Corynocarpus , Forst.
*MERTENSIA (Mertens, zoologiste alle-
mand), acal. — Genre de Béroïdes proposé
par M. Lesson, qui le place dans sa tribu
des Cydippes, et le caractérise ainsi : Corps
oblong , vertical , échancré en bas , com-
primé sur les côtés , formé de huit côtes ,
portant chacune sur leur arête une rangée
de cils; près de l'ouverture supérieure nais-
sent deux longs cirrhes contenus dans deux
tubes latéraux, et sortant par l'extrémité
opposée. Le type de ce genre est le Beroe
ovum de Fabricius , qu'Eschscholtz avait
nommé Cydippe ovum , et qui est la Mer-
tensia Scoresbyi de M. Lesson. Cet Acalèphe,
de la grosseur d'un œuf, est bleuâtre, pres-
que diaphane. Il vit près du pôle arctique,
dans la baie de Baffin , et au Spitzberg.
M. Lesson rapporte au même genre , et
peut être à la même espèce , le Beroe com-
pressa de Mertens, qui est une Jmura de
M. de Blainville. (Dcj.)
MERTEIVSIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Celtidées, établi
par H.-B. Kunth (in Humb. et BonpL, Nov. '
gen. et $p., II, 31 , t. 103). Arbres de l'A-
mérique tropicale. Voy. celtidées. — Roth.
(Catalect., I, 54), syn. de Steenhammera ,
Reichenb.
MERTEIVSIA, Roth. (in Schrad. Journ.,
II, 1, t. 1). bot. cr. — Syn. de Champia,
Lamk.^
*MÉRULAXE. Merulaxis. ois. — Genre
de la famille des Fourmiliers et de l'ordre
des Passereaux , caractérisé par un bec mé-
diocre, à mandibule supérieure convexe,
presque droite, à arête très marquée entre
les narines , et à pointe recourbée et nota-
blement échancrée; des narines en partie
recouvertes en avant par une écaille bom-
bée, au-dessous de laquelle elles sont per-
cées , et cachées en arrière sous des plumes
rigides , étroites , courtes et dirigées en
avant; des ailes obtuses, très courtes , très
concaves et arrondies; une queue longue,
étagée, à rectrices peu fournies , acuminées
et molles; des tarses forts, assez robustes ;
quatre doigts armés d'ongles minces , com-
primés et peu vigoureux.
Ce genre a été établi par M. Lesson, dans
sa Centurie zoologique , sur un oiseau fort
voisin des Fourmiliers : aussi les auteurs
ont-ils été d'accord pour le placer dans la
même famille. MM. Swainson et Ménétrier
ont de leur côté reconnu, dans l'oiseaa
publié avant eux par M. Lesson , le type
d'un genre nouveau qu'ils ont proposé, le
premier sous le nom de Platyurus, et le se-
cond sous celui de Malacorhynchus.
Les espèces qu'a fait connaître M. Lesson
sont : le Mérulaxe noir, M. ater Less. (Cent,
zoologique, pi. 30). Noir ardoisé, uniforme;
tarses jaune clair. — Habite le Mexique.
Le Mérulaxe roux, M. rulilus Less. Brun
ardoisé en dessus , roux vif sous le corps ;
les plumes du front formant sur la narine
une petite houppe comprimée. — Patrie
inconnue.
Peut-être cette deuxième espèce est-elle
établie sur la femelle ou le jeune âge du
Mérulaxe noir.
Depuis la publication de ce genre par
MER
MES
151
M. Lesson , quelques autres espèces ont été
découvertes ; ainsi M. de La Fresnaye en a
fait connaître quatre dans la Revue zoologi-
que pour 1840 (n° d'avril) : le M. senilis,
le M. grisei-collis , le M. squamiger ( tous
les trois venant de Santa-Fé de Bogota), et
le M. analis, que M. de La Fresnaye croit
provenir du Paraguay ou du Chili.
On ne sait absolument rien sur les mœurs
des Mérulaxes ; cependant , comme , par
l'ensemble de leurs formes, ce sont de vrais
Fourmiliers , il est probable qu'ils en ont
les habitudes et le genre de vie. ( Z. G.)
MÉRULIDÉES. Merulidœ , Vig. ois. —
Syn. de Turdidées. Voy. ce mot. (Z. G.)
*MERULINA (merulius, genre de cham-
pignons), polyf. — Genre établi par M. Eh-
renberg aux dépens des Agaricies de La-
mouroux et de Lamarck, et ayant pour type
le Madrepora ampliata d'Ellis et Solander.
Les expansions de ce Polypier sont presque
flabellées , avec des rides longitudinales sé-
parées par des carènes saillantes dentelées
en scie, très rudes. Il se trouve dan. la mer
des Indes. (Duj.)
MERULIUS. bot. cr. — Genre de Cham-
pignons créé par Haller, et si vaguement
caractérisé, que les auteurs y ont introduit
un grand nombre d'espèces dont on a formé
depuis de nouveaux genres. Ainsi on trouve
décrits sous ce nom, des Agarics, des Chan-
terelles, des Pézizes, des Théléphores, des
Dœdalea, etc., etc. Il appartient à la classe
des Basidiosporés, et doit être mis parmi les
Polyporés. Le réceptacle est réfléchi ou résu-
piné, ordinairement membraneux. L'hymé-
nium est de la même nature, confondu avec
le réceptacle, et composé d'une membrane
parcourue par des veines peu saillantes ,
obtuses, et qui forment des aréoles ou de
larges cellules, dont la surface dans l'état frais
est couverte de bandes quadrifides. Ainsi
limité , le g. Merulius est parfaitement dis-
tinct; mais, à l'exemple de Persoon, il faut
en séparer les Xylomyzon , qui ont la même
forme, et dont la consistance est coriace au
lieu d'être charnue. Voy. xylomyzon. (Lév.)
MERVEILLE A FLEURS JAUNES.
bot. rn. — Un des noms vulgaires de 17m-
patiens noli tangereL.
MERVEILLE DU PÉROU, bot. ph. —
Nom qu'on donnait autrefois à la Belle-de-
nuit*
MERYCOTHERIUM. mam. voss.—Voy.
CHAMEAUX fossiles.
*MER1'UM (p./jpuw, pelotonner), ins. —
Genre de Coléoptères subpentamères, tétra
mères deLatreille, famille des Longicornes,
tribu des Cérambycins , créé par Kirby
(Faun. boreali americana , 1837, p. 172),
et qui se rapporte au genre Phymatodes , de
Mulsant , que ce dernier auteur n'a publié
qu'en 1839 ( Hist. nat. des Gol. de Fr.), et
qui par conséquent doit être rejeté. (C.)
MER1X (pvîpvw, pelotonner), ins. — Genre
de Coléoptères tétramères, famille des Xy-
lophages, tribu des Mycétophagides, créé
par Latreille (Gênera Crust. et Ins., t. III,
p. 17 , t. I , pi. 1 1 , f. 1). Ce genre se dis-
tingue par des palpes maxillaires tous sail-
lants et terminés par un article plus grand,
en triangle renversé. Le type , M. rugosa
Latr., indiqué à tort comme originaire des
Indes orientales, est indigène de la Nou-
velle-Hollande. (C.)
*MESACWiEA (pe'ffoç, moyen, médian;
axp.c.t'o;, robuste). roLYP. — Sous-genre d'Ac-
tinies , établi par M. Ehrenberg pour les
espèces qui auraient les tentacules moyens
les plus forts, les internes et les externes
étant au contraire plus petits ; mais on ne
connaît pas encore d'espèces de ce sous-
genre. (Duj.)
*MESAGROICUS (p.^âypcuxo; , qui est
un peu rustique), ins. — Genre de Coléo-
ptères tétramères , famille des Curculioni-
des gonatocères, division des Brachydérides,
établi par Schœnherr [Gênera et sp. Curcul.
synon., t. VI, I, p. 281 ). L'auteur en dé-
crit deux espèces du Caucase, les M. pisi fé-
rus Schr., et obscurus Stevens. (C.)
MÉSAL. moll. — Adanson (Voy. au Se-
nég.) nomme ainsi une coquille qu'il place
dans son genre Cérithe , mais qu'une étude
plus approfondie a fait reconnaître comme
appartenant aux Turritelles. Voy. ce mot.
*MESAL1NA. rept. — Division formée
par M. Gray (Ann. of se. hist., 1830) aux
dépens du grand genre Lacerta. (E. D.)
MÉSANGE. Parus, ois. — Genre type
de la famille des Paridées , dans l'ordre
des Passereaux. On lui assigne pour carac-
tères : un bec petit , court , droit , conique ,
comprimé , non échancré, et garni de poils
à sa base, à mandibule supérieure quelque-
fois un peu recourbée vers la pointe; des
152
MES
MES
ratines situées à la base du bec , arrondies
et presque entièrement cachées par de pe-
tites plumes dirigées en avant; des pieds
médiocrement forts, et des doigts, au nom-
bre de quatre, armés d'ongles assez puis-
sants , surtout le pouce.
Les Mésanges composent une division fort
intéressante. Les espèces connues s'isolent
d'une manière bien tranchée des autres
groupes ornithologiques , non pas tant par
leurs caractères extérieurs que par leurs
habitudes naturelles. Ce sont, en effet, de
petits Oiseaux que leur manière de vivre
suffirait pour caractériser d'une façon assez
nette, tant elle leur est particulière. A la
vérité , on trouve bien dans la série quel-
ques espèces, les Colious, par exemple, les
Sîtelles, et surtout les Roitelets, dont les
mœurs ont quelques traits d'analogie avec
les leurs; mais quelques traits isolés ne sau-
raient constituer en entier le naturel d'un
oiseau, et celui des Mésanges leur est telle-
ment propre, qu'il pourrait servir, nous le
répétons, à caractériser le genre qu'elles
forment. Aussi est-il possible de faire leur
histoire générale; car, à quelques particu-
larités près , ces Oiseaux ont des mœurs et
des habitudes communes.
Si les Mésanges avaient autant de force
qu'elles ont de hardiesse et de courage, il
est très certain qu'on pourrait les placer
parmi les espèces les plus redoutables. En
général, elles sont vives, actives, auda-
. cieuses et hargneuses au suprême degré.
Elles se montrent jalouses à l'égard des au-
tres Oiseaux, et ont, pour quelques uns
d'entre eux, une antipathie bien pronon-
cée. La Chouette surtout est leur lête d'a-
version ; elles se lancent dessus avec fureur,
avec opiniâtreté , en hérissant leurs plumes
et en poussant des cris perçants qui attirent
les autres petits Oiseaux.
Il est excessivement rare, durant le jour,
de les trouver au repos. Constamment elles
voltigent d'arbre en arbre, sautent de bran-
che en branche, et s'y soutiennent dans
toutes les attitudes. Tantôt elles s'accrochent
à l'écorce pour prendre un insecte ou les
œufs qu'il y a déposés , la frappent de leur
bec pour en faire sortir ceux qui pourraient
s'y être cachés ; tantôt elles se suspendent
à l'extrémité du rameau le plus faible, pour
chercher dans le bourgeon, ou sur la lige i
qui le termine, les petites mouches qui s'y
reposent. Après qu'elles ont ainsi exploré.
un arbre depuis le bas jusqu'à la cime, elles.-
se jettent sur un autre arbre voisin , re-j
commencent leur chasse, et ainsi successi-'
vement elles visitent quelquefois toute la
lisière d'un bois.
La plupart des Mésanges étant en quel-
que sorte omnivores , la nature leur offre
presque partout de nombreux moyens d'exis-
tence. Il est probable que c'est à la facilité
qu'ont ces Oiseaux de se procurer partout
une nourriture facile qu'il faut attribuer
leur courte pérégrination ; car nous devons
dire que les Mésanges n'entreprennent pas
de longs voyages; elles errent çà et là plu-
tôt qu'elles n'émigrent. L'été, elles man-
gent des Abeilles, des Guêpes, des Punai-
ses de bois , des Chenilles et un grand
nombre d'autres Insectes, soit à l'état^ar-
fait, soit à l'état de larve; l'hiver, elles se
nourrissent de fruits à noyau, de graines
sèches ; elles recherchent avec avidité celles
du Tilleul, du Sycomore, de l'Érable, du
Hêtre et du Charme ; elles aiment aussi les
noisettes, les glands , les noix, les Châtai-
gnes, et surtout les olives piquées et à demi
sèches. Peut-être n'attaquent-elles ce dernier
fruit que pour mettre à découvert les larves
qui le rongent. Il est surprenant que d'aussi
petits Oiseaux , avec des moyens peu puis-
sants en apparence , puissent venir à bout
de rompre l'enveloppe ligneuse d'une noi-
sette , par exemple , ou d'une noix. Le seul
instrument qu'elles emploient à cet effet
est le bec ; elles s'en servent comme d'un
coin , à l'aide duquel elles frappent à coups
redoublés sur l'enveloppe de la noix jusqu'à
ce qu'elles soient parvenues à pratiquer un
trou assez grand pour en extraire le con-
tenu. C'est du reste de cette manière qu'elles
mangent toutes les graines; car, malgré
leur bec ferme et solide , elles ne les écra-
sent pas , comme font certains Oiseaux co-
nirostres : elles les dépècent, en ayant soin
de les assujettir préalablement sur une bran-S
che , avec leurs pieds. La prévoyance n'es )\
ordinairement pas une des qualités des Oi-I
seaux : ils vivent au jour le jour, sans pren-
dre souci du lendemain. Cependant il pa-
raîtrait que les Mésanges, quelques unes du
moins , entassent dans des trous , pour leur
provision d'hiver, des graines et des fruits
MES
MES
153
à noyaux. Toutes sont gourmandes et vo-
races ; la plupart d'entre elles même sont,
à vrai dire , carnivores. La Mésange char-
bonnière, la Mésange bleue et la Nonnette
ont un appétit excessivement prononcé pour
le suif et la graisse rance ; c'est là pour elles
un appât auquel elles ne sauraient résis-
ter. Un fait certain, déjà signalé , et dont
nous avons été témoin bien souvent , c'est
qu'elles attaquent, en cage, les Oiseaux
faibles et languissants, même ceux de leur
espèce, et qu'après les avoir tués en les
frappant à coups redoublés sur la tête, elles
leur ouvrent le crâne pour en dévorer la
cervelle. Bechstein a vu une grande Char-
bonnière tuer de la sorte une Caille. Cette
cruauté , comme le dit Buffon , n'est pas
toujours justifiée par le besoin, puisqu'elles
se le permettent lors même qu'elle leur est
inutile, par exemple dans une volière où
elles ont en abondance la nourriture qui
leur convient. En captivité , on nourrit les
Mésanges avec du chènevis , de la faîne et
plusieurs autres graines ; elles mangent
aussi du pain trempé dans du lait ; mais on
a remarqué que , sans rien perdre de leurs
habitudes et de leur activité naturelles ,
elles ne supportent pas longtemps l'escla-
vage. On ne peut les garder que trois ou
quatre ans en cage. Malgré la nourriture
qu'elles prennent en abondance, et qu'elles
savent si bien varier, les Mésanges ne sont
jamais bien grasses ni de bon goût ; leur
chair est noirâtre , grossière , sèche et
amère.
11 est peu d'Oiseaux plus sociables que
ceux dont nous faisons l'histoire ; car il est
très rare de rencontrer des individus isolés.
Ils vivent en troupes ou plutôt en familles,
Surtout après les couvées. On les entend se
rappeler sans cesse et redoubler leurs cris
dès qu'ils se perdent de vue; on les voit se
réunir un instant, se quitter, puis se rap-
procher de nouveau. Les lisières des bois ,
les buissons, les haies, les jardins, les en-
droits marécageux , les bords des rivières ,
sont les lieux où ils exercent constamment
leur industrie. On a prétendu qu'il règne
entre les Mésanges moins d'attachement
que de méfiance, et que les individus d'une
même espèce se craignent mutuellement;
on a même avancé que cette méfiance et
cette crainte mutuelles étaient cause que
t, vin. ——**■.
ces Oiseaux se tenaient toujours à quelque
distance les uns des autres. Si le fait était
vrai, on ne saurait trop comment expliquer
leur instinct de sociabilité; mais nous pou-
vons assurer que , dans cette circonstance
comme dans beaucoup d'autres , on s'est
trompé. Si bien souvent les Mésanges qui
composent une bande sont éparpillées çà et
là sur le même arbre , c'est que les insectes
qu'elles y cherchent n'y sont pas non plus
ramassés sur un seul point, et non seule-
ment alors elles se dispersent sur toutes les
branches , mais , lorsque deux de ces Oi-
seaux suivent la même direction , on les
voit arriver jusqu'au bout de la tige qu'ils
parcourent, exerçant tranquillement leur
industrie l'un près de l'autre. Si quelquefois
il y a querelle entre les Mésanges, c'est
toujours lorsque l'une est sur le point d'en-
lever la proie à l'autre. D'ailleurs la plus
grande preuve de leur sociabilité est que la
plupart d'entre elles ne sauraient vivre
seules. La Mésange à longue queue surtout
offre un exemple bien remarquable du besoin
de la société de ses semblables. Se voit-elle
isolée, on l'entend incontinent se désespé-
rer, si nous pouvons ainsi dire. Elle, d'ordi-
naire si active pour ses besoins, oublie
même alors de chercher sa nourriture. Ce
n'est plus dans le bas des arbres qu'elle se
pose; elle n'en visite plus les branches jus-
qu'au dernier rameau pour y découvrir l'in-
secte qui s'y cache; c'est sur la cime qu'elle
se perche alors ; et de là , poussant de hauts
cris d'appel, elle paraît attendre qu'on lui
réponde. Si rien ne lui indique la présence
de ses compagnes dans le voisinage , elle
vole se percher sur un arbre plus éloigné,
pour y recommencer ses cris. Enfin cette
agitation ne cesse que lorsqu'elle a retrouvé
la petite troupe dont elle faisait partie, ou
une autre dans laquelle elle comptera dé-
sormais.
Mais pour offrir un témoignage plus écla-
tant de rattachement que ces petits Oiseaux
ont les uns pour les autres, nous citerons le
fait suivant. Étant en chasse, nous démon-
tâmes d'un coup de fusil une Mésange à
longue queue qui demeura accrochée à l'ar-
bre sur lequel nous l'avions tirée. Soudain
elle poussa de petits cris plaintifs qui atti-
rèrent tout autour d'elle les individus assez
nombreux dont se composait la bande à la-
20
154
MES
quelle elle appartenait. Ils voltigeaient avec
agitation à côté de leur compagnon blessé,
s'en approchaient jusqu'à le toucher, et pa-
raissaient s'efforcer de l'attirer à eux par des
cris particuliers. Enfin, après avoir observé
quelque temps cette série de dévouement,
nous les abattîmes l'un après l'autre, jus-
qu'au dernier, sans que les coups de fusil
pussent les déterminer à s'éloigner.
Voilà bien certainement une preuve de
l'attachement , nous dirions presque de l'a-
mitié que les Mésanges à longue queue ont
l'une pour l'autre. Si toutes les espèces du
genre sont en général sociables, ce qu'on ne
saurait mettre en doute, nous n'en connais-
sons cependant pas qui le soient à ce point.
Les autres genres même ne nous offrent pas
un exemple aussi remarquable ; les Roite-
lets seuls pourraient peut-être, sous ce rap-
port , soutenir la comparaison.
Mais il n'est point, parmi les Oiseaux, de
lien si étroit que l'époque des amours ne dé-
truise , et les Mésanges à longue queue,
comme toutes leurs congénères , quand
vient le moment de la reproduction, cessent
de former des familles; on ne les rencontre
plus que par couples.
Toutes les Mésanges ne mettent pas à
faire leur nid le même soin ni la même
adresse. Les unes le construisent dans les
arbres creux, dans les fentes des murailles,
dans les trous abandonnés des Mulots et
des Taupes , dans les vieux nids des Pies et
des Écureuils ; les autres le placent entre
les tiges des roseaux, à une certaine distance
de l'eau; d'autres le posent contre le tronc
des arbres ou à l'enfourchure des branches;
d'autres enfin le suspendent à l'extrémité
des rameaux les plus flexibles. Parmi elles,
celles qui apportent le plus d'art dans la
construction de l'édifice qui doit recevoir
leurs œufs et protéger leurs petits, sont la
Mésange à longue queue et la Mésange Ré-
miz. Celui de la première de ces deux es-
pèces, ordinairement posé sur l'enfourche-
ment des branches , est composé à l'exté-
rieur avec des lichens , de la mousse et de
la laine, entrelacés avec un art admirable,
et est garni intérieurement d'une grande
quantité de plumes et de duvet. Ce nid, qui
affecte la forme d'un ovale, offre ceci de
particulier que, sur deux de ses faces op-
posées, sont pratiquées deux petites cuver-
MES
tures qui se correspondent de telle façon
que la femelle ou le mâle puissent entrer
dans ce nid et en sortir sans être oblfgés de
se retourner. Cette double ouverture est
évidemment un fait de prévoyance inspiré
à cet Oiseau par la nature; c'est afin que
sa longue queue , qui, au moindre obstacle,
se détache ou se froisse , fût à son aise du-
rant l'incubation ; et ce qui le prouve, c'est
que, après l'éclosion et lorsque les jeunes
peuvent se passer de la chaleur maternelle,
en d'autres ternies, lorsqu'il n'y a plus né-
cessité pour la femelle ou pour le mâle de
se tenir dans le nid , ils se hâtent de bou-
cher l'une des deux ouvertures qu'ils y
avaient ménagées. La Mésange Rémiz, elle,
procède d'une autre façon et se montre bien
autrement industrieuse. C'est, de tous les
Oiseaux d'Europe , celui qui apporte le plus
d'art dans la construction de son nid. Il le
suspend à l'extrémité d'une branche flexible
et pendante au-dessus de l'eau , l'attache
avec les fibres du chanvre , du lin , de l'or-
tie , ou avec d'autres matières filamenteu-
ses ; lui donne la forme d'un sac , d'une
bourse ou d'une cornemuse aplatie; en
place l'ouverture sur le côté, ordinairement
sur celui qui fait face à l'eau, et le compose
du duvet léger qui se trouve aux aigrettes
des fleurs du saule, du peuplier, du trem-
ble, des chardons, des pissenlits, etc. Pour
entrelacer ce duvet avec des brins de racine,
de façon à en composer un tissu épais, serré,
presque semblable à du drap, la Rémiz
n'emploie d'autre instrument que son bec.
L'intérieur de ce nid ne diffère pas de l'ex-
térieur. Quant aux autres espèces, elles se
bornent à entasser sans trop d'art, dans le
trou qu'elles ont choisi, du crin, de la
bourre , des plumes, en un mot des matiè-
res molles.
Les Mésanges sont en général extrême-
ment fécondes. Certaines espèces, comme la
MoustacheetlaRémiz, nefontordinairement
que six ou huit œufs ; mais la Mésange bleue
et la grande Charbonnière en pondent jus-
qu'à quinze et dix-huit. Il n'est pas rare de
voir le dernier de ces Oiseaux commencer une
seconde ponte avant d'avoir émancipé sa
première couvée. Ce qu'il yaderemarquable^
c'est que les Mésanges pondent toutes des
œufs qui ont à peu près la même couleur; ils
sont blancs, marqués de taches rouges et
MES
MES
155
violettes. Il y a quelquefois si peu de diffé-
rence entre ceux des diverses espèces , qu'il
est très difficile de ne pas les confondre.
Peu d'oiseaux nourrissent leurs petits avec
un zèle et une activité aussi infatigables ; il
y en a peu qui leur soient plus attachés, et qui
les déTendent avec plus de courage contre
les agresseurs.
En raison du nombre des espèces et de
leur considérable reproduction, les Mésanges
seraient abondamment multipliées, si elles
savaient veiller à leur conservation. Mais,
en général, peu méfiantes, curieuses, hardies
et sans défense, elles deviennent facilement
la proie de l'oiseleur et des animaux qui
cherchent à les surprendre. Le Hobereau,
TÉmérillon, généralement tous les petits
Oiseaux de proie, tant diurnes que nocturnes
et même les Pies-Grièches , leur font la
guerre; d'un autre côté, le Lérot, le Loir
et les Souris détruisent souvent leurs pontes
ou leurs nichées, en pénétrant dans les trous
où la plupart d'entre elles font habituelle-
ment leur nid. Tous les pièges, quelque
grossiers qu'ils soient, sont bons pour pren-
dre les Mésanges; elles s'y jettent en étour-
dies, même lorsqu'elles ont déjà failli en être
les victimes.
On trouve des Mésanges dans l'ancien et
dans le nouveau continent; mais, par une
exception assez rare, les espèces sont beau-
coup plus nombreuses en Europe, et surtout
dans le nord de cette partie du monde que
partout ailleurs.
Les Mésanges ont été confondues par quel-
ques naturalistesavecles Pics; d'autres, sans
en faire des oiseaux de même genre, les ont
pourtantconsidérés comme étant très voisins
les uns des autres. Cependant, si l'on excepte
une seule espèce (la Mésange des marais),
qui, à ce qu'on assure, creuse elle-même les
arbres pour y placer son nid, particularité
-qu'elle partagerait avec les Pics, ces deux
genres d'oiseaux sont aussi éloignés entre
* eux par leurs habitudes qu'ils le sont par
: leurs caractères.
Le genre Mésange ( Parus) de Linné n'est
! plus aujourd'hui tel que l'avait fait son fon-
' dateur ; des coupes assez nombreuses y ont
été introduites. G. Cuvier, le premier, l'a
divisé en Mésanges proprement dites, en
Moustaches et en Rémiz, et a fondé cette
division sur quelques légères différences ti-
rées du bec et sur quelques particularités
dans les habitudes. M. Temminck, qui d'a-
bord avait résisté à cette manière de voir,
s'est, lui aussi, décidé à établir trois sections
dans le genre Parus : les Sylvains, les Rive-
rains et les Penduîiens. Ces trois sections,
qui ont pour motifs les oppositions d'habi-
tudes, sont également distinctes entre elles
par de légers caractères tirés des rémiges et
du bec. Ainsi les Sylvains ont la première
rémige de moyenne longueur; chez les Ri-
verains elle est nulle, et les Penduîiens ont
un bec qui diffère totalement de celui des
autres espèces. Quelques ornithologistes ont
poussé plus loin encore le démembrement
du genre Parus, devenu pour eux la famille
des Paridées. Ainsi, pour ne parler que de
nos espèces d'Europe, la Mésange à longue
queue est devenue pour Leach le type d'une
division particulière sous le nom de Mecis-
tura, et les Parus cristatus, cœruleus et
palustris ont servi à Kaup à fonder, la pre-
mière, le genre Lophophanes , la seconde, le
genre Cyanistes, et la troisième, le genre
Pœcile. C'est là, ce nous semble, pousser un
peu trop loin la manie de faire des genres:
Nous reconnaissons que le genre Mésange ne
pouvait rester tel que l'avait créé Linné, ni
même tel que l'avait modifié G. Cuvier;
mais nous sommes loin d'admettre qu'il
faille sans motif réel multiplier les coupes
et faire presque de chaque espèce un genre.
Pour ne point tomber dans cet excès, nous
adopterons la classification de G. Cuvier;
seulement nous détacherons de ses Mésanges
proprement dites le Parus caudatus, qui
paraît réellement devoir composer, sinon un
genre, du moins un groupe particulier dans
la famille des Mésanges.
MÉSANGES PROPREMENT DITES.
Parus, Linn.
Elles ont pour caractères distinctifs un
bec épais, presque droit, pointu; des tarses
courts et robustes ; une queue égale ou légè-
rement échancrée. Toutes ont pour habitude
de vivre dans les bois et d'établir leur nid
dans des trous.
Parmi elles, nous ferons d'abord connaître
les espèces que l'on rencontre en Europe.
La Mésange charbonnière , Par. major
Linn. (Buff., pi. enl. 3, fig. 1). Tête d'un
noir profond; joues blanches; une bande
156
MES
MES
longitudinale noire sur la poitrine; dessus
du corps olive-verdàtre, dessous jaune. —
Habite plus particulièrement les parties tem-
pérées et froides que les contrées chaudes de
l'Europe.
La Mes. petite charbonnière, Par. ater
Linn. (Nilson, Skandinav. Faun., pi. 252,
fig. 1). Parties supérieures cendrées ; dessous
du corps blanc; deux bandes blanches sur
l'aile ; le reste du plumage à peu près comme
chez l'espèce précédente. — Habite le nord
de l'Europe, l'Angleterre. De passage en
France. On la trouve également au Japon.
La Mes. nonnette, Par. palustris Linn.
(Buff.,pL enl.y 3, fig. 3). Dessus de la tête
et nuque d'un noir profond; gorge noirâtre
dans une petite étendue; dos gris-brun;
dessous du corps blanchâtre. — Habite très
avant dans le Nord, est commune en Hollande
et en France, et vit pareillement dans l'Amé-
rique septentrionale.
La Mes. lugubre , Par. lugubris Natterer
(Gould , Birds of Europe , part. 7). Même
plumage que la précédente: seulement, le
noir de la tête ne s'étend pas au-delà de l'oc-
ciput, et celui de la gorge occupe un plus
grand espace. — Habite les parties orientales
du midi de l'Europe; commune en Dal-
matie.
La Mes. boréale, Par. borealis de Sel.
Lonch. Espèce nouvelle publiée en 1843
dans le Bulletin de l'Académie des sciences
de Bruxelles par M. de Sel. Lonchamps.
Même système de coloration et mêmes
couleurs que chez les deux espèces précéden-
tes, mais différant de la palustris par une
taille plus forte et par la tache d'un blanc
pur qui occupe les côtés de la tête, et de la
lugubris par une calotte plus large et d'un
noir plus décidé. — Habite laNorwége et l'Is-
lande, d'où l'expédition française du Nord a
rapporté plusieurs individus.
M. de Seîys Lonchamps a encore proposé
avec doute une deuxième espèce qu'il nomme
Par. frigoris , et qui se distinguerait de la
borealis par une taille moindre.
La Mes. a ceinture blanche, Par. sibiri-
cus Gmel. (Buff., pi. enl. 708 , fig. 3). Tête
et nuque brunes ; gorge, devant du cou et
haut de la poitrine d'un noir profond; tem-
pes, côtés du cou et bande sur la poitrine
bleues. — Habite les parties les plus septen-
trionales de l'Europe et de l'Asie. En hiver,
elle se répand dans quelques provinces delà
Russie.
La Mes. bleue, Par. cœruleus Lin. (Buff.,
pi. enl. 3, fig. 2 ; voy. aussi l'atlas de ce
Dictionnaire, pi. 3 B, fig. 1). Une calotte
azurée, bordée de blanc sur l'occiput; les
joues blanches, avec un trait noir ou bleu;
le dessus du corps cendré-olivâtre; le des-
sous jaune-citron. C'est l'espèce la plus com-
mune que nous possédions. Elle se trouve
aussi en Morée et au Japon.
La Mes. azurée, Par. cyanus Pall. (Vieil!.,
Gai. des Ois., pi. 68). Front, tempes, tache
sur la nuque et toutes les parties inférieures
d'un blanc pur ; tête entourée par une bande
d'un bleu très foncé; dos, croupion, haut
de l'aile et tache sur l'abdomen d'un bleu
d'azur. — Habite le nord de l'Europe et de
l'Asie. Vers la fin de l'automne, elle se ré-
pand dans le centre de la Russie; quelque-
fois elle s'avance en Pologne et jusque dans
le nord de l'Allemagne.
La Mes. huppée, Par. cristalus Lin. (Buff.,
pi. enl. 502, fig. 2). Plumes de la huppe
noires, bordées de blanchâtre; gorge, haut
du cou , une raie sur les tempes , et collier
d'un noir profond.
Cette espèce, rare partout, visite, durant
les hivers rigoureux, le centre et le midi de
l'Europe; mais elle ne se montre jamais en
grand nombre.
La Mes. bicolore, Par. bicolor Lin. (Wils.,
Americ. birds, V, 1, pi. 8, fig. 5). Une
tache noire au front; la huppe et toutes les
parties supérieures couleur de plomb ; gorge,
devant du cou et parties inférieures d'un
blancroussâtre. — Habitel'AmériqueduNord
et le Groenland. Elle est accidentellement de
passage en Suède, et a été vue plusieurs fois
en Danemark.
Parmi les espèces étrangères, nous décri-
rons la Mes. montagnarde , Par. monticolus
Vig. (Proc, I, 22). Tête, cou, poitrine,
milieu du ventre, ailes et queue noirs; nu-
que et joues blanches; flancs jaunes. — Ha-
bite les montagnes de l'Himalaya , où elle
paraît remplacer la Charbonnière d'Europe.
La Mes. de Boukhara , Par. bokharnesi
Meyendorff. Elle ressemble par sa coloration
à notre Par. ater; mais elle en diffère par
une taille plus forte; le noir de la poitrine
est en outre moins étendu sur les côtés. —
Habite les environs de Boukhara.
MES
MES
157
La Mes. de Ténériffe , P. Teneriffœ Less.
Cet oiseau a jusqu'ici été considéré comme
une variété du Par. cœruleus; cependant
elle a une couronne et les joues d'un blanc
pur; la tête et le cou d'un noir bleu indigo;
le dos bleu clair, et le dessous du corps jaune.
— Habite l'île de Ténériffe.
La Mes. a quatre taches, Par. quadrivit-
tatus de La Fres. {Revue zool., mai 1840).
Espèce remarquable par les nombreuses
taches blanches qui forment, sur l'aile et la
queue, quatre bandes de cette couleur. —
Habite Manille ou l'Inde?
MM. Lesson et Swainson ont, chacun de
leur côté, fait du Par. furcatus de M. Tem-
minck (P. indiens Gmel.) un genre particu-
lier, l'un sous le nom de Furcaria, et l'autre
sous celui de Leiolhrix. Mais cet Oiseau , de
l'avis de plusieurs auteurs, ne serait point
une Mésange; G. Cuvier le considère plutôt
comme un Traquet ou un Gobe-Mouche, et
G.-R. Gray le place dans la famille des Co~
tingas.
Enfin, nous nous bornerons à citer comme
appartenant encore à cette division : La Mes.
étrangère, P. peregrinus Sparman (Caris.,
pi. 48 et 49) ; la Mes. élégante , P. elegans
Less.; la Mes. noire, P. afer Lath.(Levaill.,
Ois. d'Afr., pi. 137, fig. 1), du Gap; la
Mes. indienne, P. indiens Sparm. ( Caris,
pi. 50); la Mes. a tète noire , P. atriceps
Horsf.(Temm.,pZ. col. 287, fig. 2), de Java;
la Mes. a tète rouge , P. erythrocephalus
Vig. (Procecd., 1, 23), de l'Himalaya ; la Mes.
a huppe noire, P. melanocephalus Vig. (loc.
cit.), de l'Himalaya ; la Mes. a joues jaunes,
P. œanthogenys Vig. (loc. cit.), de l'Hima-
laya; la Mes. a grosse tète, P. macrocepha-
lus Lath., de la Nouvelle-Zélande ; la Mes.
de la Nouvelle-Zélande , P. Novœ-Zelandiœ
Lath.; la Mes. momo, P. zelandicus Quoy et
Gaim. (Voyage de l'Astrolabe, pi. 11, fig. 3),
de la Nouvelle-Zélande ; la Mes. a scapu-
laire, P. dorsatus Riipp. (Vogël nord-est
Afrika, pi. 17), de l'Abyssinie.
La province de Bone (Afrique) nourrit
plusieurs espèces de Mésanges parmi les-
quelles deux se sont trouvées nouvelles.
M. Al. Malherbe, dans un Catalogue rai-
sonné d'Oiseaux de l'Algérie, les décrit, l'une
sous le nom de Mes. Ledoux , P. Ledouci
Malh., et l'autre sous celui de Mes. a dos
bleu, P. cœruleanus Malh.; la première est
voisine du P. ater, et la seconde du P. cœ-
ruleus.
MÉCISTURES. Mecistura, Leach (Paroïdes,
Brehm).
Cette division ne renferme qu'une espèce
qui se distingue par un bec fort court, un
plumage comme décomposé, une queue très
longue et très étagée, et par son mode de
nidification à découvert.
La Mes. a longue queue , Mec. caudatus
Leach , P . caudatus Linn. (Buff., pi. enl.
502, fig. 3). Côtés de la tête, milieu du dos,
rémiges, rectrices intermédiaires et croupion
noirs; dessus de la tête, cou, gorge et poi-
trine blancs. — Habite presque tous les pays
de l'Europe; elle vit aussi au Japon.
MOUSTACHES. Calamophilus , Leach ( Pa-
nurus, Koch ; OEgithalus, Boié ; Mystaci-
nus, Brehm).
Cette section se caractérise par un bec
dont la mandibule supérieure, plus longue
que l'inférieure, est légèrement convexe et
recourbée à sa pointe; par des ailes courtes,
des jambes grêles et une nidification à dé-
couvert, le nid étant fixé à des roseaux.
Le type de cette section est la Mésange
moustache , Cal. biarmicus Leach , P. biar-
micus Linn. (Buff., pi. enl. 618, fig. 1 et 2).
Le caractère le plus tranché de cet Oiseau,
celui qui lui a fait donner le nom qu'il porte,
consiste dans deux bandes d'un noir de ve-
lours, situées de chaque côté du cou, à par-
tir de la base du bec; la femelle n'a pas ces
moustaches. Elle diffère encore du mâle en
ce que celui-ci a le dessus de la tête et la
nuque d'un gris bleuâtre, tandis que chez
elle ces parties sont roussâtres comme le reste
du plumage. — Habite le nord de l'Europe,
l'Angleterre, la Suède; elle vit également
en Asie, sur les bords de la mer Caspienne.
Quoi qu'en dise M. Temminck, elle est assez
commune dans le midi de la France, et niche
dans la Camargue.
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire pense
que c'est à cette division qu'il faudrait rap-
porter l'espèce dont MM. Lesson etSwainsou
ont fait leurs genres Furcaria et Leiothrix.
REM1Z. OEgithalus, Vigors (Pendulinus,
Brehm; Paroïdes, Koch.)
Ces Mésanges se distinguent radicalement
158
MES
MES
des autres par leur bec fin, taillé en alènc;
par leurs tarses très courts, et surtout par
leur mode de nidification, dont nous avons
parlé plus haut.
Trois espèces appartiennent à cette division
générique :
La Mésange Rémiz , OEgit. pendulinus
Vig., Par. pendulinus Linn. (Buff. . pi. enl.
618, fig. 3). Sommet de la tête et nuque
d'un cendré pur; front et côtés de la tête
d'un noir profond; gorge blanche; croupion
cendré. — Habite la Pologne, la Russie, la
Hongrie, quelques contrées de l'Allemagne,
l'Italie et tout le midi de la France.
La Rémiz d'Afrique, OEgit. capensis, Par.
capensis Gmel. (Levaill., Ois. d'Afr., pi.
138, fig. 1 et 2). Tête, cou, thorax et ven-
tre d'un noir intense; côtés du cou et flancs
blancs ; le reste du plumage cendré. — Ha-
bite le cap de Bonne-Espérance.
La Rémiz a tête couleur de feu, OEgit.
flammiceps Bar ton {Proceed. V, 153), Tête
et gorge couleur de feu; dos et scapulaires
d'un jaune verdâtre; le croupion vert-jau-
nâtre; ailes variées de jaune, de vert, de
brun et de blanchâtre. — Habite les monta-
gnes de l'Himalaya. (Z. Gerbe.)
MÉSANGES, Less. ois. — Syn. d'^Egi-
thales. Voy. ce mot. (Z. G.)
MESANTHUS, Nées. — Voy. willde-
KOWIA.
MESAPUS. crust. — Ce nom est employé
par Rafinesque pour désigner dans l'ordre
des Décapodes brachyures une nouvelle coupe
générique qui est excessivement voisine de
celle des Égéons, et qui n'a pas été adoptée
par les carcinologistes. (H. L.)
MÉSEMBRYANTHEMÉES. Mesem-
bryanthemeœ. bot. ph. — La famille qui a
reçu ce nom ou celui de Ficoïdées est envi-
sagée différemment par divers auteurs. Les
uns, avec M. Fenzl, la limitent aux nom-
breuses espèces du seul genre Mesembryan-
themum ou Ficoïde, qui lui donne son nom;
et, si nous adoptons cette opinion, nous n'a-
vons qu'à renvoyer ici à l'article de ce genre
dont la description devient celle delà famille.
Les autres y ajoutent d'autres genres, dont
le nombre varie suivant les botanistes. Ces
mêmes genres sont rejetés par M. Fenzl dans
la famille des Portulacacées, où ils se distri-
buent en plusieurs tribus. Nous pensons
donc que cette discussion doit être renvoyée
à l'article des Portulacacées, et que nous se-
rons mieux compris en exposant comparati-
vement les caractères sur lesquels s'appuient
ces diverses classifications. (Ad. J.)
MESEMRRYANTHEMUM. bot. pu. —
Voy. FICOÏDE.
MESEMBRYANTHUS, Neck. {Elem. n.
735). bot. ph. — Syn. de Mesambryanthe-
rnum, Linn.
MESEMBRYON, Adans. (Fam., II,
563). eot. ph. — Syn. de Mesembryanthe-
mum, Linn.
MÉSEÎVGÈRE. ois. — Nom vulgaire de
la Mésange charbonnière.
MÉSENTÈRE, anat. — Voy. péritoine.
MESENTERICA (p/<roç , milieu; tvzé-
pov , intestin), bot. cr. — Ce genre de Tode
(Fung. meckl. , p. 7, tab. 2, fig. 12) , ainsi
nommé à cause de sa grande ressemblance
avec un Mésentère , n'est pas un Champignon
parfait, mais bien le mycélium stérile de
plusieurs espèces de Trichiacées. Voy. mycé-
lium. (Lév.)
*MÉSENTÉRÏPORE (mésentère, mem-
brane qui réunit les intestins), polyp. —
Genre de Polypiers établi par M. de Blain-
ville pour plusieurs fossiles du calcaire ju-
rassique des environs de Caen , qu'il place
dans la première famille (les Operculifères)
de ses Polypiers membraneux , entre les
Adéones et les Rétépores. Ce genre est ca-
ractérisé ainsi : ses cellules ovales obliques,
un peu saillantes , à ouverture presque ter-
minale, sont disposées en quinconce de ma-
nière à former un Polypier calcaire, fixé,
subglobuleux, et composé d'expansions con-
tournées dans tous les sens, divergentes du
point d'attache. M. de Blainville rapporte
à ce genre VEschara scobinula de Lamarck,
qui est une espèce vivante. (Duj.)
MESENTERIUM , Endl. (Gen. plant*,
p. 35, n. 403 d ). bot. cr. — Voy. tre-
mella , Dill.
*MESIA. ois.— Genre établi en 1838 par
Hodgson, dans la famille des Cotingas, pour
une espèce qu'il nomme M. argentaurus.
(Z. G.)
MÉSITE. Mesites. ois. — Genre dont la
place dans la série ornithologique n'est pas
encore parfaitement déterminée. M. Isid,
Geoff. St.-Hilaire, à qui on en doit la créa-
tion, en a donné communication à l'Aca-
démie des Sciences , dans sa séance du
MES
MES
159
9 avril 1838 , et l'a publié plus tard avec
de bonnes figures de détails dans le Magasin
de zoologie.
On assigne pour caractères à ce genre :
un bec presque aussi long que le reste de
la tête, à peu près droit, comprimé, à man-
dibule supérieure entière, mousse à son ex-
trémité, à mandibule inférieure présentant
un angle vers le milieu ; des narines linéaires
ouvertes dans un espace membraneux , qui
se prolonge jusqu'au milieu du bec; des
tarses médiocres, écussonnés ; quatre doigts
libres, et bordés seulement près de leur ori-
gine, celui du milieu le plus long de tous,
l'interne dépassant un peu l'externe; des
ongles assez petits, comprimés, très peu
recourbés; une queue à pennes larges, et
des ailes courtes, dépassant à peine l'origine
de la queue.
M. Isid. Geoff.-St.-Hilaire, dans le travail
que nous signalons plus haut, travail qu'il
nous est impossible de suivre dans tous ses
détails, a fait observer que l'oiseau, type
du genre Mésite, d'après l'ensemble de ses
caractères génériques et même de ses carac-
tères spécifiques, se rapproche des Héliornes
par sa tête, des Pénélopes et Catracas par
son corps, notamment par ses ailes, des Pi-
geons par ses pieds. « Ces dernières analo-
gies, dit-il, sont évidemment celles aux-
quelles doit être attribué le plus de valeur,
au moins jusqu'à ce que l'étude du sque-
lette permette de prononcer à cet égard avec
une entière certitude; et s'il est incontes-
table que le genre Mésite doit être considéré
comme le type d'une famille nouvelle, cette
famille paraît devoir se placer parmi les
Gallinacés passéripèdes, près des Colom-
bidés. » G.-R. Gray , en enregistrant ce
genre dans son List of the gênera, ne lui a
point tout-à-fait conservé la place que lui
assigne M. Isid. Geoff.-St.-Hilaire : aussi
le range-t-il dans l'ordre des Gallinacés et
dans la famille des Mégapodidées, entre les
genres Megapodius et Alccthelia.
L'espèce décrite par M. Isid. Geoff. St.-Hi-
laire est la Mésite variée, Mesites variegaia
0. Desmurs (Iconog.ornithol, pi. XI) : Tête,
dessus du corps, ailes et queue d'un roux
feuille morte; ventre roux, avec des raies
irrégulières noires; plastron jaune clair,
avec des taches noires; gorge blanche; sour-
cil jaune clair; espace nu entourant l'œil.
Cet oiseau a été envoyé de Madagascar
par M. Bernier, officier de santé de la ma-
rine. Il paraît fort rare, au moins dans les
localités jusqu'à ce jour visitées par les
Européens. On ne connaît absolument rien
de ses mœurs.
Vers ces derniers temps , M. 0. Desmurs
a ajouté une dernière espèce à ce genre. Il
décrit, en effet, sous le nom de Mésite uni-
colore, Mesites unicolor (Iconog . ornithol,
pi. XII), un oiseau qui a la plus grande
analogie avec le précédent , mais qui cepen-
dant paraît en différer par son plumage, à
peu près uniformément coloré ; par un bec et
une taille moindres; par des tarses et des
pieds un peu plus forts.
Cette dernière espèce provient également
de Madagascar, d'où elle a été envoyée au
Muséum d'histoire naturelle de Paris, par
M. Goudot. (Z. G.)
*MESITES Ojuattyjç , qui est au milieu).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
milledesCurculionides gonatocères, division
des Cossonides, créé par Schœnherr (Gen.
et sp. Curcul. syn.y t. IV, 2, p. 103; VIII,
2, p. 276). Ce genre renferme les espèces
suivantes, qui toutes appartiennent à l'Eu-
rope : M. pallidipennis Schr., Tardii Steph.,
cuneipes Sol., et rarus Chvt. La première
est originaire du Caucase, la deuxième d'An-
gleterre, et les deux dernières se trouvent
dans les contrées méridionales de la France.
(C.)
MÉSITINITE. min.— Carbonate de Ma-
gnésie et de Fer. Voy. carbonates.
MESLIER. bot. ph. — Nom vulgaire du
Néflier et d'une variété de Vigne.
*MES0CA1\THICUS (p/<roS, qui est au
milieu; à'xavQos, épineux), ins. — Genre de
Coléoptères pentamères, famille des Palpi-
cornes, tribu des Philhydrides, proposé par
M .Hove(Coleopterist's Manual,l83S,vA26).
L'auteur y rapporte trois espèces de l'Afri-
que tropicale, qui toutes ont quatre épines
à l'extrémité des élytres. Il suppose aussi
que l'Asie offre des représentants de ce
genre. (C.)
* MÉSOCÈNE. Mesoccna (ft.taou milieu;
xtv&s, vide), bot. cr.— (Phycées.) M. Ehren-
berg a formé ce genre de formes très remar-
quables qu'il regarde comme appartenant
aux Cacillariées , et que M. Kutzing a né-
cessairement placé dans sa monographie
160
MES
MES
des Diatomées. Voici les caractères assignés
à ce genre: Corpuscules libres, solitaires, en
anneau arrondi ou anguleux, souvent épi-
neux. Cinq espèces sont connues: trois sont
fossiles et on t été trouvées en Grèce ; les deux
autres sont du Pérou. (Bréb.)
*MESOCENTRON ( f«'<roç , au milieu;
x/vrpov , aiguillon), bot. ph. — Genre de la
famille des Composées-Cynarées , établi par
De Candolle (Prodr., VI, 592), et dans
lequel il a réuni 22 espèces de Centaurées.
MESOCHEIRA (ft/aoç, divisé; xeTPt
jambe), ins. — Genre de la famille des No-
madides, tribu des Apiens (Mellifères, Latr.),
de l'ordre des Hyménoptères, établi par Le-
peletier de Saint- Fargeau et Serville, et ca-
ractérisé principalement par un écusson
prolongé postérieurement en deux longues
pointes. Le type du genre est le M. bicolor
{Melecta bicolor Fabr.), belle espèce de la
Guiane. (Bl.)
*MESOCLASTUS. ins.— Gistl a établi ce
genre (Faunus), qui fait l'objet d'une nou-
velle famille pour l'auteur: celle des Xyno-
morphes, Xynomorphœ . Mais Desmarest père
avait formé antérieurement, avec le même
Insecte, le genre Hypocephalus , qui a été
adopté de préférence. (C.)
*MÉSÛDESME. Mesodesma(^<joç, mé-
dian; <?£<rp.oç lien, ligament), moll. — Genre
de Mollusques bivalves de la famille des Mac-
tracées, établi parM.Deshayesauxdépensdes
genres Mactre , Crassatelle et Amphidesme
de Lamarck, avec des espèces qui devaient
en être distraites. La coquille est ovale,
transverse ou triangulaire , épaisse et ordi-
nairement close. La charnière a une fossette
en cuiller, étroite et médiane pour le liga-
ment , et de chaque côté une dent oblongue
et simple. L'animal a les lobes du manteau
réunis dans les deux tiers postérieurs de leur
longueur, et formant en arrière deux si-
phons courts. Le pied est très aplati , qua-
drangulaire , en partie caché par les bran-
chies , qui sont courtes , tronquées et sou-
dées postérieurement, la partie externe étant
plus petite et sub-auriculée.
Les Mésodesmes diffèrent des Mactres par
l'épaisseur beaucoup plus forte de leur co-
quille, par leur ligament et par l'absence de
la dent en forme de V à la charnière. Elles
diffèrent des Crassatelles dont la coquille est
également épaisse, parce que, chez celles ci,
le ligament est toujours à côté des dents car-
dinales, et que ces dents sont toujours à la
partie antérieure de la charnière. D'ailleurs
l'impression palléale est différente dans ces
deux genres ; elle offre, chez les Mésodesmes,
une sinuosité plus ou moins prononcée qui
n'existe jamais chez les Crassatelles. Quant
aux Amphidesmes , elles se distinguent des
Mésodesmes par leur coquille mince plus
arrondie, avec un pli irrégulier en arrière,
comme celui des Tellines ; chez elles aussi la
charnière est totalement différente et munie
de dents latérales; la fossette du ligament
est étroite, fort longue, très oblique, cou-
chée le long du bord postérieur et supérieur,
avec deux dents cardinales à l'extrémité an-
térieure sur la valve droite, et une seule sur
la gauche.
M. Desbayes range dans ce genre dix es-
pèces vivantes, dont la première est la Mac-
tra donaeia de Lamarck; les Crassatellapo-
lita, cuneata, cycladea, striata, erycinœa, et
les Amphidesma donacilla , cornea et gla-
brella, ainsi que la Mya australis Gmelin,
ou Maclra australis de Dilhvyn. Une on-
zième espèce, M. Jauresii, a été décrite par
M. de Joannis. (Duj.)
MESOGLOIA. bot. cr.— Genre d'Algues-
Phycées, de la tribu des Chordariées, établi
par Agardh (Synops. alg. scandinav., 126).
Algues marines. Voy. algues.
*MESOG01\A ( p.Esoyovov , espace entre
deux nœuds), ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes , tribu des Ortho-
sides , établi par M. Boisduval , qui y rap-
porte 2 espèces : les M. Acetellosœ et oxalina,
qui habitent la France et l'Allemagne.
*MESOGRAMMA (*«wç, au milieu;
ypappa, ligne), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées , établi
par De Candolle (Prodr., VI, 304). Herbes
du Cap. Voy. composées.
MÉSOLE. min. — Berzélius donne ce
nom (Joum. philos. d'Edimbourg, t. VII,
p. 7) à une substance de couleur blanche,
légèrement transparente. Elle se trouve sous
l'aspect de masses globulaires, dans les îles
Féroé, accompagnée de Stilbite et d'Apo-
pbyllite. Sa pesanteur spécifique = 2,37.
Sa composition est: Silice, 42,60; alumine,
28; chaux, 11,43; soude, 5,63; eau, 12,70.
Le Mésole fait partie de la famille des Zéo-
lithes.
MES
MES
161
MESOLINE. min. — Nom d'une variété
de la Chabasie.
MÉSOLITE ou MÉSOLITHE. min. —
Nom donné par Berzélius à un minéral de
l'ordre des Silicates alumineux, que M. Beu-
dant place en appendice à la suite de son
espèce Scolézite. Voy. ce mot. (C. d'O.)
*MESOMPHALÏA (p/aoç, milieu; o^a-
>c,- , nombril), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Cycliques, tribu des Cassidaires ,
proposé par M. Hope (Coleopterist's Manual,
'1840, p. 160), et qui appartient à la tribu
de ses Mésomphalides. L'espèce type, le
C. gibbosa de F., originaire de l'Amérique
méridionale, nous a servi à établir trois ans
auparavant le genre Cyrtonota (Dej., Cat.,
3eédit., 1837, p. 392). (C.)
* MÉSOMPHALIDES. Mesomphalidœ .
ins. — Tribu de Coléoptères subpentamères,
famille des Cycliques, proposée par M. Hope
(Coleopterist's Manual , 1840 , p. 160), et
que l'auteur compose des genres suivants :
Tauroma, Desmonota, Mesomphalia, Oxy-
nodera, Dolicotoma, Calaspis, Selenis, Bato-
nota, Cyphoptera , Pœcilaspîs et Cyphomor-
pha ; la plupart des types avaient reçu
antérieurement de nous des noms génériques
qui tous ont été adoptés par Dejean , et de-
puis par d'autres entomologistes. (G.)
MÉSOMYONES, Latr.(Fa??i. nat.). moll.
— Syn. de Monomyaires, Lamk.
*MESOMY'S (ft£«ç, moyen; p.uç, rat).
mam. — Groupe de Rongeurs indiqué par
M. Wagner (in Wiegmann, Archiv., 1815).
(E. D.)
*MESONA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Labiées-Ocimoïdées , établi par
Blumc(Bijdr., 838). Herbes de Java. Voy.
LABIÉES.
*MESONEMA Q**<ros, médian ; »%«, fila-
ment), acal. — Genre de Méduses établi par
Eschscholtz dans sa famille des Équorides y
c'est-à-dire des Acalèphes discophores, qui
ont une large cavité stomacale entourée de
prolongements en forme de canaux, et une
bouche grande non prolongée en tube. Les
Mésonèmes sont caractérisés par les cils ou
filaments qui bordent la bouche, en même
temps que des tentacules nombreux occu-
pent le bord de l'ombrelle, et que les canaux
parlant de l'estomac sont étroits et linéai-
res. M. deBlainville n'adopte pas ce genre,
t. vin.
et le confond avec les Équorées. Eschscholtz
le formait d'abord de deux espèces seule-
ment , savoir : YJEquorea cœlum-pensile de
Lamarck ou M. mesonema de Péron , qui
vit dans la Méditerranée, et la Mesonema
abbreviata, qu'il avait observée lui-même
dans le détroit de la Sonde. Depuis lors,
M. Brandt en a décrit deux autres de l'Océan
Pacifique : la M. macrodaclylum, large de 6
à 30 centimètres, et la M. cœrulescens, dont
il fait le type d'un sous-genre Zygodactyla.
Le même auteur indiquait aussi un M. du-
bium des côtes du Chili. M. Lesson, en adop-
tant le genre d'Eschscholtz et les sous-gen-
res de M. Brandt, ajoute une sixième espèce,
M. pileus. (Dlij.)
*MESONElJIiA (P./aoç, milieu; «vpoy,
nervure), ins. — M.Hartigdésigneainsiparmi
les Tenthrédiniens une division du genre Se-
landria. Voy. ce mot. (Bl.)
MESONEVRON , bot. ph. — Voy. me-
ZONEVRON.
MESONYCIinJM (fuVoç, divisé; ovu|,
ongle), ins. — Genre de la famille des No-
madides, tribu des Apiens (Mellifères, Latr.),
de l'ordre des Hyménoptères, établi par Le-
peletier de Saint-Fargeau et Scrville ( Enc.
méthod., t. X ), et distingué des genres voi-
sins par un écusson court , sans prolonge-
ment et bidenté au milieu. Le type est le
M. cœrulescens Lepeletier Saint-Fargeau et
Serville. (Bl.)
*MESOPHALACRUS , Sturm. ins. —
Synonyme de Mecynodera, Hope, Lat. (C.)
*MESOPITHECU$ Qw'croç, moyen ; *#«-
xoç, singe), mam. — M. A. Wagner (Abrinche.
Gel. Aug., VIII, 1829) désigne sous ce nom
un groupe encore peu connu de Quadruma-
nes catarrhiniens. (E. D.)
*MESOPLÎA. ins. — Genre de la famille
des Nomadides, tribu des Apiens (Mellifè-
res, Latr.), de l'ordre des Hyménoptères ,
établi par Lepeletier de Saint-Fargeau et
Serville (Encyclop. méthod., t. X) sur une
espèce de la Guadeloupe , Mesoplia azurca
Lep. St.-Farg. et Serv. ( Bl.)
*M'ESOPOLl)BUS C"/"?, milieu; tcov*,
pied; AoSo:, lobe), ins. — Genre de la
tribu des Chalcidiens, groupe des Pléroma-
lites, de l'ordre des Hyménoptères, établi par
M. Westwood, et caractérisé par des anten-
nes de treize articles, des palpes maxillaires
fourchus et des jambes intermédiaires pour-
21
162
MES
MES
vues d'un lobe interne. Le type du genre est
le M. fuscivenlrisW estw. (Lond. and Edimb.
philos. Mag., 3e série, t. II, p. 666). (Bl.)
MESOPRION. Mesoprion (p-eW, milieu ;
7rp'wv, scie), poiss. — Genre de Tordre des
Acanthoptérygiens, famille des Percoïdes ,
établi par G. Cuvier {Règ. anim., tom. II,
pag. 143). Ces Poissons ont pour caractère
principal une dentelure en forme de scie sur
le milieu de chaque côté de leur tête. Ils
appartiennent à la famille des Percoïdes par
leurs dents vomériennes et palatines , et se
rapprochent plus particulièrement des Ser-
rans, dont ils ont été démembrés, par les
canines qui se mêlent à leurs dents , en ve-
lours, et qui arment le devant ou les côtés de
leurs mâchoires.
Les Mésoprions vivent dans les deux
Océans ; dans nos colonies françaises des
Indes occidentales , on les désigne sous les
noms de Vivaneau ou Vivanet et Sarde. On
en connaît 39 espèces ou variétés remarqua-
bles par l'éclat de leurs couleurs, et leur
taille, qui, dans certaines espèces, atteint
quelquefois 3 à 4 pieds. Parmi ces nombreu-
ses espèces, nous citerons principalement :
Le Mesoprion Dondiava , Mesoprion uni-
maculaïus Cuv. Le bord montant du préo-
percuie a une fine dentelure, l'angle en a
une plus forte et est arrondi; au-dessus de
lui est une légère sinuosité rentrante. L'o-
percule se termine en deux pointes arron-
dies et plates. L'os surscapulaire est den-
telé, mais non celui de l'épaule. Le museau,
le sous-orbitaire et les os des mâchoires
manquent d'écaillés. Les canines supérieu-
res de devant et les latérales d'en bas sont
fortes et pointues.
Cette espèce est d'un jaune plus ou moins
bronzé, argenté vers le ventre, avec une
tache noire sur la ligne latérale et vis-à-vis
le milieu de la partie molle de la dorsale;
des lignes noires régnent le long de chaque
rang d'écaillés. Quelques individus présen-
tent des reflets pourpres vers la tête et ver-
dâtres vers le dos, avec des nageoires d'un
jaune roussâtre.
Le Mesoprion doré , Mesoprion uninolatus
Cuv. et Val. La nuque est plus élevée; son
sous-orbitaire est d'un tiers plus haut à pro-
portion ; son inter-opercule n'offre aucune
apparence de tubérosité , et son préopercule
présente à peine un léger arc rentrant ; sa
dorsale et son ovale finissent en pointe ar-
rondie. Excepté les canines, ses dents sont
très fines.
C'est une des plus belles espèces de Mé-
soprions. Le dos, le dessus de la tête et 1*.
haut des joues sont d'un bleu d'acier bruni ;
le bas des joues et les flancs d'un rose vif,
avec reflets métalliques ; le ventre est ar-
genté; sur le tout régnent sept ou huit
bandes longitudinales d'une belle couleur
d'or. La dorsale a trois bandes jaunes sur
un fond rosé; l'anale et les ventrales sont
d'un beau jaune jonquille; la caudale d'un
bel aurore, avec un liseré noirâtre; la pec-
torale d'un aurore pâle; les lèvres roses;
l'iris est rosé, glacé d'argent.
A Saint-Domingue, cette espèce porte les
noms de Sarde dorée , Sarde rouleuse ou
Sarde argentée, suivant le plus ou moins
d'éclat de ses couleurs. C'est la même que
celle qu'a décrite Desmarest {Dict. class.
d'hist. nat. ) sous le nom de Lutjanus Au-
brieli. Les plus grands individus ne dépas-
sent pas 35 à 40 centimètres.
Le Mesoprion rouge, Mesoprion aya Cuv.
et Val., est aussi une espèce de Saint-Do-
mingue, où elle porte le nom de Sarde rouge
de haut fond. Sa couleur est entièrement
d'un beau rouge carmin, avec des bords ar-
gentés aux écailles. Sa taille ordinaire est
de 75 centimètres ; quelques individus at-
teignent cependant jusqu'à lro,00 de lon-
gueur. C'est un poisson très estimé au Port-
au-Prince; sa chair est bonne à manger et
peut se conserver au moyen du sel.
Les autres espèces de ce genre diffèrent à
peine des précédentes par quelques détails
d'organisation, ou quelques variétés de cou-
leurs que nous croyons inutile de mention-
ner. (J-)
*MESOFS (fA6<joç, médian; £f, œil), ins.
— M. Serville a détaché des Truxales dans
la tribu des Acridiens, de l'ordre des Or-
thoptères, quelques espèces qui en diffèrent
un peu par la position des yeux. Le type est
le M. abbreviatus (Truxalis abbreviatus Pal.
Beauv.). (Bl.)
*MESOSA(a/<Toç, qui est au milieu), ins.
— Genre de Coléoptères subpentamères ,
tétramères de Latreille , famille des Longi- !
cornes , tribu des Lamiaires , proposé par
Mégerle et adopté de préférence par Dejean
{Catalogue, 3e édit., p. 371) à celui de A>
MES
MES
163
îolribus de Serville , qui avait déjà étt em-
ployé dans un autre ordre. Ce genre ren-
ferme trois espèces européennes , les Lamia
curculionoides , nebulosa de Fab., et myops
de Schr. Cette dernière se retrouve en Si-
bérie. (C.)
*MESOSTEIRUS, DC. {Prodr., VI, 92).
BOT. PH. — Voy. STILPNOPHYTUM , LeSS.
*MESOSTENA ((jl/<joç, milieu; ctïvoç ,
* étroit), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères , famille des Mélasomes , tribu
des Tentyrites , établi par Eschscholtz (Zoo-
logical Atlas) et adopté par Solier ( Ann. de
la Soc. en t. deFr., t.ïV, p. 396). Ce genre
est composé de 7 espèces africaines : bupres-
toides F., 01. (Blaps), M. elegans, oblonga,
brevicollis , punclipennis , Klugii et puncli-
collis Sol. Elles proviennent d'Egypte et du
Sénégal. (C.)
*MES0STE1\US (p.e'aoç, milieu; azzvôç,
étroit), ins. — Genre de la familledeslchneu-
monides, de Tordredes Hyménoptères, établi
par G ravenhorst sur quelques espèces voisines
des Cryptus. Le type est le M. transfuga
Grav. (Bl.)
MÉSOTHORAX. ïns. — Voy. thorax au
mot IMSEGTES.
MÉSOTYPE ( ,A£'«j0; , milieu ; tu'tcoç ,
forme), min. — Syn. : OEdelite, Zéolite
radiée , Zéolite en aiguille , Natrolite. —
Espèce du groupe des Silicates alumineux,
composée de 47 à 49 pour cent de silice ,
de 24 à 27 d'alumine, 15 à 17 de soude,
8 à 10 d'eau, avec une petite quantité
d'oxyde de fer. C'est une substance or-
dinairement blanche, rayant le carbonate
de chaux, ayant la cassure un peu vitreuse,
se boursouflant ou se dilatant au feu , fu-
sible en verre bulleux , donnant de l'eau
par calcination. Elle est soluble en gelée
dans les acides ; sa solution précipite peu
ou pas par l'oxaiate d'ammoniaque ; elle
cristalliseen prismes rhomboïdaux de 91°40'
et possède deux axes de double réfraction.
Les principales variétés deMésotypessont :
Mésolype cristallisée, M. aciculaire, M. ma-
melonnée et M. fibreuse. Ce minéral se trouve
dans les roches d'origine ignée , telles que
les Basaltes, Basanites, Wackcs , etc.,
d'Islande , des îles Féroë, etc. (C. d'O.)
* MESPILODAPIINE (Mespilus, Né-
flier; Daphne , Laurier), bot. pu. — Genre
de la famille des Laurinées-Cryptocaryées ,
étaolï par Nées (m Linnœa , VIII, 45).
Arbres du Brésil. Voy. laurinées.
MESPILOPHORA , Neck. (Elem. n.
724). bot. ph. — Synonyme de Mespilus,
Lindl.
MESPILUS. bot. ph. — Voy. néflier.
*MESSA.ms. — Leachaindiquésous cette
dénomination un petit genre du groupe des
Tenthrédites, de la tribu des Tenthrédiniens,
de l'ordre des Hyménoptères, dont on ne
cite qu'une espèce européenne, le M. hortu-
lana Klug. (Bl.)
MESSAGER. Serpentarius. ois. — Genre
de l'ordre des Oiseaux de proie (section des
Diurnes), caractérisé par un bec robuste,
crochu , très fendu ; des narines latérales,
obliques, oblongucs, percées dans une cire;
des sourcils saillants; des ailes armées de
trois éperons obtus, et des jambes fort
longues, comme dans les Hérons, mais en-
tièrement emplumées.
Vieillot, eu égard à l'étendue démesurée
des tarses qu'offre l'espèce qui compose ce
genre, avait cru devoir le ranger avec le Ca-
riama, dans une famille à part de l'ordre
des Échassiers. Mais le caractère qui dis-
tingue ceux-ci est d'avoir le dessus de la
tête dénudé de plumes : or, le Messager
ayant cette partie de la jambe emplumée
comme tous les autres oiseaux de proie, et
offrant, en outre, des caractères qui lui sont
communs avec ceux-ci, il était bien plus
naturel, ainsi que l'ont fait Latham, Gmelin,
Illiger, G. Cuvier, etc., de le ranger parmi
les Rapaces. Mais quelle place doit-il occu-
per parmi ceux-ci? C'est un point sur le-
quel les auteurs ne sont pas tous d'accord.
G. Cuvier le met tout-à-fait à la fin des
Oiseaux de proie diurnes, après les Busards.
Cette manière de voir a été, en partie,
adoptée par G.-R. Gray, dans son catalogue
des genres ornithologiques , car le genre
Messager, pour lui, fait partie de sa dernière
sous-famille des Rapaces diurnes, sous-fa-
mille qui tire son nom du genre Busard (Cir-
cinœ) qui y est également compris. M. Tem-
minck, au contraire, semble vouloir le rap-
procher des Vautours plus que de tout autre
genre, et M. Lesson le met à la tête des
Oiseaux de proie diurnes, immédiatement
avant les Vautours, dans sa famille des Ser-
pentariés. Quoi qu'il en soit, le genre Mes-
sager, sans présenter une organisation
164
MES
anormale, a cependant des caractères qui
contribueront toujours à rendre sa place
douteuse. D'après le genre de vie, on serait
pourtant tenté de le ranger dans le voisi-
nage des Busards.
Une seule espèce appartient à ce genre,
c'est le Messager serpentaire, Serp . reptili-
vorus Daud. (Bufi\, pi. enl., 721.) Cet oi-
seau, que l'on a également nommé Secré-
taire, parce que la longue huppe raide qu'il
porte à l'occiput lui donne une grossière
ressemblance avec ces hommes de bureau
qui ont la manie de faire un porte-plume
de leur oreille, a, dans son état parfait, la
tête, le cou et tout le manteau d'un gris
bleuâtre; les ailes noires, nuancées de rous-
sâtre; la gorge et la poitrine mélangées de
blanc; les plumes des cuisses noires lise-
rées de blanc, et les tarses jaunâtres.
Levaillant, qui a pu suivre les habitudes
du Messager dans les lieux de l'Afrique où.
la nature l'a confiné, nous a laissé de sa
manière de vivre, de ses combats avec les
serpents, de son mode de reproduction, etc.,
des détails fort curieux. C'est un oiseau très
méfiant et singulièrement rusé ; on l'ap-
proche difficilement à portée pour le tirer
avec succès, et comme on ne le rencontre
guère que dans les plaines les plus arides et
les plus découvertes, lieux que fréquentent
de préférence les animaux dont il fait sa
proie, il y est en sûreté, étant à même de
découvrir l'ennemi qui cherche à le sur-
prendre.
Le Messager, sans autre arme que ses
ailes, pourvues, comme nous l'avons dit, de
tubercules osseux, attaque et dompte les
Serpents. Le reptile attaqué, s'il est loin de
son trou, s'arrête, se redresse et cherche à
intimider son ennemi par le gonflement de
sa gorge et par ses sifflements aigus. « C'est
dans cet instant, dit Levaillant, que l'oiseau
de proie, développant l'une de ses ailes, la
ramène devant lui, et en couvre, comme
d'une égide, ses jambes, ainsi que la partie
inférieure de son corps. Le Serpent attaqué
s'élance; l'oiseau bondit, frappe, recule, se
jette en arrière, saute en tous sens d'une
manière vraiment comique pour le specta-
teur, et revient au combat en présentant
toujours à la dent venimeuse de son adver-
saire le bout de son aile défensive; et pen-
dant que celui-ci épuise, sans succès, son
MES
venin à mordre ses pennes insensibles, il lui
détache, avec l'autre aile, des coups vigou-
reux. Enfin, le reptile étourdi, chancelle,
roule dans la poussière, où il est saisi avec
adresse et lancé en l'air à plusieurs reprises,
jusqu'au moment où , épuisé et sans force,
l'oiseau lui brise le crâne à coups de bec, et
l'avale tout entier, à moins qu'il ne soit trop
gros, dans lequel cas il le dépèce en l'assu-
jétissant sous ses doigts. »
Mais le Messager ne se nourrit pas seule-
ment de Serpents; les Lézards, les petites
Tortues, les Insectes et surtout les Saute-
relles , servent encore à apaiser son appé-
tit. La voracité de cet oiseau paraît extrême,
si l'on en juge par le fait que rapporte Le-
vaillant. Un Messager mâle, qu'il tua, avait
dans son jabot vingt et une petites Tortues
entières, dont plusieurs avaient près de
2 pouces de diamètre; onze Lézards de 7 à
8 pouces de long ; et trois Serpents de la
longueur du bras et d'un pouce d'épaisseur.
Tortues, Lézards, Serpents, avaient tous
chacun un trou dans la tête. Il se trouvait
encore mêlés à ces animaux une multitude
de Sauterelles et d'autres Insectes. Ce fait
serait difficile à accepter, si i'on ne savait
combien le jabot des grands oiseaux de proie
jouit de la faculté de se dilater. Dans l'état
de domesticité, le Messager se nourrit de
toute espèce de viandes crues ou cuites ; il
mange même des Poissons, et attaque quel-
quefois les poussins des oiseaux de basse-
cour avec lesquels il vit.
C'est vers le mois de juillet que les Mes-
sagers se livrent à l'acte de la reproduction.
A cette époque , l'amour excite entre les
mâles des combats longs et opiniâtres; ils
se frappent mutuellement de leurs ailes pour
se disputer une femelle, qui s'abandonne
toujours au vainqueur. Leur nid, construit
en forme d'aire, plat comme celui de l'aigle,
est ordinairement placé dans le buisson le
plus haut et le plus touffu du canton qu'ils
se sont choisis pour domaine, et est garni à
l'intérieur de laine et de plumes. D'autres
fois ils l'établissent sur les grands arbres.
Le même nid sert pendant plusieurs années
au même couple. La ponte est de deux et
souvent de trois œufs, de la grosseur de
ceux de l'oie, entièrement blancs et tachés
de roussâtre. Les petits sont très longtemps
hors d'état de prendre leur essor. lac»-
MES
MET
165
pabîes de se soutenir durant les premiers
mois sur leurs pieds longs et grêles, ils ne
pourraient impunément abandonner le nid,
avant d'avoir acquis tout le développement
et toute la grandeur propres à leur espèce.
Levaillanta constaté qu'ils ne peuvent bien
courir qu'à l'âge de quatre mois ; jusqu'à
ce moment ils marchent sur le tarse en
s'appuyant sur le talon.
Les adultes ont un port noble, une dé-
marche aisée, des mouvements pleins de di-
gnité, ressemblent fort, en un mot, sous tous
ces rapports, aux grands Échassiers; comme
eux ils courent d'une vitesse extrême, et
comme la plupart d'entre eux aussi, ils
emploient, pour fuir , plutôt la course que
le vol. Le mâle et la femelle se séparent
rarement, et à quelque époque de l'année
que ce soit on les trouve presque toujours
ensemble.
« Pris jeune, le Messager, dit Levaillant,
s'apprivoise facilement, et se nourrit aisé-
ment. Il s'habitue avec la volaille, et si on
a soin de le bien nourrir, il ne leur fait au-
cun mal. Il n'est pas de son naturel d'être
méchant; au contraire, il semble aimer la
paix; car s'il voit quelque bataille parmi les
animaux de basse-cour, on le voit aussitôt
accourir pour séparer les combattants. Beau-
coup de personnes au cap de Bonne-Espé-
rance élèvent de ces oiseaux dans leurs
basses-cours, autant pour maintenir la paix
que pour détruire les Lézards, les Serpents
et les Rats qui souvent s'y introduisent pour
dévorer la volaille et les œufs. » C'est parce
qu'il a été bien constaté qu'il purge les
lieux qu'il habite des reptiles venimeux ,
qu'on a introduit cet oiseau dans plusieurs
des Antilles françaises, pour l'opposer au
redoutable Serpent trigonocéphale qui les
infeste.
• Le Messager se trouve dans toutes les
plaines arides des environs du Cap, dans
l'intérieur des terres, et jusque dans le pays
desCafres. (Z. G.)
MESSERSCRMIDIA , Asso {Aragon.,
162 , t. I, f. 2). bot. ph.— Syn. de Roche-
lia , Reichenb.
MESSERSCHMIDTIA (nom propre).
bot. pu. — Genre de la famille des Aspéri-
foliécs-Tournefortiées, établi par Rœmcret
Schultes {Syst., VI , 541 ). Arbrisseaux de
l'Amérique tropicale. Voy. aspérifoliées. — j
Linné avait créé aussi sous le même nom un
genre dont les espèces ont été rapportées au
genre Toumefortia , R. Brown. Voy. tour-
NEFORTIA.
MESSIRE-JEAN. bot. ph. —Nom d'une
variété de Poires.
*MESTORUS ( nom mythologique), ins.
- — Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères, division des
Brachydérides, créé par Schœnherr (Gen. et
sp. Curculion. synon., t. V, 2 part., p. 910).
L'espèce type et unique, le M. adumbratus
deSchr., est originaire du Mexique. (C.)
MESTOTES , Soland. (Msc). bot. ph.—
Syn. de Chailletia, DC.
MESUA. bot. ph. — Genre de la famille
desClusiacées-Calophyllées, établi par Linné
( Gen. n., 665 ). Arbrisseaux de l'Asie tro-
picale. Voy. CLUSIACÉFS.
*METABAS1S. bot. ph. — Genre de la
famille des Composées-Cichoracées , établi
par De Candolle (Prodr., VII, 97). Herbes
du mont Hymète. Voy. composées.
*METABOMJS (f«T«goAoç, variable).
bot. ph. — Genre de la famille des Rubia-
cées-Cinchonacées-Haméliées , établi par
Blume(Bydr., 990). Herbes de Java et de
Manille. Voy. rubiacées.
*METACHILUM (^d, arrière; yjTloç,
lèvre), bot. pu. — Genre de la famille des
Oichidées-Dendrobiées, établi par Lindley
( Orchid., 74). Herbes de l'Inde. Voy. orchi-
dées.
*METACHROMA ( peTcc , différente ;
xpwaa, couleur), ins. — Genre de Coléo-
ptères subpentamères, tétramères de La-
treille, famille des Cycliques, tribudesChry-
soméiines, de nos Colaspides, créé par nous
et adopté par Dejean ( Catalogue, oe édit.,
pag. 436), qui en mentionne quinze es-
pèces. Quatorze sont originaires d'Amérique,
et la dernière est de Madagascar. Nous cite-
rons, parmi les premières, les M. quercata,
canellaF. et aterrima 01. (Eumolpus). (C.)
*METADUPUS (ptToiSoxjTzos, intermédiai-
re), ins. — Genre de Coléoptères tétramères,
famille des Curculionides gonatocèies, divi-
sion des Apostasimérides cryptorhynchides,
établi par Schœnherr (Gen. et sp. Curculion,
syn., t. IV, 1 p. 468 ; VIII, 2 p. 553). Deux
espèces font partie du genre: les M. nuda-
lus et apicatus Chv., Schr. ; elles sont origi-
naires du Mexique. (C.)
166
MET
MET
*METAGNANTHUS ( ^wyvrfvGoç, fleur
différente), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées -Sénécionidées , établi par
Endlicher ( Gen. plant., p. 438, n. 2689 ).
De Candolle, qui a adopté ce genre (Prodr.,
VI, 85), y a établi trois sections, qu'il
nomme Microrhachis , Planorhachis et Cœ-
norhachis. Voy. composées.
MÉTAL, chim. — Voy. métaux.
METALASIA (<*««', derrière; }*'<noç,
velu), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées - Sénécionidées , établi par
R. Brown (in Linn. Transact., XII, 124).
Arbrisseaux du Cap. Voy. composées.
METALASIOÏDES, DC. bot. m.— Voy.
relhania , L'Hérit.
*METALLEUTICA. ins. — Genre de la
tribu des Mantiens, de Tordre des Orthoptè-
res , établi par M. Westwood sur quelques
espèces des Indes orientales parées de cou-
leurs éclatantes.
Les Metalleutica se font remarquer par
leur prothorax court, à peine plus long que
le mésothorax, parleurs yeux arrondis, etc.
(Bl.)
METALLIQUES. Metallici. ins. — La-
treille désignait ainsi une division de la fa-
mille des Carabiques, composée des genres
Cychrus, Calosoma, Carabus et Pana-
gœus. Cette division est aujourd'hui aban-
donnée. (C.)
METALLITES (^Ta)}.:V/,ç, métallique).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères, division
des Brachydérides , créé par Schœnherr
(Dispos, meth., 140; Gen. etsp. Curcul. syn.,
II, 154; VI, p. 457). Huit espèces, toutes
d'Europe, font partie du genre, et nous ci-
terons les suivantes, comme se trouvant en
France : les M. mollis G., marginatus Murh.
(ambiguus Schr.), murinus Dej., Schr.,
globosus Chv., Schr. Ces Insectes causent un
tort considérable à la végétation en attaquant
les bourgeons des arbres lors de leur épa-
nouissement. (C.)
métalloïdes (^'ranov, métal;
tiSoç , apparence), chim. — On a donné le
nom de Métalloïdes aux corps simples non
Métalliques, ne jouissant pas des propriétés
distinctives des Métaux, c'est-à-dire non
doués de l'éclat Métallique, et de plus, mau-
vais conducteurs de la chaleur et par consé-
quent de l'électricité, la faculté de conduire
Tune étant liée par des rapports intimes à
celle de conduire l'autre. Cependant cette
distinction n'offre rien de bien absolu ; le
fait qui établit le plus nettement la diffé-
rence entre les Métalloïdes et les Métaux
est que les premiers, en se combinant, soit
entre eux, soit avec les Métaux, ne donnent
lieu qu'à des composés non basiques, l'Am-
moniaque exceptée, tandis que les Métaux
forment ordinairement des bases ens'unis-
sant avec l'Oxygène.
L'on compte treize Métalloïdes, et mêm*
quinze, si l'on y joint l'Arsenic et le Tellurf
qui, dans un grand nombre de cas, se com«
portent comme de véritables Métalloïdes, et
ne forment pas de composés basiques avec
l'Oxygène.
Voici l'ordre dans lequel se présente cha-
cun d'eux, selon qu'il joue le rôle d'élément
électro-négatif par rapport au corps qui le
suit, et celui d'élément électro-positif par
rapport au corps qui le précède : Oxygène,
Fluor, Chlore, Brome, Iode, Soufre, Sé-
lénium, Azote, Phosphore, Arsenic, Bore,
Carbone, Tellure , Silicium , Hydrogène.
Les Métalloïdes laissent donc dégager de
l'électricité positive dans leurs combinai-
sons avec les Métaux, et se comportent avec
eux comme des corps électro-négatifs (1) ;
ils agissent tout différemment avec l'Oxy-
gène, et dégagent de l'électricité négative
en se combinant avec ce corps, vis-à-vis du-
quel ils sont tous électrisés positivement.
Voici maintenant les Métalloïdes rangés
d'après leur ordre d'afGnité pour l'Oxygène:
Hydrogène, Bore, Silicium, Carbone, Phos-
phore, Arsenic, Soufre, Sélénium, Tellure,
Fluor, Chlore, Brome, Iode, Azote.
Des quinze Métalloïdes que nous avons
admis, quatre sont gazeux à la température
et sous la pression atmosphérique ordinaires:
ce sont l'Oxygène, le Chlore, l'Azote et l'Hy-
drogène ; à l'aide d'une forte pression et
d'une basse température, M. Faraday est
parvenu à liquéfier le Chlore. Le Brome est
liquide à la température ordinaire. Le Fluor l
n'a pu être encore isolé. Les autres Métal-
loïdes sont solides, mais d'une dureté qui
(i) Il y a cependant quelques exceptions à cette règle; le
Chrome , le Vanadium , le Molybdène , le Tungstène, sont
électro-négatifs relativement au Bore , au Carbone , au Tel-
lure, au Silicium, à l'Hydrogène. Le Colombium etlcTitane
le sont également relativement au Silicium et à l'Hydrogène
(voyez Mt taux).
MET
MET
167
varie depuis celle du Phosphore, qui se laisse
rayer par l'ongle et pétrir comme de la cire,
jusqu'à celle du Carbone à l'état de dia-
mant.
Les Métalloïdes sont fort inégalement ré-
partis sur notre planète. Les uns se trouvent
partout; d'autres, c'est le plus petit nombre
il est vrai, se rencontrent à peine. En
tête des premiers , nous citerons l'Oxygène ,
qui entre pour l/5c dans la composition de
l'air atmosphérique, dont l'Azote forme les
quatre autres cinquièmes, que l'eau con-
tient dans la proportion d'un atome pour
deux d'Hydrogène, et sans lequel il n'y a
ni oxyde ni oxacide. L'Azote, dont nous
avons signalé la présence dans l'air, est le
radical de l'Acide azotique ou nitrique, et
entre par conséquent dans la composition
de tous les Nitrates. Le Carbone, pur dans
le Diamant, presque pur dans la Houille,
le Lignite, l'Anthracite, etc., est le radical
de l'Acide carbonique; et l'on sait combien
sont nombreuses et abondantes les combi-
naisons de cet Acide avec les bases , ne
fût-ce que le Carbonate de Cbaux. L'Hy-
drogène concourt pour deux atomes à la
formation de l'eau; on le retrouve, en
outre, dans une foule de substances miné-
rales. Enfin, avons-nous besoin de dire
que les corps organisés sont constamment
composés, comme chacun sait, d'Oxygène,
d'Hydrogène et de Carbone ; éléments aux-
quels vient souvent s'ajouter l'Azote? Le
Silicium uni à l'Oxygène ou acide Silicique,
constitue seul le Cristal de roche , le
Quartz, etc.; combiné aux bases, il con-
tribuée la formation de nombreux et abon-
dants Silicates. Le Chlore entre, comme
élément, dans la composition du Sel marin,
l'un des Sels les plus répandus et de beau-
coup d'autres composés. Le Soufre, souvent
natif, se rencontre plus fréquemment en-
core à l'état de Sulfure et de Sulfate. Le
Fluor, moins commun, existe néanmoins
dans les Fluorures et dans les Fluates; il
en est de même de l'Arsenic et du Phos-
phore; ce dernier se trouve de plus à l'état
de Phosphate dans les os des animaux ver-
tébrés. Quant au Tellure, au Sélénium, au
Bore, à l'Iode et au Brome, ils sont très peu
répandus dans la nature.
Les différents Métalloïdes font le sujet
d'articles spéciaux auxquels nous renvoyons
le lecteur , ainsi qu'aux articles généraui
CHIMIE et ÉLÉMENTS. (A. D.)
*METALLONOTUS ( p.fr*k\ov , métal-
lique; vwtoç, dos), ins. — Genre de Coléop-
tères hétéromères, famille des Mélasomes,
tribu des Ténébrionites , créé par Gray et
adopté par M. Hope {ColeopterisC s Manual,
1840, p. 126). L'espèce type, le M. denti-
collis Gray, est originaire de la côte de
Guinée. (C.)
*METALLOPHILUS ( p/raMov , métal;
yc'Aoç, qui aime), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Carabiques, tribu
des Féroniens, établi par de Chaudoir (Ta-
bleau d'une nouvelle subdivision du genre
Ferunia de Dejean, extrait, p. 15), et ayant
pour type VAbas interrupta de Geb. , qui
est originaire de Sibérie. (C.)
^MÉTAMORPHISME, min. — Mot créé
en 1825 parM. Lyell pour exprimer les chan-
gements qu'auraient éprouvés, suivant la
théorie de J. Hutton, les roches ou les ter-
rains d'origine sédimentaire par l'action du
feu central. Comme la signification du mot
Métamorphisme a été beaucoup trop éten-
due depuis quelques années, et qu'il est au-
jourd'hui de la plus haute importance de
discuter les différentes théories qui s'y rat-
tachent plus ou moins, nous croyons utile
de renvoyer l'exposé des principaux faits et
des doctrines à l'article Transformation des
minéraux , des roches et des terrains. Dans
cet article, nous ferons voir avec les dévelop-
pements nécessaires ce qu'i! y a de vrai ou
d'exagéré dans les faits, et ce qu'il y a de bon
ou de mauvais dans les théories qui consti-
tuent les principales doctrines desMétamor-
philes tant anciens que modernes. Voy,
TRANSFORMATION. (R.)
MÉTAMORPHOSE, zool. — Voy. trans-
formation.
METAPEEXIS. bot. pu. — Genre de la
famille des Asclépiadées-Cynanchécs, établi
par R. Brown (m Mem. Wemer. soc, I,
48). Arbrisseaux de la Chine boréale. Voy.
ASCLÉPIADÉES.
*METAPODHJS f^Etoc, arrière; irov; ,
itoSoçy pied), ins. — M. Westwood a pro-
posé cette dénomination pour remplacer
celle d'Acanthocephala de M. LaportcdeCas-
telnau , cette dernière étant déjà employée
pour désigner un ordre du sous-embranche-
ment des Vers. (Bl.)
1G8
MET
MET
METAPTERE. Melaptera. moll. —
Genre proposé par Rafinesque {Monographie
des coquilles de l'Ohio), et qui diffère trop
peu des Mulettes pour en être séparé. Voy.
MULETTE.
*aiETASTELMA (/«ta, derrière ; rrâpa,
ceinture), bot. ph. — Genre de la famille
des Asclépiadées -Cynanchées , établi par
R. Browii [in Mem. Werner. soc, I, 53).
Herbes des Antilles. Voy. asclépiadées.
• *METASTEMMA, Am. et Serv. ras. —
Syn. de Proslemma, Lap. de Castel. (Bl.)
*METASTENUS. ras. — M.Walker {Ent.
Magaz.) désigne ainsi un de ses genres de la
tribu des Chalcidiens, groupe des Ptéroma-
lites. r (Bl.)
MÉTATHORAX. ras. — Voy. thorax
au mot INSECTES.
MÉTAUX (Metallum, jutoiMov). chim. —
On désigne , sous le nom de Métaux , des
corps simples, généralement opaques (1) ,
brillant en masse et même en poussière à
* moins qu'elle ne soit trop ténue, et jouis-
sant par conséquent de Y éclat métallique.
Bons conducteurs du calorique, ils le sont
également du fluide électrique, qu'ils trans-
mettent avec une rapidité incalculable;
cette dernière propriété a été mise à profit
pour la construction âalélégraphe électrique.
On connaît aujourd'hui quarante métaux
dont les noms, déjà présentés dans l'ordre
électro-chimique à l'article éléments, reparaî-
tront dans le cours de cet article. Plusieurs
d'entre eux sont connus de toute antiquité ;
ce sont l'Or, l'Argent, le Cuivre, l'Étain ,
le Fer, le Mercure. La découverte de quel-
ques autres remonte aux xvc et xvie siècles;
nous citerons le Zinc, le Cobalt, l'Anti-
moine, le Bismuth. Le Manganèse , le Mo-
lybdène, le Platine , le Titane, le Tungstène,
l'Urane, furent connus au siècle dernier,
le Platine peut-être plus tôt; enfin, la décou-
verte de tous les autres a eu lieu depuis le
commencement de ce siècle; le Vanadium
et le Lanthane ont été les derniers trouvés
(1830-1840).
Tous les Métaux sont solides à la tempé-
rature ordinaire, à l'exception du Mercure,
v'i) Cette opacité n'est cependant point absolue, car une
feuille d'or amenée à un grand degré de ténuité possible
de millimètre ), laisse passer les rayons verts, sans
»o,ooo J
cependant présenter au microscope la moindre solution de
continuité.
qui garde sa fluidité jusqu'à — 40°. Leur
dureté varie; le Potassium et le Sodium
sont mous et se laissent facilement pétrir;
quelques uns, comme le plomb et l'Étain,
sont rayés par l'ongle et coupés au couteau;
d'autres, enfin, sont à peine attaquables
par les meilleures limes. Voici l'ordre de
dureté des Métaux le plus généralement
employés: Fer et Acier, Platine, Cuivre,
Nickel , Argent, Or, Zinc, Étain, Plomb,
La couleur des Métaux est en général
d'un blanc plus ou moins éclatant, comme
celle de l'Argent, du Platine, ou tirantsurle
gris bleuâtre, comme celle du Fer, du Zinc.
Trois cependant font exception, cesont : l'Or,
le Cuivre, le Titane; le premier est d'un
jaune que tout le monde connaît ; les deux
autres tirent sur le rouge.
Leur densité , quoique généralement plus
grande que celle des autres corps solides ,
n'est point cependant une propriété abso-
lue, puisque le Potassium et le Sodium sont
plus légers que l'eau. Chaque Métal jouit,
du reste, d'une densité particulière qui,
du plus dense au plus léger, varie d'un peu
plus de vingt-deux fois celle de l'eau, la
densité du Platine étant de 21,33 et celle
du Potassium de 0,865. Voici l'ordre de
densité des métaux que nous avons nommés
plus haut: Platine, 2i,53; Or, 19,35;
Mercure, 13,568; Plomb, 11,352; Argent,
10,474; Cuivre, 8,895; Nickel, 8,402;
Fer, 7,588; Étain, 7,291; Zinc, 7,165.
11 est à faire observer que le martelage ou
l'écrouissage augmente généralement cette
densité.
Une partie des Métaux, un peu plus de
la moitié, sont ductiles et malléables; les au-
tres sont cassants. La ductilité consiste dans
la propriété que possède un métal de se
laisser tirer en fils plus ou moins fins; la
malléabilité, dans celle de se laisser réduire
au marteau en lames plus ou moins minces;
mais l'une de ces propriétés n'est pas tou-
jours une conséquence de l'autre. L'Or et
l'Argent occupent le premier rang pour la
ductilité; viennent ensuite le Platine, le
Cuivre , l'Étain , le Fer , le Plomb , le Zinc,
le Nickel. Pour la malléabilité, les deux
premiers sont encore en tête , mais l'ordre
des autres est ainsi modifié : Cuivre, Etain,
Plomb , Titane, Zinc, Fer, Nickel.
Les Métaux ductiles ne jouissent pas tous
MET
de la même ténacité. D'après des expériences
directes, le Fer est le plus tenace de tous;
puis viennent le Cuivre, le Platine, l'Argent,
l'Or, TÉtain, le Zinc, le Plomb. Un fi! de
Fer de 0m,002 supporte , sans se rompre,
un poids de 249k,66; un fil de Cuivre du
même diamètre 137u,40; un fil de Platine
424k,00 ; un fil d'Argent 85k,062 ; un fil
d'or 68k,216, etc., etc.
Les Métaux cassants ne jouissent évidem-
ment pas des propriétés que nous venons
d'énoncer. Quelques uns cependant sont
employés dans les arts, mais rarement, pour
ne pas dire jamais, seuls; nous citerons le
Bismuth, l'Antimoine. Voyez ces deux mots.
La sonorité, nulle dans les Métaux mous,
varie dans les autres; dans ceux-ci elle dé-
pend de leur élasticité et de la plus ou
moins grande dureté qu'ils possèdent par
eux-mêmes, ou qui 'peut leur être commu-
niquée soit par leur combinaison avec d'au-
tres corps métalliques, soit par une disposi-
tion particulière que certaines circonstances
déterminent dans leurs molécules.
Enfin, pour en finir avec les propriétés phy-
siques des Métaux, nous dirons que la struc-
ture, ainsi que l'odeur et la saveur , quand
elles existent, présentent desdifférences dans
chacun d'entre eux. La structure peut être /?-
breuse, comme dan s ie¥er;lamelleuse, comme
dans» le Zinc; grenue, comme dans l'Étain.
Ce dernier métal fait entendre, quand on le
plie, un bruit particulier provenant du frot-
tement des cristaux et connu sous le nom
de cri de l'Étain. Le Cadmium présente le
même phénomène. La saveur et V odeur se
développent dans quelques Métaux par le
frottement ou même par le simple toucher;
on observe cette particularité dans le Fer,
le Plomb, l'Étain, l'Antimoine et surtout
dans le Cuivre. 11 est à remarquer que les
Métaux qui, comme le Platine, l'Or , l'Ar-
gent, ne s'oxydent point à l'air libre, ne
deviennent jamais ni odorants ni sapides.
Exposés à l'action du calorique, les Mé-
taux se dilatent tous, mais sans uniformité;
puis ils entrent en fusion à des degrés qui
varient depuis -\- 58°, comme le Potassium,
jusqu'au point le plus élevé qu'il soit pos-
sible d'obtenir par des moyens humains ,
c'est-à-dire par la combustion d'un jet d'Hy-
drogène et d'Oxygène dans le chalumeau de
Clarke, comme le Platine.
x. vin.
MET
169
Quelques uns, arrivés au point d« fusion,
se volatilisent par une addition de calorique,
même à l'abri de l'air; tels sont le Mer-
cure, le Zinc, le Potassium, le Sodium.
La plupart des autres , si on les tient fondus
et fortement chauffés au contact de l'air,
peuvent être mécaniquement entraînés par
les courants qui se forment à leur surface.
Comme tous les corps fluidifiés par la
chaleur, les Métaux sont susceptibles de
cristalliser par le refroidissement. Les plus
fusibles, le Plomb, l'Étain, et par-dessus
tous le Bismuth possèdent cette propriété
au plus haut degré.
Tous les Métaux sont bons conducteurs
du fluide électrique, qui ne leur fait éprouver
aucune altération, tant que leur surface
suffit à son écoulement; mais si cette sur-
face n'est point suffisante, le fluide élec-
trique les pénètre, les échauffe, les fait
rougir, et peut enfin en déterminer la fusion
et la volatilisation.
Le Fer, le Nickel, le Cobalt seuls sont
magnétiques ; le Fer l'est beaucoup plus que
le Nickel , et ce dernier l'est plus que le
Cobalt, avec lequel il a , du reste, une
grande analogie. Au sujet de cette propriété
maguétique, et sans prétendre en tirer au-
cune conséquence , nous ferons remarquer
que le Fer et le Nickel se retrouvent à l'état
pur dans la plupart des aérolithes, ce qui n'a
lieu dans aucun des agrégats métalliques
qui se trouvent à la surface du globe.
L'air sec et l'oxygène n'ont d'action à la
température ordinaire que sur les Métaux
qui ont une grande affinité pour ce der-
nier gaz. M. le professeur Thénard a fondé
sur l'affinité des corps métalliques pour
l'oxygène et sur l'action qu'ils exercent sur
l'eau , soit à chaud , soit à froid , une classi-
fication qui a été généralement adoptée, et
que nous reproduisons , à très peu de chose
près , telle que l'a créée son illustre auteur.
irc sEcriOiN. Métaux ayant une grande af-
finité pour l'Oxygène, qu'ils absorbent di-
rectement, et décomposant instantanément
l'eau en mettant l'Hydrogène en liberté :
Potassium, Sodium, Lithium, Calcium,
Baryum, Strontium.
nc section. Métaux dont ïes Oxydes sont
irréductibles par le Carbone, n'ayant point
d'action , à la température ordinaire , sur
l'Oxygène, sur l'Air ou sur FEau, mais
170
MET
MET
décomposant lentement celle-ci à -f- 100° :
Aluminium, Thorium, Glucinium, Yttrium,
Zirconium, Magnésium. Les métaux com-
pris dans ces deux sections sont les radicaux
des corps appelés jadis alcalis et terres; ils
sont électro-positifs.
n)e section. Métaux ne s'oxydant qu'à
l'air humide ou à une température élevée,
décomposant l'eau à une chaleur rouge, et
ramenés de l'état d'Oxyde par le Charbon :
Manganèse, Fer, Zinc, Cadmium, Étain.
ive section. Métaux ne décomposant l'eau
à aucune température, mais absorbant
l'Oxygène à une chaleur rouge; plusieurs
d'entre eux forment des Acides oxygénés:
Nickel, Cobalt, Plomb, Cuivre, Uranium,
Cérium, Lanthane, Bismuth, Titane, An-
timoine, Columbium, Molybdène , Tung-
stène, Chrome, Vanadium.
ve section. Métaux ne décomposant l'eau
à aucune température, absorbant l'Oxygène
au-dessous de la chaleur rouge, et ramenés
de l'état d'Oxyde par la chaleur seule : Mer-
cure , Osmium.
vie section. Métaux ayant si peu d'affi-
nité pour l'Oxygène qu'ils ne peuvent l'ab-
sorber directement à aucune température,
et dont les Oxydes , produits par réaction
chimique, sont facilement réductibles par
la chaleur : Or, Argent, Platine, Palladium,
Iridium, Rhodium.
Les Métaux des quatre dernières sections
peuvent être divisés, 1° en Métaux électro-
négatifs, formant de préférence des Acides
avec l'Oxygène; ce sont : le Chrome, le Va-
nadium, le Molybdène, le Tungstène, l'An-
timoine, le Columbium, le Titane; 2° en
Métaux électro-positifs, jouant principale-
ment le rôle d'élément électro-positif dans
les combinaisons salines: ce sont tous les
autres.
Il résulte de ce qui précède que les Mé-
taux s'unissent avec l'Oxygène pour former
des Oxydes ou des Acides, et par suite des
Sels, dont quelques uns forment, en grande
partie, la portion solide de notre globe; tels
sont ceux à base de Chaux, d'Alumine, de
Magnésie, de Fer, etc.
Les Métaux s'unissent aussi avec les
autres Métalloïdes; mais parmi ces derniers
corps, il en est pour lesquels leur affinité
est plus grande ; tels sont : le Phosphore, le
Soufre, le Sélénium, le Fluor, l'Iode, le
Chlore, le Brome, l'Arsenic, le Tellure.
Jusqu'à ce jour, le Potassium seul s'est
combiné avec l'Hydrogène ; le Fer et le
Platine avec le Bore ; on ne connaît pas
d'autres Siliciures que ceux de Potassium ,
de Fer, de Platine, d'Argent. Le Fer s'unit
au Carbone pour former l'Acier ; il peut
se former aussi des Carbures de Potassium,
de Sodium, de Manganèse, de Zinc, etc.
Enfin ce n'est que par des moyens indirects
que quelques Métaux, le Potassium , par
exemple, le Sodium, le Fer, le Cuivre, peu-
vent entrer en combinaison avec l'Azote.
Les composés que forment les Métaux
avec les Métalloïdes sont soumis aux lois
qui régissent les autres combinaisons chi-
miques Voy. CBIMIE.
Enfin les Métaux s'unissent entre eux en
toutes proportions pour former des alliages,
dont un certain nombre est employé dans
les Arts.
Les Métaux se trouvent dans la nature
sous divers états : parfois à Y étal natif ou
vierge , comme les Métaux nobles des an-
ciens, TOr, l'Argent, par exemple; parfois
encore à l'état d'alliage, comme le Pla-
tine {voy. ce mot); mais presque toujours
à l'état de combinaison : soit binaires ,
Oxydes, Sulfures, Chlorures, etc.; soit qua-
ternaires ou à l'état de Sels.
Quelques Métaux sont tellement rares,
que c'est à grand'peine que l'on peut s'en
procurer quelques grammes pour l'usage
du laboratoire; nous citerons le Cadmium,
l'Uranium, le Lanthane, le Cérium, et les
Métaux qui accompagnent le Platine, à l'ex-
ception toutefois du Palladium. D'autres
sont extrêment abondants à l'état de com-
binaisons salines, puisqu'ils forment ainsi
la partie solide de la terre; mais la diffi-
culté de les ramener à l'état métallique les
rend aussi rares , sinon plus rares que les
premiers. Ainsi , le Calcium ou métal dont
la Chaux est l'Oxyde, l'Aluminium ou mé-
tal de l'Alumine (Argile), le Magnésium
ou métal de la Magnésie. Il en est d'autres
enfin que nous rencontrons à chaque pas,
qui sont facilement réductibles de leurs com-
binaisons, et dont l'usage est tellement ré-
pandu , que l'on ne comprend pas comment
l'homme , en état de société , pourrait vivre
sans les posséder; nous les avons déjà nom-
més. Ces dernières questions, qui rentrent
MET
MET
171
au surplus dans le domaine de la Minéralogie,
sont traitées dans un article spécial. (A.D.)
MÉTAXITE. géol. — Voy. grès.
*METAXYTHERIUHf (f*eT«$u, intermé-
diaire ; Gvjpt'ov , animal), paléont. — Genre
fossile de Mammifères aquatiques, établi
par M. de Christol pour des animaux dont
la structure semble être un composé de
celle des Lamantins et des Dugongs, et dont
on trouve les débris dans les terrains ter-
tiaires. M. de Blainville {Ost. des Gravigrades
aquatiques), réunissant les Lamantins, les
Dugongs et les Stellères en un seul genre,
ne pouvait accepter celui des Métaxythé-
riums , et il fait des espèces qui le compo-
sent autant d'espèces de Lamantins. Comme
nous ne voyons pas la possibilité d'établir
de caractéristique pour un genre qui com-
prend des animaux aussi différents, nous
suivrons l'exemple de M. de Christol , et
bous dirons que les Métaxythériums forment
un genre de la famille des Cétacés herbivo-
res de Cuvier (Gravigrades aquatiques de
M. de Blainville), qui portait une paire d'in-
cisives permanentes à la mâchoire supé*
rieure , qui n'avait point de canines , et
dont les molaires , au nombre de six à huit
de chaque côté des deux mâchoires , se suc-
cédaient d'arrière en avant et tombaient en
sens contraire. La couronne des supérieures
est à deux collines transverses mamelon-
nées, avec un pli en avant et un petit talon
en arrière ; le collet est prononcé, et les ra-
cines sont au nombre de trois , deux exter-
nes et une interne plus grande; la couronne
des inférieures est à deux collines et un fort
talon en arrière ; le collet est marqué, et les
racines au nombre de deux. L'usure déter-
mine sur la couronne des dents des isles
transversales, un peu arquées, jointes vers
leur milieu par un feston de l'émail.
Dans les Lamantins, il n'y a point d'in-
cisives permanentes, il y a douze molaires
de chaque côté des deux mâchoires, à trois
racines et double colline en haut , avec un
petit talon en avant et en arrière; à deux
racines et à triple colline en bas, la posté-
rieure plus courte. Dans les Dugongs, on
trouve une paire d'incisives permanentes à
la mâchoire supérieure ; six , et peut-être
même sept molaires en haut et en bas , de
chaque côté, à une seule racine, à rudiment
de collet et de collines ; la première est une
petite dent cylindrique; les cinq autres,
composées de deux cônes réunis, et d'au-
tant plus distincts que la dent est plus pos-
térieure; l'usure développe un disque de la
même forme que la dent, entouré d'un
émail peu épais. Il existe en outre quatre
paires d'incisives inférieures qui ne percent
jamais la plaque cornée qui existe sur la
symphyse , et qui correspond à une autre
plaque cornée du palais. Dans les Stellères,
il paraît ne point y avoir de véritables
dents; les plaques cornées du Dugong exis-
tent seules, dit-on, mais elles sont plus
grandes, sillonnées transversalement, et
semblent être un rudiment des fanons des
Baleines.
Les Métaxythériums, avec la forme maxil-
laire des Dugongs , ont celle du crâne des
Lamantins. Ils ont de plus de larges et
épaisses côtes, comme ces derniers; mais
leurs bras sont très semblables à ceux des
premiers.
Le Met. Cuvicri, Manatus fossilis (de Bi.),
dont les restes se rencontrent dans les ter-
rains tertiaires du bassin de la Loire. Cette
espèce a été signalée par Cuvier sous le nom
de Lamantin fossile (Oss. foss., V, lre part.,
de Blainville, pi. 8), et M. de Christol {An-
nales des sciences naturelles, II, 1834) a rap-
porté avec raison à cette espèce un fragment
de mâchoire inférieure que Cuvier avait at-
tribué avec doute à une espèce moyenne
d'Hippopotame, et un humérus qu'il avait
cru d'une espèce de Phoque, ne possédant
point, lorsqu'il fît cette détermination, le
squelette du Dugong , dont l'humérus est en
effet assez voisin de celui des Phoques. Cette
espèce, de la taille du Lamantin du Sénégal,
a le crâne allongé, étroit; les crêtes tempo-
rales, saillantes et rapprochées, laissent en-
tre elles une gouttière profonde.
Le Met. Brocchii, Man. Brocchu (dcBl.).
Les débris qui existent de cette espèce ont
été figurés par M. le docteur Bruno (t. I,
2e série des Mémoires de l'Acad. des sciences
de Turin), sous le nom de Cheirothcrium
Brocchii, et par M. de Blainville (pi. 9); plus
grande que la précédente, elle s'en distin-
guait par un occipital et des pariétaux larges;
de faibles crêtes temporales , fort écartées
l'une de l'autre, et par des dents formées d'un
plus grand nombre de mamelons. Elle a
été trouvée à Montiglio, dans les collines du
172
MET
MET
Mont-Ferrat, à 60 mètres au-dessus du ni-
veau du Pô.
Le Met. Guettardi, Man. Guettardi (deBl.).
Figuré par M. de Blainville (pi. 11), ce Mé-
taxy thérium a des dents plus simples, chaque
colline n'étant formée que de deux mame-
lons; les incisives sont plus petites, et l'ani-
mal était d'un tiers plus petit que le Met.
Cuvieri. Il a été trouvé à Étrichy, aux envi-
rons d'Étampes.
Le Met. Christolii, Man. Christolii (de 131.).
Découvert dans la haute Autriche et publié
par M. Fitzinger (3e livre du Mus. francisco-
carolianum, Lintz 1842), sous le nom d'ffa-
litherium Christolii, paraît avoir eu huit mo-
laires de chaque côté des deux mâchoires.
I! a été trouvé aussi des dents et des côtes
de Métaxy thërium dans les terrains tertiaires
du bassin de la Garonne, dont Cuvier avait
fait un Hippopotame douteux; M. de Blain-
ville les attribue au Met. Guettardi; on en
a rencontré aussi des côtes à Belleville, dans
les fouilles faites pour les fortifications de
Paris, qui, par leur grandeur, annoncentune
espèce particulière. M. de Christol en a trouvé
aussi aux environs de Montpellier et de
Beaucaire, qu'il publiera sous peu. Enfin,
M. Kaup a faitconnaître des vertèbres, des cô-
teset deux dents molaires de Métaxy thérium,
trouvées dans les sablières d'Eppelsheim sur
les bords du Rhin, sous les noms de Pugmeo-
don Schinzii et d'Halitherium dubium ; et
M. Duvernoy a publié une note sur une par-
tie de squelette trouvée à Rœdersdorf , dé-
partement du Haut-Rhin; mais, comme il
ne s'est rencontré aucune partie de la tête, il
est impossible de dire à quelle espèce ces dé-
bris appartiennent. (Laurillakd.)
METAZANTHUS ((«*«&?, dans l'inter-
valle; avGo;, fleur), bot. ph. — Genre de la
famille des Composées (tribu incertaine),
établi parMeyer (Reise, I, 356; DC, Prodr.,
VII , 259 ) pour des herbes rameuses indi-
gènes du Chili.
*METAZYCERA (per*!*, dans l'inter-
valle; x/pas, corne), ins. — Genre de Co-
léoptères subpentamères, tétramères de La-
treille, famille des Cycliques, tribu des
Cassidaires Hispites , formé par nous et
adopté par Dejean {Catalogue, 3e édit.,
p. 388) qui en mentionne trois espèces amé-
ricaines : les M. trimaculata 01. (Hispa),
purpurea et aulica Dej. (C.)
*METAZYONYCIIA (*«t«& dans l'in-
tervalle; ow$, ongle), ins. — Genre de
Coléoptères subpentamères , tétramères de
Latreille, famille des Cycliques, tribu des
Chrysomélines , de nos Colaspides , formé
par nous et adopté par Dejean ( Catalogue,
3e éd., p. 430), où 9 espèces ont été énu-
mérées. Mais ce nombre est aujourd'hui
presque double. Nous citerons comme fai-
sant partie de ce genre, les Colaspis testa-
cea, quadrimaculata 01., granulata , chlo-
roptera Gr., et C. pictus Pert. Toutes sont
originaires de l'Amérique méridionale. (C.)
MÉTÉORES. — Voy. météorologie.
MÉTÉORITE, min. — Voy. aérolitbe.
METEORIUM, Brid. bot. cr. — Syn.
de Cryphœa , id.
*MÉTÉOROLOGIE, MÉTÉORES, phys.
— La Météorologie n'a pas seulement pour
objet l'observation des phénomènes acciden-
tels autrefois connus sous le nom de Mé-
téores ; elle embrasse aussi, dans leur en-
semble, tous les phénomènes atmosphériques
et terrestres, soit accidentels, soit perma-
nents, qui dépendent de Faction du calo-
rique , de l'électricité , du magnétisme et de
la lumière.
Dans les temps reculés on ne manqua pas
d'entourer de merveilleux la plupart des
Météores accidentels : on les considéra
comme des présages de grands événements ;
leur apparition excitait de l'effroi comme
celle des Comètes. Combien de fois les lan-
gues de feu paraissant aux mâts des vais-
seaux ou aux piques des soldats n'ont-elles
pas jeté l'épouvante et la consternation
parmi les légions romaines! A mesure que
les sciences firent des progrès , ces frayeurs
chimériques se dissipèrent pour faire place
à l'esprit d'observation , et bientôt, chassés
du domaine de l'imagination qui en avait
fait des prodiges et des présages menaçants,
les Météores sont peu à peu rentrés dans
celui de la physique, qui s'est chargée de
leur interprétation.
Considérations générales. — La Météorolo-
gie chez les anciens ne se composait que de
croyances superstitieuses et de présages
tirés de l'observation plus ou moins exacte
de certains phénomènes naturels. Notre
cadre ne nous permet pas d'entrer dans le
détail de ces croyances vulgaires. Cet esprit
d'empirisme qui a longtemps exploité la
MET
MET
173
crédulité publique a dû nécessairement s'ar-
rêter devant les progrès de la physique mo-
derne. En effet, après la découverte des
propriétés de la boussole, qui offrit un vaste
champ d'observations, lorsque le thermo-
mètre permit de mesurer avec exactitude
la température atmosphérique , que le ba-
romètre eut donné la mesure du poids des
couches de Pair, que Descartes eut découvert
la variation de la pression atmosphérique ,
que Pascal eut établi la Méthode pour dé-
terminer les hauteurs par les observations
barométriques, que Mariotte eut fait ses
recherches sur les gaz et Peau; enfin , lors-
qu'on eut créé et perfectionné tous ces in-
struments propres à indiquer l'hygrométrie
de Pair, la quantité d'eau qui tombe dans
un lieu donné, la force, la direction et la
rapidité des vents, l'intensité et la nature
de l'électricité et du magnétisme, etc. , la
Météorologie naquit et cessa d'être une col-
lection de maximes empiriques. Alors com-
mença la véritable étude des Météores. L'arc-
en-ciel , les parhélies et les faux soleils fu-
rent ramenés aux lois ordinaires de l'optique.
Franklin découvrit la cause du tonnerre; dès
lors la foudre , docile aux lois de la science,
descendit paisiblement des nuages orageux
dans le laboratoire du physicien, pour y être
soumise à une foule d'expériences.
Malgré la direction favorable imprimée à
la Météorologie par les travaux de plusieurs
savants célèbres, cette science est encore
loin d'approcher de la perfection des autres
sciences naturelles. Elle se compose de phé-
nomènes variables et multipliés que vient
encore compliquer une foule de circonstan-
ces , à l'influence desquelles il est impossible
de les soustraire , et qui sont modifiées à
l'infini, en raison des climats, de la consti-
tution locale, de la configuration, la na-
ture, l'élévation ou l'abaissement du sol.
Aussi n'est-ce qu'en multipliant les obser-
vations, en les répétant sans cesse dans dif-
férents endroits , qu'on parviendra à en
faire sortir des lois générales, que l'on entre-
voit dans l'ensemble des phénomènes, mais
dont l'application échappe dans les circon-
stances parliculières. Si l'on parvient jamais
à ramener à un petit nombre de lois fonda-
mentales les phénomènes nombreux de la
Météorologie , peut-être arrivcra-t-on un
jour à prévoir avec un certain degré de pro-
babilité la force et l'intensité des saisons.
Sans parler de tous les avantages qui en
résulteraient, on conçoit l'importance de
celui qui permettrait au cultivateur de com-
biner ses travaux en raison du temps qui
devrait ou les favoriser ou leur nuire. Mais
ce perfectionnement est encore loin d'être
la conquête de l'homme. Toutefois on ne
doit pas désespérer d'y arriver un jour. Qui
oserait poser des limites à la science? L'es-
prit humain a déjà assez dérobé de secrets
à la nature pour qu'il lui soit permis d'es-
pérer encore lui en surprendre.
La Météorologie est une science d'appli-
cation qui emprunte à plusieurs autres
sciences leurs principes et leurs lois : ainsi
l'Astronomie, en nous donnant la connais-
sance des mouvements des corps célestes et
celle des forces de la gravitation, conduit à
apprécier leur action sur l'atmosphère et
sur les eaux; la théorie des marées et des
vents généraux en découle nécessairement.
La Chimie, en nous faisant connaître la
nature, les propriétés elles combinaisons
des gaz qui composent l'atmosphère ou s'y
rencontrent accidentellement , offre des
éléments précieux pour la solution d'autres
questions telles que la nature des Moufettes ,
des feux follets , etc. Les mouvements si
variables, si compliqués des vents , des nua-
ges, de la grêle, sont régis par les lois in-
variables de la Mécanique. Enfin , il n'est
peut-être pas une branche de la Physique
qui ne trouve des applications nombreuses
à la Météorologie. Ainsi, les loin de la chute
des corps et les effets du choc et du frotte-
ment expliquent les ravages de la pluie et
de la grêle. Les lois de la formation des va-
peurs et de leur condensation nous donnent
la cause des nuages, des brouillards, de la
pluie, etc. Les effets du rayonnement du
calorique offrent une théorie complète de la
rosée et des gelées blanches. On a trouvé
dans les lois de la distribution de la cha-
leur à la surface du globe l'explication des
variations de température et des phéno-
mènes qui en résultent. Les lois de l'optique
nous font découvrir la cause de ces appa-
rences lumineuses qui se manifestent dans
l'atmosphère. L'électricité a mieux fait con-
naître les orages, et Péleclro-magnétisme
laisse entrevoir la cause des aurores boréa-
les. La Météorologie a aussi plusieurs points
174
MET
MET
de contact avec d'autres sciences, particu-
lièrement avec la Géologie et la Géographie
physique.
En général , on estime la hauteur de l'at-
mosphère à 64 kilomètres (ou 16 lieues).
Celle enveloppe aérienne, qui entoure la
terre de toute part, est sphérique comme
celle du globe qu'elle environne, et doit
conséquernment aussi être renflée à l'équa-
teur et déprimée aux pôles. On sait que le
poids de l'atmopshère, au niveau de la mer
et à la température de 0°, est égal à celui
d'une colonne d'eau de 10m,60 ou à celle
d'une colonne de mercure de 0'",76. Il est
évident qu'en s'élevant dans l'atmosphère
sa pression doit diminuer; c'est, en effet,
ce qui a lieu, et c'est sur ce principe que
repose la mesure des hauteurs obtenues par
le baromètre. On a calculé que le poids des
couches atmosphériques exerce sur toute la
surface du corps d'un homme d'une taille
moyenne une pression d'environ 16,000 ki-
logrammes. Cette pression , si nécessaire à
notre existence , nous paraît insensible ,
parce qu'elle agit dans tous les sens et que
la force élastique de nos organes lui est pro-
portionnée; mais si l'on s'élève dans l'at-
mosphère à une certaine hauteur, soit sur
les hautes montagnes, soit dans des aéro-
stats, la colonne d'air diminuant sensible-
ment de pesanteur, la respiration devient
pénible, et si l'ascension était poussée à ses
dernières limites, le sang s'échapperait
bientôt par tous les pores.
Si la dilatation de l'air ne variait pas à
mesure qu'on s'élève, on pourrait, d'après
le poids connu de l'atmosphère, déterminer
sa hauteur d'une manière rigoureuse. Cette
dilatation ne peut cependant être supposée
indéfinie, parce que l'air, étant un corps
pesant, est soumis, comme tous les autres
corps, aux lois de l'attraction, et qu'il
existe nécessairement une limite où l'at-
traction doit l'emporter sur la force de dila-
tabilité des gaz; là aussi doit être la limite
de l'atmosphère. Mais qu'y a-t-il au-delà?
Existe-t-il quelque fluide, ou n'y a-t-il
qu'un vide absolu? Cette question ne peut
plus nous arrêter.
Comment les espaces célestes seraient-ils
vides, puisqu'ils sont remplis par la lu-
mière? Quelque opinion qu'on adopte sur
la nature de cet agent, que ce soit une éma-
nation réelle de la substance des corps lu-
mineux, ou un fluide mis en mouvement
par ces derniers, il est bien évident que,
dans l'une comme dans l'autre hypothèse,
le vide absolu ne saurait exister.
Quant à la composition chimique de l'at-
mosphère, on la connaît maintenant d'une
manière très exacte, dit M. de Humboldt,
grâce aux excellentes analyses que MM. Du-
mas et Boussingault en ont faites récem-
ment à l'aide de nouvelles méthodes. D'a-
près ces analyses, l'air sec contient, en
volume, 20,8 d'oxygène, et 79,2 d'azote;
il renferme en outre : 1° 2 à 5 dix-mil- .
lièuies d'acide carbonique, résultant princi-
palement de la respiration des animaux qui
extraient le carbone des substances végétales
dont ils se nourrissent, tandis que les végé-
taux le puisent dans l'atmosphère; 2° une
quantité encore plus faible de gaz hydro-
gène, et, d'après les importantes recherches
de Saussure et de Liebig, quelques traces
de vapeurs ammoniacales, qui fournissent
aux plantes l'azote qu'elles contiennent.
D'autres substances, des miasmes et des
émanations pestilentielles, viennentsemêler
accidentellement, surtout près du sol, aux
éléments que nous venons d'indiquer comme
formant la composition normale de l'air.
Enfin, dans quelques circonstances particu-
lières , l'atmosphère renferme, près de la
surface de la terre , des substances solides,
réduites en poudre fine et portées à de
grandes hauteurs par les vents; telle est
la poussière qui tombe vers les îles du cap
Vert, en obscurcissant l'atmosphère à de
grandes distances. M. Ehrenberg a reconnu
que cette poussière contient d'innombrables
infusoires à carapaces siliceuses. Voy. pour
plus de détails l'article atmosphère de ce
Dictionnaire.
La grande élasticité que possède l'atmo-
sphère et l'extrême facilité avec laquelle elle
se contracte et se dilate selon le degré de
température, sont cause qu'il s'y établit sans
cesse des courants dans divers sens : les
vents sont donc une conséquence nécessaire
des propriétés physiques de l'atmosphère.
Ces mouvements de l'air sont produits par
l'accumulation ou la précipitation des va-
peurs aqueuses; par l'attraction des corps
célestes qui agissent sur l'atmosphère de la
même manière que sur l'Océan, et y pro^
MET
MET
175
duisent des effets analogues aux marées ;
par la chaleur solaire qui, en raison des sai-
sons et des heures du jour , dilate inégale-
ment les couches aériennes; enfin, par la
forme et la nature des continents et des
mers qui arrêtent , accélèrent et modi-
fient ces mouvements de mille manières.
Pour bien comprendre tous les phéno-
mènes météoriques, les variations de tem-
pérature méritent avant tout de fixer no-
tre attention. On sait que le point le plus
élevé du thermomètre s'observe générale-
ment à deux heures après midi, et le plus
bas au moment du lever du soleil. L'expé-
rience démontré que la température indi-
quée par les observations de neuf heures du
matin à neuf heures du soir, fournit assez
exactement la température moyenne du jour.
Celle de l'année peut s'obtenir en ajoutantla
température moyenne de chaque mois et en
divisant la somme par douze.
Les différents climats des divers pays du
globe dépendent principalement de leur
position par rapport au soleil. Ainsi , à l'é-
quateur, où cet astre darde perpendiculai-
rement ses rayons, une égale surface du sol
reçoit une bien plus grande quantité de
chaleur et de lumière que les pays situés
vers les pôles. On conçoit que pour les pays
tempérés , le climat se rapproche de celui
de l'équateur pendant l'été , puisque la hau-
teur du soleil y est plus grande , et de celui
des légions polaires pendant l'hiver. Plu-
sieurs causes expliquent parfaitement les
inégalités de température. D'abord, la con-
stitution physique de l'atmosphère qui varie
incessamment d'une saison à l'autre. En
été l'air est généralement sec , mais en hiver
il se charge de vapeurs et affaiblit considé-
rablement l'intensité des rayons solaires. La
seconde cause à signaler est la grande obli-
quité des rayons du soleil en hiver. Or, on
sait qu'ils se réfléchissent en raison de cette
obliquité, qu'une surface reçoit d'autant plus
de rayons qu'ils arrivent plus perpendicu-
lairement et que la chaleur est en propor-
tion des rayons absorbés; enfin, et cette
dernière cause est la principale, le soleil ,
en été, reste bien plus longtemps au-dessus
de l'horizon qu'en hiver. La nuit, qui est
le moment de la déperdition du calorique ,
est plus courte et le jour plus long. On a
calculé qu'il suffirait même, au milieu de
l'été, que le soleil restât dix jours sous l'ho-
rizon pour que tout se congelât à la surface
de la terre.
Les saisons d'une année à l'autre parais-
sent très irrégulières par l'influence des
causes variables , telles que les vents, les
pluies, les glaces polaires, etc.; mais lors-
qu'on réunit une assez longue suite d'ob-
servations , on reconnaît que la température
est tantôt constamment croissante et tantôt
décroissante. Dans nos climats, la tempé-
rature va s'élevant du 5 janvier au 5 juillet,
et descend du 5 juillet au 5 janvier. Sui-
vant M. de Humboldt, c'est une supposition
tout-à-fait gratuite que d'espérer un été
chaud à la suite d'un hiver rigoureux, ou
un hiver doux après un été froid.
Sous la zone torride , la température est à
peu près la même dans tous les lieux situés
sur le même parallèle, mais dans la zone
tempérée il en est autrement, car la tem-
pérature varie beaucoup selon certaines cir-
constances locales. C'est ce qui a fait tracer
les lignes isothermes ou d'égale température.
On a remarqué que les côtes occidentales
des continents sont beaucoup plus chaudes
que les côtes orientales. C'est un effet des
vents et de la position générale des mers.
Dans nos contrées, comme en Amérique,
les vents d'ouest prédominent : or , ces vents
qui viennent des mers sont toujours tem-
pérés ; car la température des mers n'est
jamais ni très haute ni très basse; en effet,
la mobilité de la masse liquide et l'équilibre
qui tend à s'y maintenir ne permettent pas
qu'une couche superficielle se refroidisse
beaucoup , comparativement aux autres ; car
dès que la température de cette couche
s'abaisse, son poids augmentant, elle descend
dans la masse, et une autre vient la rem-
placer.
On remarque aussi que l'hémisphère aus-
tral est plus froid que l'hémisphère boréal;
ce qui provient de ce que le premier est en
grande partie recouvert par les eaux. Or,
on sait que les eaux ne s'échauffent pas
aussi facilement que le sol, une grande
quantité du calorique qui leur est envoyé
étant absorbée par l'évaporation, la con-
gélation et la fonte des glaces.
Une observation qui jette une vive lumière
sur les variations de température de cer-
taines localités, est celle qui permet d'éta-
176
MET
MET
blir que les travaux de l'homme à la surface
de la terre peuvent notablement changer et
modifier la température d'un lieu. D'après
les relations des anciens , on est porté à
croire que le froid en Europe était jadis
plus intense qu'aujourd'hui. Nous savons
positivement que le climat d'Amérique est
devenu plus chaud depuis qu'on a diminué
Ja vaste surface de ses forêts. En effet, les
forêts d'une grande étendue, dit le célèbre
de Humboldt, empêchent les rayons solaires
d'agir sur le sol; leurs organes appeudicu-
Jaires (les feuilles) provoquent l'évaporation
d'une grande quantité d'eau, en vertu de
leur activité organique, et augmentent la
superficie capable de se refroidir par voie
de rayonnement. Les forêts agissent donc
de trois manières : par leur ombre, par leur
évaporation, par leur rayonnement.
Dans son beau travail sur la chaleur cen-
trale du globe, M. Cordier pense que la
plupart des différences de température qu'on
observe sur un même parallèle pourraient
provenir de la plus parfaite conductibilité
des couches géologiques qui enveloppent le
centre incandescent de la terre. On sait que
le globe a une température qui lui est
propre, et qu'à une certaine profondeur
cette température, indépendante de l'action
du soleil, demeure constamment invariable.
Les expériences démontrent qu'elle s'élève
à mesure qu'on descend à des profondeurs
plus grandes. La loi de cette progression est
à peu près d'un degré par 32 mètres.
Dans l'atmosphère, la température suit
une progression inverse à celle du sol, c'est-
à-dire qu'elle diminue à mesure qu'on s'é-
lève au-dessus du niveau de la mer. On
trouve que la température décroît également
avec la hauteur , dans tous les climats , lors-
qu'on part d'une même température infé-
rieure ; mais la loi de la progression change
avec ce point de départ, de sorte que dans
les zones tempérées, par exemple, d'après
les observations de Saussure, elle est en
hiver de 230 mètres par chaque degré du
thermomètre centigrade, et de 160 en été.
11 y a donc une hauteur où le refroidisse-
ment progressif atteint le terme de la glace.
De là l'existence des neiges éternelles sur
les hautes montagnes , et l'inégale élévation
du point où elles commencent dans les dif-
férents climats. Non seulement le décrois-
sement vertical de la températur varie sui-
vant les climats et les saisons , mais aussi
suivant l'exposition , et même l'état plus ou
moins transparent du ciel.
On doit à M. Al. de Humboldt la précieuse
application de la géographie des plantes à la
mesure de la température moyen ne des lieux.
Cet illustre voyageur a déterminé d'une ma-
nière générale l'élévation et la température
des zones où chaque plante semble se com-
plaire. Chaque végétal ne peut vivre qu'entre
certaines limites déterminées de tempéra-
ture, et la proximité de ces limites est in-
diquée par sa végétation plus ou moins ché-
tive. Ainsi , l'aspect des végétaux qui sub-
sistent dans chaque contrée offre comme une
sorte de thermomètre vivant, qui indique
au voyageur la moyenne des températures
annuelles et leurs extrêmes.
Une des questions les plus intéressante»
que l'on puisse se proposer de résoudre est
de savoir si l'état thermométrique du globe
a changé depuis les temps historiques. Voici
la manière ingénieuse dont M. Arago se sert
pour trouver la solution de ce problème :
Pour que la Datte mûrisse, il faut au moins
un certain degré de température moyenne.
D'un autre côté, la Vigne cesse de donner
des fruits propres à la fabrication du vin,
dès que la température dépasse un certain
point du thermomètre également déterminé.
Or, la limite thermométrique en moins de
la Datte, diffère très peu de la limite ther-
mométrique en plus de la Vigne; si donc
on trouve qu'à deux époques différentes, la
Datte et le Raisin mûrissent simultanément
dans un lieu donné, on doit en conclure que
dans l'intervalle, le climat n'y a pas sensi-
blement changé.
La Bible nous apprend que, dans les temps
les plus reculés, on cultivait le Palmier en
même temps que la Vigne, au centre des ,
vallées de la Palestine. Les Juifs mangeaient ,
des Dattes et buvaient du Vin. Le Raisin
figurait comme symbole sur les monnaies
hébraïques, tout aussi fréquemment que le
Palmier. Pline, Théophraste, Tacite, Jo-
sèphe, Strabon, etc., font également men-
tion de ces faits. Voyons maintenant quels
degrés de chaleur la maturation de la Datte
et celle du Raisin exigent. A Palerme (Si-
cile, côte nord), dont la température
moyenne surpasse 17°, le Dattier croît, mais
MET
MET
1/7
son fruit ne mûrit pas. A Catane (Sicile,
côte orientale), par une température
moyenne de 18 à 19°, les Dattes ne sont pas
mangeables. Elles mûrissent à Alger, dont
la température moyenne est de 21°, mais
elles ne sont pas bonnes, et pour les avoir
telles, il faut s'avancer jusqu'au voisinage
du désert, c'est-à-dire en des lieux où la
température moyenne dépasse un peu 21°.
D'après ces données, on peut déjà conclure
qu'à l'époque où l'on cultivait le Dattier en
grand dans la Palestine, la température ne
devait pas être au-dessous de 21°.
M. Léopold de Buch place la limite méri-
dionale de la Vigne à l'île de Fer, dans les
Canaries, dont la température moyenne est
de 22". Par une plus forte température, on
trouve bien encore en certains lieux quel-
ques ceps dans les jardins , mais pas de
Vignes proprement dites. Nous venons de
voir qu'en Palestine, dans les temps les plus
reculés, la Vigne était au contraire cultivée
en grand ; il faut donc aussi admettre que
la température moyenne de ce pays ne sur-
passait pas 22°. La culture du Palmier nous
apprenait tout-à-1'heure que cette même
température ne pouvait être au-dessous
de 21°. Ainsi de simples phénomènes de
végétation nous amènent à caractériser
par 21°, 5 du thermomètre centigrade le
climat de la Palestine au temps de Moïse,
sans que l'incertitude paraisse devoir aller
jusqu'à un degré entier.
A combien s'élève aujourd'hui la tempé-
rature moyenne de la Palestine? Les obser-
vations directes manquent, mais en y sup-
pléant par des termes de comparaison pris
en Egypte , on trouve qu'elle doit être un
peu supérieure à 21°. Tout porte donc à re-
connaître que 3,300 ans n'ont pas altéré
d'une manière appréciable le climat de la
Palestine, que 33 siècles enfin n'ont ap-
porté aucun changement aux propriétés lu-
mineuses et calorifiques du soleil.
Les phénomènes météoriques ont été
rangés en trois classes. En général, ils pren-
nent les noms de Météores aériens, aqueux
ou ignés , selon que l'air, l'eau ou le feu
semblent y jouer le principal rôle. Les plus
importants Météores de la première classe
sont les Vents, les Tempêtes, les Ouragans,
les Tourbillons, etc. Ceux de la seconde
«lasse comprennent les Vapeurs, les Brouil-
T. VIII.
lards, les Nuages, la Pluie, la Rosée, la
Neige, la Grêle, etc. Enfin, ceux de la
troisième classe traitent des Météores élec-
triques, magnétiques et lumineux , c'est-
à-dire des Éclairs, du Tonnerre, des Orages,
des Trombes , des Aurores boréales , de
l'Arc-en-ciel , des Halos, des Parhélies, du
Mirage, etc.
Notre cadre ne nous permettant pas d'en-
trer dans de grands développements, nous
traiterons chacun de ces Météores d'une
manière générale, et pour éviter les doubles
emplois, nous passerons très rapidement
sur ceux qui ont déjà fait, ou qui doivent
faire, dans ce Dictionnaire, le sujet d'un
article spécial.
Météores aériens. — Vents. Les Vents,
ou, pour les désigner par une expression qui
en donne une idée fort exacte, les courants
d'air, tirent leur origine de condensations
et de raréfactions dans la masse de l'atmo-
sphère. La principale cause des Vents est
la distribution variable de la chaleur dans
l'atmosphère, laquelle modifie sans cesse
sa densité, et trouble ainsi l'équilibre de
ses parties. La présence du Soleil agit à la
surface du globe, en chauffant et dilatant
les couches inférieures de l'air; son action
calorifique diminue considérablement par
l'obliquité de ses rayons, elle s'accumule
bien plus promptement sur les terres que
sur les eaux ; ainsi l'existence des continents
et des mers, les alternatives du jour et de
la nuit, la succession des saisons, sont
donc des sources perpétuelles de courants
atmosphériques.
Les Vents se divisent en Vents généraux
ou constants , Vents périodiques, et Venls
irréguliers ou variables. Ils se propagent
par impulsion et par aspiration; dans le
premier cas, c'est ce qui arrive au courant
d'air qui sort d'un soufflet ; dans le second,
au contraire, c'est ce qui a lieu au Vent
qui entre dans le soufflet, lorsque l'air y a
été raréfié. Ce dernier mode n'est pas aussi
rare qu'on le pense. Une Éclipse de Lune
donna occasion à Franklin de vérifier ce
fait. Avant le commencement de l'Éclipsé,
un violent Vent du nord se manifesta dans
les Floridcs ; à Philadelphie, qui est plus au
nord, on le ressentit lorsque l'Éclipsé était
déjà commencée, et enfin l'Éclipsé était
terminée lorsque ce même Vent se fit sen-
23
178
MET
MET
tir à Boston, qui est encore plus au nord que
les deux endroits que nous venons de citer.
Cette particularité semble indiquer une
grande raréfaction dans l'atmosphère, pro-
duite par une subite précipitation de vapeurs.
Les Vents alizés, ce vaste courant atmo-
sphérique qui règne constamment dans les
voisinages de l'équateur, et qui s'étend de
chaque côté jusqu'au 30e degré de latitude
boréale ou australe, sont parfaitement ex-
pliqués par la théorie de Halley : Les rayons
du Soleil, en dilatant l'air dans le voisinage
de l'équateur, et en l'obligeant par consé-
quent à s'élever, produisent dans les régions
inférieures de l'atmosphère un courant qui
afflue du nord au sud vers l'équateur, pour
remplacer l'air échauffé ; mais comme le
mouvement de rotation de la terre est con-
tinuel et se dirige vers l'est, il en résulte
que l'air qui vient des pôles ne paraît point
souffler directement du nord et du sud,
comme cela a lieu très réellement, ce qui
donne aux Vents du nord l'apparence d'un
Vent qui vient du nord-est, et au Vent du
sud celle d'un Vent de sud est. Les deux
courants, venant à se rencontrer, se combi-
nent, et réunis ils soufflent directement
vers l'ouest avec leur force accumulée. Cette
rencontre a lieu tantôt au ilord, tantôt au
sud de l'équateur, par suite de la marche
des saisons qui fait qu'alternativement les
deux hémisphères sont inégalement échauf-
fés. Telle est la cause de ces Vents alizés,
sur l'influence desquels les marins comptent
aussi sûrement que sur le retour du Soleil.
Pendant que l'air dense des contrées po-
laires se précipite vers l'équateur pour rem-
plir le vide qui s'y forme, celui que l'action
permanente du Soleil a dilaté et élevé, doit
nécessairement former dans les régions su-
périeures de l'atmosphèreun contre-courant,
qui va distribuer sa chaleur en se dirigeant
en sens inverse du premier. C'est ce qui a
lieu en effet, et l'existence de ce phénomène,
prévu d'abord par le raisonnement, a été
prouvée depuis par l'observation : M. de
Ilumboldt a reconnu que le sommet du pic
de Ténériffe était constamment exposé à un
Vent violent, soufflant dans une direction
contraire à celle des Vents alizés.
Les Vents périodiques appelés moussons,
ou Vents du commerce, ont pour cause la
situation particulière du continent d'Asie
au nord de l'équateur. La chaleur s'accu-
mulant sur les terres en bien plus grande
quantité que sur les mers, se manifeste en
raison de la révolution des saisons, alter-
nativement de l'un et de l'autre côté de
l'équateur. Le centre de cette chaleur en
été s'avance donc vers le nord, et vers le
sud en hiver; il en résulte que dans ces ré-
gions qui sont sous l'empire des moussons,
le Vent souffle continuellement du sud-
ouest depuis le mois d'avril jusqu'au mois
d'octobre, et pendant le reste de l'année il
prend une direction opposée. Le changement
de ces Vents périodiques se fait graduelle-
ment, et est ordinairement accompagné de
Tempêtes et d'Ouragans.
La Brise de terre et la Brise de mer, cette
autre espèce de Vents périodique, reçoit une
explication bien simple. Lorsque le Soleil
est descendu sous l'horizon , la terre et la
mer, que sa présence avait échauffées , per-
dent leur calorique par voie de rayonne-
ment ; mais la déperdition éprouvée par la
surface terrestre est beaucoup plus rapide
et plus considérable que celle de la surface
liquide. Les couches d'air qui reposent au-
dessus de ces deux surfaces doivent par
conséquent se refroidir diversement , et
bientôt l'air qui recouvre le sol, plus froid
et plus dense que celui de la mer, doit se
précipiter dans l'espace que ce dernier oc-
cupe. C'est ce qui arrive sur la fin de la
nuit, et ce qui constitue la brise de terre.
Mais quand le Soleil a reparu sur l'ho-
rizon, ses rayons échauffent bien plus rapi-
dement la surface du sol que la masse des
eaux, et l'air qui enveloppe l'une et l'autre
doit s'échauffer et se dilater bien davantage
sur terre que sur nier. A la fin du jour,
l'air plus froid et plus condensé de la mer
soufflera vers la côte, et produira la brise
de mer. L'action de ces Vents légers tem-
père le climat et facilite singulièrement les
marins, soit pour s'approcher ou s'éloigner
de la terre.
Dans les zones tempérées , où l'influence
solaire est beaucoup moins grande, les
Vents sont soumis à d'autres causes que l'on
ne connaît point encore parfaitement. On
les appelle Vents irréguliers ou variables.
Ils soufflent dans toutes les directions, et
notamment de l'Ouest. Il paraît certain que
plus on s'éloigne de l'équateur vers les
MET
MET
179
pôles, plus l'irrégularité des Vents et des
Pluies est grande, sans que l'on puisse en
assigner exactement la cause. Cependant
on peut regarder comme une règle géné-
rale, qui s'applique à ces phénomènes,
ce que nous avons dit des Vents généraux.
Les violentes agitations de l'air qui cons-
tituent les Tempêtes, les Ouragans, sont plus
communes sous les tropiques que dans nos
climats. L'explication la plus satisfaisante
qu'on donne de ces phénomènes, est celle
qui suppose un fort courant d'air qui en
rencontre un autre soufflant dans un sens
opposé. Si quelque obstacle se trouve sur
la ligne de séparation, il en résulte néces-
sairement un tournoiement ou tourbillon
plus ou moins étendu et plus ou moins
violent, qui pourra en même temps avoir
un mouvement de progression, si l'un des
deux courants a plus de vitesse que l'autre.
Dans les régions intertropicales ces oura-
gans sont quelquefois épouvantables. Pour
en donner une idée, il suffit de citer quel-
ques traits de celui qui dévasta la Guade-
loupe, le 25 juillet 1825. Des maisons soli-
dement bâties furent renversés. Le Vent
avait imprimé aux tuiles une telle vitesse,
que plusieurs pénétrèrent dans des maga-
sins à travers des portes. Une grille en fer
établie devant le palais du gouverneur fut
entièrement rompue. Trois canons de 24 se
déplacèrent jusqu'à l'épaulement de la bat-
terie qui les renfermait. Ces faits, de la plus
grande authenticité paraissent incroyables.
Cependant, pour expliquer ces phénomènes,
il n'y a qu'une seule difficulté, dit M. Pouil-
let, c'est celle de savoir comment l'air a pu
recevoir dans l'atmosphère une si prodi-
gieuse vitesse; car cette vitesse étant don-
née, les actions mécaniques les plus éton-
nantes en deviennent des conséquences né-
cessaires. C'est du gaz en mouvement, qui
pousse le boulet hors du canon ; c'est aussi
du gaz en mouvement qui lance dans les
airs des quartiers de roches lorsqu'une mine
fait explosion.
Malgré les désastres que produit quel-
quefois l'impétuosité du Vent, il n'en est
pas moins un bienfait de la nature. C'est
lui, en effet, qui entretient la pureté de
l'atmosphère, et qui nous amène les nuages
et la pluie. C'est le Vent qui est chargé de
porter à plusieurs fleurs le pollen qui doit
les féconder, et qui répand au loin les grai-
nes d'un grand nombre de végétaux. Consi-
déré comme force motrice, le Vent devient
le principal agent d'une foule de machines
chez tous les peuples. Enfin, malgré l'ap-
plication de la vapeur, cette souveraine de
l'industrie qui étend ses conquêtes chaque
jour, c'est encore le Vent qui préside à la
navigation.
La vitesse des Vents varie d'une manière
considérable; le tableau suivant, extrait de
Y Annuaire du bureau des longitudes, donn era
une idée assez exacte des différentes vi
tesses.
Vitesse
Vitesse par heure
par seconde
«-"" — -* — '
en mètres.
en mètres.
en lieues.
—
—
—
o,5 m.
i,Soo m.
o,4o lieues
Venta peine sensible
i.o
3,Goo
o,S£
Vent sensible.
2,0
7,200
1,62
Vent modéré.
5,5
ig,8oo
«,45
Vent assez fort.
10, o
36,ooo
S, 16
Vent fort.
20, 0
72,000
16,20
Vent très fort.
22,5
81,000
17,35
Tempête.
2",0
97,200
22, o4
Grande tempête.
3G,o
10M00
29,33
Ouragan.
45,0
162,000
36,62
Ouragan qui renverse
les édifices et les ar-
bres.
La décomposition des substances végé-
tales et animales altère souvent la pureté de
l'air dans certains lieux. Cette décomposi-
tion paraît être la cause des Feux follets et
celle des miasmes de tous genres qui pro-
duisent la plupart des maladies pestilen-
tielles et épidémiques. Les feux follets, que
lessuperstitieux regardaient autrefoiscomme
des revenants sortant du tombeau pour al-
ler tourmenter les vivants , se manifestent
principalement dans les cimetières, ce qui
aura pu donner du poids à celte croyance. ,
Ils se développent aussi dans les lieux ma-[
récageux, sur le bord des élangs et des ri-'-
vières. C'est une flamme légère, qui semble
sortir de terre et brûle en s'agitant, et en;
suivant différentes directions. 11 est aujour-
d'hui constaté que les feux follets sont pro-
duits par le dégagement de gaz hydrogènes
phosphores, provenant de la décomposition
des matières animales, et qui ont la pro-
priété de s'enflammer au contact de l'air
atmosphérique.
Météores aqueux. — En passant de l'état
liquide à l'état aériforme, l'eau acquiert une
densité moindre que celle de l'air atmosphé-
180
MET
MET
rique, et s'élève alors en vertu de sa plus
grande légèreté. Cette vapeur est tantôt in-
visible et tantôt visible. Dans le premier cas,
elle constitue l'humidité proprement dite, et
sa présence est accusée par l'hygromètre.
Loin de troubler, en cet état, la transparence
de l'atmosphère, elle semble l'augmenter
dans plusieurs circonstances. La vapeur
passe à l'état visible, lorsqu'elle devient
vapeur vésiculaire, c'est-à-dire qu'elfe forme
de petites vésicules creuses dont la pesan-
teur est à peu près la même que celle de
l'air. Elle trouble alors la transparence de
ce gaz à cause des réfractions multipliées
qu'elle fait subir à la lumière, et demeure
généralement en suspension pendant quel-
que temps sous forme de Brouillards. Ceux-
ci, à cause de leur plus grande pesanteur
spécifique, ont une tendance à tomber, et,
quand les couches inférieures de l'atmo-
sphère sont à la même température qu'eux,
et saturées d'humidité, ils continuent de
descendre jusqu'à ce qu'ils se résolvent en
pluie à la surface de la terre.
Lorsque les vapeurs sont entraînées à une
certaine élévation et qu'elles planent à des
hauteurs plus ou moins grandes, elles pren-
nent le nom de Nuages. Les nuages peuvent
encore se former dans les airs à la rencontre
de deux vents humides inégalement chauds ;
alors, en raison de l'équilibre de tempéra-
ture, le plus chaud se refroidit ,et la vapeur
se condense. Il existe souvent plusieurs
couches de nuages superposées les unes aux
autres et qui marchent quelquefois dans des
directions opposées. En général, elles sont
d'autant plus élevées qu'elles sont plus blan-
ches. Dans ce cas, elles affectent l'aspect
désigné sous le nom de petites pommelures,
balayures, etc., tandis que les couches infé-
rieures sont plutôt en pommelures grandes.
Rien de plus difficile à fixer et à décrire que
les nuages: leurs formes et leurs couleurs
varient sans cesse, et présentent souvent les
figures les plus bizarres. Cependant les cou-
leurs dominantes sont le blanc, le gris et le
noir; mais le matin et le soir, quand ils
sont à une moyenne hauteur, les nuages ré-
fléchissent différentes nuances et affectent
toutes les teintes.
Pluie. — Les vapeurs suspendues dans l'at-
mosphère sont le résultat de l'évaporation
qui a lieu sur les terres et principalement
sur la vaste étendue des mers. Leur quantité
est en proportion de la température, c'est-
à-dire qu'elle varie en raison du climat, des
saisons et de l'élévation du sol. Ces vapeurs
s'élèvent, forment des nuages, et, lorsqu'elles
ont acquis certaines dimensions et qu'elles
ne peuvent plus être soutenues dans l'at-
mosphère, elles se pressent, se condensent
et se résolvent en pluie, qui tombe tantôt
légèrement, sous le nom de bruine, tantôt
avec plus ou moins d'intensité, quelquefois
en gouttes très grosses.
On remarque que le nombre des jours de
pluie est en raison inverse de la quantité
qui tombe. Il est moindre à l'équateur et
augmente à mesure qu'on s'en éloigne. De
même le nombre des jours de pluie est or-
dinairement plus grand en hiver qu'en été,
et cependant il tombe plus d'eau dans cette
dernière saison que durant la première.
Il résulte des expériences faites depuis
longtemps à l'observatoire de Paris que le
pluviomètre placé à la surface du sol reçoit
une plus grande quantité de pluie que celui
placé sur la plate-forme du bâtiment, qui a
28 mètres de hauteur. Cette différence, qui
est environ d'un neuvième, n'est pas l'effet
du hasard, puisqu'elle a lieu chaque année.
On explique cette particularité remarquable
en admettant que les gouttes s'accroissent
aux dépens de l'humidité de l'air en traver-
sant ses couches inférieures toujours plus
saturées d'humidité et souvent chargées da
brouillards.
Les vapeurs qui produisent la pluie se
congèlent pendant l'hiver dans l'atmosphère
et produisent la Neige, qui tombe généra-
lement, par un temps calme, sous la forme
symétrique d'étoiles à six rayons, tantôt ra-
mifiés, tantôt sans ramifications. Passagère
sur la plus grande partie du globe, la neige
couvre de ses flocons éternels le sommet
des hautes montagnes , où quelquefois elle
prend une teinte rouge. Plusieurs natura-
listes ont constaté que ces globules de ma-
tière colorante sont de petits cryptogames
du genre Uredo dont la neige est le sol na-
turel , et que pour cette cause on appelle
Uredo nivalis.
Dans les années où la neige a longtemps
couvert le sol, les fontaines sont plus abon-
dantes , les récoltes sont plus sûres. En ef-
fet , la neige trempe les terres plus que les
MET
MET
181
pluies ; elle empêche la gelée de pénétrer pro-
fondément dans le sol qu'elle recouvre. Ce
résultat est dû à son faible pouvoir conduc-
teur, d'où il résulte que non seulement elle
s'oppose au passage du froid atmosphérique
dans le sol, mais qu'elle empêche aussi la
déperdition de la chaleur terrestre occasion-
née par le rayonnement vers l'espace.
De tous les Météores aqueux, la Grêle est
le plus terrible et le moins connu. Elle se
présente toujours en grêlons de glace ar-
rondis par le frottement. Ces grêlons sont
le plus souvent composés de couches con^
centriques; quelquefois ils présentent la
forme de cristaux dont les angles ont été
émoussés. La théorie du célèbre Volta tend
à démontrer que l'électricité forme ce mé-
téore, que les grêlons sont successivement
attirés et repoussés un certain nombre de
fois par divers nuages chargés d'électricités
contraires. Leurs couches concentriques sem-
blent, en effet, indiquer qu'ils sont formés
par une suite de mouillages et de congéla-
tions successives; lorsque leur poids l'em-
porte sur l'énergie électrique des nuages, les
grêlons se précipitent vers la terre en faisant
un bruit particulier qui ressemble assez à
celui que produit un sac de noix qu'on vide.
La grêle précède ordinairement les pluies
d'orage; elle les accompagne quelquefois,
presque jamais elle ne les suit. Les nuages
chargés de grêle semblent avoir beaucoup
de profondeur, et se distinguent des autres
nuages orageux par une nuance cendrée re-
marquable. Ils sont généralement peu éle-
vés. Aux approches de la grêle, l'électro-
mètre indique que l'électricité change très
fréquemment d'intensité et de nature. La
grêle est plus fréquente pendant l'été que
pendant les autres saisons. Elle se manifeste
plus souvent dans les zones tempérées que
sous les pôles et i'équateur. Voy. grêle.
On donne le nom de Grésil à la petite
grêle peu consistante dont la surface paraît
comme saupoudrée de farine. C'est une es-
pèce d'intermédiaire entre la grêle propre-
ment dite et la neige. Le grésil se montre le
plus ordinairement au printemps pendant
les orages passagers et peu intenses. Voy.
GRÉSIL.
Le serein est une petite pluie fine qui
tombe quelquefois pendant l'été , au cou-
cher du soleil , sans qu'on aperçoive le
moindre nuage au ciel. Au premier abord,
une pluie sans nuages paraît chose extraor-
dinaire. Il suffit cependant de réfléchir un
instant pour en découvrir la cause et la pos-
sibilité. En effet , pendant la chaleur de la
journée, tous les corps humides fournissent
une grande quantité de vapeur aqueuse qui
se répand dans l'atmosphère. Or, il arrive
que la température, qui était dans la jour-
née à 20 ou 22°, baisse au coucher du so-
leil à 14 ou 15°. La température n'étant
plus alors assez élevée pour maintenir à l'é-
tat de vapeur l'eau que contient l'atmo-
sphère, une partie devra nécessairement se
condenser et retomber sur le sol.
On donne le nom de Rosée à cette innom-
brable quantité de gouttelettes d'eau que
l'on rencontre partout , surtout sur les
plantes, avant le lever du soleil. Dans cer-
tains pays secs, la rosée est assez abondante
pour suppléer à la pluie et entretenir la
verdure. On doit au docteur Wells la théo-
rie qui rend parfaitement compte de ce mé-
téore. Pendant les belles nuits d'été, la
température des corps diminue beaucoup
par le rayonnement du calorique qu'ils
avaient accumulé durant le jour. La couche
d'air qui repose sur ces corps refroidis se
condense et dépose en gouttelettes une par-
tie de l'eau qu'elle tenait en dissolution.
Le pouvoir rayonnant n'étant pas le même
pour tous les corps , le refroidissement doit
être inégal , et tandis que les uns offrent à
peine 1 ou 2 degrés au-dessous de l'air, il
en est d'autres qui tombent à 8 et même à
10 degrés plus bas. C'est à cause de cela
que l'on voit la rosée plus abondante sur
tel corps que sur tel autre. Il est évident,
en effet, que le corps le plus froid devra
condenser une plus grande quantité d'hu-
midité que celui qui le sera moins. Ce mé-
téore n'a point lieu s'il se trouve des corps
interposés entre la terre et les parties supé-
rieures de l'atmosphère , car alors la perte
du calorique par voie de rayonnement étant
à peu près nulle, la température n'en sera
pas sensiblement altérée. C'est ainsi que les
nuages empêchent la formation de la rosée.
Le vent peut produire aussi le même résultat
en apportant sur les corps refroidis de nou-
velles couches aériennes plus chaudes et qui
rétablissent la température.
Plusieurs expériences viennent confirmer
182
MET
cette explication de la rosée. On sait que les
métaux ne jouissent pas au même degré que
les autres corps de la propriété d'émettre
leur calorique ; c'esten raison de leur grande
conductibilité et de la faiblesse de leur
rayonnement que l'or, l'argent, le cuivre
se refroidissent peu, et consëquemment ne
se chargent point de rosée. Les végétaux ,
au contraire, ont un pouvoir rayonnant très
fort : aussi la rosée se dépose-telle plus
abondamment sur les plantes. Ainsi , d'a-
près ce qui précède , on est en droit de con-
clure que les corps qui se refroidissent da-
vantage sontaussi ceux sur lesquels sedépose
une plus grande quantité de rosée. Mainte-
nant on conçoit facilement que si , après la
condensation de l'humidité en gouttelettes ,
la température descend jusqu'à 0e, alors la
rosée se congèle et devient gelée blanche.
C'est ce qui a lieu durant ies belles nuits
du printemps et de l'automne , quand le
ciel est serein , circonstance nécessaire ,
comme nous avons vu, au rayonnement vers
l'espace. Cette ingénieuse théorie explique
complètement aussi l'utilité des abris que
les jardiniers placent au-dessus ou au-devant
des plantes délicates, et qui , quoique très
légers, suffisent pour les garantir des gelées
blanches en les préservant de la déperdition
de leur calorique.
Météores électriques. Le premier de ces
Météores qui s'offre à notre esprit est le
tonnerre. Ce terrible phénomène, longtemps
inexplicable , ne présente plus aujourd'hui
de mystère. Le tonnerre n'est autre chose
qu'une forte décharge d'électricité. Nous
renvoyons le lecteur désireux d'en connaître
les causes et les effets à l'article foudre ,
traité par le savant physicien M. Peltier ;
nous dirons ici seulementquelques mots sur
l'invention remarquable à laquelle ce phé-
nomène a donné lieu , et que l'on doit à
Franklin, le paratonnerre.
On sait que ces conducteurs métalliques
convenablement disposés méritent un degré
de confiance qui ne laisse presque aucune
place à la crainte. Les paratonnerres se
composent d'une tige métallique pointue qui
8' élève dans les airs et d'un conducteur de
même matière qui descend de l'extrémité
inférieure de la tige jusqu'au sol. Les con-
ditions nécessaires pour qu'ils puissent pro-
duire leur effet sont : 1° que la pointe de la
MET
tige soit bien aiguë ; 2° que le conducteur
communique parfaitement au sol ; 3° que
depuis la pointe jusqu'à l'extrémité infé-
rieure du conducteur il n'y ait aucune so-
lution de continuité ; 4° enfin que toutes
les parties de l'appareil aient des dimen-
sions convenables.
Non seulement la foudre ne peut pas
tomber sur un paratonnerre, mais elle ne
peut pas non plus tomber autour de lui jus-
qu'à une certaine distance. Le fluide qui
sort en abondance par la pointe du para-
tonnerre se répand dans l'air environnant,
et, emporté par la force d'attraction que le
nuage orageux exerce sur lui , il arrive au
nuage lui-même et neutralise en partie l'é-
lectricité contraire dont il est chargé. Ainsi,
dès qu'un nuage orageux se trouve assez
près du paratonnerre pour agir, par in-
fluence , sur lui et sur les corps conducteurs
qui en sont voisins, sa puissance est à l'in-
stant diminuée par l'arrivée du fluide con-
traire qui sort en plus grande abondance de
la tige. A mesure qu'il approche , sa puis-
sance décomposante devient plus énergique,
mais en même temps il reçoit de la tige une
plus grande quantité d'électricité contraire.
Un paratonnerre est donc une arme qui de-
vient plus efficace à mesure que le danger
devient plus pressant. L'expérience a fait
connaître qu'une tige de 27 pieds protège
tout ce qui est autour d'elle dans un cercle
de 20 mètres de rayon.
Le Feu Sainl-Elme est une flamme de
belle couleur violette; il se manifeste parti-
culièrement sur mer, pendant les tempêtes,
et parcourt , en voltigeant, les différentes
extrémités des vergues et des mâts. Ce mé-
téore est dû au fluide électrique qui se dé-
gage par les pointes. On sait que ces der-
nières ont la propriété d'attirer et de dégager
le fluide : on assure que quand ce phéno-<
mène a lieu , on entend la décrépitation de
l'étincelle électrique.
Les Trombes sont beaucoup plus fré-
quentes sur mer que sur terre. Ce météore
est encore incomplètement expliqué; tout
ce qu'on sait, c'est qu'il est dû à une co-
lonne d'air qui tourbillonne sur elle-même
avec une grande rapidité. Il se présente sur
mer sous la forme d'un nuage qui affecte
celle d'un cône dont la base est attachée aux
nuages. Une colonne d'eau s'élève dans ce
MET
MET
183
cône renversé, et retombe quelquefois en
assez grande abondance pour submerger un
navire. Au moment où la colonne d'air s'a-
gite pour former la trombe, si un navire se
trouve au milieu du courant qu'elle pro-
duit, elle le fait pirouetter sur lui-même
en tortillant ses voiles et quelquefois en bri-
sant ses mâts. L'électricité paraît jouer un
rôle important dans le développement de ce
phénomène; on y observe quelquefois les
sillons de la foudre, et au moment où la
trombe se rompt elle produit une grêle abon-
dante. Les effets de ce météore sont si vio-
lents, que lorsque les marins ne peuvent
s'en écarter ils font tous leurs efforts pour
la rompre à coups de canon.
Les trombes sur terre se développent avec
tant de violence, qu'elles renversent les
maisons, arrachent les arbres, et exercent
un ravage épouvantable. Quelquefois elles
communiquent l'incendie , comme il est ar-
rivé, en 1845, à Montville (département
de la Seine-Inférieure) , où de grands édi-
fices ont été complètement détruits par le
feu. De toutes les conjectures vagues et ha-
sardées que l'on peut faire sur l'origine de
ce redoutable météore , la moins invraisem-
blable est celle qui la regarde comme un
tourbillon d'une excessive intensité, et au-
quel l'électricité ne paraît point étrangère.
Météores magnétiques. Le magnétisme ter-
restre donne naissance à un grand nombre
de phénomènes étroitement liés avec la
science qui nous occupe. On sait que la rîe-
clinaison de l'aiguille aimantée est l'angle
formé par la ligne nord et sud de la bous-
sole, avec la ligne nord et sud du monde.
Elle varie selon les temps et les lieux ; elle
éprouve aussi des variations journalières. Il
existe toujours quelque part sur le globe des
lignes sans déclinaisons. V inclinaison est
donnée par un barreau aimanté suspendu
par son centre de gravité. Elle n'est pas
plus constante que la déclinaison ; il y a des
lieux où elle est nulle, et ces lieux sont
dans le voisinage de l'équateur , tantôt
un peu au nord, tantôt un peu au sud
de cette ligne; ils forment ce qu'on appelle
l'équateur magnétique, dont la ligne irré-
gulière fait le tour de la terre en restant
toujours dans la zone équatoriale. Voy. ma-
gnétisme.
Le principal phénomène magnétique ap-
partenant à la Météorologie est V Aurore bo-
réale, phénomène qui a déjà été décrit avec
développement, dans ce Dictionnaire, aux
articles aurore boréale et lumière. Voy. ces
mots.
Météore luminedx. Ces météores, compre-
nant la Réfraction, le Mirage, V Arc-en-ciel,
ayant tous été traités d'une manière complète,
par îe savant M. Becquerel, à l'article lu-
mière , nous ne pouvons mieux faire que de
renvoyer encore à cet important article.
L'exposé succinct et rapide que nous ve-
nons de faire des principaux éléments de la
Météorologie montre combien cette science
est fertile en applications. Il montre aussi,
dans bien des circonstances , l'incertitude
de ses principes, non pas pour l'explication
des phénomènes , mais pour la prévision des
cas donnés dans lesquels ils doivent se re-
produire. Cette partie de la science est en-
core presque entièrement empirique. Toute-
fois il est certain que les gens de la cam-
pagne, habitués à passer en plein air une
grande partie de la journée, ont acquis un
tact qui les trompe rarement dans la pré-
diction des variations atmosphériques. En
effet, il leur suffit de voir la marche des
nuages et des vents, d'examiner l'état des
plantes , d'entendre le cri de quelques ani-
maux, pour annoncer à l'avance, et sou-
vent avec beaucoup de précision , le chan-
gement du temps.
Dans l'e'tat actuel des sciences physiques,
les nombreuses observations peuvent seules
nous guider dans la recherche des résultats
appliqués à l'agriculture. Tout porte à croire
qu'une vaste correspondance météorolo-
gique , régulièrement suivie sur une grande
partie du globe, nous conduirait à d'impor-
tants résultats, et permettrait de constituer
la Météorologie sur des bases inébranlables.
(C. n'O.)
*METEORUS. ins. —Genre de la tribu
des Ichneumoniens, famille des Braconides,
de l'ordre des Hyménoptères , établi par
M. Haliday (Entom. Magazine), et adopté
par nous (Histoire des Insectes). Ce genre est
caractérisé par un abdomen dont le premier
segment est rétréci en un long pédoncule;
la tarière saillante, les ailes pourvues de
trois cellules cubitales. Le type du genre est
le M. pendulalor {Ichneurnon pendulator
Latr.) (Bl.)
184
MET
MET
METÏTOCA. ins. — Genre de la famille
des Mutellides, tribu des Sphégiens, de l'or-
dre des Hyménoptères, établi parLatreille et
adopté par tous les entomologistes. Les Mé-
thoques ont des antennes filiformes, un peu
épaissies à l'extrémité dans la femelle, des
mandibules bidentées, etc. Le genre Melhoca
fut établi sur la connaissance seule des fe-
melles ; les mâles, qu'on n'avait pas su y rap-
porter, étaient placés dans un genre parti-
culier désigné sous le nom de Tengyra. C'est
seulement dans ces derniers temps que les
entomologistes ont reconnu cette erreur. Le
type de ce genre qui habite notre pays est la
Methoca ichneumonoides Lat. Le nom de Ten-
gyra sansitali, appliqué au mâle par Latreille,
doit être considéré comme synonyme. Voy.
MUTELLIDES et Surtout SPHZGIENS. (Bl.)
MÉTHOCAMPE. ins. — Pour métro-
campe. Voy. ce mot.
MÉTHODE, zool. , bot.— On a donné aux
différentes classifications d'histoire naturelle
les noms de systèmes et de méthodes. Il est
difficile d'établir nettement la distinction
entre les uns et les autres. On définit, il est
vrai, ordinairement les premiers comme
n'employant que des caractères très exclusi-
vement d'un seul organe , les secondes comme
se servant à la fois de plusieurs organes ; et,
comme toute classification qui cherche à se
rapprocher de la nature doit s'appuyer sur la
comparaison de tous les organes à la fois, on
a généralement accolé au mot de Méthode
l'épithète de naturelle. Cependant l'étude de
la plupart des systèmes nous les montre tou-
jours fondés sur l'emploi de plusieurs orga-
nes, aussi bien que les Méthodes; et, d'une
autre part, celles-ci en font généralement
prévaloir un sur les autres. Si l'on recourait
à l'étymologie, la distinction ne deviendrait
pas plus claire ou plutôt le sens attaché au-
jourd'hui à ces deux mots sérail interverti,
puisque système veut dire, en grec, arran-
gement; Méthode, route pour arriver à un
but : or, en se rapportant à ces définitions,
une classification artificielle qui, en général,
se propose d'arriver par le plus court et le plus
sûr chemin à la connaissance des noms des
plantes et des animaux, serait une Méthode.
Aussi voyons-nous les deux mots employés
souvent dans un sens contraire à celui qu'on
est accoutumé de leur donner ; la Méthode di-
chotomique de Lamarck, par exemple, est un
moyen artificiel de déterminer les noms des
plantes , avancé et proposé comme tel par
l'auteur; et, d'un autre côté, De Candolie,
dans son grand ouvrage, présente les plantes
comme rangées suivant le système naturel.
Nous pensons donc ne pas devoir exposer ici
les principes de la classification naturelle, et
nous renvoyons à l'article taxonomif. , où
nous chercherons à les présenter en faisant
connaître les principaux essais tentés jus-
qu'ici, ainsi que les divers systèmes qui ont
eu le plus d'influence sur la marche de la
science et dont la connaissance est nécessaire
pour l'intelligence du plus grand nombre des
ouvrages de botanique et de zoologie. (Ad. J.)
MÉTHODIQUE. Methonica, Hermann.
bot. pu. — Genre de plantes de la famille
des Liliacées, tribu des Tulipacées, de l'hex-
andrie monogynie, dans le système de
Linné. Linné avaitchangé son nom en celui
de Gloriosa , que les botanistes modernes
ont abandonné, à l'exemple de Jussieu,
pour reprendre celui de Methonica, plus
ancien et d'ailleurs plus conforme aux rè-
gles de la glossologie botanique. Ce genre
remarquable ne comprend encore que trois
espèces indigènes des parties tropicales de
l'Asie et de l'Afrique ; mais ces plantes ,
surtout la plus connue d'entre elles, sont
si remarquables par leur beauté, que les
botanistes ont épuisé pour elles toutes les
formules de l'admiration. Ce sont des plan-
tes à racine bulbeuse , à tige grimpante et
rameuse , à feuilles éparses , ou opposées ,
verticillées par trois , se prolongeant à
leur sommet en une véritable vrille, et qui
s'enroule autour des corps voisins; leurs
fleurs solitaires sont portées sur de larges
pédoncules extra-axillaires et presque oppo-
sitifoliés. Elles se composent d'un périanthe
à six parties distinctes, ondulées sur leurs
bords, égales entre elles et réfléchies ; de six
étamines à longs filaments très étalés et
déjetés presque perpendiculairement à l'axe
de la fleur ; d'un pistil à style droit , déjeté
dès sa base , perpendiculairement à Taxe de
l'ovaire , terminé par un stigmate trifide. A
ces fleurs succède une capsule presque glo-w
buleuse-turbinée, qui renferme des graines
nombreuses, bisériées dans chaque loge ,
rouges, revêtues d'un tégument charnu-
spongieux.
L'espèce la plus anciennement connue do
MET
MET
185
ce genre est la Méthonique superbe, Me-
thonica superba Lamk. (Gloriosa superba
Lin.), vulgairement connue dans les jardins
sous \e nom de Superbe du Malabar. C'est une
très belle plante qui croît spontanément dans
le Malabar, à Ceylan et dans le Népaul. Sa
racine est bulbeuse, grosse; sa tige, cylin-
drique et grêle, s'élève jusqu'à 2 mètres de
hauteur, et donne vers sa partie supérieure
un petit nombre de rameaux étalés ou pen-
dants; ses feuilles sont sessiles , très ouver-
tes , les inférieures oblongues lancéolées, les
supérieures proportionnellement plus cour-
tes, marquées de nervures longitudinales;
elles se prolongent au sommet en une vrille
à l'aide de laquelle la plante s'attache aux
objets voisins et se soutient malgré sa fai-
blesse. Ce prolongement de la lame même
des feuilles en vrille est un fait très curieux
et fort rare dans le règne végétal. Ses fleurs
sont penchées et solitaires sur de longs pé-
doncules extra-axillaires, dans la partie su-
périeure de la plante; les folioles de leur
périanthe sont lancéolées, élégamment on-
dulées, et relevées de manière à se toucher
par leur extrémité; leur couleur passe par
des modifications remarquables; d'abord
jaunes dans le bas, d'un beau rouge vers
le haut, elles finissent par prendre cette
dernière couleur dans presque toute leur
étendue. On cultive cette belle plante en
serre chaude, et pour l'amener à fleurir,
on enterre son pot dans la tannée au prin-
temps. Ses fleurs se développent alors en
été. Après la floraison, on retire ses racines
de terre pour les replanter l'année suivante.
On la multiplie par cayeux. (P. D.)
*M£THORlUM. bot. ph. —Genre de la
famille des Sterculiacées-Ilélictérées , établi
par Schott et Endlicher (Melet. bot., 29, t.
' V). Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande
! tropicale. Voy. sterculiagées.
j *MÉTHYLÈNE ( ^Q-n , vin ; ZU , bois ).
chim. — Ce Composé binaire d'hydrogène
et de carbone, C'H4, dont nous avons eu oc-
casion de parler au mot hydrogène , est le
radical admis de VEsprit de bois, corps ana-
logue à l' Alcool (voy. ce mot), et qui sera
réellement le sujet de cet article.
Parmi les produits nombreux et remar-
quables de la distillation du bois, il en est
un que l'on a successivement désigné sous
les noms d'Élher pyroligneuxt d'Esprit py-
T. VIII.
roxylique et, enfin, d'Esprit debois, et au-
quel MM. les professeurs Dumas et Péligot
ont reconnu tous les caractères d'un vé-
ritable alcool , isomorphe avec l'Alcool ordi-
naire.
L'Esprit de bois se trouve en dissolution
dans la partie aqueuse du produit de la dis-
tillation du bois; c'est donc dans les pre-
miers produits de cette distillation qu'il faut
le chercher. Il fut découvert en 1812 par
PhilippsTaylor, qui ne publia cependant ses
observations qu'en 1822.
Obtenu pur par une série d'opérations que
nous n'avons point à décrire ici, l'Esprit de
bois est un liquide très fluide, incolore, d'une
odeur particulière, tout à la fois alcoolique,
aromatique et mêlée de celle d'Éther acéti-
que; il brûle avec une flamme semblable à
celle de l'Alcool; il bout à -{- 66° 5 sous la
pression de0,761 ; sa tension estfortgrande;
sa densité égale = 0,798 à la température
de -}- 20°; elle est donc sensiblement la
même que celle de l'Alcool pur; la densité
de sa vapeur est égale à 1,120.
Il résulte des analyses faites par les savants
cités plus haut que l'Esprit de bois est com-
posé de 4 atomes de Carbone ou bien 37,97,
8 atomes d'Hydrogène ou 12,40, 2 atomes
d'Oxygène ou 49,63, sa composition pouvant
donc être représentée par CliH4-f-2 H2 0,
c'est-à-dire 1 atome de Méthylène et 2 ato-
mes d'eau. L'Esprit de bois peut être consi-
déré comme un bi-hydrate de Méthylène, de
même que l'Alcool est un bi-hydrate d'Hy-
drogène bicarborné CSH8 -|- 2 H2 0.
L'Esprit de bois se conserve sans altéra-
tion au contact de l'air; mais, si on en met
la vapeur en contact avec l'air et le noir de
platine (platine très divisé), il se forme, avec
beaucoup de chaleur , de l'acide formique.
L'Alcool, dans les mêmes circonstances, pro-
duit de l'acide acétique.
L'Esprit de bois se comporte avec les dif-
férents corps simples et composés à la ma-
nière de l'Alcool; comme l'Alcool aussi, il
donne lieu à une série de composés analogues
aux Éthers du deuxième genre ; quand on le
traite par les acides hydrogénés, il donne
lieu à de véritables sels neutres correspon-
dant aux Éthers de troisième genre; enfin ,
il produit des composés acides analogues à
l'acide sulfovinique, quand il est soumis à la
réaction des oxacides.
24
186
MET
On observe un phénomène remarquable
lorsque Ton traite l'Esprit de bois par l'acide
sulfurique; il se produit vers la fin de l'o-
pération un gaz qui n'est point acide, qui se
dissout complètement dans l'eau, qui pos-
sède une odeur éthérée et qui brûle avec
une flamme semblable à celle de l'Alcool; ce
gaz, que l'on a reconnu être un hydrate de
Méthylène, et qui est à l'Esprit de bois ce
que YÉther ordinaire est à l'Alcool, ce gaz
présente un exemple d'isomérie des plus cu-
rieux, car il a exactement la même composi-
tion que l'Alcool, et il a la même densité que
la vapeur alcoolique ; ainsi, dans l'un et l'au-
tre corps, Hydrate de Méthylène et Alcool,
le nombre et la condensation des atomes
sont semblables, mais les propriétés sont
toutes différentes; il faut donc nécessaire-
ment admettre que , dans les deux , l'ar-
rangement de ces mêmes atomes n'est pas le
même.
L'Esprit de bois agit comme dissolvant
sur les sels, de même que l'alcool ; quand on
Je traite à la manière de ce dernier pour
préparer V Argent fulminant, on obtient ce
produit, mais en moins grande quantité et
avec moins de réaction.
L'Esprit de bois dissout parfaitement les
résines, et, comme il est plus volatil que l'Al-
cool, son emploi dans la fabrication des ver-
nis sera sans doute substitué avec avantage
à ce dernier, qui, souvent, est d'un prix
élevé.
Comme dissolvant, l'Esprit de bois est
moins apte que l'Alcool à dissoudre les corps
qui exigent des dissolvants très hydrogénés,
mais il est plus propre à dissoudre les sub-
stances riches en Oxygène: ainsi, en disant
Eau, Esprit de bois, Alcool, Éther, on peut
avoir une idée précise du rang et de la ten-
dance de chacun de ces corps. (A. D.)
♦METHYSCOPHYLLUM (uM*™, j'eni-
vre; (pv)lov, feuille), bot. ph. — Genre de
la famille des Burséracées (suivant Endli-
cher), établi parEcklon et Zeyher (Enumer.,
II , 152). Arbrisseaux résineux du Cap.
MÉTIS, zool. — On donne ce nom ou
celui de Mulet aux individus qui naissent
de l'union de deux espèces différentes. Voy.
propagation, où l'on traitera de tout ce qui
a rapport à la fécondation et à la génération.
*METIUS. ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Carabiques , tribu
MET
des Troncatipennes, créé par Curtis {Voy.
de King's tr. lin. soc. ofLond., vol. 4 7,
pag. 182, pi. 15, fig. 16-18), et adopté
par Guérin-Méncville (Revue zool., 1839,
pag. 297 ) , qui le rapporte à la tribu des
Harpalidcs. Deux espèces font partie de ce
genre , les M. harpaloides Curt. et splendi-
dus G. M.; l'une et l'autre proviennent du
détroit de Magellan. (C.)
* METOCEttOS. rept. — Division des
Stellions (voy. ce mot) d'après M. Gray
(Syn. Brit. Mus., 1840). (E. D.)
*METOECUS.cuust.— M. Kroyer emploie
ce nom pour désigner un genre de Crustacés
qui appartient à l'ordre des Amphipodes, et
que M. Milne Edwards range dans sa famille
des Hypérines et dans sa tribu des Hypérines
ordinaires. Cette petite coupe générique est
extrêmement voisine des Hypéries, dont elle
ne se distingue que par la structure des
pattes des deux premières paires, ces organes
étant beaucoup plus courts que les suivants
et terminés par une petite pince didactyle
très bien formée, dont le doigt mobile porte
à son extrémité un petit ongle rudimentaire.
La seule espèce connue est le Métoèque des
Méduses, Metœcus medusarum Kroyer (Grœl.
Amf.t p. 60, pi. 3, fig. 15). Cette espèce
habite les mers du Groenland. (H. L.)
*METOECUS (u.£toixoç, étranger), ins. —
Genre de Coléoptères hétéromères , famille
des Trachélydes, tribu des Mordellones,
formé par Dejeân (Catalogue, 3e éd., p. 240)
avec les Ripiphorus paradoxus de F., es-
pèce qui se trouve quelquefois aux envi-
rons de Paris, et dont la larve est parasite
de la Guêpe commune. L'insecte parfait a
été pris assez abondamment, une fois vers
la fin de l'automne , au centre d'un nid sou-
terrain de ces Hyménoptères. (C.)
*MÉTOPAGE. Metopages (.urrawov, front ;
naydç , uni ). térat. — Genre de Monstres
composés de l'ordre des Autositaires et de
la famille des Eusomphaliens. Voy. eusom-
PHALIENS.
METOPIA. ois.— Genre créé par Swain-
son aux dépens des Manakins, et ayant pour
type le Pipra galeala Licht. (Z. G.)
METOPIA. ins. — Genre de l'ordre des
Diptères, famille des Athérkères, tribu des
Muscides, établi par Meigen , et dont les
caractères sont : Cuillerons grands, couvrant
la majeure partie des balanciers ; ailes éle-
MET
MET
187
vées ; antennes un peu plus longues que la
moitié de la face antérieure de la tête, con-
tiguës à leur naissance et terminées par
une palette oblongue.
La principale espèce de ce genre est la
Metopia labiata Meig., très commune aux
environs de Paris. Elle vit dans les bois,
sur les feuilles des arbres, où sa couleur ar-
gentée, très brillante, la fait aisément re-
marquer.
*METOPIAS (fWTomias, ayant un large
front), rept.— M. HermanvonMeyer (Jabreb.
f. Min., 1812) nomme ainsi un groupe de
Sauriens. (E. D.)
*METOPIAS (guWtotç, large front), ras,
— Genre de Coléoptères dimères, famille des
Psélaphiens, créé par M. Gory {Magasin
zoologique) et adopté par M. le docteur
Aube (Monographia Pselaph., Mag. zool. ,
1833, p. 13, tab. 79, f. 1). L'espèce type,
le M. curculionoides , est originaire de
Gayenne. (C.)
*METOPIDIA (peWov, front), infus.,
systol. — Genre de Brachionides proposé par
M. Ehrenberg pour des Lépadelles, qui ont
deux points rouges oculiformes, et qui sont
dépourvus de l'écaillé frontale des Stepha-
nops. Nous croyons que ces points rouges
peuvent se montrer ou s'effacer dans les
mêmes espèces suivant l'âge ou le degré du
développement, et qu'ainsi la Metopidia le-
padella et la Squamella bractea de M. Ehren-
berg sont une seule et même espèce, que
nous nommons Lepadella rolundata. Voy.
LÉPADELLE. (DlJJ.)
*MET0PIB1US, Wagl. ois.— Synon. de
Parra, Cuv. Voy. jacajsa. (Z, G.)
METOPIUM, DG. bot. ph. — Voy. rhus,
Linn.
METOPIUS,Steven. ras. — Synonyme
de Platyprosopus de Mannerheim. (G.)
*METOPOCEROS (a/roTrov, front; x£'-
pac, corne), rept.— M. Wagler (Syst. Amph.)
a créé sous le nom de Metopoceros un genre
de Sauriens de la famille des Iguaniens, qui
se distingue des Iguana par l'absence de fa-
non, par ses dents semblables à celles des
Cyclures et par les deux rangées de poils que
tl'on remarque au-dessous des cuisses. Une
seule espèce, le Lézard cornu, Lacépède,
Iguana cornuta Latr., Daud., entre dans ce
genre et se fait remarquer particulièrement
par son front surmonté d'un gros tubercule
en forme de corne. D'après Lacépède, cette
espèce serait commune à Saint-Domingue.
(E. D.)
*METOPOCERUS (prrrfinov, le front;
xspaç, corne), ins. — Genre de Coléoptères
hétéromères, famille des Mélasomes, tribu
des Blapsides, formé par Dejean (Catalogue,
3e éd., p. 211), avec une espèce du cap de
Bonne-Espérance, le M. cornifrons de l'au-
teur. (C.)
*METOPOCOELUS (^««ov, le front;
xodoç, creux), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille,
famille des Longicornes, tribu des Prio-
niens , proposé par Dejean (Catalogue ,
3e édit., p. 344) et adopté par Serville (An-
nales de la soc. ent. de Fr., t. I , p. 130 ,
194). Le type, le M. maculifrons Dej. Serv.,
est originaire du Brésil. (G.)
*METOPODUS, Am. et Sejv. ins. — Sy-
nonyme de Metapodius. (Bl.)
*METOPON. ins.— M. Walker désigne
ainsi un de ces genres de la tribu des Chai-
cidiens, groupe des Pteromalites. Voy. pté-
R0MAL1TES. (Bl.)
*METOPONIA ((a/twwov, front), ins.—
Genre de l'ordre des Lépidoptères nocturnes,
tribu des Agrophilides, établi par Duponchel
(Catal. des Lép'ulopt. d'Europe, p. 187), qui
n'y rapporte qu'une seule espèce, la Melopo-
nia flavida , de la Russie méridionale et de
la Hongrie.
*METOPTRIA. ins. — Genre de Tordre
des Lépidoptères nocturnes , tribu des Go-
niatides, établi par M. Guénée (Duponchel,
Catal. des Lépidopt. d'Europe, p. 191), qui
n'y rapporte qu'une seule espèce, M. mono-
gramma, que l'on trouve dans le midi de la
France, au mois de mai.
*METRIDIUM (pfrpoc, vulve; l§e'<x,
forme), polyp. — Genre d'Entozoaires éta-
bli par M. Oken pour quelques espèces
d'Actinies, caractérisées par des tenta-
cules de deux sortes, dont les plus longs
sont pinnés ou plumeux. Cet auteur pre-
nait pour type VActinia plumosa de Muller,
qui cependant doit être reportée dans le
genre Cribrine. Mais d'autres espèces ayant
bien réellement ce caractère ont été obser-
vées par M. Ehrenberg, dans la Mer Rouge
(M. rhodostomum ) , et par MM. Quoy et
Gaimard pendant le voyage de l'Astrolabe ;
mais ces naturalistes ont cru devoir en faire
188
MET
le type d'un genre nouveau sous le nom
d'Actineria. (Duj.)
*METRIOPUS ((a/tp:oç, médiocre; ttovç,
pied), ins. — Genre de Coléoptères hétéro-
[mères, famille des Mélasomes, tribu "des
Macropodites , établi par Solier (Ànn. de la
soc. ent. de Fr., t. IV, p. 571, pi. 15,
fig. 12, 14 ), qui le comprend dans sesCoI-
laptérides. Le type , le M. Hoffmanseggii
Sol., est originaire du cap de Bonne-Espé-
rance. (C.)
* METRIORIIYNCRUS (pfrptoç, médio-
cre; pvyj£oç, bec), rept. — Groupe de Sauriens
fossiles indiqué par M. Herman von Meyer
(Palœogr., 1833). (E. D.)
*METRIORHYNCHUS Cf«V8«» médio-
cre ; pvVx.oç , bec ). ins» — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Malacoder-
mes, tribu des Lycusites, créé par Guérin-
Méneville (Voyage de la Coquille, pag. 72).
Ce genre est formé de trois espèces de la
Nouvelle-Guinée (terre des Papous) , M. pa-
rallelus, cphippiger et funestus , de l'au-
teur. (C.)
*METRÏUS(^e'rptoç, modeste), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Carabiques, tribu des Simplicipèdes, for-
mé par EschschoUz , et adopté par M. Hope
et par Dejean {Species général des Coléop-
tères, t. V, p. 590). Le type, le M. con-
fracius Eschs., est originaire de la Califor-
nie. Ce genre sort de la forme ordinaire des
Carabiques et rappelle celle d'un Hétéro-
mère. (C.)
WtnSOCSMPE. Metrocampa. ins. —
Nom donné par Latreille au g. Ellopia de
Treitschke, et qui doit être préféré, à cause
de sa priorité. Voy. ellopia.
METROCYNIA. bot. ph.— Genre de la
famille des Légumineuses -Papilionacées-
Caesalpiniées , établi par Dupetit-Thouars
(Gen. Madagasc, n. 76'). Arbrisseaux de
Madagascar. Voy. légumineuses.
METRODOREA. bot. ph. — Genre de
la famille des Diosmées-Pilocarpées, établi
par Saint-Hilaire (Flor. Brasil., I, 81, t.
16). Arbrisseaux du Brésil. Voy. diosmées.
METROSIDEROS. Metrosideros. I bot.
ph. — Genre de plantes de la famille des
Myrtacées , de l'icosandrie monogynie dans
le système de Linné. Banks, Dryander, et
Gœrtner après eux, ayant appliqué le nom
de Metrosideros, créé par Rumphius, à des
MET
Myrtacées, pour la plupart" indigènes de
l'Australie, les botanistes firent entrer suc-
cessivement dans le genre désigné sous ce
nom un grand nombre de végétaux qui ont
dû plus tard en être retirés; c'est ainsi
qu'ont été formés aux dépens des Metroside-
ros de Banks et Dryander les genres An-
gophora, Cuv.; Callistemon, R. Brown ; Ere-
mœa, Lindl. Ces suppressions ont beaucoup
réduit le genre primitif, et il en est résulté
que les Metrosideros R. Brown, ne sont plus
aujourd'hui qu'au nombre de 25 espèces,
en comptant même celles qui ont été décrites
dans les ouvrages les plus récents. Ces
plantes sont des arbres ou des arbrisseaux de
la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zé-
lande, plus rarement du cap de Bonne-Espé-
rance, des Moluques, de Taïti et des Sand-
wich. Leurs feuilles sont opposées ou al ternes,
sans stipules, très entières; leurs fleurs
sont axillaires ou terminales, pédonculées ,
ce qui distingue du premier coup ces plantes
des Callistemon. Ces fleurs se composent :
d'un calice à tube campanule, adhérent in-
férieurement à l'ovaire, à limbe 5- -fide ;
d'une corolle à 5 pétales insérés à la gorge
du calice, d'où partent aussi 20-30 étamines
à filets grêles, très longs et saillants, libres
et distincts ; d'un pistil à ovaire demi-infère,
2-3 loculaire, à loges multi-ovulées, sur-
monté d'un style cylindrique que termine
un stigmate simple ou capité. A ce pistil suc-
cède une capsule également 3-loculaire, à
déhiscenceloculicide, polysperme. Une seule
espèce a la capsule biloculaire (Metrosideros
liera Rumph. ), et ce caractère, joint à une
différence dans le port, fait dire à De Can-
doîlc que, dans une nouvelle révision du
genre elle pourrait bien y rester seule, à
l'exclusion de toutes les autres. Néan-
moins M. Endlicher s'est borné à établir
pour elle un sous- genre distinct, sous
le nom d'Eumetrosideros. Cette même es-
pèce, originaire des Moluques et de Java,
a été récemment introduite dans les jardins
d'Europe, comme plante d'ornement. C'est
un bel arbre à feuilles opposées, ovales-
lancéolées, acuminées, très glabres, munies
d'un court pétiole; ses fleurs jaunâtres sont
réunies à l'aisselle des feuilles en cymes pé-
donculées, multiflores.
Mais si les plantes qui sont restées dans
le genre Metrosideros réformé sont encore
MET
MET
189
peu répandues dans les jardins, il n'en est
pas de même de celles qui ont été détachées
pour former le nouveau genre Callistemon.
Celles-ci occupent un rang très distingué
parmi nos plantes d'ornement : aussi croyons-
nous ne pouvoir pas nous dispenser de par-
ler ici des principales d'entre elles, en les
considérant comme appartenant à l'ancien
groupe des Metrosideros.
Les Callistemon R. Brown sont tous des
arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande, inter-
médiaires jusqu'à un certain point entre les
Melaleuca, dont ils ont l'inflorescence, et
les Metrosideros, dont ils ont les étamines.
En effet, leurs fleurs sont sessilcs le long des
rameaux, en épis généralement denses ; le
tube de leur calice , hémisphérique dans la
fleur, acquiert ensuite plus d'épaisseur, et
sa base est adnée à la branche qui forme
J'axe de l'inflorescence. D'un autre côté,
les longs filaments de leurs étamines sont
libres et distincts, et dépassent fortement
les pétales. Ce sont même ces nombreux
filaments jaunes ou d'un rouge vif qui don-
nent aux fleurs toute leur beauté.
La plus répandue des espèces de ce genre
est le Callistemon lancéolé, Callistemon lan-
ceolatum DC, Metrosideros lophanta Vent.,
plus connu des jardiniers sous ce dernier
nom , et sous celui de Metrosideros à pa-
naches, qui en est la traduction. C'est un
bel arbrisseau de 2-3 ou même 4 mètres de
hauteur, dont les branches sont longues et
minces, quelquefois pendantes; dont les
feuilles dures et coriaces sont alternes, lan-
céolées, mucronées, rétrécies à leurs deux
extrémités, marquées en dessous d'une côte
médiane saillante, et de deux nervures la-
térales qui longent tout leur bord , à une
très petite distance; dans l'état jeune elles
sont rougeâtres et pubescentes à leur face
inférieure. Les fleurs sont réunies le long
et vers l'extrémité des rameaux en beaux
épis tout hérissés de longs filaments d'un
rouge vif; leur calice et leurs pétales sont
pubescents. Le rameau qui forme l'axe de
cette sorte de goupillon, s'allongeant après
la floraison, finit par dépasser beaucoup les
fruits. On possède une variété de cette belle
plante, que sa taille moins baute, sa pré-
cocité et l'abondance de ses fleurs, font
préférer par les horticulteurs au type lui-
même.
Une autre espèce plus remarquable en-
core par sa beauté est le Callistemon élé-
gant, Callistemon speciosum DC. ( Metrosi-
deros speciosa Si ms., Bot.Mag., tabl. 1761).
C'est de même un arbrisseau à longs ra-
meaux flexibles, rougeâtres dans leur jeu-
nesse, plus grand dans toutes ses parties
que le précédent ; ses feuilles sont également
lancéolées, à 3 nervures, dont les 2 laté-
rales presque marginales ; elles prennent
une teinte glauque assez prononcée, dans
une variété queBonpland avait décrite sous
le nom de Metrosideros glauca; dans leur
jeunesse elles sont rougeâtres et couvertes
d'un duvet qui tombe plus tard ; elles se
terminent par une glande rougeâtre. Ses
fleurs forment un gros épi dense, plus long
et plus épais que chez le précédent; leur
calice est velu, à 5 dents obtuses; elles
doivent aussi toute leur beauté à leurs longs
filaments d'un beau rouge, dont la vivacité
est un peu déguisée par l'abondance du pol-
len. La capsule est à 4 loges et cotonneuse
au sommet.
Parmi les autres espèces de Callistémons
à filaments rouges, on cultive encore les
Callistemon linéaire et à feuilles raides
(C. lincare DC, et C. rigidumR. Brown),
qui se ressemblent par leurs feuilles raides,
linéaires ; mais ces feuilles sont planes, et
parfois un peu moins étroites dans le pre-
mier, tandis que, chez le second, elles sont
canaliculées en dessus, carénées en dessous,
Dans le nombre des espèces à filaments
et à fleurs jaunes, nous mentionnerons le
Callistemon a feuilles de pin, C. pinifo-
lium DC. ( Metrosideros pinifolia Wendl.),
que distinguent ses feuilles linéaires-fili-
formes, raides, mucronées au sommet, rudes
au toucher, canaliculées en dessus, et ses
calices glabres. Ses pétales sont ovales, ver-
dâtres , trois fois plus courts que les fila-
ments.
Enfin on cultive encore quelques autres
espèces du même genre, et surtout le Cal-
listemon a feuilles de saule, C. salignum
DC, joli arbuste d'environ 2 mètres de
hauteur, à feuilles lancéolées, acuminées à
leurs deux extrémités, marquées de 3 ner-
vures, dont 2 presque marginales, et des
veines pennées qui partent de la nervure ou
côte médiane. Ses fleurs sont d'un jaune
pâle; leur calice et leurs pétales sont éga-
190
MET
MEÏ
lement glabres; ces derniers sont presque
arrondis et à peine trois fois plus courts
que les filaments.
Les diverses espèces de l'ancien genre
Metrosideros se cultivent en terre de bruyère,
pure ou mélange'e. Dans le midi de l'Eu-
rope, elles réussissent très bien en pleine
terre; mais dans nos départements septen-
trionaux, elles exigent l'orangerie pendant
l'hiver. On les multiplie soit par graines
qu'on sème en terre de bruyère, sous châs-
sis, soit de boutures ou de greffes sur le
Callistémon lancéolé. (P. D.)
METROXYLON. bot. pu. — Genre de
la famille des Palmiers , tribu des Lépidoca-
rynées-Pinnatifrondes, établi par Rottbœll
(in Act. soc. Hafn., 1783, II, p. 525). Pal-
miers originaires de l'Afrique tropicale.
Yoy. PALMIERS.
*METTERNICHIA (nom propre), bot,
piî. — Genre dont la place , dans la mé-
thode, n'est pas encore fixée. Endlicher
{G en. plant, suppl., I, p. 4404, n. 3869)
le range à la fin des Scrophularinées. Il a.
été établi par Mickan (Delect. Flor. et Faun.
Brasil, III, t. I), qui lui donne pour ca-
ractères : Calice campanule, à 5 divisions:
deux postérieures, trois antérieures. Corolle
hypogyne, infundibuliforme ; limbe à 5 di-
visions courtes, égales. Etamines 5 , insé-
rées au fond du tube de la corolle , incluses ,
d'inégale longueur; filets filiformes; anthè-
res à 2 loges s'ouvrant longitudinalement.
Ovaire à 2 loges pluri-ovulées. Style simple ;
stigmate à 2 lames roulées sur les bords.
Capsule coriace-ligneuse, ovale-cylindracée,
à 2 loges s'ouvrant par le sommet.
Les Metternichia sont des arbres du Bré-
sil , à feuilles alternes, brièvement pétio-
lées , elliptiques, très entières, brillantes;
à fleurs terminales , solitaires ou nombreu-
ses, ébractéées , blanches ou roses.
*METZGERIA (nom propre), bot. cr.—
Genre de la famille des Hépatiques, tribu
des Jungermanniacées-Metzgériées , établi
par Raddi (in Mem. soc. Ital, XVIII , 45,
t. 7, f. 1 ). Petites herbes qui croissent sur
les troncs d'arbres ou sur les rochers, rare-
ment sur la terre, et surtout dans les lieux
ombragés et humides. Voy. hépatiques. —
Cord. (Apud Sturm., II, 19, 20, p. 57,
t. 15), syn. A'Aneura, Dumort.
*METZLERIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Lobéliacées-Lobé-
liées, établi par Presl (Monogr., 7). Herbes
du Cap. Voy. lobéliacées.
MEULIÈRE, géol., min.— Syn. : Pierre
à meule , Silex molaire, Quartz-agate mo-
laire, etc. — On nomme ainsi une variété
de Quartz ou de Silex tantôt compacte, tan-
tôt plus ou moins caverneux ou cellulaire.
Cette roche est faiblement translucide , et
quelquefois même presque opaque. Ses cou-
leurs sont le blanchâtre, le grisâtre, le
jaunâtre, le rougeâtre et parfois le bleuâ-
tre. La Meulière caverneuse, ou la Meulière
proprement dite, est généralement criblée
de trous irréguliers dont l'intérieur est garni
de lames ou de filaments de Silex. Ces ca-
vités, qui communiquent rarement entre
elles, sont quelquefois remplies de m.iine,
d'argile ferrugineuse ou de sable argileux.
Cette variété de Meulière est complètement
dépourvue de corps organisés ; mais la Meu-
lière compacte , au contraire, en contient
fréquemment un assez grand nombre.
La Meulière forme des blocs, des rognu-
res et surtout des fragments anguleux en-
fouis dans des couches de sable , d'argile ou
de marne des terrains paléothériens. On
l'emploie principalement à faire des meules
à moudre le blé; on s'en sert aussi pour bâ-
tisse. Cette roche est commune aux environs
de Paris. Voy. terrains. (C. d'O.)
MEUM. bot. pu. — Genre de la famille
des Ombellifères-Sésélinées, établi parTour-
nefort (Inst., 165). Herbes des montagnes
de l'Europe. Voy. ombellifères.
MEUNIER, zool.— Nom vulgaire d'une
espèce d'Able , le Cyprinus dobula Linn.
(Leuciscus dobula Cuv. et Val.), qu'on
nomme aussi quelquefois Chevaine. — Parmi
les Oiseaux, le Corbeau mantelé efun Perro-
quet portent ce nom. — En entomologie, on
désigne aussi vulgairement sous le nom de
Meunier le mâle des Hannetons, le Foulon,
et principalement un Ténébrion dont la
larve se nourrit de farine.
MEUNIÈRE, ois. — Un des noms vul-
gaires de la Mésange à longue queiie. Dans
certaines provinces , on donne aussi ce nom
à la Corneille mantelée.
*ME1'ENIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Acanthacées-Thun-
bergiées établi par Nées (in Wallich plant,
as. rar\, III, 78). Arbrisseaux de l'Inde.
MIC
MIC
191
Voy. acanthacées. — Schlechtend. (in lin-
nœa, VIII, 251), syn. d' Habrothamnus ,
Endlich.
MEYERA, Schreb. (Gen. ». 1318). bot.
ph. — Syn. d'Enhydra, Lour.
*MEYERIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées, établi par De Candolle (Prodr., V,
670). Arbrisseaux du Brésil. Ce genre ren-
ferme quatre espèces réparties par De Can-
dolle (loc. cit.) en deux sections nommées
Holophyllœa : fleurs disposées en capitules
terminaux solitaires; involucre campanule;
feuilles très entières (M. myrlifolia, parvi-
folia, longifolia)', Glyphiphyllea : capitules
réunis encorymbe; involucre ovale, étalé;
feuilles dentées (M.hispida).
♦MEYNIA, Link. (Jahrb., I, 3, p. 32).
bot. ph. — Syn. de Vangutera, Commers.
MEZIRA. ins. — MM. Amyot et Serville
emploient cette dénomination pour désigner
un de leurs genres dans la famille des Ara-
dides, de l'ordre des Hémiptères. (Bl.)
*MEZIUM. ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Malacodermes, tribu
des Palpeurs, des Ptiniores de Leach, créé
par Leach et adopté par M. Hope (Coleopt.
Manual, 1840 , p. 147) , et par Curtis (Bri-
tish Entomology , p. 232). Le type Ptinus
sulcatus de F. est originaire des îles Cana-
ries, d'où il aura été transporté en Angle-
terre avec des marchandises provenant de
cette partie de l'Afrique. (C.)
HIEZONEURON(p£<roç, milieu; vsûpov,
nervure), bot. ph. — Genre de la famille
des Légumineuses -Papilionacées- Caesalpi-
niées, établi par Desfontaines (in Mem.
mus., IV, 245, t. 10, 11 ). Arbres de l'Asie
tropicale. Voy. légumineuses.
MIARUS, Schr. et MIARIS, Stephens.
ins. — Syn. de Gymnetron. (C.)
MIAULARD , MIAULE etMIAULEUR.
ois. — Noms vulgaires des Goélands et des
Mouettes.
MIRORA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Phalaridées, établi par
Adanson (II, 495). Gramens bas, annuels,
croissant dans les régions centrales et occi-
dentales de l'Europe. Voy. graminées.
MICA. min. — Le Mica, de môme que le
Feldspath, n'est plus considéré comme une
espèce minérale ; c'est un groupe de plusieurs
espèces qui se confondent par leurs carac-
tères extérieurs , au point qu'il est très dif-
ficile de les distinguer, mais qui cachent,
sous cette analogie d'aspect, des différences
importantes de composition chimique et de
structure cristalline.
Cette substance est foliacée , divisible
presque à l'infini en feuillets minces ou en
paillettes flexibles , élastiques et à surface
brillante. Les Micas sont fusibles au chalu-
meau , et le plus souvent en émail blanc.
Ils se laissent rayer avec l'ongle, et donnent
une poussière blanche, quelle que soit leur
couleur. Leurs teintes ordinaires sont le
brun , le vert, le noirâtre ou le blanc d'ar-
gent et le jaune d'or, avec un éclat métal-
loïde. Ce sont des silicates alumineux , à
base de potasse , d'oxyde de Fer et de Ma-
gnésie , dont les proportions ne sont pas en-
core bien connues.
M. Beudant a établi une ingénieuse di-
vision des Micas , suivant leurs propriétés
optiques , reconnues à l'aide de la lumière
polarisée , indiquant un axe ou deux axes
de double réfraction, et par conséquent au
moins deux systèmes différents de cristalli-
sation.
Micas à un axe de double réfraction.
En plaçant ces Micas entre deux lames
croisées de tourmaline , leurs feuillets lais-
sent voir une croix noire entourée de lignes
circulaires colorées, indications qui condui-
sent à reconnaître dans leur cristallisation
le système rhomboédrique. Ces Micas , gé-
néralement verts ou noirs, contiennent en-
viron un cinquième de leur poids de Ma-
gnésie. Tous les Micas volcaniques et ies
Micas noirs de Sibérie appartiennent à cette
division.
Micas à deux axes de double réfraction.
Lorsqu'on place ces Micas entre deux la-
mes croisées de tourmaline , leurs feuillets
laissent voir les indices de deux systèmes
d'anneaux colorés, elliptiques, et offrant
une ou plusieurs lignes noires qui traver-
sent les anneaux ; ces indications cristalli-
nes conduisent au prisme rhomboïdal droit
ou oblique. Les Micas à deux axes présen-
tent dans leur composition des proportions
très différentes des précédents; ils ne con-
tiennent point ou presque point de Magné-
sie, et présentent beaucoup plus d'Alumine
192
MIC
MIC
que les Micas à un axe. Ils sont tantôt à base
de potasse, tantôt à base de potasse et de
litbjne. C'est à cette division qu'appartien-
nent généralement les Micas des Gneiss,
Granités et Pegmatites, les Micas jaunes
sombres en grandes feuilles de Sibérie, les
Micas roses de Saxe et d'Amérique , etc.
Les Micas > considérés seulement sous le
rapport de l'aspect extérieur , offrent plu-
sieurs variétés parmi lesquelles on dislingue
surtout : l° le Mica foliacé en grandes
feuilles transparentes , quelquefois de plus
de deux mètres de diamètre (vulgairement
Verre de Moscovie) ; 2° le Mica lamelliforme
ou pulvérulent, en petites paillettes bril-
lantes , disséminées dans les roches solides ou
dans les sables. Ces paillettes ont fréquem-
ment un aspect métalloïde, joint à la cou-
leur blanche de l'argent ou jaune de l'or,
ce qui les fait prendre pour des parcelles de
ces métaux par les personnes qui ne jugent
que sur l'apparence.
Le Mica est abondamment répandu dans
la nature. On le trouve dans tous les ter-
rains , depuis les plus anciens jusque dans
les couches sableuses des dépôts les plus mo-
dernes. 11 fait partie essentielle de beaucoup
de roches (Granité, Gneiss , Micacite, etc.),
et c'est à son abondance dans quelques unes
et à sa disposition par feuillets ou couches
planes que ces roches doivent leur struc-
ture schisteuse.
On emploie ce minéral à différents usa-
ges. Le Mica en grandes feuilles sert en
Russie pour le vitrage des vaisseaux de
guerre , parce qu'il a l'avantage de ne pas
se briser comme le verre lors des explosions
de l'artillerie. En Sibérie, où on l'exploite,
on le substitue au verre pour garnir les fe-
nêtres et les lanternes. Les lames de Mica
sont aussi utilisées dans la confection de cer-
tains instruments de physique appelés colo-
rigrades. Enfin les sables micacés , et sur-
tout les variétés lépidolithes sont employées
comme poudre pour sécher l'écriture.
(C. D'O.)
MICACITE. géol. — Synonyme de Mi-
caschiste. Voy. ce mot.
*MICAÏ\EA. bot. cr. — Genre de Li-
chens de la tribu des Collémacées , établi
par Fries {01. hom., 256) pour des Lichens
qui croissent sur les rochers et le bois pourri.
Voy. LICHENS et COLLÉMACÉES.
MICASCHISTE, géol. — Syn.: Mica-
cite, Schistemicacé, etc. — On donne ce nom
à une roche composée de Mica et de Quartz,
dans laquelle le Mica domine générale-
ment. Sa texture est feuilletée, et sa struc-
ture fissile.
Cette roche renferme un très grand
nombre de Minéraux disséminés; les prin-
cipaux sont: io la Tourmaline en cristaux
tantôt considérables, tantôt aciculaires;
2° l'Amphibole ; sur quelques points elle
forme jusqu'à un dixième et même un tiers
de la roche, mais ce ne sont que des cas
accidentels; 3° le Grenat , qui forme aussi
par fois jusqu'à un tiers de la masse; 4° le
Disthène, la Staurotide, la Macle, le Talc,
le Graphite. Puis on y trouve encore quel-
quefois duPhc-nhatc Je chaux, delà Pyrite
ordinaire, du Fer oxydulé octaédrique, du
Carbonate de chaux, etc.
Le Micaschiste est toujours stratifié. Cette
roche se trouve vers la partie supérieure
des terrains primordiaux ou cristallins, où
elle forme des couches puissantes, présen-
tant souvent des accidents de contourne-
ments et de plissements remarquables.
(C. D'O.)
*MieCOTROGUS(f/.exxo'ç, petit ; rpuy©, je
mange), ms. — Sous-genre de Coléoptères té-
tramères, famille des Curculionides gonato-
cères, division des Érirhinides, créé par
Schœnherr (Dispositio methodica, p. 247. —
Gen. etsp. Curcul., III, 431), qui le com-
prend dans ses Tychius, dont il diffère par le
funicule des antennes , qui n'est composé
que de six articles seulement. Deux espèces
européennes se rapportent à ce sous-genre '
les M. lineaticollis Stephens et posticus Schr.
L'une se trouve en Angleterre, l'autre en
France. (C.)
MICHAUXÏA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Campanuîacées-
Campanulées, établi par Lhéritier {Mono-
graph. inédit. ). Herbes orientales. Voy.
CAMPANULACÉES.
MICHELARIA, Dumort. {Agrost.,!!,
t. 16). bot. ph. — Syn. de Bromus, Linn.
MICHELÏA (nom propre), bot. ph. —
Genres de la famille des Magnoliacées-
Magnoliées, établi par Linné (Gen. n. 691).
Arbres ou arbrisseaux de l'Inde. Voy. ma-
GNOLIACÉES.
MICIPPE. Micippa. crust. — Ce genre,
MIC
MIC
193
qui appartient à Tordre des Décapodes bra-
chyures, à la famille des Oxyrhynques et à la
tribu des Maiens, a été établi par Leach aux
dépens des Cancer de Linné et de Fabricius.
Chez ce genre singulier, le rostre est presque
perpendiculaire, reployé en bas, et forme
avec l'axe du corps un angle presque droit.
Les orbites sont bien formées, avec les pé-
doncules oculaires de longueur ordinaire.
Ce genre, dont on ne connaît encore que
deux espèces, appartient à l'océan Indien.
Le Micippe a crête , Micippa cristata Leach
(Zool. miscell., t. III, pi. 128) peut être con-
sidéré comme le type de ce genre singulier.
Cette jolie espèce a été rencontrée sur les
côtes de Java. (H. L.)
MICO. mam. — Buffon désigne sous ce nom
une espèce du genre Ouistiti qu'Et.-Geoff.
St-Hilaire indique sous la dénomination la-
tine àeJacchus argentatus, et dont M. Les-
son (Spec. des mammifères, 1840) a fait le
type d'un genre nouveau sous le nom de
Mico.
Ce même nom de Mico avait été employé
par Joseph d'Acosta et par Gumilla pour
désigner d'une manière générale les Singes
des terres de l'Orénoque et spécialement les
espèces de petite taille. (E. D.)
MICOCOULIER. Celtis. bot. ph.— Genre
de la famille des Celtidées, établi par Tour-
nefort {Inst., 383) et dont les principaux
caractères sont : Fleurs polygames, herma-
phrodites, ou mâles par avortement de l'o-
vaire. Périgone à 5 folioles égales, concaves.
Étamines 5, opposées aux folioles du péri-
gone; filets cylindriques; anthères introrses,
2-loculaires , fixées par la partie dorsale.
Ovaireoblong, uni-loculaire, uni-ovulé. Stig-
mates 2, terminaux, étalés ou recourbés,
pubescents. Le fruit est un drupe charnu,
lisse.
Les Micocouliers sont des arbres indigènes
de» régions les plus chaudes de l'hémisphère
boréal, à feuilles alternes, nerveuses, den-
tées en scie; à fleurs axillaires, solitaires,
pédicellées.
On connaît une trentaine d'espèces de ce
genre, parmi lesquelles nous citerons le Mi-
cocoulier austral , Celtis australis Linné
(vulgairement Bois de Perpignan, Fabre-
caulier, Fabreguier), qui croît dans le midi
de la France. C'est un arbre de 15 à 16
mètres de hauteur. Ses feuilles sont ovales-
T. VIII.
lancéolées, obliques à la base, dentées en
scie, d'un vert foncé; ses fleurs sont très
petites, verdâtres, éparses sur des pédoncu-
les souvent simples ; les mâles à la base des
rameaux, les hermaphrodites au dessus, dans
les aisselles des feuilles. Son fruit noirâtre
a la forme d'une petite cerise.
Le bois de cet arbre est recherché pour sa
souplesse et sa ténacité; il est susceptible
d'un très beau poli. Aussi l'emploie-t-on
assez souvent pour la confection d'instru-
ments à vent, pour la menuiserie et la mar-
queterie.
Les oiseaux recherchent aussi avec avidité
ses fruits, qui possèdent un principe sucré et
agréable. (J.)
MICONIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Mélastomacées-Miconiées , établi
par Ruiz et Pavon (Prod. 60, Sysl. 104),
et dont les principaux caractères sont : Ca-
lice à tube adhérent à l'ovaire; limbe court,
persistant, membraneux, à 5 dents. Co-
rolle à 5 pétales insérés à la gorge du calice,
ovales ou oblongs. Étamines 10, insérées
avec les pétales, égales; anthères cylin-
driques, s'ouvrant par un seul pore. Ovaire
soudé à la partie inférieure, nu ou tomen-
teux, à 3 ou 5 loges multi-ovulées. Style
filiforme; stigmate obtus. Le fruit est une
baie globuleuse, recouverte par le calice, à
3 ou 5 loges. — Les Miconia sont des ar-
brisseaux de l'Amérique tropicale, à ra-
meaux opposés; à feuilles opposées, pé-
tiolées, 5-7-nerviées, couvertes en dessous
d'un duvet tomenteux très léger; à fleurs
petites, bibractéées, blanches, disposées en
thyrses terminaux, allongés ou contractés ;
à baies violacées, rouges ou pourpres.
De Candolle décrit 82 espèces de ce genre
(Prodr., III, 179) qu'il répartit en trois
sections nommées : Leiosphœra : tube du
calice et fruit globuleux, très entiers ; Erio-
sphœra : alabastre tomenteux ; tube du calice
globuleux; limbe très court; baie globu-
leuse; Eumiconia : tube du calice campa-
nule. (J.)
MICONIÉES. Miconicœ. bot. ph.— Tribu
de la famille des Mélastomacces et du groupe
des Mélastomées, qui renferme le genre
Miconia et en a pris son nom. (Ad. J.)
MICOU. mam. — Voy. mico.
*MICOLÏIELiS. mam.— Groupe de Mar-
supiaux créé par M. Lesson (Nouv. Tabl.
25
194
MÏC
MIC
mamm., 1842) et qui généralement n'est
pas adopté. (E. D.)
♦MIGRA (f/'xpo's, petit), ins. — Genre de
l'ordre des Lépidoptères nocturnes, tribu des
Anthophilides, établi par M. Guénée (Du •
ponchel, Catalogue des Lépidoptères d'Eu-
rope, p. 185), qui y renferme huit espèces,
dont trois (il/, paula, parva et minuta) ha-
bitent la France méridionale où on les trouve
au mois de juin.
*MICRACTIS ((j-^pk, petit; à'xuç,
rayon), bot. fh. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées, établi par De Can-
dolle {Prodr., V, 619). Herbes de Madagas-
car. Voy. COMPOSÉES.
* MICRALOA (p-sxpoç, petit; «Àoa, aire).
bot. eu. — (Phycées). Ce genre, de la tribu
des Nostocinées, établi d'abord par M. Bia-
soletto {Alg. Micr.), a été adopté par M. Me-
neghini avec les caractères suivants : Fronde
membraneuse-muqueuse, formée de vésicu-
les renfermant des globules et présentant
une membrane aréoîée après la sortie de ces
globules. On en compte huit à dix espèces
appartenant toutes aux eaux douces. M. Kut-
zing, dans son Phycologia generalis, a placé
sous ce nom générique, avec d'autres carac-
tères, deux Algues qui appartenaient à son
ancien genre Microcystis. (Buéb.)
*MICRALYMMA (FxPoç, petit; ).v>,,
fléau), uns. — Genre de Coléoptères penta-
mèies, famille des Brachélytres, tribu des
Oxyléliniens coprophiliniens, créé par West-
wood {Mag. of Zool. und Bot., II, 129, t. 4),
et adopté par Erichson(Ge«. etsp. Staphyl.,
p. 819). Ce genre renferme deux espèces :
les M. brevipenne Ghl. (Johnstonis West.) et
brevilingue Schiœdle. La première se trouve
sous les fucus, au bord de la mer, en Suède,
en Angleterre, en Norwége, et la deuxième
au Groenland. (C.)
MICRANTHEA ( ptxpo'ç , petit; «v8oç,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Euphorbiacées-Phyllanthées, établi par Des-
fontaines (in Mem. mus., IV, 253). Arbris-
seaux de la Nouvelle-Hollande. Voy. EUPHOR-
BIACÉES.
MiCRANTHEMUM (/uxpo's, petit; av-
Goî, fleur), bot. pu. — Genre de la famille
des Scrophularinées-Gratiolées, établi par
L.-C. Richard (in Michaux Flor. Bot. amer.,
1, 10). Herbes de l'Amérique boréale. Voy.
gCROPUULARINÉES.
MICRANTIÏERA , Alph. DC. (in Linn.
Transact., XVII, 115). bot. pu. — Voy. ar-
disia , Swarlz. — Choisy (in Mem. soc. hist.
nal. Paris., I, 242, t. 11 , 12), syn. de
Tovomita, Aubl.
MICRANTI1ES, Tausch (Hort. canal., I),
bot. ph. — Voy. saxifraga, Linn.
MICRANTHUS", Pers. (Ench., I, 46).
bot. pu. — Syn. de Watsonia, Mill. — Wendl.
(06s., 39), syn. (Vlïypoestes, Soland.
*MICRASPÏS (fAixfo'ç, petit; àjTn'ç, écus-
son). ins. — Genre de Coléoptères subtétra-
mères, trimeres de Latreille, famille des.
Aphidiphages, de nos Coccinellides, créé par
nous et adopté par Dejcan (Catalogue, 3e
édit., p. 459), qui en mentionne huit esp. ;
trois sont originaires d'Afrique, deux d'Asie,
deux d'Europe, et une est de patrie incon-
nue. Nous citerons les suivantes : Coccinella
striata, vittata (limbata var.), cincta, duode-
cim-punclata F . clfimbriata Hbst. L'avant-
dernière espèce se trouve abondamment en
Fratice, pendant l'hiver, parmi les jeunes
liges touffues des Pommiers à cidre. (C.)
*MICRASTER (pcxpoç, petit ; à^>,
étoile). ÉcuiN. — Genre d'Échinides établi
par M. Agassiz pour les espèces de Spa tan-
gues , à disque cordiforme , qui ont la partie
dorsale des ambulacres très développée et
presque en étoile. Ce genre, qui correspond
aux Brissoïdes de Klein , ou aux Amygdaia
et Ovum de Van-Phelsurn, renferme plu-
sieurs des espèces fossiles caractéristiques
des terrains de craie; tels sont les anciens
Spatangus cor-anguinum, S. bufo et S. cor-
testudinarium. (Duj.)
*MICRASTERIAS (f«*p=s, petit; ««rrpov,
astre), infus.? algues. — Genre établi par
Meyen pour une algue microscopique ,
classée à tort par quelques zoologistes avec
les Infusoires. Elle est formée de plusieurs
utricules vertes , anguleuses ou diversement
prolongées en pointes et réunies symétri-
quement en étoiles. On en connaît plusieurs
espèces assez communes dans les eaux dou-
ces; quelques unes ont été désignées par
divers naturalistes sous les noms génériques
(VUrsinella, Helierella. (Duj.)
* MICRASTER1AS (^xpo'ç, petit; àa-
rrîp, étoile), bot. cr.— (Phycées). Ce genre,
le plus élégant de la tribu des Desmidiées ,
présente des corpuscules comprimés, discoï-
des, formés de deux hémisomates à lobes
MIC
MIC
195
rayonnants, plus ou moins incisés sur leur
contour, quelquefois denticulés ou épineux.
Ce genre a été établi par Agardh (Flora,
1827) pour une espèce que l'on croit être le
M. rotata Balfs, d'après une description très
incomplète. Le genre Micrasterias de M. Eh-
renberg (Infus.) est synonyme du genre
Pediastrum de M. Mey en et, à ses Euastrum,
appartiennent les espèces du genre dont nous
venons de donner les caractères. Nous en
connaissons dix à douze espèces. Toutes sont
propres aux eaux douces des marais tour-
beux. (Bréb.)
*MICRASTUR, G.-R. Gray. ois.— Syn.
û'Astur, Spin. Voy. autour. (Z. G.)
M ICRATIIE. Micralhera. arachn.— Voy.
PLECTANE. (H. L.)
*MICRHYLA ifitxpoç, petit; hijla, rai-
nette), rept. — Genre de la famille des Rai-
nettes ( Batraciens anoures ) , établi par
M. Tschudi, et défini avec soin par MM. Du-
iaéril et Bibron dans le t. VIII de leur Hist.
des Reptiles. On n'en connaît qu'une espèce,
nommée Micrhyla achatina, qui vit dans
l'île de Java. (P. G.)
*MICROBDELLA (p.ixpoç, petit ; SSéUu,
sangsue), annél. —Synonyme de Bran-
chiobdeUa (Odier), employé par M. de Blain-
ville et par quelques helminthologistes. Voy.
BRANCHIOBDELLE. (P. G.)
* MICROBLEPHARIS (puxpéç, petit;
6-V:wapî;, sourcil), rept. — M. Fitzinger (Syst.
Rept., 1842) désigne ainsi un groupe formé
aux dépens des Scinques. Voy. ce mot.
(E.D.)
* MICROBLEPIIARIS, Wieht. et Arn.
(Prodr., I, 353). bot. pu. — Voy. modecca,
Linn.
* MICROCALIA , A. Rich. (Flor. Nov.-
ZéL, 231, t. 30). bot. ph. — Syn. de Lage-
nophora, Cass.
MICROCARP.4EA (paxp&ç, petit; x*P-
«iro'ç, fruit), bot. ph. — Genre de la famille
des Scropbularinées-Gratiolées, établi par R.
Brown (Prodr., 435). Herbes des Indes
orientales et de la Nouvelle-Hollande tropi-
cale. Voy. SCROPHULARINÉES.
* MICROCEBLS ( fMtnpéç , petit; x7;Ço; ,
singe), mam. — Et. Geoffroy-Saint-Hilaire
(Cours de l'hist. nat. des Mamm. , 1829) a
créé sous ce nom un genre formé aux dé-
pens des Lemur des auteurs , et ne compre-
nant que l'espèce indiquée par Buffon sous
le nom de Rat de Madagascar ( Microcèbe
roux, Lemur pusillus Et. Geoffr.).
Les Microcèbes ne diffèrent des Makis
proprement dits que par leur jambe de der-
rière plus longue; leur museau plus court;
leurs yeux plus saillants et plus gros; lent
arcade maxillaire plus courte, et leurs dents
plus fines, plus serrées, etc. Le genre de
vie de ces animaux ne diffère pas de celui
des Makis. (E. D.)
MICROCÉPHALES. Microcephali. ins.
— Tribu de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Brachélytres, établie autrefois par
Latreille, et qui comprenait les genres Lo-
mechusa , Tachinus et Tachyporus. Cette
tribu a été abandonnée depuis. (C.)
*MICROCEPïlAIJOPHlS(Uc:C0'pç, petit ;
xt(pa./.rj , tête; o?«s, serpent), rept. — Genre
d'Ophidiens de la famille des Hydrophides,
établi par M. Lesson dans la partie erpétolo-
gique du voyage de M. Bélanger. (P. G.)
MICROCEPHALUS ( u.ixP6ç , petit; X£-
(oal-ô , tête), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Carabiques, tribu
des Féroniens, créé par Latreille (Familles
naturelles, 1825 , pag. 240 ) et adopté par
Dejean (Species générai des Coléoptères, t. III,
p. 198). On en connaît deux espèces : les
Microcephalus depressicollis Dej., et lici-
noides Perty. (C.)
* MICROCEPHALUS iiuxpk, petit; x£-
<?-Ar:, tète), rept. — Groupe de Reptiles in-
diqué par M. Lesson. (E. D.)
*MICROCERA (jutxpoç, petit; *epaç, an-
tenne), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Brachélytres, tribu des
Aléochariniens, créé par Mannerheirn (Bra-
chélytres, p. 72), qui lui donne pour type
le M. depressicollis Dej. , Mann. Ce genre ,
suivant Erichson, paraît être voisin des Oli-
gota. (C.)
*MICROCERUS(Pxpo':, petit; x/paç, an-
tenne), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Curculionides gonatocè-
res , division des Brachydérides , créé par
Gyllenhal ( Schœnherr, Gen. et sp. Curcul.
syn., t. V, p. 724). Huit espèces, toutes de
l'Afrique australe, rentrent dans ce genre,
et parmi celles-ci figurent les M. retusus F.
Schr. et idolus Ghl. (C.)
*MICROCH^ETES (utXpo';, petit; x«fa},
chevelure), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Clavicornes, tribu des
196
MIC
MIC
Byrrhiens, créé par M. Hope (the Trans. of
the cntomologicalSoc. ofLond., 1834, p. 12,
pi. 1 , f. 2), qui le comprend dans les Byr-
rhides de Leach. Le type, M. sphœricus H.,
est originaire de la Nouvelle-Hollande. Une
seconde espèce du même pays a été décrite
depuis par Erichson sous le nom de M. sco-
parius. (G.)
*MICROCHEILA (^xpo;, petit; ^oç,
lèvre), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Carabiques, tribu des
Féroniens , créé par MM. Audouin et Brullé
( Hist. natur. des Ins. , t. IV, p. 337), qui
lui donnent pour type une espèce de Mada-
gascar, et à laquelle ces auteurs ont donné
le nom de M. picea. (C.)
MICROCHILUS (fMxpoç, petit; xe~-
loç, lèvre) bot. ph. — Genre de la famille
des Orchidées - Néottiées , établi par Presl
(in Reliq. Hœnk., II , 94). Herbes du Pérou.
Voy. ORCHIDÉES.
MICROCIILOA (puxpo'ç, petit; x\ér> ,
herbe), bot. pu. — Genre de la famille des
Graminées-Chloridées, établi par R. Brown
(Prodr. , 208). Gramens des régions tropi-
cales du globe. Voy. graminées.
*MICROCHOERUS (p-txpoç, petit; Xoî-
po;, porc), mam. — M. Wood {Ann. nat.
hist., XIII. 1844) désigne ainsi un petit
genre de Pachydermes. (E. D.)
* MICROCLADIA ( puxpo; , petit ; x>a-
&'ov , rameau ). bot. cr. — Genre d'Algues
Floridées, établi par Greville (Alg. Brit. ,
99). Algues marines, cartilagineuses, dont
on ne connaît qu'une espèce, nommée par
l'auteur du genre Microcladia glandulosa.
MICROCLEPTES (wtxpoç, petit; x\tn-
tvjç, voleur), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Lamiaires,
établi par Newmann (The entomologist, t. I).
Le type , M. aranea de l'auteur, a été rap-
porté des environs de Valparaiso. (C.)
* MICROCOCHLE , Benth. (in Annal.
Wiener mus. , II, 136). bot. ph. — Voy.
HARICOT.
*MICROCODOIV (pcxpoç, petit; Xw<W ,
clochette), infus. ou systol. — Genre
de Systolides ou Rotateurs , proposé par
M. Ehrenberg pour un animalcule micro-
scopique , imparfaitement connu, qu'il
nomme Microcodon clavus , et qu'il place
dans sa famille des Mégalotroques. Comme
son nom l'indique, le Microcodon a la forme
d'un clou, et se termine en arrière par une
sorte de queue ou de pédoncule contrac-
tile. (Duj.)
* MICROCODON (pxpoç, petit; mSJ**,
clochette), bot. ph. — Genre de la famille
des Campanulacées-Lighfootiées, établi par
Alph. De Candolle ( Camp., 127, t. 19).
Herbes du Cap. Voy. campanulacées.
*MICROCOELIA ( P.cxp0'ç , petit; xoiîua,
cavité), bot. ph. — Genre de la famille des
Orchidées-Dendrobiées, établi par Lindley
(Orchid., 60). Herbes de Madagascar. Voy.
orchidées.
MICROCOLEUS (fxtxpoç, petit; Xo).eo'ç,
gaîne). bot. cr. — (Phycées.) Genre de la
tribu des Oscillariées, créé par M. Desma-
zières (Crypt. du nord de la Fr., fasc. II).
Ses caractères consistent dans la réunion de
plusieurs filaments cloisonnés, oscillants,
renfermés dans une gaîne qui ne laisse li-
bre que leur partie supérieure. On en con-
naît une dizaine d'espèces ; la plus commune
est le M. terrestris Desmaz., qui croît sur
la terre humide, et s'y montre sous la forme
de filaments anastomosés d'un vert noirâ-
tre. Le genre Chtonoblastus de M. Kutzing
(Phycoi gêner.) ne diffère point de ce-
lui-cj. (Bréb.)
MICROCOR1S (pxpo'ç, petit; xopuç ,
casque), bot. ph. — Genre de la famille des
Labiées-Prostanthérées, établi par R. Brown
(Prodr., 502). Arbrisseaux de la Nouvelle-
Hollande méridionale. Voy. labiées.
*MICROCOSMUS (acxpo'ç, petit; xo^éç,
monde), tunic, moll. — Genre adopté d'a-
bord par Linné, d'après Rédi, pour une es-
pèce d'Ascidie dont l'enveloppe est encroûtée
de divers petits corps marins. Voyez asci-
die. (Duj.)
*MICROCTE]\US (puxpo'ç, petit; xt/voç,
peigne), rept. — Groupe de Stellions (voy.
ce mot), d'après M. Fitzinger ( Syst. Rept.,
1843). (E. D.)
MICROCYGNA. ois. — Genre établi par
G.-R. Gray sur le Bernache à collier. Voy.
oie. (Z. G.)
*MÏCR0C1STIS (puxpo'ç, petit; p-cxpo'ç,
vessie), bot. cr. — (Phycées.) Genre de la
tribu des Nostocinées, créé par M. Kutzing
et adopté par M. Meneghini dans sa Mono-
graphie des Nostocinées , avec les caractères
suivants : Fronde muqueuse, d'abord défi-
MIC
MIC
197
nie, formée de globules renfermés dans des
vésicules, se divisant selon une disposition
quaternaire , et donnant lieu plus tard à
de nouvelles frondes. M. Kutzing , dans
son Phycologia generalis , a réuni les espè-
ces appartenant à ce genre sous le nom de
Glœcocapsa, et a réservé le nom de Micro-
cystis pour quelques espèces qui se rappor-
tent principalement au g. Agmenellum. Ces
changements amènent nécessairement une
déplorable confusion dans cette partie de
l'algologie. En adoptant le g. Microcystis
tel que le présente M. Meneghini dans sa
Monographie des Nostocinées, nous croyons
pouvoir y placer au moins 20 espèces pro-
pres aux eaux douces, habitant la terre et
les rochers humides. ( Bréb.)
MICRODACTYXE. Microdactylus, Geof.
Saint-Hilaire. ois. — Syn. deCariama, Bris-
son. (Z. G.)
*MICRODACTYLUS (atxpoç, petit; <Sâx-
tvAoç, doigt), rept. — Genre que M. Tschudi
avait proposé pour un Saurien de l'Inde que
MM. Duméril et Bibron (Erpétologie , IV,
p. 157) décrivent sous le nom de Chalcides
Schlegelii. (P. G.)
*MICRODELES (,^xPo'; , petit; âftjXoç,
obscur, douteux), ins. — Genre de la tribu
des Chalcidiens , groupe des Ormorcérites ,
de l'ordre des Hyménoptères , établi par
M. Walker sur quelques petites espèces dont
les antennes, de douze articles, sont renflées
en une massue terminée en pointe. On peut
considérer le M. rolundus comme le type du
genre. (Bl.)
*MICRODEMA, Laporte. ins. — Syn.
de Scydmœnus , Megaloderus , Tyttosoma et
Cephennium. (C.)
*MICRODERA(ptxpo'ç, petit; &'Pyj, cou).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères, fa-
mille des Mélasomes , tribu des Tentyrites,
établi par Eschscholtz (Zoological Allas), et
adopté par Solier (Annales de la Soc. entom.
de France, t. IV, p. 304). Six espèces ren-
trent dans ce genre , et ce dernier auteur y
introduit deux divisions. Il place dans la
première la M. lucida Dej., Sol., et dans la
seconde les M. gracilis et convexa Esch.,
Sol. La lucida est propre à l'Egypte , et les
deux autres sont originaires de la Russie
méridionale. (C.)
*MICRODERES ou MICRODERUS (pt-
*pos , petit ; Stp-n , cou), ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères, familledesCarabiques,
tribu des Harpaliens , créé par Faldermann
(Fauna Transcaucasica , t. I , pi. 4, f. 1).
Le type, le M. robustus de l'auteur, est ori-
ginaire de la Russie méridionale. L'auteur le
place près des Daptus. (C.)
*MICRODERIS (pxpoç, petit ; êépiç ,
couverture), bot. ph. — Genre delà famille
des Composées-Cichoracées , établi par De
Candolle (Prodr., VII, 127). Herbes vivaces
des îles Àçores. Voy. composées.
*MICRODIPHYE (pcxpcç, petit ; diphya,
diphye). acal. — Genre de Diphyes établi par
M. Lesson et constituant toute sa deuxième
tribu des Diphydes monogastriques , les-
quelles ont un seul sac stomacal exsertile,
dilatable, probosciforme , terminé par une
bouche en ventouse, à la base duquel se
trouvent des organes qui semblent être des
ovaires. M. Lesson subdivise ce genre en
neuf sous-genres, qui sont: 1° Nacelle,
Cymba; 2° Enneagonum; 3° Cuboides; 4°
Cucubalus; 5° Capuchon , Cucullus; 6° Eu-
doxia; 7° Amphiroa ; 8° Ersœa ; 9° Aglais-
ma. (Duj.)
*MICRODON (ptxpo;, petit; Wou;, dent).
bot. ph. — Genre de la famille des Sélagi-
nées, établi par Choisy ( in Mem. Soc. h. n.
Genev., II, 97). Arbustes du Cap. Voy. sé-
LAGINÉES.
*MICRODOI\TA (puxpo'ç, petit; £<Wç,
dent ). ins. — Genre de l'ordre des Lépi-
doptères nocturnes, tribu des Notodontides,
établi par Duponchel ( Catal. des Lépidopt.
d'Europe , I , p. 93), qui y rapporte deux
espèces , le M. bicolora et albida. La pre-
mière habite la France et l'Allemagne; la
seconde, qui n'est peut-être qu'une variété
de la première , a été trouvée dans la Rus-
sie méridionale.
*MICRODONTA (ptxpo'ç, petit; ISotç,
dent), ins.—- Genre de Coléoptères subpen-
ta mères , tétramères de Latreille, famille
des Cycliques, tribu des Cassidaires hispites,
fondé par nous et adopté par Dejean (Cata-
logue, 3eédit.,p. 388), qui en indique
sept espèces de la Guyane française. Le type
est VHispa serralicornis de F. (C.)
*MICRODOIMTA, Kirby, Hope. ins. —
Syn. d'Amphymallus, Latr., Muls. (C.)
*MICRODORIS ( pocpoç , petit; Jopoç ,
lance), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
198
MIC
MIC
Scarabéides anthobies, établi par Dejean (Ca-
talogue, 3e éd., p. 184), et adopté par Bur-
meister (Handbuch der Entomologie, 1844,
p. 32), qui le fait entrer dans ses Lichnia-
des. Le type, le M. aquilus Dj.-B., la seule
espèce connue, est originaire du cap de
Bonne -Espérance. (C.)
MICRODUS (ptxoo'ç, petit; ISoiç, dent).
ins. — Genre de la famille des Braconides,
groupe des Agathites, de l'ordre des Hymé-
noptères, établi par M. Nées von Esenbcck,
et adopté par la plupart des entomologistes
avec de plus ou moins grandes restrictions.
Tel qu'il est généralement admis , on le
distingue des autres Agathites à des anten-
nes longues et grêles et à des mâchoires et
lèvres fort courtes. Le M. nitidus Nées von
Esenb., qui habite une grande partie de
l'Europe , peut être considéré comme le
type du genre. (Bl.)
*RHCROECA (ptxpoç, petit; oîxo,-, mai-
son), ois. — Division de la famille des Gobe-
Mouches, établi par Gould aux dépens du
genre Myiagra de Vigors et Horsfield, et
ayant pour type le M. macroptera Vig. et
Horsf. (Z. G.)
* MÏCROELUS. bot. ph. — Genre de la
famille des Euphorbiacées-Buxées , établi
par Wight et Arnott (in Edmè. New. philos.
Journ., XIV, 298). Arbres de l'Inde. Voy.
£UIJIÏ0RBIACÉES.
MIGROGASTER {pnpiç, petit; y»*-
Trçp, abdomen), ins. — Genre de la famille
des Braconides , groupe des Agathites , de
l'ordre des Hyménoptères , établi par La-
treille sur de petites espèces reconnaissables
à des antennes grêles de dix-huit articles et
à des yeux velus. On connaît un certain
nombre d'espèces de ce genre ; mais la plus
répandue est le M. glomeratus Lin. Voy. pour
son histoire l'article ichneumoniens de ce Dic-
tionnaire. (Bl.)
«MICROGLENA (pu*p4ç, petit; yHfa,
œil), infus. — Genre établi par M. Ehrenberg
dans sa famille des Monadines, pour les es-
pèces qui vivent isolément, et qui sont
pourvues d*un point coloré qu'il nomme un
œil ; elles ont en outre un ou deux fila-
ments flagelliformes ou trompes. Nous pen-
sons que ces Infusoires doivent appartenir
à la famille des Thécamonadiens. (Duj.)
* MIGROGLOSSA (pxpo'ç , petit ; y}»*-
ffa, langue), bot. ph.— Genre de la famille
des Composées-Astéroïdées, établi par De
Candolle (Prodr., V, 320). Arbrisseaux de
l'Inde et de l'Afrique. Voy. composées.
*MICROGLOSSE. Microglossum. ois. —
Genre de la famille des Perroquets. Voy.
ce mot. (Z. G.)
*M!CROGNATHIDES (Wôç, petit; >va-
0o;, mâchoire), ins. — Groupe de Coléoptères
pentamères, de la famille des Lamellicornes,
attribué à Latreille par Laporte de Castel-
nau (Histoire naturelle des animaux articu-
lés, t. II, p. 177), et qui a pour caractères :
Antennes simplement arquées, velues ; labre
toujours découvert et grand; languette bi-
fide, couronnant le menton ; mâchoires cor-
nées, avec deux fortes dents au moins; écus-
son sur un pédicule portant l'abdomen ; ce-
lui-ci séparé du corselet par un intervalle
notable.
Les Micrognathides sont généralement
grands et de couleurs foncées. Ils sont pro-
pres aux pays chauds de l'Amérique, de
l'Asie, de l'Afrique et de l'Australie. On les
rencontre dans le vieux bois et quelquefois
en abondance dans les sucreries. Leurs larves
ont beaucoup de ressemblance avec celles des
Lucanites ; elles ne sont pourvues que de
quatre pattes, et vivent de racines pendant
plusieurs années avant de passer à l'état
parfait.
Ce groupe se compose des genres Passai us,
Ocythoe et Paxillus. (C.)
* MïCROGOMPHUS, Benth. (Use).
bot. ph. — Voy. sympieza , Licht.
*MICROGRAMMA, Presl. (Ptertd., 213,
t. IX, f. 7). BOT. CR. — Voy. SELLiGUEA,
Bory.
*MICROG¥ftE (pixpoç, petit; yvV/3, pistil).
bot. ph. — Genre de la famille des Compo-
sées-Astéroïdées, établi par Lessing (Synops.,
190; DC, Prodr., V, 296). Herbes du Bré-
sil. Voy. COMPOSÉES.
MIGROLyENA (f»xpéç, petit; )a~va, en-
veloppe), bot. ph. — Genre de la famille
des Graminées-Oryzées, établi par R. Brown
(Prodr., 210). Gramens de la Nouvelle-
Hollande et de l'île Van-Diemen. Voy. gra-
minées. — Genre de la famille des Byttnéria-
cées Eriolœnées, établi par Wallich (Ca~
talog., n. 1173), Arbres de l'Inde. Voy.
BYTTNÉRIACÉES.
*MICROLAPTES, G.-R. Gray. ois. —
Syn. de Picumnus, Temm. V. picumne. (Z. G.)
MIC
MIC
199
♦3WICR0LEPÏS. REPT. — Division des
Scincoïdicns. Voy. ce mot. (P. G.)
*MICROLEPIS (pxpo'ç, petit; Xiictç ,
écaille), bot. ph. — Genre de la famille des
Mélastomacces-Osbeckiées , établi par De
Candolle (Prodr., III, 139). Herbes du
Brésil. Voy. composées.
*MICROLEPTES {\>™?k, petit; Aeirtoç,
grêle), ins. — Genre de la famille des Ich-
neumonides, groupe des Ichneumonites, de
Tordre des Hyménoptères, établi par Gra-
venhorst (Ichncumonographia) sur une seule
espèce dont la tête est globuleuse , et dont
les antennes sont renflées, ainsi que les pat-
tes ; c'est le M. splendidulus Grav., trouvé en
Angleterre. (Bl.)
MICROLEUCONYMPïLEA, Boer. bot.
pu. — Syn. à'Hydrocharis, Linn.
MÏCROEICÏA. bot. ph. — Genre de la
famille des Mélastomacécs Rhexiécs, établi
par Don (in Mem. Werner. Soc, IV, 301).
Herbes ou arbrisseaux du Brésil. Voy. mé-
LASTOMACÉES.
MICROLOMA 0«xpoç, petit; %«, bor-
dure), bot. pu. — Genre de la famille des
Asclépiadées - Cynanchées , établi par R.
Brown (in Mem. Werner. Soc, I, 83).
Sous-arbrisseaux du Gap. Voy. asclépia-
dées.
*MICROLOi\CI!US (pixpôç, petit; \oyXj,
lance), bot. pu. — Genre de la famille des
Composées-Cynarées, établi par De Candolle
(Prodr. , VI, 562) . Herbes vivaces des régions
méditerranéennes et de l'Inde.
Ce genre renferme trois espèces que De
Candolle (loc. cit.) répartit en deux sections,
nommées : Mantisulca : Écailles de l'invo-
lucre prolongées en un appendice spini-
forme; Uralcpis : Écailles de rinvolucre
prolongées en un appendice scarieux.
*MICROLOPIIIA (/«xpo'ç, petit; ao>oç,
panache), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreiile, fa-
mille des Longicornes, tribu des Lamiaires,
créé par Newman (The Enlomologist's, p.
383). Le type, la M. ignara de l'auteur,
est originaire de Manille. (C.)
*)\HCROLOPHUS(F.txPo'ç, petit; 16?0;,
crête), rept. — MM. Duméril et Bibron ,
qui ont établi ce genre dans le t. IV de leur
Histoire des Reptiles, en résument ainsi les
caractères :
Un repli de la peau sur les côtés du ven-
tre et au-devant des épaules ; un autre ar-
qué sur la poitrine; bord du trou auditif
dentelé en avant ; une crête basse, dentelée
sur le dos; queue à écailles verticillées, ca-
rénées ; pas de pores fémoraux; des dents
au palais.
La seule espèce connue dans ce genre vit
sur les côtes du Pérou ; elle est pleurodonte :
c'est le Microlophus Lessonii Dum. et Bibr.,
d'abord nommée Stellio peruvianus par
M. Lesson. (P. G.)
* MICROLOPHUS (p.ixp°ç, petit; ),o>OÇv
aigrette), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Cynarées, établi par De Canuolle
(Prodr., VI, 567) aux dépens du genre Cen-
taurée. Voy. ce mot.
*MICROLOTUS , Benth. ( in Linn.
Trans., XVII, 364). bot. ph. — Syn. d'tfo-
sackia , Dougl.
*MICRO!!klEGA ( /Atxpo? , petit ; p.eyaç ,
grand), bot. cr. — ( Phycées.) Genre de la
tribu des Diatomées , établi par Agardh
(Consp. diat.), et dont les caractères sont :
Fronde gélatineuse, filamenteuse, rameuse,
renfermant dans un tube externe des séries
de frustules (navicules), contenues dans des
tubes internes rapprochés en faisceaux;
spermophores épars , formés par la dilata-
tion des navicules. Ce genre se distingue du
g. Schizonema par la présence des tubes
internes , qui ne se trouvent point dans ce
dernier, qui présente des navicules entas-
sées dans le tube général.
Les Micromega forment de petites touffes
d'un brun noirâtre qui prennent une teinte
grise, plus ou moins verdâlre par la dessic-
cation. Ils croissent sur les rochers sous-
marins et sur les algues peu élevées, princi-
palement dans les points où la mer produit
quelque courant. On en connaît près de
30 espèces; toutes appartiennent aux côtes
d'Europe. (Bréb.)
*MICROMELEM (f«xpéç, petit ; pAoç,
rameau), bot. ph. — Genre de la famille des
Aurantiacées-Clausénées, établi par Blume
(Bijdr., 137). Arbres de Java. Voy. auran-
tiacées.
*MICROMELES (f*«xpoS, petit; p./Ao;,
membre), ins. — Genre de la tribu desChal-
cidiens, groupe des Miscogastérites, de l'or-
dre des Hyménoptères , établi par M. Wal-
ker (Entomological Magazine) sur des es-
pèces dont la tête, plus large et plus longue
200
MIC
MIC
que le thorax , porte des antennes de treize
articles. Le type du genre est le M. rufoma-
culalus Walk. (Bl.)
*MICROMERIA (ptxpo'ç, petit; pvjpo'ç,
tige), bot. ph. — Genre de la famille des
Labiées-Mélissinées , établi par Bentham
{Labial., 368), et dont les principaux carac-
tères sont: Calice tubuleux, 13-15-strié,
5-denté, souvent villeux à la gorge. Corolle
à tube droit, nu à la partie interne, souvent
plus court que le calice, à limbe bilabié;
lèvre supérieure dressée, entière ou un peu
échancrée; lobes de la lèvre inférieure pres-
que égaux, celui du milieu plus large, entier
ou échancré. Étamines 4, les inférieures
plus longues, ascendantes; anthères libres,
à 2 loges distinctes, parallèles. Style bifide
au sommet; stigmates 2, terminaux, petits.
Le fruit est un akène sec, lisse.
Les Micromeria sont des plantes herba-
cées ou suffrutescentes, croissant dans les
régions les plus chaudes du globe, rarement
cependant dans l'Amérique tropicale. Leurs
fleurs, petites, rouges ou blanches, sont dis-
posées en verticillastres axillaires ou en
épis.
Les espèces de ce genre ont été réparties
en trois sections nommées : Hesperothymus,
Benth. (op. cit., 371) : Fleurs solitaires ou
groupées par trois, et portées sur des pédi-
celles axillaires, plus longs que le calice;
feuilles souvent crénelées; Piperella, Presl.
(FI. sicul., XXXVI) : Fleurs sessiles ou ag-
glomérées en capitules sessiles et pédoncules,
les pédicelles plus courts que le calice ;
feuilles très entières ; Pseudomelissa, Benth.
(op. cit. , 382) : Verticillastres formant des
cymes allongées, pédonculées , subdicho-
tomes; feuilles souvent dentées.
MICROMETRE ( psxpô; , petit; pfrpov ,
mesure), phys. — On nomme Micromètres
des instruments à l'aide desquels on peut
apprécier avec toute l'exactitude désirable
les dimensions linéaires les plus minimes ,
ou les plus petits espaces célestes, tels que
la différence de hauteur ou de déclinaison
des étoiles, le diamètre des astres, etc.
Les appareils micrométriques se divisent en
deux classes : ceux de la première appar-
tiennent plus particulièrement à la physique
proprement dite; les autres sont surtout
employés en astronomie. Parmi les premiers
nous rangerons le vernier, le comparateur,
et ta vis micrométrique. Nous nommerons
dans les seconds , le Micromètre à fils pa-
rallèles, perfectionné par Auzout; Y Hélio-
mètre de Rouguer, et enfin la lunette à double
image de Rochon , ou Micromètre prisma-
tique, fondé sur la propriété de double ré-
fraction que possèdent certaines substances
cristallisées, comme le Spath d'Islande, le
Cristal de roche. La description de ces diffé-
rents instruments se trouve dans tous les
ouvrages de physique, auxquels nous ren-
voyons le lecteur. (A. D.).
MICROMMATE. Micrommata. arach.
— Voy. sparasse. (H. L.)
*MICROMLS. ins. —Genre de la tribu
des Myrmélioniens , famille des Héméro-
biides , de l'ordre des Névroptères, établi par
M. Burmeister, et considéré par M. Blan-
chard comme une simple division du genre
Hémérobe. Voy. ce mot
*MICRONISUS. ois. — Section établie
dans le genre Autour par G.-R. Gray pour
le Tamou gabar. Voy. autour. (Z. G.)
MICRONÏX , Boisduval. ins. — Syn. de
Slenaspis , Hope. (C.)
*MICROPALPUS (f*:xp$ç, petit ; palpus,
palpe), ins. — Genre de Tordre des Diptères
brachocères , tribu des Muscides, établi par
M. Macquart (Ins. dipt., t. II, p. 81). L'es-
pèce type , le Micropalpus vulpinus , habite
la France.
MICROPEPLUS (pcxpos, petit; nénloç,
voile), ins. — Genre de Coléoptères trimè-
res , famille des Brachélytres , tribu des
Protéiniens , créé par Latreille ( Gênera
Crust. et Ins., IV, 377), et adopté par
Erichson (Gen. etsp. Staph., 911). Ce genre
se compose des 6 espèces suivantes, qui
toutes sont propres à l'Europe, savoir : M.
porcatus Pk. [sulcatus H.), cœlatus Er.,
fulvus Chv.-Er., staphylinoides Marsh. (Mal-
lei Gmr. ), tesserula Curt. (staphylinoide,
Ghl.) , et obtusus New.
Les Micropeplus ont le corps aplati, en
carré long, et recouvert de nervures caré-
nées en dessus. Leurs antennes en mas-
sue les avaient fait placer par Latreille
dans la famille des Clavicornes. Ils se tien-
nent dans la terre, aux racines des plantes
ou sous des détritus de végétaux.
Curtïs leur attribue quatre articles à tous
les tarses. (C.)
*MICROPERA (fuxpoç, petit; w/pot, ex-
MIC
MIC
201
irémité). eot. ph. — Genre de !a famille des
Orchidées-Vandées, établi par Lindley (in
Bot. Reg., n. 1522). Herbes de l'Inde. Voy.
ORCHIDÉES.
MICROPETALUM, Tausch. (Hort. ca-
nal., 1). bot. ph. — Voy. saxifraga, Linn.
MICROPEZA (^xpoç, petit; wsÇ«, pied).
ins. — Genre de l'ordre des Diptères bra-
chocères, tribu des Muscides, établi par Mei-
gen et adopté par Latreille (Fam. nat.). L'es-
pèce type, la Micropeza punctum Latr.,
Meig., habite les environs de Paris.
*MICROPHIUS,Dejean(Ca£.,3eédit.,p.
74). ins. — Syn.de Procirrus, Latr., Er. (G.)
MICROPHORUS (f«xpoç, petit; yopoç,
qui porte), ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, famille des Tanysto-
mes, tribu des Empides, établi par M. Mac-
quart (Dipt. du Nord) , qui en mentionne
6 espèces, toutes de France et d'Allemagne.
MÏCROPHTHIRES. Microphthirœ .
arach. — Latreille désigne sous ce nom une
famille de l'ordre des Arachnides qui ren-
ferme les genres Leptus, Caris et Astoma.
Voy. ces mots. (H. L.)
*MICROPHYSA (p-txpSç, petit ; yv<rtç, ap-
parence), ins. — Genre de l'ordre des Lépi-
doptères nocturnes, tribu des Ophiusides,
établi par M. Boisduval (Duponchel, Catalo-
gue des Lépidoptères d'Europe, p. 183). II
renferme six espèces dont trois habitent le
midi de la France où on les trouve au mois
de juillet : ce sont les M. suavis, jucunda et
normala.
*MICROPIPER,Miq. {Comment., II, 39,
t. 4, f. g, t. 8, 9). bot. ph. — Voy. piper
(Poivre), Linn.
* MICROPLEUR A (atxpo'ç, petit; «hv-
pa, flanc), bot. pu. — Genre de la famille des
Ombellifères-Hydrocotylées, établi par La-
gasca (m Ocios Espagn. cmigr., 15). Herbes
de l'île de Chiloé. Voy. ombellifères.
*MICROPLIA (u.txpoç, petit; Z-kIov, arme).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères de Latreille, famille des Longi-
cornes, tribu des Lamiaires, créé par Serville
(Annales de la Société entomolog. de France,
t. II, p. 21). L'auteur lui donne pour type
une espèce du Brésil, la M. agilisServ. De-
jean a changé le nom générique de Micro-
plia en Leploplia ; nous ne savons dans
quelle intention. Il en cite une seconde es-
pèce qu'il nomme L. signifer. (C.)
T. VIII.
*MICROPLUS(fitxpoS, petit; 07r>0v,arme).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Lamellicornes, tribu des Scarabéides
phyllophages, établi par Dejean {Cat., 3e éd.,
p. 184) qui en mentionne sept espèces.
Une est indigène du cap de Bonne-Espérance,
et six sont originaires de Madagascar. Bur-
meister adopte ce genre {Handbuch der En-
tomologie, 1844, p. 174), mais il n'en décrit
que quatre espèces, et comprend ce g. dans
ses Hoplides. (C.)
*MICROPOGON (p.Hcpo;, petit ;7ro>yuvr
barbe), poiss. — Genre de l'ordre des Aean-
thoptérygiens , famille des Sciénoïdes , éta-
bli par MM. G. Cuvier etValenciemies (Hist.
des Poiss., t. X , p. 213 ). Ces Poissons ont
une grande ressemblance avec les Johnius ,
particulièrement par leur épine anale; ils
se rapprochent aussi des Corbs par leur nu-
que bombée, et diffèrent des uns et des
autres par l'exiguïté de leurs barbillons.
On en connaît trois espèces ou variétés
qui paraissent habiter l'Amérique méridio-
nale. Ce sont les Micropogon rayé, M. li-
neatus Cuv. et Val. (Umbrina Fournieri
Desmar., Sciœnaopercularis QuoyetGaim.),
Micropogon ondulé, M. un dulalus Cuv. et
Val. (Perça undulata Linn.), Micropogon
argenté, M. argenteus Cuv. et A^al. (J.)
*MICROPOGOIV, Temm. ois. — Syn. de
Barbion et de Barbusaie. Voy. ces mots.
(Z. G.)
MICROPORUS (pxpéç, petit; wopoç,
pore), bot. cr. — Palissot de Beauvois, dans
sa Flore d'Oran, a cherché à établir spus ce
nom un genre parmi les Poly pores, et auquel
il donnait pour caractères des pores presque
imperceptibles ; en effet, pour voir ceux du
Polyporusperula, il faut nécessairementavoir
recours à une loupe. Ce genre n'a pas été
conservé et il ne pouvait l'être; cependant
on pourrait se servir du caractère pour opé-
rer quelques divisions parmi les Polypores
qui sont si nombreux et qui présentent tant
de difficultés pour la détermination des es-
pèces. (Lév.)
MÏCROPS. mam. —Espèce de Cachalot
du sous -genre Physeter. Voy. cachalot.
(E. D.)
*MICROPS (fuxpoç, petit; «ty , oeil).
rept. — Genre de Batraciens anoures, éta-
bli par Waglcr pour le Ilana ovalis de
Schneider. (P. G.)
2G
202
mic
MIC
*MICROPS, Mégerle, Dahl. ins. — Syn.
ûeDilylns, Fischer, Lat., Dej. (C.)
*MICROPS(fJuxpoç, petit; JJ», oeil), ins.
M. Ilaliday (Entom. Magaz.) a établi sous ce
nom un genre dans la tribu des Proctotru-
piens; mais, selon toute apparence, il ne
. renferme que des femelles du genre Cera-
* phron. (Bl.)
*M1CR0PSIS O^/.po;, petit; o'fç, as-
pect), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Astéroïdées , établi par De Can-
dolle (Prodr. t V, 460). Herbes du Chili.
Voy. COMPOSÉES.
*MICROPSITTA, Less. ois. — Division
de la famille des Perroquets. Voy. ce mot.
(Z. G.)
MICROPTÈRE. Jlftcropterus(xv<rnç, pe-
tit; ir-epév , nageoire), poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens , famille des
Sciénoïdes , établi par Lacépède et adopté
par G. Cuvier {Règ. anim. , t. Il, p. 178).
Ces Poissons ont le corps oblong, trois pores
de chaque côté de la symphyse , les der-
niers rayons de la partie molle de leur dor-
sale séparés des autres, et formant une pe-
tite nageoire particulière. Il n'y a aucune
dentelure à leur opercule.
On n'en connaît encore qu'une espèce, le
Microptère dolomieu (Lacépède, IV, III, 3).
La couleur générale de ce poisson est gri-
sâtre, et il atteint une taille de 30 à 32 cen-
timètres au plus.
*MICROPTÈRE. Micropterus (pixpo'ç,
petit; «jrcEpo'v, aile), ois. — Section établie par
M. Lesson dans la famille des Canards pour
une espèce qui se dislingue par son bec court,
très élevé à sa base, à arête formant une
ligne droite; par des tarses très courts; des
ailes impropres au vol, armées chacune de
deux tubercules, et par un pouce pinné.
L'espèce qui offre ces caractères généri-
ques est le Canard aux ailes courtes, Anas
brachyptera et cinera Lath. (Quoy et Gaim.,
Voyage de VUranie, pi. 39). Oiseau des îles
Malouines. (Z. G.)
MICROPTERES (fuxpos, petit; «tspov,
aile), ins. — Nom donné par Gravenhorst aux
insectes Coléoptères pentamères formant la
famille des Brachélytres de Latreille ou
celle des Staphyliniens d'Erichson. (C.)
♦MICROPTERUS (p.txpoç,petit;«Tspov,
aile), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Malacodermes, tribu des
Clairones, créé par nous {Revue zoologique ,
1842, p. 277) avec une espèce de l'Afrique
méridionale que nous avons nommée M.
brevipennis , et qui n'a pas été connue de
MM. Kluget Spinola. (C.)
*MICROPTERYX fpixpoç, petit; «repvÇ,
aile), ins. — Genre de l'ordre des Lépidoptè-
res nocturnes, tribu des Tinéides, établi
par Zeller, et considéré par Duponchel {Ca-
talogue des Lépidoptères d'Europe, p. 352)
comme une simple section du genre Adela.
Voy. ce mot.
MICROPES, Wagl. et Meyer. ois. — Syn.
de Cypselus, Illig. Voy. hirondelle. (Z. G.)
MICROPES (ptxpo'ç, petit; ttoùç, pied ,
lige), rot. pu. — Genre de la famille des
Composées- Astéroïdées, établi par Linné
{Gen. n. 996) , et dont les principaux carac-
tères sont : Capitule multiflore hétérogame ;
fleurs tubuleuses; celles du rayon femelles
et disposées sur cinq à sept rangs ; celles du
disque mâles 5-dentées, et aussi nombreuses
que les premières. Involucre bisérié , dont
les écailles enveloppent les fleurset le fruitdu
rayon. Réceptacle étroit, nu. Akène com-
primé, latcralementenfermédans les écailles
de l'involucre et tombant avec elles. Ai-
grette nulle.
Les Micropus sont de petites herbes du-
veteuses ou laineuses; à feuilles alternes,
très entières ; à fleurs réunies en capi-
tules.
Ce genre, tel que Linné l'avait établi,
renfermait huit espèces. Par suite des tra-
vaux postérieurs de différents botanistes,
trois en ont été retranchées et rapportées
au genre Evax. Actuellement il ne comprend
donc plus que cinq espèces, réparties par
De Candolle (Prodr. V, 460) en deux sec-
tions, qu'il nomme: Acantholœna: écailles
de l'involucre enveloppant l'akène hérissées
d'aiguillons sur la partie dorsale ( M. supi-
nus) ; Bombycilœna : ces mêmes écailles,
dépourvues d'aiguillons , mais laineuses (M,
erectus, bombycinusy globiferus , minimus).
Toutes ces espèces se rencontrent assez
abondamment dans l'Europe méridionale et
l'Amérique occidentale. (J.)
MICROPYLE. bot. — Voy. graine.
*MICROPYXIS (ptxpos, petit; wv?tSt.
boîte), bot. ph. — Genre de la famille des
Primulacées-Anagallidées, établi par Duby
(Prim. Mem. ined. ). Herbes du Brésil , de
MIC
Madagascar et de la Nouvelle-Hollande. Voy.
PRIMULACÉES.
*MICRORHACHIS, DC. (Prodr., VI,
85). BOT. PH. — Voy. METAGNANTHUS.
*MICRORHAGUS (ftixpo's, petit; payés,
grain), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Sternoxes, tribu des Éla-
térides, fondé par Eschscholtz et adopté par
Germar (Zeitschrift fur die entomologie, t. I,
1839, p. 196) et par Dejean (Catalogue, 3e
édit., p. 96). Ce dernier auteur en énumère
quatre espèces: les E. pygmœus, Sahlbergi,
Mann., impressicollis et minutus Dej. Les
deux premières se trouvent en Europe, le
pygmœus, quelquefois aux environs de Paris ;
et les deux dernières espèces en Amérique
(États-Unis). Les antennes des mâles sont
pectinées. Ces Insectes ont à un très faible
degré la faculté de sauter, comme les Élaté-
rides, mais, au moindre danger, ils contrac-
tent leurs membres, et deviennent immo-
biles. (C.)
*MICRORIHPIS(^xpoç, petit; pWç, éven-
tail), ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Serricornes, tribu des Cébrio-
nites,crééparM.Guérin-Méneville (Magasin
de Zoologie, 1830, p. et pi. 8), qui lui donne
pour type une espèce du cap de Bonne-Es-
pérance, le M. mystacina Tbg. (Dumerilii
Guér.). ML LaportedeCastelnau, qui a adopté
ce genre, en mentionne trois autres espèces
dont deux appartiennent au pays déjà cité,
et une autre serait originaire du Brésil. (C.)
*MICRORHOPALUS (ptxpôç, petit; po-
Tra/ov, massue), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Cycliques, tribu des Cassidaires,
créé par nous et adopté par Dejean (Catalo-
gue, 3e édit., p. 389). Quatre espèces amé-
ricaines font partie du genre ; savoir: Hispa
vittata F., excavata 01., M. perforata et ga-
galina Dej. La larve de la première a été
figurée et décrite dans l'ouvrage de Newman
(the Entomologist, t. I, p. 75). (C.)
*MICRORHYNCHUS, Megerle, Dahl. ins.
— Synon. de Baris, Germar, et Baridius,
Schcenherr. (C.)
*MICR0RHY1\CHUS, Less. (Synops.y
439). bot. ph. — Syn. de Rhabdolheca, Cass.
*MICRORHY!MQUE. Microrhynchus (,uu-
xpos, petit ; pû>xoç, rostre), crust. — Cegenre,
qui a été établi par M. Bell, appartient à
l'ordre des Décapodes brachy ures et à la tribu
MIC
203
desMaiens de M. Mil ne-Edwards. Dans cette
coupe générique, la carapace est subtriangu-
laire, arrondie postérieurement et terminée
à sa partie antérieure par un rostre très
court. Les yeux sont rétractiles et beaucoup
plus épais que le pédoncule, qui est allongé.
Les orbites sont unifîssurées en dessus et
unidentées au côté externe. Les antennes
externes sont insérées sur les côtés du rostre,
tandis que les antennes internes sont logées
dans une fossule entière. Les pattes de la
première paire, chez le mâle, sont à peine
plus longues que le corps, plus petites dans
la femelle; les suivantes sont un peu plus
longues que le corps et terminées par des
ongles légèrement recourbés. L'abdomen du
mâle est composé de sept segments , tandis
que ce même organe n'en présente que cinq
dans la femelle. Cette singulière coupe gé-
nérique ne renferme que deux espèces qui
habitent les îles Gallapagos. Le Microrhyn-
chus gibbosus Bell (Trans. ofthezool. Soc.
of Lond., t. II, pi. 8, fig. 1, p. 41), peut
être considéré comme le type de ce genre.
Quant à la seconde espèce, elle est désignée
sous le nom de M. depressus (op. cit., t. II,
p. 41, pi. 8, fig. 1)/ (H. L.)
*MICROSACCUS (juxpoç, petit ; aa'xxoç ,
sac), bot. ph. — Genre de la famille des
Orchidées- Vandées, établi parBlume(Bydr.,
367). Herbes de Java. Voy. orchidées.
*MICROSAURUS, Dejean. ins. — Syno-
nyme de QwedmSjErichson, et de Philonthust
Ker. (C.)
*MICROSCHATIA ( ptxpoç , petit; aX£-
<rt;, coupure), ins. — Genre de Coléoptères
hétéromères, famille des Mélasornes, tribu
des Asidites, créé par Solier (Annales de la
Soc. entomologique de France, t. V, p. 474),
et adopté par M. Hope. Ce genre ne renferme
jusqu'à présent qu'une seule espèce, la M.
punctata Solier. Elle est originaire du Mexi-
que. (C.)
MICROSCOMA. moll. — Nom donné
par Rédi à une espèce d'Ascidie, VAscidia
conchyloga L.
MICROSCOPE (pcxpoç, petit; dxon/u ,
je regarde), phys. — Le nom de cet instru-
ment d'optique en indique suffisamment
l'usage; doué du pouvoir d'amplifier consi-
dérablement les plus petits objets, ceux-là
même qui échappent à la vue , il permet de
les examiner, de les étudier aus*i -acile-
204
MIC
MIC
ment que ceux qui se présentent à nos yeux
sous le plus gros volume.
L'importance qu'on attache maintenant
aux études microscopiques , complément
obligé de toute éducation scientifique , a né-
cessairement augmenté celle du Microscope;
aussi cet instrument a-t-il subi, dans ces
derniers temps , de nombreuses modifica-
tions, dont quelques unes sont de véritables
perfectionnements.
Considéré dans sa simplicité première,
('est-à-dire comme composé d'une seule
lentille, le Microscope remonte évidemment
à l'antiquité la plus reculée ; nous en rencon-
trons la preuve dans maints auteurs, depuis
le comique Aristophane (Nuées) jusqu'aux
philosophes Sénèque, Pline, Plutarque.
Quant au Microscope composé , son ori-
gine est bien plus récente; on en attri-
bue communément l'invention à Cornélius
Drebbel , alchimiste hollandais , mort en
160i, mais qui ne fît, dit-on aussi, que
reproduire l'instrument imaginé par son
compatriote Zacharias Jansens , construc-
teur, dès 1590, du premier Microscope
connu. Sans entrer dans de plus longs dé-
tails sur l'origine de l'instrument qui fait le
sujet de cet article, instrument à la décou-
verte duquel Galilée , dit Viviani , fut amené
par celle du télescope, et que le moine Roger
Bacon, qui inventa tant de choses, aurait
aussi inventé, au dire de Record, auteur
du Chemin de la science , livre qui parut en
1551 , nous entrerons desuite en matière.
Le Microscope simple , le plus ancienne-
ment connu, peut être formé d'une seule
lentille biconvexe ou piano-convexe , en verre
ou en cristal de roche , ou bien de plusieurs
lentilles superposées , mais n'agissant que
comme une seule. Le Microscope simple à
verre lenticulaire reçoit généralement le
nom de loupe. Mais dans le Microscope simple
proprement dit, on substitue maintenant
avec avantage à la lentille unique, une len-
tille composée, qui a reçu le nom de dou-
blet. La première invention du doublet est
due àWollaston ; mais l'ingénieur Ch. Che-
valier en a perfectionné la construction. Le
doublet de cet opticien, adopté par les sa-
vants les plus distingués de l'époque , se
compose de deux verres piano-convexes , à
foyers égaux, l'un, très large, placé du côté
cie l'observateur, l'autre plus petit et supé-
rieur; leurs faces planes sont toutes deux
tournées vers l'objet. Entre ces deux len-
tilles, serties séparément dans leur monture,
est placé un diaphragme dont l'ouverture
varie selon le foyer du doublet. Le reste de
l'appareil se compose de différentes pièces
dont il serait difficile de donner une des-
cription sans figure, et qui varient du reste
selon l'usage auquel on destine l'instru-
ment.
Le Microscope solaire n'est autre que l'ins-
trument précédent, auquel on adapte an ap-
pareil réflecteur, ou miroir, qui réfléchit les
rayons du soleil et les dirige vers un verre
convexe de (V^lô à Om,270 de foyer; celui-
ci les rassemble sur l'objet en observation ,
de manière à l'éclairer fortement. Une len-
tille, dont le foyer est en rapport avec le
grossissement que l'on veut obtenir, reçoit
la lumière qui émane de l'objet, et la ré-
fracte de manière à former une image am-
plifiée que l'on fait tomber sur un plan de
couleur blanche.
Le Microscope à gaz est l'appareil solaire
modifié pour recevoir une vive lumière arti-
ficielle, celle, par exemple, qui est produite
par la combustion d'un jet de gaz oxygène
et hydrogène, reçu sur un fragment de craie
(chaux carbonatée).
Le Microscope composé , comme le Micro-
scope simple, est destiné à l'amplification
des objets; mais, tandis que dans celui-ci
l'on obtient le résultat désiré, au moyen
d'une seule lentille ou d'une combinaison
de lentilles, agissant immédiatement sur les
rayons lumineux , en d'autres termes, gros-
sissant les objets et transmettant directe-
ment à l'œil l'image amplifiée; dans \e Mi-
croscope composé, au contraire, l'image n'est
perçue qu'après avoir subi une seconde am-
plification , produite par un autre système
de verres. Ces derniers prennent le nom
d'oculaires , et sont dirigés vers l'œil, tandis
que ceux qui produisent les premières am-
plifications se nomment objectifs, et sont
tournés vers l'objet. Il résulte de cette com-
binaison que le grossissement définitif est
le produit du grossissement résultant de
chacun de ces verres, ou de ces systèmes de
verres; ainsi, l'objectif grossissant dix fois
et l'oculaire cinq fois, le grossissement total
équivaudra à cinquante fois, et ainsi de
suite.
MIC
MIC
205
On peut, avec les mêmes verres, obtenir
une plus forte amplification en augmentant
la distance entre l'oculaire et l'objectif; mais
comme cette amplification ne s'obtient qu'en
rétrécissant le champ de vue, en empêchant
par conséquent de voir l'ensemble de l'objet
à examiner, et de plus en en diminuant la
netteté, on place ordinairement, entre l'i-
mage et l'objectif, un troisième verre nommé
verre de champ, qui remédie à ces incon-
vénients.
Depuis les plus anciens Microscopes jus-
qu'aux Microscopes actuels, les plus perfec-
tionnés, ceux d'Amici, d'Oberhaeuser, de
Ch. Chevalier, on a imaginé une foule de
dispositions secondaires qui ne changent en
rien la disposition générale et fondamen-
tale, rapportée plus haut; aussi n'entre-
rons-nous pas dans des détails de descrip-
tions qui seraient ici sans intérêt, et qu'on
trouvera dans tous les ouvrages de physique;
nous dirons seulement que le Microscope est
dioptrique , catoptrique ou catadioptrique ,
suivant que les amplifications sont produites
par la réfraction , par la réflexion , ou par la
réflexion et la réfraction réunies.
Il est inutile de dire que l'on obtient des
grossissements proportionnés à la forme des
lentilles objectives et oculaires employées.
Il y a cependant de certaines limites qu'il ne
faut pas dépasser (4 à 500 fois), car l'on
perd toujours en lumière et en netteté ce
que l'on peut gagner en amplification.
On associe, dans certains cas, un appa-
reil polarisant au Microscope, soit simple,
soit composé, quand on veut étudier les
phénomènesdela polarisation dans des corps
infiniment petits.
L'éclairage des objets soumis à l'observa-
tion microscopique est d'une grande impor-
tance, et l'on conçoit qu'il doit varier sui-
vant que ces objets sont transparents , semi-
transparents ou opaques , que la lumière est
naturelle ou artificielle, qu'elle arrive ou
directement, ou par réflexion, ou par ré-
fraction. Toutes ces circonstances forment
autant de problèmes dont la solution dé-
pend et de l'expérience et d'une longue
suite d'observations.
La chambre claire est un accessoire pres-
que indispensable du Microscope; avec cet
appareil, dont la disposition varie suivant
qu'on emploie le Microscope horizontal ou
vertical, on peut retracer exactement sur le
papier l'image de l'objet mis en observation.
Récemment le docteur Donné a fait une
heureuse application des procédés photogra-
phiques au Microscope. A l'aide d'un Mi-
croscope daguerréotype , dont il est l'inven-
teur, lui et le docteur Léon Foucault sont
parvenus à reproduire, avec une remarqua-
ble fidélité, les particules les plus intimes
des liquides de l'économie, tels que les
globules sanguins, ceux du lait, du pus, etc.,
les zoospermes (Voyez V Atlas d'Analomie
microscopique, Baillière, 1844).
Malgré sa longueur , cet article est à peine
suffisant pour donner une idée du Micro-
scope ; il nous est donc impossible d'aborder,
même sommairement, la question, si impor-
tante aujourd'hui, des études Microscopiques
qui constituent comme une science à part,
sous le nom de Micrographie; mais au moins
indiquerons-nous au lecteur les ouvrages
qu'il pourra consulter avec fruit sur ce su-
jet ; ce sont : \e Manuel du Micrographe, par
Gh. Chevalier; le Traité pratique du Mi-
croscope, par Mandle ; le Nouveau ma-
nuel complet de V observateur du microscope ,
par le professeur Dujardin , auquel ce dic-
tionnaire doit d'excellents articles, et entre
autres l'article infusoii.es; enfin, le Cours
de micro copie , du docteur Donné ; ce der-
nier ouvrage traite particulièrement des
fluides de l'économie animale. (A. D.).
MICROSCOPIQUES, zool.— Nom donné
par M. Bory de Saint-Vincent ( Dict. class.
d'hist. natur. , t. X , p. 533 ) aux animaux
désignés généralement sous le nom d'iNFU-
soires. Voy. ce mot.
MICROSEMMA. bot. ph. — Genre de la
famille des Ternstrœmiacées-Sauraujées ,
établi par Labillardière (Nov. Caledon, 58,
t. 57). Arbrisseaux de la Nouvelle-Calédo-
nie. Voy. TERNSTRQEMIACÉES.
*MICROSERIS(>cxpoç, petit; «>ç, chi-
corée), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Cichoracées, établi par Don (in
Edinb. philosoph. Magaz., XI, 388), Herbes
de l'Amérique boréale. Voy. composées.
MICROSOLENA (jsuxpôç, petit; wwln**
tube). roF/yp. — Genre établi par Lamou-
roux pour une espèce de polypier fossile du
calcaire jurassique de Caen. C'est une misse
pierreuse amorphe , formée de tubes capil-
laires cylindriques rarement comprimés, pa-
206
MIC
MIC
rallèlcs , communiquant entre eux par des
ouvertures latérales , situées à des distances
égales et presque du même diamètre que les
tubes. D'après cette caractéristique, le Mi-
crosolène doit être très voisin des Syringo-
pores, comme le pense M. de Blainville pour
la Microsolena porosa de Lamouroux. Quant
au polypier figuré sous le même nom, dans
le Dictionnaire des sciences naturelles , ce
doit être une véritable Astrée. (Duj.)
*MICROSPERMA, Endl. {Gen. plant.,
p. 930, n. 5111). bot. ph. — Voy. mentze-
LIA.
MICROSPERMUM (ptxpo'ç, petit; ffw/p-
pa, graine), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées , établi par Lagasca ( Nov.
gen., 25 ) pour une herbe mexicaine encore
trop peu connue.
*MICROSPHACE, Bentb.(Labiat . , 244).
BOT. PH. — Voy. SALVIA.
*MIGROSPHyERA(^txpoç, petit; <y<pa7Pa,
sphère), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères, famille des Taxicornes , tribu des
Anîsotomides, créé par M. Redtenbacher (Die
gasllengen der deutschen Kafer Fauna ,
p. 122), et qui a pour type le M. corticalis,
qui habite l'Allemagne. (C.)
MICROSTACHYS (pcxpo'ç , petit ; araXv?,
épi), bot. ph. — Genre de la famille des
Euphurbiacées - Hippomanées, établi par
M. Ad. de 'Jussieu (Euphorb. 48, t. 15).
Herbes ou sous-arbrisseaux de l'Amérique
tropicale. Voy. euphorbiacées.
*MICROSTEGIUM, Nées (in Lindl. intr.,
édit. II, p. 447). bot. ph. — Syn. d'Erian-
thus, Rich.
MICROSTEMMA (ptxpôç, petit ; <jTt'pp.a,
eouronne). bot. ph. — Genre de la famille
des Asclépiadées - Stapéliées , établi par
R. Brown (in Mem. Werner. soc. I, 25).
Herbes de la Nouvelle-Hollande tropicale.
Voy. ASCLÉPIADÉES.
* MICROSTEPHIUM ( pcxpo'ç , petit ;
an'foç, couronne), bot. ph. — Genre de la
famille des Composées-Cynarées, établi par
Lessing ( in Linnœa, VI , 92 , t. 2, f. e).
Herbes du Cap. Voy. composées.
*MîCROSTOMA (ptxpo;, petit; aropa,
bouche ). acal. — Genre de Méduses pro-
posé par M. Lesson , qui le considère lui-
même comme douteux , et qui indique
même, comme pouvant être une espèce de
Bougainvillie, la seule espèce, M. ambiguus,
observée par lui sur les côtes de l'île de
Waigiou. Toutefois il place ce genre dans
sa tribu des Nucléifères, qui fait partie du
groupe des Méduses non proboscidées, et il
lui assigne les caractères suivants : Corps
oviforme , ouvert dans le bas, ayant qua-
tre tentacules courts, renflés à leur som-
met et munis de petits cils sur les côtés.
Estomac remplissant la cavité du corps, et
portant au sommet un nucléus exsertile en
cône renversé. Dans l'espèce observée, le
nucléus était orangé , et les quatre tenta-
cules étaient jaunes, munis de cils laté-
raux. (Di;j.)
*MICROSTOMATA. rept. — M. Millier
a donné ce nom à un groupe qu'il établit
parmi les Ophidiens , et dans lequel pren-
nent place les Rouleaux, les Amphisbaenes,
les Uropeltes et les Typhlops, tous carac-
térisés par leur bouche qui est peu dila-
table. (P. G.)
MÏCROSTOME. Microstoma (p-ixpoç, pe-
tit ; CTxopâ, bouche), poiss. — Genre de l'or-
dre des Malacoptérygiens abdominaux , fa-
mille des Esoces, établi par G. Cuvier {Règ.
anim., t. II, p. 283), qui le caractérise
ainsi: « Museau très court; la mâchoire
inférieure plus avancée, garnie, ainsi que
les petits intermaxillaires , de dents très
fines ; trois rayons larges et plats aux ouïes;
œil grand; corps allongé, la ligne latérale
garnie d'une rangée de fortes écailles; une
seule dorsale peu en arrière des ventrales. »
On n'en connaît qu'une espèce qui habite
la Méditerranée , et a été nommée par Risso
la Serpe microstome.
*MICROSTYLÏS (pupô;, petit; wtoç,
colonne), bot. ph. — Genre de la famille des
Orchidées-Pleurothallées, établi par Nuttall
(Gen. II, 196). Herbes terrestres ou para-
sites , abondantes dans les régions tropicales
du globe. Voy. orchidées.
*MICROTARSE.Mcrotarsus(uuXpSç, pe-
tit; Tapao'ç, tarse), ois. — Genre établi par
Eyton pour une espèce qu'il désigne sous le
nom de M. melanoleucus. G.-R. Gray rap-
porte ce genre à sa sous-famille des Pycno-
notinœ. (Z. G.)
MICROTEA (ptxpoTviç, petitesse), bot.
ph. — Genre de la famille des Phytolacca-
cées-Giésékiées, établi par Swartz (Flor. Ind.
occid., I, 543). Herbes de l'Amérique tropi-
cale. Voy. phytolaccacées.
MIC
MIC
207
♦MÏCROTELUS (ptxpo'ç, petit ; t&oç,
terme), ins. — Genre de Coléoptères hétéro-
mères, famille des Mélasomes, tribu desTa-
génites, créé par Solier (Annales de la Soc.
entom. de France, t. VII, p. 7 et 9), qui lui
donne pour type une espèce rapportée du
Mont-Sinaï, le M. Asialicus de l'auteur. Ce
genre fait partie de ses Collaptérides et de
la division de ses Phanéroglosses. (C.)
*MICROTHECA(f/.txpo5, petit; 0*îxv), étui).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères deLatreille, famille des Cycli-
ques, tribu des Chrysomélines , formé par
Dejean (Catalogue, 3e édit. , p. 419) avec
5 espèces de l'Amérique méridionale : les
M. impressa, parvula, sanguinicollis , pu-
silla et metallica Dejean. (C.)
*i\IICROTHELE (utxpo'ç, petit; QnU, ma-
melle), échin. — Sous-genre d'Holothuries
proposé par M. Brandt, pour les espèces qui
ont les pieds de la face dorsale peu déve-
loppés, sortant plus rarement de mamelons
peu distincts, au lieu que, chez les Thele-
nota, le dos est mamelonné ou verruqueux,
par suite du développement considérable
des pieds dorsaux. A ce sous-genre appar-
tiennent les Ilolothuria fuscocinerea , atra,
punctata et scabra de Jœger, toutes de l'île
Célèbes. (Duj.)
*MICROTIJERIUM (p.txpoS , petit ; 0^-
p'ov, bête sauvage ). math. — M. Hermann
von Meyer (Jahrb. f. min., 1837) a indi-
qué sous ce nom un groupe de fossiles que
l'on rapporte à la division des Pachydermes.
(E. D.)
MICROTHOUAREA , Thouars ( Gen.
Madagasc. , n. 9). bot. ph. — Syn. de
Thouarea , Pers.
MICROTIS (fuxpo's, petit; oïç, Stoç ,
oreille), bot. pu. — Genre de la famille des
Orchidées-Aréthusées, établi par R. Brown
(Prod. 320). Herbes de la Nouvelle-Hollande.
Voy. ORCHIDÉES.
*MICROTONUS (ptxpSç, petit; to'voç ,
force du corps), ins. — M. Wesmael a établi
sous cette dénomination, dans la famille des
Braconides, aux dépens des Perilitus de Nées
von Esenbeck, un genre particulier, com-
prenant un petit nombre d'espèces. Il y rap-
porte les Perilitus œthiops, rutilus, etc. de
Nées von Esenbeck. (Bl.)
* MICROTREMA ( (jmepés , petit ;
priTpsc, trou), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Éricacées (tribu incertaine), établi
par Klotsch (in Linnœa, XII, 499). Arbris-
seaux du Cap. Voy. éricacées.
* MICROTRÏCHIA (ptxpo'ç, petit; 0p?|,
fpt'x0?, poil), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Astéroïdées , établi par De
Candolle (Prod. V, 366). Sous-arbrisseaux
de la Sénégambie. Voy. composées.
* MICROTROPIS (F.^pôç, petit; TPo7rt;,
carène ). bot. ph. — Genre de la famille
des Célastrinées-Évonymées, établi par Wal-
lich (Msc). Arbres de l'Inde. — E. Meyer
(Comment., 65), syn. d'Euchlora, EckL
et Zeyh.
*MICROTUS (ptxpoç, petit; ovç, Sroç,
oreille), mam. — Sch ra n k (Faun. Boic. ,1789)
donne ce nom à un groupe de Rongeurs de la
grande division des Rats. (E. D.)
MICROVELIA (p.cxpo'ç, petit; Velia,
genre d'Insectes), ins. — Genredela famille
des Hydrométrides, groupe des Véliites, de
l'ordre des Hémiptères, établi par M. West-
wood et adopté par tous les entomologistes.
Ce genre est surtout distingué des Velia
par des tarses de deux articles. Le type de
ce genre est le M. pygmœa L. Duf. (il/, pul-
chella Westw.).
M. Burmeister applique aux Microvelia le
nom générique d'Hydrœssa. (Bl.)
*MICROVELIA (/«xpo'ç, petit; Velia, g.
d'Insectes), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Brachélytres, cité
par Newman ( The Entomologistes), et qui
nous est tout-à-fait inconnu. Le type est
le M. pygmœa. (C.)
*MICROXYLORIUS(utxPo'ç, petit; luXov,
bois; Stowjje vis), ins. — Genre de Coléoptè-
res tétramères, famille des Curculionides
gonatocères, division des Cossonides, créé
par nous (the Tram, of the Entomolog. Soc.
of London, vol. I, p. 98, pi. 10, fig. 6), et
adopté par Schœnherr (Gen. et sp. Curcul.,
VIII, 2, 288). Le type, M. Weslwoodi Ch.,
est originaire de l'île Sainte-Hélène. (C.)
*MICROZOAIRES. zool.— Nom proposé
par M. de Blainville pour désigner un groupe
considérable d'animaux aquatiques , qui
n'ont d'autre caractère connu que leur ex-
trême petitesse, et qu'on avait à tort rap-
portés aux Zoophytes. Ce groupe des Micro-
zoaires renferme les Systolidesou Rotateurs,
et les Infusoires. M. de Blainville le divise
en quatre sections : les Rotifères compre-
208
MIC
MIE
nanties Systolides et les Vorticelles, les Ci-
liés et les Apodes planaires qui sont les vrais
Infusoires, enfin les Apodes vermiculaires.
(Duj.)
*MICROZOUM (ptxpo;, petit; Çwov, ani-
mal), ins. — Genre de Coléoptères héléromè-
res, famille des Mélasomes, tribu des Téné-
brionites, formé par Dejean {Calai., 3e éd.,
p. 215) et adopté par M. Hope {Coleopterist's
Manual , t. XVIII, p. 110). Trois espèces
font partie de ce genre : les M. tibiale (Opa-
trum) F. Dej. , minutissimum et minutum
Dej. La première se trouve aux environs de
Paris, la seconde en Espagne, et la troisième
au Sénégal dans les sablières de grès réduit
en poussière. (C.)
*MICRURA (puxpoç, petit; ovpa, queue).
helm. — Genre voisin des Dérostomes , éta-
bli par M. Ehrenberg (Symbolœ physicœ), et
servant lui-même de type au groupe des Mi-
crurea du même naturaliste.
Les Micrurea sont des Rhabdocela monos-
tereade M. Ehrenberg, chez lesquels la bou-
che est terminale et l'anus inférieur, et le
g. Micrura se distingue parmi eux par les
caractères suivants :
Corps mou , filiforme, changeant, non
élastique, imparfaitement annelé; bouche
terminale, sur un pli transversal du front;
anus sous la queue; ouverture génitale an-
térieure inférieure, grande; yeux frontaux
sur une double série curviligne de cinq
ocelles.
Ce genre ne comprend que le M. fas-
ciolata, recueilli à Trieste sur la surface ru-
gueuse de coquilles marines. (P. G.)
*MICRUREA. helm. — M. Ehrenberg
réunit dans ce petit groupe les g. Disorus,
Micrura, Polystemma, établis par lui dans
son Symbolœ physicœ. (P. G.).
*MICRURUS (f/txpb'ç, petit; Dipx ,
queue), rept. — Division de l'ancien genre
Vipère (voy. ce mot) d'après M. Spix (Wagl.
Serp. Brasil., 1839), (E. D.)
*M ICRYPI1 ANTE . Micryphantes (/«jcpôç,
petit; vyavTyjç, tisserand ). arach. — Nom
employé par M. Koch pour désigner dans le
genre des Theridion une nouvelle coupe géné-
rique, qui n'a pas été adoptée pas M. Walc-
kenaër. Voy. theridion. (H. L.)
*MïCTIS. ins. — Genre de la famille des
Coréides, groupe desTuroscélites, de l'ordre
des Hémiptères, établi par Leach sur des
espèces exotiques, toutes d'assez grande
taille, ayant une tête courte, des pattes pos-
térieures à cuisses renflées et épineuses, des
antennes simples à dernier article épaissi.
Le M. valgus (Cimex valgus Lin.), très
commun au cap de Bonne-Espérance, peut
être considéré comme le type du genre.
C'est le g. Cerbus de M. Burmeister. (Bl.)
MICTYRE. crust. — Voy. myctire.
* MIDA. bot. ph. — Genre de la famille
des Santalacées, établi par A. Cunningham
(Msc. 1826, in Herbar. Mus. Vindob.). Arbres
de la Nouvelle-Zélande. Voy. santalacées.
MIDAS (nom mythologique), mam. —
Linné désigne sous le nom de Midas le Ta-
marin de Buffon {voy. l'article ouistiti). De-
puis, Et. -Geoffroy Saint-Hilaire {Ann. mus.,
XIX, 1812) en a fait le type d'un petit
groupe de Singes. (E. D.)
MIDAS. rept. — Nom vulgaire de la Tor-
tue franche. Voy. chélonée. (E. D.)
*M1D0TIS (Midas, nom mythologique,
et ouç, £ro;, oreille), bot. cr. — Genre de
Champignons qui ressemble à une oreille,
comme son nom l'indique, découvert par
Sch4eicher en Suisse, et décrit par Fries
{Elench., p. 29).
I! présente les caractères suivants : Ré-
ceptacle cartilagineux, recouvert à sa partie
inférieure d'un hyménium de nature diffé-
rente, et susceptible d'en être séparé. Les
thèques sont allongées, et lancent les spores
sous forme de nuage comme les Pézizes. Le
Midotis lingua de Fries croît sur les vieux
troncs et ressemble au Peziza leporina.
(Lev.)
MïEGIA, Schreb. bot. ph. — Syn. de
Remirea , Aubl. — Pers., syn. à'Arundina-
ria , Rich.
MIEL. — C'est le nom que l'on donne à
la matière sucrée préparée par les Abeilles,
et que ces Insectes déposent dans les alvéoles
de leurs gâteaux. Voy. abeille.
*M IELICHHOFERIA (nom propre), bot.
cr. — Genre de Mousses-Bryacées, établi
par Hornschuch {Bryol.german., 179, c. ic.)
pour des Mousses grêles croissant dans les
parties les plus élevées des montagnes de
l'Europe centrale. Voy. mousses.
MIELLIN. bot. cr. — On donne ce nom
dans quelques pays au Bolet du Noyer, Po-
lyporus squamosus Huds. Malgré son odeur
désagréable, il est comestible. (Lév.)
Ml G
MIG
20')
ÉMITE. min. — Nom d'une variété de
la Dolomie. Voy. carbonates.
*iMIERÏA, Llav. et Lexar. eot. ph. —
Syn. de Schkuhria, Roth.
MIERSIA (nom propre), bot. ph. —
Genre faisant autrefois partie de la famille
des Liliacées , et constituant actuellement
•■ un des genres de la petite famille des Gil-
liésacées , Lindl. 11 a été établi par Lindley
(in Miers Travel's in Chili, II, 529) pour
des herbes originaires du Chili.
MIGA. moll. — Adanson {Voy. auSénég.)
; nomme ainsi une espèce de Buccin désignée
par Bruguière sous les noms de Buccinum
Miga.
MIGNARDISE, bot. ph.— Nom vulgaire
de deux espèces d'OEillets, les Dianthus ar-
meria et plumosus L.
MIGNONET BLANC et ROUGE, bot.
ph. — Noms vulgaires du Trèfle des prés.
MIGNONNE, bot. ph. — Dans certains
cantons de la France, on donne ce nom à
une variété de Pêches et à la Mauvisque.
MÏGNONNETTE. bot. ph. — Plusieurs
plantes sont désignées vulgairement sous ce
nom : le Draba verna, VHolosteum umbel-
latum, le Réséda, la Luzerne lupuline et le
Poivre concassé.
MIGRATIONS, zool. — On nomme Mi-
grations et Émigrations, ces voyages ou ex-
cursions périodiques ou irrégulières, tempo-
raires ou durables, qu'entreprennent, dans
certaines saisons de l'année, un très grand
nombre d'animaux appartenant à peu près
à toutes les classes.
Eu égard à la manière dont les Migrations
ont lieu, et en considération des causes qui
les provoquent, on peut, ce nous semble,
les distinguer en Migrations accidentelles et
en Migrations régulières ou annuelles. Aux
premières se rattachent non seulement ces
déplacements qui sont la suite d'une pertur-
bation atmosphérique, mais encore ces ex-
cursions qui, n'ayant rien de réglé, rien de
périodiquement annuel, ne sont entreprises
que dans des moments d'extrême nécessité,
par exemple dans un cas de disette. Quant
aux Migrations régulières, on comprend
aisément que ce sont celles auxquelles sont
constamment et annuellement soumises,
dans un temps et dans des circonstances don-
nés, la plus grande partie des espèces Émi-
grantes. Mais comme» parmi ces dernières,
T. VIII.
il en est qui poussent leurs voyages d'un
continent à l'autre, et se portent ainsi à des
distances très considérables, tandis que d'au-
tres espèces bornent leurs excursions au con-
tinent qui les a vues naître, il nous semble
qu'en raison de ces différences, il serait pos-
sible de distinguer les animaux en vrais Mi-
grateurs et en Erratiques.
Quoiqu'on ne puisse déduire ua principe
rigoureux des moyens mis en usage (loco-
motion ou progression ) par les divers êtres,
dans leurs excursions régulières ou irrégu-
lières, on peut cependant dire, d'une ma-
nière générale, que là où les mouvements
progressifs sont lents et pénibles et s'exé-
cutent sur un élément solide, les Migrations
seront rares et de courte durée, lorsqu'elles
auront lieu; et qu'au contraire, plus ils se-
ront actifs et rapides, soit en raison de la
force d'action, soit en raison du milieu dans
lequel ils s'exécutent, plus les voyages se-
ront fréquents et complets. On peut voir
dès lors que de toutes les classes d'ani-
maux, celles des Oiseaux et des Poissons doi-
vent fournir le plus d'exemples de Migra-,
tions . et les plus remarquables par Ieurl
étendue et leur régularité.
Les Mammifères , sauf quelques espèces:
de Carnassiers, de Rongeurs et de Rumi-
nants, sont généralement sédentaires. Quel-'
ques auteurs ont fait de l'homme un être;
Émigrant. L'homme, il est vrai, si l'on re-
monte de l'entière dispersion du peuple
Juif jusqu'à la Genèse, si l'on veut avoir
égard à ces immenses débordements de bar-
bares qui, sortis du Nord, ont plusieurs fois
inondé les fertiles contréesduMidi, l'homme,
dis-je, pourrait à la rigueur fournir des exem-
ples de Migrations. De nos jours même, pour-
rait-on peut-être appeler Émigrantcs ces ca-
ravanes qui abandonnent l'Europe pour al-
ler chercher, dans les contrées de l'Afrique,
fortune ou bien-êlre; mais, en dehors de
ces faits, l'homme n'émigre pas à propre-
ment parler; il est plus rationnel de dire
qu'il se transporte d'un lieu à un autre,
isolément ou en compagnie, pour les plai-
sirs, pour les intérêts, et quelquefois sans
but déterminé. L'homme ne peut donc plus,
selon nous, être compté parmi les êtres qui
émigrent réellement; et si nous voulons
des exemples dans la classe des Mammifères,
nous devons les chercher, comme nous l'a-
27
210
MIG
MIG
vons dit, chez les Carnassiers, les Ruminants
et les Rongeurs. Chez ces derniers, le Leni-
ming est depuis longtemps célèbre par les
voyages qu'il entreprend. A de certaines
années, des bandes innombrables de cette
ospèce abandonnent la chaîne des Alpes
Scandinaves, se dirigeant tantôt vers la mer
du Nord, tantôt vers le golfe de Bothnie,
marchant en ligne droite, en observant un
certain ordre et sans jamais se laisser arrêter
par aucun obstacle. Ces Migrations, quelle
que soit leur cause, sont très accidentelles
et ne se produisent que de loin en loin.
Elles n'ont été constatées, d'une manière
bien authentique, dans l'espace de 260 ans
(de 1580 à 1840), que onze fois. Des
voyages plus périodiques, plus réguliers, et
qui s'étendent quelquefois très au loin, sont
ceux de l'Isatis (Canis lagopus Lin.), et
surtout ceux de l'Antilope Springbork (An t.
euchore Forst.). Ce dernier, à des époques à
peu près déterminées , quitte tous les ans
les terres sèches et rocailleuses de la pointe
d'Afrique, pour se porter vers le Nord, soit
dans la Cafrerie, soit dans d'autres pays
fertiles et bien arrosés, et couvre de ses
masses émigrantes les pays qu'il traverse.
Quelques autres espèces, telles que les Her-
mines, les Martes, les Écureuils, abandon-
nent aussi aux approches d'un hiver très
rigoureux, dont ils paraissent avoir la pres-
cience, les montagnes de la Laponie, de la
Nonvége et de la Suède , pour se répandre
dans les plaines et les vallées; mais ces dé-
placements ne sont pas, à vrai dire, des Mi-
grations.
Nous passerons sous silence les voyages
qu'entreprennent les Oiseaux, et nous ren-
voyons à l'article général qui les concerne.
Les Reptiles ont de trop faibles moyens
de progression, pour être capables de tenter
de longues et lointaines excursions; aussi
peut-on citer seulement dans cette classe,
certaines Tortues marines qui, à l'époque
des amours , abandonnent l'élément dans
lequel elles vivent, pour gagner les grèves
sablonneuses où elles déposeront leurs œufs.
Après les Migrations des Oiseaux, celles
des Poissons offrent, très certainement, un
spectacle des plus curieux et des plus inté-
ressants à suivre. Le milieu que ces animaux
habitent, les puissances d'action qu'ils trou-
Vent dans leur organisation favorisent leur
déplacement, et leur permettent de se por-
ter à des distances considérables. Les uns,
comme les Anguilles, abandonnent les
fleuves pour gagner la mer; les autres, tels
que les Saumons, les Esturgeons, etc., de
la mer passent dans les fleuves et les re-
montent ; d'autres enfin exécutent leurs
voyages au sein même de l'Océan. De ce
nombre sont les Harengs, qui du pôle nord
descendent sur nos côtes, en essaims in-
nombrables; de ce nombre, sont encore les
Anchois et les Sardines qui visitent, dans
leurs excursions, une grande partie des
côtes de la Méditerranée. Les routes que
suivent les Poissons dans leurs Migrations,
ne paraissent nullement déterminées d'a-
vance, car l'on a vu parfois les Harengs, les
Maquereaux, les Thons, changer de plage,
ou déserter, comme par caprice, des côtes
sur lesquelles ils arriveront l'année suivante
en multitudes extraordinaires, sans qu'on
puisse assigner un motif valable à ces va-
riations. Quant aux causes qui déterminent
les Poissons à voyager , elles sont évidem-
ment dues au besoin de trouver des plages
favorables pour frayer, et assez fertiles pour
offrir une pâture suffisante aux jeunes qui
doivent éclore.
Les invertébrés offrent encore quelques
exemples remarquables de Migrations.
Dans la classe des Articulés , on ne con-
naît que le Crabe de terre, qui gagne une
fois par an les bords de la mer pour confier
ses œufs aux fucus et aux herbes marines.
A l'époque de ses voyages, il couvre de ses
noirs essaims les grèves sablonneuses.
Les Insectes, si l'on en excepte les Ortho-
ptères et quelques Hémiptères, émigrent
peu. Parmi les espèces émigrantes , les plus
connues et les plus célèbres sont ces Sau-
terelles (Grijllus migratorius) qui, rassem-
blées en essaims infinis, ont souvent porté
la désolation dans plusieurs contrées, et
exercé des ravages tellement grands, que
l'Écriture-Sainte les place au nombre des
sept fléaux qui menaçaient l'Egypte. L'A-
frique est le pays où ces Sauterelles se mul-
tiplient le plus, et où elles effectuent régu-
lièrement tous les ans leur passage. Levail-
lant, qui a assisté à l'un de ces passages,
dit que l'air était réellement obscurci par le
nombre des individus qui composaient la
troupe érnigrante. Ils formaient une colonne
MIL
MIL
211
qui pouvait embrasser deux ou trois mille
pieds en largeur, et qui, montre à la main,
mit plus d'une heureà passer. Mais l'Afrique
n'est pas la seule contrée où l'on soit té-
moin de ces Migrations: la Pologne, la
Bassarie et la Tartarie, ont de temps en
temps les leurs. Mais ce qu'il y a de plus
remarquable, c'est que ces Sauterelles, ainsi
réunies en légions, ne se laissent pas ar-
rêter par un bras de mer qui les sépare
d'une contrée où elles espèrent rencontrer
la fertilité.
Quant aux Mollusques, aucun fait bien
constaté ne peut être invoqué pour faire
admettre qu'il y ait chez eux Migration. Les
espèces pélagiennes qu'on rencontre fré-
quemment sous la haute mer, celles qui se
montrent spontanément et en nombre in-
calculable dans certains parages, ou ont été
poussées par les vagues , ou ont été
emportées par les courants sous-marins.
D'ailleurs, là où les mouvements sont si,
lents, que dans beaucoup de cas ils sont
inappréciables, il ne saurait y avoir de Mi-
gration proprement dite.
Les Zoophytes sont, plus que les Mollus-
ques, incapables d'entreprendre eux-mêmes
des voyages.
Ainsi , presque toutes les classes nous
offrent des animaux migrateurs. Leurs
voyages, qu'ils aient lieu sur la terre, dans
l'atmosphère ou au fond des eaux, sont pro-
voqués tantôt par le désir de se reproduire,
et qui est général pour les Poissons, les
Reptiles et les Crustacés, et tantôt par le
besoin de nourriture ou la crainte du froid,
comme chez les Mammifères et les Reptiles.
(Z.G.)
MIGUEL, bept. — Nom du Rouleau ta-
cheté , Tortrix ou Cylindrophis maculata ,
espèce d'Ophidien propre à l'île de Ceylan.
(P. G.)
MIK.ANIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Composées-Astéroï-
dées, établi par Willdenow (5p., III, 1452).
Herbes ou arbrisseaux de l'Amérique tropi-
cale , de Madagascar et du cap de Bonne-
Espérance. Voy. COMPOSÉES.
MIL ou MILLET, bot. pu. — Diverses
Graminées portent ce nom, principalement
une espèce de Panicum , le P. miliaceum
L., dont les graines servent de nourriture
aux oiseaux qu'on élève en cage.
On nomme encore :
Mil a chandelles, ÏHolcus spicatus;
Gros Mil ou Millet, YHolcus sorghum;
Millet d'Afrique ou Millet d'Inde , le
Sorgho ;
Millet de Chèvres, YImpatiens noli me
tangere ,
Millet d'amour ou du soleil , le Litho-
spermum officinale ;
M. sauvage, le Melampyrum arvense, etc.
MILAN. Milvus. ois. — Genre de la fa-
mille des Falconidées dans l'ordre des Oi-
seaux de proie , caractérisé par un bec assez
robuste, incliné à sa base; des narines el-
liptiques obliques, percées dans une cire
nue; des ailes très longues, atteignant l'ex-
trémité de la queue, qui elle-même est très
allongée et très fourchue; des tarses courts
et des ongles robustes.
De tous les temps , les Milans ont joui de
la réputation d'être de fort habiles voiliers,
et celte réputation est méritée , car il est peu
d'Oiseaux de proie dont le vol soit aussi
souple et aussi élégant. Ils peuvent, à la
faveur de leurs ailes, grandement dévelop-
pées et minces , de leur queue ample et four-
chue, exécuter mille évolutions dans les
airs, y décrire des cercles lents, s'y sou-
tenirenplanantpendant un temps très long,
sans que leurs ailes trahissent le moindre
mouvement; s'élever avec rapidité dans les
hautes régions de l'atmosphère et s'y dé-
rober à notre vue ; en descendre sans efforts
comme s'ils glissaient sur un plan incliné,
précipiter leur vol, s'arrêter brusque-
ment et rester suspendus à la même place
pendant des heures entières. Ils sont pres-
que pour la flexibilité du vol, dans l'ordre
desRapaceSjCe que les Hirondelles sont dans
l'ordre des Passereaux.
Si la puissance de leur bec et de leurs
serres correspondait à la rapidité de leur
vol , les Milans seraient de tous les Oiseaux
rapaces les plus redoutables ; car une proie
pourrait difficilement se soustraire à leur
poursuite; mais ils paraissent n'avoir ni les
moyens de dompter, ni le courage d'attaquer
un animal qui leur opposerait quelque ré-
sistance. Ils s'adressent en général à de
petits animaux, et surtout aux individus
faibles et maladifs, aux poussins et aux
jeunes Oiseaux incapables de fuir. Ils ont
en outre un goût prononcé pour la chair
212
MIL
MIL
morte. Hébert (notes communiquées à Buf-
fon) a vu le Milan royal prendre à la super-
ficie de l'eau de petits poissons morts et à
demi-corrompus , emporter une longue cou-
leuvre dans ses serres , se poser sur le ca-
davre de bœufs et de chevaux et fondre sur
des tripailles que des femmes lavaient le
long d'un petit ruisseau. Ce dernier trait
annonce chez le Milan de la hardiesse; du
reste, ce n'est pas le seul fait de ce genre
que l'on possède , car le Milan parasite s'est
montré à Levaillant plus hardi encore que
le Milan royal. « La vue de l'homme, dit -
il en parlant du premier de ces Oiseaux, ne
l'empêche pas de fondre sur les jeunes Oi-
seaux domestiques; on ne voit point une
habitation où il ne paraisse, à certaine heure
du jour, quelques uns de ces Oiseaux vo-
leurs. Dans mes voyages, lorsque j'étais
campé, il ne manquait jamais d'en arriver
plusieurs ; ils se posaient sur nos chariots,
et nous enlevaient souvent quelques mor-
ceaux de viande. Chassés par mes Hotten-
tots , ils revenaient à l'instant avec une vo-
racité et une hardiesse toujours incommodes;
les coups de fusil ne nous débarrassaient
point de ces parasites; ils reparaissaient
quoique blessés. Invinciblement attirés par
la chair qu'ils nous voyaient préparer, et
qu'ils nous arrachaient pour ainsi dire des
mains , notre cuisine à l'air et sous la voûte
du ciel les nourrissait malgré nous. Les
restes des grands quadrupèdes que je tuais
pour mon usage et celui de mes gens étaient
fort de leur goût. Ils se rabattaient aussi sur
les charognes, dont ils disputaient les lam-
beaux aux Corbeaux, leurs mortels ennemis. »
lï semblerait donc que, malgré la bassesse
de leurs goûts , les Milans ne manquent pas
de hardiesse. Nous dirons même que les
naturalistes en général, et Buffon en par-
ticulier, leur ont fait une réputation de
lâcheté qui n'est pas tout aussi méritée que
celle qu'on a faite à leur vol. On les a re-
présentés comme des Oiseaux dépourvus de
tout courage et se laissant honteusement
battre par des espèces bien plus faibles
qu'eux. Parce qu'autrefois, dans le pro-
gramme des plaisirs princiers, figurait la
chasse au vol du Milan royal (I), parce
(r) Cest parce que le Milan servait aux plaisirs des princes,
qui le faisaient chasser par d'autres oiseaux de proie , que
l'adjectif spécifique de royal lui a été donné.
qu'on employait quelquefois à cette chasse
TÉpervier, espèce faible en apparence , on
a cru devoir en inférer que les Milans le
cédaient à ce dernier en force et en courage.
On les a même considérés comme incapa-
bles de résister aux attaques des Corbeaux,
des Pies et des Geais. Tout cela est un peu
exagéré. Les Milans , sans être aussi coura-
geux que certaines espèces de l'ordre auquel
ils appartiennent , ont cependant le courage
qui convient à leur nature et à l'industrie
qu'ils exercent. D'ailleurs, Levaillant a vu
le Parasite disputer courageusement et avec
succès des morceaux de chair aux Corbeaux.
Ceux-ci fuyaient en vain avec leur proie; le
Parasite s'acharnait à leur poursuite et les
forçait à la lui abandonner. Il l'a vu égale-
ment se battre avec énergie contre des Buses
et d'autres Oiseaux de proie qui l'importu-
naient ou qui voulaient lui disputer sa pâ-
ture.
Un grand nombre d'Oiseaux , les Galli-
nacés surtout, ne vont à la recherche de
leur nourriture qu'à de certaines époques
de la journée; il en est de même pour les
Milans, et peut-être bien pour tous les Oi-
seaux de proie. Cette observation est encore
due à Levaillant. Il a constaté que le Milan
royal et le Milan parasite se montraient
dans la même contrée deux fois par jour et
à peu près toujours aux mêmes heures. Leur
chasse faite, ils disparaissent.
Les Milans , que l'homme a mis au nom-
bre des espèces malfaisantes, et qui contri-
buent à la destruction du gibier, devraient
cependant être considérés plutôt comme des
Oiseaux utiles que nuisibles , car ils rendent
des services incontestables à l'agriculture,
par la chasse assidue et continuelle qu'ils
font, non seulement aux petits Mammifères
rongeurs et insectivores , mais encore aux
Lézards, aux Serpents et surtout aux gros
Insectes diptères. S'ils détruisent quelques
Poissons (1), quelques jeunes perdreaux; s'ils
s'abattent dans les basses-cours pour tenter
d'enlever les petits poulets, la consommation
qu'ils font d'animaux nuisibles compense
amplement les déprédations dont on les
accuse.
Les rochers escarpés, les grands arbres
(i) Le Milan noir s'attaque particulièrement à l'Alose,
qu'il poursuit même eu plongeant , comme le fait le BjH>u«
MIL
MIL
213
des forêts, sont généralement les lieux que
choisissent les Milans pour établir leur nid,
qu'ils construisent sans beaucoup d'art avec
de petites branches entrelacées, sur les-
quelles ils posent une couche de grarnen. Le
Parasite place quelquefois le sien sur un
grand buisson entre des roseaux. La ponte
est de trois à cinq œufs blancs tachés de
roux. Les jeunes naissent couverts d'un
duvet grisâtre fort long à l'occiput, ce qui
leur donne une physionomie particulière
qui permet de les distinguer des autres jeu-
nes Rapaces.
Les Milans ne forment plus aujourd'hui
une division unique, comme dans Linné,
Brisson et Latham. G. Cuvier, admettant
la distinction faite parSavigny, lésa divi-
sés en Élanious et en Milans proprement
dits, ce qu'a également fait, vers ces der-
nières années, M. Temminck, dans son
Manuel d'ornithologie. Vieillot en a sépare
quelques espèces sous le nom générique
d'ïctinie; enfin , Vigors y a opéré un qua-
trième démembrement, en en détachant les
Nauclers. Ceux-ci , les Élanious et les Mi-
lans proprement dits, composent seuls, pour
quelques auteurs, la famille des Milvinées,
qui correspond à l'ancien g. Milvus. Nous
ferons successivement connaître les espèces
qui se rapportent à chacune de ces trois
sections.
I. MILANS PROPREMENT D1TC. Milvus,
Beehst.
Tarses écussonnés , forts ; queue delloïdale
médiocrement fourchue.
Le Milan royal, Mil. regalis Briss. (Buiï.,
pi. enl., 422). Cire grise; tête et cou d'un
gris blanc; tout le plumage d'un roux vif
ardent, flammé de noir; ailes noirâtres;
queue rousse, portant des bandes brunes
peu distinctes.
Habite l'Europe, mais plus commun en
France , en Italie, en Suisse et en Allema-
gne que partout ailleurs.
Le Milan noir, Mil. œtolius Vieil!. (Buff.,
pi. enl. , 472). Cire jaune et très poilue ;
tête et cou gris , chaque plume flammée de
brun; tout le plumage d'un brun roux fuli-
gineux; queue d'un gris brun.
Habite l'Europe, l'Afrique et l'Asie, assez
commun en France, quoi qu'en ait dit
M. Temminck. On le trouve aussi en Suisse
et en Allemagne.
LcMilan parasite, Mil . parasitions Less.
(Levail!., Ois. d'Afr., pi. 22). Cire jaunâtre;
plumage d'un brun fuligineux roux, plus
clair sur le ventre; queue grise, faiblement
rayée de brun ; grandes couvertures des ailes
cendrées.
Habite le cap de Bonne-Espérance ; re-
cueilli en Dalmatie par M. de Feldegg, et
en Grèce, par le comte Von der Miihle.
Le Mil. isurus Gould (Birds of Australià) ,
le Mil. affinis Gould {Syn. Birds aust.), et le
Mil. goviuda Sykes (Proceedings , 1832,
p. 81), de la Nouvelle-Hollande, appartien-
nent encore à cette section. Le Falco Missis-
sipensis Wils., que G. Cuvier y rapporte en-
core , est le type du g. Ictinie dé Vieillot.
IL ELANIOUS. Elanus, Savigny (Elanoides ,
Vieillot.)
Tarses très courts, réticulés et à demi re-
vêtus de plumes par le haut.
L'Élaniou blanc , El. ccesius Savig. (Lev.,
Ois. d'Af. , pi. 36 et 37), cendré sur toutes
les parties supérieures; d'un blanc pur en
dessous; face interne de l'aile blanche;
queue courte.
Habite toute l'Afrique du midi au nord ;
commun en Egypte et à Tripoli. Il a été tué
près de Darmstadt, et a été vu , dit-on, en
Andalousie.
L'Élaniou a queue irregulière, El. leu-
curus Bonap. ( Falco dispar Temm. , pi.
col. 319, et Wils., pi. 11, t. 1), de l'Amé-
rique. M. Schlegel rapporte à cette espèce
Y El. axillaris de Gould (Birds of Aust.) qui
est le même oiseau que son EL notatus
(Proceed., t. V, p. 99), etleCïrcus axillaris
de Vieillot.
C'est encore à cette section que se rap-
portent VEl. scriptus Gould (Birds of Aus-
tralià) et l'espèce que M. Lesson , dans son
Traité d'ornithologie, décrit sous le nom de
El. torquatus Cuvier. Ce dernier est le Gam-
psonyx Swainsonii de Vigors.
III. NAUCLERS. Nauclerus, Vigors.
Bec court; queue très longue, très four-
chue comme celle des Hirondelles; tarses
courts, faibles, réticulés, garnis déplumes
comme dans les Élanious.
Une espèce de cette division , dont on a
214
MIL
constaté l'apparition accidentelle dans la
Grande-Bretagne, est le Milan de la Caro-
line, Buff., maintenant Naucler de la Ca-
roline, Nau. furcalus Gould {Birds of Eu-
rope), Mil. Caroliniensis Briss .M. Temminck,
dans son Man. d'omilh. , le décrit sous le
nom d'Élaniou Martinet. La tête, le cou,
et généralement toutes les parties inférieu-
res, sont d'un blanc très pur; le manteau ,
les ailes et la queue, d'un beau noir bronzé
à reflets.
Habite l'Amérique septentrionale, d'où
il se répand jusqu'au Brésil , et très acci-
dentellement dans le nord de l'Europe.
Deux individus ont été capturés en Angle-
terre, l'un en Argyleshire et l'autre en
Yorkshire.
Le Naucler de Riocour , Nau. Riocourii
Vig. (Milan riocour Temm., pi. col. 85), du
Sénégal, est la deuxième espèce de cette
division. (Z. Gerbe).
MILAN MARIN, poiss. — Nom vulgaire
d'une espèce de Trigle.
MILANDRE. Galeus. poiss. — Genre de
Tordre des Chondroptérygiens à branchies
fixes, famille des Sélaciens, établi par G. Cu-
vier (l\èg. anim., t. II, p. 389) aux dépens
des Requins, dont ils diffèrent principale-
ment par la présence d'évents.
La seule espèce connue est le Squalus ga-
leus , reeonnaissable à ses dents, dentelées
seulement à leur coté extérieur. Ce poisson
vit dans nos mers, où il atteint une taille
de 1 "ViO environ. La femelle seule parvient
quelquefois à 2[U,0 de longueur; elle met
bas 36 à 40 petits à la fuis. La nourriture
ordinaire des Milandres se compose déjeunes
poissons ; mais féroce et sanguinaire comme
le Requin, il a aussi, comme lui, sa voracité
et son audace. Souvent on a vu des Milan-
dres s'élancer sur la côte, et se jeter sur les
hommes qui n'avaient pas quitté le rivage.
Aussi la pêche de ce poisson est-elle très
dangereuse et demande les plus grandes pré-
cautions. Il en sera de nouveau question à
l'article requin.
MILESIA. ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères , famille des Brachy-
stomes, tribu des Syrphides, établi par La-
treillc {Gen. L. ), et généralement adopté.
M. Macquart (Dipt., suites à Buff., t. I,
p. 532) en cite 8 espèces réparties en deux
sections : la première comprend celles qui
MIL
ont la face courte et concave ; les cuisses
postérieures unidenlées (M. crabroniformis
Lat., fulminans Meig., diophthalma Lat.,
gigas Macq.); la deuxième renferme les
espèces qui ont la face prolongée antérieure-
ment, à légère proéminence ; les cuisses mu-
tiques ( M. vespiformis Meig. , bombylans
Fab., speciosa Lat., fallax Fab.). Toutes
ces espèces habitent la France, l'Allemagne
et l'Italie. Leurs larves se nourrissent du
détritus du bois. — Outre les espèces que
nous venons de mentionner, on en connaît
encore 10 autres exotiques (Ma'cq., Dipt.
exot., t. II, 2e partie, p. 78), sur lesquelles
3 appartiennent aux Indes orientales, 6 à
l'Amérique septentrionale, et une au Brésil.
MILIARIA. ois. — Nom spécifique latin
du Bruant proyer devenu pour Brehm un nom
du genre dont cette espèce est considérée
comme le type. (Z. G.)
MILIARIUM, Mcench. (Melh., 204).
rot. ph. — Syn. de Milium, Linn.
MILIOLEetMILIOLITE {milium, grain
de mil), foramin., moll.? — Genreétabli par
Lamarck pour de petites coquilles fossiles
très communes dans les terrains marins ter-
tiaires et que l'on croyait alors provenir de
Mollusques céphalopodes. Montfort avait
nommé Pollonte ce même genre, mais il
avait donné le nom de Miliolite à d'autres
fossiles qui sont plutôt des Mélonies. M. Aie.
d'Orbigny, plaçant les Milioles dans son or-
dre des Céphalopodes foraminifères, en fit la
quatrième famille des Agathistègues, carac-
térisée par la disposition des loges peloton-
nées de diverses manières sur un axe com-
mun , faisant chacune dans leur enroulement
la longueur totale de la coquille, de telle
sorte que l'ouverture, munie d'un appendice
interne, se trouve alternativement à une
extrémité ou à l'autre. Les Milioles ayant
les loges embrassantes et opposées sur un
seul plan de telle sorte qu'il n'en paraisse
que deux en dehors, comme la M. ringens den
Lamarck, constituent le genre Biloculine de
M. Aie. d'Orbigny. Celles qui , au lieu de
deux, ont trois loges apparentes par suite de la
disposition des loges sur trois côtés, sont des
Triloculines ; telle est la M. trigonula Lamk.
Celles enfin qui ont cinq loges apparentes, .
comme la M. saxorum Lamk., sont des Ou in- ■
quéloculines. Plus récemment, le même au-
teur, cessant de regarder les Foraminifères
MIL
MIL
215
comme des Mollusques, a subdivisé les Aga-
thistègues en deux familles, savoir: 1° les
Miliolidées comprenant les espèces dont les
loges sont disposées dans un seul plan ,
comme celles des Biloculines, et 2° lesMul-
tiloculites comprenant les coquilles dont les
loges sont disposées sur quatre ou cinq côtés
opposés , comme celles des Triloculines et des
Quinquéloculines. M. Aie. d'Orbigny a d'ail-
leurs fait connaître les coquilles d'un grand
nombre d'espèces vivantes. Quant à la na-
ture des animaux d'où proviennent ces pe-
tites coquilles, nous avons montré, en 1835,
combien leur organisation est plus simple
qu'on ne l'avait supposé précédemment, et,
d'après le mode d'expansion de leurs tenta-
cules filiformes, nous les avons nommés
Rhisopodes. Voy. ce mot. (Duj.)
* MILIOLIDÉES. foramin. — Première
famille de l'ordre des Agathistègues de
M. Aie. d'Orbigny. (Duj.)
MILIUM. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Phalaridées, établi par
Linné (Gen. n., 79). Gramensde l'Europe,
de l'Asie et de l'Amérique. Voy. graminées.
*MIUUSIA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Anonacées, établi par Alph. de
Candolle (in Mem. Soc. h. n. Genev., V,
213 , t. 3). Plantes ligneuses de l'Asie tro-
picale. Voy. ANONACÉES.
H1ILLA. bot. ph. — Genre de la famille
des Liliacées-Agapanthées, établi par Cava-
nilles (le., II, 76, t. 196). Herbes du Mexi-
que. Voy. LILIACKES.
MILLE1EU1LLE. bot. ph. — Nom vul-
jgaire du genre Achillea. Voy. ce mot.
JMILLEFLELR. bot. ph.— Nom vulgaire
du Tldaspi arvense.
MILLEGRAINE. bot. ph. —Nom vul-
gaire des Herniaires, de la Radiole et des
Oldenlandes.
*MILLEGRANA, Surian. (in Herb.Juss.).
bot. ph. — Syn. de Cypselea, Turpin.
MILLEGREUX. bot. ph.— Dans cer-
tains cantons de la France, on désigne sous
ce nom quelques espèces de Joncs.
MILLEPÈDE. moll. —Nom vulgaire et
marchand du Strombus millepeda L.
MILLEPERTUIS. Hypericum, Lifl.(v*4»,
sur; stxwv, image), bot. ph. — Très grand et
beau genre de la famille des Hypéricinées ou
Hypéricacées à laquelle il donne son nom, de
la polyadelphie polyandrie dans le système
de Linné. Il comprend un grand nombre
d'espèces qui habitent les contrées tempérées
et chaudes de toute la terre, mais qui sont ce-
pendant plus abondantes dans les parties un
peu chaudes de l'hémisphère boréal. Ces plan-
tes ont été étudiées, dans ces derniers temps,
avec beaucoup de soin, par M. Spach(l),
qui a établi parmi elles, et dans la famille des
Hypéricinées tout entière , de nombreuses
subdivisions qu'il a qualifiées de genres, mais
que la plupart des botanistes n'admettent
pas encore comme tels. Nous suivrons ici
M. Endlicher à leur égard, ainsi que pour
la circonscription du grand genre Milleper-
tuis lui-même. Tel que le limite le célèbre
auteur allemand du Gênera, ce genre cor-
respond à la seconde des deux tribus établies
par M. Spach dans la famille des Hypérici-
nées, moins le genre Ascyrum (que distin-
guent ses fleurs à 4 sépales, à 4 pétales, à
nombreuses étamines presque libres, et ses
styles au nombre de 1-3). Circonscrit de la
sorte, il se compose déplantes herbacées ou
sous-frutescentes, à feuilles opposées, le plus
souvent entières, presque toujours marquées
de petits points épars transparents, qui ne
sont autre chose que des réservoirs d'une
huile essentielle incolore, et qui ont fait
donner à ces plantes le nom français de
Millepertuis ; souvent ces feuilles présentent
en outre de petits points glanduleux noirs
qui se retrouvent principalement sur leurs
sépales et leurs pétales. Les Millepertuis
manquent de stipules. Leurs fleurs sont jau-
nes, souvent grandes et assez belles pour en
faire des espèces d'ornement, tantôt solitai-
res, tantôt disposées en cyme, en panicule
ou même en ombelle. Leur calice est à 5
sépales distincts ou un peu soudés à leur
base, dont les deux extérieurs sont parfois
plus grands ; leur corolle esta 5 pétales al-
ternes au calice, à côtés égaux ou inégaux ;
leurs étamines sont nombreuses, presque
toujours soudées par leurs filets en 3-5 fais-
ceaux; leur ovaire, 1-loculaire ou 3-5-locu-
laire, suivant que les bords rentrants des
carpelles se réunissent ou non à son centre,
est surmonté de 3-5 styles. A ces fleurs
succède une capsule 1-3-5-loculaire qui
renferme des graines presque toujours nom-
breuses, oblongues-cylindriques, droites ou
(i) Voyez Suites à Buffon, V; Annales des sciences natu-
relles , î.e séiie. vol. V.
21G
MIL
MIL
courbes. Circonscrit par les caractères pré-
cédents, îc genre Ilypericum correspond à
quatre des sections établies par M. Spach,
dans lesquelles rentrent, comme subdivi-
sions, plusieurs des genres proposés par ce
botaniste. Voici le tableau des unes et des
autres avec l'indication ou la description des
principales espèces qui leur appartiennent.
Section ï. Drosanthinées , Spach. Calice
5-fide ou 5-parti. Étamines triadelphes, per-
sistantes; ovaire triloculaire, terminé par
trois styles. Dans les loges 6-12 ovules ho-
rizontaux ou ascendants. Capsules se parta-
geant en trois coques 1-3 spermes, qui tom-
bent enfin de même que le placenta central.
Cette section ne se compose jusqu'à ce jour
que de plantes de la Perse et de l'Asie mi-
neure, partagées en deux subdivisions: Ere-
mosporus et Drosanthe, Spach.
. Section II. Hypérinées, Spach. Calice 5-
parti ou 5-fide, très rarement 5-sépale, à
sépales distinctement bisériés. Étamines
triadelphes, persistantes ou très rarement
tombantes. Ovaire 3-loculaire, 3-style, multi-
ovulé. Capsule trivalve à déhiscence septi-
cide , les valves persistantes de même que
le placentaire central indivis.
Dans cette section rentrent : A. les Web-
bia, Spach, que distinguent : un calice pro-
fondément 5-fide; des pétales à onglet dis-
tinct, concave; des étamines soudées en
phalanges de 12-25 chacune; une capsule co-
riace à placentaire épais, pyramidal, 3-gone;
des graines à test spongieux, lâche, renfer-
mant une amande beaucoup plus petite. On
en connaît deux espèces des Canaries et de
Madère, que l'on cultive comme plantes d'or-
nement; ce sont les Hypericum floribundum
Ait. et H. canariense Linn. Ce dernier est
divisé par M. Spach en deux espèces distinc-
tes, sous les noms de Webbia heterophylla et
plalypetala. Ce sont de jolis arbrisseaux très
rameux et glabres, à fleurs nombreuses,
assez grandes, d'un jaune orange, que
l'on cultive en orangerie sous le climat de
Paris.
B. Les Millepertuis proprement dits, Hy-
pericum, Spach, caractérisés par un calice
5-parti, à divisions égales ou inégales entre
elles; une corolle à pétales plans, dont
l'onglet est à peine appréciable; une capsule
cartilagineuse ou chartacée , très rarement
coriace, à placentaire trigone, grêle ou pyra-
midal ; des graines à test membraneux , très
finement réticulé, intimement appliqué sur
l'amande. C'est dans cette division que ren-
trent nos espèces les plus connues et les plus
remarquables.
M. Spach a établi , parmi les Hypericum
proprement dits, plusieurs divisions que nous
nous bornerons à signaler ici en y rapportant
pour exemples les espèces les plus intéres-
santes.
a. Holosepaltim. A cette section se rap-
porte notre Millepertuis couché , H. humi-
fusum Lin., petite plante à tiges couchées,
que distinguent ses feuilles oblongues, obtu-
ses, marquées de petites ponctuations, les
unes transparentes, les autres noires , ainsi
que son calice à sépales oblongs ou lancéolés,
à peu près de mêmek;ngueur que la corolle.
b. Milleporum. Cette division ne comprend
que l'espèce la plus vulgaire et la plus ancien-
nement connue de tout le grand genre Hype-
ricum, savoir:
Le Millepertuis commun , Hypericum per-
foratum Lin. C'est à cette plante qu'a été
d'abord appliqué le nom de Herbe aux mille
pertuis , ou simplement Millepertuis, qui
est devenu commun au genre entier. Sa tige
herbacée, cylindrique, ponctuée de noir,
est marquée de deux lignes saillantes oppo-
sées; ses feuilles sont sessiles, obtuses,
ovales -elliptiques, les raméales plus étroi-
tes, marquées de nombreux points transpa-
rents; ses fleurs, de grandeur moyenne,
sont paniculées; leurs sépales lancéolés,
deux fois plus courts que la corolle , présen-
tent des points transparents et des ponctua-
tions noires qui se retrouvent aussi au bord
des pétales et sur les étamines; le pistil est
un peu plus long que les étamines , à trois
styles divergents. Celte espèce est commune
dans les bois , le long des haies et dans les
lieux incultes. Dans l'ancienne médecine,
elle jouissait d'une haute réputation sous un
grand nombre de rapports, et elle passait
pour produire des effets presque merveil-
leux dans un grand nombre de maladies
diverses; elle a eu même le privilège de
figurer parmi les plantes auxquelles nos an-
cêtres attribuaient une sorte de vertu sur-
naturelle et le pouvoir de mettre en fuite
les esprits malins; de là lui était venu au-
trefois le nom de Chasse -diable. Envisagé
sous des rapports moins ridiculement mer-
MIL
MIL
217
veilleux, le Millepertuis commun a été em-
ployé comme fébrifuge , comme astringent,
comme vulnéraire à un degré éminent ,
comme vermifuge, diurétique, etc. De nos
jours, cette plante a beaucoup perdu de son
importance , et quoique figurant encore
'dans la matière médicale moderne, elle y
est reléguée à un rang secondaire.
c. Adenosepalum. A cette section, la plus
nombreuse du genre , se rapportent plu-
sieurs de nos espèces françaises, savoir: les
Hypericum UnearifoliumVah], H.hyssopifo-
lium Vill. , H. pulchrum Lin. , H. nummu-
larhm Lin. , H. montanum Lin., H. tomen-
iosum Lin., que nous nous bornerons à
mentionner.
d. Drosocarpium. Parmi les espèces qui
entrent dans cette division, il en est qui ap-
partiennent à notre flore , savoir : Hyperi-
cum Richeri Vill. , H. Burseri Bauh.,#.
dentatum Lois.
e. Coridium. Les plantes de cette division
se distinguent entre toutes les autres par
leurs feuilles verticillées. L'une d'elles est
YHypericïim coris Lin. , espèce sous-fru-
tescente, qui croît sur les coteaux et dans
les parties arides de la Provence.
f. CrossophyUum. Le Millepertuis d'O-
■bst, //. orientale Desr., pour lequel a été
établie cette subdivision, est facilement dis-
tingué des plantes des divisions précédentes
à ses feuilles dentelées en scie et ciliées à leur
bord, munies à leur base de deux oreillettes.
C. Les Olvmpies, Olympia, Spach , sont
remarquables par leur calice, dont les sé-
pales sont disposés sur deux rangs, l'exté-
térieur formé de deux latéraux, beaucoup
plus grands que les trois intérieurs; leurs
pét.iles sont très inéquilatéraux; leur cap-
sule est presque coriace, à placentaire épais,
pyramidal, triangulaire; leurs graines sont
luisantes, ponctuées, scrobiculées à leur
surface. L'espèce pour laquelle a été établi
ce groupe est le Millepertuis olympique ,
Hypericum olympicum Lin. (Olympia glauca
Spach) jolie espèce, qui croît spontanément en
Grèce, dans l'Asie Mineure, et que l'on cul-
tive pour l'ornement des jardins.
Sec. III. Akdros/eminées, Spach. Calice à
cinq sépales , souvent bisériés , inégaux
entre eux ; étamines soudées par les filets
presque toujours en cinq phalanges, très
rarement en 4-6-8; ovaire 3-îi-loculaire .
T. Vill.
à placentaires juxta-posés dans l'axe, mais
non soudés ; styles en même nombre que les
loges , libres ou plus ou moins soudés entre
eux ; capsule à déhiscence septicide. Cette
section se subdivise en sept groupes secon-
daires, qui forment autant de genres pour
M. Spach, et dont voici les noms: Cam-
pylopus, Psorophytum , Androsœmum, Ere-
vnanthe, Campylosporus, Norysca, Roscyna.
Le troisième de ces groupes, proposé comme
genre distinct par Allioni, a été adopté
comme tel par plusieurs botanistes, et c'est
même en le considérant comme tel que
M. Spach a exposé en détail ses caractères
dans le tom. I, pag. 490 de cet ouvrage.
Parmi les espèces qui le composent, il en
est deux qui doivent nous arrêter un in-
stant.
Millepertuis androsème, Hypericum Andro-
sœmum Lin. (Androsœmum officinale Alli.).
Cette espèce, vulgairement connue sous le
nom de Toute-saine, est assez commune
dans les lieux ombragés et humides de l'ouest
et du midi de la France. Sa tige rameuse ,
haute de 6-10 décim., porte des feuilles
grandes pour le genre, sessiles, ovales ou
elliptiques, arrondies au sommet, blan-
châtres en dessous. Ses fleurs, de grandeur
moyenne , sont réunies , au nombre de 3-9,
en petites cymes, pour la plupart termi-
nales; leurs sépales sont grands, obtus;
leurs pétales sont concaves, à peu près
égaux en longueur aux sépales. Le fruit
bacciforrne est d'abord rougeâlre, et plus
tard d'un violet noirâtre. Cette plante, for-
tement odorante dans toutes ses parties ,
jouissait autrefois d'une haute réputation
comme espèce médicinale. On la regardait
surtout comme un excellent vulnéraire.
Mais de nos jours elle est à peu près inu-
sitée , et c'est à peine si elle entre quelque-
fois dans la médecine populaire. On la ren-
contre assez souvent cultivée comme plante
d'ornement.
Millepertuis fétide, Hypericum hircinum
Lin. (Androsœmum hircinum Spach). Cette
jolie espèce est originaire de l'Orient et des
parties les plus méridionales de l'Europe;
elle est très fréquemment cultivée dans les
jardins, et elle s'est à peu près naturalisée
dans certains de nos départements méridio-
naux. Elle forme un sous-arbrisseau touffu,
qui atteint jusqu'à 1 mètre de hauteur. Sa
28
218
MIL
MIL
tige est rameuse, ferme; ses feuilles, assez
grandes, sont sessiles , ovales-lancéolées ,
plus ou moins aiguës au sommet, glandu-
leuses sur les bords. Ses fleurs jaunes, de
3 centim. environ de diamètre , sont portées
sur des pédoncules ordinairement 1-flores ,
à peu près de même longueur que les feuil-
les; leurs étamines sont très longues, les
fleurs se succèdent pendant tout l'été. Cette
plante doit son nom à son odeur de bouc
très prononcée.
C'est au 4e groupe, celui des Eremanthe,
Spach, qu'appartient le Millepertuis a grands
calices, Hypericum calycinum Lin. (Ere-
manthe calycina Spach). Cette espèce, l'une
des plus remarquables de tout le genre par
i'éiégance de son feuillage, par la grandeur
et la beauté de ses fleurs, est communément
cultivée pour l'ornement des jardins. Elle
croît naturellement en Grèce et dans l'Asie
mineure. Elle trace beaucoup, ce qui rend
sa multiplication facile. Sa tige ligneuse, à
longs rameaux simples , nombreux, ne s'é-
lève guère qu'à 3-4 décimètres. Ses feuilles
sont grandes, vertes en dessus, glauques en
dessous, sessiles, ovales-oblongues, rare-
ment lancéolées. Ses fleurs, d'un beau jaune,
se succèdent de juin en septembre; elles
sont à peu près les plus grandes du genre ,
leur diamètre égalant 7 et 8 centimètres.
Leurs étamines sont de moitié plus courtes
que les pétales. Cette belle espèce se multi-
plie par graines, par boutures et marcottes,
ou, plus facilement encore, par division
des pieds et par rejets.
Sect. IV. Brathydinées, Spach. Calice à
5, très rarement à 4 sépales. Étamines en-
tièrement libres et tombantes, ou irréguliè-
rement polyadelphes à la base, et alors
marcescentes. Ovaire 1 -3-IocuIaire , sur-
monté de 3 styles distincts ou quelquefois
soudés. Capsule 3-valve, septicide. Les grou-
pes établis dans cette section par M. Spach
sont au nombre de 4 , que nous nous bor-
nerons à mentionner ici; ce sont les sui-
vants : Isophyllum, Myriandra, Brathy-
dium> Brathys, Mutis. C'est dans le second
de ces groupes que rentre le Millepertuis
prolifique, Hypericum prolificum Lin. (My-
riandraprolifica Spach), originaire des États-
Unis, et que l'on cultive fréquemment dans
nos jardins comme espèce d'ornement. C'est
un arbuste touffu , haut d'environ un mè-
tre, dont la tige produit des rameaux nom-
breux , grêles, à 2 angles , qui portent de
petits ramules avortés, feuillus , à l'aisselle
de presque toutes les feuilles. Celles-ci sont
finement ponctuées, glauques en dessous,
lancéolées-oblongues, rétrécies en court pé-
tiole. Aux aisselles des deux ou trois paires
supérieures de feuilles naissent les pédon-
cules à fleurs, qui, réunis, forment une
panicule muUiOore ; ces fleurs sont d'un
jaune vif, larges d'environ 2 centimètres;
elles se succèdent pendant les mois de juillet
et d'août. Cette espèce se multiplie par
graines et marcottes. (P. D.)
MÏLLEPES , Klein ( Method. ostrac. ,
pag. 99). moll. — Syn. dePtérocère. Voy.
ce mot.
MILLEPIEDS. ins. —Nom vulgaire des
animaux désignés scientifiquement sous le
nom de Myriapodes. Voy. ce mot.
MILLEPOINTS. moll. —Nom vulgaire
du Conus litteratus L.
MILLÉPORE. Millepora (mille pori, mille
trous), polyp. — Genre établi par Linné pour
les Polypiers pierreux, non tubuleux, qui
n'offrent pour cellules des Polypes que des
pores simples non lamelieux. Lamarck adopta
ce genre en lerestreignantauxPolypiers pier-
reux, solides intérieurement, rameux ou fron-
descents, dont les pores cylindriques, très
petits ou quelquefois non apparents, sont
perpendiculaires à l'axe. Ainsi étaient séparés
du genre de Linné les Eschares, les Rétépo-
res, que Lamarck range parmi ses Polypiers à
réseau, tandis qu'il classe lesMillépores avec
les Polypiers foraminés et avec les Caténi-
pores, qui sont aussi des Millépores de Linné.
Ce même nom avait d'ailleurs été donné par
Pallas et par Solander et Ellis à beaucoup
d'autres espèces qui ont servi à former les
genres Tubulipore etCellépore; toutefois le
genre admis par Lamarck était encore formé
d'éléments tout-à-fait hétérogènes. Il com-
prenait, notamment dans sa deuxième sec-
tion, sous le nom de Nullipores, des corps
pierreux qui sont très probablement des Al-
gues calcifères et non des Polypiers. La pre-
mière section, composée de huit espèces
devait aussi donner lieu à l'établissement de
plusieurs genres bien différents. C'est ainsi
que les trois première* espèces auxquelles
M. Ehrenberg conserve exclusivement le nom
de Millépores, en les rapprochant des Madré-
MIL
MIL
219
pores, ont forme pour M. de Blainville le
genre Palmipore. La cinquième espèce ,
M. truncata, est devenue pour M. de Blain-
ville le type du genre Myriozoon adopté par
M. Ehrenberg. Enfin la huitième espèce,
M. rubra, dont MM. Risso et de Blainville
ont fait le genre Polytrema, nous paraît être
non pas un Polypier, mais bien un Rhizo-
pode ou Foraminifère agrégé. Lamouroux,
en adoptant comme genre Millépore la pre-
mière section du genre de Lamarck, y a
réuni quelques espèces fossiles dont plusieurs
resteront peut-être dans le genre Palmipore
de M. de Blainville ou Millépore de M. Eh-
renberg, mais dont les autres sont des Hé-
téropores. (Duj.)
MILLÉPORÉES. polyp.— Ordre de Po-
lypiers établi par Lamouroux, et contenant
dix-huit genres, dont plusieurs, tels que
les Ovulites et les Mélobésies, ne sont même
pas des produits du règne animal; un autre
genre, Endea, est un spongiaire ; un qua-
trième , Lunulite, est voisin des Eschares;
un cinquième, Rétéporite ou Dactylopore,
n'est peut-être pas un Polypier; les autres
devraient aussi être distribués en plusieurs
groupes, quoique présentant un peu mieux
les caractères assignés à Tordre des Mille-
porées d'avoir des cellules très petites, épar-
ses ou sériales, jamais lamelleuses , sur un
Polypier pierreux, compacte in térieurement.
Si l'on devait conserver cet ordre, il fau-
drait donc le circonscrire tout différem-
ment. (Duj.)
MILLÉPORITES. moll.? — Dénomina-
tion employée par Latreille pour désigner
la quatrième tribu de ses Mollusques poly-
thalames décapodes. Cette tribu , compo-
sée d'éléments hétérogènes , comprend une
partie des Rhizopodes ou Foraminifères ,
tels que les Milioles et les Rotalies. (Duj.)
MILLERIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées , établi par Gassini (in Dict. se. nat.,
XXX , 67, LIX, 235). Herbes de l'Améri-
que tropicale. Voy. composées.
*MILLERICRI1\US. échin.— Genre d'É-
chinodermes de l'ordre des Crinoïdes , de la
\ famille des Apiocrinidées, établi par M. Al-
'cide d'Orbigny (Hist. gén. et partieul. des
Crinoïdes). Voy. encrines et apiocrinidées.
MILLET, bot. pu. — Voy. mil.
*MILLETIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Légumineuses Papilionacées-Dal-
bergiées, établi par WightetArnott(Prodr.,
I, 263). Arbres ou arbrisseaux grimpants
de l'Asie tropicale. Voy. légumineuses.
MILLINA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Cichoracées, établi par
Cassini (in Dict. se. nat., XXXI, 90) sans
indication de patrie.
MILLINGTONIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Bignoniacées-
Eubignoniées, établi par Linné fils (Suppl.,
45). Arbres de l'Inde. Voy. bignoniacées. —
Roxb., syn. de Meliosma, Blume, et de Fie-
mingia , Roxb.
*MILLOTIA. bot. ph. —Genre delà fa-
mille des Composées-Sénécionidées, établi
par Cassini (in Annal, se. wa£.,XVII, 416).
Herbes de la Nouvelle-Hollande occiden-
tale. Voy. composées.
MILNEA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Méliacées-Trichiliées ,
établi par Roxburgh {Flor. ind., I, 637).
Arbres ou arbrisseaux de l'Asie tropicale.
Voy. MÉLIACÉES.
*MII,NESIUM (nom propre), systol. —
Genre de ïardigrades, établi par M. Doyère
pour une espèce déjà vue par Spallanzani et
par M. Dutrochet, qui la nommaient sim-
plement Tardigrade, puis par M. Perty, qui
lui donna le nom d'Arctiscon Dutrochetii. Le
Milnesium a la tête munie de deux appen-
dices palpiformes très courts et la bouche
terminée par une ventouse entourée de
palpes. Sa peau est molle , coupée transver-
salement par des sillons en anneaux de for-
mes variables. Comme les autres Tardigra-
des , il a quatre paires de pattes munies
chacune de quatre ongles , dont deux ter-
minaux simples et en forme de filaments
allongés, crochus à l'extrémité, portés cha-
cun sur un mamelon distinct ; les deux au-
tres sont situés en dessous et en dedans;
l'antérieur étant divisé en trois crochets for-
tement courbés , et le postérieur en deux.
La seule espèce connue, M. tardigradum,
se trouve communément dans la Mousse des
toits; elleestlonguede 5à6 dixièmes demil-
limètre ; sa peau est un peu colorée en brun-
jaune ; ses œufs sont lisses , opaques, pres-
que globuleux, larges de 8 à 9 centièmes
de millimètre , et quelquefois colorés en
brun-rougeâtre. On remarque aussi, à la tête
de cette espèce, deux points oculiformes assez
250
MIM
IVI1M
grands, granuleux; le tube pharyngien est
très dilaté; les stylets sont très petits; le
bulbe pharyngien est allongé , pyriforme ,
sans charpente intérieure. (Duj.)
*MILOTHRYS. ms. —Genre de Coléo-
ptères subpentamères , tétramères de La-
treille, famille des Longicornes, tribu des
Lamiaires, formé par Dejean (Catalogue ,
3e éd., p. 374) avec la Saperda irrorata de
Fab. {Lynx Dalmann, Marmorea Schœn-
herr), espèce originaire de Java. (G.)
MILOUINS. Fuligula. ois. — Division de
la famille des Canards. Voy. canard. (Z. G.)
*MïLTOGRAMMA (>1tos, vermillon';
ypafAuac, ligne), ins. — Genre de Tordre des
Diptères brachocères , tribu des Muscides ,
établi par Meigen (Eur. Zw., t. IV, p. 227),
et adopté par Latreilleet M. Macquart dans
leurs ouvrages respectifs. L'espèce type , le
Miltogramma fasciata, habite la France.
♦MILTONIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Orchidées, établi
par Lindley (in Bot. reg., n. 1976, 1. 1992).
Herbes parasites du Brésil.
MILTUS, Lour. (Flor. cochinch., I, 369).
bot. ph. — Syn. de Giesekia, Linn.
*MILVAGO. ois.— Genre établi par Spix
sur une espèce que Vieillot a placée parmi les
Caracaras (Polyborus) sous le nom de P. chi-
machima. (Z. G.)
*MILVINÉES. Milvinœ. ois. — Famille
ou sous- famille de Tordre des Oiseaux de
proie (section des Diurnes ), renfermant les
espèces de cet ordre, qui ont un bec faible
incliné dès la base ; des tarses courts , peu
robustes, et surtout des ailes et une queue
fort longue : celle-ci le plus souvent échan-
crée.
Pour M. Lesson, cette famille, qui est la
quatrième de ses Accipitres diurnes, ne com-
prend que les genres Elanus , Naucierus et
Milvus.
G.-R. Gray, au contraire, en agrandit les
limites jusqu'à y comprendre, indépendam-
ment des trois genres que nous venons de
citer, les genres Avicida, Baza, Vernis ,
Gampsonyx , Rostramus, Cymindis et îcti-
nîa. (Z. G.)
MILVULUS, Swains. ois. — Division de
!a famille des Tyrans. Voy. tyran. (Z. G.)
MÏLVUS, Bechst. ois. — Syn. latin de
Milan.
*MIMELA(u-t4u.Y>Asc, imitation), ins. -Genre
de Coléoptères pentamères, famille des La-
mellicornes, tribu des Scarabéides phyllo-
phages , créé par Kirby ( Transaction Lin.
Soc. , vol. XIV , pag. 101 ) , et adopté parj
MM. Hope et Burmeister. Ce dernier auteur
en décrit (Handbuchder Entomologie, 1844,
pag. 285) 11 espèces, qui toutes appartien-
nent aux Indes orientales. Nous citerons
comme en faisant partie les M. LeeiSwed.,
splendens Schr., lucidula, Lathami, Blurnei,
cyanipes , Horsfieldi de Hope. Une dizaine
d'autres espèces , publiées par ce dernier
auteur, seraient encore comprises dans ce
genre. Toutes sont de couleurs très écla-
tantes, et paraissent devoir remplacer en
Europe les Anomala. (C.)
*MIMESA (ai'^Ttç, imitation), ms. —
Genrede la famille desCrabonides, de Tordre
des Hyménoptères, établi par M. Schuckard
(Fossor. Hymenopt.) aux dépens du genre
Psen, dont il ne diffère guère que par les ner-
vures des ailes. Le type de cette division est le
M.equestris ( Trypoxylon equeslris Fab. ) . (Bl.)
*MIMETA, Vig. et Horsf. ois.— Division
de la famille des Loriots, établie sur le Gra-
nula viridis de Latham. (Z. G.)
MïMETES,King. ois.— Syn. de Mimeta,
Vig. et Horsf.
MIMETES. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Protéacées-Nucamentacées-Protéi-
nées, établi par Salisbury (Parad., 67).
Arbrisseaux du Cap. Voy. protéacées.
*MIMÉTÈSE. min.— Arséniate de Plomb.
Voy. PLOMB.
MIMEUSE. Mimosa (de mimus , mime,
comédien , à cause de la diversité de forme
des plantes primitivement réunies sous cette
dénomination), bot. ph. — Sous le nom de
Mimosa , Linné avait établi un groupe gé-
nérique pour des plantes qui rentrent au-
jourd'hui dans la famille des Mimosées
(Légumineuses), que lui-même rapportait
d'abord (Gênera) à la polyandrie-monogynie,
dans son système sexuel, et qui ont été
rangées ensuite dans la monadelphie-polyan-
drie par les uns, dans la polygamie-monot-
cie par les autres. Ce groupe réunissait les
vrais Mimosa de Tournefort aux Acacia du
même botaniste et aux Inga de Plumier,
c'est-à-dire qu'il correspondait à toute ia fa-
mille des Mimosées , moins les genres Pro-
sopis et Adenanthera. Il comprenait alors
seulement 50 espèces. Mais, après Linné,
MIM
ÎMIM
221
les limites de son genre Mimosa s'élendant
de plus en plus, et son hétérogénéité deve-
nant de plus en plus frappante, il parut in-
dispensable de le subdiviser. Wildenow re-
prit les trois genres Mimosa, Acacia, Tourn.,
Inga, Plum., et y ajouta les genres Schran-
kia et Desmanthus ; M. Kunth, d'après les
vues et les idées de L.-C. Richard, rétablit
les Entada d'Adanson; De Candolle , dans
ses beaux travaux sur les Légumineuses,
ajouta à ces genres le Gagnel ina , proposé
déjà par Necker, et le Darlingtonia. Enfin,
tout récemment, M. Bentham a fait de
toutes les Mimosées une révision générale
qu'il a publiée en une série de mémoires ,
dans le journal botanique de M. Hooker
(Journal ofbotany, vol. IV, 1837, p. 323-
418; London Journal of botany , vol. I,
p. 318-392 ; 494-528 ; vol. III, p. 82-112 ;
195-228 ; vol. IV, p. 577-622 ; vol. V, p.
75-108), et qui l'a conduit à admettre dans
la famille des Mimosées 29 genres distincts,
dans lesquels rentrent aujourd'hui plus de
900 espèces. Quoique restreint , par suite
de ces travaux, dans des limites beaucoup
plus étroites que celles qui lui avaient été
d'abord assignées, legenreMimeuse n'en ren-
ferme pas moins encore environ 220 espèces
que réunissent les caractères suivants. Ce
sont des plantes herbacées, des arbrisseaux,
quelquefois même, mais plus rarement, des
arbres. Leurs feuilles sont composées , Jii-
pinnées, ou quelquefois réduites, par l'avor-
tement de leurs pinnules, à leur pétiole
élargi en lame foliacée, c'est-à-dire sous
forme de phyllode. Leurs fleurs , petites et
sessiles, sont agglomérées en petites têtes ou
en épis à l'extrémité de pédoncules tantôt
axillaires , tantôt disposés eux-mêmes en
grappe ou en panicule à l'extrémité des ra-
meaux ; ces petites inflorescences ressem-
blent à des houppes soyeuses, à cause du
grand nombre de longues étamines qui les
hérissent de tous côtés; leur couleur est ro-
sée ou blanche ; dans chacune d'elles , les
fleurs supérieures au moins sont herma-
phrodites , tandis que les inférieures sont
souvent mâles ; toutes sont 4-5-mères, ra-
rement 3 6-mères. Leur calice est tantôt
très petit , presque imperceptible ou sem-
blable à une aigrette, tantôt campanule,
marqué à son bord de dents en même nom-
bre que les pétales. Ces derniers sont plus
ou moins soudés entre eux; les étamines,
en nombre égal à celui des pétales ou dou-
ble, se composent d'un long filet terminé
par de petites anthères presque arrondies.
Le fruit est un légume comprimé, sans pulpe
intérieure, se divisant ordinairement à la
maturité en autant d'articles distincts qu'il
y a de graines, ou dont les valves se déta-
chent des deux sutures qui restent comme
une sorte de cadre vide.
De Candolle répartissait les nombreuses
espèces de Mimeuses en trois sections ou
sous-genres : les Eumimosa ou Mimeuses
proprement dites, les Habbasia et les Bato-
caulon; M. Bentham a conservé la première
de ces sections ; il a réuni les deux autres
en une seule sous le nom commun àTIab-
basia, et il a de plus établi une nouvelle
section sous le nom d'Ameria. Voici le ta-
bleau de cette division et quelques mots sur
les plus intéressantes et les plus connues
des espèces qui s'y rapportent.
I. Mimeuses proprement dites , Eumimosa,
DC. Fleurs presque toujours tétramères ;
étamines en nombre égal à celui des pétales;
légume à graines peu nombreuses ( le plus
souvent 2-4 ), dont les valvules se divisent
en articles à la maturité, ou restent indi-
vises. Plantes presque toutes américaines.
Cette section est la plus nombreuse du
genre; c'est à elle que se rapportent les
seules espèces sur lesquelles nous nous pro-
sions de nous arrêter.
Les jardiniers cultivent fréquemment sous
les noms de Minmuse sensitive , Mimosa sen-
sitiva Lin., de Sensitive en arbre , des Mi-
meuses frutescentes dont les feuilles pré-
sentent jusqu'à un certain degré les curieux
phénomènes d'irritabilité dont nous nous
occuperons avec détail dans la suite de cet
article. Or, la phrase de Linné , qu'on ap-
plique à ces plantes , et par laquelle il a
voulu caractériser sa Mimosa sensiliva , est
tellement vague qu'elle convient également
à sept ou huit espèces différentes , et que ,
par suite , la dénomination de M. sensiliva
ne peut être qu'une source d'erreurs ; aussi
M. Bentham a-t-il cru devoir la supprimer.
Ce botaniste a reconnu de plus que les vé-
gétaux auxquels on l'applique vulgairement
dans les jardins constituent les deux pre-
mières espèces suivantes :
1° Mimeuse blanchâtre, Mimosa albida
222
MIM
MI3VI
Kunth. Arbuste grimpant, originaire des
côtes américaines de l'Océan pacifique, par-
semé d'aiguillons peu nombreux , dont les
jeunes rameaux, les feuilles et les inflores-
cences sont pubescents , blanchâtres ; ses
feuilles sont bipinnées, à deux paires de fo-
lioles sur chacune de leurs deux pinnules ;
ces folioles sont grandes, eu égard aux au-
tres Mimeuses , obliques , ovales ou oblon-
gues, pubescentes à leurs deux faces, ciliées;
l'inférieure, située du côté intérieur, est
beaucoup plus petite ; le capitule de fleurs
est beaucoup plus court que la feuille. Le
légume est pubescent-blanchâtre , hérissé
de poils raides, couchés.
2° MlMEDSE A FLEURS NOMBREUSES, Mimosa
floribunda Wild. Arbrisseau armé d'aiguil-
lons crochus ; rameaux et pétiole pubescents
ou pileux; folioles disposées comme dans
l'espèce précédente, ovales-oblongues, obli-
ques, aiguës, glabres en dessus, à nombreux
poils raides en dessous; pédoncules près de
deux fois plus longs que le capitule de
fleurs ; bractées plus courtes que la corolle;
légume légèrement pubescent et portant des
soies sur tous ses côtés. Ses capitules de
fleurs sont nombreux , rosés , et se succè-
dent pendant tout l'été. Les deux espèces
dont il vient d'être question se cultivent
l'une et l'autre en serre chaude.
3° Mimeuse pudique, Mimosa pudica Lin.
Cette espèce , l'une des plus intéressantes
du règne végétal , à cause de l'extrême ir-
ritabilité de ses feuilles, qui lui fait donner
vulgairement le nom de Sensitive, est très
abondamment répandue dans toute l'Amé-
rique tropicale , où elle couvre de grandes
surfaces de terrain. On la cultive en beau-
coup de lieux, et c'est ainsi qu'elle s'est
presque naturalisée dans les Indes orientales
et aux Philippines. C'est une plante an-
nuelle, bisannuelle en serre, ou même
sous-frutescente, qui s'élève à 5-6 décimè-
tres ; elle est armée d'aiguillons épars et in-
frastipulaires , droits ou courbes; sa tige,
ses pétioles et ses pédoncules portent des
poils étalés; ses feuilles sont bipinnées, for-
mées de deux paires de pinnules presque
digitées, dont chacune porte 15-25 paires
de folioles obliques , linéaires, un peu ai-
guës au sommet, ciliées, glabres ou revêtues
à leur face inférieure de poils couchés ; ses
capitules de fleurs sont purpurins, ellip-
tiques ; bractées plus courtes que la corolle ;
calice très petit ou rudimentaire; le légume
à valves glabres, lisses, couvertsur ses bords
de soies raides et presque en aiguillons.
Cette espèce varie beaucoup quant à sa vil-
losité , et les deux principales formes qui
résultent de ces variations ont été regardées
comme deux espèces distinctes par Wilde-
now et par M. Kunth. Sous le climat de
Paris, la Sensitive ne mûrit ses graines
qu'en serre chaude ou sous châssis. On la
sème de bonne heure , sur couche et sous
châssis, en prenant la précaution de ne
mettre dans chaque pot qu'une seule graine,
afin de n'être pas obligé de transplanter
plus tard.
II. Habbasia, Ben th. {Habbasia et Balo-
caulon, DC). Fleurs tétramères, rarement
pentamères ou trimères; étamines en nom-
bre double de celui des pétales ; légume ren-
fermant ordinairement plus de six graines,
se divisant en articles à la maturité. Plantes
croissant pour la plupart en Amérique,
quelques unes en Afrique et en Asie.
III. Amena, Benth. Fleurs tétramères ou
pentamères. Étamines en nombre double
de celui des pétales ; légume à loge unique
ou divisée par des cloisons transversales, ne
se divisant pas à la maturité. Espèces toutes
américaines.
Les feuilles de plusieurs espèces de Mi-
meuses, et particulièrement de la Sensi-
tive , Mimosa pudica Lin., présentent des
phénomènes d'irritabilité végétale , ou ,
comme on le dit aussi, de sensibilité, telle-
ment prononcés, tellement curieux, qu'ils
font de ces plantes des sortes de merveilles
végétales. Aussi ces phénomènes ont-ils de-
puis longtemps attiré l'attention des obser-
vateurs; la plante qui les manifeste à un
degré éminent , la Sensitive, a été l'objet
d'un très grand nombre d'expériences , et ,
par suite des recherches nombreuses dont
elle a été l'objet, la science s'est enrichie
successivement d'un nombre assez grand de
mémoires pour former la matière de plu-
sieurs volumes. Il est donc indispensable de
faire connaître ici en quoi consistent ces
curieux phénomènes d'irritabilité, sous l'in-
fluence de quelles causes ils se manifestent,
les explications qui ont été proposées pour
en rendre compte. C'est ce que nous allons
essayer de faire avec quelques détails.
IVIIM
MIM
223
Nous avons décrit plus haut la forme gé-
nérale des feuilles de la Sensitive ; nous ne
reviendrons donc pas sur ce sujet; nous
ajouterons seulement que le point d'attache
des folioles sur leur pinnule , des pinnules
sur le pétiole commun et de celui-ci sur la
tige elle-même présente un renflement mar-
qué , dans lequel et par lequel paraissent
s'opérer tous les mouvements, et auquel on
a cru dès lors devoir donner le nom de ren-
flement moteur.
Lorsqu'une cause irritante, telle , par
exemple , qu'un choc , agit avec une assez
grande énergie sur une feuille de Sensitive,
les folioles de cette feuille se relèvent par
un mouvement de charnière sur leur pin-
nule, s'appliquent l'une contre l'autre par
leur face supérieure, en se dirigeant vers
l'extrémité de la pinnule ; les pinnules, à
leur tour, se rapprochent l'une de l'autre
dans la direction de l'axe du pétiole com-
mun; enfin celui-ci subit un mouvement
inverse aux précédents, et s'abaisse de ma-
nière à devenir pendant ou même parallèle
à la tige qui le porte. Si l'irritation a été
énergique, les mouvements ne se bornent
pas à la feuille sur laquelle elle s'est exer-
cée directement, et ils se propagent jusque
dans les feuilles voisines. Ainsi contractée ,
la feuille paraît en quelque sorte flétrie, ou,
pour parler plus exactement, sa disposition
est identique à ce qu'elle est pendant la
nuit ou pendant ce phénomène remarqua-
ble, qu'on a nommé son sommeil. Après
avoir persisté quelque temps dans cet état ,
elle semble revenir à la vie : son pétiole
commun se relève, ses pinnules s'étalent,
ses folioles s'abaissent et redeviennent ho-
rizontales; en un mot, ses diverses parties
reprennent leur situation normale pour re-
produire la même suite de mouvements
aussitôt qu'une nouvelle irritation agira sur
elles.
Si l'on examine l'ordre dans lequel se
propagent ces mouvements, on voit que, la
cause irritante ayant agi par exemple à l'ex-
trémité d'une feuille, son effet se propage
de ce point vers la base, et qu'en s'étendant
dans la feuille voisine, il se manifeste dans
une direction opposée. Ce mode de pro-
pagation devient plus évident lorsque l'irri-
tation a été moins brusque et moins vio-
lente. Lorsque celle-ci est légère, le mouve-
ment se borne aux pinnules, sans détermi-
ner l'abaissement du pétiole commun; il
peut même être limité à quelques paires de
folioles ou même à une seule.
C'est principalement dans les feuilles que
résident les mouvements de la Sensitive;
mais les autres parties de la plante mani-
festent aussi leur irritabilité par des dévia-
tions, beaucoup moins appréciables il est
vrai. Ainsi, l'on remarque également cer-
tains mouvements dans les pédoncules et
même dans les branches. Mais ceux-ci ont
assez peu d'importance pour qu'il suffise
d'en signaler l'existence.
Pour que la Sensitive produise ses mou-
vements avec toute leur vivacité, il faut que
sa végétation soit vigoureuse, et qu'elle soit
soumise à une chaleur humide de 24 ou
25° C. Son irritabilité est alors au maxi-
mum. Aussi dans les parties de l'Amérique
où elle croît spontanément, il suffit de l'é-
branlement causé par les pas d'un homme,
ou encore mieux de ceux d'un cheval, pour
déterminer le ploiement de toutes les feuilles
des plantes voisines. Ce fait a été constaté et
signalé par divers observateurs, notamment
par MM. de Martius et Meyen. Sous une
température de 18 ou 20° C, la sensibilité
de la plante a déjà diminué notablement par
l'effet de ce refroidissement de quelques de-
grés; cependant, quoique affaiblie, elle n'est
pas détruite; et elle manifeste de nouveau
tous ses effets sous l'influence d'un air con-
venablement échauffé; seulement il se passe
quelquefois plusieurs heures avant qu'elle
ait repris sa première intensité. A l'égard
de l'action d'une température élevée sur la
Sensitive, un fait très curieux est celui qui
est signalé par Meyen (Pflanz. phys., III,
p. 524 ). Lorsqu'on expose un pied vigou-
reux de cette plante aux rayons directs du
soleil vers le milieu d'une belle journée
d'été, on voit de moment à autre certaines
de ses feuilles se ployer et s'abaisser subite-
ment, absolument comme si une irritation
locale venait d'agir sur elles. Peu après, la
feuille se relève, et ses folioles reprennent
leur position normale. Quelquefois ce phé-
nomène se reproduit au bout de quel-
que temps , et même à plusieurs reprises ,
par le seul fait de la continuation de l'ac-
tion solaire. La chaleur agit donc dans
ce cas comme un irritant dont les effets
MIM
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sont soumis à une sorte d'intermittence.
Ses effets deviennent bien plus énergi-
ques lorsqu'on les concentre au moyen d'une
lentille, car alors les folioles placées au foyer
sont rapidement brûlées et désorganisées, et
l'on conçoit sans peine que le ploiement de
la feuille en soit la conséquence.
Un changement brusque dans la tempé-
rature agit également sur la Sensitive
comme une cause irritante. Si, par exemple,
un pied vigoureux de cette plante est placé
dans une serre ou sous un châssis, et qu'en
ouvrant rapidement le châssis ou une fer-
meture de la serre on fasse arriver brus-
quement sur lui de l'air froid, on voit toutes
ses feuilles se ployer comme si une secousse
violente venait d'agir sur elle.
Une des actions les plus curieuses qui
mettent en jeu l'irritabilité delà Sensitive,
est celle des agents chimiques , particu-
lièrement des acides énergiques et des solu-
tions alcalines concentrées. Depuis longtemps
déjà l'on avait reconnu qu'il suffit d'ap-
pliquer avec toute la légèreté possible, sur
une foliole, une goutte de l'un de ces li-
quides , pour déterminer tous les phéno-
mènes de contraction et d'abaissement des
feuilles à un degré proportionnel à la caus-
ticité de la substance employée. Ces expé-
riences ont été reprises, il y a peu d'années,
en Allemagne, par M. Runge qui les a va-
riées d'un grand nombre de manières, et
qui en a consigné les résultats dans un grand
mémoire [Poggendorfs Annal., vol. XXV).
Cet observateur a reconnu l'exactitude des
faits énoncés à cet égard par Duhamel, et
par les nombreux physiologistes qui se sont
occupés après lui du même sujet ; et de plus
il a cru apercevoir une différence dans le
mode d'action des acides et des alcalis, par
exemple, de l'acide sulfurique et de la po-
tasse. Ainsi, il dit avoir vu qu'avec la pre-
mière de ces substances, le pétiole com-
mun de la feuille s'abaissait comme d'or-
dinaire, après le ploiement des folioles,
mais plus lentement, tandis qu'avec la se-
conde, au lieu de s'abaisser, il se rele-
vait de manière à faire un angle aigu avec
la tige. Nous ferons observer néanmoins
que Meyen, ayant répété cette expérience,
a vu le pétiole commun s'abaisser égale-
ment dans l'un et l'autre cas. M. Runge
a observé aussi des effets très curieux lors-
qu'il a opéré avec de l'essence de térében-
thine.
Nous avons déjà signalé les secousses mé-
caniques, la chaleur, l'action d'un air froid
et les agents chimiques, comme des causes
qui mettent en jeu l'irritabilité de la Sen-
sitive. Mais il en est encore d'autres qui
méritent de fixer quelques instants notre
attention. Ainsi l'on peut enlever la der-
nière paire de folioles d'une pinnule, à l'aide
de ciseaux fins, avec assez de légèreté pour
ne produire absolument aucun ébranlement
dans la feuille; or, on voit aussitôt les fo-
lioles se ployer , à partir de l'extrémité
coupée, jusque vers la base de la pinnule.
On observe même quelquefois qu'en un
point quelconque de la série de folioles, une
paire isolée ou même une foliole unique
reste immobile, et forme une s6rte de point
d'arrêt que l'irritation éprouve de la peine
à franchir. Des blessures ou des sections
plus ou moins profondes amènent encore
des phénomènes très curieux. Ainsi l'on
peut faire une entaille à une branche au
moyen d'un instrument bien tranchant,
avec assez de précaution pour ne produire
aucun ébranlement; néanmoins on voit les
feuilles placées dans le voisinage de la sec-
tion s'abaisser presque instantanément, et
si l'instrument tranchant a périétré profon-
dément , l'irritation se propage également
aux feuilles éloignées. Cet effet est presque
subit dans les pieds très vigoureux, à tel
poiat qu'il se manifeste aussitôt après que
le scalpel a atteint le corps ligneux, même
à une distance de 3 et 4 décimètres. Quel-
que temps après cette expérience , le?
feuilles reprennent leur situation primi
tive; une nouvelle section détermine encon
en elles une nouvelle contraction; mais leui
sensibilité ne tarde pas à s'émousser, selon
Meyen, par la répétition de cette expérience.
Cette dernière expérience est très inté-
ressante , parce qu'elle permet de recon*
naître quels sont les éléments anatomiques
de la plante par lesquels se propage l'irri-
tation. Ces éléments ne sont autres que le
corps ligneux. Il est facile de se convaincre
que l'écorce est entièrement étrangère à
cette transmission ; il suffit pour cela d'é-
corcer soigneusement une tige dans une
longueur de 3 ou 4 centimètres, de manière
à dénu 1er son corps ligneux ; en enta-
MIM
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225
mant celui-ci avec le tranchant d'un instru-
ment, on amène la contraction des feuilles
absolument comme dans les circonstances
ordinaires. Cette même expérience prouve
aussi combien est dépourvue de fondement
l'opinion de M. Schultz, qui avait voulu
voir dans les vaisseaux laticifères l'organe
conducteur de l'irritation ; en effet, la place
de ces vaisseaux étant dans l'écorce, s'ils
existent chez la Sensitive, l'ablation du cy-
lindre cortical a pour effet certain de les
faire disparaître.
Enfin , pour terminer cet exposé des
causes qui peuvent mettre en jeu la sensi-
bilité de la Sensitive, nous ajouterons le
fluide électrique à la liste précédente. Plu-
sieurs observateurs ont vu qu'une étincelle
électrique détermine la contraction des
feuilles de cette plante; mais certains
d'entre eux ont cru reconnaître que cet effet
devait être attribué presque uniquement à
l'ébranlement mécanique qui résulte de
l'expérience; en effet, on a beau électriser
une Sensitive après l'avoir isolée , on ne
voit pas ses feuilles se ployer. Un fait très
curieux sous ce rapport est celui qui a été
observé par Meyen. Ce physiologiste, ayant
électrisé de jeunes Sensitives isolées, a vu
leurs feuilles persister dans leur situation
normale sans l'altérer en rien ; mais lors-
qu'il a déchargé l'électricité accumulée sur
ces plantes en leur présentant une pointe
de bois, il a remarqué des phénomènes qui
prouvaient, selon lui, que l'irritation pro-
duite au lieu de la décharge ne se propa-
geait pas, comme elle le fait dans les cir-
constances ordinaires. En effet, lorsqu'il
approchait sa pointe d'une foliole, celle-ci
et celle qui complétait la paire avec elle se
mettaient seules en mouvement, et lorsqu'il
promenait sa pointe le long du pétiole d'une
pinnule, les folioles se relevaient rapide-
ment dans le sens du mouvement, repre-
nant ensuite leur position normale peu après
qu'on éloignait la pointe. Au reste, comme
l'avaient déjà reconnu Dreu, van Ma-
rum , etc., de fortes décharges électriques
affaiblissent ou détruisent même la sensibi-
lité delà Sensitive. D'un autre côté, les ex-
périences de M. Alex, deHumboldt, de van
Marum, C. Sprengel, etc., ont montré que
l'électricité de la pile n'exerce pas d'action
appréciable sur la plante qui nous occupe.
T. VIII
Une des particularités les plus remarqua-
bles dans l'histoire de la Sensitive consiste
dans la faculté qu'elle a de s'accoutumer, si
l'on peut le dire, à l'action longtemps con-
tinue d'une cause irritante. C'est ce que
montre l'expérience bien connue de Desfon-
taines qui, ayant placé une Sensitive dans
une voiture, la vit fermer toutes ses feuilles
aussitôt qu'elle éprouva l'ébranlement pro-
duit par le roulement des roues sur le pavé.
L'ébranlement se continuant, la plante finit
par étaler ses feuilles, comme si son irrita-
bilité avait été détruite ; néanmoins cette
propriété existait encore tout entière chez
elle , car dès que la voiture se remit en
marche, elle rapprocha de nouveau ses fo-
lioles ; il n'y avait donc eu dans ce cas
qu'une sorte d'habitude prise par la plante
sous l'effet d'une action irritante longtemps
prolongée.
Après avoir résumé les principaux faits
relatifs à l'histoire si curieuse de la Sensi-
tive , montrons maintenant jusqu'à quel
point l'examen anatomique et l'observation
permettent de pénétrer dans les secrets de
cette merveilleuse organisation.
Nous avons déjà dit en passant que le
mouvement des folioles, des pinnules et du
pétiole commun de cette plante paraît s'opé-
rer tout entier dans le renflement moteur qui
se trouve à leur base. C'est aussi dans la
structure de ce renflement qu'on a cherché
la cause des mouvements de ces diverses
parties.
L'un des observateurs, qui, dans ces der-
niers temps , se sont le plus occupés des
moyens d'expliquer les mouvements de la
Sensitive , est M. Dutrochet. Cet ingé-
nieux physiologiste avait cru reconnaître que
lorsqu'on enlève la moitié supérieure du
gros renflement moteur d'une feuille, celle-
ci se relève; qu'il s'abaisse au contraire
lorsqu'on enlève la moitié inférieure de ce
même renflement; il avait dès lors supposé
que ces deux moitiés agissaient comme deux
ressorts à tension contraire, dont l'un éle-
vait la feuille, tandis que l'autre l'abaissait.
Une cause quelconque donnait -elle la pré-
dominance à l'un des deux, il surmontait
la résistance de l'autre et déterminait le
mouvement de la feuille. Mais on voit que
cette hypothèse ne faisait que reculer la dif-
ficulté , puisqu'il s'agissait toujours de rc
29
226
MIM
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connaître la cause qui donnait momentané-
ment la prédominance à l'un des ressorts.
Aussi a-t -elle été bientôt abandonnée par
son auteur, qui en a proposé une nouvelle
dans ses Mémoires sur le sommeil et le réveil
des plantes , et sur Vexcitabilité végétale.
D'après les observations consignées dans le
premier de ces mémoires, le renflement mo-
teur renferme essentiellement, sur unocoupe
perpendiculaire à son axe, et en allant ie la
circonférence au centre: 1° une couche
épaisse de tissu cellulaire dont les cellules,
dans les trois quarts de l'épaisseur de la
couche, décroissent de l'extérieur vers l'in-
térieur; par suite de son ordre de décais-
sement , le tissu cellulaire de cette couche
tend à se courber, « de manière à diriger la
Concavité de sa courbure vers le dehors lors-
qu'il devient turgescent... Ce tissu cellulaire
est incurvable par endosmose. Il représente
par sa disposition un cylindre creux, dont
toutes les parties longitudinales , si elles
étaient séparées les unes des autres, ten-
draient dans l'état naturel à se courber vers
le dehors. » 2° Une couche de tissu fibreux
« incurvable par oxygénation , qui repré-
sente par sa disposition un cylindre creux,
dont toutes les parties longitudinales , si
elles étaient séparées les unes des autres ,
tendraient, dans l'état naturel, à se courber
vers le dedans ou vers le centre du pétiole. »
3o Un corps ligneux. 4° Au centre, un fais-
ceau de tissu fibreux identique à celui qui
entoure le corps ligneux; l'existence de ce
faisceau fibreux central , à la place de la
moelle , est le caractère le plus essentielle-
ment distinctif des renflements moteurs. Il
y a donc antagonisme de tendance à l'in-
curvation dans le tissu cellulaire extérieur
et dans le tissu fibreux intérieur; c'est par
la rupture de l'équilibre entre ces deux ten-
dances que M. Dutrochet explique les mou-
vements de la Sensitive. Or, l'équilibre lui
paraît devoir cesser, d'un côté, lorsque la sève,
affluant dans la couche cellulaire externe, la
rend turgescente , et par suite lui donne la
prédominance; et de l'autre , par ce motif
que si l'on admet dans le tissu fibreux l'exis-
tence « d'un liquide qui a beaucoup d'affi-
nité pour l'oxygène, l'addition de cette sub-
stance à ce liquide en augmentera nécessai-
rement la masse, produira, par conséquent,
la turgescence de ces fibres tubuleuses, » et
par suite rendra leur tendance prépondé-
rante.
Malheureusement cette ingénieuse hypo-
thèse donne matière à de nombreuses et de
puissantes objections. L'importance du rôle
qu'elle fait jouer à la couche extérieure du
tissu cellulaire est contredite par l'expé-
rience. Ainsi Meyen a enlevé à plusieurs
reprises le tissu cellulaire de la moitié infé-
rieure d'un renflement moteur jusqu'à dé-
nuder le faisceau ligneux intérieur, et il a
vu la feuille exécuter ses mouvements ordi-
naires; l'enlèvement du tissu cellulaire su-
périeur lui a donné les mêmes résultats. Mais
lorsqu'il a voulu enlever toute cette cou-
che cellulaire, l'expérience a constamment
échoué , parce que , dit-il , la feuille s'est
alors abaissée par son propre poids , et n'a
pu se relever. De plus , il semble bien diffi-
cile de concevoir, dans cette hypothèse, l'in-
stantanéité de ces phénomènes d'irritabilité
dans les expériences nombreuses et si diver-
ses que nous avons rapportées plus haut.
Au reste, on peut faire ces mêmes objec-
tions, ou d'autres tout aussi fortes, à quel-
ques autres hypothèses qui ont été propo-
sées, comme celles : 1° de M. Dasseu , qui
fait résider toute la cause des mouvements
de la Sensitive dans la couche cellulcuse ex-
terne des renflements, couche qu'il compare
aux tissus érectiles des animaux; 2° de
MM. Link et Meyen, qui voient au contraire
le seul principe moteur des feuilles dans le
tissu fibreux et dans les vaisseaux des ren-
flements moteurs. Au total , il nous semble
que la science ne possède pas encore une ex-
plication suffisante des mouvements de la
Sensitive ; les hypothèses ingénieuses qui ont
été proposées à cet égard ne font guère que
reculer les difficultés qui, dans ce cas comme
dans presque tous les autres , s'opposent à
la découverte de la cause première des phé-
nomènes.
L'exposé que nous venons de faire, et
dans lequel le défaut d'espace nous a mal-
heureusement obligé à supprimer les déve-
loppements dont il était susceptible à plu-
sieurs égards, a porté uniquement sur la
Sensitive, Mimosa pudica Lin. , parce que
c'est elle qui a été le sujet d'expériences ,
d'observations et d'écrits presque sans nom-
bre ; mais cette plante n'est pas la seule qui
soit douée d'une irritabilité assez forte pour
MïM
MIM
227
se manifester par des mouvements. Ainsi
l'on cite comme entrant dans la même caté-
gorie , quoique à de moindres degrés , les
Mimosa albida Kunth, M. floribunda Wild.,
M. viva Lin., M. castah., M. asperatah.,
M. quadr ivalvis L,, etc.; Y ' JEschinomene sen-
sitiva, le Smithia sensitiva Ait. ; les Desman-
thus stolonifer DC, D. triquelris DC, etc.;
même quelques Oxalidées, comme YOxalis
sensitiva L. ( Biophytum sensitivum DC ),
0. dendroides Kunth, 0. mimosoides Aug.
St-Hil., etc.
Nota. Notre article était entièrement com-
posé lorsque nous avons eu communication
d'un long mémoire manuscrit présenté à
l'Académie des sciences , dans la séance du
lundi 21 septembre 1846, par M. Fée , et
dont le litre est : Mémoire physiologique et
organographique sur la Sensitive et les
plantes dites sommeillantes. Ce travail ren-
ferme des énoncés qui s'écartent assez nota-
blement, à quelques égards , des idées qui
ont eu cours jusqu'aujourd'hui dans la
science, et dont nous croyons devoir repro-
duire textuellement les principaux sans en
contester ni en garantir la valeur. « Il
n'existe aucun appareil spécial de mouve-
ment chez la Sensitive. Elle est irritable
dans toutes ses parties; toutefois, la pulvi-
nule ( renflement moteur) des feuilles l'est
plus que toutes les autres. Si l'on blesse le
tissu, l'irritabilité se communique de proche
en proche, sans toutefois passer d'une feuille
à l'autre. Lorsque la blessure est faite en
un point éloigné des folioles, l'irritabilité
se transmet avec une grande lenteur, et les
mouvements se manifestent vers le point le
plus rapproché de la partie lésée. Les bles-
sures considérables n'agissent pas beaucoup
plu.-' vite que les blessures légères. L'irrita-
bilité n'est que médiocrement soumise aux
variations atmosphériques. Elle s'éteint par
un séjour prolongé dans un lieu obscur, et
pour renaître sous l'action de la lumière so-
laire. Aucune plante ne paraît mieux orga-
nisée pour le mouvement que la Sensitive;
ses articulations ont une disposition qui les
rend éminemment propres à se mouvoir. On
peut regarder le tissu cellulaire de la Sensi-
tive comme érectile. II est à l'état de dilata-
tion active, et la plante se présente étalée ;
il est à l'état de contraction ou de resserre-
ment, et la plante redresse ses folioles ou
bien abaisse ses pétioles. Dans l'état de di-
latation active, les liquides abreuvent les
cellules des plans inférieurs , et les main-
tiennent à l'état de turgescence. Dans l'état
de contraction, les liquides moins abondants
laissent les cellules des plans supérieurs af-
faissées, et sont refoulés vers les plans infé-
rieurs. Au jour et à la lumière, les sucs atti-
rés vers la cuticule se maintiennent en équi-
libre par une évaporation rhythmique. Si
les chocs , le froid , les blessures interrom-
pent cet équilibre , il y a trouble dans la
circulation, les fluides quittent brusquement
les cellules des plans supérieurs, dilatent les
vaisseaux par refoulement, et la contractilité
| en est la suite, » etc. (P. Duchartre.)
*M ï M0M011 PH A ( ^j.o s , mime; u. o P-
<pv? , forme). îns. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Lamiaires,
créé par Newmann {The Entomologiste t. I,
p. 322 ) avec une espèce des îles Philippi-
nes, le M. clytiformis de l'auteur. (C.)
MIM0PH1RE. géol.— -M. Al. Brongniart
a donné ce nom à une roche conglomérée, à
structure souvent porphyroïde, composée
essentiellement d'un ciment argiloïde, réu-
nissant des grains ou des cristaux très dis-
tincts de Feldspath; elle présente, comme
parties accessoires, du quartz en grains, du
schiste argileux, du mica, etc. Ce géologue
en forme trois variétés, qu'il nomme Mimo-
phyre quartzeux, quand la roche est dure,
solide, et que les grains de quartz y sont
nombreux ; Mimophyre pétrosiliceux, lorsque
la pâte est compacte et présente quelques
uns des caractères du Petrosilex; enfin Mi-
mophyre argileux, lorsque la pâte est tendre
et friable. M Brongniart considère cette ro-
che, géologiquement, comme une modifica-
tion des Psammites, des Pséphites et des Ar-
koses. (C. d'O.)
MIMOSA, bot. ph. — Voy. mineuse.
MIMOSÉES. Mimoseœ. bot. ph. — Une
des familles dans lesquelles a été divisé le
grand groupe des Légumineuses, à l'article
desquelles nous avons exposé sas caractères
et énuméré ses genres. (Ad. J.)
*MïMOSïTE.GKOL.-Souscenom,M.Cor-
dier désigne une espèce de roche agrégée,
grenue, à grains très fins, composée dePy-
roxène , de Feldspath vitreux et de Fer ti-
tane. Le Feldspath y est translucide et teint
MIM
MIM
en verdàtre parle Pyroxène; mais il perd sa
couleur et devient blanc lorsqu'on le chauffe
au chalumeau; il en est de même quand on
plonge la roche dans l'acide hydrochlorique.
M. d'Omalius d'Halloy réunit cette roche
à ses espèces Dolérite et Trapp, suivant que
les éléments se distinguent ou ne se distin-
guent pas à l'œil nu. La Mimosite appartient
principalement aux terrains pyrogènes des
périodes crétacée et paléolhérienne. (C. d'O.)
MIMULE. Mimulus Lion. (Mimusper-
sonalus , dit Linné, à cause de la corolle
de ces plantes qui a été comparée à un
masque de théâtre), iîot. ph. — Genre de
la famille des Scrophulariacées , de la Di-
dynamie - Angiospermie dans le système
sexuel. Sa circonscription première a été
modifiée et restreinte dans ces derniers
temps, quelques unes des espèces qu'il com-
prenait ayant servi à former de nouveaux
genres ; ces genres sont : le Diplacus ,
Nutt., composé aujourd'hui de 4 espèces,
dans lequel rentrent les Mimulus glutino-
sus Wendl., auranliacus Curt. , linearis
Benth. ; VEunanus Benth. , composé de
3 espèces, établi sur le M. nanus Hook., et
Arn.; le Leucocarpus, Don., renfermant
3 espèces, dont le type est le M. perfolia-
tus II. B. K. Resserré dans les limites que
lui assignent ces diverses suppressions , le
genre Mimulus comprend encore 30 espèces
pour la plupart remarquables par la beauté
deleurs fleurs, etque réunissentles caractères
suivants : ce sont des plantes herbacées,
toutes étrangères à l'Europe, pour la plu-
part originaires de l'Amérique, dont la tige
est décombante ou dressée, dont les feuilles
sontopposées. Leurs fleurs, souvent grandes
et remarquables par leur brillante colora-
tion, sont solitaires sur des pédoncules axil-
laires; parfois les supérieures forment par
leur rapprochement une sorte de grappe à
l'extrémité des rameaux. Leur calice est tu-
buleux, à Sangles longitudinaux, et terminé
par 5 dents ; la lèvre supérieure de leur co-
rolle est dressée ou réfléchie-étalée, bilobée ;
l'inférieure est étalée, trilobée, à lobes éga-
lement arrondis, plans; leurs 4 étamines
sont didynames, et les loges de leurs an-
thères finissent par devenir presque con-
fluentes; leur style se divise à son extrémité
en deux lames stigmatiques larges, ovales,
presque égales entre elles, remarquables
par leur irritabilité qui les fait se rappro-
cher l'une de l'autre lorsqu'on les chatouille
avec la pointe d'une aiguille. Le fruit des
Mimulus est une capsule à peine sillonnée,
2-valve, à débiscence loculicide, dont les
valves laissent au centre, en s'écartant, un
placentaire entier ou 2-fide, et emportent
la cloison sur leur ligne médiane. Plusieurs
Mimules sont aujourd'hui très répandus dans
les jardins, où ils se font distinguer par l'a-
bondance et la beauté de leurs fleurs. Nous
nous bornerons à décrire ici les plus connus.
1. Mimule de Virginie, Mimulus r in gens
Linn. Cette jolie espèce vivace, et rustique
dans nos climats, croît naturellement dans
l'Amérique du Nord depuis le Canada
jusqu'à la Virginie et l'Ohio. Sa tige tétra-
gone s'é'ève à 3-5 décim.; ses feuilles sont
oblongues ou lancéolées, légèrement den-
tées, élargies en cœur et embrassantes à
leur base ; ses fleurs se montrent aux mois
de juillet et d'août; elles sont violacées ou
bleu pâle, de grandeur moyenne, longue-
ment pédonculées ; leur calice est un peu
courbe, plissé, terminé par des dents lan-
céolées-linéaires, inégales, presque aussi
long que le tube de la corolle dont le limbe
est grand, ondulé, et qui est presque fermée
à la gorge. La capsule est ovale et enfermée
dans le calice. Dans nos jardins, cette plante
demande une terre franche , légère et hu-
mide, ou mieux encore de la terre de
bruyère, une exposition fraîche et un peu
ombragée. Elle se multiplie facilement, de
même que les suivantes, soit de graines se-
mées immédiatement après leur mat- nté,
jsoit de boutures ou par div&cn des p'eis.
2. Le Mimlle cardinal, Mimu'ui ca-ai-
nalis Dougl. Cette belle plante, éga'errent
vivace, a été rapportée par Doug'as de la
Haute-Californie. M. Spach a propesé peur
elle, sous le nom d'Erythranthe, un nou-
veau genre qui n'a pas été adopté. Sa tige
rameuse, à rameaux lâches, velue, s'élève
à 6-10 décim. ; ses feuilles ovales, rétrécies
à leur base et embrassantes, marquées de
nombreuses nervures , sont dentées et
comme un peu rongées sur leurs bords; ses
fleurs, d'un beau rouge minium, sont
grandes, très belles, et se succèdent pen-
dant une grande partie de l'été et de l'au-
tomne; elles ont un pédoncule plus long
que la feuille à l'aisselle de laquelle il sa
MIM
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229
trouve ; leur calice est grand , un peu
renflé, terminé par des dents ovales, aiguës,
courtes; le tube de leur corolle déborde à
peine le calice ; son limbe est grand, à lobes
réfléchis. Introduite dans les cultures euro-
péennes en 1835 seulement, cette belle es-
pèce y est déjà très répandue, à cause de sa
beauté et de la grande facilité avec laquelle
on la cultive et on la multiplie. Elle a déjà
donné un hybride que M. Bentham nomme
roseo-cardinalis, et dont les fleurs sont plus
belles encore que celles du type.
3. Mimule jaune, Mimulus luteus Lin.
Cette espèce est la plus répandue du genre,
soit dans la nature, soit dans nos jardins.
Elle croît naturellement dans les deux Amé-
riques, le long de leurs côtes occidentales,
dans tout le Chili d'un côté, de l'autre de-
puis Unalaschka jusqu'à la Californie, dans
les forêts humides, le long des ruisseaux, etc.
De plus, elle s'est naturalisée en Europe, aux
environs de Saint-Pétersbourg, d'où nous la
possédons. Elle est glabre ou un peu vis-
queuse, et pubescente ; sa tige est ascendante
ou dressée ; ses feuilles, pour la plupart forte-
ment dentées, sont orbiculaires , ovales ou
oblongues, les inférieures longuement pé-
tiolées, les supérieures sessiles , cordées-
embrassantes à leur base, à nervures nom-
breuses. Ses fleurs sont grandes, de colora-
tion très variable, d'un jaune plus ou moins
vif, tantôt unicolores, tantôt parsemées à
la gorge de nombreuses ponctuations rouges
et marquées sur chaque lobe d'une grande
tache de cette couleur; ces fleurs ont un
long pédoncule ; leur calice est ovoïde, à
dents ovales, dont la supérieure très grande ;
le tube de leur corolle est au moins deux
fois pi us long que le calice. Cette espèce
varie beaucoup, soit dans l'état spontané,
soit dans les jardins, pour sa surface glabre
ou pubescente, pour sa tige droite ou dé-
combante, plus ou moins haute, pour la
forme générale et les dentelures de ses
feuilles, pour la coloration de ses fleurs, etc.
Aussi a-t-elle donné matière à la formation
de plusieurs espèces, dont les noms sont gé-
néralement adoptés par nos horticulteurs,
et par divers botanistes, mais que M. Ben-
tham, dans sa dernière révision des Scro-
phulariacécs(Prodr., vol. X, p. 368), réunit
sous la dénomination unique que nous
adoptons avec lui. Ces espèces sont les Mimu-
lus gultatus DC, M. variegalus Lodd., M.
rivularis Nutt., et M. lyratus Benth. (P. D.)
MÏMUS, Briff. ois.— Syn. latin de Mo-
queur. Voy. MERLE.
MIMUSOPS (^oç, mime; dty, aspect).
bot. ph. — Genre de la famille des Sapo-
tacées, établi par Linné qui le place dans
l'octandrie-monogynie (Gen., n. 678) et
dont les principaux caractères sont: Calice
6-8-parti, à divisions bisériées. Corolle hy-
pogyne, arrondie, à divisions nombreuses
bisériées, les extérieures, au nombre de 12
ou 16, entières ou divisées, étalées ; les in-
férieures , au nombre de 6 ou 8 , indivises ,
dressées. Étamines insérées au fond du tube
de la corolle; 6 ou 8 , fertiles, opposées
aux divisions intérieures de la corolle;
autant d'autres étamines dépourvues d'an-
thères, et alternes avec ces mêmes divisions;
filets subulés, filiformes; anthères sagittées,
extrorscs, à 2 loges s'ouvrant longitudina-
lement. Ovaire à 8 loges uni-ovulées. Style
subulé; stigmate aigu. Baie 1-2 loculaire.
Les Mimusops sont des arbres lactescents
de l'Asie et de la Nouvelle-Hollande tropi-
cale. Leurs feuilles sont alternes, très en-
tières, brillantes; les fleurs sont blanches et
portées sur des pédoncules axillaires, souvent
groupés.
Ce genre renferme une trentaine d'espèces
réparties par De Candolle en deux sections
(Prodr. , VIII, p. 201) qu'il nomme: Qua-
ternaria: Fleurs en nombre quaternaire ; éta-
mines fertiles 8; Ternaria: Fleurs en nom-
bre ternaire; étamines fertiles 6. Endlicher
déjà, avant la publication decegenrepar De
Candolle, avait divisé les Mimusops en deux
sections (Gen. plant., p. 741, n. 4263):
Elengi: Divisions extérieures de la corolle
entières; Dinectaria: Divisions extérieures
de la corolle bifides.
Une des espèces les plus remarquables de
ce genre est le Mimusops Elengi L. , qui
croît dans l'Inde où il s'élève à une très
grande hauteur. Son tronc, simple, droit,
grisâtre, produit des rameaux cylindriques
quiportentdesfeuilleselliptiques-oblongues,
acuminées, glabres, pétiolées ; les fleurs
naissent de l'aisselle des feuilles, réunies par
3 ou par 6, et portées sur des pédicelles rou-
geâtres et duveteux ; les lobes du calice sont
lancéolés-acuminés, glabres intérieurement ;
les extérieurs, pulvérulents et jaunâtres au
230
MIN
MIN
dehors; les intérieurs, d'un blanc velouté a
la même surface. Les fruits, ovoïdes , char-
nus et rouges à leur maturité, ont une sa-
veur douce et légèrement astringente, et les
Indiens préparent avec l'eau distillée des
fleurs une espèce de thé dont l'odeur est
agréable et qui possède des qualités fébrifu-
ges. Le bois de cet arbre, blanc et dur, se
conserve longtemps dans l'eau. (J.)
MINARET. Turris. moll. — Genre créé
par Montfort (Conchyl. systém. , t. II,
p. 538) aux. dépens des Mitres deLamarck.
Voy. wîtue.
MINDIUM, Adans. (Faw.,11, 4 36). bot.
ph. — Syn. de Michauxia, L'Hérit.
MINERAI, min. — Voy. mines.
MINÉRALOGIE (minera, minéraux;
/oyoç, discours). — Branche de l'histoire natu-
relle qui s'occupe de l'étude des corps bruts
ou inorganiques, formés naturellement, sans
leconcours des forces vitales ni des opérations
de Fart, et que l'on trouve répandus par-
tout en abondance à la surface et dans l'in-
térieur de la terre. Elle embrasse dans son
objet la connaissance de leurs propriétés gé
nérales; celle des caractères particuliers qui
distinguent les différentes Espèces les unes
des autres, et les Variétés de chaque «spèce
entre elles; celle de leurs gisements ou ma-
nière d'être dans la nature, comme aussi de
leur emploi dans les arts et les usages de la
vie; enfin celle de leur classification, ou de
leur disposition dans un ordre méthodique
et rationnel, propre à faciliter leur étude,
et à faire ressortir leurs analogies et leurs
dissemblances.
La science des Minéraux est assurément
bien faite pour exciter un vif intérêt, soit
que l'on considère seulement son utilité di-
recte, qui résulte de ses applications nom-
breuses à l'industrie et des services signa-
lés qu'elle rend à la Géologie et à l'art des
Mines, soit que, l'envisageant de plus haut,
on tienne compte de son importance philo-
sophique et du rang qu'elle occupe dans
l'ordre de nos connaissances positives. De
toutes les productions de la nature, les Mi-
néraux sont celles qui offrent le moins d'at-
trait au premier abord; ils ne nous appa-
raissent pour la plupart que comme des
masses brutes, qui, pour attirer notre atten-
tion, ont besoin que la main de l'art les fa-
çonne et les mette en œuvre. A en juger
donc sur les seules apparences, il semble
que l'on doive borner leur étude à une
simple connaissance empirique de leurs
principales espèces, et l'on est tenté même
de renvoyer cette étude sommaire et super-
ficielle aux seules professions où elle paraisse
strictement nécessaire. Mais quand on exa-
mine les Minéraux de plus près, on ne tarde
pas à voir combien ils gagnent à être mieux
connus; une observation attentive découvre
en eux une multitude de propriétés, bien
dignes d'exercer les facultés de notre esprit
et de servir d'objets à nos méditations.
En effet, si d'abord on les étudie sous
le rapport de la forme, on remarque qu'ils
se présentent fréquemment sous des conG
gurations régulières, polyédriques, qui ne
sont point du tout un effet du hasard, mais
qui sont déterminées par des lois d'une
grande simplicité; et, chose étonnante, ces
formes peuvent néanmoins varier à l'infini
dans la même espèce minérale. Au premier
abord, cette multiplicité de formes pour la
même substance semble être une preuve
du peu d'importance qu'on doit y attacher,
et de l'inutilité de leur étude par suite de
l'impossibilité d'en saisir l'ensemble. Mais
vient-on à les comparer entre elles, on s'a-
perçoit qu'elles dépendent les unes des
autres, à tel point qu'il suffit d'en connaître
une seule, pour pouvoir les connaître toutes.
Il suit de là que, malgré ses métamorphoses
sans nombre, mais beaucoup plus appa-
rentes que réelles, la foime régulière ou
cristalline des Minéraux, est au fond tou-
jours la même, et l'on retruuve ici le cachet
ordinaire des œuvres de la nature, l'unité
dans la variété.
Si, à l'exemple de notre célèbre Hauy,
nous cherchons à étudier la structure inté-
rieure des Cristaux, au moyen de cette es-
pèce d'anatomic ou de dissection qu'on
nomme le clivage, nous découvrons dans
ces corps un genre de structure d'une uni-
formité et d'une symétrie remarquables, qui
ne varie pas comme la forme extérieure, et
qui est, pour les Minéraux cristallisés,
comme une sorte d'organisation constante
pour tous les individus de la même espèce.
Poussée aussi loin que possible, cette divi-
sion mécanique conduit à déterminer l'élé-
ment de cette structure cristalline, ce qu'on
nomme la molécule ou plutôt la particule
MIN
MIN
231
intégrante du Cristal, Cet clément impor-
tant n'est peut-être pas la représentation
exacte de la vraie molécule physique du
corps; mais, à coup sûr, il a avec elle des
rapports intimes et nécessaires; il en est en
quelque sorte l'équivalent pour nous, et
l'opération qui le donne est encore le moyen
le plus certain et le plus direct que nous
ayons, sinon pour atteindre à la véritable
molécule, du moins pour en approcher le
plus possible.
Sans parler ici des phénomènes curieux
que présentent les Minéraux, lorsqu'on vient
à les étudier sous le rapport de la dureté,
de l'élasticité, de l'électricité polaire, nous
signalerons en passant, parmi les propriétés
physiques des Minéraux, un ordre de faits
des plus intéressants: ce sont les singu-
lières modifications que présente la lumière
polarisée ( voyez l'article lumièhe), dans
son trajet à travers les Cristaux trans-
parents. Ces phénomènes n'offrent pas seu-
lement au naturaliste un vif attrait de
curiosité : ils ont surtout à ses yeux de
l'importance, en ce qu'ils accroissent ses
moyens d'investigation d'une manière sur-
prenante. Pour nous servir d'une expression
employée par M. Biot, un rayon de lumière
polarisée est pour le Minéralogiste comme
une sorte de sonde déliée, avec laquelle il
interroge dans tous les sens la structure mo-
léculaire des Cristaux. Ce rayon , dans cha-
cune des positions qu'il peut prendre, reçoit
pour ainsi dire l'empreinte des modiQcations
les plus légères de la structure interne, et
la rapporte ensuite fidèlement à l'organe de
la vue. Aucune partie de la physique miné-
rale n'est plus féconde en résultats impor-
tants que l'optique des Cristaux: aucune
n'est plus propre à enrichir la science de
phénomènes curieux et inattendus. Nous
n'en citerons pour preuve que les résultats
des travaux exécutés en ce genre par le
physicien illustre que nous citions tout-à-
i'heure; les substances les plus communes
et les plus vulgaires, celles sur lesquelles
l'attention semblait s'être épuisée, sont de-
venues entre ses mains habiles une source
de brillantes découvertes.
Si c'est la nature chimique des Minéraux
que nous voulons explorer, et si d'abord
nous bornons notre recherche à connaître
leur composition qualitative, l'esprit ingé-
nieux et la science profonde des Wollaston et
des Berzélius nous fournissent une multitude
de petits essais, d'opérations délicates, qui
s'exécutent facilement dans le cabinet, et au
moyen desquelles nous pouvons, dans chaque
cas particulier, parvenir sûrement et promp-
ternent à notre but; genre d'épreuves aussi
utile qu'il est attrayant, on peut le dire,
par la satisfaction que cause à l'esprit la
solution de ces problèmes, qui s'offrent à
lui comme autant d'énigmes à résoudre. Si
nous voulons aller plus loin, et détermi-
ner entièrement la composition complète et
absolue des corps, nous empruntons à la
chimie des laboratoires les résultats d'ana-
lyse qu'elle seule peut donner, et qu'elle
n'obtient qu'au prix d'opérations longues et
difficiles; cela fait, nous avons, comme mi-
néralogiste, à discuter ces résultats, à les
interpréter théoriquement, à essayer de les
mettre d'accord avec les indications de la
physique et de la géométrie des Cristaux.
Dans ce travail, nous rencontrons à chaque
pas l'application et la confirmation de ces
grands faits de la chimie moderne, la loi
des proportions définies, l'isomérie, le poly-
morphisme, et lisomorphisme.
Après s'être ainsi transformé successive-
ment en géomètre, en physicien et en chi-
miste, pour établir, à l'aide du calcul, de
l'expérience et de la simple observation,
l'ensemble des caractères de chaque sub-
stance, ce que les auteurs allemands ap-
pellent sa caractéristique, il reste encore au
Minéralogiste à remplir un dernier rôle, un
rôle plus spécial, celui du naturaliste des-
cripteur et classificateur; et, pour cela, il lui
faut comparer avec soin les diverses sortes
de caractères, reconnaître leurs lois et leur
subordination, chercher à apprécier leur va-
leur relative, et poser enfin les principes qui
doivent le diriger, tant dans la spécification
que dans la classification des espèces.
La Minéralogie, comme on le voit, lient
d'une part à l'histoire naturelle proprement
dite, et d'un autre côté, se rattache à la
géométrie, à la physique et à la chimie. Ce
n'est que depuis qu'elle a été éclairée de la
vive lumière que les sciences ont répandue
sur elle, qu'elle a pris rang elle-même
parmi les sciences positives ; car elle offre
maintenant un ensemble de faits qui se
lient parfaitement entre eux, et se laissent
232
MIN
MIN
ramener à un petit nombre de lois géné-
rales. Aujourd'hui les Minéralogistes, en
partant de principes certains, peuvent arri-
ver à des résultats comparables; ils mar-
chent vers leur but d'un pas assuré, en tenant
d'une main le flambeau des théories, et de
l'autre, celui de l'observation ou de l'expé-
rience.
Ce n'est que du commencement de ce
siècle que date la nouvelle ère de la Mi-
néralogie, car c'est Hauy qui a eu le mérite
de poser les véritables bases de la science ;
et il l'a fait avec tant de bonheur, qu'il n'y
a presque rien à changer, ni à ajouter aux
principes qu'il a établis pour la formation
des espèces. Si l'on remonte au-delà de l'é-
poque d'Haiiy, on voit la Minéralogie es-
sayer de se former en corps de doctrine tout
au plus dans la première moitié du siècle
précédent. Elle est donc sous tous les rap-
ports une science moderne; cependant,
comme elle a, dans un si court intervalle
de temps, changé plusieurs fois de face, il
ne sera pas inutile de faire ici, en peu de
mots, l'histoire de sa marche et de ses pro-
grès depuis un siècle.
Les divergences d'opinion qui ont divisé
et qui divisent encore les Minéralogistes en
plusieurs écoles distinctes et profondément
séparées, tiennent à la diversité des points
de vue sous lesquels ils ont envisagé les Mi-
néraux, et au choix qu'ils ont cru pouvoir
faire de telle ou telle classe de propriétés,
pour établir leurs principes de spécification
et de classification, en excluant toutes les
autres, ou du moins en ne leur accordant
qu'une place insignifiante. Aussi peut-on
distinguer autant d'écoles de Minéralogistes,
dont chacune a eu son temps de vogue, qu'il
y a de classes ou de divisions importantes
parmi les caractères. Or, les caractères des
Minéraux se partagent assez naturellement
en caractères extérieurs, caractères chi-
miques, et caractères physiques; ces der-
niers ont été subdivisés en caractères géo-
métriques ou cristallographiques, et en ca-
ractères physiques proprement dits, ce qui
fait en tout quatre classes principales. Eh
bien, à chacune de ces quatre divisions cor-
respond une école particulière de Minéra-
logistes, dans laquelle, toutefois, il faut
comprendre , non pas seulement ceux qui
n'ont eu égard qu'à une seule classe de ca-
ractères, mais encore tous ceux qui lui ont
assigné le plus haut degré d'importance,
qui lui ont attribué une prépondérance
marquée sur toutes les autres.
C'est dans le nord de l'Europe, en Suède
et dans la Saxe, que s'est développée la
première école, celle qu'à l'exemple de
M. Al. Brongniart, nous appellerons V école
empirique, parce qu'elle se fondait unique-
ment sur le témoignage des sens , n'accor-
dant d'attention qu'aux caractères exté-
rieurs, à ceux que nous constatons à l'aide
de nos seuls organes et sans le secours d'au-
cun instrument. Ses représentants les plus
célèbres ont été, en Suède, Bromel et Wal •
lérius, et en Saxe, Werner. Ce dernier peut
en être considéré, sinon comme le fonda-
teur, du moins comme le véritable chef; il
s'est efforcé de ramener 1» détermination
empirique des Minéraux à des procédés mé-
thodiques, et il est parvenu à définir tous
leurs caractères extérieurs avec une préci-
sion inconnue avant lui. On n'a pas tardé
à reconnaître l'insuffisance de pareilles mé-
thodes, et l'école empirique a fini par se
transformer et par se fondre dans les écoles
géométrique et chimique. Aujourd'hui elle
n'est plus, et peut-être méconnaît-on un
peu trop les services qu'elle a rendus à la
science; il semble qu'on ait complètement
perdu de vue l'utilité dont peuvent être
des caractères extérieurs, définis avec tout
le soin qu'y mettait l'école de Freyberg. Ils
ont une véritable importance, lorsqu'il s'agit
non pas de déterminer une espèce , mais
d'en décrire les variétés, de telle sorte que
la description les fasse aisément recon-
naître.
La seconde école , que nous appellerons
V école chimique, comprend les minéralo-
gistes qui ont fondé principalement, ou
même uniquement, leurs principes de clas-
sification sur la composition chimique, telle
que la donne l'analyse. Ce sont, entre au-
tres, parmi ceux du siècle dernier, Cron-
stedt,Bergmann etKirwan, et de nos jours,
l'illustre Berzélius. Certes, nous sommes
bien éloigné de vouloir contester l'impor-
tance des caractères chimiques pour la dé-
termination des espèces ; nous pensons au
contraire qu'ils sont en Minéralogie des ca-
ractères de première valeur. Cependant il
est facile de se convaincre de leur insuffi-
MIN
MIN
233
sance dans beaucoup de cas et de la néces-
sité de les combiner, soit avec le caractère
delà forme, soit avec les indications des
propriétés physiques. C'est donc à tort que
plusieurs chimistes , méconnaissant la vé-
ritable nature et l'importance du rôle du
naturaliste, ont cru pouvoir, dans la for-
mation et le classement des espèces miné-
rales, se borner aux seuls résultats de l'a-
nalyse, réduisant la Minéralogie à n'être
plus qu'un simple appendice de la chimie
minérale, et par là l'annulant ou l'absor-
bant tout entière au profit de leur science.
En même temps que se développait l'é-
cole dont nous venons de parler, d'autres
savants cherchaient de leur côté à faire
prévaloir les diverses catégories de carac-
tères physiques, et l'on a vu surgir une
école nouvelle, Y école physique, qui , en
se fractionnant successivement, a produit
l'école géométrique ou des cristallographes,
celle des naturalistes purs, et enfin, celle
des Minéralogistes opticiens. Linné, qui
porta son remarquable esprit d'investiga-
tion sur toutes les parties de l'histoire na-
turelle, est le premier qui introduisit dans
la science des minéraux l'importante consi-
dération de la forme cristalline. Mais, tout
préoccupé qu'il était de certaines idées
cristallogéniques complètement erronées, il
ne sut pas en tirer un parti convenable.
L'école géométrique a été surtout représen-
tée par Rome de l'isle et Haiiy en France ,
et par Weiss et Mohs en Allemagne. Obser-
vons toutefois qu'Hatiy, bien qu'il ait eu
une sorte de prédilection pour le caractère
de la forme , a toujours attaché une grande
importance aux autres caractères physiques,
aussi bien qu'à la composition chimique;
et pour cela, il mérite que nous lui don-
nions un rang à part, comme nous le ferons
tout-à-I'heure.
Quant à Mohs , il est devenu le chef d'une
école particulière, dans laquelle il a été
précédé par Daubenton et suivi par Brei-
thaupt ; c'est celle des naturalistes purs qui,
voulant en quelque sorte prendre leur re-
vanche du dédain que les chimistes avaient
manifesté pour les caractères physiques,
repoussent à leur tour toutes les données
de la chimie, prétendant qu'elle ne saurait
fournir des caractères inhérents aux espèces
et propres à l'histoire naturelle, parce qu'elle
t. vin.
dénature les Minéraux; et que la cristallo-
graphie et la physique peuvent seules nous
les dépeindre et nous les représenter tels
qu'ils sont réellement. Sans vouloir nous
livrer en ce moment à une discussion ap-
profondie de la valeur de cette opinion ,
nous nous bornerons à une seule observa-
tion , qui nous paraît suffisante peur mon-
trer que l'école de Mohs a poussé jusqu'à
l'exagération la rigueur de ses principes. Si
nous avions des organes assez délicats,,
ou des microscopes assez puissants pour
nous permettre de voir et de toucher les.
molécules physiques des Minéraux, nous1
reconnaîtrions alors que les molécules sont
des groupes composés d'atomes, parfaite-
ment déterminés dans leur forme et leur
structure ; et la constitution moléculaire,
tombant immédiatement sous nos sens, ren-
trerait alors dans la classe des caractères
que Mohs regarde comme naturels. Ne pou-
vant la connaître ainsi par l'observation im-
médiate, nous tâchons d'y parvenir par des
voies moins directes, en suppléant au té-
moignage des sens par les déductions tirées
des résultats de l'analyse chimique et de
l'ensemble des faits cristallograpbiques.
Nous ajouterons encore une réflexion :
Mohs a cherché à établir un parallèle entre
la chimie et l'anatomie d'une part, la Mi-
néralogie et la zoologie d'une autre part ,
et il a soutenu que les rôles du chimiste et
du Minéralogiste étaient aussi nettement
séparés que le sont ceux de l'anatomiste et
du zoologiste. Selon lui, le zoologiste ne
peut pas raisonnablement fonder ses moyens
de reconnaissance sur des caractères aussi
profondément cachés que les caractères ana-
tomiques, et sur des différences que le scal-
pel seul peut lui révéler. Il lui paraît ab-
surde , ou du moins par trop étrange , que ,
pour déterminer le nom d'un animal vivant,
on soit dans l'obligation de le mutiler ou
de le détruire. Le zoologiste doit donc cher-
cher à combiner les caractères extérieurs ,
de manière qu'ils traduisent et représentent
exactement les caractères plus profonds qui
échappent à l'observation directe. Ce rai-
sonnement a bien sa valeur sans doute ;
mais l'assimilation que Mohs prétend faire
de la Minéralogie avec la zoologie n'est pas
exacte; les Minéraux n'offrant jamais ce ca-
ractère d'individualité qui se ren rentre si
30
234
MIN
MIN
fréquemment parmi les animaui , le cas
n'est pas le même pour le Minéralogiste ,
qui peut détacher sans scrupule une par-
celle du Minéral à déterminer, le reste de
la masse n'éprouvant par là aucune alté-
ration.
Enfin, comme une dernière fraction de
l'école physique, nous devons mentionner
celle des physiciens, qui ont fait une étude
spéciale de l'optique minéralogique , et à
laquelle appartiennent M. Brewster en An-
gleterre, MM. Biot et Babinet en France.
Gomme on le voit , la Minéralogie , dans
chacune de ses phases successives, s'est si-
gnalée par le caractère éminemment exclu»
sif de son point de vue et de ses moyens de
recherche. Dans son état actuel, elle nous
offre un caractère tout opposé , une sorte de
tendance à l'éclectisme. Empruntant à cha-
que école ce qui lui appartient en propre,
et ne négligeant aucun moyen d'investiga-
tion , s'il peut être utile , au lieu de cher-
cher à restreindre ses procédés, elle les
multiplie le plus possible ; elle fait appel
aux savants qui peuvent lui ouvrir de nou-
velles voies de recherche. Elle tire des se-
cours non seulement de la chimie, mais de
toutes les parties de la physique et de la
géométrie elle-même, persuadéeque ces di-
verses sciences, en s'associant, se prêtent
un appui mutuel , et que leurs résultats ne
peuvent que gagner à se contrôler les uns
par les autres. Ce contrôle si précieux a lieu
en vertu du principe de la corrélation des
caractères qui correspond dans les Minéraux
à celui de l'harmonie des organes chez les
êtres vivants. On reconnaît, en effet, entre
les différents caractères du Minéral , lors-
qu'on le prend dans son plus grand état de
perfection, qui est l'état cristallin, des lois
de coexistence qui, bien qu'établies par
l'observation seule et par la répétition con-
stante du rapport observé, ont, en histoire
naturelle, lamême valeur scientifique queles
lois du physicien ou les formules du géo-
mètre; car elles permettent de conclure, du
connu à l'inconnu , des propriétés extérieu-
es et visibles à celles qui sont intérieures
et cachées.
L'ère nouvelle de la Minéralogie date de
l'apparition du grand ouvrage, dans lequel
Hatiy a posé les bases de la spécification du
règne minéral. Jusque là, la science n'a- J
vaiteu pour diriger sa marche aucun prin-
cipe certain, aucune règle fixe. Hauy est le
premier auteur qui ait cherché à donner une
définition rigoureuse de l'espèce , et à déter-
miner les caractères qui doivent établir l'i-
dentité du Minéral. Selon lui, l'espèce est
la collection de tous les individus dont les
molécules physiques sont semblables en tout
point, c'est-à-dire de même forme et de
même composition atomique. Elle a donc
deux caractères fondamentaux d'une égale
importance, dont l'un est la composition
anatomique, telle qu'on la conclut des ana-
lyses , et l'autre est la forme de la molécule,
ou, ce qui revient au même, la forme cris-
talline. — Cette définition est claire, pré-
cise et fondée sur les raisons les plus évi-
dentes. Tout nous porte à croire, en effet,
qu'un Minéral pur n'est qu'une masse for-
mée par l'agglomération des molécules iden-
tiques; l'essence de l'espèce minérale réside
donc dans l'unité de la molécule physique,
de cet élément infiniment petit et invi-
sible pour nous, mais qui, en se multipliant
un très grand nombre de fois, engendre les
masses minérales sensibles. Autant il se
trouve de corps dont les molécules diffè-
rent, autant il y a d'espèces à distinguer.
Mais on a reconnu en chimie que la mo-
lécule physique , ou le dernier terme de la
division moléculaire opérée par la chaleur,
n'était pas toujours la même chose que le
dernier terme de la division produite par
l'action chimique; les Minéraux sont consti-
tués généralement de manière que leurs
atomes élémentaires sont d'abord combinés
entre eux en une molécule chimique, de type
et de forme parfaitement définis, et qu'en-
suite ces molécules chimiques sont groupées
de nouveau par petits nombres pour former
une seconde espèce de molécules, tout aussi
bien déterminée de forme que la première,
et qui est la véritable molécule physique. Il
y a donc, dans les Minéraux, deux points
fixes différents , auxquels on peut s'arrêter
pour en faire la base de l'espèce; et par
conséquent on conçoit comme possibles deux
sortes d'espèces , une espèce purement chi-
mique , fondée uniquement sur l'identité
delà molécule chimique, et une espèce phy-
sico-chimique ou minéralogique, fondée sur
l'identité de la molécule physique, et par
conséquent sur l'identité de la composition
MIN
MIN
235
chimique et de la constitution physique tout
ensemble. Or, c'est, en effet, ce que nous
apprend l'histoire de la science. L'espèce
minérale a été établie tantôt d'une manière
et tantôt de l'autre. Les chimistes , se préoc-
cupant avant tout de la composition chi-
mique , ont considéré comme étant de même
espèce tous les corps dans lesquels la molé-
cule chimique était la même , faisant bon
marché de toutes les modifications qui pou-
vaient avoir lieu en dehors de cette molé-
cule. Les Minéralogistes, au contraire, en
leur qualité de physiciens naturalistes, ont
attaché avec raison une grande importance
aux différentes constitutions physiques , et
pour eux le caractère de l'espèce réside dans
la molécule physique, ou , ce qui revient au
même, dans l'identité de constitution phy-
sique , laquelle suppose nécessairement l'i-
dentité de composition chimique. Dans cette
divergence d'opinions entre les chimistes et
les Minéralogistes, il n'y a rien qui doive
surprendre : on conçoit très bien que les
deux sciences aient chacune leur point de
vue particulier, et qu'en même temps elles
puissent s'entendre parfaitement , en te-
nant compte de la différence des points de
départ.
Quelques naturalistes, parmi ceux qui
s'adonnent à l'étude de l'organisation, ayant
cherché à établir une comparaison entre la
Minéralogie et les sciences organiques, ont
prétendu que , dans le règne minéral , il n'y
avait, à proprement parler, ni espèces ni
individus , et cela pour avoir perdu de vue
la véritable définition de l'espèce, et s'être
trop préoccupés de celle par laquelle on la
remplace ordinairement; ils n'ont pas sé-
paré dansleurespritdeux faits bien distincts,
celui de l'existence présente de certains ty-
pes d'organisation, végétaux ou animaux ,
et celui de leur multiplication dans le temps
et dans l'espace , ou de leur propagation par
voie de génération successive. Ces deux faits,
a la vérité, paraissent toujours concomi-
tants; mais il n'y a point entre eux de rap-
port tellement nécessaire que l'un ne puisse
être conçu sans l'autre.
Dans les règnes organiques , les individus
d'une même espèce naissent les uns des au-
tres; mais ce mode de propagation des in-
dividus ne constitue pas la véritable es-
sence des espèces: elle consiste, selon nous,
dans un type d'organisation défini , qui se
répète le même dans un grand nombre
d'individus ; peu importe la manière dont
s'opère cette multiplication d'individus sem-
blables. Que l'on fasse, pour un moment,
abstraction des faits de la reproduction; en
supposant permanente la création actuelle ,
les espèces n'en seront pas moins bien limi-
tées que dans l'état réel des choses; elles
pourront toujours se distinguer entre elles
par les caractères qui leur sont inhérents,
par les différences qui ressortent de leur
organisation. En Minéralogie, il y a des
espèces par la raison seule que les molé-
cules physiques ont des types de composition
aussi fixes , aussi bien déterminés que les
types des espèces organiques. Nous le répé-
tons, c'est l'existence et la fixité de types ri-
goureusement déterminables qui constituent
l'essence des espèces , et c'est la répétition
exacte du même type dans plusieurs corps
ayant chacun une existence à part qui fait
les individus.
De la définition de l'espèce donnée par
Hauy il résulte évidemment que l'analyse
chimique est impuissante pour caractériser
seulela natured'un Minéral ; qu'elle ne nous
fait connaître que la composition apparente
ou relative, et non la composition réelle ou
absolue; et qu'il y a quelque chose à voir
au-delà de son résultat. D'un autre côté ,
la forme cristalline peut bien nous repré-
senter la disposition relative des atomes ;
elle peut même dépendre en partie de leur
nombre; mais elle ne nous apprend rien de
leur nature, et par conséquent l'interven-
tion de la chimie est nécessaire pour com-
pléter la connaissance de l'espèce. Il faut
donc faire concourir à sa détermination les
deux caractères; il est impossible de ne pas
admettre celte conséquence logique. Le
principe posé par Haiïy est définitivement
acquis à la science, et il sera désormais le
point de départ de toute classification qui
aura des prétentions au titre de méthode
naturelle.
Les nouveaux principes introduits dans
la science depuis l'époque d'Haûy ne sont
aucunement contraires à la règle de spéci-
fication qu'il a établie. Celui de l'isomérie
lui est tout-à-fait favorable ; car c'est pré-
cisément en s'appuyant sur des modifica-
tions du genre de celles qu'on a depuis ap-
236
MIN
pelées homériques , sur des changements
intra-moléculaires, sur les différences de
rôle que les mêmes atomes lui paraissaient
pouvoir jouer dans des corps de même com-
position, qu'il fondait la nécessité d'ad-
joindre la forme à la composition , comme
caractère spécifique. L'isomérie étant favo-
rable au principe d'Haiiy, le dimorphisme ne
saurait lui être contraire si , comme nous
le pensons, et comme le croient beaucoup
de Minéralogistes et même de chimistes, les
faits , peu nombreux d'ailleurs , qu'on a dé-
signés par ce nom ne sont que des cas par-
ticuliers d'isomérie, et ne constituent par
conséquent qu'un faux dimorphisme appa
rent (Voy. isomérie). Il n'y aurait qu'un di-
morphisme réel qui pourrait faire difficulté
et nécessiter peut-être quelque modification
au principe d'Haûy; et par dimorphisme
réel nous entendons le cas de deux miné-
raux qui, ayant mêmes molécules physiques,
cristalliseraient dans des systèmes diffé-
rents. Mais rien ne prouve encore qu'il en
soit ainsi; c'est jusqu'à présent un cas pu-
rement hypothétique ; et en attendant qu'on
fournisse la preuve de sa réalité , il n'y a
rien à changer à la définition d'Haiiy ; et la
preuve la plus manifeste de la solidité de ce
principe, c'est que les Minéralogistes (même
ceu» qui semblent portés à admettre le di-
morphisme comme réel) n'en continuent
pas moins d'établir la distinction des espèces
d'après l'ancienne règle.
Quanta l'isomorphisme, cet autre prin-
cipe , qui est aussi venu enrichir nouvelle-
ment la science , il est évident qu'il n'a rien
de contraire à cette règle , puisqu'il ne suffit
pas que deux Minéraux aient la même forme
pour être de la même espèce, et qu'il faut
en outre que ces minéraux s'accordent sous
le rapport de la composition.
Les espèces étant formées , il reste à voir
d'après quels principes on établira leur clas-
sification , comment on formera les genres
et autres divisions supérieures de la mé-
thode. Les espèces ayant deux caractères fon-
damentaux, l'un chimique, l'autre cristal-
lographique, il en résulte d'abord qu'il y a
deux sortes de degrés par lesquels on peut
se rapprocher des espèces ou des genres pos-
sibles, l'un purement chimique, l'autre
purement cristallographique. Celui-ci se
forme par le rapprochement des espèces ,
MIN
qui cristallisent dans le même système (ex.:
genre rhomboédrique), le premier par le
rapprochement des espèces qui ont un prin-
cipe commun (ex. : genre Carbonates). Ces
deux genres peuvent exister tous les deux,
à la condition qu'ils se subordonnent I'ud
à l'autre, et nous pensons que cette subor-
dination doit être telle que le caractère
chimique domine le caractère cristallogra-
phique. Ce sera donc le groupe Carbo-
nates qui se subdivisera d'après les diffé-
rences de systèmes et non pas le groupe
Rhomboédrique qui sera divisé en Carbo-
bonates , Sulfates, Phosphates, etc. Main-
tenant, il est clair qu'on peut encore for-
mer un troisième genre , en réunissant les
espèces isomorphes, c'est-à-dire celles qui
ont entre elles une double analogie de com-
position et de forme. Ce sera le genre phy-
sico-chimique ou le genre minéralogique
proprement dit , le moins éloigné de l'es-
pèce , et par conséquent le plus naturel.
Les genres chimiques peuvent être établis
de deux manières , selon que le principe
commun , qui sert de lien aux espèces, est
le principe minéralisé ou la base , ou bien
le principe minéralisateur, ou celui qui fait
fonction d'acide. De là , plusieurs sortes de
classifications possibles au point de vue chi-
mique : les classifications par les bases ,
comme celle d'Haiiy, les classifications par
les acides, comme celle de M. Beudant, et
les classifications mixtes, dans lesquelles les
espèces sont groupées tantôt par les acides ,
et tantôt par les bases , comme celles de
MM. Brongniart et de Kobell. Chacune de
ces méthodes présente des avantages; mais
dans l'état actuel de la science, le groupe-
ment parles acides paraît préférable , parce
qu'il laisse subsister presque toutes les réu-
nions qu'indique l'isomorpbisme , et que
ces réunions sont ce qu'il y a de plus naturel
en Minéralogie. Les groupes d'isomorphes
sont la pierre de touche des classifications
modernes; elles sont d'autant plus artifi-
cielles qu'elles rompent plus fréquemment
et plus fortement les rapports de ce genre.
Nous croyons donc qu'il faut adopter les
groupes chimiques de M. Beudant, qui ne
sont rien autre chose que les genres de la
chimie minérale; seulement nous nous ser-
vons du mot d'ordres pour les désigner,
afin de pouvoir le subdiviser en tribus,
MIN
MIN
237
d'après les systèmes cristallins , et en genres
proprement dits, d'après l'isomorphisme.
Le groupement par les bases a bien aussi
des avantages qu'on ne saurait nier, surtout
lorsqu'on l'applique aux substances métal-
liques, et c'est pour profiter de ces avan-
tages , et en même temps de ceux qui ré-
sultent de l'autre mode de groupement ,
que M. Brongniart et quelques Minéralo-
gistes ont cru devoir scinder la classifica-
tion en deux parts, et donner à chacune un
caractère différent. Mais on peut dans les
leçons, aussi bien que dans les livres de
Minéralogie, demeurer conséquent au prin-
cipe que l'on a une fois posé, et cependant
ne laisser perdre aucun des avantages réels
qui sont attachés aux deux méthodes; car
rien n'empêche , par exemple , après avoir
placé sous leurs différents acides et décrit
séparément les espèces qui ont une même
base, de les récapituler toutes lorsqu'on a
fait l'histoire de la dernière, et de recom-
poser ainsi le genre de la méthode inverse.
Quelle que soit la méthode que l'on suive ,
il y a de l'avantage à former ainsi de nou-
veaux rapprochements entre les espèces, et
à multiplier les comparaisons de toutes les
manières possibles. C'est le seul moyen de
suppléer à l'insuffisance de nos méthodes ,
et de remédier a ce qu'elles ont d'artificiel.
En continuant de prendre pour guide
risomorphisme, on peut établir entre les
ordres chimiques eux-mêmes une dispo-
sition en série assez rationnelle, et à l'aide
de laquelle on passe successivement et par
degrés des corps les plus combustibles aux
corps non combustibles , et des substances
les moins composées à celles qui le sont le
plus. Nous renvoyons au mot système mi-
Wéralogique pour les détails concernant ce
mode de classement, dont nous avons déjà
Tait usage, en décrivant dans ce Diction-
naire quelques uns des groupes principaux
de la Minéralogie. (Delafosse).
MINES, géol. et min. appl. — LesMines
sont des ejicavations faites dans le sein de
la terre pour l'extraction de certaines ma-
tières. On applique spécialement celte dé-
nomination aux exploitations des gîtes mé-
tallifères et des gîtes généraux, qui, par
leur importance , donnent lieu à des tra-
vaux très développés, comme la houille,
l'anthracite, le sel gemme, etc. Les exploi-
tations prennent le nom de carrières lors-
qu'elles sont ouvertes, généralement à ciel
ouvert , sur des gîtes généraux qui four-
nissent à l'industrie les pierres de construc-
tion , telles que les granités, calcaires, gyp-
ses, grès , schistes ardoisiers, etc. Enfin
certains gîtes, tels que les tourbes, les fers
d'alluvions , les alluvions aurifères, qui s'ex-
ploitent par des travaux superficiels, reçoi-
vent les noms de tourbières , minières et la-
vages.
L'exploitation des Mines remonte à une
époque très reculée. Elle est devenue la
source la plus immédiate de la prospérité
commerciale, en fournissant à l'industrie la
plus grande partie des matières premières.
En général, la plupart des États pourraient
se suffire à eux-mêmes sous le rapport des
produits agricoles; mais les richesses miné-
rales , réparties avec irrégularité, ont dû
amener entre eux des échanges nécessaires.
Les Mines métalliques sont concentrées dans
quelques districts circonscrits, tandis que
des surfaces immenses en sont totalement
dépourvues. La houille , ce précieux com-
bustible, ne se trouve que dans des bassins
peu étendus, et presque tous accumulés dans
la partie occidentale de l'Europe.
L'art des Mines ne reçut de grands déve-
loppements qu'après que les sciences physi-
ques eurent fait préalablement des progrès
étendus. Il fallait non seulement trouver le
minéral , mais en reconnaître la composi-
tion et les propriétés physiques; connaître
les moyens de s'enfoncer avec sécurité dans
les profondeurs de la croûte terrestre ,
quelle qu'en fût la résistance, quelques ob-
stacles qu'elle présentât par la présence de
voies d'eau , ou d'autres fluides qui la tra-
versent accidentellement. Enfin , il fallait
aussi connaître les procédés les plus écono-
miques pour en retirer les substances utiles,
et Jes amener à l'état de pureté. On conçoit
qu'il dut s'écouler bien des siècles avant que
l'homme pût résoudre tous ces problèmes,
et extraire des entrailles de la terre les ma-
tières dont il a besoin, et qui concourent si
puissamment au développement social.
Ce ne fut guère qu'au commencement du
xvuc siècle que les travaux des Mines se dé-
veloppèrent sensiblement, et arrivèrent à
un état satisfaisant par l'élude des filons, la
création des méthodes d'abattage , de trans -
238
MIN
MIN
port et d'épuisement des eaux. L'emploi de
la poudre dans les Mines remonte à cette
époque; jusque là l'action des outils et du
feu avait suffi aux exploitations ; aussi le tra-
vail était-il lent et pénible. L'application de
la poudre fut un des progrès les plus re-
marquables de l'art des Mines. Elle aug-
menta considérablement les produits en ac-
célérant les travaux. En effet, l'abattage
même des roches les plus dures cède à la
force d'expansion de la poudre enflammée ,
dont le gaz incandescent égale instantané-
ment de 4,000 à 6,000 fois le volume pri-
mitif de la poudre. Que de travaux longs et
dispendieux n'a-t-elle pas épargnés depuis
son application ! Autrefois il fallait toute la
persévérance forcée des malheureux condam-
nés aux travaux des Mines pour entreprendre
la perforation des roches quartzeuses et gra-
nitiques, dont l'abattage ne devait s'opérer
qu'avec une lenteur désespérante. L'emploi
de la poudre abrégea donc les efforts des
hommes en leur facilitant l'accès des mine-
rais enfouis dans les abîmes , que l'on ju-
geait jusqu'alors impénétrables avec le seul
secours des outils.
Les gîtes de minéraux utiles se divisent
en gîtes généraux et en gites particuliers.
Les premiers forment des masses puissantes
et étendues qui constituent des terrains ou
parties de terrains de la série géologique;
les seconds sont des masses minérales ac-
cidentelles qui se présentent isolées au mi-
lieu des gîtes généraux, dont elles diffèrent
par leur nature. Lorsque ces gîtes particu-
liers sont l'objet d'exploitation pour en re-
tirer les matières utiles qu'ils renferment,
on les nomme gîtes de minerais
Parmi les gîtes de minerais , les uns pa-
raissent être de formation contemporaine à
celle des terrains qui les encaissent; ce sont :
les bancs , les amas parallèles , formés de
minerais ou d'autres substances étrangères
au terrain ; les autres, au contraire, sont de
formation postérieure à celle des terrains
dans lesquels ils sont enclavés : tels sont les
filons, les amas entrelacés, les amas trans-
versaux et les amas irréguliers. Us alimen-
tent la presque totalité des exploitations mé-
talliques.
Les filons sont des gîtes d'une forme assez
plane , d'une épaisseur généralement peu
considérable, mais assez étendus dans leurs
autres dimensions; ils résultent de fentes
ou cassures plus ou moins considérables dans
la croûte solide du globe , et postérieure-
ment remplies par diverses substances mi-
nérales, parmi lesquelles se trouvent les
minerais. Ces gîtes sont astreints à des loi*
de régularité dans leur forme, leur compo-
sition et leur allure. Ainsi les filons d'une
même époque ont une composition identi-
que, et sont parallèles entre eux. Quelque-
fois ils sont coupés par d'autres filons pos-
térieurs, qui affectent des caractères diffé-
rents de composition et de direction. En
général les filons se terminent en coin à leur
partie inférieure, ils se bifurquent en tra-
versant des terrains moins résistants, et,
dans ce cas, ils s'appauvrissent considéra-
blement (voy. l'article filon de ce Diction-
naire pour leur mode de formation).
On distingue plusieurs parties dans un
filon : ainsi on appelle toit la paroi supé-
rieure du filon, et mur la paroi inférieure;
la distance entre ces deux parois constitue
la puissance du filon. La tête est la partie
du filon la plus voisine de la surface ; elle
prend le nom d'affleurement, lorsqu'elle se
montre au jour; la partie la plus profonde
du filon prend le nom de queue. Générale-
ment elle diminue de puissance à mesure
qu'elle s'enfonce. Souvent le toit et le mur
sont séparés du gîte métallique par des ro-
ches d'une autre nature que la masse, et
souvent argileuses : ces parties sont les sal-
bandes. On appelle épontes les parois de ro-
ches encaissantes qui forment le toit et le
mur du filon. La ligne d'intersection d'un
plan horizontal avec le plan d'un filon en
détermine la direction ; {'inclinaison est
l'angle que forme le plan de direction avec
l'horizon.
Les filons s'étendent quelquefois à des
distances considérables dans le sens de leur
direction. Leur puissance varie de 0M,10
jusqu'à 40 et 50 mètres. Le plus générale-
ment la puissance est au-dessous de 2 mè-
tres. Les minerais s'y trouvent mélangés
avec des matières pierreuses qu'on nomme
gangues. Ces gangues sont principalement
composées de Silice sous forme de Quartz, j
de Jaspe ou d'Agates; de Chaux carbonatée, *
de Chaux fluatée, et de Baryte sulfatée; ra-
rement elles sont d'une seule espèce. Quel-
quefois cependant l'une de ces espèces do-
MIN
MIN
239
mine soit dans certaines parties du filon ,
soit dans le filon en entier.
Les premiers travaux d'une Mine sont
destinés à constater l'existence du gîte, sa
position, sa direction, son inclinaison et sa
richesse probable. Ces travaux de recherches
se font soit au moyen de la sonde, soit par
tranchées, puits, et galeries souterraines.
En faisant les puits et les galeries, on a
soin de leur donner une solidité convenable
en les boisant à mesure qu'on fonce et qu'on
perce, afin que par la suite ils puissent ser-
vir aux divers travaux d'exploitation. Les
puits destinés à l'extraction du minerai et
à l'épuisement des eaux atteignent le niveau
le plus profond des travaux; leur profon-
deur varie généralement de 50 à 600 mètres.
Les galeries sont affectées à plusieurs em-
plois, et par suite prennent des noms spé-
ciaux : ainsi on nomme galeries d'écoule-
ment, celles qui servent à l'écoulement des
eaux ; galeries de roulage, celles qui servent
au transport du minerai; galeries d'allon-
gement, celles qui sont percées parallèle-
ment à la direction du gîte, et galeries de
traverse, celles qui coupent transversale-
ment ces gîtes.
Notre but n'est point de décrire tous les
travaux relatifs à l'exploitation des Mines.
Il nous faudrait pour cela rompre les limites
du cadre qui nous est imposé. Dans ce Dic-
tionnaire uniquement consacré à l'étude
générale de l'histoire naturelle, c'est à peine
si nous pouvons donner une idée des tra-
vaux hardis et ingénieux que les Mineurs
emploient pour extraire les masses miné-
rales.
Lorsque les travaux de recherches et pré-
paratoires pour l'extraction d'un filon sont
suffisamment avancés, lorsqu'on a préparé
dans la mine la circulation de l'air, et une
issue à l'eau et aux déblais , on s'occupe
d'abord de diviser la masse exploitable en
massifs parrallélipipédiques au moyen de
galeries d'allongement, et de puits de com-
munication. Ces galeries et ces puits ont
ordinairement la largeur du filon quand il
est assez large ; dans le cas contraire , on
entaille le toit et le mur afin de donner
une ouverture convenable pour les travaux
auxquels on les destine. Ces travaux ser-
vent à la fois à l'exploitation, en don-
nant déjà du minerai, et à la reconnais-
sance des allures et de la recherche du filon,
dont on prépare de cette manière l'extraction
successive. On procède à cette dernière opé-
ration par deux méthodes différentes, dont
l'une consiste à attaquer le minerai par
dessus, et l'autre à l'attaquer par dessous.
Dans l'un et l'autre cas, on dispose les en-
tailles en gradins semblables pour faciliter
les travaux. Le minerai, détaché de son gîte,
est amené au jour au moyen de brouettes
et chariots, quand les galeries aboutissent à
la surface de la terre. Dans le cas contraire,
il est transporté jusqu'au puits d'extraction,
et mis dans une tonne qu'un agent méca-
nique fait alternativement monter et des-
cendre.
Dans quelques Mines, la méthode d'ex-
ploitation se fait à ciel ouvert : c'est la moins
coûteuse; en effet, la possibilité d'opérer en
grand rend l'abattage plus prompt et plus
facile ; aussi cette méthode est-elle préférée
pour tous les gîtes peu distants de la sur-
face. On exploite aussi de cette manière la
tourbe, les terres et les sables où gisent l'or,
les diamants et les minerais d'alluvions.
Dans les houillères dont les couches sont
épaisses, dont le toit est difficile à soute-
nir, et qu'on veut exploiter à de grandes
distances sans être obligé de beaucoup
étayer, on exploite par chambre. Ce sont
des tailles droites de 10 à 20 mètres de lar-
geur, qui avancent dans la houille sans
galeries préparatoires, soit suivant la direc-
tion des couches, soit suivant leur incli-
naison. Cette méthode est employée avan-
tageusement quand on craint le voisinage
de quelques amas d'eau qu'on peut recon-
naître par le sondage , et qu'on peut ar-
rêter par la construction d'une digue solide
derrière le front de la taille. Quand les
chambres sont larges, on a soin de laisser
des massifs de houille, comme moyen de
soutènement, ainsi qu'une portion de la
couche supérieure quand le toit est ébou-
Ieux.
Les autres travaux les plus importants
des Mines, pour rendre leur exploitation
permanente et productive, consistent dans
les boisage et muraillernent , le remblai,
l'aérage, l'épuisement des eaux et la prépa-
ration des minerais. Nous allons en donner
rapidement un léger aperçu.
Lorsque les travaux souterrains sont
240
MIN
MIN
pratiqués dans des roches dures et solides,
les excavations se soutiennent naturelle-
ment ; quelques légères précautions suffisent
pour les maintenir. Mais dans la plupart
des cas les roches sont fissurées, se renflent
et se dilatent par le contact de l'air humide
et Je l'eau, en sorte que si elles n'étaient
soutenues par des moyens spéciaux, elles
s'ébouleraient promptement, et les parois se
resserreraient par l'effet des poussées laté-
rales. Aussi les mineurs n'attendent pas que
ces effets se produisent pour les combattre.
La pratique leur fait promptement connaître
quelles sont les roches qui ont plus ou moins
besoin de boisage et de muraillement. Les bois
les plus généralement employés à cause de
leur action résistante sont le chêne, le sa-
pin rouge et le hêtre. On dispose le boi-
sage de manière que les pièces soient aussi
courtes que possible et dans un état de
tension général, en évitant de faire porter
la charge sur un seul point d'une pièce,
quand on peut répartir cette charge sur
toute sa longueur. Le muraillement s'em-
ploie pour les ouvrages importants, à grandes
sections et qui doivent réunir les conditions
d'une longue durée et d'un faible entretien.
Il est également nécessaire pour les ouvrages
qui traversent des terrains argileux qui se
renflent par le contact de l'air et exercent
des pressions que le boisage aurait peine à
supporter. Ces travaux intérieurs de maçon-
nerie se font du reste comme au jour, en
ayant soin de ne mettre que peu de mortier
entre les joints.
Le remblai consiste à remplir les excava-
tions souterraines, soit avec les débris du
triage, soit par des matériaux descendus de
la surface; il sert à s'élever sur un étage
ainsi remblayé pour attaquer un étage su-
périeur, et continuer successivement ainsi.
Les causes qui vicient l'air dans l'inté-
rieur des Mines sont produites par la res-
piration des ouvriers , la combustion des
lampes, les explosions de la poudre, la dé-
composition de certaines substances, la cor-
ruption des bois, et surtout les dégagements
naturels de gaz délétères qui se font jour du
sein de la terre. On se débarrasse de ces
gaz à mesure qu'ils se forment, en créant,
par la disposition des travaux, des courants
énergiques pour amener leur diffusion avec
l'air atmosphérique. Mais ces moyens géné-
raux ne suffisent pas toujours : aussi l'né-
rage des Mines est-il souvent artificiel. C'est
ainsi qu'avec le secours de machines on
pompe l'air intérieur, ou l'on refoule dans
les travaux l'air extérieur. Quelquefois on
dispose un foyer sur un point; la dilatation
atmosphérique s'y établit aussitôt, et déter-
mine un courant d'air, d'autant plus éner-
gique que le foyer sera plus puissant. On se
sert surtout de ce dernier procédé quand
les travaux sont profonds, sinueux et déve-
loppés, et qu'il s'y produit une proportion
notable de gaz délétères.
Indépendamment des cours d'eau appelés
nappes artésiennes, la plupart des terrains
donnent lieu à des infiltrations qui tom-
bent dans les Mines et entravent notable-
ment les travaux; il importe donc d'établir
des moyens d'épuisement proportionnés à
la masse d'eau qu'on doit extraire pour
maintenir les travaux à sec. Dans les pays
montagneux où l'on peut atteindre le gîte
par des galeries partant du pied de quelques
vallons, on a ainsi un excellent moyen pour
assécher tous les travaux dont le niveau leur
est supérieur. Mais lorsque la contrée ne
permet pas la construction de ces galeries
d'écoulement, on a recours aux pompes et à
tous les moyens mécaniques pour l'épuise-
ment des eaux.
La plupart des substances métallifères
qu'on extrait du sein de la terre exigent une
préparation mécanique avant d'être consi-
dérées comme minerais propres à être fon-
dus. La première opération est celle du cas-
sage et du triage; la gangue est rejetée; le
minerai riche est livré aux fonderies après
un grillage préalable. Enfin , la troisième
partie doit être hocardée, c'est-à-dire brisée
et réduite en poudre d'une ténuité propor-
tionnée à la finesse des particules du mi-
nerai. La dernière opération, qu'on appelle
lavage, a pour but l'isolement du minera
pur des corps étrangers qui l'accompagnent.
Comme toutes les méthodes de lavages, elle
est basée sur les différences de pesanteur
spécifique. Ainsi les parties les plus denses,
et par conséquent les parties métallifères
s'arrêtent en gagnant le fond , tandis que
les parties les plus légères remontent et sont
entraînées par l'eau. De cette manière on
recueille un minerai pur et propre à être
fondu.
r.iiN
MIN
241
Malgré les difficultés que présentent les
travaux souterrains, on est parvenu, avec le
secours de la boussole et de la trigonométrie,
à diriger les travaux avec une rigoureuse
exactitude. La précision est telle que le per-
cement d'une gajerie peut s'entreprendre
des deux côtés opposés en déterminant à
l'avance le point où les travaux devront se
rencontrer. Il en est de même d'un puits ;
on sait en le forant à quelle profondeur il
rencontrera un point donné ou un gîte dont
on connaît l'inclinaison.
Les Mines, étant composées de vides si-
nueux et isolés les uns des autres, présen-
tent de grandes difficultés pour le levé des
plans; aussi faut-il beaucoup de soins pour
déterminer isolément la forme et la position
de chacun de ces vides , qu'on rapporte en-
suite sur le papier. Un bon plan de Mine
résume toutes les conditions des travaux
souterrains , et dans une exploitation tant
soit peu considérable, c'est le seul moyen
qui permette d'en embrasser l'ensemble.
Aussi le plan seul permet de répondre à une
foule de questions qu'on ne saurait appré-
cier en parcourant les travaux.
L'exploitation des Mines, en ouvrant un
chemin dans l'intérieur de la terre, a été
d'un puissant secours pour la géologie, en
faisant connaître les faits les plus impor-
tants de la composition de divers terrains.
Elle a offert aussi un théâtre précieux d'ob-
servations pour arriver à la solution de l'une
des questions les plus importantes de la
physique du globe, c'est-à-dire de sa tem-
pérature propre. Ce fut vers le milieu du
xvme siècle que Guettard etDeluc publièrent
quelquesobservations qui permirentd'établir
que la température du globe augmente à
mesure qu'on s'éloigne de sa surface. Cette
augmentation est générale, et elle a lieu à
peu près suivant la même progression dans
toutes les parties du globe où il y a des ex-
ploitations et où l'on a pu faire des expé-
riences. Cette loi d'accroissement delà tem-
pérature a été récemment confirmée par les
expériences faites pendant le forage du
puits artésien de Grenelle, jusqu'à la pro-
fondeur de 5i0 mètres. Aussi connaissait-
on à l'avance quelle serait la température
des eaux qui jailliraient de cette profondeur.
L'augmentation moyenne de la chaleur cen-
trale de la terre est de 1 degré par 30 mè-
t. vm.
très de profondeur. Cette belle théorie, qui
repose sur des principes certains , est deve-
nue la principale base de l'édifice géologique.
Sous le point de vue philosophique, l'in-
térieur d'une Mine présente le plus vif in-
térêt. Les mœurs originales de cette popu-
lation séquestrée du monde des vivants ,
ensevelie dans les ténèbres, dévouée à de
pénibles travaux, offrent un vaste champ à la
pensée de l'observateur. Un sentiment par-
ticulier saisit l'individu qui entre pour la
première fois dans ce monde souterrain. Son
cœur se remplit d'effroi; il frissonne à la
vue de ces échelles perpendiculaires que
montent et descendent les intrépides Mi-
neurs. Ce réseau de galeries qui se croisent
dans toutes les directions , ce labyrinthe
dans lequel on ne saurait pénétrer sans
guide, la faible clarté des lampes qui ré-
pand une lumière sinistre, au travers de
laquelle paraissent et disparaissent des figu-
res mystérieuses comme des ombres , le
silence, enfin , qui n'est interrompu que
par le bruit des marteaux des travailleurs ,
le bruissement des eaux , le cri des roues ,
le gémissement monotone des machines qui
élèvent le minerai, puis les détonations
des pétards que l'écho multiplie et dont le
bruits'évanouit sourdement : tout cela laisse
dans la mémoire des impressions qui ne s'ef-
facent jamais.
Quant à l'histoire naturelle des Mines
sous le rapport de leurs productions zoolo-
giques et botaniques, elle ne présente qu'un
intérêt fort médiocre. En effet, le défaut de
lumière, la stagnation de l'air nuisent au
développement des êtres organisés. L'homme
lui-même , qui a regardé longtemps le tra-
vail des Mines comme une punition, ne peut,
sous peine de graves maladies, y soumettre
perpétuellement son existence. Des Reptiles
immondes , quelques invertébrés sans cou-
leur, des Champignons, des Algues et autres
Cryptogames sont les seuls êtres vivants qui
composent la faune misérable et la triste
flore des Mines; mais on y rencontre quel-
quefois abondamment des corps organisés à
l'état fossile, notamment dans les houil-
lères.
Nous ne saurions passer sous silence le
nouveau gisement de diamants qu'on vient
de découvrir au Brésil. Ces Emportantes Mi-
nes, dont les produits paraissent incroya-
31
242
MIE
blcs, sont situées dans la Serra de Sincura,
a coté de Caxoeira , ville voisine de celle de
ilahia, capitale de la province. Déjà 30,000
individus se livrent à celte exploitation, qui
n brasse dès aujourd'hui) une superficie de
• :us de 120 kilomètres de longueur. La
uantité de diamants qu'on en extrait est
prodigieuse , et a été estimée à 1,450 carats
par jour, ce qui fait annuellement un chiffre
énorme, environ vingt fois plus fort que le
produit annuel des anciennes Mines du Bré-
sil , évalué à 6 ou 7 kilogrammes. D'après
Je long séjour qu'un habile voyageur de
notre connaissance a fait dans ces dernières
Mines, notamment à Tejuco , à Serra do
grand Magoa, et sur les rives de la Jiqui-
tinhona , tout fait tristement présager du
sort qui les attend. En effet, reléguées dans
l'intérieur des terres, elles manquent de
tout; aussi les déceptions y sont elles fré-
quentes. Il n'est pas rare d'y voir le Mineur
désappointé abandonner ces montagnes ari-
des, où souvent il ne trouve que la mi-
sère et la faim. L'heureuse situation des
Mines de Sincura promet au contraire une
exploitation large et durable , car indépen-
damment de l'extrême abondance de leurs
produits , elles sont à proximité de plusieurs
ports maritimes formant le plus grand centre
de la population brésilienne. Les aliments
ne sauraient leur manquer, aussitôt que les I
communications seront bien établies. Ces j
circonstances auront pour résultat d'attirer
une foule d'étrangers , ouvriers et mécani- ;
ciens , dont les travaux mieux entendus ne !
pourront qu'accroître encore leurs immenses !
produits. Aussi une notable dépréciation ne I
MIN
pont manquer d'atteindre cette pierre pré-
cieuse , qui toutefois conservera, taillée, une
haute valeur.
Il nous resterait maintenant à exposer
sommairement la statistique des principales
Mines du globe; mais outre que ce travail
serait beaucoup trop long pour notre cadre,
il serait d'ailleurs incomplet et fastidieux.
Nous terminerons en donnant le tableau le
plus récent de la production des métaux en
Europe, que nous empruntons entièrement
à l'excellente Géologie appliquée de M. A.
Burat, en le faisant suivre des réflexions
judicieuses qui l'accompagnent.
« Les États de l'Europe ont été classés
ainsi qu'il suit, d'après l'évaluation de leurs
produits en métaux bruts. La Russie, qui
est en seconde ligne, ne viendrait qu'après
PAutriche, si l'on retranchait ses produits de
ses mines situées en Asie.
Angleterre 44o millions de francs.
Russie et Pologne i35
France i3a
Autriche (j^
Confédci ation germanique. . Gz
Espagne 54
Suède et Norwége .... 5*
Prusse 49
Belgique 4o,
Toscane 15
Piémont et Savoie .... 11
Danemateki g
» Si l'on détaille actuellement ces valeurs
dont le total s'élève à plus d'un milliard de
francs, on reconnaît qu'il y a des États qui
produisent à eux seuls la presque totalité de
certains métaux.
Iles Britanniques. . . .
Russie et Pologne. . . ,
France
Autriche
S'K-.lr et Norwége . . .
Espagne
Tinsse
Confédération germanique.
Belgique « Pa\g-.Bus. . .
Piémont , Suisse . Savoie. .
Dânemarek
Toscane, île d'Elbe, Italie.
ÉTAIN.
CUIVRE.
MERCURE
ZINC.
proMiî.
ARGENT.
OR,
FEh. j FONTE.
quint.
quint.
quint.
quint.
quint.
marcs.
marcs
quint
quint.
43,ooo
j'i4,5oo
»
25,000
275,00,.
I ?.,O0O
»
3,(iqo,ooo
7,200,000
J>
3o,4oo
»
5o,ooo
7,000
77,000
24,000
1,200,000
2,000,000
»
1 ,000
»
»
4,-0».
t>.o;> 7
»
2,0-j8,000
3,o83,ooo
4:>, 000
3,000
900
54,ono
85,ooo
4,5oo
8 jo.ooo
?
730
14, Soja
»
3.5oo
5ou
20,700
7
1,000,000
■>
J>
Joo
20,000
1,000
25o,ooo
»
»
180,000
?
»
6,4oo
»
G,ooo
71,0110
: 7 0,000
»
800.000
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3,:>oo
2 ;,ooo
7,000
»
90,00,,
l.ù.OOO
120
820,000
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20.000
«V&OCl
700
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600,000
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4,00..
2,5uo
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255,ooo
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S,5oo
»
»
»
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»
»
»
1 »>•
M
B
280,000
>
» La production des autres parties du j liées par des rapports commerciaux avec
monde n'est connue qu'autant qu'elles sont | l'Europe. Les exploitations des Amériques,
MIN
MIN
243
par exemple , fournissent les ~ de Vor et
de l'argent extrait annuellement; le Pérou
produit la plus grande partie du platine em-
ployé dans les arts. Le Chili et le Mexique
fournissent une quantité de mercure assez
notable pour que l'importation européenne
(destinée au traitement des minerais d'or et
d'argent ) ait subi une diminution sensible.
Mais dans les riches contrées de l'Asie, la pro-
duction se suffit en grande partie à elle-
même, sans que nous en connaissions les
moyens. La Chine fabrique abondamment
le fer et le cuivre. Banca et Malacca , dans
les Indes, exportent une quantité d'étain
évaluée au double de la production euro-
péenne.
» Le tableau suivant donnera une idée
de la répartition des principales Mines d'or
et d'argent exploitées actuellement.
Amériques. . .
f Brésil
i Mexique ....
!',rnn.
( nos-Ayres. . .
ARGENT.
OR.
mai es.
2,TÇ)<">,000
600,000
5?.5,ooo
raans.
22,000
16,000
4,000
2,000
' Colombie.
V États-Unis. . ! .
230,000
1,200
i3o,ooo
Ii.âoo
18,000
IO,000
Asie (non com-
pris la Russie)
\ Thibet. ......
1 Archipel Indien. .
?
>
i5,ooo
5.ooo
Afrique. . •
Côtes méridionales.
?
i6,ooo(
,__
» Ces tableaux ne peuvent fixer que sur
les valeurs créées par l'exploitation des sub-
stances métallifères; mais le domaine de
l'exploitation ne s'arrête pas là; les combus-
tibles minéraux, le sel gemme, les roches
employées dans les arts, constituent une
branche de cette industrie encore plus gé-
ralc cl plus productive. Ainsi, pour ne plus
parler que de la France, on y exploite en-
viron 300 Mines de combustibles minéraux,
et 22,000 ouvriers en extraient annuelle-
ment 32,000,000 de quintaux métriques.
Dans les carrières de toute nature en pro-
duction régulière de matériaux appliqués à
la construction, une population de 70,000
ouvriers directement employés à l'extrac-
tion produit annuellement une valeur de
50,000,000 de francs.
n La production minérale de la France
peut être appréciée par les chiffres suivants
<Je l'année 1840.
QUINT. METRIQ.
VALEUR.
32,000,000
4,4-2,000
25,000
5oo,ooo
120,000
»
40,091,000
280,000
fr.
3o, 000, 000
3.652,ooo
456,ooo
4,6oo,ooo
1,780,000
5o,ooo,ooo
l3,5oo,ooo ]
626,000 j
104,614,000 !
i
Houille. . . % .
Tourbe
Bitumes. ....
Sel gemme . . .
Terres altinifères .
Carrières de toute espèce,
Minerais de ter. .
Minerais divers. .
» Cette valeur est augmentée par les art
métallurgiques :
Pour l'industrie de fer, de .
Pour les autres métaux , de.
n6,83o,ooofr
756,000
>. C'est-à-dire portée à plus de 220 mil-
lions. Si , à ces évaluations, qui sont faites
en considérant la valeur sur le carreau des
Mines ou carrières, ou dans les usines mé-
tallurgiques, on ajoutait les valeurs addi-
tionnelles qui résultent des transports et des
mises en œuvre, on arriverait à un chiffre
important dans la richesse publique. Ce
chiffre s'accroît d'ailleurs chaque année, car
la France est une des contrées où il reste le
plus à faire pour le développement de ses
ressources minérales. » (C. d'O.)
MINETTE DOUÉE, bot. ph. — Nom
vulgaire de la Luzerne Lupuline.
MINIÈRE, min. — Voy. MINES.
*MI1VT0PTERIjS (p.cvyo';, petit ; wTcpov,
aile), mam. — M. Bonaparte (Faun. ital. ,
1837) a désigné sous cette dénomination un
petit groupe de Chauves -Souris.
MINIUM, min. — Deutoxyde de plomb
d'un rouge orangé très vif. Voy. plomb.
MINJAC. moll. — Adanson nomme ainsi
(Voy. au Sénég.) une espèce de Buccin , le
Buccinum olearium , qui fait actuellement
partie du g. Tonne de Lamarck , sous le
nom de Dolium olearium.
IUINO. Mino. ois. — Division du genre
Mainate. Voy. ce mot. ( Z. G.)
*MINOA. ins.— Genre de l'ordre des Lé-
pidoptères nocturnes, tribu des Phalénides,
établi par Treitschke , et généralement
adopté. Il ne comprend qu'une seule espèce
( Calai, des Lépidopt. d'Europe, par Dupon-
chel ), dont la chenille vit sur différentes
espèces d'Euphorbes ; de là son nom spéci-
fique tfEuphorliaria. Elle est répandue
dans toute l'Europe.
* MIftOUS- poiss. — Genre de Tordre
des Acanthoptérygiens , famille des Joues
244
MIN
MIR
cuirassées, établi par MM. G. Cuvier et Va-
lenciennes {Hist. des Poiss., t. IV, p. 420).
Ces Poissons ont beaucoup de rapports avec
les Apistes; ils en diffèrent principalement
par l'absence de dents aux palatins. On en
connaît deux espèces , qui habitent l'Ile de
France ; ce sont les Minous voora, M. voora
Cuv. et Val. ( Woora-minao Russ. ), et Mi-
nous monodactyle, M. monodactylus Cuv. et
Val. (Scorpœna monodactyla Bl., Schr.).
*]UIr\iURL\.BOT. PH.—Genrede la famille
des Composées -Astéroïdées, établi par De
Candol le {Prodr., V, 298). Arbrisseaux delà
Nouvelle-Hollande. Voy. composées.
*MINUTIA {Flor. Flum., I, 47). bot. ph.
— Syn. de Linociera, Swartz.
MINYAS (/aivuo'ç, petit). polyp.,échin.? —
Genre établi par Cuvier dans son ordre des
Échinodermes apodes, à côté des Priapules et
des Siponeles. Ce genre, mieux connu, a dû
être rapproché des Actinies, avec lesquelles
M. Ehrenberg le confond en partie; c'est
M. Lesueur qui avait indiqué cette rectifica-
tion en établissant le même genre sous le nom
d'Aclinecte {voy. ce mot), qu'adopta M. de
Blainville, tout en disant que le genre Mi-
nyas pourrait être conservé pour des espèces
telles que VActinecta viridula de MM. Quoy
et Gaimard, sur laquelle les tubercules for-
mant des côtes le long du corps sont séparés
par des lignes simples de suçoirs. Ces au-
teurs pensent même que ce genre serait in-
termédiaire entre les Holothuries, les Por-
pites et les Actinies ; mais la Yiaie structure
de ces prétendus Minyas , pour être bien
connue, demanderait de nouvelles obser-
vations. ( Duj.)
*MINYOPS (pivvo's, petit; dty, œil), ins.
— Genre de Coléoptères iétramères, famille
des Curculionides gonatocères , division des
Cléonides, créé par Schœnhevr {Disp.melh.,
p. 163; Gêner, et sp. Curcul. syn., t. II,
p. 317,-6,2, 287), qui en mentionne 7 es-
pèces d'Europe, savoir : M. carinatus Lin.
Schr. , variolosus F. , scrobiculalus , sinua-
tus , costalis , costatus et minutus Schr. Ces
Insectes sont aptères et lourds; ils se tien-
nent sur les chemins et dans les prairies.
Leur corps est dur et souvent enduit de
terre, ce qui fait supposer que la larve vit
aux dépens des racines de végétaux. (C.)
MINYIiOTHAMNUS (puw'ttpoç, de courte
durée; 0Kpoç, arbuste), bot. ph,— Genre de
la famille des Composées-Astéroïdées, établi
par De Candolle {Prodr., VII, 286). Sous-
arbrisseaux du Cap. Voy. composées.
*MIfoYRUS (pvwpoç, qui fredonne), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères , fa-
mille des Curculionides gonatocères, tribu
des Érirhinides, établi par Schœnherr {Gê-
nera et sp. Curcul. syn., tom. III, p. 226,
— 7,2, p. 192) avec une espèce de Ma-
nille, le M. cxaralus Schr. (C.)
*MIOPITliECUS (p.e.'wv, très petit; nl-
Ôvîxo;, singe), mam. — Genre de Quadru-
manes créé par M. Is. Geoffroy- Sain t-Hilaire
dans ce Dictionnaire, t. III, 1843. Voy. cer-
copithèque. (E. D.)
*MIOXICEBlJS {myoxus, loir; ^o-,
singe), mam. — Groupe formé par M. Les-
son {Spec. de Mamm., 1840) aux dépens
de l'ancien genre des Ouistitis. Voy. ce
mot. (E. D.)
*MIQUELIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Araliacées établi
par Meisner {Gen., 152). Arbrisseaux de
l'Inde. Voy. akaliacées.
MIRABELLE, bot. ph. — Nom vulgaire
d'une espèce de Prune. Voy. ce mot.
MIRABILIS. Mirabilis, Lin. bot. ph. —
Genre de plantes de la famille des Nyctagi-
nées , dont il est le type, de la pentandrie-
monogynie, dans le système de Linné. Il
avait été établi d'abord par Tournefort , sous
le nom de Jalappa, qui reposait sur une idée
fausse, comme nous le dirons plus loin;
Linné, en l'adoptant, substitua à ce nom
celui de Mirabilis, que Jussieu refusa d'ad-
mettre comme contraire à cette règle de
glossologie botanique , posée par le botaniste
suédois lui-même, d'après laquelle tout nom
de genre doit être substantif , et qu'il rem-
plaça par celui de Nyctago ; les botanistes
adoptèrent généralement cette dernière dé-
nomination, qui néanmoins a été abandon-
née aujourd'hui à son tour pour faire place à
celle de Linné. Les Mirabilis croissent na-
turellement dans l'Amérique tropicale; ce
sont des plantes herbacées, à racine tubé-
reuse, à tige très rameuse, di- ou trichotome,
à feuilles simples , opposées. Leurs fleurs',
nombreuses et grandes , s'épanouissent la
nuit et se flétrissent aux rayons du soleil ,
d'où le nom de Belle-de-Nuit, sous lequel
ces plantes sont vulgairement désignées ; ces
fleurs terminales ou axillaires , présentent
MIR
MÏR
245
un involucre en forme de calice, campa-
nule , 5-fide , uniflore , persistant , que Jus-
sieu décrit comme un calice extérieur; un
périanthe simple , en entonnoir , à long
tube, corollin et coloré, excepté à sa base,
qui forme autour de l'ovaire un renflement
vert, consistant, persistant et accrescent;
5 élamines inégales, dont les filets se réu-
nissent à leur base en une sorte de coupe
épaisse qui entoure l'ovaire; un ovaire
1-Ioculaire, 1-ovulé, surmonté d'un long
style que termine un stigmate en petite tête
hérissée de grosses papilles. Le fruit est en-
veloppé par la base endurcie du périanthe
immédiatement appliquée sur lui, ce qui
lui a fait donner, par certains carpoîogistes,
le nom deScléranthe; il renferme une graine
unique dont l'embryon a ses cotylédons
ployés de manière à envelopper un gros al-
bumen amylacé. Deux espèces de ce genre
se trouvent dans tous les jardins et comp-
tent parmi les plantes d'ornement les plus
vulgaires; ce sont les suivantes :
1. Mirabilis faux jalap, Mirabilis Jalappa
Lin. (Nyctago Jalappa DC). Cette plante ,
vulgairement connue sous le nom de Belle-
de-Nuit , doit son nom spécifique latin de
Jalappa à ce que l'on a cru longtemps fort
à tort que sa racine constituait le Jalap du
commerce. Elle est originaire du Pérou. Sa
racine est grosse, fusiforme et tubéreuse ;
sa tige est très rameuse et s'élève à 7-8 dé-
cimètres; ses feuilles sont glabres, en cœur,
pétiolées ; ses fleurs sont pédonculées, grou-
pées en assez grand nombre à l'extrémité
des rameaux; elles se succèdent pendant
tout l'été et jusqu'aux premiers froids; elles
sont rouges, jaunes, blanches, ou pana-
chées de ces diverses teintes. La culture de
cette plante ne présente aucune difficulté;
ordinairement on la multiplie de graines
semées en place, ses racines ne résistant
pas au froid de nos hivers; mais on peut
aussi conserver celles ci comme des tuber-
cules de Dahlia , et les replanter au prin-
temps suivant. Depuis qu'on a reconnu que
cette racine n'a aucun rapport avec le Jalap
{Voy. ce mot), on lui a attribué des pro-
priétés purgatives beaucoup moins énergi-
ques; des expériences ont été faites à cet
égard, et il en est résulté la certitude que,
quoique pouvant être employée dans quel-
ques cas, elle est cependant peu avanta-
geuse à cause de l'incertitude de ses effets.
2. Mirabilis a longue fleur, Mirabilis
longiflora Lin. {Nyctago longiflora DC. ).
Celle-ci est originaire des hautes montagnes
du Mexique, origine qui s'accorde très peu
avec le nom de Merveille du Pérou , sous
lequel elle est connue dans les jardins. Elle
est couverte dans toutes ses parties d'un
duvet imprégné d'une matière visqueuse ;
ses feuilles sont presque sessiles, en cœur;
ses fleurs sont blanches , agréablement odo-
rantes, remarquables par la longueur de
leur tube qui atteint jusqu'à 15-16 centim.
de long, groupées à l'extrémité des rameaux.
Ses fruits se distinguent aisément de ceux
de l'espèce précédente par des lignes si-
nueuses de poils courts, roussâtres,qui mar-
brent leur enveloppe externe, formée par
la base du périanthe. Quoique vivace, cette
plante doit, comme la précédente, être se-
mée chaque année. (P. D.)
*MIRAFRE. Mira/ra. ois. — Division du
genre Alouette. Voy. ce mot et alaudinées.
MIRAGE, phys. — Voy. lumière.
*MIRALIA. rept. — Genre de Couleuvres
établi par M. J.-E. Gray. (P. G.)
MIRAN. moll. — Nom donné par Adan-
son (Voy. au Séne'g.) à une espèce de Buc-
cin , le Buccinummutabile Brug., qui depuis
est devenue le type du g. Vis. Voy. ce mot.
MIRANDA. arachn. — Voy. epeira.
MIRBELIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Légumineuses-Pa-
pilionacées-Podalyriées, établi par Smith (in
Kœnig Annal, ofbot., 11,511). Arbrisseaux
de la Nouvelle-Hollande. Voy. légumineu-
ses.
MIRETTE. bot. ph.— Nom vulgaire des
Prismatocarpes. Voy. ce mot.
*MIRIDES. Mirides. ins.— Famille de la
tribu des Lygéens , dans l'ordre des Hémi-
ptères hétéroptères , caractérisé principale-
ment par des antennes insérées au-dessous
des yeux, à dernier article fusiforme, et par
des appendices entre les crochets des tarses.
Cette famille renferme les genres Miris ,
Phytocoris, Heleroloma, Strogylocoris et
Earycephala.
MIRIS. ins. — Genre de l'ordre des Hé-
miptères hétéroptères, tribu des Lygéens,
famille des Mirides, établi par Fabricius
(Syst. Rhyn.), et dont les principaux carac-
tères sont : Corps très allongé. Tête prolon-
246
MIS
MIS
gée en pointe entre les antennes; cc'.les-ci
fort longues, ayant leur premier article plus
épais que les autres, et le dernier extrême
ment grêle. Corselet long, fortement rétréci
antérieurement. Écusson en forme de trian-
gle allongé. Élytres étroites et de consistance
peu solide. Pattes grêles, sans aucune espèce
de renflement.
Les Miris se rencontrent dans les lieux
humides, au bord des ruisseaux, où ils se
tiennent sur les plantes dont ils sucent. la
sève. Ils sont très agiles , tous de petite
taille, et ornés de couleurs vives et variées.
Une des espèces les plus répandues est le
Miris virens (Cimex virens Liun.) ; le corps
de cet insecte est vert , avec les antennes,
l'abdomen et les pattes un peu velus ; les
antennes sont rouges, surtout vers leur ex-
trémité , ainsi que les taches. Cette espèce
est très fréquente aux environs de Paris.
MIRLIROT. bot. ph.— Nom vulgaire du
Mélilot officinal et de la Luzerne lupuline.
MIRMECIA. bot. ph. — Voy. myrmecia.
MIRO. Miro. ois. — Section du genre
Gobe-Mouche. Voy. ce mot. (Z. G.)
MIROIR D'ANE ou DE LA VIERGE.
min. — Nom vulgaire du Gypse laminaire.
MIROIR DES INCAS. min.— On a donné
ce nom aux Miroirs d'Obsidienne dont se
servaient plusieurs peuples anciens, no-
tamment les Péruviens. Voy. obsidienne.
(C. d'O.)
MIROIR DE SAINTE MARIE, min. —
Nom vulgaire de certaines variétés de Chaux
sulfatée et du Mica foliacé.
MIROIR DE VÉNUS, bot. ph.— Un des
noms vulgaires du Prismatocarpe.
MIROIR DU TEMPS, bot. fh. — Nom
vulgaire du Mouron rouge.
*MIROUNGA. mam. — M. Gray {Griff.
anim. Kingd., 1827 ) indique sous ce nom
un groupe de Pinnipèdes. ( E. D.)
MïRITL. bot. ph. — Nom vulgaire d'une
espèce du genre Airelle.
MISAINE, moll. — Nom donné dans le
commerce au Strombus succinctus.
MïSANORA, Dietrich. bot. ph. — Syn.
de Bonapartea, Ruiz et Pav.
*MISANTHECA. bot. ph. — Genre de la
famille des Laurinées-Acrodiclidiées , établi
par Schlechtendalt(m Linnœa, VI, 367). Ar-
bres du Mexique. Voy. laurinées.
*MISCELUS (p<rxoç, pédicule; axrV,
jambe), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Carabiques , tribu
des Troncatipennes , créé par Klug (Jarh-
buch der Insectenhunde, I, p. 82) et adopté
par MM. Hope et Putzeys. L'espèce type,
le M. Javanus, a été publiée par MM. Bail lé
et Audouin (Hist. nat. des Ins., t. IV,
p. 130) sous les noms de Leptodactyla api-
calis. Dejean a compris à tort cet Insecte
parmi les Cymindis. (C.)
*MISCHOCARFUS, Blume (Bijdr., 238).
bot. ph. — Syn. de Cupania, PLum.
*MISCHOCAR10N, Endl. (Gen. plant.,
p. 338, n. 2128). bot. ph.— Voy. sorocepha-
lus, R. Br.
*MISCODERA (p.i'axoç, pédicule: ftpn,
cou), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Carabiques, tribu des
Bipartis, des Broschides de Hope , créé par
Eschscholtz (Bull, de la Soc. impér. des Nat.
de Moscou, 1830 , p. 63-66) et adopté par
Solier, qui en fait une sous-tribu des Scari-
tites. Le type, le Scarites arcticus de Pay-
kul , espèce originaire de la Laponre , a
reçu les noms génériques de Leiochiton par
Curtis,Orcc/ioderwsparStephens. MM. Brullé
et Audouin le rapportent aux Broschus , et
Dejean le classe parmi les Clivina. Mais le
nom àeMiscodera est celui quia prévalu. (C.)
*MISCOGASTER (p.caxo;, pédicule;
yo-~~r,?, abdomen), ins. — Genre de la
tribu des Cbalcidiens , groupe des Misco-
gastérites , de l'ordre des Hyménoptères ,
établi par M. Walker sur un certain nom-
bre de très petites espèces dont les antennes
filiformes ont quatorze articles dans les mâ-
les et treize dans les femelles. Parmi les
Miscogastres les plus répandus , on peut ci-
ter les M. elegans, viridis, etc., Walk. (Bl.)
*MISCOGASTÉRITES. Miscogasteritœ.
ins. — Groupe de la tribu des Chalcidiens,
de l'ordre des Hyménoptères, caractérisé
par un thorax rétréci antérieurement et un
abdomen pédicule. Nous rattachons à ce
groupe les genres Miscogasier, Pachylar-
thrus , Pachynevron , Coruna, Merismus ,
Syntomopus , Dipara, Micromelus, Isocyr-
tus et Spaniopus , et quelques autres qui
peut-être ne doivent former que de simples
divisions dans les genres Miscogasier et Pa-
chrjlarlhrus. (Bl.)
*MISCOLOBIUM ( fxfcrxoç, pédicule; ).é-
&.2V, gousse), bot. ph. — Genre delà famille
MIS
des Légumineuses - Papilionacées - Dalber-
giées, établi par Vogel (in Linnœa, XI, 208).
Arbres du Brésil. Voy. légumineuses.
MlSCOPIiUS. ins.— Genre de la famille
des Larrides, tribu des Craboniens, de l'or-
be des Hyménoptères, établi par Jurine et
iïlopté par tous les entomologistes. Les Mis-
lophus, reconnaissables surtout à leurs man-
dibules tuberculées etunidentées intérieure-
ment, sont peu nombreux en espèces. La
•)3us répandue dans notre pays est le M. bi-
Tdlor Jur. (Bl.)
*MïSEEÏAO*ecr»fteoç, qui évite le soleil).
ins. — Genre de Tordre des Lépidoptères
Nocturnes, tribu des Hadénides, établi par
Treitsehke, qui y rapporte trois espèces : les
M. ox-yacantha, bimaculosa et orbiculosa.
La première est répandue dans toute l'Eu-
rope; la deuxième vit particulièrement en
France et en Italie; la troisième habite la
Hongrie.
MISGUïîNE. roiss. — Nom donné par
Lacépèdc à la Loche d'étang, Cobitis fossilis.
Voy. LOCHE.
MïSïLE. moll.? — Genre proposé par
Montfort pour un petit corps marin pris
pour une coquille, et qui proviendrait plu-
tôt d'un Rhizopode ou Foraminifère. C'est
un petit corps ovale, aplati, muni d'une
crête profondément découpée qui s'étend
seulement vers un des côtés. On le trouve
à l'état frais dans le sable de l'Adriatique,
et fossile aux environs de Sienne. (Diu.)
*MISODENDROIV. bot. ph. — Genre de
la famille des Loranthacées, établi par Banks
(Msc.exDC. Mem., VI, 12, t. 11, 12).
Arbrisseaux de l'Amérique antarctique. Voy.
LORANTHACÉES.
MISODERA. ins. — Voy. miscodera.
MISOLAMPUS (p~*°ç, aversion; Xàp-
nxq, lumière), ins. — Genre de Coléoptères
hétéromères, famille des Mélasomes, tribu
des Blapsides , créé par Latreille (Gênera
Crust. et Ins., t. II, p. 165), et adopté par
MM. Hope et Dejean. Une monographie sur
ce genre a été publiée par M. de Brème {Re-
vue zoologique, 1842, p. 81) qui le com-
pose des quatre espèces suivantes : M. gib-
lulus lit. (Iloffmanscggii Lat., Dcj.), lusi-
tameus, Ramburii de Br. et Goudotii Guér.
Les deux premières se trouvent en Portugal,
la troisième en Espagne, et la quatrième en
Barbarie. (C.)
MIT
247
MISPIKEL. min. — Nom donné par
MM. Beudant et Brongniart au Fer sulfo-
arséniuré. Voy. fer.
*MïSSOUMUM. mam. —Groupe de Pa-
chydermes fossiles indiqué par M. Koch
(Fror. Nolizen, 1840).
MISSULÈNE. Missulœna. arach. — Voy.
eriodon. (h. L.)
niITCHELIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de lia famille des Rubiacées-Cofféacées-
Guettardées, établi par Linné (Gen., n.
134). Herbe: de l'Amérique boréale. Voy.
RUBIAC:':;
Ml'l'Jl. arach. — Nom vulgaire des espè-
ces du genre Acarus. Ainsi l'on a nommé :
Mite domestique, V Acarus domesticus ;
Mite des moineaux, Y Acarus passerïnus ;
Mite de la farine, F Acarus farinœ ;
Mite du fromage, Y Acarus scabiei, etc.
M1TELLA. moll.— Syn. daScalpellum,
Leach, et de Polylepas, Blainv.
M1TELLA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Saxifragacées, établi par Tourne-'
fort (Inst., 126). Herbes vivaces de l'Asie et
de l'Amérique boréale. Voy. saxifragacées.
MÏTELLAMA, Meisn. (Gen., 136). bot.
ph. — Voy. mitellopsis, Meisn.
MITELLASTRA, Endl. (Gen. pi. suppl.,
n. 4640 c. ). bot. ph. — Voy. mitellopsis,
Meisn.
MÏTELLINA, Meisn. (Gen., 136). bot.
ph. — Voy. mitellopsis, Meisn.
*MITELLOPSIS (mitella, petite coiffe;
êtyiç, apparence), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Saxifragacées, établi par Meisner
(Gen. , 136) , et dont les principaux carac-
tères sont : Calice à tube campanule ou
turbiné, soudé inférieurement à la base de
l'ovaire; limbe 5-firïe. Corolle à 5 pétales
insérés au sommet du tube calicinal, 3-fides
ou pinnatifldes. Étamines 5 , insérées avec
les pétales, incluses; filets très courts,
presque nuls; anthères ovales, à 2 loges
s'ouvrant longitudinalement. Ovaire infère
ou semi-supère, 1-Ioculaire , à 2 placentas
pariétaux multi-ovulés. Styles 2, courts;
stigmates simples , capités ou bilobés. Cap-
sule uniloculaire, 2-valve.
Les Mitellopsis sont des plantes herbacées,
à feiwlles radicales pétiolées, lobées-dentées,
à scape nu ; à fleurs disposées en grappes ou
en épis. Elles sont indigènes de l'Amérique
boréale.
MIT
MT
Les espèces de ce genre ont été réparties
par l'auteur en deux sections , nommées :
Milellaria : pétales pinnatifides; étamines
opposées aux pétales; filets nuls; stigmates
2-lobés; Mitellina : pétales 3-fides; étami-
nes alternes avec les pétales; filets très
courts; stigmates indivis.
Endlicher y a introduit une troisième
section , qu'il nomme Mitellastra , et qu'il
caractérise ainsi: pétales pinnatifides; éta-
mines alternes avec les pétales; filets courts;
stigmates simples. (J.)
*MITHRAS. arach. — Genre de l'ordre
des Aranéides , de la tribu des Araignées,
établi par M. Koch, et rapporté par M. Walc-
kenaër au genre des Scytodes (voy. ce mot).
Dans cette coupe générique , les yeux , sé-
parés entre eux , sont disposés sur le rebord
antérieur du céphalothorax, par paire et
sur trois lignes; les deux antérieurs plus
rapprochés; les deux intermédiaires plus
écartés ; les deux postérieurs encore plus
écartés; le tout figurant un V tronqué à sa
base. La seule espèce connue est le Mithras
paradoxus Koch (in H.Schœff. Deuts. Insect.,
fasc. 123 , fig. 9). Cette espèce a été ren-
contrée dans la forêt de Kœchinger. (H.L.)
MÎTHRAX (nom mythologique), crust.
— Ce genre, qui fait partie de l'ordre des
Décapodes brachyures, et que M. Milne
Edwards range dans sa famille des Oxy-
rhynques et dans sa tribu des Maïens,
a été établi par Leach aux dépens des
Cancer de Herbst. Cette coupe générique
établit quelques liaisons entre les Oxyrhyn-
ques et certains Crustacés de la famille
des Cancériens ; car on y range des Maïens
dont la carapace est notablement plus large
que longue, le rostre à peine distinct, les
bords latéro-antérieurs arqués, et les bords
latéro- postérieurs obliques , dispositions qui
constituent un des traits caractéristiques de
plusieurs Cyclométopes ; mais le plus ordi-
nairement la forme générale des Mithrax.
s'éloigne moins de celle des autres genres
de la même tribu. Du reste, chez tous les
Crustacés de cette coupe générique , les
pinces sont élargies vers le bout , arrondies
et profondément creusées en cuillère. Le
rostre est court, avec le front très large ; la
tige mobile des antennes externes est ordi-
nairement à découvert.
M. Milne Edwards signale 8 espèces de ce
genre, dont le Mithrax très épineux, Milhrax
spinosissimus Edw. ( Magas. zool. , 1831,
pi. 2 à 3 ), peut être considéré comme le
type. Cette espèce a pour patrie la mer des
Antilles. Quelques unes d'entre elles par-
viennent aune grosseur très considérable,
ainsi que la plupart des autres espèces de
ce genre. (H. L.)
MITHRIDATEA, Commers. (il/se), bot.
ph. — Syn. û'Ambora, Juss.
*MITOPETALUM (p-ctoç, fil; «s'toAw,
pétale), bot. pu. — ■ Genre de la famille des
Orchidées-Epidendrées , établi par Blurne
(FI. Jav.prœf., VIII). Herbes de Java. Voy.
ORCHIDÉES.
*MITOPISILUS (pi-roc, fil ;yî/ew, j'aime).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Lamellicornes , tribu des Lu-
canides , créé par M. Parry (Trans. ent.
Soc. Lond., t. IV, p. 56, tab. 1, fig. 4), et
adopté par M. White ( The Zool. ofthe voy.
ofErebus, Terror, 1846, p. 9, pi. 2, fig. 3,
4). L'espèce type des auteurs , le M. irro-
ratus, est originaire de la Nouvelle-Zé-
lande. (C.)
*MITORHYNCHUS , Westmael. ins. —
Syn. d'ÂntUarhis, Billby, ou Antliarhinus de
Schœnherr. (C.)
MITOU. ois. — Syn. de Hocco.
*MÏTRA (mitra, mitre), acal. — Genre de
Méduses établi par M. Lesson pour une seule
espèce, M. Rangii, observée par Rang près de
la côte d'Afrique, et présentant une ombrelle
hyaline, conique, avec huit longs bras pres-
que diaphanes. Ce genre, classé par M. Les-
son dans la tribu des Marsupiales, qui fait
partie du groupe des Méduses non probos-
cidées, a les caractères suivants: l'ombrelle
est sacciforme, oblongue, avec huit bras fili-
formes se continuant dans le parenchyme
jusqu'au sommet. Le sac stomacal est formé
de quatre feuillets disposés en croix, du
sommet desquels partent huit vaisseaux qui
se continuent dans les bras. (Duj.)
MITRA, moll. — Voy. mitre.
*MITRACARPUM ( ^pa , mitre ; xap-
woç, fruit), bot. ph. — Genre de la famille
des Rubiacées-Cofféacées-Spermacocées, éta-
bli par Zuccarini (in Schultes Manliss., III,
210). Herbes ou arbrisseaux originaires de
l'Amérique tropicale où ils sont très abon-
dants. Voy. rdbiacées.
*MITRAGENILS (^pa, mitre; jnttwB
MIT
MIT
249
menton ). ins. — Genre de Coléoptères hé-
téromères , famille des Mélasomes, tribu
des Nyctélites , établi par M. Solier {Annal.
de la Soc. ent. de Fr., t. V, p. 328), qui le
comprend parmi ses Collaptërides. Le type,
le M. Dejeanii Lac., Sol., est originaire du
Tucuman (Amérique mérid. ccntr.). (C.)
MITRAGYNE.Korlh. {NaucL, 19). bot.
ph. — Voy. nauclea, Linn.
AIITRAGYNE, R. Brown {Prodr.t 452).
bot. ph. — Synonyme de Mitrasacme ,
Labill.
MITRAGYKS , Endl. ( Gen. plant. ,
p. 606, n. 3566). bot. ph. — Voy. mitra-
sacme , Labill.
MITRARIA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Gesnéracées-Beslérées, établi par
Cavanilles (Annal, scienc. nat., III, 230,
t. 31). Arbrisseaux du Gbili. Voy. gesné-
RACÉES.
MITRASACME ( pérpa , mitre ; àxpi,
pointe), bot. pu. — Genre présentant quel-
que affiuuj avec les Gentianées, à la suite!
desquelles Endliehcr l'a placé. Il a été éta-
bli par Labîllardière {Nov.-ilolland.y I, 36),
et présente pour caractères principaux : Ca-
lice anguleux, 4-2-fidc. Corolle hypogyne, à
tube anguleux, à limbe 4 parti. Étamines 4,
insérées à la gorge de la corolle, incluses ou
rarement saillantes ; filets filiformes, égaux ;
anthères sagittées, extrorses, à 2 loges s'ou-
vrant longitudinalement. Ovaire à 2 loges
multi-ovulées. Style bifide à la base, simple
au sommet; stigmate indivis ou 2-lobé. Cap-
sule à 2 loges s'ouvrant entre les divisions
du style.
Les Mitrasacmes sont des plantes herba-
cées, à feuilles opposées, tantôt soudées,
tantôt réunies en rosette , les caulinaires
nulles; à fleurs disposées en ombelles ter-
minales, rarement solitaires à l'aisselle des
feuilles.
On connaît une vingtaine d'espèces de ce
genre, qui ont été réparties par Endlicher
( Gen. plant., n. 3566) en 4 sections, qu'il
nomme : Anisomitra : Calice 2-fide; étami-
nes insérées au milieu du tube de la corolle,
incluses; stigmate 2-lobé; Milragyne : Ca-
lice 4-fide; étamines insérées au milieu du
tube de la corolle, incluses ; stigmate 2 lobé ;
Holomitrium : Calice 4-fide; étamines insé-
rées au milieu du tube de la corolle; stig-
mate entier. Dichelomitrium : Calice plissé,
t. vin.
à lobes concaves; étamines insérées à la
gorge de la corolle, saillantes..
Toutes ces plantes croissent abondam-
ment dans la Nouvelle-Hollande tropicale;
elles sont plus rares dans les îles Moîuques
et le continent indien. (J.)
MITRE. Mitra, moll. — Genre de Mol-
lusques gastéropodes , établi par Lamarck
aux dépens du grand genre Volute de Linné
et de Bruguière. Il comprend des coquilles
turriculées ou subfusiformes , à spire poin-
tue au sommet , à base échancrée et sans
canal ; ayant la columelle chargée de plis
parallèles entre eux , transverses , et dont
les inférieurs sont les plus petits. Les Vo-
lutes, au contraire, ont généralement la
coquille plus courte et plus ventrue, avec
les plis de la columelle plus grand en bas,
plus petits en haut. Cependant ces caractè-
res, tirés de la forme des coquilles connues
du temps de Lamarck, sont devenus insuf-
fisants depuis qu'un grand nombre d'autres
espèces ont montre des formes intermédiai-
res et des passages tellement gradués d'un
genre à l'autre , qu'on devrait réunir les
Mitres et les Volutes, si les animaux ne
présentaient pas des différences caractéris-
tiques.
MM. Quoy et Gaimard les premiers ont
observé les animaux des Mitres , qui sont
très apathiques , pourvus d'un pied petit cî
étroit, dilaté seulemeuten avant chez quel-
ques espèces. Suivant ces auteurs , la tête
est très petite, en forme de V, dont les ten-
tacules forment les deux branches. Ces ten-
tacules sont grêles , coniques , pointus au
sommet , portant les yeux à la base ou à
une certaine hauteur, suivant les espèces.
M. Deshayes, sur plusieurs espèces de !
Méditerranée, a trouvé au contraire (i
tentacules courts, subeylindracés , ayan:
leur base un pédicule trois ou quatre ï<
moins long, soudé dans toute sa longuei
et terminé par le point oculaire. Mais !<■
caractère le plus remarquable des Mitres ,
c'est la longueur de la trompe , beaucoup
plus considérable que chez tous les autres
Mollusques; celle de la Mitre épiscopale ,
par exemple , est plus d'une fois et demie
aussi longue que la coquille ; elle est cylin-
dracée, avec un renflement terminal, fendu
et contenant le suçoir. Le manteau revêt
l'intérieur de la coquille et se prolonge en
32
250
MIT
MIT
un canal charnu, cylindrique, destiné à
conduire l'eau dans la cavité branchiale.
Le nombre des Mitres vivantes connues
dans les collections dépasse aujourd'hui 250,
et le nombre des espèces fossiles est de 70
environ, appartenant aux terrains tertiaires.
Les Mitres semblent exclusivement confinées
aujourd'hui dans les mers des pays chauds,
et les espèces, peu nombreuses, de la Mé-
diterranée sont petites et sansé clat , tandis
que les espèces tropicales dépassent un dé-
cimètre en longueur, et sont ornées des plus
vives couleurs : telle est , par exemple , la
Mitre papale, longue de 125 millimètres ,
blanche, avec des rangées élégantes de ta-
ches rouges; ses tours de spire sont plissés
régulièrement et couronnés de dents. Cette
belle coquille turriculée peut être considé-
rée comme le type du genre. D'autres espè-
ces, telles que la M. plicaria, se distinguent
par un sinus au bord droit de l'ouverture ;
on a proposé de les nommer Minarets. Un
troisième groupe est formé des espèces cour-
tes qui ont, le bord droit épaissi, renflé dans
son milieu , telle est la M. bizonalis , dont
Lamarck avait fait une Colombelle, en rai-
son de ce renflement du bord, quoiqu'elle
ait des plis à la columelle comme les autres
Mitres. Un quatrième groupe enfin, dont
Sowerby a voulu faire le genre Conœlis ,
que M. Swainson nomme Conœlix (voy. ce
mot), et M. Schumacher Imbricaria , com-
prend les espèces à coquille courte, en forme
de cône ou d'olive ; telles sont les M. dacly-
lus et M. crenulata. ( Duj.)
MITRE DE NEPTUNE , MITRE PO-
LONAISE, polyp. — Dénominations an-
ciennes d'une espèce de Fongie, la F. pileus
de Lamarck que Rumphius nommait Mitra
polonica , et qui était un Madrépore pour
Linné. (Duj.)
MITREMYCES (pfrpa, mitre; p.vx*ȍ,
champignon), bot. cr. — Genre de Cham-
pignons de la famille des Lycoperdacés, et
d'une structure particulière. Bosc ayant eu
l'occasion de le voir vivant, je ne puis mieux
faire que de transcrire la description qu'il
en donne. Le pédicule est composé d'une
grande quantité de fibres élastiques irrégu-
lièrement anastomosées , solides , de cou-
leur jaune sale, laissant voir des lacunes
semblables à celles des Morilles, formant
par leur réunion une masse d'un pouce de
haut sur 8 ligues de diamètre. Sur cette
tige (pédicule) est une tête (réceptacle)
sphérique, glabre, moins grosse qu'elle,
entourée d'une volve qui se déchire par le
bas en huit ou dix divisions, et tombe par
reflet de la maturité; le réceptacle est ter-
miné par une ouverture à six dents, ou-
verture qui est celle d'un sac intérieur, où
sont renfermées des spores jaunes.
Le Milremyces lulesccns Schwein , est déjà
connu depuis longtemps; il croît en Amé-
rique, sur la terre, le long des chemins. Je
pense que c'est à tort que le professeur Frics
rapporte à cette espèce le Schrosoma callos-
toma de Persoon. Les échantillons conservés
dans l'esprit- de -vin au Muséum de Leyde
donnent plutôt l'idée d'un Schizostoma
(Tulostoma) que du Champignon représenté
par Plukenct, Bosc et Litchock. (Lkv.)
MITREOLA (diminutif de rnitra, mitre).
bot. pu. — Genre placé par Endlicher à la
suite des Gentianées, avec lesquelles il pré-
sente quelques affinités. Il a été établi par
Linné (Hort. cliff., 402) pour des herbes
vivaces de l'Amérique boréale.
Ce genre ne renferme qu'une seule es-
pèce, la Mitr. ophiorhizoides.
*MITREPHORUS (>Tfwjyopoç, qui porte
une mitre), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gona-
tocères , division des Apostasimérides cryp-
torhynchides , créé par Schcenherr (Gen. et
sp. Curcul. syn., t. IV, I , p. 463 ,8,2,
56). Le type, le M. Waterhousei Schr., a
été trouvé dans la partie centrale du Bré-
sil. (C.)
*MITROPIIORE. Mitrophora (pirp*,
mitre; y*'p<<>, porter), bot. cr. — Genre de
Champignons appartenant à la classe des Thé-
casporés et à la tribu des Champignons en
forme de mitre (Mitrati). Ils ont les plus
grands rapports avec les Morilles , auxquelles
on les a toujours réunis. Le réceptacle est
conique ou campanuliforme, charnu, plus ou
moins fragile, et la face externe présente des
alvéoles dont les cloisons affectent générale-
ment une direction verticale et parallèle;
le pédicule s'insère à la face intérieure et à
peu près à la partie moyenne du réceptacle.
Les organes de la fructification tapissent la
cavité et les parois des alvéoles , et sont re-
présentés par des thèques allongés, cylin-
driques, qui renferment huit spores sim-
MIT
MIT
251
pies, elliptiques et transparentes; les para-
physes qui accompagnent les thèques sont
filiformes , continues ou cloisonnées , et
un peu renflées à ieur extrémité supérieure.
Les Mitrophores croissent au printemps
avec les Morilles. On en distingue plusieurs
espèces; et comme elles sont comestibles ,
je crois devoir en donner une courte des-
cription.
1° MUrophora palula Lév. ( Morchella
patula Pers.). Le réceptacle est arrondi ou
ovale, quelquefois campanule et d'une cou-
leur fauve; les alvéoles sont grandes, rhom-
boïdales ; le bord , libre , est très éloigné du
pédicule , qui est blanc , creux et recouvert
d'écaillés furfuracées. Chevallier dit qu'on
trouve cette espèce dans la forêt de Com-
piègne; Klotzsch Ta rencontrée sur un des
murs du jardin de botanique de Berlin; elle
paraît assez commune en Allemagne; à Flo-
rence , on l'apporte fréquemment sur les
marchés avec la Morille ordinaire , dont elle
égale le volume.
2° MUrophora gigas Lév. (Morchella gi-
gas Pers.). Le réceptacle est gris, conique,
d'une couleur foncée; les alvéoles larges,
rhomboïdales , et le pédicule d'un blanc
jaune et écailleux. Micheli l'a représentée
(Gen. plant., p. 202 , tab. 84 , fig. 1) ; elle
croît dans les environs de Florence, où elle
paraît cependant assez rare.
3° MUrophora undosa Lév. (Morchella
undosa Pers.). Elle est caractérisée par un
réceptacle roux, conique, à alvéoles gran-
des , irrégulières , anastomosées et ondu-
lées; le bord est éloigné du pédicule; celui-
ci est atténué, à sa partie inférieure, d'un
blanc jaune et réticulé à sa surface. Ce der-
nier caractère et les ondulations des cloisons
des alvéoles en font une espèce très distincte.
Elle croît dans les environs de Florence, et
se mange comme la précédente. Micheli est
le seul qui en ait donné , jusqu'à ce jour,
une figure (loco citato , p. 203, tab. 84,
fig- 2).
4" MUrophora semi libéra Lév. (Morchella
scmi-ltbera DC). Réceptacle gris , conique',
à alvéoles longitudinales ; pédicule très
long , atténué à sa partie supérieure , blanc
et glabre ( voy. Micheli , loc. cit., p. 203,
tab. 84 , fig. 2, et Sowerby, English fung,
tab. 258). Elle croît au printemps, dans
les endroits sablonneux , avec la Morelle or-
dinaire. Dans les environs de Paris , la fo-
rêt de Sénart en fournit quelques années
une grande quantité. J'en ai mangé plu-
sieurs fois ; mais c'est un mets peu déli-
cat en raison de sa saveur fade , aqueuse ;
outre cela elle est coriace , surtout son pé-
dicule.
5° MUrophora rimosipes Lév. (Morchella
rimosipes DC). Réceptacle campanule, obtus,
d'une couleur noire; alvéoles rhomboïdales;
pédicule très long, blanc, renflé à sa par-
tie inférieure, et le plus souvent fendu lon-
gitudinalement. De Candolle a rencontré
cette espèce, assez rare, dans la forêt de
Fontainebleau. Elle croît également dans
les fossés du bois de Boulogne , où je l'ai
trouvée dans le commencement du mois de
mai. La substance de son réceptacle et du
pédicule est assez fragile. On ne la distingue
du MUrophora semi-libera , à laquelle elle
ressemble par la taille et le volume, qtfe
par sa couleur et les fentes du pédicule;
encore n'existent-elles qu'à un âge assez
avancé.
6° MUrophora fuscaLéw . (Morchella fusca
Pers.). Réceptacle court, presque rond, mem-
braneux, d'un brun foncé; alvéoles formées
par des cloisons droites, presque parallèles;
pédicule long de 3 pouces , épais de 1, lisse
et peu résistant.
Cette espèce a été trouvée une seule fois
par Persoon vers les premiers jours du mois
d'avril, dans les environs de Paris, sur des
morceaux de bois.
7o MitrophoracarolinianaLév. (Morchella
caroliniana Bosc). Chapeau solide , plutôt
sillonné que celluleux, de couleur feuille-
moite , d'un diamètre de 3 ou 4 pouces, et
même plus ; pédicule blanc et court. Elle se
trouve dans les bois de la Haute Caroline,
où on la mange , quoiqu'elle ait peu d'o-
deur et point de saveur.
Les Mitrophores croissent , comme le'
Morilles , dans le printemps; elles parais-
sent toutes comestibles, et on les trouv
sur les marchés très souvent mélangées
(LÉV.)
*MIÏR0PII011US (<j.lrpy., mitre; yo'po;,
qui porte). Ins. — GcnredcColéoptères pen-
tamères, famille des Lamellicornes, tribu
dcsScarabéides phyllophages, établi parBur-
meistpr (Handbuch der Entomologie , 18 4 4,
pag. 140 ). L'espèce type, le M. ateuchoides
252
MIX
MNE
Eeklon , Burm., est indigène du cap de
Bonne-Espérance. (C.)
MITROUILLET. bot. pu.— Nom vulgaire
de la Gesse tuberculeuse.
MITRULA (diminutif de jx'xpa, petite
mitre), bot. cr. — Genre de Champignons
de la classe des Thécasporés, et qui pendant
longtemps a été à tort considéré comme une
Clavaire. Les espèces de ce genre ont un pé-
dicule charnu , terminé à sa partie supé-
rieure par une tête allongée, ovale ou pres-
que ronde et lisse, dont toute la surface est
recouverte de thèques qui renferment huit
spores. Ce genre a la plus grande analogie
avec le Spathularia ; on pourrait peut-être
même les réunir, comme l'a fait Pries. Il
s'éloigne des Leotia plutôt par la consistance
que par tout autre caractère; mais il diffère
essentiellement des GcoglossumyaY la forme
des spores.
On rencontre quelquefois à Montmo-
rency et à Fontainebleau le Mitrula palu-
dosa; il se développe sur les vieilles feuilles
de Chêne recouvertes de boue et d'eau , de
sorte qu'on ne voit que la tête, qui se fait
remarquer par sa belle couleur jaune-
orangé. (Lkv.)
*MÏTRULARTA mou,. — Genre proposé
par M. Schumacher pour certaines espèces
de Calyptrées. Voy. ce mot. (Duj.)
*MITSCïIERLICfflA , Kunth {in Berl.
acad. Abhandl, 1831, p. 209, et 1832,
t. 3). bot. ph. — Synonyme de Neea, Ruiz
et Pav.
MïTU. ois. — Nom donné par Marcgrave
au Hocco (Ouran mitu Temrn.), et em-
ployé par M. Lesson comme nom de genre.
Voy. hocco. ( Z. G.)
MITUA , Stricht. ois. — Syn. de Mitu ,
Lcss.
*MÏULA. ois. — Genre établi par Hodg-
"oa dans la famille des Cotingas pour une
spèce à laquelle il donne le nom de M.
jnostincta. (Z. G.)
*MIXOG ASTER (F'ç, à moitié; yaortfp,
ntre). ins. — Genre de l'ordre des Dip-
•es brachocères, famille des Brachystomcs,
.bu des Syrphides, établi par M. Macquart
Dipt. exot., t. II, 2e partie, p. 14) pour
une seule espèce, M. conopsoides Macq., in-
digène du Brésil.
*MIXTEMYIA. ins. — Genre de Tordre
des Diptères brachocères , famille des Bra-
cbystomes, tribu des Syrphides, établi par
M. Macquart {Hist. des Divt., suites à Buf~
fon, t. I, p. 491). La seule espèce connue
est le M. quadrifasciaLa, qui habite la Pen-
sylvanie.
MIYOTHERE. ois. — Voy. myiothère.
MNASÏUM, Schreb. (Gen., 544). bot. pu.
— Syn. de Rapatea, Aubl.
*Mi\EMATIUM. ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères , famille des Lamelli-
cornes, tribu des Scarabéides-Coprophages,
créé par Mac-Leay, et adopté par Reiche
(Rev. zoolo'jlque, 1841, p. 212). Le type, !e
M. silentisOYiv., est originaire d'Arabie. (C.)
*MKEMÏA et MNBKIE ( nom mytholo-
gique), acal. — Genre d'Àcalèphes cténo-
phores, type de la famille des Mnémiidcs
d'Eschscholtz. Il est caractérisé ainsi : le
corps est lisse, ovale, allongé verticalement
et très comprimé; les côtés étroits sont ter-
minés par degrands lobes près de la bouche,
et les côtés larges portent chacun deux longs
appendices en entonnoir , insérés par leur
pointe auprès de la bouche, -et munis d'une
rangée de lamelles vibratiles ; le canal ex-
créteur de l'estomac s'ouvre dans une ex-
cavation en entonnoir. L'auteur y rappor-
tait deux espèces observées par lui-même,
la M. Schweiggeri, longue de 54 millimètres,
vivant près des côtes du Brésil, et la M.
Kuhlii, longue de 18 millimètres, vivant
dans la mer du Sud près de l'équateur; puis
une troisième espèce, M. Cliamissonii, dé-
crite précédemment par Charnisso sous le
nom de Callianira hetevopbera , et trouvée
dans l'Océan Atlantique près du cap de
Bonne-Espérance. Depuis lors, aussi M. Sars
a décrit une quatrième espèce , M. norwe-
gica , observée à Bergen. M, Lesson, en
adoptant le genre d'Eschscholtz, le nomme
par erreur sans doute Mnénie au lieu de
Mnémie, et n'y veut comprendre que les
deux premières espèces de cet auteur. La
troisième devient pour lui le type de son
genre Polyptère ; et la quatrième est pour
lui une Alcynoe. M. deBlainville , dans les
dernières additions de son Manuel d'actino-
logie, réunit les Mnemia aux Alcynoe de
Rang, et les caractérise ainsi : corps cylin-
drique, vertical, sans prolongements cirrhi-
gères, embrassé par les deux lobes du man-
teau, et dont les ambulacres inégaux font
deux pointes sur les lobes et deux sur le
IV] NI
MNI
253
corps; ceux de cette dernière partie se pro-
longent sur les appendices buccaux. (Duj.)
MNÉMIIDES. acal. — Famille d'Aca-
lèphes cténophores établie par Eschscholtz
pour les genres Eucharis, Mnemia, Calymna
et Axiotima, qui se distinguent des Callia-
Dirides par l'absence des cirrhes ou tenta-
cules, et auxquels il faudrait réunir les
genres Ocyroe et Alcynoe de Rang, si vérita-
blement aussi ils sont dépourvus de ces
organes ; mais peut-être aussi devra-t-on
confondre les deux familles, et réduire con-
sidérablement le nombre des genres, quand
des observations plus complètes auront
»ontré le peu de valeur de ce caractère. En
Hîffet, les Mnémiides, comme les Callianires,
Wt une cavité stomacale très restreinte,
^'occupant qu'une petite partie du corps.
■Tous ils ont à la bouche de grands lobes, ou
des prolongements pourvus de lamelles vi-
«/ratiles, ou même les deux sortes d'appen-
dices en même temps. M. Lesson n'admet
^as cette famille, il place les Mnémies seules
dans sa tribu des Callianires, et les autres
dans sa tribu des Calymnés, faisant partie
également de sa grande famille des Béroïdes.
(Duj.)
*MNEMION, Spach (Suites à Buffon, V,
515). bot. ph. — Syu. de Viola, Linn.
MNEJHOSILLA, Forskal (JEgypt., 122).
bot. ph. — Syn. iVHypecowm, Tournef.
MJVÉMOSINE. ins.— Nom vulgaire d'un
Papillon qui fait partie du genre Parnassie
de Latreille. Voy. ce mot.
*MJ\ESITHEA. bot. ph. — Genre de la
famille des Grauiinées-Rottbœlliacées, éta-
bli par Kunth (Gram., 153; Agrost., 465).
Gramens de Tranquebar, Voy. graminées.
AINIARUM (f«w«poçj moussu), bot. ph.
— Genre de la famille des Caryophyllées-
Scléranthées , établi par Forster (Char., 1,
t. 1). Petites herbes de la Nouvelle-Hol-
lande et de la Nouvelle-Zélande. Voy. ca-
RYOI'HYLLÉES.
*jMNIOPHILA (fj.viov, mousse; yîXoç, qui
aime), ins.— Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille des
Cycliques, tribu des Alticites, créé parSte-
phens (Ihitish enlomology, vol. IV, p. 285,
380). Le type, la M.muscorum de Muller,
a été découverte en Allemagne, puis en An-
gleterre. Ce genre correspond peut-être à
celui d'Aplcropeda. (C.)
*M1XI0PHILA (pvt'ov, mousse; yftoç,
qui aime), ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes , tribu des Phalé-
nides, établi par M. Boisduval, et com-
prenant deux espèces , les M. corticaria
et cineraria. La première habite la France;
la deuxième , l'Allemagne. Leurs chenilles
se nourrissent du Lichen qui croît sur les
vieux murs et les vieilles palissades, et pro-
fitent des fentes ou cavités qui s'y trouvent
pour former leur coque, qu'elles recouvrent
des débris de ce même Lichen.
*MNIOPSIS(pvi'ov, mousse; <tyiç, aspect).
bot. ph. — Genre de la famille des Podos-
temmées , établi par Martius (Nov. gen. et
sp., 1 , 1 , t. 1 ). Petite plante du Brésil.
Voy. PODOSTEMMÉES.
MNIOTILTE. Mniotilta. ois.— Genre
créé par Vieillot aux dépens du genre Mo-
tacilla de Linné , pour une espèce qui pré-
sente les caractères génériques suivants :
Bec court, subulé, grêle, droit, comprimé
latéralement, à mandibules égales et aiguës ;
narines ovalaires; tarses scutellés , à pouce
robuste, terminé par un ongle long; ailes
médiocres.
La seule espèce de ce genre que l'on con-
naisse est le Mniotilte varié, Mn. varia
Vieill. , Sylvia varia Lath. (Gai. ornilh. ,
pi. 169). 11 a la gorge et les joues noires, et
tout le reste du plumage varié de blanc et
de noir; cette dernière couleur étant dis-
posée sur la tête et sur tout le dessous du
corps par raies longitudinales.
Cet Oiseau, que l'on avait classé parmi
les Fauvettes, s'en distingue non seulement
par ses caractères physiques , mais par ses
mœurs. Il vit dans les bois, où on le voit
toujours grimpant le long des troncs et des
grosses branches, à la manière des Sitelles
et des Grimpereaux de muraille , sans que
les plumes de sa queue lui servent de point
d'appui. Il se nourrit d'Insectes, qu'il cher-
che dans la Mousse et les Lichens qui cou-
vrent les arbres.
Le Mniotilte varié arrive au centre des
États-Unis dans le mois d'avril, et le quitte
en septembre pour passer l'hiver dans les
Grandes-Antilles. (Z. G.)
ÏIINIUM. bot. cr. — Genre de la famille
des Mousses acrocarpes, tribu des Bryacées,
ainsi nommé par Linné (Gen. , n. 1193),
Bridel (Bryolog., II, 3), Hedwïg {Fund.
254
MOD
MOI)
musc. ), et rapporté par certains auteurs au
g. Bryum , dont il diffère cependant suffi-
samment pour en être séparé. "Voici ses ca-
ractères : Coiffe cuculiforme. Capsule ter-
minale, gibbeuse à la base ou presque égale ;
opercule convexe, acuminé ; péristome dou-
ble. Les Mnium- sont des Mousses vivaces ,
croissant sur la terre dans les contrées ma-
récageuses et humides de l'hémisphère bo-
réal. Leur tige simple ou rameuse pousse
des rejets de la base, ce qui fait différer les
Mnium des Bryum dont les rejets partent
du sommet.
Les espèces de ce genre ont été réparties
en deux sections, qui sont : Aulacomnion ,
Schwœgr. : fleur mâle terminale, en forme de
disque; Arrhenopterum, Hedw. : fleur mâle
axillaire, gemmiforme.
*MOACURRA. bot. ph. — Genre de la
famille des Chailletiacées , établi par Rox-
burgh (FI. ind., II, 70). Arbustes de l'Inde.
Voy. CHAILLETIACÉES.
MOCANERA, Juss. (Gen., 318). bot. pu.
— Syn. de Visnea, Linn.
* MOCHON. poiss. — Nom d'une espèce
d'Athérine qui habite la Méditerranée, Atke-
rina mochon Cuv. et Val.
HÏOCITVA, DC. (il/se), bot. ph. - Syn.
û'Augusta, Leandr.
MOCO. mam. — Buffon indiquait sous ce
nom une espèce du genre Gymnocéphale.
La dénomination de Moco est également
employée pour désigner \eKerodon sciureus.
Voy. kerodon. (E. D.)
MOCOCO. mam. — Espèce du g. Maki.
Voy. ce mot. (E. D.)
MODEGGA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Passiflorées-Modeccées, établi par
Lamarck ( Dict. , IV, 208 ), et dont les ca-
ractères sont : Fleurs unisexuelles. Involu-
celle nul. Périanthe campanule; limbe à 8
ou 10 divisions bisériées. FI. mâles: squa-
mules 5, pétaloïdes, insérées au fond du
tube, opposées aux étamines , quelquefois
nulles. Étamines 4-5, insérées à la base du
périanthe, incluses; filets subulés, soudés à
la base en un anneau membraneux ; anthè-
res introrses, à deux loges dressées, s'ou-
vrant longitudinalement. Rudiment d'ovaire
fusiforme. FI. femelles : Étamines stériles,
4-5, insérées à la base du tube du périanthe,
subulées, soudées à la base en un anneau
qui entoure le gynophore. Ovaire stipité,
uniloculaire. Ovules nombreux , bisériés ,
renfermés dans 3 placentas pariétaux. Style
très court ou presque nul; stigmates 3, di-
latés, obtus. Le fruit est une capsule globu-
leuse ou oblongue, 1-Ioculaire , à 3 valves
portant chacune sur le milieu un placenta
nerviforme.
Les Modecca sont des plantes herbacées
ou frutescentes, à feuilles alternes, indivises
ou palmati-lobées , dont les pétioles por-
tent deux glandes à leur sommet ; à fleurs
verdâtres, petites, disposées en grappes pa-
niculées axillaires. Elles sont indigènes de
l'Asie et de l'Afrique tropicale.
Wight et Arnott (Prodr., 1 , 353) ont ré-
parti les espèces de ce genre en deux sec-
tions, qui sont : Microblepharis : tube du pé-
rianthe conique - tubuleux égal à la base;
divisions intérieures du limbe contiguës aux
extérieures; Blepharanthus : tube du pé-
rianthe tubuleux-campanulé présentant à la
base 5-10 gibbosités ; divisions intérieures
du limbe insérées tout-à-fait au fond du
tube. (J.)
♦MODESTIA, Chamiss. (in Linnœa, III,
4). bot. ph. — Voy. stemadia, Linn.
MODIOLA. bot. pu.— Genre de la fa-
mille des Malvacées-Malvées , établi par
Mœnch ( Method., 620 ), et que De Candolle
Prodr., I, 435) considère comme une
simple section du g. Mauve.
HIODIOLE. Modiola (po&oç ou modius,
mesure pour les grains ou pour les liquides).
mcil. — Genre de Mollusques bivalves ou
conehifères, établi par Lamarck aux dépens
des Moules de Linné et de Bruguière, et
faisant également partie de la famille des
Mytilacées. Il se distingue particulièrement
des Moules, parce que les crochets ne sont
pas pointus et terminaux, d'où résulte pour
la coquille une forme plutôt transverse que
longitudinale; mais, comme le remarque
M. Deshayes, en rassemblant un grand
nombre d'espèces des deux genres, on en
voit dont les crochets presque terminaux
sont dépassés par un petit bord très court,
d'autres dont ce bord est un peu plus
étendu , et l'on passe des Moules aux Mo-
dioles par degrés insensibles, sans pouvoir
déterminer avec précision la limite. Comme
d'ailleurs l'organisation des animaux pré-
sente une parfaite analogie, on peut con-
clure avec ce savant zoologiste que ces
MOD
IUOH
255
genres doivent être réunis. Il en doit être
de même aussi du genre Lithodomc qu'on a
voulu former avec les espèces qui creusent
les pierres calcaires, car plusieurs vraies
Modioles sont lithophages comme les Saxi-
caves, les Pholades, les Vénérupes, etc.
Toutefois, la coquille des Modioles de La-
marck est subtransverse, équivalve, régu-
lière, à côté postérieur très court; avec une
impression musculaire sublatérale allongée
et en hache. Les crochets sont presque la-
téraux, abaissés sur le côté le plus court.
La charnière est sans dents, latérale et
linéaire; le ligament est cardinal presque
intérieur, reçu dans une gouttière margi-
nale. Toutes les espèces , même celles qui
creusent la pierre , sont pourvues d'un
byssus. La plus grande, et celle qu'on peut
citer comme le type de ce genre, est la Mo-
diole des Papoux , naturellement couverte
d'un épiderme brun, mais que souvent on
a décapée et polie dans les collections; elle
est alors d'une belle couleur violette; elle
est longue presque d'un décimètre , et se
trouve dans l'Océan Atlantique boréal, sur
les côtes de l'Amérique septentrionale. La
Modiole tulipe, également remarquable par
sa coloration , est même transparente et
rayée comme les pétales d'une tulipe, avec
les crochets et la carène du bord inférieur
teints de rose ou de violet; elle est longue de
75 à 80 millimètres, et se trouve dans les
mers d'Amérique. Plusieurs espèces mon-
trent des stries divariquées ou en deux fais-
ceaux rayonnants : telle est la Modiole
discordante sur laquelle ces deux faisceaux
sont séparés par un espace lisse. La Modiole
lithophage, dont Cuvier a voulu faire le type
du g. Lithodome , est allongée , cylindrique,
arrondie aux extrémités, longue de 70 à 120
millimètres ; la coquille est nacrée en dedans
et revêtue d'un épiderme brun plus ou moins
foncé, à travers lequel on aperçoit des stries
transverses, un peu sinueuses. Ce Mollus-
que, très recherché pour la délicatesse de
son goût, est nommé communément Datte
de mer y ou Moule pholade. On le trouve
abondamment sur plusieurs côtes calcaires
de la Méditerranée et de l'Océan , et princi-
palement aux îles Maurice et Bourbon. On
connaît aussi une vingtaine de Modioles
fossiles dont la plupart se trouvent dans les
terrains tertiaires; mais plusieurs appar-
tiennent aux terrains secondaires , telle est
la M. hillana, de l'argile de Kimmeridgc;
la M. gibbosa, de l'oolite moyenne; la M.
cuneata, des argiles du lias ; la M. plicata,
de Cornbrash, etc. (Duj.)
*MOEHNIA , Neck. {Elem., n. 13). bot.
ph. — Syn. de Gazania, Gœrtn.
MQEHRINGIA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Caryopbyllée-s-Stcl-
larinées, établi par Linné {Gen.t n. 26i), et
renfermant des herbes annuelles ou vivaces,
qui croissent en abondance dans les régions
tempérées et froides de l'hémisphère boréal.
MOEKISTOCERA. ins.— Syn. de Megis-
tocera.
MOELLE, zool. — Voy. os.
MOELLE, bot. — Voy. accroissement.
MOELLE ÉPINIÈRE. anat. — Voy.
SYSTÈME NERVEUX.
MOENCHIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Caryophyllées-Stel-
larinées, établi par Ehrhart (Beitr., II, 277)
aux dépens des Céraistes, pour les esp. qui pré-
sentent: un calice 4-5-parti; des pétales très
entiers; 4-8-10 étamines; 4-5 styles; une
capsule cylindrique, droite, plus courte ou
presque de même longueur que le calice , à
dents roulées à la marge. Voy. céraiste.
Roth a aussi établi, sous le même nom de
Mœnchia (Flor. germ.y I, 273), un genre
synonyme du g. Berteroa de De Candolle.
Voy. ce dernier mot.
MQERA. crust. — Voy. crevette.
*MOESSLERA, Reichenb. (Comp., 160).
bot. ph. — Syn. de Tittmannia, Brong.
MOFAT. moll. — Nom donné par Adanson
(Voyage au Sénégal) à une espèce de Bu-
carde, la Bucarde grimacière, Cardium rin-
gens Lamk.
MOGIPHANES, Mart. (Nov. gen. etsp.,
II, 29 , t. 129-134 ). bot. ph. — Voy. te-
LEIANTHERA, R. Br.
*MOHLANA. bot. pu. — Genre de la
famille des Phytolaccacées-Rivinées , établi
par Martius (Nov. gen. et sp., III, 170,
t. 290). Herbes du Brésil. Voy. phytolac-
CACKES.
*MOHO. Moho. ois.— Division établie par
M. Lesson dans le genre Philédon. Voy. ce
mot. (Z. G.)
*MOHOEA. Mohoua. ois. — Genre créé
par M. Lesson pour une espèce dont
MM. Quoy et Gaimard ont fait un Cçrthiar
256
MOI
et que M. de La Fresnaye rapporte au genre
Orthonix. Voy. ce mot. (Z. G.)
MOHRIA (nom propre), bot. en. — Genre
de Fougères-Schizéacées , établi par Swartz
(Synops., 159, t. 5) pour de petites Fougè-
res qui croissent au cap de Bonne-Espé-
rance et dans l'île de Mascareigne, Voy.
FOLTGÈKES.
MOINE, mam. — En mammalogie , la
dénomination vulgaire de Moine est em-
ployée pour désigner diverses espèces appar-
tenant aux groupes des Singes, des Phoques
et des Marsouins. (E. D.)
MOINEAU. Fringilla. ois. — Les ornitho-
logistes ne donnent pas tous à ce mot la même
valeur; les uns l'emploient comme nom de
famille, les autres comme nom de genre et
de sous-genre; d'autres s'en servent seule-
ment pour désigner quelques espèces. De ces
trois exceptions, nous adopterons la plus
large; en d'autres termes, à l'exemple de
G. Cuvier, de M. Lesson et de plusieurs au-
tres naturalistes , nous considérerons ici les
Moineaux comme composant une nombreuse
tribu ou famille (1) caractérisée par un bec
presque régulièrement conique, épais, fort,
large à sa base, pointu au sommet, et par
des narines arrondies et en partie cachées
par les plumes du front.
Les espèces que nous comprendrons, avec
les auteurs que nous venorj de citer, sous le
titre général de Moineau, en raison de leur
nombre considérable et de leur diversité,
doivent nécessairement offrir des habitudes,
des instincts, etc., différents, dont il nous
faudra tenir compte dans l'histoire que nous
avons à faire de ces oiseaux. Mais, pour ne
point augmenter la difficulté déjà très grande
de cet historique, nous prendrons particuliè-
rement en considération les mœurs de nos
Moineaux d'Europe, et nous nous bornerons
à signaler les différences que présentent à
cet égard les espèces qui ont avec eux des
rapports de famille.
Les Oiseaux que l'on réunit sous le nom
de Moineaux ont, en général, des formes
plutôt lourdes que sveltes. La plupart sont
parés de couleurs agréables qui les font re-
chercher. Répandus sur toute la surface du
globe, mais surtout là où se trouvent des
graines à leur convenance, les Moineaux for-
(t) Cette famille correspond entièrement au g. Gros-Bec
de M. Temminck »
MOI
ment des associations nombreuses, et exploi-
tent ordinairement en troupes les contrées
qu'ils habitent. Il semblerait que nos espèces
d'Europe aient été créées tout exprès pour
devenir les commensales de l'homme ; car
elles l'ont suivi partout où il s'est établi, et
surtout partout où il s'est livré à la culture
des céréales. Elles sont, selon l'heureuse ex-
pression de Bufl'on, comme les rats attachés
à nos habitations, ne se plaisant ni dans les
bois, ni dans les vastes campagnes, mais
cherchant de préférence les grandes villes au
sein desquelles elles sont assurées de trou-
ver en tout temps une nourriture facile.
Cette habitude qu'ont les Moineaux devenir
vivre à nos dépens a fait penser à Sonnini
que ces Oiseaux avaient changé de nature en
se soumettant volontairement à une sorte
de domesticité, domesticité plus nuisible
qu'utile; car les Moineaux ne sont plus,
comme les Pigeons, les Poules, les Ca-
nards, etc. , des animaux dont on puisse tirer
aucun profit, leurs plumes ne pouvant être
utilisées etleur chair n'étant pas même mé-
diocre. Ce sont plutôt des casaniers impor-
tuns, des commensaux incommodes, d'im-
pudents parasites qui partagent malgré nous
nos grains, nos fruits et notre domicile.
« Plus hardis que les autres Oiseaux, dit avec
beaucoupde iustesseSonnini,ilsnecraignent
pas l'homme, l'environnent dans les villes,
à la campagne, se détournant à peine pour
le laisser passer sur les chemins, et surtout
dans les promenades publiques où ils jouis-
sent d'une entière sécurité. Sa présence ne
les gêne point, ne les distrait point de la re-
cherche de leur nourriture, ni des soins qu'ils
donnent à leurs petits, ni de leurs combats.
ni de leurs plaisirs; ils ne sont assujettis en
aucune manière, et, à vrai dire, ils ont plus
d'insolenceque de familiarité. »I1 ne faudrait
point juger des mœurs des espèces étrangè-
res qui se rapportent aux Moineaux par celles
des nôtres; le plus grand nombre vit loin
de toute demeure et fuit avec autant de soin
les lieux habités que nos espèces les recher-
chent; mais elles ont ceci de commun avec
nos Moineaux, que la plupart d'entre elles
occasionnent de très grands dégâts par la
consommation inouïe qu'elles font des grai-
nes utiles.
Pendant longtemps on a discuté cette
question de savoir si les Moineaux qui vivent
MOI
parmi nous étaient réellement aussi nuisi-
bles à l'agriculture qu'on le dit généralement.
Ce qu'on a dépensé de paroles pour les ac-
cuser et pour les défendre est incroyable.
Les uns, les considérant comme des dépré-
dateurs de nos moissons et de nos fruitiers,
concluaient à leur proscription. Les autres
ne trouvaient pas leur multiplication assez
grande, tant ils étaient convaincus que les
services qu'ils rendaient en détruisant les
insectes étaient éminents, tandis que leurs
déprédations n'existaient pour eux qu'en
apparence. Les Moineaux, disaient-ils, que
vous voyez attroupés dans un champ de
blé, dans une chènevière, etc., n'y cherchent
absolumentque des insectes, ets'ilségrainent
quelques épis, c'est dans le but d'en débar-
rasser les animaux nuisibles qui s'y trouvent.
Leurs dégâts ne sauraient donc être mis en
balance avec des services aussi signalés. De
part et d'autre on dressa des statistiques.
Déjà, en 1779, le moine PolycarpePoncelet,
dans son Histoire naturelle du Froment, avait
dénoncé les Moineaux comme étant de très
grands dévastateurs. En 1788, Rougier de
La Bergerie, dans ses recherches sur les prin-
cipaux abus qui s'opposent aux progrès de
l'agriculture, se chargea d'apporter des preu-
ves à l'appui de i'opinion de Poncelet. Il ac-
cusa les Moineaux, d'après des calculs ap-
proximatifs, de consommer chaque année»
en France, plus d'un millier d'hectolitres de
céréales, fait suffisant à ses yeux pour pro-
voquer une loi non plus de proscription ,
mais de destruction totale de l'espèce. Les
calculs de Bosc (Cours d'agriculture) élevè-
rent à près de deux millions d'hectolitres la
consommation de grains que faisaient ces
Oiseaux. Mais les Moineaux, avons-nous dit,
avaient en même temps leurs défenseurs, et
ceux-ci dressèrent aussi leurs calculs et trou-
vèrent qu'à en juger par le nombre d'insec-
tes qu'un Moineau apporte à ses petits dans
le courant d'une journée, la destruction an-
nuelle qu'il en fait devait être de prèsde deux
cent mille. De part et d'autre c'était partir
de fausses données, pour arriver à des con-
séquences qui ne pouvaient en rien être ri-
goureuses. Malgré ces discussions , qui se
produisaient dans les journaux et les traités
d'agriculture d'alors, l'indécision resta dans
les esprits, et nos lois voulant que le doute
soit favorable à l'accusé, les Moineaux ga-
x. vm.
MOI
257
gnèrent, en France, une cause qui était
perdue pour eux depuis longtemps dans cer-
taines contrées de l'Europe où leur tête était
mise à prix. Cependant, grâce à la nouvelle
loi sur la chasse, nous sommes peut-être sur
le point de voir renouveler le procès que l'on
a fait aux Moineaux; car plusieurs pétitions
collectives venues de la banlieue de Paris et
adressées au conseil général de la Seine
demandent qu'on autorise la destruction
de ces oiseaux par trop dévastateurs. Le fait
est que les Moineaux occasionnent d'assez
grands dégâts pour qu'on doive prendre
des mesures qui opposent des limites à leur
trop grande multiplication. On peut dire que
la plupart du temps ils détruisent pour le
plaisir de détruire.
Nos Moineaux ne rachètent leurs défauts
par aucune qualité utile. Leur plumage,
avons-nous dit, n'a rien qui flatte l'œil,
leur chair n'est pas très bonne; d'un autre
côté, leur voix est très désagréable. La plu-
part des espèces étrangères ne sont pas mieux
dotées sous ce dernier rapport et font enten-
dre des cris importuns. Cependant il en est
qui ramagent fort agréablement, et d'autres
dont le chant plaît presque autant que ce-
lui du Rossignol. C'est surtout lorsque les
Moineaux vont se livrer au repos que leurs
cris deviennent bruyants. Vers le milieu du
jour, lorsque la chaleur est très forte , on
voit nos espèces rassemblées sur une haie,
sur les arbres qui bordent les rivières, exé-
cuter un concert des moins harmonieux et
des plus discordants, ce qu'ils font également
pendant la belle saison, lorsque le soir ils
se réunissent sur les arbres où ils passent la
nuit. Leurs piailleries alors sont des plus
étourdissantes.
La seule chose qui soit capable de faire
rechercher nos Moineaux, c'est la facilité
qu'ils ont à s'apprivoiser, la docilité qu'ils
mettent à obéira la voix qui les réclame (1),
leur familiarité, qu'ils poussent jusqu'à ve-
nir prendre leur pâture dans la main qui la
(i) Buffon parle d'un soldat qui possédait un Moineau
franc qui le suivait partout et le reconnaissait au milieu de
tout le régiment. Voici un fait d'un autre genre. Nous avons
vu une femelle de la même espèce, vivant en pleine liberté,
s'éloignant de la maison où elle avait été élevée , y revenant
volontairement ou à la voix du maître. A l'époque dis
amours , elle s'accoupla avec un mâle du voisinage, construi-
sit tant bien que mal un nid derrière une glace, éleva seule
ses petits, et leur fit prendre la liberté lorsqu'ils furent astcê
forts pour la suivre au dehors.
33
258
MOI
MOI
leur présente, à se laisser toucher et ca-
resser. Cependant, ils ne conservent ces
qualités que jusqu'à un certain âge; en
vieillissant ils deviennent capricieux et aca-
riâtres, et ne sont pas toujours disposés à
recevoir les caresses qu'on veut leur faire.
Quoique peu farouches , les Moineaux
donnent difficilement dans les pièges qu'on
leur tend , parce qu'ils sont défiants et ru-
sés. Leur défiance est d'autant plus grande
qu'ils ont failli être victimes des embûches
de l'homme. Leur vol est court mais assez
rapide , et n'est jamais fort élevé. Lorsqu'ils
s'envolent, c'est toujours en troupe, toujours
tous à îa fois, brusquement et bruyam-
ment. Nos espèces d'Europe n'émigrent
pas fort loin; on pourrait plutôt les consi-
dérer comme erratiques , car elles se bor-
nent à passer d'une localité peu fertile en
grains dans une autre qui leur offre une
nourriture plus abondante et plus facile.
Parmi les espèces étrangères, il en est dont
les migrations sont complètes et qui passent
du nord au sud ou du sud au nord , selon
les saisons.
Les Moineaux sont très féconds. Ils font
au moins deux pontes par an, très souvent
trois , chacune de cinq à sept œufs, dont la
couleur varie selon les espèces. Les uns ni-
chent indifféremment sous les toits, dans les
crevasses des murs, dans les trous des vieux co-
lombiers, entre les branches des arbres, etc.;
les autres choisissent les creux des arbres ;
d'autres , enfin , les haies , les buissons, etc.
Ceux-ci établissent leur nid dans une posi-
tion un peu élevée, ceux-là le posent près
du sol. Le nid , chez la plupart des espèces
étrangères, est assez artisternent fait; celui
de nos Moineaux est très négligé et varie,
pour la forme, selon les lieux où il est établi.
Les individus qui le placent entre les bran-
ches des arbres lui donnent une forme
sphérique et y ménagent, vers le milieu,
une ouverture qui communique avec la ca-
vité intérieure. Beaucoup de brins de paille
et de foin fort lâchement liés ensemble le
composent à l'extérieur; des substances
molles, et surtout beaucoup de plumes , le
garnissent en dedans. Mais de toutes les es-
pèces que l'on range dans la famille des
Moineaux, celle qui fait le nid le plus re-
marquable est, sans contredit, la Veuve
à épaulettes. Une trentaine de femelles con-
courent ordinairement à la construction de
ce nid, et toutes y pondent dans des com-
partiments particuliers qu'elles y ménagent
C'est un établissement commun qui a ses
entrées et ses sorties , et dans lequel chaque
ouvrière a sa loge distincte. Et ce qu'il y a
de plus remarquable, c'est qu'un seul mâle
ou deux tout au plus régnent dans cette
sorte de république; car cette espèce, dit-
on, est polygame, fait unique, peut-être ,
dans la classe des Oiseaux.
Les Moineaux entrent ordinairement de
bonne heure en amour , du moins est-ce le
cas de nos espèces. Tous les auteurs se sont
accordés à considérer ces Oiseaux comme très
lascifs , très ardents. Vieillot nous apprend
que l'Amadine fasciné , ou le Cou-coupé, est
d'unnaturel aimant; quelemâleetla femelle
contractent une union intime où les peines
et les plaisirs sont partagés ; et Buffon nous
a laissé des amours de nos Moineaux domes-
tiques une peinture à laquelle il manque
malheureusement un peu de vérité. Après
avoir décrit le combat des mâles à l'époque
des pariades , il ajoute : « Il y a peu d'Oi-
seaux si ardents, si puissants en amour ; on
en a vu se joindre jusqu'à vingt fois de
suite (1) , toujours avec le même empresse-
ment, les mêmes trépidations, les mêmes
expressions de plaisir ; et ce qu'il y a de sin-
gulier, c'est que la femelle paraît s'impa-
tienter la première d'un jeu qui doit moins
la fatiguer que le mâle, mais qui peut lui
plaire aussi beaucoup moins, parce qu'il n'y
a nul préliminaire, nulles caresses., nul
assortiment à la chose: beaucoup de pétu-
lance sans tendresse, toujours des mouve-
ments précipités, qui n'indiquent que le
besoin pour soi-même. » Certainement il
serait difficile de tracer un tableau mieux
senti et plus élégant; mais, nous le répé-
tons, sous la vigueur et la beauté du coloris
se cachent des erreurs de fait qu'il nous est
impossible de ne pas signaler. Les Moineaux
ne sont ardents et puissants en amour qu'en
apparence. Il en est pour eux comme pour
une immense quantité d'autres Oiseaux qui
ont besoin d'être longtemps excités avant
de consommer l'acte copulateur. Or, tous
ces retours auprès de leurs femelles , toutes
ces trépidations , chez les Moineaux mâles ,
ne sont qu'un moyen d'excitation , que des
(i) C'est à Aldrovande que Buffon a etnpruuté ce fait.
MOI
MOI
259
préliminaires à l'accomplissement de cet
acte. Il n'y a donc plus lieu d'être surpris
qu'un pareil jeu paraisse ne point les fati-
guer, puisque de tant de rapprochements il
n'y en a qu'un seul d'efficace , et c'est le
dernier. Quant à la prétendue indifférence
de la femelle , soit avant , soit pendant l'ac-
complissement, il est certain qu'elle fait
des agaceries au mâle autant que celui-ci la
sollicite, et que, durant les fréquents rap-
prochements qui ont lieu, elle ne cesse de
l'exciter par des cris particuliers.
Le plumage des Moineaux, surtout celui
de nos espèces d'Europe, présente quelques
variétés accidentelles. Il n'est pas rare de
rencontrer des Moineaux blancs en totalité
ou en partie; mais il arrive souvent, lorsque
cette couleur n'est pas un effet de la vieil-
lesse, de la voir disparaître à la première
mue, et alors l'individu devient pareil à la
masse de ses semblables. Quelques uns sont
d'un gris sale au lieu d'être blancs; d'au-
tres , enfin , prennent un plumage noir ou
noirâtre , jaune ou roux.
La famille des Moineaux a des représen-
tants dans toutes les parties du monde, et
est très riche en espèces. Les divisions et les
subdivisions qu'on a établies pour ces es-
pèces sont infinies; quelques auteurs en
ont admis jusqu'à trente. Or, ce nombre est
considérable, surtout lorsqu'on pense qu'il
est le résultat du démembrement du genre
unique Fringilla de Linné. M. Lesson
ayant proposé une classification des Moi-
neaux à peu près en rapport avec celle qu'a
donnée G. Cuvier, mais plus complète, nous
l'adopterons. Cependant, toutes les divisions
admises par M. Lesson ne figureront pas ici.
Il en est qui ont été prises pour sujets d'ar-
ticles particuliers (Voy. amadine , chipiu,
CHONDESTES, AMMODROME, CHUYSOM1TRIS , LI-
NOTTE et lonchure). D'autres, vu leur im-
portance, nous paraissent devoir être trai-
tées à part {Voy. pinson et serin).
I. Les MOINEAUX PROPREMENT DITS.
Pyrgila , Cuv. ( Passer , Briss.; Fringilla,
Linn. ; Petronia, Bonap. ; Coccothraus-
tes , Cuvier).
Bec court, comprimé, bombé vers la
pointe seulement, à rebords de la mandi-
bule supérieure légèrement rentrants ; queue
moyenne et échancrée.
A l'exception d'une espèce qui est de l'O-
céanie, toutes appartiennent à l'ancien
continent. Cinq d'entre elles vivent en
Europe.
Le Moineau domestique, Pyr. domestica
Cuv., Frin. domestica Linn. (Buff., pi. enl.f
6 , fig. 1) : Sommet de la tête et occiput d'un
cendré bleuâtre; sourcils marron; gorge et
devant du cou d'un noir profond ; joues d'un
blanc cendré; flancs cendrés sans taches. —
Habite depuis les provinces méridionales de
la France jusque dans les régions du cercle
arctique.
Le Moineau cisalpin, Frin. cisalpina Tem.
(Vieill., Gai. des Ois., pi. 613, sous le nom
de Fringdle à tête marron) : Sommet de la
tête, nuque et partie postérieure du cou
d'un marron pur; joues d'un blanc pur;
tout le reste du plumage comme dans l'es-
pèce précédente. — Habite les contrées mé-
ridionales de l'Europe au-delà de la grande
chaîne des Alpes cottiennes et penniennes.
Le Moineau espagnol, Frin. hispanialensis
Temm. (Roux, Ornith. provençale, pi. 84) :
Sommet de la tête et nuque d'un marron vif
et très foncé; dos et manteau noirs; le noir
de la gorge très intense; sur les flancs de
très longues taches noires ; sourcils blancs.
— Habite toute l'Espagne, la Sardaigne, la
Sicile, l'Egypte. On le trouve encore au Ja-
pon ; il est assez commun à Timor, à Java ,
et dans quelques autres îles des Moluques.
Le Moineau friquet, Frin. montana Linn.
(Buff. , pi. enl, 267, f. 1) : Sommet de la
tête et occiput d'un rouge bois; bande au-
dessus des yeux d'un noir profond ; un col-
lier interrompu sur la nuque d'un blanc
pur; deux bandes blanches sur les ailes. —
Habite toute l'Europe, depuis l'Italie et TEs-
pagne jusque dans les régions du cercle arc-
tique.
Le Moineau soulcie, Frin. petronia Linn.
(Buff., pi. enl., 225), est, sous tous les rap-
ports, un vrai Moineau, et ne peut rester
en aucune façon dans la section des Gros-
Becs où G. Cuvier l'a placé. Pour quelques
auteurs, par exemple pour Ch. Bonaparte,
cette espèce est le type d'un g. particulier ,
qui tire son nom (Petronia) de l'espèce : Plu-
mage d'un brun cendré mêlé de blanchâtre ;
sourcils jaunes; tache de même couleur au-
devant du cou ; sur les reclrices une tache
blanche. — Habite plus particulièrement le
260
MOI
MOI
Midi, l'Italie, la Suisse et les contrées mé-
ridionales de la France.
Nous citerons en espèces étrangères : le
Moin. simple, Fr. simplex Temm. (pi. col,
358), de la Nubie. — Le Moin. a épaules
marron, Fr. pyrroptera Less. (Zool. duVoy.
de Bel. ), de la côte de Coromandel. — Le
Moin. a ventre jaune, Fr. capensis Gmel.
(Buff., pJ.e/iZ., 664), du Cap. —Le Moin. jau-
net, Fr. luteahkhst. (Temm., pi. col., 365,
f. 1), de la Nubie. — Le Moin. rodopepla, Fr.
rodopeplaVig. (Proceed., I, 23), de l'Hima-
laya. — Le Moin. rodochora Vig. (loc. cit. ),
même patrie que le précédent. — Le Moin. cou
jaune, Fr. flavicollis Franckl. (Proceed., I,
120), des rives du Gange. — Le Moin. a tête
blanche, Fr. albicillahess. (Zool. delà Coq.),
de la Nouvelle-Zélande. — Le Moin. péru-
vien, Pyrgita peruviensis Less. (Jour. l'Inst.,
n° 72), de Callao. — Et le Moin. cannelle,
Pyr. cinnamomea Gould [Proceed. , V, 185),
de l'Himalaya.
II. Les ASTRILDSou SÉNÉGALIS. Eslrelda,
Swains. (Lonigilla, Less.).
Bec court, à bords lisses; ailes courtes,
arrondies; queue assez allongée, graduée.
Toutes les espèces de cette section sont de
l'ancien monde. On les trouve dans les Indes
et en Afrique. Buffon n'en a connu qu'un
petit nombre. Celles qu'il a décrites sont :
I'Astrild, Fr. astrild Linn. (Vieill., Ois.
chant., pi. 12). — Le Bengali, Fr. benga-
lensis Gmel. (Buff., pi. enl., 157, f. 2). —
Le Bengali piqueté, Fr. amandava Gmel.
(Buff., pi. enl., 115, f. 3). —Le Sénégali
rouge, Fr. senegala Gmel. (Buff., pi. enl.,
157, f. 1 ). — Le Mariposa , Fr. bengalus
Gmel. (Atlas de ce Dict., oiseaux, pi. 3 a,
fig. 1). — Le Comba-Sou, Fr. nileus Gmel.
(Buff., pi. enl, 291, f. 1). — Le Beau-Mar-
quet, Fr.elegansGmçl. (Buff., pl.enl.,203,
f. 1). — Et le Grenadier, Fr. granatina
Linn. (Vieill., Ois. chant., pi. 17 et 18).
Les espèces découvertes depuis Buffon
sont: le Sénégali aurore, Fr. subflava Vieill.,
du Sénégal. — Le Sénég. sanguinolent, Fr.
sanguinolenta Temm. (pi. col, 221 , f. 2),
de la Sénégambie. — Le Sénég. versicolore,
Fr. versicolor Vieill. — L'Astrild a ventre
rouge, Fr. rubriventris Vieill., Fr. troglo-
dytes Lichst. (Cat.9 n° 258 ). — Le petit
Sénég. rouge, Fr. minima Vieill. (Ois. chant,
pi. 10 ), de la Sénégambie. — Le Sénég. a
front pointillé, Fr. fronlalis Vieill. (Ois.
chant. , pi 16 ), de la côte occidentale d'A-
frique. — Le Sénég. Dufresne, Fr. Dufresnii
Vieill., même habitat. — Le Sénég. vert,
Fr. viridis Vieill. (Ois. chant., pi. 4), même
habitat. — Le Sénég. gris-bleu, Fr. cœrules-
cens Vieill. (Ois. chant., pi. 8).— Le Sénég.
enflammé, Fr. ignita La th. — Le Sénég. Per-
rein, Fr. Perreinii Vieill., de Malimbe. —
Le Sénég. a gorge noire, Fr. atricollis Vieill.
( Ois. chant. , pi. 14 ), de la Gambie. — Le
Bengali a joues orangées, Fr. malpoda Vieil,
— Le Sénég. cendré, Fr. cinerea Vieill. (Ois.
chant., pi. 6), du Cap. — LeMÉLANOTE, Fr.
nielanotis Temm. (pi col, 221, f. 1), de la
Cafrerie. — Le Sénég. rougeatre, Fr. rubri-
cata Lichst. , même patrie. — L'Astrild a
moustaches noires, Fr. erythronotus Vieill.
(Ois. chant. , pi. 14), de l'Inde. — Le Ben-
gali moucheté, Fr. guttata Vieill. (Ois.
chant., pi. 3).— Le Beng. a oreilles blan-
ches, Fr. leucolis Vieill. , de la Chine. —
Le Beng. a cou brun, Fr. fuscicollis Vieill.,
même patrie. — Le Beng. a tète d'azur,
Fr. picta Lath. , même patrie. — Le Beng.
impérial, Fr. imperialis Lath., même patrie.
— Et I'Astrild a moustaches rouges, Fr.
nuptacea Daud., de la Cochinchine.
III. Les WEEBOUGS, Less.
Bec plus gros que celui des Astriids, plus
élevé; ailes subaiguës ; queue courte forte-
ment arrondie.
Les Weebougs remplacent les Sénégalis à
la Nouvelle -Hollande et dans l'Océanie.
Buffon n'en a connu aucun.
Le Weeboug, Loxia bella Lath. (Vieill. ,
Ois. chant., pi. 55), type de cette division,
de Port-Jackson. — Le Quinticolore , Fr.
quinticolor Vieill. (Ois. chant., pi. 15), de
la Nouvelle-Galles du Sud. — Le Leuco-
phore , Fr. leucocephala Lath. (Vieill., Ois.
chant. , pi. 26). — Le Lathamien , Fr. La-
thami Vig. et Horsf. — Le Bichenovien, Fr.
Bichenovii Vig. et Horsf. — Le Temporal,
Fr. temporalis Lath. — L'Oculé, Fr. oculata
Quoy et Gaim. (Voy. de VAstr., pi. 18,
f. 2). —Et I'Acatanthe , Fr. psittacea
Vieill. (Ois. chant., pi. 302), de la Nouvelle-
Calédonie.
MOI
MOI
2G1
IV. Les JACARINIS ou PASSERINES, Less.
(Passerina, Vieil I.; Zonatrichia, Swains.;
Spiza, Bonap. ; Passerculus, Bonap.).
Bec robuste , plus allongé, plus aigu que
celui des Sénégalis; ailes courtes; queue
légèrement fourchue.
Les Jacarinis remplacent en Amérique les
Astrilds de l'Afrique et des Indes.
Buffon a connu le Pèrenoir, Fr. noctisGm.
(Butt.,pl.enl, 201, f. 1).— Le Jacarini,F*\
nitens Gm. (Buff.,pJ. enJ.,234, f. 1). —Le
Ministre , ou Tangara bleu de la Caroline,
Fr. cyanea Wils. (Am. orn., pi. 6, f. 5),
type du g. Spiza, de Ch. Bonaparte. — Le
Guirnegat , Emberiza brasiliensis Briss.
( Buff. , pi enl, 321 , f. 1 ). — L'Ortolan
jacobin, Emb. hiemnalis La th. Ne serait-ce pas
de cette espèce qu'Audubon aurait fait le
type de son g. Niphœa? — Le Bruant de
Saint-Domingue, Emb. olivacia Briss. — Le
Pinson de Virginie, Fr.pecoris Lath. — Le
Soulciet, Fr. monlicola Briss. (Bu (T., pi.
enl. , 223 , f. 2). — L'Ortolan de la Loui-
siane , Emb. Ludoviciana Lath. ( Buff. , pi.
tnl, 158, f. 1). — Et le Verdier de Ba-
hama, Fr. bicolor Lath.
Depuis Buffon, de nombreuses espèces
sont venues augmenter cette division. Parmi
elles, nous citerons : la Passerine a collier,
Pass. colaris Vieillot, de l'Amérique méri-
dionale. — La Pass. a cou noir, Pass. nigri-
collis Vieill., de New-York.— Le Cuschisch,
Pass. leucophrys Vieill. , de la baie d'Hud-
son. Cette espèce est le type du g. Zono-
trichia de Swainson, et fait partie du g.
Spiza de Bonaparte. — La Pass. des marais,
Pass. palustris Vieill. (Wils., pi. 22 ,f. 1),
de la Pensylvanie. — La Pass. musicienne,
Pass. musica Vieill. (Wils., pi. 16 , f. 4 ,
sous le nom de Fr. melodia).— La Pass. des
prés, Pass. pratensis Vieill., de New-York.
— La Savannah , Pass. savanarum Vieill.
(Wils., pi. 34, f. 4, et pi. 22, f. 3), type
du g. Passerculus de Bonaparte. — Le Titit,
Pass. socialis Vieill. (Wils. , pi. 15 , f. 5 ,
sous le nom de Fr. socialis), du Mexique.—
La Pass. gracieuse, Fr. amœna Ch. Bonap.
(Ornith., pi. 6, f. 4).— La Pass. cendrée,
Fr. cinerea Swains.
V. Les CRITHAGRAS. Crithagra, Swains.
Bec court , épais , à arête recourbée , à
bords légèrement rentrés; ailes allongées;
queue médiocre et fourchue.
M. Lesson ne rapporte que quatre espèces
à cette division : I'Ortolan a ventre jaune,
Loxia flavivent ris Lath. (Buff.,pJ. enl., 664),
du Cap. — L'Ortolan du Cap, Emb. capen-
sis Lath. (Buff.,pL enl, 158, f. 2), type du
g. Fringillaria de Swainson. — Le Gros-Bec
de Java, Lox. quadricolor Lath. ( Buff. , pi.
enl, 101, f. 2). — Et I'Auréole, Emb. au-
réola Lath., espèce du Kamtschatka et de la
Sibérie, que l'on compte aujourd'hui parmi
celles qui visitent accidentellement les pro-
vinces méridionales de la Russie. Elle vit
aussi dans la Crimée.
VI. Les PADDAS ou MAIAS, Less.
(Loxia , Auct.).
Bec très court , à mandibule supérieure
voûtée en dessus et comprimée sur les côtés ;
ailes courtes ne dépassant pas le croupion;
queue allongée , rectiligne ou échancrée.
Toutes les espèces que l'on connaît sont
de l'ancien continent. Celle que l'on peut
considérer comme le type de cette section
est le Gros-Bec padda, Lox. oryzivora Gm.,
figuré dans l'atlas de ceDictionnaire, oiseaux,
pi. 3 a, fig. 2. Les autres espèces ancienne-
ment connues sont : le Maia, Fr. maia Gmel.
(Buff. , pi. enl. 1 109).— Le Strié, Lox. slriata
Gmel. (Buff., pi enl, 153, f. 1). — Le Ja-
cobin, Lox. moluca Gmel. (Buff., pî. col,
1 39, f. 2).— Le Domino, Lox. variegata Vieill.
(Buff., pi. enl, 139, f. 3). — Le Grivelin,
Lox. brasiliana Gmel. — Le Loxie tacheté,
Lox. punclularia Gmel. (Buff., pi enl.9
139, f. 1). Parmi les espèces plus nouvelle-
ment décrites, nous citerons : le Padda brun,
Lox. fuscata Vieill. (Ois. chant. , pi. 62),
des Moluques. — Le Gros-Bec majanoïde,
Lox. majanoides Temm. (pi col, 500, f. 3).
— Le Sénégali chanteur, Fr. musica Vieill.
(Ois. chant., pi. 11), des rives du Niger.—
Le Gros -Bec jaune, Lox. javanensis Less.,
de Java. —Le Mengiring, Fr. punicea Horsf.
— Le Manyar, Fr. manyar Horsf. — Et le
Pipitboudol, Lox. leucocep /taJaRaffles.
VII. Les TTARIS. Tiaris, Swains.
Bec en cône allongé, aigu, un peu échan-
cré; ailes courtes, arrondies; queue ar-
rondie.
Deux espèces seulement appartiennent à
262
MOI
MOI
cette section; ce sont : le Tiaris élégant,
Frin. ornata Wied. (Temm.,p/. col., 208),
du Brésil; et le petit Tiaris, Tiar. pusillus
Swains., de Mexico.
VIII. Les ORYX. Oryx, Less. (Pyromelana,
Bonap.; Euplectes, Swains.).
Bec épais , pointu , comprimé sur les cô-
tés; ailes dépassant le croupion; queue
courte, égale; mais le caractère le plus re-
marquable est un plumage soyeux et crépu.
Les Oryx sont des Oiseaux africains. A
l'exception de I'Ignicolor, Lox. ignicolor ,
que Vieillot a distingué de I'Oryx, Lox. oryx
Linn. (Buff., pi. enl., 134, f. 1 ), les deux
autres espèces que Ton rapporte encore à
cette section ont été décrites par Buffon sous
les noms de Jaunoir , Lox. capensis Gmel. ,
de Worabée, Lox. melanogasler Lath., Fr.
ranunculacea Lichst.
IX. Les VEUVES. Vidua, Cuv. (Emberiza,
Linn., Gmel.).
Bec fort, bombé en dessus, entamant les
plumes du front; ailes moyennes; tarses
médiocres; queue, chez les mâles seuls, pre-
nant, à l'époque des amours, des lectrices
très allongées.
Les Veuves sont africaines. Une seule es-
pèce est venue s'ajouter à celles que con-
naissait Buffon.
La Veuve a épaulettes, Emberiza longi-
cauda Gmel. (Buff., pi. enl. , 635). — La
Veuve a collier d'or, Emb. paradisea Gmel.
(Buff.,pL enl., 194). — La Veuve a quatre
brins, Emb. regia Linn. (Buff., pi. enl.,
8 , f. 1 ). — La Veuve du Cap, Emb. pana-
gensis Linn. (Buff., pi. enl., 647). — La
petite Veuve, Emb. sirena Linn. (Buff., pi.
enl., 8, f. 2). — La Veuve a longue queue,
Emb. longicauda Linn. (Buff., pi. enl.,
635). — La Veuve chrysoptère, Lox. ma-
croura Gmel. (Buff., pi. enl., 283, f. 1 ).
— Et la Veuve a deux brins, Frin. superci-
liosa Vieill. {Gai. des Ois., pi. 61)
X. Les PAROÀRES. Paroaria, Bonap.
[Passerella, Swains.).
Bec épais, comprimé , à bords légèrement
renflés; queue allongée, élargie, arrondie;
lè-fce ordinairement surmontée d'une huppe
vedressée.
Toutes les espèces connues sont d'Amé-
rique. Buffon a décrit le Dominicain, Lox.
dominicana Lath. (Buff., pi. enl., 55, f. 2).
— Le Gros-Bec du Canada, Lox. Canaden-
sis Lin. (Buff., pi. enl., 152, f. 2 ). — Le
Paroare huppé, Lox. cucallala Lath. (Buff.,
pi. enl., 103). A ces espèces, il faut ajouter
le Vespertin , Fr. vespertina Cooper, des
États-Unis. — Le Cardinal , Fr. cardinalis
Bonap. ( Wils., Am. omith. , pi. 11, f. 1
et 2), de la Nouvelle-Angleterre et des Indes
occidentales. — Le Louisianais, Fr. ludovi-
ciana Bonap. (Wils., Am. omith., pi. 17,
f. 1 ). — Et I'Iliaca , Fr. iliaca Merrern
(Wils., pi. 22, f. 4). Swainson a fait de
cette dernière espèce le type de son g. Pas-
serella.
XI. Les CHARDONNERETS. Carduelis, Briss.
( Spinus , Koch , Brehm; Chrysomiiris ,
Boié; Dryospiza, Keys. et Blas.).
Bec assez mince, allongé, très pointu;
tarses courts; queue échancrée.
La plupart des auteurs placent ordinaire-
ment avec les Chardonnerets les Linottes
que nous en avons distraites, les Serins
dont nous ferons un article à part; les Ta-
rins et les Venturons. Cette division a des
représentants dans toutes les parties du
monde. Trois espèces vivent en Europe.
Le Chardonneret, Fr. carduelis Linn.
(Buff., pi. enl., 4) : dos brun ; masque d'un
beau rouge; un beau miroir jaune sur l'aile.
— Haljite depuis les îles méridionales de
l'Archipel jusqu'en Sibérie. Type du g. Car-
duelis.
Le Tarin, Fr. spmws Linn. (Buff., pi. enl.,
485, f. 3): Dos olivâtre, parties inférieures
jaunes; dessus de la tête et menton noirs ;
deux bandes jaunes sur l'aile. — Habite
principalement le Nord jusqu'en Suède ;
abondant en France à son double passage.
Type du g. Chrysomiiris de Boié.
Le Venturon, Fr. citrinella Linn. (Buff.,
pi. enl., 658 , f. 2) : Occiput, nuque, côtés
du cou et flancs cendrés; le reste du plu-
mage d'un vert jaunâtre. — Habite la Grèce,
la Turquie, l'Italie, la Suisse ; de passage en
Allemagne et en France. Type du g. Dryo-
spiza de Keyserling et Blasius.
Les espèces étrangères qui ont des rap-
ports, soit avec les Chardonnerets, soit avec
les Tarins, sont : le Chardonneret écarlate,
Fr. coccinea Linn. (Vieill., Ois. chant. »
MOL
MOL
253
PÏ. 31 ), des îles Sandwich. — Le Chaud, a
face rouge, Fr. afra Linn., de la côte d'An-
gola. — La Cardaline , Fr. erythrocephala
Vieil!. (Ois. chant., pi. 28), de l'île de France.
— Le Chard. mexicain, Carduelis mexicanus
Swains. — Le Chard. tarin, Card. spinoides
Vig., de l'Himalaya. — Le Chard. a tète blan-
cue, Card. canicepsVig., même habitat. —
Le Cr.oupioN jaune, Fr, xanthorhœa Ch. Bo-
ûap., du Brésil. — Le Triste, Fr. tristis Ch.
Bonap. (Wils. Am. ornith., pi. 1, f. 2}. —
Le Psaltrie , Fr. psaltria Say, des monta-
gnes de l'Artausaw. — Le Ch. des pins, Fr.
pinus Wils. (Am. ornith., pi. 57, f. 1). — Et
le CuAtt. capuchonné , Card. cucullata Sw.,
de l'Amérique méridionale.
M. Lesson place à la suite des Chardon-
nerets, et dans une division à part, lesil/e-
galotis , petit g. composé de deux ou trois
espèces seulement qui ont des rapports assez
grands avec les Bouvreuils, pour que quel-
ques auteurs, et entre autres G.-R. Gray,
aient cru devoir les placer dans la même
sous-famille. (Z. Gerbe.)
MOIRE, bot. ph. — Un des noms vulgai-
res du Chèvrefeuille.
MOISISSURE, bot. cr. — Voy. mucor.
MOLAIRES, zool. — Voy. dents.
MOL AN. moll. — Adanson nomme ainsi
{Voyage au Sénégal) une espèce de Soien, le
Solen legumen L.
*MOLANNA.ins.— M. Curtis a établi sous
cette dénomination, dans le groupe des Mys-
tacidites, delà tribu des Phryganiens, de
l'ordre des Névroptères, un petit genre ca-
ractérisé par des jambes postérieures munies
de quatre éperons; des antennes épaisses
nondcnticulées dans les mâles, plus courtes
que les ailes qui sont longues et étroites. Le
type du genre est le M. anguslata Curtis.
(Bl.)
MOLARITE ou MOLAROSILEX. min.
— Lamétheric donne ce nom à une variété
de Silex employée comme pierre meulière.
MOLASSE, géol. — Syn. de Grès quart-
zeux avec Marne ordinaire. Voy. grès.
MOLDENIIAUERA (nom propre), bot.
pu. — Genre de la famille des Légumi-
neuses-Papilionacées-Ca;salpiniées, établi par
Schrader (in Gotting. Gel. Anzeig. , 1821 ,
p. 718). Arbustes du Brésil. Voy. légumi-
HBCSES.
MOLE. Orlhagoriscus. poiss. —Genre de
l'ordre des Plectognathes, famille des Gym-
nodontes, établi aux dépens des Tétrodons de
Linné, et caractérisé de la manière suivante
par G. Cuvier ( Règn. anim., t. II, p. 369) :
« Mâchoires indivises ; corps comprimé ,
sans épines, non susceptible de s'enfler, et
dont la queue est si courte et si haute ver-
ticalement, qu'on dirait un poisson dont on
aurait coupé la partie postérieure. Leur
dorsale et leur anale, chacune haute et
pointue, s'unissent à la caudale. Ils man-
quent de vessie natatoire; leur estomac est
petif. et reçoit immédiatement le canal cho-
lédoque. »
On connaît 3 ou 4- espèces de ce genre,
dont la principale est la Mole de la Médi-
terranée , Orthagoriscus mola ( Telrodon
mola Lin.), nommée vulgairement Poisson-
lune, à cause de la forme de son corps. Ce
poisson vit dans les mers, où il atteint une
taille de 1 mètre à 1 mètre 50 cent., et
pèse plus de 150 kilogrammes. Sa nourri-
ture consiste en petit poissons, mollusques,
vers et fucus. Son corps est d'une belle
couleur argentée; sa chair grasse, visqueuse
et d'une odeur désagréable, explique le peu
d'empressement que l'on met à pêcher ce
poisson.
MOLÉCULES, tais.— Voy. théorie ato-
mistique.
MOLÈNE. Verbascum, Lin. (d'après Lin-
né, le nom de Verbascum n'est autre chose
qu'une déformation de celui de Barbascum
quiestd'origineancienne). bot. ph. — Grand
genre de plantes rangé pendant longtemps
dans la famille des Solanacées, rapporté au-
jourd'hui à la grande famille des Scrophula-
riacées, sous-ordre des Anthirrhinées, tribu
des Verbascées, de la pentandrie monogy-
nie dans le système de Linné. Il est difficile
de s'entendre sur le nombre des espèces qui
le composent; c'est, en effet, dans tout le
règne végétal, celui dans lequel les féconda-
tions croisées s'opèrent spontanément avec
la plus grande facilité : il en résulte un nom-
bre considérable d'hybrides et de formes in-
termédiaires qui rendent presque insaisissa-
ble la circonscription de la plupart des
espèces. Aussi n'est-il aucun autre genre qui
réclame plus spécialement une bonne mono-
graphie pour débrouiller son chaos aujour-
d'hui presque inextricable sur plusieurs
points. Walpers (Repert. bot. syst., vol. III,
264
MOL
MOL
p. 127) avait relevé cent espèces déjà décri-
tes de Verbascum. M. Bentham, dans le vo-
lume X du Prodromus, qui vient de paraître
il y a peu de mois, n'en admet plus que
quatre-vingt-treize espèces, dont dix dou-
teuses ou mal connues. Ce genre est l'un de
ceux qui établissent une transition graduée
entre les deux familles des Solanacées et des
Scrophulariacées , ce qui rend compte de la
place qu'il a occupée successivement dans
l'une et l'autre. Celles de ses espèces chez
lesquelles les caractères de la dernière sont
les plus prononcés, ont été détachées pour
former le genre Celsia. D'un autre côté,
deux autres plantes en ont été séparées pour
former deux nouveaux genres; ce sont: le
Verbascum myconi Lin., pour lequel L.-C.
Richard a fait son genre Ramonda ou Ra-
mondia (voy. ce mot) ; et le Verbascum bugu-
lifolium Lam., qui est devenu le type du
genre Janthe, Griseb.
Après ces suppressions, le genre Molène
comprend des espèces herbacées, bisannuelles
ou vivaces, quelquefois sous-frutescentes, le
plus souvent de haute taille, qui croissent
presque toutes dans l'Europe, l'Afrique sep-
tentrionale et l'Asie moyenne, dont un pe-
tit nombre se trouve dans l'Amérique sep-
tentrionale, où elles ont été portées d'Europe
sur quelques points des régions tropicales.
Ces plantes ont des feuilles alternes simples,
parfois sinuées, dont les inférieures ou radi-
cales sont ordinairement grandes, rétrécies
en pétiole à leur base, tandis que les cauli-
naires deviennent sessiles et fréquemment
décurrentes, le plus souvent velues ou to-
menteuses, ou même tellement chargées de
poils cotonneux et laineux qu'elles ressem-
blent à une étoffe de coton ou de laine. Leurs
fleurs sont délicates et fugaces, le plus sou*
vent jaunes ou fauves, quelquefois rouges $
rarement blanches. Elles se composent d'un
calice profondément 5-fideou 5-parti, rare-
ment 5-denté; d'une corolle rotacée, apla-
nie, rarement concave, à 5 grands lobes un
peu inégaux, caractère qui déjà éloigne ces
plantes des Solanacées; de 5 étamines dans
lesquelles se manifeste aussi une inégalité
prononcée, et dont les trois postérieures ou
toutes ont leur filet hérissé de poils corollins
ou barbus ; d'un pistil à style comprimé, di-
laté supérieurement. Le fruit qui leur suc-
cède est une capsule biloculaire, globuleuse,
ovoïde ou oblongue , régulièrement déhis-
cente.
Le genre Molène, dans son ensemble, a
été divisé en deux sous-genres auxquels se
rapportent environ vingt espèces de notre
Flore, parmi lesquelles nous n'en prendrons
que deux comme types de ces divisions.
A. Thapsus, Benth. Étamines inférieures
plus longues, plus ou moins adnées-décur-
rentes sur le filet. Coton de toute la plante
blanc ou jaunâtre, formé de poils rameux ou
étoiles, souvent plus ou moins floconneux»
Espèces presque simples ; grappe spiciforme,
compacte ou interrompue à la base, rarement
avec une ou deux ramifications; fleurs pres-
que sessiles, fasciculées, rarement solitaires.
Les étamines les plus longues sont souvent
glabres , mais on les trouve aussi chez les
mêmes espèces à filet barbu , quoique à un
degré moindre que ceux des étamines cour-
tes. Cette section renferme plusieurs de nos
espèces françaises, comme les Verbascum
blatteria Lin., Verbascum phlomoidcs Lin.,
et particulièrement la suivante, l'une des
plus remarquables et des plus connues d'en-
tre elles, à laquelle elle emprunte son nom.
Molène bouillon-blanc, Verbascum Thap-
sus Lin., vulgairement connue sous les
noms de Mollène ou Bonhomme. C'est une
très belle plante herbacée, de 1 à 2 mètres
de hauteur, presque simple, abondamment
couverte sur toute sa surface de poils coton-
neux ou laineux, jaunâtres ou blanchâtres.
Ses feuilles sont fort grandes : les inférieu-
res ou radicales rétrécies en pétioles, oblon-
gues, crénelées; les caulinaires toujours lon-
guement décurrentes, souvent dans toute la
longueur de l'entre-nœud, toutes rugueuses.
Les fleurs sont groupées en fascicules serrés
à l'aisselle de bractées, et réunies en une
longue grappe spiciforme plus ou moins
dense, et continue ou interrompue à la base,
le plus souvent simple, rarement avec un
ou deux rameaux; leurs pédicelles sont
beaucoup plus courts que le calice, dont les
lobes sont lancéolés-aigus, cotonneux à l'ex-
térieur; leur corolle est jaune, les poils des
filets sont blanchâtres ; les anthères des lon-
gues étamines sont un peu plus grandes que
les autres. La capsule est ovoïde ou presque
globuleuse, et elle égale ou surpasse le ca-
lice. Cette espèce est commune sur les co-
teaux incultes, le long des chemins et des
MOL
MOL
265
haies de toute l'Europe, des parties moyen-
nes de l'Asie; elle s'est même naturalisée
dans l'Amérique septentrionale où elle a été
portée d'Europe. M. Bentharn lui rapporte
plusieurs autres espèces (V. indicum Roxb. ,
V. planlagineum Moris, V. pallidum Nées,
V. elongatum Wild.), qu'il regarde comme
ayant été établies sur de simples variations
de ses diverses parties. C'est une espèce mé-
dicinale : on la regarde comme adoucissante,
pectorale et émolliente; on emploie vulgai-
rement l'infusion de ses fleurs pour les rhu-
mes, les catarrhes, les coliques, et la dé-
coction de ses feuilles pour lavements, pour
bains et lotions adoucissantes.
Le croisement de la Molène bouillon-blanc
avec diverses espèces du même genre a
donné plusieurs hybrides bien caractérisées,
telles que les suivantes : 1. Verbascum.
thapsO'Sinuatum Noullet, dans lequel rentre
le V. calyculatum Chaub. (FL Ag.) ; 2. F.
thapso-lychnitis Mert. et Koch , qui com-
prend le V. spurium Koch syn., et V. semi-
album Chaub. (l.c); 3. V. lhapso-nigrum.
Schiède, auquel se rapportent le V. collinum
Schrad., le V. seminigrum Fries, le V. am-
biguum Lej., etc.
B. Lychnitis, Benth. Toutes les anthères
réniformes et à peu près égales. Parmi celles
de nos espèces françaises qui se rapportent
à cette section, nous citerons : le Verbascum
pulverulentum Vill. , le V. Thaixii Vill. , le
V. nigrum Lin., et le suivant:
Molene Lychnis , Verbascum Lychnitis
Lin. Cette espèce est répandue dans toute
l'Europe jusqu'aux bords du Don , dans
l'Arménie et le Taurus. C'est une plante
herbacée, bisannuelle, couverte dans ses di-
verses parties d'un duvet cotonneux assez
léger, blanc et comme farineux; sa tige,
dans sa partie supérieure, est anguleuse de
même que les branches de sa panicule; ses
feuilles inférieures sont rétrécies en pétiole
à leur base; les supérieures sessiles, toutes
ovales, crénelées, verdâtres à leur face su-
périeure, blanchâtres à l'inférieure : elles
noircissent ordinairement par la dessicca-
tion. Ses fleurs forment une panicule pyra-
midale à rameaux un peu étalés ; elles sont
groupées en fascicules lâches multiflores;
leur calice est petit, à lobes lancéolés -subu-
lés ; leur corolle, de grandeur assez variable,
est jaune ou blanche ; les poils de leurs flla-
t. vin.
ments sont blanchâtres. Dans certaines par-
ties de la France, particulièrement en Alsace
et en Bourgogne, cette plante est employée
comme émolliente, pectorale et adoucis-
sante. (P. D.)
MOLETTE, moll. —Nom vulgaire de
plusieurs espèces des genres Troque, Mono-
donte et Turbo.
MOLETTE, bot. pu. — Un des noms
vulgaires du Thlaspi Bursa-Pastoris Lin.
*MOLGE. rept. — Dénomination em-
ployée par Merrem pour indiquer les espèces
de Salamandres aquatiques (Lacerla aqua-
tica Linn. ). Celle de Triton proposée par
Laurenti a prévalu. (P. G.)
MOLINA, Cavanil. (Dissert., IX, 435,
| t. 263). bot. ph. — Syn. de Hiplage, Ga;rtn.
— Ruiz et Pav. {Prodr., III, t. 24), syn. de
Baccharis , Linn. — Less. ( Synops. , 204 ,
205), syn. de Baccharis, Linn.
MOL1N.4EA, Bcrt. (ex Siliim. Americ.
Jauni., XIX, 63). bot. ph. — Syn. deJubœa,
H. B. K. — Juss. (Gen.f 245), syn. de Cu-
pania, Blume.
*MOLIKERIA, Colla (Hort. ripul. cpp.,
II, 333, t. 18). bot. ph. — Syn. de Curcu-
ligo, Gaertn.
*MOLI]\ESf A. poiss. — Genre de l'ordre
des Malaco'ptérygiens abdominaux, famille
des Cyprinoïdes, établi par Lesueur (Acad.
sc.nat. Philcd., Janvier 1821, t III, 1), et
qui se distingue des autres genres de la
même famille par la position de l'anale,
située entre les ventrales, et sous l'origine
de la dorsale qui est très grande. Les
dents sont en velours, et la rangée anté-
rieure en crochets comme dans les Fen-
dilles; il y en a de coniques assez fortes
au pharynx , et les ouïes n'ont que 4 ou 5
rayons.
On n'en connaît encore qu'une seule
espèce, nommée par Lesueur Molinesia lati-
pinna. Ce poisson vit dans les eaux douces
de la Nouvelle Orléans.
MOLINIA (nom propre), tôt. pu. —
Genre de la famille des Graminées - Festu-
cacées, établi par Mœnch (Meth., 183). Gra-
mens de l'Europe et de l'Asie. Voy. gra-
MINÉES.
MOLLASSES, iielm. — Lamarck appelle
ainsi une partie des Vers intestinaux ainsi
caractérisée :
Ils sont nus, d'une consistance molle*
34
266
MOL
MOL
sans raideur apparente, dive réformes et la
plupart irréguliers.
Les Mollasses constituent le premier
ordre des Vers , et sont partagés en trois
sections:
1° Vésiculaires : Hydatide, Hydatigère,
Cénure, Echinocoque et Bicorne;
2° Planulaires : Ténia, Bothryocéphale ,
Tricuspidaire , Ligule, Linguatule, Poly-
stome, Fascioie;
3° Hétéroviorphes : Monostome, Amphi-
Stome, Géroflé, Tétragule, Massette, Tenta-
culaire, Sagittule. (P. G.)
MOLLE, Clus. (Exot., 332). bot. ph.—
Syn. de Schinus, Linn.
MOLLÏA ( Moll , naturaliste allemand ).
polyp. — Genre proposé par Lamouroux
pour deux espèces que Moll avait décrites
comme des Eschares sous les noms de E.
patellaria et E. planula. Elles paraissent
établir le passage entre les genres Flustre et
Eucratea, leurs cellules étant presque libres
ou pédonculées et réunies les unes aux
autres par un seul point de leur bord, ou
par des prolongements spéciaux. M. Milne
Edwards rapporte à ce même genre le poly-
pier figuré par M. de Savigny dans la des-
cription de l'Egypte, et nommé Flustra
Brongniartii par M. Audouin , ainsi que le
Cellepora folinece de M. Délie Chiaje. (Duj.)
MOLLIA , Gmeï. (Syst. , 303). bot. ph.
— Syn. ù'Escallonia, Mutis. — Gmel. (Syst.,
420), syn. de Bœckea, Linn.
MOLLÎA. bot. ph. — Genre de la famille
des Tiliacées-Grewiées , établi par Martius
et Zuccarini (Nov. gen. et sp., I, 96, t. 60).
Arbres du Brésil. Voy. tiliacées.
MOLLÎA , Schr. ( FI. salisb. , n. 832 ).
bot. cr. — Syn. de Barbula, Hedw.
MOLLINEDIA. bot. ph.— Genre dont la
place dans la métbode n'est pas encore fixée.
Endlicher le range avec doute à la suite des
Monimiacées. Il a été établi par Ruiz et Pa-
von (Prodr., 72, t. 15) pour des plantes qui
présentent pour caractères principaux : Pé-
rianthe ovale, renflé au milieu, à limbe bi-
fide à peine ouvert. Étamines nombreuses;
filets nuls; anthères cunéiformes, fixées sur
ie réceptacle. Ovaires nombreux, ovales. Sty-
les nuls; stigmates tubulés. Le fruit est un
drupe oblong , charnu. Les Mollinedia sont
des arbres ou des arbrisseaux de l'Amérique
tropicale, à feuilles opposées, pétiolées, très
entières ou dentées en scie, à pédoncules
axillaires, multiflores.
MOLLIPENNES. ins. — Voy. apaly-
tres.
MOLLUGO. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Portulacées-Molluginées , établi
par Linné ( Gen. , n. 139 ), et caractérisé
comme suit : Calice 5-parti, persistant. Co-
rolle nulle. Étamines 3-5, rarement 6-10,
hypogynes; filets courts, subulés; anthères
globuleuses, à 2 loges s'ouvrant longitudi-
nalement. Disque hypogyne nul. Ovaire
libre, à 3 loges pluriovulées. Stigmates 3,
linéaires, cylindriques ou cunéiformes. Le
fruit est une capsule légèrement membra-
neuse, à 3 loges et à 3 valves.
Les Mollugo sont des herbes basses , an-
nuelles, à feuilles planes, linéaires, très
entières; à fleurs disposées en cymes axi-
laires dichotomes , ou en ombelles sessiles
ou pédonculées. Elles croissent en abon-
dance dans toutes les régions tropicales de
l'ancien continent, principalement dans les
lieux cultivés.
MOLLUSQUES ou MALACOZOAIRES.
zool. — Un des embranchements ou des grou-
pes primaires du règne animal , qui com-
prend des animaux mous, sans squelette
interne ou externe , et sans membres ar-
ticulés , mais pourvus d'un appareil circu-
latoire plus ou moins complet et d'un sys-
tème nerveux ganglionnaire non sériai;
possédant un appareil digestif complet, c'est-
à-dire à deux ouvertures; et formés géné-
ralement de parties paires plus ou moins
parfaitement symétriques , mais non de
parties homologues disposées en série recti-
ligne, comme les Annelés , ou en rayons
autour d'un axe, comme les Zoophytes.
Les Mollusques ont été longtemps con-
fondus avec les Vers et les autres animaux
mous sans vertèbre*. Les coquilles dont ils
sont souvent pourvus ont d'abord fixé l'at-
tention des naturalistes et des collecteurs ,
et la classification des coquilles, ou la Con-
chyliologie, a précédé de beaucoup la con-
naissance des animaux d'où elles provien-
nent, et dont elles sont une partie accessoire,
en quelque sorte, relativement aux organes
essentiels. C'est la présence d'une coquille,
en latin Testa , qui fit donner le nom de
Testacés ou Vers testacés à une partie des
Mollusques, confondus d'après ceseulcarae
MOL
MOL
26'
tère avec des Annélides , des Echinides et
des Cirrhipèdes , tandis que d'autres Mol-
lusques sans coquille , quoique présentant
une organisation semblable , étaient placés
séparément avec d'autres Annélides, avec
des Acalèphes, des Échinodermes, des Zoo-
phytes et des Helminthes.
L©i premières bases de l'histoire naturelle
des Mollusques ont été posées par Aristote ,
qui distingua des coquilles terrestres et ma-
rines , et parmi celles-ci fit aussi la distinc-
tion des univalves et des bivalves; il avait
d'ailleurs mis à part certains Mollusques
mous ou sans coquille , et particulièrement
des Céphalopodes. Jusque vers le milieu du
xvie siècle , l'histoire naturelle des Mollus-
ques , comme toutes les autres branches de
la même science, resta ce qu' Aristote l'a-
vait faite. A partir de cette époque , Ron-
delet et Belon donnent déjà quelques no-
tions nouvelles sur les animaux aquatiques,
et d'autres publications sans grande valeur
succèdent encore pendant plus d'un siècle.
Mais enfin, en 1678, Lister, le premier,
en décrivant les animaux de la Grande-Bre-
tagne, donne une histoire naturelle un peu
plus méthodique des Mollusques , et la
complète encore dans son Synopsis en 1685-
1693. Il traite d'abord des Mollusques ter-
restres , les uns pourvus d'une coquille, les
autres nus , puis des coquilles d'eau douce
univalves et bivalves ; en troisième lieu ,
des coquilles marines bivalves , les unes
ayant les valves égales, et les autres inéqui-
vaîves ; après quoi il décrit aussi les Testa-
tés multivalves. Son quatrième livre enfin
est consacré aux coquilles marines univalves,
qu'il divise en seize sections, dont plusieurs
correspondent à des familles assez naturelles.
Lister aussi fit l'anatomie de plusieurs Mol-
lusques, autant du moins qu'il était possible
à cette époque. A partir du xviil* siècle , la
classification des Mollusques continue à se
perfectionner ; mais elle n'était guère basée
encore que sur les caractères des coquilles :
c'est ainsi que Tournefort prit en considéra-
tion pour les bivalves d'avoir la coquille
parfaitement close ou bâillante; Rumph,
en 1711 , distingua les coquilles univalves
pourvues d'un opercule, suivant que cette
pièce est ronde ou semi-luna<ire; d'autre
part, il sut assez bien circonscrire, d'après
leur forme, plusieurs genres, tels que les
Cônes , les Porcelaines et les Ptérocères ;
c'est à lui enfin qu'on doit les premiers dé-
tails dignes d'attention sur le Nautile. De-
puis 1710 jusqu'en 1723, Réaumur publia
divers mémoires sur quelques points de
l'histoire naturelle des Mollusques , et con-
tribua puissamment ainsi à développer le
goût de cette étude. Une publication bien
plus importante , en 1737, fut celle que fit
Boerhaave du Biblia naturœ de Swammer-
dam , ouvrage composé plus de soixante ans
auparavant, et qui contient des anatomies
de Mollusques demeurées longtemps les
meilleures.
Dargenville, dont le nom est fréquem-
ment cité comme conchyliologiste, publia
en 1742 un traité spécial que plus tard il
augmenta de la Zoomorphose , c'est-à-dire
de la description des animaux, et qui, mal-
gré ses nombreuses imperfections , eut le
mérite de fixer un des premiers l'attention
sur les Mollusques eux-mêmes autant que
sur leurs coquilles. Ce mérite d'ailleurs ap-
partient plus encore à Guettard , qui, dans
un mémoire sur les caractères des coquilla-
ges , proposa d'établir des genres , non seu-
lement d'après la coquille , mais encore
d'après l'animal , d'où l'on doit tirer des
caractères plus essentiels. Guettard, en effet,
d'après cette méthode , établit plusieurs
genres très naturels qu'on a fini par adopter.
Mais plus qu'aucun autre, c'est Adanson qui
a contribué à l'établissement d'une classifi-
cation rationnelle des Mollusques.
Ce grand naturaliste, en effet, divise
d'abord tous les Mollusques en Limaçons qui
sont les univalves, et en Conques ou bival-
ves. Il considère, d'une part, dans la coquille
des Limaçons, six choses : 1° les spires, 2° le
sommet, 3° l'ouverture, 4° l'opercule, 5° la
nacre, et 6° l'épiderme; et, d'autre part,
dans l'animal cinq choses, qui sont: 1° les
cornes, 2° les yeux, 3° la bouche, 4° la tra-
chée, 5° le pied. D'après cela, il distingue
les Limaçons sans opercule, et les partage en
cinq familles, savoir: 1° ceux qui n'ont ni
yeux, ni cornes ; 2° ceux qui ont deux cornes
et les yeux placés à la base de la partie in-
terne; 3° ceux qui ont quatre cornes, les
extérieures portant les yeux à leur sommet;
4° ceux qui ont deux cornes, les yeux à la
base, au côté externe ou par derrière; 5° en-
fin ceux qui ont deux cornes, les yeux vers
MOL
le milieu, sur le côté externe. Quant aux
Limaçons operculés, ils forment trois famil-
les: 1° ceux qui ont deux cornes avec un
renflement, et qui portent les yeux au-dessus
de la base au côté externe; 2° ceux qui ont
lieux cornes sans renflement, les yeux à la
base au côté externe ; 3° ceux qui ont quatre
cornes dont les deux extérieures portent les
yeux au sommet. Adanson n'employait ainsi
qu'un oudeux caractères; il en avait bien es-
iajé d'autres, mais la bouche, par exemple, ne
îui avait fourni que deux caractères princi-
paux, selon qu'elle était pourvue de mâchoires
ou prolongée en trompe sans mâchoires. Le
canal respiratoire, qu'il nommait la trachée,
ne lui offrait également que deux modifica-
tions principales en raison de sa longueur,
Les Conques ou Bivalves lui présentèrent sept
choses à considérer dans la coquille: 1° les
battants ou valves, 2° les sommets, 3° les
charnières, 4° les ligaments, 5° les attaches,
6° la nacre, 7° le périoste ou l'épiderme ; et
quatre parties à considérer dans l'animal,
savoir : 1° le manteau, qui estou entièrement
divisé en deux lobes, ou divisé d'un côté seu-
lement, ou qui forme un sac ouvert seule-
ment aux extrémités ; 2° les trachées ou si-
phons, qui sont réunis en une seule ouver-
ture, ou qui forment deux ouvertures dis-
tinctes, ou qui sont allongés en deux tuyaux
distincts ou réunis; 3° le pied, qui manque
tout-à-fait, ou qui ne se présente pas au de-
hors, ou qui paraît au dehors; 4° le byssus,
qui existe ou n'existe pas. D'après cela Adan-
son forme trois familles de ses Conques: j°
celles dont les deux lobes du manteau sont
séparés dans tout leur contour, comme l'Huî-
tre; 2° celles chez lesquelles les deux lobes
du manteau forment trois ouvertures sans
aucun tuyau, comme les Cames; 3° celles
chez lesquelles les lobes du manteau forment
trois ouvertures, dontdeux prennent la figure
d'un tuyau assez long, comme les Tellines.
Une dernière section, consacrée au Conques
multivalves, comprenait deux familles, Tune
pour les coquilles telles que les Pholades, dont
aucune pièce ne prend la forme d'un tuyau;
l'autre pour lesTarets, chez lesquels une des
pièces de la coquille prend la forme d'un tuyau
qui enveloppe toutes les autres.
Linné, qui plaçait les Mollusques dans
sa classe des Vers , essaya de perfectionner
successivement leur classification en publiant
MOL
les diverses éditions de son Systema naturœ.
Il n'avait considéré d'abord que la coquille;
mais, éclairé par les travaux d'Adanson, il
voulut prendre aussi en considération l'or-
ganisation même des animaux d'où provien-
nent les coquilles , et quoiqu'il n'ait pu y
réussir entièrement, sa classification devint
beaucoup meilleure que toutes celles qui
l'avaient précédée. Laissant les Mollusques
nus dans son ordre des Vers mollusques,
avec des Helminthes , des Acalèphes , des
Anthozoaires, etc., il comprend dans son or-
dre des Vers testacés tous les Mollusques à
coquille, avec quelques animaux qu'on a dû
en séparer. 11 le9 divise d'abord, comme on
le faisait déjà , en Multiyalves , Bivalves et
Univalves. Ses Multivalves comprennent les
trois genres Chiton , Lepas et Pholas , qui
ont dû être répartis aujourd'hui en trois
classes bien éloignées ; car le premier est un
Gastéropode, le second un Cirrhipède de la
classe des Articulés , et le troisième est un
Conchifère. Ses Bivalves forment 14 genres :
\°Mya; 2° Solen; 3° Tellina; 4° Cardium;
5° Mactra; 6° Donax; V Venus; 8° Spon-
dylus; 9° Chama; 10° Arca; 41° Oslrea ;
12° Anomia; 13° Mytilus; 14© Pinna. Les
Univalves enfin, comprenant leTaret, qui
est un Conchifère, la Sabelle et la Serpule,
qui sont des Annélides , se divisent en 19
genres, qui sont : 1° Argonauta ; 2° Nauti-
lus; 3° Conus; 4° Cyprœa; 5 Bulla; 6° Vo-
luta; 7° Buccmum; 8° Strombus; 9° Mu-
rex; 10° Trochus; 11° Turbo; 12° Hélix,
13° Nerita; 14° Hahotis ; 15° Paiella ;
16° Dentalium; 17° Sabella; 18° Teredo,
19° Serpula. Presque tous ces genres ont
dû être subdivisés; mais ils indiquaient
dès lors des groupes assez naturels qui sont
restés dans la classification. Après que la
classification de Linné eut déjà été amenée
à ce point, Geoffroy , en 1767, dans un Petit
traité des coquilles terrestres et fluviatiles des
environs de Paris, établit avec assez de net-
teté quelques genres qui ont dû être conser-
vés , tels que l'Ancyle et le Planorbe. 0 -F.
Mûl 1er, dans son Histoire des Mollusques ter-
restres et fluviatiles , établit en outre les
genres Valvée, Carychie, Vertigo, et divisa
les Bivalves en 3 genres, dont les noms
Moule, Telline et Mye ont été changés de-
puis en ceuxd'Anodonte, Cyclade et Muîette.
Ces genres d'univalves furent d'ailleurs ran-
MOL
MOL
269
gés d'après la forme et le nombre des ten-
tacules , et d'après la position des yeux :
VHelix ayant quatre et le Vertigo deux tenta-
cules linéaires; YAncylus et le Carychium
ayant les tentacules tronqués avec les yeux
eu dedans chez l'un , et par derrière chez
l'autre; le Buccin (Lymnée) ayant les ten-
tacules triangulaires; et les trois autres gen-
res ayant les tentacules sétacés avec les yeux
en dehors chez la Nérite, en dedans chez le
Planorbe, et par derrière chez la Valvée.
Le même auteur, dans sa Zooîogia da-
nica, a établi un grand nombre de genres
nouveaux parmi les Testacés , qu'il divise
d'abord comme Linné en Univalves, Bivalves
et Multivalves, mais qu'il distribue ensuite
d'une manière un peu différente. Une pre-
mière section de ses Testacés univalves à co-
quille percée de deux ouvertures, comprend
les genres Echinus et Spatangus , qui sont
des Échinodermes , avec le genre Dentale;
une deuxième section, à coquille béante ou
non operculée , contient les 11 genres sui-
vants : Akera , Argonauta , Bulla , Bucci-
num , Cerithium , Vertigo , Turbo , Hélix ,
Planorbis, AncyluSyPalella etHahotis. Enfin
la troisièmesection, celle des Univalves oper-
culés, contient seulement les 5 genres Tri-
tonium , Trochus , Nerita , Valvata et Ser-
vula. Il est bien entendu qu'il n'avait men-
tionné ici que les genres trouvés dans les
mers du Nord , et que les autres genres de
Linné pouvaient rentrer aussi dans son
cadre. Quant aux Testacés bivalves , il ne
s'éloigna de la classification de Linné qu'en
séparant avec raison les Térébratules du
genre Anomie. Après quelques autres publi-
cations moins importantes, Bruguière com-
mença, en 1792, le Dictionnaire des Fers de
l'Encyclopédie méthodique y et fit faire tout-
à-coup un grand pas à l'histoire naturelle
des Mollusques testacés, quoiqu'il ait laissé
encore les Mollusques nus confondus avec
beaucoup d'autres animaux mous , et qu'il
n'ait pas toujours su reconnaître les vérita-
bles rapports des différents genres de co-
quilles , qu'il classe encore en Multivalves,
Bivalves et Univalves. Ainsi, dans ses Mul-
tivalves , comme Adanson , il comprend les
Tarets et les Pholades, en ajoutant, d'après
! Linné, les Oscabrions et les Lepas , dont il
fait les deux genres Balane et Anatife; puis
il ajoute un genre Fistulane voisin du Taret,
un genre fictif, Gioenia, établi par l'Italien
Gioeni avec les pièces osseuses de l'estomac
des Bulles, et enfin les deux genres Anomie
et Cranie ; de sorte que, parmi ces neuf
genres , déduction faite de la prétendue
Gioenie, il y a deux Cirrhipèdes, un Gasté-
ropode , quatre Conchifères et un Brachio-
pode. Les Bivalves de Bruguière se divisent
en deux parties : celles à coquille irrégulière
forment les genres Came, Huître, Spon-
dyle, Placune, Perne et le g. Acarde, qui a
dû disparaître de la méthode comme établi
sur des épiphyses de vertèbres de Cétacés.
Les Bivalves à coquille régulière forment les
treize genres Mye , Solen, Pinne , Moule,
Telline, Bucarde, Mactre, Donace, Venus,
Trigonie, Arche, Peigne et Térébratule.
Ses Univalves sont uniloculaires ou mul-
tiloculaires; les premières sont subdivisées
suivant la forme de la coquille, avec ou sans
spire régulière; celles-ci constituent les six
genres suivants : Fissurelle, Patelle, Den-
tale et Siliquaire, qui sont des Gastéropodes ;
Arrosoir, qui est un Conchifère voisin des
Fistulanes ; et Serpule, qui est un Annélide.
Les Univalves à spire régulière forment
vingt-trois genres, dont plusieurs sont nou-
veaux, savoir: Cône, Porcelaine, Ovule,
Olive, Volute, Buccin, Pourpre, Casque,
Strombe, Murex, Fuseau, Cérite, Vis, Tou-
pie , Sabot, Bulle, Bulime , Hélice, Pla-
norbe, Natice, Nérite, Haliotide, Argo-
naute. Les Univalves multiloeulaires enfin
forment les quatre genres Camérine, Am-
monite , Nautile et Orthocérate. Mais , en
outre des perfectionnements que Bruguière
apportait ainsi dans la classification des co-
quilles, il en indiquait d'autres encore dans
l'arrangement des figures de l'Encyclopédie,
et si sa mort n'eût été prématurée, on peut
croire qu'il eût contribué puissamment à
l'avancement de cette partie de la zoologie.
Toutefois disons encore qu'il admettait huit
genres de Mollusques nus qu'il plaçait dans
son ordre des Vers Mollusques, comme nous
l'avons dit, avec des Vers, des Zoophy tes, etc.
Trois de ces genres, Ascidie, Biphore et
Téthys, sont dans une première section ca-
ractérisée par l'absence de tentacules; les
cinq autres genres, Seiche, Clio, Doris, La-
plysie et Limace, sont pourvus de tenta-
cules.
Dans le même temps, Poli, à Naples,
270
MOL
MOL
commençait la publication de son grand ou-
vrage sur l'anatomie des Mollusques multi-
valves et bivalves, qu'il divise, d'après leur
organisation, en quinze genres formant six
familles. La première famille , comprenant
les Mollusques à double trachée et munis
d'un pied , se divise en six genres, savoir :
1° Hypogœa , qui correspond aux Solens et
aux Pholades ; 2° Paronœa, qui correspond
au genre Telline de Linné; 3° Calista, cor-
respondant aux Vénus de Linné; 4° Arthe-
mis, pour la Venus ou Cytherea exoleta de
Lamarck; 5° Cérastes, correspondant aux
Bucardes. La deuxième famille, comprenant
les Mollusques à une seule trachée et munis
d'un pied , se compose des deux genres Lo-
ripes, établi sur la Tellina lacleade Linné,
et Limnœa, correspondant aux Mulettes et
Anodontes. La troisième famille, pour les
Mollusques à une seule trachée, ne comprend
aussi que deux genres , Chimera et Callilri-
che , qui correspondent aux Pinnes et aux
Moules. La quatrième famille , pour les
Mollusques à une trachée abdominale et
sans pied , contient le seul genre Argus ,
qui correspond aux Peignes , aux Spondyles
et aux Limes.
La cinquième famille, pour les Mollusques
pourvus d'un pied sans trachée, ne contient
aussi qu'un seul genre Axinœa correspon-
dant aux Pétoncles de Lamarck. Enfin la
sixième famille, pour les Mollusques sans
trachée et sans pied, se divise en quatregen-
res, savoir : Daphne, comprenant une partie
des Arches ; Peloris, correspondant aux Huî-
tres; Echion, auxAnomies; elCriopus, pour
VAnomia imper f or ata.
Quelques années plus tard, en 1798, Cu-
vier, qui avait de son côté fait l'anatomie
de beaucoup de Mollusques, sépara ces ani-
maux des Vers et des autres animaux mous
sans vertèbres, pour en faire un embranche-
ment ou un groupe primaire qu'il plaça à la
suite des Poissons et avant les Articulés ,
d'après la considération de leur appareil cir-
culatoire. Il ne considère plus alors la co-
quille que comme un organe protecteur, non
indispensablement nécessaire pour établir
les rapports. D'après cela, il dut réunir
les Mollusques nus et ceux qui sont pourvus
de coquille ou les Vers testacés de Linné et
Bruguière, et les divisa d'abord en trois
grands ordres, que plus tard il nomma des
classes : les Céphalopodes , les Gastéropodes
et les Acéphales. Mais ensuite il établît
encore trois autres classes : les Ptéropodes,
ayant pour type la Clio borealis que l'on avait
précédemment classée dans les Mollusques
nus auprès des Seiches ; les Brachiopodes,
établis pour des Mollusques bivalves ou acé-
phales, tels que la Lingule, qui occupent
dans leur coquille une position tout autre
que les autres bivalves , et les Cirrhopodes,
que Lamarck nomme Cirrhipèdes, et qui sont
aujourd'hui classés parmi les Articulés. Sans
nous arrêter à rapporter ici les modifications
successivement introduites par Cuvier dans
sa classification des Mollusques d'après ses
recherches et d'après les travaux de ses con-
temporains, nous parlerons seulement ici de
la classification définitive qu'il a adoptée
dans la dernière édition de son Règne ani-
mal, en 1830. La première classe, celle des
Céphalopodes, se divise en six genres princi-
paux dont deux, Actinocamax et Camerine,
doivent disparaître de l'embranchement des
Mollusques, l'un comme double emploi des
Bélemnites, l'autre comme renfermant les
Rhizopodes ou Foraminifères qui se placent
auprès des Infusoires. Les quatre autres, les
Seiches, les Nautiles et les Ammonites, se
subdivisent en un grand nombre de sous-
genres ou genres secondaires. Quant aux
Bélemnites, qu'on ne connaît qu'à l'état
fossile, elles paraissent devoir être une des
subdivisions du grand genre Seiche. La
deuxième classe, celle des Ptéropodes, com-
prend les sept genres suivants : Clio, Cymbu-
lie, Pneumoderme, Limacine, Hyale, Cléo-
dore et Pyrgo. Les Gastéropodes, formant
la troisième classe, sont subdivisés en neuf
ordres, savoir: 1° les Pulmonés, qui sont
terrestres ou aquatiques, les uns comprenant
les genres Limace, Escargot (Hélix), Nompa-
reille (Clausilia) et Agathine. Les Pulmonés
aquatiques sont divisés en sept genres :
Onchidie, Planorbe , Lymnée , Physe, Sca-
rabe, Auricule et Mélampe ; 2° les Nudi-
branches comprennent les Doris, les Trito-
nies, les Eolides, les Scyllées , les Téthys,
dont Cuvier a publié des anatomies, et dix
autres genres; 3° à l'ordre des Xoférobran-
ches se rapportent seulement les Pbyllidies
et Diphyllidies ; 4° celui des Tectibrancb.es
contient les neuf genres Pleurobranchus ,
Pleurobranchœa , Aplysie, Dolabelle, No-
MOL
MOL
271
tarche, Bursatelle , Acère, Gastroptère et
Ombrelle ; 5° le cinquième ordre , celui des
fiétéropodes, qui est pour Lamarck un
groupe de même valeur que les Céphalopo-
des , ne comprend aussi que deux genres ,
les Phylliroés et les Ptérotrachées , subdivi-
sés en Carinaire , Atlante , Firole , Timo-
rienne et Monophore ; 6° le sixième ordre ,
celui des Pectinibranches, est divisé en trois
familles, les Trochoïdes , les Capuloïdes et
les Buccinoïdes , comprenant chacune un
grand nombre de genres , et caractérisées
par l'ouverture ronde ou ovale, sans échan-
crure , des premiers , par l'échancrure ou le
prolongement en canal de l'ouverture des
derniers , et par la coquille évasée et large-
ment ouverte , ou même sans spire , des
Capuloïdes , qui précédemment apparte-
naient à l'ordre des Scutibranches ; 7° le
septième ordre, celui des Tubulibranches,
plus récemment établi , comprend les gen-
res Vermet, Magile et Siliquaire ; 8° le hui-
tième, les Scutibranches, contient les gen-
res Ormier ( Haliotis ), Fissurelle , Emargi-
fiule et Pavois (Parmophorus Lk.) ; il con-
tenait primitivement aussi les Capuloïdes,
qui sont reportés avec les Peclinibranches,
et les Carinaires, qui sont des Hétéropodes;
9° enfin l'ordre des Cyclobranches contient
seulement les Patelles et les Oscabrions.
La quatrième classe des Mollusques de
Cuvier, celle des Acéphales , se divise en
deux ordres, les Acéphales testacés et les
Acéphales sans coquille. Le premier ordre
comprend les cinq familles des Ostracés, des
Mytilacés , des Camacés , des Cardiacés et
des Enfermés. Chacune de ces familles con-
tient beaucoup de genres distincts, que nous
mentionnerons plus loin. Les Acéphales sans
coquille , correspondant à la classe des Tu-
niciers de Lamarck, forment deux familles,
suivant qu'ils sont Simples ou Agrégés:
ceux-ci sont les Botrylles , les Pyrosomes et
les Polyclinum; les autres sont les Biphores
et les Ascidies.
La cinquième classe , celle des Brachio-
podes, ne comprend que les quatre genres
Lingule , Térébratule, Orbicule et Cranie.
Quant à la sixième classe, celle des Cirrho-
podes , nous avons déjà dit qu'elle doit être
reportée avec les Articulés.
Parallèlement aux travaux de Cuvier sur
les Mollusques , nous voyons ceux de La-
marck, dont la classification se perfectionne
également, tout en réagissant sur celle de
son illustre rival, et en profitant des décou-
vertes anatomiques de manière à devenir le
guide de presque tous ceux qui se sont oc-
cupés de cette partie de l'histoire naturelle,
sauf les modifications rendues nécessaires
par la marche des sciences, et que M. Des-
hayes y a faites ou indiquées avec l'autorité
d'une longue étude.
Lamarck déjà, en 1801 , dans son Sys~
terne des Animaux sans vertèbres, avait aug-
menté de 98 le nombre des genres admis
par Bruguière, lequel avait lui-même porté
de 35 à 61 le nombre des genres établis par
Linné. 11 les divisait en onze groupes ou or-
dres , dont six pour les Mollusques céphalés
ou pourvus d'une tête, et cinq pour les
Mollusques sans tête ou acéphales. Les Mol-
lusques céphalés, divisés en Mollusques nus,
les uns nageant vaguement dans les eaux
(Seiche, Lernée, Firole, Clio) , les autres
rampant sur le ventre (Gastéropodes nus et
Oscabrions) ; et en Mollusques céphalés con-
chylifères, les uns à coquille univalveuni-lo-
culaire, à coquille non spirale recouvrant l'a-
nimal, tels que les Patelles et les Fissurelles,
les autres à coquille univalve uniloculaire ,
en spirale ou spirivalve, et engainant l'ani-
mal , mais soit avec l'ouverture échancrée
ou canaliculée , tels que les Cônes , les
Buccins, les Cérites , soit avec l'ouverture
entière et sans canal, tels que les Troques,
les Lymnées, les Hélices, la Carinaire et
l'Argonaute ; un troisième groupe enfin
de Mollusques céphalés conchylifères pré-
sente une coquille multiloculaire , tels sont
les Nautiles et les Ammonites, avec lesquels
Lamarck réunissait les Hippurites. Parmi
ses Mollusques acéphales, il séparait d'abord
ceux qui sont nus, comme les Ascidies,
dont il fit plus tard sa classe des Tuniciers;
les autres Acéphales sont les uns pourvus
d'une coquille à deux valves égales , sans
pièces accessoires , tels que les Moules ,
les Bucardes et les Vénus ; les autres ont
deux ou plusieurs valves, dont les princi-
pales sont inégales : dans un premier groupe>
comprenant le Taret et la Fistulane, la valve
principale est tubuleuse; dans un deuxième
groupe, deux valves inégales sont opposées
ou réunies en charnière , comme chez les
Huîtres, les Peignes, les Cranies, les Té-
272
MOL
MOL
rébratuîes, etc. ; le troisième groupe enfin,
présentant plus de deux valves inégales,
sans charnière, correspond aux Cirrhipèdes
ou Cirrhopodes.
Dans son Histoire des Animaux sans ver-
tèbres , commencée en 1815 et terminée en
1822, il donna enfin la classification à la-
quelle il s'était arrêté, et pour laquelle il
avait profilé autant que possible de tous les
travaux contemporains. Allant du simple au
composé, il forme les trois premières classes
des Infusoires, des Polypes et des Radiaires,
et arrive ainsi à sa quatrième classe des
Tuniciers, qui sont les Acéphales sans co-
quille de Cuvier, et qu'il divise en Botryl-
laires, ou Tuniciers réunis, et en Ascidiens,
ou Tuniciers libres , comprenant les Bipho-
res et les Ascidies. Les six classes suivantes
sont consacrées aux Vers et aux Articulés;
mais deux de ces classes , celles des Anné-
lides et des Cirrhipèdes , contiennent des
animaux qui avaient précédemment été clas-
sés avec les Mollusques; celle-ci même en
est totalement formée. La onzième classe
est celle des Conchifères, correspondant
aux Acéphales testacés de Cuvier. Elle se
partage en deux ordres : les Corichifères di-
myaires, qui ont deux muscles d'attache
entre leurs.valves, et les Monomyaires, qui
n'en ont qu'un seul. Les Dimyaires forment
deux sous-ordres , suivant que la coquille
est régulière, le plus souvent équivalve ou
irrégulière , et toujours inéquivalve ; ce
dernier sous-ordre ne comprend que la fa-
mille des Camacées; l'autre contient treize
familles réparties ainsi en quatre groupes :
Une première section renferme les coquilles
généralement béantes aux extrémités, et se
subdivise en Conchifères crassipèdes , qui
sont les Tubicolées, les Pholadairej, les So-
lénacées et les Myaires, et en Conchifères
ténuipèdes ; les unes à ligament intérieur,
ce sont les Mactracées et les Corbulées ; les
autres à ligament uniquement extérieur, ce
sont les LUhophages et les Nymphacées.
Dans une deuxième section se trouvent les
coquilles closes aux extrémités, qui forment
les cinq familles des Conques , des Cardia-
cées, des Arcacées9 des Trigonées et des
Ndiades. Les Conchifères monomyaires
comprennent sept familles formant presque
autant de groupes distincts. En effet, une
première section , caractérisée par un liga-
ment marginal allongé, se divise en deux
sous-sections , les Tridacnées , qui ont la
coquille régulière , transverse , et les Myti-
lacées , formant avec les Mallcacces une
autre sous-section , dans laquelle la coquille
est longitudinale. Une deuxième section, ca-
ractérisée par un ligament non marginal,
resserré dans un court espace sous les cro-
chets , comprend d'une part les Pectinides ,
qui ont la coquille régulière et le ligament
intérieur, et d'autre part les Oslracées , qui
ont la coquille irrégulière , feuilletée, et le
ligament interno-externe. La troisième et
dernière section ne présente pas de ligament
comme chez les Rudistes, qui ont la coquille
très inéquivalve, ou bien n'a qu'un cordon
tendineux pour soutenir la coquille, comme
chez les Brachiopodes , qui sont d'ailleurs
pourvus de deux bras extensibles.
La douzième classe de Lamarck est celle
des Mollusques, divisée en cinq ordres, les
Ptéropodes, les Gastéropodes, les Traché-
lipodes, les Céphalopodes et les Hétéropo-
des. Les Ptéropodes forment la seule famille
des Hyales. Les Gastéropodes (Mollusques
nus pour la plupart) se divisent en deux sec-
tions : les Hydrobranches qui ne respirent
que l'eau par des branchies saillantes, et les
Pneumobr anches qui ne respirent que l'air
reçu dans une cavité spéciale tapissée par
un réseau vasculaire, et qui constituent la
seule famille des Limaciens. Les Hydro-
branches au contraire forment six familles,
savoir: les Tritoniens, qui ont les branchies
extérieures au-dessus du manteau, sur le
dos ou sur les côtés ; les Phyliidiens et les
Semiphy llidiens y qui ont les branchies exté-
rieures sur le rebord du manteau, autour
du corps chez ceux-ci, et d'un seul côté chez
ceux-là ; les Calyptraciens, qui ont les bran-
chies dans une cavité particulière sur le dos;
les Bulléens et les Laply siens , qui ont les
branchies dans une cavité particulière vers
la partie postérieure du dos, et recouvertes
soit par le manteau , soit par un écusson
operculaire, mais qui diffèrent parce que
ceux-ci ont des tentacules dont ceux-là sont
privés. Les TrachéHpodes se partagent en
deux sections: les uns, sans siphon respira-
toire, sont presque tous phytiphages, munis
de mâchoires, et ils ont la coquille à ouver-
ture entière. Ceux qui ne respirent que l'air
se placent dans la classification à côté des
MOL
Limaciens; ils constituent les deux familles
des Colimacés, vivant hors des eaux, et des
Lymnéens, qui sont aquatiques. Ceux qui ne
respirent que l'eau sont fluviatiles, comme
les Mélaniens, les Péristomiens, qui diffèrent
par la forme de l'ouverture dont les bords
sont désunis ou réunis ; ou bien , comme les
Néritacés marins ou fluviatiles , ils ont
le bord gauche en manière de demi-cloi-
£on; ou bien encore ils sont marins sans
avoir le bord gauche en manière de demi-
cloison, et ils forment alors cinq familles:
les Janthines , qui ont la coquille flottante;
les Macroslomes , qui ont la coquille non
flottante , et l'ouverture très ample sans
columelle ; les Plicacés, dont l'ouverture sans
évasement particulier présente des plis à la
columelle; les Scalariens et les Turbïnacés,
qui n'ont pas de plis à la columelle, mais
qui diffèrent parce que les bords de l'ouver-
ture sont désunis chez ceux-ci, et réunis
chez ceux-là. Les Trachélipodes de la
deuxième section ont un siphon saillant, ils
ne respirent que l'eau, ils sont tous marins,
zoophages, et ils ont l'ouverture de la co-
quille canaliculée, échancrée ou versante à
la base; ils forment cinq familles: les Ca-
nalifères, qui ont la coquille canaliculée à
la base, et dont le bord droit de l'ouver-
ture ne change point de forme avec l'âge ;
les Ailées, qui en diffèrent parce que le bord
droit change de forme avec l'âge, et présente
un sinus inférieurement ; les Purpurifères ,
qui ont un canal court remontant en ar-
rière, ou une échancrure oblique en demi-
canal dirigée vers la face dorsale; les Colu-
mellairesy qui n'ont point de canal, mais
une échancrure à la base de l'ouverture, et
dont la columelle porte des plis; les En-
roulées, dont la coquille est échancrée à la
base de l'ouverture, et dont le dernier tour
de spire enveloppe tous les autres.
L'ordre des Céphalopodes se divise en
trois sections, savoir: les Polylhalames , dont
la coquille est à plusieurs loges, séparées par
des cloisons simples chez \esNautilacées, les
Liluolées et les Orthocérées, avec lesquelles
Lamarck range les Cristacées, les Sphérulées
et les ïiadiolées, qui sont des Rhizopodes ou
Foraminifères, ainsi que la majeure partie
des deux premières familles. Les loges de
la coquille sont séparées par des cloisons dé-
coupées sur les bords dans la famille des '
T. VIII.
MOL
273
Ammonées;les Céphalopodes dont la co-
quille présente une cavité unique, ou les
Monothalames, forment la seule famille
des Argonautes, et les Céphalopodes sans
coquille extérieure forment la famille des
Seiches.
Le cinquième et dernier ordre des Mol-
lusques, les Hétéropodes, que Lamarck
croyait plus élevés que les autres dans la
série animale, et conséquemment plus rap-
prochés des Poissons, constituent la seule
famille des Carinaires, qu'on a dû, contrai-
rement à son opinion , classer parmi les
Gastéropodes, auxquels on réunit aussi les
Trachélipodes, comme nous le dirons plus
loin.
Dans le même temps que Lamarck et
Cuvier, divers auteurs concoururent aussi
plus ou moins à développer la connaissance
des Mollusques. Montfort établit un grand
nombre de genres, dont quelques uns seu-
lement sont restés, tel est le Magilus. Dra-
parnaud, dans une histoire des Mollusques
terrestres et fluviatiles de la France , créa
les genres Vitrine, Ambrette ( Succinca),
Clausilie et Physe. Férussac, en s'occupant
des mêmes animaux d'une manière plu?
générale, avait ajouté les genres Littorine,
Mélanopside et Parlula. Le genre Rissoa a
de même été créé par Freminville, le genre
Onchidie par Buchanan, le genre Ploca-
mère par Leuckardt, les genres Firole et
Ph\lliroé par Péron , le genre Atlante par
M. Lesueur, les genres Thracie et plusieurs
autres par Leach , les genres Busiris et Eu-
lima par M. Risso, les genres Creseis, Cu-
vieria, Melibœa par Rang, les genres Ga-
leomma et Lacuna par Turton. Plus récem-
ment aussi d'autres genres ont été créés par
MM. Schumacher (Periploma), Studer (Bu~
linus), Webb et Berthelot (Cryptella), Quoy
et Gaimard, Gray, Scacchi , Forbes , Lca,
Eichwald, Johnston, Broderip, Troschel ,
Benson , Rossmasler, d'Orbigny, van Bene-
den,Kiener, Philippi, Quatrefages,etc. L'é-
tude des coquilles fossiles, si importante pour
la géologie, a d'un autre côté apporté de nom-
breux matériaux pour la classification des
Mollusques; elle a donné lieu à rétablisse-
ment des genres Pleurotomaire, Ilipponix,
Hinnites, Gervilie, Thécidée par M. De-
france, des genres Potamide et Catillus par
M. Brongniart, du genre Panopée par Mé'
35
274
MOL
MOL
nard de Lagroye, du genre Inoccramus de
Parkinson, des genres Evomphalus, Pro-
ductus , Plagiosloma , Dianchora, ete., de
MM. Sowerby, auxquels on doit aussi cer-
tains genres de coquilles vivantes (Siphona-
ria, Cleidolhœrus, Lyonsia, etc.). Plusieurs
des mêmes auteurs, ainsi que MM. Sie-
bold, Milne-Edwards et Valenciennes , ont
beaucoup contribué aussi à mieux faire
connaître l'organisation des Mollusques.
Mais il nous reste à parler des travaux
bien plus importants de MM. de Blain-
ville et Deshayes. M. de Blainville , de-
puis 1814, a travaillé à perfectionner sa
classification qui, basée plus diversement
sur l'organisation des animaux, eût sans
doute été généralement adoptée, si l'ou-
vrage de Lamarck, à cause de ses descrip-
tions spécifiques de coquilles, n'eût obtenu
la préférence des collecteurs. Il change d'a-
bord le nom de Mollusques en celui de Ma-
lacozoaires , en séparant sous le nom de
Malektozoaires les Oscabrions formant la
Classe des Polyplaxjphores , et les Balanes
ou Cirrhipèdes formant la classe des léma-
topodes. Le type des Malacozoaires se partage
en plusieurs classes et sous-classes. Les Cé-
phalophores, dont la tête est distincte, cor-
respondent aux Céphalopodes , et forment
trois ordres. Les Paracéphalophores , qui
n'ont qu'une tête imparfaite, forment trois
sous-classes : ils sont dioïques , ou monoï-
ques, ou hermaphrodites, et se subdivisent
en ordres. Les Acéphalophores ou la troi-
sième classe des Malacozoaires est divisée en
quatre ordres : les Palliobr anches (Brachio-
podes), les Rudistes, les Lamellibranches
(Conchifères), et les Hétérobranches (Tu-
niciers ). Les Céphalophores d'un premier
ordre sont les Cryptodibr anches , caracté-
risés, comme leur nom l'indique, par la
présence de deux branchies cachées dans le
sac du manteau; ils se divisent en deux
familles d'après le nombre de leurs tenta-
cules: les Octocères, tels que les Poulpes,
en ont huit; et les Décacères , tels que les
Seiches et les Calmars, en ont dix. Le se-
cond ordre des Céphalophores, les Cel-
lulacés , comprend seulement des Rhizo-
podes ou Foraminifères qu'on ne classe
plus aujourd'hui parmi les Mollusques. Le
troisième ordre , les Polythalamacés , se
divise eu sept familles comprenant à la
fois des Rhizopodes et des Mollusques.
Les Paracéphalophores dioïques , tous
munis d'une coquille, forment les deux
ordres des S iphonobr anches et des Asipho-
nobrancheSy suivant que le manteau est
ou n'est pas prolongé en un tube destiné à
conduire l'eau aux branchies. Les Siphono-
branches, qui correspondent aux Pectini-
branches buccinoïdes de Cuvier, forment
trois familles : les Siphonostomes, tels que les
Fuseaux et les Pleurotomes, dont la coquille
a un prolongement en forme de tube ou de
siphon à la base de l'ouverture; les Ento- ,
moslomes, tels que les Buccins, les Pour-
pres, les Vis, dont lacoquiile, au lieu d'un
canal ou siphon, n'a qu'une échancrure,
par laquelle passe le tube du manteau; les
Angistomes enfin , tels que les Cônes, les
Olives, etc., caractérisés par la forme longue
et étroite de l'ouverture de leur coquille.
L'ordre des Asiphonobranches , correspon-
dant aux Pectinibranches trochoïdes de Cu-
vier, se divise en cinq familles, d'après la
forme de l'ouverture de la coquille; savoir:
les Goniostomes , qui ont cette ouverture
anguleuse, tels que les Troques et les Ca-
drans; les Cricostomes , qui l'ont arrondie,
comme les Sabots, les Dauphinules, les
Turritelles, les Cyclostomes, etc. ; les El-
lipsostomes , à ouverture elliptique comme
les Mélanies et les Phasianelles; les Hémi-
cyclostomes, qui l'ont en demi-cercle, comme
les Nérites et les Natices ; les Oxystomes,
comprenant le seul genre Janthine, dont
l'ouverture présente inférieurement un
angle formé par la columelle et le bord droit.
Les Paracéphalophores monoïques ont les
deux sexes réunis, mais ils ont besoin d'un
accouplement réciproque. Ils se divisent en
symétriques et non symétriques; ceux-ci
forment trois ordres qui sont : 1° les Pulmo-
Lranches (Pulmonés), respirant l'air en na-
ture, et divisés en trois familles : les Lim-
nacées, les Auriculacées et les Limacinées;
2° les Cfaismobranches, contenant quelques
genres seulement, tels que le Sigaref, qu'il
vaudra mieux réunir dans un autre groupe;
3° les Mocopleurobranch.es, respirant l'eau
par un appareil branchial situé d'un seul
côté, comme leur nom l'indique, forment
quatre familles : les Subaplysiens, les Aply-
siens, les Patelloïdes (Ombrelle, Siphonaire)
et les Acères comprenant les Bulles, les
MOL
MOL
275
Bullées et le genre fossile Bellérophe. La sec-
tion des Paracéphalophores monoïques sy-
métriques se divise en cinq ordres, savoir:
1° les Aporobranches, comprenant les Pté-
ropodes deCuvier, partagés en deux familles :
les Thécosomes, pourvus d'une coquille, et les
Gymnosomés, sans coquille, comme leur nom
l'indique, plus le genre Phylliroé qui est un
Hétéropode de Lamarck et qui constitue seul
ici une troisième famille, celle des Psilosomes ;
2° les Polybranches, divisés en deux familles,
les Tétracères et les Dicères, ayant les uns
quatre et les autres deux tentacules, et ré-
pondant avec l'ordre suivant aux Nudibran-
ches deCuvier; 3° les Cyclobranches, consti-
tuant une seule famille ayant pour type le
g. Doris ; 4° les Inférobranches, constituant
aussi une seule famille nombreuse dont fait
partie le genre Phyllidie; 5° enfin les Nu-
cléobranches, formés de Mollusques nageurs
répartis en deux familles: les Nectopodes,
qui sont les Hétéropodes de Lamarck moins
le genrePhylliroé, et les Ptéropodes, compre-
nant les Atlantes et les Limacines, mais non
les Mollusques désignés sous ce nom par les
autres zoologistes.
Les Paracéphalophores hermaphrodites qui,
possédant les deux sexes, se fécondent eux-
mêmes ou n'ont pas besoin d'accouplement,
comprennent aussi deux sections caractérisées
par la symétrie ou la non symétrie de la co-
quille et des organes respiratoires. Un pre-
mier ordre de ia section des Symétriques, ce-
lui des Cirrhobranches, secomposedu seul
genre Dentale; le second ordre, celui des
Cervicobrauches , ainsi nommé parce que
l'appareil branchial est censésitué sur lecou,
comprend deux familles: l'une, formée du
seul genre Patelle, est nommée famille des
Rétifères, parce que M. de Blainville prétend
que la respiration s'opère dans un réseau
spécial de la paroi cervicale, et non, comme
on l'admet généralement, dans les lames qui
entourent le pied au-dessous du manteau ;
la deuxième famille, celle des Branchifères,
comprend les genres qui, comme la Fissu-
relle, montrent une double branchie bien
distincte dans cette même cavité cervicale.
La deuxième section des Paracéphalophores
hermaphrodites est constituée par le seul
ordre des Scutibranches, comprenant les fa-
milles des Otidées et des Calyptraciens.
Parmi les quatre ordres des Àcéphalophores,
les deux premiers, Falliobranches et BLu-
distes, et le dernier, Hétérobranches , don-
nent lieu à peu de subdivisions. Mais il en
est tout autrement pour le troisième ordre,
celui des lamellibranches , qui renferme
presque tous les Conchifèrés de Lamarck ou
les Acéphales testacés de Cuvier. M. de Blain-
ville les divise en dix familles dont plusieurs
correspondent presque complètement aux fa-
milles de Lamarck : telles sont les Ostracces,
les Mytilacées, les Arcacées ; telles sont
aussi les Subostracées et les Margaritacées que
Lamarck avait nommées les Pectinides et les
Malléacées. La sixième famille, celle des
SubmytUacées , comprend celle des Naïades
de Lamarck avec le genre Cardite, formant
une section particulière. La septième, celle
des Camacées , comprend, avec celle du
même nom chez Lamarck, les Tridacnées
et les genres Isocarde et Trigonie de cet au-
teur. La huitième, celle des Conchacées,
renferme dans trois sections, mais tout dif-
féremment disposées, les Nymphacées-Telli-
naires, les Conques , les Mactracées, et en
grande partie les Cardiacées , les Lithopha-
ges et les Corbulées. La neuvième famille,
celle des Pyloridées , comprend le reste des
Corbulées et des Lithophages, avec les Nym-
phacées-SoIénaires, les Solénacées, les Myai-
res et une partie des Tubicolaires divisées
en deux groupes, suivant que le ligament
est interne ou externe. La dixième famille,
celle des Adesmacées , caractérisée par l'ab-
sence d'un ligament à la coquille, se com-
pose des genres Pholade , Térédine, Taret,
Fistulane et Cloisonnaire, rangés ainsi plus
convenablement que dans la classification
de Lamarck. M. de Blainville avait pu d'ail-
leurs baser son travail sur l'anatomie d'un
grand nombre de types, et particulièrement
des animaux rapportés par MM. Quoy et
Gaimard de leur voyage autour du monde.
Il avait été conduit par là aussi à créer plu-
sieurs genres nouveaux qui ont été adoptés,
tels que l'Onchidore, le Laniogère, la Bur-
satelle , le Coriocelle, la Cryptostome, le
Solecurte, etc., et à en supprimer plusieurs
autres.
M. Deshayes avait commencé sur les Mol-
lusque?, dès 1823, une série de travaux
qui doivent le placer au premier rang parmi
les conchyliologistes, autant par leur impor-
tance même qu'en raison du sage esprit de
276
MOL
MOL
critique porté par lui dans cette étude. C'est
lui en effet qui, plus qu'aucun autre, a em-
pêché que la conchyliologie, comme d'au-
tres parties de l'histoire naturelle, fût en-
vahie par la manie de créer sans cesse de
nouveaux genres. Il avait publié avant 1836
sa Description des Coquilles fossiles des envi-
ronsdeParis, et les articles relatifs aux Mol-
lusques, soit dans le Dictionnaire des Vers de
l'Encyclopédie méthodique, interrompu de-
puis la mort de Bruguière, soit dans le Dic-
tionnaire classique d'histoire naturelle. A
cette époque, il commença les annotations
d'une deuxième édition de Y Histoire des Ani-
maux sans vertèbres de Lamarck , et dans
ce travail consciencieux il résuma en quel-
que sorte toutes ses observations antérieu-
res, en indiquant la véritable circonscription
des genres à conserver. Une nouvelle publi-
cation plus importante que les précédentes,
V Histoire naturelle des Mollusques , qui doit
faire partie de l'ouvrage intitulé Exploration
scientifique de l'Algérie, l'en) pêche seule en
cet instant de continuer sa collaboration à
ce Dictionnaire; mais, pour suppléer autant
que possible à son absence, nous profite-
rons soigneusement de tout ce qu'il a pu-
blié et des renseignements qu'il a bien
voulu nous donner personnellement. Mais
d'abord nous devons rappeler que , tout en
réduisant beaucoup le nombre des genres
fictifs ou qui formaient double emploi, il
a dû aussi en créer quelques uns très ca-
ractérisés, et qui doivent rester dans la
classification : tels sont en particulier les
genres Mésodesme et Ostéodesme.
ORGANISATION DES MOLLUSQUES.
Manteau et Coquille.
Les Mollusques sont revêtus d'une peau
molle, généralement sans épiderme, mais
susceptible de sécréter, en certains points de
sa surface ou de son épaisseur, un produit
calcaire ou corné, qui devient un sac, un
têt (Testa)ou une coquille d'une ou de plu-
sieurs pièces , dont l'étude a précédé celle
des animaux eux-mêmes et doit tenir en-
core une place très considérable dans l'his-
toire des Mollusques. Un repli particulier
de la peau constituant ce qu'on appelle le
Manteau , parce qu'il enveloppe plus ou
moins complètement l'animal , est plus spé-
cialement destiné à la production du têt.
Mais ce n'est pas dans toute son étendue
que la sécrétion a lieu, et souvent même
deux ou trois régions distinctes du manteau
produisent autant de substances différentes
qui sont: le têt proprement dit, ou fibreux,
Ja nacre, et Vépiderme. Tous les accidents
de la coquille , les plis , les lames , les stries,
les prolongements divers en tubes ou en
écailles, ne sont que la reproduction des plis,
des inflexions, et des alternances de repos
et d'activité ou d'extension du manteau dans
sa portion sécrétante. La coloration si vive
de certaines coquilles est le résultat d'une
Sécrétion spéciale, et suivant que cette sé-
crétion est continue ou interrompue, il en
résulte des lignes, des bandes ou des séries
de points. La plupart des coquilles marines,
quand elles sont externes ou directement
en contact avec l'eau, comme aussi les
Moules d'eau douce, sont revêtues d'un épi-
derme corné brunâtre , qui masque leur
éclat: aussi, dans les collections, a-t-on dû
les dépouiller de cet épiderme et les polir
artificiellement. Quelquefois même on a usé
ou dissous, par le moyen d'un acide, toute
la couche Calcaire externe du têt pour mettre
en évidence la nacre qui naturellement ne
doit se voir que par- la face interne. Quant
à cette nacre elle-même, elle doit à un
simple jeu de lumière ses nuances iri-
sées, son orient, comme on dit en parlant
des perles , qui sont des productions iso-
lées ou maladives de la nacre. En effet,
l'observation microscopique montre que
cette substance est formée de lames paral-
lèles très minces; et d'autre part, une em-
preinte prise avec de la résine laque ou
de la gélatine reproduit exactement les
mêmes teintes irisées, ce qui prouve que ce
sont les inflexions de ces lames et leurs in-
tersections avec la surface même qui pro-
duisent ici le phénomène d'optique connu
sous le nom d'interférences. On a vu d'ail-
leurs aussi , sur les roues hydrauliques
d'une usine, un dépôt calcaire formé de
même de lames minces imprégnées de gé-
latine , et offrant également les reflets de la
nacre. Le surplus de la coquille, ou la partie
externe, paraît être formée ordinairement
de fibres perpendiculaires, et non de lames
parallèles comme la nacre; elle contient le
carbonate de chaux dans' un état molécu-
laire tout différent, et il en est résulté que,
MOL
MOL
TjI
pour les coquilles fossiles de certains terrains,
cette portion du têt a disparu, ou bien a
été remplacée par de la chaux carbonatée
spathique, tandis que les coquilles nacrées
ont seules persisté; et d'autre part aussi la
portion interne du têt a pu seule être dis-
soute quand la partie externe s'était con-
servée. De cette dissolution partielle est
résultée une déformation étrange pour cer-
taines coquilles qui avaient été complète-
ment méconnues , mais dont RI. Deshayes a
reconnu la vraie nature: telles sont les Po-
dopsis et les Sphérulites , dont le têt externe
a seul persisté, de telle sorte qu'entre le
moule interne et le têt il reste un espace
vide correspondant à la portion dissoute. Il
suffit donc alors de mouler du plâtre dans
cet espace vide, comme Ta fait M. Deshayes,
pour retrouver les impressions musculaires,
îa charnière et toute la face interne pré-
cédemment inconnue.
Il est évident que le têt des coquilles,
formé en grande partie de carbonate de
chaux , contient aussi une certaine propor-
tion de matière animale; mais on n'est pas
d'accord sur la nature de cette matière ani-
male, ni sur son mode de répartition. Cer-
taines portions des coquilles, comme les
lamelles nacrées des Huîtres vues au mi-
croscope, paraissent formées de petits cris-
taux rhomboédriques de carbonate de
chaux ; d'autres portions fibreuses parais-
sent formées de petits cristaux prismatiques
très fins, comme si le carbonate de chaux y
avait pris la forme cristalline qui caractérise
l'Arragonite; quelquefois aussi dans des la-
mes minces etusées à l'émeri, on aperçoit de
petits canaux distincts. Tout cela d'ailleurs
pourraits'accorder avec l'opinion qui ne veut
voir dans le têt que le produit d'une sécrétion.
Mais d'un autre côté, plusieurs savants, en-
traînés par les théories récentes sur la struc-
ture celluleusede tousles tissusanimaux,ont
voulu considérer les coquilles comme résul-
tant de la consolidation d'un tissu cellulaire,
dont chaque cellule contiendrait ainsi , soit
un cristal, soit un dépôt de matière calcaire.
Toujours est-il que le manteau n'est pas
nécessairement adhérent à la portion du
têt qu'il vient de sécréter, c'est une lamelle
d'abord très mince qui ne se consolide que
progressivement par la juxta-position de
nouvelles particules; mais le manteau peut
abandonner à plusieurs reprises l'œuvre
qu'il a commencée , et se retirer pour reve-
nir ensuite sans que le résultat soit diffé-
rent. L'adhérence du manteau n'a lieu que
dans une portion plus éloignée du bord, là
où cet organe sécrète la couche interne de
la coquille ; encore cette adhérence est-elle
généralement très faible comparativement
à celle des muscles d'attache.
Puisque c'est le manteau qui produit la
coquille, et qui généralement en détermine
la forme, nous allons étudier comparative-
ment ces deux parties chez les Mollusques.
Les Céphalopodes des périodes antédilu-
viennes de notre monde avaient presque
tous un têt formé d'une série recliligne ou
spirale de loges ou chambres moulées suc-
cessivement sur le manteau en forme de
sac, à mesure que l'animal devenait plus
volumineux. Ce têt devait être très mince
et très léger, et nous n'en pouvons prendre
idée aujourd'hui que par le Nautile et la
Spirule, dont le têt nacré n'a qu'une mince
couche extérieure non nacrée. C'est par la
comparaison avec les formes de ces coquilles
cloisonnées de Céphalopodes, qu'on a voulu
rapporter à la même classe de Mollusques
une foule de petites coquilles de Rhizopodes
ou Foraminifères. Parmi les espèces encore
vivantes de Céphalopodes, un autre genre a
une coquille externe sans cloison : c'est l'Ar-
gonaute, que longtemps on a voulu regarder
comme parasite dans la coquille d'un Hété-
ropode , ainsi que le Pagure ( Bernard-
l'Ermite) est parasite dans la coquille des
Buccins. Mais aujourd'hui on reconnaît plus
généralement que la coquille de l'Argonaute
appartient réellement à ce Mollusque; seu-
lement on n'attribue pas au manteau seul
la formation de cette coquille si mince, si
fragile, qu'elle lui fit donner autrefois le
nom de Nautile papyracé ; les bras plus
larges qui se replient latéralement semblent
en effet servir non seulement à fixer l'ani-
mal, mais aussiàaccroîtreextérieurement sa
coquille. Les Seiches ont une coquille interne
très complexe, connue sous le nom de dos
de Seiche; elle se compose d'une lame ex-
terne dure, demi-transparente, rugueuse en
dehors , et d'un assemblage de lames
minces parallèles, dont le nombre s'accroît
avec l'âge, et qui s'insèrent obliquement sur
la lame dorsale; entre elles se trouvent des
278
MOL
petites colonnes creuses très multipliées. La
lame dorsale elle-même se termine inférieu-
rement par une pointe en forme de bec, pré-
sentant une petite cavité conique en dessus.
C'est cette pointe même qui est l'analogue
des corps fossiles connus sous le nom de
Bcïemnites, et si répandus dans les terrains
secondaires. Les Bélemnites, qui provien-
nent donc très probablement d'un Mol-
lusque céphalopode analogue aux Seiches,
se composent d'une partie solide cylindrique
ou conique, terminée en pointe à une ex-
trémité , et présentant à l'autre extrémité
une cavité conique cloisonnée, qu'on avait
cru l'analogue des loges d'une coquille de
Nautile, mais dont le bord, toujours brisé
sur les fossiles, devait se prolonger en une
lame analogue à la coquille interne de la
Seiche ; quant à la partie solide, elle est
formée de fibres rayonnantes autour de
Taxe, et paraît avoir eu la même structure
que la partie fibreuse des coquilles de
Pinna.
Les Ptëropodes ont en avant deux larges
expansions en forme d'ailes, comme l'indi-
que leur nom , et qui sont des prolonge-
ments symétriques du manteau. La coquille,
quand elle existe, est symétrique aussi, mais
elle est le plus souvent transparente et plus
cartilagineuse ou cornée que calcaire.
Quelques Gastéropodes, tels que les Scu-
tibranches (Fissurelle) et les Cyclobranches
( Patelle ) , ont une coquille symétrique
comme le manteau qui recouvre entièrement
le corps en forme de cône surbaissé. Les
Cari.naires, parmi les Hétéropodes, ont aussi
une coquille symétrique, quoique le man-
teau ne soit plus en rapport avec la forme
du corps. D'autre part, beaucoup de Mol-
lusques sans coquille ont encore le manteau
symétrique; mais chez la plupart des Gas-
téropodes le défaut de symétrie des organes
intérieurs est déjà révélé par la disposition
du manteau, et la coquille, quand elle
existe, exprime plus fortement encore ce
défaut de symétrie. En effet , la masse des
viscères occupant ici le sommet d'un cône
plus ou moins aigu, revêtu par le manteau,
la cavité respiratoire et les organes génitaux
sont situés au côté droit de la base de ce cône,
sous le bord du manteau, plus dilaté de ce
côté. Si la coquille, sécrétée d'abord symé-
trique, comme on la voit même chez l'em-
IVIOL
bryon des Mollusques nus; si, disons-nous,
la coquille tend à s'accroître, ce sera donc
inégalement, et bien davantage sur le bord
plus dilaté à droite. Dans ce cas , le tissu
musculaire destiné à fixer l'animal et à le
retirer dans sa coquille s'attache sur le côté
gauche, qui devient un axe autour duquel
paraît s'enrouler la coquille. Cet axe plus
ou moins distinct, plus ou moins consolidé
par le dépôt successif de la matière calcaire,
se nomme dans les coquilles turbinées la
Columelle, et c'est ordinairement aussi le
bord gauche de l'ouverture. Cette ouver-
ture de la coquille a reçu la dénomination
impropre de bouche, ou qui tend à porter
de l'ambiguïté dans les descriptions. Quel-
quefois aussi le bord gauche de l'ouver-
ture est libre, comme dans les Cyclostomes,
les Scalaires et les Dauphinules. La portion
de la coquille ainsi enroulée autour de la
Columelle est la spire, plus ou moins sail-
lante, plus ou moins surbaissée, et formée
de tours de spire plus ou moins nombreux.
Si le cône occupé par les viscères de l'ani-
mal et revêtu par le manteau est exactement
circulaire, la bouche ou l'ouverture de la
coquille sera ronde ; mais si elle est en
même temps oblique, c'est-à-dire si le
muscle d'attache s'insère obliquement sur la
columelle , alors la spire pourra être aiguë
comme pour le Cyclostorne, ou très allon-
gée comme pour la Turri telle, tandis que
pour les Dauphinules elle est surbaissée, et
que pour certaines Valvées elle est presque
dans un même plan. Le plus souvent le
cône occupé par l'animal et enroulé dans la
coquille est comprimé et déformé, de ma-
nière à présenter intérieurement l'em-
preinte du précédent tour de spire: il en
résulte pour l'ouverture une forme échan-
crée, ou semi-circulaire , ou semi-lunaire.
Quelquefois même le corps de l'animal est
aplati et s'enroule comme un ruban autour
de la Columelle : il en résulte des coquilles
comme les Cônes, les Olives et les Porce-
laines, constituant la famille des Enroulées,
dont l'ouverture très étroite est beaucoup
plus longue que large.
Le bord de l'ouverture peut être mince
ou rendu plus épais par une sécrétion plus
abondante. On dit que la columelle est cal-
leuse quand elle est ainsi épaissie ; la co-
quille est dite margintïe quand son bord droit,
MOL
MOL
279
qu'on nomme aussi la lèvre, est épaissi ou
renversé. C'est ordinairement quand !e
Mollusque a atteint tout son développement
qu'il épaissit le bord de sa coquille, et dans
ce cas i! y produit quelquefois des pointes
saillantes à l'intérieur, qu'on nomme des
dents , comme chez les Maillots, ou des
lames, des pointes, des tubes, des feuillets
découpés à l'extérieur (Strombes, Ptérocè-
res). Certaines coquilles présentent aussi
une succession de varices ou de lames sail-
lantes (Murex, Ranelle, Harpe), qui sont
autant de bords distincts formés par le
manteau du Mollusque pendant des pério-
des de repos ou des temps d'arrêt dans l'ac-
croissement de la coquille. D'autre part , on
a des coquilles, comme les Mitres et les Vo-
lutes, qui, pendant toute la durée de leur
accroissement, présentent des plis saillants
sur la columelle, ou même, comme les Né-
rinées, qui en ont à la fois sur la columelle
et sous le bord droit. 11 est enfin des co-
quilles, telles que les Porcelaines, qui chan-
gent tellement avec l'âge, par suite de l'épais-
sissement des bords et en raison de l'enduit
émaillé sécrété en dehors par les lobes du
manteau, qu'on a fait des genres distincts
avec les coquilles plus jeunes. On a même
cru pendant longtemps que ces Mollusques,
dans l'impossibilité d'agrandir leur coquille
ainsi épaissie, devaient la quitter pour s'en
former une autre , comme les Crustacés
quittent une enveloppe devenue trop petite.
Les parties saillantes du bord de la co-
quille représentent donc , comme nous
Tenons de le voir, des parties correspon-
dantes des bords du manteau; mais il est
une partie de ce même organe qui, sur la
coquille de certains Pectinibranches, mani-
feste sa présence d'une manière fort diffé-
rente: c'est le siphon, prolongement ou
repli tubuleux du manteau destine à ame-
ner aux branchies l'eau nécessaire pour la
respiration. Si le siphon reste droit et im-
mobile, le têt se prolonge en forme de long
canal, comme celui des Fuseaux et des Pleu-
rotomes. Si, tout en restant immobile , il
se recourbe en dessus, en s'appuyant sur le
dos, il forme le canal recourbé de la co-
quilledes Casques. Si, enfin, il est constam-
ment mobile, il détermine la formation d'une
échancrure , comme chez les Buccins , entre
le bord droit et la columelle. En outre de
ce siphon antérieur, quelques Ptérocères
ont un canal postérieur , plus ou moins pro-
longé et servant à l'évacuation de l'eau qui
a baigné les branchies. On observe enfin
chez les coquilles du même genre, et chez les
Strombes, un sinus du bord droit destiné au
passage de la tête quand l'anima! est en
marche.
Les Gastéropodes pectinibranches ont or-
dinairement une pièce accessoire, Yopcrcule,
adhérente à la partie postérieure du pied,
et destinée à fermer la coquille quand l'a-
nimal s'y est retiré. L'opercule aura donc
la forme de l'ouverture : il sera rond, oblong,
semi-circulaire, etc. 11 sera d'ailleurs plus
ou moins épais , plus ou moins chargé de
matière calcaire, ou bien il restera simple-
ment corné ; un seul genre , l'Hipponix , est
caractérisé par son opercule adhérent aux
rochers.
Dans tout ce qui \ient d'être dit, nous
avons considéré la coquille dans la position
qu'elle occupe naturellement sur l'animal ;
mais les conchyliologistes ont dû la consi-
dérer d'une autre manière. Pour la décrire
plus commodément, ils l'ont tenue dressée
en regardant l'ouverture de manière que la
spire fût en haut. Alors, ils ont nommébase
de l'ouverture ce que nous avons décrit
comme la partie antérieure: c'est là que le
bord droit se joint au bord gauche ou à la
columelle qui s'y trouve quelquefois brus-
quement terminée ou tronquée; c'est là
aussi que se trouve l'échancrure ou le canal
terminal des Pectinibranches buecinoïdes.
Conséquemment on a dû nommer sommet
de l'ouverture le point où le bord droit
rencontre le précédent tour de spire, et
l'extrémité de la spire, ou la partie la plus
ancienne, a été nommée le sommet. Consé-
quemment aussi, quand les tours de spire
ont présenté une rangée de tubercules
saillante, on a pu dire qu'alors la spire est
couronnée.
La description que nous avons donnée
de la coquille spirivalve ou lurbinée des
Gastéropodes suppose que, comme c'est
l'ordinaire, les organes génitaux sont situés
à droite de l'animal ; mais chez certains
Mollusques (Maillots, Clausilies , Physe),
ces organes occupent au contraire le côté
gauche : la coquille alors a dû s'enrouler
du côic opposé; elle est dite icnestre ou
280
MOL
MOL
perverse. Ce qui est général dans quelques
genres se montre exceptionnellement pour
des espèces plus rares, appartenant à des
genres dont les autres espèces ont la coquille
tournée à droite (Fuseau , Cérite). On voit
même aussi, très rarement, des individus se-
nestres, par une sorte d'anomalie, dans les
espèces les plus communes (Hélix aspersa).
Si beaucoup de Gastéropodes peuvent être
considérés comme ayant une coquille de
deux pièces distinctes en comptant l'oper-
cule, il y a aussi un genre particulier,
l'Oscabrion, qui, sans avoir de coquille
proprement dite, a huit pièces calcaires
symétriques placées à la file sur le dos.
D'autres, telles que les Limaces, ont dans
l'épaisseur du manteau une coquille rudi-
men taire présentant au contraire des indices
de disposition spirale.
Les Mollusques acéphales , excepté les
Tuniciers et les Bryozoaires, ont générale-
ment le manteau formé de deux feuillets
distincts , entre lesquels sont logés les vis-
cères, les branchies et les autres organes;
mais ces deux feuillets ont, par rapport à
ces organes , une position totalement diffé-
rente chez les Conchifères proprement dits
et chez les Brachiopodes : chez ceux-ci ; en
effet, le corps est à plat entre les deux la-
mes, dont l'une est censée dorsale et l'au-
tre ventrale; les Conchifères, au contraire,
sont couchés sur le flanc, entre les deux
feuillets, qui dès lors sont situés latérale-
ment, l'un à droite et l'autre à gauche,
par rapport à la position de la bouche, quand
même la coquille, comme l'Huître, est
fixée aux roches par une de ses valves, qui
est ici la valve gauche. Les deux feuillets
du manteau produisent donc les deux valves
de la coquille des Conchifères, en sécrétant
par leur bord même les zones d'accroisse-
ment de ces valves, qu'elles épaississent en-
suite par une sécrétion spéciale de leur ré-
gion médiane. Les principales différences
sont offertes: 1° par l'égalité ou l'inégalité
des valves chez les coquilles, dites alors cqui-
valves ou inéquivalves ; 2° par la fermeture
plus ou moins complète de la coquille, qui
est close ou bâillante, et dans ce cas elle
peut rester ouverte d'un côté seulement ou
bien aux deux extrémités, comme les So-
Jens; 3° par la forme et la disposition des
crochets ou sommets de chaque valve, quel-
quefois contournés en avant; 4° par la
forme des deux espaces en avant et en ar-
rière des crochets , plus distincts sur certai-
nes coquilles, et nommés, l'un amis ou
lunule, l'autre corselet ou vulva ; 5° par la
charnière avec ou sans dents; 6° par le li-
gament externe ou interne, ou participant
à ces deux positions ; 7° par la position du
muscle ou des deux muscles d'attache , qui
laissent des impressions musculaires bien
reconnaissables ; 8° par Vimpression pallcaley
indiquant toute la portion adhérente au
manteau, et successivement épaissie, et
montrant souvent aussi un sinus profond
correspondant à l'emplacement où se reti-
rent les siphons.
Le manteau est complètement ouvert
chez les Huîtres et les Peignes, qui n'ont
qu'un seul muscle détaché; chez ces der-
niers aussi le bord du manteau est muni
de tentacules et d'appendices divers; chez
les Limes, le manteau est bordé par une
longue frange flottante. Chez les Conchifères
ayant deux muscles d'attache, ou les dimy ai-
res, les lobes du manteau sont plus ou
moins réunis par leur bord et laissent entre
eux trois orifices : l'un pour le passage du
pied, soit à l'extrémité antérieure chez le
Solen , soit en dessous; les deux autres sont
en arrière» pour l'accès et la sortie de l'eau,
qui, tout en servant à la respiration, doit
amener en même temps les particules nu-
tritives à la bouche. Ces deux dernières ou-
vertures sont quelquefois comme desimpies
lacunes dans la soudure des lobes du man-
teau; mais plus souvent ce sont deux tubes,
deux siphons rétractiles , soit libres, soit
accolés , formés eux-mêmes par un prolon-
gement du manteau , comme chez les Vénus,
les Tellines, etc. Dans tous les cas, ces
deux orifices, dont le supérieur (siphon
anal) sert à la sortie de l'eau et des excré-
ments, et dont l'inférieur (siphon branchial)
amène l'eau pour la respiration, sont bor-
dés par des appendices ou tentacules sim-
ples ou rameux; c'est quand les siphons,
très longs, doivent, en se retirant, occuper
beaucoup de place entre les lobes du man-
teau , qu'on voit dans l'intérieur de la co-
quille un large sinus à l'impression palléale.
Les muscles d'attache ferment la coquille
avec force ; mais leur distension, ou le gon-
flement de l'animal, ne suffirait pas pour
MOL
MOL
281
l'ouvrir s'il n'y avait un ressort, un liga-
ment élastique, formé par une substance
fibreuse cornée, que sécrète une partie spé-
ciale du manteau sur un ou plusieurs points
de la charnière. Ce ligament est tantôt in-
térieur, comme dans les Peignes et les
Mactres , et alors il agit par un simple ef-
fet de gonflement pour écarter les valves
quand le muscle d'attache cesse d'être tendu;
tantôt il est extérieur, comme celui des Vé-
nus et des Bucardes. Alors, au lieu d'être
comprimé pendant la contraction des mus-
cles d'attache, il est distendu, et c'est en
reprenant son état normal qu'il fait ouvrir
la coquille quand les muscles se relâchent.
On conçoit donc que les deux effets ont lieu
à la fois quand il y a en même temps un li-
gament interne et un ligament externe.
Dans tous les cas, un repli du manteau re-
vêt le côté du ligament destiné à s'accroître
en même temps que les valves.
La charnière présente quelquefois , sur
chaque valve , des dents, ou pointes, ou
lames saillantes, qui s'engrènent dans des
fossettes correspondantes de l'autre valve ,
et Ton a pu désigner ces dents d'après toutes
les modifications de forme qu'elles présen-
tent: en crochet, en lames, en cuillers, bi-
fides, etc. Les Mactres ont une dent en
forme de V, les Trigonies et les Castalies
ont des dents striées en travers. Une dis-
tinction plus importante est fournie par la
position des dents : celles qui sont sous les
crochets sont les dents cardinales, celles
qui en sont éloignées de chaque côté sont
les dents latérales; mais chez les Arches et
les Nucules, les dents sont très nombreuses
et forment une ligne droite ou brisée sans
qu'on puisse leur appliquer l'une ou l'autre
dénomination; elles sont alors sériales. De
même aussi le ligament, qui, le plus ordi-
nairement, est unique ou double, est rem-
placé chez les Pernes par une série de liga-
ments partiels occupant autant de petites
fossettes.
Comme pour les coquilles univalves, les
conchyliologistes, dans le seul but de dé-
crire les bivalves, ont supposé la coquille
placée dans une position arbitraire. Linné
plaçait donc les crochets en bas et le liga-
ment des Conques ou le côté des siphons
tourné vers l'observateur, la bouche étant
toujours au côté opposé; par conséquent le
t. vin.
bord libre des valves était le bord supérieur,
et les valves étaient nommées droite et gau-
che, en raison de leur position par rapport
à l'observateur.
Bruguière et, après lui, Lamarck ont
également placé les crochets en bas , mais
ils ont tourné en sens inverse le côté du
ligament ou des siphons ; par conséquent ,
ils ont interverti les désignations de Linné,
nommant valve droite sa valve gauche, et
réciproquement. M. de Blainville, au con-
traire, a voulu considérer la coquille dans
la position qu'elle occupe quand le Mol-
lusque muni d'un pied , comme une Vénus,
un Bucarde , ou une Anodonte , se meut en
traçant un sillon sur le sable ou la vase.
Mais aujourd'hui la plupart des naturalistes
sont d'accord pour supposer le Mollusque
bivalve placé de manière que, le ligament ou
la charnière étant en haut, la bouche soit en
avant. C'est d'après cette position que seront
prises toutes nos dénominations: ainsi les
siphons ou les orifices qui les représentent
sont toujours au côté 'postérieur, et le mus-
cle rétracteur du même côté est le muscle
postérieur. Le ligament desCardiacés estdonc
aussi postérieur, ainsi que le corselet; les
crochets sont, au contraire, recourbés en
avant, et la lunule se trouve, par conséquent,
située vers le côté antérieur. Les valves
droite et gauche, d'après cette manière de
voir, ont la même dénomination que leur
donnait Lamarck. Quoique le nom de bi-
valves implique nécessairement l'idée d'une
coquille formée de deux pièces seulement,
quelques Conchifères ont une ou plusieurs
pièces de surplus, et d'autres, au contraire,
ont leurs valves soudées à la paroi d'un
tuyau calcaire provenant d'une sécrétion
spéciale du manteau et des siphons. Tel est
l'Arrosoir, qui paraît avoir sa coquille d'une
seule pièce , et que , pour cette raison , on
classait autrefois avec les Univalves. Les
Clavagelles ont également une des valves
soudée au tuyau; mais l'autre valve reste
libre. Le Taret, qui a ses valves libres, et
qui sécrète aussi un tuyau, ferme ses siphons
avec des pièces accessoires , souvent mul-
tiples. Les Pholades, qui secreusent une habi-
tation dans les pierres calcaires, ont souvent
aussi , en dehors de leurs deux valves min-
ces et bâillantes, une enveloppe spéciale
plus ou moins complète, sécréiée par la
282
MOL
MOL
manteau , ou simplement un écusson au-
dessus de la charnière, ce qui porte à trois
le nombre de leurs pièces testacées. Enfin,
quelques coquilles, comme les Ostéodesmes,
ont dans la charnière même une petite pièce
isolée adhérente au ligament.
Le manteau des Brachiopodes est formé de
deux feuillets distincts , frangés au bord ,
et servant de branchies; leur coquille est
.toujours formée de deux valves portant à
l'intérieur des appendices plus ou moins
complexes pour soutenir les bras; mais ces
valves, comme nous l'avons dit, sont l'une
ventrale et l'autre dorsale ; celle-ci , d'ail-
leurs, comme chez lesCranies, peut être
fixée aux rochers.
Les Tuniciers sont enveloppés par leur
manteau comme par un sac ayant deux pro-
longements tubuleux analogues aux deux si-
phons des Conchifères, et servant de même,
l'un pour l'entrée de l'eau qui apporte les
aliments, l'autre pour la sortie de l'eau,
des excréments et des œufs; mais, au lieu
d'un têt calcaire , il se forme ici , en dehors
du manteau, un sac de même forme, carti-
lagineux, ou corné, ou membraneux, jouis
sant de la faculté de se contracter pour ex
puiser l'eau qui a servi à la respiration
Chez les Ascidies composées ou agrégées
qu'on nomme aussi les Botryllaires, l'enve
loppe externe se confond avec le manteau
elle est beaucoup plus épaisse, gélatineuse,
et se soude avec celle de tous les animaux
d'un même groupe , d'où résulte une masse
molle, charnue, que l'on confondait avec les
Alcyons avant les travaux de M. Savigny.
Les Bryozoaires ont , comme les Botryl-
laires, le manteau confondu avec l'enveloppe
externe, et quelquefois aussi cette enveloppe
est molle et comme gélatineuse; mais plus
souvent elle est cornée ou pénétrée de carbo-
nate de chaux, et susceptible de s'encroûter
de plus en plus. Ces enveloppes , qu'on
nomme des cellules, forment par leur réu-
nion des polypiers de diverses formes, ra-
meux ou foliacés, qu'on ne doit pas confondre
avec les supports calcaires des Anthozoaires.
Quelques Bryozoaires, tels que les Eschares,
ont aussi un opercule destiné à fermer leur
cellule.
Organes du mouvement des Mollusques.
Tous les Mollusques fixés par leur têt?
comme certains Bivalves, comme les Tuni<
ciers et les Bryozoaires , n'ont d'autres or-
ganes de mouvement que les muscles adduc-
teurs de leur coquille , ou ceux qui servent
à retirer l'animal, en tout ou en partie, dans
son sacou danssa cellule. A l'étatd'embryon
seulement, ils se meuvent à l'aide de cils
vibratiles locomoteurs, pour aller fonder au
loin de nouvelles colonies.
Les Mollusques Céphalopodes, les Ptéro-
podes et les Hétéropodes, peuvent nager li-
brement dans les eaux, soit par l'agitation
de leurs bras ou de leurs appendices en
forme d'ailes ou de nageoires, soit par l'effet
de la contractiou du sac pour les premiers,
qui nagent toujours la tête en arrière, soit
par l'effet des cils vibratiles de plusieurs par-
ties de leur surface. Les Gastéropodes se
meuvent seulement en rampant par l'effet
des contractions et dilatations successives
de toutes les parties de la lame charnue mus-
culeuse qu'on nomme leur pied, et qui est
formée de fibres entrecroisées dans plusieurs
sens. Tantôt ce pied adhère à toute la face
inférieure du corps, comme chez les Li-
maces et les Doris, qui méritent bien alors
le nom de Gastéropodes ( yasTyjp , ventre;
ttoû?, wotîoj , pied) ; tantôt il est porté par
une partie plus étroite du corps comme sur
un cou, chez les Mollusques à coquille tur-
binée , que Lamarck voulait nommer Tra-
chélipodes. Les Gastéropodes rampent ordi-
nairement sur les corps solides , mais sou-
vent aussi ils continuent à ramper sous la
surface de l'eau dans une position renver-
sée, en creusant leur pied en forme de na-
celle pour que l'air contenu dans sa cavité
compense la différence de leur poids spéci-
fique. Dans cette position, ce sont les cils
vibratiles de leur partie antérieure qui dé-
terminent la progression. Les Gastéropodes,
comme nous l'avons dit, sont d'ailleurs fixés
à la columelle deleur coquille par un muscle
rétracteur , qui sert à les y faire rentrer
complètement.
Les Conchifères non fixés sont ordinaire-
ment munis d'un pied charnu, musculeux,
en forme de langue, susceptible de s'allonger
quelquefois beaucoup; ce pied leur sert
à tracer un sillon ou à s'enfoncer dans le
sable; celui des Bucardes est très long et
coudé, et permet à ces Mollusques de s'élan-
cer dans les eaux à une certaine distance.
MOL
MOL
283
Beaucoup de Concnifères munis d'un pied ,
comme les Moules , les Pinnes , les Arches ,
sécrètent une substance cornée élastique ,
tantôt en masse compacte, tantôt en fils plus
ou moins déliés, qu'on nomme leur byssus;
ils se fixent par ce moyen , mais ils conser-
vent la faculté de changer de lieu en aban-
donnant l'ancien byssus à mesure qu'ils en
portent plus loin un nouveau. Les Peignes
et les Limes ont un pied très petit , mais
ils se meuvent par secousses, en ouvrant et
fermant brusquement leurs valves à plu-
sieurs reprises.
Dans tous les Mollusques , les fibres mus-
culaires sont lisses, et non striées comme
chez les Vertébrés et les Articulés.
Appareil digestif.
Tous les Mollusques ont un intestin com-
plet à deux ouvertures, et entouré dans une
partiedeson trajet par le foie, qui peut, d'ail-
leurs, chez certains Tuniciers et Bryozoaires,
être confondu avec sa paroi. Les deux ori-
fices sont le plus souvent rapprochés; mais,
chez les dentales seules , ils sont termi-
naux et opposés. Des portions plus dilatées
de l'intestin prennent le nom de jabot et
d'estomac. L'estomac des Bullées est muni
de pièces osseuses très solides, mises en mou-
vement par les parois musculeuses pour
broyer la nourriture; celui des Aplysies est
armé de dents crochues ou de pièces angu-
leuses dans diverses parties de sa surface
interne. L'estomac des Vénus et des Conques
en général contient , dans un sac attenant ,
une tige demi - cartilagineuse , diaphane,
qu'on a nommée le style cristallin, et qui sert
à triturer la nourriture.
La bouche de tous les Mollusques acé-
phales est une simple fente : elle est nue
chez les Brachiopodes; transverse, entourée
de tentacules respiratoires chez les Bryo-
zoaires , ou d'appendices rameux, de pa-
pilles laciniées chez les Tuniciers et les Pei-
gnes; chez tous les autres Conchifères, elle
est accompagnée par quatre lames char-
nues, triangulaires ou lancéolées, qu'on
nomme palpes labiaux. Ces palpes sont re-
vêtus de cils vibratiles comme les branchies,
et concourent également à amener vers la
bouche l'eau sans cesse renouvelée dans la-
quelle flottent les petites particules organi-
ques, les Algues microscopiques ou les Infu-
soires, seule nourriture des Mollusques acé-
phales.
Les Mollusques céphalés ont une bouche
ordinairement pourvue d'organes de man-
ducation et entourée de muscles spéciaux ,
ou suivie par un bulbe pharyngien muscu-
leux ; de sorte qu'il y a une déglutition véri-
table pour les substances solides végétales
ou animales, coupées ou divisées par l'arma-
ture buccale. Les Céphalopodes ont la bouche
armée de deux mandibules cornées et re-
courbées comme un bec de Perroquet. Beau-
coup de Gastéropodes ont une lame man-
dibulaire transparente fixée à la partie su-
périeure de la bouche. Ces mêmes Mol-
lusques, et beaucoup d'autres également her-
bivores, ont le pharynx armé d'une infinité
de petites dents , ou plutôt ils ont dans un
sac attenant au pharynx une longue bande
cartilagineuse portant de nombreuses dents
aiguës ou crochues disposées avec une symé-
trie parfaite; cette bande dentifère, qu'on
nomme la langue, s'allonge et se déploie
successivement à mesure qu'elle est usée
par le frottement des corps durs servant à
la nourriture du Mollusque.
Les Gastéropodes zoophages ou carnivores
ont, au contraire, une longue trompe pro-
tractile , dont l'extrémité seule est armée
de petites dents comparables à celles de la
langue des Herbivores.
L'intestin fait ordinairement plusieurs
circonvolutions avant de se terminer à l'o-
riûce anal , qui , chez la plupart des Gasté-
ropodes, est situé au côté droit, vers l'extré-
mité antérieure; mais plusieurs Mollusques
de la même classe , et notamment des Nu-
dibranches, ont l'intestin ramifié, et même
ses ramifications, chez les Éolides, pénè-
trent dans les tentacules respiratoires de la
face dorsale. C'est cette disposition que
M. de Quatrefages a nommée phlébentc-
risme, en la supposant unie à un certain
mode de dégradation du système circula-
toire.
Appareil respiratoire.
Tous les Mollusques, pendant les premiè-
res phases de leur développement, respirent
seulement par leur surface extérieure plus
ou moins revêtue de cils vibratiles; plus
tard, la surface respiratoire devient plus li-
mitée, et, chez les très jeunes Gastéropodes
284
MOL
marins, elle prend la forme de deux expan-
sions arrondies en forme d'ailes, qui servent
en même temps d'organes locomoteurs au
jeune Mollusque nageant alors librement.il
paraît certain que plusieurs Mollusques de
cet ordre n'ont, pendant toute leur vie, pas
d'autre appareil respiratoire que les cils de
lasurface; chez les Gastéropodes d'eau douce,
toute la surface antérieure du corps est ainsi
munie de cils vibratiles et doit servir seule
à la respiration pendant l'hiver, lorsque ces
animaux sans branchies restent engourdis au
fond des eaux. Mais , chez la plupart des
Mollusques, l'appareil respiratoire est loca-
lisé de bonne heure et fournit même un bon
caractère distinctif pour ceux qui respirent
l'air en nature (les Gastéropodes pulmonés
etlesCyclostomes), tandisque tous les autres
ne respirent que l'air en dissolution dans
l'eau. Les Mollusques respirant l'air, ou
pulmonés, ont au-dessus du cou, ou sur le
dos, une large cavité, simple, tapissée par
un réseau vascuîaire, mais dépourvue de cils
vibratiles. Les Mollusques qui ne respirent
que dans l'eau ont, au contraire, leur appa-
reil respiratoire, qu'on nomme branchie, re-
vêtu de cils vibratiles. Les branchies simples
ou multiples , chez les divers Mollusques ,
présentent les formes les plus différentes.
Les Céphalopodes ont ou deux ou quatre
branchies formées de lames empilées et ca-
chées sous le manteau. Plusieurs zoologistes
les divisent même en deux groupes princi-
paux d'après le nombre de ces organes.
Parmi les Gastéropodes, la plupart ont les
branchies en forme de peigne et ont été
pour cette raison nommés Pectinibranches ;
quelques uns n'en ont qu'une, tels sont les
Calyptraciens dont la coquille n'est pas sy-
métrique ; ceux dont la coquille est tur-
binée en ont souvent une seconde plus pe-
tite; mais les Fissurelles dont la coquille
est symétrique en ont deux égales. Les Pa-
telles ont une branchie lamelleuse plissée
tout autour du pied , au-dessous du man-
teau; les Oscabrions ont de chaque côté
une rangée de lames branchiales. Plusieurs
Gastéropodes à branchies découvertes , ou
Nudibranches, ont des branchies arborescen-
tes, soit tout le long du dos, comme les
Scyllées, soit autour de l'anus , à la partie
postérieure du dos, comme les Doris. Les
Acléons ont pour branchie une large expan-
MOL
sion symétrique du manteau, repliée de
chaque côté sur le dos. LesÉolides n'ont
que des papilles nombreuses ou des tentacu-
les disposées en séries transverses sur le dos.
Les Conchifères ont ordinairement pour
branchies quatre feuillets parallèles entre
les lobes du manteau; ces branchies sont
formées de nombreux vaisseaux parallèles
réunis par des rameaux transverses; mais
chez les Peignes les vaisseaux transverses
n'existent pas, et les branchies sont divisées
en filaments parallèles comme une frange
très régulière. Chez la Solénomye, les bran-
chies, au nombre de deux, sont formées de
lames parallèles très nombreuses , empilées
comme celles des branchies de Crabe. Chez
leTaret, les branchies sont soudées, très
étroites et allongées; chez les Lucines, elles
sont soudées deux à deux par leur bord ex-
terne, de sorte qu'on pourrait croire qu'il
n'en existe véritablement que deux. Les
branchies non divisées en franges, celles
des Anodontes, par exemple, présentent, à
l'intérieur, des cellules nombreuses dans les-
quelles sont logés les œufs en sortant de
l'ovaire pour s'y développer jusqu'à un cer-
tain point, tandis que chez les Anomies et
les Moules c'est dans le manteau que les
œufs sont reçus.
Les Brachiopodes n'ont pas de branchies
séparées; la face interne du manteau, ta-
pissée de vaisseaux sanguins , en tient lieu,
et l'on pourrait, dans ce cas, penser que la
branchie est adhérente au manteau ; cepen-
dant , chez les mêmes Mollusques , les fran-
ges qui bordent le manteau et les bras ont
peut-être aussi une fonction analogue.
La branchie des Ascidies , parmi les Tu-
niciers , est un sac tapissé par des vais-
seaux formant des mailles rectangulaires ,
ou même par des lamelles saillantes ayant
la même disposition. C'est au fond de ce sac
qu'est située la bouche, et un des tubes du
manteau et du sac externe est destiné à y
amener l'eau. La branchie des Biphores est
une longue bandelette oblique.
Chez les Bryozoaires , l'appareil respira-
toire est formé par des tentacules plus ou
moins nombreux , garnis de cils vibratiles ,
et s'étalant comme les pétales d'une fleur,
ou rapprochés en faisceau quand l'animal
se retire tout entier dans sa cellule. On peut
comparer la houppe des tentacules d'un
MOL
Bryozoaire à une Dranchie de Conchifère di-
visée en filaments , et le sac respiratoire des
Ascidies à deux branchies de Conchifère
soudées par leurs bords.
Appareil circulatoire.
Tous les Mollusques , au début de leur for-
mation, et plus ou moins longtemps encore
pendant les premières phases de leur déve-
loppement, sont dépourvus de cœur et de
vaisseaux. Les Bryozoaires restent toujours
privés de cet appareil , et si l'on voit chez
eux une apparence de mouvement circula-
toire, il est produit dans l'intestin même
par des cils vibratiles qui agitent et font
tournoyer les aliments. Mais chez les Tuni-
ciers , on voit un liquide nourricier mu
dans des canaux distincts. Un vaisseau plus
volumineux, situé à la base du sac bran-
chial, détermine la circulation irrégulière
de ce sang, en se contractant de proche en
proche, tantôt dans un sens et tantôt dans
un autre.
Quoique plusieurs naturalistes aient pu
croire que la circulation est également alter-
native chez les Gonchifères, on admet généra-
lement aujourd'hui qu'il existe, chez tous les
autres Mollusques, une véritable circulation
produite par un ou plusieurs cœurs, et liée
avec la fonction respiratoire; cependant on
n'est pas d'accord sur la nature des canaux
dans lesquels le sang circule. Cuvier ad-
mettait que tous les Mollusques ont un ap-
pareil circulatoire parfaitement clos et formé
d'artères et de veines à parois propres : cette
opinion est encore celle d'un grand nombre
de naturalistes. Mais, dans ces derniers
temps , M. de Quatrefages voulut caracté-
riser son ordre des Phlébentérés par l'im-
perfection de l'appareil circulatoire , et
MM. Milne Edwards et Valenciennesse sont
efforcés de démontrer que cette imperfec-
tion se rencontre dans toute la classe des
Mollusques à un degré plus ou moins pro-
noncé, c'est-à-dire qu'au lieu d'être toujours
contenu dans des vaisseaux , le sang s'é-
panche dans diverses lacunes ou cavités sans
parois propres, soit dans son trajet artériel,
soit dans son trajet veineux, pour rentrer
ensuite dans de véritables vaisseaux.
Dans tous les cas , on doit admettre que,
chez les embryons et les jeunes Mollusques,
un système de lacunes doit précéder la for-
MOL
235
mation des vaisseaux qu'on observe plus
tard.
Le sang des Mollusques est ordinaire-
ment incolore et limpide; il est légèrement
coloré en pourpre ou en violet chez quel-
ques Gastéropodes; chez les Planorbes, par
exemple, il charrie des corpuscules irrégu-
liers, peu nombreux, qu'on nepeut assimiler
aux globules sanguins des Vertébrés, mais
qui cependant sont eux-mêmes colorés en
rouge chez quelques Conchifères. Les Cé-
phalopodes présentent l'appareil circulatoire
le plus complet: un cœur aortique reçoit,
par deux veines branchiales, le sang oxy-
géné dans les branchies, et le distribue par
un système d'artères dans tout le corps, d'où
il revient en partie par des lacunes ou sinus
et par des veines à une grande veine cave ,
qui , arrivée entre les branchies , se partage
en deux branches aboutissant chacune à un
ventricule spécial , destiné à pousser le sang
dans chaque branchie. Ainsi les Céphalo-
podes ont trois cœurs distincts , un cœur
aortique et deux cœurs branchiaux.
Les Gastéropodes ont en général un seul
cœur formé d'une oreillette recevant le sang
qui a traversé les branchies ou la paroi de
la cavité pulmonaire, et d'un ventricule
qui chasse le sang dans tout le corps par
des artères ramifiées ; mais souvent aussi,
nous l'avons dit, des lacunes plus ou moins
vastes se trouvent sur le trajet de «es vais-
seaux. Par une singulière exception, le ven-
tricule du cœur des Fissurelles et des Halio-
tides embrasse le rectum comme celui des
Cardiacés.
Chez les Conchifères dimyaireson trouve
ordinairement un cœur aortique formé de
trois cavités , savoir : un ventricule traversé
par le rectum qu'il embrasse comme un
anneau , et deux oreillettes recevant le sang
des branchies de chaque côté; mais chez
les Arches , dont la face dorsale est très
élargie, d'où résulte l'écartement des cro-
chets, le ventricule lui-même est divisé en
deux cavités distinctes correspondant à cha-
cune des oreillettes; chez les Conchifères
monomyaires, comme l'Huître, le ventri-
cule unique n'est pas traversé de même par
le rectum, et les deux oreillettes sont réu-
nies en une seule cavité, communiquant
par deux ouvertures avec le ventricule.
M. Deshaycs admet d'ailleurs, chez les Con-
236
MOL
MOL*
cfoifères, l'existence d'un cœur branchial ,
situé au-dessus du muscle postérieur, et
destiné à chasser le sang dans les branchies,
comme les deux cœurs branchiaux des Cé-
phalopodes. Cet organe, auquel aboutissent
évidemment de gros vaisseaux , a été pris
par d'autres zoologistes pour le rein ou pour
le testicule.
Chez les Brachiopodes enfin il existe deux
cœurs distincts, d'où partent des vaisseaux
ramifiés de chaque côté du manteau.
Sécrétion chez les Mollusques.
En outre des sécrétions du manteau ,
servant à former le têt des Mollusques et
le ligament corné des bivalves , on observe
chez tous ces animaux une sécrétion consi-
dérable de mucus par toute la surface exté-
rieure, dans des cryptes superficielles. Il y a
aussi une production de substance tantôt
gélatineuse ou muqueuse, tantôt cornée,
destinée à envelopper les œufs dont il sera
question en parlant des fonctions de la re-
production. Le foie des Mollusques doit sé-
créter un liquide analogue à la bile des
vertébrés ; mais ce liquide est versé directe-
ment dans l'intestin , au lieu d'être reçu
préalablement dans une vésicule biliaire.
Un autre organe dépuratoire se rencontre
chez les Mollusques céphalés, et sécrète soit
un liquide noir, épais chez les Céphalo-
podes, soit une liqueur violette ou pourprée
chez beaucoup de Gastéropodes marins.
L'encre des Céphalopodes, contenue dans un
sac spécial, est employée pour faire la cou-
leur employée sous le nom de sépia; on
avait même cru longtemps que l'encre de
Chine n'était que ce même produit de cer-
tains Céphalopodes, mais aujourd'hui on
sait que c'est du charbon très divisé, déposé
par la flamme d'une substance huileuse. La
pourpre des Gastéropodes, tels que les Mu-
rex , a été considérée pendant longtemps
comme devant être la matière première de
la teinture en pourpre et en écarlate, si cé-
lèbre dans l'antiquité; cette croyance a été
propagée même par les Tyriens, qui vou-
laient conserver le secret de leur teinture :
mais il est plus probable que c'était comme
aujourd'hui au moyen des Insectes du genre
Coccus ou Kermès que se faisait cette tein-
ture, car la couleur fournie par les Mol-
lusques manque toujours de solidité, et ne
résiste pas à l'action de la lumière.
Des glandes salivaires s'observent chez
beaucoup de Mollusques céphalés. Une sé-
crétion spéciale du pied des Conchifères est
destinée à fixer ces animaux aux rochers ou
aux corps marins; elle a la propriété de se
consolider au contact de l'eau , comme la
soie des araignées et des chenilles au con-
tact de l'air; quelquefois, comme pour cer-
taines Arches, elle forme une sorte d'épate-
ment d'une seule pièce, mais plus souvent
encore elle est étirée en filaments plus ou
moins fins, plus ou moins longs, qu'on
nomme le byssus. Les Moules ont un bys-
sus grossier et peu allongé ; les Pinnes au
contraire ont un byssus long et soyeux,
d'une belle couleur brune, qu'on * pu em-
ployer comme la soie à confectionner divers
tissus.
Une sécrétion particulière de certains
Mollusques est destinée à dissoudre les
pierres calcaires ou les coquilles formées
elles-mêmes de Carbonate de chaux. C'est
ainsi que dans les eaux douces, peu char-
gées de sels calcaires, les Gastéropodes, pour
se procurer les matériaux de leur têt, ont
coutume de corroder les coquilles des Ano-
dontes et des Mulettes , et même des Pla-
norbes. Les Pectinibranches buccinoïdes,
qui sont presque tous carnivores, percent
de même, au moyen des sécrétions acides
de leur bouche, les coquilles dont ils veu-
lent dévorer l'animal; ^ar ceux-là mêmes
dont la langue est armée de dents nom-
breuses, comme les Patelles, ou qui ont
une mâchoire tranchante, comme les Hé-
lices, sont précisément herbivores. Plusieurs
Conchifères de différentes familles ont éga-
lement une sécrétion acide, qui leur permet
de se creuser une habitation dans des pierres
calcaires, ou dans des Polypiers. Pour les
Pholades, par exemple, c'est une portion du
manteau qui, repliée en dehors, sécrète au
contact de la pierre le liquide dissolvant.
Pour les Modioles ou Lithodomes, c'est
aussi le bord saillant du manteau, en même
temps que le pied, qui corrode la pierre par
son contact. On peut d'ailleurs attribuer
aussi la corrosion de la pierre au courant
de liquide chargé d'acide carbonique pro-
venant de la respiration, qui, dans tous les
cas, doit contribuer à entraîner au dehors
MOL
MOL
287
la portion de la pierre qui vient d'être dis-
soute. Ces Mollusques, habitant l'intérieur
des pierres, ont été nommés Lilhophages,
d'après la fausse supposition qu'ils auraient
creusé la pierre pour s'en nourrir, mais en
réalité c'est seulement pour y trouver un
gîte. On peut considérer enfin comme pro-
duite par une sécrétion la phosphorescence
de certains Conchifères lithophages, tels que
des Pholades.
Système nerveux des Mollusques et
organes des sens.
Le système nerveux, qui manque presque
entièrement chez les Tuniciers et les Bryo-
zoaires, est de plus en plus complet en al-
lant des Brachiopodes aux Conchifères, puis
de là aux Gastéropodes, et de ceux-ci aux
Céphalopodes, qui, sous ce rapport comme
sous tous les autres, sont considérablement
plus élevés dans l'échelle des êtres. Les Cé-
phalopodes, en effet, ont un ganglion princi-
pal qu'on a même voulu nommer un cerveau,
logé dans une cavité cartilagineuse de la
tête. De ce ganglion partent des nerfs pour
les bras, pour les organes des sens, pour le
manteau et pour les viscères ; mais il en part
aussi latéralement deux cordons, qui vont
joindre au-dessous de l'œsophage un gan-
glion sous-œsophagien, avec lequel ils com-
plètent un anneau comme chez les Articulés
et les Gastéropodes. A la suite du ganglion
sous -œsophagien , et en communication
avec lui, se trouve aussi un autre ganglion
qui fournit spécialement des nerfs aux vis-
cères. Les nerfs principaux du manteau
forment d'ailleurs aussi, dans l'épaisseur de
cette enveloppe musculeuse si importante,
deux ganglions considérables.
Les Gastéropodes ont aussi autour de l'œ-
sophage un anneau nerveux, formé par deux
paires de ganglions sus-œsophagiens (cer-
veau) et sous-œsophagiens; mais chacune
de ces paires peut être remplacée par un
ganglion unique. Il en part directement des
nerfs pour les viscères et les divers organes;
mais le cordon nerveux destiné aux organes
génitaux est ordinairement plus volumi-
neux, et renflé lui-même en un gang. ion
d'où partent d'autres filets nerveux.
Les Conchifères n'ont pas un anneau ner-
veux aussi nettement prononcé autour de
l'œsophage. Une paire de ganglions accom-
pagne, en effet, l'orifice buccal , au-dessus
duquel une bride nerveuse les réunit ;
mais les ganglions postérieurs, ceux qui sont
censés compléter l'anneau nerveux , en sont
très éloignés vers l'extrémité postérieure ;
ils sont situés au-delà du pied chez les Mol-
lusques qui sont pourvus de cet organe;
toutefois on reconnaît encore que ces gan-
glions, souvent confondus en un seul , sont
réunis avec les premiers par deux cordons
longitudinaux , d'où résulte un circuit fermé
quoique très allongé. Des nerfs pour les vis-
cères , pour les muscles, pour le manteau et
pour les siphons, partent aussi de ces gan-
glions ; ceux du manteau des Peignes et
des Spondyles présentent une disposition
particulière dont nous parlerons plus loin.
Le système nerveux des Monomyaires est
complètement dissymétrique; celui des Di-
myaires, au contraire, est souvent presque
symétrique.
Les sensations extérieures, chez beaucoup
de Mollusques, paraissent réduites à un tou-
cher très délicat, exercé par toute la surface
de la peau molle et muqueuse comme par la
langue et la membrane olfactive des Mam-
mifères; on peut concevoir qu'alors ce sens
plus parfait et plus exalté permet à ces ani-
maux de reconnaître, soit dans l'air, des
variations d'humidité , soit dans l'air et dans
l'eau des variations de température et de
composition dont nous n'avons nulle idée.
Telles paraissent être exclusivement les sen-
sations des Bryozoaires, des Tuniciers, des
Brachiopodes et même des Conchifères, et
de beaucoup de Gastéropodes et de Ptéro-
podes; mais chez plusieurs autres on a re-
connu des organes de vision et d'audition.
Les Céphalopodes sont ceux qui présen-
tent les organes des sens plus distincts et
moins équivoques; leurs yeux, au nombre
de deux, sont presque aussi parfaits que les
yeux des Vertébrés : on y trouve également
une cornée, un iris, un cristallin et un
corps vitré; mais le globe de l'œil n'est pas
aussi complètement circonscrit par une sclé-
rotique, et le nerf optique, au lieu d'y arri-
ver par une seule ouverture pour s'épanouir
en une rétine, arrive, en se divisant, par
de nombreuses ouvertures, et forme un
ganglion spécial sur son trajet. Les nerfs
optiques, d'ailleurs, naissent des deux côtés
288
MOL
MOL
opposés du cerveau et n'ont aucune autre
communication entre eux.
Dans la boîte cartilagineuse incomplète,
entourant comme un crâne le cerveau des
Céphalopodes, se trouvent en dessous deux
cavités internes assez complexes, recevant
un nerf court, assez volumineux, et conte-
nant une petite masse calcaire comparable
aux otolites des poissons . c'est là ce qu'on a
nommé l'oreille des Céphalopodes avec as-
sez de vraisemblance. Deux petites fossettes,
qui dans l'embryon étaient déjà indiquées
par deux papilles saillantes, ont été récem-
ment aussi décrites chez certains Céphalo-
podes comme des organes d'olfaction.
La plupart des Gastéropodes portent aussi
deux yeux, mais nullement comparables aux
yeux des Céphalopodes. Le plus souvent, en
effet, c'est un point noir recouvert par la
peau; ou bien l'on n'y trouve qu'un cri.stallin,
un simple appareil de concentration derrière
lequel aboutit un mince filet nerveux. Il n'y a
point alors de corps vitré, et conséquemment
point d'image formée à une distance conve-
nable en arrière du cristallin qui, dans un œil
parfait, remplit l'office de la lentille d'une
chambre obscure ou de l'objectif d'une lu-
nette. De tels yeux ne peuvent donc servir
qu'à donner simplement la sensation de la
lumière, à distinguer le jour de la nuit.
C'est ainsi qu'on s'explique comment un Co-
limaçon n'aperçoit pas les objets qu'on pré-
sente devant lui, à moins que ces objets,
très rapprochés, n'interceptent en partie la
lumière. Mais, chez quelques gros Gastéro-
podes pectinibranches, chez les Strombes et
les Tritons, l'œil paraît susceptible de per-
cevoir réellement sinon parfaitement une
image; il a un cristallin distinct, souvent un
iris placé à une certaine distance de la ter-
minaison du nerf optique.
Chez les Gastéropodes aussi, on a voulu
trouver un organe d'audition dans une pe-
tite cavité contenant une petite masse cal-
caire, un otolite continuellement agité par
des cils ondulants.
Parmi les Conchifères, c'est chez les Pei-
gnesetlesSpondylesseulementqu'onavouIu
voir des yeux dans des appendices pédicellés,
au nombre de quarante environ, entremêlés
avec les tentacules du bord du manteau; ces
prétendus yeux, sur la structure desquels on
n'est pas d'accord, reçoivent des filets ner-
veux, comme les tentacules, mais plus vo-
lumineux. Ces filets partent d'un cordon
nerveux circulaire situé près du bord du
manteau, et auquel aboutissent des nerfs
partant des ganglions principaux.
On a voulu attribuer aussi un organe
d'audition aux Mollusques Conchifères; c'est
une petite cavité située près du pied des
Cyclades et des Vénus, et dans laquelle sont
agitées des particules qu'on a comparées aux
otolites.
De la génération des Mollusques.
De même que pour les autres fonctions,
on remarque chez les Mollusques la plus
grande diversité pour tout ce qui tient à la
reproduction, et aussi une dégradation pro-
gressive depuis les Céphalopodes qui ont les
sexes séparés et dont l'œuf est en quelque
sorte analogue à celui des oiseaux, jusqu'aux
Tuniciers batraciens et aux Bryozoaires qui
ont les sexes confondus ou réunis et qui se
propagent à la fois par des œufs, par des gem-
mes incluses ou bulbilles, par des gemmes
agrégées et par des stolons. Il y a donc des
Mollusques à sexes séparés ou Dtoïques,
comme les Céphalopodes et les Gastéropodes
pectinibranches,' ou à sexes distincts mais
réunis sur le même individu et ayant besoin
d'une fécondation réciproque; ils sont alors
monoïques, comme les Gastéropodes pulmo-
nés ou même comme les Aplysies qui, au
lieu de se féconder réciproquement, fécon-
dent avec un premier individu, et sont eux-
mêmes fécondés par un troisième, lequel l'est
par un quatrième, et ainsi de suite. D'autres
ont les sexes réunis sur le même individu,
de telle sorte qu'ils n'ont pas besoin d'ac-
couplement et de fécondation; tels sont les
Gastéropodes cyclobranches (les Patelles), et
tous les Mollusques acéphales : les Conchi-
fères, les Brachiopodes, les Tuniciers et les
Bryozoaires. Ils sont dits alors hermaphrodi-
tes, quand même, comme on l'a prétendu
pour certains Conchifères (Mulettes et Ano-
dontes), le principe fécondateur se montre-
rait exclusivement chez quelques individus
qu'on a pris pour des mâles, ou bien quand
même, comme chez certains Bryozoaires,
Certaines cellules produiraient plus spécia-
lement des gemmes ou des embryons libres.
Le principe fécondateur ou le sperme
s'observe chez presque tous les Mollusques,
MOL
MOL
289
caractérisé par des Spermatozoïdes filiformes,
très fins, ayant un renflement terminal plus
ou moins prononcé ; mais chez les Céphalo-
podes il offre aussi un caractère tout parti-
culier : il est renfermé dans des tubes mem-
braneux qu'on nomme spermatophores , et
d'où il sort brusquement comme par explo-
sion sous la forme d'un fil blanc élastique
contourné en hélice, et qu'on a comparé à
un ressort. Ce fil blanc est composé lui-
même d'une infinité de Spermatozoïdes sus-
ceptibles de se mouvoir isolément. C'est en
introduisant, on ne sait comment, les sper-
matophores encore entiers dans la cavité du
manteau de la femelle, que les Céphalopodes
mâles fécondent les œufs avant la ponte.
Chez les Gastéropodes il est sécrété dans un
organe glanduleux qui, entremêlé avec l'o-
vaire, constitue une masse nommée Vorgane
*n grappes, et située vers le sommet de la
spire des coquilles turbinées. Les Sperma-
tozoïdes naissent en houppes ou en faisceaux
dans des masses globuleuses de sarcode ,
qu'en raison de leur contour circulaire et
distinct on a prises pour des cellules. Ceux
de certains Colimaçons sont très longs,
flexueux; ils s'agitent vivement d'un mou-
vement ondulatoire dans l'eau , et bientôt
ils s'enroulent de diverses manières en éche-
veau ou en boucle en continuant à se mou-
voir circulairement.
Les Gastéropodes dioïques ont un pénis
très volumineux, souvent saillant au dehors ,
et pouvant même influer sur la forme du
manteau et de la coquille. Les Gastéropodes
monoïques ontun pénis plus mince, quelque-
fois prolongé , comme celui des Colimaçons ,
par un long appendice flagelliforme, et sus-
ceptible de rentrer dans l'intérieur du corps
par invagination comme un doigt de gant.
C'est quand le pénis est situé, comme chez
ces Mollusques, tout à côté de l'oriGce géni-
tal femelle, que l'accouplement peut être ré-
ciproque; et quand au contraire les deux
organes sont plus écartés , chaque individu
fécondant a besoin du concours d'un troi-
sième individu pour être fécondé. On doit
mentionner, chez certains Gastéropodes mo-
noïques, divers appareils accessoires tels que
les vésicules multifides, et surtout le dard
calcaire des Colimaçons, sécrété dans un sac
charnu dans la cavité interne duquel il est
moulé, et servant, dit-on, à ces Mollusques
T. VIII.
pour se provoquer mutuellement à la copu-
lation.
Chez tous les Mollusques hermaphrodites,
les Spermatozoïdes viennent au contact avec
les œufs dans l'intérieur du corps.
Les œufs des Mollusques, au début de îeui
formation, présentent, comme ceux des Ver-
tébrés et des Articulés, une vésicule germi-
native, avec une tache germinative plus ou
moins distincte; mais on a confondu sous
ce nom, chez les Bryozoaires et les Botryl-
liens , des gemmes susceptibles de se déve-
lopper sans fécondation préalable et consé-
quemment sans vésicule germinative. Les
œufs de Céphalopodes, comme nous l'avons
dit , sont les seuls qui contiennent un vitel-
lus proprement dit sur lequel un blasto-
derme se développe pour devenir l'embryon,
tandis que le vitellus restera enfermé dans
un sac membraneux jusqu'à son entière ré-
sorption comme simple dépôt de matière
organique. Chez tous les autres Mollusques,
ce qu'on a nommé le vitellus devient en son
entier l'embryon lui-même. L'embryon des
Céphalopodes , après s'être développé , jus-
qu'à un certain point, sur le vitellus, reste
adhérent, par la base ou le côté de la tête,
avec le sac vitellin externe, tandis qu'une por-
tion interne du même sac est contenue dans
l'intérieur du corps. Le vitellus ou le germe
des Mollusques présente toujours, au début
de son développement, les phénomènes de
sillonnement ou de fractionnement qui ont
été signalés chez les œufs des autres ani-
maux; l'embryon se montre toujours aussi
revêtu de cils vibratiles pendant une cer- ,
taine période; mais d'abord il n'est qu'une
masse sarcodique susceptible de contractions
et d'expansions analogues à celles des Infu-
soires du genre Amibe, et des Rhizopodes,
des Arcclles , par exemple. C'est ainsi du
moins que nous avons observé les premiers
phénomènes de vitalité sur l'embryon des
Limaces. Quand l'embryon est déjà revêtu
de cils vibratiles, il arrive souvent qu'en
raison de sa forme dissymétrique, il se meut
en tournoyant dans l'enveloppe de son œuf,
comme on le voit dans les œufs de Lymnées
et de Planorbes. Ce phénomène, vu ancien-
nement par Leeuwenhœk, a, depuis lors,
été l'objet d'observations curieuses de la
part de M. Carus ; mais il n'a été convena-
blement expliqué qu'après les découvertes
37
290
MOL
mol
plus récentes sur le mouvement des cils vi-
bratiles. Beaucoup de Gastéropodes marins,
nus ou à coquille turbinée, ont , pendant
cette période de la vie embryonnaire , une
forme et une structure totalement différentes
de ce qu'ils seront plus tard. Us ont un com-
mencement de coquille enroulée, symétrique,
parfaitement diaphane , d'où sort la partie
antérieure du corps, munie de deux larges
expansions arrondies et revêtues de cils vi-
bratiles, au moyen desquelles le jeune ani-
mal nage librement dans les eaux après son
éclosion comme un Systolide du genre Bra-
chion , dont il a quelque peu l'apparence.
Cette coquille rudimentaire des jeunes Mol-
lusques disparaît complètement chez les Mol*
lusques nus, mais elle devient le principe
ou le point de départ de la coquille des Gas-
téropodes testacés.
Pour quelques Gastéropodes , comme les
Paludines, les œufs éclosent dans l'oviducte
de la mère : c'est donc une viviparité du
même genre que celle des Salamandres et
des Vipères.
C'est ici qu'il faut mentionner les enve-
loppes diverses construites ou sécrétées par
les Gastéropodes pour leurs œufs. Quel-
ques uns, comme les Hélices et les Limaces,
les déposent à nu dans un trou du sol hu-
mide; les Pulrnonés aquatiques les enve-
loppent d'une couche épaisse de substance
gélatineuse diaphane. Les Nudibranches ,
comme les Doris , enveloppent aussi leurs
œufs d'une substance gélatineuse; mais ils
en forment des rubans souvent colorés en
rose qu'on trouve appliqués sur les pierres,
et qu'on a pris même pour des Acalèphes.
Les Pectinibranches buccinoïdes enferment
leurs œufs dans des capsules membraneuses
ou cornées qui en contiennent un certain
nombre , et qui sont elles-mêmes groupées
en masses si considérables qu'on doit sup-
poser que c'est l'œuvre de plusieurs fe-
melles.
Chez les Conchifères, les œufs séjournent
jusqu'après l'éclosion dans des cavités spé-
ciales , soit du manteau pour les Moules et
les Anomies, soit des branchies pour les
Dimyaires, et pour les Anodontes en parti-
culier, dont on a observé le développement
embryonnaire. La coquille de ces jeunes Mol-
lusques a une forme différente de celle de
l'adulte, et elle est pourvue d'appendices
spéciaux en forme de crochet su milieu dm
bord libre d* chaque valve. On manque de
renseignements sur le mode de développe-
ment des Brachiopodes et de la plupart des
Conchifères, comme aussi des Ascidies sim-
ples parmi les Tuniciers; quant aux Asci-
dies composées ou Botryllaires, on sait, d'a-
près les observations de M. Milne Edwards,
que l'œuf séjourne dans la tunique externe,
et que l'embryon y subit des métamorphoses
fort curieuses : il est pourvu d'un long ap-
pendice caudal à l'aide duquel il nagecomme
un têtard , jusqu'à ce qu'il ait trouvé une
station convenable pour son développement
ultérieur et pour sa multiplication sur place
par des gemmes et des stotons; mais en
même temps le nouveau Botryllaire pro-
duira aussi des œufs destinés à propager
l'espèce en d'autres lieux.
Les Biphores offrent des phénomènes
non moins curieux , car ces animaux pré-
sentent deux modes alternes de génération,
c'est-à-dire que des Biphores simples et iso-
lés produisent sur un stolon , dans leur ca-
vité intérieure, une chaîne de Biphores agré-
gés , lesquels, à leur tour, produiront plus
tard des embryons de Biphores simples.
Les Bryozoaires ont un mode de dévelop-
pement analogue à celui des Ascidies com-
posées , mais leurs œufs sont plutôt des bul-
bjlles ou bourgeons libres contenant ordi-
nairement plusieurs embryons. Ceux des
Alcyonelles sont déprimés , revêtus d'une
coque dure, brune , formant un bourrelet
épais, tout autour ; ceux de la Crista telle sont
hérissés de crochets ex laissent sortir un em-
bryon double ou triple qui se meut libre-
ment dans les eaux à l'aide des cils vibra-
tiles de ses tentacules, jusqu'à ce qu'il se
fixe pour continuer à s'accroître par gemmes
et par stolons. Les prétendus œufs des Flus-
tres sont globuleux et entièrement revêtus
de cils vibratiles par le mouvement des-
quels ils nagent librement aussi dans les
eaux jusqu'à ce qu'ils se fixent. Une fois
que les Bryozoaires sont devenus fixes ou
adhérents paT leur têt à quelque objet sub-
mergé , ils deviennent la souche d'une co-
lonie dérivant toute du premier embryon
par voie de gemmation , ou par des stolons
sur lesquels se produisent les bourgeons.
Pour terminer cette esquisse de l'histoire
naturelle des Mollusques, il reste à parler
MOL
MOL
291
de leurs instincts, de leurs usages par rap-
port à l'homme, de leur distribution géo-
graphique et géologique, ou de Tordre sui-
j vaut iequel les divers types de Mollusques
ont apparu à la surface du globe; et enfin
il faudrait évaluer les rapports des Mollus-
ques avec les autres types organiques , et
déterminer la valeur des différents carac-
tères que leur organisation peut fournir par
une classification naturelle : ce dernier sujet
sera traité plus loin. Quant à la distribu-
tion géographique et géologique , il en a été
question déjà suffisamment dans le tome Vr
(pag. 121 et suivantes et pag. 151 et suiv.).
L'instinct chez les Mollusques est bien moins
développé que chez les Articulés; leurs fonc-
tions de relation, en général, ne s'appliquent
guère qu'aux objets avec lesquels ils sont
immédiatement en contact; et le hasard
seul le plus souvent ieur apporte leur nour-
riture ou détermine le rapprochement des
sexes. Cependant les Céphalopodes, munis
d'un appareil de vision plus parfait, sont,
par cela même, en état de poursuivre leur
proie ou de lui tendre des pièges, comme
le font les Poulpes cachées entre les pierres;
ce sont leurs yeux qui permettent à ces
Mollusques de nager vers une femelle que
les pêcheurs leur présentent comme appât.
Quant aux récits merveilleux de l'industrie
de l'Argonaute, et de sa navigation en na-
celle au moyen de ses bras servant les uns
de rames et les autres de voiles, ces récits
ne sont basés que sur la forme de la co-
quille et sur l'élargissement de deux bras
qui concourent à sécréter le têt et à fixer
l'animal.
Parmi les Gastéropodes, quelques uns
seulement des Pulmonés terrestres montrent
une sorte d'instinct pour s'abriter contre
le froid , contre la chaleur et la sécheresse,
en fermant leur coquille avec une plaque de
bave desséchée qui forme un opercule tem-
poraire, ou en se réfugiant dans des trous
et derrière des abris. Ces mêmes Mollusques
savent aussi chercher ou creuser pour leurs
œufs un lieu de dépôt favorable à leur dé-
veloppement. Les Gastéropodes marins sont
sans doute aussi guidés par l'instinct pour
la construction de leurs capsules ovigères.
Mais on ne peut guère trouver d'autre in-
dice d'un instinct chez les Conchifères que
cette faculté singulière qu'ont les Peignes de
s'élancer à travers les eaux , pour éviter un
danger, en ouvrant et fermant brusquement
leurs valves à plusieurs reprises.
Beaucoup de Mollusques des diverses clas-
ses servent d'aliment à l'homme ; ce sont
presque tous les Céphalopodes, les Gastéro-
podes à coquilles terrestres et marines, et les
Conchifères marins, dont le volume e? t assez
considérable ; ce sont même aussi les Ascidies
simples. Nous avons parlé de la Sépia prépa-
rée avec l'encre des Céphalopodes et des tein-
tures auxquelles on a cru pouvoir employer
les sécrétions des Gastéropodes buccinoïdes;
nous avons aussi mentionné la coquille in-
terne ou l'os de la Seiche qu'on emploie pour
polir certaines substances , et qu'on donne
aux petits oiseaux tenus en cage bien plutôt
pour leur fournir le carbonate de chaux, in-
suffisant dans leur alimentation , que pour
leur donner le moyen d'aiguiser leur bec. La
nacre, si employée dans les arts, est fournie
par un grand nombre de coquilles bivalves,
et notamment par les Pintadines (Melea-
grina), qui fournissent en même temps les
plus belles perles, et qu'on pêche dans le
golfe Persique. Les perles sont simplement
une production anormale de la substance
même de la nacre, sécrétée dans quelque
lacune du manteau, et non point, comme on
le pourrait croire, une exsudation ou une
excroissance de la nacre qui ne possède au-
cune vitalité propre. La nacre, ordinaire-
ment blanche et légèrement irisée, est vive-
ment colorée des teintes les plus foncées ou
même noire dans quelques coquilles, telles
que l'Haliotide Iris qu'on recherche aujour-
d'hui pour la confection de divers objets de
bijouterie et de tabletterie. Le byssus des
Pinnes, dont nous avons aussi parlé, est trop
peu abondant pour donner lieu à des fabri-
cations importantes. Les coquilles elles-
mêmes peuvent toutes servir à faire de la
chaux quand on les calcine; mais quelques
unes ont servi directement dans leur état
naturel à faire des ustensiles ou des vases :
telles sont les grandes Tridacnes dont on fiait
des bénitiers, et que les naturels de la Poly-
nésie savent tailler de manière à s'en faire
des pioches ou des instruments pour travail-
ler le bois. Tels sont aussi les Strombes et
les grands Tritons dont on se sert comme de
trompe en soufflant par le sommet brisé de
la spire, les Porcelaines dont on fait des ta-
292
MOL
MOL
batières , les Nautiles dont on Tait de beaux
vases nacrés, les valves de Moules et de Mu-
Iettes dans lesquelles on met des couleurs
ou de l'or en coquilles, etc. Les coquilles,
d'ailleurs, sont, en général, un objet de com-
merce, comme servant à former des collec-
tions ; quelques unes même, parmi les Cô-
nes, les Porcelaines, etc., ont un prix très
élevé, et se vendent 500, 1,000, 1,200 fr.,
et même davantage;
Quant aux rapports des Mollusques avec
les autres types, ils sont peu nombreux et
difficiles à démontrer clairement. On a sup-
posé , il est vrai , en raison de la situation de
l'anus rapproché de la tête chez les Cépha-
lopodes et les Gastéropodes, que ces animaux
pourraient être considérés comme des Ver-
tébrés repliés en deux, soit par la face dor-
sale, soit par la face ventrale ; cette question
même donna lieu à un débat célèbre entre
Geoffroy-Saint-Hilaire et Cuvier au sein de
l'Académie des sciences; mais aujourd'hui,
tout en reconnaissant que le principe de
l'unité de composition est véritablement ap-
plicable à chacun des grands types du règne
animal dans toute la série de ses dégrada-
tions , on est forcé de reconnaître qu'il y a
non pas un seul type mais plusieurs types à
considérer. Les Mollusques en particulier,
depuis les Céphalopodes jusqu'aux Bryo-
zoaires , montrent une dégradation pro-
gressive de leur divers systèmes d'organes :
dégradation comparable à celle que nous
montrent aussi les Articulés sans qu'on puisse
dire que, dans leur ensemble, ils puissent
faire la suite d'une série commencée par les
Vertébrés et continuée soit par les Articulés,
soit par les Vers ou les Zoophytes. Ce que
nous avons dit en parlant des diverses fonc-
tions de ces animaux et des appareils ou sys-
tèmes d'organes consacrés à ces fonctions,
suffit d'ailleurs pour montrer que ce n'est ni
le système nerveux , ni le système circula-
toire qui peuvent fournir un caractère do-
minateur pour leur classification ; le système
respiratoire , non invariablement lié au dé-
veloppement du système circulatoire comme
on l'avait cru , fournirait déjà des caractères
plus importants , mais le système digestif
et la nature des téguments nous offrent
encore plus degénéralité ; c'est là ce qui nous
a guidé dans l'exposition que nous avons
faite de l'organisation des Mollusques.
CLASSIFICATION DES MOLLUSQUES.
Si, reprenant la définition des Mollusques,
nous disons que ce sont des animaux mous,
sans vertèbres ou sans squelette intérieur ,
sans membres articulés , et non formés d'une
série d'articles ou de segments homologues;
n'ayant par conséquent jamais une chaîne
ganglionnaire comme les articulés, n'étant
jamais parfaitement symétriques, quoique
formés le plus souvent de parties binaires
et n'ayant jamais la disposition rayonnée
des Entozoaires ou Zoophytes, ni les fibres
musculaires rayées des Vertébrés et des Arti-
culés; nous pourrons, à l'aide de ces seuls
caractères négatifs, et en procédant par
exclusion , les distinguer en général des trois
grands types des Vertébrés , des Articulés et
des vrais Rayonnes. Mais il est beaucoup
d'autres animaux mous, confondus sous le
nom de Vers ou de Zoophytes, comme aussi
des Acalèphes , dont on ne les distinguerait
pas suffisamment ainsi, soit parce que chez
ceux-ci la disposition rayonnée ou symétrique
est moins évidente, soit parce que le défaut
de symétrie parfaite chez certains Mollus-
ques, tels que les Glaucus ou les Brachio-
podes, est difficile à apercevoir. Si nous
cherchons un caractère général et positif,
nous ne pourrons le trouver que dans la
disposition de l'appareil digestif ou dans la
présence des cils vibratiles sur une partie
plus ou moins considérable de la surface in-
terne ou externe qui alors est dépourvue
d'épiderme. Ce caractère, qui les distingue
encore de tous les Articulés et des Néma-
toïdes, leur est commun avec les Acalèphes,
les Échinodermes et les Zoophytes; mais
cet autre caractère, d'avoir un intestin com-
plet à deux ouvertures, et le foie parenchy-
mateux, achève de les distinguer de tous
les autres animaux inférieurs. Quant aux
caractères fournis par le système nerveux et
l'appareil circulatoire, ils n'ont pas la va-
leur absolue qu'on a voulu leur attribuer
en les nommant caractères dominateurs;
ils ne l'auraient même pas encore , si l'on
retranchait de l'embranchement des Mol-
lusques plusieurs groupes ayant véritable-
ment plus de rapports avec quelques uns
de ceux qu'on y laisse, que ceux-ci n'en ont
entre eux. C'est ainsi que si, comme Cu-
vier, on regarde les Tuniciers comme les
MOL
MOL
293
Mollusques acéphales, il faut rapporter au
même embranchement les Bryozoaires, qui
n'en diffèrent que par le mode de division
du sac respiratoire devenu extérieur: or,
chez ces animaux, le système circulatoire a
complètement disparu , comme le système
nerveux lui-même a cessé d'être distinct
déjà dans les Ascidies; et d'ailleurs on sait
que chez les Brachiopodes le système ner-
veux est très peu développé , et que chez
certains Gastéropodes, au moins dans le
jeune âge, le système circulatoire est très
incomplet.
D'après cette manière de voir, l'embran-
chement des Mollusques comprend plusieurs
types distincts ayant plus de rapport entre
eux qu'avec ceux des autres embranche-
ments, mais en même temps ayant beau-
coup moins de tendance à l'unité. Quelques
uns seulement de ces types sont susceptibles
d'une dégradation progressive qui les rap-
proche de certains types des Vers et des
Zoophytes ou des Infusoires , mais qui ne
suffisent pas encore pour établir une liaison
parfaite entre ces différents types. Les prin-
cipaux types autour desquels se groupent
tous les autres sont le fondement des classes
dans lesquelles on divise tout l'embranche-
ment des Mollusques, sans qu'il soit possible
d'y établir une série rectiligne.
Une première classe comprend les Mollus-
ques pourvus d'une tête distincte avec deux
mandibules cornées et deux yeux compara-
bles à ceux des Vertébrés. Ils ont les sexes
séparés; seuls , ils produisent des œufs dont
le développement est comparable aussi à
celui de l'œuf des Vertébrés, c'est-à-dire
que l'embryon naît d'un Blastoderme dis-
tinct à la surface d'un vitellus , lequel per-
siste renfermé dans un sac vitellin jusqu'à
son entière résorption. Ce sont les CÉPHA-
LOPODES (voyez ce mot) , ainsi nommés
parce que leur tête est entourée par des tenta-
cules faisant l'office de pieds ou d'organes lo-
comoteurs. Nous n'avons pas besoin de re-
porter ici les détails qni ont été donnés dans
le 3e volume sur cette classe, qui n'offre
aucune analogie de structure avec les autres
et qui présente une organisation beaucoup
plus complexe.
Une deuxième classe comprend tous les
Mollusques pourvus d'une tête imparfaite
plus ou moins distincte, sans yeux ou avec
des yeux rudimentaires (c'est-à-dire impro-
pres à la perception des images), n'ayant
pas les pieds ou tentacules locomoteurs de
la classe précédente, mais se mouvant au
moyen d'un pied musculeux étendu sous le
ventre en forme de semelle (Gastéropodes).
Ces animaux , que nous réunissons sous
le nom de GASTÉROPODES , pour nous
conformer à l'usage, ont reçu de M. deBlain-
ville le nom plus rationnel de Paracépha-
lophores ; ils ont tous , au moins à l'état
adulte , un cœur composé de deux cavités,
et leurs œufs se composent d'une masse vi-
telline qui s'organise tout entière. Leur
système nerveux présente généralement deux
paires de ganglions, l'une au-dessus, l'autre
au-dessous de l'œsophage , réunis par des
cordons qui en formentun anneau autour de
cet organe; mais les ganglions d'une même
paire sont quelquefois soudés entre eux.
Quant à l'appareil respiratoire, il offre des
modifications nombreuses, d'après lesquel-
les, comme nous le verrons plus loin , cette
classe a été divisée en ordres et en fa-
milles. Des différences non moins impor-
tantes sont fournies par la sexualité des
Gastéropodes qui ont les sexes séparés ou
réunis. Le type de cette classe, par ses
dégradations successives , paraît se rappro-
cher des Planaires et des autres Turbel-
lariées , mais non des autres classes de
Mollusques.
La troisième classe, celle des PTÉRO-
PODES , comprend des Mollusques égale-
ment pourvus d'une tête imparfaite , et
conséquemment compris sous la même dé-
nomination de Paracéphalophores, mais ca-
ractérisés par les deux expansions en forme
d'ailes qui leur servent d'organes locomo-
teurs.
Tous les autres Mollusques sont dépour-
vus de tête , ou sont dits Acéphales. Une
quatrième classe, celle des BRACHIOPO-
DES, comprend des Mollusques acéphales
pourvus d'une coquille bivalve, dans la-
quelle ils sont placés à plat, de telle sorte
qu'une valve est dorsale et l'autre ventrale.
Un feuillet du manteau correspond à cha-
cune des valves qu'il a sécrétées et porte à
sa face interne une branchic soudée ou un ré-
seau branchial, ce qui leur a fuit donner le
nom de Palliobranches par M. de Blainville.
Deux longs bras ou tentacules ciliés ou pec-
204
MOL
tinés sont roulés en spirale de chaque côté
de la bouche, et se développent au dehors
pour attirer la nourriture de l'animal au
moyen des courants qu'ils excitent dans les
eaux. Il y a deux cœurs situés symétrique-
ment un de chaque côté, et quelques gan-
glions nerveux autour de la bouche.
Cette classe, qui, l'une des premières,
s'est montrée à la surface du globe, a presque
disparu aujourd'hui , et ne comprend que
des animaux marins dont l'organisation est
encore peu connue; elle paraît ne se rap-
procher beaucoup d'aucune des autres.
Une quatrième classe, celle des CONCHI-
FÈRES ou Acéphales testacés, comprend des
Mollusques acéphales à coquille ordinaire-
ment bivalve, qui sont couchés latéralement
dans cette coquille , de sorte que les deux
feuillets du manteau , correspondant aux
deux valves sécrétées par eux , sont l'un à
droite, l'autre à gauche de la ligne dorsale,
qui suit la ligne de jonction des valves, au
lieu d'être l'un dorsal et l'autre ventral ,
comme dans la classe précédente. De ces
Mollusques , les uns sont fixés par leur^co-
quille même ou par un byssus, les autres
sont libres, et quelques uns se meuvent au
moyen d'un prolongement charnu rétrac-
tile, en forme de langue, qu'on nomme leur
pied, et qui loge en même temps la majeure
partie de leurs viscères. Entre les deux
feuillets du manteau se trouvent deux
paires de feuillets branchiaux , quelquefois
remplacées par autant de franges très déli-
cates, formées dans l'un et l'autre cas par
des vaisseaux parallèles où le sang reçoit
l'influence de l'eau aérée; c'est là ce qui leur
a fait donner, par M. de Blainville, le nom
de Lamellibranches. Le cœur se compose gé-
néralement d'un ventricule ou cœur aor-
tique , et de deux oreillettes à la base des
branchies; cependant ces deux derniers or-
ganes sont réunis en un seul chez certains
Conchifères, et, chez d'autres, le cœur aor-
tique est au contraire divisé en deux. Deux
ganglions nerveux plus distincts sont réunis
par un cordon transverse au-dessus de la
bouche , qu'accompagnent ordinairement
quatre lobes charnus qu'on nomme les
palpes labiaux, ou des tentacules diversi-
formes; les sexes sont réunis ou confondus.
Les œufs, d'une composition au moins aussi
simple que ceux des Gastéropodes, sont ordi-
MOL
nairement reçus en quittant l'ovaire dans des
cavités spéciales des branchies ou du man-
teau, où ils éclosent après un séjour plus ou
moins long, et où les jeunes subissent certai-
nes métamorphoses. La classe des Conchi-
fères se lie naturellement avec la suivante,
qui paraît en différer surtout flftr l'absence
d'une coquille, et par la soudure du man-
teau et des branchies en deux sacs concen-
triques.
La cinquième classe est donc celle des TU-
NICIERS, que Cuvier nomme aussi les Acé-
phales sans coquille, qui, dans une sorte
d'outre, dans une enveloppe coriace ou car-
tilagineuse, et cependant contractile, munie
de deux orifices tubuleux, contiennent un
corps semblable à celui d'un Conchifère
dont le manteau serait fermé en manière de
sac, ainsi que les branchies, et dont les deux
siphons postérieurs correspondraient aux
deux orifices tubuleux. Ainsi , l'orifice buc-
cal se trouve au fond du sac branchial avec
l'intestin replié, lequel se prolonge en de-
hors entre les deux sacs, de telle sorte que
l'anus corresponde à un des orifices de l'en-
veloppe, tandis que le sac branchial corres-
pond à l'autre. En outre des courants con-
tinuellement produits à travers la branchie
par les cils vibratiles, les contractions et di-
latations alternatives du sac permettent à
l'eau de se renouveler dans l'intérieur. Au
lieu d'un cœur, poussant toujours le liquide
nourricier dans une même direction pour
produire une circulation continuelle, il n'y
a plus ici qu'un gros vaisseau contractile,
poussant ce liquide alternativement dans un
sens et dans l'autre à travers des canaux
longitudinaux et transverses qui forment le
réseau de la branchie. Le système nerveux
est représenté seulement par quelques filets
de nature douteuse. Les sexes sont réunis
ou confondus.
Quelques Tunicîers vivent agrégés de di-
verses manières, et chez eux on observe, en
outre du mode ordinaire de reproduction
par oviparité , d'autres modes de reproduc-
tion par des stolons, ou par des gemmes,
ou des germes multiples. Cette classe forme
manifestement le passage entre la classe des
Conchifères et celle des Bryozoaires, qui est
la sixième et dernière classe.
Cette sixième classe , qui est celle des
BRYOZOAIRES, a été confondue avec les Po-
MOL
MOL
295
lypes jusqu'à ces derniers temps. Elle com-
prend une foule de très petits Mollusques qui
vivent agrégés de telle sorte que, les enve-
loppes cornées ou calcaires de chacun ve-
nant à se souder et souvent à s'encroûter de
plus en plus, il en résulte des lames ou des
expansions, ou des ramifications cornées ,
cartilagineuses ou pierreuses, qu'on a nom-
mées des polypiers membraneux, cellariés,
orarninés, etc. Chaque petit Bryozoaire est
complètement rétractile dans une loge ou
cellule qui représente à la fois le manteau et
ïa coquille d'un Conchifère, ou le man-
teau et l'enveloppe coriace externe d'une
Ascidie ; mais il fait sortir et il épanouit au
dehors une couronne de longs tentacules
garnis de cils vibratiles, et représentant le
sac branchial des Tuniciers. A la base de
cette couronne se trouve la bouche, suivie
par un intestin replié dans la loge, de telle
Sorte que l'anus vient aboutir à côté. Ainsi
que dans les deux classes précédentes, les
sexes sont réunis ou confondus. La repro-
duction a lieu par des œufs, par des sto-
lons et par des gemmes qui contiennent
plusieurs embryons. La classe des Bryo-
zoaires présente le dernier degré de simpli-
fication dans l'embranchement des Mol-
lusques.
Division des classes en ordres et en familles,
La classe des Céphalopodes ayant été trai-
tée dans le tome III, nous passons immédia-
tement à la deuxième classe.
GASTÉROPODES. On les divise en onze
ordres : 1° les Pulmonés; 2° lesPEcrmiBRAN-
ches; 3° les Tubulibranches; 4° les Cirrho-
Br anches; 5° les Scutibranches; 6° les Cy-
clobranches ; 7° les Inférobranches ; 8° les
Tectibranches; 9° les Nudibranches ; 10° les
Janthines; 11° les Hétéropodes, qui ont été
rangés différemment par les auteurs, en rai-
son de leurs rapports multiples qui ne per-
mettent pas de les placer en série rectiligne.
En effet, les Tubulibranches pourraient être
réunis avec les Pectinibranches qui , eux-
mêmes, se lient aux Pulmonés par certains
genres dont l'appareil respiratoire seul dif-
fère; et d'autre part , les Nudibranches, qui
offrent dans plusieurs genres les dégradations
les plus prononcées du type général des Gas-
téropodes, semblent former 7e passage aux
Hétéropodes, dont on a voulu faire une classe
à part tant ils sont différents des autres, tan-
dis que ces mêmes Nudibranches se ratta-
chent aux Pulmonés par des genres assez
voisins des Limaces. Quant aux Cirrho-
branches, ils paraissent également mal pla-
cés, quelque rang qu'on leur assigne, tant
ils diffèrent des autres ordres par la sy-
métrie presque complète des animaux et
par la position terminale de l'anus. Les
Scutibranches, les Cyclobranches et les Nu-
dibranches montrent aussi une symétrie
bien prononcée, ainsi que les Hétéropodes;
tous les autres sont plus ou moins dissy-
métriques, et leur coquille, quand ils en
ont, est contournée en spirale ou turbinée.
Mais cette coquille n'offre pas toujours des
caractères distinctifs aussi importants que
les caractères tirés de l'organisation même
de l'animal : voilà pourquoi les anciennes
classifications, et notamment celle de La-
marck que nous suivons autant que possible,
ont besoin d'être remaniées. Toutefois les
modifications qu'on pourrait introduire ne
seront définitives que quand on connaîtra
les animaux de la plupart des espèces, et
jusque là nous restons dans une période
d'incertitude au sujet de la circonscription
des familles et de leur coordination.
I. Les Pulmonés, caractérisés par la faculté
que seuls entre tous les Mollusques ils ont
de respirer l'air en nature, comprennent
des types fort divers. Les Pulmonés, comme
les entendait Cuvier, sont monoïques, et
forment pour nous cinq familles , dont
trois terrestres: 1° Les Limaciens qui sont
nus comme les Limaces, ou munis d'une
coquille rudimentaire comme les Testa-
ceUes ; 2° les Héliciens, qui sont pourvus
d'une coquille enveloppante turbinée, plus
ou moins arrondie ou discoïdale, ou turri-
culée , comme les Hélices , les Maillots et les
Bulimes, ou dont la coquille plus évasée ne
peut suffire pour enfermer l'animal, comme
les Vitrines et les Ambrettes; tous ils ont
quatre tentacules, et sont dépourvus d'o-
percule; 3° les AuriculeSy dont la coquille
est également sans opercule, mais qui n'ont
que deux tentacules, et qui ont à la colu-
melle un ou plusieurs plis saillants ; avec le
genre Auricule, comprenant les Carychies et
Scarabés, ainsi que les Conovules qu'on en
sépare quelquefois , la même famille ren-
ferme aussi les genres Piétin {Pedipes) et
Ringiculc, suivant M. Dcshayes.
228
MOL
MOL
Deux autres familles sont aquatiques;
4° les Lymnéens , à coquille turbinée ou
discoïde sans opercule, et portant seulement
deux tentacules : ce sont les genres Planorbe,
Lymnée et Physe, ce dernier ayant toujours
la coquille senestre; 5° les Onchidies, qui
sont des Mollusques nus comme les Limaces,
mais entièrement recouverts par le man-
teau en forme de bouclier, et pourvus seu-
lement de deux tentacules.
A ces cinq familles des Pulmonés de Cu«
vier , nous devons en ajouter deux autres ,
pour des Mollusques que ce grand natura-
J^ste classait parmi ses Pectinibranches , en
maison de leur organisation. En effet, quoi-
qu'ils n'aient point la branchie pectinée ca-
ractéristique des Pectinibranches , ils sont
dioïques et munis d'une coquille operculée:
les uns sont terrestres; c'est la famille des
Cyclostomés, qui ont deux tentacules et la
cavité respiratoire largement ouverte au-
dessus du cou ; tels sont les Cyclostomés et
les Hélicines : les autres sont aquatiques,
comme les Ampullacères qui manquent de
tentacules , et dont la cavité respiratoire
n'a qu'une petite ouverture ronde à droite.
II. L'ordre des Pectinibranches, caracté-
risé par une ou deux branchies pectinées con-
tenues dans une vaste cavité respiratoire ,
formée au-dessus du cou par le manteau,
avait été classé d'après la forme de la co-
quille turbinée, avec l'ouverture entière
cbez les Trochoïdes , ou munie d'un canal
ou écbancrée chez les Buccinoïdes, ou non
kurbinée mais largement évasée chez les Ca-
puloïdes de Cuvier; mais on a dû les grou-
per autrement d'après les caractères mêmes
de l'animal. Toutefois , une première divi-
sion, correspondant aux Trochoïdes et à une
partie des Capuloïdes, comprend tous ceux
dont le manteau ne se prolonge pas pour
former un tube ou siphon, dont la présence
serait indiquée par le canal ou l'échancrure
de la coquille, comme chez les Buccinoïdes ,
quoique quelques uns aient exceptionnelle-
ment aussi une échancrure à la base de l'ou-
verture. Presque tous sont phytophages ou se
nourrissent de végétaux; ils ont une langue
armée de pointes et non une trompe comme
les carnassiers ou zoophages. Leur coquille
est operculée, à moins que l'ouverture ne
soit très dilatée. On peut en faire plusieurs
familles:
1° La famille des Paludinés se compose
des genres Paludine , Valvée , Ampullaire,
Littorine et Planaxe, qui ont la tête peu
allongée et la langue courte; 2° Celle des
Néritacés , caractérisée par la forme semi-
circulaire de l'ouverture, dont le bord gauche
est en demi-cloison, comprend les Nérites'
et Néritines réunis en un seul genre, et dé-
plus les Navicelles ; leur tête est prolongée
en mufle allongé. 3° Les Turbinacés , carac-
térisés par les tentacules accessoires ou les
franges du pied ou du manteau , ont le
mufle peu allongé; leur langue est très lon-
gue; ils comprennent les genres Turbo,
Troque, Dauphinule , Cadran, Roulette,
Pleurotomaire et Phasianelle , auxquels
M. Deshayes veut joindre aussi les Halio-
tides et les Stomates malgré la grande dif-
férence de forme qui les a fait ranger par
Cuvier parmi les Capuloïdes. 4° Les Turri-
tellés , comprenant les genres Turritelle ,
Scalaire et Pyramidelle, se distinguent par
leur mufle allongé, et par le pédoncule
resserré qui joint le pied au reste du corps;
ils ont aussi le bord du manteau frangé.
5° Les Mélaniens s'en distinguent par leur
tête non allongée en mufle , par le pédon-
cule plus court et plus épais qui joint le
corps au pied, et par le bord du manteau
sans franges. Ce sont les genres Mélanie,
Mélanopside et Eulime, à la suite desquels
se placent provisoirement les genres Rissoa
et Troncatelle
Une deuxième section des Pectinibran-
ches , sans siphon au manteau , est formée
par la famille des Naticoïdes, qui seuls ont
une trompe et sont zoophages. Ils ont en
outre le pied très grand, et le manteau très
grand et enveloppant: ce sont les Natices et
les Sigarets.
Les Pectinibranches dont le manteau
forme un siphon, et dont la coquille a une
échancrure ou un canal, se divisent égale-
ment en deux sections, d'après leur manière
de vivre en rapport avec la présence d'une
trompe. Ceux qui n'ont pas cet organe sont
phytophages et constituent deux familles.
Les uns, comme les Cérites et les CanceN
laires, ayant le mufle court, les autres au
contraire, comme le Chenopus et la Stru-
ihiolaire, ayant la tête en mufle allongé.
Ceux qui sont pourvus d'une trompe, et
cor.séquemmeni zoophages, se divisent en
MOL
MOL
297
six familles d'après la forme de l'ouverture
ovale ou très étroite , échancrée ou prolon-
gée en un canal , comme aussi d'après la
présence d'un opercule et d'après le dé-
veloppement du manteau: 1° les Canali-
fères ont l'ouverture prolongée par un canal
droit, souvent très long, que le siphon sé-
crète dans toute sa longueur; ils ont tous
un opercule; ce sont les genres Pîeurotome,
Turbinelle, Triton , Ranelle , Fuseau, Fas-
ciolaire, Pyrule et Rocher ; ces (quatre der-
niers pouvant être réunis en un seul , sauf
quelques Pyrules à transporter dans un
genre Ficus, à côté des Harpes. 2° Les Ailés,
comprenant les genres Rostellaire, Ptéro-
cère et Strombe, se distinguent de tous les
autres par le développement extraordinaire
que prend le bord droit de la coquille de
l'animal adulte, le manteau alors conti-
nuant à s'étendre et à former des prolon-
gements divers sans se replier sur la co-
quille, dont le canal est comparable à celui
des Canalifères. 3° Les Purpuri fères, chez
lesquels le canal est très court et ascendant,
c'est-à-dire recourbé en dessus ou même
appliqué sur le dos de la coquille, comme
chez les Cassidaires, Oniscies et Casques,
ou bien qui, au lieu d'un canal, n'ont qu'une
simple échancrure pour le passage du si-
phon, qui reste mobile et ne peut contri-
buer à la sécrétion du têt que par un petit
repli du manteau à sa base; tels sont les
Pourpres (comprenant les Ricinules, les
Monocéros ou Licornes et les Concholepas ) ,
les Buccins (auxquels on réunit en partie les
Éburnes), les Nasses, le Tritonium (formé de
quelques Buccins), et le g. Vis qui, comme
les précédents , est pourvu d'un opercule. A
cette famille appartiennent aussi , comme
section particulière, les genres Harpe, Tonne
et Ficus, qui sont au contraire dépourvus
d'opercule, et dont le pied très grand ne
peut rentrer complètement dans la coquille.
Enfin, on doit aussi ranger à la suite des
Purpurifères plusieurs genres anormaux,
tels que les Magile et Leptoconque qui
\ivent fixés à la surface des madrépores
ou engagés dans l'épaisseur de ces poly-
piers, et qui sont munis d'un opercule.
-4° Les Cônes, qui forment à la fois une fa-
mille et un genre unique, caractérisé par la
forme étroite et très allongée de l'ouverture
de la coquille , dont la spire est surbaissée,
t. vin.
et qui n'est jamais recouverte par le bord
du manteau ou par le pied. Ils sont pour-
Vus d'un opercule, et n'ont qu'une échan-
crure pour le passage du siphon. 5° Les Co~
lumellaires, que Lamarck caractérisait pal
les plis de la columelle, quoique les Co-
lombelles qui en font partie n'aient pas ces
plis; mais comme c'est presque la seule
différence des Colombelles et des Mitres, on
doit les laisser dans le même groupe avec
ces derniers , avec les Volutes et avec les
Marginelles réunies aux Volvaires. Tous ont
l'ouverture simplement échancrée, et pres-
que tous ils manquent d'opercule; les Vo-
lutes ont souvent la coquille enveloppée
partiellement par le bord gauche du man-
teau ou par une expansion du pied. Les
Marginelles sont enveloppées de même par
les deux lobes du manteau. 6° Les Enroulés
sont caractérisés par la forme de leur co-
quille, dont les tours s'enveloppent plus ou
moins complètement. Cette coquille est re-
couverte par le manteau chez les Ovules et les
Porcelaines, ou par une expansion du pied
che-z les Tarières, les Ancillaires et les
Olives, d'où résulte l'épaississement du têt
par une couche externe, émaillée, luisante.
Ils n'ont qu'une échancrure pour le passage
du siphon, et sont dépourvus d'opercule.
III. L'ordre des Tubulibranches, très voi-
sin des Pectinibranches, est caractérisé par
la cavité respiratoire tubiforme contenant
une branchie pectinée. Les Tubulibranches
ont leur coquille adhérente aux corps ma-
rins , comme le têt des Serpules avec les-
quelles on les a longtemps confondus. Ils ont
un opercule porté par un support charnu.
Ils se divisent en deux genres: les Vermets
dont la coquille est entière, et les Siliquaires
qui ont en dessus une série de trous pour
laisser arriver l'eau sur la branchie.
IV. L'ordre des Cirrhobranches ne com-
prend que le seul genre Dentale , caractérisé
par la disposition symétrique des organes
digestif et respiratoire, et par sa coquille en
forme de cornet étroit, ouvert aux deux extré-
mités. Les branchies sont de* cirrhes ou
filaments nombreux.
V. Les Scutibranches ont une ou deux
branchies en forme de plume ou de peigne
cachées dans une cavité au-dessus de la tête,
comme les Pectinibranches , mais leur co-
quille est très ouverte en cône surbaissé ou en
38
298
MOL
MOL
bouclier : les uns, dissymétriques et n'ayant
qu'une branchie, sont rangés avec les Pecti-
nibranches par beaucoup de zoologistes ; ils
constituent la famille des Calyplraciens, qui
comprend les genres Calyptrée, Crépidule et
Piléole, auxquels se rattachent les Hippo-
nices si remarquables par le support cal-
caire sécrété par leur pied et adhérant aux
rochers. Les autres, symétriques quant à la
coquille et aux organes respiratoires, ont
deux branchies ; on les a nommées Dicrano-
branches; ce sont les genres Fissurelle, Ri-
mule, Émarginule et Parmophore.
VI. Les Cyclobranches sont également sy-
métriques, quant à la forme externe et à la
disposition de l'appareil respiratoire, mais
leurs branchies forment une rangée de cha-
que côté sous le bord du manteau. Ils se
divisent en deux familles bien distinctes :
les Patelles dont la coquille est d'une seule
pièce en cône surbaissé, et les Oscabrions
qui, au lieu de coquille, ont sur le dos une
rangée d'écaillés symétriques en recouvre-
ment.
VIL Les Inférobranches, qui ont les bran-
chies symétriques placées sur le côté ou sur
les deux côtés du corps, entre le pied et le
bord avancé du manteau. Les uns, formant
la famille des Phyllidines , ont deux bran-
chies symétriques ; les autres , comme les
Pleurobr anches, n'en ont qu'une seule; c'est
dans cet ordre que doit être placé aussi le
petit genre Ancyle, type d'une famille par-
ticulière.
VIII. Les Tectibranches, au contraire,
n'ont plus de branchies symétriques ; ils
n'ont qu'une branchie composée de feuillets
plus ou moins divisés sur le dos, et recou-
verte par un repli du manteau contenant
souvent une petite coquille. Ils sont tous
monoïques ; on en peut faire plusieurs
familles : 1° Les Aplysiens ont les bords du
pied redressés de chaque côté en crêtes
flexibles, enveloppant partiellement le dos,
et pouvant, par leur agitation dans l'eau,
servir à la nage de l'animal, comme chez les
Aplysies, ou bien soudées en partie, comme
chez les Notarches et les Bursatelles. 2° Les
Bulle'ens se distinguent des précédents par
les tentacules très courts ou presque nuls
et par leur coquille enroulée : ce sont les
Bulles et les Bullées, près desquelles doit
se placer peut-être aussi la Tornatelle. Quel-
ques unes d'ailleurs, telles que les Àcères,
manquent totalement de coquille.
IX. Les Nudibranches, comme leur nom
l'indique, ont les branchies à nu; mais ces
branchies sont quelquefois de simples ap-
pendices revêtus de cils vibratiles dans les-
quels ne se fait pas une circulation régulière
du sang. On en peut faire plusieurs familles
ayant pour types: lesDoris, dont les branchies
ramifiées entourent l'orifice anal comme les
pétales d'une fleur, sur la partie postérieure
du dos ; les Tritonies et les Téthys , qui ont
les branchies ramifiées ou en panache, ran-
gées des deux côtés du corps; les Éolides,
qui ont le dos couvert d'appendices nom-
breux , en forme de longues papilles ou de
tentacules ; les Glaucus , qui ont de chaque
côté trois branchies pédonculées formées cha-
cune de longues lanières disposées en éven-
tail, au moyen desquelles ils nagent libre-
ment dans la mer, etc.
X. LesJANTHiNES, qu'on a souvent classées
parmi les Pectinibranches, paraissent devoir
former un ordre distinct dont la place serait
difficile à assigner entre les Hétéropodes et
les Pectinibranches. Ce sont des Gastéro-
podes à coquille turbinée, dont le pied, qui
ne peut servir à la marche , sécrète une
masse spongieuse légère destinée à soutenir
l'animal à la surface des eaux. Leur bran-
chie est pectinée, et leur tête est prolongée
en un mufle long et épais.
XI. Les Hétéropodes, au lieu de flotter
seulement comme les Janthines, nagent libre-
mentdans les eaux ; leur pied, à cet effet, s'est
allongé et comprimé en forme de nageoire ,
en conservant une petite ventouse rudimen-
taire en arrière; la tête est prolongée en
manière de trompe épaisse; leur corps, de
substance gélatineuse transparente, est sus-
ceptible de se gonfler d'eau , et leurs viscè-
rent forment une masse relativement très
peu volumineuse , souvent enfermée dans
une coquille mince comme chez les Carinai-
res. Les Ptérotrachées et les Firoles sont, au
contraire, dépourvues de coquille.
Les PTÉROPODES, qui , peut-être, de-
vront être réunis aux Gastéropodes ainsi
que les Hétéropodes, sont caractérisés par
les deux expansions en forme d'ailes qui leur
servent d'organes locomoteurs pour nager
librement dans les eaux. On avait cru d'a-
bord que ces organes servaient en même
MOL
MOL
299
temps d'organes respiratoires , mais on a
trouvé chez eux aussi une véritable bran-
chie. Les uns sont nus, comme les Clios et
les Pneumodermes; les autres sont pourvus
d'une coquille symétrique, comme les Hyales
et les Cléodores.
Parmi les Mollusques sans tête ou Acé-
phales, nous rangeons d'abord les BRACHIO-
PODES, qui, sous le rapport de la symétrie,
se rapprochent davantage des Ptéropodes.
Placés à la suite des Conchifères, ils inter-
rompraient la série naturelle, qui, des En-
fermés , paraît se continuer aux Tuniciers.
Les Brachiopodes, caractérisés par la pré-
sence de deux bras ciliés contournés en spi-
rale, ont tous une coquille bivalve dont les
valves correspondent au dos et au ventre de
l'animal ; mais chez les Lingules, qui consti-
tuent une première famille, les valves sont
absolument égales, sans charnière, et l'ani-
mal est fixé par un long pédoncule cartila-
gineux. Les Térébratulés , formant la se-
conde famille, ont les valves inégales et réu-
, nies par une charnière assez complexe. Les
uns ont la plus grande valve percée d'un
trou par lequel passe un pédoncule pour
fixer la coquille : ce sont les Térébratulés
proprement dites, dont on ne doit pas sépa-
rer les Spirifers; les autres ont les deux
valves également closes , et paraissent avoir
été libres : ce sont les Productus. D'autres
ont également les valves closes ou non per-
forées; mais la plus grande valve ou l'in-
férieure est adhérente , d'abord par son
sommet, aux corps marins. Une troisième
famille, celle des Craniacées , comprend
les Cranies et les Orbicules , dont la valve
inférieure est complètement adhérente aux
corps marins.
Les CONCHIFÈRES présentent plusieurs
types distincts qui , liés entre eux par des
rapports nombreux, forment, d'une part,
le passage aux Brachiopodes , et d'autre
part, aux Tuniciers. On les divise d'abord
d'après le nombre des muscles rétracteurs,
,qui est en rapport avec le reste de l'organi-
jsation , sauf quelques exceptions faciles à
expliquer; on a donc deux groupes princi-
paux: 1° les Monomyaires, qui n'ont qu'un
muscle rétracteur traversant tout le corps
et les viscères ; 2° les Dimyaires, qui ont
deux muscles rétracteurs situés vers les ex-
trémités du corps.
I. Les Monomyaires constituent un seul
ordre divisé en cinq familles.
1° Les Anomiaires , dont la valve infé-
rieure est percée d'un trou traversé par un
muscle rétracteur partant de la valve supé-
rieure, pour se fixer sur les corps marins,
au moyen d'une sécrétion testacée qu'il ac-
croît sans cesse. Ce dépôt forme ainsi un os-
selet indépendant de la valve inférieure chez
les Anomies , et au contraire fixé partielle-
ment à cette valve chez les Placunano-
mies. En outre du muscle adhérent à l'os-
selet, deux autres muscles partent de la
valve supérieure pour s'attacher à l'infé-
rieure , mais tout porte à croire que ce sont
des dépendances du muscle rétracteur
unique des Monomyaires. Les Anomiaires
n'ont pas de tentacules ou de palpes à la
bouche , et leurs œufs sont reçus dans l'é-
paisseur du manteau après avoir quitté
J'ovaire; ils ont un rudiment de pied.
2° Les PlacuneSy grandes coquilles min-
ces , nacrées , demi-vitreuses , comme celles
des Anomies, mais sans perforation à la
valve inférieure, devront, quand les ani-
maux seront connus, former une famille
intermédiaire entre les Anomies et les Huî-
tres; leur charnière présente deux saillies
divergentes ; leur ligament est marginal.
3° Les Ostracés , comprenant le seul genre
Huître, ont la coquille inéquivalve et le li-
gament dans une fossette et en partie ex-
terne ; leurs branchies forment quatre feuil-
lets continus, et leur bouche est garnie de
quatre palpes lancéolés. Ils n'ont aucun ru-
diment de pied; leur valve gauche, qu'on
nomme l'inférieure, est ordinairement adhé-
rente aux corps marins; mais pour quel-
ques espèces , et notamment pour les espèces
fossiles , dont on a voulu faire les genres
Gryphée et Exogyre, l'adhérence n'a lieu
que par le sommet, et cesse bientôt, de
sorte que la coquille devient libre. 4° Les
Pectinides ont aussi la coquille souvent iné-
quivaWe , mais régulière; leur ligament
est tout-à-fait interne dans une fossette
triangulaire. Leur bouche est entourée de
tentacules ramifiés, ou diversement con-
formés, mais non de palpes labiaux , comme
chez les autres Conchifères. Leurs branchies
sont effilées ou divisées en filaments paral-
lèles; leur manteau est bordé de tentacules
nombreux , parmi lesquels on a voulu re-
300
MOL
MOL
connaître des yeux. Ils ont un pied plus
ou moins rudimentaire, et quelques uns
même peuvent sécréter un byssus. Les
genres Peigne et Lime ne contiennent que
des coquilles libres, et souvent même re-
marquables par leur mode de locomotion.
Le genre Houlette a la coquille fixée par un
byssus. Le genre Spondyle, auquel il faut
réunir les Plicatules et les Podopsides, a ,
au contraire, sa coquille adhérente comme
l'Huître. 5° Les Margaritacés , dont nous
avons déjà parlé (voy. ce mot), complètent
la série des Monomyaires.
II. Les Dimyaires, suivant le mode de
réunion des lobes du manteau, se partagent
en trois groupes, qu'on pourrait nommer
des ordres. Le premier, qui porte le nom
de Mytilacés, comme la première famille ,
présente encore les lobes du manteau presque
entièrement désunis comme les Ostracés ;
il n'y a qu'une bride postérieure entre ces
lobes. On le divise en cinq familles , sa-
voir : 1° Les Mytilacée s, comprenant le genre
Pinne et le genre Moule , auquel on réunit
les Modioles et les Lithodornes. Leur co-
quille est équivalve , mais inéquilatérale,
le sommet des valves étant ordinairement
très rapproché de l'extrémité extérieure, où
se trouve un des muscles rétracteurs devenu
beaucoup plus petit que l'autre. Leur man-
teau reçoit les œufs quand ils ont quitté
l'ovaire ; ils ont un pied linguiforme qui
sécrète un byssus filiforme abondant pour
fixer Tanimal aux rochers; leur charnière est
sans dents, leur ligament est externe et al-
longé. 2° Les Arcacées se distinguent de tous
les autres par leur charnière munie d'une
longue série de petites dents sur chaque
Talve. Cette série est rectiligne chez les Ar-
ches , arquée chez les Pétoncles et anguleuse
chez les Nucules. Leurs muscles rétracteurs
sont égaux ; leur ligament est externe et étalé
chez les Arches et les Pétoncles ; il est contenu
dans une petite fossette chez les Nucules;
le pied est toujours fendu vers l'extrémité,
mais il ne sécrète pas chez tous un byssus. Le
pied des Pétoncles, par exemple, sert seu-
lement à fixer l'animal dans le sable, et
d'un autre côté, le byssus des Arches est
souvent confondu en une seule masse cor-
née. 3° Les Trigonies , caractérisées par leur
charnière à deux dents divergentes et latérale-
ment striées, ainsi que par leur pied recourbé
en forme de faux, constituent seules une
troisième famille. 4° Les Nayades, compre-
nant les Mulettes, les Anodontes et les Iri-
dines, ont un pied charnu , comprimé, très
grand; leurs palpes sont lancéolés; leurs
branchies sont grandes, creusées de lacunes
assez vastes dans lesquelles sont reçus les
œufs, et où les embryons se développent
jusqu'à un certain point ; leur charnière
présente quelquefois des dents irrégulières;
le manteau, plus désuni chez les autres, est
réuni en arrière chez les Iridines. C'est
dans cette famille ou à sa suite qu'on doit
placer les Ethéries , qui vivent dans les eaux
douces, adhérentes aux rochers par une valve
ou par l'autre indifféremment. 5° Les Car-
dites ( qu'on nomme aussi Carditacés,ce qui
se rapproche trop du nom des Cardiacés)
ont également les lobes du manteau réu-
nis par une bride en arrière; mais leurs
branchies sont formées de canaux beaucoup
plus fins , et ne contiennent pas des lacunes
aussi grandes que celles des Nayades. Elles
en diffèrent d'ailleurs aussi par leurs palpes
labiaux tronqués, et par la charnière de la
coquille munie de dents obliques plus régu-
lières sous les crochets. Les seuls genres
Cardite et Opis appartiennent à cette fa-
mille.
Un deuxième ordre de Dimyaires, les Ru-
dîstes, est connu seulement par des coquilles
fossiles très imparfaitement conservées ou
dissoutes en partie : ce devaient être des Mol-
lusques à valve inférieure adhérente plus ou
moins prolongée en cône, avec une valve su-
périeure mobile en forme d'opercule. On en
fait deux familles : les Hippurites , dont la
valve supérieure présente deux oscules in-
diquant le point d'attache de deux ligaments
qui devaient partir du sommet de deux côtes
saillantes parallèles à l'intérieur. Les Sphé-
rulés ont deux grandes dents à la charnière,
et deux impressions musculaires saillantes.
Le ligament devait occuper une fossette der-
rière les dents cardinales. Les Rudistes ont
été considérés , par quelques naturalistes ,
comme devant faire partie desBrachiopodes,
et par d'autres , comme représentant des ani-
maux analogues aux Ascidies par leur orga-
nisation. M. Deshayes les croit très voisins
des Camacés , et les place dans le même
ordre.
Le troisième ordre des Dimyaires , qu'on
MOL
MOL
301
peut nommer, d'après le nom d'une des fa-
milles principales, Tordre des Cardiacés, se-
rait le deuxième si l'on voulait y réunir les
Rudistes. Il est caractérisé par la réunion
des bords postérieurs du manteau, formant,
ou deux orifices bordés de petits tentacules,
ou deux siphons égaux ou inégaux, réunis
ou distincts. Une troisième ouverture est
laissée par le manteau pour le passage du
pied. Les Cardiacés forment sept familles :
1° les Camacés ont le sommet des valves en-
roulé en spirale aplatie, et une de leurs val-
ves, tantôt l'une, tantôt l'autre, suivant les
espèces, est adhérente aux rochers ou aux
autres corps marins. Leur manteau forme
en arrière deux siphons très courts et ciliés;
le pied est petit , cylindracé , tronqué et
coudé ; les palpes sont quadrangulaircs, obli-
quement tronqués ; le ligament est externe ;
la charnière a une grosse dent. Avec les
Cames, on doit provisoirement ranger dans
cette famille le Cleidothère, dont l'animal
est inconnu , mais qui se distingue par la
présence d'ur«osseletcalcaire allongé, que re-
tient un ligament convexe dans des impres-
sions profondes sur chaque valve. 2° les Tri-
dacnés, comprenant le seul genre Tridacne,
sont caractérisés par le rapprochement des
muscles adducteurs , et par la position en
quelque sorte inverse de l'animal dans sa
coquille; car ici les parties inférieures sont
les postérieures chez les autres , et le pied
passe par la lunule. Ce pied est épais , cy-
lindrique, et sécrète un byssus ; la char-
nière a deux dents comprimées, et le liga-
ment est externe. 3° Les Cardiacés, compre-
nant les genres Bucarde, Isocarde et Cypri-
carde, ont les siphons très courts, et réduits
presque à une bordure saillante tentaculée.
31s sont caractérisés par leur pied long et
coudé pouvant servir pour le saut, et par
leur charnière portant quatre dents en croix,
deux à chaque valve sous les crochets , en
outre des dents latérales. Le ligament est
externe. 4° Les Conques ont en général un
pied comprimé droit, une charnière munie
de deux ou trois dents obliques sous les cro-
chets , et des siphons plus ou moins réunis
dans leur longueur. Tous ils ont l'impres-
sion palléale échancrée en arrière. On y
compte beaucoup de genres qui pourraient
être groupés en tribus, d'après les caractè-
res des siphons. Ainsi les genres Cyclade,
Cythérée et Arthémis ont les siphons com-
plètement réunis; les g. Cyrène, Cyprine,
Vénus et Astarté ont les siphons réunis en
partie seulement; et les g. Pullastre, Véné-
rupe, Pétricole, les ont encore plus séparés.
4° Les Lucinides, comprenant les genres
Lucine, Corbeille, Cyprinoïde, Bornia, Ery-
cine et Galéome, ont pour caractère com-
mun l'intégrité du contour de l'impression
palléale et l'allongement d'une , au moins,
des impressions musculaires qui se confond
avec le bord du manteau. Tous ont les
trois ouvertures au manteau et peut-être
aussi, comme les Lucines, les branchies de
chaque paire soudées par le bord externe, de
sorte qu'on pourrait croire qu'il n'y en a
qu'une seule paire. Un seul siphon se présente
chez quelques uns (Lucine et Corbeille), et
l'autre ouverture est sans prolongement;
d'autres manquent entièrement de siphon.
Leur ligament est seul externe chez tous.
5° Les Tellinides , comprenant les genres
Donace et Telline, ont aussi le ligament
externe, mais leurs branchies ne sont pas
soudées, leur impression palléale est échan-
crée, et leurs siphons sont allongés et sépa-
rés , le siphon branchial étant frangé ou
digité. 6° Les Amphidesmacés, comprenant
les genres Amphidesme, Cumingia, Trigo-
nella et Syndesmia, se distinguent par leur
ligament interne très oblique; leurs si-
phons sont allongés et séparés. 7° Les Cras-
satellés ont au contraire le ligament interne
et central situé dans une fossette trian-
gulaire droite au-dessous des crochets ; leur
impression palléale est échancrée; leurs si-
phons sont séparés. On y comprend les
genres Crassatelle et Amphidesme.
Le quatrième ordre, celui des Enfermés
( inclusa ) , comprend tous les Conchifères
dont le manteau, plus complètement fermé,
se prolonge en un tube double, ordinaire-
ment trop volumineux pour pouvoir rentrer
tout entier dans la coquille, et conséquem-
ment alors revêtu d'un épiderme résis
tant , ou bien susceptible de sécréter une
portion du têt allongée en tuyau. La coquille
alors est presque toujours bâillante; cepen-
dant plusieurs familles, sans avoir les si-
phons aussi longs et la coquille aussi bâil-
lante, sont rangées ici d'après leurs autres
rapports, et surtout parce qu'elles ont les
lobes du manteau réunis sur les trois quarts
302
MOL
MOL
au moins de leur contour. D'après cela on
y peut compter neuf familles, savoir : 1° Les
Mactracés , comprenant les seuls genres
Mactre et Lutraire ; l'un à coquille presque
close et à siphons plus courts, l'autre à co-
quille bâillante et à siphons plus longs;
mais tous deux avec une dent cardinale en
forme de V, sous les crochets, à côté d'une
plaque saillante portant un ligament in-
terne. 2° Les Ostéodesmés qui, dépourvus
de dents cardinales, ont un ligament interne
porté par deux appendices en forme de
cuilleron, avec un osselet accessoire adhé-
rent au ligament : tels sont les genres
Lyonsia, Ostéodesme, Périplome, Thracie et
Anatine. 3° Les My aires, comprenant les
genres Mye et Corbule qui se distinguent
par la présence d'une dent cardinale, en
même temps que la coquille bâillante a le
ligament interne. 4° Les Saxicaves, sans
dents cardinales, mais avec deux siphons,
et pourvus d'un pied très petit sécrétant un
byssus : tels sont les genres Saxicave et Bys-
somye. 5° Les Pandorécs, pour le seul genre
Pandore, caractérisé par l'inégalité des val-
ves de sa coquille et parce qu'il n'a qu'une
branchie ordinaire de chaque côté. Ses si-
phons sont courts ; son ligament est inté-
rieur. 6° Les Solemyaires , aussi pour le
seul genre Solemye, qui se distingue de tous
les autres par ses branchies d'une struc-
ture toute particulière; en effet, il n'a de
chaque côté qu'une seule branchie épaisse
formée de lames très minces, empilées comme
celles d'une branchie de Crabe. Il a en outre
un seul orifice postérieur au manteau et un
pied fendu dont les lobes sont bordés de pe-
tites papilles ; son ligament est extérieur.
7° Les Solénacés, qui ont aussi un ligament
externe marginal et un pied charnu très vo-
lumineux sortant par l'extrémité antérieure
de la coquille, forment les genres Solen,
Solecurte, Glycimère, Panopée et Pholado-
mye. 8° Les Pholadaires, dont le manteau
renferme l'animal entier avec sa coquille
dépourvue de ligament, et sécrète une en-
veloppe testacée partielle en dehors, tan-
dis que les siphons très volumineux peu-
vent sécréter un tube calcaire. Les uns,
comme les Pholades, ont un pied très court,
tronqué, en forme de ventouse ; leur mus-
cle postérieur s'attache sur le bord cardinal
même qui s'encroûte par suite d'une sécré-
tion correspondant à l'impression muscu-
laire, là où devrait être le ligament. Les au-
tres, qui forment le genre Taret, n'ont plus
qu'un seul muscle adducteurdansla coquille,
l'autre muscle paraissant s'être changé en un
appareil spécial qui sécrète les opercules ca-
ractéristiques de ces animaux. Chez eux aussi
les viscères, ne pouvant être contenus entr
les valves trop petites, se sont allongés dans
le siphon branchial , où la branchie prisma-
tique même représente les quatre feuillets
des autres Conchifères soudés et rapprochés.
Les Pholadaires habitent tous des trous creu-
sés dans la pierre, dans le bois ou dans le
sable, et peuvent tapisser leur habitation
par un enduit calcaire. 9° Les Tubicolés,,
comme leur nom l'indique, habitent des
tubes sécrétés par la surface du manteau
et par les siphons qui en sont le prolonge-
ment. Ces tubes sont donc continus ici et ils
enveloppent ou empâtent même les valves.
Ainsi les Arrosoirs ont les deux valves en-
châssées dans la paroi du tube; les Clava-
gelles n'ont qu'une valve enchâssée , tandis
que l'autre reste libre; les Gastrochènes, au
contraire, ont les deux valves libres; tous
ont un ligament, ou du moins la place de ce
ligament; ils ont aussi un pied très petit, et
celui des Gastrochènes peut même sécréter
un byssus.
La classe des TUNICIERS, dont nous parle-
rons plus loin {voy . ce mot), forme elle-même
plusieurs ordres, savoir : les Biphores, les
Ascidies , et les Botryllaires ou Ascidies
composés.
La classe des BRYOZOAIRES, qui se rat-
tache par des rapports d'organisation si frap-
pants avec les Botrylliens, ne pourrait être
traitée ici d'une manière assez complète.
Nous renvoyons au mot polypiers ce que
nous avons à en dire ; car, quoique cet ar-
ticle n'y soit pas à sa place, c'est là encore
que beaucoup de personnes seraient con-
duites à le chercher d'après l'habitude qu'on
a de considérer les Bryozoaires comme des
Polypes. (F. Dujardw.)
MOLOBRUS. ins. — Genre de l'ordre
des Diptères Némocères, tribu des Tipu-
laires, établi par Latreille aux dépens des
Tipula. L'espèce type, le Tipula Thomœ
Lin., est très fréquente dans les lieux frais
et humides.
*MOLOBRUS (aoàoSpoç, gourmand), ins.
MOL
MOL
303
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Carabiques, tribu des Scaritides,
créé par Putzeys ( Prémices Entomologiques,
1845, p. 10). Trois espèces du Mexique com-
posent ce genre , les M . purpuratus, splen-
didus Putz., et Pasimachus rotundipennis
Chev. (G.)
MOLOCH. mam. — Nom donné par Au-
debert au Gibbon cendré, Hylobates leucis-
eus. Voy. GIBBON.
*MOLOCH. Molochus. rept.— M. J.-E.
Gray a fait, le premier, connaître sous ce
nom générique, en 1841, un Saurien propre
à la Nouvelle-Hollande , qui paraîtrait au
premier abord, aussi bien par ses caractères
extérieurs que par sa physionomie , appar-
tenir au singulier genre des Phrynosomes,
dans la famille des Agamiens. Il y a toute-
fois cette différence entre les Phrynosomes
et les Molochs, que ceux-ci ont les dents
acrodontes, tandis que chez les Phrynosomes
elles sontpleurodontes comme chez les Aga-
miens. Le Moloch a une physionomie aussi
bizarre que celle des Phrysonomes, sa taille
est à peu près la même que celle de ces der-
niers; mais son abdomen est moins dis-
coïde et son corps un peu plus allongé. II à
de même des épines sur le corps et sur Iâ
tête. (P. G.)
*MOLOPOSPERMUM. bot. ph.— Genre
de la famille des Ombellifères-Scandicinées,
établi par Koch (Umbellif., 108 ; DC, Prodr.,
IV, 230). Herbes de l'Europe australe. Voy,
OMBELLIFÈRES.
MOLOPS. ins. —Division du genre Fero-
nia de Latreille. Voy. féroniens. (G.)
*MOLOPSIDA ( Molops , molops ; Itfa ,
forme), ins.— Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Carabiques, tribu des
Subulipalpes, créé par A. White (ZooJ. of
the Voy. Erebusand Terror, 1846, p. 6, 1. 1,
pi. 15). Ce genre a pour type une espèce
de la Nouvelle-Zélande , nommée M. polita
par l'auteur. (C.)
MOLORCHUS (p£>oç, guerre; oPXo?,
jardin ). ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famille des Longicornes, tribu
des Cérambycins, créé par Fabricius et
adopté par Mulsant ( Histoire naturelle des
Longicornes de France, 1839, p. 107), qui
consacre ce nom aux petites espèces du genre
Necydalis de Linné, qu'on réunissait au
premier. Le genre Molorchus se compose
des espèces suivantes: M. minor (ccram-
boides Deg. , dimidiatus F. ), umbellatarum
Linn., sanguinicollis 01., pygmœus et affi-
nis Dejean. Les deux premières et les deux
dernières se trouvent en Europe, et la troi-
sième est indigène des Antilles. Leur forme
générale rappelle certains Ichneumonides.
(G.)
*MOLOSOMA, Say, ins. — Syn. d'Oso-
Wws, Leach., Lat., Erichson. (C.)
MOLOSSE, mam. — Genre de Chéiro-
ptères de la division des Vespertilionides,
établi par Et. Geoff. St.-Hilaire(inn. mus.,
t. VI) sur le Vespertilio molossus de Linné,
adopté par tous les zoologistes, et dont Illi-
ger a fait son genre Dysopes , nom qui a été
adopté par quelques naturalistes.
Les Molosses n'ont que deux incisives et
deux canines à chaque mâchoire : les inci-
sives sont de grandeur moyenne, bifides;
les inférieures sont très petites, et leur tran-
chant est garni de deux très petites pointes ;
les canines supérieures sont grandes, et les
inférieures ont leur pointe déjetée du côté
extérieur ; les molaires qui, d'après Et. Geoff.
St.-Hilaire, ne sont qu'au nombre de quatre
de chaque côté, et qui, selon Fr. Cuvier, sont
au nombre de cinq, ont leur couronne large
et hérissée de pointes; toutefois les fausses
molaires n'ont qu'une ou deux pointes seu-
lement. La tête est grosse, le museau très
large et renflé ; la face, en partie dépourvue
de poils, ne présente pas d'appendices mem-
braneux en forme de fer à cheval ou de lan-
guette, comme cela se remarque dans plu-
sieurs groupes de Chéiroptères. Les oreilles
sont grandes , et les oreillons petits, ronds ,
épais et extérieurs. Les yeux sont très petits,
les narines un peu saillantes et ouvertes
en avant. La langue est douce, sans papilles
cornées. Les membranes des ailes sont
d'une étendue proportionnelle à celles des
Chauves-Souris de nos pays; la membrane
interfémorale est assez étroite, terminée
carrément, et comprend la base de la queue
ou la queue presque entière, dont l'extré-
mité reste libre.
Ces Chéiroptères, qui appartiennent tous
à l'Amérique Méridionale, paraissent ne pas
différer de nos Vespertilions ordinaires par
leurs habitudes naturelles. Et. Geoff. St.-Hi-
laire indique neuf espèces comme devant en-
trer dans ce groupe; depuis, on en adécou-
304
MOL
MOL
vert de nouvelles, et dans un ouvrage assez
récent (Nouv. tabl. du règne animal, mamm.,
1842) , M. Lesson en mentionne dix-huit
espèces. Du reste, on est encore loin de con-
naître assez bien toutes les espèces indiquées
par les auteurs, pour pouvoir affirmer que
ce sont bien des espèces distinctes, et l'on
doit croire que plusieurs seront un jour
rayées du catalogue mammalogique. Nous
nous bornerons ici à décrire quelques unes
des principales espèces.
Le Molosse a ventre brun , Molossus
fusciventer Et. GeofT.(toco cit. Desm., Mam.).
Mdlot volant (Daubenton, Mém. del'acad.
des se. de Paris, 1779, et w Buffon, t. X,
pî 19, fig. 3), Vespertilio molossus Linné.
C'est le type du genre ; le corps et la tête ont
deux pouces de longueur, et la queue dé-
passe 4e sept lignes la membrane interfé-
morale; le pelage est d'un cendré brun en
dessus, excepté le ventre qui est brun à son
milieu. Habite la Martinique.
Le Molosse a longue queue, Molossus Zow-
gicaudalus Et. Geoff. (idem), Second mulot
volant (Daubenton, in Buffon, t. X, pi. 19,
fig. 3), Vespertilio molossus Linné. Un peu
plus petit que le précédent; son pelage est
d'un cendré fauve, et Ton remarque un ru-
ban de peau nue et relevée, étendu du bout
du museau jusqu'au front. Se trouve égale-
ment à la Martinique.
Le Molosse amplexicaude, Molossus am-
plexicaudatus Et. Geoff. (ibid.), Chauve-souris
de la Guyane (Buffon, suppl., t. VII, pi. 75),
de la taille de la Nodule : le pelage est noi-
râtre, moins foncé en dessous qu'en dessus;
la queue est entièrement enveloppée dans
la membrane interfémorale ; les oreilles sont
plissées et s'étendent sur les joues. On trouve
cette espèce à Cayenne, où elle vole en
grandes troupes.
Citons en terminant deux espèces décrites
nouvellement dans le Voyage dans l'Ame'
rique Méridionale de M. Alcide d'Orbigny ;
ce sont les ilfotossws rugosus et Molossus
moxensis. (E. D.)
MOLOSSE. Molossus ( nom d'un ancien
peuple), moll. — Genre proposé par Montfort
pour un corps fossile que Blumenbach avait
déjà figuré sous le nom d'Orthoceratites gra-
cilis. Ce serait, suivant l'auteur, unecoquille
libre, univalve, cloisonnée, droite, conique,
Gstuleuse et intersectées, avec un siphon la-
téral continu servant de bouche. Férussac
et M. de Blainville ont classé ce corps au-
près des Nodosaires. (Duj.)
MOLOSSE, rept. — Nom d'une espèce
du genre Couleuvre. (E. D.)
MOLOSSUS. mam. — Le Dogue , race
particulière des Chiens domestiques, porte
le nom scientifique de Canis molossus.
(E. D.)
MOLPADIA (nom propre), échin. —
Genre établi par Cuvier dans son ordre des
Échinodermes sans pieds , pour une seule
espèce , Molpadia holothurioides , de la mer
Adriatique, à laquelle M. Risso en a ajouté
une autre de la Méditerranée, M. muscu-
lus. Les Molpadies sont censées différer des
Holothuries par l'absence des pieds et ten-
tacules à la bouche, et par une armure den-
taire moins compliquée pourtant que celles
«es Oursins ; leur extrémité postérieure
finit en pointe.
M. de Blainville, dans le supplément de
son Manuel d'actinologie, les place dans la
sixième section de ses Holothuries, les Si-
ponculiformes, et il leur attribue des ten-
tacules simples , courts et cylindriques
comme ceux des Actinies. (Duj.)
MOLPADIA, Cassini (in Bull. Soc. phil.9
1818, p. 168). bot. ph. — Syn. de Telckia,
Baumg.
MOLTKiA. bot. ph.— Genre delà famille
des Aspérifoliées-Anchusées, établi par Leh-
mann (in Act. nat. scrut. Maliens., II, 2, p.
3). Herbes orientales. Voy. aspérifolia-
cées.
MOLUCA, Endl. (Gen. plant., p. 629,
n. 3668). bot. ph. — Voy. molucella.
MOLUCA, Tournef. (Inst., 88). bot. PB.
— Syn. de Molucella, Linn.
MOLUCELLA. bot. fh. — Genre de îa
famille des Labiées-JStachydées, établi par
Linné qui le place dans la didynamic-gym-
nospermie (Gen., n. 726), et dont les ca-
ractères sont: Calice campanule à la base,
strié; limbe ample, dilaté, réticulé, à 5 ou
10 dents mucronées ou épineuses. Corolle à
tube inclus; limbe à deux lèvres: la supé-
rieure dressée, entière ou légèrement bifide
sur les bordj; l'inférieure à 3 lobes, dont le
médian plus large, cordiforme. Etamines4,
ascendantes, les inférieures les plus longues;
filets nus à la base; anthères pédicellées la-
téralement au sommet du filet, à 2 loges
MOL
MOM
30j
divariquées. Style bifide au sommet; stig-
mates 2. Le fruit est un akène sec, à 4 co-
ques, tronqué au sommet.
Les Molucella sont des herbes annuelles,
très glabres; à feuilles opposées, pétiolées,
profondément dentées; à fleurs disposées en
verticillastres axillaires, à bractées subulées,
épineuses. Elles croissent sur les bords de la
Méditerranée.
Ce genre ne renferme qu'un petit nombre
d'espèces réparties par Einllichev (G en. plant.,
p. 629, il. 3668) en deux sections qu'il
nomme : Molucca: Limbe du calice très
grand, membraneux, pentagone, a 5 dents
très courtes et mucronées; Chasmone: Limbe
du calice court, coriace , bilabié, à 8 ou 10
dents épineuses. (J.)
MOLURIS (poJivpoç, triste), ins. — Genre
de Coléoptères hétéromères, famille des Mé-
Jasomes, tribu des Piméliaires, créé par La-
treille ( Gênera Crustaceorum et Ins., t. II,
p. 148). Ce genre ne se compose, jusqu'à
ce jour, que d'espères de l'Afrique australe,
et on en compte plus de 40. Quelques unes,
d'une taille très grande, ont le corps bisphé-
rique, d'autres l'ont allongé. Ces dernières
sont plus étroites et moins gibbeuses. Nous
citerons comme faisant partie de ce genre
les Pimelia striata, globosa, scabra de F.,
gibbosa, lœvigata, brunnea d'Olivier, et M.
cubica, discoidea, variolosa et luteipes Guér.
Les pattes de la plupart de ces espèces sont
cendrées et velues. (C.)
MOLY. bot. ph. — Genre de la famille des
Liliacées-Asphodélées - Hyacinthées, établi
par Mœnch (Meth., p. 286) aux dépens du
genre Allium de Linné, et dans lequel il
comprend toutes les espèces qui présentent
pour caractères essentiels : les étamines
égales, filiformes ou subulées; l'ovaire à 3
loges. Voy. ail.
MOLYBDÈNE (f*oAuWo»va, ftoAv&îoç).
chim. — Le Molybdène a été découvert en
1778, par Scheele, dans un minéral , où il
se trouve à l'état de sulfure, et qui, jusqu'à
cette époque, avait été confondu avec la
Plombagine. Ce métal existe dans la nature,
combiné , soit à l'Oxygène, soit au Soufre,
et formant aussi un acide, un molybdate de
Plomb et un sulfure. Ces minéraux sont ra-
res, et en général disséminés dans les an-
ciens terrains.
Le Molybdène s'obtient en traitant l'acide
t. vin.
molybdique, soit par le charbon , soit par
l'hydrogène. Ainsi obtenu, le métal se pré-
sente en masse grisâtre, poreuse, parsemée
de grains d'un blanc mat; il est presque in-
fusible ; sa densité === 8,615. Exposé à l'air,
il se ternit peu à peu; chauffé au rouge , il
brunit d'abord , puis devient bleuâtre , et
brûle au feu avec fumée en se convertissant
en acide molybdique. Il ne décompose pas
l'eau; il forme avec l'Oxygène deux oxydes et
un acide; il s'unit au Soufre, au Chlore, à
l'Iode. L'équivalent du Molybdène est re-
présenté par 598,420. Ce métal est sans
usages. (A. D.)
*MOLYTES. ins. — Genre de Coléoptè-
res tétramères , famille des Curculionides
gonatocères, division des Molytides, créé
par Schœnherr (Dispositio rnelh., p. 172;
Gênera et sp. Curcul. syn. , t. II , p. 349 ,
6, 2, p. 302). Ce genre renferme les es-
pèces suivantes : M. coronalus Lat., Ger-
manus Lin., Illyricus U1I., glabratus F.,
dirus H., lœvigatus Stev., et funestus 01.
Les six premières sont propres à l'Europe, et
la dernière est désignée comme se trouvant
au cap de Bonne-Espérance. (C.)
♦MOLYTIDES. ins. — Division des Co-
léoptères tétramères, de la famille des Cur-
culionides gonatocères, établie par Schœn-
herr (Gênera et sp. Curculion. syn., t. VI,
II, p. 295), et qui a pour caractères : Rostre
long, courbé, cylindrique, un peu arqué et
renflé. Elle se compose des genres suivants :
Lepyrus, Tanysphyrus, llylobius, Cepurus,
Molytes, Trysibius, Anisorhynchus, Leioso-
mus, Adexius, Plinthus, Scotasmus, Cyîin-
drorhinus, Macrotarsus, Phytonomus, Pro-
cas et Conialus. Chez les individus des
quatre premiers genres, le corps est ailé;
mais il est aptère dans les suivants. (C.)
MOMBIN, DC. (Prodr., II, 74). cor. pn.
— Voy. spondias, Linn.
MOMORDIQUE. Momordica. bot. pu.—
Genre de plantes de la famille des Cucurbi-
tacées, de la monœcie-monadelphie dans le
système de Linné. Sa circonscription primi-
tive a été restreinte dans ces derniers temps
par L.-C. Richard qui en a détaché une es-
pèce très curieuse, le Momordica clalerium,
Lin., plante extrêmement abondante autour
des lieux habités dans nos départements mé-
ridionaux, avec laquelle il a fait son genre
Ecbalium, caractérisé particulièrement par
39
306
MOM
MOM
son fruit qui, lorsqu'il est mûr, se détache
de son pédicule, soit au moindre contact ,
soit spontanément, et projette ainsi au loin
ses graines au milieu d'un jet de liquide
(voy. ecbalium). Après cette suppression, il
ne reste dans le genre Momordique que des
espèces exotiques qui appartiennent à l'Asie
et à l'Amérique tropicale; ce sont des plan-
tes herbacées, grimpantes, à feuilles palmées
3-5-lobées, s'appuyant aux corps au moyen
de vrilles simples, allongées, extra-axillaires.
Leurs fleurs sont solitaires sur un pédoncule
axillaire qui porte une bractée foliacée ; elles
sont monoïques. Les mâles se composent
d'un calice court, campanule, 5-fide, étalé;
d'une corolle insérée sur le calice, 5-partite,
à divisions étalées ; obtuses; de 5 étamines,
également insérées sur le calice, réunies en
trois faisceaux. Les femelles présentent un
calice adhérent, à limbe 5 parti, étalé; une
corolle semblable à celle des fleurs mâles;
trois rudiments d'étamines ; un ovaireinfère,
à trois loges muUi-ovulées, surmonté d'un
style 3-fide ou 3-parti, auquel succède un
fruit charnu, dont la surface extérieure porte
des tubercules ou des pointes, et qui se rompt
avec élasticité à sa maturité. Les graines sont
comprimées, marginées, revêtues d'un tégu-
ment charnu qui les fait paraître rugueuses
lorsqu'elles sont sèches.
On trouve aujourd'hui dans tous les jar-
dins botaniques et dans plusieurs jardins
d'agrément la Momordique balsamine, Mo-
mordica balsamina, Lin., plante annuelle
de l'Inde, à feuilles palmées-lobées, glabres,
dont les lobes sont bordés de grosses dents
aiguës; à fleurs petites, jaunes, dont les fe-
melles ont l'ovaire pubescent, hérissé de pe-
tits tubercules aigus, en rangées longitudi-
nales. A ces fleurs succède un fruit oblong,
de la grosseur d'une grosse prune, d'une
belle couleur orangée ou rouge, ce qui lui
fait donner dans les Indes le nom vulgaire
de Pomme de merveille, qui s'ouvre à la ma-
turité en trois valves irrégulières. Ce fruit
est regardé comme vulnéraire. Aux Philip-
pines, on emploie comme vomitif la décoction
des feuilles de cette plante. (P. D.)
MOMOT. Momolus. ois. — Genre de
Passereaux de la division des Syndactyles,
créé par Brisson sous la dénomination de
Momotns, tirée de Momot, nom sous lequel
Fernandez avait désigné l'espèce type du
Houtou. Linné confondait les Momots avec
les Toucans ; mais aujourd'hui ce groupe
est adopté par tous les zoologistes , seule-
ment on n'est généralement pas d'accord
relativement à la dénomination latine qu'on
doit lui appliquer, et l'on adopte indiffé-
remment les noms de Momolus Brisson,
Priorités Uliger, et Baryphonus Vieillot.
Les Momots ont pour caractères : un bec
long, robuste, épais, un peu comprimé la-
téralement, infléchi vers la pointe, à bords
mandibulaires crénelés ; une langue étroite,
allongée et barbelée sur les bords; des na-
rines arrondies, un peu obliques, situées à
la base du bec, et en partie cachées par les
plumes du front; la tête couverte de plumes
lâches; les paupières nues et les cils rem-
placés par de petites plumes; les tarses de
moyenne longueur, écussonnés, et formant
par la réunion des doigts une plante de
pied solide; les ailes, subobtuses, n'excèdent
guère la naissance de la queue; cette der-
nière est longue , étagée , composée de dix
ou douze pennes, celle du milieu s'ébarbant
dans l'adulte sur un petit espace non loin
du bord.
Ces oiseaux , qu'on rencontre presque
toujours seuls, habitent dans l'intérieur des
forêts; ils sont sauvages et déGants; leur
vol est difficile et peu soutenu, aussi n'a-
bandonnent-t-ils guère les lieux où ils sont
nés. Leur plumage, très fourni à la tête, au
cou et au-dessus du corps , est composé
de plumes longues, faibles et décomposées
comme celles que l'on voit sur la tête des
Geais. Les Momots ne se posent que sur les
branches basses des arbres ; ils nichent dans
des trous creusés par les Tatous ou d'autres
Mammifères, dans lesquels ils portent des
herbes sèches pour y déposer leurs œufs. De
leurs chants ou plutôt de leurs cris graves
et désagréables sont venus les noms de Hou-
tou et de Tutu, qu'ils portent dans les
contrées dont ils sont originaires. Ces ani-
maux sont en général carnivores; car ils se
nourrissent d'insectes , devers de terre, de
petits mammifères, etc.; toutefois ils pren-
nent également parfois une nourriture vé-
gétale.
D'Azara a pu étudier au Paraguay les
mœurs d'une espèce de ce genre, le Momot
tutu, et nous rapporterons ici ce qu'il en
dit : « Ces oiseaux, quoique assez farouches,
MOM
MOM
307
vivaient en liberté ; ils étaient lourds dans
leurs mouvements, leur démarche consistait
en sauts brusques et obliques, pour lesquels
ils ouvrent beaucoup les jambes; ils agi-
taient leur cou en divers sens ; ils dormaient
sur le dos d'une chaise, et ne descendaient
à terre que pour manger ; on leur jetait de
petits morceaux de pain ou de viande crue,
à laquelle ils donnaient la préférence : ils
ont aussi mangé quelquefois des melons
d'eau et des oranges; mais ils ne faisaient
aucun cas du mais, entier ou concassé, et ne
buvaient jamais : ils ne se servaient point de
leurs pieds pour saisir les morceaux qu'on
leur donnait, et qu'ils frappaient à plusieurs
reprises contre terre avant de les avaler; ils
en agissaient de même envers les Figuiers
et autres petits oiseaux qu'on lâchait dans
la chambre, lorsqu'après une poursuite
acharnée ils s'en étaient emparés ; cette ha-
bitude ne paraissait pas avoir seulement
pour motif de les tuer, mais de leur briser
les os pour amincir leur corps, afin de les
avaler ensuite avec plus de facilité, en com-
mençant par la tête , ainsi qu'ils le prati-
quaient pour les Souris, n
Ces Momots habitent le Brésil : on n'en
connaît encore bien que trois espèces ;
d'autres espèces ont cependant été décrites,
nous ne citerons que :
1° Le MOMOT H0UT0U OU MoMOT A TÊTE
bleue, Momotus brasiliensis La th. , Bary-
phonus cyanocephalus Vieillot. De la gros-
seur de la Pie commune, il a environ dix-
buit pouces de longueur du bout du bec à
celui de la queue. Tout le dessus de son
corps est vert; une tache d'un beau noir
entoure les yeux, se termine en pointe vers
les oreilles, et est bordée de bleu dans sa
partie postérieure; un bleu de saphir chan-
geant en violet est sur l'occiput, et un bleu
d'aigue-marine sur le sinciput; ces deux
couleurs sont séparées sur le sommet de la
tête par une grande tache d'un noir de ve-
lours; la nuque est légèrement parsemée de
quelques plumes d'une teinte marron ; tout
le dessous du corps est d'un vert sombre;
au milieu de la poitrine on voit un petit
bouquet de plumes noires, bordées de bleu
à l'extérieur; un vert changeant en bleu
couvre une partie des grandes rectrices
alaires, ainsi que les premières rémiges ;
toutes les autres pennes et les petites rec- J
trices sont vertes ; le bec est noir , les pieds
sont bruns. Les rectrices très étagées sont
vertes à leur origine, puis d'un bleu chan-
geant en violet; les deux du milieu, beau-
coup plus longues , sont ébarbées à un
pouce environ de leur origine, jusqu'à un
pouce ou deux de leur extrémité; dans cet
intervalle, les barbules paraissent avoir été
usées par le frottement, car on observe que
dans les jeunes les barbes sont entières dans
presque toute la longueur des rectrices.
Chez les jeunes, le plumage est mêlé de roux
sur tout le dessus du corps, et le bouquet
de plumes noires de la poitrine n'existe
pas.
Le nom de Houtou provient du cri que
fait entendre cet oiseau toutes les fois qu'il
saute. Il habite le Brésil et la Guyane.
2° Le Momot d'Ombey, Momotus ruftcapil-
lus Dumont de Sainte Croix , Baryphonus
ruftcapiUus Vieillot. Cette espèce ne diffère
de la précédente qu'en ce que le dessus de
la tête est roux, qu'aucune des rectrices
n'est ébarbée, qu'en outre la couleur verte
du dos et des ailes et la couleur bleue des
rémiges primaires et des rectrices ne sont
plus pures, et enfin que les quatre pennes
intermédiaires de la queue sont égales entre
elles, tandis que chez le Houtou les deux
du milieu sont plus longues.
A cette espèce on réunit généralement le
Momot tutu, Baryphonus cyanogasler Vieil-
lot, sur lequel d'Azara a donné des détails
de mœurs, ainsi que nous l'avons dit au
commencement de cet article, et qui ne
semble différer du Momot d'Ombey, que
parce que la moitié inférieure de sa poitrine
et le reste des parties inférieures du corps
sont d'un bleu assez vif. Le nom de Tutu
a été appliqué à cet oiseau , parce qu'il fait
entendre souvent les syllabes tu-tu-tu-
tu-tu.
Le Momot d'Ombey se trouve au Brésil.
3° Le Momot oran-roux , Momotus Lcvail-
lanlii Temm., Lesson. Cette espèce, qui
n'est pas encore bien connue, offre les ca-
ractères suivants: Le plumage est générale-
ment vert en dessus ; la tête est rouge , les
joues noires; une tache angulaire de même
couleur se remarque au milieu de la poi-
trine; les rémiges sont bleuâtres; une cein-
ture orangée se voit sur le haut du ventre,
celui-ci est gris de perle ; la queue est Ion-
308
MON
MON
gue, étagée, à extrémité égale. Se trouve au
Brésil, (E. Desmarest.)
*MONACANTHA (poVoç, seul; «xavGo; ,
épine), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famille des Longicornes, tribu
des Cérambycins (Sténochorides), attribué
par M. Hope à Kirby (Coleoptçrist's manual,
1840 , p. 44). L'espèce type , le Cer. casla-
neus de Lin. est propre à l'Europe (C.)
MONACANTHE. Monacanthus (f*o'voç,
seule; ax«v0«, épine), poiss. — Genre de l'or-
dre des Plectognathes, famille desScléroder-
mes, établi par G. Guvier (Règn. anim., t. II,
p. 373) aux dépens des Balistes proprement
dits, dont ils diffèrent par les caractères sui-
vants : Ecailles très petites, hérissées de sca-
brosités raides et serrées comme du velours ;
une seule épine dentelée à leur première
dorsale.
Plusieurs sections ont été établies dans ce
genre; la première comprend les espèces
dont l'os du bassin, très mobile, tient à l'a-
domen par une sorte de fanon extensible, et
dont la queue est garnie de fortes épines sur
les côtés (Balisles chinensis, tomentosus Bl.,
Bal. japonicus Tiles, Bal. pelleon Quoy et
Gaim., Bal. geographicusPév.).
La seconde section renferme les espèces
qui diffèrent des précédentes par les soies
rudes dont leur queue est hérissée {Bal. to-
mentosus Lin. , Scopas Commers.).
Une troisième section se compose des es-
pèces qui ont le corps tout couvert de pe-
tits tubercules pédicules (Balistes papillo sus
Schn.).
Dans la quatrième se rangent celles dont
le corps est garni partout de cils grêles et sou-
vent branchus (B. penicilligerus Pér., Cuv.,
Bal. villosus Ehrenb.).
Enfln la cinquième section comprend tou-
tes les autres espèces qui manquent de ces
divers caractères (Bal. hispidus L., longi-
rostris Sehn., papillosus L., villosus Cuv.,
gutlatus Cuv.).
Les Monacanthes habitent les mers de la
zone torride, près des rochers à fleur d'eau,
lisse nourrissent principalement de Polypes
et de Coraux. La couleur de ces Poissons est
généralement d'un brun foncé.
MONACANTHUS, Lindl. (Bot. Mag., t.
3601, 3078). bot. pu. — Syn. de Catasetumf
Rien.
* MONACHIDIÊJM ((*ov«Xo'ç, moine).
ins. — Genre delà tribu des Acridiens, éta-
bli par M. Serville ( Ess. d'une nouv. class.
des Orlh.), et adopté par nous (Hist. des Ins.).
Les Monachidies sont caractérisés par un
prosternum muni d'un tubercule; par des
mandibules dentées, un prothorax relevé en
forme de crête; par des cuisses postérieures
minces, inermes, etc. Le type est le M. fla-
vipesServ., de la Guyane. (Bl.)
MONACHNE, Palis. -Beauv. (Agrost.>
168, t. 10, f. 10). bot. ph.— Syn. dePani-
cum, Linn.
*MONACHUS (monachus, moine), ins.
— Genre de Coléoptères subpentamères ,
tétramères de Latreille, famille des Cycli-
ques (de nos Tubifères), tribu des Crypto-
céphalides (Chrysomélines de La t.), créé par
nous et adopté par Dejean (Catal., 3e éd., p.
449) qui en énumère 1 3 espèces, toutes d'A-
mérique. Les types : le Cryptocephalus sa-
ponotus F., et la Clylhra atra de Knock,
sont originaires de la Caroline du Sud.
L'Asie et l'Afrique offrent aussi des repré-
sentants du genre. (C.)
* MONACHUS (f/.ov«Xoç, moine), ois. —
M. Kaup (Eatw. G. Eue. Thiew., 1839) in-
dique ainsi une division des Sylvies. Voy. ce
mot. (E. D.)
MONACITE. min. — Espèce du genre
Phosphate. Voy. ce mot.
MONACTIS (jjio'voç, seul; àVn;, rayon).
bot. ph. —Genre de la famille desComposées-
Sénécionidées, établi par H. B. Kunth (in
Eumb. et Bonpl. Nov. gen. et sp., IV, 286, t.
403). Arbres de l'Amérique. Voy. compo-
sées.
MONADAIRES. infus. — Première fa-
mille de l'ordre des Gymnodés de M. Bory
de Saint-Vincent , dans sa classiGcation des
Microscopiques. Ce sont les plus simples des
créatures vivantes, suivant cet auteur, qui
comprend sous ce nom les g. Lamelline,
Monade, Ophthalmoplanie et Cyclide. (Duj.)
MONADE, Monas (uova'ç, pova^oç, unité).
infus. — Genre d'Infusoires établi par 0. F.
Millier, mais incomplètement caractérisé par
lui, en raison de l'insufnsance de ses moyens
d'observation. M. Bory de Saint-Vincent,
en adoptant aussi ce genre , le caractérisa
seulement aussi par l'extrême simplicité du
corps parfaitement sphérique ; il exclut
ainsi de ce genre, pour les reporter dans
son genre Mélanelle, les espèces de Millier,.
MON
MON
:o9
à corps allongé, qui sont pour nous des Vi-
brioniens des genres Bacterium et Vibrio de
M. Ehrenberg. Ce dernier zoologiste, ayant
voulu caractériser les Infusoires propre-
ment dits par la multiplicité des estomacs,
attribua faussement aux Monades une vaste
bouche entourée de cils vibratiles, et du
fond de laquelle partent des estomacs pé-
doncules comme autantde cœcums. Mais au-
jourd'hui on sait que les Monades n'ont
pas de bouche, que leur corps gélatineux de
forme variable et susceptible de s'étirer plus
ou moins quand il s'est agglutiné quelque
part , est pourvu d'un long filament fla-
gelîiforme qui leur sert d'organe locomo-
teur, et que M. Ehrenberg a voulu aussi
nommer une trompe.
Les Monades se montrent promptement
dans les infusions animales ou végétales
sous la forme de petits corps presque glo-
buleux, incolores, presque transparents,
larges d'un demi-millième à un et deux
centièmes de millimètre, et se reconnaissent
à leur mouvement irrégulier vacillant.
L'espèce qu'on peut citer comme type est
le Monas lens , qui fut ainsi nommé par
Mtiller, à cause de sa forme un peu discoïde
ou lenticulaire. Il est irrégulièrement bos-
selé à la surface , sa largeur est de 5 à 14
dix-millièmes de millimètres. Son filament
locomoteur est très difficile à voir, même
avec les meilleurs microscopes ; grossi
460 fois, il ne paraît pas plus gros qu'un
cheveu, qui n'a lui-même qu'une épaisseur
de cinq centièmes ou un vingtième de mil-
limètre. Ainsi, l'épaisseur réelle de ce fila-
ment locomoteur est la 460e partie de l'é-
paisseur d'un cheveu ou la dix-millième
partie d'un millimètre environ. Au reste,
les Monades des diverses infusions ne dif-
fèrent guère que par leur grosseur et par
la mollesse de leur corps; on ne peut
donc les distinguer suffisamment comme
espèces. (Duj.)
MONADELPITIE. Monadelphia (p.o'vog,
seul ; à'hïyoç, frère), bot. ph. — Seizième
classe du système sexuel de Linné, compre-
nant les plantes dont toutes les étamines sont
réunies en un seul faisceau par leur filet
(Malvacécs) . Cette classe se compose de cinq
ordres distincts les uns des autres par le nom-
bre des étamines: Monadelphie pentandrie,
Monadelphie decandn'e,Monadelphie ennean-
drie, Monadelphie dodécandrie et Monadel-
phie polyandrie.
*îllONADENIA(povo;, seul ; à^v, glande).
bot. ph.— Genre de la famille des Orchidées,
établi par Lindley {Orchid., 456). Herbes du
Cap. Voy. orchidées.
MONADIENS. infus. — Famille d'Infu-
soires. Voy. ce mot.
MONADÏNES. infus. — Sous ce nom ,
M. Ehrenberg désigne la première famille
de ses Polygastriques anentérés , compris
dans la première section , celle des Gym-
niques , c'est-à-dire des Infusoires dont le
corps n'est pas cilié, ni pourvu d'appen-
dices. Mettant à part le genre Rodo, carac-
térisé par la présence d'une queue, il dis-
tingue parmi les Monadines sans queue le
genre Chilomonas, dont la bouche doit être
pourvue de lèvres ; puis il sépare le genre
Doxococcum, comprenant ceux qui se meu-
vent en roulant, et tous les autres qui se
meuvent en nageant, sont ou ne sont pas
pourvus d'yeux. Les genres Monas, Uvella
et Polytoma sont privés d'yeux, et diffèrent
parce que les Monas sont toujours isolés, et
les autres sont agrégés. Les genres Micro-
glena , Phacelomonas et Glenomorum ont
des yeux, mais les derniers seuls vivent
agrégés; les Microglena qui sont isolés n'ont
qu'une ou deux trompes, et les Phacelomo-
nas en ont davantage. Si l'on se reporte à
notre art. Infusoires, on comprendra ce que
ces caractères ont d'artificiel. (Duj.)
MONANDREE. Monandria (jjlovo;, seul;
àv<îpo'ç, étamine). bot. ph. — Première classe
du système sexuel de Linné, comprenant les
plantes qui n'ont qu'uneseule étamine (ex. :
Halogetum, Halimocnemis, etc.). Elle a été,
en outre, subdivisée en deux ordres nommés
Monandrie monogynie et Monandric digy-
nie.
MONANTHES, DC. {Prodr., III, 411).
BOT. PH. — Voy. SEMPEKV1VUM, LÎM1.
MONARCHA. ois.— Genre établi par Vi-
gors et Horsfield, et dont l'espèce type est le
Moucherolle caréné. Voy. gobe-mouche.
MONARDE. Monarda. bot. ph. —Genre
peu nombreux mais très naturel de la fa-
mille des Labiées, de la diandrie monogy-
nie dans le système de Linné. Il ne ren-
ferme qu'un petit nombre d'espèces, mais
toutes sont assez remarquables par la beauté
de leurs fleurs pour servir à l'ornement des
310
MON
MON
jardins, où deui surtout sont très répan-
dues. Ses limites sont assez nettement pro-
noncées pour être restées presque les mêmes
que celles qui lui avaient été assignées par
Linné; cependant M. Rafinesque a trouvé
que deux de ses espèces (M. ciliata et hir-
suta Pursh ) présentaient des différences
assez grandes pour pouvoir en être déta-
chées et pour constituer un genre nouveau,
le Blephilia, Rafln., qui a été adopté par
M. Bentham dans sa Monographie des La-
liées. Après cette légère modification, le
genre Monarde comprend des plantes her-
bacées vivaces, toutes de l'Amérique du
nord, dont les fleurs sont réunies en grande
quantité, en faux verticilles peu nombreux,
mais très serrés , et dont le supérieur a
l'aspect d'un capitule; elles sont accompa-
gnées de bractées ; leur couleur est purpu-
rine ou rouge vif. Elles se composent : d'un
calice tubuleux, allongé, à 15 nervures, ter-
miné par 5 dents, le plus souvent velu in-
térieurement à la gorge; d'une corolle un
peu renflée à la gorge, dont le limbe est di-
visé en deux lèvres linéaires allongées, la
supérieure dressée, entière ou écbancrée au
sommet, l'inférieure étalée, fendue en trois
lobes courts; de deux étamines allongées et
saillantes, les deux supérieures restant rudi-
mentaires.
1. Monarde didyme , Monarda didyma
Lin. (M. coccinea Mich. , M. purpurea
Lam.). Cette espèce, commune dans lesjar-
dins, est connue sous le nom vulgaire de Thé
d'Oswego ou de Pensylvanie, qui lui vient
de ce que ses feuilles aromatiques sont usi-
tées en guise de Thé dans les parties de
l'Amérique septentrionale où elle croît
spontanément. Sa tige s'élève à 6-7 déci-
mètres, et se distingue par quatre angles
aigus longitudinaux ; ses feuilles sont pé-
tiolées, ovales-lancéolées, acuminées, arron-
dies et presque en cœur à leur base, légère-
ment hérissées à leurs deux surfaces; les
feuilles florales sont sessiles, et les bractées
extérieures , longuement rétréeies à leur
base, sont colorées. Ses fleurs sont belles et
grandes, d'un rouge vif, longues de 4 ou
5 centimètres; leur calice est courbe, strié,
coloré, glabre, presque nu à la gorge; leur
corolle est très glabre; leurs organes sexuels
sont longs et saillants. C'est une plante de
pleine terre pour laquelle les précautions
se bornent à la couvrir pendant l'hiver , et à
lui donner de nouvelle terre tous les deux
ans; on la renouvelle par la division des
pieds, opération qui se fait en automne.
2. Monade fistuleuse, Monarda pZstulosa
Lin. M. Bentham rattache à cette espèce
comme synonymes les M. purpurea Pursh ,
M. rugosa Ait. , M. glabra Lam., M. vio-
lacea Desf. , et diverses plantes que les hor-
ticulteurs regardent comme distinctes, et
qu'ils désignent sous les noms de M. cœru-
lea, cristata, dubia. Cette synonymie com-
pliquée tient à ce que la Monarde fistuleuse
varie beaucoup sous le rapport de la taille,
de la villosité, de la grandeur et de la cou-
leur des fleurs, de la forme des bractées, etc.
Voici cependant les caractères qui permet-
tent de la distinguer de la précédente. Elle
s'élève plus haut; son calice est à peine
courbé, moins coloré , ainsi que ses brac-
tées, hérissé intérieurement à la gorge;
sa corolle plus pâle, le plus souvent purpu-
rine ou violacée, et non d'un rouge vif, est
plus petite et pubescente. Cette plante croît
très communément dans les endroits frais
et montueux des États-Unis ; elle y est em-
ployée pour le traitement des fièvres inter-
mittentes à cause de son amertume. Elle est
très répandue dans nos jardins; sa culture
est analogue à celle de l'espèce précédente.
(P- D.)
MOTCARDÉES. Monardeœ. bot. pu. —
Tribu de la famille des Labiées (voy. ce mot),
qui a reçu ce nom du genre Monarde qui lui
sert de type. (Ad. J.)
*IMONARDELLA (diminutif de Monarda).
bot. ph. — Genre de la famille des Labiées-
Saturéinées, établi par Bentham (Labiat.^
351). Herbes de l'Amérique boréale. Voy.
LABIÉES.
MONARRHENUS (^ovo«, seul; Zfrnv ,
mâle), bot. pu. — Genre de la famille des
Composées-Astéroïdées, établi par Cassini
(in Bullel. Soc. philom., 1817, p. 41 ; Dict.
se. nat., XXXII, 453; LUI, 236). Arbris-
seaux de la Mauritanie. Voy. composées.
MONAS. infus. — Voy. monade.
MONASE. Monasa. ois. — Nom donné pat
Vieillot au Barbacou.
MONAUL. Monaulus, Vieill. ois. — Syn.
de Lophophore. Voy. ce mot.
MONAX. mam. — Espèce du genre Mar-
motte. Voy. ce mot. (E. D.)
MON
MON
311
MONDAIN, ois. — Nom vulgaire d'une
race de Pigeons. Voy. ce mot.
MONE. mam. — Nom vulgaire d'une es-
pèce de Guenon. Voy. cercopithèque.
MONEDULA. ois. — Nom donné par
Brehm au Choucas. Voy. corbeau.
MONEDULA. ins.— Genre de la famille
des Bembécides, de l'ordre des Hyménoptè-
res , établi par Latreille sur quelques espè-
ces d'assez grande taille , propres à l'Amé-
rique. Les Monédules se reconnaissent à
leurs mâchoires et à leur labre allongés,
formant une sorte de trompe , avec les pal-
pes longs, les maxillaires ayant six articles
et les labiaux quatre. On peut considérer
comme type du genre la M. carolina (Bembex
carolina Fabr. ), de la Caroline et de la
Géorgie d'Amérique. (Bl.)
MONELLA, Herb. {App., 29). bot. ph.
— Syn. de Cyrlanthus, Ait.
* MONEMA (fxovoç, un seul; w^a«, fi-
lament), bot. cr. — (Phycées). Ce genre,
de la tribu des Diatomées, établi par M. Gre-
ville avec ces caractères : Filaments simples
ou rameux , renfermant une série de frus-
tules oblongs ou elliptiques , ne peut être
séparé du genre Sc/u'sonema d'Agardh. (Br.)
MONENTELES. bot. pu. — Genre de la
famille des Composces-Astéroïdées, établi
par Labillardière {Nov. Caled. , t. 43, 44).
Herbes de l'Asie tropicale. Voy. comfosées.
MONETIA. bot. ph.— Genredela famille
des Ilicinées?, établi par L'Héritier {Hisp.,
I, 1). Arbrisseaux du Cap. Voy. icinées.
MONGEZIA (Flor. fiumin., V, t. 105,
106). bot. ph. — Syn. de Samyda, Linn.
MONGOUS. mamm. — Espèce et subdi-
vision du genre Maki. Voy. ce mot.
MONGUL. mamm. — Syn. d'Alogtaga ,
espèce du genre Gerboise. Voy. ce mot.
MONIElïA. bot. ph. — Genre de la famille
des Diosrnées-Cuspariées, établi par Linné
(Gen., n. 850). Herbes des mers de l'Amé-
rique tropicale. Voy. diosmées.
MONILIA {Monile, collier, chapelet).
bot. ph. — Genre de Champignons appar-
tenant aux Arthrosporés. Ce sont des Mucé-
dinées qui vivent en groupes nombreux sur
les végétaux en décomposition. Ils sont ca-
ractérisés par des filaments le plus ordinai-
rement simples, tubuleux, cloisonnés , qui
donnent naissance à leur extrémité supé-
rieure , à peu près à une hauteur égale , à
des rameaux composés d'articles (spores)
réunis bout à bout comme les grains d'un
chapelet, et qui se séparent.
Ce genre ainsi caractérisé se distingue
difficilement des Pénicillium ; mais dans
celui-ci l'extrémité supérieure des filaments
ou pédicelles se dilate sous forme de vési-
cule, et les spores disposées également en
chapelet naissent et divergent de tous les
points de cette vésicule.
LvMonilia penicillata de F. prend quel-
quefois un assez grand développement, et
l'on peut presque distinguer à l'air ses ra-
meaux longs et pendants, qui lui ont fait
donner par Corda le nom de Driarea ele-
gans. (Lév.)
MONILIFORME. Moniliformis {monde,
collier; forma, forme), zool., bot. — On
donne cette épithète, en zoologie, à toutes
les parties divisées par des étranglements en
petites masses arrondies placées à la suite
les unes des autres, en manière de grains de
chapelet, comme les antennes, les palpes de
certains Insectes, les poils de quelques Pho-
ques, etc. — En botanique, cette épithète a la
même signification, et s'applique à tous les
organes qui présentent cette disposition; ex.:
la tige du Cactus moniliformis, les feuilles du
Mesembryanthemum moniliforme, les fruits
de l' Hedysarum moniliforme.
MONÏMÏA. bot. ph.— Genre de la famille
des Monimiacées-Monimiées, établi par Du-
petit-Thouars {Plant, a fric, 21, t. 7). Ar-
brisseaux de l'île Bourbon. Voy. monimiacées.
MONIMIACÉES. Monimiaceœ. bot. ph.
— ■ A. - L. de Jussieu, dans son Gênera
(page 401) , rangeait parmi les Urticées , et
à la suite des Ficus, les deux genres Am-
bora et Iledycaria, dont l'inflorescence,
surtout ceile du premier, présente une res-
semblance marquée avec celle de ces ar-
bres. Plus tard , les matériaux plus nom-
breux et plus complets qu'il eut entre les
mains le déterminèrent à faire entrer ces
plantes dans une famille nouvelle, à la-
quelle il donna le nom de Monimiées, du
nom du genre Monimia Thouars, qu'il re-
garda comme en formant le type (voy. A.-L.
de Juss., Ann. du Mus., XIV, p. 132), et
qui prit place parmi ses Dicotylédones di-
clines. Celte nouvelle famille fut générale-
ment adoptée par les botanistes; et la plu-
part d'entre eux la conservent encore telle
12
MON
MON
que l'a proposée notre célèbre botaniste; de
ce nombre sont MM. Endlicher, A. Ri-
chard , etc. Cependant M. Robert Brown ,
se basant sur des différences dans le mode
de débiscence des antbères, dans la direc-
tion de l'ovule, de la graine et de l'embryon,
dans la consistance du péricarpe, etc., dif-
férences que M. Endlicher regarde comme
indiquant seulement la nécessité d'établir
deux sous ordres dans la famille établie paf
A.-L. de Jussieu, a divisé les Monimiacées
en deux familles distinctes, dont l'une,
celle des Athérospermées , a été traitée par
M. A. de Jussieu dans cet ouvrage (voy.
athérospermées), dont l'autre, celle des
Monimiées ou Monimiacées, est celle qui
nous occupe en ce moment. Ces deux fa-
milles correspondent exactement aux deux
sous-ordres des Monimiées et Athérosper-
mées de M. Endlicher, des Amborées et
Athérospermées de M. A. Richard (Élém.,
Ie édit., p. 665).
Telle qu'elle reste après la séparation des
Athérospermées, la famille des Monimiacées
secomposed'arbresoud'arbrisseauxà feuilles
opposées, simples, entières ou dentées, à ner-
vures pennées, persistantes, non accompa-
gnées de stipules. Leurs fleurs sont umi-
sexuées. Elles ont été considérées par les au-
teurs de deux manières différentes. Pour les
uns, elles se composent d'un périanthe en
forme de calice, étalé, ou resserré en tube
ou en cloche, divisé à son bord en lobes qui
forment fréquemment deux rangées, tapissé
dans les mâles sur toute sa surface interne
d'étamines en nombre indéGni, dont les an-
thères à deux loges opposées s'ouvrent par
une simple fente longitudinale ; dans les fe-
melles, ce périanthe porte à sa partie infé-
rieure ou sur une grande portion de sa face
interne des pistils nombreux, distincts, dont
chacun présente un ovaire uniloculaire ,
avec un seul ovule anatrope , suspendu au
sommet de la loge, et un style terminal.
D'autres auteurs ont considéré ce périanthe
comme un involucre, et chaque étamine ou
pistil comme formant autant de fleurs dis-
tinctes, mâles ou femelles, opinion en fa-
veur de laquelle on peut donner plusieurs
arguments de grande valeur. Le fruit se
compose de drupes monospermes entourés
par l'involucre ou périanthe persistant et
accru , ou même enfoncés dans sa sub-
stance qui est devenue épaisse et charnue.
La graine est renversée, et renferme un
embryon assez développé, à cotylédons el-
liptiques, plans, à radicule supère, placé
dans l'axe d'un albumen charnu-oléagi-
neux. — Les Monimiacées habitent l'hémi-
sphère austral , et leurs divers genres sont
disséminés en différentes parties de l'ancien
et du Nouveau-Monde : les Ambora et Mo-
himia, à Madagascar et à l'île de France,
les Kibara à Java, les Hedycaria à la Nou-
velle-Zélande et à la Nouvelle-Hollande ;
tandis que les Citrosma habitent en grand
nombre le Pérou, rarement le Brésil, et que
le genre Boldoa se trouve dans le Chili. —
On ne sait rien de bien positif relative-
ment aux propriétés de ces plantes, seu-
lement celles de l'Amérique méridionale
ont été remarquées pour l'odeur aromatique
qu'exhalent toutes leurs parties; on sait
aussi que l'écorce des Boldoa renferme assez
de tannin pour qu'on l'emploie avec avan-
tage au tannage des peaux. — Voici, d'après
M. Endlicher, le tableau des genres de cette
petite famille :
Ambora, Juss. (Tambourissa, Sonnerat;
Mithridatea, Commer.) ; Monimiay Thouars ;
Kibara, Endl. (Brongniartia, Blume); Ci-
trosma, Ruiz. et Pav. ; Tetrapome, Poepp. ;
Hedycaria, Forst. ; Boldoa, Juss. (Ruizia,
Pav. ; Peumus , Pers. ) ; Mollinedia Ruiz. et
Pav. (P. D.)
MONITOR. rept. — Cette dénomination
signiGe qui avertit ; on l'a donnée à des Sau-
riens de taille moyenne, dont les uns vivent
en Afrique et dans l'Inde, passent pour pré-
venir l'homme de l'approche des Crocodiles,
ce sont les Varans ; tandis que les autres,
qui sont les Sauvegardes ou Tupinambis,
habitent l'Amérique chaude. Cuvier et plu-
sieurs naturalistes encore, ont employé gé-
nériquement le mot Monilor; mais MM. Du-
meril et Bibron, dont nous suivons la mé-
thode, ne laissent pas dans la même famille
les Varans et les Sauvegardes, et pour évi- j
ter toute équivoque, ils abandonnent l'ex-'i
pression même de Monitor. Voy. les articles
SAUVEGARDE et VARAN. (P. G.)
*MOMTORES. rept. — M. Wiegmann
(Herp. men., 1834) donne ce nom à un
groupe de Sauriens, dont le genre principal
est celui des Monitors. Voy. ce mot. (E. D.)
*MONIUS (p.vio; , qui va seul ). las. —
MON
MON
313
Genre de Coléoptères tétramères, famille des
Curculionides gonatocères, division desÉri-
rhinides, cité au Synopsis du tom. VIII, 2,
p. 341, Gênera et sp. Curculion. de Schœn-
herr. L'auteur a publié les caractères du
genre sous le nom de Stenopelmus , qu'il a
changé ensuite en Panscopus , le précédent
ayant été employé avant lui; mais Schœn-
herr n'a pas fait connaître le motif qui l'a
déterminé à adopter le nouveau nom de
Monius. (C.)
MONNINA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Polygalées, établi par Ruizet Pa-
von {Syst., I, 160). Herbes ou arbrisseaux
de l'Amérique tropicale. Voy. polygalées.
MONOCARPIQUE. bot. — Voy. apo-
GYNE.
MOKOCARYUM (f*ovoç, seul; xa'pvov,
noix), bot. ph. — Genre de la famille des
Mélanthacées-Colchicées, établi par R.Brown
(Append. to Denham et Clappert., p. 241).
Herbes orientales. Voy. mélanthacées.
*MONOCELIS (p.ovoç, unique; xvi)>tç, ta-
che, œil), helm. — Division établie parmi les
Planaires {voy. ce mot) par M. Ehrenberg.
(P. G.)
MONOCENTRA, DG. {Prodr., III, 131).
BOT. PH. — Voy. CH.ETOGASTRA, DG.
MONOCENTIiïS, Schneid. poiss.— Syn.
deLépisacanthe.
*M0rV0CÉPIIALÏENS. Monocephalii {u.l-
vo:, seul; x£-a/7j, tête), tékat. — Famille de
Monstres doubles, de l'ordre des Autositai-
res, caractérisée principalement {Tératologie,
Isid. GcolTr.) par la présence, chez les indi-
vidus de cette famille, d'une double tête,
n'offrant aucune trace extérieure de dupli-
cité, et surmontant deux corps confondus
d'une manière plus ou moins intime et sur
une étendue plus ou moins grande.
L'unké apparente de la tête est le carac-
tère qui distingue essentiellement les Mo-
nocéphaliens des autres Monstres doubles
Autositaires; le second caractère, la fusion
des corps, est celui dont les diverses modi-
fications ont servi de base à l'établissement
des trois genres Déradelphe, Thoradelphe et
Synadelphc, admis par M. Isidore Geoffroy-
Saint-Ililaire {loco cilato) , et dont nous al-
lons donner la description.
1. Déradelpue. Deradelphus (Stp-n , cou ;
àdi/tpoç, frère). Troncs séparés au-dessous de
l'ombilic, réunis au-dessus; trois ou quatre
T. VIII.
membres thoraciques ; une seule tête, sans
aucune partie surnuméraire à l'extérieur.
Cette anomalie, rare chez l'homme, est, au
contraire, fréquente chez les animaux, et l'a»
natomie des Déradelphes présente certaines
particularités dignes de remarque. «Il existe,
au moins dans les cas les mieux connus, non
seulement deux moelles épinières distinctes
jusqu'à leur extrémité supérieure, mais aussi
deux moelles allongées; non seulement deux
rachis et deux canaux vertébraux , mais un
trou occipital très large et manifestement
double, ou même deux trous occipitaux très
rapprochés, dont chacun donne séparément
passage à l'une des moelles allongées, et
entre lesquels sont interposés quelques os-
selets plus ou moins rudimentaires. Quant
aux viscères, leur organisation et leur dis-
position sont généralement les mêmes que
chez les Synotes. Ceux de la région sous-
ombilicale sont doubles et normaux; mais
la portion sus-ombilicale de l'abdomen , le
thorax et le col, renferment un grand nom-
bre de parties uniques, symétriquement dis-
posées par rapport à l'axe d'union, et résul-
tantde la fusion médiane d'éléments appar-
tenant par moitié à chacun des deux sujets
composants. » {Traité de Tératologie , par
M. Isid. Geoff.St-lliiaire.)
beaucoup de Mammifères ont déjà pré-
senté des cas authentiques de Déradelphie;
nous citerons surtout le Chat, le Chien, la
Chèvre, le Bœuf, le Cochon; et parmi les
Reptiles, le Lézard gris a présenté quelques
exemples de cette monstruosité.
2. Thoradelphe. Thoradelphus (Owpa£,
tronc; â&Àyoç, frère). Troncs séparés au-
dessous de l'ombilic, réunis au-dessus, et
confondus même en un tronc en apparence
simple dans sa portion supérieure ; deux
membres thoraciques seulement; une seule
tête sans aucune partie surnuméraire.
Dans ce genre, ce n'est plus à partir du
cou, mais seulement du thorax, que la du-
plicité de l'être commence à se révéler. A
l'intérieur, il n'existe plus qu'une seule sé-
rie de vertèbres cervicales et une seule
moelle épinière cervicale, comme un seul
crâne et un seul encéphale; et la bifurca-
tion des deux rachis ne commence que vers
le milieu de la partie dorsale ou même plus
bas encore.
L'homme n'a encore présenté aucun cas
40
314
MON
bien authentique de Thoradelphie, et les
exemples de cette monstruosité sont aussi
très rares chez les animaux; le Chien et le
Veau sont peut-être les seuls qu'on puisse
citer avec certitude.
5. Synadelphe. Synadelphus (ovv, avec;
cc&Ayoç, fière). Un tronc unique, mais dou-
ble dans toutes ses régions; huit membres,
parmi lesquels quatre paraissent être dor-
saux et dirigés supérieurement.
Ici, comme chez les Déradelphes, la tête
est unique et extérieurement normale ;
mais à l'intérieur, l'élargissement de la por-
tion postérieure, la forme allongée et le
grand diamètre du trou occipital, peut-être
même, dans quelques cas, sa duplicité plus
ou moins complète, sont encore des vestiges
de la fusion des deux têtes en une seule.
La duplicité du cou, rendue sensible à l'exté-
rieur par son volume, l'est à l'intérieur par
l'existence de deux rachis, et par conséquent
de deux moelles. La poitrine a quatre parois :
deux costo-verlébrales opposées l'une à l'au-
tre; deux costo-sternales, également oppo-
sées entre elles, interposées entre les costo-
vertébrales , et par conséquent latérales.
Enfin les Synadelphes réunissent tout à la
fois les caractères des Déradelphes et des
Ischiopages (voy. ce mot), avec l'existence
de deux ombilics bien conformés. Cette du-
plicité de l'ombilic est la conséquence né-
cessaire de la duplicité de toute la paroi
sterno-ventrale du corps, et elle en com-
plète l'aspect régulier ; c'est là un des ca-
ractères les plus remarquables de l'organi-
sation des Synadelphes.
La Synadelphie est extrêmement rare, et
connue seulement chez les animaux. Un des
cas les plus authentiques a pour sujet un
chevreau mort peu de minutes après sa
naissance, et dont Délie Chiaje a donné la
description dans un ouvrage intitulé : Des-
crizione di un coprelto moslruoso disomo. (J.)
MONOCERA, Elliot. (Carol., I, 176).
bot. ph. — Syn. de Ctenium, Panz.
MOIMOCERA (piovoç, seul; x/paç, corne).
bot. ph. — Genre de la famille des Tiliacées-
Elaeocarpées, établi par 3ack{Malag. Miscell.
ex Hooker Bot. Miscell., II, 85). Arbres de
l'Asie tropicale et de la Nouvelle-Hollande.
Voy. TILIACÉES.
MONOCERCA (^o'voç , seul ; x/pXOç ,
queue), infus. — Genre proposé par M. Eh-
MON
renberg, pour un Trichode de Muller (Tri-
choda rallus) dont Lamarck avait fait le
genre Ratule , que nous adoptons comme
ayant la priorité. M. Ehrenberg place son
genre Monocerca dans sa famille des Hyda-
tinées , parmi les Polytroques nus, et quoi-
qu'il ait une cuirasse bien distincte, il le
caractérise par un seul œil dorsal et une
queue simple en forme de soie. Cet auteur,
en outre de la Monocerca rattus, a décrit,
sous le nom de M. bicornis , une nouvelle
espèce, qui paraît être bien distincte, en
raison des pointes ou cornes dont elle est
armée en avant. (Duj.)
MONOCEROS. mam. — Syn. de Nar-
val et de Licorne. Voy. ces mots. (E. D.)
MONOCEROS. moll. — Voy. licorne et
POURPRE.
*MOïVOCERUS((;.ovoç, seul; x/Paç, corne).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères ,
famille des Trachélydes, tribu des Anthi-
cides , formé par Mégerle , et adopté par
Dejean {Catalogue, 3e édit., p. 237). 17
espèces se rapportent à ce genre ; 6 sont ori-
ginaires d'Europe, 6 d'Afrique, 4 d'Amé-
rique, et une est propre à l'Asie. Nous ci-
terons, comme en faisant partie, les An*
thicus monoceros , monodon , cornutus et
Rhinocéros de Fab. (C.)
MONOCHAMUS, Dejean. ins. — Nom
mal orthographié. Voy. monohammus. (C.)
MONOCHELUS (m-ovoç, seul; xeflloç,
lèvre), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides phyllophages, créé par Illiger et
adopté par Dejean et Latreille; mais il n'a
pu être conservé ainsi par Burmeister ( Hand-
buch der entomologie, 1844, p. 87), parce
qu'il avait été formé, de même que le genre
Dichelus d'Illiger, avec des mâles et des
femelles d'un genre unique: par ce motif,
M. Burmeister réunit ces deux genres sous
la dénomination d'Heterochelus. Cet auteur
décrit sous ce dernier nom 54 espèces, qui
toutes sont originaires de l'Afrique australe.
Nous citerons comme en faisant partie : les
M. podagrica, gonagra, arthritica et ca-
picola de F. (C.)
MONOCHELUS ( pîvoç , seul ; xi»M, pied
fourchu), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Lamellicornes , tribu
des Scarabéides phyllophages , créé par Bur-
meister (Handbuch der Entomologie, 1844,
MON
MON
315
p. 153), qui le comprend parmi ses Gym-
nosomides. Il se compose de 11 espèces ,
qui toutes sont originaires de l'Afrique
australe. Nous citerons comme en faisant
partie les espèces suivantes : M. glaberri-
mus B., spinipesF., scutellaris et calcara-
tus Dej. (C.)
*MONOCHîLES (po'voç, seul; X*M ,
ongle), mam. — Klein (Quadr. dist. hist.
nat., 1751 ) donne ce nom à un groupe de
Solipèdes. (E. D.)
*MONOCHILUS (fAo'voç , seul; x€?àoS, lè-
vre), bot. pb. — Genre de la famille des Ver-
bénacées-Lippiées, établi parFischeretMeyer
(Index sem. hort. Petropolit., 1835, I, 34).
Herbes du Brésil Voy. verbénacées.
MONOCIIIRE. Monochirus. poiss. —
Genre de Tordre des Malacoptérygiens Sub-
brachiens , famille des Poissons plats, établi
^par G. Cuvier (Règn.anim., t. II, p. 343) pour
des Poissons qui ont de grands rapports avec
les Soles. Ils en diffèrent principalement par
une pectorale extrêmement petite du côté
des yeux; celle du côié opposé est presque
imperceptible ou manque tout-à-fait.
On n'en connaît qu'une espèce qui vit dans
la Méditerranée : c'est le Lingualula de Ron-
delet (Pleuronectes microchirus, Lac).
MONOCHLyENA , Gaudich. (in Voy.
Freyc, t. 12, f. 3, d, e, f). bot. cr. — Syn.
de Didymochlœna, Desv.
MONOCLE. Monoculus. crust. — Syn.
de Cyclops et de Cypris. Voy. ces mots.
(H. L.)
MONOCLEA. bot. cr.— Genre delà fa-
mille des Hépatiques-Anthocérolées, établi
par Hooker (Musc, exot., t. 176). Mousses
des régions tropicales où elles croissent pa-
rasites sur les arbres.
*MONOCLES. Monoculi. crust. —
M. Milne-Edwards, dans son Histoire natu-
relle des Crustacés, désigne sous ce nom
une famille qu'il range dans l'ordre des Co-
pépodes. Ce groupe est caractérisé principa-
lement par l'existence d'un œil unique situé
sur la ligne médiane, à la partie antérieure
et supérieure de la tête. Les Crustacés dont
il se compose sont tous d'une petitesse ex-
trême, et sont remarquables par les méta-
;morphoses qu'ils subissent dans le jeune
âge. Pour que l'accouplement puisse s'ef-
fectuer, le mâle s'accroche à la queue de la
femelle à l'aide de ses antennes , qui dif-
fèrent presque toujours par leur forme de
celles de cette dernière ; elles sont souvent
pourvues d'un renflement préhensile. La
manière dont la fécondation s'opère est des
plus remarquables ; M. Siebold a constaté
dernièrement qu'il n'y a pas de véritable
coït, mcis que le mâle produit un sper-
matophore tubulaire qu'il accole à l'abdo-
men de la femelle, tout près de la vulve, et
que, par un phénomène d'endosmose, la li-
queur fécondante est ensuite expulsée de ce
réservoir pour pénétrer dans l'appareil fe-
melle, ou pour se porter sur les œufs au
moment de leur passage, et l'ovaire dans le
sac ovifère. La femelle, beaucoup plus grande
que le mâle, l'entraîne pendant quelque
temps avec elle; et, après la fécondation,
pond un nombre assez considérable d'œufs
qui, pendant toute la durée de l'incubation,
restent suspendus sous son abdomen dans
une ou deux grosses poches ovoïdes. Les
petits qui en éclosent sont de forme presque
circulaire, et ne sont pourvus que d'une
paire d'antennes et de deux paires de pattes
natatoires ; ils ressemblent alors si peu à
leurs parents , qu'un zoologiste habile ,
Mtiller, en a formé un genre distinct sous
le nom (VAmymone. Mais ils changent plu-
sieurs fois de peau, et chaque mois leur
thorax, puis leur abdomen , se développent
de plus en plus, et on voit paraître en même
temps les membres, qui d'abord manquaient
complètement. Lorsqu'ils n'ont que six
pattes, ils constituent le genre Nauplius de
Miiller.
Les Monocles présentent, dans la struc-
ture de leurs antennes inférieures et de
leurs pattes-mâchoires, des différences qui
semblent suffisantes pour motiver leur di-
vision en trois coupes génériques, désignées
sous les noms de Cyclops, Cyclopsina et
Arpactiens. Voy. ces différents noms.
(H. L.)
MONOCMNE. bot. — Ce nom, employé
par opposition à celui deDicline, s'appliqut
à toutes les plantes qui ont les deux sexes
réunis dans la même fleur. Monocline est
par conséquent synonyme d'Hermaphrodite.
*MONOCOSMIA (Pvoç,seul ; xo'^o;, or-
dre), bot. pu. — Genre de la famille des
Portulacées-Calandriniées, établi par Fenzl
(in Nov. Stirp. Mus. Vindob. Decad., X, n.
93). Herbes du Chili. Voy. portulacées.
316
MON
MON
*MONOCOTYL AIRES. Monocoty la. UEU&.
—Première famille des Myzocéphalés (Blain-
ville, Dict. se. nat.y t. LVII, p. 556). Elle
«omprend les Hirudinées ou Sangsues et
quelques autres genres également pourvus
d'une ventouse à la partie postérieure du
«orps. Tels sont les Nitzschia, Axine et Cap-
sale. (P. G.)
MONOCOTYLÉDONS. bot. ph. — C'est
3e nom sous lequel on désigne l'un des trois
grands embranchements que les botanistes,
à l'exemple d'A.-L. Jussieu, s'accordent
généralement à établir dans le règne végé-
tal. Ce nom rappelle le principal caractère
qui distingue les plantes de ce vaste groupe,
c'est-à-dire l'existence dans leur graine d'un
embryon pourvu d'un cotylédon unique.
L'idée de faire servira la division métho-
dique des végétaux les caractères fournis
par les cotylédons de l'embryon remonte
très haut. Césalpin (de Plantis, 1583) paraît
l'avoir conçue le premier, ou du moins avoir
cherché le première en tirer quelque parti,
sans y attacher toutefois une bien grande
importance, puisqu'il se contenta d'employer
ces caractères pour des divisions secon-
daires. Rai comprit beaucoup mieux l'im-
portance que pouvait avoir pour l'établisse-
ment d'une méthode la considération du
nombre des cotylédons et de leur absence.
« Après de longues réflexions, dit-il, nous
n'avons pu trouver de différences d'ordre
supérieures à celles qui sont basées sur la
plantule séminale. Nous diviserons donc, en
premier lieu, les plantes en celles qui ont
une plantule séminale à deux feuilles ou à
deux valves , ou mieux encore à deux coty-
lédons, et celles dont l'embryon manque
de l'un des cotylédons ou des deux. » (J. Rai,
Histor. plantarum, t. I, p. 52.) Cependant,
dans l'application , il commença par diviser
toutes les plantes, contrairement à toutes
les lois d'affinité, en herbes et en arbres ;
après quoi , il subdivisa chacune de ces deux
grandes sections en grands embranchements
basés sur les caractères fournis par les co-
tylédons. Cette division fut adoptée avec la
même imperfection fondamentale par quel-
ques auteurs de systèmes botaniques, tels
que Bocrhaave et Heister; mais, dès 1740,
Van Royen (Florœ Leydensis prodromus)
renonça à la séparation irrationnelle des
herbes et des arbres , et donna à la division
des végétaux d'après le nombre de leurs co-
tylédons l'importance majeure que lui ont
définitivement assurée plus tard les beaux
travaux d'A.-L. de Jussieu.
Depuis la publication du Gênera de notre
célèbre botaniste, et par suite, depuis que
la méthode naturelle a détrôné sans retour
les systèmes de classification qui s'étaient
succédé en nombre st considérable au
grand détriment de la science, la division
des végétaux phanérogames ou à fleurs vi-
sibles en Monocotylédons et Dicotylédons ,
c'est-à-dire d'après le nombre de leurs
feuilles séminales, est devenue fondamen-
tale. Cependant quelques botanistes, tout
en adoptant deux vastes embranchements
du règne végétal identiques, ou du moins
extrêmement analogues pour leur circon-
scription à ceux qui sont basés sur la con-
sidération du nombre des cotylédons , leur
ont assigné de nouveaux caractères que nous
devons faire connaître, et qui ont introduit
de nouveaux noms dans la science.
L.-C. Richard releva, en les exagérant
peut-être un peu , les inconvénients que
présente la division des plantes d'après leurs
cotylédons, et il proposa de substituer à ce
caractère ceux qui sont fournis par le mode
de germination de l'embryon. Dès lors, il
divisa les phanérogames ou Embryonées ,
en EndorhizesetExorhizes(Anal. du fruit,
p. 53). Les premières correspondaient aux
Monocotylédones , les dernières aux Di-
cotylédones, desquelles il sépara plus tard
les Conifères et les Cycadées , sous la déno-
mination commune de Synorhizes, Voici en
quels termes ce célèbre botaniste caractéri-
sait les Endorhizes: « Extrémité radiculaire
de l'embryon renfermant un tubercule ra-
dicellaire (quelquefois plusieurs) qui en sort
par la germination pour former par son
prolongement la racine de la plante nais-
sante. » Cela revient à dire que tandis que
la radicule de l'embryon dicotylédoné se
prolonge immédiatement et directement , à
la germination, celle de l'embryon monoco-
tylédoné sort au même moment de dessous
la couche superficielle qu'elle déchire et qui
semble former dès lors autour de sa base
une sorte de gaîne, gaîne à laquelle M. de
Mirbel a donné le nom de Coléorhize. La
division proposée par L.-C. Richard est
restée purement théorique et n'a jamais été
MON
MON
317
admise pratiquement dans la méthode na-
turelle.
L'ordre chronologique nous amènerait à
parler ici de la division proposée par De
Candolle; mais, pour divers motifs, nous
en renverrons l'examen plus loin.
M. C.--H. Schultz (Naturliches System des
Pflanzenreichs , Berl., 1832) a essayé de di-
viser les végétaux d'après des considérations
anatomiques. Il établit d'abord dans tout l'en-
semble du règne végétal deux grandes sec-
tions : 1° plantes homorganiques (plantœ ho-
morganicœ ,Gleichorganigen Pflanzen), qui
correspondent aux Acotylédones cellulaires,
dont toutes les fonctions résident dans des
organes simples de nature cellulaire ;
2° plantes hétérorganiques (plantœ heteror-
ganicœ , Ungleichorganigen Pflanzen) , ca-
ractérisées par une organisation intérieure
composée de trois différents systèmes d'or-
ganes, savoir : le système des vaisseaux
spiraux, celui des vaisseaux vitaux ou lati-
cifères, et le système cellulaire: ces sections
correspondent, comme on le voit, à la plus
grande partie du règne végétal, c'est-à-dire
à toute la série des végétaux vasculaires. La
section des plantes hétérorganiques se sub-
divise à son tour en deux : A. les Hétéror-
ganiques synorganiqucs (heterorgana synor-
gana; synorganische oder knotenpflanzen),
dans lesquelles les vaisseaux des deux sys-
tèmes, vital et laticifère, se réunissent en
faisceaux qui restent distincts les uns des
autres et dispersés au milieu du tissu cellu-
laire; B. les Hétérorganiques dichorganiques
( Heterorgana dichorgana , dichorganische
oder slrahlenpflanzen) , qui correspondent
aux dicotylédones , et dont nous n'avons pas
à nous occuper ici. Enfin, les Synorgani-
ques se décomposent en : a. Synorganiques
sporiferes, entièrement analogues aux Aco-
tylédones vasculaires ; b. Synorganiques
florifères, ou pourvues de fleurs distinctes.
C'est dans celles-ci que rentrent les Mono-
cotylédones entremêlées de beaucoup de
Dicotylédones, telles que les Aquatiques ,
les Pipéracées, Nyctaginées, Gycadées, etc.,
et aussi de quelques Acotylédones, les Cha-
racées. Cette méthode n'a jamais, que nous
sachions, dépassé les limites de l'ouvrage
dans lequel elle est exposée.
MM. Unger et Endlicher ont proposé une
méthode basée sur les divers modes de vé-
gétation des plantes ; c'est cette même mé-
thode qui a été adoptée par le dernier de
ces botanistes , dans son Gênera et dans son
Enchiridion botanicum, qui n'en est que le
résumé. Comme les notions sur lesquelles
reposent ses grandes divisions ne sont pas
suffisamment indiquées dans les deux ou-
vrages que nous venons de citer; nous
croyons devoir en donner un très rapide
aperçu pour faire mieux comprendre à quelle
division de cette méthode correspond rem-
branchement des Monocotylédones. Laissant
de côté les végétaux inférieurs dont l'ac-
croissement s'opère indifféremment dans
tous les sens , et qu'ils nomment Tallophyta
pantachobrya, plantes sans axe, MM. Unger
et Endlicher réunissent sous la dénomina-
tion commune de Cormophyta , Chorobrya,
plantes pourvues d'un axe, tous les autres
végétaux chez lesquels l'accroissement a
lieu selon des directions fixes et détermi-
nées, ou chez lesquels il existe un axe
distinct. Chez ceux-ci le développement gé-
néral s'opère de trois manières différentes
quicaractérisentautantdesections: 1° tantôt
les faisceaux vasculaires de la tige se pro-
longent vers le haut en se développant sans
se multiplier: ceci donne la végétation ter-
minale (vegetatio terminalis, endsprossendes
Wachsthum) qui caractérise la section des
Acrobrya;2° tantôt les faisceaux vasculaires
de la tige n'ont qu'une longueur détermi-
née, de nouveaux faisceaux venant s'ajouter
à ceux qui existaient déjà, et se plaçant à
l'extérieur et par dessus les autres , grossis-
sent et allongent la tige ; c'est la végétation
périphérique ( vegetatio peripherica , ums-
prossendes Wachsthum), qui caractérise la
section des Amphibrya, identique à celle
des Monocotylédones; 3° enfin , dans un
dernier cas, non seulement les faisceaux se
prolongent vers le haut, mais encore ils se
multiplient vers l'extérieur: il en résulte
une végétation périphérico-terminale (vege-
tatio peripherico-terminalis , end-umspros-
sendes Wachsthum), caractère essentiel de
la section des Acramphibrya , à peu près
identique à l'embranchement des Dicotylé-
dones. (Voy. Unger, Ueber den liauund das
Wachsthum des dicotyledon-stammes , Saint»
Pétersb., 1840, § 121.)
Nous arrivons maintenant à la division
du règne végétal proposée par A. -P. Do
318
MON
MON
Candollc, que nous n'avons voulu indiquer
qu'en dernier lieu, parce que nous aurons
à discuter la valeur des bases sur lesquelles
elle repose, et que cet examen nous con-
duira naturellement à exposer l'organisa-
tion anatomique des végétaux compris dans
l'embranchement des Monocotylédons. Ap-
puyée du grand nom de son auteur, cette
méthode a pris une haute importance; elle
a introduit dans la science deux dénomina-
tions nouvelles , que plusieurs auteurs adop-
tent, même aujourd'hui, préférablement à
celles de Monocotylédons et de Diootylédons.
En effet, nous les voyons conservées l'une
et l'autre par M. Lindley, dans son Vege-
table kingdom, qui vient de paraître il y a
peu de mois; malheureusement nous mon-
trerons bientôt qu'elles reposent sur une
grave erreur anatomique, erreur déjà re-
connue et démontrée depuis plusieurs an-
nées, et qu'on est surpris de voir partagée
de confiance par des botanistes éminents,
mais sans doute peu au courant des travaux
modernes sur l'anatomie végétale.
Dans sa Théorie élément, de la botanique,
ouvrage remarquable à tant d'égards, et
qui constitue l'un de ses plus beaux titres
de gloire, A. -P. De Candolle divisa les vé-
gétaux vasculaires ou cotylédonés en deux
grandes sections , qu'il nomma et caracté-
risa de la manière suivante: I. Exogènes ,
dans lesquelles vaisseaux sont disposés par
couches concentriques, dont les plus jeunes
sont en dehors; II. Endogènes, dont les
vaisseaux sont disposés par faisceaux, parmi
lesquels les plus jeunes se trouvent au centre
de la tige. Dans les Endogènes entraient :
1° les Monocotylédons proprement dits ,
sous le nom d'Endogènes phanérogames ;
2° les Acotylédons vasculaires, sous le nom
d'Endogènes cryptogames. Or, nous allons
montrer maintenant par l'examen anato-
mique de la tige des végétaux qualifiés d'En-
dogènes par De Candolle, que leur organi-
sation est tout autre que ne l'avait admise
le botaniste genevois, sur l'autorité de
Desfontaines et Daubenton. Cet exposé ser-
vira en même temps à résumer les princi-
paux travaux qui , depuis quelques années,
ont eu pour objet cette importante portion
du règne végétal.
Depuis bien longtemps déjà l'on avait
remarqué une différence frappante entre le
bois d'un végétal Monocotylédon , d'un Pal •
mier, par exemple, et celui d'un de nos
arbres dicotylédons, tels qu'un Chêne, un
Orme ou un Pêcher; on avait vu que ce
dernier se compose de couches solides et
concentriques, se recouvrant l'une l'autre,
et dont les plus dures occupent le centre ,
tandis que les plus jeunes se trouvent à la
circonférence; que le premier, au contraire,
est formé de faisceaux fibro-vasculaires dis-
tincts et séparés les uns des autres, non
réunis en couches concentriques, mais épars,
rares et espacés vers le centre, nombreux
et serrés vers la circonférence, qui en de-
vient beaucoup plus dure; mais cette ob-
servation, faite comme en passant et sans
vue générale , avait été stérile pour la
science. Pendant ses voyages dans l'Afrique
septentrionale , Desfontaines porta son at-
tention sur ce sujet; il examina la structure
de divers Monocotylédons , et il consigna les
résultats de ses recherches et les conclusions
qu'il crut pouvoir en déduire dans un mé-
moire qui fit époque dans la science. ( Sur
l'organisation des Monocotylédons ; Mém. de
Vînst., an vu; Journ. dephys. de Delame-
therie, pluviôse an vu, p. 441.) D'après lui,
la tige d'un Monocotylédon ligneux est
beaucoup moins consistante à son centre ,
parce que là se continuent incessamment
la végétation et la formation de nouvelles
fibres qui refoulent sans cesse celles déjà
existantes; de là celles-ci finissent par être
« tellement serrées les unes contre les au-
» très, qu'elles ne paraissent plus cédera
» l'effort de la végétation qui tend sans
» cesse à les rapprocher, en les portant du
<• centre à la circonférence.» Ces idées furent
adoptées par les botanistes, qui, sans les
appuyer sur de nouvelles observations, les
modifièrent encore et les généralisèrent plus
que ne l'avait fait Desfontaines lui-même :
ainsi plusieurs Traités élémentaires repro-
duisirent cette assertion dénuée de fonde-
ment, que la tige d'un Monocotylédon se
compose d'une foule de faisceaux simple-
ment juxtaposés et parallèles , dont les plus
nouveaux occupent le centre et, à mesure
qu'ils se forment, repoussent les plus an-
ciens vers la circonférence. Par là fut in-
troduite dans la science cette théorie selon
laquelle les Monocotylédons végètent et se
développent par leur portion centrale, théû-
MON
MON
3Ï9
rie que De Candolle adopta et consacra en
désignant les Monocotylédons sous le nom
d'Endogènes, ou à végétation centrale, et
que nous voyons encore aujourd'hui adoptée
sans restriction et développée par M. Lind-
ley dans son Vegetable liïngdom, et par
quelques autres botanistes.
Cependant, s'il est un point bien établi
maintenant dans la science , c'est qu'il
n'existe point de plantes à végétation cen-
trale, en d'autres termes, qu'il n'y a point
d'Endogènes. C'est ce qu'ont surabondam-
mentdémontréles beaux travaux de MM. Mol-
denhawer, Hugo v. Mohl, Meneghini, Un-
ger , de Mirbel , Gaudichaud, etc. (1). Voici
un résumé des principaux résultats consignés
dans les ouvrages de ces habiles observateurs,
et par suite un expose des caractères anato-
miques des Monocotylédons.
Lorsque, ne se contentant pas d'examiner
la tige d'un Palmier sur une section trans-
versale, comme le faisait Desfontaines, on
îa coupe longitudinalement et qu'on suit
dans leur marche longitudinale les faisceaux
fibro-vasculaires qui la composent, on ne
tarde pas à voir qu'au lieu d'être simple-
ment juxtaposés et parallèles, comme on
l'avait dit sans fondement, ils se croisent
et s'entrecoupent, les uns paraissant monter
directement, tandis que d'autres suivent
Une ligne courbe de la circonférence vers le
centre et du centre vers la circonférence.
Mais ce n'est encore là qu'une vue incom-
plète de la disposition réelle des faisceaux ;
c'est tout ce qu'une coupe verticale peut
apprendre à cet égard. Chaque faisceau ne
restant pas dans un même plan , mais for-
mant, au contraire, une courbe à double
courbure, ou gauche, comme nous le ver-
rons plus tard, il faut donc examiner un
faisceau dans toute sa longueur, et pour
cela l'isoler par une dissection longue et
difficile, ou en s'aidant de la macération.
Voici ce qu'on observe dans ce cas : à partir
(i) Voy. Moldenhawer, Bcitraege zur Anat. der Pjlanzen.
— H. Mohl, De structura Palmarum, dans les Gênera et spe-
cies Palmarum de M. de Martins; Vevmischte Schriften,
p. 12;». — Menrgliini, Riccrclie sulla struttura dette cuule
nette piante monocotyl. , Padoue, i836. — Ungcr, Mémoire
cité plus haut. — Mirbel, Mém. sur le Dattier, Compte-
Rendu, 12 juin i8'(i; Annal, des se. nat., juillet i8'<3, t. 20;
sur le Cordyline, Compte-Rendu, 7 octobre i84 4 ; Annales
des se nat., 3e sér., juin i845. — Gaudichaud, plusieurs
Mémoires insérés dans les Comptes-Rendus en 1843 , 44
«t 45.
de la base de la feuille à laquelle il corres-
pond (1), le faisceau se porte vers le centre
de la tige en formant une courbe à convexité
supérieure; arrivé au centre, il descend à
peu près verticalement dans une certaine
longueur , après quoi il se reporte vers la
circonférence suivant un arc très ouvert et
dans une direction très inclinée; il arrive
ainsi à la circonférence où l'on voit son ex-
trémité se superposer à celles des faisceaux
formés avant lui. C'est en formant ces deux !
arcs, l'un de la feuille vers le centre, l'autre j
du centre vers le bas et vers l'extérieur de la
tige, qu'il croise la direction des autres fais-
ceaux , et de là cette sorte d'enchevêtrement
sans ordre apparent qu'on remarque au
premier coup d'œil sur une coupe verticale.
Ce croisement est naturellement d'autant
plus marqué et d'autant plus brusque, que
la ligne suivie par le faisceau de la feuille
vers le centre de la tige approche plus de
l'horizontale , ce qui a lieu lorsque les
feuilles se fixent sur la tige en grand nombre
et à de très courts intervalles; de là l'or-
ganisation si remarquable du Xanlhorrhœa
hastilis , qui a été signalée et figurée par
A. -P. De Candolle (Organog., pi. 7 et 8)
et par M. Gaudichaud {Recherches sur Vor-
ganog.f etc., pi. X), et dans laquelle on
voit les faisceaux, dans cette portion de
leur trajet, suivre une ligne presque trans-
versale
Ainsi que l'a fait remarquer M. Mene-
ghini, et plus récemment M. Gaudichaud ,
les faisceaux, dans leur marche à travers
la tige, ne restent pas dans un même plan
vertical, mais ils se portent peu à peu de
côté, de telle sorte qu'ils décrivent par là
une courbe gauche, et que leur extrémité
inférieure ne se trouve pas verticalement
au-dessous de la supérieure, mais plus ou
moins de côté par rapport à elle. C'est pour
expliquer cette sorte de torsion que M. Me-
neghini a admis un déplacement relatif de
la feuille sur la tige pendant son développe-
ment, fait qui a été récemment contredit
par M. Mohl.
Une autre observation importante, c'est
(r) Il est clair qu'en prenant ici la feuille pourpoint de
départ des faisceaux , nous laissons tout-à-fait de cdté la
question de savoir si ces faisceaux , en se développant , des»
coudent de la feuille vers le bas de la tige, ou montent de la
titre vers la fouille.
320
MON
MON
que dans les différents points de son trajet
un même faisceau modifie beaucoup ses
dimensions, sa consistance et sa structure
anatomique. Dans sa portion supérieure il
présente sa structure la plus complexe et en
même temps sa consistance la plus faible.
A mesure qu'il descend , sa consistance
augmente; enfin, à son extrémité inférieure
il est réduite l'état de filaments grêles,
résistants , simples ou divisés. Il présente sa
plus grande épaisseur dans sa portion qui
avoisine le centre de la tige.
D'après les belles observations de M. H.
Mohl , trois parties bien distinctes entrent
dans la composition d'un faisceau : 1° le
liber; 2° les vaisseaux propres; 3° le corps
ligneux. Le liber occupe la portion la plus
extérieure du faisceau. Il se compose de
cellules prosenchymateuses à parois épaisses
çt ponctuées, qui forment la partie la plus
dure et la plus résistante du faisceau; or,
comme ces cellules constituent tout le fais-
ceau à son extrémité inférieure, et que leur
quantité relative diminue à mesure que l'on
considère un point plus élevé dans la tige ,
on s'explique très bien la diminution gra-
duelle de consistance du bas vers le haut de
ce même faisceau. Le corps ligneux occupe le
côté intérieur du faisceau. Il se compose de
cellules parenchymateuses allongées , à pa-
rois assez minces , ponctuées, entourant des
vaisseaux de deux sortes, les uns extérieurs,
très grands, souvent assez larges pour être
visibles à l'œil nu, au nombre d'un ou
deux, à parois ponctuées ou réticulées; les
autres beaucoup plus petits, plus nom-
breux, et annelés ou spiraux; ces derniers
forment de vraies trachées qui occupent
le point le plus central. Enfin, ce que
M. Mohl nomme vaisseaux propres est
situé entre les deux parties précédentes , et
se compose de cellules très allongées, de
diamètre variable , et à parois minces.
Gomme le fait observer M. Schleiden, ce
n'est autre chose que le tissu le plus jeune
du faisceau , ou ce qu'on nomme le cam-
bium. Dans sa portion inférieure grêleet très
résistante, le faisceau est formé tout entier
par les cellules libériennes; plus haut, on
"voit se joindre à celles-ci un commencement
de corps ligneux, dans lequel il n'existe
encore qu'un seul gros vaisseau entouré de
quelques cellules; enfin, vers la partie su-
périeure, les trois éléments constitutifs du
faisceau existent simultanément, mais son
liber a considérablement diminué et ne
forme plus qu'une couche assez mince ,
en forme d'arc, tandis que son corps ligneux
a pris beaucoup de développement, et con-
stitue la plus grande partie de la masse to-
tale devenue par là beaucoup moins ré-
sistante.
En résumé, l'on voit qu'une tige de
Monocotylédon est loin d'avoir ses parties
jeunes au centre, puisqu'au contraire ses
faisceaux de nouvelle formation se placent
toujours plus extérieurement que ceux qui
existaient déjà; que dès lors ces végétaux
n'ont pas une végétation centrale, et que
par suite la division des végétaux phanéro-
games en Endogènes et Exogènes repose
sur une simple erreur d'observation et doit
être abandonnée. Quelques mots achèveront
de faire connaître l'organisation anatomique
des Monocotylédons.
D'abord, le bois de ces végétaux étant
formé simplement de faisceaux fibro-vascu-
laires épars au milieu du tissu cellulaire,
il en résulte que ce dernier ne s'agglomère
point en moelle dans un canal médullaire
d'organisation particulière, comme chez les
Dicotylédons; cependant dans certains cas
le centre même de la tige en présente une
agglomération assez considérable et assez
nettement limitée pour que quelques bota-
nistes aient cru devoir la qualifier de moelle.
De plus, on n'observe dans la masse ligneuse
rien d'analogue aux rayons médullaires qui
existent chez la grande majorité des Dico-
tylédons, mais non chez tous, comme le
montrent plusieurs exemples cités par
MM. Ad. Brongniart, A. de Jussieu et par
nous-même. A l'extérieur, cette tige est re-
vêtue d'un épiderme et d'une couche cor-
ticale, cellulaire, mince et très simple,
dont l'organisation ne ressemble pas à celle
des Dicotylédons, et ne présente jamais de
couches fibreuses superposées comme chc^
ces derniers.
Quelques modifications généralement lé-
gères à l'organisation que nous venons de
rapporter se remarquent chez divers Mono-
cotylédons. La plus frappante est celle que
présentent les Liliacées, particulièrement
les Dracœna et Cordyline, par suite de la-
quelle leur tige, au lieu de rester toujours
MON
MON
321
grêle comme celle des Palmiers, peut ac-
quérir une épaisseur énorme comme celle
qui a rendu célèbre leDragonnier de l'Oro-
tava. M. Mohl explique cette particularité
par ce fait que la portion inférieure des
faisceaux fibro-vasculaires de ces végétaux,
quoique n'étant plus formée que de cellules
libériennes, comme chez les Palmiers, ne s'a-
mincit pas comme chez ces derniers en filets
très minces, mais conserve un assez fort
diamètre. On sait que Dupetit-Thouars a
rattaché ce fait à la production des bran-
ches , et par suite de nombreux bourgeons
chez ces arbres, 'et qu'il en a fait la base
d'une théorie de l'accroissement végétal ,
devenue célèbre par ses travaux et par ceux
de M. Gaudichaud.
Les différences qui distinguent les Mono-
cotylédons des Dicotylédons se trouvent
non seulement dans la structure anato-
mique de leur tige, mais encore dans leurs
autres organes.
Leur racine ne présente pas de pivot à la
germination, leur radicule perce la couche
externe de l'embryon qui lui forme une sorte
de gaîne ou une coléorhize; elle s'allonge
ensuite pendant un temps assez limité après
lequel elle s'oblitère, et la plante n'est plus
fixée au sol que par des racines adventives,
nées à la base même de la radicule, et qui
par les progrès de l'âge se développent sou-
vent en grand nombre, de plus en plus haut,
au point de former enfin quelquefois, à la
base de la tige, une masse plus épaisse que
cette tige elle-même. Les faits les plus cu-
rieux à cet égard sont ceux que présentent
les Urania, Pourretia, surtout les Velîosia.
Les feuilles des Monocotylédons sont
presque toujours alternes, souvent sessiles
et embrassantes , ou à pétiole engainant ,
simples et entières, à peu d'exceptions près;
leurs nervures sont généralement égales et
parallèles, quelquefois cependant réticulées
(Aracées, Dioscoréacées , Smilacées).
Leurs fleurs sont organisées d'après le
type ternaire, c'est-à-dire qu'elles se com-
posent : d'une enveloppe florale à 6 parties
rangées en deux verticilles alternes entre
eux, et de trois parties chacun ; de 3 ou de
6 étamines opposées aux pièces de l'enve-
loppe ; d'un pistil à trois carpelles. On
trouve néanmoins des modifications de cette
organisation florale exprimée en nombres si
T. VIII.
simples , les unes réelles, les autres appa-
rentes. Ainsi , la famille des Alismacées
nous offre des exemples des premières pour
les étamines dans la Sagittaire, pour le pis-
til dans les Âlisma; quant aux dernières,
la transformation de plusieurs des 6 éta-
mines en pièces pétaloïdes ou en stami-
nodes s'opère de diverses manières chez les
familles du groupe des Scitaminées , et
donne aux fleurs de ces plantes leur orga-
nisation singulière, dans laquelle cependant
les ingénieuses recherches de M. Lestibou-
dois ont eu pour résultat de montrer en-
core la symétrie fondamentale des Monoco-
tylédones, plus ou moins déguisée, il est
vrai. Cette symétrie ternaire distingue
presque toujours nettement les fleurs des
Monocotylédones de celles des Dicotylé-
dones, dont on sait que la fleur est généra-
lement organisée d'après les types binaire
et quinaire. D'un autre côté, le groupe des
Glumacées est composé d'un grand nombre
de Monocotylédones dont les fleurs n'ont
pour toute enveloppe florale que des brac-
tées. Voy. GRAMINÉES
L'enveloppe florale des Monocotylédones
en général a été envisagée de manières
très diverses parles botanistes, dont chacun
l'a définie et nommée selon le point de vue
auquel il l'envisageait. Discuter ici leurs ma-
nières de voir nous conduirait beaucoup
trop loin ; aussi renverrons-nous pour cela
au mot PÈRIANTHE.
L'une des parties des végétaux monoco-
tylédons dont l'examen présente à la fois le
plus d'intérêt et de difficultés, est leur em-
bryon. Longtemps mal connu, il a été étu-
dié avec soin dans ces dernières années par
M. A. de Jussieu, qui a consigné les princi-
paux résultats de ses recherches dans un
mémoire auquel nous allons emprunter les
points les plus importants de son histoire.
( Voy. A. de Jussieu, Mémoire sur les em-
bryons monocotylédones ; Ann. se. nat. ,
2e sér., t. XI, 1839, p. 341-361 ; pi. 17. )
Un embryon monocotylédoné complet se
compose, dit M. de Jussieu, d'un axe ou
tigelle, terminé du côté intérieur de la
graine par plusieurs feuilles, dont la pre-
mière, beaucoup plus développée (cotylé-
don), enveloppe les suivantes, qui le sont
à peine et qui forment par leur réunion la
plumule ou gemmule. L'autre extrémité,
41
322
MON
MON
qui touche la périphérie de la graine , en
général en un point déterminé , le micro-
pyle, est dite radiculaire, parce que c'est
d'elle que sort la radicule. La forme la plus
ordinaire de cet embryon est celle d'un cy-
lindre arrondi aux deux bouts, ou d'un
ovoïde plus ou moins allongé; sa portion la
plus dilatée est tantôt la cotylédonaire, plus
souvent la radiculaire, que leur situation
respective dans la graine rend presque tou-
jours faciles à déterminer. La position de la
gemmule se trahit par une légère saillie
extérieure sur un côté, et là se montre le
plus souvent une solution de continuité ou
une petite fente, que M. A. de Jussieu
nomme fente gemmulaire. Rarement cette
fente gemmulaire est assez largement
béante , et ses côtés ou lèvres laissent voir
entre elles la première feuille de la gem-
mule dans toute sa longueur (Ouvirandra) ;
ailleurs, ses lèvres se touchent ou se re-
couvrent même dans leur milieu, en s'écar-
tant en bas et en haut, où l'on voit souvent
alors saillir la pointe de la gemmule [Apo-
nogeton distachyum) ; dans d'autres cas,
au contraire, celle-ci est plus courte et ne
se montre pas au dehors ( Sparganium ra-
mosum). Le plus généralement, les deux
lèvres de la fente gemmulaire se touchent
dans toute leur longueur, et il en résulte un
petit sillon ou une ligne fine, tantôt droite,
très souvent aussi courbe, ce qui indique la
superposition d'une lèvre sur l'autre ( Tri-
glochin Barrelieri). Quelquefois la gemmule
se montre à l'extérieur comme un petit
mamelon au fond d'un enfoncement circu-
laire, ou ovale , ou en losange. Dans
d'autres embryons, la fente gemmulaire
est transversale , à bord supérieur courbe
ou sinueux ; M. A. de Jussieu explique
cette disposition, en admettant que les deux
lèvres de la fente primitive se sont soudées
l'une à l'autre dans la plus grande partie
de leur longueur, et ne sont restées dis-
tinctes que dans la portion inférieure qui se
montre par suite transversale. EnGn , une
soudure plus complète des deux lèvres de
3a fente gemmulaire peut la réduire à n'être
plus qu'un simple petit trou , ou même la
faire disparaître entièrement.
On se rend compte de l'existence de la
fente gemmulaire sur les embryons mono-
cotylédonés, en se figurant que leur cotylé-
don unique a la forme d'une sorte de capu-
chon , qui coiffe et recouvre la gemmule, et
dont les deux bords libres ne sont autre
chose que les lèvres de cette fente.
La position de la fente gemmulaire est
importante à reconnaître, puisque son extré-
mité inférieure indique où finit la tigelle de
l'embryon et où commence sa portion coty-
lédonaire. Or, le plus souvent, elle est si-
tuée dans la moitié inférieure de l'embryon,
ou même plus bas ; mais l'inverse a lieu
dans les embryons dont la tigelle est très
développée, et que L.-G. Richard nommait
embryons macropodes : dans ceux-ci, le co-
tylédon étant relativement plus court, elle
se rapproche du sommet de l'embryon , et
même, dans un petit nombre de plantes, on
la voit devenir apicilaire.
Après ces considérations sur l'organisa-
tion des Monocotylédons, il nous reste à pré-
senter le tableau des principales divisions
qui ont été établies parmi eux, des groupes
naturels qu'ils forment, et des familles qu'ils
comprennent.
A.-L. de Jussieu divisait l'embranche-
ment des Monocotylédons en 3 classes, d'a-
près l'insertion des étamines : la lre (la 2e de
sa méthode), pour les Monocotylédons à éta-
mines hypogynes , à laquelle il donna plus
tard le nom de Monohypogynie , dans la-
quelle rentraient les familles des Aroïdes,
des Massettes ou Typhacées, des Cypéroïdes,
et des Graminées; la 2e, pour les Monoco-
tylédons à étamines périgynes (Monopérigy-
nie), comprenant les familles des Palmiers,
des Asperges, des Joncs, des Lis, des Ananas,
des Asphodèles, des Narcisses et des Iris; en-
fin, la 3e, pour les Monocotylédons à étamines
épigynes (Monoépigynie), qui renfermait les
familles des Bananiers , des Balisiers , des
Orchidées, et des Morrènesou Hydrochari-
dées.
Mais ces classes de A.-L. de Jussieu étaient
de grandes sections basées sur le seul carac-
tère, souvent douteux, de l'insertion, et qui
tenaient beaucoup plus des classifications
purement systématiques que de la méthode
naturelle. Les botanistes de nos jours ont agi
dès lors plus conformément à l'esprit de cette
méthode en y renonçant, et en leur substi-
tuant des groupes plus nombreux et géné-
ralement naturels dans lesquels il existe
toujours des caractères généraux, et, jusqu'à
MON
MON
323
un certain point , un air de famille souvent
évident. Ces nouveaux groupes forment en
quelque sorte de grandes familles, dans les-
quelles viennent se grouper les familles pro-
prement dites. Ils sont pour la plupart assez
nettement tranchés chez les Monocotylédons
pour que leur circonscription ne présente
guère plus de variations, dans les différentes
méthodes publiées pendant ces dernières
'années, que celle des familles elles-mêmes.
C'est ce que montrera le tableau suivant
par lequel nous terminerons cet article. Ce
tableau servira non seulement à l'histoire
de la méthode naturelle dans l'étendue de
l'embranchement des Monocotylédons , mais
encore il donnera le moyen de rattacher les
unes aux autres les familles naturelles qui
sont présentées isolément dans cet ouvrage.
M. Fr.-Th. Bartling ( Ordines naturelles
planlar., in- 8, Goltingœ, 1830) reconnaît
parmi les Monocotylédons l'existence des
10 classes suivantes : Cl . 1 , Glumacées (Fam . :
Graminées, Cypéracées). — Cl. 2, Joncinées
( Fam. : Restiacées , Joncacées , Xyridées ,
Commélinacées). — Cl. 3, Ensatœ (Fam. :
Burmanniacées, Hypoxidées, Haernodoracées,
Iridées , Amaryllidées , Broméliacées ). —
Cl. 4, Liliacées (Fam. : Asphodélées , Col-
chicacées, Smilacées, Dioscorées). — Cl. 5 ,
Orchidées (Fam. : Orchidées). — CI. 6, Sci-
taminées (Fam. : Amomées, Cannacées, Mu-
sacées). — Cl. 7, Palmiers (Fam. : Pal-'
miers). — Cl. 8 , Aroïdées (Fam. : Callacées,
Orontiacées , Pandanées , Typhacées ). —
Cl. 9, Hélobiées (Fam. : Naïadées, Podostem-
mées , Alismacées , Butomées ). — Cl. 10 ,
Hydrocha ridées.
M. Endlicher, dans son Gênera planlar um
(gr.in-8°, Vienne, 1839) et dans son Enchi-
ridion botanicon (in-8, Leipsick et Vienne ,
1841), établit les 11 classes suivantes parmi
ses Amphibrya, que nous savons correspondre
aux Monocotylédons. Cl. 1 (la 12e de sa mé-
thode), Glumacées (Fam. : Graminées, Cy-
péracées). — Cl. 2, Enantioblastées (Fam. :
Centrolépidées , Restiacées , Ériocaulonées ,
Xyridées, Commélinacées). — Cl. 3, Hélo-
biées (Fam. : Alismacées, Butomacées ). —
CI. 4, Coronariées (Fam. : Joncacées, Phi-
lydrées, Mélanthacées, Pontédéracées, Lilia-
cées, Smilacées). — CI. 5, A rtorhizées (Fam. :
Dioscorées , Taccacées ). — Cl. 6, Ensatœ
(Fam. : Hydrocharidées, Burmanniacées, Iri-
dées, Haernodoracées, Hypoxidées, Amaryl-
lidées , Broméliacées ). — Cl. 7, Gynandres
(Fam. : Orchidées , Apostasiées ). — Cl. 8 ,
Scitaminées (Fam. : Zingibéracées, Canna-
cées, Musacées). — Cl. 9, Fluviales (Fam.:
Naïadées , Lemnacées). — Cl. 10, Spadici-
flores (Fam. : Aroïdées , Typhacées, Panda-
nées). — Cl. 11, Princes (principes) (Fam. :
Palmiers).
M. Meisner, dans son Gênera (Plantar.
vascularium gênera, in-fol., Leipsick, 1836-
1843), n'admet parmi les Monocotylédones
que 9 classes , dont la première est même
formée par des plantes qui ne peuvent
guère appartenir à cet embranchement du
règne végétal. Cl. 1, Rhizanthées (Fam. :
Balanophorées, Cytinées, Rafflésiacées). —
Cl. 2 , Spadiciflores (Fam. : Palmiers, Pan-
danacées , Typhacées , Aroïdées). — Cl. 3 ,
Hélobiées (Fam. : Naïadées, Alismacées, Bu-
tomées, Hydrocharidées). — Cl. 4, Gynan-
dres (Fam. : Orchidées , Apostasiées). —
Cl. 5, Scitaminées (Fam. : Zingibéracées,
Cannacées, Musacées). — Cl. 6, Ensatœ
(Fam. : Burmanniacées, Iridées, Amarylli-
dées, Broméliacées, Haernodoracées, Hypoxi-
dées). — Cl. 7, Coronariées (Fam. : Ponté-
déracées, Liliacées, ?Taccacées, Dioscoréa-
cées, Ophiopogonées, Mélanthacées, Jonca-
cées, Philydrées). — Cl. 8, Enantioblastées
(Fam. Commélinacées, Mayacées, Xyridées,
Ériocaulées, Restiacées, Centrolépidées). —
Cl. 9, Glumacées (Fam. : Cypéracées, Gra-
minées).
M. Lindley a conservé de grands groupes
analogues aux classes des autres botanistes ;
mais il leur a donné une autre dénomina-
tion, celle d'Alliances, et il a adopté les
classes de De Candolle , qui ne sont autre
chose que les grands embranchements du
règne végétal. Ces Alliances , que distingue
la désinence commune en aies , sont au nom-
bre de 11 pour les Monocotylédons, aux-
quels il conserve le nom d'ENDOGÈNEs {voy.
The vegetableKingdom, in-8, Lond. 1846).
AU. 1 (la 7e de la méthode), Glumales (Fam.:
Graminacées , Cypéracées , Desvauxiacées ,
Restiacées, Ériocaulacées). — AU. 2 , Arales
(Fam. : Pistiacées, Typhacées, Aracées, Pan-
danacées). —AU. 3, Palmales (Fam. : Pal-
macées). — AH. 4, Hydrales (Fam. : Hydco-
charidacées , Naïadacées , Zostéracées ). —
AH. 5, Narcissales (Fam. : Broméliacées,
324
MON
Taccacées , Hœmodoracées , Hypoxidacées ,
Amaryllidacées, lridacées). — Ail. 6 , Amo-
males (Fara. : Musacées, Zingibéracées, Ma-
rantacées). — Ail. 7, Orchidales (Fara. : Bur-
manniacées, Orchidacées, Apostasiacées ).
— Ail. 8 , Xyridales (Fam. : Philydracées ,
Xyridacées, Commélinacées, Mayacées). —
Ail. 9, Joncales (Fam. : Joncacées, Orontia-
cées). — Ail. 10, Liliales (Fam. : Gilliésia-
cées, Mélanthacées , Liliacées, Pontédéra-
cées). — AU. 11 , Alismales (Fam. : Buto-
macées, Alismacées, Joncaginacées).
Enfin nous allons terminer cet exposé en
reproduisant le tableau des classes admises
par M. Ad. Brongniart pour les Monocoty-
lédons dans son Énumération des genres de
plantes cultivées au Jardin du Roi en 1843
(in-12, Paris 1843), et nous y joindrons les
caractères assignés à ces classes , ainsi que
la division dichotomique à l'aide de laquelle
on parvient jusqu'à elles.
Monocotylédones. *lre Série, PÉRISPER-
mées. Embryon accompagné de périsperme
(il y a quelques exceptions à ce caractère
dans quelques Aroïdées).
§ 1. Périanthe nul ou sépales glumacés;
périsperme amylacé.
Cl. 1 (la 7e de la méthode). Glumacées.
Périanthe nul; organes reproducteurs recou-
verts par les bractées seules; pistil 1-ovulé ;
embryon placé en dehors du périsperme.
(Fam. : Graminées, Cypéracées.)
Cl. 2. Joncinées. Périanthe à sépales glu-
macés ou verts; pétales glumacés ou corol-
loïdes ; embryon souvent en dedans du pé-
risperme. (Fam. : Restiacées,Ériocaulonées,
Xyridées, Commélinées, Joncacées.)
Cl. 3. Aroidées. Périanthe nul ou très
imparfait; fleurs sessiles sur un spadice sim-
ple, et le plus souvent enveloppées par une
spathe, souvent unisexuées; pistil composé
de 1 à 6 carpelles uni ou pluri-ovulés ; em-
bryon entouré par le périsperme. (Fam. :
Aracées, Typhacées.)
§ 2. Périanthe nul ou double, sépaloïde
ou pétaloïde ; périsperme charnu ou corné ,
oléo-albumineux, sans fécule.
Cl. 4. Pandanoïdées. Fleurs sessiles sur
un spadice; périanthe nul ou très impar-
fait; périsperme charnu, huileux. (Fam. :
Cyclanthées, Freycinétiées, Pandanées.)
Cl. 5. Phœnicoïde'es. Fleurs sessiles sur
un spadice simple ou rameux , renfermées
MON
dans une spathe simple ou multiple, souvent
1 -sexuées; périanthe double, sépaloïde;
étamines 3-6; pistil à 1-3 carpelles 1-ovu-
lés; fruit 1-3-sperme, indéhiscent; péri-
sperme corné ou huileux. (Fam. : Nipacées,
Phytéléphasiées, Palmiers.)
Cl. 6. Lirioïdées. Périanthe double, péta-
loïde (rarement sépaloïde), libre ou adhérent
à l'ovaire ; étamines 3-6 ; pistil à 3 carpelles ;
ovules bisériés, nombreux (rarement 2-1);
fruit capsulaire ou bacciforme ; périsperme
corné ou charnu. (Fam. : Mélanthacées, Li-
liacées, Gilliésiées, Amaryllidées , Hypoxi-
dées, Astéliées, Taccacées, Dioscorées, Iri-
dées, Burmanniacées.)
§ 3. Périanthe double , l'interne ou tous
les deux pétaloïdes ; périsperme amylacé.
Cl. 7. Bromélioïdes. Périanthe régulier,
libre ou adhérente l'ovaire; étamines 3-6
ou rarement plus , toutes fertiles. ( Fam. :
Haemodoracées , Vellosiées, Broméliacées,
Pontédériacées.)
Cl. 8. Scitaminées. Périanthe irrégulier,
adhérent à l'ovaire, une des divisions label-
liforme; étamines en partie stériles ou pé-
taloïdes , souvent une seule fertile. ( Fam. :
Musacées, Cannées, Zingibéracées.)
** 2e série. Apérispermées. Périsperme
nul.
Cl. 9. Orchioïdées. Périanthe adhérent,
irrégulier ou rarement régulier; étamines
1-3, insérées sur le style. (Fam. : Orchidées,
Apostasiées.)
Cl. 10. Fluviales. Périanthe libre ou
adhérent, double ou quelquefois nul, l'ex-
terne sépaloïde, l'interne pétaloïde: étami-
nes indépendantes du pistil, souvent dans
des fleurs distinctes. (Fam. : Hydrochari-
dées, Butomées, Alismacées, Naïadées. Lera-
na(Jes. (P. Duchartre.)
*MOIVOCRAlVIA (,x5vo?, seul; y.o*-/.ov,
crâne), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides phyllophages, créé par Laporte
de Castelnau (Ann. de la Soc. Ent. de Fr.t
t. I, p. 410. — Hist. nat. des An. art., II,
p. 150). L'auteur a formé ce g. avec deux
espèces du Brésil, qu'il nomme M. nigricans
et luridipennis. (C.)
*MONOCRASPEDON (uôvoç, seul ; xoacr-
«£<îov, frange , bord), acal. — Sous-genre
établi par M. Brandt pour les Aurélies qui
ont le bord simple du côté ventral et des
MON
MON
325
tentacules sur un seul rang sans tentacules
rudimentaires. (Duj.)
*MONOCREPIDIES (po'voç, seul ; xPW?,
sandale), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Sternoies , tribu des
Élatérides, créé par Eschscholtz (Entomo-
logischer archiv. , von Th. Thon, 1829,
p. 51), et adopté par Latreille, Dejean et
Germar. Une cinquantaine d'espèces, toutes
américaines, font partie de ce genre: nous
citerons principalement les M. castanipes ,
flabellicornis , vespertinus, unifascialus et
rnelancholicus de Fabr., geminatusy scalaris,
et abbreviatus de G. (G.)
MONOCULUS. crust. — Voy. monocle.
*MONOCYSTIS fco'vos, seul; xuVtcç, ves-
sie), bot. ph. — Genre de la famille des Can-
nacées?, établi par Lindley (Introduct. edii.,
t. II, p. 445). Herbes de la Chine.
*MONODACNA (^ovoç, un seul; <y«xvà,
morsure), moll.— Genre établi par M. Eich-
wald pour des coquilles bivalves de la mer
Caspienne, qu'il avait d'abord classées avec
les Corbules. Les Monodacnes ont la coquille
un peu bâillante en avant, transverse, assez
mince, concave, à côtes fines, longitudinales,
avec une seule dent cardinale, simple, pe-
tite, distincte, sans dents latérales, mais
avec une lamelle accessoire, quelquefois al-
longée en arrière. L'espèce type est la M.
caspia. M. Eichwald en décrit une autre
{M. pontica) de la mer Noire. (Duj.)
MONODACTYLES. mam.— Les vétérinai-
res donnent le nom de Monodactyles aux
animaux du genre Cheval. (E. D.)
MONODACTÏLES, Merr. rept. — Syn.
de Chamœsaura. (P. G.)
MONODELPHES (uo'vo;, seul; êd^ç,
matrice), mam. — M. de Blainville (Prodr.
d'une classific. des animaux , Soc. phil. ,
1816) a proposé ce nom, en opposition avec
celui de Didelphes, pour désigner les Mam-
mifères ordinaires, chez lesquels le fœtus
prend son entier développement dans la
matrice : les Didelphes ou Marsupiaux d'une
part, et les Monodelphes de l'autre, forme-
raient, selon M. de Blainville, deux sous-
classes distinctes dans la classe des Mam-
mifères. Voy. MAMMIFÈRES. (E. D.)
*MONODESMtS(f,o'voç, seul; fc*fiiç,
lien), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères , tétramères de Latreille, famille
des Longicornes, tribu des Prioniens, formé
par Dejean {Cal., 3e éd., p. 343), et adopté
par Serville {Ann. de la Soc. Ent. de Fr.,
t. I, p. 126, 160). Le type, M. callidioides
de ces auteurs , est originaire de l'île de
Cuba, et se trouve aux environs de la Ha-
vane. Deux autres espèces des Antilles font
encore partie de ce genre. (C.)
MONODON. mam. — Voy. narval.
MONOBONTA, DC. (Prodr., V, 558).
bot. ph. — Voy. obeliscaria, Cass.
MONODONTE. Monodonta (^o'voç, un;
ôtîovç, ocJovtoç, dent), moll. — Genre créé
par Lamarck aux dépens des Troques et des
Turbos pour les espèces dont le bord gauche
est séparé du bord droit par une ou plu-
sieurs saillies en forme de dent. Ce genre,
tout-à-fait artificiel , doit être réuni aux
Troques et aux Turbos. Voy. ces mots. (Duj.)
*MONODONTINA. mam. — Division de
l'ordre des Cétacés indiquée par M. Charles
Bonaparte (Synopsis, 1837), et dont le
Narval (voy. ce mot) est le genre princi*
pal. (E. D.)
MONODORA. bot. ph. — Genre de la
famille des Anonacées?, établi par Duval
{Anon., 79, DC. ; Prodr. , I, 87). Arbres de
l'Afrique tropicale.
*MONOD\NAMIS, Gme\.](Syst., 1, 10).
bot. ph. — Syn. d'Usteria, Willd.
MONODYNAMES, Pohl {Plant. BrasiL,
II, 67, t. 144). bot. ph. — Syn. à'Anacar-
dium, Rottb.
MONQECIE. Monœcia ( ^ovoç , seul ;
oîxta, demeure), bot. ph. — Vingt-unième
classe du système sexuel de Linné, compre-
nant tous les végétaux phanérogames dont
les fleurs unisexuées sont portées sur un
même individu : ces végétaux sont alors dits
monoïques. Cette classe a été divisée par
Linné en onze ordres, qui sont : 1° Monœcie
monandrie; 2° M. diandrie; 3° M. triandrie;
4° M. tétrandrie; 5° M. pentandrie; 6° M.
hexandrie ; 7° M. heptandrie ; 8° M. po-
lyandrie; 9° M. monadelphie; 10° M. syn-
génésie; 11° M. gynandrie.
MONOÉPIGYNIE. Monoépigynia^évoç,
seul; Ui, sur; ywn » pistil), bot. ph. —
Troisième division établie dans la classe
des Monocotylédons. Voy. ce mot.
MONOGAMIE. Monogamia (p.0'vo;,seul ;
ya'fxoç, noces), bot. ph. — Linné a donné ce
nom à un ordre de la 19e classe du système
sexuel (sYngénésie), qui renferme toutes les
326
MON
MON
plantes syngénèses dont les fleurs sont dis-
tinctes les unes des autres , et munies cha-
cune d'un calice particulier.
*MONOGOMPHIA (Fo'voç, un seul ; yc>
ytoç, dent molaire ). infus. , systol. — Dé-
nomination par laquelle M. Ebrenberg dé-
signe les Systolides ou Rotateurs dont les
mâchoires n'ont qu'une seule dent. (Dm.)
MONOGONIA, Presl. (Pterid., 146, t. 5,
f. 15). BOT. CR. — Voy. PTERIS.
MONOGRAMMA (ao'vo; , seul ; ypaW ,
ligne), bot. cr. — Genre de la famille des
Fougères-Polypodiacées, établi par Commer-
son (Schkuhr, Crypt. , 82, t. 87) pour des
Fougères originaires de l'Inde occidentale et
de l'île de Mascareigne.
MONOGYNIE. Monogynia (f*o'voç , seul ;
yvv/j, pistil), bot. ph. — Ce nom, qui dé-
signe les plantes dont la fleur n'a qu'un
pistil , a été donné par Linné au premier
ordre des treize premières classes du sys-
tème sexuel.
MONOGYRIA, DC. (Prodr., 325). bot.
ph. — Voy. neja , D. Don.
*MONOHAMMUS ( p&oç , seul ; â^a ,
nœud ). ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famille des Longicornes, tribu
des Lamiaires, formé par Mégerle , adopté
par Dabi et Dejean , dans leurs catalogues
respectifs, par Mulsant et tous les auteurs
contemporains. Ce genre, qui a des repré-
sentants dans toutes les parties du monde,
renferme plus de 40 espèces. Nous citerons,
parmi celles d'Europe , les M. maculatus
Ziegler, sartor , sutor de F., Gallo-provin-
cialis d'Ol.; et parmi les espèces exotiques,
les Lamia crucifera , dentator , titillator ,
ruspator, rusticator, et luscus de F. (C.)
MONOHYPOGYME. Monohypogynia
(uovoç, seul; yirô , sous; yuvvf, pistil), bot.
ph. -— Première division établie dans la
classe des Monocotylédons. Voy. ce mot.
*MONOILEMA. ms. — Genre de Co-
léoptères subpentamères, tétramères de La-
treille, famille des Longicornes, tribu des
Pi ioniens , créé par Say et adopté par
M. Guérin-Meneville (le. reg. an.y t. III,
2, p. 216). L'espèce type est originaire
des États-Unis. (G )
MONOÏQUES, bot. ph. — Voy. moncecie.
*MONOLABIS (,uovoç, un seul; i«€lç,
agrafe ). infds., systol. — Genre établi par
M. Ehrenberg, dans sa famille des Philodi-
nés qui répond à notre famille des Rotifcres,
pour une espèce peu connue,.)/. c<jtuta,qm
paraît devoir être rangée dans une autre fa-
mille. Elle a deux yeux frontaux et deux ap-
pendices en forme de doigts sans cornicules
à la queue. (Do.)
*M©NOLEPIS(fxo»o«,seul; U**, écaille).
crust. — Ce genre , qui appartient a la
section des Décapodes aaomoures , à la
famille des Ptérygures et à la tribu des
Poreellaniens, a été établi par Say sur des
Crustacés encore jeunes et dont le dévelop-
pement probablement n'est pas encore ter-
miné. Quoi qu'il en soit, les Monolepis pa-
raissent avoir la plus grande analogie avec
les Mégalopes (voy. ce mot), et surtout avec
les jeunes Dromies. Ils se distinguent des
premiers parleurs pattes postérieures petites,
reployées au-dessus des angles postérieurs du
test et terminées par des soies très longues.
On ne connaît encore que deux espèces qui
ont pour patrie les mers d'Amérique. Le
Monolepis inerme , Monolepis inermis Say
(Journ. of the Acad. of Philadelph., t. I, p.
155), type du genre, a été pris sur les côtes
du Marylané. (H. L.)
*MONOLEPTA (f*ôvo;, seul; Wtbç,
menu ). ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Cycliques , tribu des Gallérucites ,
établi par nous et adopté par Dejean (Cata-
logue, 3e éd., p. 407) qui en énumère 30 es-
pèces; 15 sont originaires d'Afrique, 7 d'A-
sie, 6 d'Australie; l'Europe et l'Amérique
n'ont encore l'une et l'autre qu'un seul re-
présentant du genre. Les Monolepta sem-
blent faire le passage des Gallérucites aux
Alticites; leurs pattes sont grêles, et leurs
cuisses sont un tant soit peu renflées. Ce
genre se distingue surtout par le premier ar-
ticle des tarses postérieurs qui est fort long.
Nous citerons, comme se rapportant a ce
genre, les Crioc. humeralis, bioculata, qua-
drinotata de F., et la Gai. limbata d'Ol. (C>
*MONOLOBA (uo'voç, seul ; Mg;, lobe'.
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères,.
famille des Xystropides, tribu des Ciste-
lites, créé par Solier (Ann. delà Soc. ent.
de Fr.y t. IV, p. 235), qui lui donne pour
type la M. dircœoides, espèce du Brésil. (C.)
*M01\OLOPHUS (,uovo; , seul ; fcqrfa ai-
grette), bot. ph. — Genre de la famille des
Zingibéracées-Alpiniées, établi par Wallich
MON
MON
327
(PL as. rar., 1 , 24). Herbes de l'Inde. Voy.
ZINGIBÉRACÉES.
*MONOLOPIA (povoç , seul; W?s ,
écaille), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées - Sénécionidées , établi par De
Candolle (Prodr. , VI, 74). Herbes du Cap.
Voy. COMPOSÉES.
*MOI\OMACRA (/aovoç, seul; paxpog,
long), ins. ~ Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille
des Cycliques, tribu des Alticites ( Chryso-
mélines de Lat.) , créé par nous , et adopté
par Dejean (Catal., 3e éd., p. 413) , qui
en mentionne 15 espèces d'Amérique. Parmi
elles nous citerons les deux suivantes : Crio-
ceris pollens et restituta (tïbialis 01.) Fab.;
l'une est originaire de la Guadeloupe et
l'autre de Cuba. (C.)
MONOMÈRES. Monomera. ins. — Der-
nière section de l'ordre des Coléoptères ,
établie par Latreille, et composée d'espèces
qui n'offrent qu'un seul article à chaque
tarse; elle ne renferme jusqu'à présent que
le seul genre Clambus , ayant pour type le
Dermestcs armadillo de Degéer. (C.)
*MONOMERIA (p.o'voç, seul ; pcpTs, tige).
bot. ph. — Genre de la famille des Orchi-
dées -Dendrobiées, établi par Lindley (Or-
chid., 61). Herbes du Népaul. Voy. orchi-
dées.
*MONOMMA (p.ovoç , seul ; op.ua , vue ?).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères,
famille des Diapériales, tribu des Taxicornes,
créé par Klug (Insecten von Madagascar,
1833, p. 94, tab. 4, f. 6), qui lui donne
pour type le M. irroratum. Le genre Hy-
poragus de Dejean paraît être synonyme
du genre en question ; mais ce dernier au-
teur en aurait alors fait, à tort, un penta-
mère de la famille des Clavicornes. (C.)
MOIVOMORPRES. Monomorpha. ins. —
Syn. deThysanures. Voy. ce mot. (H. L.)
*MONOMPnALIENS. Monomphalii{v.6-
voç, seul; èp.cpaXc'ç, ombilic), térat. — Seconde
famille de Monstres doubles autositaires ,
caractérisée principalement par la réunion
de deux sujets presque complets , à ombilic
commun.
Deux sections ont été établies dans cette
famille par M. Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire
(Tératologie générale, t. III, p. 67) ; la pre-
mière comprend les Monomphaliens à union
sous-ombilicale, et ne se compose que du
seul genre Ischiopage. La seconde section,
caractérisée par Yunion sus-ombilicale, ren-
ferme les genres Xiphopage , Sternopage,
Ectopage et Hémipage. Nous allons entrer
dans quelques détails caractéristiques et
descriptifs sur chacun d'eux.
1. Ischiopage. Ischiopages ('^tov, ischion :
itays'çf uni). Ce genre, le seul, comme nous
l'avons dit, qui se rapporte à la première-
section, a pour caractères: Deux individus s
ombilic commun, réunis dans la région hy-
pogastrique. Un Ischiopage est ainsi un être
double, de forme très allongée, terminé à
chacune de ses extrémités par un thorax, deux
membres thoraciques, un cou, une tête, et
présentant, danslaportion moyenne, un dou-
ble abdomen , de doubles membres abdomi-
naux et, tout-à-fait au centre, l'ombilic com-
mun.
La fréquence des cas d'Ischiopagie chez
l'homme et les animaux a procuré à laseïence
de nombreuses et utiles observations sur
l'organisation de ces Monstres. Duverney,
Dubreuil, Geoffroy-Sain t-Hilaire, ont fait sur
ce genre d'anomalies des travaux remarqua-
bles, et M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire ,
qui a eu plusieurs fois l'occasion d'observer
des Ischiopages, a publié sur leur organisa-
tion (Traité de Tératologie) un travail digne
d'intérêt.
Les appareils de la région pelvienne offrent
une disposition très remarquable. Ainsi, en
premier lieu, les bassins, à peu près normaux
en arrière, sont largement ouverts en avant,
et les deux pubis de chaque sujet, rejetés
tout-à-fait latéralement, au lieu de s'unir
entre eux sur la ligne médiane, vont se con-
joindre à droite et à gauche avec ceux de
l'autre sujet. De là deux symphyses pubien-
nes disposées à peu près comme dans l'état
normal , mais placées l'une à droite et l'au-
tre à gauche. De là aussi l'existence, non de
deux bassins , mais bien d'un seul et très
vaste bassin composé de doubles matériaux.
Ce mélange de deux bassins entraîne né-
cessairement des anomalies dans la compo-
sition des appareils intra-pelviens. Ainsi, il
existe deux vessies latérales, le plus souvent
unies et communiquant entre elles plus ou
moins largement, et appartenant chacune
pour moitié aux deux sujets composants.
L'appareil sexuel présente de semblables
modifications ; sa portion antérieure se divise
328
MON
dans chaque sujet en deux moitiés dont cha-
cune suit le pubis de son côté, et va de même
s'associer à une moitié analogue fournie par
l'autre sujet. Quant aux intestins qui occu-
pent la partie postérieure de la cavité pel-
vienne, ils sont plus courts que dans l'état
normal et se réunissent en un rectum com-
mun qui s'ouvre ordinairement à l'extérieur,
mais quelquefois, quand les deux vessies
sont conjointes, dans la poche commune qui
résulte de leur union. Les artères ombilica-
les, généralement au nombre de trois, quel-
quefois de deux , sont placées d'abord aux
deux côtés de la vessie , et de là , suivant la
disposition accoutumée, se portent à l'ombilic
commun.
2. Xiphopage. Xiphopages (Sc'cpoç, épée;
«ayetç, uni). Dans la Xiphopagie, la réunion
des individus a lieu de l'extrémité inférieure
du sternum à l'ombilic commun. Ce genre
est de tous ceux du second groupe celui dont
l'union est le moins étendue, et qui, par con-
séquent, s'écarte le moins du type normal.
Malgré le peu de rareté des cas de Xipho-
pagie, l'anatomie de ces Monstres est peu
connue. Les recherches de Barkow (Monstra
animalia duplicia per anatomen indagala)
faites sur un agneau double bimâle sont les
seules à l'aide desquelles il soit possible de
donner quelques détails sur l'organisation
interne des Xiphopages. La réunion des deux
sujets composants se faisait par la partie
inférieure des sternums qui, libres et offrant
supérieurementladisposition normale, chan-
geaient ensuite de direction pour se porter
l'un au-devant de l'autre et se conjoindre entre
eux. Il existait deux cœurs inégalement volu-
mineux,dont le plus petit à un seul ventricule;
ils étaient complètement séparés, enveloppés
même chacun d'un péricarde propre, mais
contigus sous la portion commune des ster-
nums. Les deux foies se trouvaient réunis
en une masse unique, mais très volumineuse,
soutenue par deux ligaments suspenseurs, et
pourvue de deux vésicules biliaires. Les deux
diaphragmes étaient pareillement conjoints
en un seul; ils n'avaient même pour eux
qu'un seul centre tendineux. Quant aux
intestins, aux estomacs et aux autres organes
abdominaux, ils étaient tous doubles et sé-
parés.
Les cas de Xiphopagie sont assez fréquents
chez l'homme aussi bien que chez les ani-
Ï\I0N
maux. C'est à ce genre d'anomalie qu'on
doit rapporter un Monstre mouomphalien
devenu célèbre dans toute l'Europe; nous
voulons dire cet être double, né en 1811 de
parens chinois établis dans le royaume de
Siam, nommé Chang-Eng, et que Paris a
vu, en 1835, sous le nom des Frères siamois.
Nous ne pouvons mieux faire que de rappor-
ter ici ce qu'en dit M. Isidore Geoffroy-Saint-
Hilaire dans sa Tératologie générale.
« Très semblables l'un à l'autre par les
traits de leur visage, mais différant sensi-
blement par leur taille et par leur force,
Chang et Eng sont unis entre eux de l'om-
bilic à l'appendice xiphoïde. Dans leur en-
fance, les deux frères siamois se trouvaient
opposés face à face, et se touchaient mutuel-
lement, au-dessus et au-dessous du lien
d'union , par leurs thorax et par leurs ab-
domens. Si cette disposition première , qui
est commune à tous les Xiphopages nais-
sants, eût persisté pendant la vie de Chang
et d'Eng , ils n'eussent pu ni marcher dans
le même sens, ni s'asseoir en même temps,
et ils se fussent réciproquement gênés et en-
través dans toutes leurs actions. De là les
efforts faits dès l'enfance pour arriver à des
relations mutuelles plus commodes et mieux
harmoniques, et par suite des modifications
aussi heureuses pour les deux frères qu'elles
sont physiologiquement remarquables. Les
deux appendices xiphoïdes , au lieu de se
continuer inférieurement dans les plans des
sternums , se sont relevés et rejetés latéra-
lement, l'un à droite, l'autre à gauche; ils
forment, avec les parties musculaires et cu-
tanées, très étendues en longueur, dont ils
sont recouverts , une sorte de bande qui se
porte transversalement d'un sujet à l'autre.
Cette bande, par laquelle l'union primitive-
ment intime et immédiate des deux sujets
composants se trouve, en quelque sorte,
changer en une union médiate et à distance ,
a, dans l'état présent, jusqu'à 5 pouces de
longueur sur 3 de large, et est flexible,
mais inégalement dans tous les sens. Les
deux appendices xiphoïdes , placés bout à
bout, sont-ils en rapport par des articula-
tions très lâches, soit avec le corps des
sternums , soit l'un avec l'autre? ou bien ,
sous l'influence d'efforts gradués et presque
continus, se seraient -ils séparés peu à
peu ou même écartés ? C'est ce que le tou-
MON
MON
3*29
cher de ta bande d'union eût pu facile-
ment apprendre , et cependant c'est ce que
j'ignore encore, les deux frères s'étant con-
stamment refusés à laisser achever un exa-
men qu'ils disaient douloureux. Ils ont tou-
tefois suppléé en partie aux données qu'eût
pu fournir cet examen , en exécutant sous
mes yeux plusieurs mouvements, et prenant
plusieurs positions qui attestent, dans la
bande d'union , une flexibilité beaucoup
plus grande que ne l'ontsupposée les auteurs.
Ainsi j'ai, vu l'un des deux frères restant
droit, l'autre se baisser, et dans ce moment
son thorax tournait sur la bande d'union
comme sur une sorte de pivot. Je les ai vus
aussi se placer l'un en face de l'autre comme
ils l'étaient dans leur enfance. Mais ces po-
sitions, et cette dernière elle-même , dont
l'organisation se plie à l'influence long-
temps prolongée d'une habitude, sont pour
Chang et Eng des attitudes forcées qu'ils
s'empressent de quitter pour reprendre ce
qui est aujourd'hui leur état ordinaire ,
c'est-à-dire pour se mettre l'un par rapport
à l'autre de côté et à angle droit.
» C'est ainsi placés qu'ils se couchent ,
qu'ils s'asseoient, qu'ils se tiennent debout,
qu'ils marchent, comparables à deux per-
sonnes qui, serrées l'une contre l'autre, se
touchent réciproquement par un des côtés
de leurs poitrines. Aussi la progression né
se fait-elle ni pour l'un ni pour l'autre , di-
rectement d'avant en arrière, mais obli-
quement, suivaut la diagonale de l'angle
qu'ils forment entre eux. Chacun d'eux a
l'un des côtés de son corps placé en avant ,
et, relativement à l'ensemble de l'être dou-
ble , en dehors ; l'autre en arrière et en
dedans. De même la jambe et le bras droits
de l'un des frères, la jambe et le bras gau-
ches de l'autre, sont en avant ; les deux au-
tres jambes et les deux autres bras en ar-
rière. De là une inégalité très marquée
d'action , d'exercice , et par suite de déve-
loppement entre les deux membres, d'abord
semblables et égaux, de chaque paire thora-
cique et abdominale. Tandis que Chang et
Eng laissent leurs bras postérieurs pendre
comme inertes derrière leur double corps ,
ou bien, et c'est le plus souvent, les entre-
lacent mutuellement autour de leur6 cous
ou de leurs poitrines , tous les actes de la
préhension , aussi bien ceux qui exigent de
T. VIÏI.
la force que de l'adresse, restent dévolus
aux bras antérieurs : aussi sont-ils robustes
et bien musclés ; les deux autres , au con-
traire, faibles et grêles. Pareillement, dans
la marche, dans la course, dans le saut
même, qui s'accomplit par les efforts instan-
tanément combinés et toujours harmoniques
des deux frères , les jambes postérieures ne
font que seconder et pour ainsi dire que
suivre les deux antérieures : aussi sont-elles
faibles , maigres , et même, chez l'un des
deux surtout , très sensiblement cagneuses.
Les deux moitiés du corps et même de la
tête, les yeux exceptés, pour lesquels a pré-
cisément lieu l'inverse, offrent des diffé-
rences moins marquées, mais analogues,
en sorte que, par une disposition que la
simplicité de son explication ne rend pas
moins singulière, le côté droit d'Eng se
trouve beaucoup plus semblable au côté
gauche de Chang, et réciproquement, qu'à
l'autre moitié de son propre corps.
« Dans les circonstances ordinaires, lors-
que tous deux sont également calmes ou
également animés, la respiration et les pul-
sations artérielles sont simultanées chez
Chang et Eng. Cependant il n'en est pas
toujours ainsi. L'un des deux frères s'étant
un jour baissé pour examiner le jeu d'une
montre, son pouls s'accéléra aussitôt, au
rapport d'un médecin instruit , le docteur
Waran , tandis que celui de l'autre jumeau
ne subit point de changement sensible ;
mais l'isochromisme ne tarda pas à se réta-
blir. Les médecins de Londres et de Paris
ont eu aussi occasion de constater à plu-
sieurs reprises, et même quelquefois sans
cause apparente , des différences plus ou
moins marquées dans le nombre des pul-
sations.
» Les deux Siamois montrent de même
dans leurs autres ifonctions une concordance
remarquable , mais non absolument con-
stante, comme les journaux des États-Unis,
de Londres, de Paris, se sont plu à le ré-
péter successivement, et comme le disaient
eux-mêmes Chang et Eng aux personnes
qui se contentaient de leur adresser quel-
ques vagues questions. Sans doute rien de
plus curieux que le contraste d'une dualité
physique presque complète et d'une unité
morale absolue ; mais aussi rien de plus
contraire à la saine théorie. J'ai fait avec
42
330
MON
MON
soin toutes les observations, recueilli tous
les renseignements qui pourraient m'éclai-
rer sur la valeur d'une assertion tant de fois
répétée; et j'ai trouvé qu'entre les principes
méconnus de la théorie et toutes les décla-
mations physiologiques dont l'unité morale
des frères siamois a été si longtemps l'iné-
puisable texte, c'est aux premiers, comme on
devait s'y attendre, que les faits donnent
entièrement gain de cause.
» Jumeaux créés sur deux types presque
identiques, puis inévitablement soumis pen-
dant toute leur vie à l'influence des mêmes
circonstances physiques et morales ; sem-
blables d'organisation et semblables d'édu-
cation, les deux frères Siamois sont devenus
deux êtres dont les fonctions, les actions ,
les paroles , les pensées même , sont presque
toujours concordantes, et, si l'on peut s'ex-
primer ainsi, se produisent et s'accomplis-
sent parallèlement. Leurs heures d'appétit,
de sommeil, de veille, leurs joies, leurs
colères, leurs douleurs, sont communes; les
mêmes idées, les mêmes désirs se font jour
au même moment dans ces âmes jumelles ;
la phrase commencée par l'un est souvent
achevée par l'autre. Mais toutes ces concor-
dances prouvent la parité et non l'unité;
des jumeaux anormaux en présentent sou-
vent d'analogues, et sans doute en offri-
raient de tout aussi remarquables , s'ils
eussent invariablement pendant toute leur
vie , comme les deux Siamois , vu les mêmes
objets, perçu les mêmes sensations, joui
des mêmes plaisirs , souffert des mêmes
douleurs.
» Ghang et Eng ont l'un pour l'autre
l'affection la plus tendre. Obligés de mar-
cher, de s'asseoir, de se coucher, de se
lever ensemble, de s'obéir tour à tour , et
de se faire mutuellement , et presque à
chaque instant de leur vie, le sacrifice de
leur volonté, à peine les a-t-on vus quel-
quefois dans une passagère mésintelligence.
Telle est même la force de leur mutuelle
«affection , qu'ils ne trouvent pas acheté trop
:her, au prix de la gêne constante de leurs
mouvements, le bonheur de se sentir sans
cesse l'un près de l'autre, et de réaliser à la
lettre cette belleimage de l'amitié : Tous deux
ne sont qu'un, et chacun est deux. On assure
que, plusieurs chirurgiens ayant conçu le
projet, trop hardi peut-être, de les rendre
à l'état normal par leur séparation, ce fut
ce sentiment, bien plus que la crainte de
la douleur ou de la mort, qui les détermina
à se refuser à toute opération.
» Les deux frères siamois, aujourd'hui
façonnés aux mœurs européennes, parlent
tous deux avec la même facilité la langue
anglaise, pour laquelle ils ont presque en-
tièrement oublié le chinois. Ils s'entretien-
nent volontiers avec les personnes qui les
visitent. Souvent même chacun d'eux suit
séparément une conversation distincte avec
des interlocuteurs différents ; mais entre
eux ils ne s'adressent presque jamais la
parole, et lorsqu'ils le font, ce n'est que
pour se dire quelques mots en apparence
sans suite et à peine intelligibles pour d'au-
tres. Comment , en effet , concevoir cet
échange rapide et répété de faits et d'idées
que l'on appelle conversation entre deux
êtres qui, unis ensemble par un lien indis-
soluble, voient tous les mêmes objets, en-
tendent toutes les mêmes paroles, et sont
l'un à l'autre , à chaque instant de leur vie,
un confident inévitable? »
3. Sternopage. Sternopages ( ax/pvov ,
sternum; Traynç, uni). Ce genre est prin-
cipalement caractérisé par la jonction de
deux individus face à face, depuis l'ombi-
lic jusqu'à la partie supérieure de la poi-
trine. Il diffère du genre précédent (Xipho-
phage) par l'étendue très inégale de la ré-
gion d'union , et surtout par la disposition
très différente des viscères thoraciques et
sus-abdominaux réunis entre eux, d'un su-
jet à l'autre.
Les observations assez nombreuses faites
sur les Sternopages par différents auteurs,
entre autres par M. Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire , ont suffisamment démontré l'or-
ganisation de ces Monstres. Le sternum de
chaque sujet est divisé en deux moitiés re-
jetées latéralement, et reportées ainsi sur
les flancs. Là, rencontrant les deux moitiés
semblablement disposées du sternum de
l'autre sujet, elles se sont réunies avec elles ;
de là deux sternums latéraux et communs
aux deux sujets, du reste régulièrement
conformés. Les cavités thoraciques, au nom-
bre de deux, sont réunies en une seule et
très vaste cavité, limitée par quatre parois,
savoir : deux costo-dorsales , directement
opposées l'une à l'autre; deux costo-ster-
MON
MOIN
131
nales, également opposées entre elles. Cha-
cune des premières appartient en propre à
l'un des sujets composants , tandis qu'au
contraire les parois costo-sternales appar-
tiennent, chacune pour moitié, aux deux
sujets composants à la fois. Les organes tho-
raciques s'écartent peu de leur conforma-
tion normale; ainsi les poumons, qui sont
au nombre de quatre, ne présentent rien
de remarquable. Les organes de la région
sternale , spécialement le péricarde et le
cœur, présentent de graves modifications.
Les deux péricardes sont confondus en un
seul et vaste péricarde renfermant deux
cœurs, ou, le plus ordinairement, un double
cœur s'étendant d'un sternum à l'autre. Les
deux cœurs sont plus ou moins intimement
soudés, et, suivant le degré d'intensité de
cette union , ils communiquent entre eux
par un plus ou moins grand nombre de
leurs cavités. Cette union se fait constam-
ment sur la ligne médiane, et entre les
faces similaires des deux organes. Le thorax
est séparé de l'abdomen par un double dia-
phragme, au-dessous duquel est placé un
foie également double, très volumineux,
ayant deux vésicules biliaires, s'étendant de
l'une des parois abdominales à l'autre.
M. Isidore Geoffroy Saint Hilaire a déjà
eu plusieurs fois l'occasion de constater dif-
férents cas de Sternopagie chez l'homme.
Les animaux en ont aussi présenté quelques
exemples, entre autres un faon de Cerf et
un de Veau.
4. Ectopage. Ectopages (Ixto'ç, en de-
hors; woyetç, uni). Ce genre est caractérisé
principalement par la jonction latérale de
deux individus, à partir de l'ombilic, sur
toute l'étendue du thorax. Ici, les deux su-
jets composants sont placés à peu près à
angle droit, et ont tous deux la face tour-
née du côté de la plus grande paroi thora-
cique. Les rachis sont postérieurs, par rap-
port à l'être double tout entier, comme par
rapport à chacun des individus. Sur les
quatre bras, deux, placés aux deux côtés de
la grande paroi thoracique, offrent la dispo-
sition normale et sont semblables entre
eux; les deux autres, au contraire, placés
postérieurement, sont ordinairement plus
petits ou plus grêles que les premiers, et tel-
lement rapprochés l'un de l'autre, que quel-
quefois ils se soudent, et forment alors un
double bras appartenant pour moitié à l'un
et à l'autre des sujets composants.
L'organisation interne des Ectopages a
beaucoup de rapports avec celle des Sterno-
pages. Ils ont de même un double thorax, et
entre eux un double cœur, qu'un diaphragme
unique, mais très vaste, sépare des viscères
abdominaux. Le foie est unique et inter-
posé entre les estomacs distincts. Dans cer-
tains cas, les intestins grêles étaient réunis
et confondus en un seul , les gros intestins
étant au contraire constamment séparés
l'un de l'autre.
On ne connaît qu'un assez petit nombre
de cas d'Ectopagie, tous présentés par l'es-
pèce humaine.
5. Hémipage. Hemipages ',(^tav s , demi ;
«ayît'ç, uni). La réunion latérale de deux in-
dividus à ombilic commun, sur toute l'éten-
due du thorax et du cou, et presque par les
mâchoires , tel est le principal caractère de
l'Hémipagie. Dans ce genre, comme dans les
deux précédents , les deux corps sont unis
par les thorax , et ont deux parois thoraci-
ques opposées et très inégales; de plus, les
deux faces dans leur portion inférieure , et
les deux cous, se conjoignent antérieure-
ment, mais obliquement, et chaque sujet
conserve , distincts et séparés , seulement la
partie supérieure de sa face et son crâne en-
tier , ainsi que la portion inférieure de son
abdomen.
L'organisation interne des Hémipages se
trouve parfaitement en rapport avec leur con-
formation externe ; et parmi les dif féren ts Hé-
mipages observés , nous devons citer comme
type du genre l'enfant double, bimâle, qui
appartient à la collection tératologique de
Berlin, et que Barkow a pu observer dans
tous ses détails. Entre deux colonnes verté-
brales séparées dans toute leur étendue , se
trouvaient interposés supérieurement deux
sternums inégaux , et quatre rangs de côtes
disposées comme dans l'Ectopagie. Au-dessus
d'un double diaphragme , il existait quatre
poumons et deux cœurs distincts, mais iné-
gaux en volume et en développement. Les
deux trachées étaient distinctes ; mais il
n'existait qu'un seul œsophage, un seul es-
tomac, un seul duodénum, un seul jéjunum
et un seul pancréas, tandis qu'au contraire
il existait deux rates et deux foies.
Chez les animaux, un Agneau, un Mou-
332
MON
MON
ton et un Cochon ont seuls, à peu près,
présenté des exemples d'Hémipagie.
Tous les Monoraphaliens , comme la plu-
part des Monstres , sont généralement peu
viables. A peine en connaît-on quelques uns
qui soient parvenus à l'état adulte, ou même
qui aient achevé Ja première enfance ; en-
core ces exemples ne sont-ils offerts que par
les genres dans lesquels l'union est la moins
étendue et la moins profonde. Un dernier
fait à constater, c'est que généralement les
i'idividus composants sont de même sexe,
c'est -à-dire ou bifemelles, ou bimâles , ou,
ce qui est très rare, bi-hermaphrodites.
(J.)
MONOMYAÏRES (f*$voç, un seul ; pvt&,
muscle), moll. — Ordre de Conchifères ou
Mollusques acéphales établi par Lamarck
pour ceux dont la coquille bivalve ne présen te
qu'un seul muscle adducteur, comme les
Huîtres et les Peignes. Voy. mollusques.
(Duj.)
MONOMYCES (,a0'voÇ, un seul; p&nç,
champignon), folyp. — Genre établi par
M. Ehrenberg aux dépens des Fongies et des
Garyophyllies , pour les espèces de Phytoco-
raux polyactinies non arborescents qui ont
des étoiles fixées, solitaires, ou produisant
simplement des gemmes par le côté', et dont
les lames sont simplement rayonnantes, sou-
vent inégales, en même temps que le man-
teau enveloppe toute la tige jusqu'à la base.
La Fongia patellaris de Lamarck est le type
de ce genre. Elle se trouve dans les mers de
l'Inde et dans la Méditerranée. (Duj.)
MONONYCHUS ( pA**, seul ; gfc$ on-
gle), ins. — Genre de Coléoptères tétramères,
famille des Curculionides gonatocères, divi-
sion des Apostasimérides cryptorhynchides,
proposé par Schuppel et adopté par Dejean ,
Latreille, Germar et Schœnherr. Ce der-
nier auteur ( Dispositio methodica , p. 299 )
cite, comme faisant partie de ce genre, les
espèces suivantes : M. Pseudacori F., Sal~
viœ Gr., Ireos Pal 1. {Bufo F.), et Vulpecu-
lus F. Les deux premières sont propres à
l'Europe, la 3e est d'Asie (Sibérie ) et la 4®
d'Amérique (Caroline). (C.)
*MONOI\YX (fxo'vo;, seul; ftvf, ongle).
ins. — Genre de l'ordre des Hémiptères hé-
téroptères, tribu des Népiens , établi par
Laporte de Castelnau. M. Blanchard, qui a
adopté ce genre (Hist. des Insectes, publiée
par Firmin Didot), lui donne pour carac-
tères essentiels : Tarses pourvus d'un seul
crochet ; yeux médiocrement saillants ; cuis-
ses très épaisses.
Le type de ce genre est le Mononyx raplo-
nusLap» (Ess. kém., pi 16, n° 2) , qui se
trouve au Brésil.
MONOPÉRIGYNIE. Monoperigynia (u.6-
voç , seul; respi, autour; yuvvj , pistil), bot.
pb. — Deuxième division établie dans la
classe des Monocotylédons. Voy. ce mot.
MONOPÉTALE. Monopetalus (pc;,
seul; wrrcdov , pétafo ). bot. ph. — Nom
donné aux plantes dont les fleurs ont la co-
rolle composée d'une seule pièce , et à une
des trois grandes divisions établies dans les
Dicotylédons (Apétales, Monopétales, Poly-
pétales).
*MONOPHADNUS. ins.— M. Hartig a dé-
signé ainsi, dans le groupe des Tenthrédites,
de l'ordre des Hyménoptères, une des divi-
sions du genre Salandria. Voy. ce mot. (Bl.)
MONOPHLEBA. ms. — Genre de l'or-
dre des Hémiptères bomoptères , tribu des
Cocciniens, établi par Latreille {Fam. nat.),
et considéré par M. Blanchard comme une
simple section du genre Cochenille. Voy,
ce mot.
MONOPHORE (f^oç, un seul ; «épo? ou
yépoq, trou), mole., tunic. — Dénomination
employée par M. Bory de Saint-Vincent pour
désigner te Pyrosome. Voy. ce mot. (Dm.)
MONOPHTHAEMES. Monophthalma.
crust. — Synonyme de Daphnoïdes. Voy. ce
mot. (H. L.)
*MOIVOPHYLLA ( uâvo;, seul ; cpuT,ov,
feuille), ins.— Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Mal&codermes , tribu des
Clairones, créé par M. Spinola (Essai mono-
graphique des Clérites, 1843, 1844, t. I, p.
386 ; t. M, p. 126). Ce genre se compose de
deux espèces originaires des États-Unis:
M. megatom.% Say, et terminata Klug. Cet
auteur a fait connaître la» dernière sous te
nom générique de Macrotelvus , qui devra
prévaloir comme antérieur de publication.
(G.)
MONOPHYLLE. Monophyllus («,ovoç,
seul; (pxJWov, feuille), bot. ph. — Épithète
appliquée à tout organe foliacé composé
d'une seule pièce, ou qui n'offre pas plu-
sieurs folioles distinctes (calice nwnovhylte,
involucre monophylle).
MON
MON
333
♦MONOPHYLLEA ( po'vo; , seul; «pv'X-
2ov , feuille ). bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Gesnéracées, établi par R. Brown
(in Horsfleld Plant. Jav. rar.t 121). Herbes
de Sumatra. Voy. gesnéracées.
MONOPHYIXUS (fi&oç, une seule;
yv/.Xov, feuille), mam. — Leach (Trans. Linn.,
t. XIII, 1822) a créé sous cette dénomination
un genre de Chauves-Souris assez voisin de
celui des Phyllostoma, et qui a été assez gé~
néra!ementadopté.LesMonop/i?y^Ms ont pour
caractères : Quatre incisives supérieures iné-
gales, dont les deux du milieu plus longues
que les latérales et bifides, et pas d'inférieu-
res ; deux canines à chaque mâchoire; cinq
molaires supérieures et six inférieures de
chaque côté; une seule feuille droite sur le
nez; la queue courte.
Une* seule espèce entre dans ce groupe;
c'est le Monophyllus Redmannii Leach, qui
est brun en dessus, gris en dessous et dont
la feuille est aiguë et couverte de petits poils
blanchâtres. Cet animal habite la Jamaïque.
(E. D.)
M0i\(XPIRA. polvp. — Genre proposé
par Rafinesque pour deux Polypiers qu'il
avait observés dans la Méditerranée, sur les
côtes de Sicile. (Duj.)
*MONOPIS (.aovoç, seul; ty, ^o:, œil).
Ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Xylophages, proposé par Ziegler
et adopté par Dejean {Catalogue, 3e édit.,
p. 339). L'espèce type, le M. castanea Zieg.,
a reçu les noms suivants : M. rufescens
Dej. , fenestrata Lat. , et pusillns ( Hypo-
phlœus ) Steven. On la trouve dans une
grande partie de l'Europe. (C.)
*MOi\OPLATUS (.aovoç, seul; irJLoœvi,
large), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille des
Cycliques, tribu des Alticites (Chrysoméli-
toes), créé par nous et adopté par Dejean
(Catalogue, 3e édit., p. 407). Ce genre se
compose de deux espèces du Brésil, des
M. rubicundus et dimidiatus Dej. L'article
terminal des tarses est globuleux. (C.)
MOXOPLEUROBRANCHES (povoç, un
seul ; Kifcvpau, côté;Çpayxt«,branchie).MOLL.
— Dénomination employée par M. de Blain-
ville pour le troisième ordre des Malacozoai-
res pa-racéphalophores , comprenant les Mol-
lusques qui ont sur le côté droit une bran-
chic recouverte par une partie du manteau
dans laquelle se développe souvent une co-
quille plane ou enroulée, à ouverture très
grande et entière. Cet ordre comprend les
quatre familles des Subaplysiens , des
Aplyliens, des Patelloïdes et des Acères.
(Dm.)
*MONOPLIUS, Dejean. ins. — Synon.
de Pachylopus d'Erichson. (C.)
*MOI\OPNOA. rept.— M. Fitzinger dési-
gne sous ce nom l'une des divisions primai-
res des Reptiles. (E. D.)
MONOPOGON, Presl (in Reliq. Hœnk. ,
1, 325, t. 44). bot. ph. — Syn. de Trista-
chya, Nées.
MONOPORINA, J.-S. Presl (Rostlin., II,
2 , p. 277, t. 41, f. 2). bot. ph. — Syn. de
Marila, Swartz.
*MONOPSIS (po'vo;, seul; è^^, aspect).
bot. ph. — Genre de la famille des Lobé-
liacées-Lobéliées , établi par Salisbury (in
Transacl. Hortic. Soc, II, excl. sp.). Herbes
vivaces du cap de Bonne-Espérance et de la
Nouvelle-Hollande tropicale. Voy. lobélia-
CÉES.
MONOPTÈRE. Monopterus (p$voç, seul ;
TTTspov, nageoire), poiss. — Genre de Pois-
sons de l'ordre des Malacoptérygiens apo-
des, famille des Anguilliformes, établi pat
Commerson et Lacépède, et cité par G . Cuvier
(Règn. anim., t. II, p. 353), qui lui donne
pour caractères essentiels : Deux orifices
branchiaux , réunis sous la gorge en une
fente transversale divisée dans son milieu
par une cloison. La dorsale et l'anale se
montrent seulement sur le milieu de la
queue, et se réunissent à la pointe. Dents
en carde aux mâchoires et aux palatins ;
six rayons à chaque ouie ; trois branchies
très petites.
La seule espèce connue habite les îles de
la Sonde, et a été nommée par Lacépède
MONAPTÈRE JAVANAIS.
*MONOPYXIS ( ^o'voç , un seul ; «n£iS ,
capsule, boîte), polyp. — Sous-genre de Sertu-
laires proposé par M. Ehrenberg pour les es-
pèces dont les capsules gemmifères, qu'il
nomme cellules femelles, sont axillaires, so-
litaires et terminales. Telle est la Serlularia
geniculata de Mu! 1er dont Lamarck a fait
une Campanulaire, et qui se distingue aussi
par ses tentacules très longs et très minces,
un peu hérissés , au nombre de trente.
(DiJ.)
334
MON
MON
MOKORCIIIS, Mentz. {Pug., t. 5, f. 12).
bot. ph. — Syn. de Microstylis, Nutt.
*MONORHYNCHA (ftoVO«, unique; £V
^oç, trompe), uelm. — Famille de Vers Tœ-
nioïdes dans M. de Blainville (Dict. se. nat.,
t. LV1I, p. 596), comprenant les genres
Triœnophore, Onchobolhrie , Kalysis, Tœnia
et Fimbriaire, ainsi que les Vers vésiculaires.
Leurs caractères communs sont d'avoir le
renflement céphalique pourvu d'une seule
trompe médiane, plus ou moins évidente, et
presque toujours armée de crochets. (P. G.)
*MONORMIA (aovoç, un seul; Spp.oç,
collier), bot. cr. — (Phycées). Genre de la
tribu des Nostocinées , établi par M. Berke-
ley ( Gleanings, p. 46), avec ces caractères :
Fronde gélatineuse, rameuse, renfermant
un seul filament moniliforme parcourant
toutes les ramifications. Ce genre, créé pour
une seule espèce, le M. intricata Berkel.,
croissant dans les eaux douces parmi les
Lemna, nous paraît devoir être réuni au
genre Nostoc. (Bréb.)
MONOSÉPALE. Monosepalus (p*»os,
seul ; sepalus, sépale), bot. ph. — Épithète
appliquée au calice, lorsqu'il est ou paraît
composé d'une seule pièce.
*MO\TOSIS(p.o'vwcre;, solitude), bot. ph.—
Genre de la famille des Composées-Verno-
niacées, établi par De Candolle {in Guillem.
archiv. bot., II, 515; Prodr., V, 77), et
dont les principaux caractères sont : Capi-
tule 1- flore; involucre oblong, à écailles
imbriquées , obtuses ; réceptacle poncti-
forme; corolle tubuleuse, 5-fide; anthères
sessiles; stigmate très saillant : le fruit est
un akène glabre, cylindrique. Les Monosis
sont des sous-arbrisseaux de l'Inde et du
Mexique, à feuilles alternes, brièvement pé-
tiolées, aiguës, entières, glabres en dessus,
tomenteuses en dessous ; à fleurs groupées
en capitules sessiles au sommet des rameaux.
Ce genre renferme quatre espèces, répar-
ties par De Candolle {loc. cit.) en deux sec-
tions : Eumonosis , rangée extérieure de
l'aigrette de même longueur que la rangée
intérieure; arbrisseaux de l'Inde. Eremosis,
rangée extérieure de l'aigrette plus courte ;
arbrisseaux du Mexique.
*MOïVOSOMIEI\S. Monosomii ( p.0'voç ,
seul; <jwpoc, corps), térat. — Famille de
Monstres doubles de l'ordre des Autositai-
res , caractérisée essentiellement par l'unité
du corps. Les différents Monstres compris
dans cette famille peuvent se rapporter à
trois genres, que M. Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire {Traité de tératologie) nomme : Atlo-
dyme, Iniodyme etOpodyme, et que nous
allons décrire aussi brièvement que possible.
1. Atlodyme. Allodymus (a-Àoç, atlas;
SiSvftoçt jumeau). Ce genre a pour carac-
tères principaux : Un seul corps ; deux têtes
séparées, mais contiguës, portées sur un
cou unique.
Jusqu'à présent , les animaux seuls ont
offert quelques exemples de cette monstruo-
sité. Nous citerons principalement une Vi-
père commune, donnée par M. Dutrochet au
Muséum d'histoire naturelle de Paris. La
dissection de ce Reptile , faite par M. Du-
trochet, a constaté l'existence de deux tra-
chées et de deux œsophages distincts , mais
aboutissant les unes dans un poumon , les
autres dans un estomac simple. Il n'existait
qu'un seul cœur, et la colonne vertébrale,
unique dans sa presque totalité, se bifur-
quait dans le voisinage de la tête.
Les Mammifères et les Oiseaux ont aussi
présenté quelques exemples , mais rares ce-
pendant, d'une semblable anomalie.
2. Iniodyme. Iniodymus (îvt'ov , partie pos-
térieure de la tête; Slivpoç, jumeau). Le ca-
ractère principal, qui différencie extérieure-
ment ce genre du précédent, consiste dans
la réunion de deux têtes en arrière par le
côté. Dans ce cas, le nombre des oreilles
présente des variations remarquables qui
résultent de l'union plus ou moins intime
des sujets composants. Ainsi le plus souvent
il existe quatre oreilles, deux en dehors,
deux en dedans; mais ces dernières sont
quelquefois confondues en une seule , et
disparaissent même plus ou moins complè-
tement.
L'organisation interne présente à peu près
les mêmes particularités que celle du genre
précédent, et c'est seulement à partir de la
moelle allongée que commence la fusion des
deux axes cérébro-spinaux.
L'homme et différentes classes d'animaux
(Mammifères, Reptiles, Oiseaux) ont donné
souvent lieu à des observations authenti-
ques d'Iniodymie.
3. Opodyme. Opodymus («fy , «ko; , œil ;
JWopioç, jumeau). Ce genre, le même que
celui établi par Geoffroy Saint -Hilaire sous
MON
MON
335
le nom de Polyopse , comprend des sujets
qui n'ont qu'un seul corps ; une tête unique
en arrière, mais se séparant en deux faces
distinctes à partir de la région oculaire.
Les Monstres de ce genre ont ordinaire-
ment quatre yeux; mais une union plus ou
moins profonde fait que les deux yeux in-
ternes tantôt se trouvent logés à côté l'un
de l'autre dans des orbites encore plus ou
moins distinctes, tantôt occupent, mais sé-
parés encore, une cavité orbitaire commune,
tantôt enfin se confondent en un seul œil
central qui peut être encore manifestement
double, ou bien simple, ou même très im-
parfait.
L'angle suivant lequel se fait l'union des
têtes est souvent droit, quelquefois plus ou
moins aigu. Dans le premier cas , les deux
mâchoires inférieures sont soudées entre
elles postérieurement par leurs branches
internes, très courtes, imparfaites, et elles
n'ont en commun qu'un condyle médian et
rudimentaire. Dans le second cas, les côtés
internes des deux mâchoires supérieures,
aussi bien que les branches internes des
deux mâchoires inférieures, restent contigus
quelquefois dans la presque totalité de leur
étendue.
Par suite , les bouches offrent aussi des
dispositions différentes : elles sont tantôt très
écartées l'une de l'autre, tantôt séparées
seulement par une cloison musculo-mem-
braneuse, tantôt enfin plus ou moins con-
fondues avec leur partie inférieure. Les deux
langues sont constamment unies par leur
base; un hyoïde unique soutient leur partie
postérieure. Les organes cervicaux sont pres-
que toujours uniques.
Postérieurement, les deux crânes et les
deux encéphales se confondent de plus en
plus. Les deux cerveaux, complets, sont
même séparés par une cloison membraneuse
formée par Tadossement et l'union des mé-
ninges des deux sujets composants ; il
n'existe cependant qu'un seul cervelet et
une seule moelle allongée, qui se continue
avec la moelle épinière à travers un trou
occipital de forme régulière.
L'Apodymie est une anomalie assez con-
nue chez l'homme par plusieurs exemples ,
et fréquente dans les différentes classes d'a-
nimaux. M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire
a constaté ce genre de monstruosité sur une
quinzaine de Mammifères, plusieurs Oiseaux
et quelques Poissons. (J.)
MONOSPERME. Monosperrna (i*ovoç,
seul ; crTt/pfjia, graine), bot. ph. — On nomme
ainsi le fruit ou les divisions du fruit lors-
qu'ils ne contiennent qu'une graine.
*MONOSTÈGUES (po'voç, un seul ; avépi,
toit), foram. — Premier crdre des Forami-
nifères de M. d'Orbigny, comprenant les di-
vers genres de Rhizopodes dont le têt mem-
braneux ou calcaire ne présente qu'une seule
loge, tels que les Gromia, Oolina. (Duj.)
*MONOSTEMMA (pooç, un seul; <xte>-
fjta, œil), zooph. — Genre proposé par
M. Brandt pour des Gribrines pourvues
d'une seule rangée de ventouses. (Duj.)
*MONOSTEPHANUS(fAo'voç, un seul; »«-
epavov, couronne), zooph. — Genre proposé par
M. Brandt pour les Actinies qui n'ont qu'un
seul rang de tentacules ; mais ce caractère
paraît tenir à l'âge de ces animaux. (Duj.)
*MONOSTEREA. helm.— M. Ehre-nberg
établit sous ce nom, dans ses Symboles phy-
sicœ, un petit groupe de ses Vers rhabdo-
cèles (les Térétulariens, Blainv). Ce groupe,
dont les espèces ont toutes la bouche ou
l'anus terminal, mais un seul de ces organes
à la fois, est partagé par lui en Micrurea et
Chiloporina ou Derostomata. Voy. ces mots.
(P. G.)
MONOSTOME (^o'voç, un seul; <rTo>«,
bouche), helm. — Genre d'Helminthes de
la sous-classe des Trématodes , caractérisé
par la présence d'une seule ventouse entou-
rant la bouche en avant, et n'ayant ni ven-
touse ventrale, comme les Distomes, ni
ventouse postérieure , comme, les A m phi-
stomes, mais ayant deux orifices génitaux
distincts, et quelquefois un oriûce posté-
rieur respiratoire ou excrétoire. Les Mono-
stomes ont été distingués d'abord sous le
nom de Festucaria par Schranck, mais
bientôt après Zeder les nomma Monostoma,
et ce nom, adopté par Rudolphi, a pré-
valu depuis, sauf le changement de la ter-
minaison par MM. Créplin et Siebold , qui
ont préféré dire Monostomum. Rudolphi
avait mis à part, dans une section de son
genre Monostome, trois espèces douteuses,
que nous croyons être de jeunes Bothriocé-
phales, il désignait par le nom d'Hypo-
stoma cette section , dont M. de Blainville a
fait un genre distincte Parmi les autres Mo-
336
MON
MON
nostomes, on trouve tics types tellement
différents , qu'on ne peut s'empêcher de
penser qu'il y a là de quoi former plusieurs
genres distincts; sans compter les espèces
mal observées, et qui doivent rentrer dans
des genres déjà connus, tels que le M. ocrea-
tum de la Taupe, qui est identique avec le
Disloma filum, le M. crucibulum , qui paraît
être un Distome du sous - genre Crosso-
dère, etc.
Plusieurs Monostomes présentent les par-
ticularités les plus surprenantes, quanta
leur forme et à leur mode d'habitation , et
plus encore dans leur mode de développe-
ment et leurs métamorphoses. Ainsi, le M.
faba se trouve exclusivement par paires dans
un kyste de la peau des passereaux, ou pour
mieux dire dans quelqu'un des follicules
destiné à la production des plumes, et re-
cevant alors un accroissement inaccoutumé.
C'est dans certaines localités seulement
qu'on trouve ainsi les couples de ce Mono-
stome, dont la forme, comme le nom l'indi-
que , est analogue à celle d'un grain de café.
Le M. mvAabilese trouve exclusivement aussi
dans la cellule infra-oculaire de certains Oi-
seaux de marais, et particulièrement des Oies
en Allemagne, c'est-à-dire dans la cavité
assez vaste qui , chez ces Oiseaux , est située
entre l'œil , le front et le bord latéral de la
mandibule supérieure, en communication
avec les fosses nasales. Ce Monostome, long
de 5 à 14 et jusqu'à 20 ou 24 millimètres,
et quatre fois moins large, est plus étroit en
avant, où il se termine par un orifice brun
très petit, entouré d'un bord saillant. De
cette bouche part un intestin blanchâtre
bifurqué, dont les deux branches parallèles
paraissent se rejoindre à l'extrémité posté-
rieure. L'oviducte, replié entre les bran-
ches de l'intestin , est coloré par les œufs
brunâtres qui ont donné lieu à une obser-
vation très curieuse de M. Siebold. En effet,
dans ces œufs , longs deOm,17, ou l/6e de
millimètre, se voit un embryon tout diffé-
remment conformé, revêtu de cils vibra-
tiles, et terminé en avant par un rebord
découpé en six lobes , avec deux points noirs
oculiformes sur le cou. Quand il est sorti
de l'œuf, cet embryon continue à se mou-
voir avec rapidité; il est alors long de 1/4
de millimètre, mais il ne tarde pas à périr
en laissant un corps plus petit, oblong,
encore vivant, et auquel il servait d'enve-
veloppe, et qui paraît destiné lui-même à
subir quelque autre métamorphose pour de-
venir un Monostome.
Une troisième espèce, le M. verrucosum,
assez commun dans l'intestin et le cœcum
des Canards, a été nommée par M. Diesing
Notocotylus triserialis, à cause des papilles
ou ventouses rondes, en nombre invaria-
ble, que cet auteur croyait être sur le dos,
et qui véritablement occupent la face ven-
trale. Il est long de 3 à 6 millimètres ; ses
œufs elliptiques , longs de 0,0227 , sont
munis à chaque extrémité d'un long ap-
pendice effilé , de telle sorte que la longueur
totale de ces œufs dépasse ainsi 1/3 de
millimètre. (Duj.)
*MONOSTOMES. acal.— Dénomination
donnée par M. Brandt à un ordre de Mé-
duses comprenant les familles des Océa-
nides, des Équorides et des Médusides qui
n'ont qu'une seule bouche; par opposition
avec les autres ordres des Astomes et des Po-
lystomes. (Duj.)
*MONOSTYLA (fxo'voç, un seul ; ctt^ov,
colonne), infus., syst. — Genre de Rotateurs
ou Systolides établi par M. Ehrenberg dans
son ordre des Poly troques, et faisant partie de
la famille des Euchlanidotés ou Polytroques
cuirassés. Il est caractérisé par sa queue sim-
ple en stylet, par sa cuirasse déprimée, et par
la présence d'un œil unique. M. Ehrenberg
rapporte à ce genre trois espèces que nous
croyons devoir laisser dans le genre Euchta-
niSy caractérisé par ses mâchoires simples, à
branches très longues. Ce sont: la M. luna-
ris, longue de 14 centièmes de millimètre;
la M. cornuta, longue de O^OH, que cet
auteur donne comme synonyme de la Tri-
choda cornuta de Millier ; et la M. quadri-
dentata, longue de 0U1,022. (Duj.)
*MONOTAXIS (fAovo'ç, seul ; w&s, rang),
bot. ph. — Genre de la famille des Euphor-
biacées-Crotonées , établi par M. Bronguiart
(ad Duperrey, 223, t. 49). Herbes de la
Nouvelle-Hollande extra-tropicale. Voy. eu-
PHORBIACÉES.
MOAOTHALAME. moll. — Voy. uni-
LOCULAIRE.
MOUJOTHERA, Raf. (in Journ. Phys.,
LXXXIX, 262). bot. ph.— Syn. de Ctenium,
Panz.
MONOTOCA (f«voç, seul), bot. pu. —
MON
MON
337
Genre de la famille des Épacridées-Styphé-
liées, établi par R. Brown (Prodr., 546).
Arbustes de la Nouvelle-Hollande et de l'île
de Diemen. Voy. épagridées.
*MONOTOMA (jao'voç, seul ; -ropî, coupe).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères ,
famille des Xylophages, tribu des Monoto-
mites, créé par Herbst ( Naturmstem. Insec-
ten, 1793, t. V, p. 22, tab. 10, f. 1), et
adopté par Latreille, Dejean , Aube, Kunze
et Motchoulski. Ce genre renferme près de
trente espèces européennes. On n'en connaît
encore^que deux exotiques, l'une du cap de
Bonne-Espérance, et l'autre des États-Unis.
Le type, M. picipes Pk., est l'espèce la plus
répandue. On considère comme en faisant
partie les M. conicicollis Ch., angusticollis,
longicollis Ghl. Ces Insectes vivent sous les
écorces de branches mortes et décomposées,
ou dans les nids de fourmilières contenant
des débris ligneux. (C.)
*MOIVOTOMITES. Monotomiles. ins. —
Groupe de Coléoptères de la famille des Xylo-
phages, établi par Laporte de Castelnau (Hist.
natur. des anim. articulés, t. III, p. 377),
ainsi caractérisé par l'auteur: Corps allongé,
déprimé. Tête rétrécie antérieurement et un
peu avancée en forme de museau triangu-
laire et obtus. Antennes ayant leur massue
solide(ledixièmearticle) en forme de bouton.
Palpes et mandibules très petits. Genres :
Synchita, Cerylon, Rhizophagus , Myrmc-
coxenus, Monoloma. (C.)
*MOi\OTREMATA. mam.— M. Ch. Bo-
naparte (Synopsis, 1837) désigne sous ce nom
unedivisionparticulièredes Cétacés. (E. D.)
MONOTRÈMES. mam. — Voy. marsu-
piaux. (E. D.)
*MOIVOTRIS. bot. pa. — Genre de la
famille des Orchidées-Ophrydées, établi par
Lindley (in Bot. Reg., n. 1701). Herbes
du Cap. Voy. orchidées.
*MOi\OTROCIIA(f/.ovoç, un seul ; rpo^oç,
roue), infus., svstol. — Première section
des Rotateurs de M. Ehrenberg , caracté-
risée par la présence d'un organe rotatoire,
simple, continu, et divisée en quatre fa-
milles : \eslchthydina et les OEcislina, qui ont
le bord de l'organe rotatoire non divisé et
qui forment le groupe des Holotroques; et,
d'autre part, les Megalotrochœa et les Flos-
culariœa, qui sont les Schizotroques ou qui
ont cet organe découpé ou divisé.
T. VHI.
MONOTROPE. Monotropa ( f*ovoTpo«oç,
uniforme), bot. ph. — Linné a établi sous ce
nom un genre dans lequel il a compris des
plantes fort singulières par leur aspect assez
analogue à celui des Orobanches et par leur
organisation, qu'il rangeaitdansladécandrie*
monogynie de son système sexuel , et auquel il
donnait comme synonymes VOrobanchoides,
Tourn. etVHypopitys, Dillen. Dans son Gê-
nera il assignait à ce genre les caractères sui-
vants : Calice nul , à moins qu'on ne regarde
comme calice les 5 pétales extérieurs ; corolle
à 10 pétales oblongs , dressés parallèlement,
dentés en scie au sommet, tombants , dont
les extérieurs ont à leur base un renflement
qui correspond à une concavité intérieure
mellifère; 10 étamines à filaments su-
bulés , dressés , simples, à anthères sim-
ples; pistil à ovaire presque arrondi, acu-
miné, à style cylindracé , de la longueur
des étamines, à stigmate obtus- capité; cap-
sule ovale , pentagone , obtuse, 5-vaIve ;
graines nombreuses, paléacées. Il ajoutait
que telle est l'organisation de la fleur
terminale; mais que lorsqu'il existe des
fleurs latérales , il manque un élément à
chacun de leurs verticilles , et qu'elles de-
viennent ainsi tétramères. Cette particula-
rité rend très difficile, ainsi qu'il est aisé
de le concevoir, le classement de ces plan-
tes dans un système basé sur le nombre des
parties de la fleur, comme l'est celui du
botaniste suédois. Des difficultés plus gran-
des encore s'opposent au classement de ces
plantes singulières dans la méthode natu-
relle. Aussi, dans l'impossibilité de saisir
leur affinité avec une famille quelconque de
Dicotylédones, A.-L. de Jussieu les a-t-il
simplement rangées parmi ses incertœ sedis,
et plusieurs botanistes ont suivi son exem-
ple. M. Nuttal a voulu lever cette difficulté
en établissant pour ces plantes une fa-
mille distincte et séparée, à laquelle il a
donné le nom de Monotrope'es , et que l'on
adopte généralement aujourd'hui; mais il res-
tait encore à déterminer la place de ce nou-
veau groupe dans la série des familles , et
quoique l'attention de plusieurs botanistes
se soit portée sur ce point litigieux, tout
n'est pas encore dit à cet égard. Quant au
genre linnéen lui-même , le même botaniste
américain a cru devoir le subdiviser en deux,
dont l'un conserve le nom de Monotropa
43
338
MON
MON
et ne comprend qu'une seule espèce de TA-
mérique du nord (Monotropa uni floràW ild .)»
dont l'autre a repris la dénomination d'IIy-
popitys , que lui avait primitivement donnée
Dillenius; c'est dans celui-ci que rentre le
Monotropa Hypopitys Linn. des forêts de
l'Europe moyenne, que plusieurs auteurs
partagent aujourd'hui en deux espèces, dont
l'une, Hypopitys multiflora Scop., se trouve
communément dans nos forêts. Ces deux
genres, Monotropa et Hypopitys, se distin-
guent parce que, dans le premier, le calice
se compose de 4 sépales, sensiblement éloi-
gnés du reste de la fleur , placés à des hau-
teurs diverses, tandis que dans le dernier
il est formé de 3-5 sépales dans les fleurs
terminales, situés immédiatement sous la
corolle; que les pétales sont rapprochés en
cloche dans le premier, en tube dans le
second; que le style est court et épais dans
le premier, filiforme dans le second; enfin,
que le stigmate est orbiculaire, à 5 créne-
lures, glabre chez le premier, tandis qu'il
est élargi, arrondi, entouré de poils dans
le second. Quoique les Hypopitys soient
communs dans nos forêts, divers points de
leur organisation avaient été fort peu étu-
diés ou étaient même entièrement inconnus.
Nous avons porté sur eux notre attention
l'été dernier, et nous avons consigné les
résultats de nos observations dans une note
de laquelle nous nous bornerons à extraire
ici un petit nombre de faits, et à laquelle
nous renverrons pour de plus amples dé-
tails (Voy. Duchartre, Note sur VHypopilys
multiflora Scop.; Rev. botan., 2e année ,
pag. 5-18).
1° Les botanistes descripteurs regardent
généralement le Monotropa hypopitys Linn.
eomme parasite sur les racines des Pins, des
Sapins et du Hêtre. Il résulte de la discus-
sion à laquelle nous nous sommes livré dans
notre Note , que cette opinion n'est pas jus-
tifiée par les faits. 2° Les feuilles de cette
plante sont réduites à l'état de simples
écailles pâles , et d'une teinte jaune-brun
très clair, qui passe au brun foncé par la
dessiccation , ainsi que le reste de la plante ;
or, ces écailles ne présentent pas de stoma-
tes, comme nous nous en sommes convaincu
par l'examen microscopique. 3° La struc-
ture anatomique de la tige présente, au
centre, une moelle abondante, dont les
cellules sont larges, à parois minces, et vont
en se rétrécissant vers la circonférence , en
même temps que leurs parois épaississent ;
de là résulte un passage insensible aux cel-
lules de la zone ligneuse. Celle-ci se com-
pose uniquement de petits faisceaux de vais-
seaux, d'un faible diamètre, réunis en une
zone continue par des cellules allongées ou
prosenchymateuses à parois assez épaisses.
Cette zone ligneuse est entourée immédiate-
ment par une couche continue de cellulesdu
liber, remarquables par la grande épaisseur
et la forte résistance de leurs parois. Enfin,
le liber est entouré par une enveloppe cel-
lulaire épaisse que recouvre une couche épi-
dermique à cellules semblables à celles qui
sont placées au-dessous. Cette structure se
distingue surtout par l'absence des rayons
médullaires, de l'étui médullaire et des
vraies trachées. 4° L'organisation des graines
de ces plantes n'était pas connue. Ces graines
sont extrêmement petites ; elles se compo-
sent uniquement d'un tégument lâche, à
grandes cellules , circonscrivant une cavité
dans laquelle est logé un corps qui nesemble
pouvoir être regardéque comme l'embryon et
dont la structure est tout-à-fait particulière :
il est en effet ovoïde, terminé par un petit
filet à chaque extrémité , et il se compose de
six grandes cellules, en quatrecouches super-
posées, dont l'intérieure ne renferme qu'un
liquide cellulaire incolore dans lequel na-
gent des gouttelettes d'huile. Ce singulier
embryon ne paraît avoir d'analogue que
parmi les Rhizanthées , et encore est-il plus
simple que celui de ces plantes. (P. D.)
MONOTROPÉES. Monotropeœ. bot. ph„
— Voy. MONOTROPE.
*MONOTROPSIS, Schweinitz (in Elliott
Carolin., 1, 478). bot. ph.— Syn. de Schwei-
nitzia, Eli.
MONSIEUR, bot. ph. — Nom vulgaire
d'une variété de Prunes.
MONSONIE. Monsonia. bot. ph. —
Genre de la famille des Géraniacées, établi
par Linné fils (Supplém., 342, DC. ; Prodr.,
I, 638), et caractérisé de la manière sui-
vante : Calice à 5 divisions profondes, égales,
aristées. Corolle à 5 pétales, insérés au
fond du gynophore, alternes aux divisions
du calice. Étamines 15, insérées avec les
pétales , bisériées : 10 extérieures plus
courtes que les intérieures qui sont au
MON
MON
339
nombre de 5, opposées aux divisions du
calice, toutes fertiles, monadelphes ou pen-
tadelphes; filets membraneux; anthères in-
trorses , à 2 loges s'ouvrant longitudinale-
ment. Ovaires 5, oblongs, uniloculaires ,
bi-ovulés. Styles filiformes, soudés longitu-
dinalement au gynophore, mais libres au
sommet; stigmates latéraux, introrses. Cap-
sules 5, oblongues, uniloculaires, mono-
f spermes par avortement, s'ouvrant par une
suture ventrale.
Les Monsonia sont des herbes inermes ou
des arbrisseaux originaires du cap de Bonne-
Espérance, à feuilles alternes ou opposées,
entières, lobées ou multifides; à stipules gé-
minées vers la base des pétioles ; à pédon-
cules uni-pluri- bradées.
Ce genre renferme huit espèces réparties
par De Candolle [Prodr. , I, 638) en trois
sections , qu'il nomme : Odontopetalum ,
herbes à feuilles alternes, lobées ou multi-
fides ; pédoncule unifiera, entouré de 6-8
bractées vcrticillées ; pétales oblongs, den-
tés au sommet; étamines pentadelphes (M.
lobata , pilosa , speciosa). Holopetalum :
herbes à feuilles alternes, ovales, dentées;
pédoncule 1-2-flore, 2-braciéolé ou 4-brae-
téolé; pétales ovales, crénelés; étamines
pentadelphes (M. ovala, biflora). Sarco-
caulon: tige frutescente, charnue, hérissée
d'épines ; feuilles alternes, très entières ou
dentées; pédoncule uniflore, 2-bractéolé;
pétales très entiers; étamines monadelphes
{M. Lhehtieri, Pater sonii, Burmanni).
Quelques espèces de Monsonia sont cul-
tivées dans les jardins, où elles produisent
beaucoup d'effet parla grandeur et la bril-
lante coloration de leurs fleurs; nous cite-
rons principalement la M. speciosa, à fleurs
larges de 8 à 10 centimètres, d'un blanc
rosé, veiné de pourpre et de carmin, et la
M. lobata, dont les fleurs sont rouges, vei-
nées de rose. (J.)
MONSTERA. bot. ph. — Genre de la
famille des Aroidées - Callécs , établi par
Adanson (Fam., II, 470). Herbes de l'A-
mérique tropicale. Voy. aroïdées.
MONSTRES et MONSTRUOSITÉS
ANIMALES, zool. — Voy. tératologie
ÀNIMAf.E.
MONSTRUOSITÉS VÉGÉTALES, bot.
— Voy. tératologie végétale.
MONTAREA, Pœggig. (Nov. gen. etsp.f
II, 62, t. 168). bot. pu. — Syn. de Mou-
tabea, Aubl.
*MONTAGN^EA(nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées, établi par De Candolle (Prodr., V"
564), et présentant pour caractères : Capi-
tule multiflore, b ê Lérogame ; fleurs du rayon
5-10, unisériées , ligulées, neutres, celles
du disque tubuleuses , hermaphrodites.
Écailles de l'involucre bisériées : 5 exté-
rieures, oblongues; 10 intérieures suppor-
tant les paillettes. Réceptacle convexe, à
paillettes larges à la base, épineuses au
sommet, et enveloppant plus ou moins l'a-
kène. Stigmate formant un cône court
ou allongé. Akène du rayon nul, celui du
disque comprimé, cunéiforme, nu; aigrette
nulle.
Les Montagnœa sont des arbrisseaux amé-
ricains , principalement du Mexique, à ra-
meaux cylindriques; à feuilles opposées,
pétiolées , ovales ou cordiformes, dentées
en scie ou lobées, souvent tomenteuses en
dessous; à fleurs disposées en capitules co-
rymbeux, celles du rayon d'un blanc rosé,
celles du disque entièrement blanches.
Les huit espèces que ce genre renferme
ont été réparties par De Candolle (/oc. cit.) en
deux sections, qu'il nomme et caractérise de
la manière suivante: Eriocarphœ : 5 fleurs
au rayon; paillettes très hirsutées (M. flori-
bunda, tomentosa). Acanthocarphœ : envi-
ron 10 fleurs au rayon; paillettes un peu
villeuscs,mucronées, enfin spinescentes(i)/.
speciosa, grandiflora, Karvinskii, frutes-
cens, arborescens, ovalifolia). (J.)
*MONTAGNEA(nom d'un cryptogamiste
français), bot. cr. Champignons. — Ce genre
de la famille des Hyménomycètes a été fondé
par Pries [Gênera Hymenomyc. Upsal.,april,
1836, p. 7) sur un champignon curieux qui
croît dans les sables du littoral de la Médi-
terranée, en France et en Algérie. Ce Cham
pignon, d'abord publié par De Candolle (R
Fr., VI, p. 45) sous le nom d'Agaricus are<
narius, appartient bien, il est vrai, à la tribe
des Agaricinées, mais n'est point un vérita-
ble Agaric. Le genre Montagnea est ainsi
caractérisé: Point de chapeau proprement
dit. Stipe ou pédicule ligneux, s'élevant
du centre d'une valve ovale, ligneuse elle-
même, et dilaté au sommet en un petit dis-
que orbiculaire qui fait fonction d'hyméno-
340
MON
MON
phore. Du bord de ce disque partent en
rayonnant des lamelles falciformes, fixées
par un seul point , quelquefois par un court
filet, libres dans le reste de leur étendue et
non reliées par une membrane. L'hymenium
qui les tapisse sur chaque face est d'abord
blanc, puis devient noir. Ces lamelles sont
persistantes et très fragiles , et ne se résol-
vent point en eau noire, comme chez les
Coprins. Les basides qui forment l'hyme-
nium sont courtes, oblongues-ovoides , et
naissent de la trame des feuillets ; elles sont
couronnées par quatre spores oblongues,
noires, tombant de bonne heure et primiti-
vement portées par autant de stérigmates
très courts, lesquels, après la chute des spo-
res, se montrent au sommet de la baside
sous la forme de petits mamelons. L'évolu-
tion de ce Champignon est souterraine ,
comme celle du Batarrea (voy . ce mot). Il ne
se montre au-dessus du sol que quand les
spores sont détachées de leur support , en
sorte que sa morphose, qui a été étudiée
sur un exemplaire rapporté de la Calle par
M. Durieu deMaisonneuve, est extrêmement
difficile à observer. On en trouvera une bonne
figure analytique dans la Flore d'Algérie.
Al'espèce type, qu'il nomme M. Candollei,
Pries en avait réuni deux autres, M. Pallasii
et M. Delilei. La dernière, dont les lamelles
sont rameuses sur leur plan, n'appartient
point au genre Montagnea; elle est devenue
le type d'un nouveau genre que M. Monta-
gne a établi sous le nom de Cyrophrag~
mium.
Quant au genre Montagnœa que De Can-
dolle a admis dans la famille des Composées,
en modifiant le nom de Montanoa que ce
genre avait primitivement reçu de son fon-
dateur, outre que ce changement est posté-
rieur à la création du genre de Fries, il ne
serait pas difficile de prouver qu'il viole ou-
vertement les lois de l'onomatologie. (C. M.)
MONTAGNES, géol. — Voy. soulève-
ment et révolutions du globe.
*MONTAGUA. crust. — Synon. de Cal-
îianassa. Voy. ce mot. (H. L.)
*MONTAGUA ( nom propre), moll. —
Genre de Mollusques Nudibranches. Voy.
NUDIBRANCHES. (DuJ.)
*MONTANOA, Llav. et Levar. (Nov.
veget., II, l). bot. ph. — Syn. de Monta-
gnœa, DC.
MONTANT, ois. —Nom vulgaire de l'Or-
tolan des roseaux.
*MONTASTR.«A(Astrée-Monticulaire).
polyp. — Sous-genre établi par M. de Blain-
ville pour les Astrées en masses épaisses,
composées de cellules tubuleuses assez ser-
rées pour être polygonales , à bords non
saillants, à cavité assez profonde, garnie de
lamelles nombreuses remontant le long d'un
axe solide plus ou moins saillant. Ce sont
toutes des espèces fossiles. (Dij.)
MONTBRETIA ( nom propre), bot. pu.
— Genre de la famille des Iridées, établi
par De Candolle (m Bullct. Soc. philom.,
n. 89), et dont les principaux caractères
sont : Périanthe corollin supère, campanule
ou tubuleux; limbe à 6 divisions régulières
ou bilabiées, calleuses à la base. Étamines 3,
insérées au-dessous de la gorge du périan-
the; filets filiformes; anthères versatiles.
Ovaire ovale, à 3 loges pluri-ovulées. Style
filiforme; stigmates 3, entiers ou briève-
ment bifides. Le fruit est une capsule co-
riace, à 3 renflements et à 3 loges.
Les Montbretia sont des plantes herba-
cées originaires du Cap, à rhizome bulbeux ;
à tige grêle, cylindrique, simple ou un peu
rameuse ; à fleurs disposées en grappes très
grandes, et de longue durée, enveloppées
d'une spathe bivalve.
La principale espèce de ce genre est la
Montbrétie porte-hache, M. securigera DC.
(Gladiolus securiger Curt., Ixia gladiolaris
Lamk.). (J)
MONTE-AU-CIEL. bot. ph. — Nom vul-
gaire du Poly g onum orientale. Voy. renouée.
MONTÉE, poiss. — Voy. civelle.
MONTEZUMA (nom propre), bot. ph.— -
Genre de la famille des Sterculiacées ( tribu
incertaine), établi par Mocino et Sessé
(Flor. mex. inédit, ex DC. Prodr. I, 477).
Arbres du Mexique.
MONTIA, Houston, bot. pï. — Syn.
d'Heliocarpus, Linn.
MONTIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Portulacées-Calandrinées , établi
par Micheli ( Nov. gen., 17, t. XIII). Pe-
tites herbes d'Europe, d'Asie et d'Amérique.
Voy. portulacées.
MONTICULAIRE ( Monticule, forme du
sommet des étoiles du Polypier), polyp. —
Genre établi par Lamarck dans sa section
des Polypiers lamellifères, et caractérisé par
MON
MOP
341
ses étoiles élevées en cône ou en colline,
ayant un axe central solide, soit simple,
soit dilaté , autour duquel adhèrent des
lames rayonnantes. Il semblerait d'après
cela que le sommet est situé dans l'inter-
valle des espaces occupés par les Polypes ,
de même que les sommets des collines
chez les Méandrines ; c'était du moins l'opi-
nion de Lamarck, et d'ailleurs la plupart
des espèces fossiles rapportées à ce genre
sont des moules d'Astrée ou des Astrées plus
ou moins corrodées par les eaux. Mais M. de
Blainville, qui a vu des Polypiers provenant
d'espèces vivantes, admet au contraire que
le sommet des étoiles devait correspondre
au centre des Polypes, tout en disant qu'il
est difficile de préjuger la forme de ces ani-
maux. Les Monticulaires , comme les As-
trées, sont des Polypiers fixés, pierreux, en-
croûtant les corps marins, ou se réunissant,
soit en masse subglobuleuse, gibbeuse ou
lobée, soit en expansions subfoliacées, hé-
rissées d'étoiles élevées, pyramidales. (Duj.)
MONTIFRINGILLA. ois. —Nom scien-
tifique du Pinson des Ardennes.
MONTINIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des OEnothérées-Montiniées, établi par
Linné (Gen. »., 1432). Arbrisseaux du
Cap. Voy. QENOTHÉRÉES.
MONTINIÉES. Montinieœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des OEnothérées. Voy.
ce mot.
*MONTIPOR A (mons, montagne; porus,
pore), polyp. — Genre établi par MM. Quoy
et Gaimard pour des Polypiers pierreux,
dont l'aspect rappelle un peu celui des Mon-
ticulaires, mais qui se rapproche bien da-
vantage des Madr.épores proprement dits.
Les Polypes sont actiniformes, courts, à
douze tentacules très petits , sur un seul
rang. Les loges du Polypier sont très petites,
arrondies, enfoncées, régulières, avec quel-
ques cannelures à l'intérieur ; elles sont
éparses à la surface d'un Polypier encroû-
tant ou glomérulé, et garni de mamelons ou
monticules également échinulés.
Le type de ce genre, M. verrucosa, avait
été classé parmi les Polites de Lamarck,
ainsi que le M. tuberculosa, le M. spurnosa
et le M. rosurca ; mais M. de Blainville
range cette dernière espèce dans une sec-
tion particulière , caractérisée par la forme
du Polypier analogue à celle des Explana-
ria, et il lui associe les Agaricia lima et pa
pillosa de Lamarck, dont les cellules ont le
même caractère. (Duj.)
MONTIRA, Aubl. (Guyan., II, 637,
t. 257 ). bot. ph. — Syn. à'Achetariu ,
Cham.
MONTLIVALTIA (nom propre), polyp.
— Genre établi par Lamouroux pour un
Polypier fossile du terrain jurassique de
Caen, qui est pyriforme, ridé transversale-
ment en dessous, élargi , excavé et lamello-
radié en dessus. M. de Blainville adopte ce
genre et le place à côté des Cyclolites dans la
section des Madréphyllies , faisant partie de
la famille des Zoanthaires pierreux. M. Gold-
fus a placé l'espèce type, M.caryophyllia,
dans le genre Anthophyllum de Schweigger
sous le nom d1 A. pyriforme ; M. Defranceen
a décrit une seconde espèce, qu'il appelle
M. Gucllardi. (Duj.)
MONTMARTRITE. min. — Variété de
Gypse calcarifère, ainsi nommée par Jame-
son, parce qu'on la rencontre principale-
ment à Montmartre , aux environs de Paris.
Voy. chaux.
*MONURA (,u.ovo;, un seul ; ovp«, queue).
infus., syst. — Genreétablipar M.Ehrenberg
pour des Rotateurs ou Systolides cuirassés et
pourvus d'yeux, de son ordre des Polytro-
ques et de la famille des Euchlanidota. Les
Monura ont deux yeux au front et un ap-
pendice terminal ou caudal simple, en stylet.
Ils ne diffèrent des Colurelles auxquelles nous
les réunissons que parce que ceux dont
M. Ehrenberg fait son genre Colurus ont la
queue terminée par deux stylets. La Monura
dulcis a sa cuirasse plus comprimée et obli-
quement tronquée en arrière. Cette espèce
est longue d'environ un douzième de milli-
mètre. (Duj.)
*M001\IA. bot. ph.— Genre de la famille
des Composées -Sénécionidées, établi par
Arnott(m N. A. N. C, XVIII, 348; DC. ,
Prodr., VII, 289). Sous-arbrisseaux de
Zeylan. Voy. composées.
*MOORCROFTIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Convolvulacées-
Convoi vulécs, établi par Choisy (in Mem. Soc.
h.n.Genev.,Yl, 431, t. 5). Sous-arbrisseaux
de l'Inde. Voy. convolvulacées.
*MOPS. mam. — Fr. Cuvier (Dents des
Mam.) avait indiqué sous le nom de Dyso-
pes mops une espèce de Chéiroptère dont
34-2
MOQ
MGR
M. Lesson ( Nouv. Tabl. du Règn. anim.
Manu, 1842) a cru devoir faire un petit
groupe distinct sous la dénomination de
Mops. Du reste, M. Lesson n'a pas publié
les caractères de ce genre, qu'il indique
même avec doute , et il s'est borné à chan-
ger les noms de Dysopes mops en ceux de
Mops indiens. (E. D.)
MOPSE. mam.— Syn. de Doguin ou Car-
lin. Voy. chien. (E. D.)
MOPSE A ( nom mythologique), polyp.
— Genre créé par Lamouroux pour des
Polypes à 8 tentacules , de la famille des
Isidées, qui diffèrent des Isis parce que l'é-
corce est plus mince. M. Ehrenberg a adopté
ce genre, et Ta caractérisé par la disposi-
tion du Polypier dont les entre-nœuds sont
calcaires et non ramifères , tandis que les
nœuds cornés donnent naissance aux ra-
meaux. Dans les Isis, au contraire, les entre-
nœuds sont cornés sans rameaux, et les
nœuds sont calcaires et ramifères. L'espèce
type, M. verticillata de Lamouroux, a été
nommée Isis encrinula par Lamarck , et
Mopsea encrinula par M. Ehrenberg. (Duj.)
MOQUEUR, bept. — Nom donné par
Daubenton à la Couleuvre rubanée. Voy.
l'article couleuvre. (E. D.)
MOQUEUR, ois. — Espèce type d'une
des divisions des Merles. Voy, ce mot.
MOQUILEA. bot. ph. —Genre de la fa-
mille des Chrysobalanées, établi par Aublet
(Guyan.,1, 521, t. 208). Arbres ou arbris-
seaux de l'Amérique tropicale. Voy. chryso-
balanées.
*M0QUI1YÏA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Muti-
siacées, établi par De Candolle {Prodr. ,
VII, 22), qui le caractérise ainsi : Capitule
dioïque pauciflore homogame. Involucre
imbriqué. Réceptacle plan , nu. Corolles
glabres, régulières, 5-fides, à lobes linéaires.
Style glabre. Akène cylindrique, hirsute ;
aigrette bisériale, soyeuse. — Les Moquinia
sont des arbrisseaux de l'Afrique et de l'A-
mérique, à feuilles alternes, pétiolées, en-
tières , tomenteuses en dessous, à capitules
petits, agrégés.
Ce genre renferme 6 espèces réparties par
De Candolle en deux sections, qui sont :
Spadonisma : lobes de la corolle plus longs
que le tube; akène velouté; plantes amé-
ricaines {M. racemosa, paniculata, poly-
morpha, cinerea, hypoleuca). Siphonisma:
lobes de la corolle plus courts que le tube ;
akène glabre; plantes d'Afrique (M. Bo-
jeri ).
*MORA. bot. ph. — Genre de la famille
des Légumineuses -Papilionacées -Caesalpi-
niées, établi par Bentham (in Linn. Trans.t
XVIII, 201, 1. 16, 17). Arbres de la Guyane.
Voy. LÉGUMINEUSES.
MOR^EA. bot. ph. — Voy. morée.
MORENULE. poiss. — Nom d'une es-
pèce d'Ombre. Voy. ce mot.
*MORANDA, Scop. {Introduct., n. 1312)
bot. ph. — Syn. de Pentapetes, Linn.
MORBRAN et MORVRAM. ois.— Noms
vulgaires, en Basse-Bietagne, du Corbeau
noir.
MORCHELLA. bot. cr. — Voy. mo-
rille.
MORDELLA (mordeo, s'emporter, se
laisser aller à la fougue), ins. — Genre de
Coléoptères hétéromères, famille des Traebé-
lydes, tribu des Mordellones, créé par Fabri-
cius {Systema Entomol., p. 262), et généra-
lement adopté depuis. Plus de cent espèces,
réparties sur tous les points du globe, ren-
trent dans ce genre. Nous citerons, comme
en faisant partie, les Af . 10-guttala, S-punc-
tata,pubescens, atomaria, fasciata, scutella-
ris, aculeata, testacea, abdominalis, venir a»
lis F. et 1 2-punctala 01. On trouve ces espèces
dispersées sur les fleurs et sur les plantes;
mais leurs larves vivent dans Je bois. Le
corps des Mordelles est allongé, étroit, arqué
et terminé par une longue tarière acumi-
née; lorsqu'on les a sorties, elles s'échappent
souvent des doigts en exécutant sur le côté
des mouvements circulaires très rapides, et
parviennentainsiàsedéroberau danger. (C.)
*MORDELLITES. Mordellites. ins. —
Groupe de Coléoptères hétéromères , de la
tribu des Mordellones , établi par Laporte
deCastelnau (Hist. nat. des Anim. articulés,
t. III , p. 264), et ainri caractérisé par
l'auteur : Antennes jamais en éventail , au
plus en scie dans les mâles; abdomen des
femelles prolongé en arrière. Genres Jfor-
della, Anaspis. ( C)
MORDELLONES. ins. — Troisième tribu
de Coléoptères hétéromères , de la f.imilie
des Trachélydes , formée par Latreille ( fiè-
gne animal, t. V, p. 54), et composée des
genres Rhipiphorus , Myodites , Pelecotoma!
MOR
MOR
343
Mordella , Anaspis , Ctenopus. Les uns ont
les palpes presque de la même grosseur
partout. Les antennes des mâles sont très
pectinées ou en éventail. L'extrémité des
mandibules n'offre pas d'échancrure. Les
articles des tarses sont toujours entiers , et
les crochets du dernier sont dentelés ou bi-
fides. Le milieu du bord postérieur du cor-
selet est fortement prolongé en arrière et
simule Técusson. Les yeux ne sontpas échan-
crés. Les larves de quelques uns de ces In-
sectes (Rhipiphorus) vivent dans les nids de
certaines Guêpes. (C.)
MORDELLONES. ins. — Tribu de Co-
léoptères hétéromères , famille des Traché-
lydes , adoptée par Laporte de Castelnau'
(Hist. nat. des An, art., t. III , p. 261 ), et
ainsi caractérisée : Pénultième article des
tarses postérieurs au moins entier; corps
élevé, très convexe, arqué, comprimé laté-
ralement, cunéiforme , allongé.
L'auteur l'a subdivisé en deux groupes,
Rhipiphorites et Mordellites ; dans le pre-
mier rentrent les genres Rhipiphorus ,
Ernmadia , Myodiles , Pelecotoma , Peleco-
îoides; et dans le second, les genres Mor-
della et Anaspis, (C.)
MORÉE. Morœa. bot. ph. — Genre de
la famille des Iridées, établi par Linné (Gen.
n. 60, excl. sp.), et dont les principaux ca-
ractères sont : Périanlhe corollin supère , à
tube très court; limbe à 6 divisions étalées,
les intérieures plus petites. Étamines 3, in-
sérées au tube du périanlhe ; filets distincts ;
anthères oblongues fixées par la base. Ovaire
infère, pluri-ovulé. Style triquêtre, grêle;
stigmates 3, 2-3-fides, opposés aux étami-
nes. Le fruit est une capsule membraneuse,
trigone , triloculaire.
Les Morées sont des herbes à rhizome
rampant ou bulbeux; à feuilles bifariées ,
ensiformes; à spathes allongées, un peu im-
briquées.
Ces plantes sont originaires du Cap , et
on en cultive un assez grand nombre d'es-
pèces dans nos jardins. Parmi ces dernières,
les principales sont :
- La Morée fausse- iris , Morœa iridioides ,
qui tire son nom de sa très grande ressem-
blance avec les Iris. La tige s'élève à côté
des feuilhcs; elle est ordinairement simple,
et garnie d'écaillés engainantes. Les fleurs,
de couleur blanche mélangée de jaune et de
bleu, s'épanouissent à la fin du mois de
juin; elles sont en petit nombre et sans
odeur.
La Morée a gaîne , Morœa vaginata DC.
(il/. Northiana Andr., Iris Northiana Pers.).
La feuille impaire tient dans toute sa lon-
gueur la hampe enfermée , ce qui constitue
une sorte de gaîne d'où sortent les fleurs ,
peu nombreuses et d'une courte durée. Elles
sont bleues, avec une tache jaunâtre et une
raie barbue.
La Morée de la Chine , Morœa sinensis
Willd. , nommée par les jardiniers Iris ti-
grée, a les fleurs d'un jaune safran maculé
de rouge.
La Morée a grandes fleurs , Morœa vir-
gata L., vulgairement Iris plumeuse , a des
fleurs blanches teintées de bleu, avec une
tache jaune et une raie barbue.
La Morée tricolore, Morœa tricolor, fleur
très délicate, a les trois petites divisions du
limbe entièrement rouges; les autres, plus
larges, sont marquées de jaune à leur onglet.
La Morée frangée, Morœa fimbriata, pro-
duit 40 à 50 fleurs d'un bleu pâle, à stig-
mates f, jngés.
La Morée d'Afrique, Morœa africana L.
( Aristea major Andr.) , est une grande et
belle espèce, dont les tiges supportent deux
épis de fleurs bleues étalées en roue.
Les Morées, originaires des contrées chau-
des , demandent une bonne exposition, et
doivent être rentrées en serre aux approches
de l'hiver. On les multiplie, soit de graines
semées sur couche, soit en séparant au prin-
temps les jeunes pieds. (J.)
*MORELÏA. rept. — Genre du groupe
des Pythons dans l'ordre des Ophidiens,
établi par M. J.-E. Gray , et adopté par
MM. Duméril et Bibron , qui le caracté-
risent ainsi dans le t. VI de leur Histoire
des Reptiles :
« Narines latérales, ouvertes chacune
dans une seule plaque, offrant un sillon aux
dépens du trou nasal ; yeux latéraux, à pu-
pille vertico-elliptique; des plaques suscé-
phaliques sur le bout du museau seulement ;
des fossettes aux deux lèvres. Écailles
lisses ; scutelles sous-caudales partagées en
deux. «•
On ne connaît qu'une seule espèce de ce
genre, c'est Y Argus de Lacépède et de plu-
sieurs autres naturalistes {Colubcr Argus
344
M OR
MOR
Linné ). Ce serpent habite la Nouvelle-
Hollande et la terre de Van-Diemen. (P. G.)
MORELIA. bot. fh.— Genre de la famille
des Rubiacées?, établi par A. Richard (in
Mem. Soc. h. n. Paris, Y, 232). Arbrisseaux
de la Sénégambie.
MORELLE. Solanum (de Solari, con-
soler, a-t-on dit, à cause des propriétés nar-
cotiques de diverses espèces), bot. ph. —
Très grand genre de plantes de la famille
des Solanacées, tribu des Solanées , qui lui
empruntent leur nom, de la Pentandrie
monogyniedanslesystèmede Linné. Lenom-
bre des espèces qui le composent est ex-
trêmement considérable et surpasse peut-
être celui des plus grands genres connus.
En effet, dans ses travaux monographiques
qui remontent à 1813 et 1816, M. Dunal
en décrivait de 250 à 300 ; dans la deuxième
édition de son Nomenclalor botanicus (1841),
M. Steudel en citait plus de 500, parmi les-
quelles, il est vrai, se trouvent plusieurs
doubles emplois; d'un autre côté, M. Wal-
pers, dans sa révision des Solanacées ( Re-
pert. bot. System., vol. III, 1844-1845), en
relève 452, dont les descriptions ont été
déjà publiées ; si Ton ajoute à ce chiffre ce-
lui des espèces nouvelles qui se trouvent
dans les collections, et qui ont échappé à
MM. Steudel et Walpers par suite de la na-
ture de leurs travaux, on arrivera nécessai-
rement à un nombre très élevé: aussi as-
sure-t-on que dans la monographie qu'en
fait en ce moment M. Dunal, pour le XIe vo-
lume du Prodrome, il existera plus de 700
ou 800 Solanum; or, jusqu'à ce jour, le plus
grand genre de Phanérogames était celui
des Séneçons, dans lequel rentrent environ
600 espèces.
Tournefort avait établi trois genres dis-
tincts sous les noms de Solanum, Melongena
et Lycopersicon ; Linné ne regarda pas leurs
caractères comme suffisamment distinctifs,
et il les réunit en un seul groupe sous la
dénomination commune de Solanum. Adan-
son s'écarta quelque peu de la manière de
voir du botaniste suédois, et sépara des So-
lanum les Lycopersicon , qui lui parurent
devoir former un genre distinct. Dans son
travail monographique sur les Solanum,
M. Dunal adopta cette séparation et con-
serva comme distinct et séparé le genre Ly-
copersicon (voy. ce mot ou Tomate), qui
lui parut suffisamment caractérisé par ses
anthères soudées, s'ouvrant à leur face in-
terne par des fentes longitudinales et non
par des pores terminaux. Il adopta aussi
comme distinct le genre Wilheringia , qui
avait été proposé par Ventenat ; mais il
comprit parmi les Solanum proprement
dits le genre Aquarlia, que Jacquin en avait
séparé d'après le caractère de ses fleurs à
symétrie quaternaire , et les Nycterium
Vent., qui avaient été distingués pour ce
seul motif que leurs anthères sont un peu
arquées, et que l'une d'elles est deux fois
plus longue que les autres. Enfin il rejeta
comme trop superficielle la séparation faite
par Mœnch des Dulcamara, Pseuâocapsi-
cum, Psolanum.
Ainn circonscrit, le genre Morelle (Sola-
num) se compose de plantes herbacées,
sous-frutescentes, frutescentes, ou même
arborescentes, qui croissent dans les parties
tropicales et tempérées de toute la circonfé-
rence du globe, dont les unes sont inermes,
tandis que les autres sont aiguillonnées ou
épineuses. Leurs feuilles sont simples, en-
tières ou divisées, parfois très profondément,
alternes et solitaires , ou rapprochées par
paires; leur fleurs sont le plus souvent
blanches ou violacées, rarement jaunes, or-
dinairement assez grandes, très variables
dans l'étendue du genre pour leur insertion
sur la tige et leur groupement; dans la plu-
part des espèces, elles sont portées sur des"
pédoncules extra-axillaires. Elles se com-
posent : d'un calice 5-10-fide; d'une corolle
rotacée, quelquefois campanulée, à tube
court et à limbe plissé, 5-10 fide, rarement
4-6-fide ; de 5 étamines dans la grande
majorité des cas, de 4-6 quelquefois, à fila-
ment court, à anthères conniventes, mais
non soudées entre elles , s'ouvrant à leur
sommet par deux pores ; d'un pistil à ovaire
2-loculaire, quelquefois 3-4-loculaire, dans
lequel les placentaires adhèrent à la cloison,
et portent des ovules nombreux. Le fruit
est une baie organisée sur le même plan
que l'ovaire.
La vaste étendue du genre Morelle aurait
rendu très avantageux l'établissement de
sous-genres qui permissent de grouper de
manière naturelle les nombreuses espèces
qui le renferment ; mais l'organisation de
toutes ces plantes est tellement analogue
MOïl
MOU
345
«jue, en place de subdivisions naturelles, on
n'a guère pu y établir que de simples sec-
tions basées sur la présence ou l'absence
des piquants, sur la diversité de configura-
tion des feuilles, etc., et parmi lesquelles on
reconnaît à peine quelques groupes assez
bien définis. Aussi ne présenterons -nous
pas ici le tableau de ces subdivisions , et
disposerons-nous presque sans ordre la des-
cription ou rhisto:e du petit nombre d'es-
pèces sur lesquelles nous devrons nous ar-
rêter. Or, dans le nombre de ces espèces, il
en est qui mériteraient d'être étudiées avec
beaucoup de développement , et sur les-
quelles cependant la nature de cet ouvrage
nous obligera à supprimer des détails intéres-
sants, et à glisser légèrement sur des particula-
rités qui se rattachentdirectement à la culture
et à l'économie industrielle ou domestique.
1. Morelle tubéreuse, Solarium tubero-
sum Linn., vulgairement Pomme de terre ,
Parmentière, connue dans nos départements
méridionaux sous les noms impropres de
Patate, Truffe. Plante herbacée à racine
vivace inerme, à tige rameuse, haute de
5-6 décimètres ; à feuilles pinnatiséquées
avec impaire, à segments inégaux, alterna-
tivement grands et petits, ovales; à fleurs
blanches ou violacées , portées sur des pé-
dicelles articulés. Le principal caractère de
cette plante consiste dans les tubercules
qu'elle produit sous terre, et qui en font
une des espèces les plus précieuses à l'espèce
humaine. Ce sont des masses de forme gé-
néralement arrondie; ovoïde ou oblongue ,
bosselées , dont la surface est creusée d'un
nombre variable d'enfoncements , au fond
de chacun desquels se trouve un bourgeon
ou un œil. Leur nature véritable n'a été re-
connue que depuis quelques années, par
suite des observations de MM. Dunal , Du-
trochet et Turpin ( Voy. particulièrement
Turpin : Mém. sur l'organis. iritér. et extér.
des tubercules du Solarium tuberosum et de
l'Helianlhus tuberosus ; Mém. du mus.,
tom. XIX , 1830 , pag. 1-56 , pi. I-V) , et
avant eux , de Knight et Dupetit-Thouars.
Ces observateurs ont reconnu que les tuber-
cules de la Pomme de terre sont entièrement
indépendants des racines, et qu'ils se compo-
sent uniquement de l'extrémité renflée de
branches souterraines ou de bourgeons sou-
terrains, dans lesquels le tissu cellulaire
I. VIII.
s'est développé au point de devenir extrê-
mement abondant et d'en former la masse
presque tout entière. Dans ces cellules la
fécule s'est produite en très grande quan-
tité, et a fait de ces tubercules une matière
alimentaire des plus importantes. Au reste,
même lorsque la formation de ces tuber-
cules s'est accomplie , on peut encore y re-
trouver, à l'aide du microscope, les diverses
parties qui constituent une tige, et recon-
naître par suite leur véritable nature ; ainsi,
sur leur coupe transversale, on observe:
1° un épidémie; 2° une zone celluleuse,
analogue à l'écorce ; 3° quelques vaisseaux
épars et rares, assez régulièrement dispo-
sés circulairement , qui représentent la zone
ligneuse; 4° enfin, une masse cellulaire qui
forme la plus grande partie du tubercule ,
et qui ne peut être comparée qu'à la
moelle. Une autre circonstance qui achève-
rait de lever les doutes, s'il en existait, re-
lativement à la nature des renflements tu-
berculeux de la Pomme de terre, consiste
dans leur propriété de verdir lorsqu'une
circonstance quelconque leur fait perdre
leur position souterraine et les expose à la
lumière. Au reste, ce ne sont pas seulement
les bourgeons souterrains qui peuvent se
renfler en tubercules ; ceux qui naissent à
l'air, à l'aisselle des feuilles normales , se
renflent également en masses féculentes ,
plus ou moins arrondies , toutes les fois que
par une incision transversale faite vers la
base de la tige , ou simplement en la ployant
brusquement sans la casser , on a rendu plus
difficile en elle la marche de la sève. Il n'est
pas rare de voir, dans les champs, des tiges
de Pommes de terre sur lesquelles on a
marché présenter la plupart de leurs bour
geons axillaires renflés en tubercules plus
ou moins verts , absolument semblables
pour la forme à ceux des branches souter-
raines, mais terminés au sommet par de
petites feuilles normales.
Nous devons dire en passant que la Mo-
relle tubéreuse n'est pas la seule espèce du
genre Solarium qui produise des tubercules
souterrains. Ainsi, le Solarium montanum
Linn., espèce péruvienne, donne un tuber-
cule qui sert aussi comme matière alimen-
taire , mais qui est unique, d'où, selon
M. Dunal , s'étëvent les tiges et naissent
les racines, et que ce botaniste regarde
44
346
2VI0R
MGR
comme faisant partie de la tige même.
Ainsi encore, sans parler du S. stolonife-
rum, rapporté récemment du Mexique par
MM. Schiede et Deppe, ni du Solarium que,
d'après M. Alcide d'Orbigny, les Boliviens
cultivent sous le nom de Papa Usa, et qui
paraît l'emporter, à certains égards, sur la
Pomme de terre elle-même, nous mention-
nerons une espèce que Manuel Blanco,dans
sa Flore des Philippines (Flora de Filipinas,
in-8°, Manille, 1837) décrit sous le nom de
Solarium sinense. Cette plante est, dit-il,
originaire de la Chine; on la cultive aux
Philippines pour ses tubercules, qui ressem-
blent à ceux de la Pomme de terre, dont
la grosseur égale au plus la moitié du poing,
et qui sont estimés par les habitants de ces
îles (1).
La Morelle tubéreuse est cultivée très
abondamment et depuis une haute antiquité
dans les parties un peu élevées de la Colom-
bie, au Pérou, où elle porte le nom de
Papas, etc. ; elle forme l'aliment principal
des habitants de ces contrées. 11 paraît
même démontré qu'elle est originaire du
Pérou, quoique la détermination du lieu
précis où elle se trouve à l'état sauvage soit
entourée de difficultés , de même que pour
les autres végétaux alimentaires les plus
importants. Son introduction en Europe re-
monte à moins de trois siècles; c'est seule-
ment à une époque bien plus rapprochée de
nous qu'elle a commencé de se répandre
partout et que son tubercule est devenu
une matière alimentaire de la plus haute
importance. Les auteurs ne sont pas d'ac-
cord relativement à celui à qui revient
l'honneur d'avoir doté l'Europe de cette pré-
cieuse acquisition. Au milieu de cette diver-
gence d'opinions , nous croyons voir plus de
probabilité en faveur de la version repro-
duite par le docteur Putsche {Versuch einer
Monographie der Kartoffeln, in-4, Weimar,
1819) , et nous croyons dès lors devoir l'a-
dopter. Selon ce savant, le capitaine John
(i) Planta oriunda de Cliina, de ia altura de dos pies, y que
«e planta en este pais por sus raices que son estimadas. Ignoro
Si esta planta se poilra perpétuât-, ya de por si , sin necesidad
detraher anualmente ias raices de Cliina. Estas se parecen a
las patatas de Espagna . y ia cortera es blanquecina como en
otras que vi yo en Vallatiolid... Se multiplican plantando las
rames . o derechas o hechadas o por los yemas de la raice
cividiendolas estas. El grandor de los majores raices escomo
la midad Utl pugno, B'unco, 1. c, p. 137.
Hawkins est le premier qui ait essayé d'in-
troduire enEurope la culture de cette plante;
en 1565, il en rapporta en Irlande, de
Santa-Fé de Bogota , quelques tubercules,
qui furent entièrement négligés. Aussi le
nom de Hawkins ne peut il figurer que pour
mémoire dans l'histoire de l'importation de
la Pomme de terre en Europe. Le célèbre
navigateur Franz Drake, qui avait d'abord
navigué sur les vaisseaux de Hawkins, re-
connut toute l'étendue des services que
pourrait rendre à l'Europe la culture de ce
précieux végétal. A son retour de son expé-
dition dans la mer du Sud , il en porta des
tubercules en Virginie, où ils furent cul-
tivés avec succès. Ce fut en Virginie qu'il
prit ceux qu'il porta en Angleterre en 1586,
et qu'il remit à son propre jardinier, en lui
enjoignant de donner tous ses soins aux
plantes qui en sortiraient. On s'explique
par ce fait pourquoi la Morelle tubéreuse
fut regardée d'abord comme originaire de la
Virginie. Drake donna également quelques
tubercules de cette plante au botaniste an-
glais Gérard , qui les planta dans son jardin
à Londres, et qui, à son tour, en envoya
à quelques uns de ses amis , et particulière-
ment à Clusius : aussi ce dernier botaniste
est-il le premier qui ait fait mention de
l'espèce qui nous occupe. Tout porte à croire
que vers la même époque il arriva des Pom-
mes de terre dans le midi de l'Europe, par
l'intermédiaire des Espagnols ; mais les do-
cuments historiques ne sont pas très précis
à cet égard , et de plus , on n'apprécia pas
plus en Espagne et en Italie qu'en Angle-
terre l'importance de la nouvelle acquisi-
tion , qui resta dans la catégorie des raretés,
et qui fut même bientôt oubliée, puisque
l'on regarde assez généralement cette con-
quête si importante pour l'Europe comme
due à l'amiral Walter Raleigh, tandis que
ce célèbre marin n'eut en réalité d'autre
mérite que de rapporter de nouveaux tu-
bercules de Virginie en Irlande, au com-
mencement du xvue siècle. Cette fois , ce-
pendant , l'acquisition fut définitive , et les
cultivateurs de la Grande-Bretagne, en ap-
préciant la haute valeur, commencèrent à
en faire l'objet de tous leurs soins : aussi
cette nouvelle culture ne tarda- t-elle pas à
prendre de l'importance dans les îles Britan-
niques; mais son introduction et ses progrès
MOR
MOR
sur le continent furent beaucoup plus tar-
difs. En 1616, il est vrai, des Pommes de
terre furent servies en France sur la table
du roi ; mais ce fait môme montre que c'é-
tait alors dans notre royaume une rareté
de haut prix; et Ton sait, en effet, que
jusque vers le dernier tiers du xvme siècle,
la culture de cette plante se répandit à peine
sur quelques points. En Allemagne, ce ne
fut qu'en 1650 que son introduction eut
lieu, et les mêmes préjugés , les mêmes er-
reurs populaires qui, chez nous, entravè-
rent si longtemps sa marche, eurent des
effets analogues pendant longtemps au-delà
du Rhin. Enfin , vers la fin du xvuie siècle,
un homme dont le nom est devenu célèbre,
Parmentier , employa plusieurs années de
sa vie en efforts dont une énergie de volonté
peu commune et une conviction profonde
pouvaient seules le rendre capable, pour
propager parmi nous une plante qu'il savait
être appelée à rendre les plus grands ser-
vices. Cependant ses efforts et ses écrits
n'auraient peut-être amené que partielle-
ment les résultats qu'il désirait; mais la
disette de vivres qui suivit les premières
guerres de la révolution fit sentir toute
l'étendue des ressources qu'offrait la plante
préconisée par Parmentier : la Morelle tu-
béreuse se répandit presque instantanément
sur toute l'étendue de la France , et lorsque
ses immenses avantages furent universelle-
ment constatés , la reconnaissance publique
la nomma Parmentière , pour rappeler le
nom de l'homme de bien dont les généreux
efforts avaient enfin contribué à produire
de si importants résultats. Aujourd'hui , il
est inutile d'insister sur le mérite de cette
plante; aucune voix ne s'élèverait pour le
contester.
Depuis que sa culture a pris de l'extension
en Europe, la Morelle tubéreuse a donné
un nombre extrêmement considérable de
variétés que distinguent des différences dans
l'époquedudéveloppement, dansla grosseur,
la forme, la couleur, la surface , etc. , des
tubercules , dans le mode de végétation ,
dans les feuilles, les fleurs, etc. Beaucoup
de ces variétés sont caractérisées par des
nuances tellement délicates , qu'un œil très
exercé éprouve souvent de la difficulté à les
saisir. Il ne peut entrer dans le plan de cet
ouvrage de signaler ces nombreuses variétés ;
mais, d'un autre côté, il est impossible de
les passer toutes sous silence , sans faire
connaître en quelques mots les plus con-
nues et les plus utiles d'entre elles, celles
que Ton cultive le plus habituellement en
France.
Parmi ces variétés, il en est que l'on
qualifie de hâtives, comme donnant leurs
produits de très bonne heure : elles sont en
général médiocrement productives ; mais
les malheureuses circonstances qu'ont pré-
sentées ces deux dernières années tendent
à leur donner de l'importance , puisque leur
récolte a échappé entièrement au fléau qui
a sévi si cruellement sur les variétés tar-
dives. Parmi elles, on distingue surtout
les suivantes : la Pomme de terre naine
hâtive, dont les tubercules sont jaunes,
ronds et déjà bons à être récoltés au mois
de juin , et la fine hâtive , à peu près aussi
précoce, mais de meilleure qualité et plus
productive. La Chave ou Schaw , un peu
moins précoce, mais déjà mûre en juillet,
et d'ailleurs plus productive; ses tubercules
sont plus gros , jaunes , de bonne qualité et
de forme arrondie un peu ovoïde. La grosse
jaune hâtive l'emporte beaucoup sur les trois
précédentes pour l'abondance des produits;
mais ceux-ci sont de qualité médiocre, et
sont principalement employés, comme four-
rages-racines, à la nourriture des bestiaux.
A la suite des variétés hâtives, on peut
ranger celles qui arrivent plus tard et celles
qu'on qualifie de tardives; ce sont les plus
nombreuses et aussi les plus répandues ;
parmi elles, nous mentionnerons les sui-
vantes : la truffe d'août , dont les tuber-
cules sont mûrs en août, d'un rouge- pâle
et de très bonne qualité; le Cornichon
jaune ou Hollande jaune , à tubercules al-
longés , jaunes , très farineux et des plus
délicats ; le Cornichon rouge ou rouge
longue, très connu à Paris sous le nom de
vitelot te : tubercules de forme très allongée,
rouges , fermes et très longs , fort estimés ;
la descroizille , à tubercules rosés , de forme
allongée, de très bonne qualité et très fécu-
lents, se conservant très bien; là tardive
d'Irlande, qu'on nomme aussi Pomme do
terre suisse, que distingue particulièrement
sa propriété de se conserver presque sans
pousser jusque vers le milieu de l'été qui a
suivi la récolte. Dans cette même catégorie
348
MOR
MOR
des Pommes de terre tardives rentrent les
variétés que l'abondance de leurs produits
a fait adopter plus spécialement que les
précédentes dans la grande culture, et qui
servent principalement à la nourriture du
peuple des campagnes et à celle du bétail.
Ce sont la grosse ronde blanche ou patraque
blanche, qu'on cultivait surtout beaucoup
il y a quelques années, et qui se distingue
par l'abondance de ses produits; la grosse
jaune ou patraque jaune, la plus commune
aujourd'hui , dont les tubercules sont gros,
nombreux et ramassés, cequi distingue cette
variété de la grosse jaune coureuse; on
l'emploie beaucoup pour les féculeries.
Enfin , pour ne pas trop prolonger cette
énumération , nous nous bornerons à citer
encore la Pomme de terre Bohan , qui a été
tant préconisée il y a quelques années , et
qui, dans certains terrains, donne des tu-
bercules énormes , mais bons seulement
pour la nourriture des bestiaux; et, comme
simple objet de curiosité, la Pomme déterre
haricot, à tubercules remarquables parleur
petitesse, ainsi que des variétés marbrées,
d'un violet très foncé et presque noir, etc.
L'une des qualités les plus précieuses de
la More! le tubéreuse consiste dans la faci-
lité de sa culture et de sa multiplication.
Elle s'accommode presque de toutes les na-
tures de sol; cependant, les terres argileu-
ses compactes lui sont peu favorables. Pour
les détails de cette culture, nous renverrons
aux ouvrages d'agriculture et aux traités
ou mémoires spéciaux. Sa multiplication se
fait de diverses manières : 1° Par graines;
c'est de cette manière qu'on obtient les va-
riétés nouvelles; mais jamais on n'a recours
aux semis dans la culture en grand, à cause
de la nécessité d'attendre les produits pen-
dant deux ans. 2° Par les tubercules, ce
qui constitue de véritables boutures. A cet
égard, tantôt on plante les tubercules tout
entiers, tantôt on les divise par morceaux,
dont chacun doit porter au moins un bour-
geon ou un œil. On a cherché à reconnaître
quel est le plus avantageux de ces deux der-
niers moyens de multiplication, et les nom-
Dreuses expériences comparatives qui ont
été faites à ce sujet ont paru prouver qu'il
vaut mieux employer des tubercules entiers
de grosseur moyenne que de simples frag-
ments.
Nous n'essaierons pas d'énumérer tous les
usages de la Morelle tubéreuse et de ses
diverses parties. Ses tubercules rivalisent
aujourd'hui d'importance avec les céréales
pour la nourriture de l'homme et des bes-
tiaux ; ils remportent même de beaucoup
sur elles dans certains pays, comme la Bel-
gique et l'Irlande , où ils jouent le même
rôle dans l'alimentation du peuple que le
mais dans quelques uns de nos départe-
ments méridionaux. Ce n'est pas seulement
en nature qu'on les consomme : l'extraction
de leur fécule constitue une industrie im-
portante; cette fécule devient la base de
nombreuses préparations alimentaires ; elle
sert même à la fabrication d'un pain de
bonne qualité, soit pure , soit surtout mé-
langée d'environ moitié de farine de fro-
ment; enfin , par l'effet de la fermentation
alcoolique, elle donne un alcool et une eau-
de-vie qui, dans certains pays du nord de
l'Europe, et surtout parmi les classes infé-
rieures de la société, sont consommés en très
grande quantité , concurremment avec les
alcools et les eaux-de-vie de vin. Les fanes
elles-mêmes de ce précieux végétal ne sont
pas dépourvues d'importance : les bestiaux
les mangent ^lontiers, et elles constituent
ainsi pour eux un bon fourrage; de plus,
enfouies dans la terre, elles forment un ex-
cellent engrais ; enfin il n'est pas jusqu'aux
fleurs qui ne puissent être utilisées, puis-
qu'on peut en extraire une matière colo-
rante jaune.
Les usages médicinaux de la Pomme de
terre sont très peu importants, et tout
qui a été dit à cet égard mériterait peut-
être d'être l'objet d'un nouvel examen plus
attentif et sans prévention; dans l'état ac-
tuel des choses, ils se bornent à l'emploi de
sa fécule, principalement en cataplasmes:
aussi nous ne nous y arrêterons pas; et
nous terminerons ce que nous avons à
dire sur cette espèce par quelques mots sur
deux maladies qui, dans ces dernières an-
nées, ont fait des ravages affreux dans les
cultures de ce précieux végétal,
La première de ces maladies paraît s'être
manifestée pour la première fois, en 1830,
dans plusieurs districts de l'Allemagne
voisins du Rhin; de là elle se répandit dans
le Palatinat, entre Cologne et Neuwied, près
d'Erfurth, en Saxe, dans le Mecklembourg,
MOR
MOR
349
la Bohême et la Silésie. Dans ces diverses
contrées ses ravages furent tels, que la ré-
colte de la Pomme de terre en fut réduite
des deux tiers sur plusieurs points. Ses ca-
ractères étaient fort remarquables. Les tu-
bercules qui en étaient affectés n'en of-
fraient d'abord extérieurement d'autre in-
dice que des taches plus foncées et réticulées
à leur surface, dues à la dessiccation partielle
de l'épiderme. Plus tard, la dessiccation de
leur tissu faisait des progrès rapides, et leur
intérieur présentait plusieurs parties d'une
teinte livide et noirâtre. Enfin, l'altération,
gagnant sans cesse, arrivait à un tel degré,
que les tubercules entiers devenaient durs
comme une pierre, au point de pouvoir être
frappés à coups de marteau sans se briser;
leur dureté résistait même à l'action de
l'eau bouillante et de la vapeur, et l'on sent
dès lors qu'il devenait absolument impos-
sible de les utiliser. Cette maladie, qui s'est
montrée à des degrés variables d'intensité
pendant plusieurs années, a été nommée en
Allemagne Trockenfaiile , Stockfaille , ou
gangrène sèche. Chargé par le gouvernement
Bavarois d'en étudier la nature, les progrès
et les remèdes, M. de Martius l'a attribuée
à un Champignon microscopique, qu'il a
nommé Fusisporium Solani, qui se serait
produit en immense abondance au milieu
du tissu cellulaire des tubercules, et qui
aurait pu se propager par infection. On peut
consulter à ce sujet, soit le grand mémoire
spécial de M. de Martius, soit la note qu'il
a présentée à l'Académie des sciences de
Paris, le 16 août 1842, et qui a été repro-
duite dans les Annal, des se. natur., 2e sér.,
t. XVIII, septembre 1842, pag. 141-148.
La seconde de ces maladies a produit des
effets bien plus déplorables encore et plus
étendus. Elle a commencé de se manifester
à la fin de juillet et au commencement
d'août 1845, dans certaines parties de la
Belgique, de la Hollande, et de là elle s'est
répandue avec une désolante rapidité dans
une grande partie de l'Allemagne, de la
France, dans la Grande-Bretagne, etc. Son
intensité a été telle sur plusieurs points,
qu'elle a détruit entièrement la récolte de
la Pomme de terre , ou que du moins elle
l'a réduite à une fraction très faible de son
chiffre moyen. Cette année mêmc(1 846), et
au moment où nous écrivons , elle s'est ma-
nifestée de nouveau, soit avec les mêmes ca-
ractères , soit avec des modifications pro-
noncées , sur un assez grand nombre de
parties de l'Europe , généralement avec
beaucoup moins de gravité, mais aussi, dans
certaines localités, et particulièrement en
Irlande, avec une intensité si désastreuse,
qu'elle a détruit totalement cet aliment
fondamental et presque unique du peuple
des campagnes. Cette maladie de la Pomme
de terre a donné matière à tant d'écrits
dans les diverses parties de l'Europe, que,
dans l'impuissance d'en présenter ici un ré-
sumé, quelque succinct qu'il fût, nous ren-
verrons à notre Revue botanique (1), dans
laquelle nous avons publié un extrait
étendu et détaillé de ces nombreux travaux.
Nous nous bornerons à dire ici que cette ma-
ladie, nouvelle aux yeux des uns , déjà an-
cienne pour les autres, s'est manifestée par
des taches brunes sur les fanes qui n'ont
pas tardé à périr, et dans les tubercules par
la production d'une matière d'un jaune
brun qui s'est montrée d'abord vers l'exté-
rieur pour pénétrer ensuite toute la masse
et en amener la décomposition. Nous ajou-
terons que deux opinions ont été publiées à
cet égard : l'une soutenue par quelques
savants, qui , par analogie peut-être avec
l'explication donnée par M. de Martius pour
la gangrené sèche, ont attribué tout le mal
à un Champignon parasite microscopique
agissant comme cause, qui même ont voulu
voir cette funeste Mucédinée dans la matière
brunâtre des tubercules malades; l'autre
professée par la grande majorité des obser-
vateurs , qui ont vu dans cette matière bru-
nâtre une simple altération des matières
azotées, albumineuses ou autres, contenues
dans le tissu des tubercules, altération qui
aurait eu pour cause des influences météo-
rologiques anormales. Nous ajouterons que
cette maladie n'a pas empêché d'utiliser les
Pommes de terre toutes les fois qu'on les a
retirées de terre avant qu'elle eût atteint un
haut degré de développement.
2. Morelle faux-piment, Solanum pseudO'
capsicum L\nn., vulgairement Cerisette, petit
Cerisier d'hiver, Amome des jardiniers. Cette
(i) Voy. Revue botanique (journal mensuel cor ocré à là
botanique et à ses application»; Paris , chez Frank, rue Ri*
dielleu, 69), tre année, pages 147, 22.3, 226, 227, 256, 375 '
56r, 565, 568.
350
mou
IYIOR
jolie espèce, si communément cultivée
comme plante d'ornement, est originaire
de Madère. D'après De Candolle {FI. franc.,
V, p. 417) , elle est aujourd'hui naturalisée
au bord des murs, dans le village d'Arette
en Béarn. C'est un joli arbuste sans épines,
d'environ un mètre de haut, dont les feuilles
sont oblongues, lancéolées, pétiolées, per-
sistantes; ses fleurs sont petites, blanches,
solitaires sur des pédoncules extra-foliacés,
et se succèdent pendant tout l'été. Le fruit
qu'elles produisent est une jolie baie d'un
rouge vif, de la grosseur et de la forme
d'une Cerise, qui, persistant sur l'arbuste
pendant tout l'hiver, en forme le principal
ornement et lui a valu ses divers noms vul-
gaires. Cette espèce est d'Orangerie ; on la
multiplie de graines.
3. Morelle faux-quinquina , Solanum
pseudoquina Aug. St.-Hil., plante très re-
marquable par l'amertume extrême et par
les propriétés éminemment fébrifuges de son
écorce, que les Brésiliens emploient avec
beaucoup de succès en place du Quinquina.
Elle forme un petit arbre sans épines; ses
feuilles sont oblongues-lancéolées, étroites,
aiguës, entières, glabres à leur face supé-
rieure, munies à leur face inférieure de
petits faisceaux de poils dans les angles for-
més par la ramification des nervures.
M. Auguste deSaint-Hilaire n'a pu voir ses
fleurs; i! l'a vue seulement pourvue de ses
fruits, baies globuleuses, d'environ 15 mil-
limètres de diamètre , réunies en petit
nombre en grappes courtes, extra-axillaires.
Vauquelin a analysé l'écorce de cette Mo-
relle, et il y a reconnu l'existence d'un prin-
cipe amer, dans lequel réside probable-
ment la propriété fébrifuge , et qui entre
dans sa composition pour 1/12; de même
qu'une matière résineuse ou résinoïde ,
amère, dans la proportion de 1/50; divers
sels, etc.
4. Morellenoire, Solanumnigrum Linn.,
vulgairement Morelle , Mourelle , Crève-
chien. Cette plante est extrêmement répan-
due dans les lieux cultivés, le long des
enclos, etc. Elle est glabre dans ses diverses
parties, d'une teinte générale vert sombre.
Sa tige est herbacée, rameuse, anguleuse,
et s'élève à 3 décimètres environ ; ses
feuilles sont ovales, dentées-anguleuses,
pétiolées; ses fleurs sont petites, blanches,
presque ombellées, pendantes; il leur suc-
cède des baies d'environ 6 ou 8 millimètres
de diamètre, noires à leur maturité. La
Morelle noire est une de ces espèces liti-
gieuses au sujet desquelles les botanistes
sont loin de s'entendre; les uns en séparent,
en effet, surtout d'après la couleur des
baies mûres, la villosité, etc., des plantes
que d'autres y rattachent comme de simples
variétés ou comme des formes tranchées, il
est vrai, mais trop faiblement caractérisées
pour en être séparées. Elle sent le musc d'une
manière très prononcée. Depuis l'antiquité,
elle est usitée comme plante alimentaire
dans certaines contrées , où ses feuilles
remplacent celles de l'Epinard et leur sont
même quelquefois préférées. Cependant en
France elle est négligée presque partout. Ses
feuilles perdent par la cuisson les principes
nuisibles qu'elles renferment, et deviennent
entièrement inoffensives. Ses fruits sont
généralement regardés comme suspects, ou
même comme décidément vénéneux : cepen-
dant les observations consignées par M. Du-
nal, dans son histoire des Solanum, sont
loin de confirmer cette croyance populaire ;
ce botaniste en a mangé une assez grande
quantité sans en être incommodé; il en a
donné 40 à un Cochon de mer, 30 à un
Coq, sans que ces animaux en aient éprouvé
le moindre accident. Il a été reconnu ce-
pendant par l'analyse chimique (Desfosses)
que ces baies renferment une certaine quan-
tité de Solanine à l'état de malate. En mé-
decine , les usages de cette plante sont limi-
tés à cause de son peu d'énergie ; cependant
on l'emploiecomme narcotique léger, comme
sédatif, surtout en cataplasmes.
5. Morelle douce-amère , Solanum dul-
camara Linn., vulgairement Douce-amère,
Loque, Vigne de Judée. Cette espèce est
commune dans les haies de toute l'Eu-
rope. Sa tige est ligneuse, sarmenteuse et
flexueuse; ses feuilles sont glabres, ovales
en cœur, aiguës, les supérieures avec deux
lobes basilaires; ses fleurs sont violacées,
avec taches verdâtres vers la gorge, et blan-
ches dans une variété, en corymbes à peu
près opposés aux feuilles; il leur succède
des baies ovoïdes, rouges à leur maturité.
Le nom de Douce-amère a été donné à cette
plante, parce que son écorce paraît d'aborc
douce au goût et devient ensuite amère. Son
MOR
odeur, à l'état frais, est forte et vireuse. On
emploie en médecine ses tiges à titre de dé-
puratif, de sudorifique et d'antiscorbutique,
particulièrement dans les maladies de la
peau, dans les affections rhumatismales. Ses
feuilles sont regardées comme anodines et
calmantes. Au reste, les médecins de nos
jours font beaucoup moins usage de cette
plante que ceux du siècle dernier, dont
certains l'ont beaucoup préconisée.
6. Morelle mélongène , Solanum melon-
çjcna Linn., vulgairement connue sous les
noms d'Aubergine , Mélongène , Mélan-
zane , etc. Cette espèce fournit un des
aliments le plus habituellement usités dans
ceux de nos départements méridionaux qui
longent ou avoisinent la Méditerranée. Elle
est indiquée comme croissant spontanément
dans les Indes orientales, à Java, à Ceylan
et à l'île de France. Sa tige herbacée , à
base dure persistante, s'élève, à l'état cul-
tivé, à 7 et 8 décimètres; ses feuilles sont
grandes , ovales , à base inégale, sinuée-an-
guleuse, revêtues, surtout à leur face infé-
rieure, de poils abondants, étoiles, blan-
châtres; ses fleurs sont grandes, violacées,
marquées intérieurement d'une tache jaune,
portées sur des pédoncules réfléchis, renflés
au sommet ; leur calice et leur corolle sont
6-9-ihJcs. Le fruit est charnu, d'un volume
considérable par l'effet de la culture (jus-
qu'à 2 décimètres ou plus de long), glabre,
luisant, obtus au sommet, entouré à sa base
par le calice accru et aiguillonné; ce fruit
renferme, fixées sur des placentaires char-
nus , un grand nombre de graines petites et
comprimées. L'espèce qui nous occupe avait
été divisée en deux par M. Dunal, surtout
d'après la forme et la couleur de son fruit;
ce botaniste a donné en effet le nom de So-
lanum esculenlum à la plante habituelle-
ment cultivée dans les potagers, dans la-
quelle le fruit est volumineux, généralement
oblong et violacé, tandis qu'il a nommé
Solanum ovigerum celle que l'on ne cultive
guère que comme plante d'ornement, sous
les noms vulgaires de pondeuse et de plante
à œufs, dans laquelle le fruit ressemble
parfaitement, pour le volume, la forme et la
blancheur, à un œuf de poule. Comme nous
l'avons dit plus haut, la Morelle mélongène
se consomme en quantité considérable dans
le midi de la France, où elle est fort esti-
MOR
351
mée, et où on la prépare de beaucoup de
manières diverses. L'abondance de ses
fruits et leur prix peu élevé à la fin de
l'été et pendant l'automne en font une es-
pèce potagère très utile. Dans le nord de la
France, sa culture est beaucoup moins ré-
pandue ; cependant depuis quelques années
elle commence à y prendre beaucoup de
développement. On la multiplie de graines.
Dans le Midi, on la sème ordinairement
aujourd'hui au premier printemps sur couche
ou même sous châssis, lorsqu'on se propose
de la cultiver en primeur; on repique en-
suite le plant en place, et le reste de la cul-
ture n'exige guère d'autres soins que celui
d'arroser abondamment. Dans nos dépar-
tements septentrionaux, les semis se font
toujours sous châssis, au mois de février;
l'on repique généralement en pépinière
deux ou trois fois avant de mettre en place
au mois de mai. Le fruit de la Mélongène
doit être mangé bien mûr, et l'on doit tou-
jours avoir le soin d'en exprimer le suc
autant qu'il est possible avant de le pré-
parer.
On cultive dans les jardins, comme plantes
d'ornement, quelques espèces de Morelles,
telles que la Morelle de Madagascar, Sola-
num pyracanthum Lam.; la Morelle de
Buenos- Ayres , Solanum bonariense Linn.;
la Morelle blanche, Solanum marginatum
Linn., etc. Pour ne pas trop prolonger cet
article, nous nous bornerons à cette simple
indication relativement à ces diverses
plantes. (P. Duchartre )
MORELLE. ois. — Nom vulgaire de la
Foulque macroule.
*MORELOSIA. bot. pu. — ■ Genre de la
famille des Symplocées d'Endlicher, établi
par LIave et Lexarza (Nov. veget. Descript.,
I, 1). Arbustes du Mexique. Voy. symplo-
cées.
*MORELOTIA, Gaudich. (ad Freyc. ,
416, t. 28). bot. pu. — Synon. de Lampro-
carya , B. Br.
MORENIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Palmiers, tribu des Arécinées, éta-
bli par Ruiz et Pavon (Prodr., 150, t. 32).
Palmiers croissant sur les montagnes du Pé-
rou. Voy. palmiers.
MORESQUE, moll. — Nom vulgaire de
marchand de VOlîva maura Lamk., et du
Fusus morio L.
352
MOR
MOPt
MORETON. ois. — Nom vulgaire du
Canard milouin.
MORETTIA. bot. pu. —Genre de la fa-
mille des Crucifères-Anastaticées, établi par
De Candolle (Syst., II, 426 ; Prodr.,1, 185).
Herbes de l'Egypte. Voy. crucifères.
MORFEX. ois. — Nom donné par Ges-
ner au Cormoran.
MORF1L. mam. — Les dents d'Éléphants
portent dans le commerce la dénomination
vulgaire de Morfil. (E. D.)
MORGANIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Scrophularinées-Gra-
tiolées, établi par R. Brown (Prodr., 441).
Herbes de la Nouvelle-Hollande tropicale.
Voy. SCROPHULARINÉKS.
MORGELINE. bot. ph. — Nom vulgaire
de VAlsine média L. Voy. alsinecIstellaria.
*MORICA (popta, folie), ins. — Genre
de Coléoptères hétéromères , famille des
Mélasomes , tribu des Piméliaires , formé
par Dejean (Catalogue, 3e édit., p. 202), et
adopté par Solier ( Ann. de la Soc. eut. de
Fr., t. V, p. 646). L'auteur le classe dans
ses Collaptérides, et le rattache à sa tribu
des Akisites. Quatre espèces font partie du
genre, savoir : le Tenebrio grossus de Linné,
Y Akis planata de F., 8-costata de Leach, et
obtusa de Lat. Les trois premières sont ori-
ginaires de l'Afrique septentrionale, et la
quatrième se trouve en Espagne (Anda-
lousie). (C.)
MORICANDIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Crucifères-Brassicées, établi par
De Candolle {Syst.t II, 626). Herbes d'Eu-
rope et d'Afrique. Voy. crucifères.
MORILLE, moll. — Nom vulgaire du
Murex hystrix Linn., qui fait partie du
genre Pourpre.
MORILLE. Morchella. bot. cr.— Dillen
a formé le nom latin du mot allemand Mor-
chel. Suivant Ménage, celui de Morille se-
rait dérivé de Morum , Morucula (Mûre), ou
plutôt du mot celtique ou bas-breton Mo-
rillen. Dans les anciens auteurs , les Morilles
sont désignées sous les noms de Boletus ;
Yungus spongiosus, porosus , rugosus , fa-
voginosus , cavernosus ; Merulius niger ,
albus ; Fungi prœcoces ; Spongiolœ ; Phal-
lus , etc.
Quoique Dillen ne connût pas la diffé-
rence qui existe entre les organes de la
reproduction de ces Champignons et ceux
des Phallus, auxquels Linné les a réunis
plus tard, il a créé un très beau genre;
mais comme les auteurs ont ajouté plusieurs
espèces qui n'offrent pas le même caractère,
il faut nécessairement le diviser.
Les Morilles appartiennent à la classe des
Thécasporés et à la famille des Champignons
en forme de mitre ( Mitrati). Le réceptacle
est charnu, fragile, arrondi, ovoïde ou
conique , creux à l'intérieur , parsemé d'al-
véoles polygones, et supporté par un pédi-
cule distinct, également charnu, creux, plus
ou moins long, avec lequel il se continue
immédiatement. Les organes de la fructifi-
cation recouvrent les cavités et les parois
des alvéoles; ils consistent dans des thèques
allongées , cylindriques, qui renferment huit
spores simples, elliptiques et transparentes;
les paraphyses sont peu nombreuses, fili-
formes et continues.
Les autres espèces , comme les Morchella
semilibera DC, Mitra Linn., dont le ré-
ceptacle est conique ou campanule, uni ou
alvéolé , mais fixé au pédicule à la moitié
de sa hauteur , et dont le bord est libre ,
constituent le genre Mitrophora (Voyez ce
mot.) 11 résulte de cette séparation un pas-
sage naturel aux Verpa, qui ont le chapeau
entièrement libre. Micheli avait déjà senti
cette différence, puisqu'il donnait aux uns
le nom de Bolelus, et aux autres celui de
Phallobolatus.
Avec le printemps nous voyons arriver
les Morilles ; elles ne paraissent jamais sous
la latitude de Paris avant le mois d'avril ,
et le plus souvent dans la seconde quinzaine,
à moins que la saison ne soit chaude et hu-
mide ; rarement on en trouve dans le mois
de mai , tandis que dans le midi de la France
elles commencent au mois de mars. On les
rencontre dans presque tous les terrains ,
mais plus abondamment dans ceux qui sont
siliceux, dans les bois, sur les bords des
chemins. On pense assez généralement
qu'elles croissent plus particulièrement sous
les Ormes; c'est une erreur, on en trouve
aussi sous les Chênes , les Frênes , les Châ-
taigniers , etc. , et quelquefois dans des en-
droits insolites. M. de Brondeau, dans ses
Plantes cryptogames de l'Agenais (p. 35,
pi. 9), a décrit et figuré le Morchella vapo-
raria, que M. Bartayres a trouvé au prin-
temps , à Agen , dans des serres chaudes sur
MOK
MOU
de la tannée humide; il n'est pas rare d'en
voir dans les cavités des vieux arbres qui
sont remplies d'humus. Feu le professeur
Balbis a trouvé, à Parme, le Morchella hiema-
lis sur un mur. Les caractères spécifiques
qui distinguent ces Champignons sont infini-
ment légers. Comme ils croissent à la même
époque, et qu'ils sont presque tous comes-
tibles, les auteurs les regardent assez géné-
ralement comme des variétés d'une même
espèce. La couleur paraît à peu près con-
stante, et ceux qui en ont récolté pendant
plusieurs années dans un même endroit,
n'y ont presque jamais vu que des individus
de la même couleur, mais dont le volume
et la forme étaient très variables.
Les auteurs distinguent les espèces sui-
vantes :
1° La Morille commune, Morchella' escu-
îenta Pers. Sa forme est généralement ar-
rondie; elle présente plusieurs variétés.
a. La Morille blanche, dont le réceptacle
et le pédicule sont blancs. M. Czerniaew a
vu cette variété atteindre, dans la Russie
méridionale , près d'un pied de haut. On la
rencontre quelquefois à Paris chez les mar-
chands de comestibles , où elle est recher-
chée, quoiqu'elle passe pour être d'un goût
fade et aqueux.
b. La Morille blonde, Morchella rotunda.
C'est la variété qui, dans nos pays, atteint le
plus grand développement : son réceptacle
est globuleux, d'une couleur jaune, légè-
rement fauve; les alvéoles sont presque ron-
des. Elle est très recherchée et d'un bon goût.
Cette variété, assez rare dans les environs
de Paris , aime les terrains argileux , et sou-
vent on la rencontre dans les bois, sur les
places où on a fait du charbon.
c. La Morille ordinaire , Morchella vul-
garis. C'est , en effet , la plus commune de
toutes, et celle qui est le plus généralement
connue par rapport à sa couleur. Le récep-
tacle, tantôtrond, tantôtovale, estd'unecou-
îeur fuligineuse qui la fait reconnaître de
suite. Ses alvéoles sont , en raison de son
développement, extrêmement variables, qua-
drangulaires , hexagones, avec des cloisons
très saillantes, obtuses et quelquefois céré-
briformes. Elle passe pour la meilleure.
d. La Morille violette , Morchella violacea
Despr. Cette variété a été trouvée et des-
sinée par le docteur Despreaux; le récepta-
T. VIII.
de est ovale; les alvéoles régulières, hexa-
gones, avec les angles arrondis, et d'une
couleur violette; le pédicule blanc, un peu
violeté, et renflé à sa base. Cette description
a été faite sur un dessin conservé dans la
bibliothèque de M. Benj. Delessert. Cette
Morille a été trouvée au Mexique.
e. La Morille changeante, Morchella cœ-
rulescens. Lév., décrite par Sterbeek (Theat.
fung. , pag. 94 ; pi. 10 , fig. I). Le récep-
tacle est presque sphérique et d'une couleur
jaune; les alvéoles irrégulières; la chair,
quand on la rompt, prend au contact de
l'air la couleur de l'indigo.
2° La Morille délicieuse , Morchella de-
liciosa Fr. Le réceptacle est conique , de
couleur jaune , quelquefois un peu livide;
les alvéoles sont longues, parallèles, profon-
des; le pédicule est assez gros, nu et blanc.
Cette espèce est assez commune en Hon-
grie; il paraît, d'après Fries , que Vaillant
l'aurait rencontrée dans le parc de Saint-
Maur, près de Paris; mais comme il n'en
donne pas les caractères , on peut la regar-
der comme douteuse pour la flore de Paris.
3° La Morille conique , Morchella conica
Pers. Le professeur Fries regarde cette es-
pèce comme une variété de la Morille com-
mune. On la reconnaît facilement à son
chapeau généralement assez petit, de forme
conique et d'une couleur fuligineuse; le
pédicule est creux , blanc et farineux. Per-
soon dit qu'elle est rare en France, qu'on
la trouve en Alsace , et très communément
en Allemagne; on l'aperçoit dans le temps
où le Prunellier, le Pétasite et les Prime-
vères commencent à fleurir. Je l'ai rencon-
trée assez abondamment dans les Makis de
la Corse, et surtout dans les endroits qui
avaient été incendiés. Si j'en juge d'après
la quantité que j'ai vu sécher au soleil pour
la conserver, elle serait également très com-
mune et très recherchée en Valachie et en
Moldavie.
4° Morille perforée , Morchella fora-
minulosa Schweinz. Espèce de l'Amérique
septentrionale, que Schweinitz fait con-
naître (Syn. fung. amer. Bor. , p. 169);
elle ressemble beaucoup au Morchella escu-
lenta, avec lequel elle croît. Sa hauteur est
de trois pouces ; le réceptacle, plus ovale que
conique , présente une ouverture annulaire
au sommet.
4«
354
MOR
JHOR
5° Morille d'hiver , Morchella hiemalis
Fr. Cette espèce est à peu près du volume
de la Morille commune; les alvéoles du ré-
ceptacle sont très profondes, et le pédicule est
marqué de stries légères. Ce dernier carac-
tère, s'il est constant, peut facilement la
faire distinguer. Le mur sur lequel elle a
pris naissance a peut être contribué à mo-
difier une espèce déjà connue.
6° La Morille a gros pied, Morchella cras-
sipes Fr., figurée par Ventenat (Mém. ïnst.
iiat. , 1, p. 509, fig. 2) et par Krombholtz
{Esbar. und Verdacl. Schwœm, 2 heft. ,
p. 6, tab. XVI, fig. 1-2), a été trouvée
dans le bois de Pont-Chartrain , par Ant.
de Jussieu. Elle est remarquable par sa
haute taille. Son réceptacle est conique, aigu
et brun ; le pédoncule est atténué à sa partie
supérieure, trois à quatre fois plus long que
le réceptacle , et très renflé à sa partie infé-
rieure.
7° La Morille tremelloïde, Morchella
tremdloidesFï., n'est probablement qu'une
variété de la Morille ordinaire, dont elle ne
diffère que par la brièveté du pédicule et la
forme des alvéoles, qui, au lieu d'être an-
guleuses , sont contournées, obtuses comme
les circonvolutions des Tremelles. Elle a été
également trouvée s Pont-Chartrain par
Ant. de Jussieu.
Si ces caractères sont exacts, on ne
conçoit pas comment les auteurs ont pu
rapporter à cette espèce la figure de la Mo-
rille comestible que Bulliard a donnée
pi. 218, fig. l,dont les alvéoles paraissent
d'une parfaite irrégularité.
8° La Morille élevée , Morchella elata
Fr. Grande et belle espèce, dont le récep-
tacle est obtus et conique; les cloisons
des alvéoles longitudinales, minces, très
saillantes, et réunies par d'autres cloi-
sons transversales moins prononcées ; elle
est d'une couleur grise tirant sur le brun.
Le pédicule a deux ou trois pouces de lon-
gueur , et quelquefois plus d'un de diamètre.
Il est creux, fragile, avec quelques lacunes,
de couleur jaune ou rosée. Sa saveur est
fade, aqueuse, et devient très fétide en
vieillissant. Quelques personnes la regar-
dent comme dangereuse. Krombholtz dit
qu'on peut la manger sans crainte.
8° La Morille pubescente, Morchella pu-
lescens Pers. Persoon, dans sa Mycologia
Europœa, regarde cette espèce comme une
variété du Morchella esculenta. Krombholtz
et Rabenhorst, au contraire, croient qu'elle
en diffère ; en effet , son pédicule grêle et
pubescent lui imprime un caractère parti-
culier, ainsi que les alvéoles, qui sont beau-
coup plus grandes. Krombholtz l'a figurée
(Loc. cit., p. 13, lib. XVII, fig. 20). Elle
est commune dans la Suisse, le Jura , la
Bohême, où on l'apporte sur les marchés
avec la Morille comestible. Elle croît sur la
terre, dans les forêts de Pins.
10° La Morille de loup ou du diable ,
Morchella pleopus Paul. Cette Morille est
fort peu connue ; Paulet l'a figurée dans
son Traité des Champignons, tab. CXC bis.
11 dit qu'on la trouve au printemps dans la
forêt de Fontainebleau, dans les friches et
parmi les bruyères , et qu'elle a causé des
accidents presque mortels ; elle diffère <ie la
Morille ordinaire par sa forme irrégulière ,
par sa tige, qui n'est pas creuse, par xm
vilain aspect et par son odeur. Cette espèce
n'a été observée par personne depuis Paulet,
et presque tous les auteurs ont oublié d'en
parler. Si l'on consulte les figures, on re-
marque, en effet, qu'elle a des rapports
avec les Morilles; mais son réceptacle, au
lieu d'alvéoles , présente des ondulations,
comme Vllclvella esculenta, et le pédicule
est solide au lieu d'être creux. Les accidents
qu'elle a causés, et l'incertitude du genre
auquel on doit la rapporter, font vivement
désirer qu'elle soit soumise à un nouvel
examen. p
11° Enfin, M. Mérat, dans ses Additions
à la Revue de la flore parisienne (janvier
1816, p. 493), a décrit comme Morchella
dubia une belle espèce qui a de l'analogie
avec la Morchella semilibera que M. Bou-
teille a trouvée à Halaincour, près de Ma-
gny; mais comme le chapeau est entière-
ment libre, qu'il n'adhère que par lesommet
à l'extrémité supérieure du pédicule , elle
appartient manifestement au genre Verpa;
on devra donc dorénavent la désigner sous
le nom de Verpa dubia. Voy. verpa.
Il y a des gourmands de Morilles comme
il y en a de Truffes ; aussi rencontre-t-on
souvent des personnes qui demandent com-
ment on pourrait parvenir à les cultiver. Je
ne connais aucune expérience sur ce sujet.
On dit généralement qu'elles sont capri-
MOR
MOR
355
cieuses, c'est-à-dire qu'elles naissent tantôt
dans un endroit, tantôt dans un autre;
qu'elles sont très abondantes une année ,
très rares une autre , et même qu'elles en
restent quelquefois plusieurs sans se mon-
trer. C'est très vrai ; mais comme les Truffes,
les Mousserons, les Ceps, on peut toujours
les trouver à la même époque et dans les
mêmes localités, quand les circonstances fa-
vorables à leur développement ne changent
pas. Que l'on défriche un endroit où elles
croissent habituellement, on peut être cer-
tain de n'en pas trouver l'année suivante ;
que îe mois d'avril soit sec au lieu d'être
pluvieux, elles seront rares et d'un petit
volume. Comme leur époque de végétation
est fixée, elles ne paraîtront pas dans le
mois de mai, quand même les pluies se-
raient abondantes. Les plus heureux sont
ceux qui ont des clos ou des parcs dans les-
quels les Morilles viennent naturellement ,
parce qu'ils savent où aller les chercher, et
qu'ils peuvent toujours arriver à temps
pour en faire la récolte.
Les Morilles, comme le plus grand nom-
bre des Champignons, absorbent une grande
quantité d'eau dans les temps humides :
alors elles ont beaucoup moins d'odeur et
de goût; leur conservation est beaucoup
plus difficile pour les usages culinaires ; il
faut donc avoir le soin de les recueillir
quand la rosée est dissipée, ou quand la
pluie a cessé de tomber et qu'elles sont res-
suyées. Au lieu de les arracher, on coupe
le pied à une certaine distance du sol , afin
que la terre ne pénètre pas dans les alvéoles,
puis on les enfile dans une ficelle de ma-
nière qu'elles ne se touchent pas , et on les
fait sécher en les exposant à un courant
d'air. Quand elles sont bien sèches, on peut
les laisser exposées à l'air: elles se conser-
vent très bien si elles ne sont pas dans un
Jieu humide; pourtant, comme elles se re-
touvrent toujours de poussière, il vaut
mieux les enfermer dans des sacs de papier,
pour les garantir de la poussière, des in-
sectes et des ordures qu'ils déposent dessus.
Quand on veut les accommoder , il est pru-
dent de les laver dans de l'eau tiède; cette
légère préparation leur enlève un peu de
leur couleur, de la terre, du sable dont
elles conservent toujours une certaine quan-
tité , des moisissures qui ne manquent
jamais de se développer, et enfin un petit
goût de renferme qui suffit pour en altérer
le goût. Préparées par le procédé d'Appert,
elles se conservent longtemps et ne perdent
pas leur parfum; mais il faut les consommer
à l'instant même, parce qu'elles se décom-
posent avec une grande rapidité lorsqu'elles
ont été exposées au contact de l'air. Il con-
vient donc , quand on veut faire usage de
ce moyen , de se servir de vases proportion-
nés aux besoins que l'on peut avoir. Lors-
qu'on tient seulement à leur parfum , on
peut, quand elles sont bien sèches, les râ-
per comme les Ceps et les Mousserons , et
les renfermer dans des vases bien clos;
quelques cuillerées de cette poudre suffisent
pour donner au plat que l'on veut assai-
sonner le goût des Morilles. On pourrait
encore , je crois , préparer une sauce aux
Morilles, un Ketchup semblable à celui que
les Anglais font avec le Ceps. Après les avoir
lavées et coupées par morceaux, on les fait
cuire dans l'eau avec du sel, du poivre et
d'autres aromates. Quand elles sont bien
cuites , et que l'eau a presque la consis-
tance sirupeuse , on exprime légèrement la.
masse et on met le decoctum qui en résulte
dans un vase bien fermé , après y avoir
ajouté un peu d'eau- de-vie pour en assurer
la conservation. Quelques cuillerées de ce
ketchup mises dans une sauce remplaceraient
les Morilles. Pour ce qui concerne la ma-
nière de les accommoder, je ne puis ren-
voyer qu'au Traité des Champignons de
Paulet.
Dans les herbiers on trouve toujours les
Morilles mal desséchées; pour les préparer
convenablement, on doit, autant que pos-
sible, les ramasser entières avec un peu de
terre à la base; on les laisse exposées au
grand air jusqu'à ce qu'elles commencent
à se flétrir ; alors on les soumet à une légère
pression: elles ne tardent pas à s'aplatir,
et en augmentant de temps en temps la
pression elles conservent parfaitement leur
forme. Quand on veut les avoir à peu près
comme dans l'état naturel, il suffit de faire
un trou à l'extrémité inférieure du pédicule
et de les emplir de sable très fin; on les
suspend à un fil la tète en bas , et quand
elles sont desséchées on fait tomber le
sable. Par ce moyen elles ont éprouvé un
peu de diminution dans leur volume, pri»
356
MOR
une couleur plus foncée, mais elles peuvent
servir très avantageusement pour les dé-
monstrations botaniques. (Lév.)
MORILLON, ois. — Espèce du genre
Canard. Voy. ce mot.
*MORIMUS (po'fHfAo;, fatal), ins.- Genre
de Coléoptères subpentamères , tétramères
de Latreille, famille des Longicornes, tribu
des Lamiaires, créé par Semlle (Ann. delà
Soc. eut. de Fr., t. IV, p. 95). Ce genre
renferme les quatre espèces suivantes : La-
mia lugubris , tristis , funesta de F., et M.
verecundus Fald. Les trois premières sont
originaires de l'Europe australe , et la qua-
trième est propre à la Perse et à la Turco-
manie. (C.)
MORINA. bot. pb. — Genre de la fa-
mille des Dipsacées-Morinées , établi par
Tournefort (Corollar., 48), et présentant
les caractères suivants : Fleurs verticillées ,
bractéées. Involucellemonophylle, tubuleux-
campanule, sans fossette, denté-épineux sur
les bords. Tube du calice soudé à la partie
supérieure de l'ovaire; limbe à deux divi-
sions oblongucs, entières ou bifides. Corolle
épigyne , à tube allongé ; limbe bilabié ; la
lèvre supérieure à 2 lobes; l'inférieure à
3 lobes. Étamines 4 , libres , didynames ,
quelquefois soudées deux à deux. Ovaire
infère, à une seule loge uni-ovulée. Style
filiforme ; stigmate pelté-capité. Utricule
monosperme, enfermé dans l'involucre, et
couronné par le limbe du calice.
Les Morina sont des plantes herbacées
vivaces, simples, droites; à feuilles opposées
ou verticillées, oblongues, sinuées, dentées-
épineuses, rarement très entières; à fleurs
disposées en verticilles dans l'aisselle des
feuilles supérieures , et dont les pédicelles
sont bibractéés au sommet.
Ces plantes se trouvent en abondance
dans certaines contrées du Levant, dans la
Syrie, la Perse et l'Inde boréale.
De Candolle (Prodr., IV, 644) en décrit
quatre espèces , qu'il répartit en deux sec-
tions nommées : Diotocalyx : limbe du ca-
lice bilobé ; lobes oblongs , inermes , plus ou
moins émarginés au sommet; étamines sou-
dées deux par deux; feuilles sinuées, à dents
épineuses (M. persica , longifolia , poly-
phylla ). Acanthocalyx : limbe du calice
oblique, irrégulièrement denté-épineux;
étamines 4, libres, didynames; feuilles cau-
MOR
linaires très entières , les florales dentées-
épineuses à la base (M. nana). (J.)
MORINDA. bot. pu. —Genre de la fa-
mille des Rubiacées-Cofféacées-Guettardées,
établi par Vaillant (in Act. Acad. Paris. ,
1722, p. 275), et dont les principaux ca-
ractères sont : Fleurs réunies en capitule
globuleux. Calice à tube ovale, soudé à l'o-
vaire, à limbe supère, court, irrégulière-
ment denté. Corolle supère, infundibuli-
forme ; limbe à 4 ou 5 lobes étalés. Éta-
mines 5 ou 4, insérées au tube de la co-
rolle, incluses ou très rarement saillantes;
filets courts ; anthères dressées. Ovaire in-
fère, à 2 ou 4 loges uni-ovulées. Style fili-
forme; stigmate bifide, rarement indivis.
Le fruit est un drupe anguleux, comprimé,
à 2 ou 4 noyaux cartilagineux et mono-
spermes.
Les Morindes sont des arbrisseaux à
feuilles opposées , rarement verticillées par
groupes de 3 ou de 4; stipules souvent ob-
tuses, membraneuses; pédoncules axillaires
ou terminaux, simples ou rameux; fleurs
fixées sur un réceptacle nu , globuleux. Ces
plantes croissent assez abondamment dans
toutes les régions tropicales du globe.
De Candolle (Prodr., IV, 466) décrit
32 espèces de ce genre, qui ont été répar-
ties en 4 sections nommées : Roioc , Plum.
(Gen., II, t. 26) : fleurs pentamères, pen-
taudres; stigmate bifide; baies à 2 ou 4
coques; Padavara, Rheede (Maldb., VII,
51, t. 27) : fleurs tétramères, tétrandres ;
stigmate bifide; baie à 4 coques. Phylli-
reaslrum, DC. (Prodr., IV, 449): fleurs
tétramères, tétrandres; stigmate indivis;
baie à 4 coques. Chrysorhiza , DC. ( loc.
cit. ) : fleurs pentamères, pentandres ; baie
à 2 loges 2-spermes ; capitules oppositi-
foliés.
La racine de la plupart des espèces de ce
genre participe aux propriétés tinctoriales
des Rubiacées; ainsi celle de la Morinda
roioc donne par infusion une liqueur noire
analogue à l'encre , et celle de la Morinda
umbellata produit une teinture jaune-safran
assez belle. (J.)
MORINÉES. Morineœ. bot. ph.— Tribu
de la famille des Dipsacées (voy. ce mot),
ayant pour type le genre Morina , Tourne-
fort.
*MORINELLA. ois. — M. Meyer (Tas-
MOR
MOR
357
chenb., 1840) donne ce nom à une division
des Scolopax. Voy. ce mot. (E. D.)
MORJNGA. bot. ph. — Ce nom a été donné
par Burmann (Zeylan., 162), Jussieu (Gen.,
348), Gaertner (II, 316), De Candolle (Mem.
Legumin., t. 21 ; Prodr., II, 478), R. Brown
(ad Denham , 33), Decaisne (in Nov. Annal,
se. nat.,W, 213),Wight et Arnott (Prodr.,
I, 178) , à un genre rangé par De Candolle
dans la tribu des Cassiées, de la famille des
Légumineuses-Cœsalpiniées, et que R. Brown
considère comme devant former le type d'une
nouvelle famille, celle des Moringées, dont
il est encore le seul représentant. Il offre
pour caractères: Calice 5-parti, à divisions
oblongues. Corolle à 5 pétales périgynes,
oblongs, linéaires. Étamines 8-10, insérées
sur un disque cupuliforme , enveloppant la
base du calice; filets connivents en un tube
fendu antérieurement, libres à la base et au
sommet , soudés à la partie médiane , iné-
gaux; anthères introrses , uniloculaires ,
oblongues, fixées par la partie dorsale, s'ou-
vrant longitudinalement. Ovaire pédicellé ,
à une seule loge pluri-ovulée. Style termi-
nal, simple, renflé au sommet. Le fruit est
une capsule en forme de silique unilocu-
laire, à 3 valves. Graines ovales , trigones ,
attachées au centre du fruit, dépourvues
d'albumen, à angles aptères ou saillants en
forme d'ailes.
Les Moringa sont des arbres inermes à
feuilles 2-3-pinnées avec impaire; à stipules
décidues; à fleurs disposées en grappes pani-
culées. Ces plantes sont originaires de l'Asie
tropicale, d'où elles ont été introduites dans
l'Afrique et l'Amérique.
Endlicher(Gen. plant., p. 1321, n. 6811)
a divisé ce genre en deux sections qu'il
nomme : Balanus : Graines dépourvues d'ai-
les; Moringa: Graines à trois ailes.
Les espèces de ce genre fournissent une
huile doue, sans odeur, et qui ne se rancit
point en vieillissant. Cette dernière qualité
l'a fait rechercher des parfumeurs qui l'em-
ploient dans la composition de leurs essences.
Cette huile est désignée généralement sous
le nom d'huile de Ben, de la dénomination
de l'espèce (M. Ben) qui fournit principale-
ment cette huile. (J.)
MORINGÉES. Moringeœ. bot. ph. — Fa-
mille établie par R. Brown ( Observ. on the
Plants of A fric, central collect. by Dr. Rid-
ney), et qui ne renferme encore que le seul
genre Moringa. Voy. ce mot.
MORIO. moll. — Voy. haume.
MORION. Morio. ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères , famille des Cara-
biques, tribu des Scaritides, créé par La-
treille (Règne animal, t. IV, p. 386) , et
adopté par Dejean ( Species général des Co-
léoptères , t. I, p. 429; t. V, p. 512).
Douze espèces font partie du genre; neuf
sont originaires d'Amérique, deux d'Afrique,
et une est propre à l'Asie. Nous citerons,
comme types, les espèces suivantes : M. Geor-
giœ P.-B., parallelus Klug, et Orientalisme].
La première est des États-Unis, la deuxième
de Madagascar et la troisième de Java. (C.)
*MORIS. ois. — Groupe de Pélicans
(voy. ce mot) d'après Leach (G.-R. Gray,
Gen. ofBirds, 1840). (E. D.)
*MORISIA (nom propre) . bot. ph. — Genre
delà famille des Crucifères-Anchoniées, établi
par Gay (in Colla. Hort. Ripul. append., IV,
50). Herbes de Sardaigne. Voy. crucifères.
MORISONIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Capparidées-Cappa-
rées, établi par Plumier (Gen., 63, t. 23),
et dont les principaux caractères sont : Ca-
lice renflé au milieu, bifide. Corolle à 4 pé-
tales obtus. Étamines nombreuses, plus
courtes que la corolle ; filets subulés , soudés
en un tube à la base; anthères oblongues ,
dressées. Ovaire stipité, ovale. Stigmate ses-
sile, convexe , ombiliqué. Baie globuleuse,
cortiquée, uniloculaire.
Les Morisonia sont des arbres des An-
tilles, à feuilles alternes , pétiolées, ovales
ou oblongues, membraneuses, brillantes; à
fleurs blanchâtres , axillaires, disposées en
corymbe, et plus courtes que le pétiole.
La principale espèce de ce genre est. la
Morisonia americana L. et Jacq. , qui croît
sur les montagnes de l'Amérique méridio-
nale, et dont les racines, longues, grosses,
nerveuses, compactes et pesantes, servent
aux sauvages pour faire des massues. (J.)
*MORlTZIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Aspérifoliées ? établi
par De Candolle (Msc. exMeisner Gen., 230).
Herbes du Brésil.
MORMODES, Lindl. (Orchid. , t. 14).
bot. ph. — Syn. de Catasctum, Rich.
MORMOLYCE ( poPij.o\vxYi , masque ).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
358
MGR
MOK
famille des Carabiques , tribu des Féro-
niens, créé par Hagenbach {Mormolyce no-
vum Coleopt. genus), et adopté par Dejean
(Species général des Coléoptères, t. V,p. 712),
qui dit n'avoir pu convenablement lui assi-
gner la place qu'il doit occuper. Le type, la
M. phyllodes H., est originaire de Java. Cet
Insecte est l'un des plus extraordinaires de
cet ordre , tant par sa taille que par la forme
des élytres qui sont aplanies, évasées, réticu-
lées, etressemblent à des feuilles sèches. Voy.
l'atlas de ce Dict., Coléoptères, pi. 2, (C.)
MORMON, ois. — Syn. de Macareux.
MORMON, mam. — Espèce du genre Cy-
nocephalus {voy. ce mot), dont M. Lesson
(Spec. des mamm-., 1840) a fait un petit
groupe générique. (E. D.)
*MORMOMA(f/.opP.w'v, hideux), ins. —
M. Curtis a établi sous ce nom, dans la tribu
des Phryganiens de l'ordre des Névroptères,
groupe des Séricostomites, un genre qui se-
rait ainsi caractérisé : Article basilaire des
antennes allongé, très velu. Jambes anté-
rieures munies de deux éperons, les intermé-
diaires de quatre. Palpes courts. L'espèce
type serait le M. nigromaculata Steph. (Bl.)
MORMOPS. Mormops (F.oPuw, hideux;
cty, aspect), mam. — Leach (Trans. Linn.,
t. XIII) a créé sous le nom de Mormops un
genre de Chéiroptères qui ne comprend qu'une
seule espèce, et qui a été adopté par tous les
zoologistes. Chez ces animaux, les dents sont
au nombre de trente-six, dix-huit supérieures
et autant d'inférieures : les quatre incisives
supérieures sont inégales, et les intermé-
diaires sont largement échancrées ; les quatre
incisives inférieures sont trifides, égales; les
canines , au nombre de deux à chaque mâ-
choire, sont comprimées et canaliculées en
devant , les supérieures ayant le double de
longueur des inférieures; il y a cinq mo-
laires en haut et six en bas de chaque côté.
Les oreilles, réunies aux membranes du
nez, présentent un vaste appareil propre à
recevoir les sons et les odeurs, et la bouche
elle-même participe à cette richesse d'orga-
nisation; mais ce qui passe toute mesure,
c'est que les os du crâne s'élèvent perpen-
diculairement au-dessus de ceux de la face,
de sorte que ces deux parties principales de
la tête forment un angle droit. La queue
est entièrement enveloppée dans la mem-
brane interfémorale.
Ce genre ne renferme qu'une seule es-
pèce, qui a été prise à Java : c'est le Mor-
mops Blainvilii Leach (loco citato), dont le
corps et la tête réunis ont environ deux
pouces de longueur, et dont l'envergure est
de dix pouces; la couleur de ceChéiroptère
est un brun uniforme. (E. D.)
MORMYRE. Mormyrus (p.opp.wv , hi-
deux; oipa, queue), poiss. — Genre de
l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux»
famille des Ésoces. G. Cuvier, qui le consi-
dère comme devant probablement donner
lieu à une famille particulière, le caracté-
rise ainsi {Hèg. anim., t. II, p. 288) : « Pois-
sons à corps comprimé, oblong, écaillcux; à
queue mince à sa base , renflée vers la na-
geoire; dont la tête est couverte d'une peau
nue et épaisse, qui enveloppe les opercules et
les rayons des ouïes, et ne laisse pour leur
ouverture qu'une fente verticale , ce qui
leur a fait refuser des opercules par quel-
ques naturalistes, quoiqu'ils en aient d'aussi
complets qu'aucun poisson, et a fait réduire
à un seul leurs rayons branchiaux, quoi-
qu'ils en aient 5 ou 6. L'ouverture de leur
bouche est fort petite , presque comme aux
Mammifères nommés Fourmiliers ; les maxil-
laires en forment les angles. Des dents me-
nues et échancrées au bout garnissent les
intermaxillaires et la mâchoire inférieure,
et il y a sur la langue et sous le vomer une
longue bande de dents en velours. L'estomac
est en sac arrondi, suivi de deux cœeums, et
d'un intestin long et grêle, presque toujours
enveloppé de beaucoup de graisse. La vessie
est longue, ample et simple. »
On connaît une dizaine d'espèces de ce
genre qui toutes vivent dans le Nil et sont
comptées parmi les meilleurs poissons de ce
fleuve. Elles sont réparties en quatre sec-
tions généralement adoptées, et caractéri-
sées de la manière suivante.
La première renferme toutes les espèces
dont le museau, est cylindrique , la dorsale
longue (M. d' Hasselquist Geoffr., caschive
Hasselq., oxyrhynchus Geoffr., cannume
Forsk.).
Les espèces de la seconde section ont le
museau cylindrique , la dorsale courte {M. de
Denderah ou Anguilloïdes L., le même que le
Zferse de Sonnini).
Dans la troisième section sont comprise»
les espèces à museau court, arrondi ■ à dor-
IYIOR
M OR
359
sale courte (M. de Salheye, labiatus Geo fTr.,
M. de Belbeys ou dorsalis id., le même que
le Kaschoué de Sonnini).
Enfin la quatrième section se compose des
espèces où le front fait une saillie bombée, en
avant d'une bouche reculée (M. bané ou cy-
prinoïdesL., Geoffr.).
L'espèce la plus connue de ce genre est le
Mormyre oxvrhvnque, M. oxyrhynchus Geof.
(Centriscus nilolicus Schn.). C'est un poisson
bleuâtre, plus foncé sur le dos, pâle sous le
ventre, avec la tête rouge, surtout vers le
museau, et des points bleus en dessus. Sa
taille est d'environ 30 à 35 centimètres de
longueur. Il alimente en grande abondance
les marchés du Caire. Autrefois il était delà
part des Égyptiens un objet de culte et de
vénération; il possédait même un temple
dans la ville à laquelle il avait aussi donné
son nom. Aujourd'hui il n'est destiné qu'à
l'ornement de nos tables, et les pêcheurs ne
croient pas trop acheter la prise par les lon-
gues fatigues de leurs nuits. (J.)
MOROCARPUS, Scop. (Carn., I, 6).
bot. ph. — Syn. de Blitum, Linn.
*MORODACT\'LUS (?<»pky obtus ; #«x-
tv)>oç, doigt), mam. — Goldfuss {Isis , 1819)
donne ce nom à un groupe de Marsu-
piaux. (E. D.)
MORONOBEA. bot. ph. — Genre de la
famille des Guttifères-Moronobées , établi
par Aublet {Guy an., II, 79, t. 313). Arbres
de l'Amérique tropicale. Voy. clusiacées.
MORONOBÉES. Moronobeœ. bot. ph.—
Tribu de la famille des Guttifères-Clusiacées
(voy. ce mot), ayant pour type le genre
* Moronobea.
MORGXITE. min. — Variété de Chaux
phosphatée, qu'on trouve à Arendal , en
Norvège. Voy. phosphate.
MORPHINE (Morphée, dieu du som-
meil), chim. — L'on a donné le nom de Mor-
phine au plus actif des nombreux principes
dont l'analyse chimique a constaté la pré-
sence dans l'Opium. Voy. ce mot. (A. P.)
* MORPHINES, ois, — Division formée
dans le genre des Faucons (voy. ce mot) par
M. Fleming (Phil. of Zool., 1822). (E. D.)
*M0RPHIX1A, Ker. (Gen. Irid., 105).
iot. ph. — Syn. tflxia, Linn.
MORPIINES , Cuv. ois. — Synonyme
d'Autour.
MORPIIO ((^m>w, beauté), ins.— Genre
de l'ordre des Lépidoptères diurnes, famille
des Nymphaliens, établi par Fabricius (Ent.
syst., t. III), et dont les principaux carac-
tères sont : Corps petit. Antennes un peu
moins longues que le corps , très grêles.
Palpes courts , dépassant peu la longueur de
la tête, fortement relevés, très ciliés. Ailes
très grandes relativement au corps, à ner-
vures très fortes ; les ailes postérieures ayant
leur cellule discoïdale ouverte , leur bord
abdominal très grand et embrassant com-
plètement l'abdomen. Pattes longues ; jam-
bes et tarses ciliés en dessous de petites
épines très serrées.
Les espèces de ce genre , au nombre de
40 environ, sont d'une grande taille et pa-
rées des couleurs les plus éclatantes. Elles
habitent toutes l'Amérique méridionale.
Leurs chenilles sont nues ou presque rases,
quelquefois terminées postérieurement pan
une pointe fourchue
Une des espèces les plus remarquables de
ce genre est le Morpho Adonis Fab., Latr.,
God. (Papilio Adonis Cram. ), figuré dans
l'atlas de ce Dictionnaire , Lépidoptères ,
pi. 6 , fig. 1. Il a 8 centimètres d'enver-
gure. Le dessus des ailes est du bleu le
plus azuré, le plus brillant, avec le limbe
postérieur noir. Le dessous est d'un gris
lavé de brun, avec des bandes plus claires
et des yeux séparés. Cette espèce se trouve
au Brésil et à Cayenne.
*MORPHOIDES ( p.opy ci , beauté; tIJoç,
aspect), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentarnères, tétramères de Latreille, famille
des Clavipalpes, tribu des Erotyliens, établi
par M. Hope (Revue zool. de Guér., 1841 ,
p. 111), et adopté par M. Th. Lacordaire
(Monographie des Erotyliens, 1842, p. 356).
Ce dernier le comprend dans sa deuxième
tribu, et n'en fait qu'un sous-genre de ses
Brachysphœnus , correspondant à celui de
Saccomorphus , formé antérieurement par
nous , et que Dejean avait adopté dans son
Catalogue. Treize espèces , toutes d'Améri-
que, en font partie. Les types sont les Ero-
tylus limbatus F., et bilineatus Duponchel.
(C.)
*MORRENIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Asclépiadées, établi
par Lindley (in Bot. Reg., 1838). Sous ar-
brisseaux de Bonaire.
MORRUDE. roiss. — Nom vulgaire dune
3G0
MOR
MOR
espèce de Trigle, la Trigla luccma. Voy.
TRIGLE.
MORS DU-DIABLE, bot. ph. — Nom
d'une espèce de Scabieuse.
MORS-DE-GRENOUILLE, bot. pu. —
Nom vulgaire de V Hydrocharis morsus ranœ.
MORSE. Trichechus , Linn. mam. —
Genre de Mammifères de la tribu des Car-
nassiers amphibies de G. Cuvier , formant ,
selon M. Is. Geoffroy , la famille des Tri-
chéciens , la deuxième de ses Carnivores em-
pêtrés, entrant dans sa première série, et
dans l'ordre des Carnassiers , dont les dents
sont dissimilaires, plus ou moins exacte-
ment en série continue. Ces animaux ont
beaucoup d'analogie avec les Phoques, mais
leur mâchoire inférieure manque de cani-
nes et d'incisives, et les canines supérieures
forment d'énormes défenses dirigées infé-
rieurement. Nous ferons remarquer en pas-
sant que le Morse commun compose à lui
seul une espèce unique, un genre et une
famille, dont, à la rigueur, nos classifîcateurs
pourraient former un ordre, si la fantaisie
les en prenait.
Ainsi que tous les animaux que G. Cuvier
a nommés amphibies, quoiqu'il n'y ait en
réalité aucun Mammifère amphibie , les
Morses ont les pieds si courts, et tellement
enveloppés dans la peau , que , sur la terre,
ils ne peuvent leur servir qu'à ramper ;
mais comme les intervalles des doigts y sont
remplis par des membranes, ce sont des
nageoires excellentes ; aussi ces animaux
passent-ils la plus grande partie de leur vie
dans la mer , et ne viennent-ils à terre que
pour dormir au soleil et allaiter leurs petits.
Leur corps allongé, quoique moins que celui
des Phoques; leur colonne vertébrale assez
mobile et pourvue de muscles qui la flé-
chissent avec force ; leur bassin étroit , leurs
poils ras et serrés contre la peau, et beau-
coup d'autres détails de leur anatomie inté-
rieure , concourent à en faire d'excellents
nageurs. Leur mâchoire inférieure manque
d'incisives et de canines , et prend en avant
une forme comprimée pour se placer entre
deux énormes canines ou défenses ayant
quelquefois jusqu'à deux pieds (0,650) de
longueur, sur une épaisseur proportionnée.
Cependant , il paraît que, dans le jeune âge,
on trouve à la mâchoire inférieure deux
petites incisives très rudimentaires , et dont
il n'existe plus de vestiges chez les adultes;
les rnàchelières , au nombre de quatre de
chaque côté , toutes à peu près de même
forme, plus étendues de devant en arrière
que de dedans en dehors, sont cylindri-
ques, courtes et tronquées obliquement, à
couronne légèrement convexe.
La mâchoire supérieure est remarquable
par l'énormitë des alvéoles où sont logées
les défenses , ce qui relève tellement le de-
vant, qu'il forme un gros muscle renflé,
et que les narines, au lieu de terminer le
museau, sont presque tournées vers le ciel.
Elle a ordinairement, outre ses énormes ca-
nines, quatre incisives devant, et quatre
rnàchelières de chaque côté ; mais comme ces
nombres sont sujets à varier, il en résulte
que les voyageurs ont jeté assez de confu-
sion dans l'étude de ce singulier animal. En
effet , les deux incisives médianes manquent
chez un grand nombre d'individus , et chez
ceux qui les ont, elles sont coniques, cro-
chues, très petites et toujours à l'état rudi-
mentaire. Les incisives voisines des canines
sont beaucoup plus grandes, cylindriques ,
et tronquées obliquement de dehors en de-
dans, d'où il résulte que des naturalistes
les ont prises pour des rnàchelières , aux-
quelles, du reste, elles ressemblent beau-
coup. Ce sont cependant de véritables inci-
sives , puisqu'on est convenu de nommer
ainsi les dents implantées sur les intermaxil-
laires. Les canines sont, ainsi que je l'ai
dit, d'énormes défenses qui se recourbent
en bas et en arrière ; elles sont arrondies à
leur surface antérieure , mais creusées d'un
sillon longitudinal à leur face interne. On ne
voit point, sur leur coupe, de lignes cour-
bées comme dans l'ivoire de l'Éléphant,
mais de simples granulations. Les trois pre-
mières molaires, de chaque côté, sont plus
fortes et plus grosses que les incisives ; mais
la dernière est, au contraire, petite, rudi-
mentaire, et elle tombe à un certain âge.
Toutes n'ont qu'une racine conique très
courte et sont formées d'une seule substance
très dure, très compacte , analogue à l'ivoire
des défenses. « Le système dentaire des Mor-
ses , dit Cuvier, ne paraît pas plus conve-
nir pour broyer des matières végétales que
pour couper des substances animales. On di-
rait qu'elles sont spécialement destinées à
rompre, à briser des matières dures, car elles
MOR
MOR
361
semblent, par leur structure et leurs rap-
ports , agir les unes sur les autres comme
le pilon agitsurson mortier.»
Le Morse ou Chf.val marin , Trichechus
rosmarus Linn. ; le Morse, Buff. ; la Vache
marine et la Vache à la grande dent des
voyageurs, atteint onze à douze pieds (3,573
à 3,998) de longueur, et même beaucoup
plus, si on s'en rapportait à certains voya-
geurs. Son pelage est très court, très peu
fourni, d'une couleur roussâtre; son mufle
est très gros et sa lèvre supérieure renflée.
Si, pour le reste, il a beaucoup d'analogie
avec les Phoques , il n'en a pas moins dans
les mœurs et dans toutes les habitudes de
la vie. Cependant , il a moins d'intelligence
et, par suite, moins de douceur dans le
caractère. Edwart Worst dit avoir vu en
Angleterre un de ces animaux , âgé de trois
mois, que l'on ne pouvait toucher sans le
mettre en colère et même le rendre fu-
rieux. La seule chose que l'éducation ait pu
obtenir de lui , était de le faire suivre son
maître en grondant, quand il lui présen-
tait à manger.
Cet animal habite toute la mer Glaciale,
mais il est beancoup moins commun qu'au-
trefois. « J'ai vu à Jakutzk, dit Gmelin ,
quelques dents de Morse qui avaient cinq
quarts d'aune de Russie, et d'autres une
aune et demie de longueur ; commupément
elles ont quelques pouces de largeur à la
base. Je n'ai pas entendu dire qu'auprès
d'Anadirskoi l'on ait jamais chassé ou pé-
ché de Morses pour en avoir les dents, qui,
néanmoins , en viennent en si grande quan-
tité; on «n'a assuré, au contraire, que les
habitants trouvent ces dents, détachées de
l'animal, sur la basse cote de îa mer, et
que , par conséquent , on n'a pas besoin de
tuer auparavant les Morses. Plusieurs per-
sonnes m'ont demandé si les Morses d'Ana-
dirskoi étaient une espèce différente de ceux
qui se trouvent dans la mer du Nord et à
l'entrée occidentale de la mer Glaciale ,
parce que les dents qui viennent de ce côté
oriental sont beaucoup plus grosses que
celles qui viennent de l'Occident, etc. »
Gmelin ne résout pas cette question , et
Buflbn en donne une solution qui me paraît
être une erreur. «On n'apporte d'Anadirskoi,
dit-il , quo des dents de ces animaux morts
de mort naturelle: ainsi il n'est pas sur-
x. VIII.
prenant que ces dents, qui ont pris tout
leur accroissement , soient plus grandes que
celles du Morse de Groenland , que l'on tue
souvent en bas âge. »
Certes, cette hypothèse ne peut être ad-
mise, car il faudrait admettre aussi que
jamais , dans le Groenland , les Morses n'at-
teignent toute leur grandeur , et que tous
ceux que l'on tue, sans aucune exception ,
sont jeunes, puisque leurs dents sont, aussi
sans aucune exception, beaucoup plus pe-
tites que celles qui viennent d'Anadirskoi:
cette proposition n'est pas soutenable. D'un
autre côté, on a dit, il y a quelques années,
qu'il existait une autre espèce de Morse ,
dont la taille atteignait quelquefois jusqu'à
vingt pieds de longueur, ce qui fait sup-
poser des dimensions plus grandes dans les
défenses : serait-ce cette espèce qui a laissé
ses dépouilles à Anadirskoi? Mais cette pré-
tendue seconde espèce serait propre seule-
ment aux mers équatoriales, si on s'en rap-
portait aux voyageurs qui l'ont indiquée,
et ne se trouverait pas dans celle du Nord.
D'ailleurs, il est plus que probable qu'ils
auront pris pour des Morses des Lamantins
ou des Dugongs. Voici une autre difficulté:
il est certain qu'on ne trouve presque plus
de Morses aux environs d'Anadirskoi, et
que ceux qui s'y montrent de loin en loin
ne dépassent pas douze pieds de longueur.
Or, un Morse qui aurait des canines lon-
gues d'une aune et demie russe devrait
avoir le corps long au moins de trente-cinq
pieds , ce qui ne s'est jamais vu; les pius
grands qui aient été observés par des na-
turalistes et par des voyageurs dignes de
foi ne dépassaient pas treize à quatorze
pieds.
Quant à moi , je pense que l'ivoire trouvé
sur les bords de la mer , aux environs
d'Anadirskoi , n'est rien autre chose que
les dents fossiles d'un grand Morse dont
l'espèce ne se trouve plus vivante, et que
l'on doit, par conséquent, classer avec 1er.
autres animaux paléontologiques. Ce qui
me fait croire à cela, c'est que dans le même
pays on rencontre des collines entières com-
posées, presque en totalité, d'ossements de
Mammouths, de Rhinocéros et autres ani-
maux perdus , et que l'on possède au ca-
binet de Saint-Pétersbourg des défenses de
Mammouths dont l'ivoire est aussi parfai-
46
362
MOR
MGR
tement conservé que s'il avait été pris sur
des animaux vivants.
Les Morses ne peuvent pas toujours se
trouver près des côtes de la mer, à cause
des glaces qui en défendent l'approche.
Aussi élisent-ils leur domicile sur des gla-
çons, et il arrive parfois que c'est sur cette
habitation flottante que la femelle met bas,
en hiver, un ou deux petits. Le petit, en
naissant, est, dit on, de la grosseur d'un
Cochon d'un an. Elle l'allaite et le soigne
avec tendresse, et le défend avec fureur.
Lorsque ces animaux vont à terre ou mon-
tent sur un glaçon, ils se servent de leurs
défenses pour s'accrocher et de leurs mains
pour faire avancer la lourde masse de leur
corps. Il paraît qu'ils se nourrissent de va-
recs et autres herbes marines, ainsi que de
Coquillages, de Crustacés, etc. Les vais-
seaux baleiniers de plusieurs peuples du
Nord , malgré les dangers d'une navigation
dans des mers couvertes de glaces, vont
pêcher les Morses, non seulement pour avoir
les dents, qui fournissent un ivoire plus
dur , plus compacte et plus blanc que celui
de l'Éléphant, mais encore pour extraire de
leur graisse une huile abondante, meilleure
que celle de la Baleine, et pour s'emparer
de leur peau, dont on fait un cuir très fort
et d'excellentes soupentes de carrosse. Au-
trefois on voyait , sur certains rivages, d'im-
menses troupeaux de Morses , et il n'était
pas rare d'en tuer jusqu'à douze ou quinze
cents dans une seule chasse; mais aujour-
d'hui on ne les rencontre plus qu'en petites
troupes ou en familles. Dans la mer , on les
harponne de la même manière que les Balei-
nes ; si on les trouve sur le rivage ou sur les
glaces , on les tue à coups de lances. Quand
un Morse se sent blessé, il entre dans une
fureur effrayante; dans l'impuissance de
pouvoir poursuivre et atteindre son ennemi,
il frappe la terre de côté et d'autre avec ses
défenses; il brise les armes du chasseur im-
prudent, et les lui arrache des mains ; enfin,
enragé de colère , il met sa tête entre ses
pattes ou nageoires, et, profitant de la
pente du rivage , il se laisse ainsi rouler
dans la mer.
Si on attaque les Morses dans l'eau , et
qu'ils soient en grand nombre, le secours
qu'ils se portent mutuellement les rend très
audacieux. Dans ce cas, ils ne fuient pas ,
ils entourent les chaloupes et cherchent à
les submerger en les perçant avec leurs
dents, ou à les renverser en frappant contre
les bordages, dont ils enlèvent de grandes
portions. Dans ces occasions, et dans les
combats qu'ils livrent quelquefois aux Ours
blancs, et dont ils sortent toujours vain-
queurs, il leur arrive quelquefois de perdre
une de leurs armes, et celle qui leur reste
n'en est pas moins terrible. Si on est par-
venu à en harponner un , presque toujours
on en prend plusieurs, car ils font tous
leurs efforts pour défendre leur camarade et
le délivrer.. Si , effrayés parle nombre de
ces animaux , par leurs efforts , et surtout
par les mugissements furieux dont ils frap-
pent les airs dans ces occasions, les pêcheurs
croient prudent de prendre la fuite, les
Morses poursuivent fort loin la chaloupe qui
les emporte, et n'abandonnent leur projet de
vengeance que lorsqu'ils ont cessé de voir
l'embarcation. Du reste, à en juger par la
guerre active que leur font les Baleiniers,
il est probable que cette espèce , déjà fort
rare, disparaîtra tout-à-fait de la surface
du globe. (Boitard.)
MORSYIA, Cess. (in Dict. se. nat. ,
XXXIII, 59). bot. ph. — Synon. de Saintmo-
rysia, Endlich.
MORT, physiol. — Cessation totale des
fonctions vitales. Les deux mots mort et vie
seront traités dans un seul et même article.
Voy. vie.
On a appelé vulgairement :
Mort-ad chantre , l'Orobranche rameuse;
Mort -aux -chiens, la Colchique d'au-
tomne;
Mort-de-froid, VAgaricus procerus;
Mort-au-loup , VAconitum Lycochtonum;
Mort-aux-poules , la Jusquiame noire ;
Mort -de- safran, une espèce de Sclero-
tium ;
Mort -aux -vaches, la Renoncule scélé-
rate;
Mort-aux-Poux , la Staphisaigre, etc
MORTIER, min. — Voy. chaux.
MORT01V. bot. cr.— On désigne sous ce
nom, dans quelques campagnes de la France,
VAgaricus necator Bull. On le donne égale-
ment dans les environs d'Avignon au Rhizoc-
tonia rubia parce qu'il fait mourir les pieds
de Garance sur lesquels il se développe (Voy.
Decaisne, Histoire de la Garance). (Lév.)
MOR
MOR
363
MORUE, poiss. — Le poisson désigné
sous ce nom est généralement plus connu
par l'usage très répandu de sa chair que par
ses formes. Presque tout le monde mange
de la Morue, peu de personnes savent
comment est fait ce poisson. Cependant les
riverains de l'Océan , et surtout les hom-
mes qui peuvent visiter les marchés appro-
visionnés par la Manche, ont vu des Morues
fraîches; car le poisson que l'on y vend sous
le nom de Cabeliau n'est autre que la Mo-
rue. Il n'en est pas de même des habitants
des côtes de la Méditerranée, car la Morue
n'existe pas dans cette mer. Ses formes
sont faciles à décrire , à cause de leur
grande ressemblance avec celles du Mer-
lan, connu de tous; elle a cependant la
tête et le ventre plus gros. D'ailleurs elle
porte trois nageoires sur le dos , deux ana-
les , une caudale petite et coupée carré-
ment , ou faiblement échancrée. Les pec-
torales sont de médiocre grandeur , et les
ventrales jugulaires ont leur rayon externe
prolongé en filet. Le museau est gros et
obtus; il dépasse la mâchoire inférieure,
qui porte sous la symphyse un barbillon
charnu et conique. Les dents sont en fortes
cardes aux deux mâchoires , sur le chevron
du vomer ; les palatins , les ptérygoïdiens et
la langue sont lisses, et n'ont aucune dent.
Celles des pharyngiens sont aussi en forte
carde. Les yeux sont grands , recouverts
d'une conjonctive assez épaisse, mais tout
aussi transparente que celle des autres
poissons , du moins sur les individus vivants
ou encore très frais. Animés par les mêmes
nerfs que ceux de tous les autres Vertébrés',
ils offrent à l'anatomiste un exemple re-
marquable et des plus évidents pour la dé-
monstration de l'entrecroisement des nerfs
optiques, car il n'y a pas de chiasma chez
ce poisson; de sorte que le nerf qui naît
Jdu tubercule optique gauche se rend à l'œil
(droit, sans même toucher au nerf sortant
jdu tubercule droit pour s'épanouir dans la
; rétine de l'œil gauche. L'oreille de la Morue
lest grande et développée. Il est facile de
-'retirer de la portion cartilagineuse du ro-
cher ou mieux du mastoïdien les canaux
semi circulaires membraneux, et toujours
détachés de la paroi cartilagineuse du tube
qui renferme chacun d'eux. Le sac auditif
est rempli d'une gelée fort abondante et aussi
belle par sa transparence que le vitré de
l'œil. Les concrétions calcaires connues sous
le nom de pierre de l'oreille des poissons
sont très grosses , d'une forme ovale den-
telée sur les côtés , d'un beau blanc ; carac-
tères physiques qui les font souvent con-
server dans les cabinets des curieux sous
le nom de pierre de Morue.
Le corps est couvert de petites écailles
adhérentes. La tête et les nageoires en sont
dépourvues. La couleur est un verdâtre
mêlé de jaune sur le dos, passant par de-
grés au blanc argenté des parties inférieures.
Le vert est parsemé de points jaunes. Les
nageoires supérieures tirent au verdâtre,
les inférieures sont blanchâtres. Pour com-
pléter l'exposition des caractères delà Morue,
ajoutons que les ouïes sont largement fen-
dues et que la membrane branchiostège est
soutenue par sept rayons. L'estomac est un
grand sac dont la muqueuse est épaisse ,
très ridée, et qui sécrète des sucs gastriques,
très actifs. Le pylore porte six cœcums.
La Morue est un poisson des plus voraces,
qui avale tout ce qui remue auprès d'elle.
Aussi l'homme a-t-il su tirer grand parti
de cette gloutonnerie , car on amorce les
haims avec toutes sortes de matières ani-
males , et même avec des morceaux de drap
rouge, ou avec des figurines en plomb
étamé et brillant, simulant de petits pois-
sons. On trouve souvent dans l'estomac de
ces animaux des morceaux de bois, des gants
ou des mitaines tombés à l'eau et perdus
par les pêcheurs. On cite dans quelques ou-
vrages, pour preuve de l'activité des sucs •
gastriques, que les Crabes rougissent dans
l'estomac des Morues, comme les Écrcvisses
quand on les plonge dans l'eau bouillante. '
Je ne ferai d'autre remarque que celle-ci,
c'est que le changement de coloration du
test de tous les Crustacés en rouge a lieu
très promptement dans l'estomac de tous
les poissons.
La Morue est un poisson tout-à-fait ma-
rin ; nous ne la voyons entrer nulle part
dans les eaux douces. Elle se tient dans les
plus grandes profondeurs de l'Océan ; elle
n'approche des rivages ou ne monte sur les
bancs que pour y frayer. Les petits restent
pendant le premier temps de leur vie sur
les attérages peu profonds ; aussi prend -on
les petites Morues parmi les bandes de Mer-
364
MOU
MOR
lans , et on les vend pêle-mêle avec ces der-
niers. Mais dès que le poisson a atteint
0U,,40 à Om,50 , il descend dans les fonds
pour n'en sortir qu'à l'époque du frai.
Le moment de la ponte varie beaucoup
selon la saison et suivant la configuration du
fond. Il change ainsi très souvent en Amé-
rique. La fécondité de cette espèce est pro-
digieuse; on estime à 9,000,000 le nombre
d'œufs contenus dans un ovaire de Morue
longue de 0m,80 à lm,00. Mais la destruction
qui en est faite est plus considérable que
cette excessive multiplication ne la com-
pense ; de sorte que, sans la prévoyance des
gouvernements, dont les lois défendent les
pêches par trop destructives, l'on verrait
l'espèce diminuer d'une manière fâcheuse.
On pêche la Morue dans les mers septen-
trionales de l'Europe, principalement au Dog-
gers-Bank, en Irlande, au cap Nord, et sur
d'autres points épars de ces mers ; puis en
Amérique, où la pêche est plus considérable,
principalement sur le grand banc de Terre-
Neuve; aux attérages des îles Saint-Pierre
et Miquelon , et sur les côtes du continent
américain, depuis le Canada et la Nouvelle-
Ecosse jusqu'au golfe Saint Laurent. C'est
surtout au banc de Terre-Neuve que la
pêche en est la plus grande. On estime à
5 à 6,000 le nombre des navires de toutes
les nations qui se livrent tous les ans à cette
pêche, et qui portent ensuite dans le monde
entier 36,000,000 de Morues préparées et
conservées de différentes manières. Cette
pêche forme une des branches les plus im-
portantes des expéditions maritimes de la
France. Elle met en mouvement 12 à 1 3 mil-
lions de capitaux, sans parler du coût primi-
tif des navires. Elle emploie 400 navires jau-
geant 48, 000 tonneaux, et mon tés par 12, 000
marins. C'est donc une grande et forte école
de matelots toujours prêts au service de la
marine, et formant une ressource puissante
pour les besoins du service. Cette pépinière
de matelots donna de suite à la France les
3,000 matelots nécessaires pour l'expédition
d'Alger. Le produit de cette pêche fournit à
notre industrie environ 30,000,000 de kilo-
grammes de poisson; 6,000,000 de kilo-
grammes sont consommés aux Antilles , soit
par expédition directe des lieux de pêche,
soit par expédition indirecte, c'est-à-dire par
exportation des ports de France. La Guyane,
Bourbon, en consomment une petite partie.
Les rapports commerciaux et maritimes dis-
tribuent une partie du reste, et Ton estime
que 12,000,000 de kilogrammes sont em-
ployés dans l'intérieur du royaume.
Cette pêche, appartenant à ce que la ma-
rine nomme avec raison la grande pêche , a
toujours éveillé la sollicitude du gouverne-
ment, et obtenu de lui des encouragements
nombreux par les primes, sous les noms de
primes d'armement ou de primes de pro-
duits. Les premières sont affectées au nom- '
bre d'hommes d'équipage embarqués pour
aller faire la pêche : un terre-neuvier de
300 tonneaux est monté de 90 hommes d'é-
quipage; les secondes portent sur les quan-
tités de Morues et de Rogues transportées à
destination française ou étrangère.
Ce poisson reçoit dans nos usages écono-
miques ou domestiques différents noms qui
désignent les préparations qu'il a reçues.
On appelle généralement Morue fraîche, ou
plutôt encore Cabeliau, la Morue telle qu'elle
sort de l'eau. Quand il a été salé sans être
séché , c'est de la Morue verte; s'il a été salé
et séché, on le nomme Morue sèche; s'il a
été séché sans être salé , il prend le nom de
Stockfisch. On distim îe encore dans le com-
merce la Morue en grenier •, en barils , en
boucauls, etc.
La pêche de la Morue fraîche ou du Ca-
billaud est déjà productive et abondante.
C'est principalement à l'entrée de la Manche
et dans la mer d'Allemagne qu'elle se fait
avec le plus d'activité. Sur les côtes de
Flandre et de Belgique on estime beaucoup
ces Morues fraîches , et l'on recherche sur-
tout celles qui sont vendues sous le nom de
Morues de la Meuse. Elles ont la chair plus
ferme , plus savoureuse et plus blanche. Je
crois que cela tient à ce qu'on les mange aussi
plus fraîchement salées.
Les Hollandais , qui ont donné beaucoup
d'attention à cette pêche, la font avec acti-
vité sur le Doggers-Bank, dont ils ne sont
pas très éloignés. Ils salent leur Morue de
manière à rendre leur poisson plus blanc et
meilleur que celui de la France ; aussi est-
il plus estimé. Us ont pratiqué des viviers
dans leurs navires, et ils ramènent ainsi
du Doggers-Bank, c'est-à-dire de cinquante
lieues de distance, des Morues vivantes en
Hollande. La pêche est commode sur le Dog-
MOR
MOR
365
gers-Bank, parce qu'il y a des endroits où l'on
peut pêcher par douze à quinze brasses d'eau;
mais généralement on ne prend de beaux
poissons que par soixante et jusqu'à quatre-
vingts brasses, ce qui rend alors la pêche très
fatigante. Dans l'Atlantique américain, c'est
principalement sur le grand banc de Terre-
Neuve qu'on s'établit pour la pêche, surtout
pour la Morue qu'on prépare en vert, parce
que cette méthode de conservation se pratique
toujours en pleine mer, et point à la vue des
terres. Le grand banc de Terre-Neuve a 200
lieues de long sur 60 de large; il est à 40
iieues environ à l'est de l'île de Terre-Neuve.
Les pêcheurs connaissent encore d'autres
bancs plus petits où ils font cependant de
bonnes pêches ; tels sont le Banc-à-Vert, qui
est parle traversde l'île de Saint-Pierre, et le
Banquereau , situé entre celui-ci et le grand
Banc. Je ne citerai pas ici d'autres bancs
moins importants et qui sont rapprochés des
côtes du Canada dans le grand golfe Saint-
Laurent. On dit d'ailieurs que les Morues y
sont maigres. Les paragesles plus fréquentés,
parce qu'on y fait la pêche la plus abon-
dante, sont entre le 44e et le46e degré de la-
titude. C'est en avril, mai et juin, que la
pêche est plus profitable. On pêche vers la
fin d'avril sur le banc de Terre-Neuve, et ce
n'est guère qu'à la fin de mai que l'on com-
mence à s'établir sur l'île de Sable, parce
qu'avant cette époque elle est encore ense-
velie sous les brumes épaisses et quelquefois
même sous les glaces septentrionales. Aussi
beaucoup de pêcheurs prudents quittent-ils
l'Europe de manière à pouvoir arriver au
grand banc dans les premiers jours de juin.
Les vaisseaux frétés pour la pêche sont
munis de bateaux destinés à faire provision
•de mollusques et de poissons destinés à ser-
vir d'appât. On y prend surtout les Cape-
lans, Gades dont les Morues sont très frian-
des. On dit aussi qu'elles aiment les Équilles
qu'elles prennent sur les fonds de sable. Ces
Ammodytes sont-ils de la même espèce que
ceux de nos côtes? J'en doute beaucoup. On
amorce aussi avec le Hareng, et le capitaine
doit en faire faire des provisions à demi-sel ;
c'est un excellent appât. Lorsque le navire
terre-neuvier est arrivé à destination de pê-
che, chaque pêcheur, chaudement vêtu, pro-
tégé par un large tablier qui lui monte jus-
qu'au cou, les mains garnies de gants ou de
mitaines très chaudes, s'établit dans un ton-
neau amarré le long du bordage. L'ouver-
ture de ce tonneau est garnie de bourrelet
de paille ; il y a un double fond pour laisser
les pieds du pêcheur au sec. C'est de là qu'il
laisse filer sa ligne. Elle est formée d'une
corde très forte ayant 0m,027 de circonfé-
rence et une longueurde 150 à 160 mètres.
A son extrémité est attaché un plomb pyri-
forme de 4 à 6 kilogrammes. On conçoit que
la pesanteur varie suivant la force des cou-
rants. Il faut que le poids soit assez lourd
pour entraîner promptement la ligne, et qu'il
ne le soit pas trop pour ne pas fatiguer inu-
tilement le pêcheur. On frappe à la ligne
principale Vempile ou corde souvent plus
fine que la précédente et qui porte le haim.
Elles ont de deux à trois brasses de longueur.
Les haims ou hameçons doivent être de fer
bien doux ou d'acier et étamés pour éviter
la rouille. On les garnit avec toutes sortes
d'animaux ou débris. On dit que, dans cer-
tains fonds, les Morues y sont tellement ser-
rées qu'en promenant les lignes à sec, c'est-
à dire sans amorce, on en accroche souvent
un certain nombre; c'est ce qu'on appelle
pêcher à la faux. Cette méthode doit être dé-
fendue , parce qu'on blesse plus de pois-
sons qu'on n'en prend, et qu'alors on l'ef-
fraie et on le déplace sans profit.
Quand la ligne est jetée, une bonne ha-
bitude, trop souvent négligée, prescrit au
pêcheur de la remuer souvent , afin de faire
flotter l'amorce entre deux eaux, de la
rendre plus visible au poisson , qui se jette
sur presque tout ce qui remue. L'habitude
fait aussi sentir au pêcheur si le poisson a
mordu; il tire alors la ligne, et, quand la
Morue arrive à fleur d'eau , elle est saisie
par un gaffot et amenée à bord. Le pêcheur
l'attache par le derrière de la tête à un pe-
tit instrument de fer nommée langueur. Le
poisson, détaché de l'hameçon, reste la bou-
che ouverte; le pêcheur lui ôte la langue,
la jette dans son tonneau , ouvre ensuite 1&
ventre de la Morue, retire de l'estomac ce
qui peut y être contenu, ainsi que les en-
trailles ou breuilles, parce qu'il se sert de ces
parties pour amorcer. Il jette de nouveau sa
ligne , et passe le poisson à bord, afin qu'on
lui fasse subir les préparations convenables
pour sa conservation. Il y a sur le pont du
navire une table nommée étal; à l'un des
3G6
MOR
MOR
bouts est un matelot nommé Vétêteur , et à
l'autre , un second matelot appelé Yhabil-
leur : le premier, armé d'un couteau à deux
tranchants , dont la longueur de la lame est
de 0m,160 à 0m,180 , décolle ou coupe la
tête de la Morue; il fait tomber les têtes
dans un panier, qu'un mousse porte dans
un parc à tribord ; ce parc est vidé tous les
soirs par celui qui a pris le moins de Mo-
rues. C'est par le nombre de langues que
chaque pêcheur apporte le soir que l'on fait
le compte de chacun; le capitaine connaît
ainsi le produit de la pêche de la journée,
et le pêcheur sait quel a été son profit,
parce qu'il est payé à la pièce.
Quand on est sur une bonne place, et
qu'on est suffisamment pourvu d'appât, un
bateau monté par quatre hommes peut pren-
dre dans sa journée 5 à 600 Morues.
L'étêteur retire le foie, qu'un mousse
porte dans un baril , où l'huile s'écoule et
est recueillie ; puis on garde les œufs dans un
autre baril pour en faire la rave ou rogue ,
employée à la pêche de la Sardine. Quand
î'étêteur a fini ses opérations, il passe le
poisson à V habilleur : c'est ordinairement le
capitaine qui prend cet office.
Habiller la Morue , c'est l'ouvrir depuis
la gorge jusqu'à l'anus , que les pêcheurs
appellent le nombril ; ôter l'arête ou dés-
osser la Morue ; nettoyer la cavité abdo-
minale des membranes péritonéales , de la
graisse, du sang; la fendre souvent, à la
manière hollandaise, jusqu'à la queue. Après
qu'elle est bien propre, bien nettoyée, on la
jette par une ouverture, ou éclaire, dans l'en-
trepont, ou dans la cale, suivant la gran-
deur du navire, où l'on sale la Morue. Pour
les mettre dans leur premier sel, on en fait
entrer le plus qu'on peut dans le corps, on en
frotte la peau, puis alors on range les Mo-
rues dans l'entrepont en les entassant les
unes sur les autres avec une couche de sel
entre chaque lit de poisson; elles restent
ainsi vingt-quatre ou quarante-huit heures.
Quand on juge que les Morues ont suffi-
samment rendu leur eau et leur sang, on
les sale à demeure. On les empile de nou-
veau , soit en les rangeant dans la cale ou
l'entrepont , ce qui s'appelle les charger
en grenier , ou , ce qui vaut mieux , en
les mettant dans des futailles convenable-
ment arrangées , et où le poisson , suffi-
samment pressé, est à l'abri de l'humi-
dité.
J'ai dit pourquoi l'on conservait les lan-
gues de Morues; après les avoir comptées,
on les sale : on les regarde comme une des
parties les plus délicates. On fait aussi ôter,
par un mousse , la vessie aérienne attachée
à la colonne vertébrale après qu'on a désossé
le poisson. Les vessies, que les pêcheurs
appellent Naut ou Noues , sont conservées et
salées , et sont considérées comme une par-
tie de très bon goût. L'huile que Ton retire
du foie des Morues est aussi un article qu'il
ne faut pas négliger. Elle sert aux mêmes
usages que l'huile de la Baleine ; les tan-
neurs la préfèrent même pour quelques
usages. Enfin, les œufs salés forment la
rogue ou la résure, employée pour la pêche
de la Sardine sur les côtes de Bretagne.
Quand les Morues sont préparées à la
façon hollandaise, c'est-à-dire qu'elles ont
été salées et paquées deux fois à la mer, on
les sale et on les paque une troisième fois à
leur arrivée dans le port, pour les rendre
marchandes. Cette opération, qu'on appelle
la salaison à sec , est faite par des femmes
qui lavent, nettoient convenablement les
poissons ,et en font des tonnes qui doivent
contenir 120 à 130 kilogr. de poisson et
20 kilogr. de sel. Après avoir lavé la Morue
sortant de sa première saumure, on en fait
des théâtres pour la bien laisser égoutter
pendant une huitaine de jours.
Telles sont, très en abrégé, les manipula-
tions pour préparer la Morue en vert, celle
qui a été salée mais point séchée. La Morue
qui a subi ces deux préparations se nomme
Morue sèche. On la confond aussi quelque-
fois , sous le nom de Merluche , avec le Mer-
lan qui se pêche et se prépare sur le litto-
ral de la Méditerranée.
Comme c'est à terre que l'on arrange la
Moruesèche, on ne se livre pas àla pêche dans
le bâtiment qui a fait la traversée ; mais elle
est pratiquée dans de petits bateaux montés
par trois hommes qui rapportent leur pêche à
terre. Alors commence une suite de travaux
fatigants, consistant à étendre le premier
jour les Morues sur la grève, où on leur
donne le premier soleil. Le second jour ,
après les avoir laissées jusqu'à midi, on les
rassemble trois par trois; elles ont alors
reçu leur second soleil. Le lendemain on les
MOR
étend sur la grève, puis le soir on les ras-
semble par tas de huit, qu'on nomme ja-
velles; c'est leur troisième soleil. Le lende-
main on les étend de nouveau , puis on les
réunit en tas plus gros qu'on appelle mou-
tons; c'est leur quatrième soleil. Au cin-
quième soleil on fait des tas de 50 kilogr. ;
puis les tas deviennent de 25, de 30 et même
de 50 quintaux de kilogr. au sixième soleil.
Les piles restent de six à douze jours; et dès
que le temps se met au beau , on étend de
nouveau les poissons pour refaire ensuite
les piles en mettant les Morues les moins
sèches au haut des piles; on a donné ainsi
le septième soleil. Ces nouvelles piles restent
quinze jours au moins avant qu'on leur
donne le huitième soleil. Au bout d'un mois
on procède de la même manière à faire
prendre aux poissons le neuvième soleil.
Quarante jours après, on donne le dixième
soleil, et alors on les laisse cinquante jours
ou deux mois. Après quoi l'on étend de
nouveau les Morues sur la grève, on les
trie pour mettre à part celles qui sont bien
sèches et en bon état, faire sécher celles
qui sont encore humides , donner du sel à
celles qui en manquent, et enfin les mettre
en état d'être embarquées. On estime
qu'année commune un navire de 100 ton-
neaux rapporte 18 à 1900 quintaux de pois-
son. Cette Morue, ainsi préparée, a l'avan-
tage de se conserver beaucoup plus longtemps
que la Morue verte, de supporter, sans
crainte d'altération , les chaleurs de nos
provinces méridionales ; on l'exporte en
Provence, en Espagne, en Portugal et dans
le Levant, ce qu'on ne peut faire de la
Morue verte, qui est cependant plus déli-
cate. Les Anglais et les Hollandais prépa-
rent beaucoup plus de Morues sèches que de
Morues vertes.
Enfin, on conserve encore la Morue, dans
le Nord , en la suspendant au-dessus des
foyers et en la desséchant promptement par
l'action delà fumée, sans employer l'action
du sel. On pourrait appeler le poisson , ainsi
préparé , Morue boucanée, ou fumée. On
donne à ces poissons ainsi desséchés le nom
de Stockfisch. Il faut observer qu'on fait la
même préparation, en Hollande, aux Flets,
aux Soles , aux Perches . et à beaucoup
d'autres espèces.
Telles sont les diverses opérations que
MOR
367
l'on fait subir à la Morue pour la livrer au
commerce. On comprend que, dans un ar-
ticle de Dictionnaire, j'ai dû faire l'exposition
de ces procédés d'une manière fort abrégée,
et que je n'ai dû m'arrêter que sur les cho-
ses les plus essentielles, pour donner une
idée du travail auquel on soumet une espèce
si intéressante, dont la pêche met en mou-
vement 10 à 12 millions de capitaux en
France seulement.
Les zoologistes considèrent aujourd'hui la
Morue comme le type d'un genre de la fa-
mille des Gadoïdes , voisin du Merlan , et
qui diffère de celui-ci par le barbillon de la
mâchoire inférieure; de sorte que le carac-
tère générique des Morues peut être ainsi
décrit : « Poisson malacoplérygien jugulaire
à trois dorsales, à deux anales, et avec un
barbillon attaché sous la symphyse de la
mâchoire inférieure. »
La Morue qne nous venons de décrire, et
dont nous avons fait connaître la pêche
ainsi que les avantages immenses que
l'homme en retire, est la première espèce
du genre.
La seconde est la Morue égrefin (Gadus
Eglefinus Linn.), qui diffère par ses formes
plus allongées, par sa ligne latérale noire,
et par une tache noirâtre sur chaque flanc
derrière la pectorale. Cette espèce de Morue,
presque aussi nombreuse que la Morue vul-
gaire, n'est pas tout-à-fait si agréable au
goût, parce que sa chair est plus molle et
moins blanche; cependant on en fait, avec
raison, de nombreuses salaisons. C'est un
poisson fort commun sur les côtes de Saint-
Malo et de Bretagne , et pendant la guerre
continentale on avait fait à l'île Dieu d'assez
grandes pêcheries très profitables, mais que
l'on a abandonnées à l'époque de la paix,
qui a ouvert à nos pêcheurs la route de
Terre-Neuve.
Le Dorsch ou Petite morue ( Gadus cal-
larias Linn.), est aussi une petite espèce de
Morue, abondante sur les côtes de Norvège,
dans la Baltique, et aussi en Islande. Les
Danois et les Norvégiens en font des salai-
sons estimées. On nomme ces poissons salés
Rondfisch, ou quelquefois Stockfisch rond,
parce qu'après leur dessèchement ils sont
roulés ou arrondis et raides comme des bâ-
tons. Comme ils sont aussi souvent séchés
et salés à la manière de la Morue sèche,
SG8
MOR
MOS
mais qu'au lieu d'être restés sur la grève,
ils ont été étendus sur les rochers des bords
de l'Océan septentrional , on leur donne
aussi souvent le nom de Klippfisch ou pois-
sons de roebes ; mais il arrive aussi que
l'on appelle quelquefois de ce nom la Morue
sèche sur les plages rocheuses.
Le Capelan ou Officier ( Gadus minutus )
est une petite Morue, à cause de ses barbil-
lons, de ses nageoires dorsales ou anales,
mais de forme différente des autres Morues,
et plus semblables par ses grandes dents et
son museau pointu aux Merlans ; sa longueur
est de 15 à 16 centimètres. Ce petit poisson
est, dit-on , très bon à manger frais. On en
fait une pêche active , parce qu'il est un des
meilleurs appâts pour amorcer les haims des
lignes à Morues. Aussi les bateaux ou les hom-
mes de l'équipage d'un terre-neuvier , pê-
cheurs deCapelans, ont-ils le noms de Cape-
laniers. Les Capelans vivent dans les anses,
près de la surface de l'eau. Ils s'y rassem-
blent quelquefois en si grande quantité,
qu'on peut en prendre en pleine eau avec
des manettes, ou avec des seines traînées en
pleine eau par deux bateaux. Leur présence
est toujours indiquée par la quantité d'oi-
seaux de mer qui volent autour d'eux pour
s'en nourrir. On les conserve en saumure
ou à mi-sel pour la pêche de la Morue.
Il faut observer que l'on désigne sous le
même nom de Capelan , une petite Morue
de la Méditerranée , qui paraît être d'une
espèce différente.
Il existe encore plusieurs autres espèces
de Gades des mers septentrionales arcti-
ques, décrites par Pallas, Lepechin, Pen-
nanl, Tilesius, et dont nous ne parlerons
pas ici parce que ces poissons n'ont d'autre
intérêt que des caractères zoologiques qui
iu reste sont encore fort incertains.
Il existe aussi d'autres Morues sur les
côtes de l'Amérique septentrionale, que
MM. Mitcbill , Dekay des États-Unis, ou
M. le docteur Richardson, en Angleterre,
©nt fait connaître.
Nous n'avons pas encore de données suf-
fisantes sur les espèces de grands Gades
plus ou moins voisins des Morues qui vi-
vent dans les mers antarctiques. Il n'y a
pas longtemps que les ichthyologistes con-
naissent ces poissons ; on avait même donné
pendant longtemps, comme une des lois de
distribution géographique des Poissons r
qu'il n'y avait pas de Gades dans l'hémi-
sphère austral près du pôle sud. Il est cer-
tain qu'il en existe des légions aussi nom-
breuses que dans nos mers boréales. Nous
croyons devoir appeler l'attention des éco-
nomistes éclairés ou des habiles armateurs
sur ces faits, lorsque nous réfléchissons sur
la destruction incessante que l'homme fait
de l'espèce de la Morue, destruction qui
augmente au fur et à mesure que l'industrie
perfectionne les moyens de transport de
pêches, et par conséquent d'extinction de
l'espèce. Je ne veux pas dire qu'elle est im-
minente ou entière, mais elle a pour effet
de rendre le poisson plus rare, et de procu-
rer moins de profit à ceux qui se livrent aux
grandes expéditions de pêches.
Une autre cause aussi de diminution
dans les profits des armateurs existe dans
les changements d'emplacements quechois-
sissent les poissons pour frayer. Ainsi l'on
sait qu'autrefois les pêcheurs de Gravesend
ou de Barking ne prenaient de Morues
qu'aux Orkneys ou sur le Doggers-Bank ;
aujourd'hui le marché de Londres est ap-
provisionné de Morues pêchées sur les côtes
de Norfolk ou de Lincolnshire.
On conçoit qu'une chasse continuelle
faite sur un même lieu finit par effrayer le
poisson. Il se dérange, finit par se détour-
ner, chercher et quelquefois trouver des
abris plus tranquilles. Si l'on étendait la
surface des recherches , que les navires
fussent moins pressés sur un même lieu, il en
résulterait certainement un grand avantage
pour les produits de la pêche, art que Ton a
nommé avec raison l'agriculture de la mer.
(Valenciennes. )
MORUS. bot. ph. — Voy. mûrier.
MORUS. ois. — Nom donné par Vieil-
lot au genre Fou. Voy. ce mot.
MORVAN. mam. — Race de Mouton. Voy
ce mot. (E. D.)
MOSAÏQUE, moll. — Nom vulgaire d'une
espèce de Cône, le Conus tessellatus L.
MOSASAURUS. rept. foss. — Nom de
genre, qui signifie Saurien de la Meuse,
proposé par M. Conybeare pour un très
grand reptile fossile de l'ordre des Sauriens,
connu sous le nom d'animal ou Crocodile
de Maëstricht, parce que c'est dans le ter-
rain crétacé de cette ville et des environs
MOS
que l'on en a trouvé en premier lieu et en
plus grande abondance.
Cet animal a été considéré par les premiers
collecteurs et par M. Faujas Saint-Fond (Hist.
de la montagne de Saint-Pierre, in -4°)
comme un Crocodile, puis par Pierre Cam-
per ( Trans. phil., 1786 ) comme un Cétacé.
Mais Adrien Camper (Journ. de phys.f
an IX) fils de Pierre, et ensuite G. Cuvier
[Ossements foss., V, 2e part.), ont démontré
iju'il doit former un genre particulier de
Reptiles qui a des rapports avec les Varans
et avec les Iguanes.
Les dents des Mosasaures sont pyrami-
dales, un peu arquées, et, comme chez celles
des Varans, la pointe infléchie en dedans et
en arrière ; elles sont très légèrement can-
nelées, et la partie externe de leur circon-
férence est une portion d'arc de cercle d'un
diamètre à peu près double que celui de
l'arc de la partie interne et des côtés , en
sorte que la face externe est plus aplatie
que les autres; cette face aplatie est bornée
par deux arêtes aiguës faiblement dentelées.
Ces dents sont portées sur des racines ou
noyaux adhérents dans des alvéoles prati-
quées dans l'épaisseur du bord de la mâ-
choire. Les os de la face ressemblent à ceux
des Varans, seulement l'os du nei, unique
chez ceux-ci, paraît être divisé dans les Mo-
sasaures; mais les ptérygoïdiens sont armés
de dents plus petites, ce qui les rapproche
des Iguaniens. Les vertèbres, comme dans
presque tous les Sauriens et les Ophidiens,
ont leur corps concave en avant, et con-
vexe en arrière; dans les vertèbres du cou
et du dos, cette concavité et celte convexité
sont plus prononcées que dans celles de la
queue. Une apophyse médiane inférieure
existe dans les vertèbres cervicales et les
premières dorsales ; les apophyses épineuses
sont hautes , les os en V sont également très
longs et articulés, comme dans les Varans,
sous le corps de chaque vertèbre pour la
première moitié, et soudés pour la seconde,
et faisant corps avec la vertèbre comme chez
les Poissons. Le plus grand nombre des ver-
tèbres caudales n'a point d'apophyse trans-
verse, ce qui annonce une queue aplatie
sur les côtés et propre à la nage. L'humérus
est épais et plus court que celui des Ichthyo-
saures, et il parait que ses extrémités
étaient , comme chez les Énaliosauriens ,
t. vm.
MOS
ao3
faites en forme de rames. Ses dents en fe-
raient un animal carnassier. G. Cuvier a
classé le Mosasaurus parmi les Iguaniens ;
MM. Duméril et Bibron le placent parmi
les Varaniens : mais comme il tient des uns
et des autres, il doit être placé entre ces
deux familles, si l'on n'a point d'égard à la
stucture de ses extrémités; mais si l'on
prend cette structure en considération , on
doit nécessairement établir une famille de
plus parmi les Sauriens, ou plutôt parmi
les Reptiles fossiles, que nous serions tentés
de nommer les Proterpètes, car on trouve
de très grandes difficultés à intercaler les
genres fossiles des Vertébrés des terrains se-
condaires parmi ceux du règne animal ac-
tuel, et nous sommes persuadés que l'on
sera forcé d'y renoncer un jour et de créer
pour eux une classification particulière.
Le Mos. Hoffmanni Conyb., ainsi nommé
en l'honneur de l'un des premiers collec-
teurs de ses débris , est l'espèce que l'on
rencontre dans la craie de Maëstricht. Cu-
vier lui compte 133 vertèbres, 12 dents de
chaque cô'é des deux mâchoires et 8 dents
à chaque ptérygoïdien ; l'animal devait avoir
environ huit mètres de longueur, la colonne
vertébrale occupant six mètres et demi, et
la tête un mètre et demi.
Le Mos. Maximiliani Goldf. Dans les Mé-
moires de l'Académie de Bonn., t. XXI,
M. Goldfuss a établi cette espèce en don-
nant sur la structure du crâne des Mosa-
saures des détails que n'avait pu fournir
la tête que Cuvier a décrite. Ces débris sur
lesquels elle repose viennent de la forma-
tion du grès vert de l'Amérique septentrio-
nale, et ont été rapportés par le prince
Maximilien de Wied. Les pièces décrites par
M. Gofdfuss n'ont guère que le tiers de la
grandeur de celles du Mos. Hoffmanni qui
leur correspondent ; mais on ne peut point
donner cette moindre taille comme un ca-
ractère de l'espèce, puisque l'individu pou-
vait bien n'être point encore parvenu à l'âge
adulte. Pour établir les différences qui exis-
tent entre ces deux espèces, il faudrait pou-
voir les comparer ensemble. D'après les fi-
gures, nous croyons avoir vu que les ptéry-
goïdiens diffèrent sensiblement les uns des
autres.
M. Decay (vol. III des Annales du Lycée
de New-York) a figuré et décrit une deDt
47
370
MOS
de Mosasaure , trouvée dans une marnière
du comté de Monmouth, que M. Bronn a
inscrite dans sa Lethœa geognoslica, sous le
nom de Mos. Decayi. Cette dent est beau-
coup plus grande que celles de la tête du
Mosasaure Maximilien ; mais il se peut
qu'elle provienne d'un individu plus âgé.
(L...D.)
MOS CARIA, Pers. (Encheir., II, 379).
pot. ph. — Syn. de Moscharia, Ruiz et Pav.
MOSCATELLE. bot. ph. — Nom vul-
gaire des Adoxa. Voy. ce mot.
MOSCHARIA (p-oa^oç , musc : odeur des
fleurs), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Nassauviacées , établi par
Ruiz et Pavon (Prodr., 103). Herbes du
Chili. Voy. composées.
*MOSCIIATA(nom mythologique), polyp.
— Genre d'Acliniaires proposé par Renieri
et adopté par M. de Blainville, qui lui at-
tribue: un corps cylindro-conique, allongé,
élargi en disque à l'extrémité buccale, et
aminci à l'autre extrémité ; une bouche assez
petite, linéaire, transverse, au milieu de
tentacules de deux sortes, les externes
étant bien plus longs que les autres. M. de
Blainville a vu dans la collection de Turin
l'espèce qu'il prend pour type, M. rhodo-
daclyla, et qui vit flottant dans la Méditer-
ranée; il ajoute que cet animal presque
vermiforme ressemble un peu à une Holo-
thurie, et que sa peau est couverte de corps
étrangers adhérents. Aussi peut-on penser
que c'est la Critrina bellis ou quelque es-
pèce voisine qui a donné lieu à l'établisse-
ment de ce genre. Telle est aussi l'opinion
de M. Ehrenberg. (Duj.)
*MOSCHATUS (i>.ôaXoç, musc), ois.—
M. Lesson (Traite' d'ornithologie, 184 1) donne
ce nom à un groupe de Canards. Voy. ce
mot. (E. D.)
MOSCIIELAPHUS. mam.— L'un des sy-
nonymes du Bubale. Voy. l'article antilope.
*MOSCHH)ÉES. mam. — M. Swainson
(N. h. ofQuadr., 1835) donnecenomàune
division des Ruminants, dont le genre prin-
cipal est celui des Chevrotains {voy. ce mot).
Cette division correspond à celle des Mos-
chino, de M. Gray {Ann. of phil, XXVI,
3 835). (E. 0.)
MOSCÏIIFERA, Molin. eût. ph. — Syn.
de Moscharia, Ruiz et Pav.
*MOSCHOSMA (i*o<7Xoç, musc; îvpn , .
MOU
odeur), bot. ph. — Genre de la famille des
Labiées-Ocimoïdées, établi par Reichenbach
{Consp., p. 171). Herbes des Indes orien-
tales et de l'Afrique tropicale. Voy. labiées.
*MOSCIIOXYLEM ( FoVXoç , musc: #-
>ov, bois), bot. ph. — Genre de la famille des
Méliacées-Trichiliées , établi par M. Adr. de
Jussieu (m Mem. Mus., XIX, 238, t. 19 ,
f. 19). Arbres ou arbrisseaux de l'Amérique
tropicale. Voy. méliacées.
MOSCHUS. mam. — Voy. chevrotain.
* MOSIA. mam.— Petit genre de Chéirop-
tères décrit récemment par M. Gray {Ann.
nat. hist., XI, 1843). (E. D.)
*MOSIEGIA, Spreng. (Sysl., III, 661).
bot. ph. — Syn. de Moscharia, Ruiz et Pav.
MOSILEL'S. ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères , tribu desMuscides,
établi par Latreille (Fam. nat.), et généra-
lement rapporté au genre Mouche {Musca).
Voy. mouche et muscides.
MOSOSAURES. rept. foss. — Voy. mo-
SASAURUS.
MOSQUIEEON. ois. —Nom vulgaire de
la Bergeronnette grise,
MOSQEITE. ois. — Nom vulgaire de la
Sylvie à tête noire.
MOTACILEA. ois. — Nom scientifique
du genre Bergeronnette. Voy. ce mot.
*MOTAClLLID.E et MOTACIELIIV.E.
ois. — Divisions des Passereaux du groupe
des Sylvies {voy. ce mot), suivant M. Char-
les Bonaparte. (E. D.)
MOTTEREAU. ois. — L'Hirondelle de
rivage porte vulgairement ce nom.
MOTTEUX. ois. — Espèce du genre Tra-
quet. Voy. ce mot.
MOUCHE. Musca. ins. — Dans la pre-
mière édition du Systema naturœ , Linné
comprenait sous le nom générique de Musca
toute l'immense série des Diptères , à l'ex-
ception des Tipulaires , des Tabaniens, des
Asiliques , des Bombyliers et des Empides;
mais, dans les dernières éditions du même
ouvrage, le célèbre entomologiste suédois
avait déjà formé quelques divisions dans cet
immense groupe ; depuis , de nombreuses
subdivisions, tant de familles que de genres,
ont été créées. Scopoli a préparé le premier
les améliorations qui ont été apportées dans
ce grand genre; il a examiné les parties de
la manducation de ces insectes , et s'en est
servi rjour caractériser ses genres. Geoffroy,
MOU
MOU
371
Degéer, Fabricius, etc., ont ensuite étudié
ces Diptères, et, depuis, Meigen a créé plu-
sieurs nouveaux genres en employant pour
base de sa classiflcation la forme et la dis-
position des ailes, et quelques parties exté-
rieures du corps et de la bouche. Enfin La-
treille, Fallen , M. C. Duméril , et surtout
MM. Macquart et Robineau-Desvoidy, ont
encore beaucoup éclairci cette matière dans
leurs ouvrages, et ils ont de plus en plus
restreint le genre Mouche.
D'après M. Macquart [Diptères des Suites
à Buffon de l'éditeur Roret , Paris , 1835),
que nous suivons dans ce Dictionnaire, le
genre Mouche , Musca , ne comprend plus
que la Mouche domestique et quelques es-
pèces qui ont avec elle les plus grands rap-
ports. Ce genre fait partie de la famille des
Athéricères, tribu des Muscides, et a pour
caractères : Epistome peu saillant ; anten-
nes atteignant presque l'épistome; troisième
article triple du deuxième; style plumeux;
première cellule postérieure des ailes attei-
gnant le bord près de l'extrémité; nervure
externo-médiane un peu concave après le
coude.
Les Mouches ont le corps oblong , à peu
près cylindrique ; leur tète est globuleuse ,
un peu plus large que longue , avec deux
yeux très grands et à réseaux, et trois pe-
tits yeux lisses, distincts; le front est aplati
et présente un espace arrondi, en haut du-
quel sont insérées les antennes , qui sont
composées de trois articles, dont le premier
et le second très courts , plus larges que
longs, hérissés de quelques poils raides ; le
troisième, à peu près trois fois plus grand
que les deux premiers ensemble, est pres-
que prismatique , et donne attache à sa
base, et un peu extérieurement, à une
soie plus longue, couverte de longs poils
ou plumeuse dans la plupart et simple dans
d'autres ; la cavité buccale, située à la par-
tie inférieure de la tète, contient une trompe
membraneuse, coudée, rétractile et termi-
née par deux lèvres ; les palpes sont filifor-
mes ou légèrement plus gros vers leur ex-
trémité; le corselet est cylindrique; Iesailes,
grandes et horizontales , ont les nervures
longitudinales fermées par les nervures
transversales ; les cuillerons sont grands et
recouvrent en grande partie les balanciers,
qui sont assez courts; les pattes sont lon-
gues , grêles , terminées par deux crochets
et deux pelotes , et généralement couvertes
de longs poils rudes; l'abdomen est ova-
laire , et terminé, dans les femelles, par un
oviducte un peu saillant.
Le genre Mouche se distingue des grou-
pes qui ont été formés à ses dépens par
un assez grand nombre de caractères ; ii
diffère des Echinomyies et des Ocyptères
par les antennes qui, dans ces derniers,
n'ont pas le troisième article beaucoup plus
long que les deux premiers pris ensemble ;
le genre Celyphe se distingue par un écus-
son qui recouvre tout le corps ; les genres
Phasie, Trichopode, Me, Métopie, Mêla-
nophore, etc., en sont séparés parleurs
antennes, qui sont beaucoup plus courtes que
la face antérieure de la tête , tandis qu'elles
sont presque aussi longues qu'elle dans les
Mouches ; les Lispes ont des ailes couchées
sur le corps; le genre Achias a les yeux
portés sur des prolongements de la tête en
forme de cornes; les Calliphores en sont
séparés par le peu de saillie de leur epistome
et par la couleur de leur corps où domine le
cendré ; les Lucilhes n'ont pas de saillie à
l'épistome, et le troisième articledesantennes
est quadruple du quatrième; enfin, il existe
un grand nombre de genres qui ont le même
port que les Mouches, mais qui s'en distin-
guent par des caractères tirés de la forme
des antennes, de la tête, des palpes, etc.
(Voy. les mots génériques indiqués plus
haut, et les articles Diptères, Muscides et
Myodaires).
Les larves des Mouches sont apodes et
cylindriques; elles sont molles; leur tête est
garnie d'un ou deux crochets écailleux ;
elles vivent dans différentes matières, telles
que les excréments , la viande en décompo-
sition, les fumiers; on les trouve dans les
lieux fangeux et sales. Nous ne croyons pas
devoir insister ici davantage sur ce sujet,
devant donner des détails sur l'organisa-
tion et les mœurs de ces larves, ainsi que
de celles des Mouches en général , au mot
MUSCIDES.
A l'état parfait, les Mouches sont très
abondantes pendant tout l'été, et surtout
pendant les mois de juillet et d'août; ce
sont des Insectes très incommodes dans nos
maisons, où ils gâtent tout en y déposant
leurs excréments, qui sont mous et durcis-
372
MOU
MOU
sent en forme de petite tache aux endroits
où ils ont été posés. Quelques Mouches su-
cent le miel des fleurs; d'autres, en plus
grand nombre, attaquent les cadavres , y
déposent leurs œufs, et hâtent ainsi consi-
dérablement la décomposition des matières
animales.
Ce genre , quoique très considérable-
ment restreint par les auteurs , ainsi que
nous l'avons déjà dit, est cependant encore
très nombreux en espèces ; mais on n'en
a encore décrit avec soin qu'un assez
petit nombre, et principalement les es-
pèces particulières à la France et à l'Alle-
magne. Les espèces étrangères ont encore as-
sez peu occupé les naturalistes et les voya-
geurs. Pour nous, nous ne citerons que
quelques unes des espèces les mieux con-
nues, et nous n'indiquerons, à l'exemple
de M. Macquart, que comme subdivisions
plusieurs groupes génériques formés par
M. Robineau-Desvoidy aux dépens des
Musc a.
a. Genre Musca, Robineau-Desvoidy.
Style des antennes plumeux en dessus et
en dessous; corps grisâtre.
1 . La Mouche domestique , Musca dômes*
tica Linné, Fabr., Latr., Meig.,Fall., Rob.-
Desv., Macq. Longue d'environ trois lignes;
d'une couleur cendrée , avec la face noire ,
les côtés jaunâtres, et le front jaune à bande
noire; les antennes sont noires; le thorax
présente des lignes noires; l'abdomen est
marqueté de noir , il est pâle en dessous , et
ses côtés sont d'un jaune transparent chez
les mâles; les pieds sont noirs; les ailes
sont assez claires, à base jaunâtre.
Cette espèce se trouve très communément
répandue dans toute l'Europe , et c'est elle
qui, vers la fin de l'été, est si incommode
aux environs de Paris.
2° La Mouche des boeufs , Musca bovina
Rob.-Desv., Macq. Cette espèce, très voisine
de la Musca domestica, s'en distingue par les
côtés de la face et du front blancs, par son
abdomen à bande dorsale noire et par l'ab-
sence de jaune chez les mâles.
Cette Muscide est très commune en France,
et elle se jette sur les narines, les yeux et les
plaies des bestiaux.
Parmi les autres espèces de cette subdivi-
sion, nous indiquerons les M.riparia Rob.-
Desv., M. corvina Fab., M. aurifacies Rob.-
Desv., M. campestris Rob.-Desv., M. latc-
ralis Macq., etc., qui toutes se rencontrent
en France.
b. G. Plaxemyia, Rob.-Desv.
Style des antennes plumeux en dessus ,
n'ayant que quelques poils en dessous ; corps
ordinairement d'un vert obscur ; trompe assez
menue; abdomen hémisphérique; yeux velus ;
ailes très hyalines.
3° La Mouche vitripenne , Musca vilri-
pennis Meig., Macq., Plaxemyia sagillalrix
Rob.-Desv. Elle n'a pas plus de 2 lignes 1/2
de longueur; la face et les côtés du front sont
argentés; la bande frontale et les antennes
noires ; les yeux pourprés ; le thorax d'un noir
bleu ouvert; l'abdomen testacé, transparent,
à bande dorsale noire, un peu bronzée; les
pieds noirs; les ailes hyalines chez les
mâles.
Cette espèce vit sur les bœufs ; elle se ren-
contre en France et n'est pas rare auprès de
Bordeaux.
La Musca phasiœformis, du midi delà
France et de l'Autriche, entre dans la même
subdivision.
c. G. Bryomya, Rob.-Desv.
Style des antennes plumeux en dessus ,
n'ayant que quelques poils en dessous ; corps
ordinairement d'un vert obscur; trompe assez
épaisse; yeux nus; pieds de longueur mé-
diocre.
4° La Mouche bourreau , Musca carnifex
Macq., Bryomya carnifex Rob.-Desv. Lon-
guede 31ignes; d'un vert métallique obscur,
à léger duvet cendré; la face et les côtés du
front argentés; la bande frontale et les an-
tennes noires; les segments de l'abdomen
bordés de noir; les pieds noirs; les ailes hya-
lines, à base jaunâtre.
Se trouve sur les bœufs ; n'est pas rare en
France.
Deux autres espèces de cette subdivision,
les Musca stimulans Rob.-Desv., Macq., et
M. cupreaMàcq., se trouvent également en
France.
d. G. Sphora, Rob.-Desv.
Style des antennes plumeux en dessus,
n'ayant que quelques poils en dessous; corps
ordinairement d'un vert obscur ; trompe assez
MOU
épaisse; yeux nus; pieds postérieurs allon-
gés.
5° La Mouche noirâtre, Muscanigricans
Macq., Sphora nigricans Rob.-Desv. Lon-
gue de 3 lignes; noire, à léger duvet cen-
dré; la face d'un brun blanchâtre; ailes as-
sez claires.
Cette espèce provient de la Nouvelle-Hol-
lande.
Quelques espèces remarquables de l'ancien
genre Mouche de Linné sont devenues les
types de genres particuliers, et nous allons
les indiquer ici en renvoyant le lecteur aux
articles que nous citons : Mouches apla-
ties, voy. phasie ; M. a queue, voy. téphrite ;
M. bleue de la viande, voy. calliphore;
M. césar, voy. lucilie ; M. curvipennes,
voy. oscinis; M. divariquées, voy. sphéro-
cère; M. épaisses, voy. échinomyie; M. inar-
ticulées ou M. latéricolores, voy. ocyptère;
M. longipèdes, voy. loxocère et calobate;
M. tétanocères, voy. tétanocère; M. vi-
brantes, voy. micropède et téphrite, etc., etc.
(E. Desmarest.)
Le nom de Mouche a été appliqué vulgai-
rement à un grand nombre d'Insectes vo-
lants. Plusieurs de ces dénominations ont
été conservées dans beaucoup d'ouvrages
d'histoire naturelle; c'est pourquoi nous
allons faire connaître les principales d'entre
elles :
Mouche abeilliforme, un Élophile;
Mouches aphidivores , des Syrphes et des
Hémérobes ;
Mouches araignées, les Hippobosques et
les Ornithomyies ;
Mouches armées , les Stratyomides ;
Mouches asiles ou parasites, des OEstres,
des Taons et des Mélophages;
Mouches d'automne , les Stomoxes;
Mouches a bateau, des Notonectes;
Mouche a bec, un Rhingie;
Mouche-Bécasse, un Empis;
Mouches bombardières, les Brachïnes;
Mouches-Bourdons, les Volucelles;
Mouche bretonne, l'Hippobosque du Che-
val ;
Moucues du Cerisier et du Chardon , les
Téphrites ;
Mouche a Chien, l'Hippobosque des Che-
vaux;
Mouche cornue , M. Taureau volant , un
Scarabée;
MOU
373
Mouches a corselet armé, les Stratyo-
mides;
Mouches a coton, VIchneumon glome-
ratus ;
Mouche dévorante, un Pompile ou un
Sphex ;
Mouches éphémères, les Éphémères;
Mouches d'Espagne, un Méloé, la Can-
tharide et l'Hippobosque du Cheval;
Mouche a faux, la Raphidie ;
Mouches a feu, les Lampyres, quelques
Fulgores et Taupins;
Mouche de feu , M. a drague, une espèce
de Poliste;
Mouche de Fourmilion , le Myrmeleo for-
micarius ;
Mouche du fromage , un Mosille;
Mouches des galles, des Diplolèpes et des
Cynips;
Mouche géant, une Échinomyie;
Mouche de la gorge du Cerf , un OEstré ;
Mouche guêpe , un Conops ;
Mouches ichneumones , les Ichneumons ;
Mouches des intestins des Chevaux, les
OEstres ;
Mouche jaune, le Polistes hebrœa;
Mouche du Kermès , les Kermès ;
Mouche ou Demoiselle du Lion des Puce-
rons, l'Hémérobe;
Mouches-Loups , les Asiles ;
Mouches luisantes , les Lampyres , quel-
ques Fulgores et Taupins;
Mouche lumineuse , VElater noctilucus;
Mouches merdivores , les Scatophages ;
Mouche a miel, l'Abeille;
Mouches de l'Olivier, un Téphrite;
Mouches a ordure , les Scatopses;
Mouches papilionacées , les Phryganes e6
les Perles;
Mouche pétronelle, un Calobate;
Mouche piqueuse, un Stomoxe;
Mouche plante. Voy. Mouche végétante;
Mouche pourceau, l'Éristale tenace;
Mouche de rivière , les Éphémères;
Mouche de Saint-Jean, la Canthaiide;
Mouches de Saint-Marc, les Bibions;
Mouche sautante, le Psylle;
Mouches a scie, les Tenthrédincs;
Mouche-Scorpion, le Panorpe;
Mouches stercoraires, les Scatophages;
Mouches a tarière, les Térébrans;
Mouches des Teignes aquatiques, les Phry
[ ganes;
374
MOU
Mouche des Truffes , une espèce de Sca-
tophage ou d'Oscine;
Mouches des tumeurs des bêtes a cornes,
les OEstres;
Mouches végétantes ou M. plantes, quel-
ques Insectes qui portent sur leur dos une
espèce de Champignon ; une Lepture et une
OEdémère ont déjà présenté ce singulier
phénomène ;
Moucues des Vers du nez des Moutons, les
OEstres;
Moucues vibrantes, les Ichneumons ;
Mouche de vinaigre, un Mosille.
MOUCHEROLLE. Muscipeta. ois. —
Genre d'Oiseaux de l'ordre des Passereaux
Dentirostres, famille des Muscicapidées, sous-
famille des Muscicapinés , formé aux dépens
de l'ancien groupe des Gobe-Mouches, et
ayant pour caractères : Bec long, très dé-
primé, deux fois plus large que haut, même
à sa base, ayant l'arête très obtuse et ce-
pendant vive , les bords un peu en courbe
ovale, et la pointe de l'échancrure faible;
mandibule supérieure recourbée sur la man-
dibule inférieure , qui est pointue à son ex-
trémité et garnie à sa base de poils d'une
longueur quelquefois considérable , et re-
couvrant plus ou moins les narines , qui
sont placées à la base du bec; les ailes of-
frent un développement médiocre, elles sont
obtuses ou subobtuses , c'est-à-dire que c'est
la cinquième ou la quatrième penne, qui
est la plus longue de toutes ; les pieds sont
faibles, médiocres ou courts; les doigts sont
au nombre de quatre , comme chez les Gobe-
Mouches; les latéraux sont inégaux, l'ex-
terne est uni à celui du milieu jusqu'à la
seconde articulation, et l'interne est soudé
qi la base seulement.
Le genre Moucherolle, admis par G. Cu-
lier, Temminck, et la plupart des orni-
thologistes, ne forme pour Vieillot et quel-
ques autres zoologistes qu'une simple section
du genre Gobe-Mouche. Du reste, ces deux
groupes d'Oiseaux ont entre eux les plus
grands rapports; leurs mœurs et leur ha-
bitudes sont les mêmes, ils ont le même
port, etc. : aussi ne nous élendrons-nous
pas longuement ici relativement aux Mou-
cherolles, et renverrons-nous à ce qui a été
dit des Gobe-Mouches.
Nous dironsseulementquecesOiseaux, de
très petite taille, ont leur plumage orné des
MOU
plus belles et des plus vives couleurs; que
souvent leur queue est terminée par de lon-
gues plumes; que leur tête porte, dans
un grand nombre de cas, de belles huppes
brillantes; enfin, que leur faiblesse ne leur
permet de prendre que des Insectes.
Les Moucherolles ne se trouvent pas en
Europe , ainsi que cela a lieu pour un assez
grand nombre deGobe-Mouches : ces Oiseaux
sont tous étrangers; on en rencontre beau-
coup en Afrique, en Asie, surtout dans les
Indes , mais les voyageurs en ont signalé
également plusieurs espèces comme propres
à l'Amérique et à l'Océanie.
On connaît un nombre considérable d'es-
pèces de ce genre ; nous ne citerons que les
principales , et en cela nous prendrons pour
guide le Règne animal de G. Cuvier.
Le Roi des Gobe-Moucues, BuiTon (pi.
enl., 289), ou Moucherolle a huppe trans-
verse, Todus regius La th. La taille de cet
Oiseau ne dépasse pas 22 centimètres. Une
huppe d'un beau rouge bai terminée de noir
couronne son front; les parties supérieures
du corps sont d'un brun foncé; les couver-
tures alairessontégalementd'un brun fauve;
les pennes des ailes rousses, ainsi que l'ab-
domen ; la poitrine blanche, maculée de
brun; la gorge jaunâtre; l'élégance de ces
couleurs est encore relevée par un collier
noir et des sourcils blanchâtres; le bec est
noir, ainsi que les pieds. Voy. l'atlas de ce
Dictionnaire, oiseaux, pi. 2, fig. 1.
Cette belle espèce, la plus grande du
genre, habite l'Amérique méridionale.
Le Moucherolle a cou jaune , Muscicapa
flavicollis Lath. Cette espèce n'a que 16 à 17
cent.; ses parties supérieures sont vertes, sauf
les rémiges et les rectrices qui sont noirâtres
et bordées de jaune, et les deux rectrices in-
termédiaires qui sont terminées de blanc;
l'abdomen est également vert, mais il a
quelques taches jaunes; les yeux sont de
même entourés de cette dernière couleur, qui
est aussi celle du sommet de la tête et du de-
vant du cou ; le bec et les pieds sont rouges,
la queue est très fourchue. Se trouve en Chine.
Le Moucherolle des déserts. Muscicapa
deserli Lath. Taille de 14 centim. ; ayant
en dessus un plumage d'un jaune obscur,
sauf les pennes des ailes et leurs couver-
tures , qui sont noirâtres, ainsi que les pieds;
le bec est jaunâtre. Habite l'Afrique.
MOU
MOU
le Moucherolle à huppe jaune, Muscicapa
lulea Lath. De la taille de l'esp. précédente ;
son plumage est en général d'une couleur
d'ocre avec des teintes noirâtres sur les ailes
et la queue ; le bec et les yeux sont de cou-
leur de plomb; les pieds cendrés; les on-
gles noirs.
Se rencontre communément à Otaïti.
Parmi les autres espèces , nous citerons le
Moucherolle de paradis, Muscicapa paradisii
et Todus paradisiacus Gm., Buflon (pi.
col.), 234. — Le petit Moucherolle de pa-
radis , Muscicapa mutata Cuv. — Le Mou-
cher. ouYetapa, M. psalura Temm. (col.
286 à 296), M. risora Vieil.— Le Moucher.
a queue de coq, M. alector Pr. Max., Vieill.
— M. melanoptera Gm. (pi. col. 567-2).
— M. telcscophthalma Lesson et Garnot. —
T. rnelanoccphalus Spix. — Totatus griseus
Desm. — Mantele , Vaillant , M. borbonica.
— il/, crislata. — M. cœrulea. — Todus
leucocephalus Pallas. — M. coronata. —
M. Myslax Spix. — M murantia. — M.
cucullaius Lath. , etc. (E. D.)
MOUCHERONS, ins. — Dénomination
vulgaire des petits Diptères, et particulière-
ment des espèces du g. Cousin.
MOUCHET. ois. — Nom vulgaire du
Pégot.
MOUCHETS. ois. — Pour Émouchets.
Voy. ce mot.
MOUCLÏER. ois. — Synonyme vulgaire
de Morillon. Voy. canard.
MOUETTE. Larus. ois. — Genre de
l'ordre des Palmipèdes, créé par Linné,
adopté par tous les zoologistes, et compre-
nant non seulement les Mouettes ordinai-
res , qui sont d'assez petite taille , mais en-
core les Oiseaux dont la taille égale au
moins celle du Canard, et que , depuis
Buflon, on a l'habitude de désigner sous le
nom de Goélands. Ces deux groupes d'Oi-
seaux ne diffèrent pas entre eux , et le nom
générique de Mouette doit leur rester appli-
qué : ils portent, en outre, les dénomina-
tions latines de Larus, le plus habituelle-
ment employé , et de Gavia, et enfin on les
a surnommés vulgairement Mauves, de
l'allemand Meuwen (miauleurs) ; mais ce
dernier nom, appartenant également à une
plante très commune, doit être exclu du
■ animal.
Les Mouettes présentent les caractères
génériques suivants : Bec de médiocre lon-
gueur, lisse, tranchant, comprimé latéra-
lement; la mandibule supérieure recourbée
vers le bout; l'inférieure renflée en formant
un angle saillant près de la pointe; les na-
rines latérales placées au milieu du bec et
percées à jour, étant en général linéaires
et plus larges au-devant, mais toutefois,
dans quelques espèces, elles sont plus ou
moins arrondies; la langue aiguë à l'extré-
mité et un peu fendue; le tarse est long et
nu au-dessus du genou; les trois doigts an-
térieurs sont entièrement palmés , et les
latéraux sont entièrement bordés d'une pe-
tite membrane; le doigt de derrière, fort
petit et élevé de terre, est privé d'ongle dans
une espèce; les ongles sont falculaires ; les
ailes, dont les deux premières pennes sont
les plus longues, ont beaucoup d'ampleur,
et dépassent la queue.
Chez ces Oiseaux la tête est grosse , le cou
est court, le plumage est serré et épais; ce
sont de bons nageurs, et ils volent conti-
nuellement, et savent braver les plus fortes
tempêtes. Dans le repos leur port est igno-
ble, ils ont l'air triste et le cou renfoncé.
Lâches, voraces et criards, ils ont reçu le
nom vulgaire de Vautours de mer, et on les
voit souvent nettoyer les cadavres de toute
espèce qui flottent sur la mer. Ils sont ré-
pandus sur tout le globe, où ils couvrent
les plages, les ëcueils et les rochers; mais
ils fourmillent surtout sur les bords de la
mer, où ils recherchent les poissons vivants
et putréfiés, les matières animales en décom-
position, les Vers, les Mollusques, etc.
Quelques espèces fréquentent les eaux dou-
ces; d'autres, au contraire, se trouvent à
plus de cent lieues en mer. On prétend que
parfois ils s'enfoncent beaucoup dans les
terres lorsqu'ils sont attirés par l'odeur d'a-
nimaux morts. Partout ils s'épient mu-
tuellement , et lorsque l'un d'eux saisit
quelque morceau, les autres l'entourent et
l'étourdissent de leurs cris jusqu'à ce qu'il
ait lâché sa proie. On ajoute même que ,
parfois, pour l'obtenir, ils se battent avec
fureur , et que le blessé devient une victime
qu'ils immolent à leur voracité; mais ce
fait, rapporté par d'Azara , n'est pas encore
confirmé et ne semble pas probable, parce
que les Mouettes sont lâches et qu'elles ne
sont pas armées pour se livrer de pareils
376
MOU
MOU
combats. Ces Oiseaux ne peuvent subsister
que d'une pâture offerte par le hasard , ou
de proies qu'ils réussissent à enlever; ils
sont doués de la faculté de supporter la faim
pendant longtemps , et l'on cite certains
Goélands qui ont vécu neuf jours sans
prendre aucune nourriture.
Cependant le besoin d'aliments et la
crainte d'en manquer doivent causer à ces
animaux des agitations perpétuelles, et c'est
ce qui peut expliquer pourquoi ils fondent
sur leur proie avec une violence telle qu'ils
avalent l'amorce et l'hameçon, et s'enfer-
rent sur la pointe placée par un pêcheur
sous le poisson qu'il leur présente comme
appât. C'est principalement pendant les ou-
ragans que les Mouettes sont livrées aux
horreurs de la faim : on les Yoit, durant la
tempête, s'abattre de temps en temps sur
l'eau, et les vagues les emportent et les bal-
lottent sans les submerger; après avoir paru
englouties, on les revoit bientôt à la cime
des flots , où elles semblent se reposer; pui$
un instant après elles s'élancent sans peine
dans l'espace, malgré la longueur de leurs
ailes. C'est alors que le mauvais temps tient
la mer agitée pendant plusieurs jours qu'on
voit ces Oiseaux , tourmentés par la faim ,
exercer leurs brigandages sur les côtes. Alors
ils s'avancent quelquefois bien avant dans
les terres , et leur apparition loin des riva-
ges , que l'on a prise pour un signe de tem-
pête, n'en est que la conséquence, car ce
n'est que lorsqu'ils ne peuvent rien trouver
sur les parages des mers bouleversées
qu'ils s'aventurent dans les terres. Notre
collaborateur M. Gerbe rapporte ( Dict.
pitt. tfhist. nat.) qu'il a plusieurs fois ob-
servé, dans divers endroits du midi de la
France, que, lorsqu'il neige, des bandes
de Mouettes vont se porter dans les campa-
gnes, quoiqu'il fasse calme plat en mer. A
quoi attribuer ces excursions? On ne le sait
d'une manière certaine; mais ne peut-on
pas croire que c'est dans l'espoir de rencon-
trer des proies vivantes , telles que de petits
Mammifères et Oiseaux affaiblis par la di-
sette de nourriture, que les bandes de
Mouettes quittent le rivage pendant que la
neige couvre la terre?
La chair des Mouettes est un mauvais
aliment; elle est dure et coriace, et son
mauvais goût et son odeur désagréable la font ..
repousser. Cependant, d'après Mauduyt, il
paraît qu'on apportait en carême un grand
nombre de ces Oiseaux dans les marchés de
Paris pour les austères cénobites. Les habi-
tants originaires des Antilles se nourrissent
de la chair de ces Palmipèdes; on rapporte
qu'ils les jettent tout entiers dans le feu
sans les vider, ni leur enlever les plumes,
qui forment une croûte sur la peau , et
lorsqu'ils veulent les manger, abattent cette
croûte et ouvrent le corps par le milieu. Les
Groënlandais en font aussi leur ressource.
Nos marins s'en nourrissent également, et
ils leur font subir une préparation particu-
lière : après les avoir écorchés , ils les sus-
pendent par les pattes, et les laissent ex-
posés au serein pendant une ou deux nuits;
par ce moyen ils leur font perdre en partie
la mauvaise odeur qu'ils exhalent , la graisse
s'échappe en grande partie du corps de
ces animaux, et ilsdeviennent alors un mets
un peu plus mangeable. Les Goélands et les
Mouettes rendent, du reste , de grands ser-
vices à l'homme, en purgeant les rivages
des mers de tous les cadavres petits et gros,
de toutes les matières en putréfaction, etc.,
qui, en infectant l'air, pourraient lui être
nuisibles.
Les navigateurs ont trouvé des Mouettes
sur tous les rivages; mais ces Oiseaux sont
plus nombreux et plus grands dans les pays
du Nord, où les cadavres des gros Poissons
et des Baleines leur offrent une pâture plus
abondante, et c'est sur les îles désertes des
deux zones polaires, où ils ne sont pas in-
quiétés, qu'ils préfèrent nicher. Un trou
creusé dans le sable , un trou de rocher
même , leur suffit pour y faire leur ponte ;
dans les contrées plus habitées, les petites
espèces recherchent les rivages des étangs au-
delà de la mer, qui sont couverts d'her-
bes. Le nombre de leurs œufs n'est pas tou-
jours le même , l'on en trouve tantôt deux,
tantôt quatre, et plus souvent trois. Ces
œufs, d'assez petite taille, sont, dit-on f
bons à manger. Les jeunes naissent couverts
d'un duvet qu'ils portent longtemps ; les
plumes ne poussent que tard, et ce n'est
qu'après plusieurs mues , dans la plupart
des espèces, que les jeunes prennent le plu-
mage de l'adulte.
Arrivées à tout leur accroissement , les
Mouettes ont un plumage épais, qui leur
MOU
MOU
377
permet de supporter aisément le froid ; elles
muent deux fois par an , en automne et au
printemps. Leur vol, quoique lourd, est
aisé , et leur démarche est légère et pré-
cipitée ; ellSs s'abattent souvent sur les
flots pour s'y reposer, et nagent rarement,
ou du moins en nageant elles ne parcourent
pas de grandes distances.
A l'âge adulte , les Goélands et les Mouet-
tes ont leur plumage mélangé de blanc, de
cendré bleuâtre, de gris noirâtre , de gris,
de noir, de brun , et la distribution de ces
diverses couleurs varie tellement, suivant
l'âge, le sexe de chaque espèce, et suivant
même l'époque de l'année où l'on étudie ces
Oiseaux, que l'on a été amené à multiplier,
d'une manière beaucoup trop considérable,
le nombre des espèces, et que souvent la
même espèce porte deux ou trois noms dans
les ouvrages des ornithologistes. Les signes
auxquels on peut reconnaître les individus
dont la livrée est parfaite sont l'absence
de taches ou bandes noires sur la queue ,
qui est alors tout-à-fait blanche ; ia lon-
gueur comparative du tarse et des ailes est
aussi un moyen employé pour distinguer les
individus vieux des jeunes. La taille des fe-
melles est un peu moins considérable que
celle des mâles ; elles ont, suivant Lewin, la
queue terminée de noir, tandis que cet or-
gane est terminé de blanc dans les mâles ;
enfin, les femelles présentent un rang de
plumes de couleur foncée sur les couvertures
des ailes, et quelquefois leur plumage est
tacheté ou varié.
Il existe parmi les Goélands et les
Mouettes une si grande confusion, et les
auteurs sont si peu d'accord entre eux,
qu'on hésite à assigner une place fixe aux
espèces , et à leur appliquer des synonymes.
Vieillot (Hist. nat. des Ois. et Dict. d'Hist.
nat. de Déterville) propose, dans ce genre,
un grand nombre d'espèces , et il a été suivi
en cela par M. Drapiez (Dict. closs. d'Hist.
nat.); G. Cuvier ( llègne animal) réduit au
contraire ces espèces à un très petit nom-
bre. Enfin, M. Temminck [Manuel d' Orni-
thologie) n'admet qu'un certain nombre d'es-
pèces; il rétablit la synonymie et semble
avoir étudié chaque espèce , soit p;;r des ob-
servations directes, soit par colles de ses
correspondants: aussi est-ce le meilleur
travail que nous ayons encore sur le groupe
t. vin.
des Mouettes, et c'est celui que nous sui-
vrons dans la description et l'indication des
principales espèces de ce grand genre.
Quoique n'attachant pas beaucoup d'im-
portance aux sections qui ont été établies
dans le genre Mouette, nous les conserve-
rons cependant, et nous grouperons sous
le nom de Goélands les plus grandes espè-
ces, tandis que les plus petites resteront in-
diquées sous celui de Mouettes.
I. GOELANDS.
1° Goéland bourgmestre ou Goéland a
manteau gris, Larus glaucus Brunn. (Omit,
bov., n. 148), Larus ichlhycetus Pallas,
Lath. (Index), Larus leuceretes Schleep.
C'est le plus grand oiseau de ce groupe, et
il peut atteindre jusqu'à 70 centim. Adulte,
son bec est d'un beau jaune et l'angle de la
mandibule inférieure d'un rouge vif; un
cercle nu, de la même couleur, entoure les
yeux, dont l'iris est fauve; la tête, le cou,
le dessous du corps, la queue et plus de cinq
centim. de l'extrémité des rémiges, sont d'un
blanc pur , et cette couleur termine toutes
les autres pennes des ailes; le manteau est
d'un cendré bleuâtre et moins foncé que chez
le Goéland à manteau bleu ; les pieds sont li-
vides et les tarses ont 25 à 30 centim. de lon-
gueur. Les jeunes diffèrent un peu des
adultes.
Cet Oiseau, qui habite les contrées les plus
septentrionales, etqu'on trouve plus fréquem-
ment vers l'Orient, sur les grandes mers et
sur les golfes, est plus rare sur les côtes de
l'Océan, où les jeunes se montrent dans l'au-
tomne. Il se nourrit de débris de Cétacés,
de Pingouins, de Poissons, etc. ; il fait enten-
dre un cri rauque assez semblable à celui du
Corbeau. On ne sait s'il niche sur le sable ou
dans le creux des rochers ; les œufs sont ver-
dâtres, d'une forme ovale allongée, et mar-
qués de plusieurs taches noires.
2° Goéland a manteau noir, Larus mari-
nus Linn., Lalh. , Temm. Les adultes at-
teignent à peu près la même taille que le
précédent; dans leur plumage d'hiver, le
sommet de la tête, la région des yeux, l'oc-
ciput et la nuque sont blancs avec une raie
longitudinale d'un blanc clair au centre de
toutes les plumes; le front, la gorge, le cou,
le dessous du corps et la queue sont d'un
blanc parfait; le bout du dos, les scanulaircs
48
378
MOU
MOU
et toute l'aile présentent du noir foncé, pa-
raissant nuancé de bleuâtre ; les rémiges, vers
Je bout, sont d'un noir profond et terminées
par un grand espace blanc, couleur qui se re-
marque aussi à l'extérieur des scapulaires et
des pennes secondaires ; le bec est d'un jaune
blanchâtre; l'angle de la mandibule infé-
rieure et le tour des yeux sont rouges; l'iris
est d'un jaune brillant, marbré de brun ;
les pieds sont d'un blanc mat, et les tarses de
la même longueur qu'à l'espèce précédente.
Les jeunes de l'année ont la tête et le devant
du cou d'un blanc grisâtre; les plumes des
parties supérieures sont d'un brun noirâtre
dans le milieu, et les bords d'un blanc rous-
sâtre, tandis que le dessous du corps est
d'un gris sale, rayé de taches brunes. De-
puis la première année jusqu'à l'âge de deux
ans, les parties brunes passent au blanc et
la tête devient d'un blanc pur ; à deux ans,
dans la mue d'automne, le manteau est d'un
noirâtre varié de taches irrégulières, brunes
et grises, et le blanc n'offre plus que quel-
ques mouchetures clair-semées ; enfin, ce
n'est qu'à la troisième mue que cet Oiseau
prend son plumage parfait. Ces variations
de coloration ont fait prendre le même
Oiseau pour des espèces distinctes; aussi
rapporte-t-on au Larus marinus , les Larus
nœvius Gm., Larus marinus junior, etc.
Ce Goéland est rare dans la Méditerranée,
et on ne le trouve qu'accidentellement dans
l'intérieur des terres et sur les eaux douces;
il quitte rarement les rivages de la mer. Il
est très abondant vers le Nord, auprès des
îles Orcades et Hébrides, et il se montre
dans son double passage sur les côtes de
France, de Hollande et d'Angleterre. Cet
Oiseau se nourrit de Poissons morts ou vi-
vants, de frai, et rarement de Mollusques;
il fait sur les rochers, dans les régions du
cercle polaire, un nid dans lequel la femelle
pond trois ou quatre œufs qui sont d'un
vert olivâtre très foncé, avec quelques taches
plus ou moins grandes, brun-noirâtres.
3° Le Goéland a manteau bleu, Larus
argentatus Brenn., Larus glaucus G m. Cet
Oiseau, à l'âge adulte, atteint environ 77
centim., et les femelles sont un peu plus pe-
tites que les mâles ; le sommet de la tête, la
région des yeux , l'occiput , la nuque et les
côtés du cou sont blancs avec une raie lon-
gitudinale d'un brun clair au milieu; le
front, la gorge, le dessous du corps, le crou-
pion et la queue sont très blancs; le bout
du dos, les scapulaires et les ailes sont d'un
cendré bleuâtre; les rémiges sont noires
vers le bout qui dépasse de très peu celui de
la queue, et terminées par un grand espace
blanc; le bec est d'un jaune d'ocre; l'angle
de la mandibule inférieure est rouge ; le tour
des yeux et l'iris sont jaunes ; les pieds de
couleur de chair livide, et les tarses longs de
6 centim. environ. Chez les jeunes de la
première année, le dessus du corps est d'un
gris foncé avec des taches d'un brun clair;
le manteau, d'un bleu cendré, ne se dessine
qu'à la deuxième mue, et le pelage n'atteint
sa perfection qu'après la troisième. Le Goé-
land à manteau gris cendré et le Goéland à
manteau gris et blanc de Buffon , ne sont
que des âges différents de cette espèce.
On trouve cette espèce pendant toute
l'année sur les côtes de la Méditerranée,
ainsi que sur celles de l'Océan. Les mœurs
sont les mêmes que celles des espèces pré-
cédentes.
4° Le Goéland a pieds jaunes , Larus
fuscus Gm. , La th. , Larus flavipes Meyer.
Un peu plus petit que les autres Goélands;
il n'a guère plus de 50 centim. de lon-
gueur ; le sommet , les côtes , le derrière de
la tête et le cou sont blancs, avec une raie
longitudinale d'un brun clair au centre de
chaque plume; le front, la gorge, le des-
sous du corps, le bas du dos et la queue
sont d'un blanc parfait. Le manteau est
d'un noir d'ardoise; les rémiges sont pres-
que entièrement noires; le bec et les pieds
sont jaunes. Tel est le plumage d'hiver des
adultes, tandis qu'en été ils ont la tête et
le cou tout-à-fait blancs.
Cet Oiseau, qui, en hiver, habite les bords
de la mer, et n'est que de passage sur les
fleuves des parties orientales de l'Europe ,
se trouve en été sur les parties septen-
trionales; il est même commun en Angle-
terre et sur la Baltique. Il est de passage en
automne sur les côtes de Hollande et de
France. On le trouve aussi dans l'Amérique
méridionale. Il fait son nid sur les dunes ,
les rochers ou dans le sable. Sa ponte con-
siste en deux œufs d'un gris brun , tachetés
de noir.
Telles sont les seules espèces de Goélands
qui se trouvent en Europe, d'après M. Tera-
MOU
MOU
379
minck. Quelques autres espèces ont été in-
diquées par divers naturalistes, mais leur
authenticité n'est pas bien reconnue.
Il faut ajouter à ce groupe quelques es-
pèces provenant de l'Océanie , et parmi les-
quelles nous citerons:
5° Le Goéland a front gris, Larus fron-
taîis Vieillot. Taille de 66 centimètres ;
dos, manteau, tectrices alaires et caudales
brunes avec les bords de chaque plume rous-
sâtres; front d'un gris cendré ; tête , cou,
gorge et parties inférieures brunes, avec la
base des plumes blanche; menton blanchâ-
tre, tacheté de brun; rémiges et tectrices
noires ; bec très épais , noirâtre , d'un jaune
orange à la base; pieds jaunâtres.
De la terre de Van-Diemen.
6° Larus leucomelas Vieill., Temm. Le
manteau et les ailes noirs ; le reste du plu-
mage blanc, avec une large bande noire à
l'extrémité de la queue; le bec et les pieds
jaunes.
De l'île Moria , près de la terre de Van-
Diemen.
7° Larus pacificus Lath. Ressemble beau-
conp au Goéland à manteau noir ; couleur
générale d'un brun foncé , qui devient blan-
châtre aux parties supérieures du corps.
Habite la Nouvelle-Galle méridionale, etc.
II. MOUETTES.
8° Mouette blanche ou Ssnateur , Larus
éburncus Gm., Temm. Les individus adul-
tes, longs de 50 à 52 centimètres, sont, dans
leur plumage parfait d'été, entièrement
blancs ; leur bec, gros et fort, est d'un cendré
bleuâtre à sa base, d'un jaune d'ocre sur le
reste ; l'iris est brun et les pieds sont noirs.
Cet Oiseau, que Buflon a décrit et figuré
sous le nom de Goéland blanc du Spilzberg,
est regardé par G. Cuvier comme une simple
variété de la Mouelte à pieds bleus.
Cette Mouette se trouve très communé-
ment au Groenland , dans la baie de Baffin.
C'est principalement dans la mer glaciale
qu'habite cet Oiseau , aussi ne le voit-on
qu'accidentellement sur les côtes de Hol-
lande.
9° La Mouette a pieds bleus. Larus
canus Linn., Temm. Taille de 45 centi-
mètres]: adultes , en plumage d'hiver , ayant
la tête et le cou blancs, avec de nombreu-
ses taches d'un brun noirâtre; la gorge, le
dessous du croupion , le corps et la queue
sont très blancs; le dos, les scapulaires et
les pennes secondaires des ailes d'un cendré
bleuâtre; les rémiges noires, avec un es-
pace blanc sur les deux extérieures ; le bec
d'un bleu Yerdâtre à la base , et d'un jaune
d'ocre à la cravate; les pieds d'un cendré
bleuâtre, maculé de jaunâtre. Les Larus
cyanorhynchus Meyer, hybernus Gm.,et
procellosus Bechs. , ne sont que des jeunes
âges de cette espèce.
Cette Mouette , qui habite les bords de la
mer , se répand en troupes dans les terres
à l'approche desouragans. Elle est commune
en été dans les régions du cercle arctique,
et en hiver sur les côtes de France et de
Hollande. Ellese nourritdePoissons vivants,
de Vers , d'Insectes, de Mollusques; elle
fait son nid dans les herbes, près de l'em-
bouchure des fleuves et des bords de la
mer , et la femelle y pond trois œufs d'une
couleur ocracée blanchâtre , marquée irré-
gulièrement de taches cendrées et noires.
10° La Mouette tridactyle, Larus tridac-
tylus Linn., Larus rissa Brunn. D'une
longueur de 41 centimètres; elle a la tête
et le cou d'un cendré bleuâtre uniforme ,
avec des raies noires très fines en avant des
yeux ; le front, le dessous du corps, le crou-
pion et la queue sont très blancs ; les rémiges
en partie noires et en partie blanches ; le
bec d'un jaune verdâtre, le tour des yeux
d'un beau rouge ; l'iris et \es pieds bruns.
Un des meilleurs caractères de cette espèce
consiste dans l'absence d'ongle au pouce.
Ce n'est que rarement qu'on rencontre
cet oiseau sur les bords de l'Océan ; mais
on le trouve souvent auprès des lacs salés,
dans les mers intérieures, les golfes, etc.;
en automne, il se répand sur les lacs et les
fleuves, et en été dans les régions du cercle
polaire. Il se nourrit de Poissons frais et
d'Insectes ; se niche sur les rochers, et pond
trois œufs d'un blanc olivâtre, avec de pe-
tites taches cendrées.
11° La Mouette a capuchon noir, Larus
mclanocephalus Natterer,Temm. De 41 cen-
timètres de longueur; manteau d'un cendré
clair, avec les pennes terminées par un grand
espace blanc; la tête, le cou, les parties in-
férieures, la queue et la dernière moitié
des rémiges d'un beau blanc; le dos, les
scapulaires, les pennes secondaires des ailes
380
MOU
MOU
et lu base des rémiges d'un cendré bleuâtre ;
le bec d'un rouge vermillon ; les pieds
orangés; l'iris et le tour des yeux bruns.
Le pelage des jeunes varie et présente des
taches brunes et blanches.
On trouve sur les côtes de la mer Adria-
tique cet oiseau, qui est très commun dans
les marais de la Dalmatie, et qui ne paraît
àTrieste que dans les gros temps.
12° La Mouette a capuchon plombé, Larus
a£n'ciMaLinn., Lath., Temm.; Mouette rieuse
Brisson. Cet oiseau , d'une longueur de 3S à
39 centimètres, a son manteau d'un cen-
dré bleuâtre; les rémiges noires dépassent la
queue de 5 à 6 centim.; le bec et les pieds
sont d'un rouge de laque foncé. Dans son
plumage de noce , cette Mouette a la tête
couverte d'un capuchon, qui s'étend plus
sur le devant du cou que sur la nuque ; son
corps est varié de blanc.
Se trouve dans le détroit de Gibraltar,
sur les côtes de la Sicile, et sur celles de
l'Amérique septentrionale. La femelle se
fait un nid dans les marais, ?t y dépose
trois œufs de couleur de terre glaise, avec
de petites taches irrégulières d'un pourpre
et d'un brun clairs.
1 3° La Mouette rieuse ou Mouette a ca-
puchon brun, Larus ridibundus Leisler (atlas
de ce Dictionnaire, oiseaux , pi. 19). Les
individus adultes de cette espèce ont une
longueur de 38 à 39 centim.; la tête, le
cou et la queue sont blancs, à l'exception
d'une tache noire en avant des yeux et d'une
grande tache noirâtre sur les oreilles ; les
parties inférieures sont blanches; le dos
et les couvertures des ailes d'un cendré
bleuâtre ; le bec et les pieds d'un rouge ver-
millon. On doit réunir, d'après M. Tem-
minck, à la Mouette rieuse, les espèces sui-
vantes : Larus cinereus Gm. , L. procellosus
Bechst. , I. crythropus Gm., L. canescens
Bechst., L. ridibundus Gm., etc., etc.
Ces oiseaux habitent les rivières et les
lacs salés et d'eau douce; ce n'est qu'en
hiver qu'on les trouve aux bords de la mer :
ils ne sont que de passage en Allemagne et
en France, tandis qu'on en trouve en abon-
dance en Hollande, dans toutes les saisons.
Ils se nourrissent d'Insectes, de petits Pois-
sons , de Vers, etc. Ils nichent auprès de la
mer, dans l'embouchure des rivières : leur
ponte consiste en trois œufs , dont le fond ,
olivâtre , est ordinairement parsemé de
grandes taches brunes et noirâtres, variant
beaucoup.
44° La Mouette a masque brun, Larus
capistratus Temm. Plus petite que la
Mouette rieuse, avec laquelle elle a beau-
coup de rapport : son masque, d'un brun
clair, ne descend pas sur la nuque, et ne
recouvre pas la partie supérieure du devant
du cou ; la partie intérieure des ailes n'est
jamais d'un cendré noirâtre, mais toujours
cendré clair ; le bec et les tarses sont d'un
brun rougeâtre.
On trouve communément cette Mouette
aux îles Orcades en Ecosse : elle se rencon-
tre aussi dans la baie de Baffin. Les œufs
sont d'un cendré verdàtre avec des taches
plus foncées.
15° La Mouette pygmée, Larus minutus
Pallas, Gm., Lath., Temm. C'est la plus
petite espèce du genre, et elle n'atteint pas
plus de 23 à 26 centimèt. de longueur. Le
dessus du corps est d'un cendré bleuâtre ,
et toutes les pennes alaires sont terminées
par un grand espace blanc; le front, la ré-
gion des yeux et la queue, ainsi que toutes
les parties inférieures, sont blancs chez les
femelles comme chez les mâles ; dans le
plumage d'été la tête et le dessus du cou
sont enveloppés par un capuchon noir.
Cette espèce habite les lacs, les fleuves et
les mers des contrées orientales de l'Eu-
rope; elle n'est qu'accidentellement de pas-
sage en Hollande et en Allemagne, tandis
qu'elle est très abondante en Russie, et
qu'on la trouve partout en Suisse. Sa nour-
riture consiste en Insectes et en Vers.
Nous venons de décrire les espèces de
Mouettes les mieux connues, et en même
temps celles qui sont admises par tous les
naturalistes; nous allons, en terminant cet
article, citer quelques unes des espèces indi-
quées comme distinctes, mais qu'il faudrait
encore étudier avec soin avant de les placer
définitivement dans la série omithologique.
16° La Mouette pulo-condor , Larus pulo-
condor Lath., Sparm. — De Chine.
17° La Mouette a tète cendrée, Larus
cynocephalus Vieillot. — Du Brésil.
18° Larus poliocephalus Temm. — Du
Brésil.
19° Larus Sabini Leach. — De la baie de
BafGn.
MOU
MOU
381
20° Larus Audouinii Drapiez — De Sar-
daigne, etc., etc. (E. Desmarest.)
MOUFETTE. Mephitis. mam. — Le nom
de Moufette a été appliqué par Buffon ,
comme dénomination générique, à des ani-
maux Carnassiers digitigrades assez voisins
des Martes , et cette division a été adoptée
par tous les zoologistes. Le système dentaire
des Moufettes se rapproche assez de celui
des Martes , mais toutefois il est caractéris-
tique, et c'est pour cela que nous nous éten-
drons longuernentsurcesujet. A la mâchoire
supérieure il y a quatorze dents : six inci-
sives, deux canines et six molaires, qui se
composent de deux fausses molaires , deux
carnassières et deux tuberculeuses; les inci-
sives et les canines sont exactement celles
des Martes; des deux fausses molaires, une
est très petite, rudimentaire, et l'autre est
normale, à deux racines et une pointe; la
carnassière se fait remarquer par le grand
développement du tubercule interne, qui lui
donne une grande épaisseur et une forme
triangulaire, et la tuberculeuse par ses di-
mensions, qui sont à peu près les mêmes du
bord antérieur au bord postérieur que du
côté interne au côté externe. Chez les Mar-
tes, au contraire, cette dent n'a quelque
étendue que dans ce dernier sens , et ces
tubercules , peu saillants et arrondis, ne se
marquent pas nettement ; dans les Moufettes
ces tubercules sont devenus très forts et an-
guleux, ce qui en fait vraiment une dent
triturante : il y a quatre tubercules princi-
paux séparés par des creux assez profonds ;
mais l'extrême irrégularité de leur figure ne
permet pas de les décrire. A la mâchoire in-
férieure on compte dix-huit dents, savoir : six
incisives , deux canines et dix molaires, se
divisant en six fausses molaires, deux car-
nassières et deux tuberculeuses; les incisi-
ves et les canines sont semblables à celles
des Martes ; les fausses molaires ne diffèrent
pas de celles du Grison : la première est beau-
coup plus petite que les deux autres, qui ont
les formes et les proportions des fausses mo-
laires normales ; la carnassière est divisée en
deux parties à peu près égales par une ca-
vité assez forte; l'antérieure est formée de
trois tubercules pointus disposés en triangle,
et la postérieure d'un talon terminé par
deux tubercules aigus et assez minces, qu'un
sillon profond sépare; enfin la tuberculeuse
est la même que celle des Martes. Le sys-
tème dentaire des Moufettes nous montre
que ces animaux sont moins carnassiers que
les Martes à cause de l'épaississement de
leurs dents tranchantes, et sont plus frugi-
vores à Cause de l'élargissement de leurs
molaires. Tels sont , d'après Fr. Cuvier
(Dents des Mammifères, 1825), les ca-
ractères odontalgiques des Moufettes. Étu-
dions maintenant les caractères que nous
fournissent les autres parties de l'organi-
sation de ces animaux. La tête est courte;
le nez peu saillant; le museau est terminé
par un mufle qui s'étend inférieurement
jusqu'à la partie externe des narines ; les
yeux sont simples ; les oreilles ont une con-
que arrondie et assez petite ; la langue
est lisse et douce. Les membres sont pen-
tadactyles , comme chez les Martes , et les
doigts sont terminés par des ongles ar-
qués, robustes, et propres à fouir , comme
chez les Zorilles : les Moufettes ne sont pas
de véritables digitigrades, leurs talons de
derrière sont fort peu relevés dans la marche,
et elles sont demi-plantigrades. La queue ,
médiocre ou très courte, est couverte de très
longs poils, et se relève en panache sur le
dos. Le pelage est très fourni et fort long, et
il se compose de poils soyeux et de poils lai-
neux; de longues moustaches garnissent le
museau. La robe des Moufettes présente du
blanc et du brun-noir , et ces couleurs sont
diversement distribuées selon les espèces et
les variétés spécifiques.
Quanta l'organisation intérieure des Mou-
fettes, on n'a encore que des notions incom-
plètes , excepté sur leur ostéologie , qui est
bien connue. Leur squelette a été d'abord
étudié en partie par G. Cuvier ( Oss. foss. ,
t. IV), puis par Lichtenstein , et enfin, dans
ces derniers temps, d'une manière complète
par M. de Blainville ( Ostéogr. fascicule des
Mustela). Ce squelette, pour son ensemble,
se rapproche beaucoup de celui de la Fouine.
Les vertèbres sont au nombre de cinquante-
cinq , sur lesquelles on compte quinze dor-
sales, cinq lombaires et vingt-ct-une cau-
dales ; la tête osseuse a la forme de celle
de tout le groupe des Mustela; la face seu-
lement est un peu plus longue , et les apo-
physes post-orbitaircs du frontal et du jugal
sont presque effacées; les côtes sont com-
parativement plus fortes que celles de la
382
MOU
MOU
Fouine, et Ton en compte une paire de plus
que chez le Putois. Pour les différences que
Ton peut remarquer entre les os des mem-
bres des Houlettes et des Fouines [voy. l'ar-
ticle marte), elles ne peuvent être exprimées
d'une manière convenable que par l'icono-
graphie, et nous renvoyons aux planches de
M. Werner, qui accompagnent le bel ou-
vrage de M. de Blainville. Chez ces animaux
il n'y a pas de cœcum. On ne connaît pas la
structure des organes de la génération, mais
on s'est assuré qu'il n'y a pas de poche
anale. Deux glandes anales assez volumi-
neuses sécrètent une liqueur excessivement
fétide dont nous parlerons bientôt.
On n'a encore que peu de détails sur les
mœurs des Moufettes. On sait toutefois que
ce sont des animaux nocturnes qui vivent
dans des terriers, et se nourrissent de petits
Mammifères, d'Oiseaux, d'oeufs, de miel, etc.;
qu'elles pénètrent quelquefois dans les ha-
bitations des hommes, et causent de grands
dégâts dans les basses -cours , etc. Le nom
de Moufettes , du latin Mcphitis , odeur
puante, et ceux de bêtes puantes, enfants du
diable, etc., leur ont été appliqués à cause de
l'odeur infecte qu'ils répandent, surtout lors-
qu'ils sont irrités et qu'ils veulent éloigner
leurs ennemis. Cette odeur est si forte qu'elle
suffoque ; s'il tombait , dit on , une goutte
de cette liqueur empestée dans les yeux, on
courrait risque de perdre la vue. Lorsqu'il
s'en répand sur les habits , elle leur im-
prime une odeur qu'il est très difficile de
faire passer. Plusieurs voyageurs ont parlé
de l'odeur infecte produite par les Mou-
fettes , et nous empruntons à Kalm ( Voy.
dans VAmér. septentr. ) les passages sui-
vants, qui font connaître son intensité. « En
1749, il vint un de ces animaux, écrit ce
Yoyageur , près de la ferme où je logeais :
c'était en hiver et pendant la nuit ; les Chiens
étaient éveillés et le poursuivaient. Dans le
moment il se répandit une odeur si fétide ,
qu'étant dans mon lit je pensais être suffo-
qué : les Vaches beuglaient de toute leur
force. Sur la fin de la même année , il se
glissa une Moufette dans notre cave : une
femme, qui l'aperçut la nuit à ses yeux étin-
celants , la tua, et dans le moment , elle
remplit la cave d'une telle odeur, que non
seulement cette femme en fut malade pen-
dant quelques jours, mais que le pain , la
viande, et les autres provisions qu'on con-
servait dans cette cave, furent tellement in-
fectés qu'on ne put en rien garder, et qu'il
fallut tout jeter au dehors. » Des faits à peu
près semblables sont rapportés par d'Azara
et par d'autres voyageurs, et l'on doit ajou-
ter foi à ces récits, lorsqu'on se rappelle que
des Moufettes, conservées dans l'alcool de-
puis fort longtemps , conservent cependant
une odeur très forte et très désagréable
lorsqu'on les retire de ce liquide pour les
étudier.
La détermination et la distinction des di-
verses espèces du genre Moufette est encore
impossible dans l'état actuel de nos connais-
sances. Tous les individus que possèdent les
collections zoologiques de l'Europe, et que
les naturalistes ont pu comparer entre eux,
et tous ceux que les voyageurs ont décrits
dans leurs ouvrages , sont assez différents
par les couleurs de leur pelage pour faire
regarder comme probable l'existence de plu-
sieurs espèces; mais ils ne le sont pas asser
pour que le nombre de ces espèces puisse
être fixé avec certitude ; aussi une grande
confusion règne -t-elle à cet égard , et cha-
que auteur a-t-il admis un nombre plus ou
moins considérable d'espèces. Toutefois, on
est généralement d'accord aujourd'hui pour
ne plus placer dans ce genre que des espèces
provenant de l'Amérique. La Moufette du
Cap a été reconnue n'être autre chose que le
Zorille ( voy. ce mot ) , et la Moufette de
Java ou Télégan ( Mcphitis meliceps Griff. )
est devenne le type du genre Mydaus. Voy.
ce mot.
Indiquons brièvement ce que les natura-
listes ont écrit relativement aux diverses es-
pèces du groupe des Moufettes. Buffon {Hist.
nat. gén. et part. , t. XIII , et Suppl. ,
t. VII) pensait qu'il existe cinq Moufettes,
et il les indiquait sous les noms de Coase ,
de Conépate , de Chinche , de Zorille et de
Moufette du Chili. Le Coase a été éloigné du
genre qui nous occupe pour être placé, tan-
tôt dans le groupe des Martes , tantôt dans
celui des Coatis. Les Conépate et Zorille n'ont
généralement pas été admis comme espèces
distinctes; le Chinche, au contraire, est de-
venu l'espèce type du groupe , et la Mou-
fette du Chili a été admise spécifiquement
par quelques zoologistes, et particulièrement
par Et. Geoffroy St-Hilaire, Fr. Cuvier, etc.
MOU
MOU
383
G. Cuvier (Règ. anim.), et, d'après lui ,
A. -G. Desmarest (Mammalogie) et Ranzani,
remarquant que les différentes races qu'in-
diquent les descriptions des voyageurs ren-
trent tellement les unes dans les autres ,
qu'on est tenté ou de n'admettre qu'une
seule espèce, ou d'en former dix-huit, réu-
nissent ensemble toutes les Moufettes sous
le nom de Mephitis americana; ces auteurs
font observer toutefois que lorsqu'on con-
naîtra mieux ces animaux, on devra proba-
blement former des espèces définitives dans
cette grande espèce en quelque sorte provi-
soire, et ils indiquent les nombreuses varié-
tés décrites par les voyageurs.
Depuis cette époque, M. Licbtenstein ,
M. Gray (Mag. nat. hist., série 2, t. I),
et plus récemment M. Lesson (Nouv. tab.
du règ. anim. , Mamm., 1842), ont formé
des sous-genres dans le groupe des Mou-
fettes, et ce dernier naturaliste a admis neuf
espèces dans le genre Moufette (1). Enfin,
en 1841, notre collaborateur, M. Paul Ger-
vais {Voy. de la Bonite , de MM. Eydoux et
Souleyet , part, zool., Mamm., p. 10, et
atlas, pi. 3, fig. 1 à 2 ) , a décrit avec soin
une espèce de ce groupe, le Mephitis Feuillei,
qui n'était pas suffisamment connue aupa-
ravant, et qui maintenant doit prendre place
dans la série des espèces. Nous ne nous éten-
(i) Nous croyons devoir indiquer ici la liste des coupes
secondaires et spécifiques admises par M. Lesôon, tout en
Jaisant observer de nouveau que de nouvelles études sont
utiles avant d'admettre toutes ces divisions plus ou moins
nouvelles.
Genre MEPMTES, G. Cuv. (Mephitis, Conepatus
et Marpatius , Gray).
Ier sous-genre: Thiosmus. — Espèces: i° Th. yagure
Liclist. (Yagouaré Azara , Viverra Conepati Gm.), du Pa-
raguay et de la Magcllanic; 2" Th. nasuta (Meph. nasutd
Benn), de la Californie; 3° Th. quitensis Less (Gulo qui-
tensis Ilurr.b.) , de Quito, au Pérou ; 4° Th. mapurito Less.
(Var. zorilla Hernand.), de la Nouvelle-Grenade et de Santa-
Fc de Bogota ; 5° Th. ckilensis Less. ( Mep. chilensis Et.
Geoff., Mephitis var. G. G. Cuv., la Moufette du Chili Buf-
fon), du Cbili , Voy. la description que nous en donnons
plus loin.
2e sous-genre : Chincha, Lesson. — Espèces: 6° Chincha
americana Less., Meph. mephitis Erl. , Meph. americana
Desm., le Chinche, Buffon, Schreb., Fr. Cuv., Var. hudso-
nica Richais. (<le Sa Louisiane). Voir notre description.
3e sous-genre : Mephitis , G. Cuv. — Espèces: 7° Meph.
'Femllei Gerv. (Moufette Feuillée , Yagouaré Azara , Meph.
tuffocans Sil. ; Meph. chinche de Feuillée Dcsr. ), de Monte-
Video (Voy. la fin de notre article); 8° Meph. putorius
Tied. (Viv. putorius ErnL; Meph. americana, Var. Desm ; le
Conepatc, Buffon, Coterby, Fr. Cuv), des États-Unis, et
H'Meph. interrupta fUfin., de la Louisiane,
drons ici, en terminant cet article, que sur
l'espèce type, la Mephitis americana, et nous
ne dirons seulement que quelques mots des
Mephitis chilensis et Feuillet , qui nous sem-
blent des espèces véritablement distinctes.
1° Le Chinche Buffon (t. XIII , pi. 29.),
Viverra mephitis Fr. Cuv. (Hist. nat. des
Mamm. , 1821 ), Mephitis americana A. -G.
Desm. (Mammalogie , 1820), etc. La taille
de cet animal est celle du Chat domestique.
La tête , les épaules , les côtés du corps et
les parties inférieures et postérieures , les
membres et une ligne qui naît entre les
épaules et s'avance sur la queue en s'élar-
gissant, sont noirs ; le blanc commence entre
les deux yeux, s'élargit sur le sommet de la
tête , continue à s'étendre sur les côtés du
corps, et vient finir à la queue, où il se mêle
avec beaucoup de poils noirs; on voit en
outre deux taches blanches , l'une sur les
membres de devant , et l'autre sur les
cuisses.
Le Chinche se rencontre dans toute l'A-
mérique, depuis le centre des États-Unis
jusqu'au Paraguay, dans les plaines comme
dans les pays de montagnes, dans les en-
droits boisés comme dans les lieux décou-
verts. Le pelage de cet animal varie beau-
coup , ce qui a fait établir par G. Cuvier
(Ossem. foss., Mém. sur les Carnassiers des
Cavernes) et par A. -G. Desmarest (Mamma-
logie), dix- sept variétés dans cette espèce.
Nous renvoyons aux ouvrages cités plus haut
pour la description de ces nombreuses va-
riétés , et nous dirons seulement que plu-
sieurs naturalistes en ont élevé quelques
unes au rang d'espèces , et cela peut-être
avec raison.
2° La Moufette du Chili, Buffon (Hist.
nat. gén. et Suppl., t. VII, pi. 57); Mephitis
chilensis Et. Geoffr. , Fr. Cuvier. Cette es-
pèce a plus de 50 centim. du bout du mu-
seau à l'origine de la queue, et cette partie
a environ 20 centim. Le fond du pelage est
d'un brun noirâtre, mais la queue est blanche
avec quelques poils bruns , et il en est de
même de deux lignes qui partent du sommet
de la tête où elles sont unies , s'avancent le
long du dos en se rétrécissant jusque sur les
hanches.
Se trouve au Chili.
3° La Moufette de Feuillée, Mephitis
Feuillei Gerv. [in Bonite Mamm., pi. 3, f. 1
384
MOU
MOU
à 3), Moufette chinche de Fedillée, A. -G.
Desm. (Marawi.), etc. La longueur de cet ani-
mal est de 57 centim. de la tête à l'extré-
mité de la queue, celle-ci ayant environ
15 centim. Le pelage est entièrement d'un
brun légèrement roussâlre; le mufle est nu
et saillant; les tarses et les carpes sont éga-
lement sans poils à leur partie plantaire;
les ongles sont plus longs antérieurement
que postérieurement, et fouisseurs aux quatre
extrémités; la queue n'est pas en panache
comme dans le Chinche.
Cette espèce a été prise plusieurs fois aux
environs de Monte-Video. (E. Desmarest.)
MOUFETTES et MOFETTES, phys. —
Dénomination appliquée à certains gaz ,
soit délétères par eux-mêmes, soit incapa-
bles d'entretenir la respiration et la combus-
tion. Les vapeurs épaisses et pestilentielles
qui souvent , pendant l'été surtout, se dé-
gagent des mines, ont aussi reçu le nom de
Moufettes.
MOUFLON, mam. — Nom appliqué géné-
ralement à tous les Moutons sauvages, et
qui, originairement, appartenait en propre
à l'espèce type Mouton, Ovis. Voy. ce mot.
(E. D.)
MOUGEOTIA (en l'honneur du docteur
Mougeot , célèbre botaniste des Vosges).
bot. eu. — ( Phycées.) Genre créé par Agardh
et appartenant à la tribu des Conjuguées ou
Zygnémées. Il se distingue des genres voi-
sins par ses filaments géniculés au point de
l'accouplement, et par ses globules repro-
ducteurs se développant dans les tubes de
conjonction. L'endochrome, le plus souvent
vert , forme dans chaque article une masse
allongée, non contournée en spirale, ni di-
visée en étoiles. On en connaît environ dix
espèces croissant dans les eaux douces ; la
plus commune est le M. genufiexa Ag. Les
genres Sirogonium, Staurospermum et Zy-
gogonium de Kutzing {Phycol. gêner.),
ont été établis aux dépens de celui-ci. (Bréb.)
MOUGEOTIA, Kunth. (inHumb.etBonpl.
Nov. gen. et sp.,V, 326, t. 483, 484). bot.
ph. — Syn. de Riedlea, Venten.
MOULE. Mytilus. moll. — Genre de Mol-
lusques conchifères établi par Linné, qui y
comprenait des Huîtres, des Avicules, des
Anodontes, etc. Bruguière avait déjà assez
bien circonscrit ce genre; mais Lamarck,
voulant pousser plus loin la réforme, en sé-
para encore son genre Modiole (voy. ce mot),
qui n'en diffère que par le caractère fort va-
riable de la position des crochets moins rap-
prochés de l'extrémité antérieure. Mais en
même temps Lamarck ne sut pas reconnaître
l'existence du muscle adducteur antérieur,
et, conséquemment, il rangea les Moules et
les Modioles dans son ordre des Monomyai-
res. Mais l'anatomie de ces Mollusques faite
par Poli a démontré que ce sont de vrais
Dimyaires, malgré l'inégalité des deux mus-
cles adducteurs. Les Moules que M. Deshayes
réunit aux Modioles font partie de la famille
des Mytilacés. Elles ont le corps ovale allongé,
les lobes du manteau simples ou frangés,
réunis postérieurement en un seul point
pour former un siphon anal. La bouche, as-
sez grande, est munie de deux paires de pal-
pes labiaux triangulaires. Le pied est grêle,
cylindracé , et sécrète un byssus grossier
qui sert à fixer l'animal. Les branchies for-
ment quatre feuillets presque égaux; le
muscle adducteur postérieur est grand et
arrondi; le muscle antérieur est beaucoup
plus petit et il est accompagné par deux
muscles longitudinaux qui servent aux
mouvements du pied. La coquille est équi-
valve , régulière ; la charnière est ordi-
nairement sans dents ; le ligament est
marginal subintérieur, très long. Si, d'a-
près Lamarck, on continue à séparer les
Modioles des Moules, celles-ci seront censées
avoir la coquille plus longitudinale et les
crochets terminaux et pointus, tandis que
celles-là ont la coquille subtransverse et les
crochets moins rapprochés de l'extrémité
antérieure. Mais si l'on compare un grand
nombre d'espèces , on voit entre ces deux
formes des intermédiaires si nombreux et
des transitions si insensibles qu'il devient
impossible de préciser la limite, d'autant
plus que l'animal est organisé de même dans
tous les cas. La coquille des Moules est sou-
vent nacrée à l'intérieur, mais la couche
externe, beaucoup plus épaisse que la nacre,
est formée de fibres presque perpendiculaires
à la surface, qui lui donnent aussi une du-
reté plus grande. La surface est d'ailleurs
revêtue d'un épidémie corné, brunâtre, sous
lequel se montrent des couleurs souvent très
vives, nuancées de pourpre et de violet, ou
formant des bandes divergentes à partir du
sommet. Lamarck divisa son genre Moule en
MOU
deux sections: les unes ayant la coquille
sillonnée ou striée longitudinalement, telles
que la Moule de Magellan (M. magellanicus
L.)qui est longuede 130 millimètres, etqui,
après avoir été débarrassée de son épiderme
et polie, est d'une belle couleur pourpre,
teinte de violet. Telle est aussi la Moule sep-
tifère ( M. bilocularis) dont les valves isolées
offrent quelque ressemblance avec certaines
Crépidules , en raison d'une lame en forme
de cloison qui couvre à l'intérieur une partie
de la cavité du crochet. La deuxième section
comprend les Moules à coquille lisse ou sans
sillon, telles que la Moule comestible, espèce
bien connue et très abondante sur toutes les
côtes de l'Europe. Elle se trouve souvent
fixée en quantité considérable aux rochers
des côtes de Bretagne et de Normandie où on
va la chercher quand la mer est basse : car
ces Mollusques choisissent de préférence les
stations peu profondes ou même découvertes,
pendant une partie du jour, dans l'intervalle
des grandes marées. Mais, dans certaines lo-
calités où le fond est vaseux, comme aux
environs de La Rochelle, on favorise le dé-
veloppement des Moules en établissant sur
ces vases même, et jusqu'à une grande dis-
tance, des palissades qu'on nomme des bou-
chots et auxquelles se fixent à la fois des Fu-
cus et des Moules en quantité considérable.
Les pêcheurs vont ensuite les y chercher à
la marée basse, en glissant au moyen d'une
petite nacelle sur la surface unie de la vase.
On peut voir à l'article Coropuie, dans le
tome IV, comment, avant que cette pêche
soit profitable, de petits Crustacés arnphi-
podes contribuent à aplanir la surface de la
vase que l'action des vagues aurait rendue
trop inégale. Un autre Crustacé de l'ordre
des Décapodes brachyures, le Pinnolhère,
habite l'intérieur même de la coquille des
Moules vivantes auxquelles il ne paraît pas
devoir nuire par son séjour. C'est à tort
qu'on voudrait attribuer aussi des propriétés
malfaisantes à ce même Crustacé par rapport
aux qualités alimentaires de la Moule.
Une espèce du genre Moule de Lamarck,
le Mytilus polymorphus de Pallas, a donné
lieu à l'établissement d'un nouveau genre
nommé, presque dans le même temps, Myli-
line par M. Cantrainc, Dreissena par M. Van
Beneden, et Tichogonia par M. Rossmasler.
Elle se trouve dans les eaux peu salées de la
t. vin.
MOU
385
mer Caspienne, de la mer Noire et delà
Baltique, et en même temps dans les prin-
cipaux fleuves de l'Allemagne et de la Rus-
sie; par conséquent, elle peut donner un
moyen d'expliquer la présence de certaines
coquilles de Moules avec des coquilles d'eau
douce dans divers terrains lacustres. On
connaît d'ailleurs aussi plusieurs espèces de
Moules marines fossiles dans les terrains se-
condaires et tertiaires. (Dm.)
MOULES D'EAU DOUCE, moll.— Voy.
AN0D0NTE et MULETTE.
*MOULIÏY"SïA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Sapindacées-Sapin-
dées, établi par Cambessèdes {inMem. Mus.,
XVIIÏ, 27, t. 2). Arbres de Timor. Voy. sa-
PJNDACÉES.
MOUREAU. ois. -— Nom vulgaire du
Rouge-Gorge. Voy. sylvie.
MOURERA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Podostemmées, établi par Aubîet
(Guian., I, 582) qui le caractérise ainsi:
Spathe tubuleuse-campanulée, irrégulière-
ment fendue au sommet. Fleurs pédicellées.
Périgone à deux squamules collatérales ,
quelquefois davantage et verticillées. Étami-
nes 2, unilatérales, ou 812 et verticillées ;
filets filiformes, subulés, libres, indivis; an-
thères sagittées, biloculaires. Ovaires 2-locu-
laires. Stigmates 2, subulés, divariqués, in-
divis. Capsule 2-loculaire, 2-valve.
Les Mourera sont des herbes de l'Améri-
que tropicale, à feuilles découpées en plusieurs
lobes ou entières, imbriquées; à fleurs axil-
laires ou terminales, solitaires ou réunies en
nombre.
Deux sections ont été établies dans ce g. ;
ce sont: Neolacis, Cham. (in Linnœa, IX»
503): Périgone à 2 squamules collatérales;
étamines 2 , unilatérales. Maralhrum , H.
et B. (PL œquinoct., T, 40, l. 11) : Périgone
à 4-8 squamules verticillées; autant d'éta-
mines alternes avec les squamules. (J.)
MOURET. moll. — Dénomination em-
ployée par Àdanson pour désigner un Mol-
lusque gastéropode qu'on suppose devoir
être du genre Siphonaire. (Duj.)
MOURIIME. poiss. — Nom vulgaire donné
en Provence à quelques espèces de Poissons
pour lesquelles M. Duméril a établi le genre
Myliobatcs. Voy. ce mot.
MOURIRI,AubI.(Gwî'aw.,I,452,t. 180).
bot. pu.— Syn. de HJouriria, Juss.
49
386
MOU
MOU
MOURIRIA. bot. ph. —Genre de la fa-
mille des Mémécylées, établi par Jussieu
(Gen., 520). Arbres ou arbrisseaux de l'Amé-
rique tropicale. Voy. mémécylées.
MOURON, rept. — L'un des noms vulgai-
res de la Salamandre terrestre. Voy. sala-
mandre. (E. D.)
MOURON, bot. ph. — Nom vulgaire des
espèces du g. Anagallis.
On a encore appelé :
Mouron d'Alouette , le Ceraslium vul-
gare;
Mouron blanc et Mouron des oiseaux,
VAlsine média ou Morgeline ;
Mouron d'eau , le Samolus valerandi ;
Mouron de fontaine, le Montia fontana;
Mouron des Galibis, le Cordia collo-
cocca ;
Mouron de montagne , le Mœhringiamus-
cosa ;
Mouron violet , la Cymbalaire , etc.
MOUROUCOA. bot. ph. — Genre de la
famille des Sapotacées?, établi par Aublet
(Guian., I, 141, t. 54) pour des arbrisseaux
de la Guiane encore peu connus.
MOUSSEL. mam. — Espèce de Lièvre.
Voy. ce mot. (E. D.)
MOUSSELINE, bot. cr.— Le Cantharel-
lus cibarius ou Chanterelle est désigné sous
ce nom, dans quelques campagnes, à cause
des plis, des dessins que présente son hy-
menium. (Lév.)
MOUSSERON, bot. cr. — Nom vulgaire
de quelques espèces d'Agarics.
MOUSSES. Musci. bot. cr.— Les Mous-
ses sont des plantes acotylédones, annuelles
ou vivaces , pourvues des deux sexes , rare-
ment acaules et privées de feuilles, plus
souvent, au contraire , formées d'une tige
simple ou rameuse , garnie de feuilles dis-
tinctes. Cette tige et ces feuilles sont uni-
quement composées de tissu cellulaire sans
nulle trace de vaisseaux. Les rudiments du
fruit sont un pistil dont l'épigone porte un
style. L'épigone persiste , et se détachant
eirculairement à la base avant la maturité
de la capsule, rarement au sommet, comme
dans le Sphagnum , il constitue une sorte
d'enveloppe ou de couvercle qui , sous le
nom de coiffe, recouvre l'opercule et tout
ou portion de la capa'ule. Celle-ci, terminale
ou latérale , déhiscente ou indéhiscente,
s'ouvre rarement par quelques fentes (ex.:
Andrœa), et n'est presque jamais dépour-
vue de columelle. Une sorte de gaîne se
rencontre au bas du pédoncule , dans la-
quelle celui-ci est enchâssé ou plutôt fiché
comme un pieu. Il n'y a point d'élateres
mêlées aux spores ou séminules. Ce dernier
caractère, joint au mode de rupture de l'é-
pigone, est la principale base de la distinc-
tion entre les Mousses et les Hépatiques
(voy. ce mot).
Histoire. De même que les autres Cryp-
togames, les Mousses ont été longtemps né-
gligées par les botanistes , ou confondues
avec les familles voisines, ainsi que le fait
encore de nos jours le vulgaire.
Les Grecs leur donnaient le nom de
/3pvov, mot qu'ils appliquaient aussi à quel-
ques algues , entre autres à VUlva Lactuca.
Mais on trouve encore dans les auteurs an-
ciens les mots de p.vc'ov, aux^vov , Znvov et
<pol<7xov. Muscus est le nom latin, d'ouest
venu le nôtre (1). Toutefois , chez les Ro-
mains, ce nom servait encore à désigner
quelques Lichens.
Il faut remonter, chez les modernes, jus-
qu'à Gaspard Bauhin pour trouver la défi-
nition bien imparfaite de quelques plantes
de cette famille. C'est à Ray qu'on doit d'a-
voir posé les fondements de la bryologie, et
à Tournefort d'avoir distingué et séparé les
Mousses des Lichens , que tant de gens du
monde confondent encore de nos jours.
Mais Vaillant est véritablement le premier
qui ait donné de bonnes descriptions de
Mousses, et qui lésait surtout accompagnées
de figures , lesquelles, à part les analyses ,
dont on ne sentait point alors la nécessité,
ne sont en rien inférieures aux plus récen-
tes , au moins quant à la vérité du port des
espèces qu'elles représentent. Dillen vint
ensuite qui fit faire à la science d'immenses
progrès par la publication de son immortel
ouvrage, intitulé Historia Muscorum. Les
planches de ce livre , qui , comme celles de
Vaillant , pèchent par l'absence de détails,
sont aussi remarquables par la frappante
ressemblance des objets figurés.
On trouve dans Dillen, avec d'excellentes
descriptions et des observations précieuses,
l'établissement des genres Mnium , Sphag-
num , Fontinalis , Hypnum , Bryum et Po-
lytrichum. Presque à la même époque, flo-
(0 Muscus mollis. Ovid., Metamoroh. FUI, 564.
MOU
MOU
387
rissait en Italie l'immortel Micheli, ce jar-
dinier dont Sprengel a dit avec vérité : Vir
doctrina, acumine ingenii et industria in-
comparabilis. Sa disposition des Mousses est
loin néanmoins de valoir celle de Dillen ;
mais il décrivit mieux que ce dernier les
parties de la fructification , et peu s'en est
fallu qu'il n'en découvrît la sexualité. Linné,
à qui l'histoire naturelle tout entière et la
botanique en particulier sont si redevables ,
Linné occupé de tant et de si grands objets,
n'a fait faire aucun progrès à la bryologie;
il s'est borné à adopter les genres de Dillen
en y ajoutant les deux suivants : Splachnum
et Buxbaumia. Loin de là , ses idées erro-
nées sur la capsule, qu'il considérait comme
une anthère, et sur les spores, qu'il en pre-
nait pour le pollen, ont pour ainsi dire ar-
rêté , ou du moins retardé la marche de la
bryologie, à cause de l'immense ascendant
que ce prince des botanistes a eu sur ses
disciples. Après avoir avoué son ignorance
touchant les organes femelles, il crut enfin
les reconnaître dans ces gemmes qu'on ren-
contre quelquefois au sommet des rameaux,
et cette première erreur s'opposa à ce qu'il
les cherchât où ils étaient réellement.
L'importance très secondaire des travaux
faits sur cette famille par Adanson,Gleditsch,
Scopoli , Hill , Schmidel , Meese , Schreber,
OEder, Miller, Kœlreuter et Necker, nous
les fait passer sous silence pour arriver en-
fin à Hedwig, dont les immorlels travaux
ont jeté un si grand jour sur l'anatomie et
la physiologie des Mousses. Honneur éter-
nel à la mémoire de cet infatigable et ingé-
nieux scrutateur des secrets les plus cachés
de la nature! C'est lui qui a mis hors de
doute la présence des deux sexes dans ces
plantes, et nous a donné la première dispo-
sition systématique raisonnable des espèces.
Il ajouta d'abord 15 nouveaux genres à ceux
du Species planlarum , et par la suite aug-
menta ce nombre de quelques autres. On
peut dire qu'il est le véritable créateur de
la bryologie , et que les progrès récents de
cette branche de la botanique doivent en
partie lui être attribués. Il nous manque le
temps et l'espace pour exposer en détail tous
les titres que s'est acquis Hedwig à l'admi-
ration et à la reconnaissance des botanistes.
Palisot de Beauvois tenta peu de temps
après , mais vainement , de renverser le
système fondé par cet excellent observateur,
en établissant que les organes mâles et fe-
melles, réunis dans la même capsule, y
sont représentés , les premiers par les spo-
res , qu'il tient pour la poussière fécon-
dante , et les seconds par la columelle, qui
est , selon lui , une capsule. On voit claire-
ment que c'est l'opinion de Linné modifiée
qui se reproduit ici. En effet , au lieu de
faire de la capsule une anthère , Palisot de
Beauvois l'érigé en une fleur hermaphrodite ;
singulier égarement de l'esprit, quand tous
les faits donnaient à la théorie d'Hedwig
une probabilité que le temps n'a fait qu'ac-
croître. Schwaegrichen , continuateur d'Hed-
wig, a décrit et figuré, dans ses supplé-
ments au Species Muscorum , un grand
nombre de Mousses indigènes et exotiques.
Bridel enfin , par une nouvelle disposition
systématique , et surtout par un Species
complet, a aussi puissamment contribué à
propager et à faciliter l'étude de la bryolo-
gie. Comme Linné l'avait fait pour la pha-
nérogamie, Bridel a donné en outre un es-
sai de méthode naturelle appliquée aux
Mousses, lequel a été plus tard fécondé par
de nouvelles observations , et perfectionné
par MM. Bruch et Schimper dans leur
splendide ouvrage sur les Mousses de l'Eu-
rope
Parmi les botanistes qui ont bien mérité
de la bryologie , nous rappellerons d'abord
les noms de Swartz, Dickson, Schrader,
Wahlenberg, Weiss , Weber et Mohr, et
nous y ajouterons ceux des savants actuels
qui ont plus ou moins contribué à son avan-
cement. Ce sont, en suivant l'ordre alpha-
bétique, MM. Arnott ( Valker ), de Brébis-
son, R. Brown, de La Pylaie , De Notaris ,
Fiedler, Garovaglio, Greville, Hampe, Har-
vey, W. Hooker et J.-D. Hooker, Horn-
schuch, Kunze, de Martius, Fiorini-Ma/zanti
(comtesse) , R. Spruce , Sullivant, Turner>
Taylor, Valentin et W. Wilson. Il va sans
dire que nous avons omis à dessein, dans
cette liste, tous les bryologistes que nous
avons déjà nommés plus haut en parlant do
leurs travaux.
Passons maintenant à l'examen des par-
ties qui constituent les organes des Mousses
et à l'étude de leurs fonctions , en un mot
à l'anatomie et à la physiologie de ces
plantes.
388
MOU
MOU
ORGANES DE NUTRITION.
Racines. Toutes les Mousse», même les
plus petites , sont pourvues de racines.
Celles-ci sont de deux sortes : les unes, qu'on
nomme primordiales , naissent en même
temps que la plante (1); les autres, aux-
quelles est réservé le nom de racines secon-
daires, se montrent plus tard, soit le long de
la tige, si elle est rampante ou si elle croît
dans des lieux humides, soit dans l'aisselle
des rameaux ou des feuilles. On en ren-
contre même quelquefois sur les bords ou
au sommet de celles-ci (ex. : Neckera cla-
dorrhizans). Ces racines consistent en fila-
ments capillaires continus , simples ou ra-
meux , dont la couleur, variable entre le
brun et le pourpre, est rarement blanche.
Leur abondance est souvent telle, que le
duvet cotonneux qu'elles forment sur la
tige et les feuilles les cache à nos yeux dans
une grande étendue. Elles unissent alors
entre eux et d'une manière inextricable les
individus d'une même mousse.
Tige. La tige des Mousses est tantôt
simple (ex.: Bryum pyriforme), tantôt plus
ou moins rameuse. La tige simple, ordinai-
rement annuelle, varie beaucoup eu égard
à sa longueur. A peine visible dans quelques
Phasques, elle est si courte dans le Buxbau-
mia aphylla, qu'elle semble manquer tout-
à-fait. D'autres fois, comme dans les Po-
lytrics, le Spiridens , elle atteint au con-
traire de grandes dimensions. Quand elle se
ramifie, ce qui a lieu surtout chez les es-
pèces vivaces, cette ramification consiste,
comme dans les Hépatiques, soit dans une
division continue de la tige, c'est-à-dire
sans point d'arrêt dans la végétation, soit
en innovations ou rejets naissant sous le
sommet d'une tige arrêtée dans son déve-
loppement. Dans les espèces annuelles et
les Mousses vivaces à un seul axe, le fruit
termine ordinairement la tige, et si plus
tard celle-ci se ramifie, cela est dû à des
innovations latérales dont chacune peut, en
poussant des radicules à sa base, et se dé-
tachant de la plante-mère, donner naissance
à un nouveau pied (ex. : Conomilrium Ju-
(i) Il ne faut pas confondre ces racines avec le réseau ou
&s filaments confervoides, qui résultent de la germination
des spores. C'est de ce réseau que s'élèvera un jour la plan-
tule, laquelle poussera , d'un côté , ses racines principales ,
«S de l'autre le bourgeon destiné à devenir la tige.
lianum). Quand les Mousses présentent
deux axes, on voit une tige principale à vé-
gétation terminale continue, et d'autres
tiges latérales dont la végétation s'arrête
par la production du fruit, lequel, dans ce
cas, est ou terminal (ex. : Racomitrium aci-
culare), ou latéral (ex. : Hedwigia). Enfin,
dans la tribu des Hypnées il y a un nombre
infini d'espèces dont la tige présente trois
axes , c'est-à-dire que les rameaux secon-
daires présentent eux-mêmes, comme la
tige principale, une végétation terminale
continue , et que la fructification ne se dé-
veloppe latéralement que sur ces derniers.
Ces différents modes de végétation trou-
vent des analogues dans les inflorescences
des plantes supérieures.
La tige simple ou rameuse des Mousses
est droite ou ascendante, couchée ou même
rampante à la surface du sol ou des corps
organiques qui la supportent. Elle est aussi
radicante, pendante, ou flottante au sein
des eaux. Quelquefois elle offre une souche
rampante, une sorte de rhizome, d'où s'é-
lèvent les tiges secondaires fertiles (es.:
Hypnum Alopecurum), ainsi que, parmi les
Hépatiques , le genre Plagiochila en fournit
aussi de fréquents exemples. L'épaisseur de
sa tige est sensiblement la même depuis la
base jusqu'au sommet de la plante. Sa con-
sistance est plus ou moins coriace et résis-
tante. Elle est composée de cellules allon-
gées . dont la grandeur diminue en appro-
chant vers le centre; les cellules de la pé-
riphérie, qui se continuent avec les feuilles,
sont ordinairement vertes, brunâtres ou
rougeâtres. C'est de celles-ci que naissent
les radicules secondaires, lesquelles parti'
cipent de cette coloration.
Feuilles. Les feuilles des Mousses sont ra-
dicales, caulinaires ou raméales. Les pre-
mières persistent rarement, excepté dans les
espèces subacaules, où elles forment une es-
pèce de rosette. Ladimension des feuilles des
tiges simples croît généralement de la base
au sommet de celles-ci, où, dans les genres
Pohlia, Bryum, Mnium, elles sont souvent
ramassées en une sorte de houppe ou de tou-
pet qui a reçu le nom de Coma. De là le
nom de folia comœ qu'on leur donne pour
les distinguer des autres. Quelques bryo-
logistes les nomment aussi feuilles coro-
nales {folia coronalia). C'est ordinairement
MOU
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389
le contraire qui arrive dans les feuilles ra •
méales, c'est-à-dire qu'elles décroissent vers
l'extrémité du rameau ( ex. : Lesliïa atle-
nuata). Quant à leur insertion, les feuilles
sont sessiles dans toutes les espèces connues.
Elles montrent bien quelquefois un rétré-
cissement plus ou moins marqué de leur
limbe à la base, mais jamais on n'y re-
marque de pétiole. On les voit aussi non
seulement embrasser la tige dans un espace
plus ou moins grand, mais encore se prolon-
ger en aile le long de celle-ci, auquel cas
on les dit décurrentes (ex. : Mnium undula-
tum). Dans le genre Schistostega , où elles
sont placées sur deux rangs opposés (folia
disticha), les tiges stériles portent des feuilles
qui confluent avec elles dans une certaine
étendue, et les rendent pinnatifides, abso-
lument comme quelques Jongermanniées
frondiformes. A peu près conformées comme
celles qu'on rencontre dans le g. Gottschea
des Hépatiques, elles sont engainantes par
leur portion inférieure dans les Fissidens;
elles sont dites alors équitantes {folia equi-
tantia).
Toutes les feuilles , même celles qui pa-
raissent opposées, sont alternes en réalité.
Leur disposition spirale sur la tige nous offre
bien plus de variations que chez les Hépa-
tiques, qui n'ont jamais présenté que les
divergences 7,7, \. Ici, nous avons les dis-
positions géométriques \, ou des feuilles
distiques (ex.: Phyllogonium , Conomi-
trium),\(ex. : Tetraphyspellucida), f (ex. :
Hypnum cuspidatum) , 7 (ex. : Bryum cœs-
pititium), f (ex. : Timmia austriaca), ~ (ex.:
Hypnum triquetrum) , -\ (ex. : Poly trichant
piliferum). Ces dispositions sont, au reste, le
plus souvent inconstantes, et la direction
elle-même de la spire l'est tout autant,
puisque, dans la même espèce, elle tourne
de gauche à droite sur la tige, en sens op-
posé sur les rameaux, et vice versa.
Les feuilles sont dressées {f. erecta) ,
serrées même contre la tige (f. stricta), ou
formant avecelle un angle aigu plus ou moins
ouvert. Ainsi, elles peuvent devenir hori-
zontales (f. patentissima, divergenlia) et se
réfléchir au sommet, soit en dessus {f. in-
flexa) , soit en dessous (f. reflexa). Enfin
il peut se faire qu'elles aient toutes leur
sommet tourné du même côté, auquel cas
on les dit hetcromalla ou secunda (ex.: Di-
cranum heteromallum ). Quoique imbri-
quées régulièrement autour de la tige ou
des rameaux, les feuilles se déjettent, dans
quelques espèces, sur deux rangs opposés
de manière à faire paraître ceux-ci aplatis
ou seulement comprimés (ex. : Omalia tri-
chomanoides, Hookeria Webbiana). Dans
plusieurs genres de Ptérygophyllées , on
trouve un autre ordre de feuilles acces-
soires, plus petites que les caulinaires, et
qui offrent dans leur disposition quelque
analogie avec les amphigastres des Hépa-
tiques (ex.: Cyathophora, Racopilum).
La forme des feuilles est fort variable,
moins toutefois que chez les Hépatiques de
la tribu des Jongermanniées. Elles sont tou-
jours simples , et le plus souvent symétri-
ques, c'est-à-dire formées de deux moitiés
semblables. On ne connaît pas de Mousse à
feuilles découpées ou laciniées. Le Schisto-
tega osmundacea offre l'unique exemple
d'une fronde pinnatifide, mais dans ses jets
stériles seulement. Les feuilles sont arron-
dies, ovales, lancéolées, linéaires , obîon-
gues, spatulées, capillaires, subulées, etc.
Leur bord est nu ou marginé, entier ou
denté, épineux, quelquefois même cilié,
plane ou ondulé. Dans plus d'un Mnium,
ce bord offre la même structure que la ner-
vure. Leur sommet, qui est le plus souvent
aigu ou acuminé, se montre aussi fréquem-
ment obtus, et même tronqué, ou émarginé
( ex. : Neckera undulata et disticha ) ; il est
muni d'un poil qui est simple dans le Po-
lytrichum piliferum, et rameux dans le
Leptostomum macrocarpum. Les feuilles
planes ou concaves à différents degrés sont
encore parfois marquées de plis puis ou
moins nombreux dans le sens de la lon-
gueur; ou bien elles présentent des rides
transversales qui les font paraître ondulées
ou crispées. Un grand nombre de feuilles sont
pliées en long selon leur axe, de façon que
la nervure qui les parcourt fait saillie à la
surface inférieure, et que les deux moitiés
forment par leur inclinaison mutuelle un
angle plus ou moins aigu; ces feuilles sont
dites carénées (f. carinata). Il en est enfin
qui, surtout à l'état de dessiccation, se con-
tournent, se tordent sur elles-mêmes , se
recoquillent en diverses façons ; on les
nomme, selon les cas, folia lortuosa, cir-
rhata* etc.
390
MOU
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La plupart des feuilles sont munies d'une
nervure (nervus, costa) qui les parcourt de
la base au sommet, ou seulement dans une
portion de leur longueur , et qui fait quel-
quefois sur leur dos une saillie plus ou
moins prononcée. On nomme f. enervia ou
ecoslata celles qui en sont privées. Cette
nervure est formée par un faisceau com-
pacte de cellules allongées. Tantôt elle at-
teint le sommet de la feuille, et se prolonge
même au-delà sous la forme d'une pointe
( f. apiculata , mucronata ) ; mais aussi
n'est-elle quelquefois que rudimentaire et
ne dépasse-t-elle pas le milieu. On observe
rarement deux nervures, et encore dans ce
cas est-il fort peu commun qu'elles parcou-
rent toute la longueur de la feuille. Dans
quelques cas où cette dispositon est nor-
male, ne pourrait-on pas supposer qu'elle
est due à la soudure de deux feuilles voi-
sines. Notez bien qu'on la remarque surtout
dans des feuilles privées de symétrie et dé-
jetées ordinairement sur deux rangées.
Quand la nervure est double, elle s'arrête
le plus ordinairement vers le milieu de la
feuille. Chez beaucoup de Mousses aqua-
tiques, le parenchyme de celle-ci se détruit,
mais la nervure moyenne persiste et rend
la portion inférieure de la tige comme épi-
neuse (ex. : Hypnum fluviatile). Dans les
Polytrics, la face supérieure de la nervure
produit des lamelles (nervus lamellosus),
qui font assez de saillies sur les feuilles
pour qu'on les puisse compter dans une
section transversale. Dans quelques Cam-
pylopus, au contraire, c'est à la face infé-
rieure de la nervure que j'ai observé de sem-
blables lamelles, mais elles y sont moins
prononcées.
Les feuilles des Mousses sont la plupart
composées , comme celles des Jongerman-
niées , d'une couche de cellules homogènes,
disposées sur un seul et même plan de cha-
que côté delà nervure, quand celle-ci existe.
Dans quelques genres (Octoblepharum), et
dans les Dicranum glaucum, albidum, on
trouve pourtant deux couches de cellules
superposées. La forme des cellules est sphé-
rique, cubique, parallélipipède, fusiforme ou
polyèdre. L'aréolation qui en résulte esta
mailles arrondies, quadrilatères, penta-
hexagonales, linéaires, etc. Ces cellules sont
remplies, surtout dans leur jeunesse, d'une
matière verte qu'on nomme chlorophylle,
qui change de couleur avec l'âge. Elle passe
au rouge, au brun ou au jaune, selon des
circonstances atmosphériques ou de localité,
ou bien s'évanouit, disparaît quelquefois et
laisse la feuille décolorée , soit en partie
(ex.: Tortula membranifolia , Bryum ar-
genteum), soit en totalité. La turgescence
de cette matière, en distendant les cellules,
rend la surface des feuilles papilleuse, gra-
nuleuse, etc.
ORGANES DE REPRODUCTION.
Les Mousses ont des fleurs mâles et des
fleurs femelles. Ces fleurs sont hermaphro-
dites , quand les deux sexes sont réunis dans
un même involucre; monoïques , quand les
fleurs mâles sont placées dans des involu-
cres différents, mais sur le même individu;
ou , enfin , dioïques , lorsque les unes et les
autres occupent des individus distincts.
Fleurs mâles. Dans les fleurs mâles,
qu'elles soient terminales ou latérales, nous
avons trois choses à considérer: 1° les en-
veloppes ou lePérigone; 2° les Anthéridies;
3° enfin, les Paraphyses.
Périgone. On donne généralement en
bryologie le nom de périgone (Perigonium)
à l'involucre de l'organe mâle, et l'on ap-
pelle feuilles périgoniales (folia perigonialia)
les feuilles qui entrent dans sa composition.
Par leur forme et leur grandeur, ces feuilles
dilîèrent ordinairement des caulinaires qui
les avoisinent, ou dans l'aisselle desquelles
le périgone est souvent placé. Lorsque les
feuilles périgoniales occupent le sommet
d'une tige , elles sont quelquefois étalées de
façon à représenter un disque ou une ro-
sette, ainsi qu'on le voit dans les Mnium
et les Polytrics. Mais si leur pointe inflé-
chie donne à ce même sommet une forme
qui approche de la sphéroïde, on dit la fleur
mâle en tête ou capituliforme. Enfin, et
c'est le cas le plus commun , elles sont im-
briquées sans ordre et forment des espèces
de gemmes ou de bourgeons sessiles dans
l'aisselle des feuilles caulinaires ou raméales.
Le nombre et la forme des feuilles du pé-
rigone varient considérablement. Dans un
grand nombre de Mousses, les fleurs mâles
n'ont d'autre périgone que la feuille cauli-
naire ou coronale dans l'aisselle de laquelle
elles sont situées. Les feuilles périgoniales
MOU
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391
manquent souvent de nervure, même quand
Jes caulinaires en sont munies. A l'abri du
contact de l'air par leur position , et aussi
moins accessibles à l'action de la lumière,
elles sont nécessairement moins vivement
colorées, d'une texture plus lâche et plus
délicate, et d'une consistance plus tendre.
Anthéridies. Si nous exceptons le volume,
qui est plus grand, et la texture, qui offre
un peu plus de résistance, les anthéridies
des Mousses ressemblent d'ailleurs tellement
à celles des Hépatiques, que nous nous
dispenserons de les décrire, nous contentant
de renvoyer le lecteur aux mots Anthéridie
et Hépatiques. Elles se composent aussi, en
effet, d'une anthère et d'un pédicule ou fila-
ment plus ou moins long , mais qui ne
manque jamais. Leur nombre, variable chez
les différentes espèces, peut être fort consi-
dérable, et c'est le cas chez les Poly tries.
Leurs fonctions sont identiquement les mê-
mes dans les deux familles. La liqueur mu-
cilagineuse contenue dans ces organes a
offert à l'observation microscopique de vrais
spermatozoaires , c'est-à-dire des animal-
cules doués de mouvements spontanés, et
auxquels on a donné le nom de Spirillum
Bryozoon. C'est spécialement dans les an-
thères des Sphagnum et du Marchantia que
MM. Unger et Meyen ont observé ce fait
curieux. M. Ad. Brongniart l'a confirmé sur
celles des Funaria hygrometrica, Tortula
ruralis et Polytrichum undulatum. Comme
on n'avait trouvé les anthéridies que sur un
certain nombre de Mousses, il avait été
élevé des doutes sur la réalité de leurs fonc-
tions. Mais depuis que des bryologistes
exercés se sont occupés de leur recherche,
il est peu d'espèces qui s'en soient montrées
dépourvues.
Paraphyses. Les paraphyses (Parap/iyses,
Fila succulenta) sont des filaments articulés,
dressés autour ou au milieu des anthéri-
dies qu'ils accompagnent, et qu'un rencontre
généralement dans les fleurs mâles et fe-
melles des Mousses. Tantôt elles ont la même
longueur, tantôt elles sont plus courtes que
les anthéridies. Elles varient aussi beaucoup
quant à leur nombre , qui est ordinaire-
ment indéterminé. Quelquefois elles man-
quent complètement. Composées d'un seul,
rarement de plusieurs rangs de cellules al-
longées (ex.: Paludclla squarrosa) , elles
revêtent la forme cylindrique, ou bien elles
se renflent en massue ou en coin a leur
sommet. Chez quelques espèces rares , elles
sont planes, linéaires, comme foliacées, et
montrent une grande analogie avec les
feuilles (ex.: Polytrichum dendroides , Or-
thotrichum magellanicum). Dans toutes les
Splachnées , à l'exception de VOEdipodium ,
on trouve dans l'aisselle des feuilles coro-
nales et involucrales de petits corps arti-
culés assez semblables à des paraphyses en
miniature, mais remarquables en ce que l'ar-
ticle terminal est très allongé et la partie
inférieure brunâtre.
Fleurs femelles. La fleur femelle , tou-
jours sessile, peut être ou terminale {Musci
acrocarpi , Brid.; Acranthi, Schwœgr. ) ,
ou latérale, c'est-à-dire occuper l'aisselle
d'une feuille caulinaire ou raméale ( Musci
pleurocarpi, Pleuranthi). Elle se compose
d'un involucre qu'on nomme Périchèse, de
Pistils ou d'Archégones, et de Paraphyses.
Périchèse. Le périchèse ( Perichœlium )
consiste en feuilles dont la forme, le nom-
bre et la disposition sont extrêmement su-
jets à varier. Les feuilles périchétiales, en
raison surtout de l'accroissement remarqua-
ble qu'elles prennent après l'acte de la fé-
condation, sont généralement plus grandes
que les caulinaires, ce qui est tout le con-
traire des feuilles périgoniales. Elles sont
d'ailleurs souvent assez dissemblables entre
elles , les intérieures étant plus longues et
plus étroites que les extérieures et vice versa.
Cette dissemblance peut même aller jus-
qu'au point qu'on pourrait croire à la pré-
sence d'un double périchèse , l'un extérieur,
composé de feuilles imbriquées, ovales-lan-
céolées , l'autre intérieur , formé de filaments
capillaires très longs , entourant le pistil ou
la gaînule comme d'une touffe de cils (ex.:
Neckera disticha).
Pistil. M. Bischoff a donné le nom d'Ar-
chégones pistilliformes (Archegonia pislilli-
formia) aux rudiments de l'organe femelle
que d'autres bryologistes ont appelés Pistils
(Pistilla, Fructûs primordia , Germina ,
Pistillidia). Dans les fleurs unisexuelles ,
les pistils, seuls ou mêlés à des paraphyses,
occupent le centre du périchèse; ils sont
environnés d'anthéridies ou mélangés sans
ordre avec celles-ci dans les fleurs herma-
phrodites.
392
MOU
MOU
Le pistil des Mousses se montre dans
l'origine sous la figure d'un cylindre cellu-
leux , court et tronqué; mais bientôt, sa
partie inférieure venant à se renfler, on y
peut distinguer, comme dans celui des Hé-
pathiques , un ovaire, un style et un stig-
mate. Nous renverrons pour l'histoire de
son développement à ce que nous en avons
dit à la page 544 du VIe tome de ce Dic-
tionnaire, car la morphose de cet organe
est, à peu de chose près , identique dans
les ûeuK familles, La seule différence nota-
ble , c'est qu'au lieu de se déchirer au som-
met, ou un peu au-dessous du sommet,
lors de l'évolution du fruit, c'est à la base
du pédoncule, ou, pour parler plus exac-
tement, au sommet de la gaînule que l'é-
pigone, devenu la coiffe , se rompt circulai-
rernent, et que celle-ci , entraînée par le
fruit, le recouvre jusqu'à la maturité.
Le nombre des pistils est fort variable ,
non seulement dans des espèces différentes,
ce qui n'aurait rien d'extraordinaire , mais
il l'est encore dans les différentes fleurs
d'une même espèce, que dis-je! du même
individu. Chez quelques unes, réduites à
l'unité (ex. : Schistostega), on en rencontre
jusqu'à vingt, et davantage chez plusieurs
autres (ex. : Mnium rostratum). Toutefois,
quelque grand que ce soit ce nombre, il ne
s'en développe ordinairement qu'un , rare-
ment deux , plus rarement encore davan-
tage Les autres avortent, se flétrissent et
persistent autour de la vaginule ou sur elle-
même. Ce sont ces corps auxquels Hedwig ,
qui les croyait nécessaires à l'élévation du
pistil fécondé , donnait le nom d'Adduc-
teurs (Adductores). Il est de toute évidence
que ce sont simplement des pistils restés
stériles.
Fleurs hermaphrodites. Il n'y a qu'un pe-
tit nombre de genres de la famille qui nous
occupe dont toutes les espèces portent des
fleurs hermaphrodites, c'est-à-dire des fleurs
où l'on rencontre les anthéridies dans les
mêmes involucres que les pistils. Mais, parmi
les espèces de beaucoup d'autres genres à
fleurs unisexuelles, on en trouve aussi chez
lesquelles les deux sexes sont mêlés. Ce que
nous avons dit plus haut des unes et des au-
tres, considérées isolément, pouvant facile-
ment s'appliquer à leur réunion, nous allons,
pour abréger, passer à l'examen du fruit.
Fruit. Le fruit des Mousses se compose
d'organes accessoires, tels que la vaginule,
le pédoncule, la coiffe, et du fruit lui-même
ou de la capsule.
Vaginule. La gaînule ou la vaginule (va-
ginula) peut être considérée comme une
sorte de gynophore ou réceptacle prolongé de
la fleur femelle. Elle est membraneuse ou
charnue, cylindrique ou ovale, glabre ou
hérissée, d'une couleur ordinairement brune
ou rougeâlre, et souvent surmontée d'une
membrane annulaire en forme de collerette,
que, dans les Polytrics surtout, où elle est
plus marquée, on a nommée ocrea ou man-
chette. Cet appendice annuliforme n'est que
la base de l'épigone devenu coiffe. La vagi-
nule est souvent couverte de pistils avortés,
et les paraphyses qui l'entourent l'envahis-
sent aussi quelquefois.
Pédoncule. C'est dans la vaginule qu'est
enfoncé comme un pieu le pédoncu\e(pedon-
culus, pedicellus, seta, tubus,thecaphora) qui
supporte la capsule à son sommet. Cet or-
gane ne manque jamais dans les Mousses, et
quand on dit qu'une capsule est sessile, on
veut seulement exprimer qu'elle a le pédon-
cule le plus court possible. Sa longueur va-
rie beaucoup. Quoique ordinairement assez
grêle, sa solidité et sa résistance aux causes
de destruction sont bien supérieures à ce
qu'on remarque chez les Hépatiques, et sou-
vent telles qu'il persiste même après la chute
de la capsule. Il est lisse ou rugueux, ter-
minal ou latéral, simple ou géminé. Quand
il sort plus de deux pédoncules du même
périchèse, on les dit agrégés ( agregati, ex.:
Mnium ligulatum). La direction et. la couleur
du pédoncule sont variables aussi dans cer-
taines limites. L'inclinaison ou la courbure
de son sommet rendent la capsule penchée
ou pendante. Dans sa torsion sur lui-même,
la direction de la spirale est différente selon
les espèces. Cette torsion est double dans la
Funaire hygrométrique, la partie inférieure
tournant de gauche à droite, et la supérieure
en sens opposé.
Coiffe. La coiffe (calyptra) soulevée par
le pédoncule après la fécondation se rompt
circulairement à la base, rarement vers son
milieu (ex.: Sphagnum); à cette époque elle
adhère encore, quoique bien faiblement, au
fruit qui n'est pas formé. De là vient qu'elle
acquiert souvent dans cette position le com-
MOU
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393
plément de son développement. Sa rupture
latérale, quand elle a lieu, et sa chute dépen-
dent de l'accroissement incessant de la cap-
sule. Dans quelques genres, elle se fend à la
base en plusieurs lanières qui lui permettent
de se dilater dans la même proportion que
le fruit (ex. : Macromitrium, Orthotrichum) .
Chez d'autres, elle se fend vers le milieu et
d'un seul c6té, son bord inférieur restant
enroulé autour du pédoncule ( ex. : Calym-
peres androgynum). Enfin elle est lisse ou
striée, glabre ou velue, et, dans ce dernier
cas, les poils plus ou moins abondants dont
elle est recouverte se retrouvent sur la va-
ginule. Quant à sa forme, elle est en mitre
ou en cône dans les Hookeries et les Ortho-
trics, en capuchon dans les Brys et lesHyp-
nes , campanulée ou en éteignoir dans YEn-
calypta, etc. Elle est droite ou inclinée,
c'est-à-dire oblique relativement à la capsule.
Elle est enfin souvent terminée par le style
qui couronnait l'épigone, dont elle n'est que
l'état adulte.
Capsule. La capsule ou l'urne, nommée
encore sporange par quelques bryologistes
(urna, anthera, Linn., theca, capsula, spo~
rangium), est cette partie du fruit dans la-
quelle se forment et sont contenues les spo-
res. Elle est elle-même composée de plusieurs
organes que je vais successivement passer en
revue.
La capsule proprement dite termine et
surmonte le pédoncule dont elle est pour
ainsi dire le renflement. Ses formes et sa di-
rection sont infiniment variées. Arrondie
dans V Astrodontium canariense, le Glypho-
carpus Wébbii, etc., ovale ou obovale dans
le plus grand nombre des espèces, cylindri-
que chez beaucoup d'autres, elle revêt toutes
les formes intermédiaires. Ainsi, on la ren-
contre urcéolée, fentrue ou bossue, recour-
bée, arquée, quelquefois même cubique ou
parallélipipède, comme dans certains Poly-
trics. Chez les Splachnum, elle est remar-
quable par une dilatation ou renflement de
sa partie inférieure, qui, dans le S. ampul-
laceum surtout, surpasse son propre volume.
On donne le nom d'apophyse à ce renflement,
d'ailleurs fort variable quant à sa forme, et
la capsule qui le porte est dite capsula apo-
physala. Considérée sous le rapport de sa
direction, la capsule est droite, inclinée,
penchée ou pendante. Dans quelques espè-
T. VIII.
ces, cette direction n'est pas la même avant
et après la dissémination des spores. Lisse
dans la plupart des Mousses, légèrement ru-
gueuse dans un certain nombre, la capsule
est striée dans presque tous les Orthotrics
et dans beaucoup de Macronùlrium, chez les
Zygodons, hérissée d'aiguiiions comprimés
dans mon genre Symphyodon, etc. Cet or-
gane est formé de plusieurs couches de cel-
lules superposées, dont l'extérieure, ordinai-
rement colorée en brun ou en jaune à la
maturité, est la continuation de celles qui
revêtent le pédoncule. On y a constaté la
présence de quelques pores stomatoïdes (ex.:
Meesia). Des deux couches les plus intérieu-
res, plus pâles et en même temps d'un tissu
plus lâche, celle qui se rapproche le plus du
centre de la capsule est en rapport avec un
organe que sa fonction de renfermer immé-
diatement les spores a fait nommer spo-
range.
Sporange. Le sporange (Sporangium, Spo-
rangidium, Sporophorum), d'une texture très
délicate, est le plus souvent uni à la mem-
brane capsulaire, soit qu'il la tapisse immé-
diatement, soit qu'il y soit fixé par des fila-
ments articulés qui vont de l'un à l'autre,
comme dans le Diphyscium foliosum. Le
sporange, qu'on a encore nommé sac sporo-
phore, est ou entier, comme dans les Mous-
ses astomes, ou bien ouvert à son sommet,
comme chez celles qui ont un opercule ca-
duc, et, dans ce cas-là même, ce sommefc
peut être nu ou muni , selon l'occurrence,
d'un verticille d'appendices péristomiques.
Columelle. Le sporange est traversé dans
son axe par un faisceau de cellules allongées
qui, partant du centre du pédoncule, s'étend
jusqu'au sommet de la capsule; c'est la co-
lumelle {Columella,' Styliscum). Lisse ou lon-
gitudinalement plissée, cette columelle est
presque toujours cylindrique, rarement co-
nique, obeonique ou parallélipède à angles
ailés. Dans quelques cas, elle s'évase au som-
met de façon à clore l'orifice de la capsule.
Dans d'autres, où le fond du sporange est
séparé par un espace vide du fond de la
membrane capsulaire, elle fournit à celui-là
une sorte de pédicelle. Dans les Splachnées,
et surtout dans le Tayloria splachnoides , la
columelle, un peu dilatée au sommet, dé-
passe de beaucoup le niveau de l'orifice de
la capsule, et dans le Systiliim splachnoides,
50
394
MOU
MOU
où elle offre la même particularité, elle reste
en outre adhérente à l'opercule soulevé.
Mais, dans la plupart des Mousses, son som-
met se flétrit et s'oblitère après la chute de
l'opercule, et on n'en aperçoit que les restes
desséchés au fond du sporange. L'erreur de
Palisot de Beauvois, qui prenait la columelle
pour l'organe femelle et considérait le spo-
range comme l'organe mâle, montre jusqu'à
quel point des hommes d'un mérite éminent
peuvent s'écarter du sentier étroit de la vé-
rité, quand ils se laissent dominer par des
idées préconçues.
Mousses astomes. La capsule des Mousses
est quelquefois indéhiscente, alors on dit
astomes (musci astomi) les Mousses qui pré-
sentent cette particularité (ex. : Phascum).
Mais le plus souvent la capsule s'ouvre près
du sommet comme une boîte à savonnette,
absolument de la même façon que quelques
fruits de plantes dicotylédones. La partie
.supérieure qui se sépare et tombe à la ma-
turité se nomme l'opercule.
Opercule. L'opercule (Operculum) a la
même structure que la capsule dont il for-
mait d'abord le sommet. Son nom indique
assez la ressemblance qu'on lui a trouvée
dans un grand nombre de cas avec un cou-
vercle. Quelquefois plane, d'autres fois con-
vexe, hémisphérique, conique, il est encore
obtus ou aigu, acuminé , subulé , souvent
prolongé en un bec plus ou moins long,
droit, oblique ou recourbé. Cet organe offre
de bons caractères diagnostiques pour les
distinctions spécifiques; car, s'il est à la vé-
rité variable à l'infini dans des espèces dif-
férentes, il est peu sujet à varier dans la
même espèce.
Anneau. L'opercule se sépare le plus or-
dinairement de la capsule par le seul fait de
la scissure normale qui s'opère sur celle-ci à
l'époque de la maturité. Dans ce cas , la
chute de l'organe en question arrive surtout
par deux causes: 1° l'accroissement en dia-
mètre de la capsule dû à l'évolution des spo-
res ; 2° l'effort que font pour le soulever les
dents élastiques dont son orifice est souvent
muni et que nous allons étudier à l'instant.
Mais il est encore un certain nombre de
Mousses chez lesquelles cette chute est fa-
vorisée par la présence d'un corps intermé-
diaire connu sous le nom d'anneau (Annu-
lus, Fmi&n'a). C'estune lame interposée entre
l'orifice delà capsule et la base de l'opercule,
et composée d'une (A. simplex) ou de plu-
sieurs rangées de cellules {A. compositus).
Ces cellules, étant très hygroscopiques, s'im-
bibent facilement de l'humidité ambiante, et
leur gonflement, en faisant l'office de coin,
contribue puissamment à soulever et à dé-
tacher l'opercule. Cet organe ne fait jamais
défaut dans les espèces où le péristome est
uni à l'opercule par des liens celluleux, et
l'on conçoit en effet que chez elles sa présence
devenait presque indispensable.
Péristomes. Chezles Mousses dont les fruits
s'ouvrent régulièrement à la maturité pour
répandre leurs séminules ou spores, la
capsule proprement dite présente , après la
chute de l'opercule, un orifice (Stoma) qui
peut être nu (Musci gymnostomi), ou garni
d'une seule {M. haploperistomi) ou de deux
rangées d'appendices (M. diploperistomi) en
forme de dents, auxquels on a donné le nom
de péristomes.
Le péristome simple (Peristomium sim-
plex) est celui qui n'est composé que d'un
seul verticille ou d'une rangée unique de
dents; mais ce péristome ne naît jamais de
la couche celiuleuse externe de l'urne , la-
quelle produit l'anneau dans les Mousses
qui en sont pourvues, ou se continue avec
l'opercule dans toutes les autres : il provient,
soit de la couche celiuleuse intérieure, et
alors il reçoit le nom de péristome simple
extérieur (P. simplex exterius), soit du spo-
range, auquel cas on le nomme péristome
simple intérieur (P. simplex intérim). Lors-
que l'orifice de la capsule des Mousses est
muni d'un double péristome (Peristomium
duplex), l'un , qui tire son origine de l'urne,
prend le nom de péristome extérieur {Pe-
ristomium exterius) , l'autre , qui couronne
le sporange , devient le péftsiome intérieur
(P. interius).
Péristome extérieur. Le péristome, quand
il est simple , ou le péristome extérieur ,
quand il y en a deux, est normalement
composé de dents égales entre elles , et
principalement remarquables par leur nom-
bre , qui est toujours un multiple de quatre.
Ainsi , réduites au nombre radical de quatre
dans le genre Tetraphys, on en trouve huit
dans VOctoblepharum, seize dans le Weissia,
trente-deux, quarante-huit ou soixante-
quatre dans divers Polytrics. Ces dents
MOU
MOU
395
sont solitaires ou rapprochées deux à deux ,
geminati (ex.: Splachnum) , quelquefois
soudées entre elles dans une étendue plus
ou moins grande et libres au sommet (ex. :
Dicranum). Une raie longitudinale indique
dans ce cas la trace de la soudure. Les dents
extérieures sont réunies au sommet dans les
genres Conoslomum et Funaria; elles sont
nombreuses et très courtes dans les Poly-
trics, où elles aboutissent à une membrane
tendue comme une peau de tambour sur
l'orifice de la capsule. Cette membrane,
qui paraît fournie par le sommet du spo-
range , a reçu le nom d1Épiphragme {Epi-
phragma). Au lieu de dents, ce sont des
fils contournés en spirale simple ou double,
qui garnissent l'ouverture de l'urne des
Tortules. Les dents extérieures, nées des
cellules intérieures de la membrane eapsu-
laire, sont généralement plus robustes,
plus épaisses que les cils du péristome mem-
braneux que nous allons examiner à l'in-
stant. Avant la chute de l'opercule , les
dents extérieures des Mnium sont recou-
vertes et unies par une membrane incolore
très tendre et finement pointillée ; lorsque
ces dents s'écartent , la membrane se rompt
selon la longueur , et laisse sur le dos de
chaque dent un tégument composé d'une
double rangée de cellules quadrangulaires.
(Voy. Bruch et Schimper Brijol. Europ. ,
Fasc. V, p. 10 {Mnium), t. 9, f. 16).
Péristome intérieur. Ce péristome, qui
part du sommet du sporange dont il est le
prolongement , se compose souvent de huit
à seize cils {Cilia , Processus) , lesquels al-
ternent avec les c'euis du péristome exté-
rieur , ou bien , ce qui est le cas dans toutes
les Hypnées , ces cils naissc.it d'une mem-
brane très délicate, ordinairement plissée
en carène, et dans les sillons ou plis ren-
trants de laquelle se logent les dents exté-
rieures. Enfin, entre chaque cil du péris-
tome intérieur, dont le dos caréné offre
maintes fois aussi des fentes ou des jours,
on trouve un, deux ou trois filets continus
ou articulés {Ciliola) , ordinairement plus
courts. Dans plusieurs genres, le bord de la
membrane en question est irrégulièrement
déchiqueté. Le péristome intérieur, tou-
jours membraneux et d'un tissu délicat, se
présente sous la forme d'un cône entier ad-
mirablement réticulé dans les Fontinales .
ou sous celle d'une coupole à laquelle adhè-
rent les dents extérieures dans le genre Cin-
clidium. Si l'on réfléchit que ce péristome
n'est que la partie supérieure du sac sporo-
phore , l'on concevra qu'il est l'analogue de
l'opercule , et l'on se rendra facilement
raison de sa structure dans les deux der-
niers exemples que nous avons rapportés.
Spores. Dans la jeunesse du fruit, l'es-
pace qui sépare la columelle des parois cap-
sulaires et le sporange lui-même ne sont
que du tissu cellulaire. C'est dans les cel-
lules de ce tissu, remplies de granules ver-
dâtres ou de chlorophylle , que se forment
les spores {sporœ), par un mécanisme sem-
blable à celui par lequel se développent les
grains de pollen dans l'anthère des phané-
rogames. Ce mécanisme a été très bien ex-
pliqué par M. Valentin dans un fort beau
mémoire quiaété insérédans le tome XVIII,
p. 499, des Transactions de la Société Lin-
néenne de Londres, et par M. L;i:'.tzius-Be-
ninga dans une thèse de philosophie soi <
nue et imprimée à Gottingue en 1844 ('.,.
Chacune des cellules dont nous avons parlé
contient dans l'origine quatre spores dont
la forme est celle d'une courte pyramide
triangulaire à faces planes , contiguës et à
base convexe. A une époque plus rapprochée
de la maturité, la cellule-mère étant résor-
bée , les spores, devenues libres, tendent
incessamment à reprendre et finissent par
reprendre en effet la forme sphérique
qu'elles présentent au temps de leur dissé-
mination. Leur surface extérieure est alors
lisse , aréolée ou hérissée de tubercules et
de pointes très fines. Leur volume varie
beaucoup aussi. Elles sont composées d'un
sporoderme ou membrane extérieure, et
d'un nucléus granuleux , qu'accompagnent
ordinairement quelques gouttes d'une huile
éthérée. Dans une Mousse du Chili , notre
Weissia {Eucamptodon) pericJiœlialis, nous
avons observé et publié (Ann. se. nat., août
1845, p. 120) un fait curieux d'anamor-
phose des spores , dont il semblerait qu'on
peut inférer que celles-ci sont restées à l'é-
tat rudimentaire jusqu'à la maturité de la
(i) M. Hugo Molil a aussi beaucoup contribué à éclairai
la formation des spores dans les Mmiws par son Mcmoir»
inséré dans le Flore i833, sons le titre de Eiiii$d Bcmer-
kimgern uber die Entwickelung iind der Baurfcr sporen der
Kryptogmischen Gcviichsc
396
MOU
MOU
Mousse , ou , en d'autres termes, jusqu'à la
chute spontanée de l'opercule. Au lieu de
spores normales, nous avons en effet trouvé
des corps cunéiformes ou quadrilatères longs
de 14 centièmes de millimètres et larges de
4 à 6, composés de cellules irrégulières,
<>pa ques, et assez analogues quant à la struc-
iire , mais non quant à la forme, à ces
.<: 'm mes qu'on rencontre dans les corbeilles
lies Marchandées.
Pseudo-cotylédons. Lors de leur germina-
! ; ) n , les spores émettent des filaments con-
icrvoïdes cloisonnés, d'abord simples, puis
rameux , auxquels on a donné le nom de
pro-embryons (Proembryi) ou de pseudo-
cotylédons {Pseudocotyledones) , en raison
des fonctions qu'ils sont appelés à remplir
{ V. Drummond , Obs. on the Germin. of
Mosses in Trans. Lin. Soc. Lond., XIII,
p. 24 ). Si on les suit dans leur développe-
ment , on reconnaît que la rupture du spo-
roderme donne issue aux filaments en ques-
tion, et que la plantule, dont les rudiments
se montrent environ trois semaines plus
tard , prend l'apparence d'un bourgeon
formé de plusieurs feuilles. Les pseudo-co-
tylédons fournissant incessamment des sucs
à la nouvelle plante, celle-ci pousse de son
sommet une tige et de sa base des radicules
capillaires cloisonnées. Les faux cotylédons
ne disparaissent pas toujours après l'évolu-
tion de la tige; il est des espèces , comme
le Phascum serratum, où ils persistent pen-
dant toute la durée de la vie de la Mousse.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
Morphologie. La capsule incomplètement
quadrifide des Andrées , les dents des deux
péristomes , la division régulière en 4, 6 ou
8 lanières de la base de la coiffe dans le
genre Schlotheimia , et beaucoup d'autres
faits, semblent démontrer que les fruits des
Mousses subissent les mêmes lois que ceux
des plantes supérieures, et ne sont , comme
eux , que des feuilles transformées et sou-
dées entreelles à différents degrés. On trouve
a ce sujet, dans M. Lindley (A nat. Syst. of
Bot., éd. 2, p. 408), des idées fort ingé-
nieuses, dont naus ne saurions trop recom-
mander la lecture aux personnes que ce su-
jet peut intéresser. Plusieurs faits nouveaux
viennent, du reste, à l'appui de cette manière
de voir. Ainsi M. Richard Spruce , biolo-
giste anglais tort distingué, nous a informé
que, sur des échantillons de Bryum acumi-
natum recueillis par M. Borrer, il a observé
plusieurs exemples d'un pistil central changé
en un rameau garni de feuilles et environné
à sa base d'archégones ou de pistils avortés
et de paraphyses. Il a encore vu la même
sorte de monstruosité se répéter une fois ou
deux dans le Bryum elongatum. Enfin
M. Quekett, qui l'a remarquée aussi dans
le Tortula fallax , en a fait le sujet d'un
mémoire qu'on ne lira pas sans intérêt, et
qu'il a inséré dans le cahier d'octobre 184*
des Transactions de la Société microscopique
de Londres. Dans tous ces exemples, ne
peut-on pas considérer le rameau comme
représentant le pédoncule et les feuilles
comme les diverses parties qui entrent nor-
malement dans la composition de la cap-
sule ? De semblables métamorphoses ont
lieu chez les phanérogames et ne laissent
plus d'incrédules. L'hypothèse de M. Lind-
ley acquiert donc une grande probabilité.
Multiplication des Mousses. De même que
les Hépatiques, les Mousses ne se propagent
pas seulement par des spores , elles multi-
plient encore par des espèces de boutures.
Nous avons vu plus haut qu'il paraissait
souvent , au-dessous de la fleur femelle et
dans l'aisselle d'une feuille, des bourgeons
dont l'évolution produisait des pousses an-
nuelles hypogynes, destinées à perpétuer la
plante (ex. : Bryum). Ces jets poussent de
leur base des radicelles qui, lors de la sépa-
ration ou de la mort de la tige-mère, leur
permettent de végéter pour leur propre
compte, et de se suffire à eux-mêmes. Mais
ce n'est pas en ce lieu seulement que peu-
vent se développer les innovations continua-
trices de la plante : on les voit pulluler quel-
quefois soit de la base, comme dans les
Mnium, soit de l'aisselle des feuilles, de la
tige ou des rameaux , comme dans les
Hypnées, soit enfin du rhizome ou de la
souche rampante propre à quelques espèces,
comme dans le NecTcera dendroïdes. C'est
par cet artifice que se perpétuent chez nous
les espèces qui ne fructifient point.
Dans l'excellent article Mousses , rédigé
par M. Adolphe Brongniart pour le Diction-
naire classique, nous trouvons sur les
spores de ces plantes des considérations qui
méritent d'être reproduites. De peur d'alté-
MOU
MOU
397
rer sa pensée, nous laisserons notre savant
ami parler lui-même.
« Quant à ces germes eux-mêmes que
» nous avons désignés par le nom de sémi-
» nules ou de sporules, leur organisation et
» leur mode de développement nous parais-
» sent les éloigner, sous beaucoup de rap-
» ports, des graines des plantes phanéroga-
» mes, et leur donner beaucoup plus d'analo-
» gie avec les embryons de ces végétaux qui,
» comme eux , deviennent promptement
» libres dans l'intérieur de la graine. Dans
» ce cas, l'urne entière devrait être regar-
» dée comme analogue à la graine; ce serait
» une graine renfermant un grand nombre
» d'embryons, structure qui n'est pas sans
î> exemple, même parmi les plantes phané-
j> rogames. Sans prétendre adopter complé-
» tement cette opinion, qui a encore besoin
» d'être confirmée par de nouvelles recher-
ches, il est toutefois fort remarquable de
» trouver dans l'urne des Mousses, et dans
» ses enveloppes, presque toutes les parties
» qui composent l'ovule des plantes phané-
» rogames, et cette manière de la considérer
» devient surtout très vraisemblable si on
» adopte l'opinion de M. Robert Brown sur
» la structure des fleurs femelles des Coni-
» fères; ainsi la coiffe, d'abord perforée au
» sommet, correspondrait au testa ou à la
» membrane interne de l'ovule; l'urne tout
Rentière à l'amande ; la membrane externe à
» la membrane du chorion ; le sac sporulifère
» au sac de l'amnios, l'opercule au mame-
» Ion qui termine l'amande; le pédicelle ne
» serait qu'un développement de la cha-
» laze; la columelle serait formée par l'ex-
» tension du tissu du mamelon d'imprégna-
« tion de la chalaze, extension devenue né-
) cessaire pour la formation et la nutrition
> d'un grand nombre d'embryons, et dont
> nous avons déjà une sort* d'indice dans
» la graine multi embryon nc,*e des Cycas. »
Géographie et station des Mousses. Ces
plantes vivent sous tous les climats , et
dans les localités les plus diverses, excepté
dans le sein des mers. Depuis l'équateur jus-
qu'aux deux pôles, sur les plus hautes mon-
tagnes comme dans les vallées les plus pro-
fondes et les plus vastes plaines, elles recou-
vrent les rochers, la terre et les troncs d'ar-
bres, d'autant plus abondantes que la végé-
tation des plantes cotylédonées est moins
vigoureuse ou tout-à-fait nulle. Quelques
espèces ne vivent que dans les eaux douces,
courantes ou tranquilles. Dans les Alpes les
plus élevées des deux continents, on les
rencontre près des neiges éternelles, et
M. Aie. d'Orbigny, en explorant la chaîne
des Andes du Pérou, y a trouvé le Fabronia
nivalis et VOrthotrichum psychrophilum , à
une hauteur de 5,000 mètres au-dessus du
niveau de l'océan Pacifique. Chez nous,
c'est le Polytrichum alpinum qui occupe
cette place. Il suffit que les aspérités ou les
plus petites fissures d'un rocher ou d'un
tronc puissent retenir quelque peu de terre
pour que là vienne végéter une mousse,
surtout à l'exposition du nord, car l'humi-
dité est une des conditions essentielles de
son existence. Il est un petit nombre de
Mousses cosmopolites; mais plusieurs tribus
et beaucoup de genres sont propres à telle
zone, à telle localité. Parmi les premières,
on compte les suivantes : Sphagnum latifo-
lium et capillifolium ; Ceratodon purpureus;
Bryum argenteum, capillare et cœspititium ;
Funaria hygrometrica ; Polytrichum juni-
perinum; Hypnum cupressiforme.
Un article de Dictionnaire se refuse à ce
que nous donnions une énumération com-
plète des seconds. Nous dirons seulement,
quant aux stations, que les Sphaignes et
ÏHypnum cuspidatum occupent les lieux
humides et marécageux; que les murs sont
recouverts des Tortula muralis , Grimmia
pulvinata et crinita, etc.; que les Splachnum
aiment en général à végéter sur la fiente
des herbivores ; que les Phasques et un grand
nombre de Tortules préfèrent les champs et
les cultures, enfin que les Hypnes , les Les-
kies , les Neckères et les Fissidents vivent
près des haies, dans les bois, à l'ombre des
grands arbres , à terre ou sur leur tronc.
Dans les sources d'eau vive ou dans les
ruisseaux qui en naissent, se rencontre sur-
tout le Bartramia fontana; enGn la Fonti-
nalis antipyretica , une des plus longues
Mousses connues, VHedvoigia aqualica, le
Iîacomitrium aciculare , et les Cinclidotus
riparius et fontinaloides , habitent les eaux
courantes. Dans toutes ces localités, les
Mousses, et c'est le cas le plus rare, vivent
isolées, éparses, ou bien, le besoin d'un mu-
tuel appui venant à se faire sentir, elles se
réunissent par touffes en plus ou moins
398
MOU
MOU
grand nombre. Ces dernières sont appelées
Mousses sociables. Aux premières appar-
tiennent quelques Polytrics , quelques
Hypnes, et en première ligne la Buxbaumie
aphylle, dont on ne rencontre presque ja-
mais plusieurs individus réunis. Ces plantes,
enfin, affectionnent certains terrains, cer-
taines stations géologiques qu'il serait trop
long de faire connaître, et pour l'étude des-
quels nous ne saurions mieux faire que de
renvoyer à l'ouvrage de M. Ungcr, intitulé :
Uber den Einfluss des Bodens auf die Ver-
theilung des Gewàchse U. S. W. On pourra
aussi consulter avec fruit, pour l'altitude à
laquelle vivent certaines espèces, un mé-
moire de M. Dickie, qu'on trouvera dans
le numéro de mai 1846 des Ànnals and
Magazine of natural hislory, etc.
Durée des Mousses. La plupart des espèces
de cette famille sont vivaces; il n'en est
qu'un bien petit nombre que la même an-
née voit naître et mourir. Ce sont celles
dont la tige reste simple; elles cessent de
vivre, en effet, dès qu'elles ont mûri et ré-
pandu leurs séminules; les autres, qui for-
ment l'immense majorité, vivent, au con-
traire , fort longtemps , sans qu'il devienne
possible d'assigner un terme précis à cette
longévité , qui , du reste , varie pour chaque
espèce. On retrouve chez les Mousses cette
singulière faculté, dont nous avons dit ail-
leurs que sont doués les Lichens, qui con-
siste à conserver, pendant bien des années,
le pouvoir latent de végéter de nouveau
après une longue interruption , lorsqu'on
les place dans des conditions favorables.
Plusieurs observateurs dignes de croyance
en ont rapporté des exemples remarquables.
Statistique des Mousses. Dans le Species
plantarumy on ne trouve énumérées que
111 Mousses. Le dernier recensement gé-
néral, qui a été donné de cette famille en
1827, par Bridel , dans sa Bryologia uni-
versa, porte le nombre des espèces à 1444,
dont 921 acrocarpes et 523 pleurocarpes.
Le relevé exact que j'ai fait de toutes celles
qui ont été publiées depuis cette époque,
soit dans les Flores générales ou locales, soit
dans les ouvrages périodiques, me permet
de donner ici l'état actuel de nos richesses
bryologiques, et je vais le faire en peu de
mots. Nous possédons aujourd'hui ( mai
18i6) 2353 Mousses, réparties, comme
nous allons le faire voir, en 152 genres; ce
qui donne en moyenne 15 1/2 espèces pour
chaque genre.
Sur ces 152 genres, il y en a 103 acro-
carpes, dont 38 sont totalement étrangers
à l'Europe , et les 65 autres lui sont pro-
pres ou communs avec le reste du monde.
Les 49 genres pleurocarpes restants se divi-
sent en 23 qui sont purement exotiques ,
et en 17 européens , dont quelques uns ren-
ferment aussi des espèces en même temps
exotiques et indigènes de nos contrées. Les
genres dont les capsules terminent les liges
ou les rameaux comprennent 1495 espèces,
dont 50 sont astomes, 7 schistostomes ,
159 gymnostomes, 930 haplopéristomées ,
et 349 diplopéristomées. Les espèces qui ap-
partiennent aux genres dont le fruit est ou
latéral ou cladogénète, atteignent le chiffre
de 858; elles sont ainsi réparties: £ as-
tomes, 6 gymnostomes, 127 haplopéristo-
mées et 721 diplopéristomées ; d'où il ré-
sulte : 1° que les Mousses pleurocarpes ne
font qu'à peu près la moitié des acrocarpes ;
2° que les g. astomes sont aux g. gymnos-
tomes comme 7 : 22 , et à ceux munis d'un
péristome comme 1 : 18 1/7; 3° que ceux
munis d'un péristome simple sont égaux au
nombre total des autres , et comme 11:7
si on les compare à ceux pourvus d'un pé-
ristome double.
Usage des Mousses. Ces usages peuvent
être considérés sous plusieurs points de vue
différents. Ainsi, dans l'économie delà na-
ture, les Mousses remplissent des fonctions
importantes. C'est effectivement à leur dé-
tritus qu'on doit l'humus; cette terre vé-
gétale sans laquelle les plantes supérieures
ne pourraient se développer; de même que
sans les herbivores les espèces carnivores ne
pourraient subsister. Comme les phanéro-
games, elles contribuent aussi à verser dans
l'atmosphère, sous l'influence de la lu-
mière , le gaz oxygène indispensable i la
respiration et à la vie des animaux. Les
Mousses qui recouvrent les arbres de nos
vergers contribuent d'autant mieux à les
préserver du froid rigoureux des hivers ,
que, par une sage prévoyance de la na-
ture, c'est justement le côté du tronc tourné
vers le nord qu'elles choisissent, nous avons
dit plus haut pourquoi. L'accroissement ra-
pide et la mulîiplication incessante de quel-
MOU
MOU
399
ques espèces qui végètent dans les lieux
marécageux, des Sphaignes surtout, pro-
duit avec le temps ces masses de tourbe
qu'on exploite dans certains pays, et qu'on
emploie comme combustible; enfin, elles
servent de lit et de refuge à une foule d'a-
nimaux dont quelques uns en font même
leur pâture habituelle. On n'emploie plus
les Mousses en médecine, mais elles ser-
vent dans les arts et dans l'économie do-
mestique. C'est ainsi qu'en Suède et en Nor-
vège on utilise Vllypnum pariclinum pour
calfeutrer les fentes des parois des chau-
mières ; et c'est de là que lui est venu son
nom. On fait des balais avec le Polytric
commun et des matelas avec le Sphagnum
palustre, en mélangeant celui-ci avec les
poils des Rennes. La première de ces Mousses
est même un objet de commerce avec la
Belgique, d'où nous la tirons pour faire des
brosses très usitées pour donner l'apprêt aux
étoffes ; enfin on se sert de VHypnum tri-
quetrum pour préparer nos desserts , et , vu
sa grande élasticité, il est aussi employé à
remballage des vases de porcelaine, etc.
Classification des Mousses. Nous voici ar-
rivé à la partie la plus difficile de la tâche
que nous avons entreprise. En effet, don-
ner à l'époque actuelle une bonne clas-
sification naturelle de la famille des Mous-
ses , quand on ne s'en est pas occupé
d'une manière presque exclusive, est un
dessein quelque peu téméraire de notre
part, et pour l'exécution duquel nous som-
mes obligé de réclamer toute l'indulgence
des bryologistes. Nous étions presque as-
suré d'être aidé, dans cette partie de notre
travail, des conseils de notre ami W.-L.
Schimper, du moins nous en avait-il fait la
promesse, et nous en attendions chaque
jour l'accomplissement, lorsque nous avons
reçu la fâcheuse nouvelle qu'il fallait renon-
cer à cet espoir. Nous offrirons donc au lec-
teur, non toutefois sans une extrême dé-
fiance , l'énumération des tribus et des
genres de Mousses, disposées dans un ordre
naturel , tel que nous l'avions préparé nous-
même pour le cas où le concours de notre
ami viendrait à nous manquer.
Ordre
MOUSSES PLEUROCARPES.
Capsules disposées le long de la tige ou
des rameaux.
Tribu I. — Hypoptérygiées.
Feuilles disposées sur trois rangs, celles
de la troisième rangée correspondant ain
amphigasîres des Hépatiques, et d'une autre
forme ou plus petites que les autres.
Genres : Hypopterygium , Brid.; Racopi-
lum, P. B.; Cyathophorum, P. B.; Helico-
phyllum, Brid.
Tribu II. — Phyllogoniée*
Feuilles disposées sur deux rangée*, pliées
en carène selon la longueur, et embrassant
la tige dans leur duplicature. Capsule laté-
rale. Péristome simple et à dents non four-
chues. Coiffe en capuchon.
Genre : Phyllogonium, Brid.
Tribu III. — Rhizogoniées.
Tiges dressées , les unes en forme de
fronde et stériles, les autres fertiles, et ré-
duites, pour ainsi dire, au périchèse. Cap-
sule égale. Péristome double. Coiffe cuculli-
forme.
Genres : Rhizogonium, Brid . ; Ilymenodon,
Hook. fil. et Wils.
Tribu IV. — Hypnées.
Mousses vivaces de formes très variées.
Tige continue à axe double on triple. Feuilles
imbriquées de toutes parts, rarement dis-
posées sur deux rangs et étalées , quelque-
fois déjetées d'un seul côté. Fruit latéral.
Capsule égale ou inégale plus ou moins lon-
guement pédonculée. Péristome simple ou
double. Coiffe en capuchon.
Genres : Hypnum, Linn.; Leskia, Hedw. ;
Isothecium, Brid.; Trachyloma? , Brid.; Cli-
macïum , Mohr ; Eriodon , Montag. ; Leuco -
dom, Schwaegr. ; Pterigynandrum , Hedw.;
Symphyodon, Montag.; Leptodon, Web. ;
Lasia, P. B.; Campylodontium, Schwaegr.;
Dicnemon, Brid.; Astrodontium, Schwaegr. ;
Pylaisœa, Brid.; Sclerodonlinm, Schwaegr.;
Clasmatodon, Hook. et Wils.
Tribu V. — Neckerées.
Mousses vivaces. Tige plane ou compri-
mée, ordinairement pennée. Feuilles im-
briquées de toutes parts, ou le plus souvent
déjetées sur deux rangs. Capsule latérale,
égale, à pédoncule souvent court ou nul, et
caché dans le périchèse , rarement allongé.
40G
MOU
Péristome double. Coiffe en capuchon ou en
mitre, nue ou hérissée de poils (1).
Genres . Neckera , Hedw. ; Hookeria ,
Smith; Cryphœa, Mohr ; Anacamptodon ,
Brid. ; Trachypus , Reinw. et Hornsch. ;
Rhegmatodon , Schwœgr. ; Pilotrichum , P .
B.; Leptohymenium , Schwaegr.; Garovaglia ,
Endl.; Pterygophyllum, Brid.; Anomodon,
Hook. et Tayl. ; Omalia, Brid. ; Daltonia,
Hook. et Tayl. ; Actinodontium , Schwaegr.;
Dendropogon, Schimp.; Lepidopilum, Brid.;
Pterobryum , Hornsch.; Crypiocarpon , D.
et M.
Tribu VI. — Fontinalées.
Mousses flottant dans les eaux courantes.
Feuilles disposées sur trois rangs, à aréola-
tion rhomboïdale. Capsule latérale presque
sessile. Péristome double. CoilTe conique.
Genres: Fontinalis, Dill.; Dichelyma,
Myrrh.
Tribu VII. — Fabroniées.
Mousses très petites, gazonnantes. Feuilles
imbriquées , ciliées, et terminées le plus or-
dinairement par un poil. Capsule latérale
urcéolée. Péristome simple composé de huit
dents.
Genre unique : Fabronia , Raddi.
Tribu VIII. — Drépanophyllées.
Mousses élégantes à frondes flabelliformes
dont la fructification est indifféremment la-
térale ou terminale, et que caractérisent
surtout des feuilles distiques engainantes
comme celles des Iris. Péristome simple
formé de seize dents bifides. Coiffe en capu-
chon.
Genres : Conomitrium, Montag., Fissidemt
Hedw. ; Drepanophyllum, Rich.
Tribu IX. — Anoectangiées.
Capsule ovale ou sphérique, gymnostome
£t longuement pédonculée.
Genre unique : Anœctangium , Hook.
Ordre II. — MOUSSES CLADOCARPES.
Capsules placées à l'extrémité de rameaux
latéraux très courts.
(i) Peut-être serait-il convenable de séparer les Ptérygo-
phyllées des Neckérées, à cause de leur coiffe entière ou la-
Ciniée à la base , et de l'aréolation de leurs feuilles. Les Cry-
pbées forment déjà une petite tribu
MOU
Tribu X. — Mielichhoferiées.
Mousses vivaces , bi-axiles , cladocarpes.
Capsule droite baplopéristomée , avec ou
sans apophyse.
Genres : Mielichhoferia, Nées et Hornsch.;
Diplostichum , Montag.
ORDRE III. — MOUSSES ACROCARPES.
Capsule toujours terminale , sessile ou
pédonculée.
Tribu XI. — Polytricées.
Orifice de la capsule fermé par une mem-
brane qui représente une sorte de tambour.
Coiffe hérissée de poils couchés ou rare-
ment nue.
Genres : Lyellia, R. Br.; Dawsonia, R. Br.;
Polytrichum, Lin., ayant pour sous-genres:
Lipotrichum, Montag.; Catharinea, Ehrb. ;
Oligotrichum, DC; Pogonalum, P. B.; Psi-
lopilum, Brid.
Tribu XII. — Buxbadmiées.
Capsule en forme de sabot, fixée oblique-
ment sur un pédoncule court ou oblitéré.
Coiffe courte, conique.
Genres : Buxbaumia, Haller; Diphyscium,
Web. et Mohr.
Tribu XIII. — Bartramiées.
Capsule sphérique, striée, avec ou sans
péristome. Feuilles lancéolées , en alêne ,
denticulées, disposées sur cinq ou huit ran-
gées.
Genres: Conostomum, Swartz; Bartra-
mia, Hedw.; Bartramidula , B. et S.;
Philonotis, Brid.; Philonotula, B. et S. ; Pla-
giopus, Brid.; Glyphocarpus, R. Br.; Cryp-
topodium, Brid.
Tribu XIV. — Oréadées.
Capsule arrondie, petite, portée par un
pédoncule recourbé, haplopéristomée. Coiffe
cuculliforme.
Genres : Oreas, Brid.; Catoscopium, Brid.
Tribu XV. — Fdnariées.
Capsule pyriforme, droite ou oblique,
lisse ou striée. Péristome nul, simple ou
double. Coiffe ventrue, mucronée, fendue
une ou plusieurs fois à la base.
Genres : Funaria, Hedw.; Physcomitrium,
Brid. ; Entosthodon, Schwaegr.
MOU
MOU
401
Tribu XVI. — Méesiées.
Capsule irrégulièrement obconique, con-
fluente avec un pédoncule ordinairement
fort long. Deux péristomes non hygrosco-
piques. Mousses vivant dans les marais.
Genres : Meesia , Hedw. ; Diplocomium ,
Mohr ; Paludella , Schwœgr. ; Amblyodon,
P. B.
Tribu XVII. — Bryées.
Capsule dressée ou pendante , lisse ou
striée, cylindrique, pyriforme ou urcéolée.
Péristome double. Coiffe cuculliforme. Tiges
dressées, gazonnantes, à ramification hypo-
gynique ou flagelliforme. Feuilles souvent
marginées et dentées, k aréolation rhom-
hoïdale.
Genres: Aulacomnion, Schwœgr.; Arrhe-
nopterum , Hedw.; Bryum, Dill. ; Clado-
dium , Brid. ; Pohlia, Hedw.; Webera ,
Hedw. ; Brachymenium , Hook.; Ptychoslo-
mum, Hornsch. ; Leptochlœna, Montag.; Or-
thodontium, Schwœgr.; Leptotheca, Schwœgr.;
Cinclidium, Swartz; Mnium, Lin.; Timmia,
Hedw.; Schizymenium , Hook.; Megalan-
gium, Brid.
Tribu XVIII. — Leptostomées.
Capsule ascendante à orifice rétréci. Pé-
ristome membraneux, annuliforme, dressé.
Feuilles obîongues , terminées par un poil.
Genre : Leplostomum, R. Br.
Tribu XIX. — Orthotricées.
Capsule égale, le plus souvent striée. Pe-
nsionne variable. Coiffe en mitre, ordinaire-
ment couverte de poils dressés. Feuilles ca-
rénées, à aréolation ponctiforme.
Genres : Orthotrichum , Hedw. ; Macro-
milrium> Brid.; Notarisia , Hampe; Pty-
khomitrion , B, et, S.; Schlotheimia , Brid.;
Leucophanes, Brid. ; Glyphomitrium, Brid.;
Coscinodon , Brid. ( Cryptocarpon , Doz. ).
Tribu XX. — Zygodontées.
Capsule striée, pyriforme. Péristome va-
riable. Coiffe cuculliforme. Port des Gym-
nostomes et des Orthotrics.
Genres : Zygodon, Hook.; Codonoblepha-
rum, Schwœgr.
Tribu XXI. — Grimmiées.
Capsule égale, souvent sessile, haplopé-
ristomée. Feuilles d'un vert sombre, à
I. VIII,
aréoles ponctifonnes sériées , toujours ter-
minées par un poil blanc. Coiffe en mitre.
Genres : Grimrnia, Hedw.; Racomitrium,
Brid.; Dryptodon, Brid.; Schislidium, Brid.
Tribu XXII. — Encalyptées.
Capsule dressée, cylindrique, recouverte
en entier jusqu'à la maturité par une coiffe
en éteignoir.
Genre unique : Encalypta; Hedw.
Tribu XXIII. — Hydropogonées.
Mousses flottant dans les eaux courantes.
Capsule égale, cachée dans les feuilles, gym-
nostome ou haplopéristomée. Coiffe en mi-
tre. Opercule plan ou acuminé. Feuilles
sans nervure.
Genres : Hydropogon, Brid. ; Cryptan-
gium, C. Mull.
Tribu XXIV. — Trichostomées.
Péristome simple, composé de 32 dents
filiformes, distinctes ou réunies à la base,
souvent rapprochées par paires, et quelque-
fois contournées en spirale.
Genres: Trichostomum , Hedw.; TorluJa,
Hedw.; Desmatodon, Brid.; Leucoloma ,
Brid.: Ceratodon, Brid. ; Aschislodon, Mon-
tag. ; Distichium, B. et S. ; Sprucca, Wils.;
Orlliotheca , Brid
Tribu XXV. — Ripariacées.
Mousses acro- ou cladocarpes, vivant dans
les eaux courantes. Péristome en forme de
treillis.
Genre unique : Cinclidotus , P. B.
Tribu XXVI. — Dicranées.
Capsule lisse ou striée , haplopéristomée.
Dents du péristome fendues en deux jus-
qu'au milieu. Coiffe cuculliforme, nue à la
base ou frangée.
Genres: Campylopus , Brid.; Dicranum,
Hedw.; CampylostyUum,B. et S.; Tremato-
don, Rich. ; Leucobryum(l), Hampe; Sym-
blepharis, Montag.; Cynodontium, Hedw.
Tribu XXVII. — Syrrhopodontées.
Capsule égale, droite, sans anneau, ha-
(i) La végétation de ce genre est trop différente «3e celle
des Dicranées vraies , pour qu'il ne milite pns à part quelque
jour. M. Hampe en a fait le type de sa tribu des Lcucobryoes;
mais il y réunit VOctobtepharum , qui ne s'en rapproche que
parla couleur des feuilles,
51
402
MOU
plopéiistomée. Dents du péristome conni-
ventes ou même horizontales, et fermant
l'orifice capsulaire. Base des feuilles décolo-
rée et amplcxicaule ou engainante. Coiffe
persistante et s'ouvrant par une fente vers
son milieu.
Genres: Syrrhopodon, Schwœgr.; Calym-
percs, Swartz; Trachymitrium, Brid.
Tribu XXVIII. — Discéliées.
Mousses fort petites. Végétation des Phas-
cum. Capsule du Catoscopium et péristome
des Trematodon.
Genre unique : Discelium, Brid.
Tribu XXIX. — Weissiées (1).
Capsule égale ou symétrique. Péristome
nul ou simple, composé de seize dents. Coiffe
cuculliforme. Feuilles imbriquées de toutes
parts, linéaires- lancéolées , à aréolation
compacte.
Genres : Hymenostomum, R. Br.; Weissia,
Hedw.; Weissiopsis, B. et S. ; Gymnoweis-
sia, B. et S. ; Gymnostomum , Hedw.; Eu-
cladium, B. et S. ; Rhabdoweissia, B. et S. ;
Pyramidium , Brid.; Didymodon, Hedw. ;
Ceratodon, Brid. ; Eucamptodon, Montag.;
Hyophila, Brid.; Pilopogon , Brid.; Plaube-
lia, Brid.; Hymenostylium, Brid. (Entosthy-
vnenium, Brid.) ; Eucladon (2), Hook. f. et
Wils.; Lophiodon, Hook. f. et Wils.; Gar-
ckea, C. Mûll.; Microbryum , B. et S. ;
Seligeria (3), B. et S.; Brachyodus, B. et S.;
Blindia , B. et S.; Stylostegium , B. et S.;
Angstrœmia? , B. et S,
Tribu XXX. — Octobléfhakées.
Capsule symétrique. Péristome de huit
* uns entières. Coiffe longuement conique
et non fendue. Feuilles décolorées du Leu-
jbryum.
Genre unique : Octoblepharum , Hedw.
Tribu XXXI. — Tétrodontées.
Capsule égale. Péristome composé de qua-
tre dents. Coiffe en mitre, fendue en plu-
sieurs lanières à la base.
Genres: Tetraphis, Hedw.; Telrodontium,
Schwœgr.
(i) Cette tribu réunit trop de genres disparates pour
qu'elle reste ainsi disposée.
(jî) Eucladon et Eucladium ne peuvent subsister ensem-
ble ; le premier, comme le plus ancien , doit être conservé.
(3) MM. Bruch etSchimper font autant de petites tribus
4<s genres Çeligeria, Brachyodus, Blindia tlAngstnxmUh
MOU
Tribu XXXII. — Hedwigiacées.
Capsule oblongue ou arrondie, munie
d'un col , brièvement pédonculée et gym-
nostome. Coiffe conique, entière à la base.
Feuilles énerves.
Genres : Hedwigia, Ehrh.; Hedwigidiumt
B. et S. ; Braunia, B. et S.
Tribu XXXIII. — Schistostégées.
Capsule égale, munie d'une apophyse.
Coiffe conique, entière. Opercule se fendant
en plusieurs lanières égales. Feuilles pen-
nées , à pinnules confluentes dans les tiges
stériles.
Genre unique: Schistostega, W. et M.
Tribu XXXIV. — Splachnées.
Capsule droite , munie d'une grosse apo-
physe ou d'un col allongé. Opercule à bec
droit. Coiffe carnpanulée, entière ou fendue
de côté. Feuilles diaphanes, à mailles lâches
et grandes, quadrilatères ou hexagones.
Genres: Splachnum, Lin.; Tayloria,
Hook. ; Haplodon , R. Br. ; Systilium ,
Hornsch. ; Orthodon , Bory ; Cyrtodon , R.
Br. ; Eremodon, Brid. ; Dissodon , Grev. et
Arn.; OEdipodium , Schwœgr.; Raincria, De
Not. : Telraplodon , B. et S.
Tribu XXXV. — Pottiacées.
Capsule droite, ovale. Coiffe cuculliforme.
Feuilles larges, concaves, à aréolation lâche,
formée de cellules carrées ou rectangulaires.
Mousses gazonnantes annuelles ou trisan-
nuelles.
Genres : Pottia, Ehrh.; Anacalypta, Rœbl.
Tribu XXXVI. — Sphagnées.
Capsule droite , urcéolée , gymnostome,
portée par un pédoncule blanc et mou dont
la croissance est rapide. Feuilles décolorées
remarquables par leur réseau. Mousses vi-
vant dans les lieux humides.
Genre unique : Sphagnum, Dill.
Tribu XXXVII. — Pbascées.
Mousses annuelles ou vivaces, remarqua-
bles par l'indéhisceiice de leur capsule.
Genres : Phascum, Hedw.; Archidium,
Erid.; Pleuridium , Brid. (pleurocnrpe );
Voitia, Hornsch.; Bruchia, Schwœgr.; Phy-
scdium , Bnd„
MOU
MOU
403
Ordre IV. — MOUSSES SCHISTOCARPES.
Capsule terminale s'ouvrant par quatre
fentes près du sommet. Opercule persistant.
Tribu XXXVIII. — Andréées,
Caractères de Tordre.
Genres : Andrœa , Ehrh. ; Acroschisma ,
Hook. f. et Wils,
GENRES DONT LES AFFINITÉS SONT DOUTEUSES OU
NOUS SONT INCONNUES.
Spiridens , N. ab E. ; Wardia, Hook. et
Harv.
GENRES DOUTEUX OU INSUFFISAMMENT CONNUS.
Herpodon, C. Mûll.; Entodon, C. Mull.;
Rigodium, Kunze ; Astomum, Hampe ; Ptero-
bryum, Hornsch.; Tridontium, Hook.; Pe-
r omnium , Schwaegr.; Endotrichum ,t D. et
M. ; Symphysodon, D. et M. ( nom à chan-
ger à cause de notre Symphyodon qui est
antérieur); Prionodon, C. Mull.
(Camille Montagne.)
MOUSSES DE CORSE, bot. cr.— Voy.
BELMINTHOCORTOS et SFHiEROCOCCUS.
On a encore appelé :
Mousses aquatiques ., quelques Confervee
qui croissent dans les eaux douces et salées;
Mousses d'Astracan , les Buxbaumes ;
Mousses d'Islande, le Lichen d'Islande;
Mousses marines, des Conferves, des Va-
rechs et quelques Polypiers ;
Mousses membraneuses, les Tremelles ;
Mousses terrestres , les Lycopodes, ete.
MOUSSOLE. moll. — Adanson donne ce
nom (Voy. au Sénég., p. 250) à une espèce
d'Arche , VArca Noe.
MOUSSONS, météor. — Voy. vents, à
l'article météorologie.
; MOUSTAC. mam.— Espèce du genre Gue-
non. Voy. l'article cercopithèque. (E. D.)
MOUSTACHE, ois. — Nom donné à plu-
! sieurs espèces d'Oiseaux : à un Drongo , à
; un Corbeau et à une Mésange.
MOUSTACHES (f^taÇ, moustache).
mam. — En mammalogie, on est convenu de
| donner le nom de Moustaches à un pinceau
de poils beaucoup plus gros que les autres,
longs et raides, quelquefois tordus, variant
dans la coloration et peu flexibles. Ces poils
sont implantés sous le derme, et occupent
l'extrémité postérieure de la commissure des
lèvres; ils sont susceptibles d'être redressés
par l'action musculaire sous-cutanée; leurs
bulbes sont plus gros que ceux des poils ; le
nerf qui s'y rend est très développé, ainsi
que l'artère et la veine qui l'accompagnent;
aussi les moustaches sont-elles d'une sensi-
bilité excessive chez les animaux. Les Chatf
et les Phoques ont les moustaches très dé*
veloppées; les Ours, les Mangoustes, etc. f
n'en ont plus même de traces. (E. D.)
MOUSTIQUES (dérivé de l'espagnol
mosquitos , qui signifie petites mouches ).
ins. — Nom vulgaire , passé des colonies
françaises en Europe , des espèces du genre
Cousin.
MOUTABEA. bot. ph. — Genre dont la
place dans la méthode n'est pas encore
fixée; Endlicher le range à la fin des Ébé-
nacées.
II a été établi par Aublet (Guian. , II,
t. 679 , 274 ) pour des plantes qui présen-
tement les caractères suivants : Calice libre,
tubuïeux,à limbe subbilabié 5-fide. Corolle
insérée au milieu du tube du calice , infun-
dibuliforme, à tube court, fendu d'un côté;
limbe à 5 divisions ovales, étalées. Filet co-
nique-caréné , adné postérieurement à la
gorge de la corolle; anthère décurrente par
la marge du filet 8-ondulé. Ovaire arrondi.
Style tubulé , courbé; stigmate simple. Le
fruit a l'aspect d'une pomme subglobuleuse,
à angles irréguliers, à 5 loges.
Les Moutabea sont des arbrisseaux de l'A-
mérique tropicale, inermes ou à rameaux
sarmenteux, couverts d'épines en crochets;
à feuilles alternes, dépourvues de stipules,
pétiolées , oblongues , acuminées , coriaces ,
brillantes; à pédoncules axillaires , multi-
flores, bractéolés. Le fruit est comestible.
La principale espèce de ce genre est le
Moutabea guianensis Aubl. , qui croît dans
les terrains défrichés de la Guiane. Les in-
digènes l'appellent Aymoutabou. (J.)
MOUTAN. bot. ph. — Espèce de Pivoine.
Voy. ce mot.
MOUTARDE. Sinapis ((Tivarre OU (TIVCCTTI,
qu'on fait venir lui-même de <nv« Z-ntç, ,
qui fait mal aux yeux), bot. ph. — Genre
de la famille des Crucifères , sous-ordre des
Orthoplocées, tribu des Brassicées, de la té-
tradynamie siliqueuse dans k système de
Linné. Les divisions et les modifications
qu'il a subies dans les ouvrages des bota-
nistes sont assez nombreuses et assez variées
40-1
MOU
MOU
pour que nous devions en présenter un
aperçu , sans cependant entrer , à cet égard,
dans des détails que ne comporte pas la na-
ture de cet ouvrage. Circonscrit dans les
limites que nous lui reconnaîtrons ici , à
l'exemple de M. Backer-W ebb (Phytographia
Canariensis , pag. 77), le genre Moutarde
se compose aujourd'hui d'environ 40 espè-
ces. Ce sont des plantes herbacées , bisan-
nuelles, disséminées sur presque toute la
surfacedu globe, mais plus particulièrement
dans le bassin de la Méditerranée; dont les
feuilles varient beaucoup de forme , sou-
vent dans une même espèce, et sont géné-
ralement lyrées ou incisées-dentées ; dont
les fleurs, jaunes ou jaunâtres , sont réunies
en grappes terminales sans bractées , et pos-
sèdent les caractères suivants : Calice à 4 sé-
pales étalés , non renflés à leur base; corolle
de 4 pétales entiers; 6 étamines tétradyna-
mes , à filets libres et non dentés ; deux
glandes hypogynes entre les deux paires d'é-
tamines longues et le calice, deux autres
entre les deux petites étamines et l'ovaire ;
stigmate capité. Le fruit est une silique bi-
valve , cylindracée ou à 4 angles plus ou
moins marqués, surmontée du style per-
sistant et qui s'est développé en un bec co-
nique, cylindrique ou comprimé , ne ren-
fermant pas de graine ; les valves de cette
silique sont convexes , marquées d'une ner-
vure médiane saillante et de 2 ou 4 nervures
latérales. Les graines sont rangées en une
seule série longitudinale, globuleuses ou
ovoïdes, suspendues; leur embryon a ses
cotylédons condupliqués.
Dans son Systema (vol. II, pag. 607 et
suiv.), De Candolle avait conservé tout en-
tier le genre Moutarde des auteurs, tout en
disant qu'il devrait probablement être divisé
plus tard , et il s'était borné à y établir
5 sections ou sous- genres qui ont été repro-
duits par lui dans le Prodromus. Parmi ces
sections , la 5e, proposée par lui avec doute
et sans matériaux suffisants, sous le nom
de Disaccium , pour deux plantes de Ma-
dère , et caractérisée par deux des sépales
fortement renflés en sac à leur base, a été
érigée en genre distinct sous le nom de Si-
napidendron , par Lowe (Madeir. 36), prin-
cipalement d'après le même caractère. Les
4 sections restantes forment le genre Sina-
pis , tel que l'admet M. Endlicher {Gênera,
n" 4950) , tout en y rassortant , il est vrai,
avec doute les deux dernières. La quatrième
d'entre elles avait déjà été proposée comme
genre par Mœnch, sous le nom ù'Hirschfel-
dia. En la réduisant au rang de simple sec-
tion des Moutardes, De Candolle lui avait
conservé le même nom. Mais divers bota-
nistes ont cru devoir reprendre le genre de
Mœnch, et nous suivrons nous-même ici
leur exemple. De ce nombre sont M. Presl
(Flora sicula , tom.I,pag. 95, in-8, Prague,
1826 ) et M. B. Webb (1. c. , pag. 85 ) ; ce
dernier a non seulement séparé les Hirsch-
feldia des Sinapis, mais encore il a mis
l'un et l'autre de ces genres dans deux sous-
tribus différentes des Brassicées , le premier
parmi ses Enarthrocarpées, ou Brassicées à
silique articulée , le dernier parmi ses Anar-
throcarpées, ou Brassicées à silique non ar-
ticulée. Au total, ce genre nous paraît de-
voir être conservé; il a la végétation des
Moutardes et le fruit des Raiforts , et il est
caractérisé particulièrement par sa silique
dont chaque loge renferme ordinairement
4 graines, et que surmonte un bec ovale,
indéhiscent, contenant toujours une graine.
C'est dans ce genre que vient se ranger
comme type , sous le nom de Hirschfeldia
depressa Mœnch, le Sinapis incana Lin.,
plante commune dans les champs , les en-
droits secs et pierreux de nos départements
méridionaux, qui justifie assez mal sa dé-
nomination d'incana , puisque sa villosité
se réduit à un duvet qui n'altère pas sensi-
blement le vert de sa surface, et dont l'his-
toire est très confuse dans les auteurs à
cause de ses siliques, dont l'état normal est
d'être cylindriques , glabres , redressées ,
munies d'une nervure médiane en forme de
carène , le plus souvent à 4 graines, longues
d'environ 6 millim. , avec un bec d'environ
2 millim. de long; mais qui modifient fré-
quemment ces caractères par des avorte-
ments plus ou moins complets.
Les Hirschfeldia détachés , il ne reste plus
dans le genre Moutarde que les trois pre-
mières sections établies par De Candolle
qui nous paraissent devoir être conservées,
et dont chacune renferme , entre autres ,
une espèce commune en France, et assez
connue pour mériter de nous occuper quel-
ques instants.
a. Melanosinapis , DC. Silique cylindra-
MOU
MOU
405
cée ou légèrement tétragone, surmontée
d'une petite saillie formée par le style per-
sistant , qui n'a pas pris la forme de bec.
1. Moutarde noire, Sinapis nigra Lin.
Cette espèce est des plus communes dans les
champs, dans les lieux pierreux, etc., de pres-
que toute l'Europe. Sa tige , haute d'environ
un mètre, est rameuse, légèrement velue ; ses
feuilles varient assez de configuration ; celles
du bas de la plante sont lyrées ou sinuées,
avec des poils rares; ses fleurs sont jaunes,
petites; ses siliques sont glabres, lisses,
légèrement tétragones , redressées contre
l'axe de l'inflorescence; sa graine, d'abord
rougeâtre, devient brune foncée ou noirâtre
à sa maturité , mais moins que celle de la
Moutarde des champs qui s'y trouve ordi-
nairement mêlée dans le commerce; elle
est lisse, arrondie, marquée de ponctuations
fines , visibles à la loupe , inodore lorsqu'elle
est entière. C'est cette graine qui donne à
la plante toute son importance ; tout le
monde connaît, en effet, ses usages comme
condiment et comme agent thérapeutique.
Tout entière, elle est inodore et très peu
active; au contraire, lorsqu'elle a été pul-
vérisée et soumise à l'action de l'humidité,
ou même mouillée, elle développe des
propriétés très énergiques; dans le premier
cas, son amertume est médiocre, tandis
que dans le second elle devient acre et très
piquante: aussi c'est toujours à l'état de
poudre et en l'humectant qu'on en fait
usage. Cette poudre est de couleur verdâtre,
entremêlée de points plus foncés et noirâ-
tres, qui proviennent des débris des tégu-
ments. Mise sur le papier, elle y laisse des
traces très visibles de l'huile qu'elle ren-
ferme, et dont la présence la fait rancir
après quelque temps; lorsqu'on veut remé-
dier à cet inconvénient, on extrait cette
huile, qui, du reste, pourrait elle même
être utilisée. Dans tous les cas , la graine de
Moutarde conserve pendant longtemps ses
propriétés. Outre l'huile fixe jaune-verdâtre
dont nous venons de faire mention, elle ren-
ferme encore une huile volatile, de couleur
jaune-clair, dense, qu'on en retire en la
distillant dans huit ou dix pintes d'eau. Le
résultat de celte distillation est un liquide
très énergique qui produit sur la peau une
rubéfaction instantanée, et dont une seule
goutte mise sur la langue, donne la sensation
d'une brûlure vive. On a signalé encore dans
cette grainede l'albumine végétale, du muci-
lage, du soufre, des sels à base de chaux, etc.
On emploie fréquemment la graine de Mou-
tarde noire pour la confection de ce condi-
ment très usité et très connu sous la seule
dénomination de Moutarde ; cependant elle
n'entre que dans les qualités inférieures ,
la plus estimée étant faite avec la grainede
Moutarde blanche. Ses usages les plus im-
portants sont ceux auxquels on l'emploie en
médecine, à l'extérieur, pour sinapismes,
cataplasmes résolutifs , pédiluves , etc. , ou
même quelquefois à l'intérieur.
b. Ccratosinapis, DC. Silique surmontée
d'un bec conique qui ne renferme pas de
graine. A cette section , la plus nombreuse
du genre, se rapporte l'espèce suivante :
2. Moutarde des champs, Sinapis arvensis
Lin. Plante très commune dans les champs,
les jachères, les vignes d'une grande partie
de l'Europe. Sa tige, haute de 5-6 décimè-
tres , est rameuse et dure. Ses feuilles sont
presque glabres, seulement dentées dans une
variété, dans l'autre divisées en 7-9 lobes
dentés , dont les inférieurs ressemblent à
des pinnules. Ses fleurs sont jaunes , plus
grandes que celles de l'espèce précédente, et
leur calice est très étalé. Les siliques sont
glabres, cylindracées, mais relevées de plu-
sieurs nervures longitudinales saillantes,
renfermant dans chaque loge 9-12 graines
qui déterminent autant de bosselures à leur
extérieur, longues de près de 3 centimètres,
avec un bec subulé qui égale le tiers de
leur longueur. Sa graine est noirâtre, plus
foncée que celle de la précédente, à laquelle
elle est presque toujours mêlée, et dont elle
altère la qualité.
c. Leucosinapis , DC. Silique hérissée ou
glabre, à valves bosselées, surmontée d'un
granc bec comprimé et ensiforme. En éta-
blissant cette section, De Candolle se de'
mande si elle ne devrait pas être réunie aux
Eruca, ou si elle ne devrait pas former un
genre distinct. De même M. Endlicher, en
l'admettant après De Candolle, émet un
doute semblable. D'autres botanistes ont dé-
cidé la question en proposant de faire de ce
sous-genre un genre à part , auquel An-
drzeiowsky , et , d'après lui , Rcichenbach ,
ont donné le nom de Ramphospcrmum , et
Presl (l. c.) celui de Donannia. Cependant
406
MOU
nous suivons ici la manière de voir de M. B.
Webb , qui conserve ces plantes parmi les
vraies Moutardes.
3. Moutarde blanche, Sinapis alba Lin.
(Bonannia officinalis Presl). Cette plante in-
téressante croît parmi les moissons, et dans
les lieux incultes et pierreux de toute l'Eu-
rope moyenne et méridionale. Sa tige, haute
de 5-6 décimètres, est peu rameuse, glabre
ou pourvue de poils assez rares. Ses feuilles
sont presque toujours glabres, pinnatipar-
tites; les lobes inférieurs oblongs, profon-
dément séparés , le terminal plus grand ,
tous sinués-dentés ou à dents aiguës. Ses
fleurs sont jaunes. Sa silique est hérissée
de poils étalés , terminée par un bec plus
long qu'elle et au moins aussi large, com-
primé-ensiforme , renfermant quelquefois
une graine à sa base, marqué à sa surface de
3 nervures longitudinales, et glabre ou lé-
gèrement hérissé ; chacune de ses loges ren-
ferme 2-4 graines. Ce sont encore ces grai-
nes qui donnent à cette plante toute son
importance. Leur couleur est claire, jaune-
clair ou blanchâtre , d'où est venu , surtout
par opposition , le nom de la plante ; leur
volume est à peu près double de celui des
graines de la Moutarde noire ; elles sont
lisses et luisantes, inodores ; leur saveur est
amère, mais elle ne devient pas acre comme
dans l'espèce que nous venons de nommer.
Leur tégument renferme une couche muci-
lagineuse qui forme environ 1/5 du poids ,
et qui est soluble dans l'eau ; de là vient
que mises dans ce liquide après avoir été
concassées, elles le rendent très visqueux en
vingt-quatre heures de séjour.
La graine de la Moutarde blanche pos-
sède des propriétés assez analogues à celles
de la Moutarde noire, mais beaucoup moins
énergiques. Elle est employée en grande
quantité à la fabrication de la Moutarde du
commerce, dont elle donne les qualités su-
périeures; de plus, elle est devenue dans ces
derniers temps un évacuant des plus vul-
gaires , et sa consommation sous ce rapport
avait pris, il y a dix ou douze ans, des pro-
portions énormes qui ont considérablement
décru depuis que la vogue en est passée.
Pour cet usage, auquel elle servait en Angle-
terre depuis environ un siècle, mais qui ne
date pas de vingt ans sur le continent, on
«mploie la graine de Moutarde blanche en
MOU
nature, entière et sans préparation, ou seu-
lement légèrement humectée; son action
évacuante est remarquable et très difficile à
expliquer, puisqu'on ignore en quoi elle con-
siste, et qu'elle passe tout entfère sans êtro
digérée.
Les feuilles jeunes delà Moutarde blanche
se mangent quelquefois en salade ; de plus,
on la cultive assez fréquemment comme
fourrage pour les bestiaux, auxquels on la
donne en vert en automne. (P. D.)
MOUTARDIER, ois. — Nom donné par
Belon au Martinet noir. Voy. martinet.
MOUTON. Ovis. mam. — C'est à Linné
que l'on doit la création du genre Mouton ,
Ovis, et, d'après lui, un grand nombre de
zoologistes, Brisson , Erxleben , Boddaërt,
G. Cuvier, Et. Geoffroy-Saint-Hilaire, A. -G.
Desmarest, etc., ont adopté ce groupe géné-
rique, tandis que d'autres, et nous citerons
particulièrement Leske,Illiger,Bliimenbach,
Ranzani, etc., remarquant le manque de ca-
ractères propres à séparer d'une manière
bien tranchée les Chèvres des Moutons, les
ont réunis dans une même division sous les
dénominations de Capra et (YJEginomus.
Quoi qu'il en soit, les Moutons ne peuvent
être confondus avec les Ruminants sans cor-
nes et pourvus de canines, tels que les Cha-
mois, les Chevrotains, les Lamas, ni avec
ceux dont la tête est ornée de bois ramifiés
et caducs, comme les Cerfs, ou de produc-
tions osseuses toujours couvertes de peau,
tels que les Girafes. Dès lors on ne peut les
rapprocher que des Bœufs, des Antilopes et
surtout des Chèvres; mais les Bœufs se dis-
tinguent des Moutons par leur corps trapu,
leurs membres courts et robustes, leur fanon
lâche et pendant sous le cou , leurs cornes
lisses, leur mufle large, etc.; les chevilles
des cornes totalement solides, sans pores ni
sinus dans le plus grand nombre d'Antilo-
pes; le nombre de leurs mamelles, qui est
souvent de quatre; la présence de larmiers,
de pores inguinaux, dans plusieurs de ces
animaux; les cornes non anguleuses, sou-
vent même très lisses, leur fournissent un
ensemble de caractères qui ne se rapportent
jamais entièrement à ceux qu'on observe chez
les Moutons ; enfin, le chanfrein droit ou
concave , la direction des cornes d'abord
en haut et ensuite en arrière, la présence
d'une barbe sous le menton, sont les trait
MOU
distinctifs qui séparent les Chèvres des Mou-
tons.
Les auteurs assignent au genre Mouton les
caractères suivants : Ruminants pourvus de
cornes creuses, persistantes, anguleuses, ri-
dées en travers, contournées latéralement en
■spirale et se développant sur un axe osseux,
celluleux, qui a la même direction; trente-
deux dents en totalité, savoir: huit incisives
inférieures, formant un arc entier, se tou-
chant toutes régulièrement par leurs bords,
les deux intermédiaires étant les plus larges
et les deux latérales les plus petites; pas
d'incisives supérieures; six molaires à cou-
ronne marquée de doubles croissants d'é-
mail, dont trois fausses et trois vraies à
chaque côté et aux deux mâchoires ; les vraies
molaires supérieures ayant la convexité des
doubles croissants de leur couronne tournée
en dedans, et les inférieures l'ayant en de-
hors ; le chanfrein arqué; le museau ter-
miné par des narines de forme allongée,
oblique, sans mufle ou partie nue et mu-
queuse; pas de larmiers; pas de barbe au
menton; les oreilles médiocres et pointues;
le corps de stature moyenne , couvert de
poils; les jambes assez grêles, sans brosses
aux genoux; deux mamelles inguinales; pas
de pores inguinaux ; la queue (du moins
dans les espèces sauvages) plus ou moins
courte, infléchie ou pendante ; enfin on peut
ajouter qu'il existe un appareil de sécrétion
occupant sur chaque pied le niveau de l'ar-
ticulation supérieure des phalanges mitoyen-
nes, et s'ouvrant à l'extérieur par un petit
\trou circulaire du diamètre à peu près d'une
igné. Ce dernier caractère, qui a été donné
assez récemment par M. Gêné, de Turin,
semble devoir s'appliquer d'une manière gé-
nérale à toutes les espèces du genre Mouton,
et ne pas se retrouver, au contraire, dans le
groupe des Chèvres.
L'organisation interne des Moutons est
encore assez peu connue. On possède cepen-
dant quelques détails sur leur squelette,
leurs organes digestifs et delà génération, sur
leur myologie, etc. On a cherché dans leur
anatomie quelques caractères pour les dis-
tinguer des Chèvres avec lesquelles ils ont
tant de rapports, mais on n'a pu découvrir
que des différences spécifiques, c'est-à-dire
de même valeur que celles que l'on peut
rencontrer entre deux espèces congénères.
MOU
407
Ces deux groupes sont même tellement voi-
sins que la Chèvre produit avec le Mouflon,
et la Brebis avec le Bouc, et que les métis
qui en proviennent ne sont pas inféconds.
Les Moutons se nourrissent de végétaux;
ils vivent en familles ou en troupes plus ou
moins nombreuses; les pays élevés, les som-
mités des montagnes, sont les contrées qu'ils
habitent de préférence. Leurs habitudes sont
les mêmes que celles des Chèvres , et c'est
encore un rapport entre ces deux groupes si
voisins. A l'état sauvage, on les voit sauter
de rocher en rocher avec une vitesse pres-
que incroyable; leur souplesse est extrême,
leur force musculaire prodigieuse , leurs
bonds très étendus et leur course très rapide ;
on ne pourrait les atteindre, s'ils ne s'arrê-
taient fréquemment au milieu de leur course
pour regarder le chasseur d'un air stupide et
pour attendre que celui-ci soit à leur portée
pour recommencer à fuir. A l'état domesti-
que, les mœurs des Moutons sont tout-à-fait
modifiées, ainsi que nous le verrons en par-
lant des diverses races de l'espèce employée
dans l'économie rurale. On sait tous les
avantages que l'homme retire du Mouton, et
nous ne croyons pas devoir en parler main-
tenant.
Les Moutons habitent plusieurs régions de
l'ancien et du nouveau monde. La Corse, la
Sardaigne et quelques autres îles de la Mé-
diterranée sont les lieux où l'on trouve l'es-
pèce la plus anciennement connue et celle
qu'on regarde comme la souche primitive de
nos Moutons domestiques. Les autres espèces
se trouvent dans la chaîne de l'Atlas, dans
les montagnes de la Sibérie et du Kamts-
chatka, dans celles du Canada, etc., etc.
On. ne connaît qu'un assez petit nombre
d'espèces de ce groupe ; cependant M. Lesson
(Nouv. tabl. du Règ. anim. Mam.9 1842)
admet quatorze espèces que nous allons ci-
ter; 1° Mouflon d'Afrique, Ovis tragdaphus
Linné, de l'Afrique du Nord, Abyssinie,
Barbarie, Egypte, etc.; 2° Mouton d'Amîïriquk,
Ovis montana Et. Geoffr., de l'Amérique du
Nord ; 3° Mouflon argali, Ovis ammon Ervl.,
des montagnes de la Tartaric et de la Sibé-
rie; 4° Mouton ordinaire, Ovis arics et mu-
Simon Linné, de la Corse , de la Sardai-
gne, de l'Egypte supérieure, etc.; 5* Ovis
ophion Blyth., de l'île de Chypre ; 6* Ovis
sicalopygus Pallas, d' Abyssinie; 7" Ovis cy-
408
MOU
MOU
lindricornis Blyth., du Caucase; 8° Ovis
Gmelini Blyth., de l'Arménie et de la Perse;
9° Ovis Polii Blyth., de Pamir en Asie;
10° Ovis nahoor Hodg., du Thibet et de
l'Hymalaya; 11° Ovis Burrhel Blyth., de
niymalaya ; 12° Ovis nivicola Eschs. , du
Kamtschatka; 13° Ovis caZt'/brntana Dougl.,
de la Californie; et 14° Ovis Viguei Blyth.,
du petit Thibet. La plupart de ces espèces
ne sont encore qu'imparfaitement connues
et ne seront probablement pas toutes ad-
mises, car plusieurs d'entre elles devront
probablement être réunies pour n'en former
qu'une seule. Les quatre que nous avons
indiquées les premières sont les seules qui
soient véritablement bien étudiées jusqu'à
présent; nous ne nous occuperons ici que
de celles-ci , et nous terminerons cet article
en donnant, d'une manière rapide la des-
cription des principales races ou variétés
admises dans l'espèce du Mouton ordinaire.
1° Le Mouflon d'Afrique ou Mouton
barbu, Ovis tragelaphus G. Cuv., A. -G.
Desm.; Tragelaphus et Hirco-Cervus Caïus,
Barded Sheep Pcnnant ( Quad., pi. 9).,
Shaw (Zool.t II , 2e part., pi. 202) ; Mouton
a manchettes, Ovis ornata Et. et 1s. GeoîTr.
Pennant a , le premier, décrit cette espèce,
qu'il regarde comme le Tragelaphus de
Pline, et il lui assigne les caractères sui-
vants : Mouton ayant les poils de la région
inférieure des joues et de la partie supé-
rieure des mâchoires très longs et formant
une sorte de barbe double ou divisée; ceux
du côté du corps courts ; ceux du dessus du
cou un peu plus longs et assez droits; ceux
du dessous du cou et des épaules grossiers,
au moins longs de 11 centimètres, et pour-
vus à leur base d'une laine très courte et
serrée; le cou, le dos et les flancs d'une
couleur ferrugineuse pâle; la queue très
courte ; les cornes ayant vingt-cinq pouces
anglais de longueur et onze pouces de cir-
conférence à leur base, divergentes, diri-
gées en arrière et en dehors, et écartées
l'une de l'autre ; leurs pointes d'environ
25 centim. Cette description, malheureu-
sement incomplète, a été reproduite par
Shaw; mais, suivant ce naturaliste , elle ne
se rapporterait qu'à une simple variété de
VArgali, et non à une espèce distincte;
mais cette opinion n'a, du reste, aucun
fondement.
Le Mouton barbu habite les lieux déserts /
et escarpés de la Barbarie et du nord des
l'Afrique.
G. Cuvier, A. -G. Desmarest et d'autres t
zoologistes réunissent au Mouton barbu un-
animal qu'Etienne Geoffroy - Saint - Hilaire
regarde comme une espèce distincte , et
qu'il a décrite dans l'ouvrage sur l'Egypte
sous le nom de Mouton a manchettes , Ovis
ornata. Cet animal est de la taille du
Mouton ordinaire; son chanfrein est assez
peu arqué ; ses cornes , médiocres , un peu
plus longues que la tête , se touchent à leur
base, s'élèvent d'abord droites, puis se re-
couchent en arrière et un peu en dedans
vers leurs extrémités ; elles sont ridées trans-
versalement, et leur face antérieure est la
plus large: le pelage, généralement d'un
fauve roussâtre, est assez court partout, si
ce n'est sous le cou, où il existe une longue
crinière pendante de poils longs et assez
grossiers; les poignets des jambes antérieu-
res ont aussi chacun une sorte de man-
chette composée de poils très longs et non
frisés.
Cette variété du Mouton barbu a été trou-
vée aux portes de la ville du Caire; mais il
est probable qu'elle n'habite pas ordinaire-
ment cette partie de l'Egypte.
2° Le Mouflon d'Amérique ou Bélier de
montagne , Ovis montana Et. Geoffr. {Ann.
Mus., t. II , pi. 60). Cette espèce a été dé-
couverte en 1800 par un voyageur anglais,
Gillevray.
Il est remarquable par les formes sveltes
de son corps et par ses longues jambes ; il
a la tête courte et le chanfrein presque
droit; sa bouche est exactement celle de la
Brebis; les cornes, chez le mâle, grandes,
larges , sont ramenées au-devant des yeux,
en décrivant à peu près un tour de spirale;
elles sont comprimées comme chez le Bélier
domestique, et leur surface est de même
transversalement striée: celles de la femelle
sont beaucoup plus petites et sans courbure
sensible; le poil est court, raide , grossier
et comme desséché , et a une coloration
générale d'un brun marron , tandis que les
fesses sont blanchâtres , le museau et le
chanfrein blancs et les joues d'un marron
clair; la queue , très courte comme dans
tous les Mouflons, est noire; l'animal a en-
viron cinq pieds anglais de longueur, et les
MOU
MOU
409
cornes, mesurées en ligne droite, ont trois
pieds.
G. Cuvier avait émis l'opinion que le
Mouton américain et l'ArgaH pourraient
ibien ne former qu'une seule espèce, et
M. Harlan affirme même qu'il n'y a pas la
plus légère différence spécifique entre ces
deux animaux; mais ces Moutons sont en-
core trop imparfaitement connus des natu-
ralistes européens pour qu'on puisse se
décider à admettre comme certaine ou er-
ronée l'opinion de M. Harlan; cependant ,
quelques caractères donnés par M. Isidore
Geoffroy- Saint- Hilaire semblent bien dé-
montrer que ce sont deux espèces distinctes.
C'est vers le 50e degré de latitude du
nord et le 115e de longitude ouest, auprès
de la rivière d'EIk, dans l'Amérique du
Nord , que le Mouflon d'Amérique a été dé-
couvert. Gillevray rencontra ce Bélier par
troupes de vingt à trente individus, ayant
à leur tête un vieux mâle , sur les sommets
des plus hautes montagnes , et particuliè-
rement sur les pentes arides et les moins
accessibles, mais descendant de temps à
autre pour paître dans les vallées; il les vit
sauter de rocher en rocher avec une vitesse
et une précision qui rappellent celles des Cha-
mois et des Bouquetins de nos Alpes, et il
affirme qu'il serait impossible de les attein-
dre s'il ne leur arrivait fréquemment de
s'arrêter dans leur fuite pour observer ceux
qui les poursuivent. Selon son rapport,
plusieurs peuplades américaines, notamment
celle des Crées ou Kinstianeaux, font une
chasse active à ces Ruminants , qu'ils nom-
ment Mi-attic y et dont ils estiment beau-
coup la chair, surtout celle des jeunes et des
femelles.
3° L'Argali, Ovis ammon Linné, Gm.;
Stepnie baranni G. -S. Gmclin ( Voy. en
Sib. , t. I); Ovis fera sibirica, vulgo Argali
dicta, Païïas (Spicil. zoolog., fasc. II, t. I);
Capra ammon Linné ( Syst. nat. Argali),
Shaw (Gen. zooL, t. II, part. 2 , fasc. 201).
La taille de cet animal est à peu près celle
du Daim, et son corps est partout couvert
de poils courts. En hiver , le pelage est d'un
gris fauve, avec une raie jaune-rous"âtre le
long du dos et une large tache de la même
couleur sur les fesses; la face interne des
quatre membres et le ventre sont d'un rou-
geâtre encore plus pâle, et le chanfrein , le
T. VIII.
museau et la gorge sont blanchâtres. En
été, il est en général plus roussâtre; mais
en tout temps la tache jaunâtre ou rous-
sâtre des fesses reste la même. Les cornes
des mâles sont très grosses et très longues ,,
elles naissent très près des yeux , devant les
oreilles, se couchent d'abord en arrière et
en dessous, puis en avant, avec la pointe
dirigée en haut et en dehors; elles sont
triangulaires à leur base, avec une large
face en avant ; leur surface est ridée en tra-
vers, depuis leur naissance jusqu'à moitié
de leur longueur, puis leur extrémité est
plus lisse, sans être cependant tout-à-fait
unie : les cornes de la femelle sont très
minces, à peu près droites, presque sans
rides, et assez semblables à celles de nos
Chèvres domestiques ; les oreilles sont assez
larges, terminées en pointe et très droites; le
cou a quelques plis pendants; la queue est
très courte.
C'est à Gmelin et à Pallas que l'on doit
presque tout ce que l'on sait de cette es-
pèce remarquable. Elle habite les régions
fraîches ou tempérées de l'Asie , et n'est pas
rare dans les montagnes de la Mongolie ,
de la Sougarie, et même de la Tartarie;
elle se trouve aussi abondamment répandue
dans le Kamtschatka. Les Argalis sont très
forts et très agiles ; leur légèreté , lorsqu'ils
sautent de rocher en rocher, est remarqua-
ble. Les mâles, dans leurs combats pour
la possession des femelles, perdent quel-
quefois leurs cornes, quelque grosses et
solides qu'elles soient. Plus vigoureux que
les Mouflons ordinaires, les Argalis s'accou-
plent deux fois dans l'année, au printemps
et en automne, et chaque portée est d'un
ou de deux petits. Quand les femelles ont
mis bas, elles restent seules avec leurs
agneaux. La chair de ces animaux et sur-
tout leur graisse sont recherchées par les
habitants des lieux où ils vivent.
4° Le Mouflon proprement oit, Ovis aries
rera Auct.; Musmon et Opldon, Pline ; Mus-
mon et Musimon , Gesner ; Tragelaphus,
Belon ; Mouflon, Bu (Ton (Hist. nat., t. XI,
pi. 39); Ovis argali Boddaërt, Shaw; Ovis
ammon Linné, Gm.; Capra ammon Linné
[Syst. nat.); Ovis musimon Goldf. ; Mou-
flon, Fr. Cuv. (Mammif.), A. -G. Desm.
(Mammif.); Musione de Sardaigne, Muffole
de Corse, etc. Ce Ruminant, d'où l'on croit
52
410
MOU
MOU
dérivées nos races de bêtes à laine européen-
nes , est un peu plus gtand que le Mouton
domestique ; il a environ 1 mètre 1 5 centirn.
de longueur, et sa hauteur, prise à la partie
du dos la plus élevée au-dessus du sol , est
de 75 centimètres. Les cornes du mâle
int près de 66 centimètres de longueur, et
ia queue un peu plus de 8 centimètres. Le
mâle a le chanfrein busqué , les cornes très
grandes, grosses, ridées, surtout à leur
base, d'un gris jaunâtre; les oreilles sont
médiocres, droites , pointues, mobiles; le
cou est assez gros; le corps épais, muscu-
leux, à formes arrondies; les jambes sont
assez robustes ; les sabots courts ; la queue
courte , infléchie et nue à sa face inférieure.
Le corps est couvert de deux sortes de poils :
un poil laineux gris, épais, ayant ses fila-
ments en lire-bouchons, et un poil soyeux,
assez peu long et raide , seul apparent au
dehors; la tête ne présente que de ces der-
niers poils. Le pelage est d'un fauve terne,
mêlé de quelques poils noirs sur la tête ,
le cou , les épaules , le dos , les flancs et
la face extérieure des cuisses , avec la ligne
dorsale plus foncée ; le dessous du cou
jusqu'à la poitrine , la base antérieure des
jambes de devant, les bords des flancs et
la queue sont noirâtres; le dessus et les
côtés de la fesse , ainsi qu'une ligne qni
naît de la commissure des lèvres et se porte
en arrière au-dessus de l'œil pour se réunir
à celles du côté opposé, sont aussi noirâ-
tres; la partie antérieure de la face, le
dessous des yeux, le dedans des oreilles , les
canons des jambes, le ventre, les fesses
et les bords de la queue sont blancs ; la face
interne des membres est d'un gris sale; une
tache d'un jaune pâle se voit au milieu de
chaque flanc ; l'intérieur de la bouche , la
langue et les narines sont noirs. En hiver
le pelage est plus fourni , présente plus de
noir , et les poils du dessous du cou forment
une espèce de cravate. Chez les femelles , le
pelage offre moins d'épaisseur; les cornes
manquent souvent, et lorsqu'elles existent,
elles sont beaucoup moins fortes que chez
les mâles. Les jeunes individus sont d'un
fauve plus pur que les vieux , avec les fesses
d'un fauve brun ; leurs cornes, qui com-
mencent à pousser peu de temps après leur
naissance, ont déjà 15 à 20 centimètres de
longueur au bout d'un an.
Le Mouflon était bien connu des anciens ;
il paraît avoir été désigné par les Grecs sous
le nom d'Ophion, et il est très clairement
indiqué dans les écrits de Pline et de Stra-
bon sous la dénomination daMusmon. Pline
le rapproche avec raison de la Brebis do-
mestique, et ajoute qu'il produit avec ce
dernier animal des métis connus sous le
nom d'Umbri; il nous apprend en outre
que, de son temps, l'espèce habitait l'Espa-
gne et principalement la Corse.
L'espèce du Mouflon se trouve dans les
parties les plus élevées de la Corse et de la
Sardaigne, sur les montagnes occidentales
de la Turquie européenne, dans l'île de
Chypre et vraisemblablement dans quelques
autres îles de l'Archipel grec; et, à moins
que l'Argali ne doive lui être rapporté , il
semblerait qu'elle ne s'élève pas plus au
nord. Il paraît que le Mouflon se rencontre
encore à l'état sauvage en Espagne, et
M. Bory de Saint-Vincent en a vu et tué
plusieurs individus dans les montagnes du
royaume de Murcie.
Dans l'état de nature, les Mouflons ne
quittent jamais les sommités des montagnes;
ils marchent par troupes, qui se composent
au plus d'une centaine d'individus , et à la
tête desquelles se trouve toujours un vieux
et robuste mâle. En décembre et janvier,
époque du rut , ces troupes se divisent en
bandes plus petites -, formées chacune de
quelques femelles et d'un seul mâle. Lorsque
ces bandes se rencontrent, les mâles se bat-
tent à coups de cornes; souvent l'un d'eux
périt , et, dans ce cas, les femelles qui l'ac-
compagnent se joignent au troupeau du
Mouflon qui survit au combat. Les femelles
portent cinq mois, et mettent bas, en avril
ou mai, deux petits qui peuvent marcher
dès le moment de leur naissance, et dont
les yeux sont ouverts; elles ont pour eux
beaucoup de tendresse , et les défendent
avec courage. Les jeunes n'atteignent tout
leur développement qu'à leur troisième an-
née, mais montrent, dès la fin de la pre-
mière, le désir de s'accoupler.
De nombreuses remarques sur l'état in-
tellectuel des Mouflons qui ont vécu à la
ménagerie du Muséum de Paris ont été fai-
tes par Fr. Cuvier, et nous croyons devoir
transcrire ici ce qu'il dit à ce sujet dans la
première livraison de son Histoire naturelle
MOU
MOU
411
des Mammifères du Muséum. « La domes-
ticité n'a aucune influence sur le déve-
loppement de l'état intellectuel dans ceux
de ces animaux que j'ai observés; elle n'a
fait que les habituer à la présence d'objets
nouveaux : les hommes ne les effrayaient
plus ; il semblait même que ces animaux
eussent acquis plus de confiance dans leur
force en apprenant à nous connaître; car,
au lieu de fuir leur gardien, ils l'attaquaient
avec fureur, et les mâles surtout. Les châti-
ments, bien loin de les corriger, ne les ren-
daient que plus méchants; et si quelques
uns devinrent craintifs, ils ne se soumirent
point, et ne virent que des ennemis, et non
pas des maîtres, dans ceux qui les avaient
frappés. Ils ne surent même jamais faire à
cet égard de distinction entre les hommes;
ceux qui ne leur avaient point fait subir de
mauvais traitements ne furent pas à leurs
yeux différents des autres, et les bienfaits
ne parvinrent point à affaiblir en eux le
sentiment qui les portait à traiter l'espèce
humaine en ennemie. En un mot, ils ne
montrèrent jamais aucune confiance, aucune
affection, aucune docilité, bien différents en
cela des animaux les plus carnassiers, que
l'on parvient toujours à captiver par la dou-
ceur et les bons traitements. Si le Mouflon
est la souche de nos Moutons, on pourra
trouver, dans la faiblesse de jugement qui
caractérise le premier, la cause de l'extrême
stupidité des autres. Ceux de ces animaux
qui ont vécu à la ménagerie aimaient le
pain, et lorsqu'on s'approchait de leur bar-
rière, ils venaient pour le prendre : on se
scnait de ce moyen pour les attacher avec
un collier, afin de pouvoir sans accident
entrer dans leur parc; eh bien! quoiqu'ils
fussent tourmentés au dernier point , lors-
qu'ils étaient ainsi retenus, quoiqu'ils vis-
sent le collier qui les attendait, jamais ils
ne se sont défiés du piège dans lequel on les
attirait en leur offrant ainsi à manger; ils
,sont constamment venus se faire prendre
jsans montrer aucune hésitation , sans ma-
nifester qu'il se fût formé dans leur esprit
la moindre liaison entre l'appât qui leur
était présenté et l'esclavage qui en était la
suite, sans qu'en un mot l'un ait pu deve-
nir pour eux le signe de l'autre. Le besoin
de manger seul était réveillé en eux à la
vue du pain. Sans doute on ne doit point
conclure de quelques individus à l'espèce
entière; mais on peut assurer, sans rien
hasarder, que le Mouflon tient une des der-
nières places parmi les Mammifères quant
à l'intelligence , et sous ce rapport il justi-
fierait bien les conjectures de tiuffon sur
l'origine de nos différentes races de Mou-
tons. » Ces conjectures se trouvent confir-
mées , ainsi que nous le dirons bientôt, par
des caractères qui rapprochent plus ou
moins du Mouflon certaines de nos variétés
de bêtes à laine.
Telles sont les espèces de Moutons sau-
vages les mieux connues jusqu'à ce jour;
on voit qu'elles sont au nombre de quatre
seulement, et encore que quelques unes n'é-
tant, suivant plusieurs auteurs, que des es-
pèces nominales, ce nombre devrait peut-
être se réduire à trois, mais non pas à deux
ou même à une seule, comme pourraient le
donner à penser les opinions émises par di-
vers naturalistes sur les Mouflons d'Europe,
d'Asie et d'Amérique, et par Shaw sur celui
d'Afrique : nous croyons qu'en aucun cas
on ne pourra réunir le Mouflon d'Europe à
celui d'Amérique , ni le Mouflon d'Afrique
à aucun des deux autres. D'après cela , il
vesterait comme espèces tout-à-fait certai-
nes : 1° le Mouflon d'Afrique , ou Mouton
barbu; 2° le Mouflon d'Amérique, ou Mou-
ton de montagne; et 3° le Mouflon d'Eu-
rope, type sauvage de nos Moutons, auquel
serait réuni , suivant quelques auteurs ,
l'Argali , ou Mouflon d'Asie.
Il nous reste maintenant à donner des
détails sur nos Moutons domestiques, et après
avoir parlé de leurs mœurs d'une manière
générale, nous terminerons cet article en
disant quelques mots des diverses races ad-
mises par les agriculteurs.
La plupart des races de Moutons , quoi-
que leur organisation intérieure soit presque
identique avec celle des Mouflons, semble,
au premier coup d'oeil , s'éloigner considé-
rablement de ces Ruminants et appartenir
même à un genre tout différent. Les formes
sveltes et gracieuses, la rapidité et la légè-
reté des mouvements qui caractérisent les
Mouflons, ont fait place, chez les Moutons,
à des formes plus ou moins lourdes, à une
lenteur, et, si l'on peut dire , à une indo-
lence qui sont presque devenues proverbia-
les ; en outre, le poil rude et cassant, doni
412
MOU
MOU
l'aspect a fait si souvent comparer les Mou-
flons aux Daims et aux Chevreuils , est
changé en une laine moelleuse. Cette der-
nière modification a surtout semblé bien
remarquable, et il n'en pouvait être autre-
ment , puisqu'elle suffisait seule pour chan-
ger entièrement la physionomie de l'animal ;
aussi les naturalistes ont-ils de bonne heure
tenté de l'expliquer, et leurs recherches ont
donné ce résultat qu'il n'y a pas là, comme
on aurait pu être porté à le croire, une sorte
de métamorphose ou même de création
nouvelle , mais un développement de ces
poils laineux , qui existent chez tous les
Mammifères des pays froids, et qui se trou-
vent même avoir déjà chez les Mouflons une
forme et une disposition analogues à celles
de la laine de nos Moutons domestiques.
Mais comment et par quelles causes s'est
opéré ce changement des poiîs laineux en
une véritable laine? Comment s'est opérée
la disparition des poils soyeux que l'on ob-
servait en même temps ? Toutefois la nature
du pelage n'a pas subi , dans toutes les ra-
ces domestiques, la modification dont nous
venons de parler ; et quelques unes d'entre
elles ont encore, sous ce rapport, conservé
les caractères du type primitif, le Mouflon.
Plusieurs races ont un vrai poil court, sec
et soyeux , comme celui du Mouflon ; d'au-
tres ne conservent ces poils que sur la tête
et sur les membres, et chez elles le corps
est couvert seulement par les poils intérieurs
plus ou moins fins, plus ou moins abondants,
et qui constituent la laine. La queue courte
du Mouflon se voit encore dans quelques
Moutons du Nord, tandis que dans ceux des
régions tempérées elle s'allonge, et que, dans
plusieurs variétés de» contrées chaudes du
globe , cette queue se charge d'une loupe
graisseuse qui acquiert souvent un volume
très considérable ; enfin les couleurs du pe-
lage des Moutons couverts de vrais poils
sont presque toujours rapprochées du fauve
et régulièrement disposées , tandis que ceux
qui n'ont que de la laine sont le plus ordi-
nairement blancs ou bruns.
Toutes les races de Moutons domestiques
produisent entre elles, et leurs métis pré-
sentent toujours des caractères mixtes rela-
tivement à ceux de ces races. Toutes parais-
sent avoir un défaut complet d'intelligence ,
et elles sont totalement sous l'empire de
l'homme. L'espèce , dégénérée au dernier
point, est peut-être la seule parmi celles des
animaux domestiques qui ne pourrait pas
revenir à l'état de nature, si elle se trou-
vait même placée dans les circonstances les
plus favorables à son existence ; une fois
abandonnée par l'homme, elle ne tarderait
pas à disparaître.
Ce n'est qu'à l'époque du rut que les
Moutons entiers ou Béliers montrent quel-
que ardeur, quelque courage ; alors seule-
ment un sentiment de jalousie irréfléchi les
porte à se battre entre eux , ce qu'ils font
en s'élançantles uns contre les autres et en
se frappant à grands coups de tête ; hors
de ce temps , ils sont dans un état complet
d'indolence et de stupidité. Les femelles ou
Brebis ne semblent avoir qu'un faible atta-
chement pour leur progéniture , et elles se
la voient enlever sans chercher à la retenir.
Les jeunes, qui à leur naissance portent le
nom d'Antennois, et qui plus tard, pendant
un an, ont reçu celui d'Agneaux, semblent
doués d'un sentiment un peu plus fin; car
il est constant qu'ils reconnaissent parfaite-
ment leur mère au milieu d'un troupeau ,
ce qu'ils ne doivent peut-être qu'à une lueur
d'instinct qu'ils ne tardent pas à perdre. Ils
sont de la plus parfaite indifférence les uns à
l'égard des autres; ils se rapprochent et se
serrent lorsqu'ils éprouvent quelque frayeur,
ce qui leur arrive souvent; et toujours,
dans leur marche ou leur fuite, la détermi-
nation d'un seul, le plus avancé , ou plutôt
le hasard qui dirige la marche de celui-ci ,
devient la règle de conduite de tous les au-
tres ; ils ne savent éviter aucun danger, et
même ils sont incapables de chercher aucun
abri contre les intempéries de l'atmosphère.
Ils savent à peine trouver leur nourriture
dans les terrains peu abondants en végétaui,
et en cela ils sont loin de montrer un dis-
cernement comparable à celui des Chèvres.
Leur constitution est très faible*, et leur
conservation demande des soins constants.
Les produits des Moutons dont l'homme
tire les plus grands avantages sont leur chair
et leur lait, dont il se nourrit; leur peau et
surtout leur laine, qui lui fournissent des
vêtements ; leur graisse, dure et solide, dé-
signée sous le nom particulier de suif, qu'il
emploie à s'éclairer pendant la nuit; enûn
leurs excréments, qui, donnant un engrais
MOU
MOU
413
très chaud , contribuent puissamment à
augmenter la fertilité des terres.
Quelques points de l'économie rurale, en
ce qui concerne l'éducation et la conserva-
tion des Moutons, se rattachent directement
à l'histoire naturelle, et nous allons en dire
quelques mots, renvoyant, pour plus de dé-
P tails, aux ouvrages spéciaux des agriculteurs
et des vétérinaires , et au résumé qui en a
été donné par A. -G. Desmarest dans le Dic-
tionnaire des sciences naturelles , article
MOUTON.
Les Brebis sont en état d'engendrer à un
an, et les Béliers à dix-huit mois ; mais on
ne fait produire les premières qu'à deux ans,
et l'on ne permet au Bélier de couvrir ses
femelles qu'à trois ans, époques auxquelles
ils ont acquis tout leur croissance. C'est
entre le commencement de novembre et la
fin d'avril que les Brebis sont disposées à
s'accoupler ; néanmoins , une nourriture
abondante et un peu échauffante peut les
mettre en état de concevoir dans les autres
mois; c'est principalement les mois de sep-
tembre, octobre et novembre que l'on choi-
sit pour la monte, aûn d'avoir des petits en
février, mars et avril, saison où l'herbe
tendre et abondante, convient le plus à la
nourriture de ces jeunes animaux. L'accou-
plement se fait très vite; un Bélier bien
constitué peut servir, sans s'épuiser, une
'trentaine de Brebis. Ces dernières , une
fois couvertes, doivent recevoir de grands
soins : dans nos pays, elles ne font qu'un
petit, et ne produisent qu'une fois par an;
mais dans quelques contrées des pays chauds,
certaines races ont deux agneaux par portée,
et ces portées se renouvellent deux fois par
an. Les Brebis conservent leur lait sept ou
huit mois après la naissance des petits,
mais on ne laisse ceux-ci téter que deux
ou trois mois. Comme le nombre des mâles
qui naissent est aussi considérable que celui
des femelles, et qu'il n'est nécessaire de
garder qu'un petit nombre de ces mâles
pour la reproduction, les autres sont en
général destinés pour la boucherie, ou con-
servés, après la castration, pour en recueil-
lir la laine pendant plusieurs années : les
animaux ainsi castrés portent le nom spécial
de Moutons. La chair des Agneaux se mange
lorsqu'ils ont de trois semaines à deux
mois au plus tard. L'époque à laquelle on
engraisse les Moutons pour la boucherie est
très variable : si l'on veut se procurer une
chair tendre et de bon goût, il faut les en-
graisser entre deux et trois ans; mais si l'on
désire obtenir tous les produits en laine
qu'on peut espérer de ces animaux, on attend
jusqu'à six, sept, et même dix ans, lorsque
l'on est dans un pays où les Moutons peuvent
vivre jusqu'à cet âge; alors il faut les en-
graisser un an ou quinze mois avant !e
temps où ils commencent à dépérir. Une
fois engraissés , il faut se hâter de tuer les
Moutons ; car ils ne vivraient pas longtemps
dans cet état. C?est vers le mois de mai que
l'on fait la tonte des Moutons; on lave par-
fois la laine sur le dos de l'animal ; mais
bien plus souvent on la détache telle qu'elle
est , remplie d'une sueur grasse qu'on ap-
pelle suint, laquelle est un préservatif mer-
veilleux pour écarter les insectes destruc-
teurs de la laine. Les troupeaux de Moutons
sont ordinairement composés de cent à
deux cents bêtes de tous âges. Dans nos
climats on les loge dans des étables qui
doivent être bien aérées, et on les conduit
chaque jour paître dans la campagne. La
fiente des Moutons étant un engrais très
actif et que l'on emploie très utilement, on
a imaginé, pour perdre le moins possible
d'excréments, le parcage des Moutons, dont
nous ne croyons pas devoir parler ici. Les
maladies des bêtes à laine sont nombreuses :
les unes, ou les épizootiques, se répandent
sur un grand nombre d'animaux sans dis-
tinction de pays, et dans tous les temps:
tels sont le claveau ou la clavelée, et la
gale; d'autres, ou les enzootiques, sont at-
tachées à certaines contrées et reviennent
chaque année à la même époque : telles sont
la falère, la pourriture, etc. ; d'autres en-
core, les sporadiques, surviennent sans ré-
gularité, partout indistinctement, à quelques
animaux seulement; tels sont, par exemple,
le tournis, lepiétain, le fourchet, etc. Plu-
sieurs de ces maladies sont contagieuses,
c'est-à-dire qu'elles peuvent se communi-
quer d'un animal à un autre, soit par con-
tact immédiat, soit par les intermédiaires,
tels que le charbon, le claveau et la gale.
Outre ces maladies, on doit dire que les
Moutons sont souvent attaqués par un grand
nombre de vers intestinaux des genres
Tricocéphale , Strongle, Douve, Cysticer-
414
MOU
MOU
que, Échinocoque, etc.; qu'un Insecte,
l'Astre, les incommode beaucoup; et qu'en-
fin, lorsqu'ils ont mangé trop de certaines
plantes, comme le Trèfle, la Luzerne, le
Seigle, etc., ils éprouvent un accident sin-
gulier, qu'on appelle météorisation, enflure,
ccouflure, etc., et qui peut être quelquefois
très dangereux pour eux. La durée de la vie
des Moutons est, pour l'ordinaire, de douze
à quinze ans; l'âge de ces animaux, au
moins dans leurs premières années , se re-
connaît par l'existence ou l'absence des
dents incisives de lait, et par l'état de détri-
tion plus ou moins avancé de leurs dents
de remplacement ; à un an, les deux inter-
médiaires de lait tombent et sont rempla-
cées, et à trois ans elles sont toutes renou-
velées : elles sont alors égales et blanches ;
mais ensuite elles se déchaussent, s'émous-
sent, et deviennent inégales et unies.
Après ces généralités sur les Moutons do-
mestiques, il ne nous reste plus qu'à indi-
quer les variétés et races de Moutons les
plus remarquables, et c'est ce que nous al-
lons faire en suivant la Mammalogie de
r Encyclopédie méthodique d'A. G. Desma-
rest.
a. Le Mouton morvan, Buffon; Mouton a
longues jambes , Ovis aries longipes A. G.
Desm. , Aries guineensis seu angolensis
Margr.; Bélier et Brebis des Indes, Buffon.
Chanfrein très fortement arqué ; oreilles
pendantes; jambes très longues; corps gé-
néralement couvert de poils ; ceux du dessus
du cou forment une assez forte crinière
qui , étant arrivée sur les épaules, se déve-
loppe quelquefois en rayonnant; souvent de
longs poils sous le dessous du cou forment
un épais fanon; queue très pendante, des-
cendant plus bas que les talons ; le corps est
haut de plus de quatre pieds ; les cornes
sont moyennes et forment moins d'un tour
entier de spirales sur les côtés de la tête ,
en enveloppant les oreilles; le pelage va-
rie : quelques individus sont noirs , d'autres
bruns, il en est de brun-roussâtre , enfin on
en voit de blancs.
Originaire d'Afrique, et particulièrement
de la côte de Guinée, cette variété est élevée
en Barbarie et au cap de Bonne-Espérance.
Elle a été naturalisée en Europe par les
Hollandais, et, croisée avec les Moutons du
Texel et de la Frise orientale, elle a donné
lieu à une grande race de Moutons sans
cornes, connus sous les noms de Moulons
du Tcxel et de Moulons flandrins, dont la
laine a un certain degré de finesse et beau-
coup de longueur, et dont les Brebis don-
nent constamment chaque année plusieurs
agneaux.
0. Mouton a grosse queue, Mouton a
large queue, Fr. Cuv.; Ovis aries laticaudata
Gm., Ed., A. G. Desm.; oïç àpâSio; iElien,
Mouton de Barbarie, d'Arabie, Buffon ; Ovis
aries slatopyga Pallas, etc. De la taille de
nos races ordinaires; chanfrein très arqué;
oreilles de médiocre grandeur, pendantes et
mobiles; laine plus ou moins grosse et lon-
gue, tombant en mèches épaisses; cornes
fortes et dirigées d'abord en arrière, puis
recourbées ensuite en dessous et en avant;
ces cornes n'existent quelque/ois pas, ou au
contraire sont quadruples; la queue, qui
descend au moins jusqu'aux jarrets, est très
renflée sur les côtés, par l'effet d'une accu-
mulation de graisse assez peu solide dans
le tissu cellulaire, laquelle forme quelque-
fois une sorte de loupe très considérable,
du poids de trente à quarante livres, re-
couverte en dessous d'une peau nue, de
couleur de chair, et marquée par un léger
sillon longitudinal.
Cette race habite l'Afrique, et particuliè-
rement la Buckarie, l'Ethiopie, l'Egypte, le
cap de Bonne-Espérance; on la trouve aussi
en Asie, dans la Perse et dans l'Inde. Plu-
sieurs races distinctes sont reconnues dans
cette variété, et nous indiquerons les prin-
cipales :
1. Ovis aries sleatopyga Pallas. Elle n'a
que peu de vertèbres au tronçon de sa
queue , et sa loupe graisseuse est composée
de deux masses plus ou moins arrondies ,
réunies supérieurement, et séparées à leur
partie inférieure. Elle est propre aux steppes
du midi de la Russie , et se trouve aussi en
Perse et en Chine.
2. Mouton à grosse queue Fr. Cuv. Ls
chanfrein est presque droit; la laine peu
grossière; la queue, très longue, surpasse le
corps en largeur dans les deux premiers tiers
où s'attache la loupe. Originaire de la Haute-
Egypte.
3. Mouton d'Astracan Fr. Cuv. Plus pe-
tit que notre Mouton; il n'a pas constam-
ment de cornes; la queue ne présente
MOU
MOU
415
qu'un renflement léger; les adultes ont le
corps couvert d'une laine assez longue , des
plus grossières, et sous laquelle on retrouve
les poils noirs et blancs des Agneaux, mais
non frisés et divisés par mèches. Sa four-
rure est connue dans le commerce sous le
nom de fourrure d'Astracan. Son nom in-
dique le pays où on le trouve le plus com-
munément.
4. Délier du Cap Pennant. Remarquable
par la grandeur de ses oreilles qui sont
pendantes, la convexité de son chanfrein ,
le peu de développement de ses cornes, et la
longueur considérable de sa queue. Se trouve
au cap de Bonne-Espérance.
c. Mouton a longue queue , Ovis aries do-
îuchura sive tscherkessika Pallas , Ovis ara-
bica Jonston. Le corps est couvert de laine
grossière ; les cornes sont moyennes, en spi-
rale sur les côtés de la tête; la queue, très
longue, traînée terre. Habite la Russie mé-
ridionale , et particulièrement les environs
d'Astracan et de la Buckarie.
d. Mouton valachien , Ovis aries strepsi-
ceros Pline, Oïç £av<?oc Oppien, Bélier et Bre-
bis de Valachie Bulîon. Taille de notre Mou-
ton ordinaire; à cornes fort longues et mar-
quées d'une arête saillante, longitudinale;
la laine est très abondante, ondulée, gros-
sière , et propre à faire des fourrures com-
munes ; la queue est longue et très touffue.
On le trouve communément en Hongrie et
en Valachie, et l'on en conduit beaucoup à
Vienne. D'après Belon, cette race existerait
aussi dans l'île de Crète.
e. Mouton d'Islande, Bélier a plusieurs
cornes Buffon, Ovis aries polycerata Linné,
Gm., Ovis golhlandica Pallas. Plus petit que
notre Mouton; cornes irrégulières, grandes,
et variant en nombre , depuis deux jusqu'à
six au plus, ayant une simple courbure en
arrière, en haut ou de côté; poils très longs,
composés d'un jars très long et grossier
seul apparent au dehors, d'une laine assez
grossière intermédiaire , et d'une sorte de
duvet très fin et placé sur la peau; la cou-
leur générale est le brun roussâtre, mais le
dessous du cou et le devant de la poitrine
sont noirâtres; la queue est noire. Cette
race , dont une partie est sauvage, est sur-
tout particulière à l'Islande et aux îles Fé-
roë. Elle existe aussi en Norwége, où elle
a dû être importée.
f. Mouton commun, Buffon; Ovis aries gal-
UcaA.-G. Desm. Sa taille ne dépasse guère
75 centimètres pour la hauteur, mesurée
au garrot; les cornes sont moyennes et re-
courbées en spirale, lorsqu'elles existent,
mais elles manquent très souvent; la tête
est étroite; le museau long et efûlé; le
chanfrein fort busqué ; les poils qui couvrent
la tête en entier, une partie du cou et les
jambes , sont courts et raides ; la laine du
corps est grasse, abondante, à filaments non
tortillés en tire -bouchon, et divisée par
grosses mèches tombantes; la couleur est
ordinairement blanche ; mais dans quelques
provinces du midi , le nombre des individus
noirs ou bruns -noirs est si considérable,
qu'ils forment la plus grande partie du trou-
peau ; la queue est ordinairement très longue
et grêle.
Beaucoup de races métisses, provenant du
mélange de nos Moutons avec les races es-
pagnole, anglaise, flamande, sont distin-
guées par les agriculteurs ; mais leurs carac-
tères distinctifs sont très inappréciables pour
les naturalistes. On les trouve indiquées
presque toutes dans l'ouvrage de M. Car-
lier, intitulé: Traité des bêles à laine. Nous
ne parlerons ici que des quatre principales :
1. Race flandrine. A taille haute et lon-
gue, et provenant du croisement du Bélier
des Indes , désigné sous le nom de Mouton
du Texel.
2. Race solognote. A tête fixe , effilée et
menue; ordinairement sans cornes, ayant
la laine frisée à l'extrémité des mèches seu-
lement.
3. Race roussillonnaise. A laine très fine,
dont les filaments sont contournés en spi-
rale , et qui participe de la race Mérinos ,
avec laquelle elle a été croisée.
4. Race berrichonne. A cou allongé, ayant
la tête sans cornes et couverte de véritable
laine, seulement sur le sommet; la laine du
corps fine , blanche , serrée , courte et fri-
sée, etc., etc.
g. Mouton d'Espagne, Mérinos des Espa-
gnols, Ovis aries hispanica Linné, Gm. II
n'a que 65 à 66 centim. de hauteur au gar-
rot, et la longueur totale, depuis le bout du
museau jusqu'à l'origine de la queue , est
de 1 mètre ; ses formes sont arrondies ; sa
tête est large ; son chanfrein médiocrement
busqué; ses cornes sont tics grosses, con-
416
MOU
IMUC
tournées sur les côtés en spirale très régu-
lière : les femelles n'en ont pas ; le front est
toujours , et souvent aussi les joues et la
ganache , couvert d'une laine épaisse comme
celle du corps; celle-ci, très fine, abondante,
fort douce au toucher, pleine d'une exsuda-
tion graisseuse , est tressée et composée de
filaments contournés en vrille ou en tire-
bouchon, élastiques, moins longs, mais beau-
coup plus fins que ceux des races communes,
d'un blanc sale en dedans , et rembruni à
l'extérieur; les aisselles, la face interne des
cuisses , le bas des jambes et une partie de
la tête seulement , sont couverts de poils
courts.
Cette variété, mêlée avec toutes les races
propres au sol de la France , produit un
nombre infini de races à laine moins fine
et plus longue que la sienne, appelée demi-
mérinos. Ces vaces, croisées plusieurs fois de
suite avec des Béliers mérinos de race pure ,
acquièrent, au bout de deux ou trois géné-
rations, des caractères qui les rapprochent,
autant que possible, de la race espagnole, à
quelques différences près, qui dépendent de
la nature de la laine des races primitives
croisées. La roussillonnaise est celle qui est
améliorée en moins de générations; car dès
la troisième , sa laine est aussi fine que celle
des Mérinos.
Le Mérinos , généralement répandu en
Espagne, paraît, d'après des documents his-
toriques, tirer son origine de troupeaux im-
portés de Barbarie. En Espagne elle est
transhumante, c'est-à-dire qu'on la tient
continuellement à l'air, et qu'on la fait voya-
ger par troupeaux assez considérables , en
été , dans les montagnes élevées du royaume
de Léon et des Asturies, et en hiver, dans
les plaines de laNouvelle-Castille et de l'Es-
tramadure.
h. Mouton anglais , Ovis aries anglica
À. -G. Desm., Ovis anglicana Linné. Cette
variété a la laine fine et très longue; elle est
sans cornes; sa queue est longue et pen-
dante. Elle est métisse et provient de croi-
sements d'une race anglaise originaire, qui
a presque entièrement disparu, avec des
Béliers et des Brebis d'Espagne et de Barba-
rie, croisements qui ont eu lieu dès les
temps de Henri VIII et d'Elisabeth. Depuis
quelques années , cette race a été introduite
en France par les soins de M. Yvart.
On distingue, parmi les Moutons anglais,
des races aussi nombreuses que parmi les
Moutons français , selon les degrés de croi-
sement et le soin plus ou moins grand qu'on
en prend dans tel comté plutôt que dans tel
autre, relativement au choix des Béliers et
des Brebis destinés à la propagation de la
race. La laine de ces Moutons est la plus
belle après celle des Mérinos. Les races prin-
cipales sont celles de Lincolnshire, de Kent,
du comté de Sussex , de Cantorbéry , et se
distinguent par la laine que donnent les
Moutons , et qui est plus ou moins longue et
plus ou moins fine. (E. Desmarest.)
MOUTON DU CAP. ois. — Synonyme
d'Albatros. Voy. ce mot.
MOUTON ZONE. eot. cr.— Paulet a dé-
critsous ce nom VAgaricus torminosusSchœt.
Voy. AGARIC. (LÉV.)
MOUTOUCH1A. bot. ph. —Genre de la
famille des Légumineuses-Papilionacées-Dal-
bergiées, établi par Aublet (Guian., II, 748,
t. 299). Arbres de l'Amérique tropicale.
MOUVEMENT, zool. — Voy. locomo-
tion et BTOLOGTE.
MOZINNA. bot. pft.— Genre de la famille
des Euphorbiacées-Crotonées, établi par Or-
tega (Decad., 105, t. 13). Arbrisseaux du
Mexique. Voy. edphorbiacées.
MUCÉDINÉES. Mucedinœ. bot. cr. —
Un des groupes les plus intéressants de la
grande famille des Champignons. Voy. my-
cologie.
MUCILAGE. Mucilago. chim. — On ap-
pelle ainsi le liquide épais et visqueux formé
par la solution ou la division d'une gomme
dans l'eau. Les Mucilages participent des
propriétés érnollientes et relâchantes des
substances qui servent à les former. — On
nomme aussi Mucilage une substance végé-
tale qui se rapproche beaucoup de la gom-
me, et qui se trouve en grande quantité
dans les racines de Guimauve et de grande
Consoude , dans la graine de Lin et les se-
mences de Coing. Ce Mucilage rend l'eau
plus visqueuse et plus filante que les gom-
mes. 11 donne, comme ces dernières, de
l'acide mucique, de l'acide oxalique par
l'acide nitrique, et forme uneémulsion avec
les huiles. (J.)
MUCILAGO , Hoffm. (Crypt., t. 12).
bot. en. — Syn. de Merulius, Hall.
*MUCIZONTA,DC. (in Bull, soc.philom ,
3MUC
MUE
417
1801 , 49; Prodr., III , 399). dot. ph. —
Voy. UMB1LICUS.
MUCOR. bot. cr. — Genre type du
groupe des Mucédinées, et dans lequel la
plupart des auteurs anciens avaient réuni
toutes les petites espèces de Cryptogames
qui se développent sur les substances en
décomposition. Voy. mucédinées à l'article
MYCOLOGIE.
MUCRONÉ. Mucronalus. bot. — Ce nom
s'applique, en botanique, à tout organe qui
se prolonge en une petite pointe raide et
droite. Ex. : les feuilles de YAgathosma
apiculala , les fruits du Palicourea api-
cata, etc.
*MUCRONEA (mucro, pointe), bot.
ph. — Genre de la famille des Polygonées-
Eriogonées, établi par Bentham ( in Linn.
Transact. , XVII, 419, t. 20). Herbes de la
Californie. Voy. polygonées.
MUCUNA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Légumineuses-Papilionacées-Éry-
thrinées, établi par Adanson (Fam., II, 325),
et caractérisé de la manière suivante : Calice
campanule, bilabié , à lèvre supérieure
large, entière ou échancrée ; l'inférieure à
trois lobes , celui du milieu le plus long.
Étendard de la corolle cordiiorme, à ailes
oblongues-linéaires, conniventes, à carène
droite à la base, courbée en faux au som-
met, et se terminant en un rostre aigu.
Étamines 10, diadelphes ; 5 anthères oblon-
gues-linéaires; 5 autres ovales, hirsutées.
Ovaire sessile, pluri-ovulé. Style long,
mince, barbu à là partie inférieure , gla-
bre au sommet; stigmate petit. Le fruit
est un légume indéhiscent ou quelque-
fois bivalve , linéaire-oblong ou ovale ,
mono-oligosperme , bosselé dans les parties
qui renferment les graines, très souvent
hérissé extérieurement de poils qui, péné-
trant dans la peau, excitent de vives dé-
mangeaisons. Intérieurement le légume est
divisé en plusieurs loges séparées entre elles
par de petites cloisons transversales.
Les Mucuna habitent principalement
l'Asie et l'Amérique. Ce sont des arbrisseaux
ou des sous-arbrisseaux grimpants, à feuil-
les pinnées-trifoliées; à folioles stipellées ,
opposées , avec la terminale éloignée ; à
fleurs disposées en grappes axillaires lon-
gues ou courtes , ou en forme d'ombelles.
Ce genre renferme 15 à 20 espèces qui
T. VIII.
ont été réparties en 4 sections nommées :
Zoophlhalmum , P. Br. (Jam. , 290 , t. 31) :
légume oblong, à sillons transverses, lamel-
leux , à sutures sans sillons ; Slizolobium ,
P. Br. {loc. cit.) : légume à sillons trans-
verses nuls, à sutures sans sillons; Pillera,
Endlich. (Gen. plant. , p. 1295, n° 6665) :
légume oblong, à sillons transverses nuls,
à sutures marquées de deux sillons pro-
fonds; Citta, Lour. (Flor. Cochinch., 557) :
légume arrondi ou oblong, mono-trisperme,
à sillons lamelleux transverses, à sutures
marquées de deux sillons profonds.
Parmi les curieuses espèces de ce genre ,
nous citerons le Mucuna gigantea , dont les
gousses sont d'une énorme dimension; le
Mucuna urcns,h semences grosses, brunes,
bordées d'un cercle noir, à fleurs jaunes ,
tachées de pourpre; le Mucuna pruriens,
d'une hauteur excessive, et remarquable
par l'aspect de ses fleurs à étendard cou-
leur de chair, à ailes pourpres et à carène
verte. Cette dernière espèce porte vulgaire-
ment le nom de Poil à gratter. (J.)
MUCUS, zool. — Voy. membranes, peau
et sécrétions.
MUE. Mutalio. zool. — A certaines épo-
ques de leur vie, les animaux sont sujets à
deux sortes de changements; les uns, connus
sous le nom de Métamorphoses, dans lesquels
il y a transformation, c'est-à-dire où la forme
nouvelle que revêt l'animal est différente de
celle qu'elle remplace ; et les autres, désignés
sous la dénomination de Mues, dans lesquels
il n'y a pas transformation, c'est-à-dire où la
forme primitive de l'animal est conservée.
D'après cela , on voit que l'altération ou la
persistance de la forme primitive de l'animal,
est ce qui distingue la Métamorphose de la
Mue; mais, du reste, il n'y a entre l'une et
l'autre aucune différence que celle qui existe
entre le plus et le moins: toutes deux sont
des phénomènes de même ordre, des phéno-
mènes produits par une même cause, c'est-à-
dire par une métastase. Quelles sont les cau-
ses de la persistance de la forme primitive
dans un cas, et de son altération dans l'au-
tre? C'est que, dans le dernier, la métastase
se produit à l'égard d'organes d'une haute
importance, tandis qu'au contraire, dans
l'autre, elle a lieu entre des organes d'une
importance bien secondaire, et qui, le plus
souvent, n'appartiennent même qu'au sys-
S2
418
MUE
MUE
tème tégumcntaire, quoique certains phé-
nomènes , comme le remplacement des
dents de lait par celles de la seconde den-
tition, le renouvellement annuel d'un nou-
veau bois chez certains Mammifères, soient
du domaine de la Mue. Une autre diffé-
rence notable doit être constatée: dans la
Mue, comme dans la Métamorphose, il y a
bien métastase d'un organe à un autre ; mais,
dans le premier cas, le nouvel organe est
essentiellement analogue à celui qu'il rem-
place, et il y a toujours entre Je premier et
le second, sinon une similitude parfaite, du
moins beaucoup de ressemblance; et, au
contraire, dans la Métamorphose, la métas-
tase s'effectue, du moins le plus souvent, à
l'égard de deux organes entre lesquels il n'y
a pas d'analogie, et entre lesquels on ne peut
trouver d'autre relation que celle qui existe
entre deux organes dépendant du même ap-
pareil et appartenant à la même fonction;
encore peut-on très bien concevoir une mé-
tastase entre deux parties étrangères l'une à
l'autre, même sous ce dernier point de vue.
Enûn, dans la Mue, et cette dernière diffé-
rence n'est en quelque sorte qu'un simple
corollaire de la précédente , les deux organes
à l'égard desquels se fait la métastase ont
la même position, et l'un se développe à la
place qu'occupait l'autre, ou du moins près
de cette place, en sorte que tous deux ne se
ressemblent pas moins par leur position que
par leur essence ; il n'en est pas de même
de la Métamorphose, et le changement d'or-
gane se fait parfois d'un lieu à un autre:
c'est ainsi que, chez certains Amphibiens, la
métastase a lieu de la queue aux membres.
Il y a donc des différences notables entre la
Mue et la Métamorphose ; mais cela n'empê-
che pas que ces deux phénomènes ne soient
produits par la même cause, et souvent de la
même manière; tellement que l'on peut dire,
avec M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, que
la Mue n'est qu'une sorte particulière de
Métamorphose. Au mot transformation de
ce Dictionnaire, les phénomènes particuliers
à la Métamorphose seront exposés avec dé-
tail, et nous ne nous occuperons plus main-
tenant que de ceux qui appartiennent à la
Mue.
La Mue se manifeste chez presque tous les
animaux, et même on peut observer des
phénomènes qui s'y rattachent chez les végé-
taux. Toutefois le mot de Mue ne s'applique
guère, en général, qu'aux Mammifères, aux
Oiseaux et à quelques Articulés, tandis que
le nom de Métamorphose est donné aux
changements plus ou moins notables que
l'on remarque chez les Amphibiens etsurtout
chez les Insectes en général.
Chez les animaux supérieurs, on doit dis-
tinguer deux sortes de Mues , celles qui s'ef-
fectuent au passage d'un âge à un autre, et
celles qui se font au passage d'une saison à
une autre. Ces dernières sont peu sensibles
dans quelques espèces, et produisent, au
contraire, chez d'autres, des changements
d'une haute importance : ainsi l'on n'ignore
pas que beaucoup d'animaux blanchissent en
hiver, et qu'un très grand nombre d'Oiseaux
revêtent, à l'approche de la saison d'amour,
de riches parures, qu'ils dépouillent bientôt
après. De là d'immenses différences entre le
plumage de deux individus de la même es-
pèce pris à différentes époques de l'année;
de là aussi une source de graves difficultés
et d'erreurs sans nombre pour ceux qui abor-
deraient l'étude de l'ornithologie sans une
sage défiance. La Mue n'est pas, comme on
pourrait le croire, un phénomène simple;
elle n'arrive jamais sans quelque trouble
dans les fonctions, et l'animal qui la subit
éprouve des malaises plus ou moins graves.
Après ces considérations générales , exa-
minons rapidement les phénomènes que pro-
duit la Mue dans les différentes classes d'a-
nimaux.
Quoique V Homme soit sujet à muer , quoh
qu'on ait considéré sa seconde dentition
comme un phénomène analogue à celui de
la chute des bois dans certains Ruminants,
et par suite comme une sorte de Mue, nous
n'entrerons cependant dans aucun détail à
son égard, parce que ses Mues ne sont que
partielles , et parce qu'enfin la métastase
semble s'opérer chez lui à toute époque de
la vie. Voy. l'article races humaines.
Chez les animaux domestiques à l'abri
des rigueurs du froid, élevés par les soins
de l'homme, il en est de même ; et peut-être
pour les mêmes causes, les changements
que produit la Mue sont soustraits à l'in-
fluence des saisons : la Mue, chez eux, se fait
à des époques irrégulières ; mais chez les
animaux sauvages, c'est-à-dire chez ceux qui
vivent en plein état de liberté , elle a lieu
MUE
MUE
419
périodiquement et à des époques régulières,
au printemps et à l'automne.
La Mue ne produit ordinairement, dans
Jes Mammifères, que des changements peu
remarquables : seulement le poil , pendant
l'hiver, est souvent plus touffu , plus fin et
plus moelleux , ce qui s'observe surtout chez
les animaux des pays froids, et ce qui fait
que les fourrures de cette saison sont plus
habituellement recherchées que celles d'été.
Pourtant on trouve des modifications beau-
coup plus remarquables dans les espèces qui
blanchissent dans la saison froide , comme
l'Hermine, le Lièvre variable, etc., dont le
poil d'hiver est ainsi entièrement différent
de celui d'été; mais cependant les parties
noires du pelage conservent habituellement
la même couleur pendant toute l'année.
Cette parure d'hiver leur a sans doute été
donnée par la nature pour qu'ils fussent
moins impressionnés par le froid ; car on
sait que les vêtements blancs, plus frais que
ceux de toute autre couleur pendant les cha-
leurs de l'été , sont , au contraire, les plus
chauds pendant les temps d'hiver. Parmi les
animaux des pays septentrionaux, le Cheval
de Norwége subit aussi des changements
très variables ; son poil, court et lisse en été,
devient en hiver très long et très frisé. Chez
les Mammifères des pays chauds , au con-
traire, le pelage est le même avant et après
la Mue, ou du moins ne diffère pas sensi-
blement.
Les changements qui s'effectuent au pas-
sage d'un âge à l'autre méritent également
d'être étudiés; car souvent il existe de très
grandes différences entre les jeunes et les
adultes dans la même espèce. Ces phéno-
mènes ont été observés avec soin par M. Isi-
dore Geoffroy-Saint-Hilaire chez les Mam-
mifères, et nous copions ce qu'il en dit à
l'article Mue du Dictionnaire classique :
« Les jeunes des deux sexes ressemblent or-
dinairement, chez les Oiseaux, à la femelle
adulte , et leur plumage est aussi ordinai-
rement beaucoup moins orné que. celui du
mâle. Chez les Mammifères , le contraire a
quelquefois lieu ; car, d'une part, les jeunes
des deux sexes ressemblent , dans certains
cas , au mâle adulte, comme cela a lieu chez
le Maki vari ; et , d'une autre part, la livrée
du premier âge est le plus souvent un orne-
ment que l'animal perd avec l'âge pour
prendre des couleurs plus simples et plus
uniformes : c'est ainsi que les Faons de pres-
que toutes les espèces de Cerfs , les Lion-
ceaux, les jeunes Couguars, les jeunes San- ,
gliers et les jeunes Tapirs, ont le pelage va- .
rié de deux couleurs disposées de la ma-
nière la plus agréable à l'œil et la plus
gracieuse , tandis que les adultes de leurs
espèces sont unicolores. Il est à observer
que, dans le cas de l'existence d'une livrée,
les jeunes représentent d'une manière transi-
toire ce qui a lieu dans d'autres espèces du
même genre d'une manière permanente.
C'est ainsi que les taches de livrée sont noi-
res chez les Lionceaux et blanches chez les
Faons des Cerfs, de même que la plupart des
Chats sont rayés ou tachetés de noir, et que
l'Axis et la plupart des Cerfs le sont de blanc.
On pourrait même, à l'égard de ces derniè-
res espèces, au lieu de dire qu'elles ne por-
tentpas de livrée dans le jeune âge, admettre
qu'elles conservent leur livrée pendant toute
îa durée de leur vie. »
C'est principalement chez les Oiseaux
que les observations les plus multipliées ont
été faites relativement aux phénomènes qui
dépendent de la Mue. Tous les Oiseaux
muent régulièrement en automne, les uns
plus tôt, les autres plus tard. Parvenu à
l'état parfait, le plumage, chez le plus grand
nombre, est invariable et ne change qu'ac-
cidentellement. Chez un grand nombre
d'Oiseaux il y a une double Mue. Dans cer-
taines espèces, le mâle seul change son vê-
tement , et prend en hiver le plumage mo-
deste de sa femelle ; c'est ce qui a lieu chez
lesTangaras, les Gros-Becs, les Bruants, etc.
Il est quelques Oiseaux dont la livrée, vers
le temps des amours, se complique d'orne-
ments extraordinaires; les plumes longues,
subulées, qui forment des panaches ou des
huppes, sont les dernières à paraître au
printemps, et ce sont les premières qui tom-
bent, même avant la mue d'automne. Dans
le plus grand nombre des Oiseaux de rivago,
de marais et de haute mer, on voit la double
Mue opérer, soit totalement, soit en quel-
que partie du corps, des changements régu-
liers et périodiques dans les couleurs du
plumage des deux sexes. Chez quelques es-
pèces qui ne muent qu'une seule fois dans
l'année, on observe un phénomène d'une
autre nature : à une certaine époque fixe de
420
MUE
MUE
l'âge, tous les individus se couvrent d'un
plumage nouveau dont la couleur diffère
totalement de celle qui a existé l'année pré-
cédente, de celle qui sera leur partage du-
rant le reste de la vie; c'est ce qui arrive
chez les Becs-Croisés et chez quelques es-
pèces de Gros-Becs. Dans le nombre des Oi-
seaux qui muent une seule fois, les seules
espèces des genres Hirondelle et Martinet
font exception dans l'époque où cette Mue a
lieu ; c'est dans les mois de février et de
mars que ce changement a lieu. Il faut, à
quelques espèces dont la [Mue est double,
plusieurs années avant que les couleurs du
plumage soient stables et non bigarrées;
telles sont toutes les espèces du genre
Mouette et quelques unes des groupes des
Gobe-Mouche et Bec-Figue.
On peut poser en principe, avec G. Cu-
vier, que lorsque les adultes mâles et fe-
melles sont de même couleur, les petits qui
en résultent ont une livrée qui leur est
propre. Lorsque , au contraire , la femelle
diffère du mâle par des teintes moins vives,
les jeunes des deux sexes, avant la première
Mue, ressemblent à la femelle. Nous ne
nous étendrons pas davantage sur la Mue
des Oiseaux , et nous renvoyons le lecteur
pour plus de détails à l'article Oiseaux de ce
Dictionnaire.
Chez les Reptiles, les Amphibiens et les
Poissons , les phénomènes de la Mue se re-
produisent, mais d'une manière moins ma-
nifeste que dans les Mammifères et les Oi-
seaux. Toutefois, on sait qu'à une certaine
époque de l'année, le Serpent se dépouille
entièrement de son ancienne peau pour
prendre une robe nouvelle; que les mem-
bres des Lézards et la queue des Salaman-
dres, brisés par quelque accident, se repro-
duisent bientôt; que, dans diverses circon-
stances, les écailles des Poissons tombent et
sont renouvelées , etc. : tous ces phéno-
mènes sont du domaine de la Mue. Nous
n'entrerons toutefois pas dans des détails à
cet égard , renvoyant le lecteur aux mots
REPTILES , OPHIDIENS , SERPENTS , LÉZARD , AM-
PHIBIENS , GRENOUILLE , SALAMANDRE , POIS-
SONS, etc.
Dans les Animaux articulés, la Mue a lieu
toutes les fois que le corps a acquis plus de
volume que ne le comporte l'enveloppe ex-
térieure; celle-ci alors se déchire et fait
place à une autre peau qui, plus tard, sera
remplacée par un nouveau tégument, et
ainsi de suite jusqu'à ce que l'animal ait
atteint son dernier degré de croissance,
ou , en d'autres termes , qu'il soit devenu
adulte. Après avoir changé de peau, l'ani-
mal articulé reparaît toujours, à peu de
chose près, sous la même forme : ces phé-
nomènes, qui ne produisent pas de change-
ments notables dans l'animal , appartien-
nent bien à la Mue, tandis que d'autres, par
lesquels l'Insecte change de forme, sont du
domaine delà métamorphose, et ne doivent
pas être développés dans cet article. C'est
particulièrement dans les Crustacés , les
Arachnides et les Insectes que la Mue, ou
ces changements de peau, a été observée
avec soin, et nous allons en dire quelques
mots.
A leur état d'oeuf, les Crustacés subissent
leurs métamorphoses, et toutes les modifica-
tions qu'ils éprouvent depuis leur naissance
pe consistent qu'en des mues successives qui
s'effectuent à des époques différentes et à
des intervalles plus ou moins éloignés. Les
Décapodes opèrent ordinairement le renou-
vellement de leur test vers le milieu du
printemps; ils cherchent un lieu tranquille
et abrité; puis, à la suite de violents ef-
forts , ils viennent à bout de se débarrasser
de leur enveloppe. Plusieurs périssent dans
la durée de l'opération ; ceux qui y résis-
tent ne sont plus recouverts que d'une peau
mince et très molle , qui ne tarde pas à de-
venir aussi solide que l'ancienne. Les Tour-
louroux et quelques autres Crustacés su-
bissent leur Mue dans des terriers qu'ils
creusent eux-mêmes , dont ils bouchent avec
soin l'entrée, et où ils restent plusieurs
semaines avant d'en sortir revêtus d'une
nouvelle enveloppe. La Mue a été surtout
étudiée dans les genres écrevisse et monocle
(Voy. ces mots). Les Mues sont peu varia-
bles dans leur marche. Chez les Crustacés,
le petit Monocle , en général , depuis le
moment de la naissance jusqu'à l'âge adulte,
en subit au moins trois. C'est entre la troi-
sième et la quatrième que naissent les pe-
tits; immédiatement après la ponte, l'ani-
mal renouvelle encore une enveloppe, et
répète cette opération jusqu'au moment de
la mort; et tout cela dans un espace très
court, car des individus nés le 30 juin
MUE
MUF
421
étaient arrivés à leur huitième mue le 19
Juillet. Dans la saison froide, la marche des
Mues est de beaucoup retardée; elles n'ont
lieu , chez les Monocles, qu'à des intervalles
de dix jours.
On doit rattacher aux Mues le phénomène
de la reproduction des membres , phéno-
mène qui se présente souvent chez les Éere-
visses et dans d'autres espèces de Crustacés,
et dont nous ne croyons pas devoir parler
ici ; disons toutefois , d'après Audouin , que
ce renouvellement des membres n'a lieu
qu'à l'époque de la Mue.
Les Arachnides sont sujettes également à
des Mues, c'est-à-dire à un renouvellement
total de leur enveloppe extérieure ; et ces
changements qui se reproduisent indiquent
les différents degrés de leur naissance;
enfin elles deviennent aptes à la féconda-
tion, et après la ponte elles se dépouillent en-
core une fois de leur peau. Degéer a décrit
avec soin l'opération que subit l'Araignée
pour changer de peau. Les Arachnides ,
comme les Crustacés , possèdent la faculté
de reproduire leurs membres , pourvu que
la rupture ait eu lieu primitivement à la
base de la patte, ou que l'animal ait pu
détacher le moignon sur ce point, sans quoi
l'Araignée ne tarde pas à périr par suite de
l'hémorrhagie qui se déclare.
La Mue est surtout sensible dans les In-
sectes ; mais elle n'a lieu que dans leur pre-
mier âge, et depuis l'instant de leur nais-
sance jusqu'à celui où ils subissent leur
métamorphose. C'est donc particulièrement
à l'état de larve qu'on l'observe, et ce sont
les Chenilles qui , sous ce rapport, ont été
le mieux étudiées. Les changements de peau
de l'une d'elles, celle du Ver à soie, ont
été surtout observés avec beaucoup de soin.
La plupart des Chenilles renouvellent leur
peau trois ou quatre fois ; mais il en est qui
en changent jusqu'à huit ou neuf fois avant
leur transformation en Chrysalide. Un jour
ou deux avant cette opération , ces Chenilles
cessent de prendre de la nourriture; sou-
vent elles se mettent à l'abri dans des es-
pèces de nids qu'elles se pratiquent avec art.
Bientôt elles perdent l'usage de leurs mem-
bres et n'ont plus que des mouvements gé-
néraux de la partie antérieure de leur
corps, qu'elles redressent quelquefois avec
brusquerie, en môme temps qu'elles gon-
flent et resserrent les anneaux de leurs
corps , et l'agitent de manière à décoller
petit à petit la peau qui les recouvre. Cette
peau , déjà décolorée , se dessèche, et quand
l'animal gonfle de nouveau son corps, elle
commence à se déchirer sur le milieu, vers
le point qui correspond au deuxième ou au
troisième anneau. La fente gagne la tête,
et se prolonge en arrière presque sur le
quatrième anneau ; elle s'est ainsi augmen-
tée successivement parce que la Chenille a
d'abord fait sortir en entier la partie anté-
rieure du corps; dès lors il lui devient assez
facile d'opérer complètement sa dépouille
en contractant successivement et en rame-
nant en avant ses anneaux postérieurs. La
nouvelle peau est reconnaissable à la viva-
cité de ses couleurs, et elle est couverte de
poils tout formés. Tels sont, d'une manière
générale , les principaux phénomènes de la
Mue chez les Insectes.
Il n'y a pas de véritable Mue chez les
Mollusques et chez les Zoophytes ; car l'ac-
croissement périodique de la coquille dans
les premiers , et des enveloppes calcaires ,
cornées ou tout-à-fait molles des seconds ,
bien qu'indiquant d'une manière graduelle
les différents âges de ces animaux , ne sau-
rait être rapporté au phénomène dont il
s'agit, et constitue une autre fonction (Voy.
les articles mollusques et zoophytes).
Enfin, chez les Végétaux, on aperçoit en-
core, d'après Vieg et quelques autres natu-
ralistes, des phénomènes à peu près sem-
blables à ceux que nous venons de décrire
relativement à la Mue chez les animaux.
La défoliation des arbres , et la chute des
organes de leur reproduction , des fruits et
des graines, sont leur Mue annuelle, qui
s'opère aussi chez les autres végétaux , et
même chez les arbres toujours verts , mais
alors d'une manière moins rapide et moins
sensible , une feuille remplaçant successi-
vement l'autre , de sorte que ces arbres ne
sont jamais dépouillés de verdure. (E. D.)
MUET, ois.— Synonyme vulgaire du Té-
tras des Saules. (E. D.)
MUFLE. m.,.vi. — On désigne sous le nom
de Mufle une partie nue et muqueuse qui
termine le museau de certains Mammifères,
particulièrement des Carnassiers, des Ron-
geurs , et surtout de la plupart des Rumi-
p;»n«£ Cette partie est plus ou moins éten-
422
MUG
due selon les genres, ce qui a fait distin-
guer des mufles entiers et des demi-mufles.
(E. D.)
MUFLIER, bot. ph. — Nom vulgaire du
g. Antirrhinum. Voy. ce mot.
MUGE. Mugil. poiss. — Genre de l'or-
dre des Acanthoptérygiens , famille des Mu-
giloïdes , établi par Linné. MM. Cuvier et
Valenciennes, qui ont conservé ce genre
{Hist. des Poissons, t. XI, p. 7), le carac-
térisent ainsi : Corps presque cylindrique,
couvert de grandes écailles, à deux dorsales
séparées, dont la première n'a que quatre
rayons épineux; les ventrales sont atta-
chées un peu en arrière des pectorales. Six
rayons aux ouïes. Tête un peu déprimée ,
couverte aussi - e grandes écailles ou de pla-
ques polygonales; museau très court; bouche
transversale, formant un angle au moyen
d'une proéminence du milieu de la mâ-
choire inférieure qui répond à un enfonce-
ment de la supérieure; dents infiniment dé-
liées, souvent même presque imperceptibles.
Os pharyngiens très développés, donnant à
l'entrée de l'œsophage une forme angu-
leuse comme l'ouverture de la bouche, qui
ne laisse arriver à l'estomac que des ma-
tières liquides ou déliées ; l'estomac se ter-
mine en une sorte de gésier charnu , ana-
logue à celui des Oiseaux ; les appendices
pyloriques sont en petit nombre, mais l'in-
testin est long et replié.
MM. Cuvier et Valenciennes ( loc. cit. )
décrivent 52 espèces ou variétés de Muges ,
qu'ils ont réparties en 4 sections, d'après
leur habitat.
Muges de u Méditerranée , Muges d'A-
mérique, Muges d'Afrique, Muges des Indes.
Nous nous contenterons de décrire aussi
brièvement que possible les principales es-
pèces de nos mers, en constatant ce qu'il y
a de plus certain sur leurs habitudes et
leurs propriétés.
L'espèce la plus remarquable est le Muge
a large tête, Mugil cephalus Cuv. et Val.,
vulgairement Cabot sur quelques côtes de
France. C'est une des plus grandes espèces
de Muges ; elle atteint près de 70 centimè-
tres de longueur et pèse jusqu'à 8 et 9 kilo-
grammes. Ce poisson se distingue des Muges
d'Europe par ses yeux à demi couverts par
deux voiles adipeux qui adhèrent au bord
antérieur et au bord postérieur de l'orbite,
MUG
par le maxillaire qui se cache entièrement
sous le sous - orbitaire lorsque la bouche
est fermée, et par la présence d'une écaille
longue et carénée qui surmonte la base de
la pectorale.
Les orifices de la narine sont écartés l'un
de l'autre; ses dents sont assez visibles.
Le Mugil cephalus est un poisson d'un
gris plombé sur le dos, plus clair sur les
flancs. Le ventre et toutes les parties infé-
rieures sont d'un blanc argenté mat. Les
opercules et les côtés de la tête ont de
beaux reflets dorés et argentés. Le long des
flancs, il y a 6 ou 7 lignes longitudinales et
parallèles, grises, à reflets un peu dorés,
formées par une teinte plus brune sous le
milieu de chaque écaille. Sur les écailles des
flancs se remarquent aussi de petits points
gris ou bruns. Les nageoires dorsales et la
caudale sont gris foncé. L'anale est plus
pâle, avec une teinte noire en travers sur
sa base; vers son bord terminal il y a aussi
une bande un peu noirâtre. Les ventrales
sont blanches. L'iris de l'œil est gris, à
reflets dorés; la pupille, d'un bleu noirâ-
tre, est entourée d'un cercle d'or; la peau
adipeuse qui recouvre l'œil est d'une belle
couleur jaune d'ambre. Voy. l'atlas de ce
Dictionnaire, poissons, pi. 13.
Deux autres espèces qui se trouvent aussi
dans nos mers sont:
Le Muge capiton ou du Ramado, M. c-.pito
Cuv. et Val. Le maxillaire est visible, même
lorsque la bouche est fermée; les dents sont
bien plus faibles que dans l'espèce précé-
dente; les orifices de la narine sont rappro-
chés : la peau des bords de l'orbite n'avance
point sur le globe de l'œil; l'écaillé du des-
sus de la pectorale est courte et obtuse.
Cette espèce est à peu près de même taille
que la précédente ; elle la surpasse même
quelquefois. Elle présente quelques teintes
qui diffèrent un peu de celles du Mugil ce-
phalus. L'iris est jaunâtre; le dos est gris
d'acier avec des reflets bleuâtres et en par-
tie jaunâtres. Le ventre est blanc d'argent.
Toutes les écailles ont le bord mat. Sur les
flancs se trouvent six ou sept lignes d'un
brun roussâtre. La tache noire de la pecto-
rale se replie en dedans, et occupe la moi-
tié de la largeur de l'aisselle; la teinte est
d'ailleurs plus ou moins foncée.
Le Muge a grosses lèvres, M. cheto Cuv.
MUG
MUG
423
et Val. (M. provençalis Riss.), est remarqua-
ble surtout par des lèvres très grosses, char-
nues, dont les bords sont ciliés par des dents
qui pénètrent dans leur épaisseur comme
autant de cheveux; son maxillaire se re-
courbe et se montre derrière la commis-
sure.
Cette espèce atteint aussi une assez forte
taille. Les couleurs sont très brillantes; le
dos est d'un beau bleu d'acier, et des lignes
d'un brun doré courent sur un fond d'ar-
gent. Les pectorales sont jaunâtres, et les
ventrales rougeâtres.
Les autres espèces de nos mers sont : le
Muge doré , Mugil auratus Riss. ; le Muge
sauteur, il/, saliens Riss. ; le Muge labéon ,
M. labeoCu\. et Val. (Mugesabounier, Riss.) ;
le Muge dubahra, M. dubahra Cuv. et Val. ;
le Muge a lèvres cachées , M. cryplocheilos
Cuv. et Val. ; le Muge raccourci , M, curtus
Yarrell.
Les Muges étaient déjà connus des an-
ciens. Pline a surtout célébré les grandes
pêches que l'on en fait à l'embouchure des
étangs de la côte du Languedoc. On en
prend peu en grande eau; c'est surtout dans
les parcs, les pêcheries, les étangs qu'on
en fait les plus grandes captures dans la
saison du frai. Ils remontent souvent dans
la Garonne, la Loire, la Seine, comme
dans le Rhône, le Tibre et le Pô. D'après
les observations de M. Bâillon, le Muge ca-
piton entre au mois de mai dans la rivière
de la Somme, avec la marée, et se porte
jusqu'à une lieue ou une lieue et demie en
avant d'Abbeville, quelquefois en si grande
abondance , que toute la rivière en est cou-
verte, et que les pêcheurs qui les prennent
avec la seine sont fort embarrassés pour les
tirer de l'eau. Us en remplissent alors leurs
bateaux, car cette grande abondance ne
dure que deux ou trois jours ; l'on n'en voit
ensuite que de loin en loin.
Selon M. Risso , la lumière du feu semble
attirer en foule les Muges dans les filets.
Quand le temps est orageux et la mer bour-
beuse, des feux allumés sur la proue des
navires les attirent si fortement qu'ils se
laissent percer avec le trident.
Les Muges n'ont qu'un seul moyen de se
soustraire aux embûches qu'on leur tend ;
ce moyen consiste à s'élancer verticalement
hors de l'eau. On les voit même quelquefois
traverser en sautant par dessus les bateaux.
Ces sauts les préservent quelquefois des fi-
lets des pêcheurs, qui, pour obvier à ces
pertes, ont imaginé un filet particulier
nommé la Saulade. Pendant qu'il plonge
verticalement au moyen de ses plombs, ce
filet a son bord supérieur soutenu horizon-
talement par des roseaux placés d'espace en
espace, et en même temps divisé en autant
de poches que ces roseaux laissent d'inter-
valles entre eux. On entoure la troupe des
Muges avec le grand filet vertical , et lors-
qu'ils veulent sauter hors de son enceinte ,
ils tombent dans les poches qui entourent
son bord supérieur.
La chair de ce poisson est tendre, grasse
et d'un goût agréable. Elle peut se conser-
ver séchée ou salée pendant plusieurs mois.
Les œufs, comprimés , salés et séchés , don-
nent une espèce de caviar qu'on nomme
botargue , et qui est beaucoup recherchée en
Provence, en Corse et en Italie.
On trouve encore un grand nombre d'au-
tres espèces de Muges dans les mers d'Amé-
mérique , dans celles de l'Afrique et celles
des Indes, différentes des Muges d'Europe ,
soit par les couleurs dont elles sont ornées,
soit par quelques petits détails d'organisa-
tion pour lesquels nous ne pouvons mieux
faire que de renvoyer à VHistoire des Pois-
sons par MM. Cuvier et Valenciennes.
Toutes ces espèces , ou du moins la plu-
part, sont l'objet d'une pêche assez active,
et sont généralement recherchées , dans les
pays qu'elles habitent, pour la bonté et la
délicatesse de leur chair. (J.)
MUGIL. poiss. — Vby. muge.
MUGILOIDE. Mugiloides. poiss.— Genre
établi par Lacépède {Poiss. , t. V) aux dé-
pens des Muges , pour une espèce mal ob-
servée par Molina. Ce genre, en consé-
quence, doit être rayé du catalogue ichthyo-
logique.
MUGILOIDES. Mugiloides. poiss. — Fa-
mille établie par MM. Cuvier et Valenciennes
(Hist. des Poiss., t. XI) dans l'ordre des
Aeanthoptérygiens , pour des Poissons qui
présentent les caractères suivants : Corps
allongé, comprimé, couvert de grandes
écailles; deux nageoires dorsales, courtes,
écartées , et dont la première a quatre épi-
nes fortes et pointues; lèvres charnues et
crénelées; les dents sont si fines qu'elles
4-24
MUL
MUL
sont à peine perceptibles et manquent quel-
quefois.
Cette famille comprend cinq genres nom-
més : Muge, Cestre, Dajao , Nestis et Tétra-
gonure.
MUGILOMORE. Mugilomorus. poiss.—
Une espèce de Poisson dontBosc avait com-
muniqué la description à Lacépède avait
entraîné ce dernier à créer pour elle un
genre qu'il plaçait à côté des Mugil. Ce
Poisson n'est autre qu'une espèce d'Elops.
En conséquence , le genre Mugilomore doit
être supprimé.
MUGUET, bot. ph. — Nom vulgaire
des espèces du genre Convallaire. Voy. ce
mot.
MUÏILENEERGIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Graminées-Agros-
tidées, établi par Schreber (Gram., II, t. 50,
51 ). Gramens de l'Amérique. Voy. grami-
nées
*MUISCA (avt'axvj, espèce de petit co-
quillage), ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères , famille des Malacodermes , tribu
des Clairones, établi par Spinola {Essai mo-
nographique sur les Clérites , 1844 , t. II,
p. 1-48 , pi. 46, f. 4). Le type, M. bitœniala
de l'auteur, est originaire de la Nouvelle-
Grenade (Colombie). (C.)
MULAR. mam. — Espèce du genre Cacha-
lot (voy. ce mot) indiquée par Klein {Quadr.
disp. h. n., 1751). (E. D.)
HfULARDS. ois. — On donne ce nom aux
métis provenant du croisement de diverses
races de Canards. (E. D.)
MULATRE, zool. — Voy. races hu-
maines.
"ylULGION. Mulcio. crust.— Sous ce nom
est désigné par Latreille un g. de Crustacés,
qu'il place à la fin des Décapodes macroures,
et chez lequel le corps est mou et le thorax
ovoïde, avec les yeux cachés et les antennes
internes coniques, inarticulées et fort cour-
tes. Les pieds sont en forme de lanière, et,
pour la plupart au moins , pourvus d'un
appendice à leur base ; ceux de la quatrième
paire sont les plus longs. On n'en connaît
qu'une seule espèce , qui est le Mulcion de
Lesueur , M. Lesueurii Lalr. Ce Crustacé
remarquable a été recueilli par ce zélé na-
turaliste dans les mers de l'Amérique sep-
tentrionale. M. Milne Edwards , dans son
Histoire naturelle sur les Crustacés, n'adopte
pas ce genre, qu'il place dans son Appendice
aux Décapodes douteux. (II. L.)
*MULDERA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Pipéracées, établi par Miquel
(Comment., II, 34, t. 4, f. 6). Arbrisseaux
de Java. Voy. pipéracées.
MULE et MULET, mam. — Espèce du
genre Cheval. Voy. ce mot. (E. D.)
MULET, mam. — Voy. métis.
MULETS, poiss. — Nom vulgaire des
Muges.
MULETTE. moll.— Voy. unio.
MULGEDÏUM. bot. ph. — Genre de la
famille des Composées-Chicoracées, établi
par Cassini (in Dict. se. nat., XXXIII, 296 ;
XLVII1, 426). Herbes vivaces des régions
froides de l'hémisphère boréal. Voy. compo-
sées.
MULINÉES. Mulineœ. bot. pu. — Tribu
de la famille des Ombellifères. Voy. ce mot.
MULLVUM. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Ombellifères-Mulinées, établi par
Persoon (Encheir., I, 309). Herbes du Chili.
Voy. ombellifères.
MULIO (nom que les Romains donnaient
autrefois à une Mouche qui tourmentait les
Mulets), ins. — Genre de l'ordre des Diptè-
res brachocères , famille des Tanystomes ,
tribu des Anthraciens, établi par Latreille
(Gen., 4), et adopté par Meigcn et M. Mac-
quart. On en connaît 4 ou 5 espèces , qui
habitent particulièrement le nord de l'A-
frique; 2 cependant (M. obscurus etinfus-
catus) se trouvent aussi dans le midi de
l'Europe.
MULLE. Mullus. poiss. — Genre de
Poissons de l'ordre des Acanthoptérygiens,
de la famille des Percoïdes à ventrales ab-
dominales, établi par Linné, et que MM. Cu-
vier et Valenciennes (Hist. des Poiss., t. III,
p. 419) caractérisent ainsi: Les deux dor<
sales sont séparées l'une de l'autre par leî
écailles larges et peu adhérentes qui gar-
nissent la tête et le corps ; il y a deux bar-
billons attachés sous la symphyse de la mâ-
choire inférieure, et qui se retirent entre
ses branches dans l'état de repos. Le corps
de ces Poissons est oblong, peu comprimé;
les nageoires sont de médiocre étendue;
leur profil est plus ou moins convexe ; un
sous-orbitaire haut et étroit, qui ne couvre
point la joue, relève l'œil jusque près de la
ligne du profil ; l'ouverture de la boucha
MUL
MUL
^25
est petite, faiblement garnie de dents ; celle
des branchies est bien fendue, mais leur
membrane n'a que quatre rayons; la ligne
latérale, parallèle au dos, se marque par
un petit arbuscule sur chacune de ses écail-
les ; enfin le fond de la couleur est presque
généralement d'un rouge plus ou moins vif.
Deux sections ont été établies dans ce
genre : la première, à laquelle on a con-
servé le nom de Mullus, renferme des espèce>
qui n'ont que trois rayons aux branchies,
manquent d'épine à l'opercule, de vessie
natatoire, et de dents à la mâchoire supé-
rieure ; mais , leur vomer a deux larges
plaques de petites dents en pavé.
Les Poissons de la seconde section , dési-
gnés sous le nom d'Upcneus, ont quatre
rayons à leurs branchies , une petite épine
à l'opercule, une vessie natatoire, et des
dents aux deux mâchoires.
Les Mulles proprement dits , qui consti-
tuent le premier sous-genre, sonttousd'Eu-
rope , où on les nomme aussi Rougets et
Rougets barbets. On en connaît principale-
ment deux espèces :
1. Le Surmulet ou Grand mulle rayé de
jaune, Mullus surmuletus Linn. Elle dif-
fère de la suivante par un museau plus
oblique, dont le rouge est interrompu par
des lignes longitudinales jaunes. La couleur
générale de ce poisson est, sur le dos et les
flancs, d'un beau rouge de minium ou de
vermillon clair, avec trois lignes jaunes do-
rées. Les lignes sont beaucoup plus mar-
quées au mois de mai , époque à laquelle le
poisson approche de son frai. La gorge, la
poitrine , le ventre et le dessous de la queue
sont blancs, légèrement teintés de rose; les
nageoires ont leurs rayons plus ou moins
rouges; l'iris de l'œil, couleur d'or pâle,
est teinté de quelques points rougeâtres ; la
prunelle est large et noire; sa longueur or-
dinaire est de 30, 35 et 40 centimètres.
Le Surmulet vit non seulement dans la
Méditerranée, mais encore dans l'Océan,
où il est assez commun : il n'est pas rare
dans la Manche , mais il est plus abondant
dans le golfe de Gascogne; aussi en mange-
t-on beaucoup à Bordeaux et à Bayonne, où
on le nomme Barbeau et Darberin ,; sa chair
cependant est beaucoup moins estimée que
celle de l'espèce suivante {Mullus barbatus).
U se nourrit ordinairement de jeunes Crus-
T. VIII.
tacés et de Mollusques, ce qui, au dire de
Galien, donne à sa chair une odeur désa-
gréable ; souvent aussi il se jette sur les
cadavres d'animaux. Dès le commencement
du printemps , les Surmulets vont par trou-
pes dans les profondeurs de la mer, où ils
font leur première ponte, autres des em-
bouchures des rivières. On les pêche avec
des filets, des louves, des nasses et surtout
à l'hameçon.
2. Le Vrai Rouget, ou Rouget barbet,
Mullus baroalus Linn. Cette espèce se dis-
tingue particulièrement de la précédente
par la forme de sa tête , dont le profil
tombe plus verticalement,, par sa couleur
plus uniforme et d'un rouge plus foncé ,
avec les plus beaux reflets irisés , mais sans
lignes jaunes; le dessous de son corps est
argenté; ses nageoires sont jaunes. Voyez
l'atias de ce Dictionnaire, poissons, pi. 3.
Le Rouget est un des poissons qui ont éi,é
le plus célébrés dans les ouvrages des an-
ciens, autant pour l'excellence de son goût
que pour la beauté de ses couleur:. Les
Romains en avaient fait un objet de luxe ,
et, pour s'en procurer, ne reculaient pas
devant les dépenses les plus folles. Asinius
Celer, au rapport de Pline, en acheta un
huit mille sesterces (1,558 francs) du temps
de Caligula. Suétone parle de trois Rougets
qui furent payés trente mille sesterces
(5,844 francs), ce qui obligea Tibère à
rendre des lois somptuaires et à faire taxer
les vivres apportés au marché. Varron dit
(Dere rustic, I: III, c. 17) qu'Hortensius
avait dans ses étangs une immense quantité
de Rougets, et qu'il les faisait venir d^ns
de petites rigoles jusque sous les tables où
on les mangeait, pour les voir mourir dans
des vases de verre et observer tous les chan-
gements que leurs brillantes couleurs éprou-
vaient pendant leur agonie. Beaucoup de
riches Romains imitèrent cet exemple. Du
reste, ce n'était pas seulement pour le
plaisir des yeux qu'on voulait avoir le Mulle
vivant, c'était aussi pour le manger plus
frais. Et cette précaution était en quelque
sorte devenue nécessaire depuis qu'Àpicius
avait enseigné à faire mourir le Mulle dans
le garum des convives , et à lui préparer une
sauce avec son propre foie.
Les Rougets ne sont plus comme autre-
fois l'objet de soins extraordinaires et de
54
425
MUL
MUL
folles prodigalités ; mais ces Poissons n'en
sont pas moins recherchés comme des meil-
leurs et des plus beaux. Ceux de Provence ,
et surtout ceux de Toulon , sont particuliè-
rement célèbres. Leur chair est blanche ,
ferme, friable, agréable; elle se digère
aisément , parce qu'elle n'est pas grasse.
Le Rouget habite principalement la Mé-
diterranée; il s'y prend dans tous les pa-
rages, d'ordinaire sur les fonds limoneux.
Sur les côtes de l'Océan, et surtout dans la
Manche, il devient rare; cependant, M. AL
d'Orbigny l'a vu et dessiné à la Rochelle.
Le second sous-genre est celui que MM. G.
Cuvier et Valenciennesont nommé Upeneus,
et dont nous avons indiqué plus haut les
principaux caractères.
Les Upeneus sont plus nombreux que les
Mulles proprement dits. MM. G. Cuvier et
Valenciennes en citent et décrivent 23 es-
pèces ou variétés. Ces Poissons proviennent
tous des mers des pays chauds, principale-
ment des mers des Indes. Ils présentent entre
eux certains caractères différentiels qui les
ont fait répartir en 4 petites divisions.
1° Upénéus à dents en velours aux deux
mâchoires , au vomer et aux palatins {Up.
vittatus, sulfureus, etc.).
2° Upénéus à dents en velours aux deux
mâchoires et sur le chevron du vomer, mais*
non aux palatins (Up. porosus Cuv. et
Val.).
3° Upénéus à dents en velours aux deux
mâchoires et sans dents au palais (Up. flavo-
linealus Cuv. et Val., etc.).
4° Upénéus à dénis distinctes et sur une
seule rangée; ils n'en ont point au palais
(Up. auriflamma Cuv. et Val., barberinus
Lac, etc.).
Une cinquième division comprend toutes
les espèces d'Upénéus qui se trouvent prin-
cipalement dans l'xUlantique (Up. maculatus
Cuv. et Val., punctatus id., etc.). (J.)
MULLERA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Légumineuses-Papi-
lionacées-Lotées, établi par Linné fils (SwppL,
53, 329). Arbres de Surinam.
MULLERÏA. gbust. — Synonyme de
Gammarus. Voy. ce mot. (H. L.)
MULLERÏA (nom propre), kcqin. —
Genre d'Holothurides hétéropode.;, de la sec-
tion desSporadipodes, établi par M. Brandt,
daprès Mertens , pour les espèces qui ont
les tentacules clypéiformes et l'oriQce anal
pourvu de six dents, servant de point d'at-
tache aux muscles longitudinaux ; telles
sont les H. lineolata, miliaris , mauri-
tiana, etc. (Duj.)
MULLI, Feuille (Peruv., III, 43, t. 30).
aoT. ph. — Syn. de Schinus, Linn.
MULLUS. poiss. — Voy. mulle.
MULOT, mam. — Espèce de Rongeur du
grand genre Rat.
Le nom deMulot a aussi été parfois étendu
aux espèces du groupe des Campagnols. Voy.
ces mots. (E. D.)
*MULTANGULA. mam.— Illiger (Prodr.
syst. Mam. et Av., 1811) donne ce nom aus
Pachydermes j dont il excepte toutefois leî
Chevaux. (E. D.)
*MULTICEPS. helm.— Syn. de Cœnu-
rus , employé par Gœze, en 1782. (P. G.)
MULTIFLORE. Mulliflorus. bot. — On
donne cette épithète à la plante ou à une
partie de la plante qui porte beaucoup de
fleurs (tige mulliflore, spalhe mulliflore, pé-
doncule mulliflore , etc.).
MULTÏLOCULA1RE . Multilocuîaris
(multum, beaucoup; locula, loge), bot. —
Cette épithète s'applique à l'ovaire ou à
toute espèce de fruit divisé en un grand
nombre de loges.
MULTÏLOCULAIRES. moll.— Dénomi-
nation commune des coquilles cloisonnées.
*MULTILOCULIDiE.FonAMiN.— M. Aie.
d'Orbigny donne ce nom à la deuxième fa-
mille de l'ordre des Agathistègues. Elle est
caractérisée principalement par une coquille
inéquilatérale formée de parties non paires,
et comprend les genres Triloculina, Cruci-
loculina, Arliculina, Sphœroidina, Quinque-
toculina et Adelosina. Voy. foraminifères
MULTINERVÉ et MULTINERVIÉ.
MuUinervatus et Mullinervis ( multum ,
beaucoup; nervus, nerf), bot. — Se dit des
feuilles et des folioles dont la surface est
couverte de nombreuses nervures
*MULTI-OVULE. Multi-ovulatus (mul-
tum, beaucoup; ovulum, ovule), bot. — On
nomme loges mulli-ovulées , celles qui ren-
ferment un grand nombre d'ovules.
*MULTIPARTI. Multipartitus (multum ,
beaucoup; pars, partie), bot. — On donne
cette épithète à toutes les parties d'une
plante divisées en un grand nombre de la-
nières étroites (Yarille du Myristica , les
MUN
épines du Centaurea sicula , les feuilles du
Jatropha mullifida, etc. ).
*MULTIPÉTALÉ. Multipetalatus {mul-
tum, beaucoup; -nixalov , pétale), bot. —
On dit la corolle multipélalée quand elle est
composée d'un grand nombre de pétales.
*MLLTISÉRIÉ. Mnltiseriatus , Multise-
rialis. bot. — On donne cette épithète aux
écailles ou squames du péricline des Compo-
sées, lorsqu'elles sont disposées sur plu-
sieurs rangées concentriques.
*MULTIVALVE. M ultivalvis ( mullum ,
beaucoup; valva , valve), bot. — Épithète
donnée aux capsules composées d'un grand
nombre de valves.
MULTIVALVES. moll. — Ce nom ser~
vait autrefois à désigner une grande classe
de Mollusques comprenant tous ceux dont
la coquille était composée de plus de deux
valves. Voy. mollusques.
MUNCIIAUSIA, DC. {Pvodr., III, 93).
BOT. PH. — Voy. LACERSTR.EMIA.
MENDIA, bot. ph. — Genre de la famille
des Polygalées , établi par Kunth {in Humb.
et Bonpl. Not). gen. et sp.,Y, 392), et dont
les principaux caractères sont : Calice à 5
folioles, la postérieure et les deux antérieu-
res petites , les deux autres très grandes.
Corolle à 3 pétales hypogynes, l'antérieur (la
carène) plus grand, en forme de casque, tan-
tôt à un seul lobe et surmonté d'une crête,
tantôt à 3 lobes et nu; les deux postérieurs
connivents. ÉtaminesS, hypogynes, ascen-
dantes; filets soudés en un tube fendu anté-
rieurement, libres à la partie supérieure;
anthères terminales, dressées, uniloculaires.
Disque hypogyne, urcéolaire. Ovaire com-
primé, à 2 loges uni-ovulées. Style terminal,
à 2 lobes qui supportent les stigmates. Le
fruit est un drupe 2-loculaire ou 1-loculaire
par avortement.
Lesespèces de ce genre sont des arbrisseaux
du Cap et du Brésil ; leurs rameaux sont
couverts d'épines au sommet ; leurs feuilles,
éparses ou alternes, très entières; leurs
fleurs , axillaires , solitaires , pédicellées , à
pédicelle 3-bractéé.
Endlicher (Gen. plant. ,p. 1079, n. 5151)
a établi dans ce genre deux sections qu'il
nomme :Eumundia: Carène unilobée, garnie
d'une crête au sommet; style divisé en deux
lobes, l'un droit, l'autre courbe; drupe
2- 1-loculaire. Trimundia: Carène 3 -lobée,
MUR
<1'7
nue ; style bidenté au sommet, à dent infé-
rieure plus courte; drupe uniloculaire par
avortemeut. (J.)
*MUNDUBI, Marcgrav. {Brasil., 37).
bot. ph. — Syn. d'Avachis, Linn.
MUNGO. mam. — Nom d'une espèce du
genre Mangouste. Voy. ce mot. (E. D.)
* MUNIA (povvioç , vivant seul), ois. —
Groupe de Fringilliens indiqué par M. Hodg-
son {lies. ofAs. Soc, 1826). (E. D.)
*MUNIDA. crust. — Synonyme de Ga-
lathée. Voy. ce mot. (H. L.)
*MUNNICKIA , Reichenb. {Consp., 85).
bot. ph. — Syn. de Bragantia, Lour.
*MUNNICKSIA, Dennstedt {Hovt. Ma*
lab., I, n. 36). bot. ph. — Syn. dHydno-
cavpus, Gaertn.
*MUNRONÏA. bot. th.— Genre delà fa-
mille des Méliacées , établi par Wight {II-
lustr., t. 147, t. 54). Arbrisseaux de l'Inde.
Voy. MÉLIACÉES.
*MUNSTERIA (nom propre), moll. —
Genre proposé par M. Deslongchamps pour
les corps fossiles nommés Aptychus par
M. Herman de Meyer, et qu'il classe dans
la famille des Solénoïdes , les prenant ainsi
pour de vraies coquilles bivalves Dimyaires.
(Duj.)
MUNTINGIA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Tiliacées, établi par Plumier {Gen.
6, t. 14). Arbustes des collines des îles
Caribées.
MUNTJAC. mam. — Espèce du genre Cerf
{voy. ce mot). M. Gray a proposé de créer
avec le Muntjac , sous le nom de Muntjac-
cus, un petit groupe particulier. (E. D.)
*MUNYCHIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées - Astéroï- ,
dées, établi par Cassini {in Dict. se. nat.y
XXXVII, 462 et 483). Herbes du Cap. Voy.
COMPOSÉES.
MER/ENA. poiss. — Voy. murène.
* MURvElVOPHIS (fwpoctva, anguille;
o-itç, aspect), rept. — M. Fitzinger {Syst.
vept.y 1843) a proposé sous cettç dénomina-
tion un petit genre d'Amphibiens voisin de
celui des Amphiuma. (E. D.)
* MER/ENOPSES. rept. —M. Fitzinger
{Syst. vept., 1843) donne ce nom à une di-
vision des Amphibicns , qui ne comprend
que le genre Muvœnophis. (E. D.)
MURALTIA ( nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Polygalées , établi
49.8
MUR
par Necker (Elem.,n. 1382). Arbrisseaux on
sous -arbrisseaux du Cap. Voy. polygalées.
MURE. bot. ph. — Fruit du Mûrier. On
donne aussi ce nom aux fruits de diverses
espèces de Ronces.
MURE. moll. — Nom vulgaire des co-
■ tilles dont la forme affecte celle d'une
i lûre.
MURÈNE. Murœna, Thunb. (Murœno-
';i,s, Lacép.). poiss. — Genre de l'ordre des
1 alacoptérygiens apodes, famille des An-
guilliformes, et auquel G. Cuvier (Règne
animal, t. II, p. 351) donne les principaux
caractères suivants: Pectorales nulles; les
branchies s'ouvrent par un petit trou de cha-
que côté. Les opercules sont si minces et les
rayons branchiostèges si grêles et tellement
cachés sous la peau que longtemps on en a
nié l'existence. L'estomac est un sac court,
et la vessie aérienne, petite, ovale, est placée
vers le haut de l'abdomen.
Les différentes espèces de ce genre ont été
réparties par G. Cuvier en six sections dont
voici les caractères :
1 . Dents aiguës, sur une seule rangée à
chaque mâchoire.
C'est à cette section que se rapporte la Mu-
rène commune, M. helenah., poisson très
répandu dans la Méditerranée. Il est rusé,
carnassier et vorace.Son corps, tout marbré
de brun et de jaunâtre, atteint 1 mètre et
plus de longueur. Ses mœurs sont à peu près
celles de l'Anguille commune (voy. ce mot),
et comme elle, sa chair est assez délicate,
quoiqu'elle habite la mer et les eaux sau-
mâtres où l'Anguille ne se trouve qu'acci-
dentellement. Les anciens faisaient un grand
cas de ce Poisson ; ils en élevaient dans des
viviers, ce que Ton fait encore de nos jours.
Les Murènes y vivent et prospèrent, pourvu
qu'on ménage, dans ces viviers, des retraites
sombres pour qu'elles puissent s'y soustraire
aux ardeurs du jour. La morsure de ce pois-
son est souvent cruelle.
Les autres espèces de cette section sont
les M. moringa Cuv. (la Moringue des An-
tilles) , punctata Bl. , Schn. , meleagris Sh.
{M. pintade Quoy et Gaim. ), protbernon
Quoy et Gaim., favaginea Bl., Schn., pan-
therine Lacép. (M. picta Thunb.).
2. Dents aiguës, sur deux rangs à chaque
mâchoire , indépendaminent d'un rang au
vomcr.
MUR
G. Cuvier ne cite qu'une seule espèce ap-
partenant à cette section , et qui est le Mu-
rénophis gris de Lacépède.
3. Dents coniques ou rondes, sur deux
rangs à chaque mâchoire.
La principale espèce de ce groupe est la
Murène unicolore Laroche (M. Christini
Briss.), toute couverte de petites lignes ou
de petits points bruns, serrés, qui la font
paraître d'un brun uniforme.
4. Dents latérales rondes , sur un seul
rang ; les vomériennes également rondes, sur
deux rangs ; les antérieures coniques.
Les espèces connues de cette section sont
les Muiîénophis étoile , Lacép. (.1/. nebulosa
Thunb.); M. ondulé, Lac. (M. catenatus
BL, Schn.), et M. sordida Cuv., Séb.
5. Dents latérales rondes, sur deux rangs;
les vomériennes également rondes, sur quatre,
formant une sorte dépavé.
Dans cette section rentre seulement le
Gvmnomurène cerclé de Lacépède (Murœna
zébra Schn.), qui n'a presque pas de na-
geoires apparentes.
6. Dents en carde , sur plusieurs rangs.
La Méditerranée en possède une espèce ,
nommée par Risso M. saga (vulgairement
Sorcière). Cette espèce est remarquable par
ses mâchoires allongées, rondes et pointues,
et par sa queue allongée en pointe très ai-
guë. G. Cuvier pense qu'on peut rapprocher
de cette Murène le poisson désigné par Ra-
finesque sous les noms de Nettasoma mela-
nura. (J.)
MUREX, moll. — Voy. rocher.
MURIACITE. min. —Nom donné par
plusieurs minéralogistes à la Chaux sulfatée
anhydre.
MURIATES. min. , chim. — Voy. hydra-
CIDES et CHLORATES.
MURIATIQUE (acide), chim. — Voyez
ACIDE HYDROCHLORIQUE au mot ACIDES.
MURICARIA. bot. ph.— Genre delà
famille des Crucifères-Zillées, établi par Des-
vaux (Journ. bot., III, 159, t. 25, f. 2).
Herbes de la Mauritanie. Voy. crucifères.
MURICEA. polyp. — Genre de Polypiers
flexibles de l'ordre des Gorgonies-Corticifè-
res, établi par Lamouroux (Exp, Méth, des
Polyp.), qui lui donne pour caractères : Poly-
pier dendroïde, rameux ; axe corné, cylindri-
que, souvent comprimé à l'aisselle des ra-
meaux; écorce cylindrique, d'une épaisseur
MUR
MUR
429
moyenne; cellule en forme de mamelons
saillants, épais, couverts d'écaillés imbriquées
. et hérissées ; ouverture étoilée à huit rayons.
1 On n'en connaît que deux espèces nommées
■ M . spicifera et elongata.
MURICîA, Lour. (Flor. cochinch., 733).
bot. ph. — Syn. de Momordica, Linn.
*MUR10ÉES, mam. —Les noms de Mu-
ridées, Murideœ Gray, Muriens Illiger, ont
été appliqués à une division de l'ordre des
Rongeurs , comprenant l'ancien genre Rat.
Voy. ce mot. (E. D.)
MURIER. Morus , Tourn. (étymologie
controversée : dérivée selon les uns de p-.opc'a,
le mûrier, ou p.ôpov , son fruit ; selon d'au-
tres de f/.avpo; ou ap.vp°ç> obscur, ce qui peut-
être rendrait compte du nom d'Amourié
qu'il porte en Languedoc ; enfin , selon
J.-E. Smith, de y.upoç, fou, insensé, par
antiphrase ; Linné (Phil. bot. ) range l'éty-
mologie de ce nom dans la catégorie des
Grœca obscura). bot. ph. — Genre range
par A.-L. de Jussieu parmi les Urticées?
devenu de nos jours, pour la plupart des
botanistes , le type de la petite famille des
Morées , classé par- quelques autres parmi
les Artocarpées; de la Monœcie-tétrandrie
dans le système de Linné. Il se compose
d'arbres ou d'arbrisseaux à suc blanc, lai-
teux , qui croissent spontanément dans les
régions chaudes de toute la terre ; leurs
feuilles sont alternes, entières ou lobées,
accompagnées de stipules; leurs fleurs sont
petites, réunies en épis axillaires, unisexuels,
serrés, dont les mâles oblongs ou cylindri-
ques, et les femelles plus courts , ovoïdes
ou presque globuleux. Les fleurs mâles se
composent: d'un périanthe divisé en quatre
lobes ovales, qui finissent par s'étaler ; de
4 étamines opposées à ces divisions, dont le
filet est élastique et ridé transversalement,
dont l'anthère est introrse et biloculaire,
fixée par ledos; à leur centre estun rudiment
d'ovaire. Les fleurs femelles présentent: un
périanthe à 4 folioles ovales, concaves, dont
deux extérieures plus grandes; un ovaire
ovoïde, sessile, indiqué par M. Endlicher
et plusieurs autres auteurs comme bilocu-
lairc, à loges inégales, tandis que M. Spach
assure qu'il est constamment uniloculaire ,
à 2 ovules pendants, surmonté de deux
styles terminaux, distincts ou soudés entre
eux à leur base, allongés-filiformes, sligma-
tifères à leur côté intérieur. Le fruit est un
akène sec ou très peu charnu, 1-loculaire,
1-sperme par avortement de l'un des deux
ovules , enveloppé par le périanthe persis-
tant qui est devenu charnu dans la plupart
des cas; chaque akène renferme une seule
graine pendante et crochue. Parmi les es-
pèces de Mûriers aujourd'hui connues, il en
est trois dont l'importance est assez grande
pour que nous devions nous arrêter sur
elles.
1. Mûrier noir, Morus nigra Linn. C'est
un arbre de hauteur moyenne, très ra-
meux, dont l'écorce est rade, inégale et
épaisse; ses feuilles sont scabres, fermes et
non luisantes, rugueuses à leur face supé-
rieure, légèrement hérissées à leur face in-
férieure, portées sur un pétiole arrondi et
non canaliculé en dessus, le plus souvent
indivises, en forme de cœur, inégalement
dentées en scie à leur bord, ou divisées plus
ou moins profondément en 5 lobes, accom-
pagnées de stipules rougeâtres , oblongues ,
obtuses, ciliées. H est monoïque ou dioïque;
dans les fleurs mâles , les étamines sont
une fois plus longues que le périanthe. Son
fruit agrégé ou syncarpe, vulgairement
connu sous le nom de Mûre, porté sur un
pédoncule court, est ovoïde, d'un rouge
d'abord clair qui se fonce et devient pres-
que noir à la maturité, ce qui a valu à l'es-
pèce le nom qu'elle porte; sa longueur est
de 2 ou 3 centimètres ; sa saveur est agréa-
ble et fait cultiver surtout le Mûrier noir
comme arbre fruitier.
Le Mûrier noir est connu depuis une
haute antiquité, et l'époque de son intro-
duction en Europe est entièrement incon-
nue. Il reste même des doutes sur sa véri-
table patrie : on s'accordeassezgénéralement
à le regarder comme venu de la Perse où il
existe à l'état sauvage ; mais quelques au-
teurs admettent comme probable qu'il a été
transporté de la Chine dans cette dernière
contrée. Son utilité est beaucoup moins
grande que celle des deux espèces suivantes ;
cependant les usages de ses diverses parties
ne manquent pas d'importance. Son bois
est employé pour la menuiserie et le char-
ronnage; néanmoins son grain grossier et
sa texture un peu spongieuse le rendent
impropre à la fabrication des meubles de
luxe; mais il est estime pour la confection
430
MUR
MUR
des futailles, et, dans quelques parties du
midi de l'Europe, on croit qu'il contribue
à améliorer la qualité du vin. Il est coloré
en brun dans la partie centrale ou dans le
cœur, en jaune clair dans la partie exté-
rieure ou l'aubier. On évalue son poids à
40 livres 7 onces par pied cube. Il ressemble
au reste beaucoup pour sa nature et pour
ses usages à celui du Mûrier blanc, qui a
cependant un peu plus de densité. La ra-
cine du Mûrier noir se distingue par une
amertume prononcée qui l'a fait regarder
et quelquefois employer comme fébrifuge.
Sa feuille rude et d'un tissu ferme est peu
estimée pour la nourriture des Versa soie;
ceux qui en ont été nourris ne donnent
qu'une soie de qualité inférieure ; néan-
moins, dans les parties de l'Europe méridio-
nale où la sériciculture est encore sous
l'empire de la routine et des habitudes tra-
ditionnelles , on la mêle fréquemment à
celle du Mûrier blanc. Son fruit est usité
soit comme alimentaire, soit comme sub-
stance médicinale. Sous ce dernier rapport,
on en emploie le jus exprimé ou surtout
préparé en sirop contre les angines et les
aphtes. La volaille le mange avec avidité;
aussi le plante-t-on de temps immémorial
dans les basses-cours, où il est encore utile
par l'ombre épaisse qu'il donne. Cet arbre
est très peu délicat sur la nature du sol ; il
se multiplie aisément par graines, boutures
ou marcottes. Son accroissement est lent.
C'est l'un des végétaux qui bourgeonnent le
plus tard dans nos climats, et, malgré cela,
l'un de ceux qui mûrissent leurs fruits des
premiers.
2. Mûrier blanc, Morus alba Linn. Cette
espèce, sur l'existence de laquelle repose l'in-
dustrie séricicole, source de tant de richesses,
forme un arbre assez analogue de taille et
de port au précédent , mais qui s'en distin-
gue cependant, même sous ce rapport, par
ses jets plus nombreux, plus grêles, plus
droits, et par son écorce de couleur plus
claire. Ses feuilles sont plus minces et moins
Termes, lisses, glabres et luisantes à leur
face supérieure qui semble légèrement ver-
nie, non rugueuses, munies en dessous de
duvet à l'aisselle des nervures , d'un vert
gai, le plus souvent en cœur et dentées en
scie sur les bords , quelquefois lobées, gé-
néralement acuminées au sommet, à pétiole
légèrement canaliculé en dessus, accompa-
gnées de stipules verdâtres, linéaires-lancéo-
lées ou oblongues-lancéolées, glabres; dans
les fleurs mâles, lesétaminessontà peine plus
longues que le périanthe. Son fruit agiégé
est assez longuement pédoncule, de couleur
blanchâtre ou rosée , de saveur douceâtre et
fade.
Le Mûrier blanc n'existe à l'état sauvage
qu'en Chine; mais il s'est naturalisé dans l'A-
sie-Mincure,et même sur quelques points de
l'Europe méridionale. Son introduction en
Europe, bien autrement importante que
celle de l'espèce précédente , est beaucoup
plus récente , et l'on sait quels développe-
ments sa culture y a pris dans ces derniers
temps. L'emploi de ses feuilles pour la
nourriture des Vers à soie , et par suite sa
culture, remonte, en Chine, à une haute
antiquité; en effet, les chroniques du Cé-
leste-Empire rapportent que , 2700 ans
avant Jésus-Christ, l'impératrice Si-ling-chi,
femme de l'empereur Hong, remarqua que
les Vers à soie se nourrissaient des feuilles
du Mûrier, et qu'elle songea à tirer parti de
leursoie. Dès cetinstant, l'industrie séricicole
prit naissance en Chine , et quelques siècles
suffirent pour lui donner des développe-
ments importants. Plusieurs siècles plus
tard la culture du Mûrier, et par suite celle
de la soie , passèrent de la Chine dans l'Inde,
en Perse, en Arabie; mais elles restèrent
inconnues en Europe pendant longtemps
encore , et la précieuse matière qui formait
une source abondante de richesses pour
l'Asie continua d'être payée au poids de
l'or par le petit nombre d'empereurs ro-
mains dont le luxe ne recula pas devant
son prix exorbitant. Mais au milieu du vic siè-
cle (555), deux missionnaires ayant ap-
porté à Constantinople des œufs de Vers à
soie qu'ils s'étaient procurés au péril de
leur vie, le Mûrier commença d'y être cul-
tivé. La nouvelle industrie ne tarda pas à
se répandre dans le midi de l'Europe : au
commencement du vmc siècle, les Arabes
l'introduisirent en Espagne et en Portugal;
mais ce fut le Mûrier noir qu'ils apportè-
rent en même temps dans ces contrées , et
dont la culture y fut exclusivementadoptée
pendant quelques siècles. Le Mûrier blanc
resta confiné à Constantinople et en Grèce;
mais en 1130, Roger, roi de Sicile, Tintro-
MUR
MUR
43i
duisit dans cette île et s'efforça d'en propa-
ger la culture. De là, cet arbre passa dans
l'Italie méridionale. Vers le milieu du
xvc siècle, il arriva dans la haute Italie;
peu après, le seigeur d'AUan en transporta
en France un pied qu'il fit planter à AUan,
où l'on dit qu'il existe encore aujourd'hui.
Cependant ce ne fut qu'à la fin de ce même
siècle (1494) que plusieurs seigneurs et
grands propriétaires , à leur retour des guer-
res d'Italie, en rapportèrent plusieurs pieds,
qui devinrent la souche de ceux que nous
possédons aujourd'hui. Bientôt de grands
efforts furent faits pour répandre la culture
de cet arbre précieux. François Traucat ,
jardinier de Nîmes , en fit (1 564) une grande
pépinière qui approvisionna le midi de la
France. D'un autre côté, Henri IV sentit si
bien l'importance de celte acquisition que ,
d'après ses ordres, Olivier de Serres en fit
(1601) des plantations considérables dans
le jardin des Tuileries. Plus tard, Colbert
fit encore plus : il voulut d'abord obliger
tous les propriétaires à planter un certain
nombre de Mûriers sur leurs terres ; mais
sa mesure ayant amené des résultats entiè-
rement opposés à ceux qu'il se proposait
d'obtenir, il lui en substitua une nouvelle
qui consistait à payer une prime de 24 sous
pour chaque pied de Mûrier planté depuis
trois ans. Grâce à cet encouragement, les
plantations de Mûrier blanc se répandirent
rapidement sur presque toute la France. On
sait qu'à partir de cette époque l'industrie
séricicole est devenue l'une des plus impor-
tantes de notre pays. A une époque récente,
plusieurs autres États de l'Europe se sont
également livrés à la culture du Mûrier.
Ainsi la Bavière , à partir de 1820 , et quel-
ques autres parties de l'Allemagne, en ont
fait de nombreuses plantations; la Russie
elle-même a adopté la culture de cet arbre
en Crimée, où il a très bien réussi. Il n'est
pas jusqu'aux parties méridionales du Da-
nemark et de la Suède où l'on n'ait fait à
cet égard des essais qui n'ont amené, il est
vrai, que des résultats médiocres.
La haute importance du Mûrier blanc
réside surtout dans sa feuille , que tout le
monde sait être l'aliment habituel du Ver
à soie [Bombyx Mort Linn.); cependant
son bois, de couleur et de grain analogues à
celui du Mûrier noir , mais plus dense
(44 livres par pied cube), est préféré à celui
de ce dernier par les menuisiers, les char-
rons et les tonneliers; son écorce très filan-
dreuse peut être employée à peu près comme
celle du Tilleul. Rosier dit même qu'elle
peut être utilisée comme matière textile.
Le bois de sa racine donne une couleur
jaune, qu'on dit très solide. Quant à son
fruit, sa saveur douceâtre et fade ne permet
d'en tirer parti que pour nourrir la volaille.
C'est donc principalement pour sa feuille
que le Mûrier blanc est cultivé. Sous ce rap-
port, il l'emporte beaucoup sur le Mûrier
noir, dont son introduction en Europe a fait
négliger la culture et auquel il a été substi-
tué presque partout. D'abord ses bourgeons
s'ouvrent environ quinze ou vingt jours plus
tôt, ce qui le rend, il est vrai, plus sensible
aux gelées tardives, mais ce qui, en même
temps , permet de commencer de meilleure
heure les éducations des Vers à soie; en
second lieu, son accroissement est plus ra-
pide, et tel que ses pieds coupés ras donnent
en une pousse des jets de 1 mètre et demi
de long; enfin son feuillage est plus abon-
dant, et ses feuilles plus tendres, plus nutri-
tives, donnent à la soie une qualité notable-
ment supérieure. D'après les recherches de
M. Bon a fous, elles renferment une matière
grasse, une substance résineuse, de la gomme,
du sucre et une matière extractive jaunâtre.
Les proportions de ces diverses substances
se modifient sensiblement d'après le sol où
l'arbre végète, et dé la résultent des varia-
lions très sensibles dans la qualité de la soie.
On a reconnu i\ua la feuille des Mûriers
plantés en des lieux hauts, secs, exposés aux
vents , ou dans des fonds légers , donne une
soie abondante, fine et nerveuse, tandis que
celle des arbres qui croissent en des lieux
bas et humides, dans des terres très argile li-
ses, donne une soie moins abondante et
de qualité inférieure. La cause on est, a-t-on
dit, en ce que, dans le premier cas, ces feuil-
les renferment une plus forte proportion de
matière résineuse.
De nombreux ouvrages et mémoires ont
été écrits sur la culture du Mûrier blanc;
ne pouvant entrer ici, à cet égard, dans de
longs détails, nous nous bornerons à dire que
cet arbre se multiplie avec facilité par grai-
nes, par boutures et marcottes. Ses semis
donnent des pieds plus vigoureux et de meil-
432
MUR
MUR
leure venue ; aussi ce mode de multiplication
est- il souvent préféré. Dans ce cas, on sème
les graines immédiatement après leur matu-
rité, ou bien on les stratiûe lorsqu'on ne
doit les mettre en terre qu'au printemps
suivant, ce qui a lieu dans les pays un peu
septentrionaux. On recommande de choisir
celles fournies par des arbres sains, d'âge
moyen, et qui n'aient pas été effeuillés dans
l'année. Semées dès leur maturité, elles lè-
vent le même automne. Les jeunes plants
qui en proviennentreçoivent le nom vulgaire
de pourrettes. Ils doivent être abrités contre
le froid de l'hiver pendant les deux ou trois
premières années. Assez généralement, on
les greffe dès qu'ils ont pris un peu de force;
mais les avis sont encore partagés relative-
ment aux avantages de cette opération, qui
se fait d'ordinaire en flûte. Ne pouvant ni
rapporter ni discuter ici les diverses maniè-
res de voir qui ont été émises à cet égard,
nous renverrons pour cela, ainsi que pour de
plus amples détails, aux ouvrages qui ont
été publiés sur la culture du Mûrier et dont
nous citerons les principaux : Gasteiet , Sur
le Mûrier blanc; Grognier, Recherches histo-
riques et statistiques sur le Mûrier, le Ver à
soie, etc.; Lyon, Cobb, Manualofthe Mul-
berry Tree; Pascali, Treatise on the MuU
berry; Bonafous, Traité de l'éducation des
Vers à soie et de la culture du Mûrier; Phi-
lippar, Sur la culture du Mûrier, etc., dans'
l'arrondissement de Versailles, etc.
3. Mûrier multicaule , Morus multicaulis
Perrot. ( M, tatarica Desf., M. cucullata
Bonaf.). L'introduction de ce Mûrier en Eu-
rope est toute récente ; elle est dueà M. Per-
rottet, qui, en 1821, en porta des pieds de
Manille à l'île Bourbon, d'où il en transporta
à Cayenne et ensuite en France. C'est un
grand arbrisseau à racines traçantes d'où
s'élèvent ordinairement plusieurs liges pres-
que droites, rameuses dès la base, minces et
flexibles, dont l'écorce est parsemée de pe-
tits tubercules (lenticelles) blanchâtres et
très saillants: ses feuilles sontd'unvertclair,
arrondies à la base ou largement cordiformes,
brièvement acuminées au sommet, irrégu-
lièrement dentées; longues de 2 ou 3 déci-
mètres, larges de 15 à 20 centimètres; flas-
ques, minces et tendres; bullées ou comme
crépues, glabres sur leurs deux faces; por-
tées sur un pétiole long d'environ 1 décimè-
tre, large, un peu comprimé et comme trian-
gulaire à sa base ; accompagnées de deux sti-
pules blanchâtres, lancéolées, scarieuses.
Les étamines des fleurs mâles sont plus cour-
tes que le périanthe. Le fruit, d'abord blanc,
devient ensuite rouge et enfin noir; il est
oblong ou turbiné, petit, de saveur aigre-
lette très agréable.
Le Mûrier multicaule est originaire de la
Chine, où il paraît habiter les lieux élevés;
c'est de là qu'il s'est répandu dans les par-
ties basses voisines de la mer. Plus tard
il a été transporté dans les iles de l'Archi-
pel d'Asie , où on le cultive seulement
comme espèce d'ornement, et d'où il est en-
fin venu en Europe. M. Perrottet a fait res-
sortir les avantages qu'il présente , et ses
mémoires à ce sujet (Ann. Soc. linn. de
Paris, 1824 ; Ann. de Fromont, janv. 1830 ;
Archiv. de botan., mars 1833) ont éveillé
l'attention des sériciculteurs, qui n'ont pas
tardé à lui donner une place importante
dans leurs cultures. Des expériences et des
éducations comparatives ont prouvé que la
feuille de cette nouvelle espèce est très
avantageuse par son abondance, par la mol-
lesse de son tissu, et par la bonne qualité de
la soie que donnent les Vers qui en ont été
nourris. De plus, la multiplication des pieds
est extrêmement facile; leur pousse est hâ-
tive, leur végétation vigoureuse et rapide;
ils ne se montrent nullement difficiles à la
taille; ils craignent peu le froid; enfin ils
repoussent de partout soit pendant, soit
après la cueillette. Ces avantages ont paru
plus que suffisants pour compenser les in-
convénients qui ont été trouvés au Mûrier
multicaule, et dont le principal consiste en
ce que ses grandes feuilles sont facilement
déchirées par les vents. Au reste, nous ren-
verrons pour déplus amples détails sur cette
espèce aux mémoires de M. Perrottet que
nous venons de citer, ainsi qu'à un rapport
de M. Soulange-Bodin, lu à la Société d'en-
couragement le 26 décembre 1832, im-
primé par extrait dans les Annales de Fro-
mont (décemb. 1832), et au rapport de
M. Philippar (cité plus haut), lu le 4 no-
vembre 1835 à la Société d'agriculture et
arts de Seine-et-Oise.
Il est encore d'autres espèces de Mûriers
qui présentent de l'intérêt, soit parce que
leur feuille peut être employée avantngeu-
MUR
MUS
433
sèment à la nourriture du Ver à soie ,
comme le Mûrier de l'Inde , Morus indica
Linn., qui, d'après Rumphius etLoureiro,
est préféré sous ce rapport à tous les autres
dans la Cochinchine et dans l'Inde, et le
Mûrier d'Italie, M. ilalica Poir. ; soit parce
que leur fruit est comestible, comme le
Mûrier rouge, M. rubra Linn., bel arbre
des États-Unis, qui atteint 20 et 25 mètres
de hauteur, dont les feuilles sont très coton-
neuses à leur face inférieure, dont le fruit
est rouge, d'une saveur sucrée et acidulé
Jbrt agréable. Mais, faute d'espace, nous nous
bornerons à ce peu de mots au sujet de ces
espèces. (P. Ducharïre.)
MURIERS, ois. — Le Gobe-Mouche et
plusieurs espèces deBecs-Fins portent ce nom
dans diverses provinces de la France. (E. D.)
MURIN. mam. — Ce nom a été appliqué
à des espèces des genres Loir et Vesperti-
lion. Illiger avait également indiqué une fa-
mille de Rongeurs sous la même dénomina-
tion de Murins , et comprenant le grand
groupe des Rats. Voy. ce mot. (E. D.)
MURMIDIA ou MURMIDIUS (fuîppiÇ,
fourmi; t&'a, forme), ins. — Genre de Co-
léoptères pentamcres , famille des Clavicor-
nes , tribu des Byrrhiens , établi par Leach
{ Trans. Linnean. Soc. , vol. XIII , pag. 1 ,
pi. 41 ), et adopté par Hope (Coleopt. ma-
nual, 1840, p. 108) et par Laporte de Cas-
telnau ( Hist. nat. des An. art. , 3 , p. 40 ).
Le type, M. ferruginea Leach, serait origi-
naire de la Chine. Il est présumable que
c'est le même Insecte qui a été décrit depuis
par Germar {Species Ins. , p. 8 , t. 1 , f. 2)
sous les noms générique et spécifique de
Ceuthocerus advena, lequel vit de la sub-
stance des grains de Riz, et parvient quel-
quefois vivant en Europe. (C.)
MURONS, bot. ph. — Nom vulgaire des
fruits d'une espèce de Framboisier, le Ru-
bus frulicosa L. Voy. framboisier.
MURRAYA (nom propre), bot. ph. — »
Genre delà famille des Aurantiacées-Clau-
sénées, établi par Kœnig ( in Linn. Man»
tiss., 563). Arbrisseaux de l'Asie tropicale.
Voy. AURANTIACÉES.
MURSIE. Mursia. crust. — Ce genre,
établi par Leach et adopté par les carcino-
logistes, est rangé par M. Milne Edwards
dans l'ordre des Décapodes brachyures, et
dans la famille des Oxystomcs. Les Crusta-
T. VIII.
ces qui composent cette nouvelle coupe
générique ont la plus grande analogie avec
les Calappes (voy. ce mot), mais s'en dis-
tinguent facilement par la forme de leur
carapace, qui est presque circulaire et ne
se prolonge pas en manière de bouclier au-
dessus des pattes ambulatoires; sa face su-
périeure est bombée et inégale, et vers le
milieu du bord latéral se trouve une longue
dent spiniforme. Il est aussi à noter que le
quatrième article des pattes-mâchoires ex-
ternes est inséré à l'extrémité de l'article
précédent.
On ne connaît qu'une seule espèce de
ce genre : c'est le Mursie a crête , Mursia
cristata Dem., Edw. (AU. du règne anim.
de Cuv., Crust., pi. 13, fig. 1 ). On ignore
la patrie de ce singulier crustacé. (E. L.)
MURUCUIA. bot. pu. — Genre de la
famille des Passiflorées , tribu des vraies
Passiflorées , établi par Tournefort ( Inst.,
215). Dans ce genre, le limbe a, dans quel-
ques espèces, 5 divisions; dans d'autres,
ces divisions sont au nombre de 10. De là
deux sections nommées Pentaria elDecaria
(De Candolle, Prodr.y III, 333).
Les plantes comprises dans ce genre sont
des arbrisseaux des Antilles.
MUS. mam. — Nom latin du genre Rai.
Voy. ce mot.
MUSA, bot. ph. — Voy. bananier.
A1USACÉES. Musaceœ. bot. ph. — Fa-
mille [de plantes Monocotylédones à éta-
mines épigynes, qui a été établie parA.-L. de
Jussieu (Gênera, p. 61 ) sous les noms de
Musœ, Bananiers, et dont la circonscription
a été conservée telle que l'avait tracée notre
célèbre botaniste. Quoique peu étendue,
elle offre de l'intérêt à cause de la haute
importance de quelques uns des végétaux
qu'elle comprend. Elle secompose de plantes
herbacées vivaces, de haute taille, rarement
ligneuses, et dans ce cas pourvues d'un stipe
simple ; les espèces herbacées , qui sont
beaucoup plus nombreuses, ont en guise de
tige une sorte de bulbe très allongé, formé
par les gaînes des feuilles distinctes ou sou-
dées entre elles. Les feuilles sont alternes,
à pétiole engainant par sa base; leur lame
est enroulée en cornet dans la jeunesse;
elle est traversée dans sa longueur par uns
grosse côte médiane , des deux côtés de la-
quelle partent de très nombreuses nervure*
tu
434
MUS
transversales ou obliques , parallèles entre
elles. Les fleurs sont situées à l'aisselle de
grandes bractées ou spathes, qui sont elles-
mêmes alternes ou distiques sur des pédon-
cules radicaux ou axillaires ; elles présen-
tement: un périanthe coloré, irrégulier,dont
les 6 parties, rangées sur deux rangs, restent
libres et distinctes, ou se soudent entre
elies de diverses manières; tantôt, en effet
{Ravenala) , les 3 du rang externe restent
séparées, les 2 du rang interne, qui sont
placées à droite et à gauche, se soudant en
une seule pièce qui semble être bifide à son
extrémité, et tantôt (Musa) les 3 pièces ex-
térieures se soudent entre elles et avec les 2
intérieures latérales en une seule qui paraît
être 5-lobée au sommet, tandis que la troi-
sième pièce intérieure reste distincte et sé-
parée ; des étamines au nombre de 6 ou seu-
lement de 5, par Tavortement de la sixième
qui aurait été située devant la pièce inté-
rieure et libre dupérianthe; un ovaire in-
fère à 3 loges, qui renferment chacune de
nombreux ovules fixés le long de l'angle
central, ou un seul dressé (Heliconia); un
style unique terminé par un stigmate à
6 petits lobes obtus, ou à 3 divisions li-
néaires. Le fruit est triloculuire, tantôt
charnu, indéhiscent, tantôt dur et ligneux
intérieurement, presque charnu extérieure-
ment; sa déhiscence est septicide (lre tribu)
ou loculicide. Les graines sont quelquefois
accompagnées (Ravenala) de sortes de poils
aplatis en membrane déchirée en manière
de manchette, remarquables par la vivacité
et la beauté de leur couleur; elles présen-
tent, dans un albumen farineux-charnu, un
embryon axile , orthotrope, aiiongé, dont
l'extrémité radiculaire perce l'albumen et
atteint le hile.
Les Musacées ressemblent beaucoup aux
Cannacées, desquelles elles se distinguent
par le nombre de leurs étamines ; elles ont
aussi de l'analogie avec les Amaryllidées,
desquelles elles s'éloignent par l'irrégula-
rité de leurs fleurs, par la disposition, la
nature et la forme de leurs bractées. Elles
sont répandues dans les deux continents, en
majeure partie dans leurs régions intertro-
picales; l'une de leurs tribus (les Hélico-
niées) appartient à l'Amérique, l'autre (les
Uraniées) à l'ancien continent. Mais la cul-
ture en a répandu certaines dans toutes les
MUS
contrées chaudes du globe. Ces dernières,
qui comptert parmi les végétaux les plus
utiles à l'homme, sont des Bananiers, Musa
paradisiaca Linn., M. Sapicntum Linn., et
M . chinensis ; celle-ci est aujourd'hui cultivée
en Europe, dans les serres, où elle fructifie
très bien, et où sa taille, de moitié moins
haute que celle des précédentes, permet de
l'introduire plus commodément que les deux
premières. Une autre plante célèbre de la
même famille est le Ravenala, vulgaire*
ment connu sous le nom d'Arbre du voua*
geur, qui, lorsqu'on perce la base de se*
feuilles, laisse couler en assez grande abon-
dance de l'eau limpide et fraîche amas-
sée dans leurs gaînes. Malheureusement le
merveilleux de ce fait, et l'utilité en quel-
que sorte providentielle qu'on lui avait at-
tribuée, s'évanouissent devant un examen
sérieux , et devant cette seule considération
que le Ravenala habite les lieux humides et
les bords des cours d'eau.
Voici, d'après M. Endlicher, îe tableau
des genres de Musacées :
Tribu I. Héliconiées. Graines solitaires
dans les loges du fruit, qui est capsulaire,
à déhiscence septicide.
Heliconia , Linn. ( Bihai , Plum. ).
Tribu II. Uraniées. Graines nombreuses
dans les loges du fruit, qui est charnu ou
capsulaire, à déhiscence loculicide.
JWusa,Tourn.; Strelitzia, Banks. ( Heli-
conia?, Gaertn.) ; Ravenala, Adans. (Ura-
nia, Schreb. ). (P. D.)
ÎWUSANGA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Artocarpées, établi par Ch. Smith
(ex R. Brown in Tuckey Congo, 434) pour
des arbres encore peu connus de l'Afrique
occidentale.
MUSARAIGNE. Sorex. mam.— Ce genre,
l'un des plus naturels de l'ordre des Car-
nassiers Insectivores, a été créé par Linné,
adopté par tous les zoologistes , et partagé,
dans ces derniers temps, en plusieurs grou-
pes distincts. Les principaux caractères des
Musaraignes sont ainsi résumés par les
auteurs: Le système dentaire, d'après Fr.
Cuvier, est composé de trente dents, dix-
huit supérieures et douze inférieures; les
premières consistent en deux incisives , très
fortes, crochues, terminées en une pointe
renforcée à sa base , postérieurement,
d'une forte dentelure; seize mâchelières,
MUS
MUS
435
dont dix fausses molaires et six molaires
vraies ; celles-ci , excepté les deux der-
nières, sont composées de deux prismes
réunis et portés par une base large, ayant
un tubercule pointu antérieurement, et
postérieurement une surface aplatie; la
dernière consiste en un seul prisme : les
dents inférieures se composent de deux in-
cisives fortes , longues , crochues, terminées
en pointe et couchées en avant, et de dix
mâchelières , dont quatre fausses molai-
res et six molaires ; celles-ci sont formées
de deux prismes parallèles, terminés par
trois pointes , excepté la dernière, qui est
plus petite et moins développée que les au-
tres. Le corps des Musaraignes est couvert
de poils fins et courts. Leur tête est très
allongée. Les pieds ont chacun cinq doigts
bien conformés, et étant dans les mêmes
rapports avec ceux de devant qu'avec ceux de
derrière: le pouce est le plus court; vient
ensuite le petit doigt, puis l'analogue de
l'index, après celui de l'annulaire, et enfin,
le moyen. Chacun de ces doigts est armé
d'un ongle crochu, comprimé latéralement
et terminé en pointe. La plante des pieds
et la paume des mains sont garnies de six
tubercules, deux à la base des trois plus
grands doigts, un à la base du pouce, et
deux plus en arrière. La queue est plus
ou moins longue, tantôt tétragone , tan-
tôt comprimée dans une partie de sa lon-
gueur. Les narines se prolongent fort au-
delà des mâchoires et s'ouvrent sur les côtés
d'un mufle divisé, dans sa partie moyenne,
par un profond sillon. L'oreille est grande,
large, arrondie; ce qui la rend remarqua-
ble, ce sont deux opercules qui occupent
presque toute la largeur de la conque. L'œil,
noir, est si petit qu'il est impossible d'en
distinguer la pupille; les paupières sont
fortes, charnues, épaisses et ciliées. Les
moustaches, longues et nombreuses, sont
faibles. Une glande sébacée se voit sur les
flancs; et elle est entourée de soies raides et
serrées , laissant suinter une humeur grasse,
odoriférante. Le pelage est doux et épais ;
8a longueur est à peu près la même sur
tout le corps ; mais sur le museau , la queue
et les quatre pattes, il est très court; il
«e compose de poils laineux et de poils
«oyeux; sa couleur est d'un gris plus ou
moins brunâtre, mais qui change de teinte
suivant les saisons , ce qui a sûrement con-
duit à multiplier les espèces.
L'organisation interne des Musaraignes a
été étudiée par un grand nombre de zoolo-
gistes ; nous devons citer particulièrement
Daubenton , Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire
et MM. de Blainville et Duvernoy, dont nou:
analyserons ici, en quelques mots, \t
travaux à ce sujet.
M. de Blainville a surtout étudié le sys-
tème ostéologique des Musaraignes, et il a
pris pour type le Sorex myosurus. La colon no
vertébrale de cet animal est formée d'un
grand nombre de vertèbres ; il y a quatre
céphaliques, sept cervicales, quatorze dor-
sales, cinq lombaires, quatre sacrées, et vingt
coccygiennes. La tête allongée, étroite,
presque triquètre; la mâchoire supérieure
est très rapprochée du palatin postérieur, et
elle est allongée; l'inférieure est également
très étendue dans son ensemble. L'atlas a
une apophyse épineuse inférieure très déve-
loppée , les apophyses latérales sont grandes
et percées d'un seul grand trou ; l'axis offre
une apophyse épineuse, large, arrondie,
assez élevée; la dernière cervicale diffère à
peine de la première dorsale, car elle n'a
pas plus d'apophryse épineuse qu'elle. Cette
apophyse devient au contraire assez marquée
dans les autres vertèbres dorsales , surtout à
la troisième et sur les dernières, car elle s'é-
largit en s'incîinant, comme de coutume,
un peu en avant. Les lombaires sont courtes
et assez robustes. Les vertèbres sacrées
constituent un sacrum très comprimé, dont
les apophyses épineuses, en se soudant, for-
ment une crête continue. Les coccygiennes
n'ont pas d'apophyses épineuses , et leurs
articulations sont assez saillantes; elles dé-
croissent assez rapidement en diamètre.
Les côtes , au nombre de quatorze , sont un
peu courbées en dehors; la première est
plus forte et plus courte que les autres. Le
sternum a six sternèbres. Dans le membre
antérieur l'omoplate est courte, large, ovale,
arrondie à son bord antérieur; la clavicule,
est longue , grêle , cylindrique , arquée
dans un seul sens et dans toute son éten-
due; l'humérus est court et robuste, et
rappelle un peu celui des Taupes, quoique,
toutefois, il soit dans la forme normale ; le
radius et le cubitus sont médiocres, droits,
serrés l'un contre l'autre, presque égaux;
436
MUS
MUS
la main est fort petite, le carpe n'a que
trois os à la première rangée et quatre à la
seconde; les os du métacarpe et des pha-
langes ont la forme normale. Aux membres
postérieurs, le bassin ne s'articule qu'avec
deux vertèbres sacrées , et il est libre à l'ex-
trémité pubienne ; le fémur , le tibia et le
péroné' sont constitués comme ceux de la
Taupe; les os du pied ressemblent égale-
ment à ceux de ce dernier Insectivore, mais
ils sont un peu plus allongés. M. de Blain-
ville donne , en outre , l'indication des dif-
férences qu'il a remarquées dans plusieurs
espèces , les Sorex flavescens , vulgaris ,
brevicaudatus , etc. ; mais nous ne croyons
pas devoir en parler ici.
Le système dentaire des Musaraignes a
été étudié par plusieurs zoologistes; nous
en dirons encore quelques mots d'après
M. de Blainville. Le nombre total des dents
varie de huit à dix en haut , et n'est jamais
au-dessus ni au-dessous de six en bas , et
toujours il y a quatre molaires postérieures
qui ne changent pas, et qui sont fonda-
mentales , comme dans tous les Insectivo-
res, en sorte que la diminution dans le
nombre total et la variation ne portent
que sur celles que l'on a nommées inter-
médiaires. L'espèce type, prise par M. de
Blainville pour la description du système
dentaires, est le Sorex vulgaris. Dans cet In-
sectivore il y a dix dents en haut et six en
bas; mais en comptant les dentelures des
incisives, on trouverait en haut : trois inci-
sives , une canine , huit fausses molaires ;
une principale et trois arrière-molaires; et
huit en bas , deux ou trois incisives, pas de
canines, deux avant-molaires et trois mo-
laires vraies. Les formes et la disposition de
ces dents, la couleur de leur émail, etc. ,
présentent des caractères particuliers , dont
I on s'est servi , comme nous le verrons bien-
tôt, tantôt pour former des genres dans la
division des Musaraignes, tantôt pour dis-
tinguer simplement des espèces. L'espace
ne nous permet pas de nous étendre davan-
tage sur ce sujet important ; nous dirons
\ seulement quelques mots, d'après M. Du-
vernoy, relativement à la formation de ces
dents. Dans la dentition des Musaraignes ,
on doit remarquer : 1° que l'accroisse-
ment et le durcissement des dents se font
à la place qu'elles doivent occuper toute
la vie , et non dans une fosse osseuse d'où
elles seraient poussées en dehors; 2" qu'elles
y sont d'abord enveloppées par le périoste
des os auxquels elles doivent adhérer ;
3° que leur série, ou l'arcade dentaire,
fait saillie à travers cette membrane, de
telle manière que chaque dent y dessine une
partie de sa forme; 4° que lorsque la dent
a pris son principal accroissement, la por-
tion de cette membrane qui la recouvre
s'atrophie et tombe ; 5° que les os auxquels
les dents doivent être attachées se durcissent
plus tard qu'elles; 6° que relativement à
leur structure, l'émail forme une grande
partie de la substance des dents; qu'elles
manquent de racines plus longtemps que
cela n'a lieu généralement; mais que la cou-
ronne, celle des molaires en particulier,
est d'abord appliquée contre un léger enfon-
cement des maxillaires et mandibulaires, et
finit par se souder à ces os, soit immédia-
tement, et peut-être au moyen du bulbe
qui s'ossifie , soit par une pénétration réci-
proque.
M. Duvernoy (Mém. de la Soc. du Muséum
d'hist. nat. de Strasbourg , t. II, 1837) a
étudié avec soin l'anatomie et la physiologie
des Musaraignes; d'après lui, l'estomac n'a
proprement qu'un cul-de-sac, le cardiaque,
qui est plus ou moins développé , et dont la
forme varie suivant qu'il est plus ou moins
distendu par les aliments. Le canal intestinal
est dépourvu de cœcum. Le foie a cinq lobes
et une vésicule; mais la proportion et la si-
tuation de cette vésicule, les formes et les
proportions de ces lobes, varient un peu d'une
espèce à l'autre. La rate est énorme, prisma-
tique et repliée sur elle-même dans le Sorex
indicus; elle est plate, un peu plus large en
arrière dans les S. tetragonurus et Hermanni.
Le pancréas est énorme dans le S. Hermanni,
et il s'étend de l'extrémité postérieure de la
rate au pylore et au duodénum. Les organes
génitaux mâles présentent , à l'époque du
rut, un développement extraordinaire; d'é-
normes testicules , pour la taille des Musa-
raignes 5 sont enfoncés dans l'aine. Il y a
de plus des vésicules séminales très com-
pliquées , une verge très longue et repliée sur
elle-même dans un long fourreau dont l'ori-
fice est immédiatement au-devant de celui
de l'anus et compris dans le même sphinc-
ter ; les branches du corps caverneux , qui
MUS
MUS
437
s'attachent au bassin , sont plus longues
qu'à l'ordinaire, à cause de l'écartement
des pubis. Chez les femelles, et dans le
plus grand nombre des espèces, notam-
ment chez les Sorex araneus et fodiens, le
vagin est très long, et cette longueur fait
que le corps de la matrice est extrême-
ment court, porté très en avant dans la
cavité abdominale, hors du bassin consé-
quemment, ainsi que les cornes dans les-
quelles il se divise immédiatement; dans le
Sorex Hermanni, au contraire, le vagin est
court et l'utérus se divise de très bonne
heure en deux larges cornes , du moins
dans un état de gestation très avancée. Les
glandes mammaires sont énormes; elles for-
ment deux paquets très considérables qui se
joignent sur la ligne médiane de la région
abdominale postérieure et du pubis. Chez
ces animaux , d'après quelques anatomistes ,
les hémisphères cérébraux sont petits et sans
circonvolutions, ce qui n'empêche pas que
le volume de l'encéphale ne soit assez consi-
dérable, ainsi qu'on peut en juger par l'exa-
men de la boîte crânienne , qui a beaucoup
de longueur, et qui est même assez élar-
gie dans sa portion postérieure, etc.
Les Musaraignes ressemblent beaucoup ,
soit par leurs formes extérieures, soit par
la nature et les couleurs de leur pelage ,
soit même, à plusieurs égards , par leur or-
ganisation intérieure, aux petites espèces du
genre Rat, dont on les distingue d'ailleurs
facilement au premier coup d'œil par la
forme allongée de la tête, par leur petite
trompe et par tous les caractères qui diffé-
rencient un Insectivore d'un Rongeur. Les
anciens plaçaient, du reste, les Musarai-
gnes avec les Rats , et leur dénomination
provient du nom de l'espèce type, dési-
gnée jadis sous le nom latin de Mus araneus.
Brisson, d'après Pline, les avait désignés
géncriquement sous la même dénomination
de Musaraneus , et c'est Linné qui leur a
appliqué le nom de Sorex, qui a prévalu
dans la science.
Ces Insectivores sont généralement de très
petits animaux ; en effet, le plus petit
Mammifère connu est le Sorex etruscus,
l'une des espèces de ce groupe. Ils sont
presque aveugles, vivent d'Insectes, de
Vers, de petite proie, et habitent solitaires
des trous dans la terre ou dans les murail-
les , d'où ils sortent rarement de jour. Les
Musaraignes vivent près de nos habita lions, el
quelques unes se trouvent dans nos greniers.
Plusieurs espèces vivent dans les lieux secs,
d'autres se plaisent, au contraire, dans les
prairies humides ou sur le bord des fon-
taines, et on les voit plonger dans l'eau
pour s'emparer de leur proie. La plupart
répandent, et surtout à l'époque du rut,
une odeur qui, dans quelques espèces, ap-
proche beaucoup de celle du musc, et pro-
vient chez eux de glandes particulières qui
se trouvent sur les flancs. C'est à tort que
l'on a dit que leur morsure était venimeuse.
L'histoire zooclassique du groupe des
Musaraignes présente un grand intérêt ;
mais nous n'en dirons ici que quelques mots,
renvoyant nos lecteurs, pour plus de dé-
tails , à notre article insectivores. Aristole
désignait les Musaraignes sous le nom de
Mygale, Pline leur appliquait le nom de
Musaraneus; un assez grand nombre d'au-
teurs anciens , ou du moyen-âge, se sont
occupés des animaux de ce groupe; enfin ,
parmi les modernes , on doit aussi citer
plusieurs zoologistes : pour nous , nous n'in-
diquerons que Daubenton et Buffon , qui
en ont donné, l'un l'histoire anatomique et
l'autre l'histoire zoologique , dans la grande
Histoire naturelle générale et particulière ,
publiée en 1760; Hermann et Pallas, qui
augmentèrent le nombre des espèces; Savi,
Say, M. de Selys-Longchamps, qui sui-
virent la même voie; et enfin les travauf
monographiques ou de révision de ce groupe,
par Etienne Geoffroy - Saint - Hilaire et pa{
MM. Vagler (Class. des Mamm. , 1830 ej
1833), Duvernoy (Soc. d'hist. nat. de Slras*-
bourg , t. II, 1837), Jennys (Mag. of zoolog.
and bolan., t. II, 1837), Nathusius ( Ar-
chives de Wiegmann , 1838), de Blainville
(Ann. d'anat. et de phys., 1838 ; Osléogra-
phie , fascicule des Insectivores , 1843), Is.
Geoffroy-Sain t-Hilaire(i!/a#. dezool., 1840,
Dict. class. article Musaraigne), etc.
Le genre Musaraigne doit être mis au
nombre de ceux qu'on désigne sous le nom
de cosmopolites ; on retrouve les espèces qui
le composent dans toutes les parties du
monde et sous presque tous les climats ,
et on devrait même admettre, suivant les
naturalistes américains , que quelques es-
pèces sont communes aux deux continent*.
438
MUS
MUS
On en a rencontré en Europe , en Afrique ,
dans l'Inde et dans l'Amérique septentrio-
nale; mais c'est surtout en France et en Al-
lemagne qu'on en a découvert le plus grand
nombre.
La difficulté de se procurer ces animaux,
leur petite taille , leur pelage , dont les cou-
leurs varient parfois dans la même espèce,
suivant les âges, les saisons et les sexes, etc.,
ont rendu la caractéristique spécifique très
difficile; aussi les naturalistes ne sont-ils pas
d'accord sur le nombre d'espèces qu'on doit
placer dans ce groupe. Les uns n'en recon-
naissent qu'un trop petit nombre, et d'au-
tres, au contraire, en admettent peut-être
trop. Pour nous, nous n'indiquerons que les
espèces les mieux connues.
Quelques Musaraignes conservées à l'état
de momie ont été trouvées dans les nécro-
polis des anciens Égyptiens, et la raison
qui semble avoir déterminé ce peuple à
placer la Musaraigne au nombre des ani-
maux sacrés, c'est que, suivant Antoine
Liberalis, Latone avait pris la forme de ce
petit animal pour échapper aux poursuites
de Typhon; ou bien, d'après Plutarque ,
parce que cet animal ne nuit pas , et que ,
suivant les Égyptiens , les ténèbres étaient
plus anciennes que la lumière. Parmi les
naturalistes, Olivier paraît être le premier
qui ait reconnu les restes d'une grande es-
pèce de Musaraigne au nombre des momies
égyptiennes; depuis, on en a trouvé plu-
sieurs dans les anciens tombeaux , et ce fait
est tout-à-fait acquis à la science. Mais ce
qui ne l'est pas autant, c'est de savoir si
les Musaraignes momifiées appartiennent à
des espèces distinctes, ou si l'on doit les
rapporter à une espèce ( Sorex flavescens)
qui vit encore aujourd'hui en Egypte , et
qui s'y trouve même communément. Tou-
tefois M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire avait
rapporté des momies de Musaraigne aux So-
rex myosurus et araneus, et il avait fait
d'une autre momie une espèce distincte sous
le nom de Sorex religiosus ; mais , d'après
MM. Ehrenberg et de Blainville, il paraî-
trait que les Musaraignes égyptiennes mo-
miGées ne seraient très probablement que le
Sorex flavescens , grande espèce d'Afrique ,
que l'on rencontre souvent en Egypte.
Les Musaraignes ont été également signa-
lées à l'eut fossile. G. Cuvier, le premier,
a indiqué des débris de Musaraigne dans une
brèche osseuse provenant de Sardaigne , et
M. de Blainville rapporte ces débris au So-
rex fodiens , ou au Sorex remifer. D'autres
Musaraignes fossiles ont été signalées par
MM. Wagner, de Scblotheim , Billaudel , et
surtout par M. Schmerling. Ce dernier zoo-
logiste décrit deux crânes presque complets
de cet Insectivore, et il a pu les rapporter
avec certitude aux Sorex araneus et vulga-
ris. Enfin M. de Blainville signale quelques
débris de Musaraigne trouvés dans les dé-
pôts de Sansans et de l'Auvergne.
Après ces généralités sur le groupe natu-
rel des Musaraignes, nous allons terminer
cet article en donnant la description des
principales espèces, et nous indiquerons les
diverses divisions qui ont été proposées par
les auteurs : toutefois, nous suivrons prin-
cipalement la classification donnée par
M. Duvernoy.
I. Sofiex, Duvernoy. (Sorex , Auct.: Croci-
dura, Wagler; Suncus, Hempr. et Ehr.;
Myosorex ? Gray ; Pachyura r Selys. )
Les deux incisives intermédiaires infé-
rieures à tranchant simple, et les deux supé-
rieures en hameçon , c'est-à-dire ayant un
talon en pointe ; les trois ou quatre pe-
tites dents qui suivent, à la mâchoire supé-
rieure, diminuant rapidement de volume
de la première à la dernière; aucune dent
n'est colorée.
Les espèces de ce groupe, remarquables
parleur conque auditive développée, décou-
verte, nue ou très peu poilue, sont presque
toutes exclusivement terrestres ; elles se
trouvent en Europe et dans diverses régions
de l'Afrique; on en a indiqué une espèce
comme appartenant à l'île de Java.
La Musaraigne commune ou Musette Buf-
fon (Hist. nat. gén. et part., t. VIN, pi. 10;
Et. Geoff.-St.-Hil.,4nn. Muséum, t. XVII ;
Daubenton, Hém. de l'Acad. des se, 1756,
pi. 5, fig. 2; Vicq d'Azyr, Syst. anat. des
anim. , t. III, lrc partie); Sorex araneus
Schrebr., Aldrovande, Duvernoy; S. rus-
sulus Zimmerman ; S. pachyurus Kuster;
S. inodurus Savi ; S. Gmelini , Guldensiei et
suaveolens? Pallas; S. fimbriatus, rnoscha-
tus, major, rufus et poliogaster Wagler;
Crocidura aranea Selys, etc. La longueur
du corps et de la tête est d'environ 0m,062,
MUS
MUS
439
et celle de la queue de 0,035. Le pelage est
gris en dessus, cendré en dessous; dans les
parties supérieures du corps, la pointe des
poils étant rousse, leur gris y prend cette
teinte, et le cendré des parties inférieures
vient de ce que la pointe des poils y est
blanche. Cette espèce présente d'assez nom-
breuses variations pour la couleur de la
robe ; les unes sont d'un brun assez foncé,
et d'autres au contraire présentent une
couleur presque blanche : telles sont les va-
riétés désignées sous les dénominations de
S. araneus rufa Wagler, et de S. araneus
alba Selys; enfin , chez quelques individus
les flancs sont dépouillés et présentent un
espace nu, déforme elliptique et d'une éten-
due variable. La tête est un peu plus courte
et plus large que dans le S. leucodon, le mu-
seau est moins effilé ; les oreilles sont nues,
très grandes, arrondies; les dents sont d'un
blanc brillant ; les moustaches sont très
allongées; la queue, longue, grêle, et
comme effilée à son extrémité, est couverte
de poils courts.
La Musette habite l'Europe centrale et
méridionale ; on la trouve assez communé-
ment dans diverses parties de la France, de
l'Italie, de l'Allemagne, etc. Cette espèce se
rencontre ordinairement dans les bois, où elle
se cache dans les troncs d'arbres, les creux
de rocher, sous les feuilles, etc. L'hiver,
elle se rapproche en général des habitations,
et vient se cacher dans les écuries , les
granges, les cours à fumier, etc. La croyance
populaire, suivant laquelle la morsure de
cet animal serait venimeuse et dangereuse
pour le bétail, est fausse, ainsi qu'on l'a
démontré d'une manière positive.
2n Musaraigne ledcode, Sorex leucodon
Ilerm., Duvernoy,Vicq d'Azyr (loco cilalo),
Et. Gooff.-St.-Hil. (loco cilato) ; Crocidura
leucodon Selys, Lesson. La longueur de la
tête et du corps est environ de 0"\080 , et
celle de la queue n'est que de 0,030. Le
pelage des animaux de cette espèce, pris ré-
cemment, est noir en dessus et blanc en
dessous et sur les flancs : toutefois les ex-
trémités des poils du dos sont évidemment
rousses, et celles du dessous du corps et des
parties latérales du ventre et de la tête sont
blanches; mais le reste de la longueur de
tous les poils est d'un gris foncé. La plupart
des poils sont courts; toutefois on en re-
marque quelques uns qui, au contraire,
sont très longs. La queue est assez courte,
aplatie. Les dents sont d'un beau blanc, au
moins dans le jeune âge, car, suivant Et.
Geoffroy-Saint-Hilaire , leur pointe brunit
chez les adultes.
Les mœurs de cette espèce sont peu con-
nues, et doivent être semblables à celles de
la Musette; elle se trouve aux environs de
Strasbourg et dans l'Allemagne occiden-
tale.
3° Musaraigne ardoisée , Sorex cyaneus
Duvernoy (Mém. de la soc. du Mus. d'hist.
nat. de Strasbourg, t. II, 1845) , Sorex ca-
pensoides? Smith, Crocidura capensoides?
Lesson. Longueur du corps et de la tête,
9 centimètres; de la queue , 5 à 6 centim.
Le pelage est d'un gris d'ardoise uniforme
en dessus et sur les côtés du corps, avec une
nuance légèrement plus claire en dessous.
Le museau est effilé, allongé, et terminé
par un mufle noir; la queue est très grêle.
L'individu- type de cette espèce a été
trouvé sur les bords de la rivière des Élé-
phants, auprès du cap de Bonne-Espérance.
4° Sorex herpestes Duvernoy (loco cilalo,
idem), Sorex varius? Smuts ( Cap. 108),
Myosorex varius? Gray , Lesson. Pelage
épais, soyeux, gris-brun un peu mélangé de
gris clair en dessus, et plus clair en des-
sous ; conques auditives peu saillantes et
couvertes de poils sur les deux faces ; queue
grêle.
Cette espèce habite le cap de Bonne-
Espérance.
5. Musaraigne blonde , Sorex fiavescens
Isid. Gcolîr.-Saint-Hilaire (Dict. claîs., t. XI,
1827), S. Olivieri Less. , S. cinnamomeus
Lichst., Suncus sacer Hemp. et Ehr. La
longueur de la tête et du corps est de 12 cen-
timètres, et celle de la queue n'a pas plus de
3 centimètres. Le dessus du corps et de la
tête e«t d'un blond roussâtre d'une nuance
agréable à l'œil, et qui se change sur la
face supérieure de la queue en un cendré
roussâtre très clair. Toutes les parties infé-
rieures du corps , de la tête et de la queue,
la région interne et la partie inférieure des
membres tant antérieurs que postérieurs,
et le tour de la bouche, sont d'un blanc
légèrement cendré; une ligne longitudinale
brunâtre se voit sur le chanfrein. Les dents
sont blanches, ainsi que les ongles. Chez les
4*>
3WUS
MUS
jeunes sujets , les couleurs des parties supé-
rieures sont plus foncées, tandis que celles
des parties inférieures sont au contraire plus
claires.
Cette espèce habite la Cafrerie, le pays
des Hottentots et presque toute l'Afrique
équatoriale.
6° Sorex crassicaudatus Licbst. (Darslel-
lung Wenec oder wenigk kuaulet Saugthier),
Duvernoy, S. crassicaudatus et Suncus sa-
cer Hem. et Ehr. Dans cette espèce , que
quelques auteurs réunissent au Sorex fla-
vescens , le pelage est d'un beau gris ar-
genté ; les oreilles sont nues e*. décou-
vertes ; la queue ne présente que des poils
rares.
Elle babite l'Egypte.
7° Musaraigne géante, Sorex giganteus
Is. Geoffr.-Saint-Hil., Duv. Cette espèce a
16 à 17 centimètres de l'extrémité du mu-
seau à l'origine de la queue, et celle-ci a près
de 10 centimètres, c'est-à-dire qu'elle forme
à peu près les deux cinquièmes de la lon-
gueur totale, ce qui n'a pas lieu chez le S.
myosurus , dans lequel le corps a un peu
moins de 11 centimètres, et la queue a
environ 3 centimètres. Son pelage est d'un
gris brun en dessus. Cette espèce a été con-
fondue avec le Sorex indicus d'Et. Geoffroy-
Saint-Hilaire, et n'est pas bien connue encore
aujourd'hui.
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire rappor-
tait à cette espèce une grande Musaraigne
découverte à l'état de momie en divers lieux
de l'Egypte par Olivier et par M. Passalac-
qua; mais il paraît certain, d'après les tra-
vaux de MM. Ehrenberg et de Blainville, que
cet animal doit être rapporté au Sorex fla-
vescens.
La Musaraigne géante est très répandue
dans l'Inde; on la trouve communément
dans les environs de Pondichéry, où elle se
rend incommode parl'odeurmusquée qu'elle
répand. Cette odeur est très pénétrante, et
l'on prétend qu'elle fait fuir les Serpents.
C'est la nuit que cette Musaraigne sort de sa
retraite et qu'elle fait entendre un petit cri
aigu que l'on rend à peu près par la syllabe
îcociik; cet animal a reçu, dans la langue
malabare, le nom de Mandjourou.
8° Musaraigne sacrée, Sorex religiosus
Is. Geoffr.-St.-Hil. Cet animal, de très petite
taille, et particulièrement caractérisé par sa
queue très longue, presque aussi exactement
carrée que dans le Sorex remifer, a été trouvé
en grand nombre dans un tombeau de la
nécropolis deThèbes, et M. Isidore Geoffroy-
Saint-Hilaire en avait fait une espèce dis-
tincte sous le nom que nous avons indiqué
plus haut; mais, d'après MM. Ehrenberg et
de Blainville, etc., il paraîtrait que ce n'est
autre chose que le jeune âge du Sorex fla-
vescens Is. Geoffr.
9° Musaraigne de l'Inde , Sorex myosu-
rus Pallas , S. marinus Linné , S. avella-
norum, indicus et capensis Et. Geoffroy,
S. cœrulescens Raf'fles , S. giganteus, indi-
cus , Sonnerati et serpentarius Is. Geoffroy.
Cette espèce n'est pas encore suffisamment
connue, et les travaux des zoologistes voya-
geurs devront encore éclaircir son histoire.
Son corps a 14 centimètres de longueur et
sa queue 4 centimètres. Son poil est par-
tout extrêmement court et d'un gris brun,
teint en dessus de roussâtre, parce que la
pointe de chaque poil excède cette couleur;
toutes les dents sont blanches; la queue est
ronde.
Cette Musaraigne se trouve en abondance
dans les Indes orientales et dans quelques
îles de POcéanie. Elle est essentiellement
terrestre et habite les champs, d'où elle se
répand parfois dans les maisons. Elle exhale
une odeur musquée très forte.
10° Musaraigne gracieuse, Sorex graci-
lis Blainv. Dans cette espèce , qui provient
du cap de Bonne-Espérance, la queue, com-
primée et grise, se rapproche pour la forme
de celle du Sorex etruscus.
11° Musaraigne de Toscane , Sorex etrus-
cus Savi , Crocidura etrusca Bonap., Pa-
chyura etrusca Selys. Cette espèce, la plus
petite de celles d'Europe, a 3 centimètres
du bout du museau à l'origine de la queue,
et celle-ci a environ 5 à 6 centimètres de
long. Son pelage est brun-grisâtre en dessus
et grisâtre en dossous; ses oreilles sont gran-
des , et sa queue a la forme de celle de la
Musette.
Cette espèce, qui se trouve assez commu-
nément en Italie, se tient ordinairement
sous les racines et dans les troncs des vieux
arbres, dans des amas de paille ou de feuil-
les, et dans les trous des digues. Elle se plaît
particulièrement, pendant l'hiver, dans les
tas de fumier, où elle trouve à la fois une
MUS
MUS
441
nourriture abondante et un abri contre le
froid.
II. Amphisorex, Duvernoy, Blainv. (Sorex,
Auct. ; Corsica, Gray ; Blarina, Gray, etc.)
Les incisives inférieures à tranchant den-
telé; les supérieures fourchues, ayant leur
Salon prolongé au niveau de leur pointe; les
petites dents qui les unissent, au nombre de
cinq, très rarement de quatre, colorées pour
la plupart à leur pointe et diminuant gra-
duellement de la première à la dernière.
Les espèces de ce groupe sont moins ter-
restres que celles de la division précédente.
On en connaît un assez grand nombre qui
se trouvent en Europe et dans l'Amérique
septentrionale.
12° Musaraigne carrelet , Sorex tetra-
gonurus Herm. Duv. , S. constrictus ? Et.
Geoffr., S. rhinolophus , concinnus, mela-
nodon Wagl. , Corsica vulgaris Gray, etc.
De la taille de la Musette, à queue carrée,
présentant quatre faces séparées par des
angles très prononcés , offrant à sa partie
inférieure un léger sillon, et se terminant
tout-à-coup en une pointe fine, ce qui l'a
fait comparer à l'aiguille désignée ordinai-
rement sous le nom de carrelet. Le pelage
est ordinairement noirâtre en dessus et
cendré-brun en dessous; mais le noir du
dessus du corps passe parfois au brun , et
les flancs varient du brun grisâtre au gris
plus clair.
Cette Musaraigne a les mêmes mœurs
que la Musette ; on la trouve dans les jardins
et dans les granges; elle a été rencontrée
aux environs de Strasbourg.
13° Musaraigne plaron Daub. , Sorex
conslrictus Herm., S. canicalarius Bechst.
Et. Geoffr. On doit peut-être rapporter cette
espèce à la précédente : elle est la taille de la
Musette; son pelage est long et doux au
toucher, noirâtre dans sa plus grande lon-
gueur et roux à sa pointe; son ventre est
grisâtre et sa gorge cendrée.
Cette espèce a été prise en France , au-
près de Strasbourg, d'Abbevillc, de Char-
tres, etc.: d'après Harlan, elle se trouve-
rait également aux États-Unis.
iV Musaraigne alpine, Sorex alpinus
Sihintz, Duv. % Selys , Corsica alpina Les-
son. Cette espèce, découverte assez récem-
ment dans les Alpes, est particulièrement
t. vin.
remarquable par la disposition de son sys-
tème dentaire.
1 5° Musaraigne très petite , Sorex pyg-
mœus Laxman, Pallas, S. minutus Linné
S. minutissimus Zimm. , S. minimus Et
Geoff., S. exilis Gm. , S. cœculiens Laxm.?
S.pumïlio Wagler, Corsira pygmœa Less^
Cette espèce , qui semble véritablement biet"
distincte, est propre à la Russie centrale, h
l'Allemagne et à la Prusse, mais elle n'es
pas encore assez bien connue pour que nour
la décrivions.
16° Sorex rusticus Jennys, S. hibernicu
Jennys. On désigne ainsi une espèce propre
à l'Irlande et à la Belgique.
17° Musaraigne de Forster, Musarai-
gne masquée , Isid. Gcoff. ; Sorex Forsterl
Richards, S. parvus Say, S. personctlus
Is. Geoffr., S. longirostris?, Cooperi?, Ri-
chardsonii? Bachm., Corsica Forster i Less.
Cette espèce, qui se trouve dans les États-
Unis d'Amérique , a à peu près la taille de la
Musette ; elle est un peu plus brune, surtout
à la partie inférieure du dos, sur la croupe
et sur la queue; la queue est d'un brun
foncé en dessus et d'un blanc roussàlre en
dessous, et terminée par d'assez longs poils
d'un brun noirâtre; le dessous du corps est
d'une couleur cendrée.
18° Musaraigne a queue courte, Sorex
brevicaudatus Say, S. talpoides Gapper,
S. Deliayhii? , carolinensis? , cwereus? ,
fimbripes Bachm., Blarina b revicauda Gray,
Lesson. Plus petite que la Musette , son
pelage est en dessus d'un noirâtre plombé,
et en dessous d'une nuance plus claire; les
pieds sont blancs; la queue est courte, ro-
buste, peu velue, renflée légèrement dans
son milieu , déprimée, et à peu près de II
longueur des pieds postérieurs.
Cette espèce se trouve aux États-Unis d'Ac
mérique, principalement dans la province
du Missouri,
III. Hydrosorex , Duvernoy (Sorex, Auct.;
Crossopus, Wagler; Pinalia, Gray, etc.)
Incisives inférieures à tranchant simple,
sans dentelures ; les incisives supérieures en
hameçon, les deux premières petites dents
suivantes égales , la troisième un peu plus
petite, la quatrième rudimen taire; la pointe
des incisives et celle des molaires un peu
colorée.
56
442
MUS
MUS
Les espèces de ce groupe sont plus essen-
tiellement aquatiques que celles des divi-
sions précédentes; elles appartiennent à
l'Europe et au nord de l'Amérique.
19° Musaraigne d'eau, Daub. ; IcGreber,
Vicq d'Azyr ; Musaraigne de Daubenton, Et.
Geoffr. ; Sorex fodiens Pallas, Gm. , Flem.,
B!., Duv. ; Sorex Daubentonii Erxl., Et.
Geoffr. ; S. hydrophilus Pallas, S. bicoior
et leucurus Shaw , S. constrictus Herm.,
S. fluviatilis Bechst., S. stagnalis Brehm.,
S. musculus et psilurus Wagler, S. canicu-
latus Lynge, S. carinatus Herm., etc. Cette
espèce a près de 10 centimètres de long,
sans y comprendre la queue, qui en a un
peu plus de 5 ; son pelage est d'un brun
noirâtre en dessus, d'un blanc légèrement
gris-roussâtre en dessous , et ces deux cou-
leurs ne se confondent pas l'une avec l'au-
tre sur les flancs. La face externe des cuisses
et des bras, et la croupe, sont de la même
couleur que le dos; il y a une petite tache
blanche entre la lèvre et l'œil; la queue
offre à sa face inférieure une ligne blanche
très distincte et formée à son extrémité d'as-
sez longs poils.
On connaît diverses variétés de la Musa-
raigne d'eau, et ces variétés ont reçu des au-
teurs des noms particuliers.
Cette espèce se trouve dans presque toute
l'Europe. On la rencontre aux environs de
Paris ; elle vit dans les ruisseaux tranquilles,
et on en a vu un individu combattre pen-
dant plus d'une demi-heure avec une Gre-
nouille qu'il avait saisie à la patte.
C'est à cette espèce que quelques auteurs
rapportent la Musaraigne fossile , trouvée
dans les brèches osseuses de la Sardaigne ,
et qui a été décrite pour la première fois
par G. Cuvier.
20° Musaraigne porte-rame , Sorex remi-
fer Et. Geoffr. , Crossopus ciliatus Sow.,
S. unicolor Shaw, S. amphibiust Brehm.
Cette espèce, un peu plus grande que la
Musaraigne d'eau, est, en dessus, d'un
brun très foncé, et, en dessous, d'un cendré
foncé, avec la gorge claire, légèrement lavée
de roussâtre ; une tache blanc roussâtre se
voit près de l'oreille. La queue est exacte-
ment carrée dans les deux premiers tiers de
sa longueur; chaque face est parfaitement
plane , hors celle de dessous, qui est sillon-
née; de la fin de ce sillon naît dans l'autre
portion une carène qui se prolonge d'autant
plus en dessous que la queue s'amincit da-
vantage ; celle-ci finit par être comprimée et
tout-à-fait plate, en sorte qu'elle rappelle
assez bien dans cet état la forme de certains
avirons de chaloupe.
Cette espèce se trouve aux environs de
Paris; mais on la rencontre également dans
presque toute l'Europe, en France, en An-
gleterre, en Allemagne, etc.
21° Musaraigne d'Hermann, Sorex Her-
manni Duv. Cette espèce , décrite récem-
ment par M. Duvernoy et que quelques au-
teurs réunissent au Sorex fodiens, a été trou-
vée aux environs de Strasbourg et en Bavière.
Elle est plus petite que la Musette; son pe-
lage est d'un brun tirant sur le gris-noir en
dessus, et, en dessous, d'une couleur un peu
moins foncée.
22° Sorex paluslris Richars. , Crossopus
palustris Less., Sorex sur in amen sis? Schre-
ber, qui se trouve dans la Guiane hollan-
daise , doit probablement entrer dans le
même groupe.
Telles sont les principales espèces du genre
Musaraigne ; nous avons cherché à en don-
ner une liste aussi complète que possible;
mais nous croyons devoir dire que quelques
unes des espèces que nous avons décrites ne
sont pas encore suffisamment connues, et que
nous ayons peut-être fait quelques doubles
emplois; plusieurs espèces devront probable-
ment être réunies plus tard. D'un autre
côté, quelques auteurs ont donné la des-
cription de plusieurs autres espèces encore
moins connues que celles dont nous avons
parlé, et qui sont peut-être distinctes;
nous nous bornerons à donner ici les noms
de quelques unes d'entre elles: Sorex pul-
chellus Lichst. ( Russie ) ; Sorex linealus Et.
G eoff. (France); Sorex collaris Et. Geoffr.
(Hollande); Sorex murinus (Java); Sorex
exilis (Sibérie), etc.
D'anciens Sorex des auteurs forment au-
jourd'hui les types de genres distincts; tels
sont les : 1° Sorex aquaticus, type du genre
Scalope; 2° Sorex cristatus, type du genre
Condylure ; 3° Sorex auratus , type du g.
Chrysochlore; 4° Sorex moschatus , type du
genre Desman.
Voy. ces divers mots et l'article insecti-
vores. (E. Desmarest.)
MLSARAXEUS. mam. — Nom donné
MUS
MUS
uz
par Brisson au genre des Musaraignes. Voy.
ce mot. (E. D.)
MUSC. mam. — Espèce du genre Chevro-
tain. Voy. ce mot, (E. D.)
MUSCA. Ins. — Nom latin du genre
Mouche. Voy. ce mot.
MUSCADE, bot. ph. — Nom de la graine
du Muscadier. Voy. ce mot.
MUSCADE, moll. — Nom vulgaire et mar*
chand de la Bulle ampoule, Bulla ampulla.
MUSCADIER. Myrislicay Lin. (pupiaTi-
«oç, parfumé, odorant), bot. ph. — Genre
formant le type de la petite famille des
Myrisiicëes, de la Diœcie-monadeiphie dans
le système de Linné, 11 se compose d'arbres
et d'arbrisseaux propres aux parties chaudes
de l'Amérique , et surtout aux îles de l'Asie
tropicale, qui, par leur port et leur aspect
général , ressemblent à des Lauriers. Leurs
feuilles sont alternes, entières, munies
d'un court pétiole; leurs fleurs sont peu
brillantes, unisexuelles, axillairesou supra-
axillaires, très rarement terminales, les
femelles le plus souvent solitaires, les mâ-
les réunies en petit nombre en des sortes de
corymbes ou de panicules pauciflores; sous
chacune d'elles se trouve une petite bractée
en forme de demi-cupule. Leur périanthe
est simple, coloré, urcéolé ou cylindrique,
trifîde à son extrémité; les étamines des
fleurs mâles , au nombre de 6-15, sont sou-
dées dans toute leur longueur en une co-
lonne cylindracée; dans les fleurs femelles,
on ne trouve qu'un ovaire uniloculaire à
un ou rarement deux ovules dressés, mar-
qué sur chaque côté d'une dépression lon-
gitudinale, terminé par un stigmate sessile
échancré, presque bilobé. A ces fleurs suc-
cède un fruit dont le péricarpe , épais ,
charnu, renferme une seule graine à test
osseux , recouvert d'une enveloppe acces-
soire, incomplète, en réseau charnu, co-
loré, qui, dans l'espèce la plus connue,
porte le nom vulgaire de Macis , et que
les botanistes citent habituellement comme
l'un des meilleurs exemples d'arillcs. Con-
trairement à cette manière de voir, M. Plan-
chon [Mém. sur les vrais et les faux Arilles ,
p. 33) ne voit dans cette enveloppe acces-
soire de la graine des Muscadiers qu'une
véritable expansion des bords de l'exoslome
de la graine ou un faux arille. La graine
présente un albumen volumineux, ruminé,
ou pénétré profondément de fentes étroites,
dans lesquelles s'introduit le tégument in-
terne qui est brun, membraneux et très
mince; dans la partie inférieure de cet al-
bumen est logé un petit embryon à radicule
courte et obtuse, à cotylédons étalés et on-
dulés sur leurs bords. Ce genre renferme
une espèce intéressante, au sujet de laquelle
nous donnerons quelques détails , que nous
emprunterons, pour la plupart, à M. Blume
(Ramphia, I, p. 180, pi. 53). Cette espèce
est la suivante :
i . Muscadier aromatique , Myrislica fra-
grans Houtt. ( M. oflicinalis Linn. fil.,
M. moschata Thunb., M. aromatica Lam.).
C'est un arbre qui atteint de 10 à 13 mè-
tres de hauteur , dont les branches divari-
quées, épaisses et très rameuses, forment
une très belle cime ovoïde et obtuse. Son
tronc est revêtu d'une écorce peu épaisse ,
noirâtre et légèrement pointillée à l'exté-
rieur, rougeâtre à l'intérieur, peu aroma-
tique, de même que les feuilles, de la-
quelle s'écoule, par incision, un suc rou-
geâtre qui se coagule à l'air et prend une
couleur de sang noirâtre; ses jeunes ra-
meaux sont grêles et glabres ; ses feuilles
sont alternes, pétiolées, oblongues , acu-
minées , aiguës à leur base , d'un vert foncé
et luisantes en dessus , d'un vert grisâtre
pâle en dessous, glabres, presque coriaces.
Les fleurs mâles forment une petite om-
belle ordinairement triflore , tandis que
les femelles sont solitaires; les unes et les
autres sont portées sur des pédoncules axil-
laires ou supra-axillaires; elles sont blan-
châtres , inodores , longues d'environ 1 cen-
timètre, de forme ovoïde ou presque globu-
leuse; leur périanthe est épais, charnu,
couvert, de même que le pédoncule et l'o-
vaire, d'un duvet rare et rude. A ces fleurs
succède un fruit pendant, de la grosseur
d'une petite pêche, obovoïde, rétréci à sa
base en un court pédoncule , marqué de
chaque côté d'un sillon longitudinal , pres-
que glabre, d'abord vert pâle, puis jau-
nâtre , s'ouvrant à la maturité en deux
valves, du sommet vers la base, de ma-
nière à laisser voir par la fente la graine
vulgairement connue sous le nom de Noix-
Muscade, revêtue de son macis; celui-ci
tient à la fois par sa base au bile de la
graine et au fond du péricarpe; il se dirige
444
MUS
de la base vers le sommet en ramifications
inégales qui se subdivisent à leur tour, et
il forme ainsi une sorte de réseau à larges
mailles irrégulières; à l'état frais, sa sub-
stance est charnue, flexible , d'un rouge
vif et luisant ; par la dessiccation , elle de-
vient orangée, fragile, et d'apparence comme
cornée. La graine elle-même, ou la Noix-
Muscade, est ovoïde, marquée à sa surface
de sillons réticulés qui correspondent aux
ramifications du macis; son lest est dur,
osseux, fragile, brun-marron, et il ren-
ferme une amande qui le remplit entière-
ment.
Le Muscadier est une des possessions les
plus précieuses des Hollandais. Il ne croît
spontanément que dans celles des Moluques
qui forment la portion sud-est de l'archipel
et sur le côté de l'île de Céram ; mais il s'est
répandu peu à peu dans toutes ces îles.
Sa culture est restreinte à trois de ces îles
qui appartiennent à la préfecture de Bandan,
savoir: Lonthor, Bandan Neyra et Way, si^
tuées autour du volcan deGunung-Apie; là
ses produits atteignent toute leur perfection,
tandis qu'ils deviennent de qualité plus fai-
ble à mesure qu'ils proviennent depays plus
éloignés de ces parages. Malgré cette particu-
larité, la culture de cet arbre a été tentée en
divers pays, sans donner cependant jamais
des résultats de nature à porter ombrage au
monopole hollandais: ainsi elle a été intro-
duite de bonne heure à l'île de France et de
là à Cayenne ; d'un autre côté, les Anglais en
ont fait des plantations considérables soit à
Sumatra, où, en 1 820, sir T. Rafles en possé-
daitenviron 100,000 pieds, dont un quart en
plein rapport, soit au Bengale. Dans les îles de
Bandan, les plantations de Muscadiers sont
disposées en quinconces, et elles sont proté-
gées contre la trop grande ardeur du soleil
et contre les vents de mer par de grands ar-
bres plantés dans l'intervalle, le plus souvent
des Canarium, dont on enlève les branches
inférieures pour laisser circuler l'air plus li-
brement. L'arbre commence à porter à cinq
ou six ans; mais ses produits sont faibles
pendant quatre ou cinq ans. Lorsqu'il est en
plein rapport, on obtient annuellement de
chaque pied femelle environ 5 kilogrammes
de noix muscades, et 1/2 kilogramme de
macis. Pendant presque toute l'année, il
porte à la fois des fleurs et des fruits. Ceux-ci
MUS
n'atteignent leur maturité qu'au bout de
neuf mois; ils fournissent trois récoltes par
an : la première et la plus abondante se fait
à la fin de juillet ou au commencement
d'août, la seconde en novembre, la troisième
à la fin de mars ou au commencement d'a-
vril. La maturité de ces fruits se reconnaît
à la couleur roussâtre de leur péricarpe qui
commence en même temps à s'ouvrir. Aussi-
tôt des hommes montent sur les arbres, cueil-
lent les fruits et les jettent à terre; d'autres
les ouvrent sur-le-champ et en retirent la
graine en rejetant le péricarpe. On détache
ensuite le macis qu'on expose au soleil pen-
dant quelques jours pour le faire sécher en-
tièrement ; après quoi on l'humecte d'eau de
mer pour éviter qu'il ne se brise en mor-
ceaux, et on l'introduit dans des sacs où on
le presse fortement pour l'expédier. Quant
aux Muscades, après les avoir ainsi dépouil-
lées de leur macis, on les expose au soleil
pendant trois jours, en ayant le soin de les
enfermer tous les soirs, après quoi on achève
de les sécher à la fumée pendant trois ou
quatre semaines; on brise ensuite leur test
pour en retirer l'amande qu'on plonge dans
de l'eau de chaux dans le but de la garantir de
la pourriture, qu'on enferme dans des ton-
neaux préalablement enduits de lait de chaux,
et qu'on livre ensuite au commerce sous le
nom de Muscades. D'après les documents re-
produits par M. Hooker {Exot. FI., II, 155),
la quantité de Muscades qui se vend annuel-
lement en Europe s'élève à 250,000 livres.
Pour éviter que le prix de cette substance
ne vienne à baisser, lorsque la récolte est
très abondante, le gouvernement hollandais
n'en conserve que la quantité nécessaire pour
la consommation annuelle, et il fait brûler
l'excédant.
On distingue deux variétés principales de
Muscadiers : la royale et la verte. La pre-
mière se distingue par ses noix plus grosses,
que leur macis déborde au sommet, tandis
qu'il est plus court qu'elles dans la seconde.
En général, les bonnes Muscades sont gros-
ses , arrondies, pesantes, finement marbrées
et de couleur gris-clair; celles-là sont vul-
gairement nommées Muscades femelles, tan-
dis qu'on nomme Muscades mâles ou sau-
vages celles de qualité inférieure, qui sont
plus allongées, plus légères et plus colorées.
La Muscade et son macis renferment deux
MUS
MUS
44S
nuiles , dont Tune, fixe, jaune, d'une odeur
agréable, en consistance de suif, s'obtient
par pression dans la proportion de 1/5, ou
même quelquefois de 1/3 : elle est connue
sous le nom impropre d'huile de Macis , et
sous ceux de baume ou beurre de Muscade;
l'autre, volatile, peu abondante (envi-
ron 1/30), s'obtient par distillation, et porte
dans le commerce le nom dliuile de Mus-
cade. L'abondance de ces deux huiles dans
le macis le rend plus aromatique que la
noix elle-même. La saveur de la Muscade est
comparable à celle de la Cannelle et du Gi-
rofle, aromatique, chaude et comme poi-
vrée, surtout celle de la noix même; les
fragments de celle-ci se fondent dans la
bouche eu laissant une impression très du-
rable, tandis que ceux du macis s'y ramol-
lissent simplement sans se fondre.
La Muscade jouit de propriétés toniques
excitantes, qui, jointes à sa saveur aroma-
tique , en font un des condiments les plus
habituels et les plus estimés. Dans les cli-
mats chauds, elle entre dans la plupart des
mets, souvent même dans les boissons. Elle
joue aussi un rôle important dans la méde-
cine indienne. En Europe, quoiqu'on l'in-
troduise parfois dans quelques préparations
pharmaceutiques , elle sert surtout comme
condiment, particulièrement en Angleterre,
en Hollande et en Allemagne ; sous ce rap-
port, on la place immédiatement après la
Vanille.
L'espèce de Muscadier qui vient de nous
occuper n'est pas la seule dont la graine et
le macis soient aromatiques ; quelques au-
tres se distinguent sous le même rapport;
celles qui s'en rapprochent le plus sont
le Myrislica tubiflora Blume et le M. lepi-
dola Blume, qui croissent dans la Nouvelle-
Guinée et dans les îles voisines. Quant aux
autres, elles ne possèdent qu'un parfum et
des propriétés assez faibles pour qu'il ne soit
guère possible d'en tirer parti. (P. D.)
* MUSCAD1VOUES (il/ uscade; voro, je
mange), ois. — Subdivision des Colombes,
d'après M. Lesson {Traité d'ornithologie,
1821). (E. D.)
MUSCARDIN. mam. —Espèce du genre
Loir (voy. cet article). M. Kaup (Enlw. g.
Ew. Th., 1829) établit avec cette espèce,
et sous le nom de Muscardinus , un petit
groupe distinct. (E. D.)
MUSCARI. Muscari. bot. ph. — Genre
de plantes de la famille des Liliacées , de
l'Hexandrie monogynie dans le système de
Linné. Les espèces qui le composent furent
réunies pour la première fois en un seul
groupe générique par Tournefort; mais
Linné, ne trouvant pas en elles de carac-
tères suffisants pour caractériser un genre
distinct et séparé, les fit entrer dans son
groupe très vaguement circonscrit des Hya-
cinthes, et les auteurs suivirent son exem-
ple. Mais dans ces derniers temps les bota-
nistes ont rétabli le groupe de Tournefort,
et même tout récemment M. Kunth a cru
trouver dans l'examen de ses espèces des
motifs suffisants pour le partager en trois
genres. Nous indiquerons plus loin les ca-
ractères principaux sur lesquels il base cette
division. Considéré avec la circonscription
que lui assignent Tournefort, Desfontaines,
Endlicher, le genre Muscari comprend des
plantes bulbeuses qui croissent spontané-
ment dans l'Europe moyenne et dans le
bassin de la Méditerranée, dont les fleurs
forment une grappe terminale simple, sou-
vent terminée par une sorte de houppe
composée de fleurs stériles et déformées.
Les fleurs fertiles présentent : un périanthe
coloré, globuleux ouoblong, dont le limbe
très court est divisé en 6 petits lobes ou
dents; 6 étamines incluses; un ovaire à
trois loges contenant chacune un petit nom-
bre d'ovules , surmonté d'un style court,
droit, que terminent un ou trois stigmates.
Le fruit est une capsule à parois membra-
neuses , à trois angles saillants et aigus , et
trois loges qui renferment chacune 2 grai-
nes presque globuleuses , revêtues d'un test
crustacé noir.
M. Kunth (Enumer., IV) a restreint consi-
dérablement le genre Muscari , dans lequel
il n'a conservé qu'une seule espèce, le M.
ambrosiaceum Mœnch ( Hyacinthus muscari
Lin.), espèce cultivée dans les jardinscomme
plante d'ornement; parmi toutes les autres
qu'il a cru devoir en détacher, les unes lui
ont servi à former le genre Botryanthus, et
les outres ont été reportées dans le genre
Bellevalia , Lapeyr. , dont il a étendu la cir-
conscription. Dans ses Botryanthus se trou-
vent notre Muscari botryoides qui devient
le Botryanthus vulgaris Kunth , et notre
M. racemosum , qui reçoit le nom de Ba-
446
MUS
tryanthus odorus Kunth. Parmi ses Belle-
valia se trouve , outre le B. appendiculata
Lapeyr. (B. romana Rchbch., Kunth , Hya-
cinthus romanus Lin.), pour lequel Lapey-
rouse avait proposé ce genre, notre Mnscari
comosum Mill. , qui devient le B. comosa
Kunth. Les caractères par lesquels M. Kunth
distingue ses trois genres sont presque uni-
quement tirés de la forme du périanthe.
Dans son genre Muscari, le périanthe est
ovoïde, un peu ventru , resserré à la gorge,
où il se renfle extérieurement en une cou-
ronne étalée , large , à 6 lobes , qui entoure
le limbe; celui-ci est très court, à 6 lobes
courts, d'abord resserrés et fermant la gorge,
plus tard dressés et recourbés, dont les trois
intérieurs sont plus étroits de moitié. Dans
les Botryanthus, le périanthe est ventru-
campanule, resserré à la gorge, à limbe
très court, 6-parti; enfin, dans les Belle*
valia, il est campanule ou tubuleux, angu-
leux, non resserré à la gorge. De plus, dans
les Muscari, les 3 styles sont courts, sou-
dés jusque près de leur extrémité qui est
libre, arrondie et 2-lobée à lobes connivents;
ils sont plus ou moins soudés et inclus chez
les Botryanlhus , terminés par 3 stigmates
obtus; enfin, chez les Bellevalia, leur sou-
dure est complète, et ils forment ainsi un
style unique en apparence, allongé, droit,
terminé par un stigmate entier, obtus. (P. D.)
*MUSCARINUS. ois.— Division du genre
Perroquet, suivant M. Lesson ( Traité d'or-
nithologie, 1826). (E. D.)
MUSCAT, bot. ph. — Nom d'une variété
de Raisins.
MUSCI. bot. cr. — Voy. mousses.
*MUSCICAFARA. ois. — Groupe d'Oi-
seaux de l'Amérique méridionale formé par
M. Alcide d'Orbigny pour des espèces voisi-
nes des Gobe-Mouches, Muscicapa. (E. D.)
MUSCICAPA. ois.— Nom latin du genre
Gobe-Mouche. Voy. ce mot. (E. D.)
*MUSCICAPIDÉES. ois. — M. Lesson
{Histoire naturelle des Oiseaux pour servir de
complément à Buffon) donne le nom de il/ws-
cicapidées à une famille d'Oiseaux de Tordre
des Passereaux dentirostres , comprenant
particulièrement les genres Gobe-Mouche et
Moucherolle. Voy. ces mots.
Pour M. G.-R. Gray ( List, of gênera or-
nith.), cette division des Muscicapidées est
partagée en cinq sous-familles : les Quéru*
MUS
linées, Ta3nioptérinées, Tyranninées, Tity-
rianées et Muscicapinées. Voy. ces divers
mots et l'article gobe-mouche. (E. D.)
* MUSCICAPINÉES. ois.— Sous-famille
d'Oiseaux de la division des Muscicapidées,
ordre des Passereaux dentirostres, créé par
M. G.-R. Gray (List, of gênera ornilh.), et
comprenant principalement le grand genre
Gobe-Mouche. Voy. ce mot. (E. D.)
MUSCIDES. Muscides. ins.— Tribu d'In-
sectes de l'ordre des Diptères, famille des
Athéricères, établie par Latreille, adoptée par
la plupart des entomologistes, et ne renfer-
mant qu'une partie du grand genre Musca
de Linné. Les principaux caractères des
Muscides sont les suivants, d'après Latreille :
Antennes de deux ou trois articles, le plus
souvent de trois, le dernier en forme de
palette, inarticulé, avec une soie simple ou
plumeuse sur le dos, près de sa base; une
trompe très distincte, grande ou moyenne,
membraneuse, rétractile, terminée par deux
grandes lèvres, coudée, retirée entièrement,
lorsqu'elle est en repos, dans la cavité buc-
cale, et renfermant dans une gouttière su-
périeure un suçoir de deux soies.
Ces Insectes ont la tête hémisphérique;
leurs yeux sont grands et à réseaux, et l'on
voit entre eux et au-dessus du front trois
petits yeux lisses très distincts; le front
présente, de chaque côté, une fossette pour
recevoir les antennes. Ces derniers organes
sont le plus souvent inclinés et plus courts
que la tête; le dernier article, qui a la
forme d'une palette de figure variée, est
ordinairement plus grand que les autres;
il porte près de son articulation une soie ou
une aigrette dorsale. Le corselet est cylin-
drique et d'un seul segment apparent. Les
ailes sont grandes, horizontales. Les ba-
lanciers sont courts avec les cuillerons fort
grands dans plusieurs espèces. Les pattes ont
deux crochets et deux pelottes dans lesquel-
les il existe un organe pneumatique propre
à faire le vide, et permettant à ces Diptères
de marcher sur les corps les plus polis et
dans toutes les positions. Les jambes sont
presque toujours épineuses. L'abdomen est
ovalaire, triangulaire ou oblong ; quelque-
fois cependant il est, au contraire, cylindri-
que ou bien aplati.
Le port des Muscides est, en général, le
même que celui de la Mouche ordinaire. Ces
MUS
MUS
Ul
Insectes sont répandus avec profusion sur la
surface du globe ; on les voit à la fois, com-
pagnes fidèles des plantes, les suivre jus-
qu'aux derniers confins de la végétation,
chercher la vie au sein de leurs corolles, et
en même temps appelés par la nature à
hâter la dissolution des êtres organisés qui
ont cessé de vivre, en plaçant le berceau de
leurs larves sur ces dépouilles. L'espèce d'u-
niversalité que leur donne cette double des-
tination s'accorde avec cette infinité de mo-
difications qui affectent leurs organes et les
approprient à toute la diversité de leurs
fonctions.
Les métamorphoses des Muscides ont été
étudiées avec soin et n'ont présenté qu'un
petit nombre de particularités dignes d'être
remarquées. Cependant, dans la Mouche do-
mestique, l'accouplement n'a pas lieu comme
chez les autres Diptères ; la femelle, au lieu de
recevoir l'organe du mâle, introduit, au con-
traire, dans son corps, un long tube charnu
dans une fente qu'il a au derrière. Ordinai-
rement on voit les mâles s'élancer sur le corps
des femelles et les solliciter à l'accouplement;
mais il n'a lieu que lorsque celles-ci y sont
disposées; on voit alors ces Insectes joints
ensemble et volant ainsi l'un sur l'autre.
Les femelles déposent leurs œufs, qui sont
en général très petits et très nombreux, dans
les matières animales ou végétales en putré-
faction ; une seule espèce est vivipare et par
conséquent pond des larves toutes formées.
Les larves se nourrissent des matières dans
lesquelles les œufs ont été déposés; celles
qui vivent sur la chair en accélèrent la pu-
tréfaction en y formant un grand nombre
de cavités; il en est d'autres qui vivent dans
le fumier, dans la terre grasse, dans quel-
ques plantes, etc. Ces larves sont apodes,
allongées, et ordinairement cylindriques;
elles sont molles, flexibles, le devant de leur
:orps est pointu et conique, et leur partie
postérieure est grosse et arrondie ; leur tête
est molle, charnue, garnie de deux crochets
écailleux; sans yeux, et ayant, en général,
quatre stigmates ; les larves ne quittent pas
leur peau pour se métamorphoser ; cette peau
se durcit, devient ccailleuse, et forme le co-
con dans lequel la nymphe passe un certain
temps avant de se transformer en Insecte
ailé. Cette coque est d'une couleur brun-
marron, et la larve y séjourne plus ou moins
longtemps suivant que la saison est plus ou
moins favorable au développement de l'In-
secte. Lorsque l'Insecte parfait veut sortir de
sa coque , il la brise et fait sauter avec sa
tête, qui se gonfle à cet effet, une portion
de cette enveloppe; à sa sortie, l'Insecte a
les ailes plissées > chiffonnées, et si courtes
qu'elles paraissent être des moignons; mais
bientôt elles s'étendent, deviennent planes
et unies; la Muscide les agite légèrement,
elle prend son essor, voltige dans l'air, et
cherche bientôt à remplir les fonctions pour
lesquelles la nature l'a créée.
Quelques espèces de Mouches, et par-
ticulièrement la Mouche domestique, sont
sujettes à une maladie très remarquable et
dont on ne connaît pas la cause : leur ventre
enfle d'une manière considérable, les an-
neaux du corps se déboîtent, et les pièces
qui les recouvrent s'éloignent les unes des
autres; dans cet état, leur ventre est rem-
pli d'une matière grasse, onctueuse, d'une
couleur blanche; cette matière pénètre la
peau et s'accumule sur la surface du corps.
Les Mouches attaquées de cette maladie s'ac-
crochent avec leurs pattes sur les murailles
et dans d'autres lieux, et on les trouve mor-
tes dans cet état.
Les Insectes de cette tribu sont très nom-
breux et très répandus; quelques uns sont
nuisibles parle tortqu'ilsfontàragriculture;
mais la plupart sont seulement incommodes
par la persévérance avec laquelle ils s'atta-
chent aux parties découvertes de notre corps
malgré les efforts qu'on fait pour les chasser,
et par la crainte que nous donnent toujours
leurs œufs pour les viandes qu'on est obligé
de conserver ou de servir sur nos tables. Un
grand nombre de moyens de destruction sont
mis en usage dans l'économie domestique,
et ces procédés sont tellement connus de
tout le monde que nous ne croyons pas de-
voir en parler ici.
Un groupe naturel aussi nombreux en es-
pèces que celui des Muscides a dû être et a
été, en effet, partagé en un nombre assez con-
sidérable de divisions et de genres distincts.
Fallen, Meigen, Latreille, et plus récemment
MM. Robineau-DesvoidyetMacquart,sesont
principalementoccupés de ce sujet important
et difficile. Nous dirons quelques mots à
l'article myodaires^oi/. ce mot) des divisions
proposées par M. Robineau-DesYoidy, et nous
44S
MUS
MUS
terminerons cet article en exposant la clas-
sification de M. Macquart (Suites à Buffon,
Diptères, t. II, 1835), que nous suivons dans
ce Dictionnaire.
M. Macquart caractérise ainsi les Musci-
des (Musca vartim, Linné ; Muscidœ, Latr.,
Meig.,FalI.; Myodaires, Rob.-Desv.): Diptè-
res à antennes à style ordinairement dorsal ;
à ailes à une seule cellule sous-marginale;
trois postérieures et anale courte.
L'auteur subdivise cette tribu en trois
sections, savoir:
I. Créophiles. Antennes à style ordinai-
rement de deux ou trois articles; ailes à pre-
mière cellule postérieure à peine entr'ou-
verte ou fermée; cuillerons grands. Subdi-
visée en sept sous-tribus: 1° Tachynaires
(genre type Tachina); 2° Ocyptérées (Ocyp-
tera ) ; 3° Gymaosomées ( Gymnosoma ) ;
4° BLasïermes ( Phasia ) ; 5° Dexiaires
(Dexia); 6° Sarcophagiens (Sarcophaga);
et 7° Muscles (Musca).
II. Antiiomyzides. Antennes à style ordi-
nairement d'un seul article ; ailes à première
cellule postérieure ouverte; cuillerons mé-
diocres, petits; front étroit chez les mâles.
Subdivisée en quinze genres dont les princi-
paux sont ceux des Aricia, Lispa , Antho-
myia, etc.
III. Acalyptères. Antennes à style ordi-
nairement d'un seul article ; ailes à première
cellule postérieure ouverte; cuillerons rudi-
mentaires ou nuls ; front large dans les deux
sexes. Subdivisée en dix-sept sous-tribus, sa-
voir: 1° Boîichocères (genre type Sepedon);
2° ILoxocérides (Loxocerà) ; 3° Cordylurides
(Cordylura)', 4°Scatomyzides (Scatophaga);
5° Psîlomydes (Psilomyia) ; 6o Ortalidées
(Orlalis) ; 7° Téphridites (Tephritis) ; 8° Sep-
sidées (Sepsis)', 9° I»eptopodites (Micro-
peza) ; 10° Thyréophorides (Thyreophora) ;
41° UHdïens (Ulidia); 12° Iiauxanides
{Lauxania)', 13° Hydromyzides (Hydrellia);
14°Fiophilides (Piophila) ; 15° Sphaerocé-
rides ( Sphœrocera) ; 16° Hétéromyzides
(Oscinis); et 17° Hypocères (Plevra). Voy.
ces divers mots et les articles diptères, myo-
DAIRES et MOUCHE. (E. DESMAREST.)
♦MUSCIEIVS, Blanchard, ins. — Voy.
IIUSCIDES.
*MUSCïES. Musciœ. ins.— M. Macquart
{Suites à Buffon, Diptères, t. Il, 1835) in-
dique sous ce nom une sous-tribu de sa sec-
tion des Créophiles, tribu des Muscides, or-
dre des Diptères, et il lui assigne pour ca-
ractères : Corpsassezlarge;frontnonsaillant,
antennes allongées; style ordinairement plu-
meux; yeux habituellement contigus chez les
mâles ; abdomen arrondi ou ovalaire , pas de
soies au bord des segments; tarses à pelot-
tes égales dans les mâles et les femelles ; pre-
mière cellule postérieure des ailes entr'ou-
verte.
Cette division, qui contient îe genre prin-
cipal, et en quelque sorte typique, des Dip-
tères, celui des Mouches, et l'une des plus
considérables pour le nombre des espèces, el
elle contient, d'après M. Macquart, les gen-
res suivants: Stomoxe, Hœmatodie, Glaocine,
Idie, Rhinchomyie , Ochromyie, Lucilie,
Achias, Culliphore, Mouche, Pallexie, Mé-
sembrine, Curtonèvre. Voy. ces divers mots
et les articles diptères, muscides et myodaires.
(E. D.)
*MUSCIGRALLA. ois. — Groupe de
Gobe-Mouches d'après MM. Aie. d'Orbigny et
deLafresnaye (Mag. de zool., 1836). (E.D.)
ML'SCINÉES. bot. en. — Voy. mousses.
MUSCÏPETA. ois.— Nom latin du groupe
des Moucherolles. Voy. ce mot. (E. D.)
♦MUSCIPHAGA (musca, mouche; <p«-
y» , je mange), ois. — Groupe de Gobe-Mou-
ches suivant M. Lesson ( Traité tfornithol.,
1831). (E. D.)
* MUSCIPHORÉES. Musciphoreœ. ins.
— M. Robineau-Desvoidy (Mémoires des sa-
vants étrangers de V Académie des sciences de
Paris, t. Il) indique sous ce nom une famille
de Diptères, de son ordre des Myodaires. Ces
Insectes sont assez semblables à ceux de la
tribu desMalacosomes, mais ils en diffèrent
par la forme de leurs antennes ; ce sont des
Diptères de petite taille, à teintes plus ou
moins flavescentes, étoilées, et qui se nour-
rissent des produits de la décomposition des
animaux et des végétaux.
Quatre tribus forment cette famille et sont
désignées sous les noms de Dorinées, Man-
gomydes, Gibbomydeset Mycénides. (E.D.)
* MUSCIPIPRA. ois. — Subdivision des
Gobe-Mouches d'après M. Lesson ( Traité
d'ornithol., 1831). (E. D.)
* MUSCISAXICOEA. ois. — - MM. Aie.
d'Orbigny et de Lafresnaye indiquent sous
ce nom un petit groupe de Fauvettes. Voy.
SYLVIE. (E- L))
MUS
MUS
449
*MUSOTES. bot. foss.— Genre de Mous-
ses fossiles établi par M. Bçongniart (Prodr.,
p. 25), qui y comprend deux espèces. La
première, M. Tournalii, se rapproche parti-
culièrement des Hypnum; elle a été trou-
vée par M. Tournai dans le terrain d'eau
douce gypseux d'Armissan, près Narbonne.
La seconde espèce, M. squamatus, présente
assez de rapports avec les Sphagnum et
quelques espèces d'Hypnum ; elle a été
trouvée aux environs de Paris.
*MUSCIVORA. ois. — Nom appliqué aux
Gobe-Mouches et aux Moucherolles. (E. D.)
MUSCLES, zool. — Voy. myologie.
MUSCULUS. mam.— Nom latin de la Sou-
ris, espèce du genre Rat. V. ce mot. (E. D.)
* MUSCYL1 A. ois. — M. Lesson indique
ainsi un groupe de Gobe-Mouches. Voy. ce
mot. (E. D.)
MUSEAU, zool. — Nom donné au prolon-
gement des mâchoires dans les animaux. On
a aussi nommé :
Museau de brochet, une espèce de Croco-
dile;
Museau allongé, les Poissons connus sous
le nom de Chelmons ;
Museau pointu, une Raie ; etc.
MUSETTE, ois. — L'Alouette cujelier
porte vulgairement ce nom.
*MUSIDE^E. mam. —M. Lesson (Nouv.
tabl. du Règ. anim. Mam. , 1842 ) indique
sous ce nom îa grande famille de Rongeurs
comprenant l'ancien genre Rat des auteurs.
Voy. ce mot. (E. D.)
MUSIQUE, moll.— On a donné ce nom
à plusieurs espèces de Volutes qui présentent
des lignes parallèles dont la disposition res-
semble à la portée sur laquelle sont placées
les notes. L'espèce qui porte spécialement
ce nom est le Voluta musica. On a aussi
nommé :
Musique de Guinée, le Voluta guinaica
Lamk. ;
Musique lisse, le Voluta lœvigata Lamk.;
Musique marbrée et Musique rouge, deux
variétés du Voluta musica ;
Musique verte, le Voluta polyzonalis.
MUSMON et MUSIMON. mam. —Ces
noms ont été appliqués au Mouflon de
Corse. Voy. l'art, mouton. (E. D.)
*MUSOCARPUM (Musa, bananier ; xap-
*oç, fruit), bot. foss. — Genre de Scita-
minéps fossiles établi par M. Brongniart
T. vin. -■-■
(Prodr., 137), qui le décrit ainsi: Fruit
presque cylindrique , rétréci insensible-
ment à sa base qui paraît avoir été con-
tinue avec le pédoncule , à 6 côtes , et ter-
miné supérieurement par une large aréole
hexagone, dont le pourtour est formé par la
cicatrice d'unpérianthe adhérent ; au milieu
de cette aréole on voit la trace du style. Ce
genre renferme deux espèces qui font partie
des terrains houillers, et que M. Brongniart
a nommées : M. prismalicum et difforme.
(B.)
MUSOPHAGE. Musophaga. ois. — Ce
nom a été appliqué à certains Oiseaux à
cause de leur appétit pour le fruit du Ba-
nanier : du reste , cette dénomination n'a
pas la même valeur pour tous les ornitho-
logistes ; les uns l'emploient comme nom
de section , les autres ne s'en servent que
pour désigner une espèce du genre Tou-
raco. Voy. ce mot. (E. D.)
MUSSA. polyp. — Sous-genre proposé par
M. Oken parmi les Caryophyllies.
MUSS/ENDA. bot. ph. — Genre de la
famille des Rubiacées -Cinchonacées-Gar-
déniées, établi par Linné (Gen., n. 241 ),
et dont voici les principaux caractères : Ca-
lice à tube oblong-turbiné, soudé à l'ovaire ;
limbe supère, à 5 divisions ordinairement
dressées, aiguës ; l'une des divisions exté-
rieures quelquefois prolongée en une feuille
pétiolée, ample, colorée. Corolle supère, in-
fundibuliforme, à gorge villeuse, à limbe 5-
parti. Anthères 5, sessiles , linéaires, in-
cluses ou un peu saillantes. Ovaire infère,
à 2 loges pluri-ovulées. Le fruit est une
baie globuleuse, dénudée au sommet, bilo-
culaire.
Les Mussœnda sont des arbrisseaux des
régions tropicales de l'ancien continent, à
feuilles opposées, pétiolées , villeuses ou
glabres ; à stipules placées par paire de cha-
que côté , libres ou soudées à la base , acu -
minées; à fleurs terminales disposées en
corymbes.
De Candolle, qui adopte ce genre (Prodr.,
IV, 370), en répartit les espèces dans 3 sec-
tions qu'il nomme : Belilla : un lobe du ca-
lice prolongé en feuille très grande, pé-
tiolée, réticulée, bractéiforme ; Landia :
tous les lobes du calice égaux ou à peu
près, décidus; Caanthc : lobes du calice
égaux, linéaires ou sétacés, persistants. (B.)
57
450
MUS
MUT
*MUSSCI1IA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Campanulacées-
Campanulées, établi par Dumortier (Com-
ment, bot. , 28 ). Arbustes des Canaries.
Voy. CAMPANULACÉES.
MUSSINIA, Willd. (Sp., III, 2263).
bot. pu. — Syn. de Gazania, Gœrtn.
*MUSTELA. mam. — Linné ( Syst. nat. ,
1735) a indiqué sous le nom de Mustela
un genre de Carnassiers Vermiformes très
nombreux en espèces, et partagé en plu-
sieurs genres par les auteurs, qui n'ont
Jaissé le nom de Mustela qu'aux espèces voi-
sines de la Marte ( voy. ce mot ). Les
Mustela de Linné sont devenus une petite
famille distincte, à laquelle on a appliqué
les noms de Mustélins A. -G. Desm. , Mus-
telidœ et Mustelinœ Swains. , Mustelina
Gray, etc., et à laquelle M. de Blainville
a restitué ( Osléogr., fascicule des Muste-
las) le nom de Mustela, en les considérant
tous comme ne formant qu'un seul grand
genre.
Les Mustela sont des Carnassiers de pe-
tite taille , à corps allongé , plus ou moins
vermiforme, à membres ordinairement peu
élevés, assez distants, plantigrades ou sub-
digitigrades, et dont les pieds sont pourvus
de cinq doigts à tous les membres, le pouce
évidemment plus petit que les autres doigts,
avec des ongles de moins en moins fouis-
seurs , devenant quelquefois demi-rétrac-
tiles ; dont les oreilles sont courtes et ar-
rondies; dont la tête, brève à la face, est
plus ou moins allongée, et surtout déprimée
au crâne; dont le système dentaire com-
mence à être ordinairement plus carnassier
que celui des Subursi en général , par un
moins grand nombre de dents tubercu-
leuses; dont le canal intestinal, pourvu
d'une paire de glandes odoriférantes à sa
terminaison , est entièrement privé de cœ-
cum; dont le squelette offre à peine des
rudiments de clavicules, mais constamment
un os du pénis considérable ; et dont l'hu-
mérus est presque toujours percé d'un trou
au condyle interne; à quoi il faut ajouter
que le système de coloration est constam-
ment uniforme, quoique souvent de cou-
leurs différentes et tranchées en dessus et
en dessous , où il est ordinairement plus
foncé, et que les moustaches sont assez peu
éveloppées,
Les groupes admis par M. de Blainville
dans le genre Linnoen des Mustela sont
ceux des Moufettes, Ratels , Gloutons , Mé-
logales, Zorillcs, Grisons, Putois, .Varies,
Loutres et Bassaris. Voy. ces divers mots.
(E. D.)
*M€STELÏM, MUSTELIKA, MLS-
TEUNIE , MUSTÉLINS , etc. mam. —
Voy. le mot mcstela. (E. D.)
MUSTELUS. poiss.— Nom scientifique du
genre Émissole. Voy. ce mot.
* MUTABILIA. rept. — Division des
Reptiles , d'après Merrem ( Tent. syst.
amph., 1830). (E. D.)
MUTEL. moll, — Dénomination employée
par Adanson {Voy. au Sénégal, p. 234)
pour désigner une coquille dugenre Iridine,
encore jeune. (Duj.)
MUTILLA. ms. — Genre de la famille
desMutillides, de l'ordre des Hyménoptères,
établi par Linné, et adopté dans tous les
ouvrages avec certaines restrictions. Les
Mutilles, dont les mandibules sont dentées
et les antennes sétacés, sont nombreuses en
espèces , dispersées dans les diverses ré-
gions du globe, mais toujours plus abon-
dantes dans ies parties tropicales. Les mâles
des Mutilles sont ailés, tandis que les fe-
melles sont aptères et souvent assez diffé-
rentes de couleurs, ce qui a amené fré-
quemment des erreurs dans la détermina-
tion des espèces. On rencontre surtout dans
notre pays les M. europœa Lin., M. calva
Fab. (nigrita Panz. ), et M. ephippium Fab.
(stellata Panz. ). (Bl.)
MUT1LLA1RES. ins. —Synonyme de Mu-
tillides.
A1UTILLIDES . Mutillidœ. ins. — Fa-
mille de la tribu des Sphégiens , de l'ordre
des Hyménoptères, caractérisée surtout par
des antennes assez épaisses et filiformes.
Les Mutilles présentent de grandes diffé-
rences entre les deux sexes; les mâles sont
pourvus d'ailes , tandis que les femelles
sont aptères. On connaît très peu les habi-
tudes de ces Insectes, qui habitent dans les
endroits sablonneux, les femelles courant
dans les sentiers. On rencontre les Mutil-
lides dans toutes les contrées du globe, mais
c'est particulièrement dans les régions chau-
des des deux hémisphères qu'elles se trou-
vent en plus grande quantité.
Voy. pour plus de détails, relativement
MUT
MUT
451
aux mœurs et à l'organisation de ces In-
sectes , l'article sphégiehs. (Bl.)
MUTILLIENS et MUTILLITES. ns.
— Syn. de Mutillides.
MUTIQUE. Muticus. zool., bot.— Se dit,
en zoologie et en botanique, de tout organe
qui n'a ni pointes, ni piquants, ni arêtes.
MUTISÏA. bot. pu. — Voy. mutisie.
MUTISÎACÉES. Mutisiaceœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des Composées, ayant
pour type le genre Mutisia. Voy. compo-
sées.
MUTISIA STRUM, Lessing (inLinnœa,
V , 265 ; Synops. , 103). bot. ph. — Voy.
MUTISIE.
MUTISIE. Mulisia (du nom du botaniste
américain Mutis). bot. ph. — Genre de
plantes de la famille des Composées , sous-
ordre des Labiatiflores, tribu des Mutisia-
cées , à laquelle il donne son nom; de la
Syngénésie polygamie superflue dans le sys-
tème de Linné. Les plantes qui le compo-
sent sont remarquables dans leur famille,
parce que la plupart d'entre elles forment
des arbrisseaux grimpants à l'aide de vrilles
formées par le prolongement de la côte mé-
diane de leurs feuilles. Elles croissent toutes
dans l'Amérique méridionale, particulière-
ment au Pérou etau Chili. Leurs feuilles sont
alternes, le plus souvent pinnatiséquées
au point d'avoir été souvent décrites comme
pennées; parfois aussi elles sont presque
réduites à leur côte médiane, des deux côtés
de laquelle leur limbe ne forme qu'une
étroite bordure. Leurs fleurs sont purpu-
rines, rosées, ou plus rarement jaunes; les
capitules, solitaires et pédoncules, sont
formés de fleurs de deux sortes : celles du
centre ou du disque hermaphrodites, celles
de la circonférence femelles; la corolle des
unes et des autres est bilabiée, à lèvre ex-
térieure tridentée et à lèvre intérieure for-
mée de deux lobes linéaires profondément
séparés ; mais dans celles de la circonfé-
rence la lèvre extérieure est proportion-
nellement beaucoup plus grande, d'où il
résulte que le capitule entier paraît jusqu'à
un certain point radié. L'involucre est formé
de plusieurs séries de folioles, dont les exté-
rieures se terminent, dans certaines espè-
ces, par une sorte d'appendice. Le récep-
tacle est nu. Dans les fleurs du disque; les
anthères portent inférieurement deux pro-
longements allongés ; le style est cylindracé,
renflé à sa base, divisé à son extrémité en
deux branches courtes. Le fruit est allongé ,
glabre, à côtes longitudinales, surmonté
d'une aigrette à longues paillettes plumeu-
ses, égales entre elles , soudées en anneau
à leur base. De Candolle décrit, dans son
Prodromus (VII, pag. 4 et suiv.), 27 espèces
de ce genre.
Cassini avait subdivisé les Mutisies en
trois genres , qui n'ont été admis que comme
de simples sous-genres: c'étaient les Mu-
lisia, à folioles de l'involucre dépourvues
d'appendices, à feuilles pinnatiséquées, ter-
minées en vrille à trois branches; les Gua-
riruma, à folioles extérieures et moyennes
de l'involucre finissant en appendice étalé
ou réfléchi , à feuilles longues et étroites ,
seulement dentées , terminées en vrille sim-
ple ; les Aplophyllum , à folioles de l'invo-
lucre non appendiculées et à feuilles indi-
vises. A cette division , Lessing ( Synops. ,
p. 103 et suiv.) en a substitué une nouvelle
dans laquelle , considérant les Mutisies
comme un genre unique, il les divise en
cinq sous-genres, savoir : les Mutisia, Lin.;
Mutisiastrum , Less. ; Guariruma , Cass. ;
Holophyllum, Less.; Aplophyllum, Cass.
C'est cette division qu'adopte M. Endlicher.
Quant à De Candolle, il partage seulement
les Mutisies en trois sections d'après la
forme et la nervation de leurs feuilles , qui
sont pinnatiséquées dans la première , à ner-
vures pennées dans la seconde, à nervure
unique dans la troisième.
Nous nous bornerons à signaler ici en
quelques mots une seule espèce de Mutisie,
la Mutisie élégante , Mutisia speciosa
Hook. {Bot. mag., tab. 2705), plante du
Brésil , que Ton cultive aujourd'hui en serre
chaude comme plante d'ornement. C'est un
arbuste grimpant à tige pentagone, à feuil-
les pinnatiséquées, pourvues de 5 segments
distants, elliptiques-oblongs, aigus, rétrécis
à la base, terminées par une vrille triflde.
Son capitule de fleurs est porté sur un pé-
doncule quatre fois plus long que l'involucre,
qui a lui-même 3-4 centimètres de long, et
dont les folioles extérieures sont glabres,
acuminées, étalées au sommet. Ses fleurs
sont d'un rouge pourpre vif. Cette plante se
multiplie par boutures et marcottes. (P. D).
*MUTZIA. annkl.— Synonyme de Chœto-
452
MYA
31YG
gaster (nom d'un genre de Nais) usité par
M. Agassiz et par M. Vogt {Annal, nat. hist.,
t. XII, 1843). Voy. nais. (P. G.)
MYA. moll. — Voy. mye.
*MYACITES. moll.— Dénomination em-
ployée par Schlotheim pour désigner plusieurs
bivalves fossiles qui, pour la plupart, ont été
rapportés aux genres Amphidesme, Lutrai-
re, etc. Cependant M. Brown conserve ce
nom à des fossiles du Muschelkalk (M. asser-
culalus), que M. Deshayes, en raison de leur
forme, rapporte au genre Pholadomye. (Duj.)
*MYADESTES (f*«r«, mouche ; Sio , je
combats), ois. — Groupe de Gobe-Mouches
suivant M. Swainson ( Nat . libr. ,1838).
(E. D.)
MYAGRA. ois. — Voy. myiagra.
MYAGRARIUS. ois.— Syn. de Myiagra.
MYAGRUM ( pvç, souris; à'ypa, proie ).
bot. ph. — Genre de la famille des Cruci-
fères, tribu des Isatidées, établi par Tour-
nefort (Inst. , 99 ) et caractérisée de la ma-
nière suivante : Calice à 4 folioles égales.
Corolle à 4 pétales hypogynes entières ,
dépassant un peu le calice. Étamines 6 ,
hypogynes, tétradynames. Ovaire cylindri-
que, à une seule loge uni ou bi-ovulée. Style
court, conique; stigmate simple. Le fruit
est une petite silique coriace, indéhiscente,
comprimée au sommet, amincie à la partie
inférieure, à une seule loge monosperme.
Par suite des démembrements successifs
que ce genre a subis pour la création de
nouveaux genres (Camelina, Rapistrum, Nes-
Ha, etc.), il se trouve réduit à une seule es-
pèce : Myagrum perfoliatum Linn. C'est une
herbe annuelle que l'on rencontre fréquem-
ment dans les champs sablonneux de l'Eu-
rope australe et orientale. Les feuilles infé-
rieures sont amincies en un long pétiole, et
oblongues; les supérieures sont sessiles, sa-
gittées, munies à leur base d'oreillettes ai-
guës ; les unes et les autres sont très entières
ou un peu dentées. Les fleurs, petites et d'un
jaune pâle, sont disposées en grappes allon-
gées, supportées par de courts pédicelles. (B.)
MYAGRUM, DC. {Flor. fr., 3e édit.,
IV, 717). bot. ph. —Syn. de Camelina,
Crantz.
*MYAGRUS (pvfcypéç, qui prend les
mouches), ois. — M. Boié ( Isis, 1826 ) in-
dique sous ce nom un groupe de Fauvettes.
Voy. ce mot. (E. D.)
MYAIRES. moll. — Troisième famille
de l'ordre des Enfermés , le quatrième
des Conchifères Dimyaires. Cette famille,
caractérisée par la forme de la coquille bâil-
lante, avec une dent cardinale et un liga-
ment interne, ne comprend que les genres
Mye et Corbule. Elle diffère de toutes les
autres familles du même ordre par ces ca-
ractères réunis (voy. mollusques). Lamarck
avait composé d'abord tout différemment sa
famille des Myaires , en y rapportant les
genres Panopée et Anatine; plus tard il ne
rangea avec les Myes que le seul genre
Anatine, qui a dû être reporté avec les
Ostéodesmés , d'après la considération de
l'osselet de son ligament, de même que les
Panopées ont été rapprochées des Solens.
D'autre part, il rangeait les Corbules avec
les Pandores dans une famille qui a dû se
réduire au seul genre Pandore, et, d'après
cela, changer son nom de Corbulées en celui
de Pandorées. Cuvier n'avait point adopté
la famille des Myaires , mais il rangeait
dans sa famille des Enfermés, comme au-
tant de sous-genres, les Myes, les Anatines,
les Lutraires, les Glycimères, les Panopées
et les Pandores, auxquels il ajouta plus tard
les Solemyes. Férussac, au contraire, admit
la famille des Myaires de Lamarck en y
comprenant les deux genres Lutraire et So-
lemye, dont l'un aujourd'hui fait partie de
la famille des Mactracées, et l'autre est le
type d'une famille particulière. Ainsi la ca-
ractéristique donnée précédemment à cette
famille doit être modifiée, et la dent pliëe
en forme de V suffit pour en éloigner les
Lutraires. (Duj.)
*MYAS (p.\îa£, moule, sorte de coquille).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Çarabiques, tribu des Féroniens,
proposé par Ziegler et publié par Dejeau
(Species général des Coléoptères, III, 423).
Deux espèces sont rapportées à ce genre : les
M. Chalybeus Ziegler, Palliardi, et Coraci-
nus Say (cyanescens Dej.). La première est
originaire de Hongrie, et la seconde des États- j
Unis. (C.)
*MYCARANTHES, Bl. (Bijdr., 332,
fig. 57). bot. ph. — Syn. de Mycaridan-
thés, Bl.
*MYCARÏDANTHES (jxvxYjpoç, amandierl
ou noyer ; âvOoç, fleur), bot. ph. — Genre de
la famille des Orchidées-Dendrobiées, éta-
MYC
MYC
453
bli par Blume (FI. Jav. prœf. , p. VII ).
Herbes croissant sur les arbres et les ro-
chers de l'île de Java. Voy. orchidées.
MYCEDIl]M(p.uxvîç, champignon), polyp.
— Dénomination employée parHill et Brown
pour désigner un groupe de Polypiers Iamel •
lifères reportés aujourd'hui dans les genres
Méandrine, Pavone et Monticulaire. (Duj.)
MYCELIS, Cass. (in Dict. se. naL ,
XXXIII, 483). bot. ph. — Voy. phoenico-
pus.
MYCELIUM, bot. cr. — Voy. agaric et
MYCOLOGIE.
MYGENA. bot. cr. — Sous-genre établi
dans le genre Agaric. Voy. ce mot.
*MYCETjEA (fxvxvjç, champignon; xd-
vw, se diriger vers), ins. — Genre de Coléop-
tères tétramères, famille des Engides, attri-
bué à Kirby. Le type est désigné comme
originaire du Caucase, mais il nous est tota-
lement inconnu. (C.)
MYCETES. mam.— Nom générique donné
par Illiger aux Alouates ou Singes hurleurs,
précédemment distingués par Et. Geoffroy -
Saint-Hilaire sous le nom de Stentor. Voy.
l'article hurleur. (E. D.)
*MYCETINA. mam. — Division formée
parmi les Singes platyrrhiniens par M. Gray
(Ann. of Phil.y XXVI, 1825), et comprenant
particulièrement le genre des Hurleurs. Voy.
ce mot. (E. D.)
MYCETOBÏA 0*vxyj;, champignon ; 6^,
vie), ms. — Genre de l'ordre des Diptères Né-
mocères, tribu des Tipulaires fongivores,
établi par Meigen pour de petits Insectes qui,
à leur premier état, vivent dans les Cham-
pignons.
MYCÉTOBIES ou FONGIVORES. ins.
— Nom donné par Duméril à un famille de
Coléoptères hétéromères, qui correspond à la
tribu des Taxicornes de Latreille. (C.)
MYCETOCIIARA ou MYCETOCHA-
RES ( fxux/jç , champignon ; ^oîptç , qui
airne ). ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères, famille des Sténélytres, tribu des
Cistélites, créé par Latreille (Histoire natu-
relle des Crustacés et des Insectes, t. X, p. 348).
Treize espèces font partie de ce genre :
dix sont originaires d'Europe, et trois d'A-
mérique (États-Unis). Nous citerons, comme
en faisant partie, les M. fiavipes, humera-lis
et obscura (Parnus) de F., axillaris Pk., et
barbala de Latr. Ces Insectes, très grêles,
sont crépusculaires ou nocturnes, et on
les voit se disperser en grand nombre sous
les feuilles ou dans les fissures des vieux ar-
bres, lors de l'apparition du soleil. Le nom
de Mycetophila , que leur avait donné Gyl-
lenhal a dû être rejeté, comme ayant déjà
été employé pour un genre d'un autre ordre.
(C)
* MYCETOGLOSSUS ( ^ç , muco-
sité; y\Ôi<j7a, langue), rept. — M. Agassiz
(Nomencl. zool., fasciculi V et VI, 1842)
indique sous ce nom un genre de Reptiles
qu'il attribue à M. Bibron , mais il ne dit
pas à quelle famille on doit le rapporter.
(E. D.)
MYCÉTOLOGIE. bot. cr. — Synon. de
Mycologie. Voy. ce mot.
*MYCETOMA (^vx-nç, champignon ; to{a*î,
coupure), ins. — Genre de Coléoptères hé-
téromères, famille des Sténélytres, tribu des
Serropalpides , formé par Zieglcr et adopté
par Dejean (Catalogue, 3e édit., p. 223). Le
type, M. scutellare Pz. (Dryops) a été trouvé
dans les parties montueuses de la France,
de l'Allemagne et de la Hongrie. (C.)
MYCÉTOPHAGITES. Mycetophagites.
ins. — Groupe ou tribu de Coléoptères, de la
famille des Xylophages, établi par Laporte de
Castelnau (Hist. natur. des anim. articulés,
t. III, p. 379), et qui a pour caractères : An-
tennes de onze articles, guère plus longues
que la tête, insérées sous les bords et termi-
nées en une massue perfoliée de trois articles.
Genres : Colydium, Mycetophagus, Triphyl-
lus, Meryx, Psammachus, Latridius et Syl-
vanus. (C.)
MYCETOPHAGUS (fAv'xvjç, champignon ;
«payeiv, manger), ins.— Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Xylophages, tribu
des Mycetophagites, créé par Fabricius (Sys-
tema Eleuth.,p. 565) et généralement adopté
depuis. Onze espèces rentrent dans ce genre :
sept appartiennent à l'Europe et quatre à
l'Amérique septentrionale. Nous citerons,
comme en faisant partie , les M. quadrima-
culatus y atomarius , populi , multipunctatus
et fulvicollis de F. Toutes ces espèces se ren-
contrent aux environs de Paris, dans les Bo-
lets et les Champignons d'arbres. (C.)
MYCETOPHILA, Gyllenhal. ins.— Syn.
de Mycetochara, Latr. (C.)
MYCETOPHILA (p:vx/)ç, champignon;
çt'J.oc, qui aime), ins.— Genre de l'ordre des
454
MYC
MYC
Diptères néraocères, famille des Tipuliciens,
tribu des Tipulaires fongicoles , établi par
Meigen, et dont les principaux caractères
sont: Antennes filiformes, assez courtes;
yeux ovales; deux ocelles au bord interne
des yeux; abdomen comprimé; jambes à
deux rangs de pointes latérales ; cellule mar-
ginale des ailes simple.
Ce genre est très nombreux en espèces ;
M. Macquart (Histoire des Diptères, Suites à
Buffon, t. I) en décrit vingt-sept qui toutes
babitent la France et l'Allemagne (M. lunata,
ornalicollis, fasciata, bicolor, etc.). M. Say
en a fait connaître trois autres espèces qui
habitent les bords de la rivière de Saint-
Pierre, en Pensylvanie, et qui diffèrent peu
des espèces de nos pays.
* MYCÉTOPHILIDES. Mycetophilides.
ins. — Nom donné par M. Macquart à une
tribu de la famille des Tipuliciens, désignée
par Latreille sous les noms de Tipulaires
fongicoles. Voy. tipulaires.
*MYCETOPORUS (f*W, champignon;
itopoç, trou), ins. — Genre de Coléoptè-
res pentamères , famille des Brachélytres,
tribu des Tachyporiniens, créé par Manner-
heim (Brachélytres , p. 62), adopté par De-
jean (Catalogue, 3e édition, p. 379) et par
Erichson (G en. et p. Slaphylinorum, p. 281).
Neuf espèces rentrent dans ce genre; huit
sont propres à l'Europe et une seule habite
l'Amérique septentrionale. Les plus répan-
dues sont les M. punctatus , lepidus et
splendidus de Gyll. (C.)
*M\'CETRUPES (,uvxyj?, champignon;
TpviMjTïjç, qui perce ). ms. — Genre de Co-
léoptères pentamères, famille des Brachély-
tres, tribu des Staphyliniens?, formé par De-
jean (Catalogue, 3e édit., p. 67) qui lui
donne pour type le M. boletophilus Lac,
espèce originaire de Cayenne. (C.)
MYCOBANCHE , Pers. ( Champ, co-
mest.y 13). bot. cr. — Syn. de Sepedonium,
Lnk.
*MYCOCOELIUM (pAcç, champignon;
xoîAoç, creux), bot. cr. — (Pbycées). Genre
établi par M. Kuetzing (Phycol. gêner.) dans
la tribu des Leptomitées pour une Algue
byssoïde, croissant sur les Callitriches, le
M. rivulare, Kg. Les caractères de ce genre
sont: Fronde vésiculeuse, allongée, simple;
spermophores disposés en zones sur la sur-
face intérieure de la fronde. (Bréb.)
MYCOGONE, Link. (in Berl. Mag ,
III, 18; Spec.
!8, 29). bot. cr. — Syn.
de Sepedonium, Lnk.
MYCOLOGIE, MYCÉTOLOGIE (uvxvjç,
yj-oç, champignon; Xoyoç., discours), bot. cr.
— Partie de la botanique qui traite des
Champignons. Pendant plusieurs siècles,
les savants qui se sont occupés des produc-
tions de la nature ont eu les connaissances
les plus fausses sur les Champignons. La
définition qu'ils en donnaient, et surtout
les idées qu'ils avaient sur leur nature et
leur mode de reproduction, étaient peu pro-
pres à fixer l'attention de ceux qui auraient
désiré se livrer à leur étude; ce n'est véri-
tablement que dans le 17e siècle que l'on
a commencé à les décrire comme les autre»
plantes.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
Les anciens ne connaissaient guère que
les Truffes , l'Agaric et les Bolets , parce
qu'ils les employaient comme aliments et
comme médicaments. Toutes les autres es-
pèces paraissent leur avoir été à peu près
étrangères, puisqu'il n'en est pas fait men-
tion dans les ouvrages qu'ils nous ont lais-
sés. Il paraît cependant que, du temps de
Pline, on en faisait déjà une grande consom-
mation , et que souvent même on avait des
accidents à déplorer, comme l'indique la
phrase suivante, qui a été si souvent et si
inutilement répétée : Quœ tanta voluptas
ancipitis cibi. Malgré la mort des empereurs
Claude , Jovien , Charles VI , de la veuve du
czar Alexis, et d'un nombre immense d'au-
tres victimes plus ou moins célèbres, on a
toujours mangé des Champignons, et on les
recherchera toujours, parce qu'ils croissent
spontanément, qu'ils sont très agréables au
goût et en même temps très nourrissants.
Tout le monde sait de quelle ressource sont
ces végétaux en Russie , en Hongrie, en Tos-
cane, et même dans nos Vosges.
Les grands avantages que l'on en retire,
et les nombreux accidents qu'ils peuvent oc-
casionner, recommandent donc les Champi-
gnons, d'une manière particulière , aux mé-
ditations des savants. Si l'on regrette quel-
quefois de ne pas connaître une famille de
plantes qui se trouve au-delà des mers, con-
finée dans un très petit espace, on a tort; il se-
rait plus juste de se reprocher son indifférence
ÏMYC
à l'égard des Champignons, parce que dans
presque tous les pays on en trouve plus
qu'il n'en faut pour occuper ses moments de
loisir. On ne peut plus dire maintenant que
leur étude est trop difficile, les ouvrages,
les planches , les collections , nous l'ont ren-
due plus facile et plus agréable; MM. Ad.
de Jussieu et Ad. Brongniart, en dévelop-
pant dans leurs savantes leçons, à la Faculté
des sciences et au Jardin du Roi, la struc-
ture de ces végétaux et les rapports qu'ils
ont avec les autres Cryptogames, ont im-
primé à cette partie de la botanique un mou-
vement qui ne peut plus s'arrêter, et qui
augmente sans cesse , comme le prouvent
les nombreux travaux que nous voyons pa-
raître tous les jours.
Longtemps négligée , la Mycologie est
maintenant en France, en Allemagne, en
Angleterre, en Italie, en Prusse, en
Suède, etc., cultivée d'une manière spé-
ciale par un grand nombre de savants; son
étude , qui paraît si difficile et si peu at-
trayante, ne tarde cependant pas à séduire
ceux qui s'y livrent, surtout quand ils ap-
pellent à leur aide le microscope. Battarra,
à qui nous devons un bel ouvrage sur les
Champignons de Rimini , dit que la couleur
éclatante de la Pézize écarlate (Peziza coc-
cînea) fit naître en lui le goût de rechercher
ces végétaux; la couleur non moins vive ni
moins brillante de la Pézize orangée ( Pe-
ziza aurantia) produisit le même effet sur
l'illustre Persoon ; il est probable que le mi-
croscope, en mettant à découvert l'admi-
rable structure de ces êtres dont les formes
sont si variées, ne sera pas moins puissant,
et qu'il entraînera, malgré eux, vers l'é-
tude des Champignons , des hommes qui les
egardaient avec dédain.
BIBLIOGRAPHIE.
La Mycologie possède de nombreux ma-
tériaux ; malheureusement leur prix et leur
rlissémination les rendent difficiles à con-
sulter, et pour l'étudier avec fruit, il faut
avoir recours aux ouvrages descriptifs ,
Dt surtout à ceux qui sont accompagnés
de figures, les unes noires, les autres
coloriées. Dans les premiers, nous trou-
ons Sterbecck , Clusius , Micheli , Gle-
itsch, Battarra, etc.; dans les seconds,
>apr, Schœffer, Bulliard , Paulet, Bol-
MYG
455
ton , Persoon, Sowerby, Vittadini, Kromb-
holtz , etc. Avec ces ouvrages, en com-
parant les individus vivants avec les figures
qui les représentent, on parvient à les re-
connaître. Mais combien de fois n'arrive-
t-il pas que les figures et le texte vous lais-
sent encore dans le doute !
Quelques auteurs, abstraction faite de
l'ensemble des Champignons, ont publié
des Traités particuliers sur ceux qui sont
comestibles ou vénéneux ; leur nombre est
très considérable. Paulet, Bulliard et Persoon,
en commençant leurs ouvrages, avaient
principalement ce but, mais plus tard ils
n'ont pu s'empêcher d'y ajouter des genres
et des espèces qui n'appartenaient plus à
leur plan. Les autres, au contraire, comme
Kerner, Trattinnick, Duchanoy , Elrodt,
Fries , Lenz, Phœbus, Krombholtz, Vitta-
dini, Letellier, Roques, Cordier, Descour-
tils, Noulet et Dassier, sont demeurés fidèles
au titre qu'ils avaient adopté. Ce dernier
ouvrage, qui comprend les Champignons
du bassin pyrénéen , est très remarquable
sous le rapport du style, de l'exactitude
des descriptions et de l'exécution des plan-
ches. Il est fâcheux qu'il soit peu répandu,
car il pourrait servir de modèle aux natu-
ralistes qui s'occupent de Champignons dans
nos divers départements. Le Bailly, quel-
ques années auparavant, avait fait con-
naître, mais d'une manière très succincte,
dans V Annuaire de l'arrondissement de Fa-
laise (1 838), les Champignons comestibles de
cette localité. Enfin , M. le docteur Mougeot
père vient de rendre un véritable service à
la science , en publiant dans la Statistique
des Vosges les Champignons qui croissent
dans la Meurthe, la Moselle et les Vosges.
En considérant le nombre d'espèces dont les
habitants se nourrissent, on comprend com-
bien il serait important d'en faire une étude
spéciale dans chaque circonscription dépar-
tementale de la France.
La Mycologie possède encore un nombre
considérable d'ouvrages; les plus précieux
sont incontestablement ceux qui traitent de
la structure, de l'organisation des Champi-
gnons. Micheli, dans son Gênera plantarum,
nous a laissé des témoignages éclatants de
sa sagacité; les analyses d'Hedwig sont en-
core pleines de vérité, de fraîcheur. Persoon,
dans le début de sa longue carrière mycolo-
456
MYC
MYC
giquc, avait fait aussi de bonnes analyses;
mais, entre ses mains, elles n'ont pas eu
un résultat aussi avantageux qu'on pouvait
l'espérer. Kunze et Schmidt ont établi , à
l'aide du microscope, quelques genres qui
demeurent acquis au domaine de la science.
Les travaux de M. Ehrenberg seront tou-
jours consultés avec le plus grand avantage.
Mais de tous les auteurs qui ont cherché à
établir une classification desChampignons, le
professeur Link estcelui qui a montré le plus
de patience , de sagacité dans ses observa-
tions et de jugement dans l'établissement
et le rapprochement des genres. L'illustre
F. -G. Nées d'Esenbeck , en publiant, en
1 8 1 7 , son System der Pilze und Schwaemme,
a élevéun véritable monument à la science,
mais dont les fondements ne sont pas assez
solides. La classification est censée reposer
sur les caractères réels et déduits de l'ana-
lyse ; il n'en est pas toujours ainsi. L'auteur
a puisé dans tous les ouvrages ce qu'il a
trouvé de mieux, il en a fait un corps,
mais il n'a pas assez vérifié les observations ,
et plusieurs sont fautives. Cet ouvrage
renferme des considérations mycologiques
très élevées, des rapprochements extrême-
ment ingénieux , un nombre immense
d'observations fines et délicates; il n'est pas
étonnant qu'il ait été pris pour modèle. Le
professeur Fries, pour établir son Systema
mycologicum , y a puisé des matériaux pré-
cieux, et ce bel ouvrage, fruit de tant de
veilles, de tant de recherches, est devenu le
bréviaire de tous les mycologues ; il a servi de
base à tous les auteurs modernes qui ont
écrit sur les Champignons, comme on peut
s'en convaincre en consultant les travaux
de MM. Brongniart, Chevallier, Sprengel
(Spec. plant.), Montagne, Schweinitz, Wein-
mann, Mérat, Berkeley, Lund, etc.
En 1837, M. Corda, conservateur du
muséum de Pesth, qui s'était déjà fait
connaître avantageusement, par de nom-
breuses descriptions de Champignons, dans
le Deutschland's flora de Sturm , commença
la publication d'un grand ouvrage, sous le
titre d' Icônes fungorum. Habile à manier le
microscope , dessinant avec une rare facilité,
l'auteur a donné cinq volumes dans lesquels
on trouve l'analyse d'un grand nombre de
genres. Ce travail, recommandable sous un
grand nombre de points , a révélé aux bota-
nistes la structure intime de beaucoup de
Champignons. Dans les deux premiers tomes
on s'aperçoit que M. Corda n'était pas en-
core versé dans la connaissance des espèces,
et dans les autres on voit ses forces aug-
menter à mesure que ses relations se sont
étendues. Dans le cinquième tome il ex-
pose sa classification , qui est établie d'après
les nombreuses analyses qu'il a faites. On
peut reprocher à cet ouvrage le format,
l'établissement d'un trop grand nombre de
genres et leur dissémination , ce qui le rend
très difficile à consulter. M. Corda a senti
lui-même cet inconvénient. Aussi, en 1842,
a-t-il publié en allemand son Introduction à
l'étude de la mycologie , qui n'en est que
la reproduction. Sauf quelques additions,
les genres ont été réunis dans sept plan-
ches , mais avec une telle confusion , et in-
diqués par des lettres et des chiffres si petits,
que l'on a beaucoup de peine à s'y recon-
naître. On peut encore blâmer M. Corda
d'avoir réuni dans ce travail ce que les dif-
férents recueils renfermaient, et d'avoir in-
diqué seulement les analyses qu'il avait pu-
bliées dans la Flora de Sturm , le Journal
d'Opitz et son Pracht-Flora. Malgré ces in-
convénients, les savants rechercheront tou-
jours ces deux ouvrages, entre lesquels
l'auteur n'a pas su prendre un terme moyen,
le premier étant construit sur une base trop
large , et le second sur une base trop étroite.
COLLECTIONS AVEC PLANCHES.
Dans les collections de Champignons des-
séchés , on ne trouve qu'un très petit nom-
bre d'espèces charnues , comme les Agarics,
les Bolets, les Hydnes, les Clavaires, et
surtout les Mucédinées, parce qu'elles sont
très difficiles à conserver. Les auteurs ont
pris le parti de les dessiner et de les peindre.
Parmi ces collections, Paulet dit que
la bibliothèque de Leyde a possédé celle
de l'Écluse, et dont Sterbeeck a eu con-
naissance, mais que maintenant elle n'y
est plus. La bibliothèque de Nanni, à Ve-
nise , renferme un travail de Baldi sur
les Champignons , que Micheli cite quel-
quefois avec éloge. Dans le palais d'Albani,
à Rome , se trouvent trois superbes volu-
mes in-folio d'Heckius et Cesi. Sherard,
Breyne , Marsili , Totti , Rudbeck , ont
également laissé des collections qui ont
MYC
MYC
457
été consultées dans leur temps par diffé-
rents auteurs , et il serait maintenant dif-
ficile de dire dans quelles bibliothèques on
pourrait les rencontrer.
La bibliothèque royale renferme une
superbe collection, qui provient de M. Rous-
sel , ancien fermier-général , et qui a été
peinte par Robert , mademoiselle Basseporte
et autres artistes distingués. On en voit une
dans la bibliothèque du Jardin du Roi, qui
n'est pas moins curieuse, et dontPersoon a
de beaucoup augmenté la valeur en dési-
gnant par leur véritable nom un grand
nombre d'espèces.
Il existe encore d'autres collections, et
qui sont moins connues. M. Benj. Deies-
sert possède quatre volumes de Champi-
gnons qui ont été peints en Italie; M. le
professeur Ad. de Jussieu m'en a fait voir
un assez grand nombre qui sont dus au
pinceau d'Aubriet, et qui, probablement,
devaient être publiés dans la Flore des en-
virons de Paris y si Vaillant eût pu diriger
la publication de cet important ouvrage.
M. De Candolle, dans sa Physiologie végé-
tale, parle avec éloge d'une collection quia
été laissée par Tozzi-Tozetti, et qui n'a pas
été publiée. Notre célèbre peintre Redouté
a représenté aussi quelques Champignons
du grand-duché de Luxembourg. Ils ont été
achetés par un libraire de Paris qui ignorait
que les espèces figurées , sauf trois ou quatre
exotiques, avaient été décrites par son com-
patriote L. Marchand dans le Conspectus
florœ cryplogamicœ magni ducatus Luxem-
burgensis. Enfin, Chevallier, auteur d'une
Flore de* environs de Paris, et qui s'est
beaucoup occupé de cryptogamie, avait des-
siné lui-même, dans une ville d'Allemagne
où il s'était retiré , un grand nombre de
Champignons qu'il avait intention de pu-
blier. Le premier volume seulement a été
publié à Leipzig en 1837, sous le titre de
Fuïigorum et Byssorum Illustraliones ; il
ren forme 52 espèces décrites et figurées. Cet
ouvrage, conçu sur un plan peut-être un
peu trop large , est parfaitement exécuté; il
est fâcheux pour la science que la mort ait
enlevé son auteur avant qu'il ait pu le com-
pléter.
COLLECTIONS MYCOLOGIQUES.
Depuis une trentaine d'années, les Cham-
t. vin.
pignons sont beaucoup mieux connus qu'ils
ne l'étaient auparavant, quoique le nom-
bre des espèces ait augmenté prodigieu-
sement. On pourrait croire que cet avan-
tage doit être rapporté aux ouvrages qui ont
été publiés ; certainement , la littérature y
a contribué pour beaucoup, mais il est dû
principalement à Persoon. Ce célèbre bo-
taniste , on peut le dire, est le père
de la Mycologie , il en a semé le germe
dans tous les pays; plein de zèle, studieux,
doué d'une vue perçante, d'un jugement
sain, bon, modeste, obligeant envers tout le
monde, il était en relation avec tous les
savants de son époque, et chacun d'eux
voulait avoir son avis. Des envois de Cryp-
togames lui étaient faits de tous les pays
pour en avoir les noms. Dans sa collection,
qui est précieusement conservée au musée de
Leyde, et qui tous les jours augmente par
les soins de M. le professeur Blume, on
rencontre à chaque instant les noms de cé-
lèbres voyageurs ou des plus illustres bota-
nistes , comme Kœnig, Thunberg, Murray,
Albertini, Schweinitz, Flœrk, Tode, Batsch,
Sprengel, les frères Nées d'Esenbeck, Re-
bentisch , Funck , Hoppe, Martius , Link ,
Aub. Du Petit-Thouars , Poiteau , Gaudi-
chaud , Kunze , Sowerby, Sprengel, Baibis,
Thunberg, Dufour, Mougeot, Montagne,
Desmazières, Cordier, Letellier, Cheval-
lier, etc. Parmi tous ces savants, qui ap-
partiennent tous à l'époque, je dirai même
à l'école de Persoon, les uns ont public des
ouvrages qui font honneur à la science, les
autres au contraire ont publié ries exsic-
cata, qui ont permis de comparer les échan-
tillons, et par conséquent d'établir l'iden-
tité des espèces. Ces collections doivent
toutes, en grande partie, leur prix à Per-
soon ; il a eu entre les mains les espèces dou-
teuses, et c'est sous son patronne qu'elles
sont entrées dans le domaine scientifique.
Les services que ces collections rendent sont
immenses, et on ne saurait trop les multi-
plier. Je crois de mon devoir de les indi-
quer ici, parce qu'elles seront toujours re-
cherchées , quoique quelques unes aient
perdu beaucoup de leur prix par l'action du
temps.
Ehrhart, Planlœ cryplogamicœ ., exsicc. ,
Dec. 1-32, Hanov., 1785-93, in-fol. —
II. -C. Funkc , Cryplogamischn C.ewàchse
53
45<S
IMYC
IUYC
der FicfUelgebirgcs , exsicc. , Heft. , 1-23 ,
Leipz., 1801-1816', in-4°.— D.-H. Hoppe,
Dec. Fungorum epiphyllorum, 1-2, Ratisb.,
1809. — H. -A. Schrader, Sammlung Kryp-
togam. Gewachse., exsicc, Liefer, 1-2,
Gotting., 1796-1797.— Holl und Schmidt
Dcutschland's Schivàmme, Leipz. , 1815-
1819, in-4°. — Mougeot, Nestler et W.-P.
Sch imper, Stirpes cryptogamœ Vogeso-Rhe-
nanœ quas in Rheni superioris, inferioris-
que nec non Vogesorum prœfecturis college-
runt, fasciculi XII, în-4°, 1810-1845; ma-
gnifique collection , remarquable par le
nombre et le choix des échantillons. — Des-
mazières , Plantes cryptogames du nord de
la France, lre édition, de 1826 à 1835;
2e édition, 1836 à 1846, fascicules 20,
in-4°. — E. Fries, Scleromyceles sueciœ ex-
siccati, Decad. 1, XXX. — M. -A. Libert,
Planlœ cryptogamicœ quas in Arduena col-
legit, fascicules 1-10, Leodii, 1830-1837.
— - M.-J. Berkeley, British fung., fascic.
1-4, in-4°. — F.-G. Kneiff et E.-F. Hart-
mann, Plantœ Cryptogamicœ quas in magno
ducatu Badensi collegerunt, fascic. 2 , Stras-
bourg, 1828. — M. -P. Opitz, Floracrypto-
gamica Bohcmiœ exsiccata, fascic. 1-7,
Praga; , 1819; Bohmens Phanercgam. und
Cryptogam. Gawàchse , Prague, 1823.
Cette seconde collection est à un prix très
minime; il ne faut donc pas être étonné si
les échantillons ne sont pas toujours d'un
bon choix. J'apprends à l'instant que
M. Wallays de Courtray publie les Cham-
pignons de la Belgique, et qu'il en a déjà
paru 5 fascicules.
Quelques auteurs enfin ont publié des
collections en cire : le Muséum d'histoire
naturelle en possède deux : l'une de Trat-
tinick, qui a été donnée par l'empereur
d'Autriche François II à Louis XVIII ; l'autre
qui a été faite par Pinson , et qui reproduit
avec une admirable ressemblance la plus
grande partie des Champignons de Bul-
liard. En 1825, M. Ignazio Pisacollia pu-
blié à Milan une collection en cire de
Champignons de grandeur et avec leurs
couleurs naturelles, que l'on dit fort belle.
MM. Raspail et Talrich, en 1829, ont tenté
une nouvelle publication de ce genre; le
petit nombre qui a paru était parfaitement
exécuté, on doit regretter qu'elle n'ait pas
eu de suite. 11 est fâcheux également que
M. le docteur Thibert, dont tout le monde
connaît les belles représentations d'anato-
mie pathologique, n'ait pas consacré, comme
il m'en avait plusieurs fois manifesté l'inten-
tion, son talent à l'imitation de quelques
espèces; une mort presque subite et préma-
turée ne lui a pas permis de faire un seul
essai.
ORIGINE DES CHAMPIGNONS.
Rien n'est plus ténébreux, chez les an -
ciens, que l'origine des Champignons; comme
ils n'ont ni feuilles, ni racines, et qu'ils n'en
connaissaientpas les moyensdereproduction,
ils les considéraient comme des productions
fortuites dues à la pituite des arbres, au li-
mon de la terre, ou à des phénomènes at-
mosphériques, comme le tonnerre. Ils ont
même attribué la Truffe du Cerf, le Lapis
lyncurius, le Lac tigrinum, à certaines hu-
meurs que le Cerf, le Lynx, le Tigre répan-
daient sur la terre. Un semblable préjugé
existe également dans le centre de la France
pour le développement des Coprins et parti-
culièrement de VAgaricus ferrugineus ; on
le désigne sous le nom de Pisse-Chien, parce
qu'il croît souvent dans les endroits que les
Chiens arrosent de leur urine. Les Truffes
sont les seuls Champignons auxquels on a
soupçonné des graines dans l'antiquité ;
tous les autres n'en avaient pas. II faut ar-
river à une époque pas encore très éloignée
de nous pour trouver des idées qui, si elles
ne sont pas l'expression de la vérité, du
moins s'en rapprochent beaucoup.
Marsili, dans la lettre qu'il écrivit à Lan-
cisi , reconnut le premier que les Champi-
gnons commencent par une petite moisis-
sure (situs). Il ne s'agissait plus alors que
de savoir si cette moisissure appartenait à
une génération spontanée, à une transfor-
mation des substances animales et végéta-
les, ou à des graines qui échappaient aux
moyens d'investigation des observateurs de
cette époque. La première de ces opinions,
quoique absurde, eut un grand nombre de
partisans; elle en compte encore quelques
uns parmi ceux qui s'occupent de l'étude
des êtres microscopiques, et pourtant ils ont
des instruments beaucoup plus parfaits que
ceux de leurs devanciers.
Quelques naturalistes, comme Medicus,
Maerklin, Ackermann, Kaeler, Haberle, ne
MYG
MYC
459
virent dans ces productions que le résultat
d'une combinaison et d'un mélange des sucs
pituiteux des plantes , modifiés par l'in-
fluence de l'air et des agents extérieurs.
Vers la fin du xvmc siècle , Necker, dans
un ouvrage qu'il publia à Manheim , sous
le titre de Traité sur la Mycétologie , crut
voir te tissu cellulaire et parenchymateux
des plantes se transformer en un corps ra-
diculaire auquel il donna le nom de Car-
cithe , et qui est le blanc de Champignon
proprement dit. Cette opinion n'a été
adoptée par personne. Turpin , en 1837
{Compt. -rend. Acad. des se, décembre,
n° 24), l'a reproduite pour les matières
animales, çuand il a avancé que les glo-
bules de lait placés dans des circonstances
convenables , se convertissaient en Pénicil-
lium glaucum. L'expérience est très simple
et réussit presque toujours; il suffit de
mettre du lait entre deux lames de verre
et de l'exposer à une température moyenne :
on voit bientôt des filaments naître des glo-
bules et le Champignon se développer ;
malheureusement elle ne prouve rien ,
parce que, quand on vient à dépouiller le
sérum de ces mêmes globules par la fil-
tration , comme l'a fait M. Donné, le Pé-
nicillium se produit également. Les expé-
riences de MM. Andral et Gavarret (Compt.-
rend. Acad. des se, t. XVI, p. 266) dé-
montrent qu'en ajoutant un peu d'acide
sulfurique ou acétique au sérum provenant
du sang, du pus, des hydropisies, des vésica-
toires,on voit constamment paraître des vé-
gétaux cryptogames. Ce fait, du reste, avait
été démontré par les belles recherches de
M. Dutrochet sur le développement des
Mucédinées. Les substances animales et vé-
gétales, par leur décomposition , favorisent
ïonc la végétation des Champignons au lieu
â'en prendre la forme et la nature.
Il était réservé à Micheli de prouver que
les Champignons, comme les autres plantes,
proviennent de germes ; la découverte des
spores ou organes reproducteurs et les ex-
périences qu'il fit dans le bois de Boboli,
aux environs de Florence, présentaient alors
toutes les garanties que l'on pouvait exiger
pour établir la nature des Champignons.
Mais l'opinion de Micheli ne fut pas ad-
mise, et l'on vit Buttner, Wilke, Weiss,
Otto de Munchausen et même Linné les
considérer comme des Polypiers. Néanmoins
Weiss et Linné, comme on le voit dans la
lettre que cet illustre naturaliste écrivait
en octobre 1766 à Vandelli, n'ont pas osé,
dans leurs ouvrages, les séparer des végé-
taux. Nuncomnes volunl referre fungos ad
ultimes vermes; cum semina aquœ immissa
sese moveant uti viva (Rœmer. script, de
Plant, hisp., etc., p. 498). Mtiller seule-
ment plaçait les Clavaires dans le règne
animal , parce qu'il avait aperçu du mouve-
ment dans les spores. Enfin Trattinnick , en
nous faisant connaître les propriétés et le
mode de formation du mycélium, a con-
firmé l'opnion que Micheli avait émise, et
à partir de cette époque, les Champignons
n'ont plus cessé de faire partie du règne
végétal.
CULTURE DES CHAMPIGNONS.
J'ai parlé, à l'article agaric, de la culture
des Champignons de couche , je n'y revien-
drai pas ; mais je dois dire que cette bran-
che d'industrie a pris une grande extension
depuis Tournefort. Presque toutes les cata-
combes et les carrières de Paris renferment
des couches artificielles ; quelques unes sont
si considérables qu'elles ne demandent pas
moins de 50 à 60,000 francs de roulement
pour leur entretien et leur exploitation. La
quantité qu'elles produisent est immense;
on en apporte par jour de 20 à 25,000 ma-
niveaux au carreau de la Halle ; chaque ma-
niveau contient de 6 à 10 individus, et se
vend, suivant la saison, de 15 à 30 cen-
times. On en exporte même pour la Tou-
raine et le Havre. Exemple remarquable et'
peut-être unique d'une substance alimeu-,
taire qui sort de Paris au lieu d'y être ap-
portée !
J'ai indiqué aussi la manière de cultiver
quelques espèces de Champignons dans dif-
férents pays ; mais il en est un que M. De
Candolle dit très délicat et recherché à Mont-
pellier, VAgaricus attenuatus, que l'on peut,
se procurer avec la plus grande facilité.
Il croît abondamment dans le midi de la
France au pied des vieux peupliers. M. Des-
vaux (Mém. encycl. , n° 109, janv. 1840,
p. 45) dit qu'il le cultive depuis douze ans.
Pour cela, il enfouit jusqu'à fleur de terre,
dans un lieu humide et découvert, des rouel-
les de Peuplier de trois ou quatre centime-
460
MYC
très d'épaisseur. Au printemps, il frotte la
face supérieure avec les lames de l'Agaric ,
et à l'automne, il fait une récolte de Cham-
pignons. Dans les années humides, M. Des-
vaux assure en avoir fait jusqu'à neuf. Ce
procédé n'est pas nouveau; le Père Cibot
nous avait déjà appris que les Chinois s'en
procurent différentes espèces en plaçant
dans de bonne terre et à une exposition
convenable des morceaux d'écorces et de bois
pourris dePeuplier, d'Orme, de Châtaignier,
de Mûrier, etc. Il est probable que l'on
pourrait, par le moyen de cette culture ar-
tificielle, augmenter le nombre et la quan-
tité de plusieurs espèces comesiibles, si l'on
portait plus d'attention à leur habitat.
On peut manger avec sécurité à Paris ceux
que Ton apporte au marché , parce qu'ils
sont tous visités; il n'en est pas de même
pour les autres villes de France , où l'on
voit quelquefois survenir des accidents. C'est
probablement pour ce motif, et pour qu'ils
puissent être visités plus facilement, qu'une
ordonnance qui ne date que de quelques
années prescrit, à Montpellier, la vente des
Champignons sur un seul marché. Il serait
à souhaiter que cette mesure administrative
fût générale.
HABITAT DES GHAMPIGNONSc
Il existe des Champignons partout : on en
trouve à la surface de la terre, epigei; quel-
ques uns même vivent enfoncés à une cer-
taine profondeur, hypogei; des milliers de pe-
tites espèces vivent comme des parasites sur
lesécorces, le bois, les feuilles des végétaux,
parasitiez, epiphyli, epixyli; mais on ne les
rencontre jamais en plus grande quantité
que sur les matières végétales et animales
en décomposition. Les pierres , cependant ,
n'en nourrissent qu'un très petit nombre,
encore est-on en droit de supposer qu'ils n'y
puisent pas les éléments de leur alimenta-
tion. Les spores sont répandues partout;
elles paraissent suspendues dans l'air, et n'at-
tendent, comme on le voit tous les jours,
qu'une circonstance favorable pour végéter.
Déposées dans l'eau par une cause quelcon-
que, elles se développent et donnent nais-
sance à ces filaments confervoïdes que l'on a
désignés sous le nom d'hygrocrocis, mycoder-
ma. Ils sont presque toujours stériles , et si
quelquefois ils fructifient, c'est que leur my-
MYC
célium a formé à la surface du liquide un
îlot qui, augmentant petit à petit en largeur
et en épaisseur, leur a fourni une base de
sustentation; mais aucun Champignon ne
fructifie entièrement plongé dans l'eau; il
lui faut l'espace et le contact de l'air pour
arriver à cet état de perfection.
Toutes les productions que l'on a désignées
sous le nom de Champignons le méritent-
elles véritablement? On peut en douter;
comme ces végétaux sont généralement peu
connus, surtout très difficiles à définir et à
caractériser , il est probable que les obser-
vateurs, ne sachant à quel règne ni à quelle
famille de plantes rapporter les filaments
qu'ils avaient sous les yeux, ont agi par
voie d'élimination , et qu'ils en ont fait des
Champignons.
Le Torula cerevisiœ entrevu par Lewen-
hœk, et étudié aussi complètement que pos-
sible il y a quelques années par MM . Cagnard-
Latour et Turpin, paraît être dans ce cas.
Est-ce un animal, une Algue, un Champi-
gnon microscopique, ou une modification par-
ticulière des éléments des corps qui entrent
en fermentation? Rien ne prouve que es soit
l'un plutôt que l'autre. C'est un composé de
globules réunis ensemble comme les grains
d'un chapelet, qui se séparent ensuite, et qui,
pris et mis dans des circonstances semblables,
se reproduisent avec la même forme et dé-
veloppent une nouvelle fermentation. Ici la
cause et l'effet sont tellement confondus
qu'on ne peut les isoler sans détruire l'un et
l'autre. La forme qui rappelle celle des Ar-
throsporées et le mode de reproduction qui
appartient aussi bien aux Algues qu'aux
Champignons, ne sont pas suffisants pour
que l'on place le Torula cerevisiœ parmi ces
végétaux. Il faudrait voir la fructification
véritable, normale, s'accomplir librement
au contact de l'air; personne ne l'a vue ni
ne la verra, puisque dans cette circonstance
la matière tombe en putréfaction.
La maladie des Pommes de terre, qui a
causé tant de pertes l'année dernière, et qui
a exercé la patience et la perspicacité de tant
d'observateurs, ne me parait pas plus qu'à
M. Decaisne causée par la présence d'un
Champignon. Le Botrytis existait sur les
feuilles des pieds qui portaient des tubercu-
les sains ou malades. Son action n'était doue
pas toujours la même. Il y a un grand nom-
MYG
MYC
461
bre de plantes dont les feuilles sont couver-
tes de parasites semblables, et qui ne pa-
raissent pas affectées de leur présence. Les
filaments que l'on observe sont dus, comme
ie prouve M. Decaisne, au dédoublement
et au rapprochement de la membrane des
cellules. Pour ce qui concerne les véritables
filaments confervo ides que l'on observe sous
jépiderme et qu'on retrouve dans les fruits
qui tombent en putréfaction , ils sont indé-
pendants du Botrytis des feuilles , et les
Pommes de terre exposées à l'air se cou-
vrent d'un si grand nombre de Champi-
gnons, qu'il est impossible de dire à quelle
espèce le mycélium que l'on voit appar-
tient.
On ne peut nier cependant le dévelop-
pement des Champignons sur des végétaux
vivants. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur
les Urédinés pour s'en convaincre. A mesure
que la cryptogamie fait des progrès, nous
Yoyons le nombre de ces parasites augmenter.
Beaucoup de plantes ne ressentent aucun effet
de l'existence des Uredo, Puccinia, JEcidium.
Mais les Ustilaginés causent le plus souvent la
stérilité de la plante, soit qu'ils se dévelop-
pent dans les réceptacles des fleurs ou dans
les étamines, soit qu'ils affectent la graine
elle-même, comme dans le charbon ou la
carie. Parmi les espèces de Champignons pa-
rasites qui attaquent les grains, la Sphacélie
est une des plus dangereuses, parce qu'elle
leur communique une propriété vénéneuse.
Les substances animales donnent naissance
à un grand nombre de Champignons; il y
en a même qu'on ne rencontre que sur telle
ou telle partie. Le genre Onygena se déve-
loppe sur les cornes, les sabots, le poil des
animaux, les plumes des oiseaux. Le Sphœria
militaris, Entomogena, Robertsii, sur les lar-
ves ou sur les insectes eux-mêmes, Ylsaria
rassa sur les chrysalides enfouies, Ylsaria
sphecophila sur la Guêpe Frelon, etc. De
toutes ces espèces, celle qui a le plus fixé
l'attention est le Sphœria militaris, qui, vers
te milieu du xvme siècle, a semblé confirmer
d'une manière incontestable la métamor-
phose de quelques animaux en végétaux.
Pour que l'homme pénétrât le mystère de
ce singulier développement, il fallait que ses
intérêts matériels fussent compromis, comme
ils le sont par la muscardine. Cette maladie,
qui se montre dans les magnaneries, cause
quelquefois des pertes immenses en faisant
périr les Vers à soie. Elle doit son origine à
un Champignon d'une nature beaucoup plus
délicate que le précédent; il végète dans le
corps du Ver, le tue , le dessèche , le rend
blanc et cassant comme un morceau de plâtre.
La cause d'une semblable maladie avait été
longtemps cherchée et toujours en vain. En
fin, en 1835, M. Bassi, avocat à Lodi, eut le
bonheur de la découvrir. MM. Audouin et
Montagne nous en ont fait connaître la nature
et le mode de propagation. 11 résulte de leurs
expériences que la muscardine est produite
par le Botrytis Bassiana , que les spores dis-
séminées dans l'air sont le moyen de trans-
mission qu'emploie ia nature pour sa repro-
duction , et que la maladie est transmissible
par l'inoculation des spores à d'autres Vers à
soie, à des chenilles de différentes espèces ,
à des chrysalides et même à des larves de
Coléoptères.
Les expériences faites avec le plus grand
soin ont prouvé d'une manière incontestable
que des végétaux cryptogames peuvent naître
dans les tissus des animaux ; elles ont aussi
fixé l'attention des observateurs, et mainte-
nant la science possède plusieurs cas de ce
genre. En 1841, M. Eudes Deslonchamps,
professeur d'histoire naturelle à Caen , pré-
senta à l'Institut l'observation d'un Canard
Eider qui, trois semaines ou un mois avant
sa mort, avait la respiration très gênée. Il
mourut, et l'ouverture faite quelques heures
après fit voir de nombreuses plaques blan-
ches ou vertes d'une Mucédinée dans les sacs
aériens; il yen avait aussi sur les reins, les
intestins, les os du bassin, etc. Dans la même
année, MM. Emmanuel Rousseau et Serru-
rier firent aussi une communication sem-
blable à l'Institut; le sujet de l'observation
était une Perruche souris, morte de phthisic
pulmonaire: dans l'abdomen, entre les in-
testins, on voyait une fausse membrane sur
laquelle existait une moisissure verdâtre et
pulvérulente. Les auteurs decetteobservation
disent avoir également observé des végéta-
tions de même nature sur des Pigeons, des
Poules, une Biche et une Tortue des Indes.
Abraham Halsey, Will,Virey, Yarrel,Thielc,
Montagne, Mitchill de New-York, Owen ,
Wiews, etc., ont consigné dans différents re-
cueils des observations semblables. Comment
expliquer ce phénomène? Dans les Vers à
462
MYC
MYC
soie, le Botrytis se fixe primitivement sur le
tissu graisseux , qui ne jouit, comme on le
sait, que d'une faible vitalité ; dans les oi-
seaux et les animaux, c'est sur les membra-
nes , et surtout celles qui sont en contact
avec l'air. Ne peut-on pas supposer que les
spores, respirées depuis plus ou moins de
temps, ont commencé à végéter au même
instantque la vie s'est éteinte, et qu'elles ont
continué jusqu'au moment de l'ouverture.
Lorsque la mort survient, les liquides ainsi
que les tissus tendent à changer de nature,
et ce moment est peut-être aussi avantageux
qu'un autre plus éloigné pour favoriser leur
développement. M. le docteur Mougcot, dans
la partie botanique de la statistique du dé-
partement des Vosges qui vient de paraître,
rapporte, d'après M. le docteur Muhlenbeck
de Mulhouse, l'observation curieuse de deux
garçons tonneliers empoisonnés par les spo-
res de YAspergillus glaucus. Ces garçons
étant entrés dans un tonneau fortement
couvert de cette moisissure, pour le brosser,
en respirèrent la poussière, et aussitôt ils
furent pris de céphalalgie, vomissements,
vertiges, qui cédèrent à une saignée et à une
limonade légère. Que pouvait - il arriver
dans une circonstance semblable s'ils fus-
sent morts? Les moisissures se développent
avec une rapidité quelquefois étonnante.
M. Schmitz a observé que celles du Mucor
Mucedo ont germé en cinq heures dans du
suc de pommes , tandis que dans l'eau seize
heures ne leur ont pas suffi. N'avons-nous
pas, dans un corps qui vient de perdre la vie,
les deux circonstances les plus favorables
pour leur germination, l'humidité et la cha-
leur?
Si l'on ajoute foi aux observations de quel-
ques auteurs modernes, les Champignons
peuvent se développer dans les organes di-
gestifs et même sur la peau et les membranes
muqueuses de l'homme vivant. M. le doc-
teur Prosper Denis de Commercy, dans un
Mémoire publié en 1828 sur trois cas rares
dans l'ordre physiologico-anatomique, rap-
porte deux observations de Bézoards qu'il
considère comme des plantes cryptogames
et comparables aux Truffes. Dans la première,
il s'agit d'une fille âgée de trente-six ans,
affectée d'aménorrhée et d'hématémèse. Elle
rendait par le vomissement des corps étran-
gers qui avaient la forme de pralines et le
volume de petites noisettes; leur tissu était
poreux, à peu près comme celui des os qui
contiennent de la moelle ; ils offraient à l'une
de leurs extrémités une dépression infundi-
buliforme communiquant à un canal régu-
lier qui régnait intérieurement dans leur
longueur. Le second cas est celui d'un octo-
génaire constipé depuis quinze jours; lej
excréments renfermaientdes corps du volume
d'une noisette; ils étaient couverts d'une
couche jaune, friable, probablement formée
par de la cholestérine; la structure de leur
noyau rappelait celle du liège; on y voyait
des stries poreuses brunes, plus colorées que
le reste de la substance, et d'autres non
poreuses, presque incolores, se voyaient à la
surface des tranches entamées par le couteau.
Les acides agirent sur ces corps comme sur
le liège dont ils partageaient la consistance,
la couleur, la légèreté et même la spongiosité.
De ces deux observations, on ne peut certai-
nement pas conclure que des Champignons
se sont développés dans les voies digestives.
La fille, affectée d'aménorrhée, comme beau-
coup d'autres qui sont dans le même cas,
peut bien avoir mangé, par suite de déprava-
tion du goût, des morceaux de Champignons
coriaces qu'elle n'a pu digérer. Pour ce qui
concerne le vieillard, la cholestérine dont les
Bézoards étaient encroûtés, et le mode d'ac-
tion des acides , comme s'ils eussent été de
liège, ne permettent pas non plus de croire
à une végétation spontanée ni accidentelle.
Fourcroy et Vauquelin ont donné une ex-
plication plus simple et plus naturelle de la
présence du tissu fongueux qu'ils ont ren-
contré dans de véritables Bézoards, en disant
que les animaux dans lesquels on les a trou-
vés avaient mangé des Champignons durs,
coriaces et subéreux, qui, comme le ligneux,
les poils, avaient résisté à l'action des orga-
nes digestifs, et en étaient devenus le noyau.
M. Gruby (Comptes-rendus hebdomadaires ,
Académie des sciences naturelles , vol. XIII,
pag. 72, 309, 388, ettom. XIV, p. 634) a
émis sur la cause et la nature de la teigne
et du muguet des enfants une opinion non
moins singulière. Suivant l'auteur, ces deux
maladies seraient dues au développement
de Champignons microscopiques voisins des
genres Mycoderma, Torula et Sporotrichum.
Cette manière d'envisager la teigne excita
vivement ma curiosité. M. Baudelocque,
MYC
MYC
463
médecin à l'hôpital des Enfants, me facilita
les moyens de vérifier l'exactitude de ces
nouvelles et curieuses observations. Mes re-
cherches n'ont pas répondu à mon attente.
Dans la matière qui compose le favus, je
n'ai rien vu qui ait la moindre ressemblance
avec un Champignon, ni qui puisse donner
l'idée d'un Mycoderma, d'un Torula ou d'un
Sporotrichum. On voit bien, il est vrai, en
examinant au microscope, une parcelle de la
croûte teigneuse, des corps ronds, allongés,
irréguliers, réunis bouta bout ou par les
côtés, mélangés avec des débris membraneux
et des globules graisseux; mais ces caractè-
res ne suffisent pas pour constituer un My-
coderma, un Torula et, à plus forte raison,
un Sporotrichum. Dans le premier cas, on a
des corps inégaux, irréguliers, sans filaments
distincts et sans aucune apparence de spo-
res; dans le second cas, au contraire (les
Mycodermes exceptés, qui sont composés
d'Algues, d'Infusoires et de Champignons
réunis en masse), l'élégance, la régularité
des formes, le mode d'articulation, de divi-
sion , la constance dans les caractères et la
présence des spores révèlent au premier
coup d'oeil une nature végétale. La croûte
de la teigne faveuse n'est, pour moi, qu'une
masse composée de parcelles membraneuses,
de globules graisseux, et d'autres globules
dont j'ignore la nature, et qui sont altérés
dans leur forme et agglutinés les uns aux
autres; ce qui semble le prouver d'une ma-
nière incontestable, c'est que la sérosité qui
s'écoule d'une surface que l'on vient de
mettre à nu en enlevant la croûte est for-
mée de globules absolument semblables,
seulement ils sont plus visibles , parce
qu'ils sont dégagés de toute matière étran-
gère. Pour se convaincre du peu d'iden-
tité qui existe entre la teigne et des Cham-
pignons microscopiques, il suffit de les com-
parer en nature alternativement, au lieu de
consulter un dessin ou une description qui,
pour des objets aussi petits, laissent toujours
de l'incertitude.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE.
La distribution des Champignons sur la sur-
face du globe est un des points les moins con-
nus de la botanique; lascience manque môme
de matériaux pour que l'on ose en présen-
ter une légère esquisse ; les voyageurs ne de-
meurent pas assez longtemps dans un pays
pour les récolter tous, et la difficulté de
leur conservation fait qu'ils les négligent
généralement. On pourrait peut-être énu-
mérer les espèces qui existent en France, en
Allemagne, en Angleterre, en Italie, etc. ;
mais comme tous les jours on en trouve de
nouvelles , les nombres établis changent
également tous les jours.
Les Lichens sont les végétaux que l'on
rencontre à la plus grande élévation, ils y
paraissent en quelque sorte pour attester la
fécondité de la nature ; au-dessous d'eux
viennent les Mousses, puis les Champignons.
Pour que la végétation de ceux-ci ait lieu,
il faut de l'humidité et un certain degré
de température ; on les observe en nombre
d'autant plus considérable que ces deux
circonstances sont plus manifestes. Pour
s'en convaincre , il suffit de considérer la
zone centrale de l'Europe, où la tempéra-
ture est moyenne et les pluies assez fré-
quentes ; ils sont plus rares dans le Midi,
où il y a trop de chaleur et pas assez d'hu-
midité, et dans le Nord , où la température
moyenne n'est pas assez élevée. Le nombre
des espèces varie dans chaque zone suivant
la nature, les accidents du sol , suivant que
ce sol est couvert de prairies ou de forêts ; et
comme elles préfèrent généralement un ar-
bre à un autre, plus ceux-ci seront variés
plus elles le seront aussi.
Sous le rapport de l'altitude que les Cham-
pignons peuvent atteindre , Oswald Heer
nous a fourni quelques renseignements pré-
cieux pour les Alpes. A 5000 pieds il a
rencontré très abondamment VAgaricus
Muscarius et le Merulius Cantharellus : l'un
et l'autre avaient totalementdisparu à 2550.
Il a vu un très bel échantillon de Clavaria
cristata à 5G00 pieds. De 6500 p. jusqu'à
7000, il a trouvé un très grand nombre
d'Agarics ; et enfin , à 6780 , deux Pézizes;
l'une d'elles croissait sur les tiges mortes du
Chrysanthemum alratum. Philippi rapporte
que dans l'ascension de l'Etna qu'il fit, il
observa à 3000 pieds de hauteur le Nidu-
laria Crucibulum, et à 5100 le Geastrum
hygromelricum. J'ai vu dans l'herbier de
M. Requien un Lycoperdon et le Sphœria
disciformis qu'il avait récoltés sur le mont
Ventoux, de 4500 à 5000 pieds de haut.
M. le docteur Martins a recueilli à 26$c
m
MYC
MYC
mètres d'élévation , sur le Faulhorn , le
Peziza M 'ulhenbeckii , un Bovista, un Ly-
coperdon , et plusieurs espèces d'Agarics.
M. Agassiz, qui est demeuré si longtemps
dans les régions froides et élevées , a vu
une Mycène dont le pied était très long
croître parmi les Mousses sur les bords du
glacier de l'Aar, à 8000 pieds d'altitude. Les
observations de M. Jungbuhn , faites sur
le Merapi, Kendang , Burang-rang , Tjer-
mai, etc. , hautes montagnes de Java , ne
sont pas moins intéressantes ; elles nous
apprennent que la plus grande partie des
Champignons se montre à la hauteur de
3,000 à 5,000 pieds, qu'ils croissent dans
toutes les saisons et presque toujours soli-
taires. Au-delà de 5,000 pieds , ils devien-
nent fort rares , les Mousses plus abondan-
tes , et les Lichens atteignent le sommet des
plus hautes montagnes. La Schizophyllum
commune , que Ton trouve presque dans
tous les pays, croît depuis le niveau de la
mer jusqu'à 6,000 pieds; de 1,000 pieds à
2,000 on rencontre les Polyporus minimus,
flavus , Mons Veneris , Xanthopus ; Xerotus
indiens ; Thelephora papyracea ; Sphœria
pellata , Hypoxylon , alutacea ; Cenangium
paradoxum. De 2,000 à 4,000, le Polypo-
rus vulgaris , spadiceus , lacevus , furca-
tus , microscopicus, bicolor, versicolor ; Dœ-
dalea crustacea; Thelephora Ostrea; Cla-
varia cristata; Veziza scutellata , helvola;
Stilbum incarnatum. De 4,000 à 5,000 p.,
FAgaricus campestris ; Polyporus niveus ,
fusco-albus , annulalus , venulosus , etc. ;
Favolus pustutalus ; Thelephora cervina ; Cy-
phella musœ , candida ; Arcyria punicea ;
Hysleriam flexuosum ; Sphœria Peziza , gil-
va, digitata; Ceratium hydnoides. Enfin, de
5,000 à 8,000 p., le Cantharellus redivivus;
Sphœria concentrica. MM. de Humboldt,
Bonpîand et Galeoti , en ont rencontré à des
hauteurs considérables sur les Cordillères,
2t M. Just. Goudot en a rapporté du Pic
;}e Tolima , un des points les plus élèves
de cette chaîne de montagnes; mais je ne
~>ais à quelle hauteur ils ont été récoltés. On
doit être étonné que Ramond , qui a monté
trente cinq fois sur le Pic du Midi , dont
'élévation est de 1,500 toises ou 2,924 mè-
tres, n'ait pas signalé un seul Champignon,
quoiqu'il ait observé sa végétation à toutes
les époques de l'année et dans toutes leurs
diversités ; mais , comme il le dit lui-même,
les Cryptogames n'avaient qu'une part se-
condaire à son attention.
On voit, par cet exposé, que les Cham-
pignons diminuent en nombre quand on
atteint le sommet des montagnes , par
conséquent à mesure que la température
s'abaisse.
Le résultat est le même quand on consi-
dère la latitude sous laquelle ils se dévelop-
pent. Dans la zone équatoriale , et surtout
dans celle des tropiques , ils paraissent plus
abondants et plus variés que dans la zone
tempérée, où ils sont cependant très nom-
breux; ils diminuent ensuite à mesure que
l'on avance vers les régions polaires. Nous de-
vons à M. Berkeley la description d'un grand
nombre de Champignons del'hémisphère aus-
tral. MM. Gaudichaud et Raoul ont enrichi
la collection du Muséum de Paris d'espèces
récoltées dans les îles Malouines et la Nou-
velle-Zélande. Menzies en a rencontré aussi
dans la Terre des États. Ces îles , ainsi que
le groupe des îles Aukland , paraissent beau-
coup plus riches en mousses et en hépati-
ques qu'en Champignons. Nous ne pouvons
donc rien établir sur la végétation des terres
polaires australes, parce que les voyageurs
ne nous en ont rien rapporté. Il en est à
peu près de même pour l'hémisphère boréal.
Tout le monde sait que VAgaricus musca-
rius, ou du moins une espèce analogue,
croît abondamment dans le Kamtschatka.
M. le professeur Ehrenberg, qui a décrit les
Champignons du voyage de Chamisso, note
encore YUredo interstilialis et rosœ? à Una-
laska , par 54° lat. sept. , YJEcidium epi-
lobii , Uredo Pyrolœ , Puccinia vesiculosa ,
Eurotium herbariorum , Sphœria punctifor-
mis, Hysterium orbiculare et gracile. Par
65° lat. sept, dans l'île Saint-Laurent , le
Sphœria Hederœ , Triblidium arcticum ; et
dans l'île de Chamisso, située au 66e degré,
le Sphœria herbarum. Enfin, M. Robert
Brown , dans sa Flore de l'île Melville ,
située au 74° 47' lat. sept. , mentionne
deux Champignons; c'est le point le plus
reculé où l'on en ait rencontré. Il est donc
impossible, sur des données aussi minimes,
de pouvoir tracer les premières lignes de
l'arithmétique botanique.
Les Champignons et les Lichens parais-
sent être les plantes les plus cosmopolites f
MYC
MYG
465
sur tou t quelques espèces . Les Agaricus cam-
pestris ; Cantharellus cibarius ; Schizophyl-
lum commune ; Polyporus igniarius , fomen-
iarius , versicolor, lucidus; Thelephora hir-
suta ; Cyathus Cr'ucibulum , vernicosus ;
Peziza scuiellata ; Sphœria concentrica , her-
barum; Ascophora Mucedo, existent partout.
La Flore cryptogamique de l'Amérique bo-
réale a les plus grands rapports avec celle
de l'Europe. Quelques genres paraissent ap-
partenir à certaines régions: ainsi on n'a
observé jusqu'à ce jour les genres Broomcia,
Phellorina , Scoleiocarpus , Polyplocium ,
qu'au cap de Bonne-Espérance ; llymeno*
gramme, Cymatoderma, Trichocoma, Tri*
càampkora, qu'à Java ; Hyperrhiza en Caro-
line; Pterophyllus en Egypte, etc. Mais rien
ne prouve qu'ils n'existent pas dans d'autres
pays, ou qu'ils ne sont pas représentés par
des espèces analogues. VAgaricus radiosus
de Pallas {Monlagnites Pallasii), trouvé sur
les bords de l'Irtisch , par 61 degrés de lati-
tude septentrionale, se montre sous la forme
du Montagnites Candollei à Marseille et à
Alger, sur les bords de la Méditerranée;
le Batlarrea phalloïdes , qu'on avait vu très
rarement en Angleterre, a été retrouvé au
cap de Bonne-Espérance; le Batlarrea G au-
dichaudii croît à Lima , dans le Pérou ; le
Mylremyces lutescens, delà Caroline, est
représente dans la Tasmanie par le M.
fuscus. Le Cyclomyces fuscus , espèce sessile
dans l'île Maurice, perd de son originalité
quand on le compare au C. Greinh, qui est
pédicule, et qu'on rencontre en Amérique,
dans l'État de Massachusetts. Enfin , le
genre Secotium , qui n'avait été observé qu'au
Cap de Bonne-Espérance et dans la Nou-
velle-Zélande, vient d'être trouvé en France
par MM. Tulasne. Ces exemples , que je
choisis parce qu'ils appartiennent à des ty-
pes très remarquables , pourraient être mul-
tipliés davantage, mais ils suffisent pour
démontrer que les différents genres de Cham-
pignons ne sont pas renfermés dans des li-
mites aussi étroites que le sont quelques
familles de plantes phanérogames.
ACTION DES AGENTS EXTÉRIEURS.
Les Champignons, comme tous les autres
végétaux, sont vivement influencés par la
lumière; ils la recherchent également. Pour
s'en convaincre, il suffit de mettre dans de
T. vni.
la mousse humide quelques Agarics à pied
très long, dans un endroit éclairé par un
seul point : on voit dans l'espace d'une nuit
le pédicule se courber, ou le chapeau s'incli-
ner sur celui-ci, et se diriger du côté qu'elle
pénètre. Cette expérience, facile à faire sur
des Coprins, des Mycènes, donne le moyen
de courber naturellement le pied des gros
Agarics sur les lames sans le briser. Leur
dessiccation devient plus aisée , et ils conser-
vent mieux leurs caractères.
L'absence de la lumière , si marquée sur
les plantes, l'est encore davantage sur les
Champignons ; les caves, les souterrains,
les galeries des mines, dans lesquelles il y a
beaucoup de soutiens en bois, nous en
offrent de nombreux exemples. Dans des
endroits, ces parties sont couvertes de ro-
settes blanches , plus ou moins larges , ou
supportent de longs flocons blancs, qui res-
semblent à des houppes, à des globes; dans
d'autres, ce sont des Rhizomopha, qui mon-
tent, qui descendent, ou sont pendants.
Toutes ces végétations, qui n'arrivent jamais
à un développement complet, appartiennent
aux Champignons ; Hoffmann , Scopoli ,
M. de Humboldt, nous en ont fait connaître
un grand nombre. On a observé que les
bois dont on se sert dans les mines de sel
gemme présentent moins de productions
fongiques, probablement parce que, péné-
trés de sel , ils se décomposent beaucoup
plus lentement.
L'action de l'air est aussi marquée que
celle de la lumière. Les Champignons n'ar-
rivent jamais à leur état normal quand il
est vicié ou qu'il ne circule pas librement;
dans de semblables circonstances ils éprou-
vent la même modification que précédem-
ment, ils s'étiolent et s'allongent indéfini-
ment. Les navires, malgré tous les soins
que l'on prend pour renouveler l'air, n'en
sont pas exempts. M. C. Dupin (Ann. de
chim. et de phys., 2e sér., t. XVII, p. 290)
dit que la pourriture sèche qui résulte du
développement des Cryptogames sur le li-
gneux est un véritable fléau pour la ma-
rine. Un bâtiment envahi par \eXylostroma
giganteum? devint en très peu de temps
incapable de tenir la mer. On cite à cet
égard le vaisseau le Foudroyant, de 80 ca-
nons, lancé en 1798, qu'il fallut radouber
et refondre presque en entier en 1802.
U9
4G6
MYC
MYC
Une température assez élevée, jointe à
l'humidité, favorise singulièrement leur dé-
veloppement. C'est à ces deux causes réu-
nies que l'on doit rapporter le développe-
ment de Champignons que Meri, célèbre
chirurgien du commencement du xvinc siè-
cle, observa chez un malade, sur les diffé-
rentes pièces d'un appareil de fracture.
L'action directe du soleil en fait périr un
grand nombre, elle n'épargne guère que
ces petits parasites qui vivent sur les
feuilles et ceux qui croissent dans les prai-
ries. Quelques auteurs assurent que la tem-
pérature de l'eau bouillante ne détruit pas
la propriété végétative des spores. Thore
dit même que l'on propage par ce moyen
l'Agaric Palomet dans le département des
Landes , et des expériences récentes ont
prouvé à M. Schrnitz que les spores du
Peziza repanda exposées à 110° dans un
air sec, n'avaient pas perdu leur faculté
germinative, tandis que celles du Trichothe-
cium roseum l'avaient perdue de 55 à 60°,
Au-dessous de zéro, les spores et les Cham-
pignons sommeillent , mais la rapidité avec
laquelle nous voyons, sous la latitude de
P.;,;is , VAgaricus pulverulentus Bull. , et
VAgar. nigripes Bull. , YAgar. tenacellus
Pers., se montrera divers intervalles, pen-
dant l'hiver, quand le froid vient à ces-
ser, nous prouve que quelques uns ne sont
pas très sensibles au froid : les Agar. cam-
pestris, caryophyllœus , comalus , arundi-
naceus , etc., ne paraissent en aucune ma-
nière influencés par les gelées blanches.
Lorsque les Champignons sont surpris par
le froid, ils gèlent ; pendant tout ce temps
ils conservent leur forme et pourrissent
lorsque le dégel survient. VAgaricus stip-
iicus et le Schizophyllum commune me
semblent faire exception, car dans les forêts
on les voit alternativement se flétrir et re-
venir à leur état naturel suivant les cir-
constances. Mais les Théléphores , les Dœ-
dalea betulina et quercina, les Polypores,
surtout ceux qui sont épais , subéreux ,
résistent aux froids les plus intenses de
nos pays. Ils gèlent, dégèlent, et conti-
nuent de croître quand leur bonne saison
arrive.
L'électricité, dit M. De Candolle, « ac-
» célère la végétation dans les plantes. Une
» influence évidente, mais en sens con-
» traire, a été observée sur les Champi-
» gnons. Les maraîchers de Paris qui se li-
» vrent à la culture des Champignons de
» couche (Agaricus campestris) m'ont as-
» sure que le tonnerre tue les Champignons
» de couche en plein air, et ils les pla-
» cent dans des caves et mieux encore dans
» les catacombes pour éviter cet effet. J'ai vu
» une culture de ce genre établie dans une
» carrière du faubourg Saint-Jacques ; le
» cultivateur m'assura que, dans l'étage su-
» périeur, le tonnerre tuait encore quelques
» Champignons, mais jamais dans l'étage
» inférieur. » M. De Candolle rapporte ces
faits sans en garantir l'authenticité.
Les effets de l'électricité ne sont pas tou-
jours aussi nuisibles aux Champignons que
les maraîchers de Paris le pensent; tous
ceux qui s'occupent de la recherche de ces
végétaux pour les étudier en trouvent un
bien plus grand nombre après les pluies
orageuses qu'après celles qui ne le sont pas.
Les anciens avaient déjà remarqué que
quand les orages étaient fréquents , les
Truffes étaient abondantes. Cette croyance
est encore généralement répandue aujour-
d'hui dans les pays où elles croissent. La
Sphacélie, ce petit Champignon qui cause
l'ergot des Graminées, ne se rencontre ja-
mais que quand les mois de mai et juin sont
chauds et orageux. Une observation atten-
tive pendant plusieurs années m'a con-
vaincu de ce fait. On peut donc croire que
l'électricité a la même influence sur les
Champignons que sur les autres plantes.
Les brouillards ont-ils une action sur le
développement des Champignons? Aucune
observation positive ne confirme cette ac-
tion, quoique, dans les campagnes, on attri-
bue la rouille et le charbon à leur pré-
sence. Mais dans l'automne, époque à la-
quelle on les observe plus fréquemment,
ils paraissent, et l'humidité continuelle
qu'ils entretiennent prolonge leur exis-
tence.
L'arsenic a une action très vive sur les
Champignons, il les fait périr très prompte-
ment. De nombreuses expériences prouvent
que la germination des graines est empêchée
quand elles sont plongées dans un sol
inerte, comme le sable lavé, le verre pilé, et
qui est arrosé seulement avec de l'eau te-
,. nant en solution de l'arsenic. Les agricul-
MYC
MYC
467
leurs ont cherché à utiliser cette propriété
, pour détruire la faculté végétative des
spores de la carie , du charbon , en plon-
geant leurs grains dans une solution arse-
nicale avant de les confier à la terre. Ce
moyen, dangereux sous plusieurs rapports, a
été défendu par nos lois, et d'ailleurs rien
ne prouve dans ce cas son efficacité. Jœger,
M. Chatin, Bory de Saint-Vincent et Gil-
genkran tz, ont vu des Mucédinées se dévelop-
per sur de l'eau qui en contenait une grande
quantité en solution. Dans quelques expé-
riences que j'ai faites moi-même, j'ai vu
des Agarics secs, que j'avais trempés dans
une solution d'arsenic blanc pour les con-
server, se couvrir d'une forêt de Pénicillium
gluucum.
Le sulfate de cuivre a été proposé par
Bénédict Prévost, pour prévenir les mêmes
accidents. Les expériences qui ont été faites
ont donné des résultats avantageux. Cette
substance n'a pas les inconvénients de l'ar-
senic, elle n'entraîne avec elle aucun dan-
ger, et beaucoup de cultivateurs s'en ser-
vent encore avec la certitude qu'elle garan-
tit leurs grains de la carie et du charbon.
Il n'entre pas dans mon sujet de parler des
maladies des grains causées par les Cham-
pignons parasites, ni d'exposer les recettes
qui ont été préconisées pour les en préser-
ver. Leur développement étant aussi mysté-
rieux que celui des entozoaires, il est probable
qu'on essaiera encore beaucoup de moyens
avant de trouver un véritable préservatif.
Comme l'arsenic, le deutoxyde de mer-
cure est un poison violent pour les Cham-
pignons : soumis à son action, on les voit se
ramollir à l'instant même, perdre leurs for-
mes et leurs couleurs, et jusqu'à ce jour on
ne s'en est servi pour leur conservation que
quand ils ont été desséchés préalablement.
Quelques Champignons , comme les Dole-
tus cyanescens Bull., luridus Fr., erythro-
pus Pers., etc., dont la chair est blanche,
deviennent presque instantanément bleus au
contact de l'air quand on vientà les rompre :
comment ce phénomène a-t-il lieu et com-
ment se fait-il qu'en les exposant à la va-
peur de l'ammoniaque liquide il ne se ma-
nifeste pas; tandis que ce même réactif,
d'après les belles recherches de M. De-
caisne, convertit à l'instant même le prin-
cipe colorant jaune de la garance en rouge? |
rananaonne la solution de ce problème aux
chimistes qui voudront s'en occuper.
On a cherché à détruire le développement
des Champignons par la chaleur artificielle.
Plusieurs personnes , pour conserver des
arbres fruitiers , ont cautérisé avec un fer
rouge la place qu'ils occupaient. La cauté-
risation pendant un an a suspendu quel-
quefois leur végétation , et à la seconde
année ils ont reparu comme auparavant.
Les Arabes, comme on le sait, ont l'habi-
tude d'incendier des plaines immenses; ces
incendies n'ont pas empêché le capitaine
Durieu de récolter un grand nombre de
Champignons sur des chaumes de graminées
à moitié consumés, ainsi que sur des chênes-
liéges dont l'écorce paraissait entièrement
carbonisée. Dans nos forêts, les endroits où
Ton a préparé le charbon sont encore ceux
qui en produisent le plus grand nombre,
quoique leur surface soit brûlée et recou-
verte de débris de ce combustible.
M. Boussingault (Écon. rurale, I, p. 226)
rapporte un fait trop curieux, de la rapidité
avec laquelle se propage le Boletus {Meru-
Uus) destruens , pour que je ne le rapporte
pas ici: « Ces Champignons, dit-il, se trou-
Vent ordinairement entre les bordages et la
membrure , dans des situations humides
où l'air se renouvelle peu. On a cherché
quelle était la température qui favorise le
plus cette pourriture sèche, on a trouvé
qu'elle était comprise entre 7° et 32° cen-
tigrades. Au-dessus ou au-dessous la vé-
gétation languit. A l'aide de ces données
on espéra affranchir les navires de la pour-
riture , en élevant convenablement leur
température. Les essais furent tentés en
hiver, à bord du vaisseau Queen-Charlotte ;
on porta l'air de la cale à 55° centigr. Le ré-
sultat général qu'on obtint par ce procédé ne
répondit pas aux espérances qu'on avait
conçues : tout en anéantissant dans la partie
basse du navire la végétation des Champi-
gnons, on la favorisait dans les lieux situés
à une certaine élévation au-dessus de la
cale, par la raison que l'air chaud et très
humide qui émanait du point où étaient les
poêles laissait condenser, en se refroidis-
sant, la plus grande partie de l'eau dont il
était saturé.
On voit par cet aperçu avec quelle faci-
lité les Champignons envahissent le tissu
463
MYG
WYC
ligneux, et le peu de moyens efGcaces que
nous possédons pour empêcher leur dévelop-
pement ou pour les détruire. Les observa-
tions faites depuis longtemps dans les
mines de sel gemme, et les belles expé-
riences de M. le docteur Boucherie , nous
indiquent de la manière la plus évidente
comment nous pouvons préserver nos con-
structions de leur action.
RÉCOLTE ET PRÉPARATION DES CHAMPIGNONS.
Le botaniste qui récolte des Champignons
doit savoir les préparer, afin que les maté-
riaux, qu'il a acquis souvent avec beaucoup
de peines, puissent servir à l'étude; si ces
végétaux ont été négligés par les voyageurs,
c'est uniquement parce qu'ils ne savaient
pas les préparer. Toutes les espèces para-
sites, comme les sEcidiumt Uredo, Pucci-
nia, et toutes celles qui se rencontrent sur
les feuilles mortes, ne demandent pas d'au-
tres soins que les plantes sur lesquelles elles
se sont développées. Les nombreuses espèces
deSphéries, et toutes celles qui ont une
certaine consistance, doivent être enlevées
avec une portion de l'écorce ou du bois sur
lesquels elles se trouvent, mais très mince,
afin de pouvoir se prêter à la compression.
Si les écorces sont trop dures ou desséchées,
on peut les amincir ou les rendre flexibles à
l'aide de l'humidité; sans cette précaution,
on a un petit nombre d'espèces et un vo-
lume très considérable et incommode. Si les
Champignons sont visqueux, ou d'une con-
sistance gélatineuse, il faut les laisser sécher
à l'air libre et ne les comprimer que quand
ils ne peuvent plus adhérer au papier. On
peut encore les conserver en les fixant soli-
dement sur une petite planche à l'aide d'une
ficelle qui les enroule, et que l'on fait pas-
ser entre les individus pour ne pas les dé-
former. Les Champignons rameux, comme
les Clavaires, les Mérisma, forment quel-
quefois des masses considérables : on est
alors obligé de les diviser, mais il faut avoir
la précaution de noter leur couleur et de
recevoir les spores sur un papier; on les
laisse exposés à l'air, et quand ils sont flé-
tris on les soumet à une légère pression ,
afin de ne pas trop les déformer. LesThélé-
phores, et toutes les espèces qui sont mem-
braneuses , se dessèchent très facilement; si
elles sont contournées, irrégulières , on leur
rend la souplesse en les exposant à l'humi-
dité. Les Pézizes perdent constamment leur
forme et leur couleur; il faut toujours en
tenir note : si elles sont terricoles, on les
dépouille de la terre ou du sable qu'elles
ont à leur base; on les expose quelque
temps à l'air avant de les comprimer. Si
elles vivent sur des bois, des tiges de plantes,
on divise ces parties de manière qu'elles
aient peu de volume. Les Tubéracés ne pré-
sentent aucune difficulté , parce qu'on peut
les sécher entièrement ou les couper par
tranches ; ils se conservent aussi très bien
dans l'alcool ou dans l'eau salée.
Les Lycoperdacés , quand on les trouve
secs , peuvent être soumis à la pression
après avoir passé une nuit dehors. Comme
ils contiennent des sels déliquescents , ils se
ramollissent et se laissent facilement com-
primer ; si ce sont des Geaster , des Tylos-
toma, il faut s'arranger de manière que
leur mode de déhiscence soit visible. Quanfi
on récolte ces Champignons frais , il faut ,
de toute nécessité, les laisser à l'air parcou-
rir leurs périodes de végétation ; on les voit
alors se ramollir, changer de couleur, comme
s'ils étaient décomposés; plus tard, le li-
quide qu'ils contenaient s'évapore; ils se
dessèchent, et on se comporte avec eux
comme s'ils eussent été récoltés secs. On
peut encore, après les avoir arrachés de
terre, les tremper une ou deux fois dans
une solution de sublimé corrosif; alors ils
meurent promptement, leur réceptacle prend
delà consistance, et on les conserve avec
leur forme et leur volume. Ce dernier moyen
est le seul qui permette la conservation des
Trichiacés et des autres Myxogasières; mais,
dans les uns et dans les autres, il faut avoir
soin de noter la forme des écailles, et sur-
tout la couleur , parce qu'elle est constam-
ment altérée par l'agent conservateur.
Les Polysaccum ont un réceptacle assez
consistant et pourtant très friable quand ils
sont desséchés. On les conserve dans une
parfaite intégrité en les enveloppant dans
du papier brouillard que l'on moule avec
les mains autour d'eux après l'avoir mouillé; ,
le papier sèche et forme une enveloppe très
solide qui empêche leur rupture et la dis-
persion des spores. Je me suis servi aussi
très avantageusement pour le même but
de lames de plomb très minces, semblables
MYC
MYC
469
à celles dont on se sert pour recouvrir le
chocolat. Tous ces Champignons ainsi con-
servés peuvent être mis dans des armoires
et servir aux démonstrations. Les Phalloïdes,
tes Clathroïdés , dont il existe un si petit
nombre dans les herbiers, sont beaucoup plus
faciles à préparer qu'ils ne le paraissent;
on les arrache avec leur volve et à l'aide
d'une ficelle on les suspend dans l'air , le
réceptacle en bas : le latex s'écoule ou se
dessèche, les autres parties se déforment
un peu; quand ils sont presque secs, on
les met en presse , mais auparavant il faut
les ajuster et rétablir les rapports des diffé-
rentes parties. Cette opération , quoique
longue, réussit constamment quand les
voyageurs peuvent y mettre le temps. M. le
docteur Klotzsch conseille de remplir cha-
cune des parties de ces Champignons avec
du coton, et de les exposer à une atmosphère
sèche, et quand leur humidité est dissipée,
on les met en presse après avoir retiré le
coton. Il emploie le même procédé pour les
grandes Pézizes.
Les Morilles , les Helvelles , les grandes
Pézizes, les Clavaires, se conservent très
bien en entier, presque avec leurs couleurs
naturelles, en les mettant dans du sable fin
et très sec. Il faut auparavant leur laisser
perdre à l'air une grande partie de leur eau
de végétation. Ce mode de préparation est
très avantageux; les Champignons retien-
nent un peu de sable à leur surface , que
l'on parvient à détacher avec un pinceau
rude. On évite cet accident chez les Pézizes
en recouvrant la cavité de leur cupule avec
un tissu de soie très souple.
Les Champignons coriaces, comme la plu-
part des Polypores, des Agarics, surtout ceux
qui sont coriaces ou subéreux, n'ont pas be-
soin de préparation ; ceux qui peuvent s'apla-
Ur sont soumis à une pression plus ou moins
forte. Les Lenttnus, quand ils sont frais, se
dessèchent avec la plus grande facilité; s'ils
sont secs , un peu d'humidité leur rend leur
forme, leur souplesse, et ils se prêtent à
tout ce que l'on veut. Beaucoup d'espèces
ont le chapeau en forme d'entonnoir. En se
servant du sable , comme je l'ai dit plus
haut, les voyageurs peuvent introduire dans
les collections publiques , avec ses formes
et ses couleurs naturelles, le plus beau genre
de Champignons qui existe.
Les espèces charnues , aqueuses , de Bo-
lets, d'Agarics, présentent des difficultés
presque insurmontables. Il faut les arra-
cher de terre toujours avec précaution, afin
d'obtenir la volve, le mycélium, s'ils en
ont; puis on les met à plat sur du papier
pour recueillir les spores. Si on a le soin
de diriger le chapeau du côté de la lumière,
il se courbe souvent et commence à s'a-
platir naturellement. Quand ils ont perdu la
plus grande partie de leur eau de végétation,
on les recouvre de quelques feuilles de pa-
pier, puis on les soumet à une pression que
l'on augmente peu à peu. En redressant un
peu le bord , quand il se roule trop en de-
dans , on parvient à avoir des échantillons
convenables. Toute espèce de Champignon
charnu dont le tissu est altéré ou dont le
suc est exprimé par la pression , ne se des-
séchera jamais bien; il faut la rejeter, ainsi
que celle qui renferme des larves d'In-
sectes. Pendant son séjour à Paris , M. le
docteur Reuss a essayé d'obtenir la des-
siccation de plusieurs espèces de Champi-
gnons charnus en les plaçant sous la cloche
d'une machine pneumatique : quoiqu'il y
ajoutât une capsule remplie d'acide sulfu-
riquepour rendre la dessiccation encore plus
prompte, il a obtenu des résultats si peu
satisfaisants que je n'ose engager personne
à répéter ses expériences.
M. Klotzsch indique , pour les Bolets et
les Agarics charnus, un procédé ingénieux,
par lequel il conserve assez bien les carac-
tères principaux ; j'en emprunte la descrip-
tion aux Archives debolanique (t. I, p. 287) :
« Avec un instrument en forme de scalpel,
» partageant la plante en trois portions ver-
» ticales , à partir du sommet du chapeau
» jusqu'à la base du pédicule, *de manière
» à pouvoir en retirer la tranche du milieu,
» on apercevra distinctement les contours
»» du Champignon , la nature interne do
» son pédicule creux , spongieux ou so-
» lide; l'épaisseur du chapeau ; la disposi-
» tion de ses feuillets égaux ou inégaux en
» longueur, décurrents ou non sur le pédi-
» cule, etc. Il reste alors deux portions ex-
» térieures , qui donnent une idée parfaite
» de tous les contours de l'échantillon.
» Avant de procéder à la dessiccation, il est
» aussi nécessaire de séparer le pédicule du
» chapeau, et de gratter les lames ou feuil-
470
MYC
MYC
» lets si c'est un Agaric, et les tubes si c'est
;> un Bolet. Nous avons ainsi cinq portions,
;> savoir : la tranche intérieure , les deux
» côtés du pédicule, et ceux du chapeau.
« Cette opération terminée , on expose la
» plante à l'air le temps nécessaire pour en-
» lever une partie de son humidité sans
» rider sa surface; on la met ensuite en
» presse , comme les autres plantes , dans
» une feuille de papier non collé , qu'on a
» soin de renouveler journellement jusqu'à
j) ce que le Champignon soit parfaitement
» sec. Il suffît alors d'attacher sur du papier
» blanc chaque pièce dans sa position natu-
» relie pour avoir une idée nette du Cham-
« pignon. La volve ou bourse et l'anneau
» sont pareillement conservés par cette mé-
» thode. Dans quelques petites espèces ,
» comme VAgaricus filopes , supinus, gale-
v riculatus, il devient inutile d'enlever les
» feuillets. » Cette méthode, comme on le
voit, a de grands avantages; elle est préfé-
rable à celle que Lûdensdorff publia quel-
ques années auparavant, et qui consiste à
faire bouillir les Bolets et les Agarics dans
du suif de Mouton , qui s'insinue et pé-
nètre dans toutes leurs parties ; on les
retire à mesure qu'ils se refroidissent, le
suif se fige, et on obtient des Champignons
que l'auteur conseille de recouvrir d'un ver-
nis pour les conserver : comme les formes ,
les couleurs sont complètement altérées et
méconnaissables , les Champignons ne sont
d'aucune utilité, et personne, à ma connais-
sance, n'a cherché à se faire un herbier my-
cologique de cette nature.
Le voyageur qui veut utiliser ses collec-
tions de Champignons charnus, doit en faire
un croquis afin d'avoir le port et les propor-
tions ; noter s'il y a une volve ou un an-
neau; reconnaître la couleur des spores;
indiquer l'épaisseur du chapeau, et surtout
la disposition des lames, leurs rapports avec
le pédicule; et enfin exprimer par une teinte
plate la couleur des diverses parties. A son
îetour, il trouve tous les éléments néces-
saires pour les décrire et les représenter,
s'il le juge convenable.
CONSERVATION DES CHAMPIGNONS.
On a cherché à les conserver dans leur
état naturel ou après les avoir desséchés.
Dans le premier cas, on ne pouvait y parve-
nir qu'en les plongeant dans un liquide ;
dans le second, qu'en les imbibant d'un li-
quide préservatif quand ils sont secs.
En 1825 , M. Guillery ( Ann. de la Soc.
linn. , Paris, 1825 ) a proposé de les mettre
dans l'acide pyroligneux. Ce moyen les con-
serve très bien, mais la couleur est promp*
tement détruite. J'ai vu VAgaricus amethys-
teus Bull., après cinq ou six ans de séjouL
dans ce liquide, n'avoir éprouvé d'autre al-
tération que celle de sa couleur. Cooke, chi-
rurgien anglais, conseille l'eau salée. Jame-
son (Nev. Edinb. philos. Joum. , 1829,
p. 375 ) rapporte que ce chirurgien pré-
senta à la Société linnéenne de Londres
un individu de Clavaria muscoides par-
faitement intact, qui avait séjourné plus
de trois années dans cette simple prépara-
tion ; sa couleur était seulement un peu plus
foncée. On sait que c'est un moyen de con-
servation dont on se sert dans l'art culi-
naire; MM. Tulasne s'en servent avanta-
geusement pour l'étude des Tubéracés; et
dans les expertises médico-légales, c'est
peut-être le seul que l'on puisse employer,
et qui permette de reconnaître, de constater
avec certitude, l'espèce qui aurait causé un
empoisonnement criminel ou par ignorance.
L'eau dans laquelle on met quelques mor-
ceaux de camphre donne le même résultat.
J'ai vu pourtant, après trois ou quatre mois,
des Hygrocrocis se développer et les Champi-
gnons tomber en décomposition. M. Moretti,
de Pavie , se sert avec beaucoup d'avantage
d'unesolution concentrée d'acétate de plomb.
Bayle-Barlalle et Wittering conseillent de
faire dissoudre dans l'eau autant de sulfate
de cuivre qu'il en faut pour qu'elle prenne
une couleur bleue; on ajoute 4 parties d'al-
cool à 10 de cette solution et on y plonge les
Champignons. Lûdensdorff (Froriep'sNotiz.,
b. 18 , p. 10) recommande l'huile dans la-
quelle on a mis du sulfate d'alumine. J'ai
essayé la solution de ce sel dans l'eau : les
Champignons se sont conservés pendant
quelque temps, puis ils se sont décomposés.
En Flandre on les met dans l'eau de chaux,
et il paraît qu'ils se conservent très bien
pour l'usage culinaire. Dans l'alcool conte-
nant des quantités variables de deutoxyde de
mercure, ils ne se déforment pas; mais ils
se décolorent , et se couvrent d'une couche
blanche qui les rend méconnaissables. 11 n'y
MYG
MYG
471
«i pas de meilleur moyen que de les suspen-
dre dans de l'alcool; s'ils perdent leurs cou-
leurs, du moins ils conservent leurs formes
et leurs caractères. Il faut seulement avoir
la précaution de changer l'alcool quand il
vient à se colorer, et ne mettre que des
individus de même espèce dans le même
bocal , que l'on a soin d'étiqueter et de bou-
cher très exactement.
Si les échantillons desséchés ne sont pas
aussi agréables à la vue que les précédents,
ils ont l'avantage d'occuper moins de place,
et d'être plus faciles à conserver.
Les moyens que l'on a essayés pour préve-
nir les dégâts causés par les Insectes sont as-
sez nombreux. Peut-on se fier, comme le
prescrit Olislagers, à un mélange de mercure
et de mucilage de gomme arabique étendu sur
du papier, que l'on coupe par morceaux quand
il est sec, et dont on recouvre une plante ou
un Champignon? Le procédé du docteur
Kittel , qui consiste à enduire avec de la tein-
ture d'opium la marge du papier dans lequel
sont contenues les plantes , offre-t-il plus de
garanties que l'essence de térébenthine con-
seillée par le docteur Koch ? M. Kooker
(Botan. miscell. , t. II, p. 159) conseille
d'enduire les Champignons et les plantes
qu'on veut conserver avec un pinceau im-
bibé d'huile essentielle de térébenthine dans
laquelle on a introduit un peu de sublimé
corrosif, afin de ne pas détruire les cou-
leurs. J'ai essayé plusieurs fois la solu-
tion aqueuse d'acide arsénieux , et jamais
elle ne m'a réussi; les Champignons se ra-
mollissent trop , et se couvrent ensuite de
Mucédinées qui en dérobent lés caractères.
Tout le monde sait que les papiers peints ,
dans lesquels les fabricants font entrer l'ar-
sénite de cuivre ou vert de Schweinfurt, sont
promptement altérés , envahis par ces pe-
tits végétaux , surtout si les appartements
sont humides; l'acétate de cuivre ne paraît
pas avoir ces inconvénients. On doit donc
rejeter les préparations arsenicales comme
moyens de conservation des Champignons;
si elles sont d'une grande utilité aux zoolo-
gistes, elles ne présentent aucun avantage
aux mycologues.
Maerklin emploie unedécoction assez con-
centrée deSimarouba, à laquelle on ajoute 30
à 60 grammes d'alun sur 5 hectogrammes;
il assure que les Lichens , les Champignons
imprégnés de cette liqueur sont à l'abri des
attaques des Insectes, et qu'ils ne perdent
ni leurs formes ni leurs couleurs naturelles.
Bulliard se contentait de les laisser pendant
quelque temps dans une décoction de tabac à
fumer. Quelques personnes mettent du cam-
phre, du poivre concassé dans leurs herbiers.
Je mets à profit l'avidité que les Insectes ont
pour quelques espèces, comme les Polyporus
versicolor, sulphureus, suaveolens et fomenta-
rius, pour m'en débarrasser. Ces Champi-
gnons, coupés par tranches, placés dans des
feuilles particulières et dans différents en-
droits faciles à trouver, attirent en quelque
sorte les Insectes; je visite de temps en
temps, et retire les morceaux qui sont pi-
qués. Ce moyen, qui m'a paru offrir quel-
ques avantages, produirait un effet opposé
si on oubliait de visiter ou si l'on égarait
les feuilles qui renferment l'appât.
La formule que M. Gannal a donnée pour
la conservation des cadavres destinés aux
préparations anatomiques, et qui se com-
pose de sel marin, de sulfate d'alumine et
d'azotate de potasse , ne m'a pas réussi. Je
n'ai pas essayé le chlorure de zinc, conseillé
pour le même objet par le docteur Sucquet.
Une solution de 30 à 32 grammes de deu-
tochlorurede mercure dans un litre d'alcool
doit être préférée à toutes les préparations
dont je viens de parler. Quand les Champi-
gnons sont desséchés, s'ils sont gros, on les
plonge dans le liquide ; s'ils sont petits, on
se sert d'un pinceau pour les mouiller. L'al-
cool porte ce poison dans leur épaisseur, et
désormais ils ne sont plus la pâture des Insec-
tes. Cette préparation les décolore générale-
ment : c'est un inconvénient auquel il est
impossibledc remédier. L'alcool dissout aussi
la résine qui forme le vernis du Polyporus
lucidus , et par conséquent lui enlève sa
belle couleur; on évite cette altération en
versant petit à petit la solution sur la sur-
face recouverte de pores, on cesse quand on
le pense suffisamment imbibé, et on le met
dans sa position naturelle pour qu'il ne
pénètre pas la face supérieure.
DISPOSITION D'UN HERBIER.
Un herbier, étant destiné à être consulté
sans cesse, doit être disposé de la manière la
plus favorable. Les Champignons placés
comme les autres plantes dans des feuilles
472
MYC
MYG
de papier forment un volume considérable,
des paquets très irréguliers et souvent fort
difficiles à déplacer sans en faire tomber
quelques uns. Pour avoir sous ma main les
échantillons, et pour obvier aux inconvé-
nients dont je viens de parler, je me suis
fait depuis longtemps un herbier que je
pourrais dire portatif. Les Champignons
sont fius sur des cartons fins recouverts
d'une feuille de papier; chaque carton re-
présente donc une feuille pliée sur elle-
même, mais dont les deux parties seraient
de nature différente. On peut leur donner
10 à 12 centimètres de longueur, et de 6 à
7 de largeur. Toutes les espèces ou toutes
les sections d'un même genre sont réunies
par une bande de papier, sur laquelle on
écrit le nom des genres et des sections ; les
paquets sont ensuite placés dans un casier,
les uns à côté des autres, comme des livres.
De cette manière j'ai un herbier divisé à l'in-
fini. Une ou plusieurs cases renferment les
Basidiosporés , distribués méthodiquement;
une autre les Thécasporés, et ainsi de suite ;
je n'ai qu'à consulter les titres comme dans
une bibliothèque pour avoir un genre et ses
espèces, ou ses différentes sections quand il
en embrasse plusieurs.
Pour former un semblable herbier, il faut
faire choix d'échantillons qui ne laissent
rien à désirer sous le rapport des caractères.
On diminue leur volume, on les aplatit
avant de les fixer sur les cartons. Si l'on n'a
pas une nombreuse suite d'individus, on a
le caractère principal s qui est le plus pré-
cieux.
On a l'habitude d'enfermer les échantil-
lons dans des capsules, ou de les coller par
une de leurs faces sur une feuille de papier.
J'ai presqueentièrementabandonné les pre-
mières, parce qu'elles demandent trop de
temps et de précautions pour les ouvrir et les
fermer, et je ne colle les échantillons que
quand ils sont inséparables des corps sur
lesquels ils se sont développés; je fixe ceux
qui sont libres, comme les Polypores , les
Bolets, les Agarics, les Hydnes, les Thélé-
phores, etc. , par l'extrémité inférieure du
pédicule, ou par un point qui n'offre pas de
caractères essentiels , à une petite bande-
lette de parchemin , avec de la cire à ca-
cheter, et l'autre extrémité de la bande-
lette au carton , de manière que l'échan-
tillon n'aille ni à droite ni à gauche et
qu'on puisse le retourner à volonté et voir
ses deux côtés. Toutes les personnes qui ont
vu mon herbier ont été étonnées de son peu
de volume et de la facilité avec laquelle on
peut le consulter. M. le professeur Fée m'a
dit que la nécessité avait fait naître en lui
la même idée. Je tiens de M. Moriz que
l'herbier de M. de Notaris, à Turin, est dis-
posé de la même manière ; mais j'ignore
comment ils ont fixé leurs échantillons.
CHAMPIGNONS FOSSILES.
Existe-t-il des Champignons fossiles? Dans
l'état actuel de la science, il est très diffi-
cile de répondre d'une manière péremp-
toire à cette question. Leur absence, dans
l'histoire de l'ancien monde, doit paraître
d'autant plus étonnante, qu'ils devaient,
comme aujourd'hui, se développer sur le
tronc des arbres ; pourquoi , soumis aux
mêmes circonstances , n'ont-ils pas éprouvé
les mêmes changements? On ne peut en ac-
cuser leur struciure trop délicate, lorsque
l'on voit des Mousses et des Insectes par-
faitement conservés.
Théophraste {Hist . plant., lib. IV, cap. 8)
pensait qu'à la suite des grandes inonda-
tions, lorsque les eaux venaient à se reti-
rer, il croissait dans certains endroits des
Champignons qui , sous l'influence de l'ar-
deur du soleil , étaient changés en pierres.
Pline (Hist. nat., lib. XIII, cap. l) repro-
duit la même opinion. Willemet rapporte
(Âct. de Dijon, 2e semest. 1783, p. 202)
que l'on a trouvé en Bohême une substance
oryctologique, pleine d'un minerai d'ar-
gent, qui ressemblait à un Phallus. Le peu
de détails que donne l'auteur ne permet pas
de conclure si ce corps pouvait être comparé
au Champignon qui porte ce nom et qui au-
rait été minéralisé. Guettard considérait
comme des impressions de Trémelles les
belles dendrites pyriteuses que l'on voit sur
les ardoises d'Angers ; comment expliquer
la présence de Trémelles dans ces schistes,
puisqu'elles ne vivent pas dans la mer? On
ne doit pas non plus regarder comme Cham-
pignons fossiles les Madrépores que les an-
ciens oryctologistes ont désignés sous les
noms de Fungites , Fungus lapideus , ma-
rinus, coralloïdes , etc. Il est évident que
ces noms n'ont été donnés à certains Po-
MYG
MYC
473
lypiers qu'en raison des lames, des pores
ou des ramifications qu'ils présentaient , et
qui rappelaient des Agarics, des Bolets ou
des Clavaires.
Il existe cependant des corps fossiles qui
ont exactement la forme et l'aspect de Cham-
pignons. M. le professeur Eichwald a décrit,
dans son Esquisse de l'histoire naturelle de
la Lithuanie , de la Volhynie et de la Podolie
(1829), le Dœdalea Volhynica, qu'il a trouvé
lui-même dans le sable tertiaire de Bilka,
en Volhynie. Le même professeur m'a as-
suré qu'il existait, avant son incendie,
dans le musée de Tscherskask, un véritable
Agaric fossile qui était encore pourvu de son
pédicule. M. Gœppert {Compt. Bend. heb~
dom. de VAcad. des se, mars 1845, p. 891)
annonce en avoir trouvé de véritables dans
le terrain houiller, le lias et les terrains
tertiaires; malheureusement les genres aux-
quels ils appartiennent ne sont pas indi-
qués. Enfin, M. Agassiz, dont le nom est
lié si intimement à l'histoire des fossiles ,
m'a dit avoir vu souvent des corps qui res-
semblaient exactement à des Champignons,
mais qu'ils appartenaient évidemment à des
Polypiers. Les auteurs que je viens de citer
occupent un rang trop distingué dans la
science pour que je me permette de pro-
noncer ; attendons donc de nouvelles obser-
vations, et tâchons de ne pas nous laisser
séduire par quelques apparences trompeuses,
des champignons sous le rapport de
l'entomologie.
Les Champignons ne servent pas seule-
ment à la nourriture de l'homme ; les ani-
maux , les Limaces et les Insectes les re-
cherchent aussi. Ces derniers s'y rencon-
trent à l'état parfait et à l'état de larves.
Linné et Fabricius, comme on peut le voir
dans la Flore des insectophiles , de J. Brez ,
avaient déjà observé que quelques espèces ne
se trouvent que dans certains Champi-
gnons. Olivier, Latreille, Paykull,M. Léon
Dufour, etc. , en ont beaucoup augmenté
le nombre. On ne verra pas sans intérêt, je
pense, l'énumération de ces Insectes. Je la
dois à l'amitié de mon confrère Cordier,
qui a cultivé avec un égal succès l'entomo-
logie et la mycologie.
r. vhi.
COLEOPTERES.
Tribu des Sylphiens.
Necrophora mortuorurn Fab. , in fungis
putridis, praesertim in Phallo impudico vivo.
— Scaphidium immutatum Lat., S. qua-
drimaculatum Lat., &. agaricinum Lat.,
in Agaricis. — Sylpha rufipes Fab., S.
nigra L., Fab., S. agaricina L. , in Aga-
ricis. — Strongylus ferrugineus Fab., larva
habitat in Lycoperdonibus ; S. glabratus
Fab. , in variis fungis. — Nitidula Colon
Fab., in Agaricis. — Anobium Fur Fab.,
in fungis variis praesertim exsiccatis. — Gib-
bius Scotias Lat. , in fungis exsiccatis prœ-
sertim in tuberibus. — Dermestes lardarius
Fab., in fungis exsiccatis; D. Eustatius L.,
in fungis.
Tribu des Staphyliniens.
Phlœbium nitiduloides De}., P. depres-
sum Payk. , in Boletis. — Proteinus bra-
chypterus Lat., in Boletis. — Anthobium ri-
vulare Payk., A. oxyacantha Knoch , in
Boletis. — Omalium textum Payk., 0. pyg-
mœum Payk., in Boletis. — Oxyporus rufus
Lat., 0. maxillosus Lat. , in Boletis. —
Emus lateralis Grav., E. Fossor, in Boletis.
— Tachinus rufipes Lat., T. signatus Lat.,
T. pallipes Grav . , T. subterraneus L., T. bi-
plagiatus Dej., T. fimetarius Grav., in Bo-
letis et fungis putrefactis. — Bolitobius atri-
capillus Fab., B. trimaculatus Payk., B.
pygmœus Panz., B. strialus Oliv., in Bole-
tis. — Hyponocyptus granulum Grav., H.
globulusVe}.,H. longicomis Gyll., H. fia-
vicornis Dej. , in Boletis. — Gyrophona
amabilis Dej., G. nitidula Gyll., G. nana
Payk. , in Boletis. — Aleocharis fuscipes
Payk., A. Triflis Grav., A Aanuginosa Grav.,
A. bipunctata Grav., A. carnivora Grav.,
A. crassicornis Dej., A. nitida Grav., A.
bilineata Gyll., A. pulla Grav., in Boletis,
— Oxypodaopaca Grav., 0. altemans Grav.,
0. sericea Dej. , 0. fuscata Grav. , in Bo-
letis. — Bolitochara Boleti Lat., B. socialis
Payk., B. pulchra Grav., B. cincta Knoch,
B. langiusculaGrnY.,B. atramentaria Kirb.,
B. excavata Gyll., B. elongata Grav., B.
oblonga Grav., B. depressa Grav., B. cm-
namomea Grav., B. Pumilio Grav., B. minu-
tissima Dej., B. Fungi Grav., B. Palruelis
Dej., in Boletis variis.— Autalia impressa
60
-474
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Oliv., in Boletis. — Slaphylinus trkolor L.,
S. lunatus L., S. thoracicus L., in Boletis.
Tribu des Érotyliens.
Lycoperdina immaculata Lat. , L. suc-
cincta Lat., in Lycoperdonibus. — Endomy-
cus coccineus Fab. , in Boletis suberosis. —
Erotylus Histrio L., in Boletis. — Tritoma
puslulatum Lat., in variis fungis , T.bi-
puslulatum Fab., in Polyporis suberosis.
— Triplax russica Fab., T. rufipes Fab.,
T. œnea Fab., T. melanocephala Fab., in
variis fungis. — Engis humeralis Fab. , in
Boletis et aliis fungis. —Cryptophagus cella-
ris Fab., in Lycoperdonibus.
Tribu des Dermestiens.
Mycetophagus quadrimaculatus Fab. , in
Polyporis prœsertim in Polyporo fomentario.
— Tetraloma fungorum Fab., T. Demarestii
Lat., in Polyporis suberosis. — Leiodescin-
namomea Lat., in tuberibus, L. humera-
lis , L. rufomarginatus Duf. , in variis
fungis.
Tribu des Diapériens,
Bolitophagus agaricicola Lat., in Agaricis
et Boletis et prœsertim in Boleto imbricato.
— Diaperis Boleti Lat., in Polyporis sube-
rosis.
Tribu des Piméliens.
Uloma culinaris Fab., in fungis.
Les larves de plusieurs espèces du genre
Hypophlœus paraissent aussi vivre dans les
Champignons.
Opatrum sylphoides L., in fungis quer-
neis dubii generis.
Tribu des Hélopiens.
Mycetocharis barbata Lat., in Boletis.
Tribu des CANTHARiniENS.
Orchesia micans Lat. , in Polyporis. —
Eustrophus dermestoides Illig., in Boletis. —
Myceioma suturale Panz., in Polyporis abie-
tum.
Tribu des Bostrichiens.
Cis Boleti, Lat., C. affinis Gyll., C. Bos-
trichoides Duf., in Polyporis coriaceis. —
Bostrichius minutus Lin., in Polyporo versi-
colori.
Tribu des Curcdlïoniens.
Attelabus ceramboides Lin., in Polyporo
fomcnlario.
MYC
LÉPIDOPTÈRES.
Tribu des Pyraliens.
Phycis Boleti Fab. , in Boletis. — Euplo-
camus anthracinellus Duf., larva in Fungis
variis. — Phalœna Boleti Fab., in Polyporo
versicolori. — Tinea betulinella L. , in Po-
lyporo betulino.
DIPTÈRES.
Tribu des Tipuliens.
Bolitophila cinerea Meig. , larva in fun-
gis. — Macrocera hybrida Meig. , larva in
Agarico sulphureo. — Mycetophila fungo-
rum Lat., in Boleto luteo; M. Agarici Oliv.,
in Lenzite betulina ; M. amabilis Duf. ,
in Dœdalea suaveolente ; M. Maris Duf.,
in Fistulina hepatica ; M. lunata Meig. ,
in Agaricis sessilibus ; M. inermis Duf.,
in Boleto pinorum. — Sciophila melanoce-
phala Duf. , in Fistulina hepatica. — Cero-
platus tipuloides Bosc. , C. dispar Duf. , à
la face inférieure du Bolelus ungulalus ;
C. carbonarius Bosc. , in Boleto unicolori?
— Cordyla crassipalpis Meig. , in Boleto
eduli et Agarico Palomet. — Sciara ingenua
Duf., in Boleto imbricato et variis fungis.
Tribu des Musciens.
Aricia testacea Meig., in Boletis putrefac-
tis. — Cœnosia Fungorum Meig. , in Aga-
rico campeslri. — Anthomia melania Duf. ,
A. manicata Meig. , in Boleto eduli et
Agaricis putrefactis. — Helomyza tube-
rum , H. lineata Duf. , H. penicillata
Duf., in Tubere cibario ; H. tigrina Meig.,
in Fistulina hepatica, — Blephariptera ser-
rata Duf., larva in Fistulina hepatica. — Sa-
promyza blepharipteroides Duf., larva in Tu-
bere cibario , Agarico Palomet , Ag. populi-
cola in Boletis. — Drosophila fasciata Per-
ris. , in Fistulina hepatica , D. maculata
Duf., in Boleto imbricato. — Phora pal
lipes Lat. , in fungis putrefactis. — Limno<
sina lugubris Duf., in Boletis putrefactis.
Tribu des Asyliens.
Empis minuta Lin., in Agaricis.
ARACHNIDES.
Tribu des Acaridiens.
Acarus fungorum L., in variis fungis. —
Cheyletus eruditus Lat., in fungis exsiccatis.
Cette liste est loin d'être complète : elle
MYC
MYC
475
suffit cependant pour indiquer aux entomo-
logistes que les Champignons , comme les
différents bois, les fleurs, etc., peuvent leur
fournir de nombreux matériaux pour leurs
collections. Puissent-ils à l'avenir noter
plus exactement qu'ils ne l'ont fait jusqu'à
ce jour, sous leur véritable nom, les Cham-
pignons dans lesquels ils auront trouvé des
Insectes parfaits ou à l'état de larve.
Ces végétaux inférieurs sont quelquefois
fort abondants. On ignore si leur putréfac-
tion peut causer des accidents. Tout porte à
croire que les nombreux Insectes qui s'en
nourrissent hâtent leur destruction, comme
celle des cadavres des animaux.
DE LA PLACE QUE DOIVENT OCCUPER LES
CHAMPIGNONS DANS L'ORDRE NATUREL.
Cette place n'est pas encore déterminée.
Si l'on consulte les auteurs , on voit que les
Champignons sont tantôt entre les Algues
et les Lichens , tantôt avant ou après l'une
ou l'autre de ces deux familles. Lorsque
M. Decaisne soutint sa thèse de docteur à
la Faculté des sciences de Paris, il eut à ré-
pondre à quelques questions que M. deJus-
sieu lui fit sur ce sujet. Dans ses réponses,
il chercha à démontrer que les Champignons
forment un groupe parallèle aux Algues ,
mais que ceux-ci sont supérieurs à ces der-
nières , tandis qu'ils se fondent avec les Li-
chens par certains caractères de fructifica-
tion. D'après les recherches de cet habile
observateur, les Algues sont les végétaux
qui s'éloignent le plus de tous les autres par la
simplicité de leur organisation, puisque cha-
que utricule, en se séparant, est susceptible
de reproduire l'espèce , phénomène qui ne
s'observe parmi les Champignons que dans
les Arthrosporés. Ce point surtout, et quel-
ques autres, établissent une ressemblance
entre ces deux familles, mais seulement entre
quelques groupes , comme ceux des Con-
ferves et des Byssoidés. L'un et l'autre sont
simples ou rameux, composés de cellules
articulées bout à bout, fistuleuses et cloi-
sonnées. Cette ressemblance est même telle-
ment frappante dans quelques cas, que l'on
a décrit comme des Algues les filaments con-
fervoides que produisent les spores des Cham-
pignons quand ils végètent dans les liqui-
des : la germination des mousses, d'après
les observations de MM. Bruch et Schimper,
a donné lieu à la même méprise quand leurs
spores se développent dans l'eau ou dans
des lieux humides. Une disposition filamen-
teuse et une grande simplicité dans la struc-
ture sont donc les seuls caractères communs
aux Algues et aux Champignons.
Si maintenant on veut pousser plus loin
la comparaison , on voit ces deux groupes
s'éloigner et revêtir chacun des caractères
particuliers. Les Algues vivent dans les eaux;
les Champignons sur la terre, les débris de
végétaux, d'animaux , etc. ; ils ont besoin du
contact de l'air et de l'humidité pour végé-
ter. La fronde des premières est générale-
ment arrondie ou comprimée , de couleur
verte ou rouge; le réceptacle des Champi-
gnons présente des formes extrêmement va-
riées et toutes les couleurs imaginables.
Les unes, dans toutes les époques de la vie,
sont toujours en contact immédiat avec le li-
quide ambiant; les autres , au contraire,
sont toujours recouverts, dans le premier âge,
d'un voile membraneux, filamenteux, plus
ou moins persistant. Relativement à la
composition chimique , outre la cellulose et
une gelée végétale, les Algues contiennent
de la silice , du brome , de l'iode , des sels
de chaux, de soude, de magnésie, etc.,
qu'elles ont puisés dans l'eau; la mannitc,
que quelques espèces fournissent en se des-
séchant, semble plutôt être le résultat de
leur décomposition qu'un principe immé-
diat. Les Champignons donnent à l'ana-
lyse un plus grand nombre de produits;
on y rencontre de la cellulose , de la fun-
gine , de l'osmazome, de l'adipocire , de
l'huile, de l'albumine, une espèce particu-
lière de sucre, de l'acide oxalique, fongique,
et dans plusieurs espèces un principe véné-
neux , que M. Letellier désigne sous le nom
d'amanitine. Ces différences sont certaine-
ment assez marquées pour que l'on ne con-
fonde pas ces deux familles de plantes; mais
la plus grande repose sur les organes de la
reproduction.
D'après les observations de M. Decaisne ,
on est autorisé à regarder les spores des
Algues inférieures comme dépourvues de
membranes, et quand elles se localisent, leur
dernier terme de développement s'éloigne
moins de la forme utriculaire que celles des
Champignons, dans lesquelles on observe
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toujours une et souvent deux ou trois mem-
branes distinctes et colorées.
En outre, elles sont douées d'un mou-
vement manifeste, et celui que Linné et
d'autres auteurs ont observé dans les Cham-
pignons ne peut être rapporté qu'au mou-
vement moléculaire ou brownien. Enfin ,
MM. Decaisne et Thuret ont découvert dans
les Algues de véritables anthéridies avec
des animalcules; les Champignons et les
Lichens n'ont rien présenté de semblable
jusqu'à ce jour. Quoique les végétaux qui
appartiennent à ces deux familles aient
une structure celluleuse et très simple, ils
diffèrent encore parce qu'ils n'ont pas le
même mode d'évolution. Les spores des Al-
gues , en vertu des organes de locomotion
dont elles sont pourvues, se fixent, se
cramponnent à un corps quelconque dans
l'eau, donnent parfois naissance à des fila-
ments sur lesquels la fronde se développe
plus tard d'une manière continue et uni-
forme; cette fronde n'éprouve pas de chan-
gements manifestes, et lorsqu'elle vient à
fructifier, les spores résultent de la trans-
formation de l'endochrome. Dans les Cham-
pignons, au contraire, on observe le my-
célium, résultat de la végétation des spores,
sur lequel se montre un tubercule dont la
surface, dans les cas les plus simples, porte
les spores , ou qui, dans d'autres cas , s'al-
longe sous la forme d'un pédicule dont l'ex-
trémité supérieure se dilate, prend des for-
mes variées, et se couvre , arrivé au der-
nier terme de son évolution en tout ou en
partie, d'organes reproducteurs nus ou ren-
fermés dans des conceptacles particuliers.
Si l'on pouvait adopter l'idée de M. Corda,
qui prétend avoir vu dans les Champignons
lactescents des vaisseaux semblables à ceux
du latex, et des élatères dans le réceptacle
des Trichiacées comparables aux trachées
des végétaux supérieurs , les Champignons
présenteraient une organisation beaucoup
plus compliquée; malheureusement, jusqu'à
ce jour , M. Corda est le seul qui ait vu les
vaisseaux des Agarics , et les élatères des
Trichiacées ne sont que des moyens de dis-
sémination des spores analogues à ceux que
l'on observe dans les Hépatiques.
Les Algues et les Lichens n'ont aucun
rapport, si ce n'est dans le développement
des spores , qui émettent aussi dans ceux-
ci des filaments, ordinairement peu visi-
bles , et auxquels on a donné le nom (THy-
pothallus;\<k structure du thallus est formée
également de cellules simples, mais beau-
coup plus enchevêtrées que dans la fronde
des Algues. Les éléments constitutifs des
Lichens sont plus nombreux, et la matière
verte qu'ils présentent, ainsi que les spores,
renfermées dans des thèques mélangées ou
non avec de nombreuses paraphyses, établis-
sent des différences qui ne permettent pas
de rapprochement, pas même avec le Cœno-
gonium Linkii, dont ie thallus est formé de
fibres aussi ténues que celles de quelques
conferves.
Les Champignons et les Lichens, outre
quelques ressemblances de thallus et de ré-
ceptacles qui existent dans la forme, la struc-
ture et la consistance, présentent, sous le
rapport de la fructification thécasporée qui
leur est commune, une plus grande affinité.
C'est pourquoi De Candolle avait formé des
Hypoxylés une famille intermédiaire. Ces
végétaux sont pourvus de spores simples ou
composées avec ou sans parapbysjes, et pla-
cées à l'extérieur ou dans l'intérieur d'un
réceptacle ou d'un conceptacle. Ces orga-
nes , cependant , offrent encore des différen-
ces remarquables. Dans les Champignons,
que les thèques soient placées à l'intérieur
ou à l'extérieur, leur surface est toujours
nue, au lieu que, dans les Lichens, elle
est constamment recouverte d'une croûte
granuleuse, amorphe , assez compacte, qui
les garantit des injures de l'atmosphère , et
qui donne la couleur au disque des scutel-
les. De plus, comme je l'ai observé dans
plusieurs espèces de Lichens, et notamment
dans les Lecanora Villarsii etventosa, l'apo-
thecium n'est pas annuel, mais bien vivace;
toutes les thèques, comme dans les Cham-
pignons, n'arrivent pas à maturité à la même
époque , elles se succèdent, et pendant deux
ou trois ans ; ce n'est que quand il n'existe
plus d'éléments pour en produire de nou-
velles, que la lame proligère disparaît de
l'apothecium et le laisse à nu. Les Lichens,
en raison des Gonidies ou de la matière
verte qu'ils possèdent , et qui n'existent pas
dans les Champignons , paraissent avoir un
degré d'organisation plus élevé que ceux-
ci ; c'est donc ajuste titre que M. Decaisne,
avec MM. Ad. de Jussieu , Endlicher, J.
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Lindley et Ach. Richard , commence la
série des familles naturelles par les Algues,
les Champignons et les Lichens , etc.
NOMENCLATURE.
Les termes dont on se sert dans une
science doivent être clairs et précis, autre-
ment il est difficile de pouvoir l'exposer con-
venablement. Ceux que l'on a employés
jusqu'à ce jour dans la Mycologie ne nous le
prouvent que trop, puisqu'ils se rapportent
souvent à des objets très différents, comme
il est facile de s'en convaincre en parcourant
l'exposé suivant.
AIGUILLONS.
Prolongements en forme de dents ou de pointes
qui recouvrent la face fructifère d'un chapeau dis-
tinct ou membraneux.
Acicula Batsch. ( hydnum ) ; — Aculei Dillen,
Jussieu , etc. (hydnum), Micheli , Gleditsch ( lyco-
perdon) ; — Aiguillons Bulliard (hydna) ; — Ap-
pendiculœ Hoffmann ( hydnum ); — Dens Nées ,
VLarXius(sistotrema); — Denticuli Micheli (hydna) ;
— Papillœ Paulet ( hydnum ) ; — Pointes Vaillant
(hydnum) ; — Processus hymenii Berkeley ( Po-
lyplocium); — Protuberantia elongata Berkeley
(hydnum) ; — Subuli Nées, Rebentisch (hydnum) ;
— Spicula Hill ( crinaceus ) ; — Tubercula Mon-
tagne (?Yzdu?um); — Tubuli connexi Gleditsch (hyd-
num); — Villas duriusculus Loureiro (hydnum).
ANNEAU.
Voile membraneux ou filamenteux qui s'insère ,
d'un côte' autour du pédicule , et de l'autre à la
marge du chapeau, de sorte qu'il recouvre les
organes de la fructification.
Annulus Linné' , Persoon , etc. (agaricus , bole-
tus); — Anulus Gleditsch ( agaricus ) ; — Collet
Paulet, Montagne, etc. (agaricus); — Collerette
Richard, (agaricus), Brongniart (hymenophallus) ;
— Corolla Vittadini(a/72«ni7a); — Corlina Persoon
(agaricus), Fries (boletus); — Indusium Ventenat,
Nct-s, Fnes (hymenophallus); — Involucrum pro-
prium Corda (hymenophallus); — Lepiota Per-
soon, Montagne (agaricus); — Voile Paulet; —
Vélum annulatum , partiale , proprium , univer-
sttle, concrelum Fries, Montagne, etc. (agari-
eus),
CHAPEAU.
Partie supérieure arrondie ou dilatée d'un Cham-
pignon, distincte du pédicule , et qui porte les or-
ganes de la fructification et leurs annexes.
Ascoma Bluff et Fingerhut ( agaricus , polypo-
rus, dœdalea, phallus, thelephora, Exidia, hyd-
num, leolia, clavaria, helvella, solenia) ; — Ca-
pitule Vaillant (agaricus) ; — Capitulum Michel
[Nyclalis , etc.) , Linné ( mucor) , Tode (slilbum ,
ascoj)hora, hydrophora), Gleditsch ( lycoperdon);
Holmskjold (peziza) , Montagne (phallus) , Caput
Holmskjold ( clavaria , sphœria capitata , leo-
tia), Va'llant, Persoon (agaricus, bolelus, etc.) ;
— Chapeau Vaillant, etc. ( agaricus ), Rebentischi
(morchella) ; — Chapiteau Vaillant, Paulet (aga-
ricus) ; — Hymenophorum Fries (agaricus , poly-
porus , hydnum , etc. ) ; — Parasol Vaillant ( aga-
ricus) ; — Pileolus Battarra (agaricus) ; — Micheli
(polyporus , phallus, morchella) , Gleditsch (hel-
vella ), Haller (clavaria); — Pileus Dodonœus Ray,
Linné , Haller , etc. ( agaricus , boletus , mor-
chella , etc.) ; — Corda ( vibrissea , spathularia ,
leotia), Berkeley (guepinia), Schœflér (peziza),
Rami Holmskjold (clavaria); — Table, tabula
Paulet ( agaricus , boletus ) ; — Tête Vaillant ( bo-
letus) ; Vertex Holmskjold (clavaria); — Umbella
Marsili (agaricus).
HYMEN IUM.
Couche membraneuse et superficielle sur la-
quelle reposent immédiatement les organes de la
fructification.
Callus Pline, Fries (tremella, exidia, agyrium,
dacryomyces , etc. ) ; — Cavus superus Batsch
(peziza), Discus Persoon, Fries, Holmskjold , etc.
(peziza); — Hyménée Persoon (helvella , mor-
chella, peziza, geoglossiun); — Hymenium Per-
soon, Fries, etc. (agaricus, boletus, etc.), Reben-
tisch (peziza) , Sprengel (sphœria) ; — Hymenion
Noulet et Dassier (agaricus, boletus, etc.); —
Membrana gongylifera, seminifera , sporuli-
fera Krombholtz ( agaricus , boletus, etc.); —
Membrane fructifère Brongniart ( agaricus , bole-
tus, etc. ) ; — Placenta Vaillant ( phallus ) ; —
Pulpa Corda (hymenophallus, phallus, lysurus,
clathrus , etc.); — Stratum sporidiferum Fries
( tubercularia ) ; — Stratum thecarum , sporo-
phororum Nées (clavaria, merisma, nœmatelia);
— Superficies corporis Schaeffer, Batsch (clava-
ria); — Superficies placentaris Krombholtz (aga-
ricus, boletus, etc.) ; — Thalamium Fries (hyme-
nomycetes, discomyceles, pyrenomycetes).
LAMES.
Parties oppendiculaires du chapeau , membra-
neuses, allongées, disposées en rayon ou en éven-
tail.
Ascoma Bluff et Fingerhut ( agaricus ) : —
Feuillets Bulliard, Paulet (agaricus); — Hyme-
nium lamellosum Fries , Berkeley , Montagne
(agaricus), Berkeley, Montagne (hymeno gramme);
— Lames Persoon , Montagne , etc. (agaricus); —■
Lamcllœ Micheli, Persoon, Fries, etc. (agaricus,
schizophyllum , etc.) ; — Lamellulœ Fries ( sisto-
trema), Corda ( cyclomyces ) ; — Lamina Micheli
'agaricus), Gleditsch (helvella) ;— Membrana
Dodonœus ( agaricus ) ; — Membrane fructifère
Brongniart ( agaricus, boletus, etc. ) ; — JServures
Vaillant ( cantharcllus ); — Plica Nées, Berke-
ley, etc. (nicruliits, cantharcllus); — Receplacu-
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lum Pers. (agaricus, elc.) ; — Sulci Battarra (aga-
ricus).
MYCÉLIUM.
Filaments d'abord simples, puis plus ou moins
compliques, re'sultant de la ve'gc'tation des spores,
et servant de supports et do racines aux Champi-
gnons.
Blanc de Champignons Tournefort (agaricus) ;
— Blanc des jardiniers (agaricus); — Chan-
chissure Necker (agaricus); — CarcilhiumNeckec
(agaricus , bolelus) ; — Cercidium Necker (aga-
ricus); — Filamenta Marsili (agaricus, boletus) ;
— Filet Vaillant (phallus) ; — Givre Necker ( ery-
siphe ) ; — Gangue Montagne ( trichiace'es ) ; — •
Hypha Martius (sepedonium, aleurisma,sporotri-
clium , etc. ); — Hyphasma Link ( pénicillium ,
coremium, mucor, etc.), Montagne (uredo, pucci-
nia); — Hyphopodium Corda (sporocybe, erysi-
phe) ; — Hypomiclia Bivona-Bernhardi ( erysi-
phe) ; — Hypostroma Corda ( hysterium ) , Mon-
tagne (tubercularia), Nées (sclerolium , stemoni-
tis) ; — Hypolhallus Corda, Montagne (uredo,
puccinia), Montagne (Irichia, arcyria, stemoni-
iis, etc.) — Macula Martius (Xyloma) ; — Mesen-
terica Tode (irichia, arcyria, etc.) ; — Mycelithe
Gasparini (Pietra fungaja) ; — Nidularion, Nidu-
larium Noulet et Dassier ( agaricus campestris ,
amanita aurantiaca) ; — Phlebomorpha Persoon
( trichia , arcyria , etc. ) ; — Radicula byssoidea
Persoon (agaricus), Spre ngel ( lycoperdon ); —
Radix Battarra ( agaricus , boletus ), Holmskjold
(cyathus, clavaria) , Batsch (hydnum, etc.) ; —
Ramusculi Marsili (agaricus ); — Rhizopodium
Necs (agaricus), Ehrenberg , Nées, etc. (mucor,
erysiphe) ; — Rouille Necker ( uredo ) ; — Situs
Marsili (agaricus, boletus); — Stolons Raspail
[conoplea); — Stroma Montagne ( Irichia, arcy-
ria, etc.) ; — Subiculum Persoon (trichia, slemo-
niiis, etc.) ; — Thallus Fries (hyphomyceles), Ber-
keley ( antennaria ) ; — Tomentum Sprcngel
(sphœria), Link (agaricus, polyporus).
ORIFICE.
Ouverture re'gulière ou irre'gulière par ïaquellc
les spores se dispersent.
Apertura Tode ( sphœria ) ; — Apex Bulliard
(sphœria) ; — Foraminula Gleditsch (poronia) ; —
Linea Fries (sphœria pulvis pyrius ); — Linea
transversalis Tode ( hysterium ) ; — Orificium
Tode (sphœria), Batsch (lycoperdon) ; — Os De
Candolle (tylostoma), Montagne (polyporus), Gle-
ditsch , Micheli (geaster) SprengeS (ascophora) ,
Rebentisch (œcidium); — Osculum Micheli (geas-
ter). Bluff et Fingerhut (tylostoma, myriostoma);
— Ostiolum Tode, Fries, Persoon, etc. (sphœria) ;
— Rima De Candolle, Martius, Persoon (hyste-
rium); — Sillon Persoon ( hysterium); — Stoma
Fries , Martius ( sphœria ) ; — Stylus Batsch
(sphœria) ; — Stylus spermaticus vcl collum Re-
bentisch (sphœria) ; — Trou Brongniart (myrios-
toma) ; — Umbilicus Micheli (geaster).
PARENCHYME.
Substance qui forme les différentes parties des
Champignons.
Contextus Fries, Montagne, Berkeley, etc. (po-
lyporus, thelephora, trametes, agaricus, etc.);
— Caro Scopoli , Persoon , etc. (agaricus, bole-
tus, etc.) ; — Chair Vaillant, Bulliard (agaricus,
boletus), Paulet ( lycoperdon ) ; — Fabrica Holms-
kjold (clavaria) ; — Gleba Fries, Tulasne ( lyco-
perdon , etc. ) ; — Glebulœ , Glutinium Bernhardi
Bivona ( sphœria bifrons ) ; — Massa seminalis
Persoon (bovisla) ; — Massa pulposa Rebentisch
(lycogala) ; — Mcdulla Micheli ( elaphomyces ,
tuber) ; — Parenchyma Gleditsch ( lycoperdon ) ,
Vittadini ( tuber) ; — Palpa Bernhardi - Bivona
(sphœria echinus), Micheli, Gleditsch (lycoper-
don), De Candolle (nœmaspora), Corda (phallus,
clathrus , etc.); — Substantia Tode (spermo-
dermia, sclerotium), Scopoli, Batsch (agaricus,
clavaria), Hoffmann (thelephora) ; — Substance
Vaillant (boletus) ; — Textura Martius (xyloma) ;
— Trama Fries, Montagne (agaricus, polypo-
rus, trametes, etc.).
PÉDICULE.
Partie inférieure et retrecie qui supporte le cha-
peau.
Basis Gleditsch ( lycoperdon ) ; — Byssus Mi-
cheli (mucor); — Cauliculus Dodonaeus (mor-
chella) ; — Caulis Dillen, Haller, Schœffer ( aga-
ricus, helvella), Rebentisch (scleroderma, clava-
ria ) ; — Cephalophorum, Nées (stilbum) ; — Cys-
tophorum Nées (mucor, ascophora, thamnidium%
pilobolus) ; — Fibrœ Martius ( erineum , helmin-
thosporium, rhacodium, antennaria, himanliu);
— Fibrillœ Pers. (menispora, alternaria, aclino-
cladium), Fries (campsotrichum, chloridium, ma-
crosporium, œdetnium, ?nyxotrichum, polythri-
chum , etc.); — Fila Persoon (erineum, monilia,
alternaria, dematium, mesenterica, racodium,
byssus, etc.), Berkeley (macrospoi ium} septo-
nema, sporocybe, helminlhosporium) ; — Fila-
ments Brongmart (monilia, alternaria, dema-
tium, etc.), Link, Nées, Le'veille', etc. (helicomyces,
mycogone, acretnonium, epochnium, monilia,
desmotrichum, haplaria) ; — flocci Frics ( core-
tnium, pénicillium, botrytis, trichothecium, etc.) ;
—Hypha Martius (sepedonium, fusisporium, etc.),
Bluff et Fingerhut (mycobanche , goniolrichum ,
sporotrichum, fusisporium, trichothecium, chlo-
ridium, botrytis, stilbum, etc.) ; — Hyphopodium
Corda, Montagne ( mucor, uredo, etc. ); — Pedi-
cellus Fries (erineum, coryneum, phragmidium,
xenodochus), Sprengel (geastrum), Nées (peziza),
— Pédicule Dodouœus (agaricus), Vaillant (aga-
ricus , bolelus , leolia ) ; — Pediculus Cisalpin ,
Micheli, Haller, etc. {agaricus, boletus, etc.),
Schœffer (morchella, stemonilis) ; — Pedunculus
Battarra (agaricus) ; — Pes Marsili, Micheli, Haller,
Montagne (agaricus, etc. ) ; — Peliolus Micheli,
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Haller, Gleditsch, etc. ( agaricus, boletus, etc.),
Schœffer (peziza), Gleditsch (mucor), Guettard (ly-
coperdon) ; — Pedicellus Nées ( atractium ) ; —
Rhabdus Bluff et Fingerhut ( erineum, alternaria,
rhacodium, rhizomorpha, etc.); — Scapus Dodo-
nœus (phallus); — Setulœ Persoon (helminlhospo-
rium) ; — Stipes Marsili , Linné , etc. ( agaricus,
boletus), Holmskjold (clavaria), Corda (slil-
6»/», etc.), De Candolle (botrytis), Rebentisch (lu-
bercularia), Nées (stemonitis, cribraria) ; — SU-
pites Persoon (botrytis, dactylium, coremium) ;
— Sporidochium verum Link ( tubcrcularia ,
exosporium, coryneum, etc. ) ; — Sporidochium
spurium Link (uredo, œcidium , puccinia); —
Stroma Nées (ceratium, isaria, coremium, stil-
bum); — Stroma gelatinosum Nces (gymnospo-
rangium); — Trichophorum Nces (ceratium); —
Truncus Nées ( ceratium , Isaria, ctfrhnlotri-
chum, stilbum); — Ve llu s Gleditsch 'mucor).
PERIDIUM.
Réceptacle membraneux et sec , le plus souvent
rempli d'une poussière abondante.
Aggedula Hoffmann (œcidium, arcyria) ; — Ca-
pilulum Battarra (lycoperdon), Gleditsch (mucor),
Malpighi (mucedo), Batsch (tylostoma, mucor);
— Caput Nées (hymenophallus); — Phallus Bat-
tarra ; — Cavus rotundus, subrotundus Schœffer
(lycoperdon, mucor) ; — Cellulœ Link (œcidiuni);
— Cellulœ fungineœ Batsch (trichia) ; — Cortex
Persoon (stemonitis), Glcdilsch (mucor), Tourne-
fort (lycoperdon) ; ■— Cutis Batsch (lycoperdon);
— Ecorce Vaillant (lycoperdon) ; — Epiperidium
Nces (polyangium, pisocarpium); — Faux peri-
dium Bronguiart (uredo, œcidium, puccinia) ; —
Glebula Micheli (polysaccum) ; — GlobuliHohns-
kjold (lycogala, epidendron); — Globuli Ballarra,
Gleditsch (polysaccum) , Berkeley (scoleiocar-
vus) ; — Globus Jussieu (lycoperdon) ; — Involu-
crum Nées ( scleroderma , diploderma , bovista ,
lycoperdon, baltarrea, tylostoma, gcastru??i,e\c);
— Locclli, loculi Bulliard ( spumaria, reticula-
ria) ; — Mucosite's sphc'riques Paulet (physarum,
lycogala ) ; — Pericarpia Bulliard , Montagne ( ly-
coperdon, stemonitis, relicularia, pilobolus, as-
cophora) ; — Peridiolum Frics (polysaccum , mi-
tremyces, polysaccum, stilbum, mucor, verticil-
lium , syzygites, etc.), Brongninrt ( nidularia,
polyangium, myriococcum ), Martius (cyathus) ,
Montagne (mucor, ascospora , operculum pilo-
boli); — Peridiutn Persoon ( mucor, geastrum,
lycoperdon ), Bernhardi Bivona ( œcidium ) ; —
Frics ( nidularia, arachnion, elaphomyces, tuber,
phalloidei, lycoperdei, trichodermei, sclerotiei,
apiosporei, perisporei, aslerophora, œgerita, ery-
siphe, mucor), Corda (hysterangium, genea, sphœ-
rozosma, balsamia, rhizopogon, tuber) ; — Peri-
dium exlernum Fries (clathrus, coleus,laternea,
phallus , lysurus , battarrea, antennaria , lasio,
botrys, œgerita, asterothecium, etc. ), Sprcngel,
Rebentjsch (chœnocarpus), Berkeley, Bluff et Fin-
MYC
479
gerhut ( lycoperdon , bovista , tuber , etc. ) ; —
Pseudoperidium Link, Fries (œcidium, rœstelia,
uredo, uslilago, erineum), Corda (clavaria tri-
chopus), Peridium mitriforme Montagne (insti-
tate, ostracoderma) ; — Sporangiolum Nées (ste-
monitis) ; — Sporangium Link (lycoperdon, bo-
vista , trichia, stemonitis). Corda (polyangium,
milrcmyces , polysaccum , etc. ) ; — Sacculus
Sprcngel (mitremyces) ; — Tête Vaillant (lycoper-
don);— Theca Persoon (spumaria, diderma ,
trichia, œcidium), Bulliard (spumaria) ; — Tégu-
ment Persoon (spumaria, trichoderma) ; — Tuni-
que Paulet ( lycoperdon , onygena).
PER1THEC1UM.
Re'ceptacle le plus ordinairement coriace ou corné,
renfermant des spores nues ou contenues dans des
thèques.
Alveolœ Jussic» ( sphœria, hypoxylon); — Ca-
uitas Haller (sphœria) ; — Capsula Haller (sphœ-
ria) ; — Cellœ Batsch (sphœria) ; — Cellulœ Hill,
Batsch ( sphœria ) ; — Foveolœ Jussieu ( sphœria,
hypoxylon); — Globuli Batsch (sphœria globu-
laris ) ; — Loculi , loges Bulliard ( sphœria ) ; —
Perithecium Persoon ( tuber, geastrum, bovirta ),
Peisoon, Fries, Martius (sphœria, hysterium), Re-
bentisch ( nœmaspora, xyloma), Corda (sphœro-
nœmu, sphœriacei, melanconiei, sporocadei, hys-
teriacei , phragmolrich\ei ) ; — Pseudopyrenium
Bluff et Fingerhut ( phoma, ceulhospora , peri-
sporium , actinolhyrium , lasiobothrys , cytis-
pora, etc.) ; — Pseudostroiua Bluff et Fingerhut
( leptostroma , sclerotium , acrospermum ) ; —
Pyrenium Bluff et Fingerbut (helicohelus , cocco-
bolus , erysiphe, spœronœma, rhizopogon, dothi-
dea, tuber, cyathus , polysaccum); — Recepta-
culum Peisoon , Fries , etc. ( sphœria , hyste-
rium, etc.); — Sphœrula Persoon, Sprengcl (sphœ-
ria) ; — Verruca Batsch (sphœria).
RÉCEPTACLE.
Champignon en entier, ou seulement la partie sur
laquelle reposent les organes de la reproduction.
Acelabulum Hoffmann (peziza) ; — Aggedulœ,
Hoffmann (œcidium , arcyria ) ; — Asconia Bluff
et Fingerhut ( peziza ) ; — Area Tode ( epichy-
sium ) ; — Base sessile Brongniart (œgerita, epi-
coccum, etc. ); — Calix Jus>icu, Scopoli ( cya-
thus); — Capitulum Holmskjold (peziza); — Cap-
sula Persoon ( vermicularia ) ; — Cellulœ Hill
(sphœria) , Berkeley (dolhidea) ; — Cephalopho-
rum Nces ( stilbum ) ; — Clavnla Holmskjold, Per-
soon ( sphœria ), Fries ( pislillaria ) ; — Concep-
tacle A. Richard (sphœria, hysterium, erysiphe)-,
— Corpus Gleditsch ( boletus, clavaria, lycoper-
don), Batsch, Sprengel (peziza) ; — Coque Raspail
(conoplea) ; — Cralera Bulliard (peziza) ; — Cu-
pula Holmskjold, Persoon (peziza) ; — Discus Fries
(blennoria, coryneum , dicoccum , schizoderma ,
peziza) ; — Epiperidium Nces (polyangium, piso-
carpium, cyathus) ; — Excipnlum Montagne (pe-
480
MYC
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ziza) ; — Globuli Persoon (phyllosticla) , Holms-
kjold (lycogala , epideitdron) , Bernhardi-Bivona
{erysiphe) ; — Lamina Gledistch ( agaricus ) ; —
Lamina excavata Schœffer (peziza); — Massa
carnosa Martius ( podisoma ) ; — Massa gelati-
nosa Batsch (clathrus) ; — Peridium mitriforme
Montagne (inslitate , ostracoderma) ; — Pileolus
Haller (clavaria fragilis), Micheli, Gleditsch (aga-
ricus, helvella) ; — Pileus Schœffer ( peziza );
— Pseudostroma Montagne ( thamnomyces ) ; —
Pyrenium Bluff et Fingerhut ( sphœria, cyalhus) ;
— Rami Holmskjold, Bulliard, etc. (clavaria) ; —
Receptaculum Gleditsch ( lamellœ agaricorum ,
pori boletorum, etc.) , Persoon (Sporangia cyathi
sphœria , hysterium, tubercularia, sphœrobolus,
peziza, volulella, solenia, etc. ) , Alph. De Can-
dolle pour les Champignons en ge'ne'ral , Fries
(morchella, peziza, vibrissea, stictis, tremella,
isaria , scorias , slilbospora, gymnosporangium ,
pilobolus, etc.), Fries, Link (cyalhus) ; — Recepta-
culum séminale Tode (myrothecium ), Sprengel
{slroma sphœriarum), Corda (isaria, ceratium,
pterula, spadonia, etc.), Nées, Tulasne (peridium
cyathi); Semen corniculatum Micheli (sphœria,
ceratospermal ) ; — Sphœrula Persoon ( sphœ-
ria); — Sphœrulœ ascigerœ Link (hypoxylon,
cordyceps ) ; — Sporangium Link ( geoglossum ,
mitrula , morchella , peziza , solenium, auricu-
laria, tremella, sclcrotiurr. , sphœriola , cenan-
gium, eustegia, ballopoma, ascochyta, lycoper-
don , bovista , lignidium, , craterium , physa-
rum, etc.); —Sporidochium verum h\nk(lubercu-
laria , fusarium , œgerita , periconia , isaria ,
ceratium, etc.) ; — Sporidochium spurium Link
(sporidesmium, exosporium , coryneum , podi-
soma, seiridium, etc. ) ; — Slroma Frics , Mon-
tagne (sphœria), Martius (gymnosporangium,
œgerita, tubercularia , melanconium , etc. ); —
Martius (stilbum); — Subiculum Sprengel (car-
pobolus) ; — Thecœ Persoon ( spumaria , fusa-
rium, diderma , trichia, œcidium ); — Truncus
Nées (ceratium)', — Tubercule A. Bichard (sphœ-
ria);— Umbraculum Rupp. (hydnurn); — Utérus
Fries (tuber, rhizopogon, nidularia, polyangium,
alraclobolus , pilobolus , sphœrobolus , etc.): —
Vittadini {genea, balsamia); — Verlex Holmskjold
' clavaria),
SPORES.
Graines ou corps reproducteurs des Champi-
gnons.
Animalcula "Wilk, Miinkchausen , Roos, Linné',
Weiss (agaricus, boletus), Girod-Chantrans (uredo,
stilbospora ) ; — Ascelli Fries ( ascospora ) ; —
Asci Fries (vermicularia); — Ascifixi Nées (me-
risma, clavaria); — Articula Nées, Link, Per-
6oon (monilia, oidium , torula); — Bisemina
Necker, Hoffmann (arcyi ia, diderma, trichoderma,
œcidium, peziza); —Capsula Bernhardi-Bivona
(uredo, puccinia) ; — Cirrhus Rebentisch (stil-
bospora ); — Corpora vermiculiformia Tode
(vermicularia) ; —Corpuscules A. Richard (agari-
cus, boletus, elc. ), Girod-Chantrans (uredo, stil-
bospora) ; — Embryo nudus Ehrenherg ; — Farina
Marsiii ( agaricus ) ; — Gelatina hymenii Reben-
tisch (tubercularia);-- Gemma Gaertner; —Glebulœ
Persoon ( botrytis ) ; — Globus spermaticus Tode
(sphœronœma) ; — Gongyles De Candolle, Noulet
et Dassier ( agaricus, boletus ) ; — Grana tétras
lica Nées (coprinus); — Graines Bulliard (mucor ,
aspergillus, pénicillium) ; — Gutla sperma-
tica Tode (stilbum ) ; — Latex Persoon , Reben-
tisch (phallus, etc. ); — Nucleus Fries ( cytispo-
rei, xylomacei); — Nucleus seminalis Tode (pyre-
nium); — Pollen Schœffer, Batsch (agaricus , bo-
letus) ; — Poussière séminale Bulliard (agaricus);
— Pruina seminalis Persoon (isaria, uredo, etc.) ;
— Pulpa Bluff et Fingerhut ( sphœronœma ) ; —
Pulvis seminalis Persoon ( isaria, œcidium, stil-
bospora, uredo ), Sprengel ( lycogala); — Rouille
Necker ( uredo rosœ ) ; — Semences , semina Bul-
liard (cyathus, mucor, aspergillus, pénicillium) ;
— Se'minules Turpin (spora, sporidia, sporula,
spore, sporidie , sporules), Mougeot (agaricus,
boletus, etc. ); ces termes sont employés tous dans
le même sens; — Sporangiola (sporidiola), les pe-
tits spores que renferment les spores mêmes; —
Stamina Micheli (agaricus, boletus, etc.); —
Truffinelles Turpin (tuber); — TlœcœNees (sphœ-
ria, histerium) ; — Utriculi séminales Hoffmann
( œcidium ) ; — Vésicules spermatiques Bulliard
(agaricus)*
SPORANGES.
Cellules globuleuses ou allongées qui renferment
les spores.
Angiola Nées (tuber, endogone, uperrhiza) ; —
Asci fixi Nées ( merisma, clavaria, spathularia,
geoglossum, helvella, morchella); — Ascopora
Bluff et Fingerhut (cyathus), Vittadini (tuber), Esch-
weiler ( melidium ) ; — Ascidia fixa Nées (pe-
ziza, hysterium ) ; — Asci inclusivi Corda ( hel-
vella, peziza); — Capitulum Malpighi (mucedo),
Persoon ( puccinia), Corda, Berkeley (stilbum);
— Capsulœ Rebentisch (puccinia), Bernhardi-Bi-
vona ( uredo , puccinia) , Holmskjold , Nées ( cya-
thus), De Candolle (gymnosporangium , uredo,
puccinia, bullaria, cyathus, erysiphe), Hill, Mi-
cheli (tuber); — Carcerula Vittadini (tuber); —
Cases séminales Bulliard (tuber); — Cellulœ Bul-
liard, Berkeley, Nées (tuber) ; — Clavulœ Persoon
(puccinia, ascophora) ; — Corpora Dillen ( cya-
thus); — Conceptacula Vittadini (tuber); — Cor-
pora Dillen ( cyathus ); — Corpora carnosa Per-
soon (pilobolus , thelebolus , sphœrobolus , cya-
thus); — Corps lenticulaires Vau\et(cyathus); —
Corpuscula Battarra (cyathus); — Cystis Nées
(mucor, pilobolus, exosporium); — Corda (puc-
cinia) ; — Fructus Micheli, Rebentisch, etc. (cya-
thus ) ; — Globuli Weiss ( cyathus ) ; — Graines
Bulliard; — Granula Marsiii (cyathus) ; — Len-
liculœ Scopoli (cyat hu s ) ; — Massa sporophora.
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481
ihecigera Marlius (thelebolus) ; — Noyau Dumor-
lier ( nidularia , carpobolus, etc. ) ; — Pericarpia
Bullnrd ( phragmidium , puccinia) ; — Peridiola
Montagne (mucor) ; — Peridium Nées (eurotium),
Nées (cyathus) ; — Perithccium Nées (sporangium
cyalhi, anlcjinaria) ; — PerulaPers. (mucor,.hy-
drophora, inucedo) ; — Placenta Tode (pilobolus,
cyathus) ; — Podetium Marlius; — Receptaculum
le.ntiforme Glcditsch (cyathus); — Réceptacles
partiels ou secondaires Montagne (cyathus, po-
lysaccum ) ; — Semences Bulliard ; — Semina
Jussieu , Schrewekius ( cyathus ) ; — Sporange ,
Sporangia; — Sporangium Marlius (didymocra-
ter, eurotium , lycogala, myrothecium, licea ,
diderma, physarum , stemonitis , scleroderma ,
' lycoperdon, geastrum, cyathus, etc.); — Sporan-
Igidium Bischoff ( f/ieca; pezizarum), Fries ( e/y-
siphe) , Link (eurotium, mucor , sporodinia,
thamnidium, dir'yr'iricraler, erysiphe , antenna-
ria , rhizoctonia , spliteriola, cenangium, dothi-
dea , ascochyla, lycoperdon, bovisla, trichia,
stemonitis , etc.), Corda (polyangium, polysac-
cum, mitremyces, nidularia, carpobolus, etc.) ;
— Sporangiolum Fries (erysiphe , podosphœria ,
lasiobothrys , cyathus), Nées (stemonitis) ; —
Thccœ Persoon, Fries, etc. (sphœria, hyste-
rium, etc. ) ; — Thecœ sporiferœ Link (agaricus,
bolelus); — Thecœ sporophorœ fixœ Marlius (/7e-
aïs", ascobolus, etc.) ; — Vesicula Sprengel (ca?'-
pobolus, pilobolus); — Vesicula carnosa Persoon
(pilobolus , thelebolus , sphœrobolus , cyathus);
— Vésicule favorisée Turpin ( tuber ) ; — ^e'^i-
f 7t/e,y fécondantes, spermatiques Bulliard (agari-
cus, sphœria, tuher); — Vésicule globuleuse
Brongniart (pilobolus, ascophora, syzygites) ; —
Vesicula sporophora Martius ( mucor . asco-
phora).
THÈQUES.
Espèce de sporange composé d'un utricule allongé
ou globuleux qui renferme les spores.
Asci Nées, Link, Fries, etc. (agaricus , bo-
lelus, clavaria, sphœria, peziza, stegia , patella-
ria, tympanis, heterosphœria, etc.), Corda (ery-
siphe, elc.) ; — Asci inclusivi Corda (helvella, etc.) ;
— Ascidia Sprengel ( sphœria, lophium, phlebia,
boletus, irpex) ; — Cellulœ Bulliard (tuber) ; —
Capsulœ Hill , Micheli (tuber); — Capsula A. Ri-
chard (sphœria) ; — Carcerula Yittadini (tuber) ;
— Conceplacula "Vittadini (tuber); — Cases sé-
minales Bulliard ( tuber) ; — Loges Paulet (pe-
ziza) ; — JSucleus Fries ( sphœriacei , phacidia-
cei); — Sporangia Fries (podisoma, gymnospo-
rangium, tuber, rhizopogon, emlogone, nidularia,
rolyangium, sphœrobolus), Corda (crateromyces ,
fiemiscyphe , didymocraler, nidularia , carpobo-
lus), Tulasne (hydnoboletes), Castagne (sphœria ,
hyslerium , erysiphe) ; — Sporangidium Bischoff,
Thecœ pezizarum ; — Tliecœ Persoon ( spumaria,
fusorium, diderma, trichia, œcidium), Rebentisch
(pc:i-a , sphœria , stilbospora ) ; — Thecœ spori-
1. VIII.
Jerœ Nées ( agaricus, polyporus, pistillaria, etc.);
— Thecœ spermatophorœ Sprengel (peziza); —
Sporangiola Nées (sporœ pezizarum, hyslerio-
rum); — V triculi Hoffmann (peziza); —Vésicules
Geoffroy (tuber); — Vésicules favorisées Turpin
(tuber).
TUBES.
Parties appendiculaires du chapeau en forme de
tuyaux cylindriques ou anguleux , placés les uns à
côté des autres, ouverts par une extrémité, et qui
renferment dans leur cavité les organes de la re-
production.
Alveolœ Nées (dœdalea); — Alveoli Corda (fa-
volus, hexagonia), Berkeley (laschia): — Ascoma
Bluff et Fingerhut (solenia); — Cavernuli Batsch
( boletus-polyporus ) ; — Foraminula Micheli (bo-
lelus, polyporus) ; — Pori Linné, Frics, Persoon
(bolelus, polyporus), Berkeley ( hexagona ), Re-
hentisch (dœdalea) ; — Receptaculum Rebentisch,
Sprengel (dœdalea ) ; — Sinus Rebentisch, Spren-
gel (dœdalea) ; — Tubes Persoon , Bulliurd (bole-
lus); — Tubi Batsch (boletus), Bulliard (fistulina) ;
— 2'ubuli Sprengel (fistulina, erineum ); — Tu-
buli connexi Gledilsch ( hydnum ); — Tuyaux
Vaillant (boletus. polyporus).
VOLVE.
Membrane plus ou moins consistante , dans la-
quelle est contenu le Champignon dans son jeune
âge, et qui se déchira par suite de son développe-
ment.
Enveloppe Paulet (ama?iita); — Involucrum
Paulet (amanita); — Manteau "Vaillant (agaricus) ;
— Peridium Fries, Corda (phallus, battarrea, ase-
roe, clalhrus); — Scrotum Dodonaeus (phallus);
— Sporangium Sprengel (mitremyces); — Utérus
Fries (phalloidei, tuberacei, nidulariacei , car-
poboli, trichospermei); — Vélum universale ,
discretum Fries (amanita); — Volva Micheli
(agaricus, phallus, carpobolus); — Hill (cyathus),
Sprengel (geaster), Berkeley (aseroë, secotium,
polyplocium), Gledilsch (arcyria, stemonitis).
La nomenclature de la Mycologie est,
comme on vient de le voir, un véritable
chaos. Elle possède un trop grand nombre
de mots pour exprimer le même organe.
Les modifications que j'essaie aujourd'hui
d'y apporter sont le résultat de l'expérience;
si elles ne présentent aucun caractère de
nouveauté , j'espère qu'elles seront acceptées
à cause de leur simplicité. Mon but, en
proposant de donner le même nom à toutes
les parties qui remplissent les mêmes fonc-
tions, est de rétablir l'uniformité dans la
synonymie , et de faciliter en même temps
l'étude des Champignons.
Avant d'exposer les changements que
cette nomenclature me semble nécessiter, il
61
482
MYC
estconvenable de prendre quelques exemples.
Je suppose que l'on ait sous les yeux l'O-
ronge (Agaricus Cœsareus), qui me paraît
être le Champignon le plus complet, celui
dans lequel toutes les parties ont atteint le
Jlus haut degré d'organisation, et VAgari-
Hcus epixylon, qui est le plus simple de tous
Jes Agarics. Dans le premier, il existe une
Volve, un pédicule, un anneau, un chapeau
Jarge et charnu, des lames entières, et d'au-
îrcs de grandeurs différentes, disposées en
îmbrelles sur lesquelles reposent les orga-
nes de la fructification. Le second, au con-
traire, n'a ni volve, ni pédicule, ni anneau;
le chapeau est membraneux, sessile, résu-
piné; les lames sont peu nombreuses, nais-
sent d'un point unique situé à la marge du
chapeau, et s'étendent en formant l'éven-
tail. Ces deux Champignons, si on les com-
pare, n'ont de commun que le chapeau, les
lames, les basides et les spores. Ils se res-
semblent si peu que des auteurs en ont fait
deux genres différents. Si maintenant on
passe en revue toutes les espèces intermé-
diaires, on voit la volve disparaître; le pé-
dicule, de central qu'il était, devient excen-
trique, latéral, et enfin s'efface complète-
ment; l'anneau, qui était membraneux,
large, consistant, se réduit en filaments
arachnoïdes qui finissent par disparaître
aussi. Dans les Polypores, les Hydnes, les
Théléphores, les modifications sont encore
plus manifestes , puisque ces Champignons
ne présentent quelquefois qu'une simple
membrane, des pores ou des aiguillons,
immédiatement appliqués sur les corps qui
les supportent. Dans les nombreuses fa-
milles des Thécasporés et des Clinosporés,
les phénomènes sont les mêmes; les diffé-
rentes parties qui servent de support éprou-
vent les mêmes changements. Depuis ces
nelles et grandes Sphéries, qui ressemblent
à des massues , et dont la surface est cou-
verte de conceptacles, jusqu'à celles qui sont
simples et par conséquent réduites au con-
ceptacle seulement, on voit le stroma ou ré-
ceptacle, de pédicule qu'il était, passer &
l'état sessile, puis prendre la forme d'un cu-
pule, d'un coussin, de fibres rayonnantes,
d'une simple tache noire, et enfin s'effacer
tellement qu'on n'en trouve plus de ves-
tiges. Ces observations , que tout le monde
o faites, nous prouvent que dans quelques
MYC
circonstances la nature a déployé un grand
luxe de végétation, et que dans d'autres elle
s'est renfermée dans des limites extrême-
ment étroites, mais toujours suffisantes pour
la reproduction et la conservation des es- -
pèces.
Réceptacle. Les spores sont les parties es-
sentielles des Champignons , elles sont le but
et le terme de la végétation ; nues ou renfer-
mées dans un sporange, il faut de toute né-
cessité qu'elles reposent sur un organe; c'est
cet organe que je nomme réceptacle : il
existe toujours , il se dérobe souvent à la
vue en raison de son extrême ténuité , ou
parce qu'il reste caché dans l'épaisseur des
corps qui le nourrissent. Dans un grand
nombre d'espèces , on ne le distingue même
pas du mycélium primitif , tandis que dans
d'autres il prend des proportions considéra-
bles , et se montre sous des formes et des
couleurs qui en sont très différentes.
Ces laits étant établis, on voit qu'indé-
pendamment du mycélium tous les Cham-
pignons présentent deux parties essentielles
et constantes , le réceptacle et les organes
de la reproduction. Les uns et les autres
peuvent être aussi simples que possible, ou
accompagnés de parties ou d'organes acces-
soires. Les parties accessoires du réceptacle
sont la volve, le chapeau, le pédicule, l'an-
neau, la cortine, la lépiote; celles des or-
ganes de la reproduction , le conceptacle ,
le sporange, les basides, le clinode et les
cystides.
Mycélium. Lorsque l'on place sur du sable
mouillé etmieux encore sur des lames minces
de verre des spores que l'on recouvre d'une
cloche, on voit, quand la température atmo-
sphérique est modérée ou chaude, on voit,
dis-je, au bout de quelques jours naître des
filaments d'un, deux ou trois points de leur
surface. Ces filaments sont rampants, se di-
visent, s'anastomosent et finissent par for-
mer un tissu plus ou moins épais. C'est ce
tissu que l'on désigne sous le nom de my-
célium, de blanc de Champignon, etc. Les
expériences que nous pouvons faire sur les
grandes espèces de Champignons ne nous
donnent jamais d'autres résultats; mais si
nous venons à agir sur des Mucédinées, alors
il nous est possible de suivre le mycélium
jusqu'à la fructification, et de reproduire en
quelque sorte à volonté ces petits végétaux.
ivnc
MYC
483
On voit de distance en distance des ren-
flements, des nœuds, se manifester; il en
naît des filaments droits, simples ou fa-
meux, qui portent des spores. Il n'y a pas
d'espèce qui se prête plus facilement à cette
expérience que VAscophoraMucedo. Un mor-
ceau de pain chargé de cette moisissure, mis
sdans une assiette de porcelaine avec des la-
imes de verre, çà et là, et recouvert d'une
cloche, laisse voir, du troisième au sixième
jour, toutes les surfaces recouvertes de nou-
veaux individus. Comme son mycélium est
noir, il se dessine lui-même sur le blanc de
l'assiette, et, en portant les lames de verre
sous le microscope, on en observe toutes ses
phases de végétation.
Est-il permis de conclure d'une expérience
si simple que le phénomène de la végétation
est le même pour toutes les espèces de Cham-
pignons? Certainement il est le même, puis-
que l'expérience prouve que les spores végè-
tent toutes de la même manière, qu'elles don-
nent naissance à un mycélium, et que de ce
mycélium naissent un ou plusieurs Champi-
gnons. 11 résulte de plus que le Champignon
Jui-même n'est pas une plante proprement
dite, mais un fruit plus ou moins composé.
Cette opinion n'est pas nouvelle; elle a déjà
été émise par quelques auteurs de la fin du
siècle dernier et du commencement de celui-
ci. La plus grande preuve que l'on puisse en
donner, c'est que le mycélium a une existence
propre, qu'il est annuel ouvivace, et qu'à
une époque fixe, quand les circonstances
sont favorables, on le voit donner naissance
à des Champignons, comme les arbres, les
plantes donnent naissance a des fleurs et, par
suite, à des fruits. Son époque de fructifica-
tion écoulée (que l'on me passe cette expres-
sion), il rentre dans le repos et attend son
printemps, son automne, sa saison, en un
mot, pour donner de nouveaux fruits. Tout
est conforme ici à ce que l'on observe tous
les jours. Pourquoi les Champignons s'écar-
teraient-ils donc de la règle générale?
Le mycélium est la souche, le tronc des
Champignons; sans lui ils cessent d'exis-
ter. Dans un Mémoire que j'ai présenté à
l'Académie des sciences, sur lequel MM. les
commissaires ont fait un rapport favorable
et qui est inséré dans les Annales des sciences
naturelles (tom. XX, p. 78 ) , j'ai distingué
quatre formes de mycélium.
1° Le mycélium nématoïde ou filamen-
teux. C'est le plus fréquent de tous; il con-
siste en filaments simples ou rameux, cloi-
sonnés, distincts, diversement colorés, sou-
vent anastomosés. Ces anastomoses ont fait
croire à Aubert du Petit-Thouars que les
Champignons difi'éraient des autres plantes
parce qu'il fallait la réunion de plusieurs
spores pour les produire, et qu'une seule
graine suffisait pour donner naissance à une
plante. Sa ténuité, son mélange avec le bois,
la terre, les différents corps dans lesquels il
s'est développé, nous empêchent souvent de
le voir, mais assez généralement on le trouve
à la base du pédicule sous la forme de
filaments blancs. Les auteurs, peut-être à
tort, en font rarement mention dans les des-
criptions qu'ils donnent. Battarra, à ma
connaissance, est celui de tous qui lui a
porté le plus d'attention. Il le considérait
comme une véritable racine qui fixe le
Champignon au sol et lui transmet les élé-
ments de nutrition. C'est une opinion, du
reste, qui a été généralement admise. Sous
cet état, il a donné naissance à un grand
nombre de genres placés dans lesByssoïdées,
que le professeur Pries a réduits à leur va-
leur réelle.
2° Le mycélium hyménoïde ou membra-
neux ne diffère pas sensiblement du précé-
dent ; seulement les filaments sont plus rap-
prochés, plus confondus, et forment des
membranes plus ou moins épaisses. On le
trouve principalement entre les feuilles ,
sous lesécorces , dans les trous pratiqués par
les Insectes dans le tronc des arbres morts.
Souvent il reste stérile , et forme alors les
genres XylosLroma , Rhacodium. Mais quand
les écorces viennent à se fendre , qu'il
est en communication avec l'air et l'hu-
midité, il naît de sa surface des Agarics
et surtout des Bolets. Ces Champignons
sont consécutifs à une maladie des arbres ,
ils en accélèrent considérablement la mort
parlafacilitéavec laquelle leur mycélium eu
pénètre les interstices.
3° Le mycélium scléroïde ou tuberculeux
n'est jamais primitif, il est toujours consé-
cutif au nématoïde. Sur différents points de
celui-ci on voit naître des tubercules d'a-
bord petits, puis qui augmentent de vo«
lume. Leur structure est homogène, seule-
ment leur surface est plus dense, et paraître-
484
MYCi
couverte d'une écorce parce qu'clleest d'une
couleur différente. Soumise au microscope ,
leur substance est composée de cellules très
petites et anguleuses. Ces tubercules ont été
décrits sous les noms de Sclerotium, Rhi-
zoctonia, etc. ; l'analyse n'a jamais démon-
tré la présence de spores , mais ils paraissent
surtout destinés à la conservation des es-
pèces, comme le prouvent ceux que l'on
trouve à la base du pédicule du Peziza tu-
berosa, du Pilobolus crystallinus , du Botry-
tis cinerea , de VAgaricus tuberosus , etc.
Quelques uns atteignent un volume consi-
dérable, et sont même recherchés comme
aliments ou médicaments , comme , par
exemple , le Tuber regium de Rhumphius ,
et le Sclerotium cocos de Schweinitz , tan-
dis que les espèces de Rhizoctonia se font
remarquer par les dégâts qu'elles causent à
quelques unes de nos cultures.
4° Le mycélium malacoïde ou pulpeux
est moins connu que les autres. Il se pré-
sente sous la forme de filaments char-
nus, mous, anastomosés, ou de membra-
nes. Dans le premier état , c'est le Phlebo-
morpha, de Persoon ; dans le second , le
Mesenterica , de Tode. Ces veines , ou ces
membranes , examinées au microscope ,
n'offrent pas d'organisation bien distincte ;
on n'y voit pas de filaments, mais bien des
cellules presque rondes, irrégulières, adhé-
rentes entre elles. Lorsque la saison est
favorable , ce mycélium se recouvre de ré-
ceptacles dePhysariées, de Trichiacées, etc.;
en même temps il se dessèche, et forme une
membrane mince, blanche, luisante et
friable. Desséché, il conserve la faculté de
végéter pendant longtemps. Je l'ai vu, après
vingt ans de conservation en herbier et mis
au fond d'un verre dans lequel il y avait de
l'eau , végéter comme s'il eût été frais.
La Volve (Volva, vélum universelle) est
une membrane continue dans laquelle le
Champignon est enfermé pendant un cer-
tain temps, comme un poulet dans sa co-
quille; elle se rompt pour que le Champi-
gnon puisse se développer entièrement.
Voy. volve.
Le Pédicule est la partie qui supporte le
réceptacle même , et cette partie dans un
grand nombre de genres en est à peine dis-
tincte. Voy. pédicule.
L'Anneau, la Lépiote , la Cortine {vélum
MYC
partiale, arachnoideum ) , ne présentent de
différences réelles que sous le rapport de la
consistance et le mode de texture. Voy.
l'article agaric.
Le Réceptacle (receptaculum) est la partie
qui supporte l'appareil de la fructification
et ses annexes. Cet appareil est situé à sa
surface, dans son intérieur, ou dans des cen-
ceptacles particuliers.
Lorsque les organes de la fructification
sont extérieurs, ils recouvrent la surface du
réceptacle en totalité ou seulement en par-
tie : dans le premier cas , la forme de celui-
ci est généralement assez simple. Discoïde,
globuleuse, dans les Tubercularia, JEgerita;
en massue dans les Geoglossum ; rameuse
dans les Clavaria, etc. Dans le second cas,
une des surfaces est constamment stérile,
libre, ou plus ou moins adhérente aux corps
sur lesquels les Champignons ont pris nais-
sance. Quelques Agarics, des Polypores, des
Hydnes et toutes les espèces résupinées
nous en offrent de nombreux exemples ;
mais le plus souvent leur développement a
été normal, et ils présentent généralement
ce que l'on est convenu d'appeler un cha-
peau. Désigné sous ce nom , le réceptacle
a des formes plus ou moins régulières,
quelquefois assez bizarres , et qui donnent
une idée parfaite d'une ombrelle , d'un
éventail, d'une coupe, d'une membrane plis-
sée, d'une massue, d'un petit arbuste, etc.
Celles de la surface fructifère, et que les
auteurs désignent sous le nom d'Hymenium,
ne sont pas moins variées ; elles représentent
des lames, des pores, des rides, des aiguil-
lons, des soies , etc. Dans les Théléphores
elle est unie, etc.
Le réceptacle renferme-t-il les organes
de la fructification dans son parenchyme ?
Il est ordinairement globuleux, ovale ou en
forme de coussin, charnu et compacte dans
les Truffes ; parsemé de lacunes dans les
vrais Lycoperdacés; mucilagineux, diffluent
dans les JEthalium, Lycogala, Trichia, etc.
Enfin, quand il porte des conceptacles, il
varie un peu moins déformes; on le trouve
allongé, en forme de coussin ou étalé dans
quelques Sphéries, cupuliforme dans le Po-
ronia, dendroïde dans le Thamnomyces, etc.
Sa consistance est subéreuse, coriace dans
des Sphéries ; noire, friable comme du char-
bon dans les Thamnomyces et Phylacia, etc.
MYC
MYC
485
Les Spores sont des corps extrêmement
petits, qui servent à la reproduction des
Champignons, comme les graines à celle des
plantes phanérogames; quoique leur struc-
ture et leur mode de germination ou de vé-
gétation n'aient aucune ressemblance, ces or-
ganes ont incontestablement la même desti-
nation. Abstraction faite de leur structure,
de leur manière de végéter , et considérées
sous le rapport de leur position seulement,
elles nous offrent des caractères du premier
ordre pour établir une classification.
Elles sont nues ou renfermées dans des
sporanges , et les parties accessoires qui les
supportent ou qui les enveloppent établis-
sent seulement une différence entre elles;
peu importe que les appareils qui en résul-
tent soient placés sur la face externe d'un
réceptacle ou dans son intérieur. Ainsi la
fructification des Clavaires est semblable à
celle des Lycoperdons, celle des Géoglosses à
celle des Sphéries, et celle des Tuberculaires
à celles des Cytisporés. Les différences repo-
sent uniquement sur les parties accessoires.
Ces parties sont les Basides , les Sporan-
ges, les Clinodes et les Conceptacles.
Les Basides sont de petits corps saillants,
composés le plus souvent d'une seule cel-
lule arrondie, ovoïde ou allongée, qui pré-
sente à son sommet une ou plusieurs pointes
coniques (spicules, sterigmates), à l'extrémité
desquelles se développe une spore unique.
Tous les Champignons qui présentent
cette organisation appartiennent à la classe
des Basidiosporés.
Le Sporange (Ascus, Theca) est une vési-
cule distincte, séparable, globuleuse, ovoïde
ou allongée, dans laquelle les spores sont
contenues en nombre variable. Il est le plus
ordinairement de huit. Lorsque les spo-
ranges occupent la surface du réceptacle,
ils sont placés parallèlement les uns à côté
des autres, comme les fils du velours ; dans
les conceptacles, au contraire, ils affectent
une disposition rayonnée , et généralement
centripète.
Le Clinode (Clinium) est une partie ac-
cessoire composée de cellules très petites,
allongées, simples ou rameuses, qui portent
une spore à leur extrémité. Sous le micro-
scope il se présente sous la forme de fila-
ments plus ou moins longs , continus ou
cloisonnés, qui naissent immédiatement des
cellules qui forment le parenchyme du ré-
ceptacle.
Le Conceptacle est un organe particulier
développé à la surface ou dans l'intérieur
d'un réceptacle, et qui renferme les organes
delà reproduction ainsi que leurs annexes.
Il diffère du sporange en raison que celui-ci
est lui-même un annexe de ces mêmes or-
ganes , et qu'il ne renferme que les spores.
La forme du conceptacle est généralement
arrondie, ovale ou plus ou moins allon-
gée ; sa consistance charnue , coriace ou
cornée, et son mode de déhiscence a lieu
tantôt par la rupture des membranes qui le
composent, tantôt par un pore sessile ou si-
tué à l'extrémité d'un col plus ou moins
long. Ainsi défini, le conceptacle ne peut
se confondre avec aucune autre partie; il
est basidiophore dans ce que l'on appelle les
péridiums partiels des genres Polysaccum,
Scoleiocarpus , dans les globules des Sphœ-
robolus , Thelebolus, etc.; thécaphore dans
les Sphœria, hysterium, etc., dont le récep-
tacle proprement dit, ou stronia, est plus
ou moins prononcé: enfin , clinophore dans
les genres Diplodia, Sphœropsis, etc. Comme
dans le précédent, le réceptacle qui le sup-
porte est quelquefois très visible, et d'autres
fois à peine sensible.
Les Champignons que l'on appelle com-
munément Moisissures n'ont pas d'organes
particuliers. Le réceptacle (flocei, hyphas-
ma, etc.), auquel on a donné tant de noms,
est remarquable parce qu'il offre la struc-
ture la plus simple. Il est composé de cellu-
les continues ou cloisonnées, articulées bout
à bout, simples ou rameuses, comme celles
des Conferves; les spores qu'il supporte sont
renfermées dans des sporanges qui les ter-
minent, ou nues et réparties sur différents
points d'une manière plus ou moins régu-
lière, ou rangées en séries continues.
Cystides. Enfin, parmi les basides, les spo-
ranges et les clinodes , on remarque très
souvent des cellules saillantes , arrondies,
ovales, quelquefois filiformes, simples ou ra-
meuses , aiguës , obtuses ou renflées à leuc
extrémité libre. Dans les Pézizes, les Sphé-
ries , on les désigne sous le nom de Para-
physes; dans les Agarics, les Bolets, etc.,
sous celui d'Anthcridies ou de Cystides.
Quelques auteurs prétendent que ces orga-
'nes représentent les anthéridics des Mous-
48ti
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ses, des Hépatiques, des Algues. Jusqu'à ce
jour, personne, à ma connaissance, n'a ren-
contré dans leur intérieur des corps analo-
gues à ceux que l'on voit dans les vérita-
bles anthéridies. Ce sont de petits organes
dont on ignore encore les fonctions.
DIVISION DES CHAMPIGNONS.
Les détails que je viens de donner sont
plus que suffisants pour comprendre la clas-
sification que je propose.
Les Champignons se divisent en six classes :
1° les Basidiosporés, 2" les Thécasporés, 3°
les Clinosporés, 4° les Cystisporés, 5° les
Trichosporés, 6° les Arthrosporés.
Les Basidiosporés renferment les Cham-
pignons les plus connus. Leur réceptacle
est très variable dans ses formes et sa struc-
ture. Les organes de la fructification, qui se
composent de basides, sont situés sur sa face
externe ou dans son parenchyme, et quel-
quefois dans des conceptacles particuliers.
Les Thécasporés sont aussi très variables
dans leur forme et leur structure, ils sont
reconnaissables aux utricules ou thèques,
dans lesquelles les spores sont renfermées.
Ces petits appareils sont aussi placés à l'ex-
térieur ou dans l'intérieur du réceptacle.
Les Clinosporés sont extrêmement nom-
breux et ordinairement peu volumineux; les
spores sont fixées sur un clinode , et le cli-
node est tantôt nu, tantôt renfermé dans l'in-
térieur d'un réceptacle le plus souvent corné.
Les Cystisporés (Cystispori) sont caracté-
risés par des réceptacles filamenteux, simples
ou rameux, le plus souvent cloisonnés , ter-
minés par des sporanges vésieuleux dans
lesquels les spores sont enfermées.
Les Trichosporés ( Trichospori) ont des
réceptacles simples ou rameux, continus ou
..cloisonnés, recouverts en tout ou en partie
J de spores nues. Dans des genres, elles sont
fixées à l'extrémité des rameaux, et, dans
d'autres, distribuées plus ou moins réguliè-
rement sur un ou plusieurs points de leur
surface.
Les Arthrosporés {Arthrospori) se distin-
guent à la disposition des spores qui sont
articulées ensemble et placées bout à bout,
comme les grains d'un collier ou d'un chape-
let. Le réceptacle qui les supporte est quel-
quefois si court que ces Champignons sem-
blent n'être formés que de spores.
Les trois premières classes se partagent
en deux grandes sous-divisions ; la première
de chacune d'elles renferme tous les genres
qui ont les spores à la surface du récep-
tacle, et la seconde ceux qui les ont dans
l'épaisseur même du parenchyme ou dans
des conceptacles particuliers. Pour exprimer
ces deux sous-divisions , et prenant la par-
tie pour le tout , afin d'avoir des noms
moins longs et plus doux à l'oreille, je dis-
tingue: 1° les Basidosporés en Enlobasides
et Ectobasides ; 2° les Thécasporés en En-
dothèques et Ectothèques ; 3° les Clinosporés
en Endoclines et Ectoclines. J'ai cru devoir
appeler tribus et sections les divisions qui
suivent; elles comprennent l'énumération
des genres. Le nom de familles m'a paru trop
élevé et trop bien défini en botanique pour
le donner à ces petits groupes; je conserve
donc la famille des Champignons dans le
, même sens que A. - L. de Jussieu l'a établie.
distribution méthodique des champignons.
Division I. — Basidiosporés.
Réceptacle de forme variable. Spores sup-
portées par des basides qui recouvrent sa
surface, ou qui sont renfermés dans son in-
térieur.
Sous-division I. — ECTOBASIDES.
Basides recouvrant une partie seulement
ou la totalité du réceptacle.
Tribu I. — ÏDIOMYCÈTES.
Réceptacle charnu , coriace ou trémel -
loïde, pédicule, sessile ou résupiné, nu ou
renfermé dans une volve ; face basidiophore
lisse ou garnie de lames, de veines, de pores
ou d'aiguillons.
Section I. — Agaricinés.
Réceptacle nu ou renfermé dans une
volve. Basides situés sur des lames.
A. Lames disposées en rayons ou en éven«
tail.
Genres : Amanita, Lam. ; Agaricus , L. ;
Lentinus, Fr. ; Montagniles, Fr.; PlerophyU
lus, Lév. ; Heliomyces , Lév. ; Panus , Fr. ;
Xerotus , Fr. ; Trogia, Fr. ; Schizophyllum,
Fr. ; Cantharellus, Adans.; Lenzites, Fr.
B. Lames concentriques.
Genre : Cyclomyces, Klotzsch.
Section II. — Phlébophorés.
Réceptacle charnu ou trémelloïde, mem-
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foraneux ou épais , sessile ou pédicule ; face !
ùasidiophore parcourue par des plis ou par
Jes veines irrégulières , simples , dicho-
tomes.
Genres : Phlebophora, Lév.; Phlebia, Fr. ;
Xylomyzon, Pers.
Section III. — Polyporés.
Réceptacle charnu , coriace , subéreux ,
épais, membraneux, sessile, pédicule ou ré-
supiné, nu ou renfermé dans une volve.
Pores lamelleux, anastomosés , parallèles,
anfractueux, alvéolés, discrets ou réunis,
dans lesquels sont renfermés des basides
tétraspores avec ou sans cystides.
A. Réceptacle charnu. Pores parallèles,
distincts, séparables, tubuleux.
Genres : Boletus, Fistulina, Bull.
B. Réceptacle charnu. Pores anfractueux
inséparables.
Genres: Secotium , Kze. ; Polyplocium,
Berk.
C. Réceptacle coriace, subéreux. Pores
allongés , formés par des lames sinueuses
anastomosées.
Genres : Hymenogramme, Mntg. et Berk.;
Dœdalea, Pers.
D. Réceptacle coriace , subéreux. Pores
parallèles, tubuleux, inséparables.
Genres: Polyporus , Trametes , Glœopo-
rus, Mntg.
E. Réceptacle coriace. Pores parallèles ,
inséparables, grands, anguleux, alvéolés.
Genres: Junguhnia, Cord. ; Favolus ,
P. B. ; Hexagona, Fr.
Section IV. — S-Iydnés.
Réceptacle charnu ou coriace, épais ou
membraneux, pédicule, sessile ou résupiné.
Basides situés sur des aiguillons ou des pa-
pilles fortement prononcées.
Genres : Hydnum, L.; Hericium , Pers. ;
Irpcx , Fr. ; Radulum , Fr. ; Sistotrema,
Pers.; Grandinia, Fr. ; Odonlia , Fr. =
Cymatoderma , Jnghn. Kneifjla, Fr.
Section V. — Théléphorés.
Réceptacle coriace , subéreux ou charnu ,
pédicule, sessile ou résupiné. Face fertile,
lisse ou recouverte de petites soies , ou de
petites cupules membraneuses.
Genres : Craterellus, Fr. ; Thelephora ,
Ehrh. ; Lcptochœie , Lév. — Hymmochœte ,
MYC
487
Lév. ; Coniophora, DC. ; Hypochnus, Ehrbg.;
Cladoderris, Pers. ; Cora, Fr.; Cyphella, Fr.
Section VI. — Clavariés.
Réceptacle charnu, rarement coriace, r§«
meux ou en forme de massue, recouvert de
basides sur toute sa périphérie,
Genres : Sparassis, Fr.; Gomphus, Pers.;
Clavaria, L. ; Lachnocladium,Lév . = Erio*
cladus , Lév. ; Calocera , Fr. ; Merisma ,
Pers. ; Crinula, Fr. ; Pterula, Fr. ; Pistil*
laria , Fr. ; Typhula , Fr.
Section VII. — Trémelîés.
Réceptacle gélatineux , sessile , rarement
pédicule. Surface fertile , humide, glabre,
unie ou plissée, couverte de basides mo-
nospores.
Genres: Tremella, L.; Nœmatelia, Fr. ;
Myxacium, Wallr.; Dacrymyces, Nées ; Exi-
dia, Fr. ; Guepinia, Fr. ; Tremiscus, Pers. ;
Laschia, Fr. ; Lemalis, Fr. ? ; Hivneola, Fr. ? ;
Phyllopta, Fr.; Pyrenium, Tode?
Tribu II. — Asérosmés.
Réceptacle pédicule, renfermé dans une
volve, campanule, arrondi ou divisé en
étoile , alvéolé ou sinueux. Surface fertile
recouvrant toute la surface du réceptacle ou
située à la partie interne et à la base de se?
divisions, se réduisant en un liquide fétide.
Pédicule simple , lacuneux ou divisé en dif-
férentes parties qui s'anastomosent et for-
ment un treillage à mailles plus ou moins
grandes.
Section I. — Phalloïdes.
Réceptacle campaniforme, libre ou adhé-
rent, alvéolé ou lisse. Basides situés à la pé-
riphérie. Pédicule simple lacuneux , nu ou
garni d'un réseau.
Genres : Dictyophora , Desv. ; Sophronia,
Pers.?; Phallus, Mich.; Cynophallus, Fr. ;
Simblum, Klotzsch ; Fœtidaria, Montg. ?
Section II. — Clathracés*
Réceptacle globuleux, muni d'une volve
et placé au centre d'un pédicule divisé et
anastomosé en forme de treillage.
Genres : Clathrus, L. ; Ileodiclyon, Tul. ;
Coleus , Gav. et Sech. ; Laternea , Turp. ;
Aserophallus, Mntg.?
Section III. — Xiysurés.
Réceptacle pédicule, charnu, enfermé dana
488
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une volve, divisé en lanières du sommet à
la base. Surface fertile située en dedans et à
la base des divisions.
Genres : Lysurus , Fr. ; Âseroë, Labill. ;
Calathiscus, Mntg. ; Staurophallus, Mntg. ?
Sous-division II. — ENTOBASIDES.
Basides situés dans le parenchyme même
du réceptacle, ou dans des sporanges parti-
culiers qui y sont renfermés.
Tribu I. — Comogastres.
Réceptacle globuleux, ovale ou allongé,
membraneux, charnu, papyracé, nu ou en-
fermé dans une volve , sessile ou supporté
par un pédicule qui le traverse quelquefois
en tout ou en partie sous forme d'axe. Paren-
chyme spongieux, compacte ou mou, se
réduisant en poussière et en filaments. Ba-
sides tétraspores , discrets, tapissant les
vacuoles ou pressés les uns contre les autres.
Section I. — Podaxinés.
Réceptacle rond, ovale ou allongé, charnu
ou mou, nu, traversé en tout ou en partie
par un axe central.
Genres : Podaxon, Desv. ; Cauloglossum,
Grev. ; Hyperrhiza , Bosc. ; Cycloderma ,
Klotzsch; Stemonilis, Pers.; Diachea, Fr.
Section II.
Battarrés.
Réceptacle presque globuleux , enfermé
dans une volve, se réduisant en spores et en
filaments à sa partie supérieure. Pédicule
long et fibreux.
Genre : Battarrea, Pers.
Section III. — Tylostomés.
Réceptacle globuleux, déprimé en dessous,
papyracé, enveloppé dans une volve fugace,
s'ouvrant par un pore régulier, cartilagineux
ou se déchirant irrégulièrement. Pédicule al-
longé, fibreux, plein ou fistuleux.
Genres: Tylostoma, Pers.; Schizostoma,
Ehrbg. ; Calosloma, Pers.?; Mitremyces,
Nées?; Riella, Rafin. ; Suspicante, Schwei-
nitz?
Section IV. — Géastrés.
Réceptacle arrondi, membraneux, sessile
ou pédicule , s'ouvrant à sa partie supé-
rieure ou sur plusieurs points de sa surface,
renfermé dans une volve persistante, coriace,
hygrométrique, qui se rompt du sommet à
la base sous forme d'étoile.
Genres : Myriostoma, Desv. ; Pkcostoma,
Desv. ; Geaster , Mich. ; Disciseda , Czern.;
Actinodermum, Nées? Diploderma, Lk.
Section V. — Brooméiés.
Réceptacles globuleux, sessiles, s'ouvrant
irrégulièrement à la partie supérieure , et
plongés en partie dans une base commune.
Genre : Broomeia , Berk.
Section VI. — Lycoperdés.
Réceptacle presque globuleux , recouvert
d'un cortex verruqueux plus ou moins fu-
gace s'ouvrant à sa partie supérieure, ses-
sile ousupporté par un pédicule celluleux en
dedans et persistant. Spores sessiles ou pé-
dicellées, glabres ou hérissées.
Genres : Lycoperdon , Mich. ; Bovista,
Pers.; Lycogala, Pers.
Section VII. — Hippoperdés.
Réceptacle charnu, recouvert d'un cortex
fugace. Parenchyme celluleux et persistant,
ne se réduisant pas en filaments. Spores
rondes, sessiles, glabres ou hérissées.
Genre: Hippoperdon, Mntg.
Section VIII. — Phellorinés.
Réceptacle arrondi, ovale, coriace, su-
béreux, persistant, s'ouvrant en lanières
irrégulières à sa partie supérieure.
Genres : Phellorina, Berk.; Mycenastrum,
Desv.; Endoneuron, Czern.
Section IX. — Polysaccés.
Réceptacle arrondi ou ovale, sessile ou
pédicule, membraneux ou coriace, puis fra-
gile , s'ouvrant irrégulièrement, divisé à
l'intérieur en plusieurs loges qui renferment
des conceptacles particuliers arrondis ou
difformes.
Genres : Polysaccum, DC. ; Scoleiocarpusf
Berk.
Section X. — Sclérodermés.
Réceptacle presque globuleux , sessile ou
pédicule, coriace, indéhiscent, ou se brisant
au sommet. Parenchyme compacte, enfin pul-
vérulent. Basides pressés les uns contre les
autres.
Genres: Scleroderrna , Pers.; Goupilia,
Mér.?
Section XI. — Trichodermés.
Réceptacle arrondi ou en forme de cous-
sin , sessile ou pédicule , partie supérieure
filamenteuse et disparaissant spontanément
pour donner issue aux spores.
Genres: Trkhocoma , Jnghn. ; Pilacre r
MYC
Fr. ; Trichoderma , Pers. ; Ostracoderrna ,
Fr. ; Institale, Fr.; Hyphelia, Fr.?
Section XII. — Réticulariés.
Réceptacle arrondi ou en forme de cous-
sin, d'abord mou, diffluent, puis pulvé-
rulent.
Genres : Reticularia, Bull. ; Mlhalium ,
o.k.; Lignidium,Lk.; Diphtherium, Ehrbg.;
Enteridium, Ehrbg.; Lachnobolus, Fr.?; Pty-
vogaster, Cord.?
Section XIII. — Spumariés.
Réceptacles nombreux, fixés à une mem-
brane muqueuse commune, recouverte d'une
enveloppe, molle, diffluente comme de l'é-
cume, et qui se réduit enfin en poussière.
Genres : Spumaria, Pers. ; Pitlocarpium,
Lk.?
Section XIV. — Physarés.
Réceptacles de forme variable, sessiles ou
pédicules. Parenchyme formé par un réseau
solide, sans élasticité, et naissant des parois
du réceptacle.
Genres : Physarum , Pers. ; Didymium,
Schrad.; Tricamphora, Jnghn.; Cupularia,
Lk. ; Tripotrichia , Cord., Craterium ,
Trentp. ; Diderma, Pers.; Cionium, Lk.;
Leocarpus, Lk. ; Leangium, Lk. ; Polychys-
mium, Cord.; Angioridium , Griv. ; Ste~
gasma, Cord.; Cylichnium, Wallr. ? Tri-
chulius, Schmid. ?
Section XV. — Trichiacés.
Réceptacle ovale ou arrondi, sessile ou
pédicule. Réseau élastique.
Genres . Trichia, Hall. ; Arcyria. Hall. ;
Cirrholus, Mart.?
Section XVI. — Cribrariés.
Réceptacle globuleux , ovale , pédicule.
Réseau solide, persistant, et dépourvu d'é-
lasticité.
Genres : Diclydium , Schrad. ; Cribraria,
Schrad.
Section XVII. — licés.
Réceptacle de forme variable, sessile. Pa-
renchyme sans texture manifeste, et ne pré-
sentant à l'époque de la dispersion des spo-
res que peu ou point de filaments.
Genres : Perichœna, Fr. ; Licea, Schrad.;
Tubulina, Pers.; Phelonitis, Chev.; Tipula-
ria, Chev.; Dichosporium, Nées?; CUssospo-
T. VIII.
MYC
489
rium, Fr. ?; Aslerolhecium, Wallr.?; Am~
phisporium , Lk. ?
Tribu II. — Ctopîîorés.
Réceptacie sessile ou pédicule , subglobu-
leux ou urcéolé , floconneux, membraneux
ou fibreux, renfermant dans son intérieur
un ou plusieurs sporanges. Ouverture irré-
gulière , circulaire ou en lanières, nue ou
munie d'un épiphragme. Sporanges sphéri-
ques, ovales, sessiles ou attachés à un funi-
cule , quelquefois lancés au loin avec élas-
ticité,
Section ï. — Poîygastrés.
Réceptacle arrondi, sessile, floconneux ou
subéreux, s'ouvrant irrégulièrement. Spo-
ranges nombreux et sessiles.
Genres : Polygaster, Fr.; Endogone, Lk.;
Gemmularia, Rafin.?; Arachnion, Schyteïnz.;
Myriococcum, Fr. ; Polyangium, Lk. ; CM-
ciocarpus, Cord.
Section H. — Widulariés.
Réceptacle arrondi ou urcéolé , coriace ;
ouverture irrégulière ou orbiculaire , nue ou
munie d'un épiphragme. Sporanges super-
posés, le plus souvent lenticulaires, sessiles
ou attachés à un funicule élastique.
Genres : Crucibulum , Tul. ; Cyathus ,
Pers. ; Cyathea, Br.
Section III. — Carpobolés.
Réceptacle arrondi ou urcéolé , sessile ;
ouverture simple, orbiculaire ou divisée en
lanières. Sporange unique, sessile, ovale ou
arrondi , lancé quelquefois avec élasticité.
Genres : Atraclobolus, Tode; Tlielebolus ,
Tode ; Carpobolus , Mich.
Tribu III. — Hystérangiés.
Réceptacle globuleux ou difforme, charnu,
indéhiscent. Parenchyme compacte ou spon-
gieux, homogène ou veiné. Basides libres ou
pressés les uns contre les autres.
Genres : Gaulhiera, Vitt. ; Splanchnomy-
ces, Cord.; Hymenangium, Klotzsch. ; Octa-
viana , Tul. ; Melanogaster, Cord. ; Hyper-
rhiza, Bosc.?; Hydnangium, Wallr.; IJyste-
rangium, Vitt.; Bromicolla, Eichwald.?
Division II. — '-Tltécasporés.
Réceptacle de forme variable. Spores ren-
fermées dans des thèques avec ou sans para-
physes , situées à sa surface ou dans l'in-
térieur du réceptacle.
G2
490
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Sous-division I. — ECTOTHÈQUES.
Réceptacle charnu, coriace ou trémelloïde,
sessile ou pédicule, capitulé, membraneux
et plié , en forme de massue ou de cupule ,
lisse, sinueux ou alvéolé.
Tribu I. — Mitres.
Réceptacle charnu, allongé, en forme de
langue, de massue, capitulé, membraneui,
sinueux, alvéolé, ou plié.
Section I. — Géoglossés.
Réceptacle charnu, pédicule, lisse, en
forme de massue ou capitulé.
Genres : Spathularia, Pers.; Geoglossum,
Pers. ; Leotia, Pers. ; Mitrula, Fr.; Heyde-
ria , Fr. ; Vibrissea, Fr.
Section II. — Morchellés.
Réceptacle pédicule , charnu ou trémel-
loïde, sphérique, campanule ou conique,
sinueux ou alvéolé.
Genres : Morchella , Pers. ; Eromitra ,
Lév. = Mitrophora , Lév. ; Gyrocephalus ,
Pers. ; Verpa, Pers.
Section III. — Helvellés.
Réceptacle pédicule, membraneux, divisé
en lobes plies et rabattus , libres ou adhé-
rents au pédicule.
Genre : Helvella , L.
Tribu II. — GvATHYnÉs.
Réceptacle sessile ou pédicule , charnu ,
coriace ou trémelloïde, en forme de cupule.
Section I. — Cyttariés.
Réceptacle sessile ou pédicule, trémel-
loïde, présentant à sa périphérie un plus ou
moins grand nombre de cellules dans les-
quelles les thèques sont renfermées.
Genre : Cyttaria, Berk.
Section II. — Pézizés.
Réceptacle charnu, rarement coriace, ses-
sile ou pédicule, en forme de cupule plus ou
moins profonde , ou de disque convexe.
Genres : Peziza , L. ; Ascobolus , Pers. ;
Bulgaria, Fr. ; Rhizina, Fr. ; Patellaria,
Fr. ; Helotium, Pers.
Section III. — Agyriés.
Réceptacle charnu, sessile, convexe ou
plat.
Genres: Agyrium, Fr. , ConJ. ; Pyro-
fiema, Carus.; Cryptomyces, Grev.; Propolis,
Fr., Cord.; Xylographa, Fr.?; Sarea, Fr. ?
Section IV. — Cénangiés.
Réceptacle sessile, rarement pédicule, co-
riace , déprimé ou concave; ouverture nue
ou munie d'un voile membraneux fugace.
Genres : Cenangium , Fr. ; Tympanis ,
Tode ; Dermea , Fr. ?
Section V. — Stictés.
Réceptacle sessile , membraneux ; ouver-
ture entière ou divisée en lanières.
Genres : Stictis , Pers.; Cryptodiscus ,
Cord.; Godronia, Moug. et Lév.; Melittospo-
rium, Cord.
Sous-division II. — ENDOTHÈQUES.
Réceptacle sessile ou pédicule , charnu ,
coriace, subéreux ou charbonneux, nu ; con-
ceptacles isolés ou réunis en plus ou moins
grand nombre, sphériques, ovales ou dépri-
més, s'ouvrant en une ou plusieurs fentes ,
ou par un pore.
Tribu I. — Rhegmostomés.
Conceptacles sessiles , cornés ; ouverture
linéaire ou radiée.
Section I. — Hystéries.
Conceptacles sessiles, cornés, saillants ou
déprimés, orbiculaires, ovales ou linéaires;
ouverture longitudinale, linéaire.
Genres : Glonium, Muhlenb. ; Hysterium,
Pers. ; Hysterographium, Cord. ; Lophium,
Fr. ; Aylographum, Libert; Dichœna, Fr. ;
Ostropa, Fr. ; Sporomega , Cord. ; Endotri-
chum, Cord. ; Schizothecium, Cord. ; Cheila-
ria, Libert; Rhytisma, Fr,
Section II. — Cliostomés.
Conceptacles sessiles , cornés , déprimés ,
s'ouvrant en plusieurs fentes du centre à la
circonférence.
Genres : Phacidium, Fr. ; Actidium, Fr. ;
Cliostomum, Fr.; Pilidium, Kz.
Tribu II. — Stégillés.
Conceptacles sessiles , cornés , aplatis ;
la partie supérieure se détache en forme
d'opercule ou d'écaillé, et met à découvert
les thèques.
Genres: Steoilla, Rchb.; Schizoderma,
Ehrbg.
Tribu III. — Sphériacés.
Conceptacles globuleux , ovales , aplatis ,
coriaces ou cornés , isolés ou réunis en
grand nombre, libres ou supportés par un
MYG
MYG
401
réceptacle allongé, pulviné ou étalé, charnu,
subéreux , carbonacé ou composé de fibres
rayonnantes, indéhiscent, ou s'ouvrant par
un pore en forme de papille, ou situé à l'ex-
trémité d'un col ou bec plus ou moins pro-
noncé.
Genres : Hypocrea , Fr. ; Hypoxylon
Bull. ; Acrosphœria, Cord. ; Acroscyphus
Lév. ; Thamnomyces , Ehrbg. ; Chœnocar-
pus, Rebent. ; Cordyceps, Mntg., Fr. ; Ba
cillaria, Mntg.; Sphœria, L. ; Podostrom
bium, Kz. = Hypolyssus Montagnei, Berk.
Aposphœria, Berk. ; Depazea, Fr. ; Stigmea
Fr. ; Sporotheca, Cord. ; Dotidea, Fr. ; Py
renochium , Link. ; Polystigma, Pers. ; Sac-
cothecium, Mntg.; Melanospora , Cord.
Splanchnomema , Cord.; Asterina, Lév.
Pisomyxa, Cord.?; Lembosia, Lév.; Meliola
Fr.?; Microthyrium , Desmaz. ; Micropeltis
Mntg.; Pemphydium , Mntg.; Hypospila
Fr. ?; Perisporium, Fr.
Tribu IV. — Angiosarques.
Réceptacles charnus, arrondis ou tube-
reux, sessiles, pédicules ou placés sur une
base filamenteuse, le plus souvent indé-
hiscents ; parenchyme uniforme ou veiné;
spores au nombre de six à huit, renfermées
dans des thèques arrondies ou ovales, ra-
rement cylindriques.
Section I. — Tubéracés.
Réceptacle hypogé, arrondi, tubéreux,
lisse ou verruqueux à sa surface; spores
lisses ou hérissées , renfermées dans des
thèques arrondies , ovales ou cylindriques.
Genres : Tuber , Mich. ; Choiromyces ,
Tul. ; Pachyphlœus , Tul. ; Hydnobolites ,
Tul . ; Delastria, Tul .; Sphœrosoma, Klotzsch ;
Elaphomyces, Nées; Balsamia , Vit t. ; Ge-
nea, Vitt. ; Picoa, Vitt.
Section IL — Onygénés.
Réceptacle sphériqueou en forme de ca-
pitule, charnu, compacte, indéhiscent, sup-
porté par un pédicule plein, charnu; spores
renfermées dans des thèques ovales ou ar-
rondies.
Genres : Onygena, Pers.; Spadonia, Fr.?;
Hypochœna, Fr.?
Section III. — Érysiphés.
Réceptacle charnu, sphérique , le plus
souvent indéhiscent, supporté par une base
floconneuse superficielle ou cachée; spores
au nombre d'une à huit, renfermées dans
des thèques arrondies ou ovoïdes.
Genres : Erysiphe, Hedw. fils; Lasiobo-
trys, Kze.
Division III. — Clinosjiorés.
Réceptacle de forme variable , recouvert
par le clinode ou le renfermant dans son
intérieur.
Sous-division I. — ECTOCLINES.
Clinode charnu recouvrant en tout ou en
partie la surface du réceptacle.
Tribu I. Sarcopsidés.
Réceptacle charnu, mou, en forme de
capitule, de coussin, sessile ou pédicule.
Section I. — Tuberculariés.
Réceptacle charnu , sessite ou pédicule;
spores déliquescentes.
Genres : Tubercularia , Tode ; Ditiola,
Fr. ; Ceratopodium , Cord.; Cilicipodium ,
Cord.; Hymenula, Fr. ; Mgerila, Pers.;
Epicoccum , Lk. ; Conisporium , Cord. ;
Sphœrosporium, Schweinz. ; Chromostromaf
Cord.; Crocisporium , Cord.; Fusarïumv
Lk. ; Sphacelia, Lév. ; Selenosporium, Cord.;
Stromateria, Cord. ; Seimatosporium, Cord.;
Sphœrosporium , Schwnz. ; Chroostroma ,
Cord.; Coccularia, Cord. ; Gymnosporium,
Cord.?; Chromosporium, Cord.?; Amphispo-
rium, Lk.?; Echinobotryum, Cord.? ; Conio-
thecium, Cord.? An status abortivus varia-
rum sphœriarum ? Blennoria, Fr. ?
Section II. — Stilbés.
Réceptacle pédicule, terminé en tête,
mou, déliquescent, enfin pulvérulent.
Genres: Hyalopus, Covô. ; Stilbum, Tode ;
Graphium, Cord. ; Melanostroma , Cord.;
Gloiocladium, Cord.
Section III. — Excipulés.
Réceptacle membraneux , excipuliforme ,
sessile ou pédicule; clinode convexe, déli-
quescent; spores continues, cloisonnées, avec
ou sans appendices filiformes.
Genres: Excipula, Cord.; Dinemaspo-
rium, Lév.; Polynema, Lév. ; Chœtostroma,
Cord. :
Section IV. — Mélanconiés.
Réceptacle charnu, plat, simple ou lobe,
caché sous l'épiderme; spores continues ou
cloisonnées, mélangées avec une matière gé-
492
MYC
MYC
latineuse, et sortant sous forme de masses,
de fils ou de rubans.
Genres : Stegonosporium, Cord. ; Aslero-
sporium, Kze. ; Didymosporium, Nées; Stil-
bospora, Vers. ; Cryptosporium, Kze. ; Dic-
tyosporium , Cord.; Fusicoccum , Cord.;
Nœmaspora, Pers. ; Libertella , Desmaz.;
Myxosporium, Lk.; Dicoccum, Cord.?; Fw-
soma, Cord.?; Aptenoum, Cord.?
Section V. — Myrothéciés.
Réceptacle membraneux, sessile, super-
ficiel , marge nue ou formée par des poils
dressés.
Genres: Myrothecium , Tode; Psilonia,
Fr. ; Myrosporium, Cord. ; Tricholeconium,
Cord.; Scolicotrickum , Kze.?; Aseimotri-
chum, Cord. ? ; Volutella, Tode ?
Tribu II. — Coniofsidés.
Réceptacle charnu, coriace, trémelloïde,
pulviné , convexe, ou îinguiforme, d'abord
caché, puis saillant; spores caduques pul-
vérulentes , simples ou cloisonnées, sessiles
ou pédiculées.
Section I. — Urédinés.
Réceptacle charnu , en forme de coussin
ou subulé; spores rondes ou ovales, conti-
nues, sessiles ou pédiculées.
Genres : Uredo, Pers. ; Cronartium, Fr. ;
Spilocea, Fr.? ; Papularia , Fr.?; Phyllœ-
dium , Fr.? ; Physoderma ? ; Protomyces ,
Ung. ?
Section II. — Ustilaginés.
Réceptacle filamenteux, fugace, caché;
spores situées dans l'épaisseur des tissus
qu'elles détruisent pour se répandre au de-
hors sous forme de poussière.
Genres : Polycystis , Lév. ; Ustilago ,
Diltm. ; Sporisorium, Ehrbg. ; Testicularia,
Klotzsch.
Section III. — Phragmidiés.
Réceptacle charnu, coriace ou trémel-
loïde; spores pédicellées et cloisonnées.
Genres: Puccinia, Pers. ; Rhopalidium,
Motg. = Puccinia Brassicœ, Mntg. ; Soleno-
donta, Castg. = Puccinia coronata, Cord.;
Melampsora , Castg. ; An status abortivus
Pucciniœ ? Polythrincium, Kze. ; Phragmi-
àium, Fr. ; Xenodochus, Schlect. ; Trtphrag-
mium, Lk. ; Gymnosporangium, Lk. ; Po-
disoma, Lk.; Coryneum , Nées; Sporides-
mium, Lk. ; Ceratosporium, Schweinz.; Clas-
terosporium , Schweinz. ; Hymenopodium 9
Cord. ; Didymaria , Cord. ; An Puccinia in
statu juvenili ? Entom/yclium, Wallr. ? Bryo-
myces, Miq. ; An germinatio muscorum?
Sous-division II. — ENDOCLINES.
Réceptacles coriaces ou cornés , sessiles
ou pédicules, renfermant le clinode et les
spores dans leur intérieur.
Section I. — Actlnotbyriés.
Réceptacle sessile, adné, se séparant sous
forme d'écaillé.
Genres: Actinolhyrium , Kze.; Lepto-
stroma, Leptothyrium , Kze. ; Parmularia ,
Lév. ; Coniothyrium , Cord.; Lichenopsis ,
Schweinz.
Section II. — labrellés.
Conceptacle corné, sessile, s'ouvrant par
une fente longitudinale.
Genres : Labrella , Fr. ? ; Endotrichum ,
Cord. ; Phragmotrichum , Kze. ; Strigula ,
Fr.?
Section III. — Astéromés.
Conceptacles hémisphériques , cornés ,
et s'ouvrant par un pore au sommet, sup-
porté par un réceptacle composé de fibres
solides , rayonnantes et adnées.
Genres: Asleroma, DC. , Libert; Ypsi-
lonia, Lév. ; Dendrina, Fr.
Section IV. -— Pestalozziés.
Conceptacle nu, hémisphérique, corné,
s'ouvrant par un pore; spores cloisonnées,
pourvues d'appendices filiformes.
Genres: Pestalozzia, Dntrs. = Robil-
larda, Castg.; Discosia, Libert; Ddophos-
pora, Desmaz.; Neoltiospora , Desmaz.:
Seiridium , Nées; Phlyctidium , Wallr.,
Dntrs. ; Prosthemium, Kze.
Section V. — Sphéronémés.
Conceptacle libre, rarement supporté pal
un réceptacle, globuleux, conique, cylindri-
que , aplati, corné ou membraneux; spore;
simples ou cloisonnées, sortant sous forme
de tache ou de globule.
Genres : Zythia, Fr. ; Sphœronœma, Fr. ;
Hercospora, Fr. ; Ascospora, Libert; Septo-
n'a, Fr. ; Phoma, Fr. ; Melasmia, Lév.;
Ceuthospora, Grev. ; Stigmella, Lév. ; Spo»
rocadus , Cord. ; Couturea , Castg. ; Crypto-
sporium, Kze. ; Hendersonia , Berk. ; Acro-
spermum, Tode ; Micropera , Lév.; Cyti-
3V1YC
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493
spora , Fr. ; Poîychœton , Vers. ; Fumago
Citri, Pers.
Section VI. — Sphéropsidés.
Conceptacle corné, charbonneux, globu-
leux, ovale, hémisphérique, isolé ou sup-
porté sur un réceptacle commun, unilocu-
Jaire, indéhiscent, ou s'ouvrant par un pore
en forme de papille ou situé à l'extrémité
d'un col plus ou moins allongé; spores con-
tinues ou cloisonnées.
Genres: Acrosphœria , Cord.? Phyla-
cia , Lév. ; Corynelia , Fr. ? Sphœropsis ,
Lév. ; Piptostomum , Lév. ; Sphinctrhia, Fr.;
Scopinella , Lév. = Scopulina , Lév.; ZH'-
plodia, Fr. ; Apiosporium, Kze. ; Microlhe-
cium, Cord. ; Gibbera, Fr. ; Spilobolus, Lk. ;
Coccobolus, Wallr. ; PyrcnoLrichum, Mntg. ;
Sclerococum, Fr. ; Chœlomium, Kze. ; Myxo-
trichum, Kze. ; Angiopoma, Lév. ; Vermicu-
laria, Fr.; Schizothecium , Cord.; ^Ipiospo-
mm, Kze. ; Dryophilum, Schweinz. ; .4w.
incunabula insectorum?
Division IV. — Cystospwrés.
Réceptacles floconneux, cloisonnés, simples
ou rameux; spores continues renfermées
dans un sporange terminal, membraneux,
muni ou non d'une columelle centrale.
Tribu I. — Columellés.
Sporange renfermant une columelle à
l'intérieur, se déchirant irrégulièrement ou
circulairement au-dessous.
Section I. — Cratércmycés.
Sporange vésiculeux, terminal ou latéral,
ouvert à sa partie supérieure.
A. Sporange sans opercule.
Genres: Calyssosporium, Cord.; Hemis-
cyphe, Cord.; Crateromyces, Cord.; Didy-
mocrater, Mart. ; Zygosporium, Mntg. ?
B. Sporange operculé.
Genres: Diamphora, Mart.
Section II. — Ascophorés.
Sporange vésiculeux, s'ouvrant irrégu-
lièrement ou circulairement en dessous.
Genres: Ascophora, Tode; Rhizopus ,
Ehrnbg. ; Mucor, Mien. ; Sporodinia, Lk. ;
Cystopora, Rabenh.?
Tribu II. — Sapropuilés.
Sporanges terminaux ou latéraux , isolés
ou conjugués, continus ou operculés, sang
columelle à l'intérieur.
Section I.
Mucorinés.
Sporange vésiculeux , sans columelle à
l'intérieur, s'ouvrant au sommet.
Genres : Hydrophora, Tode ; Melidium,
Eschw. ; Helicostylum, Cord.; Theleactis,
Mart.; Acrostalagmus , Cord.; Azygites ,
Fr.; Cephaleuros, Kze .?; Endodromia, Berk.?
Section II. — Piloboîés.
Sporange vésiculeux, terminal, recouvert
d'un opercule.
Genres : Pilobolus, Tode ; Pycnopodium?,
Cord.; Chordostylum?, Tode; Caulogaster?,
Cord.?
Section III. — Syzygités ?
Réceptacle floconneux; sporange résul-
tant de la conjugaison des rameaux laté-
raux.
Genres : Syzygités, Ehrnbg. ; An alga
aerea ?
Division V. — Trielïosporés.
Flocons du réceptacle isolés ou réunis en
un seul corps, simples ou rameux; spores
extérieures fixées sur toute la surface ou sur
quelques points seulement.
Sous-division I. — ALEURINÉS.
Réceptacles isolés ou formés de plusieurs
flocons réunis, allongés, membraneux ou
capitules; spores situées sur toute leur sur-
face ou seulement à la partie supérieure.
Tribu I. — Isariés.
Réceptacle composé , solide , capitulé ou
allongé.
Genres : Isaria, Pers.; Amphichorda, Fr.;
Pcribolryon, Fr.? Triclinium, Fée?
Tribu II. — Scoriadés.
Réceptacle membraneux, cupuliforme
ou rameux, diffluent ou persistant, recou-
vert de spores.
Genres: Ceratium , Alb. et Schweinz.;
Dacrina, Fr., Epichysium, Tode?
Tribu III. — Périconiés.
Réceptacle composé, plein ou cloisonné,
subuliforme, terminé en un capitule arrondi,
ovale ou allongé, couvert de spores.
Genres : Pcricon ia, Tode; Sporocybe, Fr.;
494
MYC
MYC
Vackuocybe, Berk. ; Cephalotrichum , Lk. ;
Doratomyces, Cord., an genus distinctum?
Tribu IV. — Sporotrichés.
Réceptacles floconneux, rameux , recou-
verts de spores sur toute leur surface.
Genres: Sporotrichum , Lk.; Fusidium,
Lk.; Aleurisma, Lk.; Asterophora, Dittam.;
Mycogone, Pers. ; Sepedonium, Lk. ; Nema-
togonium, Desmaz.; Colletosporium , Cord.;
Acrolhamnium, Nées?; Plecotrichum, Cord.?;
Mainomyces, Cord.; Chrysosporium, Cord.?;
Chromosporium, Cord.?; Myxonema, Cord.?;
Melanotrichum, Cord.?; Memnonium, Cord.?;
Artotrogus, Mntg.?
Tribu V. — Ménisporés.
Réceptacles floconneux, simples, cloison-
nés, obtus ou aigus au sommet; spores
nombreuses, simples ou cloisonnées, ovales,
allongées, courbées ou anguleuses 9 termi-
nales et verticfllées.
Genres; Menispora, Pers.; Rhinotrichum,
Cord.; Camptoum, Lk. ; Arthrinium, Kzq.;
Gonatosporium , Lk.; Psilonia, Fr.? ; Medu-
sula, Tode? ; Balanium, Wallr.; Spondycla-
dium, Mart.; Coelosporium, Lk.; Ospriospo-
rium, Cord.?; Trichoslroma, Cord.?; OEde-
mium , Lk.
Sous-division IL — PHYCOCLADÉS.
Réceptacles simples ou rameux , cloison-
nés ; spores simples ou cloisonnées, fixées sur
une vésicule terminale, ou isolées à la pointe
des rameaux.
Tribu I. — Cépiialosporés.
Réceptacles simples ou rameux; spores
continues ou cloisonnées, fixées à la surface
des vésicules.
A. Spores continues.
Genres : Phycomyces, Kze. ; Acmosporium,
Cord.; Cephalosporium, Cord.; Myriocepha-
lum, Dntrs. ; Rhopalomyces, Cord. ; Chore-
topsis, Cord.; Haplotrichumt Cord.; Hapla-
ria, Lk.; Gonatobotrys , Cord.; Desmotri-
chum, Lév.; Chlonostachys , Cord. ; Myxo-
trichum, Kze.; Gonytrichum , Nées; Ramu-
laria, Ung.?; Actinocladium , Ehrbg.?; Ca-
pillaria , Pers.? ; Chionypha, Thien ? ; Schin-
zia, Nag.?; Naegelia, Rabenh.?
B. Spores cloisonnées.
Genres : Arthrobotrys , Cord.?; Strachy-
botrys, Cord.; Diplosporium, Lk.
Tribu II. — Oxvcladés.
Réceptacles simples ou rameux, cloison-
nés; spores continues ou cloisonnées, fixées
en plus ou moins grand nombre , ou soli-
taires à l'extrémité des rameaux terminés
en pointes.
Section I. — Cladobotryés.
Spores plus ou moins nombreuses à l'ex-
trémité des rameaux.
A. Spores continues.
Genres : Polyactis , Lk. ; Cladobotryum ,
Nées; Stachylidium , Cord.
B. Spores cloisonnées.
Genres: Trichothecium , Lk.; Cephalothe-
ciuniy Cord.; Dactylium, Nées ; Mystrospo-
rium, Cord.; Stachybotrys, Cord.
Section II. — Botrytidés.
Réceptacles simples ou rameux , cloison-
nés; spores simples ou cloisonnées, solitaires
à Textrémité des rameaux.
A. Spores continues.
Genres: Botrytis,Lk. ; Peronospora, Cord.;
Verticillium , Nées; Acremonium, Lk. ; Ple-
rodinia, Chev.; Streblocauliwm, Chev.; Am-
phiblistrum, Cord.; Geotrichum> Lk.?; Zygo-
desmus, Cord.
B. Spores cloisonnées.
Genres : Blastotrichum , Cord.; Brachy-
cladium, Cord.; Triposporiumy Cord.; Acro-
thecium, Cord.; Anodotrichum, Cord.
Sous-division III. — SCLÉROCHÉTÉS.
Réceptacles pleins ou cloisonnés , formés
d'un seul rang de cellules ou de plusieurs
réunis ensemble , simples ou rameux ; spores
isolées répandues çà et là , ou réunies en
plus ou moins grand nombre à la base ou
au sommet.
Tribu I. — Hélicosporés.
Spores filiformes , cloisonnées , tournées
en hélice , fixées sur toute la surface des
réceptacles.
Genres : Helicotrichum, Nées ; Helicoma,
Cord.
Tribu IL — Gyrocérés.
Réceptacles composés, simples ou rameux ;
rameaux stériles plus ou moins courbés ;
spores fixées en grand nombre autour de la
base.
MYC
Genres : Gyrothrix, Cord.; Gyrocerus ,
Cord.; Chœtopsis,Gve\.; Streptothrix, Cord.;
Ceratocladium, Cord.; Circinotrichum, Nées.
Tribu III. — Helminthosporés.
Réceptacles solides ou cloisonnés, simples
ou rameux; spores cloisonnées, solitaires ,
fixées à l'extrémité des rameaux ou sur dif-
férents points.
Genres : Helminthosporium , Lk. ; Podo-
sporium , Sclnveinz. ; Soredospora , Cord. ;
Azosma, Cord.; Mitrosporium, Cord.; Ma-
crosporium, Fr.; Coccosporium, Cord.; Mi-
donotrichum , Cord.; Seplosporium, Cord. ;
Stemphylium, Cord. ; Triposporium, Cord.;
Trichœgum, Cord. ; Macroon, Cord. ; Am-
phitrichum, Nées?; Midonosporium, Cord.?
Division VI. — Artlivosporés.
Réceptacles filamenteux, simples ou ra-
meux, cloisonnés ou presque nuls; spores
disposées en chapelet, terminales, persis-
tantes ou caduques.
Sous-division I. — PHRAGMONÉMÉS.
Réceptacles rameux ; spores ou articles
persistants.
Tribu I. — Antennariés.
Réceptacles rameux, étalés, rarement dres-
ses , cloisonnés et atténués de la base au
sommet, articles persistants; spores
Genre : Antennaria, Lk.
Tribu II.
Alternariés.
Réceptacles simples, dressés; spores con-
tinues ou cloisonnées, séparées par un étran-
glement bien marqué.
Genres: AUernaria , Nées; Phragmolri-
chum, Kze.
Sous-division II. — HORMISCINÉS.
Réceptacle formé d'un seul rang de cel-
lules ou de plusieurs réunies ensemble, so-
lide ou cloisonné , simple ou rameux, capi-
tulé ou allongé; spores caduques, conti-
nues ou cloisonnées, terminales ou fixées au
capitule.
Tribu I. — Corémiés.
Réceptacle plein , renflé à son extrémité
supérieure en forme de capitule ou de
massue.
Genres: Coremium , Lk. ; Stysanus,
Cord.
MYC 495
Tribu II. — Aspergillés.
Réceptacle floconneux, simple ou ra-
meux ; spores fixées sur une vésicule arron-
die ou ovale terminale.
Genres: Aspergillus , Mich. ; Monilia,
Hill.; Pénicillium, Lk.
Tribu III. — Oidiés.
Réceptacles simples ou rameux, flocon-
neux; spores terminales, faisant suite aux
rameaux ou verticillées.
A. Spores à l'extrémité des rameaux.
Genres : Oïdium , Lk. ; Rhodocephalus ,
Cord.; Dematium , Per. ; Cladosporium ,
Lk. ; Chloridium, Lk. ?
B. Spores disposées en verticilles.
Genres: Sporodon, Cord. ; Gonatorrho-
don, Cord.
Tribu IV. — Septonémés.
Réceptacles floconneux , simples ou ra-
meux; spores cloisonnées.
Genres: Dendryphium, Cord. ; Solenospo-
rium, Cord. ; Cladotrichum, Cord. ; Trim-
matospora , Cord. ; Septonema , Cord. ;
Bispora, Cord.
Tribu V. — Torulacés.
Réceptacle floconneux, nul ou presque
nul ; spores continues.
Genres: Torula, Pers. ; Tetracolium,
Kze. ; Cylindrosporium, Grév. ; Sporendo-
nema, Desmaz.; Speirea, Cord. ; Gongylo-
cladium , Wallr.?; Helicomyces , Lk.
La disposition que je viens de présenter
n'est pas entièrement nouvelle. Dans le mé-
moire que j'ai publié sur l'Hyménium des
Champignons ( Ann. des se. nat.y 1837,
vol. VIII, p. 321 ), j'ai fait Yoir que les Hy-
ménomycetes devaient être divisés en BasU
diosporés et en Thécasporés. Plus tard (De-
midoff, Voy. Russ. mérid.) j'ai énoncé, mais
sans le caractériser, Tordre des Stromato-
sporés ou Clinosporés. M. le professeur Ad.
de Jussieu en a donné un aperçu général
dans son Cours élémentaire de Botanique.
Comme dès lors les caractères de mes six
ordres se sont trouvés établis, je les ai con-
servés dans mes diverses publications, insé-
rées dans les Annales des sciences naturelles
(3e série, t. II, p. 167, et t. V, p. 167). De-
49Q
I\1YC
puis, cette classification a reçu une applica-
tion plus complète et plus directe de la part
de M. le docteur Mougeot dans rénuméra-
tion des Champignons des Vosges (Statist.
du départ, des Vosges , part. bot. , 1846).
Aujourd'hui je l'expose plus complètement,
en y rattachant, autant qu'il m'a été pos-
sible, tous les genres connus.
Telle que je la soumets actuellement aux
mycologues, elle résulte de l'analyse de quel-
ques centaines de genres et de plusieurs mil-
liers d'espèces. Je n'ai pu cependant vérifier
tous les genres qui ont été décrits, et j'ai
cru devoir adopter ceux dont les figures con-
cordaient parfaitement bien avec les des-
criptions, et négliger ceux dont les descrip-
tions étaient incomplètes et les analyses in-
signifiantes. Ces genres ont été répartis avec
doute aux sections que les auteurs leur
avaient eux-mêmes assignées.
L'application de mes principes à la classe
des Champignons a, j'ose le dire, dépassé mes
espérances. Ainsi, parmi toutes les espèces
que j'ai soumises à l'examen microscopique,
je n'ai rencontré que le Chœnocarpus hip-
potrichodes et le Scopinella barbala qui
n'ont pu y trouver place. Encore, je dois le
faire observer, depuis la publication de mes
observations sur la première de ces plan-
tes, j'ai eu connaissance des remarques de
MM. Greville et Berkeley, qui la rangent
à côté des Sphéries , et , en effet , c'est la
place qu'elle doit occuper; quant à la se-
conde, je la laisse parmi les Clinosporés ,
attendant cependant une analyse plus satis-
faisante et établie sur des individus frais.
Puisse l'exposé de mon travail jeter quelque
lumière sur la Mycologie, et contribuer à
l'avancement de la méthode naturelle, but
constant de mes efforts ! (Léveillé.)
MYCOMA , Lapeyr. (Abrég., 115).
bot. ph. — Syn. de Ramondia, L. C. Rich.
*MYCOPORUM (p-vxnç, viscosité, népoç,
trou ). bot. cr. — Genre de la famille des
Lichens, tribu des Trypéthéliacées, établi
par Meyer ( Tlecht., 327) pour des Lichens
qui croissent sur les écorces des arbres des
Tropiques. Voy. lichens. (B.)
*MYCOTHAMMON(fAvxy!ç, champignon;
Oc^voç, buisson), bot. cr. — (Phycées). Genre
créé par M. Kuetzing (Phycol. gen.y p. 156)
pour une Algue byssoïde de la tribu des Lep-
tomitées, le M. confervkola Kg.> qui croît
MYC
sur les filaments du Conferva fracla. Voici
les caractères de ce genre : Fronde formée
de filaments hyalins, dressés, rameux; sper-
mophores globuleux, bruns, placés au som-
met des rameaux. (Bréb.)
*MYCOTRETUS (pux*jç, champignon;
TpjToç, troué), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Clavipalpes, tribu des Érotyliens,
proposé par nous et adopté par Dejean, Hope
et Lacordaire. Ce dernier auteur (Monogra-
phie des Érotyliens, 1842, p. 132) rapporte
à ce genre quatre-vingt-onze espèces qui
toutes sont originaires d'Amérique. Nous
citerons principalement les M. tigrinus ,
maculatus (figuratus Dup.) 01., fasciatus
Fv, conspersus et humeralis Germ. (C.)
MYCROPOGON. ois.— Foy. micropogon.
MYCTERIA. ois. — Nom générique
donné par Linnœus aux Jdbirus. Voy. ci-
gogne. (E. D.)
*MYCTERISTES ( p»*njp , museau ;
îff'wjf/.i , élever), ins. — Genre de Coléoptè-
res pentamères, famille des Lampllicornes ,
tribu des Mélitophiles, créé par Laporte de
Castelnau {Hhloire naturelle des Animaux
articulés y t. III, p. 162), et adopté par
Westwood, Burmeisteret Schaum. Le type,
le M. rhinophyllus Wiedm., est originaire
de Java. (C.)
*MYCTERODUS (p»wp, museau ; ô&>vç,
dent), ins. — Genre de la tribu des Fulgo-
riens, de l'ordre des Hémiptères, établi
par M. Spinola, et que M. Blanchard (His-
toire des Insectes) considère comme devant
former une simple division des Issus. Voy.
ce mot. (L.)
MYCTERUS(f*wxTi7p, museau), ins. —
Genre de Coléoptères hétéromères , famille
des Sténélytres , tribu des Rhynchostomes ,
créé par Olivier (Entomologie , t. V, n° 85,
p. 448, pl.I,fig. 1 et 2). Il ne se compose
que de deux espèces : M. curculionoides et
umbellatarum de F. On les trouve, tant en
Europe qu'en Afrique, sur les fleurs en om-
belles, dans le voisinage des terres bai-
gnées par la Méditerranée. Cependant la
première a été rencontrée plusieurs fois
dans la forêt de Fontainebleau. (C.)
MYCTIRE. Myctiris (pvxxvîp, museau).
Crcst. — Ce genre, qui appartient à la fa-
mille des Catométopes et à la tribu des
Pinnothériens , a été établi par Latreille et
MYD
MYD
497
adopté par tous les carcinologistes. Les
Crustacés singuliers qui forment ce genre
remarquable établissent à quelques égards
le passage entre les Ocypodes et les Pin-
nothères , et même certains Macroures, tels
que les Callianasses (voy. ces mots). Leur
carapace est extrêmement mince; les yeux
sont gros et courts, et tout-à-fait sans ca-
vité orbitaire. Les antennes ne présentent
rien de remarquable. Quant à la bouche ,
elle est fort curieuse. Les pattes-mâchoires
externes , au lieu de s'appliquer horizonta-
lement dans le cadre buccal , restent pres-
que verticales , et forment par leur réunion
un cône renversé, court et long. Au-de-
vant de l'apophyse, située au-devant de ces
pattes-mâchoires, et dirigée en dessous pour
supporter le fouet , la carapace présente
une grande échancrure , de façon que l'ou-
verture afférente de l'appareil respiratoire
est toujours béante. Les pattes de la pre-
mière paire sont très longues , et se re-
ploient longitudinalement sur la bouche.
Quant à l'abdomen , il ne présente rien de
remarquable. On ne connaît qu'une seule
espèce dans ce genre, c'est le Myctire lon-
-gicarpe, Myctiris longicarpis Lat. (Guér.,
Iconogr. du règne animal de Cuv., Crust.,
pi. IV, fig. 4), qui a été rencontré dans les
mers de l'Australie. (H. L.)
*■ MYDAINA. mam. — M. Gray (Ann. of
Phil.t XXVI, 1825) donne ce nom à une fa-
mille de Carnassiers vermiformes, ayant pour
type le genre Mydaus. Voy. ce mot. (E. D.)
MYDAS. rept.— Espèce du genre Tortue.
Foy.cemot. (E. D.)
MYDAS. mam. — Voy. mydaus.
MYDAS (nom mythologique appliqué à
ces Insectes à cause de la longueur de $mîs
antennes), ms.— Genre de l'ordre des Diptè-
res brachocères,familIedesTanystomes, tribu
des Mydasiens, établi par Fabricius, et prin-
cipalement caractérisé par une trompe courte
et des lèvres terminales, triangulaires, com-
primées.
Ce genre compte plus de vingt espèces
exotiques connues, dont deux sont du cap
de Bonne-Espérance, et une est de Tranque-
bar; les autres sont d'Amérique , la plupart
du Brésn , !e reste du Mexique, de la Caro-
line et de la Géorgie. Nous citerons, comme
espèce type, le Mydas giganteus, du Brésil.
*MYDASEA. rept. — Dénomination em-
t. viir.
ployée pour la première fois dans ce Diction-
naire (t. III, p. 457), et qui désigne un sous-
genre de Chélonées dans lequel rentre la
Tortue franche (Chelonia my das). Voy. cbé-
lonée. (P. G.)
MYDASIENS. Mydasii. ras. — Première
tribu de la famille des Tanystomes, dans
l'ordre des Diptères brachocères, établie par
Latreille, et caractérisée de la manière sui-
vante par M. Macquart ( Histoire des Diptè-
res, Suites àBuffon) : Trompe ordinairement
courte; lèvres terminales, triangulaires,
comprimées; palpes très petits , subulés.
Face convexe , couverte de longues soies.
Front enfoncé. Antennes ordinairement
beaucoup plus longues que la tête, de cinq
articles distincts; troisième très long; qua-
trième moins long; cinquième en massue,
excavé à l'extrémité. Point d'ocelles. Cuisses
postérieures fortes , ordinairement garnies
de petites pointes. Cellule médiastine des
ailes assez large; marginale fermée ainsi
que les sous-marginales; deuxième appen-
diculée à la base; quatre postérieures; troi-
sième fermée.
Les Mydasiens, si remarquables par la
grandeur de la plupart d'entre eux, et plus
encore par le développement de leur organi-
sation , occupent le premier rang parmi les
Tanystomes. Les mœurs de ces Insectes sont
à peu près les mêmes que celles des Asili-
ques. Comme ces derniers, ils vivent de
proie; ils font la guerre aux autres Insectes,
les attaquent avec violence, les saisissent au
vol, les serrent de leurs pieds robustes, et en
font leur pâture.
Cette tribu ne renferme que trois genres
nommés : Mydas , Rhopalie et Céphalo-
cère.
La plus grande partie des espèces de My-
dasiens sont exotiques, et appariiennentpour
la plupart à l'Amérique méridionale. Quel-
ques unes sont africaines; une seule est
d'Asie. Voy. les noms des genres cités plus
haut. (L.)
MYDAUS (pu<?oç, mauvaise odeur), mam.
— Genre de Carnassiers plantigrades, com-
posé d'une seule espèce que l'on avait placée
parmi les Moufettes, sous la dénomination
de Mephilis javanensis, et dont F. Cuvier
(Hist. nal. des Mamm., 1821) a fait le type
d'une division générique, sous le nom de
Mydaus mcliccps. Les Mydaus ont le même
63
498
MYD
IYIYE
système dentaire que les Moufettes (voy. ce
mot); toutefois les molaires des Mydaus
sont beaucoup plus écartées , et les incisi-
ves, au lieu d'être sur une ligne droite,
sont sur un arc de cercle très petit. La tête
des Mydaus rappelle par sa forme celle des
Blaireaux ; les oreilles sont presque entiè-
rement dépourvues de conque externe; les
marines s'avancent très au-delà des mâchoi-
res, et sont environnées par un mufle qui
a de la ressemblance avec celui du Cochon.
Ces animaux sont plantigrades, et leurs
pieds ont cinq doigts armés d'ongles propres
à fouir; la queue est presque nulle. Il y a
quatre mamelles pectorales et deux ingui-
nales. Le pelage est peu fourni aux parties
supérieures, et les parties inférieures, comme
îe museau , sont presque nues. Presque tous
les poils sont soyeux, et les moustaches sont
très rares.
Une seule espèce entre dans ce genre :
c'est le Télagon Sticnhad Morsden, Mydaus
meliceps F. Cuv. , Mephitis meliceps Griff. ,
Mephitis javanensis Desm., sir Raffles. La
peau est de couleur de chair, et presque
tous les poils sont d'un brun marron très
foncé. On en trouve cependant quelques
uns sur la poitrine, ou cachés parmi les au-
tres , qui sont blancs et d'une apparence
soyeuse. La couleur brune est la princi-
pale du Télagon; mais le sommet de la tête
et une ligne qui se prolonge quelquefois le
long du dos, jusqu'à l'extrémité de la queue,
sont blancs.
Cette espèce répand, comme les Mou-
fettes, une odeur extrêmement fétide, et
c'est à cette même circonstance que se rap-
porte la dénomination générique de Mydaus,
que leur adonnée Fr. Cuvier. On ne connaît
rien des mœurs des Télagons; mais on peut
conjecturer qu'ils vivent dans des terriers ,
cl qu'eux-mêmes se creusent ces retraites.
Ces animaux ne sont pas rares à Java, et
c'est de cette île que Leschenault, Diard et
Duvaucel ont envoyé au Muséum d'histoire
naturelle de Paris les peaux et le squelette
qu'il possède. On les trouve aussi à Sumatra.
M. de Blainville ( Ostéographie , fascicule
des Muslela) a indiqué , sous la dénomina-
tion de Mydaus de Meudon , une espèce de
Mustélien fossile , trouvée aux environs de
Paris, et qui doit être rapportée à ce genre.
(E, D.)
JftfYDONOTRICHUM , Corda ( apud
Sturm,lttt t. 19, 21, 24). bot. cr. — Voy.
VERMICULARIA , Tode.
*MYDRIACIS (pv^ooç, matière rouge;
âxi'ç, pointe aiguë), ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères , famille des Malaco-
dermes , tribu des Clairones , proposé par
Schcenherr et adopté par Hope {ColeoplerisC s
manual, 1840, p. 138), qui le classe parmi
ses Tillides. Le type, M. prœusta Schœn.,
est de la côte de Guinée. (C.)
MYE. Mya (pv*£, moule, coquille bi-
valve), moll. — Genre de Mollusques con-
chifères dimyaires, faisant partie de la fa-
mille des Myaires, dont il est le type, dans
la famille des Enfermés. Il comprend des
Mollusques incomplètement recouverts par
une coquille bivalve bâillante aux deux ex-
trémités , et revêtus d'un épiderme coriace
sur toute la partie non recouverte par le
têt. Le manteau est presque entièrement
fermé; il n'offre en avant qu'une petite ou-
verture pour le passage d'un pied grêle en
forme de languette , et en arrière se trou-
vent deux siphons très longs, réunis sous
une enveloppe commune , brune et ru-
gueuse ; les palpes labiaux sont longs et
pointus, assez épais; les branchies se pro-
longent en arrière , et restent flottantes
dans la cavité du manteau, jusqu'à l'orifice
interne des siphons. La branchie externe
se replie au-delà du point d'attache, de ma-
nière à figurer un troisième feuillet bran-
chial; la coquille est tranverse, ovale, pres-
que équilatérale, bâillante aux deux bouts;
la valve gauche porte une grande dent car-
dinale comprimée, dressée presque vertica-
lement; l'autre valve porte une fossette
correspondante, d'où partie ligament in-
terne qui s'attache à la dent de la valve
gauche ; mais on doit considérer le fond de
cette fossette même comme représentant
une dent repliée dans la cavité du cro-
chet.
Les Myes se tiennent toujours enfoncées
dans le sable, de manière à présenter l'o-
rifice de leurs siphons à la surface; elles
paraissent peu susceptibles de changer de
lieu, ou de se creuser un nouveau trou
quand une circonstance quelconque les a
arrachées de leur gîte. On en connaît deux
espèces qui vivent sur les côtes de l'Océan
d'Europe ; ce sont: la Mye tronquée (il/.
MYG
MYG
499
truncata), dont la coquille, longue de 6 à 8
centimètres, épaisse, presque ovale, est
comme tronquée en arrière ; et la Mye des
sables (M. arenaria), qui en diffère par sa
coquille régulièrement ovale, non tronquée,
moins épaisse et moins inéquilatérale. La-
marck inscrivait dans ce genre une M. ero-
dona, qui est une vraie Corbule, et une
M. solemyalis, que M. Deshayes a reportée
dans son genre Ostéodesme. Le nom de Mye
a été employé d'abord par Linné, qui con-
fondait beaucoup de coquilles différentes
avec les vraies Myes. Bruguière en tira
d'abord les Anodontes, puis Lamarck en
sépara les Anatines, les Glycimères , les
Vulselles, une partie des Lutraires, et finit
par réduire à quatre le nombre des es-
pèces, dont on ne doit même conserver que
deux. D'un autre côté, Ménard de Lagroye
avait fait aussi le genre Panopée avec la
M. glycimeris de Linné. (Duj.)
*MYELONEURA (^ueXo'ç, moelle; viï-
pov , nerf), zool. — Nom que M. Ehrenberg
(Acad. Berlin, 1837) donne aux animaux
vertébrés, à cause de leur système nerveux
médullaire encéphalo-rachidien, un de leurs
principaux caractères. (P. G.)
*MYELOPHILA (^ueioç, moelle ; yc'Aoç,
qui aime), ms. — - Genre de l'ordre des Lé-
pidoptères nocturnes, tribu des Yponomeu-
tides , établi par Treitschke , et ne compre-
nant qu'une seule espèce, M. cribrella, dont
la chenille vit et se métamorphose dans l'in-
térieur des tiges de Chardons. Ce papillon
est répandu dans toute l'Europe.
MYGALE. Mygale, arachn. — C'est un
genre de l'ordre des Aranéides, de la tribu
des Théraphoses , établi par Latreille et
adopté par tous les aptérologistes. Dans cette
coupe générique, une des plus curieuses de
la classe des Arachnides, les yeux sont tou-
jours au nombre de huit, presque égaux entre
eux, groupés et ramassés sur le devant du
céphalothorax, trois de chaque côté formant
un triangle irrégulier, dont l'angle le plus
aigu est en avant; les deux autres sont si-
tués entre les précédents et sur une ligne
transverse. La lèvre est petite, presque nulle,
insérée sous les mâchoires. Celles-ci sont
allongées, cylindroïdes, divergentes, creusées
longitudinalement à leur côté interne. Les
palpes sont allongés, fusiformes , insérés à
l'extrémité des mâchoires. Les pattes sont
allongées, fortes, peu égales entre elles. Les
Aranéides qui composent ce genre sont ré-
pandues dans toutes les parties du monde ;
elles sont chasseuses, courent après leur proie;
il y en a qui se renferment dans l'intérieur
des feuilles, des creux d'arbres, des rochers,
et dans les retraites qu'elles se creusent dans
la terre.
La Corse nourrit une espèce remarquable
par ses mœurs : c'est la Mygale pionnière ,
Mygale fodiens Walck. Elle est d'un brun
clair uniforme et sans moucheture sur son
abdomen; les mandibules sont plus grosses,
plus inclinées que celles de la M. cœmenta-
ria. Le râteau dont elles sont armées se
compose de cinq ou six épines principales
qui garnissent leur bord supérieur, et de
quelques autres moins prononcées situées en
dehors des premières; la rainure que décrit
le crochet dans la rétraction a, de chaque
côté, cinq dents noires, fortes et courtes; les
pattes sont inégalement velues, mais les
tarses des deux paires antérieures et les ar-
ticles correspondants des palpes sont garnis
de deux piquants remarquables. Ces ongles
offrent cela de particulier qu'ils n'ont qu'une
seule dent, à leur base; le tarse se termine
par un ergot, et les filières sont bien plus
longues que chez la M. cœmentaria . Cette
espèce, qui habite la Corse, a été le sujet
d'un mémoire plein d'intérêt sur la manière
dont son nid est construit, par V. Audouin.
Latreille a fait à l'égard de ces nids une
remarque judicieuse, c'est que, rappro-
chés comme ils le sont les uns des autres,
ils doivent faire présumer que cette espèce
ne craint pas la société de ses semblables.
Quoi qu'il en soit, dit Audouin, la motte de
terre qui renferme ces tubes est composée
d'une terre argileuse d'un rouge de brique;
les tubes ont, comme la masse dans laquelle
ils sont creusés, 8 centimètres de hauteur et
22 millim. de largeur; droits dans les deux
tiers de leur étendue, ils deviennent légère-
ment obliques vers leur extrémité inférieure,
peut-être mêmeserecourbaient-ils davantage
en se prolongeant beaucoup plus avant dans
la terre; toujours est-il certain qu'en les enle-
vant on ne les a pas obtenus dans leur en-
tier. En examinant un de ces tubes avec
quelque soin, Audouin a remarqué qu'il n'é-
tait pas simplement creusé dans la terre,
comme le sciait une excavation ou un trou
500
MYG
MYG
desonde qu'on pratiquerait dans la terre,
mais qu'il était construit à la manière d'un
puits, c'est-à-dire qu'il avait des parois pres-
que formées par une espèce de mortier assez
solide ; en sorte qu'on peut, ainsi qu'Audouin
l'a fait, le dégager entièrement de la masse
qui l'entoure, et, pour l'observer encore avec
plus de soin, le fendre dans le sens de
la longueur: on voit que son intérieur est
tapissé par une étoffe soyeuse et très mince,
douce au toucher, et qu'il n'existe aucune
des inégalités qu'on devrait s'attendre à
rencontrer sur les murs faits avec une terre
grossière. En effet, cette paroi intérieure
semble avoir été crépie avec un mortier plus
fin ; et, de plus, elle est unie et lisse comme
si une truelle eût été habilement passée des-
sus; mais les soins que prend l'Araignée
pour terminer son ouvrage vont encore plus
loin: ce que nous faisons pour nos tentures
de quelque prix, elle le prodigue dans sa de-
meure souterraine; cette sorte de papier
satiné qui orne son habitation, elle ne l'a
pas posé le premier; mais elle a appliqué
d'abord sur ces murailles une toile ou, pour
parler plus exactement, des fils grossiers, et
c'est sur eux qu'elle a placé ensuite son étoffe
«yeuse.
Tout cela est bien fait pour exciter l'ad-
miration ; mais ce qui a le droit de nous
surprendre davantage, c'est la manière dont
cette chambre à boyau est ouverte et fermée,
au gré de celui qui l'habite. Si l'Araignée
n'avait eu rien à craindre de la part des au-
tres animaux, ou bien si elle avait été assez
courageuse et assez forte pour les attendre
de pied ferme et les vaincre, elle aurait pu
sans inconvénient laisser libre l'entrée de la
maison, cela lui eût été plus commode pour
aller et venir ; mais il n'en est pas ainsi : elle
a tout à redouter de la part d'une foule d'en-
nemis, et son caractère timide, joint au peu
de moyens qu'elle possède pour leur résister,
l'oblige d'être sans cesse sur la défensive.
Alors, comme tous les êtres faibles, elle em-
ploie la ruse pour se soustraire au danger,
et son industrie supplée d'une manière mer-
veilleuse à ce qui lui manque de force et de
courage.
Nous avons déjà dit plus haut que l'Arai-
gnée maçonne avait un couvercle pour fer-
mer le tube qu'elle habitait; l'Araignée de
Corse ou la Mygale pionnière emploie à peu
près les mêmes précautions , mais elle mon-
tre plus de perfection dans son ouvrage , et
comme l'édifice qu'elle construit est plug
vaste dans l'ensemble et dans les détails, la
description que nous allons en faire en don-
nera une idée très exacte. Pour clore nos
demeures, nous avons des portes qui, roulant
sur leurs gonds, viennent s'appliquer dans
une feuillure et y sont retenues ensuite par
un moyen quelconque. L'Araignée pionnière
ne s'enferme pas autrement chez elle: à l'o-
rifice extérieur de son tube est adaptée une
porte maintenue en place par une charnière
et retenue dans une sorte d'avancement cir-
culaire qu'on ne peut mieux comparer qu'à
une véritable feuillure. Cette porte ou, si
l'on aime mieux, ce couvercle, se rabat en
dehors, et l'on conçoit que l'Araignée, lors-
qu'elle veut sortir, n'a besoin que de le
pousser pour l'ouvrir. Mais le moyen qu'elle
emploie pour le fermer est vraiment remar-
quable ; voici ce qu'Audouin nous a encore
appris à ce sujet: A en juger par son aspect,
on croirait que ce couvercle est formé d'un
amas de terre grossièrement pétrie et revê-
tue du côté qui correspond à l'intérieur de
l'habitation par une toile solide; mais cette
structure, qui déjà pourrait surprendre chez
un animal qui n'a pas d'instrument parti-
culier pour construire, est bien plus compli-
quée qu'elle ne le paraît d'abord. En effet,
Audouin s'est assuré, en faisant une coupe
verticale au couvercle, que son épaisseur, qui
n'a pas moins de 5 à 7 millim., résultait d'un
assemblage de couches de terre et de couches
de toile au nombre de plus de trente, em-
boîtées les unes dans les autres, et rappelant
assez bien, à cause de cette disposition, ces
poids de cuivre en usage pour nos petites
balances, et dont les divisions, qui ont la
forme de petites cupules, se reçoivent succes-
sivement jusqu'à la dernière.
Si on examine chacune de ces couches de
toile, on remarque qu'elles aboutissent tou-
tes à la charnière qui se trouve d'autant plus
remplie que la porte a plus de volume; la
rainure elle-même sur laquelle la porte s'ap-
plique, et que nous avons nommée précédem-
ment la feuillure, est épaisse, et son épaisseur
est dans un grand nombre de couches qui la
constituent. Ce nombre paraît même corres-
pondre à celui que présente le couvercle.
N'ayant pu voir l'Araignée construire son
JVJYG
MYG
501
habitation, et Bosc, bien qu'il ait eu pendant
quelque temps des individus vivants à sa
disposition, n'ayant pu jouir non plus de ce
spectacle, nous sommes réduits à faire des
conjectures sur la manière dont elle s'y prend
pour confectionner les parties dont il vient
d'être question. Supposons l'Araignée à l'œu-
vre et voyons-la commencer son travail. Elle
aura d'abord ourdi la première toile circu-
laire qui forme la porte de sa demeure, puis,
sans discontinuer, elle aura étendu cette
toile sur la charnière etl'aura prolongée pres-
que aussitôt sur la feuillure. On peut expli-
quer de cette manière pourquoi chacune de
ces trois parties fait suite à l'autre , et
Ton conçoit facilement comment, cette ma-
nœuvre s'étant répétée, la porte, la charnière
et la feuillure se trouvent à la longue formées
par un grand nombre de couches. Mais comme
il existe entre celles qui constituent la porte
des lits de terre, il est présumable que l'A-
raignée aura interrompu chaque fois son tis-
sage pour les en pétrir plus convenablement.
Quoi qu'il en soit, le travail ayant eu lieu
de cette manière, il doit nécessairement exis-
ter une proportion toujours égale entre le
volume du couvercle et la force de sa char-
nière, puisque celle-ci se trouve augmentée
d'une couche à mesure que le premier en re-
çoit une nouvelle.
Mais plus l'on a étudié avec soin l'arran-
gement de ces parties, plus on découvre de
perfection dans l'ouvrage. En effet, si l'on
examine le bord circulaire de l'espèce de
rondelle qui remplit en tout les fonctions
d'une porte, on remarque qu'au lieu d'être
taillé droit, il coupe obliquement de dehors
en dedans, de manière à représenter, non
pas une rondelle de cylindre, mais bien la
rondelle d'un cône; et, d'une autre part, on
observe que la portion de l'orifice du tube
qui reçoit ce couvercle est taillée elle-même
en biseau et en sens inverse.
Le but de cette disposition est facile à sai-
sir. Si le couvercle avait un bord droit, il
n'aurait rencontré en se rabattant, comme
il le fait dans l'orifice du tube , aucune par-
tie sur laquelle appuyer; et, dans ce cas, la
charnière seule se serait opposée à ce qu'il
pénétrât plus profondément dans l'intérieur,
mais quand bien même cette partie délicate
aurait dû supporter, sans éprouver de relâ-
chement, ce poids continuel et le choc assez
fort que produit le couvercle chaque fois
qu'il se rabat, il eût été à craindre que quel-
que pression accidentelle du dehors ne fui
enfin venue la rompre. C'est pour obvier à
ce grave inconvénient que l'Araignée a pra-
tiqué à l'oriûce de son habitation une feuil-
lure contre laquelle vient appuyer la porte,
et qu'elle ne saurait franchir. Mais cette
feuillure est faite avec un tel soin, et le cou-
vercle s'applique si exactementsur elle, qu'il
fauty regarder de très près pour reconnaître
le point où les deux parties se rencontrent.
En outre, l'instinct de l'animal le porte à
faire cette jonction aussi parfaite que pos-
sible; car non seulement il lui importe de
clore solidementsa demeure, mais il aie plus
grand intérêt à en cacher l'ouverture aux
yeux de ses ennemis ; c'est évidemment dans
cette intention que l'Araignée a crépi exté-
rieurement la porte de son habitation avec
une terre grossière. En cela elle ne fait qu'i-
miter l'instinct admirable qu'ont une foule
d'Insectes de tromper le regard en fabricant
avec des substances variées, et très souvent
avec les feuilles des fruits dont ils se nour-
rissent, des espèces d'habits ou de fourreaux
sous lesquels ils se cachent, ou bien en fixant
sur ces mêmes plantes des cocons ou d'au-
tres demeures qui, par leur couleur et leur
apparence, se confondent avec les liges, les
feuilles, les bourgeons, les fleurs. La Mygale
pionnière, je le répète, a recours aune ruse
semblable, en crépissant la porte qui clôt son
habitation avec la terre qui forme la surface'
du sol, et en la rendant tellement trompeuse
et inégale qu'elle se confond avec lui ; mais,
en agissant ainsi, elle semble avoir prévu
un autre genre de nécessité : dans l'habitude
où elle paraît être de sortir souvent de sa
demeure et d'y rentrer précipitamment au
moindre danger, il lui a fallu pouvoir en
ouvrir facilementla porte; or, cette manœu-
vre, qui aurait été pénible et plus ou moins
longue si la surface du couvercle eût été
lisse, devient très facile à cause des nombreu-
ses inégalités qu'on y trouve, et qui donnent
toujours prise aux crochets dont l'Araignée
est fournie.
L'Araignée se trouve dans la nécessité
d'ouvrir elle-même la porte ; lorsqu'elle
vient du dehors, elle n'a pas à s'en inquié-
ter pour la fermer; soit qu'elle sorte, soit
qu'elle rentre, cette porte se ferme toujours
502
MYG
d'elle-même , et c'est là encore une des ob-
servations les plus curieuses que fournit l'é-
tude attentive de cette singulière habita-
tion.
Quand on cherche à ouvrir ces nids, on
sent que ce n'est qu'avec quelque effort que
l'on parvient à soulever assez le couvercle
pour qu'il devienne vertical , c'est-à-dire
pour qu'il forme un angle exactement droit
avec l'orifice du tube. Si on le renverse en-
core plus, de manière à ouvrir cet angle
davantage, la résistance devient encore plus
grande; mais dans ce cas , comme dans le
premier, le couvercle abandonné à lui-
même retombe aussitôt et ferme l'ouver-
ture. La tension et l'élasticité de la char-
nière sont les principales causes de cet
effet ; mais en admettant que cette élasti-
cité n'existât pas, il se produirait encore,
et le couvercle , soulevé de manière à dé-
passer un peu la ligne verticale, pourrait
retomber de lui-même et former naturelle-
ment l'orifice du tube. Ce résultat curieux
est dû à une résistance sensible qui existe
dans son épaisseur. Si on l'examine avec soin
sous ce rapport, on remarque que la partie
voisine de la charnière est plus épaisse, et
comme bosselée intérieurement. Ce sur-
croît de poids, qui, s'il avait eu lieu loin de
la charnière, eût porté le couvercle, chaque
fois qu'il aurait été soulevé au-delà de la
ligne verticale, à se renverser en dehors, se
trouvant au contraire placé tout près du
point d'attache et du côté où il se ferme ,
agit en sens inverse , et tend sans cesse a le
faire retomber.
Comme nous l'avons déjà dit plus haut,
la surface intérieure du couvercle qui clôt
l'habitation de la Mygale pionnière ne res-
remble en rien à celle du dehors. Autant
celle-ci est raboteuse , autant l'autre est
unie ; de plus on a vu qu'elle était tapissée,
comme les parois de l'habitation , dune
couche soyeuse très blanche, mais beau-
coup plus consistante et ayant l'apparence
du parchemin; nous ajouterons que cette
surface intérieure est surtout remarquable
par l'existence d'une série de petits trous.
Ces petits trous , qu'on pourrait au premier
abord négliger de voir, forment un des
traits les plus curieux de l'histoire de la
Mygale pionnière, car c'est par leur moyen
qu'elle peut , lorsqu'on veut forcer la porte,
MYG
la maintenir exactement fermée. Elle y
parvient en se cramponnant, d'une part, à
l'aide de ses pattes, aux parois de son tube,
et de l'autre, en introduisant dans les trous
de son couvercle les épines et les crochets
cornés dont sont munies ses mâchoires. On
comprend que la porte de son couvercle se
trouve alors retenue par ce moyen , en
quelque sorte aussi bon que celui que nous
obtenons lorsque nous poussons un verrou
dans sa gâche. Mais ce qui doit exciter da-
vantage notre admiration , c'est la manière
dont ces trous ont été disposés : on croira
peut-être que l'Araignée n'en a pas épargné
le nombre, et que pour ne pas se trouver au
dépourvu, quand la nécessité la force à en
faire usage, elle en a criblé la face interne
de son ouverture. Ce n'est cependant pas là
ce qu'on observe. Ces trous sont peu nom-
breux, on en compte au plus une trentaine,
et au lieu de les avoir dispersés au hasard ,
ils se trouvent tous réunis dans une place
déterminée, et qui est exactement la même
dans les quatre nids qu'Audouiu a obser-
vés. Mais cette place est très convenable, et
telle que nous l'aurions choisie nous-même
après y avoir bien réfléchi; en effet, ils sont
situés tout près du bord du couvercle, et
toujours au côté opposé à la charnière. Il
est clair que l'Araignée trouve un grand
avantage dans cette disposition , car dans
l'action de tirer à soi le couvercle , elle
opère bien plus efficacement en se crampon-
nant loin de la charnière que si elle eût
agi dans son voisinage. L'instinct de l'ani-
mal semble l'avoir si bien instruit sur ce
point, qu'il n'a pas pris la peine de faire un
seul trou, soit au milieu du couvercle, soit
au voisinage du point où il s'attache, et que
toutes les ouvertures qu'on y observe sont
disposées sur une ligne demi-circulaire très
étroite.
Audouin , auquel nous avons emprunté
ces intéressantes observations, dit à la suite
de son mémoire : « Je n'ajouterai à ce sujet
qu'une simple remarque, c'est que plus nous
avons vu de perfection dans l'ouvrage de
l'Araignée de Corse, plus nous sommes forcé
de reconnaître que tous ces actes dérivent
exclusivement de l'instinct ; car si l'on ad-
mettait que l'animal pût les exécuter avec
quelque réflexion , il faudrait lui accorder
non seulement un raisonnement très par-
JVIYG
MYG
503
fait, mais encore des connaissances d'un
ordre fort élevé , et que l'homme lui-même
n'acquiert que par un long travail d'esprit ,
et parce qu'il a mis à profit l'expérience
successive de ses devanciers. »
Le rôle de l'Araignée se réduit donc à
opérer sans calcul ni *:>:. naison , mais
sous une influence étrange! « #t irrésistible;
et quant aux leçons que pourrait lui fournir
l'expérience, elles sont entièrement nulles,
comme chez tous les Insectes, c'est-à-dire,
qu'après avoir vécu des mois, des années
elle n'en sait guère plus , et n'en fait pas
davantage que lorsque, sortant de l'œuf, elle
s'est mise incontinent à construire.
Dans le midi de la France, aux environs
de Montpellier, on rencontre une espèce
non moins curieuse par son industrie: c'est
la Mygale maçonne , Mygale cœmentaria
Latr. Cette espèce établit plus particulière
ment sa demeure contre des tertres secs ,
compactes, et exposés au midi, sur la route
qui mène de Montpellier aux coteaux de
Castelnau. M. L. Dufour nous a montré
dans un mémoire fort intéressant les
moyens dont il fallait se servir pour s'em-
parer de celte Aranéide. « Voici comment je
m'y prenais, dit ce savant observateur, pour
faire la chasse à ces Mygales : Sans avoir be-
soin de les poursuivre jusqu'au fond de leur
tanière, qui est couverte à deux pieds de
profondeur et tellement fléchie, qu'il est
très facile d'en perdre la trace, il faut un
œil exercé pour découvrir l'opercule circu-
laire du terrier, tant la rainure capillaire,
qui en dessine le contour, a de finesse; si
cette rainure est tant soit peu béante, c'est
une preuve que la Mygale est placée en
sentinelle derrière la porte; l'Araignée s'ac-
croche unguibus et rostro à sa partie in-
terne et bombée , et vous sentez une ré-
sistance qui s'effectue par saccades. Pen-
dant que d'une rnain on provoque les efforts
réitérés et inouïs de la courageuse Mygale,
on enfonce de l'autre une forte lame de cou-
teau à 12 ou 15 millim. environ au-dessous
de la trappe , de manière à traverser horizon-
talement le diamètre du terrier; la retraite
de l'habile ouvrière se trouve ainsi coupée;
on soulève et on lance la portion de terre
placée au-dessus du couteau, et la pauvre
Mygale , toute stupéfaite de cette trahison ,
se laisse prendre sans résistance. » Je ferai
aussi observer que cette curieuse espèce ,
dont le nid a été figuré dans ce Diction-
naire à la pi. 2 , fig. 2, habite aussi les
environs d'Alger.
Nous avons figuré dans l'atlas de ce Dic-
tionnaire deux espèces ; la planche 2, fig. 1,
représente la Mygale aviculaire , Mygale
avicularia Latr. , qui se trouve dans l'A-
mérique méridionale, à Cayenne et à Su-
rinam. Suivant M. Walckenaër , cette es-
pèce fait dans les gerçures des arbres, les
interstices des masses de pierres, sur la sur-
face des feuilles, à la campagne , dans les
lieux solitaires, dans les habitations aban-
données, une cellule d'une soie très blan-
che, fine, demi - transparente , qui a la
forme d'un lobe rétréci à son extrémité
postérieure; c'est un ovale allongé, tronqué
antérieurement, qui a deux décimètres de
long sur six centimètres de large. Le cocon
est enveloppé d'une soie de trois couches ,
dont l'intermédiaire est plus mince et n'est
pas recouverte de bourre; la femelle place
son cocon près de sa demeure , et y veille
assidûment; la toile de cette espèce est tou-
jours propre, et jamais on n'y a trouvé de
débris d'insectes. L'Araignée chasse pen-
dant l'absence du soleil sur l'horizon. Sui-
vant M. Moreau de Jonnès , elle enveloppe
ses œufs dans une coque de soie blanche ,
au nombre de 1800 à 2000, et les fourmis
rouges mangent les jeunes lorsqu'ils sont
éclos.
La planche I, représente la Mygale de
Quoy , Mygale Quoyi Walck., M. antipo-
dracia Ejusd. Cette espèce remarquable,
dont on ne connaît pas les manières de vi-
vre, a été rencontrée par M. Quoy à la Nou-
velle-Zélande.
Enfin , je ne terminerai pas cet article
sans dire que, pendant le séjour que j'ai fait
en Algérie, j'ai rencontré plusieurs espèces
nouvelles de ce genre que j'ai décrites et
figurées dans le magnifique ouvrage dont
la publication a été ordonnée il y a deux
ans par le Ministère de la guerre; ces es-
pèces sont les M. barbaraet gracilipes Luc.
La première habite l'est et l'ouest de l'Al-
gérie; quand à la seconde, je ne l'ai ren-
contrée qu'aux environs d'Oran. (H. L.)
MYGALE, mam. — Nom latin des Des-
mans. Voy. ce mot. (E.D.)
*MYGALINA. mam. —Groupe d'Insetii
504
MYI
31YL
voies indiqué par M. Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire, et comprenant le genre Desman
Voy. ce mot. (E. D.)
MYGINDA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Célastrinées-Elaeodendrées, établi
par Jacquin {Amer., 24, t. 16). Arbris-
seaux de l'Amérique tropicale. Voy. célas-
TRINÉES.
MYIADESTES. ois.— Voy. myadestes.
*MYIAGRA (p.wîa, mouche ; à'yp«, proie),
ois. — MM. Vigorset Horsfield(Lmn. trans.,
1825) donnent ce nom à un groupe de Gobe-
Mouches. (E. D.)
*MYIIVA. ins. — Genre de la famille des
Chalcidides, groupe des Encirtites, de l'ordre
des Hyménoptères, établi par M. Nées von
Esenbech (Hymenopt. Ichneumon. Affinia),
reconnaissable surtout à des antennes
eourtes, n'ayant que six articles. (Bl.)
*M YIOBIUS ( p-vra , mouche ; Gio's , vie ).
ois. — M. G.-R. Gray (Gen. of Birds, 1840)
donne ce nom à un groupe de Gobe-Mou-
ches. (E. D.)
*MYIOCINCLA (p-vra, mouche; xîyxXoç,
cincle ). ois. — Groupe de Merles, suivant
M. Swainson (Nat. hist. of Birds, 1837).
*MYIODIOCTES (fW, mouche; Jt«x-
tïjç , persécuteur), ois. — Groupe de Fau-
vettes, Voy. sylvie. (E. D.)
*MYIOPHAGA (j*v~a, mouche; ?«>, je
mange), ois. — Groupe de Merles, d'après
M. Lesson (7Y. d'ornithol., 1831). (E. D.)
MYIOTHERA. dis. — Nom latin du
genre Fourmilier. Voy. ce mot. (E. D.)
* MYIOTHÈRES. Myiothera. ois. —
M. Ménétries a indiqué sous ce nom une
famille d'Oiseaux correspondant à l'ancien
genre Fourmilier des auteurs {Voy. ce mot),
et il partage cette division en sept genres dis-
tincts, désignés sous les noms de Myioturdus,
Myrmolhera , Myiothera ou Fourmilier ,
Leptorhynchus , Oxypyga , Malacorhynchus
çlConophaga. Voy. ces divers articles.
Plus anciennement, Vieillot avait donné
le même nom de Myiothères à une famille
d'Oiseaux , comprenant les genres Platyr-
rhynque , Rollier , Conopophage , Gallite ,
Moucherolle, Tyran, Bécarde , Pythis et
Ramphoçène. Voy. ces divers mots.
, (E. D.)
MYIOTHER1ÏMÉS. ois. — Voy. hyio-
TEÈRES.
*MYIOTLRDUS. ois. — Genre d'Oi-
seaux formé par M. Boié aux dépens des
Fourmiliers. Voy. ce mot. (E. D.)
MYLABRIS. ins. — Genre de Coléop-
tères hétéromères , famille des Trachélydes,
tribu des Vésicants, créé par Fabricius {Sys-
tema enlomolog . , p. 2G1 ), et adopté par tous
les auteurs. Près de 150 espèces rentrent
dans ce genre; nous citerons les suivantes :
M. trifasciata , sidœ , lavaterœ , minuta, Ca-
pensis, punctum, ruficornis de F., oculata,
cincta,variabilis, bipunctata, pusilla, sangui-
nolenta, flexuosa, scabiosœ, 20-punctata, 19-
punctata, pallipes, 6-maculala, 2-maculala
01 . On les trouve seulement dans trois parties
du monde , l'Asie , l'Afrique et l'Europe , et
elles remplacent avantageusement , dans la
première , notre Cantharis vesicatoria. Ce
sont des Insectes très difficiles à reconnaître
comme espèces, en raison des variétés in-
nombrables qu'elles présentent. Leurs larves
ne sont pas encore décrites, maison sait
qu'elles habitent sous terre, et vivent aux
dépens des larves de certains Hymé-
noptères. (C.)
*MYLACÉPHALE..Mytacep/ia/us.TÉRAT.
— Genre de Monstres unitaires, de l'ordre des
Omphalosites, de la famille des Acéphaliens.
Voy. ce dernier mot.
*MYLACHIJS (p.u/.axoç, pierre arrondie).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères, divi-
sion des Cyclomides, créé par Schœnherr
{Gen. et sp. Curculion. syn., t. VII, 1,
p. 144 ) avec une espèce de Sibérie, nom-
mée M. murinus par l'auteur. (C.)
*MYLANCHE, Wallr. {Orobanch., 75).
bot. ph. — Syn. d'Epiphegus, Nutt.
MYLESIS. ins. — Genre de Coléoptères
hétéromères, famille des Mélasomes, tribu
des Ténébrionites, créé par Pallas {Icônes),
et établi avec le Tenebrio gigas de F., espèce
originaire de Cayenne. (C.)
MYLETES. poiss.— Voy. bah.
*A1YLINUM, Gaudin (Flor. helvet., II,
344). bot. ph. — Synonyme de Selinum,
Hoffm.
MYLIOBATES(p-w>/3, meule; Gxtoç, raie).
poiss. — Genre de l'ordre des Chondroptéry-
giens à branchies fixes, famille des Sélaciens,
établi par M. Duméril aux dépens des Raies.
G. Cuvier, qui adopte ce genre, le décrit
ainsi {Règne animal, t. II, p. 600): Tête
saillante hors des pectorales; celles-ci plus
MYJ
MYO
505
larges transversalement que dans les autres
Raies. Mâchoires garnies de larges dents
plates, assemblées comme les carreaux d'un
pavé, et de proportions différentes. Queue
très grêle, longue, terminée en pointe, armée
d'un fort aiguillon dentelé en scie des deux
côtés, et garnie vers sa base, en avant de
l'aiguillon, d'une petite dorsale. Quelquefois
il y a deux et plusieurs aiguillons.
Parmi les espèces de ce genre, les unes
ont le museau avancé et parabolique. De ce
nombre est celle désignée vulgairement sous
les noms d'Aigle de mer, Mourine, Ratepe-
nade, Bœuf, Pesce ratto, etc. (Raia aquîla
L.). Ce Poisson habite la Méditerranée et
l'Océan où il devient fort grand.
D'autres espèces ont le museau divisé en
deux lobes courts, sous lesquels en sont
deux semblables. Kuhl leur a appliqué le nom
de Rhinoplera, généralement admis.
Le Myliobates marginala Geoffr. ( Raia
quadriloba Less.) est la principale espèce de
ce groupe. (M.)
*MYLL.<ENÀ (fjiwnatvw , faire des gri-
maces ). ins. — Genre de Coléoptères à 4
articles aux pattes antérieures et 5 aux
postérieures, famille des Brachélytres, tribu
des Oléochariniens, créé par Erichson (Gê-
nera et sp. Slaphylinorum , p. 209). Il se
compose des trois espèces suivantes : M. du-
bia, intermedia et minuta Er. ; elles se ren-
contrent par toute l'Europe, dans les détri-
tus des marais. Ce sont de très petits in-
sectes excessivement agiles. (C.)
*MYLLOCERUS (pv»o;, courbé ; xdpaç,
antenne ). ins. — Genre de Curculionides
gonatocères, division des Phyllobides, établi
par Schœnherr (Disp. meth. , p. 178; Gen.
et sp. Curcul. syn., t. II, p. 424-7, p. 3).
Ce genre renferme 24 espèces; 19 appar-
tiennent aux Indes orientales, 4 à l'Afrique,
et 1 est originaire de l'Australie. Parmi ces
espèces sont les C. viridanus, denlipes, dor-
satus, curvicornisY., isabellinus Schcen., et
Fabricii Guérin. (C.)
MYLOCARYUM, Willd. (Enum., 454).
bot. ph.— Syn. de Cliftonia, Banks.
MYLODON. paléont. — Voy. mégatbé-
RIOÏDES.
MYLŒCnUS (^v)y), meule; °î'x°f»' >
courir), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Clavicornes, tribu des
Scnphidites, créé par Latreille (Gênera Crus t.
T. VIII.
et Ins., II, p. 30), et qui se compose des
trois espèces suivantes : appendiculatus , bi-
dentatus, serripes de Gyllenhal et Sahlberg.
Toutes se trouvent dans l'Europe septentrio-
nale. (C.)
*MYMAR. ins. — Genre de la famille des
Mymarides , tribu des Proctolrupiens , de
l'ordre des Hyménoptères, établi par M. Ha-
liday, et adopté par la plupart des entomo-
logistes. Les Mymar ont des antennes de
treize articles dans les mâles, et de neuf dans
les femelles, avec une massue sans divisions
annulaires. Le type est le M. ovuloruw
(Ichneumon ovulorum Lin.). (Su)
MYMARIDES. Mymandœ. ins. — Fa-
mille de la tribu des Proctolrupiens , de
l'ordre des Hyménoptères, établie par M. Ha-
liday, et caractérisée par des ailes étroites ,
quelquefois linéaires , élargies à l'extrémité
en une petite spatule. Cette petite famille
peut être divisée en deux groupes : les My-
marites, comprenant les genres Mymar ,
Anagyrus et Eustocus , dont les tarses ont
quatre articles; et les Ooctonites , compre-
nant les genres Lytus, Ooctonus etAllaptus,
dont les tarses ont cinq articles. (El.)
MYNOMES. mam. — Rafiuesque {Amer,
mag. , 1808) a créé sous ce nom un genre
de Rongeurs , auquel il donne pour carac-
tères : Dents semblables à celles de l'On-
datra ; quatre doigts onguiculés aux mem-
bres postérieurs , et un pouce très court ;
queue velue et déprimée.
Une seule espèce entre dans ce groupe :
c'est le Mynomes 2^/afensisde Rafinesque, es-
pèce qui habite la Pensylvanie, et qui est
encore très imparfaitement connue. A. -G.
Desmarest (Mamm.) et M. Harlan (Faun.
amer. ) pensent que l'on doit probablement
r.-ipporter le M, pralensis à quelque espèce
du genre Campagnol. (E. D.)
*MYOBIA {uvXa, mouche; Gioç, vie), ins.
— Genre de l'ordre des Diptères brachocères,
famille des Musciens, tribu des Muscides,
établi par M. Macquart (Histoire des Diptè-
res; Suites à Buffon, t. II, p. 157), et dont
les caractères essentiels sont : Corps étroit ;
épistome saillant; style des antennes pu-
bescent.
Ce genre renferme sept espèces qui tou-
tes habitent la France et l'Allemagne (Myo-
biaflavipes, bicolor, etc.). Elles se reconnais-
sent facilement à la teinte plus ou moins
64,
506
MYO
MYO
jaunâtre de leur corps, de leurs antennes et
de leurs pieds. Elles vivent principalement
dans les souterrains creusés par les Hymé-
noptères fossoyeurs, et déposent leurs œufs
sur les Insectes morts qu'ils ont destinés à
nourrir leurs larves. (L.)
*MYOCEBUS (f*vÇt rat; xrîfoç, singe).
mam. — Groupe de Lémuriens correspondant
au genre Myscebus de M. Lesson. (E. D.)
*MYOCERA :(p.vwv , partie charnue;
XEpaç, antenne), ins. — Genre de Coléoptè-
res subpentamères, tétramères de Latreille,
famille des Cycliques, tribu des Galléru-
cites, formé par Dejean (Catalogue, 3e éd.,
p. 406) avec 3 espèces de l'Amérique mé-
ridionale, les M. prionocera, xanthodera et
pallidicollis de l'auteur. La première est
originaire de la Guiane française , et les
deux autres se trouvent au Brésil. (C.)
*MYOCHROUS(av:, souris; xpw^«, cou-
leur), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille des
Cycliques, tribu des Colaspidcs (Chrysomé-
lines de Lat. ), créé par nous et adopté par
Dejean (Catalogue, 3e édit., pag. 438), qui
en cite les trois espèces suivantes : M. sor-
didus, anobioides et melancholicus Dej.; on
trouve la seconde aux États-Unis, et les deux
autres sont originaires deCayenne. (C.)
MYOCONQUE. Myoconcha (^X, mye;
xôyxv), coquille ). moll. — Genre proposé
par Sowerby, comme intermédiaire entre
les Moules ou Modioles et les Conques,
pour une coquille bivalve fossile des ter-
rains oolitiques. Cette coquille, en effet,
équivalve et oblique, a la forme d'une Mo-
diole , mais elle a deux impressions mus-
culaires assez grandes , une grande dent
cardinale oblique sur la valve gauche , et
un ligament tout-à-fait extérieur et sail-
lant. L'impression palléale ne présente pas
de sinus. L'espèce type de ce genre est la
M. crassa. (Duj.)
*MY0C0RY1VA (p.vwv , excroissance de
chair; xopvvn, massue), ins. — Genre de Co-
léoptères subpentamères, tétramères de La-
treille, famille des Cycliques, tribu des Chry-
somélines, formé par Dejean (Catalogue,
3e édit., p. 428) cVec une espèce du Mexi-
que : la M. eumolpoides Dej. (violacea Ch.).
(C)
*MYODA. bot. ph. — Genredela famille
des Orchidées-Néottiées, établi par Lindley
(in Wallich Calalog., n. 7390). Herbes de
l'Inde. Voy. orchidées.
MYODAIRES. Myodariœ. ins.— M. Ro-
bineau-Desvoidy a établi (Mém. des savants
étrangers de l'Académie des sciences de Pa-
ris , t. II), sous le nom de Myodaires, Myo-
dariœ, un nouvel ordre d'Insectes formé
aux dépens du grand genre Musca de Linné,
et correspondant presque entièrement au
genre Musca des premières éditions de Fa-
bricius ou à la famille des Muscides de La-
treille , en en retranchant néanmoins les
genres Diopsis, Scenopina et Achias.
Les caractères assignés aux Myodaires par <
M. Robineau-Desvoidy sont les suivants :
Trompe molle, univalve, coudée à la base,
renfermant dans une gouttière supérieure
un suçoir composé de deux filets; toujours
deux palpes supérieurs; rarement deux ou
quatre palpes inférieurs; antennes insérées
au-dessus du péristome , toujours formées
de trois articles, dont le dernier, ordinaire-
ment le plus développé, reçoit toujours sur
son dos une soie composée de trois articles
plus ou moins apparents; cuillerons souvent
très développés; anus des femelles terminé
par une tarière intérieure ou externe dans
les races destinées à perforer. Larves apodes
ayant la bouche armée de deux crochets, et
vivant de substances liquides végétales ou
animales. Nymphe inactive, à coque opaque,
en barillet , et ne montrant aucune partie
de l'insecte parfait. La trompe apparente
des Myodaires les sépare nettement d'avec
les OEstrides, qui n'ont que des rudiments
de cet organe; leur suçoir, formé de deux
soies , les distingue des Syrphies , qui ont
quatre soies; enfin la soie antennaire, in-
sérée sur les côtés ou sur le dos du troisième
article, empêchera toujours de les confondre
avec les Stratyomydes , qui ont cette même
soie continue avec le troisième article , et
étagée ou annelée.
M. Robineau-Desvoidy a pris pour bases
de sa classification divers caractères tirés des
cuillerons, des antennes, delà forme et de
la disposition du péristome, etc. ; et il a com-
biné ces divers caractères avec les mœurs
et la manière de vivre des Insectes qu'il
étudie.
Le nombre des espèces décrites par M. Ro-
bineau-Desvoidy , dans son Essai sur les
Myodaires, était de plus de 3,000 , et ce
MYO
MYO
507
nombre sera encore beaucoup plus considé-
rable dans le travail sur les Myodaires des
environs de Paris, qu'il publie dans ce mo-
ment-ci dans les Annales de la Société ento-
mologique de France.
La classification des Diptères adoptée dans
cet ouvrage n'est pas celle de M. Robineau-
Desvoidy ; toutefois il sera parlé des familles
et des genres formés par ce savant entomo-
logiste à chacun de leurs mots alphabétiques,
et nous renvoyons , pour plus de détails sur
les Myodaires, aux neuf familles qui forment
cet ordre, et que M. Robineau-Desvoidy dé-
signe sous les noms de Calyptérées , Méso-
MYDES , MALACOSOMES , AciPHOCÉES , PALOMY-
DES, NaPÉELLÉES, PHYTOMYDES , MlCROMYDES
et Muciphorées. (E. Desmarest.)
*MYODERMA (pîç, souris ; <%*«, peau).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides mélitophiles, formé par Dejean {Ca-
talogue, 3e édit., pag. 187), et adopté par
Burmeister ( Handbuch der entomologie ).
Deux espèces du Sénégal rentrent dans ce
genre , les M. alutacea Schr. {sordida Gr.
P. ) et fuliginosa Dej. (C.)
*MYODES. mam.— Pallas {loogr. Rosso-
Asiat., I, 1811 ) applique cette dénomina-
tion à un groupe de Rongeurs de la division
des Rats. Voy. ce mot. (E. D.)
MYODES ou MYODITES fatiSn, mus-
culeux). ins. — Genre de Coléoptères hé-
téromères, famille des Trachélydes , tribu
desMordellones (Rhipiphorites de Laporte),
créé par Latreille (Nouv. Dictionn. d'hist.
nat., Déterville, t. XXII, p. 131). Il ne se
compose que de trois espèces : M. subdipte-
rus F. {Dorthesti Lat. ), Americana Guer.
(Lecontei Dej.), et Lesueuri Dejean. La pre-
jmière est originaire de la France méridio-
nale, et les deux autres proviennent des
jEtats-Unis. Les antennes sont en éventail
■ dans les deux sexes. (C.)
MYODOCHUS. ins. — Genre de la tribu
des Réduviens, de l'ordre des Hémiptères
:hétéroptères, établi par Latreille. L'espèce
'type, le Myodoque serripède , Myodochus
scrripes, Latr., se trouve dans toute l'Amé-
rique septentrionale.
*MYOGALEA. mam.— Synonyme de My-
gale. Voy. l'article desman. (E. D.)
*MYOGALI\A. mam. — M. Charles Bo-
naparte ( Synops. y 1837 ) donne ce nom à
une division des Insectivores comprenant le
genre Desman. Voyez ce mot. (E. D.)
*MYOGALUM. bot. ph. — Genre de la
famille desLiliacées-Hyacinthées, établi par
Link (Handb., I, 16i). Herbes bulbeuses,
abondantes dans les régions centrales et
australes de l'Europe. Voy. liliacées.
MYOLOGIE. Myologia. anat. — On fait
dériver ce mot de mus , qui veut dire souris,
et de (jivnv, mouvoir; ou mieux de u.vwv,
muscle, et de Xoyos, discours : partie de l'ana-
tomie qui traite des muscles. Il ne sera ques-
tion dans cet article que de la Myologie au
point de vue des généralités seulement, ne
voulant pas entretenir le lecteur des descrip-
tions innombrables et fastidieuses relative-
ment aux divers muscles qui peuvent entrer
dans la composition d'un animal, surteutdans
de celle d'un vertébré. Toutefois, nous indi-
querons avec soin, et d'après une planche très
exacte de ce Dictionnaire, tous les muscles
superficiels de la région antérieure du corps
humain ; cette simple description suffira pour
donner une idée précise de l'anatomie des-
criptive. Plus de détails à ce sujet, et des
connaissances plus précises en Myologie ,
rentreraient dans le domaine de la méde-
cine et plus encore dans celui de la scléro-
tomie, science toute nouvelle, dont M. J.
Guérin a, le premier, posé les bases en
établissant la chirurgie sous-cutanée. A part
donc l'application qu'on peut faire de la
Myologie, envisagée sous certains rapports ,
à l'art de guérir , ce qu'il y a de plus utile
à connaître dans l'étude des muscles c'est
assurément la direction dans laquelle leurs
fibres se raccourcissent et s'allongent alter-
nativement sous l'influence d'un stimu-
lus vital ou de l'irritabilité musculaire.
Mais de quelle nature est cette irritabilité,
et d'où vient-elle? Suivant M. Straus, les
fibres musculaires sont articulées et com-
posées de petites plaques pliées trois fois
sur elles-mêmes , et chaque fibre serait une
espèce de pile galvanique formée de sub-
tance musculaire et de sublance nerveuse.
Le raccourcissement de la fibre serait pro-
duit par l'attraction de ses deux éléments,
chargés chacun d'une électricité contraire.
Quoi qu'il en soit de ces explications ingé-
nieuses, toujours est-il que l'élément nerveux
accompagne constamment la fibre muscu-
laire, en sorte que la présence de celle-ci
508
MYO
IMYO
implique nécessairement celle de l'autre.
D'après cela , tous les muscles se trouvent
sous la dépendance d'un principe nerveux
qui se transmet à l'aide d'une substance
blanchâtre , revêtant diverses formes, et qui
détermine le plissement en zigzag de la fibre
musculaire. Seulement ce même principe
de l'irritabilité qui préside au mouvement
vital des muscles est tantôt soumis à la
volonté de l'être et tantôt indépendant
d'elle. C'est une même cause produisant
souvent des effets bien distincts, la con-
tractilité volontaire d'une part et la con-
tractiîité involontaire de l'autre. De là cette
distinction admise par les anatomistes de
muscles volontaires ou de la vie animale, et
de muscles involontaires ou de la vie orga-
nique. Les premiers reçoivent, chez les ani-
maux d'une organisation élevée, des nerfs
qui sont en rapport immédiat avec l'axe
cérébro-spinal , et qui leur transmettent le
plus souvent la sensibilité et le mouvement
volontaire. Les seconds , chez ces mêmes
animaux, reçoivent la majeure partie de
leurs nerfs des masses ganglionnaires dis-
tribuées par groupes dans l'abdomen , le
thorax, etc., et ces nerfs leur transmet-
tent le principe d'une sensibilité obtuse en
même temps que celui d'un mouvement
qui n'est plus sous la dépendance du moi ,
ou de cet empire que l'âme exerce sur le
système nerveux de la vie de relation. Mais
si les muscles de la vie animale et ceux de
la vie organique se trouvent, chez l'homme
et la plupart des vertébrés , sous la dépen-
dance de deux systèmes nerveux bien
distincts l'un de l'autre, quoique commu-
niquant toujours ensemble par des anasto-
moses, il n'est plus possible, chez les inver-
tébrés en général , d'assigner une source
distincte au principe de l'irritabilité muscu-
laire. La disparition de l'axe cérébro-spinal
chez la plupart d'entre eux ne permet plus
de préciser quelle est l'origine des nerfs de
la vie animale et celle de la vie organique.
On serait même tenté de croire , d'après ce
qui se passe dans la formation de l'orga-
nisme,que lecerveauetla moelle allongée ve-
nant à manquer, ce serait le système nerveux
viscéral qui en remplirait les fonctions chez
les invertébrés. Cependant la dégradation
du grand sympathique chez les classes infé-
rieures des vertébrés eux-mêmes est assez
significative, il nous semble, pour ne pas
laisser le moindre doute sur la réalité des
faits , et pour faire admettre que le contraire
a lieu. C'est donc des masses nerveuses
correspondantes aux ganglions rachidiens
qu'émaneraient chez les invertébrés le mou-
vement volontaire, le mouvement involon-
taire et la sensibilité. On trouvera à l'article
système nerveux tous les détails nécessaires à
ce sujet. Pour le moment, il nous suffit d'é-
tablir ici que la contractilité volontaire et la
contractilité involontaire des muscles en
général trouvent leur source de mouvement
et de sensibilité dans le système nerveux
ganglionnaire, symétrique ou rachidien , et
que le système ganglionnaire asymétrique ,
viscéral ou grand sympathique , fraction
plus ou moins modifiée du premier, pré-
side plus spécialement au mouvemeut invo-
lontaire de certains muscles, sans toutefois
cesser de leur transmettre la sensibilité.
La preuve de tout ceci, c'est qu'en effet
certains muscles involontaires de l'homme
et de plusieurs animaux obéissent dans
d'autres à la volonté ; tel est , par exemple,
l'estomac des Ruminants, dont les mouve-
ments se dirigent à leur gré dans deux
sens différents. D'autres muscles paraissent
d'une nature mixte; ce sont ceux de la res-
piration, indépendamment de cela, tout le
monde sait que les passions violentes agis-
sent sur les muscles involontaires, que la
volonté a dans les maladies nerveuses qui
paraissent avoir le moins de rapport avec
les passions, du moins avec celles qu'on
peut ressentir dans le moment, le pouvoir
d'en empêcher les accès lorsqu'on prend sur
soi d'y résister avec fermeté. Il n'est pas
jusqu'aux mouvements du cœur qui n'aient
pu par la volonté être suspendus. Bayle,
au dire de Ribes, et un capitaine anglais a-
vaient ce pouvoir porté à un haut degré. Que
si nous écartons, d'après cela, la distinc-
tion établie par les anatomistes entre les
muscles volontaires et les muscles involon-
taires , le cadre que nous nous sommes
tracé d'avance, de n'envisager la Myologie
qu'au point de vue des généralités , n'en
sera que plus précis. Nous avons donc à
examiner actuellement dans cet article quels
sont les caractères essentiels, différentiels
et fontionnels des muscles.
Tout muscle, et nous entendons par là
MYO
MYO
509
des organes plus ou moins rouges ou blan-
châtres , charnus , fibreux et éminemment
contractiles , est composé de faisceaux min-
ces, de filaments rangés les uns à côté
des autres (1). Les fibres le plus déliées
que nous puissions apercevoir ne parais-
sent point creuses, et il semble qu'on peut
les regarder comme les réunions les plus
simples des molécules essentielles de la sub-
stance charnue. Les éléments de la sub-
tance fibreuse paraissent tellement rappro-
chés dans le sang qu'il suffit d'un peu de
repos pour qu'il se coagule. Les muscles
semblent être les seuls organes capables de
séparer cette matière de la masse du sang
et de se l'approprier. Le fluide blanc qui
tient lieu de sang chez un grand nombre
d'animaux contient égalementde la fibrine ;
mais celle-ci neseprend pas en caillot etses fi-
laments, d'après Hombert, nagent seulement
dans le sérum. On attribue généralement
la production de la fibrine aux phénomènes
de la respiration, et l'on croit que cette
substance entretient l'irritabilité muscu-
laire. Cependant, quoiqu'il n'y ait point
d'irritabilité sans fibrine, cette propriété ne
se manifeste point dans la fibrine pure,
isolée et hors de l'agrégation organique; elle
ne la conserve que dans l'état de vie, et
tant que subsistent, comme nous l'avons
dit, ses connexions naturelles avec les nerfs
d'une part et les vaisseaux de l'autre. Les
animaux qui n'ont point de nerfs distincts
et séparés n'ont point non plus de fibres
charnues visibles. Dans ce cas l'irritabilité
et la sensibilité ne paraissent point exclusi-
vement attribuées chez eux à des systèmes
(0 Suivant Bauer et Home , la fibre musculaire se compose
ieparticules du sang dépourvues de matière colorante, et
dont les globules centraux se sont réunis en filaments ; telle
•st l'opinion de Béciard et de MM. Prévost, Dumas et Miluc
Edwards Ces fibres ont la même grosseur et la même forme
ilans tous les muscles. M. Dutrocliet, en parlant de la for-
mation de la fibre musculaire, dit que si l'on jette quel-
ques gouttes de sang dans de l'eau légèrement alcaline , par
laquelle les globules soient dissous, que l'on place sur une
lame de verre un peu de cette eau, et qu'on la mette conve-
nablement en rapport avec les deux pôles d'une pile vol-
taique, on voit bientôt, à l'aide du microscope, se former des
fibres musculaires qui se contractent de la manière connue.
Turpin, qui a répété les expériences de M. Dutrocliet, n'a
point obtenu les mêmes résultats. Suivant M. Raspail , l'ar-
rangement des molécules élémentaires du tissu musculaire
est fort différent de celui qui a été indiqué par les auteurs ;
la vésicule organique élémentaire du muscle résulterait de
-« combinaison de l'iiydrogene , de l'oxygène et du carbone.
particuliers d'organes. Ces sensations sont
dues à un principe nerveuy resté diffus
dans l'organisation et en rapport avec un
tissu fibreux élémentaire.
Les choses qui excitent occasionnellement
les fibres à s'irriter sont, d'après Cuviert
de cinq ordres : la volonté des actions exté-
rieures dirigées sur les nerfs, les actions ex«
térieures dirigées sur la fibre elle-même,
les actions mixtes dans lesquelles on opéra
sur les nerfs et sur la fibre , et enfin cer*
tains états maladifs ou certaines passion!
violentes. Les fibres musculaires du cœuf
et celles des intestins se contractent parca
qu'elles sont sans cesse exposées à l'action
d'une cause irritante de l'ordre des exté-
rieures, le sang d'une part et les aliments
de l'autre. Un muscle également qui serait
exposé à nu à l'action de causes irritantes
se contracterait indépendamment de toute
participation de la volonté. Mais si un nerf
principal est coupé, ou lié fortement , les
muscles auxquels il se distribuait n'obéis-
sent plus à la volonté, et cessent bientôt
de se contracter. A la vérité, on peut, en
excitant un tronc nerveux qui tiendrait à
un muscle séparé du corps, déterminer des
mouvements convulsifs et produire cet effet
même après la mort; mais cette imitation
de la volonté ne saurait être ni complète
ni durable surtout. Les expériences galva-
niques rendent très probable que l'action
des nerfs sur les muscles s'opère à l'aide
d'un fluide invisible qui change de nature
ou de quantité sur la fibre, dans des cir-
constances déterminées.
Les convulsions galvaniques ne peuvent
donc être rapportées qu'à un changement
d'état intérieur du nerf et de la fibre , à la
production duquel ces deux organes concou-
rent. On a même, dans les sensations galva-
niques qui arrivent sur le vivant, la preuve
que ce changement d'état peut avoir lieu
dans le nerf seul , soit qu'il consiste en un
simple mouvement de translation , ou en
une décomposition chimique. La fibre serait
donc simplement passive dans ces contrac-
tions ; mais il faudrait toujours reconnaître
qu'elle est la seule partie du corps consti-
tuée de manière à recevoir cette sorte d'im-
pression de la part du nerf, car des nerfs
se distribuent à une multitude d'autres par-
ties sans leur communiquer la moindre ap-
610
MYO
MYO
parence d'irritabilité (1). Les muscles sur
lesquels la volonté a perdu son empire par
\ leur paralysie ou par la ligature d'un tronc
nerveux peuvent également obéir aux sti-
mulants extérieurs galvaniques ou autres,
parce que le nerf, dans cet état, conserve
la faculté de produire ou de transmettre le
fluide qui doit faire contracter la fibre. Au
1 reste, tout prouve que l'action des nerfs sur
la fibre n'emporte pas nécessairement con-
science et sensation. Cela se voit par les
exemples de membres insensibles qui ne lais-
sent pas de se contracter sous l'influence des
stimulus , et par ceux des viscères qui sont
dans un mouvement continuel en nous sans
que nous nous en apercevions. Un nerf coupé
et réuni ensuite, d'après Arnemann , a pu
recouvrer la faculté de transmettre le mou-
vement volontaire et non celle de la sensi-
bilité. Au surplus, les nerfs paraissent pou-
voir exercer par leur propre substance la
partie purement physique de leurs fonc-
tions; et si celles-ci dépendent d'un fluide,
ce fluide doit pouvoir naître de tous les
points de la substance médullaire.
Pour reconnaître l'action des derniers
filets nerveux sur la fibre musculaire , et
pour distinguer au besoin une artère d'un
petit nerf, M. de Humboldt a imaginé un
moyen fort simple et très ingénieux en
même temps. Il se sert d'une aiguille d'or
et d'une d'argent, qu'on applique, l'une
au muscle, l'autre au filet dont on veut
reconnaître la nature , et qu'on fait tou-
cher par leur autre extrémité. Si c'est un
nerf, les contractions doivent s'ensuivre :
autrement il n'y a point de résultat obtenu.
D'après cela, et d'après ce que nous avons dit
plus haut , il est bien reconnu que le con-
cours du nerf est nécessaire pour produire
(i) Pourtant, et d'après les expériences que vient d'entre-
prendre M. Mandl sur le système nerveux , on pourrait con-
cevoir que des tissus non fibreux seraient mus par la con-
traction propre du nerf lui-même , puisqu'il a aperçu sur
des nerfs de la sangsue, bien dépouillés de leur enveloppe
noirâtre et isolés du corps de l'animal, des contractions vitales
qui rappellent complètement celles des fibres musculaires.
A la vérité, l'auteur ajoute que ces contractions de nerfs n'ont
pas pu être constatées toujours ; il régnerait , même à cet
égard, des variétés individuelles. Les nouvelles expériences
que M. Mandl se propose d'entreprendre soit pour consta-
ter ce fait, soit pour connaître les stimulants qui pourront
augmenter ou diminuer les contractions des fibres ner-
veuses, nous paraissent donc nécessaires , et doivent précé-
âer l'adoption d'un fait qui aurait une importance physio-
logique marquée s'il était démontré.
la contraction de la fibre, et que , de son
côté, la fibre charnue paraît seule, jusqu'à
présent , susceptible de subir cet effet de la
part du nerf.
Les muscles, qui sont, en quelque sorte,
réduits à un état rudimentaire dans les ani-
maux inférieurs, deviennent de plus en plus
nombreux dans les classes plus élevées, et
forment, dans les Vertébrés surtout, la plus
grande partie de la masse du corps. Ensuite,
quant à l'action de ces fibres, voici ce qu'on
observe : au moment de la contraction , le
muscle se raccourcit; quelques anatomistes
ont pensé qu'il éprouvait alors une diminu-
tion de volume; d'autres, au contraire, ont
nié ce fait. Il est très probable pourtant,
d'après les expériences de MM. Prévost et Du-
mas, Barzoletti, Mayo, etc. , que le muscle ne
change point de volume, et que le gonfle-
ment qui existe est l'effet du raccourcisse-
ment des fibres. La contraction des muscles
produit aussi un endurcissement momentané
de leur tissu, qu'on ne saurait attribuer à
l'affluence plus grande du sang pendant que
les fibres se raccourcissent. Au moment de
l'action contractile des muscles , les fibres
sont agitées d'un mouvement continuel ré-
sultant de leur inégal raccourcissement;
c'est à ce mouvement qu'on a donné le nom
d'agitation fibrillaire, et qu'est dû le bruis-
sement particulier qu'on entend, soit à l'aide
du stéthoscope , soit en appliquant l'oreille
sur un muscle qu'on fait mouvoir. La con-
traction est quelquefois très rapide dans un
muscle , et sa force peut déterminer alors la
rupture des parties les plus résistantes du
corps, telles que des tendons des os, etc. On
peut, d'après le docteur Rameaux, évaluer
la force d'un muscle, lorsque celui-ci se con-
tracte lentement , d'après le poids le plus
lourd que cet organe puisse soutenir; mais
comme toute force peut être représentée par
une certaine masse multipliée par la vitesse,
la force d'un muscle sera égale à sa puis-
sance multipliée par la vitesse de contrac-
tion. D'où l'on voit que dans toutes les cir-
constances où un muscle se contractera
avec une extrême vitesse , la force de cet
organe augmentera avec ce facteur , et
pourra même devenir prodigieuse. C'est
donc à la vitesse de contraction des mus-
cles et non à la puissance de contraction
qu'il faut attribuer les ruptures de certains
MYO
MYO
a
tendons et de différents os. Ce qui vient à
l'appui de cette opinion , c'est que les rup-
tures se font non pas dans de grands efforts
à soutenir, mais dans des mouvements au-
tomatiques, brusques, rapides, comme dans
ceux qui ont pour but de prévenir unechute,
d'éviter un choc, etc. Quant à l'étendue de
la contraction , considérée dans le tissu lui-
même , elle est relative à la longueur des
fibres musculaires; l'on a évalué, d'après
des expériences directes , qu'une fibre con-
tractée se raccourcissait d'un quart de sa
longueur environ. Il est d'observation éga-
lement que l'irritabilité musculaire est gé-
néralement diminuée par le froid ou la cha-
leur portée à un haut degré, de même que
par l'application immédiate de l'opium et de
quelques autres substances. Enfin la disten-
sion d'un muscle peut empêcher son ac-
tion; son raccourcissement l'influence bien
moins.
La contraction trop prolongée des mus-
cles cause une sensibilité douloureuse , et
lorsqu'elle a été longtemps continuée , la
fatigue, ainsi poussée à l'extrême, détermine
un épuisement général , qui entraîne invin-
ciblement à un repos absolu. Ce repos alors
devient indispensable, si l'on ne veut point
courir de grand danger pour la vie. Indépen-
damment des généralités que nous venons
d'exposer, les muscles sont encore, au point
de vue d'autres considérations, l'objet de
toute l'attention des anatomistes et des phy-
siologistes. C'est ainsi que chez l'homme on a
remarqué que les muscles sont disposés sui-
vant des inclinaisons variées, juxtaposés par
leurs faces , séparés ou groupés , ou isolés les
uns des autres par des enveloppes aponévro-
tiques ; qu'il y en a de longs, de larges et de
courts ; que Ici premiers , qui sont aussi les
plus superficiels du corps, diminuent gra-
duellement de la superficie vers la profon-
deur; que les seconds forment les parois
mobiles des cavités abdominales, thoraciques
et crâniennes, et que les troisièmes occu-
pent toujours le voisinage des articulations.
Relativement au volume des muscles , il
s'exerce dans les limites les plus étendues,
depuis les fibrilles microscopiques des osse-
lets de l'ouïe et autres, jusqu'aux vastes
faisceaux du grand fessier. Le volume qui
dépend de la quantité de fibres est, comme
nous l'avons déjà dit, un indice de la force
proportionnelle des muscles dans un même
sujet : ainsi les muscles longs, dont une di-
mension l'emporte de beaucoup sur les deux
autres , sont relativement les plus faibles ;
les muscles courts, dont les trois dimensions
se rapprochent, sont, au contraire, les plus
forts.
La couleur des Muscles présente égale-
ment chez l'homme des différences indivi-
duelles et des différences entre eux dans un
même sujet. Elle est d'un rouge violacé
chez les sujets bruns , d'un rouge sanguin
dans les individus châtains, et d'un rouge
jaunâtre chez les blonds fades. Dans un
même sujet, les muscles à fibres courtes,
fines et serrées , sont plus colorés que ceux
dont les fibres sont larges et moins adhé-
rentes entre elles. En général, les muscles
des membres sont plus colorés que ceux du
tronc, et ceux de la face les plus pâles.
L'étude de la Myologiea été portée si loin
chez l'homme , que l'on a été même jusqu'à
compter les muscles du corps. C'est ainsi
que Chaussier en a trouvé 374 , bien qu'il
soit impossible , dans un sujet aussi arbi-
traire, d'offrir un résultat non contestable,
les mêmes faisceaux, plus ou moins con-
fondus par l'une de leurs attaches, étant
considérés par quelques anatomistes comme
un seul muscle, et par d'autres comme au-
tant de muscles différents. A part ces dif-
ficultés, il n'est pas rare de rencontrer des
variétés et des anomalies dans leur nombre
et dans leur situation ; tel est, par exem-
ple, le fait d'un muscle sternal antérieur
que nous avons rencontré très développé sur
un fœtus de 4 mois et demi, parfaitement
conformé du reste, et ceux de tant d'autres
cités par les divers auteurs anciens et mo-
dernes.
Les muscles, ayant pour objet le mou-
vement, sont prodigués dans les parties
les plus actives et où des forces opposées
sont nécessaires ; aux membres ils sont
multipliés dans de petits espaces , tandis
que quelques uns, très étendus, suffisent
pour les vastes parois du tronc. Leur nom-
bre aussi n'est pas en rapport avec celui des
os ; un seul muscle recouvre le crâne où se
trouvent huit os, et par opposition l'avant-
bras, pour deux os, compte vingt muscles;
un seul os, le fémur, fournit des attaches à
vingt-deux de ces organes. Par rapport aux
512
MYO
MYO
deux moitiés du corps, les muscles sont en
nombre pair. Il n'y en a d'impairs que sur
le plan moyen; encore sont -ils formés de
deux moitiés symétriques. Indépendamment
de la partie charnue , les muscles offrent
dans leur structure des parties tendineuses
et aponévrotiques qui lui sont accessoires.
Les premières terminent les muscles longs ,
en s'implantant sur les os , les secondes se
fixent par leurs bords. L'insertion oblique
des fibres musculaires donne lieu à diverses
Combinaisons : tantôt un tendon mitoyen
reçoit des fibres obliques des deux côtés , ou
Un tendon latéral en reçoit d'un seul côté ;
dans le premier cas le muscle est dit penni-
forme, et dans le second semipenniforme.
Lorsqueles fibres entrecoupées d'aponévroses
convergent d'une circonférence vers le ten-
don commun , elles forment un muscle
rayonné, etc., etc.
Le lieu occupé par un muscle et les obli-
quités qu'il présente par rapport aux divers
plans sont , comme nous l'avons déjà dit,
avec les attaches, les circonstances les plus
importantes à considérer sous le point de
vue physiologique, puisqu'elles déterminent
ses usages. En général , les faisceaux char-
nus situés dans un même plan, par rapport
aux articulations qu'ils font mouvoir, ont
des usages analogues. Les muscles de l'a-
vant-bras sont presque tous fléchisseurs en
avant, extenseurs en arrière, pronateurs en
dedans, et en dehors supinateurs. La direc-
tion d'un muscle est représentée par une
ligne passant au milieu de ses attaches,
et qui indique la résultante moyenne de ses
forces. L'inclinaison de cette ligne par rap-
port aux divers plans ou à l'axe des os, en
même temps qu'elle fixe la situation relative
d'un muscle, fait préjuger des moindres
particularités de ses usages et de l'intensité
de son action, proportionnellement à son
volume et au mode plus ou moins avanta-
tageux d'implantation de ses fibres. Consi-
dérée sous le point de vue des forces, la
direction offre des applications variées. La
plupart des muscles s'insèrent obliquement
sur des os, sur des angles variés. Les longs
muscles superficiels des membres , presque
parallèles aux leviers qu'ils font mouvoir,
perdent beaucoup de leur puissance par le
désavantage de leur direction. Les muscles
courts sont en général dans des conditions
inverses. Enfin, dans beaucoup de muscles,
la direction première est plus ou moins mo-
difiée par les saillies articulaires , et dans
quelques uns par la réflexion de leurs ten-
dons dans des coulisses ou des poulies spé-
ciales. Pour ce qui est relatif ensuite aux
connexions des muscles , il est évident ,
comme nous l'avons déjà dit, que cette par-
tie de la Myologie n'a de l'importance qu'au
point de vue chirurgical ; aussi éviterons-
nous d'en parler ici d'une manière spéciale,
devant surtout entrer dans quelques détails
arides d'anatomie descriptive.
Muscles de la face. — Voy. planche 2
des Mammifères.
Ces muscles sont tous groupés autour des
ouvertures naturelles de la région antérieure
de la tête, et peuvent se réduire, d'après
M. Cruveilhier, à des dilatateurs et à des
constricteurs ; l'orifice des fosses nasales
est seul dépourvu de ce dernier. Les pau-
pières devant s'ouvrir et se fermer en masse,
les narines devant rester habituellement ou-
vertes, la peau qui forme ces ouvertures est
doublée dune lame cartilagineuse , qui lui
donne la tension, la résistance et l'élasticité
dont elle avait besoin; et c'est à cette lame
cartilagineuse que s'insèrent les muscles.
A l'orifice de la bouche nous ne trouvons
rien de semblable; les muscles s'insèrent
à d'autres muscles.
Orbiculaire des paupières. — Ce muscle
{voy. la planche 2), qui constitue en
grande partie l'épaisseur des paupières, est
un véritable sphincter, et comme tous les
muscles de cette espèce, il est composé de
fibres circulaires. Mais par une exception
toute spéciale, il existe pour ce muscle un
tendon d'origine extrêmement remarqua-
ble, tendon direct du muscle orbiculaire,
appelé aussi Ugament palpébral, qui s'insère
sur l'apophyse montante de l'os maxillaire,
au-devant de la gouttière lacrymale. Ce ten-
don, aplati d'avant en arrière, se bifurque;
chaque extrémité libre se fixe sur le carti-
lage tarse correspondant et constitue avec
eux l'angle interne des paupières. Les fibres
qui partent de ces tendons sont de deux
ordres, les unes plus antérieures qui entou-
rent la base de l'orbite, les autres plus
centrales ou palpébrales qui sont destinées
à l'une et à l'autre paupière; d'où la dis-
tinction entre les muscles orbiculaires et
MYO
MYO
513
les muscles ciliaires ou palpébraux. L'or-
bicuiaire des paupières est en rapport anté-
rieurement avec la peau, à laquelle il adhère
par du tissu cellulaire séreux très suscepti-
ble d'infiltration, et par sa face postérieure
avec le sac lacrymal, le muscle sourcilier,
l'arcade orbitaire, l'os malaire, le muscle
temporal (n° 1, planche 2), les attaches
supérieures des muscles grand zygomati-
que , élévateur commun de l'aile du nez et
de la lèvre supérieure, élévateur propre.
Il est séparé de la conjonctive par une
membrane fibreuse et par les cartilages
tarses. Les fibres qui constituent l'orbicu-
laire tendent dans leur contraction à se
rapprocher du centre ; mais comme elles
trouvent un point d'appui dans le tendon
de ce muscle , il en résulte qu'en même
temps qu'il se resserre, tout l'orbiculaire
éprouve une sorte de projection de dehors
en dedans. Quant à la portion palpébrale,
elle se contracte indépendamment de la
portion orbiculaire ; de plus, la portion
palpébrale est habituellement involontaire,
tandis que celle de la portion orbiculaire est
soumise à la volonté. La contraction de
l'orbiculaire détermine l'occlusion de l'œil.
Pyramidal. — Ce muscle est une dépen-
dance du frontal qui longe le dos du nez
sur les côtés de la ligne médiane. Il est re-
couvert par la peau, à laquelle il adhère in-
timement, et il s'applique sur l'os propre
du nez et le cartilage latéral qui lui fait
suite. Ce muscle peut être élévateur de l'aile
du nez , ou abaisseur de l'angle interne du
sourcil , suivant qu'il prend un point d'ap-
pui sur l'une ou l'autre de ses extrémités.
Dans l'un comme dans l'autre cas, il con-
court beaucoup a l'expression de la physio-
nomie.
Élévateur commun de l'aile du nez et de
la lèvre supérieure. On voit ce muscle à
la partie interne du bord de l'orbiculaire
des paupières (Voy. pi. 2) ; il est mince,
triangulaire. Son insertion supérieure se fait
sur l'apophyse orbitaire interne du frontal ;
de là il se porte un peu obliquement en bas
et en dehors , et se termine en partie au
cartilage de l'aile du nez, ou plutôt à la
peau très dense qui le revêt , et en partie à
la peau qui correspond à la lèvre supérieure.
Le muscle élève à la fois l'aile du nez et
la lèvre supérieure; il joue un grand rôle
T. VIII.
dans les cas de gêne de la respiration , et a
été désigné par quelques anatomistes sous
le nom de muscle respirateur de la face. Il
concourt même beaucoup à l'expression de
la physionomie; c'est le muscle du dédain.
Transversal ou triangulaire du nez. Ce
petit muscle s'étend de la partie interne de
la fosse canine jusque sur le dos du nez.
Quoique très petit, il a été représenté sur
la pi. 2 des Mammifères. Recouvert par la
peau, à laquelle il est intimement uni,
et par l'élévateur commun , dont nous ve-
nons de parler, le transversal du nez recou-
vre le cartilage de l'aile et un peu le carti-
lage latéral du nez. L'action de ce muscle
est presque nulle chez l'homme.
Orbiculaire des lèvres. C'est le sphincter
de l'ouverture buccale; il constitue essen-
tiellement la charpente musculeuse des lè-
vres; il est composé de deux, demi-orbicu-
laires formés chacun par une demi-zone
de faisceaux, se terminant de chaque côté
aux commissures de la bouche. Les fibres
qui entrent dans la composition de ces mus-
cles ne se continuent point entre elles au
niveau des commissures; elles s'y en tre-croi-
sent seulement , et se continuent: celles du
demi-orbiculaire supérieur avec les fibres
inférieures du buccinateur, celles du demi-
orbiculaire inférieur avec les fibres supé-
rieures du buccinateur. L'orbiculaire des
lèvres est en rapport avec la peau d'une part,
et de l'autre avec les glandes labiales et la
muqueuse buccale. 11 sert à l'occlusion de la
bouche, à la préhension des aliments par
succion, et joue un grand rôle dans l'ex-
pression faciale.
Buccinateur. Ce muscle constitue la joue
proprement dite; il est large, mince, irré-
gulièrement quadrilatère ; il s'insère à la
face externe de l'arcade alvéolaire supé-
rieure, à la face externe également de l'ar-
cade alvéolaire inférieure. En arrière, les
fibres naissent d'une aponévrose qui s'in-
sère, d'une part, au sommet de l'aile in-
terne de l'apophyse ptérygoïde; d'une autre
part, à l'extrémité postérieure de la ligne
oblique interne. De ces diverses origines ,
les fibres charnues se portent toutes d'ar-
rière en avant , et vont se confondre, comme
nous l'avons dit plus haut, avec l'orbicu-
laire des lèvres. Le buccinateur est en rap-
port avec le masséter(n° 2), qui le recouvre
65
514
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en partie, un peu avec le temporal (n° 1),
avec les zygomatiques, le canin et le trian-
gulaire des lèvres. Le conduit salivaire longe
le buccinateur avant de le traverser. Ce mus-
cle recouvre la muqueuse de la joue dont il
est séparé par une couche épaisse de glan-
dules buccales. Il est l'antagonisme le plus
direct du muscle orbiculaire des lèvres. Ainsi
Je premier eiïet de la contraction de ses
fibres est de devenir droites ou de tendre à
devenir droites; les corps gazeux, liquides
et solides sont expulsés brusquement de la
bouche lorsque le muscle orbiculaire des
lèvres n'y oppose aucun obstacle, ou gra-
duellement lorsque ce muscle contracté ne
cède que peu à peu. 11 suit de là que le buc-
cinateur remplit un rôle essentiel dans le
jeu des instruments à vents , d'où lui vient
son nom de buccinare, sonner de la trom-
pette. Dans la mastication, il remplit un
usage non moins important, en repoussant
les substances alimentaires entre les dents,
et les chassant de l'espèce de gouttière qui
existe entre les joues et les arcades alvéo-
laires.
Élévateur propre de la lèvre supérieure.
Ce petit muscle quadrilatère s'insère à la
base de l'orbite , en dehors de ^'élévateur
commun de l'aile du nez et de la lèvre supé-
rieure, et va de là se perdre dans l'épaisseur
de la peau qui recouvre la lèvre supérieure.
Dans les animaux à moustaches , les fibres
de l'élévateur propre s'insèrent sur le bulbe
des poils; aussi a-t-on nommé le muscle
en question moustachier. Il est chez l'homme
recouvert par l'orbiculaire des paupières,
la peau, du tissu cellulaire, etc., et il
recouvre les vaisseaux et nerfs sous-orbi-
taires , au moment où ils sortent du canal
osseux dit maxillaire supérieur. li élève la
lèvre supérieure, en la portant un peu en
dehors.
Grand et petit zygomatique. Il y a le plus
souvent un muscle de ce nom ; sur le sujet
qui a servi de modèle pour la planche , il en
existait deux; ce sont des languettes char-
nues, cylindriques, étendues de l'os malaire,
ou de la pommette, à la commissure des
lèvres. Les zygomatiques sont placés sous
la peau des joues, ils sont recouverts en haut
par l'orbiculaire des paupières. Ils portent
la commissure des lèvres en haut et en de-
hors. Congénères du canin dans l'élévation
de cette commissure, ils sont leurs antago*.
nistesdans le mouvement en dehors. Quand
ces muscles se contractent en même temps,
les effets opposés se détruisent, et la com-
missure est élevée directement.
Triangulaire ou abaisseur de l'angle
des lèvres. Ce muscle naît d'abord de la
mâchoire inférieure à côté de la ligne mé-
diane. Ces fibres, dirigées en haut, conver-
gent un peu vers la commissure des lèvres
où elles se concentrent en un faisceau étroit
et épais, situé sur un plan extérieur aux
fibres du buccinateur et de l'orbiculaire, en
se continuant avec les zygomatiques et le
canin. Le muscle triangulaire se dessine
très bien à travers la peau ; il recouvre en
partie le carré, le buccinateur et le bord
supérieur du peaucier. Son action est d'a-
baisser l'angle des lèvres; il est antagoniste
du canin et des zygomatiques , avec lesquels
il se continue.
Carré du menton ou abaisseur de la lèvre
inférieure. Situé au dedans du précédent ,
le muscle carré, ou plutôt losangique , naît
de la ligne oblique extérieure de la mâ-
choire inférieure, et se continue en grande
partie avec le premier; de là, il se porte
obliquement en haut et en dedans , et vient
se terminer à Sa peau de la.lèvre inférieure.
Il recouvre le nerf et les vaisseaux men-
toniers , et le muscle de la houppe du men-
ton. Son action est d'abaisser la lèvre infé-
rieure et de tirer en dehors la moitié de
cette lèvre.
Masséter. Ces muscles (n° 2 , pi. 2) s'in-
sèrent d'une part au bord inférieur de l'ar-
cade zygomatique , d'une autre part à l'angle
de la mâchoire inférieure. Le zygomatique
est placé sous la peau ; il est recouvert en
arrière par la glande parotide , en haut par
l'orbiculaire et les zygomatiques, par le
conduit salivaire, les divisions du nerf fa-
cial et par l'artère transverse de la face.
L'action de ce muscle est très puissante. On
peut en mesurer en quelque sorte l'énergie,
dans la série animale , d'un côté par le vo-
lume de l'arcade zygomatique , et d'un autre
côté par la saillie des lignes et des éminenv
ces que présente l'angle de la mâchoire in
férieure. C'est surtout en rapprochant les
deux mâchoires l'une de l'autre qu'il est
très utile dans la mastication. Son action
est renforcée d'une manière notable par le
MYO
MYO
5i5
muscïe temporal (n° 1), qu'on ne voit qu'en
partie sur la planche.
Ici se termine la description très abrégée
des muscles de la face. Examinés sous le
rapport du rôle qu'ils jouent dans l'expres-
sion des passions , on voit que ces muscles
sont tantôt soustraits presque complètement
à l'empire de la volonté, tantôt, au con-
traire, leur contraction est volontaire et
calculée. Les passions gaies s'expriment par
l'épanouissement des traits, c'est-à-dire par
leur éloignement delà ligne médiane. Ainsi
l'occipito-frontal, le releveur de la paupière,
et surtout le grand zygomatique, sont les
agents principaux de l'expression des pas-
sions gaies. L'expression des passions tristes,
qui existe , au contraire , dans le rapproche-
ment et la concentration des traits vers la
ligne médiane, a pour principaux agents le
sourcilier, le triangulaire des lèvres, les
élévateurs propres et communs de la lèvre
supérieure, le muscle de la houppe du
menton, et le carrée. A raison de la con-
nexion intime qui existe entre la peau de la
face et les muscles faciaux qui s'identifient
en quelque sorte avec elle par les fibres qui
s'y implantent , la contraction fréquemment
répétée d'un ou de plusieurs des muscles de
la face, imprime à la peau des plis ou rides
qui persistent même après la cessation et
dans l'intervalle des contractions qui les
ont déterminées. L'habitude des sensations
tristes ou gaies, et de l'expression facile qui
les caractérise , imprime donc un cachet par-
ticulier à la physionomie, et y laisse des
traces en quelque sorte ineffaçables.
Muscles de la région cervicale anté-
rieure. Après le peaucier , qui n'a pas été
figuré sur la planche (n° 2), afin de laisser
à découvert les autres muscles de la région
du cou , on trouve :
1° LeSTERNo-CLÉiDO-MASToïDiEN.Ce muscle
(n° 3) occupe la région antérieure et latérale
du cou ;il est épais, bifide inférieurement ,
plus étroit à sa partie moyenne qu'à ses ex-
trémités. Il s'insère, d'une part, au moyen
de deux faisceaux bien distincts , à l'extré-
mité interne de la clavicule, à l'extrémité
supérieure du sternum , et au-devant de la
fourchette de cet os; d'autre part, à l'apo-
physe mastoïde et à la ligne courbe occipi-
tale supérieure. Ce muscle a des rapports
importants ; la face superficielle ou externe
est recouverte par la peau et le peaucier,
dont le séparent la veine jugulaire externe
et des branches nerveuses ; la face profonde
ou interne recouvre l'articulation sterno-
claviculaire, tous les muscles de la région
sous-hyoïdienne, et en outre le splénius, le
digastrique, etc., la veine jugulaire interne,
la carotide primitive des nerfs, etc. Lorsque
ce muscle agit d'un seul côté, il détermine
un mouvement au moyen duquel la tête
est fléchie, inclinée latéralement du côté du
muscle, qui se contracte et subit un mouve-
ment de rotation, en vertu duquel la face est
tournée du côté opposé. Le sterno-cléido-
mastoïdien est donc à la fois fléchisseur et
rotateur de la tête. Quand les deux muscles
agissent simultanément, ils fléchissent di-
rectement la tête sur le cou, et le cou sur
le thorax. Leur action n'est jamais plus
manifeste que dans l'effort qu'on fait pour
relever la tête , quand on est couché hori-
zontalement sur le dos. Cependant, il est
une position dans laquelle le sterno-cléido-
mastoïdien devient extenseur de la tête,
c'est celle dans laquelle la tête est fortement
renversée en arrière. Cet effet est dû à la
disposition de l'insertion supérieure, qui a
lieu un peu en arrière du point d'appui du
levier représenté par la tête.
2° Le Sterno hyoïdien. Ce muscle est
quelquefois double de chaque côté. Il s'étend
de l'extrémité interne de la clavicule à l'os
hyoïde. Recouvert par le peaucier. îe sterno-
cléido-mastoïdien et l'aponévrose cervicale,
il recouvre les muscles de la couche pro-
fonde, le corps thyroïde, etc., etc. Ce muscle
abaisse l'hyoïde.
3° L'Omoplate ou scapulo-hyoïdien. Plus
grêle et plus long que le précédent, ce
muscle digastrique, composé de deux pe-
tites bandelettes charnues, réunies par un
tendon moyen , s'insère d'une part au boni
supérieur ou coracoïdien du scapuleux de
l'autre, au bord inférieur du corps de
l'hyoïde. La disposition anguleuse de ce
muscle fait que pendant la contraction il
doit porter l'hyoïde en bas et en dehors.
Les autres muscles de la région antérieure
du cou ne se voient pas distinctement sur
la planche, aussi ne les décrirons-nous
point ici.
Muscles des membres thoraciques. Ces
muscles sont très nombreux; toutefois nous
516
MYO
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n'indiquerons que ceux qui sont superficiels.
Deltoïde. Ce muscle (n° 4), ainsi nommé
à cause de sa forme qui a été comparée à
celle d'un delta renversé, est un muscle
épais, rayonné, triangulaire, recourbé sur
lui-même, embrassant l'articulation sca-
pulo-humérale en devant, en dehors et en
arrière. Il s'insère, d'une part, au bord pos-
térieur de l'épine scapulaire , dans toute sa
longueur, au bord externe de l'acromion et
à la clavicule ; de l'autre part , à l'humérus.
Le deltoïde est un muscle élévateur de l'é-
paule, il porte l'humérus en haut, et le di-
rige en avant ou en arrière, suivant les
besoins.
Grand pectoral. Ce muscle n'a pas été
représenté en entier sur la planche; il s'in-
sère d'une part à l'humérus, et de l'autre
sur la poitrine; il élève également le bras
et le porte en dedans.
Biceps hdméral. C'est un muscle long
(n° 6) qui forme la couche superficielle de la
région extérieure du bras , il est divisé su-
périeurement en deux portions, l'une courte,
l'autre longue, d'où lui est venu son nom.
Il s'insère supérieurement par sa courte por-
tion au sommet de l'apophyse coracoïde , et
par sa longue portion à la partie la plus
élevée de la cavité glénoïde; d'une autre
part, à la tubérosité bicipitale du radius.
Les deux portions du biceps sont, dans leur
tiers supérieur, contenues dans l'épaisseur
du creux de l'aisselle en même temps que
le coraco-brachial , les vaisseaux et nerfs
axillaires, entre le grand pectoral et le del-
toïde qui sont en avant, le grand dorsal et
le grand rond qui sont en arrière. En de-
dans, ce muscle correspond à l'artère, aux
veines brachiales et au nerf médian. Le
biceps fléchit l'avant-bras sur le bras et en
même temps le porte dans la supination. Le
moment de la puissance de ce muscle est
dans la demi-flexion de l'avant-bras; alors
son insertion, perpendiculaire au levier qu'il
doit mouvoir, contre-balance le désavantage
de cette insertion au voisinage du point
d'appui. Lorsque l'avant-bras est fixé, dans
l'action de grimper, par exemple, le biceps
porte le bras sur l'avant-bras et l'omoplate
sur le bras.
Triceps brachial , divisé en trois portions
supérieurement. Ce muscle forme à lui seul
toute la région postérieure du bras. Il s'in-
sère à l'omoplate , à l'humérus et au cubi-
tus, dans la portion la plus postérieure de
l'olécrâne. Le triceps est recouvert, dans
presque toute son étendue, par l'aponévrose
brachiale, qui le sépare de la peau, à travers
laquelle il se dessine parfaitement ; il re-
couvre la partie postérieure de l'articulation
du coude, le plan postérieur de l'humérus,
le nerf radial et l'artère numérale profonde.
Ce muscle étend l'avant-bras sur le bras.
Rond pronateur (n° 11). Le plus superfi-
ciel des muscles de la région interne et an-
térieure de l'avant-bras, formant sous la
peau la saillie oblique qui borne en dedans
le pli du bras. Il s'insère, d'une part, à la
tubérosité interne de l'humérus ou épitro-
chlée ; d'une autre part, à la partie moyenne
du radius. Son action , relativement à la
pronation, est d'autant plus énergique que
la supination est plus considérable. Le mou-
vement de pronation est, chez l'homme, bien
plus énergique que le mouvement de supi-
nation.
Long supinateur. Ce muscle (n° 3) est le
plus superficiel de la région externe et an-
térieure de l'avant-bras ; il appartient à la
fois au bras et à l'avant-bras, et forme, en
grande partie, cette saillie oblique qui cir-
conscrit en dehors le pli du coude. Il s'in-
sère au bord externe de l'humérus et à la
base de l'apophyse styloïde du radius. L'ac-
tion du supinateur est de fléchir l'avant-bras
sur le bras ; mais quand le premier est dans
la pronation, il a une direction tout autre,
et la contraction de ses fibres porte l'avant-
bras dans la supination. Tous les autres
muscles de la région antérieure du membre
thoracique sont fléchisseurs de l'avant-bras
sur le bras , ou de la main sur l'avant-bras.
Muscles des membres abdominaux. Ces mus-
cles comprennent tous ceux qui font mou-
voir le pied sur la jambe, la jambe sur la
cuisse, et celle-ci sur le bassin. Nous ne
parlerons que des muscles superficiels de la
région antérieure des membres.
Couturier , ainsi nommé à cause de ses
usages. Le muscle couturier (n° 13) traverse
comme une diagonale la partie antérieure,
puis la partie interne de la cuisse, pour se
j terminer à la région antérieure de la jambe.
I C'est le plus long des muscles du corps hu-
i main. Il s'insère, d'une part, à l'épine iliaque
J antérieure et supérieure, ainsi qu'à la moi-
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517
tié supérieure de l'écbancrure placée au-
dessous de cette épine, et en bas, à la lèvre
interne de la crête du tibia , au-dessous du
ligament rotulien. Le couturier est, dans sa
direction, le muscle satellite de l'artère fé-
morale. Il est fléchisseur de la jambe sur la
cuisse qu'il renverse en dedans, en la croi-
sant sur la jambe du côté opposé. Quand ce
mouvement est produit , il fléchit la cuisse
sur le bassin.
Droit antérieur et triceps fémoral. Le
muscle droit antérieur et le muscle tri-
ceps fémoral de quelques auteurs ne consti-
tuent, à proprement parler, qu'un seul
muscle divisé en trois parties. La portion
moyenne, ou longue portion , c'est le droit
antérieur; les deux autres portent le nom
de vaste interne et de vaste externe (n° 15).
Le droit antérieur naît par un tendon ex-
trêmement fort, qui embrasse l'épine ilia-
que antérieure et inférieure dont la sail-
lie est proportionnelle à la force de ce mus-
cle. Ses fibres se confondent ensuite avec
celle du vaste interne et celle du vaste ex-
terne , et vont constituer le ligament rotu-
lien. Le triceps étend la jambe sur la cuisse;
son action est favorisée par la rotule , qui
augmente son angle d'insertion , puisque le
ligament rotulien inférieur s'insère au tibia.
Le triceps fémoral constitue le muscle le
plus puissant de l'économie; il fait à lui
seul équilibre au poids de tout le corps dans
la station , et c'est lui qui soulève tout le
tronc dans la progression et le saut.
Droit intehrs. Ce muscle ( n° 12 ) est le
plus superficiel de ceux qui occupent la ré-
gion interne de la cuisse. Il s'insère , d'une
part , sur le côté de la symphyse du pubis ,
depuis l'épine pubienne jusqu'à la branche
ascendante de l'ischion ; d'une autre part, à
la crête du tibia. Il est fléchisseur de la
jambe; il se porte en même temps un peu
en dedans, et est adducteur de la cuisse.
Jambier antérieur. Ce muscle (n° 18) est
situé le long de la face externe du tibia ; il
est superficiel , long , épais et prismatique.
Il s'insère, d'une part, à la crête qui borne
au dehors la tubérosité antérieure du tibia,
au tubercule qui termine cette crête supé-
rieurement, à la tubérosité externe du ti-
bia, au ligament interosscux, et à la face
profonde de l'aponévrose jambière ; d'une
autre part, au tubercule du premier cunéi-
forme et au premier métatarsien. Le jam-
bier antérieur est recouvert par une large
aponévrose; il répond en devant à la face
externe du tibia, en dehors au muscle ex-
tenseur commun des orteils, puis à l'exten-
seur propre du gros orteil , dont il est séparé
en arrière par les vaisseaux et nerfs tibiaux
antérieurs ; son action est de fléchir le pied
sur la jambe, de s'opposer également au
renversement du pied en dehors. Le défaut
de gaîne propre pour le muscle tibial anté-
rieur, explique pourquoi le tendon de ce
muscle fait une saillie si considérable pen-
dant sa contraction. On a aussi appelé ce
muscle musculus calenœ, parce que c'est
principalement sur le relief de son tendon
que presse l'anneau de fer que portent au
pied les galériens.
Jumeaux et soléaires. Les jumeaux (n° 16)
et les soléaires (n° 17) réunis constituent
un muscle triceps très puissant, qui forme
à lui seul la partie charnue de la jambe. Le
développement de ces muscles est un des
caractères les plus tranchés de l'appareil
musculaire de l'homme , et en rapport avec
la destination à l'attitude bipède. Le triceps
de la jambe s'insère , en haut , aux condyies
du fémur, au tibia, au péroné, etc.; en
bas, il concourt à former le tendon d'A-
chille, qui se fixe au calcanéum. Le triceps
étend le pied sur la jambe; il est l'agent
principal de la progression et du saut; c'est
lui qui soulève avec tant d'efficacité le poids
de tout le corps chargé de lourds fardeaux.
D'après cela , on conçoit que son action est
quelquefois assez énergique pour rompre le
tendon d'Achille, et même pour fracturer
le calcanéum. Une contraction souvent ré-
pétée est en quelque sorte nécessaire à ce
muscle; car lorsqu'il reste dans l'inaction
il s'atrophie, et passe, avec la plus grande
facilité , à l'état graisseux.
Nous terminons ici la description des mus-
cles superficiels de la région antérieure du
corps de l'homme: comme on le voit , ces
organes, considérés sous le rapport de leurs
usages, offrent une foule de variétés; mais
il suffit, en général, comme nous l'avons
déjà dit au commencement de cet article,
de connaître dans quel sens ils peuvent se
contracter pour en déduire les fonctions.
En effet, lorsqu'un muscle est curviligne,
le premier temps de son action a pour effet
518
MYO
MYO
'de le ramener à la direction rectiligne. Ceux
qui sont disposes en sphincters , ou en an-
neaux , servent à resserrer les ouvertures au-
tour desquelles ils sont placés. Un muscle
droit qui se contracte tend à rapprocher ses
deux extrémités Tune de l'autre. Tous les
mouvements enfin qui peuvent résulter de
la contraction des muscles comprennent
ceux de flexion, d'extension, de rotation,
d'adductions, d'abductions et de constric-
tions. Il y a aussi, comme nous l'avons
vu , des muscles élévateurs et des muscles
abaisseurs. Ceux qui concourent aux mê-
mes mouvements sont appelés congénères;
ceux qui font exécuter des mouvements
opposés les uns aux autres sont les mus-
cles antagonistes. Ainsi, tous les fléchis-
seurs sont congénères , et tous les exten-
seurs sont antagonistes. Deux muscles peu-
vent être congénères sous certains rapports,
et antagonistes sous d'autres; dans ce cas,
les mouvements d'eEtension et de flexion
sont contre- balancés ; mais le membre peut
encore être porté , par leur action simul-
tanée, vers la ligne médiane du corps,
ou bien en être écarté. Enfin, deux mus-
cles antagonistes, symétriquement placés,
et qui se contractent avec une égale éner-
gie, ne produisent aucun mouvement, leurs
forces étant balancées. Quelques exemples
feront encore mieux comprendre ce que nous
venons de dire. Le biceps brachial ( n° 6 ,
pi, 2) et la brachiale antérieure servent,
avons-nous dit , à mouvoir l'avant -bras sur
le bras dans le sens de la flexion ; leurs an-
tagonistes, ou les extenseurs de l'avant-bras,
sont le triceps brachial (n° 10), et un autre
petit muscle, l'anconé, situé aussi à la partie
postérieure du membre. Le muscle contu-
rier (n° 13) et le droit interne (n° 12) sont
également des fléchisseurs qui , concurrem-
ment avec le biceps fémoral, le demi-ten-
dineux, le demi-membraneux et le poplité,
portent la jambe dans la flexion. Le muscle
triceps fémoral, le droit antérieur (n° 15) et
le fascia-lata (n° 14) étendent fortement la
jambe sur la cuisse. Les jumeaux (n° 16) et
les soléaires (n° 17), ainsi que les péroniers
latéraux et le tibial postérieur , sont les
extenseurs du pied sur la jambe, tandis que
le jambier antérieur (n° 18) en est le flé-
chisseur. Les muscles qui font exécuter
des mouvements de rotation se trouvent
généralement, avons-nous dit, aux alen-
tours des articulations des membres; on les
divise en rotateurs de dehors en dedan9
(rond pronateur n° 11 et carré pronateur)
et en supinateurs , le long supinateur n° 8
etlecourt supinateur; les premiers occupent
la région antérieure de l'avant-bras, les se-
conds la région externe et postérieure. Quant
aux muscles adducteurs et abducteurs , ils
servent à rapprocher et à écarter les mem-
bres de la ligne médiane du corps. Le muscle
grand pectoral , grand dorsal (n° 7) et grand
rond sont les adducteurs du bras; les ab-
ducteurs sont le deltoïde (n" 4) , le coraco-
brachial et le sus-épineux. Enfin , il existe
un assez grand nombre de muscles éléva-
teurs et abaisseurs. Les masséters (n° 2), les
temporaux (n° 1), etc. , sont les élévateurs
de la mâchoire inférieure. Le digastrique
et les muscles des régions sus et sous-hyoï-
diennes en sont les abaisseurs. Le petit
muscle carré placé au-dessous de l'orbicu-
laire des paupières est l'élévateur de la lèvre
supérieure; le triangulaire des lèvres (n° 3)
en est l'abaisseur.
Les détails dans lesquels nous sommes
entré à l'égard de l'anatomie descriptive,
tout en faisant connaître l'importance de la
Myologie au point de vue surtout des con-
nexions, ne sortent pas trop cependant des
généralités, et complètent (1) tout au moins
la description de la planche.
(Martin Saint- Ange.)
(i) Cette même planche (2) sert à donner une idée exacte
de la position des viscères renfermés dans les cavités thora-
cique et abdominale. Le diaphragme (n° 9), muscle impair
membraneux , sépare , cliez l'Homme et les Mammifè es , la
cavité de la poitrine de telle du ventre, et maintient les
viscères renlermès dans ces cavités. Dans le langage ordi-
naire, on parle bien de la cavité de la poitrine comme si
elle était simple; niais un pi. m médian, nommé métticitin-
la divine en deux portions bien d'Slmctes, qui servent a logeV
les poumons, et que, pour cette raison , en a appelées cavités
pulmonaires. Le poumon droit est formé de trois lobes, le
gauclie n'en a que deux. Le cœur (c) , enveloppé de sa mem-
brane propre, le péricarde, est situé entre les deux poumons;
il est renfermé, ainsi qu'une foule d'autres organes impor-
tants, dans tes deux lames verticales qui constituent le
médiastin. Dans la cavité abdominale se trouvent , à gauche
et en haut le grand cul-de-sac de l'estomac (e), et un peu en
arrière la rate; à droite, et immédiatement au-dessus du
diaphragme, le foie (/) , qui s'étend, d'une part, vers la ligne
médiane , où il rerouvre en partie l'estomac ; de l'autre il
descend plus ou moins bas, suivant l'âge de l'individu , et se
termine en un bord deux fois échancré; l'écliancrure infé-
rieure sert à loger la vésicule biliaire (vb) , l'autre est des-
tinée à rerevoir la veine ombilicale chez le fœtus. Au-des-
sous de l'estomac et du foie , on voit le paquet intestinal
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519
MYONIMA. bot. ph.— Genre de !a famille
des Rubiacées-Cofféacées-Guettardées, établi
parCommerson (inJussieuGen., 1067; Mag.
Mus., VI, 397). Arbustes de la Mauritanie.
Voy. RUBIACÉES.
MYOPA. (f/u~a, mouche; w|, aspect).
Ins. — Genre de Diptères de la famille
des Athéricères , tribu des Myopaires , éta-
bli par Fabricius aux dépens des Conops
de Linné, et adopté par tous les entomolo-
gistes, qui ont de plus en plus restreint ce
groupe générique. Les Myopa ont pour ca-
ractères: Trompe bicaudée; palpes plus ou
moinsallongés, quelquefois renflés; troisième
article des antennes ovalaire, presque orbi-
culairc; style court; abdomen obtus; qua-
trième segment dilaté en dessous chez les
mâles; ongles et pelotes des tarses grands.
La tête des Myopes est grande, et sa face est
revêtue d'une membrane molle, blanche et
comparable à un masque; les yeux sont
grands, et on voit entre eux et au-dessus
trois petits yeux lisses ; la trompe est cou-
dée à sa base, puis dirigée en avant, et se
replie ensuite en dessous, près de son milieu,
pour former un second coude; le second ar-
ticle des antennes est aussi long que le troi-
sième, et forme avec lui une massue. Le
corselet, moins large que la tête, est cylin-
drique, un peu convexe; il a deux points
élevés aux angles numéraux. Les ailes sont
couchées ; l'abdomen est sessile, presque cy-
lindrique, un peu renflé à l'extrémité et ar-
qué; les pattes sont fortes, avec les cuisses
un peu renflées, et les tarses à deux crochets
et deux pelotes.
Les Myopes habitent les prés et les lieux
un peu humides; on les trouve assez com-
munément sur les fleurs. Leurs mœurs ne
sont que très imparfaitement connues, et
l'on ne sait encore rien de leurs métamor-
phoses.
Ces Insectes ne se trouvent qu'en Europe,
et principalement en France et en Allemagne.
On en connaît un assez grand nombre d'es-
pèces , et M. Macquart (Diptères , Suites à
recouvert en partie par le grand épiptoon ; celui-ci est un
ample repli membraneux, libre et flottant sur les circonvo-
lutions du tube digestif , et contenant un grand nombre de
•vaisseaux et beaucoup de graisse. EnCn , la vessie (v). A la
partie postérieure de tous ces organes , se trouvent le pan-
créas, les reins, les capsules surrénales; les vésicules sémi-
nale» clic* l'homme, l'utérus et les ovaiies chez la femme.
Makiin-Saint-Aucb.
Buffon ) en décrit dix-huit. Nous ne citerons
que:
La Myope ferrugineuse , Myopa ferrugi-
nea Fabr. (S. Antl., n. 2, Latr. , Macq.,
Conops ferruginea Lin.) Longue de 5 lignes,
ferrugineuse , à front fauve ; thorax à trois
larges bandes noires; abdomen étroit, cy-
lindrique ; premier segment ferrugineux
comme les autres, deuxième plus allongé,
les derniers très recourbés en dessous chez
les mâles. Cette espèce se trouve communé-
ment dans toute l'Europe.
La Myope fulvipède, Myopa fulvipes Rob.»
Desv. (Myod., n. 15), Longue de4 lignes 1/2,
d'un noir saupoudré de gris-jaune; le front
noir, à côtés fauves; un peu de fauve aux
antennes; pieds fauves; un anneau noir à
l'extrémité des cuisses; tarses noirs; ailes
hyalines, à base jaunâtre. Espèce découverte
aux environs de Paris par M. Serville.
Et la Myope naine, Myopa nana Rob.-
Desv. (loc. cit., n. 20). Longue de 2 lignes;
noir luisant; face et front jaune-fauve; an-
tennes fauves et brunes; jambes blanches en
avant; ailes assez claires. Trouvée assez com-
munément auprès de Paris. (E. D.)
* MYOPAIRES. Myopariœ. ins. — Tribu
d'Insectes de l'ordre des Diptères, famille
des Athéricères , créée par M. Macquart
(Suites à Buffon, Diptères, t. II, 1835),
qui lui assigne pour caractères : Trompe
longue, menue, le plus souvent coudée à sa
base et vers la moitié de sa longeur, et diri-
gée en arrière; face ordinairement gonflée;
front large dans les deux sexes; antennes
assez courtes; dernier article ordinairement
plus long que le troisième; style dorsal or*
dinairement court; abdomen recourbé en
dessous; cuillerons petits; ailes couchées;
première cellule postérieure souvent entrou-
verte; anale habituellement allongée.
Cette tribu, qui était comprise par M. Ro-
bineau-Desvoidy parmi les Entomobics , et
qu'il distinguait sous le nom particulier
d'Accémydcs , était placée autrefois, même
par M. Macquart, avec les Conopsaires.
Les genres qui entrent dans cette tribu
sont ceux des Myopa, Stachynia, Stylogas-
ter, Zodion, etc. Voy. ces divers mots. (E. D.)
MYOPHONUS. ois. — Genre d'Oiseaux
proposé par M. Temminck, placé assez gé-
néralement auprès des Pyroll ou Kitta, et
ayant pour caractères : Bec très gros, fort
MYO
MYO
et dur; quelques soies raides en garnissent
l'ouverture; la grande membrane qui tapisse
les fosses nasales , couverte de petites plumes
tournées en avant; les tarses très longs; la
queue carrée, et les ailes atteignant seule-
ment la fin de son premier tiers.
Une seule espèce entre dans ce groupe ;
c'est le Myophonus metallicus , décrit par
M. Temminck (9e livr. des pi. col.), d'après
un Oiseau rapporté de l'archipel Indien par
MM. Reinwardt et Diart. Il est d'un noir
bleuâtre, variable selon les inflexions de la
lumière, et marqué çà et là de plaques à
reflets métalliques, un peu plus foncé sur la
tête et l'abdomen que sur le reste du corps,
et passant légèrement au brun vers l'extré-
mité des rémiges; son bec est jaune, sauf
son arête qui est noire; ses pattes sont de
cette couleur ; sa taille est de 30 à 35 cent. ;
ses mœurs ne nous sont pas connues. (E. D.)
*M Y OPINA, ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, famille des Musciens,
tribu des Muscides, établi par M. Robineau-
Desvoidy aux dépens des Musca. L'espèce type
et unique est la Musca myopina Fall. ( Myo-
pina reflexa Rob-Desv. ), de la France. Cet
Insecte vit sur le sable, au bord des rivières.
MYOPORE. Myoporum ( p.ûç , souris ;
nôpoq, pore), bot. ph. — Genre de la famille
des Myoporinées, établi par Banks et Solan-
der (ex Forst. Prodr., 44), et dont les prin-
cipaux caractères sont : Calice 5 parti. Co-
rolle hypogyne, hypocratériforme, à tube
court, ample: à limbe 5-lobé. Étamines 4,
insérées au tube de la corolle, saillantes ou
incluses, didynames. Ovaire à 2 loges 2-ovu-
lées ou à 4 loges uni-ovulées. Style termi-
nal ; stigmate obtus. Le fruit est une baie à
2 loges 2-spermes , ou à 4 loges mono-
spermes.
Les Myopores sont des arbrisseaux sou-
vent visqueux, à feuilles alternes ou rare-
ment opposées , très entières , dentées en
scie, souvent couvertes de points translu-
cides ; à pédoncules axiîlaires , fascicules ,
rarement solitaires, uniflores, ébractéés ; à
fleurs blanches ou rougeâtres, garnies à la
gorge de poils épars.
Ces plantes se rencontrent assez abon-
damment dans les contrées extratropicales
de la Nouvelle-Hollande. On en connaît
une vingtaine d'espèces, dont quelques unes
sont cultivées aujourd'hui dans les jardins.
Parmi ces dernières , nous citerons les sui-
vantes :
Myopore a petites feuilles , M. parvifo-
Uum R. Br. (Prodr. Nov.-Holl. , I). Arbris-
seau de 1 mètre à lm,50 de haut; tiges très
ramiQées; rameaux diffus, courts, grêles;
feuilles spatulées-linéaires , scssiles , subob-
tuses, charnues , un peu dentées à leurs
bords ; rameaux et feuilles couverts de glan-
des sur les deux faces; fleurs nombreuses,
petites, blanches, réunies deux ou trois dans
les aisselles des feuilles.
Myopore agréable , M. Icstum Forst.
( Prodr. ). Arbrisseau de lm,50 à 2 mètres
de haut; rameaux dressés, glabres; feuilles
oblongues , aiguës , un peu dentées à leur
sommet, amincies à leur base, glabres, lui-
santes ; fleurs blanches agrégées.
Myopore a feuilles elliptiques, M. ellip-
ticum Rob. Br. (loc. cit.). Arbrisseau de
1 mètre à lm,50 de haut; tige dressée; ra-
meaux alternes, glabres; feuilles alternes
ou éparses, lancéolées, mucronées, entières,
luisantes , glabres en dessus, ponctuées en
dessous; fleurs blanchâtres, petites, axiî-
laires, quelquefois solitaires.
On cultive ces plantes en serre tempérée
dans une terre légère, et on les multiplie de
graines et de boutures. (B.)
*MYOPORÏA (fAvwv, muscle ;ttoPo;, trou).
moll. — Genre proposé par M. Brown pour
les Érigonies fossiles du Muschelkalk, qui se
distinguent parce que les dents cardinales ,
beaucoup plus petites, n'ont pas de stries
transverses , et parce que la dent médiane
de la valve gauche n'est pas bifide. (Duj.)
MYOPORINEES. Myoporineœ. bot. ph.
— Famille de plantes dicotylédones mono-
pétales , établie par Rob. Brown (Prodr.,
514), et généralement adoptée par tous les
botanistes. Ses caractères principaux sont :
Fleurs hermaphrodites. Calice libre, 5-parti,
persistant. Corolle hypogyne , hypocratéri-
forme; limbe presque égal ou bilabié. Éta-
mines 4, insérées au tube de la corolle, al-
ternes avec les divisions de cette dernière ,
accompagnées quelquefois d'une cinquième
étamine rudimentaire, saillantes ou inclu-
ses, à filets filiformes. Anthères biloculaires,
incombantes, à loges s'ouvrant longitudina-
lement. Ovaire libre, à 2 loges 2-ovulées ou
à 4 loges 1-ovulées; les ovules pendants du
sommet. Style terminal, simple; stigmate
MYO
MYO
521
indivis, émarginéou bifide. Disque hypogyne
nul. Le fruit est un drupe contenant un
noyau à 2 loges bispermes ou à 4 loges mo-
nospermes. L'embryon cylindrique, entouré
d'un périspcrme, a sa radicule supère proche
de l'ombilic.
Les végétaux de cette famille sont des ar-
brisseaux glabres ou rarement un peu pu-
bescents. Leurs feuilles sont alternes ou
rarement opposées, simples , très entières
ou dentées en scie , visqueuses , quelquefois
couvertes de petites glandes résineuses.
Les fleurs sont fixées sur des pédoncules
axillaires, solitaires ou groupées, et dépour-
vues de bractées.
Cette famille se distingue des Verbéna-
cées dont elle est voisine par la situation des
ovules, et des Sélaginées par le port des
plantes qu'elle renferme et ses anthères bi-
loculaires.
Les genres qu'on y a groupés sont au
nombre de cinq , et nommés : Myoporum ,
Banks et Soland. ; Pholidia, R. Br. ; Eremo-
phila, R. Br.; Stenochilus ,R. Br. ; Bontia,
Plum. (B.)
MYOPOTAMUS (p.vç, rat; ««t«j**ç,
rivière), mam. — Genre de Rongeurs indi-
qué depuis longtemps par Molina et sur-
tout par Commerson , mais qui n'a été
connu et bien établi que vers le commen-
cement de ce siècle. Et. Geoffroy-Saint-Hi-
Jaire , réunissant au Quouya, nom sous le-
quel d'Azara avait fait connaître l'espèce
type du genre qui nous occupe , deux au-
tres espèces rapportées de la Nouvelle-Hol-
lande par Péron , Lesueur et Levillain , en
avait formé, sous le nom à'Hydromys (voy.
ce mot), un genre qu'il soupçonnait devoir
être placé entre les Castors et les Rais
d'eau ; ce n'est que d'après des caractères
peu sûrs, tirés seulement des pelleteries du
Quouya, que ce Rongeur avait été réuni aux
deux autres espèces : aussi, plus tard , lors-
que des indications plus satisfaisantes sont
venues compléter ce qu'on connaissait de
cet animal , les zoologistes, et Et. Geoffroy-
Saint-Hilaire lui-même, ont-ils été conduits
à faire du Myopotamus de Commerson le
type d'un genre distinct. Les mammalo-
gistes n'ont pas tous adopté le nom de Myo-
potamus pour désigner ce groupe, et quel-
ques uns lui ont appliqué les dénominations
de Potamys d'après Larrauhava, de Couïa
T. VIII.
d'après G. Cuvier, etc. La place des Myo-
potames n'est pas non plus définitivement
fixée dans la série des Mammifères, et G.
Cuvier (Règ. anim.) l'éloigna des Rats pour
le placer à côté des Castors et des Porcs-
Épies.
Chez les Myopotames , il y a en haut et en
bas des mâchoires quatre molaires de même
forme à peu près que celles des Castors ,
c'est-à-dire composées d'un ruban osseux
replié sur lui-même; la seule différence qui
existe entre les molaires supérieures et les
inférieures, c'est que les premières présen-
tent une échancrure à leur face interne et
trois à l'externe, tandis que les autres of-
frent précisément le contraire : les incisives
sont fortes et teintes en jaune. La forme gé-
nérale du corps se rapproche de celle des
Castors ; les pieds sont longs, pentadactyles ;
ceux de devant sont libres et ceux de der-
rière palmés; les ongles sont gros, obtus,
peu arqués; la queue est ronde et allongée.
Une seule espèce entre dans ce genre;
c'est le Myopotame Commerson ; Covpou et
Coipu Malina ; Quouya d'Azara ; Mus coypus
Molina, Gm. ; Hydromys coypus Et. Geofi*. ;
Mus caslorides Burrow; Myopotamus coy-
pus Et. Geoff. , A. -G. Desm. , G. Cuv. ,
Guérin (Icon. du règn. anim., Mamm. ,
pi. 29, fig. 3). Sa longueur totale est de
près d'un mètre, sur lequel la queue a plus
de 33 centim. Sa teinte générale , et nous
empruntons ici la description qui en a été
donnée par Et. Geoffroy-Saint-Hilaire (Ann.
Mus., t. VI), est, sur le dos, d'un brun
marron : cette couleur s'éclaircit sur les
flancs et passe au roux vif; elle n'est que
d'un roux sale et presque obscur sous le
ventre ; toutefois cette couleur est assez
changeante , suivant la manière dont le
Coypou hérisse ou abaisse ses poils; cette
mobilité dans le ton du pelage provient de
ce que chaque poil est d'un cendré brun à
son origine, et d'un roux vif à sa pointe.
Le feutre, caché sous de longs poils, est cen-
dré brun, d'une teinte plus claire sous le
ventre : ces longs poils n'ont sur le dos que
leur pointe qui est rousse, et ceux des flancs
sont de cette dernière couleur dans la moi-
tié de leur longueur. Comme tous les ani-
maux qui vont souvent à l'eau, les poils
delà queue sont rares, courts, raides, et
d'un roux sale : cet organe est ecailleux
66
522
]\IYO
3MY0
dans ses parties nues. Le contour de la
bouche et l'extrémité du museau sont
blancs; les moustaches, longues et raides,
sont également de celte couleur, à l'ex-
ception de quelques poils noirs. Chez quel-
ques individus la couleur est plus pâle et
tend à passer au blanc, ce qui tient proba-
blement à une maladie albine. La femelle
ne diffère pas du mâle pour le pelage.
Le Coypou a, par son pelage, des rapports
avec le Castor; aussi en pelleterie a-t-il
été principalement employé pour le com-
merce de la chapellerie. Pendant très long-
temps, et bien avant que l'on eût des dé-
tails zoologiques sur cet animal, on en im-
portait, chez nous, les peaux par milliers,
et elles portaient dans le commerce le nom
de Raconde; aujourd'hui cette branche de
commerce est presque entièrement détruite.
D'Azara, Molina, et plus récemment
M. Auguste Saint-Hilaire , s'accordent à
donner au Myopotame un caractère doux : il
semble s'attacher à ceux qui prennent soin
de lui et mange tout ce qu'on lui offre ; il
s'apprivoise aisément, aussi l'a-t-on réduit
en domesticité. On ne l'entend crier que
quand il est maltraité; sa voix alors consiste
en un petit cri perçant. Il habite les bords
des rivières, dans des terriers qu'il se creuse,
et nage avec beaucoup de facilité. La fe-
melle fait de cinq à sept petits, qu'elle
conduit toujours avec elle. Le Coypou est
très commun dans les provinces du Chili,
de Buénos-Ayres et du Tucuman ; il se
trouve plus rarement au Paraguay et au
Brésil.
Une espèce fossile a été rapportée à ce
genre par M. Lund ; c'est le Myopotamus
antiquus, qui se trouve au Brésil. (E. D.)
MYOPTERIS(p.v;, rat; ttt/oov , aile).
mam. — Genre de Chéiroptères insectivores
créé par Et. Geoffroy- -Saint-Hilaire (Descr.
de V Egypte , hist. nat., t. II ) pour y placer
la Chauve -Souris décrite par Daubenton
sous le nom de liât volant, et ayant pour ca-
ractères : Deux incisives à chaque mâchoire,
les inférieures bilobées , et les supérieures
pointues et simples; quatre canines; huit
molaires en haut et dix en bas, toutes à cou-
ronne hérissée de tubercules aigus ; nez sim-
ple; chanfrein méplat, sans feuilles, mem-
branes ni sillons; museau gros; oreilles
larges, isolées, latérales, avec l'oreillon in-
térieur; queue enveloppée en partie par la
membrane interfémorale et libre à son ex-
trémité.
La seule espèce placée dans ce groupe est
le Rat volant Daubenton [Mém. Acad. roy.
des se, 1759), Myopteris Daubentonii Et.
Geoffr. (loco cit.). La longueur totale de ce
Chéiroplère est de 8 centim. pour le corps et
la tête ; en dessus il est de couleur brune ,
tandis que le dessous est d'un blanc sale avec
une teinte fauve; les membranes présentent
des teintes de brun et de gris. La patrie de
cet animai est inconnue. (E. D.)
*MYORHINUS (f*v§, souris; p?v, nez).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionidesgonatocères, division
des Érirhinides, établi par Schcenberr (Dis-
posilio melhodica, pag. 213; Gen. et sp. Cur-
culion. syn.j t. III, p. 530; 7, 2, p. 421).
Cinq espèces font partie de ce genre: trois
sont originaires d'Europe, et deux d'Afri-
que ; ce sont les M. sleveni, albolineatus F. ,
lepidus Br., limis et incisiroslris Scbr. Ger-
mar avait donné à ces Insectes le nom géné-
rique d'Apsis , et Mégerle celui de Cypho-
rhynchus. (C.)
MYOSCIiïLOS (f*uç , souris; x«Aoç, lè-
vre), bot. pu. — Genre de la famille des
Santalacées? , établi par Ruiz et Pavon
(Prodr., 41, t. 34). Arbrisseaux du Chili
encore peu connus.
*MYOSODUS. ins.— Genre de Coléoptè-
res pentamères , famille des Carabiques ,
tribu des Féroniens , créé par Fischer de
Waldheim (Entomographie, t. H, p. 121). Les
espèces suivantes rentrent dans ce genre :
M. Fischeri , femoratus Chaud. , intricatus
Mots. , irregularis, regularis (ordinatus),.
Schœnherri Stev.-Fisch. , scrobiculatus Ad-
et variabilis Menet. Ces Insectes appartien-
nent à la Russie méridionale , excepté la se-
conde espèce, qui estoriginairede Sitka. (C.)
* IWYOSOREX ( pyç , rat ; sorex , musa-
raigne ). mam. — Division formée dans le
genre Musaraigne (voy.ee mot) par M. Gray
(Proceed. zool. Soc. Lond.,Y, 1837). (E. D.)
MYOSOTE. Myosotis (pu;, souris; ovç,
wtoç, oreille; oreille de souris), bot. ph. —
Genre de plantes delà famille des Borragi-
nées, de la pentandrie monogynie dans le sys-
tème de Linné. Ce groupe, établi d'abord par
Dillen, avait été étendu par Linné de manière
à devenir trop hétérogène pour être conserva
MYO
MYO
523
«ans modification. Aussi, dans ces derniers
temps, plusieurs des espèces qu'il comprenait
dans les ouvrages du botaniste suédois et de
ses imitateurs ont été reportées dans d'au-
tres genres de la même famille auxquels el-
les appartenaient naturellement, et, d'un
autre côté, deux nouveaux genres ont été
établis à ses dépens, ainsi que nous le ver-
rons plus loin. Rétabli de la sorte dans ses
limites primitives, le genre Myosote se com-
pose aujourd'hui de quarante à quarante-
cinq espèces herbacées , généralement de
taille peu élevée, qui appartiennent presque
toutes à l'ancien continent; elles sont toutes
couvertes de poils assez serrés; leurs feuilles
sont rétrécies en pétiole dans le bas de la
plante , sessiles sur le reste de la tige. Leurs
fleurs, petites, mais souvent remarquables
par leur élégance, sont d'un joli bleu d'azur,
roses ou blanches; elles ontparfois à la gorge
de la corolle du jaune qui s'étend même dans
un cas {M. versicolor, var.) sur tout le limbe.
Ces fleurs forment le plus souvent des cymes
scorpioïdes, pourvues quelquefois de bractées
dans leur partie inférieure. Elles se compo-
sent: d'un calice à cinq divisions égales, de
profondeur très variable; d'une corolle en
entonnoir ou en coupe, dont le tube droit
égale à peu près la longueur du calice, dont
le limbe, plan ou un peu concave, présente
cinq lobes obtus, àestivation tordue vers la
gauche , et à la gorge de laquelle se trouvent,
chez le plus grand nombre, cinq renflements
{fornices) courts et obtus; de cinq étamines
incluses; d'un pistil à stigmate obtus, pres-
que 2-lobé. A ces fleurs succèdent quatre
nucules enfermées dans le calice, elliptiques,
comprimées, lisses et glabres, marquées à
leur base d'un très petit ombilic.
Dans ces derniers temps, on a détaché des
Myosotis les Echinospermum, Swartz, et les
Eritrichium, Schrad. Les premiers sont déjà
au nombre de trente-huit espèces dans le
volume X du Prodromus; ils diffèrent des
Myosotis surtout par leur corolle à estivation
quinconciale et non tordue, par leurs nu-
cules marginées, aiguillonnées, et par quel-
ques autres caractères. C'est dans ce genre
que rentre, sous le nom d' Echinospermum
lappula Lehm., le Myosotis lappula Lin.,
espèce indigène, assez commune aux environs
de Paris et dans presque toute la France.
Quant aux Eritrichium, ils sont déjà au nom-
bre de cinquante dans le Prodromus; ils
diffèrent des Myosotis par leur corolle à es-
tivation quinconciale et non tordue, par
leurs nucules trigones, le plus souvent ru-
gueuses ou granulées sur le dos, dont l'in-
sertion est plus ou moins latérale, et qui
adhèrent au style par 2a portion inférieure
de leur côté intérieur.
M. Alph. De Candolle a divisé les Myoso-
tis, dans le Prodromus (vol. X, p. 101), en
quatre sections qui portent les noms iVEu-
myosolis, Alph. DC; Exarrhena, Alph. DC;
Gynmomyosotis, Alph. DC, et Strophiosloma,
Endlic. La première comprend les espèces
dans lesquelles la corolle est fermée à l'ori-
fice de son tube par des renflements souvent
échancrés ; leurs fleurs sont en grappes scor-
pioïdes ; elle renferme toutes nos espèces in-
digènes , savoir : les Myosotis palustris
With.,M. sylvatica Hoffm., M. intermedia
Link, M. hispida Schîecht. , M. versicolor
Rchbch., et M. stricta Link. La deuxième
section se compose des espèces dans lesquel-
les les anthères sont saillantes, plus courtes
que le filament, oscillantes; dont les fleurs
sont en grappes scorpioïdes au sommet, dé-
pourvues de bractées. M. R. Brown pense
qu'elle forme un genre à part. La troisième
section est caractérisée par une corolle à
gorge nue ; par des anthères presque saillan-
tes, plus courtes que le filet, oscillantes ; par
des fleurs solitaires, extra -axillaires. Enfin
les Myosotis de la quatrième section se dis-
tinguent par la présence d'une petite caron-
cule blanche, saillante autour de l'ombilic de
leurs nucules; leurs fleurs, distantes, for-
mentune grappe feuillée çà et là. Nous nous
bornerons ici à décrire la plus connue et la
plus intéressante de nos espèces indigènes
de Myosotes.
Myosote des marais , Myosotis palustris
With. Cette charmante espècehabite les prai-
ries et les lieux humides de toute l'Europe,
du Caucase et de l'Altaï; l'abondance et la
délicatesse de ses jolies fleurs bleu d'azur,
marquées de jaune à la gorge, la font cul-
tiver fréquemment en France sous les noms
vulgaires de ne m'oubliez pas, Grcmillety et
sous celui de Vergissmeinnicht en Allemagne,
oùellecstextrêrnement recherchée. Dans une
variété, ses fleurs deviennent blanches. De
son rhizome, rampant et oblique, s'élève une
tige anguleuse, haute de 2 à 3 décimètres.
524
1YIYO
MYR
qui porte des feuilles oblongues-lancéolées ,
ini peu aiguës. Le calice, à cinq dents, porte
des poils appiirnés et non crochus à leur ex-
trémité, caractère qui le distingue de toutes
nos autres espèces indigènes; il s'étaleautour
du fruit. La corolle, trois fois plus grande
que le calice, a son limbe plan. Le style égale
presque le calice en longueur. On connaît
plusieurs variétés de cette espèce. A l'état
cultivé, elle fleurit depuis le mois d'avril
jusque vers la fin de l'été; on la multiplie
de boutures, de graines ou par éclats ; elle
demande une terre constamment humide.
(P. D.)
MYOSOTON, Mcench (Method., 225).
bot. pu. — Syn. de Malachinm, Fries.
MYOSURUS (avç, souris; evpeé, queue).
bot. ph. — Genre de la famille des Renon-
culacées, tribu des Anémonées, établi par
Dillen (Nov. gen., 106), et généralement
adopté. Les principaux caractères sont: Ca-
lice un peu coloré , à 5 folioles dont la base
de chacune offre un long prolongement, im-
briquées, caduques. Corolle à 5 pétales hy~
pogynes , plus courts que le calice, étroite-
ment spathulés et munis d'onglets tubuleux.
Étamines 5-20 , hypogynes. Ovaires nom-
breux, en forme d'épi, à une seule loge
uni-ovulée. Akènes nombreux, triquètres,
disposés en épis sur un réceptacle allongé,
et surmontés d'un style très court.
Les Myosurus sont des herbes annuelles,
très petites, à feuilles radicales linéaires,
très entières; le scape est nu et ne porte
qu'une seule fleur. Leur fruit, quelquefois
très long, leur a fait donner vulgairement le
nom de Queue de Souris.
La principale espèce de ce genre est le
Myosurus minimus Linn., qui croît dans
presque toute l'Europe, dans les champs cul-
tivés et surtout dans ceux qui ont été inon-
dés pendant l'hiver. (B.)
MYOTÎIERA. ois.— Voy. myiothera.
MYOTÏLITÉ. physîol.— Voy. myologie et
SYSTÈME nerveux.
*MYOTIS (F.vÇ, rat; ovç, <koÇ, oreille).
mam. — Genre de Chéiroptères proposé par
M. Kaup (Entr. G. Ens. TL, I, 1829).
(E. D.)
*MYOXANTHUS (w^m, trou de souris ;
«wQoç, fleur), bot. ph. — Genre de la famille
des Orchidées-Pleurothallées , établi par
Pœppig et Enficher {Nov. gen. et spec. , I ,
50, t. 88). Herbes des forêts du Pérou. Voy
ORCHIDÉES.
* MYOXICEBUS. mam. — Voy. mioxice*
bus. (E. D.)
*MYOXIDJ3, Waterh.; MYOXIIVA
Gray. mam. — Famille de Rongeurs compre-
nant les deux genresGraphiure et Loir. Voy
ces mots. (E. D.)
MYOXUS. mam. —Nom latin du genre
Loir. Voy. ce mot. (E. D.)
*MYOXYNUS(/avwv, muscle; h&q, aigu,
pointu), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, famille
des Longicornes, tribu des Lamiaires, formé
par Dejean (Catalogue, 3e édit., pag. 362).
Cinq espèces de l'Amérique équinoxiale ren-
trent dans ce genre. Les types sont les M.
gravis et blandus Dej. Le premier est du
Brésil, et le second du Mexique. (C.)
*1IYRA. crust. — Genre de l'ordre des
Décapodes brachyures, établi parLeach aux
dépens des Leucoria de Fabricius et du
Cancer de Linné. Cette coupe générique,
adoptée par tous les carcinologistes, est ran-
gée par M. Milne-Edwards dans sa famille
des Oxystomes, et dans sa tribu des Leuco-
siens. Ce genre se rapproche beaucoup de
celui des Ilia {voy. ce mot), et l'unique es-
pèce pour laquelle il a été établi ressemble
même extrêmement à Vlliapunctata; ce qui
le distingue est principalement la forme du
palpe ou de la tige externe des pattes- mâ-
choires externes, qui est un peu dilatée dans
sa partie inférieure, et se termine en dehors
par un bord légèrement arqué, mais se ré-
trécit graduellement vers son extrémité. Il
est aussi à noter que la main est moins
grêle, non contournée sur son axe; que la
pince est plus forte, plus courte et armée de
dentelures moins aiguës ; enfin que les pattes
suivantes sont plus courtes et beaucoup plus
comprimées. La seule espèce connue est la
Myr a fugace, Myra fugax Leach , Edw.
{Atlas du, règne anim. de Cuv. , Crust. ,
pi. 25, fig. 3). La patrie de cette espèce
est inconnue. (H. L.)
MYRCIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Myrtacées-Myrtées, établi par De
Candolle (Prodr., III, 242). Arbres ou ar-
brisseaux de l'Amérique tropicale. Voy.
myrtacées.
*MYRÎACTÏS (avpto;, innombrable; àx-
xiç, rayon), bot. ph. — Genre de la fa-
MYR
MYR
525
mille des Composées-As téroïdées, établi par
Lessing(m Linnœa, VI, 127), et dont les
principaux caractères sont: Capitule multi-
flore, hétérogame; fleurs du rayon bi-pluri-
sériées, ligulées, femelles; celles du disque
tubuleuses, hermaphrodites. Involucre garni
d'écaillés uni-bisériées , linéaires, aiguës.
Réceptacle convexe ou plan , alvéolé. Co-
rolles du rayon très entières; celles du dis-
que à limbe 5*-fide. Anthères sessiles. Akène
plan-comprirné, glabre, sans pointe, ou un
peu aminci au sommet , qui supporte une
petite glande. Aigrette nulle.
De Candolle (Prodr., V, 308) décrit 6
espèces de ce genre, qu'il répartit en 2 sec-
tions, nommées par Endlicher (Gen. plant.,
p. 381 , n. 2353) : Distichactis : rayon à 2
séries , akène aminci au sommet ; Myriac-
tis : rayon à plusieurs séries, akène entiè-
rement nu.
Les espèces de ce genre sont des herbes
droites, rameuses, à feuilles alternes,
ovales ou lancéolées, dentées en scie; à pé-
doncules allongés, monocéphales; à fleurs
blanches ou jaunâtres, disposées en capi-
tules globuleux.
Toutes les espèces croissent dans l'Inde.
MYRIADENUS ( iwpfos , innombrable;
lnS-ôv , glande ). bot. ph. — Genre de la fa
mille des Légumineuscs-Papilionacées-Hédy-
sarées , établi par Desvaux (in Journ. Bot.,
III, 121 , t. 4, f. 11). Arbrisseaux de l'A-
mérique tropicale. Voy. légumineuses.
MYRIAIVA (u.vçJoz, innombrable), annél.
— M. Savigny a distingué sous ce nom un
genre d'Annélides de la famille des Né-
réides (Système des Annélides, 1817). M. de
Blaîn ville le rapporte à ses Néreimyres (voy.
ce mot), et M. Edwards le considère comme
intermédiaire aux Phyllodoces, aux Hésiones
et aux Syllis.
L'espèce type est de l'Océan européen :
c'est le M. longissima Sav. (loc. cit.). M. Ed-
wards en rapproche la Nereis pennigera de
Montagu , jolie espèce trouvée sur les côtes
du Devonshire, en Angleterre. (P. G.)
♦MYRÏANIDA. annél. — M. Edwards
(Ann. se. nat., 3e série, t. III, p. 178 et 180)
a proposé sous ce nom l'établissement d'un
nouveau genre d'Annélides Chétopodes ,
ayant des affinités avec les Myriancs et les
Phyllopodes , mais qu'il distingue de tous les
deux par les caractères suivants: Tête courte
et élargie , portant quatre yeux et trois ap-
pendices antenniformes , foliacés, fixés sur
la nuque; point de mâchoires; deux paires
de cirrhes tentaculaires; pieds à deux rames
coniques, la rame dorsale portant à son ex-
trémité un grand cirrhe foliacé; la ventrale
garnie d'un faisceau de soies et dépourvue de
cirrhe; point de branchies proprement dites.
L'espèce type de ce genre a été recueillie
dans les mers de Sicile , sur la côte rocheuse
de l'île de Favignana. M. Edwards l'ap-
pelle Myrianida fasciata. (P. G.)
*MYRÏANITES. annél.— Dénomination
employée par M. Mac-Leay (Ann. nat. his-
tory, t. IV, p. 387). Voy. myriana. (P. G.)
MYRIANTIIEIA (pup'oç , innombrable;
ocvQoç , fleur), bot. ph. — Genre de la famille
des Homalinées, établi par Dupetit-Thouars
(Gen.Madag., n. 71). Arbrisseaux de Mada-
gascar. Voy. HOMALINÉES.
MYRÏANTHUS (fitipïoç, innombrable;
avQoç , fleur), bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Artocarpées, établi parPalisotde
Beauvois (Flor. Owar., 16, t. 11 et 12).
Petit arbre de l'Afrique tropicale. Voy. ar-
tocarpées.
MYRIAPODES. Myriapoda(avptoq, sans
nombre, dix mille; -noùç, 7r:<îoç , pied).
zool. — Latreille désigne sous ce nom des
Insectes que l'on appelle vulgairement
Mille-Pieds ou Cent-Pieds , et que les an-
ciens dénommaient sous celui de Millipèdes.
Ces animaux, qui forment maintenant une
classe, sont ainsi caractérisés : Terrestres ,
articulés extérieurement, à segments nom-
breux ; un ganglion nerveux et plus souvent
une paire de pattes articulées pour chaque
anneau du corps; le système ganglionnaire
inférieur au canal intestinal est placé sur la
ligne médiane. Point d'abdomen distinct du
thorax. Point d'ailes. Pourvu de deux an-
tennes ; bouche composée de plusieurs paires
d'appendices. Les deux ouvertures du canal
intestinal terminales et opposées. Yeux stern-
matiformes, composés ou nuls. Circulation
incomplète. Respiration trachéenne. Géné-
ration bisexuée, dioïque, ovipare, ou ovivi-
pare. Tels sont les caractères principaux de
cette classe très distincte de celle des In-
sectes. Les organes masticateurs des ani-
maux qui la composent ont été étudiés avec
soin par plusieurs naturalistes, particuliè-
rement par Latreille, MM. Savigny, Gué-
526
MYR
MYR
rin-Méneville et Newport, mais dans quel-
ques espèces seulement. Chez les Chilogna-
thes , Glomeris , Iulus , Polijdesmus , etc.,
on remarque deux mandibules épaisses,
sans palpes, très distinctement divisées en
deux portions par une articulation mé-
diane , avec des dents imbriquées et im-
plantées dans une convexité de son extré-
mité supérieure; une lèvre (languette sui-
vant Latreille, lèvre inférieure composée
de deux paires de mâchoires suivant
M. Savigny) , située immédiatement au-
dessous d'elles, les recouvrant, crustacée,
plane, divisée à la surface extérieure par
des sutures longitudinales et des échancrures
en quatre aires principales, tuberculées au
bord supérieur, et dont les deux intermé-
diaires , plus étroites et plus courtes , situées
à l'extrémité supérieure d'une autre aire ,
leur servent de base commune. Chez les Chi-
lopodes, au contraire (Scolopendra, Lithobius,
Scutigera ou Cermatia), la bouche est com-
posée de deux mandibules munies d'un petit
appendice en forme de palpe, offrant dans
leur milieu l'apparence d'une soudure , et
terminées en manière de cuillère sur les
bords; d'une lèvre quadrifide dont les deux
divisions latérales , plus grandes , annelées
transversalement, semblables aux pattes
membraneuses des Chenilles , les deux pal-
pes ou petits pieds réunis à leur base, on-
guiculés au bord; et d'une seconde lèvre
formée par une seconde paire de pieds dila-
tés , joints à leur naissance , et terminés par
un fort crochet mobile , et percé sous son
extrémité d'un trou pour la sortie d'une
liqueur vénéneuse. Cette définition, que
nous empruntons à Latreille, diffère sous
quelques rapports de celle qu'avait donnée
antérieurement M. Savigny, et qui repose
sur de patientes et laborieuses observations.
Degéer avait aussi entrepris de décrire et de
représenter les appendices qui composent la
bouche des Scolopendres. Les figures que
M. Savigny a données dans les belles plan-
ches de la Description de l'Egypte, sont les
plus complètes que l'on puisse citer. Je
citerai aussi l'ouvrage de M. Newport,
ayant pour titre : Monograph of the class
Myriapoda , order Chilopoda ; tvilh obser-
vations on the gênerai arrangement of the
Arliculata(l). Dans cet excellent travaille
(i) Tram, linn. soc, vol. XIX, p. 9G3, p). Ù5.
savant naturaliste anglais fait connaître et
représente les organes de la manducation
de plusieurs genres de la famille des Scolo-
pendres. M. Guérin -Méneville a étudié
aussi les mêmes organes dans une espèce du.
premier ordre, le Pollyxène. Il a consigné ,
dans son Iconographie du règne animal, My-
riapod. , pi. 1 , fig. 5,1e résultat de cette
étude, qui fait mieux comprendre qu'on ne
l'avait fait jusqu'alors la bouche de ce My-
riapode. Nous-mêmc , nous avons aussi ob-
servé les organes de la manducation de ce
singulier genre sur une espèce nouvelle,
que nous avons découverte dans l'ouest de
l'Algérie, aux environs d'Oran.
Tous les anneaux du tronc (sans distinc-
tion de thorax et d'abdomen) sont pourvus
de pattes, et dans tous les Chilopodes
chaque anneau présente une paire de pattes
insérées sur les parties latérales ; mais les
Chilognathes ont ordinairement deux paires
de pattes pour chaque anneau , et chez eux,
c'est à la partie inférieure du corps que s'ar-
rêtent ces appendices. Nous prendrons pour
exemple les Polydesmus , animaux les plus
voisins des Mus , mais qui s'en distinguent
par un moins grand nombre d'anneaux au
corps, et par suite de pattes ; des segments
toujours consistants et plus ou moins caré-
nés sur leurs bords sont au nombre de
vingt, sans comprendre la tête; le premier,
qui est celui de la nuque , manque de pat-
tes , et les trois suivants en ont chacun une
paire; il semble quelquefois que l'anneau
ventral, bien qu'incomplet, présente une
paire de pattes , et que le suivant , au con-
traire, en soit dépourvu. Quant aux au-
tres, ils ont chacun deux paires d'appen-
dices , et le dernier, ou l'anal, en est tou-
jours dépourvu. Parfois , un ou plusieurs
anneaux offrent trois paires de pattes cha-
cun , mais c'est un cas anormal. Palisot de
Beauvois en a représenté un exemple dans
son ouvrage sur les Insectes d'Afrique et
d'Amérique. Chez certains Iules , deux seg-
ments par anneaux sont parfois apodes ;
mais ceci n'a pas constamment lieu , et se
voit plus volontiers chez des individus qui
n'ont point encore pris tout leur dévelop-
pement. Les Glomeris, les Pollyccenus , à
cause du peu de consistance de leur derme,
semblent offrir moins de régularité sous ce
rapport.
MYR
I\]YR
527
Les pieds des Myriapodes sont plus ou
moins longs ; c'est chez les Scutig&r a ou Cer-
matia qu'ils prennent le plus grand dévelop-
pement delongueur; quantau nombre, ilsne
présentent pas moins de grandes différences,
non seulement suivant les espèces, mais sui-
vant l'âge des individus. Sous cedernier rap-
port, les espèces qui, dans l'état parfait, en
possèdent le moins , sont les Pollyxenus, qui
n'en ont que douze paires. Dans le même
ordre, certains Iulus en présentent près de
trois cents. Mêmes variations pour les Chi-
Jopodes : les Lithobius et les Sculigera n'en
ont que quinze paires ; et chez un Geophilus,
désigné sous le nom de G. Walckenœrii
Gerv. , espèce des environs de Paris , M. P,
Gervais en a compté 336.
La forme du corps est toujours en rap-
port avec la disposition des appendices , et
les anneaux qui le composent se montrent
sous différentes formes: assez meus chez les
Pollyxenus, ce n'est qu'en dessous qu'ils of-
frent cette dispositition ; chez les Glomeris ,
ils sont latéralement et en dessus d'une
grande consistance. Ceux des Iules sont en-
tièrement durs et cylindriques ; ceux des
Cambala , des Plalyulus , des Polydesmus
et des Plalydermus sont déprimés. Chez les
Scolopendra , ils affectent de même diverses
dispositions; les Geophilus les ont à peu
près égaux entre eux , car ils semblent con-
stamment formés d'un segment plus petit
et d'un autre plus grand, ce dernier étant
seul pédigère. Dans les Scolopendra , ils sont
unipartis et tous pédigères , mais ils sont
alternativement plus ou moins longs; l'al-
ternance est marquée chez les Lithobius ,
mais seulement à la face dorsale; enfin,
chez les Sculigera , il semble exister] en
dessous un plus grand nombre de segments
qu'en dessus, parce qu'à cette partie les
plus petits ont cessé d'être apparents. Les
antennes qui président au toucher sont
au nombre de deux : celles des Chilognathes
n'ont jamais plus de sept articles, et celles
des Chilopodcs en ont toujours un plus
grand nombre; les Geophilus en ont qua-
torze; les Cryptops et les Scolopendra, dix-
sept ou vingt environ , leurs articles étant
grenus ; encore ferons-nous observer que
dans ce dernier genre, le nombre d'articles
varie ordinairement d'une antenne à une
autre : ainâ il n'est pas rare de rencon-
trer, chez les Scolopendra, des antennes où
la gauche n'offre que dix-sept ou dix-huit
articles, tandis que la droite, au contraire,
en présente vingt. Ce cas , qui, au premier
abord, semble anormal , s'explique facile-
ment. Pendant notre séjour en Algérie ,
nous avons observé plusieurs Scolopendres
en train de changer de peau, et nous avons
remarqué que , par les efforts que fait la
Scolopendra pour dégager ses antennes de
leur vieille enveloppe , il arrive souvent
qu'un ou deux, ou même trois articles,
restent ordinairement dans cette vieille
enveloppe. Cette disproportion du nombre
des articles des antennes ne se remarque
jamais, ou au moins très rarement, dans
les Lithobius et les Geophilus , et cela est dû
aux articles terminaux , qui sont beaucoup
plus robustes que ceux du genre des Scolo-
pendra. Chez les Scutigera, elles sont, au
contraire, filiformes et extrêmement al-
longées. Certains Myriapodes manquent
d'yeux (Polydesmus, Blaniulus , Cryptops
et Geophilus) ; chez les Scolopendra , les
Plalyulus et les Lithobius, ces organes sont
stemmatiformes, et plus ou moins nom-
breux; dans le genre des Platydesmus , ces
mêmes organes sont très gros et uniques de
chaque côté. Chez les Iulus , ils sont très
rapprochés; tels sont encore les Pollyxenus
et les Zephronia. Enfin, ils ont, dans les
Sculigera, l'aspect des yeux composés de la
plupart des Crustacés. Une particularité re-
marquable signale le développement des
organes de la vue chez quelques espèces qui
ont été étudiées par M. P. Gervais : les yeux,
beaucoup moins nombreux dans le jeune
âge, apparaissent successivement à mesure
que les autres organes se développent.
Si nous étudions maintenant les organes
internes de ces animaux , nous verrons que
les Myriapodes ont leur système nerveux
parfaitement conforme aux autres animaux
articulés; ils sont même un exemple au
moyen duquel la disposition normale de
tout ce type peut être le mieux comprise ;
les nerfs principaux forment sur la ligne
médiane du corps, au-dessous du canal in-
testinal, une série de ganglions, et chacun de
ces ganglions correspond à un des anneaux
du corps; tous donnent naissance à des fila-
ments plus ténus qui s'en échappent laté-
ralement: le nombre des ganglions princi-
528
MYR
MYR
paux est donc proportionnel à celui des
anneaux du corps, et comme dans certaines
espèces ceux-ci sont incomparablement plus
nombreux chez les adultes que chez les
jeunes sujets, les ganglions varient eux-
mêmes en nombre. Tréviranus a fait con-
naître avec soin ce système important de
l'économie des Myriapodes, ainsi que celui
de plusieurs autres espèces , dans son Mé-
moire sur l'anatomie de quelques espèces
de cette classe. Nous devons dire aussi que
M. Newport a étudié le système nerveux de
ces animaux , particulièrement dans les
genres des Scolopendra, Geophilus , Polydes-
mus et Iulus. Ce Mémoire fort intéressant
a été inséré dans les Phil. trans. ofthe roy.
societ. of Lond. , 1S43, p. 343, pi. II,
fig. 1,6,11.
Voici l'extrait que nous croyons devoir
donner de ce travail remarquable :
Le cerveau des Myriapodes est formé par
l'agrégation de ganglions séparés (1), pla-
cés au-dessus de l'œsophage. Les ganglions
de la première paire sont toujours les plus
petits, et donnent origine aux nerfs des an-
tennes. Ceux de la seconde paire, placés im-
médiatement en arrière , sont, comme dans
les Insectes, les organes de la volonté, et re-
présentent le cerveau des vertélnés. Ce sont
en réalité, comme je l'ai montré ailleurs, les
analogues des corps quadrijumeaux ; ils four-
nissent des nerfs aux organes de sens spé-
ciaux, comme les yeux. Ils sont plus déve-
loppés que les ganglions des antennes , et ne
cessent d'augmenter d'importance jusqu'au
moment où l'animal est parvenu à son plus
haut degré de perfection. Ils sont encore
très volumineux, même quand ceux des an-
tennes sont presque nuls, comme dans les
larves des Lépidoptères, et même quand les
yeux manquent entièrement, comme dans
toute une famille de Chilognathes, les Poly-
desmidœ. Ils sont en communication, au
moyen de deux cordons descendant de cha-
que côté de l'œsophage, avec les ganglions
(i) Depuis que ce Mémoire, a été présenté à la société
royale, j'ai trouvé que, dans l'embryon <lu Necrophlœophagus
(Geophilus) longicornis Leach (au moment de briser sa co-
quille), le cerveau est composé de quatre doubles ganglions,
qui sont les centres d'un nombre correspondant de segments
qui se réunissent ensuite pour former la seule portion mo.
bile de la tête dans l'Insecte parfait. Ainsi, le cerveau des
Myriapodes et des Articulés les plus élevés est en réalité
composé d'au moins quatre paires de ganglions (Newport,
juillet 1846).
réunis des mandibules et des mâchoires, qui
constituent (selon M. Newport) l'analogue
de la moelle allongée. C'est le commence-
ment de la corde abdominale.
Dans les Iulidœ , les lobes cérébraux ,
pi. 11, fig. 1 et 2 (6), sont convexes et plus
ou moins confondus suivant les espèces.
Chaque lobe est en connexion avec le gan-
glion optique (c), qui est de forme allongée,
ovaluire, donnant origine aux fibres qui se
rendent à la cornée, en formant un faisceau
triangulaire. Les ganglions des antennes
sont très petits chez les Iules, et situés à la
jonction des nerfs cérébraux avec les gan-
glions optiques. Du renflement de chaque
lobe, un tronc nerveux (e) s'étend oblique-
ment en avant, puis transversalement au-
dessus du palais et de la bouche, et se réu-
nit avec son congénère du côté opposé pour
former, sur la ligne moyenne, un petit gan-
glion triangulaire (f). Ces troncs nerveux
sont les analogues des nerfs récurrents des
Insectes, et les nerfs des viscères en prennent
leur origine. Chez ces Myriapodes, les nerfs
récurrents sont plus développés que dans les
autres classes , et l'importance de ces nerfs
et leur volume paraissent diminuer dans la
même proportion que les autres parties du
système nerveux se développent. Le petit
ganglion triangulaire envoie en arrière sur
la ligne médiane un nerf court et épais, qui
se termine immédiatement devant le cer-
veau en un ganglion moins distinct que le
précédent, et qui donne trois branches ner-
veuses. La moyenne, beaucoup plus grêle
que les latérales, se dirige en arrière sous le
cerveau en longeant le pharynx et l'œso-
phage, et donne des branches au vaisseau
médian qui le couvre. C'est le tronc du
nerf vague proprement dit (l). Les deux
autres branches latérales qui proviennent
du même ganglion sont chacune deux fois
plus grosses que ce nerf vague; et après
avoir donné quelques petits filaments au pha-
rynx et à l'œsophage, elles descendent sur les
côtés du pharynx, et se perdent dans une
série de gros ganglions viscéraux (m), réunis
ensemble sur le côté , et qui sont les ana-
logues des ganglions latéraux des Insectes.
Cette série de ganglions , comme chez les
Insectes, communique avec le cerveau au
moyen de deux petits nerfs (n), qui s'éten-
dent en arrière de la surface postérieure
MYR
MYR
529
«les lobes cérébraux , près de leur jonction
avec les ganglions optiques. Ces ganglions
viscéraux ont, chez les Iules, des dimen-
sions très extraordinaires , ayant la moitié
du volume du cerveau. Il existe quatre
ganglions de chaque côté de l'œsophage, et
ils sont fortement réunis ensemble pour
former une seule masse , qui fournit des
branches nerveuses aux immenses glandes
salivaires, à l'oesophage et aux parties voi-
sines. Us communiquent avec le nerf vague,
au moyen d'un nerf qui passe directement
du dernier de ces ganglions de chaque côté,
à un ganglion volumineux qu'offre le nerf
vague (o) à quelque distance du cerveau.
Le nerf vague, après avoir passé au-dessous
du cerveau et tout auprès de ce dernier,
offre un autre ganglion beaucoup plus pe-
tit (i), qui communique également avec les
ganglions latéraux par une très petite bran-
che de chaque côté. Le nerf vague , après
avoir longé la moitié antérieure de l'œso-
phage, se divise en deux branches, qui se
distribuent, comme chez les Insectes, à la
partie postérieure de l'œsophage et à l'ex-
trémité cardiaque de l'estomac.
Une des particularités les plus intéressan-
tes , relatives au système nerveux des Iules,
est le volume relatif du cerveau et des gan-
glions viscéraux. Chez ces Myriapodes infé-
rieurs, dans lesquels la fonction de la locomo-
tion est dévolue également à chaque segment
du corps, le cerveau ne forme qu'une petite
partie du système nerveux général , et les
sens sont moins parfaits que chez les In-
sectes : ainsi, chez les Iules, les nerfs de la
vie organique et leurs ganglions sont pres-
que aussi volumineux que toute la masse
cérébroïde , organe de la volonté. Tout le
contraire a lieu chez les Insectes, surtout
chez certains Hyménoptères, Névroptères et
Lépidoptères. Cela se voit surtout à l'état
parfait de ces Insectes, car le volume du
cerveau augmente au moment où la larve
subit ses métamorphoses , circonstance qui
semble démontrer que l'importance des
nerfs viscéraux diminue à proportion que
celle des nerfs de la volonté et que l'existence
active augmente.
Le cerveau de l'Iule est revêtu d'une tu-
nique propre, qui est tellement délicate,
qu'on l'aperçoit avec difficulté.
Le cordon nerveux se tend de son origine
T. VIII.
de la masse cérébroïde jusqu'au niveau de
l'antépénultième segment du corps , en of-
rant presque partout une grosseur pres-
que uniforme. Seulement il est un peu plus
gros à son extrémité antérieure, et un peu
plus petit à son extrémité postérieure que
dans son milieu. Chez VIulus terrestris, il
présente 96 renflements ganglionnaires très
petits, situés seulement sur sa face inférieure,
tellement rapprochés qu'on ne les distin-
gue qu'avec difficulté. Chaque renflement
donne deux paires de nerfs : l'une d'elles est
destinée à la face inférieure de l'animal et
aux pattes, et i'autre à sa face supérieure
et aux côtés du corps ; de sorte qu'indé-
pendamment des nerfs qui proviennent du
cerveau , le cordon fournit 272 rameaux
nerveux. Chez le Spirostreptus ( fig. 3 ) ,
les ganglions sont même plus petits et plus
serrés les uns contre les autres que dans
l'Iule, mais le cordon est plus volumineux
relativement à la grosseur des nerfs, dont la
distribution est presque entièrement la
même que chez l'Iule. Chaque renflement
du cordon (a) donne à sa face supérieure et
latérale une seule branche nerveuse (b) ,
qui marche de dedans en dehors jusqu'à
une certaine distance, comme si elle n'était
qu'un nerf simple ; mais en réalité elle ren-
ferme deux espèces distinctes de nerfs, qui
se séparent en forme de rameaux principaux,
au côté interne de la grande série longitu-
dinale de muscles abdominaux. Le rameau
antérieur est l'analogue du nerf respira-
toire des Insectes , et passe à travers la
couche supérieure de ces muscles , sur leur
surface viscérale , en leur fournissant un
grand nombre de filets. Le premier de ces
filets se divise en arrière et en dedans, vers
les stigmates et les principales trachées , et
à la face inférieure du segment, derrière les
pattes, pendant que le nerf lui-même, de-
venu très petit , monte pour se perdre sur
les appendices musculaires du cœur. L'au-
tre rameau se divise en deux branches
principales, qui passent entre les couches
des muscles longitudinaux. La première
donne des rameaux aux muscles des parties
inférieures et latérales du corps, auxquelles
elle se distribue presque entièrement; l'au-
tre, la plus volumineuse, après avoir décrit
une anse sur les côtés du corps, se distribue
aux muscles dorsaux.
67
530
MYR
IYJYR
Apres une description détaillée de la
structure du système nerveux des Myria-
podes, trop longue pour être reproduite ici,
M. Newport résume ainsi ses vues relative-
ment à ce sujet : « Ainsi chaque tronc ner-
veux provenant d'un renflement ganglion-
naire du cordon , est composé de quatre
espèces de faisceaux de fibres : une couche
supérieure et une couche inférieure qui
communiquent avec les ganglions céré-
braux, une couche transverse ou commissu-
rale qui communique seulement avec les
nerfs correspondants sur le côté opposé du
corps , et une couche latérale qui commu-
nique seulement avec les nerfs d'un renfle-
ment ganglionnaire du même côté du corps,
et qui fait partie du cordon dans l'inter-
valle des racines des nerfs. C'est par l'ad-
dition successive de ces portions latérales du
cordon , que le volume de ce dernier est
maintenu presque uniforme dans toute sa
longueur. En examinant le cordon avec une
grande attention, je me suis convaincu que
les faisceaux de fibres longitudinaux supé-
rieur et inférieur , c'est-à-dire le faisceau
ganglionnaire et le faisceau dépourvu de gan-
glions, sont un peu plus grêles à leur ex-
trémité postérieure qu'à leur extrémité an-
térieure ; fait dont on peut facilement se
rendre raison, en réfléchissant que des sé-
ries successives de filaments en partent au
niveau des renflements ganglionnaires, tan-
dis qu'au contraire le volume relatif des
portions latérales du cordon paraît être plus
considérable dans la partie postérieure que
dans la partie antérieure. C'est pour cette
raison que j'ai donné à ces fibres latérales
le nom de fibres de renforcement du cordon.
L'existence indépendante de ces fibres
est indiquée surtout au bord postérieur et
latéral du ganglion ( fig. 7, f) , où on les
voit faire partie des nerfs et du cordon sans
se prolonger vers le cerveau. Dans d'autres
points de leur trajet on ne peut les distin-
guer par leur couleur, et il est très rare
qu'on puisse apercevoir une ligne longitudi-
nale, indice de leur séparation, dans les
fibres du faisceau longitudinal inférieur du
cordon qui leur sont contiguës; mais cette
séparation existe en toute probabilité, car ces
premières fibres ne montent pas vers le cer-
veau comme les dernières. Leurs fonctions
doivent être regardées comme étant uni-
quement de réflexion. Indépendantes de la
sensibilité, ces fibres sont susceptibles d'être
excitées par des stimulants externes.
L'existence de ces fibres latérales du
cordon peut expliquer actuellement les mou-
vements réfléchis des parties antérieure et
postérieure à un membre blessé du même
côté du corps , comme les fibres commissu-
rales expliquent les mouvements qui ont
lieu sur le côté opposé à celui qui est irrité.
Chez les Polydesmidœ (PI. il , fig. 6), le
système nerveux correspond à celui des Iules
à l'égard des nerfs fournis aux orifices gé-
nérateurs. Mais les renflements ganglion-
naires du cordon sont plus gros et beaucoup
plus éloignés les uns des autres. Les gan-
glions des deux premières paires de pattes
sont unis au premier ganglion œsopha-
gien (d), et forment ensemble une masse
nerveuse , volumineuse et allongée , sem-
blable à la moelle épinière courte de l'Os-
tracion et de quelques autres Poissons. Ce
ganglion volumineux et allongé est situé
antérieurement aux ouvertures des organes
génitaux femelles, et par conséquent il est
antérieur au troisième segment du thorax.
De son extrémité postérieure, le cordon se
prolonge en arrière sur la ligne médiane ,
entre les organes femelles, et immédiate-
ment derrière ces derniers il donne une
paire de nerfs à ces organes; ces nerfs pro-
viennentenapparencedu cordon même, mais
en réalité d'un ganglion atrophié (e) qui a
presque entièrement disparu de cette partie
du cordon , absolument comme des gan-
glions semblables disparaissent pendant
les métamorphoses que subissent les Insec-
tes, fait qui démontre la tendance constante
que les portions du cordon nerveux pour-
vues de ganglions ont à se réunir.
Le nombre de segments dans le Polydes-
mus complanatus Leach (PI. 11 , fig. 6) est
de 22 , y compris la tête et le segment anal.
Le nombre des ganglions du cordon isolés
et distincts est de 34 , chacun desquels
fournit des nerfs à une paire d'organes de
locomotion. De plus , il y a les ganglions
réunis (e, 1,2) qui fournissent aux organes
de la mastication et à la première et à
la deuxième paire de pattes. Les nerfs du
quatrièmeganglionatrophié, mentionné plus
haut, se distribuent aux deux oviposteurs
chez la femelle , les analogues d'une paire
MYR
d'organes de la locomotion. Le trente-hui-
tième ganglion (37, 38) est un ganglion
double qui donne des nerfs aux segments
antépénultième , pénultième et terminal
apodes.
Le cerveau (6), dans cette famille, offre
quelques considérations intéressantes. Les
deux lobes sont très petits, en forme de
poire, et à la face inférieure se transforment
en deux prolongements, ou cuisses très
grêles et allongées qui se réunissent, au-
dessous de l'œsophage , à la grande agglo-
mération deganglions mentionnée plus haut.
Chacun de ces lobes cérébraux est arrondi
à son côté externe, et les nerfs optiques et
leurs ganglions manquent complètement ;
l'organe externe de la vision manque égale-
ment. Au-devant de chaque lobe existe un
petit ganglion allongé qui fournit le nerf
antennaire(a). Cette disposition du cerveau
est remarquable, et elle a quelque analogie
avec celle que Treviranus a décrite chez le
Geophilus , quoique dans ce genre, comme
je le montrerai bientôt, les nerfs optiques ne
manquent pas complètement , comme dans
les Polydesmidœ. Ce fait est intéressant
surtout relativement à l'analogie qu'on croit
exister entre ces lobes du cerveau et les
ganglions optiques et les corps quadriju-
maux des animaux vertébrés, et semble
démontrer que les fonctions de ces parties
sont plus importantes que celles de simples
ganglions d'un organe individuel , et que les
ganglions des nerfs optiques reçoivent les
impressions de la rétine qu'ils transmettent
aux ganglions moyens sus - œsophagiens ,
c'est-à-dire au cerveau, sensorium commun
de tout le système nerveux.
Chez les Geophilidœ (Og. 2) , le système
nerveux se rapproche de celui des Polydes-
mes pour le volume et pour la forme dis-
tincte des renflements ganglionnaires; mais
il se rapproche de celui des Iules pour l'uni-
formité des intervalles des ganglions entre
eux, et par la grande multiplication de ces
ganglions. Ce nombre varie beaucoup dans
les différentes espèces et sous - genres.
Tantôt, dans le Mecistocephalus , Newport
{Geophili maxillares Gervais), il n'y en a
que 46 , tandis que dans le Geophilus sub-
'erraneus Leach il y en a 86, et dans un
nouveau genre, Gonibregmatus, Newport,
il y en a même 160.
MYR
531
Dans les formes supérieures des Chilopo-
des, comme chez les Scolopendres, il n'y
en a que 23 , et chez la Lithobie et la Scu-
tigère 15, sans compter le cerveau et la
moelle.
Chez le Geophilus subterraneus (Og. 2 ,
p. 12), le cerveau (6) ressemble à celui du
Polydesme par l'absence presque complète
de nerfs optiques , mais il en diffère par le
fait que les ganglions optiques (c) sont légè-
rement développés latéralement et donnent
un très petit filament au seul œil lisse qui
existe à la face inférieure de la tête derrière
l'antenne. Treviranus(l) a décrit le cerveau
du Géophile longicorne, Leach, comme s'il
était entièrement dépourvu des organes de
la vision; mais comme il existe également
dans cette espèce un ocelle de chaque côté
derrière l'antenne, le filet grêle destiné à cet
organe lui a probablement échappé. Le
cerveau est volumineux, comparé à la gros-
seur de la tête, et les ganglions des anten-
nes (a) sont presque entièrement confondus
avec lui. Les nerfs des antennes sont exces-
sivement gros, comme chez le Polydesme ,
et paraissent compenser l'imperfection de
la vision, en faisant apprécier la condition
et le voisinage des objets environnants par
le sens du toucher. Chaque nerf paraît avoir
un petit renflement ganglioniforme dans
chaque article , d'où partent des branches
qui se perdent diversement dans les mus-
cles. Cette disposition du nerf antennaire
n'a été trouvée chez aucun autre Myria-
pode.
Le cordon nerveux des Myriapodes ac-
quiert son maximum de développement dans
les Scolopendridœ et \esScutigeridœ. Chaque
ganglion fournit quatre paires de nerfs: la
première et la troisième sont distribuées
aux muscles, la seconde aux pattes, tandis
que la quatrième, l'analogue des nerfs res-
piratoires, est couchée au-dessus du gan-
glion à son bord postérieur; mais elle en
tire, comme chez le Géophile, une partie
de sa structure. Elle est étroitement réunie
à la partie latérale du faisceau supérieur du
cordon, d'où elle paraît prendre naissance,
comme je l'ai déjà dit en 1834, en décrivant
sa structure; plus tard, M. Swan a montré
la manière dans laquelle elle se distribue
(ï) VtrmiseM* Scriften anatomitektn und riij-iiologischcn
in halts Brcmen, 1817.
532
MYR
MYR
sur les stigmates , et M. le professeur Owen
a signalé son analogie avec les nerfs respi-
ratoires des Insectes. L'existence de fibres
commissurales qui traversent les ganglions
du cordon chez la Scolopendre a été décou-
verte par le docteur Carpenter; mais jus-
qu'à présent on n'a pas fait connaître les
fibres longitudinales et latérales du même
cordon. Ces fibres existent chez la Scolo-
pendre comme chez les autres Myriapodes ,
mais elles sont moins facilement reconnues
que chez le Polydesme et le Géophile, par
suite de ra structure plus parfaite et du rap-
prochement plus grand de toutes les parties
du cordon.
Les ganglionsdessegments antérieurs sont
plus rapprochés que chez le Géophile, surtout
les cinq premiers, qui sont séparés seulement
par un très petit intervalle. Chez la Lilhobie,
ce rapprochement des ganglions est porté en-
core plus loin , et dans les Scutigères , chez
lesquelles les sept premiers ganglions sont
très voisins les uns des autres , il a acquis
son maximum. Chez ces derniers, le cer-
veau aussi a acquis un plus grand dévelop-
pement, les nerfs optiques et leurs gan-
glions ont augmenté de volume, et les ocelles
se sont multipliés. Les ganglions caudaux
se réunissent à un ganglion plus volumineux
dans la Scolopendre, et, chez la Lithobie
(pi. 13, fig. 23 et 24, p. 17 et 18), for-
ment un appendice caudal allongé, fixé au
dernier grand ganglion du cordon.
Tous ces animaux respirent l'air en na-
ture, et ils sont pourvus de trachées; ces
organes s'ouvrent sur les côtés de leurs
corps par des stigmates ; leur système vas-
culaire, de même que celui des animaux
trachéens, est fort incomplet : le tube diges-
tif, chez ces animaux, est tout-à-fait droit,
il ne dépasse par conséquent pas la lon-
gueur du corps; dans les Lithobius , l'œso-
phage et le jabot ne forment qu'un même
tube d'un diamètre uniforme, cylindrique,
enveloppé par les glandes salivaires , et at-
teignant à peine la seconde plaque dor-
sale. MM. Tréviranus et Marcel de Serres
n'admettent point de jabot; mais l'analo-
gie le fait supposer à M. L. Dufour , à cause
de la présence d'un léger bourrelet à l'ori-
gine du ventricule chylifique; ce bourrelet,
qui semble être l'indice d'une valvule annu-
laire, vient prêter un grand poids à l'induc-
tion par analogie. Cette valvule prouve que
les aliments ne doivent pénétrer dans la
poche qu'elle précède qu'après avoir subi
une élaboration préliminaire dans le ven-
tricule en question : le ventricule chylifique
forme à lui seul les trois quarts de la lon-
gueur de tout le tube digestif; la cavité
renferme une pulpe alimentaire homogène,
d'un gris roussâtre. L'intestin, bien moins
large et cylindroïde , paraît cannelé suivant
sa longueur, lorsqu'il est vide et contracté
vers lui-même; avant de se terminer à la
partie anale, il offre un ccecum à peine sen-
sible qui est caché par les derniers 'liga-
ments abdominaux. Il n'y a chez les Litho-
bius qu'une paire de vaisseaux hépatiques ;
ils s'insèrent un de chaque côté, et par un
bout légèrement renflé, au bourrelet valvu-
leux cité plus haut comme étant en arrière
du canal chylifique. Chez les Scutigera,
l'appareil digestif diffère très peu de celui
des Lithobius ; l'œsophage est d'une brièveté
extrême; le jabot n'est qu'une petite dila-
tation. Le ventricule chylifique est cylin-
droïde, et occupe environ les trois quarts
de la longueur du corps; il a une capacité
assez vaste; ses parois sont assez épaisses
et d'une texture remarquable. L'intestin
paraît plus musculeux que le ventricule
chylifique; un peu avant la terminaison du
rectum, existe une sorte d'appendice cœcal.
Le tube alimentaire des Mus est, à peu de
chose près, le même que celui des Lithobius
et des Scutigera , ces dispositions générales
étant fort analogues.
La reproduction des Myriapodes est ovi-
pare , ou dans quelques cas ovovivipare.
Degéer a étudié l'Iule des sables sous ce
rapport , et voici comment il s'exprime :
« Celui dont je viens de donner la des-
cription était une femelle ; car elle pondit
un grand nombre d'œufs d'un blanc sale,
en un tas, les uns auprès des autres; ces
œufs sont petits et de figure arrondie. »
Audouin a aussi observé les produit*
d'une ponte de celle d'une espèce du véri-
table genre Scolopendra , voisine d'une Sco-
lopendre mordante, et qu'il a bien voulu
montrer à M. P. Gervais. Une femelle de
cette espèce, placée encore vivante dans un
flacon d'alcool, y pondit, non des œufs, mais
des petits déjà bien développés ; la généra-
tion dans ce cas a donc été ovovivipare :
MYR
MYR
533
est-elle semblable chez toutes les espèces?
C'est ce que l'observation pourra seule ap-
prendre. Je ferai remarquer que dans ce
genre de la famille des Scolopendrites (Geo-
philus), où la ponte a été aussi observée par
M. Newport, celle-ci est ovipare. Chez les
Myriapodes ovipares, un phénomène remar-
quable se présente. « Je n'espérais pas, con-
tinue Degéer , que nous citions plus, haut,
voir des petits sortir de ces œufs, car il était
incertain si la mère avait été fécondée ou
non; cependant, après quelques jours, c'é-
tait le premier du mois d'août 1746, de
chaque œuf il sortit un petit Iule blanc, qui
n'avait pas une ligne de longueur ; j'exa-
minai d'abord au microscope les coques
d'œufs vides, et je vis qu'elles s'étaient fen-
dues en deux portions égales, mais qui te-
naient ensemble vers le bas. Ces jeunes
Iules, nouvellement éclos, me firent voir
une chose à laquelle je ne m'attendais nul-
lement; je savais que les Insectes de ce
genre ne subissent point de métamorphoses,
qu'ils ne deviennent jamais Insectes ailés :
aussi j'étais comme assuré que les jeunes
Iules devaient être semblables en figure , à
la grandeur près, à leur mère , et par con-
séquent je croyais qu'ils étaient pourvus
d'autant de pattes qu'elle; mais je vis tout
autre chose : chacun d'eux n'avait que
six pattes, qui composaient trois paires, ou
dont il y avait trois de chaque côté du
corps ; ils avaient beaucoup de ressemblance
avec des vers ou des larves hexapodes, telles
que celles qui doivent se transformer en
Insectes ailés. Ce qu'il y a de certain, c'est
que ces jeunes Iules naissent avec six pattes
seulement, et qu'en quatre jours de temps
il leur vient encore quatre paires de pattes,
de sorte qu'alors ils en ont sept de chaque
côté. J'ai aussi observé d'autres change-
ments chez ces Iules, âgés d'environ quatre
jours, qui sont de même très remarquables,
et qui semblent demander davantage d'être
précédés d'un changement de peau. Les
antennes se sont beaucoup développées;
elles sont revenues plus longues et moins
grosses à proportion, et elles ont pris deux
articulations de plus ; elles en avaient six ,
et d'abord n'en avaient eu que quatre. »
M. Waga a aussi observé le développe-
ment des Iules, et voici comment il s'ex-
prime à ce sujet : « Le 22 octobre de l'an-
née 1837, je mis dans un flacon trente et
un individus de l'espèce que j'ai nommée
Iulus unciger. Le vase était garni, jusqu'à
moitié de sa hauteur, d'une terre prise à
l'endroit où cette espèce avait été trouvée.
Je donnai pour nourriture à ces animaux
une pomme bien mûre , coupée en deux ,
que je remplaçai , à un certain espace de
temps, par une autre pomme semblable, et
après avoir mis dessus une couche de feuilles
sèches de poirier , je couvris le flacon d'un
morceau de papier. Soignés de cette ma-
nière, ils se portaient si bien, que pendant
l'hiver suivant il n'y en eut qu'un seul qui
mourut.
» Vers la mi-mai de l'année suivante,
j'aperçus pour la première fois un paquet
d'œufs, au nombre de 12 environ, placé
dans un creux de terre et immédiatement
contre la paroi du vase , de manière que
la transparence du verre me laissait obser-
ver exactement ces œufs, dont la grosseur
égalait celle de la graine du coquelicot (Pa-
paver rhœas), et dont la forme est ovale,
la couleur blanche jaunâtre,
» Dans les premiers jours d'avril, ces œufs
ne présentaient aucun changement appa-
rent ; mais dès la moitié du mois ils com-
mencèrent à devenir opaques, et bientôt
après plusieurs d'entre eux se fendirent. On
pouvait distinguer, au moyen du micros-
cope, que les deux portions de la coque
étaient égales, et qu'elles contenaient un
embryon d'une couleur blanche comme le
lait, entièrement lisse, ne donnant aucune
marque de mouvement, dépourvu totale-
ment de membres, et si mou que la moindre
pression eût suffi pour l'écraser.
» Au bout de quatre ou cinq jours, le corps
de ces embryons subit la forme que pré-
sente la fig. 6, c'est-à-dire qu'à l'endroit où
l'embryon était plus gros , on peut voir se
relever la tête avec les deux antennes, et
les trois simples paires de pattes. Le mi-
croscope faisait voir quelques soies dispersées
sur les bords postérieurs des segments du
corps de ces Iules nouvellement éclos. La
tête, inclinée vers le sternum, qui, malgré
sa petitesse , offrait parfaitement la forme
de celle des individus adultes, faisait voir
deux antennes courtes, grossissant insensi-
blement vers leur bout, composées de cinq
articles apparents, l'.ipical le plus gros et
J34
MYR
MYR
presque sphérique. Les trois simples paires de
pattes étaient très rapprochées les unes des
autres. Entre la dernière paire de ces pattes
et l'extrémité postérieure du corps , il y
avait trois segments apparents, mais tou-
jours graduellement plus étroits; de sorte
que le dernier, prolongé et se rétrécissant
vers le bout , terminait le corps en cône
(fig. 6). Les mouvements de ces individus
débiles se réduisaient au simple tremblement
des antennes et des pattes, et au redresse-
ment ou fléchissement du corps , comme
le font les nymphes de plusieurs Insectes.
» Je le trouvai encore dans cet état le
2 mai ; mais peut-être étaient-ce déjà des in-
dividus provenant d'une autre ponte, car il
y avait des femelles qui avaient déjà pondu
des œufs à la mi-avril, tandis que d'autres
en pondaient à la fin de mai. Quoi qu'il en
soit, ces jeunes individus, dont le corps
était resté jusqu'à cette époque presque uni-
forme et lisse, offrirent, depuis les premiers
jours de mai environ, sept segments très
distincts; leur tête s'éloigna plus du ster-
num, et leurs antennes et leurs pattes ac-
quirent plus d'extension. Tout cela cepen-
dant n'était encore que presque nu, presque
immobile, mou et entièrement blanc (fig. 7);
on ne pouvait encore distinguer aucune
trace des yeux.
» Quelques jours après, ces individus se
développèrent davantage et acquirent plus
de force. On pouvait déjà compter huit an-
neaux apparents au corps, outre la tête, bien
distingués par des rétrécissements profonds
et par la ciiiature de leurs bords postérieurs
(fig. 8). Il leur apparut deux doubles paires
de pattes ; de sorte qu'il y avait déjà quatorze
pattes en tout. Le rudiment de l'œil, consis-
tant en un point noir assez apparent sur cha-
que côté de la tête, se faisait enfin distinguer
près de la base de chaque antenne. Ces ani-
maux pouvaient alors déjà mouvoir avec
plus de force leurs antennes et leurs pattes,
se lever sur ces dernières et marcher quoi-
qu'à pas très lents; c'était déjà l'époque où
ils prenaient leur nourriture, consistant
simplement en de la terre, dont on pouvait
voir très distinctement leur canal alimen-
taire rempli à travers leur corps blanc et
transparent.
» Il paraît que, jusqu'à cette époque, ces
animaux, laissés dans leur état de tranquil-
lité, ne quittent pas volontiers la place où iis
sont éclos. Quand je fis, le 18 mai, la révi-
sion d'un de leurs nids, je trouvai les indi-
vidus se reposant les uns auprès des autres,
et occupant la même situation respective
qu'ils avaient lorsqu'ils n'étaient encore que
des œufs. Les coques ouvertes de leurs œufs
se trouvaient encore parmi eux ; mais chaque
individu avait échangé alors sa première
peau, et l'on en voyait encore les dépouilles
auprès d'eux. Il n'est donc pas étonnant que
Degéer, qui n'a aperçu l'Iule éclos que lors-
qu'il apparaît déjà hexapode, ait encore
trouvé auprès de lui les coques d'œufs vides.
Au contraire, M. Savi, ayant aperçu les em-
bryons apodes, n'a fait, a ce qu'il paraît, la
révision que dix-huit jours plus tard , et,
ayant trouvé alors leur dépouille, il en a
conclu qu'elle était la première.
» Quant à mes individus, chacun d'eux,
après cette première mue, comme je le pré-
sume, a acquis la forme de l'animal adulte.
C'était un Iule d'une ligne et demie de long,
qui avait avec la tête trois simples et puis
six doubles paires de pattes, ou en tout trente
pattes (fig. 9). La couleur dominante de son
corps était tout-à-fait blanche, avec une tache
brune sur le cinquième segment, près de son
bord postérieur, et un point de la même
couleur sur chacun des cinq segments sui-
vants, également à leurs bords postérieurs,
de manière que ces cinq pointsaveclasixième
tache étaient disposés en une série régulière
qui ornait chaque côté de l'animal. D'ici
jusqu'à l'extrémité postérieure du corps, il
avait encore sept segments, mais toujours
plus courts et sans ces points. Ces derniers
segments étaient encore sans pattes. Les
bords postérieurs de tous les segments, et sur-
tout les derniers, étaient garnis de poils. Le*
antennes présentaient déjà leurs sept arti-
cles, apparents comme chez ies adultes, et
c'est à cette époque que j'ai aperçu pour la
première fois le rudiment du crochet qui
distingue cette espèce dans son état adulte.
Ce rudiment consistait en une dent aiguë
qui se faisait voir sous le dernier segment
du corps. L'œil n'était encore qu'un simple
point noir situé vers le haut des antennes.
» J'ai observé que plusieurs paires de pattes
ne se développent que quand l'animal a déjà
déposé sa dépouille. Un individu qui ne pré-
sentait que les doubles paires de pattes, deux
MYR
MYR
535
heures plus tard a présenté deux pattes an-
térieures , et bientôt après les postérieures
de la septième paire; de sorte qu'il y avait
déjà trente-quatre pattes développées. Je
n'ai jamais pu saisir de l'oeil si ces pattes
successives, avant qu'elles apparaissent, sont
recouvertes et resserrées contre le corps par
quelque espèce de tunique qu'elles déchirent
en se développant. Mais ce que j'ai constaté,
c'est qu'elles sont d'abord presque fixes, dé-
biles, et que le degré de leur mouvement les
fait différer des anciennes.
» Au commencementde l'année 1838, j'ap-
portai quelques individus de différente gros-
seur, des Platyulus Audouinianvs Gerv.,'et
je les mis avec du bois pourri dans un pe-
tit bocal que je recouvris de feuilles de Cou-
drier ; je me proposais de leur procurer toutes
les commodités possibles, attendu que je
m'étais précédemment convaincu qu'il est
extrêmement difficile de les conserver vi-
vants.. Dans les premiers jours du mois de
juin, je voulus voir s'ils se trouvaient en
bon état; mais, en soulevant avec des pinces
une feuille chargée d'une certaine quantité
de bois pourri, je fus bien étonné d'aperce-
voir que le plus grand individu, qui était
une femelle, entourait de son corps, qui était
contourné en spirale, un paquet d'œufs ré-
cemment pondus, et se tenait dans cette
position sans donner aucune marque de
mouvement. Ce paquet d'œufs, touché lé-
gèrement avec une petite baguette, se divisa
en plusieurs parties, dont l'une resta attachée
sous la tête de l'animal, d'où je conclus que
c'est là que sont situés les orifices de l'ovi-
ducte des femelles. Ces œufs étaient si petits
qu'à peine pourrait-on leur assigner un tiers
de la grosseur de ceux des Iules. La couleur
était fauve-clair, à peu près la même que
celle du dessous de l'animal. Ayant égard à
la difficulté qu'on éprouve d'élever ces ani-
maux, je m'abstins d'examiner souvent la
ponte de cette femelle, et, lorsque je la revis
une semaine plus tard , c'est-à-dire le 17
juin, elle se trouvait encore dans la même
position ; mais les œufs étaient presque tous
dispersés. J'en comptai environ cinquante.
Un d'eux, observé au microscope, ne m'a
rien offert, si ce n'est un certain obscur-
cissement plus étendu à l'un qu'à l'autre
bout. Trois jours plus tard, on pouvait voir,
même à l'œil nu, quelques œufs se fendre
en deux. Entre la coque d'un de ces œufs
fendus, j'aperçus un corps blanc, plat, ar-
rondi presque en cercle, comme échancré en
un point de la circonférence, semblable à
une petite graine qui commence à paraître
dans le germe des plantes légumineuses
(fig. 10). Ce corps graniforme était analogue
à l'embryon des Iules dont je viens de par-
ler. Il se déplia bientôt en un être semblable
à une petite écaille, c'est-à-dire plat, pres-
que aussi large que long, voûté, pourvu de six
pattes et d'une paire d'antennes, à corps
composé de segments, et capable de se rou-
ler en boule (fig. 11). L'animal, à cette
époque, avait une couleur jaune-blanchâtre ;
il était à demi transparent, couvert de pe-
tits poils en plusieurs endroits, et principa-
lement aux bords des segments et des arti-
cles. Les plus longs de ces poils étaient ceux
qui garnissaient le dernier segment posté-
rieur; mais ils n'étaient pas moins appa-
rents sur les antennes. On pouvait voir très
distinctement les cinq articles de ces derniè-
res, diminuant toujours vers le haut. Au-
dessus se laissaient voir les rudiments des
yeux, des points noirs très petits , très rap-
prochés sur la tête, et presque triangulaires.
Le nombre, difficile à discerner, des segments
du corps, paraissait ne pas surpasser quatre,
outre la tête. Dans cette période de son âge,
l'animal mouvait sans cesse et avec force ses
antennes; mais il ne pouvait pas encore se
servir avec dextérité de ses pattes, dont sur-
tout la dernière paire était presque immo-
bile. Ne pouvant pas même se retourner sur
un verre poli , où je l'observais, il tendait
continuellement à se rouler en boule (fig. 1 3).
Comme les individus isoles pour l'observa*
tion microscopique périssaient bientôt, e(
que ceux qui restaient dans le flacon souf-
fraient évidemment à mesure que je les
inquiétais , il m'a été impossible de vérifier
exactement les époques de leur développe-
ment successif. Ce qui est remarquable, et
que je crois avoir constaté tant sur les Iules
que sur les Platyules, c'est que les petits in-
dividus, étant encore hexapodes, ont déjà
leur quatrième paire de pattes, mais qui ne
se développe que peu de temps après. Lors-
que j'observai cette progéniture, le 25 juin,
je trouvai des œufs encore fermés, d'autres
fendus, des individus hexapodes , et enfin
d'autres à huit pattes (fig. 12-14). Ces divers
53G
MYR
MYR
degrés de maturité, observés en même temps
et dans le même nid, prouvent que les œufs
n'avaient été pondus qu'à des époques bien
différentes. » Ici s'arrêtent les recherches de
M. Waga; l'exposition accidentelle et pro-
longée du flacon au soleil, ayant causé le dé-
périssement de tout le nid, a privé ce con-
sciencieux observateur du moyen de poursui-
vre ces intéressantes investigations.
A ces détails, que M. Gervais a eu occasion
de confirmer dans plusieurs points et d'éten-
dre sur plusieurs autres, nous devons néan-
moins, pour être complets, opposer ceux qu'a
publiés M. Savi, qui dit tout le contraire de
ce qu'a avancé Degéer, car il admet que les
Iules n'ont pas de pattes lorsqu'ils éclosent.
Jusqu'en 1843, les observations de M. Savi
avaient été presque mises en doute , et
M. Waga est le premier qui, après une étude
consciencieuse de ces animaux, ait confirmé
ce qu'avait avancé le savant Italien dans son
Mémoire. En effet, M. Waga démontre pour-
quoi, dans son travail, les observations de
M. Savi ne sont pas d'accord avec celles de
Degéer: c'est que ce dernier naturaliste n'a
aperçu l'Iule éclos que lorsqu'il était hexa-
pode, et que M. Savi, au contraire, a vu les
embryons apodes, c'est-à-dire après que les
œufs sont fendus pour livrer passage aux
jeunes Iules. Degéer a aussi constaté que le
Pollyxenus, qui a douze paires de pattes
lorsqu'il est adulte, en présente un moins
grand nombre à une époque moins avancée.
Quelques uns de ceux qu'il observa n'avaient
que six paires de pattes, et d'autres trois seu-
lement. Il est à remarquer, dit l'auteur, que
les pattes des jeunes Iules sont plus grandes,
à proportion du volume du corps, que celles
de ceux qui ont acquis leur juste grandeur.
Une observation fort remarquable que l'on
doit à M. P. Gervais, et dont ni Degéer ni
M. Savi ne font mention, c'est que les va-
riations portent, non seulement sur les seg-
ments et sur les organes de la locomotion,
mais encore sur les yeux, qui sont eux-mê-
mes bien moins nombreux chez les jeunes
que chez les adultes. Dans les Iules parfaite-
ment développés, les yeux, qui apparaissent
de chaque côté de la tête comme une tache
triangulaire d'un noir profond, sont compo-
sés de petits ocelles disposés eux-mêmes en
lignes parfaitement régulières et d'une ma-
nière tout-à-fait géométrique. Le nombre
des ocelles chez un jeune Iule qui n'avait
encore que quelques anneaux au corps et sept
paires de pattes, était de six seulement; ils
étaient sur trois lignes et déjà disposés en
triangle équilatéral: la première ligne ne
présentait qu'un seul ocelle, la seconde en
avait deux, et la suivante trois; chez un in-
dividu un peu plus âgé, une nouvelle ran-
gée de quatre s'était déjà montrée. Les vé-
ritables Insectes, c'est-à-dire les hexapodes,
n'offrentaucunexempledeces modifications;
les yeux des Mus, qui varient, comme nous
venons de le dire, sont donc beaucoup moins
fixes et sans doute moins parfaits que ceux
de ces animaux. Rappelons aussi que, parmi
les Myriapodes, il est des animaux fort voi-
sins des Iulus qui ne présentent aucune
trace d'yeux, même dans l'état adulte : tels
sont les Blaniulus et les Polydesmus. Chez
d'autres ces organes affectentdes dispositions
plus ou moins régulières. Groupés en amas
chez les Pollyxenus, où ils n'avaient pas été
observés jusqu'à ces derniers temps, ils ont
une forme à peu près semblable chez les
Zephronia, tandis que chez les vrais Glome-
ris ils sont disposés en une série linéaire
sur chaque côté de la tête. Enfin, dans un
genre que nous avons établi dernièrement
et auquel nous avons donné le nom de Pla-
tydesmus , ces mêmes organes sont uniques
de chaque côté de la tête, et se présentent
sous la forme d'yeux lisses.
M. P. Gervais a constaté aussi un fait
analogue chez les Lithobius forcipatus , es-
pèce fort commune dans nos contrées , et
quoiqu'il n'ait pas suivi exactement le dé-
veloppement de ces Myriapodes, nous de-
vons cependant rapporter ce que leur étude
lui a présenté. Ces animaux, que tout porte
à supposer ovipares , bien qu'on n'ait réel-
lement point encore décrit leurs œufs, ont
également les anneaux du corps, et par
suite les pattes , moins nombreux dans leur
premier âge. Toutefois, on se tromperait
gravement si l'on essayait de considérer
cette particularité comme générale; car les
Scolopendra qu'a observées Audouin ont,
ainsi qu'il l'a dit à M. Paul Gervais, leurs
pieds déjà complets , et les anneaux de leur
corps sont tous développés. On pourrait
peut-être admettre que cette différence en-
tre deux animaux si voisins tient elle-mêmeà
leur mode de paiturition , et que l'ovovivi-
MYR
MYR
537
parité des Scolopendres proprement dites
explique le développement, déjà fortavancé,
de leurs petits.
Les mœurs des Myriapodes varient selon
ja nature des familles auxquelles ces ani-
maux appartiennent. Certaines espèces sont
frugivores, comme les Iulus , les Glomeris,
les Platyulus, etc. ; d'autres attaquent, au
contraire, des animaux pour s'en nourrir :
telles sont les Scolopendra ; celles du vrai
genre Scolopendra se servent en même temps,
pour retenir leur proie, de leurs crochets
postérieurs et de ceux dont la bouche est ar-
mée; ceux-ci ont à leur extrémité une petite
ouverture par laquelle s'écoule la sécrétion
d'une glande spéciale. C'est à l'épanchement
)Je ce liquide dans la plaie que les Scolopen-
dra doivent la cruelle irritation qui ne tarde
pas à s'y développer; toutefois, elles ne
sont réellement pas dangereuses. A ce sujet,
je ferai observer que pendant mon séjour
en Algérie, et lorsque j'étais à la recherche
des Insectes , j'ai été quelquefois mordu
par la Scolopendra Scopoliana. La morsure
de cette espèce, quoique causant une dou-
leur excessivement vive et un gonflement
assez fortement prononcé, ne cause jamais
des accidents fâcheux , si ce n'est un en-
gourdissement de quelques heures, et qui
finit par se dissiper. Celles de petites es-
pèces , Lithobius et Geophilus , qui vivent
dans le Nord , sont bien moins irritantes.
C'est dans les lieux humides, sous les mous-
ses qui couvrent le pied des arbres, sous
les écorces de ces derniers , et quelquefois
dans les habitations, que vivent les Myria-
podes. La plupart craignent la sécheresse; ils
ne tardent pas à périr s'ils y restent exposés
pendant un certain temps; mais, placés dans
les conditions plus favorables, ils sont,
au contraire, très vivaces , et il suffit, pour
les conserver ainsi pendant plusieurs mois ,
de les tenir à l'ombre dans un vase rempli de
terre ou de mousse ; ils s'y enferment aisé-
ment, et se creusentdans toutes les directions
des chemins qu'ils ont besoin de traverser.
Il est facile d'observer combien la plupart
d'entre eux sont lucifuges : ils passent tout
le jour sous la terre ou au milieu de la
mousse, et quand le soir est venu , ils s'a-
gitent à la surface. Quelques Scolopendres
sont électriques, ou mieux, phosphorescen-
tes , c'est-à-dire qu'à certaines époques de
t. vin.
l'année elles transsudent une matière lu-
mineuse, qui marque en une raie plus ou
moins brillante le passage qu'elles viennent
de parcourir. Une de nos espèces a reçu , à
cause de cette particularité , la dénomina-
tion de Geophilus electricus ; une autre est
appelée G. p/iosp/ioreus.Celle-ci est exotique
et peu connue; mais la précédente est une de
celles qu'on rencontre le plus fréquemment
chez nous. Le G. carpophagus présente par-
fois la même propriété. C'est surtout entre
les anneaux et au-dessous du ventre que la
sécrétion cutanée de la Scolopendra se fait en
plus grande abondance. Chez les Iulus , ces
organes sont beaucoup plus évidents, car ce
sont des espèces de sacs placés sur les côtés
de chaque anneau du corps , au-dessus du
stigmate de la trachée; la partie de la peau
qui les environne est le plus souvent d'une
couleur fort tranchée, et qui a plus ou moins
d'analogie avec celle de la matière sécrétée.
Celle-ci est toujours assez fortement odo-
rante, et dans les diverses espèces indigènes,
elle imite, à s'y méprendre, l'odeur du
gaz acide nitreux. M. P. Gervais a cherché
à s'assurer de la nature de ce produit dans
YIulus lucifugus , et a reconnu qu'il n'est
ni acide, comme on pourrait le croire, ni
alcalin d'une manière positive. Cette matière
en petite quantité, difficile par conséquent
de s'en procurer beaucoup, est sans action
sur le papier bleu du tournesol. Un des traits
les plus curieux de la physiologie des My-
riapodes, et surtout des Scolopendres, est
la manière dont ils résistent aux plus gran-
des mutilations. M. P. Gervais a conservé
des Géophiles pendant un et même deux
jours dans l'eau , et ils n'ont point cessé de
vivre; et il a vu un des fragments posté-
rieurs de ces animaux remuer encore quinze
jours après avoir été séparé du reste du
corps. Quand on arrache la tête à un Géo -
phile, on le voit aussitôt marcher dans le
sens de la queue , et il peut vivre ainsi pen-
dant quelque temps. Si on lui enlève ensuite
l'extrémité anale, il recommence d'abord à
marcher en sens contraire , comme pour
fuir l'objet qui vient de le blesser , mais on
peut bientôt remarquer qu'il n'a plus alors
de direction bien déterminée, car il s'avance
iantôt d'avant en arrière , et tantôt d'arrière
en avant. Les Iules sont beaucoup moins vi-
vaces que les autres animaux de cette classe.
68
538
2VIYR
MYI\
La distribution à la surface du globe des
espèces de la présente catégorie est encore
loin de pouvoir être indiquée d'une manière
positive; car on connaît encore un trop
petit nombre de celles qui y existent pour
rien dire de général sur ce sujet.
Quelques espèces habitent un espace assez
considérable ; c'est ainsi , par exemple, qu'on
rencontre la Cermatia{Scutigera)arancoidcs,
depuis le nord de l'Europe jusqu'en Egypte
et en Barbarie; mais c'est à tort qu'on a
prétendu qu'il en était, comme de la Scolo-
pendra morsicans , de communes aux parties
chaudes de l'ancien et du nouveau monde.
On a, en effet, confondu sous ce même nom
de morsicans, des animaux sans aucun
doute congénères , mais entre lesquels il est
facile de reconnaître des différences spécifi-
ques. Nous laisserons donc le nom spécifique
de morsicans seulement à l'espèce de l'Eu-
rope méridionale (1).
Les Myriapodes qui se trouvent en France
appartiennent aux deux ordres de la classe,
et représentent à peu près tous les genres
de cette dernière. Plus nombreux au sud
qu'au nord, ils ont, dans les contrées mé-
ridionales, une grande analogie avec ceux
de l'Italie et de l'Espagne , et quatre d'entre
eux se retrouvent dans le nord de l'Afrique ;
ce sont : la Cermatia (Scutigera) araneoides,
le Crespedosoma polydesmoides, et les Poly-
desmus complanatus et pallipes.
Quant à la répartition géographique des
genres, elle est moins régulière, car la plu-
part de ceux qui possèdent plusieurs espèces
se trouvent en même temps représentés par
des espèces différentes, il est vrai, dans des
régions bien distinctes. Certains genres sont
propres non seulement à un continent
ou deux , mais ils peuvent être cosmopo-
lites. On trouve des Scolopendres dans l'an-
cien et le nouveau monde, mais nous n'en
connaissons pas encore de l'Australie. Quant
aux Poiydesmus , nous en avons vu d'Eu-
rope, d'Asie , d'Afrique , de l'Amérique
septentrionale et de l'Amérique méridionale,
ainsi que de la Nouvelle-Hollande. Les Scu-
tigères (Cermaties), que nous citions plus
(i) Dans notre Hist. nat. des Crust., ries Arachn. et des
Myriap., nous avions considéré la Scolopendre du nord de
l'Afrique comme étant la même que celle de l'Europe méri-
dionale; mais elle en est bien distincte et forme une espèce
à laquelle M. Koch a donné le nom de Scolopendra scopo-
liana Koch.
haut, ont aussi une espèce australienne et
d'autres asiatiques. Quant au genre des
Pollyxenus, on en rencontre en Europe, en
Amérique, et nous-même nous en avons
découvert deux espèces nouvelles dans la
nord de l'Afrique.
La classification des Myriapodes n'est pas
un des sujets les moins curieux de leur his-
toire. La classe parfaitement naturelle que
composent ces animaux n'a pas été consi-
dérée par tous les naturalistes comme of-
frant les mêmes affinités : tous sont d'ac-
cord, comme on le pense bien, pour la rap-
porter au type des animaux articulés ; mais
auprès de quelle autre classe doit-elle
prendre place? Dans ce cas , comme dans
beaucoup d'autres , les singulières diver-
gences qu'on remarque entre les auteurs
tiennent plutôt aux principes sur lesquels
reposent leurs déterminations , ou au but
qu'ils se proposaient dans leur classification,
qu'à la nature elle-même du sujet.
Quelques uns, admettant à priori, plutôt
qu'après une ample information , que toute
disposition sériale est impraticable, etqu'elle
seraiteontraireà l'ordre naturel, ont vu dans
les Myriapodes une nouvelle confirmation
de leur théorie, et les Myriapodes ont été pour
eux des animaux intermédiaires en même
temps à la plupart des autres classes du
deuxième type. Aussi ces naturalistes ont-
ils eu sur les Myriapodes l'opinion la moins
arrêtée qu'il soit possible d'avoir : c'est ainsi
que Latreille les a successivement envisagés
comme formantun groupeà part, la classe des
Mitosata de Fabricius; puis comme étant de
véritables Arachnides, ce qui revenait à la
manière de voir du célèbre de Lamarck; en-
suite, il les considéra comme devant rentrer
dans la même classe que les Insectes à six
pieds, les rapprochant des Thysanures avec
lesquels MM. Strauss, Dugès, etc., suppo-
sent qu'ils ont de véritables affinités ; mais
depuis, en reconnaissant toujours leur rap-
port avec les Thysanures , Latreille ( Cours
d'entomologie), venant à considérer les My-
riapodes comme constituant une classe par-
ticulière , les place entre celle des Hexapodes
et celle des Arachnides.
D'autres savants, au contraire, ayant
admis que la disposition sériale est prati-
cable danscertaines limites, rangent les ani-
maux articulés sur deux séries parallèles, et
MYR
MYR
539
reportent les Arachnides et les Crustacés sur
une de ces lignes, tandis que les Insectes ,
les Myriapodes et les Annélides forment
l'autre; ils sont conduits à regarder les se-
conds comme intermédiaires aux premiers
et aux troisièmes (Strauss, Consid. génér.,
p. 19). On ne saurait, en effet, nier que
les Myriapodes n'offrent avec les Annélides,
et particulièrement avec les Chétopodes, des
analogies évidentes: la forme générale du
corps et celle de chacun de ses segments ,
la marche rampante, etc., doivent faire
comprendre deux groupes d'animaux , et
conduisent jusqu'à un certain point à établir
qne les Myriapodes sont des analogues ter-
restres des Vers pourvus de soies latérales.
Mais en admettant ce raisonnement, que
l'étude du genre Peripate rend hors de doute,
doit-on également reconnaître que, d'autre
part, les Thysanures (Lepisma Podura, etc.),
sont les animaux qui se lient le mieux aux
Myriapodes? C'est ce que n'admet pas un
savant zoologiste, M. de Blainville, à l'opi-
nion duquel M. P. Gervais, qui a étudié ces
animaux, croit devoir se ranger.
Les Crustacés présentent certains genres,
tous pourvus de quatorze pattes, et au nom-
bre desquels on compte les Cloportes, qui ont
certainement avec les Myriapodes de la fa-
mille des Glomérites beaucoup plus d'ana-
logie que n'en ont ceux-ci avec les Thysa-
nures ; et cela est si vrai que Fabricius rap-
portait à sa classe des Milosata , non seule-
ment les Scolopendres et les Iules, mais encore
les Cloportes, auxquels sont mêlés, dans son
système, plusieurs espèces de Glomeris. Oli-
vier et G. Cuvier ont les premiers fait
disparaître cette légère incorrection. Cu-
vier ( Tabl. clément., p. 46-4, 1798), ne
laisse que deux genres parmi les Mitosa •
tes : celui des Iules, partagé en trois sec-
tions comme l'avait indiqué Fabricius, et
celui des Scolopendres; il les intercale
entre les Crustacés et les Arachnides. Il pa-
■ mît donc démontré que les Crustacés tétra-
i décapodes (à quatorze pattes), et les Annéli-
des chétopodes, étant les animaux qui se
lient le mieux aux Myriapodes , on ne
saurait mieux faire que de placer ceux-ci
entre les uns et les autres , puisqu'eux-
mêmes s'y rapportent naturellement , et
que cette détermination permet en même
temps de reconnaître les affinités qui unis-
sent entre elles les diverses autres classes.
La position naturelle des Myriapodes
une fois indiquée, la disposition de ces ani-
maux est elle-même très facile à établir,
car elle doit nécessairement être une con-
séquence de la première. Les espèces qui
seront le plus semblables par leur forme
aux Cloportes (Crustacés tétradécapodes )
seront plus rapprochées d'eux que les au-
tres, et à la fin seront confinés des genres
qui semblent plus analogues aux Anné-
lides. M. Strauss reconnaît dans le Pol-
lyxenus le Myriapode le plus voisin des Ché-
topodes : il le compare aux Léodices; M. P.
Gervais pense au contraire qu'il a des rap-
ports bien plus grands avec les Cloportes ,
et qu'au lieu d'être rapproché des Annélides,
il doit, au contraire, en être éloigné plus
qu'aucun autre. Ses pieds du genre Pollyxe-
nus, moins nombreux que ceux du reste des
Myriapodes, le rendent sous ce point de vue
plus analogue aux Cloportes , dont il a le
faciès. Ses yeux sont aussi semblables à ceux
de ces animaux, et tout en lui semble indi-
quer une espèce formant le passage des Clo-
portes aux Glomeris. Après les Pollyxenus
se placeront donc les Glomeris; et si l'on
continue à consulter les antennes, la forme
du corps ainsi que le nombre et le mode
d'insertion des pattes , et quelques caractè-
res tirés de l'absence ou de la présence des
yeux et de leur disposition, en évaluant
chacun des caractères que fournissent ces
organes à leur juste valeur , on devra , ce
nous semble, placer ensuite les Polydesmus,
puis les Iulus proprement dits, et ceux de
ces animaux dont le corps est déprimé au
lieu d'être circulaire, et qu'on pourrait ap-
peler Platyules. Latreille a fait de ces divers
genres, qu'il dispose un peu différemment,
un premier ordre sous le nom de Chilogna-
thes. Dans un second groupe sont placées le^
Scolopendra et les Cermatia, auxquelles l'au-
teur applique la désignation commune de
Chilopodes. Cet ordre correspond au genre
Scolopendra de Linné et de Dcgéer, et le
premier à celui des Iules.
C'est ainsi que Leach et Latreille onteonçu
le rapport des Myriapodes entre eux ; mais
comme le principe fondamental de toute dis-
position systématique est que la série des
genres d'un même groupe soit établie de
telle sorte que les animaux doivent être plus
540
ÎMYR
ou moins rapprochés entre eux, selon qu'ils
ont plus ou moins d'analogie, et que ceux
qui commencent la série doivent être plus
semblables aux dernières espèces du groupe
précédent, et semblablement pour les der-
niers échelons de cette série avec les pre-
miers de la suivante, nous avions adopté,
dans notre Histoire naturelle des Crustacés ,
des Arachnides et des Myriapodes, la classifi-
cation de M. P. Gervais(l). Dans cette classi-
fication, les Pollyxenus sont placés les pre-
miers , parce qu'il les considère comme les
plus semblables aux Cloportes qui les pré-
cèdent dans la méthode , et il est assez fa-
cile de passer ensuite d'un genre donné à
celui qui lui succède. Un intervalle semble
exister entre le premier et le second ordre;
mais aucune méthode ne saurait éviter cet
inconvénient, et il n'en reste pas moins dé-
montré pour M. P. Gervais que les lulus et
genres voisins sont plus analogues aux Crus-
tacés ; que les Scolopendra paraissent plus in-
timement liées , au contraire, avec les Anné-
lides ; et que les Cermatia , qui seront à la
tête des Scolopendres, ne sont pas sans ana-
logie avec les derniers genres de la famille
des Iules.
La classe des Myriapodes, d'après le tra-
vail que nous avons cité plus haut , a été
partagée en deux ordres :
1er Ordre. — Chilognathes.
Cet ordre a été divisé en trois familles :
les Pollyxénites , les Glomérites et les lu-
lites.
2e Ordre. — Cbilopodes.
Cet ordre renferme deux familles : les
Scaligériles et les Scolopendrites.
Mais depuis ce travail, qui date de 18 37,
les Myriapodes ont subi de grands change-
ments, que doit subir, au reste, toute classe
nouvellement organisée. M. Brandt a tra-
Yaillé beaucoup aussi ces animaux; mais le
travail le plus remarquable qui ait paru sur
cet embranchement de la zoologie est, sans
contredit, celui de M. Newport , que nous
avons déjà cité plus haut. Ce savant, après
avoir fait connaître l'organisation externe et
interne d'un assez grand nombre de types dans
les Myriapodes, et après avoir exposé leurs af-
finités, abordela classification : celle-ci nous
(i) Etudes pour servir à l'hist. nat. des Myriap., Ann. des
*C nat., t. VU ,183;.
MYIi
paraît plus naturelle, et surtout beaucoup
plus largement établie. M. Newport, après
avoir passé consciencieusement en revue les
travaux préalablement faits , a reconnu des
divisions si naturelles, des coupes si bien
tranchées, que la nouvelle classification qu'il
expose dans son intéressant travail est for-
mée de tous les éléments des premières clas-
sifications, dont les uns appartiennent à La-
marek, Latreille, Leach , etc., et les autres
à MM. Brandt, P. Gervais , etc. Cette nou-
velle classification nous semble d'autant plus
naturelle, que les tribus, les familles,
sont établies d'après les affinités que pré-
sentent les coupes génériques qui les com-
posent ; de manière que lorsqu'on viendra à
découvrir quelques types génériques nou-
veaux , il sera plus facile de trouver le rang
qu'ils doivent occuper dans cette nouvelle
classification que dans celles qui ont été
préalablement établies. Voici l'aperçu de
cette classification :
Ord. I. CHILOPODA , Latr. Caput latum,
prominens. Corporis segmenta inœqualia;
singula par unicum pedum ad latera seg-
mentorum gerenlia. Mandibulae prominen-
tes , acutœ, falciformes. Organorum sexua-
Iium apertura ad extremitatem analem.
Trib. 1. Schizotarsia , Brandt. Antennœ
pluriarticulae, graciles, corpore longiores.
Tarsi longi , pluriarticulati, inaequales. Oculi
compositi, prominentes, globosi
Fam. 1. Cermatidœ, Leach. Scuta dor-
salia S; singula segmenta, 2 ventralia obte-
gentia. Stigmata mediana.
Gen. 1. Cermatia, Ulig. Oculi prominen-
tes. Caput transversum. Scuta dorsaliaemar-
ginata. Stomatum latera incrassata.
Trib. 2. Holotarsia, Brandt. Tarsi 3-ar-
ticulati. Caput e segmentis 2 mobilibus ef-
formatum. Antennœ corpore haud longiores,
setaceœ vel filiformes, 14 60-articulatœ.
Oculi stemmatosi, aggregati, simplices vel
nulli.
Fam. 2. Lilhobiidœ , Newp. Scuta dorsa-
lia 15, subquadrata, inœqualia; angulis
elongatis, acutis. Coxarum paria posteriora
excavationibus ovatis.
Gen, 2. Lilhobius, Leach. Ocelli nume-
rosi. Caput latum, depressum. Labium den-
ticulatum.
Gen. 3. Henicops , Newp. Segmentum
cephalicum latum. Ocellorum par unicum.
MYK
MYR
541
Fam. 3. Scolopendridœ , Leach. Segmenta
podophora 21 vel 23. Pedes posteriores in-
erassata;articulo primo vel secundo spinoso.
Gen. 4. Scolopendra, Linn. Segmentum
cephalicum cordatum, imbricatum. Ocello-
rum paria 4. Spiracula valvularia.
Gen. 5. Cormocephalus , Newp. Segmen-
tum cephalicum postice truncatum. Spira-
cula valvularia.
Gen. 6. Rhombocephalus, Newp. Segmen-
tum cephalicum basilareque rhomboidea.
Labium angustatum.
Gen. 7. Heterostoma, Newp. Segmentum
cephalicum truncatum. Dentés magni. Spi-
racula cribriformia, in paribus 10.
Gen. 8. Scolopendropsis , Brandt. Seg-
mentum cephalicum truncatum. Pedum pa-
ria 23.
Gen. 9. Theatops, Newp. Ocelli distinct!.
Antennae 17 -articulatae , subulatae. Pedes
posteriores clavati. Labium dentatum.
Gen. 10. Scolopocryptops , Newp. Seg-
menta podophora 23. Segmentum cephali
cum cordatum, imbricatum. Labium haud
denticulatum. Antennae 17-articulatae.
Gen. il. Cryptops, Leach. Segmenta po-
dophora 21. Ocelli nulli vel absconditi. An-
tennae 17-articulatae.
Fam. 4. Geophilidœ , Leach. Segmenta
subœqualia, singula e subsegmentis 2 com-
pletis sed ineequalibus eflbrmata. Segmen-
tum anale pedibus brevibus styliformibus.
Sub.-Fam. 1. ScolopendreUinœ , Newp.
Corpus brève, crassum. Antennae 14-20-ar-
ticulatœ.
Gen. 12. Scolopcndrella , Gerv. Pedum
paria 10. Antennae moniliformes, 14-20-ar-
ticulatae.
Sub.-Fam. 2. Geophilinœ , Newp. Seg-
menta numerosa. Antennae 14 -articulatae.
Gen. 13. Mecislocephalus, Newp. Segmen-
tum cephalicum angustissimum, elongatum.
Corpus attenuatum. Labium latum , inte-
grum.
Gen. 14. Arthronomalus , Newp. Seg-
mentum cephalicum subquadratum. Antcn-
narum articuli inaequales. Labium angus-
tum , emarginatum.
Gen. 15. Gonibregmatus , Newp. Seg-
mentum cephalicum cordiforme, acutum.
Antennae filiformes , corpus lineare.
Gen. 16. Gcophilus, Leach. Caput sub-
triangulare. Corpus depressum, gradatim
incrassatum. Segmenta pedesque numerosi.
Ord. 2. CHILOGNATHA, Latr. Corpus
verticale , rotundatum. Mandibulœ crassce ,
robustae , vel cum labio coalitœ et elongatae
Segmenta numerosa. Corporis segmenta inae-
qualia. Pedes superficiel ventrali affixi. Or-
ganorum sexualium aperturae in segmenti
4U et 7"u superficie ventrali.
Trib. 3. Pentazonia , Brandt. Corpus
ovale, in globum contractile, dorso valde
convexo, ventre complanato. Pedes laminis
liberis mobilibus affixi.
Fam. 5. Glomeridœ , Leach. Corpus laeve,
in giobulum contractile. Oculi distinct.!.
Gen. 17. Glomeris, Latr. Ocelli 8, in
linea laterali curvata. Segmenta 13. Pedum
paria 17.
Gcu. 18. Zephronia, Gray. Ocelli nume-
rosi, aggregati. Antennae 6-7-articulatae ,
clavatae. Pedum paria 21 .
Gen. 19. Sphœrotherium , Brandt. Ocelli
aggregati. Antennae 7-articulatae, clavatae.
Pedum paria 21.
Trib. 4. Monozonia , Brandt. Corpus ver-
miforme, elongatum. Segmenti singuli di-
midia pars anterior cylindrica, posterior
lateribus dilatata; lamina duplici coalita
ventrali. Pedum paria 2 gerenti.
Fam. 6. Polyxenidœ y Newp. Caput arcu-
latum, prominens. Corpus latum. Pedes
attenuati; coxis maximis. Segmentum anale
fasciculis longis.
Gen. 20. Pollyxenus, Latr. Corpus brève,
squamis parvis penicillatisvestitum. Pedum
paria 13.
Fam. 7. Polydesmidœ (1), Leach.
Sub-Fam. 1. Oculi nulli
vel obscuri.
Gen. 21. Fontaria, Gray. Corpus con-
vexum. Segmenta imbricata; laminis late-
ralibus defiexis.
Gen. 22. Polydesmus , Latr. Corpus de-
pressum , subconvexum ; laminis lateralibus
horizontalibus.
Gen. 23. Strongylosoma, Brandt. Corpus
cylindricum. Segmenta tumida ; laminis la-
teralibus rotundatis subnullis.
(i) Ceite famille est divisée en deux sous-familles. Dans
les genres qui composent la première sous-famille. 1rs yen»
sont nuls et obscurément indiqués ( Fontaria, Polydesmus
Strongylosoma) , tandis que chez les genres de la seconde
sous-famille, ces organes sont toujours distincts ( Creripedo-
."»uo., Platydesmus, ComOata),
542
MYR
IVIYJl
Sub-Fam. 2. Oculi distïncti.
Gen. 24. Craspcdosoma , Leach. Ocelli
numerosi , aggregati. Corpus depressum ;
ïaminis lateralibus prominentibus.
Gen. 25. Platydesmus , Luc. Ocelli duo,
magni , prominentes. Corpus depressum ;
Ïaminis lateralibus prominentibus.
Gen. 26. Cambala , Gray. Ocelli série
simplici curvata. Corpus cylindricum ; Ïa-
minis lateralibus brevissimis , in porcam
simplicem desinentibus.
Trib. 5. Bizonia , Newp. Corpus subcy-
lindricum ; Ïaminis nullis marginalibus. An-
tennœ 7-articulatœ, clavatœ. Segmenta nu-
merosa; singula e subsegmentis 2 coalitis
efformata, pedumque paria 2 gerentia.
Fam. 8. Iulidœ, Leacb. Corpus cylindri-
cum; Ïaminis lateralibus nullis. Segmenta e
subsegmentis 2 coalitis efformata.
Sub.-Fam. 1. Synpodopelalinœ , Newp.
Pedes Ïaminis immobilibus affixi.
Gen. 27. lulus , Linn. Caput convexum.
Corpus cylindricum. Prothoracis latera trian-
gularia. Antennae elongatœ.
Gen. 28. Unciger , Brandt. Squarna infe-
rior analis mucronata. Corpus cylindri-
cum.
Gen. 29. Spirobolus, Brandt. Caput con-
vexum. Oculi subtetragoni. Corpus subpy-
ramidale. Prothoracis latera triangularia.
Antennœ brèves.
Gen. 30. Spiropœus, Brandt.
Gen. 31. Spirocyclislus, Brandt. Antennœ
brèves. Oculi elongati, triangulares. Thora-
cis latera brevia, triangularia.
Gen. 32. Spirostreptus, Brandt. Antennœ
brèves, articulis infundibulatis. Oculi trans-
versi. Prothoracis latera elongatavel dilata ta.
Sub-Fam. 2. Lysiopetalinœ, Newp. Pedes
Ïaminis mobilibus affixi.
Gen. 33. Platops , Newp. Caput parvum,
complanatum vel concavum. Pedes graciles,
elongati. Corpus pyramidale, elongatum.
Gen. 34. Lysiopetalum, Brandt. Frons di-
lata ta. Pedes Ïaminis liberis mobilibus affixi.
Fam. 9. Polyzonidœ, Newp. {Ommato-
phora, Brandt.) Ocelli conspicui , fronti in-
ter antennas in seriebus transversis inserti.
Gen. 35. Polyzonium , Brandt. Ocelli
6 parvi, in seriebus 2 transversis. Corpus
depressum.
Gen. 36. Siphonotus, Brandt. Ocelli 2,
U) série simplici transversa.
Fam. 10. Siphonophoridœ , Newp. ( Tty-
phlogena , Brandt.) Oculi nulli.
Gen. 37. Siphon ophora, Brandt. Caput
conicum , elongatum. Nutritionis organa
rostriformia, elongata. (H. Lucas.)
*MYRÏAPORA (F.vP'o;, dix mille; irépoc,
trou). polvp.,bryoz. — Genre de Polypiers ou
plutôt de Bryozoaires établi par M. de Blain-
ville pour le Millepora truncata de Linné et
de Lamarck, faisant partie de la même fa-
mille que les Eschares, celle des Operculi-
fères , caractérisée par l'opercule qui sert à
fermer l'orifice de chaque cellule. Les cellu-
les ont en effet la structure de celles des
Eschares, et forment de même un Polypier
calcaire; mais ce Polypier, au lieu d'être étalé
en lames foliacées, est divisé en branches
courtes, presque cylindriques ou seulement
élargies en lames à l'extrémité. L'animal a
été décrit comme possédant une sorte de
trompe évasée, extensible au centre d'un en-
tonnoir formé par un grand nombre de ten-
tacules simples; mais it nous paraît plus
probable que sa structure est semblable à
celle des Eschares. M Ehrenberg a changé
le nom de ce genre en celui de Myriozoon.
L'espèce type (M. truncata) est assez com-
mune dans la Méditerranée, où elle forme de
petits buissons lâches de 8 à 12 centimètres
de hauteur, dont les rameaux sont épais de
3 à 4 millimètres ; elle est rougeâtre pendant
la vie des Polypes. (Duj.)
*MYRÏASPORA ( ptpioç , innombrable ;
arrôpa, graine), bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Mélastomacées-Miconiées, établi
par De Candolle (Prodr., III, 165). Arbris-
seaux du Brésil. Voy. mélastomacées.
MYRÏCA. Myrica (étymologie grecque
obscure, Lin.), bot. ph. — Genre de plantes
qui constitue à lui seul la petite famille des
Myricées, de la diœcie tétrandrie dans le sys-
tème de Linné. Tel que nous le présentons
ici, il se compose d'arbrisseaux ou de petits
arbres résineux, dont les feuilles sont alter-
nes, entières ou divisées sur leurs bords plus
ou moins profondément, dont les fleurs sont
dioïques ou monoïques : les mâles sont réu-
nies en chatons filiformes; chacune d'elles
est solitaire à l'aisselle d'une bractée, et ac-
compagnée de deuxbractéoles; elle présente
2-8 étamines à anthères biloculaires, à filets
libres ou soudés entre eux à leur base : le»
fleurs femelles forment des chatons ovoïdee
MYR
MYR
543
ou cylindriques, et sont également accom-
pagnées d'une bractée et de deux bractéoles ;
elles consistent uniquement en un ovaire
creusé d'une seule loge à un seul ovule
basilaire, à la base duquel adhère une écaille
hypogyne, et que surmonte un style très
court terminé par deux longs stigmates. Le
fruit est un petit drupe à une seule graine
dressée.
Ce genre comprend trois sous-genres que
distinguent le nombre des étamines desfleurs
mâles et la forme de l'écaillé hypogyne des
fleurs femelles.
A. Clarisia, Ruiz et Pavon. Fleurs mâles
à deux étamines; écaille hypogyne peltéc.
B. Gale, Tournerort. Fleurs mâles à 4-8
étamines; écaille hypogyne sessile, nue in-
térieurement. Ici se rapportent deux espèces
sur lesquelles nous devons nous arrêter un
instant.
1. Myrica gale, Myrica gale Linné,
vulgairement Piment royal , Gale odorante,
Piment aquatique. Cette espèce appartient
aux lieux humides et marécageux du nord et
du centre de l'Europe, du nord de l'Asie et
de l'Amérique. En Europe, elle ne descend
pas plus bas que le nord de l'Italie. C'est un
arbrisseau rameux d'environ 1 mètre de
hauteur, dont les branches sont grêles, re-
vêtues d'une écorce roussâtre et parsemée
de lenticellcs semblables à des ponctuations"
blanches. Ses feuilles sont dures et presque
coriaces, oblongues et rétrécies à leur base ,
dentelées en scie, parsemées de points jau-
nâtres, résineux , portées sur un très court
pétiole; elles sont odorantes, surtout lors-
qu'on les froisse. Ses chatons sont nombreux
et sessiles; ils commencent à se développer
en été pour s'ouvrir au printemps suivant,
avant l'apparition des feuilles. Les écailles
des fleurs mâles sont d'un rouge brun, un
peu luisantes ; celles des fleurs femelles por-
tent vers leur extrémité des poils rougeâtres.
Le fruit est petit, odorant, couvert de points
résineux comme les feuilles. Cette plante,
quoique habituellement dioïque, devient par-
fois monoïque. L'odeur pénétrante et forte
qu'elle exhale en fait mettre des branches
parmi le linge dans le double but de le par-
fumer et d'en éloigner les Insectes. Dans le
pays de Galles et en Suède, on s'en sert pour
la teinture en jaune et pour le tannage. Ses
feuilles sont amères; on les emploie quel-
quefois en guise de Houblon pour la fabrica-
tion de la bière, mais cette substitution
n'est pas sans inconvénients; enfin leur in-
fusion était fréquemment usitée en Europe
avant l'introduction du Thé.
2. Myrica cirier, Myrica cerifera Linn.,
vulgairement connu sous les noms d'Arbre à
cire, Cirier de la Louisiane. C'est un arbris-
seau ou un petit arbre toujours vert qui s'é-
lève à 3 ou 4 mètres; il abonde en certaines
parties de l'Amérique septentrionale, parti-
culièrement dans la Virginie, la Louisiane et
la Caroline, dans les lieux humides et maré-
cageux. Il ressemble pour le port au précé-
dent, mais il s'en distingue par sa taille au
moins deux fois plus haute, par ses feuilles
persistantes, plus larges, à dents de scie plus
marquées, par ses chatons mâles à écailles
non luisantes, et surtout par son petit fruit
globuleux, que recouvre une couche de ma-
tière blanche et comme onctueuse. Cette ma-
tière, qui donne à cette espèce presque toute
son importance, n'est autre chose que de la
cire qu'on extrait assez aisément et en assez
grande abondance pour la faire servir aux
usages économiques. Pour cela , on jette les
fruits dans de l'eau bouillante; après quel-
que temps, la couche de cire qui les recou-
vrait s'en sépare et vient surnager; elle est
alors verdâtre, mais il est facile de l'épurer
et de la blanchir. Un procédé plus rarement
employé consiste à jeter seulement de l'eau
bouillante sur ces fruits; on obtient ainsi
une cire moins abondante, mais plus pure
et colorée seulement en jaune pâle. De quel-
que manière qu'elle ait été obtenue, la cire
de Myrica est cassante au point de pouvoir
être réduite en poudre; mais il suffit de la
presser fortement pour la rendre flexible et
ductile comme celle des Abeilles. Préparée
en bougies, elle se consume lentement, et
en brûlant elle répand une odeur aromati-
que. En Europe, on a tenté la culture de cet
arbuste dans le but d'en obtenir la cire;
mais, quoiqu'on ait cru reconnaître que les
individus cultivés donnaient une plus grande
quantité de cette matière que ceux qui crois-
sentspontanément, ces essais n'ontpas amené
jusqu'à ce jour de résultats importants.
Dans la Caroline, on confectionne avec cette
substance une sorte de cire à cacheter. La
racine du Myrica cirier est astringente, et
clic entre dans la matière médicale des Amé-
544
MYR
MYIl
ricains. A l'état cultivé, et sor.s le climat de
Paris, cet arbrisseau doit être couvert pen-
dant l'hiver ou rentré en orangerie; on le
multiplie de graines, de marcottes ou de re-
jetons.
Le Cirier de la Louisiane n'est pas la seule
espèce du genre qui donne de la cire en as-
sez grande abondance. Ainsi, le M. cordifolia
Linn., du cap de Bonne-Espérance, et quel-
ques autres, peuvent également être utilisés
sous ce rapport; mais aucune de ces espèces
n'est arrivée à cet égard au même degré
d'utilité que celle qui vient de nous oc-
cuper.
G. Comptonîa, Banks. Fleurs mâles à six
étamines; écaille hypogyne portant intérieu-
rement une petite glande. Ces caractères, les
seuls qui résistent à la comparaison exacte
des Myrica et des Comptonia, ne permettent
pas de regarder ces derniers comme consti-
tuant un genre distinct et séparé. Ce sous-
genre renferme une espèce intéressante, le
COMPTON A FEUILLES DE CÉTÉRACH, ComptOTlia
aspleniifolia Banks, joli arbrisseau de l'A-
mérique septentrionale, remarquable par ses
feuilles allongées-étroites, semées de points
résineux brillants, divisées sur leurs deux
côtés et dans toute leur longueur en lobes
obtus et égaux entre eux, qui les font ressem-
bler aux frondes du Cétéracb. Il est très rus-
tique et se cultive en terre de bruyère. On
le propage ordinairement par rejetons ou par
marcottes, rarement par graines. (P. D.)
MYR1CACÉES. Myricaceœ. bot. tu. —
Famille de plantes dicotylédones, établie par
L.-C. Richard (Annal, de Fr., 193 ), et gé-
néralement adoptée. Les caractères de cette
famille sont les mêmes que ceux du g. My-
rica, le seul qu'elle renferme. Voy., en con-
séquence, l'article myrica.
Ml'RICARIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Tamariscinées , établi par Des-
vaux (in Annal, se. nat., IV, 348). Herbes
ou sous-arbrisseaux de l'Europe et de l'Asie.
Voy. TAMARISCINÉES.
MYRICINE. chim. — On donne ce nom
à la cire que produisent plusieurs espèces de
Myrica. Voy. ce mot et cire.
MYRINA. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères diurnes, tribu des Papillonides,
établi par Fabricius. Les Myrina ont de
grands rapports avec les Érycmes; ils en
diffèrent principalement par les palpes qui,
dans ces derniers , sont beaucoup plus
courts , et par les pattes antérieures très
courtes et point propres au mouvement, au
moins dans un des sexes. Ce sont des Papil-
lons d'assez petite taille , et ornés quelque-
fois de couleurs très brillantes. On n'en
connaîtque quelques espèces exotiques, dont
le type est la Myrina jafra God. (Encyc.
rnélhod., t. IX, p. 593), qui habite l'île de
Java. (L.)
*MYR10CEPIÏALUS (pvpfo;, innom-
brable; xîcpa)//), tête), bot. pn. — Genre de
la famille des Composées-Sénécionidées,
établi par Bentham (in Enumerat. plant.
Ilugel , p. 61). Petit arbrisseau de la Nou-
velle-Hollande. Voy. COMPOSÉES.
MYRIOCOCCUM (|*upws, innombrable ;
xîxxço, coque), bot. cr. — Genre de Cham-
pignons gastéromycètes , établi par Fries
(Syst. , II , 304) pour des espèces qui crois-
sent par groupes arrondis sur les bois pour-
ris. La seule espèce connue est le M. prœ-
cox Fr., qui se développe au printemps dans
les bois.
MYRïODACTYLON , Desv. (in Journ.
Bot., 1809, p. 307). bot. ca. — Syn. de
Chelophora, Schrank.
*MÏRIOGYNE ( ixvpiiç, innombrable;
yvvr), pistil), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées , établi
par Lessing (in Linnœa VI , 219). Herbes
abondantes dans l'Asie et l'Océanie. Voy.
COMPOSÉES.
MYRÏOMALA, Lindl. (in Bot. Rcg. ,
n. 1956). bot. ph. — Voy. photinia ,
Lindl.
*MYRïONEMA ( w=ç , innombrable ;
vyjfjux, filament), bot. cr. — (Phycées.) Ce
genre, créé par M. Greville (Crypt. FI.) dans
la tribu des Batrachospermées, a pour carac-
tères : Fronde gélatineuse, étalée, formée
de filaments très courts, articwlés, en mas-
sue, redressés et le plus souvent simples ;
capsules situées vers la base des filaments.
Les Myrionèmes sont de petites plantes qui
croissent ordinairement sur les Algues ma-
rines, et s'y montrent sous la forme de pe-
tites taches. Une des espèces les plus com-
munes est le M. strangulans Grev. , qui se
rencontre sur les Ulvacées. (Bréb.)
MYRIOPHYLLE. Myoriphyllum, Linn.
({Auptoî , dix mille ; <puÀÀoy , feuille), bot. fh.
— Genre de plantes de la famille des Halo-
MYR
MYR
545
ragées, de la Monœcie polyandrie dans le
système de Linné. On en connaît aujour-
d'hui an moins 20 espèces, répandues dans
les eaux douces de presque toute la surface
du globe, et dont quatre appartiennent à
notre flore. Ce sont des plantes herbacées,
submergées, et dont les fleurs seules vien-
nent s'élever au-dessus de l'eau; leurs
feuilles, opposées ou verticillées, sont divi-
sées en lanières filiformes ; leurs fleurs sont
petites , solitaires aux aisselles de feuilles
normales ou rudimentaires, et, dans ce der-
nier cas, elles forment une sorte d épi ter-
minal ; les supérieures sont mâles, les in-
férieures femelles. Elles présentent : un ca-
lice à tube adhérent, à limbe supère , 4-
parti ; quatre pétales alternes au calice, qui
restent très petits ou avortent même dans i
les fleurs femelles; presque toujours 8 éta-
mines, rarement 6 ou 4, qui manquent dans I
la fleur femelle; celle-ci se distingue par
son ovaire adhérent, à 4 loges contenant j
chacune un seul ovule suspendu, surmonté
de 4 styles très courts, que terminent 4 stig-
mates épais. A ces fleurs succède un fruit
formé de 4 ou plus rarement de 2 coques
dures, surmontées chacune d'un style per-
sistant, indéhiscentes, et renfermant une
seule graine renversée. Les deux espèces de
ce genre les plus communes dans nos con-
trées sont les MyriophyllumspicatumLinn.,
et M. verticillatum Linn. , qui abondent
dans les eaux stagnantes ou dont le courant
est lent et peu prononcé. (P. D.)
MYRIOPHYLLE. Myriophyllus ( pvptoç ,
dix mille; «pvMov, feuille), bot. — Cette épi-
thète a été appliquée à certaines plantes qui
ont des feuilles ou des divisions très décou-
pées. Ex. : Ranunculus myriophyllus, Dalea
myriophylla ( Fougère ) , Caulerpa myrio-
phylla (Algue).
MYMOTHECA, Commers. (in Juss.
Gen.y 15). bot. ph. — Syn. de Marattia ,
Swartz.
MYRIOTREMA, Fée {Meth., M;Crypt.
cort. , t. XXV, f. 1, 2). bot. cr. — Syn.
de Lecidea, Achar.
MYRIOZOOIV (pvp'oç, dix mille; Ço>0\,
animal), polyp., bryoz. — Nom proposé par
M. Ehrenberg pour le genre précédemment
nommé Myriapora par M. de Blainvillc.
(Duj.)
MYRIPNOIS (f,vpo7rvoo?, qui exhale des
I. VIII.
parfums), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Mutisiacées , établi par Bunge
(Enum. pi. chin. boréal., 38). Arbrisseaux
des montagnes de la Chine. Voy. composées.
MYRIPRISTIS (fxvpco;, dix mille ;irPcwv,
scie ). poiss. — Genre de l'ordre des Acan-
thoptérygiens, famille des Percoïdes , à plus
de sept rayons branchiaux, établi par G. Cu-
vier (Règ. anim. , t. Il, p. 150). Ces Pois-
sons ont tout l'éclat, les formes, les écailles
des Holocentres; mais leur préopercule a !
un d nble rebord dentelé, et manque d'é-
pine à son angle. Ils ont une vessie nata-
toire divisée en deux; la partie antérieure
est bilobée et s'attache au crâne par deux
endroits où il n'est fermé que d'une mem-
brane, et qui répondent aux sacs des oreilles.
Les Myripristis sont remarquables au pre-
mier aspect par les dentelures qui garnis-
sent les joues , les opercules et le bord des
écailles. Ils se trouvent dans les parties
chaudes des deux Océans. L'espèce la plus
curieuse est le M. Jacobus Cuv. et Val.
(vulgairement Frère Jacques , à la Martini-
que ). C'est un poisson d'une beauté ravis-
sante, et qui égale en éclat la Dorade de la
Chine, la plus rouge et la plus brillante. II
n'atteint guère que 20 à 22 centimètres de
longueur. (M.)
MYRIS11CA, bot. m. — Voy. musca-
dier.
MYRISTICACÉES. Myristicaceœ. bot.
ph. — Famille de plantes dicotylédones éta-
blie par R. Brown (Prodr. , 399), et géné-
ralement adoptée. Ses caractères principaux
sont : Fleurs dioïques , unisexuelles. Pé-
rianthe simple, membraneux, tubuleux,
urcéolé ou campanule , 3-fide ou rarement
2-4-fide, dont l'estivation est val vaire. F/eurs
mâles : Étamines 3-15, monadelphes ; filets
réunis en une colonne cylindrique ou tur-
binée, brièvement dentelée au sommet. An-
thères exlrorses, fixées sur les dents de la
colonne , libres , à 2 loges s'ouvrant longi-
tudinalement. Fleurs femelles : Ovaire uni-
que (très rarement deux, soudés à leur base),
libre, à une seule loge 1-ovulée (très rare-
ment bi-ovulée). Style très court ou nul;
stigmate lobé ou indivis. Le fruit est une
baie capsulaire , uniloculaire , à 2 valves in
divises ou quelquefois bifides, monosperme.
La graine est dressée, enveloppée d'un arille
charnu, découpée en lanières profondes;
69
546
MYR
MYR
son tégument propre est épais , crustacé ,
traversé irrégulièrement par des rugosités.
Embryon très petit , à la base du péri-
sperme, à radicule cylindrique, très courte,
infère.
Les Myristicacées sont des arbrisseaux ou
des arbres quelquefois très élevés , et géné-
ralement remplis d'un suc rougeâtre, à ra-
meaux ordinairement cylindriques , quel-
quefois ancipités , couverts d'une écorce
souvent réticulée , et d'une pubescence
furfuracée. Les feuilles sont alternes, dis-
tiques, brièvement pétiolées, coriaces, sim-
ples, très entières, pubescentes et sans sti-
pules. Les fleurs, petites, blanches, bleues,
ou couvertes extérieurement d'une pubes-
cence ferrugineuse , et glabres intérieure-
ment, sont axillaires ou terminales, dispo-
sées en grappes ou en faisceaux. Les espèces
de cette famille croissent principalement
dans les régions tropicales de l'Asie et de
l'Amérique,
Cette petite famille, établie aux dépens
des Laurinées , se distingue principalement
de cette dernière, par ses fleurs complète-
ment unisexuelles et dioïques , par ses éta-
mines soudées, et par son embryon contenu
dans un endosperme ruminé. Les genres
qu'elle renferme sont au nombre de trois ,
et ont été nommés : Myristica (Muscadier),
Linn.; Knema, Lour.; Pyrrhosa, Blum. Voy.
principalement l'article muscadier. (B.)
*MYRMAGI1IXENUS, ou mieux MYR-
AIECOXENUS ( jiuptjwjÇ , fourmi; g/vos,
hôte). Ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Xylophages , créé par
nous {Revue entomologique de Silbermacn ,
1835, p. 263), avec une espèce des environs
de Paris , qui habite dans le nid de la For-
mica fusca, et qui a été retrouvée de même
dans d'autres contrées de l'Europe fort éloi-
gnées les unes des autres. Le type est le
M. subterraneus. M. Guérin-Ménevillea dé-
couvert depuis, dans la tannée d'une serre
chaude des environs de Paris, une seconde
espèce de ce genre, à laquelle il a donné le
nom de M. vaporariorum. (C.)
*MYRMACICELUS (j^PfwiÇ , fourmi;
xvAoç, brillant), ins. — Genre de Coléoptè-
res tétramères, famille des Curculionides
orthocères , division des Apionides, créé par
nous {Annales de la Soc. ent. de Fr. , t. 2 ,
p. 358) et adopté par Schœnherr. Le type,
M. formicarius Ch., est originaire de l'Aus-
tralie (Port-Jackson). (C.)
MYRMARACHNE. arachn. — Syno-
nyme de Myrmecia. Voy. ce mot.
MYRMECIA (fAvppiS, fourmi), arachn.
— Genre de l'ordre des Aranéides, de la
tribu des Araignées, établi par Latreille, et
adopté par tous les aptérologistes. Dans ce
genre , singulier par sa forme , les yeux sont
au nombre de huit, inégaux entre eux, pla-
cés sur trois lignes- sur le devant du céphalo-
thorax. La lèvre est ovale, allongée. Les
mâchoires sont droites, allongées, dilatées
et arrondies à leur extrémité. Les pattes
sont allongées , fines; la quatrième et la
première paire les plus longues; la seconde
ensuite, avec la troisième la plus courte. On
ne connaît rien sur les mœurs de ces Ara-
néides, qui sont toutes américaines. L'es-
pèce type est le Myrmecia fulva Latr. {Ann.
des se. nat., toro. III, p. 27); cette jolie
sspèce a été rencontrée au Brésil. (H. L.)
MYRMECIA, Schreb. {Gen.y n. 177).
rot. ph. — Syn. de Tachia, Aubl.
* IUYRMEGILLA ( f*%»rè , fourmi ;
xe'Uca , courir vite), ins. — Genre de Coléo-
ptères pentamères, famille des Cicindélides,
tribu des Cténostomides, établi par M. Tb.
Lacordatre ( Révision de la famille des Ckin-
délides, 1842, p. 40). Le type, la M. pygmœa
Buq., Lac, est originaire du Brésil. (C.)
*MYRMECIUM f>wp/«j*t*, verrue). polyp..
— Genre de Spongiaires établi par M. Gold-
fuss pour une seule espèce fossile du calcaire
jurassique, et caractérisé par sa forme sub-
globuleuse avec un grand trou central au
sommet; le tissu est formé de fibres serrée?
et traversé par des canaux rameux, irradiés
de la base à la circonférence. Ce genre diffère
trop peu des Siphonia pour en être séparé.
(Dm.)
*MYRMECIZA. ois. — Groupe d'Oi-
seaux indiqué par M. G.-R, Gray {List of
gen. Birds., 1841). (E. D.)
*MYRMECOBIN.$;. mam. — M. Lesson
{Nouv. tabl. du règ. anim. , Mam.> 1842)
a créé sous ce nom une petite famille de
Didelphes, dans laquelle il ne place que le
genre Myrmecobius {Voy. ce mot). M. Wa-
terhousse (Water. , Lib. Marsup. , 1841)
donne à cette même division le nom de
Myrmecobiidœ. (E. D.)
* MYRMECOBÏUS (pwppjÇ, fourmi;
IY1YR
MYR
547
ff'oç, vie), mam. — M. Waterhousse (Proced.
soc. Lond. , 1836 ) a décrit sous ce nom un
genre de Mammifères de la sous-classe des
Didelphes, et qui a pour principaux carac-
tères : Huit incisives à la mâchoire supé-
rieure et six à l'inférieure ; pas de canines
inférieures; molaires au nombre de huit à
■ chaque mâchoire et de chaque côté; tête al-
longée ; oreilles droites, médiocres; pieds
antérieurs à cinq doigts , les trois médians
plus longs; quatre doigts seulement aux
pieds postérieurs ; queue médiocre.
L'espèce type de ce groupe est le Myr-
rnecobius fasciatus Waterh. (loco citalo).
11 a 25 à 27 centimètres du bout du museau
à la région de la queue, et cet organe a 17
centimètres. Le pelage est, au-dessus, de la
couleur d'ocre rougeâtre , entremêlé de poils
blancs; la partie postérieure du corps est
ornée de bandes transverses, alternative-
ment noires et blanches, disposées d'une
manière à peu près analogue à ce qu'on voit
chez le Thylacinus cynocephalus. Les par-
ties inférieures sont d'un blanc jaunâtre;
les pattes antérieures de la même couleur à
leur partie interne, et d'un jaune pâle à
l'externe; les postérieures sont aussi jaune-
pâle, avec la partie interne des tibias blan-
châtre et la plante des pieds nue; les poils
de la queue sont mélangés de blanc, de
noir et d'ocre ; chacune de ces couleurs pré-
domine dans ces différentes parties. Cet
animal habite la Nouvelle-Hollande, rivière
des Cygnes, et il se nourrit presque exclu-
sivement de Fourmis, comme l'indique son
nom.
Une seconde espèce, décrite également
par M. Waterhousse et désignée sous la dé-
nomination de M. Diemensis , se trouve,
comme l'indique son nom , à la terre de
Van-Diemen. (E. D.)
MYRMECODA ( ^pu^oS-o; , semblable
à une fourmi), ins. — Genre d'Hyméno-
ptères porte- aiguillons, famille des Mutil-
liens, établi par Latreille sur des femelles
du genre Thijnnus. En conséquence, ce
genre doit être supprimé. Voy. thynnus.
MT'IUIECODIA (pvppn»wià»ç, semblable
aune verrue), bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Rubiacées-Cofféacées-Guettar-
dées, établi par Jack (in Linn. Transact.,
XIV, 122).
Ses principaux caractères sont : Calice
presque entier; corolle quadrifide, dont le
tube est velu intérieurement près de l'inser-
tion des étamines ; étamines 4, plus courtes
que la corolle; style plus long que les éta-
mines, terminé par un stigmate simple. Le
fruit est une baie ovée , quadriloculaire et
tétrasperme.
L'espèce principale de ce genre a été nom-
mée par l'auteur Myrmecodia tuberosa; elle
a été décrite et figurée par Rumphius (Herb.
Amb., VI, p. 119 , t. 55, f. 2). C'est une
plante parasite sur les troncs des vieux ar-
bres; elle a la forme d'un tubercule grand
et irrégulier, duquel s'élèvent quelques bran-
ches courtes , à l'extrémité desquelles sont
situées les feuilles, Celles-ci sont opposées,
pétiolées,obovales-oblongues avec une courte
pointe, atténuées sur le pétiole, entières et
très lisses.
Cette plante croît aux îles Moluques.
*MYRMECO\SORPIiUS ( pvou,^, four-
mi ; f.opcpï, forme), ins. — M. Westwood
a désigné sous cette dénomination , dans la
famille des Proctotrupiens , un genre qui
paraît différer fort peu du genre Labeo. Il
n'y rattache qu'une seule espèce , le M. ru-
fescens Westw. (Bl.)
*MYRMECOPHAGA (P.vPF^, fourmi;
<pa;.w, je mange), ois. — Groupe de Merles
indiqué par M. de Lacépède (Mém. de l'Ins-
titut, 1800-1801). (E. D.)
*MYRMECOPHAGA. mam.— Voy. l'ar-
ticle FOURMILIER. (E. D.)
"MYRMECOPHAGINEJG. mam. —Fa-
mille d'Edentés, indiquée par M. Lesson
(Nouv. tabl. du règ. anim. , Mam. , 1842),
et comprenant principalement le genre Four-
milier ( Voy. ce mot). Les noms de Myrmc-
cophagi , Vicq - d'Azyr ; Myrmecophagidœ,
C. Bonap. ; et Myrmecophdgina , Gray,
sont synonymes de Myrmecophagineœ.
(E. D.)
* MYRMCOPSIS (pippiiE, fourmi;
<&J, , aspect), ins. — M. Guérin (Voyage de la
Coquille) désigne ainsi un genre que d'au-
tres en tomologistes ne séparent pas des Thym^
nus. Voy. ce mot. (Bl.)
*MYRMECOPTERA ( pvftxtg , fourmi ;
wte'pov, aile), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Carabiques, tribu des
Cicindélètes , créé par Germar (Magasin de
Zoologie, 1843, p. 124; Iiev.zool., 1844,
p. 208). Il ne se compose encore que d'une
548
MYR
MYR
espèce : M. egregia, qui a été rapportée de
Nubie (Fasogl). (C).
*MYRMEDONIA GwPf«}Ç, fourmi ; <Wu,
troubler ). ins. — Genre de Coléoptères hé-
térotarses, famille des Brachélytres, tribu
des Aléochariniens,créé par Erichson (Gen.
et sp. Slaphylinorum, p. 35). Il se com-
pose de 30 à 40 espèces , dispersées en Eu-
rope, en Asie, en Afrique et en Amérique.
L'auteur les divise en aptères et en ailées.
Nous citerons comme faisant partie de ce
genre, les M. canaliculata, obscura¥.,lim-
bata, collaris Pk. , humer alis , funesta,
lugens et fulgida Grav. Erichson a observé
4 articles aux tarses des quatres pattes an-
térieures , et 5 aux postérieures. Ces In-
sectes vivent cachés sous les feuilles, sous les
détritus qui avoisinent les fourmilières, et
font leur proie des Insectes qui les habitent.
Ayant renfermé des Myrmedonia avec les
précédents , nous avons trouvé ceux-ci peu
de temps après privés de leurs têtes. Les
Myrmedonia exsudent par leur corps une li-
queur huileuse, qui est d'une odeur fétide.
(C.)
MYRMEGES. ins.— M. Duméril désigne
ainsi une famille d'Insectes hyménoptères ,
qui correspond à la famille des Hétérogynes
de Latreille, et à la tribu des Formiciensde
M. Blanchard.
MYRMELEON. ins. — Nom scienti-
fique des Fourmilions. Voy. ce mot.
MYRMELEONIDES. Myrmeleonides.
ins. — Famille de l'ordre des Névroptères, de
la tribu des Myrmeleonides. Les Insectes
qui la composent présentent les caractères
suivants (Blanch., Hist. des Ins., édit. Fir-
min Didot) : Antennes plus ou moins lon-
gues , mais toujours renflées vers l'extré-
mité. Corps long et grêle; palpes grêles, de
5 articles. Mandibules fortes, mais courtes,
unidentées intérieurement. Yeux très sail-
lants ; ailes larges et longues, très réticulées.
M. Blanchard n'admet que 3 genres dans
cette famille; ce sont: Myrmeleon, Linn.;
Ascalaphus, Fabr., et Haplogenius, Burm.
MYRMELÉONIENS. Myrmeleonii. ins.
— Tribu de l'ordre des Névroptères, carac-
térisée par des ailes planes , presque d'égale
grandeur; par des appendices buccaux de
consistance solide ; par des tarses de cinq
articles; des antennes filiformes, multi-
articulées, etc. Nous diviserons cette tribu
en quatre familles; ce sont les Myrmeleo-
nides, les Némoplérides , les Hémérobiides
et les Panorpides. (Bl.)
*MYRMEMORPHA (plpfMg , fourmi ;
p.opepvî, forme), ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères , famille des Musciens,
tribu des Muscides , tribu des Hétéromy-
zides, établi par M. Léon Dufour (Ann. des
se. nat. , 1833 , 218 ) pour un petit Insecte
trouvé en Espagne sur des Gramens.
L'unique espèce de ce genre a été nommée
par l'auteur M. brachyplera. (L.)
MYRMICA (pwppiÇ, fourmi), ins. —
Genre de la tribu desFormiciens, de l'ordre
des Hyménoptères, établi par Latreille sur
quelques petites espèces, dont les mandi-
bules sont triangulaires et les palpes maxil-
laires fort longs, composés de six articles.
Le type du genre est la M. rubra ( Formica
rubra) Lin. Voy. l'article fourmi. (Bl.)
MYRMICITES. Myrmicilœ. ins. —
Groupe de la famille des Formicides , de
l'ordre des Hyménoptères , caractérisé par
l'abdomen, dont le premier segment forme
deux nœuds, et par la présence d'un aiguil-
lon chez les femelles. Nous rapportons à ce
groupe les geures Cryptocerus, Lath.; Atla,
Fabr.; /Ecodoma, Latr.; Eriton, Latr.; Myr-
mica , Latr. Voy. l'article fourmi. (Bl.)
*MYRMIDON. mam.— M. Wagler (Syst.
d'Amph. , 1820) donne ce nom à un groupe
d'Édentés. (E. D.)
*MYRMIDONE. bot. ph. — Genre de la
famille des Mélastomacées, établi par Mar-
tius (Nov. gen. et sp., III, 149). Arbris-
seaux du Brésil. Voy. mélastomacées.
MYRMOSA. ins. — Genre de la famille
des Mutillides, de l'ordre des Hyménoptè-
res , établi par Latreille et adopté par tous
les entomologistes. Les Myrmoses se recon-
naissent à des antennes presque filiformes,
à des mandibules tridentées dans les mâles
et bidentées dans les femelles, etc. On con-
naît un petit nombre d'espèces de ce genre
dont le type est la M. melanocephala Fabr.
(alra Panz.), qui est répandue dans une
grande partie de l'Europe. (Bl.)
MYRMOTHERA. ois. — Genre d'Oi-
seaux créé par Vieillot aux dépens de l'an-
cien groupe des Fourmiliers. Voy. ce mot.
(E.D.)
MYROBALANÉES. Myrobalaneœ. bot.
IY1YR
MYR
5i'J
j>h. — Tribu de la famille des Gombrétacées.
Voy. ce mot.
MYRQBALANS. bot. ph. — Ce nom a
été donné, en Pharmacologie, aux fruits de
diverses espèces de Terminalia. Voy. ce
mot.
MYROBALANUS, Gœrtn. (II, 90, t. 97).
bot. ph. — Voy. terminalia, Linn.
MYRODENDRON , Schreb. ( Gen. , n.
901). bot. ph. — Syn. d'Humirium, Mart.
MYRODIA (pupov, parfum), bot. ph. —
Genre de la famille des Sterculiacées-Hélie-
térées, établi par Schreber (Gen., n. 1147)
et ne comprenant que trois espèces décrites
parDeCandolle (Prodr., 1,477). Ce sont des
arbres ou des arbrisseaux de l'Amérique tro-
picale qui répandent une légère odeur aro-
matique.
MYROSMA ( pv'pov , parfum ; larf ,
odeur), bot. ph. — Genre de la famille des
Cannacées, établi par Linné fils (SuppL, 8)
pour des herbes de l'Amérique tropicale.
Voy. CANNACÉES.
MYROSPERME. Myrospermum (^vp°v,
parfum; cm/ppia, graine), bot. ph. — Genre
de la famille des Légumineuses-Papiliona-
cées, tribu des Sophorées, de la Décandrie
monogynie dans le système de Linné. Con-
sidéré dans les limites que lui assignent
MM. De Candolle, Bentham, Endlicher, etc.,
il correspond aux Myrospermum de Jac-
quin, Kunth, ou Calusia de Bertero, et aux
Myroxylon de Mutis , ou Toluifera, Linn.
En effet , les seuls caractères qui distin-
guent ces deux genres , et qui consistent
dans les filets des étamines persistants chez
ceux-ci et non chez ceux-là, dans les ovules
au nombre de 2 seulement chez les der-
niers, et chez les premiers de 5 ou 6, parmi
lesquels 1 ou 2 seulement se développent en
graines, ces caractères sont évidemment in-
suffisants pour séparer des groupes géné-
riques, et ne peuvent indiquer que de sim-
ples sous genres. Circonscrit de la sorte, le'
genre Myrosperme se compose d'arbres ou
d'arbrisseaux des parties chaudes de l'Amé-
rique, devenus célèbres pour les baumes
qu'ils produisent. Leurs feuilles, pennées
avec foliole impaire, sont marquées de
ponctuations et de lignes transparentes;
leurs fleurs, blanches ou rosées, forment des
grappes axillaires et terminales, et se dis-
tinguent parles caractères suivants: Calice
largement campanule, comme tronqué à
son bord, ou à 5 dents très peu prononcées ;
corolle papilionacée , dont l'étendard est
large et presque arrondi, étalé, dont les
ailes et la carène constituent 4 pétales dis-
tincts, linéaires- lancéolés , un peu plus
courts; 10 étamines libres; ovaire rétréci
en pédicule à sa base, oblong, 2-6-ovulé,
portant un peu au-dessous du sommet et
sur le côté un style filiforme. Le légume re-
pose sur un pédicule nu inférieurement,
largement ailé d'un côté à sa partie supé-
rieure; il est indéhiscent, et renferme une
ou deux graines plongées dans une matière
pulpeuse balsamique provenant de la liqué-
faction de leur tégument.
a. Calusia, Bertero ; Myrospermum, Jacq.,
Kunth. Étamines à filets persistants; ovaire
à 5-6 ovules, dont 1-2 seulement se déve-
loppent en graines.
b. Myroxylon , Mutis. Étamines à filets
tombants ; ovaire 2-ovulé. A ce sous-genre
appartiennent deux espèces d'un grand inté-
rêt, sur lesquelles nous devons nous arrêter :
1. Myrosperme baume du Pérou, Myro-
spermum peruiferum DC. Cette espèce
forme un arbre à rameaux arrondis, verru-
queux , glabres , de couleur fauve ; ses
feuilles sont pennées, avec impaire, com-
posées au moins de 11 folioles égales entre
elles, alternes, oblongues, obtuses et échan-
gées, arrondies à leur base, quelquefois en
cœur, très entières, marquées d'un réseau
de veines, à ponctuations pellucides, arron-
dies ou allongées , coriaces , glabres à leurs
deux faces, mais légèrement pubescentes sur
leur côte médiane, luisantes en dessus, un
peu plus pâles en dessous; leur pétiole com-
mun est flexueux. Ses fleurs forment de
nombreuses grappes souvent ramassées à
l'extrémité des petits rameaux, longues do
près de 2 décimètres; elles sont blanches,
penchées , assez longuement pédiculées. Le
légume est presque coriace, long de plus
d'un décimètre, pédicule compris. Cette es-
pèce croît spontanément dans le Pérou , la
Nouvelle-Grenade, la Colombie. Par les in-
cisions que Ton fait à son tronc et à ses
grosses branches, elle donne une substance
jaune pâle et visqueuse, qui ne tarde pas à
se concréter à l'air, et qui n'est autre que
le Baume du Pérou. Cette matière doit son
odeur balsamique si remarquable surtout
550
MYR
à l'acide benzoïque qui y existe en fortes
proportions. Recueillie à sa sortie de l'arbre
dans de petites calebasses, dans de petits
pots ou potiches, ou dans des boîtes de fer-
blanc, elle constitue la qualité supérieure
du baume du Pérou, ou le baume en coque,
qui se distingue par son odeur suave, par
sa couleur rouge-doré, et par sa demi-trans-
parence ; mais cette qualité est aujourd'hui
rare dans le commerce, et celle qu'on y ren-
contre le plus habituellement, et qu'on
nomme baume noir, s'obtient par ébullition
à la manière des extraits; elle se distingue
par sa couleur brun-noirâtre , par sa con-
sistance de mélasse qui augmente avec le
temps, enfin par son odeur beaucoup
moins prononcée et moins suave. Cette ma-
tière arrive souvent sophistiquée. Son ana-
lyse a donné à Stolz : 24 parties d'une ré-
sine brune peu soluble; 207 parties d'une
résine brune soluble; 690 parties d'une
huile volatile particulière; 64 parties d'a-
cide benzoïque; 6 parties d'extractif; 9
d'eau et de perte, sur 1000. Le baume du
Pérou a eu et conserve encore divers usages
en médecine, soit à l'intérieur, soit à l'ex-
térieur, surtout à cause de ses propriétés sti-
mulantes énergiques ; mais aujourd'hui il a
beaucoup perdu de son importance, qui a
passé au baume fourni par l'espace sui-
vante.
2. Myrosperme baume de Tolu, Myrosper-
mum toluiferum A. Rich. Le célèbre au-
teur de la Flore du Pérou, Ruiz , dit, dans
un de ses mémoires, que l'arbre qui vient
de nous occuper fournit à la fois le baume
du Pérou et celui de Tolu. Ces substances
ne diffèrent, selon lui, que par le mode
d'extraction et par la distance des pays d'où
elles proviennent; la première nous vient
en effet du Pérou, la seconde de Tolu, dans
Jâ province de Carthagène. M. A. Richard
avait d'afyord adopté cette manière de voir ;
mais plus tard , en examinant deux échan-
tillons recueillis par M. de Humbolt, il a re-
connu que l'arbre d'où provient la dernière
de ces deux substances constitue une espèce
distincte, à laquelle il a donné le nom qu'elle
porte depuis ( voy. A. Richard, Obscrv. sur
les genres Toluifera et Myroxylum , etc. ;
Annal, des se. natur., lrc sér., t. 2, p. 168).
Cette espèce forme un grand et bel arbre ,
dont le hois , rouge vers le centre , a une
MYR
odeur de baume ou plutôt de rose; ses ra-
meaux sont arrondis, verruqueux et glabres ;
ses feuilles sont composées généralement
de 7 folioles , dont la terminale, de forme
ovale-oblongue, est la plus grande, et dont
les autres vont en décroissant graduellement
de grandeur; ces folioles sont minces, acu-
minées au sommet , très entières et légère-
ment ondulées à leurs bords , marquées de
points et de petites lignes pellucides, très
glabres, luisantes, également vertes à leurs
deux faces ; leur pétiole commun est très
légèrement flexueux , anguleux , glabre.
Cette espèce abonde dans les hautes savanes
de Tolu, près de Corozol ; elle est rare dans
les montagnes de Turbaco, et se retrouve
sur les bords de la Madelaine. Elle donne le
baume de Tolu parles incisions faites à son
tronc et à ses grosses branches. Cette sub-
stance nous arrive en morceaux de grosseur
variable, aplatis, de couleur jaune-fauve ou
rouiieàtre, luisants, translucides; sa saveur
est chaude et douceâtre , laissant un léger
sentiment d'âcreté au bout de quelque
temps; son odeur est très suave; elle res-
semble beaucoup à la qualité supérieure du
baume du Pérou, dont elle partage au reste
les propriétés, mais à un degré plus pro-
noncé. Ses usages médicinaux sont ana-
logues à ceux de cette dernière substance,
en place de laquelle on l'emploie presque
habituellement aujourd'hui; déplus, la
suavité de son parfum lui donne un rôle
important dans la parfumerie, particuliè-
rement en Angleterre. (P. D.)
MYROTHECIUM (M.uPov , parfum ; 9*t*,
thèque). bot. cr. — Genre de Champignons
gastéromycètes , établi par Tode ( Fung.
Meckl. , I, 25, t. 5, f. 38) pour de petits
Champignons qui croissent sur les arbres et
dans les terrains humides.
MYROXYLON. bot. ph. —Genre établi
par Mutis, et qui rentre dans le genre My-
rosperme. Voy. ce mot.
*MYRRHA (nom mythologique), ins.
— Genre de Coléoptères subtélramères
(Trimères aphidiphages de Latreille), créé
par Mulsant (Histoire naturelle des Co-
léoptères de France, 1846, p. 125 ) dans sa
tribu des Sécuripalpes, branche des Haly-
ziaires et rameau de ses Mysiates. Ce
genre a été formé aux dépens des Cocci-
nella, et a pour type : la M. octodecimguttatm
MYR
MYR
iol
de Linné (Coccinella) . Elle habite la plus
grande partie de l'Europe. (C.)
MYRRHE. Myrrha ( f/.uppa , parfum).
chim. — La Myrrhe est une gomme résine
qui nous arrive d'Arabie et d'Abyssinie, et
qu'on présume découler d'un arbre du genre
Amyris ou de quelque autre de la famille
des Térébinthacées. Le Nouveau-Testament
nous apprend que la Myrrhe fut au nombre
des présents que les trois rois venus de l'O-
rient apportèrent au divin fils de Marie
(Saint Matthieu, ch. IV, vers. 11).
La Myrrhe se présente en larmes pesan-
tes, rouges, demi-transparentes, contenant
des stries blanches et semi-circulaires res-
semblant à des coups d'ongle, ce qui lui a
fait donner le nom de Myrrhe onguiculaire.
La saveur en est amère et résineuse ; l'odeur
fortementaromatique et cependant agréable.
La Myrrhe contient, selon Pelletier, 66 de
gomme soluble, et 34 de résine imprégnée
d'une petite quantité d'huile essentielle. Il
résulte de l'excès du principe gommeux que
cette gomme résine est plus soluble dans
l'eau que dans l'alcool. La Myrrhe entre
dans quelques préparations pharmaceutiques
officinales; elle est, du reste, maintenant
peu employée. (A. D,)
MYRiUIlDIUM, DC. (Prodr., I, 657).
BOT. ph. — Voy. pelahgonium, L'Hérit.
*MYRRHIMUM (pîppivoç, de Myrrhe).
bot. ph. — Genre de la famille des Oliniées
(établie aux dépens des Mélastomacées),
créé par Schott (in Sprengel Curt. post.,
404). Arbustes du Brésil. Voy. oliniêes.
MYRRHIS ( fiwppiTvj's , qui a l'odeur de
la myrrhe), bot. piï. — Genre de la fa-
mille des Ombellifères , tribu des Scandicî-
nées , établi par Scopoli ( Flor. carniol. ,
édit. 2,1, 247), et que beaucoup d'auteurs
réunissent au g. Cerfeuil. L'espèce type est
désignée sous les noms de Chœrophyllum
aromaticum L.
MYRSIDIUM, Raf. (Car ait. , t. 20,
f. 12). bot. cr. — Syn. de Dasycladus , Ag.
MYRSINE (pupcu'vY), Myrte), bot. ph.
— Genre de la famille des Myrsinées-
Ardisiées, établi par Linné (Gen., ». 269),
et dont les principaux caractères sont :
Fleurs polygames dioïques. Calice 5-fide,
rarement 4-ou 6-fide; corolle hypogyne,
arrondie, à 5, rarement à 4 ou 6 divi-
sions; étamines 4-6, insérées au fond de la
corolle; filets très courts; anthères dres-
sées , à 2 loges s'ouvrant longitudinale-
ment ; ovaire à une seule loge, 4-5 ovulé;
style simple; stigmate indivis, ou lobé ou
frangé. Le fruit est de nature cornée ou
crustacée, et monosperme par avortement.
Les Myrsine sont des arbustes abondants
dans les régions tropicales du globe. Leurs
feuilles sont alternes, membraneuses, très
entières; leurs fleurs axillaires, réunies en
faisceaux ou en ombelles; les mâles sont
plus grandes que les femelles.
Les espèces de ce genre , au nombre de
trente environ, ont été réparties en deux
sections, nommées par Alph. De Candolle
(in Linn. Transact., XVII, 104 et 112) :
Myrsine : fleurs sessiles ou brièvement pé-
diculées, fasciculées, à bractées imbriquées,
persistantes; Badula : fleurs disposées en
grappes , en panicules ou en ombelles.
On en cultive principalement deux es-
pèces au Muséum d'Histoire naturelle de
Paris ; ce sont les Myrsine af ricana Linn.,
et retusa Ait. (J.)
MYRSINÉES. Myrsineœ. bot. ph. -—
Famille de plantes dicotylédones, monopé-
tales, hypogynes, établie par R. Browa
(Prodr., 532) et généralement adoptée.
Ses principaux caractères sont : Fleurs her-
uhrodites ou quelquefois unisexuelles par
fortement de l'un des sexes, régulières.
Calice libre ou très rarement soudé à la base
de l'ovaire, à 4 ou 5 divisions. Corolle hy-
pogyne ou très rarement périgyne, tubu-
leuse, campanulée ou rotacée, à 4 ou 5 di-
visions profondes, alternant avec celles d*
calice. Etamines insérées au tube ou à la
gorge de la corolle, tantôt en nombre égal
aux lobes de la corolle , opposées à ces der-
niers, et toutes fertiles, à anthères intror-
ses; tantôt en nombre double des lobes de
la corolle: les unes opposées à ces derniers,
et fertiles avec les anthères exlroses, les
autres stériles et alternant avec les divisions
de la corolle. Filets généralement courts,
libres, ou très rarement monadelphes. An-
thères ovales ou oblongues, dressées ou in-
combantes, distinctes ou conniventes,à 2 lo-
ges s'ouvrant longitudinalement ou quelque-
fois par le sommet. Ovaire libre ou, très rare-
ment, soudé à la base du calice, à une seule
loge, contenant un trophosperme central
portant un ou plusieurs ovules. Style court,
552
MYR
MYR
simple; stigmate obtus, aigu, indivis ou ra-
rement lobé. Le fruit est un drupe ou une
baie très souvent monosperme , rarement
oligo- ou polysperme. Graines 4, peltées,
ayant leur tégument simple, leur hile con-
cave, leur endosperme charnu ou corné, et
leur eu bryon cylindrique, un peu recourbé,
placé transversalement au hile.
Les végétaux compris dans cette famille
sont des arbres ou arbrisseaux à feuilles
alternes, rarement opposées ou lernées ,
simples, entières ou dentées en scie, mem-
braneuses, souvent glandulifères, sans sti-
pules. Les fleurs, petites, présentent divers
modes d'inflorescence. On les trouve assez
abondamment dans les régions tropicales
du globe.
La famille des Myrsinées a les plus
grands rapports avec celle des Sapotées (aux
dépens de laquelle elle a été formée), par le
port et plusieurs caractères de fructification.
Elle se rapproche aussi des Primulacées par
les étamines opposées aux lobes de la co-
rolle , par son ovaire uniloculaire et son
trophosperme central; mais le port en est
tout-à-fait différent.
Voici, d'après Endlicher (Gen. plant.,
p. 734), l'énumération des diverses tribus
établies dans cette famille, avec l'indication
des genres que chacune d'elles renferme :
Tribu I. — Ardisiées.
Étamines stériles nulles. Anthères in-
trorses. Ovaire libre. Fruit monosperme.
Vallenia, Swartz ( Petesioides , Jacq. ) ;
Conomorpha, Alph. DC. (Conostylus, Pohl.);
Weigeltia, Alph. DC. ; Cybianthus, Mart. ;
Myrsine, Linn. ; Ardisia, Sw. (Anguillaria,
Gaertn. ) ; Embelia , Juss. ( Ribesioides ,
Linn.; Ribes, Burm.); Choripetalum, Alph.
DG.; Oncoslemum , Adr. Juss. ; Purkinja,
PresL
Tribu 2. — Misées.
Étamines stériles nulles. Anthères in-
trorses. Ovaire soudé. Fruit polysperme.
Mœsa, Forsk. (Bœobotrys, Forst. ; Sibou-
ratia, Th.).
Tribu 3. — Théophrastées.
Étamines stériles visibles. Anthères ex-
trorses. Ovaire libre. Fruit polysperme.
Jacquinia, Linn. (Boncllia, Bert.); Theo-
phrasta , Juss. ; Clavija , Ruiz. et Pav.
( Theophrasta, Linn. ; Eresia, Plum.)
Genres douteux :
Leonia, Ruiz. et Pav. (Steudelia, Mart.) ;
Oncinus, Lour.
A cette liste, il faudrait peut-être ajouter
deux genres à peine connus, et désignés
par Thunberg sous les noms de Othera et
Orixa.
Quant au genre JEgiceras, Gœrtn., qu'on
rapporte généralement à la famille des Myr-
sinées, M. Endlicher (loc. cit.) propose d'en
faire le type d'une petite famille, celle des
JEgicérées , et dont les caractères seraient
alors les mêmes que ceux du genre dont
nous parlons. Voy. .egiceras. (J.)
M1RSIFH1LLUM (^vpcrfvyj, Myrte;
<pu/),ov , feuille), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Liliacées-Asparagées , établi par
Willdenow (in Berl. Magaz., II, 25). Ar-
brisseaux du Cap. Voy. liliacées.
MYRTACÉES. Myrtaceœ. bot. ph. —
Grande et belle famille de plantes dicotylé-
dones, polypétales , à étamines périgynes,
établie d'abord par A.-L. de Jussieu (Gênera,
pag. 322) sous le nom de Myrti, nom qui a
été modifié plus tard en ceux de Myrtées par
le même botaniste , de Myrtinées par A. -P.
DeCandolle, enfin de Myrlacéespar M. Rob.
Brown. Elle se compose de végétaux ligneux,
frutescents ou arborescents, atteignant même,
dans certains cas, de si fortes proportions,
qu'ils figurent parmi les géants du règne
végétal ( Eucalyptus ). Leurs feuilles sont
simples, le plus souvent opposées, dans cer-
tains cas alternes ou verticillées, entières ou
légèrement dentelées, d'un tissu raide et
consistant, quelquefois même épaisses et
demi-cylindriques, parsemées généralement
de petits réservoirs glanduleux d'huile essen-
tielle qui produisent l'effet de ponctuations
translucides, presque toujours dépourvues
de stipules, ou n'en ayant que de très pe-
tites, caduques (quelques Chamaelauciées et
Lécythidées). Ces caractères des feuilles per-
mettent souvent de reconnaître les plantes
de cette famille, même en l'absence des or-
ganes de la reproduction. Les fleurs sont
parfaites, régulières, ou, dans un très petit
nombre de cas, avec un commencement d'ir-
régularité dû à l'inégalité de longueur des
étamines ; leur inflorescence est très va-
riable; leur couleur est blanche, purpurine,
MYR
3VIYR
553
rouge ou jaune , mais jamais bleue. Elles
présentent les caractères suivants : Galice
adhérent à l'ovaire dans toute l'étendue ou
seulement dans la portion inférieure de son
tube, à limbe divisé plus ou moins profon-
dément en 4-5 lobes , quelquefois davan-
tage , à estivation valvaire , parfois sou-
dés en une sorte d'enveloppe fermée dont la
partie supérieure se détache et tombe comme
un opercule au moment de l'épanouissement;
i'intérieur du tubecalicinal est tapissépar un
disque , qui s'épaissit à la gorge en un an-
neau plus ou moins large , sur lequel s'in-
sèrent la corolle et les étamines. Pétales en
même nombre que les lobes calicinaux et
alternes avec eux, souvent petits et presque
squamiformes , ou nuls dans un très petit
nombre de cas. Étamines en nombre très
rarement égal à celui des pétales, assez sou-
vent double, fréquemment multiple et même
très considérable; à filets généralement très
développés, et avec des proportions inverses
de celles des pétales , libres et distincts , ou
soudés entre eux de diverses manières : en
anneau basilaire, en faisceaux opposés aux
pétales et en même nombre que ceux-ci , en
une seule masse asymétrique, etc., assez
souvent entremêlés de filets stériles; anthè-
res introrses, biloculaires, à déhiscence lon-
gitudinale. Ovaire adhérent en entier ou à
moitié, recouvert par le disque; d'organisa-
tion variable comme le montreront les ca-
ractères distinctifs des tribus, mais toujours
surmonté d'un style et d'un stigmate uni-
ques et indivis. Fruit presque toujours cou-
ronné par le limbe du calice qui a persisté,
à loges en nombre variable suivant l'orga-
nisation que présentait l'ovaire, tantôt uni-
loculaire et monosperme, et alors sec , in-
déhiscent, ou s'ouvrant incomplètement en
deux valves, tantôt bi-pluriloculaire , et
alors capsulaire ou en baie. Graines droites,
à test cruslacé ou membraneux, sans albu-
men, à embryon droit ou courbé, dans le-
quel les cotylédons sont très rarement fo-
liacés, souvent courts, obtus, quelquefois
soudés en une seule masse homogène avec
la radicule.
Les Myrtacées présentent des variations
assez nombreuses et assez importantes dans
leur organisation pour qu'il soit facile de les
subdiviser en grandes tribus naturelles,
qui sont même si nettement caractérisées
T. VIII.
que certaines d'entre elles sont considé-
rées comme des familles distinctes par plu-
siei .*, botanistes. Ces plantes ont des rap-
ports plus ou moins marqués avec les Rosa-
cées, desquelles elles se distinguent par leurs
feuilles presque toujours opposées, sans sti-
pules et marquées de points translucides,
ainsi que par leurs carpelles entièrement
soudés en un pistil unique; avec les Mêlas-
tomacées, desquelles elles diffèrent surtout
par la forme de leurs étamines et leur situa-
tion avant l'épanouissement ; avec les Com-
brélacées, desquelles elles s'éloignent par
leurs graines non suspendues ; enfin avec les
Lythrariées et les Onagrariées.
Dans le volume XI du Dictionnaire clas~
sique d'histoire naturelle, et plus tard dans
le volume III du Prodromus , De Candolle a
établi dans la famille des Myrtacées une di-
vision qui a été généralement adoptée , et
que nous allons exposer, en y rapportant ,
d'après M. Endlicher, les genres qui ren-
trent dans ses divers groupes.
Sous-ordre ï. — Cham.elauciées, DG.
Calice à 5 lobes (10 chez les Pilcanthus);
corolle à 5 pétales; étamines le plus sou-
vent en nombre défini, en une seule série ,
généralement entremêlées de filets stériles ;
ovaire uniloculaire, à ovules peu nombreux
portés sur un placenta central; fruit sec,
monosperme, indéhiscent, ou s'ouvrant in-
complètement par le sommet en deux val«
ves. Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande»
ressemblant assez bien pour le port à des
Bruyères; à feuilles opposées, ponctuées; à
fleurs petites, accompagnées de deux brac«
téoles libres ou soudées entre elles.
Calycothrix, Labiil. (Calythrix, Labill.);
Lhotskya, Schauer.; Thrylomene , Endlich.;
Pileanthus, Labill.; Verlicordia, DG. ( Di-
plachne, R. Br.; Chrysorrhoe, Lindl.; a. Eu-
verlicordia, Schauer.; b. Calymatanlhus ,
Schauer. ) ; Chamœlaucium, Desf. ; Homo-
ranthus, A. Cunn. {Evosanthus, A. Cunn.);
Darwinia, Rudg.; Polyzonc, Endlich.; Geno-
tyllis, DC. ; Hedaroma, Lindl. ; Francisai,
Endlich. ; Triphelia , R. Br. (Actinodium ,
Schauer.).
Genre douteux : Barllingia, Brongn.
Sous-ordre IL — Leptospermées, DC.
Calice a 4-6 lobes; corolle à 4-6 pétaW
10
554
MYR
MYR
étamines généralement en nombre indéfini,
libres ou polyadelphes ; ovaire à 2 ou plu-
sieurs loges , contenant ordinairement de
nombreux ovules; fruit capsulaire. Arbris-
seaux et arbres pour la plupart de la Nou-
velle-Hollande , à feuilles opposées ou alter-
nes, presque toujours très entières, ponc-
X tuées.
4
Astartca, DC ; Tristania, R. Br. ; Syn-
I carpia, Ten. (Kamptzia, Nées); Lophoste-
; mon , Schott. ; Lamarcïiea, Gaudic. ; Calo-
thamnus , Labill. (Baudinia, Leschen.; DU-
liottia , Colla.); Beaufortia, R. Br.; Schizo-
pleura , Lindl. (Manglesia , Lindl.); Cono-
thamnus, Lindl.; Mclaleuca, Linn. (Cajuputi,
Adans. ); Eudesmia, R. Br. ; Eucalyptus *
L'Hérit.; Angophora, Cav. ; Callistemon, R.
Br. ( a. Eucollistemon ; b. Penlagonaster ,
Klotsch); Metrosideros (a. Eumelrosideros ,
Endlich. {Nani , Adans.); b. Agalmanthus ,
Endlich.; c. Glaphyranthus, Endlich. (iiTim-
jsea , Rchbch.); Eremœa, Lindl. ; Billiottia,
R. Br. (<4#onis, DC); Hypccalymna, Endl.;
Pericalymna, Endlich.; Salisia, Lindl.; Lep-
tospermum, Forst. ; Fabricia, Gœrtn.; Bcec-
7<;ea, Linn. (Imbricaria , Smith; Jungia,
Gœrtn.; Mollia, Gmel.; Cedreîa, Lour.).
Sous-ordre III. — Myrtées, DC.
Calice à 4-& sépales; corolle à 4-5 pé-
tales ; étamines en nombre indéterminé ,
libres; ovaire bi-pluriloculaire , à ovules
nombreux; fruit charnu, bi-pluriloculaire,
loges le plus souvent 1-spermes par avorte-
ment. Arbres ou arbrisseaux pour la plupart
, des contrées intertropicales, s'étendant aussi
assez haut au-delà des tropiques; un très
; petit nombre de la Nouvelle- Hollande ;
feuilles opposées, très entières, ponctuées.
Sonneratia, Lin. f. ( Aublelia , Gœrtn.;
Pagapate, Sonner. ; Blalli , Rheed.); Neli-
îris, Gœrtn. (Decaspermum, Forst.); Cam-
pomanesia, Ruiz et Pav. ; Psidium, Lin.
{Guiava, Tourn.; Burchardia, Neclc); M.yr-
iws, Tourn. (a. Leucomyrtus, DC; b. Rho-
domyrlus, DC); Myrcia, DC ; Marlierea ,
St-Hil. '^Calyptranthes, Swdrlz.{Chytraculia,
P. Brown ; Zuzygium, P. Brown ; Chytralia,
Adans.; Calyptranlhus , Juss.) Sizygium,
Gœrtn. {Opa, Lour.; Calyptranthus,\Mum.;
Jambolifera, Auct.); Caryophyllus, Tourn.;
Acmena,DC; Eugenia, Michel. {Plinia, Lin.;
Guapurhim, Juss. ; Olinlhia, Lindl.; Greg-
gia, Gœrtn.); Jambosa , Rumph. (Jambos
Adans. ).
Sous-ordre IV.— Barringtoniées , DC
Calice à 4-6 lobes; corolle à 4-6 pétales;
étamines très nombreuses, en plusieurs sé-
ries, dont les filets sont soudés à leur base
en anneau court; ovaire bi-pluriloculaire;
fruit en baie ou sec, évalve, bi-pluriloculaire ;
graines peu nombreuses, à cotylédons char-
nus. Arbres de l'Asie et de l'Amérique tro-
picale; feuilles alternes, rarement opposées
ou verticillées, sans ponctuations translu-
cides.
Barringtonia , Forst. (a. Butonica, Lam.
(Commersonia , Sonner.; Milraria, Gmel.;
Huttum , Adans.); b. Slravadium , Juss.
(Stravadia, Pers. ; Meteorus, Lour. ; Meni-
chea, Sonner.); Careya, Roxb. (Cambea y
Hamilt.); Guslavia, Lin. (Pirigara, Aubl.;
Spallanzania, Neck. ; Teichmeyera, Scop.).
Genres douteux : Fœtidia, Commers.; Ca-
tinga , Aubl. ; Coupoui , Aubl. ; Mongcsia ,
FI. FI.
Sous-ordre V. — Lécythidées, Rich.
Calice à 6 lobes; corolle à 6 pétales;
étamines très nombreuses, en plusieurs sé-
ries , soudées toutes ensemble en un seul
corps qui forme un anneau fortement pro-
longé d'un côté en une sorte de languette
épaisse et recourbée en voûte; fruit sec ou
charnu, indéhiscent ,ou s'ouvrant transver-
salement à sa partie supérieure par une
sorte d'opercule. Arbres d'Amérique à feuil-
les alternes, non ponctuées, entières, par-
fois accompagnées, dans leur jeunesse, de
stipules caduques.
Couratari, Aubl. (Lecythopsis, Schrank) ;
Lecylhis, Lœfl. ; Eschweilera , Mart. ; Ber-
thoiletia , Humb. et Bonp. ( Tonca, Rich.);
Couroupita, Aubl. (Pontoppidana , Scop.;
Elshotzia, Rich.).
Genres entièrement douteux: Grias, Lin.;
Crossoslylis , Forst.; Peotalotoma, DC. (Dia-
toma, Lour.); Rhodamnia, Jack. ; Glaphy-
ria, Jack.
La valeur des cinq grandes tribus dont
nous venons de présenter le tableau n'a pas
été appréciée de la même manière par tous
les botanistes, et plusieurs d'entre elles ont
été élevées au rang de familles distinctes et
JVJYR
*i¥R
séparées par certains auteurs. Ainsi M. Poi-
teau {Mém. du Muséum, tom. XIII , 1825 ,
pag. 141-165) avait considéré les Lécythi-
dées comme formant une famille à part, à
laquelle il assignait comme caractère essen-
tiellement distinctif d'avoir « les étamines
épigynes, monadelphes et en nombre indé-
terminé » ; mais sa famille des Lécythidées
était plus étendue que la tribu de même
nom , puisqu'elle comprenait de plus des
Barringtoniées. M. Ad. Brongniart adopte
une manière de voir analogue, puisque, dans
son Énumération, etc. (1843), il range dans
sa classe des Myrtoïdées (cl. 63) les Myrta-
cées, composées seulement des Chamaelau-
ciées, Leptospermées et Myrtées , et les Lé-
cythidées , dans lesquelles il fait entrer les
Barringtonia et Gustavia , en même temps
que les Bertholletia , Lecythis et Couratari.
M. Lindley va encore plus loin. En effet,
dans son dernier ouvrage (The vegetable
Kingdom, 1846), il place dans son alliance
des Myrtales, et comme familles distinctes :
1° les Chamœlauciées (fam. 276); 2° les
Myrtacées (fam. 282), composées seulement
des Leptospermées et des Myrtées ; 3° les
Lécythidacées (fam. 283); et, d'un autre
côté, il transporte dans son alliance des
Grossales les Barringtoniacées , dont il fait
également une famille à part.
Les Myrtacées se recommandent sous di-
vers rapports. La beautéde la plupart d'entre
elles en fait cultiver un grand nombrecomme
espèces d'ornement (Melaleuca, Metroside-
ros , Callistemon , Myrtus, Eugenia, etc.).
Quelques unes produisent des fruits comes-
tibles très estimés dans les régions chaudes
du globe. Telles sont les Goyaviers (Psi-
dium ), Jambosiers ( Jambosa ), des Euge-
nia , etc. D'autres fournissent des épices
d'un usage très répandu, comme le Giro-
flier ( Caryophyllus ), VEugenia pimenta , le
Calyptranthes aromaticus , etc. Plusieurs
forment des arbres de la plus haute taille ,
dont le bois est très utile pour les construc-
tions , pour les usages industriels et écono-
miques. Enfin il en est un assez grand nom-
bre que recommandent leurs produits ré-
sineux {Eucalyptus) ou leurs propriétés mé-
dicinales. (P. D.)
MYRTE. Myrtus (de ^uPto;, son nom
grec), bot. pu.— Genredeplantes de la famille
des Myrtacées à laquelle il donne son nom.
de l'Icosandrie monogynie dans le système
sexuel de Linné. Établi d'abord par Tour-
nefort avec des limites restreintes, ce genre
fut étendu peu à peu par les botanistes pos-
térieurs, et ses caractères étant tracés assez
vaguement, on en vint bientôt à y com-
prendre une grande partie de la tribu des
Myrtées. Les choses arrivèrent enfin à tel
point , que Swartz et , à son exemple ,
M. Kunth , proposèrent d'y comprendre les
Eugenia, Greggia, Sizygium, Caryophyllus,
Jambosa. Il devenait donc indispensable de
réformer un groupe si étendu et si peu ho-
mogène ; c'est ce qui a été fait par De Can-
dolle dans le 3e volume du Prodromus. Ce
botaniste a non seulement rétabli les genres
qui avaient été confondus avec les Myrtes,
mais encore il a séparé de ceux-ci deux
genres nouveaux : l'un sous le nom de Jossi-
nia, qu'il signalait lui-même comme n'étant
pas assez distinct, et qui en effet n'a pas
été généralement adopté ; l'autre qu'il a
nommé Myrcia , dans lequel entrent déjà
160 espèces , toutes d'Amérique et surtout
du Brésil. Restreint de la sorte, le genre
Myrte comprend aujourd'hui 55 espèces,
dont 20 imparfaitement connues. Ce sont
des arbrisseaux ou des arbres qui habitent
l'Amérique tropicale, plus rarement l'Asie
équatoriale, le midi de l'Europe et les îles
tempérées de l'hémisphère austral , dans
lequel même une de ses espèces ( M. num-
mulari a Poir. ) s'avance jusqu'aux Faikiand.
Leurs feuilles sont opposées, très entières,
marquées de ponctuations translucides.
Leurs fleurs sont blanches ou très rarement
purpurines , portées sur des pédoncules
axillaires , uniflores , et accompagnées de
deux bractéoles; elles présentent les carac-
tères suivants: Calice à tube adhérent, à
limbe 4-5-fide; corolle à 4-5 pétales insérés
à la gorge du calice; étamines en nombre
indéterminé, presque toujours considérable,
en plusieurs séries ; ovaire adhérent, à 2-3
rarement 4 loges, dont l'angle central pré-
sente un placenta biparti , à la face inté-
rieure duquel s'attachent les ovules. Le
fruit est une baie noire ou rouge, couronnée
par le limbe du calice, contenant générale-
ment plusieurs graines (quelquefois une
seule) réniformes, à test osseux, dont l'em-
bryon présente une longue radicule et des
cotylédons très courts, demi-cylindriques.
556
MYU
MïK
De Candolle a divisé les Myrtes en deux
sous-genres :
A. Leucomyrtus : Fleurs blanches ; grai-
nes presque en fer à cheval, dispersées irré-
gulièrement dans les loges à la maturité.
C'est ici que rentrent la presque totalité des
espèces, et que se trouvent compris les Jos-
sinia, DC.
La plus connue et la plus intéressante des
espèces de ce sous-genre est certainement le
Myrte commun, Myrlus communis Lin. Cet
arbrisseau , que les anciens avaient poétisé
en en faisant le symbole du plaisir, abonde
dans tout le bassin de la Méditerranée ,
principalement sur les côtes et dans les îles;
il croît dans les lieux pierreux abrités, et sur
les rochers exposés au Midi. Son port élé-
gant et son joli feuillage en font une plante
des plus gracieuses. Sa tige est très rameuse;
ses feuilles sont petites, nombreuses et rap-
prochées, persistantes, d'un tissu assez con-
sistant, ovales ou lancéolées, aiguës; ses
fleurs blanches , assez petites , sont portées
sur des pédoncules solitaires, uniflores, de
longueur à peu près égale à celle des feuil-
les, ayant à leur sommet 2 bractéoles li-
néaires; leur calice est 5-fide. Son fruit est
presque arrondi, à 2-3-logesqui renferment
des graines réniformes. On possède beau-
coup de variétés du Myrte commun, qui se
rangent en 2 sous-espèces : l'une, plus rare,
croît dans les îles Baléares, dans la Grèce et
dans l'Archipel; elle se distingue par son
fruit blanc, assez gros, de saveur agréable ,
et comestible (il/, communis leucocarpa) ;
l'autre, beaucoup plus commune et plus
largement répandue, que distingue son fruit
noir et plus petit ( M. communis mclano-
carpa). C'est dans celle-ci que rentrent les
nombreuses variétés de cet arbuste que l'on
cultive dans les jardins , et dont voici les
mieux caractérisées : a. M. communis ro-
mand , Myrte romain: feuilles de grandeur
variable, ovales, et pédoncules assez longs.
6. M. communis tarentina, Myrte de Tarente,
Myrte à feuilles de Buis: feuilles ovales, pe-
tites et sessiles; fleurs petites ; fruit plus ar-
rondi, y. M. communis italica, Myrte d'Ita-
lie: branches plus droites; feuilles ovales-
lancéolées, aiguës. <5. M. communis bœtica,
Myrte d'Andalousie ou à feuilles d'Oranger ;
plus élevé, plus ferme; à feuilles ovales-
lancculées, ramassées, s. M. communis lusi-
tanica (M. acuta Mill.), Myrte de Portugal:
feuilles lancéolées - ovales , aiguës; fleurs et
fruits très petits. Ç. M. communis belgica ,
Myrte de Belgique, Myrte moyen : feuilles
lancéolées, acuminées, petites, rapprochées,
dont la côte médiane est rouge en dessous.
•fi. M. communis mucronata ( M. minima
Mill.) Myrte à feuilles de Romarin ou à
feuilles de Thym : feuilles linéaires-lancéo-
lées , acuminées. Ces variétés ont donné
elles-mêmes des sous -variétés encore plus
élégantes qu'elles, mais moins constantes :
les unes à fleurs doubles, d'autres à feuilles
rayées de blanc, de jaune, tachetées des
mêmes couleurs, etc.
Le Myrte commun était le végétal favori
des anciens. Il était consacré à Vénus, et
ses bosquets entouraient toujours les tem-
ples de cette déesse. Des couronnes de Myrte
étaient décernées aux vainqueurs des jeux
de la Grèce; dans les festins, les convives en
ceignaient leur tête. A Rome, deux Myrtes
étaient plantés devant le temple de Romulus
Quirinus pour représenter l'ordre des patri-
ciens et celui des plébéiens. Le parfum de cet
arbuste était extrêmement estimé des peu-
ples de l'antiquité ; ses branches et ses fruits
servaient à parfumer les vins ; on en mettait
des feuilles dans les bains; enfin son fruit
était employé pour aromatiser les mets, et la
plante tout entière servait fréquemment en
médecine. De nos jours, le Myrte a perdu de
cette haute faveur ; on sait cependant qu'il
est cultivé dans presque tous les jardins et
qu'il compte parmi les espèces d'ornement
les plus répandues. Dans les lieux mêmes où
il croît spontanément, on l'admet habituel-
lement dans les jardins comme plante d'or-
nement; on en fait particulièrement des
haies que son feuillage serré et frais rend
touffues et d'un bel effet. Dans nos climats,
on le cultive en terre légère, à une exposition
méridionale, en ayant le soin de l'enfermer
dans l'orangerie pendant l'hiver. Il se mul-
tiplie aisément par boutures, marcottes, grai-
nes ou rejetons. Considéré sous le rapport
de ses propriétés médicinales et de ses usa-
ges, le Myrte commun se range dans la ca-
tégorie des végétauxaromatiques, astringents
et toniques. De là, ses feuilles et son écorce
étaient employées autrefois en décoction et
quelquefois en poudre pour des lotions et
des bains. On obtenait aussi de ses feuilles
MYR
MIS
>07
et de ses fleurs une eau distillée qui était en
grande réputation, ainsi que l'atteste le nom
d'eau d'ange qu'elle avait reçu. Aujourd'hui
ces divers usages sont abandonnés, et les
seuls qui permettent de compter le Myrte
parmi les végétaux utiles consistent dans
l'emploi de ses feuilles, en Italie et en Grèce,
pour le tannage, et dans celui de ses fruits,
en Toscane, en guise de poivre.
2. Nous nous bornerons à signaler en peu
de mots le Myrte Ugni, Myrtus Ugni Molina,
espèce du Chili où les indigènes lui donnent
le nom d'Ugni, et les Espagnols celui de
Murtilla. C'est un arbuste à odeur de musc,
déforme arrondie, que distinguent ses feuil-
les ovales-aiguës, glabres; ses pédoncules
uniflores, presque recourbés, un peu plus
longs que la feuille à l'aisselle de laquelle ils
se trouvent; et surtout son calice à 5 lobes
réfléchis. Son fruit rouge, arrondi ou ovoïde,
assez gros, sertàla fabrication d'une liqueur
estimée dans le Chili, et que l'on dit com-
parable aux meilleurs vins muscats.
B. Rhodomyrtus. Fleurs roses; graines
comprimées-planés , rangées régulièrement
en deux séries dans chaque loge. Ce sous-
genre a été établi pour le Myrte cotonneux,
Myrtus tomentosa Ait., joli arbustede l'Inde
que l'on cultive dans nos climats en serre
tempérée, et que distinguent ses feuilles
ovales, à 3 nervures, cotonneuses à leur
face inférieure. Ses fleurs, plus grandes que
celles du Myrte commun, sont d'un rose dé-
licat, sur lequel se détache le rouge assez vif
des filets. On le multiplie de boutures faites
sur couche chaude. (P. D.)
MYRTÉES. Myrleœ. bot. ph. — Sous-
ordre ou tribu de la famille des Myrtacées.
Voy. ce mot.
MYRTILINE (ressemblant au fruit de
l'Airelle myrtille), infus. — Genre proposé
par M. Bory de Saint-Vincent dans sa fa-
mille des Urcéolariées, mais qu'on doit
supprimer comme établi seulement sur un
des états de certains Vorticelliensqui, après
s'être développés par gemmation ou fissi-
parité sur des pédoncules simples ou ra-
meux, deviennent libres et nagent dans les
eaux, en présentant la forme que rappelle
le nom de Myrtiline. Ce sont particulière-
ment des Epislylis à l'état de liberté qui
ont servi à l'établissement de ce genre;
ainsi la Myrtilina fraxinea paraît provenir
de VEpistylis digitalis (Vorticella digitalis
Millier), et la Myrtilina cratœgaria pro-
vient de VEpistylis flavicans. Voy. vorti-
celle. (Dm.)
MYRTILLÏTES. polyp. — Dénomina-
tion employée autrefois par les naturalistes
pour désigner de petits Spongiaires fossiles,
qui ont une certaine ressemblance avec les
fruits de l'Airelle myrtille, et qu'on prenait
aussi pour des fruits pétrifiés. (Dcj.)
MYRTIFHYLLEM , P. Brown (Jam.,
152). bot. ph. — Syn. de Psychotria, Linn.
MYRTUS. bot. ph. — Voy. myrte.
*MYSATELES Qwç, rat; à-rsX^ç, incom-
plet), mam. — M. Lesson (Nouv. Tabl. du
règn. anim., Mam., 1842) indique sous ce
nom un genre de Rongeurs formé aux dé-
pens du genre Capromys, et ayant pour type
le Capromys prehensilis Pœpp. Voy, l'arti-
cle capromys. (E. D.)
♦MYSCEBUS (P.3ç, rat; xTtfoç, singe).
mam. — M. Lesson (Spec. des Mam., 1840, et
Tabl. du règn. anim. Mam., 1842) donne ce
nom à un groupe de Lémuriens, ayant pour
type une espèce qu'il désigne sous le nom de
Myscebus palmarum, et qui provient de Ma-
dagascar. Voy. l'article maki. (E. D.)
MYSCOLUS. bot. ph. —Genre de la fa-
mille des Composées-Cichoracées, établi par
Cassini (in Dict. se. nat. , XXV, 60;
XXXIV, 83). Herbes méditerranéennes.
Voy. COMPOSÉES.
*MYSïA ( Mysia , nom mythologique).
ins. — Genre de Coléoptères subtétramères
(Trimères aphidiphnges de Latreille), éta
bli par Mulsant ( Histoire naturelle des Co-
léoptères de France, 1846, p. 129), et que
l'auteur place dans sa tribu des Sécuri-
palpes. Le type est la M. oblongo - gullata
de Linn. { Coccinella) . Elle est aphidiphage ,
habite une partie de l'Europe, et vit aux
dépens des pucerons des Pins. (C.)
*MYSIENS. Mysil. crust. — M. Milne-
Edwards, dans son Histoire naturelle des
Crustacés, désigne sous ce nom une tribu
qu'il place dans l'ordre des Stomapodes et
dans la famille des Caridioïdes. Les Mysiens
ressemblent tellement aux Salicoques, que,
jusqu'à ces derniers temps, on a rangé toutes
les espèces connues alors dans la section des
Décapodes macroures, où ils formaient une
famille particulière désignée sous le nom de
Schizopodes. Leur carapace s'étend jusqu'à
i>58
MYS
MYS
la base des pédoncules oculaires, et pré-
sente , en général , au milieu du front, un
rostre rudimentaire. Les antennes sont insé-
rées sur deux lignes et conformées comme
chez les Salicoques , si ce n'est que l'appen-
dice lamelleux de celui de la seconde paire
est moins grand. La bouche est située tout
près de la base de ces derniers , et se com-
pose essentiellement d'une lèvre , d'une
paire de mandibules garnies d'une tige
palpiforme, d'une lèvre inférieure, et de
deux mâchoires lamelleuses ; quelquefois
toute la série des membres , qui fait suite à
ces appendices, appartient à l'appareil de la
locomotion ; mais d'autres fois une ou même
deux paires de ces organes constituent des
pattes-mâchoires, sans toutefois que leur,
forme diffère beaucoup de celle des pattes
thoraciques. Ces pattes présentent chacune
deux branches très développées , et portées
sur un article basilaire très court, de ma-
nière qu'elles paraissent être bifides dès leur
base; enfin , l'abdomen est de longueur mé-
diocre, et les fausses pattes, fixées à ces
premiers anneaux, sont quelquefois rudi-
mentaires.
Cette tribu renferme trois genres bien
caractérisés, désignés sous les noms de My-
sis , Cynthia et Thysanopoda. Voyez ces
mots. (H. L.)
MYSIS ( nom mythologique), crust. —
Genre de l'ordre des Stomapodes, de la fa-
mille des Mysiens, composé de quelques
petits Crustacés, qui, par la forme générale
de leur corps , ressemblent extrêmement
aux Salicoques, et qui, à raison de cette
analogie , ont été rangés , par la plupart des
naturalistes, parmi les Décapodes, mais
l'absence complète de branchies et la con-
formation des membres semblent les rap-
procher davantage des Amphions et des au-
tres Stomapodes; et tout en reconnais-
sant qu'ils établissent le passage entre ces
deux ordres, M. Milne Edwards a cru de-
voir les placer ici plutôt que dans l'ordre
des Décapodes : marche qui, au reste, a été
aussi adoptée par Latreille dans ses der-
niers ouvrages. Ces Crustacés ont le corps
étroit, allongé; leur carapace recouvre l'ex-
trémité antérieure du front, ainsi que la
majeure partie du thorax; les antennes in-
ternes s'insèrent au-dessous des yeux; il
n'y a point de branchies thoraciques; il y
a une ou deux paires de pattes-mâchoires ;
les pattes postérieures sont complètes ; les
fausses pattes abdominales sont très petites
et dépourvues d'appendices branchiaux ;
l'abdomen est allongé , presque cylindrique,
et graduellement rétréci d'avant en arrière.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, il n'existe
aucun vestige de branchies, soit à la voûte
des flancs, soit à la base des pattes, soit à
la partie inférieure de l'abdomen , et le seul
appendice qui paraisse être modifié dans sa
structure, de manière à devenir plus propre
que le reste du corps à remplir la fonction
d'un organe de respiration, est le fouet des
pattes-mâchoires de la première paire, dont
la disposition est du reste presque la même
que celle qu'on remarque chez un grand
nombre de Crustacés pourvus de branchies.
Quelques auteurs donnent le nom de bran-
chie à l'article basilaire de la branche ex-
terne , ou palpes des pattes thoraciques,
mais sans étayer cette détermination d'au-
cun argument qui puisse la faire adopter.
M. Thompson a observé la circulation des
Mysis, et a constaté que le cœur de ces
Crustacés est allongé , occupe la partie pos-
térieure du thorax, et donne naissance
antérieurement à un vaisseau grêle qui se
porte au-dessus de l'estomac, et se continue
en arrière avec une grosse artère abdomi-
nale; enfin, de chaque côté, il reçoit un
vaisseau qui paraît être un tronc brancho-
cardiaque. Les pulsations du cœur sont si
rapides, qu'elles ressemblent à des vibra-
tions, et le sang est si transparent et si peu
coloré, qu'on n'en distingue le mouvement
qu'à raison des globules qui y flottent.
M. Thompson pense que ce vaisseau abdo-
minal présente de chaque côté, vers son ex-
trémité postérieure, une ouverture garnie
de valvules, par laquelle le sang pénètre
dans deux conduits veineux situés de cha-
que côté de l'intestin , et que c'est par ces
derniers vaisseaux que ce liquide revient
vers un grand sinus situé sous le cœur. Ce
naturaliste a enrichi aussi l'histoire de ces
Crustacés par des observations très intéres-
santes sur leur développement. Ainsi que
nous l'avons déjà dit, les œufs éclosent dans
l'espèce de poche située sous le thorax , et
les jeunes Mysis y demeurent pendant les
premiers temps de la vie; on les y trouve
sériés les uns contre les autres, ayant la
MYS
MYS
559
tête dirigée vers le sternum de ia mère, et
leur corps recourbé en avant. Leur forme
s'éloigne beaucoup de celle des individus
adultes. Les plus jeunes ont la tête grosse
et le corps pyriforrne ; on leur voit de chaque
côté deux petits membres styliformes. Bien-
tôt l'extrémité postérieure s'allonge et se
bifurque , le nombre des membres augmente,
les yeux pédoncules et les antennes se mon-
trent, et les divisions entre la tête, le tho-
rax et l'abdomen deviennent distinctes.
Enfin ce n'est qu'après leur sortie de la
poche ovifère qu'ils acquièrent tout à-fait
la forme qu'ils doivent conserver, et que
la branchie interne de leurs pattes présente
une tige terminale multi-articulée.
Les Mysis habitent TOcéan et la Méditer-
ranée ; ils nagent dans la mer réunis en
troupes nombreuses, et paraissent abonder
surtout vers le Nord. Suivant Othon Fabri-
cius, ces petits Crustacés constitueraient
l'aliment principal des Baleines.
Le Mysis spinuleux , 31ysis spinulosus
Leach , peut être considéré comme le re-
présentant de cette coupe générique ; il se
trouve dans la Manche ainsi que sur les
côtes de la Vendée. (II. L.)
MYSLEMUR. mah. — Syn. de Mijspi-
thecus.
*MYSORINE. min.— Espèce de carbonate
de Cuivre, de la tribu des Adélomorphes,
mais qui n'est peut-être qu'une variété de
la Malachite. Voy. carbonates.
*MYSPITHECES ( f*vç , rat ; wfOrjxoç ,
singe ). mam. — M. de Blainville, d'après
M. Lesson (Sp. des Mamm.> 4 840), in-
dique sous ce nom une des subdivisions du
groupe naturel des Galéopithèques. Voy. ce
mot. (E. D.)
*MYSSOSODUS (fxûç, souris; crwÇw ,
mettre à l'abri), ins. — Genre de Coléoptè-
res pentamères, famille des Carabiques,
tribu des Féroniens, proposé par Megerle ,
et cité par Faldermann (Fauna transcau-
casica, 1, p. 61, 53). Les deux espèces
qu'on rapporte à ce genre sont les M. irre-
gularis Stéven, et Schœnherri Fald. Elles
se rencontrent dans les provinces méridio-
nales de la Russie. (C.)
MYSTACIDA (^v<jraÇ, moustache), ins.
— Genre de l'ordre des Névroptères, tribu
des Phryganiens, groupe des Mystacidites ,
établi par Latrcille ( Fam. nat. ) aux dépens
des Phyganes, et différent des autres espèces
du même groupe par des jambes postérieures
garnies de deux éperons. On en connaît un
assez grand nombre d'espèces , très com-
munes, pour la plupart, aux bords des
eaux. Leurs larves se construisent des four-
reaux minces et allongés; leurs filets respi-
ratoires sont ordinairement très courts et
disposés par bouquet ( M. albicornis , bili-
neata, etc.). (L.)
MYSTACIDITES. Mystacidites. ins. —
Groupe établi par Leach dans la tribu des
Phryganiens, de l'ordre des Névroptères, et
caractérisé de la manière suivante par
M. Blanchard (Hist. des Ins.): Palpes
maxillaires très longs et poilus, de cinq ar-
ticles dans les deux sexes. Ailes pourvues
de nervures transversales. Antennes séta-
cées. Genres: Mystacida, Latr. (Setodes ,
Ramb.); Odonlocera, Leach. Voy. phryga-
niens, pour les détails relatifs à l'organisa-
tion et aux mœurs de ces Insectes. (L.)
*MYSTACIDIUM (fiwraÇ, moustache).
bot. pu. — Genrede la famille des Orchidées-
Vandées , établi par Lindley (in Bot. mag.
compan. , pag. 205). Herbes du Cap. Voy.
orchidées.
*MYSTACL\A (uvVr^, moustache), mam.
— M. Gray (Foy. of Salph. Mamm., 1844)
indique sous ce nom un petit groupe de
Chéiroptères. (E. D.)
MYSTAC11YÉES. Mystacineœ. infus. —
Deuxième famille de l'ordre des Trichodés de
M. Bory Saint-Vincent, caractérisée par des
cirres ou cils mobiles disposés sur une ou
plusieurs parties du corps et rappelant parfois
l'idée de petites moustaches. Elle comprend
les genres suivants, pour cet auteur : Phia-
line , Trichode , Ypsistome, Plagiolrique,
Mystacodelle, Oxytrique, Ophrydie , Tri-
nelle, Kérone et Kondyliostome. (Dm.)
*MYSTACUMJS (mystax, moustache),
ois. — Groupe d<s Fauvettes (voy. sylvic)
suivant M. Boié (his, 1822). (E. D.)
MYSTACODELLE. infus. — Genre
établi par M. Bory de Saint-Vincent dans
la famille des Mystacinées de son ordre
des Trichodés. Ce genre, très peu connu ,
est imparfaitement caractérisé par un corps
antérieurement terminé par une fissure
plus ou moins prononcée, formant comme
des lèvres inégales, qui sont munies de cils
en manière de moustaches. Les Mysla-
560
MYT
MYT
codelles , qui étaient des Trichodes pour
Muller, nous paraissent être plutôt encore
des Kérones ou des Oxytriques plus ou
moins altérés, ou des Systolides incomplè-
tement étudiés ; du moins nous n'avons
jamais vu que des Infusoires de ces deux
derniers genres, ou certains Systolides, qui
offrissent quelque ressemblance avec les
Mystacodelles qu'on a décrites. Celles-ci
d'ailleurs sont les Trichoda uvula, Tr. for-
fex , Tr. index , Tr. forceps , et Tr. cycli-
dium de Muller. (Dm.)
MYSTICETUS. mam. — Voy. l'article
BALEINE.
MYSTP.IOSAURUS rept. — Voy. cro-
CODILIENS FOSSILES.
*MYSTROCEROS ( pv<TTP0ç , espèce de
cuiller; x/paç , antenne), ins. — Genre de
Coléoptères pentamères, famille des Lamel-
licornes, tribu des Scarabéides Mélitophiles,
créé par Burmeister (Handbuch der Ento-
mologie). L'espèce type, M. dives Westw.,
est originaire du Bengale. (C.)
*MYSTROMYS (pv<TTpoç, ruiller ; pïïç,
rat), mam. — Petit groupe de Rongeurs de
la division des Rats (voy. ce mot) indiqué par
M. Wagner (m Wiegm. arch., 1841 ). (E.D.)
*MYSTROPTERUS (p.v<7Tpoç, espèce de
cuiller ; wrepav, aile), ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères , famille des Carabi-
ques, tribu des Scaritides (Bipartis de Lat.),
créé par de Chaudoir {Bulletin de la Soc.
imp. des Nat. de Moscou, 1842, p. 13), et
qui a pour type une espèce d'Orient , le
M. cœruleus de l'auteur. (C.)
*MYTHIJMNA. ins. — Genre de Lépi-
doptères nocturnes , tribu des Leucanides ,
établi par Treitschke aux dépens des Leu-
cania, et dont la principale espèce est la
M- turca , qui se trouve en France dans le
mois de juin. On la nomme vulgairement
?ur que.
MYTILACÉS. Mytilacea. moll. —Famille
de Mollusques conchifèresdimyaires, compre-
nant les deux genres Moule etPinne; mais
dans le genre Moule sont corn! rises les Mo-
dioles et lesLithodomes, qui n'en diffèrent
pas suffisamment. Les My tilacés sont caracté-
risés par leur coquille équivalve, mais iné-
quilatérale, ayant ordinairement le sommet
ou le crochet de chaque valve très rapproché
de l'extrémité antérieure, où est situé un
des muscles adducteurs devenu beaucoup
plus petit que le postérieur, à tel point que
Lamarck avait cru devoir ranger les Mytila-
cés parmi les Conchifères monomyaires. Les
Mytilacés ont un pied linguiforme qui sécrète
un byssus filiforme; leur charnière est
sans dent, et leur ligament externe occupe
presque tout le bord dorsal. Comme tous
les dimyaires du premier ordre auquel ils
donnent leur nom, ils ont d'ailleurs les
Icbes du manteau presque entièi-ement dés-
unis. Cuvier, le premier, institua une fa-
mille des Mytilacés; mais il y comprenait à
la fois les Anodontes, les Mulettes, les Car-
dites, les Crassatelles et les Moules, subdi-
visées eiies-mêmes en iiois sous-genres, les
Moules, les Modioles et les Lithodomes, et
il la caractérisait seulement par l'ouverture
du manteau et par la présence d'un pied
servant à ramper, ou à sécréter et fixer le
byssus. En même temps Cuvier plaçait les
Pinnes ou Jambonneaux dans sa famille
des Ostracés, entre les Arondes ou Avicules
et les Arches. Lamarck, de son côté, rappro-
cha tout d'abord les Pinnes et les Moules,
que plus tard il mit dans sa famille des
Byssifères, et il en éloigna les Cardites, qu'il
rangeait dans la famille des Cardiacées.
Dans ses derniers ouvrages enfin, il fit une
famille des Mytilacés pour les seuls genres
Pinne, Moule et Modiole, qu'il voulait con-
sidérer comme des Monomyaires, ainsi que
nous l'avons dit plus haut. Férussac et plu-
sieurs autres naturalistes ont admis aussi
une famille des Mytilacés, mais en en séparant
le genre Pinne pour le reporter auprès des
Avicules , ou bien en rapprochant des
Moules les Arches et les Avicules. Voy.
MOLLUSQUES. (DUJ.)
MYTILICARDE. moll. — Genre établi
par M. de Blainviîle (Traité de Malacologie)
aux dépens des Cardites , et dont la princi-
pale espèce est le Cardita crassicosta. Voy.
CARDITE.
*MYTILÏVIERIA. moll. —Genre établ;
par M. Conrad pour une coquille bivalve ,
équivalve, presque ovale, mince, ayant les
crochets presque en spirale, la charnière
sans dents, avec une fossette linéaire peu
profonde entre les crochets ; deux impres-
sions musculaires assez petites ; impression
palléale avec un large sinus obtus. (Duj.)
MYTILIIVE. infos., systol.— Genre éta-
bli par M. Bory de Saint- Vincent aux dé-
3WYX
MYZ
56i
pcns des Brachions de Mûller, pour les es-
pèces à cuirasse bivalve ou paraissant telle,
plus ou moins renflée au milieu, et souvent
éehancrée ou dentée aux extrémités. La
queue est courte et porte deux stylets droits
et recourbés en dessous ; les mâchoires sont
digitées, et sur la nuque on voit un seul
point rouge oculiforme. M. Ehrenberg a
changé le nom donné par M. Bory en celui de
Salpina. Les espèces les plus connues sont :
le Brachionus mucronalus de Millier, long
d'un quart de millimètre (0m,25), très
L'omrnun dans les eaux douces ; le Br. den-
latus Miill. ; et le Br. tripos. (Dm.)
MYT1LOIDES. moll. — Genre proposé
par M. Brongniart pour des coquilles fossiles
du terrain crétacé, que Ton reconnaît au-
jourd'hui comme des Calillus. (Duj.)
*MYTILOIDES. Myliloides. crust.— Ce
nom, employé par Latreille, dans son Cours
d'entomologie , pour désigner une famille
qui renferme le genre des Limnadia , n'a
pas été adopté par M. Milne Edwards, qui
place ce genre dans la famille des Apusiens.
Voy. ce mot. (H. L.)
MYTILES. moll. — Voy. moule.
MYTELITES. moll. —Dénomination va-
guement employée pour beaucoup de coquil-
les fossiles bivalves inéquilatérales. Les My-
tulites de la craie sont des Calillus ou Inocé-
rarnes. (Duj.)
MYXUME. Myxine (pu?a, mucosité), poiss.
— Genre de Tordre des Chondroptérygiens à
branchies fixes, famille des Suceurs ouCyclos-
tomes , Dumér. , établi par Linné et adopté
par G. Cuvier (Règ. anim., t. 21). Ses princi-
paux caractères sont: Corps anguiforme. Bou-
che terminale, circulaire, en forme de ven-
touse comme celle des Lamproies; dents très
fortes , osseuses; lèvres entourées par huit
i barbillons tentaculaires. Point de nageoires
'paires ; un petit évent percé à la partie su-
périeure des lèvres , et communiquant en
avant dans la bouche. Six branchies. L'in-
testin est simple et droit , mais large et
glissé à l'intérieur. Le foie a deux lobes.
Les espèces de ce genre habitent l'Océan.
Nous citerons principalement la Myxine glu-
Îineuse, M. glutinosa L., dont Bloch a fait
îon genre Gastrobranche {voy. ce mot); et
la Myxine de Domeey, M. Dombeyi Lac, sur
laquelle M. Duméril a fondé son g. Epta-
trèrne. (M.)
T. VIII.
*MYXODES (av^toS-cq , muqueux.) poiss.
— Genre de l'ordre des Acanthoptérygiens ,
famille des Gobioïdes , établi par G. Cuvier
(Règ. anim., t. II, p. 238), et caractérisé prin-
cipalement par une tête allongée ; un museau
pointu, saillant au-devant de la bouche ; par
des dents disposées sur un seul rang à cha-
que mâchoire; parle corps plat et comprimé.
On en connaît trois espèces (Myxodes viri-
dis , ocellatus et cristatus Cuv. et Val.), qui
viennent des côtes du Chili. Ce sont des
poissons longs de 10 à 12 centimètres, et de
couleur brune, ou grise, ou jaunâtre.
MYXOGASTÈRES. Myœogasleres. bot.
cr. — Groupe établi par Fries (Syst.y III,
67) dans la grande famille des Champi-
gnons. Voy. mycologie.
MYXOMPHALOS, Wallr. {Flor. germ.y
II, 520). bot. cr. — Syn. à'Acinula, Fr.
*MYXONEMA (pwÇoc, mucus; v%a, fila-
ment), bot. cr. — (Phycées.) Ce genre, créé
par M. Fries (Plant, homon.), appartient à
la tribu des Confervées, et est formé de
sept ou huit Algues d'eau douce qui doivent
être réparties dans plusieurs genres ; ainsi le
Draparnaldia tenuis Ag. s'y trouve rappro-
ché du Conferva zonala Web. et Mohr.
Voici les caractères assignés à ce genre :
Filaments Axés, entourés de mucus; endo-
chrome disposé dans chaque article en
bandes transversales. Fries l'avait d'abord
nommé Myxolhryx. (Bréb.)
*MYXOPYRUM(^vÇa, mucosité; irupo'ç,
grain), bot. ph. — Genre de la famille des
Oléacées, établi par Blume (Bijdr., 685). Ar-
brisseaux grimpants de Java. Voy. oléacées
MYXOSPOR1EM , Link. (Spec., II, 98).
bot. cr. — Syn. de Ncmaspora, Pcrs.
*MYXOTRICHEM (^v$a, mucosité; 0pt£,
Tpi'xoç, filament), cot. cr. — Genre de Cham-
pignons hypomycètes , établi par Kunze
(Myc. Heft., II, 108) pour de petits Cham-
pignons noirâtres qui croissent sur les troncs
des arbres.
*MYXOTRYX, Fr. (Slirp. Fems.,p. 44).
bot. cr. — Syn. de Myxonema, Fr.
*MYZANTHA. ois. — Groupe de Méli-
phagiens, d'après MM. Vigors et HorsOeld
(Ilnn. irans.t 1826). (E. D.)
MYZINE (fxvÇtt , je suce), ins. —Genre
de la famille des Scoliides, de l'ordre des
Hyménoptères, établi par Latreille et adopté
nar tous les entomologistes. Les Mysines sont
71
562
NAB
NAG
surtout distingués des autres ScMiites par
leurs mandibules bidentées, et leurs palpes
maxillaires de six articles. Les femelles dif-
fèrent considérablement des mâles par I'é-
^ paisseur de leur corps , par la brièveté de leurs
antennes, par leurs jambes fortement armées
d'épines. Aussi pendant longtemps les deux
sexes de chaque espèce étaient placés dans
des genres différents. On désignait celui que
renfermaient les femelles sous le nom de
Plesia. C'est dans ces derniers temps seule-
ment que les entomologistes ont reconnu
qu'il n'y avait entre les Myzines et les Plé-
sies que des différences sexuelles. On con-
naît un certain nombre de Myzines répan-
dues dans l'Europe méridionale, en Afrique
et dans l'Amérique méridionale. La Myzine
sexfasciaia Rossi est commune dans tout
le midi de l'Europe, et dans le nord de
l'Afrique. (Bl.)
*MYZOMELA. ois. — Groupe de Méli-
phagiens , suivant MM. Vigors et Horsfield
(Linn. trans., 1826). (E. D.)
*MYZOMORPHUS (/*v$o , je suce; ,uoP-
tp-n, forme), ms. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Prioniens,
formé par Dejean (Catalogue, 3e éd., p. 3441
avec une espèce du Brésil, le M. quadrima-
culatus. (C.)
*MYZORMS. ois. — Groupe de Necta-
rinées, créé par M. Hodgson (/. as. Soc.
Beang., 1843). (E. D.)
*MYZOSTOMA 0*vÇa», je suce; ffTc>a,
bouche), annél.? — Leuckart a publié en 1827
la description d'un genre de Vers que l'on a
rapporté à l'ordre des Trématodes, mais qui
n'a pas les caractères de ces animaux, ainsi
que M. Loven s'en est assuré plus récem-
ment. Les Myzostomes sont parasites des
Comatules, et l'on en a trouvé sur l'espèce
de la Méditerranée ainsi que sur celle des
côtes de Norvège. Voici comment M. Loven
résume leurs caractères génériques :
Corps mou, inarticulé, déprimé, dis-
coïde; une trompe rétractile, nue; anus op-
posé à la bouche; des suçoirs latéraux op-
posés; pieds inférieurs articulés, pourvus
de crochets; organes génitaux doubles, sans
crochets.
Plusieurs de ces caractères tendraient à
faire placer les Myzostomes parmi les Anné-
lides sétigères, tandis que d'autres semblent
les en éloigner. (P. G.)
ss
NABALUS,Cass. (inDict. se. wa*.,XLIII,
2S1). bot. ph. — Voy. prenanthes, Gaertn.
*NABEA, Lehm. (Index sem. hort. Ham-
burg. , 1831 ). bot. pu. — Syn. de Macna-
~bia, Ben th.
*KABICULA ( de Nabis), ms. — Genre
de Réduviens (voy. ce mot), voisin de ce-
lui des Nabis, créé par M. Kirby (Fauna
bor. Amer., 1837), et ne comprenant qu'un
petit nombre d'espèces. (E. D„)
NABIS, ms. — Genre d'Hémiptères hété-
roptères, de la division des Géocorises, famille
des Réduviens, créé par Latreille (Gênera
Crust. et Ins., III, 1807) aux dépens des
lieduvius de Fabricius , adopté par tous les en-
tomologistes, et qui, dans ces derniers temps,
a été partagé en plusieurs groupes distincts.
Les Nabis sont principalement caractérisés
par leurs antennes grêles, à articles presque
égaux, par leur corselet conique, leurs cuis-
ses grêles et leur bec très long. Ces Insectes
ont beaucoup de rapports avec les Rcduvim
(voy. ce mot); ils s'en distinguent particuliè-
rement par leurs antennes insérées plus bas,
et par l'extrémité de leur tête n'offrant pas
d'impression transverse. Ils ont les mêmes
mœurs et se nourrissent d'Insectes.
Ce genre ne comprend qu'un petit nombre
d'espèces., et MM. Amyot et Serville (Hémi-
ptères des Suites à Buffon-Roret) n'en décri-
vent que cinq. Nous citerons principalement
le Nabis aplera Latr. (loco citato), Reduvius
aplerus Fabr., qui se trouve communément
aux environs de Paris, vers la fin de l'été, sur
le tronc des arbres. (E. D.)
NABLOMUM. bot. ph.— Genre de la
famille des Composées-Sénécionidées, établi
par Cassini (in Dict. se. nat., XXXIV, 101).
Herbes de la Nouvelle-Hollande. Voy. com-
posées.
*IVACCARIA, Endl. (Gen. pi., p. 6,
n. 68). bot. cb. — Syn. de Chœtospora,
Agardh.
NACELLE, moll. — - Nom vulgaire de la
NAC
NAG
563
Crepidula fornicata , et dénomination pro-
posée d'abord par Lamarck pour le genre
qu'il nomma plus tard Navicelle. (Duj.)
*NACELLE. Cymba. acal.— Genre d'A-
calèphes diphyides, établi par MM. Quoy et
Gaimard pour une espèce trouvée auprès
de Gibraltar, C. sagitta, qu'Eschscholtz
réunit avec l'Ennéagone et la Cuboïde en
,un seul genre, ayant pour caractères : un
conduit nourricier muni de plusieurs petits
tubes suceurs, et une pièce antérieure mu-
nie d'une petite cavité natatoire saillante
comme un tube. Suivant les auteurs de ce
genre et M. de Blainville, la Nacelle est
pourvue d'un grand suçoir exsertile probos-
• cidiforme ayant à sa base un amas d'or-
ganes ovariformes , logée dans une excava-
tion unique , assez profonde , d'un organe
natateur naviforme, recevant et cachant en
partie l'organe natateur postérieur; celui-ci
est sagittiforme, percé en arrière d'un ori-
fice arrondi, couronné de pointes, et creusé
à son bord libre par une gouttière longitu-
dinale. Le corps est gélatineux, résistant et
presque diaphane. M. Lesson admet la Na-
celle comme premier sous-genre des Micro-
diphyes, qui constituent sa tribu entière des
Monogastriques, ayant un seul sac stoma-
cal exsertile, dilatable, probosci forme, por-
teur à sa base d'organes qui semblent être
des ovaires, et logé dans un nucléus unilo-
culaire. L'estomac, allongé, est terminé par
une bouche en ventouse. (Duj.)
*NACERDES («*»p<%, nuisible), ins.—
Genre de Coléoptères hétéromères, famille
des Sténélytres, tribu des OEdémérites,
proposé par Steven et adopté par Dejean
(Catalogue, 3e édit., pag. 250), qui en men-
tionne 29 espèces; 11 appartiennent à l'A-
mérique , 7 à l'Afrique , 4 à l'Australie, 3
a l'Asie, 2 à l'Europe, et 2 sont de patrie
inconnue. Nous citerons comme faisant par-
tie de ce genre les espèces suivantes :
Dryops livida, notata , vittata et suturait*
d'Ol. On rencontre lVéquement la seconde
sur les bâtiments à voiles, et on la reçoit
aussi des divers points du globe. (G.)
*NACIBA. ois. — M. Lesson (Traité
d'Ornithologie, 1831) indique sous cette
dénomination un genre d'Oiseaux voisin
du groupe des Calao. (E. D.)
NACIBEA,Aubl. (Guian., I, 96, t. 37).
bot. pu. — Syn. de Maneltia, Mulis.
♦NACLIA. ins.— Genre de l'ordre des Lé-
pidoptères nocturnes, tribu des Lithosides,
établi parM.Boisduval et adopté par M. Du-
ponchel (Hist. des Lépid. d'Europe). L'espèce
type, Nadia ancilla (Noctua ancilla Linn. ,
Bombyx obscura Fab. , B. ancilla Hubn. ,
Ochs., Callimorpha ancilla God.), habite la
France et l'Allemagne. (L.)
NACRE, moll. — Portion du test de s
Mollusques, douée de reflets brillants iri-
sés , qui tiennent à la structure même de
sa surface , comme on le prouve en prenant
avec la cire à cacheter, avec la gélatine, ou
même avec l'alliage fusible de Darcet, une
empreinte qui montre les mêmes reflets iri-
sés. Toute portion nacrée paraît formée de
lames parallèles très minces, lesquelles par
le polissage sont coupées très oblique-
ment , et présentent des sillons très fins à
la surface. Cependant ce ne sont pas ces
sillons mêmes, comme on l'a supposé, qui
produisent les jeux de lumière particuliers
à la Nacre; c'est plus probablement une
disposition striée de la surface de chaque
lame, puisque là où l'on ne peut supposer
que les lames sont coupées obliquement,
dans l'intérieur des Troques, par exemple,
l'éclat irisé n'est pas moins vif que sur la
Nacre polie artificiellement. Les parties du
test qui sont formées de fibres dressées, pa-
rallèles, comme la couche externe des co-
quilles de Pinne ou de Moule, ne peuvent au
contraire jamais présenter des reflets na-
crés ; voilà pourquoi les marchands et les
amateurs qui veulent donner plus d'éclat
aux coquilles, en dissolvent la couche ex-
terne au moyen d'un acide pour mettre la
Nacre à découvert. La Nacre, qui n'est que
du carbonate de chaux presque seul , mêlé
d'un peu de matière animale, est identique
avec la substance des perles , ou plutôt
celles-ci ne sont que de la Nacre sécrétée
isolément, en forme de globules, dans des
lacunes du manteau. Il n'y a guère de Mol-
lusques à test nacré dans le manteau des-
quels on n'ait eu l'occasion de trouver de
petites perles. Les Mulettes ou Moules d'eau
douce, dans le Rhin et dans les rivières de
l'Europe septentrionale, ont même donné
quelquefois d'assez belles perles ; mais celle
de la grande Avicule ou Pintadine mère-
perle (Meleagrina margaritifera) sont les
plus belles, et ce sont aussi les valves dt
564
InyIvU
cette coquille qui fournissent presque ex-
clusivement la Nacre employée dans les
arts. En effet, pour se procurer quelques
perles seulement, on est obligé de retirer du
fond de la mer un très grand nombre de
ces coquilles, caria plupart sont dépourvues
de ces productions accidentelles ou ano-
males. Plusieurs coquilles des genres Turbo
et Troque fournissent une Nacre très bril-
lante d'un vert doré; certaines Haliotides
ont leur Nacre richement ornée des couleurs
les plus vives et les plus foncées, en zones
sinueuses, ou enroulées et entremêlées de
bandes noires. L'art de fa bijouterie en a
tiré un fort heureux parti. Certains genres
de coquilles, au contraire, sont constamment
dépourvus de Nacre : tels sont toutes les
Conques et les Cardiacés parmi les Conchi-
fères; telles sont aussi toutes les coquilles
terrestres. (Duj.)
NACRÉ (grand et petit), ins.— Nom vul-
gaire de deux espèces de Papillons du genre
Ârgynne, YArgynnislathoniaelVArg. pan-
dora. Voy. argynne,
NACRITE. min. —Substance d'un gris
perlé, en grains faiblement agglutinés qui,
humectés et passés avec frottement entre
les doigts , s'y attachent sous la forme d'un
enduit nacré. Elle fait partie des Silicates
alumineux, et son analyse a donné, d'après
Vauquelin ( Bull, de la Soc. philom. ) : Si-
lice, 56 ; Alumine, 18 ; Potasse, 8 ; Chaux, 5;
oxyde de Fer, 4; Eau, 6; perte, 5. La Na-
crile se trouve en petites masses dans les
fissures des roches micacées et talqueuses
des Alpes.
NADDI. ois. — Espèce du genre Sterne.
Voy. ce mot. (E. D.)
NADINEL. rept. — L'un des noms lan-
guedociens de l'Orvet. Voy. ce mot. (E. D.)
N.EMASPQRA, Ehrenb. (in Hor. phys.,
t. 18, f. 7). bot. cr. — Syn. de Phoma ,
Fries.
N/EMATELLA. bot. cr. — Genre de
Champignons hyménomycètes , établi par
Fries (Syst. II, 327) pour de petits Cham-
pignons qui croissent sur les autres végé-
taux. Voy. MYCOLOGIE.
*N,EMORHEOUS. mam. — M. Hamil-
ton Smith (in Griff. an Kingd. , 1827)
indique sous ce nom une subdivision du
grand genre Antilope, et il n'y place qu'une
espèce, Y Antilope Sumatrensis , dont il dis-
NAÏ
tingue deux variétés , les il. Duvaucelii et
goral. (E. D.)
*N.4EOGENUS (vat'c, j'habite ; -,~, terre).
ins. — Genre d'Hémiptères hétéroptères,
de la famille des Lygéites, créé par M. de
Laporte , comte de Caslelnau ( Essai d'une
classif. des Hémipt., 1833).
Ce genre, qui est très voisin de celui des
Xylocoris, de M. Léon Dufour, ne contient
qu'une espèce, désignée par M. de Laporte
sous le nom de Nœogenus erythrocephalus.
(E. D.)
HTJSSA. crust. — Voy. nésée.
N-/EVIELLE. rept. — Nom français du
Coluber nœvius. (E. D.)
NAGASSARIUM , Rumph. ( Amboin.
auct., t. 2). bot. ph. — Syn. deMesua, Linn.
NAGEOIRE. Pinna. — On donne ce
nom à l'organe locomoteur des Poissons.
Voy. ce mot.
NAGEURS, mam. —Voy. natantia.
NAGEURS. Natatores. ois. —M. Vieillot
( Ornith. ) indique sous ce nom son cin-
quième ordre de la classe des Oiseaux , et
il y place les genres Frégate , Cormoran ,
Pélican, Fou, Paille-en -Queue, Anhinga ,
Grèbe-Foulque, Grèbe, Plongeon, Harle,
Canard, Stercoraire, Mouette, Sterne, Bec-
en-Ciseaux, Pétrel, Albatros, Guillemot,
Macareux, Sphénisque et Manchot. Voy. ces
divers mots. (E. D )
NAGOR. mam. — Une espèce d'Antilope,
Antilope nagor , est devenue , sous la déno-
mination de Nagor, pour M. Ogilby (Proc.
zool. Soc. Lond., 1836), le type d'un petit
groupe distinct, qui n'est généralement pas
adopté. Voy. l'article antilope. (E. D.)
NAÏA. rept. — Voy. naja.
NAÏADE. Najas (nom mythologique).
bot. pu. — Genre de la famille des Naïadces,
établi par Willdenow (in act. Acad. Berolin.,
1798, p. 87). Ses principaux caractères sont :
Fleurs dioïques, solitaires aux aisselles des
feuilles. FI. mâles: Enveloppe double, l'exté-
rieure en forme de coiffe à deux lobes. An-
thère sessile, tétragone, 4-loculaire. FI. fe-
melles : Ovaire sessile, oblong, à une seule
loge uni-ovulée. Styles 2-3, subulés , con-
tinus à l'ovaire et supportant chacun un
stigmate. Le fruit est une nucule mono-
sperme , à épicarpe membraneux.
Les Naïades sont des herbes aquatiques,
abondantes surtout dans les étangs de l'Eu»
NAI
NAI
565
ropecentrnîe; à feuilles alternes, linéaires,
dilatées à la base, dentées, mucronées.
Ces plantes offrent peu d'intérêt, si ce
n'est au cultivateur qui peut en faire d'assez
bons engrais. (B.)
NAÏADE, annél. — Voy. nais.
NAÏADÉES. Naiadeœ. bot. ph. — Fa-
mille de plantes monocotylédones aquati-
ques. A.-L. de Jussieu avait établi sous ce
nom (Gênera, p. 18) une famille qu'il avait
placée à l'extrémité de sa classe des Acoty-
lédons, à la suite des Fougères. La place et
la circonscription assignées par lui à ce
groupe ne pouvaient guère être conservées.
En effet, d'un côté, l'embryon monocotylé-
donési nettement caractérisé de ces plantes
les éloignait des Acotylédons ; de l'autre, on
trouvait réunies dans cette famille hétéro-
gène des Characées (Chara), les Lemnacées
(Lenticula, Tourn.), des Haloragées (Hippu-
ris et Myriophyllum),\es Cératophyllées (Ce-
ratophyllum), des Saururées (Saururus,
Aponogetun), les Callitrichinées (Calhlriche) ,
et les Naïadées proprement dites. Dans son
Tableau du règne végétal, Ventenat modifia
ce groupe , et réunit en une seule famille ,
sous le nom de Fluviales , les genres qui
correspondent à la famille dont nous nous
occupons ici. Cette nouvelle famille a été
admise par la majorité des botanistes , et
elle a reçu postérieurement de L.-C. Richard
le nom de Polamuphdes , et de M. A. Ri-
chard celui de Naïadces, que nous adoptons
ici avec M. Endlicher. Au reste, le nom de
Fluviales est employé encore aujourd'hui
par quelques botanistes , notamment par
M. Kunth (Enumer., III, pag. 111).
Les plantes comprises dans la famille des
Naïadées , telle que la circonscrivent la plu -
part des botanistes modernes, sont des her-
bes aquatiques, submergées, ou qui viennent
seulement fleurir à la surface des eaux ;
leur tige est noueuse, le plus souvent ram-
pante; leurs feuilles sont alternes, très ra-
rement opposées , planes, le plus souvent
entières, embrassantes ou engainantes à
leur base, accompagnées de stipules inlra-
pétiolaires, membraneuses, embrassantes.
Leurs fleurs sont monoïques, rarement dioï-
ques , solitaires ou groupées à l'aisselle des
feuilles, ou bien réunies en épi ; les femelles
sont ordinairement plus nombreuses, et pla-
cées plus haut sur la plante que les mâles.
En guise de périanthe, elles présentent des
enveloppes de forme et d'apparence diver-
ses, tantôt recouvrant l'anthère et se dé-
chirant ensuite plus ou moins irrégulière-
ment, tantôt formant une sorte de cupule
qui entoure la base de l'étamine, tantôt
enfin revêtant tellement les caractères d'un
périanthe normal (Potamogeton) qu'il esfc
difficile de lui en refuser le nom. Les éta-
mines présentent aussi de nombreuses va-
riations : leur anthère est tantôt sessile, tan-
tôt pourvue d'un filet de longueur variable,
à 1-2-4 loges, le plus souvent portées sur
un connectif épais , et contenant un pollen
globuleux dans certains genres, allongé-fili-
forme ou confervoïde dans les autres. Les
pistils sont solitaires, ou groupés par 2 ou 4,
se touchant alors par des faces planes, très
rarement entourés à leur base par un pé-
rianthe rudimentaire ; chacun d'eux ren-
ferme , dans une loge unique , un ovule or-
dinairementsuspendu,plusrarementdressé;
il est surmonté d'un style simple que ter-
mine un stigmate (quelquefois deux) souvent
large et pelté. Le fruit , généralement sec,
renferme une seule graine dressée ou sus-
pendue comme l'ovule, dépourvue d'albu-
men, dont l'embryon présente une longue et
grosse tigelle (embryon macropode L.-C. Ri-
chard), etun cotylédon grêle, parfois enroulé
en crosse, à la jonction desquels existe une
fente gemmulaire.
On voit que les caractères des Naïadées
sont tous sujets à des variations plus ou
moins nombreuses ; aussi peut-on les sub-
diviser en plusieurs groupes ou tribus, divi-
sion qui devient très avantageuse dans un
groupe si polytype. Voici le tableau et les
caractères de ces tribus, tels que les présente
M. Kunth {Enumerat., t. III, p. 111) :
I. Naïadées. Style très court; 2-3 stig-
mates allongés; graine dressée; embryon
droit; pollen globuleux Feuilles ternées ou
opposées, sans nervures, dentelées.
Najas, Lin. ; Cauhnia, Willd.
II. Zostekées. 1 style; 2 stigmates allon-
gés; graine suspendue; cotylédon grêle,
naissant vers un côté de la tigelle; pollen
confervoïde.
Zostera, Lin. (ex parle); Cymodocea,
Kccnig.
III. Posidoniées. Fleurs pseudo -herma-
phrodites, en épi; stigmate presque sessile,
56(
NAÏ
NAI
entier; graine pariétale; cotylédon logé
dans une fente de la tigelle, allongé, courbé-
infléchi ; pollen confervoïde. Cette section de-
vra probablernentêtreréunieà la précédente.
Thalassia, Solan. ; Posidonia, Kœnig.
IV. Ruppiées. Fleurs pseudo-hermaphro-
dites , en épi; stigmate sessile , entier;
graine suspendue; cotylédon supère, grêle,
incombant sur la tigelle; pollen en forme
de boyau , courbé.
Ruppia, Lin.
V. Zannichelliées. Style allongé ; stig-
mate élargi, entier; graine suspendue; co-
tylédon supère, allongé, recourbé en crosse;
pollen globuleux.
Zannichellia, Mien. ; Althenia, F. Petit.
VI. Potamogétonées. Fleurs pseudo-her-
maphrodites , les mâles pourvues d'une brac-
tée; stigmate presque sessile, simple; coty-
lédon supère courbé en crochet ; pollen glo-
baleux.
Potamogeton , Lin.
Certaines des tribus dont nous venons de
donner le tableau ont été élevées au rang
de familles distinctes par quelques botanis-
tes. Telles sont celles des Potamées et des
Zostérées.
Les Naïadées sont répandues dans les eaux
douces et salées de tous les climats. Aucune
d'elle n'est importante par ses applications.
Les seules qu'on puisse citer comme ayant
quelque utilité sont : le Potamogeton natans,
dont le rhizome sert d'aliment en Sibérie ;
et les Zostera, dont les feuilles, rejetées par
les vagues de la mer, sont recueillies pour
servir comme engrais , comme paille d'em-
ballage, et pour la confection de matelas
très peu moelleux , mais économiques.
(P. D.)
NAIDE. annél. — Nom que l'on applique
quelquefois au genre des Nais. Voyez ce
mot. (E. D.)
* NAIDINA. annél. — M. Ehrenberg
(Symb. phys., 1831) donne le nom delVai-
dina à une famille d'Annélides dont le genre
principal est celui des Nais. Voyez ce mot.
(E. D.)
NAIN. Nanus. térat. — On donne ce
nom, en Anthropologie, à tous les indivi-
dus dont la taille est beaucoup plus petite,
relativement, que la taille ordinaire. Voy.
l'article races humaines.
NAIN FLAGEOLET et NAIN D'AMÉ-
RIQUE, bot. ph. — Noms vulgaires de deui
variétés du Haricot renflé, Phaseolus lumi-
dus Savi. Voy. haricot.
*NAINEFJS {Nais et Nereis) annél. —
Genre de la famille des Néréiscolés, établi
par M. de Blainville pour y placer le Nais
quadricuspidata. (P. G.)
NAIS (nom mythologique), annél. —
Genre d'animaux articulés de la classe
des Chétopodes de M. de Blainville, de
celle des Vers de Lamarck, et de celle des
Vers à sang rouge ou Annélides à soie de
G. CuYier et de la plupart des auteurs mo-
dernes. Muller a créé (Die Wurmer der
sussen und Salzigen Vassers , 1771) ce
genre sous la dénomination de Nais, tiré
du surnom mythologique de l'une des Naïa-
des; depuis, ce nom a été légèrement et à
tort modifié par quelques auteurs : ainsi
Bruguière (Planches de l'Encyclopédie métho-
dique) l'indique sous le nom de Nayade, et
d'autres auteurs l'ont désigné sous les noms
de Naide et de Nàiade. Enfin , pour mettre
le comble à la confusion, Lamouroux a pro-
posé la même dénomination de Nais pour
désigner un genre de Polypiers de la famille
des Tubulariées, et auquel on avait antérieu-
rement donné le nom de Plumatelle. Voy.
ce mot.
Les Nais ont pour caractères : Corps plus
ou moins allongé, filiforme, aplati, articulé;
chaque articulation pourvue d'une paire
d'appendices sétacés, simples ou fascicules;
bouche et anus terminaux ; la première sans
tentacules, mais quelquefois avec des points
oculaires.
Ces auimaux ont beaucoup de rapports avec
certaines espèces de Néréides, et surtout avec
les Lombrics; leur canal intestinal est sim-
ple, étendu d'une extrémité à l'autre du
corps, et adhérent à l'enveloppe extérieure
par des brides celluleuses; la bouche es?
ronde, terminale , sans traces de tentacules
ni d'appareil masticateur; l'anus est égale-
ment terminal et arrondi; on voit tout le
long du dos de l'animal un vaisseau flexueux
rempli d'un fluide coloré en rouge, comme
cela a lieu dans les Néréides. Il n'y a aucune
trace de branchies sur aucun des anneaux,
mais tous ou presque tous sont pourvus à
droite et à gauche d'épines calcaréo-cornées
simples et quelquefois fasciculées, mais tou-
jours en petit nombre, un peu comme dans
NAI
NAI
567
les Lombrics. Le système nerveux ne nous
est pas connu.
LesNaïsvivent presque constamment dans
les eaux douces, courantes ou stagnantes ,
^ dans la vase et la terre molle qui les bor-
p, dent, et rarement à découvert. Elles se
nourrissent de très petits animaux infusoires
ou mous qu'elles avalent probablement tout
entiers. Leur mode de reproduction, que
l'on ne connaissait pas bien autrefois, est
l'oviparité. Bosc avait déjà dit que les Nais
pondaient des œufs, et ce fait dont quelques
auteurs doutaient est aujourd'hui tout-à-
fait constaté, surtout d'après les belles ob-
servations de M. Dugès. Les œufs de ces
Annélides, et particulièrement ceux de la
Nais filiformis qui a été le plus étudiée, sont
ronds , blancs et contenus dans une capsule
ovale, et qui présente à chaque pôle un petit
tubercule rappelant celui du cocon de cer-
taines Hirudinées ; la capsule est transparente
et laisse voir les œufs qui sont dans son in-
térieur» Ceux-ci, au moment de la ponte,
semblent composés d'une seule substance
granuleuse, à grains à peu près égaux et de
forme ronde; lors de l'éclosion , les petits
brisent leur œuf avant que la capsule ne
s'ouvre; ils sont mous, sans yeux, comme
les adultes, avec un tubercule ventral quia
quelque chose de celui des Lombrics; leur
bouche étant un peu inférieure , on ne voit
le plus souvent sur les côtés de chacun de
leurs anneaux qu'une seule paire de soies;
mais, dans une certaine position, on en dis-
tingue deux à la plupart comme à la partie
antérieure des adultes; M. P. Gervais, qui
a étudié les jeunes du Nais fiiiformis, n'a pas
vu de soies à faisceaux à l'extrémité posté-
rieure. D'après les expériences de Trembley
et de Roësel , il paraîtrait que les Nais peu-
vent être multipliées artificiellement en cou-
pant transversalement leur corps en plusieurs
tronçons ; et ce fait est aujourd'hui acquis à
la science par de nouvelles expériences.
Plusieurs groupes ont été formés aux dé-
pens des Nais de Millier; mais les espèces
de ce genre sont encore trop peu connues
pour que l'on puisse reconnaître d'une ma-
nière certaine la bonté de ces divisions.
Ocken a formé avec le nom de Dero, qui
correspond à celui de Xantho de M. Dutro-
chet, un groupe pour la Nais digitata de
Millier ; de Lamarck a créé le genre Slylaria
pour la Nais proboscidea ; enfin MM. Ehren-
berg et P. Gervais ont créé plusieurs autres
groupes distincts. Pour nous, nous n'indi-
querons qu'avec doute la plupart des espèces
décrites par les auteurs, et nous suivrons la
classification qui a été indiquée par M. P.
Gervais dans les Bulletins de l'Académie
royale des sciences et belles-lettres de Bruxel-
les (année 1838, t. V, p. 13).
I. Genre JEolosoma, Ehrenberg.
Les articles garnis de faisceaux de soies
bilatéraux ; point de crochets ventraux ; ocel-
les et appendices terminaux nuls.
Trois espèces de ce groupe ont été décrites
par M. Ehrenberg (Symbolœ physicœ); ce
sont les:
JEolosoma Hemprichii Ehr. (loco citalo).
— De Nubie.
JEolosoma décorum Ehr. (idem). — De
Prusse.
JEolosoma quaternapium Ehr. ( ibid. ). —
De Prusse.
M. P. Gervais, qui a changé le nom d'^o-
losoma en celui ù'JEolonais, dit qu'il croit
qu'une espèce de ce groupe a été trouvée
dans l'un des bassins du Muséum d'histoire
naturelle de Paris.
IL Genre Chœtogaster , Ehrenberg.
Point de soies latérales; des crochets sous
le ventre et un faisceau biparti auprès de la
bouche; pas d'ocelles ni d'appendices ter-
minaux.
Les espèces de ce groupe sont les :
Chœtogaster Linnei Baër ( Nova acta nat.
Curios., XIII, pi, 29, f. 22 et 24).— Cette es-
pèce , d'abord trouvée en Allemagne, a été
rencontrée en abondance auprès de Paris, et
on a vu qu'elle se reproduisait à la manière
des autres Nais, par scissiparité. Les nou-
veaux individus se développent à la partie
postérieure de celui qui leur donne nais-
sance.
Chœtogaster furcatus Ehr. (Symbolœ phy-
sicœ). — De Prusse.
Chœtogaster niveus Ehr. {loco citalo). —
De Prusse.
On doit sans doute rapporter à ce groupe
les Nais dtaphana et perversa Grithuisen
(Nov. act. nat. Curios., XIX, pi. 24).
III. Genre Blanonais, P. Gervais.
Des soies latérales et des crochets ventraux;
568
NAI
NAI
corps filiforme, cylindrique, atténué plus ou
moins à ses extrémités; point d'appendices
terminaux; ocelles nuls, d'où est venu le
nom du groupe.
Les espèces sont:
Nais vermicularis Linné, Gm. , Roësel
(Encycl. mélhod., pi. 52, fig. 1). — Commune
partout et se trouvant souvent aux environs
de Paris.
Nais littoralis Linn., Gm., Mull. {Zool.
dan., VI, f. 80, fig. 1-8; Encycl. mélhod.,
pi. 54, fig. 4-10). — De Danemarck; a été
trouvée à la Rochelle.
Nais filiformis Blainv. (Dict. se. nat., t.
XXIV, 1825, p. 120). — Cette espèce, que
l'on peut considérer comme type du genre ,
a le corps très allongé, filiforme, de 5 à 6
pouces de long sur 1/2 ligne de diamètre;
une trompe en avant ; pas de digitations en
arrière ; chaque articulation pourvue d'une
paire de soies longues et grêles. M. de Blain-
ville l'a trouvée dans les ruisseaux delà haute
Normandie; selon M. P. Gervais, il est pro-
bable qu'elle habite aussi la Belgique.
IV. Genre Opsonais, P. Gervais.
Des soies latérales et des crochets ven-
traux; point d'appendices terminaux; corps
filiforme, quelquefois peu atténué à ses ex-
trémités; soies latérales variables; deux ocel-
les sur l'extrémité antérieure.
Espèces :
Nais marina Oth., Fab. (Faun. groeland.,
p. 215, il. 295).— Du Groenland.
Opsonais elinguis Muller. — De Dane-
marck.
Opsonais obtusaP. Gervais (loco citalo).
Espèce remarquable par ses extrémités cé-
phalique et anale obtuses , au lieu d'être
effilées comme chez la plupart des espèces;
à soies courtes; les points oculaires noirs, et
la couleur du corps blanchâtre. On la trouve
assez souvent dans les tubes des Plumalelles,
où elle s'enfonce, ainsi que la Nais digilata,
après que l'animal a été détruit. A été
prise communément à Plessis Piquet , près
Paris.
V. Genre Pristina, Ehrenberg.
Des soies latérales assez longues ; des cro-
chets ventraux ; ocelles nuls; la lèvre supé-
rieure prolongée en une trompe filiforme
garnie de soies.
Ce groupe ne comprend que deux espèces :
Pristina longiseta Ehr. (loco citato). — De
Prusse.
Pristina inœqualis Ehrenb. (idem). — De
Prusse.
M. P. Gervais a changé, pour plus d'uni-
formité, le nom de Pristina en celui de Pris-
tinais.
VI. Genre Stvlina, de Lamarck.
Tête à deux ocelles ; trompe manquant
de soies, à base ciliée; en outre, les carac-
tères des genres précédents.
Une seule espèce entre dans ce groupe;
c'est la
Nais proboscidea Linné, Gmelin , Muller
(Encycl. méth. , pi. 53, fig. 1 et 8). C'est le
Millepied a dard de Trembley ; son corps
est long de 3 à 4 lignes, de couleur hyaline ;
tous les segments sont pourvus de chaque
côté d'une soie simple et fort longue ; l'ex-
trémité antérieure est bifide, d'où sort une
trompe aiguë; il y a deux points oculaires;
l'anus est terminal. Cette espèce se trouve
dans les eaux marécageuses de toute l'Eu-
rope.
Le nom de Stylinaa été changé en celui
de Stylinais par M. P. Gervais.
VU. Genre Dero, Oken (Xantho, Dutrochet,
Uronais, P. Gervais).
Des crochets ventraux; soies latérales va-
riables; point de trompe; des filaments cau-
diformes ou des lobules à l'extrémité posté-
rieure; quelquefois des ocelles.
Un grand nombre d'espèces entrent dans
ce groupe; ce sont les :
Nais furcata Roësel (Suppl., \j\. 93, fig.
9 à 16). Cette espèce vit dans les tubes des
Plumatelles et surtout dans ceux de la va-
riété nommée Alcyonelle; elle s'y enfonce la
tête la première et ne laisse plus apparaître
à l'extérieur que deux longs filaments de sa
queue; ces animaux, dans cette position, ont
été quelquefois décrits pour le polype de
l'Alcyonelle elle-même. Roësel, il y a très
longtemps, a bien figuré cette espèce d'après
des individus pris en Prusse. Elle est très
commune aux environs de Paris.
Nais barbata Muller. — Commune par- \
tout.
Nais digilata Muller, Nais cœca Cop.
(Encycl. méthod., pi. 53, f. 12, A, et 18 ).
i — Xantho hexapoda ? Dutrochet ( Ballet.
NAI
NAJ
569
Soc. philom., 1819, p. 155). — Se trouve
partout.
Nais decapoda Dutrochet (Bulletin des
sciences, 1819),Blainv. (Dict. se. waf.,XXIV,
d. 131). — De France.
' Nais quadricuspidata Othon, Fab. (Fauna
grocnland., n. 315), Blainv. (loco citato). —
Du Groenland.
Cette division comprend quelques espèces
qui n'y resteront probablement pas lorsqu'el-
les seront mieux connues. Le type est la Nais
furcata.
VIII. Genre Ophidonais, P. Gervais.
Des crochets ventraux ; soies latérales fas-
ciculées, en houppes à quelques anneaux;
des ocelles ; corps serpentiforme subdéprimé,
et rappelant un peu celui des Sangsues, mais
sans ventouses ni appendices terminaux.
Deux espèces entrent dans ce genre; tou-
tefois, on doit faire observer que M. Dugès
les réunit avec la Nais filiformis Blainville,
pour n'en faire qu'une seule espèce.
Nais serpentina Muller (loco citato). — De
l'Europe.
Nais vermicularis Linné, Gmelin, Roësel,
Blainville {Encycl. méthod. , pi . 52, fig. 1 à 7) .
Son corps est long de 2 lignes; la tête est un
peuclaviforme; les soies latérales sont fasci-
culées; celles de la tête forment une sorte de
barbe. Se trouve dans les eaux stagnantes ,
attachée aux feuilles de la Lentille d'eau.
Commune partout.
Quelques autr, ; espèces doivent aussi pro-
bablement être distinguées; mais elles ne
sont pas assez bien connues pour qu'on ait
cru devoir les indiquer ici; nous citerons
seulement, en terminant, la Nais claviformis
de M. Jars, et les espèces décrites par M. Délie
Chiaje. (E. Desmarest.)
*KAIS (nom mythologique), ins. —
M. Rambur (Névroplères des Suites à Buffon
de l'éditeur Roret , 1842) indique sous ce
nom un genre de Névroptères de la famille
des Phryganiens, qui se rapproche beaucoup
du genre Ilhynchophila de M. Pictet. Les Nais,
qui ont des antennes de la même longueur
que les ailes, ne comprennent qu'une seule
espèce, la Nais plicata Rambur (loco citato),
qui se trouve aux environs de Paris, et pa-
raît avoir quelque rapport avec le Rhyncho-
phila vulgaris Pictet. (E. D.)
NAISA ( nom mythologique), polyp.,
i. VIII.
bryoz. — Dénomination employée par La-
mouroux pour désigner le même genre que,
d'après Lamarck , nous nommons Pluma-
telle. Voy. ce mot. (Duj.)
NAïSA, Lamouroux. annél. — Voy. naïs
et PLUMATELLE. (E. D.)
NAJA. rept. — Laurenti (Spécimen me-
dicum exhibens synopsis Reptilium emenda-
tum, 1768) avait indiqué sous le nom de
Naja un genre de Reptiles ophidiens , qui ,
adopté par G. Cuvier (Règ. anim. ), et sur-
tout par M. Duméril (Dict. se. nat., XXXIV,
1825), a été réuni par d'autres naturalistes,
tantôt aux Couleuvres, et tantôt aux Vi-
pères.
Les caractères des Naja sont les suivants :
des crochets à venin implantés sur les os
maxillaires supérieurs , et cachés , au mo-
ment du repos, dans un repli de la gencive;
mâchoires très dilatables ; langue très ex-
tensible ; tête élargie en arrière , couverte
de grandes plaques ; partie du corps la plus
voisine de la tête dilatée en disque par le
redressement des côtes qui la soutiennent ;
queue munie en dessous d'un double rang
de plaques et à extrémité arrondie ; narines
simples.
Deux espèces entrent dans ce groupe :
l'une est l'Hajé ou Aspic des anciens , et
l'autre est la Naja vulgaire ou Vipère à lu-
nette. Ces espèces sont aussi venimeuses
qif aucune autre; il n'est pas d'Ophidien
dont la morsure soit plus terrible que celle
du Naja ; il n'en est pas contre lequel les
ressources de l'art doivent être employées
avec plus de promptitude et de soin. Aussi
a-t-on, de tout temps, indiqué contre ces
blessures des remèdes différents et nom-
breux ; mais nous ne croyons pas devoir en
parler ici, renvoyant ce sujet à l'arLiele vi-
tère (voy. ce mot). Dans l'Inde, le Naja est
respecté, adoré même, comme tous les objets
de la crainte des peuples ignorants. Les jon-
gleurs, après avoir eu le soin de leur arracher
leurs terribles crochets, s'en vont les pro-
menant de ville en ville, assurant qu'ils ont
le pouvoir de les charmer, et vendant des
spécifiques qui ont, selon eux, Je pouvoir
de guérir de leurs blessures.
1° La Vipère a lunette , Naja vulgaris
Dum., Coluber nnfa Linné, Naja lutescens
Laurenti , Vipera naja Daudin. Ses couleurs
sont en dessus d'un jaune ou brun clair, à
72
570
NAJ
reflets d'un bleuâtre cendré ; l'abdomen a
des plaques longues , transverses , à fond
blanc et relevé par des taches rousses dont
le nombre varie : cette espèce doit son nom
à un trait noir, qui représente avec plus ou
moins d'exactitude une lunette au dessus
du cou. La tête est courte, ovale, inclinée à
.l'extrémité, déprimée entre les yeux, qui
sont petits, quoiqu'un peu saillants et laté-
raux; la gueule est large, armée de dents
petites, aiguës, et généralement courbées ;
elle est redoutable surtout par ses crochets
venimeux , dont la longueur est double de
celle des dents ; la langue est longue, exten-
sible et bifide; le corps , long de 4 pieds ,
est cylindrique et d'une circonférence de
4 pouces ; les écailles qui le recouvrent sont
pelites, ovales, lisses.
Cet Ophidien habite la côte de Coroman-
del ; il est répandu également dans beaucoup
de régions de l'Inde , et y forme un grand
nombre de variétés qui ont reçu des noms
différents. Il a beaucoup de courage et de
force, et sa morsure, ainsi que nous l'avons
dit, est terrible. Lorsqu'il est tranquille, le
diamètre de son corps ne dépasse pas celui
de la tête ; mais lorsqu'une cause quelconque
l'agite ou l'irrite , lorsqu'un danger le me-
nace ou qu'il aperçoit une proie , cette ré-
gion se gonfle, et constitue alors une sorte
de large collier.
2° L'Haje ou Aspic , Naja haje Dum.
( Coluber haje Linné, Vipera haje Daudin ),
figuré dans l'atlas de ce Dictionnaire,
Reptiles, pi. 12, fig. 2. Sa taille est de
65 centim. ; sa couleur verdâtre est marquée
de taches brunâtres; ses écailles sont pe-
tites, hexagonales, imbriquées; les plaques
abdominales sont au nombre de plus de
deux cents et entières ; le dessous de la
queue est garni de plus de cent demi-pla-
ques ; le cou est extensible.
La morsure de cette espèce est très dan-
gereuse, et cause presque instantanément la
mort. Les anciens ont dit que cette blessure
ne causait aucune douleur ; qu'elle détermi-
nait seulement un sommeil léthargique, et
qu'elle était si fine qu'il n'en restait aucune
trace : ce qui est certain, c'est que son venin
est plus délétère que celui des Serpents de
nos climats. Lorsque l'Aspic est provoqué, il
gonfle fortement son cou, redresse sa tête,
et s'élance d'un seul bond. Malgré ses pro-
NAN
priâtes malfaisantes, et de même que l'es-
pèce précédente, l'Haje a été l'objet du culte
des hommes. Les Égyptiens en faisaient
l'emblème de la divinité protectrice du
monde; les jongleurs de ce pays le colpor-
tent comme le Naja à lunette. Ceux du Caire
ont, dit- on , le secret, en leur pressant la
nuque, de les plonger dans une espèce de
catalepsie qui les retient debout ■ ils les mon-
trent ainsi pour quelques pièces de monnaie.
(E. D.)
NAJAS, bot. ph. — Voy. naïade.
NAMA. bot. pu. — Genre de la famille
des Hydroléacées , établi par Linné ( Gen. ,
n. 317). Herbes ou arbrisseaux de l'Amé-
rique tropicale. Voy. hydroléacées.
*NAMACUS (de deux mots hébreux:
mac, saleté; namac , sentir mauvais).
ins. — Genre d'Hétéroptères géocorises créé
par MM. Amyot et Sei\\\\e {Hémipt., Suites
à Buffon-Roret).
Une seule espèce entre dans ce groupe,
c'est le Namacus transvirgatus Amyot et
Serv. {loc. cit.), de Surinam. (E. D.)
NAMAQUOIS. ois. — Ce nom a été
donné à des Oiseaux des genres Ganga, Soui-
Manga et Promerops. Voy. ces mots. (E D )
*NANANTHEA ( v*vo5 , nain; âv0o5 ,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées - Sénécionidées , établi par De
Candolle (Prodr., VI, 4r>). Petites herbes des
différentes mers du globe. Voy. composées.
NANDHIROBA , Plum. bot. ph. — Syn.
de Fevillea, Linn.
NANDHÏROBÉES. Nandhirobeœ. bot.
ph. — Tribu de la famille des Cucurbita-
cées. Voy. ce mot.
NANDINA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Berbéridées , établi par Thunberg
{Nov. gen., I, 14), et dont les principaux
caractères sont : Calice à plusieurs folioles,
imbriquées sur six côtés et décidues. Corolle
à 6 pétales hypogynes, oblongs, concaves,
crénelés à la base, plus longs que le calice ,
caducs. Étamines 6, hypogynes, opposées
aux pétales ; filets très courts ; anthères
dressées, à 2 loges s'ouvrant longitudinale-
ment. Ovaire oblong, à une seule loge ren-
fermant 2 ovules. Style terminal court, tri-
gone ; stigmate obtus. Baie unlloculaire,
disperme ou monosperme par avortement.
Les Nandina sont des arbrisseaux glabres,
à feuilles alternes , composées de nombreu-
NAN
NAN
571
«es folioles entières, ovales-lancéolées, réu-
nies trois par trois, et terminées par un pé-
tiole qui forme à la base une espèce de gaîne
articulée, et renflée au point des ramifica-
tions; à fleurs blanches, bractéées, dispo-
sées en panicules terminales; à baies rouges.
Ces plantes sont originaires de l'Inde, du
Japon et de la Chine , où elles sont très ré-
pandues.
La Nandina domestica, unique espèce de
ce genre, est assez fréquemment cultivée en
France, où elle supporte aisément la pleine
terre. On la multiplie par le moyen des
drageons que fournissent les racines et de
boutures. (J.)
NANDOU, ois. — Le Nandou, placé
pendant très longtemps comme simple es-
pèce du groupe des Autruches (voy. ce mot),
est devenu, sous la dénomination de Rhea,
pour Brisson, Latham, Lesson, et la plupart
des ornithologistes, un genre distinct de
l'ordre des Échassiers de Cuvier, et de celui
des Coureurs ou Cursores de M. de Blain-
ville. Les principaux caractères de ce genre
sont les suivants : Bec droit, court, mou,
déprimé à la base, un peu comprimé à la
pointe, qui est obtuse et onguiculée; man-
dibule inférieure très déprimée, flexible, ar-
rondie vers l'extrémité; fosse nasale grande,
prolongée jusqu'au milieu du nez; narines
placées de chaque côté du bec et à sa sur-
face, grandes, fendues longitudinalement et
ouvertes; pieds longs, assez forts et ro-
bustes ; trois doigts dirigés en avant, les la-
téraux égaux ; ongles presque d'égale lon-
gueur, comprimés, arrondis, obtus; tibia
emplumé; une nudité très petite au-dessus
du genou ; ailes propres au vol ; phalanges
garnies de plumes plus ou moins longues,
et terminées par un éperon. On a pu voir
par cette caractéristique que les Nandous
ne diffèrent pas d'une manière très nota-
ble des Autruches; un seul caractère sert à
les différencier d'une manière complète :
chez les Nandous il y a toujours trois doigts en
j avant, tandis que dans les Autruches il n'y a
' que deux doigts placés de la même manière.
Le Nandou, Rhea Americana Latham , a
reçu différents noms , tels que ceux de
Nandu, Autruche d'Amérique, Autruche de
Magellan, Autruche d'Occident, Autruche
de la Guiane, etc. Le Nandou est beaucoup
plus petit que l'Autruche vulgaire ; il at-
teint environ lm, 60 de hauteur; les fe-
melles sont un peu plus petites que les
mâles. Les parties supérieures du corps
sont d'un gris cendré bleuâtre ; le sommet
et le derrière de la tête sont noirâtres ;
une bande noire, commençant à la nuque,
descend sur la partie postérieure du cou,
qu'elle entoure, en s'élargissant vers les
épaules; les scapulaires sont cendrées ; les
plumes des ailes sont également cendrées ,
les plus grandes blanches à leur origine et
noirâtres au milieu, quelques unes entière-
ment blanches ; les parties inférieures du
corps sont blanchâtres; le bec et les pieds
d'un gris rougeâtre ; un éperon se remar-
que au poignet. Les femelles ont moins de
noir à l'origine du cou que les mâles.
Ces Oiseaux ne pénètrent jamais dans les
bois; les plaines découvertes sont les seuls
lieux où on les trouve ; ils vont ordinaire-
ment par paires, et quelquefois en troupes
assez nombreuses, mais seulement dans les
contrées où on ne les chasse pas ; car, dans
celles où ils sont poursuivis, ils fuient de si
loin, et leur course est si rapide, qu'on ne
peut que très difficilement les atteindre,
même avec de bons chevaux. Les chasseurs
qui parviennent à les arrêter avec une sorte
de collet, formé de trois pierres grosses
comme le poing, et attachées par des cordes
à un centre commun , doivent encore avoir
attention d'éviter leurs ruades. Les Nandous
étendent leurs ailes en arrière lorsqu'ils
courent, et pour tourner et tâcher démettre
les chasseurs en défaut par des crochets ,
ils ouvrent une aile et la présentent au
vent. Lorsqu'ils sont tranquilles, leur dé-
marche est grave, leur cou élevé et leur dos
arrondi. Ils se nourrissent de graines et
d'herbes qu'ils coupent très près de la ra-
cine. Les Nandous, qui ne paraissent jamais
boire, sont de bons nageurs , et traversent
les rivières et les lagunes mêmes sans être
poursuivis.
A l'époque de leurs amours, vers le mois
de juillet, les mâles poussent des gémisse-
ments qui ressemblent à ceux des Vaches.
Leur nid consiste en un creux large, mais
peu profond, qui est pratiqué naturellement
en terre, et dans lequel ils apportent quel-
quefois un peu de paille. Les femelles com-
mencent leurs pontes à la fin d'août, et
ellos déposent, dit-on, à trois jours d'inter-
572
NAN
NAN
valle, un œuf dans le nid, et le nombre des
pontes peut être porté à seize ou dix-sept.
Les œufs , d'un blanc jaunâtre et dont la
surface est très lisse , ont cinq pouces et
plus de diamètre, et ils sont de la même
grosseur aux deux bouts; un seul nid en
contient, assure-t-on, quelquefois soixante-
dix à quatre-vingt, et ce fait s'explique en
ce que plusieurs femelles viennent pondre
dans le même nid. D'Azara prétend que le
mâle seul se charge de couver les œufs, de
conduire et de protéger les petits; il dit
aussi que le mâle sépare quelques œufs,
qu'il casse au moment où les petits éclo-
sent, afin que les Insectes qui s'y réunis-
sent leur servent de pâture aux premiers
moments de leur existence. Ces Oiseaux
sont susceptibles d'être amenés à l'état de
domesticité; mais le peu de saveur de leur
chair, surtout de celle des adultes, car la
chair des jeunes paraît tendre et d'assez
bon goût , et surtout leur esprit de domi-
nation sur les autres habitants des basses-
cours, les ont fait jusqu'ici dédaigner assez
généralement. Les jeunes Nandous que l'on
nourrit dans les maisons ne tardent pas à
devenir familiers; ils entrent dans les di-
vers appartements et marquent beaucoup
de curiosité; ils se promènent aussi dans
les rues, et quoique souvent ils s'écartent
beaucoup dans la campagne, ils retournent
au logis, où on leur donne du pain, du
grain et d'autres nourritures; ils avalent
aussi de petites pierres et même des mor-
ceaux de métal qu'ils rencontrent.
Les habitants du Paraguay dépouillent le
cou et une partie de la poitrine des Nandous,
et après avoir assoupli la peau et l'avoir cou-
sue, ils en font des bourses; ils envoient en
Espagne les pennes des ailes dont les barbes
sont désunies , pour en faire des panaches
et des houssoirs. Les tuyaux ne peuvent
servir pour l'écriture , mais on les teint en
incarnat ou en bleu ; on les coupe en pe-
tites bandelettes, et on en fait des fouets.
Les Nandous habitent les vallées les plus
froides du Brésil, du Chili , du Pérou et de
Magellan.
Dans ces derniers temps, une seconde es-
pèce de ce genre a été signalée par les na-
turalistes; elle est également américaine,
et c'est particulièrement en Patagonie qu'on
la rencontre. (E. D.)
NANDU. ois. — Voy. nandou.
*JVANDUS. poiss. — Genre de l'ordre des
Acanthoptérygiens, famille des Percoïdes, à
dorsale unique, à six rayons branchiaux,
établi par MM. G. Cuvier et Valenciennes
(Hist. des Poiss., t. VII, p. 481), qui le
rangent près des Hélotes. Ses principaux
caractères sont: Bouche très protractile,
munie de dents en velours ras très fin aux
deux mâchoires, aux palatins et au chevron
du vomer. Le préopercule et l'interoper-
cule ont le bord finement dentelé.
On ne connaît encore qu'une espèce de
ce genre, le Nandus mabbré , Nandus rnar-
moratus Cuv . et Val. (Coius nandus Ham.,
Buch.), commun dans les étangs du Ben-
gale. (M.)
NANGUER. mam. — Espèce du grand
genre Antilope. Voy. ce mot. (E. D.)
*NANNISCUS ( vavt<xxoç, petit gâteau).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides phyllophages (Systellochèles), créé
par Burmeister (Handbuch der entomologie,
1844, p. 137). L'auteur ne fait mention
que d'une espèce, le N. pulicarius (Diche-
lus, Dej.), B., originaire de l'Afrique aus-
trale. (C.)
*I*ANNOPHYA (vavo9v>jç, très petit).
uns. — Genre de Névroptères de la famille
des Libelluliens, créé par M. Rambur ( Né-
vroptères des Suites à Duffon de l'éditeur
Roret, 1842), et remarquable principalement
par ie petit nombre d'aréoles qui divisent
les ailes.
Une seule espèce , le Nann. pygmœa
Rambur (loco citato), et la plus petite de
toutes les Libellules, entre dans ce genre. On
ne sait la patrie de cet Insecte, qui fait par-
tie de la collection de M. Audinet-Serville.
(E. D.)
NAftODEA (vavwtîvjî, nain), bot. ph. —
Genre de la famille des Santalacées, établi
par Bancks (apud Gœrtn.J. III, 251 , t. 225).
Herbes de Magellan. Voy. santalacées.
*NANODES. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Orchidées-Vandées , établi par
Lindley (in Bot. Reg., t. 1541). Herbes du
Brésil. Voy. orchidées.
*NANODES. ins.— Schœnherr, qui avait
donné ce nom à un genre de Curculionides,
l'a changé en Nanophyes , le premier ayant
été antérieurement employé. (C.)
NAP
NAR
573
*NANODES [vxvaSxiç, nain), ois. —
MM. Vigors et Horsûeld (Linn. Transac,
1826) indiquent sous ce nom un petit
groupe de Perroquets. Voy. ce mot. (E. D.)
*NA!\OPHYES (vavcxpvv?;, qui a la hau-
teur d'un nain), ins. — Genre de Coléop-
tères tétramères, famille des Curculionides
gonatocères , division des Cionides, substi-
tué par Schœnherr {Gênera et sp. Cnrculion.
syn., tom. 4, p. 780-8, 2, p. 191) à celui
de Nanodes , qui avait été antérieurement
employé. 18 espèces rentrent dans ce genre ;
16 sont originaires d'Europe et deux d'Afri-
que (cap de Bonne-Espérance). Nousciter-ons
comme en faisant partie les N. lythri F.,
pallidus, semi-sphœricus 01., armatus Sch.
et annulatus Ch. Le premier se trouve aux
environs de Paris sur le Lythrum salicaria,
et varie considérablement pour les dessins et
la couleur. Mégerle, Dahl et Stephens ont
donné à ces Insectes le nom générique de
Sphœrula. (G.)
*JVANOPHYTUM ( »«'voç , nain ; «p^v ,
plante), bot. ph. — Genre de la famille des
Chénopodées -Salsolées, établi par Lessing (in
Linnœa, IX, 197). Sous-arbrisseaux des bords
de la mer Caspienne. Voy. chénopodées.
*NANTHILDA. ins. —Genre de l'ordre
des Lépidoptères nocturnes, tribu des Pyra-
lides, établi par M. Blanchard ( Hist. des
Ins. , Buffon-Duméril), qui n'en décrit qu'une
seule espèce, N. ernestinana. Elle provient
de Savannah, en Géorgie (Amérique boréale),
et fait partie de la collection du Muséum
d'histoire naturelle. (L.)
*NANUS (vavo;, nain), ins. —Genre de
Coléoptères tétramères, famille des Curcu-
lionides gonatocères, division des Apostasi-
méridescholides, créé par Schœnherr (Gcn.
et sp. Curcuhon. Syn. , t. VIII , 1, p. 89 ).
L'auteur en fait connaître deux espèces,
les N. uniformis et punctellus S. La pre-
mière est originaire de Porto-Ricco et l'au-
tre de la Nouvelle-Grenade. (C.)
NAPJSA. bot. ph. — Genre de la famille
des Malvacées, réuni par presque tous les
auteurs au genre Sida. Voy. ce mot.
NAPEL. bot. ph. — Nom d'une espèce
d'Aconit. Voy. ce mot.
NAPHTE. min. — Variété de Bitume.
Voy. bitume.
NAPOLEONA ( plante dédiée à l'empe-
reur Napoléon), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Napoléonées (détachée des Ébéna-
cées), établi par Palîsot de Beauvois (Flor,
owar.y II, 29, t. 78). Arbrisseau d'Oware.
Voy. NAPOLÉONÉES.
NAPOLÉONÉES. Napoleoneœ. bot. ph.
— Petite famille établie aux dépens des
Ebénacées ( Endl. , Gen. plant., p. 745,
n. 4262), et dont les principaux caractères
sont: Calice monosépale, persistant, adhé-
rent à l'ovaire, à limbe divisé. Corolle mo-
nopétale, caduque, plissée. Étamines 5 ou
plus, insérées à la base de la corolle, libres
ou polyadelphes ; anthères à 2 loges s'ou-
vrant longitudinalement. Ovaire infère, à
unje seule loge. Style simple; stigmate an-
guleux et lobé. Baie charnue, uniloculaire,
couronnée par le limbe du calice. Graines
nombreuses, revêtues d'une pulpe.
Les végétaux que renferme cette famille
sont des arbustes à feuilles alternes, simples,
dépourvues de stipules ; à fleurs solitaires
et axillaires.
Deux genres seulement constituent la
famille des Napoléonées; ce sont les Asie-
ranthos, Desfont., du Brésil; et Napoleona,
Palis. Beauv. , de la côte occidentale de
l'Afrique.
NAPOLIER. bot. ph. — Nom vulgaire
de la Bardane.
* NAPOPJIIL A ( vxnr» forêt; cn'Àew, j'ai-
me), ois. — M. ITodgson ( J. As. Soc. Beag.,
1841) donne ce nom à un genre d'Oiseaux
de la famille des Méropidées, et qui est très
voisin du genre des Guêpiers. Voy, ce mot.
(E. D.)
*IVAPOTOERA ( vaV/,, forêt; QnPza>, je
chasse), ois. — Genre d'Oiseaux de la famille
des Lanidées, créé par M. Boié (S. Muller,
Tiedscli. nat. Gesch. 1825), et assez voisin du
genre Pie-Grièche. Voy. ce mot. (E. D.)
NAPUS. bot. ph. — Nom latin du Navet.
Voy. choux.
NARAVELIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Renonculacécs , tribu des Clé-
matidées, établi par De Candolle (Prodr.ï,
10: Syst.l, 167). Sous-arbrisseaux grim-
pants de l'Asie tropicale. Voy. renoncu-
LACÉES.
NARAWAEL, Herm. (Zcylan., 26). bot.
ru. — Syn. de Naravelia, DC.
NARCISSE, ois. — Nom d'une Perruche
dans le grand groupe des Perroquets. Voy.
ce mot. (E. D.)
574
NAR
NAR
1» \A P.C ISSE. Nareissus. bot. ph. (nom my-
thologique), bot. ph. — Grand et beau genre
de la famille des Amaryllidées , tribu des
Narcissées, del'Hexandrie monogynie dans le
système sexuel de Linné. Sa circonscription
est généralement conservée telle que Linné
l'avait établie; néanmoins, dans ces derniers
temps , deux botanistes anglais ont proposé
de lesubdiviser en plusieurs genres distincts;
mais les caractères sur lesquels reposent
leurs coupes génériques n'ont pas semblé
suffisants pour en déterminer l'adoption au-
trement qu'à titre de sous-genres. Ainsi Sa-
lisbury {Horticult. Transact.l, pag. 243 et
suiv.) avait établi , sans les caractériser, aux
dépens des Narcisses de Linné, les genres
Ajax, Corbularia, Queliïa, Ganyrnedes,
Phylogyne, Hermione, Nareissus. Plus tard
Haworth, dans sa Révision des Narcisses
[in Supplem. plantar. succulent. 1819,
pag. 111-152) ajouta le genre Schizanthes,
et il compléta cette division dans le Philoso-
phical magazine ( décembre 1823 et février
1824 ) par la formation des genres Diomedes
et Chloraster. A l'exemple de la plupart des
botanistes modernes , nous ne considérerons
ici ces coupes que comme de simples sous -
genres, et nous adopterons le genre Nar-
cisse avec les limites que lui assignait Linné.
Ainsi envisagé , ce genre se compose de plan-
tes herbacées, croissant dans le bassin de la
Méditerranée, dont le bulbe à tuniques
émet une hampe cylindrique ou anguleuse,
terminée par une ou plusieurs fleurs blan-
ches ou jaunes qu'entoure , avant leur épa-
nouissement, une spathe monophylle. Ces
fleurs se composent : d'un périanthe co-
rollin, adhérent à sa base, dont le tube ,
droit et presquecylindrique, porte à sa gorge
une couronne entière ou lobée, ordinaire-
ment plus courte, parfois plus longue que
lui ; le limbe de ce périanthe est divisé pro-
fondément en six lobes égaux, étalés ou ré-
fléchis; de sixétamines incluses , inséréesau
haut du tube, au-dessous de la couronne,
en deux rangées; d'un pistil à ovaire adhé-
rent, triloculaire, multi-ovulé. A ces fleurs
succède une capsule triloculaire, marquée
de trois angles obtus , à déhiscence loculi-
cide, renfermant un nombre variable de
graines revêtues d'un test noir, rugueux.
Environ 20 espèces de ce beau genre ap-
partiennent à la Flore française, et parmi
elles, plusieurs sontextrêmement répandues
dans les jardins comme plantes d'ornement.
Ne pouvant décrire ici toutes ces plantes ,
nous nous arrêterons seulement sur les plus
communes et les plus remarquables d'entre
elles.
1 . Narcisse odorant, Nareissus {Phylogyne)
odorus Linn. Ce Narcisse croît spontané-
ment dans les prairies de nos département
de l'Ouest et du Midi; il est fréquemment
cultivé dans les jardins, où on le connaît sous
le nom vulgaire de grosse Jonquille. Ses
feuilles sont linéaires, demi-cylindriques,
canaliculées à leur côté supérieur, vertes ; sa
hampe cylindrique s'élève le plus souvent à
3-4 décimètres ; elle porte 4 ou 5 fleurs d'un
jaune jonquille , grandes, d'une odeur très
suave, dans lesquelles la couronne est cam-
panulée, divisée en 6 lobes, à peu près de
moitié plus courte que les 6 divisions du
limbe qui sont de forme ovale. Cette plante
se cultive soit en pleine terre , et alors elle
doit être couverte pendant les froids de l'hi-
ver, soit en pots et même sur des carafes.
2. Narcisse jonquille , Nareissus ( Her-
mione) Junquilla Lin. Cette jolie plante, si
commune dans les jardins , croît naturelle-
ment dans les lieux incultes, particulière-
mentdans les garriguesde nos départements
méditerranéens. Son bulbe est petit; ses
feuilles sont vertes, subulées , demi-cylin-
driques; sa hampe , cylindrique, porte 2 à
6 fleurs d'un beau jaune et d'une odeur
suave, dans lesquelles la couronne, à large
ouverture, est entière à son bord ; les divi-
sions du limbe sont ovales, trois fois plus
longues que la couronne et de moitié plus
courtes que le tube. On cultive une variété
à fleurs doubles du Narcisse-Jonquille. Cette
plante se cultive en pleine terre ; elle de-
mandeun sol léger. On la plante au mois de
septembre; elle fleurit au mois d'avril.
L'arôme de ses fleurs est un parfum d'un
emploi fréquent dans la parfumerie.
3. Narcisse tazette , Nareissus ( Her-
mione) tasetta Lin. ; vulgairement Narcisse
à bouquet. Cette espèce , très commune dans
les prairies de nos départements méditerra-
néens, est très répandue dans les jardins, où
elle a donné plusieurs variétés. Son bulbe
est gros et ovoïde; ses feuilles, à peu près
planes, sont d'un vert glauque, linéaires-
élargies, obtuses au sommet; sa hampe,
NAR
NAR
marquée de deux angles longitudinaux, fai-
blement saillants, s'élève à environ 4 déci-
mètres, et se termine par des fleurs au nom-
bre de 4 à 10 , d'un jaune pâle avec la cou-
ronned'un jaunevif, odorantes ; les divisions
de leur limbe sontlancéolées-ovales , aiguës,
plus courtes que le tube ; leur couronne, en-
tière à son bord , est en forme de coupe res-
serrée à son orifice. Dans les jardins on pos-
sède plusieurs variétés de cette espèce, parmi
lesquelles l'une des plus remarquables est
celle qui porte le nom de Narcisse de Con-
slantinople; certaines de ces variétés sont à
fleur simple , d'autres à fleur double ; gé-
néralement elles se distinguent de la plante
spontanée par leurs fleurs plus grandes et
plus nombreuses.
4. Narcisse des poètes, Narcissus poeti-
cus Linn. Cette belle espèce croît dans les
prairies de presque toute la France. Son
bulbe est ovoïde- allongé; ses feuilles, pres-
que planes, sont d'un vert un peu glauque,
linéaires-larges, obtuses au sommet, à peu
près de môme longueur que la hampe ;
celle-ci s'élève à 3-4 décimètres ; elle est
striée, à 2 angles longitudinaux peu mar-
qués, et se termine par une seule fleur d'un
beau blanc pur, d'une odeur agréable, dont
la couronne, très courte et rotacée , a le
bord crénelé , rouge-pourpre; les divisions
du périanthe sont ovales, presque obtuses
au sommet. Ce Narcisse est fréquemment
cultivé pour l'ornement des jardins; il de-
mande une terre légère. On le multiplie de
graines, ou surtout de caïeux. Par la cul-
ture, ses fleurs doublent facilement, et
dans ce cas sa couronne disparaît. Cette es-
pèce jouissait chez les anciens d'une grande
réputation , à cause des propriétés éméti-
ques de son bulbe; ils administraient ce
bulbe lui-même cuit, ou bien ils employaient
l'eau dans laquelle ils l'avaient fait cuire.
Au reste, ces propriétés ne sont pas propres
aux bulbes de cette espèce: ceux de plu-
sieurs espèces de ce genre agissent de la
même manière, ainsi que l'a reconnu sur-
tout M. Loiseleur-Deslongchamps, dont les
travaux ont beaucoup contribué à éclairer
l'histoire botanique de ces plantes et à
faire connaître leurs propriétés (voy. Loi-
sel., Mém. de VlnstiL, Sav. étrang., II,
502). Cet observateur a même reconnu
que le Narcisse odorant l'emporte sur ce-
lui des poètes quant à l'énergie de son
action.
5. Narcisse faux - narcisse , Narcissus
pseudonarc issus Linn.; vulgairement Nar-
cisse des prés, Aiault , Porion. C'est à peu
près la plus commune de nos espèces indi-
gènes; elle croît dans les bois et les prairies
de presque toute la France ; elle est aussi
cultivée dans presque tous les jardins , au
moins sa variété à fleurs doubles. Ses
feuilles sont presque planes, d'un vert
glauque , linéaires-larges , obtuses au som-
met ; sa hampe est striée, un peu compri-
mée, haute de 3 décimètres; elle se ter-
mine par une fleur jaune, dont la couronne,
campanulée, ondulée et étalée à son bord,
égale en longueur les divisions du périanthe
qui sont planes et ovales. Cette espèce par-
tage les propriétés émétiques de ses congé-
nères à un degré assez éminent pour que
M. Loiseleur-Deslongchamps ait essayé,
pendant le blocus continental, de la substi-
tuer à l'Ipécacuanha. Cependant, les expé-
riences faites par cet observateur lui on
prouvé que le Narcisse faux -narcisse est
inférieur à cet égard au Narcisse odorant.
Deux médecins de Valenciennes ont avancé
que les propriétés émétiques existent très
prononcées dans les fleurs de l'espèce qui
nous occupe, et ils ont conseillé d'en em-
ployer la poudre ou l'extrait; au contraire,
d'autres médecins ont nié formellement
l'existence de ces propriétés: de telle sorte
que la solution de cette question, au reste
d'un intérêt secondaire dans l'état actuel
des choses , exigerait de nouvelles expé-
riences. On connaîtd'une manière plus posi-
tive l'action antispasmodique de ces fleurs ,
dans lesquelles M. Loiseleur-Deslongchamps
a cru également reconnaître la propriété
fébrifuge à un degré assez haut pour qu'il
fût possible, selon lui, d'en tirer un parti
avantageux.
Outre les 5 espèces de Narcisses qui vien-
nent de nous arrêter quelques instants, il
en est encore quelques autres que l'on ren-
contre assez souvent dans les jardins, mais
dont il nous est impossible de nous occuper
ici. (P. D.)
NARCïSSÉES. Narcisscœ. bot. pu. —
Sous-ordre de la famille des Amaryllidées.
Voy. ce mot.
NARCISSUS. eot. ph. — Voy. narcisse.
576
NAR
NAR
NARCOBATUS , Blainv. poiss. — Syn.
de Torpille, Cuv. Voy. torpille.
NARCOTINE. ciiim. — Voy. opium.
NARD. Nardus. bot. ph. — Genre de
plantes de la famille des Graminées, de la
Triandrie monogynie dans le système de
Linné. Quoique déjà fort peu étendu avec
les limites que lui avait assignées le bota-
niste suédois, il a encore été réduit dans ces
derniers temps par la séparation d'une de
ses espèces, le N. aristata Linn., qui est de-
venu le type du genre Psilurus de Trinius
(Psilurus nardoides Trin.). Réduit de la
sorte , il se compose de gramens gazon-
nants , de petite taille, qui croissent dans
les parties montagneuses de l'Europe
moyenne et méridionale, et dans le Cau-
case; leurs feuilles sont enroulées, subulées,
un peu raides ; leurs fleurs sont réunies en
épis simples , unilatéraux; chacune d'elles
repose sur une dent du rachis qui est con-
vexe d'un côté , creusé de l'autre pour les
recevoir. Les épillets sont uniflores , sans
glume ; la glumelle est formée de deux
paillettes, l'inférieure lancéolée, carénée, à
trois nervures, subulée-aristée au sommet;
la supérieure plus courte, linéaire-lancéolée,
bicarénée, embrassée par la première. La
glumellule manque. L'ovaire est sessile,
glabre, surmonté d'un style simple, que
termine un seul stigmate très long, pubes-
cent. On trouve communément dans les
lieux arides et montagneux de la France le
Nardus stricla Linn. , l'a seule espèce bien
authentique de ce petit genre.
Le nom de Nard a été donné par les an-
ciens à des substances qui n'ont rien de
commun avec le genre dont nous venons de
nous occuper. C'étaient des rhizomes ou des
racines aromatiques qu'ils employaient quel-
quefois en médecine , mais dont ils se ser-
vaient principalement à titre de parfums.
Le plus connu et le plus célèbre de ces
Nards était le Nard indique ou indien , qui
recevait aussi dans les pharmacies le nom
de Spica-Nardi ou Spicanard; c'est le seul
qui se trouve encore aujourd'hui dans le
commerce. Il se présente sous la forme d'un
corps entouré de tuniques formées de fibres
réticulées, reste des bases de feuilles engai-
nantes. Son odeur est forte; sa saveur est
amère. Ce sont évidemment des fragments
d'un rhizome ; mais les botanistes ne sont
pas entièrement d'accord au sujet de la
plante qui le fournit ; la plupart pensent que
c'est une Graminée, VAndropogon Nardus
Lin. , tandis que d'autres admettent que
c'est la Valeriana Jatamensi Roxb. D'autres
espèces de Valérianes fournissaient égale-
ment d'autres sortes de Nards; telles sont
la Valeriana celtica et aussi la Valeriana sa-
liunca , qui donnaient le Nard celtique; la
Valeriana phu, qui fournissait le Nardus
agrestis de Tragus ; la Valeriana tuberosa ,
et , selon d'autres auteurs, la Valeriana asa-
rifolia Dufresne, qui donnaient le Nard des
montagnes. Des plantes de genres différents
recevaient encore ce même nom ; comme la
Lavandula spica, qu'on nommait Nard d'I-
talie ou faux Nard, nom que l'on appliquait
également à YAllium victoriale; et YAsa-
rum europœum ou Cabaret, qui recevait la
dénomination de Nard sauvage, Nardus
agrestis de Pline. (P. D.)
* NARDOA. rept. — Genre de Reptiles
ophidiens de la famille des Pythonides ,
créé par M. Gray ( Synops. fam. Boidœ ,
Zool. vniscel. march. 1843), adopté par
MM. Duméril et Bibron {Erp. générale,
t. VI, 1846) et correspondant au groupe
des Botrochilus de Fitzinger. Les Nardoa
ont les narines latérales, ouvertes dans une
seule plaque ; les yeux sont latéraux, à pu-
pille vertico-elliptique ; des plaques sus-
céphaliques se remarquent depuis le bout
du museau jusqu'au-delà de l'espace inter-
orbitaire; au nombre de ces plaques il n'y
a pas de préfrontales; des fossettes se voient
à la lèvre inférieure seulement; les écailles
sont lisses et les scutelles sous-caudales
partagées en deux.
Deux espèces entrent dans ce genre :
1° Le Nardoa de Schlegel, Nardoa Schle-
gelii Gray , Dum. et Bibr. , Tortrix boa
Schlegel. Elle a été découverte à la Nou-
velle-Zélande par MM. Lesson et Garnot.
2° Le Nardoa de Gilbert, Nardoa Gil-
bertii. Ce Serpent habite l'Australie ( Port-
Essington). (E- D-)
*NARDOPHYLLUM {Nardus, nard ; fâ-
lov, feuille), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Mutisiacées, établi par Hoo-
ker et Arnott (in Compati. Bot. Mag., II,
44). Arbrisseaux du Chili. Voy. composées.
NARDOSMIA (Nardus, nard, ï«p»,
odeur), bot. ph. — Genre de la famille des
JNTAR
KAR
577
Composées-Astéroïdées , établi par Cassini
(inDict. se. nat., XXXIV, 186). Herbes
vivaces de l'Europe , de l'Asie et de l'Amé-
rique. Voy. COMPOSÉES.
* NARDOSTACIIYS ( Nardus , nard ,
cra^uç, épi), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Valérianées , établi par De Can-
dolle (Mém. valérian., 4, t. 42 ; Prodr. ,
IV, C24). Herbes du Népaul. Voy. valé-
rianées.
NARDUS. bot. ph. — Voy. nard.
NAREL. moll. — Nom donné par Adan-
son à une coquille d'Afrique, que Lamarck
a nommée Marginella faba. (Duj.)
NAREGAMIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Méliacées, établi par Wight et
Arnott (Prodr., I, 116). Arbrisseaux de
l'Inde. Voy. méliacées.
IVARICA. ois. — Espèce du genre Courou-
cou. Voy. ce mot. (E. D.)
JVARICA. mam. — L'un des noms la-
tins que porte le Nasique. Voy. ce mot.
(E. D.)
NARINES, zool. — Voy. nez.
NARTHECHJM( vâp0»£, boîte), bot. ph.
— Genre de lafamille des Joncacées, établi
par Mœrhing ( Ephemerid. N.C., 1742,
p. 389 , t. V , f. 1 , E , B , t. 535). Herbes
vivaces de l'Europe et de l'Amérique bo-
réale. Voy. joncacées. — Ger. (Galtopr.,
142). Voy. tofieldia, Huds.
NARVAL. Monodon (povoç, seul ; o<?ovç,
o'vtoç, dent), mam. — Genre de Cétacés appar-
tenant à la famille des DelphiniensdeM. Is.
Geoffroy, qui leur assigne pour caractères :
point de dents coniques, mais une ou deux
grandes défenses dirigées parallèlement au
corps, et partant de la mâchoire supérieure.
Les Narvals ressemblent aux Marsouins
par la forme de leur corps et par leur tête
sphérique, mais, ainsi que le Béluga, ils
manquent de nageoire dorsale. Ce qui les
distingue principalement des autres Dau-
phins, ce sont leurs défenses qui attei-
gnent jusqu'à huit ou dix pieds de longueur.
Il est fort rare que toutes deux se dévelop-
pent en même temps ; le plus ordinairement
l'une d'elles reste rudimentaire et cachée
dans l'alvéole , et c'est la défense gauche
qui, le plus souvent, s'allonge et se ter-
mine en pointe émoussée. Elle est le plus
communément sillonnée en spirale; cepen-
dant on en trouve assez frdauemment, dans
T. VIII.
les cabinets des curieux, quisontentièrement
lisses. Ont-elles été travaillées par l'art du
tourneur, ou appartiennent-elles à une es-
pèce encore inconnue ? C'est ce qu'il n'est pas
possible de décider dans l'état actuel de la
science. Si la seconde défense ne se déve-
loppe pas, c'est, selon G. Cuvier, parce que
sa cavité intérieure est trop promptement
remplie par la matière de l'ivoire, et que son
noyau gélatineux se trouve ainsi oblitéré.
Ces animaux habitent les mers polaires ,
où ils vivent en troupes plus ou moins nom-
breuses, surtout autour du Groenland et
du Spitzberg. Les Norvégiens et les Danois ,
qui les ont observés les premiers, en rap-
portèrent un assez grand nombre de défen-
ses , qu'ils mettaient dans le commerce sous
le nom de corne de Licorne, et qu'ils ven-
daient un prix exorbitant, à cause des
merveilleuses vertus médicales que la cré-
dulité publique leur attribuait. Ce n'est
guère que dans le xvne siècle que l'on est
revenu de cette erreur, que les dents de
Narval ont passé de l'officine des pharma-
cies dans le cabinet des naturalistes , et que
l'on a eu des notions un peu justes sur l'a-
nimal qui les produit.
A quoi peut servir au Narval cette arme
terrible en apparence ? Cette question a été
résolue d'une manière qui , selon moi ,
manque tout-à-fait de vraisemblance. On a
dit que le Narval s'en servait pour attaquer
la Baleine, et la tuer en la lui enfonçant
dans le ventre. On va même jusqu'à donner
des descriptions, du reste fort pittoresques,
de ces prétendus combats , dont il n'a jamais
existé un témoin oculaire méritant quelque
crédit. Voyons si la chose offre quelque
vraisemblance. La Baleine se nourrit de
Mollusques nus, de Vers et de petits Pois-
sons, qu'elle poursuit à la surface des eaux
ou à une certaine profondeur, et que l'é-
normité de sa gueule lui permet d'englober
et d'avaler en masses considérables. Le
Narval vit de Crustacés et de Mollusques à
coquilles, qu'il pêche au fond de la mer,
sur le sable où ils marchent et contre les
rochers où ils s'attachent. Sa bouche , fort
petite, ne lui permet pas, non seulement
de saisir de gros animaux, mais même de
les mordre. Il ne peut donc pas y avoir
entre lui et la Baleine le moindre sujet de
dispute, puisqu'ils n'ont jamais la même
73
578
NAR
NAR
proie à chasser , et qu'ils ne peuvent pas se
servir de nourriture l'un à l'autre. Je ne
comprends pas pourquoi un animal en atta-
querait un autre sans aucun autre but que
celui de se battre, ce qui ne s'est jamais vu
dans la nature. Il faut donc reléguer ce
récit de voyageur dans la catégorie des con-
tes, tels que ceux de l'Hippopotame luttant
avec le Crocodile, du Rhinocéros avec l'É-
léphant, etc. Il n'est pas plus vrai que le Nar-
val se nourrissede cadavres, quoique son nom
islandais de Narwhal signifie, dit-on, Ba-
leine des cadavres. On n'a jamais trouvé dans
l'estomac de ceux qui ont été ouverts que des
débris de coquillages et de Crustacés, qu'ils
brisent avec leurs gencives dures et presque
cornées. D'ailleurs, ce Cétacé doit être d'au-
tant moins Carnivore, que tout son système
dentaire se borne à ses deux défenses, et,
ainsi que nous l'avons avancé, le plus or-
dinairement à une. On a dit encore qu'il lui
arrive parfois de prendre un vaisseau pour
une Baleine et d'enfoncer si profondément
sa défense dans le bordage , qu'il ne peut
plus l'en retirer, et qu'il resterait pris s'il
ne parvenait à la briser pour s'échapper.
Ceci me paraît tout aussi hasardé que le
conte précédent. Il peut arriver cependant
que cet animal, effrayé et cherchant à fuir
avec vitesse, se heurte par hasard contre un
vaisseau et y laisse un fragment de sa dent,
mais ceci n'est qu'un accident et non une
habitude. Lorsque l'on prend ce Cétacé, on
remarque que sa dent est le plus souvent
enveloppée dans une sorte de fourreau cal-
caire, formé par des coquillages et des or-
dures qui s'y attachent, eique la pointe seule
est émoussée. De ce fait , je conclus que sa
dent n'est point une arme, mais simplement
un instrument dont il se sert pour détacher
des rochers et du fond rocailleux de la mer
les Huîtres et autres Mollusques à coquille
dont il se nourrit
Lacépède, induit en erreur par de mauj
vaises descriptions et par des gravures plus
mauvaises encore , avait établi trois espèces
de Narval , savoir : les Narwalus vulgaris ,
Narwalus microcephalus et Narwalus ander-
sonianus. Aujourd'hui, que l'histoire de ce
singulier animal est un peu mieux connue,
on sait qu'il n'en existe qu'une , qui est :
Le Narval, Monodon narvalus (1), —
(i) Le nom donné par Linné à cet aninv.] , Monodon mo-
Monodon monoccros Linn. , Fr. Cuv. ; le
Narval, Narwal et Narhwal des peuples
du Nord; YUnicornu marinum de Wor-
mius ; YEinhorn , ou Licorne de mer ;
l' Eenhiorning , d'Eggède. Cet animal at-
teindrait, si l'on s'en rapportait à Lacépède,
jusqu'à soixante pieds de longueur ; selon
G. Cuvier , il n'en aurait au plus que
quinze ou seize. Je crois que ces deux au-
teurs exagèrent également, mais en sens
contraire. En effet, tous les auteurs qui en
ont parlé pour l'avoir vu disent que son
corps est à peu près deux fois aussi long
que sa défense; or, comme on n'a jamais
vu de dents qui dépassent dix pieds, et que
celles de cette longueur sont assez com-
munes, il en résulterait que cet animal
atteindrait vingt pieds. D'ailleurs, Martins,
qui, dans son voyage au Spitzberg , recueillit
beaucoup de renseignements sur le Narval,
estime sa longueur de cinq à six mètres,
et parmi tous ceux qui ont été vus par des
naturalistes , pas un ne dépassait cette
taille. Ce fait a été confirmé par Flemming
(Mém. de la soc. Vernerienne, I, p. 131),
et par Scoresby ( Account of the arctic ré-
gion , t. I, p. 486). Sa plus grande épais-
seur, qui se trouve derrière les nageoires
pectorales , n'a pas plus de trois pieds en
diamètre; à partir de là, le corps va tou-
jours en diminuant et se réduit à neuf pou-
ces de diamètre à la base de la nageoire
caudale. Celle-ci est fort longueettrès large;
mais les pectorales sont fort petites : elles
ont de onze à treize pouces de longueur et
de cinq à sept de largeur. La peau du dos
forme une très légère saillie qui ressemble
assez au premier rudiment d'une nageoire
dorsale. La bouche, peu grande, a sa mâ-
choire inférieure un peu plus courte que la
supérieure. L'œil est très petit, à pupille
noire et iris d'un brun châtain. L'orifice de
l'oreille, placé à six ou huit pouces de
l'œil, est exlêmement petit. L'évent, légè-
rement saillant, simple, en croissant, est
placé verticalement au-dessus de l'œil. La
langue est arrondie et attachée à la mâ-
choire. La peau est nue , lisse , brillante , et
recouvre une épaisse couche de lard. Dans
noceros , ne peut se traduire que par dent unique, corne
unique; il est vicieux, car c'est une erreur ou un pléo-
nasme. J'ai cru devoir remplacer Monoccros par Narvalus;
en islandais, Nar veut dire cadavre ; Whal, Baleine : Baleine
qni vit de cadavres.
NAR
la jeunesse, les parties supérieures du corps
sont d'un gris noirâtre, marquetées de ta-
ches plus noires, très nombreuses et sou-
vent confondues; les flancs, marqués de
taches moins nombreuses , sont blancs ,
ainsi que le dessous du corps. Dans la vieil-
lesse, les parties supérieures du corps sont
d'un blanc jaunâtre, et les taches plus pro-
noncées. Les nageoires sont grises , bordées
de noir.
Le Narval vit en troupes quelquefois assez
nombreuses; ses mouvements sont pleins de
vivacité, et il nage avec une incroyable vi-
tesse. « Nous vîmes ce jour-là, dit Sco-
resby, un grand nombre de Narvals qui
nageaient près de nous en bandes de quinze
ou vingt; la plus grande partie étaient des
animaux mâles et avaient de longues dé-
fenses; ils étaient très gais, élevant leurs
défenses au-dessus de l'eau, et les faisant
croiser comme pour faire des armes. Pen-
dant leurs jeux, ils faisaient entendre un
bruit tout-à-fait extraordinaire, et qui res-
semblait au glou-ylou que fait l'eau dans la
gorge; et il est probable que ce n'était pas
autre chose, car le bruit ne se faisait en-
tendre que lorsqu'en étendant leurs défen-
ses , ils avaient la bouche hors de l'eau; la
plupart, suivant le vaisseau, semblaient at-
tirés par un motif de curiosité ; comme
l'eau était transparente, on put parfaite-
ment les voir descendre presque à la quille
et jouer avec le gouvernail. Au bout de
quelque temps ils s'éloignèrent pour res-
pirer. »
Scoresby dit encore , dans un autre pas-
sage intéressant: « Mon père m'envoya le
contenu de l'estomac d'un Narval tué à
quelques lieues de nous, et qui me parut
extraordinaire; il consistait en quelques
poissons à demi digérés, avec d'autres dont
il ne restait que les arêtes. Outre les becs
et autres débris de Sèches, qui semblent con-
stituer le fond général de sa nourriture, il
y avait une partie de l'épine d'un Pleuro-
necte, probablement un petit Turbot; des
fragments de l'épine d'un Gade , espèce de
Morue; la colonne vertébrale d'une Raie,
avec une autre Raie du même genre, évi-
demment la Raie bâtis, presque entière;
cette dernière avait deux pieds trois pouces
(anglais) de longueur, et un pied huit pou-
ces de largeur; elle comprenait les os de la
NAR
579
tête, du dos et de la queue, les nageoires
latérales, les yeux, et une partie considé-
rable de la substance musculaire. 11 paraît
remarquable que le Narval , animal dé-
pourvu de dents , ayant une petite bouche ,
des lèvres non flexibles , et une langue qui
ne semble pas pouvoir sortir de la bouche ,
soit capable de saisir et d'avaler un si grand
poisson , dont la largeur est trois fois aussi
grande que sa propre bouche. Gomme l'a-
nimal dans lequel ces restes extraordinaires
furent trouvés était un mâle avec une dé-
fense de sept pieds, je pense que cette arme
a été employée à prendre le poisson dont
il avait fait précédemment sa proie. II
semble probable que la Raie avait été percée
avec la défense et tuée avant d'être dévorée;
autrement il est difficile d'imaginer com-
ment le Narval a pu la saisir, ou comment
ce poisson de quelque activité a pu se lais-
ser prendre et avaler par un animal à lè-
vres lisses, sans dents pour le saisir, et sans
aucun moyen pour le retenir. »
Les Islandais ne mangent pas la chair du
Narval , par superstition et parce qu'ils
croient qu'il se nourrit de cadavres , comme
le nom qu'ils lui ont imposé l'indique. Il
n'en est pas de même des Groenlandais et
autres habitants du Nord, qui la regardent
comme excellente. On prétend que son huile
est préférable à celle de la Baleine. (Boitard.)
NAUVALINA. bot. ph. — Genre de la
famille des Composées-Sénécionidées, établi
par Cassini (in Dict. se. nat. , XXX, VIII ,
17; L1X, 320). Arbrisseaux de Saint-Do-
mingue. Voy. COMPOSÉES.
NARVHALUS. mam. — Nom appliqué
par Lacépède {Cétacés, p. 906) au genre des
Narvals. Voy. ce mot. (E. D.)
*NARYCIA. ins. — M. Stephens ( II-
lustr. Brlt. ent., 1836) donne le nom de
Narycia à un petit groupe de Névroptères de
la famille des Phryganiens. Voy. le mot piiry-
gane. (E. D.)
*NAR\C!US (nom mythologique), ins.—
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Lamellicornes, tribu desScarabéides mé-
litophiles, créé par M. H. Dupont (Mag.
zool., 1835, pi. 128), et adopté par West-
wood, Burmeister et Schaurn dans leurs pu-
blications. Ce dernier auteur donne le IV.
opalus comme mâle , et le N. olivaceus
Dup. comme femelle d'une même espèce
580
NAS
NAS
recueillie aux environs de Madras (Indes
orientales). (C.)
*NASALIS (nasus, nez), mam. — Etienne
Geoffroy Saint-Hilaire ( Ann. Mus. , XIX ,
1812) a donné ce nom à un groupe de Sin-
ges catarrhiniens, dont le Nasique (voy. ce
mot) est le type. (E. D.)
IVASARNAK.. mam. — L'un des syno-
nymes du Delphinus tursio. Voy. dauphin.
*JVASCIO (nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Sternoxes , tribu des Buprestides, établi
par MM. Laporte de Castelnau et Gory (His-
toire naturelle et iconographique des Insectes
coléoptères, t. I, p. 1, pi. 1, fig. 4). L'espèce
type et la seule qui soit rapportée à ce genre,
le N. velusta des auteurs, est de la Nouvelle-
Hollande. (C.)
NASEAUX, mam. — Nom donné à l'ou-
verture des narines des grands Mammifères
herbivores. (E. D.)
NASELLA, Trin. (in Nov. act. Petropol.,
VI, l, p. 72, excl. sp.). eot. ph. — Voy.
stipa , Linné.
IVASEUS. poiss. — Voy. nason.
3VASICA. mam. — Voy. nasique.
*NASICA. ois. — Groupe d'Oiseaux de la
famille des Certhidées (Grimpereaux), indi-
qué par M. Lesson {Traité d'ornithologie ,
1831). (E. D.)
NASICAN. ois. — Espèce du genre Picu-
cule. Voy. ce mot. (E. D.)
NASICORNE. ins.— Nom donné à VOryc-
tes nasicomis de F. La larve et l'insecte par-
fait se trouvent en Europe dans le tan des
couches à melon. (C.)
NASICORNE. rept. — Une Tortue de
mer (voy. ce mot) a été désignée sous ce
nom par M. Bosc. (E. D.)
NASICORNES. mam. — Voy. nasicornia.
NASICORNIA. mam. — Famille de Pa-
chydermes, composée des trois genres Anti-
lope , Chèvre et Bœuf, et créée par Illiger
(Prodr. syst. Mam. et Avium, 1811). (E. D.)
NASICUS. mam. — Nom latin du genre
Nasique. Voy. ce mot.
NASIQUE. Nasalis (nasus, nez), mam. —
Et. Geoffroy Saint-Hilaire (Ann. Mus., XIX,
1812) a séparé le Nasique ou Kahan des Gue-
nons avec lesquelles il avait été confondu, et
il en a fait un genre distinct de Singes ca-
tarrhiniens, sous la dénomination latine
de Nasalis. Ce groupe , adopté par plusieurs
zoologistes, a été par quelques autres réuni
à celui des Semnopithèques (voy. ce mot). Les
caractères génériques des Nasiques sont les
suivants: Museau court; front saillant,
mais peu élevé ; angle facial de 50 degrés ;
nez saillant , démesurément allongé , et
d'une longueur plus qu'humaine; oreilles
petites et rondes ; corps trapu ; des aba-
joues ; les mains antérieures avec quatre
doigts longs et le pouce court, finissant où
commence l'indicateur ; les mains posté-
rieures fort larges , avec des doigts épais ,
principalement celui du pouce ; deux fortes
callosités sur les fesses ; queue plus longue
que le corps.
Une seule espèce entre dans ce genre ;
c'est le Nasique Daubenton (Mém. de l'Acad.
des sciences, 1781), Guenon a long nez Buffon
( Hist. nat., gén. et part. , suppl. , t. VII ,
pi. 11 et 12), Kahan Audebert ( fam. 4 ,
sect. 2, fig. 1), Nasalis larvatus Et. Geoff.
(loco citalo), Simia narica Schreb. (fig. 10,
6, 10, c), Cercopithecus larvatus Vurmb.
(Mém. de Batavia), Simia nasalis Shaw.
( I , p. 55 ) , etc. Ce Singe a plus d'un mètre
de haut ; il est roux avec la queue blan-
châtre ainsi qu'une tache sur la croupe. Le
trait le plus caractéristique de cette espèce
est un nez long de quatre pouces, divisé en
deux lobes dans sa moitié inférieure, très
élargie par un sillon qui règne dessus ; les
narines sont percées en dessous ; mais leur
contour postérieur n'est point adossé à la
moustache, qui en est séparée par une por-
tion du plan inférieur du nez ; l'animal peut
seulement élargir et renfler ses narines ,
mais non mouvoir le nez en totalité;>les os de
la face n'offrent aucune particularité dans
cette région. Le visage et les oreilles sont
de couleur tannée ; le front et le sommet de
la tête roux foncé ; une barbe d'un roux
clair se remarque au menton, et se recourbe
en haut ; la poitrine et le ventre sont légè-
rement teints de gris, avec une ligne trans-
versale plus claire sur les mamelles ; les bras
sont d'un roux vif, avec une diagonale
jaune pâle; les avant-bras, les jambes et
les quatre mains sont d'un gris jaunâtre.
Le Nasique vit en troupes plus ou moins
considérables dans les vastes forêts de Bor-
néo et de la Cochinchine. On ne connaît pas
bien encore leurs mœurs; espérons que
MM. Hambran et Jacquinot, qui ont ob-
NAS
NAS
581
serve ces animaux dans la dernière expédi-
tion autour du Monde de l'amiral Dumont
d'Urville, publieront quelques détails scien-
tifiques à ce sujet. (E. D.)
NASIQUE. rept. — Nom d'une espèce
du genre Couleuvre. Voy. ce mot. (E. D.)
*NASITERNA (nasus, nez; ternus, tri-
ple), ois. — Groupe de Perroquets {voy. ce
mot) suivant M. Wagler (Monogr. Psittac,
1832). (E. D.)
NASMYTHIA, Huds. {FI. scot.). bot.
ph. — Voy. eriocaulon , Gronov.
*NASO, Kirby et Stephens. ins. — Syn.
de Gymnaetron, Sch. (C.)
NASON. Naseus. poiss. — Genre de l'or-
dre des Acanthoptérygiens, famille des Theu-
ties , établi par Commerson , et adopté par
MM. Guvier etValenciennes (Hist. des Poiss.,
t. X , p. 257). Les Poissons de ce genre ont
beaucoup de rapports avec les Acanthures ,
tant par les détails des formes extérieures
que par leur anatornie; mais leur queue
armée de boucliers garnis de lames fixes et
tranchantes au lieu d'épines ou de lancettes
mobiles, leurs dents coniques, pointues et
sans dentelures , les distinguent aisément
des genres voisins. Les trois rayons mous
qui garnissent leurs ventrales constituent
aussi un caractère remarquable qui les dis-
tingue de tous les Acanthoptérygiens.
MM. Guvier et Valenciennes (loc. cit.)
décrivent 12 espèces ou variétés de Nasons ;
la principale est le Nason licornet , Naseus
fronticornis Commers. ( Monoceros minor
Willug., Mon. fleui Bloch). Ce Poisson, long
de 40 centimètres , a le corps ovale-com-
primé, la caudale très mince , et terminée
à ses angles par des cornes ou filets. Il est
couvert d'écaillés très petites , très serrées ;
vers la queue, ses écailles sont plus grandes
que sur le reste du corps. Sa teinte générale
est le gris cendré; la dorsale et l'anale ont
un liseré bleuâtre, rayé de jaune ; la queue
est également jaunâtre.
Le Nason licornet abonde à l'île de
France; on l'y voit par troupes de 200 et
même de 400 individus ; mais la chair de ce
poisson est peu estimée, et, suivant MM. Eh-
renberg et Dussurnier, sert seulement à la
nourriture des noirs qui en font d'immenses
salaisons. (M.)
NASSA. moll. — Voy. NASSE.
NASSAUIUS. moll. — Voy. nassieb.
NASSAUVIA. bot. ph. — Voy. nassavia.
NASSAUVIACÉES. Nassauviaceœ. bot.
ph. — Tribu de la famille des Composées ,
subdivisée en plusieurs sections, nommées:
Polyachyridées , Nassaviées et Trixidées.
Voy. COMPOSÉES.
NASSAVIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Nassau-
viacées, établi par Commerson {in Jussieu
Gêner. , 197 ). Herbes vivaces , rameuses,
des parties froides de l'Amérique australe.
Voy. COMPOSÉES.
NASSAVIA ( Flor. Flumin., III, t. 155,
156). bot. ph. —Syn. de Schmidelia, Linn.
NASSE. Nassa ( forme de la coquille ).
moll. — Genre de Mollusques gastéropo-
des pectinibranches , de la famille des
Purpurifères , c'est-à-dire pourvus d'une
trompe, et ayant la coquille échancrée pour
le passage d'un siphon mobile. Le pied de
l'animal est large, mince, ordinairement
plus long que la coquille, arrondi en avant,
où il se prolonge latéralement en une courte
oreillette de chaque côté , bifurqué en ar-
rière ou terminé par deux courts tentacules.
La tête est très large, aplatie, et porte deux
longs tentacules coniques, à la base desquels
sont les yeux sur un renflement externe.
L'opercule est corné, mince, toujours trop
petit pour fermer l'ouverture, et dentelé sur
les bords. La coquille est ovale, plus ou
moins renflée ou allongée , avec l'ouverture
ovale-oblongue , profondément échancrée.
La columelle est souvent recouverte par une
épaisse callosité qui forme le bord gauche.
Le genre Nasse, tel que nous le décrivons
d'après M. Deshayes , comprend plus des
trois quarts du genre Buccin , tel que l'ad-
mettait Lamarck en dernier lieu ; il se
distingue des vrais Buccins non seulement
par la callosité du bord gauche qui n'est pas
toujours aussi prononcée, mais encore par
la forme de l'animal. Les Buccins, en effet,
ont le pied étroit, allongé en avant; la tête
petite, étroite; les tentacules cylindracés,
obtus au sommet, et les yeux portés par de
petits pédicules à la base externe des ten-
tacules; l'opercule d'ailleurs diffère aussi
par sa grandeur et par l'absence des dente-
lures marginales. D'après ces différences, on
doit regarder comme des Nasses non seule-
ment les Buccins de la deuxième section de
Lamarck qui ont la columelle calleuse, tels
582
NAS
que le B. casquillon (N. arcularia), les B.
thersites , gibbosulum , pullus , marginula-
tum, etc. , mais aussi beaucoup de ceux de
la première section, tels que le B. relicula-
tum , si commun sur nos côtes.
Le nom de Nasse avait d'abord été donné
par Klein à quelques coquilles, d'après leur
aspect rappelant un peu la forme de la Nasse
d'osier des pêcheurs; mais ce fut Lamarck
qui, dans ses premiers ouvrages de zoolo-
gie, institua un genre Nasse pour des co-
quilles toutes différentes de celles de Klein,
et qu'il plaça à côté des Pourpres dans le
voisinage des Buccins. Toutefois, après avoir
plusieurs fois changé la place de ce genre en
l'éloignant davantage de ces dernières co-
quilles, il finit par le confondre avec elles
et par en faire une simple section du genre
Buccin, dans son Histoire des animaux sans
vertèbres. Cuvier admettait un grand genre
Buccin subdivisé en plusieurs sous-genres
dont les Nasses font partie; il rangea celles-
ci d'abord entre les Pourpres et les Harpes
eten les séparantencoredes vrais Buccins par
les Tonnes et les Éburnes ; mais, dans sa
dernière édition, il les plaça immédiatement
après les Buccins, auxquels, dit-il, elles res-
semblent par la conformation de l'animal,
tout en en différant par la callosité de la colu-
melle. Férussac, au contraire, admit le genre
Nasse, et le plaça même dans une autre fa-
mille que les Buccins. M. de Blainville, de
son côté, n'en faisait qu'une simple section
du genre Buccin. M. Deshayes lui-même con-
sidérait le genre Nasse comme tout-à-fait
artificiel ; mais, d'après les observations qu'il
a eu plus récemment l'occasion de faire sur
les animaux vivants de la Méditerranée, il a
admis ce genre en le circonscrivant et en le
caractérisant comme nous l'avons dit plus
haut. Les Nasses sont des Mollusques très
répandus dans toutes les mers; leurs co-
quilles, toujours de petite taille, n'excèdent
guère une longueur de 3 centimètres, et
quelques unes ont moins de 12 millimètres.
On en trouve beaucoup aussi à l'état fossile,
particulièrement dans les terrains tertiaires.
(Dm.)
IVASSIER. moll. — Dénomination im-
propre pour désigner l'animal du g. Nasse.
NASSOVIA , Pers. ( Encheir. , II , 499).
bot. ph. — Syn. de Nassavia, Commers.
NASTURCE. Naslurlium (de nasus for-
NAS
tus, d'après Pline, parce que le goût pi-
quant de l'espèce la plus connue fait fron-
cer, dit-il, les ailes du nez), bot. ph. — Genre
de plantes de la famille des Crucifères, sous-
ordre des Pleurorhizées; dans le système de
Linné, il est difficile de déterminer s'il ap-
partient à la Tétradynamie siliqueuse ou si-
liculeuse, à cause des variations de longueur
de son fruit chez les diverses espèces qui
le composent. Les plantes qu'il comprend
étaient des Sisymbres pour Linné et les bo-
tanistes linnéens ; elles ont été isolées par
M. Rob. Brown, par DeCandolle et les bo-
tanistes modernes, surtout en raison des
principes de la division établie parmi les
Crucifères par le célèbre botaniste de Ge-
nève, la radicule des vrais Sisyrribrium étant
appliquée sur le dos des cotylédons , ce qui
les classe parmi les Notorhizées, tandis que
celle des Naslurlium est située à côié de leur
ligne de jonction , caractère qui les range
parmi les Pleurorhizées. Les Nasturces sont
des plantes herbacées, annuelles, bisan-
nuelles ou vivaces , qui croissent dans les
eaux douces , et qui , comme la plupart des
plantes aquatiques , sont dispersées sur
presque toute la surface du globe. Leur tige
est rameuse, et s'enracine souvent à sa base ;
leurs feuilles sont alternes, de forme yiria-
ble , souvent pinnatiséquées , munies d'un
pétiole qui se dilate plus ou moins en oreil-
lettes à sa base. Leurs fleurs sont blanches
ou jaunes, réunies en grappes, et présentent
les caractères suivants : Calice à 4 sépales
étalés, égaux à leur base ; corolle à 4 pétales
entiers; 6 étamines tétradynames, à filet
entier; pistil à stigmate en tête, presque bi-
lobé. Le fruit qui leur succède est une sili-
que raccourcie au point de mériter le nom
de silicule; à 2 valves sans nervures ou avec
une nervure médiane, concaves , non caré-
nées, renfermant plusieurs graines suspen-
dues, disposées sur quatre rangs irréguliers,
dont l'embryon a ses cotylédons accombants.
Les Naslurlium décrits dans le Prodromus
(t. I, p. 137 ) sont au nombre de 27; de-
puis la publication de cet ouvrage, Walpers
a pu en relever 21 nouvelles. Ces espèces se
divisent en trois sous-genres, dont les deux
premiers ont été admis comme genres dis-
tincts et séparés par quelques botanistes ,
dont le dernier a été proposé avec doute par
De Candolle.
NAS
NAS
583
a. Cardaminum, Mœnch. Silique courte,
cyïindracée, subdéclinée; 4 glandes hypo-
gynes; pétales blancs, plus grands que le
calice; graines réticulées-rugueuses. C'est à
cette section qu'appartient l'espèce la plus
importante de tout le genre.
1. Nasturce officinal, Naslurtium offici-
nale Rob. Br., vulgairement Cresson, Cres-
son de fontaine. Cette espèce croît abon-
damment dans les ruisseaux et les sources
de presque toutes les contrées du globe.
C'est à elle qu'a été donné d'abord le nom de
Naslurtium, que Linné lui a conservé comme
spécifique en la rangeant parmi les Sisym-
brium (S. naslurtium Lin. ), et qui est de-
venu en dernier lieu celui du genre tout en-
tier. Elle est vivace; sa tige, longue de
23 décimètres, est couchée à sa partie infé-
rieure qui s'enracine aux nœuds ; elle se
redresse supérieurement; ses feuilles sont
pinnatiséquées , à segments presque arron-
dis, ou ovales, ou oblongs , entiers ou un
peu sinueux, le terminal plus grand, un peu
en cœur à sa base. Ses fleurs sont blanches,
petites. Sa silique est courte, un peu arquée,
à peu près de la longueur du pédicelle. Le
Cresson de fontaine est une des plantes les
plus intéressantes de la famille des Cruci-
fères, à cause de ses propriétés médicinales
et de la consommation considérable qui s'en
fait, et qui est telle qu'à Paris, par exemple,
îes environs en sont presque dépeuplés. On
sait, en effet , qu'à l'état jeune il fournit
une salade très recherchée, et ce seul usage
en absorbe de très grandes quantités. En
second lieu, ses propriétés éminemment dé-
puratives et anti-scorbutiques lui donnent
de l'importance en médecine : aussi entre-
t-il dans plusieurs préparations anti-scorbu-
tiques. De plus , on recommande depuis
longtemps son emploi pour diverses mala-
dies des voies urinaires; on lui attribue en-
core une action assez avantageuse dans les
maladies de poitrine , et la croyance popu-
laire en fait, sous ce rapport, un médicament
des plus salutaires. Pour tous ces usages
médicinaux on emploie la plante fraîche,
car on a reconnu que la dessiccation et la
cuisson annihilent son action. Dans cet état,
sa saveur est piquante, avec un léger mé-
lange d'amertume et quelque peu d'âcreté.
Autrefois on en faisait la base de nombreu-
ses préparations, dont la plupart ont été
abandonnées. La plante spontanée ne suffi-
sant pas à la consommation qui s'en fait
journellement, on la multiplie fréquemment
en la semant le long des eaux courantes, ou
même on en fait l'objet d'une culture spé-
ciale dans des baquets à moitié remplis d'eau
qu'on renouvelle de temps en temps, et dans
lesquels on sème la graine ou l'on plante des
fragments de la b*ase rampante des tiges. On
obtient par ces deux procédés des cresson-
nières d'un bon rapport.
b. Brachyolobos , Alli. Pétales jaunes;
glandes de la fleur petites; silique raccour-
cie, cylindroïde ou ellipsoïde. Parmi celles,
de nos espèces indigènes qui appartiennent
à ce sous-genre, nous nous bornerons à quel-
ques mots sur la suivante.
2. Nasturce amphibie, Naslurtium am-
phibium R. Brown (Sisymbrium amphibium
Lin.), vulgairement Raifort d'eau. Cette es-
pèce croît au bord des fossés et des cours
d'eau , dans les eaux stagnantes, et même
dans des lieux d'où l'eau disparaît pendant
l'été. Elle est vivace. Sa tige, rameuse, s'é-
lève quelquefois jusqu'à 1 mètre de hauteur,
et le plus souvent reste couchée à sa partie
inférieure de manière à prendre racine aux
nœuds; ses feuilles sont oblongues-lancéo-
lées , ordinairement embrassantes à leur
base , tantôt entières, tantôt dentées en scie,
tantôt enfin pinnatifides, au moins les in-
férieures. Les pétales de ses fleurs sont plus
longs que le calice. Ses siliques sont ellip-
soïdes. Les variations de forme des feuilles
dans cette espèce en font distinguer deux
variétés : l'une à feuilles indivises, l'autre
à feuilles inférieures plus ou moins profon-
dément pinnatifides. Au printemps , on
mange quelquefois les jeunes feuilles de
cette espèce en guise de Cresson. Quelques
médecins ont de plus tiré parti de ses grai-
nes , qu'ils ont dit agir comme vermifuges.
A ce même sous-genre appartiennent en-
core trois espèces indigènes, dont deux sur-
tout se trouvent communément le long des
eaux douces de toute la France; ce sont les
Naslurtium sylvestre R. Br. , N. palustre
DC, et le N. pyrenaicum R. Br.
c. Clandestinaria, DC. Ce sous-genre a été
proposé avec doute par De Candolle , pour
quelques plantes de l'Inde et de l'Amérique
méridionale que distinguent leurs pétales
nuls ou très petits, blancs, et leurs silique?
584
NAT
NAT
allongées, cylindriques, dressées. D'après ce
botaniste, les unes rentreraient probable-
ment dans les Sisymbrium, les autres parmi
les Arabis. (P. D.)
NASTURTIOLUM , Gray (Brit. Plant.,
II, 692). bot. ph. — Syn. d' Hulchinsia, R.
Br. — DC. (Syst., II, 522). Voy. sene-
biera , Poir.
NASTURTIUM. bot. ph. — Voy. nas-
TERCE.
*WIASTLS(va<rToç, épais), ins.— Genre de
Coléoptères tétramères, famille des Curcu-
lionides gonatocères, division des Otiorhyn-
chides, créé par Schœnherr (Gênera etspecies
Curculion. synon., t. Vil, 1, p. 405). Deux
espèces sont rapportées à ce genre, les N.
Goryi Parr., Schr., et humatus Gr., Schr.
L'une et l'autre proviennent du Caucase. (C.)
1VASTUS (vatjxoç, épais), bot. ph. — Genre
de la famille des Graminées , tribu des Fes-
tucacées, établi par Jussieu (Gen., 34). Gra-
raens de l'île Bourbon. Voy. graminées.
NASUA (nasus, nez), mam. — Nom latin
du genre Coali (voy. ce mot), appliqué par
Storr (Prodr. met. Anim. , 1780). (E. D.)
* NAS UT A (nasutus, qui a un grand
nez), mam. — Illiger (Prodr. syst. Mam. et
Avium, 1811) donne ce nom à une famille
de Mammifères , comprenant le seul genre
Tapir. Voy. ce mot. (E. D.)
*IVATALIS (nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères tétramères, famille des
Malacodermes, tribu des Clairones, établi par
Laporte (Revue en t. de Silberman , tom. 4,
pag. 41 ) et adopté par Spinola ( Essai mo-
nographique sur les Clériles, 1844, p. 198).
Les trois espèces suivantes appartiennent à
ce genre : Opilus porcatus F., cribricollis
H.-T).,Laplacei Lap. Les deux premières sont
originaires de la Nouvelle-Hollande; la troi-
sième est du Chili. (C.)
* NATALUS. mam. — Groupe de Chéi-
roptères, désigné par M. Gray (Ann. of.
PMI., XXVI, 4825). (E. D.)
* MATANTES, Schinz. (Europ. faun.,
1840). ois. — Syn. de Palmipèdes, G. Cuvier.
Voy. ce mot. (E. D.)
NATANTIA. mam. — Ordre de Mammi-
fères créé par Illiger (Prodr. syst. Mam. et
Avium, 1811), et correspondant à celui plus
généralement connu sous la dénomination
de Cétacés. Voy. ce mot. (E. D.)
NATATORES. ois.— Division des Oiseaux
indiquée par Illiger (Pr. syst. Av. et Mamm.,
1811) et correspondant à peu près au groupe
des Nageurs de Vieillot. Voy. ce mot. (E. D.)
*NATIIALIS. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères diurnes , tribu des Piérides ,
établi par M. Boisduval (Sp. gén. des Lé-
pid., I, 589). La seule espèce connue est
le Nalhalis Joie Boisd., du Mexique. (L.)
NATICE. Natica. moll.— Genre de Mol-
lusques gastéropodes pectinibranches , sans
siphon au manteau , et par conséquent sans
échancrure à la base de l'ouverture , mais
pourvus d'une trompe, et se nourrissant de
proie vivante. Ce genre, et les Sigarets, qui
ont les mêmes caractères, constituent la fa-
mille des Naticoïdes, les seuls Pectinibran-
ches sans siphon qui soient exclusivement
zoophages. Le pied des Natices est mince et
extrêmement dilaté ; il égale au moins quatre
à cinq fois la longueur de la coquille, dans
laquelle il ne peut rentrer que difûcilement;
il forme d'ailleurs un bourrelet charnu cir-
culaire dans lequel la coquille est presque
entièrement cachée. L'opercule corné ou
pierreux est porté par le pied , et se trouve
également caché par la disposition de l'ani-
mal dans l'état d'extension. Le manteau se
replie sur la partie antérieure de la coquille ;
entre ce repli du manteau et le pied , s'a-
vance la tête, courte, très large, et terminée
par deux lèvres, entre lesquelles sort la
trompe, qui est rétractile. La coquille est
presque globuleuse, ombiliquée ; l'ouverture
est entière, en demi-cercle; le bord gauche
oblique, et non denté comme celui des Né-
rites, est recouvert par une callosité qui mo-
difie l'ombilic et quelquefois le cache en
partie. Le bord droit est tranchant, toujours
lisse à l'intérieur. Les espèces vivantes de
Natices, toutes marines, sont nombreuses et
remarquables par le poli , et souvent aussi
par la coloration de leur surface : les plus
grandes sont larges de plus de 8 centimètres,
les plus petites n'ont que 2 centimètres de
largeur. On en connaît aussi beaucoup de
fossiles dans les terrains tertiaires; plusieurs
même se trouvent à la fois encore vivantes
dans les mers d'Europe , et fossiles dans les
étages supérieurs de ces terrains tertiaires.
Adanson le premier désigna ces coquilles
par le nom de Natice ; mais longtemps au-
paravant, Lister avait déjà groupé assez
exactement les espèces qu'il connaissait.
NAT
Linné les laissa parmi les Nérites , comme
formant une section particulière. Bruguière
et Lamarck adoptèrent au contraire le genre
Natice , et ce dernier naturaliste les plaça
dans sa famille des Néritacées. Cuvier, imi-
tant Linné, en fit un sous-genre des Nérites,
en les distinguant par la grandeur de leur
pied, par la coquille ombiliquée, et par l'o-
percule corné et non pierreux, ce qui, pour-
tant, n'est pas général. M. de Blainville, en
conservant le genre Natice, le laissa avec
les Nérites dans sa famille des Hémicyclos-
tomes , qui répond aux Néritacées de La-
marck. M. Deshayes, qui avait aussi d'abord
conservé ce genre dans les mêmes rapports,
a été amené, par de nouvelles observations,
à le séparer des Nérites, et à le placer, avec
les Sigarets, dans une famille à part comme
nous l'indiquons. (Duj.)
*NATICGIDES. Naticoides. moll. — Fa-
mille de Gastéropodes pectinibranches sans
siphon ou manteau et par conséquent sans
échancrure à la base de l'ouverture, mais
pourvus d'une trompe , et se nourrissant de
proie vivante. Cette famille comprend les
deux genres Natice et Sigaret, qui diffèrent
par les dimensions de l'ouverture de la co-
quille , mais qui, l'un et l'autre , sont re-
marquables par la grandeur du pied. (Duj.)
N ATRID1UM, DC. {Prodr., II, 158).
bot. ph. — Voy. ononis, Linn.
NATRIX. rept. — Espèce de Couleuvre,
Coîuber nalrix , qui est devenue pour Lau-
renti {Synopsis Reptilium, 1768) le type d'un
petit groupe particulier. Voy. le mot cou-
leuvre. (E. D.)
NATRIX, DC. (Prodr., Il , 158). bot.
ph. — Voy. ononis, Linn.
NATROCHALCITE.min.— Syn. de Gay-
Lussile. Voy. carbonates et soude.
NATROLITHE. min. —Syn. de Méso-
type. Voy. ce mot.
NATRON. min. — Sous- carbonate de
joude hydratée. Voy. carbonates et soude.
*NATSIATUM. bot. ph.— Genre delà fa-
mille des Phytocrénées , établi par Ilamil-
ton (Msc). Arbrisseaux de l'Asie tropicale.
Voy. phytocrénées.
NATTE, moll. — Ce nom a été donné,
dans le commerce, à plusieurs espèces de
coquilles. Ainsi l'on a appelé :
Natte d'Italie, les Conus lesseïïalus et
Utleratus ;
T. viii.
NA€
585
Natte de Jonc, une Telline;
Natte sans taches, le Tellina gari, etc.
NATTERER. ois.— Espèce du genre En-
goulevent. Voy. ce mot. (E. D.)
*NATYA. rept.— M. Gray (Syn. Brit.
Mus. , 1840) indique sous ce nom un nou-
veau groupe de Geckoniens. (E. D.)
NAUCHEA, Descourt, (m Annal. Soc.
Linn. Paris, IV, 7, t. 1). bot. ph. — Syn.
de Cliloria , Linn.
NAUCLEA. bot. ph. — Voy. nauclée.
NAUCLEARIA, DC. bot. — Voy. nau-
CLEA.
NAUCLÉE. Nauclea. bot. ph. — Genre
de plantes de la famille des Rubiacées, sous-
ordre des Cinchonacées, de la Pentandrie
monogynie dans le système sexuel de Linné.
Il se compose d'arbres ou d'arbrisseaux
grimpants qui habitent tous les contrées!
intertropicales; dont les feuilles simples ,
coriaces, opposées ou verticillées, sont ac-
compagnées de stipules interpétiolaires.
Leurs fleurs, réunies en capitules glo-
buleux , axillaires ou terminaux , sont por-
tées sur un réceptacle commun globuleux ,
et entremêlées de bractéoles. Elles présen-
tent les caractères suivants: Calice à tube
adhérent, oblong , à limbe supère, court,
tronqué ou 5-parti. Corolle en entonnoir,
à tube grêle; à limbe 5-fide; 5 étamines
insérées à la gorge de la corolle; ovaire
adhérent, à 2 loges pauci- ou mulli-ovulées,
surmonté d'un style filiforme, saillant,
que termine un stigmate renflé, indivis. A
ces fleurs succèdent des capsules distinctes
ou soudées entre elles, à 2 loges qui se
séparent à la maturité sous la forme de
deux coques suspendues au sommet d'un
axe filiforme.
Tel qu'il est limité par les caractères
précédents, ce genre comprend non seule-
ment les Nauclées proprement dites , mais
encore les Uncaria, Schreb. , arbrisseaux
grimpants chez lesquels les pédoncules sté-
riles et ceux des inflorescences passées
durcissent en épines axillaires, fortement
crochues; et les Adina, Salisb. , sous-ar-
brisseaux de Chine , inermes, distingués par
leur calice à limbe 5-parti, persistant;
les uns et les autres n'en forment plus que
de simples sections. Le genre tout entier ,
ainsi circonscrit, est divisé par M. Endli-
cher en 5 sous-genres , qui portent les noms
586
NAU
NAU
de Plant anocarpum, Nauclearia, Pentaco-
ryna, Uncaria et Adina. C'est parmi les
Uncaria que se trouve l'espèce la plus in-
téressante du genre, la seule dont nous
nous proposions de nous occuper ici.
1 . Nauclée gambir , Nauclea gambir
Hunter {Uncaria gambir Roxb., DC). Cette
espèce croît spontanément à Pulo-Pinang ,
à Sumatra , à Malacca , etc. C'est un arbris-
seau grimpant, dont les branches sont cy-
lindriques , dont les feuilles sont ovales-
lancéolées , aiguës au sommet , lisses à leurs
deux faces, munies d'un court pétiole, ac-
compagnées de stipules ovales; de l'aisselle
de ces feuilles partent des pédoncules soli-
taires, opposés, qui portent des bractéoles
vers le milieu de leur longueur , et dont les
inférieurs , qui sont stériles , se changent en
épines très crochues. C'est de cette plante
que les Malais obtiennent une des substan-
ces qui portent dans le commerce le nom
de gomme-kino ; celle-ci est connue particu-
lièrement sous le nom de Gutta-gambeer ou
gambir. Au sujet de la préparation de cette
substance et de ses usages, nous reprodui-
rons les principaux passages d'un mémoire
spécial de Hunter {Observations on Nauclea
gambir , etc. , Transact. of the Linn. soc.
ofLondon, vol. IX, 1808, pag. 218-224 ,
tab. 22).
« Une question qui a occupé les natura-
listes et les auteurs d'ouvrages sur la ma-
tière médicale, consiste à savoir si les petites
tablettes ou trochisques connus sous le nom
de Gutta gambeev , sont une préparation
obtenue du Mimosa catechu ou d'une autre
plante. Mes observations peuvent servira
résoudre cette question.
» C'est avec les feuilles du Nauclea gam-
bir qu'on prépare cette substance par deux
procédés différents. Le premier consiste à
faire bouillir les feuilles détachées des bran-
ches dans un grand pot , pendant une heure
et demie, en ajoutant du liquide à mesure
qu'il se vaporise, jusqu'à ce que la matière
épaississe en consistance de sirop. On l'en-
lève alors dedessus le feu, et, en refroidis-
sant, elle se soïidiûe. On la partage ensuite
en petits carrés, qu'on fait sécher au soleil,
en les retournant fréquemment. Le Gam-
beer préparé d'après ce procédé est brun ;
mais on en porte de quelques points des
côtes de la Malaisie et de Sumatra , qui
forme de petits pains ronds, presque par-
faitement blancs. D'après le docteur Camp-
bell , de Bencoolen , on l'obtient par un
second procédé, qui consiste à couper en pe-
tits fragments les feuilles et les jeunes
branches , et à les faire infuser dans l'eau
pendant quelques heures; il se dépose de
la sorte une matière qu'on fait sécher au
soleil , et qu'on façonne dans de petits mou-
les arrondis.
» La première sensation que le Gambeer
produit sur l'organe du goût, est celle d'a-
mertume et d'astringence. Mais il laisse
ensuite un arrière-goût douceâtre très per-
sistant... On nous a assuré qu'il agit effi-
cacement dans les angines, contre les aph-
thes, ainsi que dans les cas de diarrhée et
de dyssenterie. On fait infuser cette matière
dans l'eau , à laquelle elle donne la couleur
d'une infusion de thé. Les Malais la mêlent
à de la chaux, et l'appliquent à l'extérieur
snr les coupures , brûlures, etc. Mais l'usage
le plue fréquent qu'on en fait dans les In-
des consiste à la mâcher en la mêlant avec
des feuilles de Bétel, de la même manière
que pour le Cachou. On choisit pour cela sa
qualité la plus belle et la plus blanche;
celui de couleur rouge , ayant un goût fort
et âpre, est exporté en Chine et à Batavia,
où on l'emploie pour le tannage et pour la
teinture... Il paraît qu'il est très propre au
premier de ces usages, mes expériences
m'ayant montré qu'il est plus riche en
tannin que le Cachou.
» Les principaux lieux de fabrication de
cette substance sont : Malacca , Siak et Rhio,
où l'on emploie le plus généralement le pro-
cédé par ëbullition.
»Pour la culture de la plante on préfère les
terres rouges et riches. Elle donneles produits
les plus abondants lorsque les pluies sont
fréquentes ; mais elle ne réussit pas dans
les lieux qui peuvent être inondés. Pour ce
motif, les flancs d'un cote? \ sont plus con-
venables que tout autre lieu. On propage ce
végétal par graines, qui lèvent après trois
mois; le jeune plant croît rapidement; lors-
qu'il a 9 pouces de long, on le plante à de-
meure en espaçant les pieds de 8 à 9 pieds.
Un an après la plantation, ils donnent une
première récolte; une plus abondante a
lieu à dix-huit mois ; et après deux ans , les
arbustes ont atteint tout leur développe-
NAU
NAU
587
ment, et ils donnent alors les produits les
plus abondants. »
2. Une autre esp. de ce g. , le Nauclea
africana Wild., est employée au Sénégal
d'après M. Leprieur, en décoction et en bains
le traitement des fièvres. (P. D.)
*NAUCLÈRE. Nauclerus (vaOxlyjpoç, ma-
rin), poiss. — Genre de l'ordre des Aeantbop-
térygiens, famille des Scombéroïdes, établi
par MM. G. Cuvier et Valenciennes (Hist. des
Poiss., tom. IX, pag. 247). Les Poissons com-
pris dans ce genre ont une dentition sembla-
ble à celle des Sérioles, c'est-à-dire des dents
en carde ou en velours ras aux mâchoires et
aux palatins, lis offrent de plus , comme ca-
ractère distinctif, une épine qui sort du som-
met de l'angle obtus formé par les deux bords
du préopercule; cette épine est accompagnée
le plus souvent de deux autres plus petites,
placées de chaque côté de celle-ci. Le man-
que de carène aux côtés de la queue les
éloigne aussi suffisamment des Pilotes,
avec lesquels les Nauclères avaient été con-
fondus.
Les Nauclères sont de petits Poissons qui
ne vivent qu'en haute mer. On en connaît
6 espèces , parmi lesquelles nous citerons
principalement le Nauclère comprimé, Naucl.
compressus Guv. et Val. (loc. cit.). Le corps
de ce poisson est couvert de très petites
écailles. Il est argenté , brillant , un peu
plombé sur le dos, et traversé par sept ban-
des bleues noirâtres, qui descendent du dos
et s'effacent sur le bas des flancs. Les na-
geoires sont jaunâtres, excepté les ventrales
qui sont presque entièrement noires, et les
pectorales qui n'ont aucune tache et sont
d'une couleur pâle.
La taille de ce Poisson n'atteint ordinai-
rement que 3 centimètres. (M.)
*NAUCLEI\US (vavxÀ/ipoç, qui gouverne),
ois. — M. Vigors (Zool. journ., n. 7, 1825)
indique sous ce nomune subdivision du genre
Faucon. Voy. ce mot. (E. D.)
ÎVAUCORE. Naucoris ( vaûç, navire; Xo-
ptç, punaise ). ins. — Genre d'Hémiptères ,
de la section des Hétéroptères , famille des
Hydrocorises , tribu des Népides, créé par
Geoffroy ( Hist. abrégée des Ins., 1762 ), et
adopté par tous les entomologistes. Les Nau-
coris sont caractérisés d'une manière géné-
rale par leur corps acuminé en avant; par
leurs tarses antérieurs munis de deux petits
crochets, et par leur labre grand, triangu-
laire, recouvrant la base du bec.
Plusieurs entomologistes, et particulière-
ment Degéer et M. Léon Dufour, ont étudié
avec soin les mœurs et l'anatomie de plu-
sieurs espèces de ce genre. D'après Degéer,
l'espèce type du groupe , le Naucoris cimi-
coides, nage avec beaucoup de vitesse, et il
sort souvent de l'eau, pendant la nuit, pour
voler dans la campagne, et aller à la recher-
che d'une nouvelle mare. Cet Insecte est très
vorace , et se nourrit de toute sorte de pe-
tits animaux aquatiques qu'il attrape à la
nage; il attaque avec beaucoup de courage
tous les Insectes qu'il rencontre, et c'est un
de ceux qui font le plus de carnage dans les
eaux, soit à l'état de larve, soit à celui d'in-
secte parfait.
Suivant M. Léon Dufour, le canal digestif
du Naucoris maculata a une longueur triple
de celle de tout le corps de l'animal. L'ar-
mure copulatrice du mâle du Naucoris cimi-
coides se compose : 1° de deux pièces laté-
rales falciformes, obtuses, velues, coriaces,
mobiles sur leur base; 2° d'une plaque in-
termédiaire en forme de losange , coriace ,
velue, paraissant commencer au dernier seg-
ment dorsal de l'abdomen et à l'armure co-
pulatrice; 3° enfin , d'une espèce de dard
corné, mobile, dont la pointe, dirigée en ar-
rière, est en lancette acérée, et qui paraît
être un étui spécial de la verge. Les œufs
du N. cimicoides sontoblongs, cylindriques,
un peu courbés, blanchâtres, très lisses,
obliquement tronqués à leur bout anté-
rieur. Cette troncature est circonscrite par
un filet sursaillant , ce qui lui donne une
certaine ressemblance avec l'ouverture de
ces petites coquilles terrestres appelées pu-
pes. Les œufs d'une autre espèce {N. macu-
lata) sont ovales-obtus, nullement tronqués ;
et la texture de leur coque, examinée à une
forte lentille du microscope , paraît réti-
culée, avec des mailles arrondies, traversées
de raies ou lignes parallèles, tandis que la
coque des œufs de la N. cimicoides, soumise
aux mêmes verres amplifiants, n'offre aucun
aspect de réticulation. C'est vers la fin d'avril
que les femelles pondent leurs œufs.
Trois espèces entrent dans ce genre :
Naucoris cimicoides Linné , Fabr. C'est
l'espèce type : elle est d'un jaune verdâtre/
sur tout le corps, avec quelques points bruns
588
NAU
NAU
sur ia tête et le prothorax ; les ailes sont
blanches, transparentes; la partie membra-
neuse des élytres est presque aussi grande
que la partie coriace; les pattes et les an-
tennes sont de la couleur du corps. Se trouve
très communément dans les marais des en-
virons de Paris.
Naucoris maculata L. Duf. Midi de la
France.
Naucoris Pœyi Guérin (Icon. Règ.anim.
Cuv., Ins., pi. 57, fig. 5). Mexique. (E. D.)
*NAUCORIDA, Leach, etNAUCOIUŒ,
Hallen. ins. — Ces deux noms ont été ap-
pliqués à une petite famille d'Hémiptères
hétéroptères comprenant plusieurs genres
dont le principal est celui des Naucores.
Voy.ce mot. (E. D.)
*NAUCORIDES. Naucorides. ins. —
Groupe d'Hémiptères Hétéroptères hydroco-
lises , de la famille des Pedirapli, indiqué
par MM. Amyot et Serville (Hémiptères,
Suites à Buffon de Roret), qui leur donnent
pour caractères quatre articles aux antennes
et le corps large, ovalaire. Les genres Belos-
tonia , Zoitha , Naucoris , Sphœodema et Di-
plonychus (voy. ces mots) entrent dans cette
division. (E. D.)
NAUCORIS. ins. — Voy. naucore.
NAUCRATES. poiss. — Voy. pilote.
* KAULTINUS. rept. — Groupe de Gec-
koniens (Voy. ce mot), d'après M. Gray
(Syn. Brit. Mus. , 1840). (E. D.)
NAUMBURGIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Primulacées-
Primulées , établi par Mœnch (Meth. suppl.,
23). Herbes des contrées marécageuses de
l'Europe. Voy. primulacées.
*NAUPACTUS ( nom d'une ville d'É-
tolie). ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Curculionides gonato-
cères , division des Brachydérides , formé
par Mégerle et adopté par Dejean et
Schœnherr (Gen. et sp. Curculion. synon.,
t. V, p. l). Ce dernier auteur cite et décrit
cent quarante espèces de ce genre, qui toutes
sont originaires d'Amérique. Un grand nom-
bre de cette partie du globe figurent comme
inédites dans nos collections. Nous cite-
rons, comme se rapportant à ce genre,
les suivantes: N. longimanus, decorus, rivu-
losus de F., xanthographus , aulacus , leu-
cospilus,roborosus, durius, bipes,pithecius,
décrites sous le nom générique de Leptocerus
(nom qui a dû être rejeté comme ayant été
employé antérieurement), senex, Winttiemi,
granicollis et temperans Schr. Ces Insectes
se trouvent abondamment sur des feuilles
de végétaux; ils sont reconnaissables par le
renflement des cuisses, la dentelure des
tibias antérieurs, et par la ténuité des an-
tennes. (C.)
* NAUPHOETA ( voûîç , navire ; 9otraita ,
je fréquente), ins. — M. Burmeister (Handb.
der entom., II , 1838 ) a créé sous ce nom
un genre d'Orthoptères , de la famille des
Blattariens , et il y comprend 4 espèces : 3
nouvelles , et 1 provenant de Manille , et
indiquée par M. Klug sous la dénomination
de N. grisea. (E. D.)
N AU PLIES, Cass. (in Dict. se. nat.,
XXXIV, 272). bot. ph. — Gyn. û'Asteriscus,
Mœnch.
*NAUPRIDIA. ins. —Genre de l'ordre
des Lœmodipodes, que M. Milne Edwards
range dans sa famiile des Caprelliens ou
Lœmodipodes filiformes. Cette coupe géné-
rique ne nous est connue que par le peu de
mots que Latreille en a dits. Voici les ca-
ractères que ce naturaliste lui assigne : Cinq
paires de pieds dans une série continue;
ceux des deuxième, troisième et quatrième
paires portent à leur base une vésicule. L'es-
pèce qui a servi à l'établissement de cette
coupe générique habite nos côtes, et n'a
pas encore été décrite. (H. L.)
NAUTELLIPSITES. moll. — Genre de
Céphalopodes, fossiles proposé par Parkinson
pour quelques espèces d'Ellipsolites de So-
werby qui seraient censées avoir les cloisons
simples et le siphon comme les Nautiles, tan-
dis que les vraies Ellipsolites ont les cloisons
découpées comme les Ammonites. (Duj.)
NAUT1LACÉS. Nautilacea. moll. — Fa-
mille établie par Lamarck parmi les Céphalo-
podes, pour les espèces dont la coquille dis-
coïde, à spire centrale, est divisée en loges
courtes qui ne s'étendent pas du centre à
la circonférence. Cette famille, ainsi défi-
nie , comprenait , avec les genres Discorbe ,
Sidérolite, Polystomelle, Vorticiale et Num-
mulite, qui sont des Rhizopodes ou Fo-
raminifères , le seul genre Nautile appar-
tenant à la classe des Céphalopodes ; mais
il convient de rapprocher de ce dernier
genre tous ceux qui ont également une co-
quille cloisonnée à loges simples avec un si-
NAU
NAU
589
phon ventral ou central, et la dernière loge
assez grande pour contenir l'animal. On peut
alors , comme Ta fait M. Deshayes, former
une nouvelle famille des Nautilacés compre-
nant les sept genres Orlhocerasy Gomphoce-
rasy Carnpulites, Phragmoceras , Lituites ,
Clymenia et Nautilus. Le dernier seul est
représenté par des espèces vivantes et fossi-
les. Tous les autres sont exclusivement fos-
siles, comme les différents genres de la fa-
mille des Ammonées, et c'est par induction
seulement qu'on peut supposer que tous ces
animaux étaient munis de quatre branchies
comme les Nautiles vivants. (Duj.)
NAUTILE. JVauMus (vauTt)oç, navigateur).
moll. — GenredeCéphalopodesà quatre bran-
chies ou tetrabrancb.es, et à coquille cloison-
née ayant les cloisons simples, enroulée en
spirale dans un même pian, et dont les tours
de spire sont contigus , le dernier envelop-
pant les autres; un siphon médian traverse
toutes les cloisons; l'animal diffèred'ailleurs
de tous les Céphalopodes à deux branchies
par ses tentacules très nombreux, contenus
dans des gaines charnues d'où, ils sortent
plus ou moins, et garnis de lamelles au côté
interne. Ces tentacules, qui peuvent aussi
être considérés comme formant huit groupes
analogues aux huit bras des Poulpes , em-
brassent la tête, et sont eux-mêmes en-
tourés par une sorte d'enveloppe charnue
prolongée supérieurement en manière de
capuchon , pour protéger l'animal quand ii
se contracte dans la dernière loge de la co-
quille destinée à le contenir tout entier. La
tête porte deux gros yeux très saillants; la
bouche est armée de mandibules en bec de
perroquet , comme celle des Seiches et des
Poulpes; mais ici, au lieu d'être totalement
cornées, les mandibules ont une partie cal-
caire , qui , pour les espèces fossiles, a pu se
conserver, et qu'on connaît sous le nom de
Pihyncholite. Le cœur, au lieu d'être divisé
comme chez les autres Céphalopodes, est formé
d'un ventricule et d'une seule oreillette, et
contenudansunpéricarde assez grand consti-
tuant en partie la cloison qui sépare de l'ab-
domen la cavité branchiale. Le Nautile est
placé dans sa coquille de telle sorte que
l'entonnoir ou le côté ventral correspond, au
côté extérieur de la coquille , à ce qu'on
nomme le côté dorsal dans un Planorbe et
même dans une Spirule ; par conséquent,
dans les Ammonites et les autres coquilles
fossilles de Céphalopodes , ce qu'on appelle
le dos de la coquille doit, par analogie, être
nommé le côté ventral. Deux grands fais-
ceaux musculaires partant de la tête vien-
nent se fixer latéralement dans la dernière
loge de la coquille, où ils produisent des
impressions musculaires. La coquille est
d'ailleurs, comme chez tous les Mollusques,
sécrétée par les diverses régions du manteau.
La partie interne produit la nacre , qui ta-
pisse toutes les loges et qui constitue les
cloisons; le bord épaissi du manteau sécrète
une portion plus épaisse du têt formée de
lames divergentes; et enûn son bord libre
sécrète aussi une couche extérieure fort mince
non nacrée , à laquelle appartiennent les
larges taches rouges , irrégulières , qui ont
fait donner à la coquille le nom de Nautile
flambé. On conçoit que pour tous les petits
objets d'arts qu'on a fabriqués avec cette
coquille , il a sufû de dissoudre les couches
externes pour faire paraître la nacre en
dehors.
Le nom de Nautile avait plus particuliè-
rement désigné l'Argonaute chez les anciens.
Breyne, le premier, l'appliqua aux coquilles
dont nous traitons ici, et qu'il caractérisait
assez bien. Linné adopta d'abord le genre
de Breyne, et donna le nom d'Argonaute au
Nautile des anciens. Bruguière adopta aussi
ce genre, mais il y comprit toutes les co-
quilles cloisonnées à cloisons simples tra-
versées par un siphon. Cuvier enfin rétablit
le genre Nautile tel qu'il doit être conservé ;
mais on ne connaissait alors l'animal lui-
même que d'après les observations incom-
plètes de Rumph. C'est en 1832 seulement
que M. Owen eut l'occasion de faire de ce
Mollusque une anatomie , que M. Valen-
ciennes , un peu plus tard, vérifia et rendit
presque complète par de nouvelles recher-
ches. C'est alors que l'on a pu être fixé dé-
finitivement sur l'organisation de cet animal,
et sur ses rapports avec le reste des Mollus-
ques de sa classe.
On connaît seulement 2 espèces vivantes
de Nautiles : l'une, plus commune (N. pom-
pilius), le Nautile flambé, habite l'océan des
grandes Indes et des Moluques: il atteint un
diamètre de 2 décimètres; il est porté par
les courants en si grande quantité sur les
côtes des îles Nicobar, à une certaine épo-
590
NAU
NAU
que de l'année, que les habitants fument ou
boucanent sa chair, et en font des provisions
pour le reste de l'année. L'autre espèce , le
Nautile ombiliqué, est un peu plus petit et
beaucoup plus rare : il se distingue par un
large ombilic, qui laisse voir, de chaque
côté, tous les tours de sa spire; il se trouve
également dans la mer des Indes. On avait
supposé que ces deux espèces se trouvent à
l'état fossile ; mais ce sont des espèces toutes
différentes qu'on trouve en grand nombre
fossiles dans presque tous les terrains ma-
rins des divers étages de l'écorce du globe.
(Duj.)
J\TAUTIL!TE. moll. — Dénomination an-
ciennement employée pour désigner les Nau-
tiles fossiles.
*JMUTILOeORYSTES(vavTi%ç, naviga-
teur ; Corystes, g. de Crustacés), crust. — Ce
genre, qui appartient à l'ordredes Décapodes
brachyures,aétéétabliparM.MilneEdwards
aux dépens des Corystesde Latreille, et ce sa-
vant le range danssa familledesOxystomeset
danssa tribu des Corystiens. Latreille a placé
dans le genre Corystes un Crustacé rapporté
du cap de Bonne Espérance par Delalande, qui
ressemble en effet aux Corystes parla forme
générale, mais qui néanmoins s'en distingue
par un caractère important, car les pattes
de la cinquième paire sont terminées par un
article aplati, en forme de nageoire, absolu-
ment comme chez les Portuniens; aussi
M. Milne Edwards a-t-il cru devoir le sépa-
rer génériquement et le désigner sous le nom
de Nautilocorystes. La carapace de cette
nouvelle coupe générique ne présente rien
de remarquable. Le front est large et à peine
saillant. Les antennes sont renfermées comme
chez les Corystes. Les pattes-mâchoires ex-
ternes ont aussi à peu près la même forme;
mais leur troisième article, un peu moins
long que le deuxième, donne insertion par
son sommet à l'article suivant. Les pattes
antérieures sont courtes et arrondies; celles
des quatre paires suivantes sont très com-
primées et terminées par un tarse lamelleux
et plus ou moins lancéolé; enfin celui des
pattes postérieures est très large. La seule
espèce connue de cette singulière coupe gé-
nérique est la Nautilocoryste ocellaire,
Nautilocorystes ocellatus Edw. ( Hist. nat.
des Crust., t. ï, p. 149). Cette espèce, dont
les mœurs nous sont inconnues, a été ren-
contrée sur les côtes du cap de Bonne-Espé-
rance. (H. L.)
*I\AUTILOGRAPSUS (vauxOos, naviga-
teur; Grapsus, g. de Crustacés), crust. —
Genre de l'ordre des Décapodes brachyures,
famille des Catométopes, tribu desGrapsoï-
diens, établi par M. Milne Edwards aux
dépens des Cancer de Linné et des Grapsus
de Latreille ( voy. ces mots). Cette petite
coupe générique ne diffère que très peu
de celle des Grapsus, mais établit le passage
entre ces derniers Crustacés et les Tra-
pézies. Ici la carapace, au lieu d'être nota-
blement plus large que longue et presque
plate, comme chez les Grapses, est plus lon-
gue que large , et bombée en dessus. Les
régions ne sont pas distinctes. Le front est
avancé, lamelleux et simplement incliné.
Les bords latéraux sont courbes et longs. Le
bord interne du deuxième article des pattes-
mâchoires est presque droit, et le troisième
article est plus large mêmequechezle Grapse
madré, mais à peu près de même forme.
Enfin les pattes sont beaucoup plus courtes
que chez les Grapses, et les verges du mâle
traversent une simple échancrure du bord
du plastron sternal. On ne connaît qu'une
seule espèce de ce genre, qui se voit dans
presque tous les parages, et se rencontre en
haute mer, souvent flottant sur les Fucus
natanSy ou sur les grands animaux marins.
Le Nautilograpse minime, Nautilograpsus
minimus Fabr., est le type de cette coupe
générique; nous avons aussi rencontré ce
Crustacé sur les côtes des possessions fran-
çaises du nord de l'Afrique, particulièrement
dans laradedeBone. (H. L.)
*NAUTlLOlDÉE$.Nauliloideœ.TOKAu\x.
—Première famille de l'ordre des Hélicostè-
guesdeM. A. d'Orbigny. Elle comprend les
RhizopodesouForaminifères dont la coquille
est libre, régulière, avec ses deux faces sem-
blables; la spire est régulièrement enroulée
dans un même plan. Cette famille com-
prend onze genres , répartis dans deux di-
visions principales, savoir : les genres Cris-
tellaria, Flabellina, Robulina , Nonionina,
Nummulina, Operculina et Vertcbralina ,
qui, suivant l'auteur, ont une seule ouver-
ture et le test vitreux, translucide; et en
second lieu les genres Polystomella, Penero-
plis, Orbiculina et Alveolina, qui ont plu-
sieurs ouvertures. (Duj.)
NAV
NAV
591
NAUTILOFHORES. Naulilophora. moll.
— Famille proposée par Gray pour les mêmes
genres à peu près qui constituaient l'ancienne
famille des Nautilacées de Lamarck. (Duj.)
NAUTILUS. moll. — Voy. nautile.
NAVENBURGIA. bot. ph. — Syn. de
Broiera, Cavan.
NAVET, moll. — Nom vulgaire de plu-
sieurs espèces de coquilles : les Conus miles,
Turbin ella râpa et T. napus.
On a encore nommé :
Navet de la Chine, la Turbinella râpa;
Navet a longue queue , le Murex canali-
culatus.
NAVET, bot. ph. — Espèce du genre
Chou. Brassiea napus. Voy. ce mot.
NAVETTE, bot. ph. — Espèce du genre
Chou, Brassiea prœcox. Voy. chou.
NAVETTE, moll. — Genre établi par
Monlfort aux dépens des Ovules, mais dont
il ne peut être séparé.
NAVETTE (Huile de).chim.— Voy. huile.
*NAVIA, Bork. (Disp. plant., 151). bot.
cr. — Syn. d'Orthotrichum, Hedw.
*NAVIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Broméliacées, établi par Martius(m
Schult. fil. Sysl., II, 4, XV, 1195). Herbes
du Brésil tropical. Voy. broméliacées.
NAVIAT. ois. — Nom vulgaire des Foul-
ques et des Mouettes.
NAVICELLE. Navicella (dim. de navis,
navire), moll.— Genre de Mollusques gasté-
ropodes pectinibranches de la famille des
Néritacés. La coquille est elliptique ou oblon-
gueconvexe, avec lesommet abaissé jusqu'au
bord ; le bord gauche correspondant à la co-
lumelle est aplati, tranchant, étroit, presque
en demi-cloison et sans dents. L'opercule est
calcaire, mince, aplati, quadrangulaire, avec
une dent subulée latérale : il est caché en-
tre le pied et la masse des viscères. Le pied
est large, soudé à la masse viscérale par
son extrémité; la tète est très large, termi-
née par une sorte de voile charnu auriculé
surmontant la bouche, et porte deux grands
tentacules subulés non rétractiles, à la base
desquels se trouvent deux courts tentacules
ou pédoncules terminés parlesyeux.Legcnrc
Navicelle fut créé d'abord par Lamarck sous
le nom de Nacelle, et placé par cet auteur à
côté des Néritines. Mais Cuvier, tout en
adoptant ce genre , le rangea avec les Cré-
pidules et les Calyptrées. Cependant, aujour-
d'hui, il ne reste plus aucun doute sur ses
véritables rapports, et leur analogie avec les
Néritines est surtout confirmée si l'on ob-
serve des coquilles jeunes, car on voit alors
que le sommet forme presque un tour de
spire et s'incline à droite. Et d'ailleurs , en
étudiant une collection complète de Nériti-
nes , on reconnaît qu'il existe de nombreux
passages entre les deux genres. L'espèce type,
la Nav. elliptique , Nav. clliplica, est lon-
gue de 2 à 3 centimètres, brun-verdâtre ,
presque noire comme les Néritines. Elle vit
dans les rivières de l'Inde et des îles de la
mer des Indes. (Duj.)
NAVICULE. Navicula(navicula, barque).
infus.? algues? — Genre d'êtres vivants mi-
croscopiques, habitant les eaux douces ou
marines , doués de mouvements spontanés,
et, d'après cela, classés parmi les Infu-
soires, quoique se rapportant bien plutôt
aux végétaux inférieurs. Les plus grandes
espèces n'ont guères que deux ou trois
dixièmes de millimètre de longueur sur une
largeur cinq à six fois moindre ; les plus pe-
tites n'ont pas un cinquantième de milli-
mètre. Elles ont la forme d'un coffret
oblong à quatre faces, dont deux oppo-
sées, presque planes, et les deux autres
convexes ou diversement infléchies; quel-
ques unes n'ont qu'une seule face convexe,
et paraissent avoir été primitivement sou-
dées par la face plane opposée. Il s'ensuit
que la plupart , vues de côté, ont une forme
rectangulaire, allongée ou presque linéaire,
et que vues en dessus elles ont la forme
d'une petite barque () ou d'une navette de
tisserand ; quelques unes sont renflées seu-
lement au milieu, ou bien présentent un
renflement à chaque extrémité. La plupart
ont leur axe rectiligne ; mais il en est aussi
dont l'axe est courbé en arc de cercle ou
infléchi en forme de §. L'enveloppe externe
est un test siliceux, transparent, dur et cas-
sant, souvent strié ou sillonné en long ou
en travers , ou même dans les deux direc-
tions à la fois, et présentant l'aspect d'une
ciselure très délicate. L'intérieur est occupé
par une substance mucilagineuse, limpide,
dans laquelle se trouvent une ou plusieurs
masses arrondies ou irrégulières d'une sub-
stance brune ou verte, comparable à la
chlorophylle des végétaux, et contenant
également des grains ou globules , comm«
592
NAV
de la fécule ou de l'huile. On n'a pu jus-
qu'à présent, avec le secours des meilleurs
microscopes, découvrir aucun organe interne
ou externe chez les Navicules ; et c'est par une
simpleillusion d'optique qu'on a été conduit
à leur attribuer des orifices symétriquement
placés , là où le test plus épais réfracte
plus fortement la lumière. C'est également
par erreur qu'on a supposé que le test peut
s'ouvrir spontanément là où il présente des
fentes longitudinales, parce que, après la
mort , ou en brisant les Navicules , on a vu
leur test se séparer, suivant sa longueur, en
deux ou quatre pièces opposées. Cependant
les Navicules, quoique paraissant dépour-
vues d'organes, ont la faculté de se mou-
voir spontanément: on les voit quelquefois
demeurer longtemps en repos; mais souvent
aussi elles s'avancent, d'un mouvement
uniforme , dans le sens de leur axe , puis
elles reviennent, comme une navette, en sui-
vant le même chemin, à moins qu'elles ne se
soient heurtées contre quelque obstacle qui a
changé leur direction; et elles recommen-
cent indéfiniment ce mouvement automati-
que sans qu'on y puisse voir la moindre trace
d'un instinct si simple qu'il soit, au lieu
que les vrais Infusoires savent coordonner
leurs mouvements à leurs besoins de respi-
ration ou de manducation. M. Ehrenberg,
de Berlin , a supposé, en dernier lieu , que
l'organe du mouvement est une sorte de
sole ou de semelle charnue , comme le pied
des Mollusques gastéropodes. Ce même na-
turaliste leur avait attribué d'abord des
pieds ou prolongements variables , comme
ceux des Arcelles et des Amibes ; d'un autre
côté, M. Valentin , professeur à Berne, a
prétendu avoir observé de chaque côté du
test des Navicules une rangée de cils vibra-
tiles, susceptibles de se mouvoir dans un
sens ou dans l'autre. Il explique, d'après
cela , le mouvement des Navicules ou leur
'J/at de repos , en supposant que, dans ce
dernier cas , les deux rangées se meuvent
en sens inverse, tandis qu'à l'instant du
mouvement elles s'agitent dans le même
sens. Mais , nous le répétons encore , per-
sonne n'a pu vérifier l'une ou l'autre de
ces observations , qui dès lors ne sont affir-
mées chacune que par un seul témoin. Les
Navicules se développent quelquefois en
quantité prodigieuse dans les eaux sta-
NAV
gnantes, et forment sur le limon une cou-
che bien reconnaissable à sa couleur ordi-
nairement brune; c'est ce qu'on voit sur-
tout dans les bassins de certains ports de
mer. Les tests siliceux de ces innombrables
générations de Navicules restent sans alté-
ration après la décomposition de la matière
vivante, et s'accumulent au fond des eaux
de manière à former des couches d'une
épaisseur considérable; c'est ainsi que se
sont formées pendant les périodes antédilu-
viennes des amas qu'on a décrits fausse-
ment comme formés par des Infusoires
fossiles, et dont plusieurs sont connus sous
le nom de Tripoli et de Farine fossile. On
conçoit, en effet, que ces carapaces, comme
on a voulu dire, ces tests siliceux, sont
ainsi réduits en petits fragments anguleux ,
larges de quelques millièmes ou de quel-
ques centièmes de millimètre , capables d'u-
ser la surface des métaux d'une dureté
moyenne.
Les Navicules n'ont été vues que depuis
l'introduction du microscope dans l'étude
de l'histoire naturelle; c'est O.-F. Millier
qui le premier en décrivit imparfaitement
deux espèces qu'il rangeait parmi les Infu-
soires, dans son genre Vibrion, avec d'autres
Bacillariées, avec desNématoïdeset de vrais
Infusoires. M. Bory de Saint-Vincent établit
plus tard le genre Navicule dans la famille
des Bacillariées qui fait partie de son règne
Psychodiaire intermédiaire entre lesanimaux
et les végétaux ; cet auteur les définit: « Des
êtres microscopiques , très simples, amincis
aux deux extrémités en forme de navette de
tisserand , comprimés au moins d'un côté,
nageant par balancement dans leur état d'iso-
lement, quoique souvent vivant réunis en
nombre infini et comme en société. » Il ajou-
tait que ces êtres, durant la première partie
de leur existence, c'est-à-dire pendant leur
végétation , sont fixés à la manière des Vor-
ticelles par un prolongement ou pédoncule
très diaphane, qui s'est d'abord développé
comme un filament byssoïde jusqu'à ce que
l'extrémité se renfle pour devenir une Navi-
cule. Il confondait ainsi les Navicules pro-
prement dites avec celles dont on fait depuis
le genre Cocconema. M. Gaillon , de son
côté, ayant observé des Navicules logées
dans des filaments confervoides rameux dont
depuis lors on a fait les genres Naunema,
NAV
NAY
593
Schizonema, etc., en prit occasion de pro-
poser une nouvelle classe, qu'il nomma les
Némazoaires , pour les êtres qu'il supposait
susceptibles de passer alternativement de la
vie animale à la vie végétale, qui avait pour
type ce que M. Turpin nommait Gaillonella
comoides dans le Dictionnaire des sciences
naturelles. Ce même M. Turpin établit d'ail-
leurs le genre Surirella pour des Navicules
courtes et larges ou d'une forme elliptique
et très élégamment striées. Agardh , bota-
niste suédois, et après lui De Candolle et
MM. Duby, Kutzing, Brébisson , etc., ont
classé les Navicules parmi les Algues de l'or-
dre ou de la classe des Diatomées (Voy. ce
mot) ou Diatomacées, caractérisées parleur
enveloppe dure et siliceuse; mais ils en ont
changé le nom en celui de Fruslulia , pour
la plupart. M. Kutzing, d'ailleurs, a créé
pour les espèces en forme de § le genre Sig-
matella.M. Ehrenberg, enfin, a voulu con-
sidérer comme des lnfusoires non seulement
les Navicules et toutes les Diatomées , mais
aussi les Desmidiées ou Desmidiacées qui
sont incontestablement des végétaux. 11 a
fait de tous ces êtres si divers la famille des
Bacillariées, la dixième de sa classe des Po-
lygastriques : c'est-à-dire qu'il leur attribue
des jstomacs multiples, prenant pour tels les
globules de nature diverse qui se trouvent
dans la matière colorée. Cette famille est
divisée par l'auteur en quatre sections, sa-
voir : 1° les Desmidiacées et 2° les Navi-
culaires, qui sont libres , mais qui diffèrent
parce que celles-ci ont le test de deux ou
plusieurs pièces, tandis que celles-là l'ont
d'une seule pièce ; 3° les Échinelle'es, qui sont
fixées ou portées par des pédoncules, et dont
plusieurs espèces sont, quant à la forme , de
véritables Navicules; 4° enfin les Lacernées
qui, en outre de leur test, ont une double
enveloppe commune , soit gélatineuse, soit
membraneuse. Plusieurs de ces Lacernées
sont d'ailleurs aussi de véritables Navicules
emprisonnées : telles sont les Fruslulia de
cet auteur, entourées d'un mucilage amor-
phe; les Naunema, dans des tubes membra-
neux ramifiés; et les Schizonema , dans des
Tubes membraneux fascicules. Quant aux
Échinellées,ce sont seulement celles du genre
Cocconema, qu'on peut assimiler à des Navi-
cules, qui seraient le plus souvent associées
deux à deux suivant une face plane. Quant
T. VIII.
aux Navicules proprement dites , M. Ehren-
berg les caractérise par leur test prismatique
avec six ouvertures. On ignore encore le
mode de reproduction des Navicules et l'on
doit difficilement comprendre leur mode
d'accroissement, car leur test, dur et sili-
ceux, s'étend par toute sa périphérie et pré-
sente des stries de plus en plus nombreuses,
tandis que sa cavité intérieure s'augmente
comme s'il y avait résorption à l'intérieur.
(Duj.)
NAXIA (nom mythologique), crust. —
C'est à l'ordre des Décapodes brachyures,
à la famille des Oxyrhynques , et à la
tribu des Maïens, qu'appartient cette coupe
générique, qui a été établie par M. Milne
Edwards aux dépens du genre des Pisa.
Cette petite division établit le passage entre
les Lissa et les Chorinus de Leach {voy. ces
mots). La forme générale du corps est ici
la même que chez les Pisa et les Lissa ,
et la disposition du rostre a beaucoup d'a-
nalogie avec celle qui est propre à ces
dernières; mais les Naxia se distinguent
des genres précédents par la disposition
des antennes et des orbites. La carapace
de ces Crustacés est presque pyriforme ,
et le rostre, quoiqu'il soit lamelleux, res-
semble beaucoup à celui des Lissa. Les or-
bites sont très petites, presque circulaires,
profondes, et marquées d'une fissure en
dessus et en dessous, mais sans hiatus à
leur bord inférieur. L'article basilaire des
antennes externes est grand, mais étroit en
avant, très avancé, et complètement caché
par le rostre et par l'angle antérieur du
bord orbitaire supérieur ; enfin, la tige mo-
bile de ces appendices s'insère sur le rostre,
tout près de la fossette antennaire, et non
au-delà du niveau du bord externe de ce
prolongement comme chez les Pisa; l'épi-
stome est très grand. On ne sait rien sur les
mœurs de ces Crustacés, dont la seule es-
pèce connue est la Naxie serpulifère ,
Naxia serpuUfera Guér. (Icon. du règn.
anim. de Cuv., Crust., pi. 8, fig. 2). Cette
espèce a été rencontrée dans les mers de la
Nouvelle-Hollande. (H. L.)
NAYA. REPT. Voy. NAJA.
NAYADES. moll. — Famille des Con-
chifères dimyaires , comprenant les Unios
ou Molettes, les Anodontes, les Iridines
et peut-être aussi les Éthéries, qui ont les
75
594
NED
NEB
lobes da manteau presque entièrement dés-
unis et sans siphons , comme les autres
Dimyaires du groupe des Mytilacés, mais
qui se distinguent par leur pied très grand,
comprimé; par leurs palpes lancéolés, et par
leurs grandes branchies, dans l'intérieur
desquelles les œufs sont reçus et les em-
bryons sedéveloppent même jusqu'à un cer-
tain point. Ce sont toutes des coquilles d'eau
douce revêtues d'un épiderme brunâtre, ou
noires en dehors et nacrées à l'intérieur;
elles diffèrent entre elles par leur char-
nière , avec ou sans dents irrégulières;
par leur manteau réuni en arrière chez les
Iridines seulement, et par l'adhérence de la
coquille chez les Éthéries seules, tandis que
toutes les autres sont libres et rampent sur
le sable ou la vase au moyen de leur pied
charnu. Lamarck avait établi d'abord cette
famille pour les seuls genres Mulette et Àno-
donte; plus tard il y fit entrer aussi le genre
Kyrie, qui doit aujourd'hui se confondre
avec les Unios, et, de plus, le genre Iridine;
mais en même temps il créa un genre Cas--
talie, qu'il plaçait auprès des Trigonies, et
qui cependant doit se fondre également
dans le genre Unio. Cuvier laissait les Ano-
dontes et les Mulettes dans sa grande fa-
mille desMytilacées, qui contient en même
temps les Cardites et les Crassatelles.
Les coquilles des Nayades sont fréquem-
ment rongées vers le sommet des crochets, et
cela s'observe particulièrement dans les eaux
peu chargées de sels calcaires, parce que les
Mollusques gastéropodes, fiuviatiles, pul-
monés, empruntent ainsi le carbonate de
chaux qui leur est nécessaire à des animaux
que leur mode de respiration met plus à
même d'extraire les sels contenus dans une
très grande masse d'eau. (Duj.),
NAYAS. bot. ph. — Voy. naïade.
IVAZIA, Adans. bot. ph. — Syn. de Lap-
pago, Schreb.
NEBALIA. crust. — Ce genre, qui ap-
partient à l'ordre des Phyllopodes et à la
famille des Apusiens, a été établi par
Leach aux dépens des Cancer des anciens
auteurs. Les Nébalies sont de petits Crusta-
cés très curieux qui, à raison de leurs yeux
pédoncules et de leur carapace, se rappro-
chent des Podophthalmes {voy. ce mot),
mais qui ne possèdent pas de branchies
proprement* dites, et respirent à l'aide de
membres thoraciques devenus membraneux
et foliacés. Elles semblent, à plusieurs
égards, établir le passage entre les Mysis et
les Apus. Le principal caractère de ce genre
singulier est que les pattes branchiales sont
au nombre de huit paires, et suivies par
quatre paires de pattes natatoires non bran-
chiales. La carapace est presque bivalve.
M. Thompson, à qui l'on doit des observa-
tions très intéressantes sur le développement
de divers Crustacés, pense que les Nebalia
sont de jeunes Cirrhipèdes; mais il nous
paraît indubitable que cela n'est pas, et que
cette opinion, jetée au hasard, n'est fon-
dée que sur quelques ressemblances de
forme extérieure. La seule espèce connue
est la Nébalie de Geoffroy, Nebalia Geof-
froyi Edw. (Hist. nalur. des Crust., t. III,
p. 355, pi. 35, fig. 1). Cette espèce est re-
marquable par quatre paires de grandes
pattes natatoires bifides , suivies de deux
paires d'appendices styliformes rudimentai-
res, fixées aux six anneaux qui précèdent la
pénultième. Elle est d'une taille très petite,
a pour patrie les côtes de Bretagne. (H. L.)
*NEBALIS, Lap. de Castel. ins.— Syn.
de Carterus , Sch. (C.)
N'EBELIA, Sweet. (Hort. britann., 116).
bot. ph. — Syn. de Berardia, Brongn.
NEBRÎA (veffpc'ç, peau de faon), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Carabiques , tribu des Simplicipèdes de
Dejean, des Grandipalpes ou Abdominaux
de Latreille, créé par Latreille (Gen. Crust.
et Insect., 2), et adopté par Dejean (Species
général des Coléoptères). Soixante-dix espèces
rentrent dans ce genre et sont dispersées en
Europe, en Asie et dans les contrées septen-
trionales de l'Amérique et de l'Afrique.
Nous citerons comme en faisant partie les
N. arenaria, sabulosa, lateralis, picicornis,
nilidula , brevicollis de Fab., nivalis Pk.,
Hediuigii Pz., caslanea et anguslicollis de
Bon. Ces Insectes se trouvent sur les points
les plus élevés du globe, elles deux dernières
espèces sont comprises dans le genre Al-
pœus de Bonelli que Dejean n'a pas adopté,
et qui cependant se distingue des Nébria par
un corps aptère, plus oblong. Les Alpœus
habitent les plus hautes montagnes de notre
hémisphère. (C.)
*NÉBRIITES. Nebriites. ins. — Groupe
de Coléoptères pentamères, de la famille des
NEC
NEC
595
Carabiques, de la tribu des Grandipalpes de
Latreille, ou des Simplicipèdes de Dejean ,
établi par Laporte de Castelnau ( Hist. nat.
des An. articulés, t. I, p. 147 ), et qui a
pour caractères : Mandibules sans dents no-
tables; menton muni d'une dent bifide au
milieu de l'échancrure; labre entier; corps
peu épais, le plus souvent ailé; languette
s'élevanten pointe dans son milieu. Genres :
Leistus, Pteroloma, Nebria, Melrius , Ela-
phrus , Pelophila , Blethisa , Notiophilus et
Omovhron.
Les Nébriites fréquentent les lieux hu-
mides et aquatiques. Les tarses antérieurs
sont toujours dilatés dans les mâles ; les
palpes extérieurs sont un peu dilatés à leur
extrémité, avec le dernier article en forme
de cône renversé et allongé; les jambes an-
térieures d'un grand nombre ont une courte
ëchancrure au côté interne, ou l'un des épe-
rons inséré plus haut que l'autre; ils sont
agiles et souvent métalliques. (C.)
*NEBRIS (v£ÇptV, peau de faon), poiss.—
Genre de l'ordre des Acanthoptérygiens,
famille des Sciénoïdes, établi par MM. Cu-
vier et Valenciennes {Hist. des Poiss., t. V,
p. 149). Les Poissons de ce genre sont des
Sciénoïdes à deux dorsales, à dents en ve-
lours, à profil droit ou à peu près; à mu-
seau court et à mâchoire inférieure mon-
tante, dont le préopercule a le limbe mem-
braneux et simplement strié, et dont les na-
geoires sont toutes plus ou moins écailleuses.
On n'en connaît encore qu'une espèce, le
Nebris microps Cuv. et Val. (loc. cit.), qui
qui a été envoyée de Surinam au Musée de
Berlin. Le corps de ce Poisson est entière-
ment argenté, et long de 25 centim. (M.)
NECKEHA (nom propre), bot. en. —
Genre de Mousses de la tribu des Bryacées,
établi par Hedwig (Bvoylog., II, 226, t. 9),
et dont les principaux caractères sont :
Coiffe cuculliforme; sporange latéral; oper-
cule conique, souvent acuminé. Péristome
double; l'extérieur a seize dents lancéolées,
linéaires, dressées; l'intérieur a autant de
cils filiformes, dressés, alternes aux dents
du péristome extérieur.
Les Neckera sont des Mousses vivaces,
rayonnantes, croissant dans les régions
chaudes et tempérées du globe.
Les espèces de ce genre ont été réparties
en trois sections nommées : Neckera, Rœhl.
( FI. germ. , III , 83 ) : feuilles imbriquées ;
pédoncule droit, allongé. Cyrtopus , Brid.
(Bryolog., II, 235) : feuilles imbriquées;
pédoncule courbé en arc, court; Distichia,
Brid. (loc. cit.): feuilles distiques; coiffe
souvent velue. (J.)
NECKERIA, Gmel.( Syst., I, 16). bot.
ph. — Syn. de Pollichia, Soland. — Scopol.
(Introduct., n. 1436) , syn. de Corydalist
DG.
NECROBIA (vexoo'ç, mort; 6105, vie).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Malacodermes, tribu des Clairo-
nes, créé par Latreille {Hist. natur. , Gen.
Crust. et Ins., t. I, p. 274 ) , et adopté par
Spinola ( Essai monographique sur les Clé-
rites, 1844, t. II, p. 98). L'auteur y comprend
les 6 espèces suivantes : N. rufipes, ruficol-
lis F. , violaceus Lat. , 01. , tibialis Spin. ,
defunctorum Wahl (carbonarius Dej. ) et bi-
color Lap. (thoracicus Dej.). Les trois pre-
mières se retrouvent sur tous les points du
globe; la quatrième est originaire de l'A-
frique méridionale, et les deux dernières
appartiennent exclusivement à l'Espagne.
On devra sans doute rapporter à ce genre
les Coryneles ruficornis St., pusillus , geni-
culatus Kl., et amethystinus Step. (C.)
*NECUOBOfiA (vexpo'ç, mort; Sêpoc, qui
dévore ). ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Clavicornes, tribu des
Silphales, substitué par Hope (The Coleopte-
rist's manual, 3e partie, 1840, pag. 150,
151) au g. Necrophila de Kirby (Faunabor.
Am. , p. 102 ), Latreille ayant établi anté-
rieurement une coupe générique sous le nom
de Necrophilus. Les espèces rapportées aux
Necrobora sont les suivantes : N. Americana
Lin., terminata, affinis et Canadensis Kirb.
Toutes sont originaires de l'Amérique sep-
tentrionale. (C.)
NECRODES (yexpw&jç, mort), ins. —
Genre deColéoptères pentamères, famille des
Clavicornes, tribu des Silphales, créé pa(
Wilkin, et adopté par Latreille (llàg. anim,
de Cuvier, t. IV, p. 498) et parDcjean (Ca-
talogue, 3eédit.,p. 1 32). Le dernier en men<
tionne 9 espèces : 4 sont propres à l'Amé-
rique , 2 à l'Europe , 2 à l'Asie ( Java ) , et
1 est indigène de l'Australie. Les espèces
types de ce genre sont les Silpha Surina*
rnensis, Ultoralis, indicaY., osculans Vigors,
et lacrymosa Schiebcr. Avec la dernière,
596
NEC
NEC
M. Hope a établi depuis son g. Stomophila.
L'un des sexes des Necrodes a les cuisses
postérieures excessivement renflées. (C.)
NÉCROPHAGES. Necrophagi. ins. —
Dixième famille de l'ordre des Coléoptères
pentamères , formée par Latreille ( Gênera
Crustaceorum et Inseclorum, t. II, p. 1-33),
et ainsi caractérisée : Mandibules allongées,
déprimées, arquées étroitement ou crochues
à l'extrémité, leur angle externe prolongea
la base. Elle se compose des Silphales, des
Nitidulaires , des Scaphidiles et des Dermes-
tins , et correspond entièrement à la famille
des Clavicornes des derniers ouvrages de
l'auteur. (C.)
*NECROPHAGUS, Leach. ins. — Syn.
de Necrophorus. (C.)
* NECROPIIILA , Kirby. ins. —Syno-
nyme de Necrobora, Hope. (C.)
*NECROPHILUS(vExpo'ç, mort; yfoSf
qui aime), ins. — Genre de Coléoptères pen-
mèrcs , famille des Clavicornes , tribu des
Silphales, créé par Latreille (llèg. anim. de
Cuvier, t. IV, p. 500), et adopté par Dejean
(Catalogue, 3eédit., p. 132). Ce genre com-
prend les 4 espèces suivantes: N. sublerra-
neus Illiger (Silpha), hydrophiloides Eschs. ,
picipes Mot., et glaber Ghl. La lre habite
la Styrie, la 2e Sitka, la 3e la Daourie, et la
4e la Suède. (C.)
* NECROPHILUS ( vexpo; , cadavre ; <pî-
).o:, qui aime), ins. — Genre de Névroptères
de la famille des Hémérobiens , créé par
M. Roux (Ânn. se. nat., XXVIII, 1833).
Voy. l'article hémérode. (E. D.)
* NECROPHLOEOPHAGUS (vexpo'ç,
mort ; «pXotoç, peau ; aôiyta, je mange), myriap.
— C'est un genre de la famille des Géophili-
dées qui a été établi par M. Newport , dans
les Proc. zool. Soc. Cette nouvelle coupe
générique ne figure pas dans la nouvelle
classification de ce savant. (H. L.)
NECROPHORUS (vexpo'ç, mort; 90'poç,
qui porte), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Clavicornes, tribu
des Silphales, établi par Fabricius (Syslema
cnlomologiœ, p. 71), et généralement adopté
depuis. Dejean (Catalogue, 3e éd. , p. 131)
en mentionne 25 espèces : 11 sont originaires
d'Europe , 1 1 d'Amérique et 3 d'Asie ; mais
plus de 20 espèces, d'Asie ou du nord de
l'Amérique , ont été décrites depuis.
Nous citerons comme faisant partie de ce
genre les JV. germanicus , vespillo Linn.
( Silpha ) , humator, grandis , mediatus ,
marginatus et mortuorum F. On les divise
en espèces à tibias droits ou arqués; avec
ces dernières M. Hope a formé son genre
Cyrtoscelis.
Les Necrophorus sont ainsi caractérisés:
Mandibules entières, sans dentelures ; an-
tennes plus longues que la tête, de onze
articles, terminées en une massue ronde et
perfoliée; tarses antérieurs larges, garnis
de houppes; élytres coupées droit à leur
extrémité.
Ces Insectes , nommés porte-morts ou en-
terreurs, ont l'odorat des plus subtils; ils
parcourent les espaces d'un vol rapide , pour
saisir, sous le vent, la trace de quelques
Taupes , Souris, Crapauds ou Reptiles morts
récemment. Aussitôt qu'ils ont fait une dé-
couverte, ils se mettent à fouir la terre sous
ces petits animaux, jusqu'à ce qu'ils les
aient fait disparaître et qu'ils soient com-
plètement enterrés , ce qui exige au moins
24 heures d'un travail assidu. Ils se re-
paissent ensuite de leurs cadavres , et y dé-
posent des œufs qui se développent promp-
tement en larves; celles-ci sont d'un blanc
grisâtre et longues; leur corps est composé
de douze anneaux, garnis antérieurement,
à leur partie supérieure, d'une petite pla-
que écailleuse d'un brun ferrugineux; les
plaques des derniers anneaux sont munies
de petites pointes élevées; leur tête est
dure, brune, écailleuse, garnie de mandi-
dules fortes et tranchantes; elles ont six
pattes écailleuses, très courtes, attachées
aux trois premiers anneaux du corps. Quand
ces larves ont acquis tout leur accroisse-
ment , elles s'enfoncent à près de 300 mil-
limètres en terre, et se construisent une
loge ovale, qu'elles enduisent d'une ma-
tière gluante : environ trois ou quatre se-
maines après éclôt l'insecte parfait. Le corps
de ces Coléoptères est souvent couvert en
dessous d'un grand nombre û'Acarus; il ex-
hale une forte odeur analogue à celle du
musc. C.)
*NECROSCIA (vexpoç, mort; extâ, om-
bre), ins. — Genre d'Orthoptères, de la di-
vision des Spectres , créé par M. Audinet-
Serville (Orthoptères des Suites à Buffon de
Roret). Ce groupe, très voisin de celui des
Phasmes, s'en distingue par ses formes plus
NEC
3NEC
r>97
sveltes, plus grêles dans toutes leurs pro-
portions ; par les cuisses antérieures non
échancrées à la base; par le thorax allongé,
un peu dilaté à sa partie postérieure, et
offrant trois carènes.
Sept espèces, toutes de Java, entrent dans
le genre Necroscia. Nous citerons comme
type la N. fumata Serv. (loco citato) , qui
est entièrement d'un gris verdâtre avec les
ailes enfumées. (E. D.)
NECTAÏRE et NECTAR, bot. — Les
fleurs d'un grand nombre de plantes ren-
ferment des liquides sucrés ou mielleux,
que les Insectes, et particulièrement les
Abeilles , recherchent avec avidité ; ces li-
quides ont reçu de Linné le nom de Nectar.
Leur existence dans la fleur se manifeste
généralement vers l'époque de la féconda-
tion, le plus souvent peu après que les éta-
mines ont lancé leur pollen , quelquefois
avant cette époque ; elle cesse après que le
grand phénomène de la fécondation s'est
accompli. Ces relations de coexistence avec
le plus grand phénomène de la vie des
plantes, ont porté plusieurs physiologistes à
Yoir dans le Nectar une matière essentielle,
directement ou indirectement, à la repro-
duction des plantes. Ainsi, dès les premières
années du siècle dernier, Pontedera avait
pensé que sa disparition, quelque temps
après l'épanouissement des fleurs, tenait à
ce qu'il entrait dans les ovules destinés à se
développer en graines ; plus récemment,
divers observateurs ont pensé qu'il sert à la
nutrition de ces mêmes ovules. Conrad
Gesner, convaincu que le concours des In-
sectes est nécessaire pour la fécondation
chez beaucoup de plantes, admettait que le
Nectar, en les attirant, avait une influence
indirecte mais essentielle sur la reproduc-
tion végétale. Enfin, d'autres botanistes ont
refusé d'admettre que le Nectar contribuât
directement ni indirectement à la viviûca-
tion et au développement des ovules végé-
taux, et ils n'ont vu en lui que le produit
d'une sécrétion ou tout au plus d'une ex-
crétion. Cette dernière manière de voir est
même aujourd'hui celle qui réunit le plus
grand nombre de partisans.
Quoi qu'il en soit des fonctions du Nec-
tar, l'observation la plus superficielle suffit
pour prouver que toutes les parties de la
fleur ne concourent pas également à sa pro •
duction, mais qu'elle est due constamment
à des organes ou à des portions d'organes
distincts de tous les autres par leur forme,
par leur aspect, surtout par leur organisa-
tion. Ce sont ces organes producteurs du
Nectar qui ont été désignés par Linné sous
la dénomination générale de Nectaires. Ce
père de la Botanique moderne définit suc-
cinctement les Nectaires : les parties de la
fleur productrices des sucs mielleux (Nec-
tarium pars mellifera flori propria ) , et il
appela sur eux l'attention des botanistes, qui
les avaient trop négligés. Mais lui-même ,
oubliant sa propre définition, ne tarda pas
à étendre le nom de Nectaire à des organes
qui n'étaient le siège d'aucune sécrétion
mielleuse , et à l'appliquer à tous les or-
ganes qu'on nomme souvent organes acces-
soires de la fleur, et même à desimpies
prolongements et appendices des organes
floraux. De là il distingua des Nectaires ca-
licinaux , corollins, staminaux, pistillaires
et réceptaculaires. Pour lui, les éperons des
Linaires, des Capucines, etc., considérés
dans leur ensemble, la coronule des Silènes,
des Lychnides, la couronne des Narcis-
ses, etc., furent des Nectaires, tout aussi
bien qu'une foule d'organes essentiellement
producteurs de Nectar.
Adanson (Fam. des plantes , t. I, p. 202
et 308) essaya d'amener plus de précision
dans l'étude des Nectaires , et il distingua
les appendices de la corolle, auxquels il ré-
serva le nom de Nectaires, d'avec les parties
florales auxquelles il donna le nom de
disque ; il définit trop vaguement celui-ci
une espèce de réceptacle des diverses parties
de la fleur ; ce fut sur les modifications du
disque qu'il basa son soixante-quatrième
système. Le nom proposé par lui est resté
dans la science, et les botanistes modernes
l'emploient, en général, concurremment
avec celui de Nectaire.
Dans ces derniers temps, les Nectaires
ont fixé l'attention de plusieurs observa-
teurs, et ils ont fourni le sujet de travaux
d'une grande importance ; tels sont particu-
lièrement les suivants: Soyer-Willemet ,
Mcm. sur le Nectaire ( Mcm. de la Soc. Lin-
néenne de Paris, vol. V ) ; M. F. Dunal ,
Considérai, sur la nat. et les rapports de
quelques uns des organ. de la fleur, in-4%
1829; J.-G. Kurr, Untersuchungen iiber
m:
NEC
NEC
die Ikdeulung der Nekiarien, in-8°, Stutt-
gart , 1833; L. Bravais, Examen organo-
graphique des Nectaires ( Ann. des se. na-
tur., 2e sér., septembre 1842, t. XVIII,
p. 152-184). De plus, les nombreux auteurs
de traités de botanique en ont fait l'objet
de chapitres plus ou moins étendus, et ce-
pendant l'histoire de ces parties de la fleur
est encore mêlée de beaucoup de confusion,
quant aux faits et à la synonymie. Essayons
de nous reconnaître au milieu de ces diffi-
cultés.
Pour éviter une confusion fâcheuse, il
est d'abord nécessaire de préciser exacte-
ment à quelles parties de la fleur s'applique-
rait rigoureusement la dénomination géné-
rale de Nectaires. Or, prenant ce mot dans
sa signification la plus large, il nous semble
qu'on peut l'appliquer à tous les organes
glanduleux sécréteurs du Nectar, et à tous
ceux, plus ou moins rudirnentaires, émanés
du réceptacle de la fleur, autres que le ca-
lice, la corolle, l'androcée et le pistil. Si
l'on part de cette idée, on commencera par
élaguer les appendices corollins qui ne sont
le siège d'aucune sécrétion mielleuse, comme
par exemple la coronule des Caryophyllées,
ainsi que les bosses, les éperons, toutes les
fois qu'ils ne présenteront rien de glandu-
leux ni de nectarifère; d'un autre côté,
lorsque l'un de ces appendices sera tapissé
en tout ou en partie d'une lame glandu-
leuse , cette lame sera seule considérée
comme Nectaire; par exemple, dans l'épe-
ron calicinal de la capucine. En second lieu,
pour mettre plus de précision dans le lan-
gage , on pourrait réserver le nom de Nec-
taire pour les parties d'importance secon-
daire, purementglanduleuses et nectarifères,
qui n'entrent pour rien dans la symétrie
florale, et qui ne peuvent être considérées
somme formant dans la fleur des verticilles
distincts, tandis qu'on appliquerait rigou-
reusement le nom de disque à ces organes
plus ou moins rudirnentaires qui se trouvent
presque toujours placés entre l'androcée et
le pistil , et qui constituent dans la fleur un
ou deux verticilles complets ou incomplets,
mais se rattachant au réceptacle de la fleur,
et occupant dans le plan général de la fleur
une place aussi distincte que celle des quatre
grands verticilles normaux, et constituant
de vrais organes appendiculaires aussi bien
que ceux-ci. Pour citer des exemples , la
lame glanduleuse qui double les fossettes
des Fritillaires et l'éperon de la Capucine
devraient être regardés comme un Nectaire
proprement dit, tandis que la couronne à
5 lobes qui embrasse la base de l'ovaire
chez \cCobœa, la petite cupule qui entoure,
soit la moitié inférieure de ce même organe
chez les Almeida, Ticorea, soit cet organe à
peu près tout entier chez la Pivoine moutan,
seraient appelées du nom de disque. Au
reste, il est facile de reconnaître que, rela-
tivement au disque, nous ne faisons que
reproduire les idées si bien développées par
M. Aug. Saint-Hilaire dans sa Morphologie;
seulement nous ferons observer que nous
donnons un peu plus d'extension à notre
idée du disque que ne le fait ce savant
botaniste , puisque nous disons qu'il est
presque toujours situé entre l'androcée et le
pistil. Il nous semble, en effet, qu'on ne
peut regarder que comme un disque l'an-
neau jaunâtre, crénelé, situé entre le calice
et la corolle, que M. L. Bravais a signalé,
chez le Chironia decussata, sous le nom de
Nectaire hypopétale, ainsi que la plupart de
ceux que le même observateur a signalés
entre la corolle et les étamines, et qu'il a
nommés Nectaires hypostémones.
L'étude des disques est beaucoup plus
importante que celle des Nectaires propre-
ment dits; ne pouvant décrire ici les formes
variées sous lesquelles ils se présentent,
nous renverrons aux ouvrages généraux et
élémentaires, où l'on en trouvera décrites
avec soin les principales modifications.
Ces organes , Nectaires et Disques, exis-
tent chez un très grand nombre de plantes ;
ils ont été déjà signalés dans plus de la
moitié des familles connues , et il est pro-
bable qu'on les trouvera chez un plus grand
nombre encore, à mesure que les observa-
tions exactes se multiplieront. Leur consi-
dération est très importante pour la con-
naissance de plusieurs familles , quoique
leur présence et leur absence ne soient sou-
mises à aucune règle invariable , et qu'on
les voie assez souvent manquer chez certains
genres d'une famille où leur existence est
générale, et même dans certaines espèces
seulement d'un genre ( Polygala ). Dans
beaucoup de cas on voit les disques former
des verticilles réguliers; mais ailleurs aussi
NEC
NEC
599
ils se montrent sous la forme d'un demi-
verticille ou d'une seule écaille impaire ;
cependant , dans ce dernier cas , nous
croyons que l'irrégularité provient souvent
de l'accroissement de l'ovaire qui a pu re-
fouler ces organes d'un seul côté; c'est ainsi
que nous avons vu le disque du Lalhrœa
clandestin a entourer toute la base de l'ovaire
avant de prendre, chez la fleur adulte,
l'apparence d'une simple écaille impaire
.marquée de cinq petits festons à son bord.
Dans l'étude et la description des disques
il est important de les distinguer soigneu-
sement des organes avortés, particulière-
ment des étamines avortées ou déformées.
C'est faute d'avoir fait cette distinction im-
portante que Turpin a émis l'idée erronée
que le disque n'était autre chose que des
étamines transformées, idée qu'il a voulu
consacrer en donnant à cette partie le nom
de Phycosteme. On conçoit dès lors que cette
dénomination n'ait pas été adoptée.
En terminant cet article, que le défaut
d'espace nous oblige à abréger beaucoup ,
nous ferons observer que M. Dunal a donné
aux Nectaires, et au disque en particulier,
le nom de Torus , qu'on emploie toujours
pour désigner le réceptacle de la fleur ;
l'emploi de ce mot , dans ce sens , s'il eût été
adopté, aurait pu amener une confusion
qui serait devenue fâcheuse pour la science.
(P. D.)
NECTAI\DRA , Berg. (Flor. cap., 131,
excl. sp.). bot. ph. — Syn. de Thymelina,
Hoffmans. — Roxb. (Flor. ind., II, 425),
syn. de Linosloma, Wall.
NECTANDRÉES. Nectandreœ. bot. ph.
— Tribu de la famille des Laurinées. Voy.
ce mot.
*I\ECTANEBUS. ins. —Genre d'Hymé-
noptères de la section des Porte-Aiguillons ,
famille des Crabroniens , créé par M. Spi-
nola (Ann. soc. Enl. de Fr.y tom. VII, lre
série, 1838 ) et placé auprès des genres Phi-
lanthus et Cerceris. Ce groupe ne comprend
que deux espèces trouvées en Egypte par
M. Fischer et que M. Spinola nomme Nec-
tanebus Fischcri et luilerisnicus. (E. D.)
*AECTARIBOTHRILM, Ledebour. (FI.
ait., II, 36). bot. pb. — Syn. de Lloydia,
Saiisb.
NECTARINIA. ois. — Groupe d'Oiseaux
rentrant dans la famille des Grimnerenus ,
comprenant les genres Guit-Guit, Soui-
manga, etc., créé par III iger (Prodr. syst.
Mam. et Av., 1811), et indiqué par d'autres
auteurs sous la dénomination de Necta-
rinidœ. (E. D.)
* NECTAROSGORDUM. bot. ph. —
Genre de la famille des Liliacées, établi par
Lindley (in Bot. Reg., t. 1913). Herbes de
la Sicile.
*NECTICUS, Hope. ins. — Syn. d'Aga-
bus , Leach , Erichson , Aube. (C.)
♦NECTOHIA. mam. — Voy. neotoma.
NECTOPODES. moll. — Famille éta-
blie par M. de Blainville dans son ordre des
Nucléobranches, et comprenant les genres
Carinaire et Firole, c'est-à-dire répondant à
l'ordre des Hétéropodes , que caractérise
une seule nageoire abdominale représen-
tant le pied des Gastéropodes. (Duj.)
NECTOPODES. ins. — Voy. rkmifèdes.
NECTOUXIA , DC. (Syst., 11,149). bot.
ph. — Syn. de Morellia, DC.
NECTRIS, Schreb. (Gen., n. 610). bot.
ph. — Syn. de Cabomba, Aubl.
*]\ECTRIS (vyjxTp:;, qui nage), ois. —
Forster (Euch., Hist. nat., 1788) indique
ainsi un groupe de Goélands. Voy. l'article
mouette. (E. D.)
*I\ECTURUS (vvixtoç, nageant; ovpd,
queue), rept. — Selon M. Agassiz (Nomencl.
zoologicus), Rafînesque a appliqué ce nom
au groupe des Protées. Voy. ce mot. (E. D.)
NÉCÏDAL1DES. Necydalides. ins. —
Tribu de Coléoptères subpeniamères, fa-
mille des Longicornes, établie par Latreille
(Familles naturelles, p. 401 ), et qui a pour
caractères: Yeux réniformes, entourant
presque totalement la base des antennes.
Tète verticale ; palpes à demi-article plus
gros, subcylindrique , ovoïde, tronqué.
Elytres plus courtes que l'abdomen ou at-
ténuées linéairement en arrière, ailes éten-
dues le long du corps ou simplement plis-
sées vers l'extrémité. Genres: Stenopterus,
Sangalis, Neeydalis, Molorchus. (C.)
NECYDAL1S (vexv£aAo;, nom employé
par Aristote pour désigner la chrysalide
du Bombyx qui produit la soie ). ins. —
Genre de Coléoptères subpentamères, fa-
mille des Longicornes , tribu des Céramby-
cins, créé par Linné (Syslema nalurœ,
p. 641 ), et adopté par Mulsant (Hist. nat.
des Longicornes de France, 183.9, p. 110).
coo
NEE
NÉF
Ce genre se compose des espèces suivantes:
N. major Linn. {abbreviatus F., salicis
Muls.), ulmi Chv. (major Muls.), populi
Buttner, Amcricanus et melanopterus Dej.
Les deux premières se trouvent aux environs
de Paris , l'une sur le Saule et l'autre sur
l'Orme; la troisième dans le nord de l'Eu-
rope, sur le Peuplier et le Bouleau, la qua-
trième aux États-Unis , et la cinquième au
Brésil. Ces Insectes se distinguent par des
élytres très courtes, par des antennes épais-
ses , égalant à peine en longueur les deux
tiers du corps, et dont le troisième article
est notablement moins long que le cin-
quième. (C.)
NECYDALIS. ins. — Ce nom , donné à
un genre de Coléoptères hétéromères , fa-
mille des Sténélytres , tribu des OEdémé-
rites, créé par Fabiïcius (Systemœ Entomo-
logie/, , p. 209), a été abandonné et rem-
placé par celui d'OEdemera d'Olivier. Ce
genre est composé d'espèces à élytres rétré-
cies vers l'extrémité, et dont les mâles of-
frent des cuisses excessivement renflées.
Geofl'roy et quelques auteurs ont aussi em-
ployé ce nom pour désigner des Coléoptères,
qui rentrent actuellement dans les genres
Telephorus et Malthinus. (C.)
NE:EA. bot. pu. — Genre de la famille
des Nyctaginées, établi par Ruiz et Pavon
(Prodr., 52, t. 9). Arbres ou arbrisseaux
de l'Amérique tropicale, principalement des
forêts du Pérou. Voy. nyctaginées.
*j\ED\TS, Stephens. ins. — Synonyme
de Ceuthorhynchus , ou plutôt division éta-
blie aux dépens de ce genre. (C.)
*NEEDHAMIA (nom propre), helm.? —
Genre proposé par M. Carus, pour de pré-
tendus Helminthes, qui ne sont autre chose
que les tubes spermatiques ou spermato-
phores des Seiches et des autres Céphalo-
podes. (Duj.)
NEEDHAMIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Épacridées , établi
par R. Brown (Prodr., 549). Petits arbris-
seaux de la Nouvelle-Hollande. Voy. épa-
ciudées. — Scopol. (Introduct., n. 1426),
syn. de Tephrosia, Pers. — Cassin. (in Dict.
se. nat., XXXIV, 355), syn. de Narvalina,
Cass.
IVEESIA (nom propre), bot. pu. — Genre
de la famille des Sterculiacées , établi par
Blume (Flor. Jav. Prœfat., VIII; N. A. N.
C, 75, t. 6). Arbres de Java. Voy. sterco-
LIACKES.
NEFFLEA , Benth. (Scrophularin. ind.,
16). bot. pu. — Voy. celsia, Linn.
NÈFLE, bot. fh.— Fruit du Néflier. Voy.
ce mot.
NÉFLIER. Mespilus. bot. ph. — Genre
de la famille des Pomacées, de l'icosandrie
pentagynie dans le système de Linné. Les
genres qui constituent aujourd'hui la fa-
mille des Pomacées, démembrée du grand
groupe des Rosacées, n'en formaient que
quatre pour Linné , savoir : les Cratœgus ,
Tourn. , rangés dans l'icosandrie digynie ,
comme ayant un pistil binaire ou deux styles
etdeux graines dans un fruit charnu, presque
arrondi, ombiliqué; les Sorbus, Tourn. , classés
dans l'icosandrie triandrie, à cause de leur
pistil ternaire et de leurs trois graines renfer-
mées dans un fruit charnu-mou, ombiliqué ;
les Mespilus, Tourn., et les Pyrus, Tourn.,
l'un et l'autre de l'icosandrie pentandrie,
à cause de leur pistil quinaire , ou de leurs
cinq styles, et dont le premier se distinguait
particulièrement par son fruit presque per-
foré à l'ombilic , fermé par la connivence
des lobes du calice persistant et renfermant
cinq graines osseuses ou cinq petits noyaux.
D'après une note de son Gênera, Linné re-
gardait les Cratœgus, Sorbus et Mespilus ,
comme extrêmement voisins , et se distin-
guant presque uniquement entre eux par
le nombre de leurs styles ( Ex dictis palet
valde affmia esse gênera : Cratœgum, Sor-
bum et Mespilum, ut aut solo numéro fœmi-
narum , aut vix ulla sufficienti nota distin-
gui possint) . Outre ces quatre genres, Tour-
nefort en avait admis, avant Linné, deux
autres : les Malus et Cydonia, que le bota-
niste suédois réunit aux Pyrus, mais que
A.-L. de Jussieu rétablit dans son Gênera.
En 1793, Medikus (Geschichle der Botan.
unzerer Zeiten) divisa ces six genres en onze ,
dont les caractères ne parurent pas suffi-
sants à la majorité des botanistes, mais qui
furent admis par Mœnch. D'un autre côté,
Smith, ne regardant pas plus comme sta-
bles les caractères adoptés par Medikus que
ceux puisés par Linné dans le nombre des
styles, confondit toutes ces coupes généri-
ques en deux seulement : les Pyrus, carac-
térisés par leur endocarpe mince ou cartila-
gineux, et les Mespilus, distingués par leur
NEF
KEI
601
endocarpe dur et osseux. Ceux-ci compre-
naient les Cratœgus de Linné, tandis que
dans les premiers rentraient les Sorbus du
botaniste suédois. Plus tard, M. Lindley,
ayant fait des Pomacées l'objet d'un travail
'■ spécial (Observ. on the natural group of
Plants called Pomaceœ, Trans. of the Linn.
Soc, vol. XIII, p. 88-106, tab. 8, 9, 10,
11), rétablit non seulement les Cratœgus de
Linné, mais encore les Amélanchiers et les
Cotoneasler de Medikus, et compléta cette
division des Mespilus, en établissant le genre
Eriobotrya (voy. amélancuier, cotoneaster,
eriobotuya). Enfin, à ces subdivisions gé-
nériques des Mespilus de Smith, il ajouta
encore (Botan. Régis., n° 1956) le nouveau
genre Heweromeles pour des espèces de Né-
fliers de l'Amérique méridionale, décrites
par Ruiz et Pavon.
Après ces divisions successives, dont nous
avons cru indispensable de présenter l'his-
toire, le genre Néflier, Mespilus, Lindl. ,
se trouve composé d'arbres de petite taille,
indigènes des parties moyennes et septen-
trionales de l'Europe , épineuses à l'état
sauvage , perdant leurs épines par la cul-
ture; leurs feuilles sont alternes, simples,
dentées , stipulées; leurs fleurs sont gran-
des , presque solitaires, accompagnées de
bractées persistantes, et présentent les ca-
ractères suivants : Calice à tube turbiné ,
adhérent à l'ovaire, à limbe divisé profon-
dément en 5 lobes foliacés; corolle à 5 pé-
tales presque orbiculaires, insérés sur un
grand disque nectarifère, à la gorge du ca-
lice , de même que les étamines, qui sont
nombreuses ; ovaire adhérent, à 5 loges bi-
ovulées; 5 styles distincts, glabres. Le fruit
est une pomme à osselets, couronnée par le
calice persistant, marquée en dessus d'une
large aréole nue, a 5 loges monospermes ,
formées par l'endocarpe osseux.
L'espèce-lype de ce genre est le Néflier
d'Allemagne , Mespilus germanica Linn.
! C'est un grand arbrisseau ou un arbre de
taille peu élevée, dont le tronc tortu émet
! des branches nombreuses, armées, dans
; l'état sauvage , d'épines qu'elles perdent par
l'effet de la culture; ses feuilles sont lan-
céolées, vertes en dessus, cotonneuses en
dessous , légèrement dentées sur leurs bords,
portées sur un pétiole court. Ses fleurs sont
légèrement rosées, grandes, solitaires, tcr-
T. VIII.
minales; son fruit est connu sous le nom
de Nèfle; la culture a fait varier sa gros-
seur, sa forme même et sa précocité. Avant sa
parfaite maturité, il a une saveur très âpre;
mais lorsque, après l'avoir cueilli, on le
laisse quelque temps sur de la paille, il
mûrit, perd son âpreté, et devient bon à
manger. Parmi les variétés cultivées du
Néflier, les plus intéressantes sont celle à
gros fruit, que l'on connaît aussi sous le
nom de Néflier de Noltingham; celle à fruit
oblong, et celle à fruit sans noyaux. Celle-
ci est très remarquable par l'avortement
des loges de son péricarpe et de ses graines.
On en cultive aussi une variété à fruit pré-
coce. Le fruit du Néflier est légèrement as-
tringent; on le recommande comme avan-
tageux dans les diarrhées; ses feuilles sont
regardées aussi comme astringentes, et leur
décoction est réputée d'un effet avantageux
contre les aphthes et contre les inflamma-
tions de la gorge. La culture de cette espèce
est des plus faciles; en effet, elle s'accom-
mode de toutes les terres , pourvu qu'elles
ne soient pas très humides, et de toutes les
expositions ; il est même bon de ne pas la
tailler pour ne pas diminuer ses produits.
On la multiplie de marcottes ou par la
greffe sur diverses Pomacées, plutôt que
par graines, à cause du long espace de
temps (deux ans) , que celles-ci mettent à
germer. (P. D.)
NÈGRE, mam. — Un Sajou, un Tamarin
et un Cercopithèque portent le surnom de
Nègre. (E. D.)
NEGRETIA, Ruiz et Pav. (Prodr., 86,
t. 21). bot. ph. — Synonyme de Mucuna ,
Adans.
NEGUNDIUM, Rafln. bot. ph.— Syn. de
Negundo, Mœnch.
NEGENDO. bot. ph. — Genre de la famille
des Acérinées, établi par Mœnch (Method.,
331). Arbres de l'Amérique boréale. Voy.
acérinées.
IVEÏDES (nom mythologique), ms. —
Genre d'Hémiptères , de la section des Hé-
téroptères , tribu des Géocorises, famille des
Lygéens , créé par Latreille (Gcncra Crusl. et
Ins., 1807 ) et correspondant au genre Be-
rylus de Fabricius. Les Neidcs , caractérisés
par les antennes coudées et renflées à leur
extrémité , par le corps allongé , les pieds
longs et les ocelles très rapprochés l'un de
76
602
NEJ
NEL
l'autre, sont assez voisins des Alydes, Lep-
tocorises et Lygées.
Ces Insectes , d'assez petite taille, vivent
sur les plantes, tant à l'état parfait qu'à
celui de larves. On n'en connaît qu'un petit
nombre d'espèces , parmi lesquelles nous
n'indiquerons que :
Le Neides tipularia Latr. (Cimex tipula-
rius Linné) , qui est gris avec quelques
points noirs sur les élytres , et dont les
pattes, également grises, ont la partie ren-
flée des cuisses postérieures noirâtre. Cette
espèce se trouve dans toute l'Europe et n'est
pas rare auprès de Paris vers le mois de
mai. (E. D.)
NEIGE, météor. — Voy, pluie, à l'ar-
ticle MÉTÉOROLOGIE.
NEILLIA. bot. ph. — Genre delà famille
des Saxifragacées, établi par Don {Prodr.,
228). Arbrisseaux du Népaul. Voy. saxifra-
gacées.
*IMEIS (nom mythologique), acal. —
Genre d'Acalèphes Béroïdes , établi par
M. Lesson pour une espèce trouvée dans le
golfe du Port-Jackson, et caractérisé par la
forme du corps aminci en forme de coin ,
obeordiforme en haut et largement ouvert
en bas, ayant huit rangées de cils, dont
deux , intermédiaires sur chaque face , se
soudent à leur extrémité, et deux autres la-
térales contournent les bords qui sont épais
et sans ailes. Ce genre, que M. de Blain-
ville réunit aux Idyes , forme seul, pour
M. Lesson, la tribu des Néis, la cinquième
de ses Ciliobranches. La seule espèce dé-
crite, la N. bourse de mer (IV. cordigera),
a le corps mollasse, blanc hyalin, sillonné
de linéoles entre-croisées, jaune mordoré et
jaune clair; les cils sont très irisés. (Duj.)
1VEITHÉE (nom mythologique), moll.
— Genre proposé par M. Drouet pour quel-
ques espèces de Peignes, telles que les P.
œquicostatus et versicostatus de Lamarck ,
qui ont de petites dents sériales sur le bord
cardinal, mais qui ont d'ailleurs les carac-
tères essentiels du genre Pecten, dont ils ne
peuvent être séparés, au lieu d'être rappro-
chés des Nucules et Trigonies. (Duj.)
*IYEJA. bot. pu. — Genre de la famille des
Composées-Astéroïdées, établi par Don (m
Sweet. FI. Gard., II, n. 78) et dont les prin-
cipaux caractères sont : Capitule multiflore,
hétérogame; fleurs de rayon 1-3-sériées, li-
gulées, femelles; celles du disque tuhuleu-
ses, hermaphrodites. Involucre hémisphéri-
que, à écaillesimbriquécs, linéairessubulées,
disposées sur trois rangs. Réceptacle plan.
Anthères sessiles. Akène linéaire-oblong,
comprimé, villeux. Aigrette double; l'exté-
rieure courte, paléacée; l'intérieure plus
longue, velue, scabre.
Les Neja sont des sous-arbrisseaux couverts
de poils longs, épars, à feuilles éparses, li-
néaires, mucronées, très entières ; à rameaux
foliacés ou nus au sommet, monocéphales.
Involucres hirsutes ; corolles fauves.
Les espèces de ce genre ont été réparties
par De Candolle en trois sections {Prodr. , V,
325) qu'il nomme : Podoneja: Ligules à plu-
sieurs rangs; corolles velues; capitules lon-
guement pédoncules. Phijlloneja: Ligules à
plusieurs rangs; corolles glabres ; capitules
sessiles. Monogyria : Ligules sur une seule
rangée; corolles glabres; capitules solitaires
au sommet des rameaux.
Toutes ces plantes habitentprincipalement
le Mexique et le Brésil. (J.)
NELIT RIS. bot. fil— Genre de la famille
des Myrtacées -Myrtées, établi par Gœrtner
(I, 134, t. 27). Arbrisseaux des Moluques.
Voy. MYRTACÉES.
NÉLOCIRE. crust. — Syn. à' Eurydice.
Voy. ce mot. (H. L.)
*NELOMYS (vvjHç, cruel; jaOç, rat).
mam. — Genre de Rongeurs de la division
des Rats, assez voisin du genre Echimys,
créé par M. Jourdan (Ann. se. nat., lrcsér.,
t. VIII, 1837), et ayant pour principaux
caractères : Oreilles arrondies, peu dévelop-
pées ; une queue velue; des tarses courts;
des membres trapus, et une foçme assez
lourde; ayant quatre molaires à racines et
à couronne composée , de chaque côté de
l'une et de l'autre mâchoire ; cinq doigts à
chaque pied, les pouces entièrement courts.
Le type est le Nelomys Blainvillii Jour-
dan {loc. cit.), qui est de la grandeur du Co-
chon d'Inde, dont le pelage est fauve en
dessus, blanchâtre en dessous, qui a une
queue noirâtre, et dont plusieurs poils de
la croupe sont épineux. On croit qu'il se
creuse des galeries.
Cet animal habite l'Inde orientale.
M. Jourdan {kl. ) joint à cet animal ,
pour former son genre Nelomys, une espèce
placée anciennement dans le groupe des
NEL
NEL
603
Echimys {E. huppe), et plus récemment Fr.
Cuvier (Ann. se. nat., lrc sér., t. X, 1839)
a fait connaître une nouvelle espèce du
groupe qui nous occupe. (E. D.)
NELSONIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Acanthacées, tribu
des Nelsoniées, établi par R.Brown (Prodr.,
480). Herbes de l'Asie et de la Nouvelle-
Hollande. Voy. ACANTHACÉES.
* NELSONIÉES. Nelsonieœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des Acantbacées. Voy.
ce mot.
NÉLUMBIACÉES. Nelumbiaceœ. bot.
PII. — Voy. NÉLUMBONÉES.
NÉLUMBO. Nelumbium, Juss. bot. ph.
— Genre de plantes qui forme à lui seul la
petite famille des Néiumbonées , de la Po-
lyandrie polygynie dans le système de
Linné. Il avait été proposé d'abord parTour-
nefort; plus tard Linné le réunit à tort aux
Nymphœa, mais il en fut séparé par A.-L.
de Jussieu. Salisbury a proposé de changer
son nom en celui de Cyamus que Théo-
phraste donnait à la principale espèce du
genre ( Voy. Salisbury, Ann. of botany de
Kœnig, II, pag. 69-76 ) ; mais les botanistes
n'ont pas adopté celte dénomination. Ce
genre se compose de magniûques plantes
herbacées, d'une conformation générale très
ressemblante à celle des Nymphaeacées, qui
croissent dans les eaux douces des parties
chaudes de l'Asie et de l'Amérique septen-
trionale; elles ont un rhizome épais, ram-
pant, duquel partent des pétioles et des pé-
doncules assez longs pour élever les feuilles
et les fleurs au-dessus de la surface de l'eau ;
les feuilles ont une grande lame peltée, or-
biculaire, concave ; les fleurs sont très gran-
des, blanches, roses ou jaunes, et présentent
les caractères suivants : Calice à 4 sépales
libres, tombants; corolle à pétales nom-
breux, oblongs, étalés, disposés sur plusieurs
rangs ; étamines nombreuses , à filament fi-
liforme, prolongé au-dessus de l'anthère
en un petit appendice; pistils nombreux,
logés dans les alvéoles d'un réceptacle for-
tement dilaté en un corps en forme de cône
renversé; chacun d'eux se compose d'un
ovaire libre, à une seule loge contenant un
ou deux ovules suspendus, surmonté d'un
style court que termine un stigmate pelté.
A ces pistils succèdent autant de petites noix
1-spermcs, logées également dans les alvéo-
les du réceptacle qui s'est beaucoup accru.
Nous nous arrêterons sur deux espèces de
ce genre :
1 . Nélumbo brillant, Nelumbium specio-
sum Wild. (Nymphœa nelumbo Lin., var. a,
Cyamus Myslicus Salisb.). Cette magnifique
plante, l'une des plus belles du règne vé-
gétal , croît spontanément dans les lacs et
dans les eaux peu courantes des parties chau-
des de l'Asie. De son rhizome rampant , ho-
rizontal , formé d'une substance charnue et
blanche , partent à la fois les racines et les
longs pétioles de ses feuilles, que de petits
tubercules aigus et un peu recourbés rendent
rudes au toucher; la lame de ces feuilles a
4-6 décimètres de diamètre; elle est fixée au
pétiole exactement par son centre, où se
trouve une tache blanchâtre; elle est orbi-
culaire, glabre à ses deux surfaces, la su-
périeure étant revêtue d'un velouté très fin,
formé de papilles , grâce à la présence duquel
l'eau glisse sur elle sans la mouiller le moins
du monde ; il en est de deux sortes : les
unes sont flottantes, étendues en nappes,
de manière que l'eau agitée vient passer par
dessus, les autres sont creusées en belles
coupes d'environ un décimètre de profon-
deur, un peu ondulées sur les bords. Ses
fleurs figurent parmi les plus belles et les
plus grandes du règne végétal ; leur diamè-
tre égale jusqu'à 3 décimètres ; leur couleur
est blanche ou rose; elles ressemblent à de
grandes fleurs de Magnolias; elles ont une
odeur d'Anis ; elles sont portées sur de longs
pédoncules qui les élèvent au-dessus de la
surface de l'eau; leur corolle a plus de 15
pétales, dont 10 sont extérieurs, ovales et
concaves, dont les autres sont intérieurs,
plus petits et inégaux entre eux. Ses fruits
sont ovoïdes-globuleux, à peu près de la
grosseur d'une Noisette. Cette belle espèce
croît naturellement dans les Indes , à la Co-
chinchine, à la Chine, etc., et de plus elle
y est cultivée à cause de la vénération qu'ont
pour elle les habitants de ces contrées, qui
en font leur plante sacrée et qui la considè-
rent comme le symbole de la fertilité; ils
représentent leurs divinités placées sur une
de ses feuilles. Elle existait autrefois abon-
damment en Egypte, où elle avait été très
probablement apportée de l'Inde, et où elle
jouait un rôle important comme plante ali-
mentaire. C'était le Faba œgypliaca des an-
604
NEL
NEL
ciens, le Lys du Nil ressemblant aux Roses
d'Hérodote, et l'un des Lotus du Nil. Mais
elle a totalement disparu de cette contrée;
en effet, son rhizome tendre doit être con-
stamment plongé dans l'eau : aussi il est pro-
bable, d'après M. Delile, que sa disparition
est due à ce qu'elle n'a pu se prêter sur les
bords du Nil aux variations de la sécheresse
et des inondations ; que, de plus, le courant
du Nil et la profondeur des canaux ont con-
tribué aussi autant que toute autre cause à
son dépérissement, puisqu'on ne la voit pros-
pérer que dans les eaux peu profondes et
tranquilles ou peu courantes. Les anciens
Egyptiens trouvaient dans ses rhizomes et
ses graines un aliment sain et assez abon-
dant; ils faisaient du pain avec des graines
qui, fraîches, ont un goût agréable d'à-
mande. Dioscoride rapporte qu'ils propa-
geaient la plante cri en jetant les graines
dans l'eau après les avoir enveloppées de
limon pour leur faire gagner le fond.
Dans ces derniers temps , on a essayé en
Europe ia culture du Nclumbium speriosum
comme plante d'ornement : à cet égard , les
essais les plus suivis ont été faits àMontpel-
ler, par M. Raffeneau-Delile, qui en a ob-
tenu des résultats très satisfaisants. Favorisé
par la douceur du climat méditerranéen , le
savant directeur du jardin de Montpellier a
pu réunir dans cet établissement une ma-
gnifique collection , encore unique en Eu-
rope , de diverses variétés et espèces de Ne-
lurnbium. Placées dans de grands bassins
de bois , ces plantes se développent à mer-
veille et fleurissent annuellement. Les seules
précautions à prendre pour obtenir ce résultat
consistent à mettre ces bassins dans des lieux
bien aérés et un peu abrités contre la trop
grande ardeur du soleil , qui a pour effet de
griller les feuilles. L'hiver, il suffit de les
renfermer dans une serre tempérée, que l'on
chauffe seulement pendant les plus fortes
gelées, et où la température reste ainsi tou-
jours au-dessus de 0° (voy. pour les détails,
R. Delile, Acclimatation du Nelurnbium
speciosum ou Nelumbo de l'Inde dans le
midi de la France, Bull, de la Soc. d'agric.
du département de l'Hérault, août 1835).
Aujourd'hui, dans les parties de l'Asie, où
le Nelumbo existe à l'état spontané et cul-
tivé , on mange ses graines , ou bien l'on en
prépare des pâtes et des gâteaux qui ont
même quelques usages médicinaux. On em-
ploie aussi sa racine comme diurétique et
adoucissante; enfin l'on considère ses pé-
tales comme astringents, et on les emploie
de la même manière qu'on le fait en Eu-
rope pour les pétales des Roses rouges.
2. Nelumbo jaune, Nelurnbium luleum
Wild. (Cyamus flavicomus Salisb. , Nym-
phœa nelumbo Linn., var. b.). Cette espèce
croît naturellement dans l'Amérique sep-
tentrionale , dans la Floride , la Caro-
line , etc. Elle ressemble beaucoup à la
précédente; mais elle s'en distingue par ses
fleurs constamment jaunes , un peu moins
grandes; et par les filets de ses étamines
prolongés au-delà des anthères en un ap-
pendice linéaire , et non en massue , comme
chez le N. speciosum. Quoique spontanée en
diverses parties des États-Unis, les essais
qu'on y a faits pour la multiplier par la cul-
ture ont été fréquemment infructueux , de
sorte que Barton dit qu'elle paraît réussir
seulement dans les lieux où elle croît spon-
tanément, ce qu'il explique en disant qu'il
lui faut probablement une sorte de vase ar-
gileuse, tenace et bleue, qui forme le fond
des rnares et des étangs où elle prospère,
et dans laquelle ses racines s'enfoncent jus-
qu'à plusieurs pieds de profondenr. En Amé-
rique on mange ses graines; mais elle n'y
est pas assez abondante pour pouvoir être
considérée comme tant soit peu importante
sous ce rapport.
C'est sur les pieds de Nelumbo cultivés
au jardin de Montpellier que M. Delile a
fait quelques observations, dont voici en peu
de mots les résultats. Il a vu que, lorsque
l'eau séjourne un peu sur le centre de la
feuille, il y a fréquemment émission natu-
relle d'air, par les bulles, à travers cette
eau, et il a reconnu que cet air, qui sort
seulement de la tache centrale blanche, où
se trouvent beaucoup de stomates, y arrive
du reste de la face supérieure de la même
feuille. A minuit, les feuilles qui avaient
exhalé de l'air pendant le jour n'en don-
naient plus ; à six heures du matin , comme
le soleil ne donnait pas encore sur elles,
elles n'étaient point exhalantes; elles le re-
devenaient pendant le reste de la journée.
Cependant il s'est trouvé quelquefois des
feuilles qui absorbaient et exhalaient dans
tous les temps et à toutes les heures. Quel-
NKM
NEM
€05
quefois on voyait sortir de l'air aune partie
des feuilles autre que leur centre, et dans
laquelle on ne découvrait au microscope ni
stomates ni ouvertures d'aucune sorte. L'air
exhalé par les feuilles de Nelumbium n'a
pas semblé différer de l'air atmosphérique,
'fil m'est demeuré démontré, dit M. Delile,
» que chaque feuille de la plante est pourvue
» d'un système respiratoire complet , pour
» lequel le velouté possède la faculté absor-
» bante, et les stomates celle seulement
» exhalante , ce qui est sans exemple pour
» touteautre plante que celle-ci, la seule qui
» ait pu se prêter aux expériences qui déci-
» dent si manifestement l'aspiration et l'exha-
» lation. » (Voy. à ce sujet deux notes de
M. Delile et deux de M. Dutrochet, Annal,
des se. nat., 2esér.,décemb. 1841). (P.D.)
NÉLUMBONÉES. Nelumboneœ. bot. ph.
— Petite famille établie aux dépens des
Nymphaeacécs, et dont les caractères sont les
mêmes que ceux du genre Néiumbo, le seul
qu'elle renferme. Voy. nélikibo.
"NEMACONIA, Know. et West. (Flor.
cap., 127). bot. pu. — Synon, de Portera ,
Lindl.
*J\ESIAPALPUS ( v7l;,a, fil; palpus,
palpe). Ins. — Genre de l'ordre des Diptères,
famille des Tipuliciens , tribu des Phalénoï-
des, Macq. , établi par M. Macquart ( Hist.
nat,. des Canaries, par Webb et Berthelot)
aux dépens des Psychodes. L'espèce type et
unique, N. flavus , est commune aux îles
Canaries. (L.)
NERÏASPORA. bot. ca. — Voy. n.ema-
SPOUA.
LWASTOME. aiucun. — Synonyme
de Phalangium. Voy. ce mot. (H. L.)
*NEMATANTIIUS (v^«, filament; &-
005, fleur), bot. ph.— Genre de la famille des
Gesnéracées, tribu des Épisiciées, établi par
Schrader (in Gollinger gel. Anzeig., 1821,
I, p. 719). Arbrisseaux du Brésil. Voy. ges-
néracées.
NÉMATE. Nemalus (v^a, fil), ins. —
Genre d'Hyménoptères, section des Téré-
brans, famille des Porte-Scies, tribu des
Tenthrédimens, établi par Jurinc aux dépens
des Teulhredo de Fabricius, et adopté par
Saint-Fargeau (Monographie des Tenthrédi-
nes), ainsi que par tous les entomologistes.
Les Némates sont caractérisés par leurs an-
tennes de neuf articles simples dans les deux
sexes, longues et sétacées; parleurs mandi-
bules échancrées; leur cellule radiale très
grande; leurs quatre cellules cubitales, dont
la première, petite, presque ronde ; la se-
conde, grande, recevant les deux nervures ré-
currentes ; la troisième, moindre et carrée, et
la quatrième atteignantle haut de l'aile, etc.
Les métamorphoses des Insectes de ce
groupe et leur genre de vie ont occupé un
grand nombre de naturalistes; citons, parmi
les anciens, Swammerdam, Réaumur, Linné,
Degéer, et, parmi les modernes, Panzer,
Dahlbom, Saint Fargeau, et MM. Ratzeburg
et Léon Dufour. Ce dernier particulièrement
a adressé (28 octobre 1846) à la Société en-
tomologique de France une notice impor-
tante sur les métamorphoses des Némates, et
contenant l'histoire complète d'une nouvelle
espèce de ce genre, \e Nemalus Degceri; pré-
cédemment il avait déjà fait connaître une
autre espèce, le N. ribis; mais ces travaux
n'étant pas encore publiés, nous ne croyons
pas pouvoir en parler ici.
Les larves des Némates, désignées comme
celles des autres Tenthrédines sous le nom
de fausses chenilles, ont constamment vingt
pattes, dont six écailleuseset quatorze mem-
braneuses. Ces larves vivent sur différentes
plantes dont elles rongent les feuilles. Leurs
métamorphoses s'opèrent de différentes ma-
nières : les unes entrent dans la terre et s'y
filent des coques pour se changer en nym-
phes; les autres forment des excroissances
avec les feuilles, des espèces de galles dans
lesquelles elles subissent toutes leurs trans-
formations.
Toutes les espèces de ce genre appartien-
nent à l'Europe. Lepelletier deSaint-Fargeau
(Monographie des Tenthrédines) en décrit
trente-huit; mais aujourd'hui on en connaît
un plus grand nombre. Nous n'en citerons
qu'une seule :
Le Nemate du saule , Nemalus salie is
Jurine, Oliv., Fabr., Lepell., etc., qui est
long de 5 lignes ; jaune, avec la tête et le
corselet noirs en dessus; les ailes avec leur
point noir; les pattes jaunes. Les larves de
ces Insectes vivent sur le Saule; elles ont
près de 1 pouce de long ; elles sont d'un vert
céladon, avec de grandes taches jaunes et
des points noirs sur les côtés. Elles ont sou-
vent le derrière courbé en arc, de sorte qu'il
repose sur le plat de la feuille, tandis qu«
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NEM
quelques pattes membraneuses etécailleuses
sont accrochées à son bord. Ceslarves entrent
en terre au mois d'août et s'y filent des co-
ques d'un brun obscur presque noir.
Les métamorphoses des Nematus ca-
preœ, papillosus, septentrionalis, ribis, De-
geeri, etc., sont également connues. (E. D.)
NÉMATE. min. — Nom donné par Haiiy
à une roche fibreuse que l'on rapporte assez
généralement à l'Obsidienne. Voy. ce mot.
NEMATOCERA. ins. — Syn. iïHexa-
toma. Voy. ce mot.
NÉHÏATOCÈRES. ins. — Syn. de Fili-
cornes. Voy. ce mot.
NEMATODES (vn,aaTw^Ç) filamenteux).
ix5. — Genre de Coléoptères pentnmères ,
famille des Sternoxes , tribu des Élatéri-
des, créé par Latreille {Annales de la Soc.
eut. de France, 1. 111, p. 125). Les types sont :
les Eucnemis buprestoides Rossi ( alticollis
Rondani), fdum F. , et meliculosus Dej. Le
1er est originaire d'Italie, le 2e d'Autriche,
et le 3e des États-Unis. Ces 3 espèces ren-
trent dans le genre Hypocœlus d'Eschschollz,
adopté par Dcjean.
Les Nématodes de Dejean, que cet auteur
attribue à tort à Latreille (Catalogue, 3e éd.,
p. 96), sont les N. procerulus Mann, (pyg-
mœusDej.), flavescens Dej., et semi-vitiatus
Harris : les deux premiers se trouvent en
Suède et en France, et le dernier est des
États-Unis. (C.)
*J\EMATOGONEM, Desmaz. (in Nouv.
Ann. se. nat., II, 69, t. II, f. 1). bot. cr.
— Syn. de Sporotrichum , Lnk.
NÉMATOÏDES. Nematoides (v%.a, fil;
«T^or, forme), helm. — Rudolphi a donné en
1808, dans son Histoire naturelle des Ento-
zoaires, la dénomination de Nématoïdes à
l'une des grandes catégories de Vers intes-
tinaux , celle à laquelle appartiennent les
Ascarides, les Strongles, les Filaires et beau-
coup d'autres ayant le corps filiforme ou fu-
siforme, allongé. Quelques genres d'animaux
qui vivent dans les eaux de la mer, dans les
eaux douces ou même dans la terre humide
ont aussi l'organisation des Nématoïdes , et
ont été classés parmi eux par les helmintho-
logistes modernes. C'est aussi à ce groupe
qu'appartiennentlesAnguillules ou Vibrions
de la colle et du vinaigre, qu'on a laissés si
longtemps parmi les Infusoires.
Quoique l'on connaisse un grand nombre
de Nématoïdes, on n'a pas encore établi la
caractéristique et la classification de ce
groupe d'une manière déGnitive. Tous les
genresque leurs caractères extérieurs tendent
à faire placer parmi les Nématoïdes ne pa-
raissent pas avoir la même organisation in-
térieure, et, tandis que celle des premiers
serait très élevée, celle des derniers serait,
au contraire, fort simple : les Ascarides, les
Strongles, etc., seraient dans le premier cas;
les Gordius, Trichius, etc., dans le second.
C'est un sujet que nous traiterons en détail
à l'article vers de ce Dictionnaire ; aussi
nous contenterons-nous d'indiquer ici, d'a-
près M. Dujardin, les diverses familles qui
constituent la classe des Nématoïdes :
Trichosomiens, Filariens, Strongyliens,
Ascaridiens, Énopliens, Sclérostomiens,Dac-
nidiens. Plus un certain nombre de genres
mal connus ou d'une organisation supposée
inférieure :
Stelmie, Léorhynque, Prionoderme, Chi-
racanthe, Gnathoslome , Lécanocéphale ,
Ancyracanthe, Hétérochele, Stéphanure,
Hystrichis, liedruris , Crossophore, Odonto-
bie, Tropisure, Trichine; et enfin les Gor-
diacés, comprenant les genres Mermis et
Dragonneau. (P. G.)
* NEMATOPHORA ( v^ua , fil ; yopoç ,
qui porte), ois. — Subdivision du genre
Huppe (voy. ce mot), d'après M. G.-R. Gray
(Gen. of Birds., 1840). (E. D.)
*NEMATOPHORA (v~ua, fil; VoPSç,
qui porte), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Malacodermes ,
tribu des Lampyrides, formé par Dejean
(Catalogue, 3e édit., p. 113), avec une es-
pèce du Brésil, le N. macrocera de l'au-
teur. (C.)
NEMATOPLATA , Bor. (in Dict. class.,
1 , 593 , XI , 499). infus. — Syn. de Fragu
laria, Lby.
NÉMATOPODES (vTîua, v/^octoî , fil;
ttoûç, ttocÎoç, pied), moll.? crust.? — Déno-
mination donnée par M. de Blainville à la
première classe de ses Malentozoaires cor-
respondant aux Cirrhipodes. Voy. ce motet
MOLLUSQUES. (DUJ.)
*WEMATOPODIES (v%«, fil ; wovç, «o-
&,; , pied), ins. — M. Gravenhorst (Ichn. Eu-
rop. 1829 ) a indiqué sous ce nom un genre
d'Hyménoptères de la section des Térébrans,
de la famille des Ichneumoniens. (E. D.)
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NEM
607
•NEMATOPTERA, Burm. ins. — Syn.
âeNemoptera, Latr. (E. D.)
NEMATOPUS(v%.«, fil; *ov5| pied).
ins. — Genre d'Hémiptères de la section
des Hétéroptères , famille des Lygéens , tribu
des Coréites, créé par Latreille (Fam. nat.
1825) et adopté par tous les entomologistes.
Les Nematopus , caractérisés par leur tête
courte, arrondie; leurs pattes postérieures
très longues; leurs cuisses renflées, garnies
d'épines, ainsi que les jambes , ne com-
prennent qu'un petit nombre d'espèces.
MM.Amyot etServille(/7emipfères des Suites
à Bu ffon-Roret) n'en signalent que trois:
deux de Cayenne, les N. indus Linné et
nervosus Gasteln., et une de la Chine, le
N. rneleagris Fabr. (E. D.)
*NEMATORA, Fée (Melh. Lichen., 43 ,
t. II, f. 4). bot. cr. — Voy. strigula, Fr.
NEMATOSPERMUM , L.-C. Richard
[in Act. soc. h. n. Par., I, 105). bot. ph.
— Syn. de Lacistema, Swartz.
*NEMATOSTIGMA, Dietr. (Syst. Willd.
n., 228). bot. ph. — Syn. deLiberlia,
Spreng.
NÉMATOURES ou SÉTICAUDES. ins.
— Nom donné par M. Duméril à une fa-
mille d'Insectes aptères, qui correspond à
l'ordre des Thysanoures de Latreille.
NEMATTUX, Fr. (Msc). bot. cr. —
Syn. de Myxonema , Fr.
*NEMATURA (v^.a, fil; ovpa, queue).
ois. — Nom donné par M. Fischer à un
groupe de Tétraonidées. Voy. ce mot.
NEMATUS. ins. — Voy. némate.
NEMAUCHENES. bot. pu. — Genre de
la famille des Composées, tribu des Cicho-
racées, établi par Cassini (in Dict. se. nat.,
XXXIV, 362). Herbes des contrées orien-
tales. Voy. COMPOSÉES.
NÉMAZOAIRES ( v~*«, fil ; Ç£ov , ani-
mal), alg.? — Classe d'êtres ambigus propo-
sée d'abord sous le nom de Némazoones par
M. Gaillon, puis nommée Némazoaires , et
enfin Ncmalophyles par M. de Blainville ,
qui les regarde définitivement comme des
végétaux. M. Gaillon, qui comprend dans
cette classe les Bacillariées ou Naviculées ,
beaucoup d'Infusoires verts et une foule de
vraies Algues, supposait que des animal-
cules simples, libres et bien vivants , jouis-
sent de la faculté de s'agglutiner par une
matière exsudée de leur corps, de manière
à former des filaments simples ou ramifiés
présentant l'aspect de végétaux. (Duj.)
*NEMEDRA. bot. ph. —Genre de la fa-
mille des Méliacées, tribu des Trichiliées,
établi par Jussieu ( in Mem. Mus. , XIX ,
223, t. 14 , f. 8). Arbrisseaux originaires
de la Nouvelle-Hollande tropicale. Voy. mé-
liacées.
*NEMEORIUS(v^oç, bois; e?o$,vie). ins.
— Genre de l'ordre des Lépidoptères diurnes,
tribu des Érycinides, établi par Stephens.
La seule espèce connue est le Nemeobius lu-
cina (Papilio lucina Linn., Argynnis lucina
God., le Faune à taches blanches Engr.), qui
habite la France boréale et australe.
*NEMEOPHILA (v/Fo?, bois; y^oç, qui
aime), ins. — Genre de l'ordre des Lépidoptè-
res, tribu des Chélonides, établi par Stephens
aux dépens des Chélonées. M. Boisduval, qui
adopte ce genre (Gênera et index methodicus
Lepidopt. europ.) entité deux espèces, N. rus-
sula et Plantaginis, qui habitent l'Europe.
NÉMERTE. Nemertes (nom mytholo-
gique), iielm. — Genre fort curieux d'Hel-
minthes marins dont nous avons plusieurs
espèces sur nos côtes. Ces animaux , qui
arrivent souvent à une longueur de plu-
sieurs mètres, ont la forme de rubans fort
étroits, mais ils sont susceptibles de se rac-
courcir considérablement. On leur a succes-
sivement donné les noms de Nemertes (Oken),
Borlasia (G. Cuvier), Linaria (Sowerby) et
Lineus (Davies). M. de Blainville les a pris
pour type de sa famille des Térétulariés , et
M. Ehrenberg de celle qu'il appelle Nemer-
tina. On connaît aussi des espèces exotiques
de ce genre, et MM. Quoy et Gaimard en ont
représenté plusieurs dans le Voyage de V As-
trolabe. Plusieurs naturalistes, depuis Bor-
lase, se sont occupés de l'organisation des Ne-
mertes, et, tout récemment, M. de Quatrefa-
ges a publié, dans Y Iconographie du règne ani-
mal, une planche très soignée dans laquelle
il représente les principaux caractères anato-
miques et physiologiques de ces animaux.
Nous en parlerons à l'article vers. (P. G.)
NEMERTESIA. polyp. — Dénomination
proposée par Lamouroux pour le genre de
Sertulariens que Lamarck a nommé An-
tennulaire, et que M. Ehrenberg laisse dans
son grand genre Serlularia, comme section
du sous-genre Sporadopyxis. Les Antennu-
laires ou Ncmcrtcsies ont les polypes verti-
608
NEM
cillés autour d'une tige simple ou peu divi-
sée, Ostuleuse, cornée. (Duj.)
*NEMERTINA. helm. — Famille dont le
type est le genre Nemerles. Elle a été ainsi
dénommée par M. Ehrenberg, et répond en
grande partie à celle desTérétularié&de M. de
Blainvilie. Elle comprend les genres Tubu-
lan, Cérébralule, Polie, Borlasie ou Nernerte,
Notogymnus, Bonellie et Lobilabre. Ces ani-
maux appartiennent à la classe des Turbil-
lacées. (P. G.)
NEMESIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Scrophularinées , tribu des Hémi-
méridées , de la Didynamie angiospermie
dans le système sexuel de Linné. Il a été
établi par Ventenat ( Malmais. , t. 41 ) aux
dépens de quelques espèces d' Antirrhinum,
et présente pour caractères principaux : Ca-
lice à 5 folioles. Corolle hypogyne , à tube
court, à limbe bilabié : lèvre supérieure
4-îobée, garnie d'un éperon à la base ; lèvre
inférieure entière ou échanerée; deux gib-
bosités à la gorge. Étamines 4, insérées à la
gorge de la corolle, didynames ; anthères
uniloculaires * souvent soudées deux à deux.
Ovaire a 2 loges multi-ovulées. Style simple;
stigmate capité. Le fruit est une capsule
comprimé, à 2 loges contenant un grand
nombre de graines.
Les Nemesia sont des herbes annuelles ,
rarement vivaces ou suffrutescentes, à feuil-
les opposées, dentées ou incisées ; à fleurs
axillait es et solitaires, ou disposées en grappes
terminales.
L'espèce type, Nemesia fœtens Vent. (loc.
cit. ), est un arbuste indigène du cap de
Bonne-Espérance. Ses fleurs, d'un gris blan-
châtre veiné de pourpre, sont marquées dans
l'intérieur d'une tache jaune-orangé.
Les autres espèces de ce genre sont les
Antirrhinum macrocarpum , bicorne et lon-
gicorne. (J.)
*]\ÉMÉSIS. Nemesis (nom mythologique).
crust. — Genre de l'ordredes Siphonostomes,
de la tribu des Dichélesliens, établi par Poly-
dore Roux, et généralement adopté. Ce genre
se rapproche beaucoup de celui des Dichéles-
tiens, mais ressemble un peu à certains Crus-
tacés Isopodes par la forme générale du corps.
La têteestépaisse, obtuse, ovalaire; le thorax
se compose de quatre articles quadrilatères,
à peu près de même grandeur que la tête,
et semblables entre eux; enfin l'abdomen
NEM
est très petit, conique, annelé et terminé
par deux petits appendices lamelleux. Les
antennes sont assez longues, sétacées, multi-
articulées, et pourvues d'un article basi-
laire assez grand. Immédiatement en ar-
rière de ces organes, on aperçoit une autre
paire d'appendices qui ressemblent à de pe
tites cornes, et qui paraissent être les ana-
logues des pattes-mâchoires antérieures de*
Caligiens. Les pattes-mâchoires de la se-
conde paire, situées de chaque côté d'i.a
suçoir gros et court, sont grêles et petites;
mais celles de la dernière paire sont plus dé'
veloppées et subehéliforrnes. Les pattes sont
au nombre de quatre paires , dont deux
fixées au premier article thoracique, et les
suivantes aux deux anneaux suivants ; celles
de la première paire sont petites, grêles et
simples, tandis que les autres sont com-
posées d'une pièce basilaire très grande,
mais libre sur la ligne médiane, et de deux
petites rames terminales. Le dernier anneau
thoracique présente de chaque côté, à son
bord postérieur , un tubercule arrondi au-
près duquel naissent des lobes oviferes qui
sont extrêmement longs. On ne connaît en-
core que deux espèces qui vivent parasites
sur ceux de nos Poissons cartilagineux de la
Méditerranée. La Némésis lamne, Nemesis
Lamna Roux, peut être considérée comme
le type de ce genre. C'est sur les branchies
du Lamna cormibicus que l'on rencontre
constamment la Némésis lamne, qui vit en
société au nombre de vingt-cinq à quarante
individus.
La seconde espèce est la Némésis des Re-
quins , Nemesis Carchariarum Roux. C'est
particulièrement sur les branchies du Squale
renard, Carcharias vulpes, que l'on trouve
cette Némésis. (H. L.)
NEMESTRINA. mam. — Nom scienti-
fique du Maimon. Voy. macaque. (E. D.)
NEMESTRINA ( nom mythologique ).
ins. — Genre de l'ordre des Diptères bracho-
cères , famille des Anthraciens, tribu des
Némestrinides , Macq., établi par Lalreille
( Gen. , t. V, p. 307 ), et caractérisé de la
manière suivante par M. Macquart (Diptè-
res, Suites à Buffon-Roret) : Tête déprimée.
Palpes saillants. Antennes distantes , cour-
tes. Yeux nus. Écusson à rebord peu mar-
qué. Pelotes des tarses ordinairement pe-
tites. Ailes de largeur médiocre, plus ou
NEM
moins réticulées dans les deuxième et troi-
sième cellules sous-marginales, les première
et deuxième postérieures; quelquefois non
réticulées; point de cellule fausse.
M. Macquart (loc. cit. et Dipt.exot.) décrit
huit espèces de ce genre, assez communes
dans l'Egypte et au cap de Bonne-Espérance.
Nous citerons principalement la Nemestrina
reticulala, ainsi décrite : Longueur, 8 lign.
Corps noir, revêtu de poils gris ; thorax ayant
une ligne dorsale et une tache oblique de
chaque côté, grises; ailes enfumées , ayant
leur extrémité hyaline; pattes roussàtres ,
avec les cuisses noires ; abdomen ayant
chaque segment bordé de poils gris.
Les mœurs de ces Insectes sont les mêmes
que celles des Anthraciens. (L.)
*N£M£STRINIDES. Nemeslrinidœ . ras.
— Tribu de la famille des Anthraciens, dans
l'ordre des Diptères, établie par M. Macquart
(Dipt. , Suites à Buffon ), qui lui donne les
caractères suivants : Corps large. Tête ordi-
nairement de la largeur du thorax. Trompe
allongée, menue, dirigée en avant ou en
dessous. Front et face ordinairement larges,
séparés par un sillon transversal. Antennes
courtes, distantes, insérées près du bord in-
térieur des yeux. Trois ocelles, dont les laté-
raux sont insérés au bord intérieur et posté-
rieur des yeux. Écusson à rebords. Pieds
presque nus; trois pelotes aux tarses. Cuil-
lerons petits, velus. Ailes ordinairement ré-
ticulées vers l'extrémité; deux ou trois cel-
lules sous-marginales, ordinairement cinq
postérieures.
Quatre genres composent cette tribu ; ce
sont : Mœgistorhynchus, Macq. ; Nemestrina,
Latr. ; Fallenia , Meig. ; et Hirmonevra,
Meig. Voy. l'article anthraciens, pour les
détails relatifs aux mœurs de ces Insectes.
(L.)
*I\'EMIA, Berg. (Flor. cap. , 160). bot.
ph. — Syn. de Manulea, Linn.
*ï\EMICOELUS (v/fxoç, bois; xorto» ,
creuser), ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères , famille des Xylophages , tribu
des Cucusites, formé par Dejean (Cata-
logue, 3e édit., p. 340) avec deux espèces:
les N. marginipcnnis et hemipterus de Fau-
teur. La première se trouve aux États-Unis
et la deuxième est de patrie inconnue. (C.)
* NEAIORIA (*«i*9«» bois; Sc'oç, vie), ras.
— Genre d'Orthoptères de la famille des
t. vnr.
NEM
609
Gryllides, créé par M. Audinet-Serville {Or-
thoptères des Suites à Buffon de Roret) aux
dépens des Grillons (voy. ce mot). Les prin-
cipaux caractères des Nemobia sont : Tarses
de trois articles, le deuxième comprimé, peu
visible; palpes maxillaires longs, à dernier
article un peu tronqué obliquement au bout;
ovicapte droit, presque aussi long que l'ab-
domen ; yeux grands , arrondis , peu sail-
lants, etc.
Ces Insectes semblent se réunir entre
eux , tandis que les Grillons vivent plus so-
litaires ; les femelles déposent leurs œufs
dans la terre. Ils sautillent partout à la sur-
face du sol , et ne se cachent pas, au moins
dans des terriers.
Deux espèces entrent dans ce groupe :
Gryllus sylvestris Bosc. (Act. Soc. dliist.
nat. , I, pi. 10, fig. 4). Corps noirâtre avec
quelques poils jaunâtres. Se trouve très com-
munément dans presque toute l'Europe ; ha-
bite surtout les lieux ombragés; on le voit
souvent sous les feuilles.
Et le Nemobia lineolata Brullé (Hist. nat.
des Ins., IX, pi 18, f. 9), des Pyrénées et de
Saint-Sever. (E. D.)
NEMOCEPHALUS (v/fxw, partager; %t-
<p«H, tête), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Curculionides or-
thocères , division des Brenthides, établi
par Latreille (Familles naturelles, p. 390) ,
et adopté par Dejean (Catalogue, 3e édit.,
p. 266), qui en énumère 15 espèces ; 14 ap-
partiennent à l'Amérique , et une est origi-
naire d'Asie (îles Philippines). Nous cite-
rons comme en faisant partie les Br. moni-
lis , suturalis F., lœvis Gr., et sanguini-
collis Dej. Schœnherr fait entrer une par-
tie de ces Insectes parmi ses Brenlhus, mais
il a placé le dernier dans son genre Te-
ramocerus. MM. Imhoff et Labram ( Sing.
gen. curculion . , 2e fas.) en font le type d'un
nouveau genre qu'ils nomment Ischnome-
rus. (C.)
NÉMOCÈRES. Nemocera. ras. — La-
treille a créé sous ce nom une grande fa-
mille d'Insectes de l'ordre des Diptères, et
comprenant particulièrement les deux grands
genres Culex et Tipula de Linné. Depuis ,
les Némocères sont devenues, pour M. Mae-
quart et pour la plupart des entomologistes,
l'une des deux grandes divisions primaires
des Diptères.
77
610
NEIY1
NEM
Les Némocères ont pour caractères : Corps
ordinairement menu et allongé; tête petite.
Trompe tantôt longue, menue, et renfer-
mant un suçoir de six soies; tantôt courte
et épaisse, à suçoir de deux soies. Palpes de
quatre ou cinq articles. Antennes filiformes
ou sétacées , souvent de la longueur au
moins de la tête et du thorax réunis, de six
articles au moins. Abdomen étroit; thorax
grand et élevé. Pieds longs et grêles. Ailes
allongées et souvent étroites; cellules basi-
Jaires allongées.
Les larves, toujours allongées et sembla-
bles à des Vers, ont une tête écailleuse , de
figure constante, et dont la bouche offre des
parties analogues aux mâchoires et aux lè-
vres. Elles changent toujours de peau pour
se transformer en nymphes, et ces dernières,
tantôt nues, tantôt renfermées dans des co-
ques que les larves ont construites, se rap-
prochent , par leur figure , de l'insecte par-
fait , en présentant les organes extérieurs ,
et achèvent leurs métamorphoses à la ma-
nière ordinaire : elles ont souvent, près de la
tête ou sur le thorax, deux organes respira-
toires en forme de tubes ou d'oreillettes.
Les Némocères habitent ordinairement les
lieux humides; les petits surtout se rassem-
blent dans les airs en essaims nombreux s
s'y balancent, et forment en volant des sor-
tes de danses. Dans l'accouplement ils sont
placés bout à bout, et volent ainsi : ils pon-
dent leurs œufs, soit dans la terre, soit dans
J'eau.
Voy. l'article diptères, pour les divisions
établies par M. Macquart dans le groupe des
Némocères. (E. D.)
NÉMOGLOSSATES. ins. — Latreille
(Règ. anim.) avait donné ce nom à une di-
vision d'Hyménoptères , qui correspond au
genre Apis de Kirby, ou à sa tribu des
Apiaires. Voy. ce mot. (E D.)
KEMOGNATHA ( ve>o , partager ; yv«-
0oç, mâchoire), ins. — Genre de Coléop-
tères hétéromères, famille des Trachélides,
tribu des Vésicants, créé par Latreille ( Rè-
gne animal de Cuvier, t. V, p. 69), et
adopté par Dejean (Catalogue, 3e édit.,
p. 249 ), qui en énumère 17 espèces ; 10 sont
originaires d'Amérique, 6 d'Afrique , et une
seule appartient à l'Europe : celle-ci , type
du genre, est la N. chrysomelina Fab.; elle
varie beaucoup pour la couleur. Les Zonitis
vittata , viridipennis , hœmorrhoidalis et ros-
trata (4 -notata Dej.) Fab., et 5 ou 6 autres
espèces qui ont été décrites, et que Dejean
n'a pas connues, doivent être considérées
comme se rapportant à ce genre. Les larves
de ces Insectes , comme la plupart de celles
de cette tribu, doivent être parasites d'Hy-
ménoptères.
M. Guérin-Méneville a établi, avec la N.
rostrata, son genre Leptopalpus. (C.)
*NEMOICUS, Stephens. ins. — Syn. de
Phyllobius, Schcenherr. (C.)
NÉMOPANTFIE. Nemopanthes. bot. ph.
— Genre de plantes de la famille des Ilici-
nées , de la Dicecie pentandrie dans le
système de Linné, établi par Rafinesque
pour Yllex canadensis , et décrit d'une ma-
nière plus précise par DeCandolle (Première
notice sur les plantes rares du jardin de Ge-
nève, 8, t. 3). Il est caractérisé par des
fleurs dioïques ou polygames , formées d'un
calice très petit, réduit à l'état d'un très
petit anneau entier à son bord ; d'une co-
rolle à 5 pétales allongés-linéaires , réflé-
chis , entièrement libres et distincts les uns
des autres à leur base; de 5 étamines alter-
nes aux pétales, à anthères introrses, 2- lo-
culaires; d'un ovaire sessile, à 3-4 loges,
renfermant chacune un seul ovule suspendu
au haut de leur angle central, que surmon-
tent 3-4 stigmates sessiles. Le fruit est une
baie presque globuleuse, à 3-4 loges.
La seule espèce de ce genre est le Némo-
panthe du Canada, Nemopanthes Canadensis,
petit arbrisseau rameux , à feuilles alternes,
oblongues , très entières , très glabres , co-
riaces , à court pétiole. Ses fleurs sont peti-
tes , d'un blanc verdâtre , solitaires sur des
pédoncules axillaires, filiformes, plus courts
que les feuilles. Ses baies sont rouges. Cette
espèce croît dans les montagnes du Canada,
près du lac Champlain , et vers le sud des
États-Unis jusqu'en Caroline. Elle passe en
pleine terre dans les parties moyennes de
l'Europe. (P. D.)
NEMOPHILA ( vUoç, , bois ; « O.oç , qui
aime), bot. ph. — Genre de la famille des
Hydrophyllées, établi par Barton (Flor. bor.
amer., 61). Herbes de l'Amérique boréale.
Voy. HYDROPHYLLÉES.
*NEMOPHORA (.Vx, fil; yépoç, qui
porte), ins. — Genre de l'ordre des Lépido-
ptères nocturnes, tribu des Tinéides , créé
NEM
NEM
61!
par Hubner aux dépens des Adela ( Dup. ,
Catal. des Lépid. d'Europe). On en connaît
six espèces , qui habitent la France et l'Al-
lemagne. (L.)
*J\EMOPODA(v9îfxa, filament; nri^iti-
Soç , pied ). ins. — Genre de l'ordre des Di-
ptères brachocères , famille des Musciens ,
tribu des Muscides, établi par M. Robineau-
Desvoidy et adopté par M. Macquart {Diptè-
res, Suites à Buffon). Ce dernier en décrit
9 espèces, qui toutes habitent la France
et l'Allemagne.
L'espèce type , N. cylindrica ( N. puiris
Rob.-Desv., Sepsis cylindrica Meig., Sepsis
nitida Fall., Cal&bata cylindrica Fab.), est
très commune en France.
NEMOPTERA ( v^P.a, fil ; wt*'pov, aire).
ins. — Genre de Névroptères de la sec-
tion des Filicornes , famille des Plani-
pennes, tribu des Panorpates, créé par La-
treille (Gen. Crust. et Ins.) aux dépens des
Panorpa de Linné , adopté par tous les en-
tomologistes, et dont M. Burmeister (Hand-
buch der Entomologie) a changé le nom en
celui de Nematoptera. D'après M. Rambur
(Névropt. des Suites à Buffon de Roret), les
Nemoptera ont pour caractères : Antennes
presque filiformes ; bouche prolongée en
museau; pas d'ocelles; palpes labiaux plus
longs que les maxillaires, ceux-ci plus
courts que les mâchoires, qui sont droites,
ciliées, obtuses à l'extrémité ; tarses de cinq
articles, le premier et le dernier assez
longs, les autres très courts; ergots très
courts ou insensibles, les tibias postérieurs
n'en ayant qu'une paire; onglets grands.
Olivier, le premier, avait observé plu-
sieurs espèces de ce groupe dans le Levant;
depuis on en a découvert quelques unes en
Egypte, en Algérie et en Espagne, et on en
compte neuf d'après M. Rambur. Ces In-
jectes, d'après les observations d'Olivier,
Dnt le vol lent ; ils agitent péniblement leurs
ailes, à de petites distances, de sorte qu'on
peut les saisir avec la plus grande facilité;
ils sont très multipliés, et leur existence
semble fort courte.
M. Rambur {loc. cit.) répartit les neuf
espèces comprises dans ce genre en trois
groupes particuliers ou sous-genres, de la
manière suivante :
1° Nemoptera, Auct. Bouche assez forte-
ment avancée en bec ; ailes supérieures
ayant des bandes en zigzag , et un très
grand nombre de traits ou de points noirs
ou bruns. Type : Panorpa Coa Lin., des îles
de l'Archipel.
2° Halter, Ramb. Bouche assez fortement
avancée en bec ; ailes en grande partie
transparentes , les inférieures plus ou moins
dilatées. Type : N. albaOYiv., de Bagdad.
3° Brachystoma , Ramb. Bouche à peine
avancée en bec. Espèce unique : N. Olivieri
Ramb., d'Egypte.
NEMOPTERIX. ins. — Syn. de Nemo-
ptera (voy. ce mot), suivant Leach. (E. D.)
*NEMOR.EA. ins.— Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, famille des Musciens,
tribu des Muscides , sous-tribu des Tachi-
naires, établi par M. Macquart ( Diptères,
Suites à Buffon), qui le caractérise ainsi :
Corps large. Palpes un peu saillants. Face ordi-
nairement nue ; épistomepeu ou point sail-
lant. Antennes presque couchées , n'attei-
gnant pas l'épistome.Yeux velus. Abdomen
ovale. Première cellule postérieure, atteignant
le bord un peu avant l'extrémité de l'aile.
Ce genre renferme 20 espèces , dont la
plupart habitent la France et l'Allemagne,
dans les bois et les prairies, sur les fleurs en
ombelles. Nous citerons principalement les
N. viridulans (Erigone id. Rob.-Desv.) et le
N. sylvatica, toutes communes aux environs
de Paris; la première, en juin et août, sur
les fleurs de Vlleraclœum spondylum , et la
seconde, au printemps, dans les bois. (L.)
* NEMORÏIEDUS. mam. — Voy. njïmo-
HEDUS.
* NEMORICOLA ( nemus , bois ; colo ,
j'habite), ois. — M. Hodgson ( J. An. Soc.
Beng., 1831) donne ce nom aune division
des Scolopax. Voy. ce mot. (E. D.)
NEMOSIA (V£>ç, de bois), ois. — Nom
donné par Vieillot ( Anal, ornith., 1816 ) à
une division du genre des Moineaux.
NEMOSOMA ( véu.w , partager ; (rwp.« ,
corps), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Xylophages, tribu des
Bostrichiens , formé par Desmarest et adopté
par Latreille (Gênera Crust. et Jns., III,
p. 12; 1, XI, 4), et par Dejean (Cata-
logue, 3eédit., p. 338). Ce dernier auteur
en mentionne quatre espèces, qui sont : JV.
elongatum L. (fasciatum Pz.), cylindricum9
concolor Dej. , et guianensis Lac. Les deux
premières sont originaires d'Europe, et les
612
NExM
JNEM
deux dernières d'Amérique (États-Unis). Le
N. elongatum se trouve quelquefois aux en-
virons de Paris, il vit dans l'intérieur du
bois du Hêtre et de l'Orme.
Ce genre parait avoisiner certains Trogo-
sites ; Erichson le place à la suite de ses Niti-
dulaires, à côté des Ips. Ses caractères sont:
Antennes en massue , perfoliées , guère plus
longues que la tête; tête presque aussi lon-
gue que le corselet; corps linéaire. (C.)
NEMOTELUS (v^a, fil; tAoç, fin).
Ins. — Genre de l'ordre des Diptères bracho-
céres, famille des Notacanthes, tribu des
Stratiomydes, établi par Geoffroy et généra-
lement adopté. M. Macquart (Diptères,
Suites à Buffon; Dipt. exot.) en décrit 9 es-
pèces, dont 6 indigènes et 3 exotiques. L'es-
pèce type , Nemotelus pantherinus Macq.
{Musca pantherina Linn. , Nemotelus uligi-
nosus Latr. , Nemotelus marginatus Fab. ),
est assez commune en France. (L.)
*NEMOTOIS. ins.— Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes, tribu des Tinéides,
établi par Hubner (Dup., Calai, des Lépid.
d'Europe) aux dépens des Adela.On en con-
naît 9 espèces, dont la plupart habitent la
France et l'Allemagne. (L.)
*J\EMOTRICHUS(vt>.w, partager; ept'ç,
cheveu), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famiile des Curculionides ortho-
cères, division des Anthribides , formé par
Dejean (Catalogue, 3e édit. , p. 256) avec
une espèce de Cayenne , le N. indistinctus
de M. Buquet. Ce genre a été adopté et pu-
blié depuis par MM. Labram et Imhoff (Sin-
gulorum gen. Curcul., fasc. 4). (C.)
NÉMOURE. Nemoura (v%K, fil; ovpx',
queue), ins. — Genre de Névroptères de
la famille des Planipennes, tribu des Per-
liens, créé par Latreille (Précis des ca-
ractères des Ins., 1797) aux dépens des
Phryganea de Linné, et des Perla Geoffroy,
ou Semblis Fabricius, et adopté par tous les
entomologistes. Les Nemoura, dont le nom
a été changé en celui de Nematura Bur-
meister et Rambur, ont pour caractères
généraux, suivant M.Pictet : Palpes maxil-
laires et labiaux courts, filiformes, le der-
nier article ovoïde, arrondi et d'un dia-
mètre au moins égal à celui qui le pré-
cède; soies caudales nulles ou rudimen-
taires.
Les Némoures ont la tête plus petite, plus
ronde et moins aplatie que les Perles; leurs
antennes sont longues et fortes; leurs man-
dibules grosses, presque aussi larges que
longues, et terminées par trois à six dents
courtes; leur labre est moins large et moins
linéaire que celui des Perles; leurs mâ-
choires, assez fortes et dures, sont termi-
nées par des dents ou par des soies très
raides, recouvertes en dehors d'une galette
qui les dépasse souvent; leur lèvre infé-
rieure est large et partagée à son extrémité
en quatre lanières , dont les deux médianes
sont parfois réunies. D'une taille un peu
plus forte que les Perles, plus grêles et plus
délicates qu'elles, leurs ailes ont une ten-
dance à s'enrouler ; leur couleur générale
est un gris plus ou moins fuligineux ou
brunâtre; celle du corps est noire, mêlée
parfois de jaune ou de brun.
Ces Insectes se trouvent dans les endroits
humides et les bois ombragés; ils ne pa-
raissent qu'au printemps ou au commence-
ment de l'été, et il est rare d'en voir en au-
tomne. Leurs larves vivent dans l'eau ,
marchent sur les pierres ou se tiennent at-
tachées aux herbes aquatiques ; quelques
unes n'ont pas d'organes respiratoires ex-
ternes, et d'autres au contraire en présen-
tent. La forme de ces larves se rappro-
che de celle des Perles; elles ont comme
elles deux soies caudales , mais ces organes
restent attachés à la dépouille de la
nymphe.
Plusieurs auteurs se sont occupés de ce
genre, et nous citerons particulièrement
Latreille et MM. Burmeister, Rambur et
Pictet (Hist. nat. gén. et part, des Ins. Né-
vroptères, monogr. des Perlides, 1841). Ce
dernier auteur en a réparti les espèces en
3 groupes , qu'il nomme et caractérise de
la manière suivante :
I. Tœniopterix, Pictet. Articles des tarses
égaux; abdomen terminé par des soies lon-
gitudinales tri-articulées.
Six espèces, toutes européennes, entrent
dans ce groupe ; la principale est le Ne-
moura nebulosa Latr., Oliv., Pictet (Sem-
blis nebulosa Fabr.), type du genre. Elle
est très commune aux environs de Paris, et
parfois, en été, on la voit en abondance sur
les quais de cette ville.
II. Leuctra, Stephens. Deuxième article
des tarses très court; pas de soies du tout ;
NEN
NEN
613
nervures du parastigma ne formant pas d'X,
ailes allongées et en cylindre.
Sept espèces, dont six d'Europe et une
d'Amérique. Type : N. cylindrica Deg.
III. Nemoura, Auct. Deuxième article des
tarses très court ; pas de soies du tout ; ner-
vures du parastigma formant un X ; ailes
médiocres, aplaties.
Huit espèces, toutes européennes. Type :
N. variegata 01 iv. (E. D.)
NEMOZOMA. ms. — Voy. nemosoma.
IVEMS. mam. — Buffon a donné ce nom à
une espèce de Mangouste , qui n'est pas le
Nems des Arabes : ce dernier est Flchneu-
mon. Voy. l'article mangouste. (E. D.)
*NEMURA(v9îfAa, fil; 0ÛP«, queue). ins.^
M. Hodgson (in GrayZool. mise, 1846) in-
dique sous ce nom une subdivision des Fau-
vettes. Voy. sylvie. (E. D.)
NENAX, Gœrtn. (I, 165, t. 32). bot.
ph. — Syn. d'Ambraria, Gruse, et de Clif-
fortia , Linn.
*NENGETUS. ois.— M. Swainson {Zool.
Joum.y 1837) donne ce nom à un petit
groupe d'Oiseaux qui rentre dans le genre
des Moucherolles. Voy. ce mot. (E. D.)
NÉNUPHAR. Nymphœa. bot. ph. —
Genre de la famille des Nymphéacées , à
laquelle il donne son nom, de la Polyan-
drie monogynie dans le système de Linné.
Tel que nous le considérons ici avec les
botanistes modernes, il ne comprend plus
que ce qui reste du genre établi sous le
même nom par Linné, après qu'on en a
retranché d'un côté les Nelumbium, deve-
nus le type de la famille des Nélumbonées
(voy. ce mot) , et de l'autre les Nuphar ,
Smith , ou Nymphéas à fleurs jaunes ( voy.
nuphar). Limité de la sorte , il se compose
de plantes herbacées aquatiques, remarqua-
bles par leur beauté, qui croissent dans le»
eaux stagnantes ou faiblement courantes des
parties tempérées et subtropicales du globe,
surtout dans l'hémisphère septentrional; un
petit nombre se trouvent entre les tropi-
ques. Ces plantes ont un rhizome charnu ,
quelquefois volumineux, qui rampe au fond
de l'eau sur la vase, où il s'enracine; de
lui partent des pétioles et des pédoncules
d'un tissu très lacuneux, d'une longueur
assez considérable pour élever les feuilles
jusqu'à la surface de l'eau, sur laquelle elles
nagent et les fleurs au-dessus. Leurs feuilles
sont grandes, planes, en cœur ou bilobées
à leur base, parfois peltées, entières ou si-
nuées-dentées, glabres ou pubescentes en
dessous, pourvues de stomates seulement à
leur face supérieure , la seule qui soit en
contact avec l'air. Leurs fleurs sont grandes
et brillantes, blanches, bleues, roses ou
rouges , mais jamais jaunes; elles présen-
tent les caractères suivants: Galice à 4-5 sé-
pales libres, tombants , colorés intérieure-
ment ; corolle à 16-28 pétales sur plusieurs
rangs, libres, et dont les intérieurs passent
peu à peu à la forme des étamines : celles-ci
sont nombreuses, sur plusieurs rangs, libres,
à filet pétaloïde; ovaire multiloculaire , à
ovules nombreux portés sur les cloisons ,
surmonté d'un stigmate sessile , pelté ,
rayonné , marqué au centre d'une sorte de
glande saillante arrondie. Le fruit est
charnu , rempli de pulpe dans laquelle sont
plongées les graines, multiloculaire , cou-
ronné par le stigmate persistant. Les espè-
ces de ce beau genre se répartissent en trois
sous-genres, pour chacun desquels nous au-
rons à citer un exemple digne de fixer l'at-
tention.
a. Cyanea, DG. Filet prolongé au-dessus
de l'anthère , ce qui rapproche ces plantes
des Nelumbium, desquels elles se distinguent,
au reste, très nettement par l'organisation
de leur fruit; fleurs bleues ou bleuâtres ;
feuilles peltées, très entières ou dentées-si-
nuées. Plantes d'Afrique : une seule de l'Asie
tropicale.
1. Nénuphar bleu, Nymphœa cœruleaSdi-
vigny. Cette belle espèce croît dans les ri-
vières et les canaux de la Basse-Egypte. Son
rhizome, de couleur noirâtre, est pyriforme ;
les pétioles qui en partent sont cylindriques,
lisses. Ses feuilles nageantes sont presque
orbiculaires, un peu ovales, obtuses et en-
tières au sommet, un peu sinueuses vers
leur base , qui est profondément échancrée
en cœur et forme deux lobes ou oreillettes
acuminées ; elles sont glabres à leurs deux
faces, rougeâtres à l'inférieure. Ses fleurs,
d'un beau bleu , sont portées sur de longs
pédoncules cylindriques qui les élèvent au-
dessus de l'eau : elle diffère très peu du N.
scutifoliaDC, qui croît au sud de l'Afrique.
Cette plante était sacrée pour les anciens
Égyptiens, qui en peignaient et sculptaient
la figure sur tous leurs monuments et parmi
614
NEN
leurs hiéroglyphes. On la trouve même re-
présentée parmi les hiéroglyphes de Philœ et
cTEdfoû , à l'extrémité méridionale de l'E-
gypte, où il paraît qu'elle croissait autrefois,
et d'où elle a disparu depuis longtemps. Gé-
néralement des faisceaux de feuilles et de
fleurs de ce Lotus bleu étaient représentés
parmi les offrandes aux dieux figurées sur
les tableaux hiéroglyphiques ; il servait aussi
à faire des couronnes ; enfin ses racines et
sa graine lui donnaient une utilité directe
comme espèce alimentaire. Aujourd'hui le
Nénuphar bleu n'est guère plus recherché
par les habitants de la Basse-Egypte que
pour la beauté de ses fleurs. La conservation
de cette espèce n'est nullement compromise
par les alternatives de sécheresse et d'humi-
dité ; son rhizome persiste sans périr pen-
dant une année entière après que l'eau a
disparu du sol où il végétait ; ramené même
à la surface lorsqu'on laboure les champs, et
foulé aux pieds , il ne périt pas, et recom-
mence à végéter aussitôt que l'inondation
vient de nouveau convertir pour quelque
temps ces champs en étangs. La beauté du
Nénuphar bleu lui donnerait une place des
plus distinguées dans nos collections de
plantes vivantes ; mais sa culture présente
quelques difficultés par suite desquelles il
est encore peu répandu.
b. Lotos, DC. Filets non prolongés au-
dessus de l'anthère; fleurs blanches, roses
ou rouges; feuilles peltées, le plus sou-
vent à dents aiguës ou pubescentes en des-
sous. Espèces de l'Inde et de l'Afrique , une
seule de l'Europe orientale , une autre des
Antilles.
Nénuphar lotus, Nymphœa lotus Lin. Cette
espèce croît encore spontanément dans la
Basse-Egypte, dans le Nil près de Rosette et
kde Damiette, ainsi que dans les canaux des
^rizières. Son rhizome ressemble à un tuber-
cule de volume médiocre, revêtu d'une
écorce brunâtre , coriace et marqué de ci-
catrices; les pétioles qui en partent sont
cylindriques, d'une longueur proportionnée
à la hauteur de l'eau et qui atteint de la
sorte jusqu'à 1M,7 ; ils supportent une
lame nageante, plane, orbiculaire, peltée,
profondément fendue à sa base en deux
grands lobes ou oreillettes , rapprochées
l'une de l'autre , garnie sur les bords de
dents de scie séparées par des sinus arron-
NEN
dis, glabre supérieurement, pubescente in-
férieurement et marquée d'un réseau de
nervures. Ses fleurs sont grandes et blan-
ches; leur calice, verdâtre extérieurement,
est un peu rosé sur les bords. Le Nénuphar
Lotus était l'une des plantes les plus célèbres
dans l'ancienne Egypte; elle était consacrée
à Isis, et ses fruits mêlés à des épis de blé
étaient le symbole de cette déesse et l'em-
blème de l'abondance. Aussi en trouve-t-on
la figure sur un grand nombre de médailles
égyptiennes. C'était le Lotus blanc ou le
Lotus à graine de Pavot d'Hérodote. Ainsi
que l'espèce précédente, et plus qu'elle
encore , ce Nénuphar figurait parmi les
plantes alimentaires de cette contrée alors
si peuplée. On mangeait son rhizome, dont
la consistance et le goût rappellent ceux de
la Châtaigne ; ses graines petites et arron-
dies , mais nombreuses dans chaque fruit,
et qu'Hérodote compare à celles du millet,
servaient à faire du pain. D'après Théo-
phraste, on les retirait de l'intérieur des
péricarpes en mettant les fruits en tas, les
laissant pourrir et lavant ensuite le tout;
par là on les isolait de la pulpe dans laquelle
elles sont plongées. Les Égyptiens modernes
comptent encore le Nénuphar Lotus parmi
leurs plantes alimentaires ; mais ils pré-
fèrent à son rhizome celui du Nénuphar
bleu. On trouve l'un et l'autre sur leurs
marchés.
c. Castalia, DC. Filets non prolongés
au-dessus de l'anthère ; fleurs blanches;
feuilles en cœur, non peltées, très entières,
glabres. Espèces des parties tempérées de
l'hémisphère septentrional.
3. Nénuphar blanc , Nymphœa alba
Linn., vulgairement Lys des étangs, quel-
quefois aussi Nénuphar officinal. Cette
plante, l'une des plus belles de nos climats,
croît dans les fossés pleins d'eau, les lacs
et les eaux faiblement courantes d'une
grande partie de l'Europe. Son rhizome,
long et épais , horizontal , est charnu , bru-
nâtre à sa surface ; ses feuilles nageantes
sont grandes, arrondies, en cœur à leur
base, très entières, glabres et lisses ; ses
grandes fleurs blanches s'élèvent au-dessus
de la surface de l'eau. Leur stigmate est
marqué de seize rayons. Le rhizome du
Nénuphar blanc a été employé très long-
temns en grande quantité, à cause des pro-
NEO
NEO
615
priétés sédatives et surtout anti-aphrodi-
siaques qu'on lui attribuait; il s'en faisait
une consommation considérable dans les
maisons religieuses , et la croyance à ces
propriétés était devenue populaire ; néan-
moins, lorsqu'on en est venu à des expé-
riences précises à cet égard , on a reconnu
que c'était là une opinion erronée, et qu'il
fallait au contraire regarder cette substance
comme stimulante ; aujourd'hui on n'en
fait à peu près aucun usage. Dans des di-
settes on a essayé d'utiliser ce même rhi-
zome comme aliment ; mais la quantité de
fécule qu'il renferme n'est pas assez grande
pour qu'il puisse rendre de grands services
sous ce rapport. (P. D.)
NEOCEIS,Cass. (in Bullet.soc. philom.,
1820, p. 90). bot. ph. — Syn. tfErechtiles,
Rafin.
]\ÉOCTÈSE. min. —Syn. de Scorodite,
espèce de Fer arséniaté. Voy. fer.
*NEOGAYA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Ombellifères, tribu des Séséli-
nées, établi par Meisner (Gen. 144). Herbes
des montagnes de l'Europe. Voy. ombelli-
fères.
NEOLACIS, Cham. (m Linnœa, IX,
503). bot. ph. — Voy. mourera, Aubl.
NEGMERIS ( nom mythologique ). po-
lvp. ? algues. — Genre établi par Lamou-
roux pour des productions marines (IV. du-
metosa) qu'il classait auprès des Tubulaires,
et que M. de Blainville, avec raison, rap-
proche des Liagores, qui sont des Algues
calcifères ainsi que les Corallines. M. De-
caisne, en établissant d'une manière posi-
tive la nature végétale du g. Neomeris , le
place à côté des Cyrnopolies, et le caracté-
rise ainsi : Spores globuleuses , entourées
d'utricules obovées, ternées ou quatemées ;
fronde claviforme , tubuleuse , à rameaux
très abondants, verticillés, dichotomcs, rac-
courcis, articulés; les articles étant globu-
leux, remplis de matière verte. La seule es-
pèce connue se trouve dans la mer des An-
tilles. (Duj.)
*IVEOMIDA (v/wf/a, champ récemment
labouré), ins. — Genre deColéoptères hétéro-
mères, famille des Taxicornes, tribu des
Diapériales , formé par Ziegler et adopté par
Dejean (Catalogue , 3e édit., p. 218), qui en
énumère 28 espèces : 17 sont originaires d'A-
mérique, 6 d'Europe et 5 d'Afrique. Nous
citerons comme faisant partie de ce genre
les N. violacea, bicolor, picicornis, viridipen-
nis, hœmorrhoidalis F., et biluberculata 01.
Cette dernière a été prise vivante à Paris,
mais paraît être exotique. Ces Insectes se
rencontrent sous les écorces et dans les bo-
lets ; la plupart des mâles ont la tête armée
de deux petites cornes. MM. Brullé et de
Laporte, dans une Monographie sur les
Diapériales , ont donné à ces Coléoptères le
nom générique de Oplocephala. Ces deux
noms ont été conservés par Motchoulski
{Mémoires de la Soc. imp. des naturalistes de
Moscou, 1845, t. XVII, p. 80), qui fait
entrer dans les Neomida les espèces à corps
allongé. (C.)
*i\EOMORPHA (veoç, nouvelle; popyvî,
forme), ois. — Groupe d'Oiseaux créé par
M. Gould (Proc. zool. Soc. , 1836), et qui
rentre dans le genre des Huppes. (E. D.)
*]\E0M1S (v/w, je nage; p.v5> rat).
mam. — M. Kaup ( Entw. G. Eur. Th. I. ,
1839) indique sous ce nom un groupe
d'Insectivores. (E. D.)
*J\EOIVEURlJS (v/oç, nouveau; veîpov,
nervure), ins. — Genre d'Hyménoptères de
la section des Térébrans , famille des Ich-
neumonides, créé par M. Haliday ( Enl.
mag., V, 1838), et devant rentrer dans le
groupe des Bracons. (E. D.)
NEOPHRON (nom mythologique), ois. —
M. Savigny (Syst. des Ois. d'Egypte el de Sy-
rie) a créé sous ce nom une subdivision du
grand genre Vautour. Voy. ce mot. (E. D.)
NEOPS (v/oç, nouveau; o-ty, aspect), ois.
— Vieillot indique sous ce nom un groupe
d'Oiseaux de la famille des Cerlhidées, plus
connu sous le nom de Sittine. Voyez ce
mot. (E. D.)
* NEORNIS ( v/oç , nouveau ; opvcç , oi-
seau), ois. — Groupe de Fauvettes (voy. Syl-
vie), d'après M. Hodgson (in Gray zool.
mise, 1844). (E. D.)
* NEOTOMA (v/w , je nage; to'^kj , cou-
pure), mam. — Un groupe de Rats (voy. ce
mot) est indiqué ainsi par MM. Say etOrd.
(Journ. of Phil, IV). (E. D.)
* NEOTRAGUS ( v£'w , je nage ; rpiyoç,
bouc), mam. — Dans le The animal hing-
dom by Griffith (t. V, 1827), M. Hamilton
Smith donne ce nom à une subdivision du
grand genre Antilope (voy. ce mot), et il n'y
place que 2 espèces : 1° V Antilope pygmœa
616
NEP
NE?
Shaw , de la Guinée et du centre de l'Afri-
que ; et 2° une nouvelle espèce d'Abyssinie,
qu'il désigne sous le nom d'Antilope rna-
deka. (E. D.)
NEOTTIA. eot. n. — Genre de la fa-
mille des Orchidées , tribu des Néottiées ,
établi par Robert Brown ( in Hort. Kew. ,
t. V, p. 201). Herbes des forêts de l'Eu-
vope centrale et boréale. Voy. orchidées.
♦KEOTTIDIUM, Linck. {Hand.,l, 249).
bot. ph. — Syn. de Neottia , Rob. Brown.
NÉOTTIÉES. Neottieœ. bot. ph.— Tribu
ou sous-famille de la famille des Orchidées.
Voy. ce mot.
NEPA. ins. — Voy. nèpe. (E. D.)
NEPA, Petiv. (Sicc. , 246). bot. ph. —
Syn. de Stilbe, Berg.
NÈPE. Nepa. ins. — Linné (Syst. na-
turœ , 1748 ) a créé sous ce nom un genre
de Tordre des Hémiptères , section des Hé-
téroptères, famille des Hydrocorises, tribu
des Népides, qui, adopté par la plupart
des entomologistes , a été de beaucoup res-
treint , et est devenu pour Latreille (Ge-
nera Crusl. et Ins. ) un groupe ayant pour
caractères : Bec courbé en dessous ; les
deux tarses antérieurs formant un grand
onglet ; labre étroit et allongé, reçu dans
]a gaîne du suçoir; les quatre tarses posté-
rieurs n'ayant qu'un seul article bien dis-
tinct; antennes paraissant fourchues. Le
corps des Nèpes est elliptique, très déprimé;
leur tête est petite, logée en partie dans une
échancrure du corselet, avec les yeux assez
saillants, sans petits yeux lisses; leurs an-
tennes n'ont que trois articles bien dis-
tincts, et le dernier seul offre une dilata-
tion latérale en forme de dent; leur abdo-
men est terminé par deux filets sétacés ,
presque aussi longs que le corps, et qui leur
servent, suivant quelques auteurs, pour
! respirer dans les lieux aquatiques et vaseux
! où elles vivent; les quatre tarses postérieurs
sont propres à la natation , les cuisses anté-
î rieures sont ovales , grandes , avec un sillon
en dessous pour recevoir les jambes et les
tarses.
Les Nèpes habitent les eaux dormantes
des lacs , des marais , des canaux et des
fossés; elles nagent lentement, et le plus
souvent elles marchent sur la vase, en cher-
chant à saisir avec leurs pattes antérieures
les petits animaux dont elles font leur nour-
riture. La femelle pond des œufs qui, vus
au microscope, ressemblent à une graine
couronnée de sept petits filets, dont les
extrémités sont rongées ; elles les enfoncent
dans la tige des plantes aquatiques. Swam-
merdam dit que, dans l'intérieur de leur
corps , les œufs sont disposés de telle ma-
nière que les filets de celui qui est le plus
voisin de l'orifice embrassent l'œuf qui vient
après, et ainsi de suite.
Les larves sortent des œufs vers le mi-
lieu de l'été; elles ne diffèrent de l'insecte
parfait que parce qu'elles n'ont ni ailes, ni
filets au haut de l'abdomen. La nymphe
n'a de plus que la larve que les fourreaux
contenant les ailes, et qui sont placés sur
les côtés du corps. L'Insecte parfait quitte
les eaux à l'entrée de la nuit et vole avec
assez d'agilité.
MM. Amyot et Serville ( Hémiptères des
Suites à Buffon de Roret) ne placent que
trois espèces dans ce genre , et le type est le :
Nepacinerea Linné, Fabr., Latr., Oliv.,
Degéer, Scop. (Scorpio palustris Mouf/let,
Swam., Stoll ), qui est longue de huit li-
gnes, cendrée, avec le dessus de l'abdomen
rouge et la queue un peu plus courte que le
corps. Cette espèce, qui pique fortement
avec son bec, se trouve communément
dans toute la France et n'est pas rare aux
environs de Paris. (E. D.)
NÉPENTIÎÈS. Nepenthes ( vv)ir£vO/î;, qui
dissipe le chagrin ; vertu attribuée à cette
plante), bot. ph. — Genre de plantes qui
constitue à lui seul la petite famille des
Népenthées, classé à tort par Linné dans la
Gynandrie tétrandrie , tandis qu'il appar-
tient en réalité à la Diœcie polyandrie,
d'après la connaissance qu'en ont donnée
les travaux des botanistes modernes. Il se
compose de plantes sous-frutescentes de
l'île de Madagascar et de l'Asie tropicale,
qui ont acquis une grande célébrité par l'or-
ganisation extrêmement singulière de leurs
feuilles ; en effet, celles-ci, après une portion
basilaire courte engainante, présentent une
portion pétiolaire dilatée sur ses bords en
deux ailes, qui en font une sorte de limbe
Iancéolaire allongé; ce limbe se continue
et se prolonge en une vrille recourbée,
quelquefois spirale, que termine une grande
urne ou Ascidie; examinée en détail , l'as-
cidie elle même se compose d'un corps plus
NEF
NEP
617
ou moins allongé, dont la capacité est quel-
quefois assez grande pour renfermer un
verre d'eau , et d'un opercule ou couvercle
fixé par une sorte de pédicule court à la
ligne médiane postérieure de l'urne, et dont
les dimensions sont à peu près égales à
celles de l'ouverture. Dans cette urne s'a-
masse de l'eau, dont l'origine n'est pas par-
faitement déterminée ; car elle peut prove-
nir de la pluie, de la rosée, comme aussi de la
transpiration aqueuse de la plante, ou peut-
être aussi est-elle le résultat d'une sécré-
tion, comme porterait à le croire l'existence
d'un tissu d'apparence glanduleuse sur la
paroi interne de ce singulier organe. Quant
à l'utilité prétendue de cette eau pour dés-
altérer les voyageurs, elle a été beaucoup
exagérée, ces plantes croissant dans des en-
droits très humides et marécageux. Il est
assez difficile de reconnaître les deux par-
ties, pétiole et lame, d'une feuille ordi-
naire dans cet appareil compliqué. Une des
opinions qui ont été exprimées à cet égard,
consiste à voir dans le limbe lancéolaire
une portion du pétiole, dilatée simplement
sur ses bords en ailes planes ; dans l'urne
ou ascidie, la portion supérieure de ce
même pétiole dilatée en deux larges ailes ,
qui , se recourbant et se creusant, se sont
rencontrées et soudées sur la ligne médiane
antérieure, de manière à former de la sorte
une cavité fermée; enfin, dans l'opercule de
l'urne, la lame, même de la feuille ré-
duite a de très faibles dimensions, en raison
inverse du développement anormal du pé-
tiole. Une autre opinion consiste à voir dans
le limbe inférieur lancéolaire la lame même
de la feuille prolongée à son extrémité en
une vrille, qui se dilaterait fortement pour
donner naissance à l'urne. Les fleurs des
Népenthès sont en grappe ou en panicule,
dioïques ; les mâles présentent un périanthe
simple calicinal , profondément quadrifide,
du milieu duquel s'élève une colonne for-
mée par la soudure des étamines, et que
terminent 16 anthères biloculaires , grou-
pées en une petite tête presque sphérique.
Les fleurs femelles, avec un périanthe sem-
blable a celui des mâles, présentent un ovaire
libre , 4-Ioculaire , à loges multi-ovulées,
surmonté d'un stigmate sessile , à 4 lobes
peu prononcés. Le fruit est une capsule à
4 loges, s'ouvrant par déhiscence loculicide.
I. VIII.
On peut consulter au sujet de ce genre cu-
rieux un mémoire de M. Ad. Brongniart,
intitulé : Observations sur les genres Cytinus
et Nepenihes (Ann. des se. natur., Ve sér.,
I, p. 29-52), et surtout une Monographie de
M. Korthals , dans le bel ouvrage intitulé :
Verhandelingen over de naturlijke Geschie-
denis der nederlandsche overzeesche Bezit-
tingen (Botanique, Leyde, 1839-1842, p. 1-
44). Dans ces derniers temps, les recherches
des botanistes ont fait connaître plusieurs
espèces de Népenthès; M. Korthals en dé-
crit neuf dans sa belle Monographie. Nous
ne parlerons ici que de la plus connue
d'entre elles.
Népenthès de l'Inde , Népenthès indica
Lamk. ( N. distillatoria Linn. ). Cette espèce
croît à Ceylan et dans l'Inde. Sa tige est
droite, simple, épaisse; ses feuilles sont al-
ternes , glabres , leur limbe inférieur est
lancéolé , traversé par une forte nervure
médiane et par 4-5 nervures latérales con-
fluentes au sommet, croisées par d'autres
nervures plus faibles qui se détachent de la
côte médiane dans une direction oblique;
l'ascidie est allongée, presque cylindrique,
un peu rétrécie dans son milieu , couverte
extérieurement , dans sa jeunesse, de poils
roux, glabre à l'état adulte; sa surface est
marquée d'un réseau de nervures longitu-
dinales et transverses ; parmi les premières,
trois sont beaucoup plus fortes que les
autres; l'une, postérieure, se continue di-
rectement jusqu'au point d'attache de l'o-
percule ; les deux autres sont antérieures,
rapprochées l'une de l'autre ; l'orifice de
cette urne est resserré , bordé d'un anneau
étroit, réfléchi vers l'intérieur, strié trans-
versalement; l'opercule est presque arrondi,
réticulé à sa face supérieure, couvert à l'in-
férieure de nombreuses petites fossettes
noires. Ses fleurs forment une panicule
terminale qui devient plus tard latérale. Oa
cultive aujourd'hui cette espèce dans quel-
ques serres , mais elle y est encore peu ré-
pandue, à cause de l'obligation de la main-
tenir constamment dans une atmosphère à
la fois chaude et très humide.
Une autre espèce célèbre du même genre
est le Népenthès de Madagascar, Népenthès
M adag ascariensis Poiret. (P. D.)
NEPETA ou CHATA1RE. bot. ph. —
Genre de la famille des Labiées, tribu des
78
6iS
.NEP
NEP
Népétées, établi par Bentham (Labiat., 464),
et dont les principaux caractères sont: Ca-
lice tubuleux, 13-15-nervié, 5-denté à l'ou-
verture. Corolle à tube aminci à la base, in-
clus ou saillant, nu intérieurement, à limbe
bilabié: lèvre supérieure droite, échancrée
ou biflde ; lèvre inférieure à trois divisions,
celle du milieu la plus grande, tantôt en-
tière , tantôt bifide. Étamines 4 , ascen-
dantes , les inférieures plus 'courtes ; filets
nus ; anthères biloculaires , souvent rap-
prochées par paire. Style à deux divisions
.supportant chacune un stigmate. Akène
sec, lisse, nu.
Les Nepeta croissent en abondance dans
ïes régions tempérées de l'Europe et de l'A-
sie, dans les terrains humides et sablonneux,
sur les rives des torrents qui longent les
Alpes et les Pyrénéen. Elles sont nombreuses
en espèces , qui dînèrent assez entre elles ,
soit par le port , soit par quelques particu-
larités de leur organisation. De là la divsion
de ce genre en plusieurs sections ou sous-
genres ainsi nommés : Schizonepeta, Ben th.;
Pycnonepeta, Ben th.; Stegionepeta, Benth.;
Cataria, Benth.; M acronepela, Benth.; Gle-
choma, Linn. ; Orthonepeta, Benth. ; Oxyo-
nepeia, Benth.
On connaît une trentaine d'espèces de ce
genre, parmi lesquelles nous citerons :
La Chataire commune, N. cataria, dési-
gnée vulgairement sous le nom d'Herbe aux
Chats, à cause du plaisir que ces animaux
éprouvent à se rouler dessus. On rencontre
fréquemment cette espèce sur le bord des
jardins; elle possède une odeur pénétrante
et fétide, ce qui l'empêche d'être cultivée
dans nos jardins.
La Chataire réticulée, N. reticulata.
C'est une des espèces les plus curieuses du
genre. Elle forme un buisson, haut de 1 à 2
mètres. Ses tiges sont droites, rougeâtres sur
leurs angles arrondis, parsemés de poils
blancs, longs et rares, avec des feuilles d'un
vert foncé, souvent tachetées de jaune-ver-
dâtre, opposées et presque engainantes.
Pendant tout l'été, elle se couvre de longs
épis terminaux chargés de fleurs d'un violet
pâle ou d'un bleu purpurin foncé.
Elle se cultive en pleine terre, dans les
terrains secs et chauds, et se multiplie de
graines ou par la séparation de son pied au
printemps. (M.)
NEPETEES. Nepeteœ. bot. ph. — Tribu
de la famille des Labiées. Voy. ce mot.
*i\EPHALIUS ( vvî, négation; ?**<îç .
clair). Ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères , tétramères de Latreille, famille
des Longicornes, tribu des Cérambycins ,
créé par Newman [The Entomologist , 1841,
p. 93), qui le rapporte à ses Thoracan-
thides. Cinq espèces du Brésil font partie de
ce genre, les IV. amictus , sericeus, exulus,
erassus et blandus. (C.)
*NEPHELAPHYLLUM (vfyAiw, nébu
losité; yvïlov, feuille), bot. ph. — Genre de
la famille des Orchidées , tribu des Pleuro-
thallées, établi par Blume (Bijdr., 372,
fig. 22 ). Herbes de Java. Voy. orchidées.
NÉPHÉLINE (vtftW, nébulosité), min.
— Espèce de l'ordre des Silicates alumi-
mineux, cristallisant dans le système di-
hexaédrique ou hexagonal, fusible en verre
bulleux, et soluble en gelée dans les acides.
Son nom vient de la propriété qu'elle a de
perdre sa transparence et de devenir né-
buleuse quand on la met dans l'acide ni-
trique; cette substance est blanche, vi-
treuse et généralement translucide. Ses
cristaux sont petits, et se présentent sous la
forme de prismes hexagonaux, passante un
di-hexaèdre de 86°. Dureté, 6 ; densité, 2,6.
On la trouve disséminée dans les roches d'o-
rigine ignée, de la Somma , au Vésuve (va-
riété nommée Sommité), des environs de
Rome (Pseudo-Sommité), du Katzenbuckel
dans l'Odenwald, etc. L'Eléolilhe, ou Pierre
grasse des Allemands , n'est qu'une variété
compacte de la même espèce , qu'on trouve
dans la Syénite de Friederichsvarn en Nor-
vège. Suivant M. Tamnau, la Gieseckite ne
serait qu'une variété altérée deNéphéline.
LaNéphéline a une composition chimique
fort simple. Elle est formée d'un atome d'A-
lumine , d'un atome de Soude et de quatre
atomes de Silice, celle-ci étant représentée
par SiO. On a cru que le minéral appelé Da-
vyne et Cavolinite n'était qu'une Néphéline
à base de Potasse ; mais on sait aujourd'hui
qu'il contient une certaine quantité de car-
bonate de Chaux , et doit être rapporté à la
Cancïnite , qui est un silico-carbonate.
(Del.)
*NEPÏÎELION (vecpAiov, petit nuage).
ins. — M. Pictet (Hist. nat. des Névro-
ptères, Monogr. des Perlides, 1841) a indiqué-
NEP
^EP
619
sous ce nom une; division de Névroptères de
la famille des Perliens. (E. D.)
NEPHELIS (nom mythologiquej. annél.
— Genre d'Annélides de la famille des Hiru-
dinées, établi et caractérisé par M. Savigny
(Système des Annélides, 1817), et répondant
à ceux û'Erpobdella, Blainville et Lamarek,
et d'Eelluo, Oken. M. Moquin-Tandon, qui
préfère le nom de Nephelis aux deux autres,
caractérise ainsi le genre auquel il a été ap-
pliqué : Corps allongé, assez déprimé, rétréci
graduellement en avant, obtus postérieure-
ment, un peu mou, composé de 96 à 99 an-
neaux égaux, très peu distincts, portant entre
le trente-unième et le trente-deuxième , et
entre le trente -quatrième et le trente-cin-
quième, les eriQces sexuels. Ventouse ovale
peu concave, à lèvre supérieure avancée en
demi-ellipse , formée de trois segments, le
terminal grand et obtus. Bouche très grande
relativement à la ventouse antérieure. Mâ-
choires nulles; œsophage à trois plis. Huit
yeux très distincts , les quatre antérieurs
disposés en lunule sur le premier segment,
les quatre postérieurs rangés sur les côtés
du troisième en lignes latérales et transver-
ses. Ventouse anale moyenne obliquement
terminale. Anus assez grand, semi-lunaire,
très apparent.
L'espèce la plus commune est YHirudo
vulgaris ou Hirudo octonocula , qu'on trouve
dans les eaux douces d'une grande partie de
l'Europe, où elle se nourrit de Planaires ,
de Monocles et d'animalcules infusoires. On
dit qu'elle mange aussi des Limnées et des
Planorbes. Ses variétés ont été quelquefois
considérées comme des espèces. (P. G.)
NEPHELIUM (v£<i>Aïj, nébulosité), bot.
ph. — Genre de la famille des Sapindacées,
tribu des Sapindées, établi par Linné (Gen.
n. 1425). Arbres originaires de l'Asie tropi-
cale. Voy. SAPINDACÉES.
* NEPHESA. ins. — Synonyme de Rica-
nia, Burmeister. (E. D.)
*NEPHODES (*e?o«t&îç, sombre), ins.
— Genre de Coléoptères hétéromères , fa-
mille des Sténélytres, tribu des Hélopiens,
formé par Dejean (Catalogue, 3e édit. ,
pag. 331) avec une espèce de l'Europe mé-
ridionale qu'on trouve plus particulièrement
dans les îles de la Méditerranée. Elle porte
le nom de N. villiger Hoffmansegg. (C.)
*NEPIIRIDIA ( vuppiSioç , qui a rapport
aux reins), ins. — M. Brullé (Ann. Soc. enl.
Fr.y t. I, lre série 1832) indique sous ce
nom un genre d'Hyménoptères porte- ai-
guillons de la famille des Crabroniens.(E.D.)
*NEPHRITOMMA (vt9P6s , rein ; oV;.a,
œil), ins. — M. Shuchard (Hist. of Ins.
1840) indique sous ce nom un groupe de
la famille des Crabroniens. (E. D.)
NEPHRODÏUM (ve^w^s, lombaire).
bot. cr. — Genre de la famille des Fougères,,
tribu des Polypodiacées, établi par Richard
(inMich. FI. bor. amer. , II, 266). Fougères
croissant abondamment dans les régions
tropicales du globe. Voy. fougères.
NEPHROIA, Lour. (Flor. Cochinch. ,
761). bot. ph. — Syn. de Cocculus, DC.
*NEPHROLEPIS ( vcypfc , rein ; Unk ,
écaille), bot. cr. — Genre de la famille
des Fougères, tribu des Polypodiacées,
établi par Schott (Gen. Fil.fatc.,1, t. 3).
Fougères des régions tropicales du globe.
Voy. FOUGÈRES.
NEPHROMA, Achar. ( Lichen. , 101 ,
t. 11 , f. 1 ). BOT. CR. — Voy. PELTIGERA ,
Willd.
NEPHROPS (vecppoç , rein ; ty, œil).
crust. — Genre de l'ordre des Décapodes
brachyures , de la famille des Acariens,
établi par Leach aux dépens ôes Astacus
des anciens auteurs, et adopté par tous les
carcinologistes. Les Crustacés qui compo-
sent ce genre ont le corps plus allongé que
les Écrevisses ; leur rostre, grêle et assez
long, est armé de dents latérales comme
celui des Homards ; les yeux sont gros et
réniformes ; l'appendice lamelleux des an-
tennes externes est large et assez long pour
dépasser le pédoncule situé au-dessus; les
appendices de la bouche ne présentent rien
de particulier. Les pattes de la première
paire sont longues et prismatiques; celles
des deux paires suivantes ont la main com-
primée. L'abdomen ne présente rien de re-
marquable. Enfin , les organes de la respi-
ration et les branchies sont disposés comme
chez les Homards (voyez ce mot). On ne
connaît encore qu'une seule espèce de ce
genre , c'est le Néphrops norvégien , N.
norvegicus Linn., qui habite les mers du
Nord et de l'Adriatique. (H. L.)
*J\EPIIROSIS, L. C. Rien, (il/se). bot.|
pu. — Synonyme de Drepanocarpus , C. F.}
W.Mey.
620
NEP
NER
* NEPHROSTEON ( veWô? , rein; Sa-
riov , os ). mam. — Rafinesque indique sous
ce nom un groupe de Cétacés. (E. D.)
NEPHROTOMA ( vr?9U , rein ; rorf ,
coupure ). ins. — Genre de l'ordre des Di-
ptères némocères, famille des Tipuliciens,
tribu des Tipulaires terricoles, établi par
Meigen(Macq., Diptères, Suites à Buf [on de
Roret), qui n'y renferme qu'une seule es-
pèce, N. dorsalis (Tipula id. Fab. ), com-
mune en France et en Allemagne aux mois
de juin et de juillet. (L.)
*NEPHTRvEA, NEPT.EA ou NEPH--
TBYA (nom mythologique), polyp. —
Genre établi par M. Savigny pour des Po-
lypes de la famille des Alcyoniens , rétrac-
tiles dans des verrues armées de spicules,
sur un Polypier rameux ou lobé, épais et
charnu jusqu'à sa base. Ces Polypes sont
donc, comme les autres Alcyoniens, pourvus
de huit tentacules pinnés. L'orthographe de
ce nom de genre a varié suivant les auteurs :
M. Savigny écrit Nephthœa , M. Ehrenberg
Nephthya, M. de Blainville Neptœa, et quel-
ques autres ont écrit aussi Nephtœa. L'es-
pèce type, N. Savignyi, se trouve dans la
mer Rouge. (Ddj.)
NEPHTHYS. annél.— Genre d'Annélides
sétigères, du groupe des Néréides acères,
établi par G. Cuvier (Règne animal) et dont
l'espèce type a été recueillie au Havre et
porte le nom de Nereis Hombergii. (P. G.)
*NEPIDA, NEPUMS et NEPIDES ,
Leach, et NEPINI, Burm. ins. — Divi-
sion d'Hémiptères hétéroptères correspon-
dant à celle des Népides. Voy. ce mot. (E.D.)
NÉPIDES. Nepides. ins.— Latreille désigne
sous ce nom une tribu d'Hémiptères hétéro-
ptères, de la famille des Hydrocorises, formé
presque exclusivement avec le genre Nepa
de Linné, et qu'il caractérise ainsi: An-
tennes insérées sous les yeux, cachées , et
de la longueur au plus de la tête ; tarses
n'ayant au plus que deux articles ; pieds
antérieurs ravisseurs , ayant les cuisses
grosses et en sillon en dessous pour rece-
voir le bord inférieur de la jambe, le tarse
court se confondant presque à son origine
avec la jambe, et formant avec elle un
grand crochet; corps ovale, très déprimé ou
linéaire. Ces Insectes sont carnassiers et vi-
vent dans l'eau , ainsi qu'il a été dit à l'ar-
ticle nèpe {voy. ce mot). Latreille compre-
nait dans cette tribu les genres Galgule,
Notonecte, Bélostome, Nèpe et Ranatre.
MM. Amyot et Serville ( Hémiptères des
Suites à Buffon de Roret ) ont restreint cette
tribu, et pour eux elle ne comprend que les
trois genres Nepa, Ranatra et Cercotmelus.
Voy. ces mots. (E. D.)
NÉPIENS. ms. — Voy. népides.
NEPTjEA. polyp. — Voy. nephthea.
NEPTUNIA, DC. bot. ph. — Voy. des-
MANTHUS, Willd.
*NEPTUNU9 (nom mythologique).
crust. — Sous-genre établi par M. Dehaan,
dans sa Faune du Japon, aux dépens des
Portunus des auteurs, et qui peut être con-
sidéré, je crois, comme synonyme du
genre des Portunus. Voy. ce mot. (H. L.)
*NEPUS ( vercoy; , pieds en nageoire).
mam.— Groupe de Cétacés suivant M. G.
Fischer (Zoognos. t. II, 1814). (E. D.).
*NEPETIUS (wjTTurtoç, petit), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Lamellicornes , tribu des Scarabéides
phyllophages , établi par Erichson {Archives
fur Naturg , 1842, p. 165) avec une es-
pèce de la Nouvelle-Hollande, nommée N.
russula par l'auteur. (C.)
NEREICLAVA. annél. — Blainv. (Dict.
se. nat. , t. LV1I, p. 484), synonyme de
Nephthy s , Cuv. (P. G.)
NÉRÉIDE. Nereis (nom mythologique).
annél.— On donne ce nom àdes Vers marins,
autrefois appelés Scolopendres de mer, et qui
vivent sur les côtes ou plus ou moins au large,
dans les trous des rochers ou des pierres qui
en ont été détachées, dans les coquilles vides
de leurs Mollusques ou à leur surface, dans
le sable, dans la vase, etc., et dont les es-
pèces les plus communes sont recherchées
par les pêcheurs pour amorcer leurs lignes.
Les Néréides sont des Annélides errantes,
à branchies nulles ou rudimentaires, à soies
bilatérales sur presque tous les anneaux du
corps, qui peuvent être fortnombreux et sont
toujours semblables entre eux. Ces animaux
ne sont pas sédentaires dans des tubes;
beaucoup d'entre eux sont ornés de couleurs
élégantes ; d'autres acquièrent une grande
taille. Les Néréides ont en général deux ou
quatre mâchoires ; quelques espèces en
manquent néanmoins; la plupart ont des
tentacules ; aucune ne présente de véritables
élytres.
NER
NER
621
Linné et ses élèves rangeaient encore les
Néréides et les autres Vers parmi les Mol-
lusques. Gmelin comptait vingt-neul es-
pèces de ce genre. Depuis lors , les tra-
vaux de Pallas , de G. Guvier et de La-
marck , ont fait rapprocher les Vers du
groupe des animaux articulés, que Linné
réunissait sous la dénomination d'Insecta.
Les Néréides et les genres voisins sont de-
venus les Vers à san£ rouge ou les Anné-
lides, et le nombre des genres qu'on a établis
parmi eux est aujourd'hui considérable.
Les familles des Néréidées, des Néréiscolées,
des Amphinomes et des Ariciens, répondent
plus particulièrement à l'ancien genre Ne-
rets, distingué par Linné, et le nom de Ne-
reis lui-même n'est plus appliqué d'une ma-
nière générique sur une réunion assez peu
nombreuse de Néréides ou Néréidiens. Dans
le système des Annélides de M. Savigny, il
n'y a même plus de genre Nereis propre-
ment dit, mais un ordre des Annélides Né-
réidées et une famille des Néréides. Voy,
NÉRÉIDES, NÉRÉIDÉES, NÉRÉIDES, NÉRÉIDIENS, etc.
Toutefois, G. Cuvier, M. de Blainville ,
M. Edwards et la plupart des auteurs ont
un genre Néréide, lequel répond aux Lyco-
ris et aux Lycastris de M. Savigny.
M. de Blainville caractérise ainsi le genre
Néréide :
Corps en général allongé, subdéprimé,
atténué en arrière , comme tronqué en
avant, polymère. Tête assez grosse, dis-
tincte, composée de deux parties : l'une
antérieure, de deux anneaux rétractiles l'un
dans l'autre, et formant une sorte de trompe
ou de masse buccale exsertilc, armée à l'o-
rifice oral d'une paire de crochets, et gar-
nie en dessus de petits tubercules groupés
diffusément; l'autre postérieure, de trois
segments, portant quatre yeux. Deux paires
de tentacules courts et très inégaux en gros-
seur, l'interne très petite, conique, l'externe
beaucoup plus large , de deux articles et
comme braenidée; quatre paires de cirrhes
tentaculaires groupées deux à deux de cha-
que côté de deux anneaux. Pieds composés
de deux rames ayant un faisceau de soies à
la supérieure, et deux à l'inférieure avec
un acicule. Cirrhes subulés inégaux, le su-
périeur plus long, plus gros que l'inférieur,
et portant à sa racine supérieure une lan-
guette branchiale simple. Languettes vagi
nales, mamelonnées, subsquameuses, au
nombre de trois; cirrhes caudaux ou styles
fort longs.
Les espèces encore assez nombreuses qui
entrent dans ce genre sont distribuées par
M. de Blainville dans cinq groupes , ainsi
caractérisés :
1° Espèces dont le cirrhe supérieur et le
cirrhe inférieur sont pourvus d'un lobe
squamiforme (Nereilepa, Blainv.) : Nereis
lobulata, poclophylla, folliculata et fucata
de M. Savigny;
2° Espèces dont les cirrhes ne sont point
pourvus de squames ( Lycoris , partim , Sa-
vigny) : N. pelagica , radiata , aphrodi-
toïdes, etc. ;
3° Espèces dont les pieds sont uniramés;
les cirrhes tentaculaires et les supérieurs
des anneaux du corps moniliformes ( Lt-
castis , Savigny): Nereis armillaris , in-
cisa, etc. ;
4° Espèces à un tentacule impair et mé-
dian ? Pieds fort longs et à deux rames :
N. versicolor;
5° Espèces douteuses : ce sont les JV. ni-
ceensis, cirrhosa et guttata de Risso.
Depuis lors, MM. Edwards, Johnston et
Sars ont décrit quelques Annélides nou-
velles des côtes d'Europe. (P. G.)
NÉRÉIDÉES. Nereideœ , Sav. annél. —
Dans son Système des Annélides, M. Savigny
à distingué sous cette dénomination un
premier ordre d'Annélides pourvues de soies
pour la locomotion. Ces Annélides ont les
soies des pieds rétractiles et subulées, mais
point de soies rétractiles à crochets ; leur
tête est distincte, munie d'yeux et d'anten-
nes; ils ont une trompe protractile, presque
toujours armée de mâchoires. Les autres
ordres admis par M. Savigny dans la même
division des Annélides sont ceux des Ser-
pulées et des Lombricinées. Les familles
qu'il établit parmi les Néréidées sont au
nombre de quatre :
1° Aphrodites , comprenant les genres
Palmyre, Halithée, Polynoë;
2" Néréides. Voy. ce mot ;
3° Eunices, comprenant les genres Le'o-
dice, Lysidice, Aglaure, OEnone;
4" Amphinomes , comprenant les genres
Chloé, Pleione, Euphrosyne. (P. G.)
NÉRÉIDES. Néréides, annkl. — M. Savi-
gny, dans son Système des Annélides, dis-
622
NER
IV ER
tingue sous ce nom une famille de ses An-
nélides Néréidées (ou Néréidées) , dont les
genres assez nombreux ont pour caractères
communs : Branchies, lorsqu'elles sont dis-
tinctes, et cirrhes supérieurs, existant à tous
les pieds sans interruption ; deux mâchoires
seulement ou point de mâchoires.
Les Néréides de M. Savigny sont parta-
gées en trois sections :
1° Néréides ly couennes. Des mâchoires;
antennes courtes, de deux articles; point
d'antenne impaire.
Genres: Lycoris, Nephthys.
2° Néréides glycériennes. Point de mâ-
choires ; antennes courtes, de deux articles ■
point d'antenne impaire.
Genres: Aricie, Glycère , Ophélie, Hé-
sione, Myriane, Phyllodoce.
3° Néréides syllienncs. Point de mâ-
choires ; antennes longues, composées de
beaucoup d'articles ; une antenne impaire.
Genre : Syllis. (P. G.)
NÉRÉIDES, annél. — Famille qui com-
prend les Néréides et les genres voisins dans
le système de M. de Blainville (Dict. se. nat.,
t. LVII; p. 464). Elle est partagée en quatre
groupes :
1° Zygocères ou Néréiphylles, Néréimyres
et Néréides.
2° Azygocères ou Néréisylles , Néréidices
et Néréidontes.
3° Microcères ou Ophélies „ Aonies et
Aglaures.
4° Acères ou Hésione, Aricie, Nephthys et
Glycères. (P. G.)
NEREIDICE. annél. —Genre établi par
M. de Blainville (Dict. se. nat. , t. LVII,
p. 474 ) et répondant à celui des Lysidices
de M. Savigny. (P. G.)
NÉRÉIDIENS. annél. — M. Milne Ed-
wards (Litt. de la France, t. II, p. 175)
donne ce nom à une famille des Annélides
sétigères errantes , qui répond en partie
aux Néréides de M. Savigny et aux Néréidées
de M. de Blainville. Voici les caractères qu'il
assigne à ce groupe :
Mâchoires tantôt nulles, tantôt au nom-
bre de deux ou quatre ( mais dans ce dernier
cas n'étant jamais articulées par paires);
trompe très grande et dépassant de beau-
coup la tête, qui est bien distincte et pour-
vue d'antennes presque toujours assez dé-
veloppées; pieds similaires, et n'étant ja-
mais alternativement pourvus de certains
appendices (tels que cirrhes, élytres ou
branchies); branchies nulles ou peu déve-
loppées, et sous la forme de petites lan-
guettes, de mamelons ou de lobules char-
nus; point d'élytres ; en général des cirrhei
tentaculaires.
Les genres de cette famille sont les sui-
vants : Néréide , Lysidice, Syllis, Hésione,
Alciope, Myriane, Phyllodoce, Nephthys, Go~
niade et Glycère. Les trois derniers forment
une seconde tribu, sous la dénomination de
Néréidiens non tentacules; tous les précé-
dents rentrent dans la première tribu, celle
des Néréidiens tentacules. (P. G.)
NEREIDONTA {Nereis, Néréide; hSovç,
dent), annél. — M. de Blainville {Dict.
se. nat., t. LVII, p. 475) a distingué
par ce nom générique une partie des Eu-
nices de G. Cuvier ( Néréides azygocères,
Blainville), qui répond aux genres que
M. Savigny avait nommés Leodice et Mar-
physe, et comprend comme troisième sous-
genre les Néréitubes de M. de Blainville
lui - même. Quelques auteurs ont laissé
plus particulièrement aux Néréidontes le
nom d'Eunices. Les espèces de ce groupe
sont actuellement assez nombreuses , et
plusieurs d'entre elles sont remarquables
par leur grande taille. On en connaît des
individus qui n'ont pas moins de 2 mètres
de longueur. Nos mers possèdent aussi des
espèces de ce genre, et il en est dont la
taille, quoique moins grande que celle que
nous venons d'indiquer, dépasse néanmoins
celle de nos autres Annélides sétigères.
M. de Blainville caractérise ainsi ses Né-
réidontes : Corps très long, un peu déprimé,
myriamère ; tête distincte, formée de trois
anneaux seulement: un labial, un oral et
un nuchal , le second beaucoup plus long
que les deux autres; deux yeux; bouche en
forme de fente transversale, donnant issue
à une masse buccale semi-exsertile, conte-
nant quatre dents longitudinales calcaires ,
dont les inférieures réunies en une sorte de
mâchoire inférieure. Tentacules grands ,
filiformes, quelquefois comme articulés, au
nombre de cinq, un médian et deux paires
latérales, insérés à la racine du segment
labial. Pieds uniramés et composés d'un
faisceau de soies simples, de deux cirrhes.
Le cirrhe branchial, d'abord simple, et
NER
NER
623
ensuite flabellé, ou pectine d'un seul côté.
(P. G.)
NEREILEPA. annél. — Sous-genre de
Néréidiens établi par M. de Blainville (Dict.
se. nat., t. LVII, p. 469) pour des espèces
du genre Néréide qui ont le cirrhe supérieur
et l'inférieur pourvus d'un lobe squami-
forme. Telles sont les Nereis lobulata et fol-
liculata. Voy. néréides. (P. G.)
NEREIPHYLLÏS (Nereis , néréide ; <?<>!-
>ov, feuille), annél. — M. de Blainville
{Dict. se. nat., t. LVII, p. 465) réunit sous
ce nom générique les genres Phyllodoce,
Eulalie, Étéone et Lépidie {voy. ces mots),
et leur assigne pour caractères communs :
Corps linéaire déprimé, à anneaux très
nombreux. Tête comme formée de deux par-
ties; une seule paire d'yeux. Bouche à l'ex-
trémité d'un ou deux anneaux proboscidi-
formes, et entourée à son orifice d'un rang
de papilles sans dents. Tentacu.es au nom-
bre de quatre en deux paires, à peu près
égaux et coniques; cirrhes tentaculaires au
nombre de huit en quatre paires ; pieds uni •
rames, composés d'un seul rang de soies dé-
liées et d'un seul acicule entre deux cirrhes
foliacés, dont le supérieur est beaucoup plus
grand que l'inférieur. (P. G.)
NEREIS. annél. — Voy. néréide.
NÉRÉISCOLÉES. annél. — Famille
d'Annélides à soies, établie par M. de Blain-
ville (Dict. se. nat. , t. LVII, p. 425), et
comprenant les genres Lombrinère, Cirrhi-
nère, Cirrhatule, Nainère, OEnone , Scolé-
tome , Scololèpe , Scolople. (P. G.)
NEREIS1LLIS (Nereis et Syllis, genres
d'Annélides). annél. — Genre du groupe des
Eunices, établi par M. de Blainville (Dict.
se. nat., t. LVII, p. 472), et qui comprend
les Syllis, Amytiset Polynicede M. Savigny.
M. de Blainville assigne pour caractères
aux Nereisyllis : Corps linéaire , subcylin-
drique, myriamère. Tête arrondie, portant
deux paires d'yeux; bouche à l'extrémité de
deux anneaux proboscidiformes, sans dents.
Tentacules au nombre de cinq, deux anté-
rieurs sus-labiaux, très gros, coniques, obtus
et rapprochés à la base; trois frontaux, pres-
que égaux, obtus et cylindriques. Une ou
plusieurs paires de cirrhes tentaculaires;
pieds uniramés et composés d'un seul faisceau
de soies simples, avec un acicule de deux
cirrhes, dont le supérieur est toujours beau-
coup plus long que l'inférieur, et de deux
longs styles caudaux. (P. G.)
NEREITEfiE. annél. — Sous -genre de
Néréidontes, établi par M. de Blainville
pour le "Nereis tubicola de Muller , qui
manque de cirrhes tentaculaires nuchaux,
et dont les branchies sont fort simples.
(P. G.)
NERFS, zool. — Voy. système nerveux.
NERIAS. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères diurnes, famille des Nympha-
liens , tribu des Héliconites , établi par
M. Boisduval aux dépens des Heliconius, et
dont Y Heliconius susanna est le type. Cette
espèce se trouve au Brésil. (L.)
NERIJA,Roxb. (Flor. Ind.edit. Walh.,
II, 444). — bot. ph. — Syn. iïElœodendron,
Jacq.
NERINE. annél. — Genre d'Annélides
néréidiformes voisin des Spios, proposé par
M.Johnston(Ma#. ofnat. hist., t. II). (P. G.)
NERINE, Herb. (App., 18). bot. ph. —
Foy. amaryllis , Lin.
NÉRINÉE. Ncrinœa ( nom mytholo-
gique), moll. — Genre de Mollusques gas-
téropodes Pectinibranches , intermédiaire
entre les pyramidelles , les Turritelles et
les Cérithes, ou peut-être même devant
être confondu avec l'un d'eux. II a été
établi par M. Defrance d'après des co-
quilles fossiles , turriculées , très allon-
gées, probablement canaliculées à la base, et
présentant de très grands plis à la colu-
melle et à la face interne des tours de spire.
Le nombre de ces plis sur la columelle est
de trois, dont le premier et le dernier sont
les plus grands , celui du milieu pouvant
même disparaître entièrement. Le bord droit
en présente deux seulement, mais ces plis
sont quelquefois contournés et diversement
repliés sur eux-mêmes de manière à former
des gouttières longitudinales. C'est dans le
calcaire oolitique et dans des terrains secon-
daires plus anciens que se trouvent les Né-
rinées, dont il ne reste quelquefois que le
moule intérieur. Ces coquilles, empâtées dans
des calcaires compactes et susceptibles de
poli, montrent bien leur singulière structure
quand elles sont sciées longitudinalement.
Leur longueur dépasse ordinairement 10 à
15 centimètres. (Duj.)
KÉRK)!V. Nerium (de vnptov, le nom grec
de l'espèce la plus connue), bot. pu. — Genre
6*24
NER
tfKR
da plantes de la famille des Apocynées, de
la Pentandrie monogynie dans le système de
Linné. Établi d'abord par Toumefort, il
avait été adopté par Linné et l'universalité
des botanistes, qui, successivement, y
avaient introduit des plantes assez diverses
d'organisation pour en faire un groupe hé-
térogène. Aussi a-t-il été réduit, dans ces
derniers temps, à des limites plus restrein-
tes et plus précises. Ainsi M. Rob. Brown a
établi le genre Wrightia sur les Nerium an-
tidysentericum Linn. et Zeylanicum Linn. ;
Rœmer et Schulteson fait leur genre Ade-
nium sur le N. obesum Forsk. ; d'un autre
côté, d'autres espèces, décrites comme des
Nerium, ont dû être portées parmi les Stro-
phanthus et les Tabernœmontana ; il en est
même qu'un examen plus approfondi a mon-
tré appartenir à des genres plus éloignés ,
comme des Apocynum. Restreint dans ses
nouvelles limites, le genre Nerium se com-
pose d'un petit nombre d'arbustes de l'an-
cien continent, dépourvus, ou à peu près, de
suc laiteux; leurs feuilles, le plus souvent
ticillées par trois , quelquefois opposées ou
verquaternées, sont raides, lancéolées, très
entières, marquées en dessous de nervures
nombreuses ; leurs fleurs , grandes et bril-
lantes , forment des cymes terminales, et
présentent les caractères suivants : Galice
divisé profondément en 5 lobes lancéolés ,
glanduleux intérieurement à leur base; co-
rolle 5-fide, à estivation contournée à droite,
portant à la gorge une couronne de 5 lamel-
les plus ou moins laciniées à leur bord;
5 étamines insérées au milieu du tube, dont
les anthères portent chacune, à leur base ,
deux appendices en forme de queues , et se
prolongent à leur sommet en longue soie
velue contournée en spirale : elles adhèrent
par le milieu au stigmate; deux ovaires ob-
tus, presque adhérents entre eux, multi-
ovulés, surmontés au sommet d'un style fili-
forme dilaté à son extrémité qu'entoure une
membrane réfléchie. A ces fleurs succèdent
deux follicules droits, qui se séparent un peu
l'un de l'autre à leur maturité, et s'ouvrent
alors par leur ligne ventrale : ils renferment
de nombreuses graines oblongues, à aigrette
courte. Deux espèces de ce genre sont extrê-
mement répandues dans les jardins , dont
elles forment l'un des principaux ornements.
Leur distinction et leur histoire présentent
de grandes difficultés à cause des nombreuses
variétés obtenues par les horticulteurs, dans
lesquelles s'effacent souvent les seuls carac-
tères qui séparent leurs types. Nous suivrons
M. Alph. De Candolle (Prodromus , t. VIII ,
p. 419), afin d'éviter la confusion qui règne
à leur égard dans plusieurs ouvrages.
1 . Nérion Laurier-Rose , Nerium olean-
der Linn. Ce bel arbrisseau croît le long
des ruisseaux et des torrents, dans presque
tous les pays qui longent la Méditerra-
née. Il est cultivé fréquemment en pleine
terrera une exposition abritée, dans nos
départements méridionaux ; ses tiges ra-
meuses donnent de nombreux rejets et
viennent généralement en touffes ; ses
feuilles, opposées ou ternées, sont aiguës à
leurs deux extrémités ; les appendices de la
corolle présentent à leurs bords trois ou
quatre dents inégales, lancéolées, acumi-
nées ; la soie qui termine les étamines est
velue, près de deux fois plus longue que
l'anthère, linéaire-spatulée, et dépasse à
peine la gorge ; dans les individus sponta-
nés, les lobes du calice sont étalés au som-
met; le stigmate est déprimé, bifide. Les
fleurs de cette espèce sont inodores; elles
varient de couleur , du pourpre au rose et
au blanc. De là les variétés désignées par
les horticulteurs sous les noms de Lauriers-
Roses pourpre, à fleurs blanches, carné, etc.
Le Laurier-Rose le plus communément cul-
tivé est à fleurs doubles; or, dans cet état,
la couronne des fleurs disparaît , et comme
elle fournit le principal caractère distinctif
des deux espèces cultivées, il en résulte
beaucoup de difficultés pour démêler à quel
type doivent être ramenées les diverses va-
riétés que l'on possède et que la culture
multiplie tous les jours.
2. Nérion odorant, Nerium odorum So-
land. Celui ci croît le long des ruisseaux,
dans les parties septentrionales et supé-
rieures de l'Inde, par exemple dans le Né-
paul ; il est fréquemment cultivé dans les
jardins. Il est moins haut que le précédent;
ses feuilles, de même configuration géné-
rale , sont ordinairement plus étroites et
plus espacées ; ses rameaux sont le plus sou-
vent anguleux; ses fleurs sont constam-
ment odorantes, de couleur rosée, carnée,
blanche ou jaune-pâle. Les lobes de leurs
calice sont droits ; leur couronne est formée
NER
de cinq pièces placées devant les lobes de la
corolle, divisées à leur bord en 4-7 longues
découpures linéaires , presque égales entre
elles ; les soies qui terminent leurs éta-
mines, sont , comme dans le précédent, pi-
leuses , linéaires , deux fois plus longues
que les anthères, mais elles dépassent nota-
blement la gorge de la corolle. Cette espèce
est le Laurier-Rose indien de plusieurs hor-
ticulteurs ; c'est aussi à elle que se rapporte
le Nerium grandiflorum Desf. ; quelques
unes de ses variétés ont été désignées et
nommées comme des espèces distinctes par
certains auteurs. La plupart de ces variétés
cultivées sont à fleurs doubles.
La culture des Nérions n'exige pas de
très grands soins dans nos climats. L'été on
doit les placer à une exposition chaude,
sans quoi ils fleurissent mal ou pas du tout.
Même , pour obtenir les fleurs des diverses
variétés du Nérion odorant, il faut mettre
les pieds en serre au printemps , jusqu'au
moment où la fleur se montre; alors on
les place en plein air. Pendant l'été, ces
.plantes demandent des arrosements fré-
quents, et c'est même uniquement grâce à
l'abondance des arrosements qu'on arrive à
Paris à obtenir ces magnifiques pieds qui
décorent la porte de certaines boutiques.
L'hiver on les met en orangerie en leur
donnant de l'air et de la lumière, et les ar-
rosant très peu. On les multiplie facilement
de graines, de marcottes, de boutures ou
par rejetons.
Les propriétés médicinales des deux es-
pèces qui nous ont occupé sont très ana-
logues, mais elles ont été mieux étudiées
chez le Nérion Laurier-Rose. Cette plante
est acre, très active et même dangereuse.
On lui attribue plusieurs cas d'empoi-
sonnements; cependant sa décoction et son
infusion dans l'huile peuvent être utiles
dans quelques maladies de la peau, et elles
sont , en effet , employées quelquefois à cet
usage. Cette plante est même parfois deve-
nue la base de préparations qui ont été
prises à l'intérieur; néanmoins, divers faits,
et surtout les expériences de M. Orfila, ont
montré qu'il fallait se défier beaucoup d'un
médicament si actif , et qu'il serait même
prudent de l'abandonner tout-à-fait. Ainsi,
la poudre d'écorce et de bois de Laurier •
Rose sert de mort-aux-rats dans les en-
T. VIII.
NER
625
virons de Nice. Ainsi encore, M. Orfila a vu
l'extrait de cette plante appliqué par inci-
sion sur le tissu cellulaire d'un gros chien,
à la dose de 1 gros 50 grains, le faire périr
en 28 minutes; dans une autre expérience,
il a suffi d'injecter 1 gros du même extrait
dans les veines d'un gros chien pour le
voir périr en 4 minutes; enfin , 2 gros de
cette même substance , ingérés dans l'esto-
mac d'un autre chien, ont déterminé l'em-
poisonnement et la mort en 22 minutes.
Les Nérions doivent donc être rangés parmi
les poisons narcotico-âcres. (P. D.)
*NERISSUS (vyjpéç, humide), ms. —
Genre de Coléoptères subpentamères, tetra-
mères de Latreille, famille des Cycliques,
tribu des Colaspides (Chrysomélines de Lat.),
formé par Dejean ( Catalogue , 3e édit. ,
pag. 438) avec deux espèces de l'Afrique
méridionale, les N. clythroides et strigatus
de l'auteur. (C.)
HERITA, moll. — Voy. nérite.
NÉRITACÉES. Neritacœa. moll.-— Fa-
mille de Mollusques gastéropodes peclini-
branches sans siphon , caractérisée par la
forme semi-circulaire de l'ouverture dont le
bord gaucheest aminci en manière de demi-
cloison. Cette famille avait été établie par La-
marck, qui y comprenait les quatre genres
Nalice, Navicelle, Néritine et Nérite ; mais le
g. Natice, en raison de l'organisation si dif-
férente des animaux, a dû devenir le type
d'une famille particulière, les Naticoïdes
{Voy. ce mot), et les trois autres, réduits à
deux par la réunion des Nérites et des Néri-
tines, ont formé une famille bien plus net-
tement circonscrite. Voy. MOLLUSQUES. (DUJ.)
HÉRITE ( nom mythologique), moll. —
Genre de Mollusques gastéropodes pectini-
branches , ayant un pied large, court, tron-
qué et plus épais en avant, et deux tenta-
cules pointus, à la base desquels les yeux
sont portés en dehors sur un mamelon ou
un pédoncule court.
La tête est large, peu saillante et munie
d'un large voile labial. La coquille est semi-
globuleuse, aplatie en dessus et non ombi-
liquée ; l'ouverture est semi-circulaire, et le
bord gauche est droit, plus ou moins aminci
en demi-cloison. L'opercule est calcaire,
presque spiral , avec le sommet marginal.
Quelques espèces, exclusivement marines,
ont la coquille plus épaisse , le bord gauche
79
626
NER
NEI\
denté, et souvent aussi le bord droit épaissi
à l'intérieur et denté: ce sont les Nérites
proprement dites , que Lamarck , d'après
ces différences de l'habitation et du test, con-
sidère comme un genre distinct. Les autres,
exclusivement fluviatiles, ont la coquille
plus mince, ordinairement lisse, quelque-
fois munie d'épines très longues, peu nom-
breuses ; leur bord droit est plus mince ,
tranchant et sans dents; elles constituent
le genre Néritine de Lamarck , dont M.Des-
hayes, avec raison, ne veut faire qu'une
section des Nérites. Lister le premier avait
réuni toutes ces coquilles sous le nom de
Nérite, que Linné adopta pour dénomination
générique commune aux Natices et à quel-
ques autres coquilles. Adanson et après lui
Bruguière ont convenablement restreint ce
genre, que Lamarck a divisé, pour mettre à
part, sous le nom deNéritines, les espèces
d'eau douce. On connaît plus de 90 espèces
de Nérites d'eau douce ou Néritines, dont
les plus grandes ont plus de 3 centimètres
et les plus petites ne dépassent pas cinq mil-
limètres ; elles sont presque toutes des ré-
gions intertropicales; une seule espèce (N.
■(luviatilis ) se trouve dans les rivières de
France : elle a environ un centimètre. Quant
aux Nérites marines, le nombre des espèces
est moins considérable, on n'eu connaît
guères que 30; mais les unes et les autres
sont également représentées à l'état fossile
dans les terrains tertiaires et même dans les
terrains beaucoup plus anciens. (Duj.)
NÉRITINE. moll.— Voy. nérite.
NERIUM. bot. ph. — Voy. nérion.
*NERIUS. ins. — Genre de Tordre des
Diptères brachocères, famille des Musciens,
tribu des Muscides, établi par Fabricius.
M. Macquart(Dipf., Suit, à Buff., II, 493)
en décrit 2 espèces (JV. vittatusel brunneus) :
la Ve du Brésil ; la 2e de la Colombie. (L.)
NÉROCILE. Nerocila. crust.— C'est un
genre de l'ordre des Isopodes, qui a été éta-
bli par Leach aux dépens des Cymothoa de
Fabricius, et que M. Milne Edwards, dans
son Histoire naturelle sur les Crustacés ,
range dans sa famille des Cymothoadiens et
dans sa tribu des Cymothoadiens parasites.
Ce genre , créé par Leach , n'a été que très
imparfaitement caractérisé par ce savant.
Aussi Latreille a-t-il proposé de réunir les
Nérociles aux Livonèces (voy. ce mot), et a-
t-il donné au groupe ainsi formé le nom nou
veau d'Ichthyophilus. Avant que M. Milne
Edwards eût eu l'occasion d'étudier lui-
même ces parasites, il était disposé aussi à
adopter cette marche; mais l'examen atten-
tif qu'il en a fait récemment Fa conduit à
changer d'opinion et à conserver le genre
Nérocile de Leach. En effet , ce petit groupe
se compose de Cymothoadiens , qui ont , il
est vrai , beaucoup d'analogie avec les Ani-
locres et les Livonèces (voy. ces mots), mais
qui s'en distinguent facilement par la con-
formation du front et la disposition des piè-
ces épimériennes du thorax et de l'abdomen.
Les principaux caractères de cette coupe gé-
nérique sont: que les segments abdominaux
sont parfaitement distincts et mobiles; que
la base de l'abdomen est à peu près de même
largeur que l'extrémité postérieure du tho-
rax , et qu'il y a des pièces spiniformes ac-
cessoires vers les angles latéraux des pre-
miers anneaux de l'abdomen; et enfin que
le front est horizontal. On ne sait presque
rien sur les mœurs de ces Crustacés , si ce
n'est qu'ils se fixent sur des Poissons. Ce
genre , dont on connaît environ 5 ou 6 es-
pèces, habite la Méditerranée , ainsi que les
mers de l'Inde et de la Chine. Le Nérocile
a deux raies, JY. bivittata Risso, peut être
considéré comme le type de ce genre. Cette
espèce habite la Méditerranée. (H. L.)
NEROPHIS. poiss. — Genre établi par
Rafinesque (Indice cTIchth. sic.) aux dépens
des Syngnathes. Voy. ce mot.
NERPRUN. Rhamnus (de pauvoç, le nom
grec d'une espèce du genre), bot. ph. —
Genre de plantes de la famille des Rhamnées,
à laquelle il donne son nom, de la Pentan-
drie monogynie dans le système de Linné.
Le groupe générique établi sous ce nom par
Tournefort avait été beaucoup agrandi par
Linné, qui y joignait les Frangula, Tourn.;
Cervd spina, Dill.; Paliurus, Tourn.; Alater-
nus, Tourn., et Zizyphus, Tourn. A.-L. de
Jussieu rétablit, comme genres à part, les
Paliurus et Zizyphus, et circonscrivit ainsi
les Rhamnus dans les limites qu'on leur a
généralement conservées. Considéré de la
sorte , ce genre se compose d'arbrisseaux et
de petits arbres indigènes des parties tem-
pérées de l'hémisphère nord ; leurs feuilles
sont alternes, stipulées, entières ou dentées,
le plus souvent glabres, tantôt persistantes
NER
NER
627
et alors coriaces, à nervures pennées, tantôt
tombantes et, dans ce cas, à nervures rap-
prochées, parallèles; leurs fleurs sont petites
et peu apparentes, verdâtres, et présentent
les caractères suivants : Calice à tube urcéolé,
à limbe divisé en 4-5 lobes dressés ou étalés,
aigus; corolle nulle ou à 4-5 pétales alternes
au calice, insérés au bord d'un disque charnu
qui revêt intérieurement le tube calicinal ;
étamines en même nombre que les pétales,
auxquels elles son t opposées, à filet très court,
à anthère introrse, biloculaire; ovaire à 3-4
loges contenant chacune un seul ovule dressé,
surmonté de 3-4 styles soudés entre eux à
leur base, libres supérieurement dans une
longueur variable. Le fruit est un petit drupe
charnu à 2-4 noyaux osseux, monospermes.
Dans son travail sur les Rhamnées (Annales
des sciences naturelles, lre série, volume X),
M. Ad. Brongniart partage les Nerpruns en
deux sous-genres, de la manière suivante:
a. Rhamnus. Fleurs le plus souvent dioï-
quesetquadrifldes, rarement 5-fides ; grai-
nes creusées au dos d'un sillon profond dans
lequel est logé le raphé; cotylédons recour-
bés à leur bord ; feuilles le plus souvent co-
riaces et persistantes.
1 . Nerprun alaterne , Rhamnus alaier-
nus Linn. Cet arbrisseau est commun dans
nos départements méridionaux : on le cul-
tive dans les jardins et les parcs à cause de
son joli feuillage persistant. Sa tige , qui
s'élève jusqu'à 3 et 4 mètres , est très ra-
meuse et buissonnante, sans épines; ses
feuilles sont ovales ou elliptiques, lisses et
luisantes, dentées sur les bords , coriaces;
les fleurs , petites et verdâtres , forment des
grappes axillaires courtes et ramassées; elles
sont souvent dioïques. Par la culture on en
a obtenu des variétés à feuilles étroites , à
feuilles panachées de jaune , de blanc , ta-
chetées de blanc , etc. On le multiplie de
graines , qui sont très longues à lever, de
marcottes et de boutures. Il demande une
terre forte, une exposition septentrionale et
ombragée.
2. Nerprun purgatif , Rhamnus catharli-
cus Linn. Cette espèce est répandue dans les
bois , les haies et les lieux incultes de pres-
que toute la France; elle forme un arbris-
seau droit de 3 mètres de hauteur, rameux ,
à écorce lisse, épineux par l'endurcissement
des vieux rameaux qui se changent en une
forte épine à leur extrémité; ses feuilles
sont arrondies ou ovales, dentelées à leur
bord et lisses ; ses fleurs sont petites, ramas-
sées en grappes courtes à l'aisselle des feuil-
les , dioïques ou polygames, tétramères ; ses
fruits sont petits, noirs, presque globuleux,
et renferment quatre noyaux. Leur couleur
fait donner vulgairement à l'espèce le nom
de Noirprun , d'où est venu celui de Ner-
prun, par lequel on a désigné enfin le genre
lui-même. Les propriétés purgatives que
rappelle le nom de cette espèce résident
dans les couches libériennes de son écorce ,>
et surtout dans son fruit , qui les possède à
un degré éminent : on obtient avec celui-ci
des préparations usitées en médecine contre
les maladies cutanées, les hydropisies, etc.,
et dont quelques médecins pensent qu'on ne
fait pas assez usage ; mais l'emploi de ces
préparations exige des précautions à cause
de leur énergie. Ce fruit a de plus une autre
utilité; avant sa maturité il renferme une
matière colorante verte qu'on en extrait ,
et qui est connue sous le nom de vert de
vessie.
3. Nerprun des teinturiers, Rhamnus in-
fectorius Linn. Cette espèce , plus méridio-
nale que les précédentes , se trouve seule-
ment, en France , dans les lieux arides de
nos départements méditerranéens. Elle
forme un arbrisseau épineux de moitié
moins haut que le précédent, couché et dif-
fus ; ses feuilles sont ovales-lancéolées , lé-
gèrement dentées en scie , pubescentes en
dessous, surtout sur les nervures. Ses fleurs
sont très petites, dioïques, jaunâtres, tétra-
mères ; ce sont les fruits de cette espèce
que l'on emploie en teinture sous le nom
de Graine d'Avignon. On en retire une cou-
leur jaune estimée , connue sous la déno-
mination de Stil de grain. Les Turcs s'en
servent, dit-on , pour colorer les cuirs en
jaune.
b. Frangula. Fleurs le plus souvent her-
maphrodites et pentamères; graines com-
primées, à hile dénudé, proéminent, et à
raphé latéral ; cotylédons plans ; feuilles
membraneuses, tombantes, entières, mar-
quées de lignes formées par des nervures
parallèles rapprochées.
4. Nerprun Bourdaine, Rhamnus Fran-
gula Linn. Cette espèce, vulgairement con-
nue sous les noms de Bourdaine, Bourgène
628
NER
NES
croît parmi les haies, les buissons et les
taillis. Elle s'élève à 2-3 mètres; elle est
inerme; ses feuilles sont ovales un peu ai-
guës, entières, glabres, marquées sur leurs
côtés de 10-12 lignes parallèles formées par
des nervures. Ses fleurs sont petites, réu-
nies en petites grappes axillaires assez
lâches. Ses fruits, d'abord rouges, deviennent
noirs en mûrissant. Le bois de ce Nerprun
est très léger et sert à faire le charbon qui
entre dans la préparation de la poudre à
canon ; en moyenne, 100 kilogrammes de
bois donnent 12 kilogrammes de charbon.
Son écorce est purgative, et constitue, dans
les campagnes, un médicament populaire ;
on l'a conseillée encore comme fébrifuge.
Son fruit jouit aussi de propriétés purga-
tives , mais moins prononcées que chez le
Rhamnus calharticus. (P. D.)
NERTERA (v/prEpa, basse), bot. ph. —
Genre de la famille àes Rubiacées-Cofféacées-
Guettardées, établi par Banks {exGœrtner,
1, 124, t. 26). Herbes des régions tropicales
et extra-tropicales de l'hémisphère austral.
VOIJ. RUBIACÉES.
*NERTHOPS ( vépOt , au - dessous ; &{, ,
œil), ins. — Genre de Coléoptères tétramè-
res , de la famille des Gurculionides gona-
tocères , division des Érirhinides , créé par
Schœnherr (Dispositio rnethodica , pag. 60 ;
Gen. et sp. CurcuL syn. , tom. II , p. 158,
7, 2 , pag. 26). Deux espèces font partie de
ce genre: les N. gutlatus 01. {multiguttalus
Wied.), et calcaratus Cht. La lre est origi-
naire de Port-Natal ( Af. mér.), et la 2«de
la province des Mines (Brésil). (C.)
*NERTU3. ois. — Groupe de Faucons
(voy. ce mot) d'après M. Boié {Isis, 1828).
*NERTUS(v£>toç, nom donné par Aristo-
phane à une sorte d'oiseau), ins. — Genre
de Coléoptères tétramères , famille des Cur-
culionides gonatocères, division des Aposla-
simérides cholides, créé par Schœnherr
{Gen. etsp. curcul. syn., t. VII, p. 76). Ce
genre se compose des quatre espèces sui-
vantes : JV. Mannerheimii , Germari, acu-
minatus et suturalis Chvt. Toutes sont ori-
ginaires du Brésil. (C.)
NERVATION. Nervatio ( nervus , nerf).
bot. — On donne ce nom à l'ensemble des
nervures qui traversent le limbe de la
feuille, des ramifications formées par les
vaisseaux qui le parcourent. Voy. feuilles.
NERVE ou NERVIE. Nervalus , Nervo-
sus. bot. — Cette épithète s'applique à tou-
tes les parties des plantes munies de ner-
vures (Cotylédons, Spathelles, Feuilles, etc.).
NERVEUX. Nervosus. bot. — On donne
ce nom aux ailes des Insectes marquées de
nervures d'une autre couleur que le fond ,
et, en botanique, aux feuilles qui ont des
nervures très saillantes.
NERVULE. Nervulus (diminutif de
nervus, nerf), bot. — Nom donné par
M. de Mirbel aux filets que produisent , en
s'épanouissant, les vaisseaux conducteurs
nourriciers qui constituent essentiellement
le placentaire des péricarpes.
NERVURE. Nervus, Neura. bot. — On
donne ce nom aux faisceaux de vaisseaux
nourriciers qui parcourent le limbe de la
feuille et en forment en quelque sorte le
squelette. Voy. feuilles.
NES^A. arachn. — Synonyme ô'Atax*
Voy. ce mot. (H. L.)
NESjEA (nom mythologique), polyp. ?
algues. — Dénomination donnée par La-
mourouxàune Algue calcifère de son ordre
des Corallinées, qu'il prenait pour un Po-
lypier, ainsi que Lamarck qui en fit son
genre Pinceau. Voy. ce mot. (Duj)
NES^A. crust. — Voy. nésée.
NES.EA. bot. pb. — Genre de la famille
des Ly thrariées, tribu des Ly thrées, établ i par
Commerson (inJuss. gen. Plant.). Plantes
herbacées ou frutescentes de l'Amérique. ,
Voy. lythrariées.
NESARNAK. mam. — Nom de pays du
Delphinustursio.Voy. dauphin. (E.D). ]
*NESCIDIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Rubiacées-Cofféacées-Psychotriées^
établi par A. Richard {inMem. Soc. h. n.\
Paris, t. V. 192). Arbrisseaux de la Mau-1
ritanie. Voy. rubiacées.
NÉSÉE. Nesœa ( nom mythologique ).
crist. — Genre de l'ordre des Isopodes ,
adopté par tous les carcinologistes. Il a été
établi par Leach, et rangé par M. Milne
Edwards dans sa famille des Sphéromiens
onguiculés. Dans ce genre, le corps ne peut
pas se ramener en boule comme celui des
Sphéromiens {voy. ce mot ), et est en géné-
ral peu flexible. La tête, les antennes, la
bouche, le thorax et les pattes sont confor-
més comme chez les Sphéromes. L'abdomen
présente aussi la même disposition générale»
NES
NES
629
mais les fausses pattes postérieures s'articu-
lent très en arrière, et leur lame interne se
porte transversalement en dedans et le
long du bord postérieur de l'abdomen, de
façon à se confondre facilement avec ce bord,
tandis que la lame externe, plus longue et
plus grosse, est droite, se dirige en arrière,
et ne conserve que très peu de mobilité.
Dans le genre des Nésées , nous réunirons
tous les Sphéromiens onguiculés , dont le
corps est terminé postérieurement par deux
espèces de cornes peu mobiles, formées par
la lame externe des dernières fausses pattes,
laquelle, au lieu de se replier sous la lame
interne, comme chez les Sphéromes et les
Cymodocées, reste toujours saillante et à dé-
couvert. Leach a divisé ces Crustacés en
deux genres, les Nésées et les Cilicées, sui-
vant que l'avant-dernier anneau thoracique
est semblable au suivant ou bien plus
grand ; mais ces caractères ont trop peu de
valeur pour servir de base à des distinctions
génériques. Il nous semble même très pro-
bable que le genre Campécopée de Leach
devra aussi être réuni à ce groupe, mais ce-
pendant c'est avec doute que nous émettons
cette opinion.
Les espèces qui composent actuellement
le genre des Nesœa habitent les côtes de
France, de la Crimée, ainsi que celle des
États-Unis d'Amérique.
La Nésée bidentée, Nesœa bidentata Desm . ,
peut être considérée comme le type de ce
genre singulier. Cette espèce habite la
Manche et les côtes occidentales de la
France.
La Nésée de Latreille , Nesœa Latreillei
Leach, dont la patrie est inconnue, serait le
représentant du genre Cilicœa du docteur
Leach. Pendant notre séjour en Algérie,
nous avons découvert dans la rade de Bone
une nouvelle espèce de ce genre, à laquelle
nous avons donné le nom de Nésée d'Ed-
wards , Nesœa Edwarsi Luc. (Expl. se. de
l'Algérie, lre partie, p 7, fig. 9). (H. L.)
IVESLIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Crucifères, tribu des Isatidées, établi
par Desvaux {Journ. bot., III, 162, 163)
aux dépens des Myagrum, et dont l'espèce
type est le Myagrum paniculatum Linn.
*NESOKIA. mam. — Groupe de Rongeurs
de la division des Rats (voy. ce mot), d'après
M. Gray (Ann. nat. hist.,t. X, 18i2). (E. D).
NESOPHILA, A. DC. {Camp. 160). bot.
ph. — Voy. wahlenbergia , Schrad.
* NESORRHINUS ( v5fa<*«, canard ; fa ,
nez), ins. — Genre d'Hémiptères homoptè-
res , de la famille des Hoplophorides , créé
par MM. Amyot et Serville (Hémiptères des
Suites à Buffon de Roret).
Une seule espèce entre dans ce genre :
c'est le Nesorrhinus vulpes Am. et Serv.
(loc. cit., pi. 12, fig. 11), qui se trouve à
Saint-Domingue. (E. D.)
*J\ESSIA. rept. — Genre de Sauriens de
la famille des Scinques , établi par M. J.-E.
Gray, dans le t. I des Armais and mus. of
nat. hist. , pour une espèce serpentiforme
de cette famille. Les Nessia ont néanmoins
quatre pieds visibles et tridactyles. L'espèce
type de ce genre est le N. Burtoni. (P. G.)
*NESTÏS. poiss.— Genre de l'ordre des
Acanthoptérygiens à pharyngiens labyrinthi-
formes , famille des Mugiloïdes, établi par
MM. Cuvier et Valenciennes (Hist. des Poiss. ,
t. XI, p. 167 ). Les Nestis diffèrent princi-
palement des Muges par leur tête plus com-
primée; par les opercules plus plats, moins
bombés; par le sous-orbitaire qui ne recou-
vre plus tout le maxillaire, et n'est pas re-
courbé; par des dents non seulement aux
mâchoires, mais encore en avant du vomer
et aux os pharyngiens.
Intérieurement , les Nestis diffèrent des
Muges par leur estomac membraneux et
nullement charnu.
On connaît deux espèces de ce genre, dont
la forme ressemble assez à celle des Cyprins.
La première, N. cyprinoides Cuv. et Val.
(vulgairement , à l'île de France , Mulet de
rivière ou Chite), est d'un vert foncé sur le
dos, et d'un vert plus clair sur les écailles
des flancs : elle atteint 20 à 22 centimètres
de longueur.
La seconde espèce, N. dobuloides Cuv. et
Val. (loc. cit.), habite aussi les eaux douces
de l'île de France. Chez elle, le vert sombre
du dos paraît s'étendre non seulement sur
les flancs , mais descendre aussi sur le ven-
tre. Le jardin des Plantes de Paris en pos-
sède un individu qui a 40 centimètres de
longueur. (M.)
NESTLERA. bot. ph. — Genre de la
famille des Composées, tribu des Sénécio-
nidées, établi par Sprengel (Syst. III, 589),
et dont les principaux caractères sont : Ca-
630
NET
NEU
pitule multiflore, hëlérogame; fleurs du
rayon unisériées, ligulées, femelles ; celles du
disque tubuleuses, hermaphrodites, 5-fides.
Écailles de l'involucre imbriquées , appri-
mées, les intérieures plus longues, membra-
neuses. Réceptacle épaléacé, alvéolé. Anthè-
res sessiles. Stigmates inclus, obtus. Akène
nu. Aigrette en forme de couronne, dentée.
Les Nestlera sont des herbes ou des sous-
arbrisseaux du Cap, à feuilles alternes ou
opposées , linéaires , entières; à fleurs
bleues, disposées en capitules terminaux,
ailés ; les ailes sessiles dans les dichotomies
des rameaux.
De Candolle décrit 9 espèces de Nestlera
(Prodr. , VI , 283) qu'il répartit en deux
sections: a. Stephanopappus: écailles del'in-
volucre acuminées ; akène allongé , sil-
lonné longitudinalement; b. Strongylolepis:
écailles de l'involucre scarieuses au sommet,
très obtuses; akène pubérule, sillonné lon-
gitudinalement. (J.)
NESTOR, ois. — Nom scientifique du
Perroquet à tête grise de la Nouvelle-Zé-
lande (voy. perroquet), et dont. M. Wagler
(Monogr. Psittac, 1832 ) a fait le type d'un
petit groupe distinct. (E. D.)
*NETTARHINUS (v^tt« , canard ; p\'v ,
nez), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Curculionites gonato-
cères , division desApostasimérides cholides,
établi par Schœnherr (Dispositio methodica ,
pag. 269 ; Gen. et sp. Curcul. syn. , t. 3 ,
p. 603 , t. VIII , 1 , p. 29). L'auteur place
dans ce genre les trois espèces suivantes :
N. Anthribiformis , Mannerheimii Schr. , et
bilobns 01. La première a été trouvée au
Brésil, la seconde à Porto-Rico, et la troi-
sième à Saint-Domingue. (C.)
♦NETTORHYNQUE. Nettorhynchus {v7,z-
ra, canard ; pvyx°s » Dec)- helm.? — Nom
(ion né par M. de Blainville, dans l'édition
française des Vers intestinaux deBremser,
ï>ag. 522 , 1824 , à un genre entièrement
douteux de Vers intestinaux, dont la seule
espèce connue serait parasite de l'espèce
humaine. Voici comment M. de Blainville
résume lui-même ce que l'on connaît sur
le Nettorhynque :
« Nous ajouterons cependant à ce cha-
pitre l'indication d'un Ver intestinal auquel
nous avons donné le nom de Nettorhynque,
et qui, quoique observé depuis longtemps, a
été passé sous silence par les meilleurs hel-
minthologistes modernes. C'est dans le t. II
des Mémoires de la Société de médecine d'E-
dimbourg qu'il en est question, dans un mé-
moire intitulé : Description d'un Ver extraor-
dinaire, par J. Paisley, chirurgien à Glascow.
Ce Ver était fort considérable, puisqu'il avait
2 pieds 6 pouces de longueursur 1 pouce 1/2
de diamètre. Il était formé de plusieurs
grands anneaux semblables à ceux du Ver de
terre ; les intervalles entre chaque articula-
tion étaient de couleur brune, les articula-
tions mêmes de couleur de chair livide. La
tête, beaucoup plus petite que le corps, quoi-
que formée également d'anneaux , ressem-
blait beaucoup au bec d'un Canard, étant
aplatie en dessus. La bouche était triangu-
laire comme celle d'une Sangsue. Le Ver fut
rendu par l'anus avec une très grande quan-
tité de sang. Le malade en rendit un second
encore plus gros , mais par morceaux. Le
premier fut dessiné en présence de plusieurs
docteurs de l'Université. Il était d'abord
beaucoup plus gros ; mais , aussitôt que le
malade l'eut rendu, à l'aide d'une personne
qui le lui tira en partie du corps, un assis-
tant plongea une ou deux fois un canif dans
le Ver, et il en sortit une immense quantité
de sang. »
M. de Blainville, qui n'a pas classé ce Ver
dans son grand article du Dictionnaire des
sciences naturelles publié en 1828 , le met-
tait en 1824 parmi les Onchocéphalés, c'est-
à-dire dans la famille des Linguatules.
Rien ne démontre que le Nettorhynque
soit réellement un animal; et l'observation
du corps d'après lequel ce prétendu Ver a
été indiqué est trop incomplète pour qu'on
y ajoute une confiance définitive : aussi met-
trons-nous jusqu'à nouvel ordre le Netto-
rhynque parmi les Helminthes douteux.
(P. G.)
NEUDORFFIA, Adans. {Fam., II, 225).
bot. ph. — Syn. de Nolana, Linn.
*NEURACANTHUS (vsîipov , nervure ;
axavôa, épine), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Acanthacées, tribu des Echmata-
canthées, établi par Nées (m Wallich. Plant,
as.rar. ,11, 97). Arbrisseaux de l'Inde. Voy.
ACANTHACÉES.
NEURACHNE (vtvpov, nervure; fy** ,
duvet), bot. ph. — Genre de la famille des
Graminées , tribu des Panicées, établi paf
NEU
NEU
631
R. Brown ( Prodr. , 106 ). Gramens vivaces
de la Nouvelle-Hollande. Voy. graminées.
NEURACTIS (vcOpov, nervure; àxn'ç ,
rayon), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées, tribu des Sénécionidées, établi
par Cassini (in Dict. se. nat., XXXIV, 496).
Herbes de Java. Voy. composées.
NEURADA (vîûpov, nervure; a<W, glande).
bot. ph. —Genre de la famille des Rosacées,
tribu des Quillajées, établi par B. Jussieu (in
Linn. gen. , n. 587 ). Herbes des endroits sa-
blonneux de l'Afrique méditerranéenne.
Voy. ROSACÉES.
NEURADÉES. Neuradeœ. bot. ph. —
Tribu delà famille des Rosacées. Voy. ce mot.
NEURIA (vîvpov, nervure), ins. — Genre
de l'ordre des Lépidoptères nocturnes , tribu
desHadénides, établi par M. Guénée ( Du-
ponchel , Catal. des Lépid. d'Europe), qui y
comprend trois espèces (JV. saponariœ, gram-
miptera, actinobola) d'Europe. (L.)
*\EUROCALYX ( vcvpov , nervure; xa-
Xv$, calice), bot. ph. — Genre de la famille
des Rubiacées (tribu incertaine), établi par
Hooker (Je, t. 174). Herbes de Zeylan.
Voy. RUBIACÉES.
NEUROCARPUM (veûpov, nervure ; x«P-
rroç, fruit), bot. ph. — Genre de la famille
des Légumineuses-Papilionacées , tribu des
Phaséolées, établi par Desvaux (in Journ.
Bot., 1814, I, 75). Herbes ou arbrisseaux de
l 'Amérique tropicale. Voy. légumineuses.
NEUROLiENA (vewpov, nervure; Aoûva,
enveloppe), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées, tribu des Sénécionidées, éta-
bli par R. Brown (in Linn. Transact., XII,
120). Sous-arbrisseaux des Antilles. Voy.
COMPOSÉES.
NEUROLOMA, Andr. (in DC. Prodr., I,
156). bot. ph. — Voy. parrya, R. Br.
*NEURONIA ( vîupov , nervure), ins.
— Leach (in Stephens illustr. brit. ent. ,
1837 ) donne ce nom à un petit groupe de
Névroptères de la famille des Phryganiens.
Voy. PHRYGANE. (E. D.)
*NEUROPELTIS (vswpov, nervure ; *A-
ryj, bouclier), bot. ph. —Genre de la famille
des Convolvulacées-Convolvulées, établi par
Wallich (m Roxburgh. Flor.ind. or., II, 43).
Sous-arbrisseaux de l'Inde orientale. Voy.
CONVOLVULACÉES.
NEUROPTERA. ins. — Voy. névro-
ptères.
NEUROPTERIS ou NEVROPTERIS
(veOoov , nervure ; irrtpi'ç , fougère), bot. cr.
— Genre de Fougères fossiles, établi par
M. Brongniart (Prodr. 52) , qui le décrit
ainsi : Fronde pinnée ou bipinnée; pinnules
non adhérentes par leur base au rachis ,
plus ou moins cordiformes, entières; nervu-
res très fines, serrées, plusieurs fois dicho-
tomes, arquées, naissant très obliquement
de la base de la pinnule et de la nervure
moyenne , qui disparaît vers l'extrémité des
pinnules.
M. À. Brongniart cite 20 espèces de ce
genre, dont la plupart ont été trouvées dans
les terrains houillers. (B.)
NEUROPTERIS, Desv. (in Annal. Soc.
Linn. de Paris, VI, 292, t. 8 , f. 2). bot.
cr. — Syn. de Pteris , Linn.
*NEEROSPERMA , Rafin ( in Journ.
vhys. , LXXXIX , 102). bot. ph. — Syn.
de Momordica , Linn.
NEUROTROPIS, DC. (Prodr., I, 175).
bot. ph. — Voy. thlaspi, Dillen.
*NEUSTICURUS (vsuartxo'ç , nageant ;
eupâ , queue ). rept. — Genre de Sauriens
établi dans la famille des Lézards par
MM. Duméril et Bibron (Erpetol. gen., t. V,
p. 6, 1839). Il ne comprend qu'une seule es-
pèce, qui est originaire de la Guiane: c'est
le Lacerta bicarinata de Linné. (P. G.)
*NEUSTOSAURUS,E. Raspail (vewwç,
nageant; o-aSpcç, lézard), rept. foss. —
Dans une brochure publiée à Paris et à
Avignon, 1842, sous le titre d'Observations
sur un nouveau genre de Saurien fossile,
M. Eugène Raspail a fait connaître une par-
tie du squelette d'un reptile provenant du
terrain néocomien du département de Vau-
cluse. Depuis les lombes jusqu'au bout de
la queue, les os sont à peu près dans leur
situation naturelle; le reste avait été dé-
rangé et dégradé. Les faces antérieures et
postérieures du corps des vertèbres de ce
reptile sont planes ou légèrement conca-
ves ; les os des jambes n'ont que le tiers de
la longueur de ceux des cuisses , dispropor-
tion qui n'a lieu que chez les Salamandres
et genres voisins; parmi les reptiles actuels,
et chez les Énaliosauriens parmi les reptiles
fossiles, les pieds, au contraire, sont al-
longés , de telle sorte que les métatarsiens
sont plus longs que le tibia; les doigts pa-
raissent avoir été au nombre de quatre, et,
632
N£U
NEV
comme dans les Crocodiles, le métatarsien
interne était plus fort que les autres; les
premières phalanges sont longues et les der-
iiières portaient vraisemblablement des on-
gles. Avec des pieds semblables, il paraît
que l'animal avait des extrémités antérieu-
res aplaties en forme de rame , comme
chez les Ichthyosaures. Chez nos animaux
actuels , lorsque le membre antérieur est
très différent du membre postérieur , c'est
pour fouir ou pour voler qu'il a été modiGé;
les animaux nageans n'avaient point offert
jusqu'à prési.Tit une aussi grande dissem-
blance entre leurs quatre membres, lors-
qu'ils existent. Les vertèbres caudales pré-
sentent aussi des particularités remarqua-
bles; les apophyses épineuses sont larges;
les os en chevrons sont faibles et se perdent
à peu près vers le milieu de la queue ; puis
viennent quelques vertèbres qui en sont dé-
pourvues; ensuite, d'autres os en chevron
reparaissent f mais taillés en forme de hache
et s'appuyant les uns sur les autres par leurs
angles ; quelques Dauphins nous offrent des
os en chevrons, de forme à peu près sembla-
ble, mais ils ne se touchent point; ce genre
de Reptiles présente donc un grand intérêt,
et il esta désirer que l'on découvre bientôt
des parties caractéristiques de la tête.
L'espèce a reçu le nom de Neust. gicon-
darum Rasp. ; elle est à peu près de la
taille de nos grands Crocodiles, la queue
ayant environ deux mètres et demi de long.
(L...D.)
NEUTRES, ins. —Les noms de Neutres
et de Mulets ont été donnés à certains indi-
vidus dans lesquels les organes générateurs
n'ont pas atteint leur entier développement,
et qui en conséquence ne sont pas aptes à la
reproduction. L'observation a prouvé que
ce phénomène avait lieu dans le sexe fe-
melle. Les Neutres sont essentiellement char-
gés de pourvoir à la nourriture des Insectes
avec lesquels ils vivent; ils sont toujours en
campagne etleur activité estextraordinaire ;
ce sont eux qui édifient l'habitation et qui
Ja réparent; c'est à leurs soins qu'est confiée
l'éducation des petits, et bien qu'ils soient
des femelles avortées, ils remplissent ce de-
voir avec toute la sollicitude d'une mère.
Voy. pour plus de détails les articles in-
sectes et HYMÉNOPTÈRES. (E. D.)
NEUTRES (fleurs), bot. — On donne ce
nom aux fleurs privées des organes sexuels,
et réduites par conséquent aux seules enve-
loppes florales (la Boule de Neige, l'Horten-
sia , etc.).
*NEUWIEDIA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Apostasiées , établi
par Blume (N. famil. exposit., 12). Herbes
de Java. Voy. apostasiées.
*NEVROMUS (v£5pov, nervure; w^o5 ,
épaule), ins. — Genre de Névroptères de
la famille des Semblides , créé par M. Ram-
bur (Névroptères des Suites à Buffon de l'é-
diteur Roret, 1842) et principalement carac-
térisé par ses palpes maxillaires de six arti-
cles , dont les trois derniers très courts, etc.
M. Rambur ( loco citato) décrit quatre espè-
ces de ce genre sous les noms de Nevromus
tesfaceus (Java) , N. ruficollis (Batavia) , N.
hieroglyphicus (Cayenne) et N. rnaculatus
(Philadelphie). (E. D.)
NÉVROPTÈRES. Nevroplera ( vevpov,
nervure; irce'pov, aile), ins. — Linné a créé
sous ce nom un ordre d'Insectes qui, quoi-
que moins naturel que les autres, a néan-
moins été adopté par Latreille (Fam. nat. du
Règ. anxm. ) et par la plupart des entomolo-
gistes modernes. Fabricius formait deux or-
dres, ou plutôt, d'après sa méthode, deux
classes avec les Névroptères, et il les dési-
gnait sous les noms à'Odonates et de Synis-
trates. Kirby retirait tesPhryganea des Né-
vroptères pour en faire un ordre particulier
sous la dénomination de Trichoptères. Enfin
Clairville a proposé de changer en Dictyop-
tères (de «îi'xtvov , réseau, et ir«'pov, aile)
le nom de Névroptères , qui n'exprime pas
d'une manière convenable la disposition des
ailes membraneuses sur les nervures , dis-
posées en réseau, se rétrécissant égale-
ment dans les cellules de quelques Hyménop-
tères.
Les Névroptères ont pour caractères prin-
cipaux : 4 ailes nues ou transparentes, ré-
ticulées et ordinairement de la même gran-
deur; bouche offrant des mandibules, des
mâchoires et deux lèvres propres à la mas-
tication; les articles des tarses ordinaire-
ment entiers et variant par le nombre; pas
d'aiguillon à l'anus; les femelles étant ra-
rement pourvues d'un ovicapte ou d'une
tarière.
Ces Insectes se rapprochent beaucoup des
Orthoptères; mais ils se distinguent de ces
NEV
NEV
633
derniers , ainsi que des Hémiptères , en ce
que ceux-ci ont les ailes supérieures d'une
consistance différente des ailes inférieures,
tandis qu'il n'en est pas ainsi chez les Né-
. vroptères, qui ont les quatre ailes semblables
et membraneuses. Les Hyménoptères en sont
séparés par leurs mâchoires qui sont ordi-
nairement très allongées et ne servent plus
à broyer les aliments, mais seulement à
sucer. Les Lépidoptères ne pourrontêtre con^
fondus avec eux à cause de leurs ailes cou-
vertes d'écaillés. Les Diptères en sont très
nettement séparés par leurs deux ailes, ainsi
que par leurs organes de la manducation.
Enfin est-il besoin de dire que les Névrop-
tères se distinguent des Coléoptères parce
que cbez ces derniers les ailes supérieures
sont cornées et forment ce que l'on désigne
sous le nom d'élytres.
La définition de cet ordre est difficile, à
part toutefois les caractères principaux,
parce que chacun des groupes qui forme celte
division diffère essentiellement des autres
par son organisation , par ses mœurs et par
ses métamorphoses. Aussi ne nous étendrons-
nous pas longuement sur ce sujet, renvoyant
le lecteur aux grandes familles des Névrop-
tères , où les caractères seront donnés avec
soin.
La tête est plus ou moins grosse, avec des
antennes placées à sa partie antérieure; ces
antennes sont le plus souvent filiformes ou
sétacées : dans les Myrméléons elles sont
terminées en masse allongée, tandis que
chez les Ascalaphes elles sont fort longues,
grêles et terminées par un petit bouton
comme celles des Lépidoptères. La bouche
est composée ordinairement de deux lèvres,
de deux mandibules et de deux mâchoires.
Ces derniers organes sont très aigus et très
forts dans les Libellules, qui sont destinées à
faire leur proie d'Insectes, tandis qu'ils sont
très petits et presque imperceptibles dans les
Éphémères, dont la vie est très courte et qui
ne prennent pas de nourriture. Les palpes
quelquefois très courts (Libellules), sont , au
contraire, parfois très longs (Myrméléons).
Les yeux sont à réseaux et placés sur les
côtés de la tête ; on voit ordinairement entre
eux trois petits yeux lisses, mais ils man-
quent souvent. Le corselet est renflé, com-
primé et tronqué dans le plus grand nom-
bre; il donne attache à quatre ailes habi-
t. vm.
tuellement nues, réticulées, claires, trans-
parentes et présentant souvent des reflets
très vifs ou des taches de différentes cou-
leurs : toutes servent au vol ; elles sont
quelquefois posées en toit sur l'abdomen ;
souvent elles sont écartées du corps et éten-
dues horizontalement ; dans d'autres cas elles
sont rapprochées verticalement l'une à côté
de l'autre. Ces ailes diffèrent quelquefois de
grandeur entre elles, comme cela se voi£
dans les Némoptères; quelquefois les infé-
rieures n'existent plus , ou sont tellement
oblitérées qu'on a de la peine à découvrir
leurs traces , ainsi que cela se remarque chez
les Éphémères. Les pattes sont composées,
de quatre pièces, la hanche, la cuisse, la
jambe et le tarse ; ce dernier varie pour le
nombre des articles dont il est composé :
souvent il n'y en a que trois , mais on a pu
en compter quelquefois quatre et même
cinq.
Les larves et les nymphes se rapprochent
assez par leur forme de l'Insecte parfait. Les
larves, presque toutes carnassières, et tou-
jours hexapodes , sont terrestres ou aquati-
ques; celles qui vivent sur la terre se ca-
chent sous les écorces des arbres et se nour-
rissent de Pucerons , ou bien elles font leur
nid dans le sable et y tendent des pièges aux
autres Insectes, ainsi que les Myrméléons.
Les larves aquatiques se tiennent au fond
des fossés , des marais et des rivières ; elles
respirent au moyen d'organes qui paraissent
d'abord analogues aux ouïes des Poissons ,
mais qui ne sont que des appendices exté-
rieurs et trachéens nommés fausses bran-
chies ; quelques unes se construisent des
fourreaux avec de petites pierres, des dé-
bris de coquilles ou de petits morceaux de
bois qu'elles assemblent au moyen d'une
espèce de soie. Les nymphes, dans plusieurs
familles , et de même que cela se remarque
chez la plupart des Insectes, restent inertes
et ne grandissent pas ; tandis que dans d'au-
tres, les Libellules, par exemple, elles sont
au contraire agiles, se nourrissent et gros-
sissent encore sous cette forme.
L'organisation intérieure des Névroptères
a été étudiée par divers zoologistes , et par-
ticulièrement par M. Léon Dufour (Mémoi-
res de l'Académie des sciences de V Institut de
France, 1843); mais comme elle varie sui-
vant les diverses familles qui constituent cet
80
634
NEV
NEV
ordre, nous ne croyons pas devoir en parler
ici , et nous renvoyons aux mots Insectes ,
Libellules, Éphémères, Termites, etc.
Les Névroptères sont des Insectes en gé-
néral très élégants pour le port; ils volent
avec beaucoup de facilité , et sont quelque-
fois ornés de couleurs très variées et très
agréables. Quelques uns, de même que leurs
larves, sont très carnassiers, et emploient
toutes leurs forces et leur agilité à saisir des
Insectes dont ils veulent faire leur proie :
telles sont, par exemple, les Libellules ; d'au-
tres , au contraire , comme les Éphémères ,
les Phryganes et les Perles, ne prennent pas
ou presque pas de nourriture , et la durée
de leur vie n'excède pas quelques heures ou
un jour au plus. Le plus grand nombre des
Névroptères vivent solitaires sous leurs trois
états ; il n^en est pas de même dans le groupé
naturel des Termites , car ces Insectes , au
contraire, vivent, à toutes les époques de
leur vie, en sociétés innombrables compo-
sées de trois ou quatre sortes d'individus ,
dont la détermination n'est pas encore bien
exacte.
D'après ce que nous venons de dire rela-
tivement aux différences remarquables que
l'on observe chez les Névroptères , on com-
prend qu'il est très difficile d'établir une
méthode de classification bien régulière de
cet ordre ; car il est probable que toujours
quelque chose viendra la contrarier, et c'est
ce qui, jusqu'à présent, est arrivé à presque
tous les auteurs qui s'en sont occupés. Di-
sons quelques mots des principales classifi-
cations proposées par divers zoologistes.
Latreille ( Fam. nat. du règne anim. et
Règne animal) partage les Névroptères en
trois familles distinctes , qu'il désigne sous
les noms de Subulicornes , Planipennes et
Plicipennes. 1° Les Subulicornes, caractéri-
sés par leurs antennes en forme d'alêne,
guère plus longues que la tête, de sept arti-
cles au plus, le dernier ayant la figure d'une
soie , et par ses mandibules et mâchoires
entièrement couvertes par le labre et la lè-
vre , et correspondant aux Odonates de Fa-
bricius et aux Éphémères , comprennent
les grands genres Libellula, jEschna, Ephe-
mera. 2° Les Planipennes, ayant pour carac-
tères des antennes toujours composées d'un
grand nombre d'articles, plus longues que
la tête, des mandibules très distinctes, et j
les ailes inférieures presque égales aux su-
périeures, correspondent aux Synistales de
Fabricius, et renferment les genres Panorpa,
Myrmeleo , Ascalaphus , Hemerobius , Sem-
blis y Termes , Psocus , Perla. 3° Les Pli-
cipennes , caractérisés par leurs ailes infé-
rieures ordinairement plus larges que les
supérieures, plissées dans leur longueur, et
par l'absence des mandibules, correspondent
aux Trichoptera deKirby, et ne comprennent
que les genres Phryganea, Sericostoma, etc.
Cette classification, encore assez généra-
lement suivie aujourd'hui, a été légèrement
modifiée par M. Pictet (Mém. de la Soc.
d'hist. nat. de Genève, et Hist. gén. et part,
des Névroptères), qui y introduit une fa-
mille nouvelle pour le genre Panorpa , et
Sous la dénomination de Panorpates.
M. Burmeister (Handbuch der Entomolo-
gie, III) a fait beaucoup plus de change-
ments à la classification de Latreille ; et pour
lui ks Névroptères sont partagés en cinq
familles distinctes, qu'il nomme : Corroden-
tia , Subulicorna, Plecoptera, Trichoptera et
Planipennia.
Dans son Histoire naturelle des Névroptè-
res, faisant partie des Suites à Buffon de
l'éditeur Roret, M. le docteur Rambur pro-
pose une nouvelle classification, qui, en quel-
ques points, rappelle celles de ses devanciers.
L'auteur partage les Névroptères en huit tri-
bus et en dix-huit familles de la manière
suivante : 1° Tribu des Corrodants, divisée
en deux familles : les Termitides et les Em»
bides; 2° Psocides , fam. : Conioptérygides
et Psocides; 3° Odonates (Subulicornia par-
i)m), fam. : Libellulides , JEschnides, Gom-
phides, Agrionides; 4° Agathes (Subulicor-
nia parlim) , fam. : Éphémérides; 5° Plani-
pennes, fam. : Panorpides, Némoptérides ,
Myrméléontides , Nymphides , Hémérobides et
Mantispides ; 6° Semblides , fam. : Sembli-
des ; 7° Perlides , fam. : Perlides ; et 8° Tri-
choptères, fam. . Phryganides. Voy. ces
divers mots.
Enfin M. Emile Blanchard, dont nous
suivons la méthode entomologique dans ce
Dictionnaire, a indiqué (Hist. nat. des In-
sectes, 1845) une nouvelle classification des
Névroptères , et il désigne ainsi qu'il suit
les groupes principaux de cet ordre.
NEV
NEZ
G35
Section I. — HYALOPTÉRES.
Ailes larges, membraneuses , parcourues
par des nervures transversales.
Tribu I. — Termiens.
Ailes ayant leurs nervures transversales
rudimentaires ; tête grosse, portant sur son
sommet trois ocelles ; tarses de quatre ar-
ticles.
Genre : Termes.
Tribu IL — Embiens.
Ailes ayant leurs nervures transversales
cornées, très distinctes ; tête grosse, dépour-
vue d'ocelles; lèvre inférieure profondément
bifide ; tarses de trois articles.
Genre : Embia.
Tribu III. — Psociens.
Ailes inégales, ayant un petit nombre de
nervures ; tête fort grande , offrant trois
ocelles ; antennes sétacées ; corps assez renflé,
de consistance peu solide.
Genres : Coniopteryx, Atropos et Thyrso-
phorus.
Tribu IV. — Perliens.
Ailes inégales, les postérieures larges et
plissées à leur base ; parties de la bouche
bien développées et de consistance solide ;
tarses de trois articles ; antennes sétacées.
Genres : Perla, Eusthenia et Neucura.
Tribu V. — Éphémériens.
Ailes inégales, les postérieures très petites
ou totalement rudimentaires ; parties de la
bouche complètement oblitérées ; tarses de
quatre ou cinq articles ; abdomen terminé
par deux ou trois filets ; antennes très courtes,
styliformes.
Genre : Ephemera.
Tribu VI. — Libelluliens.
Ailes presque égales, très réticulées; par-
ties de la bouche grandes; palpes rudimen-
taires; tarses de trois articles; tête très
grosse; antennes fort courtes, styliformes.
Genres : Libellula, /Eschna, Agrion, etc.
Tribu VII. — Myrméléoniens.
Ailes presque égales , planes ; parties de
la bouche solides; tarses de cinq articles;
antennes filiformes, multi-articulées.
Genres : Myrmeleon , Ascalaphus, Pa-
norpa, etc.
Tribu VIII. — Raphidiens.
Ailes presque égales, ayant des nervures
transversales peu nombreuses ; bouche un
peu avancée , en forme de bec ; prothorax
très long; antennes sétacées; tarses ordi-
nairement de cinq articles.
Genres : Mantispa, Raphidia, Semblis, etc.
Section II. — TRICHOPTÈRES.
Ailes membraneuses ; les antérieures poi-
lues, offrant des nervures branchues , sans
réticulations transversales ; bouche impropre
à la mastication ; mandibules très rudimen-
taires.
Tribu IX. — Phryganiens.
Cette tribu, étant la seule de la seconde
section , a les mêmes caractères, et comprend
les genres Phryganea, Trichostoma , Tino-
des , Myslacida, Hydroplila, etc. Voy. ces
divers mots.
Quant à la distinction des espèces , elle
est plus avancée que celle des groupes supé-
rieurs; cependant cette branche de l'ento-
mologie réclame encore des travaux sembla-
bles à celui que M. Pictet a commencé dans
son bel ouvrage sur les Névroptères. Quoi
qu'il en soit , un grand nombre d'espèces
de l'ordre qui nous occupe ont été décrites
dans V Histoire naturelle des Insectes des Sui-
tes à Buffon de Duménil, par M. Emile Blan-
chard ; dans VHistoire des Névroptères de
M. Rambur , faisant partie des Suites à
Buffon de Roret ; dans YHandbuch der en-
tomologie de M. Burmeister; dans le Bri-
tish entomologie de M. Stephens; dans 17-
conographie du règne animal de Cuvier, par
M. Guérin-Méneville, etc. (E. Desmarest.)
NEVROPTERÏS. bot. cr. — Voy. ned-
ropteris.
*NEVROSCIA(v£Spov, nerf; ax'a, om-
bre ). ins. — Genre d'Hémiptères hétéroptè-
res géocorises , assez voisin de celui des
Halys, créé par MM. Amyot et Serville {Hé-
miptères des Suites à Buffon de Roret).
Deux espèces entrent dans ce genre :
Pentatoma grata Pal.-Beauv. , de Saint-
Domingue ; Halys nubila Fabr. ( Syst .
Rhyn.). (E. D.)
NEVROSPERMA. bot. tu. — Foî/.nef-
rosperma.
NEZ. Nasus. anat. , piiys. — On dé-
c""nc(, chez l'Homme, sous le nom de Nez,
636
NEZ
NEZ
cette partie saillante , pyramidale, triangu-
laire , située au milieu de la face , dont le
sommet, appelé racine , se continue avec la
partie moyenne et inférieure du front , dont
les faces latérales constituent les ailes , et
dont la base présente deux ouvertures ap-
pelées narines. La charpente du Nez est for-
mée supérieurement par deux os propres,
dans la partie moyenne par un cartilage ,
et inférieurement par plusieurs fibro-carti-
lages. Quatre muscles impriment, de chaque
côté , les mouvements nécessaires à la por-
tion mobile de l'organe.
Les narines , ouvertures irrégulièrement
ovalaires qui occupent la base du Nez, sont
les oriûces antérieurs des fosses nasales;
elles sont séparées l'une de l'autre par une
cloison en partie osseuse , en partie cartila-
gineuse, formée en arrière par la lame eth-
moïdale jointe au vomer, et en avant par le
cartilage nasal.
Les fosses nasales sont deux grandes cavi-
tés symétriques , séparées l'une de l'autre
par la même cloison qui sépare les narines;
elles sont situées dans l'épaisseur de la face,
au-dessous de la base du crâne, au-dessus
de la voûte palatine, au-devant de la partie
supérieure du pharynx , entre les fosses or-
bitaires , zygomatiques et maxillaires. La
paroi inférieure ou plancher en est formée
par la portion horizontale des os maxillaire
supérieur et palatin ; la paroi supérieure ou
voûte, par la lame criblée de l'ethmoïde et le
corps du sphénoïde ; la paroi interne, par la
face correspondante de la cloison qui sépare
les deux cavités ; enfin la paroi externe ,
plus étendue et d'une composition plus com-
pliquée que les trois autres , se trouve con-
stituée par l'os maxillaire supérieur, l'os
unguis ou lacrymal , l'ethmoïde , le cornet
inférieur, l'os palatin et le sphénoïde. Obli-
que du haut en bas et de dedans en dehors,
cette paroi présente successivement et en
remontant, une gouttière profonde, nommée
méat inférieur, surmontée du cornet sus-
ethmoidal ou inférieur ; puis le méat moyen,
le cornet moyen ; enfin le méat supérieur et
au-dessus le cornet supérieur. Les deux cor-
nets supérieur et moyen appartiennent à
l'ethmoïde , tandis que le cornet inférieur
constitue un os particulier.
Dans les trois méats se remarquent diffé-
rentes ouvertures qui font communiquer les
fosses nasales, soit avec les voies lacrymales,
soit avec certaines cavités dites sinus, creu-
sées dans les os de la face, et qui en aug-
mentent l'étendue. Sans cependant concou-
rir directement à la fonction qui s'accomplit
dans l'organe que nous décrivons , le méat
inférieur présente l'orifice du canal lacrymal
( voyez lacrymal ). Le méat moyen offre , à
sa partie supérieure et antérieure, l'ouver-
ture commune des cellules ethmoïdales an-
térieures qui communiquent avec le sinus
frontal , et un peu plus bas et en arrière ,
celle du sinus maxillaire ; enfin, dans le méat
supérieur, se trouve l'orifice des cellules eth-
moïdales postérieures.
L'ouverture postérieure de chaque fosse
nasale quadrilatère , mais plus étendue en
hauteur qu'en largeur, est limitée en haut
par le corps du sphénoïde , en bas par la
base du voile du palais , en dedans par le
vomer, en dehors par l'aile interne de l'apo-
physe ptérigoïde appartenant au sphénoïde.
Les fosses nasales sont tapissées par une
portion de tégument interne ou de mem-
brane muqueuse désignée plus particulière-
ment sous le nom de membrane pituitaire
ou de Scheidner, et qui se prolonge dans les
cellules et dans les sinus. Recouverte d'un
épiderme sensible , et garnie de poils rudes
au voisinage des narines , elle se modifie
dans les parties plus profondes. Perdant son
épithélium , elle devient plus épaisse , plus
rouge, comme fongueuse , et adhère aux os
au moyen d'un tissu cellulaire serré ; par-
tout elle est abondamment pourvue de fol-
licules muqueux. Changeant encore d'aspect
en pénétrant dans les sinus , elle est, dans
ces cavités , mince , lisse , d'un blanc jau-
nâtre , et peu adhérente à la surface des os
qu'elle revêt.
Le Nez , considéré dans son ensemble ,
antérieurement et extérieurement, reçoit de
nombreux vaisseaux qui se ramifient prin-
cipalement dans l'épaisseur du tégument in-
terne. La première paire de nerfs cérébraux
(nerfs olfactifs) se distribue en entier aux
fosses nasales , qui reçoivent de plus des fi-
lets de la première et de la deuxième bran-
che du nerf trijumeau ou de la cinquième
paire. Les muscles des parties latérales du
Nez et la peau qui les recouvre sont amenés
par des rameaux provenant du nerf facial
(portion dure de la septième paire). Les nerfi
NEZ
NEZ
637
olfactifs, après avoir pris naissance à la par-
tie postérieure et intérieure de la face infé-
rieure du lobe antérieur du cerveau, et s'être
renflés en bulbe sur la lame criblée de l'eth-
moïde, se subdivisent en filets dont le nom-
bre et le volume varient, mais qui cepen-
dant pénètrent tous dans les fosses nasales
en passant par les trous de cette même lame
criblée. Parvenus dans les cavités du Nez ,
ces filets se subdivisent pour venir s'épanouir
à la surface de la portion de membrane qui
tapisse la cloison et les deux cornets supé-
rieurs : le cornet inférieur, non plus que les
cellules ethmoïdales et les sinus , ne sem-
ble recevoir aucun de ces filets. Quant aux
filets provenant du trijumeau , ils se distri-
buent à toute la membrane , envoyant des
anastomoses fréquentes au nerf olfactif, qu'ils
entourent ainsi complètement.
Les fosses nasales sont le siège du sens de
l'odorat, sens à l'aide duquel sont perçues
les odeurs. Dans l'état actuel de la science ,
les odeurs sont considérées comme des éma-
nations, ou plutôt comme des molécules
d'une excessive ténuité, se détachant in-
cessamment de la surface du corps, qui jouis-
sent de la propriété d'être odorantes, se ré-
pandant dans l'atmosphère, s'y dissolvant
en quelque sorte , ou s'y tenant en suspen-
sion à un état de division extrême.
Chez l'homme, comme chez tous les ani-
maux à respiration pulmonaire, Volfaction,
c'est ainsi que l'on désigne la formation qui
accomplit le sens de l'odorat, l'olfaction
s'effectue par le passage de l'air chargé de
molécules odorantes à travers les fosses
nasales; ces cavités sont, à cet effet, tapis-
sées , comme nous l'avons vu , par une
membrane muqueuse garnie de nombreuses
papilles nerveuses, et toujours humectée, à
l'état normal, d'abondantes mucosités dans
lesquelles les molécules odorantes sont , en
quelque sorte, obligées de se dissoudre pour
pouvoir affecter le nerf chargé de percevoir
la sensation.
L'accomplissement de l'olfaction , comme
celui des autres fonctions sensorielles , exige-
t-il pour première condition, chez les ani-
maux supérieurs au moins, l'existence d'un
nerf spécial qui n'éprouve d'impressions
matérielles et de modifications correspon-
dantes que par un agent déterminé , tel que
les molécules odorantes? Cette question,
longtemps résolue par l'affirmative , a été
mise en doute dans ces vingt dernières an-
nées, quelques physiologistes ayant avancé
que le nerf olfactif ne faisait que partager
avec le nerf trijumeau les fonctions d'olfac-
tion. On a invoqué à ce sujet des observa-
tions de Méry et de Bérard , par lesquelles
l'intégrité de l'odorat aurait été contestée ,
malgré l'induration des nerfs olfactifs ou
des lobes antérieurs du cerveau.
Le nerf olfactif ne se distribue qu'à une
certaine région des fosses nasales , et l'on a
prétendu que les odeurs affectent, à un
degré plus faible , il est vrai , toutes les par-
ties de ces cavités amenées par la cinquième
paire. Il est de fait, néanmoins , que l'odo-
rat ne réside que dans les parties qui reçoi-
vent les filets du nerf olfactif, et que les
odeurs dirigées sur toute autre partie du
nez ne déterminent pas d'impression. En-
fin M. le professeur Magendie , allant plus
loin encore, refuse la faculté de percevoir
les odeurs au nerf olfactif, pour en gratifier
le nerf trijumeau, qu'il regarde, du reste,
comme le nerf sensoriel par excellence , et
il s'appuie sur une série d'expériences dans
lesquelles la destruction des nerfs olfactifs
n'a point aboli la faculté de sentir le vinai-
gre , l'ammoniaque, l'huile de lavande,
l'huile de Dippel: l'animal dans les cavités
nasales duquel l'on introduit l'une de ces
substances se frotte effectivement le nez
avec les pattes et éternue. Mais peut-on
raisonnablement conclure de semblables
faits que les filets du nerf trijumeau per-
çoivent les odeurs? L'animal a-t-il en réa-
lité éprouvé une impression olfactive par
l'application sur la membrane pituitaire
d'un corps très irritant, très acre, produi-
sant une sensation tactile plus encore qu'une
sensation olfactive, et dont l'action sur la
membrane qui recouvre le globe de l'œil est
analogue à celle qu'il détermine sur la mem-
brane qui tapisse la cavité nasale ? II faut
ajouter que l'expérimentateur avoue lui-
même qu'un morceau de viande enveloppé
dans du papier ne fut point senti par un
chien, chez lequel on avait pratiqué la sec-
tion du nerf olfactif.
La première condition de l'odorat, chez
les animaux supérieurs, est donc l'existence
d'un nerf spécial dont les changements
matériels sont sentis sous forme d'odeur, et
63S
1NEZ
NEZ
ce nerf est le nerf olfactif , puisque nu! autre
ne perçoit et ne transmet de sensation ol-
factive , même en étant sollicité par une
cause identique.
L'impression olfactive a lieu surtout à la
partie supérieure des fosses nasales , là où
s'épanouissent les filets du nerf olfactif ;
les cavités accessoires du Nez , ainsi que
le constate l'observation, ne servent point
à l'olfaction. Nous avons vu plus haut
comment agissaient les odeurs : les molé-
cules odorantes, disséminées dans l'air à
l'état de gaz, peut-être même de pous-
sière excessivement ténue, sont amenées à la
surface de la membrane muqueuse par les
mouvements inspiratoires. L'air qui sort de
la bouche peut aussi faire naître la sensa-
tion d'odeurs, quand il est chargé d'éma-
nations développées, soit dans les organes
respiratoires , soit dans les organes digestifs.
Il est possible de diminuer et même d'abolir
l'olfaction en interceptant mécaniquement
le passage de l'air par le Nez; on l'exalte,
au contraire, en prolongeant les inspira-
tions , ou en les multipliant , en flairant ,
en un mot. De ce qui précède , l'on voit que
l'odorat, comme les autres sens , peut être
soumis à l'empire de la volonté, bien qu'évi-
demment il lui arrive le plus souvent d'être
impressionné malgré nous.
Placé comme sentinelle avancée des or-
ganes de la digestion et de la respiration ,
le sens de l'odorat sert à explorer la qualité
de l'air qui est respiré et celle des aliments
qui vont être introduits dans l'estomac ;
sous ce point de vue, il peut être mis sur
la même ligne que le goût ; cependant il
acquiert, dans quelques circonstances, un
degré de développement qui lui donne une
tout autre importance : il devient d'une,
excessive finesse chez les aveugles, ainsi
que chez les individus qui exercent certaines
professions , les parfumeurs , par exemple ;
enfin les nègres, et d'autres peuplades sau-
vages, ont l'odorat assez subtil pour distin-
guer de très loin à quelle race appartient
l'homme qui les approche.
La nature des impressions produites par
le sens de l'odorat a été parfaitement ap-
préciée par l'auteur d'Emile, et nos lecteurs
nous sauront gré sans doute de voir repro-
duites ici les paroles mêmes de l'éloquent
écrivain.
« Le sens de l'odorat, dit-il , est au goût
ce que celui de la Yue est au toucher ; il le
prévient, il l'avertit de la manière dont
telle ou telle substance doit l'affecter , et
dispose à la rechercher ou à la fuir, selon
l'impression qu'on en reçoit d'avance. J'ai
ouï dire que les sauvages avaient l'odorat
autrement affecté que le nôtre, et jugeaient
tout différemment des bonnes et des mau-
vaises odeurs. Pour moi , je le conçois
bien. Les odeurs, par elles-mêmes, sont des
sensations faibles ; elles ébranlent plus l'i-
magination que le sens» et n'affectent pas
tant par ce qu'elles donnent que par ce
qu'elles font attendre
» L'odorat est le sens de l'imagination.
Donnant aux nerfs un ton plus fort, il doit
beaucoup agiter le cerveau; c'est pour cela
qu'il ranime un moment le tempérament
et l'épuisé à la longue. Il a dans l'amour
des effets assez connus
» L'odorat ne doit donc pas être fort ac-
tif dans le premier âge, où l'imagination,
que peu de passions ont encore animée,
n'est guère susceptible d'émotions , et où
l'on n'a pas encore assez d'expérience pour
prévoir avec un sens ce que nous en promet
un autre. Aussi cette conséquence est-elle
parfaitement confirmée par l'observation, et
il est certain que ce sens est encore obtus et
presque hébété chez la plupart des enfants.
Non que la sensation ne soit en eux aussi
fine et peut-être plus que dans les hommes,
mais parce que, n'y joignant aucune autre
idée , ils ne s'en affectent point aisément
d'un sentiment de plaisir ou de peine , et
qu'ils n'en sont ni flattés ni blessés comme
nous. Je crois que , sans sortir du même
système, et sans recourir à l'anatomie com-
parée, on trouverait aisément la raison pour-
quoi les femmes en général s'affectent plus
vivement des odeurs que les hommes. »
{Emile, liv. 2.)
Bien que les odeurs puissent être divisées
d'une manière générale en odeurs suaves et
en odeurs fétides, la fétidité et la suavité ne
sont cependant que relatives pour l'homme
même, telle odeur insupportable aux uns
étant agréable aux autres ; et à plus forte
raison ces deux propriétés n'ont-elles rien
d'absolu pour les animaux, dont quelques
uns recherchent avec avidité les odeurs pour
lesquelles nous avons le plus de répugnance.
NEZ
NEZ
639
Disons aussi, pour ne point y revenir, que
les animaux n'ont pas tous la même apti-
tude à percevoir les odeurs; et il doit dé-
pendre d'une certaine disposition du nerf
olfactif que le monde odorant d'un Her-
bivore, par exemple, diffère totalement de
telui d'un Carnivore. Les Carnivores ont
an nez très fin pour l'odeur des substances
animales, pour suivre à la piste, mais ils
.ae paraissent point sensibles à l'odeur des
plantes , des fleurs. L'homme se trouve
placé bien au-dessous d'eux par rapport à
la finesse de l'odorat , mais le monde de
ses odeurs est bien plus homogène. Indé-
pendamment de l'odorat, le Nez possède
aussi le sens du toucher, par les filets na-
saux du trijumeau. En effet, il sent le froid,
le chaud, les démangeaisons, le chatouille-
ment, la pression, la douleur; mais ces
nerfs ne sauraient remplacer le nerf olfac-
tif, comme le démontre l'exemple des indi-
vidus qui, privés d'odorat, n'en ont pas
moins une sensibilité tactile très dévelop-
pée dans le nez.
Jetons maintenant un rapide coup d'œil
sur les organes olfactifs des Animaux dans
les diverses classes.
Chez les Mammifères, ces organes, quant
à la conformation générale , présentent une
grande analogie avec ceux de l'homme:
ainsi l'on retrouve chez presque tous le
nez, les fosses nasales avec leurs cornets,
leurs sinus, etc. ; mais la disposition parti-
culière de chacune de ces parties se trouve
plus ou moins modifiée. Le nez est situé le
plus ordinairement à l'extrémité d'une face
allongée, dont il est la partie la plus sail-
lante; dépourvu de poils à son extrémité,
toujours enduit d'une humidité muqueuse,
il devient un organe d'une extrême finesse
chez le Cochon, par exemple, chez la Taupe,
le Tapir, le Phoque à trompe, et surtout
chez l'Éléphant. Il est à remarquer de plus
que, chez tous les Mammifères, les narines
sont dirigées en avant, tandis que chez"
l'Homme elles le sont en bas. Les sinus
prennent une grande extension surtout
chez les Ruminants; ce développement pa-
raît, du reste, n'avoir aucune corrélation
avec un plus grand développement du sens
olfactif; il n'en est pas de même de l'accrois-
sement que présentent les cornets, et sur-
tout le cornet inférieur subdivisé à l'infini,
chez les Carnivores, en lames et lamelles
qui en multiplient la surface. Le nerf olfac-
tif acquiert, dans la même classe, un vo-
lume considérable et en rapport avec les
parties auxquelles il doit se distribuer. Il
est cependant certains Mammifères dont les
organes olfactifs sont loin d'être disposés
aussi favorablement: ce sont les Cétacés,
chez lesquels l'existence de l'odorat est ré-
voqué en doute. Voy. cétacés.
Le Nez n'existe pas chez les Oiseaux ; les
narines, s'ouvrant plus ou moins près de la
base du bec, sont séparées par les os inter-
maxillaires qui remontent jusqu'au frontal ;
souvent recouvertes par des plaques cartila-
gineuses, des expansions membraneuses, des
excroissances charnues, des plumes, des
poils, qui en rétrécissent la cloison, elles ne
sont jamais contractiles.
Les cavités nasales présentent une certaine
ampleur qu'augmentent encore trois cornets
cartilagineux, mais simplement contournés
sur eux mêmes; elles communiquent, dit
Scarpa , par le plus inférieur de ces cornets
avec une poche sous orbitaire qui fait saillie
sous la peau, quand elle est remplie d'air, et
qui remplace le sinus. La cloison est large-
ment perforée, chez les Palmipèdes, comme
pour suppléer à l'occlusion de l'une des na-
rines, quand l'animal barbottedans la boue.
Les arrière-narines se confondent en une
seule fente longitudinale, garnie le plus sou-
vent de papilles pointues, rangées en arrière
et pouvant, jusqu'à un certain point, rem-
placer le voile du palais; cette fente est si-
tuée assez loin, postérieurement et visa-vis
de la glotte. La membrane pituitaire, très
vasculaire, est mince etd'un tissu spongieux.
Les nerfs olfactifs, généralementvolumineux,
varient cependant dans les différents ordres:
d'une médiocre grosseur chez les Gallinacés
et les Passereaux, ils sont plus volumineux
chez les Rapaces et les Palmipèdes, pour ac-
quérir leur plus grand développement chez
les Échassiers où ils sont proportionnés à l'am-
pleur des cornets supérieurs.
Bien que l'odorat soit indubitablement
d'une grande finesse chez certains Oiseaux ,
chez les Rapaces, par exemple, il y a lieu de
croire que ce sens est fortement aidé dans
ses investigations par celui de la vue, non
moins subtil chez ces animaux.
Les Reptiles ont la respiration pulmonaire,
640
NEZ
et cependant ils se trouvent dans des condi-
tions particulières, si on les compare aux
animaux des deux classes précédentes. Chez
eux, la respiration est, pour ainsi dire, arbi-
traire et jusqu'à un certain point volontaire ;
l'animal, dans le plus grand nombre de cas,
fait, à de longs intervalles, parvenir de gran-
des quantités d'air dans ses vastes poumons,
et l'action de ceux-ci s'exerce lentement; il
faut ajouter que l'entrée et la sortie de cet
air s'opèrent brusquement, en sorte que la
nature et les qualités ne peuvent en être
appréciées qu'à des intervalles éloignés et
pendant de très courts instants. En observant
les mœurs de ces animaux, on reconnaît, en
outre, qu'il est bien peu de circonstances
dans lesquelles l'odorat les dirige pour re-
chercher ou choisir leurs aliments et même
pour se rapprocher des individus d'un autre
sexe au temps de l'accouplement; aussi l'ap-
pareil olfactif est-il très peu développé dans
cette classe, et les modifications que présen-
tent les fosses nasales dans leur disposition
sont-elles plutôt en rapport avec les diffé-
rents modes de déglutition et de respiration
qu'avec la nécessité de percevoir les odeurs.
Le plus souvent ces cavités ne sont formées
que par deux conduits simples, courts, ta-
pissés par une membrane s'ouvrant à l'exté-
rieur par des narines garnies, chez les Rep-
tiles aquatiques, de valvules ou soupapes
qui en déterminent l'occlusion quand il y a
lieu, et présentant à l'intérieur des ouvertu-
res dont la disposition varie.
Les cavités nasales des Crocodiles sont
néanmoins plus compliquées; elles ont plus
de longueur; elles offrent des replis osseux,
de véritables cornets et des sortes de sinus
qui constituent l'organe olfactif le plus par-
fait qui se rencontre dans la classe des Rep-
tiles. Chez les Batraciens, au contraire, ce
même organe est à peine éhauché ; ce n'est
qu'un simple pertuis percé d'outre en outre,
du bout du museau à la partie antérieure du
palais, derrière la lèvre supérieure. Enfin,
presque oblitéré chez les Reptiles à branchies
qui ne respirent que par la bouche , il con-
sisteen une double cavitéoblongue, s'ouvrant
extérieurement à l'extrémité du museau, et
intérieurement à la face interne de la lèvre
supérieure. Outre cette conformation, qui les
rapproche des Poissons , les Reptiles bran-
chies présentent en outre un plissement de
NEZ
la membrane pituitaire qui en multiplie la
surface. Nous retrouvons aussi cette disposi-
tion dans la classe suivante.
Malgré le peu de finesse constatée ou sup-
posée de l'odorat des Reptiles, il est à re-
marquer que le nerf olfactif, très développé
chez eux, forme un véritable lobe parfois
aussi volumineux que la moitié de l'hémi-
sphère cérébral.
Chez les Poissons, la respiration pulmo-
naire est remplacée par la respiration bran-
chiale ; aussi trouvons-nous dans cette classe
une tout autre conformation de l'organe
olfactif. Le plus souvent les cavités nasales
sont de petites fosses superficielles sans com-
munication avec l'intérieur, s'ouvrant exté-
rieurement chacune par un et quelquefois
par deux orifices, et tapissées par une mem-
brane à plis nombreux, appliqués les uns sur
les autres comme des lames branchiales. La
Baudroie présente une disposition toute par-
ticulière: les organes olfactifs, en forme de
petites cloches pédonculées, font saillie au
dehors.
Les cavités nasales des Poissons cyclos-
tomes sont réunies en une seule, qui, chez
les Myxinoïdes, traverse le palais et s'ou-
vre dans la bouche. Pour les Poissons, les
matières susceptibles d'affecter l'odorat sont
évidemment contenues dans l'eau ; et cet
état de dissolution ne paraît point être un
obstacle aux sensations olfactives, qui sem-
blent très délicates chez les Raies, chez les
Squales, pourvus d'un volumineux lobe ol-
factif à cavité intérieure.
Arrivés aux animaux invertébrés, nous
ne rencontrons plus de cavités nasales; et
cependant on ne saurait refuser l'odorat
aux Mollusques, aux Articulés: aussi les
hypothèses sont-elles nombreuses sur le siège
du sens olfactif chez ces animaux. Le pro-
fesseur de Blainville place l'odorat dans les
tentacules des Mollusques supérieurs; Spix
attribue le même usage aux petites cornes
des Limaçons ainsi qu'aux courts bras des
Seiches; Owen donne la faculté olfactive à
un organe lamelleux placé au-dessus de la
bouche du Nautile.
Chez les Crustacés décapodes (Écrevisse,
Crabe) , animaux aquatiques , il existe dans
l'article basilaire des antennes intérieures,
ou internes, une petite cavité s'ouvrant à
l'extérieur, et contenant un petit appareil
NIC
membraneux, auquel aboutit un nerf pro-
venant du bord antérieur du gangl/^n cé-
rébral ; cet appareil , au dire de quelques
naturalistes, et entre autres de Rosenthal,
serait un appareil olfactif, tandis que, se-
lon M. le professeur Milne Edwards, ce se-
rait un organe auditif {voyez crustacés).
Pour les Insectes , les différentes opinions
se sont multipliées. Raisonnant par induc-
tion , Cuvier et le professeur Duméril ont
placé le siège de l'odorat dans les stigmates,
oriOces des trachées ou conduits respira-
toires de ces animaux; et, en conséquence
de cette première induction , le même usage
a été attribué, par ces savants , aux ouver-
tures des trachées et des sacs pulmonaires
des Arachnides, ainsi qu'à l'expansion mem-
braneuse qui accompagne les branchies des
Crustacés.
Lyonnet, Marcel de Serres, ont regardé
les palpes comme des organes olfactifs.
MM. de Blainville et Robineau-Desvoidy,
regardant comme identiques, chez les Ver-
tébrés et les Invertébrés , les nerfs qui nais-
sent en avant des nerfs optiques, et consi-
dérant par conséquent les nerfs ou antennes
comme des nerfs olfactifs, ont placé l'odo-
rat dans les appendices que nous venons de
nommer. Réaumur, Rœsel , Carus , ont mis
en avant d'autres considérations pour attri-
buer l'olfaction aux mêmes parties (voyez
ANTENNES).
De toutes les opinions que nou's venons
de faire passer sous les yeux de nos lec-
teurs , aucune ne repose sur des faits assez
certains pour prendre place dans le do-
maine de la science; aussi, les savants au-
teurs des articles crustacés et insectes (voy.
ces mots) se sont-ils abstenus de pronon-
cer, en déclarant que, malgré l'existence
démontrée de l'odorat chez ces animaux, il
n'y a rien de positif concernant les organes
affectés à ce sens. (A. Duponchel.)
MBORA, Rafinesq. {Flor. ludov., 36).
bot. ph. — Syn. de Gratiola, R. Br.
MCANDRA. bop. pu. — Genre de la fa-
mille des Solanacées , tribu des Solanées ,
établi par Adanson (Fam., II, 219). Herbes
du Pérou. Voy. solanacées.— Schreb. (Gcn.,
n. 714), syn. de Potalia, Aubl.
NICANIA. moll. — Genre proposé paf
Leach pour des Conchifères dimyaires à co-
quille orbiculée- triangulaire, ayant une l
T. VIII.
NIC
641
forte dent bifide à la valve droite et deux
dents divergentes entières à la valve gauche.
Ce genre, imparfaitement connu, a été
classédans le voisinage des Cythérées. (Dm.)
NICKEL (mot suédois), min. — Corps
simple métallique, peu répandu dans la
nature , où il se trouve à l'état de combi-
naison avec le soufre , l'antimoine , l'arse-
nic et l'acide arsénique. Lorsqu'il est pur, il
est d'un blanc argentin, inaltérable à l'air,
très ductile; il est un des trois métaux qui
sont magnétiques par eux-mêmes ; sa pe-
santeur spécifique est de 8,38. A une tem-
pérature rouge, il absorbe l'oxygène et se
transforme en oxyde vert. Sa dissolution par
l'acide azotique est verte ; elle devient
bleue par l'addition de l'ammoniaque. Le
Nickel est la base d'un genre minéralo-
gique, comprenant six espèces :
1. Nickel sulfuré. Nickel natif d'Haûy;
Haarkies, W.; Pyrite capillaire. Sulfure sim-
ple, cristallisant dans le système hexagonal,
d'un éclat métalloïde et de couleur vert-
jaunàtre, en filaments capillaires très fra-
giles. Très rare; dans les filons de la Saxe,
sur une gangue siliceuse.
2. Nickel antimonial. Antimonnickel , de
Housmann. Antimoniure simple de Nickel,
de couleur rouge, isomorphe avec l'espèce
suivante , cristallisant dans le système hexa-
gonal, en petites tables minces, dérivant
d'un dihexaèdre de 112° 10'. A Andreas-
berg, au Harz.
3. Nickel arsenical. Kupfernickel , W.;
Nickéline rouge. Substance métalloïde d'un
jaune-rougeâtre tout particulier; pesanteur
spécifique, 6,6. Cristaux très rares, se rap-
portant au système hexagonal, et dérivant
d'un dihexaèdre de 86° 50'. Elle contient
44 p. 0/0 de Nickel. Ce minerai ne se trouve
guère qu'en petites masses compactes, avec
ceux de Cobalt, dont il est, pour ainsi dire,
inséparable. A la mine d'Allemont , en
France; en Saxe, en Bohême; à Nieber,
dans le Hanau.
4. Nickel biarséniuré. Nickéline blan-
che. Contenant 28,2 de Nickel sur 100;
pesanteur spécifique, 6,5. Substance métal-
loïde, d'un blanc d'étain, cristallisant dans le
système cubique, et isomorphe avec la Smal-
tine ou le Cobalt arsenical. ARiechelsdorf ,
en Hesse.
5. Nickel antimoni- sulfuré. Disomose,
81
642
NIC
NIC
Beudant. Nickel gris; isomorphe avec le
Cobalt gris, et composé d'un atome de bi-
sulfure et d'un atome de bi arséniure. D'un
blanc d'argent tirant sur le gris d'acier;
pesanteur spécifique, 6,12. A Loos, enHel-
singland , Suède.
6. Nickel arséniaté. Nickelocre. Substance
verte, pulvérulente, faible sur le charbon,
avec dégagement de vapeur arsenicale, at-
taquable par l'acide azotique ; solution pré-
cipitant en vert par les alcalis fixes. On la
rencontre, sous forme de poussière, à la
surface du Nickel arsenical. Ces deux es-
pèces sont, de tous les minerais de Nickel,
celles qui se rencontrent le plus souvent
dans la nature, et qui servent à la prépara-
tion du Nickel pur.
Indépendamment des modes de gisements
qui précèdent, nous devons encore indiquer
une manière d'être fort remarquable du
Nickel, qui montre que peut-être il appar-
tient à d'autres mondes que le nôtre ; il se
trouve constamment avec le fer dans les
météorites, ces masses métalliques ou pier-
reuses qui tombent du ciel. Le Nickel est
presque sans usages; cependant, comme il
peut s'allier avec une forte proportion de
cuivre sans perdre sa couleur blanche, on a
imaginé de tirer parti de cette propriété
pour faire des alliages destinés à remplacer
l'argenterie. Ils sont connus sous le nom de
Maillechort d'argent de Berlin. (Del.)
*NICOLETIA. (nom propre), puys. —
C'est un genre de l'ordre des Thysanures,
établi par M. P. Gervais et dont les carac-
tères peuvent être ainsi exprimés : Corps sub-
allongé, aplati, sans écailles; thorax à peine
plus large que l'abdomen, les trois segments
subégaux; antennes longues, sétacéo-monili-
formes ; yeux (1) au nombre de sept de chaque
côté ; trois filets terminaux moyennement
longs; fausses pattes branchiales de l'abdo-
men très apparentes. Ce genre, que M. P. Ger-
vais a dédié à M. Nicolet, ne comprend encore
que deux espèces que nous avons quelquefois
rencontrées dans les bois des environs de
Paris, et dans les jardins ou dans les serres
du Muséum. LaNicoLÉTiE botaniste , Nicole-
tia phytophila Gerv. {Hist. nat. des Ins.
apt., tom. III, pag. 4*4, n. 2) peut être
considérée comme le type de ce nouveau
(i) C'est à tort que M. P. Gervais ne donne pas d'yeux aux
ipèces qui composent cette nouvelle coupe générique.
genre. Elle a été particulièrement trouvée
dans les serres chaudes du Muséum, sous
les pots et dans la tannée qui sert à les
placer. (H. L.)
MCOLSONIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Légumineuses- ?a-
pilionacées, tribu des Hédysarées, établi par
De Candolle ( Mém. Légum. , VII , t. 51 ;
Prodr., II, 325). Herbes de l'Amérique tro-
picale. Voy. LÉGUMINEUSES.
* NICOUfBAR. ois. — Division du groupe
des Pigeons {voy. ce mot) d'après M. Lesson
(Traité d'or nith., 1831). Voy. pigeon.
NÏCOTHOÉ (nom mythologique), crust.
— Genre de l'ordre des Siphonostomes,
établi par MM. Audouin et Milne Edwards,
et rangé par ce dernier savant dans la fa-
mille des Pachycéphales , et dans la tribu
des Ergasiliens. Les Nicothoés ressemblent
aux Ergasilus et Bolomocus (voy. ces mots)
par la conformation de la plupart des an-
neaux de leurs corps, mais se distinguent
de ces animaux ainsi que de tous les Crus-
tacés connus par l'énorme développement
de la portion postérieure de leur thorax,
qui se prolonge de chaque côté, en forme
de lobes arrondis, dont la grosseur dépasse
de beaucoup celle de tout le reste du corps,
et donne à celui-ci l'apparence d'un fer à
cheval, entre les deux branches duquel se
trouve un petit prolongement conique don-
nant attache à deux gros sacs ovifères.
Dans ce singulier genre, la tête est ar-
rondie; la bouche occupe la face inférieure
de cet organe, et paraît avoir la forme d'un
suçoir court et obtus. On distingue, près du
bord frontal de la tête , deux yeux circu-
laires, et au-dessous de ce bord une paire
de petites antennes sétacées et multiarticu-
Iées. En arrière du bouclier céphalique, sur
la face dors'ale de l'animal, on aperçoit trois
petites bandes transversales, qui sont les
représentants d'autant d'anneaux tbora-
ciques. Le troisième anneau est arrondi et
représente de chaque côté l'orifice des or-
ganes de la génération. Quant à l'abdomen,
il est conique , composé de trois anneaux
bien distincts , et terminé par deux petits
lobes sétifères. Les pattes proprement dites
sont très petites, au nombre de quatre
paires, dont les trois premières sont situées
très près de la tête, et la dernière beaucoup
plus en arrière. Les sacs ovifères qui nais-
NIC
NIC
643
sent du dernier segment thoracique au-des-
sous d'une petite pièce sétifère, sont ovoïdes
et si gros , qu'ils égalent presque les lobes
thoraciques.
On ne connaît pas les mâles de ces Crus-
tacés singuliers. Les jeunes, en sortant de
s l'œuf, ressemblent à de petits Gyclopes , et
tn'ont pas encore les lobes thoraciques qui,
à l'âge adulte, donnent à ces animaux un
aspect si bizarre.
On ne connaît encore qu'une seule es-
pèce de ce genre : c'est le Nicothoé du ho-
mard, Nicolhoe Astaci Aud. et Edw. Cette
espèce, longue de 2 millimètres, est d'une
couleur rosée, et habite sur les branchies
du Homard, où elle est quelquefois fort
commune. (H. L.)
NICOTIANE. Nicotiana (du nom de Jean
Nicot , l'introducteur du Tabac en France).
bot. ph. — Genre de plantes de la famille
des Solanées , de la Pentandrie monogynie
dans le système de Linné. Établi d'abord par
Tournefort, il avait été adopté par Linné et
les botanistes postérieurs qui avaient quel-
que peu étendu sa circonscription; mais,
dans ces derniers temps, on l'a rendu plus
homogène en en détachant quelques espèces,
dont les unes sont devenues les types des
deux genres Pétunia [voy. pétunie) et Leh-
mannia; dont les autres ont été reportées
dans d'autres genres , savoir : le Nicotiana
minima Molina, parmi les Nierembergia ; et
le JV. urens Lin., parmi les Wigandia
Kunth , genre de la famille des Hydroléa-
cées. Malgré ces suppressions, peu nombreu-
ses , il est vrai, le genre Nicotiane renferme
encore aujourd'hui environ 40 espèces con-
nues. Ce sont des plantes herbacées , quel-
quefois sous-frutescentes, souvent de haute
taille, revêtues pour la plupart d'une villo-
sité gluante, qui croissent généralement
dans les parties tropicales de l'Amérique, et
dont un petit nombre habitent les contrées
.chaudes de l'Asie. Leurs feuilles sont alter-
nes, entières; leurs fleurs, blanchâtres,
verdàtresou purpurines, forment des grap-
pes ou des panicules terminales ; elles pré-
sentent les caractères suivants : Calice tubu-
leux-campanulé , à 5 lobes peu profonds ;
corolle infundibuliforme ou hypocratéri-
morphe, à limbe plissé, 5-lobé; Sétamines
insérées sur le tube de la corolle , incluses,
égales ; anthères à déhiscence longitudinale;
ovaire à 2 loges multi-ovulées , surmonté
d'un style simple que termine un stigmate
en tête. Le fruit est une capsule entourée
par le calice persistant, 2-Ioculaire, s'ou-
vrant au sommet en deux valves qui se fen-
dent elles-mêmes en deux; graines très pe-
tites et très nombreuses. Les feuilles de
plusieurs espèces de ce genre donnent diver-
ses sortes de Tabacs; telles sont: la Nico-
tiane Tabac , la plus importante de toutes ;
les NlCOTIANES RUSTIQUE , PANICULÉE , GLUTI-
NEUSE, QUADR1VALVE, FRUTESCENTE, etc. NOUS
nous arrêterons sur les principales de ces
espèces, en les rapportant aux divisions qui
ont été établies par G. Don dans le genre
entier.
a. Tabacnm. Feuilles grandes ; corolle en
entonnoir, rouge, à limbe étalé, acuminé ou
aigu, à gorge renflée-ventrue. Herbes gluti-
neuses. Fleurs disposées en grappes courtes,
réunies elles - mêmes en panicule termi-
nale.
1 . Nicotiane Tabac , Nicotiana Tabacum
Lin. Cette espèce croît naturellement dans
l'Amérique méridionale; on sait toute l'im-
portance que sa culture et sa préparation
ont acquise en Europe depuis environ deux
siècles. C'est une grande et belle plante qui
atteint, à l'état cultivé, jusqu'à 2 mètres et
même plus de hauteur; elle est pubescente
et glutineusedans toutes ses parties. Sa tige
est droite, arrondie, épaisse, rameuse dans
sa partie supérieure; ses feuilles , de gran-
deur et de forme un peu variables par l'effet
de la culture , sont dans le type oblongues-
lancéolées, acuminées, très entières, sessiles,
embrassantes et décurrentes; ses fleurs sont
pédicellées, accompagnées d'une bractée li-
néaire-lancéolée, grandes et d'un assez bel
effet; leur calice est oblong, à divisions
droites, inégales, aiguës ; leur corolle est trois
fois environ plus longue que le calice , à
tube verdâtre, pubescent, à limbe rosé étalé,
divisé en 5 lobes ovales, aigus, marqués
d'un pli ; les filets de leurs étamines portent
à leur base des poils réfléchis. La capsule
est ovoïde, longue de 2-3 centimètres, de
même longueur que le calice qui l'enve-
loppe, ou plus longue.
La culture a obtenu de cette plante plu-
sieurs variétés qu'il est bon de connaître,
et pour lesquelles nous suivrons un mémoire
deSchrank [Bolan. Bcobachtungcn, dans le
644
NIC
NIC
Botanische Zeitung de Hoppe, 6e an., 1807,
p. 260).
a. N. T. attenuatum Schrank. Lobes de
la corolle aigus; feuilles lancéolées, aiguës,
presque décurrentes, atténuées à leur base ,
les inférieures grandes; corolle rouge-clair.
/S- N. T. macrophyllum Schrank. Corolle
à lobes obtus , d'un rose-rouge pâle, à con-
tour général presque arrondi ou faiblement
pentagonal, avec une pointe courte dans \es
angles ; pétiole très court , ailé , dilaté à sa
base qui embrasse la tige. C'est une des va-
riétés les plus avantageuses pour la culture
à cause de la grandeur de ses feuilles.
y. N. T. pallescens Schrank. Lobes de la
corolle aigus; feuilles ovales, légèrement
acuminées , atténuées à la base, sessiles ,
presque décurrentes. Le nom de cette variété
tient à ce que sa fleur est presque blanche, à
peine colorée en rose- rouge aux angles, très
pâle à sa face externe.
S. N. T. alipes Schrank. Lobes de la co-
rolle acuminés; feuilles ovales, très légère-
ment acuminées, atténuées à leur base en
un pétiole largement ailé, à ailes réfléchies,
demi-embrassantes et un peu décurrentes ;
fleurs rose-rouge pâle. Cette variété paraît
être la plus avantageuse pour la culture,
ses feuilles étant encore plus grandes que
celles de la seconde, malgré le nom, légitime
d'ailleurs, que porte celle-ci.
e. N. T. serotinum Schrank. Feuilles ova-
les , très brièvement acuminées , presque
pétiolées, auriculées-amplexicaules, à peine
décurrentes. Cette variété se distingue par-
ticulièrement en ce que sa floraison n'a lieu
que lorsque les autres sont presque toutes
déjà défleuries.
Ç. N. T. gracilipes Schrank. Lobes de la
corolle aigus : feuilles lancéolées-aiguës, très
atténuées à leur base où elles forment un pé-
tiole court, ailé, à peine décurrent. La fleur
ressemble à celle de la première variété , la
plante a celle de la précédente.
vj. N. T. Verdon Schrank. Feuilles pétio-
lées , ovales-lancéolées , à sommet aigu un
peu allongé; pétiole demi-cylindrique, un
peu décurrent à sa base. Cette variété a la
fleur grande et tardive.
0. N. T. lingua Schrank. Lobes de la co-
rolle aigus allongés ; feuilles pétiolées, ovales,
à extrémité aiguë, un peu longue; pétiole
égalant en longueur 1/8 de toute la feuille,
très légèrement bordé et auriculé seulement
à sa base.
Ces diverses variétés, simple produit de la
culture , présentent assez souvent des tran-
sitions de l'une à l'autre pour que leur dis-
tinction ne soit pas toujours facile. Il en est
encore quelques autres moins marquées et
plus difficiles à distinguer , que nous passe-
rons sous silence.
Quelle que soit la variété de Nicotiane
Tabac qu'on examine, les diverses parties de
la plante , et particulièrement ses feuilles ,
exhalent une odeur forte , vireuse et dés-
agréable, qui se modifie plus tard par la fer-
mentation , et devient ainsi celle du Tabac
préparé, qui est aujourd'hui bien connue de
tout le monde. Cette odeur de la plante
fraîche , plus forte que celle de beaucoup
d'autres espèces de la même famille , et
même de plusieurs de ses congénères , peut
être regardée comme une indication des
principes actifs et énergiques qui entrent
dans sa composition chimique. Malgré les
travaux de plusieurs chimistes de nos jours,
ces principes sont loin d'être tous bien con-
nus. Le plus remarquable d'entre eux est la
Nicotine, qui a été signalée en premier lieu
par Vauquelin , mais qui n'a été isolée à
l'état de pureté que récemment par M. Bar-
rai , dont les belles recherches ont beaucoup
avancé la connaissance chimique du Tabac,
et, après lui, par MM. Ortigosa, Mel-
sens, etc. C'est une substance d'une grande
énergie, qui détermine en un temps très
court l'empoisonnement des animaux, mais
dont l'activité est considérablement amoin-
drie dans la plante même par son mélange
avec d'autres substances beaucoup moins
actives ou entièrement inactives, et avec
l'eau de végétation. On l'obtient par la dis-
tillation de l'essence du Tabac ou de la Ni-
coliane avec la Potasse. Cette dernière sub-
stance ou la Nicotianine , analysée par
M. Barrai , lui a donné les résultats sui-
vants : Carbone , 71 ,52 ; Hydrogène , 8,23 ;
Azote, 7,12; Oxygène 13,13 sur 100. Cette
matière azotée joue un grand rôle dans la
fabrication duTabac manufacturé. On trouve
encore dans le Tabac des acides, comme
l'acide malique, et particulièrement l'acide
nicotique qui a été découvert par M. Barrai ,
et qui, d'après lui, se présenterait sous la
forme de lamelles micacées solublcs dans
NIC
NIC
645
l'eau , et serait représenté par la formule
C6H203-f H20 (voy. Compt. rend, de
l'Acad., t. XXI, décembre 1845, p. 1374).
Toujours d'après le même chimiste , la Ni-
cotiane Tabac est la plante qui renferme le
plus de cendres , et celles-ci se trouvent en
proportions variables dans ses diverses par-
ties : 7 pour 100 dans les racines, 10 dans
les tiges, 22 dans les côtes des feuilles , 23
dans la portion membraneuse des feuilles ,
et seulement 4 dans les graines. Elle est
aussi celle des plantes analysées jusqu'à ce
jour qui renferme le plus d'azote. La pro-
portion de cette substance s'y élève à 5 ou 6
pour 100 dans la portion membraneuse des
feuilles. Les racines renferment une forte
proportion de Silice , qui est au moins huit
fois plus grande que dans toutes les autres
parties de la plante. Enfin les graines ren-
ferment une huile grasse incolore dans la
proportion de 10 pour 100.
L'introduction du Tabac du Nouveau-
Monde en Europe remonte déjà assez haut;
mais l'immense extension qu'a prise son em-
ploi est plus récente. Avant la découverte
de l'Amérique, les Indiens le considéraient
principalement comme plante médicinale;
cependant ils faisaient également de ses
feuilles, séchées et préparées, un usage
analogue à celui qui est devenu si général
parmi nous. Ainsi, leurs prêtres en respi-
raient la fumée pour se procurer une sorte
d'ivresse, pendant laquelle ils rendaient,
dit-on , leurs oracles ; d'un autre côté s
lorsque Christophe Colomb aborda à l'île
de San-Salvador, les deux matelots qu'il
envoya à la découverte « trouvèrent en
chemin un grand nombre de naturels qui
se rendaient àleurshameaux, etqui tenaient
à la main, tant les hommes que les fem-
mes , un tison formé d'herbes , dont ils as-
piraient le parfum. » Or, ce tison était,
d'après Las Cases, « une espèce de mousque-
ton bourré d'une feuille sèche que les In-
diens appellent Tabacos,et qu'ils allument
par un bout, tandis qu'ils hument par
l'autre extrémité , en aspirant entièrement
sa fumée avec leur haleine. « (Las Cases, Hist.
génér. des Indes, cité par Barrai; Dict. des
arts et manufactures , art. Tabac. ) On
voit, d'après cette citation, que le mot in-
dien Tabacos serait la source de notre mot
Tabac, tandis que généralement on dit que
ce dernier vient de ce que les Espagnols ob-
servèrent d'abord la plante elle-même dans
l'île de Tabago, l'une des Antilles.
Peu après la découverte de l'Amérique ,
et en 1518 , la graine du Tabac fut envoyée
en Europe par Colomb; dès lors, la plante
commença d'y être cultivée; mais ce ne fut
d'abord , et pendant assez longtemps, qu'en
qualité de plante médicinale, à laquelle on
attribuait un grand nombre de vertus, dont
plusieurs fort singulières, comme le prouve
le curieux article d'Olivier de Serres, relatif
à cette espèce. En 1560, Jean Nicot, dont
le genre de plantes qui nous occupe porte
aujourd'hui le nom, étant ambassadeur de
France en Portugal , crut reconnaître l'exis-
tence des nombreuses et importantes pro-
priétés qu'on attribuait à la nouvelle plante,
et il en envoya à la reine Marie de Médicis,
qui la mit en grande faveur en France ; de
là sont venus les noms d'Herbe à l'ambas-
sadeur , Herbe à la reine , Herbe médicée ,
sous lesquels on l'a désignée. Presque à la
même époque, elle fut aussi introduite en
Italie, et bientôt l'usage commença à s'en
répandre. D'abord, les Européens suivirent
l'exemple des Indiens, et fumèrent le Tabac ;
mais peu après aussi ils imaginèrent une
nouvelle manière de s'en servir et se mi-
rent à le priser. Ce nouvel usage devint
même peu à peu le plus habituel et con-
duisit à une exagération telle , que , comme
nous l'apprend Molière, les élégants sei-
gneurs de la cour de Louis XIV ne se con-
tentaient pas d'introduire la poudre deTabac
dans leur nez, mais qu'ils s'en montraient
constamment barbouillés. Cependant, à
mesure que le Tabac se popularisait en Eu-
rope , les gouvernements commencèrent à
S'effrayer des progrès que faisait son emploi
et des fâcheux effets qu'il leur semblait de-
voir produire. Aussi, en 1604, Jacques 1er,
roi d'Angleterre, et en 1624, le pape Ur-
bain VIII , en défendirent l'usage dans leurs
États, sous quelque forme que ce fût; la
plupart des autres gouvernements euro-
péens suivirent cet exemple; mais celui de
France en ayant permis la vente , et ayant
su trouver dans ce nouveau commerce une
source de revenus considérables , l'intérêt
triompha des scrupules , et peu à peu l'in-
terdiction fut levée dans toute l'Europe.
Dès cet instant , la mode du Tabac fit par-
648
NIC
tout des progrès rapides, et Ton sait jusqu'à
quel énorme chiffre elle en a élevé la con-
sommation depuis un ou deux siècles.
En France, la préparation et la vente du
Tabac sont aujourd'hui le privilège du gou-
vernement, et constituent l'une deses princi-
pales sources de revenu ; par suite , la cul-
ture de la plante est soumise à des règle-
ments sévères et à une surveillance de tous
les instants; mais ce mode d'exploitation
par l'État a passé successivement par une
suite de modifications diverses. 11 fut d'a-
bord concédé à des fermiers spéciaux , que
des ordonnances et des lois d'une extrême
sévérité défendaient contre la concurrence
et la fraude; alors la culture du Tabac était
prohibée, si ce n'est dans trois provinces :
la Franche-Comté , la Flandre et l'Alsace ,
qui en avaient le privilège, et la fabrication
en était concentrée dans les seules manu-
factures de Paris , Dieppe , Morlaix . Ton-
neins, Cette, le Havre, Toulouse etValen-
ciennes. Un régime de liberté entière pour
la culture, la fabrication et la vente du
Tabac fut décrété par l'Assemblée consti-
tuante, le 24 février 1791, et succéda au
monopole exclusif qui avait régné jusqu'a-
lors. Mais bientôt, la culture restant encore
libre , la vente du Tabac fabriqué fut sou-
mise à un droit qui s'accrut peu à peu, sui-
vant une progression rapide; quelques an-
nées après , la culture elle-même fut grevée
d'un impôt et soumise à des formalités gê-
nantes. Enfin, sous l'empire, ces mesures
successives n'ayant pas eu encore pour effet
de faire rendre à la consommation du Tabac
tout ce qu'il avait produit autrefois ni tout
ce qu'on se croyait en droit d'en attendre ,
un décret, en date du 29 décembre 1810 ,
arrêta que désormais la fabrication du Tabac
; aurait lieu par l'industrie au profit du tré-
sor, mais que, dans le but de protéger la
culture de cette plante, la régie ne mettrait
en œuvre que des produits du sol français.
C'est là le régime qui règne encore aujour-
d'hui, et qui, depuis son établissement,
n'a encore subi que des modifications de
faible importance.
Dans l'état actuel des choses, la culture
du Tabac en France n'est autorisée que
dans les six départements où elle avait acquis
la plus grande extension à l'époque où elle
était entièrement libre ; ce sont les départe-
NIC
ments du Nord, du Pas-de-Calais, du Bas-
Rhin, du Lot, de Lot-et-Garonne, de l'IUe-
et- Vilaine. Même dans ce petit nombre de
départements, l'autorisation n'existe que
pour certains arrondissements et cantons.
De plus, le privilège de culture est unique-
ment personnel ; son exercice est soumis à
un grand nombre de formalités , et il en-
traîne une surveillance incessante; les plan-
teurs sont dans une dépendance absolue de
la régie, dont ils doivent accepter toutes les
décisions , de même que les prix déterminés
par elle. Ainsi chaque année la régie fixe la
quantité de Tabac dont elle a besoin , et
elle répartit cette quantité entre les six dé-
partements producteurs , se réglant presque
uniquement sur les qualités produites par
chacun d'eux, et sur les besoins de la fabri-
cation. Le nombre des pieds de Tabac par
hectare , et celui des feuilles par pied , va-
rie selon les variétés cultivées dans les di-
verses localités ; c'est ainsi que l'on accorde
40,000 pieds par hectare et jusqu'à 1 5 feuil-
les par pied , pour certains départements ,
tandis que pour d'autres, ces nombres sont
limités à 10,000 pieds par hectare et à 8
feuilles par pied. Les agents de la régie veil-
lent à ce que les semis et les plantations
soient faits conformément aux autorisations
accordées; ils comptent les pieds dans les
champs , les feuilles sur chaque pied , con-
statent les dégâts éprouvés par les planta-
tions , surveillent l'écimage , la destruction
des tiges et des racines après la récolte ;
enfin, ils assistent à la réception des Ta-
bacs par des experts nommés à cet effet,
Quoique originaire des contrées chaudes
du Nouveau- Monde , le Tabac, en qualité
de plante annuelle, réussit très bien dans
nos climats tempérés , ou même un peu
froids , à la condition que les semis en soient
faits sur couche bien abritée, que le jeune
plant soit garanti avec soin de la gelée et
qu'il soit mis en place seulement lorsque les
froids ont cessé, Toute terre convient à cette
plante pourvu qu'elle ne soit ni humide ni
trop forte ; néanmoins la qualité du sol in-
flue beaucoup sur celle des produits qu'elle
donne; de plus pour sa réussite complète et
pour son parfait développement, elle exige
que le terrain qui doit la recevoir soit par-
faitement préparé au moyen de trois labours
à la charrue et bien fumé. Les semis se font
NIC
NIC
647
en février, ou au plus tard dans la première
quinzaine de mars; lorsque le jeune plant
a pris un peu de force et que les gelées ne
paraissent plus à redouter, on repique en
place en espaçant les pieds d'après le nom-
bre déterminé pour chaque hectare par la
régie; cet espacement varie de 7 à 10 déci-
mètres environ. La croissance de la plante
est rapide; pendant son développement on
donne un nouveau labour à la bêche , on
rapproche la terre des pieds, on sarcle avec
soin, enfin l'on enlève les feuilles voisines
du sol qui sont presque toujours jaunies et
terreuses , on enlève la cime des plantes ,
enfin Ton abat les rejets ; ces dernières opé-
rations ont pour objet de porter toute la
force végétative sur les feuilles conservées
en nombre déterminé qui seules doivent ser-
vir à la préparation du Tabac. La récolte de
ces feuilles a lieu dans les mois d'août et de
septembre, six ou sept mois après la ger-
mination. Lors delà récolte, les feuillessont
détachées de la plante et portées au séchoir ;
on nomme ainsi des hangars ou des bâti-
ments très aérés dans lesquels on les sus-
pend ; on en fait ensuite le triage , après
quoi on les réunit en manoques, c'est-à-dire
en paquets ou poignées de grosseur variable,
selon les usages locaux, et liées par la tête au
moyen d'une feuille tordue en corde. Ce
n'est guère qu'après quinze mois de soins
assidus depuis l'époque des semis, c'est-à-
dire vers le mois de mai de l'année suivante,
que les manoques sont livrées à la régie, qui
les paie à des prix déterminés par des experts
nommés par elle. Après cela commence la
préparation.
LapréparationduTabacsefaitaujourd'hui
dans dix manufactures situées à Paris, Lille,
le Havre, Morlaix, Bordeaux, Tonneins, Tou-
louse, Lyon , Strasbourg et Marseille. Elle
a lieu d'après des procédés pour lesquels
nous trouvons des détails nombreux et à plu-
sieurs égards nouveaux dans l'excellent ar-
ticle Tabac que M. Barrai vient de publier,
il y a un mois à peine, dans le Dictionnaire
des arts et manufactures , auquel nous em-
prunterons la marche générale de l'opéra-
tion.
Les feuilles de Tabac arrivent dans les ma-
nufactures, renfermées dans des boucauts,
des nattes ou des ballots de grosse toile. Im-
médiatement après leur arrivée, ces bou-
cauts sont ouverts et séparés en plusieurs
fragments cylindriques qui passentàl'atelier
d'époulardage. L'opération désignée sous ce
nom est l'une des plus essentielles de la fa-
brication, et consiste à délier les manoques,
à les secouer de manière à faire tomber le
sable et la poussière, à détacher les feuilles,
à les trier et les diviser suivantla destination
à laquelle elles paraissent propres. On pro-
cède ensuite à la mouillade; celle-ci consiste
à arroser les feuilles avec une solution de
dix kilogrammes de sel marin pour 100 li-
tres d'eau ; elle a pour effet de leur rendre
la souplesse qu'elles avaient perdue par la
dessiccation et qui est nécessaire pour qu'elles
ne se déchirent pas pendant les opérations
subséquentes. Enfin des femmes écôtent ces
feuilles, c'est-à-dire leur enlèvent la côte mé-
diane et les grosses nervures; après quoi les
feuilles passent dans les divers ateliers, où
elles doivent subir des préparations diverses.
Ces préparations sont de quatre sortes et don-
nen t ainsi les quatre sortes de Tabacs préparés
que la régie fournit à la consommation; ce
sont : 1° les cigares, formés de débris lon-
gitudinaux de feuilles que des femmes rou-
lent entre leurs doigts et qu'elles revêtent
ensuite d'une robe ou d'une feuille sans dé-
chirure, dont elles fixent le bord avec de la
colle de pâte ; 2° les rôles, ou Tabacs à mâ-
cher ou à chiquer, dont la fabrication plus
compliquée comprend cinq opérations suc-
cessives : le filage ou la disposition des feuil-
les en boudin continuet tordu qu'on enroule
sur un cylindre de bois à l'aide d'un rouet;
le rôlage ou la mise en rôles, c'est-à-dire
l'enroulement de ces boudins sur des bobi-
nes; le pressage, le ficelage et la mise à
l'étuve; 3° le scaferlati, ou Tabac à fumer,
pour lequel ont lieu successivement les opé-
rations du hachage par des machinesà vapeur
ou hydrauliques; de la torréfaction sur des
tuyaux chauffés fortement à la vapeur ou
sur de la tôle presque rouge > dans le but de
rendre impossible toute fermentation dont
l'effet serait de détruire l'arôme du Tabac;
du séchage par des courants d'air chaud à
16-20°; enfin de l'empaquetage; 4° le Ta-
bac en poudre ou à priser. La fabrication de
celui-ci se distingue des précédentes parce
qu'elle a pour principal objet de déterminer
la fermentation, que l'on éviteaveesoin dans
les autres; or le petit nombre de manufac-
648
NIC
NIC
tures qui existent en Fiance et l'énorme
quantité de Tabac qu'elles fabriquent cha-
que année permettent d'opérer à la fois sur
des masses considérables, ce qui facilite la
fermentation et donne une 'qualité supé-
rieure au Tabac en poudre fourni par elles
à la consommation. Les opérations successi-
ves que subit le Tabac en poudre sont : le
hacbage cinq ou six fois plus menu que pour
le Tabac à fumer; la fermentation en mas-
ses ou tas de 20,000 à 40,000 kilogrammes
dans de grandes cases à plancher et parois en
bois de chêne; elle a lieu hors de l'influence
de l'air, dont l'accès amènerait la formation
d'acide acétique et détériorerait la qualitéde
la matière, et elle dure de 10 à 15 semai-
nes; l'effet en est de dégager une très grande
quantité de carbonate d'ammoniaque et de
carbonate de nicotine, et de faire disparaître
presque tout l'acide qui existait dans la
plante fraîche. Après cette première fermen-
tation, le Tabac est soumis aumoulinage ou
à la pulvérisation dans des moulins, au ta-
misage, aune seconde fermentation en cases
qui dure sept ou huit mois et qui développé
son arôme; après quoi, il est propre à être
mis en tonneaux ou en paquets et à être livré
à la consommation.
Pour donner une idée exacte de l'impor-
tance que le Tabac a acquise dans ces der-
nières années , nous emprunterons encore
au même travail quelques relevés généraux
relatifs à la consommation de cette sub-
stance. Pour la France, la quantité con-
sommée annuellement ne s'élève pas à
moins de 17 millions de kilogrammes, qui
ont donné à l'État , en 1844 , la somme
énorme de 79,499,379 fr. en impôt; or, ce
produit annuel n'a pas cessé de s'accroître
depuis plusieurs années, indiquant ainsi un
accroissement progressif dans la consomma-
tion ; la consommation individuelle est,
comme on le voit, de 511 grammes par an.
Comparée à celle des autres États européens,
;:ette consommation individuelle est plus forte
relativement aux uns, plus faible eu égard
aux autres. On trouve ainsi qu'un Français
consomme autant de Tabac qu'un Russe,
deux fois plus qu'un Italien, et, d'un autre
côté, trois fois moins qu'un Allemand ou un
Hollandais , et quatre fois moins qu'un
Belge. Un autre résultat curieux à noter,
c'est que, en France, sur 511 grammes ab-
sorbés en moyenne par la consommation
individuelle, on trouve 198 grammes de
Tabac à priser et 313 grammes de Tabac à
fumer, c'est-à-dire que ce dernier est, par
rapport au premier, comme 158 à 100. On
voit, dès lors, que les choses ont bien
changé depuis 1783, puisque, à cette épo-
que, le tabac à fumer ne formait que 1/12°
delà consommation totale.
Quoique l'introduction du Tabac en Eu
ropeaitété principalement amenée dans l'o-
rigine par les nombreuses propriétés dont on
le croyait doué, il ne joue plus aujourd'hui
qu'un rôle très secondaire dans notre ma-
tière médicale. A l'intérieur, sa grande ac-
tivité le rend rarement utile et toujours
dangereux; il irrite fortement l'estomac,
occasionne des nausées, des vomissements
et même l'empoisonnement, à des doses un
peu fortes. Les expériences de M. Orfila ont
prouvé que, dans ce dernier cas, il agit à la
manière des poisons narcotico-âcres. Néan-
moins on l'a employé quelquefois avec suc-
cès, soit comme émétique , soit dans l'hy-
dropisie , ou dans quelques autres cas. A
l'extérieur, il produit de bons effets contre
quelques maladies cutanées ; mais au total,
son emploi, surtout à l'intérieur, ne saurait
être entouré de trop de précautions. Nous
renverrons aux ouvrages de médecine, pour
les effets que produit, sur le physique et le
moral des individus, son usage habituel
sous les formes diverses , sous lesquelles les
manufactures le livrent à la consomma-
tion.
b. Ruslica. Corolle jaune, infundibuli-
forme, hypocratérimorphe ou tubuleuse;
divisions du limbe aiguës ou obtuses.
2. Nicotiane paniculée , Nicotiana parti'
culata Linn. Cette espèce appartient comme
la précédente à l'Amérique du Sud. Elle est
herbacée, annuelle, pubescente, visqueuse;
ses feuilles sont pétiolées, ovales, en cœur,
entières ; ses fleurs, verdâtres ou vert-jau-
nâtre, forment une panicule terminale, et se
distinguent par leur corolle hypocratéri-
morphe , à tube en massue , très glabre , dé-
passant plusieurs fois le calice, à limbe di-
visé en 5 lobes très courts, aigus.
3. Nicotiane glauque , Nicotiana glauca
Grah. Cette grande et belle plante, origi-
naire de Buénos-Ayres , mérite d'être men-
tionnée, non pas comme servante la fabri-
NIC
NID
649
cation du Tabac, mais comme plante d'or-
nement. Elle forme un arbrisseau droit, de
haute taille et d'un développement très ra-
pide, glabre dans toutes ses parties, et
d'une teinte glauque très prononcée. Ses
feuilles longuement pétiolées, sont inéga-
lement cordées-ovales, entières, quelquefois
légèrement sinuolées ; ses fleurs forment
une panicule terminale; leur calice est à
5 angles peu prononcés et à 5 dents aiguës,
inégales; leur corolle, d'un vert jaunâtre,
est longuement tubulée, un peu renflée à
la gorge, resserrée à l'orifice, à limbe très
petit. On multiplie facilement cette espèce
de graines et de boutures. Les horticulteurs
ajoutent à son effet en greffant sur elle des
Pétunia.
4. Nicotiane rustique, Nicotiana rustica
Linn. Cette espèce annuelle, originaire d'A-
mérique , est cultivée fréquemment dans le
midi de la France; elle donne un Tabac peu
fort , mais parfumé. C'est une belle plante
herbacée , d'un port analogue à celui de la
Nicotiane Tabac, mais moins haute, velue
et visqueuse dans toutes ses parties ; ses
feuilles sont épaisses , presque charnues ,
ovales , obtuses , munies d'un court pé-
tiole. Ses fleurs sont en grappes terminales
réunies elles-mêmes en panicule; leur
corolle est jaune , à lobes obtus. Cette
plante justifie parfaitement son nom par
sa rusticité ; elle réussit très bien dans
une terre légère; sa multiplication est tel-
lement facile qu'elle se ressème d'elle-même
dans les lieux où on la cultive; elle s'est
ainsi à peu près naturalisée dans plusieurs
points de nos départements méridionaux au-
tour des habitations rurales , et dans les
jardins des paysans.
On regarde cette espèce comme purgative
et détersive.
c. Petunioides. Corolle hypocratérimorphe,
blanche, à tube presque cylindrique, à seg-
ments du limbe obtus ou aigus.
5. Nicotiane odorante, Nicotiana suaveo-
lens Lehm. {N. undulata Vent. ). Cette es-
pèce , originaire de la Nouvelle-Hollande,
est aujourd'hui répandue dans les jardins;
elle se fait remarquer parmi ses congénères
par l'odeur de Jasmin de ses jolies fleurs
blanches. C'est une plante herbacée an-
nuelle, qui s'élève à environ 6-7 décim. ;
ses feuilles ovales-oblongues sont ondulées
T. VIII.
sur leurs bords, légèrement velues, décur-
rentes sur leur pétiole ; les supérieures em-
brassantes. Pendant la fin de l'été et l'au-
tomne, elle donne un grand nombre de
fleurs d'un blanc de lait, dont le tube est
très long et grêle, dont le limbe a ses lobes
un peu inégaux, obtus. On la multiplie de
graines semées sur couche.
d. Polydiclia. Corolle tubuleuse, ven-
true à la base ou hypocratérimorphe livide;
capsule à quatre ou plusieurs valves; fleurs
axillaires solitaires ou en panicule termi-
nale.
A ce sous-genre appartiennent les Nico-
tiana quadrivalvis Pursh. , et mullivalvis
Lindl. , que nous nous contenterons de
nommer. (P. D.)
MCOTIANÉES. Nicotiancœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des Solanacées. Voy. ce
mot.
NICOTINE, chim.— Principe produit par
l'analyse du Tabac. Voy. nicotiane.
NID. zool. — Ce nom, principalement
employé en ornithologie pour désigner ces
sortes de loges que la plupart des oiseaux
construisent pour y déposer leurs œufs et y
élever, pendant un certain temps, leurs
petits, doit s'étendre également à tout tra-
vail exécuté par divers animaux des autres
classes , à cette fin de fournir un abri aux
petits qu'ils mettront bas ou aux œufs qu'ils
pondront. On se tromperait donc si l'on pen-
sait que les oiseaux seuls construisent un
nid proprement dit. Cependant, autant l'acte
de la nidification est chez eux un fait géné-
ral, autant chez les autres animaux, et
surtout chez ceux des classes supérieures , on
doit considérer ce fait comme peu commun.
En effet, les exemples de ce genre, que l'on
peut tirer de ces classes, ne sont pas très
nombreux. Nous nous bornerons à en si-
gnaler ici quelques uns que nous fourniront
les Mammifères et les Poissons. Quant au
mode particulier dont les oiseaux construi-
sent leur nid, aux formes variées qu'ils leur
donnent, il en sera spécialement question
à l'article général qui les concerne.
Les Mammifères, quoique très soucieux
de la conservation de leurs petits, ne se
montrent pas tous industrieux à ce point de
construire tout exprès pour eux un logement
capable de protéger leur premier âge. Vi-
vant pour la plupart dans des trous d'arbres,
82
650
NID
dans des creux de rochers , dans des ta-
nières qu'ils se sont creusées, ou dont ils
se sont rendus possesseurs , ils mettent bas
sur le sol nu et sans prendre la peine de
préparer une couche. Cependant quelques
espèces dérogent à cette habitude. On trouve
des Insectivores et des Rongeurs qui font
un vrai nid. Parmi ces derniers, ceux qui
terrent, mais surtout les Campagnols , des-
tinent presque tous à leur progéniture à
venir, un coin de leurs galeries souterraines,
assez spacieux et convenablement garni de
matières molles empruntées au règne vé-
gétal. Le Lapin, au contraire, creuse dans
3e sol , loin de ses terriers, et tout exprès
pour y déposer ses petits, un boyau profond
et ordinairement coudé. L'extrémité de ce
boyau , évasée sous forme d'ampoule , est
tapissée de brins d'herbes sèches , au-dessus
desquels se trouve une forte couche de
poils provenant du possesseur même de l'é-
difice. Une particularité remarquable de ce
nid, c'est que rien ne décèle sa présence ,
la femelle ayant soin, lorsqu'elle a mis basf
d'en boucher l'entrée avec de la terre qu'elle
entasse en s'y roulant dessus. Parmi les
Rongeurs, qui ne terrent pas : quelques uns
nichent dans des broussailles, sur les ar-
bustes, et même sur les arbres très élevés.
Ainsil'Écureuilgrimpejusqu'au sommet des
Pins ou des Chênes pour y poser son Nid ,
qui consiste en bûchettes étroitement et so-
lidement liées ensemble , et dont la forme
rappelle beaucoup celle du nid de la Pie ;
quelquefois même il se rend possesseur de
celui qu'avait construit cet oiseau. Mais les
plus habiles ouvriers, parmi les Mammi-
fères, sont sans contredit le Muscardin et
le Rat nain. Ces deux espèces entrelacent ,
avec un art dont on îescroiraitpeu capables,
des brins d'herbes, des filaments déliés et
souples provenant de Técorce de quelques
arbustes , et en composent un Nid à une
seule ouverture latérale, et dont la forme
en boule a la plus grande analogie avec celle
qu'affecte le Nid du Pouillot véloce. L'Or-
nithorhynque, au dire des voyageurs, pré-
pare aussi un logement à ses petits.
Si l'industrie des Mammifères que nous
venons de citer a lieu de surprendre, sur-
tout lorsqu'on considère combien sont peu
propices les instruments que ces animaux
emploient pour élever l'édifice qu'ils desti-
-NID
nent à leur jeune famille, à plus forte raison
doit-on être étonné lorsqu'on voit des es-
pèces d'un ordre inférieur, tel que celui des
Poissons , construire, avec des instruments
plus ingrats encore que ceux que possèdent
les Mammifères, des Nids qui atteignent la
perfection de ceux des Oiseaux les plus ha-
biles. Jusqu'à ce jour , on n'avait pu croire
sérieusement que ces animaux fussent aptes
à se livrer à l'acte de la nidification. On
avait pour ainsi dire oublié qu'Aristote eût
parlé d'un petit Poisson qui nichait. On
avait presque laissé passer inaperçue l'obser-
vation faite par Olivi , au sujet du mode de
nidification de la Gobie noire (Gobius niger),
espèce que quelques auteurs ont reconnue
pour celle dont avait fait mention Aristote,
enfin , cet autre fait avancé par le major
Hardwig , que le Gourami de l'Inde se li-
vraitàlamême industrie, n'avait pas été reçu
par les ichthyologistes avec plus d'empres-
sement. Il fallait, pour que les observations
rapportées par ces auteurs eussent quelque
valeur et fussent acceptées , qu'un fait nou-
veau , fourni par de petites espèces de nos
eaux douces , vînt leur donner une sorte de
consécration. Il est aujourd'hui certain que
quelques Poissons (beaucoup plus peut-être
qu'on ne pense) construisent un Nid des-
tiné à recevoir les œufs. M. Coste, en nous
faisant le récit du mode de nidification des
Épinoches (G aster , Trachurus, Leiurus et
Pungilius), a enlevé tous les doutes à cet
égard. Nous emprunterons à ce récit les dé-
tails curieux qui se rapportent directement
à notre sujet, et ces détails, >otre position
auprès de M. Coste nous permet d'en ga-
rantir d'avance l'authenticité.
Chez les Mammifères et chez les Oiseaux,
c'est toujours la femelle qui , pressée par le
besoin de mettre bas ou de pondre, travaille
au berceau qui recouvre ses petits ou ses
œufs. Le mâle peut bien, comme cela arrive
pour beaucoup d'espèces, lui venir en aide,
en lui apportant les matériaux qu'elle met-
tra en œuvre , mais celui-ci ne choisit jamais
le lieu où s'élèvera le Nid, et jamais il ne
travaille seul à la construction de ceNid. Chez
les Poissons, les Épinoches du moins, le con-
traire a lieu. C'est exclusivement au mâle
qu'est dévolu le soin d'élever la loge où les
œufs seront déposés ; et c'est également lui
qui fait élection du point sur lequel il éta-
NID
NID
651
blira son travail. La femelle ou plutôt les
femelles ne participent en rien à ce travail,
n'en prennent nui souci. Lorsque, pour les
Poissons dont il est question, le moment de
la reproduction est venu, on voit chaque
mâle déployer alors une grande activité,
choisir pour séjour permanent un endroit
déterminé du ruisseau qu'ils habitent, et en-
tasser dans ce lieu des brins d'herbe de toute
nature qu'il va souvent chercher fort loin,
qu'il saisit avec sa bouche et à l'aide desquels
il commence à former une sorte de tapis.
« Mais, comme les matériaux qui constituent
cette première partie de son édifice pourraient
être entraînés par les mouvements ou les os-
cillations de Peau, il a la prévoyance d'aller
chercher du sable dont il remplit sa bouche
et qu'il vient déposer sur le Nid pour le con-
traindre à rester en place. Puis , pour don-
ner à tous ces éléments réunis une cohésion
qui les tienne enchaînés les uns aux autres,
il applique sur eux sa face ventrale, glisse
lentement comme par une sorte de reptation
vibratoire, et les agglutine en essuyant sur
eux le mucus qui suinte de sa peau. Il ré-
sulte de là que les premiers matériaux as-
semblés forment une espèce de fondement
ou de plancher sur lequel peut s'élever désor-
mais le reste de l'édifice.
» Quand les choses en sont venues à ce
point, il choisit des matériaux plus solides :
on le voit prendre tantôt de petits morceaux
de bois, tantôt des pailles, qu'il saisit tou-
jours avec sa bouche et qu'il vient ficher
dans l'épaisseur ou placer à la surface de sa
première construction. Si, pendant qu'il fait
ainsi effort pour les introduire, il trouve
que la position qu'il leur donne ne remplit
pas suffisamment le but, il les retire, les
saisit par un autre point de leur longueur,
les retourne, les pousse, les enfonce davan-
tage, jusqu'à ce qu'il juge qu'il en a fait le
meilleur usage possible. Quelquefois cepen-
dant, malgré tous ses soins, il y a des parties
qui, à cause même de leur configuration, ne
peuvent pas entrer dans le plan général de
l'édifice. Alors il les retire, les emporte loin
du Nid, les abandonne et va en choisir d'au-
tres pour les remplacer. Il finit par se creu-
ser un lit solide dont il a toujours la pré-
caution de lier les divers éléments au moyen
de la matière visqueuse dont il les englue.
» Lorsqu'il est ainsi parvenu à construire
le plancher et les parois latérales de son
édifice, il s'occupe alors d'en organiser la
toiture; et pour cela, il continue à y ap-
porter des matériaux semblables à ceux,
dont il s'est servi pour en jeter les fonde-
ments. Mais tout en poursuivant l'accom-
plissement de son entreprise, il travaille
toujours à en obtenir la consolidation, et,
pour la lui donner, il se livre sans relâche
à la manœuvre fatigante de la reptation vi-
bratoire, à l'aide de laquelle, il agglutine
les divers éléments dont son nid se com-
pose. Cependant, à mesure qu'il s'applique
à consolider son établissement, il faut qu'il
le dispose convenablement pour l'usage au-
quel il le destine. Aussi ne manque-t-il ja-
mais de réserver une ouverture très nette-
ment et très régulièrement circonscrite, par
laquelle il plonge souvent sa tête et même
une grande partie de son corps, afin d'en
écarter les parois et de maintenir la moitié
intérieure du nid assez dilatée pour que la
femelle puisse s'y engager et y pondre les
œufs. »
Les manœuvres auxquelles l'Épinoche
mâle se livre après que son nid est fait,
soit pour appeler et introduire dans ce nid
les femelles, soit pour le préserver des en-
vahissements dont il est trop fréquemment
l'objet de la part des autres individus de
son espèce, soit pour fournir aux œufs qu'il
renferme, toutes les conditions nécessaires à
leur développement, etc. , n'ayant pas un
rapport assez direct avec notre sujet, nous
renvoyons les personnes qui seraient dési-
reuses de connaître ces détails vraiment
intéressants, aux divers mémoires que M.
Coste a adressés à l'Académie des sciences,
et qui sont en partie insérés dans les
comptes-rendus de cette Académie. La seule
observation que nous ajouterons pour com-
pléter ce que nous avions à dire du mode
de nidification des Épinoches , est que les
vraies Épinoches (Gast. trachurus et leiu-
rus) ont pour habitude constante de poser
leur nid sur la vase qui recouvre le lit des
ruisseaux qu'ils habitent, tandis que i'É-
pinochette (Gast. pungitius) construit in-
variablement le sien sur les plantes aqua-
tiques ou entre leurs racines ; que les unes
lui donnent une forme qui rappelle beau-
coup celle de ces monticules de terre qu'on
connaît sous le nom de taupinières, pen-
652
NIE
NIG
dant que l'autre le construit sous forme de
manchon, ce qui lui donne quelque analo-
gie avec le nid du Troglodyte et surtout de
la Mésange à longue queue.
Si les classes des vertébrés, celle des Oi-
seaux exceptée , nous offrent un nombre
assez restreint d'espèces qui nichent , les
classes inférieures ne nous paraissent pas
plus riches sous ce rapport. A peine pour-
rait-on citer quelques Insectes qui con-
struisent un vrai nid , c'est-à-dire un loge-
I ment élevé, à l'époque de la reproduction,
et dans le seul but de recevoir les œufs.
Beaucoup d'Insectes se construisent un abri
au sein duquel ils font leurs pontes; mais
cet abri n'est pas à proprement parler un
nid : c'est plutôt une demeure habituelle
de l'individu. On ne doit pas, non plus, ce
nous semble , donner le nom de nid à ces
toiles, à ces cocons, etc. , dont la plupart
des animaux inférieurs enveloppent leurs
œufs au fur et à mesure qu'ils sont pondus,
ou après leur ponte. (Z. G.)
*NIDALIA (nidus, nid), polyp. — Genre
de Polypes de l'ordre des Alcyoniens , établi
par M. Gray pour des polypiers fixes, cylin-
driques, un peu rameux, assez solides, re-
vêtus de spicules calcaires très nombreuses,
ayant leur sommet en tête hémisphérique,
formé de papilles coniques, inégales, spicu-
lifères. Il se distingue des Alcyons, dont la
consistance est spongieuse, et qui ont beau-
coup moins de spicules. Le genre Nidalia
paraît différer fort peu du genre Nephthœa.
(Duj.)
NIDORELLA. bot. ph. — Genre de la
famille des Composées, tribu des Astéroï-
dées , établi par Cassini ( in Dict. se. nat. ,
XXXII, 459 et 469; LVI , 166). Herbes ou
arbrisseaux du Cap. Voy. composées.
NIDULARIA. bot. ph.— Genre de Cham-
pignons gastéromycètes , établi par Fries
{Symb., 2) pour de petits Champignons qui
croissent en automne sur les bois pourris.
NIEBUHRIA ( nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Capparidées-Cappa-
rées , établi par De Candolle (Prodr. , I ,
243). Arbustes de l'Afrique et de l'Asie tro-
picale. Voy. capparidées. — Scop. {Introd.,
134), syn. de Baltimora, Linn.
NIELLE, bot. — Nom donné à diverses
espèces de plantes considérées comme nuisi-
bles aux moissons. Ainsi l'on a appelé :
Nielle ou charbon de blé , les Urédinéeî
qui altèrent les graines céréales ;
Nielle des blés, VAgrostemma Githago;
Nielle de Virginie , le Melanthium virgi-
nicum, etc.
NIEREMBERGIA (nom propre), bot.
ph. — Genre de la famille des Solanacées ,
tribu des Nicotianées , établi par Ruiz et
Pavon (Flor. Peruv., II, 13, t. 123). Herbes
ou arbrisseaux de l'Amérique australe. Voy.
SOLANACÉES.
NIFAT. mol. — Dénomination employée
par Adanson pour un Mollusque qu'il plaçait
dans son genre Vis , et dont Lamarck a fait
une espèce de Fuseau. (Du.)
NIGAUD, ois. — Nom vulgaire d'une es-
pèce de Cormoran.
NIGELLA. bot. ph. — Voy. nigelle.
NIGELLASTREM. polyp. — Dénomi-
nation employée par Pallas, d'abord pour
désigner une espèce de Sertulaire, puis par
Oken pour un des sous-genres, et pro-
posée par lui dans le grand genre Sertu-
laire. (Duj.)
NIGELLE. Nigella (diminutif de nigra,
à cause de la couleur généralement noire
des graines), bot. ph. — Genre de plantes
de la famille des Renonculacées , tribu des
Helléborées , de la Polyandrie pentagynie
dans le système de Linné. Il se compose de
plantes herbacées annuelles, indigènes de la
région méditerranéenne et de l'Orient, dont
les feuilles sont divisées en lobes nombreux
et étroits; dont les fleurs, solitaires à l'ex-
trémité de la tige et des branches , nues ou
involucrées, sont assez grandes, de couleur
bleue, jaunâtre ou blanche; il en est parmi
elles qui servent à la décoration des jardins.
Les fleurs se composent : d'un calice coloré,
à 5 grands sépales étalés , à l'état adulte ,
tombants; de 5-10 pétales petits, bilabiés;
d'étamines nombreuses; de 5 pistils , dont
les ovaires uniloculaires renferment deux
rangées d'ovules le long de leur suture ven-
trale, et qui adhèrent entre eux dans une
longueur plus ou moins grande, selon les
espèces. Le fruit est formé de 5 capsules
membraneuses, plus ou moins soudées entre
elles , dont chacune se termine par un style
persistant , et s'ouvre intérieurement au
sommet pour laisser sortir des graines com-
primées , à test fongueux et rugueux , noi-
râtre. Les Nigelles décrites sont aujourd'hui
NIG
au nombre de quinze , qui se rangent dans
trois sous-genres.
a. Nigellastrum, DC. Calice jaunâtre ; éta-
» mines en une seule rangée; capsules sou-
! dées entre elles par leur base, comprimées;
| graines comprimées - planes , orbiculaires ,
j entourées d'un rebord membraneux. C'est à
] ce sous-genre qu'appartient, par exemple ,
| la Nigelle d'Orient, Nigella orientalis Linn.
( b. Nigellaria, DC. Calice à sépales éta-
j lés, bleuâtres; étamines en plusieurs ran-
gées et groupées en 8-10 phalanges ; graines
ovées-anguleuses. Nous trouvons dans ce
sous-genre la Nigelle des chamfs , Nigella
arvensis Lin., qui croît assez communément
parmi les moissons de l'Europe moyenne et
méridionale, ainsi que la Nigelle d'Espagne,
Nigella hispanica Linn. , espèce des parties
méridionales de l'Europe, particulièrement
de l'Espagne, et que l'on a citée comme se
trouvant aussi en France dans quelques par-
ties du Languedoc. On la cultive assez com-
munément comme plante d'ornement, à
cause de ses jolies fleurs bleues ou blanches ;
on en a même obtenu une variété naine, qui
est encore peu répandue. C'estencore ici que
se rapporte l'espèce suivante :
1. Nigelle cultivée, Nigella saliva Linn.
Cette espèce croît dans les terres cultivées
dans les environs de Montpellier, où elle
s'est probablement naturalisée, et dans l'A-
frique septentrionale. Elle est vulgairement
connue sous les noms de Quatre-Épices ,
Toute-Épice. Sa tige est droite , légèrement
pubescente; ses feuilles sont laciniécs en
lobes linéaires, à pétiole pubescent; ses
fleurs terminales, de couleur blanchâtre ou
bleuâtre , sontdépourvues d'involucre ; leurs
anthères n'ont pas de pointe terminale. Ses
capsules sont soudées dans toute leur lon-
gueur en un fruit ovoïde, et elles portent à
leur surface quelques petites pointes éparses.
Cette espèce est cultivée quelquefois en
France, plus souvent dansd'autrespartiesde
l'Europe, abondammenten Egypte, en Perse
et dans l'Inde, pour sa graine qui sert de con-
diment.En Europe on ne l'emploie que pour
assaisonner les ragoûts; mais en Orient ses
usages sont beaucoup plus étendus et plus
importants; après l'avoir pulvérisée, on la ré-
pand habituellement sur le pain , ou on
l'introduit dans des gâteaux dont les Orien-
taux sont très friands. Aussi s'en con-
N5G
653
somme-t-il dans ces contrées des quantités
considérables ; non seulement on aime la
saveur qu'elle communique aux comestibles,
mais encore on croit qu'elle en facilite la
digestion , et qu'elle dispose à cet embon-
point qui constitue aux yeux de ces peuples
un mérite physique. En France sa culture
est très facile; elle demande une terre lé-
gère et doit être semée clair.
c. Erobatos, DC. Calice à sépales blancs
ou bleuâtres ; étamines nombreuses en plu-
sieurs rangées; 5 carpelles réunis jusqu'à
leur extrémité en capsule à 10 loges, dont
5 plus intérieures séminifères , et 5 plus
extérieures vides; sous la fleur se trouve
un involucre foliacé, multifide.
2. Nigelle de Damas, Nigella Damascena
Linn. , vulgairement nommée Cheveux de
Vénus, Patte d'Araignée. Cette espèce se re-
trouve parmi les moissons dans toute la ré-
gion méditerranéenne ; elle est de plus très
répandue dans les jardins comme plante
d'ornement. Sa tige est haute de 3-4 déci-
mètres, glabre, striée; ses feuilles sont ses-
siles, divisées en lanières très étroites; ses
fleurs sont terminales , assez grandes, d'un
joli bleu d'azur ou blanches , embrassées à
leur base par un grand involucre découpé
en segments presque filiformes , d'où lui
sont venus ses noms vulgaires; leurs sé-
pales sont étalés. Ses 5 capsules sont lisses,
et forment, par leur soudure eomplète, un
fruit renflé , presque globuleux ou ovoïde.
On sème cette plante sur place , dans une
terre légère. (P. D.)
MGIDIUS. ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Lamellicornes, tribu
des Lucanides , établi par Mac-Leay, et que
M. le comte de Castelnau réunit à ses Eu-
dora. Voy. ce mot.
MGR1NA. bot. ph.— Linn. (Mant., 42),
syn. de Melasma, Berg. — Thunb. {Nov.
gen.t 58 ; Act. Upsal. , VII, 142 ), syn. do
Chloranlhus, Swartz.
NIGRINE. min. — Nom donné par plu-
sieurs auteurs à différentes espèces de Tita-
nes. Voy. ce mot.
NIGR1PÈDE. mam. — Nom donné à une
espèce de Chat, Felis nigripes de Burchell et
GrifOth. Voy. chat.
MGRITEIXA. bot. pu. —Genre de la
famille des Orchidées, tribu des Ophrydées,
établi par L.-C. Richard {Orchid, curop.,
654
NIL
26, r. 4). Herbes des montagnes de l'Europe
centrale. Voy. orchidées.
NIKA. crust. — C'est à l'ordre des
Décapodes macroures qu'appartient cette
coupe générique qui a été établie par Risso,
et que M. Milne Edwards range dans sa fa-
mille des Salicoques et dans sa tribu des
Alphéens. Les Crustacés qui composent ce
genre sont remarquables par le défaut de
symétrie dans la conformation des deux pre-
mières paires de pattes. Par leur forme gé-
nérale, ils ressemblent aux Palémons, ou
plutôt aux Alphéens, car leur rostre est
très petit. Leurs antennes internes sont
grêles, et terminées comme chez ces der-
niers par deux filets assez longs. Les pattes-
mâchoires externes sont pédiformes, lon-
gues et grosses; l'article qui les termine est
pointu au bout. Les pattes antérieures sont
plus fortes que les suivantes, mais de lon-
gueur médiocre ; celle du côté droit porte
une main didactyle bien formée, tandis que
celle du côté opposé est monodactyle, et
conformée à la manière des pattes ambula-
toires. Les pattes de la seconde paire sont
filiformes, et terminées par une pince rudi-
mentaire; leur carpe est multiarticulé, et
leur longueur très différente; celle de gauche
a presque deux fois la longueur des pattes
antérieures, et celle de droite près de deux
fois la longueur de son congénère. Les pattes
suivantes sont monodactyles , et terminées
par un lobe styliforme non épineux ; celles
de la quatrième paire sont plus longues que
celles de la troisième paire. Quant à l'abdo-
men , sa conformation est la même que
chez les Palémons. On ne connaît qu'une
seule espèce dans ce genre : c'est le Nika
comestible, Nika edulis Risso (Crust. de
Nice, p. 85, pi. II, fig. 3). Cette espèce est
très abondamment répandue dans la Médi-
terranée et dans la Manche. Pendant mon
séjour en Algérie, j'ai pris aussi fort com-
munément ce Crustacé , particulièrement
dans les rades de Bône, d'Alger etd'Oran.
(H. L.)
NILAUS, Swainson. ois. — Division de
la famille des Lanidées. Voy. pie-grièche.
(Z. G.)
*J\ÏLEUS. crust.— Ce genre, qui appar-
tient à la famille des Isotéliens , a été établi
par Dalman et adopté par les carcinologis-
tes. Cette coupe générique , proposée par
ML
Dalman comme une section des Asaphes,
établit, à plusieurs égards, un passage entre
les Trilobites ordinaires et les autres Crus-
tacés, car ici on n'aperçoit aucune trace des
deux sillons longitudinaux qui, en général,
divisent en trois lobes le corps de ces fos-
siles, et qui leur a valu le nom sous lequel
on les désigne. Le corps des Nilés est court,
large, convexe, et susceptible de se contrac-
ter en boule. La tête est très large, et pré-
sente, de chaque côté, une suture ou ligne
jugale; les yeux sont grands, réticulés et
semi-lunaires. Le thorax se compose de huit
anneaux étroits , un peu courbés en arrière
vers le tiers latéral , et arrondis au bout.
Enfin l'abdomen consiste en un bouclier
tout-à-fait lisse, et à peu près de même forme
que la tête, mais un peu plus étroit. On con-
naît deux espèces dans ce genre , dont le
Nilé armadille, Nileus armadillo Daim.
(Palead., p. 49, pi. 4, fig. 3), peut en être
considéré comme le type. Cette espèce a été
trouvée dans le calcaire de transition de
l'Ostrogothie. (H. L.)
NIL-GAUT. mam. — Nom vulgaire d'une
espèce d'Antilope (voy. ce mot), V Antilope
picta. (E. D.)
NILIO (nilios, pierre précieuse), ins. —
Genre de Coléoptères hétéromères , famille
des Taxicornes, tribu des Cossyphènes , créé
par Latreille (Gen. Crust. et Ins. , tom. II,
pag. 198; I, X, 2), et adopté par Dejêan
Catalogue, 3e édit., pag. 220). Huit espèces,
toutes originaires d'Amérique, rentrent dans
ce genre. Nous indiquerons , comme en fai-
sant partie, les suivantes : N. viilosus (OEgi-
thus marginatus Var. ), lanatus et maculo-*
sus Gr. Ces Insectes ont une forme de Coc-
cinellides, et ils sont un peu plus grands,
leur corps est couvert de poils courts très
serrés ou disposés en faisceaux. Ce genre est
ainsi caractérisé : Mandibules terminées par
deux dents ; dernier article des palpes maxil-
laires grand, en forme de hache ou de trian-
gle renversé ; antennes presque grenues ;
corps hémisphérique; épipleures largement
sillonnés et tronqués. (C.)
JXILSOMA ( nom propre ). bot. foss. —
Genre de Cycadées fossiles, établi par M. Ad.
Brongniart (Prodr., 95), qui le décrit ainsi :
Feuilles pinnées ; pinnules rapprochées ,
oblongues, plus ou moins allongées , arron-
dies au sommet , adhérentes au rachis par
NIP
toute la largeur de leur base; à nervures
parallèles, dont quelques unes sont beau-
coup plus marquées.
Ce genre renferme deux espèces : Nils.
brevis et elongata Brongn., trouvées dans le
grès du Lias.
NILTAVA, Hodgson. ois. —Synonyme
de Phœnicura, Vigors. Voy. sylvie. (Z. G.)
NIMA. bot. ph. — Genre créé par Ha-
milton (Msc.) et qui offre de grands rap-
ports avec lesSimaroubacées (Voy. ce mot).
Les végétaux qui le composent sont des ar-
bustes originaires du Népaul.
*i\IMMOIA. bot. pu. —Genre de la fa-
mille des Saxifragacées, sous-ordre ou tribu
des Saxifragées, établi par Wight (in
Madras journ., 1837, n.l 5, pag. 309, t. 20).
Herbes de l'Inde. Voy. saxifragacées.
*MMULA. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères diurnes, tribu des Érycinides ,
établi par M. Boisduval (Lépidopt., Suites à
Buffon-Roret) aux dépens des Érycines. La
principale espèce , Nimula lucinda (Papilio
lucinda Fabr. , Erycina lucinda God.) est
originaire du Brésil.
MI\OX, Hodgson. ois. — Division du
genre Chouette.
MOBE, Salisb. bot. ph. — Syn. de
Funïda, Spr.
MOTA , Larn. (t. 299), DC. (Prodr., I,
592), Willd. (Plant, ras. ar., t. 108). bot.
ph. — Syn. de Samadera, Gœrtn.
*NIOT<EA (nom mythologique), bot.ph.
— Ce genre, établi par Wildenow ( Beliq.
ex Schult. syst. VII, 762) répond en par-
tie au genre établi par Linné sous le nom
iïllypoxis.
NIOTOUTT, kâans.(Voy. 162). bot.ph.
— Syn. de Balsamodendron , Kunth.
INÎIPA. bot. ph. — Genre de la famille
des Pandanées?, établi par Thunberg (in
act. Holm.f 1782, p. 231). Végétaux ayant
le port des Palmiers et peu connus.
*IVIPH.EA. ois. — Genre créé par Audu-
bon pour une espèce que Gmelin plaçait
parmi les Bruants, sous le nom ù'Emb. hie-
malis (Emb. nivalis Wils. , Ann. Ornith. ,
pi. 16, Cg. 6). (Z. G.)
*NIPHOBOLLTS.noT. cit.— GenredeFou-
gères, de la tribu dcsPolypodiacées, établi
par Xaulfuss (Enum., 12i ) et divisé par
Presl ( Plcrid. 200 , t. 8 , f. 17 ) en trois sec-
tions qu'il nomme : Siphobolus : scres glo-
NIS
655
buleux; Cyclophorus: sores annulaires; Scy-
topteris: sores confluents. Les Fougères qui
composent ce genre croissent principalement
dans les régions les plus chaudes de l'ancien
continent. Voy. fougères.
*NIPHON. Niphon. poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens , famille des
Percoïdes , établi par MM. Cuvier et Valen-
ciennes (Flist. des Poiss. , t. II , p. 131) aux
dépens des Varioles , dont il diffère par les
épines redoutables dont les pièces opercu-
laires sont armées. La seule espèce connue
est le Niphon épineux, Niphon spinosus Cuv.
et Val.
NîRBISIA, Don (Syst., I, 63). bot. pn.
— Voy. caltha, Lin.
*MREUS. ins. — Genre de Coléoptères-
subpentamères , tétramères de Latreille,
famille des Longicornes, tribu des Céram-
bycins, créé parNewmann (Mag. hist. nat.
Charlesio., t. IV, p. 194). Le type , le IV.
tricolor, a été rapporté de la côte de Tenes-
serim. (C.)
MRMUS. hexap. — Genre de l'ordre des
Epizoïques, établi par Nitzsch et adopté par
tous les aptérologistes. Dans ce genre, le
corps est étroit; la tête est de grandeur
moyenne, à tempes arrondies ou monogo-
nés; les trabécules sont molles, ou petites
et dures; les antennes sont semblables dans
les deux sexes, ou rarement plus épaisses
dans les mâles , très rarement raniigères.
Le dernier anneau de l'abdomen est entier
dans les mâles et arrondi. Ce genre très con-
sidérable en espèces se trouve sur les Oiseaux
de toutes res familles. Le Nirme discocé-
phale, Nirnius discocephalus Nitzsch (Thier.,
p. 33; Denny, Anapl. Brit., p. 113, pi. 9,
fig. 10), espèce type, vit parasite sur le Falco
albicilla. (H. L.)
NIPiNAIER. mam. — Nom d'une espèce
de Loutre. Voy. ce mot. (E. D.)
MRURI, Adans. (Fam., I, 356). bot.
ph. — Syn. de Pkyllanthus, Lin.
NISA. bot. pu. — Genre de la famille
des Homalinées, établi par Noronha (in
Thouars Gen. Madagasc, n. 81 ). Arbustes
originaires de Madagascar. Voy. homali-
nées.
NISAETUS, Hodgson. ois. — Synonyme
de Morplmus , Cuv. Voy. spizaète. (Z. G.)
NISORIA. ois. — Nom latin et spécifique
de la Fauvette épervière ou rayée, converti
656
NIT
NIT
en nom de genre par Ch. Bonaparte. Voy.
SYLVIE. (Z. G.)
MSOT. moll. — Nom donné par Adan-
son (Voy. au Sénég.) à une coquille qui fait
partie du genre Buccin.
IMISSOLIE. Nissolia. bot. ph. — Jacquin
a établi sous ce nom un genre de Papilio-
nacées, que De Candolle a conservé dans son
Prodromus (t. II, p. 257) en le subdivisant
en trois sous -genres : Nissolaria, DC; Go-
mezium,T)C.; Machœrium, Vers. Mais depuis
la publication du 2e volume du Prodromus,
une autre manière de voir a été adoptée par
M. Endlicher, qui a conservé le nom de Nis-
solia au premier des trois sous -genres ad-
mis par De Candolle, et qui a réuni les deux
autres pour en former un genre distinct sous
la dénomination de Machœrium, Pers. Ce
botaniste a assigné les caractères suivants
au genre Nissolia ainsi réduit : Calice ur-
céolé-campanulé, à 5 dents, dont les 2 su-
périeures rapprochées; corolle papiilonacée,
dont l'étendard est presque orbiculaire ,
échancré, refléchi, plus long que les ailes et
Ja carène; 10 étamines à filets soudés en
un tube fendu supérieurement, persistan-
tes; ovaire presque sessile, 2-3-ovulé; style
ascendant; stigmate en tête. Légume ar-
rondi , à 2-3 articles monospermes , tron-
qués , indéhiscents, se séparant à la matu-
rité, dont le supérieur se prolonge au som-
met en une aile membraneuse , obtuse ,
mince inférieurement, un peu épaissie su-
périeurement; graines oblongues. Les Nis-
solies sont des arbrisseaux de l'Amérique
tropicale, volubiles; leurs feuilles sont pen-
nées avec impaire, bijuguées, à stipules pé-
tiolaires libres; leurs fleurs sontverticillées-
ramassées à l'aisselle àes feuilles , ou en
grappes, jaunes ou d'un blanc-jaunâtre;
leur pédoncule porte une bractée à sa base;
il est articulé près de son extrémité. On n'en
connaît que trois espèces, parmi lesquelles
nous nous bornerons à nommer le Nissolia
fruticosa Jacq., qui croît dans les forêts de
Carthagène et au Mexique. (P. D.)
NISLS. ois. — Nom donné par les an-
ciens à l'Épervier. G. Cuvier en a fait un
nom de genre. (Z. G.)
MTELA. ins. — Latreille (Gênera Crust.
et Ins., t. IV, 1809) a créé sous ce nom un
genre d'Hyménoptères Porte-Aiguillons, de
la famille des Fouisseurs, tribu des Nysso-
niens , et qui a été adopté par tous les en-
tomologistes. Les Nitèles , principalement
caractérisés par leurs antennes filiformes,
plus longues que la tête, presque droites, à
deuxième et troisième articles longs ; par
leurs mandibules bidentées à leur extré-
mité ; par leurs jambes non épineuses ; leurs
pelotes des tarses très petites , et par une
seule cellule cubitale fermée, sont assez voi-
sins des genres Oxybèle, Astate et Nysson.
Voy. ces mots.
On ne connaît encore qu'une seule espèce
de ce groupe, et Latreille (Icco citato) la dé-
signe sous le nom de Nitela Spinolœ. Cet In-
secte, long de 2 lignes, est entièrement noir
aveeses ailes transparentes, et présentant un
léger reflet irisé. On le trouve dans le midi
de la France. (E. D.)
MTELLA. bot. cr. — Genre d'Algues
Characées , établi par Agardh (Syst. XXVII).
Voy. algues et characées.
MTIDULA (nitidus, brillant), ins.—
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Clavicornes, tribu des Nitidulaires, créé
par Fabricius (Systema entomolog., p. 77),
et adopté par Olivier et Dejean. Ce dernier
auteur ( Calalogue, 3e edit. , p. 135 , 136)
en énumère 61 espèces de tous les points du
globe. Erichson a donné une monographie
sur les Insectes qu'on y comprenait ( Essai
d'une classification systématique des Niti-
dules ; Journal d'Entomologie de Germar,
1843 , p. 225 à 361 ), et ne rapporte à ce
genre que les 5 espèces suivantes : N. bi-
pustulata Lin.; obscura F.; 4-pustulata,
flexuosa F. ; zig-zag Say, et ciliata Er.
Les 4 premières sont originaires d'Europe ;
la 5e est propre aux États-Unis, et la 6e à
l'Egypte. (C.)
NITIDULAIRES. ins.— Cinquième tribu
de Coléoptères pentamères, famille des Cla-
vicornes, établi par Latreille {Règne animal
de Cuvier, t. IV, p. 503), et adopté par La-
porte de Castelnau (Histoire naturelle des
animaux articulés, t. III, p. 7). Elle a pour
caractères : Mandibules bifides ou échan-
gées à l'extrémité ; tarses paraissant compo-
sés de quatre articles seulement; antennes
terminées par une massue perfoliée, courte,
de deux à trois articles ; élytres courtes ,
tronquées dans plusieurs; pattes peu allon-
gées.
Les Nitidulaires ont des mœurs très va-
NiT
N1T
657
liées. On les trouve dans les fleurs , les
Champignons , sur ou sous les écorces des
arbres maladifs, et dans les matières ani-
males en décomposition. Leur organisation
intérieure présente un œsophage et un jabot
confondus en un tube fort court, ou ventri-
cule chyliflque assez ample, droit etoblong,
presque imperceptiblement granulé ; Tintes-
tin grêle est lisse , et finit en un cœcum al-
longé ; le rectum en est séparé par une con-*
traction annulaire, il est droit et très
court; les vaisseaux biliaires sont au con-
traire de six, insérés, d'une part, sur le ven-
tricule chylitique, et, de l'autre, sur le cœ-
cum , où ils sont implantés ensemble sur
un même point de la face inférieure ; ils
sont assez gros, amincis à leur extrémité
ventriculaire. Les larves n'ont pas encore été
bien observées. Genres : Peltis, Meligelhes ,
Nitidula , Cercus, Cormyphora , Byturus,
Nelota, Strongylus. Fischer (Enlomographiô
de la Russie; Gênera , t. I , p. 39 ) compose
celte tribu des genres suivants : Thy malus,
Colobicus, Nitidula, Cercus, Ips, Dacne et
Micropeplus. (C.)
MODULES. Nitidulœ. — Sous ce nom,
Erichson a établi (Zeitschrift fur die Ento-
mologie von Germar, Leipzig, 18-43. — Na-
turgeschichle der Insecten Deutschlands ,
1845) une famille de Coléoptères, qui ren-
trait, d'une part, dans l'une des tribus des
Ciavicornes , et de l'autre dans plusieurs
tribus de la famille des Xylophages de La-
treille.
L'auteur la divise en six groupes : Ca-
TARETES, CARPOPHILINS, NlTlDULlNES, STRON-
gylins, Epinesins, et Peltides. Dans le pre-
mier groupe rentrent les genres Cercus,
Lat. ; Brachypterus, Kug. ; dans le second :
les Colastus, Brachypeplus, Er. ; Cyllœus,
Lap. ; Conolelus, Er. ; Carpophilus, Leach ;
Ecnomœus, Er. ; dans le troisième : les Epu-
rea, Er.; Nitidula, ¥.;Peniopa, Foronia, Pro-
metopia, Er. ; Psilotus, Fisch. [Cerophorus,
Lap.), Plalychora, Axyra, Ischœna, Ipidea,
Ampholis, Lobiopa, Omosita, Phenolia, Sle-
Udota, Er.; dans le quatrième: les Thalycra,
sEthina, Er.; Pria, Meligelhes, Step.; Ilebas-
cus, Gaulodes, Lordites, Pocadius, Cam-
ptodes, Cyllodes, Er. ; Cychramus, Kug.; Am-
phycrossus, Pallodes, Oxychemus, Triaca-
nus, Er.; dans le cinquième : les Cryplar-
cha, ëhuek. ; Ips, F.; Rhizophogus, Hst. ;
T. VIII.
enfln, dans le sixième : les Nemoscma, Lat. ;
Temnochila, Er. ; Trogosita , F. ; Peltis,
Geoiï. ; et Thymalus, Lat.
Cette famille renferme environ 400 es-
pèces de tous les points du globe. M. Sturm
a figuré et décrit la plupart des espèces qu
sont propres aux diverses contrées de l'Alle-
magne. (C.)
*MTOPHÏLLUM. bot. cr. — Ce genre,
établi par Greville (Alg. synops., XXVII) ,
correspond en partie au genre Delesseria de
Lamouroux.
*MTRANGIUM, Endlich. (Gen. plant.,
pag. 520, n. 3093). bot. ph. — Voy. styli-
dium , Swartz.
MTRAÏIIA ( nitrum, nïtre ). bot. ph. —
Genre unique de la petite famille des Nitra-
riacées, établi par Linné (Gen., n. 602), et
dont les caractères sont : Calice 5-fide, très
petit, charnu, persistant. Corolle à 5 pétales
insérés au fond du calice, oblongs, concaves.
Étamines 1 5, insérées au fond du calice ; filets
subulés; anthères introrses, à 2 loges s'ou-
vrant par une petite fente oblique. Ovaire li-
bre, sessile, à 3 ou 6 loges uni-ovulées. Style
terminal très court, épais ; stigmates 3 ou 6,
papilliformes. Le fruit est un drupe ou une
baie ovale , acuminée, contenant un noyau,
uni-loculaire par avortement, monosperme,
scrobiculée extérieurement, à 6 valves subu-
lées, et s'ouvrant par le sommet. Graine
ovale-acuminée, inverse, à raphé filiforme,
longitudinal, à test membraneux. Embryon
sans périsperme, orthotrope ; cotylédons el-
liptiques, plans-convexes; radicule courte,
cylindrique, supère.
Les Nitraria sont des arbrisseaux inermes
ou à rameaux couverts d'épines , à feuilles
alternes , épaisses , souvent réunies en fais-
ceaux, oblongues, très entières ou 3-dentées
au sommet; à fleurs blanches, solitaires ou
réunies en forme de cymes; à drupes noirs
ou rouges, d'un goût salé.
Ces végétaux croissent principalement
dans le centre de l'Asie, et dans les régions
tropicales et méditerranéennes de l'Afrique.
Tarmi les espèces qui composent ce
genre, nous citerons comme type le Nitra-
ria Scholcri, Linn. (N. sibirica, Lamk.). (J.)
MTRAiUACÉES. Nilrariaceœ. bot. ph.
— Petite famille établie (Endl., Gen. Plant.,
p. 1094) aux dépens des Ilicinées, et dont
les caractères sont les mêmes que ceux du
83
658
NIT
NIT
genre NUraria, le seul qu'elle renferme.
Voy. MTRARIA.
NITRATES (de nilrum, nitre). ch. et
min. — Syn. : Azotates. Sels composés d'Acide
nitrique ou azotique et d'une basesaliflable.
La plupart des Nitrates sont à l'état neutre :
quelques uns sont avec excès de base, il n'y
en a point avec excès d'Acide. Dans les Ni-
trates neutres, l'oxygène del'Acide esta celui
de la base comme 5 est à 1. La chaleur dé-
compose tous les Nitrates, qui tendent en
général à oxygéner les corps combustibles
que l'on chauffe avec eux. Mêlés avec de la
poudre de charbon ou avec du soufre , ils
détonent , quand on chauffe le mélange. Tous
les Nitrates neutres sontsolubles dans l'eau,
et par conséquent doués de saveur. Us déga-
gent du gaz nitreux (Acide hypoazotique ) par
l'action de l'Acide sulfurique sur leur mé-
lange avec de la limaille de Cuivre. Il existe
un grand nombre de Nitrates artificiels ,
parmi lesquels ceux d'Argent, de Cuivre et
de Mercure sont d'un usage important dans
les arts et la médecine. Dans la nature , il
n'y a que les Nitrates de potasse , de soude ,
de chaux et de magnésie , qui se produisent
en efflorescence dans les lieux humides , où
des matières azotées entrent en décompo-
sition. On les trouve aussi dans quelques ter-
rains poreux, où la présence des matières
organiques est difficile à reconnaître. Voici
les principaux caractères de ces espèces :
1. Nitrate de potasse, Nitre ou Salpêtre.
Substance saline blanche, soïuble, non dé-
liquescente , d'une saveur fraîche; ayant au
plus haut degré la propriété de fuser sur les
charbons ardents au moment où on l'y pro-
jette, c'est-à-dire d'augmenter et de propa-
ger la combustion , en faisant entendre une
sorte de bruissement. Ses formes cristallines
sont toutes un produit de l'art : c'est un des
sels dans lesquels s'observe le dimorphisme,
c'est-à-dire la propriété de cristalliser dans
ileux systèmes , savoir le rhombique et le
rhomboédrique. Le plus ordinairement, on
l'obtient en prismes droits rhomboïdaux de
1 1 9° terminés par des pyramides, presque tou-
jours comprimés et s'offrant sous l'apparence
de tables rectangulaires biselées sur leurs
bords. Dans la nature, on ne trouve le Nitre
qu'en petites houppes cristallinesàla surface
des murailles , des plaines sableuses et des
roches calcaires. En France, on retire pres-
que tout le Nitre employé dans les arts, des
vieux plâtres , où il est mélangé avec des Ni-
trates de chaux et de magnésie.
Le Nitre est employé comme fondant dans
quelques opérations docimastiques ; il entre
dans la composition de quelques verres et de
plusieurs médicaments. On s'en sert pour
préparer l'Acide sulfuriqueet l'Acide nitrique
du commerce; mais son principal usage est
d'être employé concurremmentavec le soufre
et le charbon dans la fabrication de la pou-
dre à canon , qui est un mélange d'environ
six parties de nitre, une partie de charbon
et une de soufre. Les effets violents de ce
mélange proviennent de la formation instan-
tanée et de l'expansion subite de divers gaz
qui se développent dans son inflammation.
La poudre est d'autant meilleure qu'elle pro-
duit plus de gaz pour un poids donné et que
les gaz ont plus de ressort. De là toutes les
précautions que l'on prend pour s'assurer de
la pureté des éléments qui entrent dans sa
composition, pour effectuer le mélange dans
des proportions convenables et rendre le con-
tact des parties plus parfait.
2. Nitrate de soude. Substance blanche,
non déliquescente, cristallisant en rhom-
boèdres de 106° 30'. Pesanteur spécifique =
2,1. Découverte dans une couche d'argile
dans les environs de la baie d'Iquique et
à Tarapaca , dans le département d'Are-
quipa, en Bolivie. Elle forme un lit de près
d'un mètre d'épaisseur, sur une étendue de
plus de quarante lieues. On l'exploite avec
avantage pour la préparation de l'Acide
nitrique.
3. Nitrate de chaux , Nitre calcaire. Sub-
stance déliquescente, dont la solution pré-
cipite par les oxalales. En efflorescence et
presque toujours mêlé au salpêtre.
4. Nitrate de magnésie. Autre sel encore
plus remarquable que le précédent par sa
déliquescence et dont la solution précipite
par la potasse. Mêmes gisements que les
Nitrates de potasse et de chaux. (Del.)
NITRE ou SALPÊTRE, min. — Syn. de
Nitrate de Potasse. Voy. nitrates.
*MTZCHIA (nom propre), annél. ? —
Genre incomplètement connu de Ver marin,
qui a été trouvé par Baer sur les branchies
et les opercules de l'Esturgeon, et décrit par
ce naturaliste (Nov. act. nat. curios., t. XIII,
part. 2, pi. 22, fig. 1-4). 11 est voisin des
NIV
NIV
659
Malacobdelles et des Axines. Voici les ca-
ractères qu'on lui a assignés :
Corps ovale -oblong , très déprimé , por-
tant, près de l'extrémité antérieure du corps,
les orifices sexuels qui sont très rapprochés.
Ventouse ovale réduite à une saillie, pour-
vue de chaque côté d'une fossette ou suçoir.
Bouche inférieure et non terminale. Mâ-
choires nulles. Yeux nuls? Ventouse anale
sans crochets ni pointes. Anus non décrit.
L'espèce a été nommée N. elongata.
(P. G.)
*MTZSCHIA (nom propre), hexap. — Ce
genre, qui appartient à l'ordre des Hexa-
podes, a été établi par M. Denny aux dé-
pens des Liotheum de Nitzsch. Dans cette
coupe générique, la tête est triangulaire,
oblongue; les tempes sont sinueuses. Les
palpes maxillaires sont larges et saillants.
Les antennes sont boutonnées et presque
cachées. Le prothorax est étroit. Le méso-
thorax est large et très distinct. L'abdomen
est oblong. Les tarses sont pourvus de lar-
ges pelotes roulées. La Nitzschie de Bur-
meister, NitzschiaBurmeislcri Denny (Anopl.
Brit.,\>. 230, n. 1, pi. 32, fig. 5), espèce
type du genre , vit parasite sur le Marti-
net. (H. L.)
NIVAR. moll. — Nom donné par Adanson
{Voy. au Sénég.) à une coquille nommée par
Lamarck Fusus Morio.
*MVARIA,Mœneh. (Method., 280). bot.
ph. — Syn. de Leucoium, Lin.
NIVENIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Protéacées, tribu des Protéinées, établi
par R. Brown (in Lin. Transact., X,133).
Arbrisseaux du Cap. Voy. protéacées. —
Vent. (Dec. nov. gen.y n. 5), syn. de Wit-
senia, Thunb.
NIVÉOLE. Leucoium ().£vxoç, blanche;
fov, violette), bot. ph. — Genre de plantes
de la famille des Amaryllidées , de THexan-
drie monogynie dans le système de Linné.
Il se compose de plantes herbacées, qui crois-
sent dans les parties moyennes de l'Europe
et dans la région méditerranéenne en géné-
ral. De leur bulbe globuleux et à tuniques
partent des feuilles allongées, plus ou moins
étroites, et une hampe anguleuse que ter-
minent les fleurs. Celles-ci sont enveloppées,
à l'état jeune , par une spathe monophylle
oblongue, comprimée, fendue d'un côté;
elle? sont blanches; elles présentent les ca-
ractères suivants : Périanthe coloré , adhé-
rent inférieurement à l'ovaire, campanule ,
à 6 divisions sur deux rangs presque égaux ,
ovales , épaissies vers leur extrémité , qui
présente généralement une tache verte ;
6 étamines insérées sur un disque épigyne ;
ovaire adhérent, à 3 loges, renfermant
chacune des ovules nombreux disposés en
deux rangées à leur angle interne ; un style
droit , en massue ou filiforme, terminé paï
un seul stigmate. Le fruit est une capsule
charnue qui renferme un petit nombre de
graines à test noir. Nous dirons ici quel-
ques mots sur deux espèces de ce genre.
1. Nivéole printanière , Leucoium ver-
num , Linn. Cette jolie plante est souvent
désignée sous le nom vulgaire de Perce-
neige, qui appartient proprement au Galan-
thus nivalis , et qui vient de ce que sa flo-
raison est du petit nombre de celles qui
annoncent le réveil de la végétation. Sa
hampe ne dépasse pas d'ordinaire 2 déci-
mètres; ses feuilles sont peu allongées; sa
fleur, terminale et solitaire, est penchée,
blanche avec une tache verte à l'extrémité de
chaque division du périanthe; son style est
en massue. Elle croît naturellement dans les
prés humides et ombragés des montagnes;
on la cultive assez fréquemment dans les
jardins , où elle vient sans la moindre dif-
ficulté.
2. Nivéole d'été, Leucoium œstivum, Lin.
Celle-ci croît dans les prairies et les lieux
frais de nos départements méridionaux ;
malgré sa dénomination elle est printa-
nière, mais plus tardive que la précédente,
sa floraison ayant lieu au mois de mai. Elle
diffère de la Nivéole printanière par sa
hampe au moins deux fois plus haute , que
nous avons même vue s'élever à 6-7 déci-
mètres ; par ses feuilles beaucoup plus lon-
gues ; par ses fleurs, de forme et de dimen-
sions analogues, mais sortant au nombre de
5-6 de la même spathe , à l'extrémité de la
hampe, et dans lesquelles les trois divisions
intérieures du périanthe portent seules une
tache verte vers le bout. Leur style est renflé
en massue vers le sommet. On cultive éga-
lement cette espèce dans les jardins, où elle
reçoit vulgairement le nom de Nivéole à bou-
quet. Elle réussit aussi sans la moindre dif-
ficulté , surtout dans une terre un peu lé-
gère. On la multiplie , de même que la pré»
660
NOC
NOC
cédente, par ses cayeux , qu'on sépare en
juillet pour les planter en octobre. (P. D.)
NOBULA, Adans. (Fam. II, 145). eût.
ph. — Syn. de Phyllis , Lin.
NOC(LEA,Reichenb. (Flor. Germ.,633).
bot. ph. — Syn. de Hutchinsia , R. Br.
NOCTHORA, F. Cuv. mam. — Syn. d\4o-
tus. Voy. ce mot. (E. D.)
NOCTILION. Noctilio. mam. — Genre de
Chéiroptères insectivores créé par Linné
(Syst. nalurœ, t. XII, 1766), et adopté par
tous les zoologistes. Les Noctilions ont vingt-
huit dents, savoir : quatre incisives supé-
rieures , formant un groupe séparé des ca-
nines; deux incisives inférieures placées en
avant des canines; quatre canines , deux à
chaque mâchoire, très robustes ; quatre mo-
laires de chaque côté à la mâchoire supé-
rieure, à couronne hérissée de pointes ai-
guës ; enfin cinq molaires inférieures à droite
et à gauche. Leur museau est court, très
renflé , fendu et garni de verrues ou de tu-
bercules charnus; le nez est confondu avec
les lèvres; les narines sont rapprochées et
font une légère saillie; le chanfrein est dé-
pourvu de crête ou de feuille membra-
neuse ; les oreilles sont petites , latérales ,
isolées ; la membrane interfémorale est très
grande ; la queue est de moyenne grandeur,
enveloppée en grande partie et libre dans le
reste, en dessus de la membrane interfémo-
rale; la lèvre supérieure est divisée dans son
milieu par un profond sillon , ce qui leur a
valu quelquefois le surnom de bec-de-lièvre;
les ongles des pieds de derrière sont très
robustes.
Les Noctilions se trouvent dans les contrées
chaudes et boisées de l'Amérique méridio-
nale, telles que le Brésil, le Paraguay, le
Pérou , etc. Leurs mœurs n'ont pas été ob-
servées ; toutefois, d'après la forme de leurs
vraies molaires , on peut conjecturer qu'ils
vivent d'Insectes et non de fruits, comme
Linnœus le rapporte.
On ne connaît qu'un petit nombre d'es-
pèces de ce genre , et nous prendrons pour
, type le Noctilion unicolore, Noctilio unico-
I îor Geoffr., Noctilio americanus et leporium
Linné, Vesperlilio americanus rujus Bris-
son , etc., qui a la taille d'un Rat , et dont le
pelage est d'un roussâtre uniforme , avec
les membranes des ailes un peu plus claires.
Du Brésil.
On a donné le nom de Noctilion dogue k
une espèce de Molosse (voy. ce mot), et ce-
lui de Noctilion lepture à une espèce de Tu-
phien. Voy. ce mot. (E. D.)
*NOCTILIONINA (denocMio, noctilion).
mam. — M.Gray {Ann. of Phil. XXVI, 1835)
indique sous ce nom une petite subdivision
de Chéiroptères , qui comprend le genre
Noctilion et quelques autres. Voyez ce
mot. (E. D.)
NOCTILUCA (nox,noctis, nuit; lucere,
briller, luire), acal.? infus. — Genre créé
par M. Savignypourun petit animal marin
transparent, globuleux et muni d'une sorte
de pédoncule ou de trompe, arrivant quel-
quefois en quantité prodigieuse sur les côtes
de Normandie, où il rend la mer phospho-
rescente. L'organisation paradoxale de ce
petit être , mal observé d'abord , vient d'être
l'objet des recherches de M. Doyère, qui lui
trouve une certaine analogie avec les Rhizo-
podes, avec les Gromies, en particulier, quant
à la nature glutineuse, homogène de la sub-
stance charnue de l'intérieur. Cette sub-
stance, ou sarcode, qui n'est ni du tissu
cellulaire ni du tissu fibreux , plus ou moins
pénétrée de liquide, laisse à l'intérieur des
cavités adventives ou vacuoles dans lesquelles
sont temporairement logées ou de l'eau salée
ou de l'eau avec divers corps étrangers in-
troduits comme aliments par un orifice buc-
cal garni d'un cil vibratile à la base du pé-
doncule en forme de trompe. Cette même
substance entre les lacunes ou vacuoles
s'étire incessamment de diverses manières
en produisant des cordons, destractus com-
parables aux expansions extérieures rhizo-
podiques des Gromia, mais fixées de part
et d'autre à l'enveloppe, qui est membra-
neuse, assez résistante. On voit d'après cela
que les Noctiluques , au lieu d'être des Aca-
lèphes comme on l'avait admis provisoire-
ment, constituent un ordre très voisin des
Rhizopodes et des Infusoires péridiniens. En
effet, les Péridiniens et les Cérastiens ont
aussi une enveloppe résistante, contenant
la substance sarcodique entremêlée de va-
cuoles, et de plus ils ont un ou plusieurs
cils vibratiles, comme les Noctiluques. La
seule espèce connue, N. mïliaris, est grosse
comme la tête d'une petite épingle. (Doj.)
NOCTUA. mol. — Genre proposé par
Klein pour des coquilles rangées aujourd'hui
NOC
NOC
6G1
parmi les Cérithes; telles sont les C. aïcus
et C. lineatum.
NOCTUA. ins. — Voy. noctuelle.
IVOCTUA. ois, — Nom que les anciens
donnaient en général aux Chouettes, mais
plus spécialement à la Chouette chevêche.
G. Cuvicr et Savigny en ont fait le nom
d'un genre particulier , qui a pour type
cette dernière espèce. (Z. G.)
*NOCTUÉLÏDES. NoctueUdes. ms.— Sy-
nonyme de Noctuélites, d'après Duponchel.
(E. D.)
NOCTUÉLÏENS. Nocluelii. ins. — M.E.
Blanchard {Hist. des Ins. 1845) indique sous
ce nom une tribu de Lépidoptères de la
grande division des Nocturnes et qui corres-
pond en grande partie aux Noctuélites de
Latreilîe. Voy. ce mot. (E. D.)
NOCTUÉLITES. Noctuélites. ms. —Tribu
de l'ordre des Lépidoptères, famille des Noc-
turnes, établie par Latreilîe (Gênera Crust.
et Ins.), qui lui assigne pour caractères : une
trompe cornée assez longue, roulée en spi-
rale; des palpes inférieurs terminés brusque-
ment par un article plus mince que le pré-
cédent, celui-ci comprimé ; antennes séta-
cées; ailes inférieures, plissées dans leur
longueur au côté interne.
Linné, en établissant le genre Phalène
(Systema nalurœ) , avait bien compris qu'il
ne pouvait exister sans divisions, et lui-
même, en formant son groupe des Phalœnœ
nocturnœ , créait presque le genre Noctua ,
qui depuis est devenu la tribu des Noctué-
lides; mais il y comprenait, en outre, d'au-
tres Lépidoptères, tels que les Cossus.
Geoffroy laissa les Noctuelles avec les Pha-
lènes, seulement il en fit la deuxième divi-
sion de la seconde famille, qui a les antennes
filiformes, une trompe et les ailes rabattues,
et il y joignit des Écailles, des Callimor-
phes , des Pyrales et des Phalènes véri-
tables.
Fabricius ( Entomologie systématique )
adopta le genre Noctua de Linné , tel qu'il
le trouve limité dans la seconde division ,
et lui donna pour caractères : Palpes com-
primés , velus , cylindriques et nus au som-
met; trompe allongée, cornée; antennes
Sutacées; et il y établit cinq ramilles, fon-
dées sur le port des ailes. Fabricius étant
mort avant d'avoir publié son SyslemaGlos-
satorum, les coupes qu'il pouvait avoir
introduites dans cette partie ne sont con-
nues que par un extrait qu'en a donné
Illiger, dans le sixième volume de son Ma-
gasin entomologique.
Olivier ( Encyclopédie méthodique ) décrit
quatre cent cinquante-neuf espèces de ce
groupe, et il les classe d'après les cinq sub-
divisions de Fabricius; mais ces divisions
ne suffisaient pas pour faciliter les recher-
ches, et il était utile d'établir des coupes
plus tranchées.
C'est dans le Catalogue des Lépidoptères
de Vienne que l'on voit pour la première fois
le genre Noctua , partagé en de nombreu-
ses coupes. Dans cet ouvrage, le genre est
divisé en vingt-cinq familles, qui sont in-
diquées par des lettres, mais sans nom de
division ; leurs subdivisions sont établies sur
le port des ailes , le nombre des pattes des
chenilles, et souvent sur des différences de
couleur.
En 1810, Latreilîe sépara des Noctuelles
le genre E rébus , qu'il caractérisa par le
dernier article des palpes nu, aussi long
que le précédent.
Ochsenheimer , en 1816 , dans le Supplé-
ment à son Histoire des Lépidoptères diurnes,
donna aussi un aperçu de sa méthode ,
où il fit entrer comme genres les coupes éta-
blies dans le Catalogue des Lépidoptères de
Vienne ; ceux adoptés par Fabricius , dans
son Systema Glossatorum, inédit; ceux que
Schranck avait créés dans la Fauna boica ;
les coupes et les genres indiqués par Hub-
ner, Borchkausen, et autres auteurs, qui l'a-
vaient précédé, et enfin ceux qu'il avait
créés lui-même ; et il arriva ainsi à carac-
tériser, d'une manière incomplète, qua-
rante-deux genres, formés aux dépens de
l'ancien groupe des Noctua.
M. Treitschke, en traitant des Noctuelles
dans l'ouvrage d'Ochsenheimer , qu'il était
chargé de terminer, adopta tous les genres
créés par cet auteur, et en établit lui-même
de nouveaux, tels que ceux des Bryophila,
Cymalophora , Noctua , Eriopus , Phlogo-
phora, Calpe et Mamia , qu'il caractérisa
principalement d'après la chenille et les
métamorphoses.
Duponchel, en 1834 (vol. VI de YHist.
des Papillons d'Europe), ne partagea les Noc-
tuelles qu'en sept genres (non compris celui
des Ercbus), et il les désigna sous les noms
662
NOC
de Noctua, CucvMa., Xaulhia, Gonoptera,
Calyptra., Plusia et Chrysoplera.
En 1829, M. le docteur Boisduval (Index
methodicus Europœorum Lepidopterorum )
divisa la famille des Nocturnes en un assez
grand nombre de tribus, dont les Noctuelles
forment les : 7e (Noctuo-Bombycini), 8e (Bom-
bycoidi), 9e (Noctuelidii) , 10e (Plusidi ),
11e (Catocalidi), \T (Heliotidï) , et 13e (Noc-
tuo-Phalœnidi) . Les genres y sont au nom-
bre de quarante-huit; ce sont ceux des au-
teurs antérieurs et quelques nouveaux, tels
que ceux des Asteroscopus, Heliophobus , Eu-
ripla, Hilarus, Luperina, Cerocala et Timia.
Pius tard, M. Treitschke, en donnant un
addenda à son ouvrage , remania toute sa
méthode; m<iis ce remaniement ne consiste
que dans le déplacement de quelques espèces
extraites d'un genre pour cire remises dans
un autre; il donne toutefois comme nou-
veaux les genres Cocylia et Cleophana, que,
du reste, il ne caractérisa pas.
En 1844, Duponchel, dont nous suivrons
constamment la classification qu'il a lui-
même adoptée dans ce Dictionnaire, indique
(Catalogue méthodique des Lépidoptères d'Eu-
rope, formant le complément à l'Histoire na-
turelle des Lépidoptères d'Europe) 12 genres
comme devant entrer dans sa tribu des Noc-
tuélides , et il les désigne sous les noms de
Hiria , Dup.; Triphœna , Treits. ; Segetia ,
Steph. ; Noctua , Treits. ; Opigcna , Boisd. ;
Actebia, Steph.; Chersotis , Boisd.; Agrotis,
Ochs.; Charœas, Steph.; Heliophobus, Boisd.;
Spœlotis, Boisd.; et Rusina, Steph.
Enfin M. E. Blanchard , en 1845 , dans
son Histoire des Insectes faisant partie du
Cours d'histoire naturelle de MM. Didot, a
divisé la tribu des Noctuélites, qu'il désigne
?ous le nom de Noctuéliens , en deux fa-
milles, subdivisées elles-mêmes en plusieurs
groupes, dont voici l'énumération :
lre famille. — Noctuides.
Groupes: Cymatophoriles , Acronyctites ,
Arnphipyrites, Noctuites, Hadénites, Ortho-
sites , Xylinites, Calpites, Plusiites, Acon-
tites, Euclidites, Catocalites.
2e famille. — Érébides.
Groupes : Ophidérites, Aganaïtes , Éré-
bites.
Telles sont les nombreuses divisions que
l'on a été forcé de faire dans l'ancien genre
NOC
Noctua, dont on connaît aujourd'hui près de
800 espèces. Disons maintenant quelques
mots des Noctuelles en général.
Ces Insectes, à leur état parfait, ont des
antennes pectinées , dentées ou ciliées dans
les mâles, simples ou filiformes dans les fe-
melles; les palpes dépassent un peu la tête,
et leur dernier article est toujours bien dis-
tinct; leur trompe est plus ou moins lon-
gue ; le corselet est presque toujours lisse;
l'abdomen est plus ou moins aplati; les
ailes supérieures sont généralement très
étroites, et les inférieures , au contraire ,
sont larges : les premières croisées l'une sur
l'autre et recouvrant les secondes , qui sont
plissées sous elles dans l'état de repos; les
écailles des ailes sont imbriquées , très ser-
rées et diversement colorées. Les chenilles
ont seize pattes : elles sont cylindriques,
lisses, sans protubérance, généralement de
couleurs sales , d'un aspect tantôt luisant,
tantôt velouté; elles vivent toutes de plan-
tes basses, dont elles rongent, les unes les
racines, les autres les feuilles : elles se tien-
nent toujours cachées pendant le jour, soit
sous les feuilles caulinaires , soit sous des
pierres, soit dans des trous qu'elles se creu-
sent dans la terre. Les chenilles des Noc-
tuelles sont, comme nous l'avons déjà dit,
phytophages; toutefois on en a vu qui
tuaient , non seulement toutes les chenilles
qu'elles pouvaient attraper , mais même
celles de leur espèce ; elles les saisissaient
par le milieu du corps avec leur mâchoire ,
et les suçaient jusqu'à ce qu'elles n'eussent
plus de peau.
Les Chenilles se changent en nymphes
quand elles sont parvenues à perdre tout
leur accroissement; pour cette opération,
elles cherchent un endroit abrité, soit sous
un tas de feuilles mortes, soit sous une
écorce d'arbre, soit enfin dans la terre; elles
se filent une coque très légère et se dépouil-
lent de leurs poils, qu'elles lient entre eux
avec quelques fils de soie très minces.
Les chrysalides sont lisses, luisantes, cy-
lindrico-coniques , et renfermées dans des
coques peu solides , composées entièrement
de terre, et plus ou moins profondément en-
terrées.
Quelques espèces passent l'hiver à l'état de
chrysalide, mais le plus grand nombre restent
peu de temps dans cet état transitoire.
NOC
NOC
663
Les Noctuélites sont des papillons de taille
moyenne, ils se trouventordinairement dans
les bois , les prairies et les jardins où leurs
chenilles ont vécu et aux environs des plan-
tes sur lesquelles elles doivent déposer leurs
œufs. Presque toutes ces espèces ne volent
que vers le coucher du soleil , mais il y en
a quelques unes qui sont très agiles pendant
le jour et que Ton rencontre sur les fleurs,
occupées à chercher leur nourriture.
Les Noctuélites se trouvent répandues
dans toutes les parties du monde; l'Europe
surtout en possède un très grand nombre
d'espèces : nous renvoyons le lecteur qui dé-
sirerait s'en faire une idée générale aux
genres principaux que nous avons indiqués
plus haut et particulièrement à l'article
NOCTUELLE. (E. DESMAREST.)
NOCTUELLE. Noctua. ms. — Genre
de l'ordre des Lépidoptères , famille des
Nocturnes, tribu des Noctuélites, établi par
Fabricius aux dépens du groupe des Pha~
tornade Linné, adopté par tous les entomo-
logistes et qui, principalement dans ces der-
niers temps, a été partagé en un très grand
nombre de groupes, de sorte qu'il est de-
venu une tribu distincte, et désignée le
plus généralement sous le nom de Noctué-
lites. Nous avons donné des détails sur les
anciennes Noctuelles , sur leurs mœurs f
leurs métamorphoses, etc., au mot noctuÉ"
lites ; nous nous bornerons ici à indiquer
le genre Noctua, tel qu'il a été restreint par
Treitschke et adopté par Duponchel, qui
nous sert de guide dans notre travail.
Les Noctuelles sont principalement ca-
ractérisées ainsi : Antennes simples à l'œil
nu dans les deux sexes; celles des mâles
un peu plus grosses et parfois subciliées ;
palpes dépassant la tête, presque droits,
comprimés latéralement ; le deuxième ar-
ticle large, sécuriforme ; le troisième court,
nu, obtus; corselet presque carré, surmonté
ordinairement d'une petite crête derrière
le collier, qui est peu ou point relevé; ab-
domen légèrement déprimé, lisse, terminé
carrément dans les mâles, et cylindrico-
conique dans les femelles; ailes supérieures
arrondies au sommet, généralement de cou-
leurs vives et variées, avec les taches ordi-
naires bien distinctes.
Les Chenilles sont cylindriques, épaisses,
non atténuées aux extrémités, rases, velou-
tées , présentant ordinairement deux séries
sous-dorsales de taches noires , dont les
deux postérieures plus prononcées. Elles
vivent de plantes basses , sous lesquelles
elles se tiennent cachées pendant le jour.
Leurs chrysalides sont cylindrico-coniques,
lisses , enterrées plus ou moins profondé-
ment dans des coques déterre ovoïdes, très
fragiles.
Les espèces de ce genre , au nombre de
trente, d'après Duponchel, sont toutes
propres à l'Europe, et la plupart se trou-
vent même en France. Nous citerons les :
Noctua plecla, Linné, dont les ailes anté-
rieures sont d'un ferrugineux foncé et bril-
lant, avec les deux taches ordinaires, la
moitié antérieure de la côte, et un peu au-
delà trois petits points blancs; les secondes
ailes d'un blanc jaunâtre. De la France
méridionale et de l'Italie.
Noctua Cnigrum, Linné. Ailes d'un brun
foncé assez vif, avec un grand C noir, ren-
versé contre la côte. Des environs de Paris.
Noctua brunnea, Fabr. Les ailes supé-
rieures d'un brun violacé avec des lignes
ferrugineuses et les ailes inférieures grises,
avec la frange rougeâtre. Des environs de
Paris, etc. (E. D.)
* NOCTLLA. mam. — M. Charles Bona-
parte ( Fauna ital. ) a créé sous ce nom un
groupe distinct de Chéiroptères pour y pla-
cer la Noctule, espèce du genre Vespertilion.
Voy. ce mot. (E. D.)
NOCTUO BOMBYCITES. ms. — Tribu
des Lépidoptères, de la grande famille des
Nocturnes, créée parLatreilIe(Ge»e>aCrusf.
et Insect. ), abandonnée ensuite par ce célè-
bre entomologiste et reprise dans ces der-
niers temps par Duponchel, qui lui donne
pour caractères : Antennes des mâles très
épaisses et striées circulairement, tantôt plus
ou moins pectinées et tantôt crénelées; an-
tennes des femelles simples ou filiformes :
corselet convexe, arrondi latéralement , sou-
vent velu ou sinueux : pattes de longueur
moyenne , ailes en toit déclive dans le repos ;
les supérieures marquées de lignes transver-
sales nombreuses et ondulées dans la plupart
des espèces.
Les Chenilles ont seize pattes : elles sont
rases, d'une consistance molle, à peau fine,
plus ou moins aplatie en dessous, à tête globu-
leuse; elles vivent sur les arbres ou les ac-
G64
NOD
NOEG
b;is<eaux,quelquefoissur les plantes basses,
mais toujours renfermées entre des feuilles
liées entre elles par des filets de soie. Leurs
chrysalides, assez courtes, cylindrico coni-
ques , sont renfermées soit entre les feuilles,
soit dans un tissu léger, ou une coque molle,
arrondie, à la surface de la terre.
Les genres placés dans cette tribu par
Duponchel sont ceux des Cymatophora ,
Cleoceris et Tethea. (E. D.)
*NOCTUO-PHALÉNIDES. ms.— Tribu
de Lépidoptères , de la grande division des
Nocturnes , créée par M. Boisduval (Index
met. Lep.) et assez considérablement modifiée
d'abord par M. Guénée, puis par Dupon-
chel qui lui assigne pour caractères : An-
tennes tantôt simples ou subpectinées dans
les deux sexes, tantôt ciliées dans les mâles
seulement; palpes de forme variée dépas-
sant le front; corselet lisse et arrondi; ab-
domen également lisse , excepté dans le
genre Erastria; ailes supérieures larges.
On ne connaît qu'un petit nombre de Che-
nilles decette tribu ; lesunesontseize pattes
et se nourrissent de plantes basses, tandis
quelesautresn'enontque quatorze et vivent
sur les arbrisseaux. Leur manière de se
transformer diffère également.
Duponchel place dans cette division les
genres Phytometra, Oratocellis, Hœmerosia
et Erastria. (E. D.)
NOCTURNES, ms. — Grande division
établie par Latreille dans l'ordre des Lépi-
doptères. Voy. ce mot.
NOCTURNES, ois. — Tribu établie par
quelques ornithologistes, entre autres par
G. Cuvier et Vieillot , de la famille des Ra-
paces , comprenant tous les Oiseaux qui
chassent et veillent la nuit. Dans les métho-
des modernes, on a substitué à ce nom ce-
lui de Strigidées.
*NODA (nodus , nœud), ins. — Genre
de Coléoptères subpentamères , tétramères
de Latreille, famille des Cycliques, tribu
des Colaspides, des Chrysomélines de Latr.,
formé par nous et adopté par Dejean ( Cata-
logue, 3e édit. , p. 434), qui en énumère
30 espèces américaines. Les types sont : les
Noda luteicvrnis F. , tristis 01., et hume-
ralis Latr. (Colaspis). La première espèce
est indigène des Antilles, la deuxième des
États-Unis , et la troisième de la Nouvelle-
Grenade. (C.)
NODDI. ois. — Division générique éta-
blie par G. Cuvier sur la Sterna flotida de
Linné. Voy. sterne. (Z. G.)
*NODICORNES (nodus, nœud; cornu,
corne ). ins. — Race d'Hémiptères hété-
roptères créée par MM. Amyot et Serville, et
comprenant les Coréides et les Rhopalides.
Voy. ces mots. (E. D.)
*NODOPYGUS. mvriap.— C'est un genre
de la famille des Lucidées qui a été établi
par M. Brandt dans les Bulletins de l'aca-
démie de Saint-Pétersbourg , et qui n'a pas
été adopté par M. Newportdans sa nouvelle
classification des Myriapodes. (H. L.)
NODOSARIA ( nodus, nœud ). moll. ?,
foramïn. — Genre de Foraminifères ou Rhi-
zopodes , faisant partie de la famille des
Équilatéralidées, la première de l'ordre des
Stichostègues de M. Aie. d'Orbigny, et carac-
térisés par leur coquille libre, régulière,
équilatérale, formée de loges arrondies, su-
perposées bout à bout sur un seul axe droit
et séparées par des étranglements, et ayant
une seule ouverture centrale, ronde à l'ex-
trémité d'un prolongement. Ce genre fut
créé par Lamarck pour de petites coquilles
qu'il avait d'abord confondues avec les Or-
thocères et qu'il classait parmi les Céphalo-
podes. LesNodosaires offrent quelques unes
des plus grandes coquilles parmi les Rhizo-
podes; la N. radicule, N. radicula, qui se
trouve dans la mer Adriatique est longue
de quatre millimètres. (Duj.)
NODULARIA. bot. cr. — Link ( in
Schrad. Journ., 1809, p. 9), syn. de Le-
manea, Bory. — Genre d'Algues Conferva-
cées, établi par Mertens (ex Agardh syst.y
XXV). Voy. CONFERVACÉES.
NODULARIA. polyp.?, alg.? — Déno-
mination employée d'abord par Imperati
pour désigner des espèces de Corallines , tou-
tes noueuses, et depuis lors reprise par Oken
pour un genre comprenant à la fois des Tu-
bulaires et diverses Algues calcifères qui doi-
vent cesser d'être rangées dans le règne ani-
mal. (Duj.)
*NODUS (vw<îoç, édenté). mam. — Genre
de Cétacés d'après M. Wagler ( Sysl. des
Amphib., 1830). (E. D.)
NOEGGERATHIA (nom propre), bot.
foss. — Genre de Palmiers fossiles, établi
par Sertnberg ( Tent. II, t. 20 ) et décrit
ainsi par M. Ad. Brongniart (Prodr., 121):
mi
I\01
685
Feuilles pétiolées , pinnées; folioles obova-
les, presque cunéiformes, appliquées contre
les parties latérales du pétiole , dentées vers
leur extrémité, à nervures fines et diver-
, gentes. La seule espèce connue , nommée par
Thunberg Nœg. foliosa, a été trouvée dans
les terrains houillers.
NOGAGUS. crust. — Genre de l'ordre
des Siphonostomes, établi et rangé par
M. Milne Edwards dans sa famille des Pel-
tocéphales et dans sa tribu des Caligiens. Ce
genre , obscurément caractérisé par le doc-
teur Leach et par les auteurs qui Font co-
pié, correspond au genre Ptérggopode de
Latreille et au genre Dinemetura de M. Bur-
meister. Il est caractérisé principalement par
la structure des pattes postérieures , les-
quelles, au lieu d'être simples et subam-
bulatoires comme cbez les Caliges, sontbi-
raméeset natatoires comme celles des paires
précédentes. D'autres particularités le dis-
tinguent aussi des Caliges proprement dits,
et des Trébies; ainsi le bouclier céphalique
est beaucoup moins développé et les pièces
frontales plus petites et plus libres. Le tho-
rax se compose de quatre grands articles bien
distincts ; et le premier de ces articles , cor-
respondant au second anneau thoracique , lé
premier anneau étant toujours confondu
avec la tête, présente de chaquecôté un petit
prolongement lamelleux. Enfin, les deux
petites lames natatoires qui terminent l'ab-
domen sont un peu plus développées que
chez la plupart des Caligiens. Les trois es^
pèces qui composent cette coupe générique
habitent les mers d'Afrique. Le Nogagus de
Latreille , Nogagus Lalreillei Leach {Dict.
des Se. nat.f tom. 14, p. 536), peut être
considéré comme le type de ce genre remar-
quable; cette espèce a été rencontrée sur la
côte d'Afrique. (H. L.)
*NOGRUS, Eschschollz, Dejean. ins. —
Syn. de Eunectes, Erichson, Aube. (C.)
NOISETIER. Corylus. (jwpvioç, cou-
drier), bot. ph. — Genre de plantes de la
famille des Cupulifères , de la Monœcie po-
lyandrie, dans le système de Linné. Il se
compose d'un petit nombre d'espèces li-
gneuses , dont les dimensions varient depuis
celles d'arbrisseaux peu élevés jusqu'à celles
d'arbres de taille moyenne; ces espèces crois-
sent dans les parties tempérées de l'Europe
et de l'Amérique septentrionale ; on en a dé-
T. VIII.
couvert récemment dans le nord de l'Inde.
Leurs feuilles simples, alternes , se montrent
après les fleurs; celles-ci sont monoïques.
Les mâles forment des chatons cylindriques
à bractées écailleuses imbriquées sur toutes
les faces. Chacune d'elles en particulier pré-
sente deux écailles symétriques, soudées par
leur base entre elles et à la bractée à la face
supérieure de laquelle elles sont placées; le
long de la suture de ces deux écailles s'atta-
chent 8 étamines , généralement en deux
rangées, à filets simples, très courts, à an-
thères ovales, uniloculaires, terminées par
des soies. Les fleurs femelles, groupées en
petit nombre, sont entourées d'un involucre
1-2-flore, à 2-5 folioles petites, déchirées,
velues', soudées entre elles par leur base;
elles présentent : un périanthe à limbe supère,
très petit, denticulé , velu ; un pistil à ovaire
adhérent , biloculaire, dont chaque loge ren-
ferme un ovule unique, anatrope, suspendu
au haut de la cloison , à 2 stigmates allon-
gés, filiformes. Le fruit est une nucule em-
brassée par l'involucre très accru et devenu
foliacé, tubuleux à sa base, plus ou moins
déchiré vers son bord.
L'histoire botanique des Noisetiers culti-
vés pour leur fruit présente quelque diver-
gence dans les divers auteurs; en effet, les
botanistes français, et, en Angleterre, Lou-
don, etç^, les considèrent comme formant
une seule espèce, le Corylus avellana, tan-
dis que les auteurs allemands , à l'exemple
deWilldenow, en font deux espèces dis-
tinctes, savoir: les Corylus avellana et tu-
hulosa. Nous croyons devoir suivre cette
dernière manière de voir, et présenter sépa-
rément l'histoire botanique de ces deux es-
pèces, que l'on pourrait peut-être consi-
dérer, sans inconvénient, comme deux sous-
espèces, sauf à réunir ensuite en un seul
paragraphe les détails qui se rapportent a
leur culture, leurs usages , etc.
1. Noisetier avelinier, Corylus avellana,
Lin., vulgairement Noisetier, Coudrier. C'est
un grand arbrisseau commun dans les taillis
et les haies de presque toute l'Europe, à
tiges droites, rameuses, revêtues d'une écorce
brunâtre inférieurement, grisâtre sur les
rameaux, parsemée de lenticelles qui pro-
duisent l'effet de petites taches , pubescente
sur les jeunes pousses. Ses feuilles sont pé-
tiolées, ovales, presque arrondies, le plus
84
666
NOI
NOI
souvent en cœur à leur base, acuminées au
sommet, doublementdentées, marquées, sur
chacune de leurs moitiés, de nervures et de
plis parallèles entre eux et obliques sur la
côte médiane, pubescentes, à pétiole velu-
glanduleux, accompagnées de stipules oblon-
,gues-obtuses. Ses chatons mâles naissent par
irois ou quatre ensemble; ils atteignent en
moyenne près d'un décimètre de longueur;
leurs écailles sont obovales-cunéiformes. Le
fruit, vulgairement connu sous les noms de
Noisette, d'Aveline, varie beaucoup de gros-
seur et de forme ; généralement il est ovoïde,
souvent anguleux, un peu comprimé par les
côtés , couvert dans sa partie supérieure d'un
léger duvet satiné et roussâtre, embrassé
dans un involucre campanule de même lon-
gueur que lui ou un peu plus long , mais
toujours ouvert et étalé à son bord qui est
denté ou déchiré. Le tégument de sa graine
est jaunâtre ou blanchâtre , mais non rouge.
On distingue plusieurs variétés de cette es-
pèce, parmi lesquelles nous ne signalerons
que les principales.
On donne le nom de C. A. sylvestrîs au
type sauvage ou Coudrier des bois, qui croît
spontanément dans les haies et les taillis. Il
se distingue par son fruitde saveur agréable,
mais petit et peu abondant, dont on ne tire
aucun parti. C'est lui qui a donné naissance
à nos variétés cultivées auxquelles les horti-
culteurs appliquent plus spécialement le nom
d'Avelinier. Celles-ci sont caractérisées par
un fruit plus gros et plus plein , de forme et
de dimensions variables, d'où sont venues
aux plus connues d'entre elles les noms de
C. A. ovata, maxima, striata, tennis, ou à
péricarpe mince, etc. L'une de ces variétés
les plus remarquables est celle que l'on cul-
tive en Angleterre sous le nom de C. A. bar-
celonensis, et quia été importée dans ce pays
de Barcelone dans le xvne siècle. Son fruit
est court, oYoïde, un peu comprimé, à pé-
ricarpe ou à coque épaisse, très forte , dure
et bien remplie. Aces variétés cultivées pour
leur fruit il faut en joindre quelques unes
que la couleur ou la forme de leurs feuilles
et de leur involucre fait admettre parmi les
arbrisseaux d'ornement, telles que : le C.
A. crispa, ou crépu, dont l'involucre est
comme frisé ; le C. A. laciniata ou hetero-
vhylla, à feuilles laciniées de diverses ma-
nières , le C. A. purpurea ou Noisetier pour-
pre, à feuilles rouge foncé ou pourpre , etc.
2. Noisetier franc, Cory lus tubulosa Willd.
Cette espèce que nous admettons ici comme
distincte de la précédente et qui, tout au
moins, devrait être regardée comme une
sous-espèce bien caractérisée , si l'on réu-
nissait les deux, diffère de l'Avelinier par
une taille plus haute , par des feuilles plus
grandes, plus lisses, surtout par un invo-
lucre fructifère beaucoup plus long, qui dé-
passe fortement le fruit, se prolonge en tube
resserré vers son orifice , incisé-denté à son
bord. Le fruit lui-même est de forme plus
allongée que le précédent. Il présente deux
variétés bien caractérisées : l'une à tégument
séminal rouge , l'autre à tégument séminal
blanchâtre; le péricarpe lui-même participe
à cette coloration, car dans la première il
est violet foncé , tandis que dans la seconde
il est blanc ou tire sur le jaune. L'amande
de ces graines est toujours de qualité supé-
rieure à celle des Avelines.
Nous réunirons maintenant les deux es-
pèces précédentes sous le seul nom vulgaire
de Noisetier, sous lequel on les confond
habituellement dans le vulgaire.
La tige du Noisetier n'acquiert pas d'as-
sez fortes proportions pour que son bois
puisse servir à des travaux de menuiserie ,
encore moins de charpente; mais la flexibi-
lité qui distingue ce bois, particulièrement
celui des branches, permet d'en faire divers
ouvrages rustiques, etc., à la confection des-
quels il est éminemment propre. Il est ten-
dre, pliant, d'un blanc rougeâtre; d'un grain
serré, uni, peu susceptible de poli. Carbo-
nisé, il donne un charbon léger, très bon
pour la fabrication de la poudre. Mais le
principal avantage que l'on tire de cet ar-
bre consiste dans l'emploi de ses fruits.
Déjà il était cultivé abondamment comme
arbre fruitier en Italie, du temps des Ro-
mains , particulièrement aux environs d'A-
vellino, dans le royaume de Naples; c'est
même de là que lui est venu le nom d'Avel-
lana. Aujourd'hui sa culture est encore très
étendue en Italie, ainsi qu'en Espagne, dans
le midi de la France, et en Angleterre dans
le comté de Kent; elle est moins importante
dans les autres parties de l'Europe. C'est
particulièrement de l'Espagne que le com-
merce retire une grande quantité de ces
fruits ; les principales expéditions ont lieu à
N01
NOI
CG7
Tarragone ; c'est donc à tort qu'on leur
donne habituellement le nom de Noisettes
de Barcelone. Ce fruit renferme en abon-
dance une huile qu'on en extrait assez sou-
vent, et dont la qualité est peu inférieure à
celle de l'huile d'amandes douces; l'extrac-
tion s'en fait vers le commencement ou dans
le milieu de l'hiver; plus tôt elle est encore
peu abondante, plus tard elle est sujette à
rancir.
On multiplie le Noisetier de semis et de
rejetons; celles de ses variétés que l'on dé-
sire conserver se propagent par marcottes,
et celle à feuilles rouges en particulier par
greffe. La plantation se fait, sous le climat
de Paris , le long d'un mur; les pieds sont
espacés de plusieurs mètres. Douze ou quinze
ans après la plantation, les pieds ont
acquis une hauteur d'environ 4 mètres, et
ils ne s'élèvent pas au-delà. Alors , la vi-
gueur de leur végétation commençant à di-
minuer sensiblement, on les coupe au pied
pour les rajeunir ; les nouvelles pousses se
développent avec rapidité et rétablissent
bientôt la Noisetterie. En renouvelant cette
opération chaque dix ou douze ans, on peut
entretenir la plantation pendant environ
100 ans à un degré de vigueur tel qu'elle
donne constamment de bons produits.
Outre les deux espèces de Noisetiers qui
viennent de nous occuper, il en est quel-
ques autres que l'on cultive fréquemment
pour l'ornement des jardins et des parcs, et
dont les principales nous arrêteront quel-
ques instants.
3. Noisetier du Levant, Lorylus eo-
Zurna Linn. Celui-ci forme un bel arbre de
forme pyramidale, qui atteint 15 et 20
mètres de hauteur. Son écorce est blan-
châtre et s'enlève par plaques ; ses branches
s'étalent horizontalement ; ses feuilles sont
I grandes, arrondies-ovales, en cœur à leur
/base, à découpures et dents aiguës, luisantes
à leurs deux faces, plus anguleuses et plus
douces au toucher que celles des précédents.
j Son fruit est petit, arrondi, enveloppé par
un involucre charnu, épais, très luisant,
qui porte extérieurement quelques points
glanduleux, partagé en divisions longues ,
courbes , rapprochées et déchirées elles-
mêmes. Le péricarpe de ce fruit est dur et
épais; l'amande de ceux cultivés dans nos
climats a peu de saveur; elle doit cependant
être plus savoureuse dans l'Orient, où ces
Noisettes sont, dit-on, recherchées. Cette
espèce a été portée de Constantinople dans
le xvne siècle ; elle fut d'abord envoyée à
Clusius, qui, trompé sans doute par des ren-
seignements inexacts, lui donna le nom de
Pumilus. Sa culture est très facile ; elle ré-
siste très bien aux froids auxquels l'expose
le climat du nord de la France et de l'An-
gleterre. On la multiplie aisément par
graines, par marcottes et par greffes; le
moyen de propagation le plus employé est
la greffe sur le Noisetier Avelinier. Les pro-
portions arborescentes de cette espèce per-
mettent d'utiliser son bois pour des ouvrages
plus importants que pour celui des deux
précédents. Dans l'Orient on en fait, assure-
t-on , de très bons mâts de chaloupes.
4. Noisetier d'Amérique, Corylus ameri-
cana, Walt. Cette espèce, qui habite l'Amé-
rique septentrionale, du Canada jusqu'à la
Floride, est l'une des plus petites du genre ;
elle forme un arbuste très touffu et arrondi»
qui atteint rarement deux mètres de hau-
teur : ses feuilles sont en cœur large ; dans
nos climats elles tombent au moins un mois
avant celles des autres espèces. Son fruit
est petit, ovoïde, comprimé ou quelquefois
à 3 angles; il est renfermé dans un invo-
lucre prolongé au-delà de lui en un limbe
plissé, large et inégalement découpé ; sa sur-
face extérieure porte beaucoup de poils
glanduleux à l'extrémité. Ce fruit est plus
petit que celui de nos espèces; on le vend
communément sur les marchés des États-
Unis ; son amande est un peu sèche, mais
elle a un goût fin pour lequel beaucoup de
personnes la recherchent. L'espèce se mul-
tiplie comme les précédentes.
Enfin nous nous bornerons à nommer
une autre petite espèce de l'Amérique sep-
tentrionale, le Noisetier cornu, Corylus
rostrata, Ait., le plus petit du genre, dont
le fruit, très peit, occupe le fond d'un in-
volucre prolongé en un long tube. Celui-ci
est plus difficile à cultiver que les quatre
espèces précédentes ; il demande la terre de
bruyère. (P. D.)
NOISETTE, moll. — Nom vulgaire
d'une espèce du genre Bulimc.
NOISETTE, bot. pu. — Fruit du Noi-
setier. Voy. ce mot.
NOISETTIA. bot. th. — Genre de la fa-
668
NOI
NOL
mille des Violariées, tribu des Violées ,
établi par H. B. Kunth (in Humb. et Bonpl.,
Nov.gen. etsp., V, 383, t. 499). Arbris-
seaux grimpants de l'Amérique tropicale.
Voy. violariées. — Noisettia, Mart. et Zuc-
car., syn. d'Anchietea, Aug. Saint- Hil.
NOISILLE et NOISILLIER. bot. ph.—
Noms vulgaires de la Noisette et du Noise-
tier dans certains cantons du midi de la
France.
NOIX. Nux. bot. ph. — Fruit du Noyer
(voy. ce mot). C'est aussi le nom d'une
espèce de fruit un peu charnu, uniioculaire
et monosperme. Voy. fruit.
On a encore donné le nom de Noix aux
fruits de certaines plantes appartenant à des
genres tout différents. Ainsi l'on a appelé :
Noix d'acajou, la graine de VAnacardium ;
Noix d'Arec , la graine de l'Arec ;
Noix de Bancoul , le fruit du Bancou-
lier;
Noix des Barbades, celui du Jatropha
catharlica ;
Noix de Ben, les fruits du Sésame;
Noix de Bengale, le Myrobolan citron;
Noix de Cocos, les fruits du Cocotier;
Noix d'eau, ceux dé la Mâcre;
Noix de Girofle, les fruits du Bavenala ;
Noix d'Inde, les Cocos;
Noix Isagur, la fève de Saint-Ignace;
Noix de Jauge, variété de Noix ordinaire
très grosse ;
Noix de Madagascar , même chose que
Noix de Girofle;
Noix de Malabar, le fruit du Slerculia
Balanças ;
Noix de marais , le fruit de VAnacar-
dium;
Noix de médecine, le Pignon d'Inde;
Noix médicinale, le fruit du Randier;
Noix de Métel , celui du Dalura motel ;
Noix des Moluques et Noix vomique , la
graine du Vomiquier , espèce du genre
Strychnos ;
Noix Pacane, le fruit du Pacanier, espèce
de Noyer ;
Noix Pistache, celui du Pistachier ;
Noix de serpent , les fruits des Nandhi-
robes;
Noix de terre ou Terre-Noix, les racines
du Bunium bulbocastanum ;
Noix vomique , même chose que Noix des
Moluques, etc,
NOIX DE GALLE, bot. ph. — Voy.
galle.
NOIX DE MER. moll. — Nom vulgaire
du Bulla ampulla. On a aussi appelé Noix
fasciée, le Bulla amplustra, et Noix papy-
racée ou Muscade, le Bulla physis.
*]\OLA. ins. — Genre de l'ordre des Lé-
pidoptères nocturnes, famille des Pyraliens,
tribu des Botydes, établi par Leach. Dupon-
chel , qui adopte ce genre (Pap., t. VIII,
p. 2 , 264 , pi. 228 , fig. 3 et 4 ), en décrit
7 espèces, dont la principale est la Nola pal-
liolalis Hubn. (Tinea cucullatella Linn. ,
Fab. , etc.). Les chenilles sont pourvues de
quatorze pattes, et se métamorphosent dans
une coque papyracée en forme de nacelle.
On trouve cette espèce dans toute la France,
et principalement aux environs deParis. (L.)
*NOLANA. bot. ph. —Genre unique de
la famille des Nolanacées , établi par Linné
( Gen. , n. 193 ) , et dont les principaux ca •
ractères sont : Calice campanule, 5-parti,
persistant. Corolle hypogyne , infundibuli-
forme, à limbe plissé, 5-10-lobé. Étamines
5, insérées au tube de la corolle, saillantes.
Ovaires nombreux . insérés sur un disque
hypogyne charnu, libres, à 1-6 loges uni-
ovulées. Style basilaire, simple; stigmate
capité. Drupes distincts, charnus, à 1-6
loges monospermes. Graines réniformes,
lenticulaires , comprimées. Embryon fili-
forme , annulaire, entourant un albumen
charnu; cotylédons semi-cylindriques, in-
combants; radicule infère.
Les Nolana sont des plantes herbacées ou
suffrutescentes de l'Amérique méridionale,
très semblables aux Convolvulus. Leurs
feuilles sont alternes, géminées, entières;
les fleurs fixées sur des pédoncules axil-
laires.
L'espèce principale est la Nolane étalée,
N. prostrata Linn. f., et Lamk., à fleurs
bleues, solitaires et axillaires. Elle est ori-
ginaire du Pérou. (J-)
*NOLANACÉES. Nolanaceœ. bot. ph.—
Petite famille établie aux dépens des Con-
volvulacées, et composée uniquement du
genre Nolana , dont les caractères sont par
conséquent ceux de la famille. Voy. no-
lana.
NOLINA. bot. ph.— Genre de la famille
des Mélanthacées , tribu des Vératrées , éta-
bli par L.-C. Richard ( in Michaux FI. Bor.
NOM
1NOM
639
Amer. y I, 207). Herbes de l'Amérique bo-
réale. Voy. MÉLANTHACÉES.
NOEINEA, Pers, {Ench. , I, 399). bot.
ph. — Syn. de Nolina , L. G. Rich.
*NOLLETIA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Composées Astéroïdées, établi par
Cassini (in Dict. se. nat., XXXVII, p. 479).
Arbrisseaux de la Mauritanie. Voy. com-
posées.
*J\'OLTEA. bot. ph. — Genrede la famille
des Rhamnées , tribu des Frangulées, établi
par Reichenbach (Consp. n. 3800).Arbustes
de l'Afrique tropicale. Voy. rhamnées. —
Eckl. (Msc), syn. de Selago, Lin.
NOMADA ( nomas , nomade ). ins. —
Genre d'Hyménoptères, section des Porte-
Aiguillons, famille des Mellificiens, créé
par Fabricius ( Syst. Entom., 1775) et
adopté par tous les zoologistes. Il présente
pour principaux caractères : Antennes fili-
formes dans les deux sexes; labre petit,
presque demi-circulaire ou en demi-ovale;
palpes maxillaires de six articles ; corps
presque glabre; pieds sans brosses, etc.
Ces Insectes, de moyenne taille, sont
ornés de couleurs jaunes ou orangées, dis-
posées d'une manière élégante; ils fréquen-
tent les fleurs et ne vivent pas en société ;
on les voit voltiger dans les lieux secs et
sablonneux où les Andrènes déposent leurs
œufs; aussi pense-t-on généralement qu'ils
détruisent la postérité de ces Hyménoptères,
et celle des autres Apiaires solitaires.
Ce genre renferme un assez grand nom-
bre d'espèces répandues sur presque toutes
les parties du monde : toutefois l'Europe
en fournit un pius grand nombre. L'espèce
la plus connue est la Numada ruficomis
Fabr. ( Apis ruficomis Linné ), qui se ren-
contre communément aux environs de Paris.
(E. D.)
NOMADIDES. Nomadides. ins. — Divi-
sion établie parmi les Mcllifères. Voy. ce
mot.
JXOMADITES , Peteniz. ois. — Syno-
nyme de Martin (Paslor), Temm. (Z. G.)
NOMADITES. Nomadites. ins. —Un des
groupes de la famille des Nomadides. Voy.
MELLIFÈRES.
*i\OMALES, Ziegler, Dahl, Cat. ins.—
Syn. de (Jophosus, Dej. (C.)
*J\OMAPIHLA (vofM», pâturage; pftoç,
qui aime), bot. pu. — Genre de la famille
des Acanthacées, tribu des Echmatacan-
thées , établi par Blume (Bijdr. , 804).
Herbes de Java et de Timor. Voy. acantha-
cées.
NOMIA [vofuoç, pastoral), ins. — Genre
d'Hyménoptères Porte-Aiguillons de la fa-
mille des Mellificiens , créé par Latreille
(Hist. nat. des Ins., 1804), et adopté par
tous les entomologistes. Très voisins des
Halictus et des Sphecodes, les Nomia n'en dif-
fèrent guère que par la languette sétiforme,
velue et beaucoup plus longue , et par les
pattes postérieures , ayant, dans les mâles,
les cuisses et les jambes très renflées.
Ces Hyménoptères se trouvent sur les
fleurs ; en général ils sont rares. On ne con-
naît pas leurs mœurs , ni leurs métamor-
phoses. On ignore s'ils vivent en société ou
s'ils sont solitaires; cependant, comme ils
ne diffèrent pas beaucoup des Andrènes et
desHalictes, et qu'on n'a observé parmi
eux que des mâles et des femelles, tout
porte à croire qu'ils ont les mêmes mœurs.
Ce genre , peu nombreux en espèces , se
trouve dans les contrées chaudes de l'Asie
et dans l'Europe méridionale. Nous donne-
rons pour type, la Nomia difformis, Latr. ,
Oliv., Lasius id.f Jur., propre au midi de
la France et à l'Italie. (E. D.)
NOMîSMA, DC. (Prodr., I, 175). bot.
ph. — Voy. tblaspi, Dillen.
NOMISMIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Légumineuses-Papilionacées, tribu
des Euphaséolées, établi par Wight et Ar-
nolt (Prodr. , I, 236). Herbes des régions
tropicales du globe. Voy. légumineuses.
PROMEUS, poiss. — Nom scientifique
donné par Cuvier au genre Pasteur.
NOMIOPUS (vo>oç, pastoral ; ttov;, pied).
ins. — M. Westwood ( in Stephens Catal. ,
1829), indique ainsi un genre d'Hyménop-
tères de la famille des Proctotrupiens.(E.D.)
*NOMIUS (vopuoç, qui a rapport aux trou-
peaux), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Carabiques , tribu des
Brachinites, établi par Laporte de Castel-
nau (Études enlomologiques , p. 145. Ulst.
nat. des An. art., tom. 2, p. 49). Le type, le
N. grœcus, est supposé provenir d'Orient. (C.)
*NOMIUS (nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères subtétramères (Tri-
mères Aphidiphages de Latreille) créé par
Mulsant ( Histoire naturelle des Coléoptères
G70
NON
de France, 1846, p. 213). L'auteur lui
donne pour type le N. cruentatus M. ,
espèce qui a été trouvée aux environs de
Berlin. (C.)
*i\OMOCHLOA ( vopî, plumage ; xU-â,
herbe ). bot. ph. — Genre de la famille des
Cypéracées , tribu des Rhynchosporées ,
établi par Palisot de Beauvois (ex Lestiboud.
Cyperac. ). Plantes de l'Amérique tropicale
et des régions chaudes de l'Amérique sep-
tentrionale.
L'aspect du fruit a conduit à la réparti-
tion des espèces de ce genre en deux sections,
nommées • Nomochloa , Nées : Caryopse
mucronulé; Pleurostachys , Brongn. : Ca-
ryopse obtus.
*NONAGRIA. ins— Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes, famille des Noctué-
liens, tribu des Leucanides, établi par Och-
senheimer aux dépens des Noctua de Linné
et Fabricius. Il présente pour caractères
principaux : Corps allongé ; antennes assez
épaisses, crénelées dans les mâles; palpes
dépassant le front; thorax lisse, ovalaire;
ailes allongées; abdomen long.
M. Boisduval (Gen. et index method. Eu-
rop. Lepid.) rapporte à ce genre 14 espèces,
toutes européennes, et dont les chenilles
habitent les endroits marécageux , et vivent
cachées dans les tiges des Graminées et des
Cypéracées.
La principale espèce, Non. Typhœ, Ochs.
(Noctua Typhœ Hubn., Esp. ; Noctua, arun-
dinis, Fab. ), se trouve communément en
France et dans le nord de l'Europe. Sa che-
nille vit dans l'intérieur des tiges de la Mas-
sette. (L.)
NONATELIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Rubiacées-Cofféacées - Guettar-
dées , établi par Aublet ( Guian., I, 182,
t. 72). Petits arbrisseaux de la Guiane.
Voy. RUBIACÉES.
NONIONA. moll.?— Genre proposé par
Montfort pour de petites coquilles comprises
dans le genre Nonionina. (Duj.)
NOMONINA. foramin.? —Genre de Fo-
raminifères ou Rhizopodes, établi par M. Aie.
d'Orbigny et faisant partie de sa famille des
Nautiloïdes, dans l'ordre des Hélicostègues
Il est caractérisé par sa coquille équilatérale,
enroulée en spirale dans un même plan et
formée de loges simples contiguës, avec une
seule ouverture en fente transversale contre
NOR
le retour de la spire. L'espèce type, N. um-
bilicala, avait été décrite par Soldani sous le
nom de Naulilus globulus ; elle se trouva
dans la Méditerranée et dans la mer Adria-
tique. (Duj.)
NONJVAT. poiss. — Nom donné aux
jeunes Poissons du genre Athérine. Voy.
ce mot.
NONNEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Aspérifoliées , tribu des Anchu-
sées, établi par Medicus (Philosoph. bot., I,
31 ). Herbes de l'Europe et de l'Asie. Voy.
ASPÉRIFOLIÉES.
NONPAREÏLLE. bot. ph. — Nomdonné
à une variété de Pomme.
NOPAL, bot. ph. — Syn. de Cactus. Voy.
OPONTIACÉES.
NOPALÉES. Nopalcœ, DC. (Théorie élé-
ment., 216). bot. ph. — Synonyme d'Opon-
tiacées, Juss. Voy. ce mot.
*NOP5. aracu. — Genre de Tordre des
Aranéides, de la tribu des Araignées, établi
par M. Mac-Leay, et ainsi caractérisé par
ce savant : Yeux au nombre de deux, égaux
entre eux, placés sur une ligne transverse,
et reculés sur le derrière du céphalothorax;
lèvre plus longue que large , arrondie à son
extrémité ; mâchoires à côtés parallèles , en-
tourant la lèvre, coupées obliquement à
leur côté interne; pattes allongées, la qua-
trième paire la plus longue, l'antérieure
ensuite, la troisième la plus courte. Tels
sont les principaux caractères de ce genre
remarquable, qui se distingue de tous les
autres par les yeux, et surtout par la manière
dont ces organes, qui ne sont qu'au nombre
de deux , sont placés ; il en diffère en-
core par la forme de son céphalothorax et
de son abdomen ; cependant c'est avec les
genres des Dysdera , des Scytodes et des De-
ris, que cette ancienne coupe générique a
le plus d'affinité. De plus , les Nops se
trouvent comme les Araignées qui compo-
sent ces genres, c'est-à-dire qu'ils se tien-
nent sous les pierres et dans les intervalles
resserrés , cachés ou obscurs. La seule es-
pèce connue est le Nops guanabacoa , Nops
guanabocoœ (Mac-Leay, Ann. of natur.
hislory, 1838, t. II, p. 2). C'est dans l'ar-
chipel d'Amérique, à Cuba , et dans un lieu
nommé Guanabacoa, que cette Aranéide a
été rencontrée. (H. L.)
NORANTEA. bot. ph. — Genre de la
NOS
1NOS
671
famille des Marcgraviacées , établi par Àu-
blet {Guian., I, 554, t. 220). Arbres et ar-
brisseaux de la Guiane et du Brésil. Voy.
MARCGRAVIACÉES.
*KORBANUS. ins. — Genre d'Hymé-
noptères, de la famille des Chalcidiens ,
créé par M. Walker {Ami. soc. ent. deFr.,
2e série, t. I, 1843, et comprenant plu-
sieurs espèces américaines. (E. D.)
"NORMAUX. Normalia. crust.— Lalreille
désigne sous ce nom , dans l'ordre des Iso-
podes , une section de Crustacés qui ren-
ferme les Cymothoadiens et les Sphéro-
miens. (H. L.)
*i\ORNA, Wahlenh. {Flor. suce, 561).
bot. pu. — Syn. de Calypso, Salisb.
KORONniA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Oléacées-Oléinées,
établi par Stadtmann ( ex Thouars Gen.
Madagasc, n. 24). Arbustes de Madagas-
car et de la Mauritanie. Voy. oléacées.
*XOROPS(vû»pft4, brillant), rept. -Genre
de la famille des Iguaniens, établi par
Wagner pour une espèce de la Guyane. Il a
pour caractères, d'après MM. Duméril et Bi-
bron : Peau du dessous du cou formant un
pli saillant disposé en une sorte de petit fa-
non non dentelé; point de dents palatines,
ni de pores fémoraux; quatrième doigt des
pieds de derrière plus long que le troisième ;
écailles du corps carénées, en partie imbri-
quées; celles des flancs beaucoup plus peti-
tes que celles du dos et du ventre; queue
médiocre, non préhensile, privée de crête,
ainsi que le dos.
L'espèce type de ce genre est YAnolis au-
rata de Daudin. (P. G.)
*i\OROPS. infus.? systol. — Genre de
Rotateurs ou Systolides, proposé par M.Eh-
renberg, qui depuis a changé ce nom en celui
de Triophthalmus. 11 fait partie des Polytro-
ques nus de la famille des Hydatinés. (Duj.)
KORTA, DC. {Syst.s II, 458; Prodr. I,
190). bot. pu. — Voy. sisymbrium, Linn.
NORTENIA, Thouars {Gen. Madaaasc).
bot. pu. — Syn. de Torenia, Linn.
NOSODENDRON (voaoç, maladie; Stv-
àpov, arbre), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Clavicornes, tribu
des Byrrhiens , créé par Latreille {Gênera
Cruslac, et Ins., t. II, p. 43), et ainsi ca-
ractérisé : Menton entièrement découvert,
très grand, en forme de bouclier; antennes
terminées brusquement en massue courte,
perfoliée, de 3 articles. Le type, le IV. fascicu-
lare {Sphœridium) de F., espèce de France,
se développe, ainsi que sa larve, dans les
plaies des vieux ormes et des marronniers
d'Inde. Deux autres espèces américaines
rentrent dans ce genre. L'une est originaire
des États-Unis, et l'autre de la Guadeloupe.
La larve du N. fasciculare est molle, blan-
châtre; son corps est formé d'anneaux ra-
boteux , et muni sur les côtés de poils
raides ; la tête est écailleuse et armée de
deux mâchoires très fortes. L'Insecte se tient
constamment dans les plaies des arbres , et
se trouve vers le milieu du printemps. (C.)
*J\TOSODERMA (vôffoç, maladie ; <%ue,
peau), ins. — Genre de Coléoptères hété-
rornères, famille des Mélasomes, tribu des
Blapsides, formé par Dejean {Catalogue ,
3e édit., p. 207), qui en énumèreS espèces
américaines: les N. inœquale, echinolum,
confusum , morbillosum Dej. , et dentatum
Chv. La première est des États-Unis, la se-
conde de l'île de Cuba, et les trois autres pro-
viennent du Mexique. Le Brésil et la Co-
lombie ont aussi des représentants de ce
genre. Le corps de ces Insectes est dur,
presqu'à l'égal de la pierre. Les Nosoderma
attaquent les racines des arbres. Solier a
adopté ce genre, qu'il comprend dans ses
Collaptérides et dans sa tribu des Zophérites
{An. Soc. Ent. de Fr., t. X. p. 31 ). (C.)
NOSOPHLOEUS (vo'aoç, maladie; yXofa,
écorce). ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères , tétramères de Latreille, famille
des Longicornes , tribu des Cérambycins ,
créé par M. L. Dupont {Mag. dezool, 1836,
pi. 147) et adopté par Serville {Ann. de la
Soc. ent. de Fr., t. 3, p. 35). Ce genre fait
partie de la tribu des Trachydérides de
M. Dupont. Le type, le N. coccineus Dup.,
est originaire des provinces méridionales du
Brésil. (C.)
NOSÏOC, Vaill. {Bot. Paris., 144). bot-
cr. — Champignons. Syn. de Tremella ,
Dill.
NOSTOC, Vauch. (Conf., 203, t. 16).
bot. cr. — Algues. Syn. d'Undina, Fries.
NOSTOCINÉES. Nostocineœ. bot. cr. —
Groupes d'Algues établi par Agardh {Syst.,
XV), et qui fait partie des Chaodinées, pe-
tite famille ainsi désignée par M. Bory de
Saint-Vincent. Voy, cuaodinées.
672
NOT
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JVOTACANTHE. Nolacanthus (vû'-roç,
dos; axavOa , épine), poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens, famille des
Scombéroïdes , établi par Bloch et adopté
par MM. G. Cuvier et Valenciennes (Hist.
des Poiss. y t. VIII, p. 465). Les Notacan-
thes ont des épines libres au lieu de dor-
sale, des épines libres en avant de l'anale,
une longue anale unie à la caudale, de pe-
tites écailles ovales, un museau proéminent.
Ces différents caractères ont fait classer ces
Poissons par les auteurs cités plus haut ,
auprès des Mastacembles et des Rhynchob-
delles, dont ils diffèrent cependant par la
présence de ventrales placées fort en arrière
des pectorales.
Ce genre ne renferme encore qu'une
seule espèce, Notacanthe nez, Notac. nasus
Bl., dont on ignore la patrie.
AOTACAKTHES. Notacantha. ras. —
Famille de l'ordre des Diptères brachocères,
établie par Latreille (Fam. du règne anim.)é
M. Macquart, qui a adopté cette famille
(Diptères, Suites à Buffon-Roret, I, 220), la
caractérise ainsi : Trompe ordinairement re-
tirée dans la bouche ; lèvres terminales épais-
ses; palpes souvent de trois articles , troi-
sième ordinairement globuleux. Troisième
article des antennes annelé; style nul ou
apical. Écusson le plus souvent muni de
pointes. Abdomen ordinairement de cinq
segments distincts. Trois pelotes aux tarses.
Cellule marginale des ailes ordinairement
nulle ou confondue avec la stigmatique;
deuxième sous-marginale souvent petite :
ordinairement cinq postérieures rayonnant
autour de la discoïdale.
M. Macquart (loc. cit.) avait d'abord di-
visé la famille des Notacanthes en trois tri-
bus, mais la découverte de nouvelles espèces
exotiques présentant quelques détails d'or-
ganisation tout-à- fait spéciaux , ont néces-
sité, pour elles, la formation d'une tribu
particulière. Ainsi, les Notacanthes se trou-
vent actuellement répartis en quatre tribus,
qui sont : Acanthomérides, Sicaires, Nylo-
phagides et Stratiomydes. Voy. ces mots,
pour les caractères spéciaux à chacune de
ces tribus , et l'énumération des genres
qu'elles renferment.
Les habitudes des Notacanthes sont aussi
variées que leur organisation. Les uns vi-
vent dans les bois, posés sur le tronc des
arbres ; d'autres sur le feuillage ou les
fleurs des prairies et dans les lieux aqua-
tiques. Les femelles déposent leurs œufs,
tantôt dans le terreau ou dans les ulcères
des arbres, tantôt dans les bouses, quel-
quefois dans les eaux. Les larves, dont l'or-
ganisation diffère même chez les Insectes de
la même tribu, trouvent, dans ces diverses
situations, les aliments nécessaires à leur
développement. Lorsqu'elles passent à l'état
de nymphe, la peau sert de coque sans
changer de forme. Voy. pour plus de dé-
tails les noms des tribus cités dans cet ar-
ticle. (L.)
*J\0TACANTH1NA (vStos, dos; âxavGiov,
petite épine), ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, famille des Musciens,
tribu des Muscides , groupe des Ortalidites
(Ortalidées, Macq.), établi par M. Macquart
[Diptères, Suites à Buffon de Roret), qui n'y
comprend qu'une seule espèce (Notac. bis-
pinosa Macq. (Scatophaga id. Fab., Tetano-
cera id. Wied.), de l'Amérique méridionale.
*NOTAMIA. polyp. — Nom de genre
proposé par M. Fleming pour des espèces de
Cellaires, dont M. Savigny avait fait le
genre Gemellaria , que M. de Blainville a
changé en Gemicellaria , et que Lamouroux
nomma Loricaria , après l'avoir d'abord
réuni à ses Crisia. Le type de ce genre est
la Sertularia loriculata de Linné. Voy. gé-
MICELLAIRE. (DuJ.)
*NOTAPHUS. ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Carabiques,
tribu des Subulipalpes, formé par Mégerle,
et dont Dejean a fait sa quatrième division
de ses Bembldium ( Species général des Co-
léoptères, tom. V, pag. 63, Cat., troisième
édition, pag. 57). Cet auteur y rapporte
13 espèces: 7 sont originaires d'Europe,
4 d'Amérique, 1 est d'Asie et 1 d'Afrique.
On doit considérer comme en étant les types
les N. majus Ghl., ustulatus F., et dorsalis
Say. (C.)
NOTARCHE. Notarchus. moll. — Genre
de Mollusques gastéropodes, de l'ordre des
Tectibranches et faisant partie de la famille
des Aplysiens avec les Aplysies et les Bursa-
telles, dont il se rapproche beaucoup. En ef-
fet, lesNotarches sont en quelque sorte des
Aplysies à deux tentacules, ayant le manteau
plus serré et le pied extrêmement étroit,
terminé en avant par une double lèvre. C'est
NOT
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673
Cuvier qui institua ce genre et qui lui assi-
gna ia place qu'il doit conserver parmi les
Tectibranches. M. de Blainville admit ce
genre, mais il le plaça avec les Aplysies dans
son ordre des Monopleurobranches. La seule
espèce décrite a été nommée le Notarche de
Cuvier. (Duj.)
NOTARIS , Germar. ms. — Synonyme
fYErirhinus , Schœnherr. (G.)
*NOTARISIA, Colla (in Mém. acad. Tu-
rin, XXXIX, 53, t. 75). bot. cr. — Syn.
de Plagiochila, Nées et Montagne.
NOTASPIS. arach.— Synonyme d'On-
bata. Voy. ce mot. (H. L.)
NOTERA, bot. ph. — Genre de la
famille des Oléacées-Oléinées , établi par
Ventenat (Choix, 425). Arbustes delà
Nouvelle-Hollande. Voy. oléacées.
NOTENCÉPH ALE. Nolencephalus (vStoç,
dos; éyx/tpoJoç , encéphale), térat. — Genre
de Monstres unitaires, de l'ordre des Auto-
sites, de la famille des Exencéphaliens. Voy.
ce dernier mot.
*NOTEROPHILA (v<mPoç, humide;
<p'>oç , qui aime), bot. ph. — Genre de la
famille des Mélastomacées , tribu des
Rhexiées, établi par Martius (Nov. gen. et
spec, III, 110, t. 254). Herbes des eaux
marécageuses duBrésil. Voy. mélastomacées.
NOTERUS ( vor/poç , humide), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Hydrocanthares, tribu des Dytiscîdes ,
créé par Clairville ( Entomologie helvétique,
t. 2 , p. 224 , pi. 32 ) et adopté par Aube
(Species général des Coléoptères, t. VI,
p. 397), qui en énumère les 3 espèces suivan-
tes : N. crassicornis Mull., sparsus Marsh,
et lœvisDe}. Les 2 premières se rencontrent
aux environs de Paris et la 3e dans le midi
de la France. M. Hope rapporte à ce genre
le Dyt. semipunctatus de F. Chez ces Insectes
l'écusson est caché et le prosternum se ter-
mine postérieurement en forme de spatule
étroite. (C.)
*NOTEUS(votioç, humide), infus.? systol.
— Genre de Systolides ou Rotateurs établi par
M. Ehrenberg dans sa famille des Brachio-
nœa, pour le Brachionus Baker i de Mûller,
qui diffère des autres espèces de vrais Bra-
chions, parce qu'il n'a pas le point rouge ocu-
liforme que M. Ehrenberg prend pour un œil.
Cette espèce , nommée aussi B. capsuliflorus
par Pallas, B. quadridentalus parHermann,
T. VIII.
et B. octodenlalus par M. Bory de Saint -
Vincent, est longue de 22 à 44 centièmes de
millimètre; sa carapace , dont la longueur
est moitié moindre, est rude, granuleuse,
réticulée au milieu , avec six pointes en
avant, dont deux au milieu plus longues et
courbées ; elle a en outre deux longues épi-
nes latérales en arrière, et un prolongement
bifide au-dessus de la queue. On la trouve
dans les eaux douces de l'Europe tempérée
et septentrionale. (Duj.)
NOTHA (vo'Ôoç, bâtard), ins. — Genre
de Coléoptères hétéromères, famille desMé-
lasomes , tribu des Akisites , attribué par
Dejean à Eschscholtz et que nous ne trou-
vons pas publié. Le type, le N. gibbosa de
l'auteur, est originaire de la Californie. (C.)
*N0THER0D1US , Wagler. ois. — Sy-
nonyme û'Aramus, Vieil!. (Z. G.)
NOTHITES. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Composées, tribu des Astéroïdées,
établi par Cassini (in Dict. se. nat., XXXV,
163). Herbes de l'Amérique tropicale. Voy.
COMPOSÉES.
NOTHIUM, Lindl. (Orchid., 142). bot.
ph. — Voy. maxillarià, Ruiz et Pavon.
NOTHOL^Ei\A. bot. cr. — Voy. noto-
CHL.ŒNA.
NOTHOSAURES (vo'Ooç, bâtard ; aavpoç,
lézard), rept. foss. — Genre créé par M. de
Munster (Almanach minéralogique, 1834),
pour un reptile, dont les débris se rencon-
trent dans le muschelkalk de Wurtemberg
et de la Lorraine. Les animaux de ce genre
offraient de l'analogie, par la forme de
leurs vertèbres et de leurs membres, et par
leur long cou , avec les Plésiosaures, et par
la forme et la composition de leur tête avec
les Tortues. Les dents des Nothosaures, gé-
néralement petites, sont coniques , striées ,
légèrement infléchies en dedans et en ar-
rière, et implantées dans des alvéoles sépa-
rés. Relativement à leur grandeur, elles
sont de trois sortes; celles des intermaxil-
laires et de la partie antérieure de la mâ-
choire inférieure sont plus grosses et plus
longues que celles des maxillaires et de la
mâchoire inférieure qui leur correspon-
dent; et entre ces dernières et les premières
existent, de chaque côté des deux mâchoires,
une ou deux dents beaucoup plus grosses
et plus longues, qui font l'ofûce de canines.
Les Nothosaures ne paraissent pas avoir at-
S5
674
NOT
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teint une taille aussi grande que les Ena-
liosauriens. Plusieurs autres genres du
Trias, tels que les Conchiosaures , les Dra-
cosaures, les Simosaures et les Pistosaures,
montrant dans la composition de leur tête
un rapprochement très sensible avec les
Tortues , et particulièrement avec les Trio-
nyx, nous pensons qu'il serait peut-être
bon de les réunir en une même famille,
sous le nom de Chélyosauriens.
M. de Munster distingue trois espèces
de Nothosaures , qui sont les Not. gigan-
teus, mirabilis et venustus. (L...D.)
NOTHRIA, Berg. ( Cap., 171 , t. I, fig.
2). bot. ph. — Syn. de Frankenia, Linn.
*NOTHRODES (vcjQpu&îî, lent), ins. —
Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères , division des
Otiorhynchides, établi par Erichson (Archiv.
fur nalurgeschichte 1842, pag. 192). L'espèce
type, N. languidus de l'auteur, est origi-
naire de la Nouvelle-Hollande. (C.)
NOTHRUS. arach. — Synonyme d'OH-
bata. Voy. ce mot. (H. L.)
*IVOTHURA, Wagler. ois. — Synonyme
de Crypturus, Illiger. Voy. dinamon. (Z. G.)
NOTHUS (voGoç , bâtard ). ins.— Genre
de Coléoptères hétéromères, famille des Sté-
nélytres, tribu des OEdémérites, formé par
Ziegler et adopté par Dejean (Cat., 3e édit.,
pag. 249) et par Latreille {Règne animal de
Cuvier, t. 5). 3 espèces rentrent dans ce
genre : les N. clavipes Még. , bipunctatus
111., (Prœustus 01.), et Uralemis Mots. Les
premières sont originaires de France et de
Hongrie ; la troisième se trouve dans la
Russie méridionale. (C.)
*NOTICASTRUM. bot. ph. — Genre dé
la famille des Composées, tribu des Asté-
roïdées, établi par De Candolle (Prodr., V,
279). Herbes du Chili. Voy. composées.
*NOTIDORIA (vort'ç, humidité ; &o», je
vis), ins. — M. Stephens (Illust. brit. Ent.
1826) indique sous cette dénomination un
genre dePhryganiens. Voy. ce mot. (E. D.)
*NOTIORIA (voti'oc, humidité; 6ioo , je
vis), ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res , famille des Carabiques , tribu des Sim-
plicipèdes , créé par Perty (Delectus anima-
lium art., p. 13, pi. 3, f. 8). Le type, la
N. nebrioides Perty, est indigène du Bré-
sil. (C.)
*NOTIODES (voTtw&js, humide), ins.—
Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères, division des
Érirhinides, établi par Schœnherr (Gen. et
sp. Curculionid. syn., 7, 2, 183) et qui se
compose de 4 espèces des États-Unis : N. %
limatilus, nigrirostris Schr., apiculatus Say
et egenus Dej. (Bagous). Ces Insectes, très
semblables aux Bagous , s'en distinguent
par un funicule composé seulement de 6 ar-
ticles, par un corselet non canaliculé eni
dessous et par des tibias armés d'un seul
petit ongle. (C.)
*NOTIONOMUS (vo-rfa, humidité; vop.o'ç,
demeure), ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères , famille des Curculionides gona-
tocères , division des Érirhinides , créé par
Erichson {Archiv. furnaturg .,1842, p. 197,
131). Le type, N. australisEr., est originaire
de la Nouvelle-Hollande. (C.)
N0T10PHILUS, Schœnherr. ins. — Syn.
de Notiodes du même auteur. (C.)
NOTIOPHILUS (vort'a, humidité; <?(-
Uo>, j'aime), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Carabiques , tribu
des Simplicipèdes, formé par Duménl et
adopté par Dejean (Species général des Coléo-
ptères^ t. 2, pag. 277), qui en énumère qua-
tre espèces; les N. aquaticus, bipunctatus
F., quadripunctatus et geminatus Dej. Les
trois premières se rencontrent aux environs
de Paris et la quatrième est propre à la Bar-
barie. Indépendamment de ces espèces, on
doit considérer comme faisant partie du
genre les suivantes : N. punctulatus West-
maël , marginatus Gêné, tibialis, palustris
New., fulvipes Mots., rufipes Reysham, syl-
vaticus et semiopacus Esch. Les cinq pre-
mières appartiennent à l'Europe et les deux
dernières à l'Amérique septentrionale occi-
dentale. M. Waterhouse a publié une mo-
nographie des espèces de Notiophilus pro-
pres à l'Angleterre. (C).
NOTIOSPHAGE, Benth. {Labiat., 309).
bot. ph. — Voy. salvia, Linn.
*NOTIPHILA(voTta} humidité; cpt'Xo;, qui
aime), ins. — Genre de l'ordre des Diptères
brachocères, famille des Musciens, tribu des
Muscides, sous -tribu des Hydromyzides de
M. Macquart, établi par Fallen et Meigen.
M. Macquart ( Diptères, Suites à Buffon de
Roret) en cite et décrit 8 espèces, qui habi-
tent la France et l'Allemagne dans les lieux
humides.
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C75
NOTOBASIS (vo'to;, humidité; e«'<rc5, ra-
cine), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées, tribu des Astéroïdées, établi
par Cassini (in Dict. se. nat., XXV, 225;
J XXXV, 170). Herbes des régions méditer-
ranéennes. Voy. COMPOSÉES.
*NOTOCERA (vwtoç, dos ; x/pa5, corne).
|ins. — MM. Amyot et Serville (Hémiptè-
res des Suites à Buffon de Roret ) indiquent
sous ce nom un genre d'Hémiptères Homo-
ptères de la famille des Membraciens, et qui
ne comprend qu'une seule espèce , le Cen-
trotus cruciatus F abr., de Gayenne. (E. D.)
NOTQCERAS (vwtoç, dos ; x/paç, corne).
bot. ph. — Genre de la famille des Cruci-
fères, tribu des Arabidées , établi par R.
Brown (in Alton Hort. Kew., 2e édit., IV,
117). Herbes de la Sibérie. Voy. crucifères.
*NOTOCH.ETE ( vStoç , dos; x*r-*>
crin), bot. ph. — Genre de la famille des
Labiées, tribu des Stachydées , établi par
Bentham (Labiat., 635). Herbes du Népaul.
Voy. LABIÉES.
NOTOCHLiENA ou mieux NOTHO-
LiEIVA (voGoç , faux; gXaîva , couverture).
bot. cr. — Genre de la famille des Fou-
gères, tribu des Polypodiacées , établi par
Rob. Brown (Prodr., 146), et caractérisé
principalement par les sporanges, disposés
en sores linéaires , marginaux , continus ou
interrompus , et voilés par les poils de la
fronde; il n'y a pas d'indusie.
Les Notochlœna sont des Fougères à tige
herbacée, courte ; à frondes simples, pinnées
ou tri-pinnées, hirsutées. Elles croissent en
abondance dans les régions tropicales du
globe.
*NOTOCLEA, Marsbam. ras. — Syno-
nyme de Paropsis, Olivier. (C.)
*NOTOCORAX(voti'oc, humidité; xo>£,
corbeau), ins. — Genre de Coléoptères hé-
téromères , famille des Mélasomes , tribu des
Opatrides de Hope , formé par Dejean (Cat.,
3e édit., p. 212) avec YOpatrum Javanum
Ide Wied. (C.)
NOTOCOTYLUS (vStoç, dos ; xotv).v,, ca-
vité), heul — Genre d'Entozoaires décrit par
M. Diesing (Ann. Mus. Vienne, t. II), et qui
rentre dans l'ordre de Trématodes. (P. G.)
* NOTOCYRTUS (vSxoç, dos; xu'Pt°ç ,
courbé), ins. — Genre d'Hémiptères hétéro-
ptères, de la tribu des Réduviens, indiqué
par M. Burmeister ( Handb. der ent.t II,
1835), et ne comprenant qu'un petit nom-
bre d'espèces exotiques. (E. D.)
NOTODO]\TA(vw-o;, dos; &&U5, ovtoç,
dent), ins. — Genre de Tordre des Lépi-
doptères Nocturnes, tribu des Notodonti-
nes , établi par MM. Ochseinheimer et Bois
duval. Par suite du retrait successif de cer-
taines espèces qui ont servi à former de nou-
veaux genres (Lophopteryx , Leiocampa,
Peridea, Chaonia, Ptilophora), le genre No-
todonta n'en renferme plus que quatre et
présente pour caractères principaux : Anten -
nés pectinées ou dentées dans les mâles, fili-
formes dans les femelles. Palpes grêles et
velus. Trompe nulle. Corselet uni, avec les
ptérygodes étroits et séparés par un grand
intervalle. Dents du bord interne des ailes
supérieures assez prononcées. Frange de ces
mêmes ailes plus ou moins dentelée.
Les Chenilles, entièrement glabres, sont
remarquables par une bosse plus ou moins
prononcée qui surmonte leurs anneaux in-
termédiaires. Elles vivent sur les peupliers,
les Trembles et les Bouleaux, et se métamor-
phosent dans des coques molles , tantôt entre
des feuilles d'arbre, tantôt à la surface de
la terre, sous la mousse ou les feuilles sèches.
Parmi les Notodonta les plus connus,
nous citerons les Notod. dromedarius , Tri-
tophus , lie-lac et Torva. Ces espèces ha-
bitent principalement la France et l'Alle-
magne. (L.)
*NOTODO!VTIDES. Notodontides . ins. —
Tribu établie par M. Boisduval dans l'ordre
des Lépidoptères Nocturnes , et dont les
principaux caractères sont : Corselet squa-
meux ou velu , tantôt uni, tantôt huppé ou
crête. Antennes pectinées, plumeuses ou
dentées dans les mâles, simples ou filifor-
mes dans les femelles. Palpes de forme et de
grandeur diverses. Trompe nulle ou rudi
mentaire. Ailes en toit dans le repos; le ;
supérieures offrent un lobe dentiforme ou
une crête de poils au milieu du bord interne
dans beaucoup de genres.
Chenilles glabres, ou parsemées de poils
isolés, à seize pattes. Elles vivent sur les ar-
bres, et se métamorphosent, les unes danâ
la terre, les autres dans des coques»
Les genres compris dans cette tribu sont
au nombre de 12. Ce sont, d'après Dupon-
chel [Catal. des Lépidopt. d'Europe, p. 89):
Ptilodontis, Lophopteryx, Plilophora, Leio-
676
NOT
NOT
campa , Notodonta , Peridea , Drynobia, He-
terodonta , Microdonta , Chaonia , Gluphisia
et Diloba. M. Boisduval, dans son Gen. et
index melh. Europ. Lepid. , y rapporte les
genres : Dicranura , Harpyia , Uropus , As-
teroscopus, Ptilodontis , Notodonta, Gluphi-
sia, Diloba, Pygœra et Clostera. (L.)
*NOTOGYMIVUS (vwtoç, dos ; yupvofi, nu).
helm. — Genre de la famille des Némertes ou
Borlases établi par M. Ehrenberg (Symbolœ
physicœ ) , et répondant à celui que M. Hu-
schke avait établi précédemment (Isis, 1830,
p. 681) sous la dénomination fautive de No-
tospermus. Son caractère consiste dans la
présence d'une série curviligne d'ocelles pla-
cée transversalement sur la région frontale.
(P. G.)
*NOTOMMATA(v5toç, dos; S^a, œil).
infos.? systol. — Genre de Systolides ou
Rotateurs établi par M. Ehrenberg dans sa
famille des Hydatinœa faisant partie de son
ordre des Polytroques, et caractérisé par un
œil situé sur la nuque , par un appendice
caudiforme bifurqué , et par l'absence de
crochets, de stylets ou de soies raides parmi
les cils vibratiles de ses appareils rotatoires.
Quant à nous qui n'attachons pas l'impor-
tance d'un caractère générique à la position
du point oculiforme , nous caractérisons
le genre Notommate par la forme, en fu-
seau ou en navet, du corps plus ou moins
rétréci en avant, au-dessous de l'appareil
cilié, qui, lui-même, est plus étroit que le
corps, et par les mâchoires digitées ou élar-
gies et obtuses, non entièrement protrac-
tiles ; un point ou une tache rouge se trouve
ordinairement au-dessus des mâchoires, et
la queue est bifurquée. Les Notommates ,
d'après cela, diffèrent surtout des Hydatines
par la forme du corps , qui est bien plus
évasé en entonnoir chez ces dernières. Le
nombre des espèces de Notommates est assez
considérable dans les eaux douces; plu-
sieurs sont assez volumineuses pour être
bien visibles à l'œil nu : tel est le N. copeus
Ehr. , long de 3/4 de millimètre, avec des
oreillettes ciliées fort longues de chaque côté
de l'appareil cilié, un prolongement en
pointe au-dessus de la queue, et un stylet
partant du milieu de chacun des deux flancs.
Le N. aurita Ehr. , que Millier avait décrit
sous le nom de Vorticella aurita, est carac-
térisé par la masseblanche globuleuse sur
laquelle est fixé le point rouge oculiforme;
sa longueur est de 22 centièmes de milli-
mètre; son appareil cilié rotatoire est élargi
en forme d'oreillette de chaque côté. Il est
commun dans les eaux stagnantes. (Duj.)
*NOTOM\S (votoç, humidité; ptfç, rat).
mam. — M. Lesson (Nouv. tdbl. desMamm.,
1842) a créé sous ce nom un genre de Ron-
geurs de sa famille des Dipodineœ, et il n'y
place qu'une seule espèce propre à la Nou-
velle-Hollande, et connue sous la dénomi-
nation éeDipus Mitchellii Ogilby . (E. D.)
NOTONECTA (vwtoç , dos; v>Îxtoç, na-
geant), ins. — Genre d'Hémiptères hétéro-
ptères , division des Hydrocorises , famille
des Notonectiens , établi par Linné , adopté
par tous les entomologistes , et particulière-
ment caractérisé par les élytres ayant leur
partie postérieure membraneuse, et les pat-
tes postérieures très longues, à tarses sans
crochets.
Ces Hémiptères nagent toujours sur le
dos, et souvent dans une position inclinée;
la tête un peu plus élevée que l'extrémité du
corps , quand ils remontent à la surface de
l'eau, et la tête plus basse lorsqu'ils restent
à la surface ou qu'ils descendent au fond.
Ils vivent dans les fossés, les eaux dorman-
tes; ils se tiennent habituellement à la sur-
face de l'eau, et si l'on s'en approche de trop
près ou qu'on trouble l'eau, ils s'enfoncent
aussitôt , et ne reparaissent que quelque
temps après. Les œufs sont blancs , allon-
gés ; la femelle les place ordinairement sur
les tiges ou les feuilles des plantes aquati-
ques, et ce n'est qu'au printemps qu'ils
éclosent; les petites larves se mettent aus-
sitôt à nager, et elles ressemblent beaucoup
à l'insecte parfait, n'en différant guère que
par l'absence d'ailes. La nymphe n'en dif-
fère que par des tuyaux contenant les rudi-
ments des ailes placés sur les côtés du corps.
Sous leurs divers états de larves , de nym-
phes et d'insectes parfaits, les Notonectes se
nourrissent de petits insectes ou de petites
larves qu'ils saisissent avec les crochets de
leurs pattes antérieures : ils sont trèsvoraces.
On connaît plusieurs espèces de ce genre
propres à presque tous les pays : l'Europe en
possède une quinzaine. Le type est le Noto-
necta glauca Linn., Scop., Fabr., Latr., qui
pique fortement avec sa trompe ; il est gris
et noir, avec les élytres verdâtres et les aile*
NOT
3NOT
677
blanches; habite les environs de Paris, où
il se trouve assez fréquemment. (E. D.)
NOTONECTIDES. Notonectides. ins. —
Latreille (Règ. anim., Ve édit., 1817) avait
désigné sous ce nom une tribu de l'ordre des
Hémiptères, section desHétéroptères, famille
des Hydrocorises , et cette division est de-
venue pour M. Blanchard l'une des familles
de sa tribu des Népiens, à laquelle il donne
pour caractères : Tête très grosse ; pattes an-
térieures courtes , simples ; les postérieures
grandes, aplaties en forme de rames. Notre
collaborateur partage les Notonectides en
deux groupes : 1° les Notonectites ( genres
Notonecta et Ploa), et 2° les Gorixites (genre
Corixa). Voy. ces divers mots. (E. D.)
NOTQNECTIENS. Notonectii. ins. —
M. E. Blanchard {Hist. des anim. art., 1840)
indique sous ce nom une famille d'Hémi-
ptères hétéroptères, comprenant particu-
lièrement le genre Notonecta, et que plus
tard (JBtf. des Ins., 1845) il fit rentrer
dans sa tribu des Népiens sous le nom de
Notonectides.
Cette division correspond, à peu de chose
près , à celle des Notonectides de Latreille ,
dans laquelle rentraient les g. Notonectis ,
Ploa, Sigara et Corixa. V. ces mots. (E. D.)
NOTONECTITES. ins.— Voy. notonec-
tides. (E. D.)
*NOTONIA. bot. ph. -—Genre de la fa-
mille des Composées , tribu des Sénécioni-
dées, établi par De Candolle ( in Guillem.
archiv. bot. , 11 , 514 ). Arbrisseaux de
l'Inde. Voy. composées.
*NOTONIA, Wight et Arnott (Prodr., I,
449). bot. ph. — Syn. de Johnia des mêmes
auteurs.
NOTOPHOLIS. rept. — Synonyme de
Psammodrome. (P. G.)
*NOTOPHORlJS (votoç , dos ; ?/P» , je
porte), mam.— Synonyme de Dicotyles, Cuv.
Voy. l'article pécari. (E. D.)
*NOTOPHYSIS (votos, humidité; ^ç,
nature), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Prioniens,
créé par Serville [( Ann. de la Soc. Entom.
deFr.,t. \, p. 158, 1832). L'espèce type, le
N. Lucanoides de l'auteur, fait partie de la
collection du Muséum d'histoire naturelle.
Elle provient de l'île des Kanguroo. (C.)
NOTOPODES. Notopoda. crust. — C'est j
une tribu qui a été établie par Latreille, et
qui correspond en partie à celle des Dro-
miens créée par M. Milne Edwards. Foy.
dromiens. (H. L.)
NOTOPTÈRE. Notopterus (viïvoq , dos;
TTTepov, nageoire), poiss. — Genre de l'ordre
des Malacoptérygiens abdominaux, famillo
desCIupéoïdes, établi par Lacépède, et qui,
par ses caractères , se rapproche davantage
des Harengs que des Gymnotes, aux dé-
pens desquels il a été formé.
On n'en connaît qu'une seule espèce ,
nommée par Lacépède Notoptère kapirat
( Gymnotus notopterus Pall., Clupea synura
Schn.), et qui vit dans les étangs d'eau
douce des Indes, ,
NOTOPTÉRYGIÉES. Notopterygieœ.
bot. ph. — Tribu de la famille des Malpi-
ghiacées. Voy. ce mot.
* NOTOPTÉRïGIENS. Notopterygii.
crust. — C'est une tribu qui a été établie
par Latreille et qui correspond entièrement
à celle des Raniniens, établi par M. Milne
Edwards. Voy. raniniens. (H. L.)
*WOTOPUS(v«To?, dos; -7ro3;, pied).
crust. — M. Dehaan , dans la Faune du
Japon, désigne sous ce nom une nouvelle
coupe générique, établie aux dépens des
Albunea , et dont l'espèce type est le Noto-
pus dorsipes Fabr. (H. L.)
NOTORHIZÉES. Notorhizeœ. bot. ph.
— Sous-ordre établi par De Candolle ( Syst.
11, 438) dans la famille des Crucifères.
Voy. ce mot.
*NOTOSACANTHA , Chv. ins. — Syn.
de Hoplionota, Hope.
*NOTOSOMALUS (vwtoç, dos; ^ocaoç ,
aplati ). ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Curculionides gonato-
cères, division des Apostasimérides Crypto-
rhynchides , formé par nous et adopté par
Dejean {Catalogue, 3e édit., p. 316). Deui
espèces rentrent dans ce genre : les N. com-
planatus De]., et carbonarius Chv. La pre-
mière est originaire du Brésil, et la seconde
de la Nouvelle-Grenade. (C.)
*NOTOSPERMUS. helm. — Genre de la
famille des Némertes, établi en 1830 par
Huschke et répondant à celui des Notogym-
nus de M. Ehrenberg. Ce dernier en a changé
le nom qui est fautif, le canal intestinal
ayant d'abord été pris pour un conduit sper-
matique. Voy. notogymnus. (P. G.)
678
NOT
NOY
*J\OTOSTENUS ( vwtoç , dos ; an.êç ,
étroit), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Malacodermes , tribu
des Clairones, formé par Dejean (Catalogue,
3e édit. , p. 127), et adopté par Klug et
Spinola dans leurs monographies respec-
tives. Deux espèces de l'Afrique australe
font partie de ce genre : les N. viridis ( ru-
fipes Web.), et cœruleus (Thunbergii Kl.)
de Th. (C.)
NOTOTHERIUM. mam. — Voy. marsu-
piaux FOSSILES.
JVOTOXLS (vwtoç, dos; ofà, aigu).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères,
famille des Trachélydes , tribu des Anthi-
cides, créé par Geoffroy (Histoire abrégée
des Ins. des environs de Paris, 1762 , t. I,
p. 856, tabl. 6, fig. 8), qui lui donne le
nom français de Cucule. Olivier et Latreille
ont adopté ce nom pour ce groupe d'In-
sectes. L'espèce type est le N. monoceros de
Linné ( Meloe). On la trouve aux environs
de Paris, et aussi dans toute l'Europe. (C.)
NOTOXUS (vwtoç, dos; o£vÇ, aigu), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Malacodermes, tribu des Clairones, éta-
bli par Fabricius (Entomologia systematica,
1792, t. I , p. 111), adopté par Dejean
(Catalogue, 3e édit., p. 26 ) et par Spinola
( Essai monographique sur les Clérites , I ,
p. 21 3). Ce genre renferme 11 espèces, dont
6 Européennes, et 5 Africaines, savoir : N.
mollis Linn., domesticus St., pallidus 01.,
tœniatus, frontalis, thoracicus, tristis, cinc-
tus KL, Buqueiii, Dregei Sp., et gigas Lep.
A l'exemple de Latreille, il convient de
rejeter le nom de Notoxus et d'adopter ce-
lui d'Opilus , que cet auteur a donné à ces
Insectes, afin de ne pas employer un double
nom semblable pour deux genres, ayant des
l caractères propres et appartenant au même
ordre; avec d'autant plus de raison, que
celui publié par Geoffroy est de beaucoup
antérieur de publication. (C.)
*NOTOZONA (vStoç, dos; ^oîvvj, bande).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamè-
res, tétramères deLatreille, famille des Cy-
cliques, tribu des Alticites, des Cbrysomé-
lines de Latreille, formé par nous et adopté
par Dejean ( Catalogue, 3e édit., p. 418 ).
Quatre espèces sont rapportées à ce genre :
les IV. bifasciata 01., pulchra, gloriosa et
macularia Dej. ; la deuxième est du Brésil,
et les trois autres sont originaires de
Cayenne.^ (C.)
NOTRÊME. moll. —Nom proposé par
Rafinesque pour un genre de Mollusques,
que depuis il a nommé Trémésie. (Dui.)
*J\OTYLIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Orchidées, tribu des Vandées,
établi par Lindley (in Bot. Reg., n. 930).
Herbes de l'Amérique tropicale. Voy. or-
chidées.
*i\OULETIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Bignoniacées, établi par M. Endli-
cher (Gen. plant. suppl.,l, n. 4124). Ar-
brisseaux grimpants du Brésil.
NOVACULE. Novacula. poiss. — Genre
de l'ordre des Acanthoptérygiens à pharyn-
giens labyrinthiformes , famille des La-
broïdes, établi par MM. G. Cuvier et Va-
lenciennes (Hist. des Poiss., t. XIV, p. 61),
aux dépens des Rasons , dont les Novacules
diffèrent par les petites écailles qui couvrent
le préopercule au-dessous de l'œil.
Le genre Novacule renferme six espèces,
très communes dans la mer des Indes ( No-
vacula, pentadactyla, punctulata, tessellata,
bimaculata , immaculata, Cuv. et Val.).
Elles ont toutes une tache sur le milieu
des côtes, et plusieurs d'entre elles ont une
suite de gros points noirs ou bleus , très
foncés, sur la tempe et le long de la ligne
latérale. Leur taille n'excède pas 15 â
16 centimètres. Du reste , ces Poissons
offrent une grande ressemblance avec les
Rasons.
*J\OWODWORSRIA (nom propre), bot.
fh. — Genre de la famille des Graminées,
tribu des Agrostidées, établi par Près l(w
Reliq. Hœnk., t. 351, t. 40). Gramens du
Chili. Voy. graminées.
NOYAU. Nucleus , Pyrena, Putament
Ossiculus. bot. — On appelle ainsi, dans un
fruit charnu , la loge unique ou les loges
dont les parois se sont ossifiées. Voy. fruit.
NOY AU D'OLIVE, moll.— Nom vulgaire
et marchand des coquilles du genre Colom-
belle , et principalement de la Columbella
rustica.
NOYER. Juglans ( contraction de jovis
glans, gland de Jupiter), bot. ph. — Genre
de plantes type de la famille des Juglandacées
à laquelle il donne son nom , de la Monœcie
polyandrie dans le système de Linné. Le
groupe générique qui avait été établi sous
NOY
NOY
679
ce nom par Linné a été longtemps conservé
intact; mais, dans ces derniers temps, un
examen plus attentif des espèces qu'il com-
prenait a porté les botanistes à le subdiviser.
Ainsi parmi les arbres de l'Amérique sep-
tentrionale qu'on réunit vulgairement sous
le nom commun de Noyers , la plupart se
distinguent des Noyers proprement dits par
des caractères assez saillants pour que,
même dans le langage vulgaire, ils aient
reçu une dénomination particulière; ce sont
ceux qu'on nomme en anglais hickery. Ils
sont remarquables en ce que la portion ex-
térieure et coriace du brou de leur fruit se
fend régulièrement en quatre valves à sa
maturité , laissant ainsi à découvert une noix
lisse et unie à sa surface , marquée de qua-
tre angles assez apparents ; de plus leur
fleur mâle ne présente que 3-6 étamines, efc
leur fleur femelle un stigmate sessile, dis-
coïde, à quatre lobes. Ces caractères ont
paru à M. Nuttall assez tranchés pour auto-
riser la formation d'un nouveau genre, le
Carya {Voy. ce mot) qui a été adopté par les
botanistes modernes. De plus M. Kunth
( Therebenthacœarum gênera, in Ann. se.
natur., lresér., vol. II, pag. 345) a proposé
d'établir sur le Juglans pterocarya Michx ,
le nouveau genre Pterocarya , que carac-
térise particulièrement une noix munie au-
dessus de sa base de deux ailes transversales.
Ces suppressions ont réduit les Noyers pro-
prement dits ou les Juglans à un petit nom-
bre d'espèces parmi lesquelles, il est vrai, il
en est que recommande leur haute impor-
tance. Ce sont de grands et beaux arbres ori-
ginaires de l'Amérique septentrionale et de
la Perse, d'où la culture les a propagés en
Europe, dont les feuilles sont alternes, pen-
nées avec foliole impaire, dépourvues de
stipules. Leurs fleurs sont monoïques ; les
mules forment de longs chatons ; les femelles,
solitaires ou groupées en petit nombre, sor-
tent de bourgeons distincts qui terminent
les ramules. Les premières se composent :
d'un calice adhérent à la face interne d'une
bractée un iflore, entière, 5-6-parti, à di-
visions membraneuses, inégales, concaves ;
de 14-36 étamines formées d'un filet très
court et d'une anthère à deux loges oppo-
sées , au-dessus desquelles se prolonge le
connectif. Les fleurs femelles se composent :
d'un calice à tube ovale , adhérent à l'ovaire,
à limbe supère 4-fideou 4-denté; d'une co-
rolle à 4 pétales très petits , insérés sur la
partie supérieure du calice, entre ses divi-
sions (MM. Cosson et Germain (FL de
Paris , pag. 594) décrivent ce que nous ve-
nons de nommer calice dans ces fleurs comme
un involucre, et ce que nous avons nommé
corolle comme le vrai calice); d'un ovaire
adhérent, partagé, dans sa partie inférieure
seulement, en quatre loges par des cloisons
qui se réunissent au centre en un placen-
taire épais supportant un ovule unique ,
droit; ces cloisons manquent dans le haut
où les quatre loges se confondent par suite
en une seule; cet ovaire est surmonté de
deux styles très courts que terminent deux
stigmates allongés, recourbés et frangés. Le
fruit est un drupe dont le mésocarpe peu
charnu et se déchirant irrégulièrement à la
maturité ou même indéhiscent, porte vul-
gairement le nom de brou , dont l'endocarpe
ligneuxoule noyau est vulgairement nommé
noix, et se distingue par les rugosités et par
les sillons irréguliers de sa surface; il s'ou-
vre , à la maturité , en deux valves. Le fruit
renferme une seule graine prolongée infé-
rieurement en quatre lobes , qui s'enfoncent
dans les quatre compartiments ou loges in-
complètes de sa partie inférieure ; l'embryon
dépourvu d'albumen présente deux cotylé-
dons charnus , bilobés , irrégulièrement bos-
selés-sinués , une radicule supère très courte
et une plumule à deux feuilles pennées.
Deux espèces de ce genre méritent de fixer
l'attention , surtout l'une des deux.
1. Noyeii commun , Juglans regia Lin. Ce
bel arbre atteint , comme on le sait , de très
fortes proportions. Son tronc, court et épais,
se divise en branches fortes et étalées, qui
forment une cime arrondie; l'écorce qui le
recouvre est épaisse , grisâtre, profondément
sillonnée et crevassée, tandis que celle des
branches moyennes et jeunes est lisse et
d'un gris blanchâtre. Ses feuilles sont gran-
des , à 7-9 folioles coriaces, glabres, ovales,
entières ou légèrement sinuées, d'un vert
foncé, d'une odeur aromatique forte, sur-
tout quand on la froisse ; leur foliole impaire
est continue au pétiole commun. Les fleurs
femelles sont ordinairement géminées. Le
fruit, de volume variable par l'effet de la
culture , est un peu ovoïde; son brou , lisse
à sa surface , s'ouvre irrégulièrement à la
680
NOY
NOY
maturité et noircit en séchant; son noyau
est sillonné à sa surface, à sillons irréguliers,
anastomosés, non rugueux. Nous signalerons
les principales variétés de cet arbre.
j3. /. r. maxima. Cette variété, connue
gous le nom de Noix de Jauge, se distingue
par la grosseur de son fruit dont le volume
est quelquefois presque égal à celui d'un œuf
de dinde ; néanmoins son amande se ra-
cornit beaucoup en séchant, ce qui la rend
en définitive peu estimable et ne permet pas
de la conserver; c'est au reste un bel arbre
à feuilles grandes, mais dont le bois est de
qualité inférieure à celui des autres variétés.
y. /. r. tenera, vulgairement Noyer à co-
que tendre , Noix-Mésange , Noyer de mars
en Dauphiné. Celle ci se distingue par son
noyau assez tendre pour que les Mésanges et
divers oiseaux le percent avec leur bec afin
d'en manger l'amande; d'où lui est venu le
nom de Noix-Mésange. Son fruit est le plus
délicat de tous; il se conserve mieux et
donne plus d'huile.
3. J. r. serotina. Vulgairement Noyer de
la Saint-Jean; Noyer de mai en Dauphiné.
Cette variété se recommande par sa florai-
son tardive, qui lui permet d'échapper aux
gelées du printemps dans les pays monta-
gneux et un peu froids; quoique ne se met-
tant en feuilles qu'au mois de juin , elle
mûrit son fruit presque aussitôt que les
autres variétés.
£. J. r. laciniala (J. hetei-ophylla Hort.).
Variété curieuse, à cause de ses feuilles la-
ciniées.
Le Noyer commun est originaire de la
Perse et, d'après Loureiro, du nord de la
Chine; il était connu des Grecs, qui le
nommaient xapua et xapvov, noms dérivés,
selon Pline, de la lourdeur de tête produite
par son odeur. Quant à l'époque de son
introduction en Italie, elle est difficile à
déterminer exactement ; néanmoins on
croit que les premiers essais pour sa culture
eurent lieu du temps de Tibère. Les meubles
confectionnés avec son bois étaient alors
des objets d'un prix très élevé. De l'Italie ,
le Noyer s'est étendu peu à peu dans pres-
que toutes les autres parties de l'Europe
et, de nos jours, on sait combien il y est ré-
pandu. Les parties où il abonde le plus au-
jourd'hui sont l'Italie, la France, l'Alle-
magne et la Suisse, particulièrement, en
France, les départements compris entre 45
et 48° de latit. Ses fruits mûrissent encore
aux environs d'Edimbourg; mais au-delà il
ne peut plus être compté parmi les arbres
fruitiers. Quoique résistant très bien à nos
hivers ordinaires, il ne peut cependant sup-
porter les froids rigoureux de nos grands
hivers. Ainsi en 1709, la plupart de ceux
de France, d'Allemagne et de Suisse furent
gelés; le mal fut aussi très grand pendant
les hivers de 1769 et de 1788. A la suite du
premier de ces hivers, vraiment désastreux,
des négociants hollandais prévoyant que le
bois de Noyer deviendrait nécessairement
fort rare, et par suite fort cher, en ache-
tèrent en France des quantités tellement
considérables, que le gouvernement, effrayé
du renchérissement rapide de cette précieuse
matière , dut en défendre l'exportation par
une loi, en 1720. Dans ces derniers temps,
la culture du Noyer commun a été intro-
duite dans les États-Unis; mais elle n'y a
pas pris encore beaucoup de développe-
ment.
Le Noyer commun est l'un de nos arbres les
plus précieux. Son bois est le plus estimé de
ceux fournis par nos espèces indigènes pour
la confection d'un grand nombre d'objets
d'utilité et de luxe. A l'état d'aubier, il est
blanchâtre, peu durable et facilement atta-
quable par les Insectes; mais à l'état par-
fait il se distingue par des qualités nom-
breuses; il est alors brun, veiné, compacte
et très durable; il pèse 58 livres 8 onces
par pied cube, lorsqu'il est vert , et seule-
ment 46 livres 8 onces lorsqu'il est sec. Dans
la confection des ouvrages de quelque im-
portance, on a soin d'en enlever l'aubier
qui pourrait diminuer la durée de ces ob-
jets ; on peut cependant rendre cet aubier
plus durable, en l'imbibant d'huile de noix.
Le bois de Noyer sert dans la menuiserie
et dans l'ébénisterie avec beaucoup d'avan-
tage. Quoique la mode, en se portant sur
les meubles faits ou plaqués avec les bois
exotiques, ait un peu diminué son impor-
tance, la consommation qui s'en fait est
encore très grande, et l'on remarque même
que son emploi tend depuis quelque temps
à reprendre plus d'extension, ce que prouve
le renchérissement progressif qu'il subit
tous les jours. Au reste, lorsqu'il est bien
veiné, comme est celui que donnent les ra-
NOY
ISOY
681
cines de l'arbre, il fournit de très belles
lames de placage, qu'on emploie seulement
pour des meubles de prix. On se sert égale-
ment de ce bois pour la fabrication des
montures de fusil; en 1806, les fabriques
d'armes de France ont absorbé pour ce seul
usage, le bois de 12,000 arbres. On l'em-
ploie encore dans plusieurs autres industries
que nous croyons inutile d'énumérer. Le
plus estimé est celui des variétés à petit
fruit et des arbres qui ont végété sur des
coteaux ou dans des terres pauvres ; le grain
en est plus fin , les veines plus pronon-
cées , la durée plus grande. En général , ce
bois est peu employé comme combustible,
d'abord parce que son prix est élevé, et en
second lieu parce qu'il chauffe et brûle mé-
diocrement; il donne aussi un charbon de
qualité médiocre.
Le fruit du Noyer commun , ou la Noix ,
donne encore une nouvelle importance à
cet arbre, soit qu'on l'emploie comme ali-
ment , soit qu'on en retire l'huile qui s'y
trouve en abondance, et à peu près pour
moitié. On mange les Noix avant leur ma-
turité, pendant le mois d'août, sous le nom
de Cerneaux, et après leur maturité, tant
fraîches que sèches. Fraîche et dépouillée de
la pellicule qui la revêt, leur amande con-
stitue un aliment sain et agréable; mais en
séchant elle devient indigeste, et elle prend
même souvent une rancidité qui la rend
nuisible. Lorsqu'elle est encore jeune et
avant que son noyau soit formé, on en pré-
pare une liqueur stomachique, en la faisant
infuser dans de l'eau-de-vie. Enfin, l'extrac-
tion de l'huile, bien connue sous le nom
d'Huile de noix, absorbe des quantités con-
sidérables de ce fruit. Cette extraction s'o-
père au commencement de l'hiver ; plus
tard elle serait peu avantageuse, les Noix
étant alors très sujettes à rancir. Le pro-
cédé en est fort simple. Après avoir cassé
le noyau avec un maillet , on soumet l'a-
mande dénudée à l'action d'une meule ver-
ticale; la pâte qu'on obtient ainsi est en-
fermée dans des sacs de toile, et soumise à
l'action de la presse; l'huile qui s'écoule
alors , et qu'on nomme Huile vierge , est
claire, bonne à manger, quoique conservant
toujours un goût de noix peu agréable pour
les personnes qui n'y sont pas accoutumées.
Elle doit être conservée dans des caves et
x. vin.
dans des vases clos, l'air et la chaleur la
faisant aisément rancir. Cette huile n'entre
guère dans le commerce et se consomme
sur place. Après cette première expression ,
l'on retire la pâte des sacs pour la mouiller
d'eau chaude, et la chauffer modérément
dans des chaudrons; après quoi on l'intro-
duit encore dans les sacs, pour la pres-
ser de nouveau fortement. L'huile que l'on
obtient par cette seconde pression est tou-
jours rance, très colorée, et s'emploie sur-
tout pour la préparation des couleurs dans
la peinture à l'huile.
Le fruit du Noyer est encore utilisé pour
son brou , qui fournit une couleur brune
très solide, analogue à celle qu'on retire
aussi des racines de cet arbre.
Le Noyer commun se multiplie principa-
lement de graines ; c'est par la greffe en
flûte ou en sifflet qu'on propage ses diverses
variétés. Le semis se fait, soit en place, soit
en pépinières. Dans le premier cas, le déve-
loppement des pieds est plus rapide, et les
arbres qui en proviennent gagnent environ
dix ans sur ceux qui ont été transplantés :
de plus leur pivot s'allonge beaucoup, s'en-
fonce profondément dans le sol , ce qui fait
qu'on ne* les voit presque jamais déracinés
par les ouragans; mais on conçoit que le
jeune plant a trop de dangers à courir pour
que ce mode de multiplication puisse être
pratiqué ailleurs que dans des jardins ou
dans des enclos. Pour les arbres que l'on
élève afin d'obtenir leur fruit, on ne se
borne pas à les transplanter directement de
la pépinière dans le lieu qu'ils doivent défi-
nitivement occuper, mais on fait deux ou
trois transplantations successives dans le but
d'amener par là l'oblitération du pivot et le
développement de fortes racines latérales ,
les arbres ainsi traités fructifient plus tôt et
mieux, mais ils donnent moins de bois.
Dans tous les cas, on choisit pour les semis
de bonnes Noix, prises sur des arbres très
productifs , et l'on sème , soit immédiate-
ment après la maturité , soit au printemps
suivant. Le Noyer commun est peu délicat
pour le terrain; cependant il préfère une
terre fraîche, douce, légère et sablonneuse.
On attribue à cet arbre des émanations
nuisibles, soit aux hommes, soit aux plan-
tes. Cette croyance, générale de nos jours,
remonte jusqu'aux premiers temps de sa
86
G82
NUC
culture en Europe. Un fait qui paraît positif,
c'est qu'on ne voit guère de plantes végé-
ter au-dessous de lui; ce qui s'explique
très bien par cette raison que son feuillage
est très touffu , et projette dès lors une om-
bre épaisse. Il paraît aussi reconnu que l'o-
deur forte qu'exhalent ses feuilles peut in-
commoder quelquefois les personnes faibles
et nerveuses; mais quanta l'action nuisible
et presque délétère, soit de ses émanations,
soit de l'eau de la pluie qui a lavé ses feuil-
les , les recherches récentes de M. d'Hom-
bres-Firmas montrent que la croyance po-
pulaire à cet égard repose sur des observa-
tions mal faites ou sur des faits mal inter-
prétés.
La sève du Noyer commun renferme du
sucre dans la proportion d'environ 2 1/2
pour 100. Aussi les Tartares , d'après le rap-
port du docteur Ciarke, font une incision au
tronc de cet arbre dès le premier printemps,
et recueillent cette sève pour en extraire le
sucre par évaporation. Cette dernière opé-
ration doit être faite dans les 24 heures ;
car après ce temps la fermentation s'établit,
et transforme le liquide en une sorte de vin
dont on fait usage dans quelques parties de
l'Europe, ou même dont on obtient par dis-
tillation une liqueur alcoolique.
2. Noyer noir, Juglans nig ra Linn. Cette
belle espèce est très répandue dans les par-
ties de l'Amérique septentrionale , qui s'é-
tendent de 41° de latitude N. à l'est des Al-
leghanys, et de 43° à l'ouest jusqu'au Missis-
sipi. C'est l'un des premiers arbres d'Amé-
rique qui aient été cultives en Europe , son
introduction remontant au milieu du xvne
siècle. C'est un très bel arbre qui atteint 20
et 25 mètres de haut, et dont le tronc a jus-
qu'à 2 mètres de diamètre. Ses feuilles sont
formées de 1 5 folioles portées chacune sur un
court pétiolule, iancéolées-acuminées, un peu
en cœur à leur base, dentées sur leurs bords,
légèrement pubescentes. Son fruit est globu-
leux , légèrement inégal à sa surface, très
odorant ; dans les États-Unis il a souvent
18-20 centimètres de circonférence; son
brou est très épais et ne s'ouvre pas à la
maturité ; mais il se ramollit et finit par se
décomposer, laissant ainsi à nu la Noix, qui
est rugueuse à sa surface, et très dure. Son
amande est agréable à manger, mais infé-
rieure en qualité à celle des Noix de l'espèce
NUC
européenne. On en mange beaucoup aui
États-Unis. Le bois du Noyer noir, lorsqu'il
vient d'être fraîchement débité, est blanc
dans l'Aubier, violacé dans le cœur; en peu
de temps sa couleur se fonce beaucoup à l'air
et devient presque noire, ce qui probable-
ment a valu à l'espèce le nom qu'elle porte.
Ce bois est d'excellente qualité ; dépouillé dé
son aubier, il résiste très longtemps auï
alternatives de sécheresse et d'humidité : il
est très fort, et de plus il n'est sujet ni à se
tourmenter ni à se fendre. Aussi est-il très
employé par les Américains en ébénisterie ,
pour des pieux , pour les constructions na-
vales, etc. On extrait de son brou une cou-
leur analogue à celle que donne notre Noyer.
On le multiplie toujours de graines, et l'on
remarque que ses jeunes pieds se développent
beaucoup plus vite que ceux de l'espèce eu-
ropéenne. (P. D.)
NUAGE ou NUÉE, moll.— Noms vulgai-
res et marchands du Cône tulipe.
NUAGE, météor. — Voy. météores.
NUBÉCULAIRE. polvp. ? foram. —Dé-
nomination proposée par M. Defrance pour
désigner de petits corps irréguliers appliqués
à l'intérieur de certaines coquilles fossiles.
Ce sont des amas de loges irrégulières sur
l'une desquelles on aperçoit une petite ou-
verture , et qu'on pourrait attribuer plutôt
encore à des Rhizopodes qu'à des Polypes.
(Duj.)
NUCIFRAGA. ois. — Nom du Casse-
Noix d'Europe , consacré par Brisson au
genre dont cet oiseau est le type. (Z. G.)
NUCLÉIFÈRES. acal. —Groupe établi
parmi les Méduses. Voy. ce mot.
NUCLÉOBRANCHES. moll. — Ordre de
Mollusques paracéphalophores dioïques de
M. de Blainville , comprenant les deux fa-
milles des Nectopodes et des Ptéropodes de
cet auteur, et caractérisé par la manière dont
les branchies en lanières symétriques sont
groupées avec les organes digestifs dans une
petite masse , un nucléus, à la partie supé-
rieure et postérieure du dos. Voy. mollus-
ques. (Duj.)
NUCLÉOLITE (nucleus , noyau), échin.
— Genre d'Échinides établi par Lamarck
aux dépens du grand genre Echinus de
Linné, pour les espèces à corps ovale ou
cordiforme ayant les ambulacres complets ,
la bouche presque centrale et l'anus au-des-
NUC
NUD
683
sus du bord. Ce genre avait d'abord été
nommé Echinobrissus par Breyn , puis il
fut confondu avec les Clypeus par les au-
teurs anglais ; plus récemment M. Goldfuss
l'a réuni aux Cassiduîes de Lamarck. Mais
M. de Blainville l'a caractérisé plus nette-
ment par la position subcentrale du som-
met accompagné de quatre pores génitaux ,
et par ses cinq ambulacres subpétaloïdes ou-
verts à l'extrémité, et prolongés par autant
de sillons jusqu'à la bouche, qui est sans
dents. M. Agassiz a considérablement réduit
le genre Nucléolite en formant à ses dépens
les genres Catopygus, Pygaster, Clypeus en
partie, etc. Il le place dans sa famille des
Clypéastres, et le distingue surtout des Cly-
peus , parce que ses ambulacres ne forment
pas une étoile comme chez ces derniers.
M. Desmoulins, de son côté, a tout diffé-
remment circonscrit le genre Nucléolite, en
y comprenant des Cassiduîes, des Galérites,
des Clypeus et des Echinoclypeus, etc.; et en
outre, il a reporté dans son genre Gollyrites
plusieurs desNucléolites de Lamarck. Toutes
les Nucléoiites sont fossiles et de petite di-
mension. On les trouve surtout dans les ter-
rains jurassiques et crayeux; quelques uns
même se trouvent dans les terrains tertiaires
inférieurs. (Duj.)
NUCLÉUS. moll. — On appelle ainsi la
masse des viscères qui pend sous le ventre
des Ptéropodes nucléobranches.
NUCULAINE. Nuculanium. bot. — L.-
G. Richard nomme ainsi un fruit charnu
provenant d'un ovaire libre, c'est à-dire non
couronné par les lobes du calice adhérent et
contenant plusieurs petits noyaux distincts
nommés nucules. Voy. fruit.
NUCULE (nucula, petite noix, noyau).
iiOLL. — Genre de Mollusques conchifères
dimyaires de la famille des Arcacées, établi
par Lamarck aux dépens des Arches de
Linné. 11 est caractérisé par la ligne brisée ou
anguleuse formée par les deux séries de dents
qui se trouvent de chaque côté de la fossette
cardinale contenant le ligament, et située en-
tre les crochets qui sont contigus. La coquille,
nacréeà l'intérieur, est transverse, ovale, tri-
gone, équivalve, inéquilatérale. Le pied est
fort grand, mince à sa base, et élargi à l'ex-
trémité en un grand disque ovale , dont les
bords sont garnis de digitations tentaculai-
res. Les Nucules sont toutes des coquilles
marines de petite dimension : les unes ont
le bord crénelé ; telle est l'espèce type , la
N. nacrée (IV. margaritacea Lk. ), large de
10 à 14 millimètres , très commune dans
l'Océan européen , dans la mer du Nord et
dans la Méditerranée, et qui se trouve aussi
fossile dans les divers étages du terrain ter-
tiaire. D'autres Nucules, dont on a fait une
section particulière, ont les bords entiers £
telle est la N. lancéolée. (Ddj.)
TOUCULE. Nuculus, Pyrena. bot. — Nom
donné par Richard aux noyaux des drupes
polyspermes ou des Nuculaines.
*NUDARÏA.ins. —Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes , tribu des Bomby-
cides , établi par Stephens , et dont on ne
connaît que quelques espèces. L'une d'elles
est la Nudaria murina (Bombyx murina
Esp. , Hub. ; Lithosia id. Ochs. , Callimor
pha id. God. ), que l'on trouve en France
au mois de juillet. (L.)
DIBRANCHES. moll. — Ordre do
Mollusques gastéropodes , établi par Cuvier
et caractérisé par la disposition des bran-
chies toujours à nu sur le dos , sur la tête ou
sur les côtés. Les genres de Nudibranches
sont très nombreux, mais imparfaitement
connus pour la plupart; ils devront former
plusieurs familles distinctes, telles seraient
celles qui auraient pour types : 1° les Doris,
dont les branchies forment une rosace auteur
de l'anus vers le quart postérieur du dos, et
qui déjà ont formé l'ordre des Anthobranches
de Goldfuss; 2° les Éolides , dont les bran-
chies ont la forme de papilles allongées , f u •
siformes ou cylindriques en rangées trans-
verses sur toute la face dorsale; 3° les Tri-
tonies , qui ont les branchies latérales ; 4° les
Glaucus, dont les branchies latérales servenf,
en même temps d'organes locomoteurs, etc..
Lamarck n'a point admis cette famille, donf;
il réunit les divers genres à sa famille des
Tritoniens. (Duj.)
NUDICOLLES. ois. — M. Duméril
(Zool. anal.) nomme ainsi la première fa-
mille de l'ordre des Rapaces, comprenant
les oiseaux qui ont le haut du cou nu ou
seulement couvert de duvet.
NUDICOLLES. ins. — Latreille ( Bcgne
animait 1817) indique sous ce nom une
tribu de l'ordre des Hémiptères, section des
Hétéroptcres, famille des Géocorises, ayant
pour caractères : Base de la tête souvent ré-
G84
NUL
NUM
trécie en forme de col allonge , corps oblong,
plus étroit en avant , avec les pieds anté-
rieurs courts, coudés ou courbés ; antennes
sétacées; bec à nu, arqué, de trois articles.
Six genres entrent dans cette tribu : ce
sont ceux des Holoptile , Réduve, Nabis, Ze-
lus et Ploiere. Voy. ces mots. (E. D.)
NUDILIMACES. moll. — Famille de
Gastéropodes palmés, proposée par Latreille
et correspondant à celle des Limaciens de
Lamarek, moins le genre Vitrine. (Duj.)
NUDIPÈDES. Nudipedes. ois. —Famille
établie par Vieillot dans l'ordre des Gallina-
cés , pour tous les Oiseaux de cet ordre qui
ont pour caractère essentiel, ainsi que ce
nom l'indique, des pieds et des tarses nus ,
c'est-à-dire non vêtus, comme ceux des La-
gopèdes , etc.
Vieillot a rangé dans cette famille les
genres Hocco, Dindon, Paon, Éperonnier,
Argus, Faisan, Coq, Monaul , Pintade,
Rouroul , Tocro, Perdrix , Tinamou et Or-
tygode. (Z. G.)
NUDIPELLÏFÈRES. rept. —Dénomi-
nation par laquelle M. de Blainville indique
les Batraciens ou Reptiles à peau nue qu'il
a élevés au rang de classe distincte. Voyez
les mots batraciens et reptiles de ce Dic-
tionnaire. (P. G.)
NUÉE. MOLL. — Voy. NUAGE.
NUÉE D'OR. moll. — Nom vulgaire et
marchand du Conus rnagus.
NUGARIA, DG. (Prodr., 41, 481). bot.
ph. — Voy. C-esalpinia, Plum.
*NULLIPENNES. Nullipenni, ois. —
Famille établie par M. Lesson dans sa divi-
sion des Oiseaux anomaux. Elle a pour
unique représentant VÂpterix australis, es-
pèce chez laquelle les ailes, complètement
atrophiées , sont garnies de plumes lâches
et faibles. (Z. G.)
NULLIPORA. polyp.? alg. —Genre éta-
bli par Lamarek pour des productions ma-
rines qui avaient été confondues d'abord
avec les Millépores et que plus tard cet au-
teur y réunit de nouveau dans une section
'particulière. Les Nullipores, comme leur
nom l'indique , n'ont aucuns pores dans les-
quels seraient logés des polypes ; ce sont
simplement des concrétions foliacées ou ra-
meuses , ou des incrustations diversiformes
sur les corps sous-marins : aussi plusieurs
auteurs ont-ils douté non seulement de leur
nature animale , mais aussi de leur nature
organique, Cependant aujourd'hui , d'après
les travaux récents de M. Decaisne , on ad-
met généralement que ce sont des végétaux
des Algues calcifères comme les Corallines,
quoique d'un genre différent. (Duj )
NUMENIUS, Briss. ois. — Syn. latin du
genre Courlis.
NUMERIA (nom mythologique), ins. —
Genre de l'ordre des Lépidoptères nocturnes,
tribu des Phalénides , établi par Duponchel
(Catal. des Lépid. d'Europe, p. 237), qui y
rapporte 4 espèces (N. pulveraria , capreo-
laria, agaristharia et donzelaria), que l'on
trouve dans le midi de la France, aux mois
de juillet et août. (L.)
NUMIDIA. ois. — Nom donné par les
anciens à la Pintade. Ce nom sert aujour-
d'hui à désigner le genre dont cet oiseau
est le type. (Z. G.)
NUMMULACÉES. moll.? — Famille
proposée par M. de Blainville pour des co-
quilles multiloculaires formant les genres
Nummulite, Hélicite, Sidérolite, Orbiculine,
Placentule et Vorticiale qui sont des Rhizo-
podes. (Do.».)
NUMMULINE (nummus, pièce de mon-
naie)', moll.? foramin. — Genre de Forami-
nifères de la famille des Nautiloïdes de
M. Aie. d'Orbigny dans son ordre des Héli-
costègues , caractérisé par sa coquille lenti-
culaire enroulée en spirale dans un même
plan, et formée de tours très nombreux em-
brassants, divisés en loges simples très mul-
tipliées.
Les Nummulines , extrêmement commu-
nes dans diverses couches calcaires des ter-
rains secondaires et tertiaires, ont été re*
marquées de tout temps, et nommées pierrei
lenticulaires d'après leur forme qui les fit
prendre pour des lentilles pétrifiées. A l'é-
poque de la renaissance , on les prit suc-
cessivement pour des écussons d'Oursins,
pour des opercules d'Ammonites , et pour
des coquilles bivalves. Linné les plaça parmi
les Mollusques, dans son genre Nautile, sous
le nom de Nautilus helicites. Bruguière , le
premier, en fit un genre distinct en les nom-
mant Camérines, et supposa d'abord que l'a-
nimal devait avoir des rapports avec les Sei-
ches , puis il les rapprocha des Spirules. Plus
tard elles reçurent encore d'autres noms : For-
tis les nomma Discolitb.es, et enfin Lamarek
NXJR
NUR
685
les nomma Nummulites, en les distinguant
des Orbulites ou Orbitolites, polypiers, que,
d'après leur forme, on avait confondus avec
elles ; mais , en outre , il voulut en séparer
aussi , sous le nom de Lenticulites , les es-
pèces qui en diffèrent par la présence d'une
ouverture visible. Plus récemment M. A.
d'Orbigny, en établissant sa classe des Fora-
minifères, réunit sous le nom de Nummu-
îines les Nummulites et les Lenticulites de
Lamarck, et sépara sous le nom d'Assiline
les espèces qui ont les tours de spire appa-
rents à un certain âge. La Nummulite lisse
(IV. lœvigata Lk. ), très commune à l'état
fossile , est large de 6 à 16 millimètres.
(Dm.)
NUMMULÏTE. moll.? foramin. — Voy.
NUMMULINE.
NUMMULUS. moll.— Dénomination em-
ployée autrefois pour désigner une espèce
de Granie (C. nummulus) fossile de Suède ,
qu'on nommait aussi vulgairement Monnaie
de Brattenbourg. (Duj.)
NUNDINA, Dejean. ms. — Synonyme
de Rhyzobius, Slephens. (G.)
NUIVNEZHARIA, Ruiz et Pav. ( Prodr.,
147, t. 31). bot. ph. — Syn. de Chamœdo-
rea, Willd.
NUNNEZÏA, Willd. ( Sp. , IV , 1154).
bot. ph. — Syn. de Chamœdorea, Willd.
NUPHAR. Nuphar. bot. ph. — Genre dt
plantes de la famille des Nymphéacées , de la
polyandrie monogynie dans le système de
Linné. Les espèces qui le forment étaient
comprises parmi les Nénuphars ou Nymphœa
de Tournefortet de Linné; elles en ont été
séparées par Smith. Ce sont des plantes her-
bacées qui croissent naturellement dans les
-eaux douces stagnantes ou faiblement cou-
Tantes de lEurope, de l'Asie et de l'Amé-
rique septentrionale ; de leur rhizome épais
et horizontal, qui s'enracine dans la vase,
partent des pétioles et des pédoncules de
longueur proportionnée à la profondeur de
l'eau ; leurs feuilles sont en cœur ou sagit-
tées; leurs fleurs toujours jaunes se distin-
guent de celles des Nénuphars par les ca-
ractères suivants : Calice à 5-6 sépales li-
bres, colorés, persistants; corolle à 10-18
pétales plus courts que le calice , nectarifères
à leur face dorsale; ovaire supère par rap-
port au calice, multiloculaire, multiovulé,
surmontéd'ungrandstigmatepelté, rayonné.
Le fruit est presque globuleux, rétréci à la
base où l'on remarque les cicatrices laissées
par la chute des pétales et des étamites ,
couronné par le stigmate persistant; ses lo-
ges renferment, plongées dans la pulpe qui
les remplit , des graines nombreuses à tégu-
ment charnu , séparable. Nous nous borne-
rons à signaler en peu de mots l'espèce type
de ce genre.
1. Nuphar jaune, Nuphar lutea Smitb
(Nymphœa lutea Lin.). Cette belle plante
abonde dans les étangs, les ruisseaux et les
rivières peu rapides de presque toute la
France. Ses feuilles sont grandes et nagent,
pour la plupart, à la surface de l'eau; leur
lame est ovale, en cœur à sa base, à lobes
peu divergents, lisse et épaisse; elle est
portée sur un long pétiole triangulaire. Sa
fleur, d'un beau jaune, se soutient un peu
au-dessus de la surface de l'eau; elle a une
odeur decitron ; les cinq sépales deson calice
sont grands , presque arrondis, jaunâtres;
ses pétales, beaucoup plus courts que les
sépales , sont comme lustrés à leur face ex-
terne ; le stigmate, entière son bord et mar-
qué de 16-20 rayons , est profondément om-
biliqué à son centre. (P. D.)
*]\URA. arach. — C'est un genre de Tor-
dre des Acariens, qui a été établi dans
l'Isis par M. Heyden, mais dont les carac-
tères n'ont jamais été publiés. (H. L.)
*.\URIE. Nuria. poiss. — Genre de l'ordre
des Malacoptérygiens abdominaux , famille
des Cyprinoïdes, établi par MM. G. Cuvier
et Valenciennes ( Hist. des Poiss. , t. XVI ,
238) et dont les caractères essentiels sont :
Dorsale reculée sur l'arrière du corps à la
manière des Brochets ; pas de rayons épi-
neux ; deux barbillons non maxillaires,
mais labiaux; c'est-à-dire que de chaque
côté, à l'angle de la bouche, il y a deux
tentacules ; lèvres minces.
Ce genre est composé de deux espèces
(Nur. thermoicos et thermopylos Cuv. et
Val. ), qui viennent de Ceylan, où elles vi-
vent dans une source d'eau chaude. Leur
taille n'excède pas 5 centimètres.
NURSIA. crust. — Le docteur Leach a
établi sous ce nom un genre de Crustacés
qui n'est connu que par la courte descrip-
tion qu'en ont donnée ce naturaliste et Des-
marest. 11 appartient à l'ordre des Décapodes
brachyures et est rangé par M. Milne Ed-
680
NUT
NUT
wards dans la famille des Oxystomes et dans
la tribu des Leucosiens. Les Crustacés qui
le composent paraissent avoir beaucoup d'a-
nalogie avec les Ebalies (Voy. ce mot), aux-
quelles ils ressemblent par la forme générale
de la carapace et par la conformation des
pattes antérieures , mais dont ils se distin-
guent par le palpe ou tige externe de leurs
pattes-mâchoires externes, qui est dilatée
en dehors , caractère qui les rapproche des
PhyIires(Foi/. ce mot). La carapace est un
peuavancéeen forme de rostre, étales bords
postérieurs échancrés. Enfin les pieds de la
première paire sont rugueux, avec les pièces
fortement infléchies. Leach n'a fait con-
naître qu'une seule espèce de Nursie;
M Ruppell rapporte à ce genre une seconde
espèce, de manière que ce genre habite la
mer des Indes ainsi que la mer Rouge. La
Nursie de Hardweck , Nursia Hardweclcii
Leach, peut être considérée comme le type
de ce genre remarquable ; cette espèce a été
trouvée dans la mer des Indes. (H. L.)
NUSAR. moll. — Nom donné par Adan-
son à une coquille bivalve, que l'on nomme
aujourd'hui , d'après Linné , Donax denti-
culata. (Duj.)
*NUSSIÉRITE (nom de Heu), min. —
Substance jaune ou verdâtre, qui a les plus
grands rapports avec la Pyromorphite , et
qui vient de la mine la Nussière , près de
Beaujeu , dans le département du Rhône.
Elle contient plus de 12 pour cent de
chaux. (Del.)
NUTRITION. Nutritio (nutrire , nour-
rir) (1). physiol. — L'entretien de la vie
exige le concours de certaines substances
appelées aliments ; ces substances , après
avoir subi dans l'appareil digestif (voy. in-
testins), les modifications qui les rendent
propres au rôle qu'elles sont appelées à
remplir, servent à augmenter la masse de
l'individu, à remplacer les matériaux déjà
employés , à maintenir dans un juste équi-
libre les pertes et les réparations, à pro-
duire de la force ; en un mot , elles ser-
vent à la Nutrition.
(i) Bien que les végétaux se nourrissent , cependant l'ab-
sence du tube digestif, et la nature de leurs éléments, compo-
sés toujours binaires et inorganiques , établissant , sous ce
rapport, entre eux et les animaux une différence des plus
tranchées, nous ne considérerons ici la nutrition que chez
les derniers, renvoyant le lecteur à l'article végétaux, pour
la nutrition dans le règne végétal.
L'ingestion des aliments est donc une
condition indispensable de la vie , et il en
est encore une autre non moins importante,
qui se lie étroitement à la première, c'est
l'absorption non interrompue de l'oxygène
atmosphérique par les poumons {voy. res-
piration).
Les substances alimentaires , avons-nous
dit, subissent dans l'appareil digestif cer-
taines modifications qui les rendent propres
au rôle qu'elles sont appelées à remplir
dans l'économie; ces modifications s'accom-
plissent, et sous l'influence d'actions mé-
caniques , telles que la mastication et la
sorte de broiement exercée sur les substances
alimentaires par les contractions musculai-
res du canal digestif, et sous l'influence
d'actions chimiques déterminées par des li-
quides capables de diviser , de dissoudre ces
mêmes substances; ce sont: la salive, le
suc gastrique, la bile, le suc pancréatique,
et le smc intestinal, dont la composition
sera examinée avec les développements en
rapport avec leur importance à l'article
SÉCRÉTION.
L'ensemble des modifications subies par
les aliments dans le tube digestif consti-
tue l'acte de la digestion. Les animaux
seuls digèrent , puisque seuls ils sont pour-
vus d'un tube digestif. Cependant l'acte de
la digestion doit présenter, et il présente
en effet , dans les diverses classes du règne
animal , de notables différences , résultant
de la variété d'organisation ; ces différences
se remarquent , non seulement en compa-
rant l'acte digestif chez l'Homme et chez les
Animaux inférieurs , mais elles existent
aussi , quoiqu'à un moindre degré , dans
les quatre classes des Animaux vertébrés.
Elles ne portent cependant que sur des
faits de détail , si nous pouvons nous ex-
primer ainsi, les faits principaux, c'est-à-
dire la préhension des aliments, leus. intro-
duction dans le canal digestif, leur modifi-
cation sous l'influence d'agents mécaniques
et chimiques, la séparation des principes
alibiles, l'excrétion des fèces se retrouvant
chez tous les animaux.
Nous présenterons ici l'exposé sommaire
des phénomènes de la digestion chez
l'Homme, renvoyant aux articles spéciaux
pour les autres classes du règne animal.
1 es aliments, successivement introduits
NUT
1NUT
687
dans !a bouche, sont soumis à l'action méca-
nique des dents, ou à la mastication,
ainsi qu'à l'action chimique de la salive ;
ramollis, et réduits ainsi en bol alimentaire,
ils cheminent bientôt, par une suite de
contractions constituant la déglutition, de
la bouche à Vœsophage, en franchissant le
pharynx. L'acte de la déglutition, soumis
à l'empire de la volonté , est favorisé par
les abondantes mucosités que sécrètent
toutes les parties environnantes. La dé-
glutition des liquides s'opère par le même
mécanisme ; elle est toutefois plus diffi-
cile en raison de leur peu de cohésion qui
rend nécessaire une contraction musculaire
plus forte. De là, la douleur qu'on éprouve
à avaler les boissons dans les angines ,
tandis que les aliments solides peuvent en-
core passer sans difficulté.
Vœsophage n'est plus susceptible de mou-
vements volontaires ; mais chaque bouchée,
en en déterminant progressivement l'am-
pliation, le sollicite aussi à se contracter,
et ces contractions ondulatoires, en se suc-
cédant dans toute la longueur du canal œso-
phagien , conduisent les aliments dans l'es-
tomac en leur en faisant franchir l'orifice
supérieur , ou cardia.
Vestomac vide et resserré par l'action
contractile de sa tunique musculeuse, se
laisse graduellement dilater par les aliments
que lui renvoie l'œsophage, et finit par se
remplir; alors cesse le besoin de manger, le
sentiment de la faim, sorte de malaise que
remplace une sensation de bien-être.
Accumulés ainsi dans l'estomac, les ali-
ments y éprouvent une altération profonde
sous la double influence des contractions
du viscère et de l'action dissolvante du suc
gastrique; ils s'y transforment en une pâte
homogène , pultacée , grisâtre, qui prend le
nom de Chyme.
La salive, avons-nous vu plus haut, n'est
pas sans exercer une action chimique sur
la substance alimentaire ; cependant cette
action ne peut être que peu énergique ,
puisque les glandes salivaires manquent
chez un grand nombre d'animaux, chez les
Poissons , par exemple, et qu'elles ne sont
que rudimentaires chez la plupart des Oi-
seaux. Mais l'action du suc gastrique est
bien autrement importante; c'est dans l'es-
tomac, en effet, que, sous l'influence de
ce suc, les aliments fibrineux perdent leur
consistance, qu'ils se ramollissent, qu'ils se
dissolvent, et qu'à mesure que cette disso-
lution s'opère , ils se transforment peu à
peu , comme nous l'avons dit plus haut , en
chyme. Bien que ce chyme présente évi-
demment quelques différences dues à la na-
ture des aliments ingérés, il tient en disso-
lution les matières fibrineuses et albumi-
neuses que les veines de l'estomac absorbent
pour les transporter directement dans le
torrent de la circulation. 11 en est de même
pour toutes les matières solubles dans l'eau,
qui se dissolvent par conséquent dans les
boissons ingérées, et qui sont absorbées avec
elles par les veines de l'estomac.
Le suc gastrique , qui dissout avec une
grande facilité les aliments fibrineux , ne
touche point aux matières grasses, et ne
dissout même qu'une très petite quantité
des substances amylacées, qu'il transforme
en acide lactique.
Dans les premiers temps de la digestion,
le pylore reste tout-à-fait clos ; mais, à me-
sure qu'elle s'opère , il oppose moins de con-
sistance , et 'finit par s'ouvrir pour laisser
passer la masse chymeuse , et avec elle des
substances non digérées et non digestibles ,
tels que des noyaux de fruits, des fragments
d'os, etc.
Le chyme, déjà dépouillé dans l'estomac
d'une portion de la molécule nutritive,
mais renfermant encore la majeure partie
des matières amylacées , les matières grasses
et les autres résidus de la digestion stoma-
cale, pénètre donc dans le duodénum, et
de là dans V intestin grêle, où s'accomplit
l'absorption de ce qui lui reste encore de
parties alibiles.
La bile, qui se rapproche du savon par
sa nature et ses propriétés, est éminemment
propre, sinon à dissoudre, au moins à
émulsionner les substances grasses et à les
présenter aux orifices des vaisseaux chyli-
fères dans un état de division favorable à
leur absorption; cette transformation a lieu
dans le duodénum, avec lequel s'abouche
le conduit cholédoque ou biliaire. Une portion
de la bile est néanmoins rejetée au-dehors
avec les excréments, qui lui doivent en partie
leur couleur foncée.
Le suc pancréatique est destiné à trans-
former l'amidon en dextrine et en sucre ;
688
NUT
NUT
c'est principalement dans l'intestin qu'a
lieu cette transformation.
Quant au suc intestinal que sécrètent les
cryptes mucipores , les follicules, les glan-
des, etc. , son rôle paraît se borner à com-
pléter la dissolution de certaines parties
d'aliments , à favoriser la progression de la
masse alimentaire; enfin, à rester com-
biné avec les excréments qu'il concourt à
former. La dissolution des principales sub-
stances que renferment les aliments se
trouve donc accomplie. Dans l'estomac s'est
opérée celle des matières albumineuses et
fibrineuses; et dans l'intestin, celle des
matières grasses et féculentes.
Il va sans dire que la masse alimentaire
cbemine toujours, poussée en avant par les
mouvements vermiformes ou péristaltiques
de l'intestin, tout aussi involontaires que
ceux de l'estomac.
Nous avons vu que l'absorption veineuse,
si active à la surface de l'estomac, porte
directement dans le sang la majeure par-
tie des aliments azotés, rendus solubles par
l'action du suc gastrique. Les produits de
la digestion intestinale qui constituent le
chyle proprement dit , passent moins direc-
tement dans le sang; ils n'y arrivent qu'a-
près avoir traversé un ordre particulier de
vaisseaux extrêmement ténus , nommés
chylifères , en raison du liquide qu'ils ab-
sorbent dans l'intestin par leurs radicules.
Ces mêmes vaisseaux s'anastomosent bientôt
avec les vaisseaux lymphatiques proprement
dits , de telle sorte que le chyle ne vient se
mêler au sang que mélangé lui-même avec
la lymphe (voy. ce mot).
Le chyle y considéré d'une manière géné-
rale , est un liquide blanc laiteux, quelque-
fois coloré en rose , ou même en rouge. Il
renferme de la fibrine et de l'albumine;
aussi se coagule-t-il spontanément au bout
de huit à dix minutes ; il est en outre très
riche en globules gras, bien que ce soit
dans la proportion des matières grasses que
sa composition présente la différence la plus
considérable ; et ceci se conçoit facilement,
car cette proportion doit nécessairement
varier en raison de la nature des aliments.
La masse alimentaire a cependant par-
couru toute la longueur du petit intestin ,
se dépouillant peu à peu de ses parties nu-
tritives par l'absorption, et devenant de
moins en moins fluide. Arrivée à la limite
du gros intestin , elle franchit la valvule
iléo-cœcale , qui la laisse librement passer,
mais qui s'oppose à son retour. Parvenue
dans le gros intestin , elle y devient plus
consistante et y acquiert une odeur parti-
culière; sa couleur jaune se rembrunit ; il
ne reste plus enfin qu'une sorte de magma
homogène , composé des résidus de la di-
gestion , unis aux différents liquides qui ont
successivement imprégné les aliments , mais
dans lequel on ne retrouve plus, à l'état
normal , ni aliments , ni mucus , ni suc gas-
trique, ni bile. Les matières fécales, car
c'est le nom que reçoit dès lors le contenu
du tube digestif, semblent ne plus éprouver
de changement quand elles sont arrivées
dans le rectum ; elles continuent seulement
à s'y condenser et deviennent de véritables
excréments. La partie la plus inférieure
du rectum est garnie d'un muscle nommé
sphincter, continuellement contracté, si ce
n'est au moment de la défécation , qui n'a
lieu que quand le besoin s'en fait sentir, et
qui est par conséquent soumise à l'empire
de la volonté. Les agents de cette évacua-
tion sont, d'une part, les fibres muscu-
laires du gros intestin , et de l'autre les
muscles des parois de l'abdomen , et surtout
le diaphragme. Tous ces muscles pressant
tous les viscères renfermés dans la cavité
abdominale, et agissant ainsi médiatement
sur les matières contenues dans le rectum,
les forcent à s'échapper par le point qui pré-
sente le moins de résistance, c'est-à-dire
par Vanus.
Il arrive ordinairement que l'évacuation
des excréments est accompagnée de la sortie
plus ou moins bruyante d'une quantité in-
déterminée de gaz, tantôt inodore, tantôt
ayant une odeur fétide. A l'état normal ,
ces gaz sont généralement rares; mais leur
proportion augmente dans kw mauvaises
digestions ; le genre de nourriture a en outre
une très grande influence sur leur produc-
tion , qui est toujours déterminée , dans l'in-
testin grêle , par les décompositions spon-
tanées qu'y subissent les aliments ; il suffit
de manger certains légumes contenant du
soufre , pour qu'il y ait abondante formation
de gaz acide sulfurique.
L'acte de la digestion est accompli; les
radicules veineuses dans l'estomac , les
NUT
NUT
689
vaisseaux chylifères dans l'intestin , ont
absorbé, puis transporté, les premiers im-
médiatement , les seconds médiatement,
dans le torrent de la circulation, les maté-
riaux nécessaires à l'entretien delavie. Mais
tous ces matériaux servent-ils indifférem-
ment à la Nutrition proprement dite, c'est-à-
dire à l'accroissement du corps , au renou-
vellement des organes , à la réparation des
parties? S'il est vrai, comme il n'est point
permis d'en douter , que cet accroissement,
ce renouvellement, cette réparation, se
font aux dépens du sang, c'est-à-dire aux
dépens des principes immédiats qui con-
stituent ce liquide , il faut réserver ex-
clusivement le nom d'aliments aux seules
substances susceptibles de se transformer
en sang. Or, comment arriver à reconnaître
ces substances , si ce n'est en comparant la
composition des divers aliments avec celle
des principes immédiats du sang ?
Le sang recueilli après une saignée, dans
un vase convenable , se sépare bientôt en
deux parties : l'une liquide , de couleur jau-
nâtre , nommée sérum; l'autre solide, le
plus souvent rouge, surnageant le sérum
et formant le caillot. Le caillot est une
masse semi-solide, s'attachant, sous forme
de filaments mous et. élastiques, constituant
!a fibrine, au faisceau des baguettes avec
lesquelles il est battu. Le sérum, de son
côté, tient en dissolution une substance
qui lui donne toutes les propriétés du blanc
d'ceuf , avec lequel elle est identique; c'est
V albumine qui, par l'action de la chaleur,
se prend en une masse blanche et élastique.
On trouve aussi, dans le sérum, du chlo-
rure de sodium ( sel marin ) et quelques
autres sels à base alcaline.
La fibrine et Y albumine sont donc les deux
principes essentiels du sang; elles se com-
posent d'un certain nombre d'éléments chi-
miques, d'oxygène, d'hydrogène, decarbone,
d'azote , et de plus , d'une petite quantité
de phosphore et de soufre; on y rencontre
aussi la substance terreuse des os.
Outre la fibrine et l'albumine qui y sont
dissoutes, le sang présente encore, en nom-
bre indéfini , des particules solides circu-
lant avec lui, et auxquelles il doit plusieurs
de ses propriétés. Ce sont les globules, com-
posés eux-mêmes de fibrine , d'albumine et
d'une matière colorante hématosine, con~
T. VIII.
tenant du fer. Malgré leur importance , les
globules ne semblent point concourir à la
Nutrition , comme nous le verrons plus
tard. Le sang renferme de plus quelques
matières grasses {voy. sang).
Soumises à l'analyse chimique , la fibrine
et l'albumine sont isomériques, c'est-à-dire
qu'elles contiennent les mêmes éléments ,
dans les mêmes proportions précéden-
tes , mais groupés d'une manière différente.
Ce fait a été mis hors de doute par les
expériences récentes d'un physiologiste ,
M. Denis , qui est parvenu à convertir arti-
ficiellement de la fibrine en albumine. Elles
possèdent, en outre, une propriété chi-
mique commune; toutes deux se dissolvent
dans l'acide chlorhydrique concentré, pour
donner naissance à un liquide bleu indigo
foncé , déterminant les mêmes réactions.
Si , maintenant , l'on compare la compo-
sition de tous les tissus animaux avec celle
de la fibrine et de l'albumine contenues
dans le sang, on arrive aux résultats sui-
vants : Toutes les parties du corps qui af-
fectent une forme déterminée, et qui consti-
tuent les organes , contiennent de l'azote ;
il n'existe pas, dans un organe doué dévie
et de mouvement, une seule molécule qui
n'en renferme. Cet élément entre pour
16/l00cs environ dans la composition du
sang , et cette proportion n'est jamais moin-
dre dans les différentes parties de l'orga-
nisme. On rencontre de plus , dans les dif-
férents tissus , du carbone, ainsi que les
éléments de l'eau, oxygèneet hydrogène. Or,
il est démontré que l'organisme animal ne
peut produire de toutes pièces un élément
chimique , tel que l'azote , au moyen de
substances qui n'en contiennent pas ; d'un
autre côté, l'azote de l'atmosphère ne se
combine jamais avec les tissus animaux. Il
est donc de toute nécessité que les substan-
ces alimentaires , pour être aptes à se trans-
former en sang, et former de là le tissu
cellulaire, les muscles , la peau, etc. , il
est donc de nécessité que ces substances
renferment l'azote en quantité déterminée.
Or, la fibrine et l'albumine remplissent
cette condition; toutes deux peuvent donc
se transformer en sang , par suite en fibre
musculaire, en tissu cellulaire, etc. ; elles
sont, en conséquence, parfaitement pro-
pres à la Nutrition.
87
690
NUT
Les principes non azotés de l'organisme
animal constituent Yeau et la graisse, tou-
tes deux amorphes et jouant dans les phé-
nomènes vitaux le rôle d'intermédiaires,
nécessaires à l'accomplissement de certaines
fonctions. Les principes inorganiques sont
le fer, la chaux , la magnésie , le chlorure
de sodium , et quelques autres composés
alcalins.
Venant, maintenant, à examiner com-
ment s'opère la Nutrition chez les Animaux,
nous la voyons s'accomplir avec la plus
grande simplicité possible chez les Carni-
vores ; ces animaux se nourrissent , en effet,
du sang et de la chair des Herbivores (1),
dont la composition est identique avec leur
propre sang, avec leur propre chair. Par-
venus dans l'estomac, ce sang, cette chair,
fluidifiés , deviennent donc immédiatement
propres à être transportés dans les organes
et à y être assimilés. Les Carnivores man-
gent, en outre, de la graisse mêlée aux
matières azotées, qui forment la presque
totalité de leurs aliments. Nous verrons
plus tard le rôle que joue cette graisse.
Il semble, au premier abord , que les
choses se passent tout différemment chez les
Herbivores; ces animaux sont même d'un
appareil digestif plus compliqué ( voy. in-
testin) ; ils se nourrissent de végétaux, qui
ne contiennent qu'une très petite quantité
d'azote comparativement au volume de
leur corps. Ces différences ne sont toutefois
qu'apparentes ; les substances végétales qui
servent à l'alimentation des Herbivores
contiennent certains principes immédiats,
riches en azote ; ce sont la fibrine végétale ,
Y albumine végétale et la caséine. La pre-
mière , insoluble dans l'eau , est surtout
abondante dans les Graminées , mais on ne
la rencontre nulle part en aussi forte propor-
tion que dans le Blé et dans quelques autres
céréales , où elle constitue le gluten. Val-
bumine végétale existe à l'état de dissolu-
tion dans le suc des plantes ; on la rencontre
aussi dans certaines semences, telles que
les Noix, les Amandes , etc. La caséine,
enfin , se trouve dans les Pois , les Lentilles,
les Haricots; soluble dans l'eau, comme
l'albumine, elle ne se coagule point par la
(i) Tout ce que nous dirons des Herbivores s'applique évi-
demment aux Granivores et à tous les awiciaux dont la nour-
riture est «■xclusivcment véi-étale.
NUT
chaleur, mais elle se prend en caillot,
comme le lait , si on la traite par un acide.
Soumises à l'analyse chimique, ces trois
substances présentent les mêmes éléments
combinés dans les mêmes proportions, et, ce
qui est plus important encore, c'est qu'elles
ont la même composition que les prin-
cipes essentiels du sang, et qu'elles dé-
terminent les mêmes réactions avec l'a-
cide chlorhydrique ; en un mot, la fibrine
et V albumine végétale sont absolument iden-
tiques avec la fibrine et Y albumine animale.
Quant à la caséine , nous retrouverons son
analogue dans le lait.
Il résulte de ce fait que la Nutrition, chez
tous les animaux , présente la plus admi-
rable simplicité, l'Herbivore trouvant toutes
formées, dans les végétaux, des substances
nutritives , complètement semblables à
celles qui servent à l'alimentation du Car-
nivore, et que celui-ci rencontre dans la
chair de l'Herbivore.
De ce qui précède , Ton peut rigoureu-
sementdéduirequele développementdes or-
ganes, leur accroissement en volume et en
masse, dépendent de l'absorption de certai-
nes substances, identiques aux principes
essentiels du sang; l'on peut même ajouter
que le rôle de l'organisme se borne à donner
au sang une forme déterminée pour chaque
ergane, sans pouvoir en fabriquer lui-
même.
Mais un grand nombre de substances ali-
mentaires contiennent encore les matériaux
non azotés ; tels sont : les corps gras , le
sucre, la fécule, la gomme, qui, s'ils ne
servent point directement à la Nutrition
proprement dite , sont cependant nécessaires
à l'entretien de la vie, surtout chez les
nombreux Herbivores, qui mourraient bien-
tôt s'ils n'en consommaient une quantité
suffisante. Nous allons voir que sous ce
rapport même il y a identité parfaite dans
les premiers temps de la vie entre les Her-
bivores et les Carnivores, puisque le lait se
trouve être, pendant cette période, l'ali-
ment unique des animaux des deux classes.
Le lait (voy. ce mot) ne contient qu'un
seul principe azoté, la caséine, dont la com-
position est la même que celle de la fibrine
et de l'albumine du sang, et qui n'en diffère
que par son extrême solubilité et son im-
possibilité de coaguler. Cette caséine, iden-
NUT
NUT
69 î
tique avec la caséine végétale, représente
donc les principes essentiels du sang, et
elle contient en outre la substance terreuse
des os à un état de division extrême ; eYm
peut donc se convertir directement en sang,
circuler , se déposer dans toutes les parties
du corps, et concourir au développement,
à l'accroissement des organes. Indépen-
damment de cette caséine, le lait renferme
du beurre et du sucre de lait , substances
non azotées, dont la dernière est composée
de Carbone, puis d'Hydrogène et d'Oxygène
dans les proportions nécessaires pour for-
mer l'eau.
Quel est le rôle de ces substances qui ,
ingérées en même temps que la caséine ,
ne servent cependant point à la formation
du sang? Elles augmentent, dans l'écono-
mie, la quantité de Carbone et d'Hydro-
gène, destinés à être brûlés par l'oxygène
absorbé dans l'acte de la respiration.
Chez le Carnivore adulte, qui n'augmente
ou ne diminue sensiblement d'un jour à
l'autre , la quantité d'aliments consommés ,
celle d'Oxygène absorbé, les pertes éprou-
vées par l'organisme sont toujours entre
elles dans un rapport déterminé ; le Car-
bone de l'acide carbonique exhalé, celui
de l'urine , l'Azote de l'urine , l'Hydro-
gène éliminé sous forme d'ammoniaque et
d'eau , tous ces éléments pris ensemble
représentent le Carbone, l'Azote, l'Hydro-
gène des aliments ingérés , ceux-ci rempla-
çant ce que les tissus perdent incessamment.
S'il en était autrement, l'animal varierait
de poids et de volume.
Mais chez l'animal qui se développe,
dont le corps va sans cesse croissant, il
faut bien un supplément de principes com-
bustibles pour neutraliser la quantité d'Oxy-
gène absorbé par la respiration , quantité
bien supérieure à celle qui est nécessaire
pour convertir en eau et en acide carbo-
nique l'Hydrogène et le Carbone prove-
nant des tissus métamorphosés ; sans cela ,
le jeune animal diminuerait au lieu d'aug-
menter. C'est ainsi que se trouve expliquée
la présence, dans le lait, de substances
non azotées.
La Nutrition, chez les Carnivores, af-
fecte donc deux formes parfaitement dis-
tinctes; la première, dans le jeune âge,
ressemblant à ce qui se passe chez l'Herbi-
vore pendant tout le cours de sa vie ; la
seconde, dans l'âge adulte , en différant
au contraire ; l'ingestion de substances non
azotées, autres que la graisse qui accom-
pagne la chair de leur proie, leur devenant
nécessaire.
Quant aux Herbivores , ils ne présentent
point, aux différents âges de leur vie , le
changement qui se remarque entre le genre
d'alimentation du jeune Carnivore et du
Carnivore adulte. Les substances dont ils se
nourrissent , après l'allaitement , ne con-
tiennent qu'une faible proportion de Car-
bone, si on le compare à celle de l'Oxy->
gène qui leur arrive par les voies respira-
toires ; de là, la nécessité pour eux, pendant
tout le cours de leur vie, d'aliments non
azotés , qui, suppléant, sous forme d'amidon,
de sucre , de gomme , etc. , à la quantité
insuffisante de l'élément destiné à neutra-
liser l'action comburante de l'Oxygène ,
viennent jouer le rôle que le beurre et le
sucre de lait ont joué dans leur jeune âge.
Il résulte de ce qui précède que les ali-
ments se divisent naturellement en deux
classes : l'une comprend les aliments azotés ;
l'autre, les aliments non azotés. Les pre-
miers, auxquels on a donné le nom de
plastiques , ont la faculté de se transformer
en sang et de fournir aussi des matériaux
de réparation et d'accroissement aux tissus
et aux organes , ce sont : la fibrine, V albu-
mine, la caséine végétale, le sang et la chair
des animaux; les seconds , qui ont reçu le
nom d'aliments respiratoires , ne se conver-
tissent point en sang, mais ils servent à
l'acte de la respiration en présentant des
matériaux combustibles à l'Oxygène ; ce
sont: là graisse, Vamidon, la gomme, le
sucre, etc. ,et la plupart des boissons mises
en usage par l'Homme.
On rencontre dans les matières alimen-
taires d'autres substances azotées, les alcalis
végétaux, par exemple , mais il est reconnu
que toute substance azotée dont la compo-
sition diffère de celle de la fibrine, de l'al-
bumine et de la caséine , est impropre à la
Nutrition.
Puisqu'aucune partie de l'Oxygène ab-
sorbé ne ressort du corps sous une autre
forme que celle d'une combinaison hydro-
génée ou carbonée, et que de plus, dans
l'état de santé, le Carbone et l'Hydrogène
692
NUT
NUT
éliminés sont restitués à l'économie par les
aliments, il résulte de cette liaison intime
des deux actes de la Nutrition et de la Res-
piration que la quantité d'aliments néces-
saire pour l'entretien de la vie doit être en
rapport direct avec la quantité d'Oxygène
< absorbée; c'est, en effet, ce qui arrive.
L'enfant , dont les organes respiratoires
sont plus actifs que ceux de l'adulte, prend,
toute proportion gardée, plus de nourriture
que ce dernier. L'Homme qui agit , qui
respire plus vite par conséquent , mange
plus que celui qui garde le repos ; et la
quantité d'Oxygène inspiré par le poumon
dépend non seulement du nombre des inspi-
rations , mais encore de la température et
de la densité de l'air. En hiver comme en
été, aux pôles comme sous l'équateur , au
bord de la mer comme sur le sommet des
montagnes , nous respirons le même volume
d'air, mais non le même poids; en hiver,
aux pôles , au bord de la mer, cet air, plus
condensé, contient plus d'Oxygène; il y a
donc , sous l'influence de ces circonstances,
nécessité d'une plus grande réparation que
pendant l'été, que sous la zone torride, que
sur le sommet des Alpes, et non seulement
la réparation doit être plus grande , mais
la proportion d'aliments non azotés doit
augmenter. Les faits viennent à l'appui de
ce que nous avançons. L'Homme, omnivore,
mange bien plus de viande dans les contrées
septentrionales que sous les tropiques, où
la nourriture est presque entièrement végé-
tale. L'habitant du Nord s'abreuve à longs
traits de liqueurs fermentées où prédomine
le Carbone, tandis que l'Arabe prend tout
le jour du café contenant une notable
quantité d'Azote. Les fruits des pays équi-
noxiaux contiennent à peine douze centiè-
mes de Carbone, et la graisse, l'huile de
poisson, si largement consommée par les
peuplades hyperboréennes, ^en contiennent
jusqu'à quatre-vingts.
Ce qui vient d'être dit de l'homme, dans
les différentes positions d'âge, de climat,
de genre de vie où il peut se trouver, s'ap-
plique également aux différentes classes
d'Animaux; ainsi, l'Oiseau, à respiration si
fréquente, à circulation si rapide, mange
bien plus que le Reptile , que le Serpent
qui, plongé dans l'engourdissement, sup-
porte des mois entiers d'abstinence.
On peut donc poser en principe que la quan-
tité d'aliments à consommer se règle sur
le nombre d'inspirations , sur la tempéra-
ture, et par conséquent sur la densité de
t*air inspiré, ainsi que sur le degré de cha-
leur produite dans l'acte de la respiration ,
acte qui n'est qu'une véritable combustion.
Il arrive, parfois, que l'Hydrogène et le
Carbone absorbés avec les substances ali-
mentaires ne sont ni complètement ni im-
médiatement brûlés ; dans ce cas , il y a
formation de graisse , qui s'accumule sur-
tout dans le tissu cellulaire. Cette forma-
tion de graisse, presque nulle chez les
Carnivores , qui ne consomment d'autres
substances non azotées que la graisse des
Herbivores, augmente chez les Animaux qui
prennent une nourriture mixte, et parvient
enfin au plus haut degré chez les Animaux
domestiques auxquels on fournit des ali-
ments non azotés en quantité bien supé-
rieure à celle de l'Oxygène absorbé par eux.
Cette accumulation , formée de graisse chez
Jes animaux domestiques, a lieu norma-
lement chez les animaux hibernants, qui se
trouvent avoir aussi en réserve de quoi sub-
venir à la combustion respiratoire pendant
leur temps de sommeil.
Le sang a reçu ses éléments réparateurs;
d'une part , ceux qui lui ont été fournis par
les aliments ; de l'autre, ceux qui, provenant
de l'intérieur même des organes, se sont
transformés en lymphe. Mais il n'est point
encore propre à l'entretien de la vie , à la
rénovation, à la recomposition des parties;
il faut qu'il reçoive dans les poumons
l'influence vivifiante de l'Oxygène, qu'il
devienne sang artériel en abandonnant
une certaine quantité d'acide carbonique
(voy. circulation). Sous ce nouvel état-,
il est transporté dans les parties les plus
profondes des organes et des tissus où
chaque molécule constituant chaque cel-
lule primitive attire celle des substances
nutritives avec lesquelles elle a le plus d'af-
finité, et la modifie pour se l'assimiler.
C'estainsiquelenerf se forme de la substance
nerveuse, le muscle de la substance muscu-
laire; il n'y a pas jusqu'aux produits mor-
bides organisés qui ne s'approprient de
nouveaux matériaux. Les cellules ont en
outre la propriété de retenir certaines sub-
stances qui diffèrent complètement de celles
NUT
NUT
693
'dont elles sont formées elles-mêmes , telle
est la graisse , par exemple; cependant , à
mesure que s'opère ce travail de réparation,
un travail de décomposition a lieu en sens
inverse, la vie s'accompagnant d'un renou-
vellement continuel de la matière.
En déposant les molécules qui doivent
servira renouveler les organes, le sang re-
prend donc celles qui doivent être élimi-
nées; mais comment se fait cet échange?
Jusqu'à présent on l'ignore; l'acte de la
Nutrition échappe à l'observation microsco-
pique. Les globules sanguins ne sont évi-
demment point les matériaux assimilables ;
d'un volume de beaucoup supérieur à l'é-
paisseur de la plupart des fibres qui consti-
tuent les tissus, ils portent constamment
des artères dans les veines, en prenant une
teinte plus foncée. Leur rôle, dans l'éco-
nomie, a, sans contredit, une grande im-
portance, mais il paraît tout-à- fait étranger
à la Nutrition proprement dite.
En outre, les derniers vaisseaux capil-
laires ne se répandent point sur les fibres
primitives, infiniment plus petites qu'eux.
11 faut donc admettre que l'échange des ma-
tériaux de composition et de décomposition
a lieu au travers des parois de ces anciens
vaisseaux capillaires , que la Nutrition s'ac-
complit par une sorte d'exsudation , aux
dépens des parties dissoutes du sang, et par
conséquent de la fibrine et de l'albumine.
Ces parties dissoutes vont baigner les cel-
lules et les fibres des tissus, et les vaisseaux
lymphatiques ramènent ensuite dans le
sang ce qui ne sert plus ou ce qui n'a pu
servir à la Nutrition.
Les matériaux immédiats des organes
existent déjà en partie dans le sang. Il con-
tient, en effet, l' albumine , qui se retrouve
dans le cerveau , dans les nerfs et dans un
grand nombre d'autres tissus; la fibrine,
qui forme les muscles et les différents or-
ganes musculeux ; la graisse non azotée
déposée dans le tissu cellulaire; la graisse
azotée et phosphorée , qui existe dans le cer-
veau ; le fer et les autres substances inor-
ganiques que renferment la plupart des
organes, et surtout les humeurs. Il est ce-
pendant certains matériaux particuliers qui
doivent être produits aux dépens des maté-
riaux immédiats des organes eux-mêmes ,
car il est impossible d'en retrouver les ana-
logues dans le sang ; telles sont la gélatine
des os, des tendons, des cartilages, le
tissu élastique , la substance cornée.
Résumons maintenant ce qui a été dit
jusqu'à présent. Nous avons vu l'Homme
(et ce que nous disons de l'Homme peu£
s'appliquer à tous les Animaux) , nous avons
vu l'Homme prendre des aliments , les di-
gérer, les assimiler en partie, rejeter par
les fèces les portions non assimilables et en
même temps certains produits sécrétés , tels
que la bile, les mucosités intestinales, etc.
Les matériaux assimilables ont été trans-
portés , soit immédiatement, soit médiate-
ment, dans le système vasculaire veineux ,
pour aller subir , avec le sang qui s'y trouve
contenu, l'influence vivifiante de l'Oxygène
atmosphérique inspirée par les poumons.
Devenu artériel , et propre à la Nutrition ,
le sang s'est répandu dans toutes les parties
du corps pour y entretenir la vie, y renou-
veler les tissus , y réparer les pertes, y re-
produire même , dans quelques cas , cer-
taines parties.
Mais si l'Homme, si les Animaux em-
pruntent aux aliments, ils doivent nécessai-
rement restituer autant qu'ils empruntent,
car, comme les végétaux, ils ne sont pas
susceptibles d'un accroissement indéfini. Les
aliments, quelle qu'en soit la nature, quel!'.,
qu'en soit la source, contiennent, ceux qui
sont destinés directement à la Nutrition, de
l'Oxygène , de l'Hydrogène , du Carbone et de
l'Azote; les autres, servant de combustible
dans l'acte respiratoire, des trois premiers élé-
ments seulement, mais point d'Azote ; nous
laissons de côté les substances inorganiques.
L'Homme, les Animaux , absorbent de plus,
par la respiration , une quantité d'Oxygène
en rapport avec les besoins de chaque espèce.
Eh bien ! ce même Homme , ces mêmes ani-
maux, produisent, par l'expiration, de l'acide
carbonique et de l'eau, et par les urines, de
l'Ammoniaque (Hydrogène azoté) représen-
tant les quantités d'Oxygène, d'Hydrogène, de
Carbone et d'Azote, absorbées par la respi-
ration et par les aliments ; il y a, en outre,
production de Chaleur et d'Électricité, car
l'oxydation du Carbone et de l'Hydrogène
dans l'acte respiratoire ne peut s'opérer
sans donner lieu à un dégagement de ces
deux principes. Si, maintenant, nous je-
tons un coup d'oeil sur les Végétaux, nous
694
NUT
NYG
les voyons fixer du Carbone, de l'Hydro-
gène , de l'Azote, de l'Eau , et fabriquer, à
l'aide de ces matériaux, des matières orga-
niques , tandis qu'ils rejettent de l'Oxygène
dans l'atmosphère. Or, ces matières orga-
niques servent à la nourriture des Herbi-
vores, et ceux-ci, à leur tour, deviennent
la pâture des Carnivores, qui trouvent tout
formés dans leur proie, les principes néces-
saires à leur nutrition. « Ainsi, tout s'en-
chaîne dans la nature, a dit l'illustre pro-
fesseur auquel nous devons l'éloquent ex-
posé de la Statique chimique des êtres orga-
nisés; rien ne se perd , rien ne se crée. On
ne connaît ni création , ni transmutation
d'éléments; tous les changements qui s'o-
pèrent continuellement à la surface du
globe sont dus à des combinaisons qui se
font, ou à des combinaisons qui se défont.
La matière du tapis de verdure, qui au-
jourd'hui revêt une prairie, fait paître le
lendemain des animaux qu'elle nourrissait;
quelques jours encore, et elle passera dans
notre propre organisation , d'où elle s'en
ira dans l'atmosphère, qui , la cédant à de
nouvelles plantes, reproduira plus tard une
nouvelle végétation » (A. D.)
NUTTAINIA. crust.— C'est un genre de
l'ordre des Trilobites qui a été établi par
M. Eaton , sur le fragment d'un bouclier
céphalique de Trilobite , et qui a beaucoup
de ressemblance avec la tête du Diplure de
Dekay, mais paraît moins bombé, et avoir
le bord antérieur prolongé et un peu relevé
en forme de bec. C'est avec doute cependant
que cette coupe générique estadoptée et dont
la seule espèce connue est la Nuttainia
sparsa. (H. L.)
NUTTALLIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Rosacées ( tribu in-
certaine), établi par Torrey et A. Gray
( Flor. of north amer., ï, 412). Arbres des
forêts de l'Amérique boréale. Voy. rosa-
cées.
©eux autres genres ont été créés sous ce
nom : l'un, par Dicks et Barton (Flor. Bor.
amer., II, 74, t. 62), est synonyme du
grand genre Mauve de Linné; l'autre, pu-
blié par De Candolle ( Happ. jard. genev.,
1821 , p. 24 ), est syc. du genre Nemopan-
thes, Raûn.
KUTTALITE (nom propre). Brooke. min.
— Substance vitreuse, d'un éclat gras, qui,
par sa forme, se rapproche de la Paran-
thine, mais qui en diffère par une moindre
dureté, et peut-être aussi par sa composition
atomique. Elle se trouve en cristaux dissé-
minés dans le calcaire à Bolton dans le
Massachussets. (Del.)
rsiUX. bot. ph. — Voy. NOIX.
NUXIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Scrophularinées, tribu des Buchnérées,
établi par Commerson ( ex Lam. illustr. ,
t. 70). Arbrisseaux du cap de Madagascar.
Voy. SCROPHULARINÉES.
*NU\TSIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Loranthacées, établi par R. Brown
{in Journ. géograph. soc., I, 17). Arbres
de la Nouvelle-Hollande. Voy. lorantha-
cées.
NYALELIA, Denst. (Hort. Malab., IV,
16). bot. ph. — Syn. de Milnea, Roxb.
NYCTACTES , Gloger. ois. — Syno-
nyme de Capito, Vieillot. (Z. G.)
NYCTAGINÉES. Nyctagineœ. bot. ph.—
A.-L. de Jussieu a établi dans son Gênera,
p. 90, sous le nom de Nyctages, Nyctagïnes,
une famille de plantes qu'il range dans ses
dicotylédones apétales, à étamines hypogy-
nes. La circonscription de ce petit groupe,
qui ne comprenait que quatre genres, est si
nette et si tranchée, que les botanistes n'ont
eu à l'altérer en rien , et qu'ils se sont bor-
nés à modifier son nom de Nyctages en celui
de Nyctaginées , et à l'enrichir de quelques
genres nouveaux dont un examen plus ap-
profondi ne manquerait certainement pas
d'augmenter le nombre. C'est donc une des
familles les mieux circonscrites de tout le
règne végétal. Les plantes qui la forment
sont herbacées ou ligneuses : dans le pre-
mier cas, rarement annuelles, plus souvent
vivaces, à racine tubéreuse; dans le second,
frutescentes ou arborescentes, à rameaux
noueux-articulés, souvent épineuses. Leurs
feuilles sont opposées, souvent inégales dans
chaque paire , celle à l'aisselle de laquelle
naît le rameau étant plus petite que l'autre,
quelquefois alternes, simples, généralement
entières, pétiolées, dépourvues de stipules.
Leurs fleurs sont hermaphrodites , ou plus
rarement unisexuelles, de grandeur extrê-
mement variable, depuis 1-2 millimètres
jusqu'à 1 décimètre et plus de longueur.
Elles sont accompagnées d'un invelucre
1-fiore ou pluriflore , dans le premier cas
me
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G95
ressemblant à un calice , à bractées soudées
ou distinctes, quelquefois colorées au point
de faire de ces plantes de magnifiques espè-
ces d'ornement ( Bougainvillea); cet invo-
lucre persiste souvent autour du fruit. Ces
fleurs présentent : un périanthe unique géné-
ralement coloré , parfois même très brillant
et aussi délicat qu'une corolle (Mirabilis),
tubulé, à limbe en entonnoir ou hypocraté ■
rimorphe, à tube plus ou moins long, divisé
en 4, 5, 10 lobes, quelquefois tronqué ou à
peine denté à son bord , dont la base ver-
dâtre, plus épaisse et accrescente, forme au-
tour du fruit une enveloppe résistante, qui
pourrait facilement être prise pour un péri-
carpe ; des étamines en nombre parfois égal
à celui des lobes du périanthe, mais plus
généralement remarquables par leur défaut
de symétrie, soit de nombre, soit de position
avec l'enveloppe florale, insérées sur le ré-
ceptacle, quelquefois soudées entre elles par
leur base en une sorte de godet qui entoure
la base de l'ovaire, à anthères introrses, bi-
îoculaires ; un pistil à ovaire libre ou même
un peu pédicule, formé d'un seul carpelle,
très remarquable par son mode de dévelop-
pement, renfermant dans une seule loge un
ovule unique ; cet ovaire est surmonté d'un
style souvent un peu latéral , conséquence
naturelle de son mode de formation, que
termine un stigmate généralement renflé et
couvert de grosses papilles en forme de bou-
teilles; rarement le style manque, et le
stigmate est alors sessile.
Le fruit est un akène enveloppé par la
base persistante du périanthe qui s'est ac-
crue , s'est relevée de côtes , souvent de pro-
ductions semblables à de gros poils capi-
tés, etc., autour duquel persiste encore assez
fréquemment l'involucre ; cette circonstance
a fait donnera ce fruit par quelques carpo-
logistes une dénomination particulière (Scle-
ranthum Moench , Dyclosium Desv. ). La
graine , solitaire , a son tégument confondu
avec le péricarpe; son embryon est toujours
disposé de manière à envelopper l'albumen
qui est farineux. Les observations organo-
géniques et embryogéniques que nous avons
faites sur les Nyctaginées, et que nous nous
proposons de publier prochainement, nous
ont fait connaître des faits très curieux dont
nous nous bornerons à signaler ici l'un des
plus remarquables. Dans la Belle-de-Nuitde
nos jardins (Mirabilis jalapa), nous avons
constaté l'existence de trois sacs embryon-
naires groupés l'un à côté de l'autre ; l'em-
bryon ne se développe que dans l'un d'eux,
qui se sépare et s'isole des autres après que
la fécondation a eu lieu.
Les particularités remarquables que pré-
sentent les Nyctaginées dans leur périanthe,
leurs étamines , leur pistil et leur fruit,
comme aussi dans la structure de leur tige
(pour la connaissance de laquelle on pourra
consulter entre autres ouvrages le beau mé-
moire de M. Unger sur l'anatomie des Mo-
nocotylédons etDicotylédons) ,ne permettent
pas de leur assigner une place dans la série
des familles naturelles ; le plus souvent on
les range à côté des Polygonées, desquelles
elles s'éloignent cependant à plusieurs
égards.
Ces plantes croissent pour la plupart dans
les contrées inter tropicales, particulièrement
en Amérique. Un petit nombre d'entre elles
sont cultivées comme jolies espèces d'orne-
ment.
Voici le tableau des genres de Nyctaginées
d'après M. Endlicher :
BoerhaviaL'm.;CollignoniaEnd\ic.;Abro-
nia Juss. (Tricratus L'Hérit); Mirabilis
Lin. (Nyctago Juss.; Jalapa Tourn.); Oxy-
baphus l'Hérit. (Calyxhymenia Or teg.; Caly-
menia Nuit. ; Vitlmannia Turr.); Allionia
Lin.; Okenia Schiede; Tricycla Cavan.; Bou-
gainvillea Commers. (Josepha FI. fl. ); Rei~
chenbachia Spreng.; Salpianthus H. et B.
Boldoa Cavan.); Neea R. et Pav. ) Mitscher-
UchiaKunlh); Pisonia Plum. (Calpidia Pet.-
Thou.; Bessara Fl. fl.; Palavia Fl. fl.; Tor-
rubia Fl. fl.; Columella Fl. fl.. — Genre
douteux : Epilithes Blume. (P. D.)
NYCTAGO, Juss. (Gen. 90; Annal, de
Russ. 11, 274). bot. ph.~- Syn. de Mirabilis,
Linn.
NYCTALE. ois. — Genre établi par
Brehm sur la Chouette Tengmalm. (Z. G.)
*I\lCTALEMOïV. ins. —Genre de Tor-
dre des Lépidoptères diurnes, démembré
des Urania par Dalmann , et placé par
M. Blanchard ( Hist. des Insecles , suites à
Buffon Duménil) , dans la tribu des Hespé-
rides, groupe des Cydimonites. On ne con-
naît qu'une espèce de ce genre, le Nyclale-
mon orontes Del m. (Papilio orontes Linn.,
Fab., Cram,, Urania oronles God.), qui ha-
6%
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bite les îles de l'Inde australe (Amboine,
Java , etc.) (L.)
NYCTALOPS. ois. — Genre établi par
"Wagler sur une espèce de la famille des
Chouettes. Cette espèce porte pour Wagler
Je nom spécifique de Stygius. (Z. G.)
*NYCTALUS(vuxra*oç, nocturne), mam.
— M. Lesson (Nouv. tàbl. des Mamm.,
1842) a créé sous ce nom un sous-genre
du grand genre Vesperlilio {voy. ce mot), et
il y place quatre espèces , provenant des
Indes orientales, les Vesp. Temminckii, Be-
langeri, Heathii et Aleclo. (E. D.)
NYCTANTHES (vwÇ, nuit ; avQoç, fleur).
bot. ph. — Genre de la famille des Jasmina*
cées, établi par Linné {Gen. n. 16)etdontIes
principaux caractères sont : Calice tubuleux,
5-den té. Corolle hypogyne,hypocratériforme,
à limbe 5-8- parti. Étamines 2, insérées au
lube de la corolle, incluses. Ovaire à 2 lo-
ges uni-ovulées. Style court ; stigmate capité.
Capsule membraneuse, comprimée, à loges
monospermes.
Les Nyctanthes sont des arbrisseaux de
l'Asie tropicale , à rameaux tétragones , à
feuilles opposées , pétiolées , ovales ou oblon-
gues , acuminées, cordiformes à la base,
«cabres ; à fleurs disposées en ombelles invo-
îucrées, axillaires et terminales.
Le NïCTANTHE ARBRE TRISTE, NiJCtdntheS
arbor tristis Linné , principale espèce de ce
genre , est cultivée depuis longtemps dans
les jardins d'Europe. Ses fleurs, d'une cou-
leur jaunâtre, exhalent une odeur agréable
aux approches de la nuit. (J.)
NYCTEA, Steph. ois. — Synonyme de
Noctua , G. Cuv. , genre établi sur la
Chouette Harfang. Voy. chouette. (Z. G.)
*NYCTEIS (vvxxco;, nocturne), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Carabiques, tribu des Brachinites, créé
par Laporte {Éludes Ent., p. 148; Hist. des
Animaux articulés, t. II, p. 56 ). Deux es-
pèces de Madagascar rentrent dans ce
genre : les N. Madagascar iensis Gory, et
brevicollis Lap.
Dejean a compris à tort la première
parmi ses Coptodera. (G.)
NYCTEL.EA, Scop. (Introduct. n. 775).
bot. ph. — Syn. d'Ellisia Linn.
NYCTELIA (wxTctÀoç, qui aime l'obscu-
rité ). ins. — Genre de Coléoptères hétéro-
mères, famille des Mélasomes, tribu des
Piméliaires, créé par Latreille ( Règne ani-
mal de Cuvier , t. V , p. 8) et adopté par
Dejean {Catalogue, 3^ édit., p. 306), qui en
énumère 24 espèces de l'Amérique méridio-
nale. Solier {Annal, ^e la Soc. Ent. de Fr.,
t. V, p. 308), fait de ces Insectes une tribu,
qu'il nomme Nyclélites, et réduit ce genre
à une seule espèce : la Nyctelia nodosa ( Zo-
phosis) de Gr. ; elle provient du Chili. (C.)
*NYCTÉLITES. ins. — Cinquième tribu
de Coléoptères hétéromères formée par So-
lier {Annal, de la Soc. Entom. deFr., 1836,
t. V, p. 303 à 349), et rentrant dans les
Collaptérides de l'auteur. Elle a pour carac-
tères principaux : Menton laissant un in-
tervalle notable entre les bords latéraux et
ceux de l'échancrure progéniale , rétréci
vers la base , plus ou moins échancré, di-
visé en deux lobes arrondis, subtronqués,
subrectangulaires, rarement en croissant;
languette presque entièrement recouverte
par le menton ; palpes maxillaires, terminés
quelquefois par un article sécuriforme qui,
le plus souvent, est plus gros que le précé-
dent, tronqué ou arrondi à l'extrémité. Le
dernier article des labiaux est renflé , ova-
laire, subcylindrique, très rarement élargi,
subsécuriforme ; yeux grands, peu saillants,
latéraux , transverses ; écusson recouvert
par le prothorax, ou à peine apparent;
élytres peu convexes, déprimées en dessus,
fortement embrassantes ; leur flanc est
large à sa base et se rétrécit brusquement
en bordure linéaire; mésosternum et mé-
tasternum réunis en un point au-dessus
des hanches intermédiaires; épimère mé-
tathoracique entièrement caché par les
élytres ; pattes couvertes de poils nombreux,
laineux, serrés et disposés en bordure; an-
tennes de 11 articles, à troisième plus long
que le suivant, à dernier ovalaire, dégagé
du pénultième.
Cette tribu renferme les 8 genres sui-
vants : Nyctelia, Plectroscelis , Cerostena,
Mitragenius, Auladera, Callyntra, Epipedo-
nota et Entomoderes. Toutes les espèces qui
rentrent dans ces genres appartiennent à
l'Amérique méridionale. (C.)
NYCTÈRE. Nycteris (vuxtepiç, chauve- \
souris), mam. — Genre de Mammifères
Carnassiers Chéiroptères, créé par Et. Geof-
froy Saint-Hilaire {Hist. nat. de l'Egypte,
t. II , 1814) , et adopté par les zoologistes.
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Les Nyctères ont 32 dents, savoir: inci-
sives £; canines '—; molaires ^ ; le chan-
frein est creusé d'une fosse profonde lon-
gitudinale, les narines sont à peu près re-
1 couvertes par une sorte d'opercule cartila-
gineux et mobile , les oreilles sont très
grandes, très couvertes , antérieures, conti-
guës à leur base; l'oreillon est presque ex-
térieur ; la membrane interfémorale est
plus grande que le corps, et comprend la
queue qui est terminée par un cartilage bi-
furqué et en forme de x renversé.
Ce genre ne comprend que quatre es-
pèces :
1° Le Nyctère de la Tuébaïde , Nycteris
Thebaicus Geoffr. (loc. cit.), N. Geoffroyii
A. G. Desm., qui n'a pas plus d'un pouce
dix lignes de haut du museau à l'origine de
la queue, et dont le pelage, doux et fin, est
brun en dessus et gris-brun clair en dessous.
Se trouve en Egypte, en Nubie , au Séné-
gal et au Cap de Bonne- Espérance.
2° Le Nycteris hispidus Linn., N. Dau-
bentonii Et. Geoffr. , Campagnol volant
Daubenton. — Du Sénégal.
3° Le Nycteris Javanicus Et. Geoffroy.
— De Java.
4° Le Nycteris capensis Smith. — De l'île
de Pâques. (E. D.)
*i\ ICTERE ETE S (»»«£p£VT^5, vigilant
la nuit), mam. — M. Temminck (V. D.
Hœv. Tijdschr.) indique ainsi une subdi-
vision du grand genre Chien. Voy. ce mot.
(E. D.)
NICTÉRIBIE. Nycteribia (vv£,nuit;
€toç , vie ). ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères , famille des Pupipares , tribu des
Phthiromyies, créé par La treille (Ilist. nat.
des Ins., 1803), et adopté par tous les zoo-
logistes. Ces Insectes, placés par Linnaeus
dans le genre Pediculus , et par Hermann
dans celui des PhUiiridium , avait d'abord
été mis par Latreille dans la classe des
arachnides , et ce n'est que plus tard qu'il
ta fit des Diptères, et depuis ils sont restés
jans cet ordre.
Les Nyctéribies ont pour caractères : Tête
très petite, élevée verticalement ; pieds écar-
tés ; cuisses et jambes épaisses : ces derniers
à longs poils ; tarses allongés, très menus ;
premier article très long et arqué , les au-
tres très courts; ongles simples; pas d'ailes
ni de balanciers.
T. VIII.
Ce genre, quoique étudié avec soin par
plusieurs zoologistes, ne nous est pas encore
bien connu : toutefois on possède d'assez
nombreux matériaux sur son organisation ,
et nous croyons devoir entrer dans quelques
détails à ce sujet. Le corps des Nyctéribies
est rès singulier : le corselet est plat et
demi-circulaire; le derme de la face infé-
rieure est coriace, en forme de plan égal, et
présente, près de son extrémité, une ligrs;
enfoncée extérieure, offrant un angle ifni
semble indiquer la suture ou la réunion d
segment antérieur du tronc et du suivant
le derme de la face opposée ou le dos est
membraneux, avec divers enfoncements,
séparés par des arêtes dont les crêtes som
d'une consistance plus solide ou coriace, ou
de la nature du derme inférieur. Le milieu
du dos présente une cavité longitudinale et
qui se termine postérieurement , du moins
dans le Nycteribia vesperlilionh , par une
partie élevée formant le capuchon ; les arê-
tes des côtés sont transversales. La tête peut
se rejeter en arrière, et son extrémité est
reçue dans le capuchon. La tête, très dis-
tincte du corselet, ressemble à un tubercule
assez grand et presque ovoïde , velu , im-
planté , au moyen d'un article très court
servant de pédicule, sur le dos de cette par-
tie, entre son milieu et celui de son extré-
mité antérieure, immédiatement derrière le
point où prennent naissance les deux pre-
miers pieds : cette tête forme une sorte de
capsule coriace en cône renversé, compri-
mée, échancrée à son extrémité supérieure,
et creusée en voûte à la partie antérieure.
Les antennes, qu'Hermann n'a pas vues, et
qu'il dit ne pas exister dans ce genre, ont
été aperçues par Latreille : elles sont insé-
rées dans l'échancrure du bord supérieur,
très courtes, contiguës l'une à l'autre, avan
çant parallèlement, composées de deux arti-
cles dont le dernier plus grand, presque
triangulaire, et arrondi extérieurement. Les
yeux légèrement saillants, noirs et composés
de petits grains réunis, sont placés de chaque
côté, et immédiatement au-dessous de la
naissance des antennes. Les palpes sont in-
sérés en avant des yeux , et aux extrémités
un peu avancées des bords internes de la ca-
vité orale : ils se présentent comme deux
petites lames oblongues , étroites , obtuses
ou arrondies, et garnies de poils. Dans l'in
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tervalle qui sépare les palpes, on dislingue
le tubercule arrondi ou le bulbe d'où part
le suçoir, que Latreille présume être sem-
blable à celui des autres Pupipares. Les deux
premières pattes, naissant à l'extrémité an-
térieure et supérieure du thorax, sont très
rapprochées à leur base, et se portent en
avant: ces pattes diffèrent des autres, qui
se fixent aussi sur le pourtour supérieur du
thorax, en ce que le premier article des han-
ches est libre et même assez allongé; le se-
cond articledeceshanches, ainsi que le même
des suivantes , est très court, et ne peut se
rencontrer qu'en dessous : ces pattes , par
leur forme, leur écartement et leur direc-
tion, ressemblent beaucoup à celles des Hip-
pobosques , mais elles sont plus longues , et
leur premier article des tarses est plus long,
grêle et arqué. Entre la première paire de
pattes et la seconde, près des bords et de
chaque côté, est une cavité, tantôt presque
ovale, tantôt linéaire et arquée , dans la-
quelle on observe une rangée de petites la-
mes ou de dents imitant un peigne, et for-
mant en cette partie une tache noire : ces
ouvertures sont destinées à l'entrée de l'air.
L'abdomen est ovoïde, tantôt de six à huit
anneaux découverts, tantôt paraissant en
avoir beaucoup plus : le premier étant pro-
longé en arrière, et cachant les quatre sui-
vants. Leach dit que dans ces derniers indi-
vidus, qu'il croit des mâles, le segment ter-
minal est le plus grand, et porte deux styles
soyeux à leur extrémité, et les individus
dont l'abdomen offre un plus grand nombre
d'anneaux, sans avoir d'appendices saillants
au bout, appartiendraient au sexe femelle.
Hermann a donné une description des or-
ganes générateurs du mâle , qui sont com-
posés d'un style aussi long que les soies que
Latreille décrit, etcourbés à angles obtus en
avant : ce style est divisé en deux lames ,
entre lesquelles est une autre tige en forme
de soie, qui est probablement le pénis. Tels
sont les principaux points de l'organisation
des Nyctéribies , et l'on doit presque tous
ces détails à Latreille (Nouv. Dict. d'hist.
nat. de Déterville), auquel nous les avons
empruntés.
Les Nyctéribies vivent sur les Chauves-
Souris ; elles courent très vite quand elles
sont sur le corps de l'animal ; mais une fois
qu'on les en a séparées, elles ne peuvent plus
marcher , et ne font que des mouvements
désordonnés.
On a observé que ces Insectes se renver-
sent sur le dos pour sucer le sang des
Chauves-Souris : leur tête étant placée sur le
dos, il était difficile, avant cette observa-
tion , de concevoir comment la Nyctéribie
aurait pu approcher sa bouche de la peau
de sa victime.
On indique trois espèces de ce groupe ;
mais une seule est bien connue ; c'est :
La Nyctéribie de la Chauve-Souris, Nyc-
teribia vesperlilionis Latr., Phthiridium Her-
mannii Leach , Ph. Latreillii Leach, Acarus
vespertilionis Linné , longue de moins de
2 lignes. Le dessus du corps et les pattes
d'un jaunâtre roussâtre ; le dessous du cor-
selet d'un brun rougeâtre, avec une ligne
noire au milieu. Se trouve aux environs de
Paris , et dans presque toute l'Europe , sur
la Chauve-Souris fer-à-cheval.
Les deux autres espèces sont :
La Nyctéribie bi-articulée, Nycteribia bi-
articulata (Encycl. rnélh.), Phlhiridium bi-
articulatum Hermann. Réunie à la précé-
dente par quelques auteurs, elle a la tête
glabre, et l'abdomen a deux segments dis-
tincts et terminés par deux soies coniques ,
ce qui n'a pas lieu dans la N. vespertilionis.
Du reste, elle se trouve dans les mêmes lieux
et sur le même animal.
Et la Nyctéribie de Blainville , Nycteri-
bia Blainvillii Latr., Phthiridium Blainvillii
Leach. Plus grande que les deux autres ;
d'un brun-marron foncé avec les pattes plus
claires. A été rapportée de l'Ile-de-France.
(E. Desmarest.)
*NYCTERIDIUS (vimeptSieç, nocturne).
ins. — Synonyme de Lophyrus (voy. ce
mot) d'après M. Fischer de Waldheim
(Mém. Nat. Mus., I, 1806). (E. D.)
NYCTERINIA , Don (in Sweet FI. gard.
II, t. 239). bot. ph. — Syn. de Zaluzian-
skya, J. W. Schmidt.
*NYCTERINUS (luxtepivoç, nocturne).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromè-
res, famille des Méiasomes, tribu des Bla-
psides, créé par Eschscholtz (Zoologischer
Allas, 3e cah., p. 13, pi. 15, fig. 7),
adopté par Dejean (Catalogue, 3e édit.,
p. 210) et par Guérin-Méneville (Voyage
de la Coquille , Ins. Atlas, p. 93, pi. 4, fig. 3
A. B. C. D. ). Quatre espèces du Chili sont
NYG
NYC
699
rapportées à ce genre : les N. elongatus ,
substriatus Dej., thoracicus et abdominalis
Esch. Ces Insectes sont complètement noirs ;
leurs mœurs ne sont pas connues. (C.)
NYCTERISTITIUM , Ruiz et Pav. {Flor.
peruv. II, 46, t. 187). bot. ph. — Syn.de
Chrysophyllum Linn.
NYCTERIUM, Vent. ( Malmais. 85).
bot. ph. — Syn. de Solarium Tournef.
NYCTEROPUS (vuxrepwwoç, nocturne).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères,
famille des Sténélytres, tribu des Hélo-
piens, créé par Klug ( Bericht uber eine aut
Madag., p. 175 , 177 , pi. 4 , fig. 2). Les
types sont les N. anlhracinus et ebeninus.
Guérin-Méneville ( Magasin zoologique,
1838 , p. 203 , Obs. sur les genres Dolicho-
derus et Nycteropus de Klug) établit que les
Dolichoderus du même auteur ne doivent
former avec les Nycteropus qu'un seul et
même genre, de sexes différents; et que
l'absence ou la présence d'ailes ne peut être
un motif de les séparer : ainsi le D. acu-
minatus serait le mâle et le N. anthracinus la
femelle. M. Goudot, voyageur français, éta-
bli à Madagascar, les a pris accouplés aux
environs de Tamatave , sur un arbre
nommé dans le pays tacamatha. On doit con-
sidérer comme faisant encore partie du genre
les espèces suivantes: D. striatus, klugii,
N. rufipes, resplendens, ovalis de L., et D.
capensis Reiche. (C.)
NYCTEUS, Latr. ins. —Syn. iïEucine-
tuSy Guér.
NYCTHEMERUS, Swains. ois. — Syn.
de Houppifère, Temm. Voy. ce mot.
NYCTIA. ois. — Synonyme de Nyctea.
NYCTIARDEA, Swains. ois.— Synon. de
Nycticorax, Steph., genre qui a pour type
le Héron bihoreau. (Z. G.)
NYCTIRIUS, Vieill. ois. —Genre de la
famille des Caprimulgidées. Voy. engou-
levent. (Z. G.)
*NYCTIRORA (v^, nuit; 6ôPa, nourri-
ture), ins. — Subdivision de l'ancien groupe
des Blattes {voy. ce mot), d'après M. Bur-
meister {Handbuch der Ent. II, 1838).
(E. D.)
NYCTICERUS (vuÇ, nuit; x~£oç, singe).
bam. — Genre de Quadrumanes de la fa-
mille des Makis, créé par Et. Geoffroy
Saint-Hilaire {Ann. Mus., XIX, 1812) pour
une espèce qui avait été placée d'abord dans
le genre Lemur par Gmelin , et ensuite dans
celui des Loris par G. Cuvier et Fischer.
Depuis, ce genre a été adopté par tous les
naturalistes, qui n'y placent que trois es-
pèces.
Les Nycticèbes ont le corps assez épais
et ramassé; leur tête est ronde et terminée
par un museau court et obtus , et un nez
petit et aplati en devant ; les yeux sont très
grands, nocturnes, rapprochés et dirigés en
avant; les oreilles sont courtes, arrondies,
velues; ils ont six incisives inférieures pro-
clives; tantôt deux et tantôt quatre inci-
sives supérieures, et dans ce dernier cas les
intermédiaires sont écartées, et les latérales
sont les plus petites; les canines sont mé-
diocres , et les molaires , au nombre de six
de chaque côté à la mâchoire supérieure, et
de cinq seulement à l'inférieure ; de ces der-
nières dents , celles du fond sont à loge
couronnée, éyidée à leur centre et tubercu-
leuse aux angles; les doigts des pieds sont
en tout semblables à ceux des animaux de
la même famille, c'est-à-dire que les ongles
sont en général en gouttière et obtus , et
que le seul ongle du deuxième doigt des
pieds de derrière est fort long et subulé ;
enfin la queue est rudimentaire.
Ces animaux ont beaucoup de ressem-
blance avec les Loris , principalement par
le nombre et la forme de leurs dents, par
la brièveté de la queue , par la forme des
oreilles, etc. ; mais ils en diffèrent par la
forme du museau , qui n'est pas brusque-
ment pointu et relevé ; par leurs membres
courts et forts, et non pas longs et grêles;
par leur corps épais et non pas maigre et
fluet comme celui des Loris. Us diffèrent
des Galagos et des Tarsiers , parce qu'ils
n'ont pas, comme eux, les membres posté-
rieurs disproportionnés par leur longueur à
ceux de devant, et parce qu'ils n'ont qu'une
queue très courte.
Les Nycticèbes sont très lents et très in-
dolents, ce qui leur a valu les noms de
Paresseux et de Tardigrades ; ils semblent
ne pas pouvoir se soutenir; lorsqu'ils mar-
chent à quatre pattes, leurs jambes s'écar-
tent de leur corps, de sorte que leur poi-
trine et leur ventre touchent presque le
sol; ce qui leur donne une physionomie
singulière et les a fait comparer à de
jeunes Chiens qui viendraient de naître, et
700
NYC
NYG
que leurs membres n'auraient pas encore
la force de porter. Ils dorment presque tout
le jour, la tête posée sur la poitrine, car ce
sont des animaux essentiellement noc-
turnes. Ils se nourrissent principalement
d'insectes et de petits Oiseaux; mais ils
mangent aussi des fruits sucrés, et ceux que
Ton a conservés en domesticité mangeaient
même du pain.
L'espèce la mieux connue est :
Le Nycticèbe du Bengale, Nyctkebus ben-
galensis Et. Geoffr. , Desm. ; Paresseux
PENTADACTYLE DU BENGALE Wosmaër ; LORIS
du Bengale Buffon ; Lemur tardigradus
Linné, Gm. ; Loris paresseux G. Cuvier, etc.
Sa longueur totale est d'environ trente-
trois centimètres; son pelage est roux, avec
la ligne dorsale brune, etc. — Se trouve
principalement au Bengale.
Les deux autres sont :
Le Nycticèbe de Java , Nyctkebus java-
nicus Et. Geoffr., qui est encore peu connu.
Et le Nycticèbe de Ceylan , Nyctkebus
ceylankus Et. Geoffr., qui n'est connu que
par une planche de Séba, qui lui donne le
nom de Tardigradus ceylankus.
Enfin, le Potto de Bosman, qui a été
placé par quelques naturalistes dans ce
genre, doit probablement former un groupe
distinct et plus voisin des Galagos. Voy. ce
mot. (E. D.)
*NYCTICÉE. Nycticeus.ukVL.-~ Les Chéi-
roptères de la famille des Chauves -Souris
proprement dites, ou Vespertilions, ont, en
général , deux paires de dents incisives à la
mâchoire supérieure, quel que soit le nom-
bre de leurs molaires. Il en est cependant
qui n'en présentent qu'une seule paire. Ra-
finesque leur a donné depuis longtemps le
nom de Nycticées. Tel est le Vespertilio la-
siurus ou noveboracensis des États-Unis
d'Amérique, qui présente un caractère non
moins, remarquable dans les poils nombreux
et semblables à ceux du dos, qui recouvrent
la face supérieure de sa membrane inter-
fémorale. Les Chauves-Souris voisines de
cette espèce ont été recueillies à l'embou-
chure de la Plata {Vesp. Blossevillei ou Bo-
narknsis Lesson ), à Cuba et au Chili. Nous
avons donné la description de celles-ci dans
les ouvrages de MM. de la Sagra et Gay sur
Cuba et sur le Chili.
L'Inde et l'Afrique ont aussi fourni des
espèces de Nycticées, mais qui n'ont pas la
membrane interfémorale velue en dessus.
Tels sont les Vespertilio nigrita, leucogaster,
Belangeri, borbonkus, Temminckii et Kea-
thii, dont on trouvera la description dans
les Monographies de mammalogie de M. Tem-
minck, t. II, p. 147. Les dents molaires ,
étudiées dans les différentes espèces de Nyc-
ticées , présentent quelques différences de
nombre qui peuvent être aussi employées
comme caractères distinctifs. (P. C.)
NYCTICORAX, Steph. ois. — Genre de
la famille des Ardéidées , établi sur !e Hé-
ron bihoreau. (Z. G.)
N1CTIDROMUS, Gould. ois. — Genre
de la famille des Engoulevents.
N1CTINOMUS (vv$, nuit; Wf*£ç, habi-
tation), mam. — Et. Geoffroy Saint-Hilaire
(Hist. nat. d'Egypte, t. II, 1814) a créé
sous ce nom un genre de Carnassiers Chéi-
roptères , pour y placer une espèce qu'il a
découverte en Egypte, et deux Vespertilio de
Buchanan et d'Hermann ; depuis, le nom-
bre des espèces de ce groupe a augmenté, et
M. Lesson ( Nouv. tableau des Mamm. ,
1842) en compte sept.
Les Nyctinomes ont trente dents ; savoir :
deux incisives supérieures coniques et con-
tiguës ; quatre incisives inférieures très pe-
tites et comme entassées au-devant des ca-
nines, qui sont en totalité au nombre de
quatre et médiocrement fortes; dix molai-
res à chaque mâchoire, cinq de chaque côté,
et dont les deux premières sont simples, et
les trois dernières plus fortes et à couronne
hérissée de pointes aiguës; le nez est ca-
mus , confondu avec les lèvres, et celles-ci
sont profondément fendues et ridées; il n'y
a pas de crêtes ou de feuilles membraneuses
sur le nez, ni de sillon le long du chan-
frein ; les oreilles sont grandes , réunies et
couchées sur la face, et leur oreillon est ex-
térieur ; les ailes sont grandes, avec le
pouce très court ; le doigt indicateur n'a
pas de phalange, le médian en présente
trois; l'annulaire et le petit doigt n'en ont
que deux ; les pieds de derrière sont cou-
verts de poils très longs ; la queue est
longue et enveloppée par une membrane
interfémorale moyenne.
Ces animaux se rapprochent de plusieurs
groupes de Chauves-Souris, et particulière-
ment des Molosses , dont ils diffèrent en ce
NYG
NYG
701
que ces dernier» ont deux incisives infé-
rieures de plus que les Nyctinomes , et en
ce qu'ils n'ont pas, comme ceux-ci, les pieds
couverts de longs poils, les lèvres très pro-
fondément ridées et les membranes bor-
dées de poils.
Nous ne citerons, parmi les espèces, que :
Le Nyctinome d'Egypte , Nyctinomus
JEgyptiacus Et. Geoffr. {loc. cit.), qui a trois
pouces de longueur totale pour la tête et le
corps ensemble, et dont le pelage , roux en
dessus, est brun en dessous. A été trouvé
en Egypte dans les tombeaux et les souter-
rainsdes grands édifices abandonnés. (E.D.)
NYCTIORNIS , Swains. ois. — Division
du genre Guêpier. Voy. ce mot. (Z. G.)
*NYCTIPATES (vv$, nuit; ««va»,
errer), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères , famille des Mélasomes , division
des Blapsides, formé par Dejean {Catalogue,
3e édit., p. 209) avec deux Insectes de Tur-
comanie , N. carinata et coriacea, qui
ont été reconnus depuis se rapporter à la
même espèce, et n'être que le mâle et la
femelle. Motchoulski (Mémoire de la Soc.
imp. desnat. de Moscou, 1845, tom. XVII,
p. 69 ) désigne deux autres espèces du
même pays : les N. costata Fisch. , et le
Blaps inflata Zoubk. (C.)
*NYCTIPETA(vuxtoç, nocturne; ««ré»,
errer ). ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille , fa-
mille desLongicornes, tribu des Céramby-
cins, formé par Eschscholtz , et qui a pour
type la N. Luzonica, espèce originaire des
îles Philippines. Dejean fait entrer, mais à
tort, cet Insecte dans son genre Hespéro-
phanes. (C.)
*NYCTIPITHECIJS, Spix (*4|, nuit;
*rc'0/,xoç, singe), mam. — Synonyme de Noc-
thora et d'Aotus. Voy. ces mots. (E. D.)
*NYCTOBATES (rfg, nuit; g«T^p ,
marcheur), ins. — Genre de Coléoptères
hétéromères, famille des Mélasomes , tribu
des Ténébrionites, créé par Guérin-Méne-
ville (Mag. de Zoologie, 1834, p. 34,
pi. 15) et qui a pour type le N. gigas (Te-
nebrio) de Linné et le tibialis de l'auteur.
Y ont été comprisdepuis les maximus Gr.,
sulcatus, nitidulus F., angulatus Er. (Iphi-
thinus ) et beaucoup d'autres espèces. Chez
ces Insectes le labre est très saillant et ar-
rondi ; les antennes grossissent très sensi-
blement vers l'extrémité, et leurs derniers
articles sont comprimés. (C.)
*J\YCTOCHAPJS (vu$, nuit; XafP» , se
réjouir), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Malacodermes , tribu
des Lampyrides, , formé par Dejean ( Cata-
logue, 3e édit. , p. 115) avec trois espèces
américaines : les N. Lacordairei, pennicor-
nis Dej., et phyllog aster Dej. Les deux pre-
mières sont du Brésil, et la troisième est de
Cayenne. (C.)
*NYCTOCLEPTES (w'£, nuit ; Aémvç ,
dissimulé), mam. — M.Temminck(i¥ono<7r. de
mammalogie,t. H, p. 40) a décrit sous ce nom
un genre de Mammifères rongeurs qui est fort
voisin du Zemmi et du Zokon, de l'Europe
occidentale et de l' Asie-Mineure , mais qui
diffère de l'un et de l'autre en ce qu'il est
moins profondément modifié pour la vie
aquatique. Cet animal a été indiqué par G.
Cuvier sous la dénomination de Spalax ja-
vanus. C'est aussi le ilfws sumatrensis de
Raffles, et le type du genre Rhizomys de
M. J.- E. Gray. Nous en avons donné la des-
cription et une figure dans la partie zoolo-
gique du Voyage de la Bonite; M. Tem-
minck l'appelle Nyctoclepte Dekan , il est
originaire de la presqu'île malaise. On le
trouve dans les plantations de Bambous : il
est nocturne et fouisseur. Ses proportions
sont robustes; sa queue moins longue que
le corps; ses ongles propres à fouiller le
sol ; sa tête moins aplatie que celle du Spa-
lax ; ses yeux petits , mais néanmoins fort
visibles, et ses oreilles assez petites. C'est
de tous les Rats-Taupes de l'ancien-monde
l'espèce la moins modifiée pour la vie sou-
terraine; sa taille égale presque celle d'un
Lapin de garenne. (P. G.)
*NYCTOPÈTES ( vu? , de nuit; irarca ,
errer), ins. — Genre de Coléoptères hétéro-
mères , famille des Mélasomes , tribu des Té-
nébrionites , créé par Guérin - Méneville
( Voyage de la Coquille , Zoologie, pag. 97,
pi. 4, fig. 7) et qui se compose de trois es-
pèces du Chili. Le type, le JV. tenebrioides de
l'auteur, vient de la Conception. (C.)
*NYCTOPHANES, Dejean. ins.— Syno-
nyme de Aspisoma de Laporte. (C.)
NYCTOPIIILUS (viîl, nuit; yftoç , qui
aime), mam. — Leach a décrit sous ce nom gé-
nérique , dans les Transactions de la Société
linnéenne de Londres, un genre de Chéiroptè-
702
NYM
NYJVI
res sur lequel M. Temminck a donné depuis
lors (Mon. demam., t. II, p. 46) des détails
plus circonstanciés. Ce genre ne comprend
encore qu'une seule espèce , qui provient
d'une région encore inconnue de l'Océanie; ii
appartient au même groupe que les Nyctères
et les Rhinolophes. Voici ses caractères :
Une paire d'incisives supérieures et deux
inférieures , les supérieures caniniformes ;
une paire de canines et quatre de molaires
à chaque mâchoire ; oreilles très grandes ,
réunies sur le front, et pourvues d'un tra-
gus lancéolé ; une membrane nasale.
Nyctophile de Geoffroy, Nyctophilus Geof-
froyi Leach (loc. cit.), Temm. (Monogr.,
t. II, p. 47, pi. 34), la seule espèce connue.
Elle est moins forte que la Pipistrelle d'Eu-
rope ; son oreillon égale en longueur la moi-
tié de l'oreille; son museau est pointu , et
elle présente sur le nez deux petites feuilles
dont la postérieure est la plus élevée. Le
corps et la queue sont longs de 2 pouces
8 lignes. (P. G.)
*NYCTOPORIS (vuÇ, nuit ; Trwpo'w, s'en-
durcir), ins. — Genre de Coléoptères hétéro-
mères , famille des Mélasomes, tribu des
Blapsides, créé par Eschscholtz (Zoologischer
atlas, t. IV, p. il, tab. 18, fig. 4), adopté
par Dejean [Catalogue, 3e édit., p. 203) et
par Manneïheim (Beitrage zur Kœferfn.,
1843 , p. 91). Deux espèces font partie de ce
genre : les N. cristata et œquicollis Esch. ;
elles sont originaires de Californie. (C.)
NYCTORNIS , Nitzsch. ois. — Syn. de
Nyctibius , Vieil I.
*NYCTOZOILUS (vuÇ , de nuit), ins.—
Genre de Coléoptères hétéromères , famille
des Mélasomes, tribu des Nyctélites, établi
par Guérin-Méneville (Magasin zoologique ,
1834 ; Matériaux pour une classification des
Mélasomes , pi. 104), avec une espèce de la
Nouvelle-Hollande, le IV. obesus Gn. (relicu-
lalus Dej.). (C.)
NYLANDTIA, Dumort. (Famill. 23).
bot. ph. — Syn. de Mundia, Kunth.
NYLGAU. mam. — Syn. de Nil-Gault.
NYMPHACÉES. mole.— Famille de Mol-
lusques conchifères dimyaires, établie par
Lamarck pour un certain nombre de genres
intermédiaires entre les Solens et les Con-
ques et caractérisés par la coquille souvent
un peu bâillanteaveclesnymphes saillantes,
le ligament extérieur et une ou deux dents
cardinalesau plus sur la même valve ; il le»
divisait en Nymphacées solénaires et Nym-
phacées tellinaires; mais une observation
plus complète de ces Mollusques a conduit
M. Deshayes à distribuer autrement les
mêmes genres. Voy. mollusques. (Duj.)
NYMPILEA. bot. ph. — Voy. nénuphar.
NYMPILEACÉES. Nymphœaceœ. bot.
ph. — A.-L. de Jussieu comprenait les deux
genres Nymphœa et Nelumbium dans sa fa-
mille hétérogène des Hydrocharides qu'il
plaçait à l'extrémité des Monocotylédons ;
cependant dans une de ces remarques qu'il
jetait souvent à la suite des genres et qui
révèlent pour la plupart ce sentiment exquis
des affinités qui le distinguait, il a indiqué
l'analogie qui lui semblait exister entre ces
genres et les Pavots. Plusieurs années après,
Salisbury ( Descript. of the naiural order of
Nymphœa, in Konig Ann. of Bot. II, pag.
69-76) retira ces deux genres des Hydro-
charides de Jussieu pour en former la famille
des Nymphœacées que De Candolle et après
lui, tous les botanistes adoptèrent, et qu'ils
s'accordèrent généralement à placer parmi les
Dicotylédones polypétales, à étamines hypo-
gynes, à côté des Papavéracées, conformé-
ment à l'idée émise primitivement par l'im-
mortel auteur du Gênera. Dans ces dernières
années, cette petite famille a été encore res-
treinte, le genre Nelumbium en ayant été ex-
trait pour devenir le type de la famille des
Nélumbonées, et, par là, elle s'est trouvée
réduite à la circonscription avec laquelle
nous l'envisageons ici.
La famille des Nymphœacées se compose
de plantes aquatiquesqui sefixent à la terre
par un rhizome épais et féculent, tantôt
globuleux oupyriforme, tantôt allongé et
horizontal. Leurs feuilles ontun long pétiole
qui les élève à la surface des eaux ; leur lame
est grande, arrondie ou ovale, en cœur à
sa hase ou peltée, entière ou légèremenÉ
dentée; elles sont dépourvues de stipules.
Leurs fleurs sont régulières, grandes et très
belles , bleues , blanches , rouges ou jaunes;
il en est parmi elles que leur grandeur et
leur beauté placent au nombre des merveilles
du règne végétal , comme celles des Nelum-
bium, surtout du Victoria. Elles présentent
les caractères suivants : Calice à 4-5, très
rarement 6 sépales libres ou soudés infé-
rieurement en tubecourt , adhérent ; disque
jMYM
NYM
703
charnu, urcéolé , recouvrant les ovaires,
tantôt distinct du calice et portant à diverses
hauteurs les pétales et les étamines, tantôt
adhérent au calice dont il réunit intérieure-
ment les sépales en tuhe et portant à son ex-
trémité la corolle et les étamines; corolle à
pétales nombreux, disposés sur deux ou plu-
sieurs rangs, dont les intérieurs passent peu
à peu à la forme des étamines , très rarement
{Barclaya) soudés en une corolle gamopé-
tale; étamines nombreuses, en plusieurs sé-
ries, les extérieures à grand filet pétaloïde
et anthères rudimentaires , les intérieures à
filet d'autant moindre que l'anthère prend
plus de développement; pistil formé de nom-
breux carpelles verticillés et réunis , d'après
la majorité des botanistes , en un seul corps
par un disque très développé, adhérente
la surface externe de leur portion ovarienne;
il en résulte l'apparence d'un ovaire multi-
loculaire, renfermant un grand nombre
d'ovules anatropes insérés sur les cloisons;
stigmate pel té, rayonné , sessile ou porté sur
un style court, persistant. Le fruit est re-
couvert d'une couche charnue formée par le
disque épaissi; ses loges sont remplies de
pulpe dans laquelle sont plongées les grai-
nes; il est multiloculaire et, s'ouvre d'or-
dinaire irrégulièrement en se décomposant.
Graines nombreuses, à tégument externe
dur, à tégument interne membraneux , re-
marquables par la présence de deux albu-
mens farineux, dont l'externe, qui est beau-
coup plus volumineux, a été formé par le
tissu du nucelle de l'ovule , et se montre
creusé dans le sens de son axe d'une cavité
en canal , dont l'interne, situé vers le mi-
cropyle, à la base du premier, est beaucoup
moins volumineux , s'est formé dans l'inté-
rieur du sac embryonnaire, et enveloppe
l'embryon qui est très petit, à deux cotylé-
dons courts et épais.
Les Nymphœacées sont disséminées dans
'es eaux douces tranquilles ou faiblement
curantes de presque toutes les contrées in-
tertropicales et tempérées boréales. Les seules
parmi elles qui aient pour l'homme un in-
térêt direct, sont les Nénuphars, les Né-
lumbos (voy. ces mots), et le Victoria regia,
plante admirable de l'Amérique méridio-
nale, dont les graines sont comestibles.
Voici le tableau des divisions et des genres
de Nymphœacées.
Tribu I. — Euryalées.
Tube du calice adhérent à l'ovaire ; pé-
tales distincts.
Euryale, Salisb. (Anneslea Andr.); Victo-
ria, Lindl.
Tribu II. — Nupharinées.
Calice libre; pétales distincts.
Nymphœa, Neck. ( Castalia, Salisb. ; leu-
conymphœa, Boerh.) ; Nuphar, Smith (Nym-
phœa, Boerh. ; Nymphosanthus, Rich. ; Né-
nuphar, Hayn. ).
Tribu III. — Barclayées.
Calice libre; corolle gamopétale, insérée
à l'extrémité du disque.
Barclaya, Wall. (P. D.)
NYMPIIALE. Nymphalis. îns. — Genre
de l'ordre des Lépidoptères diurnes , tribu
des Nymphalides. Depuis l'établissement de
ce genre par Linné qui, dans son Systema
nalurœ, y comprenait une partie de la qua-
trième division du genre des Papillons, ce
genre a été démembré successivement par
tous les auteurs qui l'ont suivi. Geoffroy ,
Degéer, Fabricius, Latreille, Boisduval, etc.,
dans leurs ouvrages respectifs, y ont éta-
bli plusieurs coupes , adoptées généralement
comme genres distincts ( Limenitis , Neptis,
Prepona , Apatura, etc. ). Duponchel , dans
son Catalogue des Lépidoptères d'Europe , ca-
ractérise ainsi le genre Nymphale : Antennes
de la longueur du corps et se formant in-
sensiblement en une massue fusiforme. Pal-
pes courts, dépassant à peine le front, velus,
arqués , convergents par le haut et dont le
dernier article, très petit, se perd dans les
poils du précédent. Tête plus étroite que le
corselet. Celui-ci assez robuste et presque
aussi long que l'abdomen. Ailes très amples;
les supérieures légèrement sinuées et les in-
férieures denticulées.
Les Chenilles ont la partie supérieure de
la tête bifurquée et le corps couvert de tu-
bercules de diverses formes, hérissés de poils
terminés en massue. Les chrysalides, ovoï-
des, ont la tête bifide et une bosse arrondie
sur le milieu du dos.
La principale espèce de ce genre, le Nym-
phale du peuplier , Nymphalis populi Latr.,
God., Fabr., vulgairement Grand sylvain ,
se trouve dans les régions australes et bo-
réales de l'Europe , dans les forêts de haute
704
KYM
NYJVI
futaie où abonde le Tremble, sur lequel vit
sa chenille. Ce Papillon a 5 à 6 centimètres
d'envergure. Les ailes antérieures sont un
peu échancrées, les inférieures festonnées;
les quatre ailes sont d'un brun noirâtreglacé
de verdâtre; les antérieures ont au sommet
une ligne de trois petites taches blanches ,
une sur le disque, composées de six points
disposés en zigzag , et une autre plus près
de la base, oblongue , n'atteignant pas la
seconde nervure de la cellule discoïdale ; près
du sommet et du bord externe est un espace
rouge, les ailes inférieures ont une bande
étroite, grisâtre, transverse; le bord des ai-
les a deux lignes noires et une rangée de lu-
nules noires qui , aux ailes inférieures , sont
surmontées de lunules fauves; les intervalles
des lignes noires sont glacés de verdâtre, et
la frange est blanche dans chaque feston.
En dessus, les quatre ailes sont d'un fauve
rougeâtre; les antérieures ont les taches
blanches de dessus bordées denoird'un côté,
une tache verdâtre à la base et une grande
place noire au bord interne; le bord externe
est verdâtre avec les deux lignes noires du
dessus ; lesailes inférieures ontla bande ver-
dâtre transverse du dessus, et tout le bord
interne verdâtre , ainsi que le bord externe,
avec des traces des taches noires du dessus.
Le corps, noir en dessus, est verdâtre en
dessous.
La chenille est verte , avec une raie blan-
che au-dessus des pattes, et une partie du
dos brune. La chrysalide est jaunâtre, par-
semé de points bruns. Voy. l'article nym-
phalides par les détails relatifs aux mœurs
de ces Insectes. (L.)
NYMPHALÎDES. Nymphalides. ras. —
Tribu de l'ordre des Lépidoptères diurnes *
caractérisée de la manière suivante par Du-
ponchel (Catal. des Lépid. d'Eur.) : Massue
des antennes allongée, peu épaisse et se con-
fondant insensiblement avec la tige. Tête
généralement plus étroite que le corselet.
Yeux glabres et bordés inférieurement d'une
paupière blanche; ailes inférieures ayant la
cellule discoïdale ouverte et le bord interne
plus ou moins profondément creusé en gout-
tière pour recevoir l'abdomen, qu'elles ca-
chent entièrement dans l'état de repos.
Les Chenilles ontla peau chagrinée, tan-
tôt avec des épines ou des tubercules épi-
neux sur le dos, tantôt ayec la tête épineuse
seulement. Les Chrysalides, plus ou moins
carénées, portent généralement sur le dos
une protubérance déprimée latéralement;
quelques unes sont ornées de taches mé-
talliques.
Celte tribu, qui correspond au groupe
des Nymphalites établi par M. Blanchard
{Hist. des Ins., édit. Didot), comprend les
genres : Cyrestis, Boisd. ; Megalura, Blanch.;
Viclorina, Blanch.; Phyllophasis, Blanch.;
Paphia, Boisd.; Piomaleosoma, Blanch.;
Godarlia, Luc; Aterica, Boisd.; Cata-
gramma, Boisd.; Neptis , Fabr.; Limenitis,
Fabr.; Diadema , Boisd.; Nymphale , Latr.
(Prepona, Heterochroa, etc., Boisd.; Apa-
tura); Char axes , Boisd.; Agaristhos, Boisd.
La tribudesNymphalidesestl'unedesplus
belles de tout l'ordre des Lépidoptères. Les
bois des environs de Paris en nourrissent
quelques espèces ornées des couleurs les plus
brillantes et les plus variées. Ce sont des
Papillons de haut vol; leurs ailes , fortes et
épaisses, leur permettent aisément de voler
en planant dans les allées. Ils se posent quel-
quefois sur la terre quand elle est humide et
souvent sur les fientes des bestiaux. Ils sem-
blent aussi rechercher les matières en fer-
mentation , comme l'urine, le vin , les pom-
mes pourries, etc. On a même profité de
cette circonstance pour s'en emparer, ce qui
est assez difficile, car les Nymphales sont
très farouches, et dès qu'on les effraie, ils
s'élèvent au-dessus du sommet des arbres.
Les chenilles vivent principalement sur les
Saules, les Peupliers, les Trembles, et s'at-
taquent aux feuilles situées à l'extrémité de
ces arbres , ce qui en rend encore la posses-
sion plus difficile. (L.)
NYMPH ALITES. Nymphalites. ras. —
Voy. NYMPHALIDES.
NYMPHANTHUS, Lour. (Flor. cochinch.
663). bot. ph. — Syn. de Phyllanlhus, Linn.
NYMPHE. iNS. — État particulier des
Insectes pendant leurs métamorphoses, et
qui est intermédiaire à l'état de larve et à
celui d'Insecte parfait. Voy. insectes.
NYMPHÉACÉES. bot. ph. — Voy. nym-
PHjEACÉES.
NYMPHEANTHE , Reichenb. ( Flor.
excurs. 420, in not.). bot. ph. — Voy. vil™
larsia, Vent.
NYMPHES (vu^cp/j, mariée), ins. —
Genre de Névroptères créé par Leach
NYM
NYS
705
(ZooL miscell. I, 1846), et placé par M. E.
Blanchard dans la famille des Hémérobiens,
et par M. Rambur (Névroptères des Suites
àBuffon de Roret, 1842) dans une famille
distincte, portant le nom de Nymphides,
ne comprenant que ce seul genre et établis-
sant le passage des Myrméléonides aux Hé-
mérobides. Les Nymphes ont les antennes
filiformes , au moins aussi longues que le
thorax, avec les articles du milieu un peu
plus épais; les palpes maxillaires ont le der-
nier article un peu plus long que le précé-
dent , cylindrique , obtus ; le dernier article
des palpes labiaux est en fuseau court, for-
tement aminci à son extrémité et comme
dans les Myrméléons; les tibias postérieurs
ont une paire d'ergots presque insensibles;
les onglets sont simples, courbés, munis
d'une pelote en forme de deux lanières lar-
ges ; le système alaire est à peu près comme
dans les Myrméléons et se rapproche toute-
fois de celui des Hémérobe».
Une seule espèce entre dans ce genre sin-
gulier, et a reçu de Leach (loco citato) le nom
de Nymphes myrméléonides. Elle provient
de la Nouvelle-Hollande. (E.D.)
NYMPHICLS, Wagl. ois. — Division
de la famille des Perroquets. Voy. ce mot.
(Z. G.)
*NYHf PHIDIUM. ins.— Genre de Tordre
des Lépidoptères diurnes, tribu des Éryci-
nides, établi par M. Boisduval. Les espèces
de ce genre sont assez nombreuses et toutes
américaines; nous citerons principalement
le Nymphidium arminius. (L.)
NYMPHOIDES , Tournef. (Inst. 67).
bot. fh. — Syn. de Limnanthemum, Gmel.
IMYMPHON. Nymphum (nom mytholo-
gique), crust. — Genre de l'ordre des Aranéi-
formes établi par Fabricius, qui primitive-
ment l'avait rangé dans le genre des Pychno-
gonum. Linné, bien avant Fabricius, avait
désigné cette coupe générique sous le nom
de Phalangium. Dans ce genre, qui a été
adopté par tous les carcinologistes , le corps
est grêle avec la tête cylindrique et obtuse
au bout. Le premier article du thorax est
beaucoup plus long que les autres, et porte
en dessus un tubercule médian garni de
quatre petits yeux lisses. L'abdomen est co-
nique et soudé sous le dernier anneau tho-
racique. 11 y a une paire de pattes-mâchoi-
res , terminées par une pince allongée , et
T. Yiir.
portant à leur base un palpe de quatre ar-
ticles , inséré à l'extrémité antérieure du
premier segment thoracique. Il y a quatre
paires de pattes ambulatoires, et chez la fe-
melle une paire de pattes accessoires beau-
coup plus grêles que les suivantes , naissant
à la partie postérieure du premier segment,
au-dessous des pattes de la première paire, et
servant à soutenir les œufs. Les pattes pro-
prement dites sont très longues et grêles;
leur sixième article est très allongé, avec la
griffe terminale petite et le pénultième arti-
cle garni au bout de deux épines qui termi-
nent les griffes. Sur les trois espèces que ce
genre singulier renferme , il y en a deux qui
habitent l'Océan ; quant à la troisième , elle
a été rencontrée sur les côtes de la Caroline
du Sud. Le Nymphon grêle, Nymphum gra-
cile Leach ( Edw. , Hist. nat. des crust. y
t. 111 , p. 599 , pi. 41, fig. 7) , peut être
considéré comme le type de ce genre (H. L.)
NYMPHOSANTHUS, Rich. {Annal, fr.
68). bot. ph. — Syn. de Nuphar, Smith
*NYMPHULA. ins. — Genre de l'ordre
des Lépidoptères nocturnes , tribu des Py-
ralides, établi par Treitschke (Duponch.,
Catal. des Lépid. d'Europe). On en connaît
5 espèces : 3 habitent le midi de la France,
les 2 autres la Sicile et la Bohême. (L.)
NYPA, Rumph (Amboin. 1,. 72, t. 16).
Bot. ph. — Syn. de Nipa, Thunb.
*NYPHONA (vu$, de nuit; (pat'vw, faire
voir), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille des
Longicornes , tribu des Lamiaires , formé
par Ziégleret adopté par Dejean (Catalogue,
3e éd., p. 370), qui en mentionne 5 espèces:
les N. scopifera Dej., saperdoides Ziégler
(Dalmatina Dej.), nephele Daim., veslila Kl.,
et obscurator F. La lre est originaire des
Indes orientales; la 2e, de l'Europe méridio-
nale ; la 3e, de Barbarie; la 4e, du cap de
Bonne-Espérance; et la 5e, de Guinée. Nous
rapportons à ce genre 5 ou 6 espèces de l'Aus-
tralie. Mulsant ( Hist . nat. des Coléoptères
longicornes de France, 1839, p. 169) a éta-
bli les caractères de ce genre , et décrit la
2e espèce sous le nom de N. picticomis. (C.)
IMYROCA , Flemm. ois. — Genre établi
dans la famille des Canards, et dont le type
est Y An. Ferina de Linné. (Z. G.)
NYSSA (vuo<r», je pique), bot. ph.— Genre
type et unique de la famille des Nyssacées.
89
706
NYS
11 a été établi par Gronovius {Virgin., 162) et
présente pour caractères principaux: Fleurs
polygames dioïques. FI. mâles: Périantheà
tube court, à limbe 5-parti, décidu. Éta-
mines 10, insérées sur un disque plan, au-
dessous des divisions du périanthe; filets
subulés, plus courts que le limbe ; anthères
2-loculaires, didymes. FI. hermaphrodites :
Périanthe à tube soudé avec l'ovaire;
limbe supère, 5-parti, décidu. Étamines 5,
présentant la même insertion que les éta-
mines des fleurs mâles; filets subulés; an-
thères simples, stériles. Ovaire infère, uni-
loculaire. Ovule unique, attaché au sommet
de la loge, anatrope. Style subulé, recourbé;
stigmate simple. Drupe monosperme, ren-
fermant un noyau anguleux. Une seule
graine, dont l'embryon est fixé dans Taxe
d'un petit albumen charnu , a ses cotylé-
dons foliacés, ondulés, la radicule courte et
supère.
Les Nyssa (vulgairement Tupélos) sont
des arbres qui croissent dans les terrains
humides et les eaux stagnantes de l'Amé-
rique boréale. Leurs feuilles sont alternes,
très entières ou dentées , glabres en des-
sous; les fleurs axillaires; les mâles dispo-
sées en grappes ou en ombelles, les fe-
melles solitaires et fixées sur des pédoncules
4-3-flores.
Parmi les 6 ou 7 espèces qui composent
ce genre, nous citerons principalement les
Nyssa aquatica Linn., sy Ivatica Mich., can-
dicans Mich. Ce sont des arbres de plus de
30 mètres de haut; la dernière espèce seule
n'atteint guère que 15 à 16 mètres. Leur
bois blanc, assez dur, ferme, peut être em-
ployé à divers usages; cependant il a le
défaut de pourrir promptement. Leurs
fruits, de la grosseur d'une prune ou à peu
près , et d'une couleur noire ou bleu-noi-
râtre, ont une saveur fade; ils sont recher-
chés avec avidité par bon nombre d'Oi-
seaux : les Perroquets, les Pigeons, les
Grives; et quelques Mammifères, comme
les Écureuils , les Ours et autres animaux
sauvages. (J.)
NYSSACÉES. Nyssaceœ. bot. ph.— Petite
famille établie aux dépens des Santalacées,
composée du seul genre Nyssa, dont les ca-
ractères par conséquent sont les mêmes.
Voy. NYSSA.
NYSSANTHES (vvWW, je pique; Sv0o5,
MïS
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Amarantacées, tribu des Achyranthées, établi
par Rob. Brown {Prodr. 418). Herbes ou
sous-arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande.
Voy. AMARANTACÉES.
*NYSSIA (nom propre), ms. — Genre de
l'ordre des Lépidoptères nocturnes, tribu des
Phalénides, établi par Duponchel {Catal. des
Lépid. d'Europe, p. 233). On en connaît
8 espèces, dont la plupart habitent l'Eu-
rope. L'espèce type, N. hispidaria, est com-
mune aux environs de Paris. (L.)
NYSSON ( vucjotw , je pique ). ins. —
Genre d'Hyménoptères, de la section des
Porte - Aiguillons , famille des Fouisseurs ,
tribu des Nyssoniens , créé par Latreille
(Caract. génériques des Ins., 1796) et adopté
par tous les entomologistes. Ces Insectes
sont caractérisés par leurs antennes insérées
près de la hanche, plus grosses vers leur
extrémité ; les mandibules sont sans dente-
lures ; le labre petit, caché ou peu saillant ;
les ailes supérieures ont trois cellules cubita-
les complètes; l'abdomen estovoide, conique.
Les Nyssons se rencontrenten général sur
les fleurs de la famille des Ombellifères,
dans les lieuxchauds et sablonneux. Ilssem-
blent propres aux pays chauds , toutefois on
en trouve plusieurs espèces aux environs de
Paris. Olivier (Encycl. méth. ) en décrit
onze espèces, et depuis cette époque on en a
découvert plusieurs autres.
Nous prendrons pour type le Nyssoninter-
ruptus Latr., Mellinus et Oxybelus interru-
ptusFabr., etc., quiesten général noir, avec
une raie jaune sur le corselet et les pattes
fauves, et qui se trouve auprès de Paris, se
tenant particulièrement sur les fleurs de
Carotte. (E. D.)
* NYSSONIDES , Westwood. htm. —
Synonyme de Nyssonii. (E. D.)
NYSSONIENS. Nyssonii. ins. — Tribu
de l'ordre des Hyménoptères , section des
Porte-Aiguillons, famille des Fouisseurs,
créée par Latreille qui lui assigne pour carac-
tères : Mandibules n'étant pas échancrées
inférieurement ; premier segment du corps
très court , ne formant qu'un simple rebord
linéaire et transversal; labre petit; pieds
courts; abdomen ovoïde conique. Les gen-
res Astatus, Nysson, Oxybelus, Niteles et
Pison forment cette tribu. (E. D.)
NYSSONII. ins. — Groupe d'Hyméno-
OBE
OBE
707
ptères de la famille des Aculeata, créé par
Latreille (Hisi. nat. des Ins., 1804), et com-
prenant particulièrement le genre Nysson.
Voy. ce mot. (E. D.)
*NYSSUS (vu»*» , je pique ). arach. —
C'est un genre de Tordre des Aranéides,
de la famille des Araignées , établi par
M. Walckenaër, et ainsi caractérisé par
ce savant aptérologiste : Yeux au nombre
de huit, presque égaux entre eux, occu-
pant le devant du céphalothorax. Lèvre
carrée , aussi large que haute. Mâchoires
carrées , légèrement inclinées sur ia lèvre ,
coupées en ligne droite. Pattes de longueur
médiocre , la quatrième paire est ia plus
longue , la première ensuite ; la troisième
est seulement un peu plus courte que la se-
conde. La seule espèce connue est le Nysse
pedicolore, Nyssus coloripes Walck. ( Tàbl.
des Aran., p. 52, pi. 6, fig. 57 et 58). Cette
espèce, qui a pour patrie la Nouvelle -Hol-
lande, a été rapportée par M. Péron. (H. L.)
*N1STACTES (vuaraxTvîç, dormeur).
mam. — M. Kaup (Entw. G. Eur. , tab.
1, 1839) désigne ainsi un petit groupe de
Chéiroptères. (E. D.)
0
OARIANA. ois. — Nom d'une espèce du
genre Tinamou. Voy. ce mot.
OBvEJACA , Cass. (in Dict. se. nat.,
XXIV, 1 1 3 ; XXV, 270 ; XLVIII, 448). bot,
ph. — Voy. senecio, Linn.
OBCONIQUE. Obconicus. tool., bot. —
On donne ce nom, dans les végétaux et dans
les animaux , à toute partie qui a la forme
d'un cône renversé, c'est-à-dire dont le som-
met est tourné en bas. Ex. : l'involucre de
V Anthémis clavata, les antennes de certains
Insectes , etc.
OBCORDÉ, OBCORDIFORME. Obcor-
datus, Obcordiformis. bot. — Épithète don-
née, en botanique , à toute partie qui a la
forme d'un cœur renversé. Ex. : les pétales
du Delphinium obeordatum , les feuilles de
YEuchilus obeordatus, les capsules de la Vé-
ronique officinale, etc.
OBELIA(nom mythologique), polyp. —
Genre établi par Lamouroux pour un Poly-
pier calcaire (0. tubulifera) qu'on trouve
l adhérent sur les Fucus de la Méditerranée.
f Ce Polypier encroûtant, subpyriforme , est
[ formé de cellules tubuleuses, saillantes, rap-
, prochées en lignes transversales. Il ne paraît
pas différer essentiellement des Tubulipores,
et doit appartenir également à la classe des
Bryozoaires. MM. Quoy et Gaimard ont dé-
crit, sous le nom d'Obélie rayonnante, un
Polypier très voisin aussi des Tubulipores.
(Duj.)
OBELIA (nom mythologique), acal. —
Genre de Méduses , établi par Péron et Le-
sueur pour une espèce presque microscopi-
que, très imparfaitement connue d'après une
figure et une description de Slubber. Ces
auteurs classent l'Obélie parmi les Méduses
gastriques polystomes, et la caractérisent par
l'absence du pédoncule , des bras et des ten-
tacules autour de la bouche, et par la pré-
sence de quatre estomacs simples avec un
appendice conique au sommet de l'ombrelle.
Lamarck adopta ce genre en ajoutant à sa
caractéristique la présence des tentacules
au pourtour de l'ombrelle. Eschscholtz sup-
pose que ce devait être une espèce de
Rhizophyse , voisine de celle dont il a fait
son genre Discolabe. M. de Blainville n'a
inséré le genre Obelia dans son Actinologie
qu'en exprimant des doutes sur sa valeur.
M. Lesson l'admet aussi, avec réserve,
dans sa tribu des Carybdées, parmi les Mé-
duses non proboscidées. Mais les observa-
tions récentes de plusieurs naturalistes, sur
le développement de certaines petites Mé-
duses comme phase de fructification des
Campanulaires, conduisent à penser que
VObelia n'est elle même qu'une de ces pe-
tites Méduses dérivées de quelque polype
hydraire. (Duj.)
OBEIJSCARIA (SffJ'raoç, pointe). BOIi
PH. — Genre de la famille des Composées,
tribu des Sénécionidées , établi par Cassini
(in Dict. se. nat., XLVI, 401), et présentant
pour caractères principaux : Capitule multi-
flore hétérogame ; fleurs du rayon unisériées,
ligulées, neutres : celles du disque tubuleu-
ses, hermaphrodites. Involucre 1-2-sérié ;
écailles extérieures peu nombreuses , li-
708
OBE
OBI
néaires ; écailles intérieures petites, obtuses,
à peine distinctes des paillettes du réceptacle :
celui-ci allongé en forme d'épi , à paillettes
plissées, hirsutées au sommet; limbe de la
corolle 5-denté. Stigmates courts, prolongés
en un appendice semi-lancéolé, légèrement
velu. Akène du rayon trigone, hispide, avor-
tant : celui du disque ovale, comprimé. Ai-
grette nulle.
Les Obeliscaria sont des herbes de l'Amé-
rique boréale, dressées, glabres, à tige striée-
sillonnée; à feuilles alternes ou irrégulière-
ment verticillées, pinnatiséquées, à pétiole
strié, à lobes indivis ou pinnatiséqués; à
rameaux nus au sommet, monocéphales; li-
gules jaunes ou safranées ; fleurs du disque
nombreuses, petites, jaunâtres.
Les différentes espèces de ce genre ont été
réparties par De Gandolle (Prodr. , V, 558)
en trois sections, qu'il nomme et caractérise
ainsi : a. Lepachys : involucre 2-sérié; ran-
gée intérieure très courte ; ligules étroites ;
akène subulé antérieurement, nu au som-
met; b. Ratibida : involucre Unisérié; li-
gules allongées, étroites; akène subulé an-
térieurement, nu au sommet ; c. Monodonta :
Involucre bisérié; rangée intérieure très
courte; ligules ovales; akène privé d'ailes,
unidenté au sommet vers le bord inté-
rieur. (J.)
OBELISCOTHECA, Vaill. (in Act. Âca-
dem. Paris. t 1720, p. 329). bot. ph. — Syn.
de Rudbeckia, Linn.
OBENTÔNIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Diosmées, tribu des Guspariées,
établi par Vellozo ( Flor. Flum. , I, t. 46)
aux dépens des Galipea , et qui a pour type
le Galipea macrophylla St-Hil.
OBE RE A (oberro, rôder alentour), ins.
— Genre de Coléoptères subpentamères, té-
tramères de Latreille , famille des Longi-
cornes , tribu des Lamiaires , proposé par
Mégerle, adopté par Dahl et Dejean dans
leurs Catalogues respectifs , et publié par
Mulsant ( Histoire naturelle des Longicornes
de France, 1839, p. 194), qui comprend ce
genre dans le groupe de ses Clinocéphales ,
dans la famille de ses Lamiens. L'auteur
donne pour caractères à ce genre : Élytres
allongées, presque linéaires, rétrécies dans
leur partie moyenne, obliquement échan-
gées ou tronquées au sommet. Il renferme
40 à 50 espèces de toutes les parties du globe.
Parmi elles nous citerons les suivantes, qui,
pour la plupart, sont propres à l'Europe:
0. cylindrica Linn. (Cerambyx), argus,
flavipes, lineola, rufimana, ephippium, nt-
gricornis , virescens , ferrea , hirsuta , scu-
tellataY. et rufipes 01. Ces espèces faisaient
autrefois partie du genre Saperda. (C.)
*OBERONIA.bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Orchidées, tribu des Pleuroihal-
lées, établi par Lindley (Orchid., 15). Herbes
des Indes orientales. Voy. orchidées.
*OBESA (obesus, bossu), mam. — Illi-
ger (Prod. syst. Mam. et Av.) désigne sous
ce nom une famille de Mammifères, qui ne
comprend que le genre Hippopotame. Voy,
ce mot. (E. D.)
OBESIA , How. ( Synops. succul, 37 ).
bot. ph. — Voy. stapelia, Linn.
OBIER, bot. ph. — Nom vulgaire du Vi~
burnum opulus L.
OBIO!\E, Gœrtn. (II, 198, t. 126). bot.
ph. — Voy. arroche, Linn.
*0B1SIDES. Obisidœ. arach. — Sunde-
val désigne sous ce nom, dans son Conspec-
tus arachnidarum , une famille dont les
genres qui la composent sont représentés
par les Obisium et les Chelifer. Voy. ces
mots. (H. L.)
OBISIE. Obisium. arach. — Ce genre,
établi par Leach, et adopté par Latreille, a
été créé aux dépens des Chelifer de Geof-
froy. Il appartient à la famille des Scorpio-
nides , et ses caractères peuvent être ainsi
présentés : Les palpes sont allongés , en
forme de bras , terminés par une pince di-
dactyle. Les mâchoires sont formées par la
réunion des deux articles inférieurs des
palpes. Les mandibules sont allongées ,
droites, épaisses et dépassent sensiblement
le céphalothorax. Les yeux sont au nombre
de quatre, superposés aux deux côtés du cé-'l
pbalothorax. Ce dernier est plus long que
large , et quelquefois rétréci postérieure-
ment. Les espèces qui composent ce genre
habitent l'ancien et le nouveau Monde ;
elles sont peu nombreuses, très petites, et
se trouvent sous les mousses ou sous les
pierres placées à terre. L'espèce type de ce
genre estVObisium ischnocheles Theis (Ann.
des Se, t. XXVII , pi. 1 , fig. 3). Cette es-
pèce se tient cachée sous les pierres et sous
les mousses. Lorsqu'on soulève une pierre
et que l'on regarde avec attention la sur-
OBR
OBS
'09
face qui était appuyée, mais non collée con-
tre le sol , on aperçoit quelquefois cette pe-
tite Arachnide, dont les bras et les pattes
sont repliés contre le céphalothorax et l'ab-
domen Lorsqu'on veut la saisir, elle s'é-
lance à reculons avec une extrême vitesse,
et franchit ainsi une distance assez consi-
dérable. Cette Obisie n'est pas très rare
pendant l'hiver et le printemps aux envi-
rons de Paris, particulièrement dans les
bois de Vincennes et de Meudon. (H. L.)
OBLADE. Oblata. poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens , famille des
Sparoïdes , établi par MM. G. Cuvier et
Valenciennes (Hist. des Poiss., t. VI, 366)
aux dépens des Bogues, dont il diffère par
une bande de dents en velours ras, situées
derrière les incisives aplaties et échancrées
qui bordent les mâchoires.
La principale espèce de ce genre est l'O-
blade ohdinaire , Oblata melanura Cuv. et
Val. {Sparus melanurus L.), très commune
dans la Méditerranée. Elle ressemble beau-
coup au Bogue par l'ensemble de ses formes
et la disposition de ses couleurs.
Une deuxième espèce, rapportée de la baie
des Chiens-Marins (Nouvelle-Hollande) par
MM. Quoy et Gairnard , est I'Oblaqe a
dents a trois pointes , Oblata tricuspidata
Cuv. et Val. (Box tricuspidatus Q. et G. ),
dont la taille est moins forte que celle de
l'espèce qui vit dans nos mers. (M.)
OBL1QUAIRE. Oblicaria. moll.— Genre
établi par Rafinesque aux dépens des Mu-
lettes ou Unio, mais qui présente des carac-
tères trop inconstants pour devoir en rester
séparé. Voy. unio.
OBOLARIA ( hSo\éi , obole), bot. ph. —
Genre dont la place, dans la méthode, n'est
pas encore fixée. Endlicher le rapproche des
Scrophularinées, avec lesquelles il présente
quelque affinité. Il a été établi par Linné
(Gen., n. 778) pour des herbes marécageuses
de l'Amérique boréale.— Obolaria, Sieges-
beck. (Prin., 9), syn. de Linnœa, Gronov.
OBOVARIA. moll. — Rafinesque nomme
ainsi {Monog. des Bivalves de VOhio, Annal,
gén. de Bruxelles, 1820) un genre qu'il éta-
blit sur quelques espèces de Mulettes, mais
dont les caractères sont trop insuffisants
pour qu'il puisse être conservé. Voy. unio.
OBBIUM (è'gpta, petite), ins. — Genre
de Coléoptères subpentamères, tétramcres
deLatreille, famille des Longicornes, tribu
des Cérambycins , proposé par Mégerle , et
généralement adopté depuis. Mulsant (His-
toire naturelle des Longicornes de France ,
1839 , p. 97 ) lui donne pour caractè-
res : Prothorax tuberculeux ou latéralement
sub-épineux; corps convexe; ventre de cinq
segments entiers chez les mâles, de deux
segments apparents chez les femelles; se-
cond très échancré , recevant les autres en-
gaînés, et les cachant presque entièrement
sous une frange de poils. Ce genre se com-
pose de 16 espèces : 5 sont originaires d'A-
mérique , 5 d'Afrique , 2 d'Asie , 2 de la
Nouvelle-Zélande et 2 d'Europe. Ces der-
nières sont les 0. Cantharinum L. (ferrugi-
neumVz., 01.) et brunneumh. On les trouve
aux environs de Paris, vers la fin de juillet.
Elles sont crépusculaires et volent lente-
ment. Gyllenhal dit que la larve de la pre-
mière vit dans le bois du Tremble. (C.)
OBSIDIENNE, géol. — Roche agrégée
à base de Feldspath vitreux, rayantle verre,
fusible en émail blanchâtre plus ou moins
translucide. Cette roche a une contexture
vitreuse, émailléeou piciforme.Ses couleurs
varient depuis le noir et le vert jusqu'au
rouge et au jaune. Elle est souvent porphy-
roïde par suite de la présence de cristaux
de Feldspath. D'autres fois elle est globu-
laire ou amygdaloïde.
L'Obsidienne appartient aux terrains vol-
caniques récents. Elle est commune en Is-
lande, au Mexique, dans les Andes du Pé-
rou. Plusieurs peuples anciens, notamment
les Péruviens, employaient des fragments
d'Obsidienne pour servir de couteaux et de
miroirs ; de là le nom de Miroir des Incas
donné à cette substance. (C. d'0.)
*OBSTETRICANS (obstetrico , j'accou-
che), rept. — Genre de Reptiles delà famille
des Batraciens raniformes , proposé par Du-
gès dans ses Recherches sur les Batraciens ,
pour le Crapaud accoucheur et la Grenouille
ponctuée. Le premier de ces Batraciens rentre
dans le genre Alytes de Wagler, et le second
dans celui de Pelodytes, Fitz. Ces deux es-
pèces vivent en France. (P. G.)
OBSUTURAL. Obsuturalis. bot. — M. de
Mirbel donne cette épithète au placentaire
quand il s'applique contre les sutures (ex. :
Asclepias) ; aux cloisons, lorsque leur bord,
au lieu d'être engagé entre les bords des val-
710
OCE
OCE
vescontiguës, est simplement appliqué contre
les sutures (ex. : Convolvulus) .
*OBTUS. Obtusus. zool., bot. — On donne
cette épithète, en entomologie, aux organes
des Insectes terminés par un article ou un
bord arrondi (antennes, ailes). — En bota-
nique , cette épithète s'applique à tout or-
gane terminé par une pointe mousse ( stig-
mates, filets, etc.).
*OCALEA (wxocX/oç, rapide), ins.— Genre
de Coléoptères pentamères, famille des Bra-
chélytres , tribu des Aléochariniens , créé
par Erichson ( Gênera et species Staphylino-
rum, 1840 , p. 60). L'auteur rapporte à ce
genre 8 espèces , dont 5 sont originaires
d'Allemagne, 2 de Finlande et de Suède, et
1 est propre aux États-Unis. Ce sont: 0. cas-
tanea, badia, spadicea,procera, murina Er.,
prolixa Gyl. , rufilabris Sahl., etdecumana
Er. (C.)
OCCIPITAL et OCCIPUT, anat.— Voy.
TÈTE.
*OCCYTRACHELUS (àyx^oç, renflé;
Tpa^?iÀo?, cou), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gona -
tocères , division des Cyclomides , créé par
Schœnherr {Gênera et sp. Curculion. syn.,
t. VII, 1 p. 86). Le type, YO. aciculaticol-
lis Schr. , est originaire de la Cafrerie, et
fait partie de notre collection. (C.)
OCÉAN. Oceanus. crust. — M. Dehaan,
dans la Faune japonaise , désigne sous ce
nom un sous-genre de Crustacés, établi aux
dépens des Portunus de Fabricius. L'espèce
type de ce nouveau sous-genre est V Ocea-
nus crucifer (Portunus crucifer Fab.) ; cette
espèce fait actuellement partie du genre
Thalamita. (H. L.)
OCÉAN, géol. — Voy. MER.
*OCÉANIDES. Oceanidœ. acal. — Fa-
mille de Méduses établie par Eschscholtz
dans sa division des Discophores crypto-
carpes , qui sont censés n'avoir ni ovai-
res visibles , ni points colorés oculifor-
mes , quoique plusieurs d'entre elles en
soient évidemment pourvues. Les Océani-
des ont une cavité stomacale peu considé-
rable , terminée par un orifice buccal tubi-
forme ou par une sorte de trompe. De petits
canaux partant de la cavité stomacale arri-
vent jusqu'au bord de l'ombrelle, qui est en
forme de cloche , et beaucoup plus convexe
que dans les autres familles. Eschscholtz
comprenait dans cette famille les sept genres
Océanie, Callirhoé, Thaumantias , Tima,
Cytaeis , Mélicerte et Phorcynie. Ce dernier
genre seul est dépourvu de tentacules au
bord de l'ombrelle ; le précédent (Mélicerte)
en a au bord seulement, mais non dans
l'intérieur de l'ombrelle; les cinq autres,
ayant à la fois des tentacules au bord et
sons l'ombrelle , se distinguent par le bord
de la bouche muni de tentacules noueux
chez les Cytaeis, et simplement lobé chez
les Océanies qui ont les tentacules simples ,
ou muni de quatre longs bras chez les Cal-
lirhoés qui ont aussi les tentacules simples,
tandis que les Thaumantias ont l'orifice
buccal simple et les tentacules renflés en
bulbe à la base; quant aux Timas, ils se
distingueraient par leur ombrelle prolongée
en cône par dessous. La plupart de ces Mé-
duses sont de petite dimension ; les Cytaeis,
les Thaumantias et beaucoup d'Océanies
n'ont que 2 à 16 millimètres de largeur, et
peuvent être considérés comme une phase
du développement de certains Polypes hy-
draires, desSyncorynesetde- Campanulaires
par exemple, comme les Cladonèmes , les
Sthényos et beaucoup d'autres qui appartien-
nent aussi à la famille des Océanides , et
qu'on a vus naître par gemmation sur des
Polypes En outre de ces genres, il faut in-
scrire également, parmi les Océanides, les
genres Conis et Circé, que M. Brandt a
établis pour des Méduses observées par Mer-
tens.
M. Lesson a compris différemment la dis-
tribution des Méduses , et son groupe des
Océanides ou Méduses vraies ne correspond
nullement à la famille établie par Esch-
scholtz. En effet, ce sont seulement des Mé-
duses à bouche centrale et arrondie, sans pro-
longement proboscidiforme , ayant toujours
le bord de l'ombrelle garni de tentacules.
M. Lesson en fait trois tribus : 1° les Tha-
lassanthées, comprenant les genres Pégasie,
Fovéolie, Cunine, Égine et JSginopsis , qui
sont des Équorides d'Eschscholtz; 2° les
Équoridées, comprenant les genres Equorée
et Polyxène, qui sont aussi des Équorides
d'Eschscholtz ; 3o une troisième tribu, celle
des Océanidées, se compose des genres Sto-
mobrachiote, Mésonème, Océanie etPatère,
dont un seul appartient à la famille des
Océanides d'Eschscholtz. Les autres genres de
OCE
OGH
11
celui-ci sont repartis par M. Lesson dans ses
tribus des Marsupiales et des Nucléifères, et
dans le groupe des Méduses agaricines ou
proboscidées. (Diu.)
OCÉANIE. Oceania (nom mythologique).
acal. — Genre de Méduses établi parPéron et
Lesueur dans la première section, celle des
Monostomes, de leur division des Méduses
gastriques. Leurs Océanies ont un pédon-
cule , des bras simples et des tentacules;
elles ont quatre ovaires allongés , qui, de la
base de l'estomac, descendent vers le rebord
de l'ombrelle, en adhérant à sa face infé-
rieure. Lamarck n'admit pas ce genre, et en
confondit les espèces avec ses Dianées. Cu-
vier , de son côté, le réunit à sesCyanées;
mais Eschscholtz l'a rétabli en le caractéri-
sant autrement, et en le prenant pour type
de sa famille des Océanides. Cet auteur lui
assigne une ombrelle convexe en dessus, très
concave en dessous, bordée de tentacules sim-
ples, nombreux, à chacun desquels se ren-
dent intérieurement des canaux très étroits,
simples, partant de l'estomac, qui est petit,
et s'ouvre par une bouche en entonnoir al-
longé et pourvue de petits lobes au bord.
Mais d'après ces caractères , Eschscholtz a
été conduit à réunir aux vraies Océanies les
Carybdées , et peut-être aussi quelques au-
tres genres qu'on devra distinguer. Une es-
pèce d'Océanie ( 0. Blumenbachii) phospho-
rescente, de la mer Noire, décrite, en 1834,
par Rathke, a même été prise par M. Erandt
pour type d'un nouveau genre Rathkia.
Beaucoup d'Océanies sont très petites et
presque microscopiques; plusieurs sont en
même temps phosphorescentes; les plus
grandes espèces ont l'ombrelie large de 2 à
3 centimètres. (Duj.)
OCÉANIE. Oceanus. moll. — Genre pro-
posé par Montfort pour une simple variété
du Nautile flambe*.
*OCEANITES. ois. ] Genre établi par
Keyserling et Blasius sur le Procellaria
Wilsonii. Voy. pétrel. (Z. G.)
OCEANUS. crust. — Voy. océan.
OCEANUS. moll. — Voy. océanie.
OCELLARIA (ocellus, diminutif d'o-
culus, œil), polyp. — Genre de Polypiers
fossiles imparfaitement connu, classé par
Lamarck dans la section des Polypiers à ré-
seau , et par Lamourouxdans la famille des
Milléporées , mais paraissant plutôt appar-
tenir à la classe des Spongiaires. Lamarck
les décrit comme des Polypiers pierreux,
aplatis en membranes, diversement con-
tournés, presque infundibuliformes , à su-
perficie arénacée, ayant sur les deux faces
des pores disposés en quinconce et dont le
centre est élevé en un axe solide. M. Des-
longchamps a reconnu que ces caractères at-
tribués au Polypier appartiennent plutôt à
la gangue qui s'est moulée dans ses trous ou
oscules, et que le tissu des Ocellaires n'est
point compacte, mais finement lacuneux, ce
qui fait paraître comme étoilée la circonfé-
rence des trous. L'espèce type de ce genre
( 0. nuda) a été trouvée dans le terrain cré-
tacé, au sommet du Mont- Perdu ; une autre
( 0. inclusa) se trouve en Artois dans un
terrain de même âge : elle est comme ren-
fermée dans un étui siliceux. (Duj.)
OCELLE. Ocellus. zool. — On donne ce
nom à de petites taches arrondies dont le
centre est d'une autre couleur que la cir-
conférence, ce qui leur donne quelque res-
semblance avec la prunelle de l'œil Latreille
donne aussi ce nom aux yeux des Insectes.
Voy. INSECTES.
OCELLULARIA, Mcyer (Flecht., 327).
bot cr. — Syn. de Trypethelium, Spreng.
OCELOT, mam. — Espèce du genre
Chat. Voy. ce mot. (E. D.)
OCHANOPAPPUS, EndI. {Gen. plant.,
p. 472, n. 2868). bot. ph. — Voy. tricho-
lepis, DC.
*OCIIETOPHILA (âX£Toç, ruisseau;
yOoç, qui aime), bot. ph.- — Genre de la fa-
mille des Rhamnées, tribu des Collétiées ,
établi par Pœppig (Msc. ). Arbrisseaux des
Andes du Chili. Voy. rhamnées.
*0CIIET0RHÏCIIUS, Meyen. ois. —
Synonyme d' Upucerthia , D'Orb. et Lafr.
Voy. ce mot. (Z. G.)
OCHUVA. ins. — Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Malacodermes ,
tribu des Ptiniores, formé par Ziégler, et
adopté par Hope ( Coleoplerist's manual,
t. III, 1840, pag. 147) et par Dejean
(Catalogue, t. III, pag. 129). Cinq espè-
ces rentrent dans ce genre : 0. sanguinicol-
lis Ziégl., Guér., Hederœ Gr., Carpini Hst.,
exarata et vestita Dej. Les deux premières
se trouvent aux environs de Paris , la troi-
sième est d'Allemagne, ïa quatrième des
États Unis, et la cinquième de l'île Maurice.
712
OCH
Le type cité par les auteurs anglais est le
O'ioceris ptinoides de Marsham. (G.)
*OCIILADIUS (ôxWc'aç , qui fléchit les
genoux), ins.— Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Curculionides gonatocè-
res , division des Apostasimérides-Crypto-
rhynchides, créé par Schœnherr ( Dispositio
nielhodica , p. 317; Gen. et sp. Curculion.
syn., t. IV, p. 696; VIII, p. 2, 121).
15 espèces sont rapportées à ce genre: 14
sont propres à l'Afrique australe, et une est
originaire d'Arabie; cette dernière, type du
genre, est VO. salicorniœ d'Olivier. Schœn-
herr a établi, dans ce genre, deux divisions,
caractérisées par un corselet subconique ou
subglobuleux. Dans la première rentre VO.
pertusus, et dans la seconde VO. sulcipes de
l'auteur. (C.)
OCI1NA (o'xvyj , nom du Poirier chez les
Grecs), bot. ph. — Genre de la famille
des Ochnacées proprement dites, établi par
Schreber {Gen., n. 354), et dont les princi-
paux caractères sont : Calice coloré, à 5 fo-
lioles imbriquées, décidues. Corolle à 5-
10 pétales hypogynes, un peu plus grands
que le calice, oblongs, étalés. Étamines
nombreuses, plus courtes que les pétales ;
filets filiformes; anthères introrses, 2-locu-
laires. Ovaire très déprimé, à 3, 5 ou 10 di-
visions formant autant de loges uni-ovulées;
style simple inférieurement, inséré au dis-
que et divisé à son sommet en 5 ou 10 la-
nières stigmatifères. Baies 5-10, ou moins
nombreuses par avortement de quelques
unes, quelquefois solitaires, portées sur le
disque qui s'est accru , uniloculaires et
monospermes.
Les Ochna sont des arbres ou des arbris-
seaux à feuilles alternes, décidues, simples,
dentées en scie ou , rarement, très entières,
munies à leur base de deux stipules, à fleurs
bleues, disposées en grappes, et fixées sur
des pédoncules articulés au milieu ou un
peu au-dessus de la base.
Ce genre comprend onze espèces , dont
quatre croissent dans l'Inde, trois au cap
de Bonne-Espérance et à Sierra-Leone, deux
à Madagascar, une à l'île Maurice, et une
en Arabie. (J.)
OCHNACÉES. Ochnaceœ. bot. ph.— Fa-
mille de plantes dicotylédonées, polypétales,
hypogynes , ainsi caractérisée : Calice com-
posé de cinq folioles, souvent colorées, tou-
OCH
jours imbriquées dans la préfloraison. Pé-
tales plus longs, en nombre égal, rarement
double et alternant alors par paires. Éta-
mines en nombre double des pétales ou
multiple plus élevé, toutes fertiles, à an-
thères dressées, et dont les deux loges s'ou-
vrent par une fente longitudinale , souvent
incomplète et fermée en bas, quelquefois
réduite à un port apicilaire. Pistil composé
d'ovaires en nombre égal aux pétales, ver-
ticillés sur un disque saillant au milieu du-
quel s'élève un style unique et commun,
simple ou divisé en autant de stigmates à
son sommet, qui prend en conséquence le
nom de gynobase; dans chaque ovaire, un
ovule ascendant de la base de la loge. Ils
deviennent autant de drupes ou de carpelles
bacciformes , chacun rempli par une graine
à test membraneux , sous lequel se trouve
immédiatement l'embryon droit, à cotylé-
dons épais et charnus, à radicule très courte
et infère. Les espèces sont des arbres ou ar-
brisseaux des régions tropicales tant de l'an-
cien que du nouveau continent. Leurs feuilles
sont alternes, simples, très entières ou den-
tées, le plus ordinairement coriaces et lui-
santes, et striées par des nervures parallèles
et rapprochées , munies à la base de leur
court pétiole de stipules libres et caduques,
ou soudées en une seule axillaire et persis-
tante; leurs fleurs jaunes, disposées en
grappes ou en corymbes, plus rarement so-
litaires , portées chacune sur un pédicelle
articulé à la base ou au milieu. Leur suc
aqueux est, en général , très amer et quel-
quefois employé comme tel. Les caractères,
tels que nous les avons tracés, s'appliquent
aux Ochnacées proprement dites, c'est-à-
dire aux genres Gomphia, Schreb. (Jabota-
pita, Plum. — Ouratea, Aubl. — Correia ,
Vellos. — Philomeda, Norh. — Cittorhyn-
cus, W.) et Ochna y Schreb. (Diporidium ,
Pet. -Th.). On admet généralement une autre
tribu , celle des Castélées , distincte par le
nombre quaternaire des parties, le style ter-
minal et non gynobasique, et par suite les
ovules suspendus au lieu de monter, enfin
par la présence d'un périsperme autour de
l'embryon dont les cotylédons se compri-
ment alors en lames foliacées. Par tous ces
caractères, leCasfeZa,Turp., nous paraît de-
voir se rapprocher bien plus des Zanthoxy-
lées , auxquelles il s'associe de plus par ses
OCH
OC II
713
fleurs unisexuelles. Quant à VElvasia, DC,
où l'on n'en a constaté qu'une partie, il
reste à la suite des Ochnacées, rattaché par
une curieuse monstruosité des fleurs d'un
Gomphia, que M. deSaint-Hilaire a décrites,
et dans lesquelles le style était devenu de
gynobasique terminal.
Deux autres genres, le Walkera, Schreb.
(Meesia, Gaertn. ) et VEnthemis, Jack., sont
encore classés auprès des Ochnacées , quoi-
que, par quelques uns de leurs caractères, ils
ne s'associent pas entièrement avec ceux de
cette famille. (Ad. J.)
OCIIODEUS (oXo'ç, qui porte; éSotç,
dent), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides arénicoles, formé par Mégerle ,
et adopté par Dejean , Serviile, Latreille et
Mulsant. Ce dernier auteur (Histoire natu-
relle des Lamellicornes de France, 4 842,
p. 341 ) le comprend dans sa troisième fa-
mille, les Trogides. Le type, seule espèce du
genre, VO. chrysomelinus (Melolontha) de
Fabr., n'a été trouvé encore, et rarement,
que dans le midi de la France et en Autri-
che. (C.)
OCHODONE. mam. — Syn. iïOgoton.
OCIIOPODILM, Pagel (inLinnœn, XII,
81). bot. ph. — Voy. jEschynomène, Linn.
OCIIRADENUS ( wXPa , ocre ; «$m ,
glande), bot. ph. — Genre de la famille des
Résédacées, établi par Delile (Flor. œgypt.,
15, t. 31). Arbrisseaux d'Egypte. Voy. ré-
sédacées.
*OCHRALEA («xpaA oç, de couleur d'o-
cre). ins. — Genre de Coléoptères subpenta-
mères, tétramères de Latreille, famille des
Cycliques, tribu des Galérucites, créé par
nous, et adopté par Dejea n (Catalogue, 3e éd . ,
p. 399). Deux espèces seulement font par-
tie de cegenre : lesO. flava(Galeruca) d'Ol.,
et vnelanophthalma Dej. La première est ori-
ginaire des Indes orientales; on ignore la
patrie de la seconde. (C.)
* OCHRANTHACÉES. Ochranthaceœ.
Krr.PH.— Le genre Ochranlhe, que M. Lindley
l fait connaître, se rapproche par la plupart
de ses caractères des Hypéricinées , dont il
diffère par ses étamines définies au nombre
de 5 , ses feuilles stipulées et dentées. L'au-
teur pense donc qu'il pourra devenir le type
d'une famille particulière à laquelle il don-
nerait son nom ; mais auparavant il faudrait I
T. VIII.
qu'il fût complètement connu, et ni son fruit
ni sa graine, qui doivent fournir pour ta
classification des documents si nécessaires,
ïï9i \e sont nullement encore. (Ad. J.)
*OCHRANTHE («SXPa, ocre; lifioç, fleur).
bot. ph. — Genre type et unique de la fa-
mille des Ochranthacccs, établi par Lindley
(in Bot. reg., 1819). Arbrisseaux de la
Chine. Voy. ociiranthacées.
OCHRE. min. — Voy. ocre.
OCHROCARPUS , Dupetit - Thouars
(Nov. gen. Madag., n. 50). bot. ph. —
Syn. de Tovomita, Aubl.
OCIIROITE. min. — Syn. de Cérite.
OCIIROMA (w'xPwp.a, pâleur ). bot. th.
— Genre de la famille des Sterculiacées
(tribu incertaine), établi par Swartz(m
Act. Holm., 1792, p. 148, t. 6). Arbres
des Antilles. Voy. sterculiacées.
*OCHROMYIA (w'xpa, jaunâtre; Pv~a,
mouche), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères brachocères, famille des Athéricères,
tribu des Muscides, établi par M. Macquart
(Diptères, Suites à Buffon, t. II, p. 248),
qui en décrit quatre espèces : Ochrom. je-
juna, du Bengale et de la Nouvelle-Hol-
lande; Ochrom. abdominalis , de Tîle de
Timor; Ochrom. punctata , des Antilles;
Ochrom. hyalipennis , de la Nouvelle Hol-
lande. (L.)
OCHROSANTHUS , Don. (Syst., III,
724). bot. ph. — Voy. goodenia, Smith.
OCISROSIA (&>xp°ç» ocre), bot. ph. —
Genre de la famille des Apocynées-Ophioxy-
lées , établi par Jussieu (Gen., 145). Ar-
bustes de Pile Bourbon et de la Nouvelle-
Calédonie. Voy. APOCYNÉKS.
OCHROX1LUM, Schreb. (Gen.,n. 508).
bot. ph. — Voy. zanthoxylon, Kunlh.
OCI1TERA (oxôvjpoç, tuberculeux), ins.—
Genrede l'ordre des Diptères brachocères, fa-
mille des Athéricères, tribu des Muscides,
établi par Latreille (Fam. nat.), et générale-
ment adopté. M. Macquart (Dipt., Suites à
Buff., t. II, p. 51 8) le caractérise ainsi: Corps
nu; palpesélargis, saillants ; labre large, sail-
lant; face proéminente, nue, à deux lignes
élevées; front concave, nu; antennes cou-
chées; yeux saillants; abdomen ovale, dé-
primé ; pieds antérieurs : hanches assez
épaisses et allongées; cuisses très épaisses,
épineuses en dessous ; jambes arquées, ter-
minées par une pointe; premier article des
90
714
OGH
tarses postérieurs un peu renflé. Ailes à pre-
mière cellule postérieure rétrécie à l'extré-
mité; deuxième nervure transversale o^îi-
que.
Les Ochtera sont remarquables par le
renflement des cuisses antérieures, qui for-
ment, avec les jambes, desserres très fortes,
J qui semblent indiquer des habitudes carnas-
1 sières. Il paraît cependant, d'après les ob-
; servations de M. Robineau-Desvoidy, que
i ces Insectes se servent de ces organes pour
recueillir sur les feuilles les petites gouttes
d'eau qui s'y trouvent; pour cela, ils rap-
prochent les deux cuisses en forme de godet,
et à portée de la trompe. Néanmoins, les
petites épines dont les cuisses sont armées,
la courbure des jambes et la pointe qui les*
termine, et qui font des pieds antérieurs
une sorte de pince, semblent assigner en-
core à ces organes une autre destination.
Ce genre renferme deux espèces : Ocht.
manlis Latr., Meig. (Ocht. manicata Phall.,
Tephritis id. Fab.), d'Europe, et Ocht. em-*
pidiformis Say, du pays des Illinois.
Ces Insectes se trouvent sur les plantes
aquatiques, au mois d'août et de septem-
bre. (L.)
OCHTHEBÏUS ( oX0v> , rivage ; ffîow , je
lis), ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res , famille des Palpicornes , proposé par
Leach, et adopté par Dejean, Latreille, Ste-
phens et Mulsant. Ce dernier auteur ( His-
toire natur. des Coléopt. de France , Palpi-
cornes , 1844, p. 51) a fait entrer ce genre
dans le groupe de ses Géophiles, et dans la fa-
mille de ses Hélophoriens. Onze espèces habi-
tent en France, et le nombre de celles de ce
g. connues en Europe peut bien s'élever à une
vingtaine. Nous citerons parmi les espèces
: de notre pays les 0. marinus Pk., pygmœus
i F., exsculptus, gibbosus, bicolor, foveolatus
Gr., et marginipallens Lat. La seule espèce
exotique connue est propre à l'Egypte. (C.)
*OCHTHENOMUS (tyQ-n, rivage ; ve^o'ç,
habitation), ins. — Genre de Coléoptères hé-
téromères, famille des Trachélides , tribu
des Anthicides, formé par Dejean (Catalogue,
3e édit., p. 239) qui en mentionne 3 espèces,
toutes originaires d'Espagne : les 0. punc^>
talus, elongatus et anguslatus Dej. La der-
nière se trouve aussi en Dalmatie. (C.)
0CHTHEPHILUH1 , Stephens. ms. —
Syn. de Cryptobium , Mann., Erichs. (C.)
OCR
*OCHTHIPHILA (oX6/j, montagne;.
y'doç, qui aime), ins. —Genre de Tordre
des Diptères brachocères , famille des Athé-
ricères, tribu des Muscides, sous-tribu des
Piophilides, établi par Fallen et Meigen,
et adopté par M. Macquart (Diptères, Suites
àliuffon, t. II, p. 545). Ce dernier auteur
en décrit sept espèces (Ocht. aridella Fall.,
juncorum Fall., polystigma Meig., elegans
Meig., littorella Fall., flavipes Macq., nigri-
pes Macq.), qui toutes habitent la France et
l'Allemagne. (L.)
OCHTHOÎMLM (âxe<^y)Ç, tuberculeux).
bot. ph. — Genre de la famille des Cruci-
fères , tribu des Euclidiées, établi par De
Candolle(Sysf., II, 423). Herbes de l'E-
gypte et de la Syrie. Voy. crucifères.
OCIMODOIV, Benth. (Labiat. , 3). bot.
ph. — Voy. ocimum, Linn., ou plutôt basilic
OCIMOIDÉES. Ocimoideœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des Labiées (voy. ce
mot), dont le principal genre est le Basilic.
(Ad. J.)
OCIMUM ou OCYMUM. bot. ph. —
Nom scientifique du genre Basilic. Voy. ce
mot.
OCKENIA et OCKIA, Dietr. bot. ph.
— Syn. d'Adenandra, Willd.
*0C!\0ÏHER1UM (ox»oS, paresse ; 6*-
ptov , bête sauvage ). mam. — M. Lund
(Dansk. vid. selsk. afh.,lX, 1843) désigne
sous cette dénomination un petit groupe
d'Edentés fossiles. (E. D.)
OCOROME. mam. — Le Raton crabier
porte vulgairement ce nom d'après d'Azara.
Le même surnom est donné au Couguac
par Buflbn. (E. D.)
OCOTEA. bot. ph. — Genre de la famille
des Laurinées, tribu des Oréodaphnées ,
établi par Aublet (Guian., II, 780, t. 310).
Arbres de l'Amérique tropicale. Voy. lau-
rinées.
OCOTOCHTL. mam. — Nom donné pat
Hernandez au Lynx bai. Voy. cuat.
OCRE, min. — Syn. de Bol. Voy. ce mot.
On donne vulgairement le nom de Terre
de Sienne à un Ocre d'un assez beau jaune,
qui provient des environs de Sienne, en
Italie.
On nomme aussi :
Ocre de Bismuth, le Bismuth oxydé;
Ocre de Cuivre rouge, le Cuivre oxydulé
terreux ;
OCT
Ocre de Fer rouge , le Fer oxydé rouge
ccreux ;
Ocre martial bleu , le Fer phosphaté ter-
reux ;
Ocre martial brun , le Fer hydraté ter-
reux ;
Ocre de Nickel, le Nickel arséniaté;
Ocre de vitriol , le Fer sous-sulfaté ter-
reux ;
Ocre d'Urane , l'Urane hydraté.
OCREALE. annél. — M. Oken, dans son
Manuel d'histoire naturelle (1815) , a publié
sous ce nom un genre d'Annélides de la fa-
mille des Serpules. (P. G.)
OCTADENIA, R. Brown (Msc). bot. ph.
— Syn. de Kœniga, R. Brown.
OCTAÉDRITE. min. — Werner nomme
ainsi le Titane anatase. Voy. titane.
OCTANDRIE. Octandria (Ôxto> , huit;
.àv/j'p, homme, étamine). bot. — Grande
classe du système sexuel de Linné, compre-
nant toutes les plantes à fleurs hermaphro-
dites ayant huit étamines. Cette classe est
subdivisée en quatre ordres , qui sont :
1° Octandric monogynie; 2" Octandrie di-
gynie; 3° Octandrie trigynie ; 4° Octandrie
tétragynie.
OCTARILLUM. bot. ph. —Genre de la
famille des Santalacées?, établi par Lou-
reiro ( Flor. cochinch., 113 ). Arbres de la
Cochinchine.
*OCTAVIA(nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Rubiacées-Cofféa-
cées-Guettardées , établi par De Candolle
(Prodr. IV, 464). Arbrisseaux de laGuiane.
Voy. rubiacées.
OCTOBLÉPHARÉES. Octoblephareœ .
bot. ph. — Nom d'une tribu de la grande
famille des Mousses. Voy. ce mot.
*OCTOBLEPHARUM {h*xé, huit; Gu~
yapt'ç, cil), bot. cr. — Genre de Mousses-
Bryacées, établi par Hedwig ( Musc, frond.,
III, 15, t. 6). Petites mousses blanchâtres,
très répandues dans les régions tropicales
et subtropicales du globe. Voy. mousses.
*OCTOBOTHRIUM (èxroî, huit; fforpiov,
suçoir), helm. — Genre de Trématodes poly-
cotilaires établi en 1827 par M. Leuckart ,
et que Ton a aussi nommé Octostoma et
Octothilus.
On connaît plusieurs espèces de ce genre.
Elles sont parasites des Poissons, et vivent
sur leurs branchies. A part les huit fossettes
OCT
715
bivalves placées postérieurement, et qui leur
ont valu leur nom , elles présentent deux
ventouses orales, placées sur les côtés de la
partie antérieure du corps. Ces animaux ont
été successivement étudiés par Hermann,
Leuckart, et MM. Kuhn et Dujardin. (P. G.)
OCTOCÈRES (ôxtc5, huit ; x£'p»ç, corne).
moll. — Dénomination employée par M. de
Blainville pour désigner une famille de Cé-
phalopodes cryptodibranches comprenant le
seul genre Poulpe ( Oclopus), et correspon-
dant à la section des Octopodes de Leach.
(Duj.)
OCTODICERAS (oxtw, huit; &'xepaç,
double corne), bot. cr. — Genre de la fa-
mille des Mousses-Bryacées, établi par Bri-
del {Mant., 186, t. I, fig. 7). Mousses vi-
vaces croissant dans les eaux de sources des
climats tempérés. Voy. mousses.
*OCTODON ( Jxtw , huit; Wovç, dent).
mam. — M. Bennett ( Proc. zool. soc. Lond.9
1 832 ) a créé sous ce nom un genre de Ron-
geurs ayant quelques rapports avec celui
des Helamysy et se distinguant particulière-
ment par ses molaires au nombre de quatre
de chaque côté, aux deux mâchoires.
Une seule espèce entre dans ce genre:
c'est VOctodon Cumingii Bennett {loco ci'
tato), qui est en dessus d'un gris brun
mêlé de noir, plus clair en dessous, et dont
la queue est noirâtre. Cet animal a été
trouvéà Valparaiso. (E. D.)
*OCTODON (èxroî, huit; Sîovç, dent).
bot. ph. — Genre de la famille des Rubia-
cées-Cofféacées-Spermacocées, établi par
Thonning [ex Schumach. in Ad. Soc. h. ».
Hafn.y III, 94). Herbes de la Guinée. Voy.
rubiacées.
*OCTODONTID4E. mam. — M. Water-
house (Zool. vag. of H. M. S. B. . 1839)
indique ainsi une petite famille de Rongeurs
qui ne comprend que le genre Octodon. Voy.
ce mot. (E. D.)
*OCTOGLOSSA (5xt^, huit; yA5«r<x«, lan-
gue). Ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Malacodermcs, tribu des
Dasylites , établi par M. Guérin -Méneville
{Revue zoolog., 1843, p. 194), et ainsi ca-
ractérisé par l'auteur: Mandibules uniden-
tées; lèvre inférieure terminée par huit
lobes allongés, pointus et ciliés. (C.)
OCTOGOMA, Klotzsch {in Linnœa, XII,
233). bot. ph. — Voy. simochilus, Benth.
716
OCT
OGU
*OCTOGONOTUS ( Ôxtw , ÛUU ; ywvÉa,
angle), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères deLatreille, famille des
Cycliques, tribu des Alticites, créé par Dra-
piez (Annales des sciences physiques, t. VIII,
p. 279, pi. 28, fig. 8), et adopté par De-
jean ( Catalogue, 3e édit., pag. 407 ) et par
Hope ( ColeoplcrisC s manual, t. III , 1840,
p. 169). Douze espèces américaines rentrent
dans ce genre ; nous citerons , comme en
faisant partie : les 0. banoni Dr. , sericeus,
leptocephalus , viridis et porculus Perly. Ces
Insectes ont le corps épais, en carré long, et
le dernier article des tarses postérieurs est
renflé en boule. > (C.)
OCTOGYNIE. Octogynia (Sxtm, huit;
yuvvî, femme, pistil.), bot. — Ordre du sys-
tème sexuel de Linné, comprenant les plantes
dont les fleurs ont huit pistils.
OCTOMEMA (Sxtw, huit; ^pôç, tige).
bot. ph. — Genre de la famille des Orchi-
dées, tribu des Pleurothallées , établi par
R. Brown(t» Hort. Kew. , 2, V, 211).
Herbes de l'Amérique tropicale. Voy. orchi-
dées.
OCTOPIDES. Octopidœ. sioll. — Voy,
OCTOPODES.
OCTOPODES (bxz<S , huit; nouç, -nôSoc,
pied), moll. — Une des sections ou grandes
familles dans lesquelles Leach proposait de
diviser les Céphalopodes d'après le nombre
des bras. Férussac accepta cette dénomina-
tion d'Octopodes que M. de Blainville chan-
gea pour celle d'Octocères. M. Deshayes
nomme aussi Octopodes une famille de Cé-
phalopodes à deux branchies , comprenant
les genres Poulpe , Ocythoé ou Argonaute ,
Elédon et Cirrhoteuthis. Ces genres diffèrent
parce que les deux derniers n'ont qu'une
seule rangée de ventouses sur leurs bras ,
tandis que les premiers en ont deux ran-
gées ; M. A. d'Orbigny enfin nomme Octo-
podes la première tribu des Céphalopodes
acétabulifères, comprenant la seule famille
des Octopides formée des genres Octopus ,
Eledona, Philonexis et Argonauta. Voy,
CÉPHALOPODES. (DUJ.)
*OCTOPTERYX, Kaup. ois. — Syn. de
Guira, Lesson, et Crotophaga, Vieill. Voy.
ani. (Z. G.)
OCTOPUS. moll. — Nom scientifique du
genre Poulpe. Voy. ce mot.
OCTOSPORA, Hedw. (Musc, frond.,
II, 4). bot. cr. — Synonyme de Peziza,
Dillen.
OCTOSTEMON, DC. (Prodr., III, 172).
BOT. PH. Voy. TETRAZYGIA, Rich.
*OCTOSTOMA, Kuhn. helm. -- Syn.
tfOctobothrium, Leuck. (P. G.)
*OCTOTHILUS, Leuck. helm. — Syn.
tfOctobothrium, Leuck. (P. G.)
*OCTOTOMA ( hxxé , huit ; torf , sec-
tion), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille des
Cycliques , tribu des Cassidaires (Hispites),
formé par De]ean (Catalogue, 3e éd., p. 390).
Deux espèces sont rapportées à ce genre : les
0. plicatula(Hispa) et scabripennis Dej. ; la
première est des États-Unis , la seconde du
Mexique. (C.)
OCULÉES. Oculatœ. ins. — Tribu éta-
blie par Latreille (Fam. nat.) dans l'ordre
des Hémiptères hétéroptères , famille des
Géocorises, et dont les Insectes qui la com-
posent sont caractérisés principalement par
des yeux très gros. Cette tribu renferme
trois genres nommés : Leptopus, Acanthia et
Pelogonus. (L.)
OCULÏNA (oculus, œil ). polyp.— Genre
dePolypiersIamellifères, établi par Lamarck
aux dépens du grand genre Madrepora de
Linné et de Pallas. Ce genre est caractérisé
par la forme du Polypier pierreux, le plus
souvent fixé, rameux , dendroïde; à ra-
meaux lisses, épais, la plupart très courts,
avec des étoiles ou cellules polypifères, les
unes terminales, les autres latérales et su-
perficielles.
Ce genre a été adopté par Lamouroux,
par M. de Blainville et par M. Ehren-
berg, qui y réunit quelques Caryophyllies
rameux, dont M. de Blainville a fait des
Dendrophyllies. Cependant les Oculines en
général se distinguent, par leurs rameaux
lisses, des Caryophyllies, dont les rameaux
sont striés, et des Madrépores, dont la sub-
stance est poreuse et dont les cellules sont
beaucoup plus rapprochées. L'espèce type,
0. vierge (0. virginea) a été nommée an-
ciennement Corail blanc, quoiqu'elle diffère
totalement, par sa structure et par ses étoiles,
du Corail dont les Polypes occupent exclu-
sivement une couche molle corticale. On
trouve cette Oculine dans la Méditerranée
et dans les mers équatoriales, où vivent éga-
lement aussi dix ou douze autres espèces. On
OGY
OCY
717
en connaît plusieurs à l'état fossile dans les
terrains secondaires et tertiaires. (Duj.)
*OCYALUS, Waterhouse. ois.— Syn. de
Cacicus, Cuv.
*OCYDROMUS. ois. — Genre établi par
Wagler, dans la famille des Rallidées, sur
une espèce que Gmelin a nommée Rallus
troglodytes. Voy. ralle. (Z. G.)
OCYDROMUS, Clairville. ins. — Syn.
de Lymnœum, Stephens. (C.)
*OCYDROMIA (<àxv;, vite; Jpo^aç, qui
court), ins. — Genre de l'ordre des Diptères
brachoceres , famille des Tanystornes, tribu
des Hybotides, établi par Hoffmann. M. Mac-
quart, qui adopte ce genre (Diptères, Suites
à Buffon , t. I, p. 319 ), en cite 4 espèces
(Ocydrom. ruficollis , scutellata, glabricula,
nigripennis Meig. ) , qui habitent la France
et l'Allemagne. (L.)
OCVMUM . bot, ph. — Voy. ocimum.
OC1PETES. arach.— Cette coupe géné-
rique, créée par Leach, a été formée sur des
larves hexapodes, parasites , très différentes
des adultes, et que nous croyons devoir rap-
porter au genre des Trombidium. Voy. ce
mot. (H. L.)
OCYPÈTE. Ocypeles, Wagler. ois. —
Voy. THINOCHORE.
OCYPODE. Ocypoda ( ùxvç , vite; ttovç ,
o$oc, pied), crust. — Genre de l'ordre des
Décapodes brachyures, famille des Catomé*
topes , tribu des Ocypodiens , établi par
Fabricius aux dépens des Cancer de Linné,
et adopté par tous les carcinologisles. Chez
les espèces qui composent ce genre, la cara-
pace est rhomboïdale ou même presque car-
rée, et à peu près aussi large en avant qu'en
arrière. Le front est beaucoup plus large
que long, et il ne recouvre pas l'articulation
des pédoncules oculaires. Les orbites sont
1res grandes, peu profondes et divisées en
deux portions distinctes. La forme des
yeux est remarquable; la cornée est ova-
laire, très grande, et s'étend en dessous
jusqu'à une très petite distance de la base
du pédoncule; mais en général celui-ci se
prolonge au-delà de son extrémité, de façon
que les yeux se terminent par une espèce
de corne, dont la longueur paraît augmen-
ter avec rage. Les antennes internes sont
de médiocre longueur ; quant aux externes,
elles sont rudimentaircs. L'épistome est fort
petit et présente à sa partie moyenne un
petit prolongement quadrilatère qui se
soude au fruit. Le troisième article des
pattes-mâchoires externes est quadrilatère,
et beaucoup plus petit que le précédent ;
enfin, il ne cache jamais l'espèce d'appen-
dice formé par les trois articles suivants, et
le palpe qui occupe le bord externe de ces
membres est styliforme et dépourvu de
filet terminal multi-articulé. Les pattes an-
térieures sont en général moins longues que
les suivantes, et la main qui les termine est
fortement comprimée, et très grande com-
parativement au bras. Les pattes suivantes
sont également très comprimées, et elles
augmentent de longueur jusqu'à la qua-
trième paire inclusivement. L'abdomen est
beaucoup plus étroit à sa base que la partie
postérieure du thorax , et dans les deux
sexes il laisse à découvert une portion con-
sidérable des derniers segments de cette
partie du corps. La branchie qui existe d'or-
dinaire sur l'antépénultième article des
flancs, manque chez les Ocypodes ; les autres
sont dirigées très obliquement en arrière,
et la cavité branchiale s'élève de manière à
laisser au-dessus d'elles un grand espace
vide, que tapisse une membrane plus ou
moins spongieuse. •
Les Ocypodes, comme leur nom l'in-
dique, sont remarquables par la vélocité de
leurs courses; les voyageurs assurent qu'un
homme peut à peine les suivre. Ils se creu-
sent des trous dans le sable des rivages, et
demeurent renfermés dans leur terrier pen-
dant toute la saison d'hiver.
On connaît sept ou huit espèces de ce
genre qui habitent les parties chaudes des
deux hémisphères.
L'Ocypode des sables, Ocypoda arenaria
Catesby, peut être considéré comme le type
de ce genre singulier. Cette espèce, qui est
entièrement jaunâtre , et dont la longueur
égale environ 4 centimètres, habite les côtes
de l'Amérique septentrionale et des Antilles,
et vit dans des trous profonds de 1 mètre à
1 mètre 1/2, qu'elle se creuse dans le
sable, immédiatement au-dessus du niveau
du ressac de la mer. C'est en général pen-
dant la nuit qu'elle quitte ce terrier pour
chercher sa nourriture, et lorsqu'on la pour-
suit elle court avec une grande vitesse, en
élevant les pattes d'une manière menaçante.
Vers la (in d'octobre , les Ocypodes aban-
719
OGY
OGY
donnent leur habitation près de la mer, et
vont hiverner dans l'intérieur des terres;
lorsqu'ils ont rencontré un lieu qui leur
convient, ils y creusent un trou semblable
à celui qu'ils viennent de quitter ; après y
être entrés, ils en bouchent l'ouverture, de
façon à ce qu'on ne puisse plus en distin-
guer de trace ; enfin, ils se retirent au fond
de leurs terriers, et y restent dans un état
d'inactivité pendant toute la durée de l'hi-
ver. (H. L.)
*OCYPODIENS. Ocypodii. crust.— C'est
une tribu de l'ordre des Décapodes bra-
chyures, établi par M. Milne Edwards, et
dont les espèces qui la composent ont tou-
jours la carapace rhomboïdale ou trapézoï-
dale très élevée en avant et déprimée en
arrière; le bord fronto-orbitaire en occupe
toute la largeur, et le front, qui est lamel-
leux et qui se reploie en bas jusqu'à l'é-
pistome, est extrêmement étroit; sa largeur
n'égale pas le tiers de la longueur des yeux,
ni la moitié de la largeur du cadre buccal ,
bien que celui-ci soit lui-même très étroit.
Les yeux sont fort longs, et la cornée est,
en général, très longue. L'article basilaire
des antennes externes est ovalaire, assez
gros, et placé verticalement dans l'angle
intérieur de l'orbite; la tige mobile de ces
appendices est extrêmement petite et cachée
sous le front ; enfin les deux filets qui la
terminent sont très courts, gros, et à peine
annelés , disposition qui ne s'est rencontrée
dans aucun des Crustacés dont nous avons
déjà traité, si ce n'est celui du Doto (voy.
ce mot). Les autres antennes sont rudi-
mentaires , et situées, comme d'ordinaire,
dans un hiatus de l'angle interne de l'or-
bite; leur premier article est moins grand
que le second, et le troisième n'arrive pas
jusqu'au niveau du bord antérieur de l'ar-
ticle basilaire de l'antenne interne. L'épi-
stome se continue avec le bord inférieur de
l'orbite, et le cadre buccal est relativement
plus étroit en avant qu'en arrière. Enfin ,
les pattes-mâchoires externes ferment Com-
plètement la bouche; le bord intérieur de
leur portion Iamelleuse est droit; leur troi-
sième article est très allongé, et leur qua-
trième article s'insère à l'angle externe du
précédent. Le plastron sternal a la forme
d'un trapézoïde dont la base serait dirigée
en arrière; il est fortement courbé dans le
sens de sa longueur, et livre passage aux
organes mâles à une distance considérable
de son bord extérieur. Les pattes antérieures
sont en général comprimées et de grandeur
très inégale; les suivantes sont toujours très
longues et ne présentent pas entre elles une
très grande différence; l'article qui les ter-
mine est souvent déprimé, mais n'a jamais
la forme d'une rame natatoire. Enfin l'ab-
domen, qui se compose ordinairement de
sept articles distincts dans les deux sexes,
est très étroit; en général, il ne recouvre
pas plus du tiers de la largeur de la portion
postérieure du plastron sternal du mâle, et
chez la femelle même, il laisse presque tou-
jours à découvert la partie de ce plastron
qui avoisine la base de toutes les pattes. Il
est même à noter que, dans la plupart des
cas , même toujours , il n'existe , de chaque
côté du thorax, que sept branchies dont
cinq seulement couchées sur la voûte des
flancs, et deux réduites à l'état de vestiges,
et fixées aux pattes-mâchoires.
La plupart des Ocypodicns vivent pres-
que toujours sur la plage et s'y creusent des
terriers ; ils sont en général remarquables par
la vitesse extrême avec laquelle ils courent.
Ce petit groupe est très naturel , mais se lie
d'une manière étroite aux genres Doto et
Myctiris (voyez ce mot). Il ne se compose
que de deux genres, désignés sous les noms
û'Ocypoda et de Gelasimus. (H. L.)
OCYPODITES. Ocypodiles. crust.— Syn.
d'Ocypodiens. Voy. ce mot. (H. L.)
*OCYPOIUTES. Ocyporites. ins. —
Groupe de Coléoptères pentamères , famille
desBrachély très, établi par Laporte de Castel-
nau (Hist. natur. des An. art., 1. 1, p. 172),
et qui a pour caractère : Palpes labiaux sé-
curiformes. L'auteur ne le compose que des
deux genres Oxyporus et Aslrapœus. (C.)
*OCYPTAMUS. ins. —Genre de l'ordre
des Diptères brachocères , famille des Bra-
chystomes, tribu des Syrphites , établi par
Serville et adopté par M. Macquart (Diptè-
res , Suites à Buffon , t. I , p. 554), qui en
décrit 2 espèces : Ocypt. funebris, du Brésil,
et Ocypt. fascipennis, de Philadelphie. (L.)
OCYPTERA ((ixu;, léger; «Ttpov, aile).
ins. — Genre de l'ordre des Diptères bra-
chocères, famille des Athéricères, tribu des
Muscides, sous-tribu des Ocyptérées, établi
par Latreille (Fam. nat.)f aux dépens des
OCY
OCY
719
Musca de Linné. M. Macquart assigne à ce
genre les caractères suivants (Diptères, Suites
à Buffon, t. II, p. 185) : Palpes très petits;
épistome saillant; troisième article des an-
tennes plus long que le second; première
cellule postérieure fermée avant l'extrémité
'} de l'aile, et pédiculée au coude.
| Les Ocyptères doivent leur nom à la ra-
I pidité de leur vol. Ces Insectes se fixent sou-
l vent sur les fleurs, et se nourrissent des sucs
• qu'ils y recueillent ; on en trouve aussi quel-
• quefois sur les vitres des croisées.
I M. Léon Dufour a observé et décrit par-
> faitement les larves d'une espèce d'Ocyptère
(VOcypt. bicolor Oliv. ) , qui vit sur la Pen-
tatoma grisea. Ces larves sont oblongues,
glabres, ridées. Leur bouche présente deux
mamelons portant chacun deux petits corps
cylindriques et deux pièces cornées armées
de crochets. Le corps se termine en un tube
solide, au bout duquel s'ouvre un stigmate.
Les larves passent à l'état de nymphes sans
quitter leur demeure. Sous cette nouvelle
forme, elles sont ovoïdes, sans segments
distincts. Elles quittent les Insectes qui les
ont nourries avant d'arriver à l'état ailé, et
quelquefois sans leur causer la mort. Il est très
probable que c'est sur les larves de leurs vic-
times que les Ocyptères déposent leurs œufs.
Les espèces de ce genre sont au nombre
de sept : Ocypt. bicolor Oliv. {Ocypt. cocci-
nea Meig., Ocypt. pentatoma Rob.-Desv.),
brassicaria Fab., piclipennis Macq., cylin-
drica Fab. (Parthenia id. Rob.-Desv.), Boscii
{Parthenia id. Rob.-Desv.), pusilla Meig.
(cydrica YaU.^Clairvillia pasilla Rob.-Desv.),
reflexa (Besseria id. Rob.-Desv.). Elles ha-
bitent toutes la France et l'Allemagne; quel-
ques unes même sont assez communes aux
environs de Paris. (L.)
OCYPTERUS , Cuv. ois. — Syn. à'Ar-
tamus, Vieill. Voy. langrayen. (Z. G.)
*OCYPUS (wxuç, vite; wovç pied), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Brachélytres, tribu des Staphyliniens ,
proposé par Kirby, et adopté par Erichson
{Gênera et species Staphylinorum , 4 840,
p. 403). Ce genre renferme 22 espèces, qui
toutes sont originaires d'Europe; quelques
unes cependant se trouvent dans l'Amé-
rique septentrionale. Nous citerons comme
en faisant partie les 0. olens, cyaneus, si-
milis, brunnipes , picipennis P., tataricus
Pall. , pedator et mono Grav. La première,
la plus grande du pays , se trouve dans les
bois et dans les champs , où elle chasse
nuit et jour les Insectes , dont elle fait une
grande destruction; lorsqu'on l'inquiète,
elle redresse toute la partie postérieure du
corps, et répand par l'anus une liqueur d'un
blanc de lait dont l'odeur est forte et désa-
gréable. La larve de cette espèce a été obser-
vée et décrite par Heer et E. Blanchard. (C.)
OCYROÉ ( nom mythologique), acal. —
Genre de Béroïdes, établi par Sander-Rang
pour trois espèces de l'océan Atlantique et
de la mer des Antilles. Ce genre est carac-
térisé par un corps gélatineux , transparent,
vertical, cylindrique, pourvu supérieure-
ment de deux lobes latéraux , musculo-
membraneux ., bifides, épais, larges, et de
deux côles ciliées charnues , avecdeux autres
côtes , ciliées sur les bords , entre les lobes.
L'ouverture buccale est munie de quatre bras
également ciliés. M. deBlainville regarde ce
genre comme très voisin de la Callianire
hexagone, quoique celle-ci ait des tenta-
cules dont les Ocyroés sont privés. Ce der-
nier caractère devrait faire placer les Ocy-
roés dans la famille des Mnémiides d'Esch-
scholtz; toutefois il est bien vraisemblable
qu'une étude plus complète de ces Béroïdes
et des Callianirides aurait pour résultat la
réunion des deux familles. M. Lesson admet
le genre de Sander-Rang et en fait sa tribu
des Ocyroés , la sixième de la famille des Ré-
roïdes. Les Ocyroés, longues de 10 à 20 cen-
timètres, sont presque entièrement diapha-
nes et très phosphorescentes. (Duj.)
OC1ROÉ ( nom mythologique), acal. —
Genre de Méduses établi par Péron et Le-
sueur pour une espèce ( 0. lineolata) obser-
vée par eux sur les côtes de la Terre de
With. Ce genre, qui fait partie de la sec-
tion des Polystomes dans leur famille des
Méduses gastriques , est caractérisé par
l'absence de pédoncules et de tentacules, en
même temps qu'il présente quatre bouches,
quatre ovaires disposés en croix et quatre
bras simples confondus à leur base.Lamarck
le réunit au genre Cassiopée, Eschscholtz le
réunit avec doute aux Rhizostomes, mais
M. de Blainville le conserve en lui donnant
les caractères suivants : « Le corps hémisphé-
rique, festonné à sa circonférence, excavé
en dessous ; l'excavation communiquantavec
720
ODA
ODO
l'extérieur par quatre oriùces-semi-lunaires ,
formés par rattache de quatre appendices
brachidés simples , réunis au centre en un
prolongement central court et polyèdre. »
M. de Blainville comprend d'ailleurs dans Je
genre Ocyroé, en outre de l'espèce de Péron
et Lesueur, la Calliopea labiata de Chamisso
et Eysenhardt, et la Médusa persea de Fors-
kal , qui est un Evagora pour Péron, une
Orythia pour Lamarck et un Rhizostome
pour Eschscholtz. M. Lesson admet le genre
Ocyroé comme il a été établi par Péron et
Lesueur avec leur unique espèce , et il le
place dans sa tribu des Rhizostomidées ou
Méduses polystomes. (Duj.)
*OCYS (wxvç, vite), ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères , famille des Carabi-
ques , tribu des Subulipalpes , proposé par
Kirby, et adopté par Curtis, Stephens et La-
perte. Le type, l'O. tempestivus Pz., est ori-
ginaire d'Allemagne et d'Angleterre. (G.)
OCYTHOE (nom mythologique), moll.
— Genre de Céphalopodes proposé par Ra-
finesque pour un Poulpe qu'il avait ob-
servé dans la Méditerranée, et qui est le
même que l'Argonaute tiré de sa coquille.
Voy. ARGONAUTE. (DUJ.)
*OC\TIIOE (nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Lamellicornes pectinicornes, tribu des
Micrognathides, créé par Laporte de Castel-
nau ( Histoire naturelle des An. art. , t. II ,
p. 179 ) , et qui diffère des Passalus par la
massue des antennes, composée de six arti-
cles bien plus renflés que dans le genre en
question; leurs mandibules sont bifides à
l'extrémité. Les types sont les Passalus tri-
dens Wied., et emarginatus de F. ; ils pro-
viennent des Indes orientales. (C.)
ODACANTHA ( o^owç , dent; ocxavOa ,
épine), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Carabiques, tribu des
Troncatipennes, créé par Fabricius (Systema
Eleutheratorum , t. 1, p. 228), et adopté
par Dejean (Species général, I, 174). Trois
espèces font partie de ce genre ; les 0. mêla-
nura F., Senegalensis Lap. , et elongata F.
La première est fort rare aux environs de
Paris, et se trouve dans presque toute l'Eu-
rope ; la seconde est originaire du Sénégal et
la troisième de l'Amérique méridionale. Ces
Insectes fréquentent les lieux aquatiques ,
et se trouvent sur les tiges et à la base de
certaines plantes et particulièrement des
Joncs. (C.)
*ODATRIA. rept. — Genre de Lacer-
riens, établi par M. Gray. (P. G.)
*ODAX. Odax {hêo6;, dent), poiss. — Genre
de l'ordre des Acanlhoptérygiens, famille des
Labroïdes, établi par MM. G. Cuvier et \ \.
lenciennes (Hist. des Poiss., t. XIV, 29 '
pour des Poissons qui tiennent, par leur
organisation , tout à la fois des Labres et
des Scares. Ainsi , ils ont le corps et la tête
allongés, le museau pointu, les lèvres ren-
flées, avec une double lèvre résultant d'un
repli de la peau au bord inférieur de l'o-
percule, comme dans les Labres; les mâ-
choires composées d'une agrégation de pe-
tites dents placées au-dessus les unes des
autres en quinconce , et soudées en une
seule masse de chaque côté comme dans les
Scares; mais ils diffèrent des uns et des au-
tres par les deux cuillerons formés parleurs
dents à l'extrémité de la bouche, et en
avant des bourrelets qui terminent les
dentures de la mâchoire.
Ce genre renferme six espèces qui parais-
sent toutes habiter les mers des Indes. Nous
citerons , comme espèce type , I'Odax semi-
fascié, Odax semifasciatus Cuv. et Val., de
couleurs sombres, et long de 25 centimètres
environ. (M.)
*ODEZIA. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes, groupe des Phalé-
nites , tribu des Phalénides , établi par
M. Boisduval et adopté parDuponchel(CatàJ.
méth. des Lépidopt. d'Europe, p. 279). Ce
genre ne renferme que 2 espèces : Od. chœ-
rophyllaria et tibialaria Boisd. La première
est extrêmement commune dans les monta-
gnes du département de la Lozère ; sa che-
nille vit sur le Cerfeuil sauvage. La seconde
espèce est propre à la Gallicie (Russie méri-
dionale). (L.)
*OD!NA. bot. ph. — Genre de la famille
des Térébinthacées - Anacardiacées , établi
par Roxburgh (Flor. ind., II, 293). Arbres
des Indes orientales et de l'Afrique tropi-
cale. Voy. térébinthacées.
*0D0B;EI\US (tà^oç , seuil ; Gatv» , je
marche), mam. — Linné (Syst. nat.f 1735)
indique sous ce nom un groupe de Pinni-
pèdes. (E. D.)
*ODOGENIUS(â<îowç, dent; ymfo», men-
ton), ins. — Genre de Coléoptères penta-
ODO
ODO
-21
mères , famille des Carabiques , tribu des
Scaritides, créé par Solier ( Annales de la
Soc. ent. de France , t. III , p. 664 ) aux
dépens de quelques Ditomus de Bonelli et
de Dejean , tels que : D. fulvipes Latr., pi-
losus Dej., Dama G. , et 0. barbarus Sol.
Ce genre diffère du précédent par ses tarses
antérieurs , dont les trois premiers sont
égaux , courts , transverses et couverts en
dessous de poils en brosse assez longs et
écartés ; par Tépistome tronqué ou légère-
ment échancré dans les deux sexes, et aussi
par sa languette. (G.)
ODOLLAM, Rheede (Malab., I, 71,
t. 39). bot. ph. — Syn. de Cerbera, Linn.
ODONATES. Odonata. ras.— Nom donné
par Fabricius à un ordre d'Insectes qui cor-
respond à la tribu des Libellulines de La-
treille, et aux Libelluliens de M. E. Blan-
chard.
ODONECTIS, Rafin. (in New -York
medic. Reposit , 11 , Hex. , V, 350 ). bot.
ph. — Syn. de Pogonia, Juss.
ODONESTIS. ins. — Genre de Tordre
des Lépidoptères nocturnes, tribu des Lasio-
campides , établi par Germar et adopté par
Duponchel (Catal. rnéth. des Lépidopt. d'Eu-
rope, p. 73), qui n'en cite qu'une seule es-
pèce, Od. potatoria {Pap. id. Linn.), d'Eu-
rope. Sa chenille se nourrit de Graminées et
de Roseaux. (L.)
ODONIA , Bertolon. ( Lucubr. , 1822,
p. 35). bot. ph. — Syn. deGalactia, P.
Brow.
*OD01\nMEUS, Megerle. ras. —Syn. de
Bolboceras, Kirby, Dejean, Mulsant. (C.)
ODONTANDRA ( oJouç , dent ; àvvj'p ,
£poç, homme, ici étamine). bot. ph. — Genre
de la famille des Méliacées?, établi par H.
B. Kunth ( in Humb. et Bonpl. Nov. gen. et
sp., VII, 228) pour des arbrisseaux origi-
naires de la Nouvelle-Grenade.
*ODONTARRIIEIVA {bêotç, évident;
appvjv, mâle), bot. ph. — Genre delà famille
des Crucifères, tribu des Alyssinées, établi
par C. A. Meyer [in Ledebour Flor. ait., III,
58). Arbrisseaux d'Europe et d'Asie. Voy.
CRUCIFÈRES.
*ODONTELLA (diminutif d'ô^ovç, o'vtoç,
dent), bot. cr. — Genre de la famille des
Algues Diatomacées , établi par Agardh
{Consp. 56), et dont la principale espèce
est le Diatoma auritum Lyngb.
t. viii.
ODONTHALIA, Lyngb. ( 9, t. 3). bot.
cr. — Syn. de Rhodomela, Agardh.
ODONTIA, Pers. (Disp., 30, t. 4, fig. 6,
7). bot. cr. — Syn. à'Erinaceus, Mich.
* *ODONTIA (àcîovToç, denté), ras.— Genre
de Tordre des Lépidoptères nocturnes, tribu
des Pyralides , établi par Duponchel (Catal,
méth. des Lépidopt. d'Europe, p. 205 ) , qui
n'y rapporte qu'une seule espèce , Od. den-
talis, qu'on trouve en Europe dans les mois
de juin et d'août. Sa chenille vit dans les
tiges de la Vipérine, d'où elle ne sort que
pour se changer en chrysalide entre les
feuilles de cette plante. (L.)
*ODONTIONOPA (àJovToç, denté ; uovç,
pied), ras. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille
des Cycliques, tribu des Colaspides, formé
par nous et adopté par Dejean ( Catalogue,
3e édit., p. 432). Cinq espèces appartien-
nent à ce genre : les 0. rufipes F., dentipes
Wied., viridula , proxima Er. , et diffinis
Dej. Les deux premières sont de TAfrique
australe, les deux suivantes de la Nouvelle-
Hollande, et la dernière est originaire du
Sénégal. (C.)
ODONTITES (Wovç, dent), bot. ph. —
Genre de la famille des Scrophularinées ,
tribu des Rhinanthées, établi par Haller
(Helv., 304). Herbes originaires de l'Europe
centrale. Voy. scrophularinées.
*ODONTOBIUS (à&nîç, dent; ftfe , Je
vis), helm. — M. Roussel de Vauzème, qui
a été médecin d'un navire baleinier, a fait,
pendant son séjour à bord de ce bâtiment,
des recherches intéressantes d'histoire natu-
relle. Le Ver auquel il a donné le nom d'O-
dontobins Ceti, a été découvert par lui dans
l'enduit muqueux des fanons de la Baleine.
Il en a donné la description dans la deuxième
série des Annales des sciences naturelles , en
1834. Ce Ver, qui n'est encore connu que
d'une manière incomplète , a la forme des
Nématoïdes : il est blanc, long de 5 à 6 mil-
limètres, et enroulé postérieurement; sa
bouche est ronde , et entourée de plusieurs
aiguillons cornés. (P. G.)
*0D0NT0CARFIIA (Wovç, dent; xapyvj,
paille), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées, tribu des Vernoniacées, établi
par De Candolle ( Prodr., V, 71 ). Herbes
du Chili. Voy. composées.
*0D01\T0CARUS (Wovto;, denté; x«-
91
722
ODO
ODO
pwç , noyau ). ins. — Genre de Coléoptè-
res pentamères, famille des Carabiques ,
tribu des Scaritides, établi parSolier (Ann.
de la Soc. entom. de France, t. III , p. 662)
dans une révision du genre Ditomus, Bon.,
Dej. L'auteur l'a formé avec les D. cepha-
îotes Dej., et robustus Parr. Le premier est
originaire de Barbarie et des environs de
Tanger, et le second de la Grèce. (C.)
*OW)NTOCERA (àWoç, denté; wépoç,
antenne), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Céram-
byeins, créé par Serville (Annales de la Soc.
entomol. de Fr., 1833, t. II, p. 546). L'au-
teur rapporte à ce genre trois espèces : les
0. vitrea, cylindrica Serv., et gracilis Kl. La
première est originaire de Cayenne , et les
deux autres proviennent du Brésil. Serville
propose d'appliquer aux espèces pouvant
rentrer dans la deuxième division le nom
(TAcyphoderes. (C.)
*ODOi\TOCERA. (o<Wç, dent; xePa5, an-
tenne), ins. — Genre de l'ordre des Diptères
brachocères, famille des Athéricères , tribu
des Muscides, sous- tribu des Hétéromyzides,
établi par M. Macquart (Diptères , Suites à
Buffon , t. II, p. 614), qui en décrit 5 es-
pèces (Odont. deniicornis, aculicornis, confi-
nis, affinis , spinicornis ), assez communes ,
au mois de juin , dans les bois de la France
et de l'Allemagne. (L.)
*ODON'IOCERUS (*<Wo'ç, denté ; *£«$,
antenne), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Malacodermes , tribu
des Lycusites, décrit sommairement par
M. Guérin Méne\i\\e (Voyage de la Coquille,
Zoologie, p. 72), et ainsi caractérisé : Tête
n'étant pas prolongée en bec ; antennes
seulement pectinées dans les mâles. (C.)
*ODOJ\TGCIIElEA ( o<Wo; , denté ;
Xsî>oç, lèvre), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Cicindéietes , tribu
des Cicindélides , créé par Laporte (Revue
ent. de Silber., t. Il, p. 34), et formé avec les
espèces de la première division du genre Ci-
cindela de Dejean. Ce genre est aujourd'hui
généralement adopté. Il renferme environ
40 espèces, qui toutes appartiennent a l'A-
mérique équinoxiale. Elles fréquentent les
boi>, et se tiennent sur les feuilles des ar-
bres où elles chassent aux insectes. Nous ci-
terons comme en faisant partie: les Cic.
bipunclala 01., Cay ennensis , chrysis F.,
quadrina Chv. , ventralis et distigma Dej.
Ces deux dernières rentrent dans la
deuxième division qui a été établie dans ce
nouveau genre. (C.)
*ODONTOCNEMUS , Zoubkofl. ins. —
Synonyme ou division du genre Deracan-
Ihus de Schœnherr. (C.)
ODOftTOCORYNUS ( à<Wo'ç , denté;
xopuvvj , massue), ins. — Genre de Coléo-
ptères tétramères, famille des Curculionides
gonatocères , division des Apostasimérides
baridides, établi par Schœnherr ( Gênera et
species Curculion. syn., t. VIII, I, p. 271 ).
L'espèce type et unique du genre , VO. are-
perusSvhr., est originaire du Mexique. (C.)
*ODONTODERES(&£ovtôç, denté; StP-n,
cou), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères , tétramères de Latreille , famille
des Tubifères, des Eupodes de Latreille ,
tribu des Cryptocéphalides, formé par nous
et adopté par Dejean ( Catalogue, 3e édit.,
p. 444 ). Le type, VO. Auslralis Dej. (sex-
vittatus Chev.),estoriginaire de la Nouvelle-
Hollande. (C.)
GDGNTOGLOSSUM (ècîovç, o'vto;, dent;
y/waera, langue), bot. ph. — Genre de la
famille des Orchidées , tribu des Vandées,
établi par H.-B. Kunth (in Humb. et Bonpl.
Nov. gen. et sp., I, 351, t. 85). Herbes de
l'Amérique tropicale. Voy. orchidées.
ODONTOGNATHE.Odontognalhus(h$ot>;,
o'vtoç, dent; yvàQoç, mâchoire), poiss. — Genre
de l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux,
famille des Clupéoïdes, et caractérisé prin-
cipalement par des os maxillaires dentelés,
terminés en longues pointes mobiles , qui
peuvent faire presque un demi-cercle, et
porter alors leurs pointes en avant comme
des cornes. On n'en connaît qu'une seule
espèce : Odont. aiguillonné, Od. mucronalus
Lacép., qui vit dans leau salée sur les côtes
de la Guiane. Ce poisson n'atteint guère que
16 centimètres de longueur; presque tout
son corps présente le vif éclat de l'ar-
gent. (M.)
ODONTOGNATHIA , DC. (Prodr., VI,
610). BOT, PH. — - Voy. CENTROPHYLLUM,
Neck.
*ODONTOGNATHUS ( °<WoÇ, denté ;
yva9o;, mâchoire), ins. — Genre de Coléo-
ptères pentamères, famille <ies Lamelli-
cornes, tribu des Scarabéides phyllophages,
ODO
ODO
723
établi par Laporte de Castelnau ( Histoire
naturelle des Anim. art., t. II, p. 137) avec
la Mel. unicolor de F., espèce du Brésil, ca-
ractérisée par des mandibules bidentées à
l'extrémité, épaisses, larges, et armées ex-
térieurement de deux fortes dents ; son
chaperon est relevé en pointe et légèrement
bifide. (C.)
ODONTOLITHE. ins. — Nom donné à
la Turquoise osseuse. Voy. turquoise.
ODONTOLOMA ( è<W; , o'wo: , dent;
>«/*«, frange ). bot. ph. — Genre de la fa -
mille des Composées, tribu des Vernonia-
cées, établi par H.-B. Kunth ( in Humb. et,
Bonpl. Nov. gen. et spec, IV, 43, t. 319).
Arbustes de la vallée de Caracas (Amer,
mérid.). Voy. composées.
*ODONTOLOPHUS (bSov^, ovro?, dent ;
iocpcç, aigrette), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées, tribu des Cynarées,
établi par De Candolle ( Prodr., VI , 579)
aux dépens du grand genre Centaurée, L'es-
pèce principale est la Centaursa trinervia
Steph.
*ODONTOMACHUS ( hSovro^-nç , qui
combat avec les dents), ins. — Genre de
Coléoptères tétramères, famille des Curcu-
lionides gonatocères , division des Érirhi -
rides , créé par Schœnherr (Gênera et sp.
Curculion. synonym. , t. 7,2, p. 271).
Deux espèces seulement font partie de ce
genre: les 0. veslitus et hypocrita Schr. ;
elles sont originaires du Port-Natal (Afri-
que méridionale), (C.)
ODOIMTOMACHUS (voy. l'article précé-
dent), ins. — Genre de Tordre des Hyméno-
ptères, de la tribu des Formiciens, de la fa-
mille des Formicides, groupe des Ponérites,
établi par Latreille, et caractérisé principale-
ment par une tête en carré très long, très
écbancrée en arrière. M. LepelletierdeSaint-
Fargeau (Hymen., Suites à Buff.) en décrit
trois espèces : Odont. chelifer ( Formica che-
lifera Latr. ), hœmatodes (For. hœmatoda
Linn., maxillosa Dej., Myrmecia hœmatoda
Fab.), et unispinosus (For. unispinosa Latr.,
Myrmecia id. Fabr.), qui habitent l'Amé-
rique méridionale, (L.)
*ODONTOMERUS , Kirby. ins. — Syn.
de Chrysobothris, Eschscholtz.
*ODONTOMUS ( bSovzêç , denté; 3p.; ,
épaule), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Slernoxes, tribu des J
Buprestides , créé par Kirby ( Fauna bo~
reali americana, p. 156) avec deux espèces
de l'Amérique septentrionale : les 0. triner-
via et proxima de Fauteur. Ce genre pa-
raît avoir beaucoup de rapport avec les
Chrysobothris d'Eschscholtz , s'il n'est pas
toutefois identique. (C.)
ODONTOMYIA (5<?ou'ç? évroç , dent;
fAvîbe , mouche) ins. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, famille des Notacan-
thes, tribu des Stratiomydes, établi par La-
treille et généralement adopté. M. Macquart
(Diptères, Suites à Buffon , t. I , p. 245) le
caractérise ainsi : Trompe menue; troisième
article des palpes peu renflé. Épistome sou-
vent saillant; un sillon transversal près de
la cavité buccale. Troisième article des an-
tennes presque fusiforme, à cinq divisions ,
sans style. Ordinairement quatre cellules
postérieures aux ailes.
Ce genre comprend 28 espèces , dont 12
habitent la France et l'Allemagne , et 16
sont exotiques. Nous citerons parmi celles
de notre pays VOdontomyia viridula Macq.
(Stratiomys viridula Fab.), espèce très com-
mune. Elle a 3 lignes de longueur, le corps
noir, avec la tête, le thorax et le dessus en-
tièrement revêtus de poils serrés , d'un vert
grisâtre doré; les ailes hyalines; les pattes
jaunes ; l'abdomen de cette couleur, avec une
très large bande noire s'élargissant posté-
rieurement.
On trouve fréquemment aussi, aux envi-
rons de Paris , les Odontom. furcata Latr. ,
ligrina Fab., et hydroleon Linn. (L.)
*ODONTONYX , Stephens. ins. — Syn.
d'Olisthopus, Dejean. (C.)
*ODONTONYX (tfovroç, denté ; ow?,
ongle), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Malacodermes , tribu
des Dasylites , établi par M. Guérin-Méne-
ville ( Revue zoologique, 1843, p. 194 ), et
ainsi caractérisé : Mandibules bidentées ;
lèvre inférieure terminée par quatre lobes
pointus et ciliés; tarses simples, à crochets
dentelés. (C)
ODONTOPETALUM , DC. ( Prodr. , lt
608). bot. ph. — Voy. monsonia, Linn.
ODONTOPÈTRES. zool.— Syn. de Glos-
sopètres.
ODONTOPnORUS, Vicill. ois. — Genre
de la famille des Perdrix. Voy. ce mot.
(Z. G.)
724
ODO
01)0
* ODONTOPLEURA (hSovs, dent ; *>tvPa',
flanc), crust. — M. Ernmrieh, dans Leonhard
und Dr Broun, Neu. Jahrb. , établit sous ce
nom un nouveau genre de Trilobites , dont
l'espèce type est VOdontopleura bispinosa.
(H. L.)
*ODONTOPLEURES. Odontopleuridœ.
crust. — M. Emmrich, dans Leonhard und
Dr Bronn , Neu. Jahrb. , donne ce nom à
une famille de l'ordre des Trilobites , qui
renferme les genres Odontopleura, Cryptoli-
thus, Harpes, Olenus , Remopleurides et
AgnosLus. (H. L.)
OD0NTOPTERA ( âcîous , dent; *tc>ov,
aile), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées , tribu des Cynarées , établi par
Cassini ( in Dict. se. nal. , XXV, 270 ;
XXIX, 456 ; XXXV, 396 ) , et rapporté gé-
néralement au genre Arctotis de Gaertner.
La principale espèce de ce genre est
VArclotis sulphurea Gœrtn.
ODONTOPTERIS , Berhn. bot. cr. —
Syn. de Lygodium, Swartz.
ODONTOPTERIS ( è&uç , o'vtoç , dent ;
it-ïipic, fougère), bot. foss.— -Genre de Fou-
gères fossiles, établi par M. Ad. Brongniart
(Prodr., 60) qui le décrit ainsi : Fronde
bipinnée; pinnules adhérentes au rachis
par leur base, qui n'est nullement rétrécie ;
nervures simples ou dichotomes , toutes
égales, naissant du rachis; point de ner-
vure moyenne distincte.
M. Ad. Brongniart cite cinq espèces de
ce genre ( Odont. crenulata, Brardii, minor,
obtusa , Schlotheimii ) , qui appartiennent
toutes aux terrains houillers. (J.)
*ODONTOPUS, Say. ins. —Syn. de
Prionomerus, Schœnherr. (C.)
*OBONTOPUS ( hSovxSç , denté; woûç,
pied), ins, — Genre de Coléoptères hétéro-
raères , famille des Mélasomes , tribu des
Ténébrionites , établi par Silbermann (jRe-
vue Enl. de Silb. , t. I, p. 1 , 3 , 4 , 5 ) , et
adopté par Hope {Coleopterisl's manual, 3,
1840, p. 126). L'auteur comprend trois
j espèces dans ce genre : les 0. chalybeus
i Linn., Fab. ( speciosus Dej. ) , cupreus F.,
s {violaceus Silb.), costatus Silb., (splendidus
Dej. ). Ces Insectes se trouvent aussi bien
sur la côte de Guinée qu'au Sénégal. Dejean
(Catalogue, 3e édit. ) a fait des deux pre-
mières espèces son genre Pezodontus, et de
la troisième, celui Iphicerus. (C.)
*ODONTOPUS (Wov'ç, o'vroç, dent;
7rovç, pied), ins. — Genre de l'ordre des
Hémiptères hétéroptères, section des Géoco-
vises , groupe des Pyrrhocorides, établi par
al. Laporte de Castelnau (Am. et Serv., Hé-
miptères , Suites à Buffon ) aux dépens des
Pyrrhocores. Ce genre ne renferme que 2 es-
pèces : Od. sexpunctatus , du Sénégal ; et
Od. sanguinolens, du Bengale. (L.)
ODONTORAMPHES. Odontoramphi. ois.
— Nom donné par M. Duméril à une famille
de l'ordre des Passereaux, et qui comprend
les genres Calao, Momot et Pbytotome.
*0D0NT0RI1INA (WovtSç, denté; pt'v,
nez), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides mélitophiles , créé par Bur-
meis ter ( Handbuch der Entomologie), et
adopté par Schaum ( Annal, de la Soc. ent.
de Fr., 2e sér., t. III, 1845, p. 45). Deux
espèces sont comprises dans ce genre; les
0. hispida 01., et pubescens F. Leur patrie
est le cap de Bonne-Espérance. (C.)
*ODONTORHINUS (è<Woç, denté; ^v,
nez), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Curculionides gonato-
cères, division des Cléonides, créé par
Schœnherr (Gênera et species Curcul. syn.,
t. 6 , 2, 237). Ce genre ne renferme
qu'une espèce de Perse , VO. insperatus
Schr. (C.)
ODONTORHYNQUES. Odonlorhynchi ,.
Dumér. et Mœhr. ois. — Syn. de Denti-
rostres.
*ODONTOSCELIS, Curtis, Guérin. ins.
— Syn. de Promecoderus, Dejean. (C.)
*0D0ïMT0SCELÏ$ (SIovtoç, denté , tm~
Ifç, jambe), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Carabiques , tribu
des Féroniens, créé par Waterhouse ( Ma-
gazine of natural history New séries,
1840, p. 354). Ce genre renferme sept es-
pèces de l'extrémité de l'Amérique méridio-
nale, savoir: C. tentyrioides , Darwinsii ,
Curtisii, striatus, substrialus Waterh., cya-
neus Br., et Desmareslii Guér. Ces Insectes
ont aussi reçu les noms génériques de Cne-
macanthus par MM. Audouin et Brullé, et de
Cnemalobus par M. Guérin. (C.)
*ODONTOSCELIS (Ô<WÇ, Jvtoç, dent;
cxzï'iq, cuisse ). ins. — Genre de l'ordre des
Hémiptères hétéroptères , de la tribu des
Scutellériens, groupe des Scutellérites, éta-
ODO
ODY
725
bli par M. Laporte deCastelnau, et dont les
principaux caractères sont : Antennes cour-
tes , insérées à la partie inférieure de la
tête ; le troisième article plus court que le
deuxième. Corps presque orbiculaire. Jambes
épineuses.
Les espèces de ce genre, assez nombreu-
ses, proviennent, pour la plupart, du Nou-
veau-Monde. Nous citerons , comme espèce
type, YOdontoscelis scarabœoides Burm. (Ci-
mex id. Linn., Tetyra id. Fabr., Thyreoco-
ris id. Halm.). Ce petit Insecte, qui se fait
remarquer par ses couleurs assez brillantes,
est commun aux environs de Paris, où il vit
sur les fleurs. (L.)
*ODONTOSTÏLIS , Blum. (FI. jav.t
Prœf., p. VIII). bot. ph. — Syn. de Bolbo-
phyllum, Dupetit-Thouars.
*ODOi\TOTA (Wovtoto'ç , denté), ins. —
Genre de Coléoptères subpentamères, tétra-
mères de Latreille, famille des Eupodes ,
tribu des Cassidaires hispites , formé par
nous^ et adopté par Dejean ( Catalogue ,
3e édit., p. 388), qui en mentionne 41 es-
pèces, toutes originaires d'Amérique. Nous
citerons comme en faisant partie : les 0. hu-
meralis , sanguinicollis , ruficollis , dentata
F. , bicolor, nigrita, scapularis, notata, scu-
tellaris 01. (Hispa), et dyctioptera Pty.
Kirby a donné à ces Insectes le nom géné-
rique (VAnoplisles. (C.)
*ODONTOTARSUS (Mrig, o'vtoç, dent;
faoao's > tarse), ins. — Genre de l'ordre des
Hémiptères hétéroptères, section des Géoco-
rises , groupe des Pachycorides , établi par
M. Laportë de Castelnau , qui n'y rapporte
que 2 espèces: Od. grammicus Linn. (Ci-
mex id. Linn. , C. purpureo-lineatus Ross. ,
Tetyra grammica Fabr. , Bellocoris purpu-
reo-lineatus Habn , Pachycoris grammicus
Burm.) ; et Od. caudatus Kl. {Pachycoris id.
KL, Bellocoris id. H. Schœff., Od. producta
Spix ). Elles habitent toutes deux l'Eu-
rope méridionale et l'Afrique septentrio-
nale. (L.)
*ODOI\TOTIIRIPS (SJoiîç, o'vtoç;, dent;
Thrips, nom de genre), ins. — Genre de l'or-
dre des Hémiptères homoptères, famille des
Térébrans, établi par MM. Amyot et Serville
aux dépens des Thrips. Voy. ce mot. (L.)
*ODONTOTRlCHUM(o^ouç,ovToç,dent;
0pî£, Tpfx°Çi poil), bot. ph. — Genre de la
famille des Composées ( tribu incertaine ) ,
établi par Zuccarini (Plant, nov., fasc, i.
311). Herbes du Mexique.
*ODONTRIA (âJows, dent; rpla, trois ).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides phyllophages , créé par A. White
(Tr. zool. Jour, of the Voy. Erebus and Ter-
ror, 1846, p. 10 , pi. 2 , fig. 5), avec trois
espèces de la Nouvelle-Zélande; les 0.
striata , xanthosticta , et cinnamomea de
l'auteur. (C.)
*OBOPETA. ARACH—Genre d'Arachnides
qui a été établi par M. Heyden dans le jour-
nal VIsis, mais dont les caractères n'ont ja-
mais été publiés; du reste, c'est, nous
croyons, au genre des Trombidium qu'il faut
rapporter cette nouvelle coupe générique»
Voy. trombidium. (H. L.)
ODORAT, physiol. —Nom donné au sens
destiné à la perception des odeurs. Voy. nez.
ODORBRION, Gesn. ois. — Syn. de Ros-
signol. Voy, SYLVIE.
ODOSTEMON , Rafin. (in Americ.
Monthl. magaz.,, 1819, p. 192). bot. ph.
— Syn. de Mahonia, Nutt.
ODYNÈRE. Odynerus ( hSvwoSç , désa-
gréable), ins. — Genre de l'ordre des Hy-
ménoptères, tribu des Euméniens, famille
des Euménides, groupe des Odynérites,
établi par Latreille aux dépens des Vespa.
Les principaux caractères de ce genre sont :
Corps ovalaire; mâchoires et lèvres cour-
tes; palpes maxillaires et labiaux composés
de quatre articles, presque glabres; tho-
rax ovalaire ; ailes ayant une cellule ra-
diale et trois cellules cubitales; pattes de
moyenne longueur ; abdomen coni - ova-
laire, avec le second segment plus large que
le premier.
Les espèces de ce genre sont très nom-
breuses, et la plupart se trouvent en Eu-
rope. Ce sont des Insectes de taille moyenne,
noirs, avec quelques taches et bandes jaunes.
Réaumur, Wesmaël , Audouin, MM. Léon
Dufour et Schuckard ont publié, sur ces
Insectes, des observations pleines d'intérêt.
Nous allons , d'après M. Blanchard ( Hisl.
des Insectes, édit. Firmin Didot), donner
quelques détails sur les mœurs très intéres-
santes de plusieurs espèces de ce genre.
1. Odynère a pattes épineuses, Odynerus
spinipes (Vespa spinipes Linn., §-fasciala
Fab. , Guêpe solitaire de Réaumur). 11 est
■26
ODY
ODY
noir, avec les palpes, le labre, les mandi-
bules, l'extrémité du chaperon , une petite
tache derrière chaque antenne et une autre
derrière chaque œil , les huit premiers arti-
cles des antennes, le prothorax et les para-
ptères, jaunes, ainsi que les pattes. Celles-ci
ont, en outre, des bandes et une tache sur
les jambes de couleur noire ; chaque anneau
de l'abdomen est bordé de jaune.
Cet Odynère se trouve en France et dans
une grande partie de l'Europe. Il pratique
dans le sable ou dans les murailles un trou
profond de quelques pouces , à l'ouverture
duquel il élève un tuyau d'abord droit, en-
suite recourbé, et composé d'une pâte ter-
reuse en gros filets contournés. Après ce
travail, il entasse dans la cellule intérieure
huit à douze petites larves vertes et apodes,
toutes du même âge ; il les pose par lits
les unes au-dessus des autres, et après avoir
pondu un œuf près de cette provision , il
bouche le trou et détruit l'échafaudage qu'il
a construit. Cette observation faite depui
longtemps par Réaumur a été complétée
par Audouin, qui a reconnu que chaque ou-
verture ne correspond pas seulement à un
seul tube, comme Réaumur semblait le
croire, mais qu'un trou servait ordinaire-
ment d'orifice à deux ou trois tubes , et
qu'alors il y a économie de temps et de
peine pour l'Insecte , puisque , après avoir
approvisionné ses œufs, il n'a plus qu'une
seule ouverture à fermer pour plusieurs
larves. Audouin , ayant examiné quelques
uns de ces Odynères au moment où ils ap-
provisonnaient leurs nids, les vit aller cher-
cher, dans un champ de luzerne voisin , de
petites larves vertes parvenues à leur plus
haut degré d'accroissement. Il recueillit
plusieurs de ces larves, dont quelques unes
se métamorphosaient en nymphes. Peu de
jours après, il vit éclore l'Insecte parfait,
c'était le Phytonome variable ( Phytonomus
variabilis ) , petit Insecte de la famille des
Curculionides. L'Odynère ayant filé son co-
con dans sa cellule, le 26 juin, ne se trans-
forma en nymphe que le 21 mai de l'année
suivante, et demeura encore dans cet état
durant quatorze jours avant de se méta-
morphoser en Insecte parfait.
2. Odynère de Réaumur, Odynerus Reau-
murii L. Duf. Corps noir dans les deux
sexes, ayant, dans le mâle, les parties de la
bouche, la face, un pointentre les antennes,
la partie inférieure de celles-ci, une bande
transversale sur le prolhorax, une ligne sur
l'écusson, un point à l'insertion des ailes,
et les paraptères, jaunes; les pattes ayant la
base des cuisses noire, leur extrémité j.iune
ainsi que les jambes, les tarses roux; l'ab-
domen ayant cinq bandes transversales
jaunes; les antennes sont enroulées à leur
extrémité.
La femelle diffère du mâle par les an-
tennes renflées à l'extrémité, n'ayant de
jaune que la partie inférieure de son pre-
mier segment, et par l'abdomen qui n'a que
quatre bandes.
Voici quelques uns des détails rapportés
par M. Léon Dufour (Ann. des se. nat. ,
t. XI , janvier 1839 ) à l'égard de cet In-
secte :
« Depuis plusieurs années, j'avais remar-
qué aux environs de Saint-Sever, dans le
département des Landes, des terrasses argi-
leuses dont le revers méridional était tout
criblé de trous d'Odynères. Chaque prin-
temps , j'allais par un beau soleil payer un
tribu d'admiration aux habiles ouvriers de
ces habitations souterraines et de ces tuyaux
extérieurs de terre guillochée si parfaite-
ment semblables à ceux décrits par Réau-
mur. Pendant le cours du mois de mai 1 838,
j'ai voulu poursuivre mes recherches com-
paratives : j'ai isolé le domicile de TOdy-
nère; j'ai soumis à l'examen le plus atten-
tif, le plus scrupuleux, et la larve, et les
provisions de bouche, et les manœuvres de
la vigilante mère; j'ai surpris, saisi celle-ci,
tenant entre ses mandibules , sans la bles-
ser, une petite chenille verte; j'ai trouvé
dans chaque conduit ou dans chaque nid
une larve approvisionnée d'une brochée de
dix à douze de ces chenilles vivantes, toutes
vertes avec un liséré longitudinal de chaque
côté. A l'exemple de Réaumur, j'ai été cu-
rieux d'élever moi même des larves d'Ody-
nères sous mes yeux. J'en ai placé de très
jeunes, isolément, dans des tubes de verre;
je leur ai donné à chacune une douzaine de
chenilles prises dans les nids de la terrasse.
J'assistais quotidiennement à leurs repas ;
je les voyais manger avec voracité, grandir
à vue d'oeil. Au bout de deux semaines,
elles avaient acquis tout leur développement
comme larves ; elles demeuraient alors près-
ODY
ODY
727
que immobiles au-dessus du tas des dé-
pouilles de leurs victimes, occupées a revêtir
de soie leur domaine, »
L'œuf, dont n'a pas parlé Réaumur, et que
M. Léon Dufour a trouvé dans les nids les
plus récents, est oblong, cylindrique, obtus;
et d'un jaune assez vif.
3. Odynère rubicole , Odynerus rubicola
L. Duf. Cette espèce paraît très voisine des
deux précédentes; elle en diffère principa-
lernent par les cuisses intermédiaires du
mâle dépourvues d'épines; par le chaperon
ayant une ligne arquée , jaune dans la fe-
melle; le thorax présente à sa partie anté-
rieure une bande transversale , un point
humerai et deux points sur l'écusson jaunes
ainsi que les paraptères; les ailes sont en-
fumées à leur extrémité; les pattes ont
l'extrémité des cuisses, les jambes et les
tarses jaunes ; l'abdomen offre six bandes
transversales, linéaires, dans le mâle, cinq
seulement dans la femelle.
Les mœurs de cette espèce diffèrent un
peu de celles des précédentes. Cet Odynère
choisit, pour construire son nid, une tige
sèche lie ronce; il ne prend jamais celle qui
est perpendiculaire au sol , et dont Textié-
mité est dirigée en ligne droite vers le ciel,
mais celle qui est horizontale ou inclinée
vers la terre, assez grosse et assez dure pour
supporter les coques qu'elle est destinée à
recevoir. L'Insecte la creuse d'abord à la
profondeur de quelques pouces, en enlevant
successivement la moelle qui la remplit; il
va chercher ensuite des matériaux pour
construire à l'intérieur des coques, au nom-
bre de deux, trois, quatre ou cinq; quel-
quefois ce nombre s'élève jusqu'à dix, toutes
placées a environ deux lignes de distance
les unes des autres. Ces loges, formées par
une terre bien pétrie, mêlée à des grains de
sable et à quelques fragments de moelle de
ronce, sont de couleur brune ou d'un gris
sale, ayant 6 à 7 ligues de long sur 3 de
largeur , et placées à la file les unes des
autres; dans l'intervalle qui existe entre
Chacune d'elles, on trouve de la moelle en-
las-ee. Lorsque les larves ont atteint tonte
leur croissance, elles sécrètent une malien;
soyeuse blanchâtre, dont elles garnissent les
parois internes de leurs coques. La partie
supérieure de celles-ci , qui correspond à la
tête de la larve ou de la nymphe , est tron-
quée et fermée par un diaphragme fait
d'une étoffe soyeuse, analogue à celle qui
garnit les parois internes. Ce diaphragme
ou couvercle, tendu fortement et débordé
par un prolongement du tube terreux, est
surtout remarquable en ce qu'il est com-
posé de deux tuniques séparées par une cou-
che de moelle de ronce très serrée.
Le femelle de cette espèce approvisionne
son nid comme les espèces précédentes; la
larve acquiert tout son développement lors-
qu'elle a consommé toutes ses provisions.
C'est à ce moment qu'elle tapisse sa coque
et construit son couvercle pour s'enfermer
hermétiquement. Ces larves ne mettent pas
plus d'une douzaine de jours pour acquérir
toute leur croissance; mais ensuite elles res-
tent dans un état complet d'engourdissement
pendant dix à onze mois, c'est-à-dire jus-
qu'à la fin d'avril ou au commencement de
mai de l'année qui a suivi la ponte des
œufs, époque à laquelle on trouve des nym-
phes qui éclosent à la fin de mai ou au com-
mencement de juin.
M. Léon Dufour a mentionné un fait
bien digne de remarque, c'est la manière
dont s'effectue la sortie des Insectes parfaits,
qui doivent tous quitter leur retraite par
l'extrémité supérieure de la tige. Les coques
sont toutes placées les unes au-dessus des
autres: si un Insecte parfait d'une des loges
inférieures venait à éclore le premier, il dé-
truirait, tous les autres sur son passage;
mais il en est autrement : c'est l'Insecte
renfermé dans la coque placée près de l'ex-
trémité de la tige, c'est à-dire dans la der-
nière construite, qui doit sortir le premier,
et frayer le chemin au second , qui en fera
autant pour le troisième, et ainsi de suite
jusqu'au dernier.
Telles sont les espèces les plus curieuses
du genre Odynère; il en existe encore beau-
coup d'autres, mais dont les habitudes dif-
férent fort peu de celles des espèces dont
nous venons de faire l'histoire (Odyn. cogna-
tus, oitilofie, crassieornis, parietum, etc.).
Les Odynères «>nt pour ennemis quelques
espèces de Diptères, qui viennent déposer
leurs œufs dans leurs nids construits si la-
borieusement, et dont les larves vivent aux
dépens des provisions amassées par les Ody-
nères. Dans ce cas, les larves de ces der-
niers viennent ainsi à périr de faim. (L.)
'23
Oï'CÏ
OECO
*ODYNERITES. Odynerites. ins. -Groupe
de la famille des Euménides, de la tribu des
Eurnéniens, dans Tordre des Hyménoptères,
et dont les principaux caractères sont : Lèvre
ayant quatre points glanduleux à l'extré-
mité, et trilobée, avec le lobe du milieu plus
grand et biGde. Abdomen à peine pédicule.
Les genres compris dans ce groupe sont
ceux des Odynères et des Ptérochiles. Voy.
ces mots. (L.)
*OECATCTIIUS (oîxoç, demeure; âv&oç,
fleur), ins. — Genre de Tordre des Ortho-
ptères, tribu des Grylliens, famille des Gryl-
lides, établi par Audinct-Serville {Orthoptè-
res , Suites à Buffon) aux dépens des Gryl-
lus. On en connaît trois espèces : OEcant.
pellucens ( Gryllus id. Scop. , Gr. italiens
Oliv. , Acheta italica Fab. ), d'Italie et du
midi de la France; OEcant. niveus (Gryllus
niveus Deg. , Oliv.), de l'Amérique septen-
trionale ; et OEcant. rufescens , de Bom-
bay. (L.)
*OECEOCLADES(oixfov, petite demeure;
xWo; , rameau), bot. ph. — Genre de la
famille des Orchidées, tribu des Vandées,
établi par Lindley (in Bot. reg., n. 1522;
Orchid., 235). Herbes des Indes, de l'Amé-
rique et de l'Afrique tropicale. Voy. orchi-
dées.
*OECHMEA , Juss. ( in Jeaume St-Hil.
exposit. fam., I, 103). bot. ph. — Syn.
(TJEchmea , Ruiz et Pav.
*0EC1STES (oc'xtaryîç , qui bâtit), infus.,
syst. — Genre proposé par M. Ehrenberg pour
un Systolide ou Rotateur (OEc. hyalinus),
long de sept à huit dixièmes de millimètres,
et qui nous paraît devoir être réuni au genre
Ptygura, dont il diffère par une enveloppe
gélatineuse, particulière, en forme de tube
pour chaque individu , et par la présence
de deux points rouges pris pour des yeux. Le
corps est campanule, oblong, porté par un
pédicule plus ou moins épais, et terminé
par un limbe cilié, arrondi. (Duj.)
*OECISTINA. infus. , syst.— Famille de
Systolides ou Rotateurs, établie par M. Eh-
renberg dans la section des Holotroques de
sa division des Monotroques, c'est-à-dire
ayant le limbe cilié ou organe rotatoire
simple et entier. Les CEcistina sont les Ho-
lotroques cuirassés ou plutôt enveloppés,
tandis que les Ichthydina sont les Holotro-
ques nus : mais cette différence nous paraît
peu importante, car l'enveloppe est simple-
ment une sécrétion gélatineuse amorphe ,
qui n'est pas toujours aperçue quand elle
n'est pas souillée de matières terreuses.
Cette famille contient les deux genres :
OEcisles et Conochilus , qui diffèrent parce
que le dernier présente des individus réu-
nis en amas globuleux dans une enveloppe
ou sécrétion commune , tandis que les
OEcistes sont isolés chacun dans une enve-
loppe particulière. (Duj.)
GECODOMA(ocxo<?op}, construction), ins.
— Genre de Tordre des Hyménoptères, de la
tribu desFormiciens, delà famille des Formi-
cides, groupe des Myrmicites, établi par La-
treille aux dépens des Attes, dont il se dis-
tingue par des palpes très courts. On en con-
naît deux espèces : OEcod. cephalotes Latr.
( Atta id. Fab., Formica id. Linn., For.
grossa Oliv., For. migratoriaDe].),el OEcod.
hystrix Latr. (Formica id. Latr., Fab.), qui
habitent l'Amérique méridionale. (L.)
OECOPHORA ( olxovépoç , qui porte
une demeure ). ins. — Genre de Tordre
des Lépidoptères nocturnes, tribu desTinéi-
des, établi par Latreille, aux dépens des
Tinea de Fabricius. Duponchel (Catal. rnéth.
desLcp. d'Eur., p. 366) assigne à ce genre
les caractères suivants : Antennes filiformes
dans les deux sexes, de la longueur du corps.
Palpes inférieurs seuls visibles, très grêles,
généralement courts, écartés de la tête et
subuliformes. Trompe nulle ou rudimen-
taire , tête lisse. Ailes supérieures en forme
d'ellipse très allongée , avec une longue
frange à l'extrémité du bord interne; ailes
inférieures très étroites, cultriformes, et en-
tourées d'une longue frange.
Les OEcophora sont de très petits Lépi-
doptères ornés de couleurs agréables et sou-
vent très brillantes ; leurs chenilles sont en-
core peu connues. Elles se nourrissent de
végétaux; les unes attaquent les feuilles en-
tières , les autres seulement le parenchyme;
quelques unes même pénètrent dans les
graines des céréales, et en mangent toute la
substance farineuse, sans même toucher à
Técorce. Elles font, de cette manière, des
ravages considérables dans les champs de
blé et d'orge. Les chenilles qui vivent sur
les arbres filent leur coque entre les ger-
çures des écorces; les autres les placenta
terre, dans la mousse.
OEDE
OEDÊ
729
Ce genre est très nombreux en espèces.
Duponchel (loc. cit.) en cite 36 , répandues
dans toute l'Europe. Nous citerons, comme
type, Y OEcophora olivîella La tr. (Tineaid.
i Fabr.): elle a les ailes supérieures d'un noir
doré , avec une tache jaune à la base et au
milieu; derrière cette bande est une petite
raie argentée. Les antennes ont un anneau
blanc près de leur extrémité. Cette espèce
est assez commune aux environs de Paris.
Les OEcophora multiplient considérable-
ment; c'est ce qui rend encore plus nom-
breux les dégâts que ces Insectes occasion-
nent, dans plusieurs contrées de la France,
dans les champs d'orge et de blé. (L.)
*OEDA (otcîoç, gonflement), ins. — Genre
de l'ordre des Hémiptères homoptères, tribu
des Membraciens, groupe des Combopho-
rides , établi par MM. Amyot et Serville
(Hémiptères, Suites à Buffon, p. 546) aux
dépens des Membracis. On n'en connaît
qu'une espèce, OEda in fia la (Membracis in-
flala Fabr., Smilia inflata Burin.), du Bré-
sil. (L.)
OEDALEA (oTdV, enflé), ins. — Genre
de Tordre des Diptères brachocères, famille
des Tanystomes, tribu des llybotides, établi
par Meigen, adopté par Latreille (Fam. nat.)
et par M. Macquart (Diptères, Suites à Buf-
fon t t. 1, p. 321). Ce dernier auteur en dé-
crit 2 espèces (OEdal. tibialis et hybolina),
qui habitent les contrées septentrionales de
l'Europe. (L.)
*QEDANCAEA (oî<îoç, enflure; àyxâln,
bras), ins. — Genre de l'ordre des Hémiptères
hétéroptères, section des Géocorises, groupe
des Rh y parochrom ides, établi par MM. Amyot
et Serville (Hémiptères, Suites à Buffon,
1. 1, p. 258), et qui ne renferme qu'une seule
espèce, C Ed. dorsilinea, de l'Amérique sep-
tentrionale. (L.)
*OEDECNEMA (oTcîo;, renflement; xvo-
p.vj , cuisse), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille «les Longicornes, tribu des Lepturètes,
formé par Dejean (Catalogue, 3e édition,
pag. 381 ) aux dépens des Leplura. L'espèce
type, la Leplura dubia F. (russica Hst.),
est propre à la Sibérie. (C.)
OEDÉLITE. min. — Syn. de Mésotype.
Voy. ce mot.
OEDEMAGENA ( oT«îoç , tumeur; yév<x ,
naissance), ins. — Genre de Diptères de
T. VIII.
la famille des Athéricères, tribu des OEs-
trides , formé par Clarck aux dépens des
CEstrus de Linné, adopté par tous les ento-
mologistes, et ayant pour caractères : Une
ouverture buccale linéaire, élargie supérieu-
rement ; trompe nulle ; deux palpes rappro-
chés , de deux articles; crochets et pelotes
des tarses grands; première cellule posté-
rieure des ailes entr'ouverte à l'extrémité,
et nervure de la discoïdale presque perpen-
diculaire à sa base.
On ne connaît qu'une espèce de ce genre :
YCEdemagena Tarandi Clarck (OEstrus Ta-
randi Linn.), qui est long d'environ 7 lignes,
noir, avec la tête , le corselet et la base de
l'abdomen garnis de poils jaunes; les ailes
sont un peu brunâtres.
Les larves de ces Insectes vivent sur le
dos des Rennes, et produisent des tumeurs
dans la peau de ces animaux. Ces larves
font périr beaucoup de Rennes de deux et
trois ans , et la peau des plus vieux est sou-
vent si criblée des piqûres de ces Diptères,
que l'on a cru que ces animaux étaient
sujets à la petite-vérole. Les OEdémagènes
sont communs en Laponie. (E. D.)
OEDEMERA (o?£oç, renflement; pvjpog,
cuisse), ins. — Genre de Coléoptères hé-
téremères, famille des Sténélytres, tribu des
OEdérnérites, créé par Olivier (Enl.om., 1. 111,
n° 179). Dejean, qui a adopté ce genre,
en énumère 19 espèces : 16 sont propres à
l'Europe, 2 a l'Amérique, et I estd'Asie. Nous
citerons comme en faisant partie : les OE.
Podagrariœ, flavescens, cœrulea, vircscer.s
(Nccydaliset Cantharis) Lin., marginala,
barbara, clavipes (Necydalis et Dryops) F.
Chez l'un des sexes, les cuisses postérieures
sont excessivement renflées , et elles sont
simples dans l'autre. Stephens a appliqué à
ces Insectes les noms génériques iï()nco-
mera pour quelques uns, et û'Ischuomera
pour d'autres. (C.)
*ŒDÉMÉR!ENS. OEdernerii. ins.— Sous
ce nom, Laporte deCastelnau (Histoire na-
turelle des Animaux articulés , t. 2, p. 250)
a formé une quatrième tribu de Coléoptères
hétéromères , dans la famille des Sténé-
lytres de Latreille. L'auteur l'a caractérisée
ainsi : Crochets des tarses non dentelés.
Antennes très longues, filiformes, insérées
à nu. Mandibules bifides. Tête généralement
avancée en un petit museau. Corps allongé,
92
'30
OEDE
OEDI
étroit. Yeux élevés. Corselet long. Insectes
nions, se trouvant sur les fleurs. Genres:
Calopus , Sparedrus , Palœstra , Dytilus ,
OEdemera et Nothus. (C.)
OEDÉMÉRITES. OEdemerites. ins. —
Quatrième tribu de Coléoptères hétéromères,
famille des Sténély très, établie par Lalreille
\Règne animal de Cuvier , t. V, p. 46), et
i}ui a pour caractères: Antennes insérées à
'Du, près des yeux ; mandibules bifides à
l'extrémité ; tarses à pénultième article
bilobé; palpes maxillaires, terminés par un
article plus grand, en forme de triangle
renversé ; cuisses postérieures très ren-
flées; crochets des tarses refendus; corps
allongé, étroit, linéaire; tête et corselet
plus étroits que l'abdomen; antennes plus
longues que ces parties (en scie dans les Ca-
lopus), filiformes, sétacées, composées d'ar-
ticles presque cylindriques ou longs; tête
plus ou moins prolongée, en forme de mu-
seau, un peu rétrécie en arrière, yeux plus
élevés que dans les autres tribus de la fa-
mille; corselet au moins aussi long que
large, presque carré ou cylindrique, un peu
rétréci en arrière; élytres amincies posté-
rieurement en manière d'alêne et souvent
flexibles.
Cette tribu comprend les genres sui-
vants : OEdemera, Nothus, Calopus, Spare-
drus et Dytilus.
Les Nothus, bien que rentrant dans cette
tribu par l'ensemble de leurs caractères,
présentent quelques modifications exté-
rieures qui les rapprochent de la tribu des
Serropalpides.
Ces Insectes ont des rapports avec les Te-
lephorus et les Zonitis. Ils se trouvent sur
les fleurs et sur les arbres.
Leurs métamorphoses sont inconnues ;
mais on doit supposer que leurs larves se
développent dans l'intérieur des végétaux.
Leur anatomie a offert à Léon Dufour
deux vaisseaux salivaires très simples ,
flexueux et flottants, et une panse formée
d'un jabot latéral , muni d'un cou ou pédi-
celle. Ce sont les seuls Insectes chez les-
quels on ait observé cette organisation toute
particulière. (C.)
*OEDENIA , Strielland. ois. — Syn. de
Oidemia, Flem.
CEDERA, Linn. ( Gen. , n. 1325 ). bot.
fh. —Syn. VOEderia, DC.
GEDERIA ( oîïoç , renflement; Êptov,
poil ). bot. pu. — Genre de la famille
des Composées , tribu des Sénécionidécs ,
établi par De Candolle (Prodr., VI, 1),
et dont les principaux caractères sont : Ca-
pitule hétérogame , pauciflore; fleurs du
rayon ligulées, allongées; celles du disque
tubuleuses, hermaphrodites. Involucre pau-
cisérié , à squames membraneuses. Récep-
tacle étroit à paillettes scarieuses. Corolle du
disque 5-denté. Anthères sessiles. Stigmates
fixés au disque. Akène dépourvu d'ailes,
anguleux-cylindracé, glabre ; aigrette courte,
membraneuse.
Les OEderia sont des arbrisseaux origi-
naires du Cap, à feuilles opposées, ou, ra-
rement, disposées trois par trois en forme de
spirale , imbriquées , très entières ; à fleurs
bleues , disposées en glomérules terminaux
entourés de feuilles florales bractéiforrnes.
Les espèces de ce genre ont été réparties
par De Candolle {loc. cit.) en deux sections,
qu'il nomme : a. Euœderia : Capitules ses-
siles entre les bractées; ligules 5-8, les ex-
térieures allongées ; aigrettes du disque et
du rayon très courtes et conformes ; b. Erio-
poda ; Capitules fixés entre les bractées sur
un court pédoncule; ligules très courtes ; ai-
grette du rayon très courte ou nulle , celle
du disque membraneuse, dentée au sommet,
plus longue que le tube de la corolle. (J.)
*OEDICIHRUS (oTcîo;, enflure; XetP ,
main), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Brachélytres, tribu des
Pinophiliniens, créé par Erichson ( Gênera
et species Staphylinorum , p. 684 ) , et ainsi
caractérisé par l'auteur : Palpes maxillaires
à quatrième article sécuriforme. Abdomen
non marginé. Tarses ayant les quatre pre-
miers articles dilatés et renflés. Le type,
seule espèce aujourd'hui connue, VOE. pe~
derinus Er., est propre à la Sicile. (C.)
GEDICNÈME. OEdicnemus (oTJoç, enflure;
xvyj'pj , jambe ). ois. — Genre de la fa-
mille des Charadridées, dans l'ordre des
Échassiers. Il a pour caractères : un bec plus
long que la tête, droit, fort, un peu dé-
primé à la base, comprimé vers le bout;
à arête de la mandibule supérieure élevée;
les narines placées au milieu du bec, lon-
gitudinalement fendues jusqu'à la partie
cornée de celui-ci, ouvertes par devant et
percées de part en part; des pieds longs,
OEDI
OEDI
731
grêles; trois doigts dirigés en avant, réunis
par une membrane jusqu'à la seconde arti-
culation: une queue fortement étagée; des
ailes médiocres et aiguës.
Les OEdicnèmes offrent, au premier as-
pect, tant d'analogie avec les Outardes, que
quelques naturalistes ont été portés à les
considérer comme des oiseaux du même
genre. Ainsi Belon , le patriarche de l'or-
nithologie en France, et Latham, dont les
ouvrages ont fait autorité, ne les ont pas
séparés génériquement. Le seul OEdicnème
que possède l'Europe, Belon l'a appelé Ous-
tardeau (petite Outarde), et Latham lui a
donné le nom plus scientiûque de Olis œdic-
nemus. Linné a placé les OEdicnèmes parmi
les Pluviers, ce qu'ont également fait beau-
coup d'autres méthodistes et Buffon ; mais
ce dernier a fait observer que si ces Oiseaux
tiennent aux Pluviers par plusieurs carac-
tères communs, ils s'en éloignent assez par
quelques autres pour qu'on puisse les iso-
ler. De cette opinion de Buffon à 1rs sé-
parer génériquement, comme on l'a fait
plus tard, le pas n'était pas grand. Aujour-
d'hui les OEdicnèmes sont généralement
considérés comme des Oiseaux distincts des
Outardes et des Pluviers, et forment, pour
quelques auteurs, la transition naturelle
des uns aux autres. C'est à M. Temminck
qu'est due la création du genre OEdicnemus;
cependant nous devons dire que bien avant
M. Temminck, Aldrovande {Av., t. II,
p.- 98) et Ray {Synops. av. , p. 105) avaient
nommé la seule espèce alors connue OEdic-
nemus Belonii.
Les habitudes naturelles des espèces étran-
gères que renferme la division des OEdic-
nèmes sont loin d'être parfaitement con-
nues; aussi nous bornerons-nous à faire ici
l'histoire particulière de celle que l'on ren-
contre en Europe.
* Cette espèce (OEdicnemus crepitans), que
l'on trouve au printemps et à l'automne
dans plusieurs départements de la France,
etsurquelques points pendant toutel'année,
, se plaît sur les plateaux des collines, dans
les terrains arides, pierreux et sablonneux.
C'est en raison de cette habitude qu'en
Beauce et dans quelques autres provinces,
un terrain sec, maigre, peu fertile en un
mot, est appelé terre à Courlis; l'OEdic-
nèrne criard n'étant connu, dans ces loca-
lités, que sous le nom de Courlis de terre.
D'un naturel craintif et même farouche, les
OEdicnèmes restent en repos et dans une
immobilité presque complète tant que le
soleil est sur l'horizon. Une lumière trop
vive les fatigue, et, quoi qu'on en ait dit,
leurs mœurs sont plutôt nocturnes que diur-
nes. Si, durant le jour, ils jouissent de la
faculté devoir, cette faculté cependant pa-
raît alors ne pas être dans toute son inten-
sité; car les individus que l'on conserve en
volière donnent fréquemment tête baissée
contre tous les obstacles qu'ils rencontrent
sur leur chemin, et n'ont souvent pas l'in-
stinct de vaincre ces obstacles, soit en les
franchissant, soit en se détournant. Pen-
dant la nuit, au contraire, ils sont d'une
grande activité. Aussitôt que le crépuscule
du soir commence, ils se mettent en mou-
vement. Alors ils se répandent de tous les
côtés en volant rapidement et en poussant
des cris forts et retentissants. Ces cris, que
l'on peut exprimer par les syllabes, turlui ,
turlui (donton a fait le nom Courlis, Curlui,
qu'on leur a donné), ressemblent, entendus
de loin, à des sons produits par une flûte
tierce. Si, pendant le jour, on trouble leur
repos, ils prennent leur volée en rasant la
terre, et vont s'arrêter non loin du lieu
qu'ils ont abandonné, sur un terrain qui
leur soit connu : lorsqu'on les poursuit trop
vivement , ils quittent les dunes sablon-
neuses , les collines arides pour se jeter
dans les bois. Leur marche est très agile,
et ils courent sur la pelouse et dans les
champs aussi vite qu'un chien, ce qui leur
a valu , dans quelques pays, le nom dMr-
penteurs. Après avoir bien couru, ils s'ar-
rêtent tout court, tiennent leur tête et leur
corps immobiles , et se blottissent contra
terre à côté d'une pierre ou d'une touffe
d'herbe.
Les OEdicnèmes ne sont pas sédentaire*
dans les localités où ils se sont reproduits.
Après les pontes et lorsque l'éducation des
jeunes est achevée , ils émigrent. Le départ
a lieu en compagnie et se fait sous la direc-
tion d'un chef dont toute la bande paraît
suivre la voix.
Leur nourriture consiste en Insectes de
toutes sortes, en Scarabées, petits Colima-
çons, Lézards, et même en petits Mammi-
fères.
<32
OEDI
OEDI
Le mode de nidification chez l'espèce dont
nous parlons, et même chez tous les OEdic-
nèmes en général, est simple. La femelle
dépose sur la terre nue ou dans le sable,
deux œufs, rarement trois, d'un fond jau-
nâtre, avec des taches plus ou moins nom-
breuses noirâtres et d'un brun olive. Les
œufs, par leur forme et par leurs couleurs,
ont beaucoup plus d'analogie avec ceux des
Outardes qu'avec ceux des Pluviers. La du-
rée de l'incubation est de trente jours envi-
ron. Le mâle partage avec la femelle le soin
de l'éducation des jeunes. Les petits quit-
tent le nid dès leur naissance, courent et
prennent eux-mêmes la nourriture que la
mère leur indique. Ils ne sont alors couverts
que d'un duvet épais d'un gris roussâtre.
Ce n'est que fort tard qu'ils acquièrent la
faculté de voler.
En outre, les jeunes OEdicnèmes se dis-
tinguent des adultes par l'excessive dilata-
tion du haut du tarse et de l'articulation
tibio-tarsienne. Cette forme du tarse, qui est
propre aux jeunes de l'année de presque
tous les Échassiers , est particulièrement re-
marquable chez l'espèce dont il s'agit. C'est
en raison de cette forme que Belon avait
donné à cet Oiseau le nom d'OEdicnemus ,
nom qui signifie jambe enflée.
La chair de l'OEdicnème criard n'est pas
très agréable au goût; pourtant on la mange,
surtout lorsqu'elle provient d'un individu
jeune.
La mue n'a lieu, chez ces Oiseaux,
qu'une fois l'an; les sexes diffèrent peu
entre eux , et les jeunes ne se parent
des couleurs permanentes qu'après plusieurs
années. Leur bec et leurs pieds sont aussi
longtemps avant d'avoir acquis tout leur
développement.
Les OEdicnèmes sont des Oiseaux propres
à l'ancien continent et à l'Australie.
Eu égard à quelques différences que pré-
sentent entre elles les espèces relativement
à la forme du bec , on a tenté d'établir pour
elles plusieurs divisions. M. Lesson , dans
son Traité d'Ornithologie, en a proposé trois,
qui nous paraissent devoir être adoptées.
L'une d'elles, au reste, avait depuis fort
longtemps été créée par Illiger dans son
Prod. syst. mammal. et aviu*® , sous le
nom de Burhinus. Nous distinguerons donc
les OEdicnèmes en :
OEdicnèmes proprement dits {OEdicnemus,
Temm.).
Bec médiocre, plus court que la tête, peu
élevé et presque rond.
C'est à cette section qu'appartient I'OEdic-
nème criard, OEdic. crepilansTemm. (Buff.,
pi. enl.y 919, sous le nom de Courlis dé
terre), type du g. OEdicnemus. Cette espèce
a toutes les parties supérieures d'un rous-
sâtre cendré, avec une tache longitudinale
noirâtre sur le milieu de chaque plume;
l'espace entre l'œil et le bec, la gorge, le
ventre, les cuisses et une bande sur l'aile
d'un blanc pur; le cou et la poitrine colorés
de roussâtre et parsemés de raies longitudi-
nales brunes; le bec à sa base, l'iris et les
pieds d'un jaune pur.
L'OEdicnème criard est très abondant
dans le midi de la France, en Italie, en Sar-
daigne, dans l'Archipel et en Turquie. On
le trouve aussi, mais en moins grand nom-
bre, dans les parties orientales de l'Europe;
on le dit seulement de passage en Allema-
gne et en Hollande.
L'OEdicnème aux longs pieds , OEdic. lon-
gipes Geolî. St-Hil. (Vieil!., Gai. des Ois.,
pi. 228). Sommet de la tête, occiput, nuque
et dessus du cou d'un gris cendré clair, varié
de petites lignes rembrunies; côtés du cou et
dos bruns, avecquelques taches blanches ; de-
vant du cou, poitrine e*t abdomen d'un blanc
pur tacheté de noir. — Habite la Nouvelle-
Hollande.
L'OEdicnème Tachard, OEdic. maculosus
G. Cuv. , OEdic. capensis Lichst. (Cat.t
n. 715; Temm., pi. col., 292). D'un brun
roussâtre taché longitudinalement de brun
noirâtre en dessus; moustaches, menton et
gorge d'un blanc pur; parties inférieures
d'un blanc roussâtre strié de noir. — Habite
les plaines arides de l'Afrique.
L'OEdicnème vocifère ,. OEdic. vocifer
Lherminier {Magas. de zool., cl. II, n° 84).
Burhinus {Burhinus, Illiger).
Bec épais, fort, plus long que la tête, très
comprimé sur les côtés, renflé en dessus et
en dessous, tronqué à la pointe.
L'OEdicnème a gros bec, OEdic. magni-
rostris Shaw. (Temm., pi. col., 387 ). Des-
sus de la tête et un trait à l'angle du bec
noirs ; sourcils et gorge d'un blanc pur, cou
OEM
OEDI
733
gris vermiculé ; rémiges et rectrices noires;
pieds verts. Habite la Nouvelle-Hollande, la
terre des Papous.
Esacus (Esacus, Lesson ; Carvanaca ,
Hodgson).
Bec très comprimé sur les côtés, obtus à
sa pointe et recourbé en haut, de façon que
sa face supérieure est concave et sa face in-
férieure convexe.
L'OEdicnème a bec recourbé , OEâic. re-
curviroslrisGax., Swains. (Temrn., pi. col.,
387 ). Dessus du corps gris-blanc; parties
inférieures, front, sourcils, trait sur la joue,
blancs ; occiput , joues et trait à l'angle du
bec, noirs ; tarses verts. — Habite l'Inde.
M. Lesson pense que c'est à cette division
que doit probablement se rapporter le Cha-
radrius crassirostris de Spix. (Z. G.)
*0EDICNÉ1MNÉES. OEdicneminœ. ois.
— Sous-farnille de l'ordre des Eehassiers,
établie par G.-R. Gray, dans son List of
the gênera , pour les genres OEdicnemus ,
Esacus et Burhinus. Voy. oedicnème.
(Z. G.)
*0EDIC0R1PHUS (ûî&co, je renfle; xo-
pvcpyj, vertex). rept. — Genre établi par
Wagler pour le Dasilicus vitlatus , que la
plupart des erpétologistes laissent dans le
genre Basilic. (P. G.)
ŒDIONYCIHS(c?(?oç, renflement; fa%t
ongle), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille , fa-
mille des Cycliques , tribu des Alticites ,
créé par Latreille ( Règne animal de Cuvier,
t. V , p. 1 54 ) aux dépens des deux pre-
mières familles du genre Allica d'Illiger.
Dejean, qui a adopté ce genre ( Catalogue,
3* édit., p. 408), en éuumère 117 espèces,
qui toutes sont originaires d'Amérique; ce
nombre est bien plus élevé, mais d'un autre
côté il devra être réduit, attendu que plu-
sieurs accouplements nous ont offert des dif-
férences de coloration très considérables
entre des individus mâles et des femelles ,
qui ont été désignés comme espèces. Le
corps de ces Insectes est ovalaire ; leurs
étuis sont un peu aplatis , et le dernier
article des tarses postérieurs est renflé en
boule. Nous citerons comme faisant partie
du genre les espèces suivantes : OE. petau-
risla , miniata , bicolor , fasciata , discoidea,
\0-guttata, oculata, sellata, thoracica, con-
cinna, quercata, obsidia, lateralis F.,dimi-
diata, abdominalis, 11 -punctata et umbra-
tica 01., etc., etc. (C.)
*GEDIPACI-INE , Link (Hort. Berol., I,
51). rot. ph. — Syn. d'Eriochloa, Kunth.
OEOÏPE. OEdipus. mam. — Espèce par-
ticulière du genre Ouistiti ( voy. ce mot),
dont M. Lesson ( Nouveau tableau du règne
anim., Mamm., 1842) a fait un sous-genre
distinct, ne contenant qu'une seule espèce,
qui porte le nom à'OEdipus tili Lesson
(loc.cit.). (E. D.)
OEDIPODE. OEdipoda (oÎ?g?} renfle-
ment; ttoS;, pied), ins. — Genre de l'ordre
des Coléoptères, tribu des Acridiens, famille
des Acridides, établi par Latreille, et dont la
plupart des espèces rentrent dans les genres
Acridium, Oliv. , Brull., Dej. ; et Gryllus ,
Linn., Eab., Charp. Ces Insectes présentent
les caractères suivants : Pattes de forme et
de grandeur ordinaires; les quatre premiè-
res jambes plus ou moins épineuses en des-
sous ; les postérieures munies en dessus de
deux rangées d'épines. Tête verticale; trois
ocelles, celui du milieu plus ou moins dis-
tinct. Antennes filiformes, longues, multi-
articulées. Prothorax de grandeur moyenne,
avec une carène médiane. Prosternum mu-
tique; poitrine large. Abdomen allongé, un
peu comprimé , terminé , dans les femelles,
par quatre pièces pointues à l'extrémité.
Yeux assez grands, souvent ovalaires. Palpes
filiformes. El y très ordinairement plus lon-
gues que l'abdomen; ailes de la même lon-
gueur que les élytres.
Les espèces de ce genre sont assez nom-
breuses, et paraissent dispersées sur toute
la snrfaee du globe. M. Audinet-Serville
(Orthoptères , Suites à Buffon) en décrit 29.
Les plus communes en France, surtout aux
environs de Paris , sont les OEdipode ensan-
glantée, OEdip. grossa (Acridium grossum
Oliv. , Lato. , Acr. rubripes Deg. , Criquet
ensanglanté Geoff. , Gryllus grossns Linn. ,
Gr. germanicus Stoll., Saul. , etc.), qui se
trouve quelquefois en immense quantité
dans les prairies basses et humides; et
OEdipode bimouchetée , OEdip. biguttula
(Acridium bigullulum Oliv. , Deg. , Latr.,
Gryllus bigullulus Linn., etc.), qu'on ren-
contre abondamment, a la fin de l'été et en
automne, dans les herbes, les gazons, les
prairies.
734
OEGI
OEIL
Ces Insectes ont tout-à-fait les mœurs des
Acridiens, et exercent de grands ravages
dans les pays qu'ils habitent. (L.)
*OEDIPODES(0Tcîoç, renflement; «ouç,
pied). Ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille , famille des
Cycliques, tribu des Alticites, établi par II-
liger (Magazine sur Insectenkunde, 1807),
et adopté par Dejean (Catalogue , 3e édit.,
p. 408), qui en énumère quatre espèces : les
OE. iuberculatus , inœqualis , nubilus et hir-
tellus Dejean. Les trois premières sont ori-
ginaires du Brésil, et la quatrième est indi-
gène des États-Unis. Le corps de ces Insectes
est petit , pubescent ; leurs tarses sont
grêles, mais le dernier article est renflé en
boule. (C.)
*OEDÏPODIUM ( oTcJoç , grosseur ; ™0ç ,
pied), bot. cr. — Genre de la famille des
Mousses bryacées, établi par Schwaegrichen
(SuppL, II, 15, t. 105) pour de petites
Mousses annuelles, gazonnantes, trouvées
dans les montagnes de la Bretagne.
OEDMANNIA , Thunb. ( Act. Holm. ,
1809, p. 281, t. 4). bot. ph. — Syn. de
Rafnia, Thunb.
OEDOGOIMIUM, Link {in Hort. phys.,
5). bot. cr. — Syn. de Conferva, Ag.
*OEDOSOMA ( oî&s, renflement; «xS^ec,
corps). Ins. — Genre de l'ordre des Hémip-
tères hétéroptères, section des Géocorises ,
groupe des Pentatomides , établi par MM.
Amyot et Serville (Hémiptères, Suites à
Buffon, t. I, p. 128) aux dépens des Penta-
toma. L'espèce type et unique est VOEdos.
acroleucum (Pentatoma id. Pert., Cimex
acroleucus Burm.), de Cayei ie. (L.)
*QEDERA (oî<îoç, renflement; ovpd,
queue), rept. — Genre de Reptiles sauriens
établi par M. Gray dans la famille des Gec-
kos. (P. G.)
*OEGITIÎALES. OEgithali. ois. — Fa-
mille établie par Vieillot , dans l'ordre des
Passereaux , pour des espèces qui ont un
bec court, emplumé à la base ou cilié sur
les angles, à pointe épaisse, ou grêle, quel-
quefois échancrée. Elle renferme , pour
Vieillot, les genres Mésange, Mégistine,
Tyranneau, Pardalote et Manakin. M. Les-
son, dans son Traité d'ornithologie, a créé,
sous le nom de Mésanges, une famille qui
correspond à celle des OEgithales, mais de
laquelle sont exclus les genres Manakin ,
Mégistine et Tyranneau, et dont font partie
les Pitpits (Dauris, Cuv.). (Z. G.)
*OEGOLIE!\S. OEgolii. ois. — Famille
établie par Vieillot, dans l'ordre des Râpa ces
(Accipiires), pour les Oiseaux de proie noc-
turnes, (Z. G.)
*OEGOTHELES, Vigors et Horsfield . ois.
syn. de Caprimulgus. V. engoulevent. (Z.G.)
"OEIDEA. crust. — Ce nom désigne, dans
la Faune du Japon , un nouveau genre de
Crustacés établi par M. Dehaan. Cette
coupe générique, qui appartient à la famille
des Décapodes brachyures et qui vient se
placer tout près des Corystes , a pour type
VOEidea 20-spinosa Dehaan (Faune jap.9
tabl. 2, fig. 5). (H. L.)
OEIL. Oculus. anat. et physiol. — L'OEil
est, chez tous les animaux doués de la vue,
l'organe indispensable de la vision ; et c'està
tort que l'on a attribué à la peau cette fa-
culté. En effet, la lumièreagit, soit physique-
ment, soit chimiquement, sur tous les corps
de la nature, et par conséquent sur les
membranes et les téguments de tous les
animaux; elle les frappe, elle les stimule à
sa manière, elle en modifie les propriétés ,
elle en change quelquefois les caractères;
mais cette faculté de recevoir l'image de la
forme et l'image des couleurs, de repro-
duire, dans un point extrêmement circon-
scrit de l'organisme, le monde extérieur en
miniature, l'OEil seul en possède l'admirable
privilège.
Cet organe consiste essentiellement en
une expansion nerveuse spéciale, organisée
pour être impressionnée par l'image de
l'objet et par un appareil dont la double
destination est de laisser pénétrer jusqu'à
cette expansion nerveuse les rayons lumi-
neux, et de les empêcher de se réfléchir et de
passer au-delà. Une expansion nerveuse, qui
s'appelle rétine dans la plupart des cas , une
cornée transparente et une choroïde; voilà
les trois parties constituantes de tout OEil,
sans lesquelles l'OEil ne saurait être, ni la
vision s'exécuter. Il se joint à ces trois pièces
de l'appareil oculaire une quatrième pièce,
destinée à soutenir l'expansion nerveuse
quand elle se fait sous forme de rétine, c'est
une sclérotique.
Réduit à sa plus simple expression chez
les animaux inférieurs, l'organe de la vision
se montre de plus en plus complexe à nie-
OEIL
OEIL
OJ
sure que l'on s'élève davantage dans l'é-
chelle zoologique. Ainsi l'on est sûr de ren-
contrer d'abord les trois parties constituantes
que nous venons d'indiquer; puis on voit
s'y joindre la quatrième; puis apparaissent
d'autres parties propres à faire converger
les rayons lumineux , c'est-à-dire un cris-
tallin, d'abord extérieur, puis intérieur;
puis un corps vitré, puis d'autres parties
•destinées à mieux protéger l'OEil , à le mou-
voir, à en lubrifier la surface, à le sous-
traire à la lumière, selon la volonté de
l'animal; à en modifier la sphéricité pour
l'adapter aux distances, etc.
Sans parler ici de l'organisation de l'ap-
pareil visuel chez les Infusoires, si bien
décrit par Ehrenberg, contentons-nous de
mentionner celui des autres classes.
Où l'OEil est le plus simple , c'est incon-
testablement chez les Insectes ; mais pour
le trouver, il faut décomposer les yeux com-
posés et à nombreuses facettes de ces ani-
maux; on trouve alors une expansion du
nerf optique qui s'étend, sous forme de
rayon, jusqu'à la surface de l'OEil , et s'y
termine par une pyramide dont le sommet
est au nerf et la base à la cornée , pyramide
qui tient lieu de corps vitré, et est entou-
rée de pigment; quant à la cornée , qui fait
l'office de cristallin et de conjonctive, elle
n'est qu'une modification de la peau en-
durcie. Ici point de rétine, point de scléro-
tique. Rudimentaire chez la plupart des
Mollusques, l'OEil est composé, chez ceux
qui sont pourvus de cet organe, de parties
essentielles et d'enveloppes : les premières
sont une sclérotique amincie et transpa-
rente au milieu , une membrane vasculaire
à pigmentum et une membrane nerveuse;
les autres sont des moyens de perfectionne-
ment dioptrique ou accessoires et relatifs à
la protection de l'organe et à sa mobilité.
D'ailleurs, tantôt l'OEil est sessile et se meut
sans déplacement ou reste immobile, tantôt
il est placé à l'extrémité d'un appendice qui
le fait jouir d'une véritable locomotion.
Si nous arrivons aux Poissons, nous y
trouvons presque au complet l'appareil en-
tier des vertébrés supérieurs : une rétine et
une choroïde , puis une cornée devenue
transparente dans la partie centrale de l'axe
de l'OEil , et au-devant de laquelle passe la
peau amincie , véritable conjonctive ; un
cristallin très volumineux et presque sphé-
rique, des muscles pour mouvoir le globe
oculaire; mais très peu d'humeur vitrée et
d'humeur aqueuse, point de paupière pro-
prement dite et point d'appareil lacrymal.
Ces dernières parties se trouvent chez les
Reptiles; mais on n'y rencontre pas encore
de procès ciliaires,ou ils n'y sont que rudi-
mentaires , comme chez quelques Poissons,
et l'iris est très peu mobile.
C'est chez les Oiseaux et les Mammifères
que l'OEil offre son plus complet dévelop-
pement; si, sous certains rapports , celui
des premiers l'emporte sur celui des seconds,
sa mobilité plus grande chez ceux-ci ; la dis-
parition de tous les tissus osseux, l'oblité-
ration partielle des membranes vasculaires,
et le développement des organes lacrymaux,
donnent la supériorité à celui des Mammi-
fères; et ce qui assure à celui de l'Homme
la prééminence sur tous ceux des autres
êtres, c'est le grand développement propor-
tionnel de la rétine.
Nous allons d'abord décrire en détail
l'organisation de l'OEil chez l'Homme; puis
nous comparerons à cet appareil visuel celui
des différents animaux; après quoi nous
exposerons le mécanisme de la partie phy-
sique de la vision.
De l'OEil chez V Homme.
L'OEil de l'Homme se compose : 1° de
parties principales; 2° de parties accessoi-
res. Les premières forment le globe ocu-
laire, les secondes protègent ce globe; ce
sont les tectamina oculi de Haller.
1° Parties principales de VOEU.
Le Globe oculaire est situé dans la ca-
vité orbitaire ; il est d'un volume peu
considérable eu égard à la capacité de celle-
ci ; sa forme est celle d'un sphéroïde régu-
lier, surmonté en avant par un segment de
sphère plus petite, ce qui augmente le dia-
mètre antéro-postérieur de l'organe, qui
est de 25 millimètres , tandis que les autres
n'en ont que 22. Il est constitué par des
membranes et des humeurs : les premières
sont la sclérotique , la cornée transparente,
la choroïde, l'iris et la rétine; les humeurs
sont le corps vitré, le cristallin et l'humeur
aqueuse.
La Sclérotique, membrane la plus dure,
36
OEIL
OEIL
comme son nom l'indique , est la plus ex-
térieure du globe oculaire; elle lui donne
sa forme; elle est d'un blanc nacré, très
résistante, inextensible, percée en arrière
pour le passage du nerf optique, et en
avant pour l'insertion de la cornée transpa-
rente. Sa structure est fibreuse, et ses fibres
entre-croisées en différents sens; son épais-
seur, plus grande en arrière, est moindre
en avant. C'est en vain qu'on a cherché à
y distinguer deux lames chez l'Homme ; et
il n'est point vrai que la dure-mère, non
plus que la pie-mère, se continue dans
cette membrane.
La Cornée transparente complète en avant
le globe oculaire , dont elle forme un cin-
quième ; sa circonférence est à peu près
circulaire. Sa face antérieure est convexe,
forme relief au-devant de la sclérotique, et
est recouverte par la conjonctive, excessive-
ment amincie en ce point. Sa face posté-
rieure est concave et en rapport avec l'hu-
meur aqueuse. Elle est taillée en biseau à
sa circonférence aux dépens de sa face ex-
terne, et adhère au biseau taillé en sens in-
verse au pourtour de la sclérotique ; elle
adhère à tel point à cette dernière, qu'on
ne parvient à l'en isoler que par l'ébulli-
tion ou une macération prolongée. La cornée
transparente est plus épaisse que la scléro-
tique, et se compose, non pas de fibres, mais
de lamelles, au nombre de huit à dix. On
n'y distingue ni nerfs ni vaisseaux.
La Choroïde est, comme son nom l'in-
dique , la membrane vasculaire; elle tapisse
la face interne de la sclérotique dans toute
son étendue, et y adhère par les vaisseaux
et les nerfs ciliaires et par un tissu cellu-
laire très fin. Cette face externe est cou-
verte d'un pigmentum noir; l'interne est
en rapport avec la rétine sans y adhérer, et
présente un pigmentum encore plus épais.
Macérée flans l'eau, la choroïde devient d'un
blanc grisâtre par le détachement de ce
pigmentum ; elle paraît composée d'une
multitude de vaisseaux artériels et veineux
unis ensemble par du tissu cellulaire. Cepen-
dant l'aspect différent de la surface externe
et de la surface interne de la choroïde a fait
admettre dans cette membrane deux lames,
► dont l'interne a été appelée Ruyschienne,
du nom de l'auteur qui l'a le mieux décrite.
D'après une manière de voir qui n'est pas
sans quelque fondement, la lame interne
concourrait seule à la formation des procès
ciliaires, et la lame externe correspondrait à
l'anneau ciliaire. La choroïde est percée, en
arrière, d'une ouverture pour le passage du
nerf optique; en avant, vers l'union de la
sclérotique avec la cornée, elle se termine à
un anneau blanchâtre.
Cetanneau est le cercle ciliaire , zone cir-
culaire de 2 à 3 millimètres de largeur;
situé entre la choroïde , l'iris et la scléro<
tique, il adhère beaucoup plus à la pre-
mière de ces membranes , dont il semble
une véritable dépendance. Son épaisso"'- est
considérable; sa face externe correspond à
la sclérotique, l'interne aux procès ciliaires,
La grande circonférence tient à la choroïde
et reçoit les nerfs ciliaires; la petite fait
saillie au-devant de l'iris qu'elle enchâsse.
La consistance molle et pulpeuse du cercle
ciliaire et le grand nombre de nerfs qu'il
reçoit l'ont fait considérer comme un gan-
glion nerveux.
Les Procès ciliaires sont de petits corps
disposés en rayons, à la manière du disque
des fleurs radiées et qui se portent du
cercle ciliaire sur le corps vitré, à la circon-
férence de la partie postérieure du cristal-
lin. L'ensemble des procès ciliaires s'appelle
corps ciliaire; ils sont triangulaires, au
nombre de 60 à 80, de 3 millimètres environ
de longueur, les uns plus petits, les autres
plus grands, alternativement; ils sont reçus
dans des enfoncements spéciaux du corps
vitré, auquel ils paraissent d'ailleurs adhé-
rer par un enduit noirâtre interposé entre
eux. L'admirable description qu'en adonnée
Zinn , porte à les considérer comme de na-
ture vasculaire, et comme des dépendances
ou des plis de la lame interne de la cho-
roïde.
L'Iris est une cloison membraneuse cir-
culaire, placée verticalement dans la partie
antérieure du globe vasculaire, à la réunion
de la sclérotique avec la cornée , dans ce
même point de rendez-vous de la choroïde ,
du cercle et des procès ciliaires , divisant
ainsi l'intervalle compris entre la cornée
et le cristallin en chambre antérieure et
chambre postérieure. L'ouverture qu'elle
présente à son centre pour l'introduction
des rayons lumineux s'appelle pupille et est
circulaire chez l'Homme. Ses dimensions
OEIL
OEIL
73?
varfent suivant l'intensité plus ou moins
grande de la lumière. C'est là la petite cir-
conférence de l'iris ; la grande circonférence
s'enchâsse, comme nous l'avons déjà dit ,
entre le cercle ciliaire qui le déborde un peu
en avant , et les procès ciliaires qui le débor-
dentun peu en arrière. C'est la face antérieure
de l'iris, diversement nuancée, suivant les
individus, que l'on aperçoit à travers la
cornée transparente et qui donne à l'OEil
sa couleur. Quelle que soit cette couleur ,
elle présente deux nuances d'intensité , une
plus foncée formant comme un petit anneau
concentrique, une moins foncée compre-
nant les deux tiers extérieurs de la mem-
brane. Sur cette même surface on observe
60 à 80 stries saillantes et radiées, plus ou
moins flexueuses , qui commencent à la
grande circonférence de l'iris et vont se ter-
miner à la pupille où elles se bifurquent. Sa
face postérieure est couverte d'une couche
épaisse de pigmentum et a reçu le nom
û'uvée; mais lorsqu'elle en est dépouillée ,
elle paraît blanche et lisse. Quant à la struc-
ture de l'iris, il est difficile de se prononcer à
cet égard : suivant les uns , elle serait mus-
culeuse; selon d'autres, elle serait vascu-
laire et érectile. Quoi qu'il en soit, elle re-
çoit beaucoup de vaisseaux et de nerfs, qui
proviennent , ceux-ci des nerfs ciliaires ,
ceux-là des artères ciliaires longues.
L'ouverture pupillaire , chez le foetus,
est bouchée par une membrane dite mem~
brane pupillaire, qui paraît constituée par
deux feuillets entre lesquels rampent des
vaisseaux sanguins, suivant M. J. Cloquet.
Elle se déchire vers le septième mois dé
la grossesse.
La Rétine est la troisième membrane que
l'on trouve à la section de l'OEil de dehors
en dedans. Elle répond, par sa face externe,
à la face interne de la choroïde dont la sé-
pare le pigmentum; sa face interne est ap-
pliquée sur le corps vitré sans y adhérer.
Elle commence en arrière au petit tuber-
cule formé par le nerf optique, dont elle
est un épanouissement , et s'étend jusqu'aux
procès ciliaires. Elle est molle, pulpeuse,
d'un blanc grisâtre, demi-transparente. Elle
forme en arrière plusieurs plis, sous l'un
desquels Sœmmering a découvert un trou
entouré d'une zone jaune-serin ; c'est la
tache jaune de Sœmmering. C'est ce point
i. vin.
qui répond à l'axe antéro-postérieur du
globe de l'OEil ; car l'insertion du nerf op-
tique est un peu en dedans.
Voilà pour les membranes de l'OEil ;
voyons maintenant les humeurs.
Lv Humeur vitrée est la plus importante par
son volume, car elle occupe les trois quarts
postérieurs du globe oculaire. Elle s'appelle
aussi corps vitré ou hyaloïde, à cause de sa res-
semblance avec du verre fondu. Elle formeun
corps sphéroïde, transparent, dans lequel on
distingue une humeur et une membrane. Le
liquide est contenu dans la membrane ; mais
celle-ci, au lieu de former une simple en-
veloppe extérieure , fournit à l'intérieur des
prolongements lamelleux qui constituent un
nombre indéterminé de loges ou cellules
dans lesquelles est contenue l'humeur vitrée.
D'où il résulte qu'une ponction faite au corps
vitré ne fait sortir qu'une petite partie du
liquide, du moins immédiatement; car, à
la longue, le reste finit par s'échapper par
suite de la communication des loges entre
elles.
Au niveau de l'entrée du nerf optique
dans l'OEil , la membrane hyaloïde se réflé-
chit sur elle-même, pour former un canal
qui traverse directement, d'avant en arrière,
le corps vitré. Arrivée aux procès ciliaires,
cette membrane se divise en deux lames ,
dont l'une passe au-devant du cristallin et
de sa capsule, et dont l'autre tapisse la
concavité du corps vitré qui le reçoit, lais-
sant ainsi, tout le long de la circonférence
du cristallin, un espace triangulaire appelé
canal godronné de Petit , parce qu'il pré-
sente de petits renflements.
Le Cristallin est un corps lenticulaire par-
faitement transparent, placé entre le corps
vitré, qui est en arrière, et la pupille, qui
est en avant, et dont il est séparé par la
chambre postérieure. Son axe répond au
centre de la pupille. Sa forme est celle d'une
lentille biconvexe, dont la face postérieure
serait plus bombée que l'antérieure, excepté
chez le fœtus, où il est sphéroïdal. Il se com-
pose d'une capsule et d'une substance pro-
pre. Cette dernière , molle dans sa couche
corticale, est dure dans sa portion centrale,
qui constitue le noyau. Elle est d'ailleurs
formée de couches concentriques faciles à dé-
montrer. D'après les recherches de M. Pouil-
let, ces couches ne seraient pas exactement
93
738
OEIL
OEIL
concentriques , mais elles seraient inégales
en courbure et en épaisseur. La capsule est
exactement moulée sur le cristallin , trans-
parente comme lui. Le liquide qui existe
entre cette capsule et le cristallin a reçu le
nom d'Humeur de Morgagni.
Enfin, Y Humeur aqueuse complète les par-
ties contenues dans le globe oculaire; c'est
un liquide parfaitement transparent, qui
remplit l'espace qui s'étend du cristallin à
la cornée transparente , espace partagé en
deux par l'iris, d'où la chambre antérieure
et la chambre postérieure: la première plus
grande, la seconde plus petite; toutes deux
remplies par ce liquide et communiquant
Tune avec l'autre par l'ouverture pupillaire.
La quantité de l'humeur aqueuse est évaluée
à 25 centigrammes; l'analyse chimique y a
trouvé, sur 100 parties, 90,10 d'eau, quel-
ques traces d'albumine et de chlorure de
sodium. Cette humeur paraît, d'après les
recherches de Zinn et celles plus récentes
de Demours, être sécrétée par une mem-
brane particulière, qui, partant de la face
postérieure de la cornée transparente, se ré-
fléchirait sur,la face antérieure de l'iris, tra-
verserait la pupille, et revêtirait sa face pos-
térieure. Mais ce trajet de la membrane
n'est point chose démontrée.
Tel est le globe oculaire, partie essentielle
de l'appareil visuel, qui suffit à la vision ,
et sans lequel la vision n'aurait pas lieu.
Maintenant, les parties oculaires dont il
nous reste à parler viennent s'ajouter aux
précédentes , pour les protéger et faciliter
l'exercice des fonctions qui leur sont dé-
volues.
2° Parties accessoires de VOEU.
Les yeux , contenus dans les orbites , ca-
vités, osseuses qui les protègent, sont recou-
verts par les paupières armées de cils et
surmontées des sourcils; ils sont entourés
«le six muscles qui les meuvent en tous sens,
et leur surface antérieure est incessamment
lubrifiée par le fluide que sécrète la glande
lacrymale.
Il serait inutile de décrire les Orbites, qui
font partie de la face; je rappellerai seule-
ment les os qui contribuent à former ces
cavités par leur jonction : ce sont le frontal,
le maxillaire supérieur, l'ethmoïde, le sphé-
noïde, l'os unguis, l'os malaire et l'os pa-
latin.
Les Paupières, au nombre de deux de
chaque côté, sont des voiles mobiles qui re-
couvrent la face antérieure de l'OEil par
leur rapprochement, et qui, par leur écar-
tement, le laissent à découvert. L'une des
paupières est supérieure, l'autre inférieure;
la première plus grande et plus mobile;
toutes deux convexes en avant, et marquées
de rides transversales plus prononcées sur
celle d'en haut que sur celle d'en bas. Elles
se réunissent l'une à l'autre aux extrémités
du diamètre transversal de l'OEil, en for-
mant deux angles, dont l'interne, appelé
grand angle de l'OEil, est plus ouvert que
l'externe, par suite de la présence d'un ten-
don et d'organes particuliers, et dont l'ex-
terne, plus allongé, est situé un peu en de-
dans de l'extrémité du diamètre transversal.
Les bords libres des paupières sont taillés
obliquement en biseau aux dépens de la
face interne, de manière à former, en ar-
rière, par leur rapprochement, un canal
étroit et triangulaire , dont la base répond
au globe oculaire, et qui offre aux larmes
une voie d'écoulement. Ces bords sont gar-
nis d'un cartilage appelé tarse, qui leur
donne de la consistance; ils sont, de plus,
pourvus de poils et de glandes. Les poils
sont les cils, durs, solides, ordinairement
de la couleur des cheveux et disposés sur
trois ou quatre rangées ; plus nombreux
et plus longs à la paupière supérieure
qu'à l'inférieure. La lèvre postérieure de
ce bord libre des paupières présente une
série régulière de points blancs ou jaunâ-
tres, orifices des glandes de Meïbomius , et
dont la pression fait sortir une matière sé-
bacée sous forme de petits vers. Au grand
angle de l'OEil, un peu en arrière de l'extré-
mité des bords des paupières, existe un pe-
tit amas de glandes sébacées, analogues aux
glandes de Meïbomius , du volume d'un
grain de blé, duquel suinte une matière un
peu visqueuse , et d'où naissent quelques
poils : c'est la caroncule lacrymale.
A la réunion des cinq sixièmes externes
avec le sixième interne , le bord libre de
chaque paupière présente un tubercule très
remarquable, le tubercule lacrymal, sorte
de petite saillie qui est percée d'un trou;
ce trou est le point lacrymal, orifice du
OEIL
OEIL
739
conduit lacrymal correspondant. Le con-
duit lacrymal supérieur se porte en haut,
puis se recourbe en dedans, et vient s'ou-
vrir dans le sac lacrymal; l'inférieur, après
s'être dirigé en bas , puis en dedans vient
aussi s'ouvrir dans le même sac, mais sépa-
rément. Le sac lacrymal représente la moi-
tié d'un cylindre terminé en cul-de-sac su-
périeurement; il est situé derrière le ten-
don du muscle orbiculaire , et se termine
en bas dans le canal nasal. Les larmes, qui
pénètrent par les points lacrymaux et arri-
vent, par les conduits lacrymaux , dans le
sac lacrymal, et, de là, dans le canal nasal ,
leur dernière issue, sont sécrétées par la
glande lacrymale, organe de forme irrégu-
lièrement ovoïde, du volume d'une aveline
environ, situé à l'angle externe de l'OEil ,
dans la fossette que présente, en haut et en
dehors de l'orbite, le frontal. Une petite dé-
pendance de cette glande, formant une lé-
gère couche granuleuse, occupe la portion
externe de la paupière supérieure.
Toutes ces parties sont revêtues par la
conjonctive, membrane de l'ordre des mu-
queuses, suivant les uns, des séreuses selon
les autres, et dont le trajet est assez com-
pliqué. Si ou la suppose naissant au bord
libre de la paupière supérieure , où elle est
une continuation de la peau, on la voit re-
couvrir le bord, puis la face postérieure de
cette paupière jusque sous l'arcade orbitaire ;
là, se réfléchir sur le globe de l'OEil, en for-
mant un cul- de-sac, au moyen d'un repli
très lâche; s'avancer sur la sclérotique,
jusque sous la cornée transparente où elle
s'amincit tellement qu'on en a nié l'exis-
tence en ce point; recouvrir la face infé-
rieure du globe de l'OEil, toujours accolée à
la sclérotique, et se réfléchir en bas, comme
en haut, sur la face postérieure de la pau-
pière inférieure, encore au moyen d'un re-
pli très lâche et très mobile. En dedans,
cette membrane pénètre, par les points la-
crymaux, dans les conduits lacrymaux, va
revêtir tout l'appareil excréteur des larmes
et se continuer avec la membrane muqueuse
nasale. Dans ce même angle interne la con-
jonctive forme un petit repli semi-lunaire,
à concavité dirigée en dehors, et que l'on
considère comme le vestige de la troisième
paupière des animaux.
Des huit rmtsdcs qui sont affectés à l'appa-
reil de la vision, deux appartiennent aux pau-
pières, ce sont: 1° Y orbiculaire despaupièrest
composé de deux segments, un supérieur et un
inférieur, et qui a pour usage de rapprocher,
par sa contraction , les paupières l'une de
l'autre au-devant du globe de l'OEil; 2°Yélé"
valeur de la paupière supérieure, situé dans
l'intérieur de l'orbite, d'avant en arrière,
s'attachant, dans ce dernier sens, à la gaîne
fibreuse du nerf optique, et, en avant, à la
partie inférieure de la paupière supérieure
où il se termine en s'épanouissant comme
une membrane. Les quatre autres muscle»
appartiennent en propre au globe oculaire ;
ce sont: 3° le droit supérieur, ou élévateur,
placé au-dessous du précédent, se fixant en
arrière , en partie à la gaîne fibreuse du
nerf optique, en partie à la partie interne
delà fente sphénoidale, et qui vient se termi-
ner à la partie supérieure du globe de l'œil ;
4° le droit inférieur ou abaisseur, qui naît
en bas du pourtour du trou optique, d'un
tendon commun à lui et aux deux suivants,
nommé tendon de Zinn et se termine en
bas du globe de l'OEil, comme le précédent
en haut; 5° le droit interne ou adducteur,
qui naît du tendon de Zinn, et de la partie
interne de la gaîne fibreuse du trou optique,
et se termine sur la partie interne du globe
de l'OEil; 6° le droit externe, qui naît,
comme le précédent, du tendon de Zinn,
mais, de plus, de la gaîne fibreuse du nerf
moteur externe, et finit en dehors du globe
oculaire; 7° le grand oblique ou oblique
supérieur, qui naît de la gaîne fibreuse du
nerf optique, à côté des droits supérieur et
interne, et de là se porte en dedans de
l'orbite , arrive à la poulie cartilagineuse
fixée au bord supérieur et interne de l'or-
bite, où il se réfléchit, et va en bas, en de-
hors et en arrière , se fixer sur le côté in-
terne du globe de l'OEil. Quand ce muscle
agit, il porte le globe de l'OEil en avant et en
dedans, en lui faisant éprouver un mouve<
ment de rotation qui dirige la pupille en baf
et en dedans ; 8° le petit oblique ou obliqua
inférieur, qui s'insère, d'un côté, à la partie
antérieure et interne du plancher de l'or-
bite, d'où il se porte de bas en haut, de de-
dans en dehors, et un peu d'avant en ar-
rière, jusqu'à la face inférieure du globe de
l'OEil, qu'il porte, par sa contraction , en
avant et en dedans, dirigeant la pupille en
'4G
OEIL
OEIL
haut et en dehors, à l'inverse du grand
oblique.
Telles sont les parties accessoires de l'OEil.
Des artères nourrissent tout cet appareil vi-
suel, et des nerfs lui donnent le mouvement
et la sensibilité; c'est l'artère ophthalmique,
branche principale de la carotide interne,
qui fournit à l'OEil ses artères, qui sont les
ciliaires courtes et longues, l'artère centrale
de la rétine, les musculaires et les palpé-
braies.
Les nerfs qui entrent dans l'appareil ocu-
laire sont : 1* Le nerf optique, dont la ré-
tine est une expansion; 2° la troisième paire
cérébrale ou moteur oculaire commun, qui va
à tous les muscles de l'OEil , moins le droit
externe et le grand oblique ; 3° la quatrième
paire ou pathétique, qui se rend au grand
oblique; 4° la sixième paire ou moteur ocu-
laire externe, qui se distribue au muscle
droit externe; 5° le nerf lacrymo-palpébral,
qui vient de la branche ophthalmique de la
cinquième paire, et est destiné à la glande
lacrymale et à la paupière supérieure; 6° les
nerfs ciliaires, qui viennent du ganglion
ophthalmique et communiquent avec la cin-
quième paire par un rameau venu du nerf
nasal. D'ailleurs, ces nerfs cérébraux sont
en rapport avec les nerfs ganglionnaires par
ce ganglion ophthalmique, qui communique
avec le ganglion cervical supérieur, et par
les filets que reçoivent la troisième et la
sixième paire du plexus caverneux.
L'appareil oculaire reçoit également des
vaisseaux lymphatiques, et a des veines cor-
respondantes à ses artères.
I. De l'OEil chez les Mammifères. Dans
cette classe, les yeux sont au nombre de
deux, comme nous venons de le voir pour
l'Homme; ils sont situés des deux côtés de
la tête, et les Quadrumanes sont les seuls
chez lesquels ils en occupent, comme chez
l'Homme, la face antérieure. Leur volume
varie singulièrement, et, si on les compare
à ceux de la classe des Oiseaux , on les trouve
généralement petits, aussi bien en propor-
tion de la tête qu'eu égard au cerveau.
Ainsi , excepté chez quelques espèces qui
semblent avoir quelques rapports avec les
Oiseaux, comme divers Rongeurs, les Ma-
kis, etc., ils sont réellement petits; et même
chez les Mammifères fouisseurs, comme la
taupe, la Musaraigne, et chez ceux d'une
grande taille, comme les Cétacés, comme
l'Hippopotame, l'Éléphant, ils sont d'une
petitesse excessive ; quelques uns même
ont leurs yeux complètement cachés sous les
téguments, comme chez le Spalax typhlust
la Talpa cœca et le Sorex aureus.
La forme de l'OEil est ordinairement sphé-
rique ; cependant cet organe est un peu
aplati en devant chez les Cétacés ; dans d'au-
tres espèces, au contraire, la cornée est un
peu bombée en avant, conformation dont
la Taupe nous offre, pour ainsi dire, un
type exagéré, car ici la cornée est presque
conique. D'après Tiedemann, l'OEil de la
Marmotte est plus étendu en largeur qu'en
hauteur ; il en est de même, mais d'une ma-
nière moins marquée, chez les Ruminants.
En général , dit Carus , l'axe transversal
l'emporte sur le longitudinal, sauf les Singes
et les Chéiroptères , qui ont , de même
que l'Homme, l'axe antéro-postérieur plus
étendu.
Quelque chose contribue à rendre les
mouvements de l'OEil généralement vifs
dans cette classe, c'est l'existence de la pou-
lie sur laquelle roule le tendon du muscle
oblique supérieur; mais il faut noter que,
suivant Rudolphi, cette poulie n'existe pas
chez les Baleines et les Dauphins. D'après
le même anatomiste, chez le Tigre et le
Lion, le muscle grand oblique se bifurque
des deux côtés du droit supérieur, de même
que le petit oblique des deux côtés du droit
inférieur. On trouve d'ailleurs chez les Mam-
mifères les quatre muscles droits, qui sont
excessivement développés chez l'Éléphant,
malgré la petitesse relative de l'OEil de cet
animal, puisqu'il n'a que 3 à 4 centimètres.
Un muscle en forme d'entonnoir, entourant
le nerf optique , existe chez la Taupe , et
remplace tous les autres muscles. Les pau-
pières sont conformées à peu près comme
celles de l'Homme, à cette différence près
que le repli demi-circulaire de la conjonc-
tive, que nous avons signalé chez l'Homme,
prend un développement considérable, et
constitue une véritable troisième paupière,
dans laquelle se trouve souvent une plaque
cartilagineuse , mince et transparente ,
comme chez le Lièvre et le Cheval. Une pla-
que semblable a été trouvée, par Albers ,
dans la paupière inférieure de quelques
Singes. Les travaux d'Albers, Rudolphi et
OEIL
OEIL
741
Rosenthal ont démontré l'existence de fi-
bres musculaires dans la troisième paupière
chez le Phoque , le Chien , l'Hyène et
quelques autres animaux. L'Échidné n'a
qu'une seule paupière circulaire, suivant
Home. Quant aux paupières des Cétacés,
elles ne consistent qu'en un bourrelet
adipeux presque immobile, et ressemblant
ainsi beaucoup à celles des Poissons. Les
glandes et les voies lacrymales sont tout-
à-fait analogues à celles de l'Homme; ce-
pendant on trouve quelquefois la glande de
Harder, dont nous parlerons à l'occasion des
Oiseaux. Lorsque la troisième paupière est
très développée, comme chez le Lièvre, la
caroncule lacrymale disparaît. Chez les ani-
maux dont les yeux sont très petits, tels que
la Taupe et la Musaraigne, Carus n'a pu
trouver aucune trace des organes dont nous
parlons ici; ils n'existent pas non plus chez
les Cétacés.
Il est une particularité qui mérite d'être
mentionnée, c'est que, pendant neuf à qua-
torze jours à partir de la naissance, la pu-
pille reste bouchée par la membrane pupil-
laire chez le Chien , le Chat , le Lièvre , la
Souris, etc., et que les paupières restent
closes pendant le même espace de temps*
Carus, qui a examiné avec attention cette
membrane pupillaire dans les jeunes Chats,
est disposé à croire qu'elle est une conti-
nuation de la conjonctive.
Cette dernière membrane apparaît comme
la continuation de la peau. On y distingue
nettement, chez les grands Mammifères,
trois couches : l'épiderme sous forme d'épi-
thélium, le corps muqueux réticulaire et le
derme, avec une couche de graisse.
La sclérotique est conformée comme celle
de l'Homme, et n'offre aucune ossification;
mais elle a une force extraordinaire chez les
Cétacés, et son épaisseur n'est pas la même
partout. Ainsi, dans la Baleine, dont l'OEil
a le volume d'une orange, l'épaisseur de la
partie postérieure de la sclérotique s'élève,
d'après Blumenbach et Scemmering, à plus de
2 centimètres. Suivant ces observateurs,
tandis que la partie postérieure de cette
membrane est extrêmement épaisse , sa
région moyenne est mince et flexible, et sa
région antérieure s'épaissit de nouveau.
M. de Blainville fait observer quecette grande
épaisseur de la sclérotique, chez la Baleine,
est probablement due à ce qu'on y comprend
la lame fibreuse plus ou moins épaisse qui
sépare les deux couches de muscles droits.
Il existe quelque chose de semblable chez le
Cochon. Cette disposition a-t-elle pour but
de rendre possible l'allongement et le rac-
courcissement de l'axe visuel , suivant la
densité du milieu et la distance de l'objet?
Cela est possible. Si l'on en croit Ramsome,
il existerait, en dedans de la sclérotique, des
fibres musculaires particulières qui se ren-
draient à la cornée.
La cornée transparente ressemble beau-
coup à celle de l'Homme; mais elle en dif-
fère sous le rapport de sa convexité et de
son étendue. Elle occupe , en effet, chez le
Porc-Épic , la moitié du globe de l'OEil ,
suivant Blumenbach ; elle est, d'après Tie-
demann, plus large que longue dans la Mar-
motte , ainsi que chez les Ruminants ; elle
fait une grande saillie dans les Carnivores.
La conjonctive , à l'endroit où l'épiderme
passe sur la cornée, forme un sac fermé.
La choroïde se distingue, suivant Meckel,
par son épaisseur chez les Carnivores, par son
peu d'épaisseur chez les Herbivores, et parla
coloration à reflets dorés, verts ou bleus de sa
face interne, qui est dépourvue de pigmen-
tum. Cette surface nacrée a reçu le nom de
tapis. Ce tapis n'existe plus chez les Rongeurs,
Le cercle ciliaire n'offre rien de remar-
quable; quant aux procès ciliaires , ils sont
plus petits chez les Souris et les Rats que
partout ailleurs ; ils n'y forment qu'un très
faible anneau. Us constituent, au contraire,
chez plusieurs Carnivores, une large cein-
ture posée à plat sur la paroi de la cavité de
l'OEil , et les extrémités de ses rayons sont
très peu saillantes. Il en est tout autrement
chez les Ruminants et les Solipèdes , où le
corps ciliaire s'étend fort loin vers le cris-
tallin , sous la forme d'une large couronne
rayonnante.
L'iris offre un grand nombre de variétés
quant à sa couleur, à sa structure, à sa lar-
geur et à la forme de la pupille.
Ainsi sa couleur est habituellement jaune,
verdâtre, le plus souvent brunâtre.
A l'égard de la structure , on peut y dis-
tinguer, chez plusieurs grands Mammifères,
chez le Bœuf en particulier, deux couches
de fibres : les unes externes, annulaires et
concentriques ; les secondes internes, excen-
742
OEIL
OEIL
triques; la couche moyenne contient des
vaisseaux et des nerfs soutenus par un tissu
cellulaire lâche.
La membrane pupillaire n'a encore été
distinctement observée que chez les Mam-
mifères.
L'iris le plus large se Yoit chez les Rats
et les Souris, où il égale presque les dimen-
sions de la choroïde. Suivant Carus l'iris
serait moins ample , proportionnellement à
l'OEil, chez les Herbivores que chez les Car-
nivores.
La pupille est ronde dans les Singes , les
Chéiroptères et les Rongeurs; transversale-
ment ovale dans les Solipèdes , les Rumi-
nants, les Baleines et les Dauphins ; ovale
de haut en bas dans le genre des Chats.
Le nerf optique, à son entrée dans l'OEil
et la rétine, ressemble tout-à-fait à ceux de
l'Homme; mais le nerf prend quelquefois la
forme d'une ligne blanche en pénétrant dans
l'OEil. Koch assure avoir suivi le nerf opti-
que de la Taupe jusqu'à l'OEil si imparfait
de cet animal.
La tache jaune centrale et le pli n'ont
encore été trouvés que chez les Singes.
La rétine, chez les Carnivores et certains
Rongeurs , ne dépasse point la moitié pos-
térieure de l'OEil ; ce qui dépend de la lar-
geur du corps ciliaire chez les premiers , et
de l'iris chez les seconds.
Les nerfs ciliaires naissent ordinairement
du ganglion ophthalmique ; mais, d'après
Mack, ce ganglion, qui est très gros dans les
Singes et les Carnivores , petit dans les Ru-
minants , et plus petit encore chez les Pa-
chydermes, serait nul dans le Cheval , tan-
dis que le Cerf en a deux et le Bœuf quatre.
L'humeur aqueuse et l'humeur vitrée res-
semblent à celles de l'Homme; mais leur
quantité proportionnelle est moindre chez
les Mammifères.
Le cristallin est ordinairement aplati;
toutefois il est presque globuleux chez les
Souris et les Rats, de même que dans les
Pinnipèdes. Chez tous, sa masse , comparée
à celle de l'OEil , est beaucoup plus grande
que chez l'Homme.
II. De VOEU chez les Oiseaux. Nous avons
vu et nous verrons encore que certaines es-
pèces des autres classes sont privées d'yeux
ou ont ces organes complètement recou-
verts par la peau; tous les Oiseaux, au con-
traire, sans aucune exception, sont pourvus
d'yeux bien conformés. Ce qui frappe, dans
cette classe, c'est le volume énorme des
yeux par rapport , non seulement au cer-
veau, mais encore à la tête entière; nous
verrons qu'il en est ainsi, et même à un
plus haut degré, chez les Insectes. Ils sont
situés dans les orbites, de chaque côté de la
tête; leur direction est donc réellement
presque entièrement latérale; cependant ils
paraissent quelquefois dirigés en avant,
comme chez les Oiseaux de proie nocturnes;
ceci tient à ce que le côté interne de l'OEil
est un peu enfoncé, tandis que l'externe se
relève. Le globe oculaire a encore six
muscles, dont quatre droits et deux obli-
ques; mais ses mouvements sont faibles,
surtout chez les Chouettes , dont le gros
OEil , muni de forts anneaux osseux , rem-
plit complètement l'orbite. La forme du
globe oculaire est hémisphérique en arrière ;
mais en avant, il existe un anneau osseux,
sorte de cylindre court, qui se rétrécit peu
à peu, et sur lequel repose la cornée trans-
parente, qui constitue une demi-sphère an-
térieure plus petite que la postérieure. Ce
cylindre fait surtout une saillie considé-
rable chez les Oiseaux de proie, notamment
chez les Chouettes; chez d'autres, au con-
traire, comme les Palmipèdes, la moitié an-
térieure de l'OEil est plus aplatie.
Les Oiseaux ont trois paupières ; des
deux qui se meuvent de haut en bas et de
bas en haut, l'inférieure est ordinairement
plus active que l'autre. C'est seulement chez
un petit nombre d'Oiseaux , comme l'Au-
truche, suivant Blumenbach , et chez quel-
ques Perroquets , qu'elles jouissent toutes
deux d'une égale mobilité. Il est remar-
quable, dit Carus, que les Oiseaux qui font
exception sous ce rapport sont principale-
ment ceux qui se rapprochent le plus de
l'Homme par l'apparition de cils à leurs
paupières, c'est à-dire d'organes tactiles ana-
logues aux longs poils des moustaches.
Presque toujours la paupière inférieure
offre une lame cartilagineuse fortement
saillante, surtout chez les Oiseaux de proie.
D'ailleurs ces deux paupières ont le muscle
orbiculaire en commun , et chacune un élé-
vateur et un abaisseur propre.
La troisième paupière , ou membrane
nyctitante , mérite une mention spéciale ,
OEIL
OEIL
43
car c'est chez les Oiseaux qu'elle acquiert
son summum de développement. Formée
par un repli de la conjonctive, elle sort ho-
rizontalement de l'angle antérieur de l'OEil,
et est mise en mouvement par un méca-
nisme particulier. En effet , à cette mem-
brane élastique s'attache un tendon long
et grêle qui fait le tour du globe de l'œil ,
est séparé du nerf optique par un petit
muscle quadrangulaire , se fixe à l'anneau
osseux de la sclérotique par un osselet par-
ticulier chez les Chouettes, et finit par dégé-
nérer en un petit muscle pyramidal. Ce
dernier, ainsi que le petit muscle carré
dont nous venons de parler, s'insère à la
conjonctive, et sert à tirer la membrane
clignotante en dehors.
Les voies lacrymales sont moins déve-
loppées chez les Oiseaux que dans la classe
précédente. On trouve, à la partie externe,
un petit corps glanduleux, analogue à la
glande lacrymale de l'Homme, à laquelle se
rattachent deux ou trois canaux qui s'ou-
vrent vers l'angle de ce côté ; mais , à la
partie interne et inférieure ou supérieure,
en existe un beaucoup plus gros, dont le ca-
nal unique s'ouvre à la face externe de la
troisième paupière. D'ailleurs, point de ca-
roncule. Les orifices lacrymaux sont deux
trous forts grands situés dans l'angle in-
terne , entre la commissure des paupières
horizontales, et la troisième; quelquefois, il
semble n'y en avoir qu'un. Ces deux ou-
vertures donnent presque immédiatement
dans le sac nasal qui est situé à la base du
nez, en avant et en dehors de l'os lacrymal,
et qui va s'ouvrir, par un orifice fort grand,
dans la partie postérieure et externe de la
fosse nasale. Jamais il n'y a de sourcils ;
mais les paupières sont quelquefois garnies
d'espèces de petites plumes d'une nature
particulière, que M. de Blainville est dis-
posé à regarder comme des cils.
La sclérotique des Oiseaux se divise en
deux parties, une élastique et l'autre os-
seuse. La première , d'après les dissections
d'Albers, consiste en trois feuillets. L'an-
neau osseux se place, en avant, entre l'ex-
terne et le moyen feuillet. Cet anneau se
compose de quinze à dix-sept petites plaques
oblongues, carrées, arrondies, et représente
tantôt un anneau plat et simple, et tantôt
un cylindre plus ou moins saillant. Ce cy-
lindre est assez long , surtout chez les
Chouettes. La cornée transparente est le
plus souvent très bombée, et portée comme
à l'extrémité d'un tube. Suivant Crampton,
elle serait rendue mobile par une couronne
de petites fibres musculaires. Le centre de la
saillie de la cornée est presque toujours
hors de l'axe du globe, et un peu plus rap-
proché de l'angle nasal.
La choroïde , abondamment chargée de
pigmentum noir, ne présente point le tapis
que nous avons vu chez les Mammifères.
Arrivée à l'anneau osseux, elle se divise en
deux feuillets , dont l'externe, plus mince,
adhère à la sclérotique, et l'autre, plus fort,
forme plusieurs plis rayonnants, un peu
flexueux, qui se terminent en avant en un
rebord peu saillant. Ceci représente le corps
ciliaire, qui est moins saillant mais plus long
que dans les Mammifères. Le feuillet ex-
terne se prolonge et se confond avec l'iris ,
qui est plus large et plus contractile que
chez les Mammifères. Il semblerait, chez les
Perroquets , que ses mouvements seraient
volontaires. D'ailleurs la couleur de l'iris,
varie beaucoup suivant les espèces, l'âge et
diverses circonstances individuelles. Ainsi,
cette membrane est d'un bel orangé dans
la Chouette, chez laquelle on distingue par-
faitement la distribution des nerfs et vais-
seaux ciliaires. La pupille est ordinairement
ronde; dans l'Oie et le Pigeon elle est un
peu tirée en travers, tandis que dans la
Chouette elle est ovale de haut en bas, d'a-
près les observations de Hildebrandt. Les
nerfs ciliaires partent du ganglion ophlhalmi-
que qui est, d'après Muck, très gros dans les
Corbeaux, les Perroquets et les Hérons,
plus petit dans les Gallinacés et les Rapaces,
et réduit presque à rien dans les Palmipèdes.
Le nerf optique traverse obliquement la
sclérotique, pénètre dans l'OEil sous l'appa-
rence d'une raie blanche, et se déploie en-
suite pour produire la rétine, qui n'a pas
beaucoup d'étendue ici, le corps ciliaire
étant très large. De la face interne de ce
nerf naît un corps noir plus ou moins com-
primé, quelquefois mince et portant sur
les deux faces des plis parallèles qui l'ont
fait comparer à un peigne, d'autres fois plissé
dans toute sa circonférence , comme une
bourse dont on aurait serré les cordons ,
suivant l'expression de M. de Blainville ; ce
7tt
OEIL
OEIL
corps se porte jusqu'à la capsule du cristal-
lin , à son côté interne, et il semble adhé-
rer à la membrane hyaloïde. On dirait qu'il
traverse en entier l'humeur vitrée; mais,
dans le fait , il est compris dans un enfon-
cement de sa membrane. Sa structure est
évidemment vasculaire; il ressemble à la
choroïde et est, comme elle, recouvert
d'un pigmentum. Le seul oiseau auquel
manque le peigne ou la bourse noire est
YArdea virgo. Dans l'Autruche, le Casoar
et le Hibou , elle ressemble à un sac coni-
que ; le nombre des plis varie de sept à seize
(Gigogne).
La rétine est à peu près la même que
chez les Mammifères ; sa mollesse et sa pul-
posité sont cependant peut-être plus grandes
que dans celte classe.
Le corps vitré, bien qu'inférieur à celui
des Mammifères , est encore assez gros re-
lativement au cristallin.
Le cristallin est plus comprimé que dans
les Mammifères; sa convexité postérieure
est plus grande que l'antérieure; on y dis-
tingue parfaitement, surtout chez le Fau-
con, des couches concentriques. II est peut-
être plus mou et plus mobile que dans les
Mammifères. Quant à l'humeur aqueuse ,
elle doit être plus abondante que chez ces
derniers, la cornée étant plus convexe et
le cristallin plus blanc.
III. De VOEU chez les Reptiles. Dans cette
classe, l'organe de la vision décroît d'une
manière manifeste, sinon dans les parties
importantes, du moins dans celles de per-
fectionnement accessoire; cependant, il se
rapproche encore plus de celui des Oiseaux
que de celui des Mammifères. D'ailleurs, on
trouve ici de grandes différences dans cha-
que ordre et même dans chaque famille.
Le globe oculaire est ordinairement sphé-
rique, comme dans les Grenouilles, les Sa-
'amandres, les Serpents et les Crocodiles ;
mais la cornée est un peu aplatie. Les yeux
sont assez gros, eu égard au cerveau. Ils
sont situés sur les côtés de la tête et logés
dans des cavités orbitaires peu fermées.
L'OEil est mu, d'après les observations de
Cuvier, dans les Tortues et le Crocodile,
par les six muscles que nous avons vus chez
les Mammifères , et de plus , par quatre au-
tres plus petits qui embrassent le nerf op-
tique. Chez la Grenouille, on ne trouve
qu'un muscle en entonnoir , divisé en trois
portions , qui entoure le nerf optique, et
de plus , un droit inférieur et un oblique
antérieur.
Il arrive souvent que la peau recouvre
les yeux au point qu'on les aperçoit à peine,
comme dans le Proteus anguinus, qui est
cependant très sensible à la lumière, comme
Carus a pu s'en convaincre sur le vivant.
On dirait que les paupières manquent
entièrement chez les Serpents, mais il est
plus exact de les considérer , avec J. CIo-
quet , comme adhérentes ; en effet , la peau
se prolonge sur l'OEil en trois couches : l'une
extérieure, cornée, que l'animal rejette
avec son épiderme, quand il mue; la se-
conde formée de fibres déliées, et la troi-
sième constituant le feuillet externe de la
conjonctive. Ces trois couches sont transpa-
rentes. On trouve ensuite une cavité qui
reçoit le liquide sécrété par une glande la-
crymale placée derrière l'OEil ; ce liquide
coule dans le nez par un point lacrymal situé
à l'angle antérieur de l'OEil. Vient alors le
feuillet interne de la conjonctive qui tapisse
la cornée. On doit également noter la petite
bourse qui, d'après Home, existe à l'angle
antérieur de l'OEil chez certains Serpents,
et qui peut être comparé aux larmiers des
Mammifères , ou aux fosses nasales en cul-
de-sac des Poissons.
Chez la Salamandre, il y a deux paupières
en bourrelet, l'une supérieure, l'autre in-
férieure; mais elles ne couvrent pas entiè-
rement l'OEil ; et l'on n'en peut distinguer
une troisième , non plus que dans la Gre-
nouille. Quand elle existe , elle paraît ne
pouvoir jamais se mouvoir que d'avant en
arrière, c'est-à-dire horizontalement. Elle
est très visible dans l'angle antérieur de
l'OEil chez la Tortue et les Sauriens; c'est
par l'action d'un muscle particulier qui en-
toure le globe de l'OEil que cette paupière
recouvre la cornée comme une membrane
mince, à travers laquelle on voit cependant
toujours percer la pupille. Il faut une men-
tion à part pour la grande paupière circu-
laire et musculeuse du Caméléon. Elle
adhère tout autour à la sclérotique , à envi-
ron 2 millimètres de son bord antérieur;
dans sa face interne et inférieure se trouve
un disque cartilagineux, concave, lisse et
blanc ; elle ne s'ouvre que par une petite
OEIL
OEIL
745
fente transversale, vis-à-vie 4s la cornée,
dont la petitesse est extrême relativement
au bulbe. On trouve encore, chez le Camé-
léon , au bord supérieur et antérieur de la
cavité de la conjonctive, une glande lacrymale
aplatie, réniforme, et d'un volume propor-
tionnel considérable ; et, dans l'angle interne
de l'OEil, il y a une troisième paupière per-
pendiculaire, très forte, et qui est placée en
dedans de la grande paupière circulaire.
La cornée transparente a beaucoup d'a-
nalogie avec celle de l'Homme. Cependant
son bord antérieur offre , chez plusieurs
Reptiles , tels que Sa Tortue branche et |
J'Iguane, d'après Albers, des anneaux de
lamelles osseuses minces , qui ont cepen-
dant paru à Carus cartilagineuses dans l'I-
guane. La moitié antérieure delà cornée a
aussi la consistance du cartilage dans le Ca-
méléon. Cette membrane ne devient pas
opaque par l'immersion dans l'alcool chez
la Tortue, la Salamandre, la Grenouille, le
Caméléon et les Serpents.
On ne peut distinguer plusieurs feuillets
à la choroïde. La surface externe de cette
membrane a le brillant de l'argent dans la
Grenouille. La partie antérieure s'infléchit
vers l'axe de l'OEil , et se continue dans
l'iris. L'iris est argentin dans beaucoup de
Reptiles; il est verdâtre dans le Crocodile ,
brunâtre, avec l'éclat de l'or, dans la Gre-
nouille, et quelquefois tacheté chez les Ser-
pents, où son hémisphère inférieur est d'un
brun foncé et le supérieur jaune. La pupille
est ordinairement ronde, comme chez les
Salamandres , les Sauriens, les Ophidiens ,
les Chéloniens ; chez la Grenouille , elle a la
forme d'un rhomboïde situé en travers , et
chez le Crocodile , celle d'une fente ver-
ticale. Ses mouvements sont sensibles,
quoique lents.
Les procès ciliaires n'existent point dans
les Salamandres , les Serpents et plusieurs
Sauriens ; mais Cuvier les a signalés en
forme de fils allongés dans une grande Rai-
nette étrangère. Carus n'a vu, chez la Gre-
nouille, qu'un anneau blanchâtre, auquel
adhère fortement le cercle ciliaire. Les
procès ciliaires existent chez les Tortues ,
bien qu'ils soient petits; ils sont bien déve-
loppés dans le Crocodile, mais ils disparais-
sent dans l'Iguane et le Caméléon.
Le nerf optique perce la sclérotiaue en
I. VIII.
ligne droite chez tous les Reptiles, et forme
en dedans une plaque arrondie dont l'épa-
nouissement constitue la rétine. Chez l'I-
guane , Carus a vu naître , du milieu de
cette plaque, un petit prolongement noi-
râtre de la choroïde, sorte de vestige du
peigne que nous avons vu chez les Oiseaux.
Le Caméléon présente aussi un prolonge-
ment analogue et noir, mais plus petit, de
la choroïde vers le cristallin.
Le corps vitré est plus petit que dans la
classe supérieure. Le cristallin est très con-
vexe et commençant à se rapprocher de la
forme d'une sphère; il a un volume consi-
dérable dans le Caméléon et les Grenouilles,
tandis qu'au contraire il est petit dans la
Tortue franche, et plus convexe en avant
qu'en arrière. Celui des Grenouilles et des
Salamandres offre, dans son intérieur, un
noyau solide.
IV. De VOEU chez les Poissons. Bien que
l'OEil des Poissons soit moins parfait que
celui des classes précédentes, il présente
cependant encore toutes les mêmes parties
que celui des Vertébrés supérieurs.
Les yeux sont en général très gros, ex-
cepté chez les espèces vermiformes, comme
l'Anguille, la Lamproie, les Gastrobranches,
où ils sont petits. Ils sont contenus dans une
cavité, mais elle n'est pas entièrement for-
mée par les os; ils reposent habituellement
sur un coussinet de graisse à demi liquide,
des deux côtés de la tête ; plus rarement ils
se dirigent en arrière ou en haut, comme
chez l'Uranoscope; enfin , ce qui est encore
plus rare, c'est qu'ils soient placés tous
deux du même côté, comme chez les Pleu-
ronectes.
La forme de l'OEil est presque toujours ar-
rondie en arrière et aplatie en avant; ceux
qui font exception sont les Poissons à petits
yeux, principalement le Blennius viviparus,
d'après Cuvier, et plusieurs Cartilagineux,
suivant Rosenthal.
Six muscles, assez courts, dont quatre
droits et deux obliques, meuvent l'OEil chez
les Poissons osseux. On trouve de plus, dans
les Raies et les Squales , un pédicule carti-
lagineux implanté sur le globe de l'OEil et
au fond de l'orbite.
La profondeur de l'orbite est augmentée
par le repli d'une partie de la peau épaissie,
presque gélatineuse et translucide , qui e»t
94
746
OEIL
OEIL
plus considérable en avant ou en dedans, eten
arrière ou en dehors. C'est de ce rebord, vé-
ritable bourrelet palpébral , que sort la peau
amincie ou conjonctive, qui passe au-devant
du globe de l'OEil , adhérant constamment
à la cornée. Chez quelques Poissons, la peau
qui passe au-devant de l'OEil est si peu
amincie, que l'animal doit être presque in-
ser.: iblea la lumière, comme le Gastrobranche
et la Murena cœca. Dans plusieurs autres,
chez l'Anguille en particulier, on détache
facilement la peau du globe de l'OEil, et
alors la portion correspondante à la con-
jonctive apparaît comme une tache claire et
transparente. Quand la conjonctive se dis-
tingue si peu des téguments communs, on
ne trouve aucun vestige des paupières, si ce
n'est le bourrelet dont nous avons parlé;
mais, dans beaucoup d'autres Poissons où
l'OEil est plus gros et la conjonctive plus
fine, on aperçoit, outre ce bourrelet, dans
l'angle posiérieur, et plus encore dans l'an-
térieur, un repli semi-lunaire , mais com-
plètement immobile , et qui couvre peu
l'OEil. Cuvier a découvert, chez le Poisson-
lune, une véritable paupière circulaire, sus-
ceptible de se fermer à l'aide d'un sphinc-
ter, et de s'ouvrir par l'action de cinq mus-
cles rayonnes.
Point de paupières, point d'appareil la-
crymal : ni glandes, ni canaux de ce genre.
La sclérotique est dure , élastique et de
nature aponévrotique. Elle présente un ou
plusieurs disques cartilagineux , plus ou
moins grands, quelquefois ossifiés, surtout
à la partie antérieure. Ce disque cartilagi-
neux est mince et s'étend peu en arrière
chez la Carpe; il est large et épais, et égale
la sclérotique en étendue chez l'Esturgeon.
La cornée transparente est habituellement
plan-convexe à l'extérieur; elle se compose
de trois feuillets, et a plus d'épaisseur à la
circonférence, tandis qu'elle s'amincit à la
partie moyenne.
On distingue facilement trois feuillets
dans la choroïde; l'externe est d'un blanc
nacré et est assez ferme; arrivé au bord
antérieur de la sclérotique, à laquelle il
adhère peu, il se réfléchit vers l'axe du
globe oculaire , et , parvenu au bord de la
pupille, il s'infléchit de nouveau en dehors,
et forme ainsi un iris très étroit, dont les
eflets sont également argentés ou dorés , et
qui s'accole au bourrelet de la cornée. Le
feuillet le plus interne de la choroïde est
noir, mou, couvert de pigments, excepté
dans le Brochet, où il est pourpre. Il suit la
courbure du précédent depuis le bord de la
pupille, et forme ainsi l'uvée. Maintenant,
entre ces deux membranes, en arrière, tout
autour du nert optique, se trouve une masse
rougeâtre, comme glanduleuse, sorte de
glande choroïdienne , suivant Rosenthal , de
réseau vasculaire, selon Blainville et Albers,
ou de muscle, d'après Haller. C'est surtout
chez la Carpe que l'on voit le mieux cette
masse. De son bord externe part une mem-
brane, semblable à du cruor. Cet organe ne
se voit ni chez les Raies, ni chez les Squales,
chez lesquels, d'ailleurs, tn ne peut bien
diviser la choroïde en plusieurs feuillets. La
choroïde est nacrée chez la Raie perce et
chez plusieurs Squales, comme l'Esturgeon.
L'iris est étroit, comme nous venons de
le voir, lisse et tout-à-fait immobile, géné-
ralement d'un éclat métallique, d'une belle
couleur nacrée chez la Carpe. La pupille est
ordinairement ronde et grande. Mais, d'a-
près les observations de Cuvier, son bord
antérieur se prolonge en plusieurs lanières
étroites, disposées en rayons, et dont la
forme est celle d'une palmette. Les lanières,
dorées en dedans et noires en dehors, peu-
vent fermer les pupilles à la manière d'une
jalousie. La pupille est double, comme l'iris
et la cornée, chez le Cobitis anableps , bien
que le cristallin soit simple.
Les procès ciliaires manquent chez les
Poissons osseux; on ne les trouve que chez
quelques Squales, où ils sont encore fort
petits, ne formant que de courtes saillies
qui touchent à la capsule du cristallin, et
se continuent avec les stries de l'uvée. Ils
sont remplacés par les autres vaisseaux ou
membranes vasculaires, qui, sous forme de
prolongements falciformes, vont de la cap-
sule cristalline au bord antérieur de la ré-
tine.
Le nerf optique pénètre ordinairement
dans l'OEil sous la forme d'un petit disque
arrondi , comme on peut facilement le voir
dans la Carpe. De son centre partent les
vaisseaux centraux de la rétine, qui se ré-
pandent sur le corps vitré pour se réunir
en une couronne vasculaire à son extrémité.
Chez d'autres Poissons , ce nerf perce obli-
OEIL
OEIL
747
quement la sclérotique , et apparaît comme
une ligne blanche, des bords de laquelle
naît la rétine; cette disposition est encore
plus tranchée chez l'Esturgeon. Quant à la
rétine, elle se partage facilement en deux
feuillets: Fun interne, fibreux; l'autre ex-
terne, non fibreux; et se termine par un
bord libre, à l'origine de Puvée.
L'humeur aqueuse est nulle, ou presque
nulle, tant la cornée transparente est plate
et le cristallin saillant en avant; elle man-
que d'enveloppe spéciale.
Le cristallin, entouré d'une capsule mince,
est très considérable, au point de remplir
presque tout le bulbe, et presque tout-à-fait
sphérique. On y distingue des fibres qui se
dirigent di pôle antérieur au pôle posté-
rieur.
Par suite de ce volume et de cette saillie
du cristallin, le corps vitré est très peu con-
sidérable. Cependant la membrane hyaloïde
est évidente; elle est unie en avant à la
capsule cristalline, à l'aide de deux liga-
ments qui , lorsqu'ils sont fortifiés par des
prolongements de ia membrane ruyschienne,
comme dans le Brochet, forment deux axes
auxquels le cristallin est suspendu.
Les dissections de Muck ont prouvé que
les Poissons n'ont pas de ganglion ophthal-
mique pour les nerfs ciliaires.
V. De VOEU chez les animaux articulés.
Ce qui distingue l'appareil visuel dans cette
classe, c'est qu'il n'y a jamais de cristallin
situé dans une cavité de l'organe lui-même;
que celui-ci n'est jamais mobile et existe à
la superficie de la peau endurcie, dont la
cornée transparente, et surtout la scléroti-
que elle-même, semblent faire partie. En-
fin , dit M. de Blainville, le caractère le
plus singulier qu'offre l'appareil delà vision
chez les Insectes , c'est que, dans un grand
nombre de cas, il est composé d'un amas
plus ou moins considérable de petits organes
simples , situés de chaque côté de la tête,
outre quelques uns qui se disposent sur
quelque endroit de la partie antérieure. On
donne aux premiers le nom d'yeux compo-
sés, et aux seconds celui d'yeux simples ou
de stemmaies.
On n'aperçoit pas la moindre trace d'yeux
dans les Enthelminthes, et les Cercaires sont
les seuls chez lesquels Baer ait vu les indices
de deux yeux.
Si l'on passe aux Annélides, on en ren-
contre fréquemment, par exemple, chez les
Nais, les Néréides, les Aphrodites, les Sang-
sues. Souvent ils sont alors en quantité con-
sidérable , puisque la Sangsue ordinaire en
a dix, disposés en fer-à-cheval au-dessus de
l'orifice de la bouche. On les aperçoit très
bien chez les jeunes individus, car ils font
saillie à la surface du corps, comme autant
de verrues d'une couleur foncée.
Tous les Neusticopodes, excepté quelques
Lernées, ont un, deux ou trois yeux; et
même les Lernées, si l'on en croit Nord-
mann , auraient, à l'état de larve, un OEil
qui disparaîtrait chez l'animal parfait.
Jusqu'ici nous n'avons eu à signaler quo
des stemmates; mais c'est dans cette série
du règne animal qu'on commence à ren-
contrer les yeux composés ; ainsi Carus a
constaté, chez YApus cancriformis , deux
gros yeux, dont la cornée se partage en un
grand nombre de facettes hexagones , et un
autre OEil médian, arrondi, plus gros,
dont la cornée paraît finement grenue quand
on l'examine au microscope. Le Limulus
polyphemus porte aussi des deux côtés de
son bouclier céphalo-thoracique de gros yeux
à facettes réniformes.
La Scolopendre en a un gros placé en
travers et vingt-trois petits qui sont simples.
Les connaissances que nous possédons sur
les yeux composés sont dues à Swammer-
dam , Cuvier , Marcel de Serres , et surtout
à J. Muller, qui en a le mieux signalé les
particularités. Voici la description qu'il en
donne.
Les yeux composés des Insectes et des
Crustacés sont des segments de sphère plus ou
moins grands, immobiles chez les Insectes,
ou mobiles sur des pédicules chez les Déca-
podes, parmi les Crustacés, et chez quel-
ques autres encore. Le nerf optique se renfle
dans leur intérieur en une grande sphère ,
ou en un segment de sphère, de la surface
de laquelle s'élèvent des milliers de fibres
primitives nerveuses, qui se dirigent comme
autant de rayons vers la superficie de
l'organe. Cependant ces fibres n'arri-
vent point jusqu'à l'épiderme transparent.
Entre leurs extrémités et la cornée transpa-
rente se trouvent des cônes transparents
également dirigés , en forme de rayons, vers
la face interne de la cornée, et dont les
748
OEIL
OEIL
bnses se réunissent avec cette face, tandis
que les sommets enchâssent les extrémités
des fibres parties du nerf optique. La lon-
gueur des cônes varie beaucoup suivant les
espèces ; la plupart du temps , ils sont cinq
à six fois aussi longs que larges, comme
chez la majeure partie des Coléoptères et chez
les Lépidoptères; rarement sont- ils fort
courts ; leur longueur dépasse à peine leur
largeur chez les Mouches, parmi les Dip-
tères. La cornée des Insectes, des Crustacés
et des Décapodes est également divisée en
façon de mosaïque; chaque petite division ,
appelée facette, correspond à un cône trans-
parent, avec lequel elle est unie, et à une
fibre du nerf optique. Les facettes, hexa-
gones chez les Insectes, ont rarement cette
forme chez les Crustacés, où presque tou-
jours elles sont carrées, quoique les divi-
sions ne puissent avoir lieu ici par des lignes
droites, et que la convexité de la surface
de TOEil fasse qu'elle doive être opérée
par des lignes courbes. Il est rare que les
facettes soient un peu élevées à l'extérieur
et à l'intérieur, c'est-à-dire lenticulaires,
comme chez les Lépidoptères; en général, la
surface en est assez plane; elles ont même
quelquefois une épaisseur considérable, par
exemple chez les Orthoptères et les Coléop-
tères. La ressemblance entre leurs faces an-
térieure et postérieure, fait qu'on doit ar-
tendre peu de chose de leur action sur la
lumière en général ; aussi Muller a-t-il con-
staté qu'elles manquent chez un grand
nombre de Crustacés , notamment chez les
Entomostracés , où néanmoins les cônes
transparents existent également. Dans ce
cas, la surface de la cornée est parfaitement
plane, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur;
là aussi seulement les bases des cônes sont
arrondies au lieu d'être unies, comme elles
le sont d'ordinaire , avec les facettes de la
membrane. Entre les cônes transparents ,
et même entre les fibres du nerf optique , il
y a du pigment, tantôt clair , tantôt foncé,
noirâtre, violet foncé, bleu foncé, purpu-
rin, brun , jaune - brun , jaune clair,
vert, etc. Quelquefois ce pigment forme
plusieurs couches superposées de couleur
diverse. Il s'élève jusqu'à la cornée entre
les cônes, dont parfois même il couvre la
face antérieure ou la base, en n'y laissant
dans le milieu de chacun qu'une ouverture
pupillaire, qui devient surtout apparente
lorsque les cônes sont fort courts , comme
chez les Diptères. Dans d'autres cas , les
cônes sont tout-à-fait libres de pigment, qui
ne garnit que les points d'intersection des
facettes. Chez les Criasftacés inférieurs, dont
la cornée n'a point de facettes , les corps
transparents en forme de cônes ont leurs
sommets et la plus grande partie de leur
longueur engagés daas le pigment, tandis
que leurs extrémités arrondies en sont dé-
pourvues et regardent Sa face interne de la
cornée. Au reste, Se Dombre des facettes
et des cônes varie beaucoup. La plupart du
temps, il est très considérable et s'élève à
plusieurs milliers, par exemple à 12 et
20,000 dans un seul OEil : ainsi on en
compte 2,500 chez le Homard, 11, 300 dans
la Phalena cossus, 25,000 chez la Mordella;
rarement y en a-t-il peu , comme chez les
Entomostracés On n'en trouve plus que
1 , 300 dans le Sphinx convolvuli , et 50 seu-
lement dans les Fourmis; l'Iule n'a que
deux yeux composés de 50 à 60 facettes.
L'union entre les Gbres du nerf optique et
les cônes a été étudiée d'une manière spé-
ciale par R. Wagner. Chez les Insectes, les
fibres se prolongent en forme de gaines sur
les côtés du cône. Or, comme chez les ani-
maux supérieurs les fibres nerveuses se corn-
posent d'un tube et d'un contenu, on peut
présumer que ce sont principalement les
tubes qui forment ces gaines.
Outre les yeux à facettes composées et les
yeux composés sans facettes des Crustacés,
il y en a encore une troisième espèce, re-
marquée par Edwards, Burmeister et Muller,
c'est celle dans laquelle, outre les corps en
forme de cônes, il s'en trouve encore de
lenticulaires entre les cornées et les cônes ;
ces lentilles doivent rassembler les rayons
lumineux qui tombent sur elles et les in-
cliner vers les axes des cônes. Edwards a
observé cette disposition chez les Callia-
nasses , chez beaucoup de Brachyures , en
particulier le Cancer maculatus , enfin
dans VAmphytœ et plusieurs Édriophthal-
mes. Muller a vu aussi des lentilles dans
les facettes de la cornée de YHyperia. Sui-
vant Burmeister, le Branchiopus paludinus
en possède également, dont l'axe longitu-
dinal est plus long que le transversal.
Quelques ons ont deux corsées, l'externe
OSIL
OEIL
749
lisse, et l'interne à facettes ou fenêtrée, de
telle sorte que les lentilles se trouvent der-
rière les fenêtres, comme dans le Bran-
chiopus.
Les yeux, d'ailleurs, paraissent quelque-
fois manquer tout-à fait chez les Acarides.
Certains de ces animaux, la Bdella, en ont
quatre petits et simples; d'autres, le Suca-
ris , deux, également simples.
Les Arachnides n'ont que des yeux sim-
ples, mais parfois très développés à l'inté-
rieur, et pourvus d'un cristallin sphérique
et d'un corps vitré; la choroïde forme un
anneau noir autour du cristallin. Les Scor-
pions en ont deux gros et six à dix autres
plus petits et simples.
Dans les Hexapodes aptères on ne trouve
plus généralement que des yeux composés.
Quant aux Hexapodes ailés , ou aux In-
sectes proprement dits, les plus parfaits
d'entre eux, les Coléoptères, n'ont que deux
yeux composés. Indépendamment de ceux-
là, qu'on retrouvedans les autres ordres chez
tous les Insectes pourvus du sens de la vue, il
y a encore des yeux simples, la plupart du
temps au nombre de trois. Du reste, les
larves des Insectes répètent fort souvent les
formes inférieures, même en ce qui con-
cerne les yeux , car celles , par exemple , de
la plupart des Coléoptères et Hyménoptères
n'ont pas d'yeux du tout, tandis que celles
de presque tous les genres contenus dans
les autres ordres n'en ont que de simples.
Ainsi l'on trouve six à huit stemmates dans
les Chenilles. On remarque fort peu de
larves qui aient de très grands yeux , même
des yeux à facettes; telles sont les Orthop-
tères , qui subissent une métamorphose in-
complète , celles des Microptères , dans l'or-
dre des Coléoptères, et celles de quelques
Diptères, par exemple des Cousins. EnGn
on trouve des espèces privées d'yeux parmi
les Insectes parfaits. Tels sont les Claviger,
une Braula qui vit en parasite sur les
Abeilles , et les neutres de quelques Four-
mis.
Ce qu'il y a de remarquable dans les yeux
composés des Insectes, c'est leur volume
considérable. Marcel de Serres a donné , à
ce sujet, des tables détaillées, d'après les-
quelles on voit que chez quelques uns de
ces animaux (Anthrax maura, Musca vomi-
toria) le volume du corps est à celui des
yeux dans la proportion d'un à quatre, mais
que la proportion ordinaire est de six, huit,
dix ou seize à un, et que jamais le volume
des yeux ne descend au-dessous d'un à
soixante (Phasmia, Bossia).
VI. De VOEU chez les Mollusques. La struc-
ture de l'organe de la vue dans ce type d'a-
nimaux a évidemment plus de rapport avec
ce qui existe dans les vertébrés que celle de
l'OEil des articulés, puisqu'on y trouve à
peu près les mêmes parties, disposées sem-
blablement, et qu'il n'y a qu'un organe
simple de chaque côté. Mais le peu d'acti-
vité et d'étendue de la fonction , si ce n'est
dans les espèces les plus favorisées sous ce
rapport, et surtout la disparition rapide de
cet appareil dans le plus grand nombre des
Mollusques , placent ces derniers au-dessous
des précédents.
Les ordres inférieurs manquent d'yeux ;
ce n'est que chez les Gastéropodes , les
Ptéropodes et les Céphalopodes, qu'on en
trouve qui sont tantôt plus tantôt moins
parfaits. Leurs nerfs optiques ne se croisent
jamais.
La position des yeux varie singulière-
ment. Ainsi, chez les Céphalopodes, ils
sont placés avec symétrie de chaque côté de
la tête, un peu en arrière et dans les en-
foncements du cartilage céphalique. Dans
les genres Pterotrachœa et Aplysia , on les
aperçoit à la nuque de chaque côté. Ailleurs,
et le plus souvent, ils tiennent aux tenta-
cules dont ils occupent , soit la base (Physa,
Cyprœa, Buccinum) , soit la partie latérale
{Cerithium) , soit le sommet (Hélix, Limax,
Turbo).
La structure des yeux , chez les Gastéro"
podes, est simple; mais les parties essen-
tielles y sont sensiblement développées. Il
ne faut pas confondre d'ailleurs, comme
on le fait, le nerf optique avec celui du
tentacule auquel il n'est qu'accolé; ce nerf
se plonge dans la base du bulbe oculaire
qui contient un cristallin, avec un épiderme
enduit de pigment noir. Au-devant du
cristallin se trouve une portion transparente
de la peau extérieure , sorte de conjonctive.
Peut-on y admettre , avec Swammerdam ,
une humeur aqueuse et une humeur vitrée?
Nous n'oserions l'affirmer.
Passons aux yeux des Seiches, des Poulpes
et des Calmars. Ils sont d'une énorme gros-
750
OKIL
OEIL
seur proportionnellement à la tête, puisque,
pris ensemble, ils forment près des deux
tiers de la masse de cette dernière. La sclé-
rotique et deux petits muscles les fixent. Le
bulbe oculaire est un peu comprimé de de-
hors en dedans. Point de paupières chez la
Seiche ordinaire ; son OEil est recouvert par
un prolongement des téguments qui fait
fonction de conjonctive et de cornée trans-
parente. Chez le Poulpe, au contraire,
quelques duplicatutes de la peau forment
des paupières, l'une postérieure plus grande,
l'autre antérieure plus petite , analogue à la
troisième paupière des Oiseaux et des Mam-
mifères. La postérieure contient des fibres
musculaires.
Les observations de Carus prouvent que
\a sclérotique se partage en arrière , chez le
Poulpe et la Seiche , en deux feuillets qui
renferment le renflement du nerf optique ;
dans l'externe se trouve une petite plaque
cartilagineuse chez la Seiche. La sclérotique
est plus molle en avant ; vers son bord libre
elle est d'un jaune rougeâtre dans la Seiche ;
elle forme elle-même la pupille , qui est
réniforme dans la Seiche et ronde chez le
Poulpe. La choroïde est rougeâtre, nacrée;
elle se réfléchit en avant , devient plus
épaisse, s'enduit d'un pigment de couleur
pourpre foncé, et se prolonge, en fibres con-
centriques (analogues aux procès ciliaires),
vers le cristallin , qui est assez volumineux
et arrondi. Le renflement du nerf optique,
après avoir traversé la sclérotique, est plus
considérable que le ganglion cérébral ; il en
part d'innombrables filets, qui forment,
chez la Seiche, une bande longue d'environ
20 à 25 millimètres sur 4 à 5 de large. C'est
de ces filets , qui percent le second feuillet
de la sclérotique, que naît la rétine. Les
fibres saillantes de cette dernière, du côté du
corps vitré , sont enduites d'un pigment
pourpre foncé et peu adhérent.
L'humeur aqueuse est problématique ;
mais presque toute la capacité intérieure de
l'OEil est occupée par une humeur vitrée ,
liquide et visqueuse , renfermée dans une
membrane.
En résumé , l'OEil des Céphalopodes est
parfait.
Nous renvoyons au travail d'Ehrenberg
sur les Infusoires, pour la description de
l'appareil visuel chez ces animaux.
Physiologie de l'OEil.
Nous supposons connus les principes de
dioptrique et de caloptrique; et pour point
de départ de la théorie de la vision , nous
nous contenterons de rappeler quelques uns
des axiomes de cette branche de la physique,
parce qu'ils nous sont indispensables.
La lumière, quelle que soit son origine ,
qu'elle soit une émanation ou une ondula-
tion, se répand autour du foyer qui la pro-
duit sous forme de rayons ; ces rayons se
meuvent en ligne droite, tant que les con-
ditions du milieu à travers lequel ils passent
restent les mêmes ; s'ils tombent sur l'an-
gle d'un prisme, ils se décomposent, et pro-
duisent les différentes nuances du rouge au
violet qui constituent le spectre solaire ; s'ils
arrivent sur la surface d'un corps transpa-
rent, ils traversent ce corps; si cette trans-
parence est parfaite, les rayons lumineux
passent tous, et le corps est invisible pour
nous ; si elle n'est pas complète, une partie
des rayons nous est renvoyée , ce qui rend
le corps visible : c'est là ce qui constitue le
phénomène de la réflexion. Les corps qui ne
se laissent pas traverser par les rayons lu-
mineux sont dits opaques; maintenant les
corps opaques réfléchissent plus ou moins
complètement les rayons lumineux, ou, au
contraire, les absorbent.
Les corps visibles, c'est-à-dire qui réflé-
chissent des rayons lumineux, sont diver-
sement colorés, et leur couleur varie sui-
vant celui ou ceux des rayons élémentaires
qu'ils sont plus aptes à absorber ou à ré-
fléchir : s'ils les réfléchissent tous , ils pa-
raissent blancs; s'ils les absorbent tous , ils
paraissent noirs. L'état plus ou moins lisse,
poli ou rugueux des surfaces , influe sur
cette propriété réflective et absorbante des
corps.
Tout rayon lumineux qui tombe oblique-
ment sur la surface d'un corps non trans-
parent , est réfléchi suivant la loi de l'éga-
lité de l'angle de réflexion à celui d'inci-
dence.
Lorsqu'un rayon lumineux traverse un
corps transparent , s'il tombe perpendicu-
lairement à la surface de ce corps, il con-
tinue toujours directement son premier
trajet; mais s'il tombe obliquement, et si
ce corps est d'une densité différente de celle
OEIL
OEIL
751
du milieu que vient de traverser ce rayon ,
celui-ci est dévié de sa ligne droite. Le corps
est- il plus dense , le rayon lumineux, en
continuant son trajet, se rapproche de la
perpendiculaire au point d'immersion. Est-
il moins dense, c'est le contraire, et le
rayon s'écarte de cette perpendiculaire.
La décomposition des rayons lumineux
par le prisme qui les réfracte, prouve que
les couleurs élémentaires ne sont pas égale-
ment réfrangibles , le rouge l'est le moins,
le violet l'est ie plus. On appelle aberration
de réfrangibilité la coloration, suivant les
couleurs du spectre solaire, soit des objets
vus à travers un prisme ou un autre
corps réfringent, soit de leur image.
Quand les rayons lumineux, arrivant sur
un corps transparent, tombent sur une sur-
face concave ou convexe , au lieu d'être
plane, ils éprouvent des déviations diffé-
rentes. Si la surface est convexe, ils con-
vergent par le seul fait de cette convexité,
et indépendamment de l'influence du mi-
lieu, en général plus dense, qu'ils traver-
sent alors. Si cette surface est concave, ils
divergent.
Quand les rayons lumineux, tombant sur
une surface convexe, convergent, ils se ré-
unissent à un point que l'on appelle foyer
et qui est le point où se forme l'image du
corps d'où ces rayons partent; mais les
rayons marginaux éprouvant une déviation
plus forte que celle des rayons plus voisins
du centre de la surface convexe, il en résulte
un cercle de diffusion autour de l'image;
c'est là l'aberration de sphéricité. Pour la
faire disparaître, on conçoit qu'il faut an-
nuler ces rayons marginaux ; c'est à quoi
l'on arrive par l'interposition d'un dia-
phragme entre la lentille réfringente et le
foyer.
Enfin la distance de l'objet vu à travers
une lentille a de l'influence sur le point
où se forme le foyer ; plus cet objet est
éloigné , plus le foyer tend à se rapprocher
de la lentille; plus il est rapproché, plus ce
foyer s'éloigne.
De la vision. Le phénomène de la vision
la plus simple et la plus incomplète est ce-
lui qui se présente chez les Vers et autres
animaux inférieurs; là les points oculaires
sont tellement imparfaits, que l'image des
objets ne saurait se former; tous les rayons
lumineux partis d'un objet se confondent
par suite de leur diffusion, et il est probable
que ces animaux n'ont qu'une sensation gé-
nérale de la lumière qui leur permet tout
au plus de distinguer le jour de la nuit;
pour eux tous les objets extérieurs sont
comme des ombres vagues.
Nous trouvons , dans les animaux supé-
rieurs à ceux-là, deux procédés pour arriver
à la formation de l'image des objets dans
l'OEil : l'un est pour ainsi direrudimentaire,
c'est celui que nous présentent les yeux
composés des Insectes et des Crustacés ;
l'autre est complet et parfait , c'est celui des
yeux à lentilles dont les Mammifères, et
l'Homme en particulier, nous offrent le mo-
dèle.
C'est à J. Muller que nous devons l'in-
génieuse et satisfaisante théorie du méca-
nisme de la vision au moyen des yeux com-
posés, mécanisme qui diffère totalement de
celui des yeux à lentille. Voici en quoi il
consiste.
Les rayons lumineux partis de l'objet ar-
rivent sur la cornée taillée en nombreuses
facettes. Le rayon central de chaque fa-
cette la traverse; il arrive au cône transpa-
rent qui est derrière, et pénètre ainsi jusqu'à
l'expansion nerveuse qui aboutit à ce cône.
Quant aux autres rayons qui sont tombés
obliquement sur cette facette, ils sont ab-
sorbés par le pigmentum que présente, sur
ses côtés, le cône translucide. Ce point lu-
mineux central qui a pu arriver jusqu'au
nerf, provoque la sensation de la vue d'une
parcelle de l'objet. Maintenant, autant de
points lumineux partis de l'objet se sont
rencontrés avec l'axe central de chaque cône
translucide, autant de parcelles de l'objet
sont vues. De cette manière, dit Muller,
chaque cône représente une partie aliquote
de l'image, et l'image se compose, à l'instar
d'une mosaïque, d'autant de parcelles qu'il
y a de cônes, en sorte que sa netteté doit
être en raison du nombre de ces derniers.
Si l'OEil possède 50 facettes et 50 cônes lu-
mineux, comme celui de la Fourmi, l'ani-
mal voit 50 parcelles de l'objet ; si l'OEil à
25,000 facettes , comme celui de la Mor-
della, l'objet est vu dans 25,000 de ses par-
ties. Si l'OEil est convexe , il présente un
plus grand nombre de facettes perpendicu-
lairement aux rayons lumineux ; l'Insecte
752
OEIL
OEIL
voit un plus grand nombre d'objets autour
de lui, comme la Libellule; si l'OEil est
plat, et s'il s'élève à peine au-dessus du
sommet de la tête, le champ visuel est d'au-
tant plus rétréci , comme il arrive à la Pu-
naise d'eau, dont l'habitude est de pousser
toujours devant elle, sans s'écarter ni à
droite, nia gauche.
Passons maintenant au mécanisme de la
vision à l'aide de milieux réfringents, et
suivons les rayons lumineux à travers les
différentes membranes et les différentes
humeurs qui composent l'OEil des animaux
supérieurs.
Supposons un point lumineux dans un
objet. Ce point lumineux irradie de tous
côtés; ne nous occupons pas des rayons qui
tombent ailleurs que sur l'OEil , et même ,
parmi ces rayons, négligeons ceux qui tom-
bent sur la cornée opaque, et ceux plus
centraux qui, traversant la cornée trans-
parente à sa circonférence, tombent sur
l'iris. Aucun de ces rayons ne sert à la vi-
sion , ce sont ceux qui traversent l'ouver-
ture de la pupille qui vont former l'image;
et voici alors ce qui se passe.
On peut distinguer a ce cône lumineux un
rayon central et des rayons divergents ; le
premier traverse directement toutes les par-
ties de l'OEil et arrive sur la conjonctive où
il forme un point de l'image. Quant aux
autres rayons , comme ils sont tous tombés
obliquement sur la cornée, ils sont déviés
de leur direction première. Parlons des plus
externes. En arrivant sur la cornée, ils ren-
contrent une face convexe, et comme la
propriété des surfaces convexes est de rap-
procher les rayons lumineux de l'axe central,
ces rayons marginaux, au lieu de continuer
à diverger, se rapprochent du rayon central
et tendent à converger ; mais ce milieu
qu'ils traversent (la cornée) est plus dense
que l'air, nouveau motif pour qu'ils con-
vergent davantage. En traversant l'humeur
aqueuse, ils convergent moins, car ce liquide
est moins dense que la cornée; mais là
densité beaucoup plus grande de la cornée
et de sa forme lenticulaire opèrent bientôt
une si forte réfraction des rayons margi-
naux, qu'ils tendent à se réunir en un
foyer commun. Sortant du cristallin , ces
rayons arrivent dans l'humeur vitrée , mi-
lieu moins dense et moins réfringent que le
cristallin et dont l'action est d'augmenter
encore cette convergence. En effet , la face
postérieure du cristallin est convexe ; si l'on
abaisse, au point d'émergence du rayon,
une perpendiculaire à la surface, on verra
que le rayon lumineux, en s'écartant de
cette perpendiculaire, comme il doit le faire
en passant dans un milieu moins dense, se
rapproche du rayon central.
C'est par suite de cette série de réfractions
que les rayons marginaux du cône lumineux
coïncident au même point que le rayon cen-
tral, à ce point que l'on appelle le foyer de
la lentille. Ainsi, tous ces rayons divergents,
au lieu d'aller frapper toutes les parties de
la rétine, ont été concentrés en un seul point
de cette membrane.
Prenons maintenant successivement cha-
cun des autres points lumineux de l'objet
que nous avons supposé placé devant l'œil,
et nous verrons que, bien qu'ils aient émis
autant de cônes lumineux composés d'une
infinité de rayons divergents, ils formeront
tous un seul point lumineux sur la rétine,
par suite de la convergence de tous ceux des
rayons composant le cône qui sont tombés
sur la cornée transparente et ont pu traver-
ser la pupille. Il nous sulùra, pour compren-
drece phénomène physique, de suivre le tra-
jet des deux points lumineux extrêmes de
l'objet visible.
Dans chacun de ces cônes lumineux extrê-
mes, il y aura, comme dans le cône lumineux
central, un rayon central direct et d'innom-
brables rayons divergents. Le rayon central
de ce cône extrême continuera la direction
du cône à travers les milieux réfringents,
malgré quelques réfractions légères dépen-
dant de sa légère obliquité, et ira former un
point lumineux sur la rétine; si ce rayon
tombe obliquement d'en haut, le point lu-
mineux sera nécessairement en bas, et réci-
proquement. Maintenant, quant aux rayons
divergents de ces cônes lumineux extrêmes,
ne nous occupons que de ceux qui tombe-
ront dans l'ouverture pupillaire. Supposons
que l'objet visible est une flèche placée per-
pendiculairement devant l'œil, et voyons
comment va se comporter le cône lumineux
parti de l'extrémité supérieure de la flèche.
Les rayons inférieurs de ce cône tomberont
évidemment plus obliquement sur la surface
de la cornée que les rayons supérieurs ; or,
OEIL
OEIL
75:
plusl'incidenceest oblique, plus la réfraction
est grande, donc les rayons inférieurs seront
plus réfractés que les supérieurs. C'est par
suite de cette différence de réfraction qu'ils
coïncideront au même point de la rétine que
les supérieurs, et au même point que le rayon
central, en bas de la rétine, puisqu'ils sont
partis d'en haut.
C'est l'inverse pour le cône lumineux parti
de l'extrémité inférieure de la flèche; tous
ses rayons divergents coïncideront avec le
rayon central à l'extrémité supérieure de la
rétine.
Il est facile de concevoir maintenant le
trajet de tous les cônes lumineux émanés de
tous les points de la flèche placée devant
rOEil. Ceux de gauche iront à droite, et vice
versa; enfin, l'image peinte sur la rétine
sera renversée. C'est aussi ce que l'expérience
prouve; et, pour en avoir la preuve, on n'a
qu'à faire, à l'exemple de M. Magendie, une
ouverture à la partie supérieure de l'œil
d'un animal, d'un bœuf ou d'un veau par
exemple , et à regarder la rétine par cette
ouverture artificielle, on y verra l'image ren-
versée.
Nous venons de voir quelle était l'action
de la cornée transparente, de l'humeur
aqueuse, du cristallin et de l'humeur vi-
trée dans le mécanisme de la vision ; nous
savons quelle est la fonction de la rétine.
Voyons maintenant quel est l'office des au-
tres pièces qui composent l'appareil ocu-
laire.
L'iris a pour mission d'admettre un plus
ou moins grand nombre de rayons lumi-
neux ; si l'objet est vivement éclairé, il se
resserre, renvoie, par réflexion , un grand
nombre de rayons lumineux, tous ceux qui
tombent sur sa surface élargie, et n'en
laisse passer qu'une moindre quantité ,
parce qu'un trop grand nombre porterait
une impression trop forte sur la rétine et
produirait un éblouissement. Si l'objet est
peu éclairé , il se dilate, et laisse passer
la plus grande quantité possible de rayons,
afin que l'image soit moins obscure.
Le pigmentum noir de la face postérieure
de l'iris, ainsi que celui de la choroïde,
sont pour absorber les rayons qui, réfléchis
d'un point de l'œil sur la rétine, auraient
troublé la netteté de l'image.
L'aberration de sphéricité du cristallin
T. VIII.
est corrigée par l'iris , qui n'admet pas les
rayons les plus marginaux , et par les cou-
ches les plus externes du cristallin même,
qui sont moins denses que les couches cen-
trales. Quant à l'aberration de réfrangibi-
lité, elle est corrigée par cette même diffé-
rence de densité des couches du cristallin ,
et par celle des différents milieux que tra-
versent les rayons lumineux avant d'arriver
à la rétine. Mais on n'est pas encore ar-
rivé à calculer rigoureusement ces circon-
stances.
Nous avons dit que la distance de l'objet
influait sur celle du foyer visuel du cristal-
lin. Appelons cône objectif le cône lumi-
neux qui part de l'objet et tombe sur la cor-
née; appelons cône oculaire celui qui, par
sa base, s'applique à la base du précédent,
et, 'par son sommet, fait image sur la rétine.
Maintenant posons, ce qui est incontesta-
ble , que plus le cône objectif est long , plus
le cône oculaire est court , et réciproque-
ment. Cette simple proposition suffira pour
faire comprendre pourquoi le myope rap-
proche l'objet qu'il veut voir, pourquoi le
presbyte l'éloigné. Dans le premier cas, les
milieux trop réfringents de l'OEil , soit par
excès de convexité, soit par excès de den-
sité, font converger trop tôt les rayons lu-
mineux, et l'image se forme en avant de
la rétine. Il s'agit donc d'éloigner ce point
de convergence, ce foyer visuel , c est à-dire
d'allonger le cône oculaire. Le moyen est
simple: il faut raccourcir le cône objectif;
c'est ce que fait le myope en mettant l'objet
qu'il veut voir presque en contact immédiat
avec l'OEil.
C'est le contraire chez le presbyte. Sa
cornée est tropplate, ou c'est son cristallin,
ou les milieux de l'OEil qui ne sont point
assez denses ; par suite , la force réfringente
de l'OEil est moins forte; les rayons lumi-
neux qui le traversent sont donc moins
fortement réfractés; ils ne convergent donc
que plus loin que les précédents, plus loin
que dans l'OEil parfaitement conformé,
c'est-à-dire au-delà du foyer visuel , au-delà
de la rétine; de là le trouble et la confusion
de l'image. Que faire? rapprocher le foyer
visuel ; raccourcir le cône oculaire. Com-
ment ? En allongeant le cône objectif, c'est-
à-dire en éloignant l'objet. C'est aussi ce
que fait instinctivement, et par expérience
95
754
OEIL
OEIL
empirique, le presbyte le plus ignorant des
lois de l'optique.
Mais comment l'OEil peut-il voir les ob-
jets à des distances extrêmement différen-
tes ? Est-ce, comme sont disposés à le
croire MM. Mile et Pouillet, par suite des
mouvements de l'iris, qui, par sa contrac-
tion , écarterait les rayons marginaux des
objets rapprochés, pour éviter la formation
trop éloignée du foyer visuel? Est-ce, comme
le veut Young, par l'allongement ouïe rac-
courcissement de l'axe du cristallin? Est-ce
par le déplacement du cristallin, qui serait
opéré, suivant Kepler, Scheiner, Porterfield,
Camper et d'autres , par le cercle et les
procès ciliaires ?
Est-ce par l'action des muscles de l'OEil
opérant, soit sur la convexité de la cornée,
comme le pensent Englefield , Rainsden et
Home , soit sur le globe de l'OEil en-
tier , comme le disent divers physiciens,
Rohault , Bayle, Olbers , Home, Schro-
der, etc.?
Nous penchons à adopter , de toutes ces
opinions, la dernière plutôt que toute autre,
et ce qui nous y engage le plus , ce sont les
résultats obtenus dans un grand nombre de
cas de strabotomie. Plusieurs chirurgiens,
et principalement M. Bonnet, de Lyon, ont
constaté que des individus atteints de stra-
bisme et myopes, comme ils le sont souvent,
avaient guéri de la myopie par la strabo-
tomie. Or, que s'est-il passé ? On avait
coupé un des muscles du globe oculaire;
on avait par conséquent diminué la com-
pression que ces muscles exercent sur l'OEil.
Il est donc probable que la myopie tenait à
cette compression latérale, dans une con-
vexité plus grande.
Voy. l'article lumière , pour différentes
autres questions relatives à la vision.
(G. Broussais.)
On a encore employé le nom d'CEil pour
désigner vulgairement certaines espèces ou
variétés d'animaux, de végétaux et de mi-
néraux. Ainsi l'on a appelé ?
En Ornithologie :
OEil blanc, la Fauvette Tchéric ;
OEil de Boeuf , le Roitelet, Motacilla re-
gulus ;
OEil d'or, le Garrot, espèce du genre Ca-
nard ;
OEil de verre, le Colymbus septentriona-
lis , quelques autres Plongeons, el le Sylvia
Madagascariensis.
En Ichthyologie :
OEil de Boeuf, le Sparus macrophthal-
mus ;
OEil d'or, le Lutjanus chrysops;
OEil de Paon , le Chœtodon ocellatus ;
OEil rouge , un Cyprin.
En Conchyliologie :
OEil d'Ammon et OEil de Bœuf , V Hélix
oculus Capri;
OEil de Bouc , la plupart des Patelles de
nos côtes ;
OEil de Flambe , le Trochus vestiarius;
OEil de rubis, une Patelle;
OEil de Sainte-Lucie, l'opercule de la
coquille du genre Trochus;
OEil de Vache, l'Hélice glauque.
En Entomologie :
OEil du jour et OEil de Paon , le Papilio
Io L.
En Botanique :
OEil , le bouton ou bourgeon naissant des
arbres ;
OEil de Boeuf, les Chrysanthèmes des
champs et leucanthèmes , les Buphthalmes
et V Anthémis tinctoria;
OEil de Bouc , le Pyrèthre et le Chrysan
thème leucanthème ;
OEil de Bourrique , le Dolichos urens ;
OEil de Chat, les fruits du Guilandina
bonduc ;
OEil de Cheval , VInula helenium ;
OEil de Chèvre , les JEgilops ;
OEil de Chien , le Gnaphalium dioicum ,
la Conyze squaneuse, et le Plantago psyl-
lium ;
OEil de Gfâ&fêr, une Inule et Y Aster
a me 'lus;
O^il du BïAf.le, Y Adonis œstivalis;
OEil d'or, le Borrera chrysophthalma;
OEil de Pehdrix, le Myosotis, une Sca-
bieuse et Y Adonis œstivalis;
OEil de Soleil, la Ma tricaire commune,
Matricaria camomilla L. ;
OEil de Vache , les Anthémis arvensis el
cotula.
En Minéralogie :
OEil de Boeuf , une variété de Labra-
dorite ;
OEil de Chat ou chatoyant, une variété
de Quartz ;
OEil de Perdrix, la pierre meulière;
OEIL
OEIL
755
Œil de poisson ou Pierre de Lune , une
▼ariété de Feldspath adulaire, etc.
OEILLÈRES, mam. — Le nom de
Dents œillères a été donné chez l'homme aux
canines supérieures à cause de leur position
au-dessous des yeux. (E. D.)
OEILLET. Dianthus (&o'ç avGoç, fleur de
Jupiter ). bot. ph. — Grand et beau genre
de plantes de la famille des Caryophyllées-
Silénées, tribu des Dianthées, de la Décan-
drie digynie dans le système de Linné. Le
nombre des espèces qui le composent s'élève
aujourd'hui à plus de 130, parmi lesquelles
plusieurs sont répandues dans tous les jar-
dins à titre d'espèces d'ornement, et dont
plus de 20 appartiennent à la Flore fran-
çaise. Tel que nous l'envisageons ici , à
l'exemple de M. Endlicher, il correspond
non seulement au genre établi sous le même
nom par Linné, mais encore à une portion des
Gypsophila de ce botaniste et de Desfontai-
nes. Ainsi limité, il se compose de plantes
herbacées ou sous-frutescentes qui croissent
dans les parties tempérées et froides de l'hé-
misphère septentrional , dont quelques unes
se retrouvent au cap de Bonne-Espérance.
Leur tige est articulée-noueuse; leurs feuil-
les sont opposées, presque toujours connées
à leur base, ordinairement linéaires, plus
rarement lancéolées ou oblongues ; leurs
fleurs, généralement assez, grandes et bril-
lantes, sont solitaires ou disposées en cyme
plus ou moins serrée; elles présentent les
caractères suivants : La base de leur calice
est entourée presque toujours de bractéoles
au nombre de 2 , 4 ou un plus grand nom-
bre, imbriquées et réunies en calicule; le
calice lui-même est tubuleux ou cylindrique,
parfois dilaté vers l'orifice ou turbiné, ter-
miné par 5 dents ; au-dessus du calice, l'axe
floral se prolonge en une sorte de pédicule
qu'on a nommé carpophore , et qui donne
naissance, vers son extrémité, aux verticilles
floraux plus intérieurs; il en résulte que
ceux-ci sont élevés au-dessus du calice de
toute la longueur de cet entre-nœud qui les
porte. La corolle est formée de 5 pétales à
onglet linéaire allongé , à lame rarement
entière, plus habituellement dentelée ou la-
ciniée, pourvue ou non d'appendices à sa
base; les 10 étamines sont plus ou moins
inégales entre elles. Le pistil présente un
ovaire uniloculaire à l'état adulte, par suite
de la rupture des cloisons, qui, dans l'état
jeune, le partageaient en deux loges à nom-
breux ovules portés sur un placenta central,
et deux styles revêtus de papilles stigmati-
ques le long de leur côté interne. Le fruit
est une capsule cylindrique ou oblongue ,
uniloculaire, s'ouvrant au sommet, à sa ma-
turité, par 4 dents qui arrivent jusque vers
le milieu de sa longueur, et renfermant des
graines nombreuses, ovales ou oblongues ,
déprimées, convexes au dos, à hile central.
Dans le Prodromus (t. 1, p. 355), M. Se-
ringe divisait les Dianthus en deux sections :.
les Armer iastrum, à fleurs en cyme généra-
lement compacte, et les Caryophyllum, àin-
florescence lâche ou à fleurs solitaires. En
étendant la circonscription de ce genre,
M. Endlicher le subdivise en 4 sous-genres,
comme il suit :
a. Caryophyllum. Ce sont les Dianthus de
Linné et des auteurs; ils se distinguent par
les caractères suivants : Fleurs solitaires ou
plus souvent nombreuses, en cyme, parfois
entourées d'un involucre universel poly-
phylle; calice cylindrique, herbacé ou en
consistance de parchemin, strié multinervé,
calicule; autour du fruit, il reste entier ou
se fend d'un côté; corolle hypocratérimor-
phe, à onglets linéaires, dilatés en lame.
1. OEillet giroflée, Dianthus caryophyl-
lus Lin., OEillet des jardins, OEillet des fleu-
ristes DG. Cette espèce, qui a donné dans
les jardins tant et de si belles variétés, croît
spontanément dans les parties méridionales
de l'Europe. Sa tige est rameuse ; ses feuilles
sont linéaires, canaliculées, un peu épaisses
et raides, glauques ; ses rameaux se terminent
par des fleurs solitaires, odorantes, purpuri-
nes etquelquefoisblanchesdansles individus
spontanés, dont la couleur et les dimensions
ont été considérablement modifiées par la
culture. Le calicule est formé de bractées
le plus souvent au nombre de 4, courtes,
ovales, mucronées ; les pétales ont leur lame
très large et sans appendices. La culture de
cette espèce et l'art d'en obtenir, d'en con-
server et d'en perfectionner les variétés ,
constituent une branche importante de l'hor-
ticulture, dont on doit chercher les préceptes
et les détails dans les ouvrages spéciaux.
Nous nous bornerons donc ici à présenter
succinctement des notions fondamentales sur
ce sujet.
756
OEIL
OEIL
Les classiGcations des nombreuses varié-
tés obtenues de l'OEillet des jardins sont
aussi arbitraires, aussi peu rigoureuses que
celles de la plupart des autres plantes d'or-
nement. Elles varient même d'un pays à
l'autre. Les horticulteurs français établissent
d'ordinaire parmi elles 4 catégories : 1° les
OEillets grenadins ou à ratafia, dont les pé-
tales, de couleur rouge foncée et très odo-
rants , servent à colorer et à parfumer les
liqueurs, les essences, etc. Ces pétales sont
regardés, en médecine, comme cordiaux,
toniques, même astringents, et ils sont em-
ployés en infusion dans le-traitementde cer-
taines fièvres ; on en fait également un si-
rop. 2° Les OEillets prolifères ou OEillets à
carte, les plus grands de tous, et dont le
diamètre atteint ou dépasse même un déci-
mètre. Le nombre de leurs pétales est telle-
ment considérable, que les onglets ne peu-
vent souvent tenir dans le calice, qui se
fend alors d'un côté et détruit ainsi toute la
régularité de la fleur. Le nom d'OEillets à
carte leur vient de ce que l'on soutient et
étale leurs pétales au moyen d'une carte
taillée en rond et découpée à son bord. Ces
fleurs sont très belles; leur fond est blanc ,
tacheté ou panaché de diverses couleurs. Au-
jourd'hui, la mode les a presque abandon-
nés. 3° Les OEillets jaunes, à fond plus ou
moins vif, panaché ou tacheté de rouge.
4° Les OEillets flamands, qui tirent leur
nom du pays dans lequel leur culture a pris
le plus d'extension et a obtenu le plus de
succès. Lille est le centre principal de cette
culture aujourd'hui très importante. Les
OEillets que comprend cette quatrième caté-
gorie se distinguent par leur fond d'un blanc
pur, sur lequel se détachent nettement des
panachures de diverses couleurs; leur fleur
est grande, à pétales nombreux, arrondis,
rayés longitudinalement de 1 , 2 ou 3 cou-
leurs, mais qui ne crèvent pas le tube du
calice. Le nombre des couleurs diverses de
ces panachures fait donner à ces OEillets dif-
férentes dénominations. On les nomme bi-
colores, lorsque, à la couleur du fond, vien-
nent se joindre des panachures d'une seule
'* couleur; tricolores, lorsque, sur le fond
blanc, se détachent des panachures de deux
teintes différentes ; bizarres , lorsqu'il y
existe trois couleurs. Une variété très cu-
rieuse d'OEillet est celle dans laquelle les
bractées du calicule se sont beaucoup mul-
tipliées, de manière à s'appliquer l'une sur
l'autre en s'irnbriquant dans une longueur
parfois considérable.
Les horticulteurs anglais admettent éga-
lement quatre catégories parmi Ses variétés
d'OEillets cultivés; mais ces divisions sont
caractérisées uniquement pour eux par les
distributions diverses des couleurs sur les
pétales ; ils leur donnent les noms de :
1° Bizarres; 2° Flakes; 3° Picotés; 4° Far-
dés.
C'est par des soins constants, et grâce à
une foule de précautions, quel'on obtient des
variétés nouvelles d'OEillets, et que l'on con-
serve les anciennes. Les semis seuls donnant
des variétés nouvelles, c'est uniquement par
les semis qu'on cherche à enrichir les collec-
tions ; de plus , comme la graine prise sur
des pieds à fleurs simples donne très rare-
ment des pieds à fleurs doubles, c'est pres-
que toujours celle des fleurs semi-doubles
qu'on emploie de préférence. Les semis se
font au printemps , en terrine , et dans une
terre franche mêlée d'un terreau fin , ou
en terre de bruyère. On repique ensuite le
jeune plant dans une terre bien préparée
et fumée d'avance, et l'on continue les bi-
nages et les arrosements jusqu'aux premiers
froids. Les plantes résistent à l'hiver sans
abri, ou tout au plus on les garantit avec
des paillassons contre le verglas et contre les
changements brusques de température. Dès
le printemps, on recommence le binage et
les arrosements jusqu'à la floraison, qui a
lieu vers la fin de juin ou le commence-
ment de juillet de la seconde année, et
dont on profite pour faire un choix parmi
les plantes.
Pour la conservation et la multiplication
des variétés, on a recours aux marcottes
avec incisions , et surtout aux boutures.
Celles-ci sont estimées préférables aux pre-
mières comme conservant mieux la fraî-
cheur et la pureté des couleurs. Quant aux
détails de ces opérations et aux soins mi-
nutieux à donner aux plantes, leur exposé
sort du cadre de cet ouvrage et doit être
cherché dans les traités d'horticulture.
2. OEillet mignardise, Dianihus pluma-
nusLinn. (D. moschatus May er.) La patrie
de cette jolie espèce , si répandue dans les
jardins, est inconnue; on la cultive d'or-
OEIL
OEIL
757
dinaire en bordures , qui produisent un très
bel effet. La plante a une teinte générale
glauque; elle forme des touffes épaisses;
sa racine est vivace ; ses tiges n'attei-
gnent guère que 2 ou 3 décimètres de hau-
teur; ses feuilles sont linéaires, rudes à
leur bord. Ses fleurs, au nombre de deux
ou trois seulement sur chaque tige , ont
une odeur agréable ; elles sont tantôt pur-
purines, tantôt pourpre foncé, tantôt ro-
sées ou blanches, tantôt, enfin, tachetées
de ces diverses couleurs; elles se succèdent
en abondance vers la fin du printemps. Les
bractées de leur calicule sont presque ovales,
très courtes , et terminées par une petite
pointe; leurs pétales portent quelques poils
à la base de leur lame, qui est divisée en
laciniures nombreuses et étroites. Outre les
variations que nous avons signalées pour la
couleur des fleurs de cette plante, on en
possède encore des variétés à fleurs doubles
et d'autres de proportions notablement plus
fortes dans toutes leurs parties. Toutes
ces variétés se multiplient de graines , par
éclats ou par marcottes qui s'enracinent
facilement.
3. OEillet barbu , Dianthus barbatus
Linn. , vulgairement OEillet bouquet, OEillet
depoè'te, Bouquet parfait, Jalousie, etc. Cette
plante croît spontanément dans les lieux
stériles de nos départements méridionaux ,
en abondance dans certaines vallées des Py-
rénées, etc. Elle est communément cul-
tivée comme espèce d'ornement. Elle est
bi- ou trisannuelle. Ses tiges naissent en
touffe et s'élèvent à 3 ou 4 décimètres ;
leurs entre-nœuds sont un peu courts ; ses
feuilles sont lancéolées, aiguës, trinervées ;
ses fleurs sont petites et réunies en grand
nombre en une cyme corymbiforme serrée ,
plane ou peu convexe; les bractées de leur
calicule sont lancéolées-subulées , et de lon-
geur égale à celle du calice ; la lame de leurs
pétales est courte , en forme de coin , dente-
lée à son bord. Ces fleurs varient beaucoup
de couleur par l'effet de la culture; dans
l'état spontané, elles sont purpurines avec
quelques taches plus foncées; mais dans
nos jardins on en voit de toutes les nuances,
depuis le rouge-pourpre jusqu'au blanc, et
de panachées; on en cultive également de
doubles. La multiplication de la plante
s'opère sans difficulté par graines semées
de bonne heure , par boutures , par mar-
cottes ou par éclats.
On cultive encore dans les jardins quel-
ques autres espèces d'OEillets du même sous-
genre, que nous passerons sous silence pour
ne pas trop prolonger cet article.
b. Kohrauschia,liunih. Fleurs ramassées-
capitées , très rarement solitaires , sessiles,
entourées toutes ensemble d'un involucre
universel scarieux, à 6-8 folioles. Calice de
la fleur centrale dépourvu de calicule ; celui
des fleurs latérales accompagné de deux
bractéoles scarieuses, de longueur égale ou
presque supérieure à celle du tube calicinal,
qui est membraneux, très délicat, à 5 dents
très peu prononcées , marqué de 5 bandes
longitudinales blanches , opaques, alternes
avec les sinus ; autour du fruit, le calice se
fend longitudinalement d'un côté jusqu'à sa
base; onglet des pétales long, leur lame
presque dressée. C'est à ce sous-genre qu'ap-
partient, entre autres espèces , notre Dian-
thus prolifer L.
c. Tunica, Scop. Fleurs solitaires ou ra-
massées-fasciculées , entourées, dans leur
ensemble , d'un involucre universel à 4
bractées scarieuses. Dans les espèces à cymes
fasciculées , les fleurs centrales sont pédi-
cellées, dépourvues de calicule; les laté-
rales sont sessiles, accompagnées d'un cali-
cule de deux bractéoles scarieuses. Calice
turbiné ou tubulé-claviforme , à 5 dents
profondes. Corolle hypocratérimorphe ou
en entonnoir, l'onglet de ses pétales s'élar-
gissant insensiblement en lame. Dans ce
sous-genre rentrent, par exemple, les Gyp-
sophila saxifraga et G. rigida Lin.
d. Pseudotunica, Fenzl. Fleurs solitaires,
pédicellées, en cyme. Calice sans calicule ,
en massue ou turbiné , anguleux. Corolle en
entonnoir ou campanulée , les onglets des
pétales s'élargissant insensiblement en lame.
Le sous -genre comprend quelques espèces
de Gypsophila de Desfontaines, par exem-
ple le G. compressa {FI. at. tab. 97).
(P. D.)
OEILLET (huile d'). chim. — Voy. huile.
ŒILLET DE DIEU. bot. ph. — Nom
vulgaire d'une espèce de Lychnide , la
Lychnide coquelourde, Lychnis coronaria
Lam.
ŒILLET DE MER. polyp.— Nom vul-
gaire des Caryophyllies.
753
OEtfA
OENA
OEILLETTE, bot. ph. — Nom vulgaire
des Pavots cultivés pour leurs graines dont
on extrait l'huile.
*OEME (nom mythologique), jns. —
Genre de Coléoptères subpentamères, tétra-
mères de Latreille, famille des Longicornes,
tribu des Cérambycins , créé par Newman
(The Entomologiste, p. 8 ). Le type, VOE.
indecorata de l'auteur, est propre aux États-
Unis. Ce genre correspond à celui de Scle-
rocerus de Dejean, qui y rapporte deux au-
tres espèces du Brésil. (C.)
*OEMONA. ms. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Céramby-
cins, établi par Newman (The Entomolo-
gistes, I, p. 8 ) , et qui a pour type une es-
pèce des Iles Philippines : VOE. humeralis
de l'auteur. (C.)
*OENA , Selby. ois. — Syn. deColumba,
Linn. , division de la famille des Pigeons.
Voy. pigeon. (Z. G.)
OENANTHE. OEnanthe (oîvo;, vin;
avGoç, fleur), bot. ph. — Genre de la famille
des Ombellifères , tribu des Sésélinées ,
établi par Lamarck (Dict., IV, 526) et gé-
néralement adopté. Ses principaux carac-
tères sont : Calice à limbe 5-denté. Pétales
obovés , émarginés. Stylopode conique, à
styles dressés, longs. Fruits prismatiques, à
cinq côtes aiguës ou obtuses, couronnées par
les dents du calice et les styles. Carpophore
indistinct.
Les OEnanthes sont des herbes aquati-
ques, glabres, à ombelles composées, à in-
volucre variable, souvent nul, à involu-
celles polyphylles; à fleurs blanches, fixées
sur de longs pédicelles insérés sur le rayon
de l'ombellule , hermaphrodites ou mâles
par avortement.
Ces végétaux croissent abondamment
dans les contrées boréales de l'ancien conti-
nent : quelques uns ont été rencontrés aussi
en Amérique.
Ce genre est très nombreux en espèces;
quelques unes en ont été retranchées et
rapportées à d'autres genres, et tel qu'il est
aujourd'hui limité, on en compte encore
une vingtaine (DC. Prodr. , IV, 136), ré-
parties en deux sections que plusieurs au-
teurs admettent comme genres distincts ;
ces sections sont :
a. OEnanthe, Linn. (Gen. , n. 352). Es-
pèces vivaces, à racines tubéreuses-fascicu-
lées.
Parmi les espèces qui composent ce sous-
genre, nous citerons :
1. L'OEnanthe pimprenellière , OEn.
pimpinelloides L. Sa racine, vivace, est
composée de plusieurs tubercules longue-
ment pédoncules ( var. chœrophylloides ) ou
brièvement pédoncules ( var. pimpinellœ-
folia). Elle croît abondamment dans les prés
des environs d'Angers, où elle est très re-
cherchée des habitants , qui la mangent
préparée avec divers assaisonnements.
2. L'OEnanthe safranée , OEn. crocata
L. , à racine composée de tubercules fusi-
formes réunis en faisceaux. Ces tubercules,
pressés sous les doigts, laissent échapper un
suc jaune et nauséabond qui constitue un
poison éminemment dangereux.
3. L'OEnanthe fistuleuse , OEn. flstulosa
L., très répandue dans les eaux stagnantes
de l'Europe. Elle porte des feuilles allongée!
fixées sur des pétioles fistuleux; les infé-
rieures sont deux fois ailées, tandis que les
supérieures sont simplement pinnées , à fo-
lioles petites, linéaires et pointues. Les fleurs
sont disposées en une ombelle composée de
trois ou quatre rayons et soutenant chacun
une ombellule plane, très serrée. Les fruits
sont d'un vert roussâtre.
b. Phellandrium, Linn. ( Gen. , n. 352),
Espèces annuelles ou bisannuelles, à racines
fibreuses.
Ce sous-genre est le moins nombreux en
espèces. Parmi elles nous citerons seule-
ment :
4. L'OEnanthe aquatique , OEn. phellan-
drium Lam. Cette plante s'élève quelque-
fois à plus de deux mètres; ses racines sont
composées de gros tubercules suspendus à
des fibres longues et verticillées. Elle croît
abondamment dans les sols humides, les
endroits marécageux, principalement aux
environs de Rennes , en Corse, etc. Cette
espèce est également mortelle pour l'homme
et les animaux domestiques. (B.)
OENANTHE. ois. —Nom latin du Tra-
quet motteux, converti par Vieillot en nom
de g., et syn. de Saxicola, Bechst. (Z. G.)
QENAS (ofvoç, vin), ins. — Genre de Co-
léoptères hétéromères , famille des Sténé-
lytres, tribu des Vésicants, créé par La-
treille ( Gênera Crustaceorum et Insectorum,
OENO
OENO
759
t. II, p. 219), et généralement adopté de-
puis. Les espèces qu'on rapporte à ce genre
sont les suivantes: OE. a/er Lin., crassicor-
nis F., luctuosus Lat., bicolor, unicolor Lap.,
et Wilhemsii Fald. La première se trouve en
Espagne , ia deuxième en Hongrie , la troi-
sième et la cinquième en Barbarie, la qua-
trième sur la côte d'Angole , et la sixième
en Perse. Leurs antennes, dont la longueur
ne dépasse guère celle du corselet, sont pres-
que de la même grosseur partout. Le pre-
mier article est presque en massue et en
forme de cône renversé; le second est très
court , la tige fait un coude , et forme un
corps cylindrique fusiforme , composé d'ar-
ticles serrés, transverses , à l'exception du
dernier qui est conoïde. (C.)
QENAS, Brisson. ois. — Syn. de Co-
lumba, Linn. Vieillot a employé génétique-
ment ce nom comme syn. de Ganga. (Z. G.)
*OENEMOIVA (oïVoç, vin; p.ovv,' , de-
meure ). Ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétrarnères de Latreille, famille
des Longicornes , tribu des Cerambycins,
créé par Newman ( The Entomologiste, I,
p. 8). Le type, YOE. humilis New., est ori-
ginaire de la Nouvelle-Zélande. Cet auteur
rapporte avec doute à ce enre une se-
conde espèce de Madagascar, qu'il nomme
OE. humeralis, et qui est sans doute la môme
que Dejean a placée dans son genre Lepto-
cerus. (C.)
QENOCARPE. OEnocarpus (°TvoÇ, vin,
xapKoç, fruit), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Palmiers, de la tribu des Aréci-
nées, établi par Martius {Palm., 21, 27 et
165, t. 22, 27), et dont les principaux ca-
ractères sont : Fleurs monoïques réunies
dans le même spadice; 2 spathes doubles.
FI. mâles: Calice 3 parti, à divisions ca-
rénées. Corolle à 3 pétales ovales ou oblongs.
Étamines 6; filets subulés, libres ou réunis
à la base; anthères linéaires, sagittées, fixées
par la partie dorsale. Ovaire rodimen taire.
FL femelles : Calice à trois folioles orbicu-
laires; corolle à trois pétales conformes.
Ovaire à 3 loges dont 2 très petites. Stig-
mates 3, sessiles. Baie uniloculaire, mono-
sperme, couronnée par les stigmates, fi-
breuse; endocarpe charnu, soudé avec le
noyau.
Les OEnocarpes sont des Palmiers des fo-
rêts de l'Amérique. Leur tronc s'élève a une
hauteur qui varie entre 13 et 30 mètres. Il
est droit, grêle, ordinairement cylindrique,
et couvert d'anneaux peu distincts. Les fron-
des , pinnées , sont fixées sur des pétioles
formant une longue gaîne. A l'aisselle des
frondes inférieures naissent les spadices,
munies d'une spathe double et ligneuse en-
veloppant tous les ramaux du spadice. Les
fleurs, de couleur pâle, sont entourées de
petites bractées. Les fruits sont ovales.
Ce genre renferme cinq espèces, parm:
lesquelles nous citerons, comme type, YCE-
nocarpus distichus Mart. (loc. cit.), dont le
fruit, cuit et soumis à la presse, donne une
huile inodore et d'une saveur agréable. (B.)
OENONE (nom mythologique), annél. —
M. Savigny, dans son Système des Annélides,
a publié sous ce nom la description d'une es-
pèce d'Annélide sétigère de la mer Rouge ,
dont il a publié lafiguredansses planches du
grand ouvrage d'Egypte. Il la rapporte aux
Euniciens de sa méthode, et lui assigne les
caractères génériques suivants :
Trompe dépassant le front; mâchoires au
nombre de neuf, quatre à droite, cinq à
gauche , conformées et disposées comme
celles des Aglaures, avec la même forme de
lèvre inférieure; yeux peu distincts ; anten-
nes point saillantes et comme nulles; cir-
rhes tentaculaires nuls; pieds ambulatoires
à deux faisceaux inégaux de soies simples
ou terminées par une barbe; cirrhes supé-
rieurs et inférieurs presque également allon-
gés, obtus; dernière paire de pieds à peu
près semblable aux autres.
M. Savigny fait remarquer que le Nereis
ebranchiata de Pallas paraît se rapprocher
beaucoup de rOEnonc. M. de Blainville, de-
puis lui, s'est occupé de ce genre d'Anné-
lides, et il le retire des Eunices pour le
placer parmi ses Néréiseolés ; il lui suppose
une grande affinité avec le Lom brin ère.
Risso a décrit une OEnone des côtes de Nice,
mais il n'est pas certain du tout que ce soit
réellement un animal du même genre que
celui de M. Savigny. (P. G.)
QEFVOPLEA, Hedw. fils (Gen., I, 151).
bot. pu. — Syn. de Ilerchemia, Neck.
OENOPMA, Schult. (Syst., V, 332).
bot. pu. — Syn. de Berchemia, Neck.
OENOTIIERA. bot. ph. — Nom scienti-
fique du genre Onagre. Voy. ce mot.
OENOTîSÉRACÉES. OEaolheraceœ. bot.
760
OEST
OEST
ph.— Synonymed'OnagrairesouOnagrariées.
*OEONIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Orchidées , tribu des Vandées , établi
par Lindley {in Bot. reg., n. 817 ; Orchid.,
22b ). Herbes de Madagascar et de nie
Bourbon. Voy. orchidées.
OEPATA , Rheede ( Malab. , IV , 59,
t. 45). bot. ph. — Syn. d'Avicennia, Linn.
*QERSTEDIA ( nom propre ). helm. —
M. de Quatrefages, dont le travail sur
les Némertiens n'avait pas paru lorsque
l'article Némerte de ce Dictionnaire a paru,
vient de faire connaître deux genres nou-
veaux de ces animaux qu'il nomme Va-
lencinea et OErstedia (Ann. des se. natur.,
3e série , t. IX ). Ce dernier comprend
les Némertiens à troncs nerveux sub-laté-
raux. Nous reviendrons sur ces animaux aux
articles téretulariens et vers. (P. G.)
OESOPHAGE, zool. — Voy. intestin et
PHARYNX.
OESTRE. OEstrus. ins. — Le nom
d'oTarpoç , a été appliqué par les Grecs à de
petits animaux qui incommodent beaucoup
les Poissons, et que l'on rapporte générale-
ment au genre Cymothoa. Aristote indique
sous la même dénomination , soitunCymo-
thoé qui attaque le Thon et l'Espadon ,
soit une espèce d'Hydrocorise. Virgile ,
Pline , Elien , etc. , ont appliqué le nom
d'OEslrus à des Insectes ayant un aiguillon
très fort à la bouche, qui bourdonnent en
volant, tourmentent les bœufs, et qui, sui-
vant toute probabilité, doivent être rap-
portés à des Taons. Linné, sans recher-
cher s'il donnait exactement le nom d'OEs-
trus aux animaux qui le portaient du temps
d'Aristote, a créé le premier, sous cette
dénomination, un genre de Diptères, qui,
adopté par tous les zoologistes, considéra-
blement restreint par Clarck et Latreille ,
est devenu, sous le nom à'OEstrides (voy.
ce mot) une tribu distincte de la famille des
Athéricères.
Tel que Latreille l'a constitué , et tel
qu'il est encore établi aujourd'hui, le genre
OEstre, OEstrus y a pour caractères princi-
paux : Cuillerons de grandeur moyenne, et
ne recouvrant qu'une partie des balanciers;
ailes en recouvrement au bord interne ;
les deux nervures longitudinales qui vien-
nent immédiatement après celles de la côte,
fermées par le bord postérieur qu'elles at-
teignent , et coupées au milieu du dis-
que, par deux petites nervures tranverses;
milieu de la face antérieure de la tête
offrant un petit sillon longitudinal et ren-
fermant une petite ligne élevée, bifurquée
intérieurement. Les OEstres se distinguent
des Hypodermes, Cutérèbres, Céphénémyes
et OEdémagènes , parce qu'ils n'ont pas de
trompe ni de palpes, et surtout parce que
leur cavité buccale est tellement peu appa-
rente, que son existence a été niée jusque
dans ces derniers temps; enfin, les Cépha-
lémyies en sont séparées par la forme des ner-
vures des ailes, et parce que ces derniers
organes sont écartés l'un de l'autre.
Les OEstres sont des Diptères d'une taille
assez grande, ressemblant beaucoup à de
grosses mouches, mais plus velus. A leur
état parfait, ils semblent appelés unique-
ment par la nature à l'acte de la reproduc-
tion , car ils ne prennent que peu ou plutôt
pas de nourriture , leurs organes de man-
ducation étant réduits à un état presque
rudimentaire. Dès qu'ils ont subi leur der-
nière métamorphose, les OEstres cherchent
a s'accoupler , et bientôt après la femelle
se met à la recherche des animaux sur les-
quels elle doit déposer ses œufs. On croyait
autrefois , d'après Vallisnieri et Réaumur,
que TOEstre allait déposer ses œufs sur les
bords de l'anus des Chevaux, et que de là
la larve remontait dans l'estomac, en par-
courant toutes les sinuosités des intestins;
mais Clarck a démontré qu'il n'en était pas
ainsi. D'après lui, la femelle de TOEstre,
pour effectuer sa ponte , s'approche de l'a-
nimal qu'elle a choisi, en tenant son corps
presque vertical dans l'air; l'extrémité de
son abdomen , qui est très allongée et re-
courbée en haut et en avant, porte un œuf
qu'elle dépose sans presque se poser sur la
partie interne de la jambe, sur les côtés et
à la partie interne de l'épaule, et rarement
sur le garrot du Cheval ; cet œuf, qui est
entouré d'une humeur glutineuse , s'attache
facilement aux poils de l'animal ; l'OEstre
s'éloigne ensuite un peu du Cheval pour
préparer un second œuf, en se balançant \
dans l'air ; elle le dépose de la même ma- \
nière , et répète ainsi ce manège un très
grand nombre de fois. Ces œufs éclosent à
l'endroit où ils ont été pondus, et ce n'est
qu'à l'état de larve que l'Insecte, s'attachant
OEST
OEST
'Cl
à la langue qui vient lécher la partie du
corps sur laquelle il était collé, parvient,
par l'œsophage, dans l'estomac de sa vic-
time.
1 Les larves des OEstres , et principalement
celle de VOEstrus equi, sont apodes, de
forme conique, allongée. Le corps est com-
posé de onze anneaux , garnis chacun à leur
bord postérieur d'une rangée circulaire d'é-
pines triangulaires , solides, jaunâtres dans
la plus grande partie de leur longueur ,
noires à leur extrémité, et dont la pointe,
très aiguë , est dirigée en arrière. Au-dessus
du corps, les anneaux du bout postérieur,
et ceux qui en sont le plus pioches , n'ont
pas de ces épines , qui existent sur les mê-
mes anneaux du côté du ventre. L'extrémité
antérieure, qui est tronquée, figure une
espèce de bouche transversale , avec deux
lèvres qui peuvent se joindre pour former
l'ouverture qu'elles circonscrivent. On re-
marque, dans l'espèce de cavité profonde
que ces lèvres laissent entre elles lorsqu'elles
sont écartées, six doubles sillons couchés
transversalement, et courbés en dedans de
chaque côté , de manière à se rapprocher
en cercle. Ces sillons, formés par une sub-
stance écailleuse, sont criblés de petits
trous que l'on regarde comme des ouver-
tures de stigmates ; les espèces de lèvres qui
recouvrent cet appareil respiratoire sont
évidemment destinées aie boucher exacte-
ment , afin de le protéger contre les aliments
liquides et les sucs qui se trouvent dans l'es-
tomac du Cheval. Comment ces larves peu-
vent-elles exister dans l'estomac, exposées
à une température très élevée et dans un
air aussi vicié? On ne peut l'expliquer; on
sait seulement que ces larves se tiennent le
plus ordinairement autour du pylore, et
qu'elles se nourrissent du chyme qu'elles
trouvent dans l'estomac. D après les obser-
vations récentes de M. Joly {Académie des
sciences y septembre 18i6), il paraît que les
larves subissent des changements notables
depuis leur naissance jusqu'au moment de
leur transformation en nymphe , et cela
non seulement dans leur forme , mais en-
core dans leur structure ; ainsi les larves de
VOEstrus equi , au lieu d'être brusquement
tronquées à leur partie postérieure, ainsi
que cela a lieu au commencement de leur
Vie, ont cette même partie très effilée et
t. vm.
terminée par deux tubes respiratoires ana-
logues à ceux de beaucoup de Diptères aqua-
tiques, tubes qui seront remplacés plus tard
par un appareil si curieux et si compliqué,
qu'il serait peut-être difficile d'en citer un
autre exemple dans l'immense série des In-
sectes. Lorsque ces larves ont pris tout leur
accroissement, elles descendent en suivant
les intestins, se traînent au moyen de leurs
épines ou sont portées par les excréments ,
jusqu'à ce qu'elles arrivent à l'anus , sur les
bords duquel on les trouve souvent suspen-
dues dans les mois de mai et juin, prêtes
à tomber à terre pour y subir leur dernière
métamorphose. Arrivées à terre, elles se
changent bientôt en chrysalides ; leur peau
se durcit, devient d'un beau noir et leur
sert de coque; elles restent six ou sept se-
maines dans cet état, après lesquellesl'Insecte
parfait sort de sa coque en faisant sauter
une pièce ovalaire située au bout extérieur
de cette enveloppe.
On s'est demandé si ces larves étaient
utiles, ou si, au contraire, elles étaient
nuisibles aux Chevaux. Clarck croit qu'elles
sont plus utiles que nuisibles, et Réaumur,
ayant observé pendant plusieurs années des
Chevaux attaqués par les OEstres, dit qu'ils
ne se portaient pas moins bien que ceux
qui n'en nourrissaient pas ; mais Yallis-
nieri , d'après Gaspari, leur attribue, au
contraire, la cause d'une maladie épidé-
mique qui fit périr, en 1713, un grand
nombre de Chevaux dans le Véronais et le
Mantouan.
L'é ude des OEstres a occupé plusieurs
zoologistes, et nous avons résumé principa-
lement les observations de Réaumur, de
Clarck et de Latreille; nous avons présenté
quelques faits récents indiqués par M. Joly,
et nous aurons l'occasion de parler de nou-
veau de l'important travail de ce natura-
liste à l'article cestrides, où nous dirons
quelques mots de l'anatomie de ces Di-
ptères.
On rapporte six espèces à ce genre; pres-
que toutes vivent dans l'estomac du Cheval,
et nous allons en donner une idée générale
en prenant pour guide V Histoire des Diptères
des Suites à Ihiffon, de M. Macquart.
1° L'Œstre du chkval, OEstrus cqui
Clarck {OEstr., lab. I, f. 12-14.), Latr.
OEslrus bovis Linné, Fabr., Fallen , GaS'
96
762
OEST
OEST
trus equi Meigen. Long de cinq lignes ;
face fauve, à duvet blanchâtre, soyeux ;
un sillon longitudinal ; front fauve; partie
postérieure à poils noirs ; antennes ferrugi-
neuses ; thorax à poils ferrugineux; une
bande transversale de poils noirs ; abdomen
brun , à poils ferrugineux ; une tache dor-
sale noirâtre à chaque segment; des points
noirs chez les mâles ; pieds ferrugineux ;
ailes blanchâtres ; une bande transversale ,
brunâtre, ainsi que deux taches apicales.
Cette espèce se trouve en France , en An-
gleterre, en Italie et en Orient, dans les
mois de juillet et d'août, près des pâtura-
ges. La femelle dépose ses œufs sur les jam-
bes et les épaules des Chevaux, qui, en se
léchant, transportent les larves dans leur
estomac, où elles se développent.
2° L'OEstre salutaire, OEstrus salutaris
Clarck {OEstr., tab. I, f. 35), Gastrus sa-
lularis Meigen. Se trouve en France , en
Angleterre. Suivant Clarck , les larves vi-
vent dans l'estomac des Chevaux, et facili-
tent la digestion par leur présence.
3° L'OEstre hémorrhoïdal, OEstrus hœ-
morrkoidalis Linné , Fabr. , Fallen , Gas-
trus hœmorrhoidalis Meigen. Se trouve
dans toute l'Europe. La femelle dépose ses
œufs dans le nez des Chevaux , d'où ils sont
transportés par la langue dans la bouche et
ensuite dans les intestins.
4° L'OEstre nasal , OEstrus nasalis
Linné, OEstrus velerinus Fabr., Fallen,
Clarck (OEstr., tab. I,f. 26 et 27), Gastrus
nasalis Meigen. La larve de cette espèce
vit dans l'œsophage du Cheval, de l'Ane,
du Mulet, du Cerf et de la Chèvre. Se trouve
dans toute l'Europe.
5° L'OEstre des troupeaux, OEstrus pe-
corum Fabr., Fallen, Gastrus pecorum
Meigen. Cette espèce semble propre à la
Suède, et la larve, suivant Fabricius, vit
dans les intestins du bœuf.
6° L'OEstre flavipède , OEstrus flavipes
[Encycl. mélh.). Cette espèce, qui a été
trouvée dans les Pyrénées par M. Al. Bron-
gniart, n'est pas bien connue, (E.-D.)
OESTRES DE MER. crust.— Nom vul-
gaire des espèces du genre Cymothoé. Voy.
ce mot.
OESTRÏDÉES. OEslrideœ , Leach. ins.
— Syn. d'OEstrides, Latr. (E. D.)
OESTRIDES. OEstrides. ins.— Tribu de
l'ordre des Diptères, famille des Athéricères,
établie par Latreille et comprenant l'ancien
genre OEstrus de Linné. Latreille, et d'après
lui M. Macquart ( Diptères des Suites à Buf~
fon de Roret, 1835), caractérise ainsi ces
Insectes : Corps ordinairement velu; trompe
tantôt nulle ou cachée dans la cavité buccale
qui semble parfois fermée, tantôt rudimen-
taire, et alors la bouche est légèrement fen-
due ; palpes tantôt distincts, tantôt nuls;
antennes courtes , insérées dans une cavité
de la face ; troisième article ordinairement
globuleux ; style habituellement dorsal ,
épais à sa face; abdomen ovale; cuillerons
grands; ailes souvent écartées, présentant
trois cellules postérieures : la première sou-
vent fermée, quelquefois entr'ouverte, quel-
quefois même très ouverte. A ces caractères,
ajoutons qu'à l'état parfait ces Insectes ont
le port de la Mouche domestique : leur corps
est velu et coloré par bandes , à la manière
de celui des Bourdons; leurs antennes sont
terminées en palettes lenticulaires, portant
chacune sur le dos et près de son origine
une soie simple; les tarses sont terminés par
deux crochets et deux pelotes.
La tribu des OEstrides, l'une des plus re-
marquables entre les Diptères par son orga-
nisation et ses mœurs, n'a pas de place bien
déterminée dans l'ordre naturel. Si le fa-
ciès indique le voisinage des Syrphies , si
la grandeur des cuillerons la rapproche des
Muscides supérieurs , le peu de développe-
ment des antennes, et surtout de la trompe,
entièrement nulle dans quelques genres, la
rejette dans les derniers rangs des Muscides.
Toutefois les principaux entomologistes , et
en particulier Latreille et M. Macquart , la
placent entre les Syrphies et les Muscides ,
en se basant sur ce que des anomalies assez
fréquentes de la trompe des Diptères s'op-
posent à ce que cet organe , tout important
qu'il est , soit toujours regardé comme un
caractère essentiel.
On trouve rarement ces Insectes dans
leur état parfait; et le temps de leur appa-
rition , ainsi que les lieux qu'ils habitent,
sont très bornés. Comme les femelles dé-
posent leurs œufs sur le corps de plusieurs
Ruminants , c'est dans les bois et les pâtu-
rages fréquentés par ces animaux qu'il faut
les chercher. Chaque espèce d'OEstre est or-
dinairement parasite d'une même espèce do
OEST
Mammifère, et choisit pour placer ses œufs
la partie du corps qui peut seule convenir à
ses larves, soit qu'elles doivent y rester, soit
qu'elles doivent passer de là dans l'endroit
favorable à leur développement. Le Bœuf,
le Cheval , l'Ane, le Renne , le Cerf, l'Anti-
lope , le Chameau , le Mouton et le Lièvre,
sont jusqu'ici les seuls Mammifères connus
sujets à recevoir des larves d'OEstres. Tou-
tefois, il paraîtrait quedes larves d'une espèce
particulière de ce genre, nommée OEslrus
hominis, attaqueraient l'Homme lui-même ;
mais malgré les recherches de plusieurs na-
turalistes, ce fait n'est pas encore démontré
d'une manière tout -à-fait certaine. Un
grand nombre de personnes se sont occupées
de ce sujet important , principalement
MM. Say, Howsley , de Humboldt, Roulin ,
Guérin-Méneville, Justin Goudot, et sur-
tout M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, qui,
dans un rapport présenté en 1838 à l'Ins-
titut de France , a résumé d'une manière
complète tout ce qui avait été publié sur ce
sujet, et qui conclut que quoiqu'on n'ait
fait aucune observation qui vienne démon-
trer, d'une manière directe, la présence de
larves d'OEstres dans l'Homme , on ne peut
cependant pas, sans outrer le scepticisme ,
se reruser à admettre l'existence d'OEstres
cutanés dans l'Homme. Enfin , tout récem-
ment , M. Joly a lu un travail important à
ce sujet à l'Académie des sciences (septem-
bre 1846); mais ce mémoire n'étant pas
encore publié, nous ne pouvons en par-
ler ici.
Les animaux craignent beaucoup l'OEstre
lorsqu'il cherche à faire sa ponte. Le séjour
des larves est de trois sortes , qu'on peut
distinguer par les dénominations de cuti-
coles, cavicoles et gastricoles, suivant qu'el-
les vivent dans les tumeurs ou bosses for-
mées sous la peau, dans quelques parties de
l'intérieur de la tête, ou dans l'estomac de
l'animal destiné à les nourrir. Les œufs
d'où sortent les premières sont placés par la
mère sous la peau qu'elle a percée avec une
tarière écailleuse , composée de quatre seg-
i ments rentrant l'un dans l'autre, armée au
bout de trois robustes crochets et de deux au-
tres pièces. Les œufs des autres espèces sont
simplement déposés et collés sur quelques
parties de la peau, soit voisines des cavités
naturelles et intérieures où les larves doivent
OEST
763
pénétrer et s'établir, soit sujettes à être lé-
chées par l'animal afin que les larves soient
transportées avec la langue dans la bouche,
et qu'elles gagnent de là le lieu qui leur
est propre. C'est ainsi que la femelle de
l'OEstre du Mouton place ses œufs sur le
bord interne des narines de cet animal, qui
s'agite alors , frappe la terre avec ses pieds,
et fuit la tête baissée ; la larve s'insinue
dans les sinus maxillaires et frontaux, et se
fixe à la membrane interne qui les tapisse au
moyen de deux forts crochets dont la bouche
est armée : nous avons dit que c'était au
moyen de la langue du cheval que VOEstrus
equi faisait parvenir les larves dans son es-
tomac; il en est de même de YOE. hœmor-
rhoidalis. C'est généralement autour du py-
lore que l'on trouve ces larves parfois en
grand nombre, et ce n'est que rarement que
l'on en rencontre dans les intestins.
Chez les OEstres, l'accouplement se fait
comme chez la plupart des Diptères , et
M. Joly a vu que la femelle reçoit le mâle ,
et n'est pas au contraire reçue par lui, ainsi
qu'on l'avait prétendu. Toutes les espèces
doivent être ovipares , quoique le contraire
ait été dit : M. Joly a fait des observations
à ce sujet sur l'OEstre du Cheval ; il a re-
cueilli des œufs qu'il a placés avec soin dans
un bocal, et il a vu naître de jeunes larves.
Quant à la forme des larves , nous ne la
décrirons pas ici, toutes celles des OEstrides
se ressemblant beaucoup , et ayant déjà dit
quelques mots de celles des OEstres propre-
ment dites à l'article oestre , auquel nous
renvoyons. C'est ordinairement en juin et
juillet que les métamorphoses s'opèrent : les
larves parvenues à toute leur croissance sont
rejetées à l'extérieur par l'anus des animaux
qui les ont nourries; elles se transforment
en terre en chrysalides, restent quelque
temps dans cet état, puis se métamorphosent
enfin en Insecte parfait.
L'anatomio des OEstrides est encore assez
peu avancée , et nous nous bornerons à ci-
ter à ce sujet quelques passages du travail
de M. Joly. Quoique ces Insectes aient été
quelquefois désignées sous le nom d'As-
tomes (à, privatif; aré^a , bouche), il
existe, au moins dans un assez grand nom-
bre d'espèces à l'état adulte, une ouverture
buccale le plus souvent accompagnée de deux
palpes rudimentaires. Le canal intestinal est
764
OEST
muni d'appendices tout-à-fait analogues à
ceux dont sont pourvus la plupart des In-
sectes. Les organes respiratoires, le système
nerveux et l'appareil de la génération, sont
également construits d'après le type le plus
commun chez les Diptères. L'organisation
des OEstrides à l'état de larve offre égale-
ment une assez grande ressemblance avec
celle de certaines larves appartenant aux
Diptères. Indépendamment des mandibules
ou crochets dont la bouche est armée dans
VOEstrus equi , il y a deux maxilles très
petites, que l'on ne voit pas dans les Cépha-
lémyies et Hypodermes. Dans les divers
groupes, les organes digestifs offrent entre
eux beaucoup de ressemblance. L'appareil
respiratoire est très compliqué, et c'est dans
les OEstrus qu'il a acquis son maximum de
perfectionnement. Ces Insectes peuvent res-
ter longtemps sans respirer : plongés dans
divers liquides (tels que l'alcool , l'huile
d'olive , l'huile de ricin ), les larves d'GEs-
trus equi et de Cephalemyia ovis peuvent
vivre plusieurs jours et même plusieurs se-
maines , tandis que des larves d'autres Di-
ptères périraient presque instantanément.
Un grand nombre de zoologistes se sont
occupés des OEstrides ; nous citerons prin-
cipalement les travaux de Réaumur et de
Degéer (Histoire des Insectes); la Monogra-
phie des OEstrides de Clarck, publiée en 1 825
dans les Transactions de la Société linnéenne
de Londres, et depuis traduite en français ;
les notices de Latreille, dans le Dictionnaire
d'histoire naturelle de Déterville , dans le
Règne animal de G. Cuvier ; les travaux de
M. Macquart ( Diptères des Suites à Buffon
de Roret , 1835 ) ; un mémoire de M. Joly
intitulé : Recherches zoologiques, anatomi-
ques et physiologiques sur les OEstrides en
général , et particulièrement sur les OEstres
qui attaquent l'Homme, le Cheval, le Bœuf et
le Mouton, qui, malheureusement, n'est pas
encore publié, et n'est connu que par un
extrait que l'auteur en a donné dans le nu-
méro du 7 septembre 1846 des Comptes-
rendus de V Académie des sciences, etc.
La tribu des OEstrides comprend aujour-
d'hui un assez grand nombre d'espèces;
aussi n'a-t-on pas pu se borner à n'y for-
mer, comme le faisait Linné, qu'un seul
genre. On en admet en général sept, et nous
allons les indiquer en suivant la classifica-
OGC
tion donnée par M. Macquart (loco ct-
lato).
A. Une cavité buccale distincte.
B. Style des antennes plumeux ( larves
cuticolcs).
Genre I. — Cutérèbre.
BB. Style des antennes nu.
G. Point de palpes ni de trompe (larves
cuticoles).
Genre IL — Hypoderme.
CC. Des palpes.
D. Point de trompe distincte ( larves cu-
ticoles ).
Genre III. — OEdémagène.
DD. Une trompe distincte (larves cavi-
coles ).
Genre IV. — Cépbénémyie.
AA. Une cavité buccale peu apparente.
E. Ailes écartées; cuillerons grands.
F. Deux cellules postérieures aux ailes
(larves cavicoles).
Genre V. — Céphalémyie.
FF. Quatre cellules postérieures aux ailes.
Genre VI. — Colax.
EE. Ailes couchées ; cuillerons médio-
cres (larves gastricoles).
Genre VII. — OEstre.
En terminant, nous renvoyons le lecteur
à tous les mots génériques que nous venons
de citer , et particulièrement à l'article
OESTRE. (E. DESMAREST.)
OETHRA. crust. — Voy. jethre.
OETITE. min. — Voy. pierre d'aigle.
OEUF. zool. — Voy. ovologie.
OFFRAYE. ois. — Espèce de Balbuzard.
Voy. ce mot.
*OFFULA. arach. — Sous ce nom est
désigné par M, Heyden , dans le journal
VIsis, une nouvelle coupe générique dont
les caractères n'ont pas encore été publiés.
Je crois que c'est au genre Sarcoptes que
cette division générique doit être rapportée.
Voy. sarcoptes. (H- L.)
OFTIA, Adans. bot. ph.— Syn. de Spiel-
mannia.
*OGCEROSTYLUS , Cass. (in Dict. se.
nal., XXIII, 513). bot. ph. — Syn. de Sly-
loncerus, Labillard.
*OGCODERES ( oyxoç , grosseur ; Sép-n ,
OGO
OGY
65
cou), ins. — Genre de ColéDptères tétramè-
res, famille des Xylophages, tribu des Lyc-
tides, formé par Dejean (Catalogue, 3e éd.,
p. 337) avec deux espèces américaines, les
0. asperatus Dej. et lobatus Lat. La pre-
mière est des environs de Carthagène (Nou-
velle-Grenade), et la seconde se trouve à
Cayenne, (C.)
*OGCODES (oyxwSns , tuméfié), ins. —
Genre de Tordre des Diptères brachocères ,
famille des Tanystomes , tribu des Vésicu-
leux , établi par Latreille et adopté par
M. Macquart (Diptères, Suites à Buffon,
t. I , p. 368 ). Ce dernier auteur en décrit
3 espèces : Og. gibbosus Latr. (Henops id.
Fab. , Henops leucomelas Fall. , Musca gib-
bosa Linn. ), d'Europe; Og. rnarginatus
( Henops id. Meig. , Henops gibbosus Fall.) ,
de France et d'Allemagne ; Og. varius Latr.,
des environs de Paris. (L.)
*OGCODOCERA (byx^, gonflé ; «fcocç,
antenne), ins. — Genre de l'ordre des Di-
ptères brachocères , tribu des Bombyliens,
établi par M. Macquart (Dipt. exot. , t. II ,
lre partie, p. 83), qui n'y rapporte qu'une
seule espèce , Og. dimidiata , originaire de
l'Amérique septentrionale. (L.)
OGIERA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées, tribu des Sénécioni-
dées, établi par Cassini (in Dict. se. nat.,
XXXV, 445; XLIII, 371). Herbes de l'A-
mérique tropicale. Voy. composées. —
Ogiera, Spreng. (Syst., III, 674), syn.
d'Euxemia, Cham.
OGLIFA (anagramme de Filago). bot.
ph. — Genre de la famille des Composées,
tribu des Inulées, établi par De Candolle
(Prodr., VI, 248) aux dépens des Filago.
L'espèce principale est le Filago arven-
sis L.
OGNON. bot. ph. —Nom vulgaire d'une
espèce d'Ail , VAllium cepa L.
On a aussi appelé :
Ognon de Loup, une variété de Potiron ;
Ognon marin , le Scilla maritima;
Ognon musqué, le Muscari ;
Ognon sauvage, VHyacinthus comosus, etc.
OGNON BLANC, moll. — Nom vulgaire
et marchand de V Hélix gigantea.
OGNONNET. bot. ph. — Nom vulgaire
d'une variété de Poires.
OGOTON. mam. — Ce nom et ceux de
Ogotow et Ochodone, ont été appliqués à
une espèce de Rongeur du genre Pika. Voy,
ce mot. (E. D.)
*OGYDROMITE. Ogydromites. crust.—
Sous ce nom est désigné, par M. Milne Ed-
wards , dans le tome V de V Histoire natu-
relle des animaux vertébrés, par Lamarck,
un genre de Crustacés de l'ordre des Déca-
podes anomoures, de la famille des Aptéru-
res, et qui paraît se rapprocher plus des Dy-
namènes {voy. ce mot) que des autres Déca-
podes, mais s'en distingue par des particula-
rités dans la disposition des régions de la
carapace , des orbites. Ce Crustacé , dont
l'espèce n'a pas encore reçu de nom, a été
rencontré à l'état fossile, dans le terrain
jurassique , aux environs de Terdru , par
M. Moreau. (H. L.)
*OGYGES. annél. — Genre non décrit
d'Annélides chétopodes dans Rafinesque
( Analyse de la nature). (P. G.)
OGYGIA (nom mythologique), crust. —
Genre de l'ordre des Trilobites, de la famille
des Ogygiens, établi par M. Al. Brongniart, et
dont les espèces qui le composent semblent
établir un passage entre les Asaphes et les
Trinucules {voy. ces mots). Elles ont le corps
elliptique, mais très plat, et elles ne parais-
sent pas avoir la faculté de se rouler en
boule, comme les genres Asaphus et Trinu-
culus. La tête est grande et se prolonge en
arrière de chaque côté du thorax : on y dis-
tingue un lobe médian, qui n'en occupe que
les deux tiers postérieurs; deux éminences
oculiformes, lisses, situées sur la partie in-
terne et postérieure des joues, des lignes
jugales; enfin, une portion marginale très
large, qui présente en avant une petite
crête médiane, et se prolonge postérieure-
ment sous la forme de cornes. Le thorax ne
se compose que de huit ou dix anneaux,
dont le lobe médian est petit, et dont les
pièces latérales se recouvrent en arrière vers
le bout. Quelquefois , ces lobes latéraux
sont divisés chacun en deux portions, par
une petite crête dirigée d'avant en arrière,
de manière à rendre le tronc de l'animal
quinquélobé, ou à simuler de chaque côté du
thorax une rangée de pattes lamelleuses.
Enfin, l'abdomen est très développé, sub-
scutiforme, et composé en général de plu-
sieurs anneaux bien distincts; son lobe mé-
dian n'occupe qu'environ les deux tiers an-
térieurs de sa longueur, et souvent les
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lobes latéraux paraissent être garnis en de-
hors d'une bordure membraneuse. On con-
naît trois espèces de ce genre , dont l'O-
cygie de Guettard, Ogygia Guettardii
Brongn. (Crust. foss., p. 28, pi. 3, fig. 1),
est le type. Cette espèce a été rencontrée
dans les Schistes ardoisiers d'Angers.
. (H. L.)
*OGYGIENS. Ogygii. crust. — Sous ce
nom est désignée , par M. Milne Edwards ,
une famille de l'ordre des Trilobites, dont
les caractères peuvent être ainsi formulés:
Corps très aplati et ne paraissant pas sus-
ceptible de se rouler en boule. Abdomen en
général très petit. Yeux très rarement
granulés, et souvent peu ou point distincts.
Les genres qui composent cette famille sont
au nombre de six , et désignés sous les
noms de Pleuracantha, Trinuculus, Ogijgia,
Olarion, Paradoxides et Peltoura. (H. L.)
*0 HIGGINSIA , Ruiz et Pav. {Flor. pé-
ruv., I, 55, t. 85, fig. a, b). bot. ph. —
Syn. de Higginsia, Persoon.
*OHLENDORFIA, Lehmann Kmdexsem.
Hort. Hamburg , 1835). eot. ph. — Syn.
à'Aptosimum, Burch.
*OIACOPODA ( ofa£, gouvernail ; ^ouç,
pied), rept. — Nom des Tortues de mer (Ché-
lonées et Sphargis) dans Wagler. (P. G.)
*OIACURUS ( o?a? , gouvernail ; olpd ,
queue), rept. — .Genre de Geckos ainsi dé-
nommé par M. Gray. (P. G.)
OICEOPTOMA (oîxew, j'habite ; mS^a,
cadavre), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Clavicorncs; tribu des
Silphales, créé par Leach et adopté par Hope
(Coleoplerisfs manual, t. III, 1840, p. 150).
Deux espèces sont rapportées au genre : les
0. thoracicum Linn., et tetraspilotum Hope.
La première est propre à l'Europe» et la se-
conde aux Indes orientales (Poona). (C.)
OIDEMIA, Temminck. ois. — Syn. latia
du g. Macreuse. (Z. G.)
OIDES, Weber. ins. — Syn. dMrîo-
rium, F. (C.)
*OIDIÉS. Oidiœ. bot. cr.— Tribu établie
par M. Léveillé dans la section des Hormi-
scinés, division des Arthrosporés , famille
des Champignons. Voy. mycologie.
OÏDIUM, bot. cr. — Genre établi par
Link (in Berl. Magaz., III, 18) pour de pe-
tits Champignons qui croissent sur les plan-
tes mortes ou les bois pourris. Ces Mucédi-
nées présentent des filaments simples ou ra-
meux très fins, transparents, réunis par
touffes , légèrement entre-croisés , cloison-
nés, et dont les articles finissent par se sé-
parer et former autant de sporules. _i
FIN DU HUITIEME VOLUME.
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Echéance
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Date Due
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