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Full text of "Dictionnaire universel d'histoire naturelle résumant et complétant tous les faits présentés par les encyclopédies"

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in  2012  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://archive.org/details/dictionnaireun08orbi 


DICTIONNAIRE 


UNIVERSEL 


D'HISTOIRE  NATURELLE 


TOiME  HUITIEME. 


LISTE  DES  AUTEURS  PAR  ORDRE  DE  MATIÈRES. 


Zoologie  générale.  Anatoniie,  Physiologie.  Tératologie 
et  Aatthropologie. 


MM. 

CASIMIR  BR0USSA1S  ,#,  D.  M., professeur  àl'hô- 
pita!  militaire  du  Val-de-Grâce. 

DUPONCHELfils,  #,  méd.  de  l'Ecole  polvtechnîq. 

DUVERNOY,  %,  D.-M.,  membre  de  l'Institut,  pro- 
fesseur nu  Collège  de  France,  etc. 

MILNE  EDWARDS,  O.  #,  D.-M.,  memb.  de  Tins. 

FLOURENS,  C.  $fc,  D.-M.,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  des  Sciences,  membre  de  l'Académie 
française,  etc. 


MM. 
ISIDORE  GEOFFROY  S.-IIILAIRE.O.  #,  D.-M., 

membre  de  l'Institut,  in.-p.  gêner   de  l'Université] 

professeur-administrateur    au    Muséum    d'histoire 

naturelle .  etc. 
DE  HUMlïOl.DT  (le  baron  Alexandre),  C.  $£,  mern- 

bre   de  l'Institut  de  France,  de  l'Académie  royale 

de  Berlin,  etc. 
MARTIN  SAINT-ANGE,  0.  $f,  I).  M.,  membre  de 

plusieurs  sociétés  savantes. 


Mammifères  et  Oiseaux. 


ISIDORE  GEOFFROY  S.-IIILA1RE,  O.  #,  D.-M. 
membre  de  l'Institut,  etc. 

BAUDEMEN'l',  professeur  à  l'Institut  national  agro- 
nomique,   membre  de  la  Société  pliilomatique. 

GERBE,  aide-naturaliste  au  Collège  de  France. 


DE  LAF11ESNAYE,  membre  de  plusieurs  soc.  sa?, 
LAI3RILLA  RI),   2j£,  membre   de  plusieurs  sociétés 

savantes. 
DE  ODATREFAGES,  >%,  docteur  en  médecine, elc. 
R0UL1N,  membre  de  la  Société  pliilomatique,  etc. 


Reptiles    et    Poissons. 


UIBRON  ,  $fc,  professeur  d'histoire  naturelle. 


VALENCIENNES,  #,  membre  de  l'Institut,  profes- 
seur-administrat.au  Muséum   d'histoire  naturelle. 


Mollusques. 


DESIl  AYES,  $fe,  membre  de  plusieurs  sociétés  sa?. 
VALENCIENNES,  %■ ,  membre  de  l'Institut,  etc. 


ALCIDE  D'ORBIGNY,  O.  #,  membre  de  la  Société 
pliilomatique,  elc. 


Artieulés. 

(Insectes,  Myriapodes,  Arachnides,  Crustace's,  Ciri  hopodes,  Anne'lides,  Helniinthides,  Systolides.) 


AUDOUIN,  ifc,  D.-M.,  membre  de  l'Institut,  profes- 
seur-administrat.  au  Muséum  d'histoire   naturelle. 

BLANCHARD,  membre  de  plusieurs  sociétés  sav. 

BOITARD,  #,  auteur  déplus,  ouvrages  d'hist.  nat. 

BRULLÊ,  ^.prof.  à  la  faculté  des  scienc.  de  Dijon. 

CHEVROLAT,  membre  de  plusieurs  sociétés  savant. 

DESMAREST,  secrétaire  de  la  soc.  entomolog.  de 
France. 


I      DU J AR  D1N,  %,  professeur  d'histoire  naturelle 
j      DIJPONCIIEI„->£,memhn'deplus;eurs  sociétéssav. 
LUCAS,  membre  de  hi  Société  entomologique. 
GERVA1S,  professeur  d'histoire  naturelle,  membre 
de  la  Société  pliilomatique. 
|      MILNE  EDWARDS  ,  O.   #,    D.-M.,  membre    de 
l'Institut,  profe.ss.-administ.  au  Muséum  d'histoire 
j  naturelle,  etc. 


Zoophytes  ou  Rayonnes. 

(Echinodermes,  Acalèplies,  Foraminifèi  es,  Polypes,  Spongiaires  et  I illusoires.) 


ALCI»E  D'ORBIGNY,  O.  #,  membre  de  la  Société 
philomatique  de  France,  etc. 


DUJABD1N,  #,   professeur  d'histoire  naturelle,  etc. 
MILNEEDWARDS,0.#,D.-M.,mem.del'Inst.,etc. 


ISotanique. 


DE  BREBISSON,  membre  de  plusieurs  sociétés  sa- 
vantes. 

t'.RONGNIART,  O.  %,  D.-M.,  membre  de  l'Inst., 
professeur-administrateur  au  Muséum  d'histoire 
naturelle,  etc. 

DECA1SNE,  ifc,  membre  de  l'Institut. 

DUCHARTRE  ,  professeur  à  l'Institut  national  agro- 
nomique, membre  de  la  Société  pliilomatique,  etc. 


DE  JUSS1EU,  O.  %,  D.-M.,  membre  del'Inst. ,  pi  o- 
/esseur-administr.   au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

LEVE1LLÉ,  D.-M.,  memb.  de  la  Société  philomatiq. 

MONTAGNE,  {$, D.-M.,  memb.  de  la  Soc.  phil.,  etc. 

lïICHARI),  $fc,  D.-M.,  membre  de  l'Institut,  profes- 
seur à  la  Faculté  de  médecine. 

SPACH,  aide-naturaliste  au  Muséum  d'histoire  natu. 
relie. 


Idéologie  ,    Minéralogie. 


CORDIER  ,  C.  ^  ,  membre  de  l'Institut ,  prof.-adm. 

au  Muséum   d'histoire    naturelle,   etc. 
DELAFOSSE,    ^,  professeur  de  minéralogie   à  la 

DESNOYERS,  #,  ) .  ibl'iolhé'caire  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle,    membre  de  plusieurs  sociétés  sav. 


ÉLIE  DE  REAUMONT.O.  #,  membre  del'Institut, 

profes.  au  Collège  de  France,  insp.  gén.  des  mines. 
CIL  D'ORBIGNY,    membre  de   plusieurs    sociétés 

savantes,  etc.  , 
CONSTANT  PREVOST,  #  ,  membre  de  l'Institut, 

profes.  de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences,  etc. 


Chimie,    Physique  et  Astronomie. 


ARAGO  ,  C.  %p,  secrè'aire  perpétuel  de  l'Académie 

des  sciences  ,   elc. 
BECQUEREL,  O.  #,  membre  de  l'Institut,  profess.- 

admin  strateurau  Muséum  d'histoire  naturelle,  etc. 
DUMAS,  C.  îfc,  D.-M.,  membre   le  l'Inst.,  prof,  de 

chim.  àla  fac.  de  méd.  et  àlafac.  des  scienc. ,  etc. 


PELOUZE  ,  ifc  ,  membre  de  l'Institut,  professeur  de 
chimie  au  collège  de  France. 

PELTIER,  membre  de  plusieurs  sociétés  savan- 
tes., 

RIVIÈRE,  ifc,  professeur  de  sciences  physique». 


Paris.  —   mprimerie  de  L.  Maktinet,  rue  Mignon.  2. 


DICTIONNAIRE 


UNIVERSEL 

D'HISTOIRE  NATURELLE 

RÉSUMANT   ET   COMPLÉTANT 

TOUS  LES  FAITS  PRÉSENTÉS  PAR  LES  ENCYCLOPÉDIES 

LES  ANCIENS  DICTIONNAIRES  SCIENTIFIQUES 
les  OEuvres  complètes  de  Buffon,  et  les  Traités  spéciaux  sur  les  diverses  branches  des  sciences  naturelles 

DONNANT 

LA  DESCRIPTION  DES  ÊTRES  ET  DES  DIVERS  PHÉNOMÈNES 

DE    LA  NATURE 

PÉtymologie  et  la  Définition  des  Noms  scientifiques,  les  Principales  Applications  des  corps  organiques  et  inorganiques, 
à  l'agriculture,  à  la  médecine,  aux  arts  industriels,  etc. 

PAR   MM. 

ARAGO,    AUDOUIN,    BAUDEMENT,    BECQUEREL,    BIBRON, 

BLANCHARD,     BOITARD,     DE   BRÉBISSON ,     AD.    BRONGNIART, 

C.    BROUSSAIS,    BRULLÉ",    CHEVROLAT,    CORDIER,    DECAISNE,    DELAFOSSE, 

DESHAYES,    DESMAREST,    J.    DESNOYERS,    ALCIDE    ET   CHARLES  d'ORBIGNY,    DOYERE. 

DUCHARTRE,  DUJARDIN,   DUMAS,  DUPONCHEL,  DUVERNOY,  ÉLIE  DE  BEAUMONT, 

FLOURENS,    IS.    GEOFFROY    SAINT-HILAIRE,    GERBE,    GERVAIS,    HOLLARD, 

DE  JUSSIEU,    DE  LAFRESNAYE,    LAURJLLARD,    LEMAIRE,    LÉVEILLÉ, 

LUCAS,    MARTIN   ST-ANGE,    MILNE   EDWARDS,    MONTAGNE, 

PELOUZE,  PELTIER,  C,  PRÉVOST,    DE  QUATREFAGES,       j^9\\f\Ht*n  /f^ 
A.    RICHARD,    RIVIÈRE,    ROULIN,    SPACII, 

VALENCIENNES,    ETC.  BIBUOTHECA 

DIRIGÉ   PAR   m.  C.   D'ORBIGNY  ^W^^en^!5 

d'un   magnifique   Atlas  de   $@§    planches  gravées   sur   acier 

uOuawa 


TOME   HUITIÈME. 


PARIS 

CHEZ  LES  ÉDITEURS,   L. 'HOUSSIAUX  ET  C 

RUE     ET     HÔTEL     MIGNON,     2 
(Quartier  de  l'Ecolede-Médecine) 

1861 


JLMS  TE 


i 


DES  ABRÉVIATIONS 


EMPLOYEES  DANS  CET  OUVRAGE. 


(  Les  abréviations  on  petites  capitales  placées  au  commencement  de  chaque  article 
indiquent  la  grande  classa  à  laquelle  ils  appartiennent.) 


Acal.  .  . 

.  Acalèphes. 

5?0        

Mam.   .   . 

.   Mammifères. 

Anal.  .  . 

.  Anatoraie. 

Mém.    .   . 

.  Mémoire. 

Ann.   .   . 

.  Annales. 

Méléor.    . 

.  Météorologie. 

Annél .   . 

.  Annélides. 

Min. .  . 

.  Minéralogie. 

Arach.   . 

.  Arachnides. 

Moll.    . 

.  .  Mollusques. 

Astr.  .   . 

.  Astronomie. 

Myriap. 

.  Myriapode. 

Bot .  .  . 

.  Botanique. 

Ois.   .   . 

.  Oiseaux. 

Bot.  cr.  . 

.  Botanique  cryptogami- 

Paléont. 

.   .  Paléontologie. 

que. 

Ph.  ou  Phi 

in.  Phanérogame,  ou  pha 

Bot.  ph.  . 

.  Botanique  phanéroga- 

nérogamie. 

rnique. 

Phys  .  . 

.  .  Physique. 

Bull.   .  . 

.  Bulletin. 

Physiol . 

.  .  Physiologie. 

Chim.  .  . 

.  Chimie. 

PI.  .  .  . 

.  .  Planche. 

Cirrh.  .   . 

.  Cirrhopodes. 

Poiss.    . 

.   .  Poissons. 

Crust.  .  . 

.  Crustacés. 

Polyp.    . 

.  .  Polypes,  Polypiers. 

Échin  .    . 

.  Echinodermes. 

Rad.  .   . 

.   .   Radiaires. 

Fig.  .  .  . 

.  Figure. 

liept.  .   . 

.   .   Reptiles. 

Foramin  . 

.  Foraminileres. 

Spong.  . 

.  .  Spongiaires. 

Foss  .   .   . 

.  Fossile. 

Systol.  . 

.  .  Systolides. 

G.    ou  g. 

.  Genre. 

Syn  uuSy 

non.  Synonyme. 

Géol.    .  . 

.  Géologie. 

Ter  ai.    . 

.   .  Tératologie. 

Helm.  .  . 

.   llelminthides. 

V.  ou  Vo% 

I.  .  Voyez. 

Hist.  nat. 

.   Histoire  naturelle. 

Vulg.  .  . 

.   .  Vulgaire. 

In  fus.   .  . 

.  lnfusoires. 

Zool.  .  . 

.  .  Zoologie. 

Ins.  .   .   . 

.  Insectes. 

Zoopn .    , 

.  .  Zoophytes. 

mm. 


1     *  t  1 


DICTIONNAIRE 


UNIVERSEL 


D'HISTOIRE  NATURELLE. 


M 


MARTE.  Mustela.  mam.  — Ce  genre  de 
Mammifères ,  établi  par  Linné  et  placé  à  la 
tête  des  Carnassiers  digitigrades  de  G.  Cu- 
vier,  forme,  pour  M.  Is  Geoffroy,  sous  le  nom 
de  Mustéliens,  la  troisième  famille  de  son 
sous-ordre  des  Carnivores  à  molaires  plus  ou 
moins  tranchantes ,  mais  non  hérissées  de 
pointes.  Les  Martes  ont  une  seule  dent  tu- 
berculeuse en  arrière  de  la  dent  carnassière 
de  la  mâchoire  supérieure;  on  leur  compte 
de  trente-deux  à  trente-huit  dents.  Leur 
corps  très  allongé  et  leurs  pieds  très  courts 
leur  permettent  de  passer  par  les  plus  petits 
trous.  Elles  manquent  de  cœcum,  et  ne 
tombent  pas  l'hiver  en  léthargie. 

Les  Martes  proprement  dites  ont  à  cha- 
que mâchoire  six  incisives,  deux  canines,  et, 
parmi  les  mâchelières ,  deux  carnassières  et 
deux  tuberculeuses  ;  mais  le  nombre  des  faus- 
ses molaires  varie  quelquefois  de  quatre  à  six 
à  la  mâchoire  supérieure,  et  de  six  à  huit  à 
l'inférieure,  d'où  il  résulte  que  le  nombre 
de  leurs  dents  varie  de  trente-quatre  à  trente- 
huit.  Les  carnassières  ressemblent  assez  à 
celles  des  Chats  :  cependant  les  supérieures 
ont  le  tubercule  interne  plus  distinct,  et  les 
inférieures  sont  remarquables  par  un  talon 
assez  étendu  que  présente  leur  partie  pos- 
térieure. Les  tuberculeuses  inférieures  sont 
petites,  arrondies, etleurcouronnese  termine 
par  trois  petites  pointes  ;  les  supérieures  sont 
divisées  en  deux  parties  par  un  sillon  assez 
profond,  et  chaque  partie  offre  trois  petits 
tubercules.  Les  pieds  sont  courts  compara- 
tivement à  la  longueur  de  leur  corps  effllé, 
et  terminés  chacun  par  cinq  doigts  réunis 
dans  une  grande  partie  de  leur  longueur 
par  une  membrane.  Les  ongles  sont  arqués 

T.  VIII. 


et  très  pointus,  excepté  dans  les  Zorilles.  La 
queue  varie  beaucoup  de  longueur,  selon  les 
espèces.  Leur  pupille  est  allongée  transver- 
salement, comme  chez  les  animaux  crépus- 
culaires; l'os  pénial  existe  assez  développé 
dans  toutes,  mais  sa  forme  n'est  pas  toujours 
la  même.  Les  mamelles  sont  placées  sur  le 
ventre,  au  nombre  de  quatre  à  huit.  Près  de 
l'anus  sont  de  petites  glandes  qui  sécrètent, 
surtout  quand  ces  animaux  sont  en  colère, 
une  humeur  d'une  odeur  toujours  désagréa- 
ble et  souvent  fétide. 

De  tous  les  animaux  carnassiers,  les  Mar- 
tes sont  les  plus  cruels  et  les  plus  sangui- 
naires. Elles  ne  se  nourrissent  que  de  proies 
vivantes,  et  il  faut  qu'elles  soient  poussées 
par  une  faim  extrême  pour  manger  quelques 
baies  sucrées, telles  que  les  Raisins  et  les  fruits 
de  la  Ronce.  Celles  qui  vivent  dans  les  bois 
sont  constamment  occupées  de  la  chasse  des 
Oiseaux,  des  Souris,  des  Rats;  les  plus  pe- 
tites espèces  même,  telles  que  l'Hermine  et 
la  Relclte,  attaquent  sans  hésitation  des  ani- 
maux dix  fois  plus  gros  qu'elles,  les  Lapins, 
les  Lièvres  et  les  plus  grands  oiseaux  de 
basse-cour.  La  ruse  dans  l'attaque,  l'effron- 
terie dans  le  danger,   un  courage    furieux 
dans  le  combat,  une  cruauté  inouïe  dans  la 
victoire,  un  goût  désordonné  pour  le  car- 
nage et  le  sang,  sont  des  caractères  qui  ap- 
partiennent à  toutes  les  espèces  de  cette  fa- 
mille, sans  exception.   Leur   corps,    long, 
grêle,  vermiforme,  comme  disent  les  natu- 
ralistes, leurs  jambes  courtes,  leur  souplesse 
et  leur  agilité,  permettent  à  ces  animaux  de 
se  glisser  partout  et  de  passer  par  les  plus 
petits  trous,  pourvu  que  leur  tête  puisse  y 
entrer  ;  aussi  parviennent-ils  aisément  à  pé- 

1 


iMAU 


MAR 


nétrer  dans  les  basses-cours,  et  leur  appari- 
tion est  toujours  le  signal  de  la  mort  pour 
tous  les  petits  animaux  domestiques  qu'on  y 
élève.  Rien  n'est  épargné,  et,  avant  d'assou- 
vir leur  faim,  il  faut  qu'elles  aient  tué  tout 
ce  qui  les  entoure,  tout  ce  qu'elles  peuvent 
atteindre.  Elles  ont  un  art  merveilleux  pour 
s'approcher  doucement  de  leur  victime  sans 
en  être  aperçues  et  sans  la  réveiller,  pour 
s'élancer  sur  elle,  la  saisir,  l'envelopper 
comme  un  serpent  dans  les  replis  de  leur 
corps  long  et  souple,  lui  couper  la  gorge 
avant  qu'elle  ait  eu  le  temps  de  pousser  un 
cri  qui  eût  donné  l'alarme  aux  autres.  Les 
Martes  sont  si  cruelles  qu'elles  n'épargnent 
pas  mêjne  les  animaux  de  leur  genre;  les 
espèces  les  plus  fortes  font  une  guerre  à  mort 
aux  plus  faibles;  et  cependant  les  mâles  ne 
mangent  pas  leurs  petits,  comme  font  la  plu- 
part des  Chats,  les  Cochons,  et  même  les  La- 
pins. Ils  en  prennent  au  contraire  le  plus 
grand  soin,  et,  dès  qu'ils  peuvent  marcher, 
ils  partagent  avec  la  femelle  les  soins  de 
Jeur  éducation.  J'ai  pu  m'assurer  de  ce  fait 
par  mes  propres  yeux  dans  l'espèce  de  la 
Marte  commune  et  celle  de  la  Fouine. 

Les  Martes,  d'un  caractère  sauvage  et  fa- 
rouche, ne  se  plaisent  que  dans  les  forêts  les 
moins  fréquentées,  et,  si  l'on  en  excepte  la 
Fouine  et  la  Belette,  elles  ne  s'approchent 
pas  volontiers  des  habitations  de  l'homme. 
On  ne  peut  nier  qu'elles  aient  de  l'intelli- 
gence, si  on  en  juge  par  l'adresse  et  la  ruse 
qu'elles  emploient  pour  surprendre  leurs 
ennemis;  mais  c'est  purement  une  intelli- 
gence de  meurtre  et  de  cruauté,  qui  ne  les 
empêche  pas  de  tomber  dans  tous  les  pièges 
qu'on  leur  tend.  Réduites  en  captivité, 
elles  s'apprivoisent  assez  bien;  cependant 
jamais  assez  pour  sentir  de  l'affection  pour 
leur  maître,  et  ne  pas  s'effaroucher  de  la 
présence  d'un  étranger.  Sans  cesse  agitées 
par  un  mouvement  de  défiance  et  d'inquié- 
tude, elles  ne  peuvent  rester  un  moment  en 
place,  et  si  elles  cessent  par  intervalle  d'es- 
sayer à  briser  leur  chaîne ,  c'est  pour  dor- 
mir. Cependant,  comme  on  le  verra  à  l'ar- 
ticle de  la  Fouine  ,  quelques  individus  font 
un  peu  exception  et  ont  le  caractère  moins 
farouche. 

Le  genre  Marte  a  été  divisé  par  presque 
tous  les  naturalistes  en  quatre  sections  ou 
sous-genres,  savoir  : 


I.  Les  MARTES  (Musteia,  G.  Cuv.). 

Elles  ont  6  fausses  molaires  à  la  mâchoire 
supérieure,  et  8  à  l'inférieure.  Elles  se  trou- 
vent en  Europe,  en  Asie  et  en  Amérique. 

1 .  La  Marte  commune,  Musteia  martes  Lin.  ; 
la  Marte,  Buff.  ;  Marte  des  sapins  ou  Marte 
abietum  de  quelques  anciens  écrivains.  Elle 
a  environ  1  pied  et  demi  (0m,487)  de  lon- 
gueur, non  compris  la  queue,  qui  a  un  peu 
moins  de  10  pouces  (0m,27t).  Elle  est  d'un 
brun  lustré,  avec  une  tache  d'un  jaune  clair 
sous  la  gorge,  ce  qui  la  distingue  fort  bien 
de  la  Fouine  ;  le  bout  du  museau,  la  dernière 
partie  de  la  queue  et  les  membres  sont  d'un 
brun  plus  foncé,  et  la  partie  postérieure  du 
ventre  d'un  brun  plus  roussâtre  que  le  reste 
du  corps.  Avant  que  les  grandes  forêts  fus- 
sent détruites  en  France,  la  Marte  y  était 
assez  commune,  mais  aujourd'hui  elle  est 
devenue  très  rare.  Cependant  j'en  ai  tué 
plusieurs,  dans  ma  jeunesse,  dans  les  mon- 
tagnes qui  séparent  le  bassin  de  la  Loire  de 
celui  de  la  Saône,  et  j'observerai  que  l'une 
d'elles  était  suivie  de  six  petits,  quoique 
Bufîon  prétende  que  cet  animal  n'en  fait  que 
deux  ou  trois  par  portée.  Ces  animaux  ne  se 
plaisent  que  dans  la  profondeur  des  forêts 
les  plus  sauvages,  où  elles  grimpent  avec 
agilité  sur  les  arbres  les  plus  élevés,  pour 
faire  une  chasse  incessante  aux  oiseaux  et 
aux  petits  mammifères.  La  Marte  n'est  pas 
un  animal  tout-à-fait  nocturne,  malgré  la 
disposition  de  sa  pupille;  mais,  ainsi  que 
tous  les  animaux  sauvages  qui  habitent  des 
pays  très  peuplés,  où  l'homme  les  inquiète 
souvent,  elle  se  cache  pendant  le  jour,et  ne 
sort  de  sa  retraite  que  la  nuit,  pour  com- 
mettre ses  déprédations.  Elle  détruit  une 
grande  quantité  de  menu  gibier;  elle  cherche 
les  nids  d'oiseaux,  dont  elle  mange  les  œufs  ; 
elle  tâche  de  surprendre  la  Perdrix  couvant 
dans  les  bruyères,  le  Lièvre  dans  son  gîte, 
les  Écureuils  dans  leur  nid;  et,  si  ces  espè- 
ces lui  manquent,  elle  se  jette  sur  les  Mu- 
lots, les  Loirs,  les  Lérots,  et  même  sur  les 
Lézards  et  les  Serpents.  Elle  cherche  aussi  les 
ruches  des  Abeilles  sauvages,  pour  s'emparer 
du  miel. 

Courageuse  et  rusée,  comptant  surtout 
sur  son  extrême  agilité,  elle  s'effraie  peu 
quand  elle  est  chassée  par  des  Chiens  cou- 
rants ;  elle  se  plaît  à  faire  battre  et  rebattre 


M  A  R 


MAR 


3 


sa  passée,  à  les  dépister,  à  les  fatiguer,  avant 
de  monter  sur  un  arbre  pour  échapper  à  leur 
poursuite.  Encore,  quand  elle  emploie  ce 
dernier  moyen,  ne  se  donne-t-elle  pas  la 
peine  de  grimper  jusqu'au  sommet.  Assise  à 
la  bifurcation  de  la  première  branche,  elle 
les  regarde  effrontément  passer  sans  s'en  in- 
quiéter davantage.  Elle  ne  se  creuse  pas  de 
terrier  et  n'habite  même  pas  ceux  qu'elle 
trouve  tout  faits;  mais,  quand  elle  veut 
mettre  bas,  elle  cherche  un  nid  d'Écureuils, 
en  mange  ou  en  chasse  le  propriétaire,  en 
élargît  l'ouverture,  l'arrange  à  sa  fantaisie, 
et  y  fait  ses  petits  sur  un  lit  de  mousse. 
Tant  qu'elle  les  allaite,  le  mâle  rôde  dans  les 
environs,  mais  n'en  approche  pas.  Quand 
les  petits  sont  assez  forts  pour  sortir,  la  mère 
les  conduit  chaque  jour  à  la  promenade,  et 
leur  apprend  à  grimper,  à  chasser  et  à  re- 
connaître la  proie  dont  ils  doivent  se  nour- 
rir. C'est  alors  que  le  mâle  se  réunit  à  la  fe- 
melle, apporte  à  ses  enfants  des  oiseaux,  des 
Muiots  et  des  œufs.  Dès  lors  ils  ne  rentrent 
plus  dans  le  nid,  et  dorment  tous  ensemble 
dans  des  trous  d'arbres  ou  dans  des  feuilles 
sèches,  sous  un  buisson  touffu.  Dans  les  fo- 
rêts très  solitaires,  la  famille  se  hasarde  quel- 
quefois à  sortir  de  sa  retraite  pendant  le 
jour,  mais  en  se  glissant  furtivement  sous  le 
feuillage  et  se  donnant  bien  de  garde  d'être 
aperçue  par  les  oiseaux.  Si  un  Roitelet,  un 
Rouge-Gorge  ,  une  Mésange  ou  toute  autre 
espèce  d'oiseau,  grand  ou  petit,  vient  à  aper- 
cevoir une  Marte,  il  pousse  aussitôt  un  cri 
particulier  qui  donne  une  alarme  générale  à 
un  quart  de  lieue  à  la  ronde.  Les  Pies,  Geais, 
Merles,  Pinsons,  Fauvettes,  en  un  mot  pres- 
que toute  la  population  ailée,  se  réunit  aus- 
sitôt en  criaillant,  entoure  l'animal,  le  pour- 
suit, le  harcèle,  s'en  approche  en  redoublant 
ses  cris,  et,  à  force  de  l'étourdir  par  des  cla- 
meurs, le  contraint  à  une  prompte  retraite. 
Du  reste,  tous  les  animaux  carnassiers ,, 
Chouettes,  Ducs,  Chats,  Renards,  etc.,  ne 
sont  pas  reçus  d'une  manière  plus  amicale 
par  le  peuple  chantant  des  forets,  tandis  qu'il 
vit  en  très  bonne  intelligence  avec  les  ani- 
maux paisibles,  comme  Chevreuils,  Lièvres, 
Lapins,  etc.  Ce  fait  ne  servirait-il  pas  à  ex- 
pliquer, au  moins  en  partie,  comment  tous 
les  Carnassiers,  soit  qu'ils  aient  la  pupille 
ronde  ou  allongée,  ont  contracté  des  habi- 
tudes nocturnes? 


La  fourrure  de  la  Marte  commune  a  quel- 
que valeur,  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup 
qu'elle  soit  comparable  à  celle  de  la  Marte- 
Zibeline  ,  dont  nous  aurons  à  nous  occuper 
plus  loin.  Elle  est  moins  rare  dans  le  Nord 
qu'en  France,  et  plus  commune  encore  dans 
le  Canada  et  dans  toute  l'Amérique  septen- 
trionale. 

2.  La  Zibeline,  MuslelazibelUnaLinn.;  la 
Marte-Zibeline,  Buff.;  \eSabbal  des  Suédois; 
le  Sobol  des  Polonais  et  des  Russes.  Cet  ani- 
mal habite  les  régions  les  plus  septentrionales 
de  l'Europe  et  de  l'Asie,  et  se  trouve  jusqu'au 
Kamtschatka  ;  il  n'est  pas  rare  non  plus  dans 
le  nord  de  l'Amérique  septentrionale.  Sa 
fourrure  est  extrêmement  précieuse,  et  il 
s'en  fait  un  commerce  immense  en  Russie. 
Les  plus  estimées  viennent  de  Sibérie,  sur- 
tout celles  de  Witinski  et  deNerskinsk.  Les 
bords  de  la  Witirna,  rivière  qui  sort  d'un 
lac  situé  à  l'est  du  Baïkal  et  va  se  jeter  dans 
la  Lena,  sont  célèbres  par  les  Zibelines  qu'on 
y  trouve;  elles  abondent  également  dans  la 
partie  glacée  et  inhabitable  des  monts  Altaï, 
ainsi  que  dans  les  montagnes  du  Saïan9  au- 
delà  du  Jenissei,  dans  les  environs  de  l'Oby 
et  le  long  des  ruisseaux  qui  tombent  dans  la 
Touba.  La  fourrure  d'hiver  est  noire,  et 
c'est  la  plus  précieuse  ;  celle  d'été,  plus  ou 
moins  brunâtre  et  mal  fournie,  a  beaucoup 
moins  de  valeur;  mais  les  marchands  russes, 
par  des  préparations  particulières,  savent  la 
faire  passer  dans  le  commerce  pour  de  la 
Marte  d'hiver,  et  les  plus  fins  connaisseurs 
s'y  laissent  quelquefois  prendre. 

Elle  ressemble  beaucoup  à  la  Marte  com- 
mune, quant  aux  mœurs  et  aux  formes,  et 
elle  n'en  diffère  que  par  les  couleurs  et  la 
finesse  de  son  pelage.  Elle  est  d'un  brun 
lustré,  noirâtre  en  hiver,  plus  pâle  en  été, 
quelquefois  entièrement  blanche  ou  roussâtre 
dans  certaines  variétés  accidentelles.  Ellea  le 
dessous  de  la  gorge  grisâtre,  le  devant  de  la 
tête  et  les  oreilles  blanchâtres,  et,  ce  qui  la 
distingue  très  bien  de  la  Marte  commune,  ce 
sont  les  poils  qui  lui  couvrent  le  dessous  de  ses 
pieds  jusque  sous  les  doigts.  Elle  rôde  sans 
cesse  dans  les  buissons,  et  se  plaît  particuliè- 
rement dans  les  halliers  fourrés,  sur  le  bord 
des  lacs,  des  rivières  et  des  ruisseaux,  dans 
les  bois  peuplés  de  grands  arbres.  Quelque- 
fois elle  s'établit  dans  un  terrier  qu'elle  so 
creuse  en  terrain  sec,  sur  une  pente  rapide. 


MAR 


MAR 


et  dont  l'entrée  se  trouve  toujours  masquée 
par  des  ronces  et  d'épais  buissons.  Quelque- 
fois aussi  elle  se  loge  dans  des  trous  d'arbre, 
ou  elle  s'empare  du  nid  d'une  Chouette  ou 
d'un  Petit-Gris.  Jamais  elle  ne  s'approche 
des  habitations,  et  cependant  elle  a  un  cou- 
rage indomptable,  nullement  comparable  à 
son  peu  de  force.  Quel  que  soit  l'ennemi  qui 
l'attaque,  elle  se  défend  avec  fureur  jusqu'à 
son  dernier  moment,  et  parvient  quelque- 
fois à  échapper  à  la  dent  meurtrière  du 
chien  le  mieux  dressé  à  la  chasse.  Son  cor- 
sage délié  lui  permet  de  se  glisser  dans  les 
plus  petits  trous;  sa  force  musculaire  et  ses 
ongles  arqués  et  pointus  lui  donnent  une 
extrême  facilité  à  grimper,  à  s'élancer  de 
branche  en  branche  pour  poursuivre  jus- 
qu'au sommet  des  plus  minces  rameaux  les 
oiseaux,  les  Écureuils  et  autres  petits  ani- 
maux auxquels  elle  fait  une  guerre  d'exter- 
mination. Quelquefois  elle  suit  le  bord  des 
ruisseaux  ,  pour  s'emparer,  faute  de  mieux, 
des  reptiles  aquatiques,  et  même  des  pois- 
sons, si  on  s'en  rapporte  à  quelques  voya- 
geurs et  à  Buffon  ;  mais  ce  fait  me  paraît 
très  contestable.  Quand  le  gibier  lui  manque, 
elle  mange  des  insectes,  et  quelquefois  elle 
se  contente  de  quelques  baies  sucrées,  telles 
que  celles  de  l'Airelle. 

C'est  aux  chasseurs  qui  poursuivent  la 
Zibeline  dans  les  déserts  glacés  du  Nord  que 
l'on  doit  la  découverte  de  la  Sibérie  orien- 
tale. Je  vais  citer  ici  ce  que  je  dis  ,  dans 
mon  Jardin  des  Plantes,  de  la  chasse  de  cet 
animal. 

«  Sur  quatre-vingt  mille  exilés,  plus  ou 
moins,  qui  peuplent  habituellement  la  Sibé- 
rie ,  environ  quinze  mille  sont  employés  à  la 
chasse  de  la  Zibeline  et  de  l'Hermine.  Ils  se 
réunissent  en  petites  troupes  de  quinze  ou 
vingt,  rarement  plus  ou  moins,  afln  de  pou- 
voir se  prêter  un  mutuel  secours  ,  sans  ce- 
pendant se  nuire  en  chassant.  Sur  deux  ou 
trois  traîneaux  attelés  de  Chiens ,  ils  em- 
portent leurs  provisions  de  voyage  ,  consis- 
tant en  poudre  ,  plomb  ,  eau-de-vie  ,  four- 
rures grossières  pour  se  couvrir,  quelques 
vivres  d'assez  mauvaise  qualité ,  et  une 
bonne  quantité  de  pièges.  Aussitôt  que  les 
gelées  ont  suffisamment  durci  la  surface  de 
la  neige ,  ces  petites  caravanes  se  mettent 
en  route  et  s'enfoncent  dans  le  désert,  cha- 
cune d'un  côté  différent.  Quand  le  ciel  de 


la  nuit  n'est  pas  voilé  par  des  brouillards , 
elles  dirigent  leur  voyage  au  moyen  de  quel- 
ques constellations;  pendant  le  jour,  elles 
consultent  le  soleil  ou  une  petite  boussole 
de  poche.  Quelques  chasseurs  se  servent , 
pour  marcher,  de  patins  en  bois  à  la  ma- 
nière de  ceux  des  Samoièdes  ;  d'autres  n'ont 
pour  chaussure  que  de  gros  souliers  ferrés  , 
et  des  guêtres  de  cuir  ou  de  feutre. 

»  Chaque  traîneau  a  ordinairement  un 
attelage  de  huit  Chiens;  mais  pendant  que 
quatre  le  tirent,  les  quatre  autres  se  repo- 
sent, soit  en  suivant  leur  maître,  soit  en  se 
couchant  à  une  place  qui  leur  est  réservée 
sur  le  traîneau  même.  Ils  se  relaient  de 
deux  heures  en  deux  heures.  Pendant  les 
premiers  jours  on  fait  de  grandes  marches, 
afln  de  gagner  le  plus  tôt  possible  l'endroit 
où  l'on  doit  chasser,  et  cet  endroit  est  quel- 
quefois à  2  ou  300  lieues  de  distance  du 
point  d'où  l'on  est  parti  ;  mais  plus  on  avance 
dans  le  désert,  plus  les  obstacles  se  multi- 
plient. Tantôt  c'est  un  torrent  non  encore 
glacé  qu'il  faut  traverser:  alors  on  est  obligé 
d'entrer  dans  l'eau  jusqu'à  l'estomac,  et  de 
porter  les  traîneaux  sur  l'autre  bord ,  en  se 
frayant  un  passage  à  travers  les  glaçons 
charriés  par  les  eaux.  Une  autre  fois,  c'est 
un  bois  à  traverser  en  se  faisant  jour  à  coups 
de  hache  dans  les  broussailles;  puis  un  pic 
de  glace  à  monter,  et  alors  les  chasseurs, 
après  s'être  attaché  des  crampons  aux  pieds, 
s'attèlent  avec  leurs  Chiens  pour  hisser  leurs 
traîneaux  à  force  de  bras. 

»  Là ,  un  hiver  de  neuf  mois  couvre  la 
terre  d'épais  frimas  ;  jamais  le  sol  ne  dégèle 
à  plus  de  3  ou  4  pieds  de  profondeur,  et  la 
nature,  éternellement  morte,  jette  dans 
l'âme  l'épouvante  et  la  désolation  ;  à  peine 
si  une  végétation  languissante  couvre  les 
plaines  de  quelque  verdure  pendant  le  court 
intervalle  de  l'été;  et  des  bruyères  stériles, 
de  maigres  bouleaux,  quelques  arbres  rési- 
neux rachitiques,  font  l'ornement  le  plus 
pittoresque  de  ces  climats  glacés.  Là  ,  tous 
les  êtres  vivants  ont  subi  la  triste  influence 
du  désert;  les  rares  habitants  qui  traînent 
dans  les  neiges  leur  existence  engourdie  sont 
presque  des  sauvages  difformes  et  abrutis; 
les  animaux  y  sont  malheureux  ,  farouches 
et  féroces,  et  tous,  si  j'en  excepte  le  Renne, 
ne  sont  utiles  à  l'Homme  que  par  leur  four- 
rure :  tels  sont  les  Ours  blancs ,  les  Loups 


MAR 


MAR 


gris,  les  Renards  bleus,  les  blanches  her- 
mines et  la  Marte-Zibeline.  Venons  à  nos 
chasseurs. 

.»  L'hiver  augmente  en  intensité  ;  les 
longues  nuits  de  trois  mois  deviennent  plus 
sombres,  parce  que  l'atmosphère  est  sur- 
chargée d'une  fine  poussière  de  glace  qui 
l'obscurcit.  Vers  le  nord  ,  le  ciel  se  colore 
d'une  lumière  rouge  et  ensanglantée  an- 
nonçant les  aurores  boréales.  Les  Gloutons, 
les  Ours,  les  Loups  et  autres  animaux  fé- 
roces, ne  trouvant  plus  sur  la  terre  couverte 
de  neige  leur  nourriture  accoutumée,  errent 
dans  les  ténèbres,  s'approchent  audacieuse- 
ment  de  la  petite  caravane,  et  font  retentir 
les  roches  de  glace  de  leurs  sinistres  hurle- 
ments. Chaque  soir,  lorsqu'on  arrive  au 
pied  d'une  montagne  qui  peut  servir  d'abri 
contre  le  vent  du  nord,  il  faut  camper.  On 
fait  une  sorte  de  rempart  avec  les  traîneaux  ; 
on  tend  au-dessus  une  toile  soutenue  par 
quelques  perches  de  sapin  coupées  dans  un 
bois  voisin.  On  place  au  milieu  de  cette  fa- 
çon de  tente  un  fagot  de  broussailles  auquel 
on  met  le  feu.  Chacun  étend  une  peau 
dOurs  sur  la  glace ,  se  couche  dessus  ,  se 
couvre  de  son  manteau  fourré,  et  attend  le 
lendemain  pour  se  remettre  en  route. 

»  Pendant  que  les  chasseurs  dorment, 
l'un  deux  fait  sentinelle  ,  et  souvent  son 
coup  de  fusil  annonce  l'approche  d'un  Ours 
féroce  ou  d'une  troupe  de  Loups  affamés.  Il 
faut  se  lever  à  la  hâte  ,  et  quelquefois  sou- 
tenir une  affreuse  lutte  avec  ces  terribles 
animaux;  mais  il  arrive  aussi  que  la  nuit 
n'est  troublée  par  aucun  bruit ,  si  ce  n'est 
par  le  sifflement  du  vent  du  nord  qui  glisse 
sur  la  neige,  et  par  une  sorte  de  petit  bruis- 
sement particulier  sur  la  toile  de  la  tente. 
Les  chasseurs  ont  dormi  profondément,  et 
il  est  grand  jour  quand  ils  se  réveillent.  Ils 
appellent  la  sentinelle,  mais  personne  ne 
répond  :  leur  cœur  se  serre  ;  ils  se  hâtent  de 
sortir,  car  ils  savent  ce  que  signifie  ce  si- 
lence. Leur  camarade  est  là,  assis  sur  un 
tronc  de  sapin  renversé.  Il  a  bien  fait  son 
devoir  de  surveillant,  car  son  fusil  est  sur 
ses  genoux,  son  doigt  sur  la  gâchette,  et  ses 
yeux  sont  tournés  sur  la  montagne,  où,  la 
nuit,  les  hurlements  des  loups  se  sont  fait 
entendre;  mais  ce  n'est  plus  un  homme 
qui  est  en  sentinelle,  c'est  un  bloc  de  glace. 
Ses  compagnons,  après  avoir  versé  une  larme 


sur  sa  destinée,  le  laissent  là,  assis  dans  le 
désert,  et  se  réservent  de  lui  donner  la  sé- 
pulture six  mois  plus  tard ,  à  leur  retour, 
lorsqu'un  froid  moins  intense  permettra 
d'ouvrir  un  trou  dans  la  glace.  Ils  le  retrou- 
veront à  la  même  place,  dans  la  même  atti- 
tude et  dans  ie  même  état ,  si  un  Ours  n'a 
pas  essayé  d'entamer  avec  ses  dents  des 
chairs  transparentes ,  blanches  et  roses 
comme  de  la  cire ,  colorées ,  mais  dures 
comme  le  granit. 

»  Enfin,  après  mille  fatigues  et  mille  dan- 
gers épouvantables,  la  petite  caravane  ar- 
rive dans  une  contrée  coupée  de  collines  et 
de  ruisseaux.  Les  chasseurs  les  plus  expéri- 
mentés tracent  le  plan  d'une  misérable  ca- 
bane construite  avec  des  perches  et  de  vieux 
troncs  de  bouleaux  à  moitié  pourris.  Ils  la 
couvrent  d'herbes  sèches  et  de  mousse,  et 
laissent  au  haut  du  toit  un  trou  pour  don- 
ner passage  à  la  fumée.  Un  autre  trou,  par 
lequel  on  ne  peut  se  glisser  qu'en  rampant, 
sert  de  porte,  et  il  n'y  a  pas  d'autre  ouver- 
ture pour  introduire  l'air  et  la  lumière.  C'est 
là  que  quinze  malheureux  passeront  les  cinq 
ou  six  mois  les  plus  rudes  de  l'hiver;  c'est 
là  qu'ils  braveront  l'inclémence  d'une  tem- 
pérature descendant  presque  chaque  jour  à 
22  ou  25"  du  thermomètre  de  Réaurnur. 
Lorsque  les  travaux  de  la  cabane  sont  ter- 
minés, lorsque  le  chaudron  est  placé  au  mi- 
lieu de  l'habitation,  sur  le  foyer,  pour  faire 
fondre  la  glace  qui  doit  leur  fournir  de  l'eau, 
lorsque  la  mousse  et  les  lichens  font  dis- 
posés pour  faire  les  lits,  alors  les  chasseurs 
partent  ensemble  pour  aller  visiter  leur  nou- 
veau domaine,  et  pour  diviser  le  pays  en 
autant  de  cantons  de  chasse  qu'il  y  a  d'hom- 
mes. Quand  les  limites  en  sont  définitive- 
ment tracées,  on  tire  ces  cantons  au  sort,  et 
chacun  a  le  sien  en  toute  propriété  pendant 
la  saison  de  la  chasse,  et  aucun  d'eux  ne 
se  permettrait  d'empiéter  sur  celui  de  ses 
voisins.  Us  passent  toute  la  journée  à  tendre 
des  pièges  partout  où  ils  voient  sur  la  neige 
des  impressions  de  pieds  annonçant  le  pas- 
sage ordinaire  des  Martes,  Hermines  et  Re- 
nards bleus.  Ils  poursuivent  aussi  ces  ani- 
maux dans  les  bois  à  coups  de  fusil ,  ce  qui 
exige  une  grande  adresse;  car,  pour  ne  pas 
gâter  la  peau,  ils  sont  obligés  de  tirer  à 
balle  franche.  Le  soir  tous  se  rendent  à  la 
cabane,  et  la  première  chose  qu'ils  font  est 


MAR 


MAR 


de  se  regarder  mutuellement  le  bout  du  nez  ; 
si  l'un  d'eux  l'a  blanc  comme  de  la  cire 
vierge  et  un  peu  transparent,  c'est  qu'il  l'a 
gelé,  ce  dont  il  ne  s'aperçoit  pas  lui-même. 
Alors  on  ne  laisse  pas  le  chasseur  s'appro- 
cher du  feu  ,  et  on  lui  applique  sur  ie  nez 
une  compresse  de  neige  que  l'on  renouvelle 
à  mesure  qu'elle  se  fond,  jusqu'à  ce  que  la 
partie  malade  ait  repris  sa  couleur  natu- 
relle. Ils  traitent  de  même  les  pieds  et  les 
mains  gelés  ;  mais,  malgré  ces  soins,  il  est 
rare  que  la  petite  caravane  se  remette  en. 
route  au  printemps  sans  ramener  avec  elle 
quelques  estropiés.  Dans  les  hivers  extrême- 
ment rigoureux,  il  est  arrivé  maintes  fois 
que  des  caravanes  entières  de  chasseurs  sont 
restées  gelées  dans  leurs  huttes  ,  ou  ont  été 
englouties  dans  les  neiges.  Les  douleurs 
morales  des  exilés,  venant  ajouter  aux  ri- 
gueurs de  cet  affreux  climat,  ont  aussi  poussé 
très  souvent  les  chasseurs  au  découragement, 
et,  dans  ces  solitudes  épouvantables,  il  n'y 
a  qu'un  pas  du  découragement  à  la  mort. 
Qu'un  exilé  harassé  s'asseye  un  quart  d'heure 
au  pied  d'un  arbre,  qu'il  se  laisse  aller  aux 
pleurs,  puis  au  sommeil,  il  est  certain  qu'il 
ne  se  réveillera  plus.  » 

Il  paraîtrait ,  d'après  ce  que  raconte  le 
voyageur  Lesseps  ,  que  les  Kamtschadales 
prennent  les  Martes  d'une  manière  fort  sin- 
gulière. «  Un  d'entre  eux,  dit-il ,  nous  de- 
manda un  cordon  :  nous  ne  pûmes  lui  don- 
ner que  celui  qui  attachait  nos  Chevaux. 
Tandis  qu'il  y  faisait  un  nœud  coulant,  des 
Chiens  accoutumés  à  cette  chasse  entou- 
raient l'arbre.  L'animal,  occupé  aies  regar- 
der, soit  frayeur,  soit  stupidité  naturelle, 
ne  bougeait  pas;  ii  se  contenta  d'allonger 
son  cou  lorsqu'on  lui  présenta  le  nœud  cou- 
lant :  deux  fois  il  s'y  prit  de  lui-même,  deux 
fois  ce  lacs  se  défit.  A  la  fin,  la  Marte  s'étant 
jetée  à  terre,  les  Chiens  voulurent  s'en  sai- 
sir; mais  bientôt  elle  sut  se  débarrasser,  et 
elle  s'accrocha  avec  ses  pattes  et  ses  dents 
au  museau  d'un  des  Chiens,  qui  n'eut  pas 
sujet  d'être  satisfait  de  cet  accueil.  Comme 
nous  voulions  lâcher  de  prendre  l'animal  en 
vie ,  nous  écartâmes  les  Chiens  ;  la  Marte 
quitta  aussitôt  prise  et  remonta  sur  un  ar- 
bre, où,  pour  la  troisième  fois,  on  lui  passa 
le  lacs,  qui  coula  de  nouveau.  Ce  ne  fut  qu'à 
la  quatrième  que  le  Kamtschadale  parvint 
à  la  prendre.  Cette  facilité  de  chasser  les 


Martes  est  d'une  grande  ressource  aux  ha- 
bitants de  ces  contrées,  obligés  de  payer  leur 
tribut  en  peaux  de  Martes-Zibelines.  » 

3.  La  Fouine,  Mustelafoina Lin.,  a  beau- 
coup de  ressemblance  avec  la  Marte  com- 
mune; mais  cependant  elle  s'en  distingue 
au  premier  coup  d'œil  par  le  dessous  du 
cou  et  la  gorge,  qui  sont  blancs  et  non  pas  v 
jaunâtres.  Sa  taille  est  la  même;  son  pelage  f 
est  brun ,  avec  les  jambes  et  la  queue  noi- 
râtres. Elle  exhale  une  forte  odeur  mus- 
quée désagréable.  Elle  se  trouve  dans  toute 
l'Europe ,  et  dans  une  partie  de  l'Asie  occi- 
dentale. On  la  rencontre  dans  toutes  les  lo- 
calités, dans  les  forêts,  les  bois,  les  vergers, 
les  granges,  les  fermes,  et  même  dans  les 
magasins  à  fourrage  des  villes;  il  n'est  pas 
rare  d'en  trouver  jusque  dans  les  faubourgs 
de  Paris ,  et  c'est  surtout  par  ces  habitudes 
qu'elle  diiîere  essentiellement  de  la  Marte. 
«  La  Fouine ,  dit  Buflon  ,  a  la  physionomie 
très  fine,  l'œil  vif,  le  saut  léger,  les  mem- 
bres souples,  le  corps  flexible,  tous  les  mou- 
vements très  prestes;  elle  saute  et  bondit 
plutôt  qu'elle  ne  marche;  elle  grimpe  aisé- 
ment contre  les  murailles  qui  ne  sont  pas 
bien  enduites  ,  entre  dans  les  colombiers  , 
les  poulaillers ,  etc.  ;  mange  les  œufs  ,  les 
Pigeons,  les  Poules,  etc.  ;  en  tuevquelque- 
fois  un  grand  nombre  et  les  porte  à  ses  pe- 
tits ;  elle  prend  aussi  les  Souris  ,  les  Rats  , 
les  Taupes,  les  Oiseaux  dans  leur  nid.  Les 
Fouines ,  dit-on  ,  portent  autant  de  temps 
que  les  Chats.  On  trouve  des  petits  depuis 
le  printemps  jusqu'en  automne,  ce  qui  doit 
faire  présumer  qu'elles  produisent  plus  d'une 
fois  par  an.  Les  plus  jeunes  ne  font  que  trois 
ou  quatre  petits,  les  plus  âgées  en  font  jus- 
qu'à sept.  Elles  s'établissent,  pour  mettre 
bas,  dans  un  magasin  à  foin,  dans  un  trou 
de  muraille,  où  elles  poussent  de  la  paille 
et  des  herbes;  quelquefois  dans  une  fente 
de  rocher  ou  dans  un  trou  d'arbre,  où  elles 
portent  de  la  mousse;  et  lorsqu'on  les  in- 
quiète ,  elles  déménagent  et  transportent 
ailleurs  leurs  petits ,  qui  grandissent  assez 
vite;  car  celle  que  nous  avions  élevée  avait, 
au  bout  d'un  an ,  presque  atteint  sa  gran- 
deur naturelle;  et  de  là  on  peut  inférer  que 
ces  animaux  ne  vivent  que  huit  à  dix  ans. 
Elle  demandait  à  manger  comme  le  Chat  et 
ïe  Chien,  et  mangeait  de  tout  ce  qu'on  lui 
donnait,  à  l'exception  de  la  salade  et  de» 


IAR 


MAR 


berbes  ;  elle  aimait  beaucoup  le  miel ,  et 
préférait  le  chènevis  à  toutes  les  autres 
graines.  »  Le  grand  naturaliste  a  remarqué 
qu'elle  buvait  fréquemment,  qu'elle  dor- 
mait quelquefois  deux  jours  de  suite  ,  et 
qu'elle  était  aussi  quelquefois  deux  ou  trois 
jours  sans  dormir  ;  que  pendant  le  sommeil 
elle  se  mettait  en  rond  ,  cachait  sa  tête  ,  et 
l'enveloppait  de  sa  queue  ;  que,  tant  qu'elle 
ne  dormait  pas,  elle  était  dans  un  mouve- 
ment continuel  si  violent  et  si  incommode  , 
que  quand  même  elle  ne  se  serait  pas  jetée 
sur  les  volailles ,  on  aurait  été  obligé  de 
l'attacher  pour  l'empêcher  de  tout  briser. 

La  Fouine,  sans  s'attacher  positivement 
à  son  maître  ,  peut  cependant  s'apprivoiser 
et  devenir  capable  d'une  certaine  éducation. 
J'ai  été  témoin  d'un  fait  assez  curieux  qui 
le  prouve.  Dans  un  village  sur  les  bords  de 
la  Saône,  un  ancien  garde-chasse,  un  peu 
fripon  ,  était  parvenu  à  apprivoiser  si  bien 
une  Fouine,  qu'il  appelait  Robin,  que  ja- 
mais il  ne  l'a  tenue  à  l'attache  ;  elle  courait 
librement  dans  toute  la  maison  ,  sans  rien 
briser  et  avec  toute  l'adresse  d'un  chat.  Elle 
était  turbulente,  il  est  vrai,  mais  elle  pre- 
nait ses  précautions  pour  ne  rien  renverser. 
Elle  répondait  à  la  voix  de  son  maître,  ac- 
courait quand  il  l'appelait,  ne  le  caressait 
pas,  mais  semblait  prendre  plaisir  à  ses  ca- 
resses. Elle  vivait  en  très  bonne  intelligence 
avec  Bibi ,  petit  chien  terrier  anglais  qui 
avait  été  élevé  avec  elle.  Ceci  est  déjà  très 
singulier,  mais  voici  qui  l'est  davantage  : 
Robin  et  Bibi  n'étaient  pour  leur  maître  que 
des  instruments  de  vol  et  des  complices. 
Chaque  matin  le  vieux  garde  sortait  de  chez 
lui ,  portant  à  son  bras  un  vaste  panier  à 
deux  couvercles  dans  lequel  était  caché  Ro- 
bin; Bibi  suivait  derrière  son  maître,  lui 
marchant  presque  sur  les  talons.  Ce  trio  se 
rendait  ainsi  autour  des  fermes  écartées,  où 
l'on  est  dans  l'usage  de  laisser  la  volaille  er- 
rer assez  loin  de  l'habitation.  Dès  que  le 
vieux  garde  apercevait  une  poule  à  proxi- 
mité d'une  haie ,  dans  un  lieu  où  on  ne  pou- 
vait le  voir,  il  prenait  Robin,  lui  montrait 
la  poule,  le  posait  à  terre  et  continuait  son 
chemin.  Robin  se  glissait  dans  la  haie,  se 
faisait  petit,  rampait  comme  un  serpent, 
et  s'approchait  ainsi  de  l'oiseau;  puis  tout- 
à-coup  il  s'élançait  sur  lui  et  l'étranglait 
sans  lui  donner  le  temps  de  pousser  un  cri. 


Alors  le  vieux  fripon  de  garde  revenait  sur 
ses  pas;  Bibi  courait  chercher  la  poule  et 
l'apportait  suivi  de  Robin  ;  l'oiseau  était 
aussitôt  mis  dans  le  panier  avec  la  Fouine, 
qui  avait  sa  petite  loge  séparée  ,  et  l'on  se 
remettait  en  marche  pour  chercher  une  nou- 
velle occasion  de  recommencer  cette  ma- 
nœuvre. A  la  fin  ,  les  fermiers  du  voisinage 
s'aperçurent  de  la  diminution  du  nombre  de 
leurs  poules  et  de  leurs  chapons;  on  se  mit 
à  guetter,  et  l'on  ne  tarda  pas  à  saisir  les 
voleurs  sur  le  fait.  Le  juge  de  paix ,  qui 
n'était  nullement  soucieux  des  progrès  de 
l'histoire  naturelle,  fît  donner  un  coup  de 
fusil  à  la  Fouine,  et  crut  faire  grâce  au 
vieux  garde  en  ne  le  condamnant  qu'à  payer 
les  poules  qui,  grâce  à  Bibi  et  à  Robin, 
avaient  passé  par  son  pot-au-feu. 

4.  Le  Pékan,  Muslcla  canaclensisGm).;  le 
Pékan  de  Daubent,  et  de  G.  Cuv.,  est  un 
peu  plus  grand  que  les  espèces  précédentes. 
Ses  pattes,  sa  queue,  le  dessous  de  son 
corps  et  son  museau  sont  d'un  brun  marron 
très  foncé  ;  ses  oreilles  sont  blanchâtres;  le 
reste  du  corps  est  d'un  brun  gris  varié  de 
noirâtre,  très  changeant  et  passant  quel- 
quefois au  noir.  Cette  espèce  vit  sur  le  bord 
des  lacs  et  des  rivières,  dans  des  terriers 
qu'elle  sait  se  creuser.  Elle  habite  le  Canada 
et  le  nord  des  États-fnis.  On  en  connaît 
une  variété  entièrement  blanche,  qui,  chez 
les  fourreurs,  porte  le  nom  de  Vison  blanc. 

5.  La  Marte  a  tète  de  Loutre,  Muslela 
lutreocephala  Harlan;  le  Mink  des  Améri- 
cains, de  Warden  ;  le  Muslcla  rufa  Desm., 
Muslela  vison  Shaw,  est  un  animal  assez 
mal  déterminé  par  les  auteurs ,  et  il  ne  me 
paraît  pas  former  une  espèce  bien  distincte. 
Voici ,  d'ailleurs  ,  ce  qu'en  dit  M.  Is.  Geof- 
froy :  «  La  courte  description  et  les  indica- 
tions données  par  Warden  ne  permettent 
pas  de  décider  si  le  Mink  des  Américains 
diffère  réellement  du  Vison  et  du  Mink 
d'Europe  ,  et  s'il  existe  deux  espèces  dans  les 
États-Unis,  sans  compter  le  Pékan  et  les 
autres  Martes  bien  caractérisées,  que  nous 
avons  dit  appartenir  à  la  même  contrée. 
L'examen  des  diverses  pelleteries  que  possède 
le  Muséum  laisse  dans  le  même  doute.  Nous 
avons  trouvé,  en  effet,  parmi  les  animaux 
de  l'Amérique  du  Nord,  des  individus  d'un 
brun  foncé ,  d'autres  d'un  marron  clair, 
d'autres  enfin  d'une  nuance  intermédiaire. 


s 


1YIAR 


MAR 


Chez  quelques  uns,  la  tache  blanche  de  la 
mâchoire  inférieure  se  prolonge  en  une  ligne 
étroite  sur  le  milieu  de  la  gorge  ,  tandis  que 
chez  la  plupart  on  ne  voit  rien  de  semblable  : 
mais  d'autres  n'ont  qu'une  ligne  blanche 
très  petite  ou  très  peu  prononcée,  et  tien- 
nent ainsi  le  milieu  entre  ceux  où  elle  existe 
entière  et  ceux  où  elle  n'existe  pas.  Enfin 
leur  taille  n'est  pas  moins  variable,  en  sorte 
qu'ils  ne  sont  ni  assez  différents  pour  qu'on 
puisse  les  considérer  comme  types  de  deux 
espèces  distinctes,  ni  assez  semblables  pour 
qu'on  soit  certain  de  leur  identité  spéci- 
fique. » 

Quoi  qu'il  en  soit ,  la  Marte  à  tête  de  Lou- 
tre est  généralement  d'un  blanc  brunâtre 
ou  jaunâtre,  plus  clair  en  dessous,  avec  la 
queue  d'un  brun  ferrugineux,  ce  qui  la  dis- 
tingue du  Vison  ;  sa  taille  est  le  double  de 
celle  du  Tuhcuri,  et  elle  ressemble  à  la  Loutre 
par  la  forme  de  sa  tête  et  de  ses  oreilles  ;  ses 
doigts  sont  à  demi  palmés ,  ce  qui  lui  donne 
des  habitudes  un  peu  aquatiques,  c'est-à- 
dire  qu'elle  vit  de  reptiles,  de  crustacés  et 
de  poissons,  et  qu'elle  habite  de  préférence 
le  bord  des  ruisseaux  et  des  petites  rivières, 
dans  le  Maryland  et  les  États-Unis. 

6.  Le  Vison,  Mustelavison  Lin.;  le  Vison, 
Buff.,  G.  Cuv.,  est  d'un  brun  plus  ou  moins 
foncé,  tirant  plus  ou  moins  sur  le  fauve, 
avec  une  tache  blanche  à  l'extrémité  de  la 
mâchoire  inférieure  ;  sa  queue  est  noirâtre, 
et  il  n'a  pas  les  pieds  palmés.  Cette  espèce 
vit  dans  des  terriers  qu'elle  se  creuse  au  bord 
des  eaux,  dans  le  Canada  et  dans  tout  le 
nord  de  l'Amérique.  Je  ne  sais  trop  pourquoi 
M.  Lesson  (  Nouv.  tabl.  du  Règne  animal) 
lui  assigne  pour  patrie  le  Poitou  et  la  Sain- 
tonge;  se  trouverait-il  en  France? 

7.  La  Marte  des  Hurons,  Mustela  huro  Fr. 
Cuv.,  est  ordinairement  d'un  brun  clair, 
avec  les  pattes  et  l'extrémité  de  la  queue 
plus  foncées  et  quelquefois  brunes.  Cette  es- 
pèce varie  beaucoup  pour  les  couleurs;  car 
on  en  voit  au  Muséum  dont  les  parties  infé- 
rieures du  corps  sont  plus  foncées  que  les 
supérieures,  et  d'autres  dont  les  couleurs 
sont  dans  une  disposition  inverse;  la  tête  est 

^quelquefois  blanchâtre  ou  même  entièrement 
blanche.  Elle  habite  le  haut  Canada. 

8.  LeWAJACH,  Mustela  Pennantii  Erxl., 
Mustela  melanorhyncha  Bodd.,  Mustela  pis- 
catoria   Less.,  Viverra  piscalor  Shaw,   a 


le  museau  pointu  et  le  nez  d'un  brun  noi- 
râtre. Ses  oreilles  sont  courtes,  larges,  ar- 
rondies, bordées  de  noir;  ses  moustaches 
longues  et  soyeuses;  la  poitrine  est  brune, 
avec  quelques  poils  blancs;  le  ventre  et  les 
cuisses  sont  d'un  brun  noir;  ses  pieds  sont 
larges,  velus,  avec  des  ongles  blancs;  le 
fond  de  son  pelage  est  jaunâtre,  quelquefois 
noirâtre  ,  passant  au  brun-marron  sur  la 
tête;  la  queue  est  touffue,  très  grêle  à  son 
extrémité ,  noire  et  lustrée.  Il  habite  la  Pen- 
sylvanie  et  les  bords  du  grand  lac  des  Es- 
claves. 

9.  La  Marte-Renard,  Mustela  vulpina  Ra- 
rînesq.,  est  une  espèce  assez  mal  déterminée, 
qui  habite  le  Canada  et  principalement  les 
bords  du  Missouri. 

1 0.  Le  Cuja,  Mustela  cuja,  Mol  in  a,  Mustela 
cigogniari  Ch.  Bonap.,  est  de  la  taille  d'un 
Furet  ;  son  pelage  est  très  doux  ,  épais ,  en- 
tièrement noir;  sa  queue  est  aussi  longue 
que  son  corps  ,  touffue;  son  museau  est  re- 
levé vers  l'extrémité;  ses  yeux  sont  noirs. 
Ses  mœurs  sont  à  peu  près  les  mêmes  que 
celles  de  notre  Fouine.  Il  chasse  continuelle- 
ment aux  souris,  qui  font  sa  principale  nour- 
riture, et  la  femelle  fait  deux  portées  par 
an ,  chacune  de  quatre  ou  cinq  petits.  Il 
habite  le  Chili  et  le  Mexique. 

Quant  au  Mustela  quiqui  de  Molina,  son 
système  dentaire  l'exclut  absolument  du 
genre  des  Martes. 

II.  —  Les  PUTOIS  {Putorius,  G.  Cuv.). 

Ils  n'ont  que  quatre  fausses  molaires  à  la 
mâchoire  supérieure,  six  à  l'inférieure  et 
point  de  tubercule  intérieur  à  la  carnassière 
inférieure.  Leur  tête  est  un  peu  moins  al- 
longée que  chez  les  Martes,  et  tous  exhalent 
une  odeur  très  désagréable. 

1.  Le  Putois  commun,  Putorius  communis 
Less.,  Mustela  putorius  Lin.,  le  Putois, 
Buff.,  a  un  peu  plus  d'un  pied  de  longueur 
(0m,335),  non  compris  la  queue ,  qui  a  envi- 
ron 6  pouces  (0m,162).  Il  est  d'un  brun  noi- 
râtre ,  assez  foncé  sur  les  membres ,  mais 
plus  clair  et  prenant  une  teinte  plus  fauve 
sur  les  flancs  ;  il  a  le  bout  du  museau  ,  des 
oreilles  et  une  tache  derrière  l'œil ,  blancs  ; 
ses  poils  intérieurs,  laineux,  sont  blanchâtres. 
Il  en  existe  une  variété  blanche,  assez  rare, 
et  une  autre  blanchâtre  ou  jaunâtre,  qui  se 
trouve  assez  communément  en  Lorraine.  Le 


MAR 


MAR 


9 


Putois  (ou  Puant)  se  trouve  dans  toute 
l'Europe,  soit  au  Midi,  soit  au  Nord,  et  ii  est 
très  commun  dans  la  zone  intermédiaire  de 
cette  partie  du  globe.  Son  nom  vient  de 
Todeur  infecte  qu'il  exhale,  surtout  lors- 
qu'il est  en  colère  :  alors  cette  odeur  devient 
tellement  forte  qu'elle  dégoûte  et  éloigne  les 
chiens  les  plus  ardents  à  la  chasse.  Ses 
inœurs  ont  beaucoup  d'analogie  avec  celles 
de  la  Fouine,  et  souvent,  quand  il  s'agit 
de  leurs  méfaits,  nos  cultivateurs  les  con- 
fondent l'un  avec  l'autre.  11  habite  la  cam- 
pagne pendant  la  belle  saison;  mais  aussitôt 
que  les  froids  se  font  sentir,  il  se  rapproche 
d,s  habitations,  et  se  loge  dans  les  vieux  bâ- 
timents ,  les  granges  et  les  greniers  à  foin. 
11  dort  pendant  le  jour  et  ne  sort  de  sa  re- 
traite que  la  nuit,  pour  aller  à  la  chasse  des 
petits  mammifères  dont  il  se  nourrit.  Il  a 
toute  la  cruauté,  toute  l'audace  des  Mar- 
tes ,  mais  il  est  plus  rusé,  plus  défiant ,  et 
donne  moins  souvent  dans  les  pièges  qui  lui 
sont  tendus.  «  Il  se  glisse  dans  les  basses- 
cours  ,  dit  Buffort  ,  monte  aux  volières ,  aux 
colombiers,  où,  sans  faire  autant  de  bruit 
que  la  Fouine,  il  fait  plus  de  dégâts.  Il  coupe 
ou  écrase  la  tète  à  toutes  les  volailles,  et  en- 
suite il  les  emporte  une  à  une  et  en  fait  un 
magasin.  Si,  comme  il  arrive  souvent,  il 
ne  peut  les  emporter  entières,  parce  que  le 
trou  par  où  il  est  passé  se  trouve  trop  étroit, 
il  leur  mange  la  cervelle  et  emporte  les  têtes. 
Comme  il  aime  beaucoup  le  miel,  il  sait 
profiter  du  temps  où  les  abeilles  sont  en- 
gourdies pour  attaquer  les  ruches  et  les 
piller.  » 

Rarement  cet  animal  s'éloigne  des  lieux 
hr.bités;  il  entre  en  amour  au  printemps, 
et  alors  il  n'est  pas  rare  d'entendre  les  mâles 
se  livrer  des  combats  acharnés  sur  les  toits, 
pour  se  disputer  une  femelle  que  le  vain- 
queur ne  tarde  pas  à  abandonner  pour  aller 
passer  l'été  à  la  campagne  ou  dans  les  bois. 
La  femelle,  au  contraire,  reste  dans  son 
grenier  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  mis  bas,  et 
n'emmène  ses  petits  que  vers  le  milieu  ou 
la  fin  de  l'été.  Elle  en  fait  Jrois  ou  quatre  , 
quelquefois  cinq,  qu'elle  n'allaite  pas  long- 
temps et  qu'elle  accoutume  de  bonne  heure 
à  sucer  du  sang  et  des  œufs. 

Pendant  qu'il  habite  la  campagne ,  le  Pu- 
tois fixe  son  domicile  dans  un  trou  de  rocher 
ou  un  tronc  d'arbre.  Mais ,  s'il  y  a  une  ga- 
t.  vnr. 


renne  dans  les  environs,  il  s'empare  d'un  ter- 
rier de  lapins  ,  et,  après  en  avoir  mangé  les 
habitants,  il  s'y  établit  commodément.  Dans 
ces  heureuses  circonstances,  il  trouve  chaque 
jour  la  facilité  de  satisfaire  son  goût  pour  lef 
carnage  et  sa  soif  pour  le  sang.  Grâce  à  sa 
taille  fluette  ,  il  se  glisse  aisément  dans  les 
terriers  ,  et  massacre  tout  ce  qu'il  y  Louve. 
S'il  n'y  a  pas  de  garenne  dans  les  environs, 
il  dort  le  jour  et  bat  la  campagne  toute  la 
nuit ,  pour  chercher  les  nids  d'alouettes ,  do 
cailles,  de  perdrix,  etc.,  et  le  plus  souvent 
il  parvient  à  surprendre  la  mère  sur  ses 
œufs.  Quoique  très  farouche ,  cet  animal  ne 
manque  pas  d'intelligence,  et  probablement 
on  pourrait  le  dressera  la  chasse  aux  lapins 
si  l'on  n'avait  pas  le  Furet. 

2.  Le  Tuhcuri,  Putorius  lutreola  Less., 
Mustela  lutreola  Pall.,  Mustela  minorErx}., 
le  Mink  des  naturalistes ,  le  Tuhcuri  des 
Finlandais ,  le  Mœnch  des  Russes  et  le  Nœrs 
ou  Norek  des  Prussiens.  Son  pelage  est  d'un 
brun  noirâtre,  avec  le  dernier  tiers  de  la 
queue  tout-à-fait  noir;  la  lèvre  supérieure, 
le  menton  et  le  dessous  du  cou  sont  blancs; 
il  a  les  pieds  à  demi  palmés.  Cet  animal 
habite  le  nord  de  l'Europe  et  surtout  la  Fin- 
lande. Il  se  tient  sur  le  bord  des  eaux,  et  se 
nourrit  de  grenouilles,  d'écrevisses  et  de 
poissons,  qu'il  poursuit  dans  les  ondes.  Ses 
habitudes  tiennent  à  la  fois  de  celles  des 
Putois  et  des  Loutres.  Il  n'exhale  qu'une 
légère  odeur  de  musc,  peu  désagréable, d'où 
il  résulte  que  sa  fourrure,  d'ailleurs  fort 
belle,  est  plus  recherchée  que  celle  de  la 
plupart  des  autres  animaux  de  son  genre. 

3.  Le  Furet  ou  Nimse,  Putorius  furo  Less., 
Mustela  furo  Linn.,  ne  diffère  de  notre  Pu- 
tois que  par  son  pelage,  d'un  blanc  jaunâtre, 
et  ses  yeux  roses,  ce  qui  me  semble  être  sim- 
plement un  effet  de  l'albinisme.  Ce  qui  le 
prouve,  c'est  qu'on  en  élève  souvent  dont  le 
pelage  est  mêlé  de  blanc,  de  fauve  et  de 
noir,  ainsi  que  celui  du  Putois,  et  ceux-là 
n'ont  plus  les  yeux  roses.  J'en  conclus  que 
le  Furet  n'est  qu'une  variété  albine  du  Pu- 
tois, perpétuée  par  une  longue  domesticité. 
11  nous  a  été  apporté  d'Espagne,  et  les  Espa- 
gnols eux-mêmes  l'ont  reçu  de  Barbarie, 
dès  la  plus  haute  antiquité,  si  l'on  s'en  rap- 
porte à  Strabon.  A  l'état  sauvage,  il  ne  peut 
vivre  en  France,  et,  lorsqu'il  a  conquis  sa 
liberté,  les  froids  de  nos  hivers  ne  lardent 


30 


MAR 


MAR 


guère  à  le  faire  périr  :  aussi  n'a-t-on  jamais 
revu  un  seul  des  nombreux  individus  qui 
s'échappent  des  mains  des  chasseurs.  En  Es- 
pagne, où  il  s'est  parfaitement  naturalisé, 
ses  mœurs  ne  diffèrent  en  rien  de  celles  du 
Putois.  «  En  naissant,  dit  Buflbn  ,  il  ap- 
porte une  telle  haine  pour  les  Lapins , 
qu'aussitôt  qu'on  en  présente  un,  même 
mort,  à  un  jeune  Furet  qui  n'en  a  jamais 
vu,  il  se  jette  dessus  et  le  mord  avec  fureur. 
S'il  est  vivant ,  il  le  prend  par  le  cou  ,  par 
le  nez,  et  lui  suce  le  sang.  » 

Les  chasseurs  ont  profité  de  cette  anti- 
pathie pour  dresser  le  Furet  à  la  chasse  des 
Lapins,  autant  que  le  caractère  farouche  et 
indiscipliuable  de  cet  animal  le  permettait. 
Lorsqu'on  s'en  sert ,  on  a  le  soin  de  le  mu- 
seler avant  de  le  présenter  à  l'entrée  du  ter- 
rier, car  sans  cela  il  en  tuerait  tous  les  ha- 
bitants, leur  mangerait  la  cervelle,  se  gor- 
gerait  de  sang ,  puis  il  s'endormirait  sur  ses 
victimes,  et  rien  ne  serait  capable  de  le  ré- 
veiller, ou  au  moins  de  le  déterminer  à  sor- 
tir du  trou.  Quand  il  est  muselé,  il  les  at- 
taque seulement  avec  les  ongles  ;  les  pauvres 
Lapins  épouvantés  se  hâtent  de  sortir,  et, 
dans  leur  frayeur,  vont  donner  tête  baissée 
dans  la  bourse  de  filet  que  le  chasseur  a 
tendue  à  l'entrée  du  terrier.  Quelquefois, 
malgré  sa  muselière,  le  Furet  parvient  à  su- 
cer le  sang  d'un  jeune  Lapin,  après  l'avoir 
déchiré  avec  les  ongles.  Dans  ce  cas  on  par- 
vient souvent  à  le  faire  sortir  du  trou  en 
tirant  un  ou  deux  coups  de  fusil  à  l'entrée 
du  terrier,  ou  en  le  foimant  comme  un  Re- 
nard. Mais  quelquefois  il  s'enfonce  davan- 
tage dans  les  différentes  branches  du  terrier, 
et  alors  il  est  perdu  pour  le  chasseur. 

On  voit  que  le  Furet  n'est  jamais  réelle- 
ment bien  apprivoisé,  et  que,  dans  sa  pré- 
tendue éducation,  tout  se  borne  à  tirer  parti 
de  l'instinct  que  lui  a  donné  la  nature;  on 
est  parvenu  à  en  faire,  non  un  domestique, 
mais  un  esclave  toujours  en  révolte,  et  qu'on 
ne  peut  conduire  qu'à  la  chaîne.  11  ne  re- 
connaît pas  son  maître,  n'obéit  à  la  voix  de 
personne,  et  ne  manque  guère  démordre 
la  main  qui  le  nourrit.  On  élève  les  Furets 
dans  des  tonneaux  ou  des  cages;  on  leur 
donne  de  la  filasse  dans  laquelle  ils  aiment 
è  s'enfoncer  pour  dormir,  et  on  les  nourrit 
avec  du  pain,  du  son,  du  lait,  etc.;  maison 
s'abstient  de  leur  donner  de  la  chair  ,  afin 


de  leur  faire  oublier,  autant  que  possible, 
ce  goût  pour  le  sang,  qui  les  fait  rester  le 
plus  souvent  dans  les  terriers.  Us  dorment 
continuellement ,  et  ne  se  réveillent  guère 
que  pour  manger,  ce  qu'ils  fontavec  voracité. 
La  femelle  estun  peu  plus  petite  que  le  maie; 
elle  le  recherche  avec  ardeur  dans  le  temps 
des  amours,  et  ii  serait  dangereux  de  les  sé- 
parer à  cette  époque,  puisque  le  plus  ordi- 
nairement elle  mourrait  de  chagrin.  Elle 
porte  six  semaines,  et  fait  des  petits  deux 
fois  par  an.  Il  arrive  assez  fréquemment  à 
cette  bonne  mère  de  manger  ses  enfants, 
non  par  voracité,  mais  simplement  pour  avoir 
le  plaisir  de  faire  de  nouvelles  avances  à 
son  mâle;  dans  ce  cas  ,  elle  fait  trois  por- 
tées au  lieu  de  deux.  Chaque  portée  est  or- 
dinairement de  cinq  ou  six  petits,  rarement 
de  huit  ou  neuf.  Ces  animaux  exhalent,  sur- 
tout quand  ils  sont  en  colère  ,  une  odeur 
fétide  tout-à-fait  analogue  à  celle  du  Pu- 
tois. 

4.  Le  Perouasc  a,  Putorius  sarmalica  Less., 
Mustela  sarmatica  Pall.,  Muslela  prœcincta 
Rzacz.,  le  Putois  de  Pologne  des  voyageurs, 
est  un  peu  plus  petit  que  notre  Furet,  étale 
poil  très  court,  d'un  beau  fauve  clair,  par- 
semé de  nombreuses  taches  brunes  en  des- 
sus ;  le  dessous ,  les  membres  et  le  bout  de 
la  queue  sont  d'un  brun  foncé;  l'oreille,  le 
bout  du  museau  et  le  dessous  de  la  mâ- 
choire inférieure  sont  blancs;  il  a  sur  le 
front  une  bande  blanche  en  fer  à  cheval , 
naissant  sous  les  oreilles  et  passant  sous 
les  yeux.  Du  reste,  son  pelage  varie.  Cet 
animal  est  vorace,  cruel,  et  a  toutes  les  ha- 
bitudes de  notre  Putois.  Quand  il  est  irrité, 
il  exhale  une  odeur  tout  aussi  fétide.  Il  ha- 
bite la  Pologne  méridionale,  entre  le  Volga 
et  le  Tanais. 

5.  L'Hermine,  Putorius  erminea  Less.,  Mus- 
tela erminea  Lin. ,  Mustela  alba  Gesn.,  Pu- 
torius hermellanus  Boit.,  V Hermine  ou  le 
Roselet,  BulT.  Cet  animal  atteint  ordinaire- 
ment une  taille  un  peu  plus  grande  que  la 
Belette,  à  laquelle,  du  reste,  il  ressemble 
beaucoup.  Il  a  jusqu'à  9  pouces  6  lignes 
(0m,258)  du  bout  du  museau  à  l'origine  de 
la  queue,  et  celle-ci  a  un  peu  plus  de  3  pou- 
ces et  demi  (Om,095).  En  pelage  d'été  il  porte 
le  nom  de  Roselet:  alors  il  est  généralement 
d'un  beau  marron,  plus  ou  moins  pâle  en 
dessus  ,  et  d'un  blanc  quelquefois  un  peu 


MAR 


MAXl 


11 


jaunâtre  en  dessous,  avec  la  mâchoire  in- 
férieure blanche;  sa  queue  est  brune,  avec 
l'extrémité  noire.  En  hiver  le  Roselet  de- 
vient une  Hermine  ,  c'est-à-dire  que  le  pe- 
lage devient  entièrement  blanc,  si  ce  n'est 
le  bout  de  la  queue ,  qui  reste  noir.  Cet  ani- 
mal est  d'autant  plus  commun  que  l'on  re- 
monte davantage  vers  le  Nord  jusqu'aux 
dernières  limites  des  terres  ;  il  est  rare  dans 
les  pays  tempérés,  et  il  n'existe  plus  au- 
dessous  du  44e  degré,  si  ce  n'est  quelquefois 
et  accidentellement  dans  les  Alpes.  Les  pays 
où  il  abonde  sont  :  la  Russie,  la  Sibérie,  le 
Kamtschatka,  l'Amérique  tout-à-fait  septen- 
trionale, la  Laponie  et  la  Norwége.  On  a  cru 
aussi  qu'il  se  rencontrait  en  France,  dans 
Ja  Normandie  et  la  Bretagne;  mais  ce  fait, 
qui  me  paraît  fort  douteux,  doit  résulter 
de  ce  qu'on  l'aura  confondu  avec  VHermi- 
nette ,  qui  ne  me  paraît  rien  autre  chose 
qu'une  variété  de  Belette. 

A  propos  de  la  Zibeline,  j'ai  dit  comment 
on  lui  faisait  la  diasse,  et  j'ai  montré  com- 
bien le  luxe  futile  des  riches  coûte  de  larmes 
et  de  misères  aux  pauvres  ;  je  n'y  reviendrai 
pas.  L'Hermine  a  'es  mêmes  mœurs  que  la 
Belette,  à  cela  près  qu'elle  est  d'un  carac- 
tère plus  farouche  ,  qu'elle  ne  se  plaît  que 
dans  les  forêts  les  plus  sauvages ,  et  que  ja- 
mais elle  ne  s'approche  de  l'habitation  des 
hommes.  Elle  se  nourrit  d'Écureuils  ,  de 
Petits-Gris,  de  Rats  et  autres  petits  mam- 
mifères; elle  se  hasarde  quelquefois  dans 
les  prairies  et  les  roseaux,  pour  chercher  les 
œuf»  d'oiseaux  aquatiques,  dont  elle  est  très 
friande  tomme  la  Belette,  elle  s'élève  très 
bien  en  captivité,  et  elle  s'apprivoise  même 
beaucoup  mieux;  mais,  au  lieu  de  blanchir 
pendant;  l'hiver,  comme  lorsqu'elle  est  en 
liberté  ,  son  pelage  reste  d'un  brun  sale  et 
terne.  Sa  fourrure,  en  possession  depuis 
longtemps  d'orner  la  robe  de  nos  docteurs  , 
et,  ce  qui  est  beaucoup  moins  ridicule,  les 
robes  de  nos  dames,  est,  comme  tout  le  monde 
le  sait,  l'objet  d'un  commence  considérable. 
Elle  est  extrêmement  estimée  parmi  les  plus 
précieuses,  surtout  quand  elle  a  ce  blanc 
éclatant,  qu'elle  perd  toujours  plus  ou  moins 
en  vieillissant,  pour  prendre  une  teinte  un 
peu  jaunâtre. 

6.  Liens  d'Aristolc,  Putorius  boccamcla 
Cctti,  qui  se  trouve  en  Sardaigne,  ne  me 
paraît  être  qu'une  simple  variété  de  la  Be- 


lette faisant  le  passage  de  celle-ci  à  l'Her- 
mine. Elle  est  brune  en  été  et  roussâtre  en 
hiver. 

7.  La  Belette,  Putcrlus  muslela  Boit., 
Mustelavulgaris  Linn.,  le  Gâte  des  Lapons, 
a  6  pouces  de  longueur  (0m,162),  non  com- 
pris la  queue,  qui  a  environ  2  pouces  (0m,054). 
Son  corps  est  extrêmement  effilé,  d'un  brun 
roux  en  dessus,  blanc  en  dessous;  l'extré- 
mité de  sa  queue  n'est  jamais  noire,  si  ce 
n'est  dans  ses  variétés. 

Elle  se  trouve  dans  toutes  les  parties  tem- 
pérées de  l'Europe,  et  ne  s'écarte  guère  des 
habitations,  si  ce  n'est  dans  la  belle  saison  : 
alors  elle  part  pour  îa  campagne  ,  suit  le 
bord  des  ruisseaux  et  des  petites  rivières,  se 
plaît  dans  les  haies  et  les  broussailles  des 
prairies  sèches  et  des  petites  vallées,  se  loge 
dans  un  trou  de  rocher  ou  dans  un  tas  de 
pierre,  plus  souvent  dans  un  terrier  creusé 
par  les  Taupes  ou  les  Mulots,  quelquefois 
dans  un  trou  d'arbre  ou  même  dans  la  car- 
casse d'un  animal  mort  et  à  demi  putréfié, 
comme  l'a  observé  Buffon.  Son  œil  vif  et 
sa  marche  dégagée  lui  donnent  un  air  d'ef- 
fronterie remarquable  quand,  se  croyant 
hors  de  danger  sur  les  branches  d'un  arbre, 
elle  regarde  le  chasseur.  Elle  est  d'une  agi- 
lité surprenante  ,  et  ses  mouvements  sont 
si  aisés,  si  gracieux,  qu'on  croirait  que  les 
sauts  les  plus  prodigieux  ne  lui  coûtent  au- 
cun effort.  Sa  vivacité  ne  lui  permet  pas  de 
marcher,  elle  bondit;  si  elle  grimpe  à  un 
arbre,  du  premier  élan  elle  parvient  à  5  ou 
6  pieds  de  hauteur  ,  et  elle  s'élance  ensuite 
de  branche  en  branche  avec  la  même  agi- 
lité que  l'Écureuil.  Dans  la  campagne,  elle 
fait  la  chasse  aux  Taupes ,  aux  Mulots ,  aux 
oiseaux,  aux  Rats  d'eau ,  aux  Lézards  et  aux 
Serpents.  On  a  raconté  à  ce  sujet  que,  lors- 
qu'en  se  battant  contre  une  Vipère  elle  était 
mordue,  elle  allait  aussitôt  se  rouler  sur 
une  certaine  herbe  {Echiumvulgarc,  ou  Vi- 
périne), en  mâchait  quelques  feuilles  et  re- 
venait guérie  au  combat.  De  tels  contes 
n'ont  pas  besoin  délie  réfutés. 

Le  courage  de  ce  joli  petit  animal  est  ex- 
traordinaire; il  combat  le  Surmulot,  deux 
fois  plus  gros  que  lui ,  l'enlace  de  son  corps 
flexible,  l'étrcint  de  ses  griffes  et  finit  par  le 
tuer  :  il  ose  même  attaquer  un  Lièvre  de  6 
à  7  livres,  et  j'ai  été  témoin  de  ce  fait.  Buf- 
fon dit  que  la  Belette  ne  chasse  que  la  nuit, 


12 


MAR 


MAR 


et  ceci  est  une  erreur  :  il  n'est  pas  un  chas- 
seur qui  n'en  ait  rencontré  le  jour,  en  plein 
soleil,  et  qui  n'ait  admiré  l'adresse  qu'elle 
met  pour  surprendre  les  petits  oiseaux  dans 
les  haies  et  les  buissons  où  elle  se  met  en  em- 
buscade. Si  un  Moineau  l'aperçoit,  il  appelle 
aussitôt  ses  compagnons,  qui  l'entourent  et  la 
harcèlent  de  leurs  cris;  mais  loin  de  s'en 
laisser  étourdir,  et  de  fuir,  comme  la  Marte 
ou  la  Fouine,  elle  profite  de  la  circonstance 
pour  saisir  et  emporter  le  plus  hardi  ou  le 
plus  imprudent.  C'est  au  printemps  qu'elle 
met  bas,  dans  un  nid  qu'elle  s'est  préparé  à 
l'avance  avec  de  la  paiile ,  du  foin,  des  feuil- 
les sèches  et  de  la  mousse,  dans  un  tronc 
d'arbre  ou  un  terrier.  Elle  fait  ordinaire- 
ment de  3  à  5  petits,  qui  grandissent  vite  , 
et  qui  ne  tardent  guère  à  suivre  la  mère  à 
la  chasse.  Lorsque  vient  la  mauvaise  saison, 
toute  la  famille  se  retire  dans  les  greniers 
à  fourrage  d'une  grange  ou  d'une  ferme ,  et 
c'est  alors  qu'elle  est  dangereuse  par  les  dé- 
gâts qu'elle  fait.  Sa  taille  lui  permet  de  se 
glisser  par  les  plus  petits  trous,  et  si  elle 
parvient  à  pénétrer  dans  un  colombier  ou 
un  poulailler  elle  y  fait  les  mêmes  dépré- 
dations que  la  Fouine  et  le  Putois.  Si  le  ha- 
sard la  fait  tomber  sur  une  couvée  de  jeu- 
nes poussins ,  elle  les  tue  tous  et  les  em- 
porte les  uns  après  les  autres.  Quant  aux 
vieilles  volailles,  elle  se  borne  à  leur  sucer 
la  cervelle  par  un  très  petit  trou  qu'elle 
leur  fait  au  crâne,  et  elle  abandonne  le  ca- 
davre sans  y  toucher  autrement. 

Quoi  qu'en  ait  dit  Buffon,  c'est,  de  tous 
les  animaux  de  ce  genre,  celui  qui  s'appri- 
voise le  plus  facilement,  pourvu  qu'il  soit 
pris  jeune  et  traité  avec  beaucoup  de  dou- 
ceur. J'ai  vu  une  Belette  qui,  à  la  voix  de 
son  maître,  venait  prendre  dans  sa  main  la 
viande  et  le  pain  trempé  dans  le  lait  dont 
on  la  nourrissait. 

On  rencontre  assez  fréquemment  en 
France  des  Belettes  entièrement  jaunâtres, 
d'autres  parfaitement  blanches,  surtout  en 
hiver.  Je  regarde  encore  comme  de  simples 
variétés  de  notre  Belette,  l'Herminette,  la 
Belette  alpine,  et  La  Belette  de  l'Altaï,  que 
je  vais  décrire. 

8.  L'Herminette  ou  Belette  des  neiges, 
Mustella  nivalis  Lin.,  Mustela  hyemalis  Pal- 
las,  Musteîa  vulgaris  var.,  Gmel.;  Mustela 
herminea  var., Bodd.,  ressemble  absolument 


à  la  variété  blanche  de  notre  Belette ,  avec 
la  seule  différence  qu'elle  a  constamment  le 
bout  de  la  queue  noir.  Elle  habite  le  nord  do 
l'Europe,  et  se  trouve  quelquefois  en  France. 

9.  La  Belette  altaïque  ,  Mustela  altaica 
Pall.,  ne  m'est  connue  que  par  cette  phrase 
de  Pallas  :  «  Queue  deux  fois  pius  longue 
que  la  tête,  et  d'une  seule  couleur.  »  Elle 
est  du  nord  de  l'Asie  et  de  l'Europe. 

10.  La  Belette  des  Alpes,  Mustela  alpina 
Gebl.,  ne  me  paraît  différer  de  notre  Belette 
que  par  sa  taille  légèrement  plus  grande. 
Elle  est  jaunâtre  ou  brunâtre  en  dessus, 
d'un  jaune  pâle  en  dessous,  avec  le  men- 
ton blanc,  ainsi  qu'une  partie  de  la  bouche. 
Elle  habite  les  Alpes,  se  loge  dans  des  trous 
de  rochers  ou  dans  des  terriers,  et  se  nour- 
rit de  petits  Mammifères  et  d'oiseaux. 

11.  Le  Chorock,  Putorius  sibiricus  Less., 
Mustela  sibirica  Pall.,  est  une  espèce  bien 
distincte,  à  peu  près  de  la  taille  du  Furet, 
dont  il  a  les  formes  générales  ;  mais  son  pe- 
jage  esta  poils  plus  longs  ,  d'un  fauve  doré 
en  dessus,  et  d'un  jaune  fauve  -pâle  en  des- 
sous ;  le  tour  du  mufle  est  blanc,  et  la  par- 
tie du  museau  comprise  entre  les  yeux  et 
cette  partie  blanche  est  brune.  Quelques  in- 
dividus ont  le  dessous1*  de  la  mâchoire  infé- 
rieure blanc,  d'autres  de  la  couleur  du 
corps,  mais  un  peu  plus  clair.  Le  Chorock 
habite  les  forêts  de  la  Sibérie,  et,  ainsi  que 
Je  Putois,  dont  il  a  les  mœurs  ,  il  se  rap- 
proche des  habitations  rurales  pendant  Phi- 
ver,  et  dévaste  les  basses-cours. 

12.  Le  Putois  a  gorge  dorée,  Putorius 
Hardivickii  Ho rs t., Mustela  flavigula Bod<i., 
Mustela  quadricolor  Shaw.  Cet  animal  va- 
rie assez  de  couleur ,  d'où  il  résulte  que  les 
auteurs  en  ont  fait  quatre  espèces,  trois  sous 
les  noms  que  je  viens  de  citer,  et  la  qua- 
trième sous  celui  de  Mustela  leucotis  Tenim. 
Il  a  environ  22  pouces  de  longueur  (0m,595), 
non  compris  la  queue,  qui  est  presque  de  !a 
même  dimension.  Il  est  généralement  noir, 
avec  la  gorge ,  le  ventre  et  le  dos  jaunes. 
11  a  les  joues  blanches.  11  se  trouve  au 
Népaul. 

13.  Le  Putois d'Eversmann,  Putorius Evers- 
mannii  Less.,  ressemble  beaucoup  au  Pu- 
tois ordinaire,  dont  il  n'est  peut-être  qu'une 
variété.  Son  pelage  est  d'un  jaune  clair,  à 
pointe  des  poils  brune  seulement  sur  les 
lombes  ;  la  poitrine  et  les  pieds  sont  bruns; 


MAll 

là  queue  est  partout  d'une  égale  teinte.  Il 
habite  entre  Orembourg  etBukkara. 

44.  Le  Furet  de  Java,  Putorius  nudipes 
Boit.,  Muslela  nudipes  Fr.  Cuv.,  est  un  peu 
plus  petit  que  le  Putois  commun  ;  son  pelage 
est  d'un  beau  roux  doré  très  brillant;  la  tête 
et  l'extrémité  de  sa  queue  sont  blanches  ou 
d'un  blanc  jaunâtre;  le  dessous  de  ses  pieds 
est  entièrement  nu.  Il  a  été  trouvé  à  Java, 
et  l'on  pense  que  ses  mœurs  sont  les  mêmes 
que  celles  de  notre  Putois  commun. 

III.  Les  ZOR1LLES  {Zoiitta,  Is.  Geoff.). 

Système  dentaire  des  Putois,  mais  on- 
gies  longs,  robustes,  non  pointus,  propres  à 
fouir  la  terre ,  mais  non  à  grimper  sur  les 
arbres.  On  n'en  connaît  qu'une  espèce. 

Le  ZoniLLE,  Zorilla  variegata  Less.,  Vi- 
verra  zorilla  Gm.,  Muslela  zorilla  Desm., 
le  Blaireau  du  Cap,  Kolbe;  le  Zorille,  Buîî. 
Cet  animalaplusdelpied  (0m,325)du  bout 
du  museau  à  l'extrémité  de  la  queue,  qui  a 
8  pouces  (0m,217)  à  peu  près  de  longueur.  II 
est  noir,  avec  plusieurs  taches  blanches  sur 
la  tête,  et  des  lignes  longitudinales  blanches 
sur  le  corps  en  dessus,  ou  blanc,  avec  des 
taches  ou  des  lignes  noires.  La  première  va- 
riété se  trouve  au  cap  de  Bonne-Esperance, 
et  la  seconde  au  Sénégal  et  sur  les  bords  de 
la  Gambie.  Du  reste,  cet  animal  a  le  même 
genre  de  vie  que  les  Martes,  à  cela  près  que, 
ne  pouvant  grimper  sur  les  arbres,  il  se 
creuse  un  terrier  qu'il  habite  pendant  le 
jour,  et  dans  lequel  il  se  retire  à  la  moin- 
dre apparence  de  danger.  (Bûiïard.) 

MARTEAU.  Zygœna.  roiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Chondroptérygiens  à  branchies 
fixes,  famille  des  Sélaciens,  établi  par  Cuvier 
(Règne  animal,  t.  II,  p.  393)  aux  dépens  des 
Squales.  Ces  poissons  ont  à  peu  près  les  ca- 
ractères des  Requins;  ils  en  diffèrent  par 
leur  tête  aplatie  horizontalement,  tronquée 
en  avant,  et  dont  les  côtés  se  prolongent 
transversalement  en  branches  qui  la  font 
ressembler  à  un  marteau;  les  yeux  sont  aux 
extrémités  des  branches,  et  les  narines  à 
leur  bord  antérieur.  On  connaît  4  espèces 
de  ce  genre  ;  la  plus  commune  dans  nos  mers 
est  le  Marteau  commun,  vulgairement  appelé 
Maillet  {Zygœna  maliens  Val.).  Ce  poisson  a 
le  corps  grisâtre,  la  tête  très  large,  noirâtre 
et  légèrement  festonnée.  Il  atteint  quelque- 
fois 4  mètres  de  longueur,  et  son  poids  s'é  • 


MAR 


13 


lève  jusqu'à  34  myriagrammes.  On  le  prend 
ordinairement  en  juillet,  août  et  septembre. 
Sa  chair  est  peu  estimée.  Les  autres  espèces 
sont  :  le  Z.  Blochii  Val.,  reconnaissable  à  ses 
narines  placées  bien  plus  près  du  milieu,  et 
dont  la  deuxième  dorsale  est  plus  près  de  la 
caudale  ;  le  Pantouflier  (  Z.  tudes  Val.  ),  es- 
pèce à  très  large  tête  ;  le  vrai  Pantouflier 
{Squalus  tiburo  L.  et  Val.  ) ,  qui  a  la  tête 
en  forme  de  cœur.  La  chair  de  cette  dernière 
espèce  est  moins  désagréable  que  celle  du 
Marteau  commun  ;  on  la  pêche  souvent  sur 
les  côtes  de  la  Méditerranée. 

MARTEAU.  Maliens,  moll.  —  Genre  de 
Mollusques  bivalves  monomyaires  ,  établi 
par  Lamarck  aux  dépens  du  genre  Avicule 
de  Bruguière  ,  lequel  était  lui-même  un  dé- 
membrement du  grand  genre  Huître  {Ostrea) 
de  Linné.  Lamarck  avait  d'abord  rapproché 
ce  genre  des  Vulselles  et  des  Avicules,  dans 
la  famille  des  Ostracées  ;  mais  plus  tard  il 
l'en  sépara  pour  le  porter  dans  la  famille  des 
Byssifères  ;  et  enfin  ,  dans  son  Histoire  des 
Animaux  sans  vertèbres,  il  le  prit  pour  type 
de  sa  famille  des  Malléacées ,  qu'il  séparait 
alors  des  Byssifères.  Mais  presque  tous  les 
autres  zoologistes,  au  contraire,  ont  rappro- 
ché les  Vulselles  et  les  Marteaux  dans  une 
même  famille,  nommée  par  M.  deBlainville 
les  Margaritacés.  L'animal  du  Marteau  est 
inconnu  ;  sa  coquille  est  presque  équivalve, 
raboteuse ,  difforme ,  souvent  allongée  à 
l'opposé  de  la  charnière  et  plus  ou  moins 
élargie  à  la  base  en  deux  lobes  figurant  des 
oreillettes  ou  les  deux  côtés  d'un  marteau  ; 
la  charnière  ,  dépourvue  de  dents,  présente 
une  fossette  obliquement  allongée,  conique, 
destinée  à  contenir  un  ligament  très  fort,  et 
située  sous  les  crochets,  qui  sont  petits, 
divergents.  Chaque  valve  est  terminée  au- 
dessus  de  la  charnière  par  un  talus  oblique, 
qu'on  nomme  le  talon  ,  et  dont  la  réunion 
forme  un  grand  sillon  triangulaire  entre  les 
crochets.  A  l'origine  du  bord  supérieur  de 
l'oreillette  antérieure  se  voit  une  échancrure 
qui,  lorsque  les  valves  sont  réunies,  cor- 
respond à  celle  du  côté  opposé,  et  forme  un 
trou  perpendiculaire  communiquant  à  l'in- 
térieur et  donnant  passage  au  byssus ;  à  côté 
de  cette  échancrure  est  une  surrace  plane, 
un  peu  saillante  et  triangulaire,  derrière 
laquelle  est  creusée  cette  fossette  dont  nous 
avons  parlé,  destinée  à  contenir  le  ligament. 


14 


MAR 


Ce  ligament  n'est  pas ,  comme  le  croyait  La- 
marck,  étendu  sur  toute  la  longueur  du 
talon;  il  est,  au  contraire ,  resserré  dans 
une  fossette  cardinale  très  analogue  à  celle 
des  Avicules ,  des  Limes  ou  des  Peignes, 
ainsi  que  l'a  démontré  M.  Deshayes. 

La  coquille  des  Marteaux  varie  singulière- 
ment avec  làge  ,  et  suivant  les  diverses  cir- 
constances locales  dans  lesquelles  ils  ont 
vécu ,  de  sorte  qu'on  n'en  peut  trouver  deux 
semblables.  II  paraît  même  que  la  coquille 
des  jeunes  individus  est  toujours  dépourvue 
d'oreillettes  latérales.  M.  Deshayes  a  remar- 
qué aussi  que,  chez  les  vieux,  le  manteau 
abandonne  peu  à  peu  ces  oreillettes,  qu'il 
avait  sécrétées  d'abord.  Il  résulte  donc  de  ce 
retrait  successif  du  manteau  des  stries  sem- 
blables à  celles  d'accroissement,  mais  qui 
se  succèdent  en  sens  inverse. 

On  a  décrit  six  espèces  de  Marteaux  pro- 
venant de  la  mer  des  Indes  et  de  la  mer 
Rouge.  Ce  sont  des  coquilles  longues  de  9  à 
15  millimètres,  très  recherchées  dans  les 
collections.  (Duj.) 

MARTELLA.  bot.  cr. — Nom  que  donne 
Scopoli  dans  ses  plantes  de  Hongrie  à  YHyd- 
num  echenis.  (Lév.) 

MARTESIA.  —  Voy.  martisia. 

MARTIA.  bot.  ph.  —  Leandr.,  syn.  de 
Neurocarpum,  Desv.-Spreng.  —  Syn.  d'J£- 
îodes ,  Àdans. 

MARTIN,  ins.  —  L'un  des  noms  vul- 
gaires des  Coccinelles  du  pays.  (C.) 

MARTIN.  Acrydotheres  et  Pastor.  ois.  — 
Genre  de  la  famille  des  Sturnidées  (Étour- 
ncaux)  dans  l'ordre  des  Passereaux,  caracté- 
risé par  un  bec  plus  ou  moins  long,  com- 
primé ,  très  peu  arqué,  à  mandibule  supé- 
rieure légèrement  échancrée  à  la  pointe,  à 
angles  membraneux;  des  narines  latérales, 
ovoïdes,  recouvertes  par  une  membrane  en 
partie  emplumée;  un  espace  nu  autour  des 
yeux;  des  tarses  allongés,  assez  robustes,  et 
des  ailes  longues,  pointues. 

Lesespècesquicomposent  ce  genre  étaient 
confondues  par  Linné,  Gmelin  et  Latham 
avec  les  Mainates,  les  Étourneaux  et  les 
Merles.  Elles  en  ont  été  distraites  par  les 
ornithologistes  modernes  pour  être  groupées 
génériquement  sous  le  nom  que  Buffon  don- 
nait à  l'une  d'elles.  Nous  ne  devons  point 
nous  préoccuper,  pour  le  moment,  des  dé- 
membrements que,  vers  ces  dernières  années, 


MAR 

on  a  fait  subir  à  la  division  qui  renferme  les 
oiseaux  dont  il  est  question  ;  nous  verrons 
plus  bas  quels  sont  parmi  eux  ceux  qui  en 
ont  été  l'objet;  ce  que  nous  devons  faire  ici, 
c'est  l'histoire  collective  de  toutes  les  espèces 
que  G.  Cuvier,  Vieillot,  Temminck,  Wa- 
gler,  etc.,  ont  classées  dans  leur  genre 
Martin. 

LesMartins,  déjà  si  voisins  des  Étourneaux 
par  leurs  caractères  physiques,  semblent  l'être 
plus  encore  sous  le  rapport  des  mœurs;  ils 
en  ont  les  habitudes,  les  allures,  la  docilité. 
D'un  autre  côté,  tous  lesMartins  dont  on  a  pu 
observer  les  actes  dans  l'état  de  nature,  ont 
une  manière  de  vivre  tellement  identique, 
que  l'histoire  de  l'un  d'entre  eux  est  appli- 
cable à  tous  les  autres.  Ce  sont  des  oiseaux 
très  portés  à  vivre  dans  la  société  de  leurs 
semblables.  Ils  fuient  la  solitude  autant  que 
d'autres  espèces  la  recherchent,  et  sont  tou- 
jours réunis  en  troupes  plus  ou  moins  nom- 
breuses, même  à  l'époque  de  la  reproduction. 
On  a  remarqué  que  tous  les  Martins  d'un 
canton,  au  lieu  de  former,  durant  le  jour, 
une  bande  unique,  se  divisent  en  plusieurs 
volées  qui  vont  chacune  de  leur  côté  exploiter 
les  environs  ;  mais,  quand  vient  le  soir  et  au 
moment  où  le  soleil  disparaît  à  l'horizon, 
ces  diverses  volées  se  réunissent  en  une  seule. 
Ce  rapprochement  a  pour  cause  le  besoin  de 
repos;  en  effet,  la  bande  unique  quelquefois 
innombrable  que  forment,  à  re  moment,  les 
Martins,  après  quelques  évolutions  dans  les 
airs,  s'arrête  sur  les  arbres  ou  sur  l'arbre 
qu'elle  a  adopté  pour  gîte.  Le  plus  touffu  et 
le  plus  élevé  est  toujours  celui  sur  lequel  se 
portent  de  préférence  ces  oiseaux.  Ils  s'y  en- 
tassent, pour  ainsi  dire,  en  se  serrant  les  uns 
contre  les  autres.  C'est  lorsqu'ils  sent  ainsi 
rassemblés  que  commence  leur  babil,  babil 
qui  se  transforme  bientôt  en  un  concert 
bruyant  et  discordant,  en  un  mélange  d'un 
millier  de  voix  et  de  cris  confus  qui  ne  ces- 
sent qu'à  la  nuit. 

Le  vol  des  Martins  est  vif  et  saccadé  ;  en 
d'autres  termes,  il  s'exécute  par  de  fréquents 
battements  d'ailes.  Rarement  ils  s'élèvent 
très  haut  dans  l'air;  assez  souvent  ils  rasent 
la  terre  et  passent  avec  la  vitesse  d'un  trait. 
Lorsque,  cependant,  ils  n'ont  qu'un  court 
trajet  à  faire,  leur  vol  est  bien  moins  rapide. 
Les  individus  qui  composent  une  bande 
volent  en  se  tenant  toujours  serrés,  ainsi 


MAR 


MAR 


15 


que  le  font  les  Étourneaux,  ainsi  que  le  font 
encore  les  Jaseurs  de  Bohême.  Comme  ces 
oiseaux,  on  ne  les  voit  également  jamais  dé- 
vier de  leur  route;  toujours  ils  se  dirigent 
en  ligne  droite.  3N1  Nordman,  qui  a  parfaite- 
ment observé  le  Marlinroselin,  a  vu  que,  lors- 
qu'une volée  de  cette  espèce  descend  à  terre , 
tous  les  individus  qui  la  composent  se  disper- 
sent bientôt  dans  toutes  les  directions,  qu'il 
est  rare  d'en  surprendre  quatre  ou  cinq  très 
rapprochés,  et  qu'en  marchant  dans  l'herbe, 
ils  observent  strictement  une  certaine  direc- 
tion générale  et  avancent  peu  à  peu  avec  une 
certaine  vitesse.  «  Les  Roselins,  ajoute-t-il, 
sont  très  adroits  à  enlever,  en  sautant,  les 
insectes  de  dessus  les  brins  d'herbe;  quel- 
quefois aussi,  mais  rarement,  ils  saisissent 
de  cette  façon  des  Sauterelles  qui  volent  bas. 
Celui  d'entre  eux  qui  vient  de  faire  ime 
bonne  trouvaille  pousse  un  cri  de  joie  qui 
attire  sur-le-champ  quelques  uns  de  ses 
compagnons  désireux  de  partager  sa  bonne 
fortune.  Dans  un  pareil  cas,  surtout  lorsqu'il 
s'agit  d'une  grosse  Sauterelle  ou  de  quelque 
autre  morceau  friand,  on  voit  souvent  de 
petites  disputes  s'élever  entre  ces  oiseaux, 
d'ailleurs  paisibles,  toujours  de  bonne  hu- 
meur, gais  et  d'une  grande  agilité.  » 

Les  Marlins  ne  fuient  pas  trop  la  présence 
de  l'homme;  ils  sont  peu  timides,  et  s'ap- 
prochent avec  confiance  des  lieux  habités. 
lis  fréquentent  les  prairies  et  les  pâturages, 
se  plaisent  surtout  dans  le  voisinage  des  eaux, 
se  mêlent  volontiers  à  d'autres  bandes  d'oi- 
seaux et  principalement  aux  bandes  d'Étour- 
neaux  ,  et,  comme  ceux-ci,  ils  aiment  à  se 
percher  sur  le  dos  des  troupeaux,  au  milieu 
desquels  leur  instinct  les  appelle  souvent. 

Il  est  peu  d'oiseaux  qui  rendent  à  l'agri- 
culture des  services  aussi  grands  que  les 
Martins,  parce  qu'il  en  est  peu  qui  soient 
aussi  grands  destructeurs  de  toute  sorte  d'in- 
sectes. C'est  surtout  dans  les  contrées  expo- 
sées aux  ravages  des  Sauterelles  voyageuses 
{Gryllus  migratoriusLinn.  )  que  la  présence 
des  Martins  peut  être  considérée  comme  un 
précieux  bienfait  de  la  providence.  Ils  met- 
tent un  acharnement  incroyable  à  poursuivre 
les  essaims  dévastateurs  de  ces  redoutables 
insectes;  ils  les  détruisent  sous  tous  leurs 
états,  et  les  attaquent  même  dansleur  germe. 
Du  reste,  le  fait  cité  parGuéneau  de  Mont- 
beillard  (Hist.  nat.  des  Ois.),  d'après  le  té- 


moignage de  M.  Poivre  ,  démontre  de  la 
manière  la  plus  positive  quel  est  le  rôle, 
quelle  est  la  part  que  prennent  ces  oiseaux 
dans  l'économie  de  la  nature.  Il  fut  un  temps 
où  l'île  Bourbon  était,  pour  ainsi  dire,  dé- 
vorée par  des  Sauterelles ,  qui ,  ayant  été 
apportées  de  Madagascar,  dans  de  la  terre, 
à  l'état  d'œufs ,  s'y  étaient  développées  et 
avaient  fini  par  s'y  multiplier  d'une  façon 
prodigieuse  et  vraiment  inquiétante.  A  cette 
époque  ,  MM.  Desforges-Boucher  et  Poivre, 
l'un  gouverneur  général  et  l'autre  inten- 
dant de  cette  île,  eurent  l'heureuse  idée, 
pour  arrêter  les  ravages  toujours  croissants 
que  faisaient  ces  insectes,  de  tirer  des  Indes 
quelques  paires  de  Martins  (Acr.  tristis), 
de  les  faire  propager ,  et  de  les  opposer, 
comme  auxiliaires,  à  leurs  redoutables  en- 
nemis. Cette  mesure  eut  d'abord  un  com- 
mencement de  succès;  mais,  lorsqu'on  s'en 
promettait  les  plus  grands  avantages,  ils 
furent  proscrits,  parce  que  les  colons,  les 
ayant  vus  fouiller  dans  les  terres  nouvelle- 
ment ensemencées,  s'imaginèrent  qu'ils  en 
voulaient  aux  grains,  lorsque,  selon  toute 
probabilité,  ils  n'étaient  qu'à  la  recherche 
des  œufs  d'insectes.  L'espèce  entière  fut  donc 
détruite,  et  avec  elle  la  seule  digue  qu'on 
pouvait  opposer  aux  Sauterelles;  car  celles- 
ci,  ne  trouvant  plus  d'ennemis  acharnés  à 
les  dévorer,  multiplièrent  au  point  que  les 
habitants  de  l'île  eurent  bientôtà  se  repentir 
de  leur  arrêt  de  proscription,  et  se  virent 
forcés  de  rappeler  les  Martins  à  leur  secours. 
Deux  autres  couples  furent  donc  rapportés  et 
mis  cette  fois  sous  la  protection  des  lois.  Les 
médecins,  de  leur  côté,  leur  donnèrent  une 
sauve-garde  encore  plus  sacrée,  en  déclarant 
que  leur  chair  était  une  nourriture  malsaine. 
Enfin,  quelques  années  plus  tard,  les  Saute- 
relles étaient  entièrement  détruites.  Malheu- 
reusement les  Martins,  dont  le  nombre  s'était 
considérablement  accru,  devinrent  à  leur 
tour  un  fléau  redoutable,  en  ce  sens  que,  ne 
trouvant  plus  assez  d'insectes  pour  satisfaire 
leur  appétit,  ils  s'attaquèrent  non  seulement 
aux  fruits,  mais  encore  au  blé,  au  mais,  aux 
fèves,  etc. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Martins  sont  de  vé- 
ritables bienfaiteurs  pour  les  contrées  expo- 
sées aux  ravages  des  Sauterelles.  Partout  où 
ces  insectes  se  montrent,  on  est  à  peu  près 
certain  de  rencontrer  ces  oiseaux.  Au  rap- 


16 


IvîAR 


MAR 


port  de  M.  Nordmann,  lesTartares  et  les  Ar- 
méniens considèrent  le  Martin  roselin  comme 
étant  en  quelque  sorte  sacré,  et  ont  en  lui 
une  grande  confiance  pour  la  destruction 
des  Sauterelles:  «  C'est  au  point,  dit-il,  que 
toutes  les  fois  que  leurs  terres  sont  menacées 
des  ravages  de  quelque  essaim  de  Sauterel- 
les, non  seulement  les  habitants  des  provin- 
ces situées  au-delà  du  Caucase,  mais  encore 
les  Tartares  de  la  Crimée,  emploient  un  pro- 
cédé particulier  au  moyen  duquel  ils  espè- 
rent attirer  les  Martins  roselins.  Voici  qiel 
est  ce  procédé:  Non  loin  ducouventd'Etchc- 
miadsin,  en  Arménie,  etdu  villaged'Argoui  i- 
situé  au  pied  de  l'Ararat,  il  se  forme  une 
source  dont  l'eau  passe  pour  être  sacrée, 
Dès  que  les  Sauterelles  se  montrent,  on  va 
chercher  une  certaine  quantité  de  cette  eau, 
et  celle-ci  n'est  pas  plus  tôt  arrivée  que  les 
oiseaux  paraissent  pour  commencer  la  des- 
truction. Dans  la  Crimée  et  dans  plusieurs 
endroits  des  provinces  transcaucasiennes,  on 
conserve  constamment  de  cette  eau  sacrée, 
et,  lorsqu'elle  vient  à  manquer,  on  dépêche 
des  exprès  pour  aller,  au  pied  de  l'Ararat, 
en  chercher  une  nouvelle  provision.  » 

Les  Martins  font  la  chasse  non  seulement 
aux  Orthoptères ,  mais  encore  à  d'autres  in- 
sectes de  la  classe  des  Coléoptères  et  de  celle 
des  Hémiptères.  Ils  sont  également  très 
friands  de  cerises  et  de  mûres,  et  font  une 
consommation  ou  plutôt  un  dégât  considé- 
rable de  ces  fruits. 

Réduits  en  captivité,  les  Martins  devien- 
nent bientôt  aussi  privés  et  aussi  familiers 
que  les  Étourneaux,  et  se  font  aimer  à  cause 
de  leur  docilité  et  de  leurs  gentillesses.  Ils 
retiennent  facilement  et  répètent  avec  assez 
de  fidélité  ce  qu'on  veut  leur  apprendre,  et 
apprennent  même  sans  qu'on  leur  fasse  la 
leçon  ;  car  bien  souvent  ils  imitent  le  chant 
ou  les  cris  des  animaux  qui  restent  quelque 
temps  leurs  voisins.  Dans  plusieurs  contrées 
de  l'Inde ,  on  se  plaît  à  les  élever  à  cause 
de  leur  talent  imitateur. 

Les  faits  qui  se  rapportent  aux  circonstan- 
ces de  nidification  des  Martins  ne  sont  pas 
encore  bien  et  entièrement  connus.  On  a 
seulement  quelques  détails  sur  la  manière 
dont  nichent  le  Martin  triste  et  le  Martin 
roselin,  et  sur  leur  ponte.  Le  premier  donne 
à  son  nid  une  construction  grossière  et  Pat- 
tache  aux  aisselles  des  feuilles  du  Palrnier- 


Latanier  ou  d'autres  arbres  ;  quelquefois 
même  il  l'établit  dans  les  greniers,  lorsqu'il 
peut  s'y  introduire;  le  second  recherche, 
pour  faire  ses  pontes  ,  les  gradins  escarpés 
de  quelque  montagne,  les  masures  abandon- 
nées ,  les  ruines  et  aussi  les  arbres  creux. 
L'un  et  l'autre  font  une  ou  deux  couvées 
dans  la  saison,  et  chaque  couvée  est  de  qua- 
tre à  six  œufs. 

Une  particularité  des  plus  remarquables 
est  celle  dont  M.  Nordman  a  été  le  témoin. 
II  a  vu  que  de  grandes  volées  de  Roselins, 
composées  d'un  nombre  à  peu  près  égal  de 
mâles  et  de  femelles  (ce  qui  rend  le  fait  en- 
core plus  extraordinaire),  ne  vaquaient  pas 
à  l'œuvre  de  la  reproduction  et  vivaient, 
comme  il  le  dit  lui-même,  dans  un  Célibat 
complet.  Il  a  acquis  la  certitude  que,  parmi 
ces  volées  ,  il  n'y  avait  pas  un  seul  couple 
apparié.  On  pourrait  croire  que  les  indivi- 
dus qui  forment  ces  bandes  vagabondes  sont 
de  jeunes  oiseaux  incapables  encore  de  se 
reproduire  ;  mais  M.  Nordman  a  bien  posi- 
tivement constaté  qu'elles  se  composaient 
d'individus  âgés  d'un  ,  de  deux ,  de  trois 
ans  et  même  au-delà.  Ce  fait,  que  nous  sa- 
chions ,  est  sans  exemple,  et  demeure ,  jus- 
qu'à présent,  sans  explication. 

Les  Martins  sont  des  oiseaux  voyageurs. 
Levaillant  a  assisté-aux  migrations  des  es- 
pèces qui  habitent  l'Afrique,  et  a  pu  acqué- 
rir la  preuve  que  leur  passage,  qui  se  fait 
toujours  par  bandes  considérables,  dure  une 
semaine  environ.  Les  jeunes  de  l'année, 
comme  cela  a  lieu  pour  une  foule  d'autres 
oiseaux,  ne  voyagent  pas  en  compagnie  des 
adultes  :  les  uns  et  les  autres  forment  des 
bandes  à  part.  Tous  les  Martins  actuelle- 
ment connus  appartiennent  à  l'ancien  con- 
tinent. 

Nous  ne  saurions  admettre  avec  quelques 
auteurs  les  coupes  que  l'on  a  voulu  fonder 
sur  certaines  espèces  de  Martins  ,  ces  coupes 
n'étant  motivées  par  aucun  caractère  d'une 
importance  vraiment  générique.  Il  y  a  chez 
toutes  même  organisation  et  mêmes  mœurs. 
Bien  plus  ,  les  Martins  diffèrent  si  peu  des 
Étourneaux  sous  ces  deux  rapports,  que 
quelques  ornithologistes,  M.  Nordman  entre 
autres,  malgré  l'opinion  générale,  ont  per- 
sisté à  en  faire  des  oiseaux  congénères.  Si 
Ton  éprouve  déjà  de  la  difficulté  à  pouvoir 
distinguer  génétiquement   les  Étourneaux 


I\JAR 

des  Martins,  à  plus  forte  raison  doit-il  être 
difficile  de  trouver  chez  ces  derniers  des  ca- 
ractères différentiels  suffisants  pour  autori- 
ser des  démembrements.  Tout  au  plus  pour- 
rait-on ,  avec  M.  Lesson  et  quelques  autres 
auteurs,  établir  des  groupes  secondaires  dans 
lesquels  se  trouveraient  réunies  des  espèces 
que  quelque  attribut  particulier  distingue- 
rait des  autres. 

Nous  nous  bornerons  à  citer  quelques 
unes  des  espèces  connues  ,  et,  parmi  elles, 
celles  surtout  qui  sont  devenues  types  de 
genres. 

1.  Le  Martin  triste,  Ac.  tristis  Vieil!., 
Past.  trislis  Wagl.  (Buff.,  pi.  enl,  219). 
Tête  et  cou  noirâtres  ,  dessus  du  corps  d'un 
brun  marron,  poitrine  et  gorge  grises.  — 
Habite  le  Bengale  ,  lTIe  de  France  et  Java. 

Cette  espèce  type  du  g.  Martin  est  celle 
dont  on  s'était  servi  à  Bourbon  pour  détruire 
les  Sauterelles. 

2.  Le  Martin  roselin,  Ac.  roseus  Vieill., 
P.  roseus  Temm.  (représenté  dans  l'atlas  de 
ce  Dictionnaire,  oiseaux,  pi.  25).  Le  mâle  de 
cette  espèce  a  la  tête,  le  cou,  les  pennes  des 
ailes  et  de  la  queue  noirs,  avec  des  reflets 
verts  et  pourpres  ;  la  poitrine,  le  ventre,  le 
dos,  le  croupion  et  les  petites  couvertures  des 
ailes  roses.  —  Habite  l'Asie  et  l'Afrique.  Elle 
est  accidentellement  de  passage  dans  l'Eu- 
rope méridionale,  et  visite  irrégulièrement 
la  France  et  surtout  les  contrées  situées  au 
midi.  En  1838,  plusieurs  bandes  considéra- 
bles se  répandirent  dans  la  Provence  à  leur 
passage  au  printemps,  et  y  séjournèrent 
plus  d'un  mois. 

3.  Le  Martin  huppé,  Ac.  cristalellus  Vieill., 
P.  cristalellus  Wagler  (Buff.,  pi.  enl.,  507). 
D'un  noir  bleuâtre  sombre;  couvertures  des 
;iiles  blanches  à  leur  extrémité.  —  Habite 
Java. 

4.  Le  Martin  Brame,  Ac.  pagodarum 
Vieill.  ,  P.  pagodarum  Wagl.  (  Levai!!., 
Ois.  d'Afr.,  pi.  95).  Plumes  de  la  tête  noires, 
à  reflets  violets;  dessus  du  corps  gris  ,  des- 
sous jaune-roussâtre. —  Habite  au  Malabar, 
au  Goromandel,  en  Chine  et  dans  l'Afrique 
méridionale. 

VAc.  malabaricus  de  Vieillot  serait,  d'a- 
près Wagler,  la  femelle  de  cette  espèce. 

5.  Le  Martin  porte-lambeaux,  P.  carun- 
culatus  Wagl.  (Levaill.,  Ois.  d'Af.,  pi.  93). 
Tête  nue,  pourvue  de  caroncules  ;  ailes  et 

T.  VIII. 


IUAR 


17 


queue  noires  ;  tout  le  reste  du  plumage  d'un 
gris  roussâtre.  —  Habite  le  cap  de  Bonne- 
Espérance. 

Vieillot,  ayant  égard  aux  caroncules  qui 
distinguent  cette  espèce,  en  avait  fait  le  type 
d'un  genre  sous  le  nom  de  Dilophus  ;  plus 
tard  il  l'a  rapportée  aux  Martins,  comme 
l'avait  fait  G.  Cuvier. 

6.  Le  Martin  gracieux,  P.  turdiformis 
Wagl.  (Buff.,p£.  enl.,  617,  sous  le  nom  de 
Kink  de  la  Chine).  Joues  et  gorge  d'un  blond 
orangé,  haut  de  l'aile  d'un  blanc  pur,  queue 
rousse,  rayée  de  noir.  —  Habite  la  Cochin- 
chine. 

Cette  espèce  est  pour  M.  Lesson  le  type 
de  son  g.  Sturnia. 

Quelques  ornithologistes  ont  encore  rang 
parmi  les  Martins  quelques  espèces  qui 
avaient  avec  eux  des  rapports  assez  éloignés, 
et  qui  en  ont  été  distraites.  Telles  sont  le 
Past.  capensis  Temm.,  dont  M.  Lesson  a 
fait  le  type  de  son  g.  Fregilupus  ;  le  P. 
Traillii  Vig.,  dont  la  place  n'est  pas  encore 
bien  déterminée  ,  puisque  les  uns  en  font 
un  Langrayen ,  les  autres  un  Pie-grièche, 
d'autres  un  Loriot,  etc.,  et  le  P.  calvus, 
dont  G.  Cuvier  a  fait  le  représentant  de  son 
g.  Goulin  {Gymnops).  (  Z.  G.) 

MARTIN-CHASSEUR.   Dacelo,  Leach. 

OIS.    —    VOII.  MARTIN-PÊCHEUR. 

MARTM-PÊCHEUR.  Alcedo.  ois.  — 
Par  suite  de  cette  réforme  particulière,  dont 
le  résultat  a  été  la  transformation  des  genres 
linnéens  en  familles,  le  nom  générique  de 
Martin-Pêcheur,  qui  s'étendait  à  un  grand 
nombre  d'espèces,  détourné  de  la  significa- 
tion générale,  ne  s'applique  plus  aujour- 
d'hui qu'à  un  groupe  assez  restreint,  dont 
notre  Marlin-Pêeheur  d'Europe  est  le  type. 
Nous  devrions  donc  ,  si  nous  nous  confor- 
mions à  la  nomenclature  moderne,  nous 
astreindre  à  ne  traiter  que  de  ce  groupe; 
mais  il  nous  paraît  préférable,  ainsi  que 
nous  Favons  déjà  fait  ailleurs,  de  considé- 
rer les  Martins  Pêcheurs  comme  division 
linnéenne,  ou,  si  l'on  veut,  comme  fa- 
mille, sans  avoir  égard  ici  aux  sections  dont 
cette  famille  est  susceptible. 

Les  Martins-Pêcheurs  sont  des  oiseaux 
qui  appartiennent  à  l'ordre  des  Passereaux, 
et,  pour  les  méthodistes  modernes,  à  la  fa- 
mille des  Alcédidées  ou  AIccdinidées.  Ils  onl 
pour  caractères:  un  bec  long,  gro«,  droit, 

a 


18 


MAR 


MAR 


plus  ou  moins  comprimé,  très  rarement 
échancré  et  incliné  vers  le  bout;  des  narines 
situées  à  la  base  du  bec,  étroites;  des  tar- 
ses courts,  placés  un  peu  en  arrière  du 
corps;  quatre  ou  trois  doigts,  l'externe 
presque  aussi  long  que  celui  du  milieu ,  au- 
quel il  est  uni  dans  une  grande  partie 
de  sa  longueur;  une  queue  généralement 
courte  et  des  ailes  de  médiocre  longueur. 

En  général ,  les  Martins-Pêcheurs  se  dis- 
tinguent des  autres  oiseaux  par  leur  forme, 
et  ont  entre  eux  une  très  grande  analogie 
sous  le  rapport  des  couleurs.  Ainsi  leur  corps 
est  épais,  court,  ramassé  pour  ainsi  dire; 
leur  tête  est  allongée,  grosse,  et,  presque 
chez  toutes  les  espèces  ,  couverte  de  plumes 
étroites  plus  ou  moins  longues,  et  formant, 
vers  l'occiput ,  une  sorte  de  huppe  immo- 
bile qui  a  une  direction  contraire  à  celle  du 
bec.  Quant  à  leur  plumage  ,  lustré  chez  les 
uns,  mat  chez  les  autres,  il  est,  en  géné- 
ral ,  assez  richement  coloré  ;  et  parmi  les 
couleurs  qui  les  parent,  on  peut  dire  que, 
dans  toutes  les  espèces,  le  bleu  domine  sous 
fies  différentes  nuances. 

Les  Martins-Pêcheurs,  ou  mieux  les  oi- 
seaux que  nous  réunissons  sous  ce  nom  gé- 
nérique, n'ont  pas  une  conformité  de  mœurs 
aussi  grande  que  ce  que  pourrait  le  faire 
supposer  leur  conformité  générale  d'organi- 
sation. Ainsi,  tandis  que  les  uns  ont  des 
habitudes  essentiellement  aquatiques ,  qu'ils 
nesauraient  exister  loin  des  rives  des  fleuves 
ou  des  bords  de  la  mer,  les  autres,  au  con- 
traire,  ne  fréquentent  qu'accidentellement 
les  rivières  et  ne  vivent  qu'au  sein  des  fo- 
rêts touffues  et  humides  :  cette  différence 
d'habitat  produit  nécessairement  une  diffé- 
rence dans  le  régime  :  tels  sont  ichthyo- 
phages ,  tels  autres  insectivores.  C'est  en 
raison  de  ces  considérations  que  les  premiers 
sont  plus  particulièrement  désignés  sous  le 
nom  de  Martins-Pêcheurs,  et  que  les  se- 
conds ont  été  distingués  sous  celui  de  Mar- 
tins-Chasseurs.  D'ailleurs ,  les  uns  et  les  au- 
tres sont  des  oiseaux  solitaires,  qui  vivent 
ordinairement  loin  de  toute  société,  et  qui 
évitent  même  celle  de  leur  semblable.  Tous 
ont  un  vol  rapide  et  bas,  direct  et  peu  sou- 
tenu. 

L'espèce  dont  on  connaît  le  mieux  les 
mœurs  est,  sans  contredit,  notre  Martin- 
Pêcheur  d'Europe  {Alcedo  ispida).  Soumise , 


pour  ainsi  dire ,  à  notre  observation  de  tou» 
les  jours,  tous  ses  actes  nous  sont  devenus 
familiers.  Mais,  ainsi  que  la  plupart  des 
animaux  qui  vivent  dans  le  voisinage  de 
l'homme ,  et  qui  se  font  remarquer  par  quel- 
ques attributs  particuliers,  le  vulgaire  s'est 
plu  à  doter  cet  oiseau  de  propriétés  mer- 
veilleuses. Il  y  a  peu  de  nations  qui  ne  lui 
aient  reconnu  quelque  faculté  extraordi- 
naire. Les  anciens  croyaient  que  son  corps 
desséché  repoussait  la  foudre;  que,  porté 
sur  soi,  il  communiquait  la  grâce  et  la 
beauté;  qu'il  donnait  la  paix  à  la  maison, 
le  calme  à  la  mer,  et  rendait  la  pêche  abon- 
dante sur  toutes  les  eaux.  Ce  qu'il  y  a  de 
singulier,  c'est  que  des  idées  à  peu  près 
pareilles  se  trouvent  chez  les  Tartares  et 
les  Asiatiques.  Si  ces  croyances  ont  totale- 
ment disparu ,  d'autres  sont  restées ,  et  l'on 
n'est  pas  peu  surpris  d'entendre  ,  dans  nos 
campagnes ,  dire  et  affirmer  que  la  dépouille 
du  Martin-Pêcheur  a  la  singulière  propriété 
de  conserver  les  draps  et  les  autres  étoffes 
de  laine  en  éloignant  les  teignes  qui  pour- 
raient les  dévorer.  Les  dénominations  d'Oi- 
seau-Teigne, Drapier,  Garde- Boutique,  etc., 
font  tous  allusion  à  cette  prétendue  faculté 
dont  nous  venons  de  parler.  Il  est  inutile  de 
dire  que  cette  croyance  tombe  devant  les 
faits;  les  plumes  du  Martin-Pêcheur  de- 
viennent, comme  celles  des  autres  oiseaux, 
la  pâture  des  Teignes ,  et  sa  chair  est  la  proie 
des  Anthères  et  des  Dermestes. 

Dépouillée  de  ces  erreurs ,  qui  pouvaient 
en  être  jadis  la  partie  intéressante,  l'his- 
toire du  Martin-Pêcheur  d'Europe  (histoire 
qui,  à  quelques  différences  près  ,  doit  être 
celle  de  toutes  les  autres  espèces)  n'est  pas 
moins  pleine  d'attraits.  Cet  oiseau,  que  l'on 
voit  triste  et  toujours  seul ,  si  ce  n'est  à  l'é- 
poque des  amours,  a  un  caractère  sauvage 
et  méfiant  qui  lui  fait  fuir  la  présence  de 
l'homme.  Lorsqu'on  l'approche ,  il  part  d'un 
vol  rapide,  file  en  rasant  la  surface  de  l'eau 
ou  du  sol ,  et  en  suivant  ordinairement  tous 
les  détours  d'une  rivière.  En  volant,  il  fait 
entendre  un  cri  perçant  qu'expriment  assez 
bien  les  syllabes  ki  ki  kivi  ki;  c'est  même 
de  ce  cri  que  lui  vient,  selon  Gesner ,  le 
nom  latin  ispida.  Il  est  peu  d'oiseaux  de  sa 
taille  dont  les  mouvements  d'ailes  soient 
aussi  prompts,  et  qui  cependant  puissent 
mieux  commander  à  son  voK  Au  moment  où 


MAR 


MAR 


19 


il  parcourt  l'air  avec  le  plus  de  vélocité  ,  il 
s'arrête  tout  d'un  coup  et  s'y  soutient  pen- 
dant plusieurs  secondes.  A  ce  moment,  ses 
battements  d'ailes,  réitères  et  pressés,  res- 
semblent à  une  sorte  de  trémoussement,  et 
ne  peuvent  être  comparés  qu'à  ceux  du  Fau- 
con lorsqu'il  plane,  ou  encore  mieux  à  ceux 
des  Colibris ,  lorsqu'ils  cherchent  leur  nour- 
riture dans  le  calice  des  fleurs.  Le  Martin- 
Pêcheur  alcyon  ne  saute  ni  ne  marche  lors- 
qu'il se  pose  à  terre ,  ce  qui  tient  à  l'ingrate 
organisation  de  ses  pieds.  Comme  il  ne  peut 
saisir  sa  proie  qu'au  passage,   et  qu'il  est 
forcé  de  l'attendre  pour  s'en  emparer,  la  na- 
ture l'a  doué  d'une  patience  admirable.  On 
le  voit  des  heures  entières,  épiant  les  pois- 
sons,  perché  sur  une  branche  morte,  sur 
une  pierre  qui  s'élève  dans  l'eau,  ou  même 
sur  la  rive  d'un  fleuve,  et  dans  une  immo- 
bilité complète.  On  a  vanté  la  patience  du 
Héron  ;  on  a  dit  avec  quelle  persévérance  il 
attend,  les  pieds  dans  l'eau,  qu'une  proie 
passe  à  portée  de  son  bec;  mais  cependant 
le  Martin-Pécheur  ne  le  lui  cède  pas  sous  ce 
rapport.  Il  est,  comme  le  Héron,  doué  d'une 
grande  patience  :  il  sait  attendre  ,  et  aussi- 
tôt qu'il  aperçoit  un  poisson ,  il  fond  des- 
sus avec  la  rapidité   de  l'éclair  ,    en   tom- 
bant d'aplomb,  la  tête  en  bas  ,  et  en  plon- 
geant dans   l'eau  :  le  plus  ordinairement 
il  fait  cette  pêche  aux  petites  espèces,  ou 
encore  il  s'attaque  aux  petits  individus  des 
grandes  espèces;  mais,  à  défaut  de  ceux- 
ci,  il  se  jette  sur  ceux  d'une  taille   plus 
forte,  et  alors,  si  sa    capture   est  d'une 
grosseur  qui  ne  lui  permette  pas  de  l'ava- 
ler, il  la  porte  à  terre,  et  là  il  la  dépèce 
tout  à  l'aise.  La  manière  dont  le  Martin- 
Pêcheur  traite  la  proie  vivante  qu'il   vient 
de  saisir  est  un  fait  digne  de  remarque,  et 
rappelle  ce  que  font  beaucoup  d'oiseaux  in- 
sectivores. Avant  de  la  déglutir,  il  la  con- 
serve quelque  temps  dans  son  bec,  la  tourne, 
la  retourne,  la  bat  contre  une  pierre   ou 
contre  un  tronc  d'arbre;  il  ne  se  contente 
pas  de  la  tuer,  il  la  malaxe,  la  pétrit,   si 
l'on  peut  dire,  et,  lorsqu'il  la  juge  suffi- 
samment brisée,  il  l'avale  la  tête  la  pre- 
mière; ce  qu'il   y  a   de  particulier,  c'est 
qu'il  agit  de  même  à  l'égard  d'une  proie 
morte. 

De  l'habitude  qu'a  le  Martin-Pêcheur  de 
toujours  se  poser  sur  les  branches   mortes 


était  venu  ce  conte ,  né  en  Allemagne  et  ac- 
crédité chez  nous,  du  moins  dans  la  classe 
ignorante  ,  que  cet  oiseau  fait  sécher  le  bois 
sur  lequel  il  s'arrête;  mais  depuis  long- 
temps l'opinion  a  été  rectifiée  sur  ce  point. 
C'est  par  instinct  que  le  Martin-Pêcheur  se 
pose  de  préférence  sur  les  branches  sèches 
ou  dépouillées  de  feuilles  qui  avancent  sur 
l'eau  ;  de  là  il  est  mieux  à  portée  de  guetter 
et  d'apercevoir  les  poissons,  isolé  qu'il  est 
de  tout  ce  qui  pourrait  borner  sa  vue  ;  de  là 
aussi  il  peut  tomber  dans  Peau  sans  que 
rien  l'arrête.  L'hiver,  lorsqu'il  est  forcé 
par  la  glace  ou  la  crue  des  eaux  de  quitter 
momentanément  les  rivières  ,  on  le  voit  sur 
les  bords  des  ruisseaux  d'eau  vive  exercer 
son  industrie  aux  dépens  alors  plutôt  des 
insectes  aquatiques  que  des  poissons.  Mais 
comme ,  dans  ces  circonstances ,  il  ne  trouve 
pas  toujours  d'arbres  où  il  puisse  s'arrêter, 
il  chasse  en  voltigeant  continuellement;  il 
s'élève  ,  plane ,  puis  plonge  si  une  proie  se 
présente.  Lorsqu'il  veut  changer  de  place, 
il  descend  de  quelques  pieds ,  continue  à 
voler,  s'arrête  de  nouveau,  se  relève  et  s'a- 
baisse encore  :  il  peut,  de  cette  manière, 
parcourir  de  grandes  distances. 

Au  rapport  des  voyageurs,  les  Martins- 
Chasseurs  font  dans  les  forêts  ce  que  les 
Martins-Pêcheurs  et  ses  congénères  font  le 
long  des  rives  des  fleuves  et  des  ruisseaux  et 
sur  le  bord  de  la  mer;  ils  attendent  patiem- 
ment, juchées  sur  une  branche,  qu'un  in- 
secte, une  larve  ou  un  ver  de  terre,  se 
montrent  et  passent  à  portée  d'être  saisis. 

Les  Martins-Pêcheurs  ne  chantent  point; 
ils  ne  font  entendre  que  des  cris  aigus;  ceux 
de  VAlcedo  gigantea  ressemblent  à  des  éclats 
de  rire.  Us  entrent  en  amour  au  printemps. 
On  ne  connaU  pas  ,  jusqu'à  présent ,  d'es- 
pèce qui  fasse  un  nid  proprement  dit.  Ces 
oiseaux,  comme  les  Pics,  les  Guêpiers,  etc., 
nichent,  les  uns  dans  les  crevasses  qui  exis- 
tent le  long  des  berges  des  rivières  ou  dans 
les  trous  qu'y  creusent  les  Rats  d'eau,  les 
autres  dans  les  trous  pratiqués  sur  les  troncs 
des  vieux  arbres.  Leurs  œufs  varient  en 
nombre  selon  les  espèces;  généralement  ils 
sont  blancs.  Notre  Martin -Pêcheur  d'Eu- 
rope en  pond  ordinairement  six  ;  le  trou  au 
fond  duquel  il  les  dépose  a  quelquefois  deux 
pieds  de  profondeur,  et  dans  les  abords  de 
ce  trou  sont  toujours  entassées  des  arêtes  et 


20 


MAR 


BIAR 


des  écailles  de  poissons  ,  restes  non  digérés 
et  vomis  des  nombreuses  proies  qu'il  a  fai- 
tes. Les  jeunes  Martins-Pêcheurs  sont  très 
difficiles  à  élever;  on  ne  peut  guère  les  con- 
server que  quatre  ou  cinq  mois;  d'ailleurs, 
parviendrait-on  à  les  faire  vivre  plus  long- 
temps en  les  entourant  de  tous  les  soins 
possibles,  ils  n'offriraient  d'autre  agrément 
que  celui  que  procure  la  vue  de  leur  plu- 
mage. 

La  chair  des  Martins-Pêcheurs  est  d'un 
goût  détestable  et  porte  avec  elle  une  odeur 
de  faux  musc  très  prononcée;  la  qualité  des 
aliments  dont  ils  font  usage  influe  d'ailleurs 
sur  celle  de  leur  chair.  Les  uns  se  nourris- 
sent presque  exclusivement  de  poissons,  les 
autres  mêlent  à  ce  régime  des  insectes  aqua- 
tiques de  toute  sorte ,  des  crabes;  ceux-ci 
font  la  chasse  aux  petits  lézards,  ceux-là 
aux  insectes  de  terre  et  à  leurs  larves. 

La  distribution  géographique  des  Mar- 
tins-Pêcheurs est  fort  étendue.  Ces  oiseaux 
sont  répandus  sur  tout  le  globe  et  en  nom- 
bre considérable;  l'Europe  et  l'Amérique 
ne  possèdent  qu'une  seule  espèce  qui  soit 
propre  à  leur  climat;  mais  ils  se  trouvent 
profusément  répartis  dans  les  contrées 
chaudes  de  l'Afrique  et  de  l'Asie. 

Le  genre  Alcedo  de  nos  méthodes  mo- 
dernes est  loin  d'être  ce  qu'il  était  dans  le 
Systcma  nalurœ.  Latham  ,  Brisson  ,  Vieil- 
lot, etc.,  l'ont  conservé  tel  que  l'avait  éta- 
bli Linné.  G.  Cuvier,  de  son  côté,  a  réuni 
sous  le  nom  générique  de  Martins-Pêcheurs 
toutes  les  espèces  linnéennes  desquelles  il  a 
distrait  seulement  sous  le  nom  de  Ceyx , 
comme  d'ailleurs  l'avait  déjà  fait  Lacépède, 
celles  qui  n'ont  que  trois  doigts ,  deux  de- 
vant et  un  derrière.  Levaillant,  ayant  con- 
staté que  certaines  espèces  à  plumage  non 
lustré  et  à  bec  ordinairement  échancré  vers 
le  bout,  vivaient  au  sein  des  forêts  loin  du 
voisinage  des  eaux  ,  s'autorisa  de  ces  diffé- 
rences de  mœurs  et  de  caractères  pour  dis- 
tinguer ces  espèces  sous  la  dénomination  de 
Martins -Chasseurs.  C'est  de  ceux-ci  que 
Leach  fit  un  peu  plus  tard  son  genre  Dacelo. 
M.  Lesson  ,  tout  en  admettant  une  grande 
division  Alcedo  (Alcyon),  introduisit  cepen- 
dant dans  cette  division  des  modifications 
assez  importantes,  en  ce  sens  qu'il  y  établit 
plusieurs  groupes  auxquels  il  donna  le  titre 
de  sous-genres.  Par  ce  fait,  les  Alcyons  fut 


rent  distingués  en  Ceyx,  en  Marlins -Pê- 
cheurs proprement  dits,  en  Symés,  en  Ta- 
nysiptères,  en  Martins-Chasseurs,  en  Chou- 
calcyons,  en  Mélidores  et  en  Todiramphes. 
Une  autre  modification  profonde  du  genre 
Alcedo  est  celle  que  G.-R.  Gray  a  consignée 
dans  sa  List  of  the  gênera.  Ici,  les  Martins- 
Pêcheurs  ne  se  trouvent  plus  réunis  dans 
une  seule  grande  division  générique,  mais 
ils  sontcompris  dans  deuxsous-familles  :  celle 
des  Halcyoninées  ,  qui  a  pour  type  le  genre 
Dacelo;  et  celle  des  Alcédininées,  fondée  sur 
les  Martins-Pêcheurs  proprement  dits. 

Nous  adopterons  pour  la  classification  des 
Oiseaux  dont  il  est  question  une  sorte  de 
compromis;  c'est-à-dire  que  distinguant  ces 
Oiseaux  en  ceux  qui  fréquentent  le  bord  des 
eaux  et  en  ceux  qui  en  vivent  éloignés  ,  nous 
essaierons  ensuite  de  les  grouper  selon  leurs 
affinités  naturelles  ,  chaque  groupe  corres- 
pondant à  un  genre  établi. 

I.  MaréÎEas-Pêclieurs  riverains. 

1°  Espèces  à  bec  droitt  pointu  et  quadrangu- 
laire.  (G.  Alcedo,  Lin.) 

Le  Martin-Pêcheur  d'Europe,  Al.  ipsida 
Lin.  (Buff. ,  pi.  enl.  ,  77).  Dessus  du  corps 
d'un  vert  d'aigue-marine,  le  dessous  roux- 
marron  ;  la  gorge  blanche  et  les  joues  rousses 
et  vertes. 

II  est  répandu  dans  toute  l'Europe,  mais 
il  est  assez  rare  dans  les  contrées  boréales; 
il  habite  aussi  l'Afrique  et  l'Asie,  car  on  le 
trouve  en  Egypte  ,  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance et  à  la  Chine  ,  où  il  porte  le  nom  de 
Tye-Tzoy, 

Le  M.  Pêcheur  bicolore,  Al.  bicclor  Gin. 
(Buff.,  pi.  enl.,  592).  Vert  en  dessus,  mar- 
ron en  dessous ,  un  demi-collier  de  cette 
couleur  ;  gorge  rousse. 

Le  M.  Pêcheur  du  Bengale  ,  Al.  benga- 
lensis  Gmel.  (Temm.,  pi.  col.,  239).  Dessus 
du  corps  bleu  d'aigue-marine;  ventre  roux; 
un  trait  de  cette  couleur  sur  les  côtés  de  la 
tête  ;  gorge  blanche.  Habite  le  Bengale,  Ti~ 
mor  et  les  Moluques. 

Le  M.  Pêcheur  pourpre  ,  Al.  purpurea 
Gmel.  (Buff.  pi.  enl,  778,  f.  2).  Dessus  du 
corps  d'un  bleu  pourpré;  tête  pourpre;  ven- 
tre roux  et  bec  rouge.  Habite  le  Sénégal  et 
la  côte  d'Angola. 

Le  M.  Pêcheur  a  tête  bleue,  Al.  cœru- 
leocephala  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl.,   356). 


MAR 


MAI1 


21 


Tête,  manteau  et  ailes  bleu-azur  tiqueté  de 
bleu  clair;  dos  aigue-marine  ;  ventre  mar- 
ron. Habite  Java. 

Le  M.  Pécheur  biru,  Al.  biru  Horsf. 
(Temm. ,  pi.  col.,  239,  f.  1).  Dessus  du 
corps  et  ceinture  vert  d'eau  clair;  gorge  et 
abdomen  blancs;  une  tache  blanche  de  cha- 
que côté  du  cou.  Habite  Java. 

Le  M.  Pècueur  huppé,  Al.  cristata  Gmel. 
(BufT.,  pi.  enl. ,  756,  f.  1  ,  sous  le  nom  de 
Vintsi).  Dessus  du  corps  azur;  huppe  et  oc- 
ciput bleus  variés  de  brun;  gorge  blanche  ; 
ventre  roux.  Habite  le  Sénégal,  le  cap  de 
Bonne-Espérance  et  Madagascar. 

On  rapporte  encore  à  ce  groupe  le  M. 
Pêcheur  à  collier,  Al.  torquata  Gmel.,  du 
Brésil.  —  Le  Grand  M.  Pêcheur  ,  Al.  maxi- 
mum Gmel.  (BufT.,  pi.  enl.,  679),  du  cap  de 
Bonne-Espérance. — Le  M.  Pêcheur  alcyon, 
Al.  alcyon  Lin.  (Buff.,pL  ml.,  590,  f.  3), 
de  Saint-Domingue.  —  Le  M.  Pêcheur  d'A- 
mérique ,  Al.  americana  Gmel .  (BufT.,  pi. 
enl. ,  191  ,  f.  2),  de  Cayenne.  —  Le  M.  Pê- 
cheur oranveut  ,  Al.  superciliosa  Gmel. 
(  Bulî.,  pi.  enl,  756,  f.  2),  de  Cayenne.  — 
Le  M.  Pêcheur  roux,  Al.  inadagascariensis 
Gmel.  (BufT.,  pi.  enl.,  778,  f.  1),  de  Mada- 
gascar. 

Le  M.  Pécheur  Pie,  Al.  rudis  Gmel. 
(BufT.,  pi.  enl. ,  216),  à  plumage  tapire  de 
noir  et  de  blanc;  oiseau  que  la  plupart  des 
ornithologistes  ont  toujours  placé  parmi  les 
vrais  Martins  -  Pêcheurs ,  et  devenu  pour 
Boié  le  sujet  d'un  g.  nouveau  ,  auquel  il 
donne  le  nom  de  Ceryle.  Cette  espèce  d'A- 
frique est  mise  au  nombre  des  oiseaux  d'Eu- 
rope; elle  visite  quelquefois  l'Espagne  et 
l'Italie. 

2°  Espèces  à  bec  élargi  à  la  base ,  à  bords 
rnandibulaires  garnis  de  dents  en  scie,  et 
à  queue  arrondie.  (G.  Syma ,  Lesson.) 

La  seule  espèce  connue  de  cette  dhision 
est  le  Symé  torotoro,  Syma  torotoro  Less. 
(Zool.  delaCoq.,  pi.  31  bis,  f.  1).  Dessus  du 
corps  bleu;  tête  rousse;  parties  inférieures 
d'un  roux  blanchâtre;  bec  doré.  Habite  la 
Nouvelle-Guinée. 

3°  Espèces  à  pieds  tridaclyles  et  à  queue  très 
courte.  (G.  Ceyx,  Lacépède.) 

Cette  section  a  déjà  été  le  sujet  d'un  ar- 
ticle particulier  (voy.  ceyx).  Nous  rappelle- 


rons seulement  ici  que  l'une  des  espèces 
qu'on  y  avait  rapportée  ,  le  Ceyx  azureus 
Vig.  et  Hors.  (Al.  tribracteys  Shaw.  ),  est 
devenue  pour  Svvainson  le  type  d'un  genre 
qu'il  a  nommé  Alcyone.  {Voy.  également 
ce  mot.) 

IL  Martins-Pëcheurs  sylvaïna 

(Martins-Chasseurs). 

1°  Espèces  à  bec  épais,  large  à  sa  base;  à 
mandibule  supérieure  échancrée  ou  sans 
échancrure  ;  à  queue  allongée  et  à  tarses 
robustes.  (G.  M.  chasseur  proprement  dit; 
Dacelo,  Leach  ;  Choucalcyon,  Lesson  ;  Pa- 
ralcyon,  Gloger.) 

Le  M.  Chasseur  trapu  ,  Da.  concrela 
Temm.  (figuré  dans  l'atlas  de  ce  Diction- 
naire, Ois.,  pi.  4).  Dessus  du  corps  et  mous- 
tache d'un  beau  bleu  d'azur;  calotte  verte 
à  reflets  dorés ,  encadrée  par  une  bande  noire 
qui  part  de  l'angle  du  bec;  rémiges  noires; 
nuque,  partie  postérieure  du  cou,  poitrine, 
ventre  et  abdomen  roux. 

Le  M.  Chasseur  oreillon  bleu,  Da.  cya- 
notis  Temm.  (pi.  col.  ,  262  ).  Dessus  d?  la 
tête  et  queue  rousses;  ailes  et  un  trait  sur 
l'œil  azur;  sourcils  pourprés;  abdomen  gris- 
roussâtre.  Habite  Sumatra. 

Le  M.  Chasseur  de  Coromandel  ,  Da.  co- 
mmanda Less. ,  Al.  commanda  Lath.  Des- 
sus du  corps  d'un  beau  pourpre  azur;  crou- 
pion gris-blanc;  parties  inférieures  roux- 
cannelle.  Habite  Java. 

Le  M.  Chasseur  a  tète  rousse,  Da.  ru- 
ficeps  G.  Cuvier.  Tête  et  cou  roux  ;  trait  sur 
l'œil  et  demi  -  collier  noirs  ;  dos  et  ailes  ai- 
gue-marine; dessus  du  corps  roux  vif  ou 
roux  clair.  Habite  les  Mariannes. 

Le  M.  Chasseur  a  bec  noir,  Da.  mclano- 
rhyncha  Temm.  (pi.  col.,  391).  Plumage 
roux-gris  varié  de  brun;  ailes  et  dos  verts. 
Habile  Java. 

Le  M.  Chasseur  a  tète  blanche,  Da.  al- 
bicilla  Less.  Manteau  et  ailes  aiguë  marine; 
le  reste  du  plumage  blanc. 

Nous  citerons  encore  le  M.  Chasseur  de 
Lindsey,  Da.  Lyndscii  (Eyd.  etSouleyet, 
Voy.  de  la  Bonite,  pi.  6). —  Le  M.  Chas- 
seur a  coiffe  noire  ,  Da.  atricapiUa  Less.  , 
Al.  atricapiUa  Gmel.  (BulT.,])L  enl.,  679), 
du  cap  de  Bonne-Espérance.  —  Le  M.  Chas- 
seur smyrnéen,  A.  smyrnen s is  Gmel .  (Bulf. 


22 


MAR 


MAR 


pi.  enl,  894  ) ,  du  Bengale.  —  Le  M.  Chas- 
seur a  tète  verte,  Al.  chlorocephala  Gmel. 
(Buff. ,  pi.  enl. ,  789),  de  Timor.  —  Le  M. 
Chasseur  omnicolore,  Al.  omnicolor  Temm. 
(pi.  col.,  135). —Le  M.  Chasseur  actéon, 
Da.  acteon  Less.  —  Le  M.  Chasseur  a  tête 
grise,  Al.  senegalensis  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl., 
594),  dont  Swainson  a  fait  le  type  de  son 
genre  Halcyon.  —Le  M.  Chasseur  Gaudi- 
ca  âud,  Al.  Gaudichaudi  Quoy  et  Gaim.  (Zool 
de    l'Uranie,   pi.  21),  et  le  M.  Chasseur 
géant,  Al.  gigantea  Vieill.  (Gai.  des  Ois.  , 
pi.    180),  composent  pour  M.  Lesson  le  g. 
Choucalcyon.  Voy.  ce  mot. 

2°  Espèces  à  bec  conique  court  ;  à  rectrices 
intermédiaires  très  longues,  terminées  en 
palette.  (G.  TanysiPtère,  Tanysiptera,  Vi- 
gors. ) 

Espèce  unique,  le  Tanysiptère  des  forêts, 
Tan.  dea  Vig.,  Al.  dca  Gmel.  (Buïï.,pl.  enl, 
116).  Dessus  du  corps  bleu  et  azur  ;  parties 
inférieures  d'un  blanc  pur;  rectrices  blan- 
ches à  tige  bleue.  Habite  les  Moluques,  Ter- 
nate  et  la  Nouvelle-Guinée. 

3°  Espèces  à  bec  robuste ,  énorme ,  à  man- 
dibule supérieure  terminée  par  un  crochet, 
et  garnie  de  cils  rigides  à  sa  base.  (Genre 
Mélidore,  Mehdora,  Lesson.) 
Le  Mélidore  d'Euphrosine  ,  Mel.  Euphro- 
siœ ,  Da.  manorhynchus  Less.  (Zool.  de  la 
Coq.,  pi.  31  bis,  fig.  2).  Calotte  verte  et 
brune,   entourée  d'un  cercle  bleu;   dos  et 
ailes  d'un  brun  varié  de  roux  ;  joues  noires  ; 
rectrices  et  rémiges  rousses.  Habite  la  Nou- 
velle-Guinée. 

4°  Espèces  à  bec  droit  déprimé,  comme  celui 
des  Todiers,  et  à  queue  longue.  (Genre  To- 
diramphe, Todiramphus,  Lesson.) 

Le  Todiramphe  sacré,  Tod.  sacer  Less. 
(A/e'ro.  de  la  Soc.  d'hist.  nat.,  t.  III,  pi.  il) , 
Alcedo  sacra  Gmel.  Tête  et  corps  verts;  sur 
le  haut  de  la  poitrine  un  collier  blanc  ;  ven- 
tre blanchâtre  tacheté  de  blanc.  Habite 
Otaïti  et  Borabora ,  où  les  naturels  le  con- 
naissent sous  le  nom  de  Olatare. 

Le  Todiramphe  dieu  ,  Tod.  divinus  Less. 
(Mém.  de  la  Soc.  d'hist.  nat. ,  pi.  12).  Plu- 
mage brun  en  dessus,  blanc  en  dessous,  avec 
un  collier  noir  sur  le  bas  du  cou. 

Cette  espèce  ne  serait-elle  pas  un  double 


emploi,  et  ne  représenterait-elle  pas  le  jeune 
âge  ou  la  femelle  de  la  précédente?  Quoi 
qu'il  en  soit,  elle  habite  les  mêmes  contrées, 
et  joue,  à  ce  qu'il  paraît,  un  grand  rôle  dans 
l'ancienne  théogonie  des  habitants  de  l'ar- 
chipel de  la  Société.  C'était  un  des  oiseaux 
favoris  du  grand  dieu  Oro.     (Z.  Gerbe.) 

MARTIN  SEC  et  MARTIN-SIRE.  bot. 
ph.  —  Noms  vulgaires  d'une  variété  de 
Poires. 

*MARTINERIA,  Flor.  Flumin.uoT.  ph. 
—  Syn.  de  Kielmeyera,  Mart.  et  Zucc. 
MARTINET,  ois.  —  Voy.  hirondelle. 
MARTINEZIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Palmiers,  tribu  des 
Cocoïnées,  établi  parRuiz  etPavon(Prodr., 
138,  t.  II).  Palmiers  du  Pérou.  Voy.  pal- 
miers. 

*MARTINIERIA,Guill.  bot.  ph.  — Syn. 
deWendtia,  Mey. 

MARTINS.  ois.  —  M.  Lesson  a  établi  sous 
ce  nom,  dans  l'ordre  des  Passereaux,  une 
famille  qui  renferme  des  Oiseaux  qui  ont 
un  bec  allongé,  pointu,  comprimé,  voûté, 
à  bords  lisses,  déjetés;  des  narines  percées 
en  avant  d'une  membrane  latérale,  nues; 
les  plumes  de  la  tête  ou  du  cou  sétacées, 
lancéolées,  rigides;  la  tête,  ordinairement 
enveloppée  d'une  peau  nue  ou  le  bec  sur- 
monté d'excroissances  charnues ,  et  le  tour 
des  yeux  fréquemment  nu.  Les  genres  Tro- 
pidorhynque,  Gracupie,  Philante,  Argie  et 
Martin  font  partie  de  cette  famille.  (Z.  G.) 
*M ART1SIA.  moll. —  Genre  proposé  par 
Leach  pour  des  Pholades  raccourcies,  cunéi- 
formes ,  bâillantes ,  avec  plusieurs  pièces 
accessoires,  l'une  dorsale  et  moyenne,  et 
deux  marginales  inférieures.  Ce  genre  ne 
peut  être  admis  que  comme  subdivision  du 
genre  Pholade.  Voy.  ce  mot.  (Duj.) 

*MARTITE.  min.  —  Fer  oligiste,  en  oc- 
taèdres réguliers  ,  décrit  sous  ce  nom  par 
MM.  Spix  et  Martins  ,  dans  leur  Voyage  au 
Brésil.  Voy.  fer  oligiste.  (Del.) 

MARTIUSIA,  Schult.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Neurocarpum,  Desv. 

MARTRASIA,  Lagasc.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Jungia,  Linné. 

MARTRE,  mam.  —  Voy.  marte. 
MARTYNIA  (  nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Pédalinées,  établi 
par  Linné  (  Gen.  n.  753).  Herbes  de  l'Amé- 
rique tropicale.  Voy.  pédalinées. 


MAS 


MAS 


23 


*MARTÏNIACEES.  Martyniaceœ.  bot. 
ph.  —  La  section  établie  sous  ce  nom  par 
M.  Link ,  parmi  les  Personnées,  correspond 
à  la  famille  des  Pédalinées.  Voy.  ce  mot. 

(Ad.  J.) 

*MAÏUJMÏA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  fa- 
mille des  Métastomacées-Miconiées,  établi 
par  Blume  (m  Flora  ,  1831,  pag.  503).  Ar- 
brisseaux de  l'Asie  tropicale.  Voy.  mélasto- 
uiacées. — Reinw.,  syn.  deSaurauja,  Willd. 

MARUTA.  bot.  ph.  — -  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées  ,  établi 
par  Cassini  (in  Dict.  sc.nat.,  XXIX,  174). 
Herbes  d'Europe.  Voy.  composées. 

MASARIDES.  Masaridœ.  ins.— Famille 
de  la  tribu  des  Euméniens  ,  de  l'ordre  des 
Hyménoptères,  caractérisée  par  des  anten- 
nes renflées  en  massue  à  l'extrémité  ,  leurs 
derniers  articles  étant  plus  ou  moins  con- 
fondus entre  eux.  Nous  rattachons  deux 
groupes  à  cette  petite  famille  :  ce  sont  les 
Masarites  et  les  Céramite1?.  (Bl.) 

MASARIENS.  ins.  —  Voy.  masarides. 

MASARIS.  ins.  —  Genre  de  la  famille 
des  Masarides,  de  l'ordre  des  Hyménoptères, 
établi  par  Fabricius,  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes.  Ce  genre  se  distingue  par- 
faitement des  Cœlonites,  qui  appartiennent 
au  même  groupe  par  la  longueur  des  an- 
tennes, qui  surpasse  celle  de  la  tête  et  du 
thorax  réunis.  Les  antennes,  ainsi  renflées 
en  une  longue  massue  fusiforme,  font  de 
ce  type  un  des  insectes  les  plus  singuliers  de 
l'ordre  des  Hyménoptères.  On  connaît  une 
seule  espèce  du  genre  Masaris ,  qui  a  été 
rapportée  de  Barbarie  par  le  célèbre  bota- 
niste Desfontaines.  C'est  le  M.  vespiformis 
Fabr.  (Coquebert,  Jllustr.  Icon.,  Dec,  2, 
lab.  2)  ,  que  nous  avons  aussi  représenté 
dans  notre  Histoire  des  Insectes,  publiée  par 
Firmin  Didot ,  et  dans  les  planches  qui  ac- 
compagnent la  nouvelle  édition  du  Règne 
animal  de  Cuvier. 

Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  que 
cette  espèce  n'a  jamais  été  retrouvée  par  les 
voyageurs,  qui,  depuis  Desfontaines,  ont  ex- 
ploré le  nord  de  l'Afrique.  (Bl.) 

MASARITES.  Masaritœ.  ins. —  Groupe 
de  la  famille  des  Masarides,  de  l'ordre  des 
Hyménoptères,  caractérisé  par  des  antennes 
dont  les  cinq  derniers  articles  sont  totale- 
ment confondus,  et  distingué  ainsi  du  groupe 
des  Céramites,  qui  est  caractérisé  par  des 


antennes  dont  les  cinq  derniers  articles  sont 
moins  renflés  et  un  peu  distincts  les  uns  des 
autres.  Nous  rattachons  seulement  au  groupe 
des  Masarites  les  genres  Masaris  et  Cœlo- 
nites. (Bl.) 

MASCARIÎV.  Mascarinus,  Less.  ots.  — 
Division  de  la  famille  des  Perroquets.  Voy. 
ce  mot. 

*MASCHALANTHE ,  Bl.  bot.  ph.— Syn. 
d'Axanthes,  Bl. 

MASCHALANTHUS  (  f*«<7XaV/j ,  aisselle  ; 
avOoç,  fleur),  bot.  cr.  —  Genre  de  Mousses- 
Bryacées,  établi  par  Schultz  [Starg.,  356). 
Mousses  vivaces ,  croissant  sur  la  terre  ou 
sur  les  arbres,  dans  toutes  les  régions 
chaudes  du  globe.  Voy.  mousses. 

MASCHALOCARPUS,Spreng.  bot.  cr. 

—  Syn.  de  Maschalanchus ,  Sch. 
*MASCHALODONTA  fjia^aJî},  aisselle; 

ôtîovç,  dent),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires, 
formé  par  Dejean  (  Catal.,  3e  éd.  p.  376  ) , 
avec  une  espèce  de  Cayenne,  qui  a  été  nom- 
mée M.  polygramma  par  M.  Th.  Lacor- 
daire.  (C.) 

MASDEVALLIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Orchidées -Van- 
dées,  établi  par  Ruiz  et  Pavon  (Prodr.,  122, 
t.  XXVII).  Herbes  du  Pérou.  Voy.  orchidées. 

*MASICERA  (f*<xÇa,  gâteau;  x/paç,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères brachocères,  famille  des  Musciens , 
tribu  des  Muscides,  établi  par  M.  Macquart 
{Ins.  Dipt.,  t.  II,  p.  118).  On  en  connaît 
14  espèces,  qui  toutes  habitent  la  France  et 
l'Allemagne. 

MASOREUS.  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Carabiques , 
tribu  des  Féroniens ,  proposé  par  Ziegler  , 
et  publié  par  Dejean  (Species  général  des 
Coléoptères  f  t.  III,  pag.  536).  Trois  es- 
pèces rentrent  dans  ce  g.  La  première  ha- 
bite une  grande  partie  de  l'Europe,  mais 
elle  y  est  assez  rare  partout.  La  deuxième 
est  propre  à  l'Egypte  ,  et  la  troisième  aux 
Indes  orientales.  (C.) 

MASQUE.  Persona.  moll. — Genre  pro- 
posé par  Montfort  (Conchyol.  system.)  pour 
quelques  espèces  de  Murex,  et  rapporté  par 
Lamarck  au  genre  Triton.  Voy.  ce  mot. 

MASSARIA  (Massara,  nom  d'homme). 
bot.  cr.  —  Genre  de  Champignons  apparie- 


24 


MAS 


MAS 


iiani  aux  Pyrénomycètes ,  établi  par  M.  de 
Notaris  (Cennq  scel.  trib.  de  Pyrenomyc. 
sferiaccs,  p.  9),  et  présentant  les  caractères 
suivants  :  Réceptacles  coriaces  nichés  dans 
Técorce,  globuleux,  déprimés  en  dessus  et 
atténués  au  sommet,  avec  un  ostiole  proé- 
minent papilliforme.  Thèques  en  forme  de 
massue,  grandes,  renfermant  huit  spores, 
presque  disposées  sur  deux  séries  ,  grandes, 
ovales,  recouvertes  d'un  épispore  transpa- 
rent et  épais;  l'endospore  est  papyracé, 
brun,  à  trois  loges  inégales,  la  supérieure 
plus  grande,  presque  hémisphérique,  la 
moyenne  globuleuse,  et  l'inférieure  plus 
petite  et  hémisphérique;  les  thèques  sont 
mélangées  avec  un  grand  nombre  de  para- 
physcs  filiformes ,  s'ouvrent  par  le  sommet , 
et  laissent  écouler ,  sous  forme  de  taches 
noires,  les  spores. 

Ce  genre  a  été  fondé  sur  le  Sphœria  in- 
guinans,  de  Tode  ,  dont  le  professeur  Link 
avait  fait  le  genre  Spitobolus.  (Lév.) 

*MASSAÏIMJM {massa,  masse),  poltp.  — 
Genre  proposé  comme  provisoire  par  M.  de 
Blainville,  pour  attirer  l'attention  des  ob- 
servateurs sur  un  corps  organisé  ,  décrit 
par  0.  F.  Miller,  sous  le  nom  d'Alcyonium 
massa;  c'est  une  masse  spongieuse  et  in- 
forme,  parsemée  de  cellules  à  5  dents  ,  et 
recueillie  dans  la  mer  de  Norwége.  (Duj.) 

MASSE  D'EAU,  bot.  ph.  —  Nom  vul- 
gaire des  Massettes.  Voy.  ce  mot. 

MASSETTE.  Scolex.  helm.— Genre  d'En- 
tozoaires,  de  l'ordre  des  Bothriocéphalés, 
établi  par  Muller  et  ayant  pour  caractères  : 
Corps  extrêmement  mou,  polymorphe,  con- 
tinu ou  sans  aucun  indice  d'articulations, 
renflé  en  avant,  atténué  et  caudiforme  en 
arrière  :  le  renflement  céphalique  est  bien 
distinct,  tétragone  et  pourvu  de  quatre  fa- 
cettes peu  profondes, auriculiformes.  Le  type 
est  la  Massette  des  poissons,  Scolex  auricu- 
iatus  Muller  (Zool.  dan.,  t.  II,  lab.  58  , 
fig.  1).  (E.  D.) 

MASSETTE.  Typhafrïyoç,  marais,  d'a- 
près Linné),  bot.  ph.  —  Genre  de  plantes 
de  la  famille  des  Typhacées ,  à  laquelle  il 
donne  son  nom  ,  de  la  moncecie  triandrie , 
dans  le  système  sexuel  de  Linné.  Il  se  com- 
pose de  plantes  de  marais  qui,  comme  la 
plupart  des  plantes  aquatiques,  ont  une  cir- 
conscription géographique  très  large ,  et  se 
retrouvent  sur  presque  tous  les  points  de  la 


surface  du  globe,  sans  paraître  attachées  plus 
particulièrement  à  aucun  d'entre  eux  ,  si  ce 
n'est  peut-être  aux  parties  un  peu  froides  de 
la  zone  tempérée.  Ces  plantes  ont  un  rhi-: 
zome  rampant,  duquel  s'élève  un  chaume' 
sans  nœuds,  portant  des  feuilles  alternes, 
longues  et  étroites,  dilatées  en  gaine  à  leur 
base;  ce  chaume  se  termine  par  l'inflores- 
cence en  épi  extrêmement  serré  et  formé 
d'un  très  grand  nombre  de  fleurs  :  celles-ci 
sont  monoïques;  les  mâles  terminent  l'in- 
florescence,  et  surmontent,  avec  ou  sans 
interruption,  la  portion  formée  par  les  fleurs 
femelles.  Cette  portion  ,  supérieure  et  mâle, 
se  compose  d'un  grand  nombre  de  fleurs 
entièrement  nues  ou  dépourvues  de  tout  pé- 
rianthe,  naissant  en  grand  nombre  du  cy- 
lindre épais  qui  forme  l'axe  commun  de 
l'inflorescence,  et  composées  uniquement 
de  1  à  4  anthères,  le  plus  souvent  de  2 
ou  3,  dont  les  filets  sont  soudés  en  un  corps 
unique  jusque  près  de  leur  sommet  ;  ces 
anthères  sont  oblongues ,  biloculaires.  De 
nombreux  filaments ,  entremêlés  à  ces  fleurs 
si  simples,  et  naissant  également  de  l'axe 
commun  de  l'inflorescence,  sont  regardés 
comme  n'étant  autre  chose  que  des  fleurs 
stériles  et  avortées.  La  portion  femelle  de 
l'épi  des  Massettes  est  formée  d'un  nombre 
très  considérable  aussi  de  fleurs  femelles 
naissant  immédiatement  de  l'axe  commun  , 
ou  portées  sur  les  dentelures  latérales  de 
très  petites  écailles;  chacune  d'elles  se  com- 
pose uniquement  d'un  pistil,  sans  périan- 
the,  porté  sur  un  pédicule  d'où  partent,  à 
des  hauteurs  diverses,  des  poils  nombreux, 
simples,  renflés  au  sommet,  qui  paraissent 
être  autant  de  pistils  avortés.  L'ovaire  est 
uni-loculaire,  et  renferme  un  seul  ovule 
suspendu  au  sommet  de  la  loge;  il  est  sur- 
monté d'un  style  continu  d'un  côté  avec 
l'ovaire,  de  l'autre  avec  un  stigmate  uni- 
latéral ,  en  languette.  Après  la  floraison  ,  le 
pédicule  s'allonge  beaucoup;  de  sorte  que. 
le  fruit,  qui  est  presque  drupacé,  très  pe- 
tit, se  trouve  longuement  stipité.  En  même, 
temps  que  le  pédicule,  les  poils  qu'il  sup-ij 
porte  se  sont  beaucoup  allongés,  d'où  il  ré- 
sulte au  total  une  longue  aigrette  qui  vient 
entourer  le  fruit. 

Quatre  espèces  de  Massettes  appartien- 
nent à  la  Flore  française;  parmi  elles ,  deux 
sont  extrêmement  répandues  et  méritent 


MAS 


MA! 


25 


d'être  mentionnées  ici;  ce  sont  les  sui- 
vantes : 

1.  Massette  a  larges  feuilles,  Typha 
latifolia  Lin.  —  Cette  espèce,  vulgairement 
connue  sous  les  noms  de  Masse  d'eau,  Ro- 
seau des  élangs,  se  trouve  non  seulement 
dans  toute  l'Europe,  mais  encore  dans  le 
Caucase,  l'Altaï  et  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale. Elle  croît  dans  les  étangs,  les 
fossés,  les  ruisseaux  dont  le  cours  est  peu 
rapide,  sur  les  bords  des  rivières  et  des 
lacs.  De  son  rhizome  et  de  son  chaume, 
haut  d'environ  2  mètres,  partent  des  feuilles 
très  longues  et  larges  de  2  à  3  centimètres, 
planes  et  lisses ,  qui  dépassent  le  sommet  de 
la  tige  fleurie.  Les  deui  épis,  mâle  et  fe- 
melle, sont  cylindriques  ,  très  serrés,  et  se 
continuent  sans  interruption  l'un  avec  l'au- 
tre. D'après  l'observation  de  M.  Delile  (Ar- 
chives de  botan.y  II,  p.  403),  les  grains  du 
pollen  de  cette  plante  sont  constamment 
groupés  par  quatre,  conservant  ainsi  dans 
l'état  adulte  leur  manière  d'être  à  l'état 
jeune  et  dans  l'utricule  pollinique. 

2.  Massette  a  feuilles  étroites,  Typha 
angustifulia  Lin.  —  Celle-ci  est  répandue 
sur  une  portion  plus  considérable  encore  de 
la  surface  du  globe;  on  la  trouve  en  effet 
dans  les  étangs,  les  fossés,  au  bord  des  lacs 
et  des  rivières  de  l'Europe,  du  Caucase,  de 
l'Altaï,  de  l'Amérique  septentrionale,  du 
Chili  (Bertero),  et  même  dans  des  pays 
très  chauds,  tels  que  l'Egypte,  l'Arabie,  les 
Indes  et  Timor.  Elle  s'élève  moins  que  la 
précédente,  à  laquelle  elle  ressemble  par  la 
longueur  de  ses  feuilles,  qui  sont  cepen- 
dant plus  étroites  proportionnellement,  mais 
dont  elle  se  distingue  surtout  par  l'inter- 
valle très  appréciable  qui  existe  entre  son 
épi  femelle  et  l'épi  mâle  qui  le  surmonte. 
Une  autre  différence  signalée  par  M.  Delile, 
et  qui  serait  constante  d'après  ce  botaniste, 
est  que  les  grains  de  son  pollen  sont  globu- 
leux, isolés,  et  non  groupés  par  quatre. 
D'après  la  remarque  de  De  Candolle  (  Flore 
franc.,  III,  p.  148),  son  chaume  se  bi- 
furque quelquefois  au  sommet,  et  ses  deux 
branches  se  terminent  alors  par  deux  inflo- 
rescences distinctes. 

Les  deux  espèces  de  Massettes  qui  vien- 
nent de  nous  occuper  sont  si  répandues ,  et 
abondent  tellement  dans  toutes  les  contrées 
marécageuses  et  le  long  de  la  plupart  des 

T.    VIII. 


eaux  douces ,  qu'on  a  cherché  à  les  utiliser  de 
diverses  manières.  Malheureusement  leurs 
feuilles  sont  tellement  sèches  et  dures  ,  que 
les  bestiaux  refusent  de  les  manger  ;  mais  on 
les  emploie  pour  la  confection  des  nattes  et 
des  paillassons  et  pour  couvrir  des  habita- 
tions rustiques.  Leurs  rhizomes  volumineux, 
d'un  tissu  charnu  et  féculent,  servent  de 
nourriture  aux  Kalmouks;en  certaines  par- 
ties de  l'Europe,  on  les  recueille,  lorsqu'ils 
sont  encore  jeunes  ,  pour  les  confire  au  vi- 
naigre ;  on  les  mange  ensuite  en  salade  :  leur 
pollen  est  tellement  abondant,  que,  dans 
les  départements  méridionaux,  on  le  recueille 
pour  l'employer  en  place  de  la  poudre  de 
Lycopode;  mais  c'est  surtout  l'aigrette  qui 
accompagne  les  fleurs,  particulièrement  les 
fleurs  femelles,  qui  semble  pouvoir  acqué- 
rir de  l'importance.  En  Perse ,  on  mêle  ces 
poils  à  de  la  cendre  et  de  la  chaux  ,  et  l'on 
obtient  ainsi  un  mortier  qui  acquiert  une 
très  grande  dureté;  dans  certains  pays  on 
les  emploie  pour  garnir  des  matelas  et  des 
coussins  ;  on  les  mêle  à  de  la  poix  pour  cal- 
fater les  bateaux.  On  a  essayé  aussi  de  les 
mêler  aux  poils  de  Lièvre  et  de  Lapin  pour 
les  incorporer  au  feutre;  enGn  ,  on  a  réussi 
à  les  filer  et  à  confectionner  des  tissus  avec 
les  fils  qui  en  avaient  été  obtenus.  Quant 
aux  usages  médicinaux  de  ce  duvet  de  Mas- 
sette, ils  se  bornent  à  leur  application  sur  les 
engelures  excoriées;  et,  dans  ce  cas,  il  pa- 
raît qu'ils  produisent  d'assez  bons  effets;  on 
a ,  de  plus ,  proposé  de  les  employer  pour  le 
traitement  des  brûlures.  (P.  D.) 

MASSICOT,  min.  —  Voy.  plomk. 

MASS0N1E.  Massonia  (nom  d'homme). 
rot.  ph.  —  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Asphodélées,  de  Thexandrie  monogynie  dans 
le  système  sexuel  de  Linné.  Il  se  compose 
d'espèces  bulbeuses  d'un  port  remarquable, 
leur  hampe  courte  sortant  du  milieu  de  deux 
feuilles  quelquefois  très  grandes,  déjetées 
horizontalement  et  le  plus  souvent  appli- 
quées à  la  surface  du  sol.  La  hampe  elle- 
même  est  courte,  terminée  par  des  fleurs 
nombreuses,  en  grappe  raccourcie,  et  commo 
fasciculées,  accompagnées  de  bractées  dont 
les  inférieures,  beaucoup  plus  grandes,  for- 
ment une  sorte  d'involucre  autour  de  l'inflo- 
rescence. Les  fleurs  présentent:  un  périan- 
the  corollin  à  six  divisions  égales,  très  éta- 
lées ou  réfléchies,  plus  courtes  que  le  tube, 


MAS 


MAS 


qui  est  cylindracé,  droit  et  rempli  d'une 
humeur  mielleuse;  six  étamines  égales  entre 
elles,  insérées  à  l'orifice  du  tube,  dont  les 
filaments,  s'élargissant  et  se  soudant  entre 
eux  à  leur  base,  forment  une  sorte  de  cou- 
ronne dont  les  anthères,  bifides  à  leur  base, 
sont  fixées  par  le  milieu  de  leur  face  dorsale. 
Le  pistil  est  formé  d'un  ovaire  libre,  sessile, 
à  trois  loges  renfermant  ordinairement  des 
ovules  nombreux,  surmonté  d'un  style  fili- 
forme, très  long,  que  termine  un  stigmate 
obtus.  Le  fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est 
une  capsule  membraneuse,  à  trois  angles 
saillants.  Les  caractères  de  ce  genre  se  rap- 
prochent beaucoup  des  Jacinthes,  desquelles 
il  diffère  surtout  par  l'insertion  des  étamines 
à  l'orifice  du  tube  et  non  à  sa  partie  infé- 
rieure, comme  chez  ce  dernier.  Plusieurs 
espèces  de  Massonies  sont  cultivées  dans  les 
serres  ;  cependantaucune  d'elles  n'estencore 
bien  répandue:  aussi  nous  bornerons-nous  à 
mentionner  simplement  la  Massonie  a  larges 
feuilles,  Massonia  lalifolia  Lin.,  originaire 
du  cap  de  Bonne-Espérance  ,  remarquable 
par  ses  deux  grandes  feuilles  presque  arron- 
dies ,  qui  s'étalent  à  la  surface  du  sol ,  et 
d'entre  lesquelles  sortent  des  fleurs  blan- 
ches,  à  couronne,  filets  et  style  rouges;  et 
la  Massonie  tuberculeuse  ,  Massonia  puslu- 
lata  Jacq. ,  également  originaire  du  cap  de 
Bonne-Espérance  ,  espèce  singulière  à  cause 
de  ses  feuilles  arrondies,  aiguës  à  leur  som- 
met ,  dont  la  surface  est  parsemée  de  sortes 
de  petits  tubercules  dispersés  absolument 
sans  ordre.  (P.  D.) 

MASSUE  D'HERCULE  (petite),  moll. 
—  Nom  vulgaire  de  Murex  brandaris 
Linn. 

MASSUE  ÉPINEUSE  ou  GRANDE 
MASSUE,  bot.  ph.  — On  désigne  ainsi  vul- 
gairement le  Murex  cornulus. 

*MASTACA1XTHUS  fcaWÇ,  moustache  ; 
«vGoç,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Verbénacées?,  établi  par  Endli- 
cher  (Gen.  plant.,  n.  3720,  p.  638).  Ar- 
brisseaux de  Canton. 

MASTACEMBLE.  poiss.  —  Voy.  rhîn- 

CnOBDELLE. 

MASTIC,  bot.,  chim.  —  Substance  rési- 
neuse formée  par  le  Lentisque  (Pislecia  len- 
liscus  L),  arbrisseau  commun  dans  tout  le 
bassin  méditerranéen  {voy.  pistecia).  Quoi- 
que le  Lentisque  se  rencontre  dans   tout 


l'archipel,  pour  récolter  le  Mastic  Chio,  avait 
seule  le  privilège  de  le  cultiver,  et  cette 
culture,  avant  les  dévastations  des  Turcs, 
était  pour  les  habitants  de  l'île  une  source 
de  richesses  et  d'immunités. 

Pour  obtenir  le  Mastic,  on  fait  au  Len- 
tisque de  légères  incisions,  desquelles  dé- 
coule peu  à  peu  un  suc  poisseux,  qui,  s'é- 
paississant,  reste  attaché  à  l'arbre  en  larmes 
plus  ou  moins  grosses,  ou  tombe  à  terre 
quand  il  est  par  trop  abondant. 

Dans  le  premier  cas  l'on  obtient  le  Mastic 
en  larmes,  qui,  ainsi  que  l'indique  son  nom, 
est  en  larmes  sphériques  ou  un  peu  allon- 
gées, d'un  jaune  pâle,  couvertes  d'une  pous- 
sière blanchâtre,  ayant  une  odeur  résineuse 
aromatique,  une  cassure  vitreuse,  une  trans- 
parence un  peu  opaline  et  se  ramollissant 
sous  la  dent.  Le  Mastic  commun,  mêlé  d'im- 
puretés, est  celui  qui  se  rassemble  au  pied  de 
l'arbre  en  masses  irréguhèrcs. 

Dans  le  Levant,  cette  résine  est  surtout 
employée  comme  masticatoire  ;  elle  blanchit 
les  dents,  fortifie  les  gencives ,  et  procure 
une  haleine  suave.  Dans  nos  pays,  elle  fait 
partie  de  quelques  préparations  pharmaceu- 
tiques, et  entre  aussi  dans  la  composition 
de  certains  vernis  très  brillants. 

M.  Guibourt  considère  le  Mastic  comme 
une  résine  unie  à  une  certaine  quantité 
d'huile  essentielle,  et  à  un  principe  particu- 
lier insoluble  à  froid  dans  l'alcool.  (A.  D.) 
*MASTICHONEMA  (^t^,  fouet;  v7r 
f*a,  filament),  bot.  cr.  —  (Phycées.) Genre 
établi  par  Schwabe,  et  appartenant  à  la 
tribu  des  Scytonémées.  On  en  connaît  deux 
espèces,  dont  l'une  habite  les  eaux  ther- 
males et  l'autre  les  eaux  douces.      (Breb.) 

*MASTICHOTHRLY  (pa^c-,  fouet; 
OplÇ,  cheveu),  bot.  eu.  —  (Phycées.)  Genre 
établi  par  M.  Kutzing  (Phycol.  gêner.,  p.  232) 
dans  sa  tribu  des  Maslichotrichées ,  qui  se 
rapproche  des  Scytonémées.  Deux  espèces 
sont  décrites;  elles  croissent  sur  les  Chéto- 
phores ,  enveloppées  dans  le  mucus  propre 
à  ces  algues.  (Bréb.) 

MASTIGOCERA  (pa<mÇ  ,  fouet;  xépuç, 
antenne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères ,  tétramères  de  Latreille ,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires, 
créé  par  Delean  (Catalog ue,  3eédit.,p.  371) 
avec  une  espèce  de  Guinée  ,  la  Lamia  bar" 
bicornis  de  F.  Une  seconde  espèce  de  Port- 


MAS 


MAS 


27 


Nata!,  découverte  depuis  peu,  est  très  rap- 
prochée du  type.  (C.) 

*MASTIGOCERCA  (/uxerriÇ,  p.a.?ûycq , 
fouet;  x('py.oç ,  queue),  infus.  —  Genre  pro- 
posé par  M.  Ehrenberg,  pour  un  systolide 
que  nous  croyons  encore  être  simplement 
un  état  de  développement  plus  avancé  du 
llatulus  carinatus  de  Lamarck,  que  Miller 
avait  décrit  le  premier,  sous  le  nom  de  Tri- 
choda  rastus,  et  dont  M.  Ehrenberg  fait  au- 
jourd'hui son  Monocerca  ratus.  Le  genre 
Mastigocerca ,  de  la  famille  des  Euchlani- 
dotOy  serait  caractérisé  par  une  cuirasse  gon- 
flée, anguleuse,  et  par  une  queue  en  forme 
de  soie  simple.  (Dm.) 

MASTIGODES.  helm.  —  Dénomination 
proposée  par  Zeder,  pour  des  Nématoïdcs 
que  Ton  nommait  déjà  Trichocéphales.  Voy. 
ce  mot.  (Duj.) 

*MASTIGOPHORA  ,  Nées.  bot.  pu.  — 
Syn.  de  Sendtnera>  Endl. 

*MASTIGURA  (.«cttiÇ,  évantail;  oùpoc', 
queue),  rept.  —  Groupe  de  Reptiles  formé 
aux  dépens  du  genre  Stellion.       (E.  D.) 

*MÀSTIGUS(fA3t<TTsÇ,  fouet),  ins.  — Genre 
de  Coléoptères  tétramères ,  famille  des  Pal- 
peurs de  Latreille  ,  des  Scydmœnites  de  Spi- 
nola  ,  proposé  par  Hoffmansegg,  et  adopté 
par  llliger  etKlug.  Ce  dernier  auteur  (En- 
tomologische  monographicn ,  1824,  p.  163) 
rapporte  6  espèces  à  ce  genre  ;  une  7e  doit 
y  être  comprise,  savoir  :  M.  palpalis  Hoff., 
III.,  Lat. , prolong alus G . ,  spinicornisY.  (Pti- 
nus)y  glabralus ,  fuscus ,  Klug,  deustus  et 
flavus  Th.  Sch.  Les  deux  premières  habitent 
le  Portugal  ;  la  troisième  a  été  trouvée  aux 
îles  Sandwich,  et  les  suivantes  sont  indigènes 
du  cap  de  Bonne-Espérance.  (C.) 

*MASTIXIA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Cornées  ?,  établi  par  Blume  (Btjdr., 
634).  Arbres  de  Java.  Voy.  cornées. 

*MASTODONSAUR;US  (,ano'?,  maxil- 
laires; ISovi;,  dent;  ciavpsç,  lézard),  rept. 
—  M.  Jrcger  (FiirJ.  foss.  rept.,  1838)  a  décrit 
sous  ce  nom  un  groupe  de  Batraciens  fos- 
siles. (E.  D.) 

MASTODONTE.  Mastodon  (  ^«xoç  , 
pointe,  mamelon;  ISov;,  dent),  mam.  foss. 
— Genre  fossile  de  l'ordre  des  Pachydermes 
et  de  la  famille  des  Proboscidiens ,  établi 
par  M.  Cuvier  (1er  vol.  de  ses  Recher- 
ches sur  les  ossements  fossiles) ,  pour  des 
débris    d'animaux  voisins    des  Éléphants, 


pourvus  comme  eux  d'une  trompe  et  de 
'  longues  défenses  implantées  dans  l'os  in- 
cisif, ayant  leur  taille  et  des  pieds  de  même 
structure,  et  qui  n'en  différaient  que  par 
des  dents  molaires  hérissées  de  tubercules 
ou  mamelons  coniques  disposés  en  collines 
transversales,  séparées  par  des  vallées,  tan- 
dis que,  chez  les  Éléphants,  elles  sont  for- 
mées de  lames  transversales  dont  les  inter- 
valles sont  comblés  par  un  cément.  La  res- 
semblance des  Éléphants  et  des  Mastodontes 
est  assez  grande  pour  que  M.  Tilesius,  qui 
n'accordait  pas  au  système  dentaire  des 
animaux  la  même  valeur  générique  que 
M.  Cuvier,  n'en  fit  qu'un  genre.  Dans  son 
Ostéographie  des  Gravigrades ,  M.  de  Blain- 
ville  adopte  la  même  opinion  ,  mais  il  divise 
à  la  vérité  ce  genre  en  deux  sections ,  c'est- 
à-dire  en  Éléphants  lamellidontes  et  en  Élé- 
phants mastodontes. 

Les  ossements  de  Mastodontes,  aussi 
bien  que  ceux  des  Éléphants,  ont  été  long- 
temps considérés  comme  des  os  de  géants  et 
propres  à  confirmer  ce  que  dit  la  Genèse 
d'anciennes  races  humaines  gigantesques. 
On  les  trouve  généralement  dans  les  ter- 
rains tertiaires  supérieurs  dits  pliocènes, 
non  mélangés  avec  les  ossements  d'Éléphants, 
à  l'exception  de  quelques  localités  où  il  y  a 
eu  remaniement  du  terrain.  Les  races  de 
ces  animaux  paraissent  avoir  habité  pres- 
que toutes  les  contrées  du  globe,  car  on  en 
trouve  dans  les  deux  Amériques,  dans  une 
grande  partie  de  l'Europe,  dans  les  Indes 
et  jusqu'en  Australasie  ;  l'Afrique  n'en  a  pas 
encore  fourni,  mais  on  sait  que  ce  conti- 
nent est  bien  peu  connu  géologiquement. 

Les  dents  de  Mastodontes  ont  un  collet 
renflé;  l'émail  en  est  très  épais,  et  lorsqu'il 
est  coloré  par  un  sel  métallique,  il  fournit 
cette  substance  que  l'on  appelle  turquoise. 
Comme  chez  les  Eléphants,  les  dents  des 
Mastodontes  n'existaient  pas  toutes  à  la 
fois;  elles  se  succédaient  de  telle  sorte  qu'à 
mesure  que  l'une  tombait  en  avant  il  en 
poussait  une  autre  en  arrière ,  et  qu'il 
s'en  trouvait  rarement  plus  de  deux  en 
usage  ,  de  chaque  côté  des  deux  mâchoires  ; 
enfin  il  n'en  restait  plus  qu'une  dans  la 
vieillesse.  Cuvier  n'a  pas  connu  le  nombre 
des  dents  qui  se  manifestaient  ainsi  ;  il  ne  le 
croyait  que  de  quatre,  mais  de  nombreuses 
mâchoires  inférieures  de  jeunes,  d'adultes 


28 


MAS 


et  de  vieux  individus  ,  découvertes  aux 
États-Unis  d'Amérique  et  à  Eppelsheim 
(uoy.Kaup,  Oss.  foss.  de  Darmstadt)  ont  mon- 
tré qu'elles  étaient  au  nombre  de  six,  dont 
on  peut  considérer  les  trois  premières 
comme  des  dents  de  lait.  Les  deux  pre- 
mières de  ces  dents  de  lait  étaient  rempla- 
cées, du  moins  à  la  mâchoire  supérieure  , 
par  une  dent  verticale,  qui,  dans  quelques 
espèces,  selon  M.  Owen,  avortait  souvent. 
Sur  les  individus  chez  lesquels  elle  se  dé- 
veloppait, il  paraissait  donc  sept  dents  de 
chaque  côté  dont  cinq  dites  permanentes. 
Comme  il  est  très  rare  de  trouver  cette  dent 
en  place  ,  nous  n'en  parlerons  que  là  où  elle 
sera  manifestée ,  et  nous  ne  la  compterons 
pas  dans  la  série. 

Les  molaires  supérieures  étaientsemblables 
aux  inférieures,  à  l'excepîiondela  dernière, 
qui  était  plus  courte.  Chaque  colline  des 
dents  de  Mastodontes  fournit  une  racine 
divisée  en  deux  parties  par  un  sillon  longi- 
tudinal, indice  des  deux  cônes  qui  forment 
les  collines.  La  racine  de  la  colline  anté- 
rieure est  généralement  séparée  des  autres, 
qui  toutes,  plus  ou  moins  soudées,  for- 
ment une  grande  masse  dirigée  en  ar- 
rière ;  ces  racines  sont  toutes  sillonnées  en 
travers. 

Les  trois  premières  dents  sont  plus  larges 
en  arrière  qu'en  avant,  les  deux  suivantes 
sont  carrées  ou  en  parallélogramme  ;  mais  la 
dernière  se  rétrécit  graduellement ,  de  sorte 
qu'elle  se  termine  en  pointe  mousse.  Les 
dents  supérieures  sont  un  peu  plus  larges 
que  les  inférieures. 

Ce  genre  comprend  plusieurs  espèces  : 

1 .  Le  grand  Mastodonte,  Mast.  giganteum 
Cuv.  (voy.  l'atlas  de  ce  Dict.,  mammifères 
fossiles,  pi.  6),  dont  les  collines  des  dents 
sont  formées  de  deux  grosses  pointes  obtuses 
ou  pyramides  réunies,  et  dont  la  coupe 
ou  l'usure  représente  un  losange  à  la 
pointe  externe  et  un  quadrilatère  allongé 
à  la  pointe  interne  pour  la  mâchoire  in 
férieure,  et  en  sens  opposé  pour  la  mâ- 
choire supérieure.  Dans  les  germes  de 
ces  dents  on  voit  que  chaque  pointe  est 
elle-même  composée  de  deux  mamelons 
soudés  ensemble.  Le  nombre  des  collines 
transversales  est  pour  les  lrC3  de  deux, 
pour  les  2e"  de  deux  avec  un  bourrelet  ; 
pour  les  3%  4e  et  5%  de  trois,  et  pour  les 


MAS 

6"  de  quatre  supérieurement  avec  un  tu- 
bercule, et  de  cinq  inférieurement  avec  un 
tubercule. 

Outre  leurs  défenses  ou  grandes  incisives 
supérieures,  quelques  individus  ,  qui  étaient 
probablement  des  mâles,  portaient  jusqu'à 
un  certain  âge  une  paire  d'incisives  caduques 
ou  des  défenses  courtes  à  la  mâchoire  infé- 
rieure. Selon  M.  Owen,  celle  du  côté  droit 
persistait  plus  longtemps  que  celle  du  côté 
gauche. 

Cette  espèce  est  la  première  qui  ait  été 
connue,  d'abord  sous  le  nom  de  Mam- 
mouth ou  Éléphant  de  Sibérie,  puis  sous 
celui  d'animal  de  l'Ohio,  parce  que  les  pre- 
miers os  qui  en  furent  rapportés  en  France 
avaient  été  trouvés  sur  les  bords  de  cette 
rivière.  William  Hunter  la  croyait  un  Élé- 
phant carnivore.  Dans  ces  derniers  temps , 
M.  Godman  a  proposé  le  nom  générique  de 
Telracaulodon  pour  les  mâchoires  inférieures 
qui  portaient  des  défenses,  et  qu'il  croyait 
d'espèce  différente  que  celles  qui  n'en  ont 
point.  M.Fischer  l'a  nommé  Harpugmothe- 
rium. 

Il  existe  plusieurs  fables  relatives  à  cet 
animal.  Les  Indiens  Chawanais  croient 
qu'avec  ces  Mastodontes  vivaient  des  hom- 
mes d'une  taille  proportionnée  à  la  leur, 
et  que  le  grand  Être  foudroya  les  uns  et  les 
autres.  Ceux  de  Virginie  disent  que  le 
grand  homme  d'en  haut  foudroya  cette  es- 
pèce, de  peur  qu'elle  ne  détruisît  les  ani- 
maux nécessaires  à  la  nourriture  del'homme, 
et  qu'il  n'en  réchappa  que  le  plus  gros  mâle, 
qui,  ayant  été  blessé,  s'enfuit  vers  les  grands 
lacs,  où  il  se  tient  jusqu'à  ce  jour.  Ceux  du 
Canada  et  de  la  Louisiane  le  désignent  sous 
le  nom  de  Père  aux  bœufs,  probablement  à 
cause  des  ossements  de  bœufs  qu'on  déterre 
avec  les  siens. 

On  rencontre  des  os  de  ce  Mastodonte 
dans  toutes  les  parties  tempérées  de  l'A- 
mérique septentrionale,  et  le  plus  souvent 
dans  les  lieux  salés  et  humides;  ces  os  ne 
sont  pas  roulés  et  gisent  à  peu  de  profon- 
deur; quelquefois  on  les  trouve  dans  une 
situation  verticale,  comme  si  les  animaux 
s'étaient  simplement  enfoncés  dans  la  vase; 
ils  sont  généralement  teints  et  pénétrés  de 
substance  ferrugineuse,  et  accompagnés,  dit- 
on,  d'ossements  d'animaux  encore  existants. 
Cette  dernière  circonstance  aurait  besoin  de 


MAS 


MAS 


29 


preuves;  car  il  ne  suffit  pas  de  dire  que  des 
os  d'espèces  différentes  ont  été  trouvés  aux 
mêmes  lieux,  il  faut  s'assurer  s'ils  gisent 
dans  les  mêmes  couches.  Ce  sont  les  dents 
du  grand  Mastodonte,  du  moins  les  grosses 
dents  postérieures,  car  Daubenton  et  Buf- 
fon  prenaient  les  dents  moyennes  à  trois 
collines  pour  des  dents  d'Hippopotame  qui 
ont  fait  naître  l'idée  qu'il  pourrait  bien 
avoir  existé  des  animaux  dont  les  races  sont 
éteintes.  Buffon  (Époques  de  la  nature, 
note  9)  dit  en  parlant  de  ces  grosses  dents  : 
«  Tout  porte  à  croire  que  cette  ancienne  es- 
»  pèce,  qu'on  doit  regarder  comme  la  pre- 
j>  mière  et  la  plus  grande  de  tous  les  ani- 
»  maux  terrestres,  n'a  subsisté  que  dans  les 
»  premiers  temps  et  n'est  point  parvenue 
■»  jusqu'à  nous.  » 

2.  Le  Mastodonte  a  dents  étroites,  M. 
angustidens  Guv.  Les  molaires  de  cette  es- 
pèce ,  moins  larges  à  proportion  que  celles 
du  grand  Mastodonte,  sont  formées  de  col- 
lines composées  également  de  deux  grands 
cônes  réunis.  Aux  dents  supérieures,  les 
cônes  internes  et  quelques  uns  des  externes 
sont  flanqués  vers  leur  point  de  jonction  de 
cônes  plus  petits.  L'usure  développe  sur  ces 
cônes  réunis  trois  à  trois  une  figure  à  trois 
lobes  semblable  à  une  feuille  de  trèfle.  Aux 
dents  inférieures,  le  cône  externe  reçoit  seul 
de  ces  cônes  plus  petits,  qui  concourent  à  for- 
mer des  feuilles  de  trèfle;  le  cône  interne 
est  comprimé,  et  la  mastication  nedéveloppe 
sur  lui  qu'un  parallélogramme  plus  ou 
moins  allongé  à  angles  arroudis. 

Les  premières  dents  sont  formées  d'un 
cône  avec  un  bourrelet  semi-circulaire  plus 
ou  moins  hérissé  de  petites  pointes  :  les  2esde 
trois  collines,  les  3e,  4e  et  5e  de  quatre 
collines,  les  6e9  de  quatre  collines  en 
haut  et  de  cinq  en  bas,  toutes  deux  avec 
un  talon;  quelquefois  (peut-être  dans  les 
mâles)  les  5C6  ont  un  talon,  et  les  6CS  unecol- 
line  de  plus  ,  aussi  bien  en  haut  qu'en  bas. 
La  3e  molaire  ou  la  dernière  de  lait  porte, 
en  avant  et  en  arrière  des  quatre  collines, 
un  bourrelet  assez  saillant.  Les  grandes 
dents  postérieures  sont  arquées  dans  le  sens 
de  la  courbure  de  la  mâchoire. 

On  voit,  pi.  XIV  de  l'Os*,  des  Éléphants  de 
M.  de  Blainville,  la  figure  de  la  mâchoire 
inférieure  de  cette  espèce,  sous  la  rubrique 
d'Autriche,  et  deux  palais,  l'un  jeune  et 


l'autre  adulte  d'Eppelsheim.  La  symphyse 
annonce  que  cette  mâchoire  inférieure  se 
terminait  par  un  bec  assez  prononcé,  inflé- 
chi en  bas;  jusqu'à  présent  on  ne  sait  si 
cette  mâchoire  inférieure  portait  des  dé- 
fenses. 

Les  défenses  supérieures  sont  à  peu  près 
cylindriques,  légèrement  planes  à  leur  face 
supérieure;  très  longues  relativement  à  leur 
grosseur,  elles  décrivent  une  courbe  spirale 
assez  prononcée.  Cette  espèce  était  fort 
grande ,  aussi  grande  peut-être  que  l'Élé- 
phant fossile. 

3.  Le  Mastodonte  a  long  museau,  M.  Ion- 
girostris  Kaup.  Cette  espèce  ,  établie  par 
M.  Kaup,  mais  que  M.  de  Blainville  n'ac- 
cepte pas,  présente  cependant  des  caractères 
bien  prononcés.  Les  dents  sont  plus  étroites 
encore  que  dans  l'espèce  précédente.  Les 
supérieures  sont  moins  compliquées;  la 
pointe  interne  seule  donne  un  double  trèfle, 
l'externe  un  parallélogramme  à  angles  ar- 
rondis ou  un  ovale,  les  inférieures  offrent 
les  mêmes  figures  inversement  situées.  Les 
dents  intermédiaires,  au  lieu  d'avoir  quatre 
collines,  n'en  ont  que  trois,  comme  dans  le 
grand  Mastodonte.  Ce  caractère,  que  nous 
avions  cru  apercevoir,  nous  a  été  confirmé 
par  M.  Lartet  ,  savant  paléontologiste, 
qui  possède  les  matériaux  nécessaires  pour 
l'établir,  et  à  qui  nous  avions  fait  part 
de  notre  conjecture.  M.  Lartet  formule 
ainsi  dans  sa  réponse  la  série  dentaire  de 
ce  Mastodonte  à  long  museau.  Les  llCS 
dents  se  composent  d'un  tubercule  avec 
un  entourage  semi-circulaire  pour  la  su- 
périeure; les  2es  dents,  de  deux  collines  ; 
les  3e,  4e  et  5e  de  trois  collines  ;  les  6tS,  le 
plus  souvent  de  quatre,  avec  un  talon  en 
haut  et  de  cinq  en  bas  aussi  avec  un  talon. 
Quelquefois  le  talon  disparaît,  etquelquefois 
aussi  il  y  a  pour  cette  6e  dent  une  colline 
de  moins;  on  peut  croire  que  celles-ci  ap- 
partenaient à  des  individus  femelles.  Les 
molaires  intermédiaires  portent  presque 
toutes,  à  l'état  de  germe,  un  talon  qui  s'efface 
par  la  pression  de  la  dent  suivante.  Cette 
espèce  est  remarquable  par  la  longueur  de 
la  symphyse  de  la  mâchoire  inférieure,  qui 
se  prolonge  en  un  bec  plus  allongé  que  ses 
branches ,  légèrement  infléchi  en  bas,  et  ter- 
miné par  deux  incisives  droites  de  10  à  20 
centimètres  de  longueur.  Les  défenses  su- 


30 


MAS 


MAS 


péricuresne  donnent  pas  un  cercle  parleur 
coupe  transversale,  mais  une  demi-ellipse; 
et,  comme  dans  les  dents  de  la  plupart  des 
rongeurs,  la  face  supérieure  aplatie  offre 
une  bande  d'émail  plus  épais,  coloré  en 
jaune,  tandis  que  le  reste  de  la  circonfé- 
rence de  la  dent  n'est  couvert  que  d'un 
émail  blanc  plus  mince  et  plus  tendre. 
Cettedent  est  courbée  en  une  légère  spirale, 
moins  prononcée  que  dans  le  M.  angustidens. 
La  dent  de  remplacement  des  deux  premières 
molaires  supérieures  n'avait  que  deux  col- 
lines, comme  on  le  voit  dans  les  divers 
Mastodontes  de  Cuvier,  pi.  III,  Cg.  2. 
Cette  espèce  était  d'une  taille  moindre  que 
la  précédente  ;  toutes  deux  se  rencontrent 
dans  les  terrains  tertiaires  supérieurs  de 
presque  toutes  les  parties  de  l'Europe.  Dès 
la  seconde  moitié  du  xvne  siècle,  il  avait  été 
publié  des  figures  de  quelques  unes  de  leurs 
dents,  que  les  uns  croyaient  être  de  géant, 
les  autres  d'un  animal  marin,  eten  dernier 
lieu  d'un  Hippopotame.  Le  Mast.  longi- 
roslris  est  plus  commun  à  Simorre  et,  à  ce 
qu'il  paraît,  dans  toutes  les  collines  sub-py- 
réennes  qu'en  Auvergne,  à  Eppelsheim  et 
en  Italie,  où  le  M.  angustidens  domine.  Voy. 
deBlainville,  Ost.  des  Éléphants,  p.  XIV,  pour 
la  mâchoire  inférieure  et  un  fragment  de 
mâchoire  supérieure  sous  le  nom  de  M.  an- 
gustidens du  département  du  Gers. 

4.  Le  Mastodonte  des  Cordilièkes  ,  M. 
andium  Cuv.  Nous  croyons  qu'il  existe  aussi 
dans  l'Amérique  méridionale  deux  espèces 
distinctes  de  Mastodontes,  quoique  M.  de 
Blainville  n'en  admette  qu'une.  L'espèce  à 
laquelle  nous  réservons  le  nom  de  M.  des 
Cordillères  a  les  dents  intermédiaires  pres- 
que carrées  et  composées  de  trois  collines 
comme  celles  du  grand  Mastodonte.  Les  fi- 
gures développées  à  la  couronne  des  mâche- 
lières  sont  semblables  par  leur  forme  géné- 
rale à  celles  du  Mastodonte  à  long  museau; 
mais  chaque  cône  étant  sillonné  dans  sa 
hauteur,  il  en  résulte  que  les  bords  formés 
par  l'émail  sont  ondulcux  (Voy.  Cuv.,  t.  L, 
Divers  Mastodontes,  p.  II.  fig.  1.  Voy.  encore 
Voyage  dans  l'Am.  mérid.  par  Alcide  d'Or- 
bigny,  Géol.,  pi.  10  et  11,  pour  la  mâchoire 
inférieure).  La  symphyse  de  cette  mâchoire 
se  prolonge  en  un  sorte  de  bec  recourbé  en 
bas,  à  peu  près  comme  dans  le  Mastodonte 
a  dents  étroites,  et  il  ne  paraît  pas  y  avoir 


eu  d'incisives.  Cette  espèce  a  été  établie  par 
Cuvier  sur  deux  fragments  de  dents  rap- 
portés par  M.  de  Humboldt  et  trouvés  par 
lui  près  du  volcan  d'Imbaburra  au  royaume 
de  Quito,  à  près  de  600  mètres  de  hauteur, 
et  à  la  Cordilière  de  Chiquitos,  près  de 
Santa-Crux  de  la  Sierra.  Nous  regardons 
les  dents  rapportées  du  Pérou  par  Dombey, 
que  Cuvier  croyait  être  du  Mastodonte  à 
dents  étroites,  comme  appartenant  à  cette 
espèce. 

5.  Le  Mastodonte  de  Humboldt,  M.  Hum 
boldlii  Cuv.  Cette  espèce,  la  seule  que  M.  de 
Blainville  admette  pour  l'Amérique  méri- 
dionale, nous  paraît  se  distinguer  de  la 
précédente  par  les  caractères  suivants,  tirés 
des  molaires.  Les  deux  cônes  de  chaque 
colline  de  ces  dents  sont  flanqués  aussi 
bien  aux  molaires  supérieures  qu'aux  infé- 
rieures de  cônes  plus  petits,  qui  produisent 
par  l'usure  deux  figures  de  trèfles  opposées 
l'une  à  l'autre  et  à  rebord  d'émail  très  si- 
nueux ;  tandis  que  dans  le  M.  andium 
le  cône  extérieur  des  dents  inférieures  et  l'in- 
férieur des  supérieures  offrent  seuls  des 
trèfles.  Les  dents  intermédiaires  sont  aussi 
à  trois  collines. 

Voy.  Cuv.  1,  Divers  mast.,  pi.  If,  fig.  5 
et  12.  Cette  dernière  figure  est  rapportée  à 
l'espèce  précédente,  mais  nous  la  croyons 
de  celle-ci.  Voy.  encore  de  Blainville,  Ost. 
des  Éléphants,  pour  une  mâchoire  inférieure, 
et  divers  os  que  M.  de  Blainville  avait  au- 
trefois considérés  comme  ceux  qui  avaient 
été  attribués  au  roi  Teutobochus,  et  qu'il 
donne  ici,  avec  raison  ,  comme  venant  de 
l'Amérique  méridionale.  On  voit  que  la 
symphyse  de  la  mâchoire  inférieure  est 
courte  etqu'elle  diffère  considérablement  de 
celle  du  M.  andium. 

Cuvier  pensait  que  cette  seconde  espèce 
était  plus  petite  que  l'autre;  mais  c'est  que 
les  dents  qu'il  avait  sous  les  yeux  ne  se 
correspondaient  pas  pour  leurs  numéros 
d'ordre.  Elles  étaient  toutes  deux  fort 
grandes,  et  leurs  débris  se  rencontrent  mê- 
lés les  uns  aux  autres.  M.  l'amiral  Dupotet 
a  rapporté  de  Buénos-Ayres  une  dernière 
dentsupérieure  du  Mastodonte  de  Humboldt, 
qui  estaussi  grande  que  celle  du  grand  Masto- 
donte. Cuvier  avait  établi  cette  espèce  sur 
une  petite  dent  rapportée  de  la  Conception 
du  Chili,  également  par  M.  de  Humboldt. 


MAS 


MÀS 


31 


Tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  l'Amé- 
rique méridionale  après  sa  conquête  ont  si- 
gnalé des  dents  et  des  os  de  ces  deux  Mas- 
todontes. Les  habitants  du  Mexique  et  du 
Pérou  prennent  ces  débris  pour  des  os  de 
géants  qui  existaientavant  le  déluge.  On  en 
trouve  en  grande  abondance  dans  les  envi- 
rons de  Tarija  en  Bolivie;  les  dents  ont  le 
même  aspect  que  celles  que  l'on  rencontre 
en  Europe,  et  se  trouvent  également  dans 
les  terrains  tertiaires  supérieurs. 

6.  Le  Mastodonte  tapiroïde,  M.  tapiroides 
Cuv.  Cette  espèce,  que  Cuvier  a  proposée  sur 
quelques  dents  seulement,  a  été  retrouvée 
en  plusieurs  endroits,  et  nous  semble  devoir 
être    admise  définitivement.    Les  collines 
des  dents  au  sortir  de  l'alvéole  ne  sont  pas 
divisées  aussi  exactement  en  deux  pointes 
que  celles  des  autres  espèces  :  cependant,  par 
l'usure,  elles  prennent  de  la  ressemblance 
avec  le  grand  Mastodonte,  et  c'est  ainsi  que 
Cuvier  lui-même  n'a  pas  osé  affirmer  que 
ce  dernier  ne  se  trouvât  pas  en  Europe, 
comme  l'avait  admis  Buffon.  On  en  a  ren- 
contré dans  le  Gers,  dans  la  Haute-Saône, 
en  Piémont,  et  quoique  M.    de  Blainville 
reste  indécis  sur  cette  espèce,  il  y  rapporte 
avec  raison  les  dents  envoyées  de  Sibérie  à 
Buffon  par  l'abbé  Cbappe  et  par  M.  de  Ver- 
gennes  ,  celles  mêmes  qui  ont  fait  admettre 
à  Buffon  et  à  Cuvier  l'existence  du  grand 
Mastodonte  dans  l'ancien  continent.  Les  col- 
lines sont  plus  obliques,  et  lorsqu'elles  sont 
usées  elles  présentent  un  losange. plus  in- 
décis; il  existe  au  collet  interne  des  dents 
supérieures  un  bourrelet  plus  prononcé;  les 
postérieures  d'en  haut  et  d'en  bas  se  rétré- 
cissent moins  en  arrière  et  se  terminent  par 
un  angle  plus  obtus  sans  autre  talon  qu'un 
bourrelet  :  les  dents  intermédiaires  ne  sont 
également  qu'à  trois  collines;  il  étaitd'une 
grande  taille. 

7.  Le  petit  Mastodonte,  M.minulus  Cuv. 
A  été  établi  par  Cuvier  sur  une  dent  mo- 
laire indiquant,  selon  lui,  une  espèce 
plus  petite,  qui  est  rejetée  par  M.  de 
Blainville.  Cette  espèce  existait  bien  réelle- 
ment d'après  le  témoignage  de  M.  Lartet, 
qui  évaluesa  taille  à  celle  des  Rhinocéros  de 
moyenne  grandeur.  En  effet,  M.  Lartet 
possède  des  molaires  et  des  os  des  memhrcs 
provenant  d'individus  adultes  de  dimension 
moitié  moindre  que  les  espèces  précédentes, 


et  qui  présentent  d'ailleurs  des  différences 
spécifiques  bien  prononcées.  Il  est  certain 
que  l'on  trouve  parfois  chez  les  espèces  d'a- 
nimaux sauvages  des  races  d'une  taille 
moins  élevée.  Ainsi  il  existe  à  Sumatra 
deux  races  de  Rhinocéros  bicornes,  l'une 
d'un  cinquième  plus  grande  que  l'autre; 
mais  il  n'y  a  point  d'exemple  dans  aucune 
espèce  d'une  différence  aussi  forte  dans  les 
dimensions  des  individus  qui  la  composent 
que  celle  que  nous  rencontrons  ici. 

Il  existe  au  cabinet  de  paléontologie  une 
mâchoire,  sans  lieu  d'origine,  d'un  individu 
âgé,  puisque  sa  dernière  dent  est  déjà  très 
usée,  qui,  par  ses  dimensions,  nous  paraît 
devoir  appartenir  au  petit  Mastodonte.(Foy. 
Cuv.,  Divers  Mast.,  pi.  III,  fig.  5.) 

8.  Le  M.  sivalensis  (Cautley).  Dans  le 
Journal  de  la  Soc.  as.  du  Bengale,  t.  V,  pi. 
XI,  M.  Cautley  a  établi  cette  espèce,  qui  se 
trouve  dans  les  collines  tertiaires  sub-hirna- 
layanes.  Les  dents  qu'il  a  publiées  ont  du 
rapport  avec  celles  du  M.  angustidens;  mais 
elles  ne  sont  pas  dans  un  assez  bon  état  de 
conservation  pour  que  l'on  puisse  se  pro- 
noncer d'une  manière  positive. 

9.  Le  M.  auslralis  (Owen).  On  trouve  la 
proposition  de  cette  espèce,  tome  XIV  des 
Annales  des  se.  nat.  de  Londres.  M.  Owen 
donne  la  figure  d'une  dent  à  trois  collines 
provenant  des  environs  des  cavernes  de  la 
vallée  de  Wellington  ;  elle  est  fort  sembla- 
ble à  l'une  des  dents  intermédiaires  du 
M.  longirostris,  et  jusqu'à  plus  amples  do- 
cuments, on  peut  lui  conserver  le  nom  que 
M.  Owen  a  proposé. 

Tels  sont  les  vrais  Mastodontes,  ceux 
qui  se  distinguent  nettement  par  leurs  dents 
des  Éléphants ;'mais  il  existait  encore  aux 
Indes  d'autres  espèces  dont  les  dents  offrent 
des  collines  plus  nombreuses  et  plus  ruba- 
nées  ,  et  que  M.  de  Blainville  range  parmi 
les  vrais  Éléphants,  parce  que  l'intervalle  des 
collines  est  en  partie  comblé  par  du  cément. 
Mais  comme  cette  circonstance  a  déjà  lieu 
pour  les  Maslodon  Andium  et  Humboldlii; 
comme  ces  collines  n'ont  que  la  hauteur  or- 
dinaire de  celles  des  Mastodontes  et  qu'elles 
conservent  encore  quelques  indices  de  leur 
division  en  deux  pointes,  étant  plus  étroites  à 
la  partie  extérieure  des  dents  supérieures  et 
à  l'interne  des  inférieures,  ainsi  que  chez  les 
Mastodontes,  tandis  que  chez  l'Éléphant  fos- 


32 


MAS 


sile  et  l'Eléphant  d'Asie,  les  lames  sont 
à  bords  parallèles,  et  que  chez  l'Éléphant 
d'Afrique,  le  milieu  seul  des  lames  est 
plus  large;  comme  la  dent  a  un  collet  pro- 
noncé, et  que  ces  racines  sont  grosses  et 
tout-à-fait  semblables  à  celles  des  Masto- 
dontes ,  nous  pensons ,  tout  en  convenant 
qu'elles  font  le  passage  auxÉléphants,  qu'on 
doit  les  placer  parmi  les  Mastodontes. 

10.  Le  Mastodonte  a  larges  dents,  M.  la- 
tidens  Clift.  {Voy.  Trans.  de  la  Soc.  géol.  de 
Londres,  II,  2e  série).  Cette  espèce,  établie 
pour  des  restes  fossiles  trouvés  sur  la  rive 
gauche  de  l'Irrawadi,  imprégnés  de  carbonate 
de  fer,  a  des  dents  très  larges,  non  pas  relati- 
vement à  leur  longueur,  mais  comparative- 
ment à  celles  des  autres  espèces  ;  la  dernière 
molaire,  tant  supérieure  qu'inférieure,  paraît 
avoir  eu  dix  collines  ;  les  défenses  parais- 
sent avoir  été  fort  grandes.  M.  Clift,  dans 
ce  même  travail,  établit  une  seconde  espèce, 
le  M.  elephantoides.  Mais  M.  Falconner  et 
M.  Cautley  pensent  qu'au  lieu  de  deux  es- 
pèces il  y  en  avait  plusieurs.  Au  reste,  un 
travail  de  MM.  Falconner  et  Cautley  sur  les 
animaux  fossiles  des  Indes  est  sous  presse  et 
paraîtra  bientôt. 

Nous  n'avons  parlé  dans  cet  article  que  des 
dents,  afin  de  ne  point  l'allonger  par  des 
détails  fatigants  ;  il  est  d'ailleurs  plus  fa- 
cile de  trouver  des  caractères  d'espèces  dans 
ces  organes  que  dans  les  autres  parties  du 
squelette.  Nous  n'avons  point  parlé  non 
plus  des  nombreuses  espèces  qui  ont  été 
proposées  dans  ces  derniers  temps ,  parce 
qu'elles  ne  nous  ont  paru  ,  ainsi  qu'à 
M.  de  BlainYille,  ne  reposer  que  sur  des  ca- 
ractères insuffisants;  nous  ne  ferons  ici  que 
citer  leurs  noms. 

Le  M.  d'Auvergne  (  selon  nous  ,  M.  à 
dents  étroites),  proposé  par  MM.  Croizet  et 
Jobert;  le  M.  a  quatre  défenses,  proposé 
par  M.  Godman  {grand  Mastodonte,  selon 
M.  Owen)  ;  le  M.  intermédiaire,  proposé  par 
M.  Eichwald  ;  le  M.  douteux,  proposé  par 
M.  Kaup;  le  M.  de  Jefferson;  le  M.  de 
Godman;  le  M.  de  Collinson;  le  M.  de  Cu- 
yier;  le  M.  deChapman;  IcM.deBorson,  pro- 
posés tous  six  par  M.  Hays  {Trans.  de  la  Soc. 
phil.  de  Philadelphie,  vol.  IV).  (Laurillard.) 
MASTONOTUS  (aacrroç ,  éminence;  v£- 
*oç,  dos),  mam.  —  M.  Wesmaël  {Comptes- 
rendus  de  l'Académie  des  sciences,  1841)  in- 


MAT 

dique  sous  ce  nom  un  petit  groupe  de  Ron- 
geurs. (E-  D-) 
*MASTOTHETHUS  ()xa<rroç,  éminence  ; 

<7T£vw,  être  fort),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  famille  des  Eupodes,  tribu 
des  Mégalopides,  créé  par  M.  Th.  Lacor- 
daire  {Monographie  des  Coléoptères  subpenta- 
mères de  la  famille  des  Phytophages  ,  1845  , 
p.  614).  Le  principal  caractère  de  ce  genre 
consiste  dans  le  métasternum  muni  d'une 
saillie  conique  ou  comprimée.  Les  Mas- 
totethus  sont  tous  américains.  Le  nombre 
des  espèces  s'élève  à  57.  26  sont  originaires 
du  Brésil ,  14  de  Cayenne  ,  5  de  Batavia  , 
11  du  Mexique,  et  1  est  indigène  de  Colom- 
bie. Nous  citerons  les  suivantes  :  M.  nigro- 
cinctus  Chev.,  rubricollis  Lac,  curvatus , 
obliquas,  libialis  de  Fab.,  etc.  (C.) 

MASTOZOAIRES.  Mastozoa.  mam.  — ■ 
M.  de  BlninviHe(BuH.  de  la  Soc.  philomati- 
que,  1816)  désigne  sous  ce  nom  le  second 
sous-type  de  son  premier  sous-règne.  (E.  D.) 
MASTREMA.  polyp.  —  Genre  de  Poly- 
piers tubiporés,  établi  par  Rafinesque  pour 
des  corps  pierreux  ,  composés  de  plusieurs 
tubes  articulés,  libres  ou  réunis,  formés  d'ar- 
ticulations imbriquées,  ayant  un  oscule  ter- 
minal campanule,  avec  une  saillie  centrale, 
lis  ont  été  trouvés  dans  l'Amérique  du  Nord. 

(Duj.) 
MATADOA.  moll.  —  Nom  donné  par 
Adanson  à  une  coquille  bivalve,  qu'il  rap- 
portait à  son  genre  Telline,  correspondant 
à  nos  Donaces;  mais  il  est  impossible  de  dé- 
cider aujourd'hui  quelle  doit  être  cette  co- 
quille, qui,  suivant  M.  Deshayes ,  serait 
plutôt  encore  uneMactre  qu'une  Donacc  eu 
une  Vénus,  commel'avait  pensé  Linné.  (Duj.) 
*MATAMATA,  Merr.  rept.  —  Syn.  de 
Chélyde,  Cuv.  (E-  D) 

MATA1BA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Sapindacées-Sapindées,  établi  par 
Aublet  {Guian.,  I,  331,  t.  128).  Arbres  de 
la  Guiane.  Voy.  sapindacées. 

MATELEA .  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Asclépiadées-Gonolobées  ,  établi 
par  Aublet  {Guian.,  I,  278,  t.  109).  Arbris- 
seaux de  la  Guiane.  Voy.  asclépiadées. 

MATELOT,  ois.,  moll.  —  Nom  vulgaire 
de  l'Hirondelle  de  fenêtre,  et  d'une  coquille 
du  g.  Cône,  le  Conus  classiarius. 

*MATHEA,Flor.  Flum.  bot.  pb.  —  Syn. 
de  Schmnkia,  Linné. 


MAT 


MAT 


33 


MATIERE.  —  La  matière  pondérable, 
ou  soumise  à  l'action  de  la  pesanteur  sur  le 
globe  terrestre  ,  se  présente  en  dernière  ana- 
lyse sous  55  ou  56  états,  que  les  chimistes 
ont  nommés  des  corps  simples  parce  qu'on 
n'a  pu  jusqu'ici  les  changer  les  uns  dans  les 
autres  ni  les  décomposer  en  des  éléments 
plus  simples.  Ces  corps,  pris  isolément  ou 
combinés  diversement,  sous  l'influence  des 
seules  forces  physiques,  constituent  la  ma- 
tière inorganique.  Mais  si  une  autre  force, 
différente  des  forces  physiques  et  souvent  en 
antagonisme  avec  elles,  si  la  vie  vient  ajou- 
ter son  action  ,il  se  forme  de  nouvelles  com- 
binaisons qui  sont  la  matière  organique. 

Ces  combinaisons  se  sont  produites  d'abord 
sous  l'influence  de  la  vie ,  mais  elles  peuvent 
se  modifier  ensuite  sous  l'influence  des  for- 
ces physiques  ou  par  leur  action  réciproque; 
elles  forment  ainsi  de  nouvelles  combinai- 
sons qui  sont  également  de  la  matière  orga- 
nique. La  formation  de  ces  nouveaux  pro- 
duits, indépendamment  de  la  vie,  dans  le 
sol  et  dans  les  eaux  douces  ou  marines , 
pourrait  faire  croire  à  la  présence  de  la  vie 
diffuse  dans  toute  la  nature,  et  agissant  sur 
toute  la  matière  de  même  que  les  forces  phy- 
siques pour  former  incessamment  de  nou- 
veaux êtres;  telle  serait,  en  effet,  la  ma- 
nière de  voir  de  ceux  qui  croient  à  la  géné- 
ration spontanée.  Cependant  avec  un  peu 
d'attention  on  ne  tarde  pas  à  faire  la  dis- 
tinction des  deux  ordres  de  phénomènes  et 
à  reconnaître  que  la  vie  exerce  son  action  et 
se  manifeste  exclusivement  dans  des  corps 
nettement  circonscrits  qui  sont  comme  au- 
tant de  types  ou  de  moules  virtuels  dans 
.lesquels  les  molécules  de  la  matière,  soit 
f  brute  soit  déjà  combinée  sous  l'influence 
de  la  vie  organique,  entrent  par  une  sorte 
de  rotation  incessante  pour  en  ressortir  en- 
suite et  faire  place  à  d'autres  molécules. 
C'est  là  ce  qui  fit  dire  à  Cuvier  :  «  La  vie 
est  donc  un  tourbillon  plus  ou  moins  ra- 
pide, plus  ou  moins  compliqué,  dont  la  di- 
rection est  constante  et  qui  entraîne  tou- 
jours des  molécules  de  mêmes  sortes,  mais 
où  les  molécules  individuelles  entremet  d'où 
elles  sortent  continuellement,  de  manière 
que  la  forme  du  corps  vivant  lui  est  plus 
essentielle  que  sa  matière.  » 

Le  corps  dans  lequel  réside  la  vie,  ou  le 
corps  vivant,  doit  présenter  une  structure 
t.  vin. 


différente  de  celle  des  corps  bruts  ;  il  est 
organisé ,  c'est-à-dire  pourvu  d'organes  ou 
d'instruments  appropriés  à  l'exercice  des 
fonctions  ou  des  phénomènes  de  la  vie;  mais 
il  n'était  pas  nécessairement  pourvu  d'or- 
ganes à  son  origine  lorsqu'il  n'était  encore 
qu'un  germe  en  apparence  homogène.  Il 
possédait  seulement  alors  une  faculté  par- 
ticulière de  développement,  suivant  certaines 
dispositions  de  structure  interne  et  externe  : 
c'est  là  ce  qui  constitue  le  moule  virtuel 
dévolu  dès  le  principe  aux  différents  êtres 
par  la  puissance   créatrice. 

Puisque  la  Matière  inorganique  ou  brute 
ne  peut  être  transformée  en  Matière  organi- 
que que  sous  l'influence  de  la  vie,  il  faut  sa- 
voir si  tous  les  corps  vivants  sont  également 
aptes  à  produire  cette  transformation.  Or  on 
est  frappé  tout  d'abord  de  cette  différence 
entre  les  animaux  et  les  végétaux,  que  ceux- 
ci  trouvent  dans  le  sol,  dans  les  eaux  et  dans 
l'atmosphère,  les  matériaux  propres  à  leur 
nutrition;  ils  semblent  donc  se  nourrir  ex- 
clusivement de  Matière  inorganique,  qu'ils 
savent  transformer  en  Matière  organique. 
Les  animaux,  au  contraire,  se  nourrissent 
toujours  de  Matières  végétales  ou  animales, 
et  semblent  dépourvus  de  la  faculté  de  s'as- 
similer la  Matière  brute.  Cependant  cette 
différence,  bien  que  réelle,  n'est  pas  absolue. 
En  effet,  d'une  part,  nous  voyons  des  végé- 
taux parasites,  comme  le  Gui,  ou  des  bour- 
geons transportés  par  la  greffe,  ne  pouvoir 
continuer  à  vivre  que  s'ils  ont  à  discrétion 
pour  s'en  nourrir  une  sève  déjà  élaborée  ; 
et,  en  même  temps,  nous  devons  reconnaître 
que  l'eau  puisée  par  les  racines  des  plantes 
contient  toujours  en  dissolution  des  Matières 
organiques,  produit  de  la  décomposition  des 
êtres  qui  ont  vécu.  D'autre  part,  les  animaux 
savent  s'approprier  diverses  substances  inor- 
ganiques dissoutes  ou  combinées  dans  les 
eaux  qu'ils  habitent  ou  dans  celles  qu'ils 
boivent.  C'est  ainsi  que  les  Mollusques  s'ap- 
proprient le  carbonate  de  chaux,  qui  doit 
former  leur  coquille.  C'est  ainsi  que  les  Oi- 
seaux trouvent  aussi  le  calcaire  indispen- 
sable pour  consolider  la  coque  de  leurs 
œufs.  Si  l'on  voulait  dire  que  ce  sont  là  de 
simples  produits  excrétés,  on  pourrait  citer 
en  outre  les  os  des  Mammifères,  dont  la 
chaux  a  dû  provenir  en  partie  d'eau  servant 
de  boisson,  comme  l'a  prouvé  récemment 

5 


34 


MAT 


MAT 


M.  Boussingaut;  et,  d'ailleurs,  le  soufre,  le 
phosphore,  le  fer,  qui  sont  des  éléments  de 
l'albumine,  de  la  matière  nerveuse  et  du 
sang,  ont  dû  avoir  en  partie  cette  même 
origine  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'attribuer 
aux  animaux  la  faculté  de  produire  directe- 
ment ces  corps  simples,  non  plus  qu'il  n'est 
besoin  d'accorder  aux  plantes  la  faculté  de 
créer  de  la  potasse,  puisqu'on  sait  aujour- 
d'hui qu'elles  trouvent  dans  le  sol  cette 
substance  provenant  de  la  décomposition 
des  roches  granitiques.  En  un  mot,  la  Ma- 
tière inorganique  obéit  aux  forces  qui  la 
font  entrer  dans  telles  ou  telles  combinai- 
sons ou  qui  l'en  font  sortir,  mais  elle  n'aug- 
mente ni  ne  diminue  en  quantité  dans  la 
nature.  Elle  n'est  ni  créée,  ni  détruite  par 
l'action  des  corps  organisés. 

Une  restriction  semblable  doit  être  appor- 
tée à  l'opinion  récemment  soutenue  en 
France,  que  les  animaux  ne  pourraient  que 
s'approprier  certaines  Matières  organiques 
formées  par  les  végétaux,  et  seraient  incapa- 
bles de  les  fabriquer  eux-mêmes  ;  la  graisse, 
par  exemple,  serait  trouvée  toute  faite  dans 
les  plantes  dont  se  nourrissent  les  animaux 
frugivores.  Cela  est  vrai,  en  général,  et  dans 
une  certaine  limite;  en  effet,  pour  recon- 
naître encore  que  ce  n'est  pas  une  vérité  ab- 
solue, considérons  seulement  comment  se 
sont  engraissées  les  nombreuses  larves  de 
Coléoptères  longicornes,  Ptiniores  et  autres 
qui  vivent  dans  le  bois  sec.  Ces  larves  y  ont 
creusé  des  galeries  proportionnellement  as- 
sez restreintes,  et  sans  avoir  eu  d'autre 
nourriture ,  elles  sont  cependant  chargées 
d'une  graisse  abondante,  devant  servir  pen- 
dant le  repos  de  la  nymphe  au  développe- 
ment des  organes  dont  la  composition  sera 
si  différente  dans  l'insecte  parfait. 

Dans  certaines  circonstances  la  matière 
a  paru  s'organiser  d'elle-même ,  et  l'on  a 
pu  croire  à  une  véritable  génération  sponta- 
née, non  pas  sans  doute  telle  que  les  anciens 
la  supposaient  possible  par  la  putréfaction 
dans  le  limon  du  Nil  ou  dans  le  cadavre  des 
animaux  ;  mais  on  a  vu  des  Helminthes  se 
produire  sans  que  leur  germe  pût  être  même 
supposé;  on  a  vu  des  Infusoires  apparaître 
en  foule  dans  les  liquides,  des  moisissures 
envahir  tout-à-couples  objets  qui  remblaient 
en  être  à  l'abri.  Les  observations  sérieuses 
et  approfondies,  faites  avec  de  bons  mi- 


croscopes et  de  bons  yeux,  ont  diminué  de 
plus  en  plus  le  nombre  des  faits  cités  comme 
exemples.  Nous-même,  nous  avons  regardé 
comme  extrêmement  probable  que  les  Hel- 
minthes cystiques,  les  Cœnures  et  les  Cysti- 
cerques  ne  sont  qu'un  mode  de  développe- 
ment anormal  de  certains  Ténias.  Or,  ce 
sont  ces  Helminthes  qu'on  avait  plus  spécia- 
lement regardés  comme  spontanément  pro- 
duits dans    les  tissus  des  animaux.   Nous 
avons  également  signalé  la  production  des 
œufs  de  certains  Nématoides  en  quantité  in- 
nombrable dans  les  organes  de  certains  ani- 
maux vertébrés,  comme  pouvant  expliquer 
l'apparition  des  innombrables  petits  vers  que 
l'on  voit  quelquefois ,  soit  dans  les  mêmes 
animaux,  soit  dans  ceux  qui  les  ont  dévorés. 
Cependant  nous  ne  pouvons  encore  nous 
expliquer  complètement  l'apparition  de  la 
Trichma  spiralis  dans  tous  les  tissus  des  corps 
humains  ni  l'apparition  des  Anguillules  du 
vinaigre;  et  quant  aux  Infusoires,  on  ne 
saurait  trop  répéter  que  les  espèces  les  mieux 
caractérisées,  celles  dont  l'organisation  pré- 
sente des  traits  plus  distincts,  sont  précisé- 
ment celles  qui  ne  se  trouvent  que  dans  l'eau 
des  marais  et  des  rivières  ou  dans  l'eau  de 
la  mer,   mais  non  dans  les  infusions;  et 
d'autre  part,  les  espèces  comme  les  Para- 
mécies ,  les  Kolpodes  et  les  Vorticelles ,  qui 
sont  si  abondantes  dans  les  infusions,  ne  s'y 
montrent  pas  ainsi  dès  le  début,  mais  on  les 
a  vues  d'abord  assez  peu  nombreuses  pour 
qu'on  puisse  encore  supposer  qu'elles  pro- 
viennent par  fissiparité  des  quelques  indi- 
vidus nés  de  germes  arrivés  du  dehors.  Ce 
qu'on  voit  dans  le  principe  dans  les  eaux 
putréfiées  et  dans  les  infusions,  ce  sont  les 
Vibrions  proprement  dits,  les  Bactérium, 
que  leur   extrême  petitesse   dérobe  à  nos 
moyens  d'étude,  et  dont  l'animalité  peut 
être  mise  en  doute,  en  tant  que  ce  ne  sont 
pas  des  animaux  pourvus  d'organes  et  consti- 
tuant des  espèces  distinctes. 

Il  n'y  a  qu'à  se  rappeler  l'histoire  de  la 
découverte  de  M.  Robert  Brown,  pour  pou- 
voir penser  que  l'apparition  des  premiers 
Infusoires,  des  Vibrioniens,  pourrait  bien 
n'être  qu'un  simple  elîet  de  la  combinaison 
de  la  matière  organique  sous  l'influence  des  ! 
forces  physiques  ou  des  agents  chimiques. 
On  sait,  en  effet,  que  M.  Robert  Brown, 
ayant  le  premier  observé  au  microscope  h» 


MAT 


MAT 


35 


mouvement  d'agitation  et  de  trépidation 
continuelle  des  plus  petites  parcelles  de  la 
matière  solide  en  suspension  dans  un  li- 
quide, crut  avoir  trouvé  les  molécules  or- 
ganiques, et  ne  s'aperçut  de  son  erreur  qu'a- 
près avoir  retrouvé  le  même  phénomène  de 
trépidation  dans  les  molécules  les  moins 
organiques  que  l'on  puisse  imaginer.  La  dé- 
couverte n'en  était  pas  moins  un  fait  im- 
portant, et  les  savants  en  ont  exprimé  leur 
reconnaissance  à  l'auteur  en  nommant  ce 
phénomène  le  mouvement  brownien.  Mais 
ici ,  le  mouvement  en  apparence  spontané 
de  la  matière  avait  été  un  indice  trompeur 
de  la  vérité. 

Or  il  ne  s'agissait  ici  que  des  molécules 
de  matière  quelconque  obéissant  aux  im- 
pulsions multipliées  et  diverses  que  leur  im- 
priment de  simples  forces  physiques  telles 
que  le  calorique,  par  exemple,  rayonnant 
de  tous  les  corps  environnants  :  mais  s'il 
s'agit  d'un  liquide  chargé  de  substances  or- 
ganiques qui,  en  dissolution  d'abord,  ten- 
dent à  se  séparer  pour  rester  en  suspension 
plus  tard,  on  doit  s'attendre  à  des  phéno- 
mènes analogues,  mais  plus  compliqués 
encore.  Et  les  faits  si  curieux  de  l'endosmose 
et  de  l'épipolisme  ont  dû  nous  préparer  à 
l'explication  de  ces  phénomènes  qu'on  a  pris 
pour  une  première  apparition  des  Infusoires. 
Or  les  macérations,  les  eaux  putréfiées  dans 
lesquelles  on  aperçoit  d'abord  un  trouble 
laiteux  ,  si  on  les  observe  avec  soin  au  mi- 
croscope, ne  montrent  d'abord  que  des 
particules  d'un  transparent  et  d'une  peti- 
tesse extrême  qui  semblent  agitées  seule- 
ment de  cette  sorte  de  trépidation  qu'on 
nomme  le  mouvement  brownien;  bientôt 
on  distingue  de  ces  particules  plus  longues 
que  larges  qui  paraissent  formées  par  la  réu- 
nion de  deux  ou  de  plusieurs  des  précédentes 
et  qui  se  meuvent  plus  spécialement  dans  le 
sens  de  leur  longueur.  Ce  sont  là  les  pré- 
tendus animaux  que  les  zoologistes  veulent 
nommer  Baclerium  termo  :  ils  sont  longs  de 
2  à  3  millièmes  de  millimètre  et  larges  de 
6  à  18  dix  millièmes.  Un  peu  plus  tard,  on 
voit  de  ces  prétendus  Infusoires  devenus  plus 
longs ,  comme  si  de  nouvelles  particules 
s'étaient  placées  à  la  suite  des  premières; 
puis  le  mouvement  de  ces  corps  filiformes, 
tout  en  continuant  à  se  faire  dans  le  sens  de 
la  longueur,  tend  à  devenir  ondulatoire;  puis 


on  en  voit  qui  se  contournent  en  spirale  ;  enfin 
l'on  a  successivement  sous  les  yeux  toute  la 
série  des  Infusoires  vibrioniens ,  dont  la 
multitude  remplit  la  masse  entière  du  li- 
quide. Sont-ce  bien  là  des  animaux?  et  peut- 
on  citer  cela  comme  exemple  de  génération 
spontanée? 

Nous  ne  prétendons  pas  sans  doute  que 
l'on  puisse  ainsi  aisément  se  rendre  compte 
de  l'apparition  des  Infusoires  monadaires 
ou  des  Vorticelliens  et  des  Paraméciens  ;  m  ais 
les  progrès  incessants  de  la  science  per- 
mettent d'espérer  une  solution  à  plus  d'une 
des  énigmes  qui  nous  restent  à  résoudre. 

(DUJARDIN.) 

MATIN,  mam.  —  Race  de  Chien  domes- 
tique. Voy.  chien.  (E.  D.) 

MATISIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Sterculiacées-Hélictérées ,  établi 
par  HumboldtetBonpland(P/an£.  œquinoct., 
1, 10,  t.  II,  III).  Arbres  du  Pérou.  Voy.  ster- 

CULIACÉES. 

MÂTKEIXA,  Pers.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Zoysia ,  Willd. 

MATRICAIRE.  Matricaria  (nom  tiré  des 
usages  de  cette  plante  en  médecine),  bot. 
ph.  —  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées,  de  la  syngénésie 
polygamie  superflue  dans  le  système  sexuel 
de  Linné.  Il  se  compose  de  14  ou  15  es- 
pèces herbacées,  annuelles,  qui  croissent 
pour  la  plupart  en  Europe,  dont  les  feuilles 
multipartites  sont  divisées  en  lobes  linéaires 
sétacés.  Leurs  capitules  de  fleurs  sont  por- 
tés sur  des  rameaux  uniflores,  dont  l'en- 
semble constitue  un  faux  corymbe  ;  dans 
chacun  d'eux ,  les  fleurs  du  disque  sont  jau- 
nes et  celles  du  rayon  blanches;  les  pre- 
mières sont  hermaphrodites,  tubuleuses  , 
terminées  par  4  ou  5  dents;  les  dernières 
sont  femelles,  ligulécs,  rangées  en  une 
série.  L'involucre  est  composé  d'écaillés 
presque  égales  entre  elles,  imbriquées,  dis- 
posées en  un  petit  nombre  de  séries;  le  ré- 
ceptable  est  nu,  très  développé,  conique. 
Les  fruits  ou  achaines  qui  succèdent  à  ces 
fleurs  sont  uniformes  dans  tout  le  capitule, 
surmontés  d'Un  grand  disque  épigyne,  le 
plus  souvent  dépourvus  d'aigrette,  plus  ra- 
rement en  présentant  une  en  forme  de  cou- 
ronne. Parmi  les  espèces  de  ce  genre,  il  en 
est  deux  sur  lesquelles  nous  dirons  quelques 
mots. 


36 


MAT 


MAT 


1.  Matricaire  camomille,  Matricaria  cha- 
momilla  Lin.  C'est  une  plante  assez  com- 
mune en  Europe ,  dans  les  champs ,  le  long 
des  chemins,  etc.;  elle  est  glabre  dans  toutes 
ses  parties.  Sa  tige  est  diffuse,  rameuse, 
haute  de  4  ou  5  décimètres,  souvent  rou- 
geâtre;  ses  feuilles  sont  bipinnatipartites  , 
et  leurs  lobes  sont  linéaires,  très  étroits  et 
presque  sétacés ,  entiers  ou  partagés  à  leur 
tour.  Ses  capitules,  solitaires  à  l'extrémité 
de  rameaux  ou  pédoncules  nus,  sont  larges 
de  3  centimètres  ;  leur  involucre  est  peu 
concave,  formé  d'écaillés  oblongues,  blan- 
châtres sur  leurs  bords;  les  fleurs  de  leur 
rayon  sont  trois  fois  plus  longues  que  l'invo- 
lucre.  Les  acharnes  sont  tétragones,  sur- 
montés d'une  aigrette  courte ,  en  forme  de 
couronne  entière  à  son  bord.  Cette  plante 
a  une  odeur  douce ,  aromatique ,  qui  la  dis- 
tingue de  certaines  autres  espèces  auxquelles 
elle  ressemble  beaucoup ,  mais  dont  les  unes 
sont  inodores ,  comme  la  suivante  ,  dont  les 
autres  ont  une  odeur  désagréable  ,  comme 
k  Camomille  puante.  Elle  est  d'une  amer- 
tume très  prononcée,  mais  plus  faible  que 
celle  de  Y  Anthémis  nobilis  Lin. ,  à  laquelle 
elle  ressemble  beaucoup  par  ses  propriétés 
médicinales ,  en  place  de  laquelle  on  l'em- 
ployait même  fréquemment  autrefois. 
Aujourd'hui,  au  contraire,  c'est  à  celle- 
ci  qu'on  donne  ordinairement  la  préfé- 
rence. 

2.  Matricaire  inodore,  Matricaria  ino- 
dora  Lin.  (Pyrethrum  inodorum  Smith). 
Nous  ne  mentionnons  ici  cette  plante  que 
pour  la  faire  distinguer  de  la  précédente  à 
laquelle  elle  ressemble  beaucoup,  et  avec  la- 
quelle il  est  très  facile  de  la  confondre.  Elle 
croît  dans  les  mêmes  localités  qu'elle;  elle 
ne  s'en  distingue  guère  que  par  les  lobes  de 
ses  feuilles  presque  toujours  bi-ou  tripartis, 
par  les  écailles  de  son  involucre  bordées 
d'une  membrane  scarieuse,  par  sesachaines 
à  3  ou  4  angles  à  couronne  entière,  portant 
au  sommet  deux  glandes,  et  finissant  sou- 
vent par  se  percer  de  deux  pores;  de  plus, 
cette  plante  est  presque  entièrement  ino- 
dore. (P.  d.) 

*MATTJIEWSÏA  (nom  propre),  bot.  pu. 
—  Genre  de  la  famille  des  Crucifères-Camé- 
Jinées,  établi  par  Hooker  {Bot.MiscelL,  III, 
140,  t.  96).  Sous-arbrisseaux  du  Chili.  Voy. 

CTIUCIFÈRES. 


MATTÏIÏOLE.  MaLlhîola  (Matthiule,  bo- 
taniste italien  du  xvie  siècle),  bot.  pu.  — 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Crucifè- 
res ,  sous-ordre  des  Pleurorhizées ,  de  la  té- 
tradynamie  siliqueuse  dans  le  système  sexuel 
de  Linné,  qui  a  été  établi  par  M.  Rob.  Brown 
pour  des  espèces  précédemment  comprises 
dans  les  Cheiranthus.  11  se  compose  d'envi- 
ron 30  espèces  de  la  région  méditerranéenne, 
pour  la  plupart  herbacées ,  quelques  unes 
sous-frutescentes  qui  se  font  remarquer  par 
leur  couleur  blanchâtre  provenant  des  poils 
cotonneux,  étoiles,  dont  elles  sont  couvertes, 
et  quelquefois  par  des  glandes  pédicellées; 
leurs  feuilles  sont  entières  ou  sinuées;  leurs 
fleurs  sont  blanches  ou  de  diverses  nuances 
de  rouge,  réunies  en  grappes  terminales  ; 
elles  présentent  l'organisation  suivante  :  ca- 
lice à  4  sépales  dressés,  dont  les  2  latéraux 
sont  renflés  à  leur  base;  pétales  onguiculés, 
à  limbe  étalé,  ovale  ou  oblong  ;  filets  des 
longues  étamines  dilatés  en  bosse  à  leur 
base;  stigmate  épais,  bilobé.  Le  fruit  qui 
succède  à  ces  fleurs  est  une  silique  bivalve  , 
cylindrique  ou  comprimée  ,  allongée,  sur- 
montée par  les  lobes  du  stigmate  conni- 
vents ,  épaissis  à  leur  côté  dorsal  ou  déve- 
loppés en  pointes  :  il  renferme  plusieurs 
graines  rangées  en  une  seule  série  ,  le  plus 
souvent  bordées  d'une  membrane. 

Parmi  les  espèces  de  ce  genre,  il  en  est 
deux  dont  la  culture  a  tiré  un  excellent 
parti,  et  qui  figurent  parmi  les  plantes  d'or- 
nement les  plus  vulgaires  et  aussi  les  plus 
belles.  Nous  nous  arrêterons  sur  elles  quel- 
ques instants. 

1 .  Matthiole  blancuatre  ,  Matthiola  in- 
cana  Rob.  Brown  (Cheiranthus  incanus  Lin.). 
Cette  espèce  est  connue  dans  les  jardins  sous 
les  noms  vulgaires  de  Giroflée  grosse  espèce, 
Giroflée  des  jardins  ,  Violier  ;  elle  croît  sur 
les  bords  de  la  mer  dans  le  midi  de  l'Eu- 
rope. Elle  est  vivace.  Sa  tige  est  dure  et 
sous-frutescente  à  sa  base,  droite,  rameuse, 
haute  de  5  ou  6  décimètres,  et  quelquefois 
davantage  dans  les  individus  cultivés  ;  ses 
feuilles  sont  lancéolées-allongées,  entières, 
molles,  couvertes  d'un  duvet  court  qui  leur 
donne  une  teinte  blanchâtre,  d'où  est  venu 
le  nom  de  l'espèce  ;  elles  deviennent  plus  ou 
moins  sinueuses  dans  les  jardins;  les  pétales 
de  ses  fleurs  sont  entiers;  ses  siliques  sont 
à  peu  près  cylindriques,  comme  tronquées 


MA' 


flAT 


37 


à  leur  extrémité,  dépourvues  ne  glandes.  La 
culture  a  singulièrement  amélioré  cette  es- 
pèce, et  elle  en  a  fait  Tune  des  plantes  d'or- 
nement les  plus  belles  et  les  plus  variées  que 
possèdent  nos  parterres.  Les  horticulteurs 
en  ont  obtenu  de  nombreuses  variétés  de 
couleur  blanche,  couleur  de  chair,  rose, 
rouge ,  violette  ,  panachées  de  rouge  et  de 
blanc,  les  unes  simples,  les  autres  doubles, 
et  même  une  prolifère.  Tout  le  monde  con- 
naît de  plus  l'odeur  suave  de  ces  fleurs,  qui, 
à  ces  divers  mérites,  joignent  celui  de  se  con- 
server et  de  se  succéder  pendant  très  long- 
temps. Au  reste  ,  la  culture  de  ces  belles 
plantes  exige  assez  peu  de  soins ,  ce  qui  ex- 
plique très  bien  comment  elles  sont  si  ré- 
pandues. On  les  multiplie  principalement  de 
graines,  qu'on  sème  sur  couche  au  prin- 
temps ;  l'été  on  met  le  jeune  plant  en  pleine 
terre  aune  exposition  méridionale;  après 
quoi  on  l'empote  pour  l'enfermer  pendant 
l'hiver  dans  une  orangerie  bien  aérée,  ou 
seulement  dans  une  fosse  qu'on  couvre  de 
châssis  pendant  les  grands  froids.  On  pro- 
page également  de  boutures  les  variétés  à 
fleurs  pleines. 

2.  Matthiole  annuelle,  Matthiola  annua 
DC.  (Cheiranthus  annuus  Lin.).  Celle-ci  re- 
çoit des  horticulteurs  les  dénominations 
vulgaires  de  Quaranlain,  Giroflée  quaran- 
taine, Violier  d'été.  Elle  est  moins  haute  que 
la  précédente  et  annuelle;  elle  croît  aussi 
naturellement  sur  le  littoral  des  mers  dans 
les  parties  méridionales  de  l'Europe.  Sa  tige 
est  herbacée,  droite,  rameuse;  ses  feuilies 
sont  lancéolées,  obtuses,  couvertes  d'un  du- 
vet blanchâtre  ;  les  pétales  de  ses  fleurs  sont 
échancrés  au  sommet;  ses  siliques  sont 
presque  cylindriques  et  se  terminent  en 
pointe.  Cette  jolie  espèce  est  presque  aussi 
fréquemment  cultivée  dans  les  jardins  que 
la  précédente  ;  elle  a  également  donné,  par 
l'effet  de  la  culture,  de  nombreuses  variétés 
de  couleur  blanche,  couleur  de  chair,  rouge, 
lilas,  brune,  etc.  Ses  fleurs  deviennent 
également  très  doubles,  et  leur  floraison  est 
de  longue  durée.  Comme  elle  est  annuelle, 
on  la  multiplie  uniquement  de  graines  qu'on 
sème  ordinairement  à  la  fin  de  l'hiver  et  sur 
couche,  ou  plus  tard  et  jusqu'au  commence- 
ment de  l'été,  alin  d'en  avoir  en  fleurs  jus- 
que vers  la  fin  de  l'automne.  Parmi  les 
jeunes  pieds  qui  proviennent  de  ces  semis  , 


on  ne  conserve  d'ordinaire  que  ceux  à  fleur 
double,  et  l'habitude  a  appris  aux  jardi- 
niers à  distinguer  ceux-ci  même  lorsqu'ils 
sont  encore  fort  jeunes.  (P.  D.) 

*MATTïA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Aspérifoliées-Cynoglossées ,  établi  par 
Schultes  (Observ.,  30).  Herbes  de  l'Europe 
austro-occidentale.  Voy.  aspérifoliées. 

*MATTO]\IA.  bot.  cr.  —Genre  de  Fou- 
gères-Polypodiacées,  établi  par  R.  Brown 
{in  Wall.  Plant,  as.  rar.,  I,  16,  t.  XVI). 
Fougères  de  la  montagne  d'Ophir,  près  Ma- 
lacca.  Voy.  fougères.  —  Sm.,  syn.  d'Elet- 
taria,  Rheed. 

MATÏUSCHIA,  Gmel.  bot.  ph.  —Syn. 
de  Saururus,  Linné. 

MATTUSCHKE A ,  Schreb.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Perama,  Aubl. 

*MATUS  (aaro;,  action  de  chercher),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Hydrocanthares,  créé  par  M.  le 
docteur  Aube  (  Iconographie  des  Coléoptères 
d'Europe.  —  Species  général  des  Hydrocan- 
thares, 1838,  t.  VI,  p.  390).  L'espèce  type 
et  unique  est  le  M.  bicarinatus  Say  (emar- 
ginalus,  elongatus  Dej.);  elle  est  originaire 
des  Etats-Unis.  (C.) 

MATUTE.  Maluta  (nom  mythologique). 
crust.  —  C'est  un  genre  de  l'ordre  des 
Décapodes  brachyures ,  établi  par  Fabri- 
cius ,  adopté  par  tous  les  carcinologistes  , 
étrange  par  M.  Milne-Edwards  dans  sa  fa- 
mille des  Oxystomes  et  dans  sa  tribu  des 
Calappiens.  Les  Crustacés  qui  composent 
ce  genre  ressemblent  à  certains  Portu- 
niens ,  et  sont  remarquables  par  leur  cara- 
pace circulaire,  et  les  pattes  des  quatre 
dernières  paires  terminées  par  un  article 
lamelleux  et  complètement  natatoire.  La 
distinction  des  espèces  que  renferme  cette 
coupe  générique  présente  d'assez  grandes 
difficultés;  le  docteur  Leach  a  employé 
comme  caractères  la  direction  transversale 
ou  un  peu  oblique  des  grosses  épines  laté- 
rales de  la  carapace,  et  le  nombre  de  petits 
points  écailleux  qui  se  voient  sur  la  face  su- 
périeure de  cette  carapace  ;  mais  à  cet  égard 
il  n'y  a  rien  de  constant,  et  si  ce  natura- 
liste avait  examiné  un  grand  nombre  de  ces 
Crustacés ,  il  aurait  vu  que  les  particulari- 
tés qu'il  signale  comme  des  différences  spé- 
cifiques varient  suivant  les  individus:  aussi 
les  espèces  qui  composent  actuellement  cette 


3S 


MAU 


MAU 


coupe  générique  sont-elles  beaucoup  res- 
treintes. On  ne  connaît  rien  sur  les  mœurs 
de  ces  Crustacés ,  qui  habitent  la  mer  des 
Indes.  Le  Matute  vainqueur  ,  Matuta  viclor 
Desrn.  (Edw.,  lîist.  nat.  des  Crust.,  t.  II, 
pag.  115,  pi.  20,  fig.  3  à  6)  peut  être  con- 
sidéré comme  le  type  de  ce  genre  remar- 
quable dont  on  ne  connaît  encore  que  deux 
espèces.  (H.  L.) 

*MATUTOIDES.  Matutoidea.  crust.  — 
M.  de  Haan  ,  dans  la  Faune  japonaise,  dé- 
signe sous  ce  nom  une  famille  de  Crustacés 
qui  correspond  en  partie  aux  Oxystômes  de 
M.  Milne  Edwards.  Voy.  oxystômes.  (H.  L.) 

MAUBÈGHE.  Tringa,  Linn.  ois.  —  Voy. 

BÉCASSEAU 

MAUDUYTA,  Commers.  bot.  ph. — Syn. 
de  Samadera ,  Gaertn. 

MAUL1N.  mam.  —  Molina  {Hist.  nat.  du 
Chili  )  a  décrit  sous  ce  nom  un  Mammifère 
encore  peu  connu ,  et  qu'à  l'exemple  de 
Shaw  on  rapporte  au  genre  Marmotte,  sous 
la  dénomination  (VArclomys  rnaulina.  (E.D.) 

MAUNEIA.  bot.  ph.  —  Genre  dont  la 
place  dans  les  méthodes  n'est  pas  encore 
fixée.  Il  a  été  établi  par  Dupetit-Thouars 
{Gen.  Madagasc. ,  19),  qui  lui  donne  les 
caractères  suivants  :  Calice  monophylle  à 
4  lobes ,  plan  ;  corolle  nulle  ;  étamines  nom- 
breuses ,  insérées  au  calice  ;  ovaire  unique. 
Style  plus  long  que  les  étamines;  stig- 
mates ,  3.  Le  fruit  est  une  baie  ovale,  ai- 
guë 3-ou  par  avortement  2-sperme. 

Les  Mauneia  sont  des  arbrisseaux  de  Ma- 
dagascar, à  feuilles  alternes,  ovales,  den- 
tées ,  à  épines  axillaires ,  à  fleurs  axillaires , 
solitaires. 

MAURANDIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Scrophularinées- 
Antirrhinées  ,  établi  par  Ortega  (Decad.,  II, 
21).  Herbes  du  Mexique.  Voy.  scrophula- 

B.1NÉES. 

MAURE,  mam. — Espèce  de  Guenon. Voy. 

CERCOPITHÈQUE.  (E.    D.) 

MAURES,  ins.  — Nom  donné  vulgaire- 
ment aux  Papillons  du  g.  Satyre ,  à  cause 
de  leur  couleur  obscure  et  même  noire. 

MAURESQUE,  moll.  —  Nom  vulgaire 
de  VOliva  maura  Linn. 

MAUR1A.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Anacardiacées,  établi  par  Kunth 
(  in  Ann.  se.  nat.,  lly  338).  Arbres  du  Pé- 
rou. Voy.  anacardiacées. 


MAURICOU  ,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn. 
d'Erylhrina  ,  Linn. 

MAUIUTIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Palmiers,  tribu  des  Lépidocary- 
nées-Flabellifrondes,  établi  par  Linné  fils 
(Suppl,  1436).  Palmiersde  l'Amérique  tro- 
picale. Voy.  PALMIERS. 

MAUROCENIA,  Mill.  bot.  ph.  —Syn. 
de  Cassine,  Linn. 

MAUSSANE.  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
du  Viburnum  opulus ,  dans  quelques  can- 
tons de  la  France. 

MAUVE,  ois.  —  Nom  vulgaire  de  quel- 
ques espèces  de  Mouettes. 

MAUVE.  Malva.  bot.  ph.  —  Grand  genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Malvacées ,  à  la- 
quelle il  donne  son  nom  ,  de  la  monadel- 
phie  polyandrie  dans  le  système  sexuel  de 
Linné.  11  comprend  aujourd'hui  plus  de 
100  espèces.  Les  végétaux  qui  le  composent 
sont  herbacés  ,  sous-frutescents  ou  frutes- 
cents, quelquefois  même,  mais  rarement, 
ils  forment  de  petits  arbres;  ils  sont  disper- 
sés sur  presque  toute  la  surface  du  globe; 
néanmoins  on  les  trouve  groupés  en  plus 
grand  nombre  dans  la  région  méditerra- 
néenne et  au  cap  de  Bonne-Espérance.  Leurs 
feuilles  sont  alternes ,  pétiolées ,  dans  la  plu- 
part des  cas  anguleuses  ou  lobées ,  pour- 
vues de  stipules  pétiolaires  géminées.  Leurs 
fleurs  se  font  remarquer  par  la  grande  di- 
versité de  couleurs  qu'elles  présentent  dans 
toute  l'étendue  du  genre  ;  elles  sont  tantôt 
solitaires ,  tantôt  réunies  en  épi ,  en  grappes 
ou  en  glomërules.  Leur  calicule  est  formé 
de  trois  folioles ,  soudées  au  calice  par  leur 
base,  très  rarement  fixées  sur  le  pédicule; 
M.  Endlicher  considère  ces  folioles  comme 
représentant  une  bractée  avec  deux  stipules. 
Le  calice  est  divisé  en  cinq  lobes  égaux  entre 
eux ,  à  préfloraison  valvaire  dans  le  bouton. 
La  corolle  est  à  cinq  pétales,  le  plus  sou- 
vent échancrés  au  sommet  et  inéquilaté- 
raux ,  à  préfloraison  tordue.  Comme  nous 
l'ont  montré  nos  recherches  sur  l'organogé- 
nie  de  la  fleur  (voyez  Annales  des  se.  nalur., 
septembre  1845,  pag.  123  et  suiv.),  ces  pé- 
tales sont  libres  et  distincts  ,  et  même  éloi- 
gnés l'un  de  l'autre  ,  à  l'état  jeune;  maïs 
dans  la  fleur  adulte ,  ils  forment  à  leur  base 
un  corps  unique  par  l'intermédiaire  du  tube 
staminal  auquel  ils  adhèrent,  de  sorte  que 
plusieurs  botanistes  ont  pu  mettre  en  ques- 


MAU 


MAU 


39 


tion  si  cette  corolle  est  monopétale  ou  po- 
lypétale.  Les  étamines  sont  nombreuses , 
monadelphes ,  comme  dans  les  autres  genres 
de  la  famille.  Le  fruit  est  une  capsule  dé- 
primée, qui  se  divise,  à  la  maturité,  en 
plusieurs  coques  à  une  seule  graine,  s'ou- 
Trant  en  deux  valves  ou  indéhiscentes.  Les 
espèces  à  coques  renfermant  deux  ou  plu- 
sieurs graines ,  que  comprenait  le  genre  tel 
qu'il  était  dans  le  Prodromus ,  en  ont  été 
séparées. 

Plusieurs  espèces  de  ce  grand  et  beau 
genre  ont  de  l'intérêt ,  soit  à  cause  de  leurs 
usages  médicinaux,  soit  parce  qu'elles  sont 
fréquemment  cultivées  dans  les  jardins 
comme  plantes  d'ornement;  nous  nous  ar- 
rêterons seulement  sur  les  plus  connues  d'en-# 
tre  elles. 

1.  Mauve  sauvage  ,  Malva  sylvestris  Lin. 
Cette  espèce  est  très  connue  sous  les  noms 
vulgaires  de  Mauve,  grande  Mauve.  Sa  tige 
est  droite,  rameuse,  velue,  et  s'élève  à  5 
ou  6  décimètres  de  hauteur;  ses  feuilles  sont 
pétiolées ,  légèrement  velues,  divisées  en  5-7 
lobes  aigus  au  sommet  et  crénelés  sur  leurs 
bords;  ses  pétioles  et  ses  pédoncules  sont  pi- 
leux. Les  fleurs  sont  grandes  ,  purpurines, 
marquées  de  lignes  plus  colorées;  les  fo- 
lioles de  leur  calice  égalent  en  longueur  les 
sépales.  —  La  Mauve  sauvage  croît  en  abon- 
dance dans  les  lieux  incultes,  le  long  des 
haies,  des  habitations,  etc.  Ses  propriétés 
médicinales  sont  absolument  identiques  à 
celles  de  l'espèce  suivante;  aussi  les  expo- 
serons-nous en  même  temps  pour  l'une  et 
l'autre  à  la  fois. 

2.  Mauve  a  feuilles  rondes  ,  Malva  ro~ 
tundifolia  Lin.  Elle  reçoit  vulgairement  le 
nom  de  pelile  Mauve;  elle  croît  dans  les 
mêmes  lieux  que  la  précédente,  le  long  des 
chemins  ,  et  elle  est  à  peu  près  aussi  com- 
mune qu'elle.  Sa  tige  est  couchée  et  n'at- 
teint guère  que  2  ou  3  décimètres  de  lon- 
gueur; ses  feuilles  sont  petites,  orbicu- 
laires,  échancrées  en  cœur  à  leur  base, 
crénelées  à  leur  bord,  divisées  en  cinq  lobes 
très  obtus ,  larges  et  courts,  longuement 
pétiolées  ;  ses  pétioles  et  ses  pédoncules  sont 
pubescents;  ses  fleurs  sont  petites,  d'un 
blanc  lavé  de  rose,  le  plus  souvent  grou- 
pées par  cinq  à  l'aisselle  des  feuilles  ;  les 
pédoncules  fructifères  sont  déclinés.  Cette 
plante  était  alimentaire  pour  les  Grecs  et  les 


Romains ,  qui  la  mangeaient  en  guise  d'é- 
pinards;  cependant  elle  ne  constitue  jamais 
qu'un  aliment  très  médiocre  ,  la  cuisson  no 
la  ramollissant  qu'imparfaitement.  Encore 
aujourd'hui  l'on  mange  l'une  et  l'autre  de 
nos  deux  Mauves  communes  dans  certaines 
parties  de  la  France,  de  l'Italie,  ainsi  que 
dans  la  Basse-Egypte.  Mais  le  principal  usage 
de  ces  plantes  est  motivé  par  leurs  proprié- 
tés médicinales  ;  elles  forment,  en  effet  „ 
l'un  des  émollients  et  adoucissants  les  plus 
usités  ,  grâce  au  mucilage  qu'elles  renfer- 
ment en  abondance.  On  les  emploie  jour- 
nellement, surtout  dans  la  médecine  popu- 
laire ,  en  décoction  ,  pour  bains,  tisanes, 
injections,  etc.,  contre  les  inflammations 
intérieures,  contre  les  rhumes,  etc.  La 
Mauve  sauvage  est  la  plus  usitée  des  deux, 
et  particulièrement  ses  fleurs. 

Dans  les  jardins,  on  cultive,  comme 
plantes  d'ornement,  plusieurs  espèces  de 
Mauves ,  dont  nous  ne  pouvons  nous  dis- 
penser de  faire  connaître  un  petit  nombre. 

3.  Mauve  frisée,  Malva  crispa  Lin.  Elle 
est  cultivée  à  cause  de  ses  grandes  feuilles, 
glabres ,  d'un  vert  gai ,  à  sept  lobes  ,  den- 
tées et  frisées  sur  leurs  bords  avec  beaucoup 
d'élégance  ;  sa  tige  est  droite  et  s'élève  or- 
dinairement à  un  mètre  de  hauteur.  Ses 
fleurs  sont  axillaires  et  sessiles.  Elle  croît 
spontanément  en  Syrie;  elle  est  annuelle. 
On  la  multiplie  de  graines  qu'on  met  en 
terre  immédiatement  après  leur  maturité. 
Elle  réussit  dans  toutes  sortes  de  terres , 
pourvu  que  leur  exposition  soit  méridionale. 

4.  Mauve  du  Cap  ,  Malva  capemis  Cav. 
Cette  espèce  est  originaire  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance,  ainsi  que  l'indique  son  nom,  de 
même  que  les  deux  espèces  suivantes;  toutes 
les  trois  sont  vivaces  et  ligneuses.  La  Mauve 
du  Cap  se  distingue  par  ses  feuilles  à  trois 
et  à  cinq*  lobes,  crénelées  ou  dentées  sur 
leurs  bords ,  enduites  d'une  humeur  vis- 
queuse; par  ses  fleurs  roses,  solitaires  ou 
géminées  sur  leur  pédicule,  qui  dépasse  en 
longueur  le  pétiole;  les  folioles  du  calicule 
sont  ovales ,  lancéolées. 

5.  La  Mauve  effilée,  Malva  virgalaCav., 
a  des  feuilles  glabres ,  raides ,  incisées  et 
crénelées  sur  leurs  bords;  ses  fleurs  sont 
blanches,  portées,  comme  chez  la  précé- 
dente ,  au  nombre  d'une  ou  de  deux,  sur 
des  pédoncules  plus  longs  que  le  pétiole; 


40 


MAY 


MEA 


les  folioles  de  leur  calicule  sont  linéaires. 

6.  La  Mauve  divaiuquée,  Malva  divari- 
cala  Andr.,  est  une  très  jolie  espèce,  dont 
les  branches  et  les  rameaux  sont  divariqués , 
flexueux,  dont  les  feuilles  sont  petites,  lo- 
bées, plissées,  dentées  sur  leur  bord,  un 
peu  rudes  au  toucher;  dont  les  fleurs,  qui 
se  succèdent  pendant  tout  l'été  et  jusqu'aux 
grands  froids,  sont  blanches  et  rayées, 
d'un  très  beau  rouge,  solitaires,  sur  un  pé- 
doncule plus  long  que  le  pétiole  de  la  feuille 
à  l'aisselle  de  laquelle  elles  viennent.  Les 
trois  espèces  qui  viennent  de  nous  occuper 
sont  des  plantes  d'orangerie,  qu'on  multi- 
plie soit  de  graines  semées  en  pots ,  sur  cou- 
che chaude  et  sous  châssis ,  soit  de  boutures 
traitées  avec  les  mêmes  soins. 

7.  On  cultive  encore  fréquemment  la 
Mauve  rouge,  Malva  miniala  Cav.,  petit  ar- 
buste dont  la  patrie  est  inconnue,  dont  les 
fleurs  sont  d'un  rouge  cinabre  vif,  réunies 
en  petites  grappes  axillaires,  pauciflores,  et 
quelques  autres  que  nous  passerons  sous  si- 
lence. Certaines  de  ces  espèces  de  Mauves 
cultivées  ont  même  donné  des  hybrides  qui 
sont  venues  augmenter  nos  richesses  horti- 
coles. (P.  D.) 

MAUVIETTE,  ois.  —  Nom  vulgaire  de 
la  Grive  et  de  l'Alouette  des  Champs. 

MAUVIS.  ois.  —  Espèce  du  g.  Merle. 
Voy.  ce  mot. 

MAXIMILIANA  (nom  propre),  bot.  pu. 
—  Genre  de  la  famille  des  Palmiers,  tribu 
des  Cocoïnées  ,  établi  par  Martius  (  Palm.", 
131,  t.  91  ).  Palmiers  des  forêts  du  Brésil. 

Voy.   PALMIERS. 

*MAXIMÏLIENS.  ois.  —  Nom  donné  par 
M.  Lesson  à  une  division  de  la  famille  des 
Perroquets.  (Z.  G.) 

MAYACA.  bot.  pb.  —  Genre  placé  à  la 
fin  des  Xyridées ,  avec  lesquelles  il  a  de 
grandes  affinités.  Il  a  été  établi  par  Aublet 
(Guian.,  I,  42,  t.  XV),  pour  de  petites  her- 
bes croissant  dans  les  marais  des  régions  les 
plus  chaudes  de  l'Amérique  tropicale.  Voy. 

XYRIDÉES. 

MAYEPEA,  Aubl.  bot.  pu.  —  Syn.  de 
Linociera,  Swartz. 

MAYNA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Schizandracées  ? ,  établi  par  Aublet 
(  Guian.,  II,  922,  t.  352).  Arbrisseaux  de  la 
Guiane.  Voy.  schizandracées. — Radd,  syn. 
de  Carpotroche,  Endl. 


MAYTENUS.  bot.  pu.  —  Genrede  la  fa- 
mille des  Célastrinées-Évonymées,  établi 
par  Jussieu  (Gen.,  449).  Arbres  et  arbris- 
seaux de  l'Amérique  australe.  Voy.  celas- 
trinées. 

MAZAME.  Mazarna.  mam.  —  Buffon, 
d'après  Hemandez,  Réchi  et  Fernandez, 
désigne  collectivement  sous  ce  nom  les  espè- 
ces du  genre  Cerf  qui  habitent  le  Mexique; 
et  Rafinesque  (4m.  Month.  Mag.  1817)  a 
adopté  cette  division.  Fr.  Cuvier  a  appliqué 
spécifiquement  le  nom  de  Mazame  à  une 
espèce  du  genre  Cerf  qu'il  appelle  Cervus 
campeslris.  Voy.  cerf.  (E.  D.) 

MAZARD.  ins.  —  Dans  l'ancienne  pro- 
vince appelée  Bourgogne ,  on  désigne  sous 
ce  nom ,  les  Coléoptères  qui  coupent  les 
bourgeons.  Voy.  Eumolpus ,  Bromius,  etc., 
et  aussi  sous  celui  de  Coupe-Bourgeons, 
Bêche,  Pique-Brot  et  Lisette.  (C.) 

MAZENTOXERON,  Labill.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Correa,  Smith. 

MAZUS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Scrophularinées-Gratiolées,  établi  par 
Loureiro  (  Flor.  cochinch.,  385).  Herbes  de 
l'Asie  tropicale ,  du  Japon  et  de  l'île  Die- 
men.  Voy.  scrophularinées. 

MAZZA.  moll. — Genre  proposé  par  Klein 
pour  des  coquilles  assez  voisines  des  Turbi- 
nelles  et  des  Pyrules.  (Duj.) 

MEADIA,  Catesb.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Dodecalheon,  Linn. 

MÉAMDRINE.  Meandrina  (Méandre, 
fleuve  de  la  Troade,  remarquable  par  ses 
sinuosités),  polyp.  —  Genre  de  Polypes  an- 
thozoaires  dont  le  Polypier  calcaire  a  été 
classé  par  Lamarck  parmi  les  Polypiers  la- 
mellifères,  et  a  fourni  pour  Lamouroux  le 
type  de  la  famille  des  Méandrinées.  M.  de 
Blainville  l'a  placé  dans  sa  section  des  Ma- 
dréphyllies.CePolypier  forme  ordinairement 
une  masse  simple  convexe,  hémisphérique 
ou  ramassée  en  boule;  sa  surface  est  occu- 
pée par  des  sillons  sinueux  ou  tortueux, 
plus  ou  moins  larges,  plus  ou  moins  creux, 
garnis  de  chaque  côté  de  lames  transverses 
parallèles,  qui  adhèrent  à  des  crêtes  ou  col- 
lines séparant  les  sillons  dont  elles  suivent 
les  sinuosités.  Ces  sillons  ou  vallons  repré- 
sentent les  étoiles  isolées  ou  circonscrites 
qu'on  voit  sur  les  autres  Polypiers  lamelli- 
fères;  ce  ne  sont  en  effet  que  des  étoiles  al- 
longées, cenfluentes  latéralement.   Les  Po- 


MEB 


MEC 


41 


lypes  des  Méandrines,  comme  ceux  des  autres 
genres  voisins,  sont  les  animaux  assez  sem- 
blables à  des  Actinies  qui  seraient  réunies 
par  rangées  sinueuses  au  fond  des  sillons  du 
Polypier;  mais  ils  n'ont  de  tentacules  que 
sur  les  côtés  de  la  bande  charnue  résultant 
de  leur  agrégation ,  et  leurs  bouches  lisses 
et  saillantes  sont  espacées  au  milieu  de  cette 
bande.  L'espace  qui  sépare  les  bouches  de 
deux  Polypes  voisins  est  non  seulement  dé- 
pourvu de  tentacules,  mais  il  ne  présente 
aucune  trace  de  soudure;  de  sorte  que  l'u- 
nion de  ces  Polypes  est  encore  plus  intime 
que  pour  les  autres  Anthozoaires.  M.  Ehren- 
berg  a  décrit  une  espèce  de  la  mer  Rouge 
comme  tout-à-fait  dépourvue  de  tentacules. 
Les  Méandrines  habitent  les  mers  des  pays 
chauds  ;  on  commence  déjà  à  en  trouver 
dans  la  mer  Rouge;  mais  c'est  surtout  en  se 
rapprochant  de  l'équateur  qu'on  trouve  ces 
masses  de  Méandrines,  que  leur  forme  et 
leur  aspect  ont  fait  nommer  autrefois  Cer- 
veau de  Neptune.  On  connaît  onze  ou  treize 
espècesdeMéandrines  encore  vivantes, etplus 
de  huit  fossiles,  soit  des  calcaires  jurassiques, 
soit  des  terrains  tertiaires.  Les  caractères 
distinctifs  ont  été  tirés  de  la  largeur  des  sil- 
lons de  l'aspect  des  crêtes  ou  collines  qui 
sont  lisses  ou  dentelées  en  peigne,  simples 
ou  bifides,  etc.;  mais  il  est  vraisemblable 
que  la  connaissance  des  Polypes  eux-mê- 
mes  fournirait   des  caractères  plus  précis* 

(Dm.) 

MËANDRINËES.  polyp.  —  Famille  de 
Polypiers  pierreux  lamellifères  proposée  par 
Lamouroux,maisnonadoptéegénéralement. 
Elle  devait  contenir  les  genres  Pavonie, 
Apseudésie,  Agaricie,  Méandrine  et  Monti- 
culaire.  (Duj.) 

MÉANDRITE.  polvp.— Nom  donné  quel- 
quefois anciennement  à  des  Méandrines  fos- 
siles. (Duj.) 

MEROREA.  bot.  pu.  —  Genre  dont  la 
place,  dans  les  méthodes,  n'est  pas  encore 
fixée.  Endlicher  {Gen.  plant.,  5879)  le  place 
avec  doute  à  la  fin  des  Euphorbiacées.  Il  a 
étéétabliparAublet(Gi«an.,ÏI,  825,  t.  323) 
qui  lui  donne  les  caractères  suivants  :  Fleurs 
monoïques.  Calice  à  six  divisions  lancéolées, 
munies  à  leur  base  interne  d'une  fossette 
marginale.  Corolle  nulle.  Fleurs  mâles:  Éta- 
mines  3,  formant  par  leur  réunion  une 
colonne  épaisse  à  la  base  et  trilobée  au  som- 
t.  vin. 


met.  Anthères  3,  fixées  aux  lobes  de  la  co- 
lonne, à  deux  loges  s'ouvrant  longitudinale- 
ment.  Fleurs  femelles  :  Ovaires  à  trois  loges 
2-ovulées.  Style  simple  (?).  Le  fruit  est  une  ? 
capsule  3-lobée,  à  loges  bivalves,  dispermes. 

Les  Meborea  sont  des  arbrisseaux  origi* 
naires  de  la  Guiane,  à  feuilles  alternes,  ses* 
siles,  ovales,  aiguës,  très  entières,  glabres; 
fleurs  axillaires  et  terminales,  disposées  en 
grappes;  les  supérieures,  mâles;  les  infé- 
rieures, femelles,  et  situées  sur  le  même  ra- 
meau. 

*MECASPIS  (pvîxos,  longueur;  «»wfç, 
écusson).  ins. — Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères,  famille  des  Curculionides,  établi  par 
Schœnherr  (Dispositio  methodica,  p.  56)  avec 
le  Lixus  palmatus,  mais  que  l'auteur  a  retiré 
des  Orthoceres  pour  le  mettre  parmi  les  Go- 
natocères ,  et  qu'il  a  réuni  depuis  aux  Cleo- 
nus.  (C.) 

*MECMDEUS.  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Lamellicor- 
nes ,  tribu  des  Scarabéides  phyllophages , 
créé  par  Westwood  (  Entomologie  al  Society 
ofLondon,  1841),  et  qui  renferme  deux 
espèces,  les  M.  Mellyanus  et  Hopeianus,  de 
la   Nouvelle-Hollande.  (C.) 

MECHIDIUS  ou  MGECeiDÏUS  (f*otXt- 
&oç,  adultérin),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Lamellicornes, 
tribu  des  Scarabéides  arénicoles,  établi  par 
Mac-Leay  ( Horœ  entomologiœ,  Ed.  Lequin, 
Paris ,  p.  71  ).  L'espèce  type  et  unique,  le 
M.  spurius  Kirby,  originaire  de  l'Australie. 
L'extrémité  postérieure  de  leur  abdomen  est 
découverte,  et  leurs  antennes  sont  compo- 
sées de  9  articles.  (C.) 

MECHOACAN.  bot.  ph.  —Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  Convolvulus,  le  C.  Mcchoa- 
cana.  Voy.  liseron. 

On  nomme  aussi  Méchoacan  noir  le  Jalap, 
et  Méchoacan  du  Canada  le  Phytolacca  de- 
candra. 

*MECHORIS,  Billberg,  Stephens.  ins.  — 
Synon.  de  Rhynchites  des  auteurs.  Voy.  ce 
mot.  (C.) 

*MECINOPlJS  (fjrôxoç,  longueur;  ttoOç, 
pied),  ins. — Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Longicornes,  tribu  des  Cérambycins,  créé 
par  Érichson  (Arch.  fur  naturel.,  18i2, 
p.  222,  g.  30),  et  rapporté  à  la  tribu  des 
Nécydalidcs  de  l'auteur.  Le  type,  le  M .  co~ 


42 


MEC 


MEC 


humains ,  est  originaire  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  (C.) 

MECINUS(/*/»xoç,  longueur),  ins.— Genre 
de  Coléoptères  tétramères,  famille  des  Cur- 
culionides  gonatocères,  division  des  Cioni- 
des,  établi  par  Germar  (Magaz.  enlom.  4, 
p.  315)  et  adopté  par  Schœnherr  {Disp.  meth. 
321;  Gen.  et  sp.  Curculion.  synon.,  t.  IV, 
p.  776).  Quatre  espèces  d'Europe  et  une  du 
nord  de  l'Afrique  rentrent  dans  ce  genre  ; 
ce  sont  les  M.  py  r  aster  Ust.,  barbarus  Schr., 
collaris,  janthinus  Gr.,  et  circulalus  Marsh. 

(C.) 

*MECISTURA,  Leach.  ois.  —  Syn.  de 
Parus,  Linn.  Voy.  mésange.         (Z.  G.) 

*MECKELIA  (nom  propre),  helm. — 
Genre  de  la  famille  des  Nemertes ,  établi 
par  Leuckart  en  1828.  (P.  G.) 

*MECLATIS.  eot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Renonculacées-Clématidées,  établi 
par  M.  Spach  (Suites  à  Buffon ,  VII ,  239) 
pour  deux  espèces  de  Clématites,  les  Clema- 
tis  glauca  et  orientales. 

*MECOCERUS  (ftfïxoç,  longueur  ;  xe'paç, 
antenne),  ins. —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Curculionides  orthocè- 
res ,  division  des  Anthribides,  créé  par 
Schœnherr  [Gen.  et  sp.  Curent,  syn.,  1833, 
t.  I,  p.  115;  V,  p.  183).  Quatre  espèces 
rentrent  dans  le  genre  :  les  M.  gazella  Schr. , 
Auclouinii,  mœstificus  Schr  ,  et  disparipes 
Imhoff.  La  première  et  la  quatrième  sont  ori- 
ginaires des  Indes  orientales,  et  les  deuxième 
et  troisième  de  Madagascar.  M.  Gaëde  a  pu- 
blié (Mag.  zoolog.  deGuérin,  1833,  p.  et 
pî.  15)  la  première  espèce  de  ce  genre,  sous 
les  noms  générique  et  spécifique  d'Acantho- 
thorax  longicornis.  Ce  nom  a  peut-être  la 
priorité  sur  l'autre.  (C.) 

*MECOCHIRUS  (pixoç,  longueur;  x*rP, 
X«'p°'s>  patte),  crust.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Décapodes  brachyures,  établi  par 
M.  Germar  dans  le  Keferst.  geogn.  Deutsch., 
t.  IV,  1826.  Les  espèces  qui  composent  ce 
genre  sont  au  nombre  de  deux  et  ne  sont 
connues  qu'à  l'état  fossile.  Le  Mecochirus 
Baieri  Germ.  {Op.  c*7.,p.  103,  pi.  1,  fig.  5) 
peut  être  considéré  comme  le  type  de  ce 
genre  singulier.  Cette  espèce  a  été  rencon- 
trée dans  les  pétrifications  de  Solenhofcn  en 
Bavière.  (H.  L.) 

♦MECOCORYNUS  (ftfîxoç,  longueur;  xo- 
pwvvi,  massue),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 


tétramères,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères, division  des  Apostasimérides  crypto- 
rhynchides,  créé  par  Schœnherr  (Gen.  et  sp. 
CurcuL  syn.,  t.  IV,  p.  194-8  ,  p.  358). 
L'espèce  type,  le  M.  Weslermanni  Schr.,  est 
originaire  de  Guinée.  Nous  avons  décrit  sous 
le  nom  de  Tretus  loripes  une  espèce  du  Sé- 
négal que  Schœnherr  a  fait  entrer  dans  son 
genre  Mecocorynus.  (C.) 

*MECODEMA  (p.îîxoç,  longueur;  tfyaç, 
taille),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen-  . 
tamères ,  famille  des  Carabiques,  tribu  des  , 
Féroniens ,  publié  par  MM.  Hombron  et  , 
Jacquinot  (Voyage  au  pôle  sud,  tab.  2,  fig.  ; 
14),  et  qui  a  pour  type  une  espèce  de  la  Nou-  j 
velle-Zélande,  nommée  M.  sculpturatum  par  [ 
ces  auteurs.  (C.) 

*MECOMENUS  (^xo?,  longueur  ;  pivi», 
lunule),  ins. — Genre  de  Coléoptères  penta- 
rnères,  famille  des  Curculionides  orthocères, 
division  des  Anthribides,  créé  par  MM.  Bra- 
hamm  et  Imhoff,  et  adopté  par  Schœnherr 
(Synops.  gen.  et  sp.  Curcul.  syn.,  t.  VIIï, 
2e  part.,  p.  341,  2).  L'espèce  type  est  ori- 
ginaire de  l'Amérique  centrale.  (C.) 

*MECONELLA  (diminutif de Meconium, 
Pavot),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Papavéracées  -  Papavérées  -  Platystémonées , 
établi  par  Nuttall  (in  Toney  et  A.  Gray 
Flora  of  North  Americ,  I,  64).  Herbes  de 
l'Amérique  boréale.  Voy.  papavéracées. 

*JMECONEMA  (^xoç,  longueur;  v?,>a, 
fil,  patte),  ins.  —  Genre  de  la  tribu  desLocus- 
tiens,  groupe  des  Locustites,  de  l'ordre  des 
Orthoptères,  caractérisé  par  un  prosternum 
mutique,  une  têle  offrant  une  épine  entre 
les  antennes,  et  des  élytres  étroites,  sans 
miroir  dans  les  mâles.  On  ne  connaît  qu'une 
seule  espèce  de  ce  genre,  d'assez  petite  di- 
mension; c'est  la  M.  varia  (Locusta  varia 
Fab.).  Elle  habite  notre  pays.  (Bl.) 

MECONOPSIS  (avîxûjv ,  pavot;  Stytç,  as- 
pect), dot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Papavéracées-Argémonées ,  établi  par  Vi- 
guier  (Papav.,  20  et  48,  f.  3).  Herbes  crois- 
sant sur  les  Pyrénées,  en  Angleterre,  dans 
la  Sibérie,  leNépaul  et  l'Amérique  boréale 
occidentale.  Voy.  papavéracées. 

*MEGONYX  (^xoç,  longueur  ;  êvvÇ,  on- 
gle), ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res,  famille  des  Malacodermes,  tribu  des 
Mélyrides,  proposé  par  Schœnherr  et  adopté 
par  Dejean  (Catal,  3e  édit.,  p.  125).  La 


MEC 


MED 


43 


seule  espèce  connue  est  de  Colombie  ;  Schœn- 
herr  l'a  nommée  M.  collaris.  (C.) 

*MECOPODA  (piyîxoç,  longueur;  «ouç, 
patte),  ins. —Genre  de  la  tribu  des  Locustiens, 
groupe  des  Locustites,  de  l'ordre  des  Orthop- 
tères, établi  par  M.  Serville  sur  une  espèce 
assez  commune  à  l'île  de  Java;  c'est  le 
M.  elongata  (Locusta  elongata  Fab.).  Les 
Mécopodes  sont  caractérisés  par  un  sternum 
étroit  et  bi-épineux,  desélytres  une  fois  plus 
longues  que  le  corps,  etc.  On  trouve  encore 
aux  Indes  orientales  les  M.  ferruginea  Stoll. 
{maculata  Serv.)  et  M.  virens  Brull.  (Bl.) 
*MECOPUS  (fx~xoç,  longueur;  ttovç, 
tige),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Légumineuses  -  Papillonacées-  Hédysarées, 
établi  par  Bennett  (in  Horsfield  Plant.  Jav. 
rar.,  154 ,  t.  52).  Herbes  de  Java.  Voy.  lé- 
gumineuses. 

MECOPUS  (fAvîxoç,  longueur;  ttouç,  pied). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères,  division 
des  Apostasimérides  cryptorhynchides,  établi 
par  Schœnherr  (Disp.  method.,  p.  304  ;  Gen. 
et  sp.  Curcul.  syn.,  t.  III,  p.  555-8,  2, 
p.  19).  Huit  espèces  rentrent  dans  ce  genre; 
nous  citerons  principalement  les  trois  sui- 
vantes :  M.  bispinosus  F.,  Audinetii  Schr.  et 
trilineatus  Guérin.  Sept  sont  originaires  des 
Indes  orientales  et  la  dernière  est  propre  à  la 
Nouvelle-Guinée.  Les  mâles  portent  en  avant 
du  prothorax,  en  dessous,  deux  défenses 
minces  et  recourbées  (C.) 

*MÉCORflYI\CHES. Mecorhynchi.  ins.— 
Sous  cette  dénomination,  Schœnherr  établit 
une  seconde  légion  dans  l'ordre  des  Coléop- 
tères tétramères,  famille  des  Curculionides 
gonatocères  (Gen.  etsp.  Curcul  syn.,  t.  VII, 
1,  p.  418)  ,  et  qui  correspond  aux  Rhyn- 
chœnides  (Rhynchœnides)  de  Fabrie.'us.  La 
trompe  des  Mécorhynques  est  cylindrique, 
filiforme,  plus  ou  moins  allongée,  rarement 
plus  courte  que  le  corselet;  leurs  antennes 
sont  insérées  en  avant  ou  vers  le  milieu  de 
la  trompe,  et  non  près  de  la  courbure  de  la 
bouche.  (C.) 

*MECOSA  ,  Blume.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Platanthera,  L.-C.  Rich. 

«MECOSAKTURON  (^xo;,  longueur; 
apOpov,  articulation),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères subpentamèrcs,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Longicornes,  tribu  des 
Prioniens,  créé  par  M.  L.  Buquet  (Revue 


zoologique  de  Guérin,  1840,  p.  172).  L'au- 
teur l'a  formé  avec  une  espèce  du  Brésil 
qu'il  nomme  M.  buphagus.  (C.) 

*MECOTARSUS  (ptfxoç,  longueur;  rap- 
cro'ç,  tarse),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères ,  famille  des  Curculionides  or- 
thocères,  division  des  Anthribides,  créé  par 
Schœnherr  (Gen.  et  sp.  Curcul.  syn.,  t.  V, 
p.  186,  17).  L'espèce  type  et  unique  de 
ce  genre  est  le  M.  Rosenschœldi.  Elle  est 
propre  à  l'île  de  Madagascar.  (C.) 

*M  ECYNODERA  (  pyjxvvw  ,  être  long  ; 
cîfpy),  cou),  ins. — Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  famille  des  Eupodes,  tribu  des 
Sagrides,  créé  par  M.  Hope  {Coleopterist's 
Manual,  18-iO,  p.  181,  pi.  1,  fig.  6)  qui  lui 
donne  pour  type  une  espèce  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  la  M.  picla,  qui  avait  été  décrite 
premièrement  par  M.Boisduval  sous  le  nom 
de  Lema  coxalgica,  et,  en  dernier  lieu,  par 
Sturm  sous  les  noms  générique  et  spécifique 
de  Mesophalacrus  Spinolœ.  (C.) 

*MECYNORHINA  (p.Wv«,  être  long; 
piv,  nez),  ins. — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  mélitophiles,  établi  par  M.  Hope 
(Coleopterist's  Manual,  1837,  p.  60)  avec  les 
Cetonia  polyphemus  et  micans  de  Fabricius. 
MM.  Westwood,  Burmeister  et  Schaum  ont 
adopté  ce  genre;  mais  le  dernier  de  ces  au- 
teurs n'en  mentionne  qu'une  espèce,  la  C. 
torquata  de  Drury  (collaiis  Schr.).  EUS  pro- 
vient de  la  côte  de  Guinée.  (C.) 

*MECYSMGDERES  (pjxu^o'ç,  prolon- 
gé; <î/pY),  cou),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  gonato- 
cères ,  division  des  Apostasimérides  crypto- 
rhynchides, créé  par  Schœnherr  (Gen.  et  sp. 
Curculion.  synon.,  t.  IV,  p.  596).  L'espèce 
type  est  le  Rhynchœnus  euglyptus  Daim., 
espèce  originaire  de  Java,  et  dont  la  taille  se 
rapproche  de  celle  du  Ceuthorhynchus  didy- 
mus  de  Fab.  (C.) 

*MÉDÉE  (nom  mythologique),  acal.  — 
Genre  d'Acalèphes  dans  la  famille  des  Bé  • 
roïdes,  établi  parEschscholtz  pour  des  espèces 
de  Béroés  nui  ont  les  cils  vibratiles  deux  fois 
plus  longs  que  îes  intervalles  séparant  les  pe- 
tites rangées  transverscs  de  ces  cils.  Les 
rangées  longitudinales  qui  partent  de  l'ex- 
trémité fermée  ne  dépassent  pas  beaucoup 
la  moitié  de  la  longueur  du  corps  qui  est 
comprimé  et  forme  deux  grosses  lèvres  de 


Ai 


MED 


MÊD 


chaque  côté  de  la  bouche.  Le  mouvement  de 
locomotion  est  très  vif  en  raison  de  la  lon- 
gueur des  cils  vibratiles,  et,  comme  les  es- 
pèces de  ce  genre  sont  toutes  très  petites,  on 
serait  tenté  de  penser  que  ce  sont  les  jeunes 
de  quelques  espèces  d'un  autre  genre. 
Eschscholtz  en  décrivit  deux  espèces  :  l'une 
trouvée  par  lui  dans  la  mer  du  Sud,  l'autre 
trouvée  par  Chamisso  dans  le  détroit  de  la 
Sonde.  M.  Lesson  y  ajoute  trois  autres  es- 
pèces, savoir  :  deux  observées  par  Scoresby 
dans  les  mers  polaires,  et  une  troisième  nom- 
mée Beroe  fulgens  par  Macartney,  qui  l'ob- 
serva sur  la  côte  nord  du  comté  de  Kent,  en 
Angleterre,  où  elle  est  commune ,  dit-il , 
et  remarquable  par  sa    phosphorescence. 

(Duj.) 

MEDEOLA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Smilacées-Paridées,  établi  par 
Gronovius  {Virgin.,  p.  55).  Herbes  de  l'A- 
mérique boréale.  Voy.  smilacées. 

*MEBETERUS.  ins.  —Genre  de  l'ordre 
des  Diptères  brachocères,  tribu  des  Doli- 
chopodes,  groupe  des  Dolichopodites,  établi 
par  Meigen  aux  dépens  des  Dolichopus  de 
Fabricius.  On  n'en  connaît  qu'une  seule  es- 
pèce, \eMedeterus  regius, qui  habite  la  France. 
M.  Macquart  (DipJ.  exot.,  t.  II,  2e  part,  p. 
123)  en  cite  trois  nouvelles  espèces  (M.  ci- 
nereusWied.,  cupreus  et  fuscipennisMucq.)  ; 
la  première  est  de  Tanger,  les  deux  autres 
des  îles  Canaries. 

MEDICAGO.  bot.  ph.  —  Voy.  luzerne. 

MÉDIGINIER.  Jatropha,  Kunth  (faTpov, 
remède;  ipâya  ,  je  mange),  bot.  ph. — Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Euphorbiacées, 
de  la  moncecie  monadelphie  dans  le  système 
sexuel  de  Linné.  Tel  qu'il  était  circonscrit 
par  le  botaniste  suédois,  il  formait  un  groupe 
hétérogène  et  nombreux;  mais  les  botanis- 
tes modernes  l'ont  restreint  entre  des  limites 
plus  étroites,  en  même  temps  plus  précises, 
et  pour  cela  ils  en  ont  séparé  diverses  espèces 
qui  ont  été  se  ranger  dans  des  genres  déjà 
établis,  ou  qui  ont  servi  à  former  des  gen- 
res nouveaux  (voy.,  par  exemple,  manihot). 
Ainsi  limité,  le  genre  Médicinier  se  compose 
d'arbres  et  d'arbrisseaux,  et  de  quelques 
herbes  ,  qui  renferment  tous  un  suc  laiteux 
abondant  ;  leurs  feuilles  sont  alternes  , 
quelquefois  entières,  plus  souvent  palmées 
ou  lobées ,  dans  quelques  cas  hérissées  de 
poils  glanduleux  qui  sécrètent  une  humeur 


caustique.  Leurs  fleurs,  ordinairement  de 
couleurs  assez  vives  ,  sont  monoïques;  leui 
périanthe  est  le  plus  souvent  double  ,  c'est- 
à-dire  composé  d'un  calice  à  cinq  lobes  plus 
ou  moins  profonds ,  et  d'une  corolle  égale- 
ment à  cinq  lobes  profonds  ;  celle-ci  manque 
dans  quelques  espèces,  Plus  intérieurement 
que  la  corolle,  se  trouve  un  disque  formé 
de  cinq  petites  écailles  glanduleuses ,  tantôt 
libres  et  distinctes,  tantôt  soudées  en  un 
anneau  sinueux  à  son  bord.  Les  fleurs  mâles 
présentent  8-10  étamines  à  filets  soudés 
dans  leur  partie  inférieure,  et  dont  les  3-5 
plus  intérieures  dépassent  les  autres.  Quant 
aux  fleurs  femelles,  elles  offrent  un  pistil 
dont  l'ovaire  est  à  trois  loges  uni-ovulées,  et 
porte  à  son  sommet  trois  styles  bifides  ou 
dichotomes.  A  ces  fleurs  succède  un  fruit  à 
trois  coques.  Les  Médiciniers  habitent  tous 
les  contrées  chaudes  du  globe  ,  soit  dans 
l'ancien,  soit  surtout  dans  le  nouveau  con- 
tinent. La  plus  connue  et  la  plus  importante 
d'entre  leurs  espèces  est  la  suivante  : 

MÉDICINIER  CATHARTIQUE  ,   Jatrophd  CUî'CaS 

Lin.  Cette  espèce  porte  vulgairement  les 
noms  de  Médicinier,  Gros  Pignon  d'Inde,  Ri- 
cin d'Amérique.  Elle  paraît  être  originaire 
de  l'Afrique  et  avoir  été  transportée  de  là 
en  Amérique ,  où  elle  s'est  naturalisée.  C'est 
un  arbre  très  peu  élégant,  haut  d'environ 
4  mètres,  dont  toutes  les  parties  exhalent 
une  odeur  vireuse  narcotique ,  et  laissent 
couler  par  gouttes,  à  la  moindre  blessure  , 
le  suc  laiteux  qu'elles  renferment.  Son  tronc 
a  un  décimètre  environ  de  diamètre;  il 
donne  naissance  à  des  branches  nues  dans 
une  grande  partie  de  leur  longueur,  cassan- 
tes, marquées  à  leur  surface  de  nombreuses 
cicatrices  laissées  par  les  feuilles  qui  sont 
tombées;  les  feuilles  ne  se  trouvent  qu'à 
l'extrémité  des  branches;  elles  sont  longue- 
ment pétiolées ,  en  cœur  à  leur  base,  divi- 
sées sur  leur  bord  en  cinq  lobes  aigus  et  en- 
tiers ;  les  fleurs  sont  portées  sur  des  pédon- 
cules multiflores,  axillaires  et  latéraux,  plus 
courts  que  le  pétiole,  et  la  même  grappe  en 
réunit  de  mâles  et  de  femelles  ;  leur  corolle 
est  d'un  jaune  terne,  assez  clair.  Le  fruit 
qui  succède  aux  fleurs  femelles  est  presque 
arrondi ,  pendant.  Les  graines  du  Médici- 
nier cathartique  sont  extrêmement  actives, 
et  agissent  comme  un  violent  purgatif  lors- 
qu'on les  prend  en  petite  quantité  ;  à  plus 


MED 


MED 


45 


forte  dose ,  elles  sont  vénéneuses.  Leur  prin- 
cipe actif  réside  dans  leur  embryon  et  dans 
leur  tégument,  tandis  que  leur  albumen  est 
presque  inoffensif;  aussi  peut-on  les  manger 
impunément  après  les  avoir  débarrassées  des 
deux  parties  qui  leur  communiquent  toute 
leur  énergie.  Leur  principe  actif,  qui  paraît 
être  l'acide  jatrophique,  est  volatil,  et  dispa- 
raît en  grande  partie  par  Faction  de  la  cha- 
leur. Telles  qu'elles  nous  arrivent  en  Europe, 
elles  constituent  encore  un  médicament  très 
actif,  et  même  un  poison  acre  et  irritant, 
comme  l'ont  prouvé  les  expériences  de  M.  Or- 
fila.  Ce  loxicologiste  a  vu  en  effet  que  leur 
farine  ,  ingérée  dans  l'estomac  des  chiens  à 
la  dose  de  4-12  grammes,  les  fait  périr  en 
dix  heures ,  et  détermine  une  inflammation 
vive  sur  les  parois  de  leur  canal  digestif.  En 
Amérique  ,  on  obtient  de  ces  graines  une 
huile  extrêmement  énergique,  qu'on  n'em- 
ploie guère  qu'à  l'extérieur  pour  le  traite- 
ment de  la  gale  et  des  dartres ,  mais  dont 
l'usage  doit  être  accompagné  de  beaucoup  de 
précautions.  On  l'utilise  aussi  comme  huile 
à  brûler. 

Les  autres  espèces  du  même  genre  possè- 
dent généralement  des  propriétés  analogues 
à  celles  du  Médicinier  cathartique;  l'une 
d'elles  particulièrement-,  le  Jatropha multi- 
fida,  donne  des  graines  connues  sous  le  nom 
vulgaire  de  noisettes  purgatives ,  qui,  après 
avoir  été  fort  usitées  autrefois,  sont  aujour- 
d'hui à  peu  près  abandonnées,  à  cause  des 
accidents  qu'amène  fréquemment  leur  em- 
ploi. Le  Jatropha  urens  et  quelques  autres 
sont  couverts  de  poils  raides,  dont  la  piqûre 
est  suivie  pendant  longtemps  d'une  vive 
cuisson.  (P.  D.) 

MEDICUSIA,  Mœnch.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Picris,  Linn. 

*MEDINILLA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Mélastomacées-Miconiées ,  établi 
par  Gaudichaud  (ad  Frcycinet,  484,  t.  106), 
et  présentant  pour  principaux  caractères  : 
Calice  à  tube  ovoïde,  turbiné  ou  cylindracé, 
soudé  à  l'ovaire,  à  limbe  supère,  tronqué  ou 
irrégulièrement  denté.  Corolle  à  quatre  ou 
cinq  pétales,  rarement  six,  insérés  à  la  gorge 
du  calice.  Étamincs  huit  ou  dix,  rarement 
douze.  Anthères  subulées,  présentant  à  la 
base  un  connectif  émarginé-subbilobé  anté- 
rieurement, et  garni  d'un  éperon  à  la  partie 
postérieure.  Ovaire  soudé,  glabre  au  sommet 


ou  très  rarement  pubescent ,  à  quatre,  cinq 
ou  six  loges  multi-ovulées.  Style  filiforme; 
stigmate  court,  obtus.  Le  fruit  est  une  baie 
allongéeouglobuleuse,couronnéeparlelimbe 
du  calice. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  des  arbrisseaux 
des  Moluques,  glabres  ou  rarement  couvert* 
d'une  pubescence  étoilée,  à  rameaux  cylin- 
driques ou  anguleux,  à  feuilles  opposées  ou 
verticillées,  pétioléesousessiles,  très  entières 
ou  dentelées,  à  fleurs  d'un  blanc  rosé,  dis- 
posées en  cymes  ou  en  ombelles  pauciflores 
ou  multiflores,  axillaires  ou  terminales. 

Blume  (m  Flora,  1831,  p.  509)  a  établi 
dans  ce  genre  quatre  sections  qu'il  a  nom- 
mées :  1°  Campsoplacuntia  :  tube  du  calice 
ovale,  limbe  cylindracé-tubuleux,  tronquéou 
rarement  fendu;  2°  Sarcoplacuniia :  tube 
du  calice  subglobuleux;  limbe  court,  tron- 
qué ou  dentelé;  3°  Hypenanthe  :  tube  du 
calice  oblong;  limbe  court,  4-lobé;  4°  Dac- 
tyliota:  tube  du  calice  subglobuleux;  limbe 
court,  très  entier.  Style  entouré  d'un  nec- 
taire en  forme  d'anneau. 

*MEDON,  Stephens  {Illustrât,  of  British. 
2?Mfom.,1835,  V,  273).  ins.  — Syn.  du  genre 
Lithocharis  de  Dejean  et  Erichson,  mais  qui 
devra  sans  doute  prévaloir,  comme  antérieur 
de  publication  à  ce  dernier  nom.        (C.) 

MEDUSA ,  Lour.  —  Syn.  de  Commerso- 
nia,  Forst. 

MÉDUSAIRES  ou  MÉDUSES,  agal.  — 
Les  animaux  compris  dans  cette  division  des 
Acalèphes  se  reconnaissent  tout  d'abord  à 
leur  forme  si  remarquable.  Ils  se  composent 
d'un  disque  plus  ou  moins  bombé  en  om- 
brelle, quelquefois  hémisphérique  ou  en  clo- 
che, muni  en  dessous  de  divers  appendices 
servant  à  la  respiration  ou  à  la  manduca- 
tion  ,  et  souvent  pendants  ou  flottants,  de 
manière  à  rappeler  les  Serpents  dont  étaient 
coiffées  Méduse  et  les  Gorgones  de  la  mytho- 
logie. Cependant  leur  aspect,  loin  d'être  hi- 
deux ou  repoussant,  est  curieux  et  souvent; 
très  agréable;  leur  substance  molle  a  pres- 
que la  consistance  d'une  gelée;  sa  diapha- 
néité  est  quelquefois  parfaite,  ou  bien  elle 
se  distingue  par  des  nuances  pures  et  déli- 
cates de  rose,  de  violet  et  d'azur.  Leurs  di- 
mensions, suivant  les  genres  et  les  espèces, 
varient  depuis  2  millimètres  jusqu'à  1/3  de 
mètre.  Elles  flottent  librementdans  les  eaux 
de  la  mer,  où,  par  les  contractions  péristal- 


40 


MED 


tiques  de  leur  ombrelle,  elles  se  soulèvent  ' 
alternativement;  et  quand  un  courant  ou 
le  mouvement  des  vagues  tend  à  les  entraî- 
ner, ces  contractions  de  l'ombrelle  leur  font 
prendre  une  position  oblique  contre  le  cou- 
rant, et  suffisent  quelquefois  pour  en  sur- 
monter l'action.  Certaines  Méduses  se  trou- 
vent quelquefois  en  troupes  très  nombreuses 
en  pleine  mer  ,  et  quand  le  vent  souffle  long- 
temps dans  la  direction  des  côtes,  elles  sont 
jetées  sur  le  sable  du  rivage,  où,  laissées  à 
sec,  et  mortes  presque  aussitôt,  elles  pa- 
raissent comme  autant  de  masses  d'empois 
bleuâtre  ou  de  gelée  diversement  colorée. 
C'est  ainsi  qu'elles  ont  dû  attirer  l'attention 
de  toutes  les  personnes  qui  ont  parcouru  les 
grèves  de  l'Océan  et  de  la  Méditerranée; 
mais  souvent  en  outre  elles  sont  vivement 
phosphorescentes  dans  l'obscurité;  et  enfin 
leur  contact,  quand  la  température  est  assez 
chaude ,  produit  aussi  la  sensation  d'une 
brûlure  comme  les  Orties,  et  c'est  là  ce  qui 
fit  donner  à  ces  animaux  le  nom  d'Acalèphes, 
du  mot  grec  qui  signifie  ortie. 

Les  Méduses  ont  été  considérées  d'abord 
comme  des  animaux  distincts  et  complets; 
mais  les  travaux  récents  des  naturalistes  ten- 
dent au  contraire  à  les  faire  considérer  sim- 
plernentcomme  une  phase  du  développement 
de  certains  Polypes ,  qui  seraient ,  par  rap- 
port aux  Méduses ,  ce  que  le  Mycélium  fila- 
menteux ou  le  Byssus  est  aux  Champignons  ; 
c'est-à-dire  qu'ils  en  seraient  la  phase  végé- 
tative ,  tandis  que  la  Méduse  elle-même, 
comme  le  Champignon,  est  la  phase  de  fruc- 
tification ou  de  reproduction;  mais  encore 
la  Méduse,  pendant  cette  dernière  période, 
se  détache  complètement  du  Polype  d'où  elle 
dérive.  C'est  donc  comme  une  fleur,  isolée 
du  végétal  qui  l'a  produite,  et  cependant 
destinée  à  donner  les  œufs  d'où  naîtra  une 
nouvelle  génération  de  Polypes. 

Les  Méduses,  observées  déjà  dans  l'anti- 
quité par  Aristote ,  furent  désignées  par  ce 
grand  naturaliste  et  par  Dioscoride  sous  le 
nom  commun  d'Acalèphe,  et  de  Knidè  avec 
les  Actinies.  Pline  se  borna  à  traduire  ce 
nom  en  celui  d'Urlicœ  marines  ,  sans  rien 
ajouter  à  ce  qu'avait  dit  Aristote.  A  l'époque 
de  la  renaissance  des  lettres,  Belon  d'abord 
mentionna  les  Méduses  sous  le  nom  de  Pou- 
mon marin,  exprimant  le  mouvement  péri- 
etaltiquc  de  leur  ombrelle.  Rondelet  ensuite, 


r.iEû 

et  après  lui  Aldrovande,  donnèrent  aux  Mé- 
duses le  nom  d'Orbes  de  mer  libres  pour  les 
distinguer  des  Actinies,  qu'ils  nommaient 
Orties  de  mer  fixes.  Dans  le  siècle  suivant , 
Réaumur  étudia  une  grande  Méduse,  le  Rbi- 
zostome,  sur  les  côtes  de  La  Rochelle,  et  lui 
donna  le  nom  de  Gelée  de  mer  si  bien  en 
rapport  avec  son  aspect ,  quand  elle  gît  sur 
la  plage  comme  une  masse  d'empois  ayant 
conservé  la  forme  du  plat  où  elle  s'est  soli- 
difiée. C'est  Linné  qui,  le  premier,  leur 
assigna  le  nom  de  Méduse  ,  pour  en  former 
un  seul  genre  de  sa  classe  des  Vers.  Depuis 
lors  le  nombre  des  espèces  connues  de  Mé- 
duses s'est  successivement  accru,  par  suite 
des  recherches  des  naturalistes  et  des  voya- 
geurs; mais  jusqu'à  la  fin  du  xvme  siècle, 
malgré  les  travaux  de  Modéer  sur  les  Mé- 
duses ,  les  classificateurs  continuèrent  à  en 
faire  un  seul  genre,  que  Cuvier  plaçait  dans 
le  second  ordre  de  sa  classe  des  Zoophytes. 
Bientôt  après,  ce  grand  naturaliste  distingua 
parmi  les  Méduses  le  genre  Rhizostome ,  si 
remarquable  par  l'absence  d'un  orifice  buc- 
cal unique.  Enfin  Péron  et  Lesueur,  de  re- 
tour d'un  grand  voyage  dans  l'Océanie,  et 
riches  de  leurs  nombreuses  observations , 
publièrent  leur  première  classification  des 
Méduses-,  en  y  comprenant  les  espèces  déjà 
connues,  celles  de  Modéer  ,  de  Forskal ,  etc. 
Us  les  divisent,  d'après  la  considération  de 
l'existence  ou  de  l'absence  d'un  estomac,  et 
d'une  ou  de  plusieurs  bouches;  d'après  un 
pédoncule  central  sous  l'ombrelle,  qui  porte 
quelquefois  aussi  des  appendices  ou  bras;  et 
enfin  d'après  l'existence  ou  l'absence  de  cir- 
rhes  ou  tentacules  marginaux.  Leurs  Mé- 
duses agastriques ,  c'est-à-dire  dépourvues 
d'estomac  et  de  bouche  ,  forment  6  genres  : 
1°  l'Eudore ,  sans  pédoncule  ni  tentacules; 
2°  la  Bérénice  sans  pédoncule,  mais  pourvue 
de  tenlacules;  3"  l'Orythie,  et  4°  la  Favo- 
nie  péuonculées,  mais  sans  tentacules;  5°  la 
Lymnorée,  et  6°  la  Géryonie,  pourvues  de 
pédoncules  et  de  tentacules. 

Leurs  Méduses,  pourvues  d'estomac,  ont 
une  ou  plusieurs  bouches.  Les  Monostornes, 
ayant  une  seule  bouche,  forment  13  genres, 
qui  sont  :  7°  la  Carybdée,  8°  la  Phortynic, 
9°  l'Eulymène,  sans  pédoncules,  ni  bras,  ni 
tentacules;  10°  l'Équorée,  11°  la  Fovéolie, 
12°  la  Pégasie,  sans  pédoncule,  ni  bras,  mais 
pourvues  de  tentacules;  13°  la  Callirhoé, 


MED 


MED 


47 


sans  pédoncule,  mais  pourvue  de  bras  et  de 
tentacules;  14°  la  Mélitée  et  15"  l'Évagore, 
pourvues  de  pédoncule  et  de  bras,  mais  sans 
tentacules;  enfin  16°  l'Océanie ,  17°  la  Pé- 
lagie, 18°  l'Aglaure,  et  19°  la  Mélicerte , 
ayant  à  la  fois  un  pédoncule,  des  bras  et  des 
tentacules. 

Les  Méduses  polystomes,  ou  ayant  plu- 
sieurs bouches,  comprennent  les  10  genres 
suivants:  20"  l'Euryale,  et  21°  l'Éphyre, 
sans  pédoncule  ,  ni  bras ,  ni  tentacules  ; 
22°  TObélie ,  sans  pédoncule  ni  bras ,  mais 
pourvue  de  tentacules;  23°  l'Ocyroé  ,  et 
24°  la  Cassiopée ,  sans  pédoncule  ni  tenta- 
cules, mais  pourvues  de  bras  ;  25"  l'Aurélie, 
sans  pédoncule,  mais  pourvue  de  bras  et  de 
tentacules;  26°  la  Céphée  ,  et  27°  la  Rhi- 
zostome,  pourvues  de  pédoncules  et  de  bras, 
mais  sans  tentacules;  enfin  28°  îa  Cyanée, 
et  29°  la  Chrysaore,  ayant  un  pédoncule, 
des  bras  et  des  tentacules. 

Lamarck  adopta  treize  de  ces  genres  pour 
former  son  ordre  des  Radiaires  mollasses 
réguliers.  Dans  ces  treize  genres  il  fit  ren- 
trer les  autres  ,  et  il  les  distribua  d"une 
manière  différente  en  deux  sections.  Les 
unes,  ayant  une  seule  bouche,  compren- 
nent sept  genres,  savoir  :  1°  l'Eudore , 
et  2°  laPhorcynie,  sans  pédoncule,  ni  bras, 
ni  tentacules;  3°  la  Carybdée,  qui  en  dif- 
fère par  la  présence  de  lobes  ou  appendices 
au  pourtour  de  l'ombrelle;  4°  l'Equorée, 
sans  pédoncule  ni  bras,  mais  ayant  des  ten- 
tacules ;  5"  la  Callirhoé,  sans  pédoncule, 
mais  pourvue  de  bras  ,  et  souvent  aussi  de 
tentacules  au  pourtour  de  l'ombrelle;  6° 
l'Ory thie ,  ayant  un  pédoncule  avec  ou  sans 
bras,  mais  toujours  dépourvue  de  tentacules 
au  pourtour  de  l'ombrelle;  7°  la  Dianée, 
qui  en  diffère  par  da  tentacules  au  pour- 
tour de  l'ombrelle.  Les  autres  Méduses, 
ayant  plusieurs  bouches,  comprennent  les 
six  genres  suivants  :  S"  l'Éphyre,  sans  pé- 
doncule, ni  bras,  ni  tentacules;  9°  l'Obé- 
lic  ,  sans  pédoncule  ni  bras  ,  mais  ayant 
des  tentacules  au  pourtour;  10°  la  Cassio- 
pée, sans  pédoncule,  sans  tentacules  au 
pourtour,  mais  garnie  de  bras  en  dessous  ; 
11"  l'Aurélie  ,  sans  pédoncule,  mais  garnie 
de  bras  et  ayant  des  tentacules  au  pourtour  ; 
13"  enfin  la  Cyanée  ,  ayant  à  la  fois  un  pé- 
doncule ,  des  bras  et  des  tentacules  au 
pourtour. 


Eschscholtz,   qui  avait  beaucoup  étudié 
par  lui-même  les  Méduses  qu'ii  nomme  Aca- 
lèphes  Discophores,  les  distribua,  en  1829, 
d'une  manière  un  peu  moins  artificielle;  il 
les  classa  en  trente- un  genres,  formant  sis 
familles  réunies  en  deux  grandes  divisions  : 
les  Discophores  phanérocarpes,  dont  les  ovai- 
res sont  visibles,  et  les   cryptocarpes  sans 
ovaires  visibles,  et  qui,  suivant  cet  auteur, 
sont  dépourvues  de  ces  corpuscules  colorés 
marginaux  pris  récemment  pour  des  yeux. 
Ses  phanérocarpes,    au   contraire,    ont   au 
bord  du  disque  huit  échancrures  dans  cha- 
cune desquelles  est  un  corpuscule  coloré; 
elles  se  divisent  en  deux  familles:  1"  les 
Rhizostomides  sans  bouche,  mais  pourvues 
de  bras  très  divisés  et  ramifiés,  terminés  par 
des  suçoirs;  ce  sont  les  trois  genres  Cassio- 
pée, Rhizostome  et  Céphée;  2°  les  Médusides 
ayant  une  bouche  entre  les  bras,  et  compre- 
nant les  six  genres  Slhénonie,  Méduse,  Cya- 
née,  Pélagie,   Chrysaore   et  Ephyre.   Les 
cryptocarpes  d'Eschschollz,  dont  le  caractère 
distinctif  est  cependant    inexact,   forment 
six  familles,  savoir  :  1°  les  Géryonides  ayant 
un  long  pédoncule  qui  part   du   milieu  de 
l'ombrelle  en  dessous  ;   cette    famille   ren- 
ferme les  sept  genres  Géryonie,  Dianée,  Li- 
nuche,  Saphénie,  Eirène ,  Lymnorée  et  Ea- 
vonie;  2"  les  Océanides  ayant  sous  l'ombrelle 
qui  est  plus  convexe  ou  en  cloebe  une  sorte 
de  trompe  terminée  par  une  bouche  étroite, 
et  une  cavité  stomacale  peu  étendue  d'où 
partent  des  canaux  arrivant  jusqu'au  bord. 
A  cette  famille  appartiennent  les  sept  genres 
Océanie,  Callirhoé,  Thaumantias,  Tirna,  Cy- 
tœis,  Mélicerte  et  Phorcynie;  3"  les  Équori- 
des  ayant  la  bouche  beaucoup  plus  large, 
protractile,  et  l'estomac  plus  large  avec  des 
prolongements  en  forme  de  canaux  ou  de  sacs 
dilatés.    Ce   sont  les  six   genres   Équorée, 
Mésonème,  Égine,  Cunine,  Eurybie  et  Po- 
lyxènc;  4°  les  Bérénicides  comprenant  seu- 
lement les  deux  genres  Eudore  et  Bérénice 
dont  l'ombrelle  est  presque  plane  et  qui,  au 
lieu  de  cavité  stomacale,  n'ont  que  des  ca- 
naux ramifiés  à  l'intérieur. 

Cuvicr,  dans  son  Règne  animal,  avait  sim- 
plement divisé  les  Méduses  en  trois  groupes: 
1°  les  Méduses  propres  ayant  une  vraie  bou- 
che sous  le  milieu  de  l'ombrelle  et  compre- 
nant, comme  sous-genres,  lesÉquorées  dont 
la  bouche  est  simple  et  non  prolongée,  ni 


48 


MED 


MED 


garnie  de  bras;  les  Pélagiesdont  la  bouche 
se  prolonge  en  pédoncule  ou  se  divise  en 
bras;  les  Cyanées  qui  ont  en  outre  quatre 
cavités  latérales  correspondant  aux  ovaires; 
2°  les  Rhizostomes  qui  n'ont  point  de  bouche 
Duverte  au  centre,  et  qui  paraissent  se  nour- 
rir par  la  succion  des  ramiQcations  de  leur 
pédoncule  ou  de  leurs  tentacules  ;  ce  sont, 
avec  les  vraies  Rhizostomes,  les  Céphées  et 
les  Cassiopées  ;  3°  les  Astornes  sans  bouche 
centrale,  ni  pédoncule  ramifié,  ni  cavités 
ovariennes:  ce  sont  les  Lymnorées  et  les 
Favonies,  qui  ont  encore  un  grand  pédoncule 
garni  de  filaments  chevelus;  les  Géryonies, 
dont  le  pédoncule  est  terminé  par  une  mem- 
brane en  forme  d'entonnoir;  les  Orythies, 
dont  le  pédoncule  est  simple  et  nu;  les  Bé- 
rénices et  les  Eudores  qui  n'ont  pas  de  pé- 
doncule, mais  dont  l'ombrelle  est  presque 
plane;  et,  enfin,  les  Carybdées,  également 
sans  pédoncule,  mais  dont  l'ombrelle  est  très 
convexe  en  forme  de  bourse. 

M.  de  Blainville,  dans  son  Manuel  d'ac- 
tinologie ,  en  1834,  a  formé  avec  les  Méduses 
l'ordre  des  Pulmogrades  qui  constitue  pres- 
qu'en  totalité  la  classe  des  Arachnodermaires. 
Il  les  divise  en  cinq  sections  :  1°  les  Simples, 
c'est-à-dire  sans  tentacules  proprement  dits, 
ni  pédoncules,  ni  bras;  2°  les  Tentaculées 
ayant  des  cirrhes  ou  tentacules  autour  de 
l'ombrelle  et  quelquefois  autour  de  l'orifice 
buccal;  3"  les  Subproboscidées  ayant  la  ca- 
vité stomacale  prolongée  en  un  court  pédon- 
cule à  l'extrémité  duquel  est  la  bouche; 
4°  les  Proboscidées  ayant  la  partie  inférieure 
et  médiane  du  corps  prolongée  en  une  sorte 
de  trompe  simple;  5°  les  Brachïdées  ayant 
la  partie  inférieure  pourvue  d'un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  d'appendices 
branchidësetramiîiés  sans  prolongement  mé- 
dian en  forme  de  trompe. 

M.  Brandt,  en  1835,  a  modifié  aussi  la 
classification  d'Eschscholtz,  tout  en  adoptant 
jes  familles  établies  par  ce  naturaliste.  Ainsi 
31  en  fait  trois  tribus  :  lu  les  Monostomes 
comprenant  les  familles  des  Océanides,  des 
Équorides  et  des  Médusides  ;  2°  les  Polysto- 
mes  comprenant  les  Géryonides  et  les  Rhi- 
zostornides;  3°  la  tribu  des  Astornes  établie 
provisoirement  pour  la  seule  famille  des 
Bérénicidcs ,  qui ,  mieux  connue  ,  pour- 
rait bien  entrer  dans  la  tribu  des  Polys- 
tomes. 


M.  Lesson,  enfin,  dans  son  Prodrome,  en 
1837,  et  dans  son  Histoire  des  Acalèphes,  en 
1843,  a  divisé  les  Méduses  en  quatre  grou- 
pes, comprenant  onze  tribus  subdivisées  en 
soixante -douze  genres  et  deux  cent  quarante- 
quatre  espèces,  savoir  :  1°  le  groupe  des 
Méduses  non  proboscidées  comprenant  les 
cinq  tribus  des  Eudorées,  des  Carybdées, 
des  Marsupiales,  des  Nucléifères  et  des  Bé- 
rénicidées;  2°  le  groupe  des  Océanides  ou 
Méduses  vraies  comprenant  les  trois  tribus 
des  Thalassanthées,  des  Équoridées  et  des 
Océanidées;  3°  le  groupe  des  Agaricines  ou 
Proboscidées  constituant  une  seule  tribu  qui 
contient  quatorze  genres;  4°  le  groupe  des 
Méduse?  à  pédoncule  central  ou  Rhizostomées, 
renfermant  les  deux  tribus  des  Médusidées 
ou  Méduses  monostomes  et  des  Rhizostomi- 
dées  ou  Méduses  polystomes. 

Quelques  autres  genres  ont  été  encore 
décrits  depuis  lors:  tels  sont  les  genres  Cla- 
donème,  Sthényo  et  Callichore  dont  nous 
avons  étudié  les  métamorphoses;  beaucoup 
d'autres  genres  devront  sans  doute  être  sup- 
primés comme  n'ayant  qu'une  valeur  nomi- 
nale ou  n'exprimant  qu'une  première  phase 
du  développement  de  quelques  autres,  ou  bien 
comme  établis  sur  des  Méduses  incomplètes 
ou  tronquées.  Maintenant  nous  allons  passer 
en  revue  les  principaux  faits  relatifs  à  la 
structure  et  au  mode  de  développement  des 
Méduses.  Pour  cela  nous  suivrons  en  partie 
l'excellent  traité  d'anatomie  comparée  de 
M.  de  Siebold. 

Le  corps  des  Méduses  est  en  grande  partie 
formé  d'une  substance  demi-transparente 
qui  présente  la  consistance  d'une  gelée  un  \ 
peu  solide,  et  qui  est  traversée  en  diverses  , 
directions  par  des  fibres  ou  des  lamelles  dia- 
phanes et  contractiles.  La  surface,  revêtue 
d'un  epiderme  peu  distinct,  présente  çà  et  là 
des  groupes  d'organes  verticaux  ou  de  capsu- 
les filifères,  et,  d'autre  part,  elle  est  souvent 
revêtue  de  cils  vibratiles  sur  les  parties  ser- 
vant à  la  respiration  ou  à  la  génération. 
Quant  aux  capsules  filifères  qu'on  a  nommées 
aussi  les  organes  à  hameçons,  ce  sont  des 
vésicules  à  parois  rondes,  élastiques,  résis- 
tantes, chez  les  Pélagies,  ou  ovales,  chez  la 
plupart  des  autres  Méduses,  plus  grosses  ou 
plus  petites,  suivant  les  espèces,  et  contenant 
à  l'intérieur  un  filament  très  mince,  roulé 
en  spirale,  lequel  sort  brusquement  en  se 


MED 


MED 


49 


déroulant,  quand  la  capsule,  déjà  mûre,  est 
touchée  par  un  corps  solide. 

En  outre  des  fibres  ou  lamelles  qui  tra- 
versent l'ombrelle  et  qui  serventefûcacement 
à  produire  les  contractions  péristaltiques  de 
cette  partie  du  corps,   certaines  Méduses, 
•■;  j-  telles  que  les  Océanides,  ont  encore  en  des- 
[|  sous  une  membranediaphancdisposéecomme 
f/Jun  diaphragme  percé  au  milieu  et  formé  de 
' [fibres  concentriques  et  rayonnantes  ou  obli- 
ques pour  concourir  à  la  contraction  de  l'om- 
brelle. Des  tentacules  filiformes  qui  occupent 
i  souvent  aussi  le  bord  ou  le  dessous  de  l'om- 
brelle sont  d'ailleurs  également  pourvus  de 
fibres  contractiles;  mais,  à  part  les  contrac- 
tions de   l'ombrelle,  il  n'y  a  pas  d'autre 
moyen  de  locomotion  que  le  mouvement  vi- 
bratile  régulier  des  appendices  flottants  de 
ia  face  inférieure. 

On  a  voulu  considérer  comme  des  yeux , 
chez  les  Méduses,  certains  points  colorés  en 
noir  ou  en  rouge ,  et  qui ,  au  nombre  de  4 , 
6  ou  8  ,  sont  disposés  symétriquement  au 
bord  de  l'ombrelle  ,  soit  à  la  base  des  ten- 
tacules opposés ,  soit  dans  les  échancrures 
de  la  membrane  festonnée  et  pendante  qui 
l'entoure.  On  a  prétendu  que  ces  petits  corps 
marginaux  ont  un  cristallin  et  un  pigment 
comme  de  vrais  yeux,  et  qu'à  chacun  d'eux 
correspond  un  ganglion  nerveux;  mais  il 
est  bien  plus  vrai  qu'au  lieu  d'un  cristallin 
comparable  à  ceux  des  autres  animaux,  il 
n'y  a  là  que  des  cristaux  hexagones  de  ma- 
tière inorganique.  Quelques  corps  margi- 
naux contenant  aussi  de  petits  cristaux  cal- 
caires ,  mais  dépourvus  de  pigment,  ont 
Clé  pris  pour  des  organes  auditifs  d'après  le 
même  principe  de  détermination  ,  et  l'on  a 
voulu  voir  à  la  base  de  chaque  tentacule  un 
.ganglion  d'où  part  un  filet  nerveux. 

L'appareil  digestif  se  présente,  chez  les 
Méduses,  avec  des  caractères  très  divers,  et 
qui  ont  servi  à  distinguer  les  familles  ou  les 
genres  de  ces  Acalèphes.  La  bouche,  comme 
nous  l'avons  dit  plus  haut,  est  simple  chez 
les  Monostomcs ,  telles  que  les  Océanides , 
les  Équorides  ou  les  Médusides;  elle  est 
multiple  chez  les  Polystomes,  telles  que  les 
fthizostomes  ;  elle  manque  tout-à-fait  chez 
les  Astomes ,  telles  que  les  Géryonies,  les 
Bérénices,  etc.  La  bouche,  quand  elle  existe, 
est  tantôt  nue,  tantôt  entourée  de  tenta- 
cules ou  d'appendices,  souvent  revêtue  de 

T.  VIII. 


ciîsvibratiles,  ainsi  que  la  cavité  digestive, 
et  d'ailleurs  armée  de  capsules  Clifères  ou 
d'organes  urticants.  La  cavité  digestive  est 
concentrée  dans  une  sorte  de  trompe  sus- 
pendue comme  un  pédoncule  sous  l'ombrelle 
des  Océanides,  ou  bien  elle  occupe  le  centre 
de  l'ombrelle  et  s'étend  plus  ou  moins  dans 
l'épaisseur  de  cet  organe,  dont  le  paren- 
chyme gélatineux  l'entoure  immédiatement. 
Souvent ,  dans  ce  dernier  cas ,  cette  même 
cavité  digestive  est  prolongée  latéralement 
dans  des  appendices  en  forme  de  sac ,  dont 
le  nombre  est  variable  ;  on  en  compte  qua- 
tre chez  les  vraies  Méduses  ou  Aurélies, 
seize  chez  les  Pélagies ,  et  trente-deux  chez 
les  Cyanécs.  Chez  d'autres ,  comme  les 
Équorées,  la  cavité  digestive  est  entourée) 
de  nombreux  prolongements  tubuleux,  dis- 
posés comme  autant  de  rayons.  Chez  plu- 
sieurs aussi,  telles  que  les  Océanies,  on 
voit  partir  du  sommet  de  l'ombrelle  quatre, 
six,  huit  canaux  dirigés  vers  le  bord  ,  où  ils 
aboutissent  dans  un  canal  circulaire  margi- 
nal ;  dans  ces  canaux  principaux  et  dans  les 
canaux  secondaires  qui  en  dérivent,  il  se 
produit  une  sorte  de  circulation  vague  par 
le  moyen  des  cils  vibratiles.  Chez  quelques 
autres  Méduses,  telles  que  l'Aurélie,  de 
semblables  canaux  partant  de  la  cavité  di- 
gestive viennent  aboutir  dans  les  échancru- 
res du  bord  ,  où  ils  semblent  s'ouvrir,  et  on 
a  voulu  attribuer  à  ces  animaux  autant  d'a- 
nus qu'il  y  a  de  semblables  tubes;  tous  ces 
tubes  ou  canaux  sont  d'ailleurs  simplement 
creusés  dans  le  parenchyme  de  l'ombrelle, 
comme  la  cavité  digestive  elle-même.  Au- 
tour de  la  bouche,  comme  chez  la  Pélagie, 
se  voient  quelquefois  des  prolongements 
très  amples  recourbés  en  dehors  et  creusés 
en  gouttière  à  l'intérieur;  une  membrane 
sinueuse,  flottante  et  garnie  de  cils  vibratiles, 
borde  ces  prolongements  ou  bras  de  chaque 
coté  de  la  gouttière  interne;  ce  sont  là  de 
vrais  organes  respiratoires  pour  ces  Acalè- 
phes ,  en  même  temps  que  ce  sont  des  or- 
ganes destinés  à  la  locomotion  ,  et  destinés 
aussi  à  amener  à  la  bouche  le  courant  du 
liquide  où  flottent  de  petits  animaux  ma- 
rins. Ajoutons  aussi  qu'une  proie  môma 
assez  volumineuse  ,  une  fois  qu'elle  a  eut 
amenée  dans  la  cavité  digestive  par  les  ap* 
pendices  de  la  bouche  ou  par  la  simple  con 
traction  de  cet  organe,  ne  tarde  pas  i\  "  r 


50 


MED 


MED 


altérée  et  dissoute  en  quelque  sorte  par  les 
sucs  digestifs  sécrétés  à  l'intérieur.  Les  ca- 
naux circulatoires,  simples  ou  ramifiés  dans 
l'ombrelle  ,  peuvent  également  être  consi- 
dérés comme  servant  à  la  respiration  ;  mais 
surtout  les  cavités  correspondant  aux  ovaires 
sous  l'ombrelle  des  Pélagies,  des  Rhizo- 
'  stomes  et  de  beaucoup  d'autres  Méduses, 
méritent  d'être  considérées  comme  remplis- 
sant ce  même  rôle  quand  elles  sont  garnies 
de  franges  et  revêtues  de  cils  vibratiles. 

Beaucoup  de  Méduses,  comme  d'autres 
Acalèphes  physophores  ou  siphonophores ,  et 
comme  les  Actinies,  sécrètent  à  leur  sur- 
face externe  une  humeur  acre,  brûlante, 
qui  produit  sur  la  peau  la  même  sensation 
que  le  contact  des  orties,  et  c'est  là  ce  qui 
avait  fait  donner  autrefois  à  ces  divers  ani- 
maux le  nom  d'Orties  de  mer.  On  a  cru 
dans  ces  derniers  temps  que  cette  sensation 
douloureuse  est  causée  par  la  piqûre  des  cils 
ou  des  pointes  de  la  surface  et  même  des  fila- 
ments contenus  dans  les  capsules  filifères; 
mais  il  est  facile  de  s'assurer  que  ce  n'est 
point  une  action  mécanique  qui  cause  ici  la 
brûlure.  Une  autre  sécrétion  non  moins  re- 
marquable des  Méduses,  c'est  celle  qui  leur 
donne  la  propriété  de  luire  dans  l'obscurité, 
ou  qui  les  rend  phosphorescentes. 

Peut-être  est-ce  le  même  liquide  qui, 
chez  quelques  unes,  produit  en  même  temps 
la  brûlure.  Ce  qu'il  y  a  de  positif,  c'est  que 
nous  avons  vu  le  liquide  qui  s'écoulait  de 
la  surface  des  Pélagies  en  voie  de  décom- 
position ,  continuer  à  luire  dans  l'obscurité 
et  causer  la  sensation  de  brûlure  sur  les 
bras  d'un  jeune  enfant. 

Les  Méduses  se  propagent  par  des  œufs 
contenus  dans  des  cavités  spéciales  sous 
l'ombrelle,  ou  dans  la  direction  des  rayons, 
ou  produits  dans  l'épaisseur  de  la  paroi  de 
l'estomac  en  forme  de  trompe  chez  les  Océa- 
nides.  Avec  les  Méduses  femelles,  portant 
ainsi  des  œufs,  se  trouvent  d'autres  indi- 
vidus mâles  qui,  dans  les  mêmes  endroits 
de  l'ombrelle,  ont  produit  des  spermato- 
zoïdes filiformes  très  actifs. 

Les  œufs  donnent  naissance  non  pas  à  de 
jeunes  Méduses  ,  mais  à  des  formes  ani- 
males totalement  différentes  ,  et  qui  devront 
passer  par  plusieurs  phases  avant  d'acquérir 
leur  forme  définitive  de  Méduse;  qui  même 
pourront  présenter  alternativement  les  phé-  [ 


nomènes  de  la  vie  individuelle  et  de  la  vie 
collective.  Tels  sont  du  moins  les  faits  étran- 
ges que  l'on  a  eu  l'occasion  d'observer  chez 
les  seules  espèces  étudiées  dans  toute  la  série 
de  leurs  transformations  et  de  leur  déve- 
loppement.   Ainsi   la  Médusa  aurita,  étu- 
diée alternativement  par  MM.    Sars   et  de 
Siebold ,  donne  des  œufs  d'où  sort  un  jeune 
animal  ovoïde  oblong,  revêtu  de  cils  vibra- 
tiles et  ressemblant  à  un  infusoire  du  genre 
Leucophre  ;  cet  infusoire ,  après  s'être  nourri 
pendant  quelque   temps   des    animalcules 
qu'il  avale,  se  fixe  et  devient  une  sorte  de 
polype  pédicellé  en    forme  de  coupe,  dont 
le  bord  est  muni  de  huit  tentacules  allongés 
contractiles  ;  ce  polype  est  susceptible  de  se 
multiplier  par  gemmation  et  par  stolons, 
mais  plus  tard  son  corps  de  plus  en  pius 
long  montre  huit  côtes  longitudinales  sépa- 
rées par  autant  de  sillons;  puis  il  se  divise 
transversalement  en  un  certain  nombre  de 
tranches,  qui  seront  autant  de  jeunes  Mé- 
duses analogues  ,  sinon  identiques  ,  à  celles 
que   Péron  et  Lesueur  avaient   nommées 
Ephyra.  Celles-ci,  par  suite  de  leur  déve- 
loppement successif,  deviendront  finalement 
des   Médusa  aurita ,   comme  la  mère  d'où 
provenaient   les  œufs   destinés  à  produire 
une  telle  succession  de  formes.  Un  mode  si 
singulier  de  propagation  par  segmentation 
transverse  du   polype   transitoire  de  cette 
Méduse  a   donné  lieu  à  l'établissement  du 
genre  Strobila,  par  M.  Sars,   qui  reconnut 
ensuite  la  véritable  signification  de  ce  fait. 
D'autre  part,  plusieurs  observateurs  ont 
Vu  des  polypes  rapportés  aux  genres  Cam- 
panulaire  et  Syncoryne  produire  des  jeunes 
Méduses,  qu'ils  ont  cru  être  ou  des  larves 
ou  des  femelles  de  ces  mêmes  polypes  ;  nous- 
même  nous  avons  pu  suivre  plus  complète- 
ment  les  transformations,    ou    plutôt  les 
phases  successives  du  développement  de  plu- 
sieurs Méduses  de  la  famille  des  Océanides. 
Nous  avons  vu  que  d'un   œuf  de  ces  Mé- 
duses naît  un  petit  Polype  voisin  des  Synco- 
rynes  ,  lequel ,  après  s'être  propagé  pendant 
longtemps  par  stolons  et  par  gemmation  , 
produit,  à  une  certaine  époque,  des  bour- 
geons latéraux  qui  se  développent  et  s'épa- 
nouissent en  Méduses,  ainsi  que  l'on  voit 
les  fleurs  chez  les  végétaux.  Ces  Méduses , 
que   nous  avons  nommées   Cladonème  et 
Sthényo,  produisent  des  œufs  d'où  naissent 


MEG 


MEG 


51 


encore  des  Polypes  destinés  à  se  développer 
comme  précédemment ,  et  à  reproduire  en- 
core les  Méduses.  D'autres  faits,  déjà  nom- 
breux, tendent  à  confirmer  cette  théorie  des 
phases  successives  et  alternes  du  dévelop- 
pement des  Polypes  hydraires  et  des  Aca- 
lèphes ,  qui  ne  sont  ni  les  uns  ni  les  autres 
des  animaux  complets,  si  on  les  considère 
isolément ,  puisque  la  notion  de  chacune  des 
deux  formes  doit  nécessairement  compléter 
l'autre.  Il  est  donc  désormais  bien  probable 
que  des  recherches  ultérieures  feront  con- 
naître, pour  les  autres  types  des  Rhizosto- 
mes,  des  Pélagies,  etc. ,  des  phases  de  déve- 
loppement analogues  au  fond,  quoique  diffé- 
rentes dans  les  particularités  plus  ou  moins 
étranges  qu'ils  nous  montrent.  (Dujardin.) 

MEDUSULA  (nom  mythologique),  bot. 
cr.  —  Tode  (Champ,  di  Mecklenb.,  p.  17, 
tab.  3  ,  f.  28)  a  décrit  sous  ce  nom  un  my- 
célium et  les  réceptacles  d'une  trichiacée 
qui  n'ont  pas  acquis  tout  leur  développe- 
ment. M.  Corda  (Icon.  fung.,  I,  p.  18, 
tab.  4,  fig.  140  et  141)  a  donné  ce  nom  à 
un  autre  genre  ,  qu'il  range  dans  sa  famille 
des  Psiloniacées ,  et  qui  a  pour  caractères 
des  filaments  droits  ,  raides ,  cloisonnés  et 
hétérogènes,  qui  reposent  sur  un  fauxstroma 
charnu  ;  les  spores  sont  rondes  ,  simples  et 
éparses  sur  les  filaments.  Ces  caractères  me 
paraissent  trop  vagues,  malgré  la  figure  que 
l'auteur  en  donne,  pour  que  ce  genre  puisse 
être  parfaitement  compris.  (LÉv.) 

nlIEEIlBURGIA,  Mœnch.  bot.  pu.  — 
Syn.  de  Pollichia,  Soland. 

ïilEESIA,  Gœrtn.  bot.  pu.  — Syn.  de 
Walkera,  Schrad. 

*MEGABASIS(f«V«ç,  grand  ;  S»<nç,  base). 
im. — Genre  de  Coléoptères  subpentamèrcs, 
tétramères  de  Latreille,  famille  des  Longi- 
cornes,  tribu  des  Lamiaires,  établi  par  Ser- 
ville  (Annal,  de  la  Soc.  entom.  de  France, 
t.  IV,  p.  53).  L'espèce  type,  le  M.  speculifer 
Servillc,  est  originaire  du  Brésil.  Ses  étuis 
portent  six  épines  fort  longues ,  et  sont  re- 
vêtus d'une  plaque  brune,  lisse,  en  forme 
de  croissant,  qui  réfléchit  les  objets  comme 
un  miroir.  (C.) 

MEGACARP^EA  (p.e'ya;  ,  grand  ;  xapTroç  , 

fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Crucifères-Thlaspidécs ,  établi  par  De  Can- 
dolle(S?ys*.,  11,417;  Prodr.,  1, 183).  Herbes 
de  l'Asie  centrale.  Voy.  cruciikhes. 


MEGACEPI2ALA  ( p./yas ,  grand;  xs- 
yaà-n,  tête),  ms.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères  ,  famille  des  Carabiques  ,  tribu 
des  Cicindélètes,  créé  par  Latreille  (Gênera 
Crustaceorum  et  Insector.,  I,  175),  et 
adopté  depuis  par  plusieurs  auteurs.  Qua- 
rante espèces  environ  font  partie  du  genre. 
Elles  sont  propres  à  l'Amérique  ,  à  l'Afrique 
et  à  l'Asie.  Nous  citerons  comme  en  faisant 
partie  les  M.  Senegalensis  Lat.  (  Cic.  me- 
gacephala  F.),  Euphratica  01.,  Virginica 
et  Sepulchralis  de  F.  La  première  et  la 
deuxième  ont  servi  à  Laporte  à  former  son 
genre  Aptema  ;  la  troisième,  le  genre  Tetra- 
cha  de  Westwood ,  et  la  quatrième  celui  de 
Aniara  de  Hope.  Mais  on  n'est  pas  encore 
bien  fixé  sur  les  caractères  de  ces  genres. 
Les  Megacephala  sont  nocturnes,  et  se  réu- 
nissent pendant  le  jour  dans  des  trous  faits 
sous  les  racines  de  certains  arbres.      (C.) 

*MÉGACÉPHALIDES.  Megacephalidœ . 
ins.  —  Deuxième  tribu  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Cicindélides ,  ainsi  éta- 
blie par  M.  Th.  Lacordaire  (Révision  de  la 
famille  des  Cicindélides,  Liège,  1842,  p.  11), 
qui  la  caractérise  ainsi:  Tête  grosse  ou  mé- 
diocre; palpes  labiaux  plus  longs  que  les 
maxillaires ,  leur  premier  article  dépassant 
toujours  fortement  l'échancrure  du  men- 
ton, celle-ci  munie  d'une  dent  plus  ou 
moins  forte  ;  yeux  petits  chez  les  uns,  grands 
chez  les  autres  ;  les  trois  premiers  articles 
des  tarses  antérieurs  dilatés  chez  les  mâ- 
les; des  ailes  sous  les  élytres  chez  presque 
tous. 

I.  Yeux  petits,  arrondis,  plus  ou  moins 

saillants- 
Labre  en  triangle  allongé  ,  régulier, 
cachant  entièrement    les   mandi- 
bules  r.  Oxïcheila. 

Labre  triangulaire,  rétréci  subite- 
ment ,  et  prolongé  en  une  forte 
pointe 2.  Centrocheii.'., 

II.  Yeux  grands,  oblongs  et  saillants. 
A.     Dernier    article  des  palpes    labiaux 

plus  court  que  le  pénultième. 

a.  Corps  court ,  élargi  en  arrière.     .     .    3.  Eurymoïpha  . 
aa.  Corps  allongé,  subparallèle. 

b.  Labre  court,  coupé  plus  ou   moins 

carrément  en  avant  ,  laissant  les 
mandibulps  à  découvert. 

Corps  aptère;  angles  numéraux  des 

élytres  effacés 4.  MegAcEphALA. 

Corps  presque  toujours  aile;  angles 
liuméraux  des  élytres  bien  dis- 
tincts  5.  Tetracha. 

M.    Labre   avancé  ,  cachant  en   grande 

partie  les  mandibules Q.  Amtik. 


52 


MEG 


h      Di  rnicr  article  des  palpfs  labiaux 

plus  long  que  le  pénultième.    .     .    1-  Iresia, 

(C.) 

*MEGACEPHALUS  (u//«ç,  grand;  xc- 
<P<xU  ,  tête),  rept.  —  L'une  des  nombreuses 
subdivisions  de  l'ancien  genre  Couleuvre 
(voy.  ce  mot)  a  été  indiquée  sous  ce  nom 
par  M.  Fitzinger  (Syst.Rept.,  1843).  (E.  D.) 

*MEGACERA  (  p£'w  ,  grand  ;  x/paç  , 
corne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires, 
créé  par  Serville  (Ann.  de  la  Soc.  ent.  de 
Fr.t  t.  IV,  p.  42  ) ,  et  qui  a  pour  type  une 
espèce  du  Brésil,  la  M.  viltata  Serv.  (ma- 
crocera  Dej.).  M.  Newman  a  fait  connaître 
depuis  une  seconde  espèce  de  Bahia.  Elle 
porte  le  nom  de  M.  parvula.  (C.) 

MEGACEKAS  (p-eyaç,  grand;  xepas, 
corne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  xylophiîes ,  attribué  à  Kirby  par 
M.  Hope  (Coleopteris'ts  Manual ,  XV11I , 
p.  82).  Ce  genre  se  compose  des  espèces 
suivantes:  Geotrupes  milon,  bicomis ,  cha- 
rinœus  ,  crœsus ,  barbarosa  F.,  et  phor- 
banla  01.  Les  trois  premières  sont  d'Amé- 
rique ,  la  quatrième  est  d'Asie  (Cochin- 
chine),  la  cinquième  d'Australie  (Nouvelle- 
Hollande),  et  la  sixième  d'Afrique  (Séné- 
gal). (C.) 

MÉGACHILE  (  piyas  ,  grand  ;  xu),oç  , 
lèvre),  ins.  —  Genre  de  la  famille  des  Os- 
miides,  tribu  des  Apiens  (Mellifères,  Latr.), 
de  l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par  La- 
treille, et  caractérisé  par  des  palpes  maxil- 
laires de  deux  articles  ;  des  mandibules  qua- 
dridentées  ;  un  abdomen  plan  en  dessus  cbez 
les  femelles,  etc. 

Les  Mégacbiles  sont  assez  nombreuses  en 
espèces  répandues  en  Europe,  surtout  dans 
le  midi,  ainsi  que  dans  le  nord  de  l'Afrique. 
Ces  Hyménoptères ,  à  raison  de  leurs  habi- 
tudes ,  ont  été  nommées  souvent  Coupeuscs 
de  feuilles.  Les  femelles  creusent  dans  le  sa- 
ble ou  dans  la  terre  un  trou  propre  à  servir 
de  nid  à  leurs  larves  ;  quelquefois  même 
elles  s'emparent  d'une  cavité  dans  de  vieux 
troncs  d'arbres  ou  dans  des  murailles  :  le 
tout  pour  elles  est  d'avoir  un  endroit  conve- 
nable. Quand  elles  ont  ainsi  trouvé  une  re- 
traite, elles  coupent  des  fragments  defeuiljes 
et  les  emploient  à  garnir  ces  nids.  Les  Mé- 


MEG 

I  gachilcs  coupent  les  feuilles  avec  leurs  man- 
dibules,  et  les  taillent  toujours  avec  une 
netteté  si  parfaite  qu'il  semblerait  que  les 
morceaux  ont  été  enlevés  à  l'aide  d'un  em- 
porte-pièce. 

Le  type  du  genre ,  l'espèce  qui  a  été  sur- 
tout observée  par  Réaumur,  la  Mégachile  de 
la  Rose  cent  feuilles  {Mégachile  centuncula- 
n'sLin.),  est  commune  dans  notre  pays;  elle 
est  généralement  assez  abondante  dans  les 
jardins.  Elle  pratique  d'abord,  sur  le  bord 
des  chemins  ou  dans  les  avenues,  des  trous 
formant  à  l'extérieur  de  longs  tubes  cylin- 
driques. C'est  quand  ce  premier  travail  est 
achevé,  que  notre  industrieux  insecte  va  à  la 
recherche  des  fragments  de  feuilles  dont  il 
a  besoin.  Notre  espèce  choisit  de  préférence 
celles  du  Rosier.  Elle  en  coupe  des  morceaux 
à  plusieurs  reprises,  les  contourne  et  les 
rapproche  les  uns  des  autres  de  manière  à 
simuler  la  forme  d'un  dé  à  coudre.  La  labo- 
rieuse Mégachile  place  cela  au  fond  du  tube  ; 
mais  ce  godet,  destinée  recevoir  un  œuf  et 
plus  tard  une  larve,  n'aurait  pas  sans  doute 
une  solidité  assez  grande  ,  car  cette  femelle 
ajoute  bientôt  une  seconde  enveloppe  ,  puis 
une  troisième,  puis  jusqu'à  huit  ou  dix.  Les 
feuilles  en  se  desséchant  se  resserrent,  et 
conservent  enfin  la  forme  qui  leur  a  été  im- 
primée. Quand  un  œuf  a  été  déposé  dans 
cette  loge  avec  une  quantité  suffisante  de 
nourriture,  notre  insecte  la  ferme  avec  un 
fragment  de  feuille,  puis  construit  une  nou- 
velle loge  au-dessus  de  la  première,  et  ainsi 
de  suite  jusqu'à  l'extrémité.  Les  larves,  au 
moment  de  se  transformer  en  nymphe,  se 
construisent  une  coque  soyeuse ,  comme  le 
font  la  plupart  des  Apiens.  (Bl.) 

*MEGACHIRUS.  crust.—  Syn.  de  Me- 
cochirus.  Voy.  ce  mot.  (H.   L.) 

*MEGACLÏNIUM  (peya;,  grand;  xllrn  , 
lit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Or- 
chidées -Dendrobiées  ,  établi  par  Lindley 
(Bot.  Reg.,  t.  989).  Herbes  de  l'Afrique  tro- 
picale. Voy.  orchidées. 

*MEGACNEMIUS  (p/ya<; ,  grand  ;  xv^-/?, 
jambe),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  formé  par  Eschscholtz,  et  adopté 
par  Dejean  (Catalogue,  3e  éd.,  p.  105)  et 
Lap.  de  Castelnau  (Histoire  natur.  des  anim. 
art.,  I ,  p.  239).  Latreille  a  publié  ce  genre 
sous  les  noms  générique  et  spécifique  de 
Tomicephalus  sanguinicollis>  quia  été  adopté 


MEG 


T.IEG 


depuis  par  Germar.  Cette  espèce  est  origi- 
naire du  Brésil.  (G.) 

*aiEGACROMlTS ,  Stephens.  ms.  —Sy- 
nonyme de  Bolelobius.  (G.) 

*  RïEGADACTYLUS(fxtV«?  »  grand  '■>  S^~ 
tu)o.:,  doigt),  iiept.  —  Division  du  genre 
Stellion  {voy.  ce  mot) ,  créée  par  Fitzinger 
(Sysl.  Rept.,  1843).  (E.  D.) 

MÉGADERME.  Megaderma  (,a/yaç, 
grand  ;  Ssoiia  ,  peau),  mam.  —  Et.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  [Ann.  du  Mas.,  t.  XV,  1810) 
a  créé  sous  ce  nom  un  genre  de  Chéiroptères 
de  la  division  des  Vespertilioniens,  qui  a  été 
adopté  par  tous  les  zoologistes,  et  qui  vient 
établir  un  passage  naturel  des  Phyllostomes 
aux  Rhinolophes. 

Les  Mégadermes,  principalement  remar- 
quables par  un  développement  considérable 
de  la  peau  au-dessus  des  narines  ,  ont  pour 
principaux  caractères  :  pas  d'incisives  supé- 
rieures, les  inférieures  se  trouvant  unifor- 
mément placées  à  côté  Tune  de  l'autre  sur 
la  même  ligne,  et  dentelées  à  leur  tranchant; 
les  canines,  semblables  à  celles  de  toutes  les 
Chauves-Souris,  sont  fortes  et  crochues;  les 
fausses  molaires  au  nombre  de  six  :  deux 
normales  à  la  mâchoire  supérieure  ,  et  à  la 
mâchoire  inférieure  deux  normales  et  deux 
anormales;  enfin  des  vraies  molaires,  au 
nombre  de  six,  à  l'une  et  à  l'autre  mâchoire; 
les  oreilles  très  grandes  et  réunies  sur  le  de- 
vant de  la  tête;  l'oreillon  intérieur  très  dé- 
veloppé. On  remarque  trois  crêtes  nasales , 
une  verticale,  une  horizontale  ou  folliculée, 
et  une  troisième  en  fer  à  cheval;  il  n'y  a 
pas  de  queue;  la  membrane  fémorale  est  cou- 
pée carrément;  enfin  le  troisième  doigt  de 
l'aile  sans  phalange  onguéale. 

Les  Chéiroptères  qui  nous  occupent  ont , 
comme  nous  l'avons  dit,  beaucoup  de  rap- 
ports avec  les  Phyllostomes  et  les  Rhinolo- 
phes, mais  ils  ne  sauraient  être  confondus 
avec  eux;  car,  s'ils  se  rapprochent  beaucoup 
des  premiers  par  la  présence  d'oreillons  et 
l'absence  de  queue  ;  ils  s'éloignent  égale- 
ment des  uns  et  des  autres  par  leurs  lèvres 
velues  et  sans  tubercules ,  et  par  leur  langue 
courte,  lisse,  sans  verrues  ni  papilles  :  les 
os  intcrmaxillaires  n'existent  pas  ou  sont 
rudimentaircs,  ainsi  que  chez  les  Rhinolo- 
fhus. 

On  ne  connaît  que  quatre  espèces  de  ce 
groupe  ,  et  l'on  n'a  aucun  détail  sur  leurs 


mœurs  :  ces  espèces  habitent  l'Afrique  et 
l'Inde.  Daubenton  a  fait  connaître  une  es- 
pèce de  ce  genre  (Megaderma  frons);  mais 
c'est  surtout  Et.  Geoffroy  Saint-Hilaire  (loco 
c'Uato)  qui  a  donné  une  bonne  monographie 
des  Mégadermes. 

1°  Le  Mégaderme  trèfle,  Megaderma  tri- 
foliumÉi.  GeofTr.  (Ann.  Mus.,  XV;  Guér., 
Icon.  du  règn.  anim.,  pi.  8,  f.  4  et  5).  La 
feuille  nasale  est  ovale,  la  follicule  aussi 
grande  qu'elle,  chacune  du  cinquième  de  la 
longueur  des  oreilles  ;  l'oreillon  est  en  trèfle. 
Le  poil  est  très  long,  moelleux  et  de  couleur 
de  gris  de  souris.  La  longueur  du  corps  est 
de  8  centimètres. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  à  Java  par 
M.  Leschenault. 

2"  Le  Mégaderme  spasme  ,  G.  Cuv.  (  Tab. 
e'ie'm.  des  Mamm.  ),  Glis  volans  ternatanus 
Séba  (Mus.,  pi.  56,  f.  1  ),  Vespertilio  spasma 
Linn.,  Gm.,  Schreb.,  Shaw,  Et.  Geoffr.  La 
feuille  nasale  est  en  cœur;  la  follicule  aussi 
grande  et  semblable;  l'oreillon  en  demi- 
cœur.  Un  peu  plus  grande  que  la  précédente, 
cette  espèce  n'est  connue  que  par  la  des- 
cription de  Séba,  qui  dit  que  son  front  est 
d'un  roux  clair ,  et  que  le  reste  de  son  pe- 
lage tire  sur  le  roussâtre. 

Elle  habite  l'île  de  Ternate. 

3°  Le  Mégaderme  lyre  ,  Megaderma  lyra 
Et.  Geoffr.  (loco  citalo,  pi.  12).  La  feuille 
nasale  est  rectangulaire,  la  follicule  de  moi- 
tié plus  petite  qu'elle.  Le  corps  a  8  centi- 
mètres de  longueur,  et  le  pelage  est  roux  en 
dessus  et  fauve  en  dessous.  Les  oreilles  sont 
très  amples,  et  la  partie  de  leurs  bords  réu- 
nis égale  en  longueur  la  portion  libre  qui 
en  excède  au-delà;  l'oreillon  est  formé  de 
deux  lobes  en  demi-cœur. 

On  ne  sait  pas  positivement  le  pays  qu'ha- 
bite cette  espèce.  Et.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
pensait  que  l'individu  qui  lui  avait  été  en- 
voyé de  Hollande  venaitdes  Indes  orientales. 
On  l'indique  aussi  comme  venant  de  la  côte 
de  Coromandel. 

4"  Le  Mégaderme  feuille,  Daubenton 
(Acad.  des  se.,  1759;  Uist.nat.  gén.  et  part. 
de  Buffon),  Megaderma  frons  Et.  Geoffr. 
(loco citalo) .  La  feuille  nasale  est  ovale,  très 
grande  et  d'une  demi-longueur  des  oreilles  ; 
le  pelage  est  d'une  belle  couleur  cendrée  , 
avec  quelque  teinte  de  jaunâtre  peu  appa- 
rent. La  longueur  du  corps  est  moindre  quo 


54 


MEG 


dans  les  espèces  précédentes,  car  elle  ne  dé- 
passe pas  6  centimètres. 

Cette  espèce  se  trouve  au  Sénégal ,  d'où 
Adanson  l'a  rapportée  pour  la  première  fois. 

(E.  D.) 
MEGADERUS  (  f*éyaS ,  grand  ;  SéP-n , 
cou),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes ,  tribu  des  Cérambycins , 
des  Trachydérides  de  M.  Dupont,  formé  par 
Dejean  ,  et  adopté  par  Serville  (  Ann.  de  la 
Soc.  entom.  de  Fr.,  t.  IÏI ,  p.  57).  Deux  es- 
pèces font  partie  de  ce  genre  ,  les  Cerambyx 
stigma  de  Linné,  et  M.  bifasciatus  Dej.- 
Serv.  La  première  se  trouvée  Cayenne  et  au 
Brésil  ;  la  seconde  au  Mexique.  (C.) 

*MEG£]RA  (nom  mythologique),  mam. 
— M.  Temminck  {Monog.mam.)  indique 
sous  cette  dénomination  un  petit  groupe  de 
Chéiroptères  =  (E-  D.) 

*MEG/ERA.  bept.  —Division  du  groupe 
des  Vipères  indiquée  sous  ce  nom  par 
M.  Wagler  ( Syst.  amphib.,  1830).  (E.  D.) 

*MEGAGENIUS  (  F.iya.ç ,  grand  ;  y/vsiov, 
joue),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
mères  ,  famille  des  Mélasomes,  créé  par  So- 
lier  (  Annal,  de  la  Soc.  entom.  de  France , 
t.  IV,  p.  513),  qui  le  comprend  parmi  ses 
Collaptérides  et  dans  la  tribu  de  ses  Macro- 
podites.  Ce  genre  ne  renferme  qu'une  es- 
pèce ,  le  M.  Frioli  Sol.  Elle  est  originaire  de 
Barbarie ,  et  a  été  trouvée  aux  environs  de 
Bone.  (C) 

MEGAGNATHUS(fjLcVa;,  grand;  j*a9oç, 
mâchoire),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Xylophages ,  tribu 
des  Trogositides ,  proposé  par  Mégerle,  et 
adopté  par  Dahl  et  Dejean  dans  leurs  Cata- 
logues respectifs.  Le  type  ,  le  M.  mandibu- 
laris  F.  (Trogosita),  se  trouve  dans  une 
partie  de  l'Europe  australe  et  de  l'Asie  mi- 
neure. (G.) 

*MEGALA1MGIUM.  bot.  cb.  — Genre  de 
Mousses-Bryacées  établi  par  Bridel  (Bryol., 
II ,  28)  pour  des  mousses  vivaces  ,  épigées , 
croissant  dans  les  parties  les  plus  élevées  des 
Andes  de  Quito.  Voy.  mousses  et  bbyacées. 

♦MEGALOBATRACHUS  (  piya?,  grand  ; 
€arpaXoç,  grenouille),  bept.  —  Genre  de  Ba- 
traciens de  la  famille  des  Salamandres,  créé 
par  M.  Tschudi  (Balrach.,  1838).  (E.  D.) 

*MEGAEOCHILES  (ue'yaç,  grand  ;  x£~*oç, 
!èvre).BEFT.  —  M.  Eichwald  indique  sous 


MEG 

cette  dénomination  une   des  divisions  du 
genre  Stellion.  V.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MEGALODERES  (p/ya?,  grand;  ëépn, 
cou),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères  ,  famille  des  Malacodermes ,  tribu 
des  Scydmœnites,  des  Palpeurs  de  Latreille, 
créé  par  Stephens  {Illusl.  of  BriLish  Entom., 
t.  V,  p.  428).  Le  type,  M.  thoracicus  Mûl- 
cer,  a  été  trouvé  en  France  ,  en  Angleterre 
et  en  Allemagne.  M.  Schaum  (Analecta  m- 
tomologica,  1841 ,  p.  29)  forme,  avec  cet 
insecte  ,  une  division  dans  le  genre  Scyd- 
menus.  f  ^  ' 

MEGALODONQacV;,  grand  ;  o<?ov?,  dent). 
ins.  —  Genre  de  la  tribu  des  Locusliens  , 
groupe  des  Bradyporites,  de  Tordre  des  Or- 
thoptères, établi  par  M.  Brullé  {Hist.  des 
Ins.)  sur  une  seule  espèce  très  remarquable 
de  l'île  de  Java,  le  M.  ensifer  Brul.  Cet  In- 
secte est  caractérisé  génériquement  par  un 
thorax  très  large,  des  mandibules  inermes, 
un  prosternum  et  un  mésosternum  munis 
l'un  et  l'autre  de  deux  longues  épines  ,  et 
des  élytres  aussi  longues  que  l'abdomen.  (Bl.) 
*MEGALOMETîS  (fu'yas,  grand;  ftfTtç, 
ruse),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramè- 
res, famille  des  Curculionides  gonatocères, 
division  des  Cléonides,  établi  par  Schœnherr 
(Gêner,  et  sp.  Curculionid.  syn.7  tom.  VI, 
part.  2,  pag.  267).  Deux  espèces  sont  dé- 
crites par  l'auteur  :  les  M.  spiniferus  et  Chi- 
liens* Chv.,  Schœn.  ;  toutes  deux  font  par- 
tie de  notre  collection,  et  sont  originaires  du 
Chili.  (G;) 

MEGALONYX.  mam.  foss.  —  Voy.  mega- 

THÉRIOÏDES. 

*3WÉGALON\X.  Megalonyx  (  f«yaç , 
grand;  SwÇ,  ongle),  ois.  —  Genre  créé 
à  peu  près  en  même  temps  par  trois  au- 
teurs différents  :  par  Kittlitz,  sous  le  nom 
de  Pteroptochos ,  par  King  sous  le  nom 
VHylactes,  et  par  M.  Lesson  sous  celui 
que  nous  avons  adopté.  Ce  genre  est  éta- 
bli sur  une  espèce  qui,  par  sa  taille  et  la 
disposition  de  sa  queue  ,  par  la  forme  de 
son  bec,  celle  de  ses  tarses  et  la  couleur  de 
son  plumage,  rappelle  le  beau  Ménure 
lyre  qui  vit  relégué  dans  la  zone  tempérée 
australe  de  la  Nouvelle -Hollande.  On  as- 
signe pour  caractères  à  ce  genre  :  un  bec 
droit,  conique,  robuste  ,  à  mandibule  su- 
périeure plus  longue  que  l'inférieure,  ter- 
minée en  pointe  obtuse,  et  éehancrée  vers 


MEG 


MEG 


53 


le  bout  ;  des  narines  amples,  creusées  sur 
les  côtés  du  bec,  dont  elles  occupent  la 
moitié  supérieure;  des  ailes  très  courtes, 
obtuses;  des  tarses  pointus,  très  gros  pro- 
portionnellement à  la  taille  de  l'oiseau  ;  des 
doigts  presque  égaux,  robustes;  des  on- 
gles, surtout  celui  du  pouce,  très  grands, 
très  peu  recourbés ,  très  forts ,  comprimés 
■sur  les  côtés,  et  à  pointe  mousse.  C'est  prin- 
cipalement sur  ce  caractère  tiré  de  la  lon- 
gueur des  ongles  que  repose  la  distinction 
du  genre  Mégalonyx. 

M.  Lesson,  ayant  cru  apercevoir  dans  les 
Mégalonyx  une  analogie  de  forme  avec  cer- 
taines espèces  de  Gallinacés  ,  les  avait  pla- 
cés à  côté  de  ceux-ci  dans  son  sous-ordre 
des  Passeri-Galles.  M.  ls.  Geof.  Saint-Hilaire 
nous  paraît  avoir  été  plus  heureux  en  rap- 
portant les  Mégalonyx  à  l'ordre  des  Passe- 
reaux,  et  en  les  rapprochant  des  Rhino- 
myes  de  MM.  Aie.  d'Orbigny  et  Lafresnaye. 
M.G.-R.  Gray,  comme  M,  ls.  Geof.  Saint- 
Hilaire,  place  ces  deux  genres  d'oiseaux  dans 
le  voisinage  l'un  de  l'autre,  et  dans  sa  sous- 
famille  des  Troglodylinées. 

On  ignore  complètement  quelles  sont  les 
mœurs  et  quel  est  le  genre  de  vie  des  Mé- 
galonyx ;  il  est  à  supposer  pourtant ,  d'a- 
près la  conformation  de  leurs  ailes  et  de 
leurs  pieds,  que  leurs  habitudes  sont  plutôt 
terrestres  qu'aériennes.  Leur  marche  doit 
être  rapide;  et,  selon  toute  probabilité,  ils 
doivent  gratter  le  sol  pour  y  chercher  leur 
nourriture. 

L'espèce  type  du  genre  est  le  Mégalonyx 
roux,  M.  rufus  Less.  (Centurie  Zool, 
J>1.  66).  Plumage  presque  entièrement 
toux;  sourcils,  menton  et  moustaches 
blancs  ;  sur  le  croupion  de  nombreuses  raies 
blanchâtres.  —  Habite  l'extrémité  méridio- 
nale de  l'Amérique  ,  au  Chili ,  dans  le  pays 
des  Araucans  et  des  Puelches. 

Le  Mégalonyx  a  gorge  rousse  ,  M.  rufo- 
gularis  d'Orb.  et  Laf.  (Voyag.  Ois.,  pi.  7, 
fig.  3),  d'un  brun  verdâtre  nuancé  de  roux, 
avec  la  gorge  et  la  poitrine  rouges,  ce  qui 
lui  donne  quelque  ressemblance  avec  notre 
Rouge-Gorge  d'Europe.  —  Habite  le  Chili. 
Une  troisième  espèce,  également  de  l'A- 
mérique méridionale,  est  celle  qui  a  été 
publiée  par  Kittlilz  sous  le  nom  de  Ptcro- 
ptochos  albicollis;  elle  se  trouve  figurée  dans 
le  Voyage  de  M.  Aie.  d'Orbigny,  à  côté  des 


autres  espèces  que   ce  naturaliste   a  dé- 
crites. (Z.  G.) 

MÉGALOPE.  Megalopus  (fxeyaç ,  grand  ; 
w^,  aspect  ).  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Malacoptérygiens  abdominaux  ,  famille  des 
Clupées,  établi  par  Lacépède,  et  adopté  par 
Cuvier  {Règ.  anim.,  II,  323).  Ces  Poissons 
ressemblent  aux  Harengs  par  la  forme  gé- 
nérale de  leur  corps;  mais  on  leur  compte 
beaucoup  plus  de  rayons  aux  ouïes  (  22  à 
24),  et  le  dernier  rayon  de  leur  dorsale, 
souvent  de  leur  anale,  se  prolonge  en  filet. 

On  connaît  deux  espèces  de  ce  genre  :  la 
Savalle  ou  Apalike  (Clupea  cyprinoïdes  Bl., 
Cl.  gigantea  Sh.),  qui  atteint  jusqu'à  4  mè- 
tres de  longueur;  cette  espèce  habite  l'Amé- 
rique. Une  autre  ,  qui  provient  des  Indes  , 
porte  le  nom  de  Mégalope  filamenteux. 

MÉGALOPE.  Megalops  (p-«>aç,  grand; 
o^,  œil),  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Décapodes  anomoures ,  de  la  famille  des 
Ptérygnres,  de  la  tribu  des  Porcellaniens, 
établi  par  Leach  aux  dépens  du  Galathea  de 
Latreille.  Les  Crustacés  qui  composent  ce 
genre,  et  qui  ont  été  désignés  sous  le  nom 
générique  de  Mégalope  ,  ont  beaucoup 
d'analogie  avec  les  Galathéides ,  aussi  bien 
qu'avec  les  Porcellaniens;  et,  si  ce  sont 
réellement  des  animaux  parvenus  à  leur 
entier  développement,  ils  devront  établir 
le  passage  entre  les  Décapodes  anomoures 
et  macroures  :  car  leur  abdomen,  quoi- 
qu'il ne  présente  pas  à  son  extrémité  cinq 
laime.s  réunies  en  éventail  comme  dans 
ces  derniers,  est  très  développé,  et  sert  à  la 
natation  ;  mais  on  est  porté  à  croire  que  ce 
sont  seulement  des  jeunes  de  quelques  Ano- 
moures de  la  première  famille  ,  et  que,  lors~ 
qu'on  les  aura  mieux  étudiés,  on  les  rayera 
de  la  liste  des  genres  dont  se  compose  l'or- 
dre des  Décapodes  ,  ou  du  moins  on  leur 
assignera  une  place  et  des  caractères  diffé- 
rents. Du  reste  ces  Crustacés  ont  une  très 
grande  analogie  avec  les  Dromies  dans  le 
jeune  âge;  ils  sont  remarquables  par  leur 
carapace  courte  et  large,  terminée  anté- 
rieurement par  un  très  petit  rostre;  par 
leurs  yeux  qui  sont  extrêmement  gros  et 
saillants,  et  par  les  pattes  qui  sont  très 
courtes,  dont  la  première  paire  est  didac- 
tyle,  et  les  autres  monodactyles.  Les  Crus- 
tacés qui  composent  cette  coupe  générique, 
dont  on  ne  connaît  que  trois  espèces,  se 


50 


WiiO 


aiÊG 


rencontrent  principalement  en  haute  mer, 
et  paraissent  se  trouver  ordinairement  en 
compagnie  avec  déjeunes  Crustacés  appar- 
tenant aux  genres  Lupa,  Thalamita  et  Grap- 
sus  (Voy.  ces  mots).  Le  Mégalope  de  Mon- 
tagu,  Megalops  Montagui  Leach  (Malac. 
Pod.  brit.,  pi.  1  G,  fi  g.  1  à  6),  peut  être  con- 
sidéré comme  le  type  de  ce  genre.  Cette  es- 
pèce a  été  rencontrée  sur  les  côtes  d'Angle- 
terre. (H.  L.) 

*MEGALOPHONUS,  G.-R.  Gray.  ois.— 
Syn.  de  Brachonyx,  Swainson.      (Z.  G.) 

*MEGAEOPRRYS  (^V«s,  grand;  fypu'ç, 
sourcil),  rept.  —  Genre  d'Amphibiens  de  la 
division  des  Raniformes ,  créé  par  Kuhl 
(Mus.  Lugd.  Batav.),  et  adopté  par  MM.  Du- 
méril  et  Bibron  qui  lui  donnent  pour  prin- 
cipaux caractères  :  Tête  et  corps  très  dépri- 
mes ;  paupière  supérieure  prolongée  en 
pointe  à  son  bord  libre;  quatredoigts  libres, 
sans  rudiment  de  pouce  à  l'extérieur,  etc. 
Une  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe  : 
c'est  le  Megalophrys  monlana  Kuhl ,  qui 
est  en  dessus  d'une  couleur  olivâtre  avec 
une  tache  triangulaire  en  forme  d'Y  sur  la 
tête ,  habite  Java ,  et  est  assez  voisine 
du  Bufo  comutus  de  Linné.  (E.  D.) 

*H1EGAL0PKTHALMUS  Q^'yaç,  grand  ; 
ouj6aùuoç,  œil),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
pentamères  ,  famille  des  Malacodermes , 
tribu  des  Lampyrides,  établi  par  Gray  (Ani- 
mal Kingdon,  Ins.,  t.  I ,  p.  371).  Quatre 
espèces  font  partie  de  ce  genre:  les  M. 
BenneUii  Gray,  coslalus  Delap.  collaris 
Guér.,  et  melanurus  Chev.,  Lap.  Les  trois 
premières  sont  originaires  de  l'ancienne  Co- 
lombie, et  la  quatrième  provient  du  Pérou. 

(C.) 

*MEGALOPHUS,  Swainson.  ois.  —  Syn. 
de  Muscivora,  G.  Cuvier.  Voy.  gobe-mouche. 

*MÉGALOPIDES.  Megalopidœ.  ins.  — 
Quatrième  tribu  d'Insectes  coléoptères  sub- 
pentamères,  famille  des  Eupodes ,  établie 
par  M.  Th.  Lacordaire  (Monographie  des 
Coléoptères  subpentamères ,  de  la  famille  des 
Phytophages,  1845,  p.  609),  et  ainsi  carac- 
térisée par  l'auteur  :  Languettegrande,  mem- 
braneuse, rarement  demi-cornée,  fortement 
bilobée  chez  le  plus  grand  nombre,  entière 
chez  quelques  uns;  mandibules  à  pointe 
entière  ,  inermes  et  tranchantes  au  côté  in- 
terne; dernier  article  de  tous  les  palpes  al- 
longé et  acuminé;  yeux  grands,  fortement 


échancrés  ;  antennes  grossissant  plus  ou 
moins  de  la  base  à  leur  extrémité,  souvent 
dentées  ou  pectinées ,  insérées  à  la  base  des 
canthus  oculaires;  tête  penchée  ,  déprimée, 
en  avant,  généralement  munie  d'un  cou  en 
arrière;  front  large,  séparé  de  l'épistorne 
par  un  sillon  transversal  recliligne  toujours 
très  marqué;  hanches  antérieures  et  inter- 
médiaires cylindriques  et  contigues  ;  aucun 
vestige  de  prosternum  entre  les  premières  ;  à 
peine  une  légère  trace  de  mésosternum  entre 
les  secondes,  dernier  segment  abdominal  , 
le  plus  grand  de  tous  ;  les  angles  des  pre- 
miers embrassant  de  chaque  côté  les  épi- 
mères  métathoraciques;  crochets  des  tarses 
simples. 

Cette  tribu  est  composée  de  six  genres  : 
Maslostethus,  Homalopterus ,  Agalhomerus, 
Temnaspis,  Megalopus,  Pœcilomorplta.  Dans 
les  cinq  premiers  de  ces  genres,  la  languette 
est  profondément  divisée  en  deux  lobes , 
tandis  que  cette  languette  est  entière  dans 
le  dernier.  (C.) 

*MEGALOPS  f>7«; ,  grand;  06 ,  œil). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Brachélytres ,  tribu  des  Oxy- 
téliens ,  formé  par  Dejean  (  Catalogue , 
3e  édit.,  p.  75),  et  adopté  par  Erichson 
(Gen.  et  sp.  Slaphylinorum,  1840,  p.  751). 
Trois  espèces  américaines  rentrent  dans  le 
genre:  les  M.  cœlalus  01.,  punctalus  et 
cephalotes  Er.  (C.) 

MEGALOPTERES.iI/e#atop/cra.  ins.  — 
Voy.  semblides,  Latr. 

*MEGALOPTERUS,  Boié.  ois.  —  Syn. 
de  Noddi,  G.  Cuv.  —  Smith,  syn.  de  Juida, 
Lesson.  Voy.  sterne  et  merle.      (Z.  G.) 

*ME  G  ALOPUS  (*//«;,  grand;  *ovç,  pied). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  de  Latreille ,  famille  des  Eu- 
podes,  tribu  des  Mégalopides  (Sagrides  de 
Latreille),  créé  par  Fabricius  (Systema  Elcu- 
theralorum,  t.  2,  p.  367),  et  adopté  par 
KlugetDejean,  mais  restreint  par  M.  Th.  La- 
cordaire (Monog.  des  Col.  subpentam.  de  la 
fam.  des  Phytophages,  1845  ,  p.  696)  à  15 
espèces  américaines  ainsi  réparties  :  9  ap-  ! 
partiennent  au  Brésil  ;  5  à  la  Guyane  ;  etune  i 
seule  est  de  Colombie.  L'auteur  assigne  à 
ce  genre  les  caractères  suivants  :  Élytres  de 
forme  variable,  non  sinueuses,  et  légère- 
ment coupées  en  demi-cercle  à  leur  base , 
ayant  une  aile  sous  scutcllaire  plus  ou  moins 


JYIÉG 


INiEG 


57 


distincte,  parfois  tuberculeuses,  arrondies 
isolément,  et  légèrement  déhiscentes  à  leur 
extrémité;  prothorax  cylindrique  ou  sub- 
globuleux, traversé  en  dessus  par  deux  sil- 
lons ;  point  de  saillie  métasternale.    (C.) 

*MEGALORHYNCHUS,  Eyton.  ois.  — 
Syn.  de  Caloramphe ,  Lesson.  Voy.  ce  mot. 

*MEGALORI\IS ,  G.-R.  Gray.  ois.  — 
Syn.  de  Grue.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

MEGALOSAURUS.—  Voy.  dinosauriens. 

*MEGALOSOMA  (v-éyaç,  grand  ;  rô|U.«, 
corps),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  xyiophiles ,  créé  par  Kirby 
(Trans.  Lin.  soc,  t.  XIV,  p.  3),  et  adopté 
par  Hope  (Coleopterist's  manual,  1837, 
p.  82  ).  Toutes  les  espèces  de  ce  genre 
sont  américaines;  savoir,  Geotrupes  Acteon, 
Typhon,  Elephas  de  F.,  Se.  Anubis  Chv.,  et 
Simson  Linné.  (C.) 

*MEGALOSTYLUS  (peyaeç,  grand  ;  errv- 
/oç ,  fouet  ou  scapus).  ins.  — Genre  de  Co- 
léoptères pentamères,  famille  des  Carabi- 
ques  ,  tribu  des  Féroniens  ,  créé  par  M.  de 
Chaudoir  (  Bullet.  de  la  Soc.  des  nalur.  de 
Moscou,  1842,  extrait,  pag.  24).  L'auteur 
y  rapporte  5  espèces  des  États-Unis,  et  qui 
toutes  ont  été  trouvées  aux  environs  de  la 
Nouvelle-Orléans.  (C.) 

MÉGALOTIS  (p-îVûcç,  grand;  ou5,  èr6it 
oreille),  mam.  —  Illiger  (Prcdr.  syst.  Mam 
et  Av. ,  1811)  a  créé  sous  ce  nom  un  genre 
de  Mammifères  carnivores  qui  ne  comprend 
qu'une  seule  espèce,  le  Fennec  ou  Zordo, 
dont  il  a  été  parlé  à  l'article  Cuien,  division 
des  Renards  (Dict.  univ.,  t.  III,  p.  569). 

(E.  D.) 

*MEGALOTIS  (psy«Ào«is,  grandeur), 
ois.  —  Genre  établi  par  Swainson  pour  une 
espèce  de  Fringille,  qui  adesrapportsavecleS 
Bouvreuils  d'une  part,  et  avec  les  Alouettes 
d'une  autre;  aussi  Smilh,  qui  a  également 
reconnu  ce  genre,  a-t-il  composé  pour  lui  le 
nom  de  Pyrrhulauda  (Bouvreuil,  Alouette), 
L'espèce  type  est  le  P.  australis  Smith  (lll, 
zool.  ois.,  pi.  24).  (Z.  G.) 

*MÉGALURE.  Megalurus  (fwya«,  grand  ; 
ovpa  ,  queue  ).  ois.  —  Genre  appartenant 
à  la  nombreuse  tribu  des  Passereaux  den- 
tirostres,  formé  par  Vigors  et  Horsficld 
aux  dépens  des  genres  Mérion  et  Martin. 
Les  caractères  qu'on  lui  assigne  sont  :  un 
bec  allongé  ,  presque  droit .  Mg»— m»m 
t.  vin. 


convexe,  à  bords  lisses,  à  pointe  mousse, 
à  mandibules  garnies  d'une  lamelle  cou- 
pante; des  narines  petites,  latérales,  à 
demi  closes  ;  deux  ou  trois  poils  à  la  com- 
missure du  bec;  des  tarses  longs,  grêles, 
scutellés ,  à  doigt  du  milieu  très  long. 

On  ne  sait  rien  des  mœurs  des  Mégalures. 

Les  espèces  que  l'on  rapporte  à  ce  genre 

SOnt  le  MÉGALURE  A  LONGUE  QUEUE  (  MARTIN  A 

longue  queue,  Gracula  caudata  Cuv.),  le 

MÉGALURE     GALACTOTE     (  MÉRION    GALACTOTE  , 

Malurus  galaclotes  Temm.,  pi.  col.,  65, f.  1) 

et    le  MÉGALURE    LONGIBANDE    (MÉRION  LONGI- 

bande,  Malurus  marginalis  Reinw.,Temm., 
pi.  col.,  65,  t.  2).  (Z.  G.) 

*MEGAMERUS  ftuytc,  grand;  pjpo'î,  \ 
cuisse),  ins. — Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Eupodes,  tribu  des  Sagrides,  créé  par 
Mac-Leay  (Append.  to  King's  Surv.  of  Ihe 
coast  of  Austral,  II,  p.  448),  et  adopté  par 
M.  Th.  Lacordaire  (Monogr.  des  Coléopt. 
subpent.  de  la  famille  des  Phytophages,  t.  I , 
p.  5).  Ce  genre  a  une  grande  analogie  de 
forme  avec  certains  Prioniens.  Le  type,  le 
M.  KingiiM.-L.  Lac.  {M.  prionesthis  Boisd.), 
est  originaire  d'Australie.  (C.) 

*MEGAMERUS  (j*/y«s»  grand;  fojpo's, 
cuisse),  arachn. —  Genre  de  l'ordre  des  Aca- 
rides,  établi  par  Dugès  aux  dépens  des  Trom- 
bidium  de  Hermann,  et  dont  les  caractères 
uistinctifs  peuvent  être  ainsi  exprimés  : 
Palpes  onguiculés,  allongés,  libres  ;    corps  * 

étroit;  hanches  distantes;  pieds  ambulatoires 
à  cuisse  très  longue  ;  septième  article  du  pied 
court;  larves  semblables  aux  adultes  hexa- 
podes. Les  espèces  qui  composent  ce  genre 
sont  les  Trombidiens  à  pieds  antérieurs  très 
longs  d'Hermann.  L'^4.  motatorius  Linné,  en 
ferait  sans  doute  partie,  si  on  le  connaissait 
mieux.  Plusieurs  de  ceux  qu'y  place  Dugès  ... 
sont  fort  voisins  du  Trombidium  celer  et  des  \ 
Scyphiusde  M.  Koch.  Les  Mégamères  vivent 
a  terre,  sur  les  lieux  ombragés  et  un  peu  hu- 
mides ;  leurs  mœurs  ne  diffèrent  guère  de 
celles  de  la  plupart  des  Tétronyques,  mais  ils 
sont  plus  vifs  que  ne  le  sont,  en  général,  ces 
derniers.  Ce  genre  renferme  huit  espèces 
toutes  propres  à  l'Europe.  Nons  citerons  sur- 
tout le  mégamère  agile,  M.  celer  Kerm., 
Dugès  {Ann.  se.  nat.,  2e  série,  t.  I,  p.  30); 
cette  espèce  habite  l'Alsace,  et  marche  avec 
une  très  grande  rapidité.  (TT.  L.) 

3 


58 


MEG 


♦MEGAMYRMOEKION  (^V«ç,  grand; 
jj.vpp.yj?,  fourmi),  auachn.  —  M.  Reuss  {Mu- 
séum senkenber  g  ianum,  t.  I,  p.  217,  pi.  18, 
fig.  12)  désigne  ainsi  un  genre  d'Aranéides 
que  M.  Walckenaër  rapporte,  mais  avec 
doute,  au  genre  des  Agelena.  Voy.  ce  mot. 

(H.  L.) 

*MEGAMYS  (^'yaç,  grand;  ^ç,  rat). 
mam. — Un  groupe  de  Rongeurs  voisin  des 
Oryctéropes  est  indiqué  sous  ce  nom  dans  le 
Voyagedans  l'Amérique  méridionale  de  M .  Àl- 
cided'Orbigny.  (E.  D.) 

*MEGANEREIS.  annél.  — Syn.  de  Léo - 
âice,  Savig.  ;  Eunice,  Guvier;  Nereidonte, 
Blainville.  (P.  G.) 

*MEGAPELIA,  Kaup.  ois.  —  Synon.  de 
Goura. 

*MEGAPODA  (p.E'ya?,  grand  ;  ttovç,  pied). 
1NSé  — Genre  de  l'ordre  des  Diptères  bra- 
chocères,  tribu  des  Asiliques,  établi  par 
M.  Macquart  (Suites  à  Buffon,  Hist.  des  Dip- 
tères, t.  I,  pag.  288),  et  caractérisé  princi- 
palement par  l'absence  de  la  moustache  et 
la  longueur  des  pieds.  Il  ne  renferme  qu'une 
seule  espèce,  Jl/.  cyanea  Maeq.  (Laphria  la- 
oiata  Fab.),  grand  et  bel  insecte  du  Brésil. 

MÉGAPODE.  Megapodius  (p./yaç,  grand  ; 
t.ovç  ,  pied),  ois.  —  Les  Oiseaux  ainsi  nom- 
més par  MM.  QuoyetGaimard  et  découverts 
en  partie  par  ces  naturalistes,  dans  un  voyage 
de  circumnavigation,  se  rapprochent  des  Mé- 
nures  et  un  peu  des  Kamichis  par  la  forme 
de  leurs  doigts  et  de  leurs  ongles,  et  rappel- 
lent, par  leurs  autres  caractères  physiques, 
ceux  des  Cryptonyx  et  des  Tinamous.  Ces 
caractères  mixtes,  si  nous  pouvons  ainsi 
dire,  expliquent  les  divergences  d'opinion 
des  auteurs  relativement  à  la  place  qu'il 
convient  d'assigner  aux  Mégapodes.  G.  Cu- 
vier  en  a  fait  des  Échassiers  macrodactyles, 
et  les  a  placés  à  la  suite  des  Jacanas  et  des 
Kamichis;  M.  Lesson  les  a  considérés  comme 
des  Passereaux  et  les  a  rangés  immédiate- 
ment après  les  Pigeons.  Enfin  M.  Temminck 
a  pensé  que  les  Mégapodes  pouvaient  être 
regardés  comme  les  représentants  des  Tina- 
mous dans  les  contrées  chaudes  de  l'ancien 
continent,  et  les  a,  par  conséquent,  placés 
parmi  les  Gallinacés.  Cette  opinion  est  celle 
qu'a  adoptée  G.-R.  Gray  dans  sa  List  of  the 
gênera. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Mégapodes  forment 
un  genre  qui  offre  pour  caractères  :  un  bec 


MEG 

grêle,  faible,  droit,  aussi  large  que  haut,  et 
aplati  en  dessus  à  sa  base,  à  mandibule  su- 
périeure dépassant  l'inférieure  et  légèremen  i 
courbée  à  la  pointe;  des  narines  ovales, 
ouvertes,  placées  plus  près  de  la  pointe  du 
bec  que  de  sa  base,  et  percées  dans  une 
membrane  garnie  de  petites  plumes;  la  ré- 
gion ophlhalmique  nue;  le  cou  couvert  seu- 
lement de  petites  plumes;  des  ailes  médio- 
cres, concaves,  arrondies;  une  queue  cunéi- 
forme et  courte;  des  tarses  et  des  pieds 
forts,  et  des  ongles  très  longs,  très  forts, 
plats  en  dessous,  très  peu  courbés,  triangu- 
laires et  obtus. 

Les  Mégapodes  ne  sont  point  encore  par- 
faitement connus  sous  le  rapport  de  leurs 
mœurs.  Les  voyageurs  naturalistes  se  sont 
généralement  bornés  à  nous  apprendre  qu'ils 
vivent  dans  les  terrains  marécageux,  qu'ils 
sont  craintifs,  courent  très  vite  dans  les 
broussailles  à  la  manière  des  Perdrix,  volent 
peu  et  bas,  et  font  entendre  pour  cri  une 
sorte  de  gloussement.  Les  seuls  détails  un 
peu  complets  que  l'on  possède  ont  été  four- 
nis en  grande  partie  par  MM.  Quoy  et  Gai- 
mard,  et  sont  relatifs  à  leur  reproduction. 
Leurs  œufs  sont  énormes,  relativement  à  leur 
taille  ;  ils  les  déposent  dans  des  cavités  qu'ils 
forment  eux-mêmes  en  creusant  légèrement 
le  sable.  Us  choisissent  pour  cela  les  exposi- 
tions les  plus  chaudes,  et  ne  pondent,  dans 
chaque  cavité,  qu'un  seul  œuf  qu'ils  ont  soin 
de  recouvrir  avec  des  débris  de  plantes  ;  du 
moins  c'est  ce  que  fait  le  Mégapode  aux 
pieds  rouges.  Les  petits,  ace  qu'il  paraît, 
naissent  par  la  seule  influence  de  la  chaleur 
solaire  et  pourvoient  eux-mêmes  à  leurs  be- 
soins dès  qu'ils  sortent  de  l'œuf,  sans  que 
leur  mère  veille  à  leur  conservation.  Ce  fait, 
si  contraire  à  ce  que  nous  montrent  les  Gal- 
linacés sous  le  rapport  des  soins  qu'ils  don- 
nent à  leurs  petits,  de  la  sollicitude  avec 
laquelle  ils  veillent  sur  eux,  ferait  supposer 
que  les  Mégapodes  ne  sont  point  des  Galli- 
nacés, et  peut-être  serait-il  plus  convenable, 
jusqu'à  ce  que  de  nouvelles  observations 
pussent  lever  tous  les  doutes  à  l'égard  de  la 
place  qu'ils  doivent  occuper,  de  les  laisser 
auprès  des  Kamichis  où  les  a  mis  G.  Cuvier. 

MM.  Quoy  et  Gaimard  rapportent  que, 
dans  les  îles  Waigiou  et  Boni,  l'espèce  qu'ils 
ont  nommée  Mégapode  Freycinet  paraît 
vivre  dans  une  sorte  de  demi-domesticité. 


MEG 

Buffon  n'a  connu  aucune  espèce  de  ce 
genre.  Celles  qu'on  y  admet  sont: 

1.  Le  Mégapode  Freycinet,  Meg.  Freyci- 
iictii  Quoy  et  Gaimard  (  Voyage  de  l'Uranie, 
pi.  32).  Plumage  en  entier  d'un  noir  brun, 
qui  s'éclaircit  un  peu  sous  le  ventre.  Habite 
les  îles  de  Guebé,  de  Waigiou.  Les  naturels 
de  ces  îles  le  nomment  Maukirio  ou  Mane- 
saqui. 

2.  Le  Mégapode  Lapérouse  ,  Meg.  Lape* 
rousii  Quoy  et  Gaimard  (  Voyage  de  l'Uranie, 
pi.  33).  Plumage  roussâtre,  cou  dépourvu 
de  plumes,  tarses  jaunes.  Habite  les  îles 
Mariannes  et  les  Philippines,  où  il  porte  le 
nom  de  Tavon. 

3.  Le  Mégapode  Duperrey,  Meg .  Duper- 
rexji  Garnot  et  Less.  {Voyage  de  la  Coquille, 
pi.  36).  Une  huppe  de  couleur  brune  fauve  ; 
le  cou,  la  gorge,  l'abdomen  gris  -  ardoise; 
ailes  et  dos  roux;  croupion  rougeâtre.  Ha- 
bite la  Nouvelle-Guinée. 

4.  Le  Mégapode  a  pieds  rouges,  Meg.  ru- 
bripes  Temm.  {pi.  col.,  411  ).  Une  huppe  et 
le  dos  roux;  croupion  et  bas-ventre  rougeà- 
tres;  bec  de  cette  couleur;  tarses  d'un  rouge 
vif.  Habile  Amboine. 

Cette  espèce  est  fort  voisine  de  la  précé- 
dente, et  pourrait  bien  n'être  établie  que  sur 
uuq  différence  d'âge  ou  de  sexe. 

G.  Cuvier  et  quelques  autres  naturalistes 
ont  encore  placé  parmi  les  Mégapodes  une 
cinquième  espèce  dont  M.  Lesson  a  fait  le 
type  de  son  genre  Alecthilia,  et  qu'il  nomme 
Al.  Urvilii.  (Z.  G.) 

*MÉGAPODES.  Lyriferi.  ois.— Sous  ce 
nom  ,  M.  Lesson  a  établi ,  dans  l'ordre  des 
Pa^oreaux,  une  famille  à  laquelle  il  donne 
les  caractères  suivants  :  Bec  droit,  grêle  , 
aplati  et  élargi  à  sa  base,  rétréci  au  milieu, 
et  légèrement  renflé  au  sommet;  fosses  na- 
sales latérales,  étroites;  tour  des  yeux  dé- 
nudé; tarses  allonges,  forts,  scutcllés ,  ter- 
minés par  quatre  doigts  munis  d'ongles  al- 
longés, robustes.  Celle  famille,  qui,  pour 
M.  Lesson,  se  joint  aux  Échassiers  himanto- 
galles  par  le  genre  Talcgale ,  comprend  les 
genres  Ménure,  Mégapode  et  Alecthélie. 

(Z.  G.) 

*ÏV!KGAP0DIDÉES.  Megapodidœ.  ois. 
—  Famille  établie  par  G.-R.  Gray  {A  List  of 
the  gênera)  dans  l'ordre  dît  Gallinacés,  et 
correspondant  en  partie  a  celle  que  M.  Les- 
son a  fondée  sous  le  nom  de  Mégapodes; 


MEG 


59 


seulement  il  a  éloigné  les  Ménures  des  g. 
Mégapode  et  Alecthélie,  et  a  réuni  à  ces  der- 
niers, pour  en  constituer  sa  famille  des  Me- 
gapodidœ,  les  g.  Talegallus ,  Leiopa  et  Me- 
sites.  (Z.  G.) 

MEGAPODIUS.  ois.  —  Voy.  mégapode. 

*MEGAPROCTUS  ^«5»  grand  ;  wpwx- 
to'ç,  anus),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes ,  tribu  des  Céram- 
bycins,  créé  par  nous  {Revue  ent.  de  Sil~ 
bermann,  tom.  V,  1837,  pag.  321,  pi.  i, 
f.  2 ,  3),  avec  une  espèce  de  l'Afrique  aus- 
trale, que  nous  avons  nommée  Megaproc- 
tus  didelphis.  (C.) 

*MEGAPROCTUS  [>V«s,  grand  ;  -*pû>x- 
toç,  anus),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères, famille  des  Curculionides  gonato- 
cères,  division  des  Rhynchophorides,créé  par 
Schœnherr  (  Gêner,  et  sp.  Curculion.  syn., 
t.  IV,  p.  868,  1838 ,  8-2,  p.  234).  Ce  genre 
renferme  les  trois  espèces  suivantes  :  M.  acu- 
tus  ¥.,exclamationis  Wied.,  etfunebris  111. 
(Calandra),  qui  toutes  sont  originaires  des 
Indes  orientales. 

M.  Guérin-Méneville  a  établi  avec  l'une 
de  ces  espèces  son  genre  Bclorhinus  et  non 
pas  Belorhynchus,  comme  l'indique  Schœn- 
herr :  ce  nom  doit  prévaloir.  Cet  auteur  con- 
signe, dans  le  texte  de  Vie.  du  Règn.  anim., 
t.  III,  p.  177  et  178,  trois  nouvelles  espèces 
des  mêmes  contrées  :  les  B.  ocellatus,  afli- 
nis  Guér.,  et  filiforinis  Buq.  (C.) 

*MEGAF»HINLS  (fx/yaç,  grand  ;  ^'v,  nez). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères  , 
famille  des  Curculionides  gonatocères,  divi- 
sion des  Érirhinides,  établi  par  Schœnherr 
{Gêner,  etsp.  Curculion.  syn.,  t.  III,  397- 
7,  2,  p.  274).  Le  type,  M.  frmus  Sch., 
est  indigène  de  l'île  de  Java.  (C.) 

*MEGARHIPÏS,  Dupont,  Delaporte.  ins.. 
. —  Syn.  de  Microrhipis.  (C.) 

*MEGARH1NCHUS  (pE'y«;>  grand;  jtây- 
Xoç ,  bec  ,  rostre),  ins.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Scutellérides ,  groupe  des  Penta- 
tomites,  de  l'ordre  des  Hémiptères,  établi 
par  M.  Laporte  de  Castelnau,  et  adopté  par 
MM.  Amyot  et  Servillc  {Ins.  hem.,  suites  à 
Buffon).  Ces  derniers  rapportent  seulement 
deux  espèces  {M.  roslratus  Fab.,  et  M.  tes- 
laceus  Am.  et  Scrv.)  à  ce  genre  ,  que  nous 
regardons  comme  une  simple  division  du 
genre  Phyllocephala.  (Bl.) 


60 


MEG 


MEG 


*MEGARTHRIJS  ifuyai,  grand  ;  SpGpov, 
articulation),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères ,  famille  des  Brachélytres,  tribu 
des  Protéiniens  ,  proposé  par  Rirby,  décrit 
par  Stephens  (Illust.  Brit.Ent.,Y,  p.  330). 
et  adopté  par  Erichson  (Gênera  et  sp.  Sta- 
phylinorum,  t.  I,  p.  904).  Ce  dernier  au- 
teur mentionne  les  quatre  espèces  suivantes , 
qui  toutes  sont  propres  à  l'Europe,  et  se 
trouvent  aux  environs  de  Paris ,  savoir  : 
M.  depressus  Pk.  (Staphyl.),  sinuatocollis 
B.-D.,  Lac,  denticollis  Beck  (Omalium)  et 
hemipterus  111.  (Silpha).  On  rencontre  ces 
Insectes  dans  les  amas  de  branches  mortes 
et  humides.  (C). 

*MEGASANTHES,  Alph.  DC.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Codonopsis,  Wall. 

MEGASCELIS  (p/yaç,  grand;  «Aoç, 
jambe),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères ,  tétramères  de  Latreille ,  fa- 
mille des  Eupodes,  tribu  des  Criocérides , 
formé  par  Dejean,  et  adopté  par  Latreille 
et  M.  Th.  Lacordaire.  Ce  dernier  auteur 
en  décrit  (Monog.  des  Coléopt.  subpent.  delà 
fam.  des  Phytophages ,  t.  I,  p.  241)  51  es- 
pèces ,  qui  toutes  appartiennent  à  l'Amé- 
rique. Nous  citerons  les  suivantes  :  M.  pur- 
purea  Pert.,  lema,  viridis  111.,  vittata  (cu- 
prea  var.  )  Fab. ,  M.  prasina  Chvt. ,  et 
curta  Lac.  (C.) 

*MEGASCOLEX  vpeyaç,  grand  ;  axcJ^?, 
lombric),  annél.  —  Genre  de  la  famille 
des  Lombrics,  nouvellement  établi  par 
M.  Templeton  pour  une  grande  espèce  qu'il 
a  découverte  dans  l'île  de  Ceylan,  Megas- 
colex  cœruleus  Templ.  (Proceed  zool.  soc. 
London,  1844).  (P.  G.) 

MEGASEA,  Hasw.  (Saxif.,  6).  bot.  ph. 
—  Syn.  de  Bergenia,  Mœnch. 

*MEGASTEGIA,  Don.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Harpalyce ,  Moç.  et  Less. 

*MEGASTERNUM  (^'ya;,  grand  ;  arip- 
vov  ,  sternum),  ins. —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Palpicornes,  tribu 
des  Sphéridiens  mégasternaires ,  créé  par 
Mulsant  (  Hist.  nat.  des  Coléopt.  de  Fr.  , 
1844 ,  p.  187  ).  L'espèce  type,  le  M.  bole- 
ophagum  Marsh.  ,  habite  une  partie  de 
l'Europe.  (C.) 

*MEGASTOMA,  Swainson.  ois.  —  Syn. 

de  Tyrannus,  Vieillot.  Voy.  tyran.  (Z.  G.) 

MÉGATHÉRÏOIOES   ou    MÉGATHÉ- 

RlDES.  mam.  foss.  —  M.  Owen  (Descrip- 


tion du  squelette  du  Mylodon  robustus ,  Pa- 
resseux gigantesque  perdu,  Londres,  1842) 
désigne  sous  ce  nom  une  famille  d'animaux 
fossiles  de  l'ordre  des  Edentés  ,  dont  l'orga- 
nisation offre  sur  une  grande  échelle  un 
composé  de  celle  des  Paresseux  ,  des  Four- 
miliers et  des  Tatous  actuels,  et  qui  a  pour 
type  un  animal  décrit  par  Cuvier  sous  le 
nom  de  Megatherium. 

Cette  famille  se  compose  déjà  de  plusieurs 
genres  qui  se  rencontrent,  hors  unseuj  peut- 
être,  tous  en  Amérique,  c'est-à-dire  dans  le 
continent  qui  nourrit  le  plus  grand  nombre 
des  genres  actuels  d'Édentés.  On  en  trouve 
en  grande  abondance  dans  les  sables  argileux 
tertiaires  du  vaste  bassin  de  la  Plata  ,  mais 
on  en  rencontre  aussi  dans  les  nombreuses 
cavernes  du  Brésil  et  dans  celles  de  l'Amé- 
rique septentrionale.  Les  os  y  sont  même  si 
bien  conservés  qu'il  n'est  pas  rare  de  ren- 
contrer des  phalanges  onguéales  encore  re- 
couvertes de  leur  partie  cornée  à  demi  dé- 
composée ;  ce  qui  indique  que  ces  cavernes 
se  trouvent  dans  des  conditions  favorables  à 
une  longue  conservation  des  matières  ani- 
males, car  il  est  probable  que  les  animaux 
qui  portaient  ces  ongles  ont  disparu  depuis  le 
soulèvement  de  la  chaîne  des  Andes. 

Les  dents  des  Mégathérides  sont  d'une 
seule  venue ,  sans  collets  ni  racines ,  et  se 
composent,  comme  celles  des  Paresseux,  d'un 
ivoire  peu  dense  au  milieu ,  entouré  d'un 
ivoire  plus  dur  (dentine  vasculaire  et  den- 
tine  dure  de  M.  Owen),  le  tout  enveloppé  de 
cément ,  recouvert  lui-même  d'une  couche 
mince  de  substance  osseuse  plus  dure.  Le 
pied  est  articulé,  de  telle  sorte  que  son 
mouvement  sur  la  jambe  est  oblique,  ce  qui 
tient  à  ce  que  le  bord  interne  de  la  poulie 
de  l'astragale  est  presque  entièrement  effacé, 
et  que  le  bord  externe  est  oblique  de  dehors 
en  dedans.  La  composition  de  la  tête,  qui 
est  petite ,  est  à  peu  près  celle  des  Pares- 
seux ;  le  jugal  fournit  une  apophyse  mon- 
tante qui  cerne  en  partie  la  fosse  orbitaire, 
et  une  grande  apophyse  descendante,  qui 
donnait  sans  doute  de  fortes  attaches  aux 
muscles  des  lèvres.  Comme  dans  l'Unau, 
l'apophyse  acromion  de  l'omoplate  se  joint 
à  l'apophyse  coracoïde.  La  tête  supérieure 
du  radius  est  tout-àfait  circulaire,  ce  qui 
annonce  un  mouvement  de  pronation  et  de 
supination  bien  déterminé.  Le  bassin  est 


MKG- 


MEG 


61 


très  large  et  l'extrémité  postérieure  d'une 
force  extrême.  Ils  ont  tous  un  ou  deux  doigts 
externes  sans  ongles,  propres  à  la  susten- 
sion  et  à  la  marche  ;  les  autres  doigts  por- 
tent de  forts  ongles  qui  ne  pouvaient  se 
ployer  qu'en  dessous.  La  queue  est  médio- 
crement longue,  mais  très  épaisse. 
Cette  famille  comprend  les  genres  : 
Mégalonyx  ,  Jefferson  (  péyaç ,  grand  ; 
ovyï  ,  ongle).  Dans  les  Trans.  de  la  Soc. 
phil.  de  Philadelphie,  t.  IV,  on  trouve  un 
Mémoire  de  M.  Jefferson  (  qui  fut  le  troi- 
sième des  présidents  des  États-Unis  d'Amé- 
rique ),  où  cet  homme  d'État  fait  connaître 
des  restes  de  cet  animal ,  qu'il  prenait  pour 
ceux  d'un  grand  Carnassier  de  5  pieds  de 
haut.  Mais,  dans  le  même  volume  ,  le  doc- 
teur Whistar  donna  une  description  et  des 
figures  de  ces  os,  en  indiquant  leur  analo- 
gie avec  les  os  des  Paresseux.  Peu  de  temps 
après,  Cuvier  (Oss.  foss. ,  t.  IV)  prouva 
cette  analogie  par  la  disposition  des  facettes 
des  deux  dernières  phalanges  ,  qui  empê- 
chent l'ongle  de  porter  sa  pointe  en  haut,  et 
ne  lui  permettent  que  de  le  fléchir  en  des- 
sous, et  par  la  forme  générale  des  os,  qui 
présentent  en  grand  tous  les  détails  d'orga- 
nisation que  les  Paresseux  offrent  en  petit. 

Les  dents  du  Mégalonyx  sont  — -H—  ,  sans 

4  —  4 

incisives  ni  canines;  elles  vont  en  grandis- 
sant d'avant  en  arrière;  les  deuxième  et 
troisième  inférieures  ont  leur  couronne  à  peu 
près  pyriforme,  Je  gros  bout  dirigé  en  avant. 
Les  phalanges  onguéales  sont  très  grandes  et 
comprimées. 

Les  ossements  mentionnés  par  Jefferson 
venaient  d'une  caverne  de  l'ouest  de  la  Vir- 
ginie; mais  il  s'en  trouve  aussi  dans  le  bas- 
sin de  la  Plata.  M.  Owen  donne  la  figure  (3e 
la  mâchoire  inférieure  du  Mégalonyx  Jeffer- 
sonii,  car  c'est  ainsi  que  cette  espèce  se 
nomme,  pi.  29  des  Mamm.  foss.  du  Deagle. 
Le  bord  interne  des  deux  branches,  à  par- 
tir de  la  dernière  dent,  décrit  une  demi- 
ellipse.  Cet  animal  était  de  la  taille  d'un 
très  grand  bœuf. 

Mecatherium,  Cuv.  (fx/yaç,  grand  ;  G/ipi'ov, 
animal).  Ce  genre  a  été  établi  par  Cuvier 
pour  un  animal  de  la  taille  des  grands  Rhino- 
céros, dont  un  squelette  presque  complet  a 
été  trouvé,  en  1789,  sur  les  bords  de  la 
rivière  de  Luxan ,  à  quatre  lieues  environ  de 


Buénos-Ayres.  Ce  squelette  ,  qui  fait  l'orne- 
ment du  cabinet  de  Madrid,  a  d'abord  été  dé- 
crit par  Jean-Baptiste  Bru,  puis  par  Cuvier 
(Ossements  fossiles,  t.  IV),  d'abord  sur  les  figu- 
res de  ce  dernier,  publiées  par  don  Joseph 
Garriga,  ensuite  sur  celles  de  MM.  d'Alton  et 
Pander  ( Bonn,  1821).  Enfin  M.  Clift  (vol. 
III  des  Trans.  de  la  Soc.  géol.  de  Londres, 
2e  série)  a  complété  la  description  des  par- 
ties qui  manquaient  au  squelette  de  Madrid, 
telles  que  la  queue  et  une  portion  du  bassin. 
Chez  le  Megalherium  Cuvieri,  car  c'est  ainsi 
que  les  paléontologistes  nomment  cet  ani- 
mal ,  l'apophyse  descendante  du  jugal  est 
très  grande  ;  la  mâchoire  inférieure  très  ren- 
flée au-dessous  des  molaires ,  à  cause  de  la 
profondeur  des  alvéoles,  se  termine  en  une 

g 5 

sorte  de  bec;  les  dents,  au  nombre  de , 

4  —  4 

sont  très  longues  ,  quadrangulaires ,  et  of- 
frent une  composition  très  compliquée.  Lors- 
qu'on pratique  une  coupe  longitudinale  de 
l'une  d'elles  dans  un  plan  antéro-postérien, 
on  voit  que  la  cavité  de  la  pulpe  est  très 
grande,  et  qu'elle  se  prolonge  en  pointe 
presque  jusqu'au  niveau  du  bord  alvéolaire. 
Le  milieu  de  la  dent  est  formé  d'un  ivoire 
blanc  grossier  et  tendre;  de  chaque  côté  de 
cette  substance  existe  pour  un  quart  un  cé- 
ment jaunâtre  ;  mais  ,  entre  lui  et  l'ivoire  , 
on  voit  un  ruban  de  substance  plus  dure, 
formé  lui-même  de  trois  lignes  grises  et  de 
deux  blanches.  Ce  ruban,  de  substance  dure, 
correspond  à  deux  crêtes  transversales  de  la 
couronne  de  la  dent,  séparées  par  une  val- 
lée profonde.  Sur  les  côtés  latéraux  de  la 
dent,  cette  substance,  plus  dure,  est  très 
mince;  le  tout  est  enveloppé  d'une  couche 
peu  épaisse  ,  fort  semblable  à  de  l'émail.  La 
dernière  dent  est  de  moitié  plus  petite  ^ue 
les  autres  ,  qui  sont  à  peu  près  égales  entre 
elles;  le  diamètre  antéro-postérieur  d'uno 
dent  du  cabinet  de  Paris  a  53  millimètres, 
et  le  diamètre  latéral  40.  La  longueur  de  !a 
plus  longue,  figurée  par  M.  Ov»en  ,  a  240 
millimètres.  Cet  animal  avait  des  membres 
très  robustes  ,  surtout  ceux  de  derrière.  Le 
fémur,  d'un  quart  moins  long  que  celui  d'un 
Éléphant  de  8  pieds  de  haut,  est  plus  de 
deux  fois  plus  large  ;  le  bassin  ,  d'un  tiers. 
Les  vertèbres  sont  au  nombre  de  7  cervica- 
les ,  16  dorsales,  3  lombaires,  5  sacrées  et 
1 5  caudales.  Il  avait  quatre  doigts  à  la  main, 


62 


MÈG 


IVÏÊG 


«Joïit  trois  armés  d'ongles  peu  comprimés.  A 
en  juger  par  les  figures,  il  y  avait  aussi  quatre 
doigts  au  pied  ,  dont  deux  armés  d'ongles. 
On  a  cru  pendant  quelque  temps  que  cet 
animal  était  couvert  d'une  cuirasse  osseuse, 
comme  les  Tatous  ;  mais  on  sait  maintenant 
que  les  portions  de  derme  ossifié  qu'on  lui 
avait  attribuées  à  tort,  appartenaient  à  d'au- 
tres animaux  plus  voisins  des  Tatous.  (Voy. 
l'atlas  de  ce  Dictionnaire,  paléontologie, 

MAMMIFÈRES  FOSSILES,  pi.    5.) 

Mylodon,  Owen  (uv).vj ,   meule;  o-W;  , 

5 5 

dent).  Les  dents  sont  au  nombre  de  . 

4  —  4 
La  première  des  supérieures  est  presque  el- 
liptique et  un  peu  éloignée  des  autres  ;  la 
seconde  elliptique  ;  les  autres  trigones ,  avec 
un  sillon  à  leur  face  interne.  La  première 
inférieure  est  elliptique,  la  troisième  tétra- 
gonc  ,  la  dernière  ,  très  grande ,  bilobée  ;  les 
pieds  sont  égaux,  ceux  de  devant  pentadac- 
tyles  ;  ceux  de  derrière  tétradactyles;  dans 
les  uns  et  les  autres,  les  deux  doigts  exter- 
nes ne  portent  point  d'ongles;  ceux-ci  sont 
grands,  semi-coniques,  inégaux. 

M.  Owen  compte  dans  ce  genre  : 

Le  Myl.  robustus  Owen  ,  dont  un  sque- 
lette entier  se  voit  au  collège  des  chirurgiens 
de  Londres.  Ce  squelette  a  été  décrit  par 
M.  Owen,  en  1842,  avec  toute  la  science 
qu'exigeait  un  aussi  beau  débris  de  la  faune 
qui  a  précédé  celle  de  nos  jours  ,  et  qu'on 
pouvait  attendre  d'un  paléontologiste  aussi 
distingué.  L'auteur  fait  ressortir  dans  sa 
description ,  non  seulement  les  affinités  du 
Mylodon  robustus  avec  les  Paresseux,  mais 
aussi  celles  des  autres  genres  de  Mégathé- 
rides.  La  mâchoire  inférieure  de  cette  espèce 
est  à  symphyse  courte  et  large;  la  seconde 
de  ces  dents  est  à  peu  près  trigone  ;  la  der- 
nière à  trois  sillons,  deux  internes  et  un  ex- 
terne ,  arrondie. 

Le  Myl.  Darwinii  Owen.  La  mâchoire 
inférieure  à  symphyse  plus  longue  et  plus 
étroite.  La  seconde  molaire  presque  ellipti- 
que ;  la  dernière  à  deux  sillons  ;  le  sillon 
interne  angulaire. 

Le  Myl.  Harlani  Owen ,  Megalonyx  la- 
queatus  et  Orycterotherium  missouriense 
Harlan.  La  symphyse  de  la  mâchoire  infé- 
rieure courte  et  large ,  la  seconde  presque 
carrée,  la  dernière  à  trois  sillons,  dont  l'in- 
terne est  bi-angulaire. 


Scelidotiierium  ,  Owen  (  <jxt/.!'; ,  fémur  ; 
6/ipi'ov ,  animal).  Les  dents  de  ce  genre  ,  au 

5 5 

nombre  de ,  sont  conliguës  ou  sépa- 

4  —  4 

réespar  des  intervalles  égaux.  Les  supérieu- 
res sont  trigones  ;  aussi  bien  que  la  première 
des  inférieures,  les  deuxième  et  troisième 
inférieures  un  peu  comprimées ,  à  face  ex- 
terne sillonnée;  la  dernière  ,  très  grande, 
bilobée. 

Le  Scel.  leplocephalum  Owen.  Décrit  par 
M.  Owen  (Mammifères  fossiles  du  Réagh)  ;  a 
la  tête  allongée,  de  même  forme  à  peu  près 
que  celle  de  l'Oryctérope  ,  mais  deux  fois 
aussi  grande  ;  la  symphyse  de  la  mâchoire 
inférieure,  longue  d'un  décimètre  ,  est  con- 
cave intérieurement.  Les  os  nasaux,  rétré- 
cis dans  leur  milieu  et  plus  larges  en  avant 
qu'en  arrière ,  sont  échancrés  à  leur  bord 
antérieur  ;  les  intermaxillaires  n'atteignent 
point  les  os  du  nez  ,  de  sorte  que  les  maxil- 
laires bordent  l'ouverture  nasale  en  arrière, 
comme  dans  les  Paresseux,  et  probablement 
comme  dans  tous  les  Mégathérides.  La  cloi- 
son des  narines  est  osseuse  et  se  prolonge 
jusqu'à  l'extrémité  antérieure  des  nasaux. 
M.  Owen  pense  que  les  Megalonyx  Cuvierif 
Bucklandi,  minulus  de  M.  Lund ,  sont  au- 
tant d'espèces  de  Scelidotherium. 

Il  est  probable  que  le  Macrotherium  de 
M.  Lartet ,  genre  d'Édentés  qui  se  trouve 
dans  les  terrains  tertiaires  supérieurs  de 
l'Europe  ,  entrera  dans  la  famille  des  Méga- 
thérides lorsque  les  nombreux  ossements 
qu'en  possède  M.  Lartet  seront  décrits.  Nous 
ferons  seulement  remarquer  ici  que  cet  ani- 
mal se  rapprochej  par  sa  phalange  onguéale 
fendue  ,  du  genre  Pangolin  ,  qui  habite  au- 
jourd'hui l'Asie.  (Laurillard.) 

*MEGATHOPA(pe7a8oç,  grandeur;  d>njt 
face),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  coprophages,  créé  par  Eschscholtz 
(Entomograpluen,  Berlin,  1822,  édit.  Leq., 
Paris  1835,  p.  34),  et  adopté  par  Reiche 
(Revue  zoologique  de  Guérin,  1841,  p.  213). 
Ce  genre  est  composé  de  cinq  ou  six  espèces 
américaines.  Nous  citerons  les  trois  suivan- 
tes :  M.  villosa  Esch.,  bicolor  Guér.,  Brullei 
Reich.  (C.) 

MEGATOMA  (i«yaç,  grand;  toP.yj,  cou- 
pure), ins.  -Genre  deColéoptèrespentamères, 
famille  desClavicornes,  tribu  des Dermestins, 


JVIEG 


MEL 


63 


créé  par  Herbst  et  adopte  par  Latreille  {Règ. 
anim.,  t.  IV,  p.  509)  et  par  Dejean  qui  men- 
tionne uniquement  {Cat.,  3e  éd.,  p.  139) 
le  Dermestes  serra  ùe  F.,  espèce  qu'on  trouve 
en  Europe  et  en  Amérique  sous  les  écorces 
des  arbres.  On  pense  que  Y 'Attagenus  macel- 
larius  d'Olivier  n'est  que  la  femelle  du  type. 
Erichson  fait  connaître  une  seconde  espèce 
qui  est  originaire  de  la  Nouvelle-Hollande, 
et  qu'il  nomme  M.  morio.  (G.) 

MÉGÈRE,  ins.  — Nom  vulgaire  de  quel- 
ques espèces  du  genre  Satyre. 

*MEGISCHIA  {fiéyoiç,  grand;  l^tn  , 
hanche),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères,  famille  des  Xystropides,  tribu  des 
Cténiopites,  créé  par  Solier  {Annal,  de  la 
Soc.  enlom.  de  France,  t.  IV,  p.  247).  Le 
type,  la  M.  curvipes  Dej.,  Sol.,  est  originaire 
du  midi  de  la  France.  (C.) 

MÉGISTANES.  Megistanes.  ois.  —  Sous 
ce  nom,  Vieillot  a  créé,  dans  l'ordre  des 
Échassiers ,  une  familie  qui  correspond  à 
celle  des  Brévipennes  de  G.  Cuvier,  et  qui, 
comme  elle,  comprend  les  genres  Autruche, 
Nandou,  Casoar  et  Emou.  (  Z.  G.) 

*MÉG1STME.  Megistina,  Vieillot,  ois.— 
Syn.  de  Parus.  Voy.  mésange.       (Z.  G.) 

*MEGISTOCERA  (pey^oç,  très  grand; 
x/paç,  antenne),  ins.— Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  némocères,  famille  des  Tipuliciens 
(Tipulaires,  Lat.),  groupe  des  Tipulites,  éta- 
bli par  Wiedmann  (Auss.  Zweift.,  n.  41). 
On  ne  connaît  que  quelques  espèces  exotiques 
de  ce  genre;  la  principale  est  connue  sous  le 
nom  de  M.  fdipes.  Elle  habite  la  Guinée. 

*MEG!STOSAURUS  (p^roç,  très 
grand;  erccvpoç,  lézard),  mam.  —  Ce  nom  a 
été  appliqué  par  M.  Godmann  {Trans.  of 
the  american  phil.  Soc.)  à  un  groupe  de 
Cétacés.  (E.  D.) 

*MEGOPIS  (pVyocç,  grand;  ty,  œil),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  té- 
tramères  de  Latreille,  famille  des  Prîoniens, 
formé  par  Dejean  {Catal.,  3e  édit.,  p.  343), 
et  adopté  par  Serville  {Annal,  de  la  Soc. 
entom.  de  France,  t.  I,  p.  127,  161).  Nous 
citerons,  comme  en  faisant  partie,  les  M.  mu- 
tica  Lat. ,  Serv.  et  brunnea  Dej .  L'une  et  l'au- 
tre sont  originaires  des  îles  Maurice  et  Bour- 
bon. (C>) 

*MEGOPS  (,/£>;,  grand;  ty,  œil),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères ,  division  des 


Apostasimérides-Baridides,  créé  par  Schœn- 
herr  (  Gêner,  et  sp.  Curculion.,  tom.  VIII, 
pars  1,  pag.  181).  Le  type,  M.  morosus 
Germ.  {Magdalis),  est  originaire  du  Bré- 
sil. (C). 

*MEGYMENUM  (  péyocç ,  grand  ;  ûpfv  , 
membrane),  ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Hé- 
miptères hétéroptères ,  tribu  des  Scutellé- 
riens,  établi  par  M.  Guérin  {Voy.  de  Dupcr- 
rey,  Ins.,  pi.  12).  Les  espèces  de  ce  genre, 
peu  nombreuses,  appartiennent  à  la  Nou- 
velle-Hollande, aux  Indes  orientales  et  à 
l'Afrique  méridionale. 

*MEIGLYPTES,  Swainson.  ois.  -Syn. 
de  Picus.  Voy.  pic.  (Z.  G.) 

MÉÎOMTE  (^efcov,  moindre),  min. — 
Hyacinthe  blanche  de  la  Somma.  Ce  miné- 
ral a  la  même  forme  cristalline,  et  très  pro- 
bablement aussi  la  môme  composition  que 
la  Wernéritc,  dont  il  n'est  qu'une  variété 
particulière,  remarquable  par  une  plus 
grande  pureté,  un  éclat  vitreux  et  une  assez 
belle  transparence.  On  le  trouve  en  cristaux 
ou  en  graine  cristalline  dans  les  blocs  de 
dolomie  de  la  Somma,  au  Vésuve.  Voy.  wer- 
néuite.  (Del.) 

*MEÏSNERIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Mélastomacées-Mé- 
lastomées-Lavoisiérées ,  établi  par  De  Can- 
dolle  {Prodr.,  III,  114).  Herbes  du  Brésil. 

Voy.  MÉLASTOMACÉES. 

MEISTERIA  ,  Scop.  bot.  pu.  —  Syn.  de 
Pacourina,  Aubl. 

*MELACI1NE ,  Schrod.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Lamprocarya,  R.  Br. 

*MÉLACONISE  (pe'Aaç,  noir;  xovtç,  pous- 
sière), min.  —  Oxyde  de  cuivre,  en  masse 
terreuse  noire,  que  l'on  trouve  en  petite 
quantité  dans  les  mines  de  cuivre,  où  il  pa- 
raît résulter  de  la  composition  de  l'Azurito 
ou  Cuivre  carbonate  bleu.  Il  est  attaquable; 
par  l'acide  azotique  et  la  solution  précipitée 
du  cuivre  métallique  sur  une  lame  de  fer. 

(Del.) 

*MELA2NIA,  Dumort.  bot.  pu.  —  Syn. 
de  Catlleya,  Lindl. 

MELAENUS  (prouva,  noire),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille  des 
Carabiques  (Carnassiers),  tribu  des  Scaritides 
(Bipartis  de  Latreille),  créé  par  Dejean 
{Species  général  des  Coléoptères,  t.  V,  p.  482). 
Le  type,  M-  elegans  de  Fauteur,  estoriginairc 
du  Sénégal.  (G) 


64 


MEL 


13ÉLALEUQUE.  Melaleuca  f>elaç,  noir  ; 
Itvxo's,  blanc),  bot.  ph.  —  Beau  genre  de  la 
famille  des  Myriacées ,  de  l'icosandrie  mo- 
nogynie  dans  le  système  sexuel  de  Linné.  Il 
se  compose  d'arbres  et  d'arbrisseaux,  origi- 
naires, pour  la  plupart,  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  rarement  des  Indes,  dont  plusieurs 
sont  maintenant  cultivés  comme  espèces  d'or- 
nement. Ces  végétaux  ont  des  feuilles  sim- 
ples, alternes  ou  opposées,  dépourvues  de 
stipules,  marquées  de  points  transparents, 
qui  ne  sont  autre  chose  que  de  petits  réser- 
voirs d'huile  essentielle;  leurs  fleurs  sont 
blanches  ,  jaunâtres  ou  purpurines ,  sessiles 
ou  même  un  peu  enfoncées  par  leur  base 
dans  le  rameau  qui  les  porte,  et  sur  lequel 
elles  sont  groupées  en  épi  ou  en  tête.  Eiles 
présentent  :  un  calice  dont  le  tube  adhère  à 
l'ovaire,  dont  le  limbe  est  à  cinq  divisions 
plus  ou  moins  profondes  ;  une  corolle  de  cinq 
pétales  insérés  à  la  gorge  du  calice,  alternes 
aux  lobes  de  celui-ci;  des  étamines  nom- 
breuses dont  les  filets  sont  soudés  en  cinq 
faisceaux  opposés  aux  pétales  ;  un  ovaire 
adhérent,  à  trois  loges  multi-ovulées,  sur- 
monté d'un  style  et  d'un  stigmate  unique. 
A  cette  fleur  succède  une  capsule  renfermée 
dans  le  tube  du  calice,  qui,  à  sa  maturité, 
laisse  sortir  ses  graines  par  trois  ouvertures 
terminales. 

Les  deux  espèces  les  plus  remarquables 
de  ce  genre  sont  les  Melaleuca  leucadendron 
Lin.  et  M.  minor  Smith  {M.  Cajuputi  Roxb.). 
La  première  forme  un  arbre  de  15  à  20  mè- 
tres de  hauteur,  dont  le  tronc  est  tortu;  de 
la  surface  de  ses  branches  se  détachent  des 
lames  épidermiques  nombreuses,  blanches  et 
minces.  Ses  feuilles  sont  alternes  ,  allon- 
gées-lancéolées, acuminées,  courbées  en  fau- 
cille, à  3-5  nervures;  ses  fleurs  sont  blan- 
ches, réunies  en  épis  un  peu  lâches  sur  des 
rameaux  pendants;  ces  rameaux  sont  par- 
faitement glabres,  de  même  que  les  calices. 
La  seconde  est  de  taille  moins  élevée ,  et  se 
distingue  par  ses  feuilles  alternes  elliptiques- 
lancéolées,  peu  aiguës,  légèrement  courbées 
en  faucille,  à  3-5  nervures,  grandes  et  res- 
semblant à  des  phyllodes.  Ses  fleurs  sont 
réunies  en  épis  plus  serrés,  qui  deviennent 
lâches  et  interrompus  après  la  floraison,  dont 
l'axe  est  velu,  de  même  que  les  calices  et 
les  jeunes  rameaux.  Ces  deux  plantes  crois- 
sent dans  les  Moluques  et  dans  les  îles  de 


MEL 

l'archipel  Indien  ,  où  elles  portent  l'une  et 
l'autre  le  nom  de  Cajuputi,  qui  signifie  bois 
blanc.  Leurs  feuilles  et  leurs  jeunes  pousses 
donnent  l'huile  volatile  connue  sous  le  nom 
d'huile  de  Cajeput ,  qui  paraît  cependant 
provenir  plus  particulièrement  de  la  der- 
nière. Cette  substance  se  présente  sous  la 
forme  d'un  liquide  épais ,  visqueux,  verdâ- 
tre,  d'une  odeur  forte  et  particulière,  que 
les  uns  ont  comparée  à  celle  du  Romarin, 
les  autres  à  celle  du  Cardamome ,  du  Cam- 
phre. Pour  l'obtenir,  on  recueille  les  feuilles 
et  les  parties  jeunes  qu'on  laisse  dans  des 
sacs  pendant  un  ou  deux  jours ,  jusqu'à  ce 
qu'elles  commencent  à  fermenter;  on  les 
met  ensuite  infuser  pendant  une  nuit  dans 
de  l'eau  qu'on  distille;  le  résultat  de  cette 
distillation  est  l'huile  de  Cajeput.  Soumise  à 
une  seconde  distillation,  cette  substance  de- 
vient limpide,  tout  en  conservant  une  légère 
couleur  verte.  L'huile  de  Cajeput  arrive  ra- 
rement en  Europe,  où  son  prix  est  toujours 
très  élevé;  mais  en  Chine  ,  dans  l'Inde  et 
dans  les  îles  de  l'Asie,  elle  est  fréquemment 
employée,  et  passe  pour  un  médicament  pré- 
cieux dans  un  grand  nombre  de  maladies. 
Les  Malais  et  les  Chinois  surtout  en  font  le 
plus  grand  usage,  soit  à  l'extérieur,  en  fric- 
tions, dans  les  affections  goutteuses  et  rhu- 
matismales, soit  à  l'intérieur,  où  elle  agit 
comme  un  excellent  sudorifique,  comme  an- 
tispasmodique, et  comme  un  puissant  exci- 
tant :  elle  a  même  été  fort  préconisée  contre 
le  choléra 

Parmi  les  espèces  de  Melaleuca  que  l'or» 
rencontre  le  plus  habituellement  dans  les 
jardins,  nous  nous  bornerons  à  signaler  les 
plus  répandues.  Telles  sont  :  le  Mélaleuque 
gentil,  Melaleuca  pulchella  R.  Br.,  joli  ar- 
brisseau à  rameaux  grêles,  flexibles  et  pen- 
dants à  l'extrémité,  à  petites  feuilles  ovales, 
alternes  ou  presque  opposées,  glabres,  qui 
donne  des  fleurs  lilas ,  sessiles  ou  presque 
sessiles,  ordinairement  solitaires  ;  leurs  fais- 
ceaux d'étamines  dépassent  les  pétales,  et, 
à  leur  face  interne,  se  dégagent  des  extré- 
mités de  filets  de  la  base  jusqu'au  sommet. 

Le  MÉLALEUQUE  A  FEUILLES  DE  MILLEPERTUIS, 

Melaleuca  hypericifolia  Smith,  arbrisseau 
qui  s'élève  à  3  ou*4  mètres  dans  nos  jardins. 
Ses  feuilles  sont  opposées  en  croix ,  ellipti- 
ques-oblongues  ,  à  bords  recourbés  en  des- 
sous, aiguës,  glabres;  ses  fleurs,  d'un  beau 


M  EL 

rouge  vif,  forment  de  beaux  épis  de  3  ou 
4  centimètres  de  longueur,  qui  doivent  pres- 
que tout  leur  effet  à  leurs  faisceaux  d'éta- 
inines.  Cette  espèce  est  une  des  plus  belles 
du  genre.  On  cultive  encore  fréquemment 
le  Mélaleuque  a  feuilles  de  Diosma  ,  Mela- 
leuca  diosmœfolia  Andr.;  le  Mélaleuque  cou- 
ronné ,  M.  coronata  Andr.,  et  quelques  au- 
tres. Toutes  ces  espèces  sont  d'orangerie,  et 
se  multiplient  par  graines,  par  boutures  ou 
même  par  marcottes.  (P.  D.) 

MËLAMPE.  Melampus.  moll.  —  Genre 
établi  par  Montfort  (  Conchyl.  systém.  )  et 
adopté  par  Lamarck  ,  qui  en  a  changé  le 
nom  en  celui  de  Conovule.  Voy.  ce  mot. 

MELAMPODIUM  (  f^V  ,  noir  ;  tcoSç  , 
tto^oç,  tige),  bot.  ph.  — -  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées ,  éta- 
bli par  Linné  (Gen.,  n.  989),  qui  le  ca- 
ractérise ainsi  :  Capitule  multiflore  ,  hétéro- 
game;  fleurs  du  rayon  ligulées,  femelles; 
celles  du  disque  tubuîeuses,  mâles.  Invo- 
lucre  double  :  l'extérieur  composé  de  5 
écailles,  rarement  3,  planes,  et  envelop- 
pant l'intérieur  dont  les  écailles  sont  en 
môme  nombre  que  les  fleurs  du  rayon  (  5 
ou  10).  Réceptacle  convexe  ou  subulé-co- 
nique  ,  garni  d'aigrettes  diaphanes  et  déci- 
dues.  Corolle  du  rayon  ligulée ,  celle  du 
disque  tubuleuse,  à  limbe  5-fide.  Akène  du 
disque  nul;  celui  du  rayon  présente  une 
forme  ovale,  un  peu  courbée  ;  il  est  plus  ou 
moins  renfermé  dans  les  écailles  de  l'invo- 
lucre  intérieur.  Aigrette  nulle. 

Les  Melampodium  sont  des  herbes  ou  des 
sous-arbrisseaux  de  l'Amérique,  à  tiges  di- 
chotomes,  à  feuilles  opposées,  à  fleurs  ordi- 
nairement jaunes ,  celles  du  rayon  quelque- 
fois blanches. 

Ce  genre  renferme  21  espèces ,  dont  18 
bien  connues  (DC,  Prodr.,  V,  517  );  elles 
ont  été  réparties  en  trois  sections,  nommées  : 
Eumelampodium,  DC.  (I.  c.)  :  Involucre  in- 
térieur enveloppant  l'akène  composé  d'é- 
cailles  tuberculeuses  ou  muriquées  extérieu- 
rement, prolongées  supérieurement  en  une 
coiffe  tronquée  ou  terminée  en  arête;  Za- 
rabclla,  Cass.  (in  Dict.  se.  nat.,  L1X,  240): 
Ecailles  de  l'involucre  rugueuses  ou  tuber- 
culécs ,  tronquées  à  la  partie  supérieure  ou 
terminées  par  1-3  dents,  qui,  s'écartant  an- 
térieurement, laissent  apercevoir  le  sommet 
dénudé  de  l'akène;  Alcina,  Cavanill.  (  le.  , 

T.  VIII. 


MÉL 


65 


I  ,  10, 1. 15)  :  Écailles  de  l'involucre  ovaies- 
oblongues,  lisses,  présentant  au  sommet  2-4 
très  petits  tubercules.  Akène  strié. 

Les  espèces  de  ce  genre  ne  sont  guère  cul- 
tivées que  dans  les  jardins  de  botanique.  (J.) 

MÉLAMPYRE.  Melampyrum  Lin.  (f*«Xaç, 
noir;  irypoç,  blé  :  de  la  couleur  des  graines 
du  M.  arvense).  bot.  ph. —  Genre  de  plantes 
de  la  famille  des  Scrophularinées,  tribu  des 
Euphrasiées-Mélampyrées,  de  la  didynamie 
angiospermie  dans  le  système  sexuel  de 
Linné.  Dans  le  Xe  volume  du  Prodromus  qui 
vient  d'être  publié,  M.  Bentham  n'en  décrit 
que  6  espèces;  mais  sur  ce  nombre,  5  ap- 
partiennent à  la  Flore  française  ,  et  parmi 
elles  3  se  trouvent  très  communément  dans 
les  champs,  les  prairies  et  les  bois  de  toute 
la  France.  Les  Mélampyres  sont  tous  des 
plantes  annuelles  qui  croissent  dans  les  par- 
ties tempérées  de  l'ancien  continent;  leur 
tige  est  droite ,  rameuse  ,  le  plus  souvent  à 
angles  ouverts  ;  leurs  feuilles  caulinaires 
sont  linéaires  ou  lancéolées,  les  supérieures 
fréquemment  incisées-dentées  à  leur  base  ; 
celles  qui  accompagnent  les  fleurs  sont  pres- 
que toujours  élargies  à  leur  base,  et  de  plus 
dentées  ou  incisées,  soit  seulement  à  leur 
partie  inférieure,  soit  dans  toute  leur  éten- 
due. Les  fleurs  naissent  à  l'aisselle  de  ces 
feuilles  florales,  et,  suivant  la  longueur  de 
celles-ci  et  leur  écartement,  elles  forment 
une  sorte  d'épi  feuille  plus  ou  moins  dense, 
qui  donne  à  ces  plantes  un  aspect  particu- 
lier :  elles  sont  jaunes  ou  violacées,  ou  mê- 
lées de  diverses  couleurs.  Leur  calice  est  tu- 
buleux,  à  quatre  dents,  dont  les  postérieures 
sont  souvent  plus  longues.  Leur  corolle  pré- 
sente un  tube  cylindrique  élargi  à  sa  partie 
supérieure;  une  lèvre  supérieure  courte, 
comprimée,  obtuse,  dont  les  bords  sont  un 
peu  repliés;  une  lèvre  inférieure  un  peu  plus 
longue,  à  trois  lobes  saillants.  Les  étamines 
sont  didynames  ,  logées  sous  la  lèvre  supé- 
rieure, à  anthères  rapprochées,  oblongues  , 
un  peu  hérissées.  L'ovaire  est  à  deux  loges, 
dont  chacune  renferme  deux  ovules  fixés 
près  de  la  base  de  la  cloison,  et  sur  lesquels 
l'un  est  presque  sessile,  tandis  que  l'autre  est 
stipité.  Il  succède  à  cet  ovaire  une  capsule 
comprimée,  ovoïde,  un  peu  recourbée,  qui 
renferme  1-4  graines.  Nous  nous  bornerons 
à  décrire  une  seule  des  espèces  de  ce  genre. 

Mélampyre  des  champs,  Melampyrum  ar- 


66 


MEL 


MEL 


vense  Lin.  Cette  espèce  est  désignée  vulgai- 
rement sous  les  noms  de  Blé  de  Vache,  Cor- 
nette, Rougeole;  elle  croît  dans  les  champs 
et  parmi  les  moissons  de  la  plus  grande  par- 
tie de  l'Europe,  jusqu'au  Caucase.  Sa  tige 
est  pubescente,  surtout  le  long  de  4  lignes 
longitudinales  qui  correspondent  à  autant 
d'angles  peu  marqués  ;  ses  branches  sont 
dressées  ou  peu  étalées;  ses  feuilles  sont 
lancéolées  ou  linéaires-lancéolées,  entières, 
ou  les  supérieures  seulement  dentées  à  leur 
base.  Son  épi  de  fleurs  est  rougeàtre,  cou- 
leur qu'il  doit  surtout  à  ses  feuilles  florales 
ovales-lancéolées,  divisées  sur  leurs  bords 
en  longues  dents  sétacées  :  il  est  long  de 
8-10  décimètres.  Le  calice  est  pubescent , 
rude  au  toucher,  prolongé  à  son  bord  en 
quatre  longues  dents  sétacées  ,  qui  arrivent 
presque  à  l'extrémité  du  tube  de  la  corolle  ; 
celle-ci  est  rouge ,  marquée  d'une  tache 
jaune  ;  sa  lèvre  supérieure  est  oblongue  , 
entière,  un  peu  repliée  sur  ses  bords.  La 
capsule  est  ovale,  obtuse  ,  un  peu  oblique. 
Les  graines  sont  noires  et  dures  ;  comme  on 
fauche  la  plante  en  même  temps  que  le  Blé, 
ces  graines  se  mêlent  souvent  au  grain  ,  et 
subissent  également  l'action  de  la  meule; 
elles  mêlent  alors  leur  farine  à  la  sienne  :  la 
farine  ainsi  mélangée  donne  au  pain  une  cou- 
leur rougeàtre  violacée,  sans  qu'il  paraisse 
cependant  en  résulter  d'autre  inconvénient. 
Cette  plante  constitue  un  bon  fourrage  pour 
les  bestiaux,  et  particulièrement  pour  les 
Vaches,  ce  qui  lui  a  valu  le  nom  vulgaire  de 
Blé  des  Vaches;  maisTessier  a  reconnu  qu'on 
ne  peut  guère  l'utiliser  sous  ce  rapport,  at- 
tendu qu'elle  vient  mal  lorsqu'on  la  sème 
sans  mélange  d'autre  graine. 

Parmi  les  autres  espèces  de  ce  genre,  les 
plus  communes  sont  le  Mélampyre  a  crête, 
Melampyrum  cristatum  Lin.,  qui  croît  dans 
les  bois  de  toute  l'Europe  et  de  l'Asie  jus- 
qu'aux monts  Altaï,  qui  se  reconnaît  à  son 
épi  serré  et  carré ,  à  ses  bractées  en  cœur 
rapprochées  entre  elles  au  point  de  se  su- 
perposer par  leurs  bords ,  aux  divisions  de 
son  calice  linéaires-aiguës;  le  Mélampyre  des 
prés,  M.  pratense  Lin.,  qui  abonde  dans  nos 
prés ,  et  que  caractérisent  des  feuilles  lan- 
céolées dont  les  supérieures  sont  incisées-pin- 
natiQdes  à  leur  base,  des  fleurs  à  corolle 
fermée,  etc.  (P.  D.) 

AfÉLANCHLENES.  Melanchlœni  fpâotf, 


noir;  x*av'«>  couverture),  ras.  —  Division 
employée  autrefois  par  Latreille ,  qui  y  com- 
prenait les  genres  Licinus,  Harpalus  et  Sia- 
gona.  (C.) 

*MELA]\CimUS  (f«Àayoxp»ç,  de  couleur 
noire),  ras.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des 
Piméliaires,  créé  par  Dejean  (Catal.,  3e  éd., 
p.  206)  qui  en  mentionne  cinq  espèces  afri- 
caines :  les  M.  pedinoides,  amaroides,  rugi' 
frens,   Capensis  et  compaclus.  (C.) 

MELANCONIUM  (pAotç,  noir;  xoviç, 
poussière),  bot.  cr.  —  Ce  nom  a  été  donné 
par  le  professeur  Link  à  de  petits  Champi- 
gnons qui  se  développent  sous  r'épiderme  ou 
sous  l'écorce  des  plantes  et  des  arbres;  on 
les  dislingue  facilement,  parce  que,  à  leur 
maturité,  ils  rompent  l'écorce,  sortent  et 
forment  de  nombreuses  taches  noires; 
malheureusement,  ils  ne  sont  pas  les  seuls 
qui  se  présentent  sous  cette  forme  :  il  faut 
le  microscope  pour  les  distinguer  du  Stil- 
bospora  Phoma ,  etc.  Je  place  les  Melanco- 
nium  dans  ma  famille  desClinosporés.  Dans 
le  jeune  âge,  sur  l'écorce  de  Bouleau  par 
exemple,  on  voit  de  petites  élévations,  si 
on  enlève  l'épidémie,  d'abord  formées  par 
un  mycélium  blanc;  plus  tard  son  centre 
est  devenu  charnu ,  et  sa  surface  s'est  divi- 
sée en  un  nombre  immense  de  petits  pédi- 
celles  rameux  ,  qui  supportent  à  leur  extré- 
mité une  spore  conique,  ronde  ou  elliptique, 
noire,  et  constamment  simple.  Les  Melan- 
conium  betulinum  et  ovatum  sont  les  deux 
espèces  les  plus  répandues;  ce  dernier  est 
très  fréquent  sur  l'écorce  du  Noyer.  Le 
Melanconium sphœrospermum,  quia,  comme 
son  nom  l'indique,  les  spores  rondes,  se 
trouve  sur  les  chaumes  du  Phragmites  corn- 
munis.  (Lév.) 

MELANCRANIS.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Cypéracées-Fuirénées,  établi 
parVahl  (Enum.,  II,  239).  Herbes  du  Cap. 

Voy.   CYPKRACÉES. 

MELANDRYA  (ue).«ç,  noir;c?pîîç,  arbre). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères, 
famille  des  Sténélytres,  tribu  des  Serropal- 
pides,  établi  par  Fabricius  {Systema  Eleu- 
theratorum ,  I,  p.  163),  et  adopté  par  De-  ; 
jean  {Catalogue,  3*  édit.,  p.  223),  qui  en  [ 
mentionne  huit  espèces  ;  cinq  appartiennent 
à  l'Europe  et  trois  à  l'Amérique  septentrio- 
nale. Parmi  celles  de  notre  hémisphère ,  sont 


MEL 


MEL 


67 


les  M.  serrata ,  canaliculata ,  ruficollis  de 
Fab.,  Goryi  Delap.  [sulcata  Dej.)  et  flavicor- 
nis  Dufts.  Ces  Insectes  sont  généralement 
noirs  ou  d'un  noir  bleuâtre,  très  fragiles  et 
d'une  grande  agilité.  La  M.  serrata  vit  dans 
le  bois  de  tremble,  et  la  Goryi  dans  celui  du 
chêne  ;  mais  cette  dernière  est  excessive- 
ment rare  partout.  (C.) 

MELANELLA  (  pAaç ,  noir  ).  infus.  — 
Senre  proposé  par  M.  Bory  de  Saint- Vin- 
cent pour  des  Infusoires  extrêmement  sim- 
ples de  la  famille  des  Vibrioniens.  Le  type 
de  ce  genre,  qu'on  ne  peut  caractériser  que 
par  l'absence  de  tout  caractère  distinct,  est 
le  Vibrio  lineola  de  Millier,  auquel  nous  con- 
servons ce  nom  {voy.  vibrion);  M.  Bory  de 
Saint-Vincent  l'a  nommé  Melanella  aloma , 
et  il  range  dans  le  même  genre  plusieurs 
autres  Vibrions  de  Millier,  qui,  vus  avec  un 
microscope  imparfait ,  paraissent  autant  ne 
petites  ligues  noires  ,  comme  l'indique  le 
nom  proposé  pour  eux.  (Duj.) 

*MELANERPES,  Swains.  ois.  —  Syn. 
de  Picus,  Linné.  Voy.  pic.  (Z.  G.) 

*MELANESTHES  (uAaq,  noir  ;  fa&jmç, 
habillement),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
héléromères,  famille  des  Mélasomes  ,  tribu 
des  Piméliaires,  formé  par  Dejean  (Cata- 
logue, 3e  édit.,  p.  203)  avec  les  Pedinus  et 
Opatrum  laticollis  et  Sibiricum  de  Falder- 
mann.  (C.) 

*MELA1\ETTA.  ois.  —  Division  établie 
par  Boié  aux  dépens  du  genre  Anas  de 
Linné,  et  dont  le  type  est  Y  An.  fusca. 

*MELANIA,  Brid.  (Msc).  bot.  cr.  — 
Syn.  de  Cat ascopiwm ,  id. 

MÉLANIDES.  Melanides.  moi.l.— Famille 
proposée  par  Latreille  pour  réunir  plusieurs 
genres  groupés  par  cet  auteur  avec  les  Méla- 
nies  ;  mais  deux  de  ces  genres,  les  Phasia* 
nelleset  les  Planaxes,  doivent  au  contraire 
en  être  séparés.  Voy.  mélaniens.       (Duj.) 

MELANIE.  Melania  (fAfXovcoc,  couleur 
noire),  moll. — Genre  de  Mollusques  gastéro- 
podes, typede  la  familledes Mélaniens,  établi 
parLamarckpourdes  coquilles  presque  toutes 
remarquables  par  leur  couleur  noire,  et  habi- 
tant les  eaux  douces  des  régions  tropicales; 
quelques  unes  seulement,  anciennement  con- 
nues, avaient  été  prises  pour  des  Bulimes  ou 
des  Buccins.  Les  Mélanies  ont  une  coquille 
turriculée,  dont  l'ouverture  estentière,  vnk 
ou  oblongue,  evas.ee  à  sa  base,  avec  une  co- 


îumelle  lisse,  arquée  en  dedans,  et  un  oper- 
cule corné.  L'animal  a  un  pied  court,  peu 
épais;  une  tête  allongée  en  forme  de  trompe 
un  peu  conique ,  tronquée ,  et  terminée 
par  une  fente  buccale  petite  et  longi- 
tudinale. Les  tentacules  ,  au  nombre  de 
deux,  sont  allongés,  filiformes  ,  et  portent 
les  yeux  ,  soit  près  de  leur  base  en  dehors  , 
soit  vers  le  quart  de  leur  longueur.  Le  man- 
teau a  ses  bords  étalés,  et  découpés  ou  fran- 
gés. Lamarck  rapportait  à  son  genre  Mêla- 
nie  16  espèces  vivantes  et  12  fossiles.  Les 
conchyliologistes  modernes  en  ont  considéra- 
blement augmenté  le  nombre,  mais  en  même 
temps  M.  Desbayes  a  montré  que  l'on  doit 
rapporter  à  ce  genre  plusieurs  espèces  de 
Pyrènes  ,  et  au  contraire  en  séparer  beau- 
coup d'autres  appartenant  aux  genres  Eu- 
lime  et  Rissoa ,  ou  même  à  d'autres  genres 
qu'il  faudrait  créer  :  telles  sont  ,  par  exem- 
ple, les  grandes  Mélanies  fossiles  du  terrain 
marin  tertiaire  si  communes  aux  environs 
de  Paris,  et  qui  ne  sont  certainement  pas 
les  congénères  des  espèces  fluviatiles.  On  peut 
considérer  comme  type  des  vraies  Mélanies 
une  coquille  très  commune  dans  les  eaux 
douces  des  îles  de  France  et  de  Bourbon  ,  de 
Madagascar  et  de  l'Inde  ,  et  nommée  d'abord 
par  Linné  Ilelix  amarula  ,  puis  Buccinum 
amarulapar  Muller;  c'est  la  Mélanie  thiare 
(M.  amarula  )  de  Lamarck  :  elle  est  longut 
de  25  à  40  millimètres,  toute  noire,  presque 
ovoïde;  ses  tours  de  spire  sont  couronnés 
par  une  sorte  de  rampe  sur  laquelle  s'élèvent 
des  épines  droites  assez  longues,  qui  sont  le 
prolongement  d'autant  de  côtes  longitudi- 
nales peu  marquées.  L'ouverture  est  blanche 
en  dedans.  L'animal  de  cette  coquille  est 
très  amer,  et  passe  dans  ces  contrées  pour 
un  excellent  remède  contre  l'hydropisie. 
D'autres  Mélanies,  devant  former  une  autre 
section  du  même  genre,  sont  beaucoup  plus 
allongées  et  turriculées.  (Du.) 

MÉLANIENS.  moll.  —  Famille  de  Mol- 
lusques gastéropodes  établie  par  Lamarck 
pour  les  trois  genres  Mélanie,  Mélanopside  et 
Pyrène;  mais  ce  dernier  genre  ,  comme  l'a 
bien  prouvé  M.  Deshayes ,  ne  pouvant  êtr*> 
conservé  et  devant  se  fondr»  dcrs  les  de: 
autres ,  il  ne  reste  que  ceux-ci  pour  constC 
tuer  ccttô  famille  formée  de  Trachélipodes 
fiuviatiles  operculés,  ne  respirant  que  l'eau, 
munis  de  deux  tentacules  seulement,  et  por- 


68 


MEL 


MEL 


tant  une  coquille  dont  l'ouverture  a  ses  bords 
désunis.  L'opercule  est  toujours  corné,  et  le 
bord  droit  de  l'ouverture  est  tranchant  ; 
mais  ainsi  limitée,  cette  famille,  rapprochée 
de  celle  des  Cérites,  doit  contenir  en  outre  le 
genre  Eulime  ,  et  peut  être  même  le  genre 
Rissoa,  qui,  dans  tous  les  cas,  est  intermé- 
diaire entre  les  deux  familles.  Les  autres 
zoologistes  de  la  période  actuelle  n'ont  pas 
compris,  comme  Lamarck,  la  nécessité  de  la 
famille  des  Mélaniens.  Cuvier  avait  d'abord 
placé  les  Mélanies,  avec  les  Ampullaires  et 
les  Phasianelles,  dans  son  grand  genre  Con- 
chylie.  Plus  tard  il  en  fit  un  genre  distinct, 
comprenant  comme  sous-genres  les  Rissoai- 
res ,  les  Mélanopsides  et  les  Pyrènes.  Férus- 
sac  faisait  des  Mélanies  proprement  dites  un 
sous-genre  desPaludines,  et  le  plaçait  entre 
les  Paludines,  les  Rissoaires  et  les  Littorines, 
tandis  qu'il  rejetait  à  la  fin  des  Trochoïdes 
le  genre  Mélanopside  pour  le  rapprocher  da- 
vantage des  Cérites.  M.  de  Blainvillea  éga- 
lement séparé  ces  deux  principaux  genres 
des  Mélaniens  ,  en  plaçant  les  Mélanopsides 
avec  les  Cérites  dans  sa  famille  des  Ento- 
mostomes,  et  le  genre  Mélanie  au  contraire 
dans  sa  famille  des  Ellipsostomes,  qui  cor- 
respondent aux  Conchylies  de  Cuvier.  Tou- 
tefois aujourd'hui,  d'après  les  observations 
de  MM.  Quoy,  Rang,  et  de  Férussac  lui- 
même,  on  ne  peut  douter  de  l'analogie  de 
structure  qui  rapproche  les  Mélanies  et  les 
Mélanopsides  dans  un  même  groupe  et  dans 
le  voisinage  des  Cérites.  (Duj.) 

*MELANIPPE  (nom  mythologique),  ins. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères  noc- 
turnes, tribu  des  Phalénides,  établi  par 
Duponchel  (  Calai,  des  Lcpidopt.  d'Europe , 
p.  265  ) ,  et  caractérisé  principalement  par 
des  antennes  simples;  des  palpes  courts, 
atteignant  à  peine  le  bord  du  chaperon  ; 
des  ailes  arrondies.  On  en  connaît  10  es- 
pèces, qui  habitent  principalement  la  France 
et  l'Allemagne.  Les  Mélanippes  ont  pour  la 
plupart  des  couleurs  vives.  On  trouve  com- 
munément dans  notre  pays  la  Mélaismppe  ta- 
chetée, M.  macularia  Lin.,  appelée  la  Pan- 
thère par  Geoffroy;  ses  ailes  sont  d'un  beau 
jaune,  avec  une  grande  quantité  de  taches 
noires. 

MÉLANISME  (fx&as,  noir),  térat.  —  La 
peau  doit  sa  coloration  à  une  matière  parti- 
culière nommée  pigment,  qui  a  son  siège 


principal  dans  le  corps  muqueux  de  Malpi- 
ghi.  Ce  pigment  peut  être  moins  coloré  et 
moins  abondant  que  dans  l'état  normal , 
quelquefois  même  manquer  entièrement;  il 
peut,  au  contraire,  être  plus  coloré  et  plus 
abondant;  de  là  deux  ordres  d'anomalies: 
l' Albinisme  et  le  Mélanisme  {voyez,  dans  le 
tome  Ier  de  ce  Dictionnaire,  le  premier  de 
ces  ordres  pour  les  caractères  qui  lui  sont 
spéciaux). 

Les  caractères  extérieurs  du  Mélanisme 
consistent  dans  la  couleur  noire  ou  très 
foncée  de  la  peau,  des  poils  et  de  l'iris. 

Les  exemples  de  Mélanisme  complet 
se  sont  rarement  présentés  jusqu'à  présent 
chez  l'homme,  et  parmi  le  très  petit  nombre 
de  faits  cités,  aucun  n'est  parfaitement  au- 
thentique. Cependant  il  est  certain  que  ces 
caractères  peuvent  se  produire  peu  à  peu,  et 
quelquefois  même  apparaître  presque  tout  - 
à  coup.  M.  Rostan,  savant  médecin,  rap- 
porte {Bull,  de  la  Soc.  de  la  Faculté  de  méd., 
n°s  9  et  10)  qu'une  femme  de  70  ans  de- 
vint noire  comme  une  négresse  dans  l'espace 
d'une  nuit,  et  cela  à  la  suite  d'une  vive 
douleur  morale.  Le  Mélanisme  partiel 
s'offre  fréquemment  à  l'observation ,  et 
c'est  à  lui  que  doivent  être  rapportées,  en 
grande  partie,  les  taches  congéniales  de  la 
peau,  désignées  sous  les  noms  de  nœvus, 
nœvus  maternus  ou  envies ,  et  que  l'on  ne 
doit  pas  confondre  avec  les  taches  sanguines 
qui  ont  une  origine  toute  différente.  En 
effet,  celles  ci  résultent  de  la  présence,  dans 
une  portion  de  la  peau,  d'artérioles  et  sur- 
tout de  vénules  capillaires ,  plus  nom- 
breuses, moins  petites,  ou  disposées  autre- 
ment que  dans  l'état  normal;  elles  sont 
rouges,  violacées  ou  bleuâtres;  les  taches 
mélaniennes ,  au  contraire,  sont  produites 
par  l'excès  local  de  la  matière  colorante,  et 
présentent  une  nuance  intermédiaire  entre 
la  couleur  normale  et  le  noir. 

Les  taches  mélaniennes,  dont  la  couleur 
peut  varier  depuis  celle  du  café  au  lait  jus- 
qu'au noir ,  offrent  quelquefois  un  aspect 
lardacé;  d'autres  fois  elles  sont  couvertes  de 
poils.  Elles  sont  ordinairement  assez  petites; 
cependant  quelques  unes  sont  assez  étendues 
pour  couvrir  une  région  tout  entière.  Les  for- 
mes qu'affectent  ces  taches  sont  aussi  très 
variables;  et,  l'imagination  aidant,  elles  se 
rapprochent  quelquefois  de  la  forme  de  cer- 


M  EL 


MEL 


69 


tains  objets.  Ainsi  on  a  cru  trouver  sur  des 
enfants  la  figure  de  certains  fruits,  celle  de 
divers  objets  employés  dans  l'économie  do- 
mestique, etc.  Nous  rappellerons  à  ce  sujet 
un  fait  mentionné  dans  le  Traité  de  Térato- 
logie de  M.  Isid. -Geoffroy  St. -Hilaire  :  «  Une 
petite  fille,  née  à  Valenciennes,  pendant  la 
révolution,  en  Tan  III,  portait  sur  le  sein 
gauche  un  bonnet  de  la  liberté;  et,  ce  qu'il 
y  a  de  plus  remarquable  dans  ce  fait, 
c'est  que  le  gouvernement  de  l'époque  crut 
devoir  récompenser ,  par  une  pension  de 
400  francs,  la  mère  assez  heureuse  pour 
avoir  donné  le  jour  à  un  enfant  paré  par  la 
nature  elle-même  d'un  emblème  révolution- 
naire. » 

Les  animaux  domestiques  et  sauvages  pré- 
sentent aussi  des  exemples  remarquables  et 
authentiques  de  Mélanisme;  nous  citerons 
principalement  le  Daim  où  l'on  observe  des 
individus  plus  ou  moins  complètement  Mé- 
lanos;  les  grands  Felis  des  contrées  chaudes 
des  deux  continents  dont  le  pelage  est  géné- 
ralement d'un  noir  lustré  avec  des  taches  en 
yeux  d'un  noir  profond,  ce  qui  les  a  fait 
considérer  par  quelques  zoologistes  modernes 
comme  espèces  nouvelles;  mais  les  observa- 
tions de  M.  Isid. -Geoffroy  St-Hilaireont  dé- 
montré que  ces  animaux  noirs  ne  sont  autre 
chose  que  des  Jaguars  et  des  Panthères  mé- 
lanos.  Le  Lion  a  aussi  présenté  quelques 
exemples  de  Mélanisme.  Il  en  est  de  même 
du  Mouflon,  du  Raton-Laveur,  du  Castor  du 
Canada,  etc.  Le  Mélanisme  a  jusqu'alors 
paru  plus  fréquent  chez  les  animaux  que 
chez  l'homme,  et  les  climats  tempérés  et 
même  froids  aussi  bien  que  les  climats  équa- 
toriaux  en  ont  offert  des  exemples. 

On  a  longtemps  considéré  les  Mélanos  et 
les  Albinos  comme  devant  constituer  chacun 
une  race  particulière;  mais  les  faits  tendent 
constamment  à  prouver  la  fausseté  d'un 
semblable  système;  on  sait  actuellement  de 
la  manière  la  plus  positive  que  l'Albinisme 
et  le  Mélanisme  ne  sont  que  les  résultats 
d'une  modification  individuelle  et  acciden- 
telle, (j.) 

MÉLAMTE  ( pftaç ,  noir),  min. —Es- 
pèce de  Grenat ,  d'un  noir  foncé  ,  à  base  de 
Fer  et  de  Chaux.  Voy.  grenat.         (Del.) 

MELANITIS  (pdaviot,  couleur  noire). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères 
diurnes,  tribu  des  Papillonides,  établi  par 


Fabricius ,  et  réuni  par  Latreille  au  genre 
Biblis  du  même  auteur.  Voy.  biblis. 

MELANIUM,  Rich.  bot.  ph.  —  Syn. 
{TArlhrostemma,  Pavon. 

*MELAMOCHLORA,  Lesson.  ois.— Syn. 
de  Parus.  Voy.  mésange.  (Z.  G.) 

*MÉLANOCHROITE  (^ocvo'xpovç,  co- 
loré en  noir),  min. — Nouvelle  espèce  de  plomb 
chromaté  rouge ,  dont  la  teinte  est  plus  fon- 
cée que  celle  du  plomb  rouge  ordinaire,  et 
qui  diffère  en  outre  de  celui-ci  par  sa  forme 
et  par  les  proportions  de  ses  éléments.  Voy» 

PLOMB  CHROMATÉ.  (DEL.) 

*MELANOCORYPHA.  ois.— Genre  éta- 
bli par  Boié  dans  la  famille  des  Alouettes, 
pour  l'Ai,  calandre,  Al.  calandrahin. 

*MELANODENDROI\  (fw/ccç,  noir  ;  J/v- 
<îpov,  arbre),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Astéroïdées,  éLabli  par 
De  Candolle  {Prodr.,  V,  280).  Arbres  de 
l'île  Sainte-Hélène.  Voy.  composées. 

*MELANOG ASTER  (f*el«ç,  noir  ;  yacrrvj'p, 
ventre),  bot.  cr.  —  Genre  de  Champignons, 
établi  par  Corda  (Sturm.  Deulsch.,  FI.  111, 
1 1  heft.,  tab.  1) ,  appartenant  à  la  classe  des 
Basidiosporés  hypogés.  MM.  Tulasne  (Ann. 
se.  nat.,  juin  1843)  en  ont  parfaitement  éta- 
bli les  caractères.  Ces  Champignons  ressem- 
blent à  des  Truffes;  leur  réceptacle  est  su- 
béreux, clos,  et  composé  de  funicules  fila- 
menteux appliqués  les  uns  contre  les  autres  ; 
quelques  uns  se  détachent  et  se  confondent 
avec  le  mycélium  dans  la  terre  ;  on  ne  voit 
pas  de  base  par  laquelle  ils  puissent  absor- 
ber l'humidité;  le  parenchyme  est  celluleux, 
cloisonné  ;  chaque  cellule  renferme  une 
matière  noire  diffluente,  composée  de  fila- 
ments mucilagineux  courts,  à  l'extrémité 
desquels  sont  attachées  quatre  spores  très 
petites  ,  lisses  et  transparentes.  C'est  à  ce 
genre  que  l'on  doit  rapporter  le  Tuber  wos- 
chatum  de  Bulliard;  les  genres  Bulliardia, 
lngbn.;  une  partie  des  Octaviana,  West., 
Argysium,  Wallr.,  et  Hyperrhisa,  Klotzsch. 
Les  Melonog aster  Broomeianus  Berk.,  et  am- 
biguus  Tul.,  croissent  dans  les  environs  do 
Paris.  Aucune  espèce  n'est  comestible.  (Lév.) 

MÉLANOGRAPHITE  (puVç ,  noir;  ypd- 
<pw,  écrire),  min.  —  Nom  donné  ancienne- 
ment aux  pierres  arborisées,  à  dendrixes 
ou  dessins  de  couleur  noire.  (Del.) 

*MELANOLEUCA,  Steph.  ins.  —  Syn. 
dVEdïa,  Dup. 


70 


MEL 


MELANOLOMA  (PAa<;,  noir;  XSpa, 
bordure),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-  Cynarées ,  établi  par  Cassini 
(Dict.  sc.nat.,  XXIX,  472  ;  XLIV,  37;  L, 
252),  pour  deux  espèces  de  Centaurées,  les 
Centaurea  pullata  et  involucrala. 

MELAN0P1ULA  ({//)«;,  noir;  tpàla,  ai- 
mer). Ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res,  famille  des  Sternoxes,  tribu  des  Bupres- 
tites,  créé  par  Eschscholtz  (Zooïogical  Allas, 
p.  9),  et  adopté  par  Dejean  et  par  MM.  La- 
porte  de  Castelnau  et  Gory,  dans  le  supplé- 
ment à  leur  monographie  des  Buprestides. 
Vingt-quatre  espèces  font  partie  de  ce  genre, 
et  sont  réparties  dans  les  contrées  chaudes 
de  l'Europe,  de  l'Amérique,  de  l'Afrique  et 
de  l'Asie.  Nous  citerons  celles  de  notre  hé- 
misphère: M.  decasligma,  appendiculata, 
tarda  de  Fab.  (Buprestis),  et$M.  œqualis 
Mann.  (C.) 

MELA^OPHORA  f>A«ç,  noir:  yop0ç, 
qui  porte),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  tribu  des  Museides, 
établi  par  Meigen  et  généralement  adopté. 
Il  se  distingue  des  autres  genres  de  la  même 
tribu  par  ces  antennes  à  troisième  article 
plus  long  que  le  deuxième;  l'épistome  non 
saillant  ;  l'abdomen  nu  au  milieu  Les  espè- 
ces de  ce  genre  sont  assez  nombreuses ,  et 
toutes  très  petites  (M.  Carceli,  rufipes,  etc.). 
On  les  trouve  assez  ordinairement  dans 
toute  la  France.  Ces  insectes  voltigent  sur 
les  murs  et  les  pierres  qui  se  trouvent  ex- 
posés au  soleil. 

*MELAMOPHORA  (PAa5,noir;  <p0pôç, 
qui  porte),  crust.  —  Ce  genre,  établi  par 
Koch  aux  dépens  des  Drassus,  a  été  rap- 
porté à  cette  dernière  coupe  générique  par 
M.  Walckenaër.  Voy.  drassds.      (H.  L.) 

MELANOPIiTIÎALMUM  ,  Fée  (  Melh. 
Lichen. ,  45  ,  t.  2 ,  f.  2  ).  bot.  cr.  —  Voy\ 

STRIGULA,  Fr. 

MÉLANOPSÏDE.  Melanopsis{u.Ù«<;,  peiot- 
voç,  noir;  fy,  aspect),  moll. — Genre  de  Mol- 
lusques gastéropodes  de  la  famille  des  Mé- 
laniens,  proposé  d'abord  par  Férussac  et 
adopté  par  Lamarck  et  tous  les  naturalistes 
qui  l'ont  suivi.  Il  est  caractérisé  par  sa  co- 
quille turriculée,  à  ouverture  entière,  ovale- 
oblongue  avec  la  columelle  calleuse,  tron- 
quée à  la  base,  et  séparée  du  bord  droit  par 
un  sinus  peu  profond.  Une  callosité  plus  ou 
Moins  considérable  ou  un  sinus  peu  profond 


MÉL 

se  trouve  à  la  réunion  de  la  lèvre  droite  sur 
l'avant-dernier  tour,  et  l'opercule  est  corné. 
L'animal  a  le  pied  court,  arrondi  ;  sa  tête  est 
munie  de  deux  gros  tentacules  coniques  mé- 
diocrement longs,  portant  les  yeux  sur  un 
renflement  assez  saillant,  en  dehors  de  leur 
base.  Leur  bouche  est  à  l'extrémité  d'une 
sorte  de  mufle;  leur  cavité  respiratoire  con- 
tient deux  peignes  branchiaux  inégaux,  et  se 
prolonge  en  une  sorte  de  tube  à  son  angle 
antérieur  et  externe.  Ce  genre,  ainsi  défini, 
comprend  en  même  temps  une  partie  des 
Pyrènes  de  Lamarck  qui  devaient  s'en  dis- 
tinguer surtout  par  un  sinus  au  sommet  du 
bord  droit,  et  qui  d'ailleurs,  en  raison  de  leur 
forme  allongée,  avaient  pu  être  prises  pour 
des  Céritcs  par  Bruguicre.  Quant  aux  Méla- 
nopsides  proprement  dites,  dont  la  forme  est 
ordinairement  plus  ovoïde,  c'étaient  des  Buc- 
cins ou  des  Bulimes  pour  les  naturalistes  pré- 
cédents. Toutes  les  espèces  de  ce  genre  ha- 
bitent les  eaux  douces;  mais,  tandis  que  les 
espèces  allongées,  et  dont  on  faisait  le  genre 
Pyrène,  ne  se  trouvent  que  dans  les  régions 
tropicales,  les  autres  se  voient  sur  divers 
points  de  la  zone  tempérée  jusqu'au  45e  de- 
gré de  latitude  ;  c'est  ainsi  que  l'espèce  type, 
la  M.  marron  (M.  lœvigala  Lamarck,  ou 
buccinoidea  Fér.)  se  trouve  dans  les  îles  de 
l'Archipel,  en  Grèce,  et  en  Espagne,  notam- 
ment dans  les  aqueducs  de  Séville.  Une  autre 
espèce,  la  M.  allongée  (M.  acicularis  F.), 
longue  de  20  millimètres  et  large  de  7  mil- 
limètres ,  se  trouve  dans  le  Danube  et  dans 
les  autres  rivières  de  l'Autriche  méridionale. 
M.  Deshayes  rapporte  au  même  genre  une 
coquille  de  FOhio,  dans  l'Amérique  septen- 
trionale, qui,  par  sa  forme  ovale-globuleuse 
avec  une  spire  courte  et  obtuse,  rappelle  cer- 
taines Nérilines. 

Plusieurs  des  espèces  vivantes  se  trouvent 
aussi  fossiles  dans  les  terrains  tertiaires  de 
l'Europe  à  des  latitudes  plus  septentrionales. 
La  M.  lœvigata,  que  nous  avons  déjà  citée, 
se  trouve  ainsi  aux  environs  de  Paris  et  en 
Angleterre.  On  connaît  en  outre  sept  autres 
espèces  de  Mélanopsides  fossiles  qui  n'ont 
pas  d'analogues  vivants.  (Duj.) 

*MELANOPS!DIUM  (p.A«?,  noir;  ff- 
Jtov,  écorce).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Uubiacées-Cinchonacées ,  établi  par  Cels 
(Hort.).  Arbrisseaux  d'origine  orientale. 
Voy.  rubiacées. 


MEL 

*MELANORRïI0EA  (u.e'X«ç,  noir;  pot«, 
grenade),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Anacardiacées,  établi  par  Vallich  (Plant. 
as.  rar.,  I,  9,  t.  11).  Arbres  de  l'Inde. 

*MELANORNIS ,  G.-R.  Gray.  ois.  — 
Syn.  de  Melasoma,  Swains.  Voy.  mélasome. 

MÉLANOS.  térat. — Nom  donné  aux  in- 
dividus affectés  de  Mélanisme.  Voy.  ce  mot. 

MELANOSELINUM  (  f«A«ç  ,  noir  ;  0A1- 
vov,  persil),  bot.  ph.  —  Genre  delà  famille 
des  Ombellifères  Thapsïées,  établi  par  Hoff- 
mann (Umbellif.,  2e  édit.,  I ,  p.  156).  Ar- 
brisseaux d'origine  incertaine.  Voy.  ombel- 
lifères. 

MELANOSÏNAPIS ,   DC.    (Prodr.,  I, 

217).   BOT.   PH. —  Voy.   MOUTARDE. 

MELANOSTICTA  (pt'la;,  noir;  «xtixtoç  , 
piqué),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Légumineuses-Papilionacées  - Cœsalpiniées  , 
établi  par  De  Candolle  (Mém.  légum.,  474, 
t.  69;  Prodr.,  II,  485).  Sous-arbrisseaux 
du  Cap.  Voy.  légumineuses. 

*MELANOSTOLA  (  pA*ç,  noir;  otoH  , 
habit),  ms.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères  ,  famille  des  Mélasomes ,  tribu  des 
Piméliaires,  établi  par  Dejean  (  Catalogue, 
3e  édit.,  p.  19S),  qui  en  mentionne  trois  es- 
pèces, les  M.  simplex,  blap  so'ides  et  obi on  g a. 
La  première  est  originaire  de  Tripoli,  en 
Barbarie;  la  seconde  de  l'Asie  mineure,  et 
la  troisième  d'Arabie.  (C.) 

MELANOSTROMA.   bot.  cr.  —  Voyez 

STICTIS.  (LÉV.) 

*MELANOTUS  frAoç,  noir  ;  vSroq,  dos). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penî.amères,  fa- 
mille des  Carabiques  ,  tribu  des  Féroniens, 
créé  par  Dejean  (Species  général  des  Co- 
léoptères, t.  V,  p.  698).  Quatre  espèces  ren- 
trent dans  ce  genre  :  les  M.  flavipes,  rotun- 
dicollis,  impressifrons  Dej.  ,  et  Chilicnsis 
Chaudoir.  Toutes  sont  originaires  d'Amé- 
rique. (C.) 

*MEEANOTLTS ,  Esch.  ,  Lat.  ins.  — 
Syn.  de  Cralonychus,  Dej.,  Erichs.,  et  de 
Pcrimerhus,  Dehv.,  Ky.,  Stéph.         (C.) 

*?;ÏELAN0XANTHUS  (pA«ç,  noir;  £«v- 
e&ç,  roux),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Sternoxes  ,  tribu  des 
Élatérides,  proposé  par  Eschscholtz,  et 
adopté  par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit., 
p.  103).  Ce  genre  se  compose  de  quatre  es- 
pèces :  les  M.  melanocephalusYab.,  dimi- 
diatipennis  ,  lepidus  Dej.,  et  quadrigutlalus 


MEL 


71 


Es.  Les  trois  premières  sont  originaires  des 
Indes  orientales,  et  la  dernière  est  indigène 
de  la  Nouvelle-Hollande.  (C.) 

*MELANOXiTON  (  p.&«; ,  noir  ;  çv'Aov , 
bois),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Légumineuses-Papilionacées-  Cœsalpiniées , 
établi  par  Schott  (  in  Spreng.  Cur.  post., 
406).  Arbres  du  Brésil.  Voy.  légumineuses. 

*MÉLANTÉRIE  (melanteria ,  liqueur 
noire),  min.  —  Nom  donné  par  M.  Beudant 
au  Sulfate  de  fer  (Couperose  verte),  qui  sert 
à  préparer  l'encre  et  les  teintures  en  noir. 

Voy.   SULFATES. 

*ME LAITERIES  (pe/âvrepo,-,  noir,  au 
comparatif),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  go- 
natocères,  division  des  Apostasimérides  cryp- 
torhynchides,  créé  par  Erichson  (Archiv. 
fur  Naturg.,  1842,  p.  209).  L'auteur  com- 
prend dans  ce  genre  trois  espèces  de  la  Nou- 
velle-Hollande, qu'il  nomme  M.  porcatus, 
semi-porcatus  et  picirostris.  (C.) 

MÉLANTHACÉES.  bot.  ph.— Voy.  col- 

CHICACÉES. 

MELANTHERA  (**&«;,  noir  ;  «vSnpx  , 
anthère),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées ,  établi  par  Rohr 
(in  Kiobenh.  nat.  hist.  Selskab.  Skrift,  I, 
213).  Herbes  de  l'Amérique  tropicale.  Voy. 

COMPOSÉES. 

MELAXTHÉRITE.  min.— Syn.  de  Cou- 
perose. Voy.  FER. 

*MELANTHESA  (f**V ,  noir  ;  «vOyjjtç , 
floraison),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Euphorbiacées-Phyllanthées,  établi  par 
Blume  (Bijdr.,  590).  Arbrisseaux  de  l'Iade. 

Voy.   EUPHORBIACÉES. 

*MELANTHIA  (nom  mythologique),  ins. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères  noc- 
turnes ,  tribu  des  Phalénides,  établi  par 
Duponchel  (Calai,  des  Lépidopt.  d'Europe, 
p.  263),  et  caractérisé  principalement  par 
des  antennes  simples  ;  des  palpes  assez  longs, 
à  deuxième  article  très  hérissé;  des  ailes 
arrondies. 

Ce  genre  renferme  16  espèces  ,  réparties 
en  deux  sections  :  la  première  comprend 
celles  dont  les  ailes  supérieures  sont  traver- 
sées au  milieu  par  une  bande  plus  ou  moins 
entière  (  14  espèces);  la  deuxième  ne  ren- 
ferme que  2  espèces  distinguées  par  des  ailet 
supérieures  sans  aucune  bande  médiane. 

Les  Melanthia  sont  répandues  dans  toute 


72 


M  EL 


MÉL 


l'Europe.  Leurs  chenilles  vivent ,  les  unes 
sur  les  arbres  ,  les  autres  sur  les  plantes 
basses,  et  se  métamorphosent,  tantôt  dans 
la  terre,  et  tantôt  dans  un  léger  tissu  entre 
les  feuilles. 

MELANTHIUM  (^'A«ç,  noir;  avOcç , 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Mclanthacées-Vcralrées,  établi  par  Linné 
{Gen.,  n.  454,  excl.  sp.)  pour  des  herbes 
du  Cap  à  racine  bulbeuse,  à  feuilles  linéaires 
ou  lancéolées,  engainantes,  souvent  ciliées, 
planes  ou  très  rarement  canal iculées-tri- 
quètres ,  à  fleurs  disposées  en  épis. 

Schlechtendalt  a  réparti  les  espèces  de  ce 
genre  (m Linnœa ,  I,  80)  en  deux  sections, 
qu'il  nomme:  1°  Criocephalus ,  divisions  du 
périgone  tuberculées  à  la  base,  sèches; 
2°  Meliglossus ,  divisions  du  périgone  mu- 
nies à  leur  base  de  deux  petits  sacs  à  fos- 
settes nectarifères.  Voy.  mélanthacées. 

*MELAI\THO  (nom  mythologique),  ras. 
— •  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Sternoxes,  tribu  des  Élatérides, 
créé  par  de  Laporte  {Revue  entomologique 
de  Silbermann,  t.  IV,  p.  10)  avec  deux  es- 
pèces de  Madagascar  :  les  M.  Klugii  et 
costicollis  de  l'auteur.  (C.) 

*MELAPHORUS  (f*A«ç  ,  noir;  yopo'ç, 
qui  porte),  ins. —  Genre  de  Coléoptères hété- 
romères,  famille  des  Méîasomes,  tribu  des 
Tentyrites,  créé  par  Guérin-Méneville  (Mag. 
zool.,  1834,  p.  43,  pi.  109).  Le  type,  le 
M.  Reichei  de  l'auteur,  est  de  l'île  de  Santo- 
Lorenzo,  au  Pérou.  M.  Solier  a  désigné  la 
même  espèce  sous  les  noms  de  Stenholma 
tentyrioides  (Ann.  de  la  Soc.  eut.  de  France, 
t.  IV,  1835,  p.  142).  (C.) 

MÉLAPHYRE.  géol.— Ce  nom,  adopté 
par  MM.  Brongniart  et  d'Omalius  d'Halloy, 
dans  leur  classification  des  Roches,  est  pour 
M.  Cordier  synonyme  de  son  espèce  Ophite. 
Voy.  ce  mot.  (C.  d'O.) 

MELAS,  mam.  —  Voy.  chat. 

MELAS,  moll.  —  Montfort  donne  ce  nom 
(Conchyl.  systém.  )  aux  coquilles  du  g.  Mé- 
lanie. 

*MELASINA(pAas,  noir),  ras.—  Genre 
de  l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu 
des  Lithosides  ,  établi  par  M.  Boisduval  et 
adopté  par  M.  Duponchel  (Hist.  des  Lépidop- 
tères). Il  ne  renferme  qu'une  seule  espèce  , 
M .  ciliaris ,  qui  habite  le  Valais  et  la  Dal- 
roatie. 


MELASIS  Qt/Xaç,  noir),  ras.  — Genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Ster- 
noxes, tribu  des  Buprestides  ,  créé  par  Fa- 
bricius  (Systema  Eleutheratorum,  I,  331), 
et  généralement  adopté  depuis.  Les  cinq  es- 
pèces suivantes  font  partie  de  ce  genre  ,  sa- 
voir :  M.  flabellicornis  Linné  {Etaler) ,  pec- 
linicornis  Norwich  ,  nigricornis ,  ruficornis 
Say,  et  rufipalpis  Chv.  La  première  se  trouve 
dans  toute  l'Europe;  les  trois  suivantes  sont 
propres  aux  États-Unis ,  et  la  dernière  est 
originaire  du  Mexique.  (C.) 

MELASMA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Scrophularinées-Gérardiées ,  éta- 
bli par  Bergius  (Flor.  cap.,  162,  t.  III,  f.  4). 
Herbes  du  Mexique  et  du  Cap.  Voy.  scp.o- 
phularinées. 

"MELASOMA,  Delwynn.  ras.  — Syn.  de 
Lina,  Mégerle,  Dejean.  (C.) 

*MÉLASOME.  Melasoma.  ois.—  Swain- 
son  a  établi  sous  ce  nom,  dans  la  sous-fa- 
mille des  Dicurinées  (Drongos) ,  un  petit 
genre  auquel  il  donne  pour  type  une  espèce 
qu'il  nomme  Mel.  idoloïdes.  (Z.  G.) 

MÉLASOMES.  Melasoma  Q«Aoes,  noir; 
awp;« ,  corps),  ras.  — Famille  de  Coléoptères 
hétéromères,  établie  par  Latreille  {les  Crus- 
tacés, les  Arachnides  et  les  Insectes,  t.  II, 
p.  2),  et  qui  se  compose  d'insectes  de  cou- 
leur noire  ou  cendrée  (l'île  de  Fernando-Pô 
fait  exception  à  la  règle  ;  la  plupart  des  Pi- 
méliaires  en  provenant  ont  les  étuis  blancs 
ou  jaunes)  et  sans  mélange,  d'où  vient  le 
nom  que  leur  assigne  cet  auteur;  ils  sont 
aptères  pour  la  plupart  et  à  élytres  souvent 
soudées;  à  antennes  en  tout  ou  en  partie 
grenues,  presque  de  la  même  grosseur,  ou 
un  peu  renflées  à  leur  extrémité,  insérées 
sous  les  bords  avancés  de  la  tête,  et  dont 
le  troisièmearticle  est  généralement  allongé; 
à  mandibules  bifides  ou  échancrées  à  leur 
extrémité,  ayant  enfin  une  dent  cornée  ou 
un  crochet  au  côté  interne  des  mâchoires  ; 
tous  les  articles  des  tarses  entiers  et  les  yeux 
oblongs  et  très  peu  élevés,  ce  qui,  d'après 
les  observations  de  M.  Marcel  de  Serres  , 
indique  leurs  habitudes  nocturnes.  Presque 
tous  ces  insectes  vivent  à  terre  ,  soit  dans 
le  sable ,  soit  sous  les  pierres ,  et  souvent 
aussi  dans  les  lieux  bas  et  sombres  des  mai- 
sons, comme  les  caves,  les  écuries. 

Suivant  M.  Léon  Dufour  {Anal,  des  se. 
tfhist.  nat. ,  V,  276) ,  l'insertion  des  vais- 


MEL 


MÉL 


73 


seaux  biliaires  se  fait  à  la  face  inférieure  du 
cœcum ,  par  un-seul  tronc  tubuleux,  résul- 
tant de  la  confluence  de  deux  branches  fort 
courtes ,  composées  elles-mêmes  de  la  réu- 
nion de  trois  vaisseaux  biliaires.  La  bile  est 
jaune,  quelquefois  brune  ou  violette.  Le 
tube  alimentaire  (loc.  cit.,  V,  478)  est  long, 
et  sa  longueur,  dans  la  tribu  des  Piméliaires, 
est  triple  de  celle  du  corps;  l'œsophage  est 
long,  et  débouche  dans  un  jabot  lisse  ou 
glabre  à  l'extérieur,  plus  développé  dans 
ces  derniers  Insectes  ,  où  il  forme  une  poche 
ovoïde  logée  dans  la  poitrine.  Il  est  garni 
à  l'intérieur  de  plissures  ou  colonnes  char- 
nues, longitudinales,  aboutissant,  dans  quel- 
ques Érodites  et  Piméliaires,  du  côté  du 
ventricule  chylifique,  à  une  valvule  formée 
de  quatre  pièces  principales,  cornées,  ova- 
laires  et  conniventes;  le  ventricule  chyli- 
fique est  allongé ,  flexueux  ou  replié ,  le  plus 
souvent  hérissé  de  petites  papilles  sembla- 
bles à  des  points  saillants,  et  se  termine 
par  un  bourrelet  calleux  en  dedans,  et  où 
a  lieu  l'insertion  des  vaisseaux  biliaires.  Le 
même  savant  a  observé, dans  quelques  genres 
de  Blapsides  et  d'Asidites,  un  appareil  sa- 
îivaire ,  consistant  en  deux  vaisseaux  ou 
tubes  flottants,  tantôt  parfaitement  simples 
(Asidiles) ,  tantôt  irrégulièrement  rameux 
(Blapsides),  et  il  ne  doute  point  que  ces 
vaisseaux  n'existent  aussi  dans  les  Pimé- 
liaires. 

M.  Marcel  de  Serres  a  étudié  avec  beau- 
coup de  soin  la  texture  des  tuniques  du 
canal  digestif  (Obs.  sur  les  usages  des  diver- 
ses parties  du  tube  intestinal  des  Ins. —  Ann. 
du  mus.  d'hist.  nat.)(\).  Le  tube  adipeux 
est  plus  abondant  dans  ces  hétéromèresque 
dans  les  suivants:  aussi  peuvent  ils,  même 
étant  piqués  et  fixés  avec  une  épingle ,  vivre 
pendant  près  de  six  mois  sans  prendre  de 
nourriture,  ainsi  que  des  Akis  en  ont  mon- 
tré 1  exemple. 

Latreille  divise  cette  famille,  formant 
dans  la  méthode  de  Linné  le  genre  Tenebrio, 
d'après  l'absence  ou  la  présence  des  ailes. 

Cette  famille  renferme  trois  tribus:  les 

li)  Ce  que  M.  Léon  Dufour  nomme  ventricule  chylifique 
estpoui  m  Serres  l'estomac,  et  relativement  à  d'autres  in- 
sertes  le  duoder.u-,  -,„  ou>ll  appe„c  ,.,ntestin  grê,e  est 
considéré  par  le  premier  comme  ic  ,.«..,.,„».  c. ,,„,„,  m.  Lion 
Dufour,  M.  de  Serres  n'a  point  parlé  du  jabot  des  Méla- 
«omes,  quoiqu'il  soit  très  apparent  dan»  les  Akisites  et  les 
Piméliaires. 

T.    VIII. 


Piméliaires  ,  les  Blapsides  et  les  Ténébrio- 
nites. 

M.  Solier,  ayant  fait  une  longue  étude 
des  Coléoptères  hétéromères ,  s'est  vu  forcé 
de  rejeter  le  nom  de  Mélasomes  d'après  les 
caractères  assignés  par  Latreille  aux  mâ- 
choires de  ces  Insectes,  car  il  faudrait  alors, 
y  comprendre  un  assez  grand  nombre  de 
genres  classés  parmi  les  Taxicornes  et  les 
Hélopiens.  Cet  auteur  substitue  ainsi  le  nom 
de  Collaptérides  à  celui  de  Mélasomes,  qui 
renferme,  à  peu  de  chose  près,  les  Pimé- 
liaires et  les  Blapsides  de  Latreille. 

Voici  quels  sont  les  caractères  donnés  par 
Solier  aux  Collaptérides  (Annales  de  la  soc. 
enlom.  de  France,  t.  III,  p.  492):  Lobe  interne 
des  mâchoires  terminé  par  un  crochet  corné 
distinct,  ou  garni  de  cils  nombreux  au  côté 
interne,  dont  plusieurs  plus  épais,  subépi- 
neux; élytres  soudées  entre  elles  et  réunies 
au  tergum  du  mésothorax  dans  la  plupart, 
rarement  libres;  mais  alors  à  menton  tri- 
lobé antérieurement ,  à  métasternum  très 
court,  très  resserré  entre  les  hanches  inter- 
médiaires et  postérieures  ,  et  fortement  tri- 
lobé en  arrière.  (C) 

MELASPHGERULA  Ker.  bot.  ru.  — 
Syn.  de  Diasia,  DC. 

MÉLASTOMACÉES.  Melastomaceœ .  bot. 
ph.  —  Famille  de  plantes  dicotylédonées , 
polypétales,  périgynes ,  ainsi  caractérisée  : 
Calice  tubuleux,  dont  le  tube  est  tantôt  en- 
tièrement libre,  tantôt  soudé  avec  l'ovaire 
ou  par  toute  sa  superficie,  ou  seulement  par 
ses  nervures  en  nombre  égal  aux  étamines  , 
et  dont  le  limbe  se  découpe  en  5 ,  plus  ra- 
rement en  4-6  ou  3  lobes,  à  préfloraison 
valvaire,  d'autres  fois  se  tronque  en  un  re- 
bord entier,  doublé  d'une  couche  charnue 
qui  se  prolonge  en  un  bourrelet  saillant. 
Pétales  en  nombre  égal  et  alternes ,  insérés 
sur  ce  bourrelet,  courtement  onguiculés,  à 
préfloraison  tordue.  Étamines  insérées  au 
même  point  en  nombre  double,  tantôt  tou- 
tes égales  et  fertiles,  tantôt  ies  oppositipé taies 
plus  petites  ou  stériles  ,  rudimentaires  ou 
manquant  même  tout-à-fait;  filets  libres, 
filiformes,  plies  dans  le  bouton;  anthères 
terminales,  par  suite  de  cette  plicature  re- 
gardant en  bas  dans  la  pix'ffuraison,  ets'en- 
ronyaiH  même  dans  les  interstices  ménagés 
entre  les  parois  de  l'ovaire  et  celles  du  ca- 
lice, quand  il  ne  lui  adhère  que  par  ses  ner- 

10 


74 


MEL 


M  EL 


vures,  biloculaires,  ovales  ou  linéaires,  ré- 
trécics  en  bec  au  sommet,  où  elles  s'ouvrent 
par  un  ou  deux  pores,  plus  rarement  s'ou- 
vrant par  des  fentes  longitudinales,  quel- 
quefois éperonnées  à  leur  base  ,  articulées 
avec  le  filet  par  un  prolongement  inférieur 
de  leur  connectif,  qui  présente  souvent  vers 
cette  articulation  des  appendices  de  forme 
variable.  Ovaire  libre  ou  adhérent  en  tout 
ou  en  partie,  nu  ou  garni  de  soies  à  son  som- 
met,  surmonté  d'un  style  et  d'un  stigmate 
simples  ,  à  plusieurs  loges  dont  le  nombre 
e3t  égal  à  celui  des  pétales  ou  de  moitié 
moindre,  et  qui  contiennent  chacune  plu- 
sieurs ovules  anatropes  insérés  à  l'angle  in- 
terne ou  sur  les  cloisons.  Le  fruit  est  charnu 
lorsque  le  calice  est  adhérent ,  capsulaire 
lorsqu'il  est  libre ,  et,  dans  ce  cas,  se  sépare 
en  autant  de  valves  dont  chacune  emporte 
sa  cloison  sur  son  milieu,  tandis  que  souvent 
les  placentas  s'en  séparent  soudés  en  une 
colonne  centrale.  Les  graines  nombreuses,  à 
test  crustacé  que  double  un  tégument  mem- 
braneux, sont  tantôt  réniformes,  avec  le  hiie 
placé  au  milieu  de  leur  concavité  ,  tantôt 
ovoïdes  ,  oblongues  ou  anguleuses,  avec  le 
bile  basilaire  ,  et  contiennent  un  embryon 
de  même  forme  sans  périsperme;   à   coty-* 
lédons  inégaux  dans  le  premier  cas  ,  égaux 
dans  le  second;  à  radicule  tournée  du  côté 
du  hile.  Les  espèces  nombreuses  sont  des  ar- 
bres, arbrisseaux  ou  sous-arbrisseaux,  rare- 
ment des  herbes  ,  très  abondantes  dans  l'A- 
mérique tropicale,  s'avançant  en  petit  nom- 
bre jusque  vers  le  40e degré  dans  la  septen- 
trionale ,  répandues  aussi ,  mais  beaucoup 
moins  dans  la  zone  équinoxiale  de  l'ancien 
continent.   Leurs  feuilles  ,  dépourvues  de 
stipules,  sont  rarement  verticillées,  ordinai- 
rement opposées  deux  à  deux  et  alors  quel- 
quefois inégales ,  simples ,  entières  ou  plus 
rarement  dentées,  parcourues  de  la  base  au 
sommet  par  des  nervures  saillantes  dont  le 
nombre  ^arie  de  3  à  9,  qu'unissent  d'autres 
nervures  plus  fines,  transversales,  formant 
aussi  des  réseaux.  Leurs  fleurs  élégantes  sont 
groupées  en  cymes  paniculées  ou  contractées, 
plus  rarement  solitaires.  On  cite  plusieurs 
espèces  employées  comme  tinctoriales  dans 
les  pays  quelles  habitent,  dont  les  écorces 
fournissent  une  couleur  jaune  dans  les  unes, 
noire  dans  les  autres.  Cette  dernière  couleur 
est  assez  générale  dans  les  fruits  charnus , 


et  c'est  ainsi  qu'à  la  Guiane  le  suc  de  celui 
du  Tococca  est  employé  comme  encre.  C'est 
même  à  cette  propriété  que  le  genre  Melas- 
loma^  et  par  suite  la  famille  entière,  doivent 
leur  nom,  à  cause  de  la  teinte  noire  que 
laissent  sur  les  lèvres  les  baies  du  M.  mala 
bathricum  ,  et  de  plusieurs  autres  lorsqu'on 
les  mange (p-Aa;,  noir;  aTÔpx,  bouche).  Dans 
ces  fruits  on  trouve  des  acides  libres  ,  miti- 
gés par  une  certaine  dose  de  sucre.  Ces  aci- 
des se  retrouvent  dans  les  autres  parties 
herbacées,  et  quelquefois  aussi  on  y  ren- 
contre une  huile  essentielle  ou  une  résine  . 
de  la  présence  desquelles  résultent  des  pro- 
priétés légèrement  stimulantes. 


Tribu 


Lavoisiérées. 


Anthères  s'ouvrant  par  1-2  pores.  Ovaire 
libre ,  ordinairement  glabre  au  sommet. 
Fruit  capsulaire.  Graines  droites,  ovoïdes  ou 
anguleuses.  Espèces  américaines. 

Meriania,  Sw.  (  Wrightia ,  Sol.  )  — -  Axi  ■ 
nœa ,  R.  Pav.  —  Chastenœa,  DC.  —  Slcpha- 
hothricum,  Naud. —  Lavoisiera,  DC.  —  Da- 
vya,  DC.—Adelbertia,  Meisn.  —  Gr a ffen- 
rieda,  DC.  —  Huberia  ,  DC.  —  Behuria ,. 
Cham.  — Centradenia,  G.  Don  (Plagiophyl- 
lum,  Schlecht.  )  —  Brachycentrum ,  Meisn. 
^-Pyramia,  Cham.  —  Centronia  ,  Don.  — 
Truncaria,  DC.  —  Rynchanthera,  DC.  (Pro- 
boscidia ,  Rich.)  —  Bucquelia ,  DC.  —  Cam- 
bessedesia,  DC.  —Chœtosloma,  DC.  —  Mcis- 
neria,  DC.  — Siphanthera,  Pohl. — Salpinga, 
Marta  (  Aulacidium ,  Rich.  )  —  Bertolonia  , 
Raddi  (Triblemma,  Mart.  )  —  Lilhobium , 
Rong.  —  Sonenla  ,  Roxb.  (  Cassebeeria  , 
Dennst.  ) 

Tribu  II.  —  Rhexiées. 

Anthères  s'ouvrant  par  un  seul  pore. 
Ovaire  libre,  ordinairement  glabre  au  som- 
met. Fruit  capsulaire.  Graines  réniformes. 
Espèces  américaines. 

Dicrananthera  ,  Pohl.  —  Polcranthera  , 
Bong.  —  Spennera,  Mart.  {Jaravœa^  Scop.) 
—  Noterophila,  Mart.  — Microlicia,  Don.— 
Uranthera ,  Naud. — Fritschia,  Cham. — 
Emestia,  DC.  —  Rhexia,  R.  Br.  —  HeMo- 
noma,  Mart.  (Pachyloma,  r>r  )—Helero- 
cenirun ,  iluuk.  Arn.  —  Oxyspora  ,  DC.  — 
Tricentrum,  DC.  —  Marcetia,  VC.—  Trem- 
bleya,  DC.  —  Adelobotrys,  DC. 


MÉL 


MÉL 


75 


Tribu  III.  —  Osbeckiées. 

Anthères  s'ouvrant  par  un  seul  pore. 
Ovaire  libre  ou  adhérent ,  ordinairement 
surmonté  de  soies  ou  d'écaillés.  Fruit  cap- 
sulaire  ou  charnu.  Graines  réniformes.  Es- 
pèces originaires  des  deux  continents. 

Lasiandra,  DC.  — Macairea,  DC. — Chœ- 
togastra,  DC. — Arthrostema,  Pav.  (Mela- 
nium,  Rich.) —  Heeria,  Schlecht.  —  Svilra- 
mia,  Cham.  —  Tibouchina,  Aubl.  (Savasta- 
nia,  Neck.  )  —  Monochœtum ,  Naud.  — 
Diplostegia,  Don.  —  Tristemma ,  J.  — Ple- 
roma  ,  Don.  —  Lachnopodium  ,  Blum.  — 
Melastoma  ,  Burm.  (  Acinodendron ,  L.  )  — 
Otanthera  ,  Blum.  —  OsbccMa,  L.  — Plero- 
lepis,  DC.  —Chœtolepis,  DC.  —  Microlepis, 
DC.  —  ?  Aciotis  ,  Don. 

Tribu  IV.  —  Miconiées. 

Anthères  s'ouvrant  par  1-2  pores.  Ovaire 
adhérent.  Fruit  charnu.  Graines  droites.  Es- 
pèces américaines  pour  la  plupart. 

Rousseauxia,  DC. — Dichœtanthera,  Endl. 

—  Leandra,  Raddi.  —  Cidemia,  Don.  (Theu- 
dia,  DC.)  —  Jucunda,  Cham.  (Graffenrieda, 
Mart.  )  —  Myriaspora  ,  DC.  (  Hamastris  , 
Mart.)  —  Tococa,  Aubl. — Myrmidone,  Mart. 

—  Majeta,  Aubl .—  Calophysa,  DC.  —  Medi- 
nilla,  Gaud.  (Gallaria,  Schr. )  —  Daclyliotay 
Blum.  —  Triplectrum,  Don. —  Pachycentria, 
Blum.  —  Pogonanthera,  Blum.  — Allomor- 
phia  ,  Blum.  —  Calycogonium ,  DC.  (Caty- 
copteris,  Rich.  )  —  Ossœa ,  DC.  —  Sagrœa , 
DC.  —  Tetrasygia,  Rich.  — Heterotrichum, 
DC.  —  Dissochœta  ,  Blum.  —  Aplectrum  , 
Blum.  —  Conostegia,  Don  (  Calycotomus  et 
Bruguiera,  Rich.)—  Diplogenœa,  Lindl.  — 
Diplochiton,  Spreng.  (Diplochita,  DC.—Chi- 
lonia,  Don.  —  Folherghilla,  Aubl.  —  leoni- 
teœnî'a,  Scop. )  —  Phyllopus,  DC.—Hcnriet- 
]ea,  DC.  —  Loreya,  DC.  — Marumia,  Blum. 
^-Creochilon,  Blum.  —  Phyllagathis,  Blum. 
*-Decaraphe,  Miq.—  Miconia,  R.  Pav.(iïy- 
))o^an(/iMs  ,  Rich.  )  —  Octomeris ,  Naud.  — 
Vhiloporus,  Naud.  —  Oxymeris,  DC. — Oe- 
nanium,  Don  (  Cyathanthera  ,  Pohl.  )  — 
Blakea,  L.  [Topabca,  Aubl.  —  FaJdesia,  R. 
Pav.  —  Bellucia  et  Drepanandrnm  ,  Neck. 
--  Apatitia,  Desv.)  —  Cycnopodium,  Naud. 

—  Sarcopyramis,  Wall. 

Tribu  V.  —  Charianthées. 
Anthères  s'ouvrant  par  des  fentes  longi- 


tudinales. Ovaire  adhérent.  Fruit  générale- 
ment charnu.  Graines  droites.  Espèces  de 
l'Amérique  ou  des  archipels  asiatiques. 

Charianlhus,  Don  {Chœnantfxera  et  Tetra- 
zygos,  Rich.)  —  Chœnoplevra,  Rich.  — JE«- 
fressia,  DC.  — Ewyckia,  Blum.  (?  Piernaw- 
dra,  Jack.)  —  Jsfrom'a,  Blum.  —  Spathan- 
dra,  Guill.  Perr.  (Ad.  J.) 

MÉLASTOME.  Melasloma  (fx£l«ç,  noir; 
arrosa,  ouverture),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Mélastomacées-Osbeckiées,  établi 
par  Burmann  (Flor.  Zeyl.,  72).  Ce  genre 
renfermait  un  assez  grand  nombre  d'espèces  ; 
quelques  unes  en  ont  été  séparées  pour  for- 
mer divers  autres  genres  (Osbeckia,  Lachno- 
podïum>  etc.)  ;  actuellement  il  ne  comprend 
plus  aujourd'hui  que  celles  qui  ont  pour 
principaux  caractères:  Calice  à  tube  ovale, 
soudé  à  la  partie  inférieure  avec  l'ovaire, 
couvert  de  squamules  ou  de  soies  nombreu- 
ses, à  limbe  5-6-fide.  Corolle  à  5-6  pétales 
insérés  à  la  gorge  du  calice,  ovales.  Étami- 
nes  10-12,  insérés  avec  les  pétales  ;  anthères 
oblongues-Iinéaires,  un  peu  arrondies  en 
voûte,  s'ouvrant  par  un  pore  terminal,  réu- 
nies par  un  connectif  stipiforme,  allongé  ou 
court,  bi-auriculé  à  la  partie  antérieure,  ou 
émarginé.  Ovaire  à  5-6  loges  multi-ovulées. 
Style  filiforme,  un  peu  renflé  au  sommet; 
stigmate  ponctiforme.  Le  fruit  est  charnu, 
à  5-6  loges  s'ouvrant  irrégulièrement.  Les 
Mélastomes  sont  des  arbrisseaux  de  l'Asie 
tropicale,  à  feuilles  opposées,  très  entières 
ou  dentées  en  scie,  nerveuses;  à  fleurs  pé- 
donculées,  réunies  en  faisceaux  ou  en  corym- 
bes  terminaux,  quelquefois  solitaires,  et  de 
couleurs  variées:  blanches,  roses  ou  pour- 
pres. 

JUÉLASTOMÉES.  Meïastomeœ.  bot.  fh. 
—  La  plupart  des  auteurs  modernes  parta- 
gent le  groupe  des  Mélastomacées  en  denx 
secondaires,  caractérisées  par  le  mode  diffé- 
rent de  déhiscence  des  anthères  ,  qui ,  dans 
le  moins  nombreux  ,  s'ouvrent  par  des  fentes 
longitudinales,  dans  l'autre  par  un  ou  deux 
porcs  terminaux.  Ce  dernier,  auquel  on 
donne  le  nom  de  Mélastomées  ,  comprend 
donc  les  quatre  premières  tribus  précédem- 
ment exposées.  (Ad.  J.) 

MÉLÉAGRE.  Melcagris.  mqll.  —  Genre 
établi  parMontforf  (Conchyl.  systém.,  t.  II, 
p.  206)  aux  dépens  du  g.  Turbo  de  Linné. 
Voy.  ce  mot. 


76 


MÉL 


MEL 


*MÉLÉAGR3DES.  ois.  — Famille  établie 
par  M.  Lesson  dans  l'ordre  des  Gallinacés 
pour  les  espèces  qui  ont  la  tête  et  le  cou  en 
partie  dénudés  ;  les  ailes  arrondies  et  amples, 
très  concaves;  la  queue  très  courte,  tom- 
bante; les  tarses  médiocres,  sans  ergots,  et  le 
corps  bombé  de  toutes  parts.  Le  genre  Pin- 
tade fait  seul  partie  de  cette  famille.  (Z.  G.) 
*MÉLÉAGRINÉES.  Meleagrinœ.  ois.  — 
Sous-famille  de  la  famille  des  Phasianidées 
Faisans)  établie  par  G.-R.  Gray  (a  List  of 
the  gênera),  et  comprenant  les  genres  Melea- 
Qris,  Numida,  Gutleraet  Acryllium.  (Z.  G.) 
BfELEAGRIS  ois.  —  Voy.  dindon. 
*MELECEBINE/E.  mam.  —  Groupe  pro- 
posé par  M.  Lesson  {Spec.  des  Mamm.,  1840) 
et  placé  à  la  suite  des  Lémuriens,  et  ne  com- 
prenant que  le  genre  Polto  ou  Cercoleptes. 

(E.  D.) 
MELECTA.  ins.— Genre  de  la  tribu  des 
Apiens,  famille  des  Nomadides,  de  Tordre 
des  Hyménoptères,  distingué  surtout  des  au- 
tres genres  du  même  groupe  par  un  écusson 
court  et  bidenté.  On  connaît  un  petit  nom- 
bre d'espèces  de  ce  genre.  La  plus  répandue 
est  la  M.  punclala  Fab. 

Voy.  pour  les  habitudes  les  articles  noma- 
dides et  MELLIFÈRES.  (Bl.) 

MELES,  mam.  —  Nom  latin  du  Blaireau. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MELEUS,  Mëgerle.  ins.  —  Syn.  de  Plin- 
thus,  Germar,  Schœnherr.  (C.) 

MÉLÈZE.  Lariœ.  bot.  ph.  —  Tournefort 
avait  établi  sous  ce  nom  un  genre  particu- 
lier pour  des  arbres  de  la  famille  des  Abié- 
tinées ,  de  la  monœcie  polyandrie  dans  le 
système  sexuel  de  Linné,  que  distinguent 
surtout  leurs  feuilles  annuelles  groupées  en 
faisceau  par  l'effet  du  raccourcissement  des 
rameaux  qui  les  portent.  Ce  genre  a  été 
réuni  par  Linné,  et  après  lui  par  plusieurs 
botanistes,  tels  que  Gaertner,  Lambert, 
M.  Endlicher,  dans  le  grand  genre  Pinus  , 
dont  il  ne  forme  plus  qu'une  simple  section. 
D'autres  le  distinguent  des  vrais  Pins,  mais 
le  confondent  avec  les  sapins  sous  le  nom 
générique  commun  d'Abies;  de  ce  nombre 
sont  A.-L.  de  Jussieu  et  L.-C.  Richard  ; 
quelques  uns,  enfin,  tels  que  MM.  De  Can- 
dolle,  Leach,  Loudon,  admettent  la  manière 
de  voir  de  Tournefort,  ei  en  font  un  genre 
distinct  et  séparé.  Quoi  qu'il  en  soit,  rela- 
tivement au  rang  qu'on  assigne  à  ce  groupe, 


il  présente  les  caractères  suivants  :  les  fleurs 
sont  monoïques;  les  chatons  mâles  sont 
ovoïdes ,  sessiles  le  long  des  rameaux  ,  ac- 
compagnés à  leur  base  d'écaillés  soudées 
entre  elles  qui  forment  une  sorte  d'ureéole; 
les  anthères  s'ouvrent  par  une  fente  longi- 
tudinale; les  chatons  femelles  sont  également 
sessiles,  ovoïdes,  feuilles  à  leur  base  ;  la 
bractée  qui  accompagne  chaque  écaille  flo- 
rigère  est  membraneuse,  colorée,  persis- 
tante, et,  pendant  la  floraison  ,  beaucoup 
plus  longue  que  cette  écaille  elle-même; 
celle-ci  est  charnue,  amincie  vers  son  ex- 
trémité. Le  cône  qui  succède  à  ces  chatons 
femelles  est  dressé,  formé  d'écaillés  imbri- 
quées, presque  ligneuses,  amincies  supé- 
rieurement, concaves  à  leur  base,  qui  per- 
sistent après  la  chute  des  graines  ;  celles-ci, 
au  nombre  de  deux  à  la  base  de  chaque 
écaille, sont  petites, coriaces,  munies  d'une 
aile  persistante,  large,  oblique;  leur  em- 
bryon a  5-7  cotylédons.  Les  Mélèzes  sont 
de  beaux  arbres  à  cime  pyramidale,  dont 
les  branches  pendent  plus  ou  moins  vers  la 
terre,  dont  les  feuilles  sont  planes,  minces 
et  linéaires  ,  d'un  vert  gai  ou  glauque,  an- 
nuelles,  éparses  sur  les  jeunes  scions,  comme 
fasciculées  sur  les  rameaux  anciens,  à  cause 
de  leur  insertion  sur  un  ramule  très  rac- 
courci. —  Ce  genre  renferme  une  espèce 
très  intéressante  et  très  connue. 

Le  Mélèze  d'Europe  ,  Larix  europœa  DC. 
(Pinus  LarixLinn. ,  Abies Larix Poir.,  L.-G. 
Rich.).  Cette  espèce  croîtspontanément  dans 
la  plupart  des  chaînes  de  montagnes  de 
l'Europe  moyenne  et  méridionale ,  à  l'ex- 
ception de  la  Scandinavie,  delà  Grande- 
Bretagne,  des  Pyrénées  et  de  l'Espagne;  elle 
se  trouve  ensuite  dans  l'Oural,  dans  la  Si- 
bérie et  dans  l'Amérique  septentrionale; 
elle  est  vulgairement  désignée  sous  la  simple 
dénomination  de  Mélèze.  C'est  un  bel  arbre 
qui  s'élève  ordinairement  à  20  mètres  en- 
viron ,  mais  qui  peut  dépasser  beaucoup  ces 
dimensions  et  atteindre  jusqu'à  30  et  même 
40  mètres  de  hauteur ,  avec  un  diamètre 
proportionné;  ainsi  il  en  existe  quelques 
individus  que  leurs  dimensions  vraiment 
colossales  ont  rendus  célèbres.  Sa  racine  est 
longue,  pivotante.  Ses  branches  «o»11  pres- 
que verticilléps ,  trèa  <5iaiees  ou  un  peu  pen- 
dantes,  surtout  par  les  progrès  de  l'âge.  Ses 
feuilles  sont  glabres  et  lisses,  linéaires, 


MEL 


MEL 


77 


d'un  vert  gai  qui  contraste  avec  la  teinte 
foncée  de  la  plupart  des  autres  Conifères. 
Les  chatons  de  fleurs  se  montrent  au  prin- 
temps en  même  temps  que  les  jeunes  feuil- 
les ;  les  mâles  sont  d'un  jaune  clair,  longs 
de  près  de  1  centimètre  ,  tandis  que  les  fe- 
melles sont  rougeâtres  et  longs  de  1  à  2  cen- 
timètres. Les  cônes  sont  ovoïdes- oblongs , 
dressés,  longs  d'environ  3  centimètres,  de 
couleur  jaunâtre  ou  roussâtre  à  leur  matu- 
rité, qui  arrive  en  automne;  quoique  mûrs 
dès  cette  époque,  ils  ne  s'ouvrent  pour  laisser 
sortirleurs  graines  qu'au  printemps  suivant, 
et,  même  après  qu'ils  se  sont  ouverts ,  ils 
persistent  encore  longtemps  sur  l'arbre. 

Le  Mélèze  d'Europe  est  utile  sous  plu- 
sieurs rapports.  Il  occupe  un  rang  des  plus 
distingués  parmi  les  arbres  forestiers  ,  tant 
à  cause  de  la  rapidité  de  son  développement 
que  des  qualités  précieuses  de  son  bois.  Cette 
rapidité  d'accroissement  pendant  les   20  , 
25  ou  30  premières  années  dépasse  celle  de 
toutes  les  autres  Conifères  ;  mais  après  cette 
époque,  l'arbre  éprouve  un  ralentissement 
très   appréciable,  et  qui   devient   tel  dans 
certains  cas  qu'il  peut  alors  être  dépassé  par 
d'autres  espèces.  M.  de  Chambray  (  Traité 
prat.  des  arb.  résin.  Conif.,  1845)  cite  des 
plantations  de  vingt-trois  ans  dont  les  indi- 
vidus avaient  de  13  à  16  mètres  de  haut , 
sur  près  de  1  mètre  de  circonférence.  En 
général  cette  espèce  peut  acquérir  environ. 
20  ou  25  mètres  de  hauteur  dans  l'espace 
de  cinquante  ans  ;  après  quoi  elle  continue 
à  grossir  sans  s'élever  beaucoup,  pour  l'or- 
dinairejusqu'à  cent  cinquante  ou  deux  cents 
ans,  terme  le  plus  habituel  de  son  existence. 
Son  bois  est  rougeâtre,  surtout  au  cœur, 
lorsqu'il  s'est  formé  dans  des  lieux  froids 
et  élevés  ;  il  est  jaunâtre  dans  les  pieds  qui 
sont  venus  sur  de  bons  fonds  ;  il  est  dur  , 
imprégné  de  résine  qui  le  rend  presque  in- 
corruptible, ou  qui  du  moins  lui  permet  de 
résister  à  l'action  des  agents  atmosphéri- 
ques et  de  l'humidité  beaucoup  plus  que 
celui  de  toutes  les  autres  Abiétinées.  D'après 
M.  Hartig,  il  pèse  68  livres  1 3  onces  par  pied 
cube  lorsqu'il  est  vert,  et  36  livres  6  onces 
lorsqu'il  est  sec.  Il  n'est  pas  sujet  à  se  fen- 
dre, et  il  proscrite  encore  cet  avantage  que 
les  insectes  l'attaquent  rarement.  Ces  divers 
motifs  lui  donnent  une  valeur  supérieure 
pour  la  construction,  soit  des  charpentes 


qui,  faites  avec  ce  bois,  réunissent  beau- 
coup de  solidité  à  une  longue  durée  et  à  une 
légèreté  assez  grande ,  soit  des  navires,  dans 
lesquels  le  Mélèze  est  regardé,  à  Venise  et 
en  Russie ,  comme  préférable  au  Chêne. 
Dans  le  Haut-Dauphiné,  dans  la  Savoie  et 
le  Pays  de  Vaud ,  où  cet  arbre  est  extrême- 
ment abondant,  on  en  construit  des  maisons 
en  posant  les  uns  sur  les  autres  des  troncs 
équarris  d'environ  un  pied  de  côté ,  assem- 
blés dans  les  angles  et  vis-à-vis  des  refends. 
Ces  maisons  sont  d'abord  blanches;  mais 
elles  noircissent  en  deux  ou  trois  ans.  De 
plus,  la  résine  suintant  à  la  surface  du  bois 
de  ces  troncs  superposés,  ferme  toutes  les 
jointures  et  s'étend  en  une  couche  semblable 
à  un  vernis  luisant  et  poli ,  qui  rend  le  tout 
absolument  impénétrable  à  l'eau  et  à  l'air, 
mais  en  même  temps  très  inflammable. 
Employé  dans  les  constructions  submergées, 
le  bois  de  Mélèze  se  conserve  presque  indé- 
finiment et  acquiert  une  très  grande  du- 
reté. Débité  en  planches ,  il  est  très  propre 
aux  ouvrages  de  menuiserie;  mais  il  est 
sujet  à  se  tourmenter,  et  à  se  voiler  lorsqu'il 
a  été  mis  en  œuvre  avant  sa  parfaite  dessic- 
cation. Pour  éviter  cet  inconvénient,  on  a 
recommandé  de  le  plonger  dans  l'eau  pendant 
un  an  etde  le  laisser  ensuite  à  l'air  pendant 
une  autre  année  avant  de  le  débiter.  En 
Suisse,  et  dans  quelques  parties  de,  l'Alle- 
magne, on  confectionne  en  bois  de  Mélèze 
des  tonneaux  et  des  futailles  qui  conservent 
parfaitement  le  vin.  Enfin ,  ce  même  bois 
donne  des  échalas  dont  la  durée  est  telie 
qu'ils  se  transmettent,  dit-on,  avec  les 
propriétés.  Comme  combustible  ,  le  bois  de 
Mélèze  présente  quelques  inconvénients  en 
ce  qu'il  s'enflamme  avec  peine  et  qu'il  s'é- 
teint assez  facilement;  mais  il  se  recom- 
mande d'un  autre  côté  par  la  grande  quan- 
tité de  chaleur  qu'il  donne,  et  qui  est  esti- 
mée par  M.  Hartig  ,  relativement  à  celle  du 
Hêtre,  comme  1248  :  1540.  Le  charbon  qu'il 
donne  est  très  lourd  et  propre  aux  opéra- 
tions des  usines  métallurgiques. 

Le  Mélèze  d'Europe  se  recommande  en- 
core par  son  écorce  et  par  ses  produits  rési- 
neux. Recueillie  sur  déjeunes  pieds,  cette 
écorce  est  utilisée  pour  le  tannage  et  pour 
la  teinture  en  brun.  Quant  aux  produits 
résineux,  ils  sont  de  deux  sortes ,  et  ils  sont 
connus,  l'un  sous  le  nom  de  Térébenthine  de 


78 


MEL 


Venise,  l'autre  sous  celui  de  Manne  de  Br lan- 
çon. La  térébenthine  de  Venise  est  la  résine 
qui  exsude  naturellement  à  travers  l'écorce, 
mais  que  l'on  obtient  ordinairement  des 
pieds  arrivés  à  peu  près  à  leur  parfait  déve- 
loppement dans  lesquels  on  perce  avec  des 
tarières  des  trous  obliques  qui  n'atteignent 
pas  le  centre  de  l'arbre,  ou  dans  lesquels 
on  pratique  des  entailles.  La  résine  qui  s'é- 
coule est  reçue  dans  des  baquets.  Elle  est 
à  l'état  liquide  et  de  consistance  sirupeuse  ; 
sa  couleur  est  claire,  jaunâtre;  sa  saveur 
est  un  peu  amère.  Elle  a  des  usages  assez 
nombreux  dans  les  arts  et  en  médecine.  Par 
la  distillation,  elle  donne  de  l'essence  de 
térébenthine,  et  elle  laisse  comme  résidu  de 
la  colophane.  Employée  en  nature,  elle  agit 
comme  stimulant;  elle  concourt  de  plus  à  la 
confection  de  divers  onguents  et  emplâtres. 
Un  Mélèze  aménagé  convenablement  fournit 
de  la  térébenthine  pendant  quarante  ou  cin- 
quante ans. 

Ce  peu  de  mots  sur  les  usages  du  Mélèze 
suffit  pour  faire  sentir  son  importance  et 
pour  justifier  le  conseil  qui  a  été  donné  par 
plusieurs  agronomes  de  s'en  servir,  afin 
d'utiliser  beaucoup  de  terrains  abandonnés. 
On  sait,  en  effet,  que  cet  arbre  est  très  peu 
difficile  sur  le  choix  du  terrain,  et  qu'il  pros- 
père dans  les  lieux  montueux,  sur  le  bord 
des  ravins  et  des  torrents,  dans  les  terrains 
graveleux;  en  un  mot,  dans  des  endroits  où 
il  semble  impossible  d'introduire  avec  succès 
aucune  autre  culture.  (P.  D.) 

MELHANIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Byttnériacées-Dombeyacées ,  éta- 
bli par  Forskal  (JEgypt.,  64).  Arbres  ou  ar- 
brisseaux de  l'Asie  et  de  l'Afrique  tropicale. 

Voy.  BYTTNÉRIACÉES. 

MELÏA,  Lin.  bot.  ph.  —  Genre  qui 
donne  son  nom  à  la  famille  des  Méliacées, 
et  qui  rentre  dans  la  décandrie  monogynie. 
Les  végétaux  dont  il  se  compose  sont  des 
arbres  qui  habitent  pour  la  plupart  les  par. 
ties  tropicales  de  l'ancien  continent,  dont 
*in  croît  spontanément  jusque  dans  le  bassin 
âe  la  Méditerranée.  Leurs  branches  sont 
marquées  de  larges  cicatrices  trilobées,  lais- 
sées parla  chute  des  feuilles;  les  jeunes 
pousses  et  les  inflorescences  sont  revêtues 
d'un  duvet  cotonneux  d'aspect  farineux. 
Leurs  feuilles  sont  alternes,  bipinnées.  Leurs 
fleurs  sont  portées  sur  des  pédoncules  axil- 


IV]  EL 

Jaires,  simples  dans  leur  partie  inférieure, 
rameux  et  paniculés  dans  la  supérieure; 
elles  présentent  l'organisation  suivante:  un 
calice  5-  parti  ;  une  corolle  de  5  pétales 
étalés,  un  tube  formé  par  la  soudure  com- 
plète des  filets,  10-fide  au  sommet,  dont 
les  divisions  sont  2-3-parties,  et  qui  porte 
à  sa  face  interne  et  à  sa  gorge  10  anthères 
incluses,  biloculaires;  un  ovaire  reposant 
par  sa  Uase  sur  un  disque,  à  5  loges,  qui 
renferment  chacune  deux  ovules  superposés, 
dont  le  supérieur  est  ascendant,  dont  l'in- 
férieur est  suspendu;  ce  dernier  est  le  seul 
qui  se  retrouve  dans  le  fruit  qui  constitue 
un  drupe  peu  charnu  à  noyau  5-loculaire. 

L'espèce  la  plus  connue  de  ce  genre  est  le 
Mklia  azedabach,  Melia  azedarach  Lin., 
vulgairement  connue  sous  les  noms  de  faux 
Sycomore,  Arbre  Saint,  Lilas  des  Indes,  Lilas 
de  la  Chine  ,  Arbre  à  Chapelet  ;  ce  dernier 
nom  est  tiré  de  l'usage  que  les  moines  de 
l'Archipel  et  des  pays  qui  bordent  la  Médi- 
terranée font  du  noyau  de  ses  fruits.  C'est 
un  arbre  qui  s'élève  à  10  ou  12  mètres  de 
hauteur;  ses  feuilles  sont  bipinnées,  for- 
mées de  folioles  lisses ,  ovales-  lancéolées  , 
aiguës  au  sommet,  dentées-incisées;  ses 
fleurs  ,  de  couleur  lilas  ,  ont  une  odeur 
agréable  ;  leur  tube  staminal  est  d'un  pour- 
pre brun  assez  foncé.  —  Dans  le  midi  de 
la  France,  cet  arbre  passe  parfaitement  en 
pleine  terre;  aussi  y  est-il  assez  fréquem- 
ment planté  en  allées  de  promenades  et  le 
long  des  routes.  Dans  nos  départements 
du  nord ,  au  contraire,  il  ne  résiste  aux 
froids  de  l'hiver  que  lorsqu'on  le  place  à 
une  bonne  exposition ,  et  même  dans  ce  cas 
il  n'acquiert  jamais  tout  le  développement 
dont  il  est  susceptible.  Ses  fruits  sontgénéra- 
Iement  regardés  comme  vénéneux,  et  de  là 
vient  le  nom  d'Azedarach  ,  mot  arabe  qui 
signifie  plante  vénéneuse;  leur  action  ne 
paraît  pas  être  cependant  aussi  énergique 
que  quelques  auteurs  l'ont  prétendu.  La 
racine  de  cet  arbre  a  une  saveur  amère  et 
nauséabonde;  elle  agit  comme  anlhelmin- 
tique  à  un  degré  très  prononcé.  Elle  est  em- 
ployée comme  telle  en  diverses  contrées,  et 
particulièrement  dans  l'Amérique  septen- 
trionale. Des  propriétés  analogues  ont  été 
signalées  dans  les  fruits  secs  de  l'Azedarach. 
Enfin  ,  la  décoction  des  feuilles  de  cet  arbre 
est  employée  dans  l'Inde  contre  l'hystérie; 


MEL 


IV]  EL 


79 


elle  est  également  regardée  comme  astrin- 
gente et  stomachique. 

On  cultive  encore  dans  les  jardins  le  Melia 
sempervirens  Swartz,  originaire  de  la  Ja- 
maïque et  des  Indes,  dont  les  feuilles  sont 
également  bipinnées,  mais  à  7-9-folioles 
légèrement  ridées,  incisées;  ses  fleurs  et 
ses  fruits  sont  un  peu  plus  petits  que  ceux 
de  l'Azedarach.  Cette  espèce  fleurit  plus  tôt, 
et  dès  l'âge  de  deux  ans;  elle  perd  ses 
feuilles  plus  tard, et  résiste  moins  au  froid, 
ce  qui  oblige  à  la  tenir  dans  l'orangerie 
pendant  l'hiver.  (P.  D.) 

*MELIA.  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Décapodes  brachyures,  de  la  tribu  des  Can- 
cériens,  établi  par  M.  Milne  Edwards  aux 
dépens  des  Grapsus  deLatreiMe.  Cette  petite 
coupe  générique  est  très  voisine  du  genre 
des  Pilumnus,  mais  a  aussi  beaucoup  d'ana- 
logie avec  celui  des  Grapsus.  Le  caractère 
distinctif  est  que  chez  ce  nouveau  genre  le 
bord  orbitaire  inférieur  ne  se  joint  pas  au 
front  et  laisse  à  l'angle  interne  de  l'orbite 
un  hiatus  qui  est  rempli  par  l'antenne  ex- 
terne. La  carapace  est  presque  circulaire. 
La  seule  espèce  connue  est  la  Mélie  damier, 
Melia  tessellata,  Edw.  (Hist.nat.  des  Crust., 
t.  I,  p.  391,  pi.  18,  fig.  6  à  9).  Elle  a  été 
rencontrée  sur  les  côtes  de  l'Ile  de  France. 

(H.  L.) 

MELIACÉES.  Meliaceœ.  bot.  ph.  —  La 
famille  de  plantes  dicotylédonées  ,  polype- 
taies,  hypogynes,  àlaquelle  on  avait  donné  ce 
nom  ,  est  généralement  aujourd'hui  divisée 
en  deux  :  l'une,  à  laquelle  on  le  conserve  ; 
l'autre,  qui  a  reçu  le  nom  de  Cédrélacées. 
Quoique  bien  distinctes  ,  elles  restent  unies 
par  des  rapports  assez  intimes,  pour  que 
nous  ayons  cru  ne  pas  devoir  en  traiter  sé- 
parément; nous  allons  donc  successivement 
exposer  les  caractères  de  l'une  et  de  l'autre, 

Méliacées. 

Calice  libre,  de  3- S--3  folioles  distinctes 
ou  soudées  à  une  hauteur  plus  ou  moins 
grande,  égales,  imbriquées  dans  la  préflo- 
raison. Pétales  en  nombre  égal  et  alternes, 
plus  longs,  libres  ou  plus  rarement  unis  par 
leur  base  entre  eux  ou  avec  le  tube  stami- 
nal ,  à  préfloraison  valvaire  ou  imbriquée. 
Etamiries  en  nombre  double,  insérées  au 
même  point  que  les  pétales ,  à  filets  larges, 
aplatis,  bidentés  ou  bifides  au  sommet,  sou- 


dés entre  eux  par  leurs  bords  en  u:i  UUni 
plus  eu  moins  long  et  de  formes  diverses. 
Anthères  introrses,  à  deux  loges  s'ouvrant 
longitudinalement ,  insérées  entre  les  dents 
du  filet,  saillantes  hors  du  tube  ,  ou  cachées 
par  lui.  Disque  tantôt  presque  nul  ,  tantôt 
élevant  le  pistil  sous  forme  de  colonne,  tan- 
tôt l'entourant  sous  celle  d'anneau,  ou  même 
prolongé  en  un  tube  charnu  ou  membraneux 
qui  l'engaîne  à  une  plus  ou  moins  grande 
hauteur.  Ovaire  libre  ,  à  loges  égalant  en 
nombre  celui  des  pétales,  rarement  moindre 
ou  au  contraire  multiple,  communiquant 
quelquefois  entre  elles  vers  leur  sommet, 
renfermant  chacune  deux  ovules  attachés  à 
l'angle  interne,  collatéraux  ou  superposés , 
ascendants  ou  plus  souvent  suspeirdus,  plus 
rarement  quatre  sur  deux  rangs.  Style  ter- 
minal, simple,  égal  au  tube  staminal  ou  plus 
court,  terminé  par  un  stigmate  en  tête,  py- 
ramidal ou  discoïde  ,  marqué  d'autant  de 
lobes  ou  d'angles  qu'il  y  a  de  loges.  Le  fruit 
offre  des  formes  variables  ,  celle  d'une  baie 
ou  d'une  drupe  ,  ou  d'une  capsule  à  déhis- 
cence  loculicide.  Les  graines ,  souvent  soli- 
taires dans  les  loges  par  avortement,  sont 
revêtues  ou  dépourvues  d'un  arille  charnu, 
dressées,  suspendues  ou  horizontales,  de 
forme  variée,  jamais  ailées;  un  périsperme 
charnu  s'observe  dans  quelques  genres,  man- 
que entièrement  dans  le  plus  grand  nombre. 
Dans  le  premier  cas ,  l'embryon  a  la  radi- 
cule saillante  en  dehors  des  cotylédons  folia- 
cés; dans  le  second  ,  la  radicule  courte  est 
comme  retirée  entre  les  cotylédons  épars  , 
quelquefois  soudés  ensemble  :  elle  se  dirige 
vers  le  hile  ou  en  sens  inverse.  Les  espèces 
de  cette  famille  sont  des  arbres  ou  des  ar- 
brisseaux, croissant  la  plupart  sous  les  tro- 
piques ,  quelques  uns  en  dehors ,  la  plu- 
part de  ceux-ci  dans  l'hémisphère  austral, 
un  seul  dans  le  boréal.  Leurs  feuilles  sont 
ordinairement  alternes  ,  rarement  simples  , 
plus  souvent  composées  ou  une  seule  fois 
avec  folioles  opposées  ou  alternes  ou  deux 
fois,  .dépourvues  de  stipules.  Leurs  fleurs 
sont  ordinairement  disposées  en  petites  cy- 
mes,  qui  se  groupent  elles-mêmes  en  pani- 
cules,  en  corymbes,  en  grappes,  en  épis,  à 
l'extrémité  des  rameaux  ,  ou  plus  souvent. 
encore  aux  aisselles  des  feuilles  ;  il  n'est  pas 
rare  de  voir  l'un  des  sexes  s'y  développer 
incomplètement,  et  les  fleurs  alors;  tout  en 


80 


aiEL 


présentant  l'apparence  de  l'hermaphrodisme, 
deviennent  réellement  polygames  ou  monoï- 
ques. Beaucoup  deMéliacées  présentent  un 
mélange  de  principes  acres,  amers  et  astrin- 
gents ,  auxquels  ils  doivent  des  propriétés 
variables,  suivant  la  proportion  de  ces  prin- 
cipes divers,  toniques  et  stimulantes  dans  les 
unes,  émétiques  et  purgatives  dans  les  au  très. 
Les  graines  et  les  péricarpes  renferment  une 
huile  fine,  qui  participe  a  cette  amertume. 
Cependant  les  fruits  d'un  petit  nombre  d'es- 
pèces font  exception  ,  et  fournissent  un  ali- 
ment doux  et  agréable. 

GENRES. 

Tribu  I.  —  Méliées. 

Embryon  dans  un  périsperme  mince  et 
charnu,  à  cotylédons  foliacés,  a  radicule  sail- 
lante. —  Espèces  toutes  originaires  de  l'an- 
cien continent ,  à  feuilles  simples  ,  pennées 
ou  plus  souvent  bipennées,  à  folioles  sou- 
vent dentées. 

Quivisia,  Comm.  (Gilibertia,  Gmel.  )  — 
Calodryum  ,  Desv.  —  Turrœa,  L.  —  Mun- 
ronia,  Wight.  —  Naregamia,  W.  et  Arn. — 
Melia  ,  L.  (  A zedarach  ,  Tourn.  )  — Azadi- 
rachla  ,  Ad.  J.  —  Mallea ,  Ad.  J.  —  Cipa- 
dessa,  Bl. 

Tribu  II.  —  Trichiliées. 

Embryon  sans  périsperme,  à  cotylédons 
épais,  à  radicule  courte  et  incluse.  —  Espèces 
originaires  des  deux  continents ,  à  feuilles 
une  seule  fois  pennées,  à  folioles  très  en- 
tières. 

Aglaia,  Lour.  (Camunium  ,  Rumph. — 
Cambania,  Comm.)  —  Milnea.  Roxb.  (Nya- 
lelia,  Dennst.)  —  Lansium,  Rumph.  (Sphœ- 
rosacme  ,  Wall.)  —  Nemedra  ,  Ad.  J.  — 
Amoora,  Roxb.  {Anderson ia,  Roxb. — Amura, 
Sch.  — Aphanomixis,  Bl.)  —  Disoxylon,  Bl. 

—  Chizocheton,  Bl.  {Schizochiton,  Spreng.) 

—  Synoum,  Ad.  J.  {Schoutensia,  Endl.)  — 
Hartighsea,  Ad.  J.  —  Epicharis,  Bl,  —  Ca- 
bralea,  Ad.  J.  —  Didymochiton,  Bl.  —  Go- 
niochiton,  Bl.  — Sandoricum,  Cav.  — Eke- 
lergia,  Sparm.  — Walsura,  Roxb.  — Hey- 
liea,  Roxb.  —  Trichilia,  L.  (Elcaja,  Forsk. 
•—  Portesia,  Cav.)  —  Moschoxylum,  Ad.  J. 

—  Guarea,  L.  {Elutheria,V .  Br.) — Carapa, 
Aubl.  (Persoonia,  W.) — Xylocarpus,  Ad.  J. 

genres  douteux. 
Calpandria,  Bl.  —Odontandra,  Kth. 


MEL 

CÉDRÉLACÉES. 

Elles  diffèrent  de  la  famille  précédente 
par  leurs  étarnines  quelquefois  distinctes  , 
par  leurs  ovules  au  nombre  de  quatre  au 
moins  dans  chaque  loge,  de  plus  ordinai- 
rement imbriquées  sur  deux  rangs,  et  de- 
venant autant  de  graines  plates  et  ailées 
à  périsperme  mince  ou  nul  ,  dans  un  fruit 
capsulaire  à  péricarpe  ligneux  dont  les  val- 
ves se  séparent  des  cloisons  qui  restent  avec 
les  graines  attachées  à  l'axe  persistant.  Les 
espèces,  toutes  tropicales,  sont  des  arbres  en 
général  très  élevés,  à  bois  dur,  odorant  et 
coloré,  employé  en  conséquence  dans  la  me- 
nuiserie, comme  l'est,  par  exemple,  celui 
de  l'Acajou  ,  qui  appartient  à  cette  famille. 
Leurs  feuilles  sont  pennées  une  seule  fois , 
quelquefois  parsemées  de  points  transpa- 
rents. Les  principes  astringents  et  amers  do- 
minent dans  ces  plantes,  et  leur  donnent  des 
vertus  toniques,  vantées  dans  quelques  unes 
comme  fébrifuges. 

GENRES. 

Tribu  I. — Swiétkniées. 

Filets  soudés  en  un  tube.  Hile  à  l'extré- 
mité d'une  aile  parcourue  par  le  funicule. 
Préfloraison  de  la  corolle  tordue. 

Swietenia ,  L.  (Maagoni,  Ad.  —  Roia , 
Scop.  —  Cedrus,  Mill.)  —  Khaya,  Ad.  J. — 
Soymida,  Ad.  J. — Chickrassia,  Ad.  J.  (Pla- 
giotaxis,  Wall.). 

Tribu  IL  —  Cédrélées. 

Filets  distincts.  Hile  à  l'extrémité  de  la 
graine,  qui  n'est  pas  prolongée  en  aile.  Pré- 
floraison de  la  corolle  convolutive. 

Chloroxylon,  DC.  —  Flindersia,  R.  Br.— 
Oxleya  ,  AU.  Cunn.  —  Cedrela,  L.  (Jon- 
sonia,  Ad.  —  Cuveracea,  Jones.  —  Surenus, 
Rumph.).  (Ad.  J.) 

*MÉLIANTIIÉES.  Meliantheœ.  bot.  ph., 
—  Le  genre  Melianthus  a  été  placé  à  la  suite 
des  Zygophyllées  avec  doute,  et  présente  en 
effet  des  caractères  assez  tranchés  pour  que 
M.  Endlicher  le  considère  comme  destiné  à 
former  le  noyau  d'une  famille  distincte. 
Mais  jusqu'ici  il  la  constituerait  à  lui  seul, 
et  les  caractères  de  cette  famille  rentreraient 
en  conséquence  complètement  dans  ceux  du 
genre.  Nous  les  indiquerons  à  l'article  de 
celle  à  laquelle  on  l'associait.  Voy.  zygo- 
phyllées. (Ad.  J.) 


MEL 


MÈL 


81 


MELIANTIIUS  (fuîli,  miel;av0oç,  fleur). 
bot.  ph.  —  Genre  qu'Endlicher  considère 
comme  devant  former  le  type  d'une  nouvelle 
famille,  celle  des  Mélianthées  {voy.  ce  mot). 
Il  a  été  établi  par  ïournefort  (Inst.,  245) 
pour  des  arbrisseaux  du  Cap  et  du  Népaul. 

YOIJ.    MÉLIANTHÉES     OU     plutôt    ZYGOPIIYLLÉES 

pour  les  caractères  distinctifs  de  ce  genre. 

*MELIAS,  Gloger.  ois.— Syn.  de  Phœni- 
co])/jaus(Malcoha),  Vieil  lot.  (Z.  G.) 

MÉL1BÉE.  ins.  —  Nom  d'une  espèce  du 
g.  Satyre. 

MELICA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Eestucacées,  établi  par 
Linné  (Gen.  n.  82).  Gramens  abondants 
dans  l'Europe  et  l'Asie  centrale,  dans  les 
régions  tropicales  et  extra  tropicales  de  l'A- 
mérique ,  et  se  rencontrant  assez  fréquem- 
ment aussi   au  cap  de  Bonne-Espérance. 

Voy.   GRAMINÉES. 

*MELICEKTA.  ins.— M.  Stephens  a  éta- 
bli sous  ce  nom,  pour  une  seule  espèce  trou- 
vée en  Angleterre  (il/,  ochroleuca  Steph.), 
■un  genre  dans  le  groupe  des  Tenthréditesde 
Ja  tribu  des  Tenthrédiniens,  de  l'ordre  des 
Hyménoptères.  Voy.  tenthrédiniens.     (Bl.) 

MELSCEXITA  et  MELICERTUM  (nom 
mythologique),  acal.  —  Genre  de  Méduses 
monostomes  établi  par  Péron  et  Lesueur  et 
caractérisé  par  les  tentacules  marginaux  de 
l'ombrelle  et  par  des  bras  très  nombreux  (in- 
formes ,  chevelus  et  formant  une  espèce  de 
■houppe  à  l'extrémité  du  pédoncule. 

Ce  genre,  que  Lamarck  avait  réuni  à  ses 
Dianées,  comprenait  alors  cinq  espèces  dont 
la  première,  Melic.  digitale,  est  une  Eirene 
d'Eschscholtz,  et  la  troisième,  M.  perle,  est 
un  Bhizostome  du  môme  auteur.  M.  de 
Blainville  adopta  ce  genre  avec  ses  caractè- 
res; mais  Eschscholtz,déjaauparavant,  chan- 
geant son  nom  en  Melicertum,  l'avait  défini 
d'une  autre  manière,  en  prenant  pour  type 
Ja  deuxième  espèce  de  Péron  et  Lesueur,  la 
M.  campanule.  11  le  plaçait  dans  la  famille 
des  Océanides,  où  seul,  parmi  les  aucres 
.genres,  il  présente  des  franges  de  tentacules 
à  la  face  inférieure  de  l'ombrelle,  qui  est  en 
forme  de  cloche,  avec  une  cavité  stomacale 
simple,  un  orifice  tubiforme  lobé;  quatre 
«anaux  supportant  les  franges  et  qui  portent 
des  cirrhes  marginaux  de  différentes  gran- 
deurs en  nombre  déterminé.  Ce  genre,  ainsi 
caractérisé,  comprenait  quatre  espèces  dont 

T.   VI II. 


une  seule  de  Péron  et  une  autre,  M.  penicilla- 
lum,  sont  rangées  par  M.  de  Blainville  parmi 
ses  Aglaures.  M.  Lesson  ,  dans  son  Histoire 
des  Acalèphes,  en  1843,  a  admis  :  1°  un  genre 
Melicerta  comprenant  trois  des  espèces  de 
Pérou,  mais  aucune  des  espèces  d'Esehs- 
choltz;  2°  un  genre  Melicertum  comprenant 
seulement  deux  des  espèces  d'EschschoItz,  et 
3°  un  genre  Clochette,  Campanella,  renfer- 
mant les  deux  autres  Mélicertes  d'EschschoItz, 
admises  sous  ce  môme  nom  par  M.  de  Blain- 
ville, et  dont  l'une  est  en  même  temps  la 
M.  campanula  de  Péron  et  Lesueur.  Pour 
M.  Lesson,  les  Melicerla  appartiennent  à  son 
troisième  groupe;  ce  sont  des  Méduses  aga- 
ricines  ou  proboscidées,  c'est-a-dire  ayant 
sous  le  milieu  de  l'ombrelle  un  stipe  ou  pé- 
doncule à  peine  divisé  au  sommet;  comme 
caractère  générique,  elles  ont  des  tentacules 
courts,  simples  ou  peu  nombreux  au  pour- 
tour de  l'ombrelle,  et  leur  pédoncule,  assez 
épais,  est  terminé  au  sommet  par  des  fran- 
ges ou  filaments  nombreux. 

Les  Melicertum  et  les  Clochettes  du  même 
auteur  sont,  au  contraire,  des  Méduses  non 
proboscidées.  Le  genre  Clochette  fait  partie 
de  la  troisième  tribu  des  Marsupiales,  Médu- 
ses en  sac  ou  en  cloche,  ayant  de  quatre  à 
huit  faux  bras  sur  le  rebord  de  l'ombrelle  , 
sans  pédoncule,  sanscirrhes;  comme  carac- 
tère générique,  elles  ont  une  ombrelle  à 
quatre  angles,  à  bords  lisses  et  garnis  de  trois 
rangées  de  tentacules  courts,  et  des  ovaires  à 
cloisons  en  croix,  garnies  de  fibrilles  internes 
nombreuses. 

Le  genre  Melicertum  de  M.  Lesson  appar- 
tient à  sa  tribu  des  Nucléiferes,  Méduses  cam- 
panules, à  ouverture  circulaire,  lisse  ou  di- 
versement ciliée  au  pourtour,  et  distinguées 
de  toutes  les  autres  familles  par  un  sac  sto- 
macal, cylindracé,  terminé  en  bas  par  un 
prolongement  buccal  en  forme  de  trompe  à 
quatre  ou  huit  divisions.  Comme  caractères 
de  ce  genre,  l'auteur  signale  les  quatre  pi- 
liers ciliés  du  sac  stomacal  quadrilobé,  ci.  le 
bord  de  l'ombrelle  portant  des  cirrhes  courts, 
réguliers,  assez  nombreux,  et  huit  eirrhès 
plus  grands.  (Huj.) 

MELICERTA.  crust.— Syn.  dcLysmata. 
Voy.  ce  mot.  (11.  L  J 

MÉLICERTE.  ins. —Espèce  de  Lépi- 
doptère du  g.  Satyre. 

MÉLICERTE.  Melicerla ,  nom  mytho- 
•  il. 


82 


MEL 


1WEL 


logique),  infus. — Genre  de  Systolides  ou  Ro- 
tateurs, établi  par  Schrank  pour  une  espèce 
assez  commune  dans  les  eaux  douces,  et  que 
IlilletPallas  rangèrent  parmi  les  Brachiens. 
M.  Dutrochet  la  désigna  sous  le  nom  de 
îiotifcr  quadricircularis;  Lamarck,  Cuvier 
et  M.  Bory  de  Saint-Vincent  Font  nommée 
Tubicolaria  quadriloba.  M.  Ehrenberg ,  en 
adoptant  ce  genre,  y  réunit  d'abord  comme 
seconde  espèce  (M.  biloba)  le  Limnias  ccra- 
lophylli  de  Schrank  ,  dont  plus  tard  il  a  fait 
aussi  un  genre  distinct.  Nous  pensons  que 
ces  deux,  espèces  appartiennent  à  un  seul 
genre  que  nous  caractérisons  ainsi  :  ce  sont 
des  animaux  presque  diaphanes,  logés  dans 
un  fourreau  un  peu  conique  incrusté  de 
matières  terreuses  qui  le  rendent  opaque  et 
cassant  comme  celui  de  la  première  espèce  , 
M.  ringens ,  ou  formé  de  grains  uniformes, 
longs  de  trois  à  cinq  quarts  de  millimètre, 
qui  sont  les  excréments.  Ce  tube  est  fixé 
perpendiculairement  sur  quelque  tige  de 
plante  aquatique ,  et  l'animal  lui-même 
a  le  corps  en  massue  ou  en  entonnoir  al- 
longé, avec  un  limbe  ou  bord  supérieur 
épanoui  en  deux  ou  quatre  lobes  arrondis 
et  entourés  de  cils  rotatoîres.  (Duj.). 

MÉLICERTE.  Melicertus.  crust.— Genre 
établi  par  Rafinesque  sur  un  Crustacé  de 
l'ordre  des  Décapodes  macroures,  qui  paraît 
excessivement  voisin  des  Pénées,  et  qui  a 
été  adopté  avec  doute  par  les  carcinologlstes. 
L'espèce  type  de  cette  nouvelle  coupe  géné- 
rique est  le  Melicertus  tigrinus  Raf.  (II.  L.) 
*MÉLICERTIENS.  infus.  syst.  —  Fa- 
mille de  Systolides  ou  Rotateurs  fixés  par 
un  pédoncule.  Ce  sont  de  petits  animaux 
aquatiques  à  corps  mou,  diaphane,  en  forme 
de  massue  ou  d'entonnoir,  porté  par  un  pé- 
doncule charnu  extensible,  qui  se  contracte 
en  se  plissant.  Ils  vivent  isolément  à  nu  ou 
logés  dans  un  tube.  Leur  corps  est  terminé 
par  un  limbe  supérieur  plus  ou  moins  étalé 
et  lobé,  bordé  de  cils  rotatoires.  La  bouche, 
située  près  du  limbe,  est  armée  de  mâchoires 
en  étrier  à  trois  ou  plusieurs  dents.  Les  Mé- 
Iicertiens  se  trouvent  ordinairement  fixés 
sur  des  herbes  aquatiques ,  et  ils  sont  assez 
volumineux  pour  être  vus  à  l'œil  nu  ou  avec 
..le  secours  d'une  loupe:  aussi  ont-ils  attiré 
l'attention  de  tous  les  anciens  observateurs. 
*  Pallas  les  réunissaitaux Brachions  ;  Eichhorn 
les  nommait  des  polypes-fleurs  et  des  po- 


lypes-étoiles ;  O.-F.  Mullcr  rapportait  à  son 
genre  Vorticellc  ceux  qu'il  a  connus.  Schrank 
le  premier  essaya  de  les  distinguer  généri- 
q:iement  sous  les  noms  de  Melicerta,  Lim- 
nias et  Linza.  M.  Dutrochet,  de  son  côté  , 
les  étudia  plus  particulièrement  et  les  dé- 
crivit comme  des  Rotiferes;  mais  Lamarck, 
d'après  les  observations  mêmes  de  ce  natu- 
raliste, en  forma  le  genre  Tubicolaire. 
Schweigger,  pour  quelques  unes  des  mêmes 
espèces  ,  avait  proposé  le  nom  générique  de 
Lacinulaire,  que  M.  Bory  de  Saint-Vincent 
changea  en  celui  de  Mégalotroque  ,  en  dis- 
tinguant comme  deux  autres  genres 
les  noms  de  Synanthérine  et  de  Sten: 
les  jeunes  individus  de  ce  genre.  M.  Ehren- 
berg, enfin,  dans  ses  publications  successives 
depuis  1830,  a  admis  pour  ces  animaux  lc^ 
genres  Ptygura  ,  OEcistes  ,  Conochilus , 
Megalotrocha,  Tubicolaria,  Limnias,  Laci- 
nularia  et  Melicerta  ,  qu'il  répartit  dans  ses 
quatre  familles  des  Ichthydina,  desOEcistina, 
des  Megalotrochœa  et  des  Flosculariœa  , 
qui  contiennent  en  même  temps  d'autres 
genres  pourvus  de  caractères  totalement 
différents.  Quant  aux  genres  que  nous  ve- 
nons de  nommer,  cet  auteur  les  distinguo 
d'après  l'absence  ou  la  présence  des  yeux, 
au  moins  dans  le  jeune  âge,  et  d'après  le 
nombre  des  lobes  de  l'organe  rotatoire. 
Ainsi  ses  Tubicolaires  sont  toujours  privées 
d'yeux,  tandis  que  les  autres  genres  en  ont 
deux  pendant  le  jeune  âge;  ses  Limnias  et 
ses  Lacinulaires  ont  l'organe  rotatoire  bi- 
lobé;  ils  diiîèrent  parce  que  les  uns  ont  des 
étuis  ou  fourreaux  coniques,  isolés,  tandis 
que  les  autres  ont  une  enveloppe  commune 
qui  n'est  qu'une  masse  gélatineuse  ;  ses  Mé- 
licertes  ont  des  étuis  isolés  comme  les  Lim- 
nias, mais  en  diffèrent  par  leur  appareil 
rotatoire  à  quatre  lobes.  Tous,  d'ailleurs, 
ont  la  même  forme  générale  et  des  mâchoires 
en  étrier,  c'est-à-dire  composées  d'un  arc 
traversé  par  une  barre  sur  laquelle  s'ap- 
puient trois  dents  parallèles,  partant  du 
sommet.  Nous  pensons  donc  que  ces  dis- 
tinctions de  genres  et  de  familles,  basées 
sur  la  présence  des  points  rouges  qu'on 
veut  nommer  des  yeux  ,  ou  sur  la  natur-  de 
l'enveloppe,  ont  trop  peu  d'importance,  et 
nous  préférons  n'en  former  qu'une  seule 
famille  divisée  seulement  en  quatre  genres, 
d'après  le  mode  d'expansion  du  limbe  efi 


MÉL 


MÈL 


83 


d'après  la  constitution  du  fourreau,  ou  son 
absence.  Un  premier  genre,  Plygure,  est 
caractérisé  par  le  peu  d'ampleur  du  limbe, 
lequel ,  bordé  de  cils  courts  ,  n'offre  pas 
l'apparence  d'une  roue  en  mouvement;  le 
deuxième  genre,  Lacinulaire,  a,  au  con- 
traire, un  limbe' largement  étalé  ,  échancré 
d'un  seul  côté,  et  bordé  de  cils  assez  longs, 
produisant  un  mouvement  rotatoire  dis- 
tinct. Les  espèces  de  ces  deux  genres  sont 
libres  ou  accidentellement  engagées  dans 
une  masse  gélatineuse ,  mais  toujours  sans 
étui.  Les  deux  autres  genres,  Tubicolaire  et 
Mélicerte ,  ont  le  limbe  divisé  en  lobes 
comme  une  corolle  de  fleur  ;  mais  ils  se  dis- 
tinguent par  la  nature  de  l'étuiou  fourreau, 
qui  est  membraneux  ,  transparent  chez  les 
Tubicolaires,  et  incrusté  de  matière  ter- 
reuse ,  opaque ,  chez  les  Mélicertes.  (Duj.) 

MELIGERTUS.  crust.  —  Syn.  de  Lys- 
mala.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

XICÏIRUS  (^'-XP^  i  doux  comme  du 
miel  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Épacridées-Styphéliées,  établi  par  R.  Brown 
(Prodr.y  539).  Petits  arbrisseaux  de  la  Nou- 
velle-Hollande. 

Endlichcr  a  réparti  (Gen.  plant.,  p.  747, 
n°  4270)  les  espèces  de  ce  genre  en  deux 
sections,  qu'il  nomme:  1°  Eumclichrus  , 
corolle  en  forme  de  roue;  2°  Melidepas  >  co- 
rolle urcéolèe. 

MELICOGGA  (f«A»,  miel  ;  saxjwç,  coque). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  tribu  des  Sapinda- 
cées-  Sapindées,  établi  par  Linné  {Gen.  n. 
47  ).  Arbres  de  l'Amérique  tropicale.  Voy. 

SAPINDACÉE5. 

MELIGOPE.  bot.  pu.  —  Genre  de  la 
famille  des  Diosmécs-Pilocarpées,  établi  par 
Forster  (Char,  gen.,  28).  Arbrisseaux  de  la 
Nouvelle-Hollande.  Voy.  diosmées. 

MELICïTUS(,a«>e,  miel;  xu't0ç,  cavité). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Bixa- 
cées,  tribu  des  Flacourtianées? ,  établi  par 
Forster  (Char,  gen.,  t.  62).  Arbres  de  la 
Nouvelle-Zélande.  Voy.  bixacées. 

*MELIDIUM(fj.vAt'ç,  pommier),  bot.  cr. — 
Petite  plante  cryptogame  décrite  par  M.  Es- 
chweiler  (de  Fructif.  gen.  rhizemorphœ ,  p. 
33,  t.  1,  fig.  10),  et  qui  probablement  n'a 
pas  été  observée  depuis.  Elle  appartient  aux 
Cystisporés  et  est  caractérisée  par  des  fila- 
ments solides,  rameux,  d'abord  ternes  puis 
bifides,  et  qui  se  terminent  par  un  sporange 


globuleux  renfermant  quatre  spores  ovales 
ou  rondes.  Le  Melidium  subterraneum,  la 
seule  espèce  du  genre,  croît  dans  les  sou- 
terrains ,  avec  d'autres  Mucédinées  ,  sur  le 
Rhizomorpha  subterranea.  (Lév.) 

*MELIDORA,  Salisb.  bot.  ph.  —  Syn. 
(VEncyanthus ,  Lour. 

*MÉIADOKE.  Melidora.  ois.—  Division 
du  genre  Martin-Pêcheur.    Voy.    ce  mot. 

(Z.  G.) 

*MELÏERAX.  ois.  —  Genre  établi  par 
G.-R.  Gray  dans  la  sous-famille  des  Circi- 
nées,  pour  l'Épervier  chanteur,  Nisus  musii 
eus  Cuv.  Voy.  autour.  (Z.  G.) 

*MELIGETHES  (  pdiytb»; ,  qui  cause 
une  douce  joie),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Clavicornes, 
tribu  des  Nitidulaires,  proposé  par  Kirby, 
publié  par  Stéphens  (Illust.  of  Brit.  Ent., 
III,  45),  et  adopté  par  Érichson  (Zeitschrift 
fur  die  Entomologie  von  Germar,  1843). 
Ce  genre  a  pour  type  une  espèce  de  France, 
le  M.  pyrenaicus  Xap.  (  Strongylus  floralis 
Dej.),  qui  paraît  devoir  habiter  aussi  l'An- 
gleterre et  l'Allemagne.  (G.) 

*MEUGLOSSUS,  Schlect.  bot.  ph.  — 

Voy.  MELANTIIIUM. 

MÉLILITHE  (pAt,  mîel  ;  mç,  pierre). 
min.  —  Substance  d'un  jaune  de  miel ,  en 
très  petits  prismes  droits  à  base  carrée, 
découverte  par  Fleuriau  de  Bellevue  dans 
les  roches  basaltiques  de  Capo  di  Bove, 
près  de  Rome.  Elle  paraît  identique  avec  la 
Humboldtilithe  de  la  Somma ,  et  composée 
comme  elle  de  silice,  d'alumine,  d'oxyde 
ferrique  ,  de  chaux,  de  magnésie,  et  d'un 
peu  de  potasse  et  de  soude.  Ces  deux  miné- 
raux, réunis  en  une  seule  espèce,  viennent 
se  ranger  à  côté  de  la  Gehlénite,  parmi  les 
silicates  alumineux  de  la  tribu  des  espèces 
quadratiques.  (Del  ) 

MÉLILOT.  Melilotus,  Tourn.  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Légumineuses-Pa- 
pilionacées,  de  la  diadelphiedécandrie  dans 
le  système  de  Linné.  Établi  d'abord  par 
Tournefort,  il  avait  été  réuni  par  Linné  aux 
Trifolium;  dans  ces  derniers  temps,  il  a  été 
rétabli  et  généralement  adopté  par  les  bota- 
nistes ,  qui  se  sont  bornés  à  en  détacher  un 
petit  nombre  d'espèces,  soit  pour  les  trans- 
porter dans  des  genres  voisins  (ex.  :  M.  cœru  • 
lea  —  Trigonclla  cœrulcaSer.),  soit  pour  fa  iro 
de  l'une  d'elles  le  type  d'un  genre  nouveau 


84 


IYJÉL 


MEL 


(M.  crelica^=PococlciacreticaScr.).  Il  com- 
prend aujourd'hui  environ  trente  espèces  qui 
habitent  l'Europe  moyenne  et  la  région  médi- 
terranéenne. Ce  sont  des  plantes  herbacées, 
glabres  sur  leurs  diverses  parties,  dont  la 
tige  est  dressée  ou  ascendante,  souvent  éle- 
vée, dont  les  feuilles  sont  pennées-trifolio- 
lées ,  fréquemment  bordées  de  dents  aiguës  ; 
dont  les  fleurs,  presque  toujours  jaunes, 
quelquefois  blanches,  sont  petites,  réunies 
en  grappes  allongées,  axillaires  et  presque 
terminales ,  et  présentent  l'organisation  sui- 
vante :  un  calice  campanule,  à  5  dents  allon- 
gées, peu  inégales;  une  corolle  papiliona- 
cée,  dont  le»  ailes  adhèrent,  au-dessus  de 
,1'ouglet,  à  la  carène ,  qui  est  obtuse;  10  éta- 
mines  diadelphes  ;  un  pistil  dont  l'ovaire 
est  rétréci  à  sa  base  en  pédicule,  et  2-8- 
ovulé.  Le  principal  caractère  de  ces  plantes 
consiste  dans  leur  légume,  entouré  à  sa  par- 
lie  inférieure  par  le  calice,  qu'il  dépasse, 
membraneux  ou  coriace,  rugueux  ou  veiné 
à  sa  surface,  indéhiscent,  à  1-4  graines. 

C'est  d'après  la  forme  et  l'état  de  la  sur- 
face de  ce  légume  que  M.  Seringe  1  |ME?* 
tagé  les  Mélilots  en  trois  sections  o&  h<raâ- 
genres,  dont  les  noms  indiquent  les  carac- 
tères dis  Une  tifs. 

a.  Cœlorutis  ,  Ser.  Légume  marqué  de 
sillons  lacuneux. 

C'est  à  cette  section  qu'appartiennent  la 
plupart  de  nos  espèces  françaises,  dont  les 
plus  répandues  sont  les  Melilotus  aliissima 
Thuill.,  leucantha  Koch,  et  officinales  Willd. 
Cette  dernière  (Trifolium  melilotus  officina- 
lis Lin.)  est  une  plante  annuelle,  qui  croît 
communément  dans  les  prés  et  le  long  des 
champs  de  presque  toute  l'Europe  ;  6a  tige 
est  droite,  rameuse,  à  branches  étalées,  et 
s'élève  à  7-8  décimètres;  les  folioles  de  ses 
feuilles  sont  lancéolées,  oblongues,  obtuses, 
découpées  sur  leurs  bords  en  dents  de  scie 
écartées;  ses  stipules  sont  grêles  et  séta- 
cées;  ses  Heurs  sont  jaunes,  réunies:  en 
grappes  deux  fois  plus  longues  que  les  feuil- 
les ;  leur  calice  est  renflé  en  dessus  à  sa  base, 
divisé  à  son  bord  en  dents  inégales,  de  lon- 
gueur égale  à  celle  du  tube;  l'étendard  de 
la  corolle  et  ses  ailes  égalent  en  longueur  la 
carène;  le  premier  est  marqué  de  stries  lon- 
gitudinales. Le  légume  est  obové ,  pubes- 
cent  dans  l'état  jeune,  assez  renflé;  il  ren- 
ferme deux  graines  en  forme  de  cœur,  à 


côtés  inégaux.  Malgré  sa  dénomination  spé- 
cifique, le  Méiilot  officinal  n'a  que  des  usa- 
ges très  peu  importants  en  médecine.  On 
emploie  sa  décoction,  à  l'extérieur,  en  lo-  ' 
tions,  particulièrement  contre  les  inflam- 
mations de  l'œil ,  et  en  lavements.  Toute  la 
plante  est  regardée  comme  émolliente ,  et 
ses  fleurs  passent  pour  carminatives.  Elle 
est  remarquable  par  son  odeur  agréable  , 
qui  devient  plus  prononcée  par  la  dessicca- 
tion, et  que  certains  auteurs  ont  attribuée- 
à  l'acide  benzoïque  qui  existe  en  elle.  Cette 
espèce,  et  les  Mélilots  en  général,  sont 
quelquefois  cultivés  comme  plantes  fourra- 
gères; mais  les  avantages  de  cette  culture 
sont  assez  peu  prononcés  pour  qu'elle  n'ait 
pris  encore  que  peu  d'extension. 

b.  Plagiorutis,  Ser.  Légume  marqué  de 
sillons  transverses  ,  légèrement  arqués. 
Comme  appartenant  à  cette  section,  nous 
citerons  le  M.  arvensis  Wallr. 

c.  Campylorutis,  Ser.  Légume  ové  ou  obové, 
marqué  de  veines  arquées ,  rapprochées.  A. 
cette  troisième  section  appartiennent  les  M. 
vulcata  Desf.,  et  messanensis  Desf.  (P.  D.) 

*MEL3NA  (jttjXtV/},  de  couieur  jaunâtre). 
ins.  —  Gen^e  de  Coléoptères  téèramères,  fa- 
mille des  Cycliques,  tribu  des  Colaspides, 
créé  par  nous,  et  adopté  par  Dejean  (Cata- 
logue, 3e  édit.,  p.  433) ,  qui  en  mentionne 
les  trois  espèces  suivantes  :  M.  calceata,  de- 
cempunctata  et  erotyloides  Dej.  Elles  sont 
originaires   du   Brésil.  (C.) 

MËLINET.  Cerinthe.  bot.  pu.  —  Genre 
de  la  famille  des  Aspérifoliées-Borraginées» 
Anchusées,  établi  par  Linné  {Gen.,  186),  et 
dont  ies  principaux  caractères  sont  :  Calice 
à  5  folioles  inégales.  Corolle  hypogyne,  cy- 
lindrique, nue  a  la  gorge,  à  limbe  5-denté. 
Étamines  5,  insérées  au  tube  de  la  corolle, 
incluses  ;  anthères  sagittées,  lobées  a  la  base. 
Ovaire  à  2  lobes  2-loculaires.  Style  simple; 
stigmate  émarginé.  Deux  noix  biloculaires , 
fixées  sur  un  réceptacle  plan.  — Les  Méli- 
nets  sont  des  herbes  des  contrées  centrales  et 
australes  de  l'Europe,  velues  ou  lisses,  à 
feuilles  alternes,  très  entières  ou  dentelées; 
à  fleurs  disposées  en  grappes  terminales. 

Les  espèces  de  ce  genre,  peu  nombreuses, 
ont  été  réparties  par  Reichenbach  (Flor. 
excurs.,  339)  en  deux  sections,  nommées  : 
Ceranthe:  limbe  de  la  corolle  5-fide;  fila- 
ments -Ses  étamines  presque  nuls;  noixmo- 


JVIEL 


MEL 


85 


nospermes  par  ravorternent  de  Tune  des 
loges;  Cerinthe:  limbe  de  la  corolle  à  5  dents 
très  courtes;  filaments  des  étamines  égalant 
les  anthères;  noix  2-loculaires ,  dispermes. 

MELINIS.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Panicées  ,  établi  par 
Palisotde  Beauvois  (Agrost.,  54,  t.  II,  f.4), 
Gramens  du  Brésil  tropical.  Voy.  graminées. 

*MELINOPTERUS  (pfttvo's  ,  jaunâtre  ; 
Trr/pov,  aile),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
des  Scarabéides  arénicoles,  créé  par  Mulsant 
(Hist.  nat.  des  Coléopt.  de  Fr.,  1842,  p.  282). 
Les  trois  espèces  d'Europe  suivantes  y  sont 
rapportées  :  M.  {aphodius  des  auteurs)  conta- 
minants  Hbst.,  obliteratus  Heyden  et  pro- 
dromus  Braham.  (G.) 

*MELINOSPERMUM  (  pAiy«e ,  miel  ; 
(jTr/pfxa,  graine),  bot.  pu.  —  Genre  de  la 
famille  des  Légumineuses-Papilionacées- 
Lotées,  établi  par  Walpers  (tn  Linnœa,  XIII, 
527).  Herbes  du  Cap.   Voy.   légumineuses. 

*IMELIOLA  (:j.7ikov,  pomme),  bot.  cr.  — 
Genre  de  Champignons  delà  classe  desCli- 
nosporés.  Les  réceptacles  sont  ronds,  fragi- 
les, placés  à  la  base  de  petites  soies  raides  ; 
ils  renferment  dans  leur  intérieur  un  cli- 
node  dont  les  divisions  supportent  à  l'extré- 
mité des  spores  ovales,  noires  et  cloisonnées. 
Les  espèces  de  ce  genre  croissent  sur  les 
feuilles,  dans  les  contrées  chaudes  ou  tropi- 
cales, sur  lesquelles  elles  forment  des  taches 
noires,  orbiculaires  ou  confidentes,  qui  rap- 
pellent les  Fumago.  On  les  a  considérées 
comme  des  Sphéries  ;  mais  les  spores  n'étant 
pas  renfermées  dans  des  thèques,  elles  doi- 
vent nécessairement  en  être  séparées.  Les 
longues  soies  au  milieu  desquelles  les  ré- 
ceptacles se  développent  ont  été  prises  par 
Sprengel,  Fries  et  d'autres  mycologues,  pour 
desostioles,  mais  elles  ne  sont  véritablement 
que  des  parties  accessoires,  puisqu'elles  exis- 
tent à  la  marge,  où  l'on  ne  voit  pas  de  récep- 
tacles. (Lév.) 

*MELIOHMS,  G.-R.  Gray.  ois.  —  Syn. 
de  Philedon,  Cuvier.  Voy.  philedon.  (Z.  G.) 

*MELlOSMA  fjrtlt,  miel;  àrpî,  odeur). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Mélios- 
mées,  établi  par  Blume  (Flor.  Jav.  Prœf., 
VII).   Arbres  de  l'Asie  tropicale.  —  Voy. 

MELIOSMÉES. 

*MÉLIOSMÉES.  Meliosmeœ.  bot.  pu.  — 
Cette  famille  est  indiquée  par  M.  Endltcber 


plutôt  qu'établie,  ne  comprenant  encure 
qu'un  genre  unique  avec  les  caractères  du- 
quel se  confondent  les  siens.  Elle  est  placée 
à  la  suite  des  Sapindacées  avec  laquelle  nous 
l'examinerons.  (Ad.  J.) 

MÉLIPHAGE.  Meliphaga.  ois.  —  Divi- 
sion du  g.  Philedon.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

*MÉLIPIIAGIDÉES.  Meliphagidœ.  ois. 
—  Famille  de  l'ordre  des  Passereaux  établi 
pour  la  plupart  des  espèces  de  cet  ordre,  qui 
ont  la  langue  terminée  par  un  pinceau  de 
fibres.  G.-R.  Gray  (A  list  of  the  gênera  )  la 
divise  en  trois  sous-familles  :  celle  des  My- 
zomélinées  (Myzomelinœ),  qui  renferme  les 
genres  Myzomela,  Acanthorhynchus  et  Gly- 
ciphil a  ;  celle  des  Méliphaginées  (Meliphagi- 
nœ),  qui  comprend  les  genres  Meliornis , 
Prosthemadera ,  Plilolis,  AnLhornis,  Philc- 
mon ,  Phyllornis,  Meliphaga,  Anlhochœra% 
Acanlhogenys,  Entomyza  et  Tropidorhyn- 
chus;  et  celle  des  Mélilhreptinées  (Melilhrcp- 
tinœ),  dont  font  partie  les  genres  Plectoram- 
phus,  Manorhina,  Psophodeus  ,  Eidopsarus, 
Melithreplus  et  Entomophila.         (Z.  G.) 

MÉLIPHAGINÉES.  Meliphaginœ.  ois.-~ 

Voy.  MÉLIPHAGIDÉES. 

*MELIPHLEA,  Zuccar.  bot.  pu.  — Syn. 
de  Sphœralcea ,  Saint-Hil. 

MELIPHYLLUM,  Bent.  bot.  ph.  —  Voy, 
mélisse. 

1\ÎELIPQ!\TA  (at/t,  miel;  «r&voç,  travail). 
ins.  —  Genre  de  la  tribu  des  Apiens  (Melli- 
fères  de  Latreillc),  familledes Apodes,  groupe 
des  Méliponites,  de  l'ordre  des  Hyménop- 
tères, établi  par  Illiger  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes.  Voy.  méliponites.    (Bl.) 

MÉLIPONITES.  Meliponitœ.  ins.  -• 
Groupe  de  la  tribu  des  Apiens  (Mellifères, 
Lalr.),  de  l'ordre  des  Hyménoptères ,  carac- 
térisé par  des  pattes  postérieures  dont  les 
jambes  sont  élargies  et  munies  d'une  espèce 
de  peigne  à  l'angle  interne,  et  le  premier 
article  des  tarses  inerme  et  dilaté  à  l'angle 
externe  de  sa  base ,  et  par  une  langue  cylin- 
drique presque  aussi  longue  que  le  corps. 

Les  Méliponites  se  rapprochent  considé- 
rablement des  Abeilles  :  ce  sont  même  les 
Insectes  qui  leur  ressemblent  le  plus.  II  y  a 
entre  ces  Hyménoptères  des  caractères  com- 
muns extrêmement  faciles  à  saisir.  Comme 
les  Abeilles ,  les  Méliponites  ont  une  langue 
allongée  qui  leur  permet  de  sucer  dans  le 
n-ectaire  des  fleurs  ;  des  pattes  propres  à  la  ré- 


MEL 


I\ÎEL 


coite  du  pollen.  Comme  les  Abeilles  encore, 
les  Méliponites  ont  trois  sortes  d'individus, 
des  mâles,  des  femelles  et  des  neutres,  ces 
dernières  construisant  des  demeures  pour  y 
élever  les  larves.  Ce  sont  donc  également 
des  Hyménoptères  constituant  de  nombreu  • 
ses  sociétés. 

Les  Méliponites  ressemblent  aussi  à  nos 
Abeilles  par  leur  aspect  général  ;  mais  ce- 
pendant elles  sont  plus  petites ,  elles  ont  un 
corps  plus  ramassé  et  plus  velu,  des  pattes 
postérieures  beaucoup  plus  longues,  com- 
parativement à  la  dimension  du  corps. 

Les  Méliponites  diffèrent  non  seulement 
des  Abeilles,  mais  encore  de  tous  les  Hymé- 
noptères qui  construisent  des  nids,  par  l'ab- 
sence d'un  aiguillon.  On  peut,  en  effet, 
toucher  les  Mélipones  sacs  le  moindre  dan- 
ger, car  elles  sont  dépourvues  de  toute  arme 
offensive  et  défensive;  chez  elles,  on  peut 
retrouver  des  traces  d'un  aiguillon,  mais 
c'estici  un  organe  tout-à-fait  rudimentaire, 
n'ayant  pas  de  vésicule  pour  la  sécrétion  du 
venin.  On  comprendra  combien  ce  fait  est 
important  à  noter,  non  seulement  sous  le 
rapport  de  la  zoologie  et  de  l'anatomie  com- 
parée, mais  aussi  sous  le  rapport  des  modi- 
fications dans  les  habitudes  de  ces  Hyméno- 
ptères que  doit  nécessairement  entraîner  la 
présence  ou  l'absence  d'un  aiguillon.  Chez 
les  Méliponites ,  il  ne  peut  y  avoir  entre  les 
femelles  ces  combats  à  mort  qu'on  observe 
parfois  chez  les  Abeilles. 

Les  mœurs  de  ces  Insectes  sont,  au  reste, 
fort  mal  connues ,  et  cela  n'a  rien  qui  doive 
surprendre;  les  Méliponites,  étant  toutes 
étrangères  à  l'Europe,  n'ont  pu  être  étu- 
diées avec  tout  le  soin  qu'exigerait  l'intérêt 
du  sujet.  La  plupart  des  renseignements  ont 
été  répandus  par  les  récits  de  quelques 
voyageurs,  qui  eux-mêmes  n'avaient  fait 
que  des  observations  très  peu  nombreuses  et 
très  superficielles. 

Les  Méliponites  habitent  exclusivement 
les  régions  chaudes  du  nouveau  continent 
et  quelques  îles  de  l'Archipel  indien.  Leurs 
espèces  paraissent  fort  nombreuses  ;  nos  col- 
lections n'en  renferment  guère  plus  d'une 
cinquantaine,  mais  il  est  probable  et  même 
presque  certain  que  beaucoup  d'autres  sont 
encore  à  découvrir.  Les  individus  de  plu- 
sieurs espèces  américaines  sont  fort  abon- 
dants. Cependant  nous  ne  connaissons  très 


génvralement  que  les  individus  neutres,  ou 
ouvrières;  les  mâles  et  les  femelles  n'ont 
presque  jamais  été  recueillis  par  les  voya- 
geurs. 

Ces  Hyménoptères  établissent  leur  domi- 
cile dans  les  creux  de  certains  troncs  d'ar- 
bres, ou  quelquefois  entre  les  branches.  On 
les  y  rencontre  abondamment  dans  les  vas* 
tes  forêts  de  l'Amérique  méridionale.  CeC 
industrieux  Insectes  construisent  ,  comme 
les  Abeilles  ,  les  loges  de  leurs  larves  avec 
la  cire  qu'elles  ont,  comme  ces  dernières, 
la  propriété  de  sécréter.  Leurs  nids  consis- 
tent en  une  série  de  gâteaux  superposés  et 
disposés  horizontalement;  mais  ici  ces  gâ- 
teaux n'ont  pas  ,  comme  ceux  des  Abeilles  , 
(leur,  rangées  de  cellules  opposées.  Sous  ce 
rapport ,  les  gâteaux  de  nos  Méliponites  res- 
semblent à  ceux  des  Guêpes,  n'offrant  des 
cellules  que  d'un  seul  côté. 

Le  capitaine  Beechy  a  publié  la  description 
et  la  représentation  du  nid  d'une  Mélipone 
du  Mexique;  M.  Pierre  Huber  {Mém.  de 
la  Soc.  de  phys.  et  d'hist.  natur.  de  Ge- 
nève, t.  VIII,  1839)  a  publié  aussi  une  no- 
tice pleine  d'intérêt  sur  une  espèce  égale- 
ment mexicaine,  qui  est  devenue  domes- 
tique au  Mexique,  où  elle  a  été  observée  par 
le  capitaine  Basil  Hall.  Depuis,  nous  avons 
eu  nous-même,  à  Paris,  l'occasion  de  voir 
les  constructions  de  deux  espèces  brési- 
liennes, ayant  encore  leurs  habitants  par- 
faitement vivants.  Une  dame,  aimant  beau- 
coup l'histoire  naturelle,  avait  eu  la  patience 
et  pris  tout  le  soin  nécessaire  pour  amener 
de  Rio-Janeiro  à  Paris  ces  curieux  Hymé- 
noptères, qui  ont  vécu  encore  plusieurs 
mois ,  allant  recueillir  le  pollen  et  sucer  le 
miel  des  fleurs  dans  un  jardin  de  la  rue 
Saint-Lazare.  Tous  les  individus  de  l'une  des 
deux  espèces  ne  tardèrent  pas  à  succomber; 
c'était  une  petite  Trigone  (  Trigona  pallida 
Lep.  St-Farg.).  Quant  à  ceux  de  l'autre  es- 
pèce, d'une  taille  bien  supérieure,  c'était  la 
Melipona  anthidioidesLep.  St-Farg.,  qui  est 
noire  ,  avec  des  bandes  jaunes  sur  l'abdo- 
men ;  on  les  conserva  vivants  à  Paris  depuis 
le  mois  de  mai  jusqu'à  la  fin  de  septembre  ; 
et  déjà  ces  Insectes  avaient  vécu  enfermés 
dans  une  petite  caisse  pendant  toute  la  tra- 
versée de  Rio-Janeiro  en  France  et  le  voyage 
par  terre  jusqu'à  Paris.  Une  petite  provision 
de  miel  avait  suffi  à  leur  nourriture  durant 


MEL 


MÉL 


87 


tout  ce  temps.  Au  moment  où  leur  prison 
leur  fut  ouverte,  ces  Insectes  étaient  faibles 
et  volaient  difficilement;  mais  au  bout  de 
peu  de  jours  on  les  voyait  quitter  leur  ru- 
che placée  sur  une  terrasse,  aller  pomper 
ie  miel  des  fleurs  et  recueillir  le  pollen  dans 
un  jardin  voisin.  Quand  le  temps  était  beau, 
on  les  voyait  fréquemment  rentrer  et  sortir, 
comme  le  font  continuellement  nos  Abeilles. 
Ces  laborieux  Hyménoptères  semblaient  ne 
pas  s'apercevoir  qu'ils  eussent  change  de 
climat.  On  voyait  leur  nid  s'augmenter  peu 
à  peu  par  de  nouvelles  constructions.  Déjà 
j'espérais  pouvoir  conserver  en  captivité,  et 
en  quelque  sorte  élever  en  domesticité ,  ces 
industrieux  Insectes.  Déjà  j'étais  heureux 
de  penser  qu'on  pourrait  étudier  tous  les 
détails  de  leurs  habitudes,  et  savoir  exac- 
tement les  différences  qu'elles  présentent, 
sous  ce  rapport,  avec  nos  Abeilles.  Mais  cet 
espoir  devait  bientôt  s'évanouir.  Dès  ie  mois 
de  septembre,  on  les  vit  mourir  successive- 
ment ,  et  dans  l'espace  d'une  quinzaine  de 
jours,  l'habitation  était  devenue  complète- 
ment déserte.  Je  désirais  bien  vivement 
examiner  l'intérieur  de  ce  nid  pourvoir  s'il 
n'existait  pas  à  l'intérieur  des  cellules  de 
grandeurs  différentes  ,  comme  chez  les 
Abeilles  ,  pour  les  larves  des  mâles ,  des  fe- 
melles et  des  neutres,  et  peut-être  aussi 
pour  y  trouver  une  ou  plusieurs  femelles  , 
car  jamais  je  ne  pus  voir  que  des  neutres; 
mais  il  me  fut  impossible  d'obtenir  la  per- 
mission d'examiner  ce  nid  et  d'en  rompre  le 
moindre  fragment.  La  personne  qui  avait 
fait  des  sacrifices  de  toutes  sortes  pour  con- 
server ces  Méliponites  se  désola  au  plus  haut 
degré  quand  elle  les  vit  mourir.  Elle  tint  à 
conserver  intact  leur  nid  ,  sous  un  bocal  , 
comme  une  précieuse  relique.  11  me  fallut 
donc,  à  mon  grand  regret,  renoncer  à  mieux 
connaître  les  constructions  des  Méliponites. 
Toutefois  nous  savons  que  leurs  habitations 
ne  diffèrent  pas  seulement  de  celles  de  nos 
Abeilles  par  l'existence  d'une  seule  rangée 
de  cellules  à  chaque  gâteau.  Elles  ne  placent 
pas,  comme  ces  dernières,  leurs  provisions 
de  miel  dans  des  cellules  analogues  à  celles 
qui  servent  de  berceaux  aux  larves;  elles 
construisent  sur  les  côtés  de  leur  nid  ,  pour 
conserver  leur  miel  ,  des  godets  d'une  di- 
mension dix  fois  supérieure  à  celle  des  loges 
des  gâteaux  ;  ce  sont  des  sortes  d'amphores 


un  j)eu  irrégulières.  Les  Méliponites  les 
remplissent  peu  à  peu,  et  quand  elles  sont 
suffisamment  pleines  ,  elles  en  prolongent 
les  parois  de  manière  à  former  un  couvercle 
et  à  les  clore  exactement.  J'ai  vu  moi-même 
quelques  unes  de  ces  amphores  de  la  Meli- 
pona  anthidioides  s'agrandir  et  se  remplir 
du  miel  puisé  sur  les  fleurs  cultivées  dans 
nos  jardins. 

Il  semble  que  cette  distinction  que  font 
les  Méliponites  dans  la  construction  <]:  . 
vases  devant  servir  à  contenir  le  miel  et  3c 
cellules  destinées  seulement  aux  larves  i:: 
dique  quelque  chose  de  plus  parfait  encore 
que  la  construction  uniforme  des  Abeille. 
Les  Méliponites  ménagent  beaucoup  moin  > 
la  matière  ;  car  ces  amphores  à  miel  en  em- 
ploient une  très  grande  quantité  ,  et  les 
gàieaux  n'offrant  qu'une  rangée  de  cellules, 
il  en  faut  nécessairement  une  quantité  bien 
supérieure  pour  un  nombre  égal  de  cellules. 

On  ignore  encore  si  les  Méliponites  con- 
stituent des  sociétés  aussi  nombreuses  que 
nos  Abeilles.  D'après  la  dimension  des  nids 
que  nous  avons  vus,  il  est  certain  que  les 
habitants  n'avaient  jamais  pu  être  comptés 
par  15,  20  ou  25,000,  comme  chez  les 
Abeilles.  Toutefois  ceci  ne  prouverait  rien; 
il  serait  possible  qu'ils  acquissent  un  déve- 
loppement plus  considérable  d'année  en  an- 
née. Nous  ne  savons  pas  non  plus  si  les 
sociétés  des  Méliponites  sont  durables  ou  si 
au  contraire  elles  sont  annuelles,  comme 
celles  des  Bourdons  et  des  Guêpes;  cepen- 
dant le  premier  cas  est  le  plus  probable.  On 
ne  sait  pas  davantage  si  elles  se  multiplient 
par  essaims,  fondant  de  nouvelles  colonies 
quand  l'ancienne  habitation  est  trop  char- 
gée d'habitants,  ou  bien,  au  contraire,  si 
les  habitations  peuvent  s'étendre  sans  li- 
mites. 

On  n'a  pu  même  reconnaître  jusqu'ici 
s'il  existait ,  dans  la  ruche  des  Méliponites, 
une  seule  femelle  féconde,  une  reine, 
comme  chez  les  Abeilles,  ou  bien  si,  au 
contraire,  il  s'en  trouve  plusieurs  dans  la 
même  demeure.  Un  entomologiste  qui  s'est 
occupé  de  ces  intéressants  Hyménoptères, 
M.  Spinola  (Ann.  des  se.  nat.,  2e  série, 
1640),  a  fait  remarquer  le  premier  combien 
les  femelles  fécondes  de  Mélipones  étaient 
de  petite  taille.  Sous  ce  rapport,  il  n'exis- 
terait pas  de  différence  sensible  entre  elles; 


83 


jlEL 


IMEL 


et  les  ouvrières,  tandis  que  chez  les  Abeilles 
l'abdomen  des  reines  est  toujours  d'un  vo- 
lume bien  supérieur  à  celui  des  neutres. 
D'après  ce  fait ,  ce  savant  a  été  conduit  à 
regarder  les  Méliponites  comme  devant 
pondre  un  petit  nombre  d'œufs,  et  de  là  la 
probabilité  de  l'existence  de  plusieurs  fe- 
melles fécondes  dans  le  même  nid.  C'est 
aussi  ce  qui  nous  paraît  le  plus  probable  ; 
rar,  comme  nous  l'avons  fait  remarquer 
ailleurs  (Hist.  des  Insectes,  t.  I,  p.  15),  les 
Méliponites  n'ayant  pas  d'aiguillon  ,  il  ne 
saurait  y  avoir  entre  plusieurs  femelles  ces 
combats  à  mort  qui  ont  lieu  parmi  les 
Abeilles  entre  les  reines.  Cette  circonstance 
nous  fait  penser  que  plusieurs  femelles  fé- 
condes peuvent  vivre  en  bonne  intelligence 
dans  les  nids  des  Méliponites.  Mais  l'obser- 
vation directe  manque;  on  en  est  réduit 
aux  conjectures. 

Les  Méliponites  ne  sont  pas  farouches; 
elles  passent  même,  au  Brésil  et  à  la  Guianc, 
pour  être  familières  jusqu'à  I'importunité. 
Elles  sont  donc  connues  de  tout  le  monde 
dans  l'Amérique  méridionale;  elles  le  sont 
même  d'autant  mieux  qu'on  va  souvent  dé- 
truire leurs  nids  pour  s'emparer  du  miel  et 
de  la  cire.  Les  sauvages  américains  ne  crai- 
gnent pas  d'enfumer  et  de  tuer  ces  Insectes, 
si  utiles  pour  eux,  dans  le  seul  but  de 
s'emparer  plus  facilement  de  leur  miel. 

Cependant  quelques  personnes  plus  éclai- 
rées ont  tenté  de  transporter  du  couvain 
dans  une  ruche  artificielle ,  comme  on  le 
fait  généralement  pour  les  Abeilles.  Ce 
moyen  ,  assure-t-on  ,  aurait  réussi  pour 
quelques  espèces  ;  mais  il  n'en  aurait  pas 
été  ainsi  pour  toutes. 

Dans  chaque  localité,  les  sauvages  et  les 
colons  ont  adopté  des  noms  pour  chaque  es- 
pèce ;  c'est  une  série  de  dénominations  as- 
sez baroques  pour  des  oreilles  européennes, 
qu'on  trouve  rapportées  dans  diverses  rela- 
tions de  voyages  ,  et ,  par  suite ,  dans  cer- 
tains ouvrages  d'entomologie. 

La  cire  des  Méliponites  a  été  étudiée, 
comparativement  à  celle  des  Abeilles  ,  par 
M.  Lewy  (Ânn.  de  chirn.  et  de  phys.,  t.  XIII, 
3e  série). 

Ce  chimiste  l'a  trouvée  composée  de  50 
parties  pour  cent  de  cire  de  palmier,  plus 
de  45  parties  de  cérosie  et  de  5  parties  de 
matière  huileuse.  Ce  résultat  est  plein  d'in- 


térêt au  point  de  vue  physiologique;  car  il 
prouve  que  les  Méliponites  ,  comme  les 
Abeilles,  ne  sécrètent  pas  directement  la 
cire,  mais  la  récoltent  sur  les  végétaux  en 
lui  faisant  subir  une  élaboration.  Il  paraît 
cependant,  comme  l'ont  montré  les  obser- 
vations de  MM.  Milnc-Edwards  et  Dumas  , 
que  ces  Insectes ,  absorbant  une  petite 
quantité  de  cire  végétale,  ont  la  faculté 
d'en  produire  une  quantité  beaucoup  plus 
considérable.  Des  expériences  faites  sur  des 
bestiaux,  à  l'égard  de  la  graisse,  par  M.  Bous- 
singault,  ont  donné  un  résultat  analogue. 

Plusieurs  auteurs  se  sont  occupés  des  Mé- 
liponites sous  le  rapport  de  leur  conforma- 
tion extérieure  et  de  leurs  habitudes.  Sca- 
bra  a  publié  une  notice  en  espagnol  ;  Huber 
a  donné  une  notice  dans  les  Mcm.  de  la  so- 
ciété de  Genève,  t.  VIII;  M.  Spinola,  que  nous 
avons  déjà  eu  l'occasion  de  citer,  a  publié 
un  Mémoire  plein  d'intérêt  sur  ce  sujet.  Ce 
savant  entomologiste  a  observé  le  premier 
que  les  Méliponites  ouvrières  n'olîraient, 
sous  les  segments  de  leur  abdomen,  qu'une 
seule  cavité  propre  à  la  sécrétion  de  la  cire 
au  lieu  de  deux,  comme  chez  les  Abeilles. 
Il  a  montré  que  les  jambes  postérieures  de- 
vaient seules  servir  à  détacher  de  l'abdomen 
les  lamelles  de  cire,  l'angle  supérieur  de 
l'extrémité  étant  aigu  et  souvent  prolongé 
en  arrière,  et  l'angle  interne  toujours  armé 
d'une  espèce  de  peigne  pourvu  de  neuf  à  onze 
branches  spiniformes,  courbes,  dirigées  de 
bas  en  haut ,  et  terminées  en  pointe  aiguë. 
Dès  lors  le  premier  article  du  tarse,  servant, 
chez  les  Abeilles,  à  l'extraction  de  la  cire, 
est  ici  tout-à-fait  impropre  à  cet  usage.  II 
est  de  forme  presque  triangulaire,  avec  sa 
base  étroite  et  le  bord  complètement  inerme. 

Quant  à  la  description  des  espèces  du 
groupe  des  Méliponites  ,  elle  a  été  faite 
surtout  par  Latreille  dans  le  Voyage  de 
M.  de  Humboldt,  et  par  Lepeletier  île  Saint- 
Fargeau,  qui  en  décrit  35  espèces  dans  son 
Histoire  des  Hyménoptères  (suites  à  Buffon, 
Roret).  Depuis ,  M.  Guérin  ,  dans  le  texte 
de  son  Iconographie  du  Règne  animal,  en 
a  fait  connaître  plusieurs  espèces  nouvelles. 

Nous  admettons  deux  genres  seulement 
dans  le  groupe  des  Méliponites  ,  et  encore 
sont-ils  très  voisins  l'un  de  l'autre  :  ce  sont 
les  genres  Mclipona  et  Trigona.  Le  pre- 
mier, caractérisé  surtout  par  un  abdomen 


M  EL 


MEL 


89 


convexe  en  dessus,  à  peine  caréné  en  des- 
sous, et  le  second  ,  par  un  abdomen  trian- 
gulaire et  caréné  en  dessous.  Latreille  avait 
voulu  introduire  une  quatrième  division 
sous  le  nom  de  Telragona,  mais  tous  les  en- 
tomologistes l'ont  réunie  aux  Trigones.  (Bl.) 
*MËLISGDERA  (fA&tffGè,  blaireau  ;  Sép-n, 
cou),  ins. — GenredeGoléoptèrespentamèrcs, 
famille  des  Carabiques,  tribu  des  Ozœnides, 
créé  par  Westwood  (Mag.  zool.,  1835)  et 
adopté  par  Hope  (Coleopt.  man.,  1838,  p. 
108).  L'espèce  type  et  unique,  le  M.  pici- 
pennis  West.,  est  originaire  de  la  Nouvelle 
Hollande.  (G.) 

MÉMSSJE.  Melissa,  Benlh.  bot.  pu.  — 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Labiées, 
de  la  didynamic  gymnospermie  dans  le  sys- 
tème de  Linné.  Tel  qu'il  a  été  limité  par 
M.  Bentham  (Labiat.  gen.  etspec,  p.  383), 
et  que  nous  l'admettons  ici,  il  comprend 
non  seulement  les  groupes  établis  par  Tour- 
ncfort  sous  les  noms  de  Melissa  et  Calamin- 
tha,  et  réunis  par  Linné  dans  ses  Melissa, 
mais  encore  une  portion  des  Clino podium  et 
des  Thymus  du  botaniste  suédois.  Même 
après  la  réforme  que  ce  genre  a  subie  ,  ses 
limites  sont  encore  un  peu  vagues  ,  comme 
cela  a  lieu  du  reste  pour  beaucoup  de  gen- 
res appartenant  à  des  familles  très  natu- 
relles. Les  Mélisses  sont  des  plantes  herba- 
cées, plus  rarement  sous-frutescentes  ,  qui 
habitent  presque  toute  l'Europe,  la  région 
méditerranéenne  et  le  nord  de  l'Asie;  deux 
d'entre  elles  se  trouvent  en  Amérique  et  une 
troisième  dans  les  Indes  orientales.  Leurs 
fleurs  sont  purpurines  ,  blanchâtres  ou  jau- 
nes. Elles  se  composent  d'un  calice  tubulcux 
à  13  nervures,  souvent  strié,  dont  le  limbe 
est  divisé  en  deux  lèvres,  la  supérieure  à 
3  dents,  l'inférieure  bifide,  dont  la  gorge 
est  nue  ou  velue  ;  d'une  corolle  à  tube  droit 
ou  courbé-ascendant,  nu  intérieurement, 
à  gorge  le  plus  souvent  renflée,  à  limbe  di- 
visé en  deux  lèvres  dont  la  supérieure  est 
dressée,  presque  plane,  entière  ou  émar- 
ginéc,  dont  l'inférieure  est  étalée,  à  trois 
lobes  plans  ,  entiers  ou  émarginés  ,  le  mé- 
dian ordinairement  plus  large  ;  de  4  éta •• 
mines  didynames,  le  plus  souvent  rappro- 
chées par  paires  au  sommet,  dont  les 
supérieures  parfois  stériles;  d'un  style  à 
deux  lobes  tantôt  égaux,  subulés,  tan- 
tôt inégaux ,  l'inférieur  étant  allongé,  re- 

T.  VIII. 


courbé ,  aplani.  Les  achaines  sont  secs  et 
lisses. 

Les  Mélisses  ont  été  divisées  par  M.  Ben- 
tham en  7  sections  ou  sous-genres,  dont 
nous  allons  donner  le  tableau  d'après  le 
botaniste  anglais,  en  signalant  dans  chacune 
d'elles  les  principales  espèces  qu'elle  ren- 
ferme et  en  décrivant  les  plus  importantes: 
1.  Calamintha.  Grappes  lâches ,  presque 
déjetées  d'un  seul  côté.  Cymes  pédoncuiées, 
dichotomes  (au  moins  les  inférieures).  Ca- 
lice à  peine  gibbeux  à  sa  base  ,  velu  inté- 
rieurement à  la  gorge.  A  cette  section  se 
rapportent  entre  autres  deux  espèces  assez 
répandues  et  assez  intéressantes  pour  méri- 
ter de  nous  arrêter  un  instant. 

Mélisse  népéta  ,  Melissa  nepela  Linn. 
(  Thymus  nepela  Smith  ).  Cette  plante  est 
très  commune  dans  les  lieux  secs,  le  long 
des  chemins,  etc.,  dans  les  parties  surtout 
méridionales  de  l'Europe.  Sa  tige  est  her- 
bacée, décombante  ou  ascendante,  rameuse, 
à  rameaux  couchés,  ascendants  ou  dressés, 
allongés,  légèrement  tétragones ,  revêtus  de 
poils  serrés.  Ses  feuilles  sont  pétiolées, 
ovales-élargies ,  obtuses  au  sommet,  créne- 
lées sur  leurs  bords,  velues  à  leurs  deux 
faces ,  rugueuses ,  d'un  vert  foncé  en  des- 
sus, blanchâtres  en  dessous.  Ses  fleurs  sont 
blanches  ou  légèrement  purpurines,  mar- 
quées de  points  plus  colorés ,  réunies  en 
une  grappe  composée,  lâche,  allongée, 
multiflore;  leur  calice  a  ses  dents  peu  iné- 
gales, les  supérieures  courtes,  ovales,  ai- 
guës, les  inférieures  subulées ,  un  peu  plus 
longues  ;  leur  corolle  n'est  qu'une  fois  et 
demie  environ  plus  longue  que  le  calice. 
Cette  plante  a  une  odeur  forte  qui  rappelle 
assez  bien  celle  de  la  Menthe-Pouillot;  elle 
a  des  propriétés  stimulantes  assez  pronon- 
cées. 

Mélisse  calatïIent,  M.  calamintha  Linn. 
(  Thymus  calamintha  Scop.).  Celle  espèce 
croît  dans  les  mêmes  lieux  et  plus  au  nord 
que  la  précédente,  à  laquelle  elle  ressemble 
et  de  laquelle  il  importe  de  la  distinguer. 
Sa  tige,  également  herbacée,  est  plus  droite; 
elle  émet  des  rameaux  ascendants  ;  se? 
feuilles  ressemblent,  pour  la  configuration, 
à  celles  de  la  précédente,  mais  elles  sonl 
moins  obtuses,  leurs  dents  sont  moins  ar- 
rondies, leurs  deux  faces  sont  également 
vertes.  Ses  fleurs  sont  réunies  en  une  grappe 

12 


90 


M  EL 


M  EL 


composée,  lâche,  formée  de  cymes  très  lâ- 
ches, pauciflores,  presque  dichotomes;  leur 
calice  est  nettement  bilabié,  au  moins  deux 
fois  plus  court  que  la  corolle.  Quoique  d'un 
usage  restreint,  celte  espèce  est  quelquefois 
substituée  à  la  Mélisse  officinale,  dont  elle 
c  les  propriétés  affaiblies.  On  emploie  Tin- 
fusion  de  ses  sommités. 

2.  Calomelissa.  Faux  verlicilles  multiflo- 
res,  égaux,  serrés.  Calice  velu  intérieure- 
ment à  la  gorge:  M.  Caroliniana. 

3.  Acinos.  Faux  verlicilles  à  6  fleurs 
environ  ,  portés  sur  des  pédicelles  courts 
et  raides.  Bractées  presque  nulles.  Calice 
gibbeux  en  dessous  à  sa  base ,  velu  inté- 
rieurement à  la  gorge.  C'est  à  cette  section 
qu'appartient  une  espèce  très  commune  dans 
nos  champs,  la  Mélisse  des  champs,  M.  aci- 
nos Benth.  {Thymus  acinos  Lin.),  petite 
plante  herbacée,  annuelle,  presque  dres- 
sée ,  pubescente  ou  velue  ;  à  feuilles  ovales, 
un  peu  dentées  en  scie  ,  dont  les  florales 
ont  la  même  configuration  et  dépassent  les 
fleurs  ;  celles-ci  sont  au  nombre  de  6  par 
faux  verticille,  presque  sessiles,  et  leur  co- 
rolle déborde  à  peine  le  calice.  Une  autre 
espèce  qui  se  rapproche  beaucoup  de  la  pré- 
cédente est  la  Mélisse  des  Alpes,  M.  alpina 
Benlh.  (Thymus  alpinus  Lin.),  plante  qui 
croît  dans  les  lieux  pierreux  de  nos  chaînes 
de  montagnes  ;  elle  est  vivace  ;  elle  se  dis- 
tingue de  la  Mélisse  des  champs  par  sa  tige 
presque  ligneuse  à  sa  base  et  très  rameuse; 
par  ses  feuilles  plus  petites  et  propor- 
tionnellement plus  larges  ;  par  ses  fleurs 
plus  grandes,  dont  le  calice  est  rougeâtre 
et  deux  fois  au  moins  plus  court  que  la 
corolle. 

4.  Clinopodium.  Faux  verlicilles  multi- 
flores  ou  pauciflores,  lâches,  égaux,  à  pé- 
doncule commun  presque  nul.  Bractées 
grêles ,  tantôt  petites,  tantôt  de  même  lon- 
gueur que  le  calice.  Gorge  du  calice  nue  ou 
peu  velue.  A  celle  section  appartient  la 
Mélisse  clinopode,  M.  clinopodium  Benth. 
(Clinopodium vulg are  Lin.),  plante  très  com- 
mune le  long  des  haies  et  des  chemins,  ainsi 
que  dans  les  bois  découverts  de  toute  l'Eu- 
rope et  des  parties  moyennes  de  l'Asie.  Nous 
nous  bornerons  à  la  mentionner.  Elle  a  fi- 
guré dans  l'ancienne  matière  médicale  ; 
mais  elle  est  aujourd'hui  inusitée.  Elle  se 
fait  remarquer  par  son  défaut  presque  com- 


plet d'odeur,   particularité  rare   parmi  les 
Labiées. 

5.  Meliphyllum.  Faux  verlicilles  pauci- 
flores, un  peu  lâches,  déjetés  d'un  seul  côté. 
Bractées  peu  nombreuses,  ordinairement 
ovales.  Calice  étalé,  nu  ou  à  peine  pileux  à 
la  gorge.  Corolle  jaune  ou  blanchâtre.  C'est 
à  ce  sous-genre  qu'appartient  l'espèce  du 
genre  la  plus  remarquable  et  la  plus  inté- 
ressante à  connaître,  la  Mélisse  officinale, 
M.  officinalis  Lin.  C'est  une  plante  herba- 
cée très  variable  sous  le  rapport  de  sa  taille, 
de  sa  villosilé  ,  de  la  grandeur  de  ses  feuil- 
les, de  la  longueur  de  sa  corolle.  Sa  tige 
est  droite,  plus  ou  moins  velue,  et  s'élève 
de  3  à  10  décimètres  ou  même  un  peu  au- 
delà.  Ses  feuilles  sont  ovales-élargies,  cré- 
nelées sur  leur  bord,  tronquées  ou  en  cœur 
à  leur  base  ,  les  florales  et  les  raméales  plus 
petites,  toutes  obtuses  ou  les  supérieures 
seulement  aiguës,  à  poils  assez  raides  sur 
leurs  deux  faces  ,  vertes,  ridées.  Ses  fleurs 
sont  blanches  ou  d'un  jaune  pâle  ,  groupées 
à  l'aisselle  des  feuilles  florales  en  faux  ver- 
licilles distants.  Leur  calice  est  béant  et  à 
peu  près  nu  à  la  gorge,  à  lèvre  supérieure 
plane,  tronquée,  pourvue  de  trois  dents 
courtes,  de  moitié  plus  court  que  la  corolle. 
Cette  plante  exhale  ,  surtout  quand  on  la 
frotte,  une  odeur  agréable  de  citron  qui  lui 
a  valu  le  nom  vulgaire  de  Citronnelle;  mais 
cette  odeur  dégénère  à  mesure  qu'elle  arrive 
à  un  état  plus  avancé,  ce  qui  oblige  à  la 
recueillir  pour  l'usage  un  peu  avant  l'épo- 
que de  la  floraison.  Sa  saveur  est  amère  et 
un  peu  aromatique.  On  en  fait  très  souvent 
usage  en  médecine  en  diverses  circonstan- 
ces. Comme  antispasmodique  ,  elle  est  fré- 
quemment usitée  dans  les  affections  ner- 
veuses, et  son  eau  distillée  entre  habituel- 
lement dans  les  potions  calmantes.  Comme 
excitante  et  tonique  ,  on  la  prescrit  dans 
plusieurs  maladies  accompagnées  ou  prove- 
nant de  débilité  dans  les  organes;  les  an- 
ciens en  faisaient  encore  plus  souvent  usage 
que  les  modernes  sous  ce  rapport.  On  l'em- 
ploie encore  comme  cordial,  stomachi- 
que, etc.,  comme  diurétique,  emménago- 
gue,  etc.  Par  la  distillation  ,  on  en  obtient 
une  huile  essentielle  qui  partage  les  pro- 
priétés de  la  plante.  On  a  recours  principa- 
lement à  son  infusion  ;  enfin  on  se  sert  en- 
core de  la  plante  entière  réduite  en  poudre. 


6.  Macromelissa.  Faux  verticilles  lâches, 
le  plus  souvent  pauciflores  ;  cymes  en  forme 
d'ombelles  ,  presque  dicholomes.  Calice 
étalé  ,  à  gorge  nue  ou  à  peine  pileuse.  Co- 
rolle purpurine  ou  rouge.  Étamines  non 
rapprochées.  C'est  dans  cette  section  que 
rentre  notre  Mélisse  a  grandes  fleurs  , 
/¥.  grandiflora  Lin.  (Thymus  grandiflorus 
Scop.),  jolie  plante,  remarquable  par  ses 
corolles  renflées  à  la  gorge,  les  plus  grandes 
du  genre,  qui  croît  sur  plusieurs  points 
de  la  France ,  dans  les  lieux  frais  et  om- 
bragés. 

7.  Heleromelissa.  Faux  verticilles  irrégu- 
liers, déjetés  d'un  seul  côté.  Calice  allongé, 
à  peine  bilabié,  à  dents  droites  presque 
égales  :  M.  longicaulis.  (P.  D.) 

*MÉLISSINÉES.JlfeItssiM<?œ.  bot.  ph.  — 
Tribu  de  !a  famille  des  Labiées,  ainsi  nom- 
mée du  genre  Métissa,  qui  lui  sert  de  type. 

(An.  J.) 

MELÏSSODES.  ins.— Genre  de  la  tribu 
des  Apiens,  groupe  des  Anlhophorites  ,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par  La- 
treille  ,  et  caractérisé  par  des  antennes  fili- 
formes très  longues  dans  les  mâles ,  àes 
palpes  maxillaires  de  quatre  articles,  etc. 
Les  espèces  de  ce  genre  sont  américaines. 
M.  de  Romand  en  a  fait  connaître  une  espèce 
sous  le  nom  de  M.  Foscolombei  dans  le  Ma* 
gasin  de  zoologie.  Nous  en  avons  aussi  re- 
présenté une  espèce  de  la  Guiane  dans  l'a- 
llas  de  la  nouvelle  édition  du  Règne  animal 
de  Cuvier  (Ins.t  pi.  12S  bis);  celle-ci  porte 
le  nom  de  il/.  Leprieurei.  (Bl.) 

*.\1ELISS0IDES,  Bent.  bot.  pu.  —  Voy. 

TLECTRANTHUS. 

AIELIT/EA  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères  diurnes, 
tribu  des  Argynnides,  établi  par  Fabricius 
(Ent.Syst.f  t.  III),  et  généralement  adopté. 
Duponchel,  dont  nous  adoptons  la  classifica- 
tion qu'il  a  lui-même  suivie  dans  son  Uist. 
tes Lcpidopl . ,  le  caractérise  ainsi  :  Antennes 
oresque  aussi  longues  que  le  corps  ,  termi- 
nées brusquement  par  un  bouton  turbîné 
ou  pyriforme,  un  peu  aplati  en  dessous. 
Palpes  minces;  leur  second  article  hérissé 
de  longs  poils;  le  troisième  moins  velu  et 
très  aigu.  Yeux  moins  gros  que  dans  les  Ar- 
gynnis.  Abdomen  presque  aussi  long  que  les 
ailes  inférieures,  et  dont  l'extrémité  dé- 
passe la  gouttière  abdominale  dans  l'état 


MEL 


91 


de  repos.  Ailes  entières  ou  à  peine  dentelées, 
et  jamais  ornées  de  taches  d'argent. 

Les  chenilles  sont  garnies  de  tubercules 
charnus,  cunéiformes,  couverts  de  poils 
courts  et  raides.  Les  chrysalides  sont  obtuses 
antérieurement,  avec  six  rangées  de  points 
verruqueux  sur  le  dos;  sans  taches  métal- 
liques, mais  de  couleurs  variées. 

Ce  g.  renferme  17  espèces  ,  la  plupart 
d'Europe,  où  elles  vivent  dans  les  bois; 
nous  citerons  principalement  la  Melilœa  Ar~ 
ternis,  qui  habite  les  environs  de  Paris.  Elle 
a  le  corps  noir  ;  les  ailes  d'un  brun  noirâtre, 
légèrement  festonnées,  ayant  des  taches  fau- 
ves et  jaunes  ,  disposées  par  bandes  trans- 
versales; les  postérieures  fauves  en  dessous, 
avec  trois  bandes  d'un  jaune  pâle,  et  une 
rangée  de  taches  ocellées. 

MÉLÏTE.  Melila.  crust.  —  Synonyme 
d'Ischyrocère.  Voyez  ce  mot.         (IL  L.) 

MÉLÏTE  et  MÉLITÉE.  Melilœa  (nom 
mythologique),  polyp. — Genre  de  Polypiers 
établi  sous  ce  dernier  nom  par  Lamouroux, 
et  que,  par  erreur,  Lamarck  changea  en  ce- 
lui de  Mélite.  Il  fait  partie  de  l'ordre  des 
Isidées  dans  la  section  des  Polypiers  cortici- 
fères,  et  comprend  plusieurs  espèces  précé- 
demment décrites  comme  des  Isis  par  Linné, 
Solander,  Esper,  etc.  Les  animaux  de  ce 
genre  ne  sont  pas  connus,  mais  ils  sont  très 
probablement  analogues  à  ceux  des  Isis  et 
des  Gorgones,  c'est-à-dire  pourvus  de  huit 
tentacules  pinnés.  Le  Polypier  est  fixé,  ra- 
meux,  composé  d'un  axe  articulé  pierreux  et 
d'un  encroûtement  cortical  contenant  les  Po- 
lypes à  l'état  frais,  ou  mince,  ccllulifère,  et 
persistant  dans  l'état  sec.  Les  articulations 
pierreuses  sont  un  peu  striées  longitudina- 
lemcnt  et  séparées  par  des  entre  nœuds 
spongieux  et  renflés.  Les  Mélitées  se  distin- 
guent des  Isis  parce  que  celles-ci  ont  les 
entre-nœuds  au  contraire  plus  resserrés  et 
de  consistance  cornée,  et  en  même  temps 
l'écorce  plus  épaisse.  Les  Mélitées  sont  aussi 
beaucoup  plus  ramifiées  et  leurs  rameaux 
sont  souvent  anastomosés  comme  ceux  des 
Gorgones.  On  en  connaît  quatre  espèces  or- 
dinairement remarquables  par  leur  colora- 
tion en  rouge  vif  ou  rose,  ou  en  jaune. 
Quelques  échantillons,  conservés  dans  les  col- 
lections, ont  près  d'un  mètre  de  hauteur. 

(Duj.) 

MÉLÏTÉE  (nom  mythologique),  acal.— 


92 


MEL 


JVIEL 


Genre  établi  par  Péron  et  Lesucur  parmi 
leurs  Méduses  gastriques,  monostornes,  pé- 
donculées  ,  brachidées  et  non  tentaculées. 
11  a  pour  caractères  :  Huit  bras  supportés 
par  autant  de  pédoncules,  et  réunis  en  une 
espèce  de  croix  de  Malte;  sans  organes  inté- 
rieurs apparents.  Lamarck  réunissait  la  seule 
espèce,  M.  purpurea,  type  de  ce  genre,  à  ses 
Orythies  qui  ont  un  pédoncule  avec  ou  sans 
bras ,  une  bouche  centrale ,  et  qui  sont  dé- 
pourvues de  tentacules.  M.  dcBlainville, 
au  contraire,  a  admis  le  genre  de  Péron  et 
Lcsueur,  mais  il  Ta  caractérisé  toutdifférem- 
ment,  en  lui  attribuante  une  excavation  inté- 
rieure ,  qui  communique  avec  l'extérieur  par 
huit  ouvertures,  formées  par  autant  de  pédi- 
cules d'attache  percés  au  milieu,  d'où  nais- 
sent huit  appendices  brachidés  fort  courts.  » 
Eschscholtz,  déjà  précédemment,  avait 
réuni  cette  même  espèce  à  ses  Rhizostomes. 
M.  Lesson ,  dans  son  Histoire  des  Acalè- 
phes,  a  de  nouveau  admis  le  gen  re  de  Péron, 
en  y  inscrivant  une  seconde  espèce  qu'il 
avait  lui-même  décrite  d'abord  sous  le  nom 
de  Rhizosloma  brachiura.  Il  pince  les  Méli- 
tées  dans  la  première  tribu  de  son  qua- 
trième groupe,  celui  des  Rhizostomécs  ou 
Méduses  à  pédoncule  central,  portant  des 
bras  ou  des  appendices  rameux  ;  cette  tribu 
des  Médusidées  ou  Méduses  monostornes 
est  caractérisée  par  un  pédoncule  plus  ou 
moins  allongé,  ayant  au  sommet  une  ou- 
verture quadrilatère  qu'entourent  quatre 
bras  réunis  à  leur  base.  Les  appendices  du 
sac  stomacal  sont  en  forme  de  sac,  et  les 
ovaires  flexueux  sont  surmontés  par  quatre 
cavités.  La  première  espèce,  M.  purpurea, 
a  souvent  un  demi-mètre  de  largeur  et  les 
bras  très  courts  ;  elle  se  trouve  sur  les  côtes  de 
l'île  deWight.  La  M.  brachyura  est  presque 
aussi  large  ;  mais  les  bras,  d'un  rouge  ocreux 
foncé,  ont  un  mètre  de  longueur;  son  om- 
brelle est  incolore,  demi-transparente,  avec 
le  bord  légèrement  teint  de  rouille;  elle 
habite  près  des  côtes  de  la  Nouvelle-Gui- 
née. (Duj.) 
MÉLÏTHREPTINÉES.    Melithreptinœ. 

OIS.  —  Voy.  MÉLIPHAGIDÉGS. 

MELITHREPTUS,  Vieillot,  ois.  —  Syn. 
de  PMedon,  Guvïer.  Voy.  fhiledon.  (Z.  G.) 

*MELITONOMA  fcAiWf ,  de  couleur  de 
miel;  vipaq,  qui  partage),  ins.  —Genre  de 
Coléoptères  subpcntamères,  famille  des  Tu- 


bifères  (Cycliques),  tribu  des  Clythraire9 
(Chrysomélines  de  Latreille),  formé  par  nous 
et  adopté  par  Dcjean  (CataL,  3e éd.,  p.  443). 
Onze  espèces  font  partie  de  ce  genre;  dix  sont 
originaires  d'Afrique,  et  la  onzième  est  pro- 
pre aux  Indes  orientales.  Cette  dernière, 
type  du  genre,  est  le  Cryplocepkalus  pollens 
de  Fab.  Parmi  les  autres,  est  la  Clyllirade- 
ccmpunctalad'0\i\icv.  (C.) 

*MÉLïTOPHAGE.  Melitopharjus,  Boié. 
ois.  —  Syn.  de  Merops,  Linn.  Voy.  guêpier. 

(Z.   G.) 

MELITOPIHLES.  Melitophili  (  paiera, 
miel,  pris  pour  pollen  des  fleurs;  quléu, 
j'aime),  ins. — Sixièmesectionou  tribu  deCo- 
léoplèrcspentamèresjde  la  famille  des  Lamel- 
licornes ,  établie  par  Latreille  (les  Crustacés, 
les  Arachnides  et  les  Insectes,  t.  I,  p.  5G9), 
et  composée  d'insectes  dont  le  corps  est  dé- 
primé, le  plus  souvent  ovale,  brillant,  sans 
cornes,  avec  le  corselet  trapézi  forme  ou 
presque  orbiculaire;  une  pièce  axillaire  oc- 
cupe, dans  le  plus  grand  nombre,  l'espace 
compris  entre  les  angles  postérieurs  et  l'ex- 
térieur de  la  base  des  élytres.  L'anus  est 
découvert.  Le  sternum  est  souvent  prolongé 
en  manière  de  pointe  ou  de  corne  avancée. 
Les  crochets  des  tarses  sont  égaux  et  sim- 
ples. Les  antennes  ont  dix  articles ,  dont  les 
trois  derniers  forment  une  massue  toujours 
feuilletée.  Le  labre  et  les  mandibules  sont 
cachés,  en  forme  de  lames  aplaties,  entiè- 
rement ou  presque  entièrement  membra- 
neutes.  Les  mâchoires  se  terminent  par  un 
lobe  soyeux  en  forme  de  pinceau,  sans 
dents  cornées.  Le  menton  est  ordinairement 
ovoïde,  tronqué  supérieurement,  ou  presque 
carré,  avec  le  milieu  du  bord  supérieur  plus 
ou  moins  concave  ou  échancré.  La  languette 
n'est  point  saillante. 

Des  observations  anatomiques  faites  par 
Léon  Dufour  sur  ces  Insectes ,  l'on  peut 
conclure  qu'ils  sont  de  tous  les  Scarabéides 
ceux  où  le  tube  alimentaire  est  le  plus  court. 
Le  ventricule  chylifique  a,  communément, 
sa  tunique  extrême  couverte  de  fort  petites 
papilles  superficielles  en  forme  de  points 
saillants.  Le  renflement  qui  termine  l'in- 
testin grêle  n'est  point  caverneux,  comme 
celui  des  Hannetons,  L'armure  copulatrice 
des  mâles  diffère  aussi  de  celle  de  ces  der- 
niers. Les  capsules  spermatiques  sont  au 
nombre  de  dix  ou  de  douze  par  chaque  tes- 


MEL 


Î\1ÊL 


93 


iicule.  Leurs  conduits  propres  ne  confluent 
pas  tous  ensemble  en  un  même  point  pour 
îa  formation  du  canal  déférent ,  mais  ils 
s'abouchent  entre  eux  de  diverses  manières. 
Le  nombre  des  vésicules  séminales  est  d'une 
ou  trois  paires  ;  le  conduit  éjaculateur  se 
contourne  et  se  renfle  beaucoup  avant  de 
pénétrer  dans  l'appareil  copulaieur  (Ann. 
des  se.  nat.,l\ly  235;  IV,  178). 

Les  larves  vivent  dans  levieux  bois  pourri. 
On  trouve  l'insecte  parfait  sur  les  fleurs, 
et  souvent  aussi  sur  les  troncs  d'arbres  d'où 
il  suinte  une  liqueur  qu'il  suce. 

Latreille  dit  que  cette  section  est  suscep- 
tible de  se  partager  en  trois  divisions;  Tri- 

CUIIDES,  GOLIATHIDES  et  CÉTONUDES. 

Les  Mélitophiles  des  deux  premières  di- 
visions n'ont  point  de  saillie  sternale  bien 
prononcée;  la  pièce  latérale  du  mésosternum 
ou  axillaire  (épimère)  ne  se  montre  point 
généralementen  dessous,  ou  n'occupequ'une 
portion  de  l'espace  compris  entre  les  angles 
postérieurs  du  corselet  et  la  base  extérieure 
des  élytres.  Le  corselet  ne  s'élargit  point  de 
devant  en  arrière,  ainsi  que  dans  les  Céto- 
niides.  Le  côté  extérieur  des  élytres  n'est 
point  brusquement  rétréci  ou  uni-sinué 
un  peu  au-dessous  des  angles  huméraux  , 
comme  dans  ces  derniers  insectes.  Mais  un 
caractère  qui  paraît  à  Latreille  plus  rigou- 
reux, c'est  qu'ici  les  palpes  latéraux  sont 
insérés  dans  des  fossettes  latérales  de  la 
face  antérieure  du  menton,  de  sorte  qu'ils 
sont  entièrement  à  découvert,  et  que  les 
côtés  de  ce  menton  les  débordent  même  à 
la  naissance  et  les  protègent  par  derrière. 
Dans  les  deux  premières  divisions,  ces  pal- 
pes sont  insérés  sous  les  bords  latéraux  du 
menton  ou  dans  les  bords  mêmes,  de  ma- 
nière que  les  premiers  articles  ne  paraissent 
point,  vus  par  devant. 

Latreille  rapporte  aux  Mélitophiles  les 
genres  Trichius ,  Plalygenia ,  Crcmaslochei- 
lus,  Goliathus  ,  Inca,  Cetonia,  Gymnelis  et 
Macronota. 

Dans  ces  derniers  temps,  divers  auteurs 
se  sont  appliqués  à  l'étude  de  ces  insectes  : 
1°  MM.  H.  Gory  et  A.  Percheron  ont  donné 
une  monographie  des  Cétoines  (1833,  2  vol. 
in-8  avec  planches).  Elle  renferme  les  genres 
Osmoderma  ,  Valgus  ,  Trichius  ,  Âgenius  , 
Stripsipher ,  Gnorimus,  Ynca,  Platigcnia  , 
Cremastochcilus ,  Diplognalha ,  Gnalhoccra, 


Amphitoros ,  Macroma ,  Goliathus ,  Schizo- 
rhina ,  Cetonia  ,  DicJieros ,  Ischnestoma  , 
Tetragonos,  Lomaptera,  Macronota  et  Gym- 
netis  ;  2°  M.  Burmeister  ,  tout  en  adoptant 
ces  genres,  a  créé  un  assez  grand  nombre 
de  nouvelles  coupes  génériques;  3°  enfin  , 
M.  Schaum  {Ann.  delà  Soc.  ent.  de  France, 
1845,  p.  37)  donne  le  catalogue  des  espèces 
qui  entrent  dans  la  famille  des  Lamellicor- 
nes Mélitophiles.  Là  se  trouve  établie  l'in- 
dication de  la  synonymie  des  genres  et  es- 
pèces, ainsi  que  l'antériorité  des  noms.  Il 
résulte  de  ce  travail  que  cette  section  ren- 
ferme 135  genres  et  G50  espèces  ,  dont  121 
genres  et  593  esp.  pour  les  Cétoniades  et  14 
genres  et  57  esp.  pour  les  Trichiades. 

On  les  trouve  presque  sur  tous  les  points 
du  globe.  Cependant  les  pays  chauds  boisés 
et  abondants  en  végétaux  offrent  un  plus 
grand  nombre  d'espèces.  Il  est  à  remar- 
quer que  la  plupart  des  Mélitophiles ,  bien 
qu'ayant  leurs  étuis  en  partie  soudés,  peu- 
vent en  soulever  l'extrémité  pour  déployer 
leurs  ailes.  Ils  volent  avec  rapidité  en  se  te- 
nant placés  obliquement ,  et  produisent  un 
bruit  qui  est  assez  élevé  et  continu.     (C.) 

MELiïTIS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Labiées-Stachydées ,  établi  par 
Linné  (Gcn.,  n.  731),  et  dont  les  principaux 
caractères  sont  :  Calice  campanule,  mem- 
braneux, irrégulièrement  veiné,  biiabié  ,  à 
lèvre  supérieure  large  ,  arrondie  ,  bilobée  , 
ou  brièvement  2-3-dentée;  lèvre  inférieure 
bifide,  à  lobes  arrondis.  Corolle  à  tube  am- 
ple, saillant;  limbe  biiabié;  lèvre  supé- 
rieure orbiculée,  entière,  étalée;  lèvre  in- 
férieure à  3  lobes.  Étamines  4,  ascendantes, 
les  inférieures  plus  longues;  anthères  rap- 
prochées par  paires,  à  2  loges  distinctes. 
Style  brièvement  bifide  au  sommet.  Stig- 
mates terminaux.  Akène  sec,  lisse  ou  très 
légèrement  réticulé. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  des  herbes 
des  régions  de  l'Europe  centrale  et  australe, 
hirsutées  ,  à  feuilles  brièvement  pétiolées  , 
ovales,  crénelées,  cordiformes  ou  arrondies 
à  leur  base,  rugueuses;  à  fleurs  gran- 
des ,  rouges  ou  d'un  blanc  rosé  ,  disposées 
en  verticille  axillaire  6-florc.  L'odeur  qu'ex- 
halent ces  plantes  leur  a  fait  donner  les 
noms  de  Mélisse  puante  et  de  Mélisse  pu- 
naise. 

MÉLIZOPIÏ1LE.    Mclizoplulus.    ois.  — 


94 


M  EL 


3VIEL 


Genre  établi  par  Leaeh  sur  la  Syl.  provin- 
ciolis.  Voy.  svlvie.  (Z.  G.) 

MELLIFÈRES.  Mcllifcra.  ins.— Latreillc 
désignait  ainsi  une  de  ses  grandes  familles 
de  l'ordre  des  Hyménoptères  qui  correspond 
à  notre  tribu  des  Apiens.  Cette  grande  di- 
vision est  caractérisée  et  distinguée  de  tous 
les  autres  Hyménoptères  par  des  mâchoires 
Ct  des  lèvres  généralement  fort  longues, 
constituant  une  sorte  de  trompe,  la  lèvre 
inférieure  plus  ou  moins  linéaire  avec  l'ex- 
trémité soyeuse;  des  pattes  postérieures,  le 
plus  souvent  conformées  pour  récolter  le 
pollen  des  étamines,  ayant  le  premier  article 
des  tarses  très  grand  en  palette  carrée  ou 
en  forme  de  triangle;  des  ailes  étendues 
pendant  le  repos. 

Plusieurs  des  caractères  que  nous  ve- 
nons de  signaler,  malgré  leur  importance 
très  réelle,  bien  qu'on  les  retrouve  tous  si- 
multanément chez  la  plupart  des  représen- 
tants de  la  famille  des  Mellifèrcs,  viennent  ce- 
pendant à  manquer  chez  quelques  uns  d'en- 
tre eux.  L'allongement  des  mâchoires  et  des 
lèvres  est  une  tendance  bien  marquée  chez 
ces  Hyménoptères.  Dans  un  grand  nombre, 
ces  parties  atteignent  une  longueur  égale  , 
ou  même  supérieure,  à  celle  du  corps  tout 
entier.  Mais  chez  quelques  uns  cependant 
elles  demeurent  infiniment  plus  courtes.  On 
verra  plus  loin  que  ces  modifications  cor- 
respondent avec  des  différences  dans  les  habi- 
tudes et  dans  la  constitution  générale  de  ces 
Insectes.  Le  caractère  si  remarquable  fourni 
par  les  pattes  postérieures  vient  aussi  à 
manquer,  et  dans  la  plupart  des  cas,  ceci 
coïncide  avec  le  raccourcisssment  des  mâ- 
choires. Cependant,  malgré  ces  différences 
notables,  les  Mellifères ,  par  l'ensemble  de 
leur  organisation  ,  n'en  constituent  pas 
moins  une  division  extrêmement  naturelle, 
dont  les  limites  ne  sauraient  être  modifiées 
en  aucune  manière. 

Les  Mellifères  ont  généralement  un  corps 
gros  et  court,  souvent  très  velu  ;  ils  ont  des 
antennes  filiformes,  peu  longues,  s'épais- 
sissant  un  peu  plus  vers  l'extrémité  chez 
les  mâles  que  chez  les  femelles.  Us  ont  des 
veux  étendus  ,  surtout  les  mâles,  et  en  outre 
on  observe  sur  le  sommet  de  la  tête  trois 
ocelles  ou  petits  yeux  lisses. 

Il  existe  chez  certains  de  ces  Hyméno- 
ptères trois  sottes  d'individus  :  des  mâles,  des 


femelles  et  des  neutres,  ou  ouvrières;  c'est 
le  cas,  comme  on  le  sait,  pour  les  Abeilles 
et  les  Bourdons.  Dans  tous  les  autres  il 
n'y  a  jamais  que  deux  sortes  d'individus. 
Les  femelles  ct  les  individus  neutres  sont 
munis  d'un  aiguillon  qui  leur  sert  d'arme 
offensive  et  défensive.  Cet  organe  produit 
une  piqûre  dans  laquelle  il  verse  un  liquide 
venimeux  contenu  dans  un  petit  réservoir; 
c'est  ce  qui  occasionne ,  comme  personne  ne 
l'ignore,  une  douleur  très  vive,  et  qui  suffit 
pour  tuer  ou  paralyser  complètement  les 
autres  Insectes  ainsi  atteints  par  les  Melli- 
fères femelles. 

L'organisation  de  ces  curieux  Hyméno» 
ptères  est  encore  bien  incomplètement  con- 
nue. Le  système  nerveux  n'a  encore  été 
décrit  que  chez  l'Abeille  commune;  ce  sont 
MM.  Brandt  et  Ratzeburg  qui  l'ont  repré- 
senté; mais,  par  quelques  recherches,  nous 
avons  comparé  cet  appareil  dans  quelques 
autres  types. 

Chez  tous  les  Mellifères,  les  trois  centres 
nerveux  du  thorax  sont  confondus  en  une 
seule  masse,  et  néanmoins  les  ganglions 
abdominaux  forment  encore  une  chaîne 
s'étendant  presque  jusqu'à  l'extrémité  de 
l'abdomen.  Chez  l'Abeille ,  on  distingue 
seulement  trois  masses  médullaires  dans 
l'abdomen.  Mais  chez  les  Xylocopes  et  quel- 
ques autres,  on  en  distingue  encore  au 
moins  cinq.  Au  reste,  l'absence  d'observa- 
tions nous  empêche  de  nous  étendre  sur  ce 
point,  si  fécond  cependant  en  données  pré- 
cieuses pour  la  zoologie. 

Chez  les  Mellifères,  l'appareil  respiratoire 
est  extrêmement  développé.  Les  trachées  de- 
viennent vésiculeuses  dans  certaines  parties 
de  l'économie,  et  elles  acquièrent  !;  une 
dimension  qu'on  ne  retrouve  pas  ailleurs. 
A  la  base  de  l'abdomen,  on  distingue  deux 
poches  aérifères  occupant  le  tiers  de  la 
cavité  abdominale.  Ces  deux  poches,  réu- 
nies l'une  à  l'autre  par  une  arcade  ana- 
stomotique,  se  continuent  en  arrière  avec 
un  tube  pius  ou  moins  élargi  d'espace  en 
espace  ,  communiquant  au  tube  du  côté 
opposé  par  des  conduits  aériens  transver- 
saux, et  en  rapport  direct  avec  les  stig- 
mates placés  sur  les  parties  latérales  de  l'ab- 
domen. Les  deux  grandes  poches  princi- 
pales sont  encore  en  rapport,  par  leur 
portion  antérieure,  avec  les  trachées  tubu- 


]MEL 


M  EL 


^j 


leuscs  qui  pénètrent  et  se  ramiOent  dans 
îe  thorax  et  dans  la  tête.  M.  Newport  a 
donné  une  excellente  figure  do  l'appareil 
respiratoire  du  Bourdon  (1).  Le  canal  di- 
gestif a  été  étudié  dans  divers  Mellifères 
par  M.  Léon  Dufour.  11  est  de  largeur  va- 
riable suivant  les  genres,  ayant  chez  cer- 
tains trois  ou  quatre  fois  l'étendue  du  corps, 
mais  dans  plusieurs  seulement  le  double  de 
sa  longueur. 

L'œsophage  de  ces  Hyménoptères  est 
droit  et  d'une  ténuité  capillaire  dans  le  tho- 
rax, et  jusqu'au-delà  du  pédicule  de  l'ab- 
domen, où  il  se  renfle  en  un  jabot  musculo- 
membraneux.  Le  gésier  qui  lui  succède  est 
en  général  turbiné  et  comme  invaginé  dans 
le  jabot.  Le  ventricule  chylifique  est  allongé 
et  de  forme  cylindroïde.  Les  vaisseaux 
biliaires  sont  en  nombre  assez  considérable. 
L'intestin  décrit  plusieurs  circonvolutions 
dans  l'abdomen,  où.  il  se  termine  en  un  rec- 
tum conoïde  ou  turbiné,  le  plus  souvent 
offrant  à  sa  surface  des  boutons  charnus. 

Les  organes  de  la  génération  sont  trop 
variables  entre  tous  les  types  de  la  tribu  des 
Mellifères,  pour  qu'on  puisse  rien  dire  de 
général  à  cet  égard  ;  les  organes  testiculaires, 
rarement  isolés,  sont  le  plus  souvent  ren- 
fermés dans  une  même  enveloppe.  Ces  or- 
ganes présentent  le  plus  souvent  de  trois  à 
huit  capsules  spermifiques  suivant  les  genres  ; 
mais,  chez  l'Abeille  commune,  le  nombre  en 
devient  infiniment  plus  considérable.  lien 
est  de  même  relativement  aux  ovaires;  chez 
l'Abeille,  les  gaines  ovigères  sont  fort  nom- 
breuses. Dans  chaque  ovaire  on  en  compterait 
environ  cent  cinquante  ,  d'après  les  observa- 
tions de  Swammerdam  ;  tandis  que,  dans 
les  Bourdons  et  la  plupart  des  Mellifères,  il 
n'en  existe  que  huit,  rarement  en  trouve- 
t-on  cinq,  six  ou  huit.  Comme  on  le  voit , 
il  existe  dans  cette  tribu  ,  relativement  aux 
organes  de  la  génération  ,  des  différences 
notables  qui  paraissent  devoir  caractériser 
des  groupes  secondaires ,  comme  le  fait  très 
bien  remarquer  M.  Léon  Dufour. 

Si  les  Mellifères  ou  Apiens,  par  le  dé- 
veloppement de  leur  organisation,  parais- 
sent occuper  le  premier  rang  parmi  les 
insectes,  il  en  est  de  même,  et  comme 
conséquence  de  cette  première  perfection  , 

(i)  On  the  respiration  of  Jnserts  [Philosophical  trrni.uut., 
H.1S36).  A 


relativement  à  leur  instinct  et,  oserons- 
nous  dire,  à  leur  intelligence.  Ces  insectes 
savent  pourvoir  au  besoin  de  leurs  larves, 
qui  sont  incapables  de  se  procurer  leur 
nourriture  ;  tantôt  c'est  une  femelle  seule 
qui  construit  un  nid  dans  lequel  elle  dépose 
ses  œufs.  Elle  ne  doit  jamais  voir  les  êtres 
qui  en  sortiront,  car  elle  aura  déjà  cessé  de 
vivre  quand  paraîtra  sa  postérité. 

Mais  auprès  de  chaque  œuf,  bien  enfermé 
dans  sa  cellule,  elle  aura  déposé  une  pro- 
vision suffisante  pour  l'existence  entière  de 
l'animal  à  l'état  de  larve. 

Tantôt  ce  sont  des  sociétés  nombreuses 
où  vivent  quelques  femelles  ou  une  seule, 
mais  alors  entourées  par  des  individus  neu- 
tres, ou  ouvrières,  dont  on  compte  des 
centaines  et  des  milliers  dans  une  même  ha- 
bitation. 

Les  mœurs  de  ces  Hyménoptères  sont 
vraiment  admirables.  Leurs  travaux  sont  or- 
dinairementd'uneexécution  si  parfaitequ'on 
s'explique  difficilement  commentun  frêle  in- 
secte parvient  à  un  tel  résultat,  et  comment, 
dans  certaines  circonstances,  il  parvient  à 
vaincre  des  obstacles  tout-à-faitfortuits. 

Certains  observateurs ,  et  plus  particu- 
lièrement les  adeptes  de  la  philosophie  sco- 
lastique,  n'ont  voulu  voir  dans  ces  mer- 
veilleux travaux  que  le  produit  d'un  instinct 
extrêmement  développé.  D'autres,  au  con- 
traire, ont  cru  y  voir  le  résultat  d'une  vé- 
ritable intelligence  comparable  en  quelque 
sorte  à  celle  de  l'homme. 

Comme  nous  avons  eu  l'occasion  de  le 
dire  ailleurs,  ces  deux  opinions  exclusives 
paraissent  également  fausses.  En  effet,  cer- 
tains actes  de  la  vie  de  ces  Hyménoptères 
semblent  être  seulement  du  domaine  de 
l'instinct,  mais  certains  autres  semblent  ne 
pouvoir  être  que  le  résultat  d'une  idée  , 
d'une  pensée,  d'une  volonté  préméditée. 
La  distinction  entre  ce  qui  appartient  à  l'un 
et  ce  qui  appartient  à  l'autre  est  sans  doute 
extrêmement  difficile;  car  il  doit  y  avoir 
une  union  intime,  l'intelligence  devant 
aider  l'instinct  dans  mille  détails  que  nous 
ne  pouvons  suivre.  Néanmoins  il  semble 
qu'on  doive  ranger  au  nombre  des  faits 
instinctifs  ce  qui  a  rapport  à  la  construc- 
tion des  nids.  Le  Mellifère  se  met  à  l'œuvre 
ûiis  sa  naissance  et  sait  disposer  ses  loges  ou 
Ê£S   cellules  sans  aucune  éducation   préa- 


95 


MEL 


MEL 


lable.  Les  femelles  ou  les  ouvrières  vont 
chercher  la  nourriture  qui  convient  à  leurs 
larves.  Ceci  paraît  être  encore  du  domaine 
de  l'instinct.  Mais  l'Abeille  va  pomper  le 
miel  de  certaines  fleurs  plutôt  que  d'autres  ; 
elle  construit  des  cellules  différentes  pour 
les  ouvrières,  pour  les  mâles  et  pour  les 
femelles.  Elle  ne  leur  donne  pas  la  même 
nourriture.  Quand  elle  veut  rendre  des 
larves  d'ouvrières,  femelles  fécondes ,  elle 
modifie  la  forme  de  leurs  alvéoles  et  la 
nourriture  de  ses  larves.  L'Abeille  ne  se 
défend  pas  seulement  contre  l'ennemi  qui 
Tient  l'attaquer  comme  le  font  beaucoup 
d'animaux,  elle  le  poursuit  encore  après 
qu'il  l'a  abandonnée  ,  semblant  chercher 
une  vengeance.  L'Abeille  sait  reconnaître 
tous  les  individus  de  sa  ruche,  et  expulse  du- 
rement ou  perce  de  son  aiguillon  les  étran- 
gers, même  ceux  de  son  espèce. 

Les  Xylocopes,  comme  l'indique  leur  nom, 
ont  rhabitude  de  percer  le  bois  et  de  creuser 
des  tuyaux  pour  y  établir  le  berceau  de  leur 
progéniture;  mais  nous  connaissons  des  exem- 
ples qui  montrent  que  ces  Hyménoptères  dé- 
rogent parfois  à  leurs  habitudes  ordinaires 
en  s'emparant  de  trous  déjà  formés. 

Il  en  est  de  même  à  l'égard  de  beaucoup 
d'autres  Mellifères.  Les  Chalicodomes ,  qui 
construisent  sur  les  murailles  des  nids  d'une 
dureté  extrême,  composés  en  grande  partie 
de  gravier  et  de  terre,  qu'ils  font  adhérer 
fortement  au  moyen  d'un  liquide  visqueux 
qu'ils  ont  la  propriété  de  sécréter,  ne  man- 
quent pas  de  profiter  souvent  des  vieux  nids 
qui  ont  résisté  d'une  année  à  l'autre.  Les 
industrieuses  femelles  se  contentent  alors 
de  les  raccommoder,  d'en  boucher  les  fissu- 
res ,  et  en  quelque  sorte  de  les  remettre  à 
neuf.  Cependant  ces  Hyménoptères  sont  ap- 
pelés à  construire  eux-mêmes  leur  nid  tout 
entier,  et  la  paresse,  si  l'on  peut  employer 
ici  ce  mot ,  les  porte  à  s'emparer  de  l'habi- 
tation d'un  autre  ,  depuis  longtemps  aban- 
donnée et  détériorée. 

Tous  ces  faits,  plus  ou  moins  accidentels, 
étant  le  résultat  de  diverses  impulsions,  qui 
se  manifestent  selon  les  circonstances,  elles 
ne  peuvent  être  que  du  domaine  de  l'intel- 
ligence. En  effet,  comme  nous  l'avons  dit 
dans  une  autre  occasion  ,  il  semble  que  tout 
être  appelé  par  la  nature  à  exécuter  une 
chose  quelconque  doit  avoir  un  certain  de- 


gré d'intelligence;  car  lorsqu'il  s'agira  d'ac- 
complir les  actes  auxquels  la  nature  l'a  des- 
tiné, il  se  présentera  toujours  des  cas  parti- 
culiers qui  pourront  parfois  en  entraver  la 
marche,  et  dont  la  solution  ne  sera  trouvée 
que  par  une  idée  intelligente. 

Pendant  leur  état  de  larve,  les  Mellifères 
demeurent  dans  un  état  d'imperfection  re- 
marquable. Ce  sont  des  Vers  mous,  blan- 
châtres, apodes,  ne  pouvant  nullement  se 
déplacer,  restant  maintenus  dans  une  loge 
où  leur  nourriture  leur  est  apportée  ,  soit 
par  la  mère ,  soit  par  les  ouvrières.  Leur 
transformation  en  nymphe  a  lieu  dans  la 
même  loge,  et  l'espace  de  temps  qu'ils  pas- 
sent sous  celte  forme  varie  suivant  les  gen- 
res et  les  espèces. 

Les  Mellifères  constituent  une  famille  ex- 
trêmement considérable.  Les  espèces  en  sont 
très  nombreuses,  répandues  dans  toutes  les 
régions  du  inonde,  mais  plus  abondamment, 
d'après  tout  ce  que  nous  savons,  dans  l'Eu- 
rope méridionale  et  le  nord  de  l'Afrique. 
Toutes  ces  espèces  sont  réparties  par  les  en- 
tomologistes dans  une  soixantaine  de  gen- 
res, dont  on  forme  plusieurs  petits  groupes 
et  même  plusieurs  familles. 

Les  habitudes  des  Mellifères  étant  très 
variables,  suivant  les  groupes  et  les  familles, 
nous  ne  pouvons  en  traiter  d'une  manière 
générale  à  toute  la  tribu.  Pour  que  les  faits 
les  plus  intéressants  relatifs  aux  mœurs  de 
ces  curieux  Hyménoptères  puissent  être  suf- 
fisamment compris,  et  pour  qu'on  saisisse 
facilement  ce  qui  est  propre  à  chacun  ,  il 
est  nécessaire  de  connaître  d'abord  ces  divi- 
sions. Nous  commencerons  par  indiquer  les 
plus  essentielles. 

Dans  notre  Histoire  des  Insectes  (1),  nous 
avons  admis  six  familles  parmi  les  Mellifères 
ou  notre  tribu  des  Apiens.  On  les  distingue 
surtout  par  les  caractères  fournis  par  les 
pattes  postérieures  et  par  la  langue. 

Ces  six  familles  sont  : 

1°  Les  Apides,  caractérisés  par  des  pattes 
postérieures,  dont  les  jambes  sont  élargies 
avec  le  premier  article  des  tarses  dilaté  à 
l'angle  externe  de  sa  base,  et  par  une  langue 
cylindrique  presque  aussi  longue  que  le 
corps. 

2°  Les  Psythirides  ,  caractérisés  par  des 
pattes  postérieures  simples,  sans  dilatation 

(i)  Paris,  Didot,  i845. 


M  EL 


MEL 


97 


ni  poils  propres  à  retenir  le  pollen  non  plus 
que  l'abdomen  ,  et  par  une  langue  cylin- 
drique aussi  longue  que  le  corps. 

5°  Les  Anthophorides  ,  caractérisés  par 
des  pattes  postérieures  dont  les  jambes  sont 
dilatées  en  forme  de  palette,  ainsi  que  le 
premier  article  du  tarse,  dont  la  partie  in- 
férieure est  en  outre  munie  d'une  brosse,  et 
par  une  langue  toujours  plus  longue  que  la 
moitié  du  corps. 

4°  Les  Andrénides  ,  caractérisés  par  des 
pattes  postérieures  dont  les  jambes  sont  mu- 
nies de  longs  poils  pour  la  récolte  du  pollen, 
et  par  une  langue  courte. 

5"  Les  Osmudes,  caractérisés  par  aes  pattes 
postérieures  simples,  impropres  à  récolter  le 
pollen  ,  ayant  une  seule  brosse  sous  le  pre- 
mier article  des  tarses  ,  et  par  l'abdomen, 
offrant  une  palette  garnie  de  poils  étages 
pour  retenir  le  pollen. 

6°  Les  Nomadides  ,  caractérisés  par  des 
pattes  postérieures  simples,  sans  dilatation 
ni  poils  propres  à  recueillir  le  pollen  ,  non 
plus  que  l'abdomen  ,  et  par  une  langue  à 
peine  aussi  longue  que  la  tête. 

La  première  de  ces  familles ,  les  Apides  , 
est  elle-même  subdivisée  en  trois  groupes  : 
ce  sont  les  Méliponites,  dont  les  jambes  pos- 
térieures sont  munies  d'une  espèce  de  peigne 
à  l'angle  interne,  et  dont  le  premier  article 
des  tarses  est  inerme;  les  Apiles ,  dont  les 
jambes  postérieures  sont  inermes ,  et  le 
premier  article  de  leurs  tarses  quadrangu- 
laire,  avec  son  angle  supérieur  proéminent; 
et  les  Bombites,  dont  les  jambes  postérieures 
sont  bi  épineuses  à  l'extrémité  ,  et  le  pre- 
mier article  de  leurs  tarses  dilaté  à  l'angle 
externe  de  sa  base. 

Au  groupe  des  Méliponites ,  on  rattache 
seulement  les  genres  Mélipone  et  Trigone. 

Voy.  MÉLIPONITES. 

Au  groupe  des  Apites  appartient  seule- 
ment le  genre  Abeille  (Apis).  Nous  ren- 
voyons également  à  l'article  de  ce  Diction- 
naire qui  traite  de  ce  genre. 

Seulement ,  comme  les  Abeilles  ont  une 
importance  réelle  pour  les  pays  qu'elles  ha- 
bitent, nous  allons  donner  un  aperçu  de  leur 
distribution  géographique. 

Lepeletier  de  St. -Fargeau  (  Ins.  hymé- 
nopt.,  suites  à  Buffon)  en  décrit  douze  es- 
pèces : 

L'Abeille  aiELLiFiQOB  (Apis  mcllifica  LlnA 

T.   VIII. 


répandue  dans  tout  le  centre  et  le  nord  de 
l'Europe,  et  qui  a  été  introduite  dans  l'A- 
mérique du  Nord,  et  probablement  aussi  à 
Van-Diemen. 

VApis  ligustica  Lin. ,  qu'on  rencontre 
dans  le  midi  de  la  France,  en  Italie,  en 
Grèce,  en  Syrie. 

VApis  unicolor  Lat.,  qui  est  très  répan- 
due à  Madagascar,  aux  îles  Mascareignes, 
aux  îles  Canaries.  Les  Abeilles  que  M.  Lucas 
a  rapportées  d'Algérie  et  celles  que  j'ai  re- 
cueillies en  Sicile  ne  paraissent  pas  devoir 
en  être  distinguées. 

VApis  caffra  Lep.  St.-Farg. ,  qui  est 
commune  au  cap  de  Bonne-Espérance. 

Les  Apis  sculellala  et  capensis  Lep.  St.- 
Farg.,  habitent  également  la  même  partie 
de  l'Afrique. 

VApis  nigritarsum  Lep.  St.-Farg. ,  qui 
habite  le  Sénégal  et  une  partie  de  la  tôle 
occidentale  d'Afrique. 

VApis  fasciata  Latr.,  qui  habite  l'Egypte 
et  l'Arabie. 

VApis  dorsata  et  VApis  socialis  Fab., 
paraissent  communes  dans  la  péninsule  en 
deçà  du  Gange. 

VApis  Gronovii,  décrite  par  M.  Lesguil- 
lou,  comme  provenant  d'Amboine,  ne  diffère 
pas  sensiblement  de  VApis  dorsata. 

VApis  Peronii  Latr. ,  a  été  découverte  à 
Timor. 

VApis  indica  Latr.  est  une  toute  petite 
espèce  qui  habite  le  Bengale. 

VApis  nigripennis  Latr.,  qui  habite  le 
même  pays,  est  la  plus  grande  espèce  du 
genre.  VApis  zonata  Guér.  n'en  est  cer- 
tainement qu'une  variété. 

Le  troisième  groupe  de  la  famille  des 
Apides  (les  Bombites)  ne  comprend  que  le 
seul  genre  Bourdon  (Bombus,  Lin.).  Ces 
Insectes,  assez  nombreux  en  espèces  (voy, 
l'article  bourdon  ),  ont  beaucoup  de  rapports 
avec  les  Abeilles,  tout  en  ayant  une  taille 
très  supérieure.  Comme  ces  dernières  ,  les 
Bourdons  construisent  des  demeures  consi- 
dérables. Ils  y  forment  des  sociétés  assez 
nombreuses  ;  mais  ce  nombre  est  cependant 
minime  comparativement  à  celui  que  nous 
fournissent  les  sociétés  des  Abeilles;  car 
souvent  ces  habitations  n'ont  pas  au-delà 
de  cinquante  à  soixante  habitants ,  et  le 
grand  maximum  ne  paraît  pas  dépasser  deux 
rp.nU. 

13 


M  KL 


MEL 


Les  Bourdons  construisent  ieurs  nids  dans 
des  prairies  ou  auprès  des  haies;  la  plupart 
emploient  la  mousse  pour  leurs  construc- 
tions. Toujours  ces  nids  sont  creusés  dans 
la  terre  ;  c'est  pour  cela  qu'on  voit  fré- 
quemment les  Bourdons  entrer  et  sortir  par 
un  orifice  assez  étroit  pratique  à  la  surface 
du  sol.  Les  sociétés  de  ces  Hyménoptères, 
comme  celles  des  Guêpes,  ne  durent  jamais 
au-delà  d'une  saison;  chaque  automne, 
tous  les  habitants  se  dispersent  ;  les  étales 
ont  péri  peu  de  temps  après  l'accouplement; 
les  individus  neutres,  ou  ouvrières,  meurent 
quand  les  premiers  froids  se  font  sentir. 
Seules  les  femelles  fécondes  se  cachent  dans 
le  creux  des  arbres,  dans  les  fissures  des 
murailles ,  dans  tous  les  endroits  propres  à 
leur  fournir  un  abri  convenable.  Elles  y 
passent  l'hiver  dans  un  état  d'engourdisse- 
ment complet.  Mais  ,  dès  qu'elles  sentent 
les  premières  chaleurs  du  printemps,  elles 
sortentdeleur  retraite;  le  moment  de  pondre 
est  venu;  alors  il  devient  nécessaire  pour 
elles  de  construire  une  demeure  pour  rece- 
voir leur  progéniture. 

Chaque  femelle  isolément  choisit  une  ca- 
vité propice,  la  nettoie,  la  déblaie,  et  la 
dispose  de  la  manière  la  plus  convenable. 
Aussitôt  après,  elle  apporte  de  la  mousse  et 
en  recouvre  l'habitation  improvisée.  La  la- 
borieuse femelle  va  ensuite  recueillir  du 
miel  et  du  pollen ,  et  en  amasse  ainsi  une 
provision  considérable  ;  elle  en  forme  des 
boules,  et  dans  chacune  d'elles  elle  dépose 
alors  un  ou  plusieurs  œufs.  Les  larves  ,  ve- 
nant promptement  à  éclore,  trouvent  autour 
d'elles  la  nourriture  qui  leur  convient. 
Quand  la  matière  alimentaire  vient  à  dimi- 
nuer, l'industrieux  Hyménoptère  va  recueil- 
lir d'autres  provisions.  Quand  les  larves  ont 
pris  tout  leur  accroissement,  elles  se  fabri- 
quent, au  milieu  des  boules  de  pollen  mêlé 
de  miel,  une  coque  soyeuse  dans  laquelle 
elles  se  transforment  en  nymphes,  et  peu 
de  jours  après  les  Insectes  parfaits  sortent 
cm  cette  étroite  demeure.  Comme  chez  les 
Guêpes,  toutes  les  larves  de  cette  première 
génération  de  l'année  donnent  naissance, 
sans  exception,  à  des  individus  neutres, 
c'est-à-dire  à  des  ouvrières.  Alors  celles-ci 
se  mettent  bientôt  à  l'œuvre;  elles  agran- 
dissent le  domicile,  vont  chercher  de  nou- 
veaux matériaux,  de  nouvelles  provisions. 


La  femelle  ne  participera  plus  à  ces  rudes 
travaux,  mais  bientôt  elle  va  poudre  des 
œufs  dont  il  sortira  des  larves  de  mâles  et 
de  femelles,  aussi  bien  que  de  neutres;  et 
ce  seront  ces  ouvrières  qui  leur  donneront 
tous  les  soins  nécessaires  ,  ainsi  que  cela 
se  passe  dans  les  sociétés  des  Abeilles. 

Les  Bourdons  qui  construisent  leur  nid 
avec  de  la  mousse  ,  et  c'est  le  plus  grand 
nombre  ,  forment  au-dessous  de  l'enveloppe 
supérieure  une  seconde  voûte  à  parois  de 
cire.  Avec  cette  cire  ,  ils  construisent  aussi 
de  petits  godets  dans  lesquels  ils  déposent 
du  miel.  Les  gâteaux  sont  très  irréguliers, 
et  sont  composés  de  corps  oblongs  appliqués 
les  uns  contre  les  autres.  La  cire  est  sécré- 
tée, comme  celle  des  Abeilles,  entre  les  an- 
neaux de  l'abdomen,  seulement  elle  n'a  pas 
les  mêmes  propriétés;  sa  couleur  est  d'un 
gris  jaunâtre  ou  brunâtre;  elle  brûle  faci- 
lement ;  mais  comme  sans  doute  elle  con- 
tient beaucoup  de  matières  étrangères,  elle 
ne  se  liquéfie  pas  complètement  quand  on 
l'expose  à  la  chaleur. 

On  n'a  pas  observé  si  les  larves  des  fe- 
melles reçoivent  une  nourriture  différente 
de  celle  des  ouvrières.  Lepeletier  de  Saint- 
Fargeau  pense  qu'il  doit  en  être  ainsi  par 
analogie  avec  ce  qui  se  passe  à  cet  égard 
chez  les  Abeilles. 

Les  Bourdons  mâles  et  femelles  nés  au 
milieu  de  l'été  produisent  aussitôt  une  nou- 
velle génération  qui  n'arrive  à  l'état  adulte 
que  vers  le  mois  d'août.  Ces  individus  ont 
ordinairement  une  taille  un  peu  supérieure 
à  celle  des  précédents.  C'est  vers  cette  épo- 
que que  les  femelles ,  qui  vont  hiverner, 
reçoivent  l'approche  des  mâles. 

C'est  dans  les  écrits  de  Réaumur  qu'on 
trouve  une  série  d'observations  pleines  d'in- 
térêt sur  les  Bourdons.  On  doit  aussi  à  Hu- 
ber  (Linnean  Transactions ,  t.  VI)  un  mé- 
moire extrêmement  important  sur  le  même 
sujet. 

La  famille  des  Psilhyrides  comprend  le 
seul  genre  Psithyre  ,  dont  les  espèces  con- 
nues ne  sont  pas  fort  nombreuses.  Les  Psi- 
thyres  ressemblent  aux  Bourdons  d'une 
manière  si  frappante  par  leur  grosseur,  par 
leurs  formes,  par  leurs  couleurs  ,  par  leur 
aspect  général,  que  pendant  longtemps  tous 
les  entomologistes  les  ont  confondus  avec  ces 
derniers,  même  ceux,  comme  Dahlbom, 


MEL 


MEL 


99 


qui  ont  écrit  spécialement  sur  les  Bourdons. 
C'est  Lepeletier  de  Saint  Fargeau  qui  le 
premier  les  en  a  distingués,  en  montrant  que 
ces  Hyménoptères  avaient  des  pattes  posté- 
rieures simples  ,  et  se  trouvaient  ainsi  com- 
plètement dépourvus  d'organes  propres  à  la 
récolte  du  pollen  et  propres  aussi  à  con- 
struire des  nuls.  Cependant  les  Psithyrides, 
incapables  d'élever  leur  progéniture,  ont 
des  larves  aussi  incapables  de  se  procurer 
leur  nourriture  elles-mêmes  que  celles  de 
tous  les  autres  Mellifères.  Chez  ces  Hymé- 
noptères ,  il  n'existe  que  deux  sortes  d'in- 
dividus, des  mâles  et  des  femelles.  Comme 
Lepeletier  de  Saint-Fargeau  l'a  bien  observé, 
les  femelles  des  Psilhyrus ,  si  semblables 
aux  Bourdons  ,  pénètrent  dans  les  nids  de 
ces  derniers  sans  que  ceux-ci  reconnaissent 
les  Psithyres  pour  étrangers.  Les  œufs  des 
deux  espèces  sont  confondus,  et  les  indus- 
trieux Bourdons  nourrissent  les  larves  de 
ces  nouveaux  hôtes  aussi  bien  que  les  leurs. 

C'est  un  instinct  bien  remarquable  que 
celui  qui  porte  la  femelle  du  Psithyre  à  al- 
ler déposer  ses  œufs  dans  le  nid  des  Bour- 
dons. 11  n'est  pas  moins  remarquable  de  voir 
que  chaque  Psithyre  porte  la  livrée  du 
Bourdon  ,  chez  lequel  il  s'introduit  furti- 
vement. 

La  famille  des  Anthophorides  est  divisée 
en  trois  groupes,  les  Euglossites  ,  dont  les 
jambes  postérieures,  très  renflées  dans  les 
mâles  ,  sont  très  dilatées,  en  forme  de  pa- 
lette creuse  ,  chez  les  femelles  ;  les  Anlho- 
phoriles  ,  dont  les  jambes  postérieures  sont 
garnies  en  dessus  de  longs  poils  ,  ainsi  que 
le  premier  article  des  tarses  ,  et  dont  les 
mandibules  sont  pointues,  et  les  Xyloco- 
pites,  dont  les  jambes  postérieures  et  le 
premier  article  de  leurs  tarses  sont  munis 
de  longs  poils  touffus,  et  dont  les  mandi- 
bules sont  élargies  à  l'extrémité. 

Nous  rattachons  seulement  au  groupe  des 
ïnglossites  les  deux  genres  Euglossa  et  Eu- 
lœma,  dont  toutes  les  espèces  sont  particu- 
lières à  l'Amérique  méridionale  et  aux 
Antilles.  On  n'a  étudié  ni  leurs  habitudes 
ni  leurs  métamorphoses.  Quelques  uns  de 
ces  Hyménoptères  se  font  remarquer  par 
l'éclat  de  leurs  couleurs. 

Le  groupe  des  Anthophorites  est  beaucoup 
plus  considérable.  Nous  y  rattachons  les 
genres  Anlhophora,  Sarropoda,  Macroccra, 


Eucera,  Melissodes,  Melillurgus.  Ces  Hymé- 
noptères, assez  nombreux  en  espèces,  sont 
fort  abondants  en  Europe,  particulièrement 
dans  le  midi,  ainsi  que  dans  le  nord  de  l'A- 
frique. Ils  ressemblent,  par  leur  aspect  gé- 
néral, à  nos  Abeilles  communes;  mais  ils 
sont  beaucoup  plus  velus,  généralement 
d'une  couleur  grisâtre;  mais  néanmoins  on 
en  connaît  aujourd'hui  quelques  uns  de  nos 
possessions  en  Afrique  dont  le  corps  est  orné 
de  couleurs  rouge,  orangée,  fauve,  etc.  La 
taille  des  Anthophorites  est  un  peu  supé- 
rieure à  celle  des  Abeilles.  Ces  Insectes,  que 
plusieurs  observateurs  ont  désignés  sous  les 
noms  d'Abeilles  solitaires ,  établissent  le 
berceau  de  leur  postérité  dans  des  cavités  de 
vieilles  murailles,  dans  la  terre  sablonneuse, 
dans  les  terrains  escarpés  et  bien  exposés  au 
soleil.  La  plupart  des  espèces  d'Anthophores 
forment  un  long  tuyau  qu'elles  divisent 
simplement  en  une  série  de  cloisons.  Mais 
une  espèce  de  notre  pays,  la  plus  commune 
du  genre  ,  celle  qu'on  peut  en  considérer 
connue  le  type,  offre  dans  ses  habitudes  cer- 
taines particularités  que  Latreille  a  très  bien 
observées.  U Anlhophora  pariclina  Lin.  pra- 
tique des  trous  entre  les  pierres  qui  ont 
été  réunies  par  un  sable  fin  et  argileux.  Eu 
creusant  son  nid,  notre  laborieux  Hymé- 
noptère  apporte  au  dehors  tout  le  sable  qu'il 
en  a  retiré,  en  l'humectant  au  moyen  de 
la  liqueur  visqueuse  qu'il  a  la  propriété 
de  sécréter;  il  le  fixe  successivement  sous 
forme  de  petits  rouleaux  ,  de  manière  à  en 
former  un  tube  extérieur.  Toutefois  ce  tube 
ne  doit  pas  subsister  longtemps  ;  car,  dès  que 
le  tuyau  intérieur  est  suffisamment  grand, 
l'Anthophore  va  reprendre  successivement 
les  petits  rouleaux  de  sable  pour  former  les 
cloisons  qui  doivent  clore  la  loge  de  cha- 
cune de  ses  larves.  Comme  tous  les  Melli- 
fères ou  Apiens  nidifiants,  les  Anlhophores 
approvisionnent  leurs  larves  d'une  pâtée 
composée  de  miel  et  de  pollen  ,  en  quantité 
suffisante  pour  toute  la  durée  de  leur  exis- 
tence sous  ce  premier  état.  Ces  Insectes , 
dont  la  trompe  est  fort  longue,  vont  surtout 
pomper  le  miel  dans  les  fleurs  à  corolle  in- 
fundibulée,  comme  les  Labiées,  les  Rhi- 
nanthacées  ,  les  Borraginées ,  les  Anlirhi- 
nées,  etc. 

Les  Systrophcs ,    Macroccres  ,  Eucères  , 
Mellitturgues,  sont  des  Anthophorites  euro- 


100 


M  EL 


MEL 


péens  ou  africains  ,  dont  les  habitudes  sont 
analogues  à  celles  des  Anthophores. 

Les  Melissodes  sont  américains  (voy.  les 
articles  de  chacun  de  ces  genres  pour  ce  qui 
les  concerne  spécialement). 

Les  Xylocopites  sont  des  Mellifères  qui 
ont  un  peu  l'aspect  de  nos  gros  Bourdons  , 
et  dont  la  taHIe  est  quelquefois  supérieure 
à  celle  de  ces  derniers.  Les  genres  Ancylo- 
scelis,  Centris,  Epicharis  et  Lestis,  que  nous 
rattachons  à  ce  groupe,  sont  tous  exotiques 
et  propres  aux  régions  les  plus  chaudes  du 
globe.  Les  Xylocopes  proprement  dits,  assez 
nombreux  en  espèces ,  sont  aussi  générale- 
ment étrangers  à  l'Europe.  Le  seul  repré- 
sentant de  ce  groupe  dans  notre  pays  est  le 
Xylocopa  violacea  Lin.  ,  gros  Hyménoptère 
noir,  velu,  à  reflets  violacés.  Cet  insecte,  fort 
commun  ,  que  Réaumur  désigne  sous  le 
nom  d'Abeille  perce-bois,  construit  son  nid 
un  peu  à  la  manière  des  Anthophores  :  seu- 
lement, au  lieu  de  le  placer,  soit  dans  le 
sable,  soit  entre  des  pierres,  il  l'établit  or- 
dinairement dans  du  bois  mort  ou  même 
pourri.  La  femelle  xylocope  creuse  et  perfore 
peu  à  peu  ce  bois  à  l'aide  de  ses  mandi- 
bules, en  faisant  successivement  tomber  la 
sciure  au  dehors.  Souvent  elle  pratique  dans 
le  même  morceau  de  bois  trois  ou  quatre 
trous  à  peu  près  parallèles,  et  quand  ils 
sont  achevés  ,  ils  ont ,  en  général ,  jusqu'à 
10  à  15  pouces  de  longueur.  Le  plus  ordi- 
nairement ces  galeries  sont  droites  ;  mais 
•-  vers  l'extrémité,  cependant,  elles  se  rappro- 
chent de  la  superficie  du  bois.  C'est  un 
grand  travail  pour  les  Xylocopes  que  la  per- 
foration de  ces  trous  :  aussi  n'est- il  pas  rare 
de  voir  une  femelle  occupée  à  cette  rude  be- 
sogne pendant  plusieurs  semaines. 

Quand  le  local  estenfin  complètement  pré- 
paré, la  laborieuse  femelle  va  recueillir  du 
pollen,  qu'elle  place  au  fond  de  son  tube. 
Elle  recueille  également  une  certaine  quan- 
tité de  miel,  qu'elle  mélange  avec  le  pollen. 
Lorsque  la  quantité  de  cette  pâtée  est  jugée 
suffisante,  elle  dépose  un  œuf,  puis  elle  éta- 
blit au  dessus  un  plancher  solide  avec  de  la 
sciure  de  bois,  maintenue  au  moyen  du  li- 
quide visqueux  qu'elle  a  la  propriété  de  sé- 
créter. Ce  plancher  devient  le  fond  d'une 
nouvelle  cellule.  Un  travail  semblable  s'a- 
chève ainsi  successivement  dans  toute  la 
longueur  du  tube,  qui  se  trouve  ainsi  divisé 


en  une  série  de  loges  n'ayant  entre  elles 
aucune  communication.  Quand  le  petit  Ver 
éclôt,  il  trouve  sa  nourriture  tout  autour  de 
lui;  il  grossit  en  même  temps  que  sa  pro- 
vision diminue,  etquand  tout  est  consommé 
il  a  acquis  tout  son  accroissement,  et  son 
corps  remplit  alors  la  loge  en  entier.  Il  se 
métamorphose  bientôt  en  nymphe,  et  sa 
tête  se  trouve  tournée  vers  le  fond  de  la  cel- 
lule de  manière  que  l'insecte  parfait  cherche 
naturellement  à  sortir  do  ce  côté.  Ceci  ex- 
plique pourquoi  l'industrieuse  mère  a  rap- 
proché le  fond  de  son  tube  de  la  superficie 
du  bois;  car  l'insecte  dont  l'œuf  a  été  pondu 
le  premier  doit  aussi  naître  le  premier,  et 
sans  cette  précaution  il  ne  pourrait  sortir 
de  sa  retraite  ,  car  c'est  lui  qui  pratique  le 
chemin  par  lequel  vont  successivement  sor- 
tir tous  les  Xycolopes  nouveau-nés  jusqu'à 
celui  qui  est  le  plus  rapproché  de  l'entrée 
du  tube. 

Quelques  uns  des  Xylocopes  s'épargnent 
une  partie  de  leur  travail  en  profitant  de 
trous  ou  de  cavités  accidentels.  C'est  ainsi 
que  nous  avons  eu  l'occasion  de  voir  un  de 
ces  Hyménoptères  établir  le  berceau  de  sa 
progéniture  dans  un  tube  de  cuivre. 

Les  espèces  exotiques  de  ce  genre  n'ont 
pas  encore  été  observées  dans  leurs  habi- 
tudes. 

Les  Andrénides,  qui  se  distinguent  des 
autres  Mellifères  par  le  lobe  intermédiaire 
de  leur  lèvre  inférieure,  qui  est  très  court, 
et  en  forme  de  cœur  lancéolé  ,  ont  du  reste 
complètement  l'aspect  des  autres  représen- 
tants de  la  tribu.  Elles  ont  comme  les  Xy- 
locopites, et  plus  même  que  les  Xylocopites, 
des  pattes  postérieures  garnies  de  longs  poils 
propres  à  la  récolte  du  pollen  ,  en  offrant 
des  espaces  lisses  sur  les  hanches,  à  la  base 
des  cuisses  et  sur  les  côtés  du  corps. 

Les  Andrénides  sont  aussi  des  Hyménop- 
tères solitaires.  Les  femelles  creusent,  à  peu 
près  comme  les  Anthophorides ,  des  trous 
profonds  dans  les  terrains  sablonneux  et  ar- 
gileux, ou  dans  le  mortier  dont  on  se  sert 
pour  lier  les  pierres  entre  elles.  Ces  trous, 
toujours  exposés  le  plus  possible  à  la  cha- 
leur du  soleil,  sont  des  tubes  obliques  dont 
la  longueur  est  ordinairement  de  6  à  8  pou- 
ces; mais  en  outre,  chaque  femelle  établit 
au  fond  de  la  galerie  principale  plusieurs 
petits  tubes  ayant  tous  accès  dans  le  trou 


M  EL 

principal.  Ce  sont  là  des  loges  séparées  pour 
chaque  larve,  qui ,  convenablement  appro- 
visionnée de  miel  et  de  pollen,  et  ensuite 
enfermée  entièrement  dans  sa  cellule  au 
moyen  d'un  couvercle  formé  de  terre  et  de 
sable,  doit  s'y  développer. 

Les  Andrénides,  dont  on  connaît  un  assez 
grand  nombre  d'espèces,  paraissent  avoir 
toutes  des  mœurs  très  analogues.  Cependant 
;  il  existe  assurément  certaines  petites  dif- 
]  férences  dans  le  mode  de  construction.  Nous 
:  rattachons  trois  groupes  à  la  famille  des 
:  Andrénides. 

1°  Les  Dasypodites,  dont  le  premier  article 
assez  long  est  garni  de  poils  extrêmement 
longs  et  touffus. 

2°  Les  Andrénites,  dont  le  premier  article 
des  tarses  postérieurs  est  court  et  dépourvu 
de  longs  poils,  et  la  langue  courte  et  dilatée 
à  l'extrémité. 

3°  Les  Collétites,  dont  le  premier  article 
des  tarses  postérieurs  assez  long  est  dépourvu 
de  longs  poils ,  et  la  langue  courte  et  tri- 
lobée. 

Nous  rattachons  au  premier  de  ces  grou- 
pes les  genres  Panurgus,  Dufourea  et  Dasy- 
poda.  Les  Panurgus,  qui  habitent  l'Europe 
et  la  Barbarie  ,  sont  remarquables  par  leur 
grosse  tête.  M.  Lepeletier  de  Saint-Fargeau 
a  vu,  dans  le  sentier  battu  d'un  jardin  , 
huit  à  dix  individus  de  l'espèce  type  du 
genre  (le  Panurgus  lobatus  Fab.),  qui  péné- 
traient tour  à  tour  dans  le  même  tube,  ap- 
portant des  provisions  de  pollen.  Ceci  aurait 
pu  faire  supposer  que  ces  Hyménoptères  tra- 
vaillaient en  commun.  Il  n'en  est  rien  cepen- 
dant, car  chaque  femelle  devait  avoir  son 
nid  particulier,  dont  l'issue  seulement  se 
trouvait  être  commune  avec  celle  d'autres 
nids. 

Nous  ne  connaissons  pas  les  habitudes 
particulières  des  Dufourées.  Quant  aux  Da- 
sypodes,  si  remarquables  par  les  énormes 
poils  de  leurs  pattes ,  on  a  vu  fréquemment 
le  type  du  genre  (  Dasypoda  hirlipes  Fab.  ) 
creusant  des  trous  profonds  dans  les  che- 
mins, et  portant  de  grandes  quantités  de 
pollen  qu'il  maintient  facilement  sur  ses 
jambes  poilues. 

C'est  à  ce  groupe  que  paraît  devoir  ap- 
partenir le  genre  Megilla,  tel  qu'il  est  adopté 
par  M.  Léon  Du  four. 

Fabricius  avait  d'abord  établi  sous  cette 


MEL  101 

dénomination  un  genre  composé  d'espèces 
très  différentes,  qui  ont  été  successivement 
réparties  par  les  entomologistes  dans  les  gen- 
res Anthophora,  Halictus,  Nomia,  Cera- 
tina,  etc.  Depuis  lors,  M.  Léon  Dufour  (An- 
nales de  la  Société  entomologique  de  France, 
t.  VII,  p.  287,  1838)  a  proposé  de  repren- 
dre le  nom  générique  de  Megilla  pour  une 
espèce  qu'il  a  bien  observée  ,  et  que  Fabri- 
cius plaçait  dans  ce  genre  ;  c'est  la  Megilla 
labiata  de  Fabricius,  dont  la  femelle  est  dé- 
crite par  le  même  auteur  sous  le  nom  de  M. 
fulvipes.  C'est  aussi  l'espèce  décrite  par  La- 
treille  sous  le  nom  (TAndrena  lagopus  (Gêner. 
Cr.  et  Ins. ,  t.  IV,  p.  15).  Le  genre  Megilla 
ainsi  constitué  doit  se  placer  dans  la  famille 
des  Andrénides,  près  des  Dasypoda,  dont  il 
diffère  surtout  par  le  corps  plus  glabre,  par 
la  brièveté  du  premier  article  des  tarses  pos- 
térieurs, etc. 

Le  groupe  des  Andrénites  est  le  plus  nom- 
breux. On  y  range  les  genres  Andrœna  , 
Scrapler,  Halictus,  Nomia  et  Ancylus. 

Les  Andrènes  proprement  dites  sont  assez 
abondantes  dans  notre  pays,  où  elles  éta- 
blissent leurs  nids  dans  des  chemins.  Les 
Halictus  ont  été  parfaitement  observés  par 
M.  le  baron  Walckenaër.  Le  célèbre  auteur 
du  tableau  des  Aranéides  a  vu  aussi,  comme 
on  l'a  remarqué  chez  les  Panurgus,  plusieurs 
femelles  s'introduisant  dans  le  même  nid; 
mais  il  paraît  probable  que  c'étaitseulement 
une  ouverture  commune  à  plusieurs  habi- 
tations. 

Le  genre  Ancyla  a  été  établi  par  M.  de 
Saint-Fargeau  pour  une  seule  petite  espèce 
trouvée  aux  environs  d'Oran  (A.  Oranicnsis 
St  Farg.).  Voyez  pour  les  autres  genres  leurs 
articles  particuliers. 

Les  Collétites  ne  comprennent  que  le  seul 
genre  Colletés,  dont  l'espèce  la  plus  répan- 
due en  France  (  C.  hirta  )  a  été  surtout  ob- 
servée par  Réaumur.  On  rencontre  fréquem- 
ment les  nids  de  cet  insecte  dans  les  mu- 
railles exposées  au  midi.  Ca  retraites  con- 
sistent en  cylindres  divisés  en  plusieurs 
cellules  placées  au  bout  les  unes  des  autres, 
et  ressemblant  par  leur  forme  à  un  dé  à 
coudre.  Toutes  ces  loges  sont  formées  d'une 
substance  feutrée  membraneuse,  produite 
par  une  liqueur  visqueuse  et  comme  gom- 
mée que  les  Colletés  ont  la  propriété  de  sé- 
créter, surtout  quand  elles  ont  absorbé  des 


102 


MEL 


MEL 


matières  végétales.  Chaque  cellule  a  environ 
10  à  12  millimètres  de  profondeur  sur  5  de 
diamètre.  Les  parois  en  sont  très  minces , 
mais  la  pâtée  de  miel  et  de  pollen  qui  la 
remplit  soutient  les  parois  de  la  loge. 

Les  Osmiides,  dont  les  habitudes  ressem- 
blent à  celles  des  autres  Mellifères  solitaires, 
sont  surtout  remarquables  par  la  manière 
dont  ils  récoltent  le  pollen.  Tandis  que  tous 
les  autres  Mellifères  le  recueillent  sur  leurs 
jambes  et  le  premier  article  de  leurs  tarses , 
ceux-ci,  à  l'aide  de  leurs  pattes,  Tentassent 
sous  leur  abdomen  ,  où  il  se  trouve  retenu 
par  des  poils  étages.  Ce  seul  caractère  suffit 
pour  distinguer  les  Osmiides  de  tous  les 
autres  Hyménoptères. 

C'est  cette  singulière  disposition  qui  avait 
engagé  Latreille  à  désigner  les  Osmiides 
sous  le  nom  de  Dasygastres.  Nous  avons 
admis  neuf  genres  dans  cette  petite  famille, 
et  les  caractères  qui  les  séparent  les  uns  des 
autres  sont  si  peu  prononcés  qu'ils  ne  pa- 
raissent pouvoir  être  répartis  en  plusieurs 
groupes.  Ces  genres  sont  les  Diphysis ,  Os- 
mia ,  Chalicodoma  ,  Megachile ,  Lithurgus, 
Anthocopa,  Ànthidium ,  Heriades ,  Chelos- 
toma. 

Les  Osmies  proprement  dites  sont  assez 
nombreuses  en  espèces;  elles  recherchent 
des  cavités  ,  soit  dans  le  bois  ,  soit  dans  îa 
pierre  ,  pour  y  construire  une  ou  plusieurs 
loges.  Si  l'espace  est  assez  grand ,  TOsmie 
en  bâtit  plusieurs  dans  le  même  trou  ;  si 
au  contraire  il  est  trop  petit,  elle  se  con- 
tente d'en  former  une,  et  va  ensuite  cher- 
cher un  endroit  propice  pour  en  construire 
une  seconde  ,  une  troisième  ,  et  ainsi  de 
suite.  Nous  avons  eu  l'occasion  de  rencon- 
trer de  ces  nids  de  VOsmia  cornuta  dans  des 
fragments  d'os.  Lepeletier  de  Saint-Fargeau 
ïapporte  encore  avoir  obtenu  des  coquilles 
du  genre  Hélice  qui  renfermaient  des  nids 
d'Osmies.  Chacune  de  ces  coquilles  conte- 
nait environ  une  dizaine  de  cellules  con- 
struites dans  l'intérieur  de  la  spirale  avec 
de  la  bouse  de  vache  mêlée  de  terre. 

Nous  renverrons  à  l'article  chalicodoma 
pour  les  particularités  des  mœurs  propres 
aux  espèces  de  ce  genre. 

Les  Heriades  et  les  Chélostomes  recher- 
chent le  plus  ordinairement  les  galeries 
creusées  dans  le  bois  par  d'autres  Insectes , 
comme  les   larves  des    Cérambycins.   Les 


Chélostomes  (C.  maxillosa  Fabr.)  choisis- 
sent fréquemment  des  tuyaux  du  chaume 
qui  couvre  les  habitations  des  villages,  ou 
bien  encore  les  tiges  mortes  de  certaines 
plantes ,  comme  les  Joncées.  Ces  Hyméno- 
ptères se  contentent  alors  d'établir,  dans 
l'intérieur  de  ces  tubes  tout  fabriqués,  des 
cloisons  en  mortier  en  nombre  sufGsant 
pour  y  former  autant  de  loges  qu'ils  ont 
d'œufs  à  déposer. 

Les  Anthidies,  qui  forment  un  genre 
nombreux  en  espèces  ,  toutes  reconnaissa- 
bles  à  leur  abdomen  orné  de  bandes  et  de 
taches  jaunâtres  sur  un  fond  brun  ou  noir, 
mettent  une  délicatesse  très  remarquable 
dans  la  construction  de  leurs  nids.  Les  An- 
thidies établissent  ordinairement  l'habita- 
tion de  leurs  larves  au  pied  des  arbres  ; 
elles  l'entourent  de  mousse,  et  construisent, 
d'après  les  observations  de  M.  Westwood, 
de  douze  à  quinze  loges.  Chaque  cellule  est 
garnie  d'un  duvet  extrêmement  doux. 

Les  Mégachiles  emploient  surtout  des 
feuilles  dans  la  construction  des  berceaux 
de  leurs  larves  {voy.  l'article  megachile). 

Les  Anthocopes  emploient  des  fragments 
de  fleurs  ,  qu'elles  coupent  à  l'aide  de  leurs 
mandibules.  C'est  ce  qui  leur  a  valu  la  dé- 
nomination générique  qui  leur  a  été  appli- 
quée par  Lepeletier  de  Saint-Fargeau. 

Ces  Osmiides  creusent  des  terriers  per- 
pendiculairement dans  la  terre  battue  des 
chemins.  Chacun  d'eux  ne  contient  jamais 
qu'une  seule  loge,  que  l'industrieuse  mère 
tapisse  avec  un  grand  soin  de  morceaux  de 
pétales.  L'espèce  la  plus  commune  de  notre 
pays,  celle  qui  a  été  si  bien  observée  par 
Réaumur  et  par  Latreille,  est  l'Anthocope 
du  Pavot  {A.  papaveris  Latr.),  qui  garnit  ses 
alvéoles  avec  les  feuilles  du  Coquelicot  des 
champs.  Réaumur  la  désigne  dans  ses  écrits 
sous  le  nom  d'Abeille  tapissière.  L'Anthocope 
construit  en  terre  des  trous  ayant  jusqu'à 
3  pouces  de  profondeur;  elle  les  garnit 
d'abord  dans  toute  leur  longueur  de  pétales 
de  Coquelicots  ;  mais,  quand  son  œuf  a  été 
déposé  auprès  de  sa  provision  de  miel,  elle 
refoule  ces  pétales  dans  le  fond,  de  manière 
que  la  loge  de  la  larve  n'a  guère  plus  d'un 
pouce  de  profondeur.  L'Abeille  tapissière 
ferme  alors  son  trou  avec  la  terre  qu'elle  en 
a  d'abord  retirée  ,  et  elle  l'égalise  et  l'unit 
si  bien  à  la  surface  qu'il  devient  fort  dif- 


M  EL 


MEL 


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fkile  de  découvrir  ces  modestes   retraites. 
On  n'a  pas  encore  observé  les  habitudes 
des  Diphysis  et  des  Lithurgus. 

Les  Nomadides  sont  des  insectes  incapa- 
bles de  construire,  dépourvus  complètement 
d'organes  propres  à  récolter  le  pollen.  Ils 
vivent  dans  les  habitations  d'autres  Melli fo- 
res, comme  le  font  les  Psithyres  à  l'égard  des 
Bourdons.  La  femelle  épie  le  moment  où  la 
constructrice  d'un  nid  est  absente  pour  pon- 
dre un  œuf  dans  une  cellule  encore  ouverte 
et  déjà  approvisionnée.  L'Insecte  nidifiant 
achève  la  loge  qui  renferme  l'œuf  de  l'espèce 
parasite,  et,  ne  s'apercevant  pas  de  sa  pré- 
sence, elle  y  dépose  aussi  un  œuf  et  clôt  en- 
suite sa  cellule.  Selon  toute  probabilité,  la 
larve  du  Nomadide  naît  la  première,  et  la 
provision  est  déjà  en  grande  partie  consom- 
mée quand  l'habitant  légitime  vient  à  éclorc. 
Ceci  n'a  cependant  pas  été  suffisamment  ob- 
servé. 

TouslesNomadides  se  ressemblent  évidem- 
ment par  certains  caractères  de  même  que 
par  leurs  habitudes.  Néanmoins  chaque  type 
de  cette  famille  ressemble  en  général  beau- 
coup aux  espèces  dans  l'habitation  desquelles 
il  vit.  Aussi  est-il  probable  que  nous  serons 
conduit,  quand  nous  connaîtrons  mieux  l'or- 
ganisation des  Melliféres,  à  placer  chaque 
petit  groupe  de  notre  famille  actuelle  des 
Nomadides  auprès  des  types  dont  ils  se  rap- 
prochent à  beaucoup  d'égards,  comme  les 
Psithyres  avec  les  Bourdons. 

Nous  avons  admis  cinq  groupes  parmi  les 
Nomadides:  ce  sont  les  Philerémites,  les 
Épéolites,  les  Nomadites,  les  Spuécodites  et 
les  PnosopiTF.s. 

Les  Philerémites,  qui  comprennent  les 
genres  Phileremus,  Stelis,  Dioxys,  Cœlioxis, 
Ammobalcs,  Âllodape,  Pasitcs,  vivent  aux 
dépens  des  Osmiides. 

Il  en  est  de  même  pour  les  Épéolites,  aux- 
quels nous  rattachons  le  seul  genre  Epeolus. 

Les  Nomadites  comprennent  plusieurs  gen- 
res exotiques.  Le  genre Aglaé,  établi  parLe- 
pcletier  de  Saint-Fargeau  sur  une  seule  es- 
pèce de  la  Guiane,  remarquable  par  sa  taille 
et  ses  belles  couleurs  d'un  bleu  violacé  écla- 
tant. 

Les  genres  Mesocheirus ,  Hopliphorus  , 
Mesoplia,  Mesonychia,  Oxœa,  Ctenioschclus 
(fondé  sur  une  seule  espèce  des  Antilles,  C. 
goryi  de  Romand,  Magaz.  de  zool.),  Acan- 


thopus,  tous  exotiques,  et  les  Crociscs ,  Mé- 
lectes  et  Nomades,  dont  on  connaît  des  es- 
pèces européennes,  vivant  aux  dépens  des 
Anthophores,  avec  lesquels  les  Méleclesont 
plus  d'un  rapport.  Les  Sphécodites  et  les  Pro- 
sopites,  qui  ont,  comme  les  Andrénides,  des 
mâchoires  à  lobe  très  court,  vivent  dans  les 
nids  des  Hyménoptères  de  cette  famille. 

Le  genre  Geratina  est  regardé  par  Lepclc- 
tier  de  Saint-Fargeau  comme  ayant  des  ha- 
bitudes analogues  aux  Nomadides,  et  vivant 
aux  dépens  de  certains  Osmiides.  Ses  carac- 
tères paraissent  aussi  le  rapprocher  de  ces 
derniers;  cependant  il  reste  encore  beau- 
coup de  doute  relativement  à  ses  affinités 
naturelles,  l'organisation  n'ayant  pas  encore 
été  suffisamment  étudiée. 

Tous  les  insectes,  qui  formaient  pour  La- 
treille  la  famille  des  Melliféres,  et  qui  con- 
stituent pour  nous  la  tribu  des  Apiens, 
étaient  considérés  par  Linné  comme  appar- 
tenant à  un  seul  genre,  le  genre  Abeille 
(  Apis  ).  Puis  vint  Fabricius  ,  qui  ajouta  les 
genres  Bombus,  Euglossa,  Centris,  Megilla, 
Anlhophora,  Melecla,  Epeolus,  Anthidium. 

Puis  Illigcr ,  Scopoli ,  Jurine ,  Latreille  , 
Spinola  ,  qui  augmentèrent  successivement 
le  nombre  des  genres  de  ce  groupe  considé- 
rable de  l'ordre  des  Hyménoptères. 

Latreille,  dans  son  Gênera  Crustaceorum 
et  Insectorum,  désignait  tous  les  Insectes  qui 
nous  occupent  en  ce  moment  sous  la  déno- 
mination générale  d'AnlhophilesiAnthophila), 
puis  il  partageait  cette  division  en  deux  fa- 
milles, les  Andrénètes  (Andrenetœ)  et  les 
Apiaires  (Apiariœ),  d'après  la  considération 
de  la  languette. 

Dans  ses  derniers  ouvrages  (Règne  animal, 
1829),  il  conserva  toujours  ces  deux  fa- 
milles ;  mais  la  dénomination  d'Anlhophiles 
fut  remplacée  par  celle  de  Melliféres. 

Dans  ces  derniers  temps ,  Lepeletier  de 
Saint-Fargeau  (Ins.  hyménopt.,  suites  àBuf- 
fon)  a  considérablement  embrouillé  la  clas- 
sification de  ces  Insectes,  en  voulant  soi-di- 
sant les  classer  d'après  leurs  mœurs  et  nul- 
lement d'après  leurs  caractères  organiques. 
Pour  cet  entomologiste,  les  Melliféres  pren- 
nent place  dans  sa  première  division  dei 
Ovititiières  piivïiphagi  s,  et  en  grande  partie 
dans  sa  subdivision  des  Piivtipiiages  nidi- 
fiants. 

Les    Apides ,    Méliponides   et  Bombideg 


104 


MEL 


MEL 


{Apiarites,  Meliponides  et  Bombides)  forment 
la  famille  des  Apiarides,  placée  dans  les  So- 
ciaux pérennes,  entre  les  Formiciens  (Héléro- 
gynes)  et  les  Vespiens  (Polislides). 

Puis  les  Nidifiants  solitaires  constituent 
une  deuxième  section,  dans  laquelle  sont 
rangées  les  Podilégides  ou  nos  Anthopho- 
rides,  les  Mérilégides  ou  nos  Andrénides  , 
les  Gastrilég.desou  nos  Osmiides. 

Enfin  nos  Psithyrides  et  Nomadides  con- 
stituent,  pour  Lepeletier  de  Saint-Fargeau  , 
une  division  des  Phytophages  parasites,  sub- 
divisée en  Psithyrides  et  en  Dimorphides 
(nos  Nomadides). 

Il  est  presque  inutile  de  montrer  tout  ce 
qu'un  semblable  arrangement  a  de  défec- 
tueux ,  car  on  comprend  à  peine  qu'un  en- 
tomologiste ait  cru  ne  pas  méconnaître  les 
affinités  naturelles  les  plus  frappantes  en 
séparant  les  Apides  et  les  Bombides  des  An  - 
thophorides,  pour  placer  entre  ces  types  un 
groupe  d'une  organisation  si  différente  que 
le  sont  les  Guêpes  ou  Vespiens. 

Ou  comprend  aussi  tout  ce  que  ces  déno- 
minations nouvelles,  appliquées  aux  tribus 
et  aux  familles,  ont  d'embarrassant  et  d'inu- 
tile tout  à-la-fois.  (E.  Blanchard.) 

MELLIEIC1ENS.  ins.  —  Synonyme  de 
Mellifères.  (Bl.) 

MELL1LITE.  —  Voy.  mellite. 

MELLIftUS.  ins. — Genre  de  la  tribu  des 
Crabroniens  ,  de  l'ordre  des  Hyménoptères  , 
établi  par  Fabricius  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes.  Ce  genre  est  distingué  des 
autres  Crabronidespardes  antennes  presque 
filiformes,  des  mandibules  tridenlées  dans 
les  mâles,  et  bidentées  dans  les  femelles.  Le 
type  du  genre  est  le  Melline  des  champs 
(Mellinus  arvensis  Lin.).  (Bl.) 

MELLISUGA,  Brisson.  ois.  —  Syn.  de 
Trochilus,  Linn.  Voy.  colibri. 

MELLITA.  ÉcniN.  —  Genre  d'Oursins 
proposé  par  Klein  ,  et  réuni  aux  Scutelles 
par  Lamarck  et  par  les  naturalistes  plus  ré- 
cents. (Duj.) 

MELLITE  (mely  rnellis,  miel),  min.  — 
Syn.  Honigstein  ,  Pierre  de  miel ,  Alumine 
mellatée.  —  Substance  d'un  jaune  rougeâtre 
et  d'un  éclat  résineux,  qui  paraît  avoir  une 
origine  semblable  à  celle  du  Succin,  et  se 
trouve,  comme  lui,  dans  les  dépôts  de  Lignite. 
Mais  elle  en  diffère  en  ce  qu'elle  est  un  sel 
organique,  d'une  composition  parfaitement 


définie,  et  qui  se  présente  toujours  à  l'étal 
cristallin.  C'est  un  meîlitate  d'alumine  hy-  . 
draté,  composé  de  46  £  d'acide  mellitique, 
de  16  d'alumine  et  de  38  d'eau.  Elle  cris- 
tallise en  octaèdres  à  base  carrée,  de  93°  à  la 
base  des  deux  pyramides.  Elle  est  tendre, 
translucide  et  d'un  poids  spécifique=l,58. 
Elle  se  ebarbonne  et  brûle  au  chalumeau,  en 
sorte  qu'elle  peut  prendre  place  à  côté  du 
Succin,  dans  la  classe  des  substances  inflam- 
mables ou  des  combustibles  proprement  dits. 
On  la  trouve  à  Artern  en  Thuringe  et  à  Lus- 
chitr,  près  de  Bilin,  en  Bohême.      (Del.) 

MELLITUHGUS.  ins.— Genre  de  la  tribu 
des  Apiens  (Mellifères  de  Latreille),  de  l'or- 
dre des  Hyménoptères,  de  la  famille  des 
Anthophorides,  établi  par  Latreille  et  adopté 
par  tous  les  entomologistes.  Les  Melliturgus 
sont  distingués  de  tous  les  autres  Anthopho- 
rides par  leurs  antennes  courtes,  de  la  lon- 
gueur de  la  face  et  renflées  en  massue.  Le  type 
du  genre  est  le  M.  clavicomis  Fabr.,  qui  est 
peu  commun  dans  notre  pays.  (Bl.) 

MELLIVOBA.  mam.  —  Nom  latin  du 
genre  Ratel.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MELLOLOBIUM  (p/Ae,  miel;  Xo'ffco», 
gousse),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Légumineuses-Papilionacées-Lotées  ,  établi 
parEcklon  et  Zeyher  {Enum.,  188).  Arbris- 
seaux du  Cap.  Voy.  légumineuses. 

MELO.  bot.  pu.  —  Voy.  melon. 

MELOBASÎS,  Caslten.  et  Gor.  ins.  — 
Syn.  à'Abrobapla,  Dej. 

MELOBESÏA  (nom  mythologique),  po- 
lyp.  (?)  algues.  —  Genre  de  Polypiers  établi 
par  Lamouroux  pour  de  petites  expansions 
crustacées,  calcaires,  à  la  surface  des  plantes 
marines,  qui  se  composent  à  la  vérité  de  pe- 
tites cellules  contiguës,  régulières,  disposées 
en  séries  divergentes  ;  mais  ces  cellules  n'ont 
jamais  contenu  de  Polypes  :  elles  sont  closes 
et  simplement  encroûtées  de  carbonate  de 
Chaux  ,  comme  celles  des  Nullipores  et  des 
Corallines;  les  Mélobésies  sont  donc  aussi 
des  Algues  calcifères.  Les  petits  tubercules 
dont  ces  minces  croûtes  calcaires  sont  parse- 
mées sont  les  conceptacles  du  végétal,  et  non. 
des  cellules  polypifères.  Lamouroux,  qui  en 
comptait  quatre  espèces ,  les  avait  d'abord 
classés  à  la  suite  des  Corallines;  plus  tard 
il  les  rangea  parmi  les  Milléporées.  L'espèce 
type,  M.  membranacea,  forme  sur  les  feuilles 
de  7n<uka*  -Je  petites  plaques  grisâtres  très 


1U  EL 


MEL 


105 


minces,  îarges  de  5  à  G  millimètres.  Audouin 
a  nommé  Melobesia  radiata  un  Polypier 
figuré  par  M.  Savigny  dans  les  planches  du 
grand  ouvrage  sur  l'Egypte,  et  qui  paraît 
être  un  Tubulipore  très  analogue  au  T.  pa- 
tina. (Duj.) 

MELOCACTUS.  bot.  pu.  —  Section  éta- 
blie par  Tournefort  dans  le  g.  Cactus  de 
Linné.  Voy*.  opuntiacées. 

*MEL0CAN1VA  ,  Roep.  et  Trin.  bot.  ph. 

—  Syn.  de  Deesha ,  Rhced. 
MELOGHÎA.  dot.  m.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Byttnériacées-Hcrmanniees,  établi 
par  Linné  (Gcn.  n.    829).  Arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  bvttnériacées. 

MELOC1HNITES.  —  Voy.  melocrinus. 

*MELOCRENUS  et  MÉLOGR1NITES. 
ÉcniN.  —  Genre  de  Crinoïdes  établi  par 
M.  Goîdfuss  pour  des  fossiles  du  terrain  de 
transition,  et  dont  il  a  décrit  trois  espèces. 
Il  leur  assigne  pour  caractères  :  une  cupule 
inarticulée;  un  bassin  formé  de  quatre  piè- 
ces, avec  cinq  pièces  costales  primaires  hexa- 
gonales, surmontées  de  cinq  pièces  secon- 
daires de  même  forme  entre  lesquelles  se 
trouvent  cinq  pièces  intercostales  également 
hexagones  ;  cinq  pièces  scapulaires  hexagones 
et  cinq  rayons.  La  tige  cylindrique  est  tra- 
versée par  un  canal  cylindrique  ou  à  cinq 
cotes.  Les  Mélocrinites  ont  beaucoup  d'ana- 
logie avec  les  Actinocrinites  ;  la  partie  su- 
périeure de  leur  cupule  s'élève  beaucoup 
au-dessus  des  rayons ,  et  est  couverte  de 
plaques  pentagonales  nombreuses  ;  mais 
l'ouverture  buccale  est  située  ordinairement 
de  côté  et  non  au  sommet.  (Duj.) 

MELODES,  Keysling  et  Blasius.  ois.  — 
Syn.  ûaCalliope,  Gould.  Voy.  sylvie.  (Z.G.) 
.-.LOD1NES.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Apocynacées-Carissées ,  établi 
par  Forster  {Char,  gen.,  19).  Arbrisseaux 
de  l'Asie  tropicale  et  des  îles  de  l'Océan 
austral.  Voy.  apocynacées. 

::LODOPtUM,  Lour.  (Flor.  cochinch., 
430).  bot.  pu.  —  Syn.  d'Uvaria,  Blume. 
XOE  ou  MELOES  (f*fl«,  noir),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  fa- 
mille des  Trachélides,  tribu  des  Vésicants, 
créé  par  Linné  (Syslcma  nalurœ ,  p.  679)  , 
et  généralement  adopté  depuis.  Deux  mo- 
nographies ont  été  faites  sur  ce  genre,  l'une 
par  le  docteur  Leach(27ie Trans.  of  the  Lin. 
soc.  Lond. ,  t.   XI ,  p.  35) ,  pour  les  espè- 

T.    VIII. 


ces  qui  habitent  l'Angleterre;  l'autre  par 
MM.  Brandt  et  Erichson  (ex  actor.  Acad. 
C.  L.  C.  Nat.  curiosorum ,  t.  XVI ,  p.  103), 
pour  les  espèces  de  tous  les  points  du  globe. 
Les  27  espèces  que  ces  deux,  auteurs  énu- 
mèrent  se  trouvent  ainsi  réparties:  14  ap- 
partiennent exclusivement  à  l'Europe  ,  3  à, 
l'Afrique,  3  à  l'Amérique;  5  sont  également! 
propres  à  l'Europe  et  à  l'Asie,  uneestori-»! 
ginaire  de  l'Europe  australe  et  de  l'Afriqua 
boréale  (Barbarie),  et  la  dernière  est  d, 
patrie  inconnue.  15  espèces  environ  ont  et 
décrites  depuis  cette  publication.  Nous  cite- 
rons, comme  faisant  partie  de  ce  genre,  les 
M.  proscarahœus  ,  majœlis  Lin.,  erythrec- 
nemus ,  Uralensis  Pall. ,  limbalus  F.,  au- 
tumnalis  01.  ,  Olivieri  Ghev. ,  cancellalus 
B.  Er.  Ces  insectes  sont  aptères,  très  gros, 
et  se  traînent  lourdement  à  terre  ;  ils  man- 
gent prodigieusement,  et  se  nourrissent  de 
l'herbe  des  prairies;  ils  rendent  beaucoup 
d'excréments  d'un  vert  liquide.  Il  est  rare 
de  les  rencontrer  lorsque  le  soleil  nous  dé- 
robe accidentellement  sa  clarté;  leurs  étuis 
sont  courts,  évasés  sur  la  partie  dorsale  ; 
les  crochets  des  tarses  sont  ordinairement 
fendus  ;  la  M.  cancellata  fait  exception  ,  et 
les  a  simples.  Les  Méloés  sont  noirs,  bleus, 
cuivrés,  et  quelques  espèces  ont  des  seg- 
ments traversés  de  rouge. 

Les  Indiens  du  Mexique  utilisent  les  Mé- 
loés en  les  écrasant  et  en  les  appliquant 
comme  emplâtres  sur  les  plaies  des  chevaux. 
»  Plusieurs  auteurs  ont  observé  !a  larve  des 
Méloés,  particulièrement  Réaumur,  Degéer 
et  Léon  Dufour,  qui  l'a  décrite  (Ann.  de  la 
Soc.  d'hist.  nat.)  sous  le  nom  de  Triongu- 
linus.  Cette  larve  est  parasite  et  s'attaque  à 
des  Apiaires.  Voici  sa  description  : 

Environ  vingt-quatre  jours  après  le  dépôt 
des  œufs,  par  la  femelle,  dans  une  fosse 
assez  profonde  en  terre,  éclosent  des  larves 
ayant  de  3  1/2  à  5  millimètres  de  longueur. 
Ces  larves  sont  très  agiles,  noires  ou  de 
couleur  d'ocre;  leur  corps  est  allongé  et 
composé  de  13  anneaux;  la  tête  est  trian- 
gulaire; les  12  autres  segments  sont  pli.:.'. 
arrondis  et  déprimés;  les  3  antérieurs  por- 
tent chacun  une  paire  de  pieds,  et  surpas- 
sent les  autres  en  largeur;  le  dernier  seg- 
ment, plus  petit  qu'aucun  autre,  offre  à  l'ex- 
trémité quatre  filets  ou  soies,  donf  les  in- 
termédiaires pins  longs;  le  corps  Cil  lotale- 
14 


106 


MEL 


MEL 


ment  couvert  de  petits  faisceaux  poilus 
(Degécr  a  remarqué  un  mamelon  sous-cau- 
dal qui  émet  une  liqueur  visqueuse)  ;  les 
ongles  des  tarses  sont  robustes  et  trifides  ; 
la  bouche  se  compose  d'un  labre  grand  et 
large;  la  queue  est  couverte  de  quelques 
poils  au  sommet;  la  lèvre  est  plus  petite 
que  le  labre,  et  présente  de  chaque  côté  un 
palpe  bi-arliculé,  dont  l'article  terminal  est 
tronqué,  cylindrique  et  dentelé;  les  man- 
dibules ont  la  forme  d'ongles  aigus  ;  les  mâ- 
choires sont  presque  carrées,  ciliées  en  de- 
dans et  munies  extérieurement  d'un  palpe 
tri-articulé  et  tronqué  au  sommet;  les  an- 
tennes n'ont  qu'un  petit  nombre  d'articles 
(trois) ,  longs,  avec  le  dernier  sétacé.    (C.) 

*MÉLOGALE  {Mêles,  Blaireau;  yaivj , 
Marte),  mam.  —  M.  Isidore  Geoffroy-Saint- 
Hilaire  (Zoologie du  Voyage  aux  Indes  orien- 
tales de  M.  Bélanger ,  1834)  a  créé,  sous 
le  nom  de  Mélogale ,  un  genre  de  Carnas- 
siers de  sa  division  des  Vermiformes ,  et  qui 
comprend  une  espèce  assez  voisine  des  Martes 
et  des  Putois.  Les  principaux  caractères  des 
Mélogales  sont  les  suivants  :  Tête  conique  , 
très  longue;  museau  fin  ,  très  allongé,  non 
terminé  en  groin;  dix  molaires  à  la  mâ- 
choire supérieure,  douze  à  l'inférieure  ;  les 
carnassières  supérieures  quadrangulaires  , 
présentant  quatre  tubercules  et  se  rappro- 
chant de  la  forme  des  dents  dites  tubercu- 
leuses; pieds  pentadactyles;  pouces  courts; 
ongles  peu  différents  de  ceux  des  Chiens  en 
arrière,  arqués,  très  longs  et  très  forts  à 
ceux  de  devant;  queue  longue.  Les  Mélo- 
gales ont  beaucoup  de  rapports  avec  les 
Martes,  les  Putois,  les  Zorilles,  les  Mou- 
fettes et  les  Mydas;  mais  ils  diffèrent:  1°  des 
Martes  par  leurs  ongles  fouisseurs  et  par 
la  forme  particulière  de  la  tête;  2°  des  Pu- 
;  tois  parles  mêmes  caractères  et  par  le  nombre 
de  leurs  dents;  3°  et  4°  des  Zorilles  et  des 
Moufettes  par  le  nombre  de  leurs  dents  et 
par  leur  museau  allongé  ;  5°  enfin ,  des  My- 
das par  le  nombre  de  leurs  dents  et  par  la 
longueur  du  museau,  qui  n'est  pas  terminé 
en  groin. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre , 
c'est  la  Mélogale  masquée,  Mélogale  perso- 
nata  Is.  Geoffr.  (loco  citûto).  Ce  Carnassier 
est  long  d'un  peu  plus  de  1  pied  depuis  le 
bout  du  museau  jusqu'à  l'anus;  la  queue 
a,  d'après  M.  Bélanger, la  longueur  à  j?eu 


près  de  la  moitié  du  corps  :  son  pelage  est 
presque  semblable  pour  la  couleur  à  celui 
du  Blaireau  du  Labrador.  La  tête  en  dessus 
est  brune  ,  avec  une  tache  blanche  ,  et  en 
dessous  elle  est  blanchâtre;  le  corps  est  brun, 
avec  une  bande  blanche  ;  les  flancs  et  la  ré- 
gion externe  des  membres  sont  couverts  de 
poils  gris  légèrement  roussâtres;  les  mem- 
bres sont  à  peu  près  de  cette  dernière  cou- 
leur; la  queue  est  couverte  de  très  longs 
poils  de  deux  couleurs  ;  ceux  de  la  base  de 
la  queue  sont  d'un  brun  grisâtre  à  la  ra- 
cine, blanchâtres  à  la  pointe,  et  ceux  de 
l'extrémité  sont  blanchâtres  à  la  racine 
comme  à  la  pointe. 

On  a  peu  de  détails  sur  les  mœurs  de  fa 
Mélogale  à  l'état  sauvage  ;  on  sait  seulement 
qu'elle  vit  dans  les  bois.  M.  Bélanger  a  con- 
servé quelque  temps  un  individu  de  cette 
espèce  ,  et  il  a  pu  en  étudier  les  mœurs  à 
l'état  domestique.  Cet  animal  était  très  ir- 
ritable ;  ses  poils  se  hérissaient  sur  son  corps 
lorsqu'il  était  en  colère,  et  sa  nourriture 
habituelle  consistait  presque  uniquement  en 
matière  végétale,  et  particulièrement  en  riz; 
mais  il  est  certain  qu'en  liberté  la  Mélogale 
se  nourrit  de  chair,  et  qu'elle  se  creuse  des' 
terriers. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  au  Pégou,  dans 
les  environs  de  Bangoun.  (E.  D.) 

MELOLONTHA.  ins.  —  Nom  scienti- 
fique du  g.  Hanneton.  Voy.  ce  mot.     (C.) 

*MÉLOLONTHAIRES.  ins.  —  Première 
branche  des  Mélolonthins  de  Mulsant  (Co- 
léoptères pentamères  lamellicornes)  et  qui  a 
pour  caractères  :  Tarses  postérieurs  pourvus 
de  deux  ongles  armés  chacun  en  dessous 
vers  la  base,  soit  d'une  ou  de  deux  pcLites 
dents,  soit  d'un  crochet  :  celui-ci  moins  épais 
et  à  peine  moitié  aussi  long  que  l'ongle  ou 
crochet  supérieur  et  principal  dont  il  est 
détaché;  suture  frontale  transversale  ou 
courbée  en  arrière  ;  jambes  postérieures  mu- 
nies de  deux  éperons. 

Ils  renferment  les  quatre  genres  suivants: 
Melolontha,  Anoxia,  Rhizotrogus  et  Amphi- 
mallus.  (C.) 

*MÉLOLONTHINS.  ins.  —  Septième 
famille  de  Coléoptères  pentamères  Lamelli- 
cornes, établie  par  Mulsant  (Hist.  nat.  des 
Coléopt  de  Fr.,  1842,  p.  392)  et  qui  a  pour 
caractères:  Pieds  intermédiaires  aussi  rap- 
prochés que  les  autres  à  leur  naissance;  écus- 


MEL 


M  EL 


107 


son  toujours  visible;  élytres  n'embrassant 
pas  le  pourtour  de  l'abdomen  et  laissant  à 
découvert  le  pygidium  et  une  partie  du  seg- 
ment dorsal  précédent;  joues  formant  sous 
les  yeux  un  canthus  généralement  prolongé 
jusqu'à  la  moitié  de  leur  zone  médiaire  ; 
antennes  de  neufou  dixarticles,  insérées  au- 
devant  des  yeux,  sous  le  bord  étroit  que 
forme  la  tête  au  point  de  jonction  de  l'épi- 
stome  et  des  joues;  à  scape  obconiqtte  ou 
parfois  presque  globuleux,  plus  renflé  du 
côté  externe,  vers  son  extrémité,  à  massue 
de  trois  à  sept  feuillets,  tous  visibles  par 
leur  tranche  dans  la  contraction;  épistorne 
le  plus  souvent  transversal,  couvrant  les 
mandibules  :  celles-ci  courtes,  épaisses,  cor- 
nées, ne  formant  point  dans  le  repos  de 
saillies  en  dehors  de  l'épistome,  armées  or- 
dinairement vers  l'extrémité  du  côté  externe 
de  deux  dents ,  souvent  séparées  ,  par  une 
touffe  de  poils,  de  la  molaire  basilaire  :  celles- 
ci  différemment  conformées  dans  les  deux 
mandibules;  mâchoires  généralement  écail- 
leuses  et  munies  de  quatre  à  six  dents  tran- 
chantes ,  souvent  disposées  presque  en  fer  à 
cheval  ou  en  partie  sur  deux  rangées;  der- 
nier article  des  palpes  maxillaires  et  labiaux 
le  plus  long  et  le  plus  épais;  ventre  plus 
grand  que  les  deux  derniers  segments  pec- 
toraux ;  cuisses  postérieures  plus  renflées  que 
les  précédentes;  jambes  de  devant  armées 
d'une  à  trois  dents;  dernier  article  des  tar- 
ses postérieurs  habituellement  le  plus  long, 
ordinairement  muni  en  dessous  d'une  plan- 
tule  rudimentaire  ou  tout  au  plus  médio- 
crement développéeetsétigère  ;  ongles  d'une 
paire  de  pieds  au  moins,  tantôt  pourvus  en 
dessous  d'une  dent,  d'un  crochet  ou  d'une 
branche  plus  courte  que  la  supérieure,  tan- 
tôt inégaux  ou  bifides,  tantôt  enfin  uniques. 
L'auteur  compose  cette  famille  de  quatre 
branches  :  des  Mélolonthaires,  des  Séricai- 
res,  des  Anomalaires  et  des  Hopliaires.  (C.) 
*MÉLOLONTHÏTES.  Melolonthites.  ins. 
—  Sous  ce  nom  M.  Laporte  de  Castelnau  a 
établi  (Hist.  nat.  des  anim.  arlic.  ,  t.  II)  un 
groupe  de  Coléoptères  pentamères  Lamelli- 
cornes ayant  pour  caractères  :  des  mâchoires 
à  plusieurs  dents  à  leurs  extrémités  et  des 
mandibules  entièrement  cornées.  Il  se  com- 
pose des  genres  suivants:  Pachypus,  Caloc- 
nemis ,  Haplopus,  Pachydema,  Eucyrrus, 
Melolontha ,  Anoxia  ,  PJrizotrogus ,  Amphi- 


mallus,  Tanyproclus  ,  Euchlora,  Idiocnema, 
Odontognathiis ,  Popilia,  Liogenus ,  Trema- 
todes,  Leucothyrcus,  Evanos,  Bolax  ,  Clavi- 
palpus ,  Apogonia  ,  Hcleronyx  ,  Geniates  , 
Trigonosloma,  Dasyus,  Pleclris  et  Athlia. 

Les  Melolonthites  sont  nombreux  en  es- 
pèces. Ils  se  multiplient  quelquefois  d'une 
manière  funeste  pour  nos  jardins  et  pour 
nos  bois ,  qu'ils  dépouillent;  de  leur  ver- 
dure; leur  vol  est  lourd  et  incertain. 

Les  larves  vivent  en  terre,  et  y  passent  plu- 
sieurs années  avant  de  se  transformer;  elles 
sont  redoutées  par  les  dégâts  qu'elles  causent 
aux  plantes,  qu'elles  coupent  par  les  racines} 
avec  leurs  fortes  mandibules.  (C.) 

MELON,  bot.  ph.  —  Espèce  remar- 
quable du  genre  Concombre.  Une  autre  es- 
pèce du  même  genre  porte  le  nom  de  Me- 
lon D'EAU.   Voy.   CONCOMBRE. 

On  a  aussi  appelé  Melon  épineux,  le  Me- 
locactus;  Melon  a  trois  feuilles,  une  espèce 
du  g.  Cratœva,  le  C.  marmelos,  etc. 

MELON  DE  SYRIE  ou  DU  MONT- 
G ARMEL,  min. — Noms  vulgaires  de  la 
Mélonite.  Voy.  ca  mot. 

MELONGEMA,  Tournef.  bot.  ph.—  Syn. 
de  Solanum ,  Tournef. 

MÉLONIE  (  raelo  ,  melon  ).  moll.  ?  — 
Genre  proposé  par  Lamarck  pour  plusieurs 
petits  corps  fossiles  des  terrains  marins  ter- 
tiaires, et  ayant  pour  type  la  Mélonie  sphé- 
rique  ,  nommée  aussi  Nautilus  vnelo  par 
Fichtel  et  Moll ,  ou  Claasulus  indicator  par 
Montfort.  Les  Méîonies  sont  presque  sphé- 
riques  ou  un  peu  allongées;  elles  sont  for- 
mées de  loges  nombreuses  qui  s'enroulent 
autour  d'un  axe,  le  dernier  tour  enveloppant 
tous  les  autres  ;  les  cloisons  sont  imperfo- 
rées, mais  l'intervalle  qui  les  sépare  est  oc- 
cupé par  un  ou  plusieurs  rangs  de  tubes 
extrêmement  fins,  accolés  par  leurs  parois, 
qui  s'ouvrent  quelquefois  à  l'extérieur,  ou 
bien  qui  restent  fermées.  M.  A.  d'Orbigny, 
dans  sa  classification  des  Foraminifères  , 
plaça  les  Méîonies  dans  sa  5e  famille,  celle 
des  Entomostègues ,  qui  ont  les  loges  divi- 
sées en  plusieurs  cavités  par  des  cloisons  ou 
de  petits  tubes.  11  en  fit  son  4e  genre  sous  le 
nom  d'Alvéoline.  Voy.  ce  mot. 

Montfort  avait  établi  sous  ce  même  nom 
un  genre  totalement  différent,  qui  a  pour 
type  le  Nautilus  pompdoides  de  Fichtel  et 
Moll ,  espèce  vivante  des  côtes  de  la  Médi- 


108 


MEL 


MEM 


tcrranée.  M.  A.  d'Orbigny  place  ces  autres 
Mélonies  dans  son  genre  Nonionine.  (Duj.) 
MÉLOMTES.  min.— Syn.  Melons  fossi- 
les ;  Melons  du  mont  Carmel.  —  Noms  que 
les  anciens  lilhologistesdonnaientauxGéodes 
et  autres  masses  nodulaires  siliceuses  dont 
la  forme  ovoïde  pouvait  rappeler  celle  des 
Melons.  Il  est  inutile  de  dire  que  ce  sont  de 
pures  concrétions  dont  l'origine  n'est  aucu- 
nement organique.  (Del.) 

MELOPEPO.  eot.  ph.  —  Genre  établi 
par  Tournefort  aux  dépens  de  quelques  es- 
pèces de  Cucurbita.  Voy.  ce  mot. 

MELOPIIAGUS  (f,vAo?a'yoÇ,  qui  mange 
les  brebis),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères brachocères ,  famille  des  Pupipares, 
tribu  des  Coriaces,  établi  par  Latreilie  (ïïist. 
nat.  des  Crust.  et  des  Ins.,  t.  XIV,  p.  403). 
La  principale  espèce  de  ce  genre  est  le  Me- 
lophagus  ovinus,  qui  vit  sur  les  Moutons. 
Le  corps  de  cet  insecte  est  entièrement  fer- 
rugineux ,  avec  l'abdomen  plus  foncé. 

*MELOPHUS.  ois.  —  Genre  établi  par 
Swainson  aux  dépens  desEmbérizes(Bruants) 
pour  le  Br.  de  Latham,  Emb.  Lathami  Gray, 
cristata  Vigors.  (Z.  G.) 

MELOPSITTACUS,  Gould.  ois.  — Divi- 
sion du  genre  Perroquet.  Voy.  ce  mot.  (Z.G.) 
MÉLOS  IRE.  Melosira  ou  Meloseira  (p./- 
>oç,  membre;  (râpa,  chaîne),  bot.  cr.  — 
(Phycées.)  Genre  appartenant  à  la  tribu  des 
Diatomées,  et  établi  par  Agardh  {Syst.  Alg.). 
Une  espèce  de  ce  genre  avait  été  placée  par 
M.  Bory  de  Saint-Vincent  dans  son  g.  Gail- 
lonella,  adopté  par  M.Ehrenberg.  Cette  même 
espèce  a  été  le  type  du  genre  Lysigonium 
de  Link.  Le  g.  Melosira,  définitivement 
idopté  par  M.  Kutzing,  dans  son  grand 
ouvrage  sur  les  Diatomées,  a  pour  carac- 
tères: Corpuscules  rapprochés  en  chaînes 
■  i  la  menteuses;  carapace  à  deux  valves,  réu- 
nies par  un  anneau  diaphane,  délicat.  On 
connaît  une  vingtaine  d'espèces  de  ce  genre 
habitant  les  eaux  douces  et  salées.  Elles  for- 
ment le  plus  souvent  des  masses  filamen- 
teuses,  fragiles,  brunâtres.  Les  espèces 
d'eau  douce  ,  dont  le  M.  varians  Ag.  est  la 
plus  commune  ,  sont  remarquables  par  l'o- 
deur oléagineuse  qu'elles  exhalent.  (Bréb.) 
MELOTÎIRIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Cucurbitacées-Cucurbitécs,  éta- 
bli par  Linné  (Gen.  n.,  68).  Herbes  de  l'A- 
mérique tropicale.  Voy.  cucurbitacèes. 


MELOTHRÏEES.  Melothrieœ.  bot.  ph. 
—  Une  des  sections  des  Cucurbitacèes.  Voy, 

CUCURBITACÈES.  (Ad.    J.) 

*MELURSUS  (mêles,  blaireau;  ursus, 
ours),  mam.  —  Division  proposée  par  Meyer 
(Zool.  Ann.,  1796)  dans  le  genre  des  Ours. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MELVILLA,  Anders.(ilfsc).  bot.  ph. — 
Syn.  de  Cuphœa,  Jacq. 

MÉLYR1DES.  Mehjrides.  ins.  —  Troi- 
sième tribu  de  Coléoptères  pentamères  Ma- 
lacodermes,  formée  par  Latreilie  (Les  Crus- 
tacés, les  Arachnides  et  les  Insectes,  t.  I,  p. 
472),  offrant  des  palpes  le  plus  souvent  fili- 
formes et  courts;  des  mandibules  échancrées 
à  la  pointe;  un  corps  ordinairement  étroit 
et  allongé,  avec  la  tête  seulement  recouverte 
à  sa  base  par  un  corselet  plat,  un  peu  con- 
vexe, carré  ou  en  quadrilatère  allongé,  et 
les  articles  des  tarses  entiers;  leurs  crochets 
sont  unidentés  ou  bordés  d'une  membrane; 
les  antennes  sont  en  scie  et  quelquefois  pec- 
tinées  dans  les  mâles  de  quelques  espèces. 

La  plupart  sont  très  agiles  et  se  trouvent 
sur  les  fleurs,  sur  les  feuilles  et  sur  le  bois 
dans  lequel  vivent  les  larves. 

Latreilie  compose  cette  tribu  des  genres 
Malachius,  Dasytes,  Zygia,  Melyris,  Peleco- 
phoraet  Diglobicerus.  (C.) 

MELYRIS.  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Malacodermes,  tribu 
des  Mélyrides,  créé  par  Fabricius  {Systema 
Entomologia,  p.  58)  et  adopté  par  les  au- 
teurs subséquents.  Dejean  (Catal.,  3e  édit., 
p.  125  )  en  énumère  huit  espèces  ;  six  sont 
africaines ,  une  est  propre  à  l'Asie ,  et  une  à 
l'Europe  australe.  On  comprend  dans  ce 
genre  les  M.  viridis,  abdominalis,  bicolor, 
lineata,  granulata,  nigrade  F.,  aulica  01., 
Andalusica  Waltl.  (C.) 

MEMBRACIDES.  Membracidœ.  ins.  — 
Nous  désignons  sous  cette  dénomination  une 
famille  de  la  tribu  des  Fulgoriens,  de  l'ordre 
des  Hémiptères,  caractérisée  par  des  anten-  j 
nés  très  petites,  insérées  en  avant  des  yeux,| 
des  ocelles  au  nombre  de  deux,  et  un  cor- 
selet dilaté  de  manière  à  couvrir  le  corps, 
soit  en  partie,  soit  en  totalité.  Jusqu'à  pré- 
sent, peut-être  parce  que  tous  les  caractères 
n'ont  pas  été  suffisamment  étudiés,  nous  n'a- 
vons pu  séparer  cette  famille  en  plusieurs 
petits  groupes  naturels.  Dans  notre  Histoire 
des  Insectes  ,  nous  lui  avons  rattaché  les 


JVIEM 


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109 


genres  Centrotus,  Heteronotus ,  Combophora, 
Smilia ,  Bocydium ,  Lamproplera ,  Darnis , 
Bemiptycha,  Polyglypta,  Entilia,  Boplo- 
phora,OœyrachiselMembracis,  en  rattachant 
à  quelques  uns  d'entre  eux,  comme  simples 
divisions,  plusieurs  genres  établis  par  les 
entomologistes  et  notamment  par  MM.  Amyot 
et  Serville. 

On  connaît  un  grand  nombre  d'espèces  de 
Membracides  dont  M.  Léon  Fairmaire  vient 
de  commencer  la  publication  dans  les  An- 
nales de  la  Société  entomologique  de  France. 
A  quelques  exceptions  près  seulement,  ces 
Insectes  habitent  le  Nouveau-Monde.  Ils  ne 
présentent  rien  de  bien  particulier  dans  leurs 
habitudes;  comme  la  plupart  des  Hémiptè- 
res, il»  se  tiennent  sur  les  végétaux,  dontiis 
sucent  la  sève.  En  général,  les  Membracides 
ontla  facultédesauter. Un  grand  nombred'en- 
tre  eux  présentent  des  formes  extrêmement 
bizarres  dues  aux  expansions  de  leur  corse- 
let, qui  ressemblent  tantôt  à  des  membranes 
foliacées,  tantôt  à  des  points,  tantôt  à  des 
parties  vésiculeuses.  Ils  ont  souvent  des  cou- 
leurs vives  et  assez  variées.  Beaucoup  d'es- 
pèces sont  noires  et  ornées  de  taches  ou  de 
bandes  jaunes  ou  rougcàtres.  (Bl.) 

MEUBRACIS.  ins.— Genre  de  la  famille 
des  Membracides,  de  l'ordre  des  Hémiptères, 
établi  par  Fabricius  et  adopté  depuis  par 
tous  les  entomologistes,  mais  avec  de  grandes 
restrictions.  Tel  qu'il  est  généralement  admis 
aujourd'hui,  lesMembracis  sont  surtout  dis- 
tingués des  autres  Membracides  par  un  pro- 
thorax prolongé  en  arrière,  fort  élevé  et  com- 
primé latéralement  en  une  sorte  de  feuillet, 
des  jambes  aplaties,  etc. 

On  peut  considérer  comme  le  type  de  ce 
genre  la  Membracis  foliacea  Fabr.,  espèce 
assez  commune  au  Brésil.  (Cl.) 

MEMBRANES.  Membrana.  anat.— On 
donne  le  nom  de  Membranes  à  des  parties 
molles,  larges,  minces,  souples  ,  qui  tapis- 
sent les  cavités  du  corps,  enveloppent  les 
organes,  entrent  dans  la  composition  d'un 
grand  nombre  d'entre  eux,  enfin,  en  con- 
stituent quelques  uns. 

Les  Membranes,  malgré  ces  caractères  gé- 
néraux, diffèrent  entre  elles  parleur  texture, 
leur  composition  ,  leur  action  ,  etc.  :  aussi 
peut-on  les  diviser  en  deux  grandes  classes  : 
l'une  comprenant  celles  qui ,  libres  par  une 
de  leurs  faces,  sont  essentiellement  exha- 


lantes et  absorbantes,  comme  la  peau,  les 
Membranes  muqueuses  ,  les  Membranes  sé- 
reuses ;  l'autre  formée  de  celles  qui,  n'étant 
jamais  libres  ,  ni  humectées  par  un  fluide 
particulier,  sont  toujours  adhérentes  et 
continues  par  leurs  deux  faces  aux  parties 
voisines;  telles  sont:  le  périoste,  la  dure- 
mère  cérébrale  et  spinale  ,  les  capsules  fi- 
breuses des  articulations,  les  gaines  fibreuses 
des  tendons  ,  les  aponévroses ,  la  sclérotique , 
la  Membrane  propre  du  rein ,  de  la  rate ,  etc. 

Bichat ,  auquel  on  doit  d'avoir  le  premier 
éclairé  l'anatomie  des  Membranes ,  ainsi 
que  celle  de  tous  les  autres  tissus  de  l'éco- 
nomie ,  avait  établi  une  classe  de  Membra- 
nes composées;  mais  cette  division  nous 
semble  pouvoir  être  supprimée  sans  incon- 
vénient ,  puisqu'une  Membrane  composée 
n'est  jamais  que  ïe  résultat  del'adossement 
de  deux  Membranes  différentes  qu'il  est 
toujours  possible  d'isoler. 

Les  Membranes  fibreuses,  dont  nous  par- 
lons d'abord,  sont  celles  qui,  comme  nous 
l'avons  dit,  adhèrent  parleurs  deux  faces  aux 
parties  voisines.  Blanches,  d'un  aspect  bril- 
lant et  satiné  ,  elles  sont  formées  de  fibres 
très  apparentes,  tantôt  s'entrelaç.'mt  comme 
à  la  dure-mère,  par  exemple,  tantôt,  au 
contraire,  régulières,  parallèles,  et  se  di- 
rigeant dans  le  sens  des  mouvements  qu'exé- 
cutent les  organes  dont  elles  font  partie.  Ces 
fibres,  dures,  peu  contractiles,  douées  néan- 
moins d'une  sorte  d'élasticité,  et  surtout 
d'une  grande  force  de  résistance,  ne  sont 
pas  susceptibles  d'une  extension  soudaine  ; 
mais  elles  se  prêtent  facilement  à  un  déve- 
loppement lent,  graduel,  et  pouvant  ainsi 
devenir  considérable.  Les  vaisseaux  sanguins 
sont  inégalement  répartis  dans  les  mem- 
branes fibreuses  ;  la  présence  des  nerfs  n'y 
est  guère  démontrée  que  par  la  sensibilité 
extraordinaire  qu'elles  manifestent  dans 
certains  cas.  Ces  membranes  servent,  en 
grande  partie  ,  à  protéger  ,  à  envelopper,  à 
réunir  les  organes  qu'elles  embrassent, 
comme  aussi  à  maintenir  la  configuration 
de  certains  d'entre  eux.  Aussi  affectent-elles 
en  général  la  forme  de  sacs  ;  ces  sacs  ne  sont 
pas  cependant  complètement  clos  ,  comme 
nous  verrons  que  le  sont  ceux  que  forment 
les  Membranes  séreuses ,  mais  ils  présentent 
des  ouvertures  aux  points  qui  correspondent 
à  l'entrée  et  à  la  sortie  des  nerfs,  des  vaisseaux 


no 


IUEM 


MEM 


et  des  conduits  excréteurs.  Les  aponévroses , 
néanmoins,  toujours  en  rapport  avec  des 
muscles ,  affectent  rarement  la  disposition 
que  nous  venons  d'indiquer. 

Sons  le  rapport  de  la  composition  chi- 
mique, les  Membranes  fibreuses  sont  entiè- 
rement formées  de  gélatine;  trois  heures  d'é- 
bullition  suffisent  pour  les  convertir  presque 
complètement  en  colle. 

Nous  avons  réuni  dans  l'autre  classe  des 
Membranes  la  peau,  les  Membranes  mu- 
queuses et  les  Membranes  séreuses.  La  peau, 
constituant  l'un  des  organes,  l'un  des  ap- 
pareils les  plus  importants  de  l'économie 
animale  ,  fera  l'objet  d'un  article  spécial  ; 
nous  allons  donc  examiner  immédiatement 
les  Membranes  muqueuses. 

Les  Membranes  muqueuses,  ainsi  nom- 
mées en  raison  de  l'humeur  qu'elles  sécrè- 
tent, sont  un  véritable  tégument  interne,  se 
continuant  avec  le  tégument  externe,  et  for- 
mant avec  lui  une  enveloppe  close  dans  la- 
quelle sont  contenus  tous  les  organes  ;  cette 
continuation  des  deux  téguments  s'opère  au 
moyen  d'ouvertures  apparentes  à  l'extérieur, 
et  conduisant,  pour  la  plupart,  dans  la 
portion  la  plus  considérable  du  système  des 
Membranes  muqueuses  ,  qui  n'est  autre  que 
Je  canal  digestif  {Voy.  intestin),  s'étendant 
de  la  tête  à  la  partie  inférieure  du  tronc  , 
et  envoyant  des  prolongements  dans  diffé- 
rents viscères.  Au-dessus  du  diaphragme  , 
la  Membrane  muqueuse  du  canal  alimen- 
taire pénètre  dans  les  cavités  du  nés  et  de 
la  bouche,  ainsi  que  dans  leurs  appendices 
et  dans  les  glandes  salivaires  buccales.  Elle 
se  continue,  en  outre,  par  le  canal  nasal , 
avec  un  prolongement  en  cul-de-sac,  com- 
prenant les  voies  lacrymales  et  la  conjonc- 
tive. La  Membrane  muqueuse  du  nez  et 
celle  de  la  bouche  se  réunissent  dans  le 
pharynx ,  puis  se  partagent  de  nouveau  pour 
aller  tapisser  en  avant  la  trachée-artère  et 
les  bronches,  et  en  arrière  Vœsophage.  La 
Membrane  interne  des  voies  respiratoires 
est  le  plus  grand  des  prolongements  du  sys- 
tème muqueux  alimentaire  qui ,  à  sa  partie 
supérieure,  en  présente  encore  un  autre 
peu  considérables'introduisant  dans  Y  oreille 
interne.  Au-dessous  du  diaphragme,  la  Mem- 
brane muqueuse  digestive  pénètre  dans  le 
foie  ,  dans  le  pancréas;  puis,  après  avoir 
tapissé  Y  intestin  grêle  et  le  gros  intestin , 


elle  vient  se  terminer  à  Yanus,  où  elle  se 
continue  avec  le  tégument  externe. 

Indépendamment  de  ce  tégument  mu- 
queux général,  il  existe  encore  quelques 
portions  de  Membranes  muqueuses  complè- 
tement isolées  du  premier  ,  et  qui  n'offrent- 
qu'une  seule  ouverture  extérieure  :  ce  sont 
la  Membrane  muqueuse  qui  s'enfonce  dans 
Yoreille  externe  ,  celle  des  conduits  lactés  , 
dans  les  glandes  mammaires,  enfin  la  Mem- 
brane muqueuse  de  Yappareil  générateur , 
et  celle  de  Yappareil  urinaire,  qui  vien- 
nent toutes  deux  s'ouvrir  au  dehors  par  un 
orifice  commun. 

Considéré  d'une  manière  absolue,  le  té- 
gument internes'éloignepeu,par  sa  texture, 
du  tégument  externe;  il  est  loin,  néan- 
moins, de  présenter,  comme  celui-ci,  une 
disposition  presque  identique  dans  toutes 
ses  parties,  et  ces  différences  tiennent  évi- 
demment à  la  variété  des  fonctions  qu'il  est 
destiné  à  accomplir. 

Comme  la  peau,  la  Membrane  muqueuse 
possède  une  face  libre  et  une  face  adhérente; 
celle-ci  repose  sur  une  couche  de  tissu  cel- 
lulaire serré  ,  blanc  ,  fibreux  ,  qui  s'unit 
aux  parties  sous-jacentes ,  tantôt  de  la  ma- 
nière la  plus  intime,  comme  à  la  langue,  à 
la  matrice,  etc.  ,  tantôt  au  contraire  avec 
une  grande  laxité,  comme  dans  le  canal  in- 
testinal et  dans  la  vessie.  Outre  ce  tissu 
fibreux,  parcouru  par  les  nerfs  et  les  vais- 
seaux qui  se  rendent  à  la  membrane  pro- 
prement dite  ,  la  membrane  muqueuse  est 
doublée  dans  presque  toute  l'étendue  du 
canal  digestif,  et  dans  quelques  autres  par- 
ties encore  ,  par  un  plan  musculeux  ;  dans 
d'autres  endroits ,  elle  est  soutenue  par  un 
tissu  élastique  particulier,  comme  on  le 
remarque  dans  les  voies  aériennes  ;  ailleurs 
même,  elle  est  doublée  par  un  véritable 
tissu  fibreux,  aux  fosses  nasales,  par  exem- 
ple, dans  les  sinus,  au  palais,  etc. 

La  surface  libre  de  la  Membrane  mu- 
queuse n'est  point  lisse  comme  celle  de  la 
peau  ;  elle  offre  des  inégalités  plus  ou  moins 
prononcées  dans  ses  différentes  portions  ; 
tantôt  ce  sont  de  petites  éminences  dont 
les  unes,  appelées  papilles,  se  remarquent 
surtout  à  la  surface  de  la  langue  ,  et  dont 
les  autres ,  qui  ont  reçu  le  nom  devillosilés, 
et  se  rencontrent  partout,  ne  sont  nulle 
part  plus  nombreuses,  plus  apparentes  que 


MEM 


MEM 


lit 


dans  la  moitié  pylorique  de  l'estomac,  et 
dans  l'intestin  grêle;  tantôt  ces  inégalités  se 
présentent  sous  forme  de  valvules,  de  plis, 
de  rides  formés  par  toute  l'épaisseur  de  la 
Membrane. 

La  même  surface  libre  de  la  Membrane 
muqueuse  offre  aussi  des  dépressions  ou 
des  enfoncements  qui  varient  d'aspect  ;  les 
uns,  simples,  infundibuliformes,  atteignant 
leur  maximum  de  développement  dans  le 
second  estomac  des  Ruminants,  se  rencon- 
trent beaucoup  plus  petits  chez  l'Homme; 
les  autres  sont  les  orifices  des  organes  sé- 
créteurs ,  follicules  ,  cryptes  ,  glandes  ,  ré- 
pandus dans  toute  l'étendue  du  système  , 
mais  variant  néanmoins  en  nombre  ,  en 
volume,  en  structure,  suivant  les  parties; 
certaines  de  ces  glandes ,  désignées  sous  le 
nom  de  glandes  de  Lieberkuhm,  ou  glandes 
digestives,  constitueraient  même  à  peu 
près  à  elles  seules,  selon  M.  le  professeur 
Lacauchie,  la  Membrane  de  l'intestin;  cette 
Membrane,  dit  l'habile  et  savant  anato- 
miste,  soumise  à  une  injection  continue 
d'eau,  semble,  et  est  en  effet,  formée,  pour 
la  plus  grande  partie  ,  d'un  nombre  im- 
mense de  tubes  très  étroits,  d'une  longueur 
variable,  dont  les  innombrables  orifices, 
perceptibles  seulement  à  la  loupe,  se  pres- 
sent à  côté  les  uns  des  autres,  comme  les 
trous  d'un  crible. 

La  peau  est  revêtue  d'un  épiderme  dans 
toute  son  étendue  ;  il  n'en  est  pas  de 
même  du  tégument  muqueux.  L'épiderme 
ou  épithélium  est ,  il  est  vrai  ,  parfaitement 
apparent  aux  différentes  ouvertures  qui 
font  communiquer  les  deux  enveloppes  ; 
mais  il  le  devient  moins  à  mesure  que  l'on 
pénètre  plus  profondément,  et  finit  enfin 
par  disparaître,  ou  du  moins  il  cesse  d'être 
appréciable  ;  et  disons  à  ce  sujet  que  les  dif- 
férentes couches  du  tégument  interne  sont 
bien  plus  difficiles  à  isoler  que  les  couches 
correspondantes  du  tégument  externe. 

L'épaisseur  et  la  consistance  du  derme 
muqueux  sont  loin  d'être  uniformes;  dans 
la  plus  grande  partie  de  son  étendue,  ce 
derme  consiste  en  un  tissu  spongieux  plus 
ou  moins  mou  ;  quant  à  l'épaisseur,  il  en 
diminue  depuis  les  gencives,  le  palais,  les 
fosses  nasales,  l'estomac,  les  intestins,  la 
vésicule  biliaire  et  la  vessie  urinaire,  jus- 
qu'aux sinus  et  aux  divisions  des  conduits 


excréteurs  ,  où  il  parvient  à  sa  plus  grande 
ténuité.  C'est  dans  le  derme,  partie  essen- 
tielle de  la  Membrane  muqueuse,  que  se 
ramifient  les  dernières  divisions  des  vais- 
seaux et  des  nerfs,  et  c'est  de  sa  surface  li- 
bre que  s'élèvent  les  villosités.  Le  corps 
muqueux  ou  réticulaire  (voy.  peau)  n'a  pu, 
jusqu'à  ce  jour,  être  mis  en  évidence  dans 
les  Membranes  muqueuses;  nous  n'avons 
rien  à  ajouter  à  ce  qui  a  été  dit  plus  haut 
de  la  couche  celluîeuse  qui  correspond  au 
chorion  du  tégument  externe  ,  et  du  plan 
musculeux  qui  existe  surtout  dans  la  ma- 
jeure partie  du  canal  digestif. 

La  Membrane  muqueuse,  considérée  d'une 
manière  générale ,  reçoit  de  nombreux  vais- 
seaux sanguins;  ses  nerfs  proviennent  du 
grand  sympathique  et  du  pneumo-gastrique; 
elle  admet  cependant,  vers  ses  différentes 
ouvertures,  des  filets  du  système  cérébro- 
spinal. Sa  couleur  varie  du  blanc  ou  rose 
pâle  au  rouge  vif  ;  sa  composition  chimique, 
suivant  Berzélius  ,  semblerait  différer  de 
celle  de  la  peau  ,  puisqu'elle  ne  donnerait 
point  de  colle  par  l'ébullition  prolongée, 
qui  la  rendrait,  au  contraire,  dure  et  cas- 
sante ;  elle  se  rapprocherait  donc  des  ma- 
tières albumineuses  ? 

Les  actions  organiques  ou  fonctions  du 
tégument  interne  sont  :  une  absorption  en 
général  très  énergique,  dont  les  villosités 
sont  les  principaux  agents;  une  sécrétion 
perspiratoire  et  folliculaire,  dont  les  pro- 
duits ,  variables  suivant  les  appareils,  por- 
tent néanmoins  le  nom  collectif  de  mucosi- 
tés. Les  Membranes  muqueuses  sont  en  outre 
susceptibles  de  certains  mouvements  de 
contraction  tonique,  augmentés  ,  dans  cer- 
tains organes  ,  par  l'action  du  tissu  élasti- 
que ,  et,  dans  d'autres ,  par  celle  de  la  cou- 
che musculeuse  ;  elles  sont  aussi  le  siège  de 
sensations  plus  ou  moins  distinctes,  géné- 
rales ou  spéciales,  ainsi  que  des  sentiments 
de  besoin  ou  des  appétits. 

Les  Membranes  séreuses,  qui  nous  restent 
à  examiner,  sont  ainsi  nommées  à  cause  du 
liquide  que  sécrètent  les  principales  d'entre 
elles.  Bien  que  formant  toutes  un  groupe 
parfaitement  naturel ,  on  les  distingue  en 
Membranes  séreuses  proprement  dites,  ou 
séreuses  des  cavités  splanchniqucs  ,  et  en 
Membranes  synoviales. 

Les  Membranes  séreuses  proprement  dites 


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ont  toutes  la  forme  d'un  sac  sans  ouverture, 
se  repliant  sur  lui-même,  et  dont  une  com- 
paraison triviale  ,  celle  du  bonnet  de  colon, 
peut  seule  donner  une  idée  exacte.  Toutes 
«es  Membranes  forment  ainsi  des  sacs  par- 
faitement clos  ,  dont  la  portion  repliée  sur 
elle  -  même  renferme  toujours  un  organe 
auquel  elle  adhère  plus  ou  moins  intime- 
ment; ainsi  le  cerveau  est  enveloppé  par 
l'arachnoïde,  le  cœur  par  le  péricarde  ,  les 
poumons  par  les  plèvres,  les  viscères  abdo- 
minaux par  le  péritoine  et  ses  replis,  le  tes- 
ticule par  la  tunique  vaginale.  I!  se  trouve 
néanmoins  toujours  à  la  périphérie  de  l'or- 
gane un  point  dépourvu  d'enveloppe  sé- 
reuse, c'est  celui  par  où  il  reçoit  ses  vais- 
seaux et  ses  nerfs,  ou  par  lequel  il  tient  aux 
parties  voisines.  Bien  que  les  Membranes 
séreuses  soient  en  général  des  sacs  sans  ou- 
verture ,  le  péritoine  cependant  fait  excep- 
tion à  cetîe  règle,  l'orifice  abdominal  des 
trompes  de  Fallope  s'ouvrant  dans  sa  cavité  ; 
c'est  du  reste  le  seul  cas  où  l'on  voie  deux 
Membranes  complètement  différentes  ,  une 
Membrane  séreuse  et  une  Membrane  mu- 
queuse ,  se  continuer  l'une  avec  l'autre  ;  le 
péritoine  présente  en  outre  des  replis  et  des 
prolongements  connus  sous  le  nom  d'ept- 
ploons,  qui  se  prêtent,  quand  il  y  a  lieu  ,  à 
l'ampliation  des  viscères  abdominaux. 

La  face  interne  des  Membranes  séreuses, 
toujours  libre,  est  partout  contiguë  à  elle- 
même  ;  elle  paraît  lisse  et  parfaitement  po- 
lie ;  cependant  le  microscope  y  fait  aperce- 
voir des  villosités;  cette  face  est  continuel- 
lement humectée  par  le  liquide  séreux  ;  la 
face  externe,  inégale,  s'unit  aux  parties 
voisines  par  du  tissu  cellulaire  parfois  très 
lâche,  parfois,  au  contraire  ,  très  serré. 

Les  Membranes  séreuses  sont  blanches, 
brillantes,  plus  ou  moins  transparentes; 
leur  composition  intime  les  rapproche  beau- 
coup du  tissu  cellulaire,  dont  elles  semblent 
ne  différer  que  par  leur  condensation  et  par 
la  cavité  qu'elles  circonscrivent.  Elles  reçoi- 
vent peu  de  vaisseaux  sanguins ,  et  sont 
presque  exclusivement  composées  d'un  tissu 
de  vaisseaux  absorbants  et  exhalants;  les 
nerfs  n'y  sont  point  apparents,  bien  que, 
dans  certains  cas ,  elles  deviennent  d'une 
extrême  sensibilité;  elles  sont  extensibles  et 
rétractiles  à  un  haut  degré. 

Les    fonctions  des  Membranes  séreuses 


consistent  à  isoler  les  organes  qu'elles  enve- 
loppent, et  surtout  à  en  faciliter  les  mou* 
vemenls  en  exhalant ,  par  leur  surface  lisse, 
un  fluide  lubrifiant  qui  ressemble  au  sérum 
du  sang,  quant  à  ses  propriétés  essentielles; 
aussi  ces  Membranes  sont-elles  dans  un  tra- 
vail incessant  de  sécrétion  et  d'absorption 
dont  le  juste  équilibre  constitue  l'état  nor- 
mal ,  le  seul  dont  nous  ayons  à  nous  occu- 
per ici.  Disons  cependant  que  l'inflamma- 
tion des  Membranes  séreuses  étant  extrême- 
ment fréquente  ,  elles  deviennent  le  siège 
de  nombreuses  altérations  de  sécrétion  et 
de  tissu. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  des 
Membranes  séreuses  proprement  dites  peut 
s'appliquer  aux  Membranes  synoviales  ,  qui 
comprennent  les  bourses  synoviales  sous- 
cutanées ,  les  Membranes  synoviales  des  ten- 
dons et  les  capsules  synoviales  articulaires. 
Il  existe  toutefois  certaines  différences  que 
nous  allons  signaler;  à  l'exception  des  der- 
nières ,  les  Membranes  synoviales  n'offrent 
point  la  forme  de  sac  sans  ouverture  que 
présentent  les  séreuses  ;  elles  sont  minces, 
molles,  demi-transparentes,  blanchâtres, 
extensibles  et  rétractiles  ,  mais  moins  que 
les  séreuses  proprement  dites;  leur  adhé- 
rence avec  les  parties  voisines,  et  surtout 
avec  les  cartilages ,  est  plus  intime  que  celle 
des  précédentes  avec  les  organes  qu'elles  re- 
vêtent. 

Il  n'est  pas  rare  de  voir  faire  saillie,  dans 
la  cavité  des  Membranes  synoviales,  des 
corpuscules  vasculaires  ,  rougeàtres  ,  dont 
l'extrémité  libre  est  toujours  frangée,  et  qui 
reçurent  le  nom  de  glandes  synoviales  de 
Havers  à  une  époque  où  on  les  regardait 
comme  les  organes  sécréteurs  de  la  synovie. 
La  synovie,  humeur  sécrétée  par  les  Mem- 
branes synoviales,  est  transparente,  vis- 
queuse, et  ses  propriétés  physiques  la  rap- 
prochent du  blanc  d'œuf  :  de  là  son  nom  ,. 
imaginé  par  Paracelse  [cvv,  avec;  â»v, 
œuf). 

Les  Membranes  synoviales  ont  pour  fonc- 
tion principale  de  faciliter,  au  moyen  du 
fluide  qu'elles  sécrètent,  les  mouvements 
des  articulations,  le  glissement  des  tendons, 
et  même  celui  de  la  peau,  là  où  cette  enve- 
loppe recouvre  des  parties  qui  exercent  de 
grands  et  de  fréquents  mouvements,  comme 
aux  environs  de  l'épaule,  au  coude,  autour 


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113 


de  l'articulation  de  la  cuisse,  à  la  rotule,  etc. 

Les  Membranes  synoviales  présentent 
ce  fait  remarquable  ,  c'est  qu'elles  se  déve- 
loppent accidentellement  dans  certaines 
circonstances  ;  elles  sont  sujettes  à  de 
nombreuses  et  fréquentes  altérations  pa- 
thologiques. Leur  composition  chimique  est 
essentiellement  gélatineuse.  Les  Membranes 
séreuses  et  synoviales  ne  se  rencontrent  que 
chez  les  animaux  vertébrés. 

Outre  les  Membranes  que  nous  venons 
d'examiner,  on  en  rencontre  encore  dans 
l'économie  animale  un  certain  nombre  qui 
ne  sauraient  se  grouper  dans  les  deux  gran- 
des divisions  que  nous  avons  établies.  Ce 
sont  :  la  pie-mère,  trame  celluleuse  qui  en- 
veloppe immédiatement  le  cerveau  et  la 
moelle  épinière,  en  pénétrant  dans  toutes 
leurs  cavités,  ce  que  ne  fait  pas  l'arachnoïde  ; 
la  choroïde  ou  uvée ,  expansion  membra- 
neuse de  couleur  foncée  qui  revêt  la  face 
interne  de  la  sclérotique;  la  Membrane  hya- 
loïde  ,  d'une  excessive  ténuité,  qui  contient 
l'humeur  vitrée  de  l'œil,  et  envoie  dans  son 
intérieur  des  prolongements  qui  forment 
autant  de  cellules  ;  la  Membrane  du  cristal- 
lin ,  qui  recouvre  cet  organe  ;  la  Membrane 
propre ,  qui  tapisse  les  cavités  du  cœur  et 
des  vaisseaux  sanguins;  enfin  les  différentes 
Membranes  du  fœtus  (voy.  les  articles  oeil, 
coeur,  oeuf,  ainsi  que  le  mot  sécrétions, 
pour  la  composition  des  humeurs  sécrétées 
par  les  Membranes  ).  (A.  D.) 

MEMBRANEUSES.  Membranaceœ.  ins. 
—  Tribu  établie  par  Latreille  (Fam.  nat.  ) 
dans  l'ordre  des  Hémiptères  hétéroptères  , 
famille  des  Géocorises,  et  dans  laquelle  il 
comprenait  les  genres  Macrocephalus,  Phy- 
mata,  Tingis,  Arade  et  Cimex  (Punaise). 
M.  Blanchard  (Hist.  des  Insectes,  publiée 
par  Firmin  Didot,  1845)  a  groupé  ces  genres 
dans  la  famille  des  Aradides,de  la  tribu  des 
Réduviens.  Voy.  ce  dernier  mot. 

*MEMBRANIPORA  {membrana,  mem- 
brane ;  porus ,  pore  ).  polyp.  —  Genre  pro- 
posé par  M.  de  Blainville  pour  des  Polypiers 
membraneux  formés  de  cellules  distinctes 
non  saillantes,  fermées  à  leur  face  supé- 
rieure par  une  membrane  fort  mince  très 
fugace,  dans  laquelle  est  fermée  l'ouverture. 
Ce  genre  comprend  plusieurs  Flustres  et 
Discopores  de  Larnarck.  (Duj.) 

MEMBRES.  Membrum  (x«Xov,  ^o5). 

T.  VIII. 


anat.  —  On  donne  le  nom  de  Membres  h 
des  appendices  disposés  par  paire,  unis  au 
tronc  au  moyen  d'articulations,  et  compo- 
sés essentiellement  d'os,  organes  passifs  des 
mouvements,  et  de  muscles,  agents  mo- 
teurs par  excellence.  Les  Membres  sont 
destinés  spécialement  à  l'accomplissement 
de  la  locomotion  et  des  autres  grands  mou- 
vements. Voy.  les  articles  locomotion,  mus- 
cles, os. 

Chez  l'Homme  et  chez  les  animaux  ver- 
tébrés ,  il  n'y  a  jamais  plus  de  quatre  Mem- 
bres ,  deux  thoraciques  et  deux  pelviens  ; 
parfois  il  n'en  existe  que  deux  ,  le  plus  sou- 
vent les  thoraciques  ,  comme  chez  les  Céta- 
cés et  chez  certains  Reptiles;  il  arrive 
même  que  tous  quatre  manquent,  comme 
chez  les  Serpents  et  chez  les  Poissons  cy- 
clostomes.  Enfin ,  bien  que  nous  ayons  dit 
que  les  Membres  sont  disposés  par  paire, 
le  Membre  postérieur  des  Poissons  est  im- 
pair. 

Les  Membres,  chez  l'Homme,  comme  chez 
tous  les  animaux  vertébrés,  sont  thoraci- 
ques et  pelviens  ;  mais  chez  lui  ils  sont  de 
plus  supérieurs  et  inférieurs.  Ils  se  compo- 
sent d'une  portion  fixe  ,  épaule  ou  bassin , 
et  d'une  portion  mobile,  véritable  levier, 
divisée  elle-même  en  trois  parties  :  bras  , 
avant-bras,  main,  cuisse,  jambe,  pied.  Chez 
les  Mammifères ,  les  membres  thoraciques 
et  pelviens  ,  comme  chez  l'Homme,  devien- 
nent ,  en  raison  de  la  station  quadrupède  , 
antérieurs  et  postérieurs  ;  ils  présentent,  du 
reste  ,  une  grande  analogie  de  composition 
avec  ceux  de  l'Homme;  il  est  à  remarquer 
néanmoins  que  la  dissemblance  qui  se  re- 
marque chez  celui-ci,  entre  les  membres 
supérieurs  et  inférieurs ,  est  bien  moins 
tranchée  dans  les  Mammifères  entre  les 
membres  antérieurs  et  postérieurs,  et  so 
manifeste  à  peine  chez  ceux  qui  sont  essen- 
tiellement quadrupèdes. 

Les  Oiseaux,  appelés  à  s'élever  dans  les 
airs ,  ont  les  membres  thoraciques  modifies 
pour  l'accomplissement  du  vol;  les  mem- 
bres pelviens,  destinés  à  la  station  et  à  la 
progression  ,  s'éloignent  moins  de  ceux  des 
Quadrupèdes. 

Nous  retrouvons  chez  les  Reptiles  pourvus 
de  Membres ,  comme  les  Tortues ,  les  Lé- 
zards ,  les  Batraciens  anoures ,  la  plupart 
des  Batraciens  urodèles ,  nous  retrouvons , 

15 


114 


MEM 


à  très  peu  près,  les  dispositions  signalées 
chez  les  Mammifères.  Mais,  chez  les  Pois- 
sons, toute  ressemblance  cesse  ,  et  ce  n'est 
qu'en  s'appuyant  sur  l'analogie  de  fonc- 
tions plutôt  que  sur  celle  de  structure  que 
l'on  parvient  à  retrouver  les  Membres  tho- 
raciques  dans  les  nageoires  pectorales,  et 
les  Membres  abdominaux  dans  la  nageoire 
ventrale,  placée  inférieurement  sur  la  ligne 
médiane  du  corps. 

Nous  venons  d'indiquer  sommairement 
les  points  d'analogie  et  de  dissemblance  que 
présentent  les  Membres  dans  les  quatre 
classes  d'animaux  vertébrés  ;  au  mot  sque- 
lette, nous  nous  réservons  d'entrer  dans 
des  détails  que  ne  comporte  pas  le  présent 
article. 

Quant  aux  Membres,  ou  plutôt  aux  ap- 
pendices locomoteurs  des  animaux  infé- 
rieurs ,  ils  s'éloignent  complètement  du 
type  des  Membres  des  Vertébrés,  et  varient, 
d'une  classe  à  l'autre,  en  nombre,  en  dis- 
position,   en   structure.    Voy.    articulés, 

ARACHNIDES  ,  CRUSTACÉS  ,  INFOSOIRES  ,  INSECTES, 

mollusques,  etc.,etc.  (A.  D.) 

MÉMÉCYLÉES.  Memecyleœ.  bot.  ph. — 
Petite  famille  de  plantes  dicotylédonées,po- 
lypétales,  périgynes,  placée  par  quelques  au- 
teurs à  la  suite  des  Mélastomacées,  distin- 
guée par   les   autres,    notamment  par  De 
Candolle,  qui  lui  assigne  les  caractères  sui- 
vants :  Calice  à  tube  ovoïde  ou  globuleux, 
adhérent  à  l'ovaire,  à  limbe   4-5-lobé  'ou 
denté.   Autant  de  pétales  alternes,  insérés 
sur  ce  calice,  ainsi  que  les  étamines  en  nom- 
bre double,  à  filets  libres,  à  anthères   bi- 
loculaires  s'ouvrant  quelquefois    par  deux 
pores  au  sommet.   Style  filiforme   terminé 
par  un  stigmate  simple.   Ovaire  à  2-4-8  lo- 
ges contenant  chacune  un  ovule  pendant,  de- 
Tenant  une  baie  couronnée  par  les  lobes  du 
calice  persistant,    réduite  quelquefois    par 
avortement  à  une  loge  unique.  Graines  dé- 
pourvues de  périsperme,  à  cotylédons  folia- 
cés, convolutés  (qui  établissent  la  principale 
différence  entre  ce  petit  groupe  et  le  grand 
groupe  des  Mélastomacées),  à  radicule  droite 
et  supère. — Les  espèces  sont  des  arbrisseaux 
originaires  des  tropiques,   à  feuilles  oppo- 
sées,  simples,  très  entières,  penninervées, 
dépourvues  de  stipules  et  de  points  glandu- 
leux; à  fleurs  axill aires  pédicellées. 


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Memecylon,  L.  {Valicaha,  Ad.  —  Scutula, 
Lour.)  —  Mouriria,  J.  {Mouriri,  Aubl.  — 
Petaloma,  Sw.)~  Guildingia,  Hook.  {Olis- 
bea,  DC).  (Ad.  J.) 

MEMECYLON.  bot.  ph.— Genre  consti- 
tuant le  type  de  la  petite  famille  des  Mémé- 
cylées.  Il  a  été  établi  par  Linné  (Gen.  n. 
481)  pour  des  arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale 
et  des  îles  de  l'Afrique  tropicale.  Voy.  mé- 

MÉCVLÉES. 

MEMECYLON  ,  Mitch.  (Gen.  in  A.  N. 
C.,  13).  bot.  ph.  —  Syn.  A'Epigœa  ,  Linn. 

*  MEMiNA.  mam.— Genre  de  Marsupiaux 
indiqué  par  M.  G.  Fischer  [Zooguas ,  t.  H, 
1814).  (E-  D) 

*MEMINNA.  mam.— Groupe  formé  dans 
le  grand  genre  Cerf  (voy.  ce  mot)  par  M.  Gray 
(Ann.  ofphil.,  XXVI,  1825).       (E.  D.) 

MEMNONITE.  moll.  —Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  Cône. 

*MEMORIALIS  ,  Hamilt.  (flfcc).  bot. 
PH#  _  Syn.  de  Pouzolzia,  Gaud. 

MENAIS,  bot.  ph.-  Genre  dont  la  place, 
dans  la  méthode,  n'est  pas  encore  défini- 
tivement fixée.  Endlicher  le  range  avec 
doute  à  la  fin  de  la  famille  des  Cordiacées. 
Les  caractères  que  lui  donne  Linné,  créa- 
teur de  ce  genre,  sont  les  suivants  {Gen. 
n.  239)  :  Calice  à  3  divisions  ou  à  3  folio- 
les, persistant.  Corolle  hypocratérimorphe, 
a  tube  excédant  le  calice,  à  limbe  plan, 
5-parti.  Anthères  5 ,  subulées  ,  sessiles  à  la 
gorge  de  la  corolle.  Ovaire Style  sim- 
ple; stigmates  2,  oblongs.  Le  fruit  est  une 
baie  globuleuse  ,  à  4  loges  monospermes. 
Les  Menais  sont  des  arbrisseaux  de  l'A- 
mérique méridionale  ,  à  tige  cylindrique  , 
villeuse  ;  à  feuilles  alternes ,  ovales ,  en- 
tières ,  rudes. 

MÉNAKANITE  (nom  de  lieu),  min.— Syn. 
Isérine.— Fer  titane  octaédrique  trouvé  sous 
forme  arénacée  dans  la  vallée  de  Ménakan, 
au  comté  de  Cornouailles,  en  Angleterre. 

Voy.  FER  TITANE.  (DEL.) 

*MENALCAS.  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères subpentamères ,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Cycliques ,  tribu  des  Co- 
laspides  (Chrysomélides  de  Latreille),  formé 
par  Dejean  Calai.,  3e  édit.,  p.  437)  avec 
une  espèce  de  Java ,  nommée  par  l'auteur 
!  M.  ru  fus,  (c>) 


MEN 


MEN 


115 


MENARDA.  bot.  ph.  —  Genre  delà  fa- 
mille des  Euphorbiacées-Phyllanthées,  éta- 
bli par  Commerson  (ex  Air.  Jussieu  Eu- 
phorbe 23,  t.  18).  Arbustes  de  Madagascar. 

Voy.     EDPHORBIACÉES. 

*MENDEZIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées  ,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  V, 
532).  Herbes  du  Mexique.  Voy.  composées. 

*MENDÏPITE  (nom  de  lieu),  min.— Oxy- 
chlorure  de  Plomb,  cristallisé  en  prisme  droit 
à  baserhombe,del02"27',  et  trouvé  dans  les 
mines  de  plomb  de  Mendip-Hill  dans  le 
Somersetsbire.  C'est  la  Kérasine  de  Beu- 
dant.  Voy.  plomb.  (Del.) 

MENDOZIA  (  nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Acanthacées,  tribu 
des  Thunbergiées?,  établi  par  Vellozo  (ex 
Vandelïi  in  Hœmer  script.,  126,  t.  VII, 
f.  22).  Arbrisseaux  de  l'Amérique  tropicale. 

Voy.   ACANTHACÉES. 

MENDOLE.  Mœna.  poiss.  —  Genre  de 
Tordre  des  Acanthoptérygiens  ,  famille  des 
Ménides,  établi  par  G.  Guvier  (Règ.  anim., 
t.  II ,  p.  186)  aux  dépens  des  vrais  Spares, 
dont  ils  se  distinguent  par  des  dents  en  ve- 
lours ras  sur  une  bande  étroite  et  longitu- 
dinale du  vomer.  Leurs  mâchoires  n'en  ont 
aussi  que  de  très  fines  et  sur  une  bande  fort 
étroite.  La  forme  de  leur  corps  est  oblongue, 
comprimée,  assez  semblable  à  celle  d'un  Ha- 
reng. Il  y  a  une  écaille  allongée  au-dessus 
de  chacune  de  leurs  ventrales,  et  une  entre 
elles.  Les  Poissons  de  ce  genre  vivent  près 
des  côtes,  dans  les  endroits  riches  en  algues 
et  vaseux;  leur  nourriture  consiste  en  petits 
Poissons,  et  quelques  Mollusques  sans  co- 
quille qu'ils  trouvent  dans  les  herbes. 

On  connaît  quatre  espèces  de  Mendoles, 
vivant  toutes  dans  la  Méditerranée.  La  prin- 
cipale est  la  Mendole  commune  ,  Mœna  vul- 
garis  Cuv.  (Spams  Mœna  Linn.),  qui  a  en- 
viron 20  centimètres  de  longueur.  La  cou- 
leur générale  de  ce  Poisson  est  blanchâtre  , 
avec  des  raies  longitudinales  très  nombreu- 
ses, étroites  et  bleues,  et  une  grande  tache 
noire  de  chaque  côté  des  flancs.  Les  Men- 
doles sont  très  fécondes,  mais  leur  chair  est 
coriace  et  insipide.  Au  temps  du  frai ,  elle 
prend  une  couleur  plus  noirâtre  et  devient 
très  mauvaise,  ce  qui  lui  a  fait  donner  par 
les  pêcheurs  le  nom  de  Bouc.  Cependant, 
lorsqu'elles  sont  engraissées,  leur  goût  n'est 


pas  désagréable;  les  femelles,  remplies 
d'oeufs,  sont  quelquefois  assez  bonnes  à 
manger.  Dans  certains  endroits,  on  en  prend 
une  si  grande  quantité  qu'on  les  vend  par 
monceaux,  et  qu'on  en  fait  saler  un  très 
grand  nombre. 

Les  autres  espèces  de  ce  genre  sont  :  la 
Mendole  jdscle  ,  Mœna  jusculum  Cuv.  et 
Val. ,  qui  diffère  de  la  précédente  par  un 
corps  plus  étroit ,  un  museau  plus  court , 
une  dorsale  plus  haute  ;  —  la  Mendole  d'Os- 
beck,  Mœna  Osbeckii  Cuv.  et  Val.  (Sparus 
tricuspidatus  Spin.),  d'un  bleu  d'acier  foncé,, 
des  raies  bleues  obliques  sur  la  joue;  des 
taches  bleues  sur  les  ventrales,  la  dorsale 
encore  plus  haute;  —  la  Mendole  vomérine, 
Mœna  vomerina  Cuv .  et  Val.,  qui  se  distin- 
gue des  autres  par  des  dents  situées  sur  le 
chevron  du  vomer.  (J.) 

MENÉ  (pvîvyj,  lune),  poiss.  — Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens  ,  famille  des 
Scombéroïdes,  établi  par  Lacépède,  et  con- 
servé par  MM.  G.  Cuvier  et  Valenciennes 
(Hist.  des  Poiss.,  t.  X,  p.  103).  Ces  Poissons 
ont  un  museau  semblable  à  celui  des  Equula; 
mais  leur  corps  est  encore  plus  comprimé; 
leur  ventre  est  tranchant ,  et  son  bord  très 
convexe  par  le  bas  ,  par  le  développement 
des  os  de  l'épaule  et  du  bassin ,  tandis  que 
la  ligne  du  dos  est  presque  droite  ,  ce  qui 
recule  leurs  ventrales  en  arrière  de  leurs 
pectorales. 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre  :  le  Mené  Anne-Caroline,  Lacép.  (Mené 
maculata  Cuv.  et  Val.,  Zeus  maculatus  BL, 
Schn.),  d'un  bel  argenté  tacheté  de  noirâtre 
vers  le  dos;  il  habite  les  mers  des  Indes  et 
de  la  Chine.  Le  plus  grand  individu  connu 
a  15  ou  16  centimètres  de  longueur. 

*MENEGHII\IA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Aspérifoliécs- 
Borraginées  Anchusées,  établi  par  Endlicher 
(Gen.  plant.,  p.  648  ,  n.  3766).  Herbes  de 
l'Egypte.  Voy.  aspérifoliées. 

*MENEMACI1US.  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères tétramères,  famille  des  Curculio- 
nides  gonatocères,  cité  par  Dejean  (CataL, 
3e  éd.,  p.  311)  comme  étant  de  Schœnherr  et 
ayant  pour  type  une  espèce  du  Brésil  du  nom 
de  M.  serrirostris.  On  ne  trouve  pas  ce  genre 
dans  l'ouvrage  de  l'auteur  suédois.      (C.) 

*MENEMTARI/\,  Herm.  bot.  ph.— Syn. 
d'Isachne,  R.  Br. 


116 


MEN 


*MENESTORIA.  bot.  ph.  — Genre  de  la 
famille  des  Rubiacées-Cinchonacées-Gardé- 
niées  ,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  IV, 
390).  Arbrisseaux  du  Népaul.  Voy.  rubia- 
cées. 

*MENESTRATA  (Flor.  flum.,  V,  2). 
bot.  ph.  — Syn.  de  Litsœa,  Juss. 

MEMCILEA ,  Sonner,  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Stravadium ,  Juss. 

MÉNÏDES.  Menides.  poiss.  — Famille  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens,  établi  par  G. 
Cuvier  (  Règn.  anim.  ,  t.  II ,  p.  186)  pour 
quelques  Poissons  laissés  jusqu'alors  parmi 
les  Sparoïdes,  mais  qui,  cependant,  en  dif- 
fèrent assez  pour  constituer  un  groupe  à 
part.  Les  Ménides  ont  les  dents  en  velours 
plus  ou  moins  ras  aux  mâchoires,  et  quel- 
quefois deux  ou  quatre  petites  canines.  Leur 
mâchoire  supérieure  est  fort  protractile  et 
rétractile  ,  à  cause  de  la  longueur  des  pédi- 
cules des  intermaxillaires  qui  se  retirent 
entre  les  orbites,  ce  qui  constitue  leur  carac- 
tère principal.  Ces  Poissons  tiennent  d'ail- 
leurs de  fort  près  aux  Sparoïdes  par  le  reste 
de  leur  organisation  :  «  Leur  corps  est  écail- 
leux;  leurs  ventrales  sont  sous  les  pecto- 
rales; leur  dorsale  est  garnie  d'écaillés,  mais 
très  fines.  Leur  anatomie  est  également  fort 
semblable  :  ils  ont  l'estomac  médiocre,  à  pa- 
rois peu  épaisses;  le  nombre  de  leurs  cœ- 
cums  varie  de  quatre  à  sept;  leur  vessie 
aérienne  est  grande,  simple  et  arrondie  à  sa 
partie  antérieure,  le  plus  souvent  divisée 
en  arrière  en  deux  longues  cornes  qui  pénè- 
trent dans  les  muscles  de  la  queue  de  chaque 
côté  des  inter-épineux  de  l'anale.  »  (Cuv.  et 
Val.  Hist.  des  Poiss.,  t.  VI,  p.  381). 

La  famille  des  Ménides  comprend  quatre 
genres,  nommés  :  Mendole,  Picarel,  Cœsio 
et  Gerre.  Voy.  ces  mots.  (J.) 

MÉNILITHE.  min.  —  Variété  d'Opale 
commune,  de  Ménil-Montant  près  de  Paris. 
Voy.  opale  et  quartz.  (Del) 

MÉNINGES  (//.vjvtyS,  membrane),  anat. 
—  On  donne  ce  nom  aux  trois  membranes 
qui  enveloppent  tout  l'appareil  nerveux  cé- 
rébro-spinal (la  dure-mère,  l'arachnoïde  et 
la  pie-mère).  Voy.  système  nerveux. 

MENIOCUS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Grucifères-Alyssinées ,  établi  par 
Desvaux  (Journ.  bot.,  III,  173).  Herbes 
abondantes  en  Espagne  et  dans  les  régions 
caucasiennes.  Voy.  crucifères. 


MEN 

MÉNIPÉE.  Menipea  (nom  mythologique). 
polyi>.  — Genre  de  Polypes  établi  par  La- 
mouroux  pour  plusieurs  espèces  de  Cellaires 
de  Lamarck,et  caractérisé  par  la  disposition 
des  cellules  polypifères,  qui  ont  toutes  leurs 
ouvertures  dirigées  du  même  côté  sur  un 
seul  rang,  et  naissant  l'une  de  l'autre  par 
dichotomie  de  manière  à  former  les  articu- 
lations et  les  rameaux  d'un  Polypier  subcal- 
caire comme  palmé,  et  fixé  par  un  grand 
nombre  de  fibrilles  radiculaires.  Le  type  de 
ce  genre  est  la  Cellularia  crispa  de  Pallas  , 
qui  se  trouve  dans  les  mers  de  l'Inde ,  et 
qu'Esper  a  nommée  Tubularia  crispa.  Une 
autre  espèce  de  la  Méditerranée  avait  ét{ 
confondue  avec  celle-ci ,  et  une  troisième 
espèce,  M.  flabellum ,  se  trouve^dans  l'O- 
céan. (Duj.) 

MENIPPE.  Menippa.  crust.  —  Ce  genre, 
qui  appartient  à  l'ordre  des  Décapodes  bra- 
chyures  et  à  la  famille  des  Cancériens,  a 
été  établi  par  M.  Dehaan ,  dans  la  Fauna 
japonica,  aux  dépens  du  Cancer  des  au- 
teurs. On  en  connaît  quatre  espèces  dont 
trois  habitent  les  îles  des  Moluques ,  et  la 
quatrième  le  cap  de  Bonne-Espérance.  Le 
Ménippe  de  Rumph,  1/emppa  Rumphii ,  peut 
être  considéré  comme  le  type  de  cette  nou- 
velle coupe  générique.  (H.  L.) 

MEMSCIUM.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Fougères-Polypodiacées-Polypo- 
diées  ,  établi  par  Schreber  (Gen.  n.  1630). 
Fougères  croissant  abondamment  dans  tou- 
tes les  contrées  tropicales  du  globe.   Voy. 

FOUGÈRES. 

MENISCOSTA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Ménispermacées-Ménispermées, 
établi  par  Blume  (Bijdr.,  28).  Arbrisseaux 
de  Java.  Voy.  ménispermacées. 

MÉNISPERMACÉES.  Menispermaceœ. 
bot.  ph.  —  Famille  de  plantes  dicotylédo- 
nées,  polypétales,  hypogynes,  dont  les  fleurs 
sont  le  plus  ordinairement  unisexuelles  par 
suite  d'avortement.  Dans  les  mâles  :  Calice 
de  3  à  12  folioles  disposées  par  verticilles 
ternaires,  plus  rarement  de  4-10,  libres  ou 
soudées  entre  elles  à  la  base.  Pétales  en  nom- 
bre égal  ou  plus  souvent  moitié  moindres, 
c'est-à-dire  réduits  à  2  verticilles  binaires 
ou  ternaires,  et  s'opposant  naturellement 
aux  folioles  calicinales  des  deux  séries  les 
plus  intérieures ,  en  général  plus  courts 
qu'elles,  souvent  distincts  et  concaves,  quel- 


MEN 


M  EN 


117 


quefois  soudés  entre  eux.  Étamines  en  même 
nombre  et  opposées  à  ces  pétales,  qui  em- 
brassent le  filet,  ou  rarement  plus  nom- 
breux, à  filets  iinéaires,  libres  ou  monadel- 
phes  ;  à  anthères  extrorses,  dont  les  loges,  au 
nombre  de  deux,  ou  quelquefois  de  quatre, 
s'ouvrent  longitudinalement  ou  transversa- 
lement. Dans  les  femelles  :  Calice  semblable 
à  celui  des  mâles,  réduit  quelquefois  à  une 
foliole  unique  avec  un  seul  pétale  opposé. 
Corolle  manquant  le  plus  souvent.  Étami- 
nes rudimentaires  ou  nulles  ;  un  ou  plu- 
sieurs carpelles  ,  contenant  chacun  un  seul 
ovule  campulitrope attaché  à  l'angle  interne, 
munis  chacun  d'un  style  ou  terminal  ou  sou- 
vent basilaire,  qui,  d'autres  fois,  manque 
tout-  à-fait,  et  que  termine  un  stigmate  sim- 
ple; quelquefois  ces  carpelles  se  soudent 
entre  eux  inférieurement;  quelquefois  le 
style  est  trifide.  Fruit  composé  d'une  ou  plu- 
sieurs drupes  ou  baies,  dans  chacune  des- 
quelles la  loge  réniforme  par  la  suture  de 
la  paroi  placentaire  renferme  une  graine  de 
même  forme,  revêtue  d'un  tégument  mem- 
braneux que  recouvre  un  périsperme  mince, 
ou  immédiatement  l'embryon  à  cotylédons 
linéaires  ,  foliacés ,  appliqués  l'un  contre 
l'autre  ou  séparés  par  une  couche  de  péri- 
sperme ,  beaucoup  plus  longs  que  la  radi- 
cule. Les  Ménispermacées  sont  des  lianes 
dont  le  bois  présente  une  suite  de  couches 
concentriques  séparées  par  autant  de  zones 
corticales,  la  plus  intérieure  seule  munie  de 
faisceaux  de  liber,  les  autres  entièrement 
cellulaires  :  cette  formation  de  couches  ne 
paraît  pas  correspondre  au  nombre  des  an- 
nées. Les  feuilles  alternes,  simples,  souvent 
peltées ,  entières ,  sont  dépourvues  de  sti- 
pules; les  fleurs  monoïques  ou  dioïques, 
groupées  en  grappes  ou  en  panicules ,  sou- 
vent petites  et  verdâtres.  Les  espèces  sont  la 
plupart  originaires  des  régions  tropicales  , 
abondantes  en  Amérique  et  en  Asie  surtout, 
plus  rares  en  Afrique  ;  quelques  unes  s'a- 
vancent à  des  latitudes  plus  élevées,  au  Ja- 
pon, dans  l'Amérique  du  Nord,  une  seule  en 
Sibérie, peu dansl'hémisphèreaustral.  Beau- 
coup sont  remarquables  par  leurs  propriétés 
stimulantes ,  dues  à  un  principe  amer ,  au- 
quel se  joint  parfois  un  certain  degré  d'â- 
creté,  et  qui  se  trouve  dans  les  racines.  Dans 
les  fruits  de  quelques  unes  se  trouve  une 
substance  narcotique   flffs  S&AlogCt  à  la 


Strychnine,  et  qui  les  rend  en  conséquence 
très  vénéneux;  propriétés  dues  à  un  prin- 
cipe extractif  résidant  dans  le  péricarpe,  et 
qu'on  a  nommé  Ménispermine.  La  coque  du 
Levant  est  le  fruit  d'un  Anamirta,  qui  en 
offre  l'exemple  le  plus  connu. 

GENRES. 

Agdestis,  Moç.  et  Sess.  — Menispcrmum, 
Tour.  (Trilophus,  Fisch.) — Pselium,  Lour. 

—  Cocculus ,  DC.  (Abula,  Aubl.  — Baum- 
garlia ,  Mœnch.  —  Androphylax  ,   WendI. 

—  Wendlandia  et  Braunea  ,  W.  —  Tilia- 
cora,  Colebr.  —  Epibaterium ,  Forst.  — 
Limacia ,  Fibraurea  et  Nephroia ,  Lour.  — 
Cebatha  et  Leœba  ,  Forsk.  —  Columbra , 
Comm.  —  Bagaletta ,  Roxb.)  —  Chondoden- 
drum,  R.  Pav.  —  Meniscosla,  Bl.  —  Spiro- 
spermum,  Pet. -Th.  —  Trichoa,  Pers.  {Bat- 
schia  ,  Thunb.  —  Abuta,  Poepp.  ) —  Cosci- 
nium,  Colebr.  (Pereiria,  Lind.)  —  Anamirta, 
Colebr.  —  Stephania,  Lour.  (Clypea,  Bl.) — 
Cissampelos,  L.  (Ca apeba,  Blum.)  (Ad.  J.) 

MENÏSPERMUM  (fMjvtç,  croissant; 
exffépfAa,  graine),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Ménispermacées-Ménispermées , 
établi  parTournefort  (inMém.  Acad.  Paris., 
1705,  p.  237).  Arbrisseaux  de  l'Amérique 
boréale  et  de  l'Asie  centrale.  Voy.  ménisper- 
macées. 

MEMSPORA  (fA>,vy),  lune;>7copa,  spore). 
bot.  cr.  —  Genre  de  Champignons  établi 
par  M.  Ehrenberg,  mais  non  décrit  (Sylv. 
myc.  bercl.,  p.  11) ,  caractérisé  par  des  fila- 
ments rameux,  sans  chorions,  qui  suppor- 
tent des  spores  cylindriques  et  courbées.  Ce 
genre  appartient  à  la  classe  des  Trichospo- 
rés:  on  n'en  connaît  que  quelques  espèces. 
Le  professeur  Link  l'avait  d'abord  désigné 
sous  le  nom  de  Camptosporium ,  et  Fries  l'a 
réuni  au  g.  Psilonia;  mais  comme  ce  der- 
nier réunit  plusieurs  espèces  qui  ne  pré- 
sentent pas  les  mêmes  caractères,  je  pense 
qu'il  doit  être  conservé.  (Lev.) 


*MENOBRANCHUS  (pr 


vo;, 


force 


tpxy- 


Xtoc,  branchie).  rept.  —  M.  Harlan  (Ann. 
Lyc.)  a  créé  sous  ce  nom  un  groupe  d'Am- 
phibiens  de  la  famille  des  Salamandres,  et 
qui  a  pour  type  le  Triton  lateraîis  Say  (Me- 
nebranchus  lateraîis  Mari.,  figuré  dans  l'a- 
tlas de  ce  Dictionnaire,  pi.  19,  Cg.  1  )» 
Nous  nous  en  occuperons  à  l'article  triton. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 


118 


MEN 


M  EN 


*MENOCERAS,  R.  Brown.  bot.  ph.  — 
Voy.  velleja  ,  Smith. 

MENODORA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Jasminées,  établi  parHumboldt 
et  Bonpland  (  Plant,  œquinoct.,  II ,  98  ,  t. 
110  ).  Arbrisseaux  de  l'Amérique  orientale. 

Voy.   JASMINÉES. 

*MENOETHIUS.  crust.  —M.  Milne-Ed- 

wards  désigne  sous  ce  nom,  dans  son  His- 
toire naturelle  des  Crustacés,  un  petit  genre 
établi  aux  dépens  du  Pisa  de  Latreille,  et  qui 
établit  un  passage  entre  cette  coupe  généri- 
que et  celle  des  Halimes.  Chez  ce  genre,  la 
carapace  est  formée  par  un  grand  stylet 
pointu,  avec  les  pattes  des  quatre  dernières 
paires  cylindriques  et  offrant  à  la  face  in- 
férieure des  tarses  deux  rangées  de  pointes 
cornées.  La  seule  espèce  connue  est  le  Mé- 
néthie  Licorne  ,  Menœthius  monoceros  Latr. 
(Ru pp.  Crustacés  de  la  mer  Rouge,  pi.  5, 
fig.  4).  Cette  espèce  habite  les  côtes  de  l'Ile 
de  France,  de  la  mer  Rouge  et  de  l'océan 
Indien.  (H.  L.) 

MENOETIUS,  Dejean.  ras.—  Synon.  de 
Diaprepes  et  de  Lordops,  de  Schœnh.     (C.) 

MENONANTHES  ,  Haller.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Menyanthes,  Linn. 

MENONVILLŒA.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Crucifères-Thlaspidées,  établi 
par  De  Candolle  {Syst.,  II,  419;  Prodr.,  I, 
184).  Herbes  du  Pérou.  Voy.  crucifères. 

*MENOPOMA  (*/v0ç,  force  ;  u5;,a,  oper- 
cule), rept. — Genre  d'Amphibiens  de  la  fa- 
mille des  Salamandres,  créé  par  M.  Harlan 
[Ann.  Lyc.  New-York,  t.  I,  pi.  17),  et  ne 
comprenant  qu'une  seule  espèce  placée  pré- 
cédemment dans  le  genre  Salamandra.  Les 
Menopoma  ont  pour  caractères  :  Un  corps 
allongé ,  des  yeux  apparents ,  des  pieds  bien 
développés ,  un  orifice  de  chaque  côté  du 
cou,  des  mâchoires  armées  de  fortes  dents 
et,  en  outre,  une  rangée  de  dents  sur  le 
devant  du  palais. 

L'espèce  type  est  la  Salamandra  gigantea 
Barton,  dont  la  longueur  est  de  quinze  à 
dix-huit  pouces  et  la  couleur  d'un  bleu  noi- 
râtre, et  qui  se  trouve  dans  les  rivières  de 
l'intérieur  et  dans  les  grands  lacs  de  l'Amé- 
rique. (E.  D.) 

*MENOSCELIS  (j«'voç,  force;  «Aoç, 
jambe),  ms.  — Genre  de  Coléoptères  subté- 
tramères,  trimères  de  Latreiile,  famille  des 
Aphidiphages ,  de  nos  Coccinellidcs,  formé 


;  par  Dejean  avec  une  espèce  de  Cayenne:  la 
M.  saginala  de  Th.  Lacordaire.  (C.) 

MENOTTE,  bot.  cr.  —  Voy.  mainotte. 

MENTHE.  Mentha.  bot.  ph. —  Genre  de 
plantes  de  Ja  famille  des  Labiées,  de  la  di- 
dynamie  gymnospermie  dans  le  système  de 
Linné,  dans  lequel  rentrent  aujourd'hui  en- 
viron 25  espèces  répandues  très  abondam- 
ment dans  les  parties  tempérées  et  septen- 
trionales des  deux  mondes ,  d'où  elles  sont 
même  parvenues,  à  la  suite  des  Européens, 
dans  beaucoup  d'autres  contrées.  Ce  sont 
des  plantes  herbacées  qui  ressemblent,  pour 
la  configuration,  la  disposition  de  leur  tige 
et  de  leurs  feuilles ,  à  la  grande  majorité 
des  végétaux  de  la  même  famille;  dont  les 
fleurs  sont  réunies  en  verticilles  multiflores, 
tantôt  éloignes  les  uns  des  autres  à  l'aisselle 
des  feuilles  supérieures,  semblables  à  celles 
du  reste  de  la  tige  ,  tantôt  rapprochés  en 
faux  épis  terminaux,  les  feuilles  à  l'aisselle 
desquelles  ils  se  trouvent  étant  alors  réduites 
à  l'apparence  de  simples  bractées.  Ces  fleurs 
présentent  :  un  calice  campanule  ou  tubu- 
leux,  à  5  dents  à  peu  près  égales  entre 
elles,  nu  ou  velu  à  la  gorge;  une  corolle 
dont  le  limbe  4-fide  est  presque  régulier, 
sa  division  supérieure  différant  seule  des 
autres  par  un -peu  plus  de  largeur,  et  se 
montrant  entière  ou  à  peine  échancrée  au 
sommet;  4  étamines  égales  entre  elles  et 
non  didynames,  distantes;  un  style  terminé 
par  deux  courtes  branches  stigmatifères  au 
sommet.  Les  achaines  qui  leur  succèdent 
sont  secs  et  lisses. 

Plusieurs  des  espèces  qui  composent  le 
genre  Menthe  sont  extrêmement  variables 
dans  tous  leurs  organes  de  la  végétation  ; 
leurs  feuilles  particulièrement  sont  tantôt 
cotonneuses,  tantôt  seulement  pubescentes, 
ou  même  glabres  ;  ailleurs  elles  deviennent 
ondulées,  crépues,  etc.  Il  en  résulte  $ue 
leur  détermination  est  extrêmement  difficile, 
et  que  ,  malgré  les  travaux  de  plusieurs  bo- 
tanistes, elles  forment  un  véritable  chaos, 
et  rendent  nécessaire  une  révision  complète 
du  genre.  Il  est  à  espérer  que  cette  révision 
sera  faite  d'une  manière  satisfaisante  par 
M.  Bentham  dans  le  1  Ie  volume  du  Pro- 
dromus.  Deux  des  espèces  dans  lesquelles 
ces  variations  sont  les  plus  nombreuses ,  et 
qui  se  trouvent  le  plus  communément  le 
long  des  fossés,  des  ruisseaux  et  dans  tous 


MEN 


MEN 


119 


les  lieux  humides,  sont  :  1°  la  Menthe  sau- 
vage ,  M.  Sylvestris  Lin.,  dont  la  tige  est 
droite,  les  feuilles  presque  sessiles,  ovales- 
lancéolées  ,  oblongues,  velues  à  des  degrés 
très  divers  à  leur  face  supérieure,  généra- 
lement cotonneuses  à  leur  face  inférieure; 
dont  les  faux  verticilles  de  fleurs  sont  rap- 
prochés au  sommet  de  la  tige  en  épis  denses, 
lin  peu  coniques,  assez  souvent  interrom- 
pus à  leur  base;  enfin  dont  les  calices  sont 
légèrement  striés,  velus -cotonneux  ,  et  de- 
viennent ventrus  après  la  floraison  ;  2°  la 
Menthe  aquatique,  Mentha  aquatica  Lin., 
dont  la  tige  est  hérissée  de  poils  réfléchis; 
dont  les  feuilles  sont  pétiolées,  ovales,  den- 
tées en  scie,  arrondies  ou  presque  en  cœur 
à  leur  base  ,  légèrement  hérissées  ou  velues 
à  leurs  deux  faces  ;  dont  les  faux  verticilles 
de  fleurs  sont  en  petit  nombre,  les  2  ou  3 
supérieurs  raccourcis  et  rapprochés  en  une 
sorte  de  tête  arrondie  ou  oblongue,  tandis 
que  l'inférieur  est  toujours  écarté.  D'après 
M.  Bentham  T  cette  inflorescence  et  les  ca- 
ractères des  feuilles  caractérisent  toujours 
la  Menthe  aquatique.  Cette  espèce  est  du 
petit  nombre  des  plantes  cosmopolites  qu'on 
est  certain  de  rencontrer  dans  les  lieux  hu- 
mides de  presque  toute  la  terre,  soit  qu'elle 
y  croisse  spontanément ,  soit  qu'elle  y  soit 
arrivée  avec  les  Européens. 

Une  espèce  beaucoup  plus  intéressante 
par  son  utilité  est  la  Menthe  poivrée,  Men- 
tha piperita  Lin.,  qui  paraît  être  originaire 
des  parties  septentrionales  de  l'Europe, 
mais  que  l'on  trouve  cultivée  et  plus  ou 
moins  naturalisée  dans  presque  toute  l'Eu- 
rope, en  Egypte,  dans  plusieurs  parties  de 
l'Asie  et  dans  les  deux  Amériques.  Sa  tige 
est  droite  ou  ascendante,  flexueuse ,  ra- 
meuse au  sommet,  glabre  ou  ciliée  de  quel- 
ques poils  étalés;  ses  feuilles  sont  pétiolées, 
ovales-oblongues  ,  aiguës ,  dentées  en  scie, 
arrondies  à  leur  base,  d'un  vert  intense, 
glabres  dans  une  variété,  hérissées  dans 
l'autre  sur  les  nervures  et  les  pétioles.  Ses 
faux  verticilles  de  fleurs  sont  peu  nombreux, 
lâches,  les  supérieurs  rapprochés  en  un  faux 
épi  court,  oblong,  rougeâtre,  les  inférieurs 
écartés  ;  les  pédicelles  de  ces  fleurs  sont 
glabres;  leur  calice  est  tubuleux,  rougeâtre, 
à  dents  subulées,  hérissées.  Tout  le  monde 
connaît  l'odeur  et  la  saveur  de  cette  Menthe  ; 
son  odeur  est  forte  et  pénétrante;  sa  saveur 


est  poivrée,  comme  camphrée,  et  elle  laisse 
après  elle,  dans  la  bouche  ,  une  impression 
de  froid  qui  la  caractérise.  C'est  surtout  à 
cause  de  ces  deux  propriétés  qu'on  la  cul- 
tive si  communément  et  qu'on  la  préfère  à 
toutes  ses  congénères ,  dont  certaines  sont 
cependant  remarquables  sous  les  mêmes 
rapports,  comme  ,  par  exemple  ,  la  Mentha 
cervina.  C'est  surtout  dans  les  arts  du  con- 
fiseur et  du  liquoriste  que  la  Menthe  poivrée 
joue  un  rôle  des  plus  importants  ;  mais  elle  a 
aussi  des  usages  divers  en  médecine.  On  l'em- 
ploie surtout  comme  excitant  et  stimulant, 
pour  ranimer  les  organes,  dans  les  cas  où 
il  n'existe  pas  chez  eux  d'inflammation  ;  on 
l'emploie  également  comme  résolutive,  apé- 
ritive ,  diurétique,  etc.;  mais  l'un  de  ses 
principaux  usages  est  celui  d'antispasmo- 
dique. On  lui  a  attribué  une  action  parti- 
culière sur  le  lait,  dont  elle  empêcherait, 
a-t-on  dit,  la  coagulation  ;  on  a  même  dit 
qu'elle  arrêtait  la  sécrétion  de  ce  liquide; 
mais  ces  faits  ne  sont  pas  suffisamment  éta- 
blis ,  bien  que  le  dernier  soit  appuyé  de 
l'autorité  de  Linné. 

Une  partie  des  Menthes,  que  distinguent 
leur  calice  fermé  de  poils  à  la  gorge,  la  di- 
vision supérieure  de  leur  corolle  entière,  et 
leur  inflorescence  par  faux  verticilles  écartés, 
a  été  regardée  par  Miller  comme  un  genre 
distinct  que  quelques  botanistes  de  nos 
jours,  par  exemple  M.  Koch  ,  ont  adopté, 
tandis  que  la  plupart  des  autres  l'ont  consi- 
déré comme  ne  formant  qu'un  sous-genre. 
C'est  dans  cette  section ,  sous-genre  ou 
genre,  que  rentre  comme  type  principal  la 
Menthe-Pouillot  ,  Mentha  Pulegium  Lin. 
(Pulegium  vulgare  Mill.),  espèce  très  com- 
mune dans  les  fossés  humides ,  le  long  des 
ruisseaux  et  dans  les  lieux  inondés,  que  dis- 
tinguent sa  tige  rampante  ,  ses  feuilles 
ovales  ,  obtuses ,  presque  crénelées ,  ponc- 
tuées en  dessous ,  son  calice  presque  cylin- 
drique, à  5  dents,  dont  les  2  inférieures 
sont  plus  longues  que  les  autres  et  acumi- 
nées.  Cette  plante  est  douée  de  l'odeur,  de 
la  saveur  et  des  principales  propriétés  de 
ses  congénères;  de  plus  on  l'a  beaucoup 
préconisée  comme  produisant  de  bons  effets 
contre  la  toux,  l'asthme,  l'enrouement; 
enfin  quelques  médecins,  et  particulière- 
ment Haller,  l'ont  regardée  comme  un  ex- 
cellent emménagogue.  (P.  D.) 


120 


MEN 


MEN 


MENTHOIDÉES.  Menthoideœ.  bot.  ph. 
—  Tribu  de  la  famille  des  Labiées  [voy.  ce 
mot),  qui  comprend  et  a  pour  type  le  genre 
Mentha.  (Ad.  J.) 

HÏENTIANE.  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
du  Viburnam  lantana. 

*MEI\TOPHILUS  (Mentha,  Menthe; 
aJoc,  ami),  ins. — Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  Coprophages,  établi  par  M.  La- 
porte  de  Castelnau  (Hist.  nat.  des  anim. 
artic,  t.  II,  p.  74),  qui  le  place  dans  ses 
Ateuchites.  L'espèce  type ,  le  Scarabœus 
Hollandiœ  d'Olivier,  est  originaire  de  la 
Nouvelle-Hollande.  (C), 

MENTZELIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Loasées,  établi  par 
Linné  (Gen.,  n.  670).  Herbes  de  l'Amé- 
rique tropicale.  Voy.  loasées. 

Ce  genre  renferme  6  espèces,  que  De  Can- 
dolle  (Prodr.,  III ,  343)  a  réparties  en  2  sec- 
tions :  la  première  comprend  celles  qui  ont 
20-23  élamines  ,  toutes  à  peu  près  égales; 
3-6  graines  ;  les  fleurs  petites  (M.  asperaet 
oligosperma);  la  seconde  section  renferme 
les  espèces  qui  ont  30-100  étamines,  les  10 
extérieures  plus  longues;  6-9  graines,  les 
fleurs  grandes  (M.  hispida,  strigosa,  scabra 
et  slipitata). 

Endlicher  (Gen.  plant.,  p.  930,  n.  5111) 
a  aussi  établi  plusieurs  divisions  dans  ce 
genre,  d'après  l'aspect  de  la  capsule  et  le 
nombre  des  graines.  Ces  divisions  sont  au 
nombre  de  trois  :  Oligosperma  :  Capsule  à 
3  valves  verticales,  à  3  placentaires  parié- 
taux ;  graines  3-9  ;  Macrosperma  :  Capsule 
à  3  valves  verticales,  à  3  placentaires  pa- 
riétaux; graines  nombreuses,  très  grandes; 
Microsperma  :  Capsule  à  5  valves  verticales, 
à  5  placentaires  pariétaux;  graines  nom- 
breuses, très  petites.  (J.) 

MENUISIÈRES.  ins.  —  Nom  vulgaire 
des  Xylocopes.  Voy.  ce  mot. 

MÉNURE.  Menura.  ois.—  Genre  de  l'or- 
dre des  Passereaux,  caractérisé  par  un  bec 
plus  large  que  haut  à  sa  base,  droit,  incliné 
à  sa  pointe,  qui  est  échancrée  ;  des  fosses  na- 
sales prolongées  et  grandes;  des  narines 
percées  vers  le  milieu  du  bec,  ovales,  gran- 
des, couvertes  d'une  membrane;  des  pieds 
grêles  ;  des  tarses  deux  fois  longs  comme  le 
doigt  intermédiaire;  celui-ci  et  les  latéraux 
à  peu  près  égaux,  l'externe  uni  jusqu'à  la 


première  articulation  ,  l'interne  divisé;  des 
ailes  courtes,  concaves  ;  et  une  queue  à  pen- 
nes très  larges,  de  différentes  formes  et  au 
nombre  de  seize. 

Le  genre  Ménure  est  un  de  ces  exemples  si 
fréquents  en  ornithologie,  qui  décèlent  l'em- 
barras où  sont  quelquefois  les  auteurs,  lors- 
qu'il s'agit  d'assigner  à  un  oiseau  sa  vraie 
place.  Celle  du  Ménure,  oiseau  depuis  long- 
temps connu,  et  beaucoup  étudié  par  les 
différents  auteurs,  du  moins  sous  le  rapport 
de  ses  caractères  physiques,  est  loin  d'être 
irrévocablement  fixée.  Ballotté  d'ordre  en 
ordre,  de  famille  en  famille  ;  placé  d'abord 
parmi  les  Gallinacés  sous  le  nom  de  Faisan- 
Lyre,  ou  sous  ceux  de  Faisan  des  montagnes, 
Faisan  des  bois;  rangé  en  second  lieu  parmi 
les  Passereaux  par  la  plupart  des  méthodis- 
tes, il  a  été  reporté   ensuite  par    quelques 
auteurs  à  la  place  qu'on  lui  avait  primitive- 
ment assignée.  Vieillot  l'avait  classé  entre 
les  Calaos  et  les  Hoazins,  à  la  fin  des  Passe- 
reaux. Cuvier  et  Temminck,  d'après  la  re- 
marque faite  par  eux  de  l'existence  d'une 
échancrure  à   l'extrémité  de  la  mandibule 
supérieure,  ont  été  conduits  à  le  rapporter  à 
la  famille  des  Passereaux  dentirostres  et  à  le 
rapprocher  des  Merles.  M.  Is.  Geoffroy,  sans 
lui  assigner  précisément   le  rang  que  lui 
avait  marqué  Vieillot,  le  fait  voisin  des  Sa- 
sas,  et  le  place  dans  son   sous-ordre  des 
Gallinacés   passeripèdes,  entre  les  Mégapo- 
des  et  les  Tinamous.  Enfin,  M.  G.-R.  Gray 
(  a  List  of  the  gen.  )  le  range  dans  sa  sous- 
famille  des  Troglodytinées,  dans  sa  famille 
des  Cerlhidées.  Quelle  que  soit  l'opinion  qui 
prévale,   il  résultera  toujours  de  l'analyse 
faite  des  caractères  extérieurs  que  l'Oiseau- 
Lyre,  par  son  bec  et  ses  pieds,  se  rapproche 
autant  des  Merles  et  s'éloigne   autant  des 
Mégapodes,  dans  le  voisinage  desquels  on  l'a 
mis,  qu'il  est,  par  ses  formes  générales,  voi- 
sin des  derniers  et  éloigné  des  premiers. 
L'étude  complète  des  mœurs  du  Ménure 
pourra  seule  conduire  à  déterminer  défini- 
tivement sa  place  ou  bien  encore  à  le  con- 
naître entièrement.  Le  peu  que  l'on  en  sait 
tendrait  à  faire  admettre  que  c'est  une  es-  j 
pèce  fort  voisine  des  Merles  ,  si  même  elle 
n'appartient  pas  à  la  même  famille.  M.  de 
Lafresnaye  nous  apprend,  d'après  M.  Gould 
{Revue  zoologique,  n°  de  janvier  1841),  que 
c'est  un  oiseau  chanteur;  qu'il  niche  dans 


MEN 


MEN 


121 


les  arbres  à  peu  d'élévation  de  terre,  et  que 
ses  grands  ongles  lui  servent  à  gratter  et  à 
éparpiller  les  feuilles  sèches  et  les  détritus 
qui  couvrent  le  sol  des  forêts  pour  y  cher- 
cher les  vers  et  les  larves  qu'ils  récèlent. 

«  C'est,  dit  de  son  côté  M.  Lesson  (Annal, 
des  se.  nat.  et  Man.  d'ornith.,  p.  259),  dans 
les  forêts  d'Eucalyptus  et  de  Casuarina  qui 
couvrent  la  surface  entière  des  montagnes 
Bleues  à  la  Nouvelle-Hollande,  et  les  ravins 
qui  les  divisent,  qu'habite  principalement 
le  Ménure,  dont  la  queue  est  l'image  fidèle, 
sous  les  solitudes  australes,  de  la  lyre  har- 
monieuse des  Grecs.  Cet  oiseau,  nommé 
Faisan  des  bois  par  les  Anglais  du  Port- 
Jackson,  aime  les  cantons  rocailleux  et  reti- 
rés. Il  sort  le  soir  et  le  matin,  et  reste  tran 
quille  pendant  le  jour  sur  les  arbres  où  il 
est  perché.  Il  devient  de  plus  en  plus  rare.  » 

La  seule  espèce  connue  est  le  Ménure- 
Lyre,  Men.  superba  Dav.  (figuré  dans  l'atlas 
de  ce  Dictionnaire,  pi.  2),  auquel  on  a  encore 
donné  les  épithètes  de  paradisea  Swains., 
mirabilis  Bechst. ,  Lyra  Shaw.  Comme  la 
plupart  des  animaux  qui  nous  viennent  de 
la  Nouvelle-Hollande  et  qui  se  font  remar- 
quer par  une  physionomie  exceptionnelle,  le 
Ménure  se  distingue  par  la  singulière  dispo- 
sition et  par  la  nature  des  plumes  de  sa 
queue.  Ces  plumes,  dans  le  mâle,  sont  de 
trois  sortes  :  douze ,  très  longues,  à  tige 
mince,  ont  leurs  barbes  effilées  et  très  écar- 
tées ;  deux  médianes,  sont  garnies  d'un  côté 
seulement  de  barbes  serrées,  sont  étroites  et 
se  recourbent  en  arc  chacune  de  leur  côté; 
et  deux  externes,  dont  la  figure  est  celle 
d'une  S,  ont  leurs  barbes  extérieures  très 
courtes  ,  tandis  que  les  barbes  intérieures, 
grandes  et  serrées,  forment  un  large  ruban 
alternativement  rayé  de  bandes  brunes  et 
rousses.  La  queue  de  la  femelle  ne  présente 
point  cette  disposition  particulière.  Le  plu- 
mage du  Ménure  est  d'ailleurs  fort  triste;  il 
est  généralement  d'un  brun  grisâtre. 

Cet  oiseau  habite  la  Nouvelle-Galles  du 
Sud.  (Z.  G.) 

MÉNYANTHE.  Menyanthes,  Tourn.  (P.vîv, 
rnenstrue;  à'vOo;,  fleur),  bot.  th.  —  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Gentianées,  de 
la  pentandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel.  Linné  et  les  botanistes  qui  l'ont 
suivi  lui  avaient  donné  une  étendue  qui  a 
été  considérablement  restreinte  par  la  sup- 

T.  VIII. 


pression  des  Villarsia  Vent.,  et  des  Lim- 
nanthemum  Gmel.  Aujourd'hui,  réduit  pai 
les  travaux  monographiques  de  M.  Grise- 
bach  à  une  seule  espèce  ,  il  présente  les  ca- 
ractères suivants  :  Calice  5-parti  ;  corolle 
charnue,  régulière,  5-partite,  dont  le  limbe 
est  barbu  à  sa  face  interne,  c'est-à-dire  hé- 
rissé de  filaments  corollins;  ovaire  unilo- 
culaire,  dans  lequel  les  ovules  sont  portés 
le  long  de  l'axe  des  valves ,  entouré  à  sa 
base  de  5  glandes;  style  filiforme;  stigmate 
bilobé.  Capsule  uniloculaire,  se  déchirant  à 
la  maturité  le  long  de  la  suture  des  valves. 
La  seule  espèce  de  ce  genre  est  le  Ményanthe 
trifoliolé  ,  Menyanthes  trifoliata  Lin.,  vul- 
gairement connu  sous  le  nom  de  Trèfle 
d'eau,  jolie  espèce  qui  croît  dans  les  marais 
de  l'Europe  moyenne  et  de  l'Amérique  du 
Nord.  De  son  rhizome  rampant  s'élèvent  des 
feuilles  à  long  pétiole,  pourvues  à  leur  base 
d'une  gaîne  auriculée,  dont  le  limbe  est  di- 
visé très  profondément  en  trois  segments 
elliptiques  ,  entiers.  Ses  fleurs  sont  assez 
grandes ,  blanches  ,  et  forment  une  grappe. 
Cette  plante  est  d'une  amertume  très  forte, 
que  la  dessiccation  ne  fait  qu'affaiblir,  mais 
que  la  cuisson  dans  l'eau  lui  enlève  entiè- 
rement :  aussi  a-t-elle  la  plupart  des  pro- 
priétés des  plantes  amères ,  et  ressemble- 
t-elle,  sous  ce  rapport,  à  la  Gentiane  jaune. 
On  en  fait  usage  ,  en  médecine,  contre  les 
fièvres  intermittentes ,  contre  les  maladies 
de  la  peau  ;  elle  est  encore  estimée  comme 
vermifuge  ,  stomachique,  comme  antiscor- 
butique. Dans  ces  divers  cas,  on  emploie  la 
plante  en  poudre,  ou  son  infusion  ,  ou  son 
extrait  ,  ou  même  son  suc.  De  plus  ,  Linné 
nous  apprend  que  les  Lapons  utilisent  la 
fécule  de  son  rhizome  en  la  faisant  entrer 
dans  la  composition  de  leur  pain  ;  enfin , 
dans  plusieurs  parties  de  l'Allemagne  et  en 
Angleterre  ,  ses  feuilles  remplacent  partiel- 
lement ,  ou  même  quelquefois  en  totalité , 
le  Houblon  dans  la  fabrication  de  la  bière. 

(P.  D.) 
MÉNYANTHÊES.  Menyantheœ.  bot.  pu. 
—  Tribu  de  la  famille  des  Gentianées  ainsi 
nommée  du  genre  Menyanthes  qui  lui  sert  de 
type,  et  distincte  des  vraies  Gentianées  par 
ses  feuilles  alternes  et  non  opposées,  par  ses 
graines  revêtues  d'un  tégument  ligneux  et 
non  membraneux,  par  la  préfloraison  de  sa 
corolle  induplicative  et  non  tordue,  enfin 


122 


MER 


MER 


par  le  séjour  de  ses  espèces  dans  l'eau  et 
non  sur  la  terre.  (Ad.  J.) 

MENZIEZIA  (  nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Éricacées-Andromé- 
dées,  établi  par  Smith  (le.  inédit.  Nr.,  56), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  :  Ca- 
lice 4-5-fide.  Corolle  hypogyne,  campanulée 
ou  arrondie  ,  à  limbe  4-5-fide  ou  réfléchi. 
Étamines  8  ou  10,  hypogynes ,  incluses; 
filets  filiformes  ou  subulés  ;  anthères  obtuses 
ou  présentant  deux  pointes  à  leur  sommet, 
mutiques  ou  aristées  sur  la  partie  dorsale. 
Ovaire  à  4  ou  5  loges  multi-ovulées.  Style 
simple  ;  stigmate  dilaté.  Capsule  à  4  ou  5 
loges.  Graines  nombreuses,  lisses  ou  scro™ 
biculées. 

Les  Menziezia  sont  des  arbrisseaux  des 
contrées  boréales  du  globe,  à  feuilles  alter- 
nes, linéaires  ou  ovales  ;  à  fleurs  terminales 
solitaires  ou  agrégées. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
en  4  sections,  qui  sont:  1° Bryardhus,Gm.  : 
calice  5-parti  ;  corolle  5-partite  ,  étalée  ; 
étamines  10;  anthères  obtuses,  mutiques 
ou  aristées  sur  le  dos  ;  2°  Phyllodoce,  Salisb.: 
calice  5-parti;  corolle  globuleuse,  à  limbe 
5-denté;  étamines  10;  anthères  obtuses, 
mutiques  ;  capsule  5-loculaire  ;  3°  Ddbœcia, 
Don  :  calice  4-parti;  corolle  ovale,  à  limbe 
4-denté;  étamines  8;  anthères  sagittées  à 
la  base ,  garnies  de  deux  pointes  au  som- 
met; capsule  4-loculaire;  4°  Arcimbalda  , 
Endl.  :  calice  5-parti;  corolle  globuleuse,  à 
limbe  4-parti  ;  étamines  8  ;  anthères  ob- 
tuses, mutiques.  (J.) 

*MEPHITIDIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Rubiacées-CofféacéesGuettar- 
dées,  établi  par  Reinwardt  (Msc).  Arbustes 
ou  arbrisseaux  de  l'Inde ,  exhalant  une 
odeur  fétide. 

MEFHITIS.  mam.  —  Nom  latin  du  genre 
Moufette.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MER.  géol.  —  On  entend  par  ce  mot  la 
totalité  des  eaux  amères  et  salées  qui  occu- 
pent la  plus  grande  partie  de  la  surface  du 
globe  terrestre,  et  qu'on  subdivise  en  Océans, 
en  Mers  proprement  dites  et  en  Golfes,  se- 
lon leur  étendue  et  la  configuration  des  ter- 
res qui  les  environnent.  Notre  but  n'est  pas 
de  nous  arrêter  à  cette  subdivision ,  qu'on 
trouvera  d'ailleurs  dans  tous  les  traités  de 
géographie. 

Étendue  de  la  Mer.  Sur  environ  5  millions 


de  myriametres  carrés  que  présente  la  sur- 
face du  globe,  les  trois  quarts  à  peu  près 
sont  formés  par  les  mers;  elles  sont  répar- 
ties d'une  manière  fort  inégale.  L'hémi- 
sphère austral  en  contient  plus  que  le  bo- 
réal dans  la  proportion  de  8  à  5.  En  effet, 
c'est  autour  du  pôle  nord  que  les  terres  sont 
particulièrement  groupées.  Au  sud  ,  il  n'y  a 
de  grandes  terres  que  la  Nouvelle-Hollande: 
du  reste,  il  y  existe  une  multitude  d'îles 
plus  ou  moins  grandes,  tantôt  isolées  les  unes 
des  autres,  tantôt  rassemblées  et  formant 
des  archipels. 

Niveau  des  Mers.  La  plupart  des  physi- 
ciens sont  aujourd'hui  d'accord  sur  ce  point, 
que  la  Mer  actuelle  est  dans  un  état  sta- 
tionnaire,  et  que  son  niveau  ne  s'élève  ou 
ne  s'abaisse  que  par  des  causes  locales  et 
temporaires.  Les  lois  de  l'hydrostatique  nous 
apprennent  qu'une  masse  liquide  ne  peut 
présenter  en  un  point  de  sa  surface  ni  sou- 
lèvement, ni  affaissement  durable,  et  que 
le  niveau  doit  partout  se  rétablir.  Il  en  ré- 
sulte que  le  niveau  de  la  Mer  ne  peut  rester 
stationnaire  en  un  point  sans  se  conserver 
également  partout ,  et  que  ses  eaux  ne  peu- 
vent s'élever  ou  s'abaisser  quelque  part  sans 
subir  les  mêmes  changements  dans  tous  les 
points  du  même  bassin.  Or,  on  connaît  des 
milliers  de  localités  où  la  surface  des  mers 
n'a  pas  subi  la  moindre  variation  depuis  les 
temps  historiques  les  plus  reculés;  donc  le 
niveau  moyen  des  mers  n'a  pas  changé,  et 
sa  constance  est  un  fait  positif,  puisqu'il  a 
subi  l'épreuve  de  tous  les  âges.  Si  l'on  pou- 
vait être  conduit  comme  les  habitants  du 
Chili,  en  voyant  les  changements  de  niveau 
du  sol  qui  ont  eu  lieu  sur  la  côte ,  à  penser 
que  la  Mer  s'est  retirée  ou  abaissée  dans 
ces  parages,  il  faudrait  aussi  conclure,  avec 
ceux  de  la  Californie ,  du  Pérou ,  du  Brésil, 
du  cap  de  Bonne-Espérance ,  etc.,  que  dans 
les  mêmes  temps  elle  n'a  subi  en  ces  lieux 
aucune  variation.  Ces  circonstances  étant 
incompatibles  les  unes  avec  les  autres,  et 
opposées  aux  lois  d'équilibre  qui  régissent 
les  liquides ,  on  est  en  droit  de  conclure 
qu'au  lieu  de  l'immutabilité  du  sol  habi- 
table ,  il  faut  admettre  celle  de  la  Mer,  en 
reconnaissant  que  la  surface  solide  de  la 
terre  est  susceptible  de  soulèvements  et  d'af- 
faissements, comme  la  géologie  le  prouve 
par  des  faits  concluants.  Les  narrations  do 


MER 

tous  les  temps  nous  présentent  ces  mêmes 
faits,  mais  expliqués  d'une  autre  manière. 
C'est  ainsi  que  les  auteurs  anciens  annon- 
cent tantôt  que  la  Mer  s'est  retirée  plus  ou 
moins  loin,  laissant  son  lit  à  sec,  tantôt, 
au  contraire,  qu'elle  a  envahi  tout-à-coup 
des  côtes  plus  ou  moins  élevées.  Le  niveau 
des  grandes  Mers  est  généralement  le  même 
partout,  mais  les  golfes  et  les  petites  mers, 
qui  ne  sont  que  de  grands  golfes  ne  commu- 
niquant avec  l'Océan  que  par  quelques  is- 
sues ,  peuvent  être  à  un  niveau  quelquefois 
différent.  C'est  ainsi  que  les  eaux  de  la  Mer 
Rouge  sont  élevées  de  8  mètres  au-dessus 
de  celles  de  la  Méditerranée,  parce  que  les 
vents  y  portent  les  eaux  de  l'Océan  Indien, 
que  le  mouvement  général  de  la  Mer  de  l'est 
à  l'ouest  y  retient.  Il  y  a  aussi  de  petites 
Mers  où  le  niveau  des  eaux  change  avec  les 
saisons:  la  Baltique  et  la  Mer  Noire,  par 
exemple,  s'enflent  au  printemps  par  la 
quantité  d'eau  que  les  grands  fleuves  leur 
apportent. 

On  sait,  suivant  M.  de  Humboldt,  que 
l'Océan  Pacifique  est  de  7  mètres  plus  élevé 
que  l'Atlantique,  et  que  le  golfe  du  Mexi- 
que, qu'on  peut  regarder  comme  une  pe~ 
tique  Mer,  est  à  6,n,70  plus  haut  que  l'O- 
céan Pacifique.  Ces  différences  s'expliquent 
par  l'influence  des  vents  alizés  qui  chassent 
les  eaux  de  l'Atlantique  dans  le  golfe  du 
Mexique ,  et  élèvent  le  niveau  de  celui-ci  au- 
dessus  de  celui  du  grand  Océan. 

Quant  à  la  Mer  Caspienne,  son  niveau 
est  de  108  mètres  au-dessous  du  niveau  de 
la  Mer  Noire;  cette  différence  est  due  pro- 
bablement soit  à  un  affaissement  du  sol  , 
soit  à  la  diminution  de  ses  eaux  par  suite  de 
l'évaporation.  Tout  porte  à  croire  qu'elle  oc- 
cupait autrefois  une  bien  plus  grande  éten- 
due ,  et  que  la  Mer  ou  le  lac  d'Aral  en  fai- 
sait jadis  partie:  cette  dernière  aurait  été 
isolée  par  un  soulèvement. 
;•  Nature  des  eaux  de  la  Mer.  Les  eaux  de 
:  la  Mer  ont  une  odeur  nauséabonde,  une 
saveur  amère  et  très  salée;  c'est  aux  sels 
à  base  de  magnésie  qu'on  attribue  leur 
amertume:  leur  salure  provient  du  chlo- 
rure de  sodium.  On  remarque  que  l'amer- 
tume diminue  à  raison  de  la  profondeur, 
que  l'Océan  est  plus  salé  au  large  que  sur 
les  côtes,  vers  l'équateur  que  vers  les  pôles; 
généralement  la  salure  diminue  près  de  l'em- 


MER.  123 

bouchure  des  fleuves  et  près  des  glaces  po- 
laires. Elle  varie  aussi  suivant  les  saisons, 
les  climats  et  la  température.' 

L'analyse  faite  sur  1,000  grammes  d'eau 
de  l'Océan  Atlantique  a  donné  les  substances 
et  les  quantités  suivantes  : 

Acide  carbonique 0,23 

Chlorure  de  sodium 25,10 

Id.  de  magnésium  .....       H, 50 
Sulfate  de  magnésie    ....       5,78 

Carbonate    f chaux.  :  •  )  .    .     .       0,20 
(  magnésie.  ) 

Sulfate  de  chaux 0,(5 

Résidu  fixe.     .     .     .     54,73 

Outre  ces  substances,  on  y  découvre  quel- 
ques traces  d'oxyde  de  fer,  et  une  petite 
quantité  de  potasse  qui  paraît  provenir  de 
la  décomposition  des  végétaux  entraînés  par 
les  fleuves. 

L'analyse  chimique  découvre  assez  faci- 
lement la  nature  des  eaux  de  la  Mer:  mais 
on  n'a  que  des  hypothèses  vagues  sur  l'ori- 
gine de  leur  salure.  Quelques  géologues 
l'ont  attribuée  à  des  bancs  inépuisables  de 
sel ,  qui  se  trouvent ,  disent-ils,  au  fond  de 
l'Océan,  ou  à  des  amas  immenses  répandus 
sur  la  terre,  et  que  les  eaux  dissolvent  en  se 
rendant  à  la  Mer.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est 
que  les  eaux  des  fleuvesencontiennentàpeinc 
quelques  atomes.  D'autres  pensent  que,  peut- 
être  ,  les  eaux  se  sont  imprégnées  de  sel  à 
l'époque  de  leur  retraite  dans  le  bassin  ,  ou 
que  la  salure  est  le  produit  d'un  fluide  pri- 
mitif aussi  ancien  que  la  création.  Enfin,  le 
célèbre  chimiste  Cronstaedt  dit  que  le  sel  ma- 
rin se  forme  journellement  au  sein  des  mers, 
et  que  l'acide  chlorhydrique  que  l'on  tire 
du  sel  est  le  produit  de  l'atmosphère,  puis- 
qu'on le  trouve  à  la  surface  de  l'Océan,  tan- 
dis qu'on  ne  le  trouve  point  dans  les  eaux 
marines,  à  quelque  profondeur  qu'on  les 
prenne. 

Densité.  La  pesanteur  spécifique  moyenne 
de  l'eau  de  la  Mer,  d'après  les  expériences 
de  M.  Gay-Lussac  ,  est  de  1,0272;  l'aug- 
mentation de  pression  qu'elle  offre  en  rai- 
son de  sa  profondeur  est  un  fait  important 
à  constater.  Elle  doit  avoir  une  influence 
considérable  sur  les  êtres  organisés,  et  l'on 
doit  même  penser  qu'à  une  grande  profon- 
deur, cette  pression  Jointe  à  l'absence  de 
la  lumière  s'oppose  à  l'action  vitale  :  consé« 


124 


MER 


MER 


quemment  qu'il  n'y  existe  ni  animaux  ni 
végétaux.  Tout  fait  présumer  aussi  qu'à  de 
grandes  profondeurs,  c'est-à-dire  sous  l'in- 
fluence d'une  forte  pression ,  l'eau  de  la 
mer  occupant  moins  d'espace  qu'à  sa  sur- 
face, doit  avoir  une  pesanteur  spécifique 
plus  considérable. 

Fond  de  la  Mer.  Le  fond  des  Mers  offre  des 
inégalités  analogues  à  celles  qu'on  remarque 
sur  les  continents.  Quelquefois  il  est  à  peu  de 
distance  sous  les  eaux,  et  constitue  ce  qu'on 
nomme  des  bancs,  des  hauts  fonds  ;  ailleurs 
on  trouve  avec  la  sonde  des  profondeurs  di- 
verses autour  d'un  point  situé  lui-même 
plus  ou  moins  profondément  sous  la  surface 
du  liquide,  et  qui  indique  une  montagne 
sous-marine.  Souvent  on  reconnaît  à  peu 
près  la  même  profondeur  sur  une  très 
grande  étendue,  et  par  conséquent  de  vastes 
plaines  qui  sont  aussi  successivement  les 
unes  au-dessus  des  autres.  Ailleurs,  il  y  a 
des  parties  où  la  sonde ,  ne  trouvant  pas  de 
fond  à  3  et  4,000  mètres,  point  le  plus  bas 
où  l'on  puisse  avec  succès  la  descendre , 
nous  indique  des  profondeurs  qu'il  est  im- 
possible d'évaluer.  On  remarque  aussi  que, 
près  des  côtes  plaies,  la  Mer  est  peu  pro- 
fonde, et  que  le  fond  s'abaisse  successive- 
ment en  pente  douce  jusqu'à  une  très  grande 
distance;  près  des  côtes  escarpées,  au  con- 
traire, la  profondeur  est  considérable,  et 
«'accroît  rapidement  au  large.  Ainsi  l'en- 
semble de  ces  observations  indique  la  con- 
tinuation du  relief  supérieur  avec  la  partie 
submergée,  et  nous  fait  voir  que  cette  der- 
nière partie  n'est  pas  moins  irrégulière  que 
la  première. 

Profondeur.  Il  est  probable  que  la  plus 
grande  profondeur  des  Mers  ne  dépasse  pas  la 
plus  grande  hauteur  des  montagnes.  Ce  n'est 
que  par  des  calculs  approximatifs  que  l'on  est 
parvenu  à  évaluer,  terme  moyen  ,  la  profon- 
deur des  Mers  à  4  ou  5,000  mètres.  En  sou- 
mettant au  calcul  l'attraction  que  le  soleil 
et  la  lune  exercent  sur  la  terre,  et  les  divers 
effets  de  la  force  centrifuge  provenant  du 
mouvement  de  rotation  du  globe,  Laplace  a 
démontré  que  cette  profondeur  ne  peut  dé- 
passer 8,000  mètres.  Cette  profondeur  s'ac- 
corde en  effet  avec  l'élévation  des  plus 
hautes  montagnes.  On  sait  que  les  princi- 
paux points  culminants  de  l'Himalaya  ne 
s'élèvent  pas  au-delà. 


On  connaît  néanmoins  assez  exactement  la 
profondeur  de  quelques  Mers.  La  Méditerra- 
née, par  exemple,  est  fort  inégale.  Suivant  le 
capitaine  Smith,  entre  Gibraltar  et  Ceuta, 
elle  est  d'environ  5,700  pieds.  A  Nice,  Saus- 
sure l'a  évaluée  à  2,000  pieds.  La  partie  de 
cette  Mer  connue  sous  le  nom  d'Adriatique 
est  beaucoup  moins  profonde.  Le  docteur 
Young  porte  à  3,000  pieds  la  profondeur 
moyenne  de  l'Océan  Atlantique,  et  à  4,000 
celle  de  l'Océan  Pacifique  ,  bien  que  la 
sonde  n'y  soit  pas  parvenue  à  la  moitié  de 
cette  profondeur.  Le  capitaine  Parry  n'a  pu 
trouver  le  fond  de  l'Océan  Austral  :  cepen- 
dant il  est  parvenu  à  y  faire  descendre  la 
sonde  à  7,700  pieds.  Il  importe  de  remar- 
quer que  la  sonde  ne  produit  pas  toujours 
des  données  exactes,  surtout  dans  les  grandes 
profondeurs ,  parce  qu'elle  peut  être  en- 
traînée par  des  courants  sous-marins  ou 
bien  encore  parce  qu'elle  peut  avoir  dé- 
placé une  quantité  d'eau  égale  à  son  poids, 
et  dans  ce  cas  elle  doit  flotter  entre  deux 
eaux,  sans  pouvoir  descendre  davantage,  en 
raison  des  lois  de  la  pesanteur. 

Température.  La  température  des  eaux  de 
la  Mer  varie  sensiblement  par  le  voisinage 
des  terres,  selon  les  courants,  les  saisons, 
l'heure,  la  latitude  et  la  profondeur.  On 
a  constaté  surtout  deux  variations  pronon- 
cées ,  dont  l'une  dépend  de  l'heure  de  l'ob- 
servation ,  et  l'autre  de  la  latitude  et  de  la 
profondeur  des  eaux.  II  semble  que  le  re- 
froidissement général  et  progressif  des  cou- 
ches sous-marines  est  dû  à  l'action  des 
courants,  qui  transportent  sans  cesse  les 
eaux  des  pôles  vers  les  régions  équatoriales; 
action  qui  se  fait  surtout  sentir  à  de  grandes 
profondeurs,  et  qui  pourrait  être  due  à  i'é- 
vaporation  des  eaux  des  Mers  de  la  zone  tor- 
ride,  qui  sont  remplacées  par  celles  des  la- 
titudes élevées. 

On  remarque  que  la  température  de  l'air 
n'est  pas  la  même  à  la  surface  des  Mers 
qu'à  la  surface  des  terres.  En  contact  avec 
les  Mers  éloignées  des  continents,  l'air  pré- 
sente moins  de  variations  dans  la  tempéra- 
ture que  celui  qui  touche  les  terres,  ce  qui 
provient  évidemment  de  la  température 
presque  toujours  égale  des  eaux  qui  lui  com- 
muniquent, par  leur  contact,  leur  unifor- 
mité. 

Entre  les  tropiques,  la  température  di- 


MER 


MER 


125 


minue  avec  la  profondeur.  Dans  les  Mers 
tempérées  la  température  décroît  aussi,  mais 
l'abaissement  est  en  raison  inverse  de  la 
latitude  ;  ainsi  au  70e  parallèle  elle  com- 
mence à  devenir  croissante  avec  la  profon- 
deur. Par  une  latitude  boréale  de  80°,  on 
a  trouvé  à  une  profondeur  de  120  brasses 
que  la  température  était  de  2°  4,  et  celle 
de  la  surface  de  1°  3.  Dumont-d'Urville  a 
trouvé  dans  son  voyage  autour  du  Monde,  à 
520  brasses  de  profondeur,  près  du  37e  de- 
gré de  latitude  australe,  5°  4  ,  la  tempéra- 
ture de  la  surface  étant  12°.  L'eau  puisée 
à  cette  profondeur  pétille  comme  du  vin 
mousseux. 

En  général ,  toutes  les  expériences  faites 
dans  différentes  régions  du  globe  prouvent, 
relativement  aux  zones  torride  et  tempérée, 
que  les  eaux  de  la  Mer  sont  plus  chaudes  à 
leur  surface  que  dans  leur  profondeur,  et 
qu'à  mesure  qu'on  s'approche  des  pôles  on 
obtient  des  résultats  contraires.  Toutefois, 
il  importe  de  remarquer  que  ces  expériences 
exigent  une  si  grande  précision  et  sont  su- 
jettes à  tant  d'erreurs,  qu'il  n'est  pas  éton- 
nant que  des  observateurs  également  ha- 
biles aient  obtenu  dans  les  mêmes  parages 
des  résultats  différents.  Cependant  on  peut 
admettre  qu'elles  s'accordent  avec  les  lois  de 
la  physique,  qui  nous  apprend  qu'à  la  tem- 
pérature de  4°,  l'eau  est  à  son  maximum  de 
densité;  qu'ensuite  cette  densité  diminue, 
soit  que  la  température  s'élève  ou  s'abaisse, 
d'où  il  résulte  qu'à  4°  l'eau  doit  toujours 
occuper  la  région  la  plus  basse. 

Mouvement  général  des  courants.  Les  na- 
vigateurs attestent  qu'il  existe  au  sein  de 
l'Océan  ,  principalement  entre  les  tropi- 
ques,  et  jusqu'au  30e  degré  de  latitude 
nord  et  sud  ,  un  mouvement  continuel  qui 
porte  les  eaux  d'Orient  en  Occident  dans  une 
direction  contraire  à  celle  de  la  rotation  du 
globe.  Un  second  mouvement  porte  les  Mers 
des  pôles  vers  l'équateur,  mouvement  qui, 
d'ailleurs,  a  aussi  son  analogue  dans  l'at- 
mosphère. La  cause  de  ces  deux  mouvements 
parait  tenir  à  l'action  du  soleil,  à  celle  de 
l'évaporalion  des  eaux  et  à  la  rotation  du 
globe. 

Le  mouvement  de  l'est  à  l'ouest  semble 
être  provoqué  par  l'action  attractive  du 
soleil  et  de  la  lune;  ces  deux  astres,  en 
avançant  chaque  jour  à  l'Occident ,  doivent, 


selon  Buffon ,  entraîner  la  masse  des  eaux 
vers  ce  côté  :  de  là  le  retard  des  marées , 
qui  font  le  tour  du  globe  en  24  u.  50',  et 
en  reculant  chaque  jour  vers  l'ouest;  d'où. 
l'on  conclut  la  tendance  habituelle  des  eaux 
vers  l'Occident. 

On  explique  l'autre  mouvement,  c'est-à- 
dire  celui  qui  porte  les  eaux  des  pôles  vers 
l'équateur,  de  cette  manière:  les  rayons  so- 
laires liquéfient  constamment  une  énorme 
quantité  de  glaces  ,  d'où  il  suit  que  les  Mers 
polaires  ont  une  surabondance  d'eau  dont 
elles  tendent  à  se  décharger;  d'ailleurs, 
l'eau,  sous  l'équateur,  a  une  moindre  pesan- 
teur spécifique,  et  l'évaporation  en  absorbe 
une  grande  partie:  il  est  donc  nécessaire 
que  les  eaux  voisines  accourent  pour  réta- 
blir l'équilibre. 

La  concision  qui  doit  régner  dans  un  ar- 
ticle de  Dictionnaire  ne  nous  permet  pas  de 
mentionner  les  courants  partiels  résultant 
de  la  rencontre  d'une  grande  terre  ou  d'un 
archipel ,  et  qui  forcent  une  partie  des  eaux 
à  prendre  une  direction  contraire  à  celle 
qu'elles  avaient  d'abord.  On  conçoit  que 
ces  mouvements  doivent  être  aussi  multi- 
pliés que  les  obstacles  qui  les  font  naître; 
de  là  ces  courants  si  contraires  et  si  dange- 
reux décrits  dans  les  voyages  deCook,de 
La  Pérouse  et  de  la  plupart  des  navigateurs. 

Mouvement  et  action  des  flots.  Plusieurs 
savants  célèbres  ont  soumis  à  leurs  calculs 
le  mouvement  des  ondes.  Newton  ,  La 
Place  ,  La  Grange  ,  MM.  Biot  et  Poisson 
ont,  de  leur  propre  aveu,  fondé  leurs  sa- 
vantes théories  sur  des  hypothèses  plutôt 
que  sur  des  faits.  De  nouvelles  recherches, 
appuyées  sur  des  expériences,  ont  conduit 
le  colonel  du  Génie  Emy  à  une  théorie 
qui  rend  compte  de  tous  les  phénomènes 
dus  à  l'action  des  ondes.  Selon  cet  ingé- 
nieur, «  les  véritables  flols  de  fond  sont 
produits  par  un  de  ces  ressauts  du  fond  de 
la  mer  que  les  marins  nomment  accores. 
Un  banc  de  sable  en  pente  douce,  quelque 
élévation  qu'on  lui  suppose ,  ne  formera 
pas  de  flots  de  fond;  mais  s'il  présente, 
dans  le  sens  du  mouvement  des  ondes  ,  un 
escarpement  vertical,  il  produit  ces  flots  de 
fond;  et  ceux-ci  acquerront  d'autant  plus 
de  force  que  l'accorc  sera  plus  élevée,  ou 
qu'elle  sera  suivie  d'autres  accores  qui  s'é- 
lèveront successivement  les  unes  au-dessus 


126 


MER 


MER 


des  autres.  Lorsqu'à  la  suite  d'un  ou  de 
plusieurs  ressauts  les  flots  de  fond  ne  ren- 
contrent qu'une  plage  unie ,  mais  en  pente, 
l'inclinaison  retarde  leur  mouvement  de 
translation  pendant  que  l'ondulation  supé- 
rieure continue  à  les  presser  avec  la  môme 
vigueur;  ils  sont  alors  contraints  de  pren- 
dre une  forme  plus  relevée  ;  ils  influent 
davantage  sur  la  forme  des  ondes  de  la  sur- 
face ,  qui ,  en  devenant  plus  courtes,  don- 
nent lieu  à  l'accroissement  du  volume  des 
flots  de  fond.  Une  plage  n'est',  à  l'égard  des 
flots  de  fond,  qu'une  suite  de  très  petits 
ressauts.  Ainsi ,  soit  que  le  fond  s'élève  par 
ressauts  successifs ,  soit  qu'il  s'élève  par  une 
pente  ,  les  flots  de  fond  ,  en  s'avançant  vers 
le  rivage  ,  se  soulèvent  et  se  gonflent  de  plus 
en  plus,  tandis  que  l'épaisseur  du  fluide 
diminue  par  l'effet  de  la  pente  du  fond.  » 
Les  flots  de  fond  ,  conduits  par  l'ondulation 
jusqu'à  la  limite  de  la  Mer,  s'avancent  sur 
la  grève  avec  toute  la  vigueur  qu'ils  ont 
acquise  par  la  pression  continuelle  des  on- 
dulations supérieures,  et  forment  alors  ces 
nappes  très  étendues  qui  remontent  au 
rivage. 

C'est  le  mouvement  des  flots  de  fond  qui 
produit  tous  les  phénomènes  que  l'on  attri- 
bue ordinairement  à  la  réaction  des  hauts- 
fonds,  à  l'action  des  ouragans  dans  les  ras 
de  marée,  à  la  lutte  qui  a  lieu  entre  l'eau 
douce  et  l'eau  de  mer  à  l'embouchure  de 
certains  fleuves,  et  qui  forme  les  barres. 
C'est  encore  à  l'action  des  flots  de  fond  que 
le  colonel  Emy  rapporte  les  atterrissements 
marins,  les  ensablements  des  ports,  les 
bancs  de  sable  et  les  atterrissements  vaseux. 
Quand  leur  volume  et  leur  vitesse  sont  suf- 
fisants, et  que  la  masse  d'eau  supérieure 
n'est  pas  trop  épaisse,  ils  montent  rapide- 
ment et  à  une  grande  hauteur  contre  les 
escarpements  de  la  côte.  Souvent  ils  s'élan- 
cent en  gerbes  immenses  au-dessus  de  la 
falaise.  Le  rocher  nommé  la  Femme  de  Loth, 
dans  l'archipel  des  îles  Mariannes ,  s'élève 
perpendiculairement  à  350  pieds  de  hau- 
teur, et  cependant  les  vagues  viennent  se 
briser  contre  son  sommet. 

Les  flots  de  fond  agissent  toujours  dans 
le  même  sens  ;  et,  aune  grande  profondeur, 
ils  portent  tout  vers  le  rivage ,  soit  que  la 
marée  monte  ou  qu'elle  descende.  D'ailleurs 
il  y  a  des  Mers  sans  flux  et  reflux  ,  et  qui  ne 


rejettent  pas  moins  à  la  côte  les  objets  qui  y 
ont  été  engloutis.  C'est  ainsi  que  les  flots  do 
fond  portent  sur  la  plage  les  corps  des  nau- 
fragés, ce  sont  eux  qui  jettent  les  navires 
sur  les  écucils ,  qui  font  échouer  sur  la  côte 
les  corps  des  Baleines  et  d'autres  grands 
Cétacés,  qui,  surpris  par  de  gros  temps 
près  des  côtes,  ne  trouvent  pas  assez  d'eau 
pour  utiliser  leur  vigueur  contre  les  flots 
de  fond. 

I!  n'y  a  rien  de  plus  remarquable  et  de 
plus  terrible  que  les  ras  de  marée,  dus  aussi 
à  l'action  des  flots  de  fond.  Ce  phénomène, 
qu'on  pourrait  appeler  bizarrerie  de  la  mer, 
se  manifeste  dans  les  Antilles  par  un  mou- 
vement subit  et  violent  des  ondes  à  peu  de 
distance  des  côtes,  tandis  qu'à  quelque  dis- 
tance de  celles-ci  la  Mer  est  calme.  Le  mou- 
vement de  la  Mer  est  tel  que  les  navires 
sont  souvent  forcés  de  gagner  le  large  au 
commencement  du  ras  de  marée  ,  et  re- 
viennent ensuite  reprendre  leur  mouillage 
quand  cette  espèce  de  caprice  est  entièrement 
passé. 

Si  l'on  considère  que  les  flots  de  fond 
sont  formés  par  des  ressauts  ou  des  accores 
au  sein  des  Mers,  et  qu'aux  diverses  épo- 
ques où  les  continents  sont  sortis  du  sein 
des  eaux,  ces  inégalités  du  fond  des  Mers 
durent  être  plus  abruptes  qu'elles  ne  le  sont 
aujourd'hui ,  on  concevra  que  l'intensité 
des  flots  de  fond  dut  être  proportionnée  aux 
obstacles  qu'ils  rencontraient, et  conséquem- 
ment  qu'ils  durent  exercer  à  la  longue  une 
influence  considérable  sur  les  côtes  qu'ils 
ont  morcelées.  Tout  ce  que  nous  venons  de 
dire  prouve  quelle  est  l'influence  de  la  Mer 
sur  la  forme  des  côtes.  Les  flots  de  fond  ne 
sont  pas  les  seuls  que  Ton  doive  considérer. 
Les  mouvements  de  l'air  produisent  aussi 
de  grandes  perturbations  sur  la  surface  des 
ondes ,  qui  s'élèvent  en  montagnes  écuman- 
tes ,  roulent  et  se  brisent  avec  fracas  sur 
les  falaises,  qu'elles  minent  par  une  action 
incessante. 

Couleur  de  la  mer.  Elle  est  généralement 
d'un  bleu  verdâtre  assez  foncé  et  qui  de- 
vient plus  clair  à  mesure  qu'on  approche  des 
côtes.  Cette  couleur  azurée  provient  sans 
doute  des  mêmes  causes  qui  font  paraître 
bleues  les  montagnes  vues  dans  le  lointain, 
et  qui  donnentà  l'atmosphère  cette  belle  cou- 
leur d'azur  qu'on  nomme  vulgairement  le 


MER 


MER 


127 


ciel.  Les  rayons  bleus  étant  très  réfrangi- 
bles  sont  conséquemment  envoyés  en  plus 
grande  quantité  par    l'eau,  qui  leur  fait 
subir  une  déviation  en  raison  directe  de  sa 
densité  et  de   sa   profondeur.    Les  autres 
nuances  de  couleur  que  l'on  remarque  dé- 
pendent de  causes  locales,  quelquefois  d'il- 
lusions d'optique.  Autour  des  îles  Maldives, 
la  Mer  est  noire;  elle  est  blanche  dans  le 
golfe  de  Guinée.  Entre  la  Chine  et  le  Japon 
elle  est  jaunâtre,  rouge  près  de  la  Californie 
et  verdâtre  dans  les  Canaries  et  les  Açores. 
11  n'est  pas  impossible  que  plusieurs  de  ces 
teintes  ne  puissent  provenir  d'une  grande 
quantité  d'animalcules ,  d'un  mélange  de 
certaines  substances  terreuses  ou  minérales , 
de  la  nature  du  sol  et  de  plusieurs  autres 
causes.    En  1825,  M.  Ehrenberg  s'assura 
que  la  couleur  de  la  Mer  Rouge  provenait 
d'une  espèce   d'Oscillaria ,  être  microsco- 
pique intermédiaire  entre  l'animal    et  le 
végétal.  M.  De  Candolle  a  aussi  reconnu  que 
la  couleur  de  sang  que  prirent  les  eaux  du 
lac  de  Mora,  en  1825,  provenait  également 
d'une  espèce  d'Oscillaria.  A  l'égard  des  tein- 
tes noires,  jaunes  ou  verdâtres,  elles  pro- 
viennent probablement  des  végétaux  marins 
qui  s'élèvent  dans  certains  endroits  jusqu'à 
la  surface ,  et  aussi  dans  certains  parages 
de  l'immense  quantité  d'eau  qu'apportent 
les  grands  fleuves  et  qui  tiennent  en  disso- 
lution plusieurs  substances  colorantes. 

Phosphorescence.  Il  n'est  pas  un  navigateur 
qui  n'ait  contemplé  avec  autant  de  surprise 
que  d'admiration  le  phénomène  si  remar- 
quable de  la  phosphorescence  de  la  Mer.  Sou- 
vent par  une  nuit  sombre,  lorsque  l'air  est  sec 
et  la  Mer  agitée,  une  vive  lumière  se  dégage 
à  sa  surface  ;  tantôt  ce  sont  des  étincelles  qui 
brillent  pendant  quelques  instants ,  quel- 
quefois c'est  une  nappe  immense,  lumineuse, 
qui  s'étend  comme  une  écharpe,  dont  toutes 
les  ondulations  suivent  les  mouvements 
continuels  des  vagues.  C'est  surtout  entre 
les  tropiques  qu'a  lieu  cet  étonnant  et  ma- 
gnifique spectacle,  quoiqu'il  paraisse  se  re- 
produire aussi  dans  tout  l'Océan  ;  mais  dans 
les  régions  les  plus  chaudes  il  est  plus  in- 
tense et  plus  fréquent.  Un  mouvement  même 
assez  léger  sufflt  le  plus  souvent  pour  y 
donner  lieu.  Un  corps  jeté  dans  la  mer  pro- 
duit aussitôt  des  jets  lumineux  qui  s'élan- 
cent dans  l'air ,  et  les  vaisseaux  qui  voguent 


avec  une  certaine  vitesse  paraissent  comme 
embrasés ,  enveloppés  de  toutes  parts  de 
flammes  qui  brillent  avec  éclat. 

Ce  phénomène  était  trop  fréquent ,  trop 
remarquable  pour  qu'on  ne  cherchât  pas  à 
l'expliquer.    L'abbé    Nollet  prétendit  que 
l'électricité  était  la  cause  de  cette  phospho- 
rescence. Leroy,  de  Montpellier,  tout  en 
admettant  ce  principe,  y  joignait  aussi  l'in- 
fluence exercée  parla  présence  du  sel  marin. 
Des   expériences   l'avaient  conduit  à  celte 
opinion,  qui  était  un  acheminement  déplus 
vers  la  vérité.  Plus  tard ,  quelques  person- 
nes attribuèrent   ce   phénomène  à  la  pré- 
sence d'animalcules  phosphoriques.  Les  ex- 
périences de  J.   Canton  vinrent  jeter  une 
vive  lumière  sur  l'explication  du  phénomène 
qui  nous  occupe.  Ce  savant  ayant  mis  dans 
de  l'eau  de  mer  des  Poissous  morts ,  et  leur 
ayant  imprimé  un   mouvement   fréquent, 
vit  qu'à  la  température  de  26  à   30°  cette 
eau  devenait  lumineuse;   il  constata  aussi 
que  l'effet  était  plus  intense  lorsque  l'on 
employait  exclusivement  des  Poissons  ma- 
rins ,  et  que  la  présence  du  sel  déterminait 
la  production  plus  abondante  de  cette  ma- 
tière lumineuse  qui  couvre  souvent  la  sur- 
face de   la  Mer ,  matière  connue  par  les 
pêcheurs  sous  le  nom  de  Graissin,  et  que 
laissent  souvent  après  eux  les  bancs  nom- 
breux de  harengs  qui  paraissent  avoir  le 
corps  enduit  de  cette  humeur.  Il  remarqua 
en  outre  que  la  présence  du  sel  marin  était 
indispensable,  et  que  dans  son  absence  le 
phénomène  n'avait  plus  lieu.   Dès  lors  on 
n'hésita  pas  à   trouver  dans  le  graissin  la 
cause  de  la  phosphorescence,  opinion  qui 
s'appuyait  entièrement  sur  cette  expérience 
que  chacun  peut  répéter  et  qui  consiste  en 
ceci  :  si  dans  de  l'eau  de  mer  non  lumi- 
neuse on  place  pendant  un  jour  ou  deux  des 
Poissons  marins,  cette  eau  se  couvre  d'une 
pellicule  de  matière  grasse,  et  elle  ne  tarde 
pas  à  devenir  lumineuse. 

C'était,  en  effet,  la  principale  cause  du 
phénomène;  toutefois,  on  n'aurait  pas  dû 
l'adopter  à  l'exclusion  des  autres;  car  lors- 
qu'on eut  constaté  que  les  Poissons  étaient 
phosphoriques ,  on  ne  tarda  pas  à  découvrir 
qu'il  en  était  de  même  de  beaucoup  de  Mol- 
lusques, de  Polypiers  et  d'animaux  micro- 
scopiques. Dès  lors  on  cessa  d'attacher  au- 
tant d'importance  à  l'effet  de  la  putréfactiont 


128 


MER 


MER 


qui  entre  cependant  pour  beaucoup  dans  la 
production  du  phénomène.  Plusieurs  navi- 
gateurs célèbres  attribuèrent  également  Ja 
phosphorescence  de  la  Mer  à  d'innombra- 
bles animalcules  qui  couvrent  sa  surface. 

Aujourd'hui,  que  ce  phénomène  et  les 
différentes  causes  qui  le  produisent  sont 
mieux  connus ,  on  ne  saurait  refuser  une 
certaine  influence  à  chacune  des  causes  qui 
se  sont  tour  à  tour  partagé  l'opinion  des 
savants;  l'influen'ce  de  l'électricité,  cet  agent 
si  général  de  la  nature,  ne  peut  être  véri- 
tablement niée,  car  la  phosphorescence  de- 
vient plus  intense  si  l'on  agite  leliquideavec 
une  barre  de  fer.  Celle  du  sel  marin  et  des 
dépouilles  putréfiées  des  animaux  est  prou- 
vée par  des  expériences  directes.  Il  en  est 
de  même  d'un  grand  nombre  d'animaux 
vivants ,  et  surtout  de  certains  animalcules 
phosphorescents  dont  le  nombre  est  tel,  que 
parfois,  pendant  plusieurs  nuits  consécu- 
tives, toute  la  surface  de  la  Mer  est  changée 
en  une  plaine  de  feu.  La  quantité  des  Mol- 
lusques et  des  Zoophytes  jouissant  aussi  de 
cette  propriété  est  encore  plus  considérable. 

Les  observations  faites  lors  de  l'expédi- 
tion commandée  par  le  capitaine  Freycinet 
sont  venues  jeter  un  nouveau  jour  sur  cette 
importante  question.  Voici  dans  quels  ter- 
mes MM.  Quoy  et  Gaimard  les  communi- 
quèrent à  l'Académie  des  sciences,  le  18  oc- 
tobre 1824:  «  Nous  reconnûmes  que  les 
zones  blanchâtres  qui  entouraient  le  vais- 
seau étaient  produites  par  des  zoophytes 
d'une  petitesse  extrême,  et  qui  avaient  en 
eux  un  principe  phosphorescent  si  subit  et 
tellement  susceptible  d'expansion  ,  qo'en 
nageant  avec  vitesse  et  en  zigzag  ils  lais- 
saient sur  la  Mer  des  traînées  éblouissantes, 
d'abord  larges  d'un  pouce,  et  qui  allaient 
à  deux  ou  trois  par  le  mouvement  des  ondes. 
Leur  longueur  était  quelquefois  de  plusieurs 
brasses.  Générateurs  de  ce  fluide,  ces  ani- 
maux l'émettaient  à  volonté;  on  voyait  tout- 
à-coup  un  point  lumineux  jaillir  à  leur  sur- 
face et  se  développer  avec  une  prodigieuse 
rapidité.  Un  bocal  que  nous  mîmes  à  la 
surface  de  la  mer  reçut  deux  de  ces  animal- 
cules, qui  rendirent  immédiatement  l'eau 
toute  lumineuse.  Peu  à  peu  cette  lueur  di- 
minua et  finit  par  disparaître.  Ce  fut  en  vain 
qu'à  la  loupe  et  à  la  lumière  nous  fîmes 
des  efforts  pour  apercevoir  quelque  chose  ; 


tout  avait  disparu.  Seulement  nous  pouvons 
affirmer  qu'à  l'aide  de  la  lueur  que  répan- 
daient ces  animaux ,  nous  discernâmes  qu'ils 
étaient  excessivement  petits.  » 

Quelquefois  la  Mer  se  montre  toute  lumi- 
neuse dans  certaines  contrées,  notamment 
dans  les  Antilles.  Les  flammes  qui  sortent 
des  récifs  ressemblent  à  de  grandes  gerbes 
de  feu  d'artifice  qui  répandent  au  loin  une 
clarté  remarquable,  surtout  après  le  coucher 
de  la  lune.  En  pleine  mer,  les  navires  sont 
souvent  suivis ,  pendant  plusieurs  jours, 
par  une  multitude  de  Bonites.  Ces  poissons, 
alléchés  constamment  par  toutes  les  ordures 
qui  s'échappent  du  bord,  et  dont  ils  font 
immédiatement  leur  proie,  sont  très  visi- 
bles la  nuit  à  l'aide  des  traînées  lumineuses 
qu'ils  dégagent  continuellement  par  leurs 
mouvements  locomotifs.  (C.  d'O.) 

*MERACANTHA  (p.vjpoç,  cuisse  ;  ocxavôa, 
épine),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères ,  famille  des  Sténélytres  ,  tribu  des 
Hélopiens ,  créé  par  Kirby  {Fauna  boreali 
americana ,  p.  238),  qui  le  comprend  dans 
ses  Hélopides.  Le  type,  la  M.  Canadensis, 
est  originaire  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. (C.) 

MERATIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées ,  créé 
par  Cassini  (  in  Dict.  se.  nat. ,  XXX,  65  et 
67  )  pour  quelques  espèces  que  De  Candolle 
réunit  à  son  genre  Elvira. 

MERATIA,  Nées  (m  N.  A.  N.  C. ,  XI , 
107,  t.  10).  bot.  ph.  — Syn.  de  Chïmonan- 
thus,  Lindl. 

MERCIERA.  bot.  ph.— Genre  placé  par 
Endlicher  à  la  fin  des  Campanulacées.  11  a 
été  établi  par  Alph.  De  Candolle  {Camp. , 
369  ,  t.  5  )  pour  des  sous-arbrisseaux  du 
Cap. 

*MERCKIA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  fa- 
mille des  Caryophyllées-Alsinées,  établi  par 
Fischer  (  Msc.  ).  Herbes  de  l'Asie  et  de  l'A- 
mérique. Voy.  CARYOPHYLLÉF.S. 

MERCURE,  min.  —  Dans  les  méthodes 
minéralogiques  qui  procèdent  par  les  bases, 
comme  celle  d'Hatiy,  ce  métal  donne  lieu  à 
l'établissement  d'un  genre  composé  de  cinq 
espèces,  dont  l'une  offre  le  Mercure  à  l'état 
natif,  une  seconde  à  l'état  d'alliage  "vec  l'ar- 
gent, et  les  autres  le  présentent  combiné 
avec  le  soufre,  le  chlore  et  l'iode.  Voici  les 
principaux  caractères  de  ces  espèces. 


MER 


MER 


129 


1.  Mercure  natif.  Hydrargyrum,  vulgai- 
rement Vif-Argent. —Ce  métal,  que  les  an- 
ciens comparaient  à  de  l'argent  liquide,  est 
d'un  blanc  d'argent  et  liquide  à  la  tempéra- 
ture ordinaire;  sa  densité  est  de  13,50;  il 
se  volatilise  par  l'action  d'une  chaleur  peu 
élevée,  et  se  congèle  à  40°  centigrades  au- 
dessous  de  zéro.  En  se  solidifiant,  il  cristal- 
lise sous  la  forme  de  l'octaèdre  régulier.  Le 
Mercure  natif  ne  se  rencontre  qu'acciden- 
tellement dans  les  mines  de  Mercure,  où  il 
paraît  résulter  de  la  décomposition  du  Mer- 
cure sulfuré.  Il  existe  en  gouttelettes  dans 
les  fissures  du  minerai  auquel  il  adhère,  et  de 
la  masse  duquel  il  semble  suinter.  Mais  il 
est  toujours  en  trop  petite  quantité  pour 
devenir  la  base  d'une  exploitation  spéciale. 
Le  Mercure  peut  dissoudre  l'or  et  l'argent, 
propriété  qui  est  mise  à  profit  pour  l'extrac- 
tion de  ces  métaux  ainsi  que  pour  la  dorure. 
Mais  on  l'emploie  encore  à  d'autres  usages 
importants ,  tels  que  la  préparation  de  cer- 
tains médicaments  bien  connus,  la  construc- 
tion des  baromètres  et  thermomètres,  Téta- 
mage  des  glaces,  etc. 

2.  Mercure  argental.  Hydrargyrure  d'ar- 
gent; amalgame  naturel  d'argent.  — Sub- 
stance d'un  blanc  d'argent,  cristallisant  en 
dodécaèdre  rhomboïdal,  et  formée  par  la  com- 
binaison d'un  équivalent  d'argent  avec  deux 
équivalents  de  Mercure.  Elle  est  cassante, 
d'une  dureté  assez  faible,  d'une  densité  égale 
à  celle  ûa  Mercure  natif.  Elle  donne  du 
Mercure  par  la  distillation,  et  se  décompose 
par  l'action  du  feu  en  laissant  sur  le  char- 
bon un  globule  d'argent.  Elle  contient  36  ~ 
d'argent.  On  ne  connaît  de  cette  substance 
que  deux  variétés  principales  :  le  Mercure 
argental  cristallisé,  en  dodécaèdres  simples 
ou  modifiés;  une  des  combinaisons  décrites 
par  Haiiy  est  la  réunion  de  six  formes  diffé- 
rentes, et  offre  centvingt-deux  faces,  quand 
elle  est  complète;  le  Mercure  argental  la- 
melliforme, en  lames  minces  ou  en  dendrites 
superficielles.  Ce  minéral  ne  se  trouve  qu'ac- 
cidentellement, comme  leMercure  natif,  dans 
les  gîtes  de  Mercure,  surtout  dans  ceux  de 
Moschel-Landsberg,  dans  le  duché  de  Deux- 
Ponts,  Bavière  rhénane.  M.  Domeyko  a  dé- 
crit, sous  le  nom  d'Arquérite,  un  autre 
amalgame  d'argent,  trouvé  à  Arqueros,  pro- 
vince deCoquimbo,  au  Chili,  lequel  cris- 
tallise en  octaèdre  régulier,  et  par  cotisé- 

T.  VIII. 


quent  dans  le  mêmesystèmequele  premier, 
mais  paraît  offrir  une  composition  très  dif- 
férente; car  il  serait  formé  de  six  atomes 
d'argent  contre  un  de  Mercure,  et  contien- 
drait 86  £  d'argent,  d'après  l'analyse  qu'en  a 
donnée  M.  Domeyko. 

3.  Mercure  sulfuré  ou  Cinnabre.  Zinno- 
ber,  W. — Sulfure  de  Mercure ,  composé  d'un 
atome  de  soufre  et  d'un  atome  de  Mercure, 
ou  en  poids,  de  quatorze  parties  de  soufre  et 
de  quatre-vingt-six  de  Mercure;  facile  à  re- 
connaître à  sa  belle  couleur  rouge,  jointe  à 
la  propriété  de  se  volatiliser  complètement 
au  feu,  sans  dégagement  d'odeur  d'ail.  Sa 
poussière  est  d'un  rouge  écarlate.  Ses  cris- 
taux, qui  sont  rares  et  généralement  fort 
petits,  se  rapportent  au  système  rhornhoédri- 
que,  et  dérivent  d'un  rhomboèdre  aigu  de 
71°47';  ce  rhomboèdre  a  cela  de  remarqua- 
ble, qu'il  n'offre  que  des  clivages  à  peine 
sensibles  parallèlement  à  ses  faces,  tandis 
qu'il  se  divise  très  nettement  parallèlement 
aux  faces  d'un  prisme  hexagonal.  Les  cris- 
taux, de  forme  tabulaire  ou  aplatie,  se  com- 
posent ordinairement  de  plusieurs  rhomboè- 
dres combinés  avec  les  bases  et  les  pans  de 
ce  prisme  hexagonal.  La  dureté  du  Cinna  - 
bre=2,5  ;  sa  densité=7 .  Il  n'est  soluble  que 
dans  l'eau  régale.  Le  Cinnabre  se  présente 
le  plus  souvent  en  masses  grenues  ou  com- 
pactes, quelquefois  à  l'état  terreux  ou  pul- 
vérulent (vermillon  natif);  ou  bien  en  mas- 
ses feuilletées  ou  testacées,  d'un  rouge  som- 
bre passant  au  noir.  Cette  dernière  variété, 
qui  est  bitumineuse,  est  connue  sous  le  nom 
de  Mercure  hépatique  (Lebererz).  Elle  se 
rencontre  en  couches  puissantes,  et  consti- 
tue l'un  des  principaux  minerais  de  Mercure 
d'Idria.  Mais  sa  couleur  et  sa  richesse  en 
Mercure  varient  beaucoup  :  contient-elle  une 
forte  proportion  de  Cinnabre,  elle  est  d'un 
rouge  brun;  mais  elle  s'appauvrit  souvent 
au  point  de  n'être  plus  qu'un  calcaire  ou  un 
schiste  noirâtre,  pénétré  de  Cinnabre,  dont 
la  présence  ne  peut  se  reconnaître  sans  le 
secours  des  essais  que  dans  les  points  où  le 
sulfure  s'est  concentré.  Cette  concentration 
a  lieu  surtout  dans  les  coquilles  et  autres 
corps  organiques,  lorsque  la  roche  en  con- 
tient. Le  Cinnabre,  surtout  celui  qui  est  bi- 
tumineux, est  le  seul  minerai  de  Mercure 
que  l'on  exploite  pour  fournir  aux  besoins 
des  arts  et  mannfVhires.   On  en  extrait  la 

17 


130 


MER 


MER 


métal  par  un  procédé  très  simple,  qui  consiste 
à  distiller  le  minerai  en  le  mettant  en  con- 
tact avec  de  la  limaille  de  fer  ou  de  la  chaux. 
Le  soufre  s'unit  au  fer  ou  à  la  chaux,  et  le 
Mercure  seul  se  volatilise.  Les  mines  de  Mer- 
cure les  plus  importantes  sont,  en  Europe: 
celles  d'Idria  en  Carinthie,  et  d'Almaden  en 
Espagne;  en  Amérique:  celles  de  Huanca- 
Velica  au  Pérou. 

Le  Mercure  sulfuré  affecte  deux  gisements 
particuliers  :  il  est,  tantôt  en  filons,  dans  les 
schistes  cristallins  et  les  terrains  de  cristalli- 
sation (mines  de  Ripa,  en  Toscane;  d'Alma- 
den, dans  la  Manche,  en  Espagne);  tantôt 
disséminé  dans  les  grès,  schistes  et  calcaires 
secondaires,  depuis  le  grès  houiller  jusqu'aux 
terrains  jurassiques.  Il  existe  dans  le  grès 
houiller,  dans  le  Palatinat  et  l'ancien  duché 
de  Deux-Ponts,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin; 
ce  terrain  renferme,  outre  des  impressions 
végétales,  de  nombreuses  empreintes  de  Pois- 
sons, dont  les  écailles  sont  changées  en  Ciri- 
nabre.  A  Idria,  en  Carinthie,  dans  les  cal- 
caires et  schistes  bitumineux  de  l'âge  du 
Zechstein,  ou  peut-être  même  jurassiques , 
les  schistes  y  sont  pétris  de  Mercure  sulfuré. 
En  France,  on  ne  connaît  que  des  indices  de 
ce  minerai,  à  Ménildot,  département  de  la 
Manche,  et  à  la  Mure,  départementde  l'Isère. 
Quelques  gouttelettes  de  Mercure  natif,  trou- 
vées récemment  à  Saint-Paul-des-Fonts,  ont 
fait  penser  que  les  montagnes  du  Larzac  ren- 
fermaient un  gisement  de  ce  précieux  mi- 
néral. 

4.  Mercure  chloruré.  Syn.:  Mercure  mu- 
riaté;  Mercure  corné;  Calomel;  Hornerz. 
—  Substance  d'un  gris  de  perle,  fragile,  très 
tendre,  se  coupant  comme  de  la  cire,  vola- 
tile, déposant  du  Mercure  lorsqu'on  la  passe 
avec  frottement  sur  une  lame  de  cuivre  hu- 
mecté, cristallisant  en  prismes  à  bases  car- 
rées qui  dérivent  d'un  quadroctaèdre  de  136° 
à  la  base  des  deux  pyramides.  Elle  est  for- 
mée d'un  atome  de  chlore  et  d'un  atome  de 
Mercure,  et  contient  85  £  de  métal.  On  la 
trouve  accidentellement  et  le  plus  souvent 
sous  forme  de  petites  concrétions  dans  quel- 
ques mines  deCinnabre,  notamment  à  Alma- 
den  et  à  Moschel-Landsberg,  dans  le  duché 
de  Deux  Ponts. 

5.  Mercure  ioduré.  Coccin'i te,  Haid. — 
M.  Del  Rio  a  trouvé  à  Casas-Viegas,  au  Mexi- 
que, un  iodure  de  Mercure  dont  la  couleur 


rouge  ressemble  à  celle  du  Cinnabre.  Cette 
substance  est  encore  peu  connue.     (Del.) 

MERCURE.  Hydrargyrum (ZSwp ,  eau; 
à'pj-upoç ,  argent),  chim.  —  Connu  dès 
la  plus  haute  antiquité  ,  le  Mercure  ,  au 
moyen-âge ,  fut  de  tous  les  métaux  celui 
sur  lequel  les  alchimistes  poursuivirent 
avec  le  plus  d'ardeur  et  de  persévérance  le 
grand  œuvre  de  la  transmutation.  Son  vif 
éclat,  joint  à  sa  fluidité  à  la  température 
ordinaire  ,  leur  faisait  présumer  que  c'é- 
tait de  l'argent  liquéfié,  auquel  il  ne  s'a- 
gissait que  de  rendre  sa  solidité  ;  et  ce  fut 
dans  ce  but  qu'ils  se  livrèrent  à  une  foule 
d'opérations  et  d'expériences  qui ,  si  elles 
ne  les  conduisirent  où  ils  désiraient ,  ame- 
nèrent néanmoins  des  résultats  dont  la 
science  sut  profiter  plus  tard. 

Le  Mercure  est  liquide  à  la  température 
et  sous  la  pression  atmosphérique  ordinaires; 
il  a  le  brillant  de  l'argent,  avec  un  reflet 
bleuâtre;  sa  densité  est  de  13,568.  Il  se  so- 
lidifie à  —  40°,  et  peut  cristalliser  en  oc- 
taèdres au  moment  où  il  se  congèle.  A  l'état 
solide  ,  il  devient  malléable,  et  il  augmente 
de  densité  (14,391).  Quand  ,  sous  ce  der- 
nier étal,  il  est  mis  en  contact  avec  la  peau, 
il  fait  éprouver  une  vive  sensation  de  brû- 
lure, et  le  point  touché  blanchit  en  perdant 
toute  sensibilité.  Le  métal  solidifié  ne  tarde 
point,  du  reste,  à  reprendre  sa  fluidité  en 
absorbant  rapidement  le  calorique  des  corps 
environnants. 

Le  Mercure,  comme  tous  les  liquides, 
laisse  dégager  quelques  vapeurs  à  la  tem- 
pérature ordinaire;  mais,  soumis  à  unecha- 
leur  de  360  à  363",  il  entre  en  ébullition,  et 
se  volatilise  complètement.  La  densité  de  sa 
vapeur  est,  d'après  M.  Dumas,  de  6,976. 

L'Oxygène  et  l'air  secs  ou  humides,  à  la 
température  ordinaire,  sont  sans  action  sur 
le  Mercure.  On  a  cru  remarquer  toutefois  que 
le  métal  se  recouvrait  à  la  longue  d'une  lé- 
gère pellicule  noirâtre,  due  à  un  commence- 
ment d'oxydation.  A  une  température  voi- 
sine de  son  point  d'ébullition,  il  s'oxyde  peu 
à  peu  et  se  transforme  en  deutoxyde. 

Le  Mercure  se  combine  donc  avec  l'Oxy- 
gène en  deux  proportions. 

Le  premier  de  ces  composés,  ouprotoxyde, 
ne  peut  s'obtenir  directement;  il  ne  peut 
même  être  maintenu  isolé  sans  se  décompo- 
ser plus  ou  moins  promptement  en  métal 


MER 


MER 


131 


ou  en  deutoxyde.  On  le  produit  en  précipi- 
tant le  proto-azotate  de  Mercure  par  une 
solution  de  potasse  caustique;  le  précipité 
est  formé  de  protoxyde  de  Mercure  noir, 
pulvérulent,  insoluble  dans  l'eau.  Exposé  à 
une  chaleur  rouge  sombre,  le  protoxyde  se 
décompose  en  Oxygène  et  en  Mercure  métal- 
lique ;  la  plupart  des  corps  avides  d'Oxy- 
gène en  opèrent  aussi  la  décomposition  à 
une  température  peu  élevée.  Sa  formule  — 
Hg20. 

Le  deutoxyde  se  forme  par  la  dissolution 
du  Mercure  dans  l'acide  azotique ,  puis  par 
l'évaporation  jusqu'à  siccité  au  bain  de  sa- 
ble ;  la  masse  rouge  ainsi  produite  est  du 
deutoxyde.  En  maintenant  le  Mercure  à  son 
point  d'ébullition  pendant  un  an  et  même 
pendant  deux  dans  un  vase  particulier  connu 
sous  le  nom  d'enfer  de  Boyle,  les  alchimistes 
obtenaient  une  poudre  rouge  qu'ils  appe- 
laient précipité per  se,  et  qui  n'est  autre  que 
du  deutoxyde. 

Le  deutoxyde  de  Mercure  ,  en  masse,  est 
rouge-orangé;  il  prend  une  teinte  jaunâtre 
par  la  pulvérisation.  Soumis  à  une  chaleur 
rouge,  il  se  réduit  en  Oxygène  et  en  Mer- 
cure métallique.  La  plupart  des  corps  com- 
bustibles le  décomposent.  L'air  est  sans 
action  sur  ce  composé;  mais  l'eau,  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  semble  en  dissoudre  une 
certaine  quantité,  puisqu'elle  acquiert  une 
saveur  acre  et  styptique.  La  formule  du 
deutoxyde  est  représentée  par  HgO. 

Le  Mercure  s'unit  à  la  plupart  des  Mé- 
talloïdes pour  former  des  composés  dont 
quelques  uns  sont  fort  employés  en  méde- 
cine et  dans  les  arts.  Nous  citerons  le  proto- 
chlorure (Mercure  doux,  calomélas),  le 
deuto- chlorure  (sublimé  corrosif),  les  iodu- 
res  ,  le  proto-sulfure  (éthiops  minéral  ),  le 
ieulo-sulfure  (cinnabre,  vermillon),  les  cya- 
nures ,  etc. 

On  connaît  deux  classes  de  sels  de  Mer- 
cure, correspondant ,  l'une  au  protoxyde, 
l'autre  au  deutoxyde.  Ces  sels  présentent  les 
caractères  suivants  :  Ils  sont  solubles  ou 
insolubles;  on  reconnaît  les  premiers  en 
plongeant  dans  la  solution  une  lame  de  cui- 
vre bien  décapée,  qui  blanchit  rapidement 
par  la  précipitation  du  Mercure  revivifié. 
Les  autres,  réduits  en  poudre,  sont  placés 
sur  une  lame  de  cuivre  également  décapée, 
puis  arrosée  d'acide  chlorhydrique  ;  dans  cet 


état ,  la  lame  ,  frottée  avec  un  bouchon  , 
ne  tarde  point  à  blanchir.  Tous  les  sels  de 
Mercure  sont  volatilisés  ou  décomposés  par 
la  chaleur  :  volatilisés,  si  les  deux  éléments 
sont  volatils  ;  décomposés  ,  si  l'acide  esi 
stable  ou  lui-même  décomposable. 

L'acide  sulfhydrique  forme  ,  dans  les  sels 
solubles  de  Mercure,  un  précipité  noir  qui 
devient  rouge  par  la  trituration.  Les  sels  de 
protoxyde  sont  précipités  en  noir,  ceux  de 
deutoxyde  en  rouge ,  l'acide  sulfurique  et 
les  sulfates  précipitent  les  sels  mercuriels 
en  sous-sulfate  jaune.  Le  cyanure  de  potasse 
et  de  fer  y  détermine  un  précipité  blanc. 
Tous  les  sels  solubles  de  Mercure  sont  véné- 
neux; l'albumine,  qui  les  décompose  pour 
donner  lieu  à  un  produit  insoluble  ,  en  est 
le  meilleur  contre-poison. 

Le  Mercure  forme  avec  les  métaux  ,  sur- 
tout avec  les  métaux  mous,  des  alliages  qui 
portent  le  nom  d'amalgames.  Us  sont  solides 
ou  liquides  :  liquides  quand  le  Mercure  est 
en  excès,  solides  dans  le  cas  contraire.  Ces 
derniers  sont  en  général  plus  ou  moins 
cristallisables ,  cassants  ,  et  décomposables 
par  la  chaleur,  qui  en  dégage  facilement  le 
Mercure. 

Parmi  ces  amalgames ,  nous  citerons  d'a- 
bord celui  d'Étain  et  celui  de  Bismuth.  Le 
premier  sert  à  l'étamage  des  glaces ,  le  se- 
cond à  l'étamage  intérieur  de  bouteilles  et 
de  globes  de  verre.  Le  Mercure,  mêle  au 
Plomb  ,  à  l'Étain  et  au  Bismuth,  forme  un 
amalgame  très  fusible  et  très  convenable 
pour  les  injections  anatomiques.  Les  amal- 
games du  Mercure  avec  l'Étain  et  le  Zinc 
sont  employés  pour  exciter  la  puissance 
électrique  des  plateaux  de  verre  dans  leur 
frottement  contre  le  corps  de  la  machine. 
C'est  sur  la  propriété  dont  jouit  le  Mercure 
de  s'amalgamer  avec  l'Or  et  l'Argent,  de  les 
dissoudre  et  de  s'en  séparer  ensuite  par  la 
chaleur,  qu'est  fondée  l'extraction  de  ces 
métaux  précieux,  ainsi  que  l'art  de  dorer  et 
d'argenter,  art  dont  l'importance  est  dimi- 
nuée par  l'invention  de  nouveaux  procédés 
moins  dispendieux  et  surtout  plus  salubres 
(  dorure  et  argenture  galvaniques  ). 

Le  Mercure  est  un  métal  fort  employé. 
Dans  les  laboratoires  ,  on  s'en  sert,  en  rai- 
son de  sa  liquidité  et  de  son  inaltérabilité, 
pour  recueillir  certains  fluides  élastiques 
solubles  dans  l'eau;   il  constitue  ainsi  la 


132 


MER 


î>ier 


i:\x\Qhydrargyro-pneumalique.  Sa  dilatabi- 
lité .  plus  grande  que  celle  des  autres  li- 
quides ,  la  marche  uniforme  de  sa  dilata- 
tion, et  sa  moins  grande  volatilité  le  ren- 
dent des  plus  convenables  pour  les  thermo- 
mètres (voy.  ce  mot).  Sa  densité  particulière 
le  rend  aussi  plus  propre  que  tout  autre  li- 
quide à  mesurer  les  différentes  pressions  at- 
mosphériques ;  aussi  est-il  exclusivement 
employé  pour  la  construction  du  baromètre 
(voy.  ce  mot).  Nous  avons  signalé  plus  haut 
ses  nombreux  usages  dans  les  arts  et  en 
médecine. 

L'équivalent  du  Mercure  est  représenté 
par  1265,82.  (A.  D.) 

MERCURE,  ins.  —  Nom  vulgaire  d'une 
espèce  du  g.  Satyre. 

MERCURIALE.  Mercurialis.  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Euphorbiacées  -Aca- 
iyphées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  1125), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  :  Fleurs 
monoïques  ou  dioïques.  3Jâles:  Calice  3-4- 
parti.Etamioes8-12,  quelquefois  plus;  filets 
libres,  saillants,  terminés  par  des  anthères 
à  loges  globuleuses  et  distinctes.  Femelles: 
Calice  3-4  parti.  Filets  2-3,  stériles,  appli- 
qués dans  un  sillon  creusé  de  chaque  côté 
de  l'ovaire  didyme,  à  2  ou  3  loges  uni-ovu- 
lées.  Styles  2-3,  courts,  élargis  et  frangés 
dans  leur  contour.  Le  fruit  est  une  capsule 
revêtue  d'aspérités  ou  d'un  duvet  tomenteux, 
à  2  ou,  rarement,  3  coques  globuleuses,  mo- 
nospermes. 

Les  Mercuriales  sont  des  plantes  herbacées, 
annuelles  ou  vivaces,  quelquefois  suffrutes- 
centes,  à  feuilles  opposées  ou,  rarement,  al- 
ternes, stipulées,  dentées  ou  entières  ;  à  Heurs 
axillaires  et  terminales;  les  mâles  disposées 
en  épis  agglomérés  et  bractées  ;  les  femelles 
en  épis  ou  en  faisceaux,  ou  solitaires.  Elles 
croissent  abondamment  en  Europe,  surtout 
dans  les  contrées  australes  ,  et  se  montrent 
rarement  dans  l'Asie  et  l'Afrique  tropicale. 

On  connaît  une  dizaine  d'espèces  de  ce 
genre  réparties  par  Endlicher  (Gcn.  plant., 
p.  1111,  n.  5786)  en  deux  sections  qu'il 
nomme  :  Linozostis:  Capsule  à  deux  coques  ; 
feuilles  opposées;  Trismegista :  Capsule  à 
trois  coques;  feuilles  alternes.  Nous  citerons 
principalement  parmi  les  espèces  de  la  pre- 
mière section  qui  sont  toutes  européennes  : 
1°  la  Mercuriale  vivace,  Mercurialis  peren- 
nis  Linn.,  très  commune  dans  les  bois  om- 


bragés; elle  a  des  racines  traçantes  qui  pro- 
duisent des  tiges  droites  ou  rameuses  et 
garnies  de  quelques  poils  ;  à  feuilles  ovales- 
lancéolées,  dentées  et  d'un  vert  sombre.  C'est 
une  plante  dangereuse  et  qu'on  ne  doit  par 
conséquent  employer  qu'avec  la  plus  grande 
circonspection.  Elle  est  même  fatale  aux  bes 
tiaux;  les  Chèvres  seules  peut-être  la  man- 
gent impunément.  2°  la  Mercuriale  an- 
nuelle, Mercurialis  annua  Linn.,  extrême- 
ment commune  dans  les  jardins  et  dans  les 
endroits  cultivés.  Elle  ressemble  à  la  précé- 
dente. Cette  espèce  sert  à  faire  une  prépara- 
tion laxative,  appelée  Miel  mercurial,  qu'on 
n'emploieque  dans  les  lavements.  Il  est  com- 
posé de  parties  égales  de  suc  de  Mercuriale 
non  dépuré  et  de  Miel  choisi  que  l'on  fait 
cuire  en  consistance  de  sirop.  (J.) 

M ÉRENDÈRE.  Merendera,  Ram.  bot.  ni. 
—  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Colchi- 
cacéesouMélanthacées,  de  l'hexandrie  trigy- 
nie  dans  le  système  de  Linné,  établi  par  Ra- 
mond  (Bull,  phil.,  n.  47,  tab.  12,  f.  2)  pour 
une  très  jolie  plante  des  Pyrénées,  intermé- 
diaire par  ses  caractères  aux  Colchiques  et 
aux  Bulbocodes.  Certains  auteurs,  particu- 
lièrement La  Pérouse  (Hist.  abr.,  p.  202), 
l'ont  rangée  dans  ce  dernier  genre,  et,  d'un 
autre  côté,  Bergeret  (Flore  des  Basses-Pyrc- 
nées,\l),  en  la  séparant  génériquement,  avait 
proposé  pour  elle  le  nom  générique  de  Geo- 
phila,  qui  n'a  pu  être  conservé,  celui  qui  lui 
avait  été  donné  parRamond  étant  antérieur. 
Le  genre  Mérendère  se  distingue  par  un  pé- 
rianthe  divisé  profondément  en  six  segments 
rétrécis  en  long  onglet  à  leur  base,  portant 
à  leur  sommet  des  étamines  dressées,  dont 
l'anthère  est  aiguë,  en  fer  de  lance;  l'ovaire 
est  unique,  surmonté  de  trois  styles  allon- 
gés, dressés  au  sommet.  Le  fruit  qui  succède 
à  ces  fleurs  est  une  capsule  à  trois  loges  peu 
renflées ,  ressemblant  à  autant  de  follicules 
réunis  par  leur  partie  intérieure.  L'espèce 
pour  laquelle  ce  genre  a  été  créé  est  la  Mé- 
rendère bulbocode,  Merendera  Bulbocodium 
Ram.  (Bulbocodium autumnale  La  Pér.,  Geo- 
phila  pyrenaica  Bergeret),  fort  jolie  plante 
qui  abonde  dans  les  prairies  alpines  et  sous- 
alpines  dans  le  centre  de  la  chaîne  des  Py- 
rénées. Sa  longueur  tout  entière  n'est  guère 
que  d'environ  un  décimètre;  son  bulbe  est 
ovoïde,  d'environ  un  centimètre  de  largeur, 
revêtu  extérieurement  de  tuniques  brunes, 


MER 


MER 


13: 


membraneuses  et  sèches.  Dans  le  mois  d'août 
et  au  commencement  de  septembre,  il  en 
sort  une  fleur  grande,  solitaire,  d'une  belle 
couleur  violacée,  dont  les  segments  sont  mé- 
diocrement étalés;  un  peu  après  la  fleur, 
commencentàsemontrer  les  feuilles,  qui  sont 
linéaires  et  étalées.  La  fleur  est  à  peu  près 
sessile  sur  le  bulbe  ;  mais,  après  la  floraison, 
ie  pédoncule  s'allonge,  et  finit  par  atteindre 
sous  le  fruit  près  d'un  décimètre  de  long. 
Comme  chez  le  Colchique  d'automne,  ce  fruit 
n'arrive  à  sa  maturité  qu'au  printemps  sui- 
vant. (P.  D.) 

MÉRENDÉRÉES.  Merendereœ.  bot.  ph. 
—  Nom  donné  par  M.  de  Mirbel  à  la  famille 
des  Colchicacées.  Voy.  ce  mot. 

*MERETTIA,  Gray  (BriL,  pi.  I,  349). 
bot.  en.  —  Syn.  de  Palmella ,  Lyngb. 

"MERGANETTE.  Merganetla  (mergus  et 
anas,  qui  participe  desharles  et  des  canards), 
ois. — Genre  faisant  partie  de  la  nombreuse 
famille  des  Canards  et  de  l'ordre  des  Palmi- 
pèdes. Caractères  :  Bec  de  la  longueur  de  la 
tête,  droit,  presque  cylindrique,  terminé 
par  un  onglet  courbé  à  son  extrémité,  mais 
moins  brusquement  que  dans  les  Harles,  à 
mandibule  supérieure  pourvue  de  dents  la- 
melleuses;  narines  linéaires  situées  presque 
sur  le  milieu  du  bec;  ailes  médiocres  armées 
d'un  fort  éperon;  queue  à  pennes  raides  ; 
tarses  assez  longs,  couverts  sur  les  côtés  d'é- 
cailles  hexagones;  doigt  du  milieu  un  peu 
plus  long  que  le  tarse;  pouce  libre,  élevé  et 
un  peu  lobé. 

Ce  genre,  créé  en  1841  par  M.  Gould  et 
en  second  lieu  (1844)  par  M.  Gay,  dans 
son  ouvrage  sur  l'histoire  naturelle  du  Chili, 
sous  le  nom  de  Raphiptcrus,  reposait  jusqu'ici 
sur  un  oiseau  rapporté  du  Chili  par  M.  Brid- 
ges, voyageur  anglais.  M.  0.  Desmurs,  dans 
a  belle  collection  d'oiseaux  qu'il  publie  pour 
iiire  suite  aux  planches  enluminées  de  Buf- 
Fon  et  aux  planches  coloriées  deTemminck, 
lient  de  décrire  une  deuxième  espèce  fort 
voisine  de  celle  que  M.  Gould  avait  précé- 
demment fait  connaître.  Ce  petit  genre  se 
rompose  donc,  quant  à  présent,  des  deux 
espèces  suivantes  : 

1 .  Le  Merganette  armé  ,  Merg.  armata 
Gould  (0.  Desmurs,  Iconog.  ornith.,  pi.  5, 
sous  le  nom  de  Merg.  chilensis).  Tête  ornée 
de  trois  bandes  noires,  une  médiane  large, 
et  deux  latérales  plus  étroites,  séparées  entre 


elles  par  deux  lignes  blanches  ;  naissance  des 
épaules  et  scapulaires  d'un  blanc  pur  lan- 
céolé de  noir;  dos  et  croupion  gris  ardoisé 
foncé,  avec  de  fines  stries  noires.  Toutes  les 
parties  inférieures  d'un  brun  marroa  taché 
de  noir. 

Cette  espèce  est  encore  très  rare,  car 
M.  Gay,  pendant  un  séjour  de  douze  ans, 
n'a  pu  s'en  procurer  que  cinq  individus  de 
différents  âges. 

2.  Le  Merganette  de  Colombie,  Merg. 
columbiana  0.  Desmurs  (Iconog.  ornith., 
pi.  6).  Tête  comme  chez  l'espèce  qui  pré- 
cède; toute  la  base  du  bec  entourée  d'une 
ligne  noire;  plumes  du  dos  effilées,  brunes, 
avec  une  tache  longitudinale  noire  dans  le 
milieu;  tout  le  dessous  du  corps  d'un  gris 
blanc  flammé  de  noirâtre. 

Cette  espèce  vient  de  Santa-Fé  de  Bogota, 
et  fait  partie  de  la  collection  du  Muséum  de 
Paris. 

«  Les  Merganettes,  dit  M.  Desmurs,  sont 
très  solitaires  et  habitent  les  plus  hauts  som- 
mets des  Cordilières.  M.  Gay  en  a  trouvé 
jusqu'à  une  élévation  de  1500  à  2000  mè- 
tres au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Ce  n'est 
que  lorsque  le  froid  devient  trop  intense 
qu'Us  redescendent  de  ces  hauteurs;  et  en- 
core ne  dépassent-ils  pas  alors  au-dessous  de 
600  mètres. 

«Ils  fréquentent  exclusivement  les  tor- 
rents, qu'ils  parcourent  avec  une  aisance  et 
unefacilitésurprenantes  :  au  moindre  signe 
dedanger,ilsplongentimmédiatement  pour 
ne  plus  reparaître.  »  Leurs  mœurs  paraissent 
avoir  une  très  grande  analogie  avec  celles 
des  Harles.  (Z.  G.) 

MERGANSER,  Brisson.  ois.— Syn.  do 
Mergus,  Linné.  Voy.  harle. 

*MERGIÏ\ÉES.  Merginœ.  ois.— Nom  que 
porte ,  dans  la  List  of  Ihe  gênera  de  G.  -  R. 
Gray,  la  huitième  sous-famille  de  sa  famille 
des  Anatidées  dans  l'ordre  des  Palmipèdes. 
Elle  a  été  établie  pour  les  espèces  de  eet 
ordre  qui  ont  les  bords  des  deux  mandibules 
garnis  de  dents  aiguës  dirigées  en  arrière, 
et  ne  renferme  que  le  genre  Harle  (  Mer- 
gus). (Z.  G.) 

*MERGOIDES,  Eyton.  ois.  —  Syn.  de 
Fuligula,  Leach ,  g.  établi  aux  dépens  des 
Canards  ,  et  dont  le  type  est  le  Millouls 
huppé,  An.  rvfina  Lin.  (Z.  G.) 

MERGULE.  Mergulus,  Vieill.  ois.   — 


134 


MER 


MÉR 


Division  du  genre  Guillemot.  Voyez  ce 
mol.  (Z.G.) 

111ERGUS,  Linn.  ois.  —  Syn.  latin  de 
Barte. 

MERÏA.  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Scoléides,  tribu  des  Sphégiens,  de  Tordre  des 
Hyménoptères,  établi  par  Iiliger  et  adopté 
par  tous  les  entomologistes.  Les  Méries  ont 
des  pattes  épineuses,  des  mandibules  sans 
dentelures  et  des  palpes  maxillaires  de  six  ar- 
ticles. On  connaît  peu  d'espèces  de  ce  genre, 
dont  le  type  est  la  Meria  tripunctata  Rossi, 
qui  est  assez  répandue  dans  le  midi  de  la 
France,  en  Italie  et  en  Espagne.         (Bl.) 

MEIUANA,  Trew.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Walsonia ,  Mill. 

*MERIA1MDRA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Labiées-Menthoïdées,  établi  par 
Bentham  (Labiat.,  188).  Arbrisseaux  de 
l'Inde.  Voy.  labiées. 

*MEIUAN!A.  bot.  ph.  —  Genre,  de  la  fa- 
mille des  Mélastomacées-Lavoisiérées  ,  éta- 
bli par  Swartz  (Flor.  Ind.  occid.,  II,  824  , 
t.  15).  Arbres  ou  arbrisseaux  des  Antilles, 
du  Brésil  et  du  Pérou.  Voy.  mélastomacées. 

BIERIDA,  Neck.  {Elem.  n.  1195).  bot. 
ph.  — Syn.  de  Portulaca,  Tournef. 

MERIDIANA,  Linn.  {in  Linn.  f.  suppl., 
248).  bot.  ph.— Syn.  de  Portulaca,  Tournef. 

MERIDION  (fxspt'ç,  (xtpiSou  particule). 
infus.  ?  algues.  —  Genre  établi  par  Agardh 
pour  des  Bacillariées  que  M.  Ehrenberg 
place  parmi  les  Infusoires.  Il  est  caractérisé 
par  la  forme  et  lé  mode  d'agrégation  des 
articles  ou  corpuscules,  qui,  plus  larges  à 
une  extrémité ,  forment  une  bandelette 
contournée  en  cercle  ou  en  spirale,  au  lieu 
d'être  droite,  comme  pour  les  Fragillaires. 

Le  Meridion  vernale,  très  commun  au 
printemps  dans  les  fossés  d'eau  vive ,  parmi 
les  Conferves,  est  le  type  de  ce  genre.  (Duj.) 

MÉRÏLÉGÏDES  ,  Lep.  de  St-Farg.  ins. 
—  Synonyme  d'Andrénides.  Voy.  melli- 
Fères.  (Bl.) 

*MERIMEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Élatinées,  établi  par  Gambessèdes 
(in  Mem.  Mus.,  XVIII,  230).  Herbes  du 
Brésil.  Voy.  élatinées. 

*MERIMNETES  (/«pipvwTife,  curieux). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères ,  divi- 
sion des  Cyclomides ,  créé  par  Schœnherr 
(Gênera  et  $p.  Curculion.  syn.,  tom.  VII, 


pag.  252).  L'espèce  type  et  unique,  le  M. 
uniformis  Schœnherr,  est  originaire  de  la 
Nouvelle-Hollande.  (C.) 

MÉRINOS,  mam.  —  Race  espagnole  de 
Moutons.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MERIOLIX.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  OEnothéracées-Épilobiées,  établi 
par  Raflnesque  (in  Americ.  Monthly  Magaz., 
1819).  Herbes  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 

0ENOTHÉRACÉES. 

MÉRION.  Malurus.  ois.  —  Genre  de  la 
nombreuse  famille  des  Becs-Fins  et  de  l'or- 
dre des  Passereaux ,  caractérisé  par  un  bec 
plus  haut  que  large  ,  comprimé  dans  toute 
sa  longueur,  fléchi,  légèrement  courbé  et 
échancré  vers  sa  pointe,  à  arête  distincte  et 
se  prolongeant  jusque  entre  les  plumes  du 
front;  des  narines  situées  sur  les  côtés  de 
la  base  du  bec ,  et  à  moitié  recouvertes  par 
une  membrane;  des  pieds  longs  et  grêles; 
le  doigt  extérieur  uni  à  celui  du  milieu  jus- 
qu'à la  première  articulation  ;  des  ailes 
courtes,  arrondies  ;  une  queue  très  longue, 
conique;  rectrices  étroites,  et  souvent  à  bar- 
bules  rares  et  décomposées. 

Ce  g.  n'a  pas  été  adopté  par  tous  les  na- 
turalistes. Ainsi  G.  Guvier  a  laissé  les  espè- 
ces qui  le  composent  avec  les  Traquets.  Ce- 
pendant les  Méfions,  loin  de  se  confondre 
avec  ces  derniers,  paraissent  au  contraire 
s'en  distinguer  et  devoir  former  un  groupe 
à  part,  dont  le  principal  caractère  peut  être 
tiré  de  la  longueur  de  la  queue.  Ce  carac- 
tère, il  est  vrai,  déterminerait  le  genre  trop 
incomplètement  s'il  était  seul  ;  mais  ,  asso- 
cié à  ceux  tirés  de  la  forme  du  bec,  etc.,  il 
sert  à  caractériser  lesMérions  d'une  manière 
assez  énergique. 

Les  mœurs  des  Mérions  sont,  en  général, 
fort  peu  connues.  Le  Mérion-Capocier  est  la 
seule  espèce  sur  laquelle  on  ait  quelques 
détails  un  peu  satisfaisants  ,  dus  en  grande 
partie  à  Levaillant,  qui  a  eu  occasion  d'ob- 
server cet  oiseau  en  Afrique,  où  on  le  trouve 
en  nombre  assez  considérable,  surtout  dans 
les  contrées  les  plus  méridionales.  Il  paraît 
qu'il  est  familier,  et  qu'il  s'approche  avec 
confiance  des  habitations  des  colons.  Il  con- 
struit son  nid  avec  le  duvet  qui  entoure  la 
graine  d'une  espèce  d'Asclépiade  >  nommée 
par  les  habitants  des  colonies  Capoc  (  d'où 
le  nom  de  Capocier).  Ce  nid,  assez  volumi- 
neux, a  une  entrée  à  la  partie  supérieure, 


MER 


MER 


135 


et  souvent  est  établi  dans  les  bifurcations 
de  l'arbrisseau  même.  On  sait  aussi  que  le 
Malurus  palustris  habite  les  parties  maréca- 
geuses de  la  Nouvelle-Hollande  ,  et  que  le 
Mal.  textilis  se  tient  presque  constamment 
sous  les  buissons,  comme  notre  Accenteur- 
Mouchet,  et  qu'il  court  très  vite  lorsqu'on 
le  trouble.  C'est  à  quoi  se  borne  l'histoire 
de  leurs  mœurs.  Du  reste ,  ce  sont  des  Oi- 
seaux insectivores,  qui,  ayant  une  grande 
analogie  de  formes  avec  les  Fauvettes ,  doi- 
vent avoir  avec  elles  de  grands  rapports  de 
mœurs. 

A  l'exception  de  quelques  espèces  ancien- 
nement connues ,  et  qui  étaient  réparties 
dans  les  g.  Merle,  Sylvie  et  Gobe-Mouche, 
la  plupart  de  celles  dont  on  avait  composé 
le  g.  dont  nous  parlons  appartiennent  aux 
découvertes  faites  dans  ces  quinze  ou  vingt 
dernières  années  :  elles  ont  été  trouvées  dans 
l'archipel  des  Indes  et  de  l'Océanie.  Quel- 
ques unes  des  espèces  que  M.  Temminck 
avait  reconnues  pour  des  Mérions  sont  deve- 
nues des  types  de  nouvelles  divisions  généri- 
ques. Ainsi  le  Mérion  bridé  (Mal.  frenalus 
Temm.  )  a  été  pour  Swainson  la  souche  de 
son  g.  Chœtops.  Le  même  auteur  a  fait  du 
Capocier  (Mal.  macroura,  Sylviamacroura 
Lath.)  son  g.  Drymoica.  Sur  le  Mal.  peclo- 
ralis  Steph.  (Syl.  brachyplera  Lath.)  a  été 
fondé,  par  Lichtenstein,  le  g.  Sphenura.  Il 
en  est  de  même  pour  plusieurs  autres  espè- 
ces, considérées  ou  reconnues  pour  des  Mé- 
rions par  divers  auteurs,  et  devenues  plus 
tard  des  sujets  de  sections  particulières. 
Telles  sont,  par  exemple,  le  Mérion  natté 
(Mal.  textilis  Quoy  et  Gaim.)  et  le  Mérion 
queve  gazée  (Mal.  malachur us  Vïç.  ctHorsf.), 
que  M.  Lesson  a  pris  pour  types,  le  premier 
de  son  g.  Amytis  de  la  famille  des  Fringilles, 
et  le  second  de  son  g.  Stipiturus  de  la  fa- 
mille des  Becs-Fins.  Il  en  est  de  même  du 
Mal.  Africanus  Swains.  (Mal.  a/raGmel.), 
dont  Strickland  a  fait  le  g.  Sphcnœacus ,  et 
du  Mal.  marginalis  Reinw.,  dont  Horsfield 
a  fait  le  g.  Megalurus.  De  sorte  qu'à  vrai 
dire,  il  n'y  a  bien  du  g.  Mérion  ,  tel  que 
Vieillot  et  Temminck  l'avaient  fait,  que  l'es- 
pèce qui  avait  servi  de  type,  et  deux  ou  trois 
autres  dont  il  ne  serait  pas  surprenant  que 
l'on  fît  plus  tard  autant  de  sections  parti- 
culières. 

Nous  citerons  le  Mérion  a  tête  bleue  , 


Mal.  cyaneus  Vieill.  (Gai.  des  Ois.,  pi.  163)  : 
front  bleu  ;  tête  et  nuque  d'un  beau  noir  de 
velours  ;  dessus  du  corps  et  gorge  noirs  ; 
parties  inférieures  blanches.  —  Habite  la 
Nouvelle-Hollande. 

G.  Cuvier  fait  de  cette  espèce  un  Traquet. 

Le  Mérion  a  tête  noire  ,  Mal.  mclanoce- 
phalus ,  Musci.  melanocephala  Lath.  :  tête 
et  dessous  du  corps  d'un  noir  de  velours; 
dos  et  ailes  rouge  vermillon  ;  abdomen  d'un 
blanc  jaunâtre  ;  queue  noire  et  blanche. 

M.  Lesson  place  encore  dans  ce  g.  le  M. 
élégant  (  Mal.  superba  Shaw),  de  la  Nou- 
velle-Hollande. (Z.  G.) 

MEMONES,  Illig.  mam.  —  Syn.  de  Gtr- 
bille,  A. -G.  Desm. 

MEUIONUS,  Mégerle,  Dejean.  ras.  — 
Syn.  de  Hypsonolus,  Schœn.,  et  Barynotus, 
Germar.  (C.) 

*MERIPI1US  (p-,  par  élision  ;  ïpiyoç , 
chevreau),  ms.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères  ,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères  ,  division  des  Érirhinides,  créé  par 
Erichson  (Archiv.  fur  nalurg.,  1842,  p. 
199,  g.  22).  Ce  genre  a  de  grands  rapports 
avec  les  Anthonomus.  L'espèce  type  et  uni- 
que, le  M.  fullo  Er.,  est  originaire  de  la 
Nouvelle-Hollande.  (G.) 

MEIUSIEU.  bot.  ph.  —  Nom  d'une  es- 
pèce du  genre  Cerisier.  Voy.  ce  mot. 

MERISMA  (pcpcJpo's,  division),  bot.  cr. 
—  Genre  de  la  classe  des  Basidiosporés  et  de 
la  famille  des  Théléphores,  établi  par  Per- 
soon  (  Tentant,  disp.  rnelh.  fung. ,  p.  74  ; 
Syn.  fung.,  582;  et  myc.  Europ.,  p.  155). 
Le  réceptacle  est  coriace,  à  rameaux  com- 
primés ou  arrondis,  fertiles  sur  toute  leur 
surface.  Les  espèces  de  ce  genre  ont  la  forme 
des  Clavaires  et  la  structure  des  Théléphores. 
Persoon ,  en  considérant  les  Merisma  laci- 
nialum,  terrestre,  (labellatum  ,  etc.,  a  eu 
tort,  parce  que  ces  espèces  ont  une  surface 
stérile  et  une  fructifère.  Le  professeur  Fries 
a  profité  de  celte  erreur  pour  détruire  le 
genre.  Il  existe  véritablement,  e-t  les  con- 
trées tropicales  nous  en  présentent  un 
grand  nombre  d'espèces;  mais  on  doit  en 
séparer  celles  dont  les  rameaux  sont  tomen- 
teux,  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de  Da- 
sycladus.  Le  Merisma  vermiculare,  en  raison 
de  sa  forme ,  en  donne  une  idée  exacte  ,  et 
le  genre  Florula  n'est  qu'un  Merisma,  si  l'on 
adopte  la  définition  de  Persoon.      (Lév.) 


136 


MER 


MER 


*MERISMOPOED!A,Mey.  bot.  en.  — 
Syn.  à'Agmenellum,  Bréb. 

*M£R1SMUS.  ms.— Genre  delà  tribu  des 
Chalcidiens,  groupe  des  Miscogastérites,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par  M.  Wal- 
Ler  (Entom.  Magazine),  et  adopté  par  nous 
(Histoire  des  Insectes).  Les  Mérismes  sont  dis- 
tingués des  autres  Miscogastérites  par  des 
antennes  de  treize  articles  dans  les  deux  sexes, 
assez  renflées  dans  les  mâles,  par  une  tête 
large,  etc.  Le  type  est  le  M.  aculealus  Walk. 
(Entom.  Magaz.,  t.  I,  p.  375).         ^l.; 

*MERISOSTIGMA,  Diet.  bot.  pu.— Syn. 
tfOiieda  ,  Spreng. 

*Jtf£RIZOMYRIA  (p.fpc'Çw,  partager  ;  f*v- 
p'oç,  innombrable),  bot.  cr. — (Phycées.)  Ce 
genre,  établi  par  M.  Kutzing  (  Dec.  et  Phyc. 
gêner.),  qui  le  place  dans  sa  famille  des 
Mastichotrichées,  nous  semble  appartenir 
aux  Rivulariées.  Voici  ses  caractères  :  Fila- 
ments moniliformes  à  leur  base,  se  terminant 
en  un  Clament  délié  continu;  articles  infé- 
rieurs renflés  et  se  divisant  en  sporanges, 
M.  Kutzing  en  décrit  cinq  espèces.      (Bréb.) 

MERLAN  {Gadus  merlangus  Lin.),  poiss. 
—  C'est  un  des  Poissons  dont  le  nom  et  la 
forme  extérieure  sont  le  mieux  connus  dans 
presque  toute  l'Europe  septentrionale.  La 
Morue,  que  l'on  sert  sur  presque  toutes  les 
tables  plus  communément  que  le  Merlan , 
que  Ton  nomme  si  souvent,  n'est  pas  aussi 
connue  ;  sa  forme  est  souvent  ignorée  des 
hommes  qui  vivent  à  peu  de  distance  des 
côtes,  parce  qu'on  la  sert  toujours  dépecée; 
tandis  que  le  Merlan  est  transporté  entier  et 
en  très  grande  abondance  pendant  la  moitié 
ou  le  tiers  au  moins  de  l'année. 

C'est  un  poisson  à  corps  allongé,  couvert 
de  petites  écailles,  ayant  trois  dorsales,  deux 
anales,  des  pectorales  petites,  des  ventrales 
jugulaires  étroites,  et  dont  le  premier  rayon 
s'allonge  en  un  petit  filet.  La  gueule  est  bien 
fendue;  les  mâchoires  sont  armées  de  dents 
coniques  et  crochues  ;  il  y  en  a  aussi  sur  les 
palatins,  sur  les  pharyngiens;  la  langue  est 
lisse.  La  mâchoire  inférieure  avance  au-delà 
de  la  supérieure  :  elle  n'a  pas  de  barbillons. 
La  couleur  du  dos  est  un  gris  tirant  un  peu 
au  verdâtre;  le  reste  du  corps  et  même  l'i- 
ris de  l'œil  ,  qui  est  très  grand ,  sont  bril- 
lants du  plus  bel  éclat  d'argent  poli.  L'es- 
tomac est  un  grand  et  large  sac  conique  avec 
une  branche  montante  courte.  Il  y  a  de  nom- 


breux cœcums  auprès  du  pylore.  Le  foie  est 
gros,  jaunâtre,  son  parenchyme  est  mou.  La 
rate,  brune  foncée,  est  attachée  derrière* 
l'estornac.  La  vessie  aérienne  est  grande,  et 
communique  avec  l'œsophage  par  un  large 
trou.  Les  ovaire  ssont  assez  gros  ;  les  œufs, 
nombreux,  sont  très  petits.  11  n'est  pas  rare 
de  rencontrer  des  Merlans  hermaphrodites. 
J'en  ai  observé  plusieurs  fois  sur  le  marché 
de  Paris;  il  y  avait  deux  laitances  bien  dis- 
tinctes ,  qu'un  anatomiste  ne  pouvait  con- 
fondre avec  les  lobes  du  foie.  Je  fais  cette 
observation  parce  que  l'on  trouve  dans  des 
ouvrages  fort  recommandables  que  l'on  a 
souvent  établi  l'hermaphroditisme  des  Mer- 
lans en  prenant  pour  des  laitances  des  lobes 
d'un  foie  malade. 

Le  Merlan  habite  en  abondance  les  mers 
septentrionales  de  l'Europe;  il  est  l'objet 
d'une  pêche  active  et  lucrative  dans  la  Man- 
che. On  le  prend  quelquefois  avec  le  filet 
qu'on  nomme  drège,  mais  le  plus  souvent 
avec  de  longues  lignes  de  fond  armées  de 
deux  à  trois  cents  hameçons ,  amorcés  avec 
des  Vers  et  autres  matières  animales.  On  les 
retire  toutes  les  deux  ou  trois  heures.  Tout 
le  monde  connaît  la  chair  blanche  et  déli- 
cate du  Merlan  ,  dont  les  muscles  se  déta- 
chent et  se  lèvent  par  écailles  après  la  cuis- 
son. Ce  poisson  se  montre  en  plus  grande 
quantité  après  l'apparition  du  Hareng;  et  à 
cette  époque  il  est  meilleur  et  plus  gras , 
parce  qu'il  a  pu  dévorer  les  œufs  ou  le  petit 
fretin  du  Hareng,  dont  le  Merlan  est  un  des 
plus  grands  destructeurs. 

Au  reste,  sa  chair  et  sa  forme  varient  sui- 
vant la  nature  des  fonds.  Ils  ont  le  corps 
plus  court ,  le  dos  plus  épais  sur  les  fonds 
de  roches  que  sur  les  fonds  de  gravier  ou 
de  vase.  On  fait  sécher  le  Merlan  dans  quel- 
ques endroits,  mais  cette  industrie  n'est  pas 
très  étendue  ,  probablement  à  cause  de  la 
petitesse  du  corps  du  poisson  ,  de  la  main- 
d'œuvre  plus  coûteuse >  et  parce  qu'aussi 
en  cet  état  il  ne  peut  suppléer  aux  grands 
autres  Gades,  et  surtout  à  la  Morue. 

Le  Merlan  est  devenu  ,  dans  l'ichthyolo- 
gie  moderne,  le  type  d'un  genre  particulier 
de  la  famille  des  Gades,  dont  Linné  et  Artedi 
ne  faisaient  qu'un  seul  genre.  L'absence  du 
barbillon  sous-maxillaire  caractéristique  des 
Morues  distingue  le  Merlan  de  celles-ci.  On 
peut  placer  à  la  suite  du  Merlan  commun  : 


MER 


MER 


137 


1°  Le  Colin  ou  le  Merlan  noir  (  Gadus 
carbonarius).  Il  a  les  caractères  généraux  du 
Merlan  ,  c'est-à-dire  trois  dorsales ,  deux 
anales,  pas  de  barbillons  sous  une  mâchoire 
inférieure  armée  de  fortes  dents,  mais  elle  est 
plus  courte  que  la  supérieure.  On  le  reconnaît 
d'ailleurs  à  ses  teintes  verdâtres  rembrunies, 
à  ses  dorsales  presque  noires,  à  une  grande 
tache  de  cette  couleur  foncée  au-dessus  des 
pectorales ,  et  enfin  à  ce  que  la  muqueuse 
de  la  bouche  est  noire.  La  ligne  latérale 
droite  tranche  par  son  blanc  nacré  sur  ces 
couleurs  rembrunies. 

Le  Colin  est  moins  commun  dans  la  Man- 
che que  dans  les  latitudes  septentrionales  , 
où  il  est  assez  abondant  pour  devenir  l'ob- 
jet d'une  pêche  qui  peut  suppléer  avec  quel- 
que profit  à  celle  de  la  Morue,  car  il  atteint 
un  mètre  de  longueur;  et  quand  il  est  sé- 
ché et  salé,  sa  chair  peut  être  vendue  avec 
celle  de  la  Morue  sans  qu'il  soit  possible  de 
les  distinguer  l'une  de  l'autre,  du  moins  au 
goût. 

2°  Le  Lieu  ou  Merlan  jaune  (Gadus  pol- 
lachius  Lin.  )  est  semblable  au  Merlan  , 
mais  ses  couleurs  sont  jaunes;  sa  ligne  la- 
térale ,  droite  dans  les  deux  espèces  précé- 
dentes, est  courbe  chez  celui-ci.  C'est  aussi 
une  espèce  des  mers  septentrionales  qui  ne 
devient  pas  plus  grande  que  le  Merlan,  dont 
la  chair  est  moins  bonne  ,  et  qui  reste  tou- 
jours à  la  petite  taille  de  25  à  30  centi- 
mètres. 

3°  Le  Sey  ou  Merlan  vert  (Gadus  virens 
Ascanius)  est  une  autre  espèce  voisine  des 
précédentes,  mais  à  mâchoires  égales.  Cette 
espèce,  plus  verte  que  notre  Merlan  ,  est 
abondante  sur  les  côtes  de  Norwége,  où  elle 
remplace,  pour  la  consommation  journa- 
lière, le  Merlan  de  la  Manche.  Les  indivi- 
dus ne  deviennent  pas  plus  grands.     (Val.) 

MERLE.  Turdus.  ois.  —  Les  Oiseaux 
que  la  plupart  des  auteurs  comprenaient, 
il  n'y  a  pas  longtemps  encore,  sous  ce  terme 
générique ,  composeraient  la  réunion  la  plus 
hétérogène  et  la  plus  disparate,  si  les  orni- 
thologistes modernes,  pour  atténuer  un  peu 
ce  qu'un  pareil  rassemblement  d'espèces  en 
une  seule  division  avait  de  défectueux  ,  n'a- 
vaient fait  une  famille  de  ce  que  l'on  con- 
sidérait comme  genre.  Cet  expédient  a  con- 
duit à  ceci  :  d'une  part,  les  espèces  de  Merles 
ont  été  divisées  par  petits  groupes  naturels, 

T.   VIII. 


qui  sont  devenus  autant  de  genres  particu- 
liers ;  et  d'autre  part,  des  oiseaux  qui  n'a- 
vaient jamais  été  considérés  comme  des 
Merles,  quoiqu'ils  eussent  avec  eux  de  très 
grands  rapports  d'organisation  ,  ont  été  in- 
troduits,  quoique  sous  une  dénomination  [ 
différente,  dans  la  même  famille.  En  vou- 
lant éviter  un  inconvénient,  quelques  au- 
teurs ne  seraient-ils  pas  tombés  forcément 
dans  un  autre?  La  famille  des  Merles  est 
tellement  élastique;  elle  se  trouve  actuelle- 
ment si  agrandie  ;  ses  limites  sont  si  peu 
tranchées,  si  diffuses,  qu'il  y  a  vraiment 
impossibilité  de  dire  où  commence  et  où 
finit  cette  famille.  D'ailleurs  nous  devons 
avouer  que  cette  difficulté  est,  en  très  grande 
partie,  justifiée  par  l'absence  absolue  de  tout 
caractère  propre  à  faire  distinguer  bien  net- 
tement les  vrais  Merles  des  autres  groupes 
qui  les  avoisinent;  et  cette  difficulté  exis- 
tera ,  nous  en  sommes  convaincus ,  tant  que 
nous  n'aurons  pas  de  bons  détails  de  mœurs 
sur  les  espèces  étrangères  dont  aujourd'hui 
on  fait  des  Merles.  Plus  bas  nous  expose- 
rons la  manière  de  voir  de  la  plupart  des 
ornithologistes  relativement  à  la  classification 
de  ces  oiseaux;  ici  nous  devons  essayer  de 
tracer  leur  histoire  naturelle,  etc.,  en  ayant 
toujours  et  principalement  en  vue,  dans 
cette  partie  de  notre  travail,  les  espèces  que 
possède  l'Europe. 

Les  Merles,  parmi  lesquels  se  placent 
naturellementles  Grives,  les  Moqueurs,  etc., 
offrent,  en  raison  de  leur  nombre  considé- 
rable, des  instincts,  des  goûts,  des  habi- 
tudes ,  et  des  mœurs  différents.  Si  les  uns, 
en  dehors  de  l'époque  des  amours,  vivent 
par  petites  familles,  si  les  autres  aiment  la 
société  de  leurs  semblables  au  point  de  se 
réunir  en  essaims  innombrables ,  il  en  est 
aussi  qui ,  quelle  que  soit  l'époque  de  l'an- 
née, se  montrent  solitaires,  ou  ne  se  ren- 
contrent que  momentanément  réunis  au 
nombre  de  deux  ou  trois,  conduits  dans  le 
même  lieu  par  le  même  besoin.  De  co 
nombre  sont  à  peu  près  tous  les  Merles  pro- 
prement dits  et  les  Pétrocincles  ou  Merles 
saxicoles. 

Chaque  contrée,  chaque  localité  a  ses 
Merles.  Les  bosquets  d'une  certaine  éten- 
due ,  les  bords  de  l'eau  ,  les  bois  en  plaines, 
les  bois  en  coteaux,  les  monts  rocailleux,  etc., 
sont  les  lieux  où  ces  oiseaux  m  trouvent 

1S 


23S 


MER 


MER 


distribués.  Les  uns  recherchent  les  ombrages 
frais ,  le  fond  des  vallées ,  les  terrains  gras 
et  humides  ;  les  autres  n'aiment  que  les  sites 
arides  et  les  plus  exposés  aux  ardeurs  du 
soleil  ;  ceux-ci  ne  s'écartent  jamais  des  rives 
qu'ils  fréquentent;  ceux-là  ont  des  mœurs 
sylvaines  qui  les  retiennent  constamment 
au  sein  des  forêts  les  plus  épaisses.  Il  n'y  a 
qu'un  besoin  urgent  de  nourriture  qui  puisse 
faire  écarter  les  Merles  de  leur  habitat 
accoutumé,  et  encore,  dans  ce  cas,  ils  se 
répandent  dans  des  lieux  analogues  poul- 
ies circonstances  à  ceux  qu'ils  abandonnent. 

Cette  différenced'habitat  ne  coïncide  pas, 
comme  on  le  constate  pour  beaucoup  d'au- 
tres familles  d'Oiseaux,  avec  une  différence 
bien  notable  dans  le  régime;  car  à  peu  près 
tous  les  Merles  sont  à  la  fois  insectivores  > 
frugivores  et  baccivores.  La  plupart  de  nos  es- 
pèces d'Europe  pourraientmême  à  la  rigueur 
être  considérées  comme  omnivores,  tant  les 
aliments  dont  elles  se  nourrissent  sont  de  di- 
verse nature.  La  Grive  commune ,  la  Draine , 
le  Mauvis,  le  Merle  noir,  s'attaquent  in- 
différemment aux  raisins,  aux  figues  ,  aux 
cerises ,  aux  fruits  du  Sorbier,  du  Mûrier , 
du  Lierre,  aux  baies  du  Sureau,  du  Gené- 
vrier, du  Pistachier  noir,  aux[  nsectes  ,  et 
surtout  aux  larves,  aux  petits  Colimaçons 
et  aux  Vers  de  terre,  qu'ils  cherchent  sous 
les  feuilles  tombées ,  et  qu'ils  mettent  à  dé- 
couvert en  grattant  le  sol.  Il  n'y  a  guère  que 
nos  Merles  saxicoles  dont  le  régime  soit  beau- 
coup plus  insectivore  que  frugivore. 

L'activité  que  les  Merles  mettent  à  chercher 
leur  nourriture,  surtout  par  un  temps  de 
disette,  est  extrême  ;  on  les  voit  alors  tou- 
jours en  mouvement ,  courir  de  buisson  en 
buisson ,  piétiner  la  terre  et  la  fouiller  à 
l'aide  de  leur  bec.  Leur  gourmandise  égale 
leur  gloutonnerie.  Leur  avidité  est  telle  que 
lorsqu'ils  rencontrent  un  aliment  abondant 
et  selon  leur  goût,  il  leur  faut  tout  au  plus 
quarante-huit  heures  pour  passer  de  la  mai- 
greur à  l'obésité.  La  Grive  commune  ,  par 
exemple ,  peu  de  jours  après  son  arrivée 
dans  le  midi  de  la  France  ,  a  acquis  telle- 
ment d'embonpoint  en  se  gorgeant  de  fi- 
gues, d'olives  et  de  raisins,  qu'elle  devient 
incapable  de  fournir,  en  volant,  une 
longue  traite.  C'est  elle  qui  a  donné  lieu  à 
ce  proverbe  :  Saoul  comme  une  Grive,  parce 
qu'on  pense  qu'elle  s'enivre  en  mangeant 


du  raisin.  Si  les  observateurs  qui  ont  avancé 
ce  conte  avaient  fait  la  part  de  toutes  les  cir- 
constances, ils  n'auraient  certainementpas 
attribué  aux  raisins  l'état  d'inertie  dans  lequel 
se  montre  la  Grive.  Pour  nous ,  cet  état  doit 
être  rapporté  à  deux  causes  :  à  l'embonpoint 
de  l'oiseau  et  aux  fortes  chaleurs  delà  jour- 
née; deux  causes  qui  la  rendent  paresseuse 
et  quelquefois  incapable  de  voler.  D'ailleurs 
on  trouve  d'autres  Oiseaux,  principalement 
parmi  les  Bec-Fins  et  Jes  Pipis,  qui  son  t  tout- 
à-fait  dans  le  même  cas ,  quoique  pourtant 
ils  ne  se  nourrissent  que  d'Insectes  ou  de 
fruits  qui  ne  fournissent  pas  une  liqueur 
spiritueuse.  Ce  seul  exemple  suffirait  pour 
prouver  que  la  Grive  ne  s'enivre  pas;  elle 
est  gloutonne  comme  toutes  ses  congénères; 
mais  elle  a  de  plus  qu'elles  la  faculté  d'en- 
graisser promptement. 

Les  Merles  joignent  à  un  caractère  sau- 
vage une  défiance,  une  inquiétude,  une 
circonspection  extrêmes  ;  un  rien  les  met 
en  émoi  et  les  détermine  à  fuir.  Les  espèces 
saxicoles  sont  surtout  farouches  à  l'excès.  Il 
est  impossible  de  les  aborder,  et  si,  pour 
se  les  procurer,  on  ne  met  pas  la  ruse  en 
usage,  il  faut  renoncer  à  les  atteindre.  Du 
reste ,  il  n'y  a  qu'à  observer  le  Merle  noir 
dans  nos  jardins  publics,  où  cependant  la 
présence  continuelle  de  l'homme  devrait 
avoir  un  peu  modifié  son  naturel.  Il  est  cir- 
conspect avant  tout.  Quel  quesoit  l'objet  qui 
l'affecte,  il  semble  s'en  défier;  il  s'avance, 
s'arrête ,  regarde ,  puis  avance  encore.  Gué- 
neau  de  Montbeilîard  (  Hist  nat.  des  Ois. 
de  Buffon)  paraît  avoir  mis  en  doute  la  dé- 
fiance de  cet  oiseau ,  par  la  raison  qu'ordi- 
nairement un  oiseau  défiant  est  difficile  à 
attraper,  et  que  le  Merle  noir  d'Europe 
donne  assez  facilement  dans  les  pièges.  Mais 
la  faim,  la  soif ,  et  aussi  la  gourmandise 
généralement  très  grande ,  comme  nous 
l'avons  dit,  chez  les  Merles  ,  mettent  bien 
souvent  en  défaut  des  animaux  plus  soup- 
çonneux et  plus  rusés  qu'eux.  Du  reste, 
Guéneau  de  Montbeilîard  semble  s'être  con- 
tredit lui-même  lorsque,  quelques  lignes 
plus  bas,  il  dit  que  les  Merles  se  laissent 
prendre  aux  gluaux,  aux  lacets  et  à  toutes 
sortes  de  pièges ,  pourvu  que  la  main  qui 
les  a  tendus  se  rende  invisible. 

Quoique  sauvages,  ou  peut-être  parce 
qu'ils  sont  sauvages,  les  Merles  (certains  du 


MER 


MER 


139 


moins)  sont  acariâtres  et  querelleurs;  lors- 
qu'ils se  voient  pris,  ils  essaient  de  se  dé- 
fendre en  pinçant  vigoureusement.  Mis 
en  volière,  ils  se  rendent  presque  toujours 
redoutables  à  ceux  de  leurs  compagnons 
d'esclavage  qui  sont  plus  faibles  qu'eux.  Mais 
l'espèce  qui,  par  son  courage,  est  la  pre- 
mière dans  cette  nombreuse  famille,  est, 
sans  contredit ,  la  Draine.  Elle  devient 
hardie,  intrépide,  ne  connaît  point  le  dan- 
ger lorsqu'il  s'agit  de  défendre  sa  couvée , 
«t  ne  craint  même  pas  alors  d'attaquer  le 
Geai,  le  Corbeau,  la  Crécerelle  ,  le  Hobe- 
reau ,  et  les  autres  petits  Oiseaux  de  proie. 
S'il  arrive  qu'un  de  ces  Oiseaux  s'appro- 
che de  ses  petits ,  elle  se  précipite  sur 
lui  avec  fureur  en  poussant  des  cris  per- 
çants ;  le  poursuit  avec  autant  d'ardeur  que 
d'acharnement,  et  le  force  à  prendre  la 
fuite.  D'ailleurs  ce  caractère,  qui  mérite- 
rait à  peine  d'être  remarqué  si  elle  ne  le 
manifestait  qu'à  l'époque  des  amours,  se 
décèle  encore  en  dehors  de  ces  circonstan- 
ces. La  Draine  est  naturellement  très  har- 
gneuse ,  très  querelleuse,  et  se  bat  souvent 
avec  ses  semblables. 

La  famille  des  Merles  est  une  des  plus 
richement  dotées,  sous  le  rapport  du  chant. 
La  nature,  en  dispensant  cette  faculté  à 
presque  toutes  les  espèces  ,  semble  avoir 
voulu  faire  oublier  par  là  le  triste  plumage 
dont ,  en  général ,  elle  les  a  parées.  Cepen- 
dant tous  les  Merles  ne  sont  pas  chanteurs 
au  même  degré.  S'il  en  est  parmi  eux  que 
l'homme  recherche  pour  les  précieuses  qua- 
lités de  leur  voix,  il  en  est  aussi  qu'il  né- 
glige parce  que  leur  chant  n'a  plus  ni  la 
même  harmonie  ni  la  même  durée.  Nos 
Merles  et  nos  Grives  d'Europe  chantent 
toute  l'année.  Il  est  pourtant  vrai  de  dire 
que  le  printemps  est  l'époque  pendant  la- 
quelle ils  se  font  entendre  plus  fréquem- 
ment. A  l'automne,  la  plupart  d'entre  eux 
gazouillent  plutôt  qu'ils  ne  chantent;  mais 
aux  premiers  beaux  jours  leur  voix  acqué- 
rant son  amplitude ,  ils  en  déploient  tous 
les  riches  accords.  C'est  surtout  le  matin  et 
îe  soir,  lorsque  le  soleil  descend  à  l'horizon, r 
qu'ils  en  développent  toutes  les  ressources. 
La  Draine  ,  au  fond  des  bois,  est  la  première 
à  nous  faire  entendre  les  sons  flûtes  et  va- 
riés de  son  ramage;  le  Merle  noir,  dans  les 
bosquets,  dans  nos  jardins ,  redit  ces  chants 


tristes  et  mélancoliques  que  tout  le  monde 
connaît,  et  le  Merle  bleu,  du  haut  de  son 
rocher  solitaire,  jette  ces  notes  tantôt  douces 
et  harmonieuses,  tantôt  sonores  et  métalli- 
ques ,  qui  donnent  à  son  chant  une  expres- 
sion tour  à  tour  gracieuse  et  grave.  Ce  dernier 
Oiseau  a  toujours  été  fort  estimé  à  cause 
de  la  beauté  et  des  modulations  de  sa  voix. 
Un  de  nos  grands  rois  de  France  ,  Fran- 
çois Ier,  prenait,  dit-on, un  singulier  plaisir 
à  l'entendre  ;  il  l'estimait  plus  belle  que  celle 
de  toute  autre  espèce.  Olina  rapporte  qu'à 
Milan  et  à  Genève  un  mâle  apprivoisé  de 
Merle  bleu  se  vendait  fort  cher  de  son 
temps  ;  et  selon  Hassclquist,  un  pareil  Oiseau 
valait  à  Smyrne  et  à  Constantinople  de  50  à 
100  piastres  (250  à  500  fr.). 

Comme  tous  les  Oiseaux  chanteurs  enlevés 
jeunes  à  la  tutelle  de  leurs  parents,  et  sou- 
mis de  bonne  heure  à  cette  éducation  factice 
que  nous  leur  donnons,  les  Merles  et  les 
Grives  possèdent  à  un  certain  degré  le  talent 
d'imitation.  Ils  oublient  leur  propre  chant 
pour  répéter  des  sons  qu'ils  ont  entendus 
et  qu'ils  se  sont  appropriés.  Belon  nous  dit 
que  la  Draine  peut  prononcer  quelques  mots, 
et  Pline  rapporte,  avec  un  peu  trop  d'exa- 
gération peut-être,  qu'Agrippine  avait  une 
Grive  qui  contrefaisait  les  paroles  de  tous 
ceux  qu'elle  entendait. 

Mais  de  toutes  les  espèces  de  la  nombreuse 
famille  des  Merles,  celle  qui  possède  au  plus 
haut  point  la  faculté  d'imiter  les  autres 
animaux,  celle  en  même  temps  dont  le  chant 
naturel  est  le  plus  suave  et  le  plus  mélo- 
dieux, est  sans  contredit  le  Moqueur  poly- 
glotte. Comme  son  nom  l'indique,  cet  Oiseau 
a  le  singulier  talent  de  reproduite  à  l'ins- 
tant tous  les  cris ,  tous  les  chants  qui  vien- 
nent le  frapper.  Nous  connaissons  biea 
quelques  Oiseaux,  tels  que  lesPies-Grièchcs 
rousse  et  écorcheur,  les  Fauvettes  effarvollc 
et  verderolle  ,  le  Traquet  imitateur,  etc., 
qui ,  à  l'état  de  liberté ,  prennent  le  ramage 
des  autres  espèces  leurs  voisines.  Il  est  éga- 
lement certain,  d'après  les  observations  de 
Nordman,  que  le  Merle  de  roche  imite  le 
chant  et  les  airs  d'appel  des  autres  Oiseaux  ; 
mais,  au  dire  des  voyageurs,  l'imitation 
chez  le  Moqueur  serait  portée  à  un  degré 
de  perfection  bien  supérieur.  «Bien  loin  de 
rendre  ridicules  les  chants  étrangers  qu'il 
répète,  dit  Bulîon  ,  il  paraît  ne  les  imiter 


140 


MER    ■ 


MER 


que  pour  les  embellir;  on  croirait  qu'en 
s'appropriant  ainsi  tous  les  sons  qui  frap- 
pent ses  oreilles ,  il  ne  cherche  qu'à  enrichir 
et  perfectionner  son  propre  chant,  et  qu'à 
exercer  de  toutes  les  manières  son  infati- 
gable gosier.  »  Fernandez ,  Nieremberg  et 
en  général  les  Américains ,  considèrent  le 
Moqueur  comme  le  premier  parmi  les  Oi- 
seaux chanteurs  de  l'univers  ;  ils  le  mettent 
même  au-dessus  du  Rossignol.  Sa  voix  forte 
et  bruyante  est  surtout  agréable  lorsqu'on 
l'entend  à  une  certaine  distance.  Non  seu- 
lement il  chante  avec  goût  sans  paraître  se 
répéter,  mais  il  chante  avec  action,  avec 
âme  ;  il  semble  que  les  diverses  positions  où 
il  se  trouve,  que  les  diverses  passions  qui 
l'affectent,  aient  leur  ton  particulier.  Gomme 
le  Merle  bleu  et  le  Merle  de  roche,  il  s'é- 
lève en  chantant  dans  les  airs  ;  comme  eux 
il  décrit  en  volant  une  multitude  de  cercles 
qui  se  croisent;  il  pousse  en  même  temps 
des  cris  vifs  et  légers  ,  puis  son  chant  s'é- 
teignant  par  degrés ,  on  le  voit  planer  rnoel- 
leusement  au-dessus  de  son  arbre,  cal- 
culer de  plus  en  plus  les  ondulations  im- 
perceptibles de  ses  ailes,  et  rester  enfin 
comme  suspendu  au  milieu  des  airs,  immo- 
bile et  sans  voix. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit ,  c'est  sur- 
tout au  printemps  que  les  Merles,  comme 
les  Grives  et  les  Moqueurs,  déploient  toutes 
les  ressources  de  leur  gosier.  Chez  eux  ,  le 
chant  est  bien  ,  comme  l'a  dit  Buffon  d'une 
manière  générale  des  Oiseaux,  l'expression 
des  amours.  Aussitôt  accomplis  ,  le  mâle  , 
chez  ces  espèces,  ne  quitte  plus  sa  femelle 
et  semble  vouloir  se  l'attacher  et  lui  plaire 
par  ses  chants  continuels.  Celle-ci  travaille- 
t-eîle  à  son  nid  ,  le  mâle  ,  sans  prendre  une 
part  active  à  sa  construction,  préside  pour 
ainsi  dire  au  travail  de  sa  femelle,  la  suit 
dans  les  mille  courses  qu'elle  fait  pour  cher- 
cher les  matériaux  qu'elle  met  en  œuvre, 
et  ne  cesse  de  se  faire  entendre  durant 
des  heures  entières.  Alors  son  excitation 
est  telle,  qu'il  chante  même  en  volant.  Il 
chante  encore,  et  cela  presque  sans  inter- 
ruption, pendant  toute  la  journée  lorsque 
sa  compagne  couve;  il  paraît  prendre  à 
tâche  de  la  distraire  et  de  lui  faire  trouver 
moins  pénibles  les  soins  de  l'incubation  ; 
mais  son  chant  se  ralentit,  devient  moins 
fréquent,  après  l'éclosion  des  petits;  il  finit 


même  par  ne  plus  se  faire  entendre  qu'à  de 
longs  intervalles,  le  matin  et  le  soir.  C'est, 
du  reste,  ce  qui  arrive  pour  presque  tous 
les  oiseaux  chanteurs.  Le  mâle  ,  qui  n'avait 
point  aidé  sa  femelle  pour  l'édification  du 
nid ,  qui  n'avait  pris  qu'une  très  légère  part 
aux  fonctions  pénibles  de  l'incubation,  par- 
tage cependant  les  soins  que  réclame  l'édu- 
cation des  jeunes  ;  il  pourvoit  comme  elle  à 
leur  subsistance.  Tout  entier  aux  besoins  de 
sa  famille,  il  emploie  son  activité  à  aller 
chercher  pour  elle  des  aliments,  et  oublie, 
pour  ainsi  dire,  de  chanter. 

La  plupart  des  espèces  de  la  famille  des 
Merles  nichent  de  très  bonne  heure.  Parmi 
celles  d'Europe,  la  Draine,  par  exemple, 
travaille  à  son  nid  dès  le  mois  de  mars  , 
quelquefois  en  février,  par  conséquent  bien 
longtemps  avant  que  les  arbres  sur  lesquels 
elle  s'établit  se  couvrent  de  feuilles.  Des 
couples  de  cette  espèce  paraissent  même  ne 
pas  être  arrêtés  dans  leurs  fonctions  de  re- 
production par  les  intempéries  de  la  saison; 
car  j'ai  vu  à  Paris  des  nichées  de  Draines  à 
une  époque  où  la  température  tombait  en- 
core quelquefois  à  zéro.  Notre  Merle  noir 
entre  également  en  amour  de  très  bonne 
heure.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  jeunes 
de  cette  espèce  vers  la  fin  d'avril.  Le  Merle 
bleu,  au  contraire,  et  le  Merle  de  roche, 
ne  nichent  qu'en  mai  et  en  juin.  Ces  der- 
niers n'élèvent  ordinairement  qu'une  couvée, 
tandis  que  les  premiers  font  deux  et  parfois 
trois  pontes.  Ceux  de  nos  Merles  et  de  nos 
Grives  d'Europe  qui  se  retirent  très  avant 
dans  le  Nord  ,  se  reproduisent  en  général 
un  peu  plus  tard  que  ceux  qui  restent  dans 
les  contrées  plus  méridionales.  Ces  mêmes 
faits  se  rencontrent  chez  les  espèces  étran- 
gères ;  il  en  est  de  plus  précoces  et  de  plus 
fécondes  les  unes  que  les  autres. 

Les  mêmes  endroits  ne  conviennent  pas 
à  tous  les  Merles  pour  l'établissement  de 
leur  nid;  la  plupart,  comme  le  Merle  noir, 
le  Merle  à  plastron,  la  Grive  commune, 
choisissent  le  plus  ordinairement,  à  cet 
effet,  les  arbustes,  les  buissons  épais,  les 
broussailles  ,  les  vieux  troncs  d'arbres  étêtés 
et  couverts  de  lierre.  La  hauteur  à  laquelle 
ils  le  placent  varie  à  l'infini;  quelquefois  il 
est  tout-à-fait  à  l'appui  du  sol,  d'autres  fois 
il  occupe  presque  le  sommet  des  grands  ar- 
bres; mais,  en  général,  il  est  situé  à  peu 


MER 


MER 


141 


près  à  hauteur  d'homme.  D'autres  espèces , 
comme  la  Litorne,  la  Draine,  le  construi- 
sent sur  les  arbres  de  haute  futaie,  au  fond 
des  forêts  ou  sur  la  lisière  des  bois.  Enfin  , 
il  en  est  qui,  à  l'exemple  du  Merle  de  ro- 
ches et  du  Merle  bleu,  choisissent,  pour 
établir  leur  nid  ,  les  sites  rocailleux  et  es- 
carpés, lesanfractuosités  des  cavernes  creu- 
sées sur  les  flancs  des  montagnes,  les  vieilles 
tours,  les  édifices  en  ruines.  Quelques  uns, 
dit-on,  parmi  les  exotiques,  suspendent  le 
leur  aux  roseaux,  aux  grandes  plantes  her- 
bacées qui  croissent  le  long  des  eaux.  D'ail- 
leurs on  peut  dire,  d'une  manière  générale, 
que  chaque  espèce  niche  dans  les  lieux  où 
ses  habitudes  naturelles  l'appellent  à  vivre. 
On  a  vu,  ce  qui  est  assez  remarquable  ,  les 
mêmes  couples  de  Merle  noir,  de  Merle 
bleu  et  de  Merle  de  roche,  revenir  constam- 
ment, à  l'époque  des  amours,  dans  la  loca- 
lité où  ils  s'étaient  reproduits  une  première 
fois,  et  faire  leur  nid  dans  le  même  buis- 
son, dans  le  même  trou  de  rocher. 

Les  Merles  n'apportent  pas  une  égale  in- 
dustrie dans  la  construction  de  l'édifice  qui 
doit  recevoir  leurs  œufs ,  et  tous  n'emploient 
pas  les  mêmes  matériaux.  Les  espèces  d'Eu- 
rope qui  compliquent  le  plus  leur  ouvrage, 
sont  le  Merle  noir,  la  Grive  commune  et 
le  Mauvis.  Leur  nid,  composé  extérieure- 
ment de  mousse  ,  de  petites  racines  ,  de 
feuilles  et  d'herbes  sèches  ,  liées  ensemble 
par  une  forte  couche  de  terre  détrempée  , 
est  matelassé  à  l'intérieur  de  matériaux  plus 
mollets.  Les  espèces  saxatiles  font  un  nid 
assez  négligé  et  fort  semblable  à  celui  des 
Traquets.  Le  nombre  d'œufs  que  pond 
chaque  espèce  est  ordinairement  de  cinq  ; 
mais  ce  nombre  est  très  susceptible  de  va- 
rier. J'ai  vu  jusqu'à  sept  petits  dans  un  nid 
de  Merle  bleu  et  trois  seulement  dans  un 
de  Merle  noir  ;  ce  dernier  nombre  était 
probablement  le  produit  d'une  troisième 
couvée.  La  couleur  des  œufs,  chez  les  Merles, 
ne  varie  pas  autant  que  pourrait  le  faire 
supposer  le  grand  nombre  d'espèces  con- 
nues :  elle  est  ou  bleu-verdàtre  ,  avec  des 
taches  noires,  comme  dans  la  Grive  com- 
mune et  le  Mauvis  ;  ou  vert-bleuâtre  clair, 
avec  taches  rousses  ou  brunes,  comme  chez 
le  Merle  ordinaire,  le  Merle  erratique  et  la 
Litorne;  ou  d'un  bleu  sans  taches,  comme 
chez  les  Merles  bleu  et  de  roche;  ou  d'un 


gris  roussâtre  taché  de  brun,  comme  chez 
la  Draine;  ou  enfin  blanchâtre  pointillé  de 
noir ,  de  roux  ou  de  brun  ,  comme  chez  plu- 
sieurs espèces  étrangères.  La  durée  de  l'in- 
cubation chez  les  Oiseaux  dont  il  est  ques* 
tion  est  de  15  à  18  jours;  elle  est  subor- 
donnée à  des  conditions  de  température. 
Celle  de  l'incubation  des  jeunes  varie  éga- 
lement, car  elle  dépend  en  grande  partie 
de  l'abondance  ou  de  la  disette  de  nourriture 
que  fournit  le  canton  où  ils  sont  nés. 

C'est  après  l'émancipation  des  dernières 
nichées  que  toutes  les  espèces  de  la  famille 
des  Merles  commencent  à  émigrer.  Aucune 
d'elles  ne  reste  dans  le  canton  où  elle  s'est 
reproduite  ;  toutes  passent  dans  d'autres 
contrées,  pour  y  demeurer  autant  qu'elles 
y  trouveront  des  circonstances  favorables  à 
leur  existence  :  ces  circonstances  venant  à 
faire  défaut,  elles  gagnent  d'autres  loca- 
lités. C'est  donc  par  une  série  d'excursions 
que  les  Merles  effectuent  leurs  migrations. 
Les  vieux  partent  rarement  en  compagnie 
des  jeunes;  ils  les  devancent  et  suivent  en 
général  d'autres  routes.  Au  moment  du 
départ,  les  uns  (et  c'est  le  plus  grand  nom- 
bre) s'assemblent  en  bandes  plus  ou  moins 
grandes  qui  se  dispersent  lorsqu'elles  sont 
arrivées  au  lieu  de  leur  destination;  les 
autres,  comme  la  Grive  commune,  voya- 
gent seulement  par  petites  familles  compo- 
sées d'un  nombre  d'individus  qui  varie  de 
trois  à  dix  environ;  d'autres,  enfin,  émi- 
grent  solitairement  ;  les  Merles  saxicoles  et 
le  Merle  noir  sont  dans  ce  cas.  S'il  arrive 
qu'au  temps  du  passage  on  surprenne  deux 
ou  trois  individus  de  ces  espèces  émigrant 
ensemble,  ils  sont  tellement  éloignés  l'un 
de  l'autre,  qu'il  est  impossible  de  les  consi- 
dérer comme  composant  une  petite  troupe. 
Tous  les  Merles  ,  à  l'exception  des  saxicoles , 
réclament  en  voyageant.  Dans  une  bande 
de  Draines,  de  Litornes,  de  Grives  com- 
munes et  de  Mauvis,  il  y  a  toujours  un  ou 
plusieurs  individus  qui  poussent  en  volant 
un  cri  d'appel  qu'on  entend  de  fort  loin.  Si 
le  temps  leur  est  favorable,  ils  font  de  lon- 
gues traites  et  se  soutiennent  dans  les  ré- 
gions moyennes  de  l'air,  tandis  que  s'ils 
ont  un  vent  qui  leur  soit  contraire  et  qui 
les  fatigue,  leur  vol  est  fort  bas  et  leur  ex- 
cursion de  courte  durée. 

Comme  c'est  *q  grande  partie  le  besoin 


!42 


MIlK 


MER 


de  nourriture  qui  force  les  Merles  à  émi- 
grer,  il  en  résulte  que  leur  course  s'étend 
d'autant  plus  loin  ,  qu'ils  ne  trouveront  pas 
les  pays  qu'ils  traversent  sufûsamment 
pourvus  de  subsistances;  et  cela  est  si  vrai 
que  nos  Merles  et  nos  Grives  d'Europe  qui, 
à  l'automne  ,  abandonnent  le  nord  pour  se 
répandre  sur  les  îles  de  l'Archipel  grec  et 
passer  en  Afrique ,  s'arrêtent  et  demeu- 
rent l'hiver,  en  nombre  considérable  ,  dans 
le  midi  de  la  France  ,  sur  les  îles  de  la  Corse 
et  de  la  Sardaigne,  lorsque  les  baies  de 
Genévriers  et  d'autres  petits  fruits  dont  ils 
se  nourrissent  y  sont  abondants.  Si  la  ré- 
colte de  ces  baies  et  de  ces  fruits  est  nulle 
ou  pauvre  ,  on  est  assuré  de  voir  ces  Oiseaux 
ne  s'y  arrêter  qu'en  très  petit  nombre. 
D'ailleurs  quelques  individus  du  Merle  noir 
(ce  qui  ne  fait  pas  exception  à  la  règle  gé- 
nérale) ne  bougeront  pas  de  toute  Tannée 
du  canton  où  ils  seraient  assurés  de  trouver 
constamment  de  quoi  satisfaire  leur  appétit. 

Si  l'on  en  juge  par  les  espèces  qui  se  re- 
produisent chez  nous,  ou  qui  au  temps 
des  migrations  traversent  la  France,  il  est 
certain  que  tous  les  Merles  ne  se  met- 
tent pas  en  route  au  même  moment  ni 
à  la  même  époque.  Les  Merles  saxicoles 
érnigrent  les  premiers  ;  ordinairement 
vers  les  derniers  jours  du  mois  d'août 
or!  les  voit  se  mettre  en  mouvement;  ce 
n'est  qu'un  mois  plus  tard  qu'on  com- 
mence à  voir  passer  la  Draine  et  le  Merle 
noir  ;  la  Grive  commune  abandonne  le  nord 
vers  la  fin  de  septembre ,  son  passage  du- 
rant habituellement  une  vingtaine  de  jours; 
le  Mauvis  la  suit  de  très  près  ,  et  souvent 
l'accompagne;  enfin,  la  Litorne,  moins 
sensible  au  froid  ,  ne  paraît  dans  nos  prai- 
ries humides  et  marécageuses  qu'après  les 
premières  gelées. 

De  tous  les  temps,  la  chair  des  Merles, 
et  surtout  celle  des  espèces  à  plumage  gri- 
velé,  du  Mauvis,  par  exemple,  et  de  la 
Grive  commune,  a  été  fort  recherchée  et  fort 
estimée  à  cause  de  son  fumet  et  de  sa  dé- 
licatesse. Mais  une  réputation  moins  bien 
méritée  qu'on  lui  avait  faite  ,  et  que  n'ont 
pas  craint  de  lui  attribuer  des  auteurs  du 
siècle  dernier,  et  même  des  écrivains  fort 
recommandâmes  du  commencemeut  du 
siècle  actuel,  est  celle  d'être  un  remède 
efficace  contre  certaines  maladies.  Ainsi  la 


chair  du  Merle  noir  guérissait,  disait-on  , 
les  inflammations  intestinales,  et  l'huile  dans 
laquelle  on  la  faisait  bouillir  était  fort  re- 
commandée contre  la  sciatique  et  la  goutte. 
Il  n'est  pas  jusqu'aux  excréments  de  cet 
Oiseau  qui  n'eussent,  comme  ceux  des  Hi- 
rondelles et  d'une  foule  d'autres  espèces, 
quelque  propriété  particulière.  La  plus  re- 
marquable était  celle  de  dissiper  les  rous- 
seurs du  visage  et  les  taches  de  la  peau  ;  mais 
il  fallait  préalablement  faire  dissoudre  ces 
excréments  dans  du  vinaigre  et  en  faire 
usage  comme  aliment.  La  chair  de  la  Grive 
commune  avait  bien  moins  de  vertus,  car 
elle  ne  guérissait  que  de  l'épilepsie;  encore 
fallait-il  que  l'oiseau  se  fût  nourri  pendant 
quelque  temps  de  gui  de  Chêne.  Ces  croyan- 
ces n'ont  pas  existé  seulement  aux  époques 
de  barbarie;  et  si  nous  en  parlons,  c'est 
précisément  parce  qu'on  les  trouve  exposé-es 
sans  commentaire  dans  des  ouvrages  dont 
la  publication  remonte  à  peine  à  trente  et 
cinquante  ans. 

La  chair  des  Merles ,  des  Grives ,  etc.,  a, 
comme  la  plupart  des  viandes  noires ,  la 
propriété  unique  d'être  légèrement  excitante, 
et  le  précieux  avantage,  surtout  lorsqu'elle 
estgrasse,  d'être,  pour  les  gourmets,  un  mets 
très  succulent  et  très  savoureux. 

Les  Romains,  qui  se  connaissaient  quel- 
quefois en  bons  morceaux  (  pour  employer 
le  langage  des  gourmands),  faisaient  sou- 
vent figurer  la  Grive  commune  dans  le  menu 
de  leur  banquet. Cette  espèce  était  pour  eux 
le  premier  gibier  parmi  les  Oiseaux,  comme 
ils  avaient  fait  du  lièvre  le  premier  des  Mam- 
mifères. Horace,  qui  n'était  pas  le  moins  sen- 
suel deson  temps,  s'écriedans  unedeses  épî- 
tres:  Nilmelius  Turdo,  rien  n'est  préférables 
la  Grive.  Cette  opinion  était  tellement  celle 
de  ses  compatriotes,  que  la  manière  d'élever 
et  d'engraisser  cet  Oiseau  était  devenue 
pour  eux  un  art ,  et  un  art  dont  le  premier 
inventeur,  à  ce  que  dit  Plutarque  ,  fut, 
comme  on  le  pense  bien,  ce  même  Lucullus 
qui  employait  son  temps  et  ses  richesses  à 
chercher  pour  sa  table  des  mets  nouveaux  ou 
délicats.  Selon  Varon  et  Columellc  {do  Re 
rusiieà) ,  les  Romains  conservaient  et  en- 
graissaient les  Grives  dans  des  volières  som- 
bres,  et  surtout  éclairées  de  façon  que 
les  Oiseaux  captifs,  pour  ne  point  être  dis- 
traits, ne  pussent  pas  voir  ni  la  campagne 


MER 


MER 


143 


ni  les  bois.  Entassées  dans  ces  sortes  de 
prisons  ,  et  au  milieu  d'une  nourriture 
abondante  et  choisie  ,  dont  faisaient  partie 
les  baies  de  lentisque  ,  de  myrte,  de  lierre, 
et  surtouf.  une  pâte  faite  avec  du  millet  pilé 
et  des  figues  broyées,  les  Grives  ne  tar- 
daient pas  à  prendre  de  l'embonpoint.  Puis , 
pour  leur  faire  atteindre  leur  dernier  degré 
d'obésité,  et  vingt  jours  environ  avant  de 
Jes  manger,  on  les  mettait  à  part  dans  un 
lieu  bien  plus  étroit  et  plus  abondamment 
pourvu  de  nourriture.  Ces  grivières,  comme 
les  appelle  Guéneau  de  Montbeillard,  étaient 
en  si  grand  nombre  aux  environs  de  Rome, 
et  les  Grives  qu'elles  renfermaient  étaient 
en  quantité  si  prodigieuse  ,  que  leurs  excré- 
ments étaient  employés  comme  engrais  pour 
fertiliser  les  terres,  et  servaient  encore  à 
engraisser  les  Bœufs  et  les  Cochons. 

Cette  industrie  n'a  plus  d'imitateurs,  et 
Lucullus,  sous  ce  rapport,  n'a  plus  de  des- 
cendants. Les  gastronomes  du  midi  de  la 
France  sont  peut-être  les  seuls  qui  aient  un 
peu  conservé  les  goûts  des  Romains ,  car  la 
plupart  d'entre  eux  savent  encore  parfumer 
la  chair  des  Grives  au  moyen  des  baies  de 
Genièvre.  D'ailleurs,  comme  la  chair  de  ces 
Oiseaux  n'a  rien  perdu  de  ses  qualités  na- 
turelles, il  en  résulte  que  la  chasse  qu'on 
leur  fait  est  toujours  des  plus  destructives. 
Cette  chasse  forme  même  une  branche  con- 
sidérable d'industrie  dans  certaines  loca- 
lités, telles  que  la  Corse  et  la  Sardaigne; 
les  moyens  que  l'on  met  en  usage  pour  la 
faire  sont  prodigieux;  mais  le  piège  le  plus 
simple,  et  en  même  temps  le  plus  généra- 
lement usité,  est  le  collet. 

Les  espèces  qui  composent  la  famille  des 
Merles  offrent  une  vaste  distribution  géo- 
graphique. Elles  sont,  on  peut  dire,  ré- 
pandues partout  avec  profusion,  même  en 
Europe,  qui  cependant  est  une  des  parties 
du  monde  qui  en  possède  le  moins.  En 
effet, on  n'y  en  compte  guère  que  quatorze; 
huit  qui  y  nichent  et  six  qui  s'y  montrent 
accidentellement  de  passage. 

Enfin,  le  plumage  des  Merles  présente 
de  nombreuses  variétés  totales  ou  partielles 
que  nous  indiquerons  plus  bas. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  la  division 
dans  laquelle  sont  comprises  les  différentes 
espèces  d'Oiseaux  auxquelles  on  donne  le 
nom  général  de  Merles,  se  caractérise  d'une 


manière  si  vague,  que  la  plus  grande  con- 
fusion règne  parmi  les  auteurs  sur  la  ques- 
tion de  savoir  quelles  en  sont  les  vraies  li- 
mites. Les  uns  la  bornent  à  un   fort  petit 
nombre  de  genres;  les  autres  ne  lui  don- 
nent pour  ainsi  dire  pas  de  circonscription, 
tant  ils  y  comprennent  d'éléments  divers  , 
mais  en  excluant  telle  ou  telle  espèce  que 
d'autres  y  rapportent.  Il  n'y  a  pas  dans  toute 
la  série  ornithologique  de  section  qui  soit 
aussi  mal   définie  et  aussi  arbitrairement 
établie  que  celle  dont  il  est  question.   Les 
auteurs  se  sont  toujours  récriés  avec  raison 
contre  la  difficulté  que  présentent  sous  le 
rapport  de  leur  composition  les  familles  des 
Fringillidées,  des  Sylviadées  et  desMuscica- 
pidées;  mais  ces  difficultés  ne  sont  rien  , 
on  peut  le  dire,  en  comparaison  de  celles 
qu'offre  la  famille  des  Merles.   Aussi  une 
monographie  de  ces  Oiseaux  serait  unechoso 
vraiment  nécessaire,  et  celui  qui,  dans  un 
travail   de  synonymie  et  de  classification, 
nous  ferait  bien  connaître  quelles  sont  les 
espèces  auxquelles  le  nom  de  Merle,  pris 
dans  une  acception  un  peu  générale,  doit 
rester,  aurait  bien  mérité  de  l'ornithologie. 
Nous  justifierons  ces  considérations  en  reti- 
rant de  quelques  unes  des  méthodes  orni- 
thologiqucs  la  partie  qui   est  relative  aux 
Merles,  et  en  en  faisant  un  exposé  rapide. 
Le  g.  Turdus,  de  Linné,  Gmelin  et  La- 
tham ,     formait    une    collection  si  hétéro- 
gène, qu'on  est  arrivé  à  en  retirer  soixante 
espèces   au  moins,   qui   ont  été    réparties 
dans    trente-cinq  ou  trente-six  genres  ,  et 
dans  une  vingtaine  de  familles  différentes. 
MM.  Vieillot,  Temminck  et  G.  Cuvier,'en 
adoptant  le  g.  Turdus  des  auteurs  que  nous 
venons  de  citer,  ont  essayé  de  l'épurer  en 
en  éloignant  des  espèces  qui  ne  pouvaient 
s'y  rapporter;  mais  ce  ne  sont   pas  là  les 
seules  modifications  qu'ils  y  aient   intro- 
duites. Pour  Vieillot,   les  Oiseaux  compris 
sous  le  nom  de  Turdus  se  divisaient  en 
Moqueurs  ,  en  Grives  et  en  Merles,  qui  eux- 
mêmes  formaient  deux  sections:  l'une  pour 
les  espèces  à  narines  découvertes, et  l'autre 
pour  celles  à  narines  couvertes  par  les  plu- 
mes du  capistrum.  M.  Temminck,  prenant 
en  considération  l'habitat,  s'est  borné  à  les 
distinguer  en  Merles  sylvains  et  en  Merles 
saxicoles.  La  méthode  de  G.  Cuvicr ,  sur  ce 
point,  estplus  compliquée  et  diffère  notable- 


tu 


MER 


ment  de  ce  qu'ont  fait  Vieillot  et  Temminck. 
En  effet,  il  comprend  comme  sections  du 
g.  Turdus  les  Stournes,  les  Turdoïdes,  les 
Astrapies,  les  Grallines ,  les  Endures  et  les 
Crinons,  que  Temminck  et  Vieillot  en 
avaient  génétiquement  retirés,  et  comme 
ce  dernier  il  différencie  les  Merles  des  Grives. 
Cette  manière  de  voir  est  à  peu  près  celle 
qu'a  adoptée  M.  Lesson  dans  son  Traité 
d'ornithologie.  Les  genres  linnéens  ayant 
élé  convertis  en  familles,  et  M.  Lesson  ac- 
ceptant cette  innovation,  qui  était  un  pro- 
grès, fit  du  g.  Turdus,  non  pas  une  fa- 
mille, comme  Vigors,  mais  une  sous-famille 
dans  laquelle  il  distingua  les  Stournes ,  les 
Juidas,  les  Spréos,  les  Pélrocincles,  les  Merles- 
pies-Grièches  et  les  Merles  qu'il  a  subdivisés 
en  Merles  pr.  dits ,  en  Grives ,  en  Fausses- 
Grives ,  en  Cinclosomes ,  en  Merles-Philé- 
dons ,  en  Moqueurs ,  en  Petits-Merles  ,  en 
Merles  à  bec  court,  en  Merles-  Griviers,  en 
Turdoïdes,  en  Podobés  et  en  Merles -Traquets. 
Un  essai  de  classification  que  nous  ne  sau- 
rions passer  sous  silence,  est  celui  qu'a 
proposé  M.  de  Lafresnaye.  Pour  lui ,  les 
Oiseaux  dont  nous  parlons  composent  la 
quatrième  famille  de  ses  Passereaux  denti- 
rostres  à  bec  comprimé,  et  sont,  d'après 
des  considérations  de  mœurs  et  d'habitat, 
distribués  dans  sept  sections  :  celles  des 
Merles  buissonniers,  qui  comprend  les  genres 
Ixos ,  Brachypus ,  Tricophorus ,  Orpheus  et 
les  Merles  philédons  et  latirostres;  celle 
des  Merles  sylvains  ou  Merles  proprement 
dits ,  représentés  par  les  genres  Turdus , 
Kittacincla,  Sericulus,  Myiophonus  et  Merles 
rubiettes;  celle  des  Meules  riverains,  de 
laquelle  font  partie  les  genres  Sciurus,  Cra- 
teropus ,  Garrulaxis,  Malacocircus ,  Cin- 
closoma,  Psophodes,  Megalurus;  celle  des 
Merles  de  roseau  ,  g.  Donacobius  ;  celle  des 
Merles  plongeurs,  g.  C inclus  ;  celle  des 
Merles  marcheurs,  comprenant  les  genres 
Lamprotornis  et  Gryllivora  ;  et  celle  des 
Meules  hiîmicoles ,  g.  Grallina.  Enfin,  pour 
G.-R.  Gray  la  famille  des  Turdidées  em- 
brasse 70  genres ,  qui  sont  répartis  en  cinq 
sous-familles,  celles  des  Formicarinœ ,  des 
Turdinœ,  des  Timalinœ ,  des  Oriolinœ  et 
des  Pycnonolinœ. 

Il  doit  résulter  de  cet  exposé  très  rapide 
et  incomplet,  mais  suffisant  cependant,  que 
la  difficulté  de  fixer  les  limites  de  la  division 


MER 

qui  renferme  les  Merles  est  grande,  puisque 
les  tentatives  faites  aux  différentes  époques 
de  la  science  ont  conduit  à  des  résultats  qui 
sont  presque  la  négation  les  uns  des  autres. 
Comme  la  classification  de  G.  Cuvier  est 
celle  que  l'on  a  le  plus  généralement  adop- 
tée dans  le  courant  de  cet  ouvrage,  e'etf 
également  d'après  la  méthode  de  cet  auteur, 
combinée  avec  celle  de  M.  Lesson  ,  et  mise 
le  plus  possible  en  rapport  avec  les  progrès 
qu'a  faits  l'ornithologie,  que  nous  distribue- 
rons les  Merles.  On  ne  doit  pas  s'attendre  à 
trouver  ici  un  spéciès  complet,  ni  moins  en- 
core la  description  de  toutes  les  espèces  que 
nous  citerons;  nous  nous  bornerons  à  dé- 
crire succinctement  celles  d'Europe,  et  pour 
les  Merles  étrangers,  nous  donnerons  de  la 
plupart  d'entre  eux  une  simple  indication. 

I.  MERLES.   Turdus. 

Bec  long,  arqué,  comprimé,  fort,  assez 
élevé,  échancré  à  la  pointe,  qui  n'est  point 
recourbée  en  crochet;  ailes  ne  dépassant  pas 
les  couvertures  supérieures  de  la  queue  ; 
celle-ci  ample  et  le  plus  ordinairement  car- 
rée, et  de  médiocre  longueur. 

(a)  Espèces  dont  le  plumage  offre  des  cou- 
leurs uniformes  ou  distribuées  par  grandes 
masses.  (G.  Merula,  Ray,  Boié.) 

Le  Merle  commun  ,  Turdus  merula  Linn. 
(Buff.,  pi.  enl. ,  2  et  555)  :  tout  le  plumage 
noir,  avec  le  bec  jaune  ;  la  femelle  est  brune. 
—  Habite  toute  l'Europe. 

Cette  espèce  présente  de  nombreuses  va- 
riétés albines  totales  ou  partielles.  Celle  à 
queue  cerclée  de  blanc,  que  P.  Roux  indique 
comme  constante  sur  les  montagnes  des  en- 
virons de  Nice ,  se  trouve  dans  les  environs 
de  Paris ,  où  nous  l'avons  rencontrée  plu- 
sieurs fois. 

Le  Merle  a  plastron,  Tur.  torquatus 
Linn.  (Buff.,  pi.  enl.t  168  et  182)  :  noir,  à 
plumes  bordées  de  blanchâtre;  un  plastron 
blanc  sur  la  poitrine.  —  Habite  les  diffé- 
rentes contrées  de  l'Europe;  s'y  montre  en 
moins  grand  nombre  que  le  Merle  commun, 
et  comme  lui  offre  de  nombreuses  variétés 
albines. 

Le  Merle  a  gorge  noire,  Tur.  alrogu- 
laris  Nauman  (Gould.,  pi  75)  :  tête,  devant 
du  cou  et  haut  de  la  poitrine  d'un  noir  pro- 
fond ;  parties  supérieures  d'un  cendré  oli- 


MER 

vâtre;  milieu  du  ventre  blanchâtre;  flancs 
roux  ,  avec  de  faibles  taches  brunes.  — Ha- 
bite la  Russie  et  la  Hongrie,  de  passage  en 
Autriche  et  en  Silésie. 

Le  Merle  blafard,  Tur.  pallidus  Pall.  : 
brun-olivâtre  en  dessus;  de  larges  sourcils 
jaunâtres;  thorax  et  flancs  couleur  d'ocre; 
tout  le  reste  des  parties  inférieures  blanc. 
—  Habite  la  Sibérie,  très  accidentellement 
de  passage  en  Europe. 

Le  Merle  a  sourcils  blancs,  Tur.  sibiricus 
Pall.,  des  montagnes  boisées  de  la  Sibérie, 
que  M.  Temminck  place,  dans  son  Manuel, 
parmi  les  espèces  qui  se  montrent  en  Eu- 
rope, doit  être  rayé  de  la  liste  des  oiseaux 
européens  ,  attendu  que  c'est  d'après  une 
fausse  indication  qu'on  l'y  avait  mis.  Parmi 
les  espèces  étrangères,  nous  citerons  :  le  M. 
ardoisé  ,  T.  ardosiacus  Cuv.  ,  du  Brésil.  — 
Le  M.  a  collier  blanc  ,  T.  collaris  Soret 
{Rev.  zool.y  janv.  1840),  de  Calcutta.  — Le 
M.  a  tête  noire,  T.  atricapilla  Cuv . ,  du  Bré- 
sil.—  Le  M.  a  tête  blanche,  T.  albiceps 
Cuv. ,  du  Sénégal .  —  Le  M.  a  calotte  noire, 
T.  nigropileus  De  la  Fr.  (Rev.  zool.,  mars 
1840),  des  Indes  orientales.  —  Le  M.  citrin, 
T.  citrinus  Temm.  (pi.  col.,  445).  —  Le  M. 
a  pieds  rouges,  T.  rubripes  Temm.  (pi.  col., 
409  ),  de  Cuba.  —  Le  M.  de  l'Australasie  , 
T.  Australasiœ  Sh.  (Nat.  mise,  1013). — La 
Grive  brune  ,  T.  fuscus  Cuv. ,  du  Brésil.  — 
Le  M.  roux  de  Cayenne  ,  T.  pecloralis  Cuv. 
(Buff.,  pi.  enl.,  644,  t.  1).  —Le  M.  unico- 
lore,  T.  unicolor  Gould  ,  de  l'Himalaya.  — 
Et  le  M.  aux  ailes  variées,  T.  pœcilopterus 
du  même  auteur,  et  venant  des  mêmes  lo- 
calités. 

(b)  Espèces  à  gorge  seulement  grivelée. 
(  Ce  sont  les  fausses  Grives  de  M.  Lesson.) 

Le  M.  erratique  ou  M.  robin,  T.  migra- 
torius  (Buff.,  pi.  enl.,  556,  t.  1)  :  tête  gris- 
ardoise;  gorge  blanche  marquée  de  taches 
noires  oblongues;  parties  supérieures  d'un 
brun  noirâtre;  devant  du  cou  ,  poitrine  et 
ventre  d'un  roux  couleur  de  brique.  —  Ha- 
bite l'Amérique  septentrionale,  très  acci- 
dentellement de  passage  en  Allemagne. 

A  ce  groupe  peuvent  se  rapporter  le  M. 
plombé,  T.  plumbeus  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl., 
560  ) ,  de  Porto-Rico.  —  La  Grive  des  Ma- 
louines,  T.  FalklandicusQuoy  et  G aim.  (Zool. 
du  voy.  deFreyc,  p.  104).  —  Le  M.  a  tète 

T,  VIII. 


MER 


145 


jaune,  T.  ochrocephalus  Tcm.  (pi.  col.,  136). 
—  LcGrivrou,  T.  olivaceus  Gmc] .  (Levailî., 
Ois.  d'Afr.,  pi.  98),  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance.—  La  Grive  poiteau,  T.  Poitcauii 
Less.,  de  Cayenne;  et  le  Gr.  champêtre,  T. 
campestris  Pr.  Maxim. 

(c)  Espèces  à  poitrine  et  dessous  du  corps 
grivelés.  (Grives  proprement  dites.  G.  Tur- 
dus.  ) 

La  Grive  commune,  Tur.  musicus  Linn. 
(Buff.,  pi.  enl.,  406)  :  dessus  du  corps  d'un 
brun  nuancé  d'olivâtre;  sourcil  jaunâtre; 
côtés  du  cou  et  de  la  poitrine  roussâtres , 
avec  des  taches  triangulaires  brunes. — Ha- 
bite presque  toute  l'Europe. 

Cette  espèce  varie  du  blanc  parfait  au 
brun  plus  ou  moins  tapiré  de  blanc;  elle  a 
quelquefois  tout  le  plumage  d'un  roux  ar- 
dent ou  d'un  roux  jaunâtre. 

La  Draine,  Tur.  viscivorus  Linn.  (Buff., 
pi.  enl. ,  489  )  :  dessus  du  corps  brun  cen- 
dré; dessous  jaunâtre,  avec  des  taches  bru- 
nes en  forme  de  fer  de  lance.  —  Habite  l'Eu- 
rope; elle  est  très  commune  en  France. 

Elle  offre  des  variétés  totales  et  partielles 
comme  la  précédente. 

La  Grive  dorée,  Tur.  aureus  Holl.,  T.  va- 
n'MsHorst.  (Gould.,  Birdsof  Eur.,  vol.  2). 
Cette  Grive  diffère  de  la  précédente ,  avec 
laquelle  elle  a  de  fort  grands  rapports  d'ail- 
leurs, en  ce  que  son  plumage  est,  en  dessus 
comme  en  dessous ,  parsemé  de  taches  en 
forme  de  croissant.  Elle  fait  partie,  si  elle 
n'en  est  le  type,  du  g.  Oreocincla  de  Gould. 

—  Habite  l'Asie  et  l'Australie  ;  très  acciden- 
tellement de  passage  en  Europe. 

La  Litorne,  Tur.  pilaris  Linn.  (Gould, 
Birds  ofEur.,  part.  8)  :  tête  et  derrière  du 
cou  cendrés;  dos  châtain  ;  gorge  et  poitrine 
d'un  roux  clair,  avec  des  taches  lancéolées 
noires  ;  plumes  des  flancs  également  tachées. 

—  Habite  de  préférence  le  nord  de  l'Europe  ; 
de  passage  à  l'automne  dans  les  contrées 
tempérées. 

Le  Mauvis,  Tur.  iliacus  Linn.  (Buff.,  pi. 
enl. ,  51  )  :  brun-olive  en  dessus;  un  large 
sourcil  blanchâtre;  sur  les  côtés  du  cou,  de 
la  poitrine  et  du  ventre,  de  nombreuses  ta- 
ches noirâtres  ;  le  dessous  de  l'aile  d'un  roux 
ardent. — Habite  le  nord  de  l'Europe  ;  de  pas- 
sage en  automne  dans  nos  pays  méridionaux. 

Le  Merle  Nauman,  Tur.  Naumanni  Tem.  : 
19 


146' 


MER 


MER 


sommet  de  la  tête  et  méat  auditif  d'un  brun 
foncé  ;  parties  supérieures  d'un  cendré  roux  ; 
sur  les  flancs  et  l'abdomen  de  larges  taches 
rousses  frangées  de  blanc;  couvertures  in- 
.  férieures  de  la  queue  rousses.  — Habite  l'A- 
sie ;  de  passage  en  Silésie  ,  en  Hongrie  ,  en 
Autriche  et  en  Dalmatie. 

Nous  citerons  parmi  les  Grives  étrangères 
à  l'Europe:  le  Merle  interprête,  T.  inlerpres 
Kuhl  (Tem.,  pi.  col.,  458).  —  La  Gr.  de  la 
Guiane,  T.  Guianensis  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl., 
398  ,  fig.  1).  —  Le  Grivereau  ,  T.  olivaceuS 
Lath.  ( Levaill. ,  Ois.  d'Afr.,$\.  98).  — La 
Gr.  grivette  ,  T.  minor  Gmel.  ,  de  l'Amé- 
rique. —  La  Gr.  solitaire  ,  T.  solilarius 
Wils.  (Aud.,  pi.  58),  de  l'Amérique  du  Nord. 

—  La  Gr.  a  ventre  blanc,  T.  ventralis  Tem., 
de  la  Nouvelle-Hollande.  —  La  Gr.  tannée, 
T.  mustelinusWùs.,  de  l'Amérique  du  Nord. 

—  La  Gr.  de  Wilson,  T.  Wilsonii  Bonap. , 
même  habitat.  —  Et  la  Gr.  brune,  T.  fusca- 
tus  Vieill.  (Ois.  de  VAm.  sept.,  57  bis). 

II.  PÉTROCINCLES.  Petrocossyphus,  Boié. 

Bec  allongé,  comprimé,  légèrement  fléchi 
à  son  extrémité,  et  plus  large  à  sa  base  que 
chez  les  Merles  ordinaires;  ailes  fort  lon- 
gues, dépassant  le  milieu  de  la  queue  ;  celle- 
ci  légèrement  échancrée. 

Les  espèces  qui  se  rapportent  à  cette  di- 
vision se  rapprochent  beaucoup  des  Traquets 
par  leur  manière  de  vivre,  de  nicher,  et  par 
la  couleur  de  leurs  œufs  :  aussi  quelques 
auteurs  les  rangent-ils  avec  eux. 

Le  Merle  bleu,  Pet.  cyanus  Boié,  T.  cya* 
nus  Gmel.  (  Buff.  ,  pi.  enl. ,  250)  :  tout  le 
plumage  bleu,  avec  des  croissants  noirs  et 
blanchâtres.  —  Habite  tout  le  midi  de  la 
France,  l'Espagne,  la  Sardaigne,  l'Italie,  la 
Grèce,  etc. 

Le  Mer.  de  roche,  Pet.  saxatilis,  T.  saxa- 
Mis  Lath.  (Buff.,  pi.  enl.,  562)  :  tête  et  cou 
d'un  joli  bleu  cendré;  dos  noirâtre,  avec  une 
large  tache  blanche;  parties  inférieures  et 
queue  d'un  roux  ardent.  —  Habite  toutes  les 
lAlpes  suisses  et  les  Apennins;  commun  sur 
Jles  hautes  montagnes  du  midi  de  la  France. 
Voy.  l'atlas  de  ce  Dictionnaire,  oiseaux, 
pi.  18. 

M.  Lesson,  qui  a  fait  la  révision  de  cette 
division  ,  y  place  encore  les  espèces  étran- 
gères suivantes  :  Le  Pet.  solitaire,  Pet .  ma- 
nilliensis,  T.  manilliensis  Gmel.,  de  l'Inde. 


—  Le  Pet.  Merle,  Pet.  cinclorhynchus  Vig., 
de  l'Himalcya.  C'est  de  cette  espèce  que 
Swainson  a  fait  son  g.  Pelrophila,  nom  au- 
quel G.-R.  Gray  a  substitué  celui  tïOrocetes. 

—  Le  Pet.  paudon  ,  Pet.  paudao  Sykes ,  du 
pays  des  Mahrates  (Inde).  — Le  Pet.  maal, 
Pet.  maal  Sykes ,  même  habitat.  — Le  Pet. 
a  ventre  rouge-brun,  Pet.  ferrugineo-venter 
Less.,  de  l'Himalaya.  M.  Lesson  pense,  avec 
la  plus  grande  réserve,  que  ce  pourrait  être 
là  l'espèce  dont  M.  Hodgson  a  fait  son  g. 
Larvivora.  —  Le  Pet.  a  ventre  orangé,  Pet. 
aurantiiventer  Less. ,  même  habitat.  —  Et 
le  Pet.  a  cou  marron  ,  Pet.  castaneicollis 
Less.,  même  habitat. 

A  cette  division  doivent  encore  se  rappor- 
ter le  Merle  bleu  de  la  Chine  ,  T.  viola- 
ceitsLath.,  le  M.  rocar,  T.  rupestris  Vieill. 
(Vieill.,  Ois.  d'Afr.,  pi.  101),  et  I'Espion- 
neur,  T.  explorator  Vieill.  (Vieill.,  loc.  cit.3 
pi.  103). 

III.  MOQUEURS.  Mimus,  Briss. 
(Orpheus,  Sw.) 

Bec  plus  mince  et  plus  convexe  que  dans 
les  Merles  ;  ailes  de  médiocre  longueur  ; 
queue  aussi  longue  ou  plus  lougue  que  le 
reste  du  corps,  très  étagée. 

Toutes  les  espèces  appartenant  à  cette  di- 
vision sont  étrangères  à  l'Europe  ;  ce  sont  : 
Le  Moqueur  pr.  dit,  Mi.  polyloltus,  T.poly- 
glottus  Gmel .  (Buff.  ,pl.  enl. ,  558),  des  États- 
Unis.  —  Le  Moq.  calandria  ,  Mi.  calandria 
Less.,  du  Paraguay  et  du  Chili.  —  Le  Moq. 
cendré,  Mi.  gilvus,  T.  gilvus  Vieill.  ,  des 
États-Unis.— Le  Moq.  cat-bird,  Mi.  felivox, 
T.  felivox  Vieill.,  de  Virginie.  —  Le  Moq.  a 
long  bec,  Orpheus  longirostris  de  la  Fr. ,  de 
la  Californie.  —  Le  Moq.  bleu,  Orp.  cœru- 
lescens  Sw.,  du  Mexique.  —  Le  Moq.  merle, 
Orp.  meruloïdes  Sw.,  du  détroit  de  Nootka. 
—  Le  Moq.  roux,  Orp.  rufusëvt.,  des  États- 
Unis.  —  Le  Moq.  de  la  Patagonie,  Orp.pa- 
tagonicus  d'Orb.  et  la  Fr.— Le  Moq.  a  trois 
bandes,  Orp.  trifasciatus  Gould,  des  îles 
Gallapagos.  —  Le  Moq.  livide,  Turdus  livi- 
dus  Licht.,  de  la  Guiane  et  de  Cayenne.  — 
V Orpheus  dor salis  d'Orb.  et  la  Fr. ,  de  Bo- 
livie et  des  Andes.  —  V Orpheus  tricaudalus 
d'Orb.  et  la  Fr.,  de  Bolivie.  —  Le  Moq.  mon- 
tagnard ,  Mi.  montanus  Bonap.,  de  l'Amé- 
rique du  Nord.  —  VOrph.  melanotis Gould, 
des  Gallapagos.  —  VOrph.  parvulus  Gould, 


MER 


MER 


147 


même  habitat.  —  Le  Mi.  saturninus ,  Tur. 
saturninus  L\cht.,  du  Brésil.  —  L'Orph.  mo- 
dulator  Gould,  du  détroit  de  Magellan.  — 
Et  le  Moq.  a  bec  recourbé,  Orph.  curviros- 
tris  Sw.  (  du  Mexique  ),  dont  Wagler  a  fait 
le  type  de  son  g.  Toxostoma. 

C'est  après  cette  division  que  se  place 
«elle  des  Cinclosomes  (Cinclosoma,  Vig.  et 
Horsf.  ),  dont  on  a  fait  le  sujet  d'un  article 
particulier. 

}   IV.  STOURNES.  Lamprotornis ,  Temm. 

Bec  médiocre,  élevé,  élargi  à  sa  base, 
à  arête  entamant  le  front;  tarses  forts; 
plumage  métallisé,  les  plumes  de  l'occiput 
longues  et  pointues  comme  chez  i'Étourneau. 

Toutes  les  espèces  connues  sont  de  l'an- 
cien continent,  et  sont  considérées  par  la 
plupart  des  auteurs  comme  appartenant  plu- 
tôt à  la  famille  des  Étourneaux  qu'à  celle 
des  Merles.  Le  Merle  vert,  Lam.  mauritia- 
nus,  Tur.  mauritianus  Gmel.  (Buff.,pZ. 
enl.,  648,  t.  2),  de  l'île  Maurice  et  de  Min- 
danao.  —  Le  Stourne  chanteur,  Lam.  can- 
tor  Temm.,  Tur.  cantor  Lath.  (pi.  col., 
149),  de  l'Ile  de  France  ,  type  du  g.  Calor- 
nis  de  G.-R.  Gray. — Le  Stou.  bronzé,  Lam. 
metallicus  Temm.  (pi.  col.,  266),  de  Ter- 
nate.  — Le  Stou.  des  colombiers,  Lam.  co- 
lombinus,  Tur.  colombinus  Gmel  ,  des  îles 
Mariannes  ,  Carolines  et  Philippines.  — Le 
Stou.  a  sourcils  rouges,  Lam.  erythrophris 
Temm.  (pi.  col.,  267),  des  Célèbes.  —  Le 
Srou.  a  ventre  roux,  Lam.  rufiveniris  Riipp., 
de  l'Abyssinie.— Le  Stou.  a  bec  grêle,  Lam. 
tenuirostris  Rupp.,  de  l'Abyssinie. 

G.  Cuvier  a  cru  devoir  distinguer  des 
Stournes  les  espèces  à  plumage  cuivré,  mé- 
tallisé et  éclatant  :  la  plupart  d'entre  elles 
ont  une  queue  fort  longue  et  étagée.  Ce  sont 
ces  espèces  que  M.,  Lesson  ,  dans  son  Traité 
d'ornithologie,  réunit  sous  les  noms  de  Juida 
et  Spréo. 

Le  Merle  a  longue  queue,  Lam.  œnca 
Licht.  (  Buff. ,  pi.  enl. ,  220  ) ,  du  Sénégal , 
type  du  g.  Suida  de  M.  Lesson.  —  Le  Merle 
d'Angola,  Lam.  nitens  Licht.  (Levaill.,  Ois. 
d'Afr.,  pi.  90),  de  la  Sénégambie.  —  Le 
Merle  de  Juida,  Lam.  aurata  Licht.  (  Buff., 
pi.  cnl.,  540),  du  cap  de  Bonne-Espérance. 
—  Le  Spréo  ,  Lam.  bicolor  Licht.  (Levaill. , 
Ois.  d'Afr.,  pi.  88),  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, type  du  g.  Spréo  de  M.  Lesson.  —Le 


Roupenne,  Lam.  mono  Licht.,  Tur.  rufipen- 
nis  Shaw  (Levaill.,  Ois.  d'Afr.,  pi.  83),  du 
Cap.  —  L'Oranvert  ,  Lam.  chrysogaster 
Licht. ,  de  l'Afrique.  —  Et  le  Merle  a  ventre 
blanc  ,  Lam.  leucogaster,  Tur.  leucogaster 
(  Buff.,  pj.eni.,  648, 1. 1),  de  Juida.  M.  Les- 
son place  ces  deux  dernières  espèces  dans  sa 
7e  race*des  Merles  à  petite  taille. 

V.  TURDOIDES.  Ixos,  Temm. 

Bec  court ,  faible ,  comprimé  ,  fléchi  dès 
sa  base;  pieds  courts  ;  doigt  du  milieu  plus 
long  que  le  tarse;  ongles  courts  et  grêles. 

Cette  division  réunit  les  Merles  ixos  et  les 
Podobés  de  M.  Lesson.  Quelques  unes  des 
espèces  dont  M.  Temminck  a  fait  des  Tur- 
doïdes  ont  été  prises  pour  types  ou  pour  su- 
jets d'autres  sections,  que  nous  indiquerons 
au  fur  et  à  mesure  que  nous  signalerons  ces 
espèces.  Une  d'elles  se  montre  accidentelle- 
ment en  Europe;  c'est  le  Turdoïde  obscur  , 
Ix.  obscurus  Temm.  :  tête,  joues  et  gorge 
d'un  brun  sombre;  dessus  du  corps  d'un 
brun  de  terre  terne;  poitrine  et  flancs  d'un 
brun  clair;  abdomen  et  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue  blanchâtres.  —  Habite 
l'Afrique;  se  montre  en  Andalousie. 

Le  Tur.  Levaillant,  Ix.  Vaillantii  Temm. 
(Buff.,  pi.  enl.,  317),  du  cap  de  Bonne-Es- 
pérance.—  Le  Tur.  a  tète  blanche,  Ix.  leu- 
cocephala  Temm.  (pi.  col.  ,  4  ).  — Le  Po- 
doeé,  Turd.  erythropterus  Gmel.  (Buff.,pï. 
enl.,  334),  du  Sénégal ,  type  de  la  11e  race 
de  M.  Lesson  ,  ou  Podobés.  —  Le  Turd.  cap- 
bronzé,  Ix.  calceocephalus  Temm.  (pi.  col., 
453),  de  Java,  type  du  g.  Micropode  (Mi- 
cropus)  de  Swainson.  —  Le  Turd.  écaillé  , 
Ix.  squamatus  ,  Turd.  squamatus  Temm. 
(pi.  col.,  453),  que  Swainson  place  dans  son 
g.  Brachype  (Brachypus),  dont  le  Turd.  dis- 
par  Horsf.,  espèce  de  Turdoïde,  est  le  type. 
—  Le  Turdoïde  a  tète  noire  ,  Ix.  atriceps 
Temm.  (pi.  col. ,  137  ).  —  VIxos  plebeius 
Rupp.  (Voy.  pi.  23).  —  Le  Turd.  a  ventre 
jaune,  Turd.  aurigaster  Vieill.  (Levaill., 
Ois.  d'Afr.,  107),  dont  Swainson  fait  son  g. 
Hœmatornis. 

Enfin  G.  Cuvier  range  encore  avec  les 
Turdoïdes  \eJaufredic  (Levaill.,  Ois.  d'Afr., 
111).  —-Le  Grivctin  (id.,  118).  —  Le  Con- 
dor (id.,  119  ).  —  Et  le  Turd.  orienlalis 
Gmel.  (Buff.,  pi.  cnl,  273). 

Il  en  distingue  les  espèces  à  queue  excès- 


148 


MER 


MER 


sivement  fourchue,  dont  M.  Temminck  a 
fait  un  g.  sous  le  nom  tfEnicure. 

VI.  GRALLINES.  Grallina,  Vieil!. 
(Tanypus,  Oppel.) 

Bec  médiocre ,  allongé  ,  convexe  ;  ailes 
longues  et  pointues;  tarses  longs,  robustes, 
scutellés. 

C'est  surtout  par  ce  dernier  caractère , 
qui  donne  à  ces  oiseaux  une  apparence  d'É- 
chassiers,  que  les  Grallines  se  distinguent 
des  autres  Merles. 

On  n'en  connaît  que  deux  espèces  :  la 
Grall.  noire  et  blanche,  Gr.  melanoleuca 
Vieill.  (Gai.  des  Ois.,  pi.  150),  de  la  Nouvelle- 
Hollande;  et  la  Grall.  bicolore,  Gr.  bicolor 
Vig.  et  Horsf.  ,  des  environs  de  Port- 
Jackson. 

VIL  CRINONS.  Criniger,  Temm. 

Enfin  ,  G.  Cuvier  place  parmi  les  Merles 
le  Crinon  barbu,  Cr.  barbatus  Temm.  (pi. 
col.,  86),  qui  porte  pour  caractères  distinc- 
tifs  des  soies  fortes  et  raides  à  la  base  de  la 
mandibule  supérieure ,  et  les  plumes  de  la 
nuque  terminées  par  une  sorte  de  soie. 

Une  foule  d'autres  espèces,  décrites  par 
des  auteurs  comme  étant  des  Merles,  ont  été 
rapportées  par  d'autres  auteurs  à  des  gen  • 
res  et  à  des  familles  tout  différents.  Ainsi 
les  Turd.  malabarius  Lath.  et  cochinchinen- 
sis  Gmel.,  sont  pour  Boié  des  Philédons  ;  le 
Turd.  badins  Licht. ,  est  un  Foumier  pour 
Vieillot;  le  T.  longirostris  Gmel.  est  le  type 
du  g.  Tatau  de  Lesson,  et  appartient  à  la 
famille  des  Grimpereaux;  le  T.  varieyatus 
Gmel.  est  le  type  du  g.  Campylorhynchus 
Spix,  de  la  famille  des  Troglodytes  ;  le  T. 
brachypterus  Lath.  est  un  Mérion  pour 
M.  Temminck;  le  T.  arundinaceus Linn.  est 
une  Fauvette;  le  T.  aureocapilla  Gmel.  est, 
pour  les  uns  ,  un  Accenteur,  pour  les  autres 
une  Fauvette;  le  T.  flavirostris  Horsf.  est 
un  Myophone  pour  M.  Temminck;  le  T. 
colma  Gmel.  est  pour  Boddaert  un  Fourmi- 
lier; le  T.  perspicillatus  Gmel.  est  un  Ga- 
rulaxe  pour  M.  Lesson  ;  le  T.  crassirostris 
Lath.  est  pour  le  même  auteur  un  Turnagra; 
le  T.  palmarum  Linn.  est  dans  Vieill.  un 
Tachyphone;  le  T.  gulturalis  de  Lath.  est, 
dans  la  famille  des  Cotingas,  le  type  du  g. 
Pachycéphale  de  Svvainson  ;  le  T.  zeilonus 
est  une  Pie-Grièche;  le  T.  leucotis  Lath.  est 


un  Phiiédon  pour  M.  Temminck  ;  le  T.  fla- 
virostris Horsf.  est  également  pour  lui  un 
Myophone;  le  T.  amœnus  Horsf.  appartient, 
selon  G.-R.  Gray,  au  g.  Traquet. 

La  liste  des  espèces  que  l'on  a  successive- 
ment retirées  du  g.  Turdus  est  presque  iné- 
puisable; mais  nous  devons  borner  là  nos 
citations.  Elles  suffiront  pour  démontrer 
combien  peu  cette  division  des  Merles  est 
caractérisée  ,  puisqu'elle  est  susceptible  de 
comporter  tant  d'éléments  hétérogènes. 
(Z.  Gerbe.) 

MERLE  D'EAU,  ois.  —  Nom  que  don* 
naient  Buffon  et  les  ornithologistes  de  son 
époque  au  Cincle  plongeur  d'Europe.  Voy. 
cincle.  (Z.  G.) 

MERLUS (Gadusmerluccius  Lin.),  poiss. 
—  C'est  un  grand  Poisson  de  la  famille  des 
Gades  habitant  l'Océan  d'Europe  et  la  Médi- 
terranée. Il  a  le  corps  très  allongé  ,  com- 
primé vers  la  queue,  arrondi  en  avant;  la 
tête  large  et  déprimée  ;  la  gueule  bien  fen- 
due, les  mâchoires  hérissées  de  longues  dents 
en  crochets  et  pointues  sur  plusieurs  rangs; 
un  barbillon  à  la  symphyse  ;  deux  dorsales  : 
l'antérieure  petite,  basse  et  courte;  la  se- 
conde, étendue  sur  presque  tout  le  dos,  va 
jusqu'à  la  caudale,  avec  laquelle  elle  ne  se 
confond  pas;  une  seule  anale  très  longue; 
la  caudale  petite  et  courte.  Un  gris  plus  ou 
moins  blanchâtre  colore  le  dos  ;  le  ventre  est 
blanc  mat. 

C'est  un  Poisson  vorace  qui  vit  en  trou- 
pes et  dont  on  fait  une  pêche  abondante, 
surtout  le  long  des  côtes  de  la  Méditerranée, 
parce  que  ce  poisson  donne  lieu  à  de  bonnes 
et  abondantes  salaisons  qui  rendent  sa  chair 
plus  ou  moins  sèche,  suivant  le  procédé  qui 
a  été  suivi  pour  la  saler.  On  vend  alors  ce 
poisson  sous  le  nom  de  Merluche  quand  il 
n'est  pas  très  dur,  et  sous  celui  de  Stock-fish 
quand  il  est  devenu  tout-à-fait  raide  et  sec. 
On  le  réduit  à  cet  état  surtout  en  Flandre 
et  dans  le  nord  de  la  Basse-Allemagne.  C'est 
une  des  nourritures  les  plus  abondantes  pour 
les  classes  pauvres. 

Le  Merlus  est  devenu  aussi  le  type  d'un 
genre  particulier  de  la  famille  des  Gades,  et 
qui  se  distingue  de  celui  des  Morues  et  des 
Merlans  ,  parce  qu'il  n'a  que  deux  dorsales 
et  qu'une  seule  anale.  Il  se  dislingue  des 
Merlans  par  le  barbillon.  11  y  a  plusieurs  es- 
Dèces  de   ce  genre ,  car  celle  que   Lacé- 


MER 


MER 


149 


pède  a  vue  dessinée  par  Commei&un,  et  qui 
se  trouve  autour  du  cap  Horn,  est  bien  dis- 
tincte de  celle  d'Europe.  Elle  a  été  rapportée 
par  M.  Gay.  On  en  connaît  d'autres  de  la 
Nouvelle-Zélande.  (Val.) 

*MERMIS  (pcpfus,  fi],  cordelette),  helm. 
—  Genre  d'Helminthes  établi  par  M.  Du- 
jardin  pour  des  vers  longs,  filiformes,  con- 
fondus avec  les  Gordius  ou  avec  les  Fi- 
laircs.  Les  mâles  sont  inconnus  ;  les  femelles, 
après  avoir  vécu  dans  le  corps  de  quelque 
insecte  ou  d'une  larve,  en  sortent  et  se  trou- 
vent pelotonnées  sur  la  terre  humide,  où 
elle  répandent  leurs  œufs  globuleux  ,  noirâ- 
tres. Ces  œufs  sont  contenus  d'abord  dans 
une  capsule  ou  dans  un  calice  bipolaire, 
susceptible  de  se  diviser  en  deux  moitiés 
cupuliformes.  Les  Mermis  femelles,  à  l'in- 
stant de  la  ponte,  n'ont  qu'un  intestin  in- 
complet, sans  orifice  anal;  leur  bouche  est 
terminale,  très  petite;  leurs  téguments,  très 
épais,  sont  formés  de  fibres  obliques.  (Duj.) 

*MEROCORÏS  (fjwpoç,  cuisse;  xopiç,  pu- 
naise). iNS. — Genre  de  la  famille  des  Coréi- 
des,  groupe  desCoréites,  de  l'ordre  des  Hé- 
miptères, établi  par  Perty  [Delect.  anim. 
articulât.)  et  généralement  adopté  par  les 
entomologistes.  Ces  Insectes  sont  caractéri- 
sés par  une  tête  courte  et  des  antennes  dont 
le  dernier  article  est  en  forme  de  fuseau  al- 
longé. Le  type  de  ce  genre  est  le  M.  acri- 
dioides  (Coreus  acridioides  Fabr.),  de  l'Amé- 
rique méridionale.  (Bl.) 

MERODON  (iMpoç, ,  cuisse  ;  oJotfç,  dent). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères  bra- 
chocères,  famille  des  Brachystomes  ,  tribu 
des  Syrphides  ,  établi  par  Latreille  et  carac- 
térisé comme  suit  :  Corps  épais.  Antennes 
insérées  sur  la  moitié  inférieure  de  la  hau- 
teur de  la  tète  et  sur  une  saillie  du  front; 
troisième  article  ovale  ;  style  bi-articulé. 
Yeux  velus.  Cuisses  épaisses,  ordinairement 
terminées  par  une  dent;  jambes  arquées. 
Cellule  sous-marginale  des  ailes  pédiforme. 

Ce  genre  renferme  16  espèces  ,  toutes  de 
France  ou  d'Italie,  et  3  qui  paraissent  ap- 
partenir à  l'Afrique  septentrionale.  Nous 
citerons  parmi  les  premières  le  il/,  equestris, 
qui  se  trouve  aux  environs  de  Paris.  C'est 
un  Insecte  long  de  1  à  2  centimètres;  il  a 
la  face  et  le  front  grisâtres  ,  les  antennes 
noires,  le  thorax  antérieurement  à  poils 
ferrugineux,  postérieurement  à  poils  noirs; 


î  ecusson  et  l'abdomen  à  poils  ferrugineux  ; 
les  pieds  noirs;  les  jambes  postérieures  à 
tubercule  vers  l'extrémité,  et  terminées  par 
une  pointe  recourbée. 

Les  larves  des  Merodon  se  nourrissent  de 
substances  végétales  ;  quelques  unes  ont  été 
découvertes  dans  des  ognons  de  Narcisse  , 
dont  elles  rongent  l'intérieur.  Elles  ont  le 
corps  blanchâtre,  épais,  cylindrique,  pointu 
aux  deux  extrémités. 

MÉROE.  Meroe.  iioll. —  Genre  créé  par 
Schumacher  aux  dépens  des  Donaces.  Voy. 
ce  dernier  mot. 

*MEROLES.  rept.  —  Division  formée 
dans  l'ancien  genre  Lézard  par  M.  Gray 
(Ann.ofn.  hist.,  I,  1838).  (E.  D.) 

*MEROMALES.  ins.— Genre  de  la  tribu 
des  Chalcidiens,  groupe  des  Osmocérites,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par  M.  Wal- 
ker  (Entom.  Magazine).  Le  type  est  le  M. 
flavicornis  Walk.  (Entom.  Magaz.,  t.  II, 
p.  178).  (Bl.) 

*MERONCÏDIES.  ins.— Genre  de  la  tribu 
des  Locustiens,  de  l'ordre  des  Orthoptères , 
établi  par  M.  Serville  (Rev.rnéth.  de  l'ordre 
des  Orthopt.,  Ann.  des  se.  nat.t  lre  série)  sur 
une  espèce  de  la  Guiane  (M.  obscurus  Serv.), 
qui  n'est  pas  séparée  des  Acanthodis  par 
d'autres  entomologistes.  (Bl.) 

*MEROPACHYS(pivjpoç,  cuisse;  ™Xvç, 
épais),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes ,  tribu  des  Cérambycins, 
établi  par  M.  Hope  et  adopté  par  Erichson 
{Archiv.  fur  Naturg.,  1842,  p.  221,  162). 
Les  deux  espèces  suivantes ,  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  en  font  partie  :  les  M.  Mac-Leayi 
H.,  et  sericeus  Er.  (C.) 

*MEROPACH¥S  (avjpôç,  cuisse  ;  wr«xvç, 
épais),  ins.  —  Genre  de  la  famille  des  Co- 
réides ,  groupe  des  Anisoscélites,  de  l'ordre 
des  Hémiptères  ,  établi  par  M.  Laporte  de 
Castelnau  (Essai hémipt.  hétéropt.)  sur  quel- 
ques espèces  exotiques.  Les  Meropachys  ont 
une  tête  courte,  arrondie;  des  pattes  posté- 
rieures grandes  ,  dont  les  cuisses  sont  très 
renflées  et  les  jambes  arquées.  On  peut  en 
considérer  comme  le  type  le  M.  gracilis 
Burm.,  qui  est  assez  commun  au  Brésil.  (Bl.) 

*M  ÉROPIDÉES.  Meropidœ.  ois.  —  Fa- 
mille de  l'ordre  des  Passereaux ,  établie 
pour  des  espèces  qui  ont  un  bec  plus  long 
que  la  tête,  arqué;  un  corps  allongé,  svclte; 


150 


MER 


MER 


des  ailes  longues  ;  une  queue  le  plus  ordi- 
nairement terminée  par  deux  brins  ;  des 
pieds  courts,  et  le  doigt  externe  profondé- 
ment soudé  à  celui  du  milieu. 

Cette  famille  ,  qui  correspond  aux  Lepto- 
rarnphus  de  M.  Duméril  et  aux  Guêpiers  de 
G.  Cuvier,  a  été  créée  par  Vigors.  Elle 
comprend,  pour! G. -R.  Gray,  les  genres 
Merops,  Meïittophagus  et  Nyctiornis  ;  et 
pour  M.  Lesson,  indépendamment  du  genre 
Merops  ,  dans  lequel  il  confond  les  Mélitto- 
phages  et  les  Nyctiornes  ,  la  famille  des  Mé- 
ropidées  renferme  encore  les  genres  Irrisor 
et  Rhinopomastur.  (Z.  G.) 

MEROPS.  ois.  —  Nom  scientifique  du 
genre  Guêpier.  Voy.  ce  mot. 

*MEROSCELISUS  (pnpéc,  cuisse  ;  <r*tllç, 
jambe;  îaoç  ,  égal),  ms.  —  Genre  de  Co- 
léoptères subpentamères,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Longicornes,  tribu  des 
Prioniens  ,  créé  par  Serville  (Ann.  de  la 
Soc.  ent.  de  Fr.,  t.  I ,  p.  126  et  157),  et 
qui  ne  renferme  qu'une  espèce  ,  le  M.  vio- 
laceus  Dej.,  Serv.,  originaire  du  Brésil.  La 
femelle  paraît  être  privée  d'ailes.       (C.) 

MEROSPORUM.   bot.  cr.  —  Voy.  da- 

CRINA.  (LÉV.) 

*MEROSTACHYS  (prjpoç ,  tige;  5TaXv;, 
épi),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Graminées-Festucacées,  établi  par  Sprengel 
(Syst.  ,  1 ,  132  ).  Gramens  du  Brésil.  Voy. 

GRAMINÉES. 

MÉROU,  pois.  —  Voy.  serran. 

*MERRETIA,  Soland.  (Afsc).  bot.  ph. 
—  Syn.  de  Corynocarpus ,  Forst. 

*MERTENSIA  (Mertens,  zoologiste  alle- 
mand), acal. —  Genre  de  Béroïdes  proposé 
par  M.  Lesson,  qui  le  place  dans  sa  tribu 
des  Cydippes,  et  le  caractérise  ainsi  :  Corps 
oblong ,  vertical ,  échancré  en  bas  ,  com- 
primé sur  les  côtés  ,  formé  de  huit  côtes , 
portant  chacune  sur  leur  arête  une  rangée 
de  cils;  près  de  l'ouverture  supérieure  nais- 
sent deux  longs  cirrhes  contenus  dans  deux 
tubes  latéraux,  et  sortant  par  l'extrémité 
opposée.  Le  type  de  ce  genre  est  le  Beroe 
ovum  de  Fabricius ,  qu'Eschscholtz  avait 
nommé  Cydippe  ovum ,  et  qui  est  la  Mer- 
tensia  Scoresbyi  de  M.  Lesson.  Cet  Acalèphe, 
de  la  grosseur  d'un  œuf,  est  bleuâtre,  pres- 
que diaphane.  Il  vit  près  du  pôle  arctique, 
dans  la  baie  de  Baffin  ,  et  au  Spitzberg. 
M.  Lesson  rapporte  au  même   genre  ,  et 


peut  être  à  la  même  espèce ,  le  Beroe  com- 
pressa de  Mertens,  qui  est  une  Jmura  de 
M.  de  Blainville.  (Dcj.) 

MERTEIVSIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Celtidées,  établi 
par  H.-B.  Kunth  (in  Humb.  et  BonpL,  Nov.  ' 
gen.  et  $p.,  II,  31 ,  t.  103).  Arbres  de  l'A- 
mérique tropicale.  Voy.  celtidées. —  Roth. 
(Catalect.,  I,  54),  syn.  de  Steenhammera , 
Reichenb. 

MERTEIVSIA,  Roth.  (in  Schrad.  Journ., 
II,  1,  t.  1).  bot.  cr.  —  Syn.  de  Champia, 
Lamk.^ 

*MÉRULAXE.  Merulaxis.  ois.  —  Genre 
de  la  famille  des  Fourmiliers  et  de  l'ordre 
des  Passereaux  ,  caractérisé  par  un  bec  mé- 
diocre, à  mandibule  supérieure  convexe, 
presque  droite,  à  arête  très  marquée  entre 
les  narines ,  et  à  pointe  recourbée  et  nota- 
blement échancrée;  des  narines  en  partie 
recouvertes  en  avant  par  une  écaille  bom- 
bée, au-dessous  de  laquelle  elles  sont  per- 
cées ,  et  cachées  en  arrière  sous  des  plumes 
rigides ,  étroites ,  courtes  et  dirigées  en 
avant;  des  ailes  obtuses,  très  courtes  ,  très 
concaves  et  arrondies;  une  queue  longue, 
étagée,  à  rectrices  peu  fournies  ,  acuminées 
et  molles;  des  tarses  forts,  assez  robustes  ; 
quatre  doigts  armés  d'ongles  minces ,  com- 
primés et  peu  vigoureux. 

Ce  genre  a  été  établi  par  M.  Lesson,  dans 
sa  Centurie  zoologique ,  sur  un  oiseau  fort 
voisin  des  Fourmiliers  :  aussi  les  auteurs 
ont-ils  été  d'accord  pour  le  placer  dans  la 
même  famille.  MM.  Swainson  et  Ménétrier 
ont  de  leur  côté  reconnu,  dans  l'oiseaa 
publié  avant  eux  par  M.  Lesson  ,  le  type 
d'un  genre  nouveau  qu'ils  ont  proposé,  le 
premier  sous  le  nom  de  Platyurus,  et  le  se- 
cond sous  celui  de  Malacorhynchus. 

Les  espèces  qu'a  fait  connaître  M.  Lesson 
sont  :  le  Mérulaxe  noir,  M.  ater  Less.  (Cent, 
zoologique,  pi.  30).  Noir  ardoisé,  uniforme; 
tarses  jaune  clair.  —  Habite  le  Mexique. 

Le  Mérulaxe  roux,  M.  rulilus  Less.  Brun 
ardoisé  en  dessus ,  roux  vif  sous  le  corps  ; 
les  plumes  du  front  formant  sur  la  narine 
une  petite  houppe  comprimée.  —  Patrie 
inconnue. 

Peut-être  cette  deuxième  espèce  est-elle 
établie  sur  la  femelle  ou  le  jeune  âge  du 
Mérulaxe  noir. 

Depuis  la  publication  de  ce  genre  par 


MER 


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151 


M.  Lesson  ,  quelques  autres  espèces  ont  été 
découvertes  ;  ainsi  M.  de  La  Fresnaye  en  a 
fait  connaître  quatre  dans  la  Revue  zoologi- 
que pour  1840  (n°  d'avril)  :  le  M.  senilis, 
le  M.  grisei-collis ,  le  M.  squamiger  (  tous 
les  trois  venant  de  Santa-Fé  de  Bogota),  et 
le  M.  analis,  que  M.  de  La  Fresnaye  croit 
provenir  du  Paraguay  ou  du  Chili. 

On  ne  sait  absolument  rien  sur  les  mœurs 
des  Mérulaxes  ;  cependant ,  comme  ,  par 
l'ensemble  de  leurs  formes,  ce  sont  de  vrais 
Fourmiliers  ,  il  est  probable  qu'ils  en  ont 
les  habitudes  et  le  genre  de  vie.  (  Z.  G.) 
MÉRULIDÉES.  Merulidœ  ,  Vig.  ois.  — 
Syn.  de  Turdidées.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 
*MERULINA  (merulius,  genre  de  cham- 
pignons), polyf. —  Genre  établi  par  M.  Eh- 
renberg  aux  dépens  des  Agaricies  de  La- 
mouroux  et  de  Lamarck,  et  ayant  pour  type 
le  Madrepora  ampliata  d'Ellis  et  Solander. 
Les  expansions  de  ce  Polypier  sont  presque 
flabellées ,  avec  des  rides  longitudinales  sé- 
parées par  des  carènes  saillantes  dentelées 
en  scie,  très  rudes.  Il  se  trouve  dan.  la  mer 
des  Indes.  (Duj.) 

MERULIUS.  bot.  cr.  —  Genre  de  Cham- 
pignons créé  par  Haller,  et  si  vaguement 
caractérisé,  que  les  auteurs  y  ont  introduit 
un  grand  nombre  d'espèces  dont  on  a  formé 
depuis  de  nouveaux  genres.  Ainsi  on  trouve 
décrits  sous  ce  nom,  des  Agarics,  des  Chan- 
terelles, des  Pézizes,  des  Théléphores,  des 
Dœdalea,  etc.,  etc.  Il  appartient  à  la  classe 
des  Basidiosporés,  et  doit  être  mis  parmi  les 
Polyporés.  Le  réceptacle  est  réfléchi  ou  résu- 
piné,  ordinairement  membraneux.  L'hymé- 
nium  est  de  la  même  nature,  confondu  avec 
le  réceptacle,  et  composé  d'une  membrane 
parcourue  par  des  veines  peu  saillantes  , 
obtuses,  et  qui  forment  des  aréoles  ou  de 
larges  cellules,  dont  la  surface  dans  l'état  frais 
est  couverte  de  bandes  quadrifides.  Ainsi 
limité  ,  le  g.  Merulius  est  parfaitement  dis- 
tinct; mais,  à  l'exemple  de  Persoon,  il  faut 
en  séparer  les  Xylomyzon ,  qui  ont  la  même 
forme,  et  dont  la  consistance  est  coriace  au 
lieu  d'être  charnue.  Voy.  xylomyzon.  (Lév.) 
MERVEILLE  A  FLEURS  JAUNES. 
bot.  rn.  —  Un  des  noms  vulgaires  de  17m- 
patiens  noli  tangereL. 

MERVEILLE  DU  PÉROU,  bot.  ph.  — 
Nom  qu'on  donnait  autrefois  à  la  Belle-de- 
nuit* 


MERYCOTHERIUM.  mam.  voss.—Voy. 
CHAMEAUX  fossiles. 

*MER1'UM  (p./jpuw,  pelotonner),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  tétra 
mères  deLatreille,  famille  des  Longicornes, 
tribu  des  Cérambycins ,  créé  par  Kirby 
(Faun.  boreali  americana ,  1837,  p.  172), 
et  qui  se  rapporte  au  genre  Phymatodes ,  de 
Mulsant ,  que  ce  dernier  auteur  n'a  publié 
qu'en  1839  (  Hist.  nat.  des  Gol.  de  Fr.),  et 
qui  par  conséquent  doit  être  rejeté.     (C.) 

MER1X  (pvîpvw,  pelotonner),  ins. — Genre 
de  Coléoptères  tétramères,  famille  des  Xy- 
lophages,  tribu  des  Mycétophagides,  créé 
par  Latreille  (Gênera  Crust.  et  Ins.,  t.  III, 
p.  17  ,  t.  I ,  pi.  1 1 ,  f.  1).  Ce  genre  se  dis- 
tingue par  des  palpes  maxillaires  tous  sail- 
lants et  terminés  par  un  article  plus  grand, 
en  triangle  renversé.  Le  type  ,  M.  rugosa 
Latr.,  indiqué  à  tort  comme  originaire  des 
Indes  orientales,  est  indigène  de  la  Nou- 
velle-Hollande. (C.) 

*MESACWiEA  (pe'ffoç,  moyen,  médian; 
axp.c.t'o;,  robuste).  roLYP. — Sous-genre  d'Ac- 
tinies ,  établi  par  M.  Ehrenberg  pour  les 
espèces  qui  auraient  les  tentacules  moyens 
les  plus  forts,  les  internes  et  les  externes 
étant  au  contraire  plus  petits  ;  mais  on  ne 
connaît  pas  encore  d'espèces  de  ce  sous- 
genre.  (Duj.) 

*MESAGROICUS  (p.^âypcuxo; ,  qui  est 
un  peu  rustique),  ins.  —  Genre  de  Coléo- 
ptères tétramères ,  famille  des  Curculioni- 
des  gonatocères,  division  des  Brachydérides, 
établi  par  Schœnherr  [Gênera  et  sp.  Curcul. 
synon.,  t.  VI,  I,  p.  281  ).  L'auteur  en  dé- 
crit deux  espèces  du  Caucase,  les  M.  pisi fé- 
rus Schr.,  et  obscurus  Stevens.  (C.) 

MÉSAL.  moll. —  Adanson  (Voy.  au  Se- 
nég.)  nomme  ainsi  une  coquille  qu'il  place 
dans  son  genre  Cérithe  ,  mais  qu'une  étude 
plus  approfondie  a  fait  reconnaître  comme 
appartenant  aux  Turritelles.  Voy.  ce  mot. 

*MESAL1NA.  rept.  —  Division  formée 
par  M.  Gray  (Ann.  of  se.  hist.,  1830)  aux 
dépens  du  grand  genre  Lacerta.     (E.  D.) 

MÉSANGE.  Parus,  ois.  —  Genre  type 
de  la  famille  des  Paridées ,  dans  l'ordre 
des  Passereaux.  On  lui  assigne  pour  carac- 
tères :  un  bec  petit ,  court ,  droit ,  conique , 
comprimé  ,  non  échancré,  et  garni  de  poils 
à  sa  base,  à  mandibule  supérieure  quelque- 
fois un  peu  recourbée  vers  la  pointe;  des 


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MES 


MES 


ratines  situées  à  la  base  du  bec  ,  arrondies 
et  presque  entièrement  cachées  par  de  pe- 
tites plumes  dirigées  en  avant;  des  pieds 
médiocrement  forts,  et  des  doigts,  au  nom- 
bre de  quatre,  armés  d'ongles  assez  puis- 
sants ,  surtout  le  pouce. 

Les  Mésanges  composent  une  division  fort 
intéressante.  Les  espèces  connues  s'isolent 
d'une  manière  bien  tranchée  des  autres 
groupes  ornithologiques ,  non  pas  tant  par 
leurs  caractères  extérieurs  que  par  leurs 
habitudes  naturelles.  Ce  sont,  en  effet,  de 
petits  Oiseaux  que  leur  manière  de  vivre 
suffirait  pour  caractériser  d'une  façon  assez 
nette,  tant  elle  leur  est  particulière.  A  la 
vérité  ,  on  trouve  bien  dans  la  série  quel- 
ques espèces,  les  Colious,  par  exemple,  les 
Sîtelles,  et  surtout  les  Roitelets,  dont  les 
mœurs  ont  quelques  traits  d'analogie  avec 
les  leurs;  mais  quelques  traits  isolés  ne  sau- 
raient constituer  en  entier  le  naturel  d'un 
oiseau,  et  celui  des  Mésanges  leur  est  telle- 
ment propre,  qu'il  pourrait  servir,  nous  le 
répétons,  à  caractériser  le  genre  qu'elles 
forment.  Aussi  est-il  possible  de  faire  leur 
histoire  générale;  car,  à  quelques  particu- 
larités près  ,  ces  Oiseaux  ont  des  mœurs  et 
des  habitudes  communes. 

Si  les  Mésanges  avaient  autant  de  force 
qu'elles  ont  de  hardiesse  et  de  courage,  il 
est  très  certain  qu'on  pourrait  les  placer 
parmi  les  espèces  les  plus  redoutables.  En 
général,  elles  sont  vives,  actives,  auda- 
.  cieuses  et  hargneuses  au  suprême  degré. 
Elles  se  montrent  jalouses  à  l'égard  des  au- 
tres Oiseaux,  et  ont,  pour  quelques  uns 
d'entre  eux,  une  antipathie  bien  pronon- 
cée. La  Chouette  surtout  est  leur  lête  d'a- 
version ;  elles  se  lancent  dessus  avec  fureur, 
avec  opiniâtreté ,  en  hérissant  leurs  plumes 
et  en  poussant  des  cris  perçants  qui  attirent 
les  autres  petits  Oiseaux. 

Il  est  excessivement  rare,  durant  le  jour, 
de  les  trouver  au  repos.  Constamment  elles 
voltigent  d'arbre  en  arbre,  sautent  de  bran- 
che en  branche,  et  s'y  soutiennent  dans 
toutes  les  attitudes.  Tantôt  elles  s'accrochent 
à  l'écorce  pour  prendre  un  insecte  ou  les 
œufs  qu'il  y  a  déposés ,  la  frappent  de  leur 
bec  pour  en  faire  sortir  ceux  qui  pourraient 
s'y  être  cachés  ;  tantôt  elles  se  suspendent 
à  l'extrémité  du  rameau  le  plus  faible,  pour 
chercher  dans  le  bourgeon,  ou  sur  la  lige  i 


qui  le  termine,  les  petites  mouches  qui  s'y 
reposent.  Après  qu'elles  ont  ainsi  exploré. 
un  arbre  depuis  le  bas  jusqu'à  la  cime,  elles.- 
se  jettent  sur  un  autre  arbre  voisin ,  re-j 
commencent  leur  chasse,  et  ainsi  successi-' 
vement  elles  visitent  quelquefois  toute  la 
lisière  d'un  bois. 

La  plupart  des  Mésanges  étant  en  quel- 
que sorte  omnivores ,  la  nature  leur  offre 
presque  partout  de  nombreux  moyens  d'exis- 
tence. Il  est  probable  que  c'est  à  la  facilité 
qu'ont  ces  Oiseaux  de  se  procurer  partout 
une  nourriture  facile  qu'il  faut  attribuer 
leur  courte  pérégrination  ;  car  nous  devons 
dire  que  les  Mésanges  n'entreprennent  pas 
de  longs  voyages;  elles  errent  çà  et  là  plu- 
tôt qu'elles  n'émigrent.  L'été,  elles  man- 
gent des  Abeilles,  des  Guêpes,  des  Punai- 
ses de  bois  ,  des  Chenilles  et  un  grand 
nombre  d'autres  Insectes,  soit  à  l'état^ar- 
fait,  soit  à  l'état  de  larve;  l'hiver,  elles  se 
nourrissent  de  fruits  à  noyau,  de  graines 
sèches  ;  elles  recherchent  avec  avidité  celles 
du  Tilleul,  du  Sycomore,  de  l'Érable,  du 
Hêtre  et  du  Charme  ;  elles  aiment  aussi  les 
noisettes,  les  glands  ,  les  noix,  les  Châtai- 
gnes, et  surtout  les  olives  piquées  et  à  demi 
sèches.  Peut-être  n'attaquent-elles  ce  dernier 
fruit  que  pour  mettre  à  découvert  les  larves 
qui  le  rongent.  Il  est  surprenant  que  d'aussi 
petits  Oiseaux ,  avec  des  moyens  peu  puis- 
sants en  apparence  ,  puissent  venir  à  bout 
de  rompre  l'enveloppe  ligneuse  d'une  noi- 
sette ,  par  exemple  ,  ou  d'une  noix.  Le  seul 
instrument  qu'elles  emploient  à  cet  effet 
est  le  bec  ;  elles  s'en  servent  comme  d'un 
coin  ,  à  l'aide  duquel  elles  frappent  à  coups 
redoublés  sur  l'enveloppe  de  la  noix  jusqu'à 
ce  qu'elles  soient  parvenues  à  pratiquer  un 
trou  assez  grand  pour  en  extraire  le  con- 
tenu. C'est  du  reste  de  cette  manière  qu'elles 
mangent  toutes  les  graines;  car,  malgré 
leur  bec  ferme  et  solide  ,  elles  ne  les  écra- 
sent pas  ,  comme  font  certains  Oiseaux  co- 
nirostres  :  elles  les  dépècent,  en  ayant  soin 
de  les  assujettir  préalablement  sur  une  bran-S 
che  ,  avec  leurs  pieds.  La  prévoyance  n'es  )\ 
ordinairement  pas  une  des  qualités  des  Oi-I 
seaux  :  ils  vivent  au  jour  le  jour,  sans  pren- 
dre souci  du  lendemain.  Cependant  il  pa- 
raîtrait que  les  Mésanges,  quelques  unes  du 
moins  ,  entassent  dans  des  trous  ,  pour  leur 
provision  d'hiver,  des  graines  et  des  fruits 


MES 


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153 


à  noyaux.  Toutes  sont  gourmandes  et  vo- 
races  ;  la  plupart  d'entre  elles  même  sont, 
à  vrai  dire  ,  carnivores.  La  Mésange  char- 
bonnière, la  Mésange  bleue  et  la  Nonnette 
ont  un  appétit  excessivement  prononcé  pour 
le  suif  et  la  graisse  rance  ;  c'est  là  pour  elles 
un  appât  auquel  elles  ne  sauraient  résis- 
ter. Un  fait  certain,  déjà  signalé  ,  et  dont 
nous  avons  été  témoin  bien  souvent ,  c'est 
qu'elles  attaquent,  en  cage,  les  Oiseaux 
faibles  et  languissants,  même  ceux  de  leur 
espèce,  et  qu'après  les  avoir  tués  en  les 
frappant  à  coups  redoublés  sur  la  tête,  elles 
leur  ouvrent  le  crâne  pour  en  dévorer  la 
cervelle.  Bechstein  a  vu  une  grande  Char- 
bonnière tuer  de  la  sorte  une  Caille.  Cette 
cruauté ,  comme  le  dit  Buffon  ,  n'est  pas 
toujours  justifiée  par  le  besoin,  puisqu'elles 
se  le  permettent  lors  même  qu'elle  leur  est 
inutile,  par  exemple  dans  une  volière  où 
elles  ont  en  abondance  la  nourriture  qui 
leur  convient.  En  captivité  ,  on  nourrit  les 
Mésanges  avec  du  chènevis  ,  de  la  faîne  et 
plusieurs  autres  graines  ;  elles  mangent 
aussi  du  pain  trempé  dans  du  lait  ;  mais  on 
a  remarqué  que ,  sans  rien  perdre  de  leurs 
habitudes  et  de  leur  activité  naturelles , 
elles  ne  supportent  pas  longtemps  l'escla- 
vage. On  ne  peut  les  garder  que  trois  ou 
quatre  ans  en  cage.  Malgré  la  nourriture 
qu'elles  prennent  en  abondance,  et  qu'elles 
savent  si  bien  varier,  les  Mésanges  ne  sont 
jamais  bien  grasses  ni  de  bon  goût  ;  leur 
chair  est  noirâtre  ,  grossière  ,  sèche  et 
amère. 

11  est  peu  d'Oiseaux  plus  sociables  que 
ceux  dont  nous  faisons  l'histoire  ;  car  il  est 
très  rare  de  rencontrer  des  individus  isolés. 
Ils  vivent  en  troupes  ou  plutôt  en  familles, 
Surtout  après  les  couvées.  On  les  entend  se 
rappeler  sans  cesse  et  redoubler  leurs  cris 
dès  qu'ils  se  perdent  de  vue;  on  les  voit  se 
réunir  un  instant,  se  quitter,  puis  se  rap- 
procher de  nouveau.  Les  lisières  des  bois , 
les  buissons,  les  haies,  les  jardins,  les  en- 
droits marécageux  ,  les  bords  des  rivières , 
sont  les  lieux  où  ils  exercent  constamment 
leur  industrie.  On  a  prétendu  qu'il  règne 
entre  les  Mésanges  moins  d'attachement 
que  de  méfiance,  et  que  les  individus  d'une 
même  espèce  se  craignent  mutuellement; 
on  a  même  avancé  que  cette  méfiance  et 
cette  crainte  mutuelles  étaient  cause  que 
t,  vin.  ——**■. 


ces  Oiseaux  se  tenaient  toujours  à  quelque 
distance  les  uns  des  autres.  Si  le  fait  était 
vrai,  on  ne  saurait  trop  comment  expliquer 
leur  instinct  de  sociabilité;  mais  nous  pou- 
vons assurer  que  ,  dans  cette  circonstance 
comme  dans  beaucoup  d'autres  ,  on  s'est 
trompé.  Si  bien  souvent  les  Mésanges  qui 
composent  une  bande  sont  éparpillées  çà  et 
là  sur  le  même  arbre  ,  c'est  que  les  insectes 
qu'elles  y  cherchent  n'y  sont  pas  non  plus 
ramassés  sur  un  seul  point,  et  non  seule- 
ment alors  elles  se  dispersent  sur  toutes  les 
branches  ,  mais  ,  lorsque  deux  de  ces  Oi- 
seaux suivent  la  même  direction ,  on  les 
voit  arriver  jusqu'au  bout  de  la  tige  qu'ils 
parcourent,  exerçant  tranquillement  leur 
industrie  l'un  près  de  l'autre.  Si  quelquefois 
il  y  a  querelle  entre  les  Mésanges,  c'est 
toujours  lorsque  l'une  est  sur  le  point  d'en- 
lever la  proie  à  l'autre.  D'ailleurs  la  plus 
grande  preuve  de  leur  sociabilité  est  que  la 
plupart  d'entre  elles  ne  sauraient  vivre 
seules.  La  Mésange  à  longue  queue  surtout 
offre  un  exemple  bien  remarquable  du  besoin 
de  la  société  de  ses  semblables.  Se  voit-elle 
isolée,  on  l'entend  incontinent  se  désespé- 
rer, si  nous  pouvons  ainsi  dire.  Elle,  d'ordi- 
naire si  active  pour  ses  besoins,  oublie 
même  alors  de  chercher  sa  nourriture.  Ce 
n'est  plus  dans  le  bas  des  arbres  qu'elle  se 
pose;  elle  n'en  visite  plus  les  branches  jus- 
qu'au dernier  rameau  pour  y  découvrir  l'in- 
secte qui  s'y  cache;  c'est  sur  la  cime  qu'elle 
se  perche  alors  ;  et  de  là  ,  poussant  de  hauts 
cris  d'appel,  elle  paraît  attendre  qu'on  lui 
réponde.  Si  rien  ne  lui  indique  la  présence 
de  ses  compagnes  dans  le  voisinage ,  elle 
vole  se  percher  sur  un  arbre  plus  éloigné, 
pour  y  recommencer  ses  cris.  Enfin  cette 
agitation  ne  cesse  que  lorsqu'elle  a  retrouvé 
la  petite  troupe  dont  elle  faisait  partie,  ou 
une  autre  dans  laquelle  elle  comptera  dé- 
sormais. 

Mais  pour  offrir  un  témoignage  plus  écla- 
tant de  rattachement  que  ces  petits  Oiseaux 
ont  les  uns  pour  les  autres,  nous  citerons  le 
fait  suivant.  Étant  en  chasse,  nous  démon- 
tâmes d'un  coup  de  fusil  une  Mésange  à 
longue  queue  qui  demeura  accrochée  à  l'ar- 
bre sur  lequel  nous  l'avions  tirée.  Soudain 
elle  poussa  de  petits  cris  plaintifs  qui  atti- 
rèrent tout  autour  d'elle  les  individus  assez 
nombreux  dont  se  composait  la  bande  à  la- 

20 


154 


MES 


quelle  elle  appartenait.  Ils  voltigeaient  avec 
agitation  à  côté  de  leur  compagnon  blessé, 
s'en  approchaient  jusqu'à  le  toucher,  et  pa- 
raissaient s'efforcer  de  l'attirer  à  eux  par  des 
cris  particuliers.  Enfin,  après  avoir  observé 
quelque  temps  cette  série  de  dévouement, 
nous  les  abattîmes  l'un  après  l'autre,  jus- 
qu'au dernier,  sans  que  les  coups  de  fusil 
pussent  les  déterminer  à  s'éloigner. 

Voilà  bien  certainement  une  preuve  de 
l'attachement ,  nous  dirions  presque  de  l'a- 
mitié  que  les  Mésanges  à  longue  queue  ont 
l'une  pour  l'autre.  Si  toutes  les  espèces  du 
genre  sont  en  général  sociables,  ce  qu'on  ne 
saurait  mettre  en  doute,  nous  n'en  connais- 
sons cependant  pas  qui  le  soient  à  ce  point. 
Les  autres  genres  même  ne  nous  offrent  pas 
un  exemple  aussi  remarquable  ;  les  Roite- 
lets seuls  pourraient  peut-être,  sous  ce  rap- 
port ,  soutenir  la  comparaison. 

Mais  il  n'est  point,  parmi  les  Oiseaux,  de 
lien  si  étroit  que  l'époque  des  amours  ne  dé- 
truise ,  et  les  Mésanges  à  longue  queue, 
comme  toutes  leurs  congénères  ,  quand 
vient  le  moment  de  la  reproduction, cessent 
de  former  des  familles;  on  ne  les  rencontre 
plus  que  par  couples. 

Toutes  les  Mésanges  ne  mettent  pas  à 
faire  leur  nid  le  même  soin  ni  la  même 
adresse.  Les  unes  le  construisent  dans  les 
arbres  creux,  dans  les  fentes  des  murailles, 
dans  les  trous  abandonnés  des  Mulots  et 
des  Taupes  ,  dans  les  vieux  nids  des  Pies  et 
des  Écureuils  ;  les  autres  le  placent  entre 
les  tiges  des  roseaux,  à  une  certaine  distance 
de  l'eau;  d'autres  le  posent  contre  le  tronc 
des  arbres  ou  à  l'enfourchure  des  branches; 
d'autres  enfin  le  suspendent  à  l'extrémité 
des  rameaux  les  plus  flexibles.  Parmi  elles, 
celles  qui  apportent  le  plus  d'art  dans  la 
construction  de  l'édifice  qui  doit  recevoir 
leurs  œufs  et  protéger  leurs  petits,  sont  la 
Mésange  à  longue  queue  et  la  Mésange  Ré- 
miz.  Celui  de  la  première  de  ces  deux  es- 
pèces, ordinairement  posé  sur  l'enfourche- 
ment  des  branches ,  est  composé  à  l'exté- 
rieur avec  des  lichens  ,  de  la  mousse  et  de 
la  laine,  entrelacés  avec  un  art  admirable, 
et  est  garni  intérieurement  d'une  grande 
quantité  de  plumes  et  de  duvet.  Ce  nid,  qui 
affecte  la  forme  d'un  ovale,  offre  ceci  de 
particulier  que,  sur  deux  de  ses  faces  op- 
posées, sont  pratiquées  deux  petites  cuver- 


MES 

tures  qui  se  correspondent  de  telle  façon 
que  la  femelle  ou  le  mâle  puissent  entrer 
dans  ce  nid  et  en  sortir  sans  être  oblfgés  de 
se  retourner.  Cette  double  ouverture  est 
évidemment  un  fait  de  prévoyance  inspiré 
à  cet  Oiseau  par  la  nature;  c'est  afin  que 
sa  longue  queue ,  qui,  au  moindre  obstacle, 
se  détache  ou  se  froisse  ,  fût  à  son  aise  du- 
rant l'incubation  ;  et  ce  qui  le  prouve,  c'est 
que,  après  l'éclosion  et  lorsque  les  jeunes 
peuvent  se  passer  de  la  chaleur  maternelle, 
en  d'autres  ternies,  lorsqu'il  n'y  a  plus  né- 
cessité pour  la  femelle  ou  pour  le  mâle  de 
se  tenir  dans  le  nid  ,  ils  se  hâtent  de  bou- 
cher l'une  des  deux  ouvertures  qu'ils  y 
avaient  ménagées.  La  Mésange  Rémiz,  elle, 
procède  d'une  autre  façon  et  se  montre  bien 
autrement  industrieuse.  C'est,  de  tous  les 
Oiseaux  d'Europe  ,  celui  qui  apporte  le  plus 
d'art  dans  la  construction  de  son  nid.  Il  le 
suspend  à  l'extrémité  d'une  branche  flexible 
et  pendante  au-dessus  de  l'eau ,  l'attache 
avec  les  fibres  du  chanvre ,  du  lin  ,  de  l'or- 
tie ,  ou  avec  d'autres  matières  filamenteu- 
ses ;  lui  donne  la  forme  d'un  sac ,  d'une 
bourse  ou  d'une  cornemuse  aplatie;  en 
place  l'ouverture  sur  le  côté,  ordinairement 
sur  celui  qui  fait  face  à  l'eau,  et  le  compose 
du  duvet  léger  qui  se  trouve  aux  aigrettes 
des  fleurs  du  saule,  du  peuplier,  du  trem- 
ble, des  chardons,  des  pissenlits,  etc.  Pour 
entrelacer  ce  duvet  avec  des  brins  de  racine, 
de  façon  à  en  composer  un  tissu  épais,  serré, 
presque  semblable  à  du  drap,  la  Rémiz 
n'emploie  d'autre  instrument  que  son  bec. 
L'intérieur  de  ce  nid  ne  diffère  pas  de  l'ex- 
térieur. Quant  aux  autres  espèces,  elles  se 
bornent  à  entasser  sans  trop  d'art,  dans  le 
trou  qu'elles  ont  choisi,  du  crin,  de  la 
bourre  ,  des  plumes,  en  un  mot  des  matiè- 
res molles. 

Les  Mésanges  sont  en  général  extrême- 
ment fécondes.  Certaines  espèces,  comme  la 
MoustacheetlaRémiz,  nefontordinairement 
que  six  ou  huit  œufs  ;  mais  la  Mésange  bleue 
et  la  grande  Charbonnière  en  pondent  jus- 
qu'à quinze  et  dix-huit.  Il  n'est  pas  rare  de 
voir  le  dernier  de  ces  Oiseaux  commencer  une 
seconde  ponte  avant  d'avoir  émancipé  sa 
première  couvée.  Ce  qu'il  yaderemarquable^ 
c'est  que  les  Mésanges  pondent  toutes  des 
œufs  qui  ont  à  peu  près  la  même  couleur;  ils 
sont  blancs,  marqués  de  taches  rouges  et 


MES 


MES 


155 


violettes.  Il  y  a  quelquefois  si  peu  de  diffé- 
rence entre  ceux  des  diverses  espèces ,  qu'il 
est  très  difficile  de  ne  pas  les  confondre. 
Peu  d'oiseaux  nourrissent  leurs  petits  avec 
un  zèle  et  une  activité  aussi  infatigables  ;  il 
y  en  a  peu  qui  leur  soient  plus  attachés,  et  qui 
les  déTendent  avec  plus  de  courage  contre 
les  agresseurs. 

En  raison  du  nombre  des  espèces  et  de 
leur  considérable  reproduction,  les  Mésanges 
seraient  abondamment  multipliées,  si  elles 
savaient  veiller  à  leur  conservation.  Mais, 
en  général,  peu  méfiantes,  curieuses,  hardies 
et  sans  défense,  elles  deviennent  facilement 
la  proie  de  l'oiseleur  et  des  animaux  qui 
cherchent  à  les  surprendre.  Le  Hobereau, 
TÉmérillon,  généralement  tous  les  petits 
Oiseaux  de  proie,  tant  diurnes  que  nocturnes 
et  même  les  Pies-Grièches ,  leur  font  la 
guerre;  d'un  autre  côté,  le  Lérot,  le  Loir 
et  les  Souris  détruisent  souvent  leurs  pontes 
ou  leurs  nichées,  en  pénétrant  dans  les  trous 
où  la  plupart  d'entre  elles  font  habituelle- 
ment leur  nid.  Tous  les  pièges,  quelque 
grossiers  qu'ils  soient,  sont  bons  pour  pren- 
dre les  Mésanges;  elles  s'y  jettent  en  étour- 
dies, même  lorsqu'elles  ont  déjà  failli  en  être 
les  victimes. 

On  trouve  des  Mésanges  dans  l'ancien  et 
dans  le  nouveau  continent;  mais,  par  une 
exception  assez  rare,  les  espèces  sont  beau- 
coup plus  nombreuses  en  Europe,  et  surtout 
dans  le  nord  de  cette  partie  du  monde  que 
partout  ailleurs. 

Les  Mésanges  ont  été  confondues  par  quel- 
ques naturalistesavecles  Pics;  d'autres, sans 
en  faire  des  oiseaux  de  même  genre,  les  ont 
pourtantconsidérés  comme  étant  très  voisins 
les  uns  des  autres.  Cependant,  si  l'on  excepte 
une  seule  espèce  (la  Mésange  des  marais), 
qui,  à  ce  qu'on  assure,  creuse  elle-même  les 
arbres  pour  y  placer  son  nid,  particularité 
-qu'elle  partagerait  avec  les  Pics,  ces  deux 
genres  d'oiseaux  sont  aussi  éloignés  entre 
*  eux  par  leurs  habitudes  qu'ils  le  sont  par 
:  leurs  caractères. 

Le  genre  Mésange  (  Parus)  de  Linné  n'est 
!  plus  aujourd'hui  tel  que  l'avait  fait  son  fon- 
'  dateur  ;  des  coupes  assez  nombreuses  y  ont 
été  introduites.  G.  Cuvier,  le  premier,  l'a 
divisé  en  Mésanges  proprement  dites,  en 
Moustaches  et  en  Rémiz,  et  a  fondé  cette 
division  sur  quelques  légères  différences  ti- 


rées du  bec  et  sur  quelques  particularités 
dans  les  habitudes.  M.  Temminck,  qui  d'a- 
bord avait  résisté  à  cette  manière  de  voir, 
s'est,  lui  aussi,  décidé  à  établir  trois  sections 
dans  le  genre  Parus  :  les  Sylvains,  les  Rive- 
rains et  les  Penduîiens.  Ces  trois  sections, 
qui  ont  pour  motifs  les  oppositions  d'habi- 
tudes, sont  également  distinctes  entre  elles 
par  de  légers  caractères  tirés  des  rémiges  et 
du  bec.  Ainsi  les  Sylvains  ont  la  première 
rémige  de  moyenne  longueur;  chez  les  Ri- 
verains elle  est  nulle,  et  les  Penduîiens  ont 
un  bec  qui  diffère  totalement  de  celui  des 
autres  espèces.  Quelques  ornithologistes  ont 
poussé  plus  loin  encore  le  démembrement 
du  genre  Parus,  devenu  pour  eux  la  famille 
des  Paridées.  Ainsi,  pour  ne  parler  que  de 
nos  espèces  d'Europe,  la  Mésange  à  longue 
queue  est  devenue  pour  Leach  le  type  d'une 
division  particulière  sous  le  nom  de  Mecis- 
tura,  et  les  Parus  cristatus,  cœruleus  et 
palustris  ont  servi  à  Kaup  à  fonder,  la  pre- 
mière, le  genre  Lophophanes ,  la  seconde,  le 
genre  Cyanistes,  et  la  troisième,  le  genre 
Pœcile.  C'est  là,  ce  nous  semble,  pousser  un 
peu  trop  loin  la  manie  de  faire  des  genres: 
Nous  reconnaissons  que  le  genre  Mésange  ne 
pouvait  rester  tel  que  l'avait  créé  Linné,  ni 
même  tel  que  l'avait  modifié  G.  Cuvier; 
mais  nous  sommes  loin  d'admettre  qu'il 
faille  sans  motif  réel  multiplier  les  coupes 
et  faire  presque  de  chaque  espèce  un  genre. 
Pour  ne  point  tomber  dans  cet  excès,  nous 
adopterons  la  classification  de  G.  Cuvier; 
seulement  nous  détacherons  de  ses  Mésanges 
proprement  dites  le  Parus  caudatus,  qui 
paraît  réellement  devoir  composer,  sinon  un 
genre,  du  moins  un  groupe  particulier  dans 
la  famille  des  Mésanges. 

MÉSANGES  PROPREMENT  DITES. 
Parus,  Linn. 

Elles  ont  pour  caractères  distinctifs  un 
bec  épais,  presque  droit,  pointu;  des  tarses 
courts  et  robustes  ;  une  queue  égale  ou  légè- 
rement échancrée.  Toutes  ont  pour  habitude 
de  vivre  dans  les  bois  et  d'établir  leur  nid 
dans  des  trous. 

Parmi  elles,  nous  ferons  d'abord  connaître 
les  espèces  que  l'on  rencontre  en  Europe. 

La  Mésange  charbonnière  ,  Par.  major 
Linn.  (Buff.,  pi.  enl.  3,  fig.  1).  Tête  d'un 
noir  profond;  joues  blanches;  une  bande 


156 


MES 


MES 


longitudinale  noire  sur  la  poitrine;  dessus 
du  corps  olive-verdàtre,  dessous  jaune. — 
Habite  plus  particulièrement  les  parties  tem- 
pérées et  froides  que  les  contrées  chaudes  de 
l'Europe. 

La  Mes.  petite  charbonnière,  Par.  ater 
Linn.  (Nilson,  Skandinav.  Faun.,  pi.  252, 
fig.  1).  Parties  supérieures  cendrées  ;  dessous 
du  corps  blanc;  deux  bandes  blanches  sur 
l'aile  ;  le  reste  du  plumage  à  peu  près  comme 
chez  l'espèce  précédente.  —  Habite  le  nord 
de  l'Europe,  l'Angleterre.  De  passage  en 
France.  On  la  trouve  également  au  Japon. 

La  Mes.  nonnette,  Par.  palustris  Linn. 
(Buff.,pL  enl.y  3,  fig.  3).  Dessus  de  la  tête 
et  nuque  d'un  noir  profond;  gorge  noirâtre 
dans  une  petite  étendue;  dos  gris-brun; 
dessous  du  corps  blanchâtre.  —  Habite  très 
avant  dans  le  Nord,  est  commune  en  Hollande 
et  en  France,  et  vit  pareillement  dans  l'Amé- 
rique septentrionale. 

La  Mes.  lugubre  ,  Par.  lugubris  Natterer 
(Gould ,  Birds  of  Europe  ,  part.  7).  Même 
plumage  que  la  précédente:  seulement,  le 
noir  de  la  tête  ne  s'étend  pas  au-delà  de  l'oc- 
ciput, et  celui  de  la  gorge  occupe  un  plus 
grand  espace. — Habite  les  parties  orientales 
du  midi  de  l'Europe;  commune  en  Dal- 
matie. 

La  Mes.  boréale,  Par.  borealis  de  Sel. 
Lonch.  Espèce  nouvelle  publiée  en  1843 
dans  le  Bulletin  de  l'Académie  des  sciences 
de  Bruxelles  par  M.  de  Sel.  Lonchamps. 

Même  système  de  coloration  et  mêmes 
couleurs  que  chez  les  deux  espèces  précéden- 
tes, mais  différant  de  la  palustris  par  une 
taille  plus  forte  et  par  la  tache  d'un  blanc 
pur  qui  occupe  les  côtés  de  la  tête,  et  de  la 
lugubris  par  une  calotte  plus  large  et  d'un 
noir  plus  décidé. — Habite  laNorwége  et  l'Is- 
lande, d'où  l'expédition  française  du  Nord  a 
rapporté  plusieurs  individus. 

M.  de  Seîys  Lonchamps  a  encore  proposé 
avec  doute  une  deuxième  espèce  qu'il  nomme 
Par.  frigoris ,  et  qui  se  distinguerait  de  la 
borealis  par  une  taille  moindre. 

La  Mes.  a  ceinture  blanche,  Par.  sibiri- 
cus  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl.  708 ,  fig.  3).  Tête 
et  nuque  brunes  ;  gorge,  devant  du  cou  et 
haut  de  la  poitrine  d'un  noir  profond;  tem- 
pes, côtés  du  cou  et  bande  sur  la  poitrine 
bleues.  — Habite  les  parties  les  plus  septen- 
trionales de  l'Europe  et  de  l'Asie.  En  hiver, 


elle  se  répand  dans  quelques  provinces  delà 
Russie. 

La  Mes.  bleue,  Par.  cœruleus  Lin.  (Buff., 
pi.  enl.  3,  fig.  2  ;  voy.  aussi  l'atlas  de  ce 
Dictionnaire,  pi.  3  B,  fig.  1).  Une  calotte 
azurée,  bordée  de  blanc  sur  l'occiput;  les 
joues  blanches,  avec  un  trait  noir  ou  bleu; 
le  dessus  du  corps  cendré-olivâtre;  le  des- 
sous jaune-citron.  C'est  l'espèce  la  plus  com- 
mune que  nous  possédions.  Elle  se  trouve 
aussi  en  Morée  et  au  Japon. 

La  Mes.  azurée,  Par.  cyanus  Pall.  (Vieil!., 
Gai.  des  Ois.,  pi.  68).  Front,  tempes,  tache 
sur  la  nuque  et  toutes  les  parties  inférieures 
d'un  blanc  pur  ;  tête  entourée  par  une  bande 
d'un  bleu  très  foncé;  dos,  croupion,  haut 
de  l'aile  et  tache  sur  l'abdomen  d'un  bleu 
d'azur.  —  Habite  le  nord  de  l'Europe  et  de 
l'Asie.  Vers  la  fin  de  l'automne,  elle  se  ré- 
pand dans  le  centre  de  la  Russie;  quelque- 
fois elle  s'avance  en  Pologne  et  jusque  dans 
le  nord  de  l'Allemagne. 

La  Mes.  huppée,  Par.  cristalus  Lin.  (Buff., 
pi.  enl.  502,  fig.  2).  Plumes  de  la  huppe 
noires,  bordées  de  blanchâtre;  gorge,  haut 
du  cou  ,  une  raie  sur  les  tempes ,  et  collier 
d'un  noir  profond. 

Cette  espèce,  rare  partout,  visite,  durant 
les  hivers  rigoureux,  le  centre  et  le  midi  de 
l'Europe;  mais  elle  ne  se  montre  jamais  en 
grand  nombre. 

La  Mes.  bicolore,  Par.  bicolor  Lin.  (Wils., 
Americ.  birds,  V,  1,  pi.  8,  fig.  5).  Une 
tache  noire  au  front;  la  huppe  et  toutes  les 
parties  supérieures  couleur  de  plomb  ;  gorge, 
devant  du  cou  et  parties  inférieures  d'un 
blancroussâtre. — Habitel'AmériqueduNord 
et  le  Groenland.  Elle  est  accidentellement  de 
passage  en  Suède,  et  a  été  vue  plusieurs  fois 
en  Danemark. 

Parmi  les  espèces  étrangères,  nous  décri- 
rons la  Mes.  montagnarde  ,  Par.  monticolus 
Vig.  (Proc,  I,  22).  Tête,  cou,  poitrine, 
milieu  du  ventre,  ailes  et  queue  noirs;  nu- 
que et  joues  blanches;  flancs  jaunes. — Ha- 
bite les  montagnes  de  l'Himalaya ,  où  elle 
paraît  remplacer  la  Charbonnière  d'Europe. 

La  Mes.  de  Boukhara  ,  Par.  bokharnesi 
Meyendorff.  Elle  ressemble  par  sa  coloration 
à  notre  Par.  ater;  mais  elle  en  diffère  par 
une  taille  plus  forte;  le  noir  de  la  poitrine 
est  en  outre  moins  étendu  sur  les  côtés.  — 
Habite  les  environs  de  Boukhara. 


MES 


MES 


157 


La  Mes.  de  Ténériffe  ,  P.  Teneriffœ  Less. 
Cet  oiseau  a  jusqu'ici  été  considéré  comme 
une  variété  du  Par.  cœruleus;  cependant 
elle  a  une  couronne  et  les  joues  d'un  blanc 
pur;  la  tête  et  le  cou  d'un  noir  bleu  indigo; 
le  dos  bleu  clair,  et  le  dessous  du  corps  jaune. 
—  Habite  l'île  de  Ténériffe. 

La  Mes.  a  quatre  taches,  Par.  quadrivit- 
tatus  de  La  Fres.  {Revue  zool.,  mai  1840). 
Espèce  remarquable  par  les  nombreuses 
taches  blanches  qui  forment,  sur  l'aile  et  la 
queue,  quatre  bandes  de  cette  couleur.  — 
Habite  Manille  ou  l'Inde? 

MM.  Lesson  et  Swainson  ont,  chacun  de 
leur  côté,  fait  du  Par.  furcatus  de  M.  Tem- 
minck  (P.  indiens  Gmel.)  un  genre  particu- 
lier, l'un  sous  le  nom  de  Furcaria,  et  l'autre 
sous  celui  de  Leiolhrix.  Mais  cet  Oiseau ,  de 
l'avis  de  plusieurs  auteurs,  ne  serait  point 
une  Mésange;  G.  Cuvier  le  considère  plutôt 
comme  un  Traquet  ou  un  Gobe-Mouche,  et 
G.-R.  Gray  le  place  dans  la  famille  des  Co~ 
tingas. 

Enfin,  nous  nous  bornerons  à  citer  comme 
appartenant  encore  à  cette  division  :  La  Mes. 
étrangère,  P.  peregrinus  Sparman (Caris., 
pi.  48  et  49)  ;  la  Mes.  élégante  ,  P.  elegans 
Less.;  la  Mes.  noire,  P.  afer  Lath.(Levaill., 
Ois.  d'Afr.,  pi.  137,  fig.  1),  du  Gap;  la 
Mes.  indienne,  P.  indiens  Sparm.  (  Caris, 
pi.  50);  la  Mes.  a  tète  noire  ,  P.  atriceps 
Horsf.(Temm.,pZ.  col.  287,  fig.  2),  de  Java; 
la  Mes.  a  tète  rouge  ,  P.  erythrocephalus 
Vig.  (Procecd.,  1, 23),  de  l'Himalaya  ;  la  Mes. 
a  huppe  noire,  P.  melanocephalus  Vig.  (loc. 
cit.),  de  l'Himalaya  ;  la  Mes.  a  joues  jaunes, 
P.  œanthogenys  Vig.  (loc.  cit.),  de  l'Hima- 
laya; la  Mes.  a  grosse  tète,  P.  macrocepha- 
lus  Lath.,  de  la  Nouvelle-Zélande  ;  la  Mes. 
de  la  Nouvelle-Zélande  ,  P.  Novœ-Zelandiœ 
Lath.;  la  Mes.  momo,  P.  zelandicus  Quoy  et 
Gaim.  (Voyage  de  l'Astrolabe,  pi.  11,  fig.  3), 
de  la  Nouvelle-Zélande  ;  la  Mes.  a  scapu- 
laire,  P.  dorsatus  Riipp.  (Vogël  nord-est 
Afrika,  pi.  17),  de  l'Abyssinie. 

La  province  de  Bone  (Afrique)  nourrit 
plusieurs  espèces  de  Mésanges  parmi  les- 
quelles deux  se  sont  trouvées  nouvelles. 
M.  Al.  Malherbe,  dans  un  Catalogue  rai- 
sonné d'Oiseaux  de  l'Algérie,  les  décrit,  l'une 
sous  le  nom  de  Mes.  Ledoux  ,  P.  Ledouci 
Malh.,  et  l'autre  sous  celui  de  Mes.  a  dos 
bleu,  P.  cœruleanus  Malh.;  la  première  est 


voisine  du  P.  ater,  et  la  seconde  du  P.  cœ- 
ruleus. 

MÉCISTURES.  Mecistura,  Leach  (Paroïdes, 
Brehm). 

Cette  division  ne  renferme  qu'une  espèce 
qui  se  distingue  par  un  bec  fort  court,  un 
plumage  comme  décomposé,  une  queue  très 
longue  et  très  étagée,  et  par  son  mode  de 
nidification  à  découvert. 

La  Mes.  a  longue  queue  ,  Mec.  caudatus 
Leach  ,  P .  caudatus  Linn.  (Buff.,  pi.  enl. 
502,  fig.  3).  Côtés  de  la  tête,  milieu  du  dos, 
rémiges,  rectrices  intermédiaires  et  croupion 
noirs;  dessus  de  la  tête,  cou,  gorge  et  poi- 
trine blancs. — Habite  presque  tous  les  pays 
de  l'Europe;  elle  vit  aussi  au  Japon. 

MOUSTACHES.  Calamophilus  ,  Leach  (  Pa- 
nurus,  Koch  ;  OEgithalus,  Boié  ;  Mystaci- 
nus,  Brehm). 

Cette  section  se  caractérise  par  un  bec 
dont  la  mandibule  supérieure,  plus  longue 
que  l'inférieure,  est  légèrement  convexe  et 
recourbée  à  sa  pointe;  par  des  ailes  courtes, 
des  jambes  grêles  et  une  nidification  à  dé- 
couvert, le  nid  étant  fixé  à  des  roseaux. 

Le  type  de  cette  section  est  la  Mésange 
moustache  ,  Cal.  biarmicus  Leach ,  P.  biar- 
micus  Linn.  (Buff.,  pi.  enl.  618,  fig.  1  et  2). 
Le  caractère  le  plus  tranché  de  cet  Oiseau, 
celui  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  qu'il  porte, 
consiste  dans  deux  bandes  d'un  noir  de  ve- 
lours, situées  de  chaque  côté  du  cou,  à  par- 
tir de  la  base  du  bec;  la  femelle  n'a  pas  ces 
moustaches.  Elle  diffère  encore  du  mâle  en 
ce  que  celui-ci  a  le  dessus  de  la  tête  et  la 
nuque  d'un  gris  bleuâtre,  tandis  que  chez 
elle  ces  parties  sont  roussâtres  comme  le  reste 
du  plumage. —  Habite  le  nord  de  l'Europe, 
l'Angleterre,  la  Suède;  elle  vit  également 
en  Asie,  sur  les  bords  de  la  mer  Caspienne. 
Quoi  qu'en  dise  M.  Temminck,  elle  est  assez 
commune  dans  le  midi  de  la  France,  et  niche 
dans  la  Camargue. 

M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  pense 
que  c'est  à  cette  division  qu'il  faudrait  rap- 
porter l'espèce  dont  MM.  Lesson  etSwainsou 
ont  fait  leurs  genres  Furcaria  et  Leiothrix. 

REM1Z.  OEgithalus,  Vigors  (Pendulinus, 
Brehm;  Paroïdes,  Koch.) 
Ces  Mésanges  se  distinguent  radicalement 


158 


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des  autres  par  leur  bec  fin,  taillé  en  alènc; 
par  leurs  tarses  très  courts,  et  surtout  par 
leur  mode  de  nidification,  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut. 

Trois  espèces  appartiennent  à  cette  division 
générique  : 

La  Mésange  Rémiz  ,  OEgit.  pendulinus 
Vig.,  Par.  pendulinus  Linn.  (Buff. .  pi.  enl. 
618,  fig.  3).  Sommet  de  la  tête  et  nuque 
d'un  cendré  pur;  front  et  côtés  de  la  tête 
d'un  noir  profond;  gorge  blanche;  croupion 
cendré.  — Habite  la  Pologne,  la  Russie,  la 
Hongrie,  quelques  contrées  de  l'Allemagne, 
l'Italie  et  tout  le  midi  de  la  France. 

La  Rémiz  d'Afrique,  OEgit.  capensis,  Par. 
capensis  Gmel.  (Levaill.,  Ois.  d'Afr.,  pi. 
138,  fig.  1  et  2).  Tête,  cou,  thorax  et  ven- 
tre d'un  noir  intense;  côtés  du  cou  et  flancs 
blancs  ;  le  reste  du  plumage  cendré.  — Ha- 
bite le  cap  de  Bonne-Espérance. 

La  Rémiz  a  tête  couleur  de  feu,  OEgit. 
flammiceps  Bar  ton  {Proceed.  V,  153),  Tête 
et  gorge  couleur  de  feu;  dos  et  scapulaires 
d'un  jaune  verdâtre;  le  croupion  vert-jau- 
nâtre; ailes  variées  de  jaune,  de  vert,  de 
brun  et  de  blanchâtre.  — Habite  les  monta- 
gnes de  l'Himalaya.  (Z.  Gerbe.) 

MÉSANGES,  Less.  ois.  —  Syn.  d'^Egi- 
thales.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

MESANTHUS,  Nées.  —  Voy.  willde- 

KOWIA. 

MESAPUS.  crust. — Ce  nom  est  employé 
par  Rafinesque  pour  désigner  dans  l'ordre 
des  Décapodes  brachyures  une  nouvelle  coupe 
générique  qui  est  excessivement  voisine  de 
celle  des  Égéons,  et  qui  n'a  pas  été  adoptée 
par  les  carcinologistes.  (H.  L.) 

MÉSEMBRYANTHEMÉES.  Mesem- 
bryanthemeœ.  bot.  ph.  —  La  famille  qui  a 
reçu  ce  nom  ou  celui  de  Ficoïdées  est  envi- 
sagée différemment  par  divers  auteurs.  Les 
uns,  avec  M.  Fenzl,  la  limitent  aux  nom- 
breuses espèces  du  seul  genre  Mesembryan- 
themum  ou  Ficoïde,  qui  lui  donne  son  nom; 
et,  si  nous  adoptons  cette  opinion,  nous  n'a- 
vons qu'à  renvoyer  ici  à  l'article  de  ce  genre 
dont  la  description  devient  celle  delà  famille. 
Les  autres  y  ajoutent  d'autres  genres,  dont 
le  nombre  varie  suivant  les  botanistes.  Ces 
mêmes  genres  sont  rejetés  par  M.  Fenzl  dans 
la  famille  des  Portulacacées,  où  ils  se  distri- 
buent en  plusieurs  tribus.  Nous  pensons 
donc  que  cette  discussion  doit  être  renvoyée 


à  l'article  des  Portulacacées,  et  que  nous  se- 
rons mieux  compris  en  exposant  comparati- 
vement les  caractères  sur  lesquels  s'appuient 
ces  diverses  classifications.  (Ad.  J.) 

MESEMRRYANTHEMUM.  bot.  pu.  — 
Voy.  FICOÏDE. 

MESEMBRYANTHUS,  Neck.  {Elem.  n. 
735).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Mesambryanthe- 
rnum,  Linn. 

MESEMBRYON,  Adans.  (Fam.,  II, 
563).  eot.  ph.  —  Syn.  de  Mesembryanthe- 
mum,  Linn. 

MÉSEÎVGÈRE.  ois.  —  Nom  vulgaire  de 
la  Mésange  charbonnière. 

MÉSENTÈRE,  anat.  —  Voy.  péritoine. 

MESENTERICA  (p/<roç ,  milieu;  tvzé- 
pov ,  intestin),  bot.  cr.  —  Ce  genre  de  Tode 
(Fung.  meckl. ,  p.  7,  tab.  2,  fig.  12) ,  ainsi 
nommé  à  cause  de  sa  grande  ressemblance 
avec  un  Mésentère ,  n'est  pas  un  Champignon 
parfait,  mais  bien  le  mycélium  stérile  de 
plusieurs  espèces  de  Trichiacées.  Voy.  mycé- 
lium. (Lév.) 

*MÉSENTÉRÏPORE  (mésentère,  mem- 
brane qui  réunit  les  intestins),  polyp.  — 
Genre  de  Polypiers  établi  par  M.  de  Blain- 
ville  pour  plusieurs  fossiles  du  calcaire  ju- 
rassique des  environs  de  Caen  ,  qu'il  place 
dans  la  première  famille  (les  Operculifères) 
de  ses  Polypiers  membraneux ,  entre  les 
Adéones  et  les  Rétépores.  Ce  genre  est  ca- 
ractérisé ainsi  :  ses  cellules  ovales  obliques, 
un  peu  saillantes  ,  à  ouverture  presque  ter- 
minale, sont  disposées  en  quinconce  de  ma- 
nière à  former  un  Polypier  calcaire,  fixé, 
subglobuleux,  et  composé  d'expansions  con- 
tournées dans  tous  les  sens,  divergentes  du 
point  d'attache.  M.  de  Blainville  rapporte 
à  ce  genre  VEschara  scobinula  de  Lamarck, 
qui  est  une  espèce  vivante.  (Duj.) 

MESENTERIUM ,  Endl.  (Gen.  plant*, 
p.  35,  n.  403  d  ).  bot.  cr.  —  Voy.  tre- 
mella  ,  Dill. 

*MESIA.  ois.— Genre  établi  en  1838  par 
Hodgson,  dans  la  famille  des  Cotingas,  pour 
une  espèce  qu'il  nomme  M.  argentaurus. 

(Z.  G.) 

MÉSITE.  Mesites.  ois.  —  Genre  dont  la 
place  dans  la  série  ornithologique  n'est  pas 
encore  parfaitement  déterminée.  M.  Isid, 
Geoff.  St.-Hilaire,  à  qui  on  en  doit  la  créa- 
tion, en  a  donné  communication  à  l'Aca- 
démie  des   Sciences ,   dans  sa  séance  du 


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9  avril  1838  ,  et  l'a  publié  plus  tard  avec 
de  bonnes  figures  de  détails  dans  le  Magasin 
de  zoologie. 

On  assigne  pour  caractères  à  ce  genre  : 
un  bec  presque  aussi  long  que  le  reste  de 
la  tête,  à  peu  près  droit,  comprimé,  à  man- 
dibule supérieure  entière,  mousse  à  son  ex- 
trémité, à  mandibule  inférieure  présentant 
un  angle  vers  le  milieu  ;  des  narines  linéaires 
ouvertes  dans  un  espace  membraneux  ,  qui 
se  prolonge  jusqu'au  milieu  du  bec;  des 
tarses  médiocres,  écussonnés  ;  quatre  doigts 
libres,  et  bordés  seulement  près  de  leur  ori- 
gine, celui  du  milieu  le  plus  long  de  tous, 
l'interne  dépassant  un  peu  l'externe;  des 
ongles  assez  petits,  comprimés,  très  peu 
recourbés;  une  queue  à  pennes  larges,  et 
des  ailes  courtes,  dépassant  à  peine  l'origine 
de  la  queue. 

M.  Isid.  Geoff.-St.-Hilaire,  dans  le  travail 
que  nous  signalons  plus  haut,  travail  qu'il 
nous  est  impossible  de  suivre  dans  tous  ses 
détails,  a  fait  observer  que  l'oiseau,  type 
du  genre  Mésite,  d'après  l'ensemble  de  ses 
caractères  génériques  et  même  de  ses  carac- 
tères spécifiques,  se  rapproche  des  Héliornes 
par  sa  tête,  des  Pénélopes  et  Catracas  par 
son  corps,  notamment  par  ses  ailes,  des  Pi- 
geons par  ses  pieds.  «  Ces  dernières  analo- 
gies, dit-il,  sont  évidemment  celles  aux- 
quelles doit  être  attribué  le  plus  de  valeur, 
au  moins  jusqu'à  ce  que  l'étude  du  sque- 
lette permette  de  prononcer  à  cet  égard  avec 
une  entière  certitude;  et  s'il  est  incontes- 
table que  le  genre  Mésite  doit  être  considéré 
comme  le  type  d'une  famille  nouvelle,  cette 
famille  paraît  devoir  se  placer  parmi  les 
Gallinacés  passéripèdes,  près  des  Colom- 
bidés.  »  G.-R.  Gray  ,  en  enregistrant  ce 
genre  dans  son  List  of  the  gênera,  ne  lui  a 
point  tout-à-fait  conservé  la  place  que  lui 
assigne  M.  Isid.  Geoff.-St.-Hilaire  :  aussi 
le  range-t-il  dans  l'ordre  des  Gallinacés  et 
dans  la  famille  des  Mégapodidées,  entre  les 
genres  Megapodius  et  Alccthelia. 

L'espèce  décrite  par  M.  Isid.  Geoff.  St.-Hi- 
laire  est  la  Mésite  variée,  Mesites  variegaia 
0.  Desmurs (Iconog.ornithol,  pi.  XI)  :  Tête, 
dessus  du  corps,  ailes  et  queue  d'un  roux 
feuille  morte;  ventre  roux,  avec  des  raies 
irrégulières  noires;  plastron  jaune  clair, 
avec  des  taches  noires;  gorge  blanche;  sour- 
cil jaune  clair;  espace  nu  entourant  l'œil. 


Cet  oiseau  a  été  envoyé  de  Madagascar 
par  M.  Bernier,  officier  de  santé  de  la  ma- 
rine. Il  paraît  fort  rare,  au  moins  dans  les 
localités  jusqu'à  ce  jour  visitées  par  les 
Européens.  On  ne  connaît  absolument  rien 
de  ses  mœurs. 

Vers  ces  derniers  temps ,  M.  0.  Desmurs 
a  ajouté  une  dernière  espèce  à  ce  genre.  Il 
décrit,  en  effet,  sous  le  nom  de  Mésite  uni- 
colore,  Mesites  unicolor  (Iconog .  ornithol, 
pi.  XII),  un  oiseau  qui  a  la  plus  grande 
analogie  avec  le  précédent ,  mais  qui  cepen- 
dant paraît  en  différer  par  son  plumage,  à 
peu  près  uniformément  coloré  ;  par  un  bec  et 
une  taille  moindres;  par  des  tarses  et  des 
pieds  un  peu  plus  forts. 

Cette  dernière  espèce  provient  également 
de  Madagascar,  d'où  elle  a  été  envoyée  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  par 
M.  Goudot.  (Z.  G.) 

*MESITES  Ojuattyjç ,  qui  est  au  milieu). 
ins.  — Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
milledesCurculionides  gonatocères,  division 
des  Cossonides,  créé  par  Schœnherr  (Gen. 
et  sp.  Curcul.  syn.y  t.  IV,  2,  p.  103;  VIII, 
2,  p.  276).  Ce  genre  renferme  les  espèces 
suivantes,  qui  toutes  appartiennent  à  l'Eu- 
rope :  M.  pallidipennis  Schr.,  Tardii  Steph., 
cuneipes  Sol.,  et  rarus  Chvt.  La  première 
est  originaire  du  Caucase,  la  deuxième  d'An- 
gleterre, et  les  deux  dernières  se  trouvent 
dans  les  contrées  méridionales  de  la  France. 

(C.) 

MÉSITINITE.  min.—  Carbonate  de  Ma- 
gnésie et  de  Fer.  Voy.  carbonates. 

MESLIER.  bot.  ph. —  Nom  vulgaire  du 
Néflier  et  d'une  variété  de  Vigne. 

*MES0CA1\THICUS  (p/<roS,  qui  est  au 
milieu;  à'xavQos,  épineux),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Palpi- 
cornes,  tribu  des  Philhydrides,  proposé  par 
M  .Hove(Coleopterist's  Manual,l83S,vA26). 
L'auteur  y  rapporte  trois  espèces  de  l'Afri- 
que tropicale,  qui  toutes  ont  quatre  épines 
à  l'extrémité  des  élytres.  Il  suppose  aussi 
que  l'Asie  offre  des  représentants  de  ce 
genre.  (C.) 

*  MÉSOCÈNE.  Mesoccna  (ft.taou  milieu; 
xtv&s,  vide),  bot.  cr.— (Phycées.)  M.  Ehren- 
berg  a  formé  ce  genre  de  formes  très  remar- 
quables qu'il  regarde  comme  appartenant 
aux  Cacillariées ,  et  que  M.  Kutzing  a  né- 
cessairement   placé   dans   sa  monographie 


160 


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des  Diatomées.  Voici  les  caractères  assignés 
à  ce  genre:  Corpuscules  libres,  solitaires,  en 
anneau  arrondi  ou  anguleux,  souvent  épi- 
neux. Cinq  espèces  sont  connues:  trois  sont 
fossiles  et  on  t  été  trouvées  en  Grèce  ;  les  deux 
autres  sont  du  Pérou.  (Bréb.) 

*MESOCENTRON  ( f«'<roç ,  au  milieu; 
x/vrpov ,  aiguillon),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées-Cynarées ,  établi  par 
De  Candolle  (Prodr.,  VI,  592),  et  dans 
lequel  il  a  réuni  22  espèces  de  Centaurées. 

MESOCHEIRA  (ft/aoç,  divisé;  xeTPt 
jambe),  ins. —  Genre  de  la  famille  des  No- 
madides,  tribu  des  Apiens  (Mellifères,  Latr.), 
de  l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par  Le- 
peletier  de  Saint- Fargeau  et  Serville,  et  ca- 
ractérisé principalement  par  un  écusson 
prolongé  postérieurement  en  deux  longues 
pointes.  Le  type  du  genre  est  le  M.  bicolor 
{Melecta  bicolor  Fabr.),  belle  espèce  de  la 
Guiane.  (Bl.) 

*MESOCLASTUS.  ins.— Gistl  a  établi  ce 
genre  (Faunus),  qui  fait  l'objet  d'une  nou- 
velle famille  pour  l'auteur:  celle  des  Xyno- 
morphes,  Xynomorphœ .  Mais  Desmarest  père 
avait  formé  antérieurement,  avec  le  même 
Insecte,  le  genre  Hypocephalus ,  qui  a  été 
adopté  de  préférence.  (C.) 

*MÉSÛDESME.  Mesodesma(^<joç,  mé- 
dian; <?£<rp.oç  lien,  ligament),  moll. — Genre 
de  Mollusques  bivalves  de  la  famille  des  Mac- 
tracées,  établi  parM.Deshayesauxdépensdes 
genres  Mactre  ,  Crassatelle  et  Amphidesme 
de  Lamarck,  avec  des  espèces  qui  devaient 
en  être  distraites.  La  coquille  est  ovale, 
transverse  ou  triangulaire ,  épaisse  et  ordi- 
nairement close.  La  charnière  a  une  fossette 
en  cuiller,  étroite  et  médiane  pour  le  liga- 
ment ,  et  de  chaque  côté  une  dent  oblongue 
et  simple.  L'animal  a  les  lobes  du  manteau 
réunis  dans  les  deux  tiers  postérieurs  de  leur 
longueur,  et  formant  en  arrière  deux  si- 
phons courts.  Le  pied  est  très  aplati ,  qua- 
drangulaire ,  en  partie  caché  par  les  bran- 
chies ,  qui  sont  courtes  ,  tronquées  et  sou- 
dées postérieurement,  la  partie  externe  étant 
plus  petite  et  sub-auriculée. 

Les  Mésodesmes  diffèrent  des  Mactres  par 
l'épaisseur  beaucoup  plus  forte  de  leur  co- 
quille, par  leur  ligament  et  par  l'absence  de 
la  dent  en  forme  de  V  à  la  charnière.  Elles 
diffèrent  des  Crassatelles  dont  la  coquille  est 
également  épaisse,  parce  que,  chez  celles  ci, 


le  ligament  est  toujours  à  côté  des  dents  car- 
dinales, et  que  ces  dents  sont  toujours  à  la 
partie  antérieure  de  la  charnière.  D'ailleurs 
l'impression  palléale  est  différente  dans  ces 
deux  genres  ;  elle  offre,  chez  les  Mésodesmes, 
une  sinuosité  plus  ou  moins  prononcée  qui 
n'existe  jamais  chez  les  Crassatelles.  Quant 
aux  Amphidesmes ,  elles  se  distinguent  des 
Mésodesmes  par  leur  coquille  mince  plus 
arrondie,  avec  un  pli  irrégulier  en  arrière, 
comme  celui  des  Tellines  ;  chez  elles  aussi  la 
charnière  est  totalement  différente  et  munie 
de  dents  latérales;  la  fossette  du  ligament 
est  étroite,  fort  longue,  très  oblique,  cou- 
chée le  long  du  bord  postérieur  et  supérieur, 
avec  deux  dents  cardinales  à  l'extrémité  an- 
térieure sur  la  valve  droite,  et  une  seule  sur 
la  gauche. 

M.  Desbayes  range  dans  ce  genre  dix  es- 
pèces vivantes,  dont  la  première  est  la  Mac- 
tra  donaeia  de  Lamarck;  les  Crassatellapo- 
lita,  cuneata,  cycladea,  striata,  erycinœa,  et 
les  Amphidesma  donacilla ,  cornea  et  gla- 
brella,  ainsi  que  la  Mya  australis  Gmelin, 
ou  Maclra  australis  de  Dilhvyn.  Une  on- 
zième espèce,  M.  Jauresii,  a  été  décrite  par 
M.  de  Joannis.  (Duj.) 

MESOGLOIA.  bot.  cr.— Genre  d'Algues- 
Phycées,  de  la  tribu  des  Chordariées,  établi 
par  Agardh  (Synops.  alg.  scandinav.,  126). 
Algues  marines.  Voy.  algues. 

*MESOG01\A  (  p.Esoyovov  ,  espace  entre 
deux  nœuds),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes  ,  tribu  des  Ortho- 
sides ,  établi  par  M.  Boisduval ,  qui  y  rap- 
porte 2  espèces  :  les  M.  Acetellosœ  et  oxalina, 
qui  habitent  la  France  et  l'Allemagne. 

*MESOGRAMMA  (*«wç,  au  milieu; 
ypappa,  ligne),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées  ,  établi 
par  De  Candolle  (Prodr.,  VI,  304).  Herbes 
du  Cap.  Voy.  composées. 

MÉSOLE.  min.  —  Berzélius  donne  ce 
nom  (Joum.  philos.  d'Edimbourg,  t.  VII, 
p.  7)  à  une  substance  de  couleur  blanche, 
légèrement  transparente.  Elle  se  trouve  sous 
l'aspect  de  masses  globulaires,  dans  les  îles 
Féroé,  accompagnée  de  Stilbite  et  d'Apo- 
pbyllite.  Sa  pesanteur  spécifique  =  2,37. 
Sa  composition  est:  Silice,  42,60;  alumine, 
28;  chaux,  11,43;  soude,  5,63;  eau,  12,70. 
Le  Mésole  fait  partie  de  la  famille  des  Zéo- 
lithes. 


MES 


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161 


MESOLINE.  min.  —  Nom  d'une  variété 
de  la  Chabasie. 

MÉSOLITE  ou  MÉSOLITHE.   min.  — 

Nom  donné  par  Berzélius  à  un  minéral  de 
l'ordre  des  Silicates  alumineux,  que  M.  Beu- 
dant  place  en  appendice  à  la  suite  de  son 
espèce  Scolézite.  Voy.  ce  mot.     (C.  d'O.) 

*MESOMPHALÏA  (p/aoç,  milieu;  o^a- 
>c,- ,  nombril),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Cycliques,  tribu  des  Cassidaires , 
proposé  par  M.  Hope  (Coleopterist's  Manual, 
'1840,  p.  160),  et  qui  appartient  à  la  tribu 
de  ses  Mésomphalides.  L'espèce  type,  le 
C.  gibbosa  de  F.,  originaire  de  l'Amérique 
méridionale,  nous  a  servi  à  établir  trois  ans 
auparavant  le  genre  Cyrtonota  (Dej.,  Cat., 
3eédit.,  1837,  p.  392).  (C.) 

*  MÉSOMPHALIDES.  Mesomphalidœ . 
ins. —  Tribu  de  Coléoptères  subpentamères, 
famille  des  Cycliques,  proposée  par  M.  Hope 
(Coleopterist's  Manual  ,  1840  ,  p.  160),  et 
que  l'auteur  compose  des  genres  suivants  : 
Tauroma,  Desmonota,  Mesomphalia,  Oxy- 
nodera,  Dolicotoma,  Calaspis,  Selenis,  Bato- 
nota,  Cyphoptera ,  Pœcilaspîs  et  Cyphomor- 
pha  ;  la  plupart  des  types  avaient  reçu 
antérieurement  de  nous  des  noms  génériques 
qui  tous  ont  été  adoptés  par  Dejean  ,  et  de- 
puis par  d'autres  entomologistes.        (G.) 

MÉSOMYONES,  Latr.(Fa??i.  nat.).  moll. 
—  Syn.  de  Monomyaires,  Lamk. 

*MESOMY'S  (ft£«ç,  moyen;  p.uç,  rat). 
mam.  —  Groupe  de  Rongeurs  indiqué  par 
M.  Wagner  (in  Wiegmann,  Archiv.,  1815). 

(E.  D.) 

*MESONA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Labiées-Ocimoïdées ,  établi  par 
Blumc(Bijdr.,  838).  Herbes  de  Java.  Voy. 

LABIÉES. 

*MESONEMA  Q**<ros,  médian  ;  »%«,  fila- 
ment), acal. — Genre  de  Méduses  établi  par 
Eschscholtz  dans  sa  famille  des  Équorides  y 
c'est-à-dire  des  Acalèphes  discophores,  qui 
ont  une  large  cavité  stomacale  entourée  de 
prolongements  en  forme  de  canaux,  et  une 
bouche  grande  non  prolongée  en  tube.  Les 
Mésonèmes  sont  caractérisés  par  les  cils  ou 
filaments  qui  bordent  la  bouche,  en  même 
temps  que  des  tentacules  nombreux  occu- 
pent le  bord  de  l'ombrelle,  et  que  les  canaux 
parlant  de  l'estomac  sont  étroits  et  linéai- 
res. M.  deBlainville  n'adopte  pas  ce  genre, 
t.  vin. 


et  le  confond  avec  les  Équorées.  Eschscholtz 
le  formait  d'abord  de  deux  espèces  seule- 
ment ,  savoir  :  YJEquorea  cœlum-pensile  de 
Lamarck  ou  M.  mesonema  de  Péron ,  qui 
vit  dans  la  Méditerranée,  et  la  Mesonema 
abbreviata,  qu'il  avait  observée  lui-même 
dans  le  détroit  de  la  Sonde.  Depuis  lors, 
M.  Brandt  en  a  décrit  deux  autres  de  l'Océan 
Pacifique  :  la  M.  macrodaclylum,  large  de  6 
à  30  centimètres,  et  la  M.  cœrulescens,  dont 
il  fait  le  type  d'un  sous-genre  Zygodactyla. 
Le  même  auteur  indiquait  aussi  un  M.  du- 
bium  des  côtes  du  Chili.  M.  Lesson,  en  adop- 
tant le  genre  d'Eschscholtz  et  les  sous-gen- 
res de  M.  Brandt,  ajoute  une  sixième  espèce, 
M.  pileus.  (Dlij.) 

*MESONElJIiA  (P./aoç,  milieu;  «vpoy, 
nervure),  ins. — M.Hartigdésigneainsiparmi 
les  Tenthrédiniens  une  division  du  genre  Se- 
landria.  Voy.  ce  mot.  (Bl.) 

MESONEVRON ,  bot.  ph.  —  Voy.  me- 

ZONEVRON. 

MESONYCIinJM  (fuVoç,  divisé;  ovu|, 
ongle),  ins.  —  Genre  de  la  famille  des  No- 
madides,  tribu  des  Apiens  (Mellifères,  Latr.), 
de  l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par  Le- 
peletier  de  Saint-Fargeau  et  Scrville  (  Enc. 
méthod.,  t.  X  ),  et  distingué  des  genres  voi- 
sins par  un  écusson  court ,  sans  prolonge- 
ment et  bidenté  au  milieu.  Le  type  est  le 
M.  cœrulescens  Lepeletier  Saint-Fargeau  et 
Serville.  (Bl.) 

*MESOPHALACRUS ,  Sturm.  ins.  — 
Synonyme  de  Mecynodera,  Hope,  Lat.  (C.) 

*MESOPITHECU$  Qw'croç,  moyen  ;  *#«- 
xoç,  singe),  mam. — M.  A.  Wagner  (Abrinche. 
Gel.  Aug.,  VIII,  1829)  désigne  sous  ce  nom 
un  groupe  encore  peu  connu  de  Quadruma- 
nes catarrhiniens.  (E.  D.) 

*MESOPLÎA.  ins.  —  Genre  de  la  famille 
des  Nomadides,  tribu  des  Apiens  (Mellifè- 
res, Latr.),  de  l'ordre  des  Hyménoptères  , 
établi  par  Lepeletier  de  Saint-Fargeau  et 
Serville  (Encyclop.  méthod.,  t.  X)  sur  une 
espèce  de  la  Guadeloupe  ,  Mesoplia  azurca 
Lep.  St.-Farg.  et  Serv.  (  Bl.) 

*M'ESOPOLl)BUS  C"/"?,  milieu;  tcov*, 
pied;  AoSo:,  lobe),  ins.  —  Genre  de  la 
tribu  des  Chalcidiens,  groupe  des  Pléroma- 
lites,  de  l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par 
M.  Westwood,  et  caractérisé  par  des  anten- 
nes de  treize  articles,  des  palpes  maxillaires 
fourchus  et  des  jambes  intermédiaires  pour- 

21 


162 


MES 


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vues  d'un  lobe  interne.  Le  type  du  genre  est 
le  M.  fuscivenlrisW estw.  (Lond.  and  Edimb. 
philos.  Mag.,  3e  série,  t.  II,  p.  666).     (Bl.) 

MESOPRION.  Mesoprion  (p-eW,  milieu  ; 
7rp'wv,  scie),  poiss. —  Genre  de  Tordre  des 
Acanthoptérygiens,  famille  des  Percoïdes , 
établi  par  G.  Cuvier  {Règ.  anim.,  tom.  II, 
pag.  143).  Ces  Poissons  ont  pour  caractère 
principal  une  dentelure  en  forme  de  scie  sur 
le  milieu  de  chaque  côté  de  leur  tête.  Ils 
appartiennent  à  la  famille  des  Percoïdes  par 
leurs  dents  vomériennes  et  palatines ,  et  se 
rapprochent  plus  particulièrement  des  Ser- 
rans, dont  ils  ont  été  démembrés,  par  les 
canines  qui  se  mêlent  à  leurs  dents ,  en  ve- 
lours, et  qui  arment  le  devant  ou  les  côtés  de 
leurs  mâchoires. 

Les  Mésoprions  vivent  dans  les  deux 
Océans  ;  dans  nos  colonies  françaises  des 
Indes  occidentales  ,  on  les  désigne  sous  les 
noms  de  Vivaneau  ou  Vivanet  et  Sarde.  On 
en  connaît  39  espèces  ou  variétés  remarqua- 
bles par  l'éclat  de  leurs  couleurs,  et  leur 
taille,  qui,  dans  certaines  espèces,  atteint 
quelquefois  3  à  4  pieds.  Parmi  ces  nombreu- 
ses espèces,  nous  citerons  principalement  : 

Le  Mesoprion  Dondiava  ,  Mesoprion  uni- 
maculaïus  Cuv.  Le  bord  montant  du  préo- 
percuie  a  une  fine  dentelure,  l'angle  en  a 
une  plus  forte  et  est  arrondi;  au-dessus  de 
lui  est  une  légère  sinuosité  rentrante.  L'o- 
percule se  termine  en  deux  pointes  arron- 
dies et  plates.  L'os  surscapulaire  est  den- 
telé, mais  non  celui  de  l'épaule.  Le  museau, 
le  sous-orbitaire  et  les  os  des  mâchoires 
manquent  d'écaillés.  Les  canines  supérieu- 
res de  devant  et  les  latérales  d'en  bas  sont 
fortes  et  pointues. 

Cette  espèce  est  d'un  jaune  plus  ou  moins 
bronzé,  argenté  vers  le  ventre,  avec  une 
tache  noire  sur  la  ligne  latérale  et  vis-à-vis 
le  milieu  de  la  partie  molle  de  la  dorsale; 
des  lignes  noires  régnent  le  long  de  chaque 
rang  d'écaillés.  Quelques  individus  présen- 
tent des  reflets  pourpres  vers  la  tête  et  ver- 
dâtres  vers  le  dos,  avec  des  nageoires  d'un 
jaune  roussâtre. 

Le  Mesoprion  doré  ,  Mesoprion  uninolatus 
Cuv.  et  Val.  La  nuque  est  plus  élevée;  son 
sous-orbitaire  est  d'un  tiers  plus  haut  à  pro- 
portion ;  son  inter-opercule  n'offre  aucune 
apparence  de  tubérosité ,  et  son  préopercule 
présente  à  peine  un  léger  arc  rentrant  ;  sa 


dorsale  et  son  ovale  finissent  en  pointe  ar- 
rondie. Excepté  les  canines,  ses  dents  sont 
très  fines. 

C'est  une  des  plus  belles  espèces  de  Mé- 
soprions. Le  dos,  le  dessus  de  la  tête  et  1*. 
haut  des  joues  sont  d'un  bleu  d'acier  bruni  ; 
le  bas  des  joues  et  les  flancs  d'un  rose  vif, 
avec  reflets  métalliques  ;  le  ventre  est  ar- 
genté; sur  le  tout  régnent  sept  ou  huit 
bandes  longitudinales  d'une  belle  couleur 
d'or.  La  dorsale  a  trois  bandes  jaunes  sur 
un  fond  rosé;  l'anale  et  les  ventrales  sont 
d'un  beau  jaune  jonquille;  la  caudale  d'un 
bel  aurore,  avec  un  liseré  noirâtre;  la  pec- 
torale d'un  aurore  pâle;  les  lèvres  roses; 
l'iris  est  rosé,  glacé  d'argent. 

A  Saint-Domingue,  cette  espèce  porte  les 
noms  de  Sarde  dorée  ,  Sarde  rouleuse  ou 
Sarde  argentée,  suivant  le  plus  ou  moins 
d'éclat  de  ses  couleurs.  C'est  la  même  que 
celle  qu'a  décrite  Desmarest  {Dict.  class. 
d'hist.  nat.  )  sous  le  nom  de  Lutjanus  Au- 
brieli.  Les  plus  grands  individus  ne  dépas- 
sent pas  35  à  40  centimètres. 

Le  Mesoprion  rouge,  Mesoprion  aya  Cuv. 
et  Val.,  est  aussi  une  espèce  de  Saint-Do- 
mingue, où  elle  porte  le  nom  de  Sarde  rouge 
de  haut  fond.  Sa  couleur  est  entièrement 
d'un  beau  rouge  carmin,  avec  des  bords  ar- 
gentés aux  écailles.  Sa  taille  ordinaire  est 
de  75  centimètres  ;  quelques  individus  at- 
teignent cependant  jusqu'à  lro,00  de  lon- 
gueur. C'est  un  poisson  très  estimé  au  Port- 
au-Prince;  sa  chair  est  bonne  à  manger  et 
peut  se  conserver  au  moyen  du  sel. 

Les  autres  espèces  de  ce  genre  diffèrent  à 
peine  des  précédentes  par  quelques  détails 
d'organisation,  ou  quelques  variétés  de  cou- 
leurs que  nous  croyons  inutile  de  mention- 
ner. (J-) 

*MESOFS  (fA6<joç,  médian;  £f,  œil),  ins. 

—  M.  Serville  a  détaché  des  Truxales  dans 
la  tribu  des  Acridiens,  de  l'ordre  des  Or- 
thoptères, quelques  espèces  qui  en  diffèrent 
un  peu  par  la  position  des  yeux.  Le  type  est 
le  M.  abbreviatus  (Truxalis  abbreviatus  Pal. 
Beauv.).  (Bl.) 

*MESOSA(a/<Toç,  qui  est  au  milieu),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  subpentamères , 
tétramères  de  Latreille  ,  famille  des  Longi-  ! 
cornes ,  tribu  des  Lamiaires ,  proposé  par 
Mégerle  et  adopté  de  préférence  par  Dejean 
{Catalogue,  3e  édit.,  p.  371)  à  celui  de  A> 


MES 


MES 


163 


îolribus  de  Serville  ,  qui  avait  déjà  étt  em- 
ployé dans  un  autre  ordre.  Ce  genre  ren- 
ferme trois  espèces  européennes ,  les  Lamia 
curculionoides ,  nebulosa  de  Fab.,  et  myops 
de  Schr.  Cette  dernière  se  retrouve  en  Si- 
bérie. (C.) 
*MESOSTEIRUS,  DC.  {Prodr.,  VI,  92). 

BOT.   PH.  —    Voy.   STILPNOPHYTUM  ,   LeSS. 

*MESOSTENA  ((jl/<joç,  milieu;  ctïvoç  , 
*  étroit),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères  ,  famille  des  Mélasomes ,  tribu 
des  Tentyrites ,  établi  par  Eschscholtz  (Zoo- 
logical  Atlas)  et  adopté  par  Solier  (  Ann.  de 
la  Soc.  en  t.  deFr.,  t.ïV,  p.  396).  Ce  genre 
est  composé  de  7  espèces  africaines  :  bupres- 
toides  F.,  01.  (Blaps),  M.  elegans,  oblonga, 
brevicollis ,  punclipennis ,  Klugii  et  puncli- 
collis  Sol.  Elles  proviennent  d'Egypte  et  du 
Sénégal.  (C.) 

*MES0STE1\US  (p.e'aoç,  milieu;  azzvôç, 
étroit),  ins. — Genre  de  la  familledeslchneu- 
monides,  de  Tordredes  Hyménoptères,  établi 
par  G  ravenhorst  sur  quelques  espèces  voisines 
des  Cryptus.  Le  type  est  le  M.  transfuga 
Grav.  (Bl.) 

MÉSOTHORAX.  ïns.  —  Voy.  thorax  au 

mot  IMSEGTES. 

MÉSOTYPE  (  ,A£'«j0;  ,  milieu  ;  tu'tcoç  , 
forme),  min.  —  Syn.  :  OEdelite,  Zéolite 
radiée ,  Zéolite  en  aiguille  ,  Natrolite.  — 
Espèce  du  groupe  des  Silicates  alumineux, 
composée  de  47  à  49  pour  cent  de  silice  , 
de  24  à  27  d'alumine,  15  à  17  de  soude, 
8  à  10  d'eau,  avec  une  petite  quantité 
d'oxyde  de  fer.  C'est  une  substance  or- 
dinairement blanche,  rayant  le  carbonate 
de  chaux,  ayant  la  cassure  un  peu  vitreuse, 
se  boursouflant  ou  se  dilatant  au  feu  ,  fu- 
sible en  verre  bulleux  ,  donnant  de  l'eau 
par  calcination.  Elle  est  soluble  en  gelée 
dans  les  acides  ;  sa  solution  précipite  peu 
ou  pas  par  l'oxaiate  d'ammoniaque  ;  elle 
cristalliseen  prismes  rhomboïdaux  de  91°40' 
et  possède  deux  axes  de  double  réfraction. 

Les  principales  variétés  deMésotypessont  : 
Mésolype  cristallisée,  M.  aciculaire,  M.  ma- 
melonnée et  M.  fibreuse.  Ce  minéral  se  trouve 
dans  les  roches  d'origine  ignée  ,  telles  que 
les  Basaltes,  Basanites,  Wackcs  ,  etc., 
d'Islande  ,  des  îles  Féroë,  etc.     (C.  d'O.) 

*  MESPILODAPIINE  (Mespilus,  Né- 
flier; Daphne ,  Laurier),  bot.  pu.  — Genre 
de  la  famille  des  Laurinées-Cryptocaryées  , 


étaolï   par  Nées  (m  Linnœa ,  VIII,   45). 
Arbres  du  Brésil.  Voy.  laurinées. 

MESPILOPHORA ,  Neck.  (Elem.  n. 
724).  bot.  ph.  —  Synonyme  de  Mespilus, 
Lindl. 

MESPILUS.  bot.  ph.  —  Voy.  néflier. 

*MESSA.ms. — Leachaindiquésous  cette 
dénomination  un  petit  genre  du  groupe  des 
Tenthrédites,  de  la  tribu  des  Tenthrédiniens, 
de  l'ordre  des  Hyménoptères,  dont  on  ne 
cite  qu'une  espèce  européenne,  le  M.  hortu- 
lana  Klug.  (Bl.) 

MESSAGER.  Serpentarius.  ois.  — Genre 
de  l'ordre  des  Oiseaux  de  proie  (section  des 
Diurnes),  caractérisé  par  un  bec  robuste, 
crochu  ,  très  fendu  ;  des  narines  latérales, 
obliques,  oblongucs,  percées  dans  une  cire; 
des  sourcils  saillants;  des  ailes  armées  de 
trois  éperons  obtus,  et  des  jambes  fort 
longues,  comme  dans  les  Hérons,  mais  en- 
tièrement emplumées. 

Vieillot,  eu  égard  à  l'étendue  démesurée 
des  tarses  qu'offre  l'espèce  qui  compose  ce 
genre,  avait  cru  devoir  le  ranger  avec  le  Ca- 
riama,  dans  une  famille  à  part  de  l'ordre 
des  Échassiers.  Mais  le  caractère  qui  dis- 
tingue ceux-ci  est  d'avoir  le  dessus  de  la 
tête  dénudé  de  plumes  :  or,  le  Messager 
ayant  cette  partie  de  la  jambe  emplumée 
comme  tous  les  autres  oiseaux  de  proie,  et 
offrant,  en  outre,  des  caractères  qui  lui  sont 
communs  avec  ceux-ci,  il  était  bien  plus 
naturel,  ainsi  que  l'ont  fait  Latham,  Gmelin, 
Illiger,  G.  Cuvier,  etc.,  de  le  ranger  parmi 
les  Rapaces.  Mais  quelle  place  doit-il  occu- 
per parmi  ceux-ci?  C'est  un  point  sur  le- 
quel les  auteurs  ne  sont  pas  tous  d'accord. 
G.  Cuvier  le  met  tout-à-fait  à  la  fin  des 
Oiseaux  de  proie  diurnes,  après  les  Busards. 
Cette  manière  de  voir  a  été,  en  partie, 
adoptée  par  G.-R.  Gray,  dans  son  catalogue 
des  genres  ornithologiques ,  car  le  genre 
Messager,  pour  lui,  fait  partie  de  sa  dernière 
sous-famille  des  Rapaces  diurnes,  sous-fa- 
mille qui  tire  son  nom  du  genre  Busard  (Cir- 
cinœ) qui  y  est  également  compris.  M.  Tem- 
minck,  au  contraire,  semble  vouloir  le  rap- 
procher des  Vautours  plus  que  de  tout  autre 
genre,  et  M.  Lesson  le  met  à  la  tête  des 
Oiseaux  de  proie  diurnes,  immédiatement 
avant  les  Vautours,  dans  sa  famille  des  Ser- 
pentariés.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  genre  Mes- 
sager,   sans    présenter  une    organisation 


164 


MES 


anormale,  a  cependant  des  caractères  qui 
contribueront  toujours  à  rendre  sa  place 
douteuse.  D'après  le  genre  de  vie,  on  serait 
pourtant  tenté  de  le  ranger  dans  le  voisi- 
nage des  Busards. 

Une  seule  espèce  appartient  à  ce  genre, 
c'est  le  Messager  serpentaire,  Serp .  reptili- 
vorus  Daud.  (Bufi\,  pi.  enl.,  721.)  Cet  oi- 
seau, que  l'on  a  également  nommé  Secré- 
taire, parce  que  la  longue  huppe  raide  qu'il 
porte  à  l'occiput  lui  donne  une  grossière 
ressemblance  avec  ces  hommes  de  bureau 
qui  ont  la  manie  de  faire  un  porte-plume 
de  leur  oreille,  a,  dans  son  état  parfait,  la 
tête,  le  cou  et  tout  le  manteau  d'un  gris 
bleuâtre;  les  ailes  noires,  nuancées  de  rous- 
sâtre;  la  gorge  et  la  poitrine  mélangées  de 
blanc;  les  plumes  des  cuisses  noires  lise- 
rées  de  blanc,  et  les  tarses  jaunâtres. 

Levaillant,  qui  a  pu  suivre  les  habitudes 
du  Messager  dans  les  lieux  de  l'Afrique  où. 
la  nature  l'a  confiné,  nous  a  laissé  de  sa 
manière  de  vivre,  de  ses  combats  avec  les 
serpents,  de  son  mode  de  reproduction,  etc., 
des  détails  fort  curieux.  C'est  un  oiseau  très 
méfiant  et  singulièrement  rusé  ;  on  l'ap- 
proche difficilement  à  portée  pour  le  tirer 
avec  succès,  et  comme  on  ne  le  rencontre 
guère  que  dans  les  plaines  les  plus  arides  et 
les  plus  découvertes,  lieux  que  fréquentent 
de  préférence  les  animaux  dont  il  fait  sa 
proie,  il  y  est  en  sûreté,  étant  à  même  de 
découvrir  l'ennemi  qui  cherche  à  le  sur- 
prendre. 

Le  Messager,  sans  autre  arme  que  ses 
ailes,  pourvues,  comme  nous  l'avons  dit,  de 
tubercules  osseux,  attaque  et  dompte  les 
Serpents.  Le  reptile  attaqué,  s'il  est  loin  de 
son  trou,  s'arrête,  se  redresse  et  cherche  à 
intimider  son  ennemi  par  le  gonflement  de 
sa  gorge  et  par  ses  sifflements  aigus.  «  C'est 
dans  cet  instant,  dit  Levaillant,  que  l'oiseau 
de  proie,  développant  l'une  de  ses  ailes,  la 
ramène  devant  lui,  et  en  couvre,  comme 
d'une  égide,  ses  jambes,  ainsi  que  la  partie 
inférieure  de  son  corps.  Le  Serpent  attaqué 
s'élance;  l'oiseau  bondit,  frappe,  recule,  se 
jette  en  arrière,  saute  en  tous  sens  d'une 
manière  vraiment  comique  pour  le  specta- 
teur, et  revient  au  combat  en  présentant 
toujours  à  la  dent  venimeuse  de  son  adver- 
saire le  bout  de  son  aile  défensive;  et  pen- 
dant que  celui-ci  épuise,  sans  succès,  son 


MES 

venin  à  mordre  ses  pennes  insensibles,  il  lui 
détache,  avec  l'autre  aile,  des  coups  vigou- 
reux. Enfin,  le  reptile  étourdi,  chancelle, 
roule  dans  la  poussière,  où  il  est  saisi  avec 
adresse  et  lancé  en  l'air  à  plusieurs  reprises, 
jusqu'au  moment  où ,  épuisé  et  sans  force, 
l'oiseau  lui  brise  le  crâne  à  coups  de  bec,  et 
l'avale  tout  entier,  à  moins  qu'il  ne  soit  trop 
gros,  dans  lequel  cas  il  le  dépèce  en  l'assu- 
jétissant  sous  ses  doigts.  » 

Mais  le  Messager  ne  se  nourrit  pas  seule- 
ment de  Serpents;  les  Lézards,  les  petites 
Tortues,  les  Insectes  et  surtout  les  Saute- 
relles ,  servent  encore  à  apaiser  son  appé- 
tit. La  voracité  de  cet  oiseau  paraît  extrême, 
si  l'on  en  juge  par  le  fait  que  rapporte  Le- 
vaillant. Un  Messager  mâle,  qu'il  tua,  avait 
dans  son  jabot  vingt  et  une  petites  Tortues 
entières,  dont  plusieurs  avaient  près  de 
2  pouces  de  diamètre;  onze  Lézards  de  7  à 
8  pouces  de  long  ;  et  trois  Serpents  de  la 
longueur  du  bras  et  d'un  pouce  d'épaisseur. 
Tortues,  Lézards,  Serpents,  avaient  tous 
chacun  un  trou  dans  la  tête.  Il  se  trouvait 
encore  mêlés  à  ces  animaux  une  multitude 
de  Sauterelles  et  d'autres  Insectes.  Ce  fait 
serait  difficile  à  accepter,  si  i'on  ne  savait 
combien  le  jabot  des  grands  oiseaux  de  proie 
jouit  de  la  faculté  de  se  dilater.  Dans  l'état 
de  domesticité,  le  Messager  se  nourrit  de 
toute  espèce  de  viandes  crues  ou  cuites  ;  il 
mange  même  des  Poissons,  et  attaque  quel- 
quefois les  poussins  des  oiseaux  de  basse- 
cour  avec  lesquels  il  vit. 

C'est  vers  le  mois  de  juillet  que  les  Mes- 
sagers se  livrent  à  l'acte  de  la  reproduction. 
A  cette  époque ,  l'amour  excite  entre  les 
mâles  des  combats  longs  et  opiniâtres;  ils 
se  frappent  mutuellement  de  leurs  ailes  pour 
se  disputer  une  femelle,  qui  s'abandonne 
toujours  au  vainqueur.  Leur  nid,  construit 
en  forme  d'aire,  plat  comme  celui  de  l'aigle, 
est  ordinairement  placé  dans  le  buisson  le 
plus  haut  et  le  plus  touffu  du  canton  qu'ils 
se  sont  choisis  pour  domaine,  et  est  garni  à 
l'intérieur  de  laine  et  de  plumes.  D'autres 
fois  ils  l'établissent  sur  les  grands  arbres. 
Le  même  nid  sert  pendant  plusieurs  années 
au  même  couple.  La  ponte  est  de  deux  et 
souvent  de  trois  œufs,  de  la  grosseur  de 
ceux  de  l'oie,  entièrement  blancs  et  tachés 
de  roussâtre.  Les  petits  sont  très  longtemps 
hors    d'état  de    prendre  leur  essor.   lac»- 


MES 


MET 


165 


pabîes  de  se  soutenir  durant  les  premiers 
mois  sur  leurs  pieds  longs  et  grêles,  ils  ne 
pourraient  impunément  abandonner  le  nid, 
avant  d'avoir  acquis  tout  le  développement 
et  toute  la  grandeur  propres  à  leur  espèce. 
Levaillanta  constaté  qu'ils  ne  peuvent  bien 
courir  qu'à  l'âge  de  quatre  mois  ;  jusqu'à 
ce  moment  ils  marchent  sur  le  tarse  en 
s'appuyant  sur  le  talon. 

Les  adultes  ont  un  port  noble,  une  dé- 
marche aisée,  des  mouvements  pleins  de  di- 
gnité, ressemblent  fort,  en  un  mot,  sous  tous 
ces  rapports,  aux  grands  Échassiers;  comme 
eux  ils  courent  d'une  vitesse  extrême,  et 
comme  la  plupart  d'entre  eux  aussi,  ils 
emploient,  pour  fuir  ,  plutôt  la  course  que 
le  vol.  Le  mâle  et  la  femelle  se  séparent 
rarement,  et  à  quelque  époque  de  l'année 
que  ce  soit  on  les  trouve  presque  toujours 
ensemble. 

«  Pris  jeune,  le  Messager,  dit  Levaillant, 
s'apprivoise  facilement,  et  se  nourrit  aisé- 
ment. Il  s'habitue  avec  la  volaille,  et  si  on 
a  soin  de  le  bien  nourrir,  il  ne  leur  fait  au- 
cun mal.  Il  n'est  pas  de  son  naturel  d'être 
méchant;  au  contraire,  il  semble  aimer  la 
paix;  car  s'il  voit  quelque  bataille  parmi  les 
animaux  de  basse-cour,  on  le  voit  aussitôt 
accourir  pour  séparer  les  combattants.  Beau- 
coup de  personnes  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance élèvent  de  ces  oiseaux  dans  leurs 
basses-cours,  autant  pour  maintenir  la  paix 
que  pour  détruire  les  Lézards,  les  Serpents 
et  les  Rats  qui  souvent  s'y  introduisent  pour 
dévorer  la  volaille  et  les  œufs.  »  C'est  parce 
qu'il  a  été  bien  constaté  qu'il  purge  les 
lieux  qu'il  habite  des  reptiles  venimeux , 
qu'on  a  introduit  cet  oiseau  dans  plusieurs 
des  Antilles  françaises,  pour  l'opposer  au 
redoutable  Serpent  trigonocéphale  qui  les 
infeste. 

•  Le  Messager  se  trouve  dans  toutes  les 
plaines  arides  des  environs  du  Cap,  dans 
l'intérieur  des  terres,  et  jusque  dans  le  pays 
desCafres.  (Z.  G.) 

MESSERSCRMIDIA ,  Asso  {Aragon., 
162  ,  t.  I,  f.  2).  bot.  ph.—  Syn.  de  Roche- 
lia ,  Reichenb. 

MESSERSCHMIDTIA  (nom  propre). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Aspéri- 
foliécs-Tournefortiées,  établi  par  Rœmcret 
Schultes  {Syst.,  VI  ,  541  ).  Arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  aspérifoliées. —    j 


Linné  avait  créé  aussi  sous  le  même  nom  un 
genre  dont  les  espèces  ont  été  rapportées  au 
genre  Toumefortia  ,  R.  Brown.  Voy.  tour- 

NEFORTIA. 

MESSIRE-JEAN.  bot.  ph.  —Nom  d'une 
variété  de  Poires. 

*MESTORUS  (  nom  mythologique),  ins. 
- — Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Brachydérides,  créé  par  Schœnherr  (Gen.  et 
sp.  Curculion.  synon.,  t.  V,  2  part.,  p.  910). 
L'espèce  type  et  unique,  le  M.  adumbratus 
deSchr.,  est  originaire  du  Mexique.    (C.) 

MESTOTES  ,  Soland.  (Msc).  bot.  ph.— 
Syn.  de  Chailletia,  DC. 

MESUA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
desClusiacées-Calophyllées,  établi  par  Linné 
(  Gen.  n.,  665  ).  Arbrisseaux  de  l'Asie  tro- 
picale. Voy.  CLUSIACÉFS. 

*METABAS1S.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées-Cichoracées ,  établi 
par  De  Candolle  (Prodr.,  VII,  97).  Herbes 
du  mont  Hymète.  Voy.  composées. 

*METABOMJS  (f«T«goAoç,  variable). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Rubia- 
cées-Cinchonacées-Haméliées ,  établi  par 
Blume(Bydr.,  990).  Herbes  de  Java  et  de 
Manille.   Voy.  rubiacées. 

*METACHILUM  (^d,  arrière;  yjTloç, 
lèvre),  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Oichidées-Dendrobiées,  établi  par  Lindley 
(  Orchid.,  74).  Herbes  de  l'Inde.  Voy.  orchi- 
dées. 

*METACHROMA  (  peTcc ,  différente  ; 
xpwaa,  couleur),  ins.  —  Genre  de  Coléo- 
ptères subpentamères,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Cycliques,  tribudesChry- 
soméiines,  de  nos  Colaspides,  créé  par  nous 
et  adopté  par  Dejean  (  Catalogue,  oe  édit., 
pag.  436),  qui  en  mentionne  quinze  es- 
pèces. Quatorze  sont  originaires  d'Amérique, 
et  la  dernière  est  de  Madagascar.  Nous  cite- 
rons, parmi  les  premières,  les  M.  quercata, 
canellaF.  et  aterrima 01.  (Eumolpus).  (C.) 

*METADUPUS  (ptToiSoxjTzos,  intermédiai- 
re), ins. — Genre  de  Coléoptères  tétramères, 
famille  des  Curculionides  gonatocèies,  divi- 
sion des  Apostasimérides  cryptorhynchides, 
établi  par  Schœnherr  (Gen.  et  sp.  Curculion, 
syn.,  t.  IV,  1  p.  468  ;  VIII,  2  p.  553).  Deux 
espèces  font  partie  du  genre:  les  M.  nuda- 
lus  et  apicatus  Chv.,  Schr.  ;  elles  sont  origi- 
naires du  Mexique.  (C.) 


166 


MET 


MET 


*METAGNANTHUS  (  ^wyvrfvGoç,  fleur 
différente),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées -Sénécionidées ,  établi  par 
Endlicher  (  Gen.  plant.,  p.  438,  n.  2689  ). 
De  Candolle,  qui  a  adopté  ce  genre  (Prodr., 
VI,  85),  y  a  établi  trois  sections,  qu'il 
nomme  Microrhachis ,  Planorhachis  et  Cœ- 
norhachis.  Voy.  composées. 

MÉTAL,  chim.  —  Voy.  métaux. 
METALASIA  (<*««',  derrière;  }*'<noç, 
velu),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées  -  Sénécionidées  ,  établi  par 
R.  Brown  (in  Linn.  Transact.,  XII,  124). 
Arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  composées. 

METALASIOÏDES,  DC.  bot.  m.— Voy. 
relhania  ,  L'Hérit. 

*METALLEUTICA.  ins.  —  Genre  de  la 
tribu  des  Mantiens,  de  Tordre  des  Orthoptè- 
res ,  établi  par  M.  Westwood  sur  quelques 
espèces  des  Indes  orientales  parées  de  cou- 
leurs éclatantes. 

Les  Metalleutica  se  font  remarquer  par 
leur  prothorax  court,  à  peine  plus  long  que 
le  mésothorax,  parleurs  yeux  arrondis,  etc. 

(Bl.) 
METALLIQUES.  Metallici.  ins.  —  La- 
treille  désignait  ainsi  une  division  de  la  fa- 
mille des  Carabiques,  composée  des  genres 
Cychrus,  Calosoma,  Carabus  et  Pana- 
gœus.  Cette  division  est  aujourd'hui  aban- 
donnée. (C.) 

METALLITES  (^Ta)}.:V/,ç,  métallique). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères,  division 
des  Brachydérides ,  créé  par  Schœnherr 
(Dispos,  meth.,  140;  Gen.  etsp.  Curcul.  syn., 
II,  154;  VI,  p.  457).  Huit  espèces,  toutes 
d'Europe,  font  partie  du  genre,  et  nous  ci- 
terons les  suivantes,  comme  se  trouvant  en 
France  :  les  M.  mollis  G.,  marginatus  Murh. 
(ambiguus  Schr.),  murinus  Dej.,  Schr., 
globosus  Chv.,  Schr.  Ces  Insectes  causent  un 
tort  considérable  à  la  végétation  en  attaquant 
les  bourgeons  des  arbres  lors  de  leur  épa- 
nouissement. (C.) 

métalloïdes  (^'ranov,  métal; 

tiSoç ,  apparence),  chim.  —  On  a  donné  le 
nom  de  Métalloïdes  aux  corps  simples  non 
Métalliques,  ne  jouissant  pas  des  propriétés 
distinctives  des  Métaux,  c'est-à-dire  non 
doués  de  l'éclat  Métallique,  et  de  plus,  mau- 
vais conducteurs  de  la  chaleur  et  par  consé- 
quent de  l'électricité,  la  faculté  de  conduire 


Tune  étant  liée  par  des  rapports  intimes  à 
celle  de  conduire  l'autre.  Cependant  cette 
distinction  n'offre  rien  de  bien  absolu  ;  le 
fait  qui  établit  le  plus  nettement  la  diffé- 
rence entre  les  Métalloïdes  et  les  Métaux 
est  que  les  premiers,  en  se  combinant,  soit 
entre  eux,  soit  avec  les  Métaux,  ne  donnent 
lieu  qu'à  des  composés  non  basiques,  l'Am- 
moniaque exceptée,  tandis  que  les  Métaux 
forment  ordinairement  des  bases  ens'unis- 
sant  avec  l'Oxygène. 

L'on  compte  treize  Métalloïdes,  et  mêm* 
quinze,  si  l'on  y  joint  l'Arsenic  et  le  Tellurf 
qui,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  se  com« 
portent  comme  de  véritables  Métalloïdes,  et 
ne  forment  pas  de  composés  basiques  avec 
l'Oxygène. 

Voici  l'ordre  dans  lequel  se  présente  cha- 
cun d'eux,  selon  qu'il  joue  le  rôle  d'élément 
électro-négatif  par  rapport  au  corps  qui  le 
suit,  et  celui  d'élément  électro-positif  par 
rapport  au  corps  qui  le  précède  :  Oxygène, 
Fluor,  Chlore,  Brome,  Iode,  Soufre,  Sé- 
lénium, Azote,  Phosphore,  Arsenic,  Bore, 
Carbone,  Tellure  ,  Silicium  ,  Hydrogène. 

Les  Métalloïdes  laissent  donc  dégager  de 
l'électricité  positive  dans  leurs  combinai- 
sons avec  les  Métaux,  et  se  comportent  avec 
eux  comme  des  corps  électro-négatifs  (1)  ; 
ils  agissent  tout  différemment  avec  l'Oxy- 
gène, et  dégagent  de  l'électricité  négative 
en  se  combinant  avec  ce  corps,  vis-à-vis  du- 
quel ils  sont  tous  électrisés  positivement. 

Voici  maintenant  les  Métalloïdes  rangés 
d'après  leur  ordre  d'afGnité  pour  l'Oxygène: 
Hydrogène,  Bore,  Silicium,  Carbone,  Phos- 
phore, Arsenic,  Soufre,  Sélénium,  Tellure, 
Fluor,  Chlore,  Brome,  Iode,  Azote. 

Des  quinze  Métalloïdes  que  nous  avons 
admis,  quatre  sont  gazeux  à  la  température 
et  sous  la  pression  atmosphérique  ordinaires: 
ce  sont  l'Oxygène,  le  Chlore,  l'Azote  et  l'Hy- 
drogène ;  à  l'aide  d'une  forte  pression  et 
d'une  basse  température,  M.  Faraday  est 
parvenu  à  liquéfier  le  Chlore.  Le  Brome  est 
liquide  à  la  température  ordinaire.  Le  Fluor  l 
n'a  pu  être  encore  isolé.  Les  autres  Métal- 
loïdes sont  solides,  mais  d'une  dureté  qui 

(i)  Il  y  a  cependant  quelques  exceptions  à  cette  règle;  le 
Chrome  ,  le  Vanadium  ,  le  Molybdène  ,  le  Tungstène,  sont 
électro-négatifs  relativement  au  Bore  ,  au  Carbone  ,  au  Tel- 
lure, au  Silicium,  à  l'Hydrogène.  Le  Colombium  etlcTitane 
le  sont  également  relativement  au  Silicium  et  à  l'Hydrogène 
(voyez  Mt taux). 


MET 


MET 


167 


varie  depuis  celle  du  Phosphore,  qui  se  laisse 
rayer  par  l'ongle  et  pétrir  comme  de  la  cire, 
jusqu'à  celle  du  Carbone  à  l'état  de  dia- 
mant. 

Les  Métalloïdes  sont  fort  inégalement  ré- 
partis sur  notre  planète.  Les  uns  se  trouvent 
partout;  d'autres,  c'est  le  plus  petit  nombre 
il  est  vrai,  se  rencontrent  à  peine.  En 
tête  des  premiers  ,  nous  citerons  l'Oxygène , 
qui  entre  pour  l/5c  dans  la  composition  de 
l'air  atmosphérique,  dont  l'Azote  forme  les 
quatre  autres  cinquièmes,  que  l'eau  con- 
tient dans  la  proportion  d'un  atome  pour 
deux  d'Hydrogène,  et  sans  lequel  il  n'y  a 
ni  oxyde  ni  oxacide.  L'Azote,  dont  nous 
avons  signalé  la  présence  dans  l'air,  est  le 
radical  de  l'Acide  azotique  ou  nitrique,  et 
entre  par  conséquent  dans  la  composition 
de  tous  les  Nitrates.  Le  Carbone,  pur  dans 
le  Diamant,  presque  pur  dans  la  Houille, 
le  Lignite,  l'Anthracite,  etc.,  est  le  radical 
de  l'Acide  carbonique;  et  l'on  sait  combien 
sont  nombreuses  et  abondantes  les  combi- 
naisons de  cet  Acide  avec  les  bases ,  ne 
fût-ce  que  le  Carbonate  de  Cbaux.  L'Hy- 
drogène concourt  pour  deux  atomes  à  la 
formation  de  l'eau;  on  le  retrouve,  en 
outre,  dans  une  foule  de  substances  miné- 
rales. Enfin,  avons-nous  besoin  de  dire 
que  les  corps  organisés  sont  constamment 
composés,  comme  chacun  sait,  d'Oxygène, 
d'Hydrogène  et  de  Carbone  ;  éléments  aux- 
quels vient  souvent  s'ajouter  l'Azote?  Le 
Silicium  uni  à  l'Oxygène  ou  acide  Silicique, 
constitue  seul  le  Cristal  de  roche  ,  le 
Quartz,  etc.;  combiné  aux  bases,  il  con- 
tribuée la  formation  de  nombreux  et  abon- 
dants Silicates.  Le  Chlore  entre,  comme 
élément,  dans  la  composition  du  Sel  marin, 
l'un  des  Sels  les  plus  répandus  et  de  beau- 
coup d'autres  composés.  Le  Soufre,  souvent 
natif,  se  rencontre  plus  fréquemment  en- 
core à  l'état  de  Sulfure  et  de  Sulfate.  Le 
Fluor,  moins  commun,  existe  néanmoins 
dans  les  Fluorures  et  dans  les  Fluates;  il 
en  est  de  même  de  l'Arsenic  et  du  Phos- 
phore; ce  dernier  se  trouve  de  plus  à  l'état 
de  Phosphate  dans  les  os  des  animaux  ver- 
tébrés. Quant  au  Tellure,  au  Sélénium,  au 
Bore,  à  l'Iode  et  au  Brome,  ils  sont  très  peu 
répandus  dans  la  nature. 

Les  différents  Métalloïdes  font  le  sujet 
d'articles  spéciaux  auxquels  nous  renvoyons 


le  lecteur ,  ainsi  qu'aux  articles  généraui 

CHIMIE  et  ÉLÉMENTS.  (A.    D.) 

*METALLONOTUS  (  p.fr*k\ov  ,  métal- 
lique; vwtoç,  dos),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères hétéromères,  famille  des  Mélasomes, 
tribu  des  Ténébrionites ,  créé  par  Gray  et 
adopté  par  M.  Hope  {ColeopterisC  s  Manual, 
1840,  p.  126).  L'espèce  type,  le  M.  denti- 
collis  Gray,  est  originaire  de  la  côte  de 
Guinée.  (C.) 

*METALLOPHILUS  ( p/raMov ,  métal; 
yc'Aoç,  qui  aime),  ins. — Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Carabiques,  tribu 
des  Féroniens,  établi  par  de  Chaudoir  (Ta- 
bleau d'une  nouvelle  subdivision  du  genre 
Ferunia  de  Dejean,  extrait,  p.  15),  et  ayant 
pour  type  VAbas  interrupta  de  Geb. ,  qui 
est  originaire  de  Sibérie.  (C.) 

^MÉTAMORPHISME,  min.  —  Mot  créé 
en  1825  parM.  Lyell  pour  exprimer  les  chan- 
gements qu'auraient  éprouvés,  suivant  la 
théorie  de  J.  Hutton,  les  roches  ou  les  ter- 
rains d'origine  sédimentaire  par  l'action  du 
feu  central.  Comme  la  signification  du  mot 
Métamorphisme  a  été  beaucoup  trop  éten- 
due depuis  quelques  années,  et  qu'il  est  au- 
jourd'hui de  la  plus  haute  importance  de 
discuter  les  différentes  théories  qui  s'y  rat- 
tachent plus  ou  moins,  nous  croyons  utile 
de  renvoyer  l'exposé  des  principaux  faits  et 
des  doctrines  à  l'article  Transformation  des 
minéraux  ,  des  roches  et  des  terrains.  Dans 
cet  article,  nous  ferons  voir  avec  les  dévelop- 
pements nécessaires  ce  qu'i!  y  a  de  vrai  ou 
d'exagéré  dans  les  faits,  et  ce  qu'il  y  a  de  bon 
ou  de  mauvais  dans  les  théories  qui  consti- 
tuent les  principales  doctrines  desMétamor- 
philes    tant  anciens  que   modernes.    Voy, 

TRANSFORMATION.  (R.) 

MÉTAMORPHOSE,  zool.  —  Voy.  trans- 
formation. 

METAPEEXIS.  bot.  pu.  —  Genre  de  la 
famille  des  Asclépiadées-Cynanchécs,  établi 
par  R.  Brown  (m  Mem.  Wemer.  soc,  I, 
48).  Arbrisseaux  de  la  Chine  boréale.  Voy. 

ASCLÉPIADÉES. 

*METAPODHJS  f^Etoc,  arrière;  irov; , 
itoSoçy  pied),  ins.  —  M.  Westwood  a  pro- 
posé cette  dénomination  pour  remplacer 
celle  d'Acanthocephala  de  M.  LaportcdeCas- 
telnau  ,  cette  dernière  étant  déjà  employée 
pour  désigner  un  ordre  du  sous-embranche- 
ment des  Vers.  (Bl.) 


1G8 


MET 


MET 


METAPTERE.  Melaptera.  moll.  — 
Genre  proposé  par  Rafinesque  {Monographie 
des  coquilles  de  l'Ohio),  et  qui  diffère  trop 
peu  des  Mulettes  pour  en  être  séparé.  Voy. 

MULETTE. 

*aiETASTELMA  (/«ta,  derrière  ;  rrâpa, 
ceinture),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Asclépiadées -Cynanchées  ,  établi  par 
R.  Browii  [in  Mem.  Werner.  soc,  I,  53). 
Herbes  des  Antilles.  Voy.  asclépiadées. 
•  *METASTEMMA,  Am.  et  Serv.  ras.  — 
Syn.  de  Proslemma,  Lap.  de  Castel.     (Bl.) 

*METASTENUS.  ras.  —  M.Walker  {Ent. 
Magaz.)  désigne  ainsi  un  de  ses  genres  de  la 
tribu  des  Chalcidiens,  groupe  des  Ptéroma- 
lites.  r  (Bl.) 

MÉTATHORAX.  ras.  —  Voy.  thorax 
au  mot  INSECTES. 

MÉTAUX  (Metallum,  jutoiMov).  chim. — 
On  désigne ,  sous  le  nom  de  Métaux  ,  des 
corps  simples,  généralement  opaques  (1) , 
brillant  en  masse  et  même  en  poussière  à 
*  moins  qu'elle  ne  soit  trop  ténue,  et  jouis- 
sant par  conséquent  de  Y  éclat  métallique. 
Bons  conducteurs  du  calorique,  ils  le  sont 
également  du  fluide  électrique,  qu'ils  trans- 
mettent avec  une  rapidité  incalculable; 
cette  dernière  propriété  a  été  mise  à  profit 
pour  la  construction  âalélégraphe  électrique. 

On  connaît  aujourd'hui  quarante  métaux 
dont  les  noms,  déjà  présentés  dans  l'ordre 
électro-chimique  à  l'article  éléments,  reparaî- 
tront dans  le  cours  de  cet  article.  Plusieurs 
d'entre  eux  sont  connus  de  toute  antiquité  ; 
ce  sont  l'Or,  l'Argent,  le  Cuivre,  l'Étain  , 
le  Fer,  le  Mercure.  La  découverte  de  quel- 
ques autres  remonte  aux  xvc  et  xvie  siècles; 
nous  citerons  le  Zinc,  le  Cobalt,  l'Anti- 
moine, le  Bismuth.  Le  Manganèse  ,  le  Mo- 
lybdène, le  Platine ,  le  Titane,  le  Tungstène, 
l'Urane,  furent  connus  au  siècle  dernier, 
le  Platine  peut-être  plus  tôt;  enfin,  la  décou- 
verte de  tous  les  autres  a  eu  lieu  depuis  le 
commencement  de  ce  siècle;  le  Vanadium 
et  le  Lanthane  ont  été  les  derniers  trouvés 
(1830-1840). 

Tous  les  Métaux  sont  solides  à  la  tempé- 
rature ordinaire, à  l'exception  du  Mercure, 

v'i)  Cette  opacité  n'est  cependant  point  absolue,  car  une 
feuille  d'or  amenée   à   un  grand   degré  de  ténuité   possible 

de  millimètre  ),  laisse  passer  les  rayons  verts,  sans 

»o,ooo  J 

cependant  présenter  au  microscope  la  moindre  solution  de 

continuité. 


qui  garde  sa  fluidité  jusqu'à  —  40°.  Leur 
dureté  varie;  le  Potassium  et  le  Sodium 
sont  mous  et  se  laissent  facilement  pétrir; 
quelques  uns,  comme  le  plomb  et  l'Étain, 
sont  rayés  par  l'ongle  et  coupés  au  couteau; 
d'autres,  enfin,  sont  à  peine  attaquables 
par  les  meilleures  limes.  Voici  l'ordre  de 
dureté  des  Métaux  le  plus  généralement 
employés:  Fer  et  Acier,  Platine,  Cuivre, 
Nickel ,  Argent,  Or,  Zinc,  Étain,  Plomb, 

La  couleur  des  Métaux  est  en  général 
d'un  blanc  plus  ou  moins  éclatant,  comme 
celle  de  l'Argent,  du  Platine,  ou  tirantsurle 
gris  bleuâtre,  comme  celle  du  Fer,  du  Zinc. 
Trois  cependant  font  exception,  cesont  :  l'Or, 
le  Cuivre,  le  Titane;  le  premier  est  d'un 
jaune  que  tout  le  monde  connaît  ;  les  deux 
autres  tirent  sur  le  rouge. 

Leur  densité ,  quoique  généralement  plus 
grande  que  celle  des  autres  corps  solides , 
n'est  point  cependant  une  propriété  abso- 
lue, puisque  le  Potassium  et  le  Sodium  sont 
plus  légers  que  l'eau.  Chaque  Métal  jouit, 
du  reste,  d'une  densité  particulière  qui, 
du  plus  dense  au  plus  léger,  varie  d'un  peu 
plus  de  vingt-deux  fois  celle  de  l'eau,  la 
densité  du  Platine  étant  de  21,33  et  celle 
du  Potassium  de  0,865.  Voici  l'ordre  de 
densité  des  métaux  que  nous  avons  nommés 
plus  haut:  Platine,  2i,53;  Or,  19,35; 
Mercure,  13,568;  Plomb,  11,352;  Argent, 
10,474;  Cuivre,  8,895;  Nickel,  8,402; 
Fer,  7,588;  Étain,  7,291;  Zinc,  7,165. 
11  est  à  faire  observer  que  le  martelage  ou 
l'écrouissage  augmente  généralement  cette 
densité. 

Une  partie  des  Métaux,  un  peu  plus  de 
la  moitié,  sont  ductiles  et  malléables;  les  au- 
tres sont  cassants.  La  ductilité  consiste  dans 
la  propriété  que  possède  un  métal  de  se 
laisser  tirer  en  fils  plus  ou  moins  fins;  la 
malléabilité,  dans  celle  de  se  laisser  réduire 
au  marteau  en  lames  plus  ou  moins  minces; 
mais  l'une  de  ces  propriétés  n'est  pas  tou- 
jours une  conséquence  de  l'autre.  L'Or  et 
l'Argent  occupent  le  premier  rang  pour  la 
ductilité;  viennent  ensuite  le  Platine,  le 
Cuivre ,  l'Étain ,  le  Fer ,  le  Plomb  ,  le  Zinc, 
le  Nickel.  Pour  la  malléabilité,  les  deux 
premiers  sont  encore  en  tête ,  mais  l'ordre 
des  autres  est  ainsi  modifié  :  Cuivre,  Etain, 
Plomb  ,  Titane,  Zinc,  Fer,  Nickel. 

Les  Métaux  ductiles  ne  jouissent  pas  tous 


MET 

de  la  même  ténacité.  D'après  des  expériences 
directes,  le  Fer  est  le  plus  tenace  de  tous; 
puis  viennent  le  Cuivre,  le  Platine,  l'Argent, 
l'Or,  TÉtain,  le  Zinc,  le  Plomb.  Un  fi!  de 
Fer  de  0m,002  supporte  ,  sans  se  rompre, 
un  poids  de  249k,66;  un  fil  de  Cuivre  du 
même  diamètre  137u,40;  un  fil  de  Platine 
424k,00  ;  un  fil  d'Argent  85k,062  ;  un  fil 
d'or  68k,216,  etc.,  etc. 

Les  Métaux  cassants  ne  jouissent  évidem- 
ment pas  des  propriétés  que  nous  venons 
d'énoncer.  Quelques  uns  cependant  sont 
employés  dans  les  arts,  mais  rarement,  pour 
ne  pas  dire  jamais,  seuls;  nous  citerons  le 
Bismuth,  l'Antimoine.  Voyez  ces  deux  mots. 
La  sonorité,  nulle  dans  les  Métaux  mous, 
varie  dans  les  autres;  dans  ceux-ci  elle  dé- 
pend de  leur  élasticité  et  de  la  plus  ou 
moins  grande  dureté  qu'ils  possèdent  par 
eux-mêmes,  ou  qui 'peut  leur  être  commu- 
niquée soit  par  leur  combinaison  avec  d'au- 
tres corps  métalliques,  soit  par  une  disposi- 
tion particulière  que  certaines  circonstances 
déterminent  dans  leurs  molécules. 

Enfin,  pour  en  finir  avec  les  propriétés  phy- 
siques des  Métaux,  nous  dirons  que  la  struc- 
ture, ainsi  que  l'odeur  et  la  saveur ,  quand 
elles  existent,  présentent  desdifférences  dans 
chacun  d'entre  eux.  La  structure  peut  être  /?- 
breuse,  comme  dan  s  ie¥er;lamelleuse,  comme 
dans» le  Zinc;  grenue,  comme  dans  l'Étain. 
Ce  dernier  métal  fait  entendre,  quand  on  le 
plie,  un  bruit  particulier  provenant  du  frot- 
tement des  cristaux  et  connu  sous  le  nom 
de  cri  de  l'Étain.  Le  Cadmium  présente  le 
même  phénomène.  La  saveur  et  V odeur  se 
développent  dans  quelques  Métaux  par  le 
frottement  ou  même  par  le  simple  toucher; 
on  observe  cette  particularité  dans  le  Fer, 
le  Plomb,  l'Étain,  l'Antimoine  et  surtout 
dans  le  Cuivre.  11  est  à  remarquer  que  les 
Métaux  qui,  comme  le  Platine,  l'Or  ,  l'Ar- 
gent, ne  s'oxydent  point  à  l'air  libre,  ne 
deviennent  jamais  ni  odorants  ni  sapides. 

Exposés  à  l'action  du  calorique,  les  Mé- 
taux se  dilatent  tous,  mais  sans  uniformité; 
puis  ils  entrent  en  fusion  à  des  degrés  qui 
varient  depuis  -\-  58°,  comme  le  Potassium, 
jusqu'au  point  le  plus  élevé  qu'il  soit  pos- 
sible d'obtenir  par  des  moyens  humains  , 
c'est-à-dire  par  la  combustion  d'un  jet  d'Hy- 
drogène et  d'Oxygène  dans  le  chalumeau  de 
Clarke,  comme  le  Platine. 
x.  vin. 


MET 


169 


Quelques  uns,  arrivés  au  point  d«  fusion, 
se  volatilisent  par  une  addition  de  calorique, 
même  à  l'abri  de  l'air;  tels  sont  le  Mer- 
cure, le  Zinc,  le  Potassium,  le  Sodium. 
La  plupart  des  autres ,  si  on  les  tient  fondus 
et  fortement  chauffés  au  contact  de  l'air, 
peuvent  être  mécaniquement  entraînés  par 
les  courants  qui  se  forment  à  leur  surface. 

Comme  tous  les  corps  fluidifiés  par  la 
chaleur,  les  Métaux  sont  susceptibles  de 
cristalliser  par  le  refroidissement.  Les  plus 
fusibles,  le  Plomb,  l'Étain,  et  par-dessus 
tous  le  Bismuth  possèdent  cette  propriété 
au  plus  haut  degré. 

Tous  les  Métaux  sont  bons  conducteurs 
du  fluide  électrique,  qui  ne  leur  fait  éprouver 
aucune  altération,  tant  que  leur  surface 
suffit  à  son  écoulement;  mais  si  cette  sur- 
face n'est  point  suffisante,  le  fluide  élec- 
trique les  pénètre,  les  échauffe,  les  fait 
rougir,  et  peut  enfin  en  déterminer  la  fusion 
et  la  volatilisation. 

Le  Fer,  le  Nickel,  le  Cobalt  seuls  sont 
magnétiques  ;  le  Fer  l'est  beaucoup  plus  que 
le  Nickel ,  et  ce  dernier  l'est  plus  que  le 
Cobalt,  avec  lequel  il  a  ,  du  reste,  une 
grande  analogie.  Au  sujet  de  cette  propriété 
maguétique,  et  sans  prétendre  en  tirer  au- 
cune conséquence ,  nous  ferons  remarquer 
que  le  Fer  et  le  Nickel  se  retrouvent  à  l'état 
pur  dans  la  plupart  des  aérolithes,  ce  qui  n'a 
lieu  dans  aucun  des  agrégats  métalliques 
qui  se  trouvent  à  la  surface  du  globe. 

L'air  sec  et  l'oxygène  n'ont  d'action  à  la 
température  ordinaire  que  sur  les  Métaux 
qui  ont  une  grande  affinité  pour  ce  der- 
nier gaz.  M.  le  professeur  Thénard  a  fondé 
sur  l'affinité  des  corps  métalliques  pour 
l'oxygène  et  sur  l'action  qu'ils  exercent  sur 
l'eau ,  soit  à  chaud ,  soit  à  froid ,  une  classi- 
fication qui  a  été  généralement  adoptée,  et 
que  nous  reproduisons ,  à  très  peu  de  chose 
près  ,  telle  que  l'a  créée  son  illustre  auteur. 
irc  sEcriOiN.  Métaux  ayant  une  grande  af- 
finité pour  l'Oxygène,  qu'ils  absorbent  di- 
rectement, et  décomposant  instantanément 
l'eau  en  mettant  l'Hydrogène  en  liberté  : 
Potassium,  Sodium,  Lithium,  Calcium, 
Baryum,  Strontium. 

nc  section.  Métaux  dont  ïes  Oxydes  sont 
irréductibles  par  le  Carbone,  n'ayant  point 
d'action  ,  à  la  température  ordinaire  ,  sur 
l'Oxygène,  sur  l'Air  ou  sur  FEau,   mais 


170 


MET 


MET 


décomposant  lentement  celle-ci  à  -f-  100°  : 
Aluminium,  Thorium,  Glucinium,  Yttrium, 
Zirconium,  Magnésium.  Les  métaux  com- 
pris dans  ces  deux  sections  sont  les  radicaux 
des  corps  appelés  jadis  alcalis  et  terres;  ils 
sont  électro-positifs. 

n)e  section.  Métaux  ne  s'oxydant  qu'à 
l'air  humide  ou  à  une  température  élevée, 
décomposant  l'eau  à  une  chaleur  rouge,  et 
ramenés  de  l'état  d'Oxyde  par  le  Charbon  : 
Manganèse,  Fer,  Zinc,  Cadmium,  Étain. 

ive  section.  Métaux  ne  décomposant  l'eau 
à  aucune  température,  mais  absorbant 
l'Oxygène  à  une  chaleur  rouge;  plusieurs 
d'entre  eux  forment  des  Acides  oxygénés: 
Nickel,  Cobalt,  Plomb,  Cuivre,  Uranium, 
Cérium,  Lanthane,  Bismuth,  Titane,  An- 
timoine, Columbium,  Molybdène  ,  Tung- 
stène, Chrome,  Vanadium. 

ve  section.  Métaux  ne  décomposant  l'eau 
à  aucune  température,  absorbant  l'Oxygène 
au-dessous  de  la  chaleur  rouge,  et  ramenés 
de  l'état  d'Oxyde  par  la  chaleur  seule  :  Mer- 
cure ,  Osmium. 

vie  section.  Métaux  ayant  si  peu  d'affi- 
nité pour  l'Oxygène  qu'ils  ne  peuvent  l'ab- 
sorber directement  à  aucune  température, 
et  dont  les  Oxydes ,  produits  par  réaction 
chimique,  sont  facilement  réductibles  par 
la  chaleur  :  Or,  Argent,  Platine,  Palladium, 
Iridium,  Rhodium. 

Les  Métaux  des  quatre  dernières  sections 
peuvent  être  divisés,  1°  en  Métaux  électro- 
négatifs, formant  de  préférence  des  Acides 
avec  l'Oxygène;  ce  sont  :  le  Chrome,  le  Va- 
nadium, le  Molybdène,  le  Tungstène,  l'An- 
timoine, le  Columbium,  le  Titane;  2°  en 
Métaux  électro-positifs,  jouant  principale- 
ment le  rôle  d'élément  électro-positif  dans 
les  combinaisons  salines:  ce  sont  tous  les 
autres. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  Mé- 
taux s'unissent  avec  l'Oxygène  pour  former 
des  Oxydes  ou  des  Acides,  et  par  suite  des 
Sels,  dont  quelques  uns  forment,  en  grande 
partie,  la  portion  solide  de  notre  globe;  tels 
sont  ceux  à  base  de  Chaux,  d'Alumine,  de 
Magnésie,  de  Fer,  etc. 

Les  Métaux  s'unissent  aussi  avec  les 
autres  Métalloïdes;  mais  parmi  ces  derniers 
corps,  il  en  est  pour  lesquels  leur  affinité 
est  plus  grande  ;  tels  sont  :  le  Phosphore,  le 
Soufre,  le  Sélénium,  le  Fluor,  l'Iode,  le 


Chlore,  le  Brome,  l'Arsenic,  le  Tellure. 
Jusqu'à  ce  jour,  le  Potassium  seul  s'est 
combiné  avec  l'Hydrogène  ;  le  Fer  et  le 
Platine  avec  le  Bore  ;  on  ne  connaît  pas 
d'autres  Siliciures  que  ceux  de  Potassium  , 
de  Fer,  de  Platine,  d'Argent.  Le  Fer  s'unit 
au  Carbone  pour  former  l'Acier  ;  il  peut 
se  former  aussi  des  Carbures  de  Potassium, 
de  Sodium,  de  Manganèse,  de  Zinc,  etc. 
Enfin  ce  n'est  que  par  des  moyens  indirects 
que  quelques  Métaux,  le  Potassium ,  par 
exemple,  le  Sodium,  le  Fer,  le  Cuivre,  peu- 
vent entrer  en  combinaison  avec  l'Azote. 

Les  composés  que  forment  les  Métaux 
avec  les  Métalloïdes  sont  soumis  aux  lois 
qui  régissent  les  autres  combinaisons  chi- 
miques Voy.  CBIMIE. 

Enfin  les  Métaux  s'unissent  entre  eux  en 
toutes  proportions  pour  former  des  alliages, 
dont  un  certain  nombre  est  employé  dans 
les  Arts. 

Les  Métaux  se  trouvent  dans  la  nature 
sous  divers  états  :  parfois  à  Y  étal  natif  ou 
vierge ,  comme  les  Métaux  nobles  des  an- 
ciens, TOr,  l'Argent,  par  exemple;  parfois 
encore  à  l'état  d'alliage,  comme  le  Pla- 
tine {voy.  ce  mot);  mais  presque  toujours 
à  l'état  de  combinaison  :  soit  binaires , 
Oxydes,  Sulfures,  Chlorures,  etc.;  soit  qua- 
ternaires ou  à  l'état  de  Sels. 

Quelques  Métaux  sont  tellement  rares, 
que  c'est  à  grand'peine  que  l'on  peut  s'en 
procurer  quelques  grammes  pour  l'usage 
du  laboratoire;  nous  citerons  le  Cadmium, 
l'Uranium,  le  Lanthane,  le  Cérium,  et  les 
Métaux  qui  accompagnent  le  Platine,  à  l'ex- 
ception toutefois  du  Palladium.  D'autres 
sont  extrêment  abondants  à  l'état  de  com- 
binaisons salines,  puisqu'ils  forment  ainsi 
la  partie  solide  de  la  terre;  mais  la  diffi- 
culté de  les  ramener  à  l'état  métallique  les 
rend  aussi  rares  ,  sinon  plus  rares  que  les 
premiers.  Ainsi ,  le  Calcium  ou  métal  dont 
la  Chaux  est  l'Oxyde,  l'Aluminium  ou  mé- 
tal de  l'Alumine  (Argile),  le  Magnésium 
ou  métal  de  la  Magnésie.  Il  en  est  d'autres 
enfin  que  nous  rencontrons  à  chaque  pas, 
qui  sont  facilement  réductibles  de  leurs  com- 
binaisons, et  dont  l'usage  est  tellement  ré- 
pandu ,  que  l'on  ne  comprend  pas  comment 
l'homme  ,  en  état  de  société ,  pourrait  vivre 
sans  les  posséder;  nous  les  avons  déjà  nom- 
més. Ces  dernières  questions,  qui  rentrent 


MET 


MET 


171 


au  surplus  dans  le  domaine  de  la  Minéralogie, 
sont  traitées  dans  un  article  spécial.  (A.D.) 

MÉTAXITE.  géol.  —  Voy.  grès. 

*METAXYTHERIUHf  (f*eT«$u,  intermé- 
diaire ;  Gvjpt'ov ,  animal),  paléont.  —  Genre 
fossile  de  Mammifères  aquatiques,  établi 
par  M.  de  Christol  pour  des  animaux  dont 
la  structure  semble  être  un  composé  de 
celle  des  Lamantins  et  des  Dugongs,  et  dont 
on  trouve  les  débris  dans  les  terrains  ter- 
tiaires. M.  de  Blainville {Ost.  des Gravigrades 
aquatiques),  réunissant  les  Lamantins,  les 
Dugongs  et  les  Stellères  en  un  seul  genre, 
ne  pouvait  accepter  celui  des  Métaxythé- 
riums ,  et  il  fait  des  espèces  qui  le  compo- 
sent autant  d'espèces  de  Lamantins.  Comme 
nous  ne  voyons  pas  la  possibilité  d'établir 
de  caractéristique  pour  un  genre  qui  com- 
prend des  animaux  aussi  différents,  nous 
suivrons  l'exemple  de  M.  de  Christol ,  et 
bous  dirons  que  les  Métaxythériums  forment 
un  genre  de  la  famille  des  Cétacés  herbivo- 
res de  Cuvier  (Gravigrades  aquatiques  de 
M.  de  Blainville),  qui  portait  une  paire  d'in- 
cisives permanentes  à  la  mâchoire  supé* 
rieure  ,  qui  n'avait  point  de  canines ,  et 
dont  les  molaires ,  au  nombre  de  six  à  huit 
de  chaque  côté  des  deux  mâchoires ,  se  suc- 
cédaient d'arrière  en  avant  et  tombaient  en 
sens  contraire.  La  couronne  des  supérieures 
est  à  deux  collines  transverses  mamelon- 
nées, avec  un  pli  en  avant  et  un  petit  talon 
en  arrière  ;  le  collet  est  prononcé,  et  les  ra- 
cines sont  au  nombre  de  trois  ,  deux  exter- 
nes et  une  interne  plus  grande;  la  couronne 
des  inférieures  est  à  deux  collines  et  un  fort 
talon  en  arrière  ;  le  collet  est  marqué,  et  les 
racines  au  nombre  de  deux.  L'usure  déter- 
mine sur  la  couronne  des  dents  des  isles 
transversales,  un  peu  arquées,  jointes  vers 
leur  milieu  par  un  feston  de  l'émail. 

Dans  les  Lamantins,  il  n'y  a  point  d'in- 
cisives permanentes,  il  y  a  douze  molaires 
de  chaque  côté  des  deux  mâchoires,  à  trois 
racines  et  double  colline  en  haut ,  avec  un 
petit  talon  en  avant  et  en  arrière;  à  deux 
racines  et  à  triple  colline  en  bas,  la  posté- 
rieure plus  courte.  Dans  les  Dugongs,  on 
trouve  une  paire  d'incisives  permanentes  à 
la  mâchoire  supérieure  ;  six  ,  et  peut-être 
même  sept  molaires  en  haut  et  en  bas ,  de 
chaque  côté,  à  une  seule  racine,  à  rudiment 
de  collet  et  de  collines  ;  la  première  est  une 


petite  dent  cylindrique;  les  cinq  autres, 
composées  de  deux  cônes  réunis,  et  d'au- 
tant plus  distincts  que  la  dent  est  plus  pos- 
térieure; l'usure  développe  un  disque  de  la 
même  forme  que  la  dent,  entouré  d'un 
émail  peu  épais.  Il  existe  en  outre  quatre 
paires  d'incisives  inférieures  qui  ne  percent 
jamais  la  plaque  cornée  qui  existe  sur  la 
symphyse  ,  et  qui  correspond  à  une  autre 
plaque  cornée  du  palais.  Dans  les  Stellères, 
il  paraît  ne  point  y  avoir  de  véritables 
dents;  les  plaques  cornées  du  Dugong  exis- 
tent seules,  dit-on,  mais  elles  sont  plus 
grandes,  sillonnées  transversalement,  et 
semblent  être  un  rudiment  des  fanons  des 
Baleines. 

Les  Métaxythériums,  avec  la  forme  maxil- 
laire des  Dugongs  ,  ont  celle  du  crâne  des 
Lamantins.  Ils  ont  de  plus  de  larges  et 
épaisses  côtes,  comme  ces  derniers;  mais 
leurs  bras  sont  très  semblables  à  ceux  des 
premiers. 

Le  Met.  Cuvicri,  Manatus  fossilis  (de  Bi.), 
dont  les  restes  se  rencontrent  dans  les  ter- 
rains tertiaires  du  bassin  de  la  Loire.  Cette 
espèce  a  été  signalée  par  Cuvier  sous  le  nom 
de  Lamantin  fossile  (Oss.  foss.,  V,  lre  part., 
de  Blainville,  pi.  8),  et  M.  de  Christol  {An- 
nales des  sciences  naturelles,  II,  1834)  a  rap- 
porté avec  raison  à  cette  espèce  un  fragment 
de  mâchoire  inférieure  que  Cuvier  avait  at- 
tribué avec  doute  à  une  espèce  moyenne 
d'Hippopotame,  et  un  humérus  qu'il  avait 
cru  d'une  espèce  de  Phoque,  ne  possédant 
point,  lorsqu'il  fît  cette  détermination,  le 
squelette  du  Dugong ,  dont  l'humérus  est  en 
effet  assez  voisin  de  celui  des  Phoques.  Cette 
espèce,  de  la  taille  du  Lamantin  du  Sénégal, 
a  le  crâne  allongé,  étroit;  les  crêtes  tempo- 
rales, saillantes  et  rapprochées,  laissent  en- 
tre elles  une  gouttière  profonde. 

Le  Met.  Brocchii,  Man.  Brocchu  (dcBl.). 
Les  débris  qui  existent  de  cette  espèce  ont 
été  figurés  par  M.  le  docteur  Bruno  (t.  I, 
2e  série  des  Mémoires  de  l'Acad.  des  sciences 
de  Turin),  sous  le  nom  de  Cheirothcrium 
Brocchii,  et  par  M.  de  Blainville  (pi.  9);  plus 
grande  que  la  précédente,  elle  s'en  distin- 
guait par  un  occipital  et  des  pariétaux  larges; 
de  faibles  crêtes  temporales ,  fort  écartées 
l'une  de  l'autre,  et  par  des  dents  formées  d'un 
plus  grand  nombre  de  mamelons.  Elle  a 
été  trouvée  à  Montiglio,  dans  les  collines  du 


172 


MET 


MET 


Mont-Ferrat,  à  60  mètres  au-dessus  du  ni- 
veau du  Pô. 

Le  Met.  Guettardi,  Man.  Guettardi  (deBl.). 
Figuré  par  M.  de  Blainville  (pi.  11),  ce  Mé- 
taxy  thérium  a  des  dents  plus  simples,  chaque 
colline  n'étant  formée  que  de  deux  mame- 
lons; les  incisives  sont  plus  petites,  et  l'ani- 
mal était  d'un  tiers  plus  petit  que  le  Met. 
Cuvieri.  Il  a  été  trouvé  à  Étrichy,  aux  envi- 
rons d'Étampes. 

Le  Met.  Christolii,  Man.  Christolii  (de  131.). 
Découvert  dans  la  haute  Autriche  et  publié 
par  M.  Fitzinger  (3e  livre  du  Mus.  francisco- 
carolianum,  Lintz  1842),  sous  le  nom  d'ffa- 
litherium Christolii,  paraît  avoir  eu  huit  mo- 
laires de  chaque  côté  des  deux  mâchoires. 

I!  a  été  trouvé  aussi  des  dents  et  des  côtes 
de  Métaxy  thërium  dans  les  terrains  tertiaires 
du  bassin  de  la  Garonne,  dont  Cuvier  avait 
fait  un  Hippopotame  douteux;  M.  de  Blain- 
ville les  attribue  au  Met.  Guettardi;  on  en 
a  rencontré  aussi  des  côtes  à  Belleville,  dans 
les  fouilles  faites  pour  les  fortifications  de 
Paris,  qui,  par  leur  grandeur,  annoncentune 
espèce  particulière.  M.  de  Christol  en  a  trouvé 
aussi  aux  environs  de  Montpellier  et  de 
Beaucaire,  qu'il  publiera  sous  peu.  Enfin, 
M.  Kaup  a  faitconnaître  des  vertèbres,  des  cô- 
teset  deux  dents  molaires  de  Métaxy  thérium, 
trouvées  dans  les  sablières  d'Eppelsheim  sur 
les  bords  du  Rhin,  sous  les  noms  de  Pugmeo- 
don  Schinzii  et  d'Halitherium  dubium  ;  et 
M.  Duvernoy  a  publié  une  note  sur  une  par- 
tie de  squelette  trouvée  à  Rœdersdorf ,  dé- 
partement du  Haut-Rhin;  mais,  comme  il 
ne  s'est  rencontré  aucune  partie  de  la  tête,  il 
est  impossible  de  dire  à  quelle  espèce  ces  dé- 
bris appartiennent.  (Laurillakd.) 

METAZANTHUS  ((«*«&?,  dans  l'inter- 
valle; avGo;,  fleur),  bot.  ph. —  Genre  de  la 
famille  des  Composées  (tribu  incertaine), 
établi  parMeyer  (Reise,  I,  356;  DC,  Prodr., 
VII ,  259  )  pour  des  herbes  rameuses  indi- 
gènes du  Chili. 

*METAZYCERA  (per*!*,  dans  l'inter- 
valle; x/pas,  corne),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères subpentamères,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Cycliques,  tribu  des 
Cassidaires  Hispites ,  formé  par  nous  et 
adopté  par  Dejean  {Catalogue,  3e  édit., 
p.  388)  qui  en  mentionne  trois  espèces  amé- 
ricaines :  les  M.  trimaculata  01.  (Hispa), 
purpurea  et  aulica  Dej.  (C.) 


*METAZYONYCIIA  (*«t«&  dans  l'in- 
tervalle; ow$,  ongle),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  subpentamères  ,  tétramères  de 
Latreille,  famille  des  Cycliques,  tribu  des 
Chrysomélines  ,  de  nos  Colaspides ,  formé 
par  nous  et  adopté  par  Dejean  (  Catalogue, 
3e  éd.,  p.  430),  où  9  espèces  ont  été  énu- 
mérées.  Mais  ce  nombre  est  aujourd'hui 
presque  double.  Nous  citerons  comme  fai- 
sant partie  de  ce  genre,  les  Colaspis  testa- 
cea,  quadrimaculata  01.,  granulata ,  chlo- 
roptera  Gr.,  et  C.  pictus  Pert.  Toutes  sont 
originaires  de  l'Amérique  méridionale.  (C.) 

MÉTÉORES.  —  Voy.  météorologie. 

MÉTÉORITE,  min.  —  Voy.  aérolitbe. 

METEORIUM,  Brid.  bot.  cr.  —  Syn. 
de  Cryphœa ,  id. 

*MÉTÉOROLOGIE,  MÉTÉORES,  phys. 
—  La  Météorologie  n'a  pas  seulement  pour 
objet  l'observation  des  phénomènes  acciden- 
tels autrefois  connus  sous  le  nom  de  Mé- 
téores ;  elle  embrasse  aussi,  dans  leur  en- 
semble, tous  les  phénomènes  atmosphériques 
et  terrestres,  soit  accidentels,  soit  perma- 
nents, qui  dépendent  de  Faction  du  calo- 
rique ,  de  l'électricité  ,  du  magnétisme  et  de 
la  lumière. 

Dans  les  temps  reculés  on  ne  manqua  pas 
d'entourer  de  merveilleux  la  plupart  des 
Météores  accidentels  :  on  les  considéra 
comme  des  présages  de  grands  événements  ; 
leur  apparition  excitait  de  l'effroi  comme 
celle  des  Comètes.  Combien  de  fois  les  lan- 
gues de  feu  paraissant  aux  mâts  des  vais- 
seaux ou  aux  piques  des  soldats  n'ont-elles 
pas  jeté  l'épouvante  et  la  consternation 
parmi  les  légions  romaines!  A  mesure  que 
les  sciences  firent  des  progrès  ,  ces  frayeurs 
chimériques  se  dissipèrent  pour  faire  place 
à  l'esprit  d'observation  ,  et  bientôt,  chassés 
du  domaine  de  l'imagination  qui  en  avait 
fait  des  prodiges  et  des  présages  menaçants, 
les  Météores  sont  peu  à  peu  rentrés  dans 
celui  de  la  physique,  qui  s'est  chargée  de 
leur  interprétation. 

Considérations  générales.  —  La  Météorolo- 
gie chez  les  anciens  ne  se  composait  que  de 
croyances  superstitieuses  et  de  présages 
tirés  de  l'observation  plus  ou  moins  exacte 
de  certains  phénomènes  naturels.  Notre 
cadre  ne  nous  permet  pas  d'entrer  dans  le 
détail  de  ces  croyances  vulgaires.  Cet  esprit 
d'empirisme  qui  a  longtemps    exploité  la 


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173 


crédulité  publique  a  dû  nécessairement  s'ar- 
rêter devant  les  progrès  de  la  physique  mo- 
derne. En  effet,  après  la  découverte  des 
propriétés  de  la  boussole,  qui  offrit  un  vaste 
champ  d'observations,  lorsque  le  thermo- 
mètre permit  de  mesurer  avec  exactitude 
la  température  atmosphérique ,  que  le  ba- 
romètre eut  donné  la  mesure  du  poids  des 
couches  de  Pair,  que  Descartes  eut  découvert 
la  variation  de  la  pression  atmosphérique  , 
que  Pascal  eut  établi  la  Méthode  pour  dé- 
terminer les  hauteurs  par  les  observations 
barométriques,  que  Mariotte  eut  fait  ses 
recherches  sur  les  gaz  et  Peau;  enfin  ,  lors- 
qu'on eut  créé  et  perfectionné  tous  ces  in- 
struments propres  à  indiquer  l'hygrométrie 
de  Pair,  la  quantité  d'eau  qui  tombe  dans 
un  lieu  donné,  la  force,  la  direction  et  la 
rapidité  des  vents,  l'intensité  et  la  nature 
de  l'électricité  et  du  magnétisme,  etc.  ,  la 
Météorologie  naquit  et  cessa  d'être  une  col- 
lection de  maximes  empiriques.  Alors  com- 
mença la  véritable  étude  des  Météores.  L'arc- 
en-ciel ,  les  parhélies  et  les  faux  soleils  fu- 
rent ramenés  aux  lois  ordinaires  de  l'optique. 
Franklin  découvrit  la  cause  du  tonnerre;  dès 
lors  la  foudre ,  docile  aux  lois  de  la  science, 
descendit  paisiblement  des  nuages  orageux 
dans  le  laboratoire  du  physicien,  pour  y  être 
soumise  à  une  foule  d'expériences. 

Malgré  la  direction  favorable  imprimée  à 
la  Météorologie  par  les  travaux  de  plusieurs 
savants  célèbres,  cette  science  est  encore 
loin  d'approcher  de  la  perfection  des  autres 
sciences  naturelles.  Elle  se  compose  de  phé- 
nomènes variables  et  multipliés  que  vient 
encore  compliquer  une  foule  de  circonstan- 
ces ,  à  l'influence  desquelles  il  est  impossible 
de  les  soustraire  ,  et  qui  sont  modifiées  à 
l'infini,  en  raison  des  climats,  de  la  consti- 
tution locale,  de  la  configuration,  la  na- 
ture,  l'élévation  ou  l'abaissement  du  sol. 
Aussi  n'est-ce  qu'en  multipliant  les  obser- 
vations, en  les  répétant  sans  cesse  dans  dif- 
férents endroits  ,  qu'on  parviendra  à  en 
faire  sortir  des  lois  générales,  que  l'on  entre- 
voit dans  l'ensemble  des  phénomènes,  mais 
dont  l'application  échappe  dans  les  circon- 
stances parliculières.  Si  l'on  parvient  jamais 
à  ramener  à  un  petit  nombre  de  lois  fonda- 
mentales les  phénomènes  nombreux  de  la 
Météorologie ,  peut-être  arrivcra-t-on  un 
jour  à  prévoir  avec  un  certain  degré  de  pro- 


babilité la  force  et  l'intensité  des  saisons. 
Sans  parler  de  tous  les  avantages  qui  en 
résulteraient,  on  conçoit  l'importance  de 
celui  qui  permettrait  au  cultivateur  de  com- 
biner ses  travaux  en  raison  du  temps  qui 
devrait  ou  les  favoriser  ou  leur  nuire.  Mais 
ce  perfectionnement  est  encore  loin  d'être 
la  conquête  de  l'homme.  Toutefois  on  ne 
doit  pas  désespérer  d'y  arriver  un  jour.  Qui 
oserait  poser  des  limites  à  la  science?  L'es- 
prit humain  a  déjà  assez  dérobé  de  secrets 
à  la  nature  pour  qu'il  lui  soit  permis  d'es- 
pérer encore  lui  en  surprendre. 

La  Météorologie  est  une  science  d'appli- 
cation qui  emprunte  à  plusieurs  autres 
sciences  leurs  principes  et  leurs  lois  :  ainsi 
l'Astronomie,  en  nous  donnant  la  connais- 
sance des  mouvements  des  corps  célestes  et 
celle  des  forces  de  la  gravitation,  conduit  à 
apprécier  leur  action  sur  l'atmosphère  et 
sur  les  eaux;  la  théorie  des  marées  et  des 
vents  généraux  en  découle  nécessairement. 
La  Chimie,  en  nous  faisant  connaître  la 
nature,  les  propriétés  elles  combinaisons 
des  gaz  qui  composent  l'atmosphère  ou  s'y 
rencontrent  accidentellement  ,  offre  des 
éléments  précieux  pour  la  solution  d'autres 
questions  telles  que  la  nature  des  Moufettes , 
des  feux  follets ,  etc.  Les  mouvements  si 
variables,  si  compliqués  des  vents ,  des  nua- 
ges, de  la  grêle,  sont  régis  par  les  lois  in- 
variables de  la  Mécanique.  Enfin ,  il  n'est 
peut-être  pas  une  branche  de  la  Physique 
qui  ne  trouve  des  applications  nombreuses 
à  la  Météorologie.  Ainsi,  les  loin  de  la  chute 
des  corps  et  les  effets  du  choc  et  du  frotte- 
ment expliquent  les  ravages  de  la  pluie  et 
de  la  grêle.  Les  lois  de  la  formation  des  va- 
peurs et  de  leur  condensation  nous  donnent 
la  cause  des  nuages,  des  brouillards,  de  la 
pluie,  etc.  Les  effets  du  rayonnement  du 
calorique  offrent  une  théorie  complète  de  la 
rosée  et  des  gelées  blanches.  On  a  trouvé 
dans  les  lois  de  la  distribution  de  la  cha- 
leur à  la  surface  du  globe  l'explication  des 
variations  de  température  et  des  phéno- 
mènes qui  en  résultent.  Les  lois  de  l'optique 
nous  font  découvrir  la  cause  de  ces  appa- 
rences lumineuses  qui  se  manifestent  dans 
l'atmosphère.  L'électricité  a  mieux  fait  con- 
naître les  orages,  et  Péleclro-magnétisme 
laisse  entrevoir  la  cause  des  aurores  boréa- 
les. La  Météorologie  a  aussi  plusieurs  points 


174 


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de  contact  avec  d'autres  sciences,  particu- 
lièrement avec  la  Géologie  et  la  Géographie 
physique. 

En  général ,  on  estime  la  hauteur  de  l'at- 
mosphère à  64  kilomètres  (ou  16  lieues). 
Celle  enveloppe  aérienne,  qui  entoure  la 
terre  de  toute  part,  est  sphérique  comme 
celle  du  globe  qu'elle  environne,  et  doit 
conséquernment  aussi  être  renflée  à  l'équa- 
teur  et  déprimée  aux  pôles.  On  sait  que  le 
poids  de  l'atmopshère,  au  niveau  de  la  mer 
et  à  la  température  de  0°,  est  égal  à  celui 
d'une  colonne  d'eau  de  10m,60  ou  à  celle 
d'une  colonne  de  mercure  de  0'",76.  Il  est 
évident  qu'en  s'élevant  dans  l'atmosphère 
sa  pression  doit  diminuer;  c'est,  en  effet, 
ce  qui  a  lieu,  et  c'est  sur  ce  principe  que 
repose  la  mesure  des  hauteurs  obtenues  par 
le  baromètre.  On  a  calculé  que  le  poids  des 
couches  atmosphériques  exerce  sur  toute  la 
surface  du  corps  d'un  homme  d'une  taille 
moyenne  une  pression  d'environ  16,000  ki- 
logrammes. Cette  pression  ,  si  nécessaire  à 
notre  existence  ,  nous  paraît  insensible  , 
parce  qu'elle  agit  dans  tous  les  sens  et  que 
la  force  élastique  de  nos  organes  lui  est  pro- 
portionnée; mais  si  l'on  s'élève  dans  l'at- 
mosphère à  une  certaine  hauteur,  soit  sur 
les  hautes  montagnes,  soit  dans  des  aéro- 
stats, la  colonne  d'air  diminuant  sensible- 
ment de  pesanteur,  la  respiration  devient 
pénible,  et  si  l'ascension  était  poussée  à  ses 
dernières  limites,  le  sang  s'échapperait 
bientôt  par  tous  les  pores. 

Si  la  dilatation  de  l'air  ne  variait  pas  à 
mesure  qu'on  s'élève,  on  pourrait,  d'après 
le  poids  connu  de  l'atmosphère,  déterminer 
sa  hauteur  d'une  manière  rigoureuse.  Cette 
dilatation  ne  peut  cependant  être  supposée 
indéfinie,  parce  que  l'air,  étant  un  corps 
pesant,  est  soumis,  comme  tous  les  autres 
corps,  aux  lois  de  l'attraction,  et  qu'il 
existe  nécessairement  une  limite  où  l'at- 
traction doit  l'emporter  sur  la  force  de  dila- 
tabilité des  gaz;  là  aussi  doit  être  la  limite 
de  l'atmosphère.  Mais  qu'y  a-t-il  au-delà? 
Existe-t-il  quelque  fluide,  ou  n'y  a-t-il 
qu'un  vide  absolu?  Cette  question  ne  peut 
plus  nous  arrêter. 

Comment  les  espaces  célestes  seraient-ils 
vides,  puisqu'ils  sont  remplis  par  la  lu- 
mière? Quelque  opinion  qu'on  adopte  sur 
la  nature  de  cet  agent,  que  ce  soit  une  éma- 


nation réelle  de  la  substance  des  corps  lu- 
mineux, ou  un  fluide  mis  en  mouvement 
par  ces  derniers,  il  est  bien  évident  que, 
dans  l'une  comme  dans  l'autre  hypothèse, 
le  vide  absolu  ne  saurait  exister. 

Quant  à  la  composition  chimique  de  l'at- 
mosphère, on  la  connaît  maintenant  d'une 
manière  très  exacte,  dit  M.  de  Humboldt, 
grâce  aux  excellentes  analyses  que  MM.  Du- 
mas et  Boussingault  en  ont  faites  récem- 
ment à  l'aide  de  nouvelles  méthodes.  D'a- 
près ces  analyses,  l'air  sec  contient,  en 
volume,  20,8  d'oxygène,  et  79,2  d'azote; 
il  renferme  en  outre  :  1°  2  à  5  dix-mil-  . 
lièuies  d'acide  carbonique,  résultant  princi- 
palement de  la  respiration  des  animaux  qui 
extraient  le  carbone  des  substances  végétales 
dont  ils  se  nourrissent,  tandis  que  les  végé- 
taux le  puisent  dans  l'atmosphère;  2°  une 
quantité  encore  plus  faible  de  gaz  hydro- 
gène, et,  d'après  les  importantes  recherches 
de  Saussure  et  de  Liebig,  quelques  traces 
de  vapeurs  ammoniacales,  qui  fournissent 
aux  plantes  l'azote  qu'elles  contiennent. 
D'autres  substances,  des  miasmes  et  des 
émanations  pestilentielles,  viennentsemêler 
accidentellement,  surtout  près  du  sol,  aux 
éléments  que  nous  venons  d'indiquer  comme 
formant  la  composition  normale  de  l'air. 
Enfin,  dans  quelques  circonstances  particu- 
lières ,  l'atmosphère  renferme,  près  de  la 
surface  de  la  terre  ,  des  substances  solides, 
réduites  en  poudre  fine  et  portées  à  de 
grandes  hauteurs  par  les  vents;  telle  est 
la  poussière  qui  tombe  vers  les  îles  du  cap 
Vert,  en  obscurcissant  l'atmosphère  à  de 
grandes  distances.  M.  Ehrenberg  a  reconnu 
que  cette  poussière  contient  d'innombrables 
infusoires  à  carapaces  siliceuses.  Voy.  pour 
plus  de  détails  l'article  atmosphère  de  ce 
Dictionnaire. 

La  grande  élasticité  que  possède  l'atmo- 
sphère et  l'extrême  facilité  avec  laquelle  elle 
se  contracte  et  se  dilate  selon  le  degré  de 
température,  sont  cause  qu'il  s'y  établit  sans 
cesse  des  courants  dans  divers  sens  :  les 
vents  sont  donc  une  conséquence  nécessaire 
des  propriétés  physiques  de  l'atmosphère. 
Ces  mouvements  de  l'air  sont  produits  par 
l'accumulation  ou  la  précipitation  des  va- 
peurs aqueuses;  par  l'attraction  des  corps 
célestes  qui  agissent  sur  l'atmosphère  de  la 
même  manière  que  sur  l'Océan,  et  y  pro^ 


MET 


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175 


duisent  des  effets  analogues  aux  marées  ; 
par  la  chaleur  solaire  qui,  en  raison  des  sai- 
sons et  des  heures  du  jour  ,  dilate  inégale- 
ment les  couches  aériennes;  enfin,  par  la 
forme  et  la  nature  des  continents  et  des 
mers  qui  arrêtent  ,  accélèrent  et  modi- 
fient ces  mouvements  de  mille  manières. 

Pour  bien  comprendre  tous  les  phéno- 
mènes météoriques,  les  variations  de  tem- 
pérature méritent  avant  tout  de  fixer  no- 
tre attention.  On  sait  que  le  point  le  plus 
élevé  du  thermomètre  s'observe  générale- 
ment à  deux  heures  après  midi,  et  le  plus 
bas  au  moment  du  lever  du  soleil.  L'expé- 
rience démontré  que  la  température  indi- 
quée par  les  observations  de  neuf  heures  du 
matin  à  neuf  heures  du  soir,  fournit  assez 
exactement  la  température  moyenne  du  jour. 
Celle  de  l'année  peut  s'obtenir  en  ajoutantla 
température  moyenne  de  chaque  mois  et  en 
divisant  la  somme  par  douze. 

Les  différents  climats  des  divers  pays  du 
globe  dépendent  principalement  de  leur 
position  par  rapport  au  soleil.  Ainsi ,  à  l'é- 
quateur,  où  cet  astre  darde  perpendiculai- 
rement ses  rayons,  une  égale  surface  du  sol 
reçoit  une  bien  plus  grande  quantité  de 
chaleur  et  de  lumière  que  les  pays  situés 
vers  les  pôles.  On  conçoit  que  pour  les  pays 
tempérés ,  le  climat  se  rapproche  de  celui 
de  l'équateur  pendant  l'été ,  puisque  la  hau- 
teur du  soleil  y  est  plus  grande ,  et  de  celui 
des  légions  polaires  pendant  l'hiver.  Plu- 
sieurs causes  expliquent  parfaitement  les 
inégalités  de  température.  D'abord,  la  con- 
stitution physique  de  l'atmosphère  qui  varie 
incessamment  d'une  saison  à  l'autre.  En 
été  l'air  est  généralement  sec ,  mais  en  hiver 
il  se  charge  de  vapeurs  et  affaiblit  considé- 
rablement l'intensité  des  rayons  solaires.  La 
seconde  cause  à  signaler  est  la  grande  obli- 
quité des  rayons  du  soleil  en  hiver.  Or,  on 
sait  qu'ils  se  réfléchissent  en  raison  de  cette 
obliquité,  qu'une  surface  reçoit  d'autant  plus 
de  rayons  qu'ils  arrivent  plus  perpendicu- 
lairement et  que  la  chaleur  est  en  propor- 
tion des  rayons  absorbés;  enfin,  et  cette 
dernière  cause  est  la  principale,  le  soleil , 
en  été,  reste  bien  plus  longtemps  au-dessus 
de  l'horizon  qu'en  hiver.  La  nuit,  qui  est 
le  moment  de  la  déperdition  du  calorique , 
est  plus  courte  et  le  jour  plus  long.  On  a 
calculé  qu'il  suffirait  même,  au  milieu  de 


l'été,  que  le  soleil  restât  dix  jours  sous  l'ho- 
rizon pour  que  tout  se  congelât  à  la  surface 
de  la  terre. 

Les  saisons  d'une  année  à  l'autre  parais- 
sent très  irrégulières  par  l'influence  des 
causes  variables  ,  telles  que  les  vents,  les 
pluies,  les  glaces  polaires,  etc.;  mais  lors- 
qu'on réunit  une  assez  longue  suite  d'ob- 
servations ,  on  reconnaît  que  la  température 
est  tantôt  constamment  croissante  et  tantôt 
décroissante.  Dans  nos  climats,  la  tempé- 
rature va  s'élevant  du  5  janvier  au  5  juillet, 
et  descend  du  5  juillet  au  5  janvier.  Sui- 
vant M.  de  Humboldt,  c'est  une  supposition 
tout-à-fait  gratuite  que  d'espérer  un  été 
chaud  à  la  suite  d'un  hiver  rigoureux,  ou 
un  hiver  doux  après  un  été  froid. 

Sous  la  zone  torride ,  la  température  est  à 
peu  près  la  même  dans  tous  les  lieux  situés 
sur  le  même  parallèle,  mais  dans  la  zone 
tempérée  il  en  est  autrement,  car  la  tem- 
pérature varie  beaucoup  selon  certaines  cir- 
constances locales.  C'est  ce  qui  a  fait  tracer 
les  lignes  isothermes  ou  d'égale  température. 
On  a  remarqué  que  les  côtes  occidentales 
des  continents  sont  beaucoup  plus  chaudes 
que  les  côtes  orientales.  C'est  un  effet  des 
vents  et  de  la  position  générale  des  mers. 
Dans  nos  contrées,  comme  en  Amérique, 
les  vents  d'ouest  prédominent  :  or ,  ces  vents 
qui  viennent  des  mers  sont  toujours  tem- 
pérés ;  car  la  température  des  mers  n'est 
jamais  ni  très  haute  ni  très  basse; en  effet, 
la  mobilité  de  la  masse  liquide  et  l'équilibre 
qui  tend  à  s'y  maintenir  ne  permettent  pas 
qu'une  couche  superficielle  se  refroidisse 
beaucoup ,  comparativement  aux  autres  ;  car 
dès  que  la  température  de  cette  couche 
s'abaisse,  son  poids  augmentant,  elle  descend 
dans  la  masse,  et  une  autre  vient  la  rem- 
placer. 

On  remarque  aussi  que  l'hémisphère  aus- 
tral est  plus  froid  que  l'hémisphère  boréal; 
ce  qui  provient  de  ce  que  le  premier  est  en 
grande  partie  recouvert  par  les  eaux.  Or, 
on  sait  que  les  eaux  ne  s'échauffent  pas 
aussi  facilement  que  le  sol,  une  grande 
quantité  du  calorique  qui  leur  est  envoyé 
étant  absorbée  par  l'évaporation,  la  con- 
gélation et  la  fonte  des  glaces. 

Une  observation  qui  jette  une  vive  lumière 
sur  les  variations  de  température  de  cer- 
taines localités,  est  celle  qui  permet  d'éta- 


176 


MET 


MET 


blir  que  les  travaux  de  l'homme  à  la  surface 
de  la  terre  peuvent  notablement  changer  et 
modifier  la  température  d'un  lieu.  D'après 
les  relations  des  anciens ,  on  est  porté  à 
croire  que  le  froid  en  Europe  était  jadis 
plus  intense  qu'aujourd'hui.  Nous  savons 
positivement  que  le  climat  d'Amérique  est 
devenu  plus  chaud  depuis  qu'on  a  diminué 
Ja  vaste  surface  de  ses  forêts.  En  effet,  les 
forêts  d'une  grande  étendue,  dit  le  célèbre 
de  Humboldt,  empêchent  les  rayons  solaires 
d'agir  sur  le  sol;  leurs  organes  appeudicu- 
Jaires  (les  feuilles)  provoquent  l'évaporation 
d'une  grande  quantité  d'eau,  en  vertu  de 
leur  activité  organique,  et  augmentent  la 
superficie  capable  de  se  refroidir  par  voie 
de  rayonnement.  Les  forêts  agissent  donc 
de  trois  manières  :  par  leur  ombre,  par  leur 
évaporation,  par  leur  rayonnement. 

Dans  son  beau  travail  sur  la  chaleur  cen- 
trale du  globe,  M.  Cordier  pense  que  la 
plupart  des  différences  de  température  qu'on 
observe  sur  un  même  parallèle  pourraient 
provenir  de  la  plus  parfaite  conductibilité 
des  couches  géologiques  qui  enveloppent  le 
centre  incandescent  de  la  terre.  On  sait  que 
le  globe  a  une  température  qui  lui  est 
propre,  et  qu'à  une  certaine  profondeur 
cette  température,  indépendante  de  l'action 
du  soleil,  demeure  constamment  invariable. 
Les  expériences  démontrent  qu'elle  s'élève 
à  mesure  qu'on  descend  à  des  profondeurs 
plus  grandes.  La  loi  de  cette  progression  est 
à  peu  près  d'un  degré  par  32  mètres. 

Dans  l'atmosphère,  la  température  suit 
une  progression  inverse  à  celle  du  sol,  c'est- 
à-dire  qu'elle  diminue  à  mesure  qu'on  s'é- 
lève au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  On 
trouve  que  la  température  décroît  également 
avec  la  hauteur ,  dans  tous  les  climats ,  lors- 
qu'on part  d'une  même  température  infé- 
rieure ;  mais  la  loi  de  la  progression  change 
avec  ce  point  de  départ,  de  sorte  que  dans 
les  zones  tempérées,  par  exemple,  d'après 
les  observations  de  Saussure,  elle  est  en 
hiver  de  230  mètres  par  chaque  degré  du 
thermomètre  centigrade,  et  de  160  en  été. 
11  y  a  donc  une  hauteur  où  le  refroidisse- 
ment progressif  atteint  le  terme  de  la  glace. 
De  là  l'existence  des  neiges  éternelles  sur 
les  hautes  montagnes ,  et  l'inégale  élévation 
du  point  où  elles  commencent  dans  les  dif- 
férents climats.  Non  seulement  le  décrois- 


sement  vertical  de  la  températur  varie  sui- 
vant les  climats  et  les  saisons ,  mais  aussi 
suivant  l'exposition  ,  et  même  l'état  plus  ou 
moins  transparent  du  ciel. 

On  doit  à  M.  Al.  de  Humboldt  la  précieuse 
application  de  la  géographie  des  plantes  à  la 
mesure  de  la  température  moyen  ne  des  lieux. 
Cet  illustre  voyageur  a  déterminé  d'une  ma- 
nière générale  l'élévation  et  la  température 
des  zones  où  chaque  plante  semble  se  com- 
plaire. Chaque  végétal  ne  peut  vivre  qu'entre 
certaines  limites  déterminées  de  tempéra- 
ture, et  la  proximité  de  ces  limites  est  in- 
diquée par  sa  végétation  plus  ou  moins  ché- 
tive.  Ainsi ,  l'aspect  des  végétaux  qui  sub- 
sistent dans  chaque  contrée  offre  comme  une 
sorte  de  thermomètre  vivant,  qui  indique 
au  voyageur  la  moyenne  des  températures 
annuelles  et  leurs  extrêmes. 

Une  des  questions  les  plus  intéressante» 
que  l'on  puisse  se  proposer  de  résoudre  est 
de  savoir  si  l'état  thermométrique  du  globe 
a  changé  depuis  les  temps  historiques.  Voici 
la  manière  ingénieuse  dont  M.  Arago  se  sert 
pour  trouver  la  solution  de  ce  problème  : 
Pour  que  la  Datte  mûrisse,  il  faut  au  moins 
un  certain  degré  de  température  moyenne. 
D'un  autre  côté,  la  Vigne  cesse  de  donner 
des  fruits  propres  à  la  fabrication  du  vin, 
dès  que  la  température  dépasse  un  certain 
point  du  thermomètre  également  déterminé. 
Or,  la  limite  thermométrique  en  moins  de 
la  Datte,  diffère  très  peu  de  la  limite  ther- 
mométrique en  plus  de  la  Vigne;  si  donc 
on  trouve  qu'à  deux  époques  différentes,  la 
Datte  et  le  Raisin  mûrissent  simultanément 
dans  un  lieu  donné,  on  doit  en  conclure  que 
dans  l'intervalle,  le  climat  n'y  a  pas  sensi- 
blement changé. 

La  Bible  nous  apprend  que,  dans  les  temps 
les  plus  reculés,  on  cultivait  le  Palmier  en 
même  temps  que  la  Vigne,  au  centre  des  , 
vallées  de  la  Palestine.  Les  Juifs  mangeaient  , 
des  Dattes  et  buvaient  du  Vin.  Le  Raisin 
figurait  comme  symbole  sur  les  monnaies 
hébraïques,  tout  aussi  fréquemment  que  le 
Palmier.  Pline,  Théophraste,  Tacite,  Jo- 
sèphe,  Strabon,  etc.,  font  également  men- 
tion de  ces  faits.  Voyons  maintenant  quels 
degrés  de  chaleur  la  maturation  de  la  Datte 
et  celle  du  Raisin  exigent.  A  Palerme  (Si- 
cile, côte  nord),  dont  la  température 
moyenne  surpasse  17°,  le  Dattier  croît,  mais 


MET 


MET 


1/7 


son  fruit  ne  mûrit  pas.  A  Catane  (Sicile, 
côte  orientale),  par  une  température 
moyenne  de  18  à  19°,  les  Dattes  ne  sont  pas 
mangeables.  Elles  mûrissent  à  Alger,  dont 
la  température  moyenne  est  de  21°,  mais 
elles  ne  sont  pas  bonnes,  et  pour  les  avoir 
telles,  il  faut  s'avancer  jusqu'au  voisinage 
du  désert,  c'est-à-dire  en  des  lieux  où  la 
température  moyenne  dépasse  un  peu  21°. 
D'après  ces  données,  on  peut  déjà  conclure 
qu'à  l'époque  où  l'on  cultivait  le  Dattier  en 
grand  dans  la  Palestine,  la  température  ne 
devait  pas  être  au-dessous  de  21°. 

M.  Léopold  de  Buch  place  la  limite  méri- 
dionale de  la  Vigne  à  l'île  de  Fer,  dans  les 
Canaries,  dont  la  température  moyenne  est 
de  22".  Par  une  plus  forte  température,  on 
trouve  bien  encore  en  certains  lieux  quel- 
ques ceps  dans  les  jardins ,  mais  pas  de 
Vignes  proprement  dites.  Nous  venons  de 
voir  qu'en  Palestine,  dans  les  temps  les  plus 
reculés,  la  Vigne  était  au  contraire  cultivée 
en  grand  ;  il  faut  donc  aussi  admettre  que 
la  température  moyenne  de  ce  pays  ne  sur- 
passait pas  22°.  La  culture  du  Palmier  nous 
apprenait  tout-à-1'heure  que  cette  même 
température  ne  pouvait  être  au-dessous 
de  21°.  Ainsi  de  simples  phénomènes  de 
végétation  nous  amènent  à  caractériser 
par  21°, 5  du  thermomètre  centigrade  le 
climat  de  la  Palestine  au  temps  de  Moïse, 
sans  que  l'incertitude  paraisse  devoir  aller 
jusqu'à  un  degré  entier. 

A  combien  s'élève  aujourd'hui  la  tempé- 
rature moyenne  de  la  Palestine?  Les  obser- 
vations directes  manquent,  mais  en  y  sup- 
pléant par  des  termes  de  comparaison  pris 
en  Egypte ,  on  trouve  qu'elle  doit  être  un 
peu  supérieure  à  21°.  Tout  porte  donc  à  re- 
connaître que  3,300  ans  n'ont  pas  altéré 
d'une  manière  appréciable  le  climat  de  la 
Palestine,  que  33  siècles  enfin  n'ont  ap- 
porté aucun  changement  aux  propriétés  lu- 
mineuses et  calorifiques  du  soleil. 

Les  phénomènes  météoriques  ont  été 
rangés  en  trois  classes.  En  général,  ils  pren- 
nent les  noms  de  Météores  aériens,  aqueux 
ou  ignés ,  selon  que  l'air,  l'eau  ou  le  feu 
semblent  y  jouer  le  principal  rôle.  Les  plus 
importants  Météores  de  la  première  classe 
sont  les  Vents,  les  Tempêtes,  les  Ouragans, 
les  Tourbillons,  etc.  Ceux  de  la  seconde 
«lasse  comprennent  les  Vapeurs,  les  Brouil- 

T.  VIII. 


lards,  les  Nuages,  la  Pluie,  la  Rosée,  la 
Neige,  la  Grêle,  etc.  Enfin,  ceux  de  la 
troisième  classe  traitent  des  Météores  élec- 
triques,  magnétiques  et  lumineux  ,  c'est- 
à-dire  des  Éclairs,  du  Tonnerre,  des  Orages, 
des  Trombes ,  des  Aurores  boréales ,  de 
l'Arc-en-ciel ,  des  Halos,  des  Parhélies,  du 
Mirage,  etc. 

Notre  cadre  ne  nous  permettant  pas  d'en- 
trer dans  de  grands  développements,  nous 
traiterons  chacun  de  ces  Météores  d'une 
manière  générale,  et  pour  éviter  les  doubles 
emplois,  nous  passerons  très  rapidement 
sur  ceux  qui  ont  déjà  fait,  ou  qui  doivent 
faire,  dans  ce  Dictionnaire,  le  sujet  d'un 
article  spécial. 

Météores  aériens.  —  Vents.  Les  Vents, 
ou,  pour  les  désigner  par  une  expression  qui 
en  donne  une  idée  fort  exacte,  les  courants 
d'air,  tirent  leur  origine  de  condensations 
et  de  raréfactions  dans  la  masse  de  l'atmo- 
sphère. La  principale  cause  des  Vents  est 
la  distribution  variable  de  la  chaleur  dans 
l'atmosphère,  laquelle  modifie  sans  cesse 
sa  densité,  et  trouble  ainsi  l'équilibre  de 
ses  parties.  La  présence  du  Soleil  agit  à  la 
surface  du  globe,  en  chauffant  et  dilatant 
les  couches  inférieures  de  l'air;  son  action 
calorifique  diminue  considérablement  par 
l'obliquité  de  ses  rayons,  elle  s'accumule 
bien  plus  promptement  sur  les  terres  que 
sur  les  eaux  ;  ainsi  l'existence  des  continents 
et  des  mers,  les  alternatives  du  jour  et  de 
la  nuit,  la  succession  des  saisons,  sont 
donc  des  sources  perpétuelles  de  courants 
atmosphériques. 

Les  Vents  se  divisent  en  Vents  généraux 
ou  constants ,  Vents  périodiques,  et  Venls 
irréguliers  ou  variables.  Ils  se  propagent 
par  impulsion  et  par  aspiration;  dans  le 
premier  cas,  c'est  ce  qui  arrive  au  courant 
d'air  qui  sort  d'un  soufflet  ;  dans  le  second, 
au  contraire,  c'est  ce  qui  a  lieu  au  Vent 
qui  entre  dans  le  soufflet,  lorsque  l'air  y  a 
été  raréfié.  Ce  dernier  mode  n'est  pas  aussi 
rare  qu'on  le  pense.  Une  Éclipse  de  Lune 
donna  occasion  à  Franklin  de  vérifier  ce 
fait.  Avant  le  commencement  de  l'Éclipsé, 
un  violent  Vent  du  nord  se  manifesta  dans 
les  Floridcs  ;  à  Philadelphie,  qui  est  plus  au 
nord,  on  le  ressentit  lorsque  l'Éclipsé  était 
déjà  commencée,  et  enfin  l'Éclipsé  était 
terminée  lorsque  ce  même  Vent  se  fit  sen- 

23 


178 


MET 


MET 


tir  à  Boston,  qui  est  encore  plus  au  nord  que 
les  deux  endroits  que  nous  venons  de  citer. 
Cette  particularité  semble  indiquer  une 
grande  raréfaction  dans  l'atmosphère,  pro- 
duite par  une  subite  précipitation  de  vapeurs. 

Les  Vents  alizés,  ce  vaste  courant  atmo- 
sphérique qui  règne  constamment  dans  les 
voisinages  de  l'équateur,  et  qui  s'étend  de 
chaque  côté  jusqu'au  30e  degré  de  latitude 
boréale  ou  australe,  sont  parfaitement  ex- 
pliqués par  la  théorie  de  Halley  :  Les  rayons 
du  Soleil,  en  dilatant  l'air  dans  le  voisinage 
de  l'équateur,  et  en  l'obligeant  par  consé- 
quent à  s'élever,  produisent  dans  les  régions 
inférieures  de  l'atmosphère  un  courant  qui 
afflue  du  nord  au  sud  vers  l'équateur,  pour 
remplacer  l'air  échauffé  ;  mais  comme  le 
mouvement  de  rotation  de  la  terre  est  con- 
tinuel et  se  dirige  vers  l'est,  il  en  résulte 
que  l'air  qui  vient  des  pôles  ne  paraît  point 
souffler  directement  du  nord  et  du  sud, 
comme  cela  a  lieu  très  réellement,  ce  qui 
donne  aux  Vents  du  nord  l'apparence  d'un 
Vent  qui  vient  du  nord-est,  et  au  Vent  du 
sud  celle  d'un  Vent  de  sud  est.  Les  deux 
courants,  venant  à  se  rencontrer,  se  combi- 
nent, et  réunis  ils  soufflent  directement 
vers  l'ouest  avec  leur  force  accumulée.  Cette 
rencontre  a  lieu  tantôt  au  ilord,  tantôt  au 
sud  de  l'équateur,  par  suite  de  la  marche 
des  saisons  qui  fait  qu'alternativement  les 
deux  hémisphères  sont  inégalement  échauf- 
fés. Telle  est  la  cause  de  ces  Vents  alizés, 
sur  l'influence  desquels  les  marins  comptent 
aussi  sûrement  que  sur  le  retour  du  Soleil. 

Pendant  que  l'air  dense  des  contrées  po- 
laires se  précipite  vers  l'équateur  pour  rem- 
plir le  vide  qui  s'y  forme,  celui  que  l'action 
permanente  du  Soleil  a  dilaté  et  élevé,  doit 
nécessairement  former  dans  les  régions  su- 
périeures de  l'atmosphèreun  contre-courant, 
qui  va  distribuer  sa  chaleur  en  se  dirigeant 
en  sens  inverse  du  premier.  C'est  ce  qui  a 
lieu  en  effet,  et  l'existence  de  ce  phénomène, 
prévu  d'abord  par  le  raisonnement,  a  été 
prouvée  depuis  par  l'observation  :  M.  de 
Ilumboldt  a  reconnu  que  le  sommet  du  pic 
de  Ténériffe  était  constamment  exposé  à  un 
Vent  violent,  soufflant  dans  une  direction 
contraire  à  celle  des  Vents  alizés. 

Les  Vents  périodiques  appelés  moussons, 
ou  Vents  du  commerce,  ont  pour  cause  la 
situation  particulière  du  continent  d'Asie 


au  nord  de  l'équateur.  La  chaleur  s'accu- 
mulant  sur  les  terres  en  bien  plus  grande 
quantité  que  sur  les  mers,  se  manifeste  en 
raison  de  la  révolution  des  saisons,  alter- 
nativement de  l'un  et  de  l'autre  côté  de 
l'équateur.  Le  centre  de  cette  chaleur  en 
été  s'avance  donc  vers  le  nord,  et  vers  le 
sud  en  hiver;  il  en  résulte  que  dans  ces  ré- 
gions qui  sont  sous  l'empire  des  moussons, 
le  Vent  souffle  continuellement  du  sud- 
ouest  depuis  le  mois  d'avril  jusqu'au  mois 
d'octobre,  et  pendant  le  reste  de  l'année  il 
prend  une  direction  opposée.  Le  changement 
de  ces  Vents  périodiques  se  fait  graduelle- 
ment, et  est  ordinairement  accompagné  de 
Tempêtes  et  d'Ouragans. 

La  Brise  de  terre  et  la  Brise  de  mer,  cette 
autre  espèce  de  Vents  périodique,  reçoit  une 
explication  bien  simple.  Lorsque  le  Soleil 
est  descendu  sous  l'horizon  ,  la  terre  et  la 
mer,  que  sa  présence  avait  échauffées ,  per- 
dent leur  calorique  par  voie  de  rayonne- 
ment ;  mais  la  déperdition  éprouvée  par  la 
surface  terrestre  est  beaucoup  plus  rapide 
et  plus  considérable  que  celle  de  la  surface 
liquide.  Les  couches  d'air  qui  reposent  au- 
dessus  de  ces  deux  surfaces  doivent  par 
conséquent  se  refroidir  diversement ,  et 
bientôt  l'air  qui  recouvre  le  sol,  plus  froid 
et  plus  dense  que  celui  de  la  mer,  doit  se 
précipiter  dans  l'espace  que  ce  dernier  oc- 
cupe. C'est  ce  qui  arrive  sur  la  fin  de  la 
nuit,  et  ce  qui  constitue  la  brise  de  terre. 

Mais  quand  le  Soleil  a  reparu  sur  l'ho- 
rizon, ses  rayons  échauffent  bien  plus  rapi- 
dement la  surface  du  sol  que  la  masse  des 
eaux,  et  l'air  qui  enveloppe  l'une  et  l'autre 
doit  s'échauffer  et  se  dilater  bien  davantage 
sur  terre  que  sur  nier.  A  la  fin  du  jour, 
l'air  plus  froid  et  plus  condensé  de  la  mer 
soufflera  vers  la  côte,  et  produira  la  brise 
de  mer.  L'action  de  ces  Vents  légers  tem- 
père le  climat  et  facilite  singulièrement  les 
marins,  soit  pour  s'approcher  ou  s'éloigner 
de  la  terre. 

Dans  les  zones  tempérées ,  où  l'influence 
solaire  est  beaucoup  moins  grande,  les 
Vents  sont  soumis  à  d'autres  causes  que  l'on 
ne  connaît  point  encore  parfaitement.  On 
les  appelle  Vents  irréguliers  ou  variables. 
Ils  soufflent  dans  toutes  les  directions,  et 
notamment  de  l'Ouest.  Il  paraît  certain  que 
plus   on  s'éloigne   de  l'équateur  vers  les 


MET 


MET 


179 


pôles,  plus  l'irrégularité  des  Vents  et  des 
Pluies  est  grande,  sans  que  l'on  puisse  en 
assigner  exactement  la  cause.  Cependant 
on  peut  regarder  comme  une  règle  géné- 
rale, qui  s'applique  à  ces  phénomènes, 
ce  que  nous  avons  dit  des  Vents  généraux. 

Les  violentes  agitations  de  l'air  qui  cons- 
tituent les  Tempêtes,  les  Ouragans,  sont  plus 
communes  sous  les  tropiques  que  dans  nos 
climats.  L'explication  la  plus  satisfaisante 
qu'on  donne  de  ces  phénomènes,  est  celle 
qui  suppose  un  fort  courant  d'air  qui  en 
rencontre  un  autre  soufflant  dans  un  sens 
opposé.  Si  quelque  obstacle  se  trouve  sur 
la  ligne  de  séparation,  il  en  résulte  néces- 
sairement un  tournoiement  ou  tourbillon 
plus  ou  moins  étendu  et  plus  ou  moins 
violent,  qui  pourra  en  même  temps  avoir 
un  mouvement  de  progression,  si  l'un  des 
deux  courants  a  plus  de  vitesse  que  l'autre. 
Dans  les  régions  intertropicales  ces  oura- 
gans sont  quelquefois  épouvantables.  Pour 
en  donner  une  idée,  il  suffit  de  citer  quel- 
ques traits  de  celui  qui  dévasta  la  Guade- 
loupe, le  25  juillet  1825.  Des  maisons  soli- 
dement bâties  furent  renversés.  Le  Vent 
avait  imprimé  aux  tuiles  une  telle  vitesse, 
que  plusieurs  pénétrèrent  dans  des  maga- 
sins à  travers  des  portes.  Une  grille  en  fer 
établie  devant  le  palais  du  gouverneur  fut 
entièrement  rompue.  Trois  canons  de  24  se 
déplacèrent  jusqu'à  l'épaulement  de  la  bat- 
terie qui  les  renfermait.  Ces  faits,  de  la  plus 
grande  authenticité  paraissent  incroyables. 
Cependant,  pour  expliquer  ces  phénomènes, 
il  n'y  a  qu'une  seule  difficulté,  dit  M.  Pouil- 
let,  c'est  celle  de  savoir  comment  l'air  a  pu 
recevoir  dans  l'atmosphère  une  si  prodi- 
gieuse vitesse;  car  cette  vitesse  étant  don- 
née, les  actions  mécaniques  les  plus  éton- 
nantes en  deviennent  des  conséquences  né- 
cessaires. C'est  du  gaz  en  mouvement,  qui 
pousse  le  boulet  hors  du  canon  ;  c'est  aussi 
du  gaz  en  mouvement  qui  lance  dans  les 
airs  des  quartiers  de  roches  lorsqu'une  mine 
fait  explosion. 

Malgré  les  désastres  que  produit  quel- 
quefois l'impétuosité  du  Vent,  il  n'en  est 
pas  moins  un  bienfait  de  la  nature.  C'est 
lui,  en  effet,  qui  entretient  la  pureté  de 
l'atmosphère,  et  qui  nous  amène  les  nuages 
et  la  pluie.  C'est  le  Vent  qui  est  chargé  de 
porter  à  plusieurs  fleurs  le  pollen  qui  doit 


les  féconder,  et  qui  répand  au  loin  les  grai- 
nes d'un  grand  nombre  de  végétaux.  Consi- 
déré comme  force  motrice,  le  Vent  devient 
le  principal  agent  d'une  foule  de  machines 
chez  tous  les  peuples.  Enfin,  malgré  l'ap- 
plication de  la  vapeur,  cette  souveraine  de 
l'industrie  qui  étend  ses  conquêtes  chaque 
jour,  c'est  encore  le  Vent  qui  préside  à  la 
navigation. 

La  vitesse  des  Vents  varie  d'une  manière 
considérable;  le  tableau  suivant,  extrait  de 
Y  Annuaire  du  bureau  des  longitudes,  donn  era 
une  idée  assez  exacte  des  différentes  vi 
tesses. 


Vitesse 

Vitesse  par  heure 

par  seconde 

«-"" — -* —  ' 

en  mètres. 

en  mètres. 

en  lieues. 

— 

— 

— 

o,5  m. 

i,Soo  m. 

o,4o  lieues 

Venta  peine  sensible 

i.o 

3,Goo 

o,S£ 

Vent  sensible. 

2,0 

7,200 

1,62 

Vent  modéré. 

5,5 

ig,8oo 

«,45 

Vent  assez  fort. 

10,  o 

36,ooo 

S, 16 

Vent  fort. 

20, 0 

72,000 

16,20 

Vent  très  fort. 

22,5 

81,000 

17,35 

Tempête. 

2",0 

97,200 

22, o4 

Grande  tempête. 

3G,o 

10M00 

29,33 

Ouragan. 

45,0 

162,000 

36,62 

Ouragan  qui  renverse 
les  édifices  et  les  ar- 
bres. 

La  décomposition  des  substances  végé- 
tales et  animales  altère  souvent  la  pureté  de 
l'air  dans  certains  lieux.  Cette  décomposi- 
tion paraît  être  la  cause  des  Feux  follets  et 
celle  des  miasmes  de  tous  genres  qui  pro- 
duisent la  plupart  des  maladies  pestilen- 
tielles et  épidémiques.  Les  feux  follets,  que 
lessuperstitieux  regardaient  autrefoiscomme 
des  revenants  sortant  du  tombeau  pour  al- 
ler tourmenter  les  vivants ,  se  manifestent 
principalement  dans  les  cimetières,  ce  qui 
aura  pu  donner  du  poids  à  celte  croyance. , 
Ils  se  développent  aussi  dans  les  lieux  ma-[ 
récageux,  sur  le  bord  des  élangs  et  des  ri-'- 
vières.  C'est  une  flamme  légère,  qui  semble 
sortir  de  terre  et  brûle  en  s'agitant,  et  en; 
suivant  différentes  directions.  11  est  aujour- 
d'hui constaté  que  les  feux  follets  sont  pro- 
duits par  le  dégagement  de  gaz  hydrogènes 
phosphores,  provenant  de  la  décomposition 
des  matières  animales,  et  qui  ont  la  pro- 
priété de  s'enflammer  au  contact  de  l'air 
atmosphérique. 

Météores  aqueux.  — En  passant  de  l'état 
liquide  à  l'état  aériforme,  l'eau  acquiert  une 
densité  moindre  que  celle  de  l'air  atmosphé- 


180 


MET 


MET 


rique,  et  s'élève  alors  en  vertu  de  sa  plus 
grande  légèreté.  Cette  vapeur  est  tantôt  in- 
visible et  tantôt  visible.  Dans  le  premier  cas, 
elle  constitue  l'humidité  proprement  dite,  et 
sa  présence  est  accusée  par  l'hygromètre. 
Loin  de  troubler,  en  cet  état,  la  transparence 
de  l'atmosphère,  elle  semble  l'augmenter 
dans  plusieurs  circonstances.  La  vapeur 
passe  à  l'état  visible,  lorsqu'elle  devient 
vapeur  vésiculaire,  c'est-à-dire  qu'elfe  forme 
de  petites  vésicules  creuses  dont  la  pesan- 
teur est  à  peu  près  la  même  que  celle  de 
l'air.  Elle  trouble  alors  la  transparence  de 
ce  gaz  à  cause  des  réfractions  multipliées 
qu'elle  fait  subir  à  la  lumière,  et  demeure 
généralement  en  suspension  pendant  quel- 
que temps  sous  forme  de  Brouillards.  Ceux- 
ci,  à  cause  de  leur  plus  grande  pesanteur 
spécifique,  ont  une  tendance  à  tomber,  et, 
quand  les  couches  inférieures  de  l'atmo- 
sphère sont  à  la  même  température  qu'eux, 
et  saturées  d'humidité,  ils  continuent  de 
descendre  jusqu'à  ce  qu'ils  se  résolvent  en 
pluie  à  la  surface  de  la  terre. 

Lorsque  les  vapeurs  sont  entraînées  à  une 
certaine  élévation  et  qu'elles  planent  à  des 
hauteurs  plus  ou  moins  grandes,  elles  pren- 
nent le  nom  de  Nuages.  Les  nuages  peuvent 
encore  se  former  dans  les  airs  à  la  rencontre 
de  deux  vents  humides  inégalement  chauds  ; 
alors,  en  raison  de  l'équilibre  de  tempéra- 
ture, le  plus  chaud  se  refroidit  ,et  la  vapeur 
se  condense.  Il  existe  souvent  plusieurs 
couches  de  nuages  superposées  les  unes  aux 
autres  et  qui  marchent  quelquefois  dans  des 
directions  opposées.  En  général,  elles  sont 
d'autant  plus  élevées  qu'elles  sont  plus  blan- 
ches. Dans  ce  cas,  elles  affectent  l'aspect 
désigné  sous  le  nom  de  petites  pommelures, 
balayures,  etc.,  tandis  que  les  couches  infé- 
rieures sont  plutôt  en  pommelures  grandes. 
Rien  de  plus  difficile  à  fixer  et  à  décrire  que 
les  nuages:  leurs  formes  et  leurs  couleurs 
varient  sans  cesse,  et  présentent  souvent  les 
figures  les  plus  bizarres.  Cependant  les  cou- 
leurs dominantes  sont  le  blanc,  le  gris  et  le 
noir;  mais  le  matin  et  le  soir,  quand  ils 
sont  à  une  moyenne  hauteur,  les  nuages  ré- 
fléchissent différentes  nuances  et  affectent 
toutes  les  teintes. 

Pluie.  —  Les  vapeurs  suspendues  dans  l'at- 
mosphère sont  le  résultat  de  l'évaporation 
qui  a  lieu  sur  les  terres  et  principalement 


sur  la  vaste  étendue  des  mers.  Leur  quantité 
est  en  proportion  de  la  température,  c'est- 
à-dire  qu'elle  varie  en  raison  du  climat,  des 
saisons  et  de  l'élévation  du  sol.  Ces  vapeurs 
s'élèvent,  forment  des  nuages,  et,  lorsqu'elles 
ont  acquis  certaines  dimensions  et  qu'elles 
ne  peuvent  plus  être  soutenues  dans  l'at- 
mosphère, elles  se  pressent,  se  condensent 
et  se  résolvent  en  pluie,  qui  tombe  tantôt 
légèrement,  sous  le  nom  de  bruine,  tantôt 
avec  plus  ou  moins  d'intensité,  quelquefois 
en  gouttes  très  grosses. 

On  remarque  que  le  nombre  des  jours  de 
pluie  est  en  raison  inverse  de  la  quantité 
qui  tombe.  Il  est  moindre  à  l'équateur  et 
augmente  à  mesure  qu'on  s'en  éloigne.  De 
même  le  nombre  des  jours  de  pluie  est  or- 
dinairement plus  grand  en  hiver  qu'en  été, 
et  cependant  il  tombe  plus  d'eau  dans  cette 
dernière  saison  que  durant  la  première. 

Il  résulte  des  expériences  faites  depuis 
longtemps  à  l'observatoire  de  Paris  que  le 
pluviomètre  placé  à  la  surface  du  sol  reçoit 
une  plus  grande  quantité  de  pluie  que  celui 
placé  sur  la  plate-forme  du  bâtiment,  qui  a 
28  mètres  de  hauteur.  Cette  différence,  qui 
est  environ  d'un  neuvième,  n'est  pas  l'effet 
du  hasard,  puisqu'elle  a  lieu  chaque  année. 
On  explique  cette  particularité  remarquable 
en  admettant  que  les  gouttes  s'accroissent 
aux  dépens  de  l'humidité  de  l'air  en  traver- 
sant ses  couches  inférieures  toujours  plus 
saturées  d'humidité  et  souvent  chargées  da 
brouillards. 

Les  vapeurs  qui  produisent  la  pluie  se 
congèlent  pendant  l'hiver  dans  l'atmosphère 
et  produisent  la  Neige,  qui  tombe  généra- 
lement, par  un  temps  calme,  sous  la  forme 
symétrique  d'étoiles  à  six  rayons,  tantôt  ra- 
mifiés, tantôt  sans  ramifications.  Passagère 
sur  la  plus  grande  partie  du  globe,  la  neige 
couvre  de  ses  flocons  éternels  le  sommet 
des  hautes  montagnes  ,  où  quelquefois  elle 
prend  une  teinte  rouge.  Plusieurs  natura- 
listes ont  constaté  que  ces  globules  de  ma- 
tière colorante  sont  de  petits  cryptogames 
du  genre  Uredo  dont  la  neige  est  le  sol  na- 
turel ,  et  que  pour  cette  cause  on  appelle 
Uredo  nivalis. 

Dans  les  années  où  la  neige  a  longtemps 
couvert  le  sol,  les  fontaines  sont  plus  abon- 
dantes ,  les  récoltes  sont  plus  sûres.  En  ef- 
fet ,  la  neige  trempe  les  terres  plus  que  les 


MET 


MET 


181 


pluies  ;  elle  empêche  la  gelée  de  pénétrer  pro- 
fondément dans  le  sol  qu'elle  recouvre.  Ce 
résultat  est  dû  à  son  faible  pouvoir  conduc- 
teur, d'où  il  résulte  que  non  seulement  elle 
s'oppose  au  passage  du  froid  atmosphérique 
dans  le  sol,  mais  qu'elle  empêche  aussi  la 
déperdition  de  la  chaleur  terrestre  occasion- 
née par  le  rayonnement  vers  l'espace. 

De  tous  les  Météores  aqueux,  la  Grêle  est 
le  plus  terrible  et  le  moins  connu.  Elle  se 
présente  toujours  en  grêlons  de  glace  ar- 
rondis par  le  frottement.  Ces  grêlons  sont 
le  plus  souvent  composés  de  couches  con^ 
centriques;  quelquefois  ils  présentent  la 
forme  de  cristaux  dont  les  angles  ont  été 
émoussés.  La  théorie  du  célèbre  Volta  tend 
à  démontrer  que  l'électricité  forme  ce  mé- 
téore, que  les  grêlons  sont  successivement 
attirés  et  repoussés  un  certain  nombre  de 
fois  par  divers  nuages  chargés  d'électricités 
contraires.  Leurs  couches  concentriques  sem- 
blent, en  effet,  indiquer  qu'ils  sont  formés 
par  une  suite  de  mouillages  et  de  congéla- 
tions successives;  lorsque  leur  poids  l'em- 
porte sur  l'énergie  électrique  des  nuages,  les 
grêlons  se  précipitent  vers  la  terre  en  faisant 
un  bruit  particulier  qui  ressemble  assez  à 
celui  que  produit  un  sac  de  noix  qu'on  vide. 
La  grêle  précède  ordinairement  les  pluies 
d'orage;  elle  les  accompagne  quelquefois, 
presque  jamais  elle  ne  les  suit.  Les  nuages 
chargés  de  grêle  semblent  avoir  beaucoup 
de  profondeur,  et  se  distinguent  des  autres 
nuages  orageux  par  une  nuance  cendrée  re- 
marquable. Ils  sont  généralement  peu  éle- 
vés. Aux  approches  de  la  grêle,  l'électro- 
mètre  indique  que  l'électricité  change  très 
fréquemment  d'intensité  et  de  nature.  La 
grêle  est  plus  fréquente  pendant  l'été  que 
pendant  les  autres  saisons.  Elle  se  manifeste 
plus  souvent  dans  les  zones  tempérées  que 
sous  les  pôles  et  i'équateur.  Voy.  grêle. 

On  donne  le  nom  de  Grésil  à  la  petite 
grêle  peu  consistante  dont  la  surface  paraît 
comme  saupoudrée  de  farine.  C'est  une  es- 
pèce d'intermédiaire  entre  la  grêle  propre- 
ment dite  et  la  neige.  Le  grésil  se  montre  le 
plus  ordinairement  au  printemps  pendant 
les  orages  passagers  et  peu  intenses.  Voy. 

GRÉSIL. 

Le  serein  est  une  petite  pluie  fine  qui 
tombe  quelquefois  pendant  l'été  ,  au  cou- 
cher du   soleil ,  sans  qu'on  aperçoive   le 


moindre  nuage  au  ciel.  Au  premier  abord, 
une  pluie  sans  nuages  paraît  chose  extraor- 
dinaire. Il  suffit  cependant  de  réfléchir  un 
instant  pour  en  découvrir  la  cause  et  la  pos- 
sibilité. En  effet ,  pendant  la  chaleur  de  la 
journée,  tous  les  corps  humides  fournissent 
une  grande  quantité  de  vapeur  aqueuse  qui 
se  répand  dans  l'atmosphère.  Or,  il  arrive 
que  la  température,  qui  était  dans  la  jour- 
née à  20  ou  22°,  baisse  au  coucher  du  so- 
leil à  14  ou  15°.  La  température  n'étant 
plus  alors  assez  élevée  pour  maintenir  à  l'é- 
tat de  vapeur  l'eau  que  contient  l'atmo- 
sphère, une  partie  devra  nécessairement  se 
condenser  et  retomber  sur  le  sol. 

On  donne  le  nom  de  Rosée  à  cette  innom- 
brable quantité  de  gouttelettes  d'eau  que 
l'on  rencontre  partout  ,  surtout  sur  les 
plantes,  avant  le  lever  du  soleil.  Dans  cer- 
tains pays  secs,  la  rosée  est  assez  abondante 
pour  suppléer  à  la  pluie  et  entretenir  la 
verdure.  On  doit  au  docteur  Wells  la  théo- 
rie qui  rend  parfaitement  compte  de  ce  mé- 
téore. Pendant  les  belles  nuits  d'été,  la 
température  des  corps  diminue  beaucoup 
par  le  rayonnement  du  calorique  qu'ils 
avaient  accumulé  durant  le  jour.  La  couche 
d'air  qui  repose  sur  ces  corps  refroidis  se 
condense  et  dépose  en  gouttelettes  une  par- 
tie de  l'eau  qu'elle  tenait  en  dissolution. 
Le  pouvoir  rayonnant  n'étant  pas  le  même 
pour  tous  les  corps ,  le  refroidissement  doit 
être  inégal  ,  et  tandis  que  les  uns  offrent  à 
peine  1  ou  2  degrés  au-dessous  de  l'air,  il 
en  est  d'autres  qui  tombent  à  8  et  même  à 
10  degrés  plus  bas.  C'est  à  cause  de  cela 
que  l'on  voit  la  rosée  plus  abondante  sur 
tel  corps  que  sur  tel  autre.  Il  est  évident, 
en  effet,  que  le  corps  le  plus  froid  devra 
condenser  une  plus  grande  quantité  d'hu- 
midité que  celui  qui  le  sera  moins.  Ce  mé- 
téore n'a  point  lieu  s'il  se  trouve  des  corps 
interposés  entre  la  terre  et  les  parties  supé- 
rieures de  l'atmosphère  ,  car  alors  la  perte 
du  calorique  par  voie  de  rayonnement  étant 
à  peu  près  nulle,  la  température  n'en  sera 
pas  sensiblement  altérée.  C'est  ainsi  que  les 
nuages  empêchent  la  formation  de  la  rosée. 
Le  vent  peut  produire  aussi  le  même  résultat 
en  apportant  sur  les  corps  refroidis  de  nou- 
velles couches  aériennes  plus  chaudes  et  qui 
rétablissent  la  température. 

Plusieurs  expériences  viennent  confirmer 


182 


MET 


cette  explication  de  la  rosée.  On  sait  que  les 
métaux  ne  jouissent  pas  au  même  degré  que 
les  autres  corps  de  la  propriété  d'émettre 
leur  calorique  ;  c'esten  raison  de  leur  grande 
conductibilité   et   de   la   faiblesse   de  leur 
rayonnement  que  l'or,  l'argent,  le  cuivre 
se  refroidissent  peu,  et  consëquemment  ne 
se  chargent  point  de  rosée.  Les  végétaux , 
au  contraire,  ont  un  pouvoir  rayonnant  très 
fort  :  aussi  la  rosée   se   dépose-telle  plus 
abondamment  sur  les  plantes.  Ainsi  ,  d'a- 
près ce  qui  précède  ,  on  est  en  droit  de  con- 
clure que  les  corps  qui  se  refroidissent  da- 
vantage sontaussi  ceux  sur  lesquels  sedépose 
une  plus  grande  quantité  de  rosée.  Mainte- 
nant on  conçoit  facilement  que  si ,  après  la 
condensation  de  l'humidité  en  gouttelettes , 
la  température  descend  jusqu'à  0e,  alors  la 
rosée  se  congèle  et  devient  gelée  blanche. 
C'est  ce  qui  a  lieu  durant  ies  belles  nuits 
du   printemps  et  de  l'automne  ,  quand  le 
ciel   est    serein  ,    circonstance    nécessaire , 
comme  nous  avons  vu,  au  rayonnement  vers 
l'espace.  Cette  ingénieuse  théorie  explique 
complètement  aussi  l'utilité  des  abris  que 
les  jardiniers  placent  au-dessus  ou  au-devant 
des  plantes  délicates,  et  qui ,  quoique  très 
légers,  suffisent  pour  les  garantir  des  gelées 
blanches  en  les  préservant  de  la  déperdition 
de  leur  calorique. 

Météores  électriques.  Le  premier  de  ces 
Météores  qui  s'offre  à  notre  esprit  est  le 
tonnerre.  Ce  terrible  phénomène,  longtemps 
inexplicable  ,  ne  présente  plus  aujourd'hui 
de  mystère.  Le  tonnerre  n'est  autre  chose 
qu'une  forte  décharge  d'électricité.  Nous 
renvoyons  le  lecteur  désireux  d'en  connaître 
les  causes  et  les  effets  à  l'article  foudre  , 
traité  par  le  savant  physicien  M.  Peltier  ; 
nous  dirons  ici  seulementquelques  mots  sur 
l'invention  remarquable  à  laquelle  ce  phé- 
nomène a  donné  lieu  ,  et  que  l'on  doit  à 
Franklin,  le  paratonnerre. 

On  sait  que  ces  conducteurs  métalliques 
convenablement  disposés  méritent  un  degré 
de  confiance  qui  ne  laisse  presque  aucune 
place  à  la  crainte.  Les  paratonnerres  se 
composent  d'une  tige  métallique  pointue  qui 
8' élève  dans  les  airs  et  d'un  conducteur  de 
même  matière  qui  descend  de  l'extrémité 
inférieure  de  la  tige  jusqu'au  sol.  Les  con- 
ditions nécessaires  pour  qu'ils  puissent  pro- 
duire leur  effet  sont  :  1°  que  la  pointe  de  la 


MET 

tige  soit  bien  aiguë  ;  2°  que  le  conducteur 
communique  parfaitement  au  sol  ;  3°  que 
depuis  la  pointe  jusqu'à  l'extrémité  infé- 
rieure du  conducteur  il  n'y  ait  aucune  so- 
lution de  continuité  ;  4°  enfin  que  toutes 
les  parties  de  l'appareil  aient  des  dimen- 
sions convenables. 

Non  seulement  la  foudre  ne  peut  pas 
tomber  sur  un  paratonnerre,  mais  elle  ne 
peut  pas  non  plus  tomber  autour  de  lui  jus- 
qu'à une  certaine  distance.  Le  fluide  qui 
sort  en  abondance  par  la  pointe  du  para- 
tonnerre se  répand  dans  l'air  environnant, 
et,  emporté  par  la  force  d'attraction  que  le 
nuage  orageux  exerce  sur  lui ,  il  arrive  au 
nuage  lui-même  et  neutralise  en  partie  l'é- 
lectricité contraire  dont  il  est  chargé.  Ainsi, 
dès  qu'un  nuage  orageux  se  trouve  assez 
près  du  paratonnerre  pour  agir,  par  in- 
fluence ,  sur  lui  et  sur  les  corps  conducteurs 
qui  en  sont  voisins,  sa  puissance  est  à  l'in- 
stant diminuée  par  l'arrivée  du  fluide  con- 
traire qui  sort  en  plus  grande  abondance  de 
la  tige.  A  mesure  qu'il  approche  ,  sa  puis- 
sance décomposante  devient  plus  énergique, 
mais  en  même  temps  il  reçoit  de  la  tige  une 
plus  grande  quantité  d'électricité  contraire. 
Un  paratonnerre  est  donc  une  arme  qui  de- 
vient plus  efficace  à  mesure  que  le  danger 
devient  plus  pressant.  L'expérience  a  fait 
connaître  qu'une  tige  de  27  pieds  protège 
tout  ce  qui  est  autour  d'elle  dans  un  cercle 
de  20  mètres  de  rayon. 

Le  Feu  Sainl-Elme  est  une  flamme  de 
belle  couleur  violette;  il  se  manifeste  parti- 
culièrement sur  mer,  pendant  les  tempêtes, 
et  parcourt ,  en  voltigeant,  les  différentes 
extrémités  des  vergues  et  des  mâts.  Ce  mé- 
téore est  dû  au  fluide  électrique  qui  se  dé- 
gage par  les  pointes.  On  sait  que  ces  der- 
nières ont  la  propriété  d'attirer  et  de  dégager 
le  fluide  :  on  assure  que  quand  ce  phéno-< 
mène  a  lieu ,  on  entend  la  décrépitation  de 
l'étincelle  électrique. 

Les  Trombes  sont  beaucoup  plus  fré- 
quentes sur  mer  que  sur  terre.  Ce  météore 
est  encore  incomplètement  expliqué;  tout 
ce  qu'on  sait,  c'est  qu'il  est  dû  à  une  co- 
lonne d'air  qui  tourbillonne  sur  elle-même 
avec  une  grande  rapidité.  Il  se  présente  sur 
mer  sous  la  forme  d'un  nuage  qui  affecte 
celle  d'un  cône  dont  la  base  est  attachée  aux 
nuages.  Une  colonne  d'eau  s'élève  dans  ce 


MET 


MET 


183 


cône  renversé,  et  retombe  quelquefois  en 
assez  grande  abondance  pour  submerger  un 
navire.  Au  moment  où  la  colonne  d'air  s'a- 
gite pour  former  la  trombe,  si  un  navire  se 
trouve  au  milieu  du  courant  qu'elle  pro- 
duit, elle  le  fait  pirouetter  sur  lui-même 
en  tortillant  ses  voiles  et  quelquefois  en  bri- 
sant ses  mâts.  L'électricité  paraît  jouer  un 
rôle  important  dans  le  développement  de  ce 
phénomène;  on  y  observe  quelquefois  les 
sillons  de  la  foudre,  et  au  moment  où  la 
trombe  se  rompt  elle  produit  une  grêle  abon- 
dante. Les  effets  de  ce  météore  sont  si  vio- 
lents, que  lorsque  les  marins  ne  peuvent 
s'en  écarter  ils  font  tous  leurs  efforts  pour 
la  rompre  à  coups  de  canon. 

Les  trombes  sur  terre  se  développent  avec 
tant  de  violence,  qu'elles  renversent  les 
maisons,  arrachent  les  arbres,  et  exercent 
un  ravage  épouvantable.  Quelquefois  elles 
communiquent  l'incendie  ,  comme  il  est  ar- 
rivé, en  1845,  à  Montville  (département 
de  la  Seine-Inférieure) ,  où  de  grands  édi- 
fices ont  été  complètement  détruits  par  le 
feu.  De  toutes  les  conjectures  vagues  et  ha- 
sardées que  l'on  peut  faire  sur  l'origine  de 
ce  redoutable  météore  ,  la  moins  invraisem- 
blable est  celle  qui  la  regarde  comme  un 
tourbillon  d'une  excessive  intensité,  et  au- 
quel l'électricité  ne  paraît  point  étrangère. 

Météores  magnétiques.  Le  magnétisme  ter- 
restre donne  naissance  à  un  grand  nombre 
de  phénomènes  étroitement  liés  avec  la 
science  qui  nous  occupe.  On  sait  que  la  rîe- 
clinaison  de  l'aiguille  aimantée  est  l'angle 
formé  par  la  ligne  nord  et  sud  de  la  bous- 
sole, avec  la  ligne  nord  et  sud  du  monde. 
Elle  varie  selon  les  temps  et  les  lieux  ;  elle 
éprouve  aussi  des  variations  journalières.  Il 
existe  toujours  quelque  part  sur  le  globe  des 
lignes  sans  déclinaisons.  V inclinaison  est 
donnée  par  un  barreau  aimanté  suspendu 
par  son  centre  de  gravité.  Elle  n'est  pas 
plus  constante  que  la  déclinaison  ;  il  y  a  des 
lieux  où  elle  est  nulle,  et  ces  lieux  sont 
dans  le  voisinage  de  l'équateur ,  tantôt 
un  peu  au  nord,  tantôt  un  peu  au  sud 
de  cette  ligne;  ils  forment  ce  qu'on  appelle 
l'équateur  magnétique,  dont  la  ligne  irré- 
gulière fait  le  tour  de  la  terre  en  restant 
toujours  dans  la  zone  équatoriale.  Voy.  ma- 
gnétisme. 

Le  principal  phénomène  magnétique  ap- 


partenant à  la  Météorologie  est  V Aurore  bo- 
réale, phénomène  qui  a  déjà  été  décrit  avec 
développement,  dans  ce  Dictionnaire,  aux 
articles  aurore  boréale  et  lumière.  Voy.  ces 
mots. 

Météore  luminedx.  Ces  météores,  compre- 
nant la  Réfraction,  le  Mirage,  V Arc-en-ciel, 
ayant  tous  été  traités  d'une  manière  complète, 
par  îe  savant  M.  Becquerel,  à  l'article  lu- 
mière ,  nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de 
renvoyer  encore  à  cet  important  article. 

L'exposé  succinct  et  rapide  que  nous  ve- 
nons de  faire  des  principaux  éléments  de  la 
Météorologie  montre  combien  cette  science 
est  fertile  en  applications.  Il  montre  aussi, 
dans  bien  des  circonstances ,  l'incertitude 
de  ses  principes,  non  pas  pour  l'explication 
des  phénomènes ,  mais  pour  la  prévision  des 
cas  donnés  dans  lesquels  ils  doivent  se  re- 
produire. Cette  partie  de  la  science  est  en- 
core presque  entièrement  empirique.  Toute- 
fois il  est  certain  que  les  gens  de  la  cam- 
pagne, habitués  à  passer  en  plein  air  une 
grande  partie  de  la  journée,  ont  acquis  un 
tact  qui  les  trompe  rarement  dans  la  pré- 
diction des  variations  atmosphériques.  En 
effet,  il  leur  suffit  de  voir  la  marche  des 
nuages  et  des  vents,  d'examiner  l'état  des 
plantes  ,  d'entendre  le  cri  de  quelques  ani- 
maux, pour  annoncer  à  l'avance,  et  sou- 
vent avec  beaucoup  de  précision  ,  le  chan- 
gement du  temps. 

Dans  l'e'tat  actuel  des  sciences  physiques, 
les  nombreuses  observations  peuvent  seules 
nous  guider  dans  la  recherche  des  résultats 
appliqués  à  l'agriculture.  Tout  porte  à  croire 
qu'une  vaste  correspondance  météorolo- 
gique ,  régulièrement  suivie  sur  une  grande 
partie  du  globe,  nous  conduirait  à  d'impor- 
tants résultats,  et  permettrait  de  constituer 
la  Météorologie  sur  des  bases  inébranlables. 

(C.  n'O.) 

*METEORUS.  ins. —Genre  de  la  tribu 
des  Ichneumoniens,  famille  des  Braconides, 
de  l'ordre  des  Hyménoptères ,  établi  par 
M.  Haliday  (Entom.  Magazine),  et  adopté 
par  nous  (Histoire  des  Insectes).  Ce  genre  est 
caractérisé  par  un  abdomen  dont  le  premier 
segment  est  rétréci  en  un  long  pédoncule; 
la  tarière  saillante,  les  ailes  pourvues  de 
trois  cellules  cubitales.  Le  type  du  genre  est 
le  M.  pendulalor  {Ichneurnon  pendulator 
Latr.)  (Bl.) 


184 


MET 


MET 


METÏTOCA.  ins.  —  Genre  de  la  famille 
des  Mutellides,  tribu  des  Sphégiens,  de  l'or- 
dre des  Hyménoptères,  établi  parLatreille  et 
adopté  par  tous  les  entomologistes.  Les  Mé- 
thoques  ont  des  antennes  filiformes,  un  peu 
épaissies  à  l'extrémité  dans  la  femelle,  des 
mandibules  bidentées,  etc.  Le  genre  Melhoca 
fut  établi  sur  la  connaissance  seule  des  fe- 
melles ;  les  mâles,  qu'on  n'avait  pas  su  y  rap- 
porter, étaient  placés  dans  un  genre  parti- 
culier désigné  sous  le  nom  de  Tengyra.  C'est 
seulement  dans  ces  derniers  temps  que  les 
entomologistes  ont  reconnu  cette  erreur.  Le 
type  de  ce  genre  qui  habite  notre  pays  est  la 
Methoca  ichneumonoides  Lat.  Le  nom  de  Ten- 
gyra sansitali,  appliqué  au  mâle  par  Latreille, 
doit  être  considéré  comme  synonyme.  Voy. 

MUTELLIDES  et  Surtout  SPHZGIENS.  (Bl.) 

MÉTHOCAMPE.  ins.  —  Pour  métro- 
campe.  Voy.  ce  mot. 

MÉTHODE,  zool.  ,  bot.— On  a  donné  aux 
différentes  classifications  d'histoire  naturelle 
les  noms  de  systèmes  et  de  méthodes.  Il  est 
difficile  d'établir  nettement  la  distinction 
entre  les  uns  et  les  autres.  On  définit,  il  est 
vrai,  ordinairement  les  premiers  comme 
n'employant  que  des  caractères  très  exclusi- 
vement d'un  seul  organe ,  les  secondes  comme 
se  servant  à  la  fois  de  plusieurs  organes  ;  et, 
comme  toute  classification  qui  cherche  à  se 
rapprocher  de  la  nature  doit  s'appuyer  sur  la 
comparaison  de  tous  les  organes  à  la  fois,  on 
a  généralement  accolé  au  mot  de  Méthode 
l'épithète  de  naturelle.  Cependant  l'étude  de 
la  plupart  des  systèmes  nous  les  montre  tou- 
jours fondés  sur  l'emploi  de  plusieurs  orga- 
nes, aussi  bien  que  les  Méthodes;  et,  d'une 
autre  part,  celles-ci  en  font  généralement 
prévaloir  un  sur  les  autres.  Si  l'on  recourait 
à  l'étymologie,  la  distinction  ne  deviendrait 
pas  plus  claire  ou  plutôt  le  sens  attaché  au- 
jourd'hui à  ces  deux  mots  sérail  interverti, 
puisque  système  veut  dire,  en  grec,  arran- 
gement; Méthode,  route  pour  arriver  à  un 
but  :  or,  en  se  rapportant  à  ces  définitions, 
une  classification  artificielle  qui,  en  général, 
se  propose  d'arriver  par  le  plus  court  et  le  plus 
sûr  chemin  à  la  connaissance  des  noms  des 
plantes  et  des  animaux,  serait  une  Méthode. 
Aussi  voyons-nous  les  deux  mots  employés 
souvent  dans  un  sens  contraire  à  celui  qu'on 
est  accoutumé  de  leur  donner  ;  la  Méthode  di- 
chotomique de  Lamarck,  par  exemple,  est  un 


moyen  artificiel  de  déterminer  les  noms  des 
plantes ,  avancé  et  proposé  comme  tel  par 
l'auteur;  et,  d'un  autre  côté,  De  Candolie, 
dans  son  grand  ouvrage, présente  les  plantes 
comme  rangées  suivant  le  système  naturel. 
Nous  pensons  donc  ne  pas  devoir  exposer  ici 
les  principes  de  la  classification  naturelle,  et 
nous  renvoyons  à  l'article  taxonomif.  ,  où 
nous  chercherons  à  les  présenter  en  faisant 
connaître  les  principaux  essais  tentés  jus- 
qu'ici, ainsi  que  les  divers  systèmes  qui  ont 
eu  le  plus  d'influence  sur  la  marche  de  la 
science  et  dont  la  connaissance  est  nécessaire 
pour  l'intelligence  du  plus  grand  nombre  des 
ouvrages  de  botanique  et  de  zoologie.  (Ad.  J.) 
MÉTHODIQUE.  Methonica,  Hermann. 
bot.  pu.  —  Genre  de  plantes  de  la  famille 
des  Liliacées,  tribu  des  Tulipacées,  de  l'hex- 
andrie  monogynie,  dans  le  système  de 
Linné.  Linné  avaitchangé  son  nom  en  celui 
de  Gloriosa ,  que  les  botanistes  modernes 
ont  abandonné,  à  l'exemple  de  Jussieu, 
pour  reprendre  celui  de  Methonica,  plus 
ancien  et  d'ailleurs  plus  conforme  aux  rè- 
gles de  la  glossologie  botanique.  Ce  genre 
remarquable  ne  comprend  encore  que  trois 
espèces  indigènes  des  parties  tropicales  de 
l'Asie  et  de  l'Afrique  ;  mais  ces  plantes  , 
surtout  la  plus  connue  d'entre  elles,  sont 
si  remarquables  par  leur  beauté,  que  les 
botanistes  ont  épuisé  pour  elles  toutes  les 
formules  de  l'admiration.  Ce  sont  des  plan- 
tes à  racine  bulbeuse  ,  à  tige  grimpante  et 
rameuse  ,  à  feuilles  éparses ,  ou  opposées , 
verticillées  par  trois  ,  se  prolongeant  à 
leur  sommet  en  une  véritable  vrille,  et  qui 
s'enroule  autour  des  corps  voisins;  leurs 
fleurs  solitaires  sont  portées  sur  de  larges 
pédoncules  extra-axillaires  et  presque  oppo- 
sitifoliés.  Elles  se  composent  d'un  périanthe 
à  six  parties  distinctes,  ondulées  sur  leurs 
bords,  égales  entre  elles  et  réfléchies  ;  de  six 
étamines  à  longs  filaments  très  étalés  et 
déjetés  presque  perpendiculairement  à  l'axe 
de  la  fleur  ;  d'un  pistil  à  style  droit ,  déjeté 
dès  sa  base ,  perpendiculairement  à  Taxe  de 
l'ovaire ,  terminé  par  un  stigmate  trifide.  A 
ces  fleurs  succède  une  capsule  presque  glo-w 
buleuse-turbinée,  qui  renferme  des  graines 
nombreuses,  bisériées  dans  chaque  loge , 
rouges,  revêtues  d'un  tégument  charnu- 
spongieux. 

L'espèce  la  plus  anciennement  connue  do 


MET 


MET 


185 


ce  genre  est  la  Méthonique  superbe,  Me- 
thonica  superba  Lamk.  (Gloriosa  superba 
Lin.),  vulgairement  connue  dans  les  jardins 
sous  \e  nom  de  Superbe  du  Malabar.  C'est  une 
très  belle  plante  qui  croît  spontanément  dans 
le  Malabar,  à  Ceylan  et  dans  le  Népaul.  Sa 
racine  est  bulbeuse,  grosse;  sa  tige,  cylin- 
drique et  grêle,  s'élève  jusqu'à  2  mètres  de 
hauteur,  et  donne  vers  sa  partie  supérieure 
un  petit  nombre  de  rameaux  étalés  ou  pen- 
dants; ses  feuilles  sont  sessiles ,  très  ouver- 
tes ,  les  inférieures  oblongues  lancéolées,  les 
supérieures  proportionnellement  plus  cour- 
tes, marquées  de  nervures  longitudinales; 
elles  se  prolongent  au  sommet  en  une  vrille 
à  l'aide  de  laquelle  la  plante  s'attache  aux 
objets  voisins  et  se  soutient  malgré  sa  fai- 
blesse. Ce  prolongement  de  la  lame  même 
des  feuilles  en  vrille  est  un  fait  très  curieux 
et  fort  rare  dans  le  règne  végétal.  Ses  fleurs 
sont  penchées  et  solitaires  sur  de  longs  pé- 
doncules extra-axillaires,  dans  la  partie  su- 
périeure de  la  plante;  les  folioles  de  leur 
périanthe  sont  lancéolées,  élégamment  on- 
dulées, et  relevées  de  manière  à  se  toucher 
par  leur  extrémité;  leur  couleur  passe  par 
des  modifications  remarquables;  d'abord 
jaunes  dans  le  bas,  d'un  beau  rouge  vers 
le  haut,  elles  finissent  par  prendre  cette 
dernière  couleur  dans  presque  toute  leur 
étendue.  On  cultive  cette  belle  plante  en 
serre  chaude,  et  pour  l'amener  à  fleurir, 
on  enterre  son  pot  dans  la  tannée  au  prin- 
temps. Ses  fleurs  se  développent  alors  en 
été.  Après  la  floraison,  on  retire  ses  racines 
de  terre  pour  les  replanter  l'année  suivante. 
On  la  multiplie  par  cayeux.  (P.  D.) 

*M£THORlUM.  bot.  ph.  —Genre  de  la 
famille  des  Sterculiacées-Ilélictérées ,  établi 
par  Schott  et  Endlicher  (Melet.  bot.,  29,  t. 
'  V).  Arbrisseaux  de   la   Nouvelle-Hollande 
!  tropicale.  Voy.  sterculiagées. 
j      *MÉTHYLÈNE  (  ^Q-n  ,  vin  ;  ZU ,  bois  ). 
chim.  —  Ce  Composé  binaire  d'hydrogène 
et  de  carbone,  C'H4,  dont  nous  avons  eu  oc- 
casion de  parler  au  mot  hydrogène  ,  est  le 
radical  admis  de  VEsprit  de  bois,  corps  ana- 
logue à  l' Alcool  (voy.  ce  mot),  et  qui  sera 
réellement  le  sujet  de  cet  article. 

Parmi  les  produits  nombreux  et  remar- 
quables de  la  distillation  du  bois,  il  en  est 
un  que  l'on  a  successivement  désigné  sous 
les  noms  d'Élher  pyroligneuxt  d'Esprit  py- 

T.  VIII. 


roxylique  et,  enfin,  d'Esprit  debois,  et  au- 
quel MM.  les  professeurs  Dumas  et  Péligot 
ont  reconnu  tous  les  caractères  d'un  vé- 
ritable alcool ,  isomorphe  avec  l'Alcool  ordi- 
naire. 

L'Esprit  de  bois  se  trouve  en  dissolution 
dans  la  partie  aqueuse  du  produit  de  la  dis- 
tillation du  bois;  c'est  donc  dans  les  pre- 
miers produits  de  cette  distillation  qu'il  faut 
le  chercher.  Il  fut  découvert  en  1812  par 
PhilippsTaylor,  qui  ne  publia  cependant  ses 
observations  qu'en  1822. 

Obtenu  pur  par  une  série  d'opérations  que 
nous  n'avons  point  à  décrire  ici,  l'Esprit  de 
bois  est  un  liquide  très  fluide,  incolore,  d'une 
odeur  particulière,  tout  à  la  fois  alcoolique, 
aromatique  et  mêlée  de  celle  d'Éther  acéti- 
que; il  brûle  avec  une  flamme  semblable  à 
celle  de  l'Alcool;  il  bout  à  -{-  66°  5  sous  la 
pression  de0,761  ;  sa  tension  estfortgrande; 
sa  densité  égale  =  0,798  à  la  température 
de  -}-  20°;  elle  est  donc  sensiblement  la 
même  que  celle  de  l'Alcool  pur;  la  densité 
de  sa  vapeur  est  égale  à  1,120. 

Il  résulte  des  analyses  faites  par  les  savants 
cités  plus  haut  que  l'Esprit  de  bois  est  com- 
posé de  4  atomes  de  Carbone  ou  bien  37,97, 
8  atomes  d'Hydrogène  ou  12,40,  2  atomes 
d'Oxygène  ou  49,63,  sa  composition  pouvant 
donc  être  représentée  par  CliH4-f-2  H2  0, 
c'est-à-dire  1  atome  de  Méthylène  et  2  ato- 
mes d'eau.  L'Esprit  de  bois  peut  être  consi- 
déré comme  un  bi-hydrate  de  Méthylène,  de 
même  que  l'Alcool  est  un  bi-hydrate  d'Hy- 
drogène bicarborné  CSH8  -|-  2  H2  0. 

L'Esprit  de  bois  se  conserve  sans  altéra- 
tion au  contact  de  l'air;  mais,  si  on  en  met 
la  vapeur  en  contact  avec  l'air  et  le  noir  de 
platine  (platine  très  divisé),  il  se  forme,  avec 
beaucoup  de  chaleur  ,  de  l'acide  formique. 
L'Alcool,  dans  les  mêmes  circonstances,  pro- 
duit de  l'acide  acétique. 

L'Esprit  de  bois  se  comporte  avec  les  dif- 
férents corps  simples  et  composés  à  la  ma- 
nière de  l'Alcool;  comme  l'Alcool  aussi,  il 
donne  lieu  à  une  série  de  composés  analogues 
aux  Éthers  du  deuxième  genre  ;  quand  on  le 
traite  par  les  acides  hydrogénés,  il  donne 
lieu  à  de  véritables  sels  neutres  correspon- 
dant aux  Éthers  de  troisième  genre;  enfin  , 
il  produit  des  composés  acides  analogues  à 
l'acide  sulfovinique,  quand  il  est  soumis  à  la 
réaction  des  oxacides. 

24 


186 


MET 


On  observe  un  phénomène  remarquable 
lorsque  Ton  traite  l'Esprit  de  bois  par  l'acide 
sulfurique;  il  se  produit  vers  la  fin  de  l'o- 
pération un  gaz  qui  n'est  point  acide,  qui  se 
dissout  complètement  dans  l'eau,  qui  pos- 
sède une  odeur  éthérée  et  qui  brûle  avec 
une  flamme  semblable  à  celle  de  l'Alcool;  ce 
gaz,  que  l'on  a  reconnu  être  un  hydrate  de 
Méthylène,  et  qui  est  à  l'Esprit  de  bois  ce 
que  YÉther  ordinaire  est  à  l'Alcool,  ce  gaz 
présente  un  exemple  d'isomérie  des  plus  cu- 
rieux, car  il  a  exactement  la  même  composi- 
tion que  l'Alcool,  et  il  a  la  même  densité  que 
la  vapeur  alcoolique  ;  ainsi,  dans  l'un  et  l'au- 
tre corps,  Hydrate  de  Méthylène  et  Alcool, 
le  nombre  et  la  condensation  des  atomes 
sont  semblables,  mais  les  propriétés  sont 
toutes  différentes;  il  faut  donc  nécessaire- 
ment admettre  que  ,  dans  les  deux  ,  l'ar- 
rangement de  ces  mêmes  atomes  n'est  pas  le 
même. 

L'Esprit  de  bois  agit  comme  dissolvant 
sur  les  sels,  de  même  que  l'alcool  ;  quand  on 
Je  traite  à  la  manière  de  ce  dernier  pour 
préparer  V Argent  fulminant,  on  obtient  ce 
produit,  mais  en  moins  grande  quantité  et 
avec  moins  de  réaction. 

L'Esprit  de  bois  dissout  parfaitement  les 
résines,  et,  comme  il  est  plus  volatil  que  l'Al- 
cool, son  emploi  dans  la  fabrication  des  ver- 
nis sera  sans  doute  substitué  avec  avantage 
à  ce  dernier,  qui,  souvent,  est  d'un  prix 
élevé. 

Comme  dissolvant,  l'Esprit  de  bois  est 
moins  apte  que  l'Alcool  à  dissoudre  les  corps 
qui  exigent  des  dissolvants  très  hydrogénés, 
mais  il  est  plus  propre  à  dissoudre  les  sub- 
stances riches  en  Oxygène:  ainsi,  en  disant 
Eau,  Esprit  de  bois,  Alcool,  Éther,  on  peut 
avoir  une  idée  précise  du  rang  et  de  la  ten- 
dance de  chacun  de  ces  corps.       (A.  D.) 

♦METHYSCOPHYLLUM  (uM*™,  j'eni- 
vre; (pv)lov,  feuille),  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Burséracées  (suivant  Endli- 
cher),  établi  parEcklon  et Zeyher  (Enumer., 
II ,  152).  Arbrisseaux  résineux  du  Cap. 

MÉTIS,  zool.  —  On  donne  ce  nom  ou 
celui  de  Mulet  aux  individus  qui  naissent 
de  l'union  de  deux  espèces  différentes.  Voy. 
propagation,  où  l'on  traitera  de  tout  ce  qui 
a  rapport  à  la  fécondation  et  à  la  génération. 
*METIUS.  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Carabiques ,  tribu 


MET 

des  Troncatipennes,  créé  par  Curtis  {Voy. 
de  King's  tr.  lin.  soc.  ofLond.,  vol.  4  7, 
pag.  182,  pi.  15,  fig.  16-18),  et  adopté 
par  Guérin-Méncville  (Revue  zool.,  1839, 
pag.  297  ) ,  qui  le  rapporte  à  la  tribu  des 
Harpalidcs.  Deux  espèces  font  partie  de  ce 
genre ,  les  M.  harpaloides  Curt.  et  splendi- 
dus  G.  M.;  l'une  et  l'autre  proviennent  du 
détroit  de  Magellan.  (C.) 

*  METOCEttOS.  rept.  —  Division  des 
Stellions  (voy.  ce  mot)  d'après  M.  Gray 
(Syn.  Brit.  Mus.,  1840).  (E.  D.) 

*METOECUS.cuust.—  M.  Kroyer  emploie 
ce  nom  pour  désigner  un  genre  de  Crustacés 
qui  appartient  à  l'ordre  des  Amphipodes,  et 
que  M.  Milne  Edwards  range  dans  sa  famille 
des  Hypérines  et  dans  sa  tribu  des  Hypérines 
ordinaires.  Cette  petite  coupe  générique  est 
extrêmement  voisine  des  Hypéries,  dont  elle 
ne  se  distingue  que  par  la  structure  des 
pattes  des  deux  premières  paires,  ces  organes 
étant  beaucoup  plus  courts  que  les  suivants 
et  terminés  par  une  petite  pince  didactyle 
très  bien  formée,  dont  le  doigt  mobile  porte 
à  son  extrémité  un  petit  ongle  rudimentaire. 
La  seule  espèce  connue  est  le  Métoèque  des 
Méduses,  Metœcus  medusarum  Kroyer  (Grœl. 
Amf.t  p.  60,  pi.  3,  fig.  15).  Cette  espèce 
habite  les  mers  du  Groenland.       (H.  L.) 

*METOECUS  (u.£toixoç, étranger),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  famille 
des  Trachélydes,  tribu  des  Mordellones, 
formé  par  Dejeân  (Catalogue,  3e  éd.,  p.  240) 
avec  les  Ripiphorus  paradoxus  de  F.,  es- 
pèce qui  se  trouve  quelquefois  aux  envi- 
rons de  Paris,  et  dont  la  larve  est  parasite 
de  la  Guêpe  commune.  L'insecte  parfait  a 
été  pris  assez  abondamment,  une  fois  vers 
la  fin  de  l'automne  ,  au  centre  d'un  nid  sou- 
terrain de  ces  Hyménoptères.  (C.) 

*MÉTOPAGE.  Metopages  (.urrawov,  front  ; 
naydç ,  uni  ).  térat.  —  Genre  de  Monstres 
composés  de  l'ordre  des  Autositaires  et  de 
la  famille  des  Eusomphaliens.  Voy.  eusom- 

PHALIENS. 

METOPIA.  ois.— Genre  créé  par  Swain- 
son  aux  dépens  des  Manakins,  et  ayant  pour 
type  le  Pipra  galeala  Licht.  (Z.  G.) 

METOPIA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères,  famille  des  Athérkères,  tribu  des 
Muscides,  établi  par  Meigen  ,  et  dont  les 
caractères  sont  :  Cuillerons  grands,  couvrant 
la  majeure  partie  des  balanciers  ;  ailes  éle- 


MET 


MET 


187 


vées  ;  antennes  un  peu  plus  longues  que  la 
moitié  de  la  face  antérieure  de  la  tête,  con- 
tiguës  à  leur  naissance  et  terminées  par 
une  palette  oblongue. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  la 
Metopia  labiata  Meig.,  très  commune  aux 
environs  de  Paris.  Elle  vit  dans  les  bois, 
sur  les  feuilles  des  arbres,  où  sa  couleur  ar- 
gentée,  très  brillante,  la  fait  aisément  re- 
marquer. 

*METOPIAS  (fWTomias,  ayant  un  large 
front),  rept.—  M.  HermanvonMeyer  (Jabreb. 
f.  Min.,  1812)  nomme  ainsi  un  groupe  de 
Sauriens.  (E.  D.) 

*METOPIAS  (guWtotç,  large  front),  ras, 
—  Genre  de  Coléoptères  dimères,  famille  des 
Psélaphiens,  créé  par  M.  Gory  {Magasin 
zoologique)  et  adopté  par  M.  le  docteur 
Aube  (Monographia  Pselaph.,  Mag.  zool. , 
1833,  p.  13,  tab.  79,  f.  1).  L'espèce  type, 
le  M.  curculionoides  ,  est  originaire  de 
Gayenne.  (C.) 

*METOPIDIA  (peWov,  front),  infus., 
systol. —  Genre  de  Brachionides  proposé  par 
M.  Ehrenberg  pour  des  Lépadelles,  qui  ont 
deux  points  rouges  oculiformes,  et  qui  sont 
dépourvus  de  l'écaillé  frontale  des  Stepha- 
nops.  Nous  croyons  que  ces  points  rouges 
peuvent  se  montrer  ou  s'effacer  dans  les 
mêmes  espèces  suivant  l'âge  ou  le  degré  du 
développement,  et  qu'ainsi  la  Metopidia  le- 
padella  et  la  Squamella  bractea  de  M.  Ehren- 
berg sont  une  seule  et  même  espèce,  que 
nous  nommons  Lepadella  rolundata.  Voy. 

LÉPADELLE.  (DlJJ.) 

*MET0PIB1US,  Wagl.  ois.— Synon.  de 
Parra,  Cuv.  Voy.  jacajsa.  (Z,  G.) 

METOPIUM,  DG.  bot.  ph. — Voy.  rhus, 
Linn. 

METOPIUS,Steven.  ras.  —  Synonyme 
de  Platyprosopus  de  Mannerheim.      (G.) 

*METOPOCEROS  (a/roTrov,  front;  x£'- 
pac,  corne),  rept.— M.  Wagler  (Syst.  Amph.) 
a  créé  sous  le  nom  de  Metopoceros  un  genre 
de  Sauriens  de  la  famille  des  Iguaniens,  qui 
se  distingue  des  Iguana  par  l'absence  de  fa- 
non, par  ses  dents  semblables  à  celles  des 
Cyclures  et  par  les  deux  rangées  de  poils  que 
tl'on  remarque  au-dessous  des  cuisses.  Une 
seule  espèce,  le  Lézard  cornu,  Lacépède, 
Iguana  cornuta  Latr.,  Daud.,  entre  dans  ce 
genre  et  se  fait  remarquer  particulièrement 
par  son  front  surmonté  d'un  gros  tubercule 


en  forme  de  corne.  D'après  Lacépède,  cette 
espèce  serait  commune  à  Saint-Domingue. 

(E.  D.) 

*METOPOCERUS  (prrrfinov,  le  front; 
xspaç,  corne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
hétéromères,  famille  des  Mélasomes,  tribu 
des  Blapsides,  formé  par  Dejean  (Catalogue, 
3e  éd.,  p.  211),  avec  une  espèce  du  cap  de 
Bonne-Espérance,  le  M.  cornifrons  de  l'au- 
teur. (C.) 

*METOPOCOELUS  (^««ov,  le  front; 
xodoç,  creux),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille, 
famille  des  Longicornes,  tribu  des  Prio- 
niens ,  proposé  par  Dejean  (Catalogue , 
3e  édit.,  p.  344)  et  adopté  par  Serville  (An- 
nales de  la  soc.  ent.  de  Fr.,  t.  I ,  p.  130  , 
194).  Le  type,  le  M.  maculifrons Dej.  Serv., 
est  originaire  du  Brésil.  (G.) 

*METOPODUS,  Am.  et  Sejv.  ins.  — Sy- 
nonyme de  Metapodius.  (Bl.) 

*METOPON.  ins.— M.  Walker  désigne 
ainsi  un  de  ces  genres  de  la  tribu  des  Chai- 
cidiens,  groupe  des  Pteromalites.  Voy.  pté- 

R0MAL1TES.  (Bl.) 

*METOPONIA  ((a/twwov,  front),  ins.— 
Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes, 
tribu  des  Agrophilides,  établi  par  Duponchel 
(Catal.  des  Lép'ulopt.  d'Europe,  p.  187),  qui 
n'y  rapporte  qu'une  seule  espèce,  la  Melopo- 
nia  flavida ,  de  la  Russie  méridionale  et  de 
la  Hongrie. 

*METOPTRIA.  ins.  —  Genre  de  Tordre 
des  Lépidoptères  nocturnes ,  tribu  des  Go- 
niatides,  établi  par  M.  Guénée  (Duponchel, 
Catal.  des  Lépidopt.  d'Europe,  p.  191),  qui 
n'y  rapporte  qu'une  seule  espèce,  M.  mono- 
gramma,  que  l'on  trouve  dans  le  midi  de  la 
France,  au  mois  de  mai. 

*METRIDIUM  (pfrpoc,  vulve;  l§e'<x, 
forme),  polyp.  —  Genre  d'Entozoaires  éta- 
bli par  M.  Oken  pour  quelques  espèces 
d'Actinies,  caractérisées  par  des  tenta- 
cules de  deux  sortes,  dont  les  plus  longs 
sont  pinnés  ou  plumeux.  Cet  auteur  pre- 
nait pour  type  VActinia  plumosa  de  Muller, 
qui  cependant  doit  être  reportée  dans  le 
genre  Cribrine.  Mais  d'autres  espèces  ayant 
bien  réellement  ce  caractère  ont  été  obser- 
vées par  M.  Ehrenberg,  dans  la  Mer  Rouge 
(M.  rhodostomum  ) ,  et  par  MM.  Quoy  et 
Gaimard  pendant  le  voyage  de  l'Astrolabe  ; 
mais  ces  naturalistes  ont  cru  devoir  en  faire 


188 


MET 


le  type  d'un  genre  nouveau  sous  le  nom 
d'Actineria.  (Duj.) 

*METRIOPUS  ((a/tp:oç,  médiocre;  ttovç, 
pied),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
[mères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  "des 
Macropodites ,  établi  par  Solier  (Ànn.  de  la 
soc.  ent.  de  Fr.,  t.  IV,  p.  571,  pi.  15, 
fig.  12,  14  ),  qui  le  comprend  dans  sesCoI- 
laptérides.  Le  type ,  le  M.  Hoffmanseggii 
Sol.,  est  originaire  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. (C.) 

*  METRIORIIYNCRUS  (pfrptoç,  médio- 
cre; pvyj£oç,  bec),  rept. — Groupe  de  Sauriens 
fossiles  indiqué  par  M.  Herman  von  Meyer 
(Palœogr.,  1833).  (E.  D.) 

*METRIORHYNCHUS  Cf«V8«»  médio- 
cre ;  pvVx.oç ,  bec  ).  ins»  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Malacoder- 
mes,  tribu  des  Lycusites,  créé  par  Guérin- 
Méneville  (Voyage  de  la  Coquille,  pag.  72). 
Ce  genre  est  formé  de  trois  espèces  de  la 
Nouvelle-Guinée  (terre  des  Papous) ,  M.  pa- 
rallelus,  cphippiger  et  funestus ,  de  l'au- 
teur. (C.) 

*METRÏUS(^e'rptoç,  modeste),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 
des  Carabiques,  tribu  des  Simplicipèdes,  for- 
mé par  EschschoUz  ,  et  adopté  par  M.  Hope 
et  par  Dejean  {Species  général  des  Coléop- 
tères, t.  V,  p.  590).  Le  type,  le  M.  con- 
fracius  Eschs.,  est  originaire  de  la  Califor- 
nie. Ce  genre  sort  de  la  forme  ordinaire  des 
Carabiques  et  rappelle  celle  d'un  Hétéro- 
mère.  (C.) 

WtnSOCSMPE.  Metrocampa.  ins.  — 
Nom  donné  par  Latreille  au  g.  Ellopia  de 
Treitschke,  et  qui  doit  être  préféré,  à  cause 
de  sa  priorité.  Voy.  ellopia. 

METROCYNIA.  bot.  ph.—  Genre  de  la 
famille  des  Légumineuses -Papilionacées- 
Caesalpiniées ,  établi  par  Dupetit-Thouars 
(Gen.  Madagasc,  n.  76').  Arbrisseaux  de 
Madagascar.  Voy.  légumineuses. 

METRODOREA.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Diosmées-Pilocarpées,  établi 
par  Saint-Hilaire  (Flor.  Brasil.,  I,  81,  t. 
16).  Arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  diosmées. 

METROSIDEROS.  Metrosideros.  I  bot. 
ph.  —  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Myrtacées ,  de  l'icosandrie  monogynie  dans 
le  système  de  Linné.  Banks,  Dryander,  et 
Gœrtner  après  eux,  ayant  appliqué  le  nom 
de  Metrosideros,  créé  par  Rumphius,  à  des 


MET 

Myrtacées,  pour  la  plupart"  indigènes  de 
l'Australie,  les  botanistes  firent  entrer  suc- 
cessivement dans  le  genre  désigné  sous  ce 
nom  un  grand  nombre  de  végétaux  qui  ont 
dû  plus  tard  en  être  retirés;  c'est  ainsi 
qu'ont  été  formés  aux  dépens  des  Metroside- 
ros de  Banks  et  Dryander  les  genres  An- 
gophora,  Cuv.;  Callistemon,  R.  Brown  ;  Ere- 
mœa,  Lindl.  Ces  suppressions  ont  beaucoup 
réduit  le  genre  primitif,  et  il  en  est  résulté 
que  les  Metrosideros  R.  Brown,  ne  sont  plus 
aujourd'hui  qu'au  nombre  de  25  espèces, 
en  comptant  même  celles  qui  ont  été  décrites 
dans  les  ouvrages  les  plus  récents.  Ces 
plantes  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  de 
la  Nouvelle-Hollande  et  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande, plus  rarement  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, des  Moluques,  de  Taïti  et  des  Sand- 
wich. Leurs  feuilles  sont  opposées  ou  al  ternes, 
sans  stipules,  très  entières;  leurs  fleurs 
sont  axillaires  ou  terminales,  pédonculées , 
ce  qui  distingue  du  premier  coup  ces  plantes 
des  Callistemon.  Ces  fleurs  se  composent  : 
d'un  calice  à  tube  campanule,  adhérent  in- 
férieurement  à  l'ovaire,  à  limbe  5- -fide  ; 
d'une  corolle  à  5  pétales  insérés  à  la  gorge 
du  calice,  d'où  partent  aussi  20-30  étamines 
à  filets  grêles,  très  longs  et  saillants,  libres 
et  distincts  ;  d'un  pistil  à  ovaire  demi-infère, 
2-3  loculaire,  à  loges  multi-ovulées,  sur- 
monté d'un  style  cylindrique  que  termine 
un  stigmate  simple  ou  capité.  A  ce  pistil  suc- 
cède une  capsule  également  3-loculaire,  à 
déhiscenceloculicide,  polysperme.  Une  seule 
espèce  a  la  capsule  biloculaire  (Metrosideros 
liera  Rumph.  ),  et  ce  caractère,  joint  à  une 
différence  dans  le  port,  fait  dire  à  De  Can- 
doîlc  que,  dans  une  nouvelle  révision  du 
genre  elle  pourrait  bien  y  rester  seule,  à 
l'exclusion  de  toutes  les  autres.  Néan- 
moins M.  Endlicher  s'est  borné  à  établir 
pour  elle  un  sous- genre  distinct,  sous 
le  nom  d'Eumetrosideros.  Cette  même  es- 
pèce, originaire  des  Moluques  et  de  Java, 
a  été  récemment  introduite  dans  les  jardins 
d'Europe,  comme  plante  d'ornement.  C'est 
un  bel  arbre  à  feuilles  opposées,  ovales- 
lancéolées,  acuminées,  très  glabres,  munies 
d'un  court  pétiole;  ses  fleurs  jaunâtres  sont 
réunies  à  l'aisselle  des  feuilles  en  cymes  pé- 
donculées,  multiflores. 

Mais  si  les  plantes  qui  sont  restées  dans 
le  genre  Metrosideros  réformé  sont  encore 


MET 


MET 


189 


peu  répandues  dans  les  jardins,  il  n'en  est 
pas  de  même  de  celles  qui  ont  été  détachées 
pour  former  le  nouveau  genre  Callistemon. 
Celles-ci  occupent  un  rang  très  distingué 
parmi  nos  plantes  d'ornement  :  aussi  croyons- 
nous  ne  pouvoir  pas  nous  dispenser  de  par- 
ler ici  des  principales  d'entre  elles,  en  les 
considérant  comme  appartenant  à  l'ancien 
groupe  des  Metrosideros. 

Les  Callistemon  R.  Brown  sont  tous  des 
arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hollande,  inter- 
médiaires jusqu'à  un  certain  point  entre  les 
Melaleuca,  dont  ils  ont  l'inflorescence,  et 
les  Metrosideros,  dont  ils  ont  les  étamines. 
En  effet,  leurs  fleurs  sont  sessilcs  le  long  des 
rameaux,  en  épis  généralement  denses  ;  le 
tube  de  leur  calice ,  hémisphérique  dans  la 
fleur,  acquiert  ensuite  plus  d'épaisseur,  et 
sa  base  est  adnée  à  la  branche  qui  forme 
J'axe  de  l'inflorescence.  D'un  autre  côté, 
les  longs  filaments  de  leurs  étamines  sont 
libres  et  distincts,  et  dépassent  fortement 
les  pétales.  Ce  sont  même  ces  nombreux 
filaments  jaunes  ou  d'un  rouge  vif  qui  don- 
nent aux  fleurs  toute  leur  beauté. 

La  plus  répandue  des  espèces  de  ce  genre 
est  le  Callistemon  lancéolé,  Callistemon  lan- 
ceolatum  DC,  Metrosideros  lophanta  Vent., 
plus  connu  des  jardiniers  sous  ce  dernier 
nom ,  et  sous  celui  de  Metrosideros  à  pa- 
naches, qui  en  est  la  traduction.  C'est  un 
bel  arbrisseau  de  2-3  ou  même  4  mètres  de 
hauteur,  dont  les  branches  sont  longues  et 
minces,  quelquefois  pendantes;  dont  les 
feuilles  dures  et  coriaces  sont  alternes,  lan- 
céolées, mucronées,  rétrécies  à  leurs  deux 
extrémités,  marquées  en  dessous  d'une  côte 
médiane  saillante,  et  de  deux  nervures  la- 
térales qui  longent  tout  leur  bord ,  à  une 
très  petite  distance;  dans  l'état  jeune  elles 
sont  rougeâtres  et  pubescentes  à  leur  face 
inférieure.  Les  fleurs  sont  réunies  le  long 
et  vers  l'extrémité  des  rameaux  en  beaux 
épis  tout  hérissés  de  longs  filaments  d'un 
rouge  vif;  leur  calice  et  leurs  pétales  sont 
pubescents.  Le  rameau  qui  forme  l'axe  de 
cette  sorte  de  goupillon,  s'allongeant  après 
la  floraison,  finit  par  dépasser  beaucoup  les 
fruits.  On  possède  une  variété  de  cette  belle 
plante,  que  sa  taille  moins  baute,  sa  pré- 
cocité et  l'abondance  de  ses  fleurs,  font 
préférer  par  les  horticulteurs  au  type  lui- 
même. 


Une  autre  espèce  plus  remarquable  en- 
core par  sa  beauté  est  le  Callistemon  élé- 
gant, Callistemon  speciosum  DC.  (  Metrosi- 
deros speciosa  Si ms.,  Bot.Mag.,  tabl.  1761). 
C'est  de  même  un  arbrisseau  à  longs  ra- 
meaux flexibles,  rougeâtres  dans  leur  jeu- 
nesse, plus  grand  dans  toutes  ses  parties 
que  le  précédent  ;  ses  feuilles  sont  également 
lancéolées,  à  3  nervures,  dont  les  2  laté- 
rales presque  marginales  ;  elles  prennent 
une  teinte  glauque  assez  prononcée,  dans 
une  variété  queBonpland  avait  décrite  sous 
le  nom  de  Metrosideros  glauca;  dans  leur 
jeunesse  elles  sont  rougeâtres  et  couvertes 
d'un  duvet  qui  tombe  plus  tard  ;  elles  se 
terminent  par  une  glande  rougeâtre.  Ses 
fleurs  forment  un  gros  épi  dense,  plus  long 
et  plus  épais  que  chez  le  précédent;  leur 
calice  est  velu,  à  5  dents  obtuses;  elles 
doivent  aussi  toute  leur  beauté  à  leurs  longs 
filaments  d'un  beau  rouge,  dont  la  vivacité 
est  un  peu  déguisée  par  l'abondance  du  pol- 
len. La  capsule  est  à  4  loges  et  cotonneuse 
au  sommet. 

Parmi  les  autres  espèces  de  Callistémons 
à  filaments  rouges,  on  cultive  encore  les 
Callistemon  linéaire  et  à  feuilles  raides 
(C.  lincare  DC,  et  C.  rigidumR.  Brown), 
qui  se  ressemblent  par  leurs  feuilles  raides, 
linéaires  ;  mais  ces  feuilles  sont  planes,  et 
parfois  un  peu  moins  étroites  dans  le  pre- 
mier, tandis  que,  chez  le  second,  elles  sont 
canaliculées  en  dessus,  carénées  en  dessous, 

Dans  le  nombre  des  espèces  à  filaments 
et  à  fleurs  jaunes,  nous  mentionnerons  le 
Callistemon  a  feuilles  de  pin,  C.  pinifo- 
lium  DC.  ( Metrosideros  pinifolia  Wendl.), 
que  distinguent  ses  feuilles  linéaires-fili- 
formes, raides,  mucronées  au  sommet,  rudes 
au  toucher,  canaliculées  en  dessus,  et  ses 
calices  glabres.  Ses  pétales  sont  ovales,  ver- 
dâtres  ,  trois  fois  plus  courts  que  les  fila- 
ments. 

Enfin  on  cultive  encore  quelques  autres 
espèces  du  même  genre,  et  surtout  le  Cal- 
listemon a  feuilles  de  saule,  C.  salignum 
DC,  joli  arbuste  d'environ  2  mètres  de 
hauteur,  à  feuilles  lancéolées,  acuminées  à 
leurs  deux  extrémités,  marquées  de  3  ner- 
vures, dont  2  presque  marginales,  et  des 
veines  pennées  qui  partent  de  la  nervure  ou 
côte  médiane.  Ses  fleurs  sont  d'un  jaune 
pâle;  leur  calice  et  leurs  pétales  sont  éga- 


190 


MET 


MEÏ 


lement  glabres;  ces  derniers  sont  presque 
arrondis  et  à  peine  trois  fois  plus  courts 
que  les  filaments. 

Les  diverses  espèces  de  l'ancien  genre 
Metrosideros  se  cultivent  en  terre  de  bruyère, 
pure  ou  mélange'e.  Dans  le  midi  de  l'Eu- 
rope, elles  réussissent  très  bien  en  pleine 
terre;  mais  dans  nos  départements  septen- 
trionaux, elles  exigent  l'orangerie  pendant 
l'hiver.  On  les  multiplie  soit  par  graines 
qu'on  sème  en  terre  de  bruyère,  sous  châs- 
sis, soit  de  boutures  ou  de  greffes  sur  le 
Callistémon  lancéolé.  (P.  D.) 

METROXYLON.  bot.  pu.  —  Genre  de 
la  famille  des  Palmiers ,  tribu  des  Lépidoca- 
rynées-Pinnatifrondes,  établi  par  Rottbœll 
(in  Act.  soc.  Hafn.,  1783,  II,  p.  525).  Pal- 
miers   originaires    de   l'Afrique    tropicale. 

Yoy.  PALMIERS. 

*METTERNICHIA  (nom  propre),  bot, 
piî.  —  Genre  dont  la  place  ,  dans  la  mé- 
thode, n'est  pas  encore  fixée.  Endlicher 
{G en.  plant,  suppl.,  I,  p.  4404,  n.  3869) 
le  range  à  la  fin  des  Scrophularinées.  Il  a. 
été  établi  par  Mickan  (Delect.  Flor.  et  Faun. 
Brasil,  III,  t.  I),  qui  lui  donne  pour  ca- 
ractères :  Calice  campanule,  à  5  divisions: 
deux  postérieures,  trois  antérieures.  Corolle 
hypogyne,  infundibuliforme  ;  limbe  à  5  di- 
visions courtes,  égales.  Etamines  5  ,  insé- 
rées au  fond  du  tube  de  la  corolle ,  incluses , 
d'inégale  longueur;  filets  filiformes;  anthè- 
res à  2  loges  s'ouvrant  longitudinalement. 
Ovaire  à  2  loges  pluri-ovulées.  Style  simple  ; 
stigmate  à  2  lames  roulées  sur  les  bords. 
Capsule  coriace-ligneuse,  ovale-cylindracée, 
à  2  loges  s'ouvrant  par  le  sommet. 

Les  Metternichia  sont  des  arbres  du  Bré- 
sil ,  à  feuilles  alternes,  brièvement  pétio- 
lées  ,  elliptiques,  très  entières,  brillantes; 
à  fleurs  terminales ,  solitaires  ou  nombreu- 
ses,  ébractéées ,  blanches  ou  roses. 

*METZGERIA  (nom  propre),  bot.  cr.— 
Genre  de  la  famille  des  Hépatiques,  tribu 
des  Jungermanniacées-Metzgériées ,  établi 
par  Raddi  (in  Mem.  soc.  Ital,  XVIII ,  45, 
t.  7,  f.  1  ).  Petites  herbes  qui  croissent  sur 
les  troncs  d'arbres  ou  sur  les  rochers,  rare- 
ment sur  la  terre,  et  surtout  dans  les  lieux 
ombragés  et  humides.  Voy.  hépatiques.  — 
Cord.  (Apud  Sturm.,  II,  19,  20,  p.  57, 
t.  15),  syn.  A'Aneura,  Dumort. 

*METZLERIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 


Genre  de  la  famille  des  Lobéliacées-Lobé- 
liées,  établi  par  Presl  (Monogr.,  7).  Herbes 
du  Cap.  Voy.  lobéliacées. 

MEULIÈRE,  géol.,  min.— Syn.  :  Pierre 
à  meule  ,  Silex  molaire,  Quartz-agate  mo- 
laire, etc.  — On  nomme  ainsi  une  variété 
de  Quartz  ou  de  Silex  tantôt  compacte,  tan- 
tôt plus  ou  moins  caverneux  ou  cellulaire. 
Cette  roche  est  faiblement  translucide  ,  et 
quelquefois  même  presque  opaque.  Ses  cou- 
leurs sont  le  blanchâtre,  le  grisâtre,  le 
jaunâtre,  le  rougeâtre  et  parfois  le  bleuâ- 
tre. La  Meulière  caverneuse,  ou  la  Meulière 
proprement  dite,  est  généralement  criblée 
de  trous  irréguliers  dont  l'intérieur  est  garni 
de  lames  ou  de  filaments  de  Silex.  Ces  ca- 
vités, qui  communiquent  rarement  entre 
elles,  sont  quelquefois  remplies  de  m.iine, 
d'argile  ferrugineuse  ou  de  sable  argileux. 
Cette  variété  de  Meulière  est  complètement 
dépourvue  de  corps  organisés  ;  mais  la  Meu- 
lière compacte  ,  au  contraire,  en  contient 
fréquemment  un  assez  grand  nombre. 

La  Meulière  forme  des  blocs,  des  rognu- 
res et  surtout  des  fragments  anguleux  en- 
fouis dans  des  couches  de  sable  ,  d'argile  ou 
de  marne  des  terrains  paléothériens.  On 
l'emploie  principalement  à  faire  des  meules 
à  moudre  le  blé;  on  s'en  sert  aussi  pour  bâ- 
tisse. Cette  roche  est  commune  aux  environs 
de  Paris.  Voy.  terrains.  (C.  d'O.) 

MEUM.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille 
des  Ombellifères-Sésélinées,  établi  parTour- 
nefort  (Inst.,  165).  Herbes  des  montagnes 
de  l'Europe.  Voy.  ombellifères. 

MEUNIER,  zool.—  Nom  vulgaire  d'une 
espèce  d'Able  ,  le  Cyprinus  dobula  Linn. 
(Leuciscus  dobula  Cuv.  et  Val.),  qu'on 
nomme  aussi  quelquefois  Chevaine.  —  Parmi 
les  Oiseaux,  le  Corbeau  mantelé  efun  Perro- 
quet portent  ce  nom.  —  En  entomologie,  on 
désigne  aussi  vulgairement  sous  le  nom  de 
Meunier  le  mâle  des  Hannetons,  le  Foulon, 
et  principalement  un  Ténébrion  dont  la 
larve  se  nourrit  de  farine. 

MEUNIÈRE,  ois.  —  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  Mésange  à  longue  queiie.  Dans 
certaines  provinces  ,  on  donne  aussi  ce  nom 
à  la  Corneille  mantelée. 

*ME1'ENIA  (nom  propre),  bot.  pu. — 
Genre  de  la  famille  des  Acanthacées-Thun- 
bergiées  établi  par  Nées  (in  Wallich  plant, 
as.  rar\,  III,  78).  Arbrisseaux  de  l'Inde. 


MIC 


MIC 


191 


Voy.  acanthacées.  —  Schlechtend.  (in  lin- 
nœa,  VIII,  251),  syn.  d' Habrothamnus , 
Endlich. 

MEYERA,  Schreb.  (Gen.  ».  1318).  bot. 
ph.  —  Syn.  d'Enhydra,  Lour. 

*MEYERIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  V, 
670).  Arbrisseaux  du  Brésil.  Ce  genre  ren- 
ferme quatre  espèces  réparties  par  De  Can- 
dolle (loc.  cit.)  en  deux  sections  nommées 
Holophyllœa  :  fleurs  disposées  en  capitules 
terminaux  solitaires;  involucre  campanule; 
feuilles  très  entières  (M.  myrlifolia,  parvi- 
folia,  longifolia)',  Glyphiphyllea  :  capitules 
réunis  encorymbe;  involucre  ovale,  étalé; 
feuilles  dentées  (M.hispida). 

♦MEYNIA,  Link.  (Jahrb.,  I,  3,  p.  32). 
bot.  ph.  —  Syn.  de   Vangutera,  Commers. 

MEZIRA.  ins.  —  MM.  Amyot  et  Serville 
emploient  cette  dénomination  pour  désigner 
un  de  leurs  genres  dans  la  famille  des  Ara- 
dides,  de  l'ordre  des  Hémiptères.      (Bl.) 

*MEZIUM.  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Malacodermes,  tribu 
des  Palpeurs,  des  Ptiniores  de  Leach,  créé 
par  Leach  et  adopté  par  M.  Hope  (Coleopt. 
Manual,  1840 ,  p.  147) ,  et  par  Curtis  (Bri- 
tish  Entomology ,  p.  232).  Le  type  Ptinus 
sulcatus  de  F.  est  originaire  des  îles  Cana- 
ries, d'où  il  aura  été  transporté  en  Angle- 
terre avec  des  marchandises  provenant  de 
cette  partie  de  l'Afrique.  (C.) 

HIEZONEURON(p£<roç,  milieu;  vsûpov, 
nervure),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Légumineuses -Papilionacées- Caesalpi- 
niées,  établi  par  Desfontaines  (in  Mem. 
mus.,  IV,  245,  t.  10, 11  ).  Arbres  de  l'Asie 
tropicale.  Voy.  légumineuses. 

MIARUS,  Schr.  et  MIARIS,  Stephens. 
ins.  —  Syn.  de  Gymnetron.  (C.) 

MIAULARD ,  MIAULE  etMIAULEUR. 
ois.  —  Noms  vulgaires  des  Goélands  et  des 
Mouettes. 

MIRORA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Phalaridées,  établi  par 
Adanson  (II,  495).  Gramens  bas,  annuels, 
croissant  dans  les  régions  centrales  et  occi- 
dentales de  l'Europe.  Voy.  graminées. 

MICA.  min.  —  Le  Mica,  de  môme  que  le 
Feldspath,  n'est  plus  considéré  comme  une 
espèce  minérale  ;  c'est  un  groupe  de  plusieurs 
espèces  qui  se  confondent  par  leurs  carac- 


tères extérieurs  ,  au  point  qu'il  est  très  dif- 
ficile de  les  distinguer,  mais  qui  cachent, 
sous  cette  analogie  d'aspect,  des  différences 
importantes  de  composition  chimique  et  de 
structure  cristalline. 

Cette  substance  est  foliacée  ,  divisible 
presque  à  l'infini  en  feuillets  minces  ou  en 
paillettes  flexibles  ,  élastiques  et  à  surface 
brillante.  Les  Micas  sont  fusibles  au  chalu- 
meau ,  et  le  plus  souvent  en  émail  blanc. 
Ils  se  laissent  rayer  avec  l'ongle,  et  donnent 
une  poussière  blanche,  quelle  que  soit  leur 
couleur.  Leurs  teintes  ordinaires  sont  le 
brun  ,  le  vert,  le  noirâtre  ou  le  blanc  d'ar- 
gent et  le  jaune  d'or,  avec  un  éclat  métal- 
loïde. Ce  sont  des  silicates  alumineux ,  à 
base  de  potasse  ,  d'oxyde  de  Fer  et  de  Ma- 
gnésie ,  dont  les  proportions  ne  sont  pas  en- 
core bien  connues. 

M.  Beudant  a  établi  une  ingénieuse  di- 
vision des  Micas  ,  suivant  leurs  propriétés 
optiques  ,  reconnues  à  l'aide  de  la  lumière 
polarisée  ,  indiquant  un  axe  ou  deux  axes 
de  double  réfraction,  et  par  conséquent  au 
moins  deux  systèmes  différents  de  cristalli- 
sation. 

Micas  à  un  axe  de  double  réfraction. 

En  plaçant  ces  Micas  entre  deux  lames 
croisées  de  tourmaline  ,  leurs  feuillets  lais- 
sent voir  une  croix  noire  entourée  de  lignes 
circulaires  colorées,  indications  qui  condui- 
sent à  reconnaître  dans  leur  cristallisation 
le  système  rhomboédrique.  Ces  Micas ,  gé- 
néralement verts  ou  noirs,  contiennent  en- 
viron un  cinquième  de  leur  poids  de  Ma- 
gnésie. Tous  les  Micas  volcaniques  et  ies 
Micas  noirs  de  Sibérie  appartiennent  à  cette 
division. 

Micas  à  deux  axes  de  double  réfraction. 

Lorsqu'on  place  ces  Micas  entre  deux  la- 
mes croisées  de  tourmaline  ,  leurs  feuillets 
laissent  voir  les  indices  de  deux  systèmes 
d'anneaux  colorés,  elliptiques,  et  offrant 
une  ou  plusieurs  lignes  noires  qui  traver- 
sent les  anneaux  ;  ces  indications  cristalli- 
nes conduisent  au  prisme  rhomboïdal  droit 
ou  oblique.  Les  Micas  à  deux  axes  présen- 
tent dans  leur  composition  des  proportions 
très  différentes  des  précédents;  ils  ne  con- 
tiennent point  ou  presque  point  de  Magné- 
sie, et  présentent  beaucoup  plus  d'Alumine 


192 


MIC 


MIC 


que  les  Micas  à  un  axe.  Ils  sont  tantôt  à  base 
de  potasse,  tantôt  à  base  de  potasse  et  de 
litbjne.  C'est  à  cette  division  qu'appartien- 
nent généralement  les  Micas  des  Gneiss, 
Granités  et  Pegmatites,  les  Micas  jaunes 
sombres  en  grandes  feuilles  de  Sibérie,  les 
Micas  roses  de  Saxe  et  d'Amérique  ,  etc. 

Les  Micas  >  considérés  seulement  sous  le 
rapport  de  l'aspect  extérieur  ,  offrent  plu- 
sieurs variétés  parmi  lesquelles  on  dislingue 
surtout  :  l°  le  Mica  foliacé  en  grandes 
feuilles  transparentes ,  quelquefois  de  plus 
de  deux  mètres  de  diamètre  (vulgairement 
Verre  de  Moscovie)  ;  2°  le  Mica  lamelliforme 
ou  pulvérulent,  en  petites  paillettes  bril- 
lantes ,  disséminées  dans  les  roches  solides  ou 
dans  les  sables.  Ces  paillettes  ont  fréquem- 
ment un  aspect  métalloïde,  joint  à  la  cou- 
leur blanche  de  l'argent  ou  jaune  de  l'or, 
ce  qui  les  fait  prendre  pour  des  parcelles  de 
ces  métaux  par  les  personnes  qui  ne  jugent 
que  sur  l'apparence. 

Le  Mica  est  abondamment  répandu  dans 
la  nature.  On  le  trouve  dans  tous  les  ter- 
rains ,  depuis  les  plus  anciens  jusque  dans 
les  couches  sableuses  des  dépôts  les  plus  mo- 
dernes. 11  fait  partie  essentielle  de  beaucoup 
de  roches  (Granité,  Gneiss  ,  Micacite,  etc.), 
et  c'est  à  son  abondance  dans  quelques  unes 
et  à  sa  disposition  par  feuillets  ou  couches 
planes  que  ces  roches  doivent  leur  struc- 
ture schisteuse. 

On  emploie  ce  minéral  à  différents  usa- 
ges. Le  Mica  en  grandes  feuilles  sert  en 
Russie  pour  le  vitrage  des  vaisseaux  de 
guerre ,  parce  qu'il  a  l'avantage  de  ne  pas 
se  briser  comme  le  verre  lors  des  explosions 
de  l'artillerie.  En  Sibérie,  où  on  l'exploite, 
on  le  substitue  au  verre  pour  garnir  les  fe- 
nêtres et  les  lanternes.  Les  lames  de  Mica 
sont  aussi  utilisées  dans  la  confection  de  cer- 
tains instruments  de  physique  appelés  colo- 
rigrades.  Enfin  les  sables  micacés ,  et  sur- 
tout les  variétés  lépidolithes  sont  employées 
comme  poudre  pour  sécher  l'écriture. 

(C.  D'O.) 

MICACITE.  géol.  —  Synonyme  de  Mi- 
caschiste. Voy.  ce  mot. 

*MICAÏ\EA.  bot.  cr.  —  Genre  de  Li- 
chens de  la  tribu  des  Collémacées ,  établi 
par  Fries  {01.  hom.,  256)  pour  des  Lichens 
qui  croissent  sur  les  rochers  et  le  bois  pourri. 

Voy.  LICHENS  et  COLLÉMACÉES. 


MICASCHISTE,  géol.  —  Syn.:  Mica- 
cite, Schistemicacé,  etc.  —  On  donne  ce  nom 
à  une  roche  composée  de  Mica  et  de  Quartz, 
dans  laquelle  le  Mica  domine  générale- 
ment. Sa  texture  est  feuilletée,  et  sa  struc- 
ture fissile. 

Cette  roche  renferme  un  très  grand 
nombre  de  Minéraux  disséminés;  les  prin- 
cipaux sont:  io  la  Tourmaline  en  cristaux 
tantôt  considérables,  tantôt  aciculaires; 
2°  l'Amphibole  ;  sur  quelques  points  elle 
forme  jusqu'à  un  dixième  et  même  un  tiers 
de  la  roche,  mais  ce  ne  sont  que  des  cas 
accidentels;  3°  le  Grenat ,  qui  forme  aussi 
par  fois  jusqu'à  un  tiers  de  la  masse;  4°  le 
Disthène,  la  Staurotide,  la  Macle,  le  Talc, 
le  Graphite.  Puis  on  y  trouve  encore  quel- 
quefois duPhc-nhatc  Je  chaux,  delà  Pyrite 
ordinaire,  du  Fer  oxydulé  octaédrique,  du 
Carbonate  de  chaux,  etc. 

Le  Micaschiste  est  toujours  stratifié.  Cette 
roche  se  trouve  vers  la  partie  supérieure 
des  terrains  primordiaux  ou  cristallins,  où 
elle  forme  des  couches  puissantes,  présen- 
tant souvent  des  accidents  de  contourne- 
ments  et  de  plissements  remarquables. 

(C.  D'O.) 

*MieCOTROGUS(f/.exxo'ç,  petit  ;  rpuy©,  je 
mange),  ms. — Sous-genre  de  Coléoptères  té- 
tramères,  famille  des  Curculionides  gonato- 
cères,  division  des  Érirhinides,  créé  par 
Schœnherr  (Dispositio  methodica,  p.  247. — 
Gen.  etsp.  Curcul.,  III,  431),  qui  le  com- 
prend dans  ses  Tychius,  dont  il  diffère  par  le 
funicule  des  antennes ,  qui  n'est  composé 
que  de  six  articles  seulement.  Deux  espèces 
européennes  se  rapportent  à  ce  sous-genre  ' 
les  M.  lineaticollis  Stephens  et  posticus  Schr. 
L'une  se  trouve  en  Angleterre,  l'autre  en 
France.  (C.) 

MICHAUXÏA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Campanuîacées- 
Campanulées,  établi  par  Lhéritier  {Mono- 
graph.    inédit.  ).    Herbes  orientales.    Voy. 

CAMPANULACÉES. 

MICHELARIA,  Dumort.  {Agrost.,!!, 
t.  16).  bot.  ph.  — Syn.  de  Bromus,  Linn. 

MICHELÏA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genres  de  la  famille  des  Magnoliacées- 
Magnoliées,  établi  par  Linné  (Gen.  n.  691). 
Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Inde.  Voy.  ma- 

GNOLIACÉES. 

MICIPPE.  Micippa.  crust.  —  Ce  genre, 


MIC 


MIC 


193 


qui  appartient  à  Tordre  des  Décapodes  bra- 
chyures,  à  la  famille  des  Oxyrhynques  et  à  la 
tribu  des  Maiens,  a  été  établi  par  Leach  aux 
dépens  des  Cancer  de  Linné  et  de  Fabricius. 
Chez  ce  genre  singulier,  le  rostre  est  presque 
perpendiculaire,  reployé  en  bas,  et  forme 
avec  l'axe  du  corps  un  angle  presque  droit. 
Les  orbites  sont  bien  formées,  avec  les  pé- 
doncules oculaires  de  longueur  ordinaire. 
Ce  genre,  dont  on  ne  connaît  encore  que 
deux  espèces,  appartient  à  l'océan  Indien. 
Le  Micippe  a  crête  ,  Micippa  cristata  Leach 
(Zool.  miscell.,  t.  III,  pi.  128)  peut  être  con- 
sidéré comme  le  type  de  ce  genre  singulier. 
Cette  jolie  espèce  a  été  rencontrée  sur  les 
côtes  de  Java.  (H.  L.) 

MICO.  mam. — Buffon  désigne  sous  ce  nom 
une  espèce  du  genre  Ouistiti  qu'Et.-Geoff. 
St-Hilaire  indique  sous  la  dénomination  la- 
tine àeJacchus  argentatus,  et  dont  M.  Les- 
son  (Spec.  des  mammifères,  1840)  a  fait  le 
type  d'un  genre  nouveau  sous  le  nom  de 
Mico. 

Ce  même  nom  de  Mico  avait  été  employé 
par  Joseph  d'Acosta  et  par  Gumilla  pour 
désigner  d'une  manière  générale  les  Singes 
des  terres  de  l'Orénoque  et  spécialement  les 
espèces  de  petite  taille.  (E.  D.) 

MICOCOULIER.  Celtis.  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Celtidées,  établi  par  Tour- 
nefort  {Inst.,  383)  et  dont  les  principaux 
caractères  sont  :  Fleurs  polygames,  herma- 
phrodites, ou  mâles  par  avortement  de  l'o- 
vaire. Périgone  à  5  folioles  égales,  concaves. 
Étamines  5,  opposées  aux  folioles  du  péri- 
gone; filets  cylindriques;  anthères  introrses, 
2-loculaires ,  fixées  par  la  partie  dorsale. 
Ovaireoblong,  uni-loculaire,  uni-ovulé.  Stig- 
mates 2,  terminaux,  étalés  ou  recourbés, 
pubescents.  Le  fruit  est  un  drupe  charnu, 
lisse. 

Les  Micocouliers  sont  des  arbres  indigènes 
de»  régions  les  plus  chaudes  de  l'hémisphère 
boréal,  à  feuilles  alternes,  nerveuses,  den- 
tées en  scie;  à  fleurs  axillaires,  solitaires, 
pédicellées. 

On  connaît  une  trentaine  d'espèces  de  ce 
genre,  parmi  lesquelles  nous  citerons  le  Mi- 
cocoulier austral  ,  Celtis  australis  Linné 
(vulgairement  Bois  de  Perpignan,  Fabre- 
caulier,  Fabreguier),  qui  croît  dans  le  midi 
de  la  France.  C'est  un  arbre  de  15  à  16 
mètres  de  hauteur.  Ses  feuilles  sont  ovales- 

T.  VIII. 


lancéolées,  obliques  à  la  base,  dentées  en 
scie,  d'un  vert  foncé;  ses  fleurs  sont  très 
petites,  verdâtres,  éparses  sur  des  pédoncu- 
les souvent  simples  ;  les  mâles  à  la  base  des 
rameaux,  les  hermaphrodites  au  dessus,  dans 
les  aisselles  des  feuilles.  Son  fruit  noirâtre 
a  la  forme  d'une  petite  cerise. 

Le  bois  de  cet  arbre  est  recherché  pour  sa 
souplesse  et  sa  ténacité;  il  est  susceptible 
d'un  très  beau  poli.  Aussi  l'emploie-t-on 
assez  souvent  pour  la  confection  d'instru- 
ments à  vent,  pour  la  menuiserie  et  la  mar- 
queterie. 

Les  oiseaux  recherchent  aussi  avec  avidité 
ses  fruits,  qui  possèdent  un  principe  sucré  et 
agréable.  (J.) 

MICONIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Mélastomacées-Miconiées ,  établi 
par  Ruiz  et  Pavon  (Prod.  60,  Sysl.  104), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  :  Ca- 
lice à  tube  adhérent  à  l'ovaire;  limbe  court, 
persistant,  membraneux,  à  5  dents.  Co- 
rolle à  5  pétales  insérés  à  la  gorge  du  calice, 
ovales  ou  oblongs.  Étamines  10,  insérées 
avec  les  pétales,  égales;  anthères  cylin- 
driques, s'ouvrant  par  un  seul  pore.  Ovaire 
soudé  à  la  partie  inférieure,  nu  ou  tomen- 
teux,  à  3  ou  5  loges  multi-ovulées.  Style 
filiforme;  stigmate  obtus.  Le  fruit  est  une 
baie  globuleuse,  recouverte  par  le  calice,  à 
3  ou  5  loges.  —  Les  Miconia  sont  des  ar- 
brisseaux de  l'Amérique  tropicale,  à  ra- 
meaux opposés;  à  feuilles  opposées,  pé- 
tiolées,  5-7-nerviées,  couvertes  en  dessous 
d'un  duvet  tomenteux  très  léger;  à  fleurs 
petites,  bibractéées,  blanches,  disposées  en 
thyrses  terminaux,  allongés  ou  contractés  ; 
à  baies  violacées,  rouges  ou  pourpres. 

De  Candolle  décrit  82  espèces  de  ce  genre 
(Prodr.,  III,  179)  qu'il  répartit  en  trois 
sections  nommées  :  Leiosphœra  :  tube  du 
calice  et  fruit  globuleux,  très  entiers  ;  Erio- 
sphœra  :  alabastre  tomenteux  ;  tube  du  calice 
globuleux;  limbe  très  court;  baie  globu- 
leuse; Eumiconia  :  tube  du  calice  campa- 
nule. (J.) 

MICONIÉES.  Miconicœ.  bot.  ph.— Tribu 
de  la  famille  des  Mélastomacces  et  du  groupe 
des  Mélastomées,  qui  renferme  le  genre 
Miconia  et  en  a  pris  son  nom.     (Ad.  J.) 

MICOU.  mam.  —  Voy.  mico. 

*MICOLÏIELiS.  mam.— Groupe  de  Mar- 
supiaux créé  par  M.  Lesson  (Nouv.   Tabl. 

25 


194 


MÏC 


MIC 


mamm.,  1842)  et  qui  généralement  n'est 
pas  adopté.  (E.  D.) 

♦MIGRA  (f/'xpo's,  petit),  ins.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu  des 
Anthophilides,  établi  par  M.  Guénée  (Du  • 
ponchel,  Catalogue  des  Lépidoptères  d'Eu- 
rope, p.  185),  qui  y  renferme  huit  espèces, 
dont  trois  (il/,  paula,  parva  et  minuta)  ha- 
bitent la  France  méridionale  où  on  les  trouve 
au  mois  de  juin. 

*MICRACTIS  ((j-^pk,  petit;  à'xuç, 
rayon),  bot.  fh.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées,  établi  par  De  Can- 
dolle  {Prodr.,  V,  619).  Herbes  de  Madagas- 
car. Voy.  COMPOSÉES. 

*  MICRALOA  (p-sxpoç,  petit;  «Àoa,  aire). 
bot.  eu.  —  (Phycées).  Ce  genre,  de  la  tribu 
des  Nostocinées,  établi  d'abord  par  M.  Bia- 
soletto  {Alg.  Micr.),  a  été  adopté  par  M.  Me- 
neghini  avec  les  caractères  suivants  :  Fronde 
membraneuse-muqueuse,  formée  de  vésicu- 
les renfermant  des  globules  et  présentant 
une  membrane  aréoîée  après  la  sortie  de  ces 
globules.  On  en  compte  huit  à  dix  espèces 
appartenant  toutes  aux  eaux  douces.  M.  Kut- 
zing,  dans  son  Phycologia  generalis,  a  placé 
sous  ce  nom  générique,  avec  d'autres  carac- 
tères, deux  Algues  qui  appartenaient  à  son 
ancien  genre  Microcystis.  (Buéb.) 

*MICRALYMMA  (FxPoç,  petit;  ).v>,, 
fléau),  uns.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mèies,  famille  des  Brachélytres,  tribu  des 
Oxyléliniens  coprophiliniens,  créé  par  West- 
wood  {Mag.  of  Zool.  und  Bot.,  II,  129,  t.  4), 
et  adopté  par  Erichson(Ge«.  etsp.  Staphyl., 
p.  819).  Ce  genre  renferme  deux  espèces  : 
les  M.  brevipenne  Ghl.  (Johnstonis  West.)  et 
brevilingue  Schiœdle.  La  première  se  trouve 
sous  les  fucus,  au  bord  de  la  mer,  en  Suède, 
en  Angleterre,  en  Norwége,  et  la  deuxième 
au  Groenland.  (C.) 

MICRANTHEA  (  ptxpo'ç ,  petit;  «v8oç, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Euphorbiacées-Phyllanthées,  établi  par  Des- 
fontaines (in  Mem.  mus.,  IV,  253).  Arbris- 
seaux de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  EUPHOR- 

BIACÉES. 

MiCRANTHEMUM  (/uxpo's,  petit;  av- 
Goî,  fleur),  bot.  pu.  — Genre  de  la  famille 
des  Scrophularinées-Gratiolées,  établi  par 
L.-C.  Richard  (in  Michaux Flor.  Bot.  amer., 
1, 10).  Herbes  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 

gCROPUULARINÉES. 


MICRANTIÏERA ,  Alph.  DC.  (in  Linn. 
Transact.,  XVII,  115).  bot.  pu.  —  Voy.  ar- 
disia  ,  Swarlz.  —  Choisy  (in  Mem.  soc.  hist. 
nal.  Paris.,  I,  242,  t.  11  ,  12),  syn.  de 
Tovomita,  Aubl. 

MICRANTI1ES,  Tausch  (Hort.  canal.,  I), 
bot.  ph.  —  Voy.  saxifraga,  Linn. 

MICRANTHUS",  Pers.  (Ench.,  I,  46). 
bot.  pu.  — Syn.  de  Watsonia,  Mill. — Wendl. 
(06s.,  39),  syn.  (Vlïypoestes,  Soland. 

*MICRASPÏS (fAixfo'ç,  petit;  àjTn'ç,  écus- 
son).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subtétra- 
mères,  trimeres  de  Latreille,  famille  des. 
Aphidiphages,  de  nos  Coccinellides,  créé  par 
nous  et  adopté  par  Dejcan  (Catalogue,  3e 
édit.,  p.  459),  qui  en  mentionne  huit  esp.  ; 
trois  sont  originaires  d'Afrique,  deux  d'Asie, 
deux  d'Europe,  et  une  est  de  patrie  incon- 
nue. Nous  citerons  les  suivantes  :  Coccinella 
striata,  vittata  (limbata  var.),  cincta,  duode- 
cim-punclata  F .  clfimbriata  Hbst.  L'avant- 
dernière  espèce  se  trouve  abondamment  en 
Fratice,  pendant  l'hiver,  parmi  les  jeunes 
liges  touffues  des  Pommiers  à  cidre.     (C.) 

*MICRASTER  (pcxpoç,  petit  ;  à^>, 
étoile).  ÉcuiN.  —  Genre  d'Échinides  établi 
par  M.  Agassiz  pour  les  espèces  de  Spa tan- 
gues ,  à  disque  cordiforme ,  qui  ont  la  partie 
dorsale  des  ambulacres  très  développée  et 
presque  en  étoile.  Ce  genre,  qui  correspond 
aux  Brissoïdes  de  Klein  ,  ou  aux  Amygdaia 
et  Ovum  de  Van-Phelsurn,  renferme  plu- 
sieurs des  espèces  fossiles  caractéristiques 
des  terrains  de  craie;  tels  sont  les  anciens 
Spatangus  cor-anguinum,  S.  bufo  et  S.  cor- 
testudinarium.  (Duj.) 

*MICRASTERIAS  (f«*p=s,  petit;  ««rrpov, 
astre),  infus.?  algues.  —  Genre  établi  par 
Meyen  pour  une  algue  microscopique , 
classée  à  tort  par  quelques  zoologistes  avec 
les  Infusoires.  Elle  est  formée  de  plusieurs 
utricules  vertes ,  anguleuses  ou  diversement 
prolongées  en  pointes  et  réunies  symétri- 
quement en  étoiles.  On  en  connaît  plusieurs 
espèces  assez  communes  dans  les  eaux  dou- 
ces; quelques  unes  ont  été  désignées  par 
divers  naturalistes  sous  les  noms  génériques 
(VUrsinella,  Helierella.  (Duj.) 

*  MICRASTER1AS  (^xpo'ç,  petit;  àa- 
rrîp,  étoile),  bot.  cr.—  (Phycées).  Ce  genre, 
le  plus  élégant  de  la  tribu  des  Desmidiées , 
présente  des  corpuscules  comprimés,  discoï- 
des, formés  de  deux  hémisomates  à  lobes 


MIC 


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195 


rayonnants,  plus  ou  moins  incisés  sur  leur 
contour,  quelquefois  denticulés  ou  épineux. 
Ce  genre  a  été  établi  par  Agardh  (Flora, 
1827)  pour  une  espèce  que  l'on  croit  être  le 
M.  rotata  Balfs,  d'après  une  description  très 
incomplète.  Le  genre  Micrasterias  de  M.  Eh- 
renberg  (Infus.)  est  synonyme  du  genre 
Pediastrum  de  M.  Mey en  et,  à  ses  Euastrum, 
appartiennent  les  espèces  du  genre  dont  nous 
venons  de  donner  les  caractères.  Nous  en 
connaissons  dix  à  douze  espèces.  Toutes  sont 
propres  aux  eaux  douces  des  marais  tour- 
beux. (Bréb.) 

*MICRASTUR,  G.-R.  Gray.  ois.— Syn. 
û'Astur,  Spin.  Voy.  autour.  (Z.  G.) 

M ICRATIIE.  Micralhera.  arachn.— Voy. 

PLECTANE.  (H.    L.) 

*MICRHYLA  ifitxpoç,  petit;  hijla,  rai- 
nette), rept. —  Genre  de  la  famille  des  Rai- 
nettes (  Batraciens  anoures  ) ,  établi  par 
M.  Tschudi,  et  défini  avec  soin  par  MM.  Du- 
iaéril  et  Bibron  dans  le  t.  VIII  de  leur  Hist. 
des  Reptiles.  On  n'en  connaît  qu'une  espèce, 
nommée  Micrhyla  achatina,  qui  vit  dans 
l'île  de  Java.  (P.  G.) 

*MICROBDELLA  (p.ixpoç,  petit  ;  SSéUu, 
sangsue),  annél.  —Synonyme  de  Bran- 
chiobdeUa  (Odier),  employé  par  M.  de  Blain- 
ville  et  par  quelques  helminthologistes.  Voy. 

BRANCHIOBDELLE.  (P.    G.) 

*  MICROBLEPHARIS  (puxpéç,  petit; 
6-V:wapî;,  sourcil),  rept. — M.  Fitzinger  (Syst. 
Rept.,  1842)  désigne  ainsi  un  groupe  formé 
aux  dépens  des  Scinques.  Voy.  ce  mot. 

(E.D.) 

*  MICROBLEPIIARIS,  Wieht.  et  Arn. 
(Prodr.,  I,  353).  bot.  pu.  — Voy.  modecca, 
Linn. 

*  MICROCALIA  ,  A.  Rich.  (Flor.  Nov.- 
ZéL,  231,  t.  30).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Lage- 
nophora,  Cass. 

MICROCARP.4EA  (paxp&ç,  petit;  x*P- 
«iro'ç,  fruit),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Scropbularinées-Gratiolées,  établi  par  R. 
Brown  (Prodr.,  435).  Herbes  des  Indes 
orientales  et  de  la  Nouvelle-Hollande  tropi- 
cale.  Voy.  SCROPHULARINÉES. 

*  MICROCEBLS  (  fMtnpéç  ,  petit;  x7;Ço; , 
singe),  mam.  —  Et.  Geoffroy-Saint-Hilaire 
(Cours  de  l'hist.  nat.  des  Mamm.  ,  1829)  a 
créé  sous  ce  nom  un  genre  formé  aux  dé- 
pens des  Lemur  des  auteurs  ,  et  ne  compre- 
nant que  l'espèce  indiquée  par  Buffon  sous 


le  nom  de  Rat  de  Madagascar  (  Microcèbe 
roux,  Lemur  pusillus  Et.  Geoffr.). 

Les  Microcèbes  ne  diffèrent  des  Makis 
proprement  dits  que  par  leur  jambe  de  der- 
rière plus  longue;  leur  museau  plus  court; 
leurs  yeux  plus  saillants  et  plus  gros;  lent 
arcade  maxillaire  plus  courte,  et  leurs  dents 
plus  fines,  plus  serrées,  etc.  Le  genre  de 
vie  de  ces  animaux  ne  diffère  pas  de  celui 
des  Makis.  (E.  D.) 

MICROCÉPHALES.  Microcephali.  ins. 
—  Tribu  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Brachélytres,  établie  autrefois  par 
Latreille,  et  qui  comprenait  les  genres  Lo- 
mechusa ,  Tachinus  et  Tachyporus.  Cette 
tribu  a  été  abandonnée  depuis.  (C.) 

*MICROCEPïlAIJOPHlS(Uc:C0'pç,  petit  ; 
xt(pa./.rj ,  tête;  o?«s,  serpent),  rept. —  Genre 
d'Ophidiens  de  la  famille  des  Hydrophides, 
établi  par  M.  Lesson  dans  la  partie  erpétolo- 
gique  du  voyage  de  M.  Bélanger.    (P.  G.) 

MICROCEPHALUS  (  u.ixP6ç  ,  petit;  X£- 
(oal-ô  ,  tête),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Carabiques,  tribu 
des  Féroniens,  créé  par  Latreille  (Familles 
naturelles,  1825  ,  pag.  240  )  et  adopté  par 
Dejean  (Species  générai  des  Coléoptères,  t.  III, 
p.  198).  On  en  connaît  deux  espèces  :  les 
Microcephalus  depressicollis  Dej.,  et  lici- 
noides  Perty.  (C.) 

*  MICROCEPHALUS  iiuxpk,  petit;  x£- 
<?-Ar:,  tète),  rept.  —  Groupe  de  Reptiles  in- 
diqué par  M.  Lesson.  (E.  D.) 

*MICROCERA  (jutxpoç,  petit;  *epaç,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Brachélytres,  tribu  des 
Aléochariniens,  créé  par  Mannerheirn  (Bra- 
chélytres, p.  72),  qui  lui  donne  pour  type 
le  M.  depressicollis  Dej.  ,  Mann.  Ce  genre  , 
suivant  Erichson,  paraît  être  voisin  des  Oli- 
gota.  (C.) 

*MICROCERUS(Pxpo':,  petit;  x/paç,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères  ,  famille  des  Curculionides  gonatocè- 
res ,  division  des  Brachydérides  ,  créé  par 
Gyllenhal  (  Schœnherr,  Gen.  et  sp.  Curcul. 
syn.,  t.  V,  p.  724).  Huit  espèces,  toutes  de 
l'Afrique  australe,  rentrent  dans  ce  genre, 
et  parmi  celles-ci  figurent  les  M.  retusus  F. 
Schr.  et  idolus  Ghl.  (C.) 

*MICROCH^ETES  (utXpo';,  petit;  x«fa}, 
chevelure),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères, famille  des  Clavicornes,  tribu  des 


196 


MIC 


MIC 


Byrrhiens,  créé  par  M.  Hope  (the  Trans.  of 
the  cntomologicalSoc.  ofLond.,  1834,  p.  12, 
pi.  1 ,  f.  2),  qui  le  comprend  dans  les  Byr- 
rhides  de  Leach.  Le  type,  M.  sphœricus  H., 
est  originaire  de  la  Nouvelle-Hollande.  Une 
seconde  espèce  du  même  pays  a  été  décrite 
depuis  par  Erichson  sous  le  nom  de  M.  sco- 
parius.  (G.) 

*MICROCHEILA  (^xpo;,  petit;  ^oç, 
lèvre),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Carabiques,  tribu  des 
Féroniens  ,  créé  par  MM.  Audouin  et  Brullé 
(  Hist.  natur.  des  Ins. ,  t.  IV,  p.  337),  qui 
lui  donnent  pour  type  une  espèce  de  Mada- 
gascar, et  à  laquelle  ces  auteurs  ont  donné 
le  nom  de  M.  picea.  (C.) 

MICROCHILUS  (fMxpoç,  petit;  xe~- 
loç,  lèvre)  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Orchidées  -  Néottiées  ,  établi  par  Presl 
(in  Reliq.  Hœnk.,  II ,  94).  Herbes  du  Pérou. 

Voy.  ORCHIDÉES. 

MICROCIILOA  (puxpo'ç,  petit;  x\ér> , 
herbe),  bot.  pu.  — Genre  de  la  famille  des 
Graminées-Chloridées,  établi  par  R.  Brown 
(Prodr. ,  208).  Gramens  des  régions  tropi- 
cales du  globe.  Voy.  graminées. 

*MICROCHOERUS  (p-txpoç,  petit;  Xoî- 
po;,  porc),  mam.  —  M.  Wood  {Ann.  nat. 
hist.,  XIII.  1844)  désigne  ainsi  un  petit 
genre  de  Pachydermes.  (E.  D.) 

*  MICROCLADIA  (  puxpo; ,  petit  ;  x>a- 
&'ov  ,  rameau  ).  bot.  cr.  —  Genre  d'Algues 
Floridées,  établi  par  Greville  (Alg.  Brit. , 
99).  Algues  marines,  cartilagineuses,  dont 
on  ne  connaît  qu'une  espèce,  nommée  par 
l'auteur  du  genre  Microcladia  glandulosa. 

MICROCLEPTES  (wtxpoç,  petit;  x\tn- 
tvjç,  voleur),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires, 
établi  par  Newmann  (The  entomologist,  t.  I). 
Le  type ,  M.  aranea  de  l'auteur,  a  été  rap- 
porté des  environs  de  Valparaiso.         (C.) 

*  MICROCOCHLE  ,  Benth.  (in  Annal. 
Wiener  mus. ,  II,  136).  bot.  ph.  —  Voy. 

HARICOT. 

*MICROCODOIV  (pcxpoç,  petit;  Xw<W  , 
clochette),  infus.  ou  systol.  —  Genre 
de  Systolides  ou  Rotateurs ,  proposé  par 
M.  Ehrenberg  pour  un  animalcule  micro- 
scopique ,  imparfaitement  connu,  qu'il 
nomme  Microcodon  clavus ,  et  qu'il  place 
dans  sa  famille  des  Mégalotroques.  Comme 


son  nom  l'indique,  le  Microcodon  a  la  forme 
d'un  clou,  et  se  termine  en  arrière  par  une 
sorte  de  queue  ou  de  pédoncule  contrac- 
tile. (Duj.) 

*  MICROCODON  (pxpoç,  petit;  mSJ**, 
clochette),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Campanulacées-Lighfootiées,  établi  par 
Alph.  De  Candolle  (  Camp.,  127,  t.  19). 
Herbes  du  Cap.  Voy.  campanulacées. 

*MICROCOELIA  (  P.cxp0'ç ,  petit;  xoiîua, 
cavité),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Orchidées-Dendrobiées,  établi  par  Lindley 
(Orchid.,  60).  Herbes  de  Madagascar.  Voy. 
orchidées. 

MICROCOLEUS  (fxtxpoç,  petit;  Xo).eo'ç, 
gaîne).  bot.  cr.  —  (Phycées.)  Genre  de  la 
tribu  des  Oscillariées,  créé  par  M.  Desma- 
zières  (Crypt.  du  nord  de  la  Fr.,  fasc.  II). 
Ses  caractères  consistent  dans  la  réunion  de 
plusieurs  filaments  cloisonnés,  oscillants, 
renfermés  dans  une  gaîne  qui  ne  laisse  li- 
bre que  leur  partie  supérieure.  On  en  con- 
naît une  dizaine  d'espèces  ;  la  plus  commune 
est  le  M.  terrestris  Desmaz.,  qui  croît  sur 
la  terre  humide,  et  s'y  montre  sous  la  forme 
de  filaments  anastomosés  d'un  vert  noirâ- 
tre. Le  genre  Chtonoblastus  de  M.  Kutzing 
(Phycoi  gêner.)  ne  diffère  point  de  ce- 
lui-cj.  (Bréb.) 

MICROCOR1S  (pxpo'ç,  petit;  xopuç , 
casque),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille  des 
Labiées-Prostanthérées,  établi  par  R.  Brown 
(Prodr.,  502).  Arbrisseaux  de  la  Nouvelle- 
Hollande  méridionale.  Voy.  labiées. 

*MICROCOSMUS  (acxpo'ç,  petit;  xo^éç, 
monde),  tunic,  moll.  —  Genre  adopté  d'a- 
bord par  Linné,  d'après  Rédi,  pour  une  es- 
pèce d'Ascidie  dont  l'enveloppe  est  encroûtée 
de  divers  petits  corps  marins.  Voyez  asci- 
die. (Duj.) 

*MICROCTE]\US  (puxpo'ç,  petit;  xt/voç, 
peigne),  rept.  —  Groupe  de  Stellions  (voy. 
ce  mot),  d'après  M.  Fitzinger  (  Syst.  Rept., 
1843).  (E.  D.) 

MICROCYGNA.  ois. —  Genre  établi  par 
G.-R.  Gray  sur  le  Bernache  à  collier.  Voy. 
oie.  (Z.  G.) 

*MÏCR0C1STIS  (puxpo'ç,  petit;  p-cxpo'ç, 
vessie),  bot.  cr.  —  (Phycées.)  Genre  de  la 
tribu  des  Nostocinées,  créé  par  M.  Kutzing 
et  adopté  par  M.  Meneghini  dans  sa  Mono- 
graphie des  Nostocinées ,  avec  les  caractères 
suivants  :  Fronde  muqueuse,  d'abord  défi- 


MIC 


MIC 


197 


nie,  formée  de  globules  renfermés  dans  des 
vésicules,  se  divisant  selon  une  disposition 
quaternaire ,  et  donnant  lieu  plus  tard  à 
de  nouvelles  frondes.  M.  Kutzing  ,  dans 
son  Phycologia  generalis ,  a  réuni  les  espè- 
ces appartenant  à  ce  genre  sous  le  nom  de 
Glœcocapsa,  et  a  réservé  le  nom  de  Micro- 
cystis  pour  quelques  espèces  qui  se  rappor- 
tent principalement  au  g.  Agmenellum.  Ces 
changements  amènent  nécessairement  une 
déplorable  confusion  dans  cette  partie  de 
l'algologie.  En  adoptant  le  g.  Microcystis 
tel  que  le  présente  M.  Meneghini  dans  sa 
Monographie  des  Nostocinées,  nous  croyons 
pouvoir  y  placer  au  moins  20  espèces  pro- 
pres aux  eaux  douces,  habitant  la  terre  et 
les  rochers  humides.  (  Bréb.) 

MICRODACTYXE.  Microdactylus,  Geof. 
Saint-Hilaire.  ois. —  Syn.  deCariama,  Bris- 
son.  (Z.  G.) 

*MICRODACTYLUS  (atxpoç,  petit;  <Sâx- 
tvAoç,  doigt),  rept.  — Genre  que  M.  Tschudi 
avait  proposé  pour  un  Saurien  de  l'Inde  que 
MM.  Duméril  et  Bibron  (Erpétologie  ,  IV, 
p.  157)  décrivent  sous  le  nom  de  Chalcides 
Schlegelii.  (P.  G.) 

*MICRODELES  (,^xPo';  ,  petit;  âftjXoç, 
obscur,  douteux),  ins.  —  Genre  de  la  tribu 
des  Chalcidiens  ,  groupe  des  Ormorcérites  , 
de  l'ordre  des  Hyménoptères  ,  établi  par 
M.  Walker  sur  quelques  petites  espèces  dont 
les  antennes,  de  douze  articles,  sont  renflées 
en  une  massue  terminée  en  pointe.  On  peut 
considérer  le  M.  rolundus  comme  le  type  du 
genre.  (Bl.) 

*MICRODEMA,  Laporte.  ins.  —  Syn. 
de  Scydmœnus ,  Megaloderus ,  Tyttosoma  et 
Cephennium.  (C.) 

*MICRODERA(ptxpo'ç,  petit;  &'Pyj,  cou). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  hétéromères,  fa- 
mille des  Mélasomes  ,  tribu  des  Tentyrites, 
établi  par  Eschscholtz  (Zoological  Allas),  et 
adopté  par  Solier  (Annales  de  la  Soc.  entom. 
de  France,  t.  IV,  p.  304).  Six  espèces  ren- 
trent dans  ce  genre ,  et  ce  dernier  auteur  y 
introduit  deux  divisions.  Il  place  dans  la 
première  la  M.  lucida  Dej.,  Sol.,  et  dans  la 
seconde  les  M.  gracilis  et  convexa  Esch., 
Sol.  La  lucida  est  propre  à  l'Egypte  ,  et  les 
deux  autres  sont  originaires  de  la  Russie 
méridionale.  (C.) 

*MICRODERES  ou  MICRODERUS  (pt- 
*pos ,  petit  ;  Stp-n ,  cou),  ins.  —  Genre  de  Co- 


léoptères pentamères,  familledesCarabiques, 
tribu  des  Harpaliens ,  créé  par  Faldermann 
(Fauna  Transcaucasica ,  t.  I ,  pi.  4,  f.  1). 
Le  type,  le  M.  robustus  de  l'auteur,  est  ori- 
ginaire de  la  Russie  méridionale.  L'auteur  le 
place  près  des  Daptus.  (C.) 

*MICRODERIS  (pxpoç,  petit  ;  êépiç , 
couverture),  bot.  ph.  —  Genre  delà  famille 
des  Composées-Cichoracées ,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  VII,  127).  Herbes  vivaces 
des  îles  Àçores.  Voy.  composées. 

*MICRODIPHYE  (pcxpcç,  petit  ;  diphya, 
diphye).  acal.  —  Genre  de  Diphyes  établi  par 
M.  Lesson  et  constituant  toute  sa  deuxième 
tribu  des  Diphydes  monogastriques  ,  les- 
quelles ont  un  seul  sac  stomacal  exsertile, 
dilatable,  probosciforme ,  terminé  par  une 
bouche  en  ventouse,  à  la  base  duquel  se 
trouvent  des  organes  qui  semblent  être  des 
ovaires.  M.  Lesson  subdivise  ce  genre  en 
neuf  sous-genres,  qui  sont:  1°  Nacelle, 
Cymba;  2°  Enneagonum;  3°  Cuboides;  4° 
Cucubalus;  5°  Capuchon  ,  Cucullus;  6°  Eu- 
doxia;  7°  Amphiroa  ;  8°  Ersœa  ;  9°  Aglais- 
ma.  (Duj.) 

*MICRODON  (ptxpo;,  petit;  Wou;,  dent). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Sélagi- 
nées,  établi  par  Choisy  (  in  Mem.  Soc.  h.  n. 
Genev.,  II,  97).  Arbustes  du  Cap.  Voy.  sé- 

LAGINÉES. 

*MICRODOI\TA  (puxpo'ç,  petit;  £<Wç, 
dent  ).  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépi- 
doptères nocturnes,  tribu  des  Notodontides, 
établi  par  Duponchel  (  Catal.  des  Lépidopt. 
d'Europe  ,  I  ,  p.  93),  qui  y  rapporte  deux 
espèces ,  le  M.  bicolora  et  albida.  La  pre- 
mière habite  la  France  et  l'Allemagne;  la 
seconde,  qui  n'est  peut-être  qu'une  variété 
de  la  première ,  a  été  trouvée  dans  la  Rus- 
sie méridionale. 

*MICRODONTA  (ptxpo'ç,  petit;  ISotç, 
dent),  ins.—-  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
ta mères  ,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Cycliques,  tribu  des  Cassidaires  hispites, 
fondé  par  nous  et  adopté  par  Dejean  (Cata- 
logue, 3eédit.,p.  388),  qui  en  indique 
sept  espèces  de  la  Guyane  française.  Le  type 
est  VHispa  serralicornis  de  F.  (C.) 

*MICRODOIMTA,  Kirby,  Hope.  ins. — 
Syn.  d'Amphymallus,  Latr.,  Muls.     (C.) 

*MICRODORIS  ( pocpoç ,  petit;  Jopoç , 
lance),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 


198 


MIC 


MIC 


Scarabéides  anthobies,  établi  par  Dejean  (Ca- 
talogue, 3e  éd.,  p.  184),  et  adopté  par  Bur- 
meister  (Handbuch  der  Entomologie,  1844, 
p.  32),  qui  le  fait  entrer  dans  ses  Lichnia- 
des.  Le  type,  le  M.  aquilus  Dj.-B.,  la  seule 
espèce  connue,  est  originaire  du  cap  de 
Bonne -Espérance.  (C.) 

MICRODUS  (ptxoo'ç,  petit;  ISoiç,  dent). 
ins.  —  Genre  de  la  famille  des  Braconides, 
groupe  des  Agathites,  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères, établi  par  M.  Nées  von  Esenbcck, 
et  adopté  par  la  plupart  des  entomologistes 
avec  de  plus  ou  moins  grandes  restrictions. 
Tel  qu'il  est  généralement  admis ,  on  le 
distingue  des  autres  Agathites  à  des  anten- 
nes longues  et  grêles  et  à  des  mâchoires  et 
lèvres  fort  courtes.  Le  M.  nitidus  Nées  von 
Esenb.,  qui  habite  une  grande  partie  de 
l'Europe ,  peut  être  considéré  comme  le 
type  du  genre.  (Bl.) 

*RHCROECA  (ptxpoç,  petit;  oîxo,-,  mai- 
son), ois. —  Division  de  la  famille  des  Gobe- 
Mouches,  établi  par  Gould  aux  dépens  du 
genre  Myiagra  de  Vigors  et  Horsfield,  et 
ayant  pour  type  le  M.  macroptera  Vig.  et 
Horsf.  (Z.  G.) 

*  MÏCROELUS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Euphorbiacées-Buxées  ,  établi 
par  Wight  et  Arnott  (in  Edmè.  New.  philos. 
Journ.,  XIV,  298).  Arbres  de  l'Inde.  Voy. 

£UIJIÏ0RBIACÉES. 

MIGROGASTER  {pnpiç,  petit;  y»*- 
Trçp,  abdomen),  ins.  —  Genre  de  la  famille 
des  Braconides  ,  groupe  des  Agathites  ,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères  ,  établi  par  La- 
treille  sur  de  petites  espèces  reconnaissables 
à  des  antennes  grêles  de  dix-huit  articles  et 
à  des  yeux  velus.  On  connaît  un  certain 
nombre  d'espèces  de  ce  genre  ;  mais  la  plus 
répandue  est  le  M.  glomeratus  Lin.  Voy.  pour 
son  histoire  l'article  ichneumoniens  de  ce  Dic- 
tionnaire. (Bl.) 

«MICROGLENA  (pu*p4ç,  petit;  yHfa, 
œil),  infus. — Genre  établi  par  M.  Ehrenberg 
dans  sa  famille  des  Monadines,  pour  les  es- 
pèces qui  vivent  isolément,  et  qui  sont 
pourvues  d*un  point  coloré  qu'il  nomme  un 
œil  ;  elles  ont  en  outre  un  ou  deux  fila- 
ments flagelliformes  ou  trompes.  Nous  pen- 
sons que  ces  Infusoires  doivent  appartenir 
à  la  famille  des  Thécamonadiens.     (Duj.) 

*  MIGROGLOSSA  (pxpo'ç ,  petit  ;  y}»*- 
ffa,  langue),  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 


des  Composées-Astéroïdées,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  V,  320).  Arbrisseaux  de 
l'Inde  et  de  l'Afrique.  Voy.  composées. 

*MICROGLOSSE.  Microglossum.  ois.  — 
Genre  de  la  famille  des  Perroquets.  Voy. 
ce  mot.  (Z.  G.) 

*M!CROGNATHIDES (Wôç,  petit;  >va- 
0o;,  mâchoire),  ins. — Groupe  de  Coléoptères 
pentamères,  de  la  famille  des  Lamellicornes, 
attribué  à  Latreille  par  Laporte  de  Castel- 
nau  (Histoire  naturelle  des  animaux  articu- 
lés, t.  II,  p.  177),  et  qui  a  pour  caractères  : 
Antennes  simplement  arquées,  velues  ;  labre 
toujours  découvert  et  grand;  languette  bi- 
fide, couronnant  le  menton  ;  mâchoires  cor- 
nées, avec  deux  fortes  dents  au  moins;  écus- 
son  sur  un  pédicule  portant  l'abdomen  ;  ce- 
lui-ci séparé  du  corselet  par  un  intervalle 
notable. 

Les  Micrognathides  sont  généralement 
grands  et  de  couleurs  foncées.  Ils  sont  pro- 
pres aux  pays  chauds  de  l'Amérique,  de 
l'Asie,  de  l'Afrique  et  de  l'Australie.  On  les 
rencontre  dans  le  vieux  bois  et  quelquefois 
en  abondance  dans  les  sucreries.  Leurs  larves 
ont  beaucoup  de  ressemblance  avec  celles  des 
Lucanites  ;  elles  ne  sont  pourvues  que  de 
quatre  pattes,  et  vivent  de  racines  pendant 
plusieurs  années  avant  de  passer  à  l'état 
parfait. 

Ce  groupe  se  compose  des  genres  Passai  us, 
Ocythoe  et  Paxillus.  (C.) 

*  MïCROGOMPHUS,  Benth.  (Use). 
bot.  ph.  —  Voy.  sympieza  ,  Licht. 

*MICROGRAMMA,  Presl.  (Ptertd.,  213, 

t.    IX,  f.    7).  BOT.   CR.    —    Voy.    SELLiGUEA, 

Bory. 

*MICROG¥ftE  (pixpoç,  petit;  yvV/3,  pistil). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Compo- 
sées-Astéroïdées, établi  par Lessing  (Synops., 
190;  DC,  Prodr.,  V,  296).  Herbes  du  Bré- 
sil.  Voy.  COMPOSÉES. 

MIGROLyENA  (f»xpéç,  petit;  )a~va,  en- 
veloppe), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Graminées-Oryzées,  établi  par  R.  Brown 
(Prodr.,  210).  Gramens  de  la  Nouvelle- 
Hollande  et  de  l'île  Van-Diemen.  Voy.  gra- 
minées. —  Genre  de  la  famille  des  Byttnéria- 
cées  Eriolœnées,  établi  par  Wallich  (Ca~ 
talog.,    n.    1173),    Arbres  de  l'Inde.  Voy. 

BYTTNÉRIACÉES. 

*MICROLAPTES,  G.-R.  Gray.  ois.  — 
Syn.  de  Picumnus, Temm.  V.  picumne.  (Z.  G.) 


MIC 


MIC 


199 


♦3WICR0LEPÏS.  REPT.  —  Division  des 
Scincoïdicns.  Voy.  ce  mot.  (P.  G.) 

*MICROLEPIS  (pxpo'ç,  petit;  Xiictç , 
écaille),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille  des 
Mélastomacces-Osbeckiées ,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  III,  139).  Herbes  du 
Brésil.  Voy.  composées. 

*MICROLEPTES  {\>™?k,  petit;  Aeirtoç, 
grêle),  ins.  — Genre  de  la  famille  des  Ich- 
neumonides,  groupe  des  Ichneumonites,  de 
Tordre  des  Hyménoptères,  établi  par  Gra- 
venhorst  (Ichncumonographia)  sur  une  seule 
espèce  dont  la  tête  est  globuleuse  ,  et  dont 
les  antennes  sont  renflées,  ainsi  que  les  pat- 
tes ;  c'est  le  M.  splendidulus  Grav.,  trouvé  en 
Angleterre.  (Bl.) 

MICROLEUCONYMPïLEA,  Boer.  bot. 
pu.  —  Syn.  à'Hydrocharis,  Linn. 

MÏCROEICÏA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Mélastomacécs  Rhexiécs,  établi 
par  Don  (in  Mem.  Werner.  Soc,  IV,  301). 
Herbes  ou  arbrisseaux  du  Brésil.   Voy.  mé- 

LASTOMACÉES. 

MICROLOMA  0«xpoç,  petit;  %«,  bor- 
dure), bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Asclépiadées  -  Cynanchées ,  établi  par  R. 
Brown  (in  Mem.  Werner.  Soc,  I,  83). 
Sous-arbrisseaux  du  Gap.  Voy.  asclépia- 
dées. 

*MICROLOi\CI!US  (pixpôç,  petit;  \oyXj, 
lance),  bot.  pu.  — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Cynarées,  établi  par  De  Candolle 
(Prodr. ,  VI,  562) .  Herbes  vivaces  des  régions 
méditerranéennes  et  de  l'Inde. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces  que  De 
Candolle  (loc.  cit.)  répartit  en  deux  sections, 
nommées  :  Mantisulca  :  Écailles  de  l'invo- 
lucre  prolongées  en  un  appendice  spini- 
forme;  Uralcpis  :  Écailles  de  rinvolucre 
prolongées  en  un  appendice  scarieux. 

*MICROLOPIIIA  (/«xpo'ç,  petit;  ao>oç, 
panache),  ins. —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreiile,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires, 
créé  par  Newman  (The  Enlomologist's,  p. 
383).  Le  type,  la  M.  ignara  de  l'auteur, 
est  originaire  de  Manille.  (C.) 

*)\HCROLOPHUS(F.txPo'ç,  petit;  16?0;, 
crête),  rept.  —  MM.  Duméril  et  Bibron , 
qui  ont  établi  ce  genre  dans  le  t.  IV  de  leur 
Histoire  des  Reptiles,  en  résument  ainsi  les 
caractères  : 

Un  repli  de  la  peau  sur  les  côtés  du  ven- 


tre et  au-devant  des  épaules  ;  un  autre  ar- 
qué sur  la  poitrine;  bord  du  trou  auditif 
dentelé  en  avant  ;  une  crête  basse,  dentelée 
sur  le  dos;  queue  à  écailles  verticillées,  ca- 
rénées ;  pas  de  pores  fémoraux;  des  dents 
au  palais. 

La  seule  espèce  connue  dans  ce  genre  vit 
sur  les  côtes  du  Pérou  ;  elle  est  pleurodonte  : 
c'est  le  Microlophus  Lessonii  Dum.  et  Bibr., 
d'abord  nommée  Stellio  peruvianus  par 
M.  Lesson.  (P.  G.) 

*  MICROLOPHUS  (p.ixp°ç,  petit;  ),o>OÇv 
aigrette),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Cynarées,  établi  par  De  Canuolle 
(Prodr.,  VI,  567)  aux  dépens  du  genre  Cen- 
taurée. Voy.  ce  mot. 

*MICROLOTUS  ,  Benth.  (  in  Linn. 
Trans.,  XVII,  364).  bot.  ph.  —  Syn.  d'tfo- 
sackia ,  Dougl. 

*MICRO!!klEGA  (  /Atxpo? ,  petit  ;  p.eyaç  , 
grand),  bot.  cr.  —  (  Phycées.)  Genre  de  la 
tribu  des  Diatomées  ,  établi  par  Agardh 
(Consp.  diat.),  et  dont  les  caractères  sont  : 
Fronde  gélatineuse,  filamenteuse,  rameuse, 
renfermant  dans  un  tube  externe  des  séries 
de  frustules  (navicules),  contenues  dans  des 
tubes  internes  rapprochés  en  faisceaux; 
spermophores  épars  ,  formés  par  la  dilata- 
tion des  navicules.  Ce  genre  se  distingue  du 
g.  Schizonema  par  la  présence  des  tubes 
internes ,  qui  ne  se  trouvent  point  dans  ce 
dernier,  qui  présente  des  navicules  entas- 
sées dans  le  tube  général. 

Les  Micromega  forment  de  petites  touffes 
d'un  brun  noirâtre  qui  prennent  une  teinte 
grise,  plus  ou  moins  verdâlre  par  la  dessic- 
cation. Ils  croissent  sur  les  rochers  sous- 
marins  et  sur  les  algues  peu  élevées,  princi- 
palement dans  les  points  où  la  mer  produit 
quelque  courant.  On  en  connaît  près  de 
30  espèces;  toutes  appartiennent  aux  côtes 
d'Europe.  (Bréb.) 

*MICROMELEM  (f«xpéç,  petit  ;  pAoç, 
rameau),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Aurantiacées-Clausénées,  établi  par  Blume 
(Bijdr.,  137).  Arbres  de  Java.  Voy.  auran- 
tiacées. 

*MICROMELES  (f*«xpoS,  petit;  p./Ao;, 
membre),  ins. — Genre  de  la  tribu  desChal- 
cidiens,  groupe  des  Miscogastérites,  de  l'or- 
dre des  Hyménoptères  ,  établi  par  M.  Wal- 
ker  (Entomological  Magazine)  sur  des  es- 
pèces dont  la  tête,  plus  large  et  plus  longue 


200 


MIC 


MIC 


que  le  thorax  ,  porte  des  antennes  de  treize 
articles.  Le  type  du  genre  est  le  M.  rufoma- 
culalus  Walk.  (Bl.) 

*MICROMERIA  (ptxpo'ç,  petit;  pvjpo'ç, 
tige),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Labiées-Mélissinées ,  établi  par  Bentham 
{Labial.,  368),  et  dont  les  principaux  carac- 
tères sont:  Calice  tubuleux,  13-15-strié, 
5-denté,  souvent  villeux  à  la  gorge.  Corolle 
à  tube  droit,  nu  à  la  partie  interne,  souvent 
plus  court  que  le  calice,  à  limbe  bilabié; 
lèvre  supérieure  dressée,  entière  ou  un  peu 
échancrée;  lobes  de  la  lèvre  inférieure  pres- 
que égaux,  celui  du  milieu  plus  large,  entier 
ou  échancré.  Étamines  4,  les  inférieures 
plus  longues,  ascendantes;  anthères  libres, 
à  2  loges  distinctes,  parallèles.  Style  bifide 
au  sommet;  stigmates  2,  terminaux,  petits. 
Le  fruit  est  un  akène  sec,  lisse. 

Les  Micromeria  sont  des  plantes  herba- 
cées ou  suffrutescentes,  croissant  dans  les 
régions  les  plus  chaudes  du  globe,  rarement 
cependant  dans  l'Amérique  tropicale.  Leurs 
fleurs,  petites,  rouges  ou  blanches,  sont  dis- 
posées en  verticillastres  axillaires  ou  en 
épis. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
en  trois  sections  nommées  :  Hesperothymus, 
Benth.  (op.  cit.,  371)  :  Fleurs  solitaires  ou 
groupées  par  trois,  et  portées  sur  des  pédi- 
celles  axillaires,  plus  longs  que  le  calice; 
feuilles  souvent  crénelées;  Piperella,  Presl. 
(FI.  sicul.,  XXXVI)  :  Fleurs  sessiles  ou  ag- 
glomérées en  capitules  sessiles  et  pédoncules, 
les  pédicelles  plus  courts  que  le  calice  ; 
feuilles  très  entières  ;  Pseudomelissa,  Benth. 
(op.  cit.  ,  382)  :  Verticillastres  formant  des 
cymes  allongées,  pédonculées ,  subdicho- 
tomes;  feuilles  souvent  dentées. 

MICROMETRE  ( psxpô; ,  petit;  pfrpov  , 
mesure),  phys.  —  On  nomme  Micromètres 
des  instruments  à  l'aide  desquels  on  peut 
apprécier  avec  toute  l'exactitude  désirable 
les  dimensions  linéaires  les  plus  minimes  , 
ou  les  plus  petits  espaces  célestes,  tels  que 
la  différence  de  hauteur  ou  de  déclinaison 
des  étoiles,  le  diamètre  des  astres,  etc. 
Les  appareils  micrométriques  se  divisent  en 
deux  classes  :  ceux  de  la  première  appar- 
tiennent plus  particulièrement  à  la  physique 
proprement  dite;  les  autres  sont  surtout 
employés  en  astronomie.  Parmi  les  premiers 
nous  rangerons  le  vernier,  le  comparateur, 


et  ta  vis  micrométrique.  Nous  nommerons 
dans  les  seconds ,  le  Micromètre  à  fils  pa- 
rallèles, perfectionné  par  Auzout;  Y  Hélio- 
mètre  de  Rouguer,  et  enfin  la  lunette  à  double 
image  de  Rochon  ,  ou  Micromètre  prisma- 
tique, fondé  sur  la  propriété  de  double  ré- 
fraction que  possèdent  certaines  substances 
cristallisées,  comme  le  Spath  d'Islande,  le 
Cristal  de  roche.  La  description  de  ces  diffé- 
rents instruments  se  trouve  dans  tous  les 
ouvrages  de  physique,  auxquels  nous  ren- 
voyons le  lecteur.  (A.  D.). 

MICROMMATE.  Micrommata.  arach. 
—  Voy.  sparasse.  (H.  L.) 

*MICROMLS.  ins.  —Genre  de  la  tribu 
des  Myrmélioniens  ,  famille  des  Héméro- 
biides ,  de  l'ordre  des  Névroptères,  établi  par 
M.  Burmeister,  et  considéré  par  M.  Blan- 
chard comme  une  simple  division  du  genre 
Hémérobe.  Voy.  ce  mot 

*MICRONISUS.  ois.  —  Section  établie 
dans  le  genre  Autour  par  G.-R.  Gray  pour 
le  Tamou  gabar.  Voy.  autour.      (Z.  G.) 

MICRONÏX  ,  Boisduval.  ins.  —  Syn.  de 
Slenaspis ,  Hope.  (C.) 

*MICROPALPUS  (f*:xp$ç, petit  ;  palpus, 
palpe),  ins.  —  Genre  de  Tordre  des  Diptères 
brachocères  ,  tribu  des  Muscides,  établi  par 
M.  Macquart  (Ins.  dipt.,  t.  II,  p.  81).  L'es- 
pèce type  ,  le  Micropalpus  vulpinus  ,  habite 
la  France. 

MICROPEPLUS  (pcxpos,  petit;  nénloç, 
voile),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  trimè- 
res ,  famille  des  Brachélytres ,  tribu  des 
Protéiniens ,  créé  par  Latreille  (  Gênera 
Crust.  et  Ins.,  IV,  377),  et  adopté  par 
Erichson  (Gen.  etsp.  Staph.,  911).  Ce  genre 
se  compose  des  6  espèces  suivantes,  qui 
toutes  sont  propres  à  l'Europe,  savoir  :  M. 
porcatus  Pk.  [sulcatus  H.),  cœlatus  Er., 
fulvus  Chv.-Er.,  staphylinoides  Marsh.  (Mal- 
lei  Gmr.  ),  tesserula  Curt.  (staphylinoide, 
Ghl.)  ,  et  obtusus  New. 

Les  Micropeplus  ont  le  corps  aplati,  en 
carré  long,  et  recouvert  de  nervures  caré- 
nées en  dessus.  Leurs  antennes  en  mas- 
sue les  avaient  fait  placer  par  Latreille 
dans  la  famille  des  Clavicornes.  Ils  se  tien- 
nent dans  la  terre,  aux  racines  des  plantes 
ou  sous  des  détritus  de  végétaux. 

Curtïs  leur  attribue  quatre  articles  à  tous 
les  tarses.  (C.) 

*MICROPERA  (fuxpoç,  petit;  w/pot,  ex- 


MIC 


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201 


irémité).  eot.  ph.  —  Genre  de  !a  famille  des 
Orchidées-Vandées,  établi  par  Lindley  (in 
Bot.  Reg.,  n.  1522).  Herbes  de  l'Inde.  Voy. 

ORCHIDÉES. 

MICROPETALUM,  Tausch.  (Hort.  ca- 
nal., 1).  bot.  ph.  — Voy.  saxifraga,  Linn. 

MICROPEZA  (^xpoç,  petit;  wsÇ«,  pied). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères  bra- 
chocères,  tribu  des  Muscides,  établi  par  Mei- 
gen  et  adopté  par  Latreille  (Fam.  nat.).  L'es- 
pèce type,  la  Micropeza  punctum  Latr., 
Meig.,  habite  les  environs  de  Paris. 

*MICROPHIUS,Dejean(Ca£.,3eédit.,p. 
74).  ins. —  Syn.de  Procirrus,  Latr.,  Er.  (G.) 

MICROPHORUS  (f«xpoç,  petit;  yopoç, 
qui  porte),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Tanysto- 
mes,  tribu  des  Empides,  établi  par  M.  Mac- 
quart  (Dipt.  du  Nord) ,  qui  en  mentionne 
6  espèces,  toutes  de  France  et  d'Allemagne. 

MÏCROPHTHIRES.  Microphthirœ . 
arach.  —  Latreille  désigne  sous  ce  nom  une 
famille  de  l'ordre  des  Arachnides  qui  ren- 
ferme les  genres  Leptus,  Caris  et  Astoma. 
Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

*MICROPHYSA  (p-txpSç,  petit  ;  yv<rtç,  ap- 
parence), ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépi- 
doptères nocturnes,  tribu  des  Ophiusides, 
établi  par  M.  Boisduval  (Duponchel,  Catalo- 
gue des  Lépidoptères  d'Europe,  p.  183).  II 
renferme  six  espèces  dont  trois  habitent  le 
midi  de  la  France  où  on  les  trouve  au  mois 
de  juillet  :  ce  sont  les  M.  suavis,  jucunda  et 
normala. 

*MICROPIPER,Miq.  {Comment.,  II,  39, 
t.  4,  f.  g,  t.  8,  9).  bot.  ph.  —  Voy.  piper 
(Poivre),  Linn. 

*  MICROPLEUR  A  (atxpo'ç,  petit;  «hv- 
pa,  flanc),  bot.  pu. — Genre  de  la  famille  des 
Ombellifères-Hydrocotylées,  établi  par  La- 
gasca  (m  Ocios  Espagn.  cmigr.,  15).  Herbes 
de  l'île  de  Chiloé.  Voy.  ombellifères. 

*MICROPLIA  (u.txpoç,  petit;  Z-kIov,  arme). 
ins. —  Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  de  Latreille,  famille  des  Longi- 
cornes,  tribu  des  Lamiaires,  créé  par  Serville 
(Annales  de  la  Société  entomolog.  de  France, 
t.  II,  p.  21).  L'auteur  lui  donne  pour  type 
une  espèce  du  Brésil,  la  M.  agilisServ.  De- 
jean  a  changé  le  nom  générique  de  Micro- 
plia  en  Leploplia  ;  nous  ne  savons  dans 
quelle  intention.  Il  en  cite  une  seconde  es- 
pèce qu'il  nomme  L.  signifer.  (C.) 

T.  VIII. 


*MICROPLUS(fitxpoS,  petit;  07r>0v,arme). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Lamellicornes, tribu  des  Scarabéides 
phyllophages,  établi  par  Dejean  {Cat.,  3e  éd., 
p.  184)  qui  en  mentionne  sept  espèces. 
Une  est  indigène  du  cap  de  Bonne-Espérance, 
et  six  sont  originaires  de  Madagascar.  Bur- 
meister  adopte  ce  genre  {Handbuch  der  En- 
tomologie, 1844,  p.  174),  mais  il  n'en  décrit 
que  quatre  espèces,  et  comprend  ce  g.  dans 
ses  Hoplides.  (C.) 

*MICROPOGON  (p.Hcpo;,  petit  ;7ro>yuvr 
barbe),  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des  Aean- 
thoptérygiens ,  famille  des  Sciénoïdes  ,  éta- 
bli par  MM.  G.  Cuvier  etValenciemies  (Hist. 
des  Poiss.,  t.  X  ,  p.  213  ).  Ces  Poissons  ont 
une  grande  ressemblance  avec  les  Johnius  , 
particulièrement  par  leur  épine  anale;  ils 
se  rapprochent  aussi  des  Corbs  par  leur  nu- 
que bombée,  et  diffèrent  des  uns  et  des 
autres  par  l'exiguïté  de  leurs  barbillons. 

On  en  connaît  trois  espèces  ou  variétés 
qui  paraissent  habiter  l'Amérique  méridio- 
nale. Ce  sont  les  Micropogon  rayé,  M.  li- 
neatus  Cuv.  et  Val.  (Umbrina  Fournieri 
Desmar.,  Sciœnaopercularis QuoyetGaim.), 
Micropogon  ondulé,  M.  un dulalus  Cuv.  et 
Val.  (Perça  undulata  Linn.),  Micropogon 
argenté,  M.  argenteus  Cuv.  et  A^al.      (J.) 

*MICROPOGOIV,  Temm.  ois.  —  Syn.  de 
Barbion  et  de  Barbusaie.  Voy.  ces   mots. 

(Z.  G.) 

MICROPORUS  (pxpéç,  petit;  wopoç, 
pore),  bot.  cr.  —  Palissot  de  Beauvois,  dans 
sa  Flore  d'Oran,  a  cherché  à  établir  spus  ce 
nom  un  genre  parmi  les  Poly  pores,  et  auquel 
il  donnait  pour  caractères  des  pores  presque 
imperceptibles  ;  en  effet,  pour  voir  ceux  du 
Polyporusperula,  il  faut  nécessairementavoir 
recours  à  une  loupe.  Ce  genre  n'a  pas  été 
conservé  et  il  ne  pouvait  l'être;  cependant 
on  pourrait  se  servir  du  caractère  pour  opé- 
rer quelques  divisions  parmi  les  Polypores 
qui  sont  si  nombreux  et  qui  présentent  tant 
de  difficultés  pour  la  détermination  des  es- 
pèces. (Lév.) 

MÏCROPS.  mam.  —Espèce  de  Cachalot 
du  sous -genre  Physeter.   Voy.    cachalot. 

(E.  D.) 

*MICROPS  (fuxpoç,  petit;  «ty ,  oeil). 
rept.  —  Genre  de  Batraciens  anoures,  éta- 
bli par  Waglcr  pour  le  Ilana  ovalis  de 
Schneider.  (P.  G.) 

2G 


202 


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MIC 


*MICROPS,  Mégerle,  Dahl.  ins.  — Syn. 
ûeDilylns,  Fischer,  Lat.,  Dej.  (C.) 

*MICROPS(fJuxpoç,  petit;  JJ»,  oeil),  ins. 

M.  Ilaliday  (Entom.  Magaz.)  a  établi  sous  ce 

nom  un  genre  dans  la  tribu  des  Proctotru- 

piens;  mais,  selon  toute  apparence,  il  ne 

.  renferme  que  des  femelles  du  genre  Cera- 

*  phron.  (Bl.) 

*M1CR0PSIS  O^/.po;,  petit;  o'fç,  as- 
pect), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Astéroïdées ,  établi  par  De  Can- 
dolle  (Prodr. t  V,  460).  Herbes  du  Chili. 
Voy.  COMPOSÉES. 

*MICROPSITTA,  Less.  ois.  —  Division 
de  la  famille  des  Perroquets.  Voy.  ce  mot. 

(Z.  G.) 

MICROPTÈRE.  Jlftcropterus(xv<rnç,  pe- 
tit; ir-epév ,  nageoire),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens  ,  famille  des 
Sciénoïdes ,  établi  par  Lacépède  et  adopté 
par  G.  Cuvier  {Règ.  anim. ,  t.  Il,  p.  178). 
Ces  Poissons  ont  le  corps  oblong,  trois  pores 
de  chaque  côté  de  la  symphyse  ,  les  der- 
niers rayons  de  la  partie  molle  de  leur  dor- 
sale séparés  des  autres,  et  formant  une  pe- 
tite nageoire  particulière.  Il  n'y  a  aucune 
dentelure  à  leur  opercule. 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  espèce,  le 
Microptère  dolomieu  (Lacépède,  IV,  III,  3). 
La  couleur  générale  de  ce  poisson  est  gri- 
sâtre, et  il  atteint  une  taille  de  30  à  32  cen- 
timètres au  plus. 

*MICROPTÈRE.  Micropterus  (pixpo'ç, 
petit;  «jrcEpo'v,  aile),  ois. — Section  établie  par 
M.  Lesson  dans  la  famille  des  Canards  pour 
une  espèce  qui  se  dislingue  par  son  bec  court, 
très  élevé  à  sa  base,  à  arête  formant  une 
ligne  droite;  par  des  tarses  très  courts;  des 
ailes  impropres  au  vol,  armées  chacune  de 
deux  tubercules,  et  par  un  pouce  pinné. 

L'espèce  qui  offre  ces  caractères  généri- 
ques est  le  Canard  aux  ailes  courtes,  Anas 
brachyptera  et  cinera  Lath.  (Quoy  et  Gaim., 
Voyage  de  VUranie,  pi.  39).  Oiseau  des  îles 
Malouines.  (Z.  G.) 

MICROPTERES  (fuxpos,  petit;  «tspov, 
aile),  ins. — Nom  donné  par  Gravenhorst  aux 
insectes  Coléoptères  pentamères  formant  la 
famille  des  Brachélytres  de  Latreille  ou 
celle  des  Staphyliniens  d'Erichson.       (C.) 

♦MICROPTERUS  (p.txpoç,petit;«Tspov, 
aile),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Malacodermes,  tribu  des 


Clairones,  créé  par  nous  {Revue  zoologique , 
1842,  p.  277)  avec  une  espèce  de  l'Afrique 
méridionale  que  nous  avons  nommée  M. 
brevipennis  ,  et  qui  n'a  pas  été  connue  de 
MM.  Kluget  Spinola.  (C.) 

*MICROPTERYX  fpixpoç,  petit;  «repvÇ, 
aile),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptè- 
res nocturnes,  tribu  des  Tinéides,  établi 
par  Zeller,  et  considéré  par  Duponchel  {Ca- 
talogue des  Lépidoptères  d'Europe,  p.  352) 
comme  une  simple  section  du  genre  Adela. 
Voy.  ce  mot. 

MICROPES,  Wagl.  et  Meyer.  ois.  —  Syn. 
de  Cypselus,  Illig.  Voy.  hirondelle.  (Z.  G.) 
MICROPES  (ptxpo'ç,  petit;  ttoùç,  pied  , 
lige),  rot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées- Astéroïdées,  établi  par  Linné 
{Gen.  n.  996) ,  et  dont  les  principaux  carac- 
tères sont  :  Capitule  multiflore  hétérogame  ; 
fleurs  tubuleuses;  celles  du  rayon  femelles 
et  disposées  sur  cinq  à  sept  rangs  ;  celles  du 
disque  mâles  5-dentées,  et  aussi  nombreuses 
que  les  premières.  Involucre  bisérié ,  dont 
les  écailles  enveloppent  les  fleurset  le  fruitdu 
rayon.  Réceptacle  étroit,  nu.  Akène  com- 
primé, latcralementenfermédans  les  écailles 
de  l'involucre  et  tombant  avec  elles.  Ai- 
grette nulle. 

Les  Micropus  sont  de  petites  herbes  du- 
veteuses ou  laineuses;  à  feuilles  alternes, 
très  entières  ;  à  fleurs  réunies  en  capi- 
tules. 

Ce  genre,  tel  que  Linné  l'avait  établi, 
renfermait  huit  espèces.  Par  suite  des  tra- 
vaux postérieurs  de  différents  botanistes, 
trois  en  ont  été  retranchées  et  rapportées 
au  genre  Evax.  Actuellement  il  ne  comprend 
donc  plus  que  cinq  espèces,  réparties  par 
De  Candolle  (Prodr.  V,  460)  en  deux  sec- 
tions, qu'il  nomme:  Acantholœna:  écailles 
de  l'involucre  enveloppant  l'akène  hérissées 
d'aiguillons  sur  la  partie  dorsale  (  M.  supi- 
nus)  ;  Bombycilœna  :  ces  mêmes  écailles, 
dépourvues  d'aiguillons ,  mais  laineuses  (M, 
erectus,  bombycinusy  globiferus  ,  minimus). 
Toutes  ces  espèces  se  rencontrent  assez 
abondamment  dans  l'Europe  méridionale  et 
l'Amérique  occidentale.  (J.) 

MICROPYLE.  bot.  —  Voy.  graine. 
*MICROPYXIS  (ptxpos,  petit;   wv?tSt. 
boîte),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Primulacées-Anagallidées,  établi  par  Duby 
(Prim.  Mem.  ined.  ).  Herbes  du  Brésil ,  de 


MIC 

Madagascar  et  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy. 

PRIMULACÉES. 

*MICRORHACHIS,  DC.  (Prodr.,  VI, 

85).   BOT.  PH.  —  Voy.  METAGNANTHUS. 

*MICRORHAGUS  (ftixpo's,  petit;  payés, 
grain),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Sternoxes,  tribu  des  Éla- 
térides,  fondé  par  Eschscholtz  et  adopté  par 
Germar  (Zeitschrift  fur  die  entomologie,  t.  I, 
1839,  p.  196)  et  par  Dejean  (Catalogue,  3e 
édit.,  p.  96).  Ce  dernier  auteur  en  énumère 
quatre  espèces:  les  E.  pygmœus,  Sahlbergi, 
Mann.,  impressicollis  et  minutus  Dej.  Les 
deux  premières  se  trouvent  en  Europe,  le 
pygmœus,  quelquefois  aux  environs  de  Paris  ; 
et  les  deux  dernières  espèces  en  Amérique 
(États-Unis).  Les  antennes  des  mâles  sont 
pectinées.  Ces  Insectes  ont  à  un  très  faible 
degré  la  faculté  de  sauter,  comme  les  Élaté- 
rides,  mais,  au  moindre  danger,  ils  contrac- 
tent leurs  membres,  et  deviennent  immo- 
biles. (C.) 

*MICRORIHPIS(^xpoç,  petit;  pWç,  éven- 
tail), ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res,  famille  des  Serricornes,  tribu  des  Cébrio- 
nites,crééparM.Guérin-Méneville  (Magasin 
de  Zoologie,  1830,  p.  et  pi.  8),  qui  lui  donne 
pour  type  une  espèce  du  cap  de  Bonne-Es- 
pérance, le  M.  mystacina  Tbg.  (Dumerilii 
Guér.).  ML  LaportedeCastelnau,  qui  a  adopté 
ce  genre,  en  mentionne  trois  autres  espèces 
dont  deux  appartiennent  au  pays  déjà  cité, 
et  une  autre  serait  originaire  du  Brésil.    (C.) 

*MICRORHOPALUS  (ptxpôç,  petit;  po- 
Tra/ov,  massue),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Cycliques,  tribu  des  Cassidaires, 
créé  par  nous  et  adopté  par  Dejean  (Catalo- 
gue, 3e  édit.,  p.  389).  Quatre  espèces  amé- 
ricaines font  partie  du  genre  ;  savoir:  Hispa 
vittata  F.,  excavata 01.,  M.  perforata  et  ga- 
galina  Dej.  La  larve  de  la  première  a  été 
figurée  et  décrite  dans  l'ouvrage  de  Newman 
(the  Entomologist,  t.  I,  p.  75).  (C.) 

*MICRORHYNCHUS,  Megerle,  Dahl.  ins. 
—  Synon.  de  Baris,  Germar,  et  Baridius, 
Schcenherr.  (C.) 

*MICR0RHY1\CHUS,  Less.  (Synops.y 
439).  bot.  ph. — Syn.  de  Rhabdolheca,  Cass. 

*MICRORHY!MQUE.  Microrhynchus  (,uu- 
xpos,  petit  ;  pû>xoç,  rostre),  crust. — Cegenre, 
qui  a  été  établi  par  M.  Bell,  appartient  à 
l'ordre  des  Décapodes  brachy ures  et  à  la  tribu 


MIC 


203 


desMaiens  de  M.  Mil  ne-Edwards.  Dans  cette 
coupe  générique,  la  carapace  est  subtriangu- 
laire, arrondie  postérieurement  et  terminée 
à  sa  partie  antérieure  par  un  rostre  très 
court.  Les  yeux  sont  rétractiles  et  beaucoup 
plus  épais  que  le  pédoncule,  qui  est  allongé. 
Les  orbites  sont  unifîssurées  en  dessus  et 
unidentées  au  côté  externe.  Les  antennes 
externes  sont  insérées  sur  les  côtés  du  rostre, 
tandis  que  les  antennes  internes  sont  logées 
dans  une  fossule  entière.  Les  pattes  de  la 
première  paire,  chez  le  mâle,  sont  à  peine 
plus  longues  que  le  corps,  plus  petites  dans 
la  femelle;  les  suivantes  sont  un  peu  plus 
longues  que  le  corps  et  terminées  par  des 
ongles  légèrement  recourbés.  L'abdomen  du 
mâle  est  composé  de  sept  segments  ,  tandis 
que  ce  même  organe  n'en  présente  que  cinq 
dans  la  femelle.  Cette  singulière  coupe  gé- 
nérique ne  renferme  que  deux  espèces  qui 
habitent  les  îles  Gallapagos.  Le  Microrhyn- 
chus gibbosus  Bell  (Trans.  ofthezool.  Soc. 
of  Lond.,  t.  II,  pi.  8,  fig.  1,  p.  41),  peut 
être  considéré  comme  le  type  de  ce  genre. 
Quant  à  la  seconde  espèce,  elle  est  désignée 
sous  le  nom  de  M.  depressus  (op.  cit.,  t.  II, 
p.  41,  pi.  8,  fig.  1)/  (H.  L.) 

*MICROSACCUS  (juxpoç,  petit  ;  aa'xxoç , 
sac),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Orchidées-  Vandées,  établi  parBlume(Bydr., 
367).  Herbes  de  Java.  Voy.  orchidées. 

*MICROSAURUS,  Dejean.  ins.  —  Syno- 
nyme de  QwedmSjErichson,  et  de  Philonthust 
Ker.  (C.) 

*MICROSCHATIA  (  ptxpoç  ,  petit;  aX£- 
<rt;,  coupure),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
hétéromères,  famille  des  Mélasornes,  tribu 
des  Asidites,  créé  par  Solier  (Annales  de  la 
Soc.  entomologique  de  France,  t.  V,  p.  474), 
et  adopté  par  M.  Hope.  Ce  genre  ne  renferme 
jusqu'à  présent  qu'une  seule  espèce,  la  M. 
punctata  Solier.  Elle  est  originaire  du  Mexi- 
que. (C.) 

MICROSCOMA.  moll.  —  Nom  donné 
par  Rédi  à  une  espèce  d'Ascidie,  VAscidia 
conchyloga  L. 

MICROSCOPE  (pcxpoç,  petit;  dxon/u , 
je  regarde),  phys.  —  Le  nom  de  cet  instru- 
ment d'optique  en  indique  suffisamment 
l'usage;  doué  du  pouvoir  d'amplifier  consi- 
dérablement les  plus  petits  objets,  ceux-là 
même  qui  échappent  à  la  vue ,  il  permet  de 
les  examiner,  de  les  étudier  aus*i  -acile- 


204 


MIC 


MIC 


ment  que  ceux  qui  se  présentent  à  nos  yeux 
sous  le  plus  gros  volume. 

L'importance  qu'on  attache  maintenant 
aux  études  microscopiques  ,  complément 
obligé  de  toute  éducation  scientifique ,  a  né- 
cessairement augmenté  celle  du  Microscope; 
aussi  cet  instrument  a-t-il  subi,  dans  ces 
derniers  temps ,  de  nombreuses  modifica- 
tions, dont  quelques  unes  sont  de  véritables 
perfectionnements. 

Considéré  dans  sa  simplicité  première, 
('est-à-dire  comme  composé  d'une  seule 
lentille,  le  Microscope  remonte  évidemment 
à  l'antiquité  la  plus  reculée  ;  nous  en  rencon- 
trons la  preuve  dans  maints  auteurs,  depuis 
le  comique  Aristophane  (Nuées)  jusqu'aux 
philosophes  Sénèque,  Pline,  Plutarque. 

Quant  au  Microscope  composé ,  son  ori- 
gine est  bien  plus  récente;  on  en  attri- 
bue communément  l'invention  à  Cornélius 
Drebbel  ,  alchimiste  hollandais  ,  mort  en 
160i,  mais  qui  ne  fît,  dit-on  aussi,  que 
reproduire  l'instrument  imaginé  par  son 
compatriote  Zacharias  Jansens  ,  construc- 
teur, dès  1590,  du  premier  Microscope 
connu.  Sans  entrer  dans  de  plus  longs  dé- 
tails sur  l'origine  de  l'instrument  qui  fait  le 
sujet  de  cet  article,  instrument  à  la  décou- 
verte duquel  Galilée  ,  dit  Viviani ,  fut  amené 
par  celle  du  télescope,  et  que  le  moine  Roger 
Bacon,  qui  inventa  tant  de  choses,  aurait 
aussi  inventé,  au  dire  de  Record,  auteur 
du  Chemin  de  la  science ,  livre  qui  parut  en 
1551 ,  nous  entrerons  desuite  en  matière. 

Le  Microscope  simple ,  le  plus  ancienne- 
ment connu,  peut  être  formé  d'une  seule 
lentille  biconvexe  ou  piano-convexe ,  en  verre 
ou  en  cristal  de  roche ,  ou  bien  de  plusieurs 
lentilles  superposées  ,  mais  n'agissant  que 
comme  une  seule.  Le  Microscope  simple  à 
verre  lenticulaire  reçoit  généralement  le 
nom  de  loupe.  Mais  dans  le  Microscope  simple 
proprement  dit,  on  substitue  maintenant 
avec  avantage  à  la  lentille  unique,  une  len- 
tille composée,  qui  a  reçu  le  nom  de  dou- 
blet. La  première  invention  du  doublet  est 
due  àWollaston  ;  mais  l'ingénieur  Ch.  Che- 
valier en  a  perfectionné  la  construction.  Le 
doublet  de  cet  opticien,  adopté  par  les  sa- 
vants les  plus  distingués  de  l'époque ,  se 
compose  de  deux  verres  piano-convexes  ,  à 
foyers  égaux,  l'un,  très  large,  placé  du  côté 
cie  l'observateur,  l'autre  plus  petit  et  supé- 


rieur; leurs  faces  planes  sont  toutes  deux 
tournées  vers  l'objet.  Entre  ces  deux  len- 
tilles, serties  séparément  dans  leur  monture, 
est  placé  un  diaphragme  dont  l'ouverture 
varie  selon  le  foyer  du  doublet.  Le  reste  de 
l'appareil  se  compose  de  différentes  pièces 
dont  il  serait  difficile  de  donner  une  des- 
cription sans  figure,  et  qui  varient  du  reste 
selon  l'usage  auquel  on  destine  l'instru- 
ment. 

Le  Microscope  solaire  n'est  autre  que  l'ins- 
trument précédent,  auquel  on  adapte  an  ap- 
pareil réflecteur,  ou  miroir,  qui  réfléchit  les 
rayons  du  soleil  et  les  dirige  vers  un  verre 
convexe  de  (V^lô  à  Om,270  de  foyer;  celui- 
ci  les  rassemble  sur  l'objet  en  observation , 
de  manière  à  l'éclairer  fortement.  Une  len- 
tille, dont  le  foyer  est  en  rapport  avec  le 
grossissement  que  l'on  veut  obtenir,  reçoit 
la  lumière  qui  émane  de  l'objet,  et  la  ré- 
fracte de  manière  à  former  une  image  am- 
plifiée que  l'on  fait  tomber  sur  un  plan  de 
couleur  blanche. 

Le  Microscope  à  gaz  est  l'appareil  solaire 
modifié  pour  recevoir  une  vive  lumière  arti- 
ficielle, celle,  par  exemple,  qui  est  produite 
par  la  combustion  d'un  jet  de  gaz  oxygène 
et  hydrogène,  reçu  sur  un  fragment  de  craie 
(chaux  carbonatée). 

Le  Microscope  composé ,  comme  le  Micro- 
scope simple,  est  destiné  à  l'amplification 
des  objets;  mais,  tandis  que  dans  celui-ci 
l'on  obtient  le  résultat  désiré,  au  moyen 
d'une  seule  lentille  ou  d'une  combinaison 
de  lentilles,  agissant  immédiatement  sur  les 
rayons  lumineux  ,  en  d'autres  termes,  gros- 
sissant les  objets  et  transmettant  directe- 
ment à  l'œil  l'image  amplifiée;  dans  \e  Mi- 
croscope composé,  au  contraire,  l'image  n'est 
perçue  qu'après  avoir  subi  une  seconde  am- 
plification ,  produite  par  un  autre  système 
de  verres.  Ces  derniers  prennent  le  nom 
d'oculaires ,  et  sont  dirigés  vers  l'œil,  tandis 
que  ceux  qui  produisent  les  premières  am- 
plifications se  nomment  objectifs,  et  sont 
tournés  vers  l'objet.  Il  résulte  de  cette  com- 
binaison que  le  grossissement  définitif  est 
le  produit  du  grossissement  résultant  de 
chacun  de  ces  verres,  ou  de  ces  systèmes  de 
verres;  ainsi,  l'objectif  grossissant  dix  fois 
et  l'oculaire  cinq  fois,  le  grossissement  total 
équivaudra  à  cinquante  fois,  et  ainsi  de 
suite. 


MIC 


MIC 


205 


On  peut,  avec  les  mêmes  verres,  obtenir 
une  plus  forte  amplification  en  augmentant 
la  distance  entre  l'oculaire  et  l'objectif;  mais 
comme  cette  amplification  ne  s'obtient  qu'en 
rétrécissant  le  champ  de  vue,  en  empêchant 
par  conséquent  de  voir  l'ensemble  de  l'objet 
à  examiner,  et  de  plus  en  en  diminuant  la 
netteté,  on  place  ordinairement,  entre  l'i- 
mage et  l'objectif,  un  troisième  verre  nommé 
verre  de  champ,  qui  remédie  à  ces  incon- 
vénients. 

Depuis  les  plus  anciens  Microscopes  jus- 
qu'aux Microscopes  actuels,  les  plus  perfec- 
tionnés, ceux  d'Amici,  d'Oberhaeuser,  de 
Ch.  Chevalier,  on  a  imaginé  une  foule  de 
dispositions  secondaires  qui  ne  changent  en 
rien  la  disposition  générale  et  fondamen- 
tale, rapportée  plus  haut;  aussi  n'entre- 
rons-nous pas  dans  des  détails  de  descrip- 
tions qui  seraient  ici  sans  intérêt,  et  qu'on 
trouvera  dans  tous  les  ouvrages  de  physique; 
nous  dirons  seulement  que  le  Microscope  est 
dioptrique ,  catoptrique  ou  catadioptrique  , 
suivant  que  les  amplifications  sont  produites 
par  la  réfraction ,  par  la  réflexion ,  ou  par  la 
réflexion  et  la  réfraction  réunies. 

Il  est  inutile  de  dire  que  l'on  obtient  des 
grossissements  proportionnés  à  la  forme  des 
lentilles  objectives  et  oculaires  employées. 
Il  y  a  cependant  de  certaines  limites  qu'il  ne 
faut  pas  dépasser  (4  à  500  fois),  car  l'on 
perd  toujours  en  lumière  et  en  netteté  ce 
que  l'on  peut  gagner  en  amplification. 

On  associe,  dans  certains  cas,  un  appa- 
reil polarisant  au  Microscope,  soit  simple, 
soit  composé,  quand  on  veut  étudier  les 
phénomènesdela  polarisation  dans  des  corps 
infiniment  petits. 

L'éclairage  des  objets  soumis  à  l'observa- 
tion microscopique  est  d'une  grande  impor- 
tance, et  l'on  conçoit  qu'il  doit  varier  sui- 
vant que  ces  objets  sont  transparents ,  semi- 
transparents  ou  opaques  ,  que  la  lumière  est 
naturelle  ou  artificielle,  qu'elle  arrive  ou 
directement,  ou  par  réflexion,  ou  par  ré- 
fraction. Toutes  ces  circonstances  forment 
autant  de  problèmes  dont  la  solution  dé- 
pend et  de  l'expérience  et  d'une  longue 
suite  d'observations. 

La  chambre  claire  est  un  accessoire  pres- 
que indispensable  du  Microscope;  avec  cet 
appareil,  dont  la  disposition  varie  suivant 
qu'on  emploie  le  Microscope  horizontal  ou 


vertical,  on  peut  retracer  exactement  sur  le 
papier  l'image  de  l'objet  mis  en  observation. 

Récemment  le  docteur  Donné  a  fait  une 
heureuse  application  des  procédés  photogra- 
phiques au  Microscope.  A  l'aide  d'un  Mi- 
croscope daguerréotype ,  dont  il  est  l'inven- 
teur, lui  et  le  docteur  Léon  Foucault  sont 
parvenus  à  reproduire,  avec  une  remarqua- 
ble fidélité,  les  particules  les  plus  intimes 
des  liquides  de  l'économie,  tels  que  les 
globules  sanguins,  ceux  du  lait,  du  pus,  etc., 
les  zoospermes  (Voyez  V Atlas  d'Analomie 
microscopique,  Baillière,  1844). 

Malgré  sa  longueur  ,  cet  article  est  à  peine 
suffisant  pour  donner  une  idée  du  Micro- 
scope ;  il  nous  est  donc  impossible  d'aborder, 
même  sommairement,  la  question,  si  impor- 
tante aujourd'hui,  des  études  Microscopiques 
qui  constituent  comme  une  science  à  part, 
sous  le  nom  de  Micrographie;  mais  au  moins 
indiquerons-nous  au  lecteur  les  ouvrages 
qu'il  pourra  consulter  avec  fruit  sur  ce  su- 
jet ;  ce  sont  :  \e  Manuel  du  Micrographe,  par 
Gh.  Chevalier;  le  Traité  pratique  du  Mi- 
croscope, par  Mandle  ;  le  Nouveau  ma- 
nuel complet  de  V observateur  du  microscope , 
par  le  professeur  Dujardin ,  auquel  ce  dic- 
tionnaire doit  d'excellents  articles,  et  entre 
autres  l'article  infusoii.es;  enfin,  le  Cours 
de  micro  copie ,  du  docteur  Donné  ;  ce  der- 
nier ouvrage  traite  particulièrement  des 
fluides  de  l'économie  animale.     (A.  D.). 

MICROSCOPIQUES,  zool.— Nom  donné 
par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  (  Dict.  class. 
d'hist.  natur.  ,  t.  X  ,  p.  533  )  aux  animaux 
désignés  généralement  sous  le  nom  d'iNFU- 
soires.  Voy.  ce  mot. 

MICROSEMMA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Ternstrœmiacées-Sauraujées , 
établi  par  Labillardière  (Nov.  Caledon,  58, 
t.  57).  Arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Calédo- 
nie. Voy.  TERNSTRQEMIACÉES. 

*MICROSERIS(>cxpoç,  petit;  «>ç,  chi- 
corée), bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Cichoracées,  établi  par  Don  (in 
Edinb.  philosoph.  Magaz.,  XI,  388),  Herbes 
de  l'Amérique  boréale.  Voy.  composées. 

MICROSOLENA  (jsuxpôç,  petit;  wwln** 
tube).  roF/yp.  —  Genre  établi  par  Lamou- 
roux  pour  une  espèce  de  polypier  fossile  du 
calcaire  jurassique  de  Caen.  C'est  une  misse 
pierreuse  amorphe ,  formée  de  tubes  capil- 
laires cylindriques  rarement  comprimés,  pa- 


206 


MIC 


MIC 


rallèlcs ,  communiquant  entre  eux  par  des 
ouvertures  latérales ,  situées  à  des  distances 
égales  et  presque  du  même  diamètre  que  les 
tubes.  D'après  cette  caractéristique,  le  Mi- 
crosolène  doit  être  très  voisin  des  Syringo- 
pores,  comme  le  pense  M.  de  Blainville  pour 
la  Microsolena  porosa de  Lamouroux.  Quant 
au  polypier  figuré  sous  le  même  nom,  dans 
le  Dictionnaire  des  sciences  naturelles ,  ce 
doit  être  une  véritable  Astrée.         (Duj.) 

*MICROSPERMA,  Endl.  {Gen.  plant., 
p.  930,  n.  5111).  bot.  ph.  —  Voy.  mentze- 

LIA. 

MICROSPERMUM  (ptxpo'ç,  petit;  ffw/p- 
pa,  graine),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Composées ,  établi  par  Lagasca  (  Nov. 
gen.,  25  )  pour  une  herbe  mexicaine  encore 
trop  peu  connue. 

*MICROSPHACE,  Bentb.(Labiat . ,  244). 

BOT.  PH.  —  Voy.  SALVIA. 

*MIGROSPHyERA(^txpoç,  petit;  <y<pa7Pa, 
sphère),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères,  famille  des  Taxicornes ,  tribu  des 
Anîsotomides,  créé  par  M.  Redtenbacher  (Die 
gasllengen  der  deutschen  Kafer  Fauna , 
p.  122),  et  qui  a  pour  type  le  M.  corticalis, 
qui  habite  l'Allemagne.  (C.) 

MICROSTACHYS  (pcxpo'ç ,  petit  ;  araXv?, 
épi),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Euphurbiacées  -  Hippomanées,  établi  par 
M.  Ad.  de 'Jussieu  (Euphorb.  48,  t.  15). 
Herbes  ou  sous-arbrisseaux  de  l'Amérique 
tropicale.  Voy.  euphorbiacées. 

*MICROSTEGIUM,  Nées  (in  Lindl.  intr., 
édit.  II,  p.  447).  bot.  ph.  —  Syn.  d'Erian- 
thus,  Rich. 

MICROSTEMMA  (ptxpôç,  petit  ;  <jTt'pp.a, 
eouronne).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Asclépiadées  -  Stapéliées  ,  établi  par 
R.  Brown  (in  Mem.  Werner.  soc.  I,  25). 
Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande  tropicale. 

Voy.  ASCLÉPIADÉES. 

*  MICROSTEPHIUM  (  pcxpo'ç  ,  petit  ; 
an'foç,  couronne),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées-Cynarées,  établi  par 
Lessing  (  in  Linnœa,  VI ,  92 ,  t.  2,  f.  e). 
Herbes  du  Cap.  Voy.  composées. 

*MîCROSTOMA  (ptxpo;,  petit;  aropa, 
bouche  ).  acal.  —  Genre  de  Méduses  pro- 
posé par  M.  Lesson ,  qui  le  considère  lui- 
même  comme  douteux  ,  et  qui  indique 
même,  comme  pouvant  être  une  espèce  de 
Bougainvillie,  la  seule  espèce,  M.  ambiguus, 


observée  par  lui  sur  les  côtes  de  l'île  de 
Waigiou.  Toutefois  il  place  ce  genre  dans 
sa  tribu  des  Nucléifères,  qui  fait  partie  du 
groupe  des  Méduses  non  proboscidées,  et  il 
lui  assigne  les  caractères  suivants  :  Corps 
oviforme ,  ouvert  dans  le  bas,  ayant  qua- 
tre tentacules  courts,  renflés  à  leur  som- 
met et  munis  de  petits  cils  sur  les  côtés. 
Estomac  remplissant  la  cavité  du  corps,  et 
portant  au  sommet  un  nucléus  exsertile  en 
cône  renversé.  Dans  l'espèce  observée,  le 
nucléus  était  orangé  ,  et  les  quatre  tenta- 
cules étaient  jaunes,  munis  de  cils  laté- 
raux. (Di;j.) 

*MICROSTOMATA.  rept.  —  M.  Millier 
a  donné  ce  nom  à  un  groupe  qu'il  établit 
parmi  les  Ophidiens ,  et  dans  lequel  pren- 
nent place  les  Rouleaux,  les  Amphisbaenes, 
les  Uropeltes  et  les  Typhlops,  tous  carac- 
térisés par  leur  bouche  qui  est  peu  dila- 
table. (P.  G.) 

MÏCROSTOME.  Microstoma  (p-ixpoç,  pe- 
tit ;  CTxopâ,  bouche),  poiss.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Malacoptérygiens  abdominaux  ,  fa- 
mille des  Esoces,  établi  par  G.  Cuvier  {Règ. 
anim.,  t.  II,  p.  283),  qui  le  caractérise 
ainsi:  «  Museau  très  court;  la  mâchoire 
inférieure  plus  avancée,  garnie,  ainsi  que 
les  petits  intermaxillaires ,  de  dents  très 
fines  ;  trois  rayons  larges  et  plats  aux  ouïes; 
œil  grand;  corps  allongé,  la  ligne  latérale 
garnie  d'une  rangée  de  fortes  écailles;  une 
seule  dorsale  peu  en  arrière  des  ventrales.  » 
On  n'en  connaît  qu'une  espèce  qui  habite 
la  Méditerranée  ,  et  a  été  nommée  par  Risso 
la  Serpe  microstome. 

*MICROSTYLÏS  (pupô;,  petit;  wtoç, 
colonne),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Orchidées-Pleurothallées,  établi  par  Nuttall 
(Gen.  II,  196).  Herbes  terrestres  ou  para- 
sites ,  abondantes  dans  les  régions  tropicales 
du  globe.  Voy.  orchidées. 

*MICROTARSE.Mcrotarsus(uuXpSç,  pe- 
tit; Tapao'ç,  tarse),  ois.  — Genre  établi  par 
Eyton  pour  une  espèce  qu'il  désigne  sous  le 
nom  de  M.  melanoleucus.  G.-R.  Gray  rap- 
porte ce  genre  à  sa  sous-famille  des  Pycno- 
notinœ.  (Z.  G.) 

MICROTEA  (ptxpoTviç,  petitesse),  bot. 
ph.  — Genre  de  la  famille  des  Phytolacca- 
cées-Giésékiées,  établi  par  Swartz  (Flor.  Ind. 
occid.,  I,  543).  Herbes  de  l'Amérique  tropi- 
cale. Voy.  phytolaccacées. 


MIC 


MIC 


207 


♦MÏCROTELUS  (ptxpo'ç,  petit  ;  t&oç, 
terme),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
mères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  desTa- 
génites,  créé  par  Solier  (Annales  de  la  Soc. 
entom.  de  France,  t.  VII,  p.  7  et  9),  qui  lui 
donne  pour  type  une  espèce  rapportée  du 
Mont-Sinaï,  le  M.  Asialicus  de  l'auteur.  Ce 
genre  fait  partie  de  ses  Collaptérides  et  de 
la  division  de  ses  Phanéroglosses.        (C.) 

*MICROTHECA(f/.txpo5,  petit;  0*îxv),  étui). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  deLatreille,  famille  des  Cycli- 
ques, tribu  des  Chrysomélines ,  formé  par 
Dejean  (Catalogue,  3e  édit. ,  p.  419)  avec 
5  espèces  de  l'Amérique  méridionale  :  les 
M.  impressa,  parvula,  sanguinicollis ,  pu- 
silla  et  metallica  Dejean.  (C.) 

*i\IICROTHELE  (utxpo'ç,  petit;  QnU,  ma- 
melle), échin.  —  Sous-genre  d'Holothuries 
proposé  par  M.  Brandt,  pour  les  espèces  qui 
ont  les  pieds  de  la  face  dorsale  peu  déve- 
loppés, sortant  plus  rarement  de  mamelons 
peu  distincts,  au  lieu  que,  chez  les  Thele- 
nota,  le  dos  est  mamelonné  ou  verruqueux, 
par  suite  du  développement  considérable 
des  pieds  dorsaux.  A  ce  sous-genre  appar- 
tiennent les  Ilolothuria  fuscocinerea ,  atra, 
punctata  et  scabra  de  Jœger,  toutes  de  l'île 
Célèbes.  (Duj.) 

*MICROTIJERIUM  (p.txpoS ,  petit  ;  0^- 
p'ov,  bête  sauvage  ).  math.  —  M.  Hermann 
von  Meyer  (Jahrb.  f.  min.,  1837)  a  indi- 
qué sous  ce  nom  un  groupe  de  fossiles  que 
l'on  rapporte  à  la  division  des  Pachydermes. 

(E.  D.) 

MICROTHOUAREA  ,  Thouars  (  Gen. 
Madagasc. ,  n.  9).  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Thouarea ,  Pers. 

MICROTIS  (fuxpo's,  petit;  oïç,  Stoç  , 
oreille),  bot.  pu.  — Genre  de  la  famille  des 
Orchidées-Aréthusées,  établi  par  R.  Brown 
(Prod.  320).  Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Voy.  ORCHIDÉES. 

*MICROTONUS  (ptxpSç,  petit;  to'voç  , 
force  du  corps),  ins.  —  M.  Wesmael  a  établi 
sous  cette  dénomination,  dans  la  famille  des 
Braconides,  aux  dépens  des  Perilitus  de  Nées 
von  Esenbeck,  un  genre  particulier,  com- 
prenant un  petit  nombre  d'espèces.  Il  y  rap- 
porte les  Perilitus  œthiops,  rutilus,  etc.  de 
Nées  von  Esenbeck.  (Bl.) 

*  MICROTREMA  (  (jmepés  ,  petit  ; 
priTpsc,  trou),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 


mille des  Éricacées  (tribu  incertaine),  établi 
par  Klotsch  (in  Linnœa,  XII,  499).  Arbris- 
seaux du  Cap.  Voy.  éricacées. 

*  MICROTRÏCHIA  (ptxpo'ç,  petit;  0p?|, 
fpt'x0?,  poil),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Astéroïdées ,  établi  par  De 
Candolle  (Prod.  V,  366).  Sous-arbrisseaux 
de  la  Sénégambie.  Voy.  composées. 

*  MICROTROPIS  (F.^pôç,  petit;  TPo7rt;, 
carène  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Célastrinées-Évonymées,  établi  par  Wal- 
lich  (Msc).  Arbres  de  l'Inde.  —  E.  Meyer 
(Comment.,  65),  syn.  d'Euchlora,  EckL 
et  Zeyh. 

*MICROTUS  (ptxpoç,  petit;  ovç,  Sroç, 
oreille),  mam. —  Sch ra n k  (Faun.  Boic. ,1789) 
donne  ce  nom  à  un  groupe  de  Rongeurs  de  la 
grande  division  des  Rats.  (E.  D.) 

MICROVELIA  (p.cxpo'ç,  petit;  Velia, 
genre  d'Insectes),  ins.  —  Genredela  famille 
des  Hydrométrides,  groupe  des  Véliites,  de 
l'ordre  des  Hémiptères,  établi  par  M.  West- 
wood  et  adopté  par  tous  les  entomologistes. 
Ce  genre  est  surtout  distingué  des  Velia 
par  des  tarses  de  deux  articles.  Le  type  de 
ce  genre  est  le  M.  pygmœa  L.  Duf.  (il/,  pul- 
chella  Westw.). 

M.  Burmeister  applique  aux  Microvelia  le 
nom  générique  d'Hydrœssa.  (Bl.) 

*MICROVELIA  (/«xpo'ç,  petit;  Velia,  g. 
d'Insectes),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Brachélytres,  cité 
par  Newman  (  The  Entomologistes),  et  qui 
nous  est  tout-à-fait  inconnu.  Le  type  est 
le  M.  pygmœa.  (C.) 

*MICROXYLORIUS(utxPo'ç,  petit;  luXov, 
bois;  Stowjje  vis),  ins. — Genre  de  Coléoptè- 
res tétramères,  famille  des  Curculionides 
gonatocères,  division  des  Cossonides,  créé 
par  nous  (the  Tram,  of  the  Entomolog.  Soc. 
of  London,  vol.  I,  p.  98,  pi.  10,  fig.  6),  et 
adopté  par  Schœnherr  (Gen.  et  sp.  Curcul., 
VIII,  2,  288).  Le  type,  M.  Weslwoodi  Ch., 
est  originaire  de  l'île  Sainte-Hélène.     (C.) 

*MICROZOAIRES.  zool.— Nom  proposé 
par  M.  de  Blainville  pour  désigner  un  groupe 
considérable  d'animaux  aquatiques ,  qui 
n'ont  d'autre  caractère  connu  que  leur  ex- 
trême petitesse,  et  qu'on  avait  à  tort  rap- 
portés aux  Zoophytes.  Ce  groupe  des  Micro- 
zoaires  renferme  les  Systolidesou  Rotateurs, 
et  les  Infusoires.  M.  de  Blainville  le  divise 
en  quatre  sections  :  les  Rotifères  compre- 


208 


MIC 


MIE 


nanties  Systolides  et  les  Vorticelles,  les  Ci- 
liés et  les  Apodes  planaires  qui  sont  les  vrais 
Infusoires,  enfin  les  Apodes  vermiculaires. 

(Duj.) 

*MICROZOUM  (ptxpo;,  petit;  Çwov,  ani- 
mal), ins.  — Genre  de  Coléoptères  héléromè- 
res,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des  Téné- 
brionites,  formé  par  Dejean  {Calai.,  3e  éd., 
p.  215)  et  adopté  par  M.  Hope  {Coleopterist's 
Manual ,  t.  XVIII,  p.  110).  Trois  espèces 
font  partie  de  ce  genre  :  les  M.  tibiale  (Opa- 
trum)  F.  Dej. ,  minutissimum  et  minutum 
Dej.  La  première  se  trouve  aux  environs  de 
Paris,  la  seconde  en  Espagne,  et  la  troisième 
au  Sénégal  dans  les  sablières  de  grès  réduit 
en  poussière.  (C.) 

*MICRURA  (puxpoç,  petit;  ovpa,  queue). 
helm.  —  Genre  voisin  des  Dérostomes ,  éta- 
bli par  M.  Ehrenberg  (Symbolœ  physicœ),  et 
servant  lui-même  de  type  au  groupe  des  Mi- 
crurea  du  même  naturaliste. 

Les  Micrurea  sont  des  Rhabdocela  monos- 
tereade  M.  Ehrenberg,  chez  lesquels  la  bou- 
che est  terminale  et  l'anus  inférieur,  et  le 
g.  Micrura  se  distingue  parmi  eux  par  les 
caractères  suivants  : 

Corps  mou  ,  filiforme,  changeant,  non 
élastique,  imparfaitement  annelé;  bouche 
terminale,  sur  un  pli  transversal  du  front; 
anus  sous  la  queue;  ouverture  génitale  an- 
térieure inférieure,  grande;  yeux  frontaux 
sur  une  double  série  curviligne  de  cinq 
ocelles. 

Ce  genre  ne  comprend  que  le  M.  fas- 
ciolata,  recueilli  à Trieste  sur  la  surface  ru- 
gueuse de  coquilles  marines.         (P.  G.) 

*MICRUREA.  helm.  —  M.  Ehrenberg 
réunit  dans  ce  petit  groupe  les  g.  Disorus, 
Micrura,  Polystemma,  établis  par  lui  dans 
son  Symbolœ  physicœ.  (P.   G.). 

*MICRURUS  (f/txpb'ç,  petit;  Dipx  , 
queue),  rept.  —  Division  de  l'ancien  genre 
Vipère  (voy.  ce  mot)  d'après  M.  Spix  (Wagl. 
Serp.  Brasil.,  1839),  (E.  D.) 

*M ICRYPI1 ANTE .  Micryphantes  (/«jcpôç, 
petit;  vyavTyjç,  tisserand  ).  arach.  —  Nom 
employé  par  M.  Koch  pour  désigner  dans  le 
genre  des  Theridion  une  nouvelle  coupe  géné- 
rique, qui  n'a  pas  été  adoptée  pas  M.  Walc- 
kenaër.  Voy.  theridion.  (H.  L.) 

*MïCTIS.  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Coréides,  groupe  desTuroscélites,  de  l'ordre 
des  Hémiptères,  établi  par  Leach  sur  des 


espèces  exotiques,  toutes  d'assez  grande 
taille,  ayant  une  tête  courte,  des  pattes  pos- 
térieures à  cuisses  renflées  et  épineuses,  des 
antennes  simples  à  dernier  article  épaissi. 
Le  M.  valgus  (Cimex  valgus  Lin.),  très 
commun  au  cap  de  Bonne-Espérance,  peut 
être  considéré  comme  le  type  du  genre. 
C'est  le  g.  Cerbus  de  M.  Burmeister.  (Bl.) 

MICTYRE.  crust.  —  Voy.  myctire. 

*  MIDA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Santalacées,  établi  par  A.  Cunningham 
(Msc.  1826,  in Herbar.  Mus.  Vindob.).  Arbres 
de  la  Nouvelle-Zélande.  Voy.  santalacées. 

MIDAS  (nom  mythologique),  mam.  — 
Linné  désigne  sous  le  nom  de  Midas  le  Ta- 
marin de  Buffon  {voy.  l'article  ouistiti).  De- 
puis, Et. -Geoffroy  Saint-Hilaire  {Ann.  mus., 
XIX,  1812)  en  a  fait  le  type  d'un  petit 
groupe  de  Singes.  (E.  D.) 

MIDAS.  rept.  —  Nom  vulgaire  de  la  Tor- 
tue franche.  Voy.  chélonée.  (E.  D.) 

*M1D0TIS  (Midas,  nom  mythologique, 
et  ouç,  £ro;,  oreille),  bot.  cr.  — Genre  de 
Champignons  qui  ressemble  à  une  oreille, 
comme  son  nom  l'indique,  découvert  par 
Sch4eicher  en  Suisse,  et  décrit  par  Fries 
{Elench.,  p.  29). 

I!  présente  les  caractères  suivants  :  Ré- 
ceptacle cartilagineux,  recouvert  à  sa  partie 
inférieure  d'un  hyménium  de  nature  diffé- 
rente, et  susceptible  d'en  être  séparé.  Les 
thèques  sont  allongées,  et  lancent  les  spores 
sous  forme  de  nuage  comme  les  Pézizes.  Le 
Midotis  lingua  de  Fries  croît  sur  les  vieux 
troncs   et  ressemble   au  Peziza    leporina. 

(Lev.) 

MïEGIA,  Schreb.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Remirea ,  Aubl. —  Pers.,  syn.  à'Arundina- 
ria ,  Rich. 

MIEL.  — C'est  le  nom  que  l'on  donne  à 
la  matière  sucrée  préparée  par  les  Abeilles, 
et  que  ces  Insectes  déposent  dans  les  alvéoles 
de  leurs  gâteaux.  Voy.  abeille. 

*M IELICHHOFERIA  (nom  propre),  bot. 
cr.  —  Genre  de  Mousses-Bryacées,  établi 
par  Hornschuch  {Bryol.german.,  179,  c.  ic.) 
pour  des  Mousses  grêles  croissant  dans  les 
parties  les  plus  élevées  des  montagnes  de 
l'Europe  centrale.  Voy.  mousses. 

MIELLIN.  bot.  cr.  — On  donne  ce  nom 
dans  quelques  pays  au  Bolet  du  Noyer,  Po- 
lyporus  squamosus  Huds.  Malgré  son  odeur 
désagréable,  il  est  comestible.         (Lév.) 


Ml  G 


MIG 


20') 


ÉMITE.  min.  — Nom  d'une  variété  de 
la  Dolomie.  Voy.  carbonates. 

*iMIERÏA,  Llav.  et  Lexar.  eot.  ph.  — 
Syn.  de  Schkuhria,  Roth. 

MIERSIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  faisant  autrefois  partie  de  la  famille 
des  Liliacées  ,  et  constituant  actuellement 
•■  un  des  genres  de  la  petite  famille  des  Gil- 
liésacées  ,  Lindl.  11  a  été  établi  par  Lindley 
(in  Miers  Travel's  in  Chili,  II,  529)  pour 
des  herbes  originaires  du  Chili. 

MIGA.  moll. — Adanson  {Voy.  auSénég.) 
;  nomme  ainsi  une  espèce  de  Buccin  désignée 
par  Bruguière  sous  les  noms  de  Buccinum 
Miga. 

MIGNARDISE,  bot.  ph.— Nom  vulgaire 
de  deux  espèces  d'OEillets,  les  Dianthus  ar- 
meria  et  plumosus  L. 

MIGNONET  BLANC  et  ROUGE,  bot. 
ph.  —  Noms  vulgaires  du  Trèfle  des  prés. 

MIGNONNE,  bot.  ph.  —  Dans  certains 
cantons  de  la  France,  on  donne  ce  nom  à 
une  variété  de  Pêches  et  à  la  Mauvisque. 

MÏGNONNETTE.  bot.  ph.  —  Plusieurs 
plantes  sont  désignées  vulgairement  sous  ce 
nom  :  le  Draba  verna,  VHolosteum  umbel- 
latum,  le  Réséda,  la  Luzerne  lupuline  et  le 
Poivre  concassé. 

MIGRATIONS,  zool.  — On  nomme  Mi- 
grations et  Émigrations,  ces  voyages  ou  ex- 
cursions périodiques  ou  irrégulières,  tempo- 
raires  ou  durables,  qu'entreprennent,  dans 
certaines  saisons  de  l'année,  un  très  grand 
nombre  d'animaux  appartenant  à  peu  près 
à  toutes  les  classes. 

Eu  égard  à  la  manière  dont  les  Migrations 
ont  lieu,  et  en  considération  des  causes  qui 
les  provoquent,  on  peut,  ce  nous  semble, 
les  distinguer  en  Migrations  accidentelles  et 
en  Migrations  régulières  ou  annuelles.  Aux 
premières  se  rattachent  non  seulement  ces 
déplacements  qui  sont  la  suite  d'une  pertur- 
bation atmosphérique,  mais  encore  ces  ex- 
cursions qui,  n'ayant  rien  de  réglé,  rien  de 
périodiquement  annuel,  ne  sont  entreprises 
que  dans  des  moments  d'extrême  nécessité, 
par  exemple  dans  un  cas  de  disette.  Quant 
aux  Migrations  régulières,  on  comprend 
aisément  que  ce  sont  celles  auxquelles  sont 
constamment  et  annuellement  soumises, 
dans  un  temps  et  dans  des  circonstances  don- 
nés, la  plus  grande  partie  des  espèces  Émi- 
grantes.  Mais  comme»  parmi  ces  dernières, 

T.   VIII. 


il  en  est  qui  poussent  leurs  voyages  d'un 
continent  à  l'autre,  et  se  portent  ainsi  à  des 
distances  très  considérables,  tandis  que  d'au- 
tres espèces  bornent  leurs  excursions  au  con- 
tinent qui  les  a  vues  naître,  il  nous  semble 
qu'en  raison  de  ces  différences,  il  serait  pos- 
sible de  distinguer  les  animaux  en  vrais  Mi- 
grateurs et  en  Erratiques. 

Quoiqu'on  ne  puisse  déduire  ua  principe 
rigoureux  des  moyens  mis  en  usage  (loco- 
motion ou  progression  )  par  les  divers  êtres, 
dans  leurs  excursions  régulières  ou  irrégu- 
lières, on  peut  cependant  dire,  d'une  ma- 
nière générale,  que  là  où  les  mouvements 
progressifs  sont  lents  et  pénibles  et  s'exé- 
cutent sur  un  élément  solide,  les  Migrations 
seront  rares  et  de  courte  durée,  lorsqu'elles 
auront  lieu;  et  qu'au  contraire,  plus  ils  se- 
ront actifs  et  rapides,  soit  en  raison  de  la 
force  d'action,  soit  en  raison  du  milieu  dans 
lequel  ils  s'exécutent,  plus  les  voyages  se- 
ront fréquents  et  complets.  On  peut  voir 
dès  lors  que  de  toutes  les  classes  d'ani- 
maux, celles  des  Oiseaux  et  des  Poissons  doi- 
vent fournir  le  plus  d'exemples  de  Migra-, 
tions .  et  les  plus  remarquables  par  Ieurl 
étendue  et  leur  régularité. 

Les  Mammifères ,  sauf  quelques  espèces: 
de  Carnassiers,  de  Rongeurs  et  de  Rumi- 
nants, sont  généralement  sédentaires.  Quel-' 
ques  auteurs  ont  fait  de  l'homme  un  être; 
Émigrant.  L'homme,  il  est  vrai,  si  l'on  re- 
monte de  l'entière  dispersion  du  peuple 
Juif  jusqu'à  la  Genèse,  si  l'on  veut  avoir 
égard  à  ces  immenses  débordements  de  bar- 
bares qui,  sortis  du  Nord,  ont  plusieurs  fois 
inondé  les  fertiles contréesduMidi,  l'homme, 
dis-je,  pourrait  à  la  rigueur  fournir  des  exem- 
ples de  Migrations.  De  nos  jours  même,  pour- 
rait-on peut-être  appeler  Émigrantcs  ces  ca- 
ravanes qui  abandonnent  l'Europe  pour  al- 
ler chercher,  dans  les  contrées  de  l'Afrique, 
fortune  ou  bien-êlre;  mais,  en  dehors  de 
ces  faits,  l'homme  n'émigre  pas  à  propre- 
ment parler;  il  est  plus  rationnel  de  dire 
qu'il  se  transporte  d'un  lieu  à  un  autre, 
isolément  ou  en  compagnie,  pour  les  plai- 
sirs, pour  les  intérêts,  et  quelquefois  sans 
but  déterminé.  L'homme  ne  peut  donc  plus, 
selon  nous,  être  compté  parmi  les  êtres  qui 
émigrent  réellement;  et  si  nous  voulons 
des  exemples  dans  la  classe  des  Mammifères, 
nous  devons  les  chercher,  comme  nous  l'a- 

27 


210 


MIG 


MIG 


vons  dit,  chez  les  Carnassiers,  les  Ruminants 
et  les  Rongeurs.  Chez  ces  derniers,  le  Leni- 
ming  est  depuis  longtemps  célèbre  par  les 
voyages  qu'il  entreprend.  A  de  certaines 
années,  des  bandes  innombrables  de  cette 
ospèce  abandonnent  la  chaîne  des  Alpes 
Scandinaves,  se  dirigeant  tantôt  vers  la  mer 
du  Nord,  tantôt  vers  le  golfe  de  Bothnie, 
marchant  en  ligne  droite,  en  observant  un 
certain  ordre  et  sans  jamais  se  laisser  arrêter 
par  aucun  obstacle.  Ces  Migrations,  quelle 
que  soit  leur  cause,  sont  très  accidentelles 
et  ne  se  produisent  que  de  loin  en  loin. 
Elles  n'ont  été  constatées,  d'une  manière 
bien  authentique,  dans  l'espace  de  260  ans 
(de  1580  à  1840),  que  onze  fois.  Des 
voyages  plus  périodiques,  plus  réguliers,  et 
qui  s'étendent  quelquefois  très  au  loin,  sont 
ceux  de  l'Isatis  (Canis  lagopus  Lin.),  et 
surtout  ceux  de  l'Antilope  Springbork  (An t. 
euchore  Forst.).  Ce  dernier,  à  des  époques  à 
peu  près  déterminées ,  quitte  tous  les  ans 
les  terres  sèches  et  rocailleuses  de  la  pointe 
d'Afrique,  pour  se  porter  vers  le  Nord,  soit 
dans  la  Cafrerie,  soit  dans  d'autres  pays 
fertiles  et  bien  arrosés,  et  couvre  de  ses 
masses  émigrantes  les  pays  qu'il  traverse. 
Quelques  autres  espèces,  telles  que  les  Her- 
mines, les  Martes,  les  Écureuils,  abandon- 
nent aussi  aux  approches  d'un  hiver  très 
rigoureux,  dont  ils  paraissent  avoir  la  pres- 
cience, les  montagnes  de  la  Laponie,  de  la 
Nonvége  et  de  la  Suède ,  pour  se  répandre 
dans  les  plaines  et  les  vallées;  mais  ces  dé- 
placements ne  sont  pas,  à  vrai  dire,  des  Mi- 
grations. 

Nous  passerons  sous  silence  les  voyages 
qu'entreprennent  les  Oiseaux,  et  nous  ren- 
voyons à  l'article  général  qui  les  concerne. 

Les  Reptiles  ont  de  trop  faibles  moyens 
de  progression,  pour  être  capables  de  tenter 
de  longues  et  lointaines  excursions;  aussi 
peut-on  citer  seulement  dans  cette  classe, 
certaines  Tortues  marines  qui,  à  l'époque 
des  amours  ,  abandonnent  l'élément  dans 
lequel  elles  vivent,  pour  gagner  les  grèves 
sablonneuses  où  elles  déposeront  leurs  œufs. 

Après  les  Migrations  des  Oiseaux,  celles 
des  Poissons  offrent,  très  certainement,  un 
spectacle  des  plus  curieux  et  des  plus  inté- 
ressants à  suivre.  Le  milieu  que  ces  animaux 
habitent,  les  puissances  d'action  qu'ils  trou- 
Vent  dans  leur  organisation  favorisent  leur 


déplacement,  et  leur  permettent  de  se  por- 
ter à  des  distances  considérables.  Les  uns, 
comme  les  Anguilles,  abandonnent  les 
fleuves  pour  gagner  la  mer;  les  autres,  tels 
que  les  Saumons,  les  Esturgeons,  etc.,  de 
la  mer  passent  dans  les  fleuves  et  les  re- 
montent ;  d'autres  enfin  exécutent  leurs 
voyages  au  sein  même  de  l'Océan.  De  ce 
nombre  sont  les  Harengs,  qui  du  pôle  nord 
descendent  sur  nos  côtes,  en  essaims  in- 
nombrables; de  ce  nombre,  sont  encore  les 
Anchois  et  les  Sardines  qui  visitent,  dans 
leurs  excursions,  une  grande  partie  des 
côtes  de  la  Méditerranée.  Les  routes  que 
suivent  les  Poissons  dans  leurs  Migrations, 
ne  paraissent  nullement  déterminées  d'a- 
vance, car  l'on  a  vu  parfois  les  Harengs,  les 
Maquereaux,  les  Thons,  changer  de  plage, 
ou  déserter,  comme  par  caprice,  des  côtes 
sur  lesquelles  ils  arriveront  l'année  suivante 
en  multitudes  extraordinaires,  sans  qu'on 
puisse  assigner  un  motif  valable  à  ces  va- 
riations. Quant  aux  causes  qui  déterminent 
les  Poissons  à  voyager ,  elles  sont  évidem- 
ment dues  au  besoin  de  trouver  des  plages 
favorables  pour  frayer,  et  assez  fertiles  pour 
offrir  une  pâture  suffisante  aux  jeunes  qui 
doivent  éclore. 

Les  invertébrés  offrent  encore  quelques 
exemples  remarquables  de  Migrations. 

Dans  la  classe  des  Articulés  ,  on  ne  con- 
naît que  le  Crabe  de  terre,  qui  gagne  une 
fois  par  an  les  bords  de  la  mer  pour  confier 
ses  œufs  aux  fucus  et  aux  herbes  marines. 
A  l'époque  de  ses  voyages,  il  couvre  de  ses 
noirs  essaims  les  grèves  sablonneuses. 

Les  Insectes,  si  l'on  en  excepte  les  Ortho- 
ptères et  quelques  Hémiptères,  émigrent 
peu.  Parmi  les  espèces  émigrantes  ,  les  plus 
connues  et  les  plus  célèbres  sont  ces  Sau- 
terelles (Grijllus  migratorius)  qui,  rassem- 
blées en  essaims  infinis,  ont  souvent  porté 
la  désolation  dans  plusieurs  contrées,  et 
exercé  des  ravages  tellement  grands,  que 
l'Écriture-Sainte  les  place  au  nombre  des 
sept  fléaux  qui  menaçaient  l'Egypte.  L'A- 
frique est  le  pays  où  ces  Sauterelles  se  mul- 
tiplient le  plus,  et  où  elles  effectuent  régu- 
lièrement tous  les  ans  leur  passage.  Levail- 
lant,  qui  a  assisté  à  l'un  de  ces  passages, 
dit  que  l'air  était  réellement  obscurci  par  le 
nombre  des  individus  qui  composaient  la 
troupe  érnigrante.  Ils  formaient  une  colonne 


MIL 


MIL 


211 


qui  pouvait  embrasser  deux  ou  trois  mille 
pieds  en  largeur,  et  qui,  montre  à  la  main, 
mit  plus  d'une  heureà  passer.  Mais  l'Afrique 
n'est  pas  la  seule  contrée  où  l'on  soit  té- 
moin de  ces  Migrations:  la  Pologne,  la 
Bassarie  et  la  Tartarie,  ont  de  temps  en 
temps  les  leurs.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus 
remarquable,  c'est  que  ces  Sauterelles,  ainsi 
réunies  en  légions,  ne  se  laissent  pas  ar- 
rêter par  un  bras  de  mer  qui  les  sépare 
d'une  contrée  où  elles  espèrent  rencontrer 
la  fertilité. 

Quant  aux  Mollusques,  aucun  fait  bien 
constaté  ne  peut  être  invoqué  pour  faire 
admettre  qu'il  y  ait  chez  eux  Migration.  Les 
espèces  pélagiennes  qu'on  rencontre  fré- 
quemment sous  la  haute  mer,  celles  qui  se 
montrent  spontanément  et  en  nombre  in- 
calculable dans  certains  parages,  ou  ont  été 
poussées  par  les  vagues  ,  ou  ont  été 
emportées  par  les  courants  sous-marins. 
D'ailleurs,  là  où  les  mouvements  sont  si, 
lents,  que  dans  beaucoup  de  cas  ils  sont 
inappréciables,  il  ne  saurait  y  avoir  de  Mi- 
gration proprement  dite. 

Les  Zoophytes  sont,  plus  que  les  Mollus- 
ques, incapables  d'entreprendre  eux-mêmes 
des  voyages. 

Ainsi ,  presque  toutes  les  classes  nous 
offrent  des  animaux  migrateurs.  Leurs 
voyages,  qu'ils  aient  lieu  sur  la  terre,  dans 
l'atmosphère  ou  au  fond  des  eaux,  sont  pro- 
voqués tantôt  par  le  désir  de  se  reproduire, 
et  qui  est  général  pour  les  Poissons,  les 
Reptiles  et  les  Crustacés,  et  tantôt  par  le 
besoin  de  nourriture  ou  la  crainte  du  froid, 
comme  chez  les  Mammifères  et  les  Reptiles. 

(Z.G.) 

MIGUEL,  bept.  —  Nom  du  Rouleau  ta- 
cheté ,  Tortrix  ou  Cylindrophis  maculata , 
espèce  d'Ophidien  propre  à  l'île  de  Ceylan. 

(P.  G.) 

MIK.ANIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Astéroï- 
dées,  établi  par  Willdenow  (5p.,  III,  1452). 
Herbes  ou  arbrisseaux  de  l'Amérique  tropi- 
cale ,  de  Madagascar  et  du  cap  de  Bonne- 
Espérance.  Voy.  COMPOSÉES. 

MIL  ou  MILLET,  bot.  pu.  —  Diverses 
Graminées  portent  ce  nom,  principalement 
une  espèce  de  Panicum  ,  le  P.  miliaceum 
L.,  dont  les  graines  servent  de  nourriture 
aux  oiseaux  qu'on  élève  en  cage. 


On  nomme  encore  : 

Mil  a  chandelles,  ÏHolcus  spicatus; 

Gros  Mil  ou  Millet,  YHolcus  sorghum; 

Millet  d'Afrique  ou  Millet  d'Inde  ,  le 
Sorgho  ; 

Millet  de  Chèvres,  YImpatiens  noli  me 
tangere  , 

Millet  d'amour  ou  du  soleil  ,  le  Litho- 
spermum  officinale  ; 

M.  sauvage,  le  Melampyrum  arvense,  etc. 

MILAN.  Milvus.  ois.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Falconidées  dans  l'ordre  des  Oi- 
seaux de  proie  ,  caractérisé  par  un  bec  assez 
robuste,  incliné  à  sa  base;  des  narines  el- 
liptiques obliques,  percées  dans  une  cire 
nue;  des  ailes  très  longues,  atteignant  l'ex- 
trémité de  la  queue, qui  elle-même  est  très 
allongée  et  très  fourchue;  des  tarses  courts 
et  des  ongles  robustes. 

De  tous  les  temps ,  les  Milans  ont  joui  de 
la  réputation  d'être  de  fort  habiles  voiliers, 
et  celte  réputation  est  méritée  ,  car  il  est  peu 
d'Oiseaux  de  proie  dont  le  vol  soit  aussi 
souple  et  aussi  élégant.  Ils  peuvent,  à  la 
faveur  de  leurs  ailes,  grandement  dévelop- 
pées et  minces  ,  de  leur  queue  ample  et  four- 
chue, exécuter  mille  évolutions  dans  les 
airs,  y  décrire  des  cercles  lents,  s'y  sou- 
tenirenplanantpendant  un  temps  très  long, 
sans  que  leurs  ailes  trahissent  le  moindre 
mouvement;  s'élever  avec  rapidité  dans  les 
hautes  régions  de  l'atmosphère  et  s'y  dé- 
rober à  notre  vue  ;  en  descendre  sans  efforts 
comme  s'ils  glissaient  sur  un  plan  incliné, 
précipiter  leur  vol,  s'arrêter  brusque- 
ment et  rester  suspendus  à  la  même  place 
pendant  des  heures  entières.  Ils  sont  pres- 
que pour  la  flexibilité  du  vol,  dans  l'ordre 
desRapaceSjCe  que  les  Hirondelles  sont  dans 
l'ordre  des  Passereaux. 

Si  la  puissance  de  leur  bec  et  de  leurs 
serres  correspondait  à  la  rapidité  de  leur 
vol ,  les  Milans  seraient  de  tous  les  Oiseaux 
rapaces  les  plus  redoutables  ;  car  une  proie 
pourrait  difficilement  se  soustraire  à  leur 
poursuite;  mais  ils  paraissent  n'avoir  ni  les 
moyens  de  dompter,  ni  le  courage  d'attaquer 
un  animal  qui  leur  opposerait  quelque  ré- 
sistance. Ils  s'adressent  en  général  à  de 
petits  animaux,  et  surtout  aux  individus 
faibles  et  maladifs,  aux  poussins  et  aux 
jeunes  Oiseaux  incapables  de  fuir.  Ils  ont 
en  outre  un  goût  prononcé  pour  la  chair 


212 


MIL 


MIL 


morte.  Hébert  (notes  communiquées  à  Buf- 
fon)  a  vu  le  Milan  royal  prendre  à  la  super- 
ficie de  l'eau  de  petits  poissons  morts  et  à 
demi-corrompus ,  emporter  une  longue  cou- 
leuvre dans  ses  serres ,  se  poser  sur  le  ca- 
davre de  bœufs  et  de  chevaux  et  fondre  sur 
des  tripailles  que  des  femmes  lavaient  le 
long  d'un  petit  ruisseau.  Ce  dernier  trait 
annonce  chez  le  Milan  de  la  hardiesse;  du 
reste,  ce  n'est  pas  le  seul  fait  de  ce  genre 
que  l'on  possède  ,  car  le  Milan  parasite  s'est 
montré  à  Levaillant  plus  hardi  encore  que 
le  Milan  royal.  «  La  vue  de  l'homme,  dit  - 
il  en  parlant  du  premier  de  ces  Oiseaux,  ne 
l'empêche  pas  de  fondre  sur  les  jeunes  Oi- 
seaux domestiques;  on  ne  voit  point  une 
habitation  où  il  ne  paraisse,  à  certaine  heure 
du  jour,  quelques  uns  de  ces  Oiseaux  vo- 
leurs. Dans  mes  voyages,  lorsque  j'étais 
campé,  il  ne  manquait  jamais  d'en  arriver 
plusieurs  ;  ils  se  posaient  sur  nos  chariots, 
et  nous  enlevaient  souvent  quelques  mor- 
ceaux de  viande.  Chassés  par  mes  Hotten- 
tots ,  ils  revenaient  à  l'instant  avec  une  vo- 
racité et  une  hardiesse  toujours  incommodes; 
les  coups  de  fusil  ne  nous  débarrassaient 
point  de  ces  parasites;  ils  reparaissaient 
quoique  blessés.  Invinciblement  attirés  par 
la  chair  qu'ils  nous  voyaient  préparer,  et 
qu'ils  nous  arrachaient  pour  ainsi  dire  des 
mains ,  notre  cuisine  à  l'air  et  sous  la  voûte 
du  ciel  les  nourrissait  malgré  nous.  Les 
restes  des  grands  quadrupèdes  que  je  tuais 
pour  mon  usage  et  celui  de  mes  gens  étaient 
fort  de  leur  goût.  Ils  se  rabattaient  aussi  sur 
les  charognes,  dont  ils  disputaient  les  lam- 
beaux aux  Corbeaux,  leurs  mortels  ennemis.  » 
lï  semblerait  donc  que,  malgré  la  bassesse 
de  leurs  goûts ,  les  Milans  ne  manquent  pas 
de  hardiesse.  Nous  dirons  même  que  les 
naturalistes  en  général,  et  Buffon  en  par- 
ticulier, leur  ont  fait  une  réputation  de 
lâcheté  qui  n'est  pas  tout  aussi  méritée  que 
celle  qu'on  a  faite  à  leur  vol.  On  les  a  re- 
présentés comme  des  Oiseaux  dépourvus  de 
tout  courage  et  se  laissant  honteusement 
battre  par  des  espèces  bien  plus  faibles 
qu'eux.  Parce  qu'autrefois,  dans  le  pro- 
gramme des  plaisirs  princiers,  figurait  la 
chasse  au  vol  du  Milan  royal    (I),    parce 

(r)  Cest  parce  que  le  Milan  servait  aux  plaisirs  des  princes, 
qui  le  faisaient  chasser  par  d'autres  oiseaux  de  proie  ,  que 
l'adjectif  spécifique  de  royal  lui  a  été  donné. 


qu'on  employait  quelquefois  à  cette  chasse 
TÉpervier,  espèce  faible  en  apparence  ,  on 
a  cru  devoir  en  inférer  que  les  Milans  le 
cédaient  à  ce  dernier  en  force  et  en  courage. 
On  les  a  même  considérés  comme  incapa- 
bles de  résister  aux  attaques  des  Corbeaux, 
des  Pies  et  des  Geais.  Tout  cela  est  un  peu 
exagéré.  Les  Milans ,  sans  être  aussi  coura- 
geux que  certaines  espèces  de  l'ordre  auquel 
ils  appartiennent ,  ont  cependant  le  courage 
qui  convient  à  leur  nature  et  à  l'industrie 
qu'ils  exercent.  D'ailleurs,  Levaillant  a  vu 
le  Parasite  disputer  courageusement  et  avec 
succès  des  morceaux  de  chair  aux  Corbeaux. 
Ceux-ci  fuyaient  en  vain  avec  leur  proie;  le 
Parasite  s'acharnait  à  leur  poursuite  et  les 
forçait  à  la  lui  abandonner.  Il  l'a  vu  égale- 
ment se  battre  avec  énergie  contre  des  Buses 
et  d'autres  Oiseaux  de  proie  qui  l'importu- 
naient ou  qui  voulaient  lui  disputer  sa  pâ- 
ture. 

Un  grand  nombre  d'Oiseaux  ,  les  Galli- 
nacés surtout,  ne  vont  à  la  recherche  de 
leur  nourriture  qu'à  de  certaines  époques 
de  la  journée;  il  en  est  de  même  pour  les 
Milans,  et  peut-être  bien  pour  tous  les  Oi- 
seaux de  proie.  Cette  observation  est  encore 
due  à  Levaillant.  Il  a  constaté  que  le  Milan 
royal  et  le  Milan  parasite  se  montraient 
dans  la  même  contrée  deux  fois  par  jour  et 
à  peu  près  toujours  aux  mêmes  heures.  Leur 
chasse  faite, ils  disparaissent. 

Les  Milans ,  que  l'homme  a  mis  au  nom- 
bre des  espèces  malfaisantes,  et  qui  contri- 
buent à  la  destruction  du  gibier,  devraient 
cependant  être  considérés  plutôt  comme  des 
Oiseaux  utiles  que  nuisibles  ,  car  ils  rendent 
des  services  incontestables  à  l'agriculture, 
par  la  chasse  assidue  et  continuelle  qu'ils 
font,  non  seulement  aux  petits  Mammifères 
rongeurs  et  insectivores ,  mais  encore  aux 
Lézards,  aux  Serpents  et  surtout  aux  gros 
Insectes  diptères.  S'ils  détruisent  quelques 
Poissons  (1), quelques  jeunes  perdreaux;  s'ils 
s'abattent  dans  les  basses-cours  pour  tenter 
d'enlever  les  petits  poulets,  la  consommation 
qu'ils  font  d'animaux  nuisibles  compense 
amplement  les  déprédations  dont  on  les 
accuse. 

Les  rochers  escarpés,  les  grands  arbres 

(i)  Le  Milan  noir  s'attaque  particulièrement  à  l'Alose, 
qu'il  poursuit  même  eu  plongeant ,  comme  le  fait   le  BjH>u« 


MIL 


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213 


des  forêts,  sont  généralement  les  lieux  que 
choisissent  les  Milans  pour  établir  leur  nid, 
qu'ils  construisent  sans  beaucoup  d'art  avec 
de  petites  branches  entrelacées,  sur  les- 
quelles ils  posent  une  couche  de  grarnen.  Le 
Parasite  place  quelquefois  le  sien  sur  un 
grand  buisson  entre  des  roseaux.  La  ponte 
est  de  trois  à  cinq  œufs  blancs  tachés  de 
roux.  Les  jeunes  naissent  couverts  d'un 
duvet  grisâtre  fort  long  à  l'occiput,  ce  qui 
leur  donne  une  physionomie  particulière 
qui  permet  de  les  distinguer  des  autres  jeu- 
nes Rapaces. 

Les  Milans  ne  forment  plus  aujourd'hui 
une  division  unique,  comme  dans  Linné, 
Brisson  et  Latham.  G.  Cuvier,  admettant 
la  distinction  faite  parSavigny,  lésa  divi- 
sés en  Élanious  et  en  Milans  proprement 
dits,  ce  qu'a  également  fait,  vers  ces  der- 
nières années,  M.  Temminck,  dans  son 
Manuel  d'ornithologie.  Vieillot  en  a  sépare 
quelques  espèces  sous  le  nom  générique 
d'ïctinie;  enfin  ,  Vigors  y  a  opéré  un  qua- 
trième démembrement,  en  en  détachant  les 
Nauclers.  Ceux-ci ,  les  Élanious  et  les  Mi- 
lans proprement  dits,  composent  seuls,  pour 
quelques  auteurs,  la  famille  des  Milvinées, 
qui  correspond  à  l'ancien  g.  Milvus.  Nous 
ferons  successivement  connaître  les  espèces 
qui  se  rapportent  à  chacune  de  ces  trois 
sections. 

I.  MILANS  PROPREMENT  D1TC.  Milvus, 

Beehst. 

Tarses  écussonnés ,  forts  ;  queue  delloïdale 
médiocrement  fourchue. 

Le  Milan  royal,  Mil.  regalis  Briss.  (Buiï., 
pi.  enl.,  422).  Cire  grise;  tête  et  cou  d'un 
gris  blanc;  tout  le  plumage  d'un  roux  vif 
ardent,  flammé  de  noir;  ailes  noirâtres; 
queue  rousse,  portant  des  bandes  brunes 
peu  distinctes. 

Habite  l'Europe,  mais  plus  commun  en 
France  ,  en  Italie,  en  Suisse  et  en  Allema- 
gne que  partout  ailleurs. 

Le  Milan  noir,  Mil.  œtolius  Vieil!.  (Buff., 
pi.  enl.  ,  472).  Cire  jaune  et  très  poilue  ; 
tête  et  cou  gris ,  chaque  plume  flammée  de 
brun;  tout  le  plumage  d'un  brun  roux  fuli- 
gineux; queue  d'un  gris  brun. 

Habite  l'Europe, l'Afrique  et  l'Asie,  assez 
commun    en   France,    quoi  qu'en  ait  dit 


M.  Temminck.  On  le  trouve  aussi  en  Suisse 
et  en  Allemagne. 

LcMilan  parasite,  Mil .  parasitions  Less. 
(Levail!.,  Ois.  d'Afr.,  pi.  22).  Cire  jaunâtre; 
plumage  d'un  brun  fuligineux  roux,  plus 
clair  sur  le  ventre;  queue  grise,  faiblement 
rayée  de  brun  ;  grandes  couvertures  des  ailes 
cendrées. 

Habite  le  cap  de  Bonne-Espérance  ;  re- 
cueilli en  Dalmatie  par  M.  de  Feldegg,  et 
en  Grèce,  par  le  comte  Von  der  Miihle. 

Le  Mil.  isurus  Gould  (Birds  of  Australià) , 
le  Mil.  affinis  Gould  {Syn.  Birds  aust.),  et  le 
Mil.  goviuda  Sykes  (Proceedings ,  1832, 
p.  81),  de  la  Nouvelle-Hollande,  appartien- 
nent encore  à  cette  section.  Le  Falco  Missis- 
sipensis  Wils.,  que  G.  Cuvier  y  rapporte  en- 
core ,  est  le  type  du  g.  Ictinie  dé  Vieillot. 

IL  ELANIOUS.  Elanus,  Savigny  (Elanoides , 
Vieillot.) 

Tarses  très  courts,  réticulés  et  à  demi  re- 
vêtus de  plumes  par  le  haut. 

L'Élaniou  blanc  ,  El.  ccesius  Savig.  (Lev., 
Ois.  d'Af.  ,  pi.  36  et  37),  cendré  sur  toutes 
les  parties  supérieures;  d'un  blanc  pur  en 
dessous;  face  interne  de  l'aile  blanche; 
queue  courte. 

Habite  toute  l'Afrique  du  midi  au  nord  ; 
commun  en  Egypte  et  à  Tripoli.  Il  a  été  tué 
près  de  Darmstadt,  et  a  été  vu  ,  dit-on,  en 
Andalousie. 

L'Élaniou  a  queue  irregulière,  El.  leu- 
curus  Bonap.  (  Falco  dispar  Temm.  ,  pi. 
col.  319,  et  Wils.,  pi.  11,  t.  1),  de  l'Amé- 
rique. M.  Schlegel  rapporte  à  cette  espèce 
Y  El.  axillaris  de  Gould  (Birds  of  Aust.)  qui 
est  le  même  oiseau  que  son  EL  notatus 
(Proceed.,  t.  V,  p.  99),  etleCïrcus  axillaris 
de  Vieillot. 

C'est  encore  à  cette  section  que  se  rap- 
portent VEl.  scriptus  Gould  (Birds  of  Aus- 
tralià) et  l'espèce  que  M.  Lesson ,  dans  son 
Traité  d'ornithologie,  décrit  sous  le  nom  de 
El.  torquatus  Cuvier.  Ce  dernier  est  le  Gam- 
psonyx  Swainsonii  de  Vigors. 

III.  NAUCLERS.  Nauclerus,  Vigors. 

Bec  court;  queue  très  longue,  très  four- 
chue comme  celle  des  Hirondelles;  tarses 
courts,  faibles,  réticulés,  garnis  déplumes 
comme  dans  les  Élanious. 

Une  espèce  de  cette  division ,  dont  on  a 


214 


MIL 


constaté  l'apparition  accidentelle  dans  la 
Grande-Bretagne,  est  le  Milan  de  la  Caro- 
line, Buff.,  maintenant  Naucler  de  la  Ca- 
roline, Nau.  furcalus  Gould  {Birds  of  Eu- 
rope),  Mil. Caroliniensis  Briss .M. Temminck, 
dans  son  Man.  d'omilh. ,  le  décrit  sous  le 
nom  d'Élaniou  Martinet.  La  tête,  le  cou, 
et  généralement  toutes  les  parties  inférieu- 
res, sont  d'un  blanc  très  pur;  le  manteau  , 
les  ailes  et  la  queue,  d'un  beau  noir  bronzé 
à  reflets. 

Habite  l'Amérique  septentrionale,  d'où 
il  se  répand  jusqu'au  Brésil ,  et  très  acci- 
dentellement dans  le  nord  de  l'Europe. 
Deux  individus  ont  été  capturés  en  Angle- 
terre, l'un  en  Argyleshire  et  l'autre  en 
Yorkshire. 

Le  Naucler  de  Riocour  ,  Nau.  Riocourii 
Vig.  (Milan  riocour  Temm.,  pi.  col.  85),  du 
Sénégal,  est  la  deuxième  espèce  de  cette 
division.  (Z.  Gerbe). 

MILAN  MARIN,  poiss.  —  Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  Trigle. 

MILANDRE.  Galeus.  poiss.  —  Genre  de 
Tordre  des  Chondroptérygiens  à  branchies 
fixes,  famille  des  Sélaciens,  établi  par  G.  Cu- 
vier  (l\èg.  anim.,  t.  II,  p.  389)  aux  dépens 
des  Requins,  dont  ils  diffèrent  principale- 
ment par  la  présence  d'évents. 

La  seule  espèce  connue  est  le  Squalus  ga- 
leus ,  reeonnaissable  à  ses  dents,  dentelées 
seulement  à  leur  coté  extérieur.  Ce  poisson 
vit  dans  nos  mers,  où  il  atteint  une  taille 
de  1  "ViO  environ.  La  femelle  seule  parvient 
quelquefois  à  2[U,0  de  longueur;  elle  met 
bas  36  à  40  petits  à  la  fuis.  La  nourriture 
ordinaire  des  Milandres  se  compose  déjeunes 
poissons  ;  mais  féroce  et  sanguinaire  comme 
le  Requin,  il  a  aussi,  comme  lui,  sa  voracité 
et  son  audace.  Souvent  on  a  vu  des  Milan- 
dres s'élancer  sur  la  côte,  et  se  jeter  sur  les 
hommes  qui  n'avaient  pas  quitté  le  rivage. 
Aussi  la  pêche  de  ce  poisson  est-elle  très 
dangereuse  et  demande  les  plus  grandes  pré- 
cautions. Il  en  sera  de  nouveau  question  à 
l'article  requin. 

MILESIA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères ,  famille  des  Brachy- 
stomes,  tribu  des  Syrphides,  établi  par  La- 
treillc  {Gen.  L.  ),  et  généralement  adopté. 
M.  Macquart  (Dipt.,  suites  à  Buff.,  t.  I, 
p.  532)  en  cite  8  espèces  réparties  en  deux 
sections  :  la  première  comprend  celles  qui 


MIL 

ont  la  face  courte  et  concave  ;  les  cuisses 
postérieures  unidenlées  (M.  crabroniformis 
Lat.,  fulminans  Meig.,  diophthalma  Lat., 
gigas  Macq.);  la  deuxième  renferme  les 
espèces  qui  ont  la  face  prolongée  antérieure- 
ment, à  légère  proéminence  ;  les  cuisses  mu- 
tiques  (  M.  vespiformis  Meig. ,  bombylans 
Fab.,  speciosa  Lat.,  fallax  Fab.).  Toutes 
ces  espèces  habitent  la  France,  l'Allemagne 
et  l'Italie.  Leurs  larves  se  nourrissent  du 
détritus  du  bois.  —  Outre  les  espèces  que 
nous  venons  de  mentionner,  on  en  connaît 
encore  10  autres  exotiques  (Ma'cq.,  Dipt. 
exot.,  t.  II,  2e  partie,  p.  78),  sur  lesquelles 
3  appartiennent  aux  Indes  orientales,  6  à 
l'Amérique  septentrionale,  et  une  au  Brésil. 

MILIARIA.  ois.  —  Nom  spécifique  latin 
du  Bruant  proyer  devenu  pour  Brehm  un  nom 
du  genre  dont  cette  espèce  est  considérée 
comme  le  type.  (Z.  G.) 

MILIARIUM,  Mcench.  (Melh.,  204). 
rot.  ph.  —  Syn.  de  Milium,  Linn. 

MILIOLEetMILIOLITE  {milium,  grain 
de  mil),  foramin.,  moll.?  —  Genreétabli  par 
Lamarck  pour  de  petites  coquilles  fossiles 
très  communes  dans  les  terrains  marins  ter- 
tiaires et  que  l'on  croyait  alors  provenir  de 
Mollusques  céphalopodes.  Montfort  avait 
nommé  Pollonte  ce  même  genre,  mais  il 
avait  donné  le  nom  de  Miliolite  à  d'autres 
fossiles  qui  sont  plutôt  des  Mélonies.  M.  Aie. 
d'Orbigny,  plaçant  les  Milioles  dans  son  or- 
dre des  Céphalopodes  foraminifères,  en  fit  la 
quatrième  famille  des  Agathistègues,  carac- 
térisée par  la  disposition  des  loges  peloton- 
nées de  diverses  manières  sur  un  axe  com- 
mun ,  faisant  chacune  dans  leur  enroulement 
la  longueur  totale  de  la  coquille,  de  telle 
sorte  que  l'ouverture,  munie  d'un  appendice 
interne,  se  trouve  alternativement  à  une 
extrémité  ou  à  l'autre.  Les  Milioles  ayant 
les  loges  embrassantes  et  opposées  sur  un 
seul  plan  de  telle  sorte  qu'il  n'en  paraisse 
que  deux  en  dehors,  comme  la  M.  ringens  den 
Lamarck,  constituent  le  genre  Biloculine  de 
M.  Aie.  d'Orbigny.  Celles  qui ,  au  lieu  de 
deux,  ont  trois  loges  apparentes  par  suite  de  la 
disposition  des  loges  sur  trois  côtés,  sont  des 
Triloculines  ;  telle  est  la  M.  trigonula  Lamk. 
Celles  enfin  qui  ont  cinq  loges  apparentes,  . 
comme  la  M.  saxorum  Lamk.,  sont  des  Ou  in-  ■ 
quéloculines.  Plus  récemment,  le  même  au- 
teur, cessant  de  regarder  les  Foraminifères 


MIL 


MIL 


215 


comme  des  Mollusques,  a  subdivisé  les  Aga- 
thistègues  en  deux  familles,  savoir:  1°  les 
Miliolidées  comprenant  les  espèces  dont  les 
loges  sont  disposées  dans  un  seul  plan  , 
comme  celles  des  Biloculines,  et  2°  lesMul- 
tiloculites  comprenant  les  coquilles  dont  les 
loges  sont  disposées  sur  quatre  ou  cinq  côtés 
opposés ,  comme  celles  des  Triloculines  et  des 
Quinquéloculines.  M.  Aie.  d'Orbigny  a  d'ail- 
leurs fait  connaître  les  coquilles  d'un  grand 
nombre  d'espèces  vivantes.  Quant  à  la  na- 
ture des  animaux  d'où  proviennent  ces  pe- 
tites coquilles,  nous  avons  montré,  en  1835, 
combien  leur  organisation  est  plus  simple 
qu'on  ne  l'avait  supposé  précédemment,  et, 
d'après  le  mode  d'expansion  de  leurs  tenta- 
cules filiformes,  nous  les  avons  nommés 
Rhisopodes.  Voy.  ce  mot.  (Duj.) 

*  MILIOLIDÉES.  foramin.  —  Première 
famille  de  l'ordre  des  Agathistègues  de 
M.  Aie.  d'Orbigny.  (Duj.) 

MILIUM.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Phalaridées,  établi  par 
Linné  (Gen.  n.,  79).  Gramensde  l'Europe, 
de  l'Asie  et  de  l'Amérique.  Voy.  graminées. 

*MIUUSIA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Anonacées,  établi  par  Alph.  de 
Candolle  (in  Mem.  Soc.  h.  n.  Genev.,  V, 
213  ,  t.  3).  Plantes  ligneuses  de  l'Asie  tro- 
picale.   Voy.  ANONACÉES. 

H1ILLA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Liliacées-Agapanthées,  établi  par  Cava- 
nilles  (le.,  II,  76,  t.  196).  Herbes  du  Mexi- 
que.   Voy.  LILIACKES. 

MILLE1EU1LLE.  bot.  ph.  —  Nom  vul- 
jgaire  du  genre  Achillea.  Voy.  ce  mot. 

JMILLEFLELR.  bot.  ph.— Nom  vulgaire 
du  Tldaspi  arvense. 

MILLEGRAINE.  bot.  ph.  —Nom  vul- 
gaire des  Herniaires,  de  la  Radiole  et  des 
Oldenlandes. 

*MILLEGRANA,  Surian.  (in  Herb.Juss.). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Cypselea,  Turpin. 

MILLEGREUX.  bot.  ph.— Dans  cer- 
tains cantons  de  la  France,  on  désigne  sous 
ce  nom  quelques  espèces  de  Joncs. 

MILLEPÈDE.  moll.  —Nom  vulgaire  et 
marchand  du  Strombus  millepeda  L. 

MILLEPERTUIS.  Hypericum,  Lifl.(v*4», 
sur;  stxwv,  image),  bot.  ph. —  Très  grand  et 
beau  genre  de  la  famille  des  Hypéricinées  ou 
Hypéricacées  à  laquelle  il  donne  son  nom,  de 
la  polyadelphie  polyandrie  dans  le  système 


de  Linné.  Il  comprend  un  grand  nombre 
d'espèces  qui  habitent  les  contrées  tempérées 
et  chaudes  de  toute  la  terre,  mais  qui  sont  ce- 
pendant plus  abondantes  dans  les  parties  un 
peu  chaudes  de  l'hémisphère  boréal.  Ces  plan- 
tes ont  été  étudiées,  dans  ces  derniers  temps, 
avec  beaucoup  de  soin,  par  M.  Spach(l), 
qui  a  établi  parmi  elles,  et  dans  la  famille  des 
Hypéricinées  tout  entière  ,  de  nombreuses 
subdivisions  qu'il  a  qualifiées  de  genres,  mais 
que  la  plupart  des  botanistes  n'admettent 
pas  encore  comme  tels.  Nous  suivrons  ici 
M.  Endlicher  à  leur  égard,  ainsi  que  pour 
la  circonscription  du  grand  genre  Milleper- 
tuis lui-même.  Tel  que  le  limite  le  célèbre 
auteur  allemand  du  Gênera,  ce  genre  cor- 
respond à  la  seconde  des  deux  tribus  établies 
par  M.  Spach  dans  la  famille  des  Hypérici- 
nées, moins  le  genre  Ascyrum  (que  distin- 
guent ses  fleurs  à  4  sépales,  à  4  pétales,  à 
nombreuses  étamines  presque  libres,  et  ses 
styles  au  nombre  de  1-3).  Circonscrit  de  la 
sorte,  il  se  compose  déplantes  herbacées  ou 
sous-frutescentes,  à  feuilles  opposées,  le  plus 
souvent  entières,  presque  toujours  marquées 
de  petits  points  épars  transparents,  qui  ne 
sont  autre  chose  que  des  réservoirs  d'une 
huile  essentielle  incolore,  et  qui  ont  fait 
donner  à  ces  plantes  le  nom  français  de 
Millepertuis  ;  souvent  ces  feuilles  présentent 
en  outre  de  petits  points  glanduleux  noirs 
qui  se  retrouvent  principalement  sur  leurs 
sépales  et  leurs  pétales.  Les  Millepertuis 
manquent  de  stipules.  Leurs  fleurs  sont  jau- 
nes, souvent  grandes  et  assez  belles  pour  en 
faire  des  espèces  d'ornement,  tantôt  solitai- 
res, tantôt  disposées  en  cyme,  en  panicule 
ou  même  en  ombelle.  Leur  calice  est  à  5 
sépales  distincts  ou  un  peu  soudés  à  leur 
base,  dont  les  deux  extérieurs  sont  parfois 
plus  grands  ;  leur  corolle  esta  5  pétales  al- 
ternes au  calice,  à  côtés  égaux  ou  inégaux  ; 
leurs  étamines  sont  nombreuses,  presque 
toujours  soudées  par  leurs  filets  en  3-5  fais- 
ceaux; leur  ovaire,  1-loculaire  ou  3-5-locu- 
laire,  suivant  que  les  bords  rentrants  des 
carpelles  se  réunissent  ou  non  à  son  centre, 
est  surmonté  de  3-5  styles.  A  ces  fleurs 
succède  une  capsule  1-3-5-loculaire  qui 
renferme  des  graines  presque  toujours  nom- 
breuses, oblongues-cylindriques,  droites  ou 

(i)  Voyez  Suites  à  Buffon,  V;  Annales  des  sciences  natu- 
relles ,  î.e  séiie.   vol.  V. 


21G 


MIL 


MIL 


courbes.  Circonscrit  par  les  caractères  pré- 
cédents, îc  genre  Ilypericum  correspond  à 
quatre  des  sections  établies  par  M.  Spach, 
dans  lesquelles  rentrent,  comme  subdivi- 
sions, plusieurs  des  genres  proposés  par  ce 
botaniste.  Voici  le  tableau  des  unes  et  des 
autres  avec  l'indication  ou  la  description  des 
principales  espèces  qui  leur  appartiennent. 
Section  ï.  Drosanthinées  ,  Spach.  Calice 
5-fide  ou  5-parti.  Étamines  triadelphes,  per- 
sistantes; ovaire  triloculaire,  terminé  par 
trois  styles.  Dans  les  loges  6-12  ovules  ho- 
rizontaux ou  ascendants.  Capsules  se  parta- 
geant en  trois  coques  1-3  spermes,  qui  tom- 
bent enfin  de  même  que  le  placenta  central. 
Cette  section  ne  se  compose  jusqu'à  ce  jour 
que  de  plantes  de  la  Perse  et  de  l'Asie  mi- 
neure, partagées  en  deux  subdivisions:  Ere- 
mosporus  et  Drosanthe,  Spach. 
.  Section  II.  Hypérinées,  Spach.  Calice  5- 
parti  ou  5-fide,  très  rarement  5-sépale,  à 
sépales  distinctement  bisériés.  Étamines 
triadelphes,  persistantes  ou  très  rarement 
tombantes. Ovaire  3-loculaire,  3-style,  multi- 
ovulé.  Capsule  trivalve  à  déhiscence  septi- 
cide  ,  les  valves  persistantes  de  même  que 
le  placentaire  central  indivis. 

Dans  cette  section  rentrent  :  A.  les  Web- 
bia,  Spach,  que  distinguent  :  un  calice  pro- 
fondément 5-fide;  des  pétales  à  onglet  dis- 
tinct, concave;  des  étamines  soudées  en 
phalanges  de  12-25  chacune;  une  capsule  co- 
riace à  placentaire  épais,  pyramidal,  3-gone; 
des  graines  à  test  spongieux,  lâche,  renfer- 
mant une  amande  beaucoup  plus  petite.  On 
en  connaît  deux  espèces  des  Canaries  et  de 
Madère,  que  l'on  cultive  comme  plantes  d'or- 
nement; ce  sont  les  Hypericum  floribundum 
Ait.  et  H.  canariense  Linn.  Ce  dernier  est 
divisé  par  M.  Spach  en  deux  espèces  distinc- 
tes, sous  les  noms  de  Webbia  heterophylla  et 
plalypetala.  Ce  sont  de  jolis  arbrisseaux  très 
rameux  et  glabres,  à  fleurs  nombreuses, 
assez  grandes,  d'un  jaune  orange,  que 
l'on  cultive  en  orangerie  sous  le  climat  de 
Paris. 

B.  Les  Millepertuis  proprement  dits,  Hy- 
pericum, Spach,  caractérisés  par  un  calice 
5-parti,  à  divisions  égales  ou  inégales  entre 
elles;  une  corolle  à  pétales  plans,  dont 
l'onglet  est  à  peine  appréciable;  une  capsule 
cartilagineuse  ou  chartacée ,  très  rarement 
coriace,  à  placentaire  trigone,  grêle  ou  pyra- 


midal ;  des  graines  à  test  membraneux ,  très 
finement  réticulé,  intimement  appliqué  sur 
l'amande.  C'est  dans  cette  division  que  ren- 
trent nos  espèces  les  plus  connues  et  les  plus 
remarquables. 

M.  Spach  a  établi ,  parmi  les  Hypericum 
proprement  dits,  plusieurs  divisions  que  nous 
nous  bornerons  à  signaler  ici  en  y  rapportant 
pour  exemples  les  espèces  les  plus  intéres- 
santes. 

a.  Holosepaltim.  A  cette  section  se  rap- 
porte notre  Millepertuis  couché  ,  H.  humi- 
fusum  Lin.,  petite  plante  à  tiges  couchées, 
que  distinguent  ses  feuilles  oblongues,  obtu- 
ses, marquées  de  petites  ponctuations,  les 
unes  transparentes,  les  autres  noires ,  ainsi 
que  son  calice  à  sépales  oblongs  ou  lancéolés, 
à  peu  près  de  mêmek;ngueur  que  la  corolle. 

b.  Milleporum.  Cette  division  ne  comprend 
que  l'espèce  la  plus  vulgaire  et  la  plus  ancien- 
nement connue  de  tout  le  grand  genre  Hype- 
ricum, savoir: 

Le  Millepertuis  commun  ,  Hypericum  per- 
foratum  Lin.  C'est  à  cette  plante  qu'a  été 
d'abord  appliqué  le  nom  de  Herbe  aux  mille 
pertuis ,  ou  simplement  Millepertuis,  qui 
est  devenu  commun  au  genre  entier.  Sa  tige 
herbacée,  cylindrique,  ponctuée  de  noir, 
est  marquée  de  deux  lignes  saillantes  oppo- 
sées; ses  feuilles  sont  sessiles,  obtuses, 
ovales -elliptiques,  les  raméales  plus  étroi- 
tes, marquées  de  nombreux  points  transpa- 
rents; ses  fleurs,  de  grandeur  moyenne, 
sont  paniculées;  leurs  sépales  lancéolés, 
deux  fois  plus  courts  que  la  corolle  ,  présen- 
tent des  points  transparents  et  des  ponctua- 
tions noires  qui  se  retrouvent  aussi  au  bord 
des  pétales  et  sur  les  étamines;  le  pistil  est 
un  peu  plus  long  que  les  étamines ,  à  trois 
styles  divergents.  Celte  espèce  est  commune 
dans  les  bois ,  le  long  des  haies  et  dans  les 
lieux  incultes.  Dans  l'ancienne  médecine, 
elle  jouissait  d'une  haute  réputation  sous  un 
grand  nombre  de  rapports,  et  elle  passait 
pour  produire  des  effets  presque  merveil- 
leux dans  un  grand  nombre  de  maladies 
diverses;  elle  a  eu  même  le  privilège  de 
figurer  parmi  les  plantes  auxquelles  nos  an- 
cêtres attribuaient  une  sorte  de  vertu  sur- 
naturelle et  le  pouvoir  de  mettre  en  fuite 
les  esprits  malins;  de  là  lui  était  venu  au- 
trefois le  nom  de  Chasse -diable.  Envisagé 
sous  des  rapports  moins  ridiculement  mer- 


MIL 


MIL 


217 


veilleux,  le  Millepertuis  commun  a  été  em- 
ployé comme  fébrifuge  ,  comme  astringent, 
comme  vulnéraire  à  un  degré  éminent , 
comme  vermifuge,  diurétique,  etc.  De  nos 
jours,  cette  plante  a  beaucoup  perdu  de  son 
importance  ,  et  quoique  figurant  encore 
'dans  la  matière  médicale  moderne,  elle  y 
est  reléguée  à  un  rang  secondaire. 

c.  Adenosepalum.  A  cette  section,  la  plus 
nombreuse  du  genre ,  se  rapportent  plu- 
sieurs de  nos  espèces  françaises,  savoir:  les 
Hypericum  UnearifoliumVah],  H.hyssopifo- 
lium  Vill. ,  H.  pulchrum  Lin. ,  H.  nummu- 
larhm  Lin. ,  H.  montanum  Lin.,  H.  tomen- 
iosum  Lin.,  que  nous  nous  bornerons  à 
mentionner. 

d.  Drosocarpium.  Parmi  les  espèces  qui 
entrent  dans  cette  division,  il  en  est  qui  ap- 
partiennent à  notre  flore  ,  savoir  :  Hyperi- 
cum Richeri  Vill. ,  H.  Burseri  Bauh.,#. 
dentatum  Lois. 

e.  Coridium.  Les  plantes  de  cette  division 
se  distinguent  entre  toutes  les  autres  par 
leurs  feuilles  verticillées.  L'une  d'elles  est 
YHypericïim  coris  Lin. ,  espèce  sous-fru- 
tescente, qui  croît  sur  les  coteaux  et  dans 
les  parties  arides  de  la  Provence. 

f.  CrossophyUum.  Le  Millepertuis  d'O- 
■bst,  //.  orientale  Desr.,  pour  lequel  a  été 
établie  cette  subdivision,  est  facilement  dis- 
tingué des  plantes  des  divisions  précédentes 
à  ses  feuilles  dentelées  en  scie  et  ciliées  à  leur 
bord,  munies  à  leur  base  de  deux  oreillettes. 

C.  Les  Olvmpies,  Olympia,  Spach  ,  sont 
remarquables  par  leur  calice,  dont  les  sé- 
pales sont  disposés  sur  deux  rangs,  l'exté- 
térieur  formé  de  deux  latéraux,  beaucoup 
plus  grands  que  les  trois  intérieurs;  leurs 
pét.iles  sont  très  inéquilatéraux;  leur  cap- 
sule est  presque  coriace,  à  placentaire  épais, 
pyramidal,  triangulaire;  leurs  graines  sont 
luisantes,  ponctuées,  scrobiculées  à  leur 
surface.  L'espèce  pour  laquelle  a  été  établi 
ce  groupe  est  le  Millepertuis  olympique  , 
Hypericum  olympicum  Lin.  (Olympia  glauca 
Spach)  jolie  espèce, qui  croît  spontanément  en 
Grèce,  dans  l'Asie  Mineure, et  que  l'on  cul- 
tive pour  l'ornement  des  jardins. 

Sec.  III.  Akdros/eminées,  Spach.  Calice  à 
cinq  sépales  ,  souvent  bisériés ,  inégaux 
entre  eux  ;  étamines  soudées  par  les  filets 
presque  toujours  en  cinq  phalanges,  très 
rarement  en  4-6-8;  ovaire   3-îi-loculaire  . 

T.  Vill. 


à  placentaires  juxta-posés  dans  l'axe,  mais 
non  soudés  ;  styles  en  même  nombre  que  les 
loges  ,  libres  ou  plus  ou  moins  soudés  entre 
eux  ;  capsule  à  déhiscence  septicide.  Cette 
section  se  subdivise  en  sept  groupes  secon- 
daires, qui  forment  autant  de  genres  pour 
M.  Spach,  et  dont  voici  les  noms:  Cam- 
pylopus,  Psorophytum ,  Androsœmum,  Ere- 
vnanthe,  Campylosporus,  Norysca,  Roscyna. 
Le  troisième  de  ces  groupes,  proposé  comme 
genre  distinct  par  Allioni,  a  été  adopté 
comme  tel  par  plusieurs  botanistes,  et  c'est 
même  en  le  considérant  comme  tel  que 
M.  Spach  a  exposé  en  détail  ses  caractères 
dans  le  tom.  I,  pag.  490  de  cet  ouvrage. 
Parmi  les  espèces  qui  le  composent,  il  en 
est  deux  qui  doivent  nous  arrêter  un  in- 
stant. 

Millepertuis  androsème,  Hypericum  Andro- 
sœmum Lin.  (Androsœmum  officinale  Alli.). 
Cette  espèce,  vulgairement  connue  sous  le 
nom  de  Toute-saine,  est  assez  commune 
dans  les  lieux  ombragés  et  humides  de  l'ouest 
et  du  midi  de  la  France.  Sa  tige  rameuse  , 
haute  de  6-10  décim.,  porte  des  feuilles 
grandes  pour  le  genre,  sessiles,  ovales  ou 
elliptiques,  arrondies  au  sommet,  blan- 
châtres en  dessous.  Ses  fleurs,  de  grandeur 
moyenne ,  sont  réunies ,  au  nombre  de  3-9, 
en  petites  cymes,  pour  la  plupart  termi- 
nales; leurs  sépales  sont  grands,  obtus; 
leurs  pétales  sont  concaves,  à  peu  près 
égaux  en  longueur  aux  sépales.  Le  fruit 
bacciforrne  est  d'abord  rougeâlre,  et  plus 
tard  d'un  violet  noirâtre.  Cette  plante,  for- 
tement odorante  dans  toutes  ses  parties , 
jouissait  autrefois  d'une  haute  réputation 
comme  espèce  médicinale.  On  la  regardait 
surtout  comme  un  excellent  vulnéraire. 
Mais  de  nos  jours  elle  est  à  peu  près  inu- 
sitée ,  et  c'est  à  peine  si  elle  entre  quelque- 
fois dans  la  médecine  populaire.  On  la  ren- 
contre assez  souvent  cultivée  comme  plante 
d'ornement. 

Millepertuis  fétide,  Hypericum  hircinum 
Lin.  (Androsœmum  hircinum  Spach).  Cette 
jolie  espèce  est  originaire  de  l'Orient  et  des 
parties  les  plus  méridionales  de  l'Europe; 
elle  est  très  fréquemment  cultivée  dans  les 
jardins,  et  elle  s'est  à  peu  près  naturalisée 
dans  certains  de  nos  départements  méridio- 
naux. Elle  forme  un  sous-arbrisseau  touffu, 
qui  atteint  jusqu'à  1  mètre  de  hauteur.  Sa 

28 


218 


MIL 


MIL 


tige  est  rameuse,  ferme;  ses  feuilles,  assez 
grandes,  sont  sessiles ,  ovales-lancéolées  , 
plus  ou  moins  aiguës  au  sommet,  glandu- 
leuses sur  les  bords.  Ses  fleurs  jaunes,  de 
3  centim.  environ  de  diamètre ,  sont  portées 
sur  des  pédoncules  ordinairement  1-flores , 
à  peu  près  de  même  longueur  que  les  feuil- 
les; leurs  étamines  sont  très  longues,  les 
fleurs  se  succèdent  pendant  tout  l'été.  Cette 
plante  doit  son  nom  à  son  odeur  de  bouc 
très  prononcée. 

C'est  au  4e  groupe,  celui  des  Eremanthe, 
Spach,  qu'appartient  le  Millepertuis  a  grands 
calices,  Hypericum  calycinum  Lin.  (Ere- 
manthe calycina  Spach).  Cette  espèce,  l'une 
des  plus  remarquables  de  tout  le  genre  par 
i'éiégance  de  son  feuillage,  par  la  grandeur 
et  la  beauté  de  ses  fleurs,  est  communément 
cultivée  pour  l'ornement  des  jardins.  Elle 
croît  naturellement  en  Grèce  et  dans  l'Asie 
mineure.  Elle  trace  beaucoup,  ce  qui  rend 
sa  multiplication  facile.  Sa  tige  ligneuse,  à 
longs  rameaux  simples  ,  nombreux,  ne  s'é- 
lève guère  qu'à  3-4  décimètres.  Ses  feuilles 
sont  grandes,  vertes  en  dessus,  glauques  en 
dessous,  sessiles,  ovales-oblongues,  rare- 
ment lancéolées.  Ses  fleurs,  d'un  beau  jaune, 
se  succèdent  de  juin  en  septembre;  elles 
sont  à  peu  près  les  plus  grandes  du  genre , 
leur  diamètre  égalant  7  et  8  centimètres. 
Leurs  étamines  sont  de  moitié  plus  courtes 
que  les  pétales.  Cette  belle  espèce  se  multi- 
plie par  graines,  par  boutures  et  marcottes, 
ou,  plus  facilement  encore,  par  division 
des  pieds  et  par  rejets. 

Sect.  IV.  Brathydinées,  Spach.  Calice  à 
5,  très  rarement  à  4  sépales.  Étamines  en- 
tièrement libres  et  tombantes,  ou  irréguliè- 
rement polyadelphes  à  la  base,  et  alors 
marcescentes.  Ovaire  1 -3-IocuIaire ,  sur- 
monté de  3  styles  distincts  ou  quelquefois 
soudés.  Capsule  3-valve,  septicide.  Les  grou- 
pes établis  dans  cette  section  par  M.  Spach 
sont  au  nombre  de  4  ,  que  nous  nous  bor- 
nerons à  mentionner  ici;  ce  sont  les  sui- 
vants :  Isophyllum,  Myriandra,  Brathy- 
dium>  Brathys,  Mutis.  C'est  dans  le  second 
de  ces  groupes  que  rentre  le  Millepertuis 
prolifique,  Hypericum  prolificum  Lin.  (My- 
riandraprolifica  Spach),  originaire  des  États- 
Unis,  et  que  l'on  cultive  fréquemment  dans 
nos  jardins  comme  espèce  d'ornement.  C'est 
un  arbuste  touffu ,  haut  d'environ  un  mè- 


tre, dont  la  tige  produit  des  rameaux  nom- 
breux ,  grêles,  à  2  angles ,  qui  portent  de 
petits  ramules  avortés,  feuillus  ,  à  l'aisselle 
de  presque  toutes  les  feuilles.  Celles-ci  sont 
finement  ponctuées,  glauques  en  dessous, 
lancéolées-oblongues,  rétrécies  en  court  pé- 
tiole. Aux  aisselles  des  deux  ou  trois  paires 
supérieures  de  feuilles  naissent  les  pédon- 
cules à  fleurs,  qui,  réunis,  forment  une 
panicule  muUiOore  ;  ces  fleurs  sont  d'un 
jaune  vif,  larges  d'environ  2  centimètres; 
elles  se  succèdent  pendant  les  mois  de  juillet 
et  d'août.  Cette  espèce  se  multiplie  par 
graines  et  marcottes.  (P.  D.) 

MÏLLEPES ,  Klein  (  Method.  ostrac.  , 
pag.  99).  moll. — Syn.  dePtérocère.  Voy. 
ce  mot. 

MILLEPIEDS.  ins.  —Nom  vulgaire  des 
animaux  désignés  scientifiquement  sous  le 
nom  de  Myriapodes.  Voy.  ce  mot. 

MILLEPOINTS.  moll.  —Nom  vulgaire 
du  Conus  litteratus  L. 

MILLÉPORE.  Millepora (mille pori,  mille 
trous),  polyp. — Genre  établi  par  Linné  pour 
les  Polypiers  pierreux,  non  tubuleux,  qui 
n'offrent  pour  cellules  des  Polypes  que  des 
pores  simples  non  lamelieux.  Lamarck  adopta 
ce  genre  en  lerestreignantauxPolypiers pier- 
reux, solides  intérieurement,  rameux  ou  fron- 
descents,  dont  les  pores  cylindriques,  très 
petits  ou  quelquefois  non  apparents,  sont 
perpendiculaires  à  l'axe.  Ainsi  étaient  séparés 
du  genre  de  Linné  les  Eschares,  les  Rétépo- 
res,  que  Lamarck  range  parmi  ses  Polypiers  à 
réseau,  tandis  qu'il  classe  lesMillépores  avec 
les  Polypiers  foraminés  et  avec  les  Caténi- 
pores,  qui  sont  aussi  des  Millépores  de  Linné. 
Ce  même  nom  avait  d'ailleurs  été  donné  par 
Pallas  et  par  Solander  et  Ellis  à  beaucoup 
d'autres  espèces  qui  ont  servi  à  former  les 
genres  Tubulipore  etCellépore;  toutefois  le 
genre  admis  par  Lamarck  était  encore  formé 
d'éléments  tout-à-fait  hétérogènes.  Il  com- 
prenait, notamment  dans  sa  deuxième  sec- 
tion, sous  le  nom  de  Nullipores,  des  corps 
pierreux  qui  sont  très  probablement  des  Al- 
gues calcifères  et  non  des  Polypiers.  La  pre- 
mière section,  composée  de  huit  espèces 
devait  aussi  donner  lieu  à  l'établissement  de 
plusieurs  genres  bien  différents.  C'est  ainsi 
que  les  trois  première*  espèces  auxquelles 
M.  Ehrenberg  conserve  exclusivement  le  nom 
de  Millépores,  en  les  rapprochant  des  Madré- 


MIL 


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219 


pores,  ont  forme  pour  M.  de  Blainville  le 
genre  Palmipore.  La  cinquième  espèce , 
M.  truncata,  est  devenue  pour  M.  de  Blain- 
ville le  type  du  genre  Myriozoon  adopté  par 
M.  Ehrenberg.  Enfin  la  huitième  espèce, 
M.  rubra,  dont  MM.  Risso  et  de  Blainville 
ont  fait  le  genre  Polytrema,  nous  paraît  être 
non  pas  un  Polypier,  mais  bien  un  Rhizo- 
pode  ou  Foraminifère  agrégé.  Lamouroux, 
en  adoptant  comme  genre  Millépore  la  pre- 
mière section  du  genre  de  Lamarck,  y  a 
réuni  quelques  espèces  fossiles  dont  plusieurs 
resteront  peut-être  dans  le  genre  Palmipore 
de  M.  de  Blainville  ou  Millépore  de  M.  Eh- 
renberg, mais  dont  les  autres  sont  des  Hé- 
téropores.  (Duj.) 

MILLÉPORÉES.  polyp.— Ordre  de  Po- 
lypiers établi  par  Lamouroux,  et  contenant 
dix-huit  genres,  dont  plusieurs,  tels  que 
les  Ovulites  et  les  Mélobésies,  ne  sont  même 
pas  des  produits  du  règne  animal;  un  autre 
genre,  Endea,  est  un  spongiaire  ;  un  qua- 
trième ,  Lunulite,  est  voisin  des  Eschares; 
un  cinquième,  Rétéporite  ou  Dactylopore, 
n'est  peut-être  pas  un  Polypier;  les  autres 
devraient  aussi  être  distribués  en  plusieurs 
groupes,  quoique  présentant  un  peu  mieux 
les  caractères  assignés  à  Tordre  des  Mille- 
porées  d'avoir  des  cellules  très  petites,  épar- 
ses  ou  sériales,  jamais  lamelleuses ,  sur  un 
Polypier  pierreux,  compacte  in  térieurement. 
Si  l'on  devait  conserver  cet  ordre,  il  fau- 
drait donc  le  circonscrire  tout  différem- 
ment. (Duj.) 

MILLÉPORITES.  moll.?  —  Dénomina- 
tion employée  par  Latreille  pour  désigner 
la  quatrième  tribu  de  ses  Mollusques  poly- 
thalames  décapodes.  Cette  tribu  ,  compo- 
sée d'éléments  hétérogènes  ,  comprend  une 
partie  des  Rhizopodes  ou  Foraminifères , 
tels  que  les  Milioles  et  les  Rotalies.     (Duj.) 

MILLERIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées ,  établi  par  Gassini  (in  Dict.  se.  nat., 
XXX  ,  67,  LIX,  235).  Herbes  de  l'Améri- 
que tropicale.  Voy.  composées. 

*MILLERICRI1\US.  échin.— Genre  d'É- 

chinodermes  de  l'ordre  des  Crinoïdes ,  de  la 

\  famille  des  Apiocrinidées,  établi  par  M.  Al- 

'cide  d'Orbigny  (Hist.  gén.  et  partieul.  des 

Crinoïdes).  Voy.  encrines  et  apiocrinidées. 

MILLET,  bot.  pu.  —  Voy.  mil. 

*MILLETIA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  fa- 


mille des  Légumineuses  Papilionacées-Dal- 
bergiées,  établi  par  WightetArnott(Prodr., 
I,  263).  Arbres  ou  arbrisseaux  grimpants 
de  l'Asie  tropicale.  Voy.  légumineuses. 

MILLINA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Cichoracées,  établi  par 
Cassini  (in  Dict.  se.  nat.,  XXXI,  90)  sans 
indication  de  patrie. 

MILLINGTONIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Bignoniacées- 
Eubignoniées,  établi  par  Linné  fils  (Suppl., 
45).  Arbres  de  l'Inde.  Voy.  bignoniacées. — 
Roxb.,  syn.  de  Meliosma,  Blume,  et  de  Fie- 
mingia ,  Roxb. 

*MILLOTIA.  bot.  ph.  —Genre  delà  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  Cassini  (in  Annal,  se.  wa£.,XVII,  416). 
Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande  occiden- 
tale. Voy.  composées. 

MILNEA  (nom  propre),  bot.  ph. —  Genre 
de  la  famille  des  Méliacées-Trichiliées , 
établi  par  Roxburgh  {Flor.  ind.,  I,  637). 
Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale. 

Voy.   MÉLIACÉES. 

*MII,NESIUM  (nom  propre),  systol.  — 
Genre  de  ïardigrades,  établi  par  M.  Doyère 
pour  une  espèce  déjà  vue  par  Spallanzani  et 
par  M.  Dutrochet,  qui  la  nommaient  sim- 
plement Tardigrade,  puis  par  M.  Perty,  qui 
lui  donna  le  nom  d'Arctiscon  Dutrochetii.  Le 
Milnesium  a  la  tête  munie  de  deux  appen- 
dices palpiformes  très  courts  et  la  bouche 
terminée  par  une  ventouse  entourée  de 
palpes.  Sa  peau  est  molle  ,  coupée  transver- 
salement par  des  sillons  en  anneaux  de  for- 
mes variables.  Comme  les  autres  Tardigra- 
des ,  il  a  quatre  paires  de  pattes  munies 
chacune  de  quatre  ongles  ,  dont  deux  ter- 
minaux simples  et  en  forme  de  filaments 
allongés,  crochus  à  l'extrémité,  portés  cha- 
cun sur  un  mamelon  distinct  ;  les  deux  au- 
tres sont  situés  en  dessous  et  en  dedans; 
l'antérieur  étant  divisé  en  trois  crochets  for- 
tement courbés ,  et  le  postérieur  en  deux. 
La  seule  espèce  connue,  M.  tardigradum, 
se  trouve  communément  dans  la  Mousse  des 
toits;  elleestlonguede  5à6  dixièmes  demil- 
limètre  ;  sa  peau  est  un  peu  colorée  en  brun- 
jaune  ;  ses  œufs  sont  lisses  ,  opaques,  pres- 
que globuleux,  larges  de  8  à  9  centièmes 
de  millimètre ,  et  quelquefois  colorés  en 
brun-rougeâtre.  On  remarque  aussi,  à  la  tête 
de  cette  espèce,  deux  points  oculiformes  assez 


250 


MIM 


IVI1M 


grands,  granuleux;  le  tube  pharyngien  est 
très  dilaté;  les  stylets  sont  très  petits;  le 
bulbe  pharyngien  est  allongé ,  pyriforme  , 
sans  charpente  intérieure.  (Duj.) 

*MILOTHRYS.  ms.  —Genre  de  Coléo- 
ptères subpentamères  ,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Longicornes,  tribu  des 
Lamiaires,  formé  par  Dejean  (Catalogue , 
3e  éd.,  p.  374)  avec  la  Saperda  irrorata  de 
Fab.  {Lynx  Dalmann,  Marmorea  Schœn- 
herr),  espèce  originaire  de  Java.  (G.) 

MILOUINS.  Fuligula.  ois. —  Division  de 
la  famille  des  Canards.  Voy.  canard.  (Z.  G.) 

*MïLTOGRAMMA  (>1tos,  vermillon'; 
ypafAuac,  ligne),  ins.  — Genre  de  Tordre  des 
Diptères  brachocères ,  tribu  des  Muscides  , 
établi  par  Meigen  (Eur.  Zw.,  t.  IV,  p.  227), 
et  adopté  par  Latreilleet  M.  Macquart  dans 
leurs  ouvrages  respectifs.  L'espèce  type  ,  le 
Miltogramma  fasciata,  habite  la  France. 

♦MILTONIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Orchidées,  établi 
par  Lindley  (in  Bot.  reg.,  n.  1976, 1. 1992). 
Herbes  parasites  du  Brésil. 

MILTUS,  Lour.  (Flor.  cochinch.,  I,  369). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Giesekia,  Linn. 

*MILVAGO.  ois.—  Genre  établi  par  Spix 
sur  une  espèce  que  Vieillot  a  placée  parmi  les 
Caracaras  (Polyborus)  sous  le  nom  de  P.  chi- 
machima.  (Z.  G.) 

*MILVINÉES.  Milvinœ.  ois.  —  Famille 
ou  sous- famille  de  Tordre  des  Oiseaux  de 
proie  (section  des  Diurnes  ),  renfermant  les 
espèces  de  cet  ordre,  qui  ont  un  bec  faible 
incliné  dès  la  base  ;  des  tarses  courts  ,  peu 
robustes,  et  surtout  des  ailes  et  une  queue 
fort  longue  :  celle-ci  le  plus  souvent  échan- 
crée. 

Pour  M.  Lesson,  cette  famille,  qui  est  la 
quatrième  de  ses  Accipitres  diurnes,  ne  com- 
prend que  les  genres  Elanus  ,  Naucierus  et 
Milvus. 

G.-R.  Gray,  au  contraire,  en  agrandit  les 
limites  jusqu'à  y  comprendre,  indépendam- 
ment des  trois  genres  que  nous  venons  de 
citer,  les  genres  Avicida,  Baza,  Vernis , 
Gampsonyx  ,  Rostramus,  Cymindis  et  îcti- 
nîa.  (Z.  G.) 

MILVULUS,  Swains.  ois.  —  Division  de 
!a  famille  des  Tyrans.  Voy.  tyran.    (Z.  G.) 

MÏLVUS,  Bechst.  ois. —  Syn.  latin  de 
Milan. 

*MIMELA(u-t4u.Y>Asc,  imitation),  ins. -Genre 


de  Coléoptères  pentamères,  famille  des  La- 
mellicornes, tribu  des  Scarabéides  phyllo- 
phages ,  créé  par  Kirby  (  Transaction  Lin. 
Soc. ,  vol.  XIV ,  pag.  101  ) ,  et  adopté  parj 
MM.  Hope  et  Burmeister.  Ce  dernier  auteur 
en  décrit  (Handbuchder  Entomologie,  1844, 
pag.  285)  11  espèces,  qui  toutes  appartien- 
nent aux  Indes  orientales.  Nous  citerons 
comme  en  faisant  partie  les  M.  LeeiSwed., 
splendens  Schr.,  lucidula,  Lathami,  Blurnei, 
cyanipes ,  Horsfieldi  de  Hope.  Une  dizaine 
d'autres  espèces ,  publiées  par  ce  dernier 
auteur,  seraient  encore  comprises  dans  ce 
genre.  Toutes  sont  de  couleurs  très  écla- 
tantes, et  paraissent  devoir  remplacer  en 
Europe  les  Anomala.  (C.) 

*MIMESA  (ai'^Ttç,  imitation),  ms.  — 
Genrede  la  famille  desCrabonides,  de  Tordre 
des  Hyménoptères,  établi  par  M.  Schuckard 
(Fossor.  Hymenopt.)  aux  dépens  du  genre 
Psen,  dont  il  ne  diffère  guère  que  par  les  ner- 
vures des  ailes.  Le  type  de  cette  division  est  le 
M.equestris  (  Trypoxylon  equeslris  Fab.  ) .  (Bl.) 

*MIMETA,  Vig.  et  Horsf.  ois.— Division 
de  la  famille  des  Loriots,  établie  sur  le  Gra- 
nula  viridis  de  Latham.  (Z.   G.) 

MïMETES,King.  ois.— Syn.  de  Mimeta, 
Vig.  et  Horsf. 

MIMETES.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Protéacées-Nucamentacées-Protéi- 
nées,  établi  par  Salisbury  (Parad.,  67). 
Arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  protéacées. 

*MIMÉTÈSE.  min.— Arséniate de  Plomb. 
Voy.  PLOMB. 

MIMEUSE.  Mimosa  (de  mimus  ,  mime, 
comédien  ,  à  cause  de  la  diversité  de  forme 
des  plantes  primitivement  réunies  sous  cette 
dénomination),  bot.  ph.  —  Sous  le  nom  de 
Mimosa  ,  Linné  avait  établi  un  groupe  gé- 
nérique pour  des  plantes  qui  rentrent  au- 
jourd'hui dans  la  famille  des  Mimosées 
(Légumineuses),  que  lui-même  rapportait 
d'abord  (Gênera)  à  la  polyandrie-monogynie, 
dans  son  système  sexuel,  et  qui  ont  été 
rangées  ensuite  dans  la  monadelphie-polyan- 
drie  par  les  uns,  dans  la  polygamie-monot- 
cie  par  les  autres.  Ce  groupe  réunissait  les 
vrais  Mimosa  de  Tournefort  aux  Acacia  du 
même  botaniste  et  aux  Inga  de  Plumier, 
c'est-à-dire  qu'il  correspondait  à  toute  ia  fa- 
mille des  Mimosées ,  moins  les  genres  Pro- 
sopis  et  Adenanthera.  Il  comprenait  alors 
seulement  50  espèces.  Mais,  après  Linné, 


MIM 


ÎMIM 


221 


les  limites  de  son  genre  Mimosa  s'élendant 
de  plus  en  plus,  et  son  hétérogénéité  deve- 
nant de  plus  en  plus  frappante,  il  parut  in- 
dispensable de  le  subdiviser.  Wildenow  re- 
prit les  trois  genres  Mimosa,  Acacia,  Tourn., 
Inga,  Plum.,  et  y  ajouta  les  genres  Schran- 
kia  et  Desmanthus  ;  M.  Kunth,  d'après  les 
vues  et  les  idées  de  L.-C.  Richard,  rétablit 
les  Entada  d'Adanson;  De  Candolle  ,  dans 
ses  beaux  travaux  sur  les  Légumineuses, 
ajouta  à  ces  genres  le  Gagnel  ina ,  proposé 
déjà  par  Necker,  et  le  Darlingtonia.  Enfin, 
tout  récemment,  M.  Bentham  a  fait  de 
toutes  les  Mimosées  une  révision  générale 
qu'il  a  publiée  en  une  série  de  mémoires  , 
dans  le  journal  botanique  de  M.  Hooker 
(Journal  ofbotany,  vol.  IV,  1837,  p.  323- 
418;  London  Journal  of  botany ,  vol.  I, 
p.  318-392  ;  494-528  ;  vol.  III,  p.  82-112  ; 
195-228  ;  vol.  IV,  p.  577-622  ;  vol.  V,  p. 
75-108),  et  qui  l'a  conduit  à  admettre  dans 
la  famille  des  Mimosées  29  genres  distincts, 
dans  lesquels  rentrent  aujourd'hui  plus  de 
900  espèces.  Quoique  restreint ,  par  suite 
de  ces  travaux,  dans  des  limites  beaucoup 
plus  étroites  que  celles  qui  lui  avaient  été 
d'abord  assignées,  legenreMimeuse  n'en  ren- 
ferme pas  moins  encore  environ  220  espèces 
que  réunissent  les  caractères  suivants.  Ce 
sont  des  plantes  herbacées,  des  arbrisseaux, 
quelquefois  même,  mais  plus  rarement,  des 
arbres.  Leurs  feuilles  sont  composées ,  Jii- 
pinnées,  ou  quelquefois  réduites,  par  l'avor- 
tement  de  leurs  pinnules,  à  leur  pétiole 
élargi  en  lame  foliacée,  c'est-à-dire  sous 
forme  de  phyllode.  Leurs  fleurs  ,  petites  et 
sessiles,  sont  agglomérées  en  petites  têtes  ou 
en  épis  à  l'extrémité  de  pédoncules  tantôt 
axillaires ,  tantôt  disposés  eux-mêmes  en 
grappe  ou  en  panicule  à  l'extrémité  des  ra- 
meaux ;  ces  petites  inflorescences  ressem- 
blent à  des  houppes  soyeuses,  à  cause  du 
grand  nombre  de  longues  étamines  qui  les 
hérissent  de  tous  côtés;  leur  couleur  est  ro- 
sée ou  blanche  ;  dans  chacune  d'elles  ,  les 
fleurs  supérieures  au  moins  sont  herma- 
phrodites ,  tandis  que  les  inférieures  sont 
souvent  mâles  ;  toutes  sont  4-5-mères,  ra- 
rement 3  6-mères.  Leur  calice  est  tantôt 
très  petit ,  presque  imperceptible  ou  sem- 
blable à  une  aigrette,  tantôt  campanule, 
marqué  à  son  bord  de  dents  en  même  nom- 
bre que  les  pétales.  Ces  derniers  sont  plus 


ou  moins  soudés  entre  eux;  les  étamines, 
en  nombre  égal  à  celui  des  pétales  ou  dou- 
ble, se  composent  d'un  long  filet  terminé 
par  de  petites  anthères  presque  arrondies. 
Le  fruit  est  un  légume  comprimé,  sans  pulpe 
intérieure,  se  divisant  ordinairement  à  la 
maturité  en  autant  d'articles  distincts  qu'il 
y  a  de  graines,  ou  dont  les  valves  se  déta- 
chent des  deux  sutures  qui  restent  comme 
une  sorte  de  cadre  vide. 

De  Candolle  répartissait  les  nombreuses 
espèces  de  Mimeuses  en  trois  sections  ou 
sous-genres  :  les  Eumimosa  ou  Mimeuses 
proprement  dites,  les  Habbasia  et  les  Bato- 
caulon;  M.  Bentham  a  conservé  la  première 
de  ces  sections  ;  il  a  réuni  les  deux  autres 
en  une  seule  sous  le  nom  commun  àTIab- 
basia,  et  il  a  de  plus  établi  une  nouvelle 
section  sous  le  nom  d'Ameria.  Voici  le  ta- 
bleau de  cette  division  et  quelques  mots  sur 
les  plus  intéressantes  et  les  plus  connues 
des  espèces  qui  s'y  rapportent. 

I.  Mimeuses  proprement  dites  ,  Eumimosa, 
DC.  Fleurs  presque  toujours  tétramères  ; 
étamines  en  nombre  égal  à  celui  des  pétales; 
légume  à  graines  peu  nombreuses  (  le  plus 
souvent  2-4  ),  dont  les  valvules  se  divisent 
en  articles  à  la  maturité,  ou  restent  indi- 
vises. Plantes  presque  toutes  américaines. 
Cette  section  est  la  plus  nombreuse  du 
genre;  c'est  à  elle  que  se  rapportent  les 
seules  espèces  sur  lesquelles  nous  nous  pro- 
sions  de  nous  arrêter. 

Les  jardiniers  cultivent  fréquemment  sous 
les  noms  de  Minmuse  sensitive  ,  Mimosa  sen- 
sitiva  Lin.,  de  Sensitive  en  arbre  ,  des  Mi- 
meuses frutescentes  dont  les  feuilles  pré- 
sentent jusqu'à  un  certain  degré  les  curieux 
phénomènes  d'irritabilité  dont  nous  nous 
occuperons  avec  détail  dans  la  suite  de  cet 
article.  Or,  la  phrase  de  Linné  ,  qu'on  ap- 
plique à  ces  plantes  ,  et  par  laquelle  il  a 
voulu  caractériser  sa  Mimosa  sensiliva ,  est 
tellement  vague  qu'elle  convient  également 
à  sept  ou  huit  espèces  différentes  ,  et  que  , 
par  suite  ,  la  dénomination  de  M.  sensiliva 
ne  peut  être  qu'une  source  d'erreurs  ;  aussi 
M.  Bentham  a-t-il  cru  devoir  la  supprimer. 
Ce  botaniste  a  reconnu  de  plus  que  les  vé- 
gétaux auxquels  on  l'applique  vulgairement 
dans  les  jardins  constituent  les  deux  pre- 
mières espèces  suivantes  : 

1°  Mimeuse  blanchâtre,  Mimosa  albida 


222 


MIM 


MI3VI 


Kunth.  Arbuste  grimpant,  originaire  des 
côtes  américaines  de  l'Océan  pacifique,  par- 
semé d'aiguillons  peu  nombreux  ,  dont  les 
jeunes  rameaux,  les  feuilles  et  les  inflores- 
cences sont  pubescents  ,  blanchâtres  ;  ses 
feuilles  sont  bipinnées,  à  deux  paires  de  fo- 
lioles sur  chacune  de  leurs  deux  pinnules  ; 
ces  folioles  sont  grandes,  eu  égard  aux  au- 
tres Mimeuses  ,  obliques  ,  ovales  ou  oblon- 
gues,  pubescentes  à  leurs  deux  faces,  ciliées; 
l'inférieure,  située  du  côté  intérieur,  est 
beaucoup  plus  petite  ;  le  capitule  de  fleurs 
est  beaucoup  plus  court  que  la  feuille.  Le 
légume  est  pubescent-blanchâtre ,  hérissé 
de  poils  raides,  couchés. 

2°  MlMEDSE  A  FLEURS  NOMBREUSES,  Mimosa 

floribunda  Wild.  Arbrisseau  armé  d'aiguil- 
lons crochus  ;  rameaux  et  pétiole  pubescents 
ou  pileux;  folioles  disposées  comme  dans 
l'espèce  précédente,  ovales-oblongues,  obli- 
ques, aiguës,  glabres  en  dessus,  à  nombreux 
poils  raides  en  dessous;  pédoncules  près  de 
deux  fois  plus  longs  que  le  capitule  de 
fleurs  ;  bractées  plus  courtes  que  la  corolle; 
légume  légèrement  pubescent  et  portant  des 
soies  sur  tous  ses  côtés.  Ses  capitules  de 
fleurs  sont  nombreux ,  rosés ,  et  se  succè- 
dent pendant  tout  l'été.  Les  deux  espèces 
dont  il  vient  d'être  question  se  cultivent 
l'une  et  l'autre  en  serre  chaude. 

3°  Mimeuse  pudique,  Mimosa  pudica  Lin. 
Cette  espèce  ,  l'une  des  plus  intéressantes 
du  règne  végétal ,  à  cause  de  l'extrême  ir- 
ritabilité de  ses  feuilles,  qui  lui  fait  donner 
vulgairement  le  nom  de  Sensitive,  est  très 
abondamment  répandue  dans  toute  l'Amé- 
rique tropicale ,  où  elle  couvre  de  grandes 
surfaces  de  terrain.  On  la  cultive  en  beau- 
coup de  lieux,  et  c'est  ainsi  qu'elle  s'est 
presque  naturalisée  dans  les  Indes  orientales 
et  aux  Philippines.  C'est  une  plante  an- 
nuelle, bisannuelle  en  serre,  ou  même 
sous-frutescente,  qui  s'élève  à  5-6  décimè- 
tres ;  elle  est  armée  d'aiguillons  épars  et  in- 
frastipulaires ,  droits  ou  courbes;  sa  tige, 
ses  pétioles  et  ses  pédoncules  portent  des 
poils  étalés;  ses  feuilles  sont  bipinnées,  for- 
mées de  deux  paires  de  pinnules  presque 
digitées,  dont  chacune  porte  15-25  paires 
de  folioles  obliques  ,  linéaires,  un  peu  ai- 
guës au  sommet,  ciliées,  glabres  ou  revêtues 
à  leur  face  inférieure  de  poils  couchés  ;  ses 
capitules  de  fleurs  sont  purpurins,   ellip- 


tiques ;  bractées  plus  courtes  que  la  corolle  ; 
calice  très  petit  ou  rudimentaire;  le  légume 
à  valves  glabres,  lisses,  couvertsur  ses  bords 
de  soies  raides  et  presque  en  aiguillons. 
Cette  espèce  varie  beaucoup  quant  à  sa  vil- 
losité  ,  et  les  deux  principales  formes  qui 
résultent  de  ces  variations  ont  été  regardées 
comme  deux  espèces  distinctes  par  Wilde- 
now  et  par  M.  Kunth.  Sous  le  climat  de 
Paris,  la  Sensitive  ne  mûrit  ses  graines 
qu'en  serre  chaude  ou  sous  châssis.  On  la 
sème  de  bonne  heure  ,  sur  couche  et  sous 
châssis,  en  prenant  la  précaution  de  ne 
mettre  dans  chaque  pot  qu'une  seule  graine, 
afin  de  n'être  pas  obligé  de  transplanter 
plus  tard. 

II.  Habbasia,  Ben  th.  {Habbasia  et  Balo- 
caulon,  DC).  Fleurs  tétramères,  rarement 
pentamères  ou  trimères;  étamines  en  nom- 
bre double  de  celui  des  pétales  ;  légume  ren- 
fermant ordinairement  plus  de  six  graines, 
se  divisant  en  articles  à  la  maturité.  Plantes 
croissant  pour  la  plupart  en  Amérique, 
quelques  unes  en  Afrique  et  en  Asie. 

III.  Amena,  Benth.  Fleurs  tétramères  ou 
pentamères.  Étamines  en  nombre  double 
de  celui  des  pétales  ;  légume  à  loge  unique 
ou  divisée  par  des  cloisons  transversales,  ne 
se  divisant  pas  à  la  maturité.  Espèces  toutes 
américaines. 

Les  feuilles  de  plusieurs  espèces  de  Mi- 
meuses, et  particulièrement  de  la  Sensi- 
tive ,  Mimosa  pudica  Lin.,  présentent  des 
phénomènes  d'irritabilité  végétale  ,  ou  , 
comme  on  le  dit  aussi,  de  sensibilité,  telle- 
ment prononcés,  tellement  curieux,  qu'ils 
font  de  ces  plantes  des  sortes  de  merveilles 
végétales.  Aussi  ces  phénomènes  ont-ils  de- 
puis longtemps  attiré  l'attention  des  obser- 
vateurs; la  plante  qui  les  manifeste  à  un 
degré  éminent ,  la  Sensitive,  a  été  l'objet 
d'un  très  grand  nombre  d'expériences  ,  et , 
par  suite  des  recherches  nombreuses  dont 
elle  a  été  l'objet,  la  science  s'est  enrichie 
successivement  d'un  nombre  assez  grand  de 
mémoires  pour  former  la  matière  de  plu- 
sieurs volumes.  Il  est  donc  indispensable  de 
faire  connaître  ici  en  quoi  consistent  ces 
curieux  phénomènes  d'irritabilité,  sous  l'in- 
fluence de  quelles  causes  ils  se  manifestent, 
les  explications  qui  ont  été  proposées  pour 
en  rendre  compte.  C'est  ce  que  nous  allons 
essayer  de  faire  avec  quelques  détails. 


IVIIM 


MIM 


223 


Nous  avons  décrit  plus  haut  la  forme  gé- 
nérale des  feuilles  de  la  Sensitive  ;  nous  ne 
reviendrons  donc  pas  sur  ce  sujet;  nous 
ajouterons  seulement  que  le  point  d'attache 
des  folioles  sur  leur  pinnule  ,  des  pinnules 
sur  le  pétiole  commun  et  de  celui-ci  sur  la 
tige  elle-même  présente  un  renflement  mar- 
qué ,  dans  lequel  et  par  lequel  paraissent 
s'opérer  tous  les  mouvements,  et  auquel  on 
a  cru  dès  lors  devoir  donner  le  nom  de  ren- 
flement moteur. 

Lorsqu'une  cause  irritante,  telle  ,  par 
exemple  ,  qu'un  choc ,  agit  avec  une  assez 
grande  énergie  sur  une  feuille  de  Sensitive, 
les  folioles  de  cette  feuille  se  relèvent  par 
un  mouvement  de  charnière  sur  leur  pin- 
nule, s'appliquent  l'une  contre  l'autre  par 
leur  face  supérieure,  en  se  dirigeant  vers 
l'extrémité  de  la  pinnule  ;  les  pinnules,  à 
leur  tour,  se  rapprochent  l'une  de  l'autre 
dans  la  direction  de  l'axe  du  pétiole  com- 
mun; enfin  celui-ci  subit  un  mouvement 
inverse  aux  précédents,  et  s'abaisse  de  ma- 
nière à  devenir  pendant  ou  même  parallèle 
à  la  tige  qui  le  porte.  Si  l'irritation  a  été 
énergique,  les  mouvements  ne  se  bornent 
pas  à  la  feuille  sur  laquelle  elle  s'est  exer- 
cée directement,  et  ils  se  propagent  jusque 
dans  les  feuilles  voisines.  Ainsi  contractée  , 
la  feuille  paraît  en  quelque  sorte  flétrie,  ou, 
pour  parler  plus  exactement,  sa  disposition 
est  identique  à  ce  qu'elle  est  pendant  la 
nuit  ou  pendant  ce  phénomène  remarqua- 
ble, qu'on  a  nommé  son  sommeil.  Après 
avoir  persisté  quelque  temps  dans  cet  état , 
elle  semble  revenir  à  la  vie  :  son  pétiole 
commun  se  relève,  ses  pinnules  s'étalent, 
ses  folioles  s'abaissent  et  redeviennent  ho- 
rizontales; en  un  mot,  ses  diverses  parties 
reprennent  leur  situation  normale  pour  re- 
produire la  même  suite  de  mouvements 
aussitôt  qu'une  nouvelle  irritation  agira  sur 
elles. 

Si  l'on  examine  l'ordre  dans  lequel  se 
propagent  ces  mouvements,  on  voit  que,  la 
cause  irritante  ayant  agi  par  exemple  à  l'ex- 
trémité d'une  feuille,  son  effet  se  propage 
de  ce  point  vers  la  base,  et  qu'en  s'étendant 
dans  la  feuille  voisine,  il  se  manifeste  dans 
une  direction  opposée.  Ce  mode  de  pro- 
pagation devient  plus  évident  lorsque  l'irri- 
tation a  été  moins  brusque  et  moins  vio- 
lente. Lorsque  celle-ci  est  légère,  le  mouve- 


ment se  borne  aux  pinnules,  sans  détermi- 
ner l'abaissement  du  pétiole  commun;  il 
peut  même  être  limité  à  quelques  paires  de 
folioles  ou  même  à  une  seule. 

C'est  principalement  dans  les  feuilles  que 
résident  les  mouvements  de  la  Sensitive; 
mais  les  autres  parties  de  la  plante  mani- 
festent aussi  leur  irritabilité  par  des  dévia- 
tions, beaucoup  moins  appréciables  il  est 
vrai.  Ainsi,  l'on  remarque  également  cer- 
tains mouvements  dans  les  pédoncules  et 
même  dans  les  branches.  Mais  ceux-ci  ont 
assez  peu  d'importance  pour  qu'il  suffise 
d'en  signaler  l'existence. 

Pour  que  la  Sensitive  produise  ses  mou- 
vements avec  toute  leur  vivacité,  il  faut  que 
sa  végétation  soit  vigoureuse,  et  qu'elle  soit 
soumise  à  une  chaleur  humide  de  24  ou 
25°  C.  Son  irritabilité  est  alors  au  maxi- 
mum. Aussi  dans  les  parties  de  l'Amérique 
où  elle  croît  spontanément,  il  suffit  de  l'é- 
branlement causé  par  les  pas  d'un  homme, 
ou  encore  mieux  de  ceux  d'un  cheval,  pour 
déterminer  le  ploiement  de  toutes  les  feuilles 
des  plantes  voisines.  Ce  fait  a  été  constaté  et 
signalé  par  divers  observateurs,  notamment 
par  MM.  de  Martius  et  Meyen.  Sous  une 
température  de  18  ou  20°  C,  la  sensibilité 
de  la  plante  a  déjà  diminué  notablement  par 
l'effet  de  ce  refroidissement  de  quelques  de- 
grés; cependant,  quoique  affaiblie,  elle  n'est 
pas  détruite;  et  elle  manifeste  de  nouveau 
tous  ses  effets  sous  l'influence  d'un  air  con- 
venablement échauffé;  seulement  il  se  passe 
quelquefois  plusieurs  heures  avant  qu'elle 
ait  repris  sa  première  intensité.  A  l'égard 
de  l'action  d'une  température  élevée  sur  la 
Sensitive,  un  fait  très  curieux  est  celui  qui 
est  signalé  par  Meyen  (Pflanz.  phys.,  III, 
p.  524  ).  Lorsqu'on  expose  un  pied  vigou- 
reux de  cette  plante  aux  rayons  directs  du 
soleil  vers  le  milieu  d'une  belle  journée 
d'été,  on  voit  de  moment  à  autre  certaines 
de  ses  feuilles  se  ployer  et  s'abaisser  subite- 
ment, absolument  comme  si  une  irritation 
locale  venait  d'agir  sur  elles.  Peu  après,  la 
feuille  se  relève,  et  ses  folioles  reprennent 
leur  position  normale.  Quelquefois  ce  phé- 
nomène se  reproduit  au  bout  de  quel- 
que temps ,  et  même  à  plusieurs  reprises , 
par  le  seul  fait  de  la  continuation  de  l'ac- 
tion solaire.  La  chaleur  agit  donc  dans 
ce  cas  comme  un   irritant  dont  les  effets 


MIM 


MIM 


sont  soumis  à  une  sorte  d'intermittence. 

Ses  effets  deviennent  bien  plus  énergi- 
ques lorsqu'on  les  concentre  au  moyen  d'une 
lentille,  car  alors  les  folioles  placées  au  foyer 
sont  rapidement  brûlées  et  désorganisées,  et 
l'on  conçoit  sans  peine  que  le  ploiement  de 
la  feuille  en  soit  la  conséquence. 

Un  changement  brusque  dans  la  tempé- 
rature agit  également  sur  la  Sensitive 
comme  une  cause  irritante.  Si,  par  exemple, 
un  pied  vigoureux  de  cette  plante  est  placé 
dans  une  serre  ou  sous  un  châssis,  et  qu'en 
ouvrant  rapidement  le  châssis  ou  une  fer- 
meture de  la  serre  on  fasse  arriver  brus- 
quement sur  lui  de  l'air  froid,  on  voit  toutes 
ses  feuilles  se  ployer  comme  si  une  secousse 
violente  venait  d'agir  sur  elle. 

Une  des  actions  les  plus  curieuses  qui 
mettent  en  jeu  l'irritabilité  delà  Sensitive, 
est  celle  des  agents  chimiques  ,  particu- 
lièrement des  acides  énergiques  et  des  solu- 
tions alcalines  concentrées.  Depuis  longtemps 
déjà  l'on  avait  reconnu  qu'il  suffit  d'ap- 
pliquer avec  toute  la  légèreté  possible,  sur 
une  foliole,  une  goutte  de  l'un  de  ces  li- 
quides ,  pour  déterminer  tous  les  phéno- 
mènes de  contraction  et  d'abaissement  des 
feuilles  à  un  degré  proportionnel  à  la  caus- 
ticité de  la  substance  employée.  Ces  expé- 
riences ont  été  reprises,  il  y  a  peu  d'années, 
en  Allemagne,  par  M.  Runge  qui  les  a  va- 
riées d'un  grand  nombre  de  manières,  et 
qui  en  a  consigné  les  résultats  dans  un  grand 
mémoire  [Poggendorfs  Annal.,  vol.  XXV). 
Cet  observateur  a  reconnu  l'exactitude  des 
faits  énoncés  à  cet  égard  par  Duhamel,  et 
par  les  nombreux  physiologistes  qui  se  sont 
occupés  après  lui  du  même  sujet  ;  et  de  plus 
il  a  cru  apercevoir  une  différence  dans  le 
mode  d'action  des  acides  et  des  alcalis,  par 
exemple,  de  l'acide  sulfurique  et  de  la  po- 
tasse. Ainsi,  il  dit  avoir  vu  qu'avec  la  pre- 
mière de  ces  substances,  le  pétiole  com- 
mun de  la  feuille  s'abaissait  comme  d'or- 
dinaire, après  le  ploiement  des  folioles, 
mais  plus  lentement,  tandis  qu'avec  la  se- 
conde, au  lieu  de  s'abaisser,  il  se  rele- 
vait de  manière  à  faire  un  angle  aigu  avec 
la  tige.  Nous  ferons  observer  néanmoins 
que  Meyen,  ayant  répété  cette  expérience, 
a  vu  le  pétiole  commun  s'abaisser  égale- 
ment dans  l'un  et  l'autre  cas.  M.  Runge 
a  observé  aussi  des  effets  très  curieux  lors- 


qu'il a  opéré  avec  de  l'essence  de  térében- 
thine. 

Nous  avons  déjà  signalé  les  secousses  mé- 
caniques, la  chaleur,  l'action  d'un  air  froid 
et  les  agents  chimiques,  comme  des  causes 
qui  mettent  en  jeu  l'irritabilité  de  la  Sen- 
sitive. Mais  il  en  est  encore  d'autres  qui 
méritent  de  fixer  quelques  instants  notre 
attention.  Ainsi  l'on  peut  enlever  la  der- 
nière paire  de  folioles  d'une  pinnule,  à  l'aide 
de  ciseaux  fins,  avec  assez  de  légèreté  pour 
ne  produire  absolument  aucun  ébranlement 
dans  la  feuille;  or,  on  voit  aussitôt  les  fo- 
lioles se  ployer  ,  à  partir  de  l'extrémité 
coupée,  jusque  vers  la  base  de  la  pinnule. 
On  observe  même  quelquefois  qu'en  un 
point  quelconque  de  la  série  de  folioles,  une 
paire  isolée  ou  même  une  foliole  unique 
reste  immobile,  et  forme  une  s6rte  de  point 
d'arrêt  que  l'irritation  éprouve  de  la  peine 
à  franchir.  Des  blessures  ou  des  sections 
plus  ou  moins  profondes  amènent  encore 
des  phénomènes  très  curieux.  Ainsi  l'on 
peut  faire  une  entaille  à  une  branche  au 
moyen  d'un  instrument  bien  tranchant, 
avec  assez  de  précaution  pour  ne  produire 
aucun  ébranlement;  néanmoins  on  voit  les 
feuilles  placées  dans  le  voisinage  de  la  sec- 
tion s'abaisser  presque  instantanément,  et 
si  l'instrument  tranchant  a  périétré  profon- 
dément ,  l'irritation  se  propage  également 
aux  feuilles  éloignées.  Cet  effet  est  presque 
subit  dans  les  pieds  très  vigoureux,  à  tel 
poiat  qu'il  se  manifeste  aussitôt  après  que 
le  scalpel  a  atteint  le  corps  ligneux,  même 
à  une  distance  de  3  et  4  décimètres.  Quel- 
que temps  après  cette  expérience ,  le? 
feuilles  reprennent  leur  situation  primi 
tive;  une  nouvelle  section  détermine  encon 
en  elles  une  nouvelle  contraction;  mais  leui 
sensibilité  ne  tarde  pas  à  s'émousser,  selon 
Meyen,  par  la  répétition  de  cette  expérience. 

Cette  dernière  expérience  est  très  inté- 
ressante ,  parce  qu'elle  permet  de  recon* 
naître  quels  sont  les  éléments  anatomiques 
de  la  plante  par  lesquels  se  propage  l'irri- 
tation. Ces  éléments  ne  sont  autres  que  le 
corps  ligneux.  Il  est  facile  de  se  convaincre 
que  l'écorce  est  entièrement  étrangère  à 
cette  transmission  ;  il  suffit  pour  cela  d'é- 
corcer  soigneusement  une  tige  dans  une 
longueur  de  3  ou  4  centimètres,  de  manière 
à    dénu  1er  son  corps    ligneux  ;   en  enta- 


MIM 


MIM 


225 


mant  celui-ci  avec  le  tranchant  d'un  instru- 
ment, on  amène  la  contraction  des  feuilles 
absolument  comme  dans  les  circonstances 
ordinaires.  Cette  même  expérience  prouve 
aussi  combien  est  dépourvue  de  fondement 
l'opinion  de  M.  Schultz,  qui  avait  voulu 
voir  dans  les  vaisseaux  laticifères  l'organe 
conducteur  de  l'irritation  ;  en  effet,  la  place 
de  ces  vaisseaux  étant  dans  l'écorce,  s'ils 
existent  chez  la  Sensitive,  l'ablation  du  cy- 
lindre cortical  a  pour  effet  certain  de  les 
faire  disparaître. 

Enfin  ,  pour  terminer  cet  exposé  des 
causes  qui  peuvent  mettre  en  jeu  la  sensi- 
bilité de  la  Sensitive,  nous  ajouterons  le 
fluide  électrique  à  la  liste  précédente.  Plu- 
sieurs observateurs  ont  vu  qu'une  étincelle 
électrique  détermine  la  contraction  des 
feuilles  de  cette  plante;  mais  certains 
d'entre  eux  ont  cru  reconnaître  que  cet  effet 
devait  être  attribué  presque  uniquement  à 
l'ébranlement  mécanique  qui  résulte  de 
l'expérience;  en  effet,  on  a  beau  électriser 
une  Sensitive  après  l'avoir  isolée ,  on  ne 
voit  pas  ses  feuilles  se  ployer.  Un  fait  très 
curieux  sous  ce  rapport  est  celui  qui  a  été 
observé  par  Meyen.  Ce  physiologiste,  ayant 
électrisé  de  jeunes  Sensitives  isolées,  a  vu 
leurs  feuilles  persister  dans  leur  situation 
normale  sans  l'altérer  en  rien  ;  mais  lors- 
qu'il a  déchargé  l'électricité  accumulée  sur 
ces  plantes  en  leur  présentant  une  pointe 
de  bois,  il  a  remarqué  des  phénomènes  qui 
prouvaient,  selon  lui,  que  l'irritation  pro- 
duite au  lieu  de  la  décharge  ne  se  propa- 
geait pas,  comme  elle  le  fait  dans  les  cir- 
constances ordinaires.  En  effet,  lorsqu'il 
approchait  sa  pointe  d'une  foliole,  celle-ci 
et  celle  qui  complétait  la  paire  avec  elle  se 
mettaient  seules  en  mouvement,  et  lorsqu'il 
promenait  sa  pointe  le  long  du  pétiole  d'une 
pinnule,  les  folioles  se  relevaient  rapide- 
ment dans  le  sens  du  mouvement,  repre- 
nant ensuite  leur  position  normale  peu  après 
qu'on  éloignait  la  pointe.  Au  reste,  comme 
l'avaient  déjà  reconnu  Dreu,  van  Ma- 
rum ,  etc.,  de  fortes  décharges  électriques 
affaiblissent  ou  détruisent  même  la  sensibi- 
lité delà  Sensitive.  D'un  autre  côté,  les  ex- 
périences de  M.  Alex,  deHumboldt,  de  van 
Marum,  C.  Sprengel,  etc.,  ont  montré  que 
l'électricité  de  la  pile  n'exerce  pas  d'action 
appréciable  sur  la  plante  qui  nous  occupe. 

T.  VIII 


Une  des  particularités  les  plus  remarqua- 
bles dans  l'histoire  de  la  Sensitive  consiste 
dans  la  faculté  qu'elle  a  de  s'accoutumer,  si 
l'on  peut  le  dire,  à  l'action  longtemps  con- 
tinue d'une  cause  irritante.  C'est  ce  que 
montre  l'expérience  bien  connue  de  Desfon- 
taines qui,  ayant  placé  une  Sensitive  dans 
une  voiture,  la  vit  fermer  toutes  ses  feuilles 
aussitôt  qu'elle  éprouva  l'ébranlement  pro- 
duit par  le  roulement  des  roues  sur  le  pavé. 
L'ébranlement  se  continuant,  la  plante  finit 
par  étaler  ses  feuilles,  comme  si  son  irrita- 
bilité avait  été  détruite  ;  néanmoins  cette 
propriété  existait  encore  tout  entière  chez 
elle  ,  car  dès  que  la  voiture  se  remit  en 
marche,  elle  rapprocha  de  nouveau  ses  fo- 
lioles ;  il  n'y  avait  donc  eu  dans  ce  cas 
qu'une  sorte  d'habitude  prise  par  la  plante 
sous  l'effet  d'une  action  irritante  longtemps 
prolongée. 

Après  avoir  résumé  les  principaux  faits 
relatifs  à  l'histoire  si  curieuse  de  la  Sensi- 
tive ,  montrons  maintenant  jusqu'à  quel 
point  l'examen  anatomique  et  l'observation 
permettent  de  pénétrer  dans  les  secrets  de 
cette  merveilleuse  organisation. 

Nous  avons  déjà  dit  en  passant  que  le 
mouvement  des  folioles,  des  pinnules  et  du 
pétiole  commun  de  cette  plante  paraît  s'opé- 
rer tout  entier  dans  le  renflement  moteur  qui 
se  trouve  à  leur  base.  C'est  aussi  dans  la 
structure  de  ce  renflement  qu'on  a  cherché 
la  cause  des  mouvements  de  ces  diverses 
parties. 

L'un  des  observateurs,  qui,  dans  ces  der- 
niers temps  ,  se  sont  le  plus  occupés  des 
moyens  d'expliquer  les  mouvements  de  la 
Sensitive ,  est  M.  Dutrochet.  Cet  ingé- 
nieux physiologiste  avait  cru  reconnaître  que 
lorsqu'on  enlève  la  moitié  supérieure  du 
gros  renflement  moteur  d'une  feuille,  celle- 
ci  se  relève;  qu'il  s'abaisse  au  contraire 
lorsqu'on  enlève  la  moitié  inférieure  de  ce 
même  renflement;  il  avait  dès  lors  supposé 
que  ces  deux  moitiés  agissaient  comme  deux 
ressorts  à  tension  contraire,  dont  l'un  éle- 
vait la  feuille,  tandis  que  l'autre  l'abaissait. 
Une  cause  quelconque  donnait -elle  la  pré- 
dominance à  l'un  des  deux,  il  surmontait 
la  résistance  de  l'autre  et  déterminait  le 
mouvement  de  la  feuille.  Mais  on  voit  que 
cette  hypothèse  ne  faisait  que  reculer  la  dif- 
ficulté ,  puisqu'il  s'agissait  toujours  de  rc 

29 


226 


MIM 


MIM 


connaître  la  cause  qui  donnait  momentané- 
ment la  prédominance  à  l'un  des  ressorts. 
Aussi  a-t -elle  été  bientôt  abandonnée  par 
son  auteur,  qui  en  a  proposé  une  nouvelle 
dans  ses  Mémoires  sur  le  sommeil  et  le  réveil 
des  plantes ,  et  sur  Vexcitabilité  végétale. 
D'après  les  observations  consignées  dans  le 
premier  de  ces  mémoires,  le  renflement  mo- 
teur renferme  essentiellement,  sur  unocoupe 
perpendiculaire  à  son  axe,  et  en  allant  ie  la 
circonférence  au  centre:  1°  une  couche 
épaisse  de  tissu  cellulaire  dont  les  cellules, 
dans  les  trois  quarts  de  l'épaisseur  de  la 
couche,  décroissent  de  l'extérieur  vers  l'in- 
térieur; par  suite  de  son  ordre  de  décais- 
sement ,  le  tissu  cellulaire  de  cette  couche 
tend  à  se  courber,  «  de  manière  à  diriger  la 
Concavité  de  sa  courbure  vers  le  dehors  lors- 
qu'il devient  turgescent...  Ce  tissu  cellulaire 
est  incurvable  par  endosmose.  Il  représente 
par  sa  disposition  un  cylindre  creux,  dont 
toutes  les  parties  longitudinales ,  si  elles 
étaient  séparées  les  unes  des  autres,  ten- 
draient dans  l'état  naturel  à  se  courber  vers 
le  dehors.  »  2°  Une  couche  de  tissu  fibreux 
«  incurvable  par  oxygénation  ,  qui  repré- 
sente par  sa  disposition  un  cylindre  creux, 
dont  toutes  les  parties  longitudinales  ,  si 
elles  étaient  séparées  les  unes  des  autres , 
tendraient,  dans  l'état  naturel,  à  se  courber 
vers  le  dedans  ou  vers  le  centre  du  pétiole.  » 
3o  Un  corps  ligneux.  4°  Au  centre,  un  fais- 
ceau de  tissu  fibreux  identique  à  celui  qui 
entoure  le  corps  ligneux;  l'existence  de  ce 
faisceau  fibreux  central  ,  à  la  place  de  la 
moelle  ,  est  le  caractère  le  plus  essentielle- 
ment distinctif  des  renflements  moteurs.  Il 
y  a  donc  antagonisme  de  tendance  à  l'in- 
curvation dans  le  tissu  cellulaire  extérieur 
et  dans  le  tissu  fibreux  intérieur;  c'est  par 
la  rupture  de  l'équilibre  entre  ces  deux  ten- 
dances que  M.  Dutrochet  explique  les  mou- 
vements de  la  Sensitive.  Or,  l'équilibre  lui 
paraît  devoir  cesser,  d'un  côté,  lorsque  la  sève, 
affluant  dans  la  couche  cellulaire  externe,  la 
rend  turgescente  ,  et  par  suite  lui  donne  la 
prédominance;  et  de  l'autre ,  par  ce  motif 
que  si  l'on  admet  dans  le  tissu  fibreux  l'exis- 
tence «  d'un  liquide  qui  a  beaucoup  d'affi- 
nité pour  l'oxygène,  l'addition  de  cette  sub- 
stance à  ce  liquide  en  augmentera  nécessai- 
rement la  masse,  produira,  par  conséquent, 
la  turgescence  de  ces  fibres  tubuleuses,  »  et 


par  suite  rendra  leur  tendance  prépondé- 
rante. 

Malheureusement  cette  ingénieuse  hypo- 
thèse donne  matière  à  de  nombreuses  et  de 
puissantes  objections.  L'importance  du  rôle 
qu'elle  fait  jouer  à  la  couche  extérieure  du 
tissu  cellulaire  est  contredite  par  l'expé- 
rience. Ainsi  Meyen  a  enlevé  à  plusieurs 
reprises  le  tissu  cellulaire  de  la  moitié  infé- 
rieure d'un  renflement  moteur  jusqu'à  dé- 
nuder le  faisceau  ligneux  intérieur,  et  il  a 
vu  la  feuille  exécuter  ses  mouvements  ordi- 
naires; l'enlèvement  du  tissu  cellulaire  su- 
périeur lui  a  donné  les  mêmes  résultats.  Mais 
lorsqu'il  a  voulu  enlever  toute  cette  cou- 
che cellulaire,  l'expérience  a  constamment 
échoué ,  parce  que ,  dit-il ,  la  feuille  s'est 
alors  abaissée  par  son  propre  poids ,  et  n'a 
pu  se  relever.  De  plus ,  il  semble  bien  diffi- 
cile de  concevoir,  dans  cette  hypothèse,  l'in- 
stantanéité de  ces  phénomènes  d'irritabilité 
dans  les  expériences  nombreuses  et  si  diver- 
ses que  nous  avons  rapportées  plus  haut. 

Au  reste,  on  peut  faire  ces  mêmes  objec- 
tions, ou  d'autres  tout  aussi  fortes,  à  quel- 
ques autres  hypothèses  qui  ont  été  propo- 
sées, comme  celles  :  1°  de  M.  Dasseu  ,  qui 
fait  résider  toute  la  cause  des  mouvements 
de  la  Sensitive  dans  la  couche  cellulcuse  ex- 
terne des  renflements,  couche  qu'il  compare 
aux  tissus  érectiles  des  animaux;  2°  de 
MM.  Link  et  Meyen,  qui  voient  au  contraire 
le  seul  principe  moteur  des  feuilles  dans  le 
tissu  fibreux  et  dans  les  vaisseaux  des  ren- 
flements moteurs.  Au  total ,  il  nous  semble 
que  la  science  ne  possède  pas  encore  une  ex- 
plication suffisante  des  mouvements  de  la 
Sensitive  ;  les  hypothèses  ingénieuses  qui  ont 
été  proposées  à  cet  égard  ne  font  guère  que 
reculer  les  difficultés  qui,  dans  ce  cas  comme 
dans  presque  tous  les  autres ,  s'opposent  à 
la  découverte  de  la  cause  première  des  phé- 
nomènes. 

L'exposé  que  nous  venons  de  faire,  et 
dans  lequel  le  défaut  d'espace  nous  a  mal- 
heureusement obligé  à  supprimer  les  déve- 
loppements dont  il  était  susceptible  à  plu- 
sieurs égards,  a  porté  uniquement  sur  la 
Sensitive,  Mimosa  pudica  Lin.  ,  parce  que 
c'est  elle  qui  a  été  le  sujet  d'expériences  , 
d'observations  et  d'écrits  presque  sans  nom- 
bre ;  mais  cette  plante  n'est  pas  la  seule  qui 
soit  douée  d'une  irritabilité  assez  forte  pour 


MïM 


MIM 


227 


se  manifester  par  des  mouvements.  Ainsi 
l'on  cite  comme  entrant  dans  la  même  caté- 
gorie ,  quoique  à  de  moindres  degrés  ,  les 
Mimosa  albida  Kunth,  M.  floribunda  Wild., 
M.  viva  Lin.,  M.  castah.,  M.  asperatah., 
M.  quadr ivalvis L,, etc.;  Y ' JEschinomene  sen- 
sitiva,  le  Smithia  sensitiva  Ait.  ;  les  Desman- 
thus  stolonifer  DC,  D.  triquelris  DC,  etc.; 
même  quelques  Oxalidées,  comme  YOxalis 
sensitiva  L.  (  Biophytum  sensitivum  DC  ), 
0.  dendroides  Kunth,  0.  mimosoides  Aug. 
St-Hil.,  etc. 

Nota.  Notre  article  était  entièrement  com- 
posé lorsque  nous  avons  eu  communication 
d'un  long  mémoire  manuscrit  présenté  à 
l'Académie  des  sciences ,  dans  la  séance  du 
lundi  21  septembre  1846,  par  M.  Fée  ,  et 
dont  le  litre  est  :  Mémoire  physiologique  et 
organographique  sur  la  Sensitive  et  les 
plantes  dites  sommeillantes.  Ce  travail  ren- 
ferme des  énoncés  qui  s'écartent  assez  nota- 
blement, à  quelques  égards  ,  des  idées  qui 
ont  eu  cours  jusqu'aujourd'hui  dans  la 
science,  et  dont  nous  croyons  devoir  repro- 
duire textuellement  les  principaux  sans  en 
contester  ni  en  garantir  la  valeur.  «  Il 
n'existe  aucun  appareil  spécial  de  mouve- 
ment chez  la  Sensitive.  Elle  est  irritable 
dans  toutes  ses  parties;  toutefois,  la  pulvi- 
nule  (  renflement  moteur)  des  feuilles  l'est 
plus  que  toutes  les  autres.  Si  l'on  blesse  le 
tissu,  l'irritabilité  se  communique  de  proche 
en  proche,  sans  toutefois  passer  d'une  feuille 
à  l'autre.  Lorsque  la  blessure  est  faite  en 
un  point  éloigné  des  folioles,  l'irritabilité 
se  transmet  avec  une  grande  lenteur,  et  les 
mouvements  se  manifestent  vers  le  point  le 
plus  rapproché  de  la  partie  lésée.  Les  bles- 
sures considérables  n'agissent  pas  beaucoup 
plu.-'  vite  que  les  blessures  légères.  L'irrita- 
bilité n'est  que  médiocrement  soumise  aux 
variations  atmosphériques.  Elle  s'éteint  par 
un  séjour  prolongé  dans  un  lieu  obscur,  et 
pour  renaître  sous  l'action  de  la  lumière  so- 
laire. Aucune  plante  ne  paraît  mieux  orga- 
nisée pour  le  mouvement  que  la  Sensitive; 
ses  articulations  ont  une  disposition  qui  les 
rend  éminemment  propres  à  se  mouvoir.  On 
peut  regarder  le  tissu  cellulaire  de  la  Sensi- 
tive comme  érectile.  II  est  à  l'état  de  dilata- 
tion active,  et  la  plante  se  présente  étalée  ; 
il  est  à  l'état  de  contraction  ou  de  resserre- 
ment, et  la  plante  redresse  ses  folioles  ou 


bien  abaisse  ses  pétioles.  Dans  l'état  de  di- 
latation active,  les  liquides  abreuvent  les 
cellules  des  plans  inférieurs  ,  et  les  main- 
tiennent à  l'état  de  turgescence.  Dans  l'état 
de  contraction,  les  liquides  moins  abondants 
laissent  les  cellules  des  plans  supérieurs  af- 
faissées, et  sont  refoulés  vers  les  plans  infé- 
rieurs. Au  jour  et  à  la  lumière,  les  sucs  atti- 
rés vers  la  cuticule  se  maintiennent  en  équi- 
libre par  une  évaporation  rhythmique.  Si 
les  chocs ,  le  froid  ,  les  blessures  interrom- 
pent cet  équilibre  ,  il  y  a  trouble  dans  la 
circulation,  les  fluides  quittent  brusquement 
les  cellules  des  plans  supérieurs,  dilatent  les 
vaisseaux  par  refoulement,  et  la  contractilité 
|  en  est  la  suite,  »  etc.      (P.  Duchartre.) 

*M  ï M0M011 PH  A  (  ^j.o  s ,  mime;  u. o  P- 
<pv? ,  forme).  îns.  — Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires, 
créé  par  Newmann  {The  Entomologiste  t.  I, 
p.  322  )  avec  une  espèce  des  îles  Philippi- 
nes, le  M.  clytiformis  de  l'auteur.     (C.) 

MIM0PH1RE.  géol.— -M.  Al.  Brongniart 
a  donné  ce  nom  à  une  roche  conglomérée,  à 
structure  souvent  porphyroïde,  composée 
essentiellement  d'un  ciment  argiloïde,  réu- 
nissant des  grains  ou  des  cristaux  très  dis- 
tincts de  Feldspath;  elle  présente,  comme 
parties  accessoires,  du  quartz  en  grains,  du 
schiste  argileux,  du  mica,  etc.  Ce  géologue 
en  forme  trois  variétés,  qu'il  nomme  Mimo- 
phyre  quartzeux,  quand  la  roche  est  dure, 
solide,  et  que  les  grains  de  quartz  y  sont 
nombreux  ;  Mimophyre pétrosiliceux,  lorsque 
la  pâte  est  compacte  et  présente  quelques 
uns  des  caractères  du  Petrosilex;  enfin  Mi- 
mophyre argileux,  lorsque  la  pâte  est  tendre 
et  friable.  M  Brongniart  considère  cette  ro- 
che, géologiquement,  comme  une  modifica- 
tion des  Psammites,  des  Pséphites  et  des  Ar- 
koses.  (C.  d'O.) 

MIMOSA,  bot.  ph.  —  Voy.  mineuse. 

MIMOSÉES.  Mimoseœ.  bot.  ph. — Une 
des  familles  dans  lesquelles  a  été  divisé  le 
grand  groupe  des  Légumineuses,  à  l'article 
desquelles  nous  avons  exposé  sas  caractères 
et  énuméré  ses  genres.  (Ad.  J.) 

*MïMOSïTE.GKOL.-Souscenom,M.Cor- 
dier  désigne  une  espèce  de  roche  agrégée, 
grenue,  à  grains  très  fins,  composée  dePy- 
roxène ,  de  Feldspath  vitreux  et  de  Fer  ti- 
tane. Le  Feldspath  y  est  translucide  et  teint 


MIM 


MIM 


en  verdàtre  parle  Pyroxène;  mais  il  perd  sa 
couleur  et  devient  blanc  lorsqu'on  le  chauffe 
au  chalumeau;  il  en  est  de  même  quand  on 
plonge  la  roche  dans  l'acide  hydrochlorique. 

M.  d'Omalius  d'Halloy  réunit  cette  roche 
à  ses  espèces  Dolérite  et  Trapp,  suivant  que 
les  éléments  se  distinguent  ou  ne  se  distin- 
guent pas  à  l'œil  nu.  La  Mimosite  appartient 
principalement  aux  terrains  pyrogènes  des 
périodes  crétacée  et  paléolhérienne.  (C.  d'O.) 

MIMULE.  Mimulus  Lion.  (Mimusper- 
sonalus  ,  dit  Linné,  à  cause  de  la  corolle 
de  ces  plantes  qui  a  été  comparée  à  un 
masque  de  théâtre),  iîot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Scrophulariacées ,  de  la  Di- 
dynamie  -  Angiospermie  dans  le  système 
sexuel.  Sa  circonscription  première  a  été 
modifiée  et  restreinte  dans  ces  derniers 
temps,  quelques  unes  des  espèces  qu'il  com- 
prenait ayant  servi  à  former  de  nouveaux 
genres  ;  ces  genres  sont  :  le  Diplacus  , 
Nutt.,  composé  aujourd'hui  de  4  espèces, 
dans  lequel  rentrent  les  Mimulus  glutino- 
sus  Wendl.,  auranliacus  Curt. ,  linearis 
Benth.  ;  VEunanus  Benth.  ,  composé  de 
3  espèces,  établi  sur  le  M.  nanus  Hook.,  et 
Arn.;  le  Leucocarpus,  Don.,  renfermant 
3  espèces,  dont  le  type  est  le  M.  perfolia- 
tus  II.  B.  K.  Resserré  dans  les  limites  que 
lui  assignent  ces  diverses  suppressions ,  le 
genre  Mimulus  comprend  encore  30  espèces 
pour  la  plupart  remarquables  par  la  beauté 
deleurs  fleurs, etque  réunissentles  caractères 
suivants  :  ce  sont  des  plantes  herbacées, 
toutes  étrangères  à  l'Europe,  pour  la  plu- 
part originaires  de  l'Amérique,  dont  la  tige 
est  décombante  ou  dressée,  dont  les  feuilles 
sontopposées.  Leurs  fleurs,  souvent  grandes 
et  remarquables  par  leur  brillante  colora- 
tion, sont  solitaires  sur  des  pédoncules  axil- 
laires;  parfois  les  supérieures  forment  par 
leur  rapprochement  une  sorte  de  grappe  à 
l'extrémité  des  rameaux.  Leur  calice  est  tu- 
buleux,  à  Sangles  longitudinaux,  et  terminé 
par  5  dents  ;  la  lèvre  supérieure  de  leur  co- 
rolle est  dressée  ou  réfléchie-étalée,  bilobée  ; 
l'inférieure  est  étalée,  trilobée,  à  lobes  éga- 
lement arrondis,  plans;  leurs  4  étamines 
sont  didynames,  et  les  loges  de  leurs  an- 
thères finissent  par  devenir  presque  con- 
fluentes;  leur  style  se  divise  à  son  extrémité 
en  deux  lames  stigmatiques  larges,  ovales, 
presque  égales  entre  elles,  remarquables 


par  leur  irritabilité  qui  les  fait  se  rappro- 
cher l'une  de  l'autre  lorsqu'on  les  chatouille 
avec  la  pointe  d'une  aiguille.  Le  fruit  des 
Mimulus  est  une  capsule  à  peine  sillonnée, 
2-valve,  à  débiscence  loculicide,  dont  les 
valves  laissent  au  centre,  en  s'écartant,  un 
placentaire  entier  ou  2-fide,  et  emportent 
la  cloison  sur  leur  ligne  médiane.  Plusieurs 
Mimules  sont  aujourd'hui  très  répandus  dans 
les  jardins,  où  ils  se  font  distinguer  par  l'a- 
bondance et  la  beauté  de  leurs  fleurs.  Nous 
nous  bornerons  à  décrire  ici  les  plus  connus. 

1.  Mimule  de  Virginie,  Mimulus  r  in  gens 
Linn.  Cette  jolie  espèce  vivace,  et  rustique 
dans  nos  climats,  croît  naturellement  dans 
l'Amérique  du  Nord  depuis  le  Canada 
jusqu'à  la  Virginie  et  l'Ohio.  Sa  tige  tétra- 
gone  s'é'ève  à  3-5  décim.;  ses  feuilles  sont 
oblongues  ou  lancéolées,  légèrement  den- 
tées, élargies  en  cœur  et  embrassantes  à 
leur  base  ;  ses  fleurs  se  montrent  aux  mois 
de  juillet  et  d'août;  elles  sont  violacées  ou 
bleu  pâle,  de  grandeur  moyenne,  longue- 
ment pédonculées  ;  leur  calice  est  un  peu 
courbe,  plissé,  terminé  par  des  dents  lan- 
céolées-linéaires, inégales,  presque  aussi 
long  que  le  tube  de  la  corolle  dont  le  limbe 
est  grand,  ondulé,  et  qui  est  presque  fermée 
à  la  gorge.  La  capsule  est  ovale  et  enfermée 
dans  le  calice.  Dans  nos  jardins,  cette  plante 
demande  une  terre  franche ,  légère  et  hu- 
mide, ou  mieux  encore  de  la  terre  de 
bruyère,  une  exposition  fraîche  et  un  peu 
ombragée.  Elle  se  multiplie  facilement,  de 
même  que  les  suivantes,  soit  de  graines  se- 
mées immédiatement  après  leur  mat- nté, 
jsoit  de  boutures  ou  par  div&cn  des  p'eis. 

2.  Le  Mimlle  cardinal,  Mimu'ui  ca-ai- 
nalis  Dougl.  Cette  belle  plante,  éga'errent 
vivace,  a  été  rapportée  par  Doug'as  de  la 
Haute-Californie.  M.  Spach  a  propesé  peur 
elle,  sous  le  nom  d'Erythranthe,  un  nou- 
veau genre  qui  n'a  pas  été  adopté.  Sa  tige 
rameuse,  à  rameaux  lâches,  velue,  s'élève 
à  6-10  décim.  ;  ses  feuilles  ovales,  rétrécies 
à  leur  base  et  embrassantes,  marquées  de 
nombreuses  nervures  ,  sont  dentées  et 
comme  un  peu  rongées  sur  leurs  bords;  ses 
fleurs,  d'un  beau  rouge  minium,  sont 
grandes,  très  belles,  et  se  succèdent  pen- 
dant une  grande  partie  de  l'été  et  de  l'au- 
tomne; elles  ont  un  pédoncule  plus  long 
que  la  feuille  à  l'aisselle  de  laquelle  il  sa 


MIM 


MIM 


229 


trouve  ;  leur  calice  est  grand  ,  un  peu 
renflé,  terminé  par  des  dents  ovales,  aiguës, 
courtes;  le  tube  de  leur  corolle  déborde  à 
peine  le  calice  ;  son  limbe  est  grand,  à  lobes 
réfléchis.  Introduite  dans  les  cultures  euro- 
péennes en  1835  seulement,  cette  belle  es- 
pèce y  est  déjà  très  répandue,  à  cause  de  sa 
beauté  et  de  la  grande  facilité  avec  laquelle 
on  la  cultive  et  on  la  multiplie.  Elle  a  déjà 
donné  un  hybride  que  M.  Bentham  nomme 
roseo-cardinalis,  et  dont  les  fleurs  sont  plus 
belles  encore  que  celles  du  type. 

3.  Mimule  jaune,  Mimulus  luteus  Lin. 
Cette  espèce  est  la  plus  répandue  du  genre, 
soit  dans  la  nature,  soit  dans  nos  jardins. 
Elle  croît  naturellement  dans  les  deux  Amé- 
riques, le  long  de  leurs  côtes  occidentales, 
dans  tout  le  Chili  d'un  côté,  de  l'autre  de- 
puis Unalaschka  jusqu'à  la  Californie,  dans 
les  forêts  humides,  le  long  des  ruisseaux,  etc. 
De  plus,  elle  s'est  naturalisée  en  Europe,  aux 
environs  de  Saint-Pétersbourg,  d'où  nous  la 
possédons.  Elle  est  glabre  ou  un  peu  vis- 
queuse, et  pubescente  ;  sa  tige  est  ascendante 
ou  dressée  ;  ses  feuilles,  pour  la  plupart  forte- 
ment dentées,  sont  orbiculaires ,  ovales  ou 
oblongues,  les  inférieures  longuement  pé- 
tiolées,  les  supérieures  sessiles  ,  cordées- 
embrassantes  à  leur  base,  à  nervures  nom- 
breuses. Ses  fleurs  sont  grandes,  de  colora- 
tion très  variable,  d'un  jaune  plus  ou  moins 
vif,  tantôt  unicolores,  tantôt  parsemées  à 
la  gorge  de  nombreuses  ponctuations  rouges 
et  marquées  sur  chaque  lobe  d'une  grande 
tache  de  cette  couleur;  ces  fleurs  ont  un 
long  pédoncule  ;  leur  calice  est  ovoïde,  à 
dents  ovales,  dont  la  supérieure  très  grande  ; 
le  tube  de  leur  corolle  est  au  moins  deux 
fois  pi  us  long  que  le  calice.  Cette  espèce 
varie  beaucoup,  soit  dans  l'état  spontané, 
soit  dans  les  jardins,  pour  sa  surface  glabre 
ou  pubescente,  pour  sa  tige  droite  ou  dé- 
combante,  plus  ou  moins  haute,  pour  la 
forme  générale  et  les  dentelures  de  ses 
feuilles,  pour  la  coloration  de  ses  fleurs,  etc. 
Aussi  a-t-elle  donné  matière  à  la  formation 
de  plusieurs  espèces,  dont  les  noms  sont  gé- 
néralement adoptés  par  nos  horticulteurs, 
et  par  divers  botanistes,  mais  que  M.  Ben- 
tham, dans  sa  dernière  révision  des  Scro- 
phulariacécs(Prodr.,  vol.  X,  p.  368),  réunit 
sous  la  dénomination  unique  que  nous 
adoptons  avec  lui.  Ces  espèces  sont  les  Mimu- 


lus gultatus  DC,  M.  variegalus  Lodd.,  M. 
rivularis  Nutt.,  et  M.  lyratus  Benth.  (P.  D.) 
MÏMUS,  Briff.  ois.—  Syn.  latin  de  Mo- 
queur. Voy.  MERLE. 

MIMUSOPS  (^oç,  mime;  dty,  aspect). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Sapo- 
tacées,  établi  par  Linné  qui  le  place  dans 
l'octandrie-monogynie  (Gen.,  n.  678)  et 
dont  les  principaux  caractères  sont:  Calice 
6-8-parti,  à  divisions  bisériées.  Corolle  hy- 
pogyne,  arrondie,  à  divisions  nombreuses 
bisériées,  les  extérieures,  au  nombre  de  12 
ou  16,  entières  ou  divisées,  étalées  ;  les  in- 
férieures ,  au  nombre  de  6  ou  8  ,  indivises , 
dressées.  Étamines  insérées  au  fond  du  tube 
de  la  corolle;  6  ou  8  ,  fertiles,  opposées 
aux  divisions  intérieures  de  la  corolle; 
autant  d'autres  étamines  dépourvues  d'an- 
thères, et  alternes  avec  ces  mêmes  divisions; 
filets  subulés,  filiformes;  anthères  sagittées, 
extrorscs,  à  2  loges  s'ouvrant  longitudina- 
lement.  Ovaire  à  8  loges  uni-ovulées.  Style 
subulé;  stigmate  aigu.  Baie  1-2  loculaire. 

Les  Mimusops  sont  des  arbres  lactescents 
de  l'Asie  et  de  la  Nouvelle-Hollande  tropi- 
cale. Leurs  feuilles  sont  alternes,  très  en- 
tières, brillantes;  les  fleurs  sont  blanches  et 
portées  sur  des  pédoncules  axillaires,  souvent 
groupés. 

Ce  genre  renferme  une  trentaine  d'espèces 
réparties  par  De  Candolle  en  deux  sections 
(Prodr. ,  VIII,  p.  201)  qu'il  nomme:  Qua- 
ternaria:  Fleurs  en  nombre  quaternaire  ;  éta- 
mines fertiles  8;  Ternaria:  Fleurs  en  nom- 
bre ternaire;  étamines  fertiles  6.  Endlicher 
déjà,  avant  la  publication  decegenrepar  De 
Candolle,  avait  divisé  les  Mimusops  en  deux 
sections  (Gen.  plant.,  p.  741,  n.  4263): 
Elengi:  Divisions  extérieures  de  la  corolle 
entières;  Dinectaria:  Divisions  extérieures 
de  la  corolle  bifides. 

Une  des  espèces  les  plus  remarquables  de 
ce  genre  est  le  Mimusops  Elengi  L. ,  qui 
croît  dans  l'Inde  où  il  s'élève  à  une  très 
grande  hauteur.  Son  tronc,  simple,  droit, 
grisâtre,  produit  des  rameaux  cylindriques 
quiportentdesfeuilleselliptiques-oblongues, 
acuminées,  glabres,  pétiolées  ;  les  fleurs 
naissent  de  l'aisselle  des  feuilles,  réunies  par 
3  ou  par  6,  et  portées  sur  des  pédicelles  rou- 
geâtres  et  duveteux  ;  les  lobes  du  calice  sont 
lancéolés-acuminés,  glabres  intérieurement  ; 
les  extérieurs,  pulvérulents  et  jaunâtres  au 


230 


MIN 


MIN 


dehors;  les  intérieurs,  d'un  blanc  velouté  a 
la  même  surface.  Les  fruits,  ovoïdes  ,  char- 
nus et  rouges  à  leur  maturité,  ont  une  sa- 
veur douce  et  légèrement  astringente,  et  les 
Indiens  préparent  avec  l'eau  distillée  des 
fleurs  une  espèce  de  thé  dont  l'odeur  est 
agréable  et  qui  possède  des  qualités  fébrifu- 
ges. Le  bois  de  cet  arbre,  blanc  et  dur,  se 
conserve  longtemps  dans  l'eau.  (J.) 

MINARET.  Turris.  moll.  —  Genre  créé 
par  Montfort  (Conchyl.  systém.  ,  t.  II, 
p.  538)  aux.  dépens  des  Mitres  deLamarck. 
Voy.  wîtue. 

MINDIUM,  Adans.  (Faw.,11,  4  36).  bot. 
ph. — Syn.  de  Michauxia,  L'Hérit. 

MINERAI,  min.  —  Voy.  mines. 

MINÉRALOGIE  (minera,  minéraux; 
/oyoç,  discours). — Branche  de  l'histoire  natu- 
relle qui  s'occupe  de  l'étude  des  corps  bruts 
ou  inorganiques,  formés  naturellement,  sans 
leconcours  des  forces  vitales  ni  des  opérations 
de  Fart,  et  que  l'on  trouve  répandus  par- 
tout en  abondance  à  la  surface  et  dans  l'in- 
térieur de  la  terre.  Elle  embrasse  dans  son 
objet  la  connaissance  de  leurs  propriétés  gé 
nérales;  celle  des  caractères  particuliers  qui 
distinguent  les  différentes  Espèces  les  unes 
des  autres,  et  les  Variétés  de  chaque  «spèce 
entre  elles;  celle  de  leurs  gisements  ou  ma- 
nière d'être  dans  la  nature,  comme  aussi  de 
leur  emploi  dans  les  arts  et  les  usages  de  la 
vie;  enfin  celle  de  leur  classification,  ou  de 
leur  disposition  dans  un  ordre  méthodique 
et  rationnel,  propre  à  faciliter  leur  étude, 
et  à  faire  ressortir  leurs  analogies  et  leurs 
dissemblances. 

La  science  des  Minéraux  est  assurément 
bien  faite  pour  exciter  un  vif  intérêt,  soit 
que  l'on  considère  seulement  son  utilité  di- 
recte, qui  résulte  de  ses  applications  nom- 
breuses à  l'industrie  et  des  services  signa- 
lés qu'elle  rend  à  la  Géologie  et  à  l'art  des 
Mines,  soit  que,  l'envisageant  de  plus  haut, 
on  tienne  compte  de  son  importance  philo- 
sophique et  du  rang  qu'elle  occupe  dans 
l'ordre  de  nos  connaissances  positives.  De 
toutes  les  productions  de  la  nature,  les  Mi- 
néraux sont  celles  qui  offrent  le  moins  d'at- 
trait au  premier  abord;  ils  ne  nous  appa- 
raissent pour  la  plupart  que  comme  des 
masses  brutes,  qui,  pour  attirer  notre  atten- 
tion, ont  besoin  que  la  main  de  l'art  les  fa- 
çonne et  les  mette  en  œuvre.  A  en  juger 


donc  sur  les  seules  apparences,  il  semble 
que  l'on  doive  borner  leur  étude  à  une 
simple  connaissance  empirique  de  leurs 
principales  espèces,  et  l'on  est  tenté  même 
de  renvoyer  cette  étude  sommaire  et  super- 
ficielle aux  seules  professions  où  elle  paraisse 
strictement  nécessaire.  Mais  quand  on  exa- 
mine les  Minéraux  de  plus  près,  on  ne  tarde 
pas  à  voir  combien  ils  gagnent  à  être  mieux 
connus;  une  observation  attentive  découvre 
en  eux  une  multitude  de  propriétés,  bien 
dignes  d'exercer  les  facultés  de  notre  esprit 
et  de  servir  d'objets  à  nos  méditations. 

En  effet,  si  d'abord  on  les  étudie  sous 
le  rapport  de  la  forme,  on  remarque  qu'ils 
se  présentent  fréquemment  sous  des  conG 
gurations  régulières,  polyédriques,  qui  ne 
sont  point  du  tout  un  effet  du  hasard,  mais 
qui  sont  déterminées  par  des  lois  d'une 
grande  simplicité;  et,  chose  étonnante,  ces 
formes  peuvent  néanmoins  varier  à  l'infini 
dans  la  même  espèce  minérale.  Au  premier 
abord,  cette  multiplicité  de  formes  pour  la 
même  substance  semble  être  une  preuve 
du  peu  d'importance  qu'on  doit  y  attacher, 
et  de  l'inutilité  de  leur  étude  par  suite  de 
l'impossibilité  d'en  saisir  l'ensemble.  Mais 
vient-on  à  les  comparer  entre  elles,  on  s'a- 
perçoit qu'elles  dépendent  les  unes  des 
autres,  à  tel  point  qu'il  suffit  d'en  connaître 
une  seule,  pour  pouvoir  les  connaître  toutes. 
Il  suit  de  là  que,  malgré  ses  métamorphoses 
sans  nombre,  mais  beaucoup  plus  appa- 
rentes que  réelles,  la  foime  régulière  ou 
cristalline  des  Minéraux,  est  au  fond  tou- 
jours la  même,  et  l'on  retruuve  ici  le  cachet 
ordinaire  des  œuvres  de  la  nature,  l'unité 
dans  la  variété. 

Si,  à  l'exemple  de  notre  célèbre  Hauy, 
nous  cherchons  à  étudier  la  structure  inté- 
rieure des  Cristaux,  au  moyen  de  cette  es- 
pèce d'anatomic  ou  de  dissection  qu'on 
nomme  le  clivage,  nous  découvrons  dans 
ces  corps  un  genre  de  structure  d'une  uni- 
formité et  d'une  symétrie  remarquables,  qui 
ne  varie  pas  comme  la  forme  extérieure,  et 
qui  est,  pour  les  Minéraux  cristallisés, 
comme  une  sorte  d'organisation  constante 
pour  tous  les  individus  de  la  même  espèce. 
Poussée  aussi  loin  que  possible,  cette  divi- 
sion mécanique  conduit  à  déterminer  l'élé- 
ment de  cette  structure  cristalline,  ce  qu'on 
nomme  la  molécule  ou  plutôt  la  particule 


MIN 


MIN 


231 


intégrante  du  Cristal,  Cet  clément  impor- 
tant n'est  peut-être  pas  la  représentation 
exacte  de  la  vraie  molécule  physique  du 
corps;  mais,  à  coup  sûr,  il  a  avec  elle  des 
rapports  intimes  et  nécessaires;  il  en  est  en 
quelque  sorte  l'équivalent  pour  nous,  et 
l'opération  qui  le  donne  est  encore  le  moyen 
le  plus  certain  et  le  plus  direct  que  nous 
ayons,  sinon  pour  atteindre  à  la  véritable 
molécule,  du  moins  pour  en  approcher  le 
plus  possible. 

Sans  parler  ici  des  phénomènes  curieux 
que  présentent  les  Minéraux,  lorsqu'on  vient 
à  les  étudier  sous  le  rapport  de  la  dureté, 
de  l'élasticité,  de  l'électricité  polaire,  nous 
signalerons  en  passant,  parmi  les  propriétés 
physiques  des  Minéraux,  un  ordre  de  faits 
des  plus  intéressants:  ce  sont  les  singu- 
lières modifications  que  présente  la  lumière 
polarisée  (  voyez  l'article  lumièhe),  dans 
son  trajet  à  travers  les  Cristaux  trans- 
parents. Ces  phénomènes  n'offrent  pas  seu- 
lement au  naturaliste  un  vif  attrait  de 
curiosité  :  ils  ont  surtout  à  ses  yeux  de 
l'importance,  en  ce  qu'ils  accroissent  ses 
moyens  d'investigation  d'une  manière  sur- 
prenante. Pour  nous  servir  d'une  expression 
employée  par  M.  Biot,  un  rayon  de  lumière 
polarisée  est  pour  le  Minéralogiste  comme 
une  sorte  de  sonde  déliée,  avec  laquelle  il 
interroge  dans  tous  les  sens  la  structure  mo- 
léculaire des  Cristaux.  Ce  rayon  ,  dans  cha- 
cune des  positions  qu'il  peut  prendre,  reçoit 
pour  ainsi  dire  l'empreinte  des  modiQcations 
les  plus  légères  de  la  structure  interne,  et 
la  rapporte  ensuite  fidèlement  à  l'organe  de 
la  vue.  Aucune  partie  de  la  physique  miné- 
rale n'est  plus  féconde  en  résultats  impor- 
tants que  l'optique  des  Cristaux:  aucune 
n'est  plus  propre  à  enrichir  la  science  de 
phénomènes  curieux  et  inattendus.  Nous 
n'en  citerons  pour  preuve  que  les  résultats 
des  travaux  exécutés  en  ce  genre  par  le 
physicien  illustre  que  nous  citions  tout-à- 
i'heure;  les  substances  les  plus  communes 
et  les  plus  vulgaires,  celles  sur  lesquelles 
l'attention  semblait  s'être  épuisée,  sont  de- 
venues entre  ses  mains  habiles  une  source 
de  brillantes  découvertes. 

Si  c'est  la  nature  chimique  des  Minéraux 
que  nous  voulons  explorer,  et  si  d'abord 
nous  bornons  notre  recherche  à  connaître 
leur  composition  qualitative,  l'esprit  ingé- 


nieux et  la  science  profonde  des  Wollaston  et 
des  Berzélius  nous  fournissent  une  multitude 
de  petits  essais,  d'opérations  délicates,  qui 
s'exécutent  facilement  dans  le  cabinet,  et  au 
moyen  desquelles  nous  pouvons,  dans  chaque 
cas  particulier,  parvenir  sûrement  et  promp- 
ternent  à  notre  but;  genre  d'épreuves  aussi 
utile  qu'il  est  attrayant,  on  peut  le  dire, 
par  la  satisfaction  que  cause  à  l'esprit  la 
solution  de  ces  problèmes,  qui  s'offrent  à 
lui  comme  autant  d'énigmes  à  résoudre.  Si 
nous  voulons  aller  plus  loin,  et  détermi- 
ner entièrement  la  composition  complète  et 
absolue  des  corps,  nous  empruntons  à  la 
chimie  des  laboratoires  les  résultats  d'ana- 
lyse qu'elle  seule  peut  donner,  et  qu'elle 
n'obtient  qu'au  prix  d'opérations  longues  et 
difficiles;  cela  fait,  nous  avons,  comme  mi- 
néralogiste, à  discuter  ces  résultats,  à  les 
interpréter  théoriquement,  à  essayer  de  les 
mettre  d'accord  avec  les  indications  de  la 
physique  et  de  la  géométrie  des  Cristaux. 
Dans  ce  travail,  nous  rencontrons  à  chaque 
pas  l'application  et  la  confirmation  de  ces 
grands  faits  de  la  chimie  moderne,  la  loi 
des  proportions  définies,  l'isomérie,  le  poly- 
morphisme, et  lisomorphisme. 

Après  s'être  ainsi  transformé  successive- 
ment en  géomètre,  en  physicien  et  en  chi- 
miste, pour  établir,  à  l'aide  du  calcul,  de 
l'expérience  et  de  la  simple  observation, 
l'ensemble  des  caractères  de  chaque  sub- 
stance, ce  que  les  auteurs  allemands  ap- 
pellent sa  caractéristique,  il  reste  encore  au 
Minéralogiste  à  remplir  un  dernier  rôle,  un 
rôle  plus  spécial,  celui  du  naturaliste  des- 
cripteur et  classificateur;  et,  pour  cela,  il  lui 
faut  comparer  avec  soin  les  diverses  sortes 
de  caractères,  reconnaître  leurs  lois  et  leur 
subordination,  chercher  à  apprécier  leur  va- 
leur relative,  et  poser  enfin  les  principes  qui 
doivent  le  diriger,  tant  dans  la  spécification 
que  dans  la  classification  des  espèces. 

La  Minéralogie,  comme  on  le  voit,  lient 
d'une  part  à  l'histoire  naturelle  proprement 
dite,  et  d'un  autre  côté,  se  rattache  à  la 
géométrie,  à  la  physique  et  à  la  chimie.  Ce 
n'est  que  depuis  qu'elle  a  été  éclairée  de  la 
vive  lumière  que  les  sciences  ont  répandue 
sur  elle,  qu'elle  a  pris  rang  elle-même 
parmi  les  sciences  positives  ;  car  elle  offre 
maintenant  un  ensemble  de  faits  qui  se 
lient  parfaitement  entre  eux,  et  se  laissent 


232 


MIN 


MIN 


ramener  à  un  petit  nombre  de  lois  géné- 
rales. Aujourd'hui  les  Minéralogistes,  en 
partant  de  principes  certains,  peuvent  arri- 
ver à  des  résultats  comparables;  ils  mar- 
chent vers  leur  but  d'un  pas  assuré,  en  tenant 
d'une  main  le  flambeau  des  théories,  et  de 
l'autre,  celui  de  l'observation  ou  de  l'expé- 
rience. 

Ce  n'est  que  du  commencement  de  ce 
siècle  que  date  la  nouvelle  ère  de  la  Mi- 
néralogie, car  c'est  Hauy  qui  a  eu  le  mérite 
de  poser  les  véritables  bases  de  la  science  ; 
et  il  l'a  fait  avec  tant  de  bonheur,  qu'il  n'y 
a  presque  rien  à  changer,  ni  à  ajouter  aux 
principes  qu'il  a  établis  pour  la  formation 
des  espèces.  Si  l'on  remonte  au-delà  de  l'é- 
poque d'Haiiy,  on  voit  la  Minéralogie  es- 
sayer de  se  former  en  corps  de  doctrine  tout 
au  plus  dans  la  première  moitié  du  siècle 
précédent.  Elle  est  donc  sous  tous  les  rap- 
ports une  science  moderne;  cependant, 
comme  elle  a,  dans  un  si  court  intervalle 
de  temps,  changé  plusieurs  fois  de  face,  il 
ne  sera  pas  inutile  de  faire  ici,  en  peu  de 
mots,  l'histoire  de  sa  marche  et  de  ses  pro- 
grès depuis  un  siècle. 

Les  divergences  d'opinion  qui  ont  divisé 
et  qui  divisent  encore  les  Minéralogistes  en 
plusieurs  écoles  distinctes  et  profondément 
séparées,  tiennent  à  la  diversité  des  points 
de  vue  sous  lesquels  ils  ont  envisagé  les  Mi- 
néraux, et  au  choix  qu'ils  ont  cru  pouvoir 
faire  de  telle  ou  telle  classe  de  propriétés, 
pour  établir  leurs  principes  de  spécification 
et  de  classification,  en  excluant  toutes  les 
autres,  ou  du  moins  en  ne  leur  accordant 
qu'une  place  insignifiante.  Aussi  peut-on 
distinguer  autant  d'écoles  de  Minéralogistes, 
dont  chacune  a  eu  son  temps  de  vogue,  qu'il 
y  a  de  classes  ou  de  divisions  importantes 
parmi  les  caractères.  Or,  les  caractères  des 
Minéraux  se  partagent  assez  naturellement 
en  caractères  extérieurs,  caractères  chi- 
miques, et  caractères  physiques;  ces  der- 
niers ont  été  subdivisés  en  caractères  géo- 
métriques ou  cristallographiques,  et  en  ca- 
ractères physiques  proprement  dits,  ce  qui 
fait  en  tout  quatre  classes  principales.  Eh 
bien,  à  chacune  de  ces  quatre  divisions  cor- 
respond une  école  particulière  de  Minéra- 
logistes, dans  laquelle,  toutefois,  il  faut 
comprendre ,  non  pas  seulement  ceux  qui 
n'ont  eu  égard  qu'à  une  seule  classe  de  ca- 


ractères, mais  encore  tous  ceux  qui  lui  ont 
assigné  le  plus  haut  degré  d'importance, 
qui  lui  ont  attribué  une  prépondérance 
marquée  sur  toutes  les  autres. 

C'est  dans  le  nord  de  l'Europe,  en  Suède 
et  dans  la  Saxe,  que  s'est  développée  la 
première  école,  celle  qu'à  l'exemple  de 
M.  Al.  Brongniart,  nous  appellerons  V école 
empirique,  parce  qu'elle  se  fondait  unique- 
ment sur  le  témoignage  des  sens ,  n'accor- 
dant d'attention  qu'aux  caractères  exté- 
rieurs, à  ceux  que  nous  constatons  à  l'aide 
de  nos  seuls  organes  et  sans  le  secours  d'au- 
cun instrument.  Ses  représentants  les  plus 
célèbres  ont  été,  en  Suède,  Bromel  et  Wal  • 
lérius,  et  en  Saxe,  Werner.  Ce  dernier  peut 
en  être  considéré,  sinon  comme  le  fonda- 
teur, du  moins  comme  le  véritable  chef;  il 
s'est  efforcé  de  ramener  1»  détermination 
empirique  des  Minéraux  à  des  procédés  mé- 
thodiques, et  il  est  parvenu  à  définir  tous 
leurs  caractères  extérieurs  avec  une  préci- 
sion inconnue  avant  lui.  On  n'a  pas  tardé 
à  reconnaître  l'insuffisance  de  pareilles  mé- 
thodes, et  l'école  empirique  a  fini  par  se 
transformer  et  par  se  fondre  dans  les  écoles 
géométrique  et  chimique.  Aujourd'hui  elle 
n'est  plus,  et  peut-être  méconnaît-on  un 
peu  trop  les  services  qu'elle  a  rendus  à  la 
science;  il  semble  qu'on  ait  complètement 
perdu  de  vue  l'utilité  dont  peuvent  être 
des  caractères  extérieurs,  définis  avec  tout 
le  soin  qu'y  mettait  l'école  de  Freyberg.  Ils 
ont  une  véritable  importance,  lorsqu'il  s'agit 
non  pas  de  déterminer  une  espèce ,  mais 
d'en  décrire  les  variétés,  de  telle  sorte  que 
la  description  les  fasse  aisément  recon- 
naître. 

La  seconde  école  ,  que  nous  appellerons 
V école  chimique,  comprend  les  minéralo- 
gistes qui  ont  fondé  principalement,  ou 
même  uniquement,  leurs  principes  de  clas- 
sification sur  la  composition  chimique,  telle 
que  la  donne  l'analyse.  Ce  sont,  entre  au- 
tres, parmi  ceux  du  siècle  dernier,  Cron- 
stedt,Bergmann  etKirwan,  et  de  nos  jours, 
l'illustre  Berzélius.  Certes,  nous  sommes 
bien  éloigné  de  vouloir  contester  l'impor- 
tance des  caractères  chimiques  pour  la  dé- 
termination des  espèces  ;  nous  pensons  au 
contraire  qu'ils  sont  en  Minéralogie  des  ca- 
ractères de  première  valeur.  Cependant  il 
est  facile  de  se  convaincre  de  leur  insuffi- 


MIN 


MIN 


233 


sance dans  beaucoup  de  cas  et  de  la  néces- 
sité de  les  combiner,  soit  avec  le  caractère 
delà  forme,  soit  avec  les  indications  des 
propriétés  physiques.  C'est  donc  à  tort  que 
plusieurs  chimistes ,  méconnaissant  la  vé- 
ritable nature  et  l'importance  du  rôle  du 
naturaliste,  ont  cru  pouvoir,  dans  la  for- 
mation et  le  classement  des  espèces  miné- 
rales,  se  borner  aux  seuls  résultats  de  l'a- 
nalyse, réduisant  la  Minéralogie  à  n'être 
plus  qu'un  simple  appendice  de  la  chimie 
minérale,  et  par  là  l'annulant  ou  l'absor- 
bant tout  entière  au  profit  de  leur  science. 

En  même  temps  que  se  développait  l'é- 
cole dont  nous  venons  de  parler,  d'autres 
savants  cherchaient  de  leur  côté  à  faire 
prévaloir  les  diverses  catégories  de  carac- 
tères physiques,  et  l'on  a  vu  surgir  une 
école  nouvelle,  Y  école  physique,  qui ,  en 
se  fractionnant  successivement,  a  produit 
l'école  géométrique  ou  des  cristallographes, 
celle  des  naturalistes  purs,  et  enfin,  celle 
des  Minéralogistes  opticiens.  Linné,  qui 
porta  son  remarquable  esprit  d'investiga- 
tion sur  toutes  les  parties  de  l'histoire  na- 
turelle, est  le  premier  qui  introduisit  dans 
la  science  des  minéraux  l'importante  consi- 
dération de  la  forme  cristalline.  Mais,  tout 
préoccupé  qu'il  était  de  certaines  idées 
cristallogéniques  complètement  erronées,  il 
ne  sut  pas  en  tirer  un  parti  convenable. 
L'école  géométrique  a  été  surtout  représen- 
tée par  Rome  de  l'isle  et  Haiiy  en  France  , 
et  par  Weiss  et  Mohs  en  Allemagne.  Obser- 
vons toutefois  qu'Hatiy,  bien  qu'il  ait  eu 
une  sorte  de  prédilection  pour  le  caractère 
de  la  forme  ,  a  toujours  attaché  une  grande 
importance  aux  autres  caractères  physiques, 
aussi  bien  qu'à  la  composition  chimique; 
et  pour  cela,  il  mérite  que  nous  lui  don- 
nions un  rang  à  part,  comme  nous  le  ferons 
tout-à-I'heure. 

Quant  à  Mohs ,  il  est  devenu  le  chef  d'une 
école  particulière,  dans  laquelle  il  a  été 
précédé  par  Daubenton  et  suivi  par  Brei- 
thaupt  ;  c'est  celle  des  naturalistes  purs  qui, 
voulant  en  quelque  sorte  prendre  leur  re- 
vanche du  dédain  que  les  chimistes  avaient 
manifesté  pour  les  caractères  physiques, 
repoussent  à  leur  tour  toutes  les  données 
de  la  chimie,  prétendant  qu'elle  ne  saurait 
fournir  des  caractères  inhérents  aux  espèces 

et  propres  à  l'histoire  naturelle,  parce  qu'elle 
t.  vin. 


dénature  les  Minéraux;  et  que  la  cristallo- 
graphie et  la  physique  peuvent  seules  nous 
les  dépeindre  et  nous  les  représenter  tels 
qu'ils  sont  réellement.  Sans  vouloir  nous 
livrer  en  ce  moment  à  une  discussion  ap- 
profondie de  la  valeur  de  cette  opinion  , 
nous  nous  bornerons  à  une  seule  observa- 
tion ,  qui  nous  paraît  suffisante  peur  mon- 
trer que  l'école  de  Mohs  a  poussé  jusqu'à 
l'exagération  la  rigueur  de  ses  principes.  Si 
nous  avions  des  organes  assez  délicats,, 
ou  des  microscopes  assez  puissants  pour 
nous  permettre  de  voir  et  de  toucher  les. 
molécules  physiques  des  Minéraux,  nous1 
reconnaîtrions  alors  que  les  molécules  sont 
des  groupes  composés  d'atomes,  parfaite- 
ment déterminés  dans  leur  forme  et  leur 
structure  ;  et  la  constitution  moléculaire, 
tombant  immédiatement  sous  nos  sens,  ren- 
trerait alors  dans  la  classe  des  caractères 
que  Mohs  regarde  comme  naturels.  Ne  pou- 
vant la  connaître  ainsi  par  l'observation  im- 
médiate, nous  tâchons  d'y  parvenir  par  des 
voies  moins  directes,  en  suppléant  au  té- 
moignage des  sens  par  les  déductions  tirées 
des  résultats  de  l'analyse  chimique  et  de 
l'ensemble  des  faits  cristallograpbiques. 

Nous  ajouterons  encore  une  réflexion  : 
Mohs  a  cherché  à  établir  un  parallèle  entre 
la  chimie  et  l'anatomie  d'une  part,  la  Mi- 
néralogie et  la  zoologie  d'une  autre  part , 
et  il  a  soutenu  que  les  rôles  du  chimiste  et 
du  Minéralogiste  étaient  aussi  nettement 
séparés  que  le  sont  ceux  de  l'anatomiste  et 
du  zoologiste.  Selon  lui,  le  zoologiste  ne 
peut  pas  raisonnablement  fonder  ses  moyens 
de  reconnaissance  sur  des  caractères  aussi 
profondément  cachés  que  les  caractères  ana- 
tomiques,  et  sur  des  différences  que  le  scal- 
pel seul  peut  lui  révéler.  Il  lui  paraît  ab- 
surde ,  ou  du  moins  par  trop  étrange  ,  que , 
pour  déterminer  le  nom  d'un  animal  vivant, 
on  soit  dans  l'obligation  de  le  mutiler  ou 
de  le  détruire.  Le  zoologiste  doit  donc  cher- 
cher à  combiner  les  caractères  extérieurs , 
de  manière  qu'ils  traduisent  et  représentent 
exactement  les  caractères  plus  profonds  qui 
échappent  à  l'observation  directe.  Ce  rai- 
sonnement a  bien  sa  valeur  sans  doute  ; 
mais  l'assimilation  que  Mohs  prétend  faire 
de  la  Minéralogie  avec  la  zoologie  n'est  pas 
exacte;  les  Minéraux  n'offrant  jamais  ce  ca- 
ractère d'individualité  qui  se  ren rentre  si 

30 


234 


MIN 


MIN 


fréquemment  parmi  les  animaui ,  le  cas 
n'est  pas  le  même  pour  le  Minéralogiste , 
qui  peut  détacher  sans  scrupule  une  par- 
celle du  Minéral  à  déterminer,  le  reste  de 
la  masse  n'éprouvant  par  là  aucune  alté- 
ration. 

Enfin,  comme  une  dernière  fraction  de 
l'école  physique,  nous  devons  mentionner 
celle  des  physiciens,  qui  ont  fait  une  étude 
spéciale  de  l'optique  minéralogique ,  et  à 
laquelle  appartiennent  M.  Brewster  en  An- 
gleterre, MM.  Biot  et  Babinet  en  France. 

Gomme  on  le  voit ,  la  Minéralogie ,  dans 
chacune  de  ses  phases  successives,  s'est  si- 
gnalée par  le  caractère  éminemment  exclu» 
sif  de  son  point  de  vue  et  de  ses  moyens  de 
recherche.  Dans  son  état  actuel,  elle  nous 
offre  un  caractère  tout  opposé  ,  une  sorte  de 
tendance  à  l'éclectisme.  Empruntant  à  cha- 
que école  ce  qui  lui  appartient  en  propre, 
et  ne  négligeant  aucun  moyen  d'investiga- 
tion ,  s'il  peut  être  utile ,  au  lieu  de  cher- 
cher à  restreindre  ses  procédés,  elle  les 
multiplie  le  plus  possible  ;  elle  fait  appel 
aux  savants  qui  peuvent  lui  ouvrir  de  nou- 
velles voies  de  recherche.  Elle  tire  des  se- 
cours non  seulement  de  la  chimie,  mais  de 
toutes  les  parties  de  la  physique  et  de  la 
géométrie  elle-même,  persuadéeque  ces  di- 
verses sciences,  en  s'associant,  se  prêtent 
un  appui  mutuel ,  et  que  leurs  résultats  ne 
peuvent  que  gagner  à  se  contrôler  les  uns 
par  les  autres.  Ce  contrôle  si  précieux  a  lieu 
en  vertu  du  principe  de  la  corrélation  des 
caractères  qui  correspond  dans  les  Minéraux 
à  celui  de  l'harmonie  des  organes  chez  les 
êtres  vivants.  On  reconnaît,  en  effet,  entre 
les  différents  caractères  du  Minéral ,  lors- 
qu'on le  prend  dans  son  plus  grand  état  de 
perfection,  qui  est  l'état  cristallin,  des  lois 
de  coexistence  qui,  bien  qu'établies  par 
l'observation  seule  et  par  la  répétition  con- 
stante du  rapport  observé,  ont,  en  histoire 
naturelle,  lamême  valeur  scientifique  queles 
lois  du  physicien  ou  les  formules  du  géo- 
mètre; car  elles  permettent  de  conclure,  du 
connu  à  l'inconnu ,  des  propriétés  extérieu- 
es  et  visibles  à  celles  qui  sont  intérieures 
et  cachées. 

L'ère  nouvelle  de  la  Minéralogie  date  de 
l'apparition  du  grand  ouvrage,  dans  lequel 
Hatiy  a  posé  les  bases  de  la  spécification  du 
règne  minéral.  Jusque  là,  la  science  n'a-  J 


vaiteu  pour  diriger  sa  marche  aucun  prin- 
cipe certain,  aucune  règle  fixe.  Hauy  est  le 
premier  auteur  qui  ait  cherché  à  donner  une 
définition  rigoureuse  de  l'espèce ,  et  à  déter- 
miner les  caractères  qui  doivent  établir  l'i- 
dentité du  Minéral.  Selon  lui,  l'espèce  est 
la  collection  de  tous  les  individus  dont  les 
molécules  physiques  sont  semblables  en  tout 
point,  c'est-à-dire  de  même  forme  et  de 
même  composition  atomique.  Elle  a  donc 
deux  caractères  fondamentaux  d'une  égale 
importance,  dont  l'un  est  la  composition 
anatomique,  telle  qu'on  la  conclut  des  ana- 
lyses ,  et  l'autre  est  la  forme  de  la  molécule, 
ou, ce  qui  revient  au  même,  la  forme  cris- 
talline. —  Cette  définition  est  claire,  pré- 
cise et  fondée  sur  les  raisons  les  plus  évi- 
dentes. Tout  nous  porte  à  croire,  en  effet, 
qu'un  Minéral  pur  n'est  qu'une  masse  for- 
mée par  l'agglomération  des  molécules  iden- 
tiques; l'essence  de  l'espèce  minérale  réside 
donc  dans  l'unité  de  la  molécule  physique, 
de  cet  élément  infiniment  petit  et  invi- 
sible pour  nous,  mais  qui,  en  se  multipliant 
un  très  grand  nombre  de  fois,  engendre  les 
masses  minérales  sensibles.  Autant  il  se 
trouve  de  corps  dont  les  molécules  diffè- 
rent, autant  il  y  a  d'espèces  à  distinguer. 

Mais  on  a  reconnu  en  chimie  que  la  mo- 
lécule physique ,  ou  le  dernier  terme  de  la 
division  moléculaire  opérée  par  la  chaleur, 
n'était  pas  toujours  la  même  chose  que  le 
dernier  terme  de  la  division  produite  par 
l'action  chimique;  les  Minéraux  sont  consti- 
tués généralement  de  manière  que  leurs 
atomes  élémentaires  sont  d'abord  combinés 
entre  eux  en  une  molécule  chimique,  de  type 
et  de  forme  parfaitement  définis, et  qu'en- 
suite ces  molécules  chimiques  sont  groupées 
de  nouveau  par  petits  nombres  pour  former 
une  seconde  espèce  de  molécules,  tout  aussi 
bien  déterminée  de  forme  que  la  première, 
et  qui  est  la  véritable  molécule  physique.  Il 
y  a  donc,  dans  les  Minéraux,  deux  points 
fixes  différents ,  auxquels  on  peut  s'arrêter 
pour  en  faire  la  base  de  l'espèce;  et  par 
conséquent  on  conçoit  comme  possibles  deux 
sortes  d'espèces  ,  une  espèce  purement  chi- 
mique ,  fondée  uniquement  sur  l'identité 
delà  molécule  chimique,  et  une  espèce  phy- 
sico-chimique ou  minéralogique,  fondée  sur 
l'identité  de  la  molécule  physique,  et  par 
conséquent  sur  l'identité  de  la  composition 


MIN 


MIN 


235 


chimique  et  de  la  constitution  physique  tout 
ensemble.  Or,  c'est,  en  effet,  ce  que  nous 
apprend  l'histoire  de  la  science.  L'espèce 
minérale  a  été  établie  tantôt  d'une  manière 
et  tantôt  de  l'autre.  Les  chimistes ,  se  préoc- 
cupant avant  tout  de  la  composition  chi- 
mique ,  ont  considéré  comme  étant  de  même 
espèce  tous  les  corps  dans  lesquels  la  molé- 
cule chimique  était  la  même ,  faisant  bon 
marché  de  toutes  les  modifications  qui  pou- 
vaient avoir  lieu  en  dehors  de  cette  molé- 
cule. Les  Minéralogistes,  au  contraire,  en 
leur  qualité  de  physiciens  naturalistes,  ont 
attaché  avec  raison  une  grande  importance 
aux  différentes  constitutions  physiques ,  et 
pour  eux  le  caractère  de  l'espèce  réside  dans 
la  molécule  physique,  ou ,  ce  qui  revient  au 
même, dans  l'identité  de  constitution  phy- 
sique ,  laquelle  suppose  nécessairement  l'i- 
dentité de  composition  chimique.  Dans  cette 
divergence  d'opinions  entre  les  chimistes  et 
les  Minéralogistes,  il  n'y  a  rien  qui  doive 
surprendre  :  on  conçoit  très  bien  que  les 
deux  sciences  aient  chacune  leur  point  de 
vue  particulier,  et  qu'en  même  temps  elles 
puissent  s'entendre  parfaitement  ,  en  te- 
nant compte  de  la  différence  des  points  de 
départ. 

Quelques  naturalistes,  parmi  ceux  qui 
s'adonnent  à  l'étude  de  l'organisation,  ayant 
cherché  à  établir  une  comparaison  entre  la 
Minéralogie  et  les  sciences  organiques,  ont 
prétendu  que ,  dans  le  règne  minéral ,  il  n'y 
avait,  à  proprement  parler,  ni  espèces  ni 
individus  ,  et  cela  pour  avoir  perdu  de  vue 
la  véritable  définition  de  l'espèce,  et  s'être 
trop  préoccupés  de  celle  par  laquelle  on  la 
remplace  ordinairement;  ils  n'ont  pas  sé- 
paré dansleurespritdeux  faits  bien  distincts, 
celui  de  l'existence  présente  de  certains  ty- 
pes d'organisation,  végétaux  ou  animaux  , 
et  celui  de  leur  multiplication  dans  le  temps 
et  dans  l'espace ,  ou  de  leur  propagation  par 
voie  de  génération  successive.  Ces  deux  faits, 
a  la  vérité,  paraissent  toujours  concomi- 
tants; mais  il  n'y  a  point  entre  eux  de  rap- 
port tellement  nécessaire  que  l'un  ne  puisse 
être  conçu  sans  l'autre. 

Dans  les  règnes  organiques  ,  les  individus 
d'une  même  espèce  naissent  les  uns  des  au- 
tres; mais  ce  mode  de  propagation  des  in- 
dividus ne  constitue  pas  la  véritable  es- 
sence des  espèces:  elle  consiste,  selon  nous, 


dans  un  type  d'organisation  défini ,  qui  se 
répète  le  même  dans  un  grand  nombre 
d'individus  ;  peu  importe  la  manière  dont 
s'opère  cette  multiplication  d'individus  sem- 
blables. Que  l'on  fasse,  pour  un  moment, 
abstraction  des  faits  de  la  reproduction;  en 
supposant  permanente  la  création  actuelle  , 
les  espèces  n'en  seront  pas  moins  bien  limi- 
tées que  dans  l'état  réel  des  choses;  elles 
pourront  toujours  se  distinguer  entre  elles 
par  les  caractères  qui  leur  sont  inhérents, 
par  les  différences  qui  ressortent  de  leur 
organisation.  En  Minéralogie,  il  y  a  des 
espèces  par  la  raison  seule  que  les  molé- 
cules physiques  ont  des  types  de  composition 
aussi  fixes ,  aussi  bien  déterminés  que  les 
types  des  espèces  organiques.  Nous  le  répé- 
tons, c'est  l'existence  et  la  fixité  de  types  ri- 
goureusement déterminables  qui  constituent 
l'essence  des  espèces ,  et  c'est  la  répétition 
exacte  du  même  type  dans  plusieurs  corps 
ayant  chacun  une  existence  à  part  qui  fait 
les  individus. 

De  la  définition  de  l'espèce  donnée  par 
Hauy  il  résulte  évidemment  que  l'analyse 
chimique  est  impuissante  pour  caractériser 
seulela  natured'un  Minéral  ;  qu'elle  ne  nous 
fait  connaître  que  la  composition  apparente 
ou  relative,  et  non  la  composition  réelle  ou 
absolue;  et  qu'il  y  a  quelque  chose  à  voir 
au-delà  de  son  résultat.  D'un  autre  côté , 
la  forme  cristalline  peut  bien  nous  repré- 
senter la  disposition  relative  des  atomes  ; 
elle  peut  même  dépendre  en  partie  de  leur 
nombre;  mais  elle  ne  nous  apprend  rien  de 
leur  nature,  et  par  conséquent  l'interven- 
tion de  la  chimie  est  nécessaire  pour  com- 
pléter la  connaissance  de  l'espèce.  Il  faut 
donc  faire  concourir  à  sa  détermination  les 
deux  caractères;  il  est  impossible  de  ne  pas 
admettre  celte  conséquence  logique.  Le 
principe  posé  par  Haiïy  est  définitivement 
acquis  à  la  science,  et  il  sera  désormais  le 
point  de  départ  de  toute  classification  qui 
aura  des  prétentions  au  titre  de  méthode 
naturelle. 

Les  nouveaux  principes  introduits  dans 
la  science  depuis  l'époque  d'Haûy  ne  sont 
aucunement  contraires  à  la  règle  de  spéci- 
fication qu'il  a  établie.  Celui  de  l'isomérie 
lui  est  tout-à-fait  favorable  ;  car  c'est  pré- 
cisément en  s'appuyant  sur  des  modifica- 
tions du  genre  de  celles  qu'on  a  depuis  ap- 


236 


MIN 


pelées  homériques ,  sur  des  changements 
intra-moléculaires,  sur  les  différences  de 
rôle  que  les  mêmes  atomes  lui  paraissaient 
pouvoir  jouer  dans  des  corps  de  même  com- 
position, qu'il  fondait  la  nécessité  d'ad- 
joindre la  forme  à  la  composition  ,  comme 
caractère  spécifique.  L'isomérie  étant  favo- 
rable au  principe  d'Haiiy,  le  dimorphisme  ne 
saurait  lui  être  contraire  si ,  comme  nous 
le  pensons,  et  comme  le  croient  beaucoup 
de  Minéralogistes  et  même  de  chimistes,  les 
faits ,  peu  nombreux  d'ailleurs ,  qu'on  a  dé- 
signés par  ce  nom  ne  sont  que  des  cas  par- 
ticuliers d'isomérie,  et  ne  constituent  par 
conséquent  qu'un  faux  dimorphisme  appa 
rent  (Voy.  isomérie).  Il  n'y  aurait  qu'un  di- 
morphisme réel  qui  pourrait  faire  difficulté 
et  nécessiter  peut-être  quelque  modification 
au  principe  d'Haûy;  et  par  dimorphisme 
réel  nous  entendons  le  cas  de  deux  miné- 
raux qui,  ayant  mêmes  molécules  physiques, 
cristalliseraient  dans  des  systèmes  diffé- 
rents. Mais  rien  ne  prouve  encore  qu'il  en 
soit  ainsi;  c'est  jusqu'à  présent  un  cas  pu- 
rement hypothétique  ;  et  en  attendant  qu'on 
fournisse  la  preuve  de  sa  réalité ,  il  n'y  a 
rien  à  changer  à  la  définition  d'Haiiy  ;  et  la 
preuve  la  plus  manifeste  de  la  solidité  de  ce 
principe,  c'est  que  les  Minéralogistes  (même 
ceu»  qui  semblent  portés  à  admettre  le  di- 
morphisme comme  réel)  n'en  continuent 
pas  moins  d'établir  la  distinction  des  espèces 
d'après  l'ancienne  règle. 

Quanta  l'isomorphisme,  cet  autre  prin- 
cipe ,  qui  est  aussi  venu  enrichir  nouvelle- 
ment la  science ,  il  est  évident  qu'il  n'a  rien 
de  contraire  à  cette  règle ,  puisqu'il  ne  suffit 
pas  que  deux  Minéraux  aient  la  même  forme 
pour  être  de  la  même  espèce,  et  qu'il  faut 
en  outre  que  ces  minéraux  s'accordent  sous 
le  rapport  de  la  composition. 

Les  espèces  étant  formées  ,  il  reste  à  voir 
d'après  quels  principes  on  établira  leur  clas- 
sification ,  comment  on  formera  les  genres 
et  autres  divisions  supérieures  de  la  mé- 
thode. Les  espèces  ayant  deux  caractères  fon- 
damentaux, l'un  chimique,  l'autre  cristal- 
lographique,  il  en  résulte  d'abord  qu'il  y  a 
deux  sortes  de  degrés  par  lesquels  on  peut 
se  rapprocher  des  espèces  ou  des  genres  pos- 
sibles, l'un  purement  chimique,  l'autre 
purement  cristallographique.  Celui-ci  se 
forme  par  le  rapprochement  des  espèces , 


MIN 

qui  cristallisent  dans  le  même  système  (ex.: 
genre  rhomboédrique),  le  premier  par  le 
rapprochement  des  espèces  qui  ont  un  prin- 
cipe commun  (ex.  :  genre  Carbonates).  Ces 
deux  genres  peuvent  exister  tous  les  deux, 
à  la  condition  qu'ils  se  subordonnent  I'ud 
à  l'autre,  et  nous  pensons  que  cette  subor- 
dination doit  être  telle  que  le  caractère 
chimique  domine  le  caractère  cristallogra- 
phique. Ce  sera  donc  le  groupe  Carbo- 
nates qui  se  subdivisera  d'après  les  diffé- 
rences de  systèmes  et  non  pas  le  groupe 
Rhomboédrique  qui  sera  divisé  en  Carbo- 
bonates ,  Sulfates,  Phosphates,  etc.  Main- 
tenant, il  est  clair  qu'on  peut  encore  for- 
mer un  troisième  genre ,  en  réunissant  les 
espèces  isomorphes,  c'est-à-dire  celles  qui 
ont  entre  elles  une  double  analogie  de  com- 
position et  de  forme.  Ce  sera  le  genre  phy- 
sico-chimique ou  le  genre  minéralogique 
proprement  dit ,  le  moins  éloigné  de  l'es- 
pèce ,  et  par  conséquent  le  plus  naturel. 

Les  genres  chimiques  peuvent  être  établis 
de  deux  manières ,  selon  que  le  principe 
commun  ,  qui  sert  de  lien  aux  espèces,  est 
le  principe  minéralisé  ou  la  base ,  ou  bien 
le  principe  minéralisateur,  ou  celui  qui  fait 
fonction  d'acide.  De  là ,  plusieurs  sortes  de 
classifications  possibles  au  point  de  vue  chi- 
mique :  les  classifications  par  les  bases , 
comme  celle  d'Haiiy,  les  classifications  par 
les  acides,  comme  celle  de  M.  Beudant,  et 
les  classifications  mixtes,  dans  lesquelles  les 
espèces  sont  groupées  tantôt  par  les  acides , 
et  tantôt  par  les  bases ,  comme  celles  de 
MM.  Brongniart  et  de  Kobell.  Chacune  de 
ces  méthodes  présente  des  avantages;  mais 
dans  l'état  actuel  de  la  science,  le  groupe- 
ment parles  acides  paraît  préférable  ,  parce 
qu'il  laisse  subsister  presque  toutes  les  réu- 
nions qu'indique  l'isomorpbisme ,  et  que 
ces  réunions  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  naturel 
en  Minéralogie.  Les  groupes  d'isomorphes 
sont  la  pierre  de  touche  des  classifications 
modernes;  elles  sont  d'autant  plus  artifi- 
cielles qu'elles  rompent  plus  fréquemment 
et  plus  fortement  les  rapports  de  ce  genre. 
Nous  croyons  donc  qu'il  faut  adopter  les 
groupes  chimiques  de  M.  Beudant,  qui  ne 
sont  rien  autre  chose  que  les  genres  de  la 
chimie  minérale;  seulement  nous  nous  ser- 
vons du  mot  d'ordres  pour  les  désigner, 
afin  de  pouvoir  le  subdiviser  en   tribus, 


MIN 


MIN 


237 


d'après  les  systèmes  cristallins ,  et  en  genres 
proprement  dits,  d'après  l'isomorphisme. 

Le  groupement  par  les  bases  a  bien  aussi 
des  avantages  qu'on  ne  saurait  nier,  surtout 
lorsqu'on  l'applique  aux  substances  métal- 
liques, et  c'est  pour  profiter  de  ces  avan- 
tages ,  et  en  même  temps  de  ceux  qui  ré- 
sultent de  l'autre  mode  de  groupement , 
que  M.  Brongniart  et  quelques  Minéralo- 
gistes ont  cru  devoir  scinder  la  classifica- 
tion en  deux  parts,  et  donner  à  chacune  un 
caractère  différent.  Mais  on  peut  dans  les 
leçons,  aussi  bien  que  dans  les  livres  de 
Minéralogie,  demeurer  conséquent  au  prin- 
cipe que  l'on  a  une  fois  posé,  et  cependant 
ne  laisser  perdre  aucun  des  avantages  réels 
qui  sont  attachés  aux  deux  méthodes;  car 
rien  n'empêche ,  par  exemple ,  après  avoir 
placé  sous  leurs  différents  acides  et  décrit 
séparément  les  espèces  qui  ont  une  même 
base,  de  les  récapituler  toutes  lorsqu'on  a 
fait  l'histoire  de  la  dernière,  et  de  recom- 
poser ainsi  le  genre  de  la  méthode  inverse. 
Quelle  que  soit  la  méthode  que  l'on  suive  , 
il  y  a  de  l'avantage  à  former  ainsi  de  nou- 
veaux rapprochements  entre  les  espèces,  et 
à  multiplier  les  comparaisons  de  toutes  les 
manières  possibles.  C'est  le  seul  moyen  de 
suppléer  à  l'insuffisance  de  nos  méthodes  , 
et  de  remédier  a  ce  qu'elles  ont  d'artificiel. 

En  continuant  de  prendre  pour  guide 
risomorphisme,  on  peut  établir  entre  les 
ordres  chimiques  eux-mêmes  une  dispo- 
sition en  série  assez  rationnelle,  et  à  l'aide 
de  laquelle  on  passe  successivement  et  par 
degrés  des  corps  les  plus  combustibles  aux 
corps  non  combustibles ,  et  des  substances 
les  moins  composées  à  celles  qui  le  sont  le 
plus.  Nous  renvoyons  au  mot  système  mi- 
Wéralogique  pour  les  détails  concernant  ce 
mode  de  classement,  dont  nous  avons  déjà 
Tait  usage,  en  décrivant  dans  ce  Diction- 
naire quelques  uns  des  groupes  principaux 
de  la  Minéralogie.  (Delafosse). 

MINES,  géol.  et  min.  appl.  —  LesMines 
sont  des  ejicavations  faites  dans  le  sein  de 
la  terre  pour  l'extraction  de  certaines  ma- 
tières. On  applique  spécialement  celte  dé- 
nomination aux  exploitations  des  gîtes  mé- 
tallifères et  des  gîtes  généraux,  qui,  par 
leur  importance ,  donnent  lieu  à  des  tra- 
vaux très  développés,  comme  la  houille, 
l'anthracite,  le  sel  gemme,  etc.  Les  exploi- 


tations prennent  le  nom  de  carrières  lors- 
qu'elles sont  ouvertes,  généralement  à  ciel 
ouvert ,  sur  des  gîtes  généraux  qui  four- 
nissent à  l'industrie  les  pierres  de  construc- 
tion ,  telles  que  les  granités,  calcaires,  gyp- 
ses,  grès ,  schistes  ardoisiers,  etc.  Enfin 
certains  gîtes,  tels  que  les  tourbes,  les  fers 
d'alluvions  ,  les  alluvions  aurifères,  qui  s'ex- 
ploitent par  des  travaux  superficiels,  reçoi- 
vent les  noms  de  tourbières ,  minières  et  la- 
vages. 

L'exploitation  des  Mines  remonte  à  une 
époque  très  reculée.  Elle  est  devenue  la 
source  la  plus  immédiate  de  la  prospérité 
commerciale,  en  fournissant  à  l'industrie  la 
plus  grande  partie  des  matières  premières. 
En  général,  la  plupart  des  États  pourraient 
se  suffire  à  eux-mêmes  sous  le  rapport  des 
produits  agricoles;  mais  les  richesses  miné- 
rales ,  réparties  avec  irrégularité,  ont  dû 
amener  entre  eux  des  échanges  nécessaires. 
Les  Mines  métalliques  sont  concentrées  dans 
quelques  districts  circonscrits,  tandis  que 
des  surfaces  immenses  en  sont  totalement 
dépourvues.  La  houille  ,  ce  précieux  com- 
bustible, ne  se  trouve  que  dans  des  bassins 
peu  étendus,  et  presque  tous  accumulés  dans 
la  partie  occidentale  de  l'Europe. 

L'art  des  Mines  ne  reçut  de  grands  déve- 
loppements qu'après  que  les  sciences  physi- 
ques eurent  fait  préalablement  des  progrès 
étendus.  Il  fallait  non  seulement  trouver  le 
minéral ,  mais  en  reconnaître  la  composi- 
tion et  les  propriétés  physiques;  connaître 
les  moyens  de  s'enfoncer  avec  sécurité  dans 
les  profondeurs  de  la  croûte  terrestre , 
quelle  qu'en  fût  la  résistance,  quelques  ob- 
stacles qu'elle  présentât  par  la  présence  de 
voies  d'eau  ,  ou  d'autres  fluides  qui  la  tra- 
versent accidentellement.  Enfin  ,  il  fallait 
aussi  connaître  les  procédés  les  plus  écono- 
miques pour  en  retirer  les  substances  utiles, 
et  Jes  amener  à  l'état  de  pureté.  On  conçoit 
qu'il  dut  s'écouler  bien  des  siècles  avant  que 
l'homme  pût  résoudre  tous  ces  problèmes, 
et  extraire  des  entrailles  de  la  terre  les  ma- 
tières dont  il  a  besoin,  et  qui  concourent  si 
puissamment  au  développement  social. 

Ce  ne  fut  guère  qu'au  commencement  du 
xvuc  siècle  que  les  travaux  des  Mines  se  dé- 
veloppèrent sensiblement,  et  arrivèrent  à 
un  état  satisfaisant  par  l'élude  des  filons,  la 
création  des  méthodes  d'abattage ,  de  trans  - 


238 


MIN 


MIN 


port  et  d'épuisement  des  eaux.  L'emploi  de 
la  poudre  dans  les  Mines  remonte  à  cette 
époque;  jusque  là  l'action  des  outils  et  du 
feu  avait  suffi  aux  exploitations  ;  aussi  le  tra- 
vail était-il  lent  et  pénible.  L'application  de 
la  poudre  fut  un  des  progrès  les  plus  re- 
marquables de  l'art  des  Mines.  Elle  aug- 
menta considérablement  les  produits  en  ac- 
célérant les  travaux.  En  effet,  l'abattage 
même  des  roches  les  plus  dures  cède  à  la 
force  d'expansion  de  la  poudre  enflammée , 
dont  le  gaz  incandescent  égale  instantané- 
ment de  4,000  à  6,000  fois  le  volume  pri- 
mitif de  la  poudre.  Que  de  travaux  longs  et 
dispendieux  n'a-t-elle  pas  épargnés  depuis 
son  application  !  Autrefois  il  fallait  toute  la 
persévérance  forcée  des  malheureux  condam- 
nés aux  travaux  des  Mines  pour  entreprendre 
la  perforation  des  roches  quartzeuses  et  gra- 
nitiques, dont  l'abattage  ne  devait  s'opérer 
qu'avec  une  lenteur  désespérante.  L'emploi 
de  la  poudre  abrégea  donc  les  efforts  des 
hommes  en  leur  facilitant  l'accès  des  mine- 
rais enfouis  dans  les  abîmes  ,  que  l'on  ju- 
geait jusqu'alors  impénétrables  avec  le  seul 
secours  des  outils. 

Les  gîtes  de  minéraux  utiles  se  divisent 
en  gîtes  généraux  et  en  gites  particuliers. 
Les  premiers  forment  des  masses  puissantes 
et  étendues  qui  constituent  des  terrains  ou 
parties  de  terrains  de  la  série  géologique; 
les  seconds  sont  des  masses  minérales  ac- 
cidentelles qui  se  présentent  isolées  au  mi- 
lieu des  gîtes  généraux,  dont  elles  diffèrent 
par  leur  nature.  Lorsque  ces  gîtes  particu- 
liers sont  l'objet  d'exploitation  pour  en  re- 
tirer les  matières  utiles  qu'ils  renferment, 
on  les  nomme  gîtes  de  minerais 

Parmi  les  gîtes  de  minerais  ,  les  uns  pa- 
raissent être  de  formation  contemporaine  à 
celle  des  terrains  qui  les  encaissent;  ce  sont  : 
les  bancs ,  les  amas  parallèles ,  formés  de 
minerais  ou  d'autres  substances  étrangères 
au  terrain  ;  les  autres,  au  contraire,  sont  de 
formation  postérieure  à  celle  des  terrains 
dans  lesquels  ils  sont  enclavés  :  tels  sont  les 
filons,  les  amas  entrelacés,  les  amas  trans- 
versaux et  les  amas  irréguliers.  Us  alimen- 
tent la  presque  totalité  des  exploitations  mé- 
talliques. 

Les  filons  sont  des  gîtes  d'une  forme  assez 
plane  ,  d'une  épaisseur  généralement  peu 
considérable,  mais  assez  étendus  dans  leurs 


autres  dimensions;  ils  résultent  de  fentes 
ou  cassures  plus  ou  moins  considérables  dans 
la  croûte  solide  du  globe ,  et  postérieure- 
ment remplies  par  diverses  substances  mi- 
nérales, parmi  lesquelles  se  trouvent  les 
minerais.  Ces  gîtes  sont  astreints  à  des  loi* 
de  régularité  dans  leur  forme,  leur  compo- 
sition et  leur  allure.  Ainsi  les  filons  d'une 
même  époque  ont  une  composition  identi- 
que, et  sont  parallèles  entre  eux.  Quelque- 
fois ils  sont  coupés  par  d'autres  filons  pos- 
térieurs, qui  affectent  des  caractères  diffé- 
rents de  composition  et  de  direction.  En 
général  les  filons  se  terminent  en  coin  à  leur 
partie  inférieure,  ils  se  bifurquent  en  tra- 
versant des  terrains  moins  résistants,  et, 
dans  ce  cas,  ils  s'appauvrissent  considéra- 
blement (voy.  l'article  filon  de  ce  Diction- 
naire pour  leur  mode  de  formation). 

On  distingue  plusieurs  parties  dans  un 
filon  :  ainsi  on  appelle  toit  la  paroi  supé- 
rieure du  filon,  et  mur  la  paroi  inférieure; 
la  distance  entre  ces  deux  parois  constitue 
la  puissance  du  filon.  La  tête  est  la  partie 
du  filon  la  plus  voisine  de  la  surface  ;  elle 
prend  le  nom  d'affleurement,  lorsqu'elle  se 
montre  au  jour;  la  partie  la  plus  profonde 
du  filon  prend  le  nom  de  queue.  Générale- 
ment elle  diminue  de  puissance  à  mesure 
qu'elle  s'enfonce.  Souvent  le  toit  et  le  mur 
sont  séparés  du  gîte  métallique  par  des  ro- 
ches d'une  autre  nature  que  la  masse,  et 
souvent  argileuses  :  ces  parties  sont  les  sal- 
bandes.  On  appelle  épontes  les  parois  de  ro- 
ches encaissantes  qui  forment  le  toit  et  le 
mur  du  filon.  La  ligne  d'intersection  d'un 
plan  horizontal  avec  le  plan  d'un  filon  en 
détermine  la  direction  ;  {'inclinaison  est 
l'angle  que  forme  le  plan  de  direction  avec 
l'horizon. 

Les  filons  s'étendent  quelquefois  à  des 
distances  considérables  dans  le  sens  de  leur 
direction.  Leur  puissance  varie  de  0M,10 
jusqu'à  40  et  50  mètres.  Le  plus  générale- 
ment la  puissance  est  au-dessous  de  2  mè- 
tres. Les  minerais  s'y  trouvent  mélangés 
avec  des  matières  pierreuses  qu'on  nomme 
gangues.  Ces  gangues  sont  principalement 
composées  de  Silice  sous  forme  de  Quartz,  j 
de  Jaspe  ou  d'Agates;  de  Chaux  carbonatée,  * 
de  Chaux  fluatée,  et  de  Baryte  sulfatée;  ra- 
rement elles  sont  d'une  seule  espèce.  Quel- 
quefois cependant  l'une  de  ces  espèces  do- 


MIN 


MIN 


239 


mine  soit  dans  certaines  parties  du  filon  , 
soit  dans  le  filon  en  entier. 

Les  premiers  travaux  d'une  Mine  sont 
destinés  à  constater  l'existence  du  gîte,  sa 
position,  sa  direction,  son  inclinaison  et  sa 
richesse  probable.  Ces  travaux  de  recherches 
se  font  soit  au  moyen  de  la  sonde,  soit  par 
tranchées,  puits,  et  galeries  souterraines. 

En  faisant  les  puits  et  les  galeries,  on  a 
soin  de  leur  donner  une  solidité  convenable 
en  les  boisant  à  mesure  qu'on  fonce  et  qu'on 
perce,  afin  que  par  la  suite  ils  puissent  ser- 
vir aux  divers  travaux  d'exploitation.  Les 
puits  destinés  à  l'extraction  du  minerai  et 
à  l'épuisement  des  eaux  atteignent  le  niveau 
le  plus  profond  des  travaux;  leur  profon- 
deur varie  généralement  de  50  à  600  mètres. 
Les  galeries  sont  affectées  à  plusieurs  em- 
plois, et  par  suite  prennent  des  noms  spé- 
ciaux :  ainsi  on  nomme  galeries  d'écoule- 
ment, celles  qui  servent  à  l'écoulement  des 
eaux  ;  galeries  de  roulage,  celles  qui  servent 
au  transport  du  minerai;  galeries  d'allon- 
gement, celles  qui  sont  percées  parallèle- 
ment à  la  direction  du  gîte,  et  galeries  de 
traverse,  celles  qui  coupent  transversale- 
ment ces  gîtes. 

Notre  but  n'est  point  de  décrire  tous  les 
travaux  relatifs  à  l'exploitation  des  Mines. 
Il  nous  faudrait  pour  cela  rompre  les  limites 
du  cadre  qui  nous  est  imposé.  Dans  ce  Dic- 
tionnaire uniquement  consacré  à  l'étude 
générale  de  l'histoire  naturelle,  c'est  à  peine 
si  nous  pouvons  donner  une  idée  des  tra- 
vaux hardis  et  ingénieux  que  les  Mineurs 
emploient  pour  extraire  les  masses  miné- 
rales. 

Lorsque  les  travaux  de  recherches  et  pré- 
paratoires pour  l'extraction  d'un  filon  sont 
suffisamment  avancés,  lorsqu'on  a  préparé 
dans  la  mine  la  circulation  de  l'air,  et  une 
issue  à  l'eau  et  aux  déblais ,  on  s'occupe 
d'abord  de  diviser  la  masse  exploitable  en 
massifs  parrallélipipédiques  au  moyen  de 
galeries  d'allongement,  et  de  puits  de  com- 
munication. Ces  galeries  et  ces  puits  ont 
ordinairement  la  largeur  du  filon  quand  il 
est  assez  large  ;  dans  le  cas  contraire ,  on 
entaille  le  toit  et  le  mur  afin  de  donner 
une  ouverture  convenable  pour  les  travaux 
auxquels  on  les  destine.  Ces  travaux  ser- 
vent à  la  fois  à  l'exploitation,  en  don- 
nant déjà  du  minerai,  et  à  la  reconnais- 


sance des  allures  et  de  la  recherche  du  filon, 
dont  on  prépare  de  cette  manière  l'extraction 
successive.  On  procède  à  cette  dernière  opé- 
ration par  deux  méthodes  différentes,  dont 
l'une  consiste  à  attaquer  le  minerai  par 
dessus,  et  l'autre  à  l'attaquer  par  dessous. 
Dans  l'un  et  l'autre  cas,  on  dispose  les  en- 
tailles en  gradins  semblables  pour  faciliter 
les  travaux.  Le  minerai,  détaché  de  son  gîte, 
est  amené  au  jour  au  moyen  de  brouettes 
et  chariots,  quand  les  galeries  aboutissent  à 
la  surface  de  la  terre.  Dans  le  cas  contraire, 
il  est  transporté  jusqu'au  puits  d'extraction, 
et  mis  dans  une  tonne  qu'un  agent  méca- 
nique fait  alternativement  monter  et  des- 
cendre. 

Dans  quelques  Mines,  la  méthode  d'ex- 
ploitation se  fait  à  ciel  ouvert  :  c'est  la  moins 
coûteuse;  en  effet,  la  possibilité  d'opérer  en 
grand  rend  l'abattage  plus  prompt  et  plus 
facile  ;  aussi  cette  méthode  est-elle  préférée 
pour  tous  les  gîtes  peu  distants  de  la  sur- 
face. On  exploite  aussi  de  cette  manière  la 
tourbe,  les  terres  et  les  sables  où  gisent  l'or, 
les  diamants  et  les  minerais  d'alluvions. 

Dans  les  houillères  dont  les  couches  sont 
épaisses,  dont  le  toit  est  difficile  à  soute- 
nir, et  qu'on  veut  exploiter  à  de  grandes 
distances  sans  être  obligé  de  beaucoup 
étayer,  on  exploite  par  chambre.  Ce  sont 
des  tailles  droites  de  10  à  20  mètres  de  lar- 
geur, qui  avancent  dans  la  houille  sans 
galeries  préparatoires,  soit  suivant  la  direc- 
tion des  couches,  soit  suivant  leur  incli- 
naison. Cette  méthode  est  employée  avan- 
tageusement quand  on  craint  le  voisinage 
de  quelques  amas  d'eau  qu'on  peut  recon- 
naître par  le  sondage  ,  et  qu'on  peut  ar- 
rêter par  la  construction  d'une  digue  solide 
derrière  le  front  de  la  taille.  Quand  les 
chambres  sont  larges,  on  a  soin  de  laisser 
des  massifs  de  houille,  comme  moyen  de 
soutènement,  ainsi  qu'une  portion  de  la 
couche  supérieure  quand  le  toit  est  ébou- 
Ieux. 

Les  autres  travaux  les  plus  importants 
des  Mines,  pour  rendre  leur  exploitation 
permanente  et  productive,  consistent  dans 
les  boisage  et  muraillernent ,  le  remblai, 
l'aérage,  l'épuisement  des  eaux  et  la  prépa- 
ration des  minerais.  Nous  allons  en  donner 
rapidement  un  léger  aperçu. 

Lorsque    les    travaux    souterrains    sont 


240 


MIN 


MIN 


pratiqués  dans  des  roches  dures  et  solides, 
les  excavations  se  soutiennent  naturelle- 
ment ;  quelques  légères  précautions  suffisent 
pour  les  maintenir.  Mais  dans  la  plupart 
des  cas  les  roches  sont  fissurées,  se  renflent 
et  se  dilatent  par  le  contact  de  l'air  humide 
et  Je  l'eau,  en  sorte  que  si  elles  n'étaient 
soutenues  par  des  moyens  spéciaux,  elles 
s'ébouleraient  promptement,  et  les  parois  se 
resserreraient  par  l'effet  des  poussées  laté- 
rales. Aussi  les  mineurs  n'attendent  pas  que 
ces  effets  se  produisent  pour  les  combattre. 
La  pratique  leur  fait  promptement  connaître 
quelles  sont  les  roches  qui  ont  plus  ou  moins 
besoin  de  boisage  et  de  muraillement.  Les  bois 
les  plus  généralement  employés  à  cause  de 
leur  action  résistante  sont  le  chêne,  le  sa- 
pin rouge  et  le  hêtre.  On  dispose  le  boi- 
sage de  manière  que  les  pièces  soient  aussi 
courtes  que  possible  et  dans  un  état  de 
tension  général,  en  évitant  de  faire  porter 
la  charge  sur  un  seul  point  d'une  pièce, 
quand  on  peut  répartir  cette  charge  sur 
toute  sa  longueur.  Le  muraillement  s'em- 
ploie pour  les  ouvrages  importants,  à  grandes 
sections  et  qui  doivent  réunir  les  conditions 
d'une  longue  durée  et  d'un  faible  entretien. 
Il  est  également  nécessaire  pour  les  ouvrages 
qui  traversent  des  terrains  argileux  qui  se 
renflent  par  le  contact  de  l'air  et  exercent 
des  pressions  que  le  boisage  aurait  peine  à 
supporter.  Ces  travaux  intérieurs  de  maçon- 
nerie se  font  du  reste  comme  au  jour,  en 
ayant  soin  de  ne  mettre  que  peu  de  mortier 
entre  les  joints. 

Le  remblai  consiste  à  remplir  les  excava- 
tions souterraines,  soit  avec  les  débris  du 
triage,  soit  par  des  matériaux  descendus  de 
la  surface;  il  sert  à  s'élever  sur  un  étage 
ainsi  remblayé  pour  attaquer  un  étage  su- 
périeur, et  continuer  successivement  ainsi. 

Les  causes  qui  vicient  l'air  dans  l'inté- 
rieur des  Mines  sont  produites  par  la  res- 
piration des  ouvriers ,  la  combustion  des 
lampes,  les  explosions  de  la  poudre,  la  dé- 
composition de  certaines  substances,  la  cor- 
ruption des  bois,  et  surtout  les  dégagements 
naturels  de  gaz  délétères  qui  se  font  jour  du 
sein  de  la  terre.  On  se  débarrasse  de  ces 
gaz  à  mesure  qu'ils  se  forment,  en  créant, 
par  la  disposition  des  travaux,  des  courants 
énergiques  pour  amener  leur  diffusion  avec 
l'air  atmosphérique.  Mais  ces  moyens  géné- 


raux ne  suffisent  pas  toujours  :  aussi  l'né- 
rage  des  Mines  est-il  souvent  artificiel.  C'est 
ainsi  qu'avec  le  secours  de  machines  on 
pompe  l'air  intérieur,  ou  l'on  refoule  dans 
les  travaux  l'air  extérieur.  Quelquefois  on 
dispose  un  foyer  sur  un  point;  la  dilatation 
atmosphérique  s'y  établit  aussitôt,  et  déter- 
mine un  courant  d'air,  d'autant  plus  éner- 
gique que  le  foyer  sera  plus  puissant.  On  se 
sert  surtout  de  ce  dernier  procédé  quand 
les  travaux  sont  profonds,  sinueux  et  déve- 
loppés, et  qu'il  s'y  produit  une  proportion 
notable  de  gaz  délétères. 

Indépendamment  des  cours  d'eau  appelés 
nappes  artésiennes,  la  plupart  des  terrains 
donnent  lieu  à  des  infiltrations  qui  tom- 
bent dans  les  Mines  et  entravent  notable- 
ment les  travaux;  il  importe  donc  d'établir 
des  moyens  d'épuisement  proportionnés  à 
la  masse  d'eau  qu'on  doit  extraire  pour 
maintenir  les  travaux  à  sec.  Dans  les  pays 
montagneux  où  l'on  peut  atteindre  le  gîte 
par  des  galeries  partant  du  pied  de  quelques 
vallons,  on  a  ainsi  un  excellent  moyen  pour 
assécher  tous  les  travaux  dont  le  niveau  leur 
est  supérieur.  Mais  lorsque  la  contrée  ne 
permet  pas  la  construction  de  ces  galeries 
d'écoulement,  on  a  recours  aux  pompes  et  à 
tous  les  moyens  mécaniques  pour  l'épuise- 
ment des  eaux. 

La  plupart  des  substances  métallifères 
qu'on  extrait  du  sein  de  la  terre  exigent  une 
préparation  mécanique  avant  d'être  consi- 
dérées comme  minerais  propres  à  être  fon- 
dus. La  première  opération  est  celle  du  cas- 
sage  et  du  triage;  la  gangue  est  rejetée;  le 
minerai  riche  est  livré  aux  fonderies  après 
un  grillage  préalable.  Enfin  ,  la  troisième 
partie  doit  être  hocardée,  c'est-à-dire  brisée 
et  réduite  en  poudre  d'une  ténuité  propor- 
tionnée à  la  finesse  des  particules  du  mi- 
nerai. La  dernière  opération,  qu'on  appelle 
lavage,  a  pour  but  l'isolement  du  minera 
pur  des  corps  étrangers  qui  l'accompagnent. 
Comme  toutes  les  méthodes  de  lavages,  elle 
est  basée  sur  les  différences  de  pesanteur 
spécifique.  Ainsi  les  parties  les  plus  denses, 
et  par  conséquent  les  parties  métallifères 
s'arrêtent  en  gagnant  le  fond  ,  tandis  que 
les  parties  les  plus  légères  remontent  et  sont 
entraînées  par  l'eau.  De  cette  manière  on 
recueille  un  minerai  pur  et  propre  à  être 
fondu. 


r.iiN 


MIN 


241 


Malgré  les  difficultés  que  présentent  les 
travaux  souterrains,  on  est  parvenu,  avec  le 
secours  de  la  boussole  et  de  la  trigonométrie, 
à  diriger  les  travaux  avec  une  rigoureuse 
exactitude.  La  précision  est  telle  que  le  per- 
cement d'une  gajerie  peut  s'entreprendre 
des  deux  côtés  opposés  en  déterminant  à 
l'avance  le  point  où  les  travaux  devront  se 
rencontrer.  Il  en  est  de  même  d'un  puits  ; 
on  sait  en  le  forant  à  quelle  profondeur  il 
rencontrera  un  point  donné  ou  un  gîte  dont 
on  connaît  l'inclinaison. 

Les  Mines,  étant  composées  de  vides  si- 
nueux et  isolés  les  uns  des  autres,  présen- 
tent de  grandes  difficultés  pour  le  levé  des 
plans;  aussi  faut-il  beaucoup  de  soins  pour 
déterminer  isolément  la  forme  et  la  position 
de  chacun  de  ces  vides ,  qu'on  rapporte  en- 
suite sur  le  papier.  Un  bon  plan  de  Mine 
résume  toutes  les  conditions  des  travaux 
souterrains ,  et  dans  une  exploitation  tant 
soit  peu  considérable,  c'est  le  seul  moyen 
qui  permette  d'en  embrasser  l'ensemble. 
Aussi  le  plan  seul  permet  de  répondre  à  une 
foule  de  questions  qu'on  ne  saurait  appré- 
cier en  parcourant  les  travaux. 

L'exploitation  des  Mines,  en  ouvrant  un 
chemin  dans  l'intérieur  de  la  terre,  a  été 
d'un  puissant  secours  pour  la  géologie,  en 
faisant  connaître  les  faits  les  plus  impor- 
tants de  la  composition  de  divers  terrains. 
Elle  a  offert  aussi  un  théâtre  précieux  d'ob- 
servations pour  arriver  à  la  solution  de  l'une 
des  questions  les  plus  importantes  de  la 
physique  du  globe,  c'est-à-dire  de  sa  tem- 
pérature propre.  Ce  fut  vers  le  milieu  du 
xvme  siècle  que  Guettard  etDeluc  publièrent 
quelquesobservations  qui  permirentd'établir 
que  la  température  du  globe  augmente  à 
mesure  qu'on  s'éloigne  de  sa  surface.  Cette 
augmentation  est  générale,  et  elle  a  lieu  à 
peu  près  suivant  la  même  progression  dans 
toutes  les  parties  du  globe  où  il  y  a  des  ex- 
ploitations et  où  l'on  a  pu  faire  des  expé- 
riences. Cette  loi  d'accroissement  delà  tem- 
pérature a  été  récemment  confirmée  par  les 
expériences  faites  pendant  le  forage  du 
puits  artésien  de  Grenelle,  jusqu'à  la  pro- 
fondeur de  5i0  mètres.  Aussi  connaissait- 
on  à  l'avance  quelle  serait  la  température 
des  eaux  qui  jailliraient  de  cette  profondeur. 
L'augmentation  moyenne  de  la  chaleur  cen- 
trale de  la  terre  est  de  1  degré  par  30  mè- 
t.  vm. 


très  de  profondeur.  Cette  belle  théorie,  qui 
repose  sur  des  principes  certains ,  est  deve- 
nue la  principale  base  de  l'édifice  géologique. 
Sous  le  point  de  vue  philosophique,  l'in- 
térieur d'une  Mine  présente  le  plus  vif  in- 
térêt. Les  mœurs  originales  de  cette  popu- 
lation séquestrée  du  monde  des  vivants  , 
ensevelie  dans  les  ténèbres,  dévouée  à  de 
pénibles  travaux,  offrent  un  vaste  champ  à  la 
pensée  de  l'observateur.  Un  sentiment  par- 
ticulier saisit  l'individu  qui  entre  pour  la 
première  fois  dans  ce  monde  souterrain.  Son 
cœur  se  remplit  d'effroi;  il  frissonne  à  la 
vue  de  ces  échelles  perpendiculaires  que 
montent  et  descendent  les  intrépides  Mi- 
neurs. Ce  réseau  de  galeries  qui  se  croisent 
dans  toutes  les  directions ,  ce  labyrinthe 
dans  lequel  on  ne  saurait  pénétrer  sans 
guide,  la  faible  clarté  des  lampes  qui  ré- 
pand une  lumière  sinistre,  au  travers  de 
laquelle  paraissent  et  disparaissent  des  figu- 
res mystérieuses  comme  des  ombres  ,  le 
silence,  enfin ,  qui  n'est  interrompu  que 
par  le  bruit  des  marteaux  des  travailleurs , 
le  bruissement  des  eaux  ,  le  cri  des  roues , 
le  gémissement  monotone  des  machines  qui 
élèvent  le  minerai,  puis  les  détonations 
des  pétards  que  l'écho  multiplie  et  dont  le 
bruits'évanouit  sourdement  :  tout  cela  laisse 
dans  la  mémoire  des  impressions  qui  ne  s'ef- 
facent jamais. 

Quant  à  l'histoire  naturelle  des  Mines 
sous  le  rapport  de  leurs  productions  zoolo- 
giques et  botaniques,  elle  ne  présente  qu'un 
intérêt  fort  médiocre.  En  effet,  le  défaut  de 
lumière,  la  stagnation  de  l'air  nuisent  au 
développement  des  êtres  organisés.  L'homme 
lui-même ,  qui  a  regardé  longtemps  le  tra- 
vail des  Mines  comme  une  punition,  ne  peut, 
sous  peine  de  graves  maladies,  y  soumettre 
perpétuellement  son  existence.  Des  Reptiles 
immondes  ,  quelques  invertébrés  sans  cou- 
leur, des  Champignons,  des  Algues  et  autres 
Cryptogames  sont  les  seuls  êtres  vivants  qui 
composent  la  faune  misérable  et  la  triste 
flore  des  Mines;  mais  on  y  rencontre  quel- 
quefois abondamment  des  corps  organisés  à 
l'état  fossile,  notamment  dans  les  houil- 
lères. 

Nous  ne  saurions  passer  sous  silence  le 
nouveau  gisement  de  diamants  qu'on  vient 
de  découvrir  au  Brésil.  Ces  Emportantes  Mi- 
nes, dont  les  produits  paraissent  incroya- 

31 


242 


MIE 


blcs,  sont  situées  dans  la  Serra  de  Sincura, 
a  coté  de  Caxoeira  ,  ville  voisine  de  celle  de 
ilahia,  capitale  de  la  province.  Déjà  30,000 
individus  se  livrent  à  celte  exploitation,  qui 
n brasse  dès  aujourd'hui)  une  superficie  de 
•  :us  de  120  kilomètres   de   longueur.   La 
uantité  de  diamants  qu'on  en  extrait  est 
prodigieuse  ,  et  a  été  estimée  à  1,450  carats 
par  jour,  ce  qui  fait  annuellement  un  chiffre 
énorme,  environ  vingt  fois  plus  fort  que  le 
produit  annuel  des  anciennes  Mines  du  Bré- 
sil ,   évalué  à  6  ou  7  kilogrammes.  D'après 
Je  long  séjour  qu'un   habile  voyageur  de 
notre  connaissance  a  fait  dans  ces  dernières 
Mines,  notamment  à  Tejuco ,   à    Serra  do 
grand  Magoa,  et  sur  les  rives  de  la  Jiqui- 
tinhona ,  tout  fait   tristement  présager  du 
sort  qui  les  attend.  En  effet,  reléguées  dans 
l'intérieur  des   terres,   elles  manquent  de 
tout;  aussi  les  déceptions  y  sont  elles   fré- 
quentes. Il  n'est  pas  rare  d'y  voir  le  Mineur 
désappointé  abandonner  ces  montagnes  ari- 
des, où  souvent  il  ne  trouve  que  la  mi- 
sère et  la  faim.  L'heureuse  situation  des 
Mines  de  Sincura  promet  au  contraire  une 
exploitation  large  et  durable  ,  car  indépen- 
damment de  l'extrême  abondance  de  leurs 
produits ,  elles  sont  à  proximité  de  plusieurs 
ports  maritimes  formant  le  plus  grand  centre 
de  la  population  brésilienne.  Les  aliments 
ne  sauraient  leur  manquer,  aussitôt  que  les  I 
communications  seront  bien  établies.  Ces  j 
circonstances  auront  pour  résultat  d'attirer 
une  foule  d'étrangers ,  ouvriers  et  mécani-  ; 
ciens ,  dont  les  travaux  mieux  entendus  ne  ! 
pourront  qu'accroître  encore  leurs  immenses   ! 
produits.  Aussi  une  notable  dépréciation  ne  I 


MIN 

pont  manquer  d'atteindre  cette  pierre  pré- 
cieuse ,  qui  toutefois  conservera,  taillée,  une 
haute  valeur. 

Il  nous  resterait  maintenant  à  exposer 
sommairement  la  statistique  des  principales 
Mines  du  globe;  mais  outre  que  ce  travail 
serait  beaucoup  trop  long  pour  notre  cadre, 
il  serait  d'ailleurs  incomplet  et  fastidieux. 
Nous  terminerons  en  donnant  le  tableau  le 
plus  récent  de  la  production  des  métaux  en 
Europe,  que  nous  empruntons  entièrement 
à  l'excellente  Géologie  appliquée  de  M.  A. 
Burat,  en  le  faisant  suivre  des  réflexions 
judicieuses  qui  l'accompagnent. 

«  Les  États  de  l'Europe  ont  été  classés 
ainsi  qu'il  suit,  d'après  l'évaluation  de  leurs 
produits  en  métaux  bruts.  La  Russie,  qui 
est  en  seconde  ligne,  ne  viendrait  qu'après 
PAutriche,  si  l'on  retranchait  ses  produits  de 
ses  mines  situées  en  Asie. 

Angleterre 44o  millions  de  francs. 

Russie  et  Pologne i35 

France i3a 

Autriche (j^ 

Confédci  ation  germanique.  .  Gz 

Espagne 54 

Suède  et  Norwége  ....  5* 

Prusse 49 

Belgique 4o, 

Toscane 15 

Piémont  et  Savoie  ....  11 

Danemateki g 


»  Si  l'on  détaille  actuellement  ces  valeurs 
dont  le  total  s'élève  à  plus  d'un  milliard  de 
francs,  on  reconnaît  qu'il  y  a  des  États  qui 
produisent  à  eux  seuls  la  presque  totalité  de 
certains  métaux. 


Iles  Britanniques.  .  .  . 
Russie  et  Pologne.    .     .     , 

France 

Autriche 

S'K-.lr  et  Norwége     .     .     . 

Espagne 

Tinsse 

Confédération  germanique. 
Belgique  «  Pa\g-.Bus.  .  . 
Piémont ,  Suisse  .  Savoie.  . 

Dânemarek 

Toscane,  île  d'Elbe,  Italie. 


ÉTAIN. 

CUIVRE. 

MERCURE 

ZINC. 

proMiî. 

ARGENT. 

OR, 

FEh.         j      FONTE. 

quint. 

quint. 

quint. 

quint. 

quint. 

marcs. 

marcs 

quint 

quint. 

43,ooo 

j'i4,5oo 

» 

25,000 

275,00,. 

I  ?.,O0O 

» 

3,(iqo,ooo 

7,200,000 

J> 

3o,4oo 

» 

5o,ooo 

7,000 

77,000 

24,000 

1,200,000 

2,000,000 

» 

1  ,000 

» 

» 

4,-0». 

t>.o;>  7 

» 

2,0-j8,000 

3,o83,ooo 

4:>,  000 

3,000 

900 

54,ono 

85,ooo 

4,5oo 

8 jo.ooo 

? 

730 

14,  Soja 

» 

3.5oo 

5ou 

20,700 

7 

1,000,000 

■> 

J> 

Joo 

20,000 

1,000 

25o,ooo 

» 

» 

180,000 

? 

» 

6,4oo 

» 

G,ooo 

71,0110 

:     7  0,000 

» 

800.000 

? 

3,:>oo 

2  ;,ooo 

7,000 

» 

90,00,, 

l.ù.OOO 

120 

820,000 

? 

»> 

» 

» 

20.000 

«V&OCl 

700 

» 

600,000 

i,35o,ooo 

M 

» 

» 

» 

4,00.. 

2,5uo 

25 

255,ooo 

? 

» 

S,5oo 

» 

» 

» 

» 

» 

i3j,ooo 

? 

» 

» 

» 

1       »>• 

M 

B 

280,000 

> 

»  La  production  des  autres  parties  du  j  liées   par  des  rapports  commerciaux  avec 
monde  n'est  connue  qu'autant  qu'elles  sont  |  l'Europe.  Les  exploitations  des  Amériques, 


MIN 


MIN 


243 


par  exemple ,  fournissent  les  ~  de  Vor  et 
de  l'argent  extrait  annuellement;  le  Pérou 
produit  la  plus  grande  partie  du  platine  em- 
ployé dans  les  arts.  Le  Chili  et  le  Mexique 
fournissent  une  quantité  de  mercure  assez 
notable  pour  que  l'importation  européenne 
(destinée  au  traitement  des  minerais  d'or  et 
d'argent  )  ait  subi  une  diminution  sensible. 
Mais  dans  les  riches  contrées  de  l'Asie,  la  pro- 
duction se  suffit  en  grande  partie  à  elle- 
même,  sans  que  nous  en  connaissions  les 
moyens.  La  Chine  fabrique  abondamment 
le  fer  et  le  cuivre.  Banca  et  Malacca ,  dans 
les  Indes,  exportent  une  quantité  d'étain 
évaluée  au  double  de  la  production  euro- 
péenne. 

»  Le  tableau  suivant  donnera  une  idée 
de  la  répartition  des  principales  Mines  d'or 
et  d'argent  exploitées  actuellement. 


Amériques.   .  . 

f  Brésil 

i   Mexique   .... 

!',rnn. 

(         nos-Ayres.  .     . 

ARGENT. 

OR. 

mai  es. 

2,TÇ)<">,000 
600,000 

5?.5,ooo 

raans. 
22,000 
16,000 
4,000 
2,000 

'  Colombie. 

V  États-Unis.    .     !     . 

230,000 
1,200 

i3o,ooo 

Ii.âoo 
18,000 
IO,000 

Asie  (non  com- 
pris la  Russie) 

\  Thibet.      ...... 

1  Archipel  Indien.     . 

? 

> 

i5,ooo 
5.ooo 

Afrique.      .     • 

Côtes  méridionales. 

? 

i6,ooo( 

,__ 

»  Ces  tableaux  ne  peuvent  fixer  que  sur 
les  valeurs  créées  par  l'exploitation  des  sub- 
stances métallifères;  mais  le  domaine  de 
l'exploitation  ne  s'arrête  pas  là;  les  combus- 
tibles minéraux,  le  sel  gemme,  les  roches 
employées  dans  les  arts,  constituent  une 
branche  de  cette  industrie  encore  plus  gé- 
ralc  cl  plus  productive.  Ainsi,  pour  ne  plus 
parler  que  de  la  France,  on  y  exploite  en- 
viron 300  Mines  de  combustibles  minéraux, 
et  22,000  ouvriers  en  extraient  annuelle- 
ment 32,000,000  de  quintaux  métriques. 
Dans  les  carrières  de  toute  nature  en  pro- 
duction régulière  de  matériaux  appliqués  à 
la  construction,  une  population  de  70,000 
ouvriers  directement  employés  à  l'extrac- 
tion produit  annuellement  une  valeur  de 
50,000,000  de  francs. 

n  La  production  minérale  de  la  France 
peut  être  appréciée  par  les  chiffres  suivants 
<Je  l'année  1840. 


QUINT.   METRIQ. 

VALEUR. 

32,000,000 

4,4-2,000 
25,000 

5oo,ooo 

120,000 

» 

40,091,000 

280,000 

fr. 

3o, 000, 000 

3.652,ooo 

456,ooo 

4,6oo,ooo 

1,780,000 

5o,ooo,ooo 

l3,5oo,ooo     ] 

626,000  j 

104,614,000  ! 

i 

Houille.    .     .     %    . 
Tourbe 

Bitumes.  .... 
Sel  gemme  .  .  . 
Terres  altinifères  . 
Carrières  de  toute  espèce, 
Minerais  de  ter.  . 
Minerais  divers.     . 


»  Cette  valeur  est  augmentée  par  les  art 
métallurgiques  : 


Pour  l'industrie  de  fer,  de  . 
Pour  les  autres  métaux  ,  de. 


n6,83o,ooofr 
756,000 


>.  C'est-à-dire  portée  à  plus  de  220  mil- 
lions. Si ,  à  ces  évaluations,  qui  sont  faites 
en  considérant  la  valeur  sur  le  carreau  des 
Mines  ou  carrières,  ou  dans  les  usines  mé- 
tallurgiques, on  ajoutait  les  valeurs  addi- 
tionnelles qui  résultent  des  transports  et  des 
mises  en  œuvre,  on  arriverait  à  un  chiffre 
important  dans  la  richesse  publique.  Ce 
chiffre  s'accroît  d'ailleurs  chaque  année,  car 
la  France  est  une  des  contrées  où  il  reste  le 
plus  à  faire  pour  le  développement  de  ses 
ressources  minérales.  »  (C.  d'O.) 

MINETTE  DOUÉE,  bot.  ph.  —  Nom 
vulgaire  de  la  Luzerne  Lupuline. 

MINIÈRE,  min.  —  Voy.  MINES. 

*MI1VT0PTERIjS  (p.cvyo';,  petit  ;  wTcpov, 
aile),  mam.  —  M.  Bonaparte  (Faun.  ital. , 
1837)  a  désigné  sous  cette  dénomination  un 
petit  groupe  de  Chauves  -Souris. 

MINIUM,  min.  —  Deutoxyde  de  plomb 
d'un  rouge  orangé  très  vif.  Voy.  plomb. 

MINJAC.  moll.  —  Adanson  nomme  ainsi 
(Voy.  au  Sénég.)  une  espèce  de  Buccin  ,  le 
Buccinum  olearium ,  qui  fait  actuellement 
partie  du  g.  Tonne  de  Lamarck ,  sous  le 
nom  de  Dolium  olearium. 

IUINO.  Mino.  ois.  —  Division  du  genre 
Mainate.  Voy.  ce  mot.  (  Z.  G.) 

*MINOA.  ins.— Genre  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères nocturnes,  tribu  des  Phalénides, 
établi  par  Treitschke ,  et  généralement 
adopté.  Il  ne  comprend  qu'une  seule  espèce 
(  Calai,  des  Lépidopt.  d'Europe,  par  Dupon- 
chel  ),  dont  la  chenille  vit  sur  différentes 
espèces  d'Euphorbes  ;  de  là  son  nom  spéci- 
fique tfEuphorliaria.  Elle  est  répandue 
dans  toute  l'Europe. 

*  MIftOUS-  poiss.  —  Genre  de  Tordre 
des  Acanthoptérygiens ,  famille  des  Joues 


244 


MIN 


MIR 


cuirassées,  établi  par  MM.  G.  Cuvier  et  Va- 
lenciennes  {Hist.  des  Poiss.,  t.  IV,  p.  420). 
Ces  Poissons  ont  beaucoup  de  rapports  avec 
les  Apistes;  ils  en  diffèrent  principalement 
par  l'absence  de  dents  aux  palatins.  On  en 
connaît  deux  espèces  ,  qui  habitent  l'Ile  de 
France  ;  ce  sont  les  Minous  voora,  M.  voora 
Cuv.  et  Val.  (  Woora-minao  Russ.  ),  et  Mi- 
nous monodactyle,  M.  monodactylus  Cuv.  et 
Val.  (Scorpœna  monodactyla  Bl.,  Schr.). 

*]UIr\iURL\.BOT.  PH.—Genrede la  famille 
des  Composées -Astéroïdées,  établi  par  De 
Candol le  {Prodr.,  V,  298).  Arbrisseaux  delà 
Nouvelle-Hollande.  Voy.  composées. 

*MINUTIA  {Flor.  Flum.,  I,  47).  bot.  ph. 

—  Syn.  de  Linociera,  Swartz. 

MINYAS  (/aivuo'ç,  petit).  polyp.,échin.?  — 
Genre  établi  par  Cuvier  dans  son  ordre  des 
Échinodermes  apodes,  à  côté  des  Priapules  et 
des  Siponeles.  Ce  genre,  mieux  connu,  a  dû 
être  rapproché  des  Actinies,  avec  lesquelles 
M.  Ehrenberg  le  confond  en  partie;  c'est 
M.  Lesueur  qui  avait  indiqué  cette  rectifica- 
tion en  établissant  le  même  genre  sous  le  nom 
d'Aclinecte  {voy.  ce  mot),  qu'adopta  M.  de 
Blainville,  tout  en  disant  que  le  genre  Mi- 
nyas  pourrait  être  conservé  pour  des  espèces 
telles  que  VActinecta  viridula  de  MM.  Quoy 
et  Gaimard,  sur  laquelle  les  tubercules  for- 
mant des  côtes  le  long  du  corps  sont  séparés 
par  des  lignes  simples  de  suçoirs.  Ces  au- 
teurs pensent  même  que  ce  genre  serait  in- 
termédiaire entre  les  Holothuries,  les  Por- 
pites  et  les  Actinies  ;  mais  la  Yiaie  structure 
de  ces  prétendus  Minyas  ,  pour  être  bien 
connue,  demanderait  de  nouvelles  obser- 
vations. (  Duj.) 

*MINYOPS  (pivvo's,  petit;  dty,  œil),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  iétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères ,  division  des 
Cléonides,  créé  par  Schœnhevr  {Disp.melh., 
p.  163;  Gêner,  et  sp.  Curcul.  syn.,  t.  II, 
p.  317,-6,2,  287),  qui  en  mentionne  7  es- 
pèces d'Europe,  savoir  :  M.  carinatus  Lin. 
Schr. ,  variolosus  F. ,  scrobiculalus ,  sinua- 
tus ,  costalis ,  costatus  et  minutus  Schr.  Ces 
Insectes  sont  aptères  et  lourds;  ils  se  tien- 
nent sur  les  chemins  et  dans  les  prairies. 
Leur  corps  est  dur  et  souvent  enduit  de 
terre,  ce  qui  fait  supposer  que  la  larve  vit 
aux  dépens  des  racines  de  végétaux.     (C.) 

MINYIiOTHAMNUS  (puw'ttpoç,  de  courte 
durée;  0Kpoç,  arbuste),  bot.  ph,— Genre  de 


la  famille  des  Composées-Astéroïdées,  établi 
par  De  Candolle  {Prodr.,  VII,  286).  Sous- 
arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  composées. 

*MIfoYRUS  (pvwpoç,  qui  fredonne),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  tétramères ,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères,  tribu 
des  Érirhinides,  établi  par  Schœnherr  {Gê- 
nera et  sp.  Curcul.  syn.,  tom.  III,  p.  226, 

—  7,2,  p.  192)  avec  une  espèce  de  Ma- 
nille, le  M.  cxaralus  Schr.  (C.) 

*MIOPITliECUS  (p.e.'wv,  très  petit;  nl- 
Ôvîxo;,  singe),  mam.  —  Genre  de  Quadru- 
manes créé  par  M.  Is.  Geoffroy- Sain t-Hilaire 
dans  ce  Dictionnaire,  t.  III,  1843.  Voy.  cer- 
copithèque. (E.  D.) 

*MIOXICEBlJS  {myoxus,  loir;  ^o-, 
singe),  mam.  —  Groupe  formé  par  M.  Les- 
son  {Spec.  de  Mamm.,  1840)  aux  dépens 
de  l'ancien  genre  des  Ouistitis.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

*MIQUELIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Araliacées  établi 
par  Meisner  {Gen.,  152).  Arbrisseaux  de 
l'Inde.  Voy.  akaliacées. 

MIRABELLE,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  Prune.  Voy.  ce  mot. 

MIRABILIS.  Mirabilis,  Lin.  bot.  ph. — 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Nyctagi- 
nées ,  dont  il  est  le  type,  de  la  pentandrie- 
monogynie,  dans  le  système  de  Linné.  Il 
avait  été  établi  d'abord  par  Tournefort ,  sous 
le  nom  de  Jalappa,  qui  reposait  sur  une  idée 
fausse,  comme  nous  le  dirons  plus  loin; 
Linné,  en  l'adoptant,  substitua  à  ce  nom 
celui  de  Mirabilis,  que  Jussieu  refusa  d'ad- 
mettre comme  contraire  à  cette  règle  de 
glossologie  botanique ,  posée  par  le  botaniste 
suédois  lui-même,  d'après  laquelle  tout  nom 
de  genre  doit  être  substantif ,  et  qu'il  rem- 
plaça par  celui  de  Nyctago  ;  les  botanistes 
adoptèrent  généralement  cette  dernière  dé- 
nomination, qui  néanmoins  a  été  abandon- 
née aujourd'hui  à  son  tour  pour  faire  place  à 
celle  de  Linné.  Les  Mirabilis  croissent  na- 
turellement dans  l'Amérique  tropicale;  ce 
sont  des  plantes  herbacées,  à  racine  tubé- 
reuse, à  tige  très  rameuse,  di-  ou  trichotome, 
à  feuilles  simples  ,  opposées.  Leurs  fleurs', 
nombreuses  et  grandes ,  s'épanouissent  la 
nuit  et  se  flétrissent  aux  rayons  du  soleil , 
d'où  le  nom  de  Belle-de-Nuit,  sous  lequel 
ces  plantes  sont  vulgairement  désignées  ;  ces 
fleurs    terminales  ou  axillaires ,  présentent 


MIR 


MÏR 


245 


un  involucre  en  forme  de  calice,  campa- 
nule ,  5-fide ,  uniflore ,  persistant ,  que  Jus- 
sieu  décrit  comme  un  calice  extérieur;  un 
périanthe  simple ,  en  entonnoir  ,  à  long 
tube,  corollin  et  coloré,  excepté  à  sa  base, 
qui  forme  autour  de  l'ovaire  un  renflement 
vert,  consistant,  persistant  et  accrescent; 
5  élamines  inégales,  dont  les  filets  se  réu- 
nissent à  leur  base  en  une  sorte  de  coupe 
épaisse  qui  entoure  l'ovaire;  un  ovaire 
1-Ioculaire,  1-ovulé,  surmonté  d'un  long 
style  que  termine  un  stigmate  en  petite  tête 
hérissée  de  grosses  papilles.  Le  fruit  est  en- 
veloppé par  la  base  endurcie  du  périanthe 
immédiatement  appliquée  sur  lui,  ce  qui 
lui  a  fait  donner,  par  certains  carpoîogistes, 
le  nom  deScléranthe;  il  renferme  une  graine 
unique  dont  l'embryon  a  ses  cotylédons 
ployés  de  manière  à  envelopper  un  gros  al- 
bumen amylacé.  Deux  espèces  de  ce  genre 
se  trouvent  dans  tous  les  jardins  et  comp- 
tent parmi  les  plantes  d'ornement  les  plus 
vulgaires;  ce  sont  les  suivantes  : 

1.  Mirabilis  faux  jalap,  Mirabilis  Jalappa 
Lin.  (Nyctago  Jalappa  DC).  Cette  plante  , 
vulgairement  connue  sous  le  nom  de  Belle- 
de-Nuit ,  doit  son  nom  spécifique  latin  de 
Jalappa  à  ce  que  l'on  a  cru  longtemps  fort 
à  tort  que  sa  racine  constituait  le  Jalap  du 
commerce.  Elle  est  originaire  du  Pérou.  Sa 
racine  est  grosse,  fusiforme  et  tubéreuse  ; 
sa  tige  est  très  rameuse  et  s'élève  à  7-8  dé- 
cimètres; ses  feuilles  sont  glabres,  en  cœur, 
pétiolées  ;  ses  fleurs  sont  pédonculées,  grou- 
pées en  assez  grand  nombre  à  l'extrémité 
des  rameaux;  elles  se  succèdent  pendant 
tout  l'été  et  jusqu'aux  premiers  froids;  elles 
sont  rouges,  jaunes,  blanches,  ou  pana- 
chées de  ces  diverses  teintes.  La  culture  de 
cette  plante  ne  présente  aucune  difficulté; 
ordinairement  on  la  multiplie  de  graines 
semées  en  place,  ses  racines  ne  résistant 
pas  au  froid  de  nos  hivers;  mais  on  peut 
aussi  conserver  celles  ci  comme  des  tuber- 
cules de  Dahlia ,  et  les  replanter  au  prin- 
temps suivant.  Depuis  qu'on  a  reconnu  que 
cette  racine  n'a  aucun  rapport  avec  le  Jalap 
{Voy.  ce  mot),  on  lui  a  attribué  des  pro- 
priétés purgatives  beaucoup  moins  énergi- 
ques; des  expériences  ont  été  faites  à  cet 
égard,  et  il  en  est  résulté  la  certitude  que, 
quoique  pouvant  être  employée  dans  quel- 
ques cas,  elle   est  cependant   peu  avanta- 


geuse à  cause  de  l'incertitude  de  ses  effets. 

2.  Mirabilis  a  longue  fleur,  Mirabilis 
longiflora  Lin.  {Nyctago  longiflora  DC.  ). 
Celle-ci  est  originaire  des  hautes  montagnes 
du  Mexique,  origine  qui  s'accorde  très  peu 
avec  le  nom  de  Merveille  du  Pérou  ,  sous 
lequel  elle  est  connue  dans  les  jardins.  Elle 
est  couverte  dans  toutes  ses  parties  d'un 
duvet  imprégné  d'une  matière  visqueuse  ; 
ses  feuilles  sont  presque  sessiles,  en  cœur; 
ses  fleurs  sont  blanches ,  agréablement  odo- 
rantes, remarquables  par  la  longueur  de 
leur  tube  qui  atteint  jusqu'à  15-16  centim. 
de  long,  groupées  à  l'extrémité  des  rameaux. 
Ses  fruits  se  distinguent  aisément  de  ceux 
de  l'espèce  précédente  par  des  lignes  si- 
nueuses de  poils  courts,  roussâtres,qui  mar- 
brent leur  enveloppe  externe,  formée  par 
la  base  du  périanthe.  Quoique  vivace,  cette 
plante  doit,  comme  la  précédente,  être  se- 
mée chaque  année.  (P.  D.) 

*MIRAFRE.  Mira/ra.  ois.  — Division  du 
genre  Alouette.  Voy.  ce  mot  et  alaudinées. 

MIRAGE,  phys.  —  Voy.  lumière. 

*MIRALIA.  rept. — Genre  de  Couleuvres 
établi  par  M.  J.-E.  Gray.  (P.  G.) 

MIRAN.  moll.  —  Nom  donné  par  Adan- 
son  (Voy.  au  Séne'g.)  à  une  espèce  de  Buc- 
cin ,  le  Buccinummutabile  Brug.,  qui  depuis 
est  devenue  le  type  du  g.  Vis.  Voy.  ce  mot. 

MIRANDA.  arachn.  —  Voy.  epeira. 

MIRBELIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Légumineuses-Pa- 
pilionacées-Podalyriées,  établi  par  Smith  (in 
Kœnig  Annal,  ofbot.,  11,511).  Arbrisseaux 
de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  légumineu- 
ses. 

MIRETTE.  bot.  ph.— Nom  vulgaire  des 
Prismatocarpes.  Voy.  ce  mot. 

*MIRIDES.  Mirides.  ins.— Famille  de  la 
tribu  des  Lygéens  ,  dans  l'ordre  des  Hémi- 
ptères hétéroptères  ,  caractérisé  principale- 
ment par  des  antennes  insérées  au-dessous 
des  yeux,  à  dernier  article  fusiforme,  et  par 
des  appendices  entre  les  crochets  des  tarses. 
Cette  famille  renferme  les  genres  Miris , 
Phytocoris,  Heleroloma,  Strogylocoris  et 
Earycephala. 

MIRIS.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Hé- 
miptères hétéroptères,  tribu  des  Lygéens, 
famille  des  Mirides,  établi  par  Fabricius 
(Syst.  Rhyn.),  et  dont  les  principaux  carac- 
tères sont  :  Corps  très  allongé.  Tête  prolon- 


246 


MIS 


MIS 


gée  en  pointe  entre  les  antennes;  cc'.les-ci 
fort  longues,  ayant  leur  premier  article  plus 
épais  que  les  autres,  et  le  dernier  extrême 
ment  grêle.  Corselet  long,  fortement  rétréci 
antérieurement.  Écusson  en  forme  de  trian- 
gle allongé.  Élytres  étroites  et  de  consistance 
peu  solide.  Pattes  grêles,  sans  aucune  espèce 
de  renflement. 

Les  Miris  se  rencontrent  dans  les  lieux 
humides,  au  bord  des  ruisseaux,  où  ils  se 
tiennent  sur  les  plantes  dont  ils  sucent. la 
sève.  Ils  sont  très  agiles  ,  tous  de  petite 
taille,  et  ornés  de  couleurs  vives  et  variées. 
Une  des  espèces  les  plus  répandues  est  le 
Miris  virens  (Cimex  virens  Liun.)  ;  le  corps 
de  cet  insecte  est  vert ,  avec  les  antennes, 
l'abdomen  et  les  pattes  un  peu  velus  ;  les 
antennes  sont  rouges,  surtout  vers  leur  ex- 
trémité ,  ainsi  que  les  taches.  Cette  espèce 
est  très  fréquente  aux  environs  de  Paris. 

MIRLIROT.  bot.  ph.— Nom  vulgaire  du 
Mélilot  officinal  et  de  la  Luzerne  lupuline. 

MIRMECIA.  bot.  ph. — Voy.  myrmecia. 

MIRO.  Miro.  ois.  —  Section  du  genre 
Gobe-Mouche.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

MIROIR  D'ANE  ou  DE  LA  VIERGE. 
min.  —  Nom  vulgaire  du  Gypse  laminaire. 

MIROIR  DES  INCAS.  min.— On  a  donné 
ce  nom  aux  Miroirs  d'Obsidienne  dont  se 
servaient  plusieurs  peuples  anciens,  no- 
tamment les   Péruviens.    Voy.   obsidienne. 

(C.  d'O.) 

MIROIR  DE  SAINTE  MARIE,  min.  — 
Nom  vulgaire  de  certaines  variétés  de  Chaux 
sulfatée  et  du  Mica  foliacé. 

MIROIR  DE  VÉNUS,  bot.  ph.—  Un  des 
noms  vulgaires  du  Prismatocarpe. 

MIROIR  DU  TEMPS,  bot.  fh.  —  Nom 
vulgaire  du  Mouron  rouge. 

*MIROUNGA.  mam.  —  M.  Gray  {Griff. 
anim.  Kingd.,  1827  )  indique  sous  ce  nom 
un  groupe  de  Pinnipèdes.  (  E.  D.) 

MïRITL.  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire  d'une 
espèce  du  genre  Airelle. 

MISAINE,  moll.  —  Nom  donné  dans  le 
commerce  au  Strombus  succinctus. 

MïSANORA,  Dietrich.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Bonapartea,  Ruiz  et  Pav. 

*MISANTHECA.  bot.  ph.  — Genre  de  la 
famille  des  Laurinées-Acrodiclidiées ,  établi 
par  Schlechtendalt(m  Linnœa,  VI,  367).  Ar- 
bres du  Mexique.  Voy.  laurinées. 

*MISCELUS  (p<rxoç,  pédicule;  axrV, 


jambe),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Carabiques  ,  tribu 
des  Troncatipennes  ,  créé  par  Klug  (Jarh- 
buch  der  Insectenhunde,  I,  p.  82)  et  adopté 
par  MM.  Hope  et  Putzeys.  L'espèce  type, 
le  M.  Javanus,  a  été  publiée  par  MM.  Bail  lé 
et  Audouin  (Hist.  nat.  des  Ins.,  t.  IV, 
p.  130)  sous  les  noms  de  Leptodactyla  api- 
calis.  Dejean  a  compris  à  tort  cet  Insecte 
parmi  les  Cymindis.  (C.) 

*MISCHOCARFUS,  Blume (Bijdr.,  238). 
bot.  ph. — Syn.  de  Cupania,  PLum. 

*MISCHOCAR10N,  Endl.  (Gen.  plant., 
p.  338,  n.  2128).  bot.  ph.— Voy.  sorocepha- 
lus,  R.  Br. 

*MISCODERA  (p.i'axoç,  pédicule:  ftpn, 
cou),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères  ,  famille  des  Carabiques,  tribu  des 
Bipartis,  des  Broschides  de  Hope  ,  créé  par 
Eschscholtz  (Bull,  de  la  Soc.  impér.  des  Nat. 
de  Moscou,  1830  ,  p.  63-66)  et  adopté  par 
Solier,  qui  en  fait  une  sous-tribu  des  Scari- 
tites.  Le  type,  le  Scarites  arcticus  de  Pay- 
kul  ,  espèce  originaire  de  la  Laponre ,  a 
reçu  les  noms  génériques  de  Leiochiton  par 
Curtis,Orcc/ioderwsparStephens.  MM.  Brullé 
et  Audouin  le  rapportent  aux  Broschus ,  et 
Dejean  le  classe  parmi  les  Clivina.  Mais  le 
nom  àeMiscodera  est  celui  quia  prévalu.  (C.) 

*MISCOGASTER  (p.caxo;,  pédicule; 
yo-~~r,?,  abdomen),  ins.  — Genre  de  la 
tribu  des  Cbalcidiens  ,  groupe  des  Misco- 
gastérites ,  de  l'ordre  des  Hyménoptères  , 
établi  par  M.  Walker  sur  un  certain  nom- 
bre de  très  petites  espèces  dont  les  antennes 
filiformes  ont  quatorze  articles  dans  les  mâ- 
les et  treize  dans  les  femelles.  Parmi  les 
Miscogastres  les  plus  répandus  ,  on  peut  ci- 
ter les  M.  elegans,  viridis,  etc.,  Walk.  (Bl.) 

*MISCOGASTÉRITES.  Miscogasteritœ. 
ins.  —  Groupe  de  la  tribu  des  Chalcidiens, 
de  l'ordre  des  Hyménoptères,  caractérisé 
par  un  thorax  rétréci  antérieurement  et  un 
abdomen  pédicule.  Nous  rattachons  à  ce 
groupe  les  genres  Miscogasier,  Pachylar- 
thrus  ,  Pachynevron ,  Coruna,  Merismus , 
Syntomopus  ,  Dipara,  Micromelus,  Isocyr- 
tus  et  Spaniopus ,  et  quelques  autres  qui 
peut-être  ne  doivent  former  que  de  simples 
divisions  dans  les  genres  Miscogasier  et  Pa- 
chrjlarlhrus.  (Bl.) 

*MISCOLOBIUM  ( fxfcrxoç,  pédicule;  ).é- 
&.2V,  gousse),  bot.  ph. — Genre  delà  famille 


MIS 

des  Légumineuses  -  Papilionacées  - Dalber- 
giées,  établi  par  Vogel  (in  Linnœa,  XI,  208). 
Arbres  du  Brésil.  Voy.  légumineuses. 

MlSCOPIiUS.  ins.— Genre  de  la  famille 
des  Larrides,  tribu  des  Craboniens,  de  l'or- 
be des  Hyménoptères,  établi  par  Jurine  et 
iïlopté  par  tous  les  entomologistes.  Les  Mis- 
lophus,  reconnaissables  surtout  à  leurs  man- 
dibules tuberculées  etunidentées  intérieure- 
ment, sont  peu  nombreux  en  espèces.  La 
•)3us  répandue  dans  notre  pays  est  le  M.  bi- 
Tdlor  Jur.  (Bl.) 

*MïSEEÏAO*ecr»fteoç,  qui  évite  le  soleil). 
ins.  —  Genre  de  Tordre  des  Lépidoptères 
Nocturnes,  tribu  des  Hadénides,  établi  par 
Treitsehke,  qui  y  rapporte  trois  espèces  :  les 
M.  ox-yacantha,  bimaculosa  et  orbiculosa. 
La  première  est  répandue  dans  toute  l'Eu- 
rope; la  deuxième  vit  particulièrement  en 
France  et  en  Italie;  la  troisième  habite  la 
Hongrie. 

MISGUïîNE.  roiss. — Nom  donné  par 
Lacépèdc  à  la  Loche  d'étang,  Cobitis  fossilis. 
Voy.  LOCHE. 

MïSïLE.  moll.?  —  Genre  proposé  par 
Montfort  pour  un  petit  corps  marin  pris 
pour  une  coquille,  et  qui  proviendrait  plu- 
tôt d'un  Rhizopode  ou  Foraminifère.  C'est 
un  petit  corps  ovale,  aplati,  muni  d'une 
crête  profondément  découpée  qui  s'étend 
seulement  vers  un  des  côtés.  On  le  trouve 
à  l'état  frais  dans  le  sable  de  l'Adriatique, 
et  fossile  aux  environs  de  Sienne.     (Diu.) 

*MISODENDROIV.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Loranthacées,  établi  par  Banks 
(Msc.exDC.  Mem.,  VI,  12,  t.  11,  12). 
Arbrisseaux  de  l'Amérique  antarctique.  Voy. 

LORANTHACÉES. 

MISODERA.  ins.  —  Voy.  miscodera. 

MISOLAMPUS  (p~*°ç,  aversion;  Xàp- 
nxq,  lumière),  ins. —  Genre  de  Coléoptères 
hétéromères,  famille  des  Mélasomes,  tribu 
des  Blapsides ,  créé  par  Latreille  (Gênera 
Crust.  et  Ins.,  t.  II,  p.  165),  et  adopté  par 
MM.  Hope  et  Dejean.  Une  monographie  sur 
ce  genre  a  été  publiée  par  M.  de  Brème  {Re- 
vue zoologique,  1842,  p.  81)  qui  le  com- 
pose des  quatre  espèces  suivantes  :  M.  gib- 
lulus  lit.  (Iloffmanscggii  Lat.,  Dcj.),  lusi- 
tameus,  Ramburii  de  Br.  et  Goudotii  Guér. 
Les  deux  premières  se  trouvent  en  Portugal, 
la  troisième  en  Espagne,  et  la  quatrième  en 
Barbarie.  (C.) 


MIT 


247 


MISPIKEL.  min.  —  Nom  donné  par 
MM.  Beudant  et  Brongniart  au  Fer  sulfo- 
arséniuré.  Voy.  fer. 

*MïSSOUMUM.  mam.  —Groupe  de  Pa- 
chydermes fossiles  indiqué  par  M.  Koch 
(Fror.  Nolizen,  1840). 

MISSULÈNE.  Missulœna.  arach.  —  Voy. 
eriodon.  (h.  L.) 

niITCHELIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  lia  famille  des  Rubiacées-Cofféacées- 
Guettardées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n. 
134).  Herbe:  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 
RUBIAC:':; 

Ml'l'Jl.  arach.  —  Nom  vulgaire  des  espè- 
ces du  genre  Acarus.  Ainsi  l'on  a  nommé  : 

Mite  domestique,  V Acarus  domesticus  ; 

Mite  des  moineaux,  Y  Acarus  passerïnus  ; 

Mite  de  la  farine,  F  Acarus  farinœ  ; 

Mite  du  fromage,  Y  Acarus  scabiei,  etc. 

M1TELLA.  moll.— Syn.  daScalpellum, 
Leach,  et  de  Polylepas,  Blainv. 

M1TELLA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Saxifragacées,  établi  par  Tourne-' 
fort  (Inst.,  126).  Herbes  vivaces  de  l'Asie  et 
de  l'Amérique  boréale.  Voy.  saxifragacées. 

MÏTELLAMA,  Meisn.  (Gen.,  136).  bot. 
ph.  —  Voy.  mitellopsis,  Meisn. 

MITELLASTRA,  Endl.  (Gen.  pi.  suppl., 
n.  4640  c.  ).  bot.  ph.  —  Voy.  mitellopsis, 
Meisn. 

MÏTELLINA,  Meisn.  (Gen.,  136).  bot. 
ph.  —  Voy.  mitellopsis,  Meisn. 

*MITELLOPSIS  (mitella,  petite  coiffe; 
êtyiç,  apparence),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Saxifragacées,  établi  par  Meisner 
(Gen. ,  136)  ,  et  dont  les  principaux  carac- 
tères sont  :  Calice  à  tube  campanule  ou 
turbiné,  soudé  inférieurement  à  la  base  de 
l'ovaire;  limbe  5-firïe.  Corolle  à  5  pétales 
insérés  au  sommet  du  tube  calicinal,  3-fides 
ou  pinnatifldes.  Étamines  5  ,  insérées  avec 
les  pétales,  incluses;  filets  très  courts, 
presque  nuls;  anthères  ovales,  à  2  loges 
s'ouvrant  longitudinalement.  Ovaire  infère 
ou  semi-supère,  1-Ioculaire  ,  à  2  placentas 
pariétaux  multi-ovulés.  Styles  2,  courts; 
stigmates  simples  ,  capités  ou  bilobés.  Cap- 
sule uniloculaire,  2-valve. 

Les  Mitellopsis  sont  des  plantes  herbacées, 
à  feiwlles  radicales  pétiolées,  lobées-dentées, 
à  scape  nu  ;  à  fleurs  disposées  en  grappes  ou 
en  épis.  Elles  sont  indigènes  de  l'Amérique 
boréale. 


MIT 


MT 


Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
par  l'auteur  en  deux  sections ,  nommées  : 
Milellaria  :  pétales  pinnatifides;  étamines 
opposées  aux  pétales;  filets  nuls;  stigmates 
2-lobés;  Mitellina  :  pétales  3-fides;  étami- 
nes alternes  avec  les  pétales;  filets  très 
courts;  stigmates  indivis. 

Endlicher  y  a  introduit  une  troisième 
section  ,  qu'il  nomme  Mitellastra ,  et  qu'il 
caractérise  ainsi:  pétales  pinnatifides;  éta- 
mines alternes  avec  les  pétales;  filets  courts; 
stigmates  simples.  (J.) 

*MITHRAS.  arach.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Aranéides ,  de  la  tribu  des  Araignées, 
établi  par  M.  Koch,  et  rapporté  par  M.  Walc- 
kenaër  au  genre  des  Scytodes  (voy.  ce  mot). 
Dans  cette  coupe  générique  ,  les  yeux  ,  sé- 
parés entre  eux ,  sont  disposés  sur  le  rebord 
antérieur  du  céphalothorax,  par  paire  et 
sur  trois  lignes;  les  deux  antérieurs  plus 
rapprochés;  les  deux  intermédiaires  plus 
écartés  ;  les  deux  postérieurs  encore  plus 
écartés;  le  tout  figurant  un  V  tronqué  à  sa 
base.  La  seule  espèce  connue  est  le  Mithras 
paradoxus  Koch  (in  H.Schœff.  Deuts.  Insect., 
fasc.  123  ,  fig.  9).  Cette  espèce  a  été  ren- 
contrée dans  la  forêt  de  Kœchinger.  (H.L.) 

MÎTHRAX  (nom  mythologique),  crust. 
—  Ce  genre,  qui  fait  partie  de  l'ordre  des 
Décapodes  brachyures,  et  que  M.  Milne 
Edwards  range  dans  sa  famille  des  Oxy- 
rhynques  et  dans  sa  tribu  des  Maïens, 
a  été  établi  par  Leach  aux  dépens  des 
Cancer  de  Herbst.  Cette  coupe  générique 
établit  quelques  liaisons  entre  les  Oxyrhyn- 
ques  et  certains  Crustacés  de  la  famille 
des  Cancériens  ;  car  on  y  range  des  Maïens 
dont  la  carapace  est  notablement  plus  large 
que  longue,  le  rostre  à  peine  distinct,  les 
bords  latéro-antérieurs  arqués,  et  les  bords 
latéro-  postérieurs  obliques ,  dispositions  qui 
constituent  un  des  traits  caractéristiques  de 
plusieurs  Cyclométopes  ;  mais  le  plus  ordi- 
nairement la  forme  générale  des  Mithrax. 
s'éloigne  moins  de  celle  des  autres  genres 
de  la  même  tribu.  Du  reste,  chez  tous  les 
Crustacés  de  cette  coupe  générique ,  les 
pinces  sont  élargies  vers  le  bout  ,  arrondies 
et  profondément  creusées  en  cuillère.  Le 
rostre  est  court,  avec  le  front  très  large  ;  la 
tige  mobile  des  antennes  externes  est  ordi- 
nairement à  découvert. 

M.  Milne  Edwards  signale  8  espèces  de  ce 


genre,  dont  le  Mithrax  très  épineux,  Milhrax 
spinosissimus  Edw.  (  Magas.  zool.  ,  1831, 
pi.  2  à  3  ),  peut  être  considéré  comme  le 
type.  Cette  espèce  a  pour  patrie  la  mer  des 
Antilles.  Quelques  unes  d'entre  elles  par- 
viennent aune  grosseur  très  considérable, 
ainsi  que  la  plupart  des  autres  espèces  de 
ce  genre.  (H.  L.) 

MITHRIDATEA,  Commers.  (il/se),  bot. 
ph.  —  Syn.  û'Ambora,  Juss. 

*MITOPETALUM  (p-ctoç,  fil;  «s'toAw, 
pétale),  bot.  pu.  — ■  Genre  de  la  famille  des 
Orchidées-Epidendrées  ,  établi  par  Blurne 
(FI.  Jav.prœf.,  VIII).  Herbes  de  Java.  Voy. 

ORCHIDÉES. 

*MITOPISILUS  (pi-roc,  fil  ;yî/ew,  j'aime). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Lamellicornes ,  tribu  des  Lu- 
canides ,  créé  par  M.  Parry  (Trans.  ent. 
Soc.  Lond.,  t.  IV,  p.  56,  tab.  1,  fig.  4),  et 
adopté  par  M.  White  (  The  Zool.  ofthe  voy. 
ofErebus,  Terror,  1846,  p.  9,  pi.  2,  fig.  3, 
4).  L'espèce  type  des  auteurs  ,  le  M.  irro- 
ratus,  est  originaire  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande. (C.) 

*MITORHYNCHUS  ,  Westmael.  ins.  — 
Syn.  d'ÂntUarhis,  Billby, ou  Antliarhinus  de 
Schœnherr.  (C.) 

MITOU.  ois.  —  Syn.  de  Hocco. 

*MÏTRA  (mitra,  mitre),  acal. —  Genre  de 
Méduses  établi  par  M.  Lesson  pour  une  seule 
espèce,  M.  Rangii,  observée  par  Rang  près  de 
la  côte  d'Afrique,  et  présentant  une  ombrelle 
hyaline,  conique,  avec  huit  longs  bras  pres- 
que diaphanes.  Ce  genre,  classé  par  M.  Les- 
son dans  la  tribu  des  Marsupiales,  qui  fait 
partie  du  groupe  des  Méduses  non  probos- 
cidées,  a  les  caractères  suivants:  l'ombrelle 
est  sacciforme,  oblongue,  avec  huit  bras  fili- 
formes se  continuant  dans  le  parenchyme 
jusqu'au  sommet.  Le  sac  stomacal  est  formé 
de  quatre  feuillets  disposés  en  croix,  du 
sommet  desquels  partent  huit  vaisseaux  qui 
se  continuent  dans  les  bras.  (Duj.) 

MITRA,  moll.  —  Voy.  mitre. 

*MITRACARPUM  (  ^pa ,  mitre  ;  xap- 
woç,  fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées-Cofféacées-Spermacocées,  éta- 
bli par  Zuccarini  (in  Schultes  Manliss.,  III, 
210).  Herbes  ou  arbrisseaux  originaires  de 
l'Amérique  tropicale  où  ils  sont  très  abon- 
dants. Voy.  rdbiacées. 

*MITRAGENILS  (^pa,  mitre;  jnttwB 


MIT 


MIT 


249 


menton  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hé- 
téromères ,  famille  des  Mélasomes,  tribu 
des  Nyctélites ,  établi  par  M.  Solier  {Annal. 
de  la  Soc.  ent.  de  Fr.,  t.  V,  p.  328),  qui  le 
comprend  parmi  ses  Collaptërides.  Le  type, 
le  M.  Dejeanii  Lac.,  Sol.,  est  originaire  du 
Tucuman  (Amérique  mérid.  ccntr.).    (C.) 

MITRAGYNE.Korlh.  {NaucL,  19).  bot. 
ph.  —  Voy.  nauclea,  Linn. 

AIITRAGYNE,  R.  Brown  {Prodr.t 452). 
bot.  ph.  —  Synonyme  de  Mitrasacme , 
Labill. 

MITRAGYKS  ,  Endl.  (  Gen.  plant.  , 
p.  606,  n.  3566).  bot.  ph.  —  Voy.  mitra- 
sacme ,  Labill. 

MITRARIA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Gesnéracées-Beslérées,  établi  par 
Cavanilles  (Annal,  scienc.  nat.,  III,  230, 
t.  31).  Arbrisseaux  du  Gbili.  Voy.  gesné- 

RACÉES. 

MITRASACME  (  pérpa  ,  mitre  ;  àxpi, 
pointe),  bot.  pu.  —  Genre  présentant  quel- 
que affiuuj  avec  les  Gentianées,  à  la  suite! 
desquelles  Endliehcr  l'a  placé.  Il  a  été  éta- 
bli par  Labîllardière  {Nov.-ilolland.y  I,  36), 
et  présente  pour  caractères  principaux  :  Ca- 
lice anguleux,  4-2-fidc.  Corolle  hypogyne,  à 
tube  anguleux,  à  limbe  4  parti.  Étamines  4, 
insérées  à  la  gorge  de  la  corolle,  incluses  ou 
rarement  saillantes  ;  filets  filiformes,  égaux  ; 
anthères  sagittées,  extrorses,  à  2  loges  s'ou- 
vrant  longitudinalement.  Ovaire  à  2  loges 
multi-ovulées.  Style  bifide  à  la  base,  simple 
au  sommet;  stigmate  indivis  ou  2-lobé.  Cap- 
sule à  2  loges  s'ouvrant  entre  les  divisions 
du  style. 

Les  Mitrasacmes  sont  des  plantes  herba- 
cées,  à  feuilles  opposées,  tantôt  soudées, 
tantôt  réunies  en  rosette  ,  les  caulinaires 
nulles;  à  fleurs  disposées  en  ombelles  ter- 
minales, rarement  solitaires  à  l'aisselle  des 
feuilles. 

On  connaît  une  vingtaine  d'espèces  de  ce 
genre,  qui  ont  été  réparties  par  Endlicher 
(  Gen.  plant.,  n.  3566)  en  4  sections,  qu'il 
nomme  :  Anisomitra  :  Calice  2-fide;  étami- 
nes  insérées  au  milieu  du  tube  de  la  corolle, 
incluses;  stigmate  2-lobé;  Milragyne  :  Ca- 
lice 4-fide;  étamines  insérées  au  milieu  du 
tube  de  la  corolle,  incluses  ;  stigmate  2  lobé  ; 
Holomitrium  :  Calice  4-fide;  étamines  insé- 
rées au  milieu  du  tube  de  la  corolle;  stig- 
mate entier.  Dichelomitrium :  Calice  plissé, 
t.  vin. 


à  lobes  concaves;  étamines  insérées  à  la 
gorge  de  la  corolle,  saillantes.. 

Toutes  ces  plantes  croissent  abondam- 
ment dans  la  Nouvelle-Hollande  tropicale; 
elles  sont  plus  rares  dans  les  îles  Moîuques 
et  le  continent  indien.  (J.) 

MITRE.  Mitra,  moll.  —  Genre  de  Mol- 
lusques gastéropodes  ,  établi  par  Lamarck 
aux  dépens  du  grand  genre  Volute  de  Linné 
et  de  Bruguière.  Il  comprend  des  coquilles 
turriculées  ou  subfusiformes ,  à  spire  poin- 
tue au  sommet ,  à  base  échancrée  et  sans 
canal  ;  ayant  la  columelle  chargée  de  plis 
parallèles  entre  eux ,  transverses  ,  et  dont 
les  inférieurs  sont  les  plus  petits.  Les  Vo- 
lutes, au  contraire,  ont  généralement  la 
coquille  plus  courte  et  plus  ventrue,  avec 
les  plis  de  la  columelle  plus  grand  en  bas, 
plus  petits  en  haut.  Cependant  ces  caractè- 
res, tirés  de  la  forme  des  coquilles  connues 
du  temps  de  Lamarck,  sont  devenus  insuf- 
fisants depuis  qu'un  grand  nombre  d'autres 
espèces  ont  montre  des  formes  intermédiai- 
res et  des  passages  tellement  gradués  d'un 
genre  à  l'autre  ,  qu'on  devrait  réunir  les 
Mitres  et  les  Volutes,  si  les  animaux  ne 
présentaient  pas  des  différences  caractéris- 
tiques. 

MM.  Quoy  et  Gaimard  les  premiers  ont 
observé  les  animaux  des  Mitres ,  qui  sont 
très  apathiques  ,  pourvus  d'un  pied  petit  cî 
étroit,  dilaté  seulemeuten  avant  chez  quel- 
ques espèces.  Suivant  ces  auteurs  ,  la  tête 
est  très  petite,  en  forme  de  V,  dont  les  ten- 
tacules forment  les  deux  branches.  Ces  ten- 
tacules sont  grêles  ,  coniques ,  pointus  au 
sommet ,  portant  les  yeux  à  la  base  ou  à 
une  certaine  hauteur,  suivant  les  espèces. 
M.  Deshayes,  sur  plusieurs  espèces  de  ! 
Méditerranée,    a  trouvé  au  contraire   (i 
tentacules  courts,  subeylindracés ,  ayan: 
leur  base  un  pédicule  trois  ou  quatre  ï< 
moins  long,  soudé  dans  toute  sa  longuei 
et  terminé  par  le  point  oculaire.   Mais  !<■ 
caractère  le  plus  remarquable  des  Mitres , 
c'est  la  longueur  de  la  trompe ,  beaucoup 
plus  considérable  que  chez  tous  les  autres 
Mollusques;  celle  de  la  Mitre  épiscopale , 
par  exemple  ,  est  plus  d'une  fois  et  demie 
aussi  longue  que  la  coquille  ;  elle  est  cylin- 
dracée,  avec  un  renflement  terminal,  fendu 
et  contenant  le  suçoir.   Le  manteau  revêt 
l'intérieur  de  la  coquille  et  se  prolonge  en 

32 


250 


MIT 


MIT 


un  canal  charnu,  cylindrique,  destiné  à 
conduire  l'eau  dans  la  cavité  branchiale. 

Le  nombre  des  Mitres  vivantes  connues 
dans  les  collections  dépasse  aujourd'hui  250, 
et  le  nombre  des  espèces  fossiles  est  de  70 
environ,  appartenant  aux  terrains  tertiaires. 
Les  Mitres  semblent  exclusivement  confinées 
aujourd'hui  dans  les  mers  des  pays  chauds, 
et  les  espèces,  peu  nombreuses,  de  la  Mé- 
diterranée sont  petites  et  sansé  clat ,  tandis 
que  les  espèces  tropicales  dépassent  un  dé- 
cimètre en  longueur,  et  sont  ornées  des  plus 
vives  couleurs  :  telle  est ,  par  exemple ,  la 
Mitre  papale,  longue  de  125  millimètres , 
blanche,  avec  des  rangées  élégantes  de  ta- 
ches rouges;  ses  tours  de  spire  sont  plissés 
régulièrement  et  couronnés  de  dents.  Cette 
belle  coquille  turriculée  peut  être  considé- 
rée comme  le  type  du  genre.  D'autres  espè- 
ces, telles  que  la  M.  plicaria,  se  distinguent 
par  un  sinus  au  bord  droit  de  l'ouverture  ; 
on  a  proposé  de  les  nommer  Minarets.  Un 
troisième  groupe  est  formé  des  espèces  cour- 
tes qui  ont,  le  bord  droit  épaissi,  renflé  dans 
son  milieu  ,  telle  est  la  M.  bizonalis ,  dont 
Lamarck  avait  fait  une  Colombelle,  en  rai- 
son de  ce  renflement  du  bord,  quoiqu'elle 
ait  des  plis  à  la  columelle  comme  les  autres 
Mitres.  Un  quatrième  groupe  enfin,  dont 
Sowerby  a  voulu  faire  le  genre  Conœlis , 
que  M.  Swainson  nomme  Conœlix  (voy.  ce 
mot),  et  M.  Schumacher  Imbricaria  ,  com- 
prend les  espèces  à  coquille  courte,  en  forme 
de  cône  ou  d'olive  ;  telles  sont  les  M.  dacly- 
lus  et  M.  crenulata.  (  Duj.) 

MITRE  DE  NEPTUNE  ,  MITRE  PO- 
LONAISE, polyp.  —  Dénominations  an- 
ciennes d'une  espèce  de  Fongie,  la  F.  pileus 
de  Lamarck  que  Rumphius  nommait  Mitra 
polonica  ,  et  qui  était  un  Madrépore  pour 
Linné.  (Duj.) 

MITREMYCES  (pfrpa,  mitre;  p.vx*ȍ, 
champignon),  bot.  cr.  —  Genre  de  Cham- 
pignons de  la  famille  des  Lycoperdacés,  et 
d'une  structure  particulière.  Bosc  ayant  eu 
l'occasion  de  le  voir  vivant,  je  ne  puis  mieux 
faire  que  de  transcrire  la  description  qu'il 
en  donne.  Le  pédicule  est  composé  d'une 
grande  quantité  de  fibres  élastiques  irrégu- 
lièrement anastomosées ,  solides ,  de  cou- 
leur jaune  sale,  laissant  voir  des  lacunes 
semblables  à  celles  des  Morilles,  formant 
par  leur  réunion  une  masse  d'un  pouce  de 


haut  sur  8  ligues  de  diamètre.  Sur  cette 
tige  (pédicule)  est  une  tête  (réceptacle) 
sphérique,  glabre,  moins  grosse  qu'elle, 
entourée  d'une  volve  qui  se  déchire  par  le 
bas  en  huit  ou  dix  divisions,  et  tombe  par 
reflet  de  la  maturité;  le  réceptacle  est  ter- 
miné par  une  ouverture  à  six  dents,  ou- 
verture qui  est  celle  d'un  sac  intérieur,  où 
sont  renfermées  des  spores  jaunes. 

Le  Milremyces  lulesccns  Schwein  ,  est  déjà 
connu  depuis  longtemps;  il  croît  en  Amé- 
rique, sur  la  terre,  le  long  des  chemins.  Je 
pense  que  c'est  à  tort  que  le  professeur  Frics 
rapporte  à  cette  espèce  le  Schrosoma  callos- 
toma  de  Persoon.  Les  échantillons  conservés 
dans  l'esprit- de -vin  au  Muséum  de  Leyde 
donnent  plutôt  l'idée  d'un  Schizostoma 
(Tulostoma)  que  du  Champignon  représenté 
par  Plukenct,  Bosc  et  Litchock.      (Lkv.) 

MITREOLA  (diminutif  de  rnitra,  mitre). 
bot.  pu.  —  Genre  placé  par  Endlicher  à  la 
suite  des  Gentianées,  avec  lesquelles  il  pré- 
sente quelques  affinités.  Il  a  été  établi  par 
Linné  (Hort.  cliff.,  402)  pour  des  herbes 
vivaces  de  l'Amérique  boréale. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  seule  es- 
pèce, la  Mitr.  ophiorhizoides. 

*MITREPHORUS  (>Tfwjyopoç,  qui  porte 
une  mitre),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères ,  division  des  Apostasimérides  cryp- 
torhynchides  ,  créé  par  Schcenherr  (Gen.  et 
sp.  Curcul.  syn.,  t.  IV,  I ,  p.  463  ,8,2, 
56).  Le  type,  le  M.  Waterhousei  Schr.,  a 
été  trouvé  dans  la  partie  centrale  du  Bré- 
sil. (C.) 

*MITROPIIORE.  Mitrophora  (pirp*, 
mitre;  y*'p<<>,  porter),  bot.  cr.  —  Genre  de 
Champignons  appartenant  à  la  classe  des  Thé- 
casporés  et  à  la  tribu  des  Champignons  en 
forme  de  mitre  (Mitrati).  Ils  ont  les  plus 
grands  rapports  avec  les  Morilles ,  auxquelles 
on  les  a  toujours  réunis.  Le  réceptacle  est 
conique  ou  campanuliforme,  charnu,  plus  ou 
moins  fragile,  et  la  face  externe  présente  des 
alvéoles  dont  les  cloisons  affectent  générale- 
ment une  direction  verticale  et  parallèle; 
le  pédicule  s'insère  à  la  face  intérieure  et  à 
peu  près  à  la  partie  moyenne  du  réceptacle. 
Les  organes  de  la  fructification  tapissent  la 
cavité  et  les  parois  des  alvéoles ,  et  sont  re- 
présentés par  des  thèques  allongés,  cylin- 
driques, qui  renferment  huit  spores  sim- 


MIT 


MIT 


251 


pies,  elliptiques  et  transparentes;  les  para- 
physes  qui  accompagnent  les  thèques  sont 
filiformes  ,  continues  ou  cloisonnées  ,  et 
un  peu  renflées  à  ieur  extrémité  supérieure. 

Les  Mitrophores  croissent  au  printemps 
avec  les  Morilles.  On  en  distingue  plusieurs 
espèces;  et  comme  elles  sont  comestibles  , 
je  crois  devoir  en  donner  une  courte  des- 
cription. 

1°  MUrophora  palula  Lév.  (  Morchella 
patula  Pers.).  Le  réceptacle  est  arrondi  ou 
ovale,  quelquefois  campanule  et  d'une  cou- 
leur fauve;  les  alvéoles  sont  grandes,  rhom- 
boïdales ;  le  bord ,  libre  ,  est  très  éloigné  du 
pédicule  ,  qui  est  blanc  ,  creux  et  recouvert 
d'écaillés  furfuracées.  Chevallier  dit  qu'on 
trouve  cette  espèce  dans  la  forêt  de  Com- 
piègne;  Klotzsch  Ta  rencontrée  sur  un  des 
murs  du  jardin  de  botanique  de  Berlin;  elle 
paraît  assez  commune  en  Allemagne;  à  Flo- 
rence ,  on  l'apporte  fréquemment  sur  les 
marchés  avec  la  Morille  ordinaire ,  dont  elle 
égale  le  volume. 

2°  MUrophora  gigas  Lév.  (Morchella  gi- 
gas  Pers.).  Le  réceptacle  est  gris,  conique, 
d'une  couleur  foncée;  les  alvéoles  larges, 
rhomboïdales ,  et  le  pédicule  d'un  blanc 
jaune  et  écailleux.  Micheli  l'a  représentée 
(Gen.  plant.,  p.  202  ,  tab.  84  ,  fig.  1)  ;  elle 
croît  dans  les  environs  de  Florence,  où  elle 
paraît  cependant  assez  rare. 

3°  MUrophora  undosa  Lév.  (Morchella 
undosa  Pers.).  Elle  est  caractérisée  par  un 
réceptacle  roux,  conique,  à  alvéoles  gran- 
des ,  irrégulières  ,  anastomosées  et  ondu- 
lées; le  bord  est  éloigné  du  pédicule;  celui- 
ci  est  atténué,  à  sa  partie  inférieure,  d'un 
blanc  jaune  et  réticulé  à  sa  surface.  Ce  der- 
nier caractère  et  les  ondulations  des  cloisons 
des  alvéoles  en  font  une  espèce  très  distincte. 
Elle  croît  dans  les  environs  de  Florence,  et 
se  mange  comme  la  précédente.  Micheli  est 
le  seul  qui  en  ait  donné  ,  jusqu'à  ce  jour, 
une  figure  (loco  citato ,  p.  203,  tab.  84, 
fig-  2). 

4"  MUrophora  semi  libéra  Lév.  (Morchella 
scmi-ltbera  DC).  Réceptacle  gris ,  conique', 
à  alvéoles  longitudinales  ;  pédicule  très 
long  ,  atténué  à  sa  partie  supérieure  ,  blanc 
et  glabre  (  voy.  Micheli  ,  loc.  cit.,  p.  203, 
tab.  84  ,  fig.  2,  et  Sowerby,  English  fung, 
tab.  258).  Elle  croît  au  printemps,  dans 
les  endroits  sablonneux  ,  avec  la  Morelle  or- 


dinaire. Dans  les  environs  de  Paris  ,  la  fo- 
rêt de  Sénart  en  fournit  quelques  années 
une  grande  quantité.  J'en  ai  mangé  plu- 
sieurs fois  ;  mais  c'est  un  mets  peu  déli- 
cat en  raison  de  sa  saveur  fade ,  aqueuse  ; 
outre  cela  elle  est  coriace  ,  surtout  son  pé- 
dicule. 

5°  MUrophora  rimosipes  Lév.  (Morchella 
rimosipes  DC).  Réceptacle  campanule,  obtus, 
d'une  couleur  noire;  alvéoles  rhomboïdales; 
pédicule  très  long,  blanc,  renflé  à  sa  par- 
tie inférieure,  et  le  plus  souvent  fendu  lon- 
gitudinalement.  De  Candolle  a  rencontré 
cette  espèce,  assez  rare,  dans  la  forêt  de 
Fontainebleau.  Elle  croît  également  dans 
les  fossés  du  bois  de  Boulogne  ,  où  je  l'ai 
trouvée  dans  le  commencement  du  mois  de 
mai.  La  substance  de  son  réceptacle  et  du 
pédicule  est  assez  fragile.  On  ne  la  distingue 
du  MUrophora  semi-libera ,  à  laquelle  elle 
ressemble  par  la  taille  et  le  volume,  qtfe 
par  sa  couleur  et  les  fentes  du  pédicule; 
encore  n'existent-elles  qu'à  un  âge  assez 
avancé. 

6°  MUrophora fuscaLéw .  (Morchella fusca 
Pers.).  Réceptacle  court,  presque  rond,  mem- 
braneux, d'un  brun  foncé;  alvéoles  formées 
par  des  cloisons  droites,  presque  parallèles; 
pédicule  long  de  3  pouces ,  épais  de  1,  lisse 
et  peu  résistant. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  une  seule  fois 
par  Persoon  vers  les  premiers  jours  du  mois 
d'avril,  dans  les  environs  de  Paris,  sur  des 
morceaux  de  bois. 

7o  MitrophoracarolinianaLév.  (Morchella 
caroliniana  Bosc).  Chapeau  solide  ,  plutôt 
sillonné  que  celluleux,  de  couleur  feuille- 
moite  ,  d'un  diamètre  de  3  ou  4  pouces,  et 
même  plus  ;  pédicule  blanc  et  court.  Elle  se 
trouve  dans  les  bois  de  la  Haute  Caroline, 
où  on  la  mange  ,  quoiqu'elle  ait  peu  d'o- 
deur et  point  de  saveur. 

Les  Mitrophores   croissent ,    comme  le' 
Morilles  ,  dans  le  printemps;  elles  parais- 
sent  toutes  comestibles,  et    on   les   trouv 
sur   les  marchés   très    souvent    mélangées 

(LÉV.) 

*MIÏR0PII011US  (<j.lrpy.,  mitre;  yo'po;, 
qui  porte).  Ins.  — GcnredcColéoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
dcsScarabéides  phyllophages,  établi  parBur- 
meistpr  (Handbuch  der  Entomologie ,  18  4  4, 
pag.  140  ).  L'espèce  type,  le  M.  ateuchoides 


252 


MIX 


MNE 


Eeklon ,  Burm.,  est  indigène  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  (C.) 

MITROUILLET.  bot.  pu.— Nom  vulgaire 
de  la  Gesse  tuberculeuse. 

MITRULA  (diminutif  de  jx'xpa,  petite 
mitre),  bot.  cr.  —  Genre  de  Champignons 
de  la  classe  des  Thécasporés,  et  qui  pendant 
longtemps  a  été  à  tort  considéré  comme  une 
Clavaire.  Les  espèces  de  ce  genre  ont  un  pé- 
dicule charnu  ,  terminé  à  sa  partie  supé- 
rieure par  une  tête  allongée,  ovale  ou  pres- 
que ronde  et  lisse,  dont  toute  la  surface  est 
recouverte  de  thèques  qui  renferment  huit 
spores.  Ce  genre  a  la  plus  grande  analogie 
avec  le  Spathularia ;  on  pourrait  peut-être 
même  les  réunir,  comme  l'a  fait  Pries.  Il 
s'éloigne  des  Leotia  plutôt  par  la  consistance 
que  par  tout  autre  caractère;  mais  il  diffère 
essentiellement  des  GcoglossumyaY  la  forme 
des  spores. 

On  rencontre  quelquefois  à  Montmo- 
rency et  à  Fontainebleau  le  Mitrula  palu- 
dosa;  il  se  développe  sur  les  vieilles  feuilles 
de  Chêne  recouvertes  de  boue  et  d'eau ,  de 
sorte  qu'on  ne  voit  que  la  tête,  qui  se  fait 
remarquer  par  sa  belle  couleur  jaune- 
orangé.  (Lkv.) 

*MÏTRULARTA  mou,.  —  Genre  proposé 
par  M.  Schumacher  pour  certaines  espèces 
de  Calyptrées.  Voy.  ce  mot.  (Duj.) 

*MITSCïIERLICfflA  ,  Kunth  {in  Berl. 
acad.  Abhandl,  1831,  p.  209,  et  1832, 
t.  3).  bot.  ph.  —  Synonyme  de  Neea,  Ruiz 
et  Pav. 

MïTU.  ois. —  Nom  donné  par  Marcgrave 
au  Hocco  (Ouran  mitu  Temrn.),  et  em- 
ployé par  M.  Lesson  comme  nom  de  genre. 
Voy.  hocco.  (  Z.  G.) 

MITUA ,  Stricht.  ois.  —  Syn.  de  Mitu  , 
Lcss. 

*MÏULA.  ois.  —  Genre  établi  par  Hodg- 
"oa  dans  la  famille  des  Cotingas  pour  une 
spèce  à  laquelle  il  donne  le  nom  de  M. 
jnostincta.  (Z.  G.) 

*MIXOG  ASTER  (F'ç,  à  moitié;  yaortfp, 

ntre).  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
•es  brachocères,  famille  des  Brachystomcs, 
.bu  des  Syrphides,  établi  par  M.  Macquart 
Dipt.  exot.,  t.  II,  2e  partie,  p.  14)  pour 
une  seule  espèce,  M.  conopsoides  Macq.,  in- 
digène du  Brésil. 

*MIXTEMYIA.  ins.  —  Genre  de  Tordre 
des  Diptères  brachocères  ,  famille  des  Bra- 


cbystomes,  tribu  des  Syrphides,  établi  par 
M.  Macquart  {Hist.  des  Divt.,  suites  à  Buf~ 
fon,  t.  I,  p.  491).  La  seule  espèce  connue 
est  le  M.  quadrifasciaLa,  qui  habite  la  Pen- 
sylvanie. 

MIYOTHERE.  ois.  —  Voy.  myiothère. 

MNASÏUM,  Schreb.  (Gen.,  544).  bot.  pu. 
—  Syn.  de  Rapatea,  Aubl. 

*Mi\EMATIUM.  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères pentamères  ,  famille  des  Lamelli- 
cornes, tribu  des  Scarabéides-Coprophages, 
créé  par  Mac-Leay,  et  adopté  par  Reiche 
(Rev.  zoolo'jlque,  1841,  p.  212).  Le  type,  !e 
M.  silentisOYiv.,  est  originaire  d'Arabie.  (C.) 

*MKEMÏA  et  MNBKIE  (  nom  mytholo- 
gique), acal.  —  Genre  d'Àcalèphes  cténo- 
phores,  type  de  la  famille  des  Mnémiidcs 
d'Eschscholtz.  Il  est  caractérisé  ainsi  :  le 
corps  est  lisse,  ovale,  allongé  verticalement 
et  très  comprimé;  les  côtés  étroits  sont  ter- 
minés par  degrands  lobes  près  de  la  bouche, 
et  les  côtés  larges  portent  chacun  deux  longs 
appendices  en  entonnoir ,  insérés  par  leur 
pointe  auprès  de  la  bouche,  -et  munis  d'une 
rangée  de  lamelles  vibratiles  ;  le  canal  ex- 
créteur de  l'estomac  s'ouvre  dans  une  ex- 
cavation en  entonnoir.  L'auteur  y  rappor- 
tait deux  espèces  observées  par  lui-même, 
la  M.  Schweiggeri,  longue  de  54  millimètres, 
vivant  près  des  côtes  du  Brésil,  et  la  M. 
Kuhlii,  longue  de  18  millimètres,  vivant 
dans  la  mer  du  Sud  près  de  l'équateur;  puis 
une  troisième  espèce,  M.  Cliamissonii,  dé- 
crite précédemment  par  Charnisso  sous  le 
nom  de  Callianira  hetevopbera ,  et  trouvée 
dans  l'Océan  Atlantique  près  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  Depuis  lors,  aussi  M.  Sars 
a  décrit  une  quatrième  espèce  ,  M.  norwe- 
gica ,  observée  à  Bergen.  M,  Lesson,  en 
adoptant  le  genre  d'Eschscholtz,  le  nomme 
par  erreur  sans  doute  Mnénie  au  lieu  de 
Mnémie,  et  n'y  veut  comprendre  que  les 
deux  premières  espèces  de  cet  auteur.  La 
troisième  devient  pour  lui  le  type  de  son 
genre  Polyptère  ;  et  la  quatrième  est  pour 
lui  une  Alcynoe.  M.  deBlainville  ,  dans  les 
dernières  additions  de  son  Manuel  d'actino- 
logie,  réunit  les  Mnemia  aux  Alcynoe  de 
Rang,  et  les  caractérise  ainsi  :  corps  cylin- 
drique, vertical,  sans  prolongements  cirrhi- 
gères,  embrassé  par  les  deux  lobes  du  man- 
teau, et  dont  les  ambulacres  inégaux  font 
deux  pointes  sur  les  lobes  et  deux  sur  le 


IV]  NI 


MNI 


253 


corps;  ceux  de  cette  dernière  partie  se  pro- 
longent sur  les  appendices  buccaux.  (Duj.) 

MNÉMIIDES.  acal.  —  Famille  d'Aca- 
lèphes  cténophores  établie  par  Eschscholtz 
pour  les  genres  Eucharis,  Mnemia,  Calymna 
et  Axiotima,  qui  se  distinguent  des  Callia- 
Dirides  par  l'absence  des  cirrhes  ou  tenta- 
cules, et  auxquels  il  faudrait  réunir  les 
genres  Ocyroe  et  Alcynoe  de  Rang,  si  vérita- 
blement aussi  ils  sont  dépourvus  de  ces 
organes  ;  mais  peut-être  aussi  devra-t-on 
confondre  les  deux  familles,  et  réduire  con- 
sidérablement le  nombre  des  genres,  quand 
des  observations  plus  complètes  auront 
»ontré  le  peu  de  valeur  de  ce  caractère.  En 
Hîffet,  les  Mnémiides,  comme  les  Callianires, 
Wt  une  cavité  stomacale  très  restreinte, 
^'occupant  qu'une  petite  partie  du  corps. 
■Tous  ils  ont  à  la  bouche  de  grands  lobes,  ou 
des  prolongements  pourvus  de  lamelles  vi- 
«/ratiles,  ou  même  les  deux  sortes  d'appen- 
dices en  même  temps.  M.  Lesson  n'admet 
^as  cette  famille,  il  place  les  Mnémies  seules 
dans  sa  tribu  des  Callianires,  et  les  autres 
dans  sa  tribu  des  Calymnés,  faisant  partie 
également  de  sa  grande  famille  des  Béroïdes. 

(Duj.) 

*MNEMION,  Spach  (Suites  à  Buffon,  V, 
515).  bot.  ph.  —  Syu.  de  Viola,  Linn. 

MNEJHOSILLA,  Forskal  (JEgypt.,  122). 
bot.  ph.  — Syn.  iVHypecowm,  Tournef. 

MJVÉMOSINE.  ins.— Nom  vulgaire  d'un 
Papillon  qui  fait  partie  du  genre  Parnassie 
de  Latreille.  Voy.  ce  mot. 

*MJ\ESITHEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Grauiinées-Rottbœlliacées,  éta- 
bli par  Kunth  (Gram.,  153;  Agrost.,  465). 
Gramens  de  Tranquebar,  Voy.  graminées. 

AINIARUM  (f«w«poçj  moussu),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Caryophyllées- 
Scléranthées ,  établi  par  Forster  (Char.,  1, 
t.  1).  Petites  herbes  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande et  de  la  Nouvelle-Zélande.  Voy.   ca- 

RYOI'HYLLÉES. 

*jMNIOPHILA  (fj.viov,  mousse;  yîXoç,  qui 
aime),  ins.—  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Alticites,  créé  parSte- 
phens  (Ihitish  enlomology,  vol.  IV,  p.  285, 
380).  Le  type,  la  M.muscorum  de  Muller, 
a  été  découverte  en  Allemagne,  puis  en  An- 
gleterre. Ce  genre  correspond  peut-être  à 
celui  d'Aplcropeda.  (C.) 


*M1XI0PHILA  (pvt'ov,  mousse;  yftoç, 
qui  aime),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes ,  tribu  des  Phalé- 
nides,  établi  par  M.  Boisduval,  et  com- 
prenant deux  espèces ,  les  M.  corticaria 
et  cineraria.  La  première  habite  la  France; 
la  deuxième ,  l'Allemagne.  Leurs  chenilles 
se  nourrissent  du  Lichen  qui  croît  sur  les 
vieux  murs  et  les  vieilles  palissades,  et  pro- 
fitent des  fentes  ou  cavités  qui  s'y  trouvent 
pour  former  leur  coque,  qu'elles  recouvrent 
des  débris  de  ce  même  Lichen. 

*MNIOPSIS(pvi'ov,  mousse;  <tyiç,  aspect). 
bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des  Podos- 
temmées ,  établi  par  Martius  (Nov.  gen.  et 
sp.,  1 ,  1 ,  t.  1  ).  Petite  plante  du  Brésil. 

Voy.  PODOSTEMMÉES. 

MNIOTILTE.  Mniotilta.  ois.—  Genre 
créé  par  Vieillot  aux  dépens  du  genre  Mo- 
tacilla  de  Linné  ,  pour  une  espèce  qui  pré- 
sente les  caractères  génériques  suivants  : 
Bec  court,  subulé,  grêle,  droit,  comprimé 
latéralement,  à  mandibules  égales  et  aiguës  ; 
narines  ovalaires;  tarses  scutellés  ,  à  pouce 
robuste,  terminé  par  un  ongle  long;  ailes 
médiocres. 

La  seule  espèce  de  ce  genre  que  l'on  con- 
naisse est  le  Mniotilte  varié,  Mn.  varia 
Vieill.  ,  Sylvia  varia  Lath.  (Gai.  ornilh. , 
pi.  169).  11  a  la  gorge  et  les  joues  noires,  et 
tout  le  reste  du  plumage  varié  de  blanc  et 
de  noir;  cette  dernière  couleur  étant  dis- 
posée sur  la  tête  et  sur  tout  le  dessous  du 
corps  par  raies  longitudinales. 

Cet  Oiseau,  que  l'on  avait  classé  parmi 
les  Fauvettes,  s'en  distingue  non  seulement 
par  ses  caractères  physiques ,  mais  par  ses 
mœurs.  Il  vit  dans  les  bois,  où  on  le  voit 
toujours  grimpant  le  long  des  troncs  et  des 
grosses  branches,  à  la  manière  des  Sitelles 
et  des  Grimpereaux  de  muraille  ,  sans  que 
les  plumes  de  sa  queue  lui  servent  de  point 
d'appui.  Il  se  nourrit  d'Insectes,  qu'il  cher- 
che dans  la  Mousse  et  les  Lichens  qui  cou- 
vrent les  arbres. 

Le  Mniotilte  varié  arrive  au  centre  des 
États-Unis  dans  le  mois  d'avril,  et  le  quitte 
en  septembre  pour  passer  l'hiver  dans  les 
Grandes-Antilles.  (Z.  G.) 

ÏIINIUM.  bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille 
des  Mousses  acrocarpes,  tribu  des  Bryacées, 
ainsi  nommé  par  Linné  (Gen.  ,  n.  1193), 
Bridel  (Bryolog.,  II,  3),  Hedwïg   {Fund. 


254 


MOD 


MOI) 


musc.  ),  et  rapporté  par  certains  auteurs  au 
g.  Bryum ,  dont  il  diffère  cependant  suffi- 
samment pour  en  être  séparé.  "Voici  ses  ca- 
ractères :  Coiffe  cuculiforme.  Capsule  ter- 
minale, gibbeuse  à  la  base  ou  presque  égale  ; 
opercule  convexe,  acuminé  ;  péristome  dou- 
ble. Les  Mnium-  sont  des  Mousses  vivaces  , 
croissant  sur  la  terre  dans  les  contrées  ma- 
récageuses et  humides  de  l'hémisphère  bo- 
réal. Leur  tige  simple  ou  rameuse  pousse 
des  rejets  de  la  base,  ce  qui  fait  différer  les 
Mnium  des  Bryum  dont  les  rejets  partent 
du  sommet. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
en  deux  sections,  qui  sont  :  Aulacomnion  , 
Schwœgr.  :  fleur  mâle  terminale,  en  forme  de 
disque;  Arrhenopterum,  Hedw.  :  fleur  mâle 
axillaire,  gemmiforme. 

*MOACURRA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Chailletiacées ,  établi  par  Rox- 
burgh  (FI.  ind.,  II,  70).  Arbustes  de  l'Inde. 

Voy.   CHAILLETIACÉES. 

MOCANERA,  Juss.  (Gen.,  318).  bot.  pu. 
—  Syn.  de  Visnea,  Linn. 

*  MOCHON.  poiss.  —  Nom  d'une  espèce 
d'Athérine  qui  habite  la  Méditerranée,  Atke- 
rina  mochon  Cuv.  et  Val. 

HÏOCITVA,  DC.  (il/se),  bot.  ph.  -  Syn. 
û'Augusta,  Leandr. 

MOCO.  mam.  —  Buffon  indiquait  sous  ce 
nom  une  espèce  du  genre  Gymnocéphale. 

La  dénomination  de  Moco  est  également 
employée  pour  désigner  \eKerodon  sciureus. 
Voy.  kerodon.  (E.   D.) 

MOCOCO.  mam.  —  Espèce  du  g.  Maki. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MODEGGA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Passiflorées-Modeccées,  établi  par 
Lamarck  (  Dict. ,  IV,  208  ),  et  dont  les  ca- 
ractères sont  :  Fleurs  unisexuelles.  Involu- 
celle  nul.  Périanthe  campanule;  limbe  à  8 
ou  10  divisions  bisériées.  FI.  mâles:  squa- 
mules  5,  pétaloïdes,  insérées  au  fond  du 
tube,  opposées  aux  étamines  ,  quelquefois 
nulles.  Étamines  4-5,  insérées  à  la  base  du 
périanthe,  incluses;  filets  subulés,  soudés  à 
la  base  en  un  anneau  membraneux  ;  anthè- 
res introrses,  à  deux  loges  dressées,  s'ou- 
vrant  longitudinalement.  Rudiment  d'ovaire 
fusiforme.  FI.  femelles  :  Étamines  stériles, 
4-5,  insérées  à  la  base  du  tube  du  périanthe, 
subulées,  soudées  à  la  base  en  un  anneau 
qui  entoure  le  gynophore.  Ovaire  stipité, 


uniloculaire.  Ovules  nombreux  ,  bisériés  , 
renfermés  dans  3  placentas  pariétaux.  Style 
très  court  ou  presque  nul;  stigmates  3,  di- 
latés, obtus.  Le  fruit  est  une  capsule  globu- 
leuse ou  oblongue,  1-Ioculaire  ,  à  3  valves 
portant  chacune  sur  le  milieu  un  placenta 
nerviforme. 

Les  Modecca  sont  des  plantes  herbacées 
ou  frutescentes,  à  feuilles  alternes,  indivises 
ou  palmati-lobées ,  dont  les  pétioles  por- 
tent deux  glandes  à  leur  sommet  ;  à  fleurs 
verdâtres,  petites,  disposées  en  grappes  pa- 
niculées  axillaires.  Elles  sont  indigènes  de 
l'Asie  et  de  l'Afrique  tropicale. 

Wight  et  Arnott  (Prodr.,  1 ,  353)  ont  ré- 
parti les  espèces  de  ce  genre  en  deux  sec- 
tions, qui  sont  :  Microblepharis  :  tube  du  pé- 
rianthe conique  -  tubuleux  égal  à  la  base; 
divisions  intérieures  du  limbe  contiguës  aux 
extérieures;  Blepharanthus  :  tube  du  pé- 
rianthe tubuleux-campanulé  présentant  à  la 
base  5-10  gibbosités  ;  divisions  intérieures 
du  limbe  insérées  tout-à-fait  au  fond  du 
tube.  (J.) 

♦MODESTIA,  Chamiss.  (in  Linnœa,  III, 
4).  bot.  ph.  —  Voy.  stemadia,  Linn. 

MODIOLA.   bot.   pu.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Malvacées-Malvées  ,   établi   par 
Mœnch  (  Method.,  620  ),  et  que  De  Candolle 
Prodr.,    I,    435)   considère    comme   une 
simple  section  du  g.  Mauve. 

HIODIOLE.  Modiola  (po&oç  ou  modius, 
mesure  pour  les  grains  ou  pour  les  liquides). 
mcil.  — Genre  de  Mollusques  bivalves  ou 
conehifères,  établi  par  Lamarck  aux  dépens 
des  Moules  de  Linné  et  de  Bruguière,  et 
faisant  également  partie  de  la  famille  des 
Mytilacées.  Il  se  distingue  particulièrement 
des  Moules,  parce  que  les  crochets  ne  sont 
pas  pointus  et  terminaux,  d'où  résulte  pour 
la  coquille  une  forme  plutôt  transverse  que 
longitudinale;  mais,  comme  le  remarque 
M.  Deshayes,  en  rassemblant  un  grand 
nombre  d'espèces  des  deux  genres,  on  en 
voit  dont  les  crochets  presque  terminaux 
sont  dépassés  par  un  petit  bord  très  court, 
d'autres  dont  ce  bord  est  un  peu  plus 
étendu ,  et  l'on  passe  des  Moules  aux  Mo- 
dioles  par  degrés  insensibles,  sans  pouvoir 
déterminer  avec  précision  la  limite.  Comme 
d'ailleurs  l'organisation  des  animaux  pré- 
sente une  parfaite  analogie,  on  peut  con- 
clure avec  ce    savant  zoologiste   que  ces 


MOD 


IUOH 


255 


genres  doivent  être  réunis.  Il  en  doit  être 
de  même  aussi  du  genre  Lithodomc  qu'on  a 
voulu  former  avec  les  espèces  qui  creusent 
les  pierres  calcaires,  car  plusieurs  vraies 
Modioles  sont  lithophages  comme  les  Saxi- 
caves,  les  Pholades,  les  Vénérupes,  etc. 
Toutefois,  la  coquille  des  Modioles  de  La- 
marck  est  subtransverse,  équivalve,  régu- 
lière, à  côté  postérieur  très  court;  avec  une 
impression  musculaire  sublatérale  allongée 
et  en  hache.  Les  crochets  sont  presque  la- 
téraux, abaissés  sur  le  côté  le  plus  court. 
La  charnière  est  sans  dents,  latérale  et 
linéaire;  le  ligament  est  cardinal  presque 
intérieur,  reçu  dans  une  gouttière  margi- 
nale. Toutes  les  espèces  ,  même  celles  qui 
creusent  la  pierre ,  sont  pourvues  d'un 
byssus.  La  plus  grande,  et  celle  qu'on  peut 
citer  comme  le  type  de  ce  genre,  est  la  Mo- 
diole  des  Papoux  ,  naturellement  couverte 
d'un  épiderme  brun,  mais  que  souvent  on 
a  décapée  et  polie  dans  les  collections;  elle 
est  alors  d'une  belle  couleur  violette;  elle 
est  longue  presque  d'un  décimètre  ,  et  se 
trouve  dans  l'Océan  Atlantique  boréal,  sur 
les  côtes  de  l'Amérique  septentrionale.  La 
Modiole  tulipe,  également  remarquable  par 
sa  coloration ,  est  même  transparente  et 
rayée  comme  les  pétales  d'une  tulipe,  avec 
les  crochets  et  la  carène  du  bord  inférieur 
teints  de  rose  ou  de  violet;  elle  est  longue  de 
75  à  80  millimètres,  et  se  trouve  dans  les 
mers  d'Amérique.  Plusieurs  espèces  mon- 
trent des  stries  divariquées  ou  en  deux  fais- 
ceaux rayonnants  :  telle  est  la  Modiole 
discordante  sur  laquelle  ces  deux  faisceaux 
sont  séparés  par  un  espace  lisse.  La  Modiole 
lithophage,  dont  Cuvier  a  voulu  faire  le  type 
du  g.  Lithodome ,  est  allongée  ,  cylindrique, 
arrondie  aux  extrémités,  longue  de  70  à  120 
millimètres  ;  la  coquille  est  nacrée  en  dedans 
et  revêtue  d'un  épiderme  brun  plus  ou  moins 
foncé,  à  travers  lequel  on  aperçoit  des  stries 
transverses,  un  peu  sinueuses.  Ce  Mollus- 
que, très  recherché  pour  la  délicatesse  de 
son  goût,  est  nommé  communément  Datte 
de  mer  y  ou  Moule  pholade.  On  le  trouve 
abondamment  sur  plusieurs  côtes  calcaires 
de  la  Méditerranée  et  de  l'Océan  ,  et  princi- 
palement aux  îles  Maurice  et  Bourbon.  On 
connaît  aussi  une  vingtaine  de  Modioles 
fossiles  dont  la  plupart  se  trouvent  dans  les 
terrains  tertiaires;   mais  plusieurs  appar- 


tiennent aux  terrains  secondaires ,  telle  est 
la  M.  hillana,  de  l'argile  de  Kimmeridgc; 
la  M.  gibbosa,  de  l'oolite  moyenne;  la  M. 
cuneata,  des  argiles  du  lias  ;  la  M.  plicata, 
de  Cornbrash,  etc.  (Duj.) 

*MOEHNIA  ,  Neck.  {Elem.,  n.  13).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Gazania,  Gœrtn. 

MQEHRINGIA  (nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Caryopbyllée-s-Stcl- 
larinées,  établi  par  Linné  {Gen.t  n.  26i),  et 
renfermant  des  herbes  annuelles  ou  vivaces, 
qui  croissent  en  abondance  dans  les  régions 
tempérées  et  froides  de  l'hémisphère  boréal. 

MOEKISTOCERA.  ins.— Syn.  de  Megis- 
tocera. 

MOELLE,  zool.  —  Voy.  os. 

MOELLE,  bot.  —  Voy.  accroissement. 

MOELLE  ÉPINIÈRE.  anat.   —    Voy. 

SYSTÈME  NERVEUX. 

MOENCHIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Caryophyllées-Stel- 
larinées,  établi  par  Ehrhart  (Beitr.,  II,  277) 
aux  dépens  des  Céraistes,  pour  les  esp.  qui  pré- 
sentent: un  calice  4-5-parti;  des  pétales  très 
entiers;  4-8-10  étamines;  4-5  styles;  une 
capsule  cylindrique,  droite,  plus  courte  ou 
presque  de  même  longueur  que  le  calice  ,  à 
dents  roulées  à  la  marge.  Voy.  céraiste. 

Roth  a  aussi  établi,  sous  le  même  nom  de 
Mœnchia  (Flor.  germ.y  I,  273),  un  genre 
synonyme  du  g.  Berteroa  de  De  Candolle. 
Voy.  ce  dernier  mot. 

MQERA.  crust. — Voy.  crevette. 

*MOESSLERA,  Reichenb.  (Comp.,  160). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Tittmannia,  Brong. 

MOFAT.  moll. — Nom  donné  par  Adanson 
(Voyage  au  Sénégal)  à  une  espèce  de  Bu- 
carde,  la  Bucarde  grimacière,  Cardium  rin- 
gens  Lamk. 

MOGIPHANES,  Mart.  (Nov.  gen.  etsp., 
II,  29  ,  t.  129-134  ).  bot.  ph.  —  Voy.  te- 

LEIANTHERA,   R.  Br. 

*MOHLANA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la 
famille  des  Phytolaccacées-Rivinées ,  établi 
par  Martius  (Nov.  gen.  et  sp.,  III,  170, 
t.   290).  Herbes  du  Brésil.  Voy.  phytolac- 

CACKES. 

*MOHO.  Moho.  ois.— Division  établie  par 
M.  Lesson  dans  le  genre  Philédon.  Voy.  ce 
mot.  (Z.  G.) 

*MOHOEA.  Mohoua.  ois.  —  Genre  créé 
par  M.  Lesson  pour  une  espèce  dont 
MM.  Quoy  et  Gaimard  ont  fait  un  Cçrthiar 


256 


MOI 


et  que  M.  de  La  Fresnaye  rapporte  au  genre 
Orthonix.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

MOHRIA  (nom  propre),  bot.  en.  — Genre 
de  Fougères-Schizéacées  ,  établi  par  Swartz 
(Synops.,  159,  t.  5)  pour  de  petites  Fougè- 
res qui  croissent  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance et  dans  l'île   de  Mascareigne,    Voy. 

FOLTGÈKES. 

MOINE,  mam.  —  En  mammalogie  ,  la 
dénomination  vulgaire  de  Moine  est  em- 
ployée pour  désigner  diverses  espèces  appar- 
tenant aux  groupes  des  Singes,  des  Phoques 
et  des  Marsouins.  (E.  D.) 

MOINEAU.  Fringilla.  ois. — Les  ornitho- 
logistes ne  donnent  pas  tous  à  ce  mot  la  même 
valeur;  les  uns  l'emploient  comme  nom  de 
famille,  les  autres  comme  nom  de  genre  et 
de  sous-genre;  d'autres  s'en  servent  seule- 
ment pour  désigner  quelques  espèces.  De  ces 
trois  exceptions,  nous  adopterons  la  plus 
large;  en  d'autres  termes,  à  l'exemple  de 
G.  Cuvier,  de  M.  Lesson  et  de  plusieurs  au- 
tres naturalistes ,  nous  considérerons  ici  les 
Moineaux  comme  composant  une  nombreuse 
tribu  ou  famille  (1)  caractérisée  par  un  bec 
presque  régulièrement  conique,  épais,  fort, 
large  à  sa  base,  pointu  au  sommet,  et  par 
des  narines  arrondies  et  en  partie  cachées 
par  les  plumes  du  front. 

Les  espèces  que  nous  comprendrons,  avec 
les  auteurs  que  nous  venorj  de  citer,  sous  le 
titre  général  de  Moineau,  en  raison  de  leur 
nombre  considérable  et  de  leur  diversité, 
doivent  nécessairement  offrir  des  habitudes, 
des  instincts,  etc.,  différents,  dont  il  nous 
faudra  tenir  compte  dans  l'histoire  que  nous 
avons  à  faire  de  ces  oiseaux.  Mais,  pour  ne 
point  augmenter  la  difficulté  déjà  très  grande 
de  cet  historique,  nous  prendrons  particuliè- 
rement en  considération  les  mœurs  de  nos 
Moineaux  d'Europe,  et  nous  nous  bornerons 
à  signaler  les  différences  que  présentent  à 
cet  égard  les  espèces  qui  ont  avec  eux  des 
rapports  de  famille. 

Les  Oiseaux  que  l'on  réunit  sous  le  nom 
de  Moineaux  ont,  en  général,  des  formes 
plutôt  lourdes  que  sveltes.  La  plupart  sont 
parés  de  couleurs  agréables  qui  les  font  re- 
chercher. Répandus  sur  toute  la  surface  du 
globe,  mais  surtout  là  où  se  trouvent  des 
graines  à  leur  convenance,  les  Moineaux  for- 

(t)  Cette  famille  correspond  entièrement  au  g.  Gros-Bec 
de  M.  Temminck  » 


MOI 

ment  des  associations  nombreuses,  et  exploi- 
tent ordinairement  en  troupes  les  contrées 
qu'ils  habitent.  Il  semblerait  que  nos  espèces 
d'Europe  aient  été  créées  tout  exprès  pour 
devenir  les  commensales  de  l'homme  ;  car 
elles  l'ont  suivi  partout  où  il  s'est  établi,  et 
surtout  partout  où  il  s'est  livré  à  la  culture 
des  céréales.  Elles  sont,  selon  l'heureuse  ex- 
pression de  Bufl'on,  comme  les  rats  attachés 
à  nos  habitations,  ne  se  plaisant  ni  dans  les 
bois,  ni  dans  les  vastes  campagnes,  mais 
cherchant  de  préférence  les  grandes  villes  au 
sein  desquelles  elles  sont  assurées  de  trou- 
ver en  tout  temps  une  nourriture  facile. 
Cette  habitude  qu'ont  les  Moineaux  devenir 
vivre  à  nos  dépens  a  fait  penser  à  Sonnini 
que  ces  Oiseaux  avaient  changé  de  nature  en 
se  soumettant  volontairement  à  une  sorte 
de  domesticité,  domesticité  plus  nuisible 
qu'utile;  car  les  Moineaux  ne  sont  plus, 
comme  les  Pigeons,  les  Poules,  les  Ca- 
nards, etc. ,  des  animaux  dont  on  puisse  tirer 
aucun  profit,  leurs  plumes  ne  pouvant  être 
utilisées  etleur  chair  n'étant  pas  même  mé- 
diocre. Ce  sont  plutôt  des  casaniers  impor- 
tuns, des  commensaux  incommodes,  d'im- 
pudents parasites  qui  partagent  malgré  nous 
nos  grains,  nos  fruits  et  notre  domicile. 
«  Plus  hardis  que  les  autres  Oiseaux,  dit  avec 
beaucoupde  iustesseSonnini,ilsnecraignent 
pas  l'homme,  l'environnent  dans  les  villes, 
à  la  campagne,  se  détournant  à  peine  pour 
le  laisser  passer  sur  les  chemins,  et  surtout 
dans  les  promenades  publiques  où  ils  jouis- 
sent d'une  entière  sécurité.  Sa  présence  ne 
les  gêne  point,  ne  les  distrait  point  de  la  re- 
cherche de  leur  nourriture,  ni  des  soins  qu'ils 
donnent  à  leurs  petits,  ni  de  leurs  combats. 
ni  de  leurs  plaisirs;  ils  ne  sont  assujettis  en 
aucune  manière,  et,  à  vrai  dire,  ils  ont  plus 
d'insolenceque  de  familiarité.  »I1  ne  faudrait 
point  juger  des  mœurs  des  espèces  étrangè- 
res qui  se  rapportent  aux  Moineaux  par  celles 
des  nôtres;  le  plus  grand  nombre  vit  loin 
de  toute  demeure  et  fuit  avec  autant  de  soin 
les  lieux  habités  que  nos  espèces  les  recher- 
chent; mais  elles  ont  ceci  de  commun  avec 
nos  Moineaux,  que  la  plupart  d'entre  elles 
occasionnent  de  très  grands  dégâts  par  la 
consommation  inouïe  qu'elles  font  des  grai- 
nes utiles. 

Pendant  longtemps   on  a  discuté  cette 
question  de  savoir  si  les  Moineaux  qui  vivent 


MOI 

parmi  nous  étaient  réellement  aussi  nuisi- 
bles à  l'agriculture  qu'on  le  dit  généralement. 
Ce  qu'on  a  dépensé  de  paroles  pour  les  ac- 
cuser et  pour  les  défendre  est  incroyable. 
Les  uns,  les  considérant  comme  des  dépré- 
dateurs de  nos  moissons  et  de  nos  fruitiers, 
concluaient  à  leur  proscription.  Les  autres 
ne  trouvaient  pas  leur  multiplication  assez 
grande,  tant  ils  étaient  convaincus  que  les 
services  qu'ils  rendaient  en  détruisant  les 
insectes  étaient  éminents,  tandis  que  leurs 
déprédations  n'existaient  pour  eux  qu'en 
apparence.  Les  Moineaux,  disaient-ils,  que 
vous  voyez  attroupés  dans  un  champ  de 
blé,  dans  une  chènevière,  etc.,  n'y  cherchent 
absolumentque  des  insectes,  ets'ilségrainent 
quelques  épis,  c'est  dans  le  but  d'en  débar- 
rasser les  animaux  nuisibles  qui  s'y  trouvent. 
Leurs  dégâts  ne  sauraient  donc  être  mis  en 
balance  avec  des  services  aussi  signalés.  De 
part  et  d'autre  on  dressa  des  statistiques. 
Déjà,  en  1779,  le  moine  PolycarpePoncelet, 
dans  son  Histoire  naturelle  du  Froment,  avait 
dénoncé  les  Moineaux  comme  étant  de  très 
grands  dévastateurs.  En  1788,  Rougier  de 
La  Bergerie,  dans  ses  recherches  sur  les  prin- 
cipaux abus  qui  s'opposent  aux  progrès  de 
l'agriculture,  se  chargea  d'apporter  des  preu- 
ves à  l'appui  de  i'opinion  de  Poncelet.  Il  ac- 
cusa les  Moineaux,  d'après  des  calculs  ap- 
proximatifs, de  consommer  chaque  année» 
en  France,  plus  d'un  millier  d'hectolitres  de 
céréales,  fait  suffisant  à  ses  yeux  pour  pro- 
voquer une  loi  non  plus  de  proscription , 
mais  de  destruction  totale  de  l'espèce.  Les 
calculs  de  Bosc  (Cours  d'agriculture)  élevè- 
rent à  près  de  deux  millions  d'hectolitres  la 
consommation  de  grains  que  faisaient  ces 
Oiseaux.  Mais  les  Moineaux,  avons-nous  dit, 
avaient  en  même  temps  leurs  défenseurs,  et 
ceux-ci  dressèrent  aussi  leurs  calculs  et  trou- 
vèrent qu'à  en  juger  par  le  nombre  d'insec- 
tes qu'un  Moineau  apporte  à  ses  petits  dans 
le  courant  d'une  journée,  la  destruction  an- 
nuelle qu'il  en  fait  devait  être  de  prèsde  deux 
cent  mille.  De  part  et  d'autre  c'était  partir 
de  fausses  données,  pour  arriver  à  des  con- 
séquences qui  ne  pouvaient  en  rien  être  ri- 
goureuses. Malgré  ces  discussions ,  qui  se 
produisaient  dans  les  journaux  et  les  traités 
d'agriculture  d'alors,  l'indécision  resta  dans 
les  esprits,  et  nos  lois  voulant  que  le  doute 
soit  favorable  à  l'accusé,  les  Moineaux  ga- 
x.  vm. 


MOI 


257 


gnèrent,  en  France,  une  cause  qui  était 
perdue  pour  eux  depuis  longtemps  dans  cer- 
taines contrées  de  l'Europe  où  leur  tête  était 
mise  à  prix.  Cependant,  grâce  à  la  nouvelle 
loi  sur  la  chasse,  nous  sommes  peut-être  sur 
le  point  de  voir  renouveler  le  procès  que  l'on 
a  fait  aux  Moineaux;  car  plusieurs  pétitions 
collectives  venues  de  la  banlieue  de  Paris  et 
adressées  au  conseil  général  de  la  Seine 
demandent  qu'on  autorise  la  destruction 
de  ces  oiseaux  par  trop  dévastateurs.  Le  fait 
est  que  les  Moineaux  occasionnent  d'assez 
grands  dégâts  pour  qu'on  doive  prendre 
des  mesures  qui  opposent  des  limites  à  leur 
trop  grande  multiplication.  On  peut  dire  que 
la  plupart  du  temps  ils  détruisent  pour  le 
plaisir  de  détruire. 

Nos  Moineaux  ne  rachètent  leurs  défauts 
par  aucune  qualité  utile.  Leur  plumage, 
avons-nous  dit,  n'a  rien  qui  flatte  l'œil, 
leur  chair  n'est  pas  très  bonne;  d'un  autre 
côté,  leur  voix  est  très  désagréable.  La  plu- 
part des  espèces  étrangères  ne  sont  pas  mieux 
dotées  sous  ce  dernier  rapport  et  font  enten- 
dre des  cris  importuns.  Cependant  il  en  est 
qui  ramagent  fort  agréablement,  et  d'autres 
dont  le  chant  plaît  presque  autant  que  ce- 
lui du  Rossignol.  C'est  surtout  lorsque  les 
Moineaux  vont  se  livrer  au  repos  que  leurs 
cris  deviennent  bruyants.  Vers  le  milieu  du 
jour,  lorsque  la  chaleur  est  très  forte ,  on 
voit  nos  espèces  rassemblées  sur  une  haie, 
sur  les  arbres  qui  bordent  les  rivières,  exé- 
cuter un  concert  des  moins  harmonieux  et 
des  plus  discordants,  ce  qu'ils  font  également 
pendant  la  belle  saison,  lorsque  le  soir  ils 
se  réunissent  sur  les  arbres  où  ils  passent  la 
nuit.  Leurs  piailleries  alors  sont  des  plus 
étourdissantes. 

La  seule  chose  qui  soit  capable  de  faire 
rechercher  nos  Moineaux,  c'est  la  facilité 
qu'ils  ont  à  s'apprivoiser,  la  docilité  qu'ils 
mettent  à  obéira  la  voix  qui  les  réclame  (1), 
leur  familiarité,  qu'ils  poussent  jusqu'à  ve- 
nir prendre  leur  pâture  dans  la  main  qui  la 

(i)  Buffon  parle  d'un  soldat  qui  possédait  un  Moineau 
franc  qui  le  suivait  partout  et  le  reconnaissait  au  milieu  de 
tout  le  régiment.  Voici  un  fait  d'un  autre  genre.  Nous  avons 
vu  une  femelle  de  la  même  espèce,  vivant  en  pleine  liberté, 
s'éloignant  de  la  maison  où  elle  avait  été  élevée ,  y  revenant 
volontairement  ou  à  la  voix  du  maître.  A  l'époque  dis 
amours  ,  elle  s'accoupla  avec  un  mâle  du  voisinage,  construi- 
sit tant  bien  que  mal  un  nid  derrière  une  glace,  éleva  seule 
ses  petits,  et  leur  fit  prendre  la  liberté  lorsqu'ils  furent  astcê 
forts  pour  la  suivre  au  dehors. 

33 


258 


MOI 


MOI 


leur  présente,  à  se  laisser  toucher  et  ca- 
resser. Cependant,  ils  ne  conservent  ces 
qualités  que  jusqu'à  un  certain  âge;  en 
vieillissant  ils  deviennent  capricieux  et  aca- 
riâtres, et  ne  sont  pas  toujours  disposés  à 
recevoir  les  caresses  qu'on  veut  leur  faire. 

Quoique  peu  farouches  ,  les  Moineaux 
donnent  difficilement  dans  les  pièges  qu'on 
leur  tend ,  parce  qu'ils  sont  défiants  et  ru- 
sés. Leur  défiance  est  d'autant  plus  grande 
qu'ils  ont  failli  être  victimes  des  embûches 
de  l'homme.  Leur  vol  est  court  mais  assez 
rapide ,  et  n'est  jamais  fort  élevé.  Lorsqu'ils 
s'envolent,  c'est  toujours  en  troupe,  toujours 
tous  à  îa  fois,  brusquement  et  bruyam- 
ment. Nos  espèces  d'Europe  n'émigrent 
pas  fort  loin;  on  pourrait  plutôt  les  consi- 
dérer comme  erratiques ,  car  elles  se  bor- 
nent à  passer  d'une  localité  peu  fertile  en 
grains  dans  une  autre  qui  leur  offre  une 
nourriture  plus  abondante  et  plus  facile. 
Parmi  les  espèces  étrangères,  il  en  est  dont 
les  migrations  sont  complètes  et  qui  passent 
du  nord  au  sud  ou  du  sud  au  nord ,  selon 
les  saisons. 

Les  Moineaux  sont  très  féconds.  Ils  font 
au  moins  deux  pontes  par  an,  très  souvent 
trois ,  chacune  de  cinq  à  sept  œufs,  dont  la 
couleur  varie  selon  les  espèces.  Les  uns  ni- 
chent indifféremment  sous  les  toits,  dans  les 
crevasses  des  murs,  dans  les  trous  des  vieux  co- 
lombiers, entre  les  branches  des  arbres,  etc.; 
les  autres  choisissent  les  creux  des  arbres  ; 
d'autres ,  enfin  ,  les  haies ,  les  buissons,  etc. 
Ceux-ci  établissent  leur  nid  dans  une  posi- 
tion un  peu  élevée,  ceux-là  le  posent  près 
du  sol.  Le  nid  ,  chez  la  plupart  des  espèces 
étrangères,  est  assez  artisternent  fait;  celui 
de  nos  Moineaux  est  très  négligé  et  varie, 
pour  la  forme,  selon  les  lieux  où  il  est  établi. 
Les  individus  qui  le  placent  entre  les  bran- 
ches des  arbres  lui  donnent  une  forme 
sphérique  et  y  ménagent,  vers  le  milieu, 
une  ouverture  qui  communique  avec  la  ca- 
vité intérieure.  Beaucoup  de  brins  de  paille 
et  de  foin  fort  lâchement  liés  ensemble  le 
composent  à  l'extérieur;  des  substances 
molles,  et  surtout  beaucoup  de  plumes ,  le 
garnissent  en  dedans.  Mais  de  toutes  les  es- 
pèces que  l'on  range  dans  la  famille  des 
Moineaux,  celle  qui  fait  le  nid  le  plus  re- 
marquable est,  sans  contredit,  la  Veuve 
à  épaulettes.  Une  trentaine  de  femelles  con- 


courent ordinairement  à  la  construction  de 
ce  nid,  et  toutes  y  pondent  dans  des  com- 
partiments particuliers  qu'elles  y  ménagent 
C'est  un  établissement  commun  qui  a  ses 
entrées  et  ses  sorties ,  et  dans  lequel  chaque 
ouvrière  a  sa  loge  distincte.  Et  ce  qu'il  y  a 
de  plus  remarquable,  c'est  qu'un  seul  mâle 
ou  deux  tout  au  plus  régnent  dans  cette 
sorte  de  république;  car  cette  espèce,  dit- 
on,  est  polygame,  fait  unique,  peut-être  , 
dans  la  classe  des  Oiseaux. 

Les  Moineaux  entrent  ordinairement  de 
bonne  heure  en  amour  ,  du  moins  est-ce  le 
cas  de  nos  espèces.  Tous  les  auteurs  se  sont 
accordés  à  considérer  ces  Oiseaux  comme  très 
lascifs ,  très  ardents.  Vieillot  nous  apprend 
que  l'Amadine  fasciné ,  ou  le  Cou-coupé,  est 
d'unnaturel aimant;  quelemâleetla  femelle 
contractent  une  union  intime  où  les  peines 
et  les  plaisirs  sont  partagés  ;  et  Buffon  nous 
a  laissé  des  amours  de  nos  Moineaux  domes- 
tiques une  peinture  à  laquelle  il  manque 
malheureusement  un  peu  de  vérité.  Après 
avoir  décrit  le  combat  des  mâles  à  l'époque 
des  pariades ,  il  ajoute  :  «  Il  y  a  peu  d'Oi- 
seaux si  ardents,  si  puissants  en  amour  ;  on 
en  a  vu  se  joindre  jusqu'à  vingt  fois  de 
suite  (1) ,  toujours  avec  le  même  empresse- 
ment, les  mêmes  trépidations,  les  mêmes 
expressions  de  plaisir  ;  et  ce  qu'il  y  a  de  sin- 
gulier, c'est  que  la  femelle  paraît  s'impa- 
tienter la  première  d'un  jeu  qui  doit  moins 
la  fatiguer  que  le  mâle,  mais  qui  peut  lui 
plaire  aussi  beaucoup  moins,  parce  qu'il  n'y 
a  nul  préliminaire,  nulles  caresses.,  nul 
assortiment  à  la  chose:  beaucoup  de  pétu- 
lance sans  tendresse,  toujours  des  mouve- 
ments précipités,  qui  n'indiquent  que  le 
besoin  pour  soi-même.  »  Certainement  il 
serait  difficile  de  tracer  un  tableau  mieux 
senti  et  plus  élégant;  mais,  nous  le  répé- 
tons, sous  la  vigueur  et  la  beauté  du  coloris 
se  cachent  des  erreurs  de  fait  qu'il  nous  est 
impossible  de  ne  pas  signaler.  Les  Moineaux 
ne  sont  ardents  et  puissants  en  amour  qu'en 
apparence.  Il  en  est  pour  eux  comme  pour 
une  immense  quantité  d'autres  Oiseaux  qui 
ont  besoin  d'être  longtemps  excités  avant 
de  consommer  l'acte  copulateur.  Or,  tous 
ces  retours  auprès  de  leurs  femelles ,  toutes 
ces  trépidations ,  chez  les  Moineaux  mâles  , 
ne  sont  qu'un  moyen  d'excitation  ,  que  des 

(i)  C'est  à  Aldrovande  que  Buffon  a  etnpruuté  ce  fait. 


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préliminaires  à  l'accomplissement  de  cet 
acte.  Il  n'y  a  donc  plus  lieu  d'être  surpris 
qu'un  pareil  jeu  paraisse  ne  point  les  fati- 
guer, puisque  de  tant  de  rapprochements  il 
n'y  en  a  qu'un  seul  d'efficace ,  et  c'est  le 
dernier.  Quant  à  la  prétendue  indifférence 
de  la  femelle  ,  soit  avant ,  soit  pendant  l'ac- 
complissement, il  est  certain  qu'elle  fait 
des  agaceries  au  mâle  autant  que  celui-ci  la 
sollicite,  et  que,  durant  les  fréquents  rap- 
prochements qui  ont  lieu,  elle  ne  cesse  de 
l'exciter  par  des  cris  particuliers. 

Le  plumage  des  Moineaux,  surtout  celui 
de  nos  espèces  d'Europe,  présente  quelques 
variétés  accidentelles.  Il  n'est  pas  rare  de 
rencontrer  des  Moineaux  blancs  en  totalité 
ou  en  partie;  mais  il  arrive  souvent,  lorsque 
cette  couleur  n'est  pas  un  effet  de  la  vieil- 
lesse,  de  la  voir  disparaître  à  la  première 
mue,  et  alors  l'individu  devient  pareil  à  la 
masse  de  ses  semblables.  Quelques  uns  sont 
d'un  gris  sale  au  lieu  d'être  blancs;  d'au- 
tres ,  enfin  ,  prennent  un  plumage  noir  ou 
noirâtre ,  jaune  ou  roux. 

La  famille  des  Moineaux  a  des  représen- 
tants dans  toutes  les  parties  du  monde,  et 
est  très  riche  en  espèces.  Les  divisions  et  les 
subdivisions  qu'on  a  établies  pour  ces  es- 
pèces sont  infinies;  quelques  auteurs  en 
ont  admis  jusqu'à  trente.  Or,  ce  nombre  est 
considérable,  surtout  lorsqu'on  pense  qu'il 
est  le  résultat  du  démembrement  du  genre 
unique  Fringilla  de  Linné.  M.  Lesson 
ayant  proposé  une  classification  des  Moi- 
neaux à  peu  près  en  rapport  avec  celle  qu'a 
donnée  G.  Cuvier, mais  plus  complète,  nous 
l'adopterons.  Cependant,  toutes  les  divisions 
admises  par  M.  Lesson  ne  figureront  pas  ici. 
Il  en  est  qui  ont  été  prises  pour  sujets  d'ar- 
ticles   particuliers  (Voy.  amadine  ,  chipiu, 

CHONDESTES,  AMMODROME,  CHUYSOM1TRIS  ,  LI- 
NOTTE et  lonchure).  D'autres,  vu  leur  im- 
portance, nous  paraissent  devoir  être  trai- 
tées à  part  {Voy.  pinson  et  serin). 

I.  Les  MOINEAUX  PROPREMENT  DITS. 
Pyrgila ,  Cuv.  (  Passer ,  Briss.;  Fringilla, 
Linn.  ;  Petronia,  Bonap.  ;  Coccothraus- 
tes ,  Cuvier). 

Bec  court,  comprimé,  bombé  vers  la 
pointe  seulement,  à  rebords  de  la  mandi- 
bule supérieure  légèrement  rentrants  ;  queue 
moyenne  et  échancrée. 


A  l'exception  d'une  espèce  qui  est  de  l'O- 
céanie,  toutes  appartiennent  à  l'ancien 
continent.  Cinq  d'entre  elles  vivent  en 
Europe. 

Le  Moineau  domestique,  Pyr.  domestica 
Cuv.,  Frin.  domestica  Linn.  (Buff.,  pi.  enl.f 
6 ,  fig.  1)  :  Sommet  de  la  tête  et  occiput  d'un 
cendré  bleuâtre;  sourcils  marron;  gorge  et 
devant  du  cou  d'un  noir  profond  ;  joues  d'un 
blanc  cendré;  flancs  cendrés  sans  taches. — 
Habite  depuis  les  provinces  méridionales  de 
la  France  jusque  dans  les  régions  du  cercle 
arctique. 

Le  Moineau  cisalpin,  Frin.  cisalpina  Tem. 
(Vieill.,  Gai.  des  Ois.,  pi.  613,  sous  le  nom 
de  Fringdle  à  tête  marron)  :  Sommet  de  la 
tête,  nuque  et  partie  postérieure  du  cou 
d'un  marron  pur;  joues  d'un  blanc  pur; 
tout  le  reste  du  plumage  comme  dans  l'es- 
pèce précédente.  —  Habite  les  contrées  mé- 
ridionales de  l'Europe  au-delà  de  la  grande 
chaîne  des  Alpes  cottiennes  et  penniennes. 

Le  Moineau  espagnol,  Frin.  hispanialensis 
Temm.  (Roux,  Ornith.  provençale,  pi.  84)  : 
Sommet  de  la  tête  et  nuque  d'un  marron  vif 
et  très  foncé;  dos  et  manteau  noirs;  le  noir 
de  la  gorge  très  intense;  sur  les  flancs  de 
très  longues  taches  noires  ;  sourcils  blancs. 
—  Habite  toute  l'Espagne,  la  Sardaigne,  la 
Sicile,  l'Egypte.  On  le  trouve  encore  au  Ja- 
pon ;  il  est  assez  commun  à  Timor,  à  Java , 
et  dans  quelques  autres  îles  des  Moluques. 

Le  Moineau  friquet,  Frin.  montana  Linn. 
(Buff. ,  pi.  enl,  267,  f.  1)  :  Sommet  de  la 
tête  et  occiput  d'un  rouge  bois;  bande  au- 
dessus  des  yeux  d'un  noir  profond  ;  un  col- 
lier interrompu  sur  la  nuque  d'un  blanc 
pur;  deux  bandes  blanches  sur  les  ailes.  — 
Habite  toute  l'Europe,  depuis  l'Italie  et  TEs- 
pagne  jusque  dans  les  régions  du  cercle  arc- 
tique. 

Le  Moineau  soulcie,  Frin.  petronia  Linn. 
(Buff.,  pi.  enl.,  225),  est,  sous  tous  les  rap- 
ports, un  vrai  Moineau,  et  ne  peut  rester 
en  aucune  façon  dans  la  section  des  Gros- 
Becs  où  G.  Cuvier  l'a  placé.  Pour  quelques 
auteurs,  par  exemple  pour  Ch.  Bonaparte, 
cette  espèce  est  le  type  d'un  g.  particulier  , 
qui  tire  son  nom  (Petronia)  de  l'espèce  :  Plu- 
mage d'un  brun  cendré  mêlé  de  blanchâtre  ; 
sourcils  jaunes;  tache  de  même  couleur  au- 
devant  du  cou  ;  sur  les  reclrices  une  tache 
blanche.  — Habite  plus  particulièrement  le 


260 


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Midi,  l'Italie,  la  Suisse  et  les  contrées  mé- 
ridionales de  la  France. 

Nous  citerons  en  espèces  étrangères  :  le 
Moin.  simple,  Fr.  simplex  Temm.  (pi.  col, 
358),  de  la  Nubie. — Le  Moin.  a  épaules 
marron,  Fr.  pyrroptera Less.  (Zool.  duVoy. 
de  Bel.  ),  de  la  côte  de  Coromandel.  —  Le 
Moin.  a  ventre  jaune,  Fr.  capensis  Gmel. 
(Buff., pJ.e/iZ.,  664),  du  Cap. —Le  Moin.  jau- 
net,  Fr.  luteahkhst.  (Temm., pi.  col.,  365, 
f.  1),  de  la  Nubie. — Le  Moin.  rodopepla,  Fr. 
rodopeplaVig.  (Proceed.,  I,  23), de  l'Hima- 
laya. —  Le  Moin.  rodochora  Vig.  (loc.  cit.  ), 
même  patrie  que  le  précédent. — Le  Moin.  cou 
jaune,  Fr.  flavicollis  Franckl.  (Proceed.,  I, 
120),  des  rives  du  Gange. — Le  Moin.  a  tête 
blanche,  Fr.  albicillahess.  (Zool.  delà  Coq.), 
de  la  Nouvelle-Zélande.  —  Le  Moin.  péru- 
vien, Pyrgita  peruviensis  Less.  (Jour.  l'Inst., 
n°  72),  de  Callao.  — Et  le  Moin.  cannelle, 
Pyr.  cinnamomea  Gould  [Proceed. ,  V,  185), 
de  l'Himalaya. 

II.  Les  ASTRILDSou  SÉNÉGALIS.  Eslrelda, 
Swains.  (Lonigilla,  Less.). 

Bec  court,  à  bords  lisses;  ailes  courtes, 
arrondies;  queue  assez  allongée,  graduée. 

Toutes  les  espèces  de  cette  section  sont  de 
l'ancien  monde.  On  les  trouve  dans  les  Indes 
et  en  Afrique.  Buffon  n'en  a  connu  qu'un 
petit  nombre.  Celles  qu'il  a  décrites  sont  : 
I'Astrild,  Fr.  astrild  Linn.  (Vieill.,  Ois. 
chant.,  pi.  12).  —  Le  Bengali,  Fr.  benga- 
lensis  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl.,  157,  f.  2).  — 
Le  Bengali  piqueté,  Fr.  amandava  Gmel. 
(Buff.,  pi.  enl.,  115,  f.  3).  —Le  Sénégali 
rouge,  Fr.  senegala  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl., 
157,  f.  1  ).  — Le  Mariposa  ,  Fr.  bengalus 
Gmel.  (Atlas  de  ce  Dict.,  oiseaux,  pi.  3  a, 
fig.  1).  — Le  Comba-Sou,  Fr.  nileus  Gmel. 
(Buff.,  pi.  enl,  291,  f.  1).  —  Le  Beau-Mar- 
quet,  Fr.elegansGmçl.  (Buff.,  pl.enl.,203, 
f.  1).  —  Et  le  Grenadier,  Fr.  granatina 
Linn.  (Vieill.,  Ois.  chant.,  pi.  17  et  18). 

Les  espèces  découvertes  depuis  Buffon 
sont:  le  Sénégali  aurore,  Fr.  subflava  Vieill., 
du  Sénégal.  — Le  Sénég.  sanguinolent,  Fr. 
sanguinolenta  Temm.  (pi.  col,  221  ,  f.  2), 
de  la  Sénégambie.  — Le  Sénég.  versicolore, 
Fr.  versicolor  Vieill.  —  L'Astrild  a  ventre 
rouge,  Fr.  rubriventris  Vieill.,  Fr.  troglo- 
dytes Lichst.  (Cat.9  n°  258  ).  — Le  petit 


Sénég.  rouge,  Fr.  minima  Vieill.  (Ois.  chant, 
pi.  10  ),  de  la  Sénégambie.  —  Le  Sénég.  a 
front  pointillé,  Fr.  fronlalis  Vieill.  (Ois. 
chant. ,  pi  16  ),  de  la  côte  occidentale  d'A- 
frique. —  Le  Sénég.  Dufresne,  Fr.  Dufresnii 
Vieill.,  même  habitat.  —  Le  Sénég.  vert, 
Fr.  viridis  Vieill.  (Ois.  chant.,  pi.  4),  même 
habitat. — Le  Sénég.  gris-bleu,  Fr.  cœrules- 
cens  Vieill.  (Ois.  chant.,  pi.  8).— Le  Sénég. 
enflammé,  Fr.  ignita  La  th. — Le  Sénég.  Per- 
rein,  Fr.  Perreinii  Vieill.,  de  Malimbe.  — 
Le  Sénég.  a  gorge  noire,  Fr.  atricollis  Vieill. 
(  Ois.  chant. ,  pi.  14  ),  de  la  Gambie.  —  Le 
Bengali  a  joues  orangées,  Fr.  malpoda  Vieil, 
— Le  Sénég.  cendré,  Fr.  cinerea  Vieill.  (Ois. 
chant.,  pi.  6),  du  Cap.  — LeMÉLANOTE,  Fr. 
nielanotis  Temm.  (pi  col,  221,  f.  1),  de  la 
Cafrerie. — Le  Sénég.  rougeatre,  Fr.  rubri- 
cata  Lichst. ,  même  patrie.  —  L'Astrild  a 
moustaches  noires,  Fr.  erythronotus  Vieill. 
(Ois.  chant. ,  pi.  14),  de  l'Inde.  —  Le  Ben- 
gali moucheté,  Fr.  guttata  Vieill.  (Ois. 
chant.,  pi.  3).—  Le  Beng.  a  oreilles  blan- 
ches, Fr.  leucolis  Vieill. ,  de  la  Chine.  — 
Le  Beng.  a  cou  brun,  Fr.  fuscicollis  Vieill., 
même  patrie.  —  Le  Beng.  a  tète  d'azur, 
Fr.  picta  Lath. ,  même  patrie.  —  Le  Beng. 
impérial,  Fr.  imperialis  Lath.,  même  patrie. 
—  Et  I'Astrild  a  moustaches  rouges,  Fr. 
nuptacea  Daud.,  de  la  Cochinchine. 

III.  Les  WEEBOUGS,  Less. 

Bec  plus  gros  que  celui  des  Astriids,  plus 
élevé;  ailes  subaiguës  ;  queue  courte  forte- 
ment arrondie. 

Les  Weebougs  remplacent  les  Sénégalis  à 
la  Nouvelle -Hollande  et  dans  l'Océanie. 
Buffon  n'en  a  connu  aucun. 

Le  Weeboug,  Loxia  bella  Lath.  (Vieill. , 
Ois.  chant.,  pi.  55),  type  de  cette  division, 
de  Port-Jackson.  —  Le  Quinticolore  ,  Fr. 
quinticolor  Vieill.  (Ois.  chant.,  pi.  15),  de 
la  Nouvelle-Galles  du  Sud.  —  Le  Leuco- 
phore  ,  Fr.  leucocephala  Lath.  (Vieill.,  Ois. 
chant. ,  pi.  26).  — Le  Lathamien  ,  Fr.  La- 
thami  Vig.  et  Horsf.  —  Le  Bichenovien,  Fr. 
Bichenovii  Vig.  et  Horsf.  —  Le  Temporal, 
Fr.  temporalis Lath.  —  L'Oculé,  Fr.  oculata 
Quoy  et  Gaim.  (Voy.  de  VAstr.,  pi.  18, 
f.  2).  —Et  I'Acatanthe  ,  Fr.  psittacea 
Vieill.  (Ois.  chant.,  pi.  302),  de  la  Nouvelle- 
Calédonie. 


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IV.  Les  JACARINIS  ou  PASSERINES,  Less. 
(Passerina,  Vieil I.;  Zonatrichia,  Swains.; 
Spiza,  Bonap.  ;  Passerculus,  Bonap.). 

Bec  robuste ,  plus  allongé,  plus  aigu  que 
celui  des  Sénégalis;  ailes  courtes;  queue 
légèrement  fourchue. 

Les  Jacarinis  remplacent  en  Amérique  les 
Astrilds  de  l'Afrique  et  des  Indes. 

Buffon  a  connu  le  Pèrenoir,  Fr.  noctisGm. 
(Butt.,pl.enl,  201,  f.  1).— Le  Jacarini,F*\ 
nitens  Gm.  (Buff.,pJ.  enJ.,234,  f.  1).  —Le 
Ministre  ,  ou  Tangara  bleu  de  la  Caroline, 
Fr.  cyanea  Wils.  (Am.  orn.,  pi.  6,  f.  5), 
type  du  g.  Spiza,  de  Ch.  Bonaparte.  —  Le 
Guirnegat  ,  Emberiza  brasiliensis  Briss. 
(  Buff.  ,  pi  enl,  321  ,  f.  1  ).  —  L'Ortolan 
jacobin,  Emb.  hiemnalis  La  th.  Ne  serait-ce  pas 
de  cette  espèce  qu'Audubon  aurait  fait  le 
type  de  son  g.  Niphœa?  —  Le  Bruant  de 
Saint-Domingue,  Emb.  olivacia  Briss.  —  Le 
Pinson  de  Virginie,  Fr.pecoris  Lath.  —  Le 
Soulciet,  Fr.  monlicola  Briss.  (Bu (T.,  pi. 
enl. ,  223  ,  f.  2).  —  L'Ortolan  de  la  Loui- 
siane ,  Emb.  Ludoviciana  Lath.  (  Buff. ,  pi. 
tnl,  158,  f.  1).  —  Et  le  Verdier  de  Ba- 
hama,  Fr.  bicolor  Lath. 

Depuis  Buffon,  de  nombreuses  espèces 
sont  venues  augmenter  cette  division.  Parmi 
elles,  nous  citerons  :  la  Passerine  a  collier, 
Pass.  colaris  Vieillot,  de  l'Amérique  méri- 
dionale. —  La  Pass.  a  cou  noir,  Pass.  nigri- 
collis  Vieill.,  de  New-York.— Le  Cuschisch, 
Pass.  leucophrys  Vieill. ,  de  la  baie  d'Hud- 
son.  Cette  espèce  est  le  type  du  g.  Zono- 
trichia  de  Swainson,  et  fait  partie  du  g. 
Spiza  de  Bonaparte.  —  La  Pass.  des  marais, 
Pass.  palustris  Vieill.  (Wils.,  pi.  22  ,f.  1), 
de  la  Pensylvanie.  —  La  Pass.  musicienne, 
Pass.  musica  Vieill.  (Wils.,  pi.  16  ,  f.  4  , 
sous  le  nom  de  Fr.  melodia).— La  Pass.  des 
prés,  Pass.  pratensis  Vieill.,  de  New-York. 
—  La  Savannah  ,  Pass.  savanarum  Vieill. 
(Wils.,  pi.  34,  f.  4,  et  pi.  22,  f.  3),  type 
du  g.  Passerculus  de  Bonaparte.  — Le  Titit, 
Pass.  socialis  Vieill.  (Wils. ,  pi.  15  ,  f.  5  , 
sous  le  nom  de  Fr.  socialis),  du  Mexique.— 
La  Pass.  gracieuse,  Fr.  amœna  Ch.  Bonap. 
(Ornith.,  pi.  6,  f.  4).— La  Pass.  cendrée, 
Fr.  cinerea  Swains. 

V.  Les  CRITHAGRAS.  Crithagra,  Swains. 
Bec  court ,  épais ,  à  arête  recourbée ,  à 


bords  légèrement  rentrés;  ailes  allongées; 
queue  médiocre  et  fourchue. 

M.  Lesson  ne  rapporte  que  quatre  espèces 
à  cette  division  :  I'Ortolan  a  ventre  jaune, 
Loxia  flavivent ris  Lath.  (Buff.,pJ.  enl.,  664), 
du  Cap.  —  L'Ortolan  du  Cap,  Emb.  capen- 
sis  Lath.  (Buff.,pL  enl,  158,  f.  2),  type  du 
g.  Fringillaria  de  Swainson. — Le  Gros-Bec 
de  Java,  Lox.  quadricolor  Lath.  (  Buff. ,  pi. 
enl,  101,  f.  2).  — Et  I'Auréole,  Emb.  au- 
réola Lath.,  espèce  du  Kamtschatka  et  de  la 
Sibérie,  que  l'on  compte  aujourd'hui  parmi 
celles  qui  visitent  accidentellement  les  pro- 
vinces méridionales  de  la  Russie.  Elle  vit 
aussi  dans  la  Crimée. 

VI.  Les  PADDAS  ou  MAIAS,  Less. 

(Loxia ,  Auct.). 

Bec  très  court ,  à  mandibule  supérieure 
voûtée  en  dessus  et  comprimée  sur  les  côtés  ; 
ailes  courtes  ne  dépassant  pas  le  croupion; 
queue  allongée  ,  rectiligne  ou  échancrée. 

Toutes  les  espèces  que  l'on  connaît  sont 
de  l'ancien  continent.  Celle  que  l'on  peut 
considérer  comme  le  type  de  cette  section 
est  le  Gros-Bec  padda,  Lox.  oryzivora  Gm., 
figuré  dans  l'atlas  de  ceDictionnaire,  oiseaux, 
pi.  3  a,  fig.  2.  Les  autres  espèces  ancienne- 
ment connues  sont  :  le  Maia,  Fr.  maia  Gmel. 
(Buff. ,  pi.  enl. 1 109).—  Le  Strié,  Lox.  slriata 
Gmel.  (Buff.,  pi  enl,  153,  f.  1).  —  Le  Ja- 
cobin, Lox.  moluca  Gmel.  (Buff.,  pî.  col, 
1 39,  f.  2).— Le  Domino,  Lox.  variegata  Vieill. 
(Buff.,  pi.  enl,  139,  f.  3).  —  Le  Grivelin, 
Lox.  brasiliana  Gmel.  — Le  Loxie  tacheté, 
Lox.  punclularia  Gmel.  (Buff.,  pi  enl.9 
139,  f.  1).  Parmi  les  espèces  plus  nouvelle- 
ment décrites,  nous  citerons  :  le  Padda  brun, 
Lox.  fuscata  Vieill.  (Ois.  chant.  ,  pi.  62), 
des  Moluques.  —  Le  Gros-Bec  majanoïde, 
Lox.  majanoides  Temm.  (pi  col,  500,  f.  3). 

—  Le  Sénégali  chanteur,  Fr.  musica  Vieill. 
(Ois.  chant.,  pi.  11),  des  rives  du  Niger.— 
Le  Gros -Bec  jaune,  Lox.  javanensis  Less., 
de  Java.  —Le  Mengiring,  Fr.  punicea  Horsf. 

—  Le  Manyar,  Fr.  manyar  Horsf.  —  Et  le 
Pipitboudol,  Lox.  leucocep /taJaRaffles. 

VII.  Les  TTARIS.  Tiaris,  Swains. 

Bec  en  cône  allongé,  aigu,  un  peu  échan- 
cré;  ailes  courtes,  arrondies;  queue  ar- 
rondie. 

Deux  espèces  seulement  appartiennent  à 


262 


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cette  section;  ce  sont  :  le  Tiaris  élégant, 
Frin.  ornata  Wied.  (Temm.,p/.  col.,  208), 
du  Brésil;  et  le  petit  Tiaris,  Tiar.  pusillus 
Swains.,  de  Mexico. 

VIII.  Les  ORYX.  Oryx,  Less.  (Pyromelana, 

Bonap.;  Euplectes,  Swains.). 

Bec  épais  ,  pointu  ,  comprimé  sur  les  cô- 
tés; ailes  dépassant  le  croupion;  queue 
courte,  égale;  mais  le  caractère  le  plus  re- 
marquable est  un  plumage  soyeux  et  crépu. 

Les  Oryx  sont  des  Oiseaux  africains.  A 
l'exception  de  I'Ignicolor,  Lox.  ignicolor , 
que  Vieillot  a  distingué  de  I'Oryx,  Lox.  oryx 
Linn.  (Buff.,  pi.  enl.,  134,  f.  1  ),  les  deux 
autres  espèces  que  Ton  rapporte  encore  à 
cette  section  ont  été  décrites  par  Buffon  sous 
les  noms  de  Jaunoir  ,  Lox.  capensis  Gmel. , 
de  Worabée,  Lox.  melanogasler  Lath.,  Fr. 
ranunculacea  Lichst. 

IX.  Les  VEUVES.  Vidua,  Cuv.  (Emberiza, 

Linn.,  Gmel.). 

Bec  fort,  bombé  en  dessus,  entamant  les 
plumes  du  front;  ailes  moyennes;  tarses 
médiocres;  queue,  chez  les  mâles  seuls,  pre- 
nant,  à  l'époque  des  amours,  des  lectrices 
très  allongées. 

Les  Veuves  sont  africaines.  Une  seule  es- 
pèce est  venue  s'ajouter  à  celles  que  con- 
naissait Buffon. 

La  Veuve  a  épaulettes,  Emberiza  longi- 
cauda  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl. ,  635).  —  La 
Veuve  a  collier  d'or,  Emb.  paradisea  Gmel. 
(Buff.,pL  enl.,  194).  —  La  Veuve  a  quatre 
brins,  Emb.  regia  Linn.  (Buff.,  pi.  enl., 
8  ,  f.  1  ).  —  La  Veuve  du  Cap,  Emb.  pana- 
gensis  Linn.  (Buff.,  pi.  enl.,  647).  — La 
petite  Veuve,  Emb.  sirena  Linn.  (Buff.,  pi. 
enl.,  8,  f.  2).  — La  Veuve  a  longue  queue, 
Emb.  longicauda  Linn.  (Buff.,  pi.  enl., 
635). — La  Veuve  chrysoptère,  Lox.  ma- 
croura  Gmel.  (Buff.,  pi.  enl.,  283,  f.  1  ). 
—  Et  la  Veuve  a  deux  brins,  Frin.  superci- 
liosa  Vieill.  {Gai.  des  Ois.,  pi.  61) 

X.  Les  PAROÀRES.  Paroaria,  Bonap. 
[Passerella,  Swains.). 

Bec  épais,  comprimé ,  à  bords  légèrement 
renflés;  queue  allongée,  élargie,  arrondie; 
lè-fce  ordinairement  surmontée  d'une  huppe 
vedressée. 

Toutes  les  espèces  connues  sont  d'Amé- 


rique. Buffon  a  décrit  le  Dominicain,  Lox. 
dominicana  Lath.  (Buff.,  pi.  enl.,  55,  f.  2). 

—  Le  Gros-Bec  du  Canada,  Lox.  Canaden- 
sis  Lin.  (Buff.,  pi.  enl.,  152,  f.  2  ).  —  Le 
Paroare  huppé,  Lox.  cucallala  Lath.  (Buff., 
pi.  enl.,  103).  A  ces  espèces,  il  faut  ajouter 
le  Vespertin  ,  Fr.  vespertina  Cooper,  des 
États-Unis.  —  Le  Cardinal  ,  Fr.  cardinalis 
Bonap.  (  Wils.,  Am.  omith.  ,  pi.  11,  f.  1 
et  2),  de  la  Nouvelle-Angleterre  et  des  Indes 
occidentales.  —  Le  Louisianais,  Fr.  ludovi- 
ciana  Bonap.  (Wils.,  Am.  omith.,  pi.  17, 
f.  1  ).  —  Et  I'Iliaca  ,  Fr.  iliaca  Merrern 
(Wils.,  pi.  22,  f.  4).  Swainson  a  fait  de 
cette  dernière  espèce  le  type  de  son  g.  Pas- 
serella. 

XI.  Les  CHARDONNERETS. Carduelis,  Briss. 

(  Spinus  ,  Koch  ,  Brehm;  Chrysomiiris , 

Boié;  Dryospiza,  Keys.  et  Blas.). 

Bec  assez  mince,  allongé,  très  pointu; 
tarses  courts;  queue  échancrée. 

La  plupart  des  auteurs  placent  ordinaire- 
ment avec  les  Chardonnerets  les  Linottes 
que  nous  en  avons  distraites,  les  Serins 
dont  nous  ferons  un  article  à  part;  les  Ta- 
rins et  les  Venturons.  Cette  division  a  des 
représentants  dans  toutes  les  parties  du 
monde.  Trois  espèces  vivent  en  Europe. 

Le  Chardonneret,  Fr.  carduelis  Linn. 
(Buff.,  pi.  enl.,  4)  :  dos  brun  ;  masque  d'un 
beau  rouge;  un  beau  miroir  jaune  sur  l'aile. 

—  Haljite  depuis  les  îles  méridionales  de 
l'Archipel  jusqu'en  Sibérie.  Type  du  g.  Car- 
duelis. 

Le  Tarin,  Fr.  spmws  Linn.  (Buff.,  pi.  enl., 
485,  f.  3):  Dos  olivâtre,  parties  inférieures 
jaunes;  dessus  de  la  tête  et  menton  noirs  ; 
deux  bandes  jaunes  sur  l'aile.  —  Habite 
principalement  le  Nord  jusqu'en  Suède  ; 
abondant  en  France  à  son  double  passage. 
Type  du  g.  Chrysomiiris  de  Boié. 

Le  Venturon,  Fr.  citrinella  Linn.  (Buff., 
pi.  enl.,  658 ,  f.  2)  :  Occiput,  nuque,  côtés 
du  cou  et  flancs  cendrés;  le  reste  du  plu- 
mage d'un  vert  jaunâtre. — Habite  la  Grèce, 
la  Turquie,  l'Italie,  la  Suisse  ;  de  passage  en 
Allemagne  et  en  France.  Type  du  g.  Dryo- 
spiza de  Keyserling  et  Blasius. 

Les  espèces  étrangères  qui  ont  des  rap- 
ports, soit  avec  les  Chardonnerets,  soit  avec 
les  Tarins,  sont  :  le  Chardonneret  écarlate, 
Fr.  coccinea  Linn.  (Vieill.,  Ois.  chant.  » 


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253 


PÏ.  31  ),  des  îles  Sandwich.  —  Le  Chaud,  a 
face  rouge,  Fr.  afra  Linn.,  de  la  côte  d'An- 
gola. —  La  Cardaline  ,  Fr.  erythrocephala 
Vieil!.  (Ois.  chant.,  pi.  28),  de  l'île  de  France. 
—  Le  Chard.  mexicain,  Carduelis  mexicanus 
Swains.  —  Le  Chard.  tarin,  Card.  spinoides 
Vig.,  de  l'Himalaya. — Le  Chard.  a  tète  blan- 
cue,  Card.  canicepsVig.,  même  habitat. — 
Le  Cr.oupioN  jaune,  Fr,  xanthorhœa  Ch.  Bo- 
ûap.,  du  Brésil. —  Le  Triste,  Fr.  tristis  Ch. 
Bonap.  (Wils.  Am.  ornith.,  pi.  1,  f.  2}.  — 
Le  Psaltrie  ,  Fr.  psaltria  Say,  des  monta- 
gnes de  l'Artausaw.  —  Le  Ch.  des  pins,  Fr. 
pinus  Wils.  (Am.  ornith.,  pi.  57,  f.  1). — Et 
le  CuAtt.  capuchonné  ,  Card.  cucullata  Sw., 
de  l'Amérique  méridionale. 

M.  Lesson  place  à  la  suite  des  Chardon- 
nerets, et  dans  une  division  à  part,  lesil/e- 
galotis ,  petit  g.  composé  de  deux  ou  trois 
espèces  seulement  qui  ont  des  rapports  assez 
grands  avec  les  Bouvreuils,  pour  que  quel- 
ques auteurs,  et  entre  autres  G.-R.  Gray, 
aient  cru  devoir  les  placer  dans  la  même 
sous-famille.  (Z.  Gerbe.) 

MOIRE,  bot.  ph. — Un  des  noms  vulgai- 
res du  Chèvrefeuille. 
MOISISSURE,  bot.  cr.  —  Voy.  mucor. 
MOLAIRES,  zool.  —  Voy.  dents. 
MOL  AN.  moll.  —  Adanson  nomme  ainsi 
{Voyage  au  Sénégal)  une  espèce  de  Soien,  le 
Solen  legumen  L. 

*MOLANNA.ins.— M.  Curtis  a  établi  sous 
cette  dénomination,  dans  le  groupe  des  Mys- 
tacidites,  delà  tribu  des  Phryganiens,  de 
l'ordre  des  Névroptères,  un  petit  genre  ca- 
ractérisé par  des  jambes  postérieures  munies 
de  quatre  éperons;  des  antennes  épaisses 
nondcnticulées  dans  les  mâles,  plus  courtes 
que  les  ailes  qui  sont  longues  et  étroites.  Le 
type  du  genre  est  le  M.  anguslata  Curtis. 

(Bl.) 
MOLARITE  ou  MOLAROSILEX.   min. 
—  Lamétheric  donne  ce  nom  à  une  variété 
de  Silex  employée  comme  pierre  meulière. 

MOLASSE,  géol.  — Syn.  de  Grès  quart- 
zeux  avec  Marne  ordinaire.  Voy.  grès. 

MOLDENIIAUERA  (nom  propre),  bot. 
pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Légumi- 
neuses-Papilionacées-Ca;salpiniées,  établi  par 
Schrader  (in  Gotting.  Gel.  Anzeig. ,  1821 , 
p.  718).  Arbustes  du  Brésil.  Voy.  légumi- 

HBCSES. 

MOLE.  Orlhagoriscus.  poiss.  —Genre  de 


l'ordre  des  Plectognathes,  famille  des  Gym- 
nodontes,  établi  aux  dépens  des  Tétrodons  de 
Linné,  et  caractérisé  de  la  manière  suivante 
par  G.  Cuvier  (  Règn.  anim.,  t.  II,  p.  369)  : 
«  Mâchoires  indivises  ;  corps  comprimé , 
sans  épines,  non  susceptible  de  s'enfler,  et 
dont  la  queue  est  si  courte  et  si  haute  ver- 
ticalement, qu'on  dirait  un  poisson  dont  on 
aurait  coupé  la  partie  postérieure.  Leur 
dorsale  et  leur  anale,  chacune  haute  et 
pointue,  s'unissent  à  la  caudale.  Ils  man- 
quent de  vessie  natatoire;  leur  estomac  est 
petif.  et  reçoit  immédiatement  le  canal  cho- 
lédoque. » 

On  connaît  3  ou  4-  espèces  de  ce  genre, 
dont  la  principale  est  la  Mole  de  la  Médi- 
terranée ,  Orthagoriscus  mola  (  Telrodon 
mola  Lin.),  nommée  vulgairement  Poisson- 
lune,  à  cause  de  la  forme  de  son  corps.  Ce 
poisson  vit  dans  les  mers,  où  il  atteint  une 
taille  de  1  mètre  à  1  mètre  50  cent.,  et 
pèse  plus  de  150  kilogrammes.  Sa  nourri- 
ture consiste  en  petit  poissons,  mollusques, 
vers  et  fucus.  Son  corps  est  d'une  belle 
couleur  argentée;  sa  chair  grasse,  visqueuse 
et  d'une  odeur  désagréable,  explique  le  peu 
d'empressement  que  l'on  met  à  pêcher  ce 
poisson. 

MOLÉCULES,  tais.— Voy.  théorie  ato- 
mistique. 

MOLÈNE.  Verbascum,  Lin.  (d'après  Lin- 
né, le  nom  de  Verbascum  n'est  autre  chose 
qu'une  déformation  de  celui  de  Barbascum 
quiestd'origineancienne).  bot.  ph.  — Grand 
genre  de  plantes  rangé  pendant  longtemps 
dans  la  famille  des  Solanacées,  rapporté  au- 
jourd'hui à  la  grande  famille  des  Scrophula- 
riacées,  sous-ordre  des  Anthirrhinées,  tribu 
des  Verbascées,  de  la  pentandrie  monogy- 
nie  dans  le  système  de  Linné.  Il  est  difficile 
de  s'entendre  sur  le  nombre  des  espèces  qui 
le  composent;  c'est,  en  effet,  dans  tout  le 
règne  végétal,  celui  dans  lequel  les  féconda- 
tions croisées  s'opèrent  spontanément  avec 
la  plus  grande  facilité  :  il  en  résulte  un  nom- 
bre considérable  d'hybrides  et  de  formes  in- 
termédiaires qui  rendent  presque  insaisissa- 
ble la  circonscription  de  la  plupart  des 
espèces.  Aussi  n'est-il  aucun  autre  genre  qui 
réclame  plus  spécialement  une  bonne  mono- 
graphie pour  débrouiller  son  chaos  aujour- 
d'hui presque  inextricable  sur  plusieurs 
points.  Walpers  (Repert.  bot.  syst.,  vol.  III, 


264 


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p.  127)  avait  relevé  cent  espèces  déjà  décri- 
tes de  Verbascum.  M.  Bentham,  dans  le  vo- 
lume X  du  Prodromus,  qui  vient  de  paraître 
il  y  a  peu  de  mois,  n'en  admet  plus  que 
quatre-vingt-treize  espèces,  dont  dix  dou- 
teuses ou  mal  connues.  Ce  genre  est  l'un  de 
ceux  qui  établissent  une  transition  graduée 
entre  les  deux  familles  des  Solanacées  et  des 
Scrophulariacées ,  ce  qui  rend  compte  de  la 
place  qu'il  a  occupée  successivement  dans 
l'une  et  l'autre.  Celles  de  ses  espèces  chez 
lesquelles  les  caractères  de  la  dernière  sont 
les  plus  prononcés,  ont  été  détachées  pour 
former  le  genre  Celsia.  D'un  autre  côté, 
deux  autres  plantes  en  ont  été  séparées  pour 
former  deux  nouveaux  genres;  ce  sont:  le 
Verbascum  myconi  Lin.,  pour  lequel  L.-C. 
Richard  a  fait  son  genre  Ramonda  ou  Ra- 
mondia  (voy.  ce  mot)  ;  et  le  Verbascum  bugu- 
lifolium  Lam.,  qui  est  devenu  le  type  du 
genre  Janthe,  Griseb. 

Après  ces  suppressions,  le  genre  Molène 
comprend  des  espèces  herbacées,  bisannuelles 
ou  vivaces,  quelquefois  sous-frutescentes,  le 
plus  souvent  de  haute  taille,  qui  croissent 
presque  toutes  dans  l'Europe,  l'Afrique  sep- 
tentrionale et  l'Asie  moyenne,  dont  un  pe- 
tit nombre  se  trouve  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale, où  elles  ont  été  portées  d'Europe 
sur  quelques  points  des  régions  tropicales. 
Ces  plantes  ont  des  feuilles  alternes  simples, 
parfois  sinuées,  dont  les  inférieures  ou  radi- 
cales sont  ordinairement  grandes,  rétrécies 
en  pétiole  à  leur  base,  tandis  que  les  cauli- 
naires  deviennent  sessiles  et  fréquemment 
décurrentes,  le  plus  souvent  velues  ou  to- 
menteuses,  ou  même  tellement  chargées  de 
poils  cotonneux  et  laineux  qu'elles  ressem- 
blent à  une  étoffe  de  coton  ou  de  laine.  Leurs 
fleurs  sont  délicates  et  fugaces,  le  plus  sou* 
vent  jaunes  ou  fauves,  quelquefois  rouges  $ 
rarement  blanches.  Elles  se  composent  d'un 
calice  profondément  5-fideou  5-parti,  rare- 
ment 5-denté;  d'une  corolle  rotacée,  apla- 
nie, rarement  concave,  à  5  grands  lobes  un 
peu  inégaux,  caractère  qui  déjà  éloigne  ces 
plantes  des  Solanacées;  de  5  étamines  dans 
lesquelles  se  manifeste  aussi  une  inégalité 
prononcée,  et  dont  les  trois  postérieures  ou 
toutes  ont  leur  filet  hérissé  de  poils  corollins 
ou  barbus  ;  d'un  pistil  à  style  comprimé,  di- 
laté supérieurement.  Le  fruit  qui  leur  suc- 
cède est  une  capsule  biloculaire,  globuleuse, 


ovoïde  ou  oblongue ,  régulièrement  déhis- 
cente. 

Le  genre  Molène,  dans  son  ensemble,  a 
été  divisé  en  deux  sous-genres  auxquels  se 
rapportent  environ  vingt  espèces  de  notre 
Flore,  parmi  lesquelles  nous  n'en  prendrons 
que  deux  comme  types  de  ces  divisions. 

A.  Thapsus,  Benth.  Étamines  inférieures 
plus  longues,  plus  ou  moins  adnées-décur- 
rentes  sur  le  filet.  Coton  de  toute  la  plante 
blanc  ou  jaunâtre,  formé  de  poils  rameux  ou 
étoiles,  souvent  plus  ou  moins  floconneux» 
Espèces  presque  simples  ;  grappe  spiciforme, 
compacte  ou  interrompue  à  la  base,  rarement 
avec  une  ou  deux  ramifications;  fleurs  pres- 
que sessiles,  fasciculées,  rarement  solitaires. 
Les  étamines  les  plus  longues  sont  souvent 
glabres ,  mais  on  les  trouve  aussi  chez  les 
mêmes  espèces  à  filet  barbu ,  quoique  à  un 
degré  moindre  que  ceux  des  étamines  cour- 
tes. Cette  section  renferme  plusieurs  de  nos 
espèces  françaises,  comme  les  Verbascum 
blatteria  Lin.,  Verbascum  phlomoidcs  Lin., 
et  particulièrement  la  suivante,  l'une  des 
plus  remarquables  et  des  plus  connues  d'en- 
tre elles,  à  laquelle  elle  emprunte  son  nom. 

Molène  bouillon-blanc,  Verbascum  Thap- 
sus Lin.,  vulgairement  connue  sous  les 
noms  de  Mollène  ou  Bonhomme.  C'est  une 
très  belle  plante  herbacée,  de  1  à  2  mètres 
de  hauteur,  presque  simple,  abondamment 
couverte  sur  toute  sa  surface  de  poils  coton- 
neux ou  laineux,  jaunâtres  ou  blanchâtres. 
Ses  feuilles  sont  fort  grandes  :  les  inférieu- 
res ou  radicales  rétrécies  en  pétioles,  oblon- 
gues,  crénelées;  les  caulinaires  toujours  lon- 
guement décurrentes,  souvent  dans  toute  la 
longueur  de  l'entre-nœud,  toutes  rugueuses. 
Les  fleurs  sont  groupées  en  fascicules  serrés 
à  l'aisselle  de  bractées,  et  réunies  en  une 
longue  grappe  spiciforme  plus  ou  moins 
dense,  et  continue  ou  interrompue  à  la  base, 
le  plus  souvent  simple,  rarement  avec  un 
ou  deux  rameaux;  leurs  pédicelles  sont 
beaucoup  plus  courts  que  le  calice,  dont  les 
lobes  sont  lancéolés-aigus,  cotonneux  à  l'ex- 
térieur; leur  corolle  est  jaune,  les  poils  des 
filets  sont  blanchâtres  ;  les  anthères  des  lon- 
gues étamines  sont  un  peu  plus  grandes  que 
les  autres.  La  capsule  est  ovoïde  ou  presque 
globuleuse,  et  elle  égale  ou  surpasse  le  ca- 
lice. Cette  espèce  est  commune  sur  les  co- 
teaux incultes,  le  long  des  chemins  et  des 


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265 


haies  de  toute  l'Europe,  des  parties  moyen- 
nes de  l'Asie;  elle  s'est  même  naturalisée 
dans  l'Amérique  septentrionale  où  elle  a  été 
portée  d'Europe.  M.  Bentharn  lui  rapporte 
plusieurs  autres  espèces  (V.  indicum  Roxb. , 
V.  planlagineum  Moris,  V.  pallidum  Nées, 
V.  elongatum  Wild.),  qu'il  regarde  comme 
ayant  été  établies  sur  de  simples  variations 
de  ses  diverses  parties.  C'est  une  espèce  mé- 
dicinale :  on  la  regarde  comme  adoucissante, 
pectorale  et  émolliente;  on  emploie  vulgai- 
rement l'infusion  de  ses  fleurs  pour  les  rhu- 
mes, les  catarrhes,  les  coliques,  et  la  dé- 
coction de  ses  feuilles  pour  lavements,  pour 
bains  et  lotions  adoucissantes. 

Le  croisement  de  la  Molène  bouillon-blanc 
avec  diverses  espèces  du  même  genre  a 
donné  plusieurs  hybrides  bien  caractérisées, 
telles  que  les  suivantes  :  1.  Verbascum. 
thapsO'Sinuatum  Noullet,  dans  lequel  rentre 
le  V.  calyculatum  Chaub.  (FL  Ag.)  ;  2.  F. 
thapso-lychnitis  Mert.  et  Koch ,  qui  com- 
prend le  V.  spurium  Koch  syn.,  et  V.  semi- 
album  Chaub.  (l.c);  3.  V.  lhapso-nigrum. 
Schiède,  auquel  se  rapportent  le  V.  collinum 
Schrad.,  le  V.  seminigrum  Fries,  le  V.  am- 
biguum  Lej.,  etc. 

B.  Lychnitis,  Benth.  Toutes  les  anthères 
réniformes  et  à  peu  près  égales.  Parmi  celles 
de  nos  espèces  françaises  qui  se  rapportent 
à  cette  section,  nous  citerons  :  le  Verbascum 
pulverulentum  Vill. ,  le  V.  Thaixii  Vill. ,  le 
V.  nigrum  Lin.,  et  le  suivant: 

Molene  Lychnis  ,  Verbascum  Lychnitis 
Lin.  Cette  espèce  est  répandue  dans  toute 
l'Europe  jusqu'aux  bords  du  Don  ,  dans 
l'Arménie  et  le  Taurus.  C'est  une  plante 
herbacée,  bisannuelle,  couverte  dans  ses  di- 
verses parties  d'un  duvet  cotonneux  assez 
léger,  blanc  et  comme  farineux;  sa  tige, 
dans  sa  partie  supérieure,  est  anguleuse  de 
même  que  les  branches  de  sa  panicule;  ses 
feuilles  inférieures  sont  rétrécies  en  pétiole 
à  leur  base;  les  supérieures  sessiles,  toutes 
ovales,  crénelées,  verdâtres  à  leur  face  su- 
périeure, blanchâtres  à  l'inférieure  :  elles 
noircissent  ordinairement  par  la  dessicca- 
tion. Ses  fleurs  forment  une  panicule  pyra- 
midale à  rameaux  un  peu  étalés  ;  elles  sont 
groupées  en  fascicules  lâches  multiflores; 
leur  calice  est  petit,  à  lobes  lancéolés -subu- 
lés  ;  leur  corolle,  de  grandeur  assez  variable, 
est  jaune  ou  blanche  ;  les  poils  de  leurs  flla- 
t.  vin. 


ments  sont  blanchâtres.  Dans  certaines  par- 
ties de  la  France,  particulièrement  en  Alsace 
et  en  Bourgogne,  cette  plante  est  employée 
comme  émolliente,  pectorale  et  adoucis- 
sante. (P.  D.) 

MOLETTE,  moll.  —Nom  vulgaire  de 
plusieurs  espèces  des  genres  Troque,  Mono- 
donte  et  Turbo. 

MOLETTE,  bot.  pu.  —  Un  des  noms 
vulgaires  du  Thlaspi  Bursa-Pastoris  Lin. 

*MOLGE.  rept.  —  Dénomination  em- 
ployée par  Merrem  pour  indiquer  les  espèces 
de  Salamandres  aquatiques  (Lacerla  aqua- 
tica  Linn.  ).  Celle  de  Triton  proposée  par 
Laurenti  a  prévalu.  (P.  G.) 

MOLINA,  Cavanil.  (Dissert.,  IX,  435, 

|   t.  263).  bot.  ph. —  Syn.  de  Hiplage,  Ga;rtn. 

—  Ruiz  et  Pav.  {Prodr.,  III,  t.  24),  syn.  de 

Baccharis  ,  Linn.  —  Less.  (  Synops. ,  204  , 

205),  syn.  de  Baccharis,  Linn. 

MOL1N.4EA,  Bcrt.  (ex  Siliim.  Americ. 
Jauni.,  XIX,  63).  bot.  ph. — Syn.  deJubœa, 
H.  B.  K.  —  Juss.  (Gen.f  245),  syn.  de  Cu- 
pania,  Blume. 

*MOLIKERIA,  Colla  (Hort.  ripul.  cpp., 
II,  333,  t.  18).  bot.  ph. — Syn.  de  Curcu- 
ligo,  Gaertn. 

*MOLI]\ESf  A.  poiss.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Malaco'ptérygiens  abdominaux,  famille 
des  Cyprinoïdes,  établi  par  Lesueur  (Acad. 
sc.nat.  Philcd.,  Janvier  1821,  t  III,  1),  et 
qui  se  distingue  des  autres  genres  de  la 
même  famille  par  la  position  de  l'anale, 
située  entre  les  ventrales,  et  sous  l'origine 
de  la  dorsale  qui  est  très  grande.  Les 
dents  sont  en  velours,  et  la  rangée  anté- 
rieure en  crochets  comme  dans  les  Fen- 
dilles; il  y  en  a  de  coniques  assez  fortes 
au  pharynx ,  et  les  ouïes  n'ont  que  4  ou  5 
rayons. 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule 
espèce,  nommée  par  Lesueur  Molinesia  lati- 
pinna.  Ce  poisson  vit  dans  les  eaux  douces 
de  la  Nouvelle  Orléans. 

MOLINIA  (nom  propre),  tôt.  pu. — 
Genre  de  la  famille  des  Graminées  -  Festu- 
cacées,  établi  par  Mœnch  (Meth.,  183).  Gra- 
mens  de  l'Europe  et  de  l'Asie.  Voy.  gra- 

MINÉES. 

MOLLASSES,  iielm.  —  Lamarck  appelle 
ainsi  une  partie  des  Vers  intestinaux  ainsi 
caractérisée  : 

Ils  sont  nus,  d'une  consistance  molle* 
34 


266 


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MOL 


sans  raideur  apparente,  dive réformes  et  la 
plupart  irréguliers. 

Les  Mollasses  constituent  le  premier 
ordre  des  Vers ,  et  sont  partagés  en  trois 
sections: 

1°  Vésiculaires  :  Hydatide,  Hydatigère, 
Cénure,  Echinocoque  et  Bicorne; 

2°  Planulaires  :  Ténia,  Bothryocéphale , 
Tricuspidaire ,  Ligule,  Linguatule,  Poly- 
stome,  Fascioie; 

3°  Hétéroviorphes  :  Monostome,  Amphi- 
Stome,  Géroflé,  Tétragule,  Massette,  Tenta- 
culaire,  Sagittule.  (P.  G.) 

MOLLE,  Clus.  (Exot.,  332).  bot.  ph.— 
Syn.  de  Schinus,  Linn. 

MOLLÏA  (  Moll ,  naturaliste  allemand  ). 
polyp.  —  Genre  proposé  par  Lamouroux 
pour  deux  espèces  que  Moll  avait  décrites 
comme  des  Eschares  sous  les  noms  de  E. 
patellaria  et  E.  planula.  Elles  paraissent 
établir  le  passage  entre  les  genres  Flustre  et 
Eucratea,  leurs  cellules  étant  presque  libres 
ou  pédonculées  et  réunies  les  unes  aux 
autres  par  un  seul  point  de  leur  bord,  ou 
par  des  prolongements  spéciaux.  M.  Milne 
Edwards  rapporte  à  ce  même  genre  le  poly- 
pier figuré  par  M.  de  Savigny  dans  la  des- 
cription de  l'Egypte,  et  nommé  Flustra 
Brongniartii  par  M.  Audouin  ,  ainsi  que  le 
Cellepora  folinece  de  M.  Délie  Chiaje.  (Duj.) 

MOLLIA  ,  Gmeï.  (Syst. ,  303).  bot.  ph. 
— Syn.  ù'Escallonia,  Mutis.  —  Gmel.  (Syst., 
420),  syn.  de  Bœckea,  Linn. 

MOLLÎA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Tiliacées-Grewiées ,  établi  par  Martius 
et  Zuccarini  (Nov.  gen.  et  sp.,  I,  96,  t.  60). 
Arbres  du  Brésil.  Voy.  tiliacées. 

MOLLÎA ,  Schr.  (  FI.  salisb. ,  n.  832  ). 
bot.  cr.  —  Syn.  de  Barbula,  Hedw. 

MOLLINEDIA.  bot.  ph.— Genre  dont  la 
place  dans  la  métbode  n'est  pas  encore  fixée. 
Endlicher  le  range  avec  doute  à  la  suite  des 
Monimiacées.  Il  a  été  établi  par  Ruiz  et  Pa- 
von  (Prodr.,  72,  t.  15)  pour  des  plantes  qui 
présentent  pour  caractères  principaux  :  Pé- 
rianthe  ovale,  renflé  au  milieu,  à  limbe  bi- 
fide à  peine  ouvert.  Étamines  nombreuses; 
filets  nuls;  anthères  cunéiformes,  fixées  sur 
ie  réceptacle.  Ovaires  nombreux,  ovales.  Sty- 
les nuls;  stigmates  tubulés.  Le  fruit  est  un 
drupe  oblong ,  charnu.  Les  Mollinedia  sont 
des  arbres  ou  des  arbrisseaux  de  l'Amérique 
tropicale,  à  feuilles  opposées,  pétiolées,  très 


entières  ou  dentées  en  scie,  à  pédoncules 
axillaires,  multiflores. 

MOLLIPENNES.  ins.  —  Voy.  apaly- 
tres. 

MOLLUGO.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Portulacées-Molluginées ,  établi 
par  Linné  (  Gen. ,  n.  139  ),  et  caractérisé 
comme  suit  :  Calice  5-parti,  persistant.  Co- 
rolle nulle.  Étamines  3-5,  rarement  6-10, 
hypogynes;  filets  courts,  subulés;  anthères 
globuleuses,  à  2  loges  s'ouvrant  longitudi- 
nalement.  Disque  hypogyne  nul.  Ovaire 
libre,  à  3  loges  pluriovulées.  Stigmates  3, 
linéaires,  cylindriques  ou  cunéiformes.  Le 
fruit  est  une  capsule  légèrement  membra- 
neuse, à  3  loges  et  à  3  valves. 

Les  Mollugo  sont  des  herbes  basses ,  an- 
nuelles, à  feuilles  planes,  linéaires,  très 
entières;  à  fleurs  disposées  en  cymes  axi- 
laires  dichotomes ,  ou  en  ombelles  sessiles 
ou  pédonculées.  Elles  croissent  en  abon- 
dance dans  toutes  les  régions  tropicales  de 
l'ancien  continent,  principalement  dans  les 
lieux  cultivés. 

MOLLUSQUES  ou  MALACOZOAIRES. 
zool. — Un  des  embranchements  ou  des  grou- 
pes primaires  du  règne  animal ,  qui  com- 
prend des  animaux  mous,  sans  squelette 
interne  ou  externe  ,  et  sans  membres  ar- 
ticulés ,  mais  pourvus  d'un  appareil  circu- 
latoire plus  ou  moins  complet  et  d'un  sys- 
tème nerveux  ganglionnaire  non  sériai; 
possédant  un  appareil  digestif  complet,  c'est- 
à-dire  à  deux  ouvertures;  et  formés  géné- 
ralement de  parties  paires  plus  ou  moins 
parfaitement  symétriques ,  mais  non  de 
parties  homologues  disposées  en  série  recti- 
ligne,  comme  les  Annelés  ,  ou  en  rayons 
autour  d'un  axe,  comme  les  Zoophytes. 

Les  Mollusques  ont  été  longtemps  con- 
fondus avec  les  Vers  et  les  autres  animaux 
mous  sans  vertèbre*.  Les  coquilles  dont  ils 
sont  souvent  pourvus  ont  d'abord  fixé  l'at- 
tention des  naturalistes  et  des  collecteurs  , 
et  la  classification  des  coquilles,  ou  la  Con- 
chyliologie, a  précédé  de  beaucoup  la  con- 
naissance des  animaux  d'où  elles  provien- 
nent, et  dont  elles  sont  une  partie  accessoire, 
en  quelque  sorte,  relativement  aux  organes 
essentiels.  C'est  la  présence  d'une  coquille, 
en  latin  Testa ,  qui  fit  donner  le  nom  de 
Testacés  ou  Vers  testacés  à  une  partie  des 
Mollusques,  confondus  d'après  ceseulcarae 


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tère  avec  des  Annélides ,  des  Echinides  et 
des  Cirrhipèdes ,  tandis  que  d'autres  Mol- 
lusques sans  coquille  ,  quoique  présentant 
une  organisation  semblable  ,  étaient  placés 
séparément  avec  d'autres  Annélides,  avec 
des  Acalèphes,  des  Échinodermes,  des  Zoo- 
phytes  et  des  Helminthes. 

L©i  premières  bases  de  l'histoire  naturelle 
des  Mollusques  ont  été  posées  par  Aristote , 
qui  distingua  des  coquilles  terrestres  et  ma- 
rines ,  et  parmi  celles-ci  fit  aussi  la  distinc- 
tion des  univalves  et  des  bivalves;  il  avait 
d'ailleurs  mis  à  part  certains  Mollusques 
mous  ou  sans  coquille  ,  et  particulièrement 
des  Céphalopodes.  Jusque  vers  le  milieu  du 
xvie  siècle  ,  l'histoire  naturelle  des  Mollus- 
ques ,  comme  toutes  les  autres  branches  de 
la  même  science,  resta  ce  qu' Aristote  l'a- 
vait faite.  A  partir  de  cette  époque ,  Ron- 
delet et  Belon  donnent  déjà  quelques  no- 
tions nouvelles  sur  les  animaux  aquatiques, 
et  d'autres  publications  sans  grande  valeur 
succèdent  encore  pendant  plus  d'un  siècle. 
Mais  enfin,  en  1678,  Lister,   le  premier, 
en  décrivant  les  animaux  de  la  Grande-Bre- 
tagne, donne  une  histoire  naturelle  un  peu 
plus    méthodique  des   Mollusques ,    et  la 
complète  encore  dans  son  Synopsis  en  1685- 
1693.  Il  traite  d'abord  des  Mollusques  ter- 
restres ,  les  uns  pourvus  d'une  coquille,  les 
autres  nus ,  puis  des  coquilles  d'eau  douce 
univalves  et  bivalves  ;  en  troisième  lieu , 
des  coquilles  marines  bivalves ,   les   unes 
ayant  les  valves  égales,  et  les  autres  inéqui- 
vaîves  ;  après  quoi  il  décrit  aussi  les  Testa- 
tés  multivalves.  Son  quatrième  livre  enfin 
est  consacré  aux  coquilles  marines  univalves, 
qu'il  divise  en  seize  sections,  dont  plusieurs 
correspondent  à  des  familles  assez  naturelles. 
Lister  aussi  fit  l'anatomie  de  plusieurs  Mol- 
lusques, autant  du  moins  qu'il  était  possible 
à  cette  époque.  A  partir  du  xviil*  siècle  ,  la 
classification  des  Mollusques  continue  à  se 
perfectionner  ;  mais  elle  n'était  guère  basée 
encore  que  sur  les  caractères  des  coquilles  : 
c'est  ainsi  que  Tournefort  prit  en  considéra- 
tion pour  les  bivalves  d'avoir  la  coquille 
parfaitement  close  ou  bâillante;  Rumph, 
en  1711 ,  distingua  les  coquilles  univalves 
pourvues  d'un  opercule,  suivant  que  cette 
pièce  est  ronde  ou  semi-luna<ire;    d'autre 
part,  il  sut  assez  bien  circonscrire,  d'après 
leur  forme,  plusieurs  genres,  tels  que  les 


Cônes ,  les  Porcelaines  et  les  Ptérocères  ; 
c'est  à  lui  enfin  qu'on  doit  les  premiers  dé- 
tails dignes  d'attention  sur  le  Nautile.  De- 
puis 1710  jusqu'en  1723,  Réaumur  publia 
divers  mémoires  sur  quelques  points  de 
l'histoire  naturelle  des  Mollusques ,  et  con- 
tribua puissamment  ainsi  à  développer  le 
goût  de  cette  étude.  Une  publication  bien 
plus  importante  ,  en  1737,  fut  celle  que  fit 
Boerhaave  du  Biblia  naturœ  de  Swammer- 
dam ,  ouvrage  composé  plus  de  soixante  ans 
auparavant,  et  qui  contient  des  anatomies 
de  Mollusques  demeurées  longtemps  les 
meilleures. 

Dargenville,  dont  le  nom  est  fréquem- 
ment cité  comme  conchyliologiste,  publia 
en  1742  un  traité  spécial  que  plus  tard  il 
augmenta  de  la  Zoomorphose  ,  c'est-à-dire 
de  la  description  des  animaux,  et  qui,  mal- 
gré ses  nombreuses  imperfections ,  eut  le 
mérite  de  fixer  un  des  premiers  l'attention 
sur  les  Mollusques  eux-mêmes  autant  que 
sur  leurs  coquilles.  Ce  mérite  d'ailleurs  ap- 
partient plus  encore  à  Guettard ,  qui,  dans 
un  mémoire  sur  les  caractères  des  coquilla- 
ges ,  proposa  d'établir  des  genres ,  non  seu- 
lement d'après  la  coquille  ,  mais  encore 
d'après  l'animal ,  d'où  l'on  doit  tirer  des 
caractères  plus  essentiels.  Guettard,  en  effet, 
d'après  cette  méthode ,  établit  plusieurs 
genres  très  naturels  qu'on  a  fini  par  adopter. 
Mais  plus  qu'aucun  autre,  c'est  Adanson  qui 
a  contribué  à  l'établissement  d'une  classifi- 
cation rationnelle  des  Mollusques. 

Ce  grand  naturaliste,  en  effet,  divise 
d'abord  tous  les  Mollusques  en  Limaçons  qui 
sont  les  univalves,  et  en  Conques  ou  bival- 
ves. Il  considère,  d'une  part,  dans  la  coquille 
des  Limaçons,  six  choses  :  1°  les  spires,  2°  le 
sommet,  3°  l'ouverture,  4°  l'opercule,  5°  la 
nacre,  et  6°  l'épiderme;  et,  d'autre  part, 
dans  l'animal  cinq  choses,  qui  sont:  1°  les 
cornes,  2°  les  yeux,  3°  la  bouche,  4°  la  tra- 
chée, 5°  le  pied.  D'après  cela,  il  distingue 
les  Limaçons  sans  opercule,  et  les  partage  en 
cinq  familles,  savoir:  1°  ceux  qui  n'ont  ni 
yeux,  ni  cornes  ;  2°  ceux  qui  ont  deux  cornes 
et  les  yeux  placés  à  la  base  de  la  partie  in- 
terne; 3°  ceux  qui  ont  quatre  cornes,  les 
extérieures  portant  les  yeux  à  leur  sommet; 
4°  ceux  qui  ont  deux  cornes,  les  yeux  à  la 
base,  au  côté  externe  ou  par  derrière;  5°  en- 
fin ceux  qui  ont  deux  cornes,  les  yeux  vers 


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le  milieu,  sur  le  côté  externe.  Quant  aux 
Limaçons  operculés,  ils  forment  trois  famil- 
les: 1°  ceux  qui  ont  deux  cornes  avec  un 
renflement,  et  qui  portent  les  yeux  au-dessus 
de  la  base  au  côté  externe;  2°  ceux  qui  ont 
lieux  cornes  sans  renflement,   les  yeux  à  la 
base  au  côté  externe  ;  3°  ceux  qui  ont  quatre 
cornes  dont  les  deux  extérieures  portent  les 
yeux  au  sommet.  Adanson  n'employait  ainsi 
qu'un  oudeux  caractères;  il  en  avait  bien  es- 
iajé  d'autres,  mais  la  bouche,  par  exemple,  ne 
îui  avait  fourni  que  deux  caractères  princi- 
paux, selon  qu'elle  était  pourvue  de  mâchoires 
ou  prolongée  en  trompe  sans  mâchoires.  Le 
canal  respiratoire,  qu'il  nommait  la  trachée, 
ne  lui  offrait  également  que  deux  modifica- 
tions principales  en  raison  de  sa  longueur, 
Les  Conques  ou  Bivalves  lui  présentèrent  sept 
choses  à  considérer  dans  la  coquille:  1°  les 
battants  ou  valves,  2°  les  sommets,  3°  les 
charnières,  4°  les  ligaments,  5°  les  attaches, 
6°  la  nacre,  7°  le  périoste  ou  l'épiderme  ;  et 
quatre  parties  à  considérer  dans   l'animal, 
savoir  :  1°  le  manteau,  qui  estou  entièrement 
divisé  en  deux  lobes,  ou  divisé  d'un  côté  seu- 
lement, ou  qui  forme  un  sac  ouvert  seule- 
ment aux  extrémités  ;  2°  les  trachées  ou  si- 
phons, qui  sont  réunis  en  une  seule  ouver- 
ture, ou  qui  forment  deux  ouvertures  dis- 
tinctes, ou  qui  sont  allongés  en  deux  tuyaux 
distincts  ou  réunis;  3°  le  pied,  qui  manque 
tout-à-fait,  ou  qui  ne  se  présente  pas  au  de- 
hors, ou  qui  paraît  au  dehors;  4°  le  byssus, 
qui  existe  ou  n'existe  pas.  D'après  cela  Adan- 
son forme  trois  familles  de  ses  Conques:  j° 
celles  dont  les  deux  lobes  du  manteau  sont 
séparés  dans  tout  leur  contour,  comme  l'Huî- 
tre; 2°  celles  chez  lesquelles  les  deux  lobes 
du  manteau  forment  trois  ouvertures  sans 
aucun  tuyau,  comme  les  Cames;   3°  celles 
chez  lesquelles  les  lobes  du  manteau  forment 
trois  ouvertures,  dontdeux  prennent  la  figure 
d'un  tuyau  assez  long,  comme  les  Tellines. 
Une  dernière  section,  consacrée  au  Conques 
multivalves,  comprenait  deux  familles,  Tune 
pour  les  coquilles  telles  que  les  Pholades,  dont 
aucune  pièce  ne  prend  la  forme  d'un  tuyau; 
l'autre  pour  lesTarets,  chez  lesquels  une  des 
pièces  de  la  coquille  prend  la  forme  d'un  tuyau 
qui  enveloppe  toutes  les  autres. 

Linné,  qui  plaçait  les  Mollusques  dans 
sa  classe  des  Vers ,  essaya  de  perfectionner 
successivement  leur  classification  en  publiant 


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les  diverses  éditions  de  son  Systema  naturœ. 
Il  n'avait  considéré  d'abord  que  la  coquille; 
mais,  éclairé  par  les  travaux  d'Adanson,  il 
voulut  prendre  aussi  en  considération  l'or- 
ganisation même  des  animaux  d'où  provien- 
nent les  coquilles ,  et  quoiqu'il  n'ait  pu  y 
réussir  entièrement,  sa  classification  devint 
beaucoup  meilleure  que  toutes  celles  qui 
l'avaient  précédée.  Laissant  les  Mollusques 
nus  dans  son  ordre  des  Vers  mollusques, 
avec  des  Helminthes ,  des  Acalèphes ,  des 
Anthozoaires,  etc.,  il  comprend  dans  son  or- 
dre des  Vers  testacés  tous  les  Mollusques  à 
coquille,  avec  quelques  animaux  qu'on  a  dû 
en  séparer.  11  le9  divise  d'abord,  comme  on 
le  faisait  déjà  ,  en  Multiyalves  ,  Bivalves  et 
Univalves.  Ses  Multivalves  comprennent  les 
trois  genres  Chiton  ,  Lepas  et  Pholas ,  qui 
ont  dû  être  répartis  aujourd'hui  en  trois 
classes  bien  éloignées  ;  car  le  premier  est  un 
Gastéropode,  le  second  un  Cirrhipède  de  la 
classe  des  Articulés  ,  et  le  troisième  est  un 
Conchifère.  Ses  Bivalves  forment  14  genres  : 
\°Mya;  2°  Solen;  3°  Tellina;  4°  Cardium; 
5°  Mactra;  6°  Donax;  V  Venus;  8°  Spon- 
dylus;  9°  Chama;  10°  Arca;  41°  Oslrea  ; 
12°  Anomia;  13°  Mytilus;  14©  Pinna.  Les 
Univalves  enfin,  comprenant  leTaret,  qui 
est  un  Conchifère,  la  Sabelle  et  la  Serpule, 
qui  sont  des  Annélides ,  se  divisent  en  19 
genres,  qui  sont  :  1°  Argonauta  ;  2°  Nauti- 
lus;  3°  Conus;  4°  Cyprœa;  5  Bulla;  6°  Vo- 
luta;  7°  Buccmum;  8°  Strombus;  9°  Mu- 
rex; 10°  Trochus;  11°  Turbo;  12°  Hélix, 
13°  Nerita;  14°  Hahotis  ;  15°  Paiella  ; 
16°  Dentalium;  17°  Sabella;  18°  Teredo, 
19°  Serpula.  Presque  tous  ces  genres  ont 
dû  être  subdivisés;  mais  ils  indiquaient 
dès  lors  des  groupes  assez  naturels  qui  sont 
restés  dans  la  classification.  Après  que  la 
classification  de  Linné  eut  déjà  été  amenée 
à  ce  point,  Geoffroy ,  en  1767,  dans  un  Petit 
traité  des  coquilles  terrestres  et  fluviatiles  des 
environs  de  Paris,  établit  avec  assez  de  net- 
teté quelques  genres  qui  ont  dû  être  conser- 
vés ,  tels  que  l'Ancyle  et  le  Planorbe.  0  -F. 
Mûl  1er,  dans  son  Histoire  des  Mollusques  ter- 
restres et  fluviatiles ,  établit  en  outre  les 
genres  Valvée,  Carychie,  Vertigo,  et  divisa 
les  Bivalves  en  3  genres,  dont  les  noms 
Moule,  Telline  et  Mye  ont  été  changés  de- 
puis en  ceuxd'Anodonte,  Cyclade et Muîette. 
Ces  genres  d'univalves  furent  d'ailleurs  ran- 


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gés  d'après  la  forme  et  le  nombre  des  ten- 
tacules ,  et  d'après  la  position  des  yeux  : 
VHelix  ayant  quatre  et  le  Vertigo  deux  tenta- 
cules linéaires;  YAncylus  et  le  Carychium 
ayant  les  tentacules  tronqués  avec  les  yeux 
eu  dedans  chez  l'un  ,  et  par  derrière  chez 
l'autre;  le  Buccin  (Lymnée)  ayant  les  ten- 
tacules triangulaires;  et  les  trois  autres  gen- 
res ayant  les  tentacules  sétacés  avec  les  yeux 
en  dehors  chez  la  Nérite,  en  dedans  chez  le 
Planorbe,  et  par  derrière  chez  la  Valvée. 

Le  même  auteur,  dans  sa  Zooîogia  da- 
nica,  a  établi  un  grand  nombre  de  genres 
nouveaux  parmi  les  Testacés ,  qu'il  divise 
d'abord  comme  Linné  en  Univalves,  Bivalves 
et  Multivalves,  mais  qu'il  distribue  ensuite 
d'une  manière  un  peu  différente.  Une  pre- 
mière section  de  ses  Testacés  univalves  à  co- 
quille percée  de  deux  ouvertures,  comprend 
les  genres  Echinus  et  Spatangus ,  qui  sont 
des  Échinodermes ,  avec  le  genre  Dentale; 
une  deuxième  section,  à  coquille  béante  ou 
non  operculée  ,  contient  les  11  genres  sui- 
vants :  Akera  ,  Argonauta  ,  Bulla  ,  Bucci- 
num ,  Cerithium  ,   Vertigo  ,  Turbo  ,  Hélix , 
Planorbis,  AncyluSyPalella  etHahotis.  Enfin 
la  troisièmesection,  celle  des  Univalves  oper- 
culés, contient  seulement  les  5  genres  Tri- 
tonium  ,  Trochus  ,  Nerita ,  Valvata  et  Ser- 
vula.  Il  est  bien  entendu  qu'il  n'avait  men- 
tionné ici  que  les  genres   trouvés  dans  les 
mers  du  Nord  ,  et  que  les  autres  genres  de 
Linné    pouvaient  rentrer    aussi   dans   son 
cadre.  Quant  aux  Testacés  bivalves ,  il  ne 
s'éloigna  de  la  classification  de  Linné  qu'en 
séparant  avec  raison  les  Térébratules   du 
genre  Anomie.  Après  quelques  autres  publi- 
cations moins  importantes,  Bruguière  com- 
mença, en  1792,  le  Dictionnaire  des  Fers  de 
l'Encyclopédie  méthodique  y  et  fit  faire  tout- 
à-coup  un  grand  pas  à  l'histoire  naturelle 
des  Mollusques  testacés,  quoiqu'il  ait  laissé 
encore  les  Mollusques  nus  confondus  avec 
beaucoup  d'autres  animaux  mous ,  et  qu'il 
n'ait  pas  toujours  su  reconnaître  les  vérita- 
bles rapports  des  différents  genres  de  co- 
quilles ,  qu'il  classe  encore  en  Multivalves, 
Bivalves  et  Univalves.  Ainsi,  dans  ses  Mul- 
tivalves ,  comme  Adanson  ,  il  comprend  les 
Tarets  et  les  Pholades,  en  ajoutant,  d'après 
!  Linné,  les  Oscabrions  et  les  Lepas ,  dont  il 
fait  les  deux  genres  Balane  et  Anatife;  puis 
il  ajoute  un  genre  Fistulane  voisin  du  Taret, 


un  genre  fictif,  Gioenia,  établi  par  l'Italien 
Gioeni  avec  les  pièces  osseuses  de  l'estomac 
des  Bulles,  et  enfin  les  deux  genres  Anomie 
et  Cranie  ;  de  sorte  que,  parmi  ces  neuf 
genres ,  déduction  faite  de  la  prétendue 
Gioenie,  il  y  a  deux  Cirrhipèdes,  un  Gasté- 
ropode ,  quatre  Conchifères  et  un  Brachio- 
pode.  Les  Bivalves  de  Bruguière  se  divisent 
en  deux  parties  :  celles  à  coquille  irrégulière 
forment  les  genres  Came,  Huître,  Spon- 
dyle,  Placune,  Perne  et  le  g.  Acarde,  qui  a 
dû  disparaître  de  la  méthode  comme  établi 
sur  des  épiphyses  de  vertèbres  de  Cétacés. 
Les  Bivalves  à  coquille  régulière  forment  les 
treize  genres  Mye  ,  Solen,  Pinne  ,  Moule, 
Telline,  Bucarde,  Mactre,  Donace,  Venus, 
Trigonie,  Arche,  Peigne  et  Térébratule. 

Ses  Univalves  sont  uniloculaires  ou  mul- 
tiloculaires;  les  premières  sont  subdivisées 
suivant  la  forme  de  la  coquille,  avec  ou  sans 
spire  régulière;  celles-ci  constituent  les  six 
genres  suivants  :  Fissurelle,  Patelle,  Den- 
tale et  Siliquaire,  qui  sont  des  Gastéropodes  ; 
Arrosoir,  qui  est  un  Conchifère  voisin  des 
Fistulanes  ;  et  Serpule,  qui  est  un  Annélide. 
Les  Univalves  à  spire  régulière  forment 
vingt-trois  genres,  dont  plusieurs  sont  nou- 
veaux, savoir:  Cône,  Porcelaine,  Ovule, 
Olive,  Volute,  Buccin,  Pourpre,  Casque, 
Strombe,  Murex,  Fuseau,  Cérite,  Vis,  Tou- 
pie ,  Sabot,  Bulle,  Bulime  ,  Hélice,  Pla- 
norbe, Natice,  Nérite,  Haliotide,  Argo- 
naute. Les  Univalves  multiloeulaires  enfin 
forment  les  quatre  genres  Camérine,  Am- 
monite ,  Nautile  et  Orthocérate.  Mais ,  en 
outre  des  perfectionnements  que  Bruguière 
apportait  ainsi  dans  la  classification  des  co- 
quilles, il  en  indiquait  d'autres  encore  dans 
l'arrangement  des  figures  de  l'Encyclopédie, 
et  si  sa  mort  n'eût  été  prématurée,  on  peut 
croire  qu'il  eût  contribué  puissamment  à 
l'avancement  de  cette  partie  de  la  zoologie. 
Toutefois  disons  encore  qu'il  admettait  huit 
genres  de  Mollusques  nus  qu'il  plaçait  dans 
son  ordre  des  Vers  Mollusques,  comme  nous 
l'avons  dit,  avec  des  Vers,  des  Zoophy  tes,  etc. 
Trois  de  ces  genres,  Ascidie,  Biphore  et 
Téthys,  sont  dans  une  première  section  ca- 
ractérisée par  l'absence  de  tentacules;  les 
cinq  autres  genres,  Seiche,  Clio,  Doris,  La- 
plysie  et  Limace,  sont  pourvus  de  tenta- 
cules. 

Dans  le  même  temps,  Poli,  à  Naples, 


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commençait  la  publication  de  son  grand  ou- 
vrage sur  l'anatomie  des  Mollusques  multi- 
valves  et  bivalves,  qu'il  divise,  d'après  leur 
organisation,  en  quinze  genres  formant  six 
familles.  La  première  famille  ,  comprenant 
les  Mollusques  à  double  trachée  et  munis 
d'un  pied  ,  se  divise  en  six  genres,  savoir  : 
1°  Hypogœa  ,  qui  correspond  aux  Solens  et 
aux  Pholades  ;  2°  Paronœa,  qui  correspond 
au  genre  Telline  de  Linné;  3°  Calista,  cor- 
respondant aux  Vénus  de  Linné;  4°  Arthe- 
mis,  pour  la  Venus  ou  Cytherea  exoleta  de 
Lamarck;  5°  Cérastes,  correspondant  aux 
Bucardes.  La  deuxième  famille,  comprenant 
les  Mollusques  à  une  seule  trachée  et  munis 
d'un  pied  ,  se  compose  des  deux  genres  Lo- 
ripes,  établi  sur  la  Tellina  lacleade  Linné, 
et  Limnœa,  correspondant  aux  Mulettes  et 
Anodontes.  La  troisième  famille,  pour  les 
Mollusques  à  une  seule  trachée,  ne  comprend 
aussi  que  deux  genres  ,  Chimera  et  Callilri- 
che ,  qui  correspondent  aux  Pinnes  et  aux 
Moules.  La  quatrième  famille ,  pour  les 
Mollusques  à  une  trachée  abdominale  et 
sans  pied  ,  contient  le  seul  genre  Argus , 
qui  correspond  aux  Peignes  ,  aux  Spondyles 
et  aux  Limes. 

La  cinquième  famille,  pour  les  Mollusques 
pourvus  d'un  pied  sans  trachée,  ne  contient 
aussi  qu'un  seul  genre  Axinœa  correspon- 
dant aux  Pétoncles  de  Lamarck.  Enfin  la 
sixième  famille,  pour  les  Mollusques  sans 
trachée  et  sans  pied,  se  divise  en  quatregen- 
res,  savoir  :  Daphne,  comprenant  une  partie 
des  Arches  ;  Peloris,  correspondant  aux  Huî- 
tres; Echion,  auxAnomies;  elCriopus,  pour 
VAnomia  imper f or ata. 

Quelques  années  plus  tard,  en  1798,  Cu- 
vier,  qui  avait  de  son  côté  fait  l'anatomie 
de  beaucoup  de  Mollusques,  sépara  ces  ani- 
maux des  Vers  et  des  autres  animaux  mous 
sans  vertèbres,  pour  en  faire  un  embranche- 
ment ou  un  groupe  primaire  qu'il  plaça  à  la 
suite  des  Poissons  et  avant  les  Articulés , 
d'après  la  considération  de  leur  appareil  cir- 
culatoire. Il  ne  considère  plus  alors  la  co- 
quille que  comme  un  organe  protecteur,  non 
indispensablement  nécessaire  pour  établir 
les  rapports.  D'après  cela,  il  dut  réunir 
les  Mollusques  nus  et  ceux  qui  sont  pourvus 
de  coquille  ou  les  Vers  testacés  de  Linné  et 
Bruguière,  et  les  divisa  d'abord  en  trois 
grands  ordres,  que  plus  tard  il  nomma  des 


classes  :  les  Céphalopodes  ,  les  Gastéropodes 
et  les  Acéphales.  Mais  ensuite  il  établît 
encore  trois  autres  classes  :  les  Ptéropodes, 
ayant  pour  type  la  Clio  borealis  que  l'on  avait 
précédemment  classée  dans  les  Mollusques 
nus  auprès  des  Seiches  ;  les  Brachiopodes, 
établis  pour  des  Mollusques  bivalves  ou  acé- 
phales, tels  que  la  Lingule,  qui  occupent 
dans  leur  coquille  une  position  tout  autre 
que  les  autres  bivalves ,  et  les  Cirrhopodes, 
que  Lamarck  nomme  Cirrhipèdes,  et  qui  sont 
aujourd'hui  classés  parmi  les  Articulés.  Sans 
nous  arrêter  à  rapporter  ici  les  modifications 
successivement  introduites  par  Cuvier  dans 
sa  classification  des  Mollusques  d'après  ses 
recherches  et  d'après  les  travaux  de  ses  con- 
temporains, nous  parlerons  seulement  ici  de 
la  classification  définitive  qu'il  a  adoptée 
dans  la  dernière  édition  de  son  Règne  ani- 
mal, en  1830.  La  première  classe,  celle  des 
Céphalopodes,  se  divise  en  six  genres  princi- 
paux dont  deux,  Actinocamax  et  Camerine, 
doivent  disparaître  de  l'embranchement  des 
Mollusques,  l'un  comme  double  emploi  des 
Bélemnites,  l'autre  comme  renfermant  les 
Rhizopodes  ou  Foraminifères  qui  se  placent 
auprès  des  Infusoires.  Les  quatre  autres,  les 
Seiches,  les  Nautiles  et  les  Ammonites,  se 
subdivisent  en  un  grand  nombre  de  sous- 
genres  ou  genres  secondaires.  Quant  aux 
Bélemnites,  qu'on  ne  connaît  qu'à  l'état 
fossile,  elles  paraissent  devoir  être  une  des 
subdivisions  du  grand  genre  Seiche.  La 
deuxième  classe,  celle  des  Ptéropodes,  com- 
prend les  sept  genres  suivants  :  Clio,  Cymbu- 
lie,  Pneumoderme,  Limacine,  Hyale,  Cléo- 
dore  et  Pyrgo.  Les  Gastéropodes,  formant 
la  troisième  classe,  sont  subdivisés  en  neuf 
ordres,  savoir:  1°  les  Pulmonés,  qui  sont 
terrestres  ou  aquatiques,  les  uns  comprenant 
les  genres  Limace,  Escargot  (Hélix),  Nompa- 
reille  (Clausilia)  et  Agathine.  Les  Pulmonés 
aquatiques  sont  divisés  en  sept  genres  : 
Onchidie,  Planorbe  ,  Lymnée  ,  Physe,  Sca- 
rabe,  Auricule  et  Mélampe  ;  2°  les  Nudi- 
branches  comprennent  les  Doris,  les  Trito- 
nies,  les  Eolides,  les  Scyllées ,  les  Téthys, 
dont  Cuvier  a  publié  des  anatomies,  et  dix 
autres  genres;  3°  à  l'ordre  des  Xoférobran- 
ches  se  rapportent  seulement  les  Pbyllidies 
et  Diphyllidies  ;  4°  celui  des  Tectibrancb.es 
contient  les  neuf  genres  Pleurobranchus , 
Pleurobranchœa ,  Aplysie,  Dolabelle,  No- 


MOL 


MOL 


271 


tarche,  Bursatelle ,  Acère,  Gastroptère  et 
Ombrelle  ;  5°  le  cinquième  ordre ,  celui  des 
fiétéropodes,  qui  est  pour  Lamarck  un 
groupe  de  même  valeur  que  les  Céphalopo- 
des ,  ne  comprend  aussi  que  deux  genres  , 
les  Phylliroés  et  les  Ptérotrachées ,  subdivi- 
sés en  Carinaire ,  Atlante  ,  Firole  ,  Timo- 
rienne  et  Monophore  ;  6°  le  sixième  ordre , 
celui  des  Pectinibranches,  est  divisé  en  trois 
familles,  les  Trochoïdes  ,  les  Capuloïdes  et 
les  Buccinoïdes  ,  comprenant  chacune  un 
grand  nombre  de  genres  ,  et  caractérisées 
par  l'ouverture  ronde  ou  ovale,  sans  échan- 
crure ,  des  premiers  ,  par  l'échancrure  ou  le 
prolongement  en  canal  de  l'ouverture  des 
derniers  ,  et  par  la  coquille  évasée  et  large- 
ment ouverte  ,  ou  même  sans  spire ,  des 
Capuloïdes ,  qui  précédemment  apparte- 
naient à  l'ordre  des  Scutibranches  ;  7°  le 
septième  ordre,  celui  des  Tubulibranches, 
plus  récemment  établi ,  comprend  les  gen- 
res Vermet,  Magile  et  Siliquaire  ;  8°  le  hui- 
tième, les  Scutibranches,  contient  les  gen- 
res Ormier  (  Haliotis  ),  Fissurelle  ,  Emargi- 
fiule  et  Pavois  (Parmophorus  Lk.)  ;  il  con- 
tenait primitivement  aussi  les  Capuloïdes, 
qui  sont  reportés  avec  les  Peclinibranches, 
et  les  Carinaires,  qui  sont  des  Hétéropodes; 
9°  enfin  l'ordre  des  Cyclobranches  contient 
seulement  les  Patelles  et  les  Oscabrions. 

La  quatrième  classe  des  Mollusques  de 
Cuvier,  celle  des  Acéphales  ,  se  divise  en 
deux  ordres,  les  Acéphales  testacés  et  les 
Acéphales  sans  coquille.  Le  premier  ordre 
comprend  les  cinq  familles  des  Ostracés,  des 
Mytilacés ,  des  Camacés ,  des  Cardiacés  et 
des  Enfermés.  Chacune  de  ces  familles  con- 
tient beaucoup  de  genres  distincts,  que  nous 
mentionnerons  plus  loin.  Les  Acéphales  sans 
coquille  ,  correspondant  à  la  classe  des  Tu- 
niciers  de  Lamarck,  forment  deux  familles, 
suivant  qu'ils  sont  Simples  ou  Agrégés: 
ceux-ci  sont  les  Botrylles ,  les  Pyrosomes  et 
les  Polyclinum;  les  autres  sont  les  Biphores 
et  les  Ascidies. 

La  cinquième  classe ,  celle  des  Brachio- 
podes,  ne  comprend  que  les  quatre  genres 
Lingule  ,  Térébratule,  Orbicule  et  Cranie. 
Quant  à  la  sixième  classe,  celle  des  Cirrho- 
podes  ,  nous  avons  déjà  dit  qu'elle  doit  être 
reportée  avec  les  Articulés. 

Parallèlement  aux  travaux  de  Cuvier  sur 
les  Mollusques ,  nous  voyons  ceux  de  La- 


marck, dont  la  classification  se  perfectionne 
également,  tout  en  réagissant  sur  celle  de 
son  illustre  rival,  et  en  profitant  des  décou- 
vertes anatomiques  de  manière  à  devenir  le 
guide  de  presque  tous  ceux  qui  se  sont  oc- 
cupés de  cette  partie  de  l'histoire  naturelle, 
sauf  les  modifications  rendues  nécessaires 
par  la  marche  des  sciences,  et  que  M.  Des- 
hayes  y  a  faites  ou  indiquées  avec  l'autorité 
d'une  longue  étude. 

Lamarck  déjà,  en  1801  ,  dans  son  Sys~ 
terne  des  Animaux  sans  vertèbres,  avait  aug- 
menté de  98  le  nombre  des  genres  admis 
par  Bruguière,  lequel  avait  lui-même  porté 
de  35  à  61  le  nombre  des  genres  établis  par 
Linné.  11  les  divisait  en  onze  groupes  ou  or- 
dres ,  dont  six  pour  les  Mollusques  céphalés 
ou  pourvus  d'une  tête,  et  cinq  pour  les 
Mollusques  sans  tête  ou  acéphales.  Les  Mol- 
lusques céphalés,  divisés  en  Mollusques  nus, 
les  uns  nageant  vaguement  dans  les  eaux 
(Seiche,  Lernée,  Firole,  Clio) ,  les  autres 
rampant  sur  le  ventre  (Gastéropodes  nus  et 
Oscabrions)  ;  et  en  Mollusques  céphalés  con- 
chylifères,  les  uns  à  coquille  univalveuni-lo- 
culaire,  à  coquille  non  spirale  recouvrant  l'a- 
nimal, tels  que  les  Patelles  et  les  Fissurelles, 
les  autres  à  coquille  univalve  uniloculaire  , 
en  spirale  ou  spirivalve,  et  engainant  l'ani- 
mal ,  mais  soit  avec  l'ouverture  échancrée 
ou  canaliculée  ,  tels  que  les  Cônes ,  les 
Buccins,  les  Cérites ,  soit  avec  l'ouverture 
entière  et  sans  canal,  tels  que  les  Troques, 
les  Lymnées,  les  Hélices,  la  Carinaire  et 
l'Argonaute  ;  un  troisième  groupe  enfin 
de  Mollusques  céphalés  conchylifères  pré- 
sente une  coquille  multiloculaire  ,  tels  sont 
les  Nautiles  et  les  Ammonites,  avec  lesquels 
Lamarck  réunissait  les  Hippurites.  Parmi 
ses  Mollusques  acéphales,  il  séparait  d'abord 
ceux  qui  sont  nus,  comme  les  Ascidies, 
dont  il  fit  plus  tard  sa  classe  des  Tuniciers; 
les  autres  Acéphales  sont  les  uns  pourvus 
d'une  coquille  à  deux  valves  égales ,  sans 
pièces  accessoires ,  tels  que  les  Moules , 
les  Bucardes  et  les  Vénus  ;  les  autres  ont 
deux  ou  plusieurs  valves,  dont  les  princi- 
pales sont  inégales  :  dans  un  premier  groupe> 
comprenant  le  Taret  et  la  Fistulane,  la  valve 
principale  est  tubuleuse;  dans  un  deuxième 
groupe,  deux  valves  inégales  sont  opposées 
ou  réunies  en  charnière ,  comme  chez  les 
Huîtres,  les  Peignes,  les  Cranies,  les  Té- 


272 


MOL 


MOL 


rébratuîes,  etc.  ;  le  troisième  groupe  enfin, 
présentant  plus  de  deux  valves  inégales, 
sans  charnière,  correspond  aux  Cirrhipèdes 
ou  Cirrhopodes. 

Dans  son  Histoire  des  Animaux  sans  ver- 
tèbres ,  commencée  en  1815  et  terminée  en 
1822,  il  donna  enfin  la  classification  à  la- 
quelle il  s'était  arrêté,  et  pour  laquelle  il 
avait  profilé  autant  que  possible  de  tous  les 
travaux  contemporains.  Allant  du  simple  au 
composé,  il  forme  les  trois  premières  classes 
des  Infusoires,  des  Polypes  et  des  Radiaires, 
et  arrive  ainsi  à  sa  quatrième  classe  des 
Tuniciers,  qui  sont  les  Acéphales  sans  co- 
quille de  Cuvier,  et  qu'il  divise  en  Botryl- 
laires,  ou  Tuniciers  réunis,  et  en  Ascidiens, 
ou  Tuniciers  libres  ,  comprenant  les  Bipho- 
res  et  les  Ascidies.  Les  six  classes  suivantes 
sont  consacrées  aux  Vers  et  aux  Articulés; 
mais  deux  de  ces  classes ,  celles  des  Anné- 
lides  et  des  Cirrhipèdes  ,  contiennent  des 
animaux  qui  avaient  précédemment  été  clas- 
sés avec  les  Mollusques;  celle-ci  même  en 
est  totalement  formée.  La  onzième  classe 
est  celle  des  Conchifères,  correspondant 
aux  Acéphales  testacés  de  Cuvier.  Elle  se 
partage  en  deux  ordres  :  les  Corichifères  di- 
myaires,  qui  ont  deux  muscles  d'attache 
entre  leurs.valves,  et  les  Monomyaires,  qui 
n'en  ont  qu'un  seul.  Les  Dimyaires  forment 
deux  sous-ordres  ,  suivant  que  la  coquille 
est  régulière,  le  plus  souvent  équivalve  ou 
irrégulière ,  et  toujours  inéquivalve  ;  ce 
dernier  sous-ordre  ne  comprend  que  la  fa- 
mille des  Camacées;  l'autre  contient  treize 
familles  réparties  ainsi  en  quatre  groupes  : 
Une  première  section  renferme  les  coquilles 
généralement  béantes  aux  extrémités,  et  se 
subdivise  en  Conchifères  crassipèdes  ,  qui 
sont  les  Tubicolées,  les  Pholadairej,  les  So- 
lénacées  et  les  Myaires,  et  en  Conchifères 
ténuipèdes  ;  les  unes  à  ligament  intérieur, 
ce  sont  les  Mactracées  et  les  Corbulées  ;  les 
autres  à  ligament  uniquement  extérieur,  ce 
sont  les  LUhophages  et  les  Nymphacées. 
Dans  une  deuxième  section  se  trouvent  les 
coquilles  closes  aux  extrémités,  qui  forment 
les  cinq  familles  des  Conques ,  des  Cardia- 
cées,  des  Arcacées9  des  Trigonées  et  des 
Ndiades.  Les  Conchifères  monomyaires 
comprennent  sept  familles  formant  presque 
autant  de  groupes  distincts.  En  effet,  une 
première  section  ,  caractérisée  par  un  liga- 


ment marginal  allongé,  se  divise  en  deux 
sous-sections  ,  les  Tridacnées  ,  qui  ont  la 
coquille  régulière  ,  transverse  ,  et  les  Myti- 
lacées ,  formant  avec  les  Mallcacces  une 
autre  sous-section  ,  dans  laquelle  la  coquille 
est  longitudinale.  Une  deuxième  section,  ca- 
ractérisée par  un  ligament  non  marginal, 
resserré  dans  un  court  espace  sous  les  cro- 
chets ,  comprend  d'une  part  les  Pectinides , 
qui  ont  la  coquille  régulière  et  le  ligament 
intérieur,  et  d'autre  part  les  Oslracées ,  qui 
ont  la  coquille  irrégulière  ,  feuilletée,  et  le 
ligament  interno-externe.  La  troisième  et 
dernière  section  ne  présente  pas  de  ligament 
comme  chez  les  Rudistes,  qui  ont  la  coquille 
très  inéquivalve,  ou  bien  n'a  qu'un  cordon 
tendineux  pour  soutenir  la  coquille,  comme 
chez  les  Brachiopodes ,  qui  sont  d'ailleurs 
pourvus  de  deux  bras  extensibles. 

La  douzième  classe  de  Lamarck  est  celle 
des  Mollusques,  divisée  en  cinq  ordres,  les 
Ptéropodes,  les  Gastéropodes,  les  Traché- 
lipodes,  les  Céphalopodes  et  les  Hétéropo- 
des.  Les  Ptéropodes  forment  la  seule  famille 
des  Hyales.  Les  Gastéropodes  (Mollusques 
nus  pour  la  plupart)  se  divisent  en  deux  sec- 
tions :  les  Hydrobranches  qui  ne  respirent 
que  l'eau  par  des  branchies  saillantes,  et  les 
Pneumobr anches  qui  ne  respirent  que  l'air 
reçu  dans  une  cavité  spéciale  tapissée  par 
un  réseau  vasculaire,  et  qui  constituent  la 
seule  famille  des  Limaciens.  Les  Hydro- 
branches au  contraire  forment  six  familles, 
savoir:  les  Tritoniens,  qui  ont  les  branchies 
extérieures  au-dessus  du  manteau,  sur  le 
dos  ou  sur  les  côtés  ;  les  Phyliidiens  et  les 
Semiphy llidiens y  qui  ont  les  branchies  exté- 
rieures sur  le  rebord  du  manteau,  autour 
du  corps  chez  ceux-ci,  et  d'un  seul  côté  chez 
ceux-là  ;  les  Calyptraciens,  qui  ont  les  bran- 
chies dans  une  cavité  particulière  sur  le  dos; 
les  Bulléens  et  les  Laply siens ,  qui  ont  les 
branchies  dans  une  cavité  particulière  vers 
la  partie  postérieure  du  dos,  et  recouvertes 
soit  par  le  manteau  ,  soit  par  un  écusson 
operculaire,  mais  qui  diffèrent  parce  que 
ceux-ci  ont  des  tentacules  dont  ceux-là  sont 
privés.  Les  TrachéHpodes  se  partagent  en 
deux  sections:  les  uns,  sans  siphon  respira- 
toire, sont  presque  tous  phytiphages,  munis 
de  mâchoires,  et  ils  ont  la  coquille  à  ouver- 
ture entière.  Ceux  qui  ne  respirent  que  l'air 
se  placent  dans  la  classification  à  côté  des 


MOL 

Limaciens;  ils  constituent  les  deux  familles 
des  Colimacés,  vivant  hors  des  eaux,  et  des 
Lymnéens,  qui  sont  aquatiques.  Ceux  qui  ne 
respirent  que  l'eau  sont  fluviatiles,  comme 
les  Mélaniens,  les  Péristomiens,  qui  diffèrent 
par  la  forme  de  l'ouverture  dont  les  bords 
sont  désunis  ou  réunis  ;  ou  bien  ,  comme  les 
Néritacés  marins  ou  fluviatiles  ,  ils  ont 
le  bord  gauche  en  manière  de  demi-cloi- 
£on;  ou  bien  encore  ils  sont  marins  sans 
avoir  le  bord  gauche  en  manière  de  demi- 
cloison,  et  ils  forment  alors  cinq  familles: 
les  Janthines ,  qui  ont  la  coquille  flottante; 
les  Macroslomes ,  qui  ont  la  coquille  non 
flottante ,  et  l'ouverture  très  ample  sans 
columelle  ;  les  Plicacés,  dont  l'ouverture  sans 
évasement  particulier  présente  des  plis  à  la 
columelle;  les  Scalariens  et  les  Turbïnacés, 
qui  n'ont  pas  de  plis  à  la  columelle,  mais 
qui  diffèrent  parce  que  les  bords  de  l'ouver- 
ture sont  désunis  chez  ceux-ci,  et  réunis 
chez  ceux-là.  Les  Trachélipodes  de  la 
deuxième  section  ont  un  siphon  saillant,  ils 
ne  respirent  que  l'eau,  ils  sont  tous  marins, 
zoophages,  et  ils  ont  l'ouverture  de  la  co- 
quille canaliculée,  échancrée  ou  versante  à 
la  base;  ils  forment  cinq  familles:  les  Ca- 
nalifères,  qui  ont  la  coquille  canaliculée  à 
la  base,  et  dont  le  bord  droit  de  l'ouver- 
ture ne  change  point  de  forme  avec  l'âge  ; 
les  Ailées,  qui  en  diffèrent  parce  que  le  bord 
droit  change  de  forme  avec  l'âge,  et  présente 
un  sinus  inférieurement  ;  les  Purpurifères  , 
qui  ont  un  canal  court  remontant  en  ar- 
rière, ou  une  échancrure  oblique  en  demi- 
canal  dirigée  vers  la  face  dorsale;  les  Colu- 
mellairesy  qui  n'ont  point  de  canal,  mais 
une  échancrure  à  la  base  de  l'ouverture,  et 
dont  la  columelle  porte  des  plis;  les  En- 
roulées, dont  la  coquille  est  échancrée  à  la 
base  de  l'ouverture,  et  dont  le  dernier  tour 
de  spire  enveloppe  tous  les  autres. 

L'ordre  des  Céphalopodes  se  divise  en 
trois  sections,  savoir:  les  Polylhalames ,  dont 
la  coquille  est  à  plusieurs  loges,  séparées  par 
des  cloisons  simples  chez  \esNautilacées,  les 
Liluolées  et  les  Orthocérées,  avec  lesquelles 
Lamarck  range  les  Cristacées,  les  Sphérulées 
et  les  ïiadiolées,  qui  sont  des  Rhizopodes  ou 
Foraminifères,  ainsi  que  la  majeure  partie 
des  deux  premières  familles.  Les  loges  de 
la  coquille  sont  séparées  par  des  cloisons  dé- 
coupées sur  les  bords  dans  la  famille  des  ' 

T.  VIII. 


MOL 


273 


Ammonées;les  Céphalopodes  dont  la  co- 
quille présente  une  cavité  unique,  ou  les 
Monothalames,  forment  la  seule  famille 
des  Argonautes,  et  les  Céphalopodes  sans 
coquille  extérieure  forment  la  famille  des 
Seiches. 

Le  cinquième  et  dernier  ordre  des  Mol- 
lusques, les  Hétéropodes,  que  Lamarck 
croyait  plus  élevés  que  les  autres  dans  la 
série  animale,  et  conséquemment  plus  rap- 
prochés des  Poissons,  constituent  la  seule 
famille  des  Carinaires,  qu'on  a  dû,  contrai- 
rement à  son  opinion  ,  classer  parmi  les 
Gastéropodes,  auxquels  on  réunit  aussi  les 
Trachélipodes,  comme  nous  le  dirons  plus 
loin. 

Dans  le  même  temps  que  Lamarck  et 
Cuvier,  divers  auteurs  concoururent  aussi 
plus  ou  moins  à  développer  la  connaissance 
des  Mollusques.  Montfort  établit  un  grand 
nombre  de  genres,  dont  quelques  uns  seu- 
lement sont  restés,  tel  est  le  Magilus.  Dra- 
parnaud,  dans  une  histoire  des  Mollusques 
terrestres  et  fluviatiles  de  la  France  ,  créa 
les  genres  Vitrine,  Ambrette  (  Succinca), 
Clausilie  et  Physe.  Férussac,  en  s'occupant 
des  mêmes  animaux  d'une  manière  plu? 
générale,  avait  ajouté  les  genres  Littorine, 
Mélanopside  et  Parlula.  Le  genre  Rissoa  a 
de  même  été  créé  par  Freminville,  le  genre 
Onchidie  par  Buchanan,  le  genre  Ploca- 
mère  par  Leuckardt,  les  genres  Firole  et 
Ph\lliroé  par  Péron  ,  le  genre  Atlante  par 
M.  Lesueur,  les  genres  Thracie  et  plusieurs 
autres  par  Leach  ,  les  genres  Busiris  et  Eu- 
lima  par  M.  Risso,  les  genres  Creseis,  Cu- 
vieria,  Melibœa  par  Rang,  les  genres  Ga- 
leomma  et  Lacuna  par  Turton.  Plus  récem- 
ment aussi  d'autres  genres  ont  été  créés  par 
MM.  Schumacher  (Periploma),  Studer  (Bu~ 
linus),  Webb  et  Berthelot  (Cryptella),  Quoy 
et  Gaimard,  Gray,  Scacchi ,  Forbes ,  Lca, 
Eichwald,  Johnston,  Broderip,  Troschel , 
Benson  ,  Rossmasler,  d'Orbigny,  van  Bene- 
den,Kiener,  Philippi,  Quatrefages,etc.  L'é- 
tude des  coquilles  fossiles,  si  importante  pour 
la  géologie,  a  d'un  autre  côté  apporté  de  nom- 
breux matériaux  pour  la  classification  des 
Mollusques;  elle  a  donné  lieu  à  rétablisse- 
ment des  genres  Pleurotomaire,  Ilipponix, 
Hinnites,  Gervilie,  Thécidée  par  M.  De- 
france,  des  genres  Potamide  et  Catillus  par 
M.  Brongniart,  du  genre  Panopée  par  Mé' 

35 


274 


MOL 


MOL 


nard  de  Lagroye,  du  genre  Inoccramus  de 
Parkinson,  des  genres  Evomphalus,  Pro- 
ductus  ,  Plagiosloma ,  Dianchora,  ete.,  de 
MM.  Sowerby,  auxquels  on  doit  aussi  cer- 
tains genres  de  coquilles  vivantes  (Siphona- 
ria,  Cleidolhœrus,  Lyonsia,  etc.).  Plusieurs 
des  mêmes  auteurs,  ainsi  que  MM.  Sie- 
bold,  Milne-Edwards  et  Valenciennes ,  ont 
beaucoup  contribué  aussi  à  mieux  faire 
connaître  l'organisation  des  Mollusques. 
Mais  il  nous  reste  à  parler  des  travaux 
bien  plus  importants  de  MM.  de  Blain- 
ville  et  Deshayes.  M.  de  Blainville  ,  de- 
puis 1814,  a  travaillé  à  perfectionner  sa 
classification  qui,  basée  plus  diversement 
sur  l'organisation  des  animaux,  eût  sans 
doute  été  généralement  adoptée,  si  l'ou- 
vrage de  Lamarck,  à  cause  de  ses  descrip- 
tions spécifiques  de  coquilles,  n'eût  obtenu 
la  préférence  des  collecteurs.  Il  change  d'a- 
bord le  nom  de  Mollusques  en  celui  de  Ma- 
lacozoaires  ,  en  séparant  sous  le  nom  de 
Malektozoaires  les  Oscabrions  formant  la 
Classe  des  Polyplaxjphores  ,  et  les  Balanes 
ou  Cirrhipèdes  formant  la  classe  des  léma- 
topodes.  Le  type  des  Malacozoaires  se  partage 
en  plusieurs  classes  et  sous-classes.  Les  Cé- 
phalophores, dont  la  tête  est  distincte,  cor- 
respondent aux  Céphalopodes ,  et  forment 
trois  ordres.  Les  Paracéphalophores  ,  qui 
n'ont  qu'une  tête  imparfaite,  forment  trois 
sous-classes  :  ils  sont  dioïques ,  ou  monoï- 
ques, ou  hermaphrodites,  et  se  subdivisent 
en  ordres.  Les  Acéphalophores  ou  la  troi- 
sième classe  des  Malacozoaires  est  divisée  en 
quatre  ordres  :  les  Palliobr anches  (Brachio- 
podes),  les  Rudistes,  les  Lamellibranches 
(Conchifères),  et  les  Hétérobranches  (Tu- 
niciers  ).  Les  Céphalophores  d'un  premier 
ordre  sont  les  Cryptodibr anches ,  caracté- 
risés, comme  leur  nom  l'indique,  par  la 
présence  de  deux  branchies  cachées  dans  le 
sac  du  manteau;  ils  se  divisent  en  deux 
familles  d'après  le  nombre  de  leurs  tenta- 
cules: les  Octocères,  tels  que  les  Poulpes, 
en  ont  huit;  et  les  Décacères ,  tels  que  les 
Seiches  et  les  Calmars,  en  ont  dix.  Le  se- 
cond ordre  des  Céphalophores,  les  Cel- 
lulacés ,  comprend  seulement  des  Rhizo- 
podes  ou  Foraminifères  qu'on  ne  classe 
plus  aujourd'hui  parmi  les  Mollusques.  Le 
troisième  ordre ,  les  Polythalamacés ,  se 
divise  eu    sept  familles  comprenant  à  la 


fois    des    Rhizopodes   et   des    Mollusques. 

Les  Paracéphalophores  dioïques ,  tous 
munis  d'une  coquille,  forment  les  deux 
ordres  des  S iphonobr anches  et  des  Asipho- 
nobrancheSy  suivant  que  le  manteau  est 
ou  n'est  pas  prolongé  en  un  tube  destiné  à 
conduire  l'eau  aux  branchies.  Les  Siphono- 
branches,  qui  correspondent  aux  Pectini- 
branches  buccinoïdes  de  Cuvier,  forment 
trois  familles  :  les  Siphonostomes,  tels  que  les 
Fuseaux  et  les  Pleurotomes,  dont  la  coquille 
a  un  prolongement  en  forme  de  tube  ou  de 
siphon  à  la  base  de  l'ouverture;  les  Ento- , 
moslomes,  tels  que  les  Buccins,  les  Pour- 
pres, les  Vis,  dont  lacoquiile,  au  lieu  d'un 
canal  ou  siphon,  n'a  qu'une  échancrure, 
par  laquelle  passe  le  tube  du  manteau;  les 
Angistomes  enfin ,  tels  que  les  Cônes,  les 
Olives,  etc.,  caractérisés  par  la  forme  longue 
et  étroite  de  l'ouverture  de  leur  coquille. 
L'ordre  des  Asiphonobranches ,  correspon- 
dant aux  Pectinibranches  trochoïdes  de  Cu- 
vier, se  divise  en  cinq  familles,  d'après  la 
forme  de  l'ouverture  de  la  coquille;  savoir: 
les  Goniostomes  ,  qui  ont  cette  ouverture 
anguleuse,  tels  que  les  Troques  et  les  Ca- 
drans; les  Cricostomes ,  qui  l'ont  arrondie, 
comme  les  Sabots,  les  Dauphinules,  les 
Turritelles,  les  Cyclostomes,  etc.  ;  les  El- 
lipsostomes ,  à  ouverture  elliptique  comme 
les  Mélanies  et  les  Phasianelles;  les  Hémi- 
cyclostomes,  qui  l'ont  en  demi-cercle,  comme 
les  Nérites  et  les  Natices  ;  les  Oxystomes, 
comprenant  le  seul  genre  Janthine,  dont 
l'ouverture  présente  inférieurement  un 
angle  formé  par  la  columelle  et  le  bord  droit. 

Les  Paracéphalophores  monoïques  ont  les 
deux  sexes  réunis,  mais  ils  ont  besoin  d'un 
accouplement  réciproque.  Ils  se  divisent  en 
symétriques  et  non  symétriques;  ceux-ci 
forment  trois  ordres  qui  sont  :  1°  les  Pulmo- 
Lranches  (Pulmonés),  respirant  l'air  en  na- 
ture, et  divisés  en  trois  familles  :  les  Lim- 
nacées,  les  Auriculacées  et  les  Limacinées; 
2°  les  Cfaismobranches,  contenant  quelques 
genres  seulement,  tels  que  le  Sigaref,  qu'il 
vaudra  mieux  réunir  dans  un  autre  groupe; 
3°  les  Mocopleurobranch.es,  respirant  l'eau 
par  un  appareil  branchial  situé  d'un  seul 
côté,  comme  leur  nom  l'indique,  forment 
quatre  familles  :  les  Subaplysiens,  les  Aply- 
siens,  les  Patelloïdes  (Ombrelle,  Siphonaire) 
et  les  Acères  comprenant  les  Bulles,  les 


MOL 


MOL 


275 


Bullées  et  le  genre  fossile  Bellérophe.  La  sec- 
tion des  Paracéphalophores  monoïques  sy- 
métriques se  divise  en  cinq  ordres,  savoir: 
1°  les  Aporobranches,  comprenant  les  Pté- 
ropodes  deCuvier,  partagés  en  deux  familles  : 
les  Thécosomes,  pourvus  d'une  coquille,  et  les 
Gymnosomés,  sans  coquille,  comme  leur  nom 
l'indique,  plus  le  genre  Phylliroé  qui  est  un 
Hétéropode  de  Lamarck  et  qui  constitue  seul 
ici  une  troisième  famille,  celle  des  Psilosomes ; 
2°  les  Polybranches,  divisés  en  deux  familles, 
les  Tétracères  et  les  Dicères,  ayant  les  uns 
quatre  et  les  autres  deux  tentacules,  et  ré- 
pondant avec  l'ordre  suivant  aux  Nudibran- 
ches  deCuvier;  3°  les  Cyclobranches,  consti- 
tuant une  seule  famille  ayant  pour  type  le 
g.  Doris  ;  4°  les Inférobranches,  constituant 
aussi  une  seule  famille  nombreuse  dont  fait 
partie  le  genre  Phyllidie;  5°  enfin  les  Nu- 
cléobranches,  formés  de  Mollusques  nageurs 
répartis  en  deux  familles:  les  Nectopodes, 
qui  sont  les  Hétéropodes  de  Lamarck  moins 
le  genrePhylliroé,  et  les  Ptéropodes,  compre- 
nant les  Atlantes  et  les  Limacines,  mais  non 
les  Mollusques  désignés  sous  ce  nom  par  les 
autres  zoologistes. 

Les  Paracéphalophores  hermaphrodites  qui, 
possédant  les  deux  sexes,  se  fécondent  eux- 
mêmes  ou  n'ont  pas  besoin  d'accouplement, 
comprennent  aussi  deux  sections  caractérisées 
par  la  symétrie  ou  la  non  symétrie  de  la  co- 
quille et  des  organes  respiratoires.  Un  pre- 
mier ordre  de  ia  section  des  Symétriques,  ce- 
lui des  Cirrhobranches,  secomposedu  seul 
genre  Dentale;  le  second  ordre,  celui  des 
Cervicobrauches ,  ainsi  nommé  parce  que 
l'appareil  branchial  est  censésitué  sur  lecou, 
comprend  deux  familles:  l'une,  formée  du 
seul  genre  Patelle,  est  nommée  famille  des 
Rétifères,  parce  que  M.  de  Blainville  prétend 
que  la  respiration  s'opère  dans  un  réseau 
spécial  de  la  paroi  cervicale,  et  non,  comme 
on  l'admet  généralement,  dans  les  lames  qui 
entourent  le  pied  au-dessous  du  manteau  ; 
la  deuxième  famille,  celle  des  Branchifères, 
comprend  les  genres  qui,  comme  la  Fissu- 
relle,  montrent  une  double  branchie  bien 
distincte  dans  cette  même  cavité  cervicale. 
La  deuxième  section  des  Paracéphalophores 
hermaphrodites  est  constituée  par  le  seul 
ordre  des  Scutibranches,  comprenant  les  fa- 
milles des  Otidées  et  des  Calyptraciens. 
Parmi  les  quatre  ordres  des  Àcéphalophores, 


les  deux  premiers,  Falliobranches  et  BLu- 
distes,  et  le  dernier,  Hétérobranches ,  don- 
nent lieu  à  peu  de  subdivisions.  Mais  il  en 
est  tout  autrement  pour  le  troisième  ordre, 
celui  des  lamellibranches ,  qui  renferme 
presque  tous  les  Conchifèrés  de  Lamarck  ou 
les  Acéphales  testacés  de  Cuvier.  M.  de  Blain- 
ville les  divise  en  dix  familles  dont  plusieurs 
correspondent  presque  complètement  aux  fa- 
milles de  Lamarck  :  telles  sont  les  Ostracces, 
les   Mytilacées,   les   Arcacées  ;    telles   sont 
aussi  les  Subostracées  et  les  Margaritacées  que 
Lamarck  avait  nommées  les  Pectinides  et  les 
Malléacées.    La   sixième  famille,  celle  des 
SubmytUacées ,  comprend  celle  des  Naïades 
de  Lamarck  avec  le  genre  Cardite,  formant 
une  section  particulière.  La  septième,  celle 
des  Camacées ,   comprend,   avec  celle   du 
même  nom  chez  Lamarck,  les  Tridacnées 
et  les  genres  Isocarde  et  Trigonie  de  cet  au- 
teur.   La  huitième,    celle  des   Conchacées, 
renferme  dans  trois  sections,  mais  tout  dif- 
féremment disposées,  les  Nymphacées-Telli- 
naires,  les  Conques  ,  les  Mactracées,  et  en 
grande  partie  les  Cardiacées ,  les  Lithopha- 
ges  et  les  Corbulées.  La  neuvième  famille, 
celle  des  Pyloridées ,  comprend  le  reste  des 
Corbulées  et  des  Lithophages,  avec  les  Nym- 
phacées-SoIénaires,  les  Solénacées,  les  Myai- 
res  et  une  partie  des  Tubicolaires  divisées 
en  deux  groupes,  suivant  que  le  ligament 
est  interne  ou  externe.  La  dixième  famille, 
celle  des  Adesmacées  ,  caractérisée  par  l'ab- 
sence d'un  ligament  à  la  coquille,  se  com- 
pose des  genres  Pholade  ,  Térédine,  Taret, 
Fistulane  et  Cloisonnaire,  rangés  ainsi  plus 
convenablement  que  dans  la  classification 
de  Lamarck.  M.  de  Blainville  avait  pu  d'ail- 
leurs baser  son  travail  sur  l'anatomie  d'un 
grand  nombre  de  types,  et  particulièrement 
des  animaux  rapportés  par  MM.   Quoy  et 
Gaimard  de  leur  voyage  autour  du  monde. 
Il  avait  été  conduit  par  là  aussi  à  créer  plu- 
sieurs genres  nouveaux  qui  ont  été  adoptés, 
tels  que  l'Onchidore,  le  Laniogère,  la  Bur- 
satelle  ,  le  Coriocelle,  la  Cryptostome,  le 
Solecurte,  etc.,  et  à  en  supprimer  plusieurs 
autres. 

M.  Deshayes  avait  commencé  sur  les  Mol- 
lusque?, dès  1823,  une  série  de  travaux 
qui  doivent  le  placer  au  premier  rang  parmi 
les  conchyliologistes,  autant  par  leur  impor- 
tance même  qu'en  raison  du  sage  esprit  de 


276 


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MOL 


critique  porté  par  lui  dans  cette  étude.  C'est 
lui  en  effet  qui,  plus  qu'aucun  autre,  a  em- 
pêché que  la  conchyliologie,  comme  d'au- 
tres parties  de  l'histoire  naturelle,  fût  en- 
vahie par  la  manie  de  créer  sans  cesse  de 
nouveaux  genres.  Il  avait  publié  avant  1836 
sa  Description  des  Coquilles  fossiles  des  envi- 
ronsdeParis,  et  les  articles  relatifs  aux  Mol- 
lusques, soit  dans  le  Dictionnaire  des  Vers  de 
l'Encyclopédie  méthodique,  interrompu  de- 
puis la  mort  de  Bruguière,  soit  dans  le  Dic- 
tionnaire classique  d'histoire  naturelle.  A 
cette  époque,  il  commença  les  annotations 
d'une  deuxième  édition  de  Y  Histoire  des  Ani- 
maux sans  vertèbres  de  Lamarck ,  et  dans 
ce  travail  consciencieux  il  résuma  en  quel- 
que sorte  toutes  ses  observations  antérieu- 
res, en  indiquant  la  véritable  circonscription 
des  genres  à  conserver.  Une  nouvelle  publi- 
cation plus  importante  que  les  précédentes, 
V Histoire  naturelle  des  Mollusques ,  qui  doit 
faire  partie  de  l'ouvrage  intitulé  Exploration 
scientifique  de  l'Algérie,  l'en) pêche  seule  en 
cet  instant  de  continuer  sa  collaboration  à 
ce  Dictionnaire;  mais,  pour  suppléer  autant 
que  possible  à  son  absence,  nous  profite- 
rons soigneusement  de  tout  ce  qu'il  a  pu- 
blié et  des  renseignements  qu'il  a  bien 
voulu  nous  donner  personnellement.  Mais 
d'abord  nous  devons  rappeler  que  ,  tout  en 
réduisant  beaucoup  le  nombre  des  genres 
fictifs  ou  qui  formaient  double  emploi,  il 
a  dû  aussi  en  créer  quelques  uns  très  ca- 
ractérisés, et  qui  doivent  rester  dans  la 
classification  :  tels  sont  en  particulier  les 
genres  Mésodesme  et  Ostéodesme. 

ORGANISATION    DES    MOLLUSQUES. 

Manteau  et  Coquille. 

Les  Mollusques  sont  revêtus  d'une  peau 
molle,  généralement  sans  épiderme,  mais 
susceptible  de  sécréter,  en  certains  points  de 
sa  surface  ou  de  son  épaisseur,  un  produit 
calcaire  ou  corné,  qui  devient  un  sac,  un 
têt  (Testa)ou  une  coquille  d'une  ou  de  plu- 
sieurs pièces ,  dont  l'étude  a  précédé  celle 
des  animaux  eux-mêmes  et  doit  tenir  en- 
core une  place  très  considérable  dans  l'his- 
toire des  Mollusques.  Un  repli  particulier 
de  la  peau  constituant  ce  qu'on  appelle  le 
Manteau ,  parce  qu'il  enveloppe  plus  ou 
moins  complètement  l'animal ,  est  plus  spé- 
cialement destiné  à  la  production  du  têt. 


Mais  ce  n'est  pas  dans  toute  son  étendue 
que  la  sécrétion  a  lieu,  et  souvent  même 
deux  ou  trois  régions  distinctes  du  manteau 
produisent  autant  de  substances  différentes 
qui  sont:  le  têt  proprement  dit,  ou  fibreux, 
Ja  nacre,  et  Vépiderme.  Tous  les  accidents 
de  la  coquille ,  les  plis ,  les  lames ,  les  stries, 
les  prolongements  divers  en  tubes  ou  en 
écailles,  ne  sont  que  la  reproduction  des  plis, 
des  inflexions,  et  des  alternances  de  repos 
et  d'activité  ou  d'extension  du  manteau  dans 
sa  portion  sécrétante.  La  coloration  si  vive 
de  certaines  coquilles  est  le  résultat  d'une 
Sécrétion  spéciale,  et  suivant  que  cette  sé- 
crétion est  continue  ou  interrompue,  il  en 
résulte  des  lignes,  des  bandes  ou  des  séries 
de  points.  La  plupart  des  coquilles  marines, 
quand  elles  sont  externes  ou  directement 
en  contact  avec  l'eau,  comme  aussi  les 
Moules  d'eau  douce,  sont  revêtues  d'un  épi- 
derme  corné  brunâtre  ,  qui  masque  leur 
éclat:  aussi,  dans  les  collections,  a-t-on  dû 
les  dépouiller  de  cet  épiderme  et  les  polir 
artificiellement.  Quelquefois  même  on  a  usé 
ou  dissous,  par  le  moyen  d'un  acide,  toute 
la  couche  Calcaire  externe  du  têt  pour  mettre 
en  évidence  la  nacre  qui  naturellement  ne 
doit  se  voir  que  par- la  face  interne.  Quant 
à  cette  nacre  elle-même,  elle  doit  à  un 
simple  jeu  de  lumière  ses  nuances  iri- 
sées, son  orient,  comme  on  dit  en  parlant 
des  perles ,  qui  sont  des  productions  iso- 
lées ou  maladives  de  la  nacre.  En  effet, 
l'observation  microscopique  montre  que 
cette  substance  est  formée  de  lames  paral- 
lèles très  minces;  et  d'autre  part,  une  em- 
preinte prise  avec  de  la  résine  laque  ou 
de  la  gélatine  reproduit  exactement  les 
mêmes  teintes  irisées,  ce  qui  prouve  que  ce 
sont  les  inflexions  de  ces  lames  et  leurs  in- 
tersections avec  la  surface  même  qui  pro- 
duisent ici  le  phénomène  d'optique  connu 
sous  le  nom  d'interférences.  On  a  vu  d'ail- 
leurs aussi  ,  sur  les  roues  hydrauliques 
d'une  usine,  un  dépôt  calcaire  formé  de 
même  de  lames  minces  imprégnées  de  gé- 
latine ,  et  offrant  également  les  reflets  de  la 
nacre.  Le  surplus  de  la  coquille,  ou  la  partie 
externe,  paraît  être  formée  ordinairement 
de  fibres  perpendiculaires,  et  non  de  lames 
parallèles  comme  la  nacre;  elle  contient  le 
carbonate  de  chaux  dans'  un  état  molécu- 
laire tout  différent,  et  il  en  est  résulté  que, 


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MOL 


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pour  les  coquilles  fossiles  de  certains  terrains, 
cette  portion  du  têt  a  disparu,  ou  bien  a 
été  remplacée  par  de  la  chaux  carbonatée 
spathique,  tandis  que  les  coquilles  nacrées 
ont  seules  persisté;  et  d'autre  part  aussi  la 
portion  interne  du  têt  a  pu  seule  être  dis- 
soute quand  la  partie  externe  s'était  con- 
servée. De  cette  dissolution  partielle  est 
résultée  une  déformation  étrange  pour  cer- 
taines coquilles  qui  avaient  été  complète- 
ment méconnues ,  mais  dont  RI.  Deshayes  a 
reconnu  la  vraie  nature:  telles  sont  les  Po- 
dopsis  et  les  Sphérulites ,  dont  le  têt  externe 
a  seul  persisté,  de  telle  sorte  qu'entre  le 
moule  interne  et  le  têt  il  reste  un  espace 
vide  correspondant  à  la  portion  dissoute.  Il 
suffit  donc  alors  de  mouler  du  plâtre  dans 
cet  espace  vide,  comme  Ta  fait  M.  Deshayes, 
pour  retrouver  les  impressions  musculaires, 
îa  charnière  et  toute  la  face  interne  pré- 
cédemment inconnue. 

Il  est  évident  que  le  têt  des  coquilles, 
formé  en  grande  partie  de  carbonate  de 
chaux ,  contient  aussi  une  certaine  propor- 
tion de  matière  animale;  mais  on  n'est  pas 
d'accord  sur  la  nature  de  cette  matière  ani- 
male, ni  sur  son  mode  de  répartition.  Cer- 
taines portions  des  coquilles,  comme  les 
lamelles  nacrées  des  Huîtres  vues  au  mi- 
croscope, paraissent  formées  de  petits  cris- 
taux rhomboédriques  de  carbonate  de 
chaux  ;  d'autres  portions  fibreuses  parais- 
sent formées  de  petits  cristaux  prismatiques 
très  fins,  comme  si  le  carbonate  de  chaux  y 
avait  pris  la  forme  cristalline  qui  caractérise 
l'Arragonite;  quelquefois  aussi  dans  des  la- 
mes minces etusées  à  l'émeri,  on  aperçoit  de 
petits  canaux  distincts.  Tout  cela  d'ailleurs 
pourraits'accorder  avec  l'opinion  qui  ne  veut 
voir  dans  le  têt  que  le  produit  d'une  sécrétion. 
Mais  d'un  autre  côté,  plusieurs  savants,  en- 
traînés par  les  théories  récentes  sur  la  struc- 
ture celluleusede  tousles  tissusanimaux,ont 
voulu  considérer  les  coquilles  comme  résul- 
tant de  la  consolidation  d'un  tissu  cellulaire, 
dont  chaque  cellule  contiendrait  ainsi  ,  soit 
un  cristal,  soit  un  dépôt  de  matière  calcaire. 
Toujours  est-il  que  le  manteau  n'est  pas 
nécessairement  adhérent  à  la  portion  du 
têt  qu'il  vient  de  sécréter,  c'est  une  lamelle 
d'abord  très  mince  qui  ne  se  consolide  que 
progressivement  par  la  juxta-position  de 
nouvelles  particules;  mais  le  manteau  peut 


abandonner  à  plusieurs  reprises  l'œuvre 
qu'il  a  commencée  ,  et  se  retirer  pour  reve- 
nir ensuite  sans  que  le  résultat  soit  diffé- 
rent. L'adhérence  du  manteau  n'a  lieu  que 
dans  une  portion  plus  éloignée  du  bord,  là 
où  cet  organe  sécrète  la  couche  interne  de 
la  coquille  ;  encore  cette  adhérence  est-elle 
généralement  très  faible  comparativement 
à  celle  des  muscles  d'attache. 

Puisque  c'est  le  manteau  qui  produit  la 
coquille,  et  qui  généralement  en  détermine 
la  forme,  nous  allons  étudier  comparative- 
ment ces  deux  parties  chez  les  Mollusques. 
Les  Céphalopodes  des  périodes  antédilu- 
viennes de  notre  monde  avaient  presque 
tous  un  têt  formé  d'une  série  recliligne  ou 
spirale  de  loges  ou  chambres  moulées  suc- 
cessivement sur  le  manteau  en  forme  de 
sac,  à  mesure  que  l'animal  devenait  plus 
volumineux.  Ce  têt  devait  être  très  mince 
et  très  léger,  et  nous  n'en  pouvons  prendre 
idée  aujourd'hui  que  par  le  Nautile  et  la 
Spirule,  dont  le  têt  nacré  n'a  qu'une  mince 
couche  extérieure  non  nacrée.  C'est  par  la 
comparaison  avec  les  formes  de  ces  coquilles 
cloisonnées  de  Céphalopodes,  qu'on  a  voulu 
rapporter  à  la  même  classe  de  Mollusques 
une  foule  de  petites  coquilles  de  Rhizopodes 
ou  Foraminifères.  Parmi  les  espèces  encore 
vivantes  de  Céphalopodes,  un  autre  genre  a 
une  coquille  externe  sans  cloison  :  c'est  l'Ar- 
gonaute, que  longtemps  on  a  voulu  regarder 
comme  parasite  dans  la  coquille  d'un  Hété- 
ropode ,  ainsi  que  le  Pagure  (  Bernard- 
l'Ermite)  est  parasite  dans  la  coquille  des 
Buccins.  Mais  aujourd'hui  on  reconnaît  plus 
généralement  que  la  coquille  de  l'Argonaute 
appartient  réellement  à  ce  Mollusque;  seu- 
lement on  n'attribue  pas  au  manteau  seul 
la  formation  de  cette  coquille  si  mince,  si 
fragile,  qu'elle  lui  fit  donner  autrefois  le 
nom  de  Nautile  papyracé ;  les  bras  plus 
larges  qui  se  replient  latéralement  semblent 
en  effet  servir  non  seulement  à  fixer  l'ani- 
mal, mais  aussiàaccroîtreextérieurement  sa 
coquille.  Les  Seiches  ont  une  coquille  interne 
très  complexe,  connue  sous  le  nom  de  dos 
de  Seiche;  elle  se  compose  d'une  lame  ex- 
terne dure,  demi-transparente,  rugueuse  en 
dehors ,  et  d'un  assemblage  de  lames 
minces  parallèles,  dont  le  nombre  s'accroît 
avec  l'âge,  et  qui  s'insèrent  obliquement  sur 
la  lame  dorsale;  entre  elles  se  trouvent  des 


278 


MOL 


petites  colonnes  creuses  très  multipliées.  La 
lame  dorsale  elle-même  se  termine  inférieu- 
rement  par  une  pointe  en  forme  de  bec,  pré- 
sentant une  petite  cavité  conique  en  dessus. 
C'est  cette  pointe  même  qui  est  l'analogue 
des  corps  fossiles  connus  sous  le  nom  de 
Bcïemnites,  et  si  répandus  dans  les  terrains 
secondaires.  Les  Bélemnites,  qui  provien- 
nent donc  très  probablement  d'un  Mol- 
lusque céphalopode  analogue  aux  Seiches, 
se  composent  d'une  partie  solide  cylindrique 
ou  conique,  terminée  en  pointe  à  une  ex- 
trémité ,  et  présentant  à  l'autre  extrémité 
une  cavité  conique  cloisonnée,  qu'on  avait 
cru  l'analogue  des  loges  d'une  coquille  de 
Nautile,  mais  dont  le  bord,  toujours  brisé 
sur  les  fossiles,  devait  se  prolonger  en  une 
lame  analogue  à  la  coquille  interne  de  la 
Seiche  ;  quant  à  la  partie  solide,  elle  est 
formée  de  fibres  rayonnantes  autour  de 
Taxe,  et  paraît  avoir  eu  la  même  structure 
que  la  partie  fibreuse  des  coquilles  de 
Pinna. 

Les  Ptëropodes  ont  en  avant  deux  larges 
expansions  en  forme  d'ailes,  comme  l'indi- 
que leur  nom  ,  et  qui  sont  des  prolonge- 
ments symétriques  du  manteau.  La  coquille, 
quand  elle  existe,  est  symétrique  aussi,  mais 
elle  est  le  plus  souvent  transparente  et  plus 
cartilagineuse  ou  cornée  que  calcaire. 

Quelques  Gastéropodes,  tels  que  les  Scu- 
tibranches  (Fissurelle)  et  les  Cyclobranches 
(  Patelle  )  ,  ont  une  coquille  symétrique 
comme  le  manteau  qui  recouvre  entièrement 
le  corps  en  forme  de  cône  surbaissé.  Les 
Cari.naires,  parmi  les  Hétéropodes,  ont  aussi 
une  coquille  symétrique,  quoique  le  man- 
teau ne  soit  plus  en  rapport  avec  la  forme 
du  corps.  D'autre  part,  beaucoup  de  Mol- 
lusques sans  coquille  ont  encore  le  manteau 
symétrique;  mais  chez  la  plupart  des  Gas- 
téropodes le  défaut  de  symétrie  des  organes 
intérieurs  est  déjà  révélé  par  la  disposition 
du  manteau,  et  la  coquille,  quand  elle 
existe,  exprime  plus  fortement  encore  ce 
défaut  de  symétrie.  En  effet ,  la  masse  des 
viscères  occupant  ici  le  sommet  d'un  cône 
plus  ou  moins  aigu,  revêtu  par  le  manteau, 
la  cavité  respiratoire  et  les  organes  génitaux 
sont  situés  au  côté  droit  de  la  base  de  ce  cône, 
sous  le  bord  du  manteau,  plus  dilaté  de  ce 
côté.  Si  la  coquille,  sécrétée  d'abord  symé- 
trique, comme  on  la  voit  même  chez  l'em- 


IVIOL 

bryon  des  Mollusques  nus;  si,  disons-nous, 
la  coquille  tend  à  s'accroître,  ce  sera  donc 
inégalement,  et  bien  davantage  sur  le  bord 
plus  dilaté  à  droite.  Dans  ce  cas ,  le  tissu 
musculaire  destiné  à  fixer  l'animal  et  à  le 
retirer  dans  sa  coquille  s'attache  sur  le  côté 
gauche,  qui  devient  un  axe  autour  duquel 
paraît  s'enrouler  la  coquille.  Cet  axe  plus 
ou  moins  distinct,  plus  ou  moins  consolidé 
par  le  dépôt  successif  de  la  matière  calcaire, 
se  nomme  dans  les  coquilles  turbinées  la 
Columelle,  et  c'est  ordinairement  aussi   le 
bord  gauche  de   l'ouverture.  Cette  ouver- 
ture de  la  coquille  a  reçu  la  dénomination 
impropre  de  bouche,  ou  qui   tend  à  porter 
de  l'ambiguïté  dans  les  descriptions.  Quel- 
quefois aussi  le  bord  gauche  de  l'ouver- 
ture est  libre,  comme  dans  les  Cyclostomes, 
les  Scalaires  et  les  Dauphinules.  La  portion 
de  la  coquille  ainsi  enroulée  autour  de  la 
Columelle  est  la  spire,  plus  ou  moins  sail- 
lante, plus  ou  moins  surbaissée,  et  formée 
de  tours  de  spire  plus  ou  moins  nombreux. 
Si  le  cône  occupé  par  les  viscères  de  l'ani- 
mal et  revêtu  par  le  manteau  est  exactement 
circulaire,  la    bouche  ou  l'ouverture  de  la 
coquille  sera  ronde  ;  mais  si  elle   est  en 
même    temps    oblique,    c'est-à-dire  si   le 
muscle  d'attache  s'insère  obliquement  sur  la 
columelle  ,  alors  la  spire  pourra  être  aiguë 
comme  pour  le  Cyclostorne,  ou  très  allon- 
gée comme  pour   la  Turri telle,  tandis  que 
pour  les  Dauphinules  elle  est  surbaissée,  et 
que  pour  certaines  Valvées  elle  est  presque 
dans  un  même  plan.  Le  plus   souvent  le 
cône  occupé  par  l'animal  et  enroulé  dans  la 
coquille  est  comprimé  et  déformé,  de  ma- 
nière  à    présenter    intérieurement     l'em- 
preinte du  précédent  tour  de  spire:  il  en 
résulte  pour  l'ouverture  une  forme  échan- 
crée,   ou   semi-circulaire  ,  ou  semi-lunaire. 
Quelquefois  même  le  corps  de  l'animal  est 
aplati  et  s'enroule  comme  un  ruban  autour 
de  la  Columelle  :  il  en  résulte  des  coquilles 
comme  les  Cônes,  les  Olives   et  les  Porce- 
laines, constituant  la  famille  des  Enroulées, 
dont  l'ouverture  très  étroite  est  beaucoup 
plus  longue  que  large. 

Le  bord  de  l'ouverture  peut  être  mince 
ou  rendu  plus  épais  par  une  sécrétion  plus 
abondante.  On  dit  que  la  columelle  est  cal- 
leuse quand  elle  est  ainsi  épaissie  ;  la  co- 
quille est  dite  margintïe  quand  son  bord  droit, 


MOL 


MOL 


279 


qu'on  nomme  aussi  la  lèvre,  est  épaissi  ou 
renversé.  C'est  ordinairement  quand  !e 
Mollusque  a  atteint  tout  son  développement 
qu'il  épaissit  le  bord  de  sa  coquille,  et  dans 
ce  cas  i!  y  produit  quelquefois  des  pointes 
saillantes  à  l'intérieur,  qu'on  nomme  des 
dents  ,  comme  chez  les  Maillots,  ou  des 
lames,  des  pointes,  des  tubes,  des  feuillets 
découpés  à  l'extérieur  (Strombes,  Ptérocè- 
res).  Certaines  coquilles  présentent  aussi 
une  succession  de  varices  ou  de  lames  sail- 
lantes (Murex,  Ranelle,  Harpe),  qui  sont 
autant  de  bords  distincts  formés  par  le 
manteau  du  Mollusque  pendant  des  pério- 
des de  repos  ou  des  temps  d'arrêt  dans  l'ac- 
croissement de  la  coquille.  D'autre  part ,  on 
a  des  coquilles,  comme  les  Mitres  et  les  Vo- 
lutes, qui,  pendant  toute  la  durée  de  leur 
accroissement,  présentent  des  plis  saillants 
sur  la  columelle,  ou  même,  comme  les  Né- 
rinées,  qui  en  ont  à  la  fois  sur  la  columelle 
et  sous  le  bord  droit.  11  est  enfin  des  co- 
quilles, telles  que  les  Porcelaines,  qui  chan- 
gent tellement  avec  l'âge,  par  suite  de  l'épais- 
sissement  des  bords  et  en  raison  de  l'enduit 
émaillé  sécrété  en  dehors  par  les  lobes  du 
manteau,  qu'on  a  fait  des  genres  distincts 
avec  les  coquilles  plus  jeunes.  On  a  même 
cru  pendant  longtemps  que  ces  Mollusques, 
dans  l'impossibilité  d'agrandir  leur  coquille 
ainsi  épaissie,  devaient  la  quitter  pour  s'en 
former  une  autre  ,  comme  les  Crustacés 
quittent  une  enveloppe  devenue  trop  petite. 
Les  parties  saillantes  du  bord  de  la  co- 
quille représentent  donc  ,  comme  nous 
Tenons  de  le  voir,  des  parties  correspon- 
dantes des  bords  du  manteau;  mais  il  est 
une  partie  de  ce  même  organe  qui,  sur  la 
coquille  de  certains  Pectinibranches,  mani- 
feste sa  présence  d'une  manière  fort  diffé- 
rente: c'est  le  siphon,  prolongement  ou 
repli  tubuleux  du  manteau  destine  à  ame- 
ner aux  branchies  l'eau  nécessaire  pour  la 
respiration.  Si  le  siphon  reste  droit  et  im- 
mobile, le  têt  se  prolonge  en  forme  de  long 
canal,  comme  celui  des  Fuseaux  et  des  Pleu- 
rotomes.  Si,  tout  en  restant  immobile  ,  il 
se  recourbe  en  dessus,  en  s'appuyant  sur  le 
dos,  il  forme  le  canal  recourbé  de  la  co- 
quilledes Casques. Si,  enfin, il  est  constam- 
ment mobile,  il  détermine  la  formation  d'une 
échancrure ,  comme  chez  les  Buccins ,  entre 
le  bord  droit  et  la  columelle.  En  outre  de 


ce  siphon  antérieur,  quelques  Ptérocères 
ont  un  canal  postérieur ,  plus  ou  moins  pro- 
longé et  servant  à  l'évacuation  de  l'eau  qui 
a  baigné  les  branchies.  On  observe  enfin 
chez  les  coquilles  du  même  genre,  et  chez  les 
Strombes,  un  sinus  du  bord  droit  destiné  au 
passage  de  la  tête  quand  l'anima!  est  en 
marche. 

Les  Gastéropodes  pectinibranches  ont  or- 
dinairement une  pièce  accessoire,  Yopcrcule, 
adhérente  à  la  partie  postérieure  du  pied, 
et  destinée  à  fermer  la  coquille  quand  l'a- 
nimal s'y  est  retiré.  L'opercule  aura  donc 
la  forme  de  l'ouverture  :  il  sera  rond,  oblong, 
semi-circulaire,  etc.  11  sera  d'ailleurs  plus 
ou  moins  épais ,  plus  ou  moins  chargé  de 
matière  calcaire,  ou  bien  il  restera  simple- 
ment corné  ;  un  seul  genre ,  l'Hipponix ,  est 
caractérisé  par  son  opercule  adhérent  aux 
rochers. 

Dans  tout  ce  qui  \ient  d'être  dit,  nous 
avons  considéré  la  coquille  dans  la  position 
qu'elle  occupe  naturellement  sur  l'animal  ; 
mais  les  conchyliologistes  ont  dû  la  consi- 
dérer d'une  autre  manière.  Pour  la  décrire 
plus  commodément,  ils  l'ont  tenue  dressée 
en  regardant  l'ouverture  de  manière  que  la 
spire  fût  en  haut.  Alors, ils  ont  nommébase 
de  l'ouverture  ce  que  nous  avons  décrit 
comme  la  partie  antérieure:  c'est  là  que  le 
bord  droit  se  joint  au  bord  gauche  ou  à  la 
columelle  qui  s'y  trouve  quelquefois  brus- 
quement terminée  ou  tronquée;  c'est  là 
aussi  que  se  trouve  l'échancrure  ou  le  canal 
terminal  des  Pectinibranches  buecinoïdes. 
Conséquemment  on  a  dû  nommer  sommet 
de  l'ouverture  le  point  où  le  bord  droit 
rencontre  le  précédent  tour  de  spire,  et 
l'extrémité  de  la  spire,  ou  la  partie  la  plus 
ancienne,  a  été  nommée  le  sommet.  Consé- 
quemment aussi,  quand  les  tours  de  spire 
ont  présenté  une  rangée  de  tubercules 
saillante,  on  a  pu  dire  qu'alors  la  spire  est 
couronnée. 

La  description  que  nous  avons  donnée 
de  la  coquille  spirivalve  ou  lurbinée  des 
Gastéropodes  suppose  que,  comme  c'est 
l'ordinaire,  les  organes  génitaux  sont  situés 
à  droite  de  l'animal  ;  mais  chez  certains 
Mollusques  (Maillots,  Clausilies ,  Physe), 
ces  organes  occupent  au  contraire  le  côté 
gauche  :  la  coquille  alors  a  dû  s'enrouler 
du  côic  opposé;  elle  est  dite  icnestre  ou 


280 


MOL 


MOL 


perverse.  Ce  qui  est  général  dans  quelques 
genres  se  montre  exceptionnellement  pour 
des  espèces  plus  rares,  appartenant  à  des 
genres  dont  les  autres  espèces  ont  la  coquille 
tournée  à  droite  (Fuseau  ,  Cérite).  On  voit 
même  aussi,  très  rarement,  des  individus  se- 
nestres,  par  une  sorte  d'anomalie,  dans  les 
espèces  les  plus  communes  (Hélix  aspersa). 

Si  beaucoup  de  Gastéropodes  peuvent  être 
considérés  comme  ayant  une  coquille  de 
deux  pièces  distinctes  en  comptant  l'oper- 
cule, il  y  a  aussi  un  genre  particulier, 
l'Oscabrion,  qui,  sans  avoir  de  coquille 
proprement  dite,  a  huit  pièces  calcaires 
symétriques  placées  à  la  file  sur  le  dos. 
D'autres,  telles  que  les  Limaces,  ont  dans 
l'épaisseur  du  manteau  une  coquille  rudi- 
men taire  présentant  au  contraire  des  indices 
de  disposition  spirale. 

Les  Mollusques  acéphales ,  excepté  les 
Tuniciers  et  les  Bryozoaires,  ont  générale- 
ment le  manteau  formé  de  deux  feuillets 
distincts ,  entre  lesquels  sont  logés  les  vis- 
cères,  les  branchies  et  les  autres  organes; 
mais  ces  deux  feuillets  ont,  par  rapport  à 
ces  organes ,  une  position  totalement  diffé- 
rente chez  les  Conchifères  proprement  dits 
et  chez  les  Brachiopodes  :  chez  ceux-ci  ;  en 
effet,  le  corps  est  à  plat  entre  les  deux  la- 
mes,  dont  l'une  est  censée  dorsale  et  l'au- 
tre ventrale;  les  Conchifères,  au  contraire, 
sont  couchés  sur  le  flanc,  entre  les  deux 
feuillets,  qui  dès  lors  sont  situés  latérale- 
ment, l'un  à  droite  et  l'autre  à  gauche, 
par  rapport  à  la  position  de  la  bouche,  quand 
même  la  coquille,  comme  l'Huître,  est 
fixée  aux  roches  par  une  de  ses  valves,  qui 
est  ici  la  valve  gauche.  Les  deux  feuillets 
du  manteau  produisent  donc  les  deux  valves 
de  la  coquille  des  Conchifères,  en  sécrétant 
par  leur  bord  même  les  zones  d'accroisse- 
ment de  ces  valves,  qu'elles  épaississent  en- 
suite par  une  sécrétion  spéciale  de  leur  ré- 
gion médiane.  Les  principales  différences 
sont  offertes:  1°  par  l'égalité  ou  l'inégalité 
des  valves  chez  les  coquilles,  dites  alors  cqui- 
valves  ou  inéquivalves  ;  2°  par  la  fermeture 
plus  ou  moins  complète  de  la  coquille,  qui 
est  close  ou  bâillante,  et  dans  ce  cas  elle 
peut  rester  ouverte  d'un  côté  seulement  ou 
bien  aux  deux  extrémités,  comme  les  So- 
Jens;  3°  par  la  forme  et  la  disposition  des 
crochets  ou  sommets  de  chaque  valve,  quel- 


quefois contournés  en  avant;  4°  par  la 
forme  des  deux  espaces  en  avant  et  en  ar- 
rière des  crochets ,  plus  distincts  sur  certai- 
nes coquilles,  et  nommés,  l'un  amis  ou 
lunule,  l'autre  corselet  ou  vulva  ;  5°  par  la 
charnière  avec  ou  sans  dents;  6°  par  le  li- 
gament externe  ou  interne,  ou  participant 
à  ces  deux  positions  ;  7°  par  la  position  du 
muscle  ou  des  deux  muscles  d'attache  ,  qui 
laissent  des  impressions  musculaires  bien 
reconnaissables ;  8° par  Vimpression pallcaley 
indiquant  toute  la  portion  adhérente  au 
manteau,  et  successivement  épaissie,  et 
montrant  souvent  aussi  un  sinus  profond 
correspondant  à  l'emplacement  où  se  reti- 
rent les  siphons. 

Le  manteau  est  complètement  ouvert 
chez  les  Huîtres  et  les  Peignes,  qui  n'ont 
qu'un  seul  muscle  détaché;  chez  ces  der- 
niers aussi  le  bord  du  manteau  est  muni 
de  tentacules  et  d'appendices  divers;  chez 
les  Limes,  le  manteau  est  bordé  par  une 
longue  frange  flottante.  Chez  les  Conchifères 
ayant  deux  muscles  d'attache,  ou  les  dimy ai- 
res,  les  lobes  du  manteau  sont  plus  ou 
moins  réunis  par  leur  bord  et  laissent  entre 
eux  trois  orifices  :  l'un  pour  le  passage  du 
pied,  soit  à  l'extrémité  antérieure  chez  le 
Solen  ,  soit  en  dessous;  les  deux  autres  sont 
en  arrière»  pour  l'accès  et  la  sortie  de  l'eau, 
qui,  tout  en  servant  à  la  respiration,  doit 
amener  en  même  temps  les  particules  nu- 
tritives à  la  bouche.  Ces  deux  dernières  ou- 
vertures sont  quelquefois  comme  desimpies 
lacunes  dans  la  soudure  des  lobes  du  man- 
teau; mais  plus  souvent  ce  sont  deux  tubes, 
deux  siphons  rétractiles ,  soit  libres,  soit 
accolés  ,  formés  eux-mêmes  par  un  prolon- 
gement du  manteau ,  comme  chez  les  Vénus, 
les  Tellines,  etc.  Dans  tous  les  cas,  ces 
deux  orifices,  dont  le  supérieur  (siphon 
anal)  sert  à  la  sortie  de  l'eau  et  des  excré- 
ments, et  dont  l'inférieur  (siphon  branchial) 
amène  l'eau  pour  la  respiration,  sont  bor- 
dés par  des  appendices  ou  tentacules  sim- 
ples ou  rameux;  c'est  quand  les  siphons, 
très  longs,  doivent,  en  se  retirant,  occuper 
beaucoup  de  place  entre  les  lobes  du  man- 
teau ,  qu'on  voit  dans  l'intérieur  de  la  co- 
quille un  large  sinus  à  l'impression  palléale. 

Les  muscles  d'attache  ferment  la  coquille 
avec  force  ;  mais  leur  distension,  ou  le  gon- 
flement de  l'animal,  ne  suffirait  pas  pour 


MOL 


MOL 


281 


l'ouvrir  s'il  n'y  avait  un  ressort,  un  liga- 
ment élastique,  formé  par  une  substance 
fibreuse  cornée,  que  sécrète  une  partie  spé- 
ciale du  manteau  sur  un  ou  plusieurs  points 
de  la  charnière.  Ce  ligament  est  tantôt  in- 
térieur, comme  dans  les  Peignes  et  les 
Mactres ,  et  alors  il  agit  par  un  simple  ef- 
fet de  gonflement  pour  écarter  les  valves 
quand  le  muscle  d'attache  cesse  d'être  tendu; 
tantôt  il  est  extérieur,  comme  celui  des  Vé- 
nus et  des  Bucardes.  Alors,  au  lieu  d'être 
comprimé  pendant  la  contraction  des  mus- 
cles d'attache,  il  est  distendu,  et  c'est  en 
reprenant  son  état  normal  qu'il  fait  ouvrir 
la  coquille  quand  les  muscles  se  relâchent. 
On  conçoit  donc  que  les  deux  effets  ont  lieu 
à  la  fois  quand  il  y  a  en  même  temps  un  li- 
gament interne  et  un  ligament  externe. 
Dans  tous  les  cas,  un  repli  du  manteau  re- 
vêt le  côté  du  ligament  destiné  à  s'accroître 
en  même  temps  que  les  valves. 

La  charnière  présente  quelquefois ,  sur 
chaque  valve  ,  des  dents,  ou  pointes,  ou 
lames  saillantes,  qui  s'engrènent  dans  des 
fossettes  correspondantes  de  l'autre  valve , 
et  Ton  a  pu  désigner  ces  dents  d'après  toutes 
les  modifications  de  forme  qu'elles  présen- 
tent: en  crochet,  en  lames,  en  cuillers,  bi- 
fides, etc.  Les  Mactres  ont  une  dent  en 
forme  de  V,  les  Trigonies  et  les  Castalies 
ont  des  dents  striées  en  travers.  Une  dis- 
tinction plus  importante  est  fournie  par  la 
position  des  dents  :  celles  qui  sont  sous  les 
crochets  sont  les  dents  cardinales,  celles 
qui  en  sont  éloignées  de  chaque  côté  sont 
les  dents  latérales;  mais  chez  les  Arches  et 
les  Nucules,  les  dents  sont  très  nombreuses 
et  forment  une  ligne  droite  ou  brisée  sans 
qu'on  puisse  leur  appliquer  l'une  ou  l'autre 
dénomination;  elles  sont  alors  sériales.  De 
même  aussi  le  ligament,  qui,  le  plus  ordi- 
nairement, est  unique  ou  double,  est  rem- 
placé chez  les  Pernes  par  une  série  de  liga- 
ments partiels  occupant  autant  de  petites 
fossettes. 

Comme  pour  les  coquilles  univalves,  les 
conchyliologistes,  dans  le  seul  but  de  dé- 
crire les  bivalves,  ont  supposé  la  coquille 
placée  dans  une  position  arbitraire.  Linné 
plaçait  donc  les  crochets  en  bas  et  le  liga- 
ment des  Conques  ou  le  côté  des  siphons 
tourné  vers  l'observateur,  la  bouche  étant 
toujours  au  côté  opposé;  par  conséquent  le 
t.  vin. 


bord  libre  des  valves  était  le  bord  supérieur, 
et  les  valves  étaient  nommées  droite  et  gau- 
che, en  raison  de  leur  position  par  rapport 
à  l'observateur. 

Bruguière  et,   après   lui,  Lamarck  ont 
également  placé  les  crochets  en  bas  ,  mais 
ils  ont  tourné  en  sens  inverse  le  côté  du 
ligament  ou  des  siphons  ;   par  conséquent , 
ils  ont  interverti  les  désignations  de  Linné, 
nommant  valve  droite  sa  valve  gauche,  et 
réciproquement.  M.  de  Blainville,  au  con- 
traire, a  voulu  considérer  la  coquille  dans 
la  position  qu'elle  occupe  quand  le  Mol- 
lusque muni  d'un  pied  ,  comme  une  Vénus, 
un  Bucarde  ,  ou  une  Anodonte ,  se  meut  en 
traçant  un  sillon  sur  le  sable  ou  la  vase. 
Mais  aujourd'hui  la  plupart  des  naturalistes 
sont  d'accord  pour  supposer  le  Mollusque 
bivalve  placé  de  manière  que,  le  ligament  ou 
la  charnière  étant  en  haut,  la  bouche  soit  en 
avant.  C'est  d'après  cette  position  que  seront 
prises  toutes  nos  dénominations:  ainsi  les 
siphons  ou  les  orifices  qui  les  représentent 
sont  toujours  au  côté  'postérieur,  et  le  mus- 
cle rétracteur  du  même  côté  est  le  muscle 
postérieur.  Le  ligament  desCardiacés  estdonc 
aussi  postérieur,  ainsi  que  le  corselet;  les 
crochets  sont,  au  contraire,  recourbés  en 
avant,  et  la  lunule  se  trouve,  par  conséquent, 
située   vers   le  côté   antérieur.   Les  valves 
droite  et  gauche,   d'après  cette  manière  de 
voir,   ont  la  même  dénomination  que  leur 
donnait  Lamarck.  Quoique  le  nom  de  bi- 
valves implique  nécessairement  l'idée  d'une 
coquille  formée  de  deux  pièces  seulement, 
quelques  Conchifères  ont  une  ou  plusieurs 
pièces  de  surplus,  et  d'autres,  au  contraire, 
ont  leurs  valves  soudées  à  la   paroi  d'un 
tuyau   calcaire   provenant  d'une  sécrétion 
spéciale  du  manteau  et  des  siphons.  Tel  est 
l'Arrosoir,  qui  paraît  avoir  sa  coquille  d'une 
seule  pièce ,  et  que ,  pour  cette  raison ,  on 
classait  autrefois  avec  les  Univalves.  Les 
Clavagelles  ont  également  une  des  valves 
soudée  au  tuyau;  mais  l'autre  valve  reste 
libre.  Le  Taret,  qui  a  ses  valves  libres,  et 
qui  sécrète  aussi  un  tuyau,  ferme  ses  siphons 
avec  des  pièces  accessoires ,  souvent  mul- 
tiples. Les Pholades,  qui  secreusent  une  habi- 
tation dans  les  pierres  calcaires,  ont  souvent 
aussi ,  en  dehors  de  leurs  deux  valves  min- 
ces et  bâillantes,   une  enveloppe  spéciale 
plus  ou  moins  complète,  sécréiée  par  la 


282 


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manteau  ,  ou  simplement  un  écusson  au- 
dessus  de  la  charnière,  ce  qui  porte  à  trois 
le  nombre  de  leurs  pièces  testacées.  Enfin, 
quelques  coquilles,  comme  les  Ostéodesmes, 
ont  dans  la  charnière  même  une  petite  pièce 
isolée  adhérente  au  ligament. 

Le  manteau  des  Brachiopodes  est  formé  de 
deux  feuillets  distincts  ,  frangés  au  bord  , 
et  servant  de  branchies;  leur  coquille  est 
.toujours  formée  de  deux  valves  portant  à 
l'intérieur  des  appendices  plus  ou  moins 
complexes  pour  soutenir  les  bras;  mais  ces 
valves,  comme  nous  l'avons  dit,  sont  l'une 
ventrale  et  l'autre  dorsale  ;  celle-ci ,  d'ail- 
leurs, comme  chez  lesCranies,  peut  être 
fixée  aux  rochers. 

Les  Tuniciers  sont  enveloppés  par  leur 
manteau  comme  par  un  sac  ayant  deux  pro- 
longements tubuleux  analogues  aux  deux  si- 
phons des  Conchifères,  et  servant  de  même, 
l'un  pour  l'entrée  de  l'eau  qui  apporte  les 
aliments,    l'autre  pour  la  sortie  de  l'eau, 
des  excréments  et  des  œufs;  mais,  au  lieu 
d'un  têt  calcaire  ,  il  se  forme  ici ,  en  dehors 
du  manteau,  un  sac  de  même  forme,  carti- 
lagineux, ou  corné,  ou  membraneux,  jouis 
sant  de  la  faculté  de  se  contracter  pour  ex 
puiser  l'eau  qui  a  servi  à  la  respiration 
Chez  les  Ascidies  composées  ou  agrégées 
qu'on  nomme  aussi  les  Botryllaires,  l'enve 
loppe  externe  se  confond  avec  le  manteau 
elle  est  beaucoup  plus  épaisse,  gélatineuse, 
et  se  soude  avec  celle  de  tous  les  animaux 
d'un  même  groupe ,  d'où  résulte  une  masse 
molle,  charnue,  que  l'on  confondait  avec  les 
Alcyons  avant  les  travaux  de  M.  Savigny. 

Les  Bryozoaires  ont ,  comme  les  Botryl- 
laires, le  manteau  confondu  avec  l'enveloppe 
externe,  et  quelquefois  aussi  cette  enveloppe 
est  molle  et  comme  gélatineuse;  mais  plus 
souvent  elle  est  cornée  ou  pénétrée  de  carbo- 
nate de  chaux,  et  susceptible  de  s'encroûter 
de  plus  en  plus.  Ces  enveloppes ,  qu'on 
nomme  des  cellules,  forment  par  leur  réu- 
nion des  polypiers  de  diverses  formes,  ra- 
meux  ou  foliacés,  qu'on  ne  doit  pas  confondre 
avec  les  supports  calcaires  des  Anthozoaires. 
Quelques  Bryozoaires,  tels  que  les  Eschares, 
ont  aussi  un  opercule  destiné  à  fermer  leur 
cellule. 

Organes  du  mouvement  des  Mollusques. 
Tous  les  Mollusques  fixés  par  leur  têt? 


comme  certains  Bivalves,  comme  les  Tuni< 
ciers  et  les  Bryozoaires ,  n'ont  d'autres  or- 
ganes de  mouvement  que  les  muscles  adduc- 
teurs de  leur  coquille  ,  ou  ceux  qui  servent 
à  retirer  l'animal,  en  tout  ou  en  partie,  dans 
son  sacou  danssa  cellule.  A  l'étatd'embryon 
seulement,  ils  se  meuvent  à  l'aide  de  cils 
vibratiles  locomoteurs,  pour  aller  fonder  au 
loin  de  nouvelles  colonies. 

Les  Mollusques  Céphalopodes,  les  Ptéro- 
podes  et  les  Hétéropodes,  peuvent  nager  li- 
brement dans  les  eaux,  soit  par  l'agitation 
de  leurs  bras  ou  de  leurs  appendices  en 
forme  d'ailes  ou  de  nageoires,  soit  par  l'effet 
de  la  contractiou  du  sac  pour  les  premiers, 
qui  nagent  toujours  la  tête  en  arrière,  soit 
par  l'effet  des  cils  vibratiles  de  plusieurs  par- 
ties de  leur  surface.  Les  Gastéropodes  se 
meuvent  seulement  en  rampant  par  l'effet 
des  contractions  et  dilatations  successives 
de  toutes  les  parties  de  la  lame  charnue  mus- 
culeuse  qu'on  nomme  leur  pied,  et  qui  est 
formée  de  fibres  entrecroisées  dans  plusieurs 
sens.  Tantôt  ce  pied  adhère  à  toute  la  face 
inférieure  du  corps,  comme  chez  les  Li- 
maces et  les  Doris,  qui  méritent  bien  alors 
le  nom  de  Gastéropodes  (  yasTyjp ,  ventre; 
ttoû?,  wotîoj ,  pied)  ;  tantôt  il  est  porté  par 
une  partie  plus  étroite  du  corps  comme  sur 
un  cou,  chez  les  Mollusques  à  coquille  tur- 
binée  ,  que  Lamarck  voulait  nommer  Tra- 
chélipodes.  Les  Gastéropodes  rampent  ordi- 
nairement sur  les  corps  solides ,  mais  sou- 
vent aussi  ils  continuent  à  ramper  sous  la 
surface  de  l'eau  dans  une  position  renver- 
sée, en  creusant  leur  pied  en  forme  de  na- 
celle pour  que  l'air  contenu  dans  sa  cavité 
compense  la  différence  de  leur  poids  spéci- 
fique. Dans  cette  position,  ce  sont  les  cils 
vibratiles  de  leur  partie  antérieure  qui  dé- 
terminent la  progression.  Les  Gastéropodes, 
comme  nous  l'avons  dit,  sont  d'ailleurs  fixés 
à  la  columelle  deleur  coquille  par  un  muscle 
rétracteur ,  qui  sert  à  les  y  faire  rentrer 
complètement. 

Les  Conchifères  non  fixés  sont  ordinaire- 
ment munis  d'un  pied  charnu,  musculeux, 
en  forme  de  langue,  susceptible  de  s'allonger 
quelquefois  beaucoup;  ce  pied  leur  sert 
à  tracer  un  sillon  ou  à  s'enfoncer  dans  le 
sable;  celui  des  Bucardes  est  très  long  et 
coudé,  et  permet  à  ces  Mollusques  de  s'élan- 
cer dans  les  eaux  à  une  certaine  distance. 


MOL 


MOL 


283 


Beaucoup  de  Concnifères  munis  d'un  pied  , 
comme  les  Moules  ,  les  Pinnes ,  les  Arches  , 
sécrètent  une  substance  cornée  élastique  , 
tantôt  en  masse  compacte,  tantôt  en  fils  plus 
ou  moins  déliés,  qu'on  nomme  leur  byssus; 
ils  se  fixent  par  ce  moyen ,  mais  ils  conser- 
vent la  faculté  de  changer  de  lieu  en  aban- 
donnant l'ancien  byssus  à  mesure  qu'ils  en 
portent  plus  loin  un  nouveau.  Les  Peignes 
et  les  Limes  ont  un  pied  très  petit ,  mais 
ils  se  meuvent  par  secousses,  en  ouvrant  et 
fermant  brusquement  leurs  valves  à  plu- 
sieurs reprises. 

Dans  tous  les  Mollusques ,  les  fibres  mus- 
culaires sont  lisses,  et  non  striées  comme 
chez  les  Vertébrés  et  les  Articulés. 

Appareil  digestif. 

Tous  les  Mollusques  ont  un  intestin  com- 
plet à  deux  ouvertures,  et  entouré  dans  une 
partiedeson  trajet  par  le  foie,  qui  peut,  d'ail- 
leurs, chez  certains  Tuniciers  et  Bryozoaires, 
être  confondu  avec  sa  paroi.  Les  deux  ori- 
fices sont  le  plus  souvent  rapprochés;  mais, 
chez  les  dentales  seules ,  ils  sont  termi- 
naux et  opposés.  Des  portions  plus  dilatées 
de  l'intestin  prennent  le  nom  de  jabot  et 
d'estomac.  L'estomac  des  Bullées  est  muni 
de  pièces  osseuses  très  solides,  mises  en  mou- 
vement par  les  parois  musculeuses  pour 
broyer  la  nourriture;  celui  des  Aplysies  est 
armé  de  dents  crochues  ou  de  pièces  angu- 
leuses dans  diverses  parties  de  sa  surface 
interne.  L'estomac  des  Vénus  et  des  Conques 
en  général  contient ,  dans  un  sac  attenant , 
une  tige  demi  -  cartilagineuse  ,  diaphane, 
qu'on  a  nommée  le  style  cristallin,  et  qui  sert 
à  triturer  la  nourriture. 

La  bouche  de  tous  les  Mollusques  acé- 
phales est  une  simple  fente  :  elle  est  nue 
chez  les  Brachiopodes;  transverse,  entourée 
de  tentacules  respiratoires  chez  les  Bryo- 
zoaires ,  ou  d'appendices  rameux,  de  pa- 
pilles laciniées  chez  les  Tuniciers  et  les  Pei- 
gnes; chez  tous  les  autres  Conchifères,  elle 
est  accompagnée  par  quatre  lames  char- 
nues, triangulaires  ou  lancéolées,  qu'on 
nomme  palpes  labiaux.  Ces  palpes  sont  re- 
vêtus de  cils  vibratiles  comme  les  branchies, 
et  concourent  également  à  amener  vers  la 
bouche  l'eau  sans  cesse  renouvelée  dans  la- 
quelle flottent  les  petites  particules  organi- 
ques, les  Algues  microscopiques  ou  les  Infu- 


soires,  seule  nourriture  des  Mollusques  acé- 
phales. 

Les  Mollusques  céphalés  ont  une  bouche 
ordinairement  pourvue  d'organes  de  man- 
ducation  et  entourée  de  muscles  spéciaux  , 
ou  suivie  par  un  bulbe  pharyngien  muscu- 
leux  ;  de  sorte  qu'il  y  a  une  déglutition  véri- 
table pour  les  substances  solides  végétales 
ou  animales,  coupées  ou  divisées  par  l'arma- 
ture buccale.  Les  Céphalopodes  ont  la  bouche 
armée  de  deux  mandibules  cornées  et  re- 
courbées comme  un  bec  de  Perroquet.  Beau- 
coup de  Gastéropodes  ont  une  lame  man- 
dibulaire  transparente  fixée  à  la  partie  su- 
périeure de  la  bouche.  Ces  mêmes  Mol- 
lusques, et  beaucoup  d'autres  également  her- 
bivores, ont  le  pharynx  armé  d'une  infinité 
de  petites  dents  ,  ou  plutôt  ils  ont  dans  un 
sac  attenant  au  pharynx  une  longue  bande 
cartilagineuse  portant  de  nombreuses  dents 
aiguës  ou  crochues  disposées  avec  une  symé- 
trie parfaite;  cette  bande  dentifère,  qu'on 
nomme  la  langue,  s'allonge  et  se  déploie 
successivement  à  mesure  qu'elle  est  usée 
par  le  frottement  des  corps  durs  servant  à 
la  nourriture  du  Mollusque. 

Les  Gastéropodes  zoophages  ou  carnivores 
ont,  au  contraire,  une  longue  trompe  pro- 
tractile ,  dont  l'extrémité  seule  est  armée 
de  petites  dents  comparables  à  celles  de  la 
langue  des  Herbivores. 

L'intestin  fait  ordinairement  plusieurs 
circonvolutions  avant  de  se  terminer  à  l'o- 
riûce  anal ,  qui ,  chez  la  plupart  des  Gasté- 
ropodes, est  situé  au  côté  droit,  vers  l'extré- 
mité antérieure;  mais  plusieurs  Mollusques 
de  la  même  classe  ,  et  notamment  des  Nu- 
dibranches,  ont  l'intestin  ramifié,  et  même 
ses  ramifications,  chez  les  Éolides,  pénè- 
trent dans  les  tentacules  respiratoires  de  la 
face  dorsale.  C'est  cette  disposition  que 
M.  de  Quatrefages  a  nommée  phlébentc- 
risme,  en  la  supposant  unie  à  un  certain 
mode  de  dégradation  du  système  circula- 
toire. 

Appareil  respiratoire. 

Tous  les  Mollusques,  pendant  les  premiè- 
res phases  de  leur  développement,  respirent 
seulement  par  leur  surface  extérieure  plus 
ou  moins  revêtue  de  cils  vibratiles;  plus 
tard,  la  surface  respiratoire  devient  plus  li- 
mitée, et,  chez  les  très  jeunes  Gastéropodes 


284 


MOL 


marins,  elle  prend  la  forme  de  deux  expan- 
sions arrondies  en  forme  d'ailes,  qui  servent 
en  même  temps  d'organes  locomoteurs  au 
jeune  Mollusque  nageant  alors  librement.il 
paraît  certain  que  plusieurs  Mollusques  de 
cet  ordre  n'ont,  pendant  toute  leur  vie,  pas 
d'autre  appareil  respiratoire  que  les  cils  de 
lasurface;  chez  les  Gastéropodes  d'eau  douce, 
toute  la  surface  antérieure  du  corps  est  ainsi 
munie  de  cils  vibratiles  et  doit  servir  seule 
à  la  respiration  pendant  l'hiver,  lorsque  ces 
animaux  sans  branchies  restent  engourdis  au 
fond  des  eaux.  Mais ,  chez  la  plupart  des 
Mollusques,  l'appareil  respiratoire  est  loca- 
lisé de  bonne  heure  et  fournit  même  un  bon 
caractère  distinctif  pour  ceux  qui  respirent 
l'air  en  nature  (les  Gastéropodes  pulmonés 
etlesCyclostomes),  tandisque  tous  les  autres 
ne  respirent  que  l'air  en  dissolution  dans 
l'eau.  Les  Mollusques  respirant  l'air,  ou 
pulmonés,  ont  au-dessus  du  cou,  ou  sur  le 
dos,  une  large  cavité,  simple,  tapissée  par 
un  réseau  vascuîaire,  mais  dépourvue  de  cils 
vibratiles.  Les  Mollusques  qui  ne  respirent 
que  dans  l'eau  ont,  au  contraire,  leur  appa- 
reil respiratoire,  qu'on  nomme  branchie,  re- 
vêtu de  cils  vibratiles.  Les  branchies  simples 
ou  multiples  ,  chez  les  divers  Mollusques , 
présentent  les  formes  les  plus  différentes. 
Les  Céphalopodes  ont  ou  deux  ou  quatre 
branchies  formées  de  lames  empilées  et  ca- 
chées sous  le  manteau.  Plusieurs  zoologistes 
les  divisent  même  en  deux  groupes  princi- 
paux d'après  le  nombre  de  ces  organes. 
Parmi  les  Gastéropodes,  la  plupart  ont  les 
branchies  en  forme  de  peigne  et  ont  été 
pour  cette  raison  nommés  Pectinibranches  ; 
quelques  uns  n'en  ont  qu'une,  tels  sont  les 
Calyptraciens  dont  la  coquille  n'est  pas  sy- 
métrique ;  ceux  dont  la  coquille  est  tur- 
binée  en  ont  souvent  une  seconde  plus  pe- 
tite; mais  les  Fissurelles  dont  la  coquille 
est  symétrique  en  ont  deux  égales.  Les  Pa- 
telles ont  une  branchie  lamelleuse  plissée 
tout  autour  du  pied  ,  au-dessous  du  man- 
teau; les  Oscabrions  ont  de  chaque  côté 
une  rangée  de  lames  branchiales.  Plusieurs 
Gastéropodes  à  branchies  découvertes  ,  ou 
Nudibranches,  ont  des  branchies  arborescen- 
tes, soit  tout  le  long  du  dos,  comme  les 
Scyllées,  soit  autour  de  l'anus  ,  à  la  partie 
postérieure  du  dos,  comme  les  Doris.  Les 
Acléons  ont  pour  branchie  une  large  expan- 


MOL 

sion  symétrique  du  manteau,  repliée  de 
chaque  côté  sur  le  dos.  LesÉolides  n'ont 
que  des  papilles  nombreuses  ou  des  tentacu- 
les disposées  en  séries  transverses  sur  le  dos. 
Les  Conchifères  ont  ordinairement  pour 
branchies  quatre  feuillets  parallèles  entre 
les  lobes  du  manteau;  ces  branchies  sont 
formées  de  nombreux  vaisseaux  parallèles 
réunis  par  des  rameaux  transverses;  mais 
chez  les  Peignes  les  vaisseaux  transverses 
n'existent  pas,  et  les  branchies  sont  divisées 
en  filaments  parallèles  comme  une  frange 
très  régulière.  Chez  la  Solénomye,  les  bran- 
chies, au  nombre  de  deux,  sont  formées  de 
lames  parallèles  très  nombreuses ,  empilées 
comme  celles  des  branchies  de  Crabe.  Chez 
leTaret,  les  branchies  sont  soudées,  très 
étroites  et  allongées;  chez  les  Lucines,  elles 
sont  soudées  deux  à  deux  par  leur  bord  ex- 
terne, de  sorte  qu'on  pourrait  croire  qu'il 
n'en  existe  véritablement  que  deux.  Les 
branchies  non  divisées  en  franges,  celles 
des  Anodontes,  par  exemple,  présentent,  à 
l'intérieur,  des  cellules  nombreuses  dans  les- 
quelles sont  logés  les  œufs  en  sortant  de 
l'ovaire  pour  s'y  développer  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  tandis  que  chez  les  Anomies  et 
les  Moules  c'est  dans  le  manteau  que  les 
œufs  sont  reçus. 

Les  Brachiopodes  n'ont  pas  de  branchies 
séparées;  la  face  interne  du  manteau,  ta- 
pissée de  vaisseaux  sanguins  ,  en  tient  lieu, 
et  l'on  pourrait,  dans  ce  cas,  penser  que  la 
branchie  est  adhérente  au  manteau  ;  cepen- 
dant ,  chez  les  mêmes  Mollusques  ,  les  fran- 
ges qui  bordent  le  manteau  et  les  bras  ont 
peut-être  aussi  une  fonction  analogue. 

La  branchie  des  Ascidies ,  parmi  les  Tu- 
niciers ,  est  un  sac  tapissé  par  des  vais- 
seaux formant  des  mailles  rectangulaires  , 
ou  même  par  des  lamelles  saillantes  ayant 
la  même  disposition.  C'est  au  fond  de  ce  sac 
qu'est  située  la  bouche,  et  un  des  tubes  du 
manteau  et  du  sac  externe  est  destiné  à  y 
amener  l'eau.  La  branchie  des  Biphores  est 
une  longue  bandelette  oblique. 

Chez  les  Bryozoaires ,  l'appareil  respira- 
toire est  formé  par  des  tentacules  plus  ou 
moins  nombreux ,  garnis  de  cils  vibratiles  , 
et  s'étalant  comme  les  pétales  d'une  fleur, 
ou  rapprochés  en  faisceau  quand  l'animal 
se  retire  tout  entier  dans  sa  cellule.  On  peut 
comparer  la  houppe   des   tentacules    d'un 


MOL 

Bryozoaire  à  une  Dranchie  de  Conchifère  di- 
visée en  filaments ,  et  le  sac  respiratoire  des 
Ascidies  à  deux  branchies  de  Conchifère 
soudées  par  leurs  bords. 

Appareil  circulatoire. 

Tous  les  Mollusques ,  au  début  de  leur  for- 
mation, et  plus  ou  moins  longtemps  encore 
pendant  les  premières  phases  de  leur  déve- 
loppement, sont  dépourvus  de  cœur  et  de 
vaisseaux.  Les  Bryozoaires  restent  toujours 
privés  de  cet  appareil ,  et  si  l'on  voit  chez 
eux  une  apparence  de  mouvement  circula- 
toire, il  est  produit  dans  l'intestin  même 
par  des  cils  vibratiles  qui  agitent  et  font 
tournoyer  les  aliments.  Mais  chez  les  Tuni- 
ciers ,  on  voit  un  liquide  nourricier  mu 
dans  des  canaux  distincts.  Un  vaisseau  plus 
volumineux,  situé  à  la  base  du  sac  bran- 
chial, détermine  la  circulation  irrégulière 
de  ce  sang,  en  se  contractant  de  proche  en 
proche,  tantôt  dans  un  sens  et  tantôt  dans 
un  autre. 

Quoique  plusieurs  naturalistes  aient  pu 
croire  que  la  circulation  est  également  alter- 
native chez  les  Gonchifères,  on  admet  généra- 
lement aujourd'hui  qu'il  existe,  chez  tous  les 
autres  Mollusques,  une  véritable  circulation 
produite  par  un  ou  plusieurs  cœurs,  et  liée 
avec  la  fonction  respiratoire;  cependant  on 
n'est  pas  d'accord  sur  la  nature  des  canaux 
dans  lesquels  le  sang  circule.  Cuvier  ad- 
mettait que  tous  les  Mollusques  ont  un  ap- 
pareil circulatoire  parfaitement  clos  et  formé 
d'artères  et  de  veines  à  parois  propres  :  cette 
opinion  est  encore  celle  d'un  grand  nombre 
de  naturalistes.  Mais,  dans  ces  derniers 
temps ,  M.  de  Quatrefages  voulut  caracté- 
riser son  ordre  des  Phlébentérés  par  l'im- 
perfection de  l'appareil  circulatoire ,  et 
MM.  Milne  Edwards  et  Valenciennesse  sont 
efforcés  de  démontrer  que  cette  imperfec- 
tion se  rencontre  dans  toute  la  classe  des 
Mollusques  à  un  degré  plus  ou  moins  pro- 
noncé, c'est-à-dire  qu'au  lieu  d'être  toujours 
contenu  dans  des  vaisseaux  ,  le  sang  s'é- 
panche dans  diverses  lacunes  ou  cavités  sans 
parois  propres,  soit  dans  son  trajet  artériel, 
soit  dans  son  trajet  veineux,  pour  rentrer 
ensuite  dans  de  véritables  vaisseaux. 

Dans  tous  les  cas ,  on  doit  admettre  que, 
chez  les  embryons  et  les  jeunes  Mollusques, 
un  système  de  lacunes  doit  précéder  la  for- 


MOL 


235 


mation  des  vaisseaux  qu'on  observe  plus 
tard. 

Le  sang  des  Mollusques  est  ordinaire- 
ment incolore  et  limpide;  il  est  légèrement 
coloré  en  pourpre  ou  en  violet  chez  quel- 
ques Gastéropodes;  chez  les  Planorbes,  par 
exemple,  il  charrie  des  corpuscules  irrégu- 
liers, peu  nombreux,  qu'on  nepeut  assimiler 
aux  globules  sanguins  des  Vertébrés,  mais 
qui  cependant  sont  eux-mêmes  colorés  en 
rouge  chez  quelques  Conchifères.  Les  Cé- 
phalopodes présentent  l'appareil  circulatoire 
le  plus  complet:  un  cœur  aortique  reçoit, 
par  deux  veines  branchiales,  le  sang  oxy- 
géné dans  les  branchies,  et  le  distribue  par 
un  système  d'artères  dans  tout  le  corps,  d'où 
il  revient  en  partie  par  des  lacunes  ou  sinus 
et  par  des  veines  à  une  grande  veine  cave , 
qui ,  arrivée  entre  les  branchies ,  se  partage 
en  deux  branches  aboutissant  chacune  à  un 
ventricule  spécial ,  destiné  à  pousser  le  sang 
dans  chaque  branchie.  Ainsi  les  Céphalo- 
podes ont  trois  cœurs  distincts  ,  un  cœur 
aortique  et  deux  cœurs  branchiaux. 

Les  Gastéropodes  ont  en  général  un  seul 
cœur  formé  d'une  oreillette  recevant  le  sang 
qui  a  traversé  les  branchies  ou  la  paroi  de 
la  cavité  pulmonaire,  et  d'un  ventricule 
qui  chasse  le  sang  dans  tout  le  corps  par 
des  artères  ramifiées  ;  mais  souvent  aussi, 
nous  l'avons  dit,  des  lacunes  plus  ou  moins 
vastes  se  trouvent  sur  le  trajet  de  «es  vais- 
seaux. Par  une  singulière  exception,  le  ven- 
tricule du  cœur  des  Fissurelles  et  des  Halio- 
tides  embrasse  le  rectum  comme  celui  des 
Cardiacés. 

Chez  les  Conchifères  dimyaireson  trouve 
ordinairement  un  cœur  aortique  formé  de 
trois  cavités  ,  savoir  :  un  ventricule  traversé 
par  le  rectum  qu'il  embrasse  comme  un 
anneau ,  et  deux  oreillettes  recevant  le  sang 
des  branchies  de  chaque  côté;  mais  chez 
les  Arches ,  dont  la  face  dorsale  est  très 
élargie,  d'où  résulte  l'écartement  des  cro- 
chets, le  ventricule  lui-même  est  divisé  en 
deux  cavités  distinctes  correspondant  à  cha- 
cune des  oreillettes;  chez  les  Conchifères 
monomyaires,  comme  l'Huître,  le  ventri- 
cule unique  n'est  pas  traversé  de  même  par 
le  rectum,  et  les  deux  oreillettes  sont  réu- 
nies en  une  seule  cavité,  communiquant 
par  deux  ouvertures  avec  le  ventricule. 
M.  Deshaycs  admet  d'ailleurs,  chez  les  Con- 


236 


MOL 


MOL* 


cfoifères,  l'existence  d'un  cœur  branchial  , 
situé  au-dessus  du  muscle  postérieur,  et 
destiné  à  chasser  le  sang  dans  les  branchies, 
comme  les  deux  cœurs  branchiaux  des  Cé- 
phalopodes. Cet  organe,  auquel  aboutissent 
évidemment  de  gros  vaisseaux ,  a  été  pris 
par  d'autres  zoologistes  pour  le  rein  ou  pour 
le  testicule. 

Chez  les  Brachiopodes  enfin  il  existe  deux 
cœurs  distincts,  d'où  partent  des  vaisseaux 
ramifiés  de  chaque  côté  du  manteau. 

Sécrétion  chez  les  Mollusques. 

En  outre  des  sécrétions  du  manteau , 
servant  à  former  le  têt  des  Mollusques  et 
le  ligament  corné  des  bivalves  ,  on  observe 
chez  tous  ces  animaux  une  sécrétion  consi- 
dérable de  mucus  par  toute  la  surface  exté- 
rieure, dans  des  cryptes  superficielles.  Il  y  a 
aussi  une  production  de  substance  tantôt 
gélatineuse  ou  muqueuse,  tantôt  cornée, 
destinée  à  envelopper  les  œufs  dont  il  sera 
question  en  parlant  des  fonctions  de  la  re- 
production. Le  foie  des  Mollusques  doit  sé- 
créter un  liquide  analogue  à  la  bile  des 
vertébrés  ;  mais  ce  liquide  est  versé  directe- 
ment dans  l'intestin  ,  au  lieu  d'être  reçu 
préalablement  dans  une  vésicule  biliaire. 
Un  autre  organe  dépuratoire  se  rencontre 
chez  les  Mollusques  céphalés,  et  sécrète  soit 
un  liquide  noir,  épais  chez  les  Céphalo- 
podes, soit  une  liqueur  violette  ou  pourprée 
chez  beaucoup  de  Gastéropodes  marins. 
L'encre  des  Céphalopodes,  contenue  dans  un 
sac  spécial,  est  employée  pour  faire  la  cou- 
leur employée  sous  le  nom  de  sépia;  on 
avait  même  cru  longtemps  que  l'encre  de 
Chine  n'était  que  ce  même  produit  de  cer- 
tains Céphalopodes,  mais  aujourd'hui  on 
sait  que  c'est  du  charbon  très  divisé,  déposé 
par  la  flamme  d'une  substance  huileuse.  La 
pourpre  des  Gastéropodes,  tels  que  les  Mu- 
rex ,  a  été  considérée  pendant  longtemps 
comme  devant  être  la  matière  première  de 
la  teinture  en  pourpre  et  en  écarlate,  si  cé- 
lèbre dans  l'antiquité;  cette  croyance  a  été 
propagée  même  par  les  Tyriens,  qui  vou- 
laient conserver  le  secret  de  leur  teinture  : 
mais  il  est  plus  probable  que  c'était  comme 
aujourd'hui  au  moyen  des  Insectes  du  genre 
Coccus  ou  Kermès  que  se  faisait  cette  tein- 
ture, car  la  couleur  fournie  par  les  Mol- 


lusques manque  toujours  de  solidité,  et  ne 
résiste  pas  à  l'action  de  la  lumière. 

Des  glandes  salivaires  s'observent  chez 
beaucoup  de  Mollusques  céphalés.  Une  sé- 
crétion spéciale  du  pied  des  Conchifères  est 
destinée  à  fixer  ces  animaux  aux  rochers  ou 
aux  corps  marins;  elle  a  la  propriété  de  se 
consolider  au  contact  de  l'eau  ,  comme  la 
soie  des  araignées  et  des  chenilles  au  con- 
tact de  l'air;  quelquefois,  comme  pour  cer- 
taines Arches,  elle  forme  une  sorte  d'épate- 
ment  d'une  seule  pièce,  mais  plus  souvent 
encore  elle  est  étirée  en  filaments  plus  ou 
moins  fins,  plus  ou  moins  longs,  qu'on 
nomme  le  byssus.  Les  Moules  ont  un  bys- 
sus  grossier  et  peu  allongé  ;  les  Pinnes  au 
contraire  ont  un  byssus  long  et  soyeux, 
d'une  belle  couleur  brune,  qu'on  *  pu  em- 
ployer comme  la  soie  à  confectionner  divers 
tissus. 

Une  sécrétion  particulière  de  certains 
Mollusques  est  destinée  à  dissoudre  les 
pierres  calcaires  ou  les  coquilles  formées 
elles-mêmes  de  Carbonate  de  chaux.  C'est 
ainsi  que  dans  les  eaux  douces,  peu  char- 
gées de  sels  calcaires,  les  Gastéropodes,  pour 
se  procurer  les  matériaux  de  leur  têt,  ont 
coutume  de  corroder  les  coquilles  des  Ano- 
dontes  et  des  Mulettes ,  et  même  des  Pla- 
norbes.  Les  Pectinibranches  buccinoïdes, 
qui  sont  presque  tous  carnivores,  percent 
de  même,  au  moyen  des  sécrétions  acides 
de  leur  bouche,  les  coquilles  dont  ils  veu- 
lent dévorer  l'animal;  ^ar  ceux-là  mêmes 
dont  la  langue  est  armée  de  dents  nom- 
breuses, comme  les  Patelles,  ou  qui  ont 
une  mâchoire  tranchante,  comme  les  Hé- 
lices, sont  précisément  herbivores.  Plusieurs 
Conchifères  de  différentes  familles  ont  éga- 
lement une  sécrétion  acide,  qui  leur  permet 
de  se  creuser  une  habitation  dans  des  pierres 
calcaires,  ou  dans  des  Polypiers.  Pour  les 
Pholades,  par  exemple,  c'est  une  portion  du 
manteau  qui,  repliée  en  dehors,  sécrète  au 
contact  de  la  pierre  le  liquide  dissolvant. 
Pour  les  Modioles  ou  Lithodomes,  c'est 
aussi  le  bord  saillant  du  manteau,  en  même 
temps  que  le  pied,  qui  corrode  la  pierre  par 
son  contact.  On  peut  d'ailleurs  attribuer 
aussi  la  corrosion  de  la  pierre  au  courant 
de  liquide  chargé  d'acide  carbonique  pro- 
venant de  la  respiration,  qui,  dans  tous  les 
cas,  doit  contribuer  à  entraîner  au  dehors 


MOL 


MOL 


287 


la  portion  de  la  pierre  qui  vient  d'être  dis- 
soute. Ces  Mollusques,  habitant  l'intérieur 
des  pierres,  ont  été  nommés  Lilhophages, 
d'après  la  fausse  supposition  qu'ils  auraient 
creusé  la  pierre  pour  s'en  nourrir,  mais  en 
réalité  c'est  seulement  pour  y  trouver  un 
gîte.  On  peut  considérer  enfin  comme  pro- 
duite par  une  sécrétion  la  phosphorescence 
de  certains  Conchifères  lithophages,  tels  que 
des  Pholades. 

Système  nerveux  des  Mollusques  et 
organes  des  sens. 

Le  système  nerveux,  qui  manque  presque 
entièrement  chez  les  Tuniciers  et  les  Bryo- 
zoaires, est  de  plus  en  plus  complet  en  al- 
lant des  Brachiopodes  aux  Conchifères,  puis 
de  là  aux  Gastéropodes,  et  de  ceux-ci  aux 
Céphalopodes,  qui,  sous  ce  rapport  comme 
sous  tous  les  autres,  sont  considérablement 
plus  élevés  dans  l'échelle  des  êtres.  Les  Cé- 
phalopodes, en  effet,  ont  un  ganglion  princi- 
pal qu'on  a  même  voulu  nommer  un  cerveau, 
logé  dans  une  cavité  cartilagineuse  de  la 
tête.  De  ce  ganglion  partent  des  nerfs  pour 
les  bras,  pour  les  organes  des  sens,  pour  le 
manteau  et  pour  les  viscères  ;  mais  il  en  part 
aussi  latéralement  deux  cordons,  qui  vont 
joindre  au-dessous  de  l'œsophage  un  gan- 
glion sous-œsophagien,  avec  lequel  ils  com- 
plètent un  anneau  comme  chez  les  Articulés 
et  les  Gastéropodes.  A  la  suite  du  ganglion 
sous -œsophagien  ,  et  en  communication 
avec  lui,  se  trouve  aussi  un  autre  ganglion 
qui  fournit  spécialement  des  nerfs  aux  vis- 
cères. Les  nerfs  principaux  du  manteau 
forment  d'ailleurs  aussi,  dans  l'épaisseur  de 
cette  enveloppe  musculeuse  si  importante, 
deux  ganglions  considérables. 

Les  Gastéropodes  ont  aussi  autour  de  l'œ- 
sophage un  anneau  nerveux,  formé  par  deux 
paires  de  ganglions  sus-œsophagiens  (cer- 
veau) et  sous-œsophagiens;  mais  chacune 
de  ces  paires  peut  être  remplacée  par  un 
ganglion  unique.  Il  en  part  directement  des 
nerfs  pour  les  viscères  et  les  divers  organes; 
mais  le  cordon  nerveux  destiné  aux  organes 
génitaux  est  ordinairement  plus  volumi- 
neux, et  renflé  lui-même  en  un  gang. ion 
d'où  partent  d'autres  filets  nerveux. 

Les  Conchifères  n'ont  pas  un  anneau  ner- 
veux aussi  nettement  prononcé  autour  de 


l'œsophage.  Une  paire  de  ganglions  accom- 
pagne, en  effet,  l'orifice  buccal ,  au-dessus 
duquel  une  bride  nerveuse  les  réunit  ; 
mais  les  ganglions  postérieurs,  ceux  qui  sont 
censés  compléter  l'anneau  nerveux  ,  en  sont 
très  éloignés  vers  l'extrémité  postérieure  ; 
ils  sont  situés  au-delà  du  pied  chez  les  Mol- 
lusques qui  sont  pourvus  de  cet  organe; 
toutefois  on  reconnaît  encore  que  ces  gan- 
glions, souvent  confondus  en  un  seul ,  sont 
réunis  avec  les  premiers  par  deux  cordons 
longitudinaux  ,  d'où  résulte  un  circuit  fermé 
quoique  très  allongé.  Des  nerfs  pour  les  vis- 
cères ,  pour  les  muscles,  pour  le  manteau  et 
pour  les  siphons,  partent  aussi  de  ces  gan- 
glions ;  ceux  du  manteau  des  Peignes  et 
des  Spondyles  présentent  une  disposition 
particulière  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Le  système  nerveux  des  Monomyaires  est 
complètement  dissymétrique;  celui  des  Di- 
myaires,  au  contraire,  est  souvent  presque 
symétrique. 

Les  sensations  extérieures,  chez  beaucoup 
de  Mollusques,  paraissent  réduites  à  un  tou- 
cher très  délicat,  exercé  par  toute  la  surface 
de  la  peau  molle  et  muqueuse  comme  par  la 
langue  et  la  membrane  olfactive  des  Mam- 
mifères; on  peut  concevoir  qu'alors  ce  sens 
plus  parfait  et  plus  exalté  permet  à  ces  ani- 
maux de  reconnaître,  soit  dans  l'air,  des 
variations  d'humidité ,  soit  dans  l'air  et  dans 
l'eau  des  variations  de  température  et  de 
composition  dont  nous  n'avons  nulle  idée. 
Telles  paraissent  être  exclusivement  les  sen- 
sations des  Bryozoaires,  des  Tuniciers,  des 
Brachiopodes  et  même  des  Conchifères,  et 
de  beaucoup  de  Gastéropodes  et  de  Ptéro- 
podes;  mais  chez  plusieurs  autres  on  a  re- 
connu des  organes  de  vision  et  d'audition. 

Les  Céphalopodes  sont  ceux  qui  présen- 
tent les  organes  des  sens  plus  distincts  et 
moins  équivoques;  leurs  yeux,  au  nombre 
de  deux,  sont  presque  aussi  parfaits  que  les 
yeux  des  Vertébrés  :  on  y  trouve  également 
une  cornée,  un  iris,  un  cristallin  et  un 
corps  vitré;  mais  le  globe  de  l'œil  n'est  pas 
aussi  complètement  circonscrit  par  une  sclé- 
rotique, et  le  nerf  optique,  au  lieu  d'y  arri- 
ver par  une  seule  ouverture  pour  s'épanouir 
en  une  rétine,  arrive,  en  se  divisant,  par 
de  nombreuses  ouvertures,  et  forme  un 
ganglion  spécial  sur  son  trajet.  Les  nerfs 
optiques,  d'ailleurs,  naissent  des  deux  côtés 


288 


MOL 


MOL 


opposés  du  cerveau  et  n'ont  aucune  autre 
communication  entre  eux. 

Dans  la  boîte  cartilagineuse  incomplète, 
entourant  comme  un  crâne  le  cerveau  des 
Céphalopodes,  se  trouvent  en  dessous  deux 
cavités  internes  assez  complexes,  recevant 
un  nerf  court,  assez  volumineux,  et  conte- 
nant une  petite  masse  calcaire  comparable 
aux  otolites  des  poissons  .  c'est  là  ce  qu'on  a 
nommé  l'oreille  des  Céphalopodes  avec  as- 
sez de  vraisemblance.  Deux  petites  fossettes, 
qui  dans  l'embryon  étaient  déjà  indiquées 
par  deux  papilles  saillantes,  ont  été  récem- 
ment aussi  décrites  chez  certains  Céphalo- 
podes comme  des  organes  d'olfaction. 

La  plupart  des  Gastéropodes  portent  aussi 
deux  yeux,  mais  nullement  comparables  aux 
yeux  des  Céphalopodes.  Le  plus  souvent,  en 
effet,  c'est  un  point  noir  recouvert  par  la 
peau;  ou  bien  l'on  n'y  trouve  qu'un  cri.stallin, 
un  simple  appareil  de  concentration  derrière 
lequel  aboutit  un  mince  filet  nerveux.  Il  n'y  a 
point  alors  de  corps  vitré,  et  conséquemment 
point  d'image  formée  à  une  distance  conve- 
nable en  arrière  du  cristallin  qui,  dans  un  œil 
parfait,  remplit  l'office  de  la  lentille  d'une 
chambre  obscure  ou  de  l'objectif  d'une  lu- 
nette. De  tels  yeux  ne  peuvent  donc  servir 
qu'à  donner  simplement  la  sensation  de  la 
lumière,  à  distinguer  le  jour  de  la  nuit. 
C'est  ainsi  qu'on  s'explique  comment  un  Co- 
limaçon n'aperçoit  pas  les  objets  qu'on  pré- 
sente devant  lui,  à  moins  que  ces  objets, 
très  rapprochés,  n'interceptent  en  partie  la 
lumière.  Mais,  chez  quelques  gros  Gastéro- 
podes pectinibranches,  chez  les  Strombes  et 
les  Tritons,  l'œil  paraît  susceptible  de  per- 
cevoir réellement  sinon  parfaitement  une 
image;  il  a  un  cristallin  distinct,  souvent  un 
iris  placé  à  une  certaine  distance  de  la  ter- 
minaison du  nerf  optique. 

Chez  les  Gastéropodes  aussi,  on  a  voulu 
trouver  un  organe  d'audition  dans  une  pe- 
tite cavité  contenant  une  petite  masse  cal- 
caire, un  otolite  continuellement  agité  par 
des  cils  ondulants. 

Parmi  les  Conchifères,  c'est  chez  les  Pei- 
gnesetlesSpondylesseulementqu'onavouIu 
voir  des  yeux  dans  des  appendices  pédicellés, 
au  nombre  de  quarante  environ,  entremêlés 
avec  les  tentacules  du  bord  du  manteau;  ces 
prétendus  yeux,  sur  la  structure  desquels  on 
n'est  pas  d'accord,  reçoivent  des  filets  ner- 


veux, comme  les  tentacules,  mais  plus  vo- 
lumineux. Ces  filets  partent  d'un  cordon 
nerveux  circulaire  situé  près  du  bord  du 
manteau,  et  auquel  aboutissent  des  nerfs 
partant  des  ganglions  principaux. 

On  a  voulu  attribuer  aussi  un  organe 
d'audition  aux  Mollusques  Conchifères;  c'est 
une  petite  cavité  située  près  du  pied  des 
Cyclades  et  des  Vénus,  et  dans  laquelle  sont 
agitées  des  particules  qu'on  a  comparées  aux 
otolites. 

De  la  génération  des  Mollusques. 

De  même  que  pour  les  autres  fonctions, 
on  remarque  chez  les  Mollusques  la  plus 
grande  diversité  pour  tout  ce  qui  tient  à  la 
reproduction,  et  aussi  une  dégradation  pro- 
gressive depuis  les  Céphalopodes  qui  ont  les 
sexes  séparés  et  dont  l'œuf  est  en  quelque 
sorte  analogue  à  celui  des  oiseaux,  jusqu'aux 
Tuniciers  batraciens  et  aux  Bryozoaires  qui 
ont  les  sexes  confondus  ou  réunis  et  qui  se 
propagent  à  la  fois  par  des  œufs,  par  des  gem- 
mes incluses  ou  bulbilles,  par  des  gemmes 
agrégées  et  par  des  stolons.  Il  y  a  donc  des 
Mollusques  à  sexes  séparés  ou  Dtoïques, 
comme  les  Céphalopodes  et  les  Gastéropodes 
pectinibranches,'  ou  à  sexes  distincts  mais 
réunis  sur  le  même  individu  et  ayant  besoin 
d'une  fécondation  réciproque;  ils  sont  alors 
monoïques,  comme  les  Gastéropodes  pulmo- 
nés  ou  même  comme  les  Aplysies  qui,  au 
lieu  de  se  féconder  réciproquement,  fécon- 
dent avec  un  premier  individu,  et  sont  eux- 
mêmes  fécondés  par  un  troisième,  lequel  l'est 
par  un  quatrième,  et  ainsi  de  suite.  D'autres 
ont  les  sexes  réunis  sur  le  même  individu, 
de  telle  sorte  qu'ils  n'ont  pas  besoin  d'ac- 
couplement et  de  fécondation;  tels  sont  les 
Gastéropodes  cyclobranches  (les  Patelles),  et 
tous  les  Mollusques  acéphales  :  les  Conchi- 
fères, les  Brachiopodes,  les  Tuniciers  et  les 
Bryozoaires.  Ils  sont  dits  alors  hermaphrodi- 
tes, quand  même,  comme  on  l'a  prétendu 
pour  certains  Conchifères  (Mulettes  et  Ano- 
dontes),  le  principe  fécondateur  se  montre- 
rait exclusivement  chez  quelques  individus 
qu'on  a  pris  pour  des  mâles,  ou  bien  quand 
même,  comme  chez  certains  Bryozoaires, 
Certaines  cellules  produiraient  plus  spécia- 
lement des  gemmes  ou  des  embryons  libres. 

Le  principe  fécondateur  ou  le  sperme 
s'observe  chez  presque  tous  les  Mollusques, 


MOL 


MOL 


289 


caractérisé  par  des  Spermatozoïdes  filiformes, 
très  fins,  ayant  un  renflement  terminal  plus 
ou  moins  prononcé  ;  mais  chez  les  Céphalo- 
podes il  offre  aussi  un  caractère  tout  parti- 
culier :  il  est  renfermé  dans  des  tubes  mem- 
braneux qu'on  nomme  spermatophores  ,  et 
d'où  il  sort  brusquement  comme  par  explo- 
sion sous  la  forme  d'un  fil  blanc  élastique 
contourné  en  hélice,  et  qu'on  a  comparé  à 
un  ressort.  Ce  fil  blanc  est  composé  lui- 
même  d'une  infinité  de  Spermatozoïdes  sus- 
ceptibles de  se  mouvoir  isolément.  C'est  en 
introduisant,  on  ne  sait  comment,  les  sper- 
matophores encore  entiers  dans  la  cavité  du 
manteau  de  la  femelle,  que  les  Céphalopodes 
mâles  fécondent  les  œufs  avant  la  ponte. 
Chez  les  Gastéropodes  il  est  sécrété  dans  un 
organe  glanduleux  qui,  entremêlé  avec  l'o- 
vaire, constitue  une  masse  nommée  Vorgane 
*n  grappes,  et  située  vers  le  sommet  de  la 
spire  des  coquilles  turbinées.  Les  Sperma- 
tozoïdes naissent  en  houppes  ou  en  faisceaux 
dans  des  masses  globuleuses  de  sarcode , 
qu'en  raison  de  leur  contour  circulaire  et 
distinct  on  a  prises  pour  des  cellules.  Ceux 
de   certains   Colimaçons  sont   très  longs, 
flexueux;  ils  s'agitent  vivement  d'un  mou- 
vement ondulatoire  dans  l'eau ,  et  bientôt 
ils  s'enroulent  de  diverses  manières  en  éche- 
veau  ou  en  boucle  en  continuant  à  se  mou- 
voir circulairement. 

Les  Gastéropodes  dioïques  ont  un  pénis 
très  volumineux,  souvent  saillant  au  dehors , 
et  pouvant  même  influer  sur  la  forme  du 
manteau  et  de  la  coquille.  Les  Gastéropodes 
monoïques ontun  pénis  plus  mince,  quelque- 
fois prolongé ,  comme  celui  des  Colimaçons , 
par  un  long  appendice  flagelliforme,  et  sus- 
ceptible de  rentrer  dans  l'intérieur  du  corps 
par  invagination  comme  un  doigt  de  gant. 
C'est  quand  le  pénis  est  situé,  comme  chez 
ces  Mollusques,  tout  à  côté  de  l'oriGce  géni- 
tal femelle,  que  l'accouplement  peut  être  ré- 
ciproque; et  quand  au  contraire  les  deux 
organes  sont  plus  écartés ,  chaque  individu 
fécondant  a  besoin  du  concours  d'un  troi- 
sième individu  pour  être  fécondé.  On  doit 
mentionner,  chez  certains  Gastéropodes  mo- 
noïques, divers  appareils  accessoires  tels  que 
les  vésicules  multifides,  et  surtout  le  dard 
calcaire  des  Colimaçons,  sécrété  dans  un  sac 
charnu  dans  la  cavité  interne  duquel  il  est 
moulé,  et  servant,  dit-on,  à  ces  Mollusques 

T.  VIII. 


pour  se  provoquer  mutuellement  à  la  copu- 
lation. 

Chez  tous  les  Mollusques  hermaphrodites, 
les  Spermatozoïdes  viennent  au  contact  avec 
les  œufs  dans  l'intérieur  du  corps. 

Les  œufs  des  Mollusques,  au  début  de  îeui 
formation,  présentent,  comme  ceux  des  Ver- 
tébrés et  des  Articulés,  une  vésicule  germi- 
native,  avec  une  tache  germinative  plus  ou 
moins  distincte;  mais  on  a  confondu  sous 
ce  nom,  chez  les  Bryozoaires  et  les  Botryl- 
liens  ,  des  gemmes  susceptibles  de  se  déve- 
lopper sans  fécondation  préalable  et  consé- 
quemment  sans  vésicule  germinative.  Les 
œufs  de  Céphalopodes,  comme  nous  l'avons 
dit ,  sont  les  seuls  qui  contiennent  un  vitel- 
lus  proprement  dit  sur  lequel  un  blasto- 
derme se  développe  pour  devenir  l'embryon, 
tandis  que  le  vitellus  restera  enfermé  dans 
un  sac  membraneux  jusqu'à  son  entière  ré- 
sorption comme  simple  dépôt  de  matière 
organique.  Chez  tous  les  autres  Mollusques, 
ce  qu'on  a  nommé  le  vitellus  devient  en  son 
entier  l'embryon  lui-même.  L'embryon  des 
Céphalopodes ,  après  s'être  développé  ,  jus- 
qu'à un  certain  point,  sur  le  vitellus,  reste 
adhérent,  par  la  base  ou  le  côté  de  la  tête, 
avec  le  sac  vitellin  externe,  tandis  qu'une  por- 
tion interne  du  même  sac  est  contenue  dans 
l'intérieur  du  corps.  Le  vitellus  ou  le  germe 
des  Mollusques  présente  toujours,  au  début 
de  son  développement,  les  phénomènes  de 
sillonnement  ou  de  fractionnement  qui  ont 
été  signalés  chez  les  œufs  des  autres  ani- 
maux;  l'embryon  se  montre  toujours  aussi 
revêtu  de  cils  vibratiles  pendant  une  cer-  , 
taine  période;  mais  d'abord  il  n'est  qu'une 
masse  sarcodique  susceptible  de  contractions 
et  d'expansions  analogues  à  celles  des  Infu- 
soires  du  genre  Amibe,  et  des  Rhizopodes, 
des  Arcclles ,  par  exemple.  C'est  ainsi  du 
moins  que  nous  avons  observé  les  premiers 
phénomènes  de  vitalité  sur  l'embryon  des 
Limaces.  Quand  l'embryon  est  déjà  revêtu 
de  cils  vibratiles,  il  arrive  souvent  qu'en 
raison  de  sa  forme  dissymétrique,  il  se  meut 
en  tournoyant  dans  l'enveloppe  de  son  œuf, 
comme  on  le  voit  dans  les  œufs  de  Lymnées 
et  de  Planorbes.  Ce  phénomène,  vu  ancien- 
nement par  Leeuwenhœk,  a,  depuis  lors, 
été  l'objet  d'observations  curieuses  de  la 
part  de  M.  Carus  ;  mais  il  n'a  été  convena- 
blement expliqué  qu'après  les  découvertes 

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plus  récentes  sur  le  mouvement  des  cils  vi- 
bratiles.  Beaucoup  de  Gastéropodes  marins, 
nus  ou  à  coquille  turbinée,  ont ,  pendant 
cette  période  de  la  vie  embryonnaire ,  une 
forme  et  une  structure  totalement  différentes 
de  ce  qu'ils  seront  plus  tard.  Us  ont  un  com- 
mencement de  coquille  enroulée,  symétrique, 
parfaitement  diaphane  ,  d'où  sort  la  partie 
antérieure  du  corps,  munie  de  deux  larges 
expansions  arrondies  et  revêtues  de  cils  vi- 
bratiles,  au  moyen  desquelles  le  jeune  ani- 
mal nage  librement  dans  les  eaux  après  son 
éclosion  comme  un  Systolide  du  genre  Bra- 
chion ,  dont  il  a  quelque  peu  l'apparence. 
Cette  coquille  rudimentaire  des  jeunes  Mol- 
lusques disparaît  complètement  chez  les  Mol* 
lusques  nus,  mais  elle  devient  le  principe 
ou  le  point  de  départ  de  la  coquille  des  Gas- 
téropodes testacés. 

Pour  quelques  Gastéropodes ,  comme  les 
Paludines,  les  œufs  éclosent  dans  l'oviducte 
de  la  mère  :  c'est  donc  une  viviparité  du 
même  genre  que  celle  des  Salamandres  et 
des  Vipères. 

C'est  ici  qu'il  faut  mentionner  les  enve- 
loppes diverses  construites  ou  sécrétées  par 
les  Gastéropodes  pour  leurs  œufs.  Quel- 
ques uns,  comme  les  Hélices  et  les  Limaces, 
les  déposent  à  nu  dans  un  trou  du  sol  hu- 
mide; les  Pulrnonés  aquatiques  les  enve- 
loppent d'une  couche  épaisse  de  substance 
gélatineuse  diaphane.  Les  Nudibranches  , 
comme  les  Doris ,  enveloppent  aussi  leurs 
œufs  d'une  substance  gélatineuse;  mais  ils 
en  forment  des  rubans  souvent  colorés  en 
rose  qu'on  trouve  appliqués  sur  les  pierres, 
et  qu'on  a  pris  même  pour  des  Acalèphes. 
Les  Pectinibranches  buccinoïdes  enferment 
leurs  œufs  dans  des  capsules  membraneuses 
ou  cornées  qui  en  contiennent  un  certain 
nombre  ,  et  qui  sont  elles-mêmes  groupées 
en  masses  si  considérables  qu'on  doit  sup- 
poser que  c'est  l'œuvre  de  plusieurs  fe- 
melles. 

Chez  les  Conchifères,  les  œufs  séjournent 
jusqu'après  l'éclosion  dans  des  cavités  spé- 
ciales ,  soit  du  manteau  pour  les  Moules  et 
les  Anomies,  soit  des  branchies  pour  les 
Dimyaires,  et  pour  les  Anodontes  en  parti- 
culier, dont  on  a  observé  le  développement 
embryonnaire.  La  coquille  de  ces  jeunes  Mol- 
lusques a  une  forme  différente  de  celle  de 
l'adulte,  et  elle  est  pourvue  d'appendices 


spéciaux  en  forme  de  crochet  su  milieu  dm 
bord  libre  d*  chaque  valve.  On  manque  de 
renseignements  sur  le  mode  de  développe- 
ment des  Brachiopodes  et  de  la  plupart  des 
Conchifères,  comme  aussi  des  Ascidies  sim- 
ples parmi  les  Tuniciers;  quant  aux  Asci- 
dies composées  ou  Botryllaires,  on  sait,  d'a- 
près les  observations  de  M.  Milne  Edwards, 
que  l'œuf  séjourne  dans  la  tunique  externe, 
et  que  l'embryon  y  subit  des  métamorphoses 
fort  curieuses  :  il  est  pourvu  d'un  long  ap- 
pendice caudal  à  l'aide  duquel  il  nagecomme 
un  têtard  ,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  trouvé  une 
station  convenable  pour  son  développement 
ultérieur  et  pour  sa  multiplication  sur  place 
par  des  gemmes  et  des  stotons;  mais  en 
même  temps  le  nouveau  Botryllaire  pro- 
duira aussi  des  œufs  destinés  à  propager 
l'espèce  en  d'autres  lieux. 

Les  Biphores  offrent  des  phénomènes 
non  moins  curieux  ,  car  ces  animaux  pré- 
sentent deux  modes  alternes  de  génération, 
c'est-à-dire  que  des  Biphores  simples  et  iso- 
lés produisent  sur  un  stolon  ,  dans  leur  ca- 
vité intérieure,  une  chaîne  de  Biphores  agré- 
gés ,  lesquels,  à  leur  tour,  produiront  plus 
tard  des  embryons  de  Biphores  simples. 

Les  Bryozoaires  ont  un  mode  de  dévelop- 
pement analogue  à  celui  des  Ascidies  com- 
posées ,  mais  leurs  œufs  sont  plutôt  des  bul- 
bjlles  ou  bourgeons  libres  contenant  ordi- 
nairement plusieurs  embryons.  Ceux  des 
Alcyonelles  sont  déprimés  ,  revêtus  d'une 
coque  dure,  brune  ,  formant  un  bourrelet 
épais,  tout  autour  ;  ceux  de  la  Crista telle  sont 
hérissés  de  crochets  ex  laissent  sortir  un  em- 
bryon double  ou  triple  qui  se  meut  libre- 
ment dans  les  eaux  à  l'aide  des  cils  vibra- 
tiles  de  ses  tentacules,  jusqu'à  ce  qu'il  se 
fixe  pour  continuer  à  s'accroître  par  gemmes 
et  par  stolons.  Les  prétendus  œufs  des  Flus- 
tres  sont  globuleux  et  entièrement  revêtus 
de  cils  vibratiles  par  le  mouvement  des- 
quels ils  nagent  librement  aussi  dans  les 
eaux  jusqu'à  ce  qu'ils  se  fixent.  Une  fois 
que  les  Bryozoaires  sont  devenus  fixes  ou 
adhérents  paT  leur  têt  à  quelque  objet  sub- 
mergé ,  ils  deviennent  la  souche  d'une  co- 
lonie dérivant  toute  du  premier  embryon 
par  voie  de  gemmation  ,  ou  par  des  stolons 
sur  lesquels  se  produisent  les  bourgeons. 

Pour  terminer  cette  esquisse  de  l'histoire 
naturelle  des  Mollusques,  il  reste  à  parler 


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de  leurs  instincts,  de  leurs  usages  par  rap- 
port à  l'homme,  de  leur  distribution  géo- 
graphique et  géologique,  ou  de  Tordre  sui- 
j  vaut  iequel  les  divers  types  de  Mollusques 
ont  apparu  à  la  surface  du  globe;  et  enfin 
il  faudrait  évaluer  les  rapports  des  Mollus- 
ques avec  les  autres  types  organiques ,  et 
déterminer  la  valeur  des  différents  carac- 
tères que  leur  organisation  peut  fournir  par 
une  classification  naturelle  :  ce  dernier  sujet 
sera  traité  plus  loin.  Quant  à  la  distribu- 
tion géographique  et  géologique ,  il  en  a  été 
question  déjà  suffisamment  dans  le  tome  Vr 
(pag.  121  et  suivantes  et  pag.  151  et  suiv.). 
L'instinct  chez  les  Mollusques  est  bien  moins 
développé  que  chez  les  Articulés;  leurs  fonc- 
tions de  relation,  en  général,  ne  s'appliquent 
guère  qu'aux  objets  avec  lesquels  ils  sont 
immédiatement  en  contact;    et   le  hasard 
seul  le  plus  souvent  ieur  apporte  leur  nour- 
riture ou  détermine  le  rapprochement  des 
sexes.  Cependant  les  Céphalopodes,  munis 
d'un  appareil  de  vision  plus  parfait,  sont, 
par  cela  même,  en  état  de  poursuivre  leur 
proie  ou  de  lui  tendre  des  pièges,   comme 
le  font  les  Poulpes  cachées  entre  les  pierres; 
ce  sont  leurs  yeux  qui   permettent  à  ces 
Mollusques  de  nager  vers  une  femelle  que 
les  pêcheurs  leur  présentent  comme  appât. 
Quant  aux  récits  merveilleux  de  l'industrie 
de  l'Argonaute,  et  de  sa  navigation  en  na- 
celle au  moyen  de  ses  bras  servant  les  uns 
de  rames  et  les  autres  de  voiles,  ces  récits 
ne  sont  basés  que  sur  la  forme  de  la  co- 
quille et  sur  l'élargissement  de  deux  bras 
qui  concourent  à  sécréter  le  têt  et  à  fixer 
l'animal. 

Parmi  les  Gastéropodes,  quelques  uns 
seulement  des  Pulmonés  terrestres  montrent 
une  sorte  d'instinct  pour  s'abriter  contre 
le  froid  ,  contre  la  chaleur  et  la  sécheresse, 
en  fermant  leur  coquille  avec  une  plaque  de 
bave  desséchée  qui  forme  un  opercule  tem- 
poraire, ou  en  se  réfugiant  dans  des  trous 
et  derrière  des  abris.  Ces  mêmes  Mollusques 
savent  aussi  chercher  ou  creuser  pour  leurs 
œufs  un  lieu  de  dépôt  favorable  à  leur  dé- 
veloppement. Les  Gastéropodes  marins  sont 
sans  doute  aussi  guidés  par  l'instinct  pour 
la  construction  de  leurs  capsules  ovigères. 
Mais  on  ne  peut  guère  trouver  d'autre  in- 
dice d'un  instinct  chez  les  Conchifères  que 
cette  faculté  singulière  qu'ont  les  Peignes  de 


s'élancer  à  travers  les  eaux ,  pour  éviter  un 
danger,  en  ouvrant  et  fermant  brusquement 
leurs  valves  à  plusieurs  reprises. 

Beaucoup  de  Mollusques  des  diverses  clas- 
ses servent  d'aliment  à  l'homme  ;  ce  sont 
presque  tous  les  Céphalopodes,  les  Gastéro- 
podes à  coquilles  terrestres  et  marines,  et  les 
Conchifères  marins,  dont  le  volume  e?  t  assez 
considérable  ;  ce  sont  même  aussi  les  Ascidies 
simples.  Nous  avons  parlé  de  la  Sépia  prépa- 
rée avec  l'encre  des  Céphalopodes  et  des  tein- 
tures auxquelles  on  a  cru  pouvoir  employer 
les  sécrétions  des  Gastéropodes  buccinoïdes; 
nous  avons  aussi  mentionné  la  coquille  in- 
terne ou  l'os  de  la  Seiche  qu'on  emploie  pour 
polir  certaines  substances  ,  et  qu'on  donne 
aux  petits  oiseaux  tenus  en  cage  bien  plutôt 
pour  leur  fournir  le  carbonate  de  chaux,  in- 
suffisant dans  leur  alimentation  ,  que  pour 
leur  donner  le  moyen  d'aiguiser  leur  bec.  La 
nacre,  si  employée  dans  les  arts,  est  fournie 
par  un  grand  nombre  de  coquilles  bivalves, 
et  notamment  par  les  Pintadines  (Melea- 
grina),  qui  fournissent  en  même  temps  les 
plus  belles  perles,  et  qu'on  pêche  dans  le 
golfe  Persique.  Les  perles  sont  simplement 
une  production  anormale  de  la  substance 
même  de  la  nacre,  sécrétée  dans  quelque 
lacune  du  manteau,  et  non  point,  comme  on 
le  pourrait  croire,  une  exsudation  ou  une 
excroissance  de  la  nacre  qui  ne  possède  au- 
cune vitalité  propre.  La  nacre,  ordinaire- 
ment blanche  et  légèrement  irisée,  est  vive- 
ment colorée  des  teintes  les  plus  foncées  ou 
même  noire  dans  quelques  coquilles,  telles 
que  l'Haliotide  Iris  qu'on  recherche  aujour- 
d'hui pour  la  confection  de  divers  objets  de 
bijouterie  et  de  tabletterie.  Le  byssus  des 
Pinnes,  dont  nous  avons  aussi  parlé,  est  trop 
peu  abondant  pour  donner  lieu  à  des  fabri- 
cations importantes.  Les  coquilles  elles- 
mêmes  peuvent  toutes  servir  à  faire  de  la 
chaux  quand  on  les  calcine;  mais  quelques 
unes  ont  servi  directement  dans  leur  état 
naturel  à  faire  des  ustensiles  ou  des  vases  : 
telles  sont  les  grandes  Tridacnes  dont  on  fiait 
des  bénitiers,  et  que  les  naturels  de  la  Poly- 
nésie savent  tailler  de  manière  à  s'en  faire 
des  pioches  ou  des  instruments  pour  travail- 
ler le  bois.  Tels  sont  aussi  les  Strombes  et 
les  grands  Tritons  dont  on  se  sert  comme  de 
trompe  en  soufflant  par  le  sommet  brisé  de 
la  spire,  les  Porcelaines  dont  on  fait  des  ta- 


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batières ,  les  Nautiles  dont  on  Tait  de  beaux 
vases  nacrés,  les  valves  de  Moules  et  de  Mu- 
Iettes  dans  lesquelles  on  met  des  couleurs 
ou  de  l'or  en  coquilles,  etc.  Les  coquilles, 
d'ailleurs,  sont,  en  général,  un  objet  de  com- 
merce, comme  servant  à  former  des  collec- 
tions ;  quelques  unes  même,  parmi  les  Cô- 
nes, les  Porcelaines,  etc.,  ont  un  prix  très 
élevé,  et  se  vendent  500,  1,000,  1,200  fr., 
et  même  davantage; 

Quant  aux  rapports  des  Mollusques  avec 
les  autres  types,  ils  sont  peu  nombreux  et 
difficiles  à  démontrer  clairement.  On  a  sup- 
posé ,  il  est  vrai ,  en  raison  de  la  situation  de 
l'anus  rapproché  de  la  tête  chez  les  Cépha- 
lopodes et  les  Gastéropodes,  que  ces  animaux 
pourraient  être  considérés  comme  des  Ver- 
tébrés repliés  en  deux,  soit  par  la  face  dor- 
sale, soit  par  la  face  ventrale  ;  cette  question 
même  donna  lieu  à  un  débat  célèbre  entre 
Geoffroy-Saint-Hilaire  et  Cuvier  au  sein  de 
l'Académie  des  sciences;  mais  aujourd'hui, 
tout  en  reconnaissant  que  le  principe  de 
l'unité  de  composition  est  véritablement  ap- 
plicable à  chacun  des  grands  types  du  règne 
animal  dans  toute  la  série  de  ses  dégrada- 
tions ,  on  est  forcé  de  reconnaître  qu'il  y  a 
non  pas  un  seul  type  mais  plusieurs  types  à 
considérer.  Les  Mollusques  en  particulier, 
depuis  les  Céphalopodes  jusqu'aux  Bryo- 
zoaires ,  montrent  une  dégradation  pro- 
gressive de  leur  divers  systèmes  d'organes  : 
dégradation  comparable  à  celle  que  nous 
montrent  aussi  les  Articulés  sans  qu'on  puisse 
dire  que,  dans  leur  ensemble,  ils  puissent 
faire  la  suite  d'une  série  commencée  par  les 
Vertébrés  et  continuée  soit  par  les  Articulés, 
soit  par  les  Vers  ou  les  Zoophytes.  Ce  que 
nous  avons  dit  en  parlant  des  diverses  fonc- 
tions de  ces  animaux  et  des  appareils  ou  sys- 
tèmes d'organes  consacrés  à  ces  fonctions, 
suffit  d'ailleurs  pour  montrer  que  ce  n'est  ni 
le  système  nerveux ,  ni  le  système  circula- 
toire qui  peuvent  fournir  un  caractère  do- 
minateur pour  leur  classification  ;  le  système 
respiratoire  ,  non  invariablement  lié  au  dé- 
veloppement du  système  circulatoire  comme 
on  l'avait  cru ,  fournirait  déjà  des  caractères 
plus  importants ,  mais  le  système  digestif 
et  la  nature  des  téguments  nous  offrent 
encore  plus  degénéralité  ;  c'est  là  ce  qui  nous 
a  guidé  dans  l'exposition  que  nous  avons 
faite  de  l'organisation  des  Mollusques. 


CLASSIFICATION  DES  MOLLUSQUES. 

Si,  reprenant  la  définition  des  Mollusques, 
nous  disons  que  ce  sont  des  animaux  mous, 
sans  vertèbres  ou  sans  squelette  intérieur , 
sans  membres  articulés ,  et  non  formés  d'une 
série  d'articles  ou  de  segments  homologues; 
n'ayant  par  conséquent  jamais  une  chaîne 
ganglionnaire  comme  les  articulés,  n'étant 
jamais  parfaitement  symétriques,  quoique 
formés  le  plus  souvent  de  parties  binaires 
et  n'ayant  jamais  la  disposition  rayonnée 
des  Entozoaires  ou  Zoophytes,  ni  les  fibres 
musculaires  rayées  des  Vertébrés  et  des  Arti- 
culés; nous  pourrons,  à  l'aide  de  ces  seuls 
caractères  négatifs,  et  en  procédant  par 
exclusion ,  les  distinguer  en  général  des  trois 
grands  types  des  Vertébrés  ,  des  Articulés  et 
des  vrais  Rayonnes.  Mais  il  est  beaucoup 
d'autres  animaux  mous,  confondus  sous  le 
nom  de  Vers  ou  de  Zoophytes,  comme  aussi 
des  Acalèphes  ,  dont  on  ne  les  distinguerait 
pas  suffisamment  ainsi,  soit  parce  que  chez 
ceux-ci  la  disposition  rayonnée  ou  symétrique 
est  moins  évidente,  soit  parce  que  le  défaut 
de  symétrie  parfaite  chez  certains  Mollus- 
ques, tels  que  les  Glaucus  ou  les  Brachio- 
podes,  est  difficile  à  apercevoir.  Si  nous 
cherchons  un  caractère  général  et  positif, 
nous  ne  pourrons  le  trouver  que  dans  la 
disposition  de  l'appareil  digestif  ou  dans  la 
présence  des  cils  vibratiles  sur  une  partie 
plus  ou  moins  considérable  de  la  surface  in- 
terne ou  externe  qui  alors  est  dépourvue 
d'épiderme.  Ce  caractère,  qui  les  distingue 
encore  de  tous  les  Articulés  et  des  Néma- 
toïdes,  leur  est  commun  avec  les  Acalèphes, 
les  Échinodermes  et  les  Zoophytes;  mais 
cet  autre  caractère,  d'avoir  un  intestin  com- 
plet à  deux  ouvertures,  et  le  foie  parenchy- 
mateux,  achève  de  les  distinguer  de  tous 
les  autres  animaux  inférieurs.  Quant  aux 
caractères  fournis  par  le  système  nerveux  et 
l'appareil  circulatoire,  ils  n'ont  pas  la  va- 
leur absolue  qu'on  a  voulu  leur  attribuer 
en  les  nommant  caractères  dominateurs; 
ils  ne  l'auraient  même  pas  encore ,  si  l'on 
retranchait  de  l'embranchement  des  Mol- 
lusques plusieurs  groupes  ayant  véritable- 
ment plus  de  rapports  avec  quelques  uns 
de  ceux  qu'on  y  laisse,  que  ceux-ci  n'en  ont 
entre  eux.  C'est  ainsi  que  si,  comme  Cu- 
vier, on  regarde  les  Tuniciers  comme  les 


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Mollusques  acéphales,  il  faut  rapporter  au 
même  embranchement  les  Bryozoaires,  qui 
n'en  diffèrent  que  par  le  mode  de  division 
du  sac  respiratoire  devenu  extérieur:  or, 
chez  ces  animaux,  le  système  circulatoire  a 
complètement  disparu ,  comme  le  système 
nerveux  lui-même  a  cessé  d'être  distinct 
déjà  dans  les  Ascidies;  et  d'ailleurs  on  sait 
que  chez  les  Brachiopodes  le  système  ner- 
veux est  très  peu  développé ,  et  que  chez 
certains  Gastéropodes,  au  moins  dans  le 
jeune  âge,  le  système  circulatoire  est  très 
incomplet. 

D'après  cette  manière  de  voir,  l'embran- 
chement des  Mollusques  comprend  plusieurs 
types  distincts  ayant  plus  de  rapport  entre 
eux  qu'avec  ceux  des  autres  embranche- 
ments, mais  en  même  temps  ayant  beau- 
coup moins  de  tendance  à  l'unité.  Quelques 
uns  seulement  de  ces  types  sont  susceptibles 
d'une  dégradation  progressive  qui  les  rap- 
proche de  certains  types  des  Vers  et  des 
Zoophytes  ou  des  Infusoires ,  mais  qui  ne 
suffisent  pas  encore  pour  établir  une  liaison 
parfaite  entre  ces  différents  types.  Les  prin- 
cipaux types  autour  desquels  se  groupent 
tous  les  autres  sont  le  fondement  des  classes 
dans  lesquelles  on  divise  tout  l'embranche- 
ment des  Mollusques,  sans  qu'il  soit  possible 
d'y  établir  une  série  rectiligne. 

Une  première  classe  comprend  les  Mollus- 
ques pourvus  d'une  tête  distincte  avec  deux 
mandibules  cornées  et  deux  yeux  compara- 
bles à  ceux  des  Vertébrés.  Ils  ont  les  sexes 
séparés;  seuls ,  ils  produisent  des  œufs  dont 
le  développement  est  comparable  aussi  à 
celui  de  l'œuf  des  Vertébrés,  c'est-à-dire 
que  l'embryon  naît  d'un  Blastoderme  dis- 
tinct à  la  surface  d'un  vitellus ,  lequel  per- 
siste renfermé  dans  un  sac  vitellin  jusqu'à 
son  entière  résorption.  Ce  sont  les  CÉPHA- 
LOPODES (voyez  ce  mot) ,  ainsi  nommés 
parce  que  leur  tête  est  entourée  par  des  tenta- 
cules faisant  l'office  de  pieds  ou  d'organes  lo- 
comoteurs. Nous  n'avons  pas  besoin  de  re- 
porter ici  les  détails  qni  ont  été  donnés  dans 
le  3e  volume  sur  cette  classe,  qui  n'offre 
aucune  analogie  de  structure  avec  les  autres 
et  qui  présente  une  organisation  beaucoup 
plus  complexe. 

Une  deuxième  classe  comprend  tous  les 
Mollusques  pourvus  d'une  tête  imparfaite 
plus  ou  moins  distincte,  sans  yeux  ou  avec 


des  yeux  rudimentaires  (c'est-à-dire  impro- 
pres à  la  perception  des  images),  n'ayant 
pas  les  pieds  ou  tentacules  locomoteurs  de 
la  classe  précédente,  mais  se  mouvant  au 
moyen  d'un  pied  musculeux  étendu  sous  le 
ventre  en  forme  de  semelle  (Gastéropodes). 
Ces  animaux  ,  que  nous  réunissons  sous 
le  nom  de  GASTÉROPODES  ,  pour  nous 
conformer  à  l'usage,  ont  reçu  de  M.  deBlain- 
ville  le  nom  plus  rationnel  de  Paracépha- 
lophores  ;  ils  ont  tous  ,  au  moins  à  l'état 
adulte  ,  un  cœur  composé  de  deux  cavités, 
et  leurs  œufs  se  composent  d'une  masse  vi- 
telline  qui  s'organise  tout  entière.  Leur 
système  nerveux  présente  généralement  deux 
paires  de  ganglions,  l'une  au-dessus,  l'autre 
au-dessous  de  l'œsophage ,  réunis  par  des 
cordons  qui  en  formentun  anneau  autour  de 
cet  organe;  mais  les  ganglions  d'une  même 
paire  sont  quelquefois  soudés  entre  eux. 
Quant  à  l'appareil  respiratoire,  il  offre  des 
modifications  nombreuses,  d'après  lesquel- 
les, comme  nous  le  verrons  plus  loin ,  cette 
classe  a  été  divisée  en  ordres  et  en  fa- 
milles. Des  différences  non  moins  impor- 
tantes sont  fournies  par  la  sexualité  des 
Gastéropodes  qui  ont  les  sexes  séparés  ou 
réunis.  Le  type  de  cette  classe,  par  ses 
dégradations  successives ,  paraît  se  rappro- 
cher des  Planaires  et  des  autres  Turbel- 
lariées ,  mais  non  des  autres  classes  de 
Mollusques. 

La  troisième  classe,  celle  des  PTÉRO- 
PODES ,  comprend  des  Mollusques  égale- 
ment pourvus  d'une  tête  imparfaite ,  et 
conséquemment  compris  sous  la  même  dé- 
nomination de  Paracéphalophores,  mais  ca- 
ractérisés par  les  deux  expansions  en  forme 
d'ailes  qui  leur  servent  d'organes  locomo- 
teurs. 

Tous  les  autres  Mollusques  sont  dépour- 
vus de  tête  ,  ou  sont  dits  Acéphales.  Une 
quatrième  classe,  celle  des  BRACHIOPO- 
DES, comprend  des  Mollusques  acéphales 
pourvus  d'une  coquille  bivalve,  dans  la- 
quelle ils  sont  placés  à  plat,  de  telle  sorte 
qu'une  valve  est  dorsale  et  l'autre  ventrale. 
Un  feuillet  du  manteau  correspond  à  cha- 
cune des  valves  qu'il  a  sécrétées  et  porte  à 
sa  face  interne  une  branchic  soudée  ou  un  ré- 
seau branchial,  ce  qui  leur  a  fuit  donner  le 
nom  de  Palliobranches  par  M.  de  Blainville. 
Deux  longs  bras  ou  tentacules  ciliés  ou  pec- 


204 


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tinés  sont  roulés  en  spirale  de  chaque  côté 
de  la  bouche,  et  se  développent  au  dehors 
pour  attirer  la  nourriture  de  l'animal  au 
moyen  des  courants  qu'ils  excitent  dans  les 
eaux.  Il  y  a  deux  cœurs  situés  symétrique- 
ment un  de  chaque  côté,  et  quelques  gan- 
glions nerveux  autour  de  la  bouche. 

Cette  classe,  qui,  l'une  des  premières, 
s'est  montrée  à  la  surface  du  globe,  a  presque 
disparu  aujourd'hui ,  et  ne  comprend  que 
des  animaux  marins  dont  l'organisation  est 
encore  peu  connue;  elle  paraît  ne  se  rap- 
procher beaucoup  d'aucune  des  autres. 

Une  quatrième  classe,  celle  des  CONCHI- 
FÈRES  ou  Acéphales  testacés,  comprend  des 
Mollusques  acéphales  à  coquille  ordinaire- 
ment bivalve,  qui  sont  couchés  latéralement 
dans  cette  coquille  ,  de  sorte  que  les  deux 
feuillets  du  manteau  ,  correspondant  aux 
deux  valves  sécrétées  par  eux ,  sont  l'un  à 
droite,  l'autre  à  gauche  de  la  ligne  dorsale, 
qui  suit  la  ligne  de  jonction  des  valves,  au 
lieu  d'être  l'un  dorsal  et  l'autre  ventral , 
comme  dans  la  classe  précédente.  De  ces 
Mollusques  ,  les  uns  sont  fixés  par  leur^co- 
quille  même  ou  par  un  byssus,  les  autres 
sont  libres,  et  quelques  uns  se  meuvent  au 
moyen  d'un  prolongement  charnu  rétrac- 
tile,  en  forme  de  langue,  qu'on  nomme  leur 
pied,  et  qui  loge  en  même  temps  la  majeure 
partie  de  leurs  viscères.  Entre  les  deux 
feuillets  du  manteau  se  trouvent  deux 
paires  de  feuillets  branchiaux  ,  quelquefois 
remplacées  par  autant  de  franges  très  déli- 
cates, formées  dans  l'un  et  l'autre  cas  par 
des  vaisseaux  parallèles  où  le  sang  reçoit 
l'influence  de  l'eau  aérée;  c'est  là  ce  qui  leur 
a  fait  donner,  par  M.  de  Blainville,  le  nom 
de  Lamellibranches.  Le  cœur  se  compose  gé- 
néralement d'un  ventricule  ou  cœur  aor- 
tique  ,  et  de  deux  oreillettes  à  la  base  des 
branchies;  cependant  ces  deux  derniers  or- 
ganes sont  réunis  en  un  seul  chez  certains 
Conchifères,  et,  chez  d'autres,  le  cœur  aor- 
tique  est  au  contraire  divisé  en  deux.  Deux 
ganglions  nerveux  plus  distincts  sont  réunis 
par  un  cordon  transverse  au-dessus  de  la 
bouche  ,  qu'accompagnent  ordinairement 
quatre  lobes  charnus  qu'on  nomme  les 
palpes  labiaux,  ou  des  tentacules  diversi- 
formes;  les  sexes  sont  réunis  ou  confondus. 
Les  œufs,  d'une  composition  au  moins  aussi 
simple  que  ceux  des  Gastéropodes,  sont  ordi- 


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nairement  reçus  en  quittant  l'ovaire  dans  des 
cavités  spéciales  des  branchies  ou  du  man- 
teau, où  ils  éclosent  après  un  séjour  plus  ou 
moins  long,  et  où  les  jeunes  subissent  certai- 
nes métamorphoses.  La  classe  des  Conchi- 
fères se  lie  naturellement  avec  la  suivante, 
qui  paraît  en  différer  surtout  flftr  l'absence 
d'une  coquille,  et  par  la  soudure  du  man- 
teau et  des  branchies  en  deux  sacs  concen- 
triques. 

La  cinquième  classe  est  donc  celle  des  TU- 
NICIERS,  que  Cuvier  nomme  aussi  les  Acé- 
phales sans  coquille,  qui,  dans  une  sorte 
d'outre,  dans  une  enveloppe  coriace  ou  car- 
tilagineuse, et  cependant  contractile,  munie 
de  deux  orifices  tubuleux,  contiennent  un 
corps  semblable  à  celui  d'un  Conchifère 
dont  le  manteau  serait  fermé  en  manière  de 
sac,  ainsi  que  les  branchies,  et  dont  les  deux 
siphons  postérieurs  correspondraient  aux 
deux  orifices  tubuleux.  Ainsi ,  l'orifice  buc- 
cal se  trouve  au  fond  du  sac  branchial  avec 
l'intestin  replié,  lequel  se  prolonge  en  de- 
hors entre  les  deux  sacs,  de  telle  sorte  que 
l'anus  corresponde  à  un  des  orifices  de  l'en- 
veloppe, tandis  que  le  sac  branchial  corres- 
pond à  l'autre.  En  outre  des  courants  con- 
tinuellement produits  à  travers  la  branchie 
par  les  cils  vibratiles,  les  contractions  et  di- 
latations alternatives  du  sac  permettent  à 
l'eau  de  se  renouveler  dans  l'intérieur.  Au 
lieu  d'un  cœur,  poussant  toujours  le  liquide 
nourricier  dans  une  même  direction  pour 
produire  une  circulation  continuelle,  il  n'y 
a  plus  ici  qu'un  gros  vaisseau  contractile, 
poussant  ce  liquide  alternativement  dans  un 
sens  et  dans  l'autre  à  travers  des  canaux 
longitudinaux  et  transverses  qui  forment  le 
réseau  de  la  branchie.  Le  système  nerveux 
est  représenté  seulement  par  quelques  filets 
de  nature  douteuse.  Les  sexes  sont  réunis 
ou  confondus. 

Quelques  Tunicîers  vivent  agrégés  de  di- 
verses manières,  et  chez  eux  on  observe,  en 
outre  du  mode  ordinaire  de  reproduction 
par  oviparité  ,  d'autres  modes  de  reproduc- 
tion par  des  stolons,  ou  par  des  gemmes, 
ou  des  germes  multiples.  Cette  classe  forme 
manifestement  le  passage  entre  la  classe  des 
Conchifères  et  celle  des  Bryozoaires,  qui  est 
la  sixième  et  dernière  classe. 

Cette  sixième  classe ,  qui  est  celle  des 
BRYOZOAIRES,  a  été  confondue  avec  les  Po- 


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295 


lypes  jusqu'à  ces  derniers  temps.  Elle  com- 
prend une  foule  de  très  petits  Mollusques  qui 
vivent  agrégés  de  telle  sorte  que,  les  enve- 
loppes cornées  ou  calcaires  de  chacun  ve- 
nant à  se  souder  et  souvent  à  s'encroûter  de 
plus  en  plus,  il  en  résulte  des  lames  ou  des 
expansions,  ou  des  ramifications  cornées , 
cartilagineuses  ou  pierreuses,  qu'on  a  nom- 
mées des  polypiers  membraneux,  cellariés, 
orarninés,  etc.  Chaque  petit  Bryozoaire  est 
complètement  rétractile  dans  une  loge  ou 
cellule  qui  représente  à  la  fois  le  manteau  et 
ïa  coquille  d'un  Conchifère,  ou  le  man- 
teau et  l'enveloppe  coriace  externe  d'une 
Ascidie  ;  mais  il  fait  sortir  et  il  épanouit  au 
dehors  une  couronne  de  longs  tentacules 
garnis  de  cils  vibratiles,  et  représentant  le 
sac  branchial  des  Tuniciers.  A  la  base  de 
cette  couronne  se  trouve  la  bouche,  suivie 
par  un  intestin  replié  dans  la  loge,  de  telle 
Sorte  que  l'anus  vient  aboutir  à  côté.  Ainsi 
que  dans  les  deux  classes  précédentes,  les 
sexes  sont  réunis  ou  confondus.  La  repro- 
duction a  lieu  par  des  œufs,  par  des  sto- 
lons et  par  des  gemmes  qui  contiennent 
plusieurs  embryons.  La  classe  des  Bryo- 
zoaires présente  le  dernier  degré  de  simpli- 
fication dans  l'embranchement  des  Mol- 
lusques. 
Division  des  classes  en  ordres  et  en  familles, 

La  classe  des  Céphalopodes  ayant  été  trai- 
tée dans  le  tome  III,  nous  passons  immédia- 
tement à  la  deuxième  classe. 

GASTÉROPODES.  On  les  divise  en  onze 
ordres  :  1°  les  Pulmonés;  2°  lesPEcrmiBRAN- 
ches;  3°  les  Tubulibranches;  4°  les  Cirrho- 
Br anches;  5°  les  Scutibranches;  6°  les  Cy- 
clobranches ;  7°  les  Inférobranches  ;  8°  les 
Tectibranches;  9°  les  Nudibranches  ;  10°  les 
Janthines;  11°  les  Hétéropodes,  qui  ont  été 
rangés  différemment  par  les  auteurs,  en  rai- 
son de  leurs  rapports  multiples  qui  ne  per- 
mettent pas  de  les  placer  en  série  rectiligne. 
En  effet,  les  Tubulibranches  pourraient  être 
réunis  avec  les  Pectinibranches  qui ,  eux- 
mêmes,  se  lient  aux  Pulmonés  par  certains 
genres  dont  l'appareil  respiratoire  seul  dif- 
fère; et  d'autre  part ,  les  Nudibranches,  qui 
offrent  dans  plusieurs  genres  les  dégradations 
les  plus  prononcées  du  type  général  des  Gas- 
téropodes, semblent  former  7e  passage  aux 
Hétéropodes,  dont  on  a  voulu  faire  une  classe 
à  part  tant  ils  sont  différents  des  autres,  tan- 


dis que  ces  mêmes  Nudibranches  se  ratta- 
chent aux  Pulmonés  par  des  genres  assez 
voisins  des  Limaces.  Quant  aux  Cirrho- 
branches,  ils  paraissent  également  mal  pla- 
cés, quelque  rang  qu'on  leur  assigne,  tant 
ils  diffèrent  des  autres  ordres  par  la  sy- 
métrie presque  complète  des  animaux  et 
par  la  position  terminale  de  l'anus.  Les 
Scutibranches,  les  Cyclobranches  et  les  Nu- 
dibranches montrent  aussi  une  symétrie 
bien  prononcée,  ainsi  que  les  Hétéropodes; 
tous  les  autres  sont  plus  ou  moins  dissy- 
métriques, et  leur  coquille,  quand  ils  en 
ont,  est  contournée  en  spirale  ou  turbinée. 
Mais  cette  coquille  n'offre  pas  toujours  des 
caractères  distinctifs  aussi  importants  que 
les  caractères  tirés  de  l'organisation  même 
de  l'animal  :  voilà  pourquoi  les  anciennes 
classifications,  et  notamment  celle  de  La- 
marck  que  nous  suivons  autant  que  possible, 
ont  besoin  d'être  remaniées.  Toutefois  les 
modifications  qu'on  pourrait  introduire  ne 
seront  définitives  que  quand  on  connaîtra 
les  animaux  de  la  plupart  des  espèces,  et 
jusque  là  nous  restons  dans  une  période 
d'incertitude  au  sujet  de  la  circonscription 
des  familles  et  de  leur  coordination. 

I.  Les  Pulmonés,  caractérisés  par  la  faculté 
que  seuls  entre  tous  les  Mollusques  ils  ont 
de  respirer  l'air  en  nature,  comprennent 
des  types  fort  divers.  Les  Pulmonés,  comme 
les  entendait  Cuvier,  sont  monoïques,  et 
forment  pour  nous  cinq  familles  ,  dont 
trois  terrestres:  1°  Les  Limaciens  qui  sont 
nus  comme  les  Limaces,  ou  munis  d'une 
coquille  rudimentaire  comme  les  Testa- 
ceUes  ;  2°  les  Héliciens,  qui  sont  pourvus 
d'une  coquille  enveloppante  turbinée,  plus 
ou  moins  arrondie  ou  discoïdale,  ou  turri- 
culée ,  comme  les  Hélices ,  les  Maillots  et  les 
Bulimes,  ou  dont  la  coquille  plus  évasée  ne 
peut  suffire  pour  enfermer  l'animal,  comme 
les  Vitrines  et  les  Ambrettes;  tous  ils  ont 
quatre  tentacules,  et  sont  dépourvus  d'o- 
percule; 3°  les  AuriculeSy  dont  la  coquille 
est  également  sans  opercule,  mais  qui  n'ont 
que  deux  tentacules,  et  qui  ont  à  la  colu- 
melle  un  ou  plusieurs  plis  saillants  ;  avec  le 
genre  Auricule,  comprenant  les  Carychies  et 
Scarabés,  ainsi  que  les  Conovules  qu'on  en 
sépare  quelquefois ,  la  même  famille  ren- 
ferme aussi  les  genres  Piétin  {Pedipes)  et 
Ringiculc,  suivant  M.  Dcshayes. 


228 


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Deux  autres  familles  sont  aquatiques; 
4°  les  Lymnéens  ,  à  coquille  turbinée  ou 
discoïde  sans  opercule,  et  portant  seulement 
deux  tentacules  :  ce  sont  les  genres  Planorbe, 
Lymnée  et  Physe,  ce  dernier  ayant  toujours 
la  coquille  senestre;  5°  les  Onchidies,  qui 
sont  des  Mollusques  nus  comme  les  Limaces, 
mais  entièrement  recouverts  par  le  man- 
teau en  forme  de  bouclier,  et  pourvus  seu- 
lement de  deux  tentacules. 

A  ces  cinq  familles  des  Pulmonés  de  Cu« 
vier ,  nous  devons  en  ajouter  deux  autres  , 
pour  des  Mollusques  que  ce  grand  natura- 
J^ste  classait  parmi  ses  Pectinibranches  ,  en 
maison  de  leur  organisation.  En  effet,  quoi- 
qu'ils n'aient  point  la  branchie  pectinée  ca- 
ractéristique des  Pectinibranches ,  ils  sont 
dioïques et  munis  d'une  coquille  operculée: 
les  uns  sont  terrestres;  c'est  la  famille  des 
Cyclostomés,  qui  ont  deux  tentacules  et  la 
cavité  respiratoire  largement  ouverte  au- 
dessus  du  cou  ;  tels  sont  les  Cyclostomés  et 
les  Hélicines  :  les  autres  sont  aquatiques, 
comme  les  Ampullacères  qui  manquent  de 
tentacules ,  et  dont  la  cavité  respiratoire 
n'a  qu'une  petite  ouverture  ronde  à  droite. 

II.  L'ordre  des  Pectinibranches,  caracté- 
risé par  une  ou  deux  branchies  pectinées  con- 
tenues dans  une  vaste  cavité  respiratoire  , 
formée  au-dessus  du  cou  par  le  manteau, 
avait  été  classé  d'après  la  forme  de  la  co- 
quille turbinée,  avec  l'ouverture  entière 
cbez  les  Trochoïdes ,  ou  munie  d'un  canal 
ou  écbancrée  chez  les  Buccinoïdes,  ou  non 
kurbinée  mais  largement  évasée  chez  les  Ca- 
puloïdes de  Cuvier;  mais  on  a  dû  les  grou- 
per autrement  d'après  les  caractères  mêmes 
de  l'animal.  Toutefois ,  une  première  divi- 
sion, correspondant  aux  Trochoïdes  et  à  une 
partie  des  Capuloïdes,  comprend  tous  ceux 
dont  le  manteau  ne  se  prolonge  pas  pour 
former  un  tube  ou  siphon,  dont  la  présence 
serait  indiquée  par  le  canal  ou  l'échancrure 
de  la  coquille,  comme  chez  les  Buccinoïdes , 
quoique  quelques  uns  aient  exceptionnelle- 
ment aussi  une  échancrure  à  la  base  de  l'ou- 
verture. Presque  tous  sont  phytophages  ou  se 
nourrissent  de  végétaux;  ils  ont  une  langue 
armée  de  pointes  et  non  une  trompe  comme 
les  carnassiers  ou  zoophages.  Leur  coquille 
est  operculée,  à  moins  que  l'ouverture  ne 
soit  très  dilatée.  On  peut  en  faire  plusieurs 
familles: 


1°  La  famille  des  Paludinés  se  compose 


des  genres  Paludine  ,  Valvée  ,  Ampullaire, 
Littorine  et  Planaxe,  qui  ont  la  tête  peu 
allongée  et  la  langue  courte;  2°  Celle  des 
Néritacés  ,  caractérisée  par  la  forme  semi- 
circulaire  de  l'ouverture,  dont  le  bord  gauche 
est  en  demi-cloison,  comprend  les  Nérites' 
et  Néritines  réunis  en  un  seul  genre,  et  dé- 
plus les  Navicelles  ;  leur  tête  est  prolongée 
en  mufle  allongé.  3°  Les  Turbinacés ,  carac- 
térisés par  les  tentacules  accessoires  ou  les 
franges  du  pied  ou  du  manteau ,  ont  le 
mufle  peu  allongé;  leur  langue  est  très  lon- 
gue; ils  comprennent  les  genres  Turbo, 
Troque,  Dauphinule ,  Cadran,  Roulette, 
Pleurotomaire  et  Phasianelle ,  auxquels 
M.  Deshayes  veut  joindre  aussi  les  Halio- 
tides  et  les  Stomates  malgré  la  grande  dif- 
férence de  forme  qui  les  a  fait  ranger  par 
Cuvier  parmi  les  Capuloïdes.  4°  Les  Turri- 
tellés ,  comprenant  les  genres  Turritelle , 
Scalaire  et  Pyramidelle,  se  distinguent  par 
leur  mufle  allongé,  et  par  le  pédoncule 
resserré  qui  joint  le  pied  au  reste  du  corps; 
ils  ont  aussi  le  bord  du  manteau  frangé. 
5°  Les  Mélaniens  s'en  distinguent  par  leur 
tête  non  allongée  en  mufle ,  par  le  pédon- 
cule plus  court  et  plus  épais  qui  joint  le 
corps  au  pied,  et  par  le  bord  du  manteau 
sans  franges.  Ce  sont  les  genres  Mélanie, 
Mélanopside  et  Eulime,  à  la  suite  desquels 
se  placent  provisoirement  les  genres  Rissoa 
et  Troncatelle 

Une  deuxième  section  des  Pectinibran- 
ches ,  sans  siphon  au  manteau ,  est  formée 
par  la  famille  des  Naticoïdes,  qui  seuls  ont 
une  trompe  et  sont  zoophages.  Ils  ont  en 
outre  le  pied  très  grand,  et  le  manteau  très 
grand  et  enveloppant:  ce  sont  les  Natices  et 
les  Sigarets. 

Les  Pectinibranches  dont  le  manteau 
forme  un  siphon,  et  dont  la  coquille  a  une 
échancrure  ou  un  canal,  se  divisent  égale- 
ment en  deux  sections,  d'après  leur  manière 
de  vivre  en  rapport  avec  la  présence  d'une 
trompe.  Ceux  qui  n'ont  pas  cet  organe  sont 
phytophages  et  constituent  deux  familles. 
Les  uns,  comme  les  Cérites  et  les  CanceN 
laires,  ayant  le  mufle  court,  les  autres  au 
contraire,  comme  le  Chenopus  et  la  Stru- 
ihiolaire,  ayant  la  tête  en  mufle  allongé. 

Ceux  qui  sont  pourvus  d'une  trompe,  et 
cor.séquemmeni  zoophages,  se  divisent  en 


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297 


six  familles  d'après  la  forme  de  l'ouverture 
ovale  ou  très  étroite ,  échancrée  ou  prolon- 
gée en  un  canal ,  comme  aussi  d'après  la 
présence  d'un  opercule  et  d'après  le  dé- 
veloppement du  manteau:  1°  les  Canali- 
fères  ont  l'ouverture  prolongée  par  un  canal 
droit,  souvent  très  long,  que  le  siphon  sé- 
crète dans  toute  sa  longueur;  ils  ont  tous 
un  opercule;  ce  sont  les  genres  Pîeurotome, 
Turbinelle,  Triton ,  Ranelle ,  Fuseau,  Fas- 
ciolaire,  Pyrule  et  Rocher  ;  ces  (quatre  der- 
niers pouvant  être  réunis  en  un  seul ,  sauf 
quelques  Pyrules  à  transporter  dans  un 
genre  Ficus,  à  côté  des  Harpes.  2°  Les  Ailés, 
comprenant  les  genres  Rostellaire,  Ptéro- 
cère  et  Strombe,  se  distinguent  de  tous  les 
autres  par  le  développement  extraordinaire 
que  prend  le  bord  droit  de  la  coquille  de 
l'animal  adulte,  le  manteau  alors  conti- 
nuant à  s'étendre  et  à  former  des  prolon- 
gements divers  sans  se  replier  sur  la  co- 
quille, dont  le  canal  est  comparable  à  celui 
des  Canalifères.  3°  Les  Purpuri fères,  chez 
lesquels  le  canal  est  très  court  et  ascendant, 
c'est-à-dire  recourbé  en  dessus  ou  même 
appliqué  sur  le  dos  de  la  coquille,  comme 
chez  les  Cassidaires,  Oniscies  et  Casques, 
ou  bien  qui,  au  lieu  d'un  canal,  n'ont  qu'une 
simple  échancrure  pour  le  passage  du  si- 
phon,  qui  reste  mobile  et  ne  peut  contri- 
buer à  la  sécrétion  du  têt  que  par  un  petit 
repli  du  manteau  à  sa  base;  tels  sont  les 
Pourpres  (comprenant  les  Ricinules,  les 
Monocéros  ou  Licornes  et  les  Concholepas  ) , 
les  Buccins  (auxquels  on  réunit  en  partie  les 
Éburnes),  les  Nasses,  le  Tritonium  (formé  de 
quelques  Buccins),  et  le  g.  Vis  qui,  comme 
les  précédents  ,  est  pourvu  d'un  opercule.  A 
cette  famille  appartiennent  aussi ,  comme 
section  particulière,  les  genres  Harpe,  Tonne 
et  Ficus,  qui  sont  au  contraire  dépourvus 
d'opercule,  et  dont  le  pied  très  grand  ne 
peut  rentrer  complètement  dans  la  coquille. 
Enfin,  on  doit  aussi  ranger  à  la  suite  des 
Purpurifères  plusieurs  genres  anormaux, 
tels  que  les  Magile  et  Leptoconque  qui 
\ivent  fixés  à  la  surface  des  madrépores 
ou  engagés  dans  l'épaisseur  de  ces  poly- 
piers, et  qui  sont  munis  d'un  opercule. 
-4°  Les  Cônes,  qui  forment  à  la  fois  une  fa- 
mille et  un  genre  unique,  caractérisé  par  la 
forme  étroite  et  très  allongée  de  l'ouverture 
de  la  coquille ,  dont  la  spire  est  surbaissée, 
t.  vin. 


et  qui  n'est  jamais  recouverte  par  le  bord 
du  manteau  ou  par  le  pied.  Ils  sont  pour- 
Vus  d'un  opercule,  et  n'ont  qu'une  échan- 
crure pour  le  passage  du  siphon.  5°  Les  Co~ 
lumellaires,  que  Lamarck  caractérisait  pal 
les  plis  de  la  columelle,  quoique  les  Co- 
lombelles  qui  en  font  partie  n'aient  pas  ces 
plis;  mais  comme  c'est  presque  la  seule 
différence  des  Colombelles  et  des  Mitres,  on 
doit  les  laisser  dans  le  même  groupe  avec 
ces  derniers ,  avec  les  Volutes  et  avec  les 
Marginelles  réunies  aux  Volvaires.  Tous  ont 
l'ouverture  simplement  échancrée,  et  pres- 
que tous  ils  manquent  d'opercule;  les  Vo- 
lutes ont  souvent  la  coquille  enveloppée 
partiellement  par  le  bord  gauche  du  man- 
teau ou  par  une  expansion  du  pied.  Les 
Marginelles  sont  enveloppées  de  même  par 
les  deux  lobes  du  manteau.  6°  Les  Enroulés 
sont  caractérisés  par  la  forme  de  leur  co- 
quille, dont  les  tours  s'enveloppent  plus  ou 
moins  complètement.  Cette  coquille  est  re- 
couverte par  le  manteau  chez  les  Ovules  et  les 
Porcelaines,  ou  par  une  expansion  du  pied 
che-z  les  Tarières,  les  Ancillaires  et  les 
Olives,  d'où  résulte  l'épaississement  du  têt 
par  une  couche  externe,  émaillée,  luisante. 
Ils  n'ont  qu'une  échancrure  pour  le  passage 
du  siphon,  et  sont  dépourvus  d'opercule. 

III.  L'ordre  des  Tubulibranches,  très  voi- 
sin des  Pectinibranches,  est  caractérisé  par 
la  cavité  respiratoire  tubiforme  contenant 
une  branchie  pectinée.  Les  Tubulibranches 
ont  leur  coquille  adhérente  aux  corps  ma- 
rins ,  comme  le  têt  des  Serpules  avec  les- 
quelles on  les  a  longtemps  confondus.  Ils  ont 
un  opercule  porté  par  un  support  charnu. 
Ils  se  divisent  en  deux  genres:  les  Vermets 
dont  la  coquille  est  entière,  et  les  Siliquaires 
qui  ont  en  dessus  une  série  de  trous  pour 
laisser  arriver  l'eau  sur  la  branchie. 

IV.  L'ordre  des  Cirrhobranches  ne  com- 
prend que  le  seul  genre  Dentale ,  caractérisé 
par  la  disposition  symétrique  des  organes 
digestif  et  respiratoire,  et  par  sa  coquille  en 
forme  de  cornet  étroit,  ouvert  aux  deux  extré- 
mités. Les  branchies  sont  de*  cirrhes  ou 
filaments  nombreux. 

V.  Les  Scutibranches  ont  une  ou  deux 
branchies  en  forme  de  plume  ou  de  peigne 
cachées  dans  une  cavité  au-dessus  de  la  tête, 
comme  les  Pectinibranches ,  mais  leur  co- 
quille est  très  ouverte  en  cône  surbaissé  ou  en 

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bouclier  :  les  uns,  dissymétriques  et  n'ayant 
qu'une  branchie,  sont  rangés  avec  les  Pecti- 
nibranches par  beaucoup  de  zoologistes  ;  ils 
constituent  la  famille  des  Calyplraciens,  qui 
comprend  les  genres  Calyptrée,  Crépidule  et 
Piléole,  auxquels  se  rattachent  les  Hippo- 
nices  si  remarquables  par  le  support  cal- 
caire sécrété  par  leur  pied  et  adhérant  aux 
rochers.  Les  autres,  symétriques  quant  à  la 
coquille  et  aux  organes  respiratoires,  ont 
deux  branchies  ;  on  les  a  nommées  Dicrano- 
branches;  ce  sont  les  genres  Fissurelle,  Ri- 
mule,  Émarginule  et  Parmophore. 

VI.  Les  Cyclobranches  sont  également  sy- 
métriques, quant  à  la  forme  externe  et  à  la 
disposition  de  l'appareil  respiratoire,  mais 
leurs  branchies  forment  une  rangée  de  cha- 
que côté  sous  le  bord  du  manteau.  Ils  se 
divisent  en  deux  familles  bien  distinctes  : 
les  Patelles  dont  la  coquille  est  d'une  seule 
pièce  en  cône  surbaissé,  et  les  Oscabrions 
qui,  au  lieu  de  coquille,  ont  sur  le  dos  une 
rangée  d'écaillés  symétriques  en  recouvre- 
ment. 

VIL  Les  Inférobranches,  qui  ont  les  bran- 
chies symétriques  placées  sur  le  côté  ou  sur 
les  deux  côtés  du  corps,  entre  le  pied  et  le 
bord  avancé  du  manteau.  Les  uns,  formant 
la  famille  des  Phyllidines ,  ont  deux  bran- 
chies symétriques  ;  les  autres ,  comme  les 
Pleurobr  anches,  n'en  ont  qu'une  seule;  c'est 
dans  cet  ordre  que  doit  être  placé  aussi  le 
petit  genre  Ancyle,  type  d'une  famille  par- 
ticulière. 

VIII.  Les  Tectibranches,  au  contraire, 
n'ont  plus  de  branchies  symétriques  ;  ils 
n'ont  qu'une  branchie  composée  de  feuillets 
plus  ou  moins  divisés  sur  le  dos,  et  recou- 
verte par  un  repli  du  manteau  contenant 
souvent  une  petite  coquille.  Ils  sont  tous 
monoïques  ;  on  en  peut  faire  plusieurs 
familles  :  1°  Les  Aplysiens  ont  les  bords  du 
pied  redressés  de  chaque  côté  en  crêtes 
flexibles,  enveloppant  partiellement  le  dos, 
et  pouvant,  par  leur  agitation  dans  l'eau, 
servir  à  la  nage  de  l'animal,  comme  chez  les 
Aplysies,  ou  bien  soudées  en  partie,  comme 
chez  les  Notarches  et  les  Bursatelles.  2°  Les 
Bulle'ens  se  distinguent  des  précédents  par 
les  tentacules  très  courts  ou  presque  nuls 
et  par  leur  coquille  enroulée  :  ce  sont  les 
Bulles  et  les  Bullées,  près  desquelles  doit 
se  placer  peut-être  aussi  la  Tornatelle.  Quel- 


ques unes  d'ailleurs,  telles  que  les  Àcères, 
manquent  totalement  de  coquille. 

IX.  Les  Nudibranches,  comme  leur  nom 
l'indique,  ont  les  branchies  à  nu;  mais  ces 
branchies  sont  quelquefois  de  simples  ap- 
pendices revêtus  de  cils  vibratiles  dans  les- 
quels ne  se  fait  pas  une  circulation  régulière 
du  sang.  On  en  peut  faire  plusieurs  familles 
ayant  pour  types:  lesDoris,  dont  les  branchies 
ramifiées  entourent  l'orifice  anal  comme  les 
pétales  d'une  fleur,  sur  la  partie  postérieure 
du  dos  ;  les  Tritonies  et  les  Téthys ,  qui  ont 
les  branchies  ramifiées  ou  en  panache,  ran- 
gées des  deux  côtés  du  corps;  les  Éolides, 
qui  ont  le  dos  couvert  d'appendices  nom- 
breux ,  en  forme  de  longues  papilles  ou  de 
tentacules  ;  les  Glaucus ,  qui  ont  de  chaque 
côté  trois  branchies  pédonculées  formées  cha- 
cune de  longues  lanières  disposées  en  éven- 
tail, au  moyen  desquelles  ils  nagent  libre- 
ment dans  la  mer,  etc. 

X.  LesJANTHiNES,  qu'on  a  souvent  classées 
parmi  les  Pectinibranches,  paraissent  devoir 
former  un  ordre  distinct  dont  la  place  serait 
difficile  à  assigner  entre  les  Hétéropodes  et 
les  Pectinibranches.  Ce  sont  des  Gastéro- 
podes à  coquille  turbinée,  dont  le  pied,  qui 
ne  peut  servir  à  la  marche ,  sécrète  une 
masse  spongieuse  légère  destinée  à  soutenir 
l'animal  à  la  surface  des  eaux.  Leur  bran- 
chie est  pectinée,  et  leur  tête  est  prolongée 
en  un  mufle  long  et  épais. 

XI.  Les  Hétéropodes,  au  lieu  de  flotter 
seulement  comme  les  Janthines,  nagent  libre- 
mentdans  les  eaux  ;  leur  pied,  à  cet  effet,  s'est 
allongé  et  comprimé  en  forme  de  nageoire  , 
en  conservant  une  petite  ventouse  rudimen- 
taire  en  arrière;  la  tête  est  prolongée  en 
manière  de  trompe  épaisse;  leur  corps,  de 
substance  gélatineuse  transparente,  est  sus- 
ceptible de  se  gonfler  d'eau ,  et  leurs  viscè- 
rent  forment  une  masse  relativement  très 
peu  volumineuse  ,  souvent  enfermée  dans 
une  coquille  mince  comme  chez  les  Carinai- 
res.  Les  Ptérotrachées  et  les  Firoles  sont,  au 
contraire,  dépourvues  de  coquille. 

Les  PTÉROPODES,  qui ,  peut-être,  de- 
vront être  réunis  aux  Gastéropodes  ainsi 
que  les  Hétéropodes,  sont  caractérisés  par 
les  deux  expansions  en  forme  d'ailes  qui  leur 
servent  d'organes  locomoteurs  pour  nager 
librement  dans  les  eaux.  On  avait  cru  d'a- 
bord que  ces  organes  servaient  en  même 


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temps  d'organes  respiratoires ,  mais  on  a 
trouvé  chez  eux  aussi  une  véritable  bran- 
chie.  Les  uns  sont  nus,  comme  les  Clios  et 
les  Pneumodermes;  les  autres  sont  pourvus 
d'une  coquille  symétrique,  comme  les  Hyales 
et  les  Cléodores. 

Parmi  les  Mollusques  sans  tête  ou  Acé- 
phales, nous  rangeons  d'abord  les  BRACHIO- 
PODES,  qui,  sous  le  rapport  de  la  symétrie, 
se  rapprochent  davantage  des  Ptéropodes. 
Placés  à  la  suite  des  Conchifères,  ils  inter- 
rompraient la  série  naturelle,  qui,  des  En- 
fermés ,  paraît  se  continuer  aux  Tuniciers. 

Les  Brachiopodes,  caractérisés  par  la  pré- 
sence de  deux  bras  ciliés  contournés  en  spi- 
rale, ont  tous  une  coquille  bivalve  dont  les 
valves  correspondent  au  dos  et  au  ventre  de 
l'animal  ;  mais  chez  les  Lingules,  qui  consti- 
tuent une  première  famille,  les  valves  sont 
absolument  égales,  sans  charnière,  et  l'ani- 
mal est  fixé  par  un  long  pédoncule  cartila- 
gineux. Les  Térébratulés ,  formant  la  se- 
conde famille,  ont  les  valves  inégales  et  réu- 
,  nies  par  une  charnière  assez  complexe.  Les 
uns  ont  la  plus  grande  valve  percée  d'un 
trou  par  lequel  passe  un  pédoncule  pour 
fixer  la  coquille  :  ce  sont  les  Térébratulés 
proprement  dites,  dont  on  ne  doit  pas  sépa- 
rer les  Spirifers;  les  autres  ont  les  deux 
valves  également  closes ,  et  paraissent  avoir 
été  libres  :  ce  sont  les  Productus.  D'autres 
ont  également  les  valves  closes  ou  non  per- 
forées; mais  la  plus  grande  valve  ou  l'in- 
férieure est  adhérente ,  d'abord  par  son 
sommet,  aux  corps  marins.  Une  troisième 
famille,  celle  des  Craniacées ,  comprend 
les  Cranies  et  les  Orbicules  ,  dont  la  valve 
inférieure  est  complètement  adhérente  aux 
corps  marins. 

Les  CONCHIFÈRES  présentent  plusieurs 
types  distincts  qui ,  liés  entre  eux  par  des 
rapports  nombreux,  forment,  d'une  part, 
le  passage  aux  Brachiopodes  ,  et  d'autre 
part,  aux  Tuniciers.  On  les  divise  d'abord 
d'après  le  nombre  des  muscles  rétracteurs, 
,qui  est  en  rapport  avec  le  reste  de  l'organi- 
jsation ,  sauf  quelques  exceptions  faciles  à 
expliquer;  on  a  donc  deux  groupes  princi- 
paux: 1°  les  Monomyaires,  qui  n'ont  qu'un 
muscle  rétracteur  traversant  tout  le  corps 
et  les  viscères  ;  2°  les  Dimyaires,  qui  ont 
deux  muscles  rétracteurs  situés  vers  les  ex- 
trémités du  corps. 


I.  Les  Monomyaires  constituent  un  seul 
ordre  divisé  en  cinq  familles. 

1°  Les  Anomiaires ,  dont  la  valve  infé- 
rieure est  percée  d'un  trou  traversé  par  un 
muscle  rétracteur  partant  de  la  valve  supé- 
rieure, pour  se  fixer  sur  les  corps  marins, 
au  moyen  d'une  sécrétion  testacée  qu'il  ac- 
croît sans  cesse.  Ce  dépôt  forme  ainsi  un  os- 
selet indépendant  de  la  valve  inférieure  chez 
les  Anomies ,  et  au  contraire  fixé  partielle- 
ment à  cette  valve  chez  les  Placunano- 
mies.  En  outre  du  muscle  adhérent  à  l'os- 
selet, deux  autres  muscles  partent  de  la 
valve  supérieure  pour  s'attacher  à  l'infé- 
rieure ,  mais  tout  porte  à  croire  que  ce  sont 
des  dépendances  du  muscle  rétracteur 
unique  des  Monomyaires.  Les  Anomiaires 
n'ont  pas  de  tentacules  ou  de  palpes  à  la 
bouche ,  et  leurs  œufs  sont  reçus  dans  l'é- 
paisseur du  manteau  après  avoir  quitté 
J'ovaire;  ils  ont  un  rudiment  de  pied. 
2°  Les  PlacuneSy  grandes  coquilles  min- 
ces ,  nacrées ,  demi-vitreuses ,  comme  celles 
des  Anomies,  mais  sans  perforation  à  la 
valve  inférieure,  devront,  quand  les  ani- 
maux seront  connus,  former  une  famille 
intermédiaire  entre  les  Anomies  et  les  Huî- 
tres; leur  charnière  présente  deux  saillies 
divergentes  ;  leur  ligament  est  marginal. 
3°  Les  Ostracés ,  comprenant  le  seul  genre 
Huître,  ont  la  coquille  inéquivalve  et  le  li- 
gament dans  une  fossette  et  en  partie  ex- 
terne ;  leurs  branchies  forment  quatre  feuil- 
lets continus,  et  leur  bouche  est  garnie  de 
quatre  palpes  lancéolés.  Ils  n'ont  aucun  ru- 
diment de  pied;  leur  valve  gauche,  qu'on 
nomme  l'inférieure,  est  ordinairement  adhé- 
rente aux  corps  marins;  mais  pour  quel- 
ques espèces ,  et  notamment  pour  les  espèces 
fossiles ,  dont  on  a  voulu  faire  les  genres 
Gryphée  et  Exogyre,  l'adhérence  n'a  lieu 
que  par  le  sommet,  et  cesse  bientôt,  de 
sorte  que  la  coquille  devient  libre.  4°  Les 
Pectinides  ont  aussi  la  coquille  souvent  iné- 
quivaWe  ,  mais  régulière;  leur  ligament 
est  tout-à-fait  interne  dans  une  fossette 
triangulaire.  Leur  bouche  est  entourée  de 
tentacules  ramifiés,  ou  diversement  con- 
formés, mais  non  de  palpes  labiaux  ,  comme 
chez  les  autres  Conchifères.  Leurs  branchies 
sont  effilées  ou  divisées  en  filaments  paral- 
lèles; leur  manteau  est  bordé  de  tentacules 
nombreux ,  parmi  lesquels  on  a  voulu  re- 


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connaître  des  yeux.  Ils  ont  un  pied  plus 
ou  moins  rudimentaire,  et  quelques  uns 
même  peuvent  sécréter  un  byssus.  Les 
genres  Peigne  et  Lime  ne  contiennent  que 
des  coquilles  libres,  et  souvent  même  re- 
marquables par  leur  mode  de  locomotion. 
Le  genre  Houlette  a  la  coquille  fixée  par  un 
byssus.  Le  genre  Spondyle,  auquel  il  faut 
réunir  les  Plicatules  et  les  Podopsides,  a  , 
au  contraire,  sa  coquille  adhérente  comme 
l'Huître.  5°  Les  Margaritacés ,  dont  nous 
avons  déjà  parlé  (voy.  ce  mot),  complètent 
la  série  des  Monomyaires. 

II.  Les  Dimyaires,  suivant  le  mode  de 
réunion  des  lobes  du  manteau,  se  partagent 
en  trois  groupes,  qu'on  pourrait  nommer 
des  ordres.  Le  premier,  qui  porte  le  nom 
de  Mytilacés,  comme  la  première  famille  , 
présente  encore  les  lobes  du  manteau  presque 
entièrement  désunis  comme  les  Ostracés  ; 
il  n'y  a  qu'une  bride  postérieure  entre  ces 
lobes.  On  le  divise  en  cinq  familles ,  sa- 
voir :  1°  Les Mytilacée s,  comprenant  le  genre 
Pinne  et  le  genre  Moule  ,  auquel  on  réunit 
les  Modioles  et  les  Lithodornes.  Leur  co- 
quille est  équivalve ,  mais  inéquilatérale, 
le  sommet  des  valves  étant  ordinairement 
très  rapproché  de  l'extrémité  extérieure,  où 
se  trouve  un  des  muscles  rétracteurs  devenu 
beaucoup  plus  petit  que  l'autre.  Leur  man- 
teau reçoit  les  œufs  quand  ils  ont  quitté 
l'ovaire  ;  ils  ont  un  pied  linguiforme  qui 
sécrète  un  byssus  filiforme  abondant  pour 
fixer  Tanimal  aux  rochers;  leur  charnière  est 
sans  dents,  leur  ligament  est  externe  et  al- 
longé. 2°  Les  Arcacées  se  distinguent  de  tous 
les  autres  par  leur  charnière  munie  d'une 
longue  série  de  petites  dents  sur  chaque 
Talve.  Cette  série  est  rectiligne  chez  les  Ar- 
ches ,  arquée  chez  les  Pétoncles  et  anguleuse 
chez  les  Nucules.  Leurs  muscles  rétracteurs 
sont  égaux  ;  leur  ligament  est  externe  et  étalé 
chez  les  Arches  et  les  Pétoncles  ;  il  est  contenu 
dans  une  petite  fossette  chez  les  Nucules; 
le  pied  est  toujours  fendu  vers  l'extrémité, 
mais  il  ne  sécrète  pas  chez  tous  un  byssus.  Le 
pied  des  Pétoncles,  par  exemple,  sert  seu- 
lement à  fixer  l'animal  dans  le  sable,  et 
d'un  autre  côté,  le  byssus  des  Arches  est 
souvent  confondu  en  une  seule  masse  cor- 
née. 3°  Les  Trigonies ,  caractérisées  par  leur 
charnière  à  deux  dents  divergentes  et  latérale- 
ment striées,  ainsi  que  par  leur  pied  recourbé 


en  forme  de  faux,  constituent  seules  une 
troisième  famille.  4°  Les  Nayades,  compre- 
nant les  Mulettes,  les  Anodontes  et  les  Iri- 
dines,  ont  un  pied  charnu  ,  comprimé,  très 
grand;  leurs  palpes  sont  lancéolés;  leurs 
branchies  sont  grandes,  creusées  de  lacunes 
assez  vastes  dans  lesquelles  sont  reçus  les 
œufs,  et  où  les  embryons  se  développent 
jusqu'à  un  certain  point  ;  leur  charnière 
présente  quelquefois  des  dents  irrégulières; 
le  manteau,  plus  désuni  chez  les  autres,  est 
réuni  en  arrière  chez  les  Iridines.  C'est 
dans  cette  famille  ou  à  sa  suite  qu'on  doit 
placer  les  Ethéries ,  qui  vivent  dans  les  eaux 
douces,  adhérentes  aux  rochers  par  une  valve 
ou  par  l'autre  indifféremment.  5°  Les  Car- 
dites  (  qu'on  nomme  aussi  Carditacés,ce  qui 
se  rapproche  trop  du  nom  des  Cardiacés) 
ont  également  les  lobes  du  manteau  réu- 
nis par  une  bride  en  arrière;  mais  leurs 
branchies  sont  formées  de  canaux  beaucoup 
plus  fins ,  et  ne  contiennent  pas  des  lacunes 
aussi  grandes  que  celles  des  Nayades.  Elles 
en  diffèrent  d'ailleurs  aussi  par  leurs  palpes 
labiaux  tronqués,  et  par  la  charnière  de  la 
coquille  munie  de  dents  obliques  plus  régu- 
lières sous  les  crochets.  Les  seuls  genres 
Cardite  et  Opis  appartiennent  à  cette  fa- 
mille. 

Un  deuxième  ordre  de  Dimyaires,  les  Ru- 
dîstes,  est  connu  seulement  par  des  coquilles 
fossiles  très  imparfaitement  conservées  ou 
dissoutes  en  partie  :  ce  devaient  être  des  Mol- 
lusques à  valve  inférieure  adhérente  plus  ou 
moins  prolongée  en  cône,  avec  une  valve  su- 
périeure mobile  en  forme  d'opercule.  On  en 
fait  deux  familles  :  les  Hippurites  ,  dont  la 
valve  supérieure  présente  deux  oscules  in- 
diquant le  point  d'attache  de  deux  ligaments 
qui  devaient  partir  du  sommet  de  deux  côtes 
saillantes  parallèles  à  l'intérieur.  Les  Sphé- 
rulés  ont  deux  grandes  dents  à  la  charnière, 
et  deux  impressions  musculaires  saillantes. 
Le  ligament  devait  occuper  une  fossette  der- 
rière les  dents  cardinales.  Les  Rudistes  ont 
été  considérés  ,  par  quelques  naturalistes , 
comme  devant  faire  partie  desBrachiopodes, 
et  par  d'autres ,  comme  représentant  des  ani- 
maux analogues  aux  Ascidies  par  leur  orga- 
nisation. M.  Deshayes  les  croit  très  voisins 
des  Camacés ,  et  les  place  dans  le  même 
ordre. 

Le  troisième  ordre  des  Dimyaires ,  qu'on 


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peut  nommer,  d'après  le  nom  d'une  des  fa- 
milles principales,  Tordre  des  Cardiacés,  se- 
rait le  deuxième  si  l'on  voulait  y  réunir  les 
Rudistes.  Il  est  caractérisé  par  la  réunion 
des  bords  postérieurs  du  manteau,  formant, 
ou  deux  orifices  bordés  de  petits  tentacules, 
ou  deux  siphons  égaux  ou  inégaux,  réunis 
ou  distincts.  Une  troisième  ouverture  est 
laissée  par  le  manteau  pour  le  passage  du 
pied.  Les  Cardiacés  forment  sept  familles  : 
1°  les  Camacés  ont  le  sommet  des  valves  en- 
roulé en  spirale  aplatie,  et  une  de  leurs  val- 
ves, tantôt  l'une,  tantôt  l'autre,  suivant  les 
espèces,  est  adhérente  aux  rochers  ou  aux 
autres  corps  marins.  Leur  manteau  forme 
en  arrière  deux  siphons  très  courts  et  ciliés; 
le  pied  est  petit ,  cylindracé ,  tronqué  et 
coudé  ;  les  palpes  sont  quadrangulaircs,  obli- 
quement tronqués  ;  le  ligament  est  externe  ; 
la  charnière  a  une  grosse  dent.  Avec  les 
Cames,  on  doit  provisoirement  ranger  dans 
cette  famille  le  Cleidothère,  dont  l'animal 
est  inconnu ,  mais  qui  se  distingue  par  la 
présence  d'ur«osseletcalcaire  allongé,  que  re- 
tient un  ligament  convexe  dans  des  impres- 
sions profondes  sur  chaque  valve.  2°  les  Tri- 
dacnés,  comprenant  le  seul  genre  Tridacne, 
sont  caractérisés  par  le  rapprochement  des 
muscles  adducteurs ,  et  par  la  position  en 
quelque  sorte  inverse  de  l'animal  dans  sa 
coquille;  car  ici  les  parties  inférieures  sont 
les  postérieures  chez  les  autres ,  et  le  pied 
passe  par  la  lunule.  Ce  pied  est  épais  ,  cy- 
lindrique, et  sécrète  un  byssus  ;  la  char- 
nière a  deux  dents  comprimées,  et  le  liga- 
ment est  externe.  3°  Les  Cardiacés,  compre- 
nant les  genres  Bucarde,  Isocarde  et  Cypri- 
carde,  ont  les  siphons  très  courts,  et  réduits 
presque  à  une  bordure  saillante  tentaculée. 
31s  sont  caractérisés  par  leur  pied  long  et 
coudé  pouvant  servir  pour  le  saut,  et  par 
leur  charnière  portant  quatre  dents  en  croix, 
deux  à  chaque  valve  sous  les  crochets ,  en 
outre  des  dents  latérales.  Le  ligament  est 
externe.  4°  Les  Conques  ont  en  général  un 
pied  comprimé  droit,  une  charnière  munie 
de  deux  ou  trois  dents  obliques  sous  les  cro- 
chets ,  et  des  siphons  plus  ou  moins  réunis 
dans  leur  longueur.  Tous  ils  ont  l'impres- 
sion palléale  échancrée  en  arrière.  On  y 
compte  beaucoup  de  genres  qui  pourraient 
être  groupés  en  tribus,  d'après  les  caractè- 
res des  siphons.  Ainsi  les  genres  Cyclade, 


Cythérée  et  Arthémis  ont  les  siphons  com- 
plètement réunis;  les  g.  Cyrène,  Cyprine, 
Vénus  et  Astarté  ont  les  siphons  réunis  en 
partie  seulement;  et  les  g.  Pullastre,  Véné- 
rupe,  Pétricole,  les  ont  encore  plus  séparés. 
4°  Les  Lucinides,  comprenant  les  genres 
Lucine,  Corbeille,  Cyprinoïde,  Bornia,  Ery- 
cine  et  Galéome,  ont  pour  caractère  com- 
mun l'intégrité  du  contour  de  l'impression 
palléale  et  l'allongement  d'une  ,  au  moins, 
des  impressions  musculaires  qui  se  confond 
avec  le  bord  du  manteau.  Tous  ont  les 
trois  ouvertures  au  manteau  et  peut-être 
aussi,  comme  les  Lucines,  les  branchies  de 
chaque  paire  soudées  par  le  bord  externe,  de 
sorte  qu'on  pourrait  croire  qu'il  n'y  en  a 
qu'une  seule  paire.  Un  seul  siphon  se  présente 
chez  quelques  uns  (Lucine  et  Corbeille),  et 
l'autre  ouverture  est  sans  prolongement; 
d'autres  manquent  entièrement  de  siphon. 
Leur  ligament  est  seul  externe  chez  tous. 
5°  Les  Tellinides ,  comprenant  les  genres 
Donace  et  Telline,  ont  aussi  le  ligament 
externe,  mais  leurs  branchies  ne  sont  pas 
soudées,  leur  impression  palléale  est  échan- 
crée, et  leurs  siphons  sont  allongés  et  sépa- 
rés ,  le  siphon  branchial  étant  frangé  ou 
digité.  6°  Les  Amphidesmacés,  comprenant 
les  genres  Amphidesme,  Cumingia,  Trigo- 
nella  et  Syndesmia,  se  distinguent  par  leur 
ligament  interne  très  oblique;  leurs  si- 
phons sont  allongés  et  séparés.  7°  Les  Cras- 
satellés  ont  au  contraire  le  ligament  interne 
et  central  situé  dans  une  fossette  trian- 
gulaire droite  au-dessous  des  crochets  ;  leur 
impression  palléale  est  échancrée;  leurs  si- 
phons sont  séparés.  On  y  comprend  les 
genres  Crassatelle  et  Amphidesme. 

Le  quatrième  ordre,  celui  des  Enfermés 
(  inclusa  ) ,  comprend  tous  les  Conchifères 
dont  le  manteau,  plus  complètement  fermé, 
se  prolonge  en  un  tube  double,  ordinaire- 
ment trop  volumineux  pour  pouvoir  rentrer 
tout  entier  dans  la  coquille,  et  conséquem- 
ment  alors  revêtu  d'un  épiderme  résis 
tant ,  ou  bien  susceptible  de  sécréter  une 
portion  du  têt  allongée  en  tuyau.  La  coquille 
alors  est  presque  toujours  bâillante;  cepen- 
dant plusieurs  familles,  sans  avoir  les  si- 
phons aussi  longs  et  la  coquille  aussi  bâil- 
lante, sont  rangées  ici  d'après  leurs  autres 
rapports,  et  surtout  parce  qu'elles  ont  les 
lobes  du  manteau  réunis  sur  les  trois  quarts 


302 


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au  moins  de  leur  contour.  D'après  cela  on 
y  peut  compter  neuf  familles,  savoir  :  1°  Les 
Mactracés ,  comprenant  les  seuls  genres 
Mactre  et  Lutraire  ;  l'un  à  coquille  presque 
close  et  à  siphons  plus  courts,  l'autre  à  co- 
quille bâillante  et  à  siphons  plus  longs; 
mais  tous  deux  avec  une  dent  cardinale  en 
forme  de  V,  sous  les  crochets,  à  côté  d'une 
plaque  saillante  portant  un  ligament  in- 
terne. 2°  Les  Ostéodesmés  qui,  dépourvus 
de  dents  cardinales,  ont  un  ligament  interne 
porté  par  deux  appendices  en  forme  de 
cuilleron,  avec  un  osselet  accessoire  adhé- 
rent au  ligament  :  tels  sont  les  genres 
Lyonsia,  Ostéodesme,  Périplome,  Thracie  et 
Anatine.  3°  Les  My aires,  comprenant  les 
genres  Mye  et  Corbule  qui  se  distinguent 
par  la  présence  d'une  dent  cardinale,  en 
même  temps  que  la  coquille  bâillante  a  le 
ligament  interne.  4°  Les  Saxicaves,  sans 
dents  cardinales,  mais  avec  deux  siphons, 
et  pourvus  d'un  pied  très  petit  sécrétant  un 
byssus  :  tels  sont  les  genres  Saxicave  et  Bys- 
somye.  5°  Les  Pandorécs,  pour  le  seul  genre 
Pandore,  caractérisé  par  l'inégalité  des  val- 
ves de  sa  coquille  et  parce  qu'il  n'a  qu'une 
branchie  ordinaire  de  chaque  côté.  Ses  si- 
phons sont  courts  ;  son  ligament  est  inté- 
rieur. 6°  Les  Solemyaires ,  aussi  pour  le 
seul  genre  Solemye,  qui  se  distingue  de  tous 
les  autres  par  ses  branchies  d'une  struc- 
ture toute  particulière;  en  effet,  il  n'a  de 
chaque  côté  qu'une  seule  branchie  épaisse 
formée  de  lames  très  minces,  empilées  comme 
celles  d'une  branchie  de  Crabe.  Il  a  en  outre 
un  seul  orifice  postérieur  au  manteau  et  un 
pied  fendu  dont  les  lobes  sont  bordés  de  pe- 
tites papilles  ;  son  ligament  est  extérieur. 
7°  Les  Solénacés,  qui  ont  aussi  un  ligament 
externe  marginal  et  un  pied  charnu  très  vo- 
lumineux sortant  par  l'extrémité  antérieure 
de  la  coquille,  forment  les  genres  Solen, 
Solecurte,  Glycimère,  Panopée  et  Pholado- 
mye.  8°  Les  Pholadaires,  dont  le  manteau 
renferme  l'animal  entier  avec  sa  coquille 
dépourvue  de  ligament,  et  sécrète  une  en- 
veloppe testacée  partielle  en  dehors,  tan- 
dis que  les  siphons  très  volumineux  peu- 
vent sécréter  un  tube  calcaire.  Les  uns, 
comme  les  Pholades,  ont  un  pied  très  court, 
tronqué,  en  forme  de  ventouse  ;  leur  mus- 
cle postérieur  s'attache  sur  le  bord  cardinal 
même  qui  s'encroûte  par  suite  d'une  sécré- 


tion correspondant  à  l'impression  muscu- 
laire, là  où  devrait  être  le  ligament.  Les  au- 
tres, qui  forment  le  genre  Taret,  n'ont  plus 
qu'un  seul  muscle  adducteurdansla coquille, 
l'autre  muscle  paraissant  s'être  changé  en  un 
appareil  spécial  qui  sécrète  les  opercules  ca- 
ractéristiques de  ces  animaux.  Chez  eux  aussi 
les  viscères,  ne  pouvant  être  contenus  entr 
les  valves  trop  petites,  se  sont  allongés  dans 
le  siphon  branchial ,  où  la  branchie  prisma- 
tique même  représente  les  quatre  feuillets 
des  autres  Conchifères  soudés  et  rapprochés. 
Les  Pholadaires  habitent  tous  des  trous  creu- 
sés dans  la  pierre,  dans  le  bois  ou  dans  le 
sable,  et  peuvent  tapisser  leur  habitation 
par  un  enduit  calcaire.  9°  Les  Tubicolés,, 
comme  leur  nom  l'indique,  habitent  des 
tubes  sécrétés  par  la  surface  du  manteau 
et  par  les  siphons  qui  en  sont  le  prolonge- 
ment. Ces  tubes  sont  donc  continus  ici  et  ils 
enveloppent  ou  empâtent  même  les  valves. 
Ainsi  les  Arrosoirs  ont  les  deux  valves  en- 
châssées dans  la  paroi  du  tube;  les  Clava- 
gelles  n'ont  qu'une  valve  enchâssée ,  tandis 
que  l'autre  reste  libre;  les  Gastrochènes,  au 
contraire,  ont  les  deux  valves  libres;  tous 
ont  un  ligament,  ou  du  moins  la  place  de  ce 
ligament;  ils  ont  aussi  un  pied  très  petit,  et 
celui  des  Gastrochènes  peut  même  sécréter 
un  byssus. 

La  classe  des  TUNICIERS,  dont  nous  parle- 
rons plus  loin  {voy .  ce  mot),  forme  elle-même 
plusieurs  ordres,  savoir  :  les  Biphores,  les 
Ascidies  ,  et  les  Botryllaires  ou  Ascidies 
composés. 

La  classe  des  BRYOZOAIRES,  qui  se  rat- 
tache par  des  rapports  d'organisation  si  frap- 
pants avec  les  Botrylliens,  ne  pourrait  être 
traitée  ici  d'une  manière  assez  complète. 
Nous  renvoyons  au  mot  polypiers  ce  que 
nous  avons  à  en  dire  ;  car,  quoique  cet  ar- 
ticle n'y  soit  pas  à  sa  place,  c'est  là  encore 
que  beaucoup  de  personnes  seraient  con- 
duites à  le  chercher  d'après  l'habitude  qu'on 
a  de  considérer  les  Bryozoaires  comme  des 
Polypes.  (F.  Dujardw.) 

MOLOBRUS.  ins.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Diptères  Némocères,  tribu  des  Tipu- 
laires,  établi  par  Latreille  aux  dépens  des 
Tipula.  L'espèce  type,  le  Tipula  Thomœ 
Lin.,  est  très  fréquente  dans  les  lieux  frais 
et  humides. 

*MOLOBRUS  (aoàoSpoç,  gourmand),  ins. 


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303 


—  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Carabiques,  tribu  des  Scaritides, 
créé  par  Putzeys  (  Prémices  Entomologiques, 
1845,  p.  10).  Trois  espèces  du  Mexique  com- 
posent ce  genre ,  les  M .  purpuratus,  splen- 
didus  Putz.,  et  Pasimachus  rotundipennis 
Chev.  (G.) 

MOLOCH.  mam.  —  Nom  donné  par  Au- 
debert  au  Gibbon  cendré,  Hylobates  leucis- 
eus.  Voy.  GIBBON. 

*MOLOCH.  Molochus.  rept.—  M.  J.-E. 
Gray  a  fait,  le  premier,  connaître  sous  ce 
nom  générique,  en  1841,  un  Saurien  propre 
à  la  Nouvelle-Hollande ,  qui  paraîtrait  au 
premier  abord,  aussi  bien  par  ses  caractères 
extérieurs  que  par  sa  physionomie ,  appar- 
tenir au  singulier  genre  des  Phrynosomes, 
dans  la  famille  des  Agamiens.  Il  y  a  toute- 
fois cette  différence  entre  les  Phrynosomes 
et  les  Molochs,  que  ceux-ci  ont  les  dents 
acrodontes,  tandis  que  chez  les  Phrynosomes 
elles  sontpleurodontes  comme  chez  les  Aga- 
miens. Le  Moloch  a  une  physionomie  aussi 
bizarre  que  celle  des  Phrysonomes,  sa  taille 
est  à  peu  près  la  même  que  celle  de  ces  der- 
niers; mais  son  abdomen  est  moins  dis- 
coïde et  son  corps  un  peu  plus  allongé.  II  à 
de  même  des  épines  sur  le  corps  et  sur  Iâ 
tête.  (P.  G.) 

*MOLOPOSPERMUM.  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Ombellifères-Scandicinées, 
établi  par  Koch  (Umbellif.,  108  ;  DC,  Prodr., 
IV,  230).  Herbes  de  l'Europe  australe.  Voy, 

OMBELLIFÈRES. 

MOLOPS.  ins. —Division  du  genre  Fero- 
nia  de  Latreille.  Voy.  féroniens.        (G.) 

*MOLOPSIDA  (  Molops ,  molops  ;  Itfa , 
forme),  ins.—  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Carabiques,  tribu  des 
Subulipalpes,  créé  par  A.  White  (ZooJ.  of 
the  Voy.  Erebusand  Terror,  1846,  p.  6,  1. 1, 
pi.  15).  Ce  genre  a  pour  type  une  espèce 
de  la  Nouvelle-Zélande ,  nommée  M.  polita 
par  l'auteur.  (C.) 

MOLORCHUS  (p£>oç,  guerre;  oPXo?, 
jardin  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  famille  des  Longicornes,  tribu 
des  Cérambycins,  créé  par  Fabricius  et 
adopté  par  Mulsant  (  Histoire  naturelle  des 
Longicornes  de  France,  1839,  p.  107),  qui 
consacre  ce  nom  aux  petites  espèces  du  genre 
Necydalis  de  Linné,  qu'on  réunissait  au 
premier.  Le  genre   Molorchus  se  compose 


des  espèces  suivantes:  M.  minor  (ccram- 
boides  Deg. ,  dimidiatus  F.  ),  umbellatarum 
Linn.,  sanguinicollis  01.,  pygmœus  et  affi- 
nis  Dejean.  Les  deux  premières  et  les  deux 
dernières  se  trouvent  en  Europe,  et  la  troi- 
sième est  indigène  des  Antilles.  Leur  forme 
générale  rappelle  certains  Ichneumonides. 

(G.) 

*MOLOSOMA,  Say,  ins.  —  Syn.  d'Oso- 
Wws,  Leach.,  Lat.,  Erichson.  (C.) 

MOLOSSE,  mam.  —  Genre  de  Chéiro- 
ptères de  la  division  des  Vespertilionides, 
établi  par  Et.  Geoff.  St.-Hilaire(inn.  mus., 
t.  VI)  sur  le  Vespertilio  molossus  de  Linné, 
adopté  par  tous  les  zoologistes,  et  dont  Illi- 
ger  a  fait  son  genre  Dysopes ,  nom  qui  a  été 
adopté  par  quelques  naturalistes. 

Les  Molosses  n'ont  que  deux  incisives  et 
deux  canines  à  chaque  mâchoire  :  les  inci- 
sives sont  de  grandeur  moyenne,  bifides; 
les  inférieures  sont  très  petites,  et  leur  tran- 
chant est  garni  de  deux  très  petites  pointes  ; 
les  canines  supérieures  sont  grandes,  et  les 
inférieures  ont  leur  pointe  déjetée  du  côté 
extérieur  ;  les  molaires  qui,  d'après  Et.  Geoff. 
St.-Hilaire,  ne  sont  qu'au  nombre  de  quatre 
de  chaque  côté,  et  qui,  selon  Fr.  Cuvier,  sont 
au  nombre  de  cinq,  ont  leur  couronne  large 
et  hérissée  de  pointes;  toutefois  les  fausses 
molaires  n'ont  qu'une  ou  deux  pointes  seu- 
lement. La  tête  est  grosse,  le  museau  très 
large  et  renflé  ;  la  face,  en  partie  dépourvue 
de  poils,  ne  présente  pas  d'appendices  mem- 
braneux en  forme  de  fer  à  cheval  ou  de  lan- 
guette, comme  cela  se  remarque  dans  plu- 
sieurs groupes  de  Chéiroptères.  Les  oreilles 
sont  grandes  ,  et  les  oreillons  petits,  ronds  , 
épais  et  extérieurs.  Les  yeux  sont  très  petits, 
les  narines  un  peu  saillantes  et  ouvertes 
en  avant.  La  langue  est  douce,  sans  papilles 
cornées.  Les  membranes  des  ailes  sont 
d'une  étendue  proportionnelle  à  celles  des 
Chauves-Souris  de  nos  pays;  la  membrane 
interfémorale  est  assez  étroite,  terminée 
carrément,  et  comprend  la  base  de  la  queue 
ou  la  queue  presque  entière,  dont  l'extré- 
mité reste  libre. 

Ces  Chéiroptères,  qui  appartiennent  tous 
à  l'Amérique  Méridionale,  paraissent  ne  pas 
différer  de  nos  Vespertilions  ordinaires  par 
leurs  habitudes  naturelles.  Et.  Geoff.  St.-Hi- 
laire indique  neuf  espèces  comme  devant  en- 
trer dans  ce  groupe;  depuis,  on  en  adécou- 


304 


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vert  de  nouvelles,  et  dans  un  ouvrage  assez 
récent  (Nouv.  tabl.  du  règne  animal,  mamm., 
1842)  ,  M.  Lesson  en  mentionne  dix-huit 
espèces.  Du  reste,  on  est  encore  loin  de  con- 
naître assez  bien  toutes  les  espèces  indiquées 
par  les  auteurs,  pour  pouvoir  affirmer  que 
ce  sont  bien  des  espèces  distinctes,  et  l'on 
doit  croire  que  plusieurs  seront  un  jour 
rayées  du  catalogue  mammalogique.  Nous 
nous  bornerons  ici  à  décrire  quelques  unes 
des  principales  espèces. 

Le  Molosse  a  ventre  brun  ,  Molossus 
fusciventer  Et.  GeofT.(toco  cit.  Desm.,  Mam.). 
Mdlot  volant  (Daubenton,  Mém.  del'acad. 
des  se.  de  Paris,  1779,  et  w  Buffon,  t.  X, 
pî  19,  fig.  3),  Vespertilio  molossus  Linné. 
C'est  le  type  du  genre  ;  le  corps  et  la  tête  ont 
deux  pouces  de  longueur,  et  la  queue  dé- 
passe 4e  sept  lignes  la  membrane  interfé- 
morale; le  pelage  est  d'un  cendré  brun  en 
dessus,  excepté  le  ventre  qui  est  brun  à  son 
milieu.  Habite  la  Martinique. 

Le  Molosse  a  longue  queue,  Molossus  Zow- 
gicaudalus  Et.  Geoff.  (idem),  Second  mulot 
volant  (Daubenton,  in  Buffon,  t.  X,  pi.  19, 
fig.  3),  Vespertilio  molossus  Linné.  Un  peu 
plus  petit  que  le  précédent;  son  pelage  est 
d'un  cendré  fauve,  et  Ton  remarque  un  ru- 
ban de  peau  nue  et  relevée,  étendu  du  bout 
du  museau  jusqu'au  front.  Se  trouve  égale- 
ment à  la  Martinique. 

Le  Molosse  amplexicaude,  Molossus  am- 
plexicaudatus  Et.  Geoff.  (ibid.),  Chauve-souris 
de  la  Guyane  (Buffon,  suppl.,  t.  VII,  pi.  75), 
de  la  taille  de  la  Nodule  :  le  pelage  est  noi- 
râtre, moins  foncé  en  dessous  qu'en  dessus; 
la  queue  est  entièrement  enveloppée  dans 
la  membrane  interfémorale  ;  les  oreilles  sont 
plissées  et  s'étendent  sur  les  joues.  On  trouve 
cette  espèce  à  Cayenne,  où  elle  vole  en 
grandes  troupes. 

Citons  en  terminant  deux  espèces  décrites 
nouvellement  dans  le  Voyage  dans  l'Ame' 
rique  Méridionale  de  M.  Alcide  d'Orbigny  ; 
ce  sont  les  ilfotossws  rugosus  et  Molossus 
moxensis.  (E.  D.) 

MOLOSSE.  Molossus  (  nom  d'un  ancien 
peuple),  moll.  —  Genre  proposé  par  Montfort 
pour  un  corps  fossile  que  Blumenbach  avait 
déjà  figuré  sous  le  nom  d'Orthoceratites  gra- 
cilis.  Ce  serait,  suivant  l'auteur,  unecoquille 
libre,  univalve,  cloisonnée,  droite,  conique, 
Gstuleuse  et  intersectées,  avec  un  siphon  la- 


téral continu  servant  de  bouche.  Férussac 
et  M.  de  Blainville  ont  classé  ce  corps  au- 
près des  Nodosaires.  (Duj.) 

MOLOSSE,  rept.  —  Nom  d'une  espèce 
du  genre  Couleuvre.  (E.  D.) 

MOLOSSUS.  mam.  —  Le  Dogue ,  race 
particulière  des  Chiens  domestiques,  porte 
le  nom  scientifique  de  Canis  molossus. 

(E.  D.) 

MOLPADIA  (nom  propre),  échin. — 
Genre  établi  par  Cuvier  dans  son  ordre  des 
Échinodermes  sans  pieds  ,  pour  une  seule 
espèce ,  Molpadia  holothurioides ,  de  la  mer 
Adriatique,  à  laquelle  M.  Risso  en  a  ajouté 
une  autre  de  la  Méditerranée,  M.  muscu- 
lus.  Les  Molpadies  sont  censées  différer  des 
Holothuries  par  l'absence  des  pieds  et  ten- 
tacules à  la  bouche,  et  par  une  armure  den- 
taire moins  compliquée  pourtant  que  celles 
«es  Oursins  ;  leur  extrémité  postérieure 
finit  en  pointe. 

M.  de  Blainville,  dans  le  supplément  de 
son  Manuel  d'actinologie,  les  place  dans  la 
sixième  section  de  ses  Holothuries,  les  Si- 
ponculiformes,  et  il  leur  attribue  des  ten- 
tacules simples ,  courts  et  cylindriques 
comme  ceux  des  Actinies.  (Duj.) 

MOLPADIA,  Cassini  (in  Bull.  Soc.  phil.9 
1818,  p.  168).  bot.  ph.  — Syn.  de  Telckia, 
Baumg. 

MOLTKiA.  bot.  ph.— Genre  delà  famille 
des  Aspérifoliées-Anchusées,  établi  par  Leh- 
mann  (in  Act.  nat.  scrut.  Maliens.,  II,  2,  p. 
3).  Herbes  orientales.  Voy.  aspérifolia- 
cées. 

MOLUCA,  Endl.  (Gen.  plant.,  p.  629, 
n.  3668).  bot.  ph. — Voy.  molucella. 

MOLUCA,  Tournef.  (Inst.,  88).  bot.  PB. 
—  Syn.  de  Molucella,  Linn. 

MOLUCELLA.  bot.  fh.  —  Genre  de  îa 
famille  des  Labiées-JStachydées,  établi  par 
Linné  qui  le  place  dans  la  didynamic-gym- 
nospermie  (Gen.,  n.  726),  et  dont  les  ca- 
ractères sont:  Calice  campanule  à  la  base, 
strié;  limbe  ample,  dilaté,  réticulé,  à  5  ou 
10  dents  mucronées  ou  épineuses.  Corolle  à 
tube  inclus;  limbe  à  deux  lèvres:  la  supé- 
rieure dressée,  entière  ou  légèrement  bifide 
sur  les  bordj;  l'inférieure  à  3  lobes,  dont  le 
médian  plus  large,  cordiforme.  Etamines4, 
ascendantes,  les  inférieures  les  plus  longues; 
filets  nus  à  la  base;  anthères  pédicellées  la- 
téralement au  sommet  du  filet,  à  2  loges 


MOL 


MOM 


30j 


divariquées.  Style  bifide  au  sommet;  stig- 
mates 2.  Le  fruit  est  un  akène  sec,  à  4  co- 
ques, tronqué  au  sommet. 

Les  Molucella  sont  des  herbes  annuelles, 
très  glabres;  à  feuilles  opposées,  pétiolées, 
profondément  dentées;  à  fleurs  disposées  en 
verticillastres  axillaires,  à  bractées  subulées, 
épineuses.  Elles  croissent  sur  les  bords  de  la 
Méditerranée. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'un  petit  nombre 
d'espèces  réparties  par  Einllichev  (G  en. plant., 
p.  629,  il.  3668)  en  deux  sections  qu'il 
nomme  :  Molucca:  Limbe  du  calice  très 
grand,  membraneux,  pentagone,  a  5  dents 
très  courtes  et  mucronées;  Chasmone:  Limbe 
du  calice  court,  coriace ,  bilabié,  à  8  ou  10 
dents  épineuses.  (J.) 

MOLURIS  (poJivpoç,  triste),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  hétéromères,  famille  des  Mé- 
Jasomes,  tribu  des  Piméliaires,  créé  par  La- 
treille  (  Gênera  Crustaceorum  et  Ins.,  t.  II, 
p.  148).  Ce  genre  ne  se  compose,  jusqu'à 
ce  jour,  que  d'espères  de  l'Afrique  australe, 
et  on  en  compte  plus  de  40.  Quelques  unes, 
d'une  taille  très  grande,  ont  le  corps  bisphé- 
rique,  d'autres  l'ont  allongé.  Ces  dernières 
sont  plus  étroites  et  moins  gibbeuses.  Nous 
citerons  comme  faisant  partie  de  ce  genre 
les  Pimelia  striata,  globosa,  scabra  de  F., 
gibbosa,  lœvigata,  brunnea  d'Olivier,  et  M. 
cubica,  discoidea,  variolosa  et  luteipes  Guér. 
Les  pattes  de  la  plupart  de  ces  espèces  sont 
cendrées  et  velues.  (C.) 

MOLY.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Liliacées-Asphodélées - Hyacinthées,  établi 
par  Mœnch  (Meth.,  p.  286)  aux  dépens  du 
genre  Allium  de  Linné,  et  dans  lequel  il 
comprend  toutes  les  espèces  qui  présentent 
pour  caractères  essentiels  :  les  étamines 
égales,  filiformes  ou  subulées;  l'ovaire  à  3 
loges.  Voy.  ail. 

MOLYBDÈNE  (f*oAuWo»va,  ftoAv&îoç). 
chim.  —  Le  Molybdène  a  été  découvert  en 
1778,  par  Scheele,  dans  un  minéral ,  où  il 
se  trouve  à  l'état  de  sulfure,  et  qui,  jusqu'à 
cette  époque,  avait  été  confondu  avec  la 
Plombagine.  Ce  métal  existe  dans  la  nature, 
combiné  ,  soit  à  l'Oxygène,  soit  au  Soufre, 
et  formant  aussi  un  acide,  un  molybdate  de 
Plomb  et  un  sulfure.  Ces  minéraux  sont  ra- 
res, et  en  général  disséminés  dans  les  an- 
ciens terrains. 

Le  Molybdène  s'obtient  en  traitant  l'acide 
t.  vin. 


molybdique,  soit  par  le  charbon  ,  soit  par 
l'hydrogène.  Ainsi  obtenu,  le  métal  se  pré- 
sente en  masse  grisâtre,  poreuse,  parsemée 
de  grains  d'un  blanc  mat;  il  est  presque  in- 
fusible ;  sa  densité  ===  8,615.  Exposé  à  l'air, 
il  se  ternit  peu  à  peu;  chauffé  au  rouge  ,  il 
brunit  d'abord  ,  puis  devient  bleuâtre  ,  et 
brûle  au  feu  avec  fumée  en  se  convertissant 
en  acide  molybdique.  Il  ne  décompose  pas 
l'eau;  il  forme  avec  l'Oxygène  deux  oxydes  et 
un  acide;  il  s'unit  au  Soufre,  au  Chlore,  à 
l'Iode.  L'équivalent  du  Molybdène  est  re- 
présenté par  598,420.  Ce  métal  est  sans 
usages.  (A.  D.) 

*MOLYTES.  ins.  —  Genre  de  Coléoptè- 
res tétramères  ,  famille  des  Curculionides 
gonatocères,  division  des  Molytides,  créé 
par  Schœnherr  (Dispositio  rnelh.,  p.  172; 
Gênera  et  sp.  Curcul.  syn. ,  t.  II ,  p.  349 , 
6,  2,  p.  302).  Ce  genre  renferme  les  es- 
pèces suivantes  :  M.  coronalus  Lat.,  Ger- 
manus  Lin.,  Illyricus  U1I.,  glabratus  F., 
dirus  H.,  lœvigatus  Stev.,  et  funestus  01. 
Les  six  premières  sont  propres  à  l'Europe,  et 
la  dernière  est  désignée  comme  se  trouvant 
au  cap  de  Bonne-Espérance.  (C.) 

♦MOLYTIDES.  ins.  —  Division  des  Co- 
léoptères tétramères,  de  la  famille  des  Cur- 
culionides gonatocères,  établie  par  Schœn- 
herr (Gênera  et  sp.  Curculion.  syn.,  t.  VI, 
II,  p.  295),  et  qui  a  pour  caractères  :  Rostre 
long,  courbé,  cylindrique,  un  peu  arqué  et 
renflé.  Elle  se  compose  des  genres  suivants  : 
Lepyrus,  Tanysphyrus,  llylobius,  Cepurus, 
Molytes,  Trysibius,  Anisorhynchus,  Leioso- 
mus,  Adexius,  Plinthus,  Scotasmus,  Cyîin- 
drorhinus,  Macrotarsus,  Phytonomus,  Pro- 
cas  et  Conialus.  Chez  les  individus  des 
quatre  premiers  genres,  le  corps  est  ailé; 
mais  il  est  aptère  dans  les  suivants.    (C.) 

MOMBIN,  DC.  (Prodr.,  II,  74).  cor.  pn. 
—  Voy.  spondias,  Linn. 

MOMORDIQUE.  Momordica.  bot.  pu.— 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Cucurbi- 
tacées,  de  la  monœcie-monadelphie  dans  le 
système  de  Linné.  Sa  circonscription  primi- 
tive a  été  restreinte  dans  ces  derniers  temps 
par  L.-C.  Richard  qui  en  a  détaché  une  es- 
pèce très  curieuse,  le  Momordica  clalerium, 
Lin.,  plante  extrêmement  abondante  autour 
des  lieux  habités  dans  nos  départements  mé- 
ridionaux, avec  laquelle  il  a  fait  son  genre 
Ecbalium,  caractérisé  particulièrement  par 

39 


306 


MOM 


MOM 


son  fruit  qui,  lorsqu'il  est  mûr,  se  détache 
de  son  pédicule,  soit  au  moindre  contact , 
soit  spontanément,  et  projette  ainsi  au  loin 
ses  graines  au  milieu  d'un  jet  de  liquide 
(voy.  ecbalium).  Après  cette  suppression,  il 
ne  reste  dans  le  genre  Momordique  que  des 
espèces  exotiques  qui  appartiennent  à  l'Asie 
et  à  l'Amérique  tropicale;  ce  sont  des  plan- 
tes herbacées,  grimpantes,  à  feuilles  palmées 
3-5-lobées,  s'appuyant  aux  corps  au  moyen 
de  vrilles  simples,  allongées,  extra-axillaires. 
Leurs  fleurs  sont  solitaires  sur  un  pédoncule 
axillaire  qui  porte  une  bractée  foliacée  ;  elles 
sont  monoïques.  Les  mâles  se  composent 
d'un  calice  court,  campanule,  5-fide,  étalé; 
d'une  corolle  insérée  sur  le  calice,  5-partite, 
à  divisions  étalées  ;  obtuses;  de  5  étamines, 
également  insérées  sur  le  calice,  réunies  en 
trois  faisceaux.  Les  femelles  présentent  un 
calice  adhérent,  à  limbe  5  parti,  étalé;  une 
corolle  semblable  à  celle  des  fleurs  mâles; 
trois  rudiments  d'étamines  ;  un  ovaireinfère, 
à  trois  loges  muUi-ovulées,  surmonté  d'un 
style  3-fide  ou  3-parti,  auquel  succède  un 
fruit  charnu,  dont  la  surface  extérieure  porte 
des  tubercules  ou  des  pointes,  et  qui  se  rompt 
avec  élasticité  à  sa  maturité.  Les  graines  sont 
comprimées,  marginées,  revêtues  d'un  tégu- 
ment charnu  qui  les  fait  paraître  rugueuses 
lorsqu'elles  sont  sèches. 

On  trouve  aujourd'hui  dans  tous  les  jar- 
dins botaniques  et  dans  plusieurs  jardins 
d'agrément  la  Momordique  balsamine,  Mo- 
mordica  balsamina,  Lin.,  plante  annuelle 
de  l'Inde,  à  feuilles  palmées-lobées,  glabres, 
dont  les  lobes  sont  bordés  de  grosses  dents 
aiguës;  à  fleurs  petites,  jaunes,  dont  les  fe- 
melles ont  l'ovaire  pubescent,  hérissé  de  pe- 
tits tubercules  aigus,  en  rangées  longitudi- 
nales. A  ces  fleurs  succède  un  fruit  oblong, 
de  la  grosseur  d'une  grosse  prune,  d'une 
belle  couleur  orangée  ou  rouge,  ce  qui  lui 
fait  donner  dans  les  Indes  le  nom  vulgaire 
de  Pomme  de  merveille,  qui  s'ouvre  à  la  ma- 
turité en  trois  valves  irrégulières.  Ce  fruit 
est  regardé  comme  vulnéraire.  Aux  Philip- 
pines, on  emploie  comme  vomitif  la  décoction 
des  feuilles  de  cette  plante.  (P.  D.) 

MOMOT.  Momolus.  ois.  —  Genre  de 
Passereaux  de  la  division  des  Syndactyles, 
créé  par  Brisson  sous  la  dénomination  de 
Momotns,  tirée  de  Momot,  nom  sous  lequel 
Fernandez   avait  désigné  l'espèce  type  du 


Houtou.  Linné  confondait  les  Momots  avec 
les  Toucans  ;  mais  aujourd'hui  ce  groupe 
est  adopté  par  tous  les  zoologistes  ,  seule- 
ment on  n'est  généralement  pas  d'accord 
relativement  à  la  dénomination  latine  qu'on 
doit  lui  appliquer,  et  l'on  adopte  indiffé- 
remment les  noms  de  Momolus  Brisson, 
Priorités  Uliger,  et  Baryphonus  Vieillot. 

Les  Momots  ont  pour  caractères  :  un  bec 
long,  robuste,  épais,  un  peu  comprimé  la- 
téralement, infléchi  vers  la  pointe,  à  bords 
mandibulaires  crénelés  ;  une  langue  étroite, 
allongée  et  barbelée  sur  les  bords;  des  na- 
rines arrondies,  un  peu  obliques,  situées  à 
la  base  du  bec,  et  en  partie  cachées  par  les 
plumes  du  front;  la  tête  couverte  de  plumes 
lâches;  les  paupières  nues  et  les  cils  rem- 
placés par  de  petites  plumes;  les  tarses  de 
moyenne  longueur,  écussonnés,  et  formant 
par  la  réunion  des  doigts  une  plante  de 
pied  solide;  les  ailes,  subobtuses,  n'excèdent 
guère  la  naissance  de  la  queue;  cette  der- 
nière est  longue  ,  étagée  ,  composée  de  dix 
ou  douze  pennes,  celle  du  milieu  s'ébarbant 
dans  l'adulte  sur  un  petit  espace  non  loin 
du  bord. 

Ces  oiseaux  ,  qu'on  rencontre  presque 
toujours  seuls,  habitent  dans  l'intérieur  des 
forêts;  ils  sont  sauvages  et  déGants;  leur 
vol  est  difficile  et  peu  soutenu,  aussi  n'a- 
bandonnent-t-ils  guère  les  lieux  où  ils  sont 
nés.  Leur  plumage,  très  fourni  à  la  tête,  au 
cou  et  au-dessus  du  corps  ,  est  composé 
de  plumes  longues,  faibles  et  décomposées 
comme  celles  que  l'on  voit  sur  la  tête  des 
Geais.  Les  Momots  ne  se  posent  que  sur  les 
branches  basses  des  arbres  ;  ils  nichent  dans 
des  trous  creusés  par  les  Tatous  ou  d'autres 
Mammifères,  dans  lesquels  ils  portent  des 
herbes  sèches  pour  y  déposer  leurs  œufs.  De 
leurs  chants  ou  plutôt  de  leurs  cris  graves 
et  désagréables  sont  venus  les  noms  de  Hou- 
tou et  de  Tutu,  qu'ils  portent  dans  les 
contrées  dont  ils  sont  originaires.  Ces  ani- 
maux sont  en  général  carnivores;  car  ils  se 
nourrissent  d'insectes ,  devers  de  terre,  de 
petits  mammifères,  etc.;  toutefois  ils  pren- 
nent également  parfois  une  nourriture  vé- 
gétale. 

D'Azara  a  pu  étudier  au  Paraguay  les 
mœurs  d'une  espèce  de  ce  genre,  le  Momot 
tutu,  et  nous  rapporterons  ici  ce  qu'il  en 
dit  :  «  Ces  oiseaux,  quoique  assez  farouches, 


MOM 


MOM 


307 


vivaient  en  liberté  ;  ils  étaient  lourds  dans 
leurs  mouvements,  leur  démarche  consistait 
en  sauts  brusques  et  obliques,  pour  lesquels 
ils  ouvrent  beaucoup  les  jambes;  ils  agi- 
taient leur  cou  en  divers  sens  ;  ils  dormaient 
sur  le  dos  d'une  chaise,  et  ne  descendaient 
à  terre  que  pour  manger  ;  on  leur  jetait  de 
petits  morceaux  de  pain  ou  de  viande  crue, 
à  laquelle  ils  donnaient  la  préférence  :  ils 
ont  aussi  mangé  quelquefois  des  melons 
d'eau  et  des  oranges;  mais  ils  ne  faisaient 
aucun  cas  du  mais,  entier  ou  concassé,  et  ne 
buvaient  jamais  :  ils  ne  se  servaient  point  de 
leurs  pieds  pour  saisir  les  morceaux  qu'on 
leur  donnait,  et  qu'ils  frappaient  à  plusieurs 
reprises  contre  terre  avant  de  les  avaler;  ils 
en  agissaient  de  même  envers  les  Figuiers 
et  autres  petits  oiseaux  qu'on  lâchait  dans 
la  chambre,  lorsqu'après  une  poursuite 
acharnée  ils  s'en  étaient  emparés  ;  cette  ha- 
bitude ne  paraissait  pas  avoir  seulement 
pour  motif  de  les  tuer,  mais  de  leur  briser 
les  os  pour  amincir  leur  corps,  afin  de  les 
avaler  ensuite  avec  plus  de  facilité,  en  com- 
mençant par  la  tête ,  ainsi  qu'ils  le  prati- 
quaient pour  les  Souris,  n 

Ces  Momots  habitent  le  Brésil  :  on  n'en 
connaît  encore  bien  que  trois  espèces  ; 
d'autres  espèces  ont  cependant  été  décrites, 
nous  ne  citerons  que  : 

1°    Le  MOMOT    H0UT0U    OU    MoMOT    A    TÊTE 

bleue,  Momotus  brasiliensis  La  th. ,  Bary- 
phonus  cyanocephalus  Vieillot.  De  la  gros- 
seur de  la  Pie  commune,  il  a  environ  dix- 
buit  pouces  de  longueur  du  bout  du  bec  à 
celui  de  la  queue.  Tout  le  dessus  de  son 
corps  est  vert;  une  tache  d'un  beau  noir 
entoure  les  yeux,  se  termine  en  pointe  vers 
les  oreilles,  et  est  bordée  de  bleu  dans  sa 
partie  postérieure;  un  bleu  de  saphir  chan- 
geant en  violet  est  sur  l'occiput,  et  un  bleu 
d'aigue-marine  sur  le  sinciput;  ces  deux 
couleurs  sont  séparées  sur  le  sommet  de  la 
tête  par  une  grande  tache  d'un  noir  de  ve- 
lours; la  nuque  est  légèrement  parsemée  de 
quelques  plumes  d'une  teinte  marron  ;  tout 
le  dessous  du  corps  est  d'un  vert  sombre; 
au  milieu  de  la  poitrine  on  voit  un  petit 
bouquet  de  plumes  noires,  bordées  de  bleu 
à  l'extérieur;  un  vert  changeant  en  bleu 
couvre  une  partie  des  grandes  rectrices 
alaires,  ainsi  que  les  premières  rémiges  ; 
toutes  les  autres  pennes  et  les  petites  rec-  J 


trices  sont  vertes  ;  le  bec  est  noir  ,  les  pieds 
sont  bruns.  Les  rectrices  très  étagées  sont 
vertes  à  leur  origine,  puis  d'un  bleu  chan- 
geant en  violet;  les  deux  du  milieu,  beau- 
coup plus  longues  ,  sont  ébarbées  à  un 
pouce  environ  de  leur  origine,  jusqu'à  un 
pouce  ou  deux  de  leur  extrémité;  dans  cet 
intervalle,  les  barbules  paraissent  avoir  été 
usées  par  le  frottement,  car  on  observe  que 
dans  les  jeunes  les  barbes  sont  entières  dans 
presque  toute  la  longueur  des  rectrices. 
Chez  les  jeunes,  le  plumage  est  mêlé  de  roux 
sur  tout  le  dessus  du  corps,  et  le  bouquet 
de  plumes  noires  de  la  poitrine  n'existe 
pas. 

Le  nom  de  Houtou  provient  du  cri  que 
fait  entendre  cet  oiseau  toutes  les  fois  qu'il 
saute.  Il  habite  le  Brésil  et  la  Guyane. 

2°  Le  Momot  d'Ombey,  Momotus  ruftcapil- 
lus  Dumont  de  Sainte  Croix  ,  Baryphonus 
ruftcapiUus  Vieillot.  Cette  espèce  ne  diffère 
de  la  précédente  qu'en  ce  que  le  dessus  de 
la  tête  est  roux,  qu'aucune  des  rectrices 
n'est  ébarbée,  qu'en  outre  la  couleur  verte 
du  dos  et  des  ailes  et  la  couleur  bleue  des 
rémiges  primaires  et  des  rectrices  ne  sont 
plus  pures,  et  enfin  que  les  quatre  pennes 
intermédiaires  de  la  queue  sont  égales  entre 
elles,  tandis  que  chez  le  Houtou  les  deux 
du  milieu  sont  plus  longues. 

A  cette  espèce  on  réunit  généralement  le 
Momot  tutu,  Baryphonus  cyanogasler  Vieil- 
lot, sur  lequel  d'Azara  a  donné  des  détails 
de  mœurs,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  au 
commencement  de  cet  article,  et  qui  ne 
semble  différer  du  Momot  d'Ombey,  que 
parce  que  la  moitié  inférieure  de  sa  poitrine 
et  le  reste  des  parties  inférieures  du  corps 
sont  d'un  bleu  assez  vif.  Le  nom  de  Tutu 
a  été  appliqué  à  cet  oiseau ,  parce  qu'il  fait 
entendre  souvent  les  syllabes  tu-tu-tu- 
tu-tu. 

Le  Momot  d'Ombey  se  trouve  au  Brésil. 

3°  Le  Momot  oran-roux  ,  Momotus  Lcvail- 
lanlii  Temm.,  Lesson.  Cette  espèce,  qui 
n'est  pas  encore  bien  connue,  offre  les  ca- 
ractères suivants:  Le  plumage  est  générale- 
ment vert  en  dessus  ;  la  tête  est  rouge  ,  les 
joues  noires;  une  tache  angulaire  de  même 
couleur  se  remarque  au  milieu  de  la  poi- 
trine; les  rémiges  sont  bleuâtres;  une  cein- 
ture orangée  se  voit  sur  le  haut  du  ventre, 
celui-ci  est  gris  de  perle  ;  la  queue  est  Ion- 


308 


MON 


MON 


gue,  étagée,  à  extrémité  égale.  Se  trouve  au 
Brésil,  (E.    Desmarest.) 

*MONACANTHA  (poVoç,  seul;  «xavGo; , 
épine),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  famille  des  Longicornes,  tribu 
des  Cérambycins  (Sténochorides),  attribué 
par  M.  Hope  à  Kirby  (Coleoptçrist's  manual, 
1840  ,  p.  44).  L'espèce  type  ,  le  Cer.  casla- 
neus  de  Lin.  est  propre  à  l'Europe    (C.) 

MONACANTHE.  Monacanthus  (f*o'voç, 
seule;  ax«v0«,  épine),  poiss. — Genre  de  l'or- 
dre des  Plectognathes,  famille  desScléroder- 
mes,  établi  par  G.  Guvier  (Règn.  anim.,  t.  II, 
p.  373)  aux  dépens  des  Balistes  proprement 
dits,  dont  ils  diffèrent  par  les  caractères  sui- 
vants :  Ecailles  très  petites,  hérissées  de  sca- 
brosités  raides  et  serrées  comme  du  velours  ; 
une  seule  épine  dentelée  à  leur  première 
dorsale. 

Plusieurs  sections  ont  été  établies  dans  ce 
genre;  la  première  comprend  les  espèces 
dont  l'os  du  bassin,  très  mobile,  tient  à  l'a- 
domen  par  une  sorte  de  fanon  extensible,  et 
dont  la  queue  est  garnie  de  fortes  épines  sur 
les  côtés  (Balisles  chinensis,  tomentosus  Bl., 
Bal.  japonicus  Tiles,  Bal.  pelleon  Quoy  et 
Gaim.,  Bal.  geographicusPév.). 

La  seconde  section  renferme  les  espèces 
qui  diffèrent  des  précédentes  par  les  soies 
rudes  dont  leur  queue  est  hérissée  {Bal.  to- 
mentosus Lin. ,  Scopas  Commers.). 

Une  troisième  section  se  compose  des  es- 
pèces qui  ont  le  corps  tout  couvert  de  pe- 
tits tubercules  pédicules  (Balistes papillo sus 
Schn.). 

Dans  la  quatrième  se  rangent  celles  dont 
le  corps  est  garni  partout  de  cils  grêles  et  sou- 
vent branchus  (B.  penicilligerus  Pér.,  Cuv., 
Bal.  villosus  Ehrenb.). 

Enfln  la  cinquième  section  comprend  tou- 
tes les  autres  espèces  qui  manquent  de  ces 
divers  caractères  (Bal.  hispidus  L.,  longi- 
rostris  Sehn.,  papillosus  L.,  villosus  Cuv., 
gutlatus  Cuv.). 

Les  Monacanthes  habitent  les  mers  de  la 
zone  torride,  près  des  rochers  à  fleur  d'eau, 
lisse  nourrissent  principalement  de  Polypes 
et  de  Coraux.  La  couleur  de  ces  Poissons  est 
généralement  d'un  brun  foncé. 

MONACANTHUS,  Lindl.  (Bot.  Mag.,  t. 
3601,  3078).  bot.  pu. — Syn.  de  Catasetumf 
Rien. 

*  MONACHIDIÊJM    ((*ov«Xo'ç,  moine). 


ins. —  Genre  delà  tribu  des  Acridiens,  éta- 
bli par  M.  Serville  (  Ess.  d'une  nouv.  class. 
des  Orlh.),  et  adopté  par  nous  (Hist.  des  Ins.). 
Les  Monachidies  sont  caractérisés  par  un 
prosternum  muni  d'un  tubercule;  par  des 
mandibules  dentées,  un  prothorax  relevé  en 
forme  de  crête;  par  des  cuisses  postérieures 
minces,  inermes,  etc.  Le  type  est  le  M.  fla- 
vipesServ.,  de  la  Guyane.  (Bl.) 

MONACHNE,  Palis. -Beauv.  (Agrost.> 
168,  t.  10,  f.  10).  bot.  ph.— Syn.  dePani- 
cum,  Linn. 

*MONACHUS  (monachus,  moine),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  subpentamères  , 
tétramères  de  Latreille,  famille  des  Cycli- 
ques (de  nos  Tubifères),  tribu  des  Crypto- 
céphalides  (Chrysomélines  de  La  t.),  créé  par 
nous  et  adopté  par  Dejean  (Catal.,  3e  éd.,  p. 
449)  qui  en  énumère  1 3  espèces,  toutes  d'A- 
mérique. Les  types  :  le  Cryptocephalus  sa- 
ponotus  F.,  et  la  Clylhra  atra  de  Knock, 
sont  originaires  de  la  Caroline  du  Sud. 
L'Asie  et  l'Afrique  offrent  aussi  des  repré- 
sentants du  genre.  (C.) 

*  MONACHUS  (f/.ov«Xoç,  moine),  ois.  — 
M.  Kaup  (Eatw.  G.  Eue.  Thiew.,  1839)  in- 
dique ainsi  une  division  des  Sylvies.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

MONACITE.  min.  — Espèce  du  genre 
Phosphate.  Voy.  ce  mot. 

MONACTIS  (jjio'voç,  seul;  àVn;,  rayon). 
bot.  ph. —Genre  de  la  famille  desComposées- 
Sénécionidées,  établi  par  H.  B.  Kunth  (in 
Eumb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  et  sp.,  IV,  286,  t. 
403).  Arbres  de  l'Amérique.  Voy.  compo- 
sées. 

MONADAIRES.  infus.  —  Première  fa- 
mille de  l'ordre  des  Gymnodés  de  M.  Bory 
de  Saint-Vincent ,  dans  sa  classiGcation  des 
Microscopiques.  Ce  sont  les  plus  simples  des 
créatures  vivantes,  suivant  cet  auteur,  qui 
comprend  sous  ce  nom  les  g.  Lamelline, 
Monade,  Ophthalmoplanie  et  Cyclide.  (Duj.) 

MONADE,  Monas  (uova'ç,  pova^oç,  unité). 
infus.  — Genre  d'Infusoires  établi  par  0.  F. 
Millier,  mais  incomplètement  caractérisé  par 
lui,  en  raison  de  l'insufnsance  de  ses  moyens 
d'observation.  M.  Bory  de  Saint-Vincent, 
en  adoptant  aussi  ce  genre ,  le  caractérisa 
seulement  aussi  par  l'extrême  simplicité  du 
corps  parfaitement  sphérique  ;  il  exclut 
ainsi  de  ce  genre,  pour  les  reporter  dans 
son  genre  Mélanelle,  les  espèces  de  Millier,. 


MON 


MON 


:o9 


à  corps  allongé,  qui  sont  pour  nous  des  Vi- 
brioniens  des  genres  Bacterium  et  Vibrio  de 
M.  Ehrenberg.  Ce  dernier  zoologiste,  ayant 
voulu  caractériser  les  Infusoires  propre- 
ment dits  par  la  multiplicité  des  estomacs, 
attribua  faussement  aux  Monades  une  vaste 
bouche  entourée  de  cils  vibratiles,  et  du 
fond  de  laquelle  partent  des  estomacs  pé- 
doncules comme  autantde  cœcums.  Mais  au- 
jourd'hui on  sait  que  les  Monades  n'ont 
pas  de  bouche,  que  leur  corps  gélatineux  de 
forme  variable  et  susceptible  de  s'étirer  plus 
ou  moins  quand  il  s'est  agglutiné  quelque 
part ,  est  pourvu  d'un  long  filament  fla- 
gelîiforme  qui  leur  sert  d'organe  locomo- 
teur, et  que  M.  Ehrenberg  a  voulu  aussi 
nommer  une  trompe. 

Les  Monades  se  montrent  promptement 
dans  les  infusions  animales  ou  végétales 
sous  la  forme  de  petits  corps  presque  glo- 
buleux, incolores,  presque  transparents, 
larges  d'un  demi-millième  à  un  et  deux 
centièmes  de  millimètre,  et  se  reconnaissent 
à  leur  mouvement  irrégulier  vacillant. 
L'espèce  qu'on  peut  citer  comme  type  est 
le  Monas  lens ,  qui  fut  ainsi  nommé  par 
Mtiller,  à  cause  de  sa  forme  un  peu  discoïde 
ou  lenticulaire.  Il  est  irrégulièrement  bos- 
selé à  la  surface  ,  sa  largeur  est  de  5  à  14 
dix-millièmes  de  millimètres.  Son  filament 
locomoteur  est  très  difficile  à  voir,  même 
avec  les  meilleurs  microscopes  ;  grossi 
460  fois,  il  ne  paraît  pas  plus  gros  qu'un 
cheveu,  qui  n'a  lui-même  qu'une  épaisseur 
de  cinq  centièmes  ou  un  vingtième  de  mil- 
limètre. Ainsi,  l'épaisseur  réelle  de  ce  fila- 
ment locomoteur  est  la  460e  partie  de  l'é- 
paisseur d'un  cheveu  ou  la  dix-millième 
partie  d'un  millimètre  environ.  Au  reste, 
les  Monades  des  diverses  infusions  ne  dif- 
fèrent guère  que  par  leur  grosseur  et  par 
la  mollesse  de  leur  corps;  on  ne  peut 
donc  les  distinguer  suffisamment  comme 
espèces.  (Duj.) 

MONADELPITIE.  Monadelphia  (p.o'vog, 
seul  ;  à'hïyoç,  frère),  bot.  ph.  —  Seizième 
classe  du  système  sexuel  de  Linné,  compre- 
nant les  plantes  dont  toutes  les  étamines  sont 
réunies  en  un  seul  faisceau  par  leur  filet 
(Malvacécs) .  Cette  classe  se  compose  de  cinq 
ordres  distincts  les  uns  des  autres  par  le  nom- 
bre des  étamines:  Monadelphie  pentandrie, 
Monadelphie  decandn'e,Monadelphie  ennean- 


drie,  Monadelphie  dodécandrie  et  Monadel- 
phie polyandrie. 

*îllONADENIA(povo;,  seul  ;  à^v,  glande). 
bot.  ph.— Genre  de  la  famille  des  Orchidées, 
établi  par  Lindley  {Orchid.,  456).  Herbes  du 
Cap.  Voy.  orchidées. 

MONADIENS.  infus.  —  Famille  d'Infu- 
soires.  Voy.  ce  mot. 

MONADÏNES.  infus.  —  Sous  ce  nom  , 
M.  Ehrenberg  désigne  la  première  famille 
de  ses  Polygastriques  anentérés  ,  compris 
dans  la  première  section  ,  celle  des  Gym- 
niques ,  c'est-à-dire  des  Infusoires  dont  le 
corps  n'est  pas  cilié,  ni  pourvu  d'appen- 
dices. Mettant  à  part  le  genre  Rodo,  carac- 
térisé par  la  présence  d'une  queue,  il  dis- 
tingue parmi  les  Monadines  sans  queue  le 
genre  Chilomonas,  dont  la  bouche  doit  être 
pourvue  de  lèvres  ;  puis  il  sépare  le  genre 
Doxococcum,  comprenant  ceux  qui  se  meu- 
vent en  roulant,  et  tous  les  autres  qui  se 
meuvent  en  nageant,  sont  ou  ne  sont  pas 
pourvus  d'yeux.  Les  genres  Monas,  Uvella 
et  Polytoma  sont  privés  d'yeux,  et  diffèrent 
parce  que  les  Monas  sont  toujours  isolés,  et 
les  autres  sont  agrégés.  Les  genres  Micro- 
glena ,  Phacelomonas  et  Glenomorum  ont 
des  yeux,  mais  les  derniers  seuls  vivent 
agrégés;  les  Microglena  qui  sont  isolés  n'ont 
qu'une  ou  deux  trompes,  et  les  Phacelomo- 
nas en  ont  davantage.  Si  l'on  se  reporte  à 
notre  art.  Infusoires,  on  comprendra  ce  que 
ces  caractères  ont  d'artificiel.  (Duj.) 

MONANDREE.  Monandria  (jjlovo;,  seul; 
àv<îpo'ç,  étamine).  bot.  ph. — Première  classe 
du  système  sexuel  de  Linné,  comprenant  les 
plantes  qui  n'ont  qu'uneseule  étamine  (ex.  : 
Halogetum,  Halimocnemis,  etc.).  Elle  a  été, 
en  outre,  subdivisée  en  deux  ordres  nommés 
Monandrie  monogynie  et  Monandric  digy- 
nie. 

MONANTHES,  DC.   {Prodr.,  III,  411). 

BOT.  PH.  —  Voy.  SEMPEKV1VUM,   LÎM1. 

MONARCHA.  ois.— Genre  établi  par  Vi- 
gors  et  Horsfield,  et  dont  l'espèce  type  est  le 
Moucherolle  caréné.  Voy.  gobe-mouche. 

MONARDE.  Monarda.  bot.  ph.  —Genre 
peu  nombreux  mais  très  naturel  de  la  fa- 
mille des  Labiées,  de  la  diandrie  monogy- 
nie dans  le  système  de  Linné.  Il  ne  ren- 
ferme qu'un  petit  nombre  d'espèces,  mais 
toutes  sont  assez  remarquables  par  la  beauté 
de  leurs  fleurs  pour  servir  à  l'ornement  des 


310 


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jardins,  où  deui  surtout  sont  très  répan- 
dues. Ses  limites  sont  assez  nettement  pro- 
noncées pour  être  restées  presque  les  mêmes 
que  celles  qui  lui  avaient  été  assignées  par 
Linné;  cependant  M.  Rafinesque  a  trouvé 
que  deux  de  ses  espèces  (M.  ciliata  et  hir- 
suta  Pursh  )  présentaient  des  différences 
assez  grandes  pour  pouvoir  en  être  déta- 
chées et  pour  constituer  un  genre  nouveau, 
le  Blephilia,  Rafln.,  qui  a  été  adopté  par 
M.  Bentham  dans  sa  Monographie  des  La- 
liées.  Après  cette  légère  modification,  le 
genre  Monarde  comprend  des  plantes  her- 
bacées vivaces,  toutes  de  l'Amérique  du 
nord,  dont  les  fleurs  sont  réunies  en  grande 
quantité,  en  faux  verticilles  peu  nombreux, 
mais  très  serrés ,  et  dont  le  supérieur  a 
l'aspect  d'un  capitule;  elles  sont  accompa- 
gnées de  bractées  ;  leur  couleur  est  purpu- 
rine ou  rouge  vif.  Elles  se  composent  :  d'un 
calice  tubuleux,  allongé,  à  15  nervures,  ter- 
miné par  5  dents,  le  plus  souvent  velu  in- 
térieurement à  la  gorge;  d'une  corolle  un 
peu  renflée  à  la  gorge,  dont  le  limbe  est  di- 
visé en  deux  lèvres  linéaires  allongées,  la 
supérieure  dressée,  entière  ou  écbancrée  au 
sommet,  l'inférieure  étalée,  fendue  en  trois 
lobes  courts;  de  deux  étamines  allongées  et 
saillantes,  les  deux  supérieures  restant  rudi- 
mentaires. 

1.  Monarde  didyme  ,  Monarda  didyma 
Lin.  (M.  coccinea  Mich.  ,  M.  purpurea 
Lam.).  Cette  espèce,  commune  dans  lesjar- 
dins,  est  connue  sous  le  nom  vulgaire  de  Thé 
d'Oswego  ou  de  Pensylvanie,  qui  lui  vient 
de  ce  que  ses  feuilles  aromatiques  sont  usi- 
tées en  guise  de  Thé  dans  les  parties  de 
l'Amérique  septentrionale  où  elle  croît 
spontanément.  Sa  tige  s'élève  à  6-7  déci- 
mètres, et  se  distingue  par  quatre  angles 
aigus  longitudinaux  ;  ses  feuilles  sont  pé- 
tiolées,  ovales-lancéolées,  acuminées,  arron- 
dies et  presque  en  cœur  à  leur  base,  légère- 
ment hérissées  à  leurs  deux  surfaces;  les 
feuilles  florales  sont  sessiles,  et  les  bractées 
extérieures ,  longuement  rétréeies  à  leur 
base,  sont  colorées.  Ses  fleurs  sont  belles  et 
grandes,  d'un  rouge  vif,  longues  de  4  ou 
5  centimètres;  leur  calice  est  courbe,  strié, 
coloré,  glabre,  presque  nu  à  la  gorge;  leur 
corolle  est  très  glabre;  leurs  organes  sexuels 
sont  longs  et  saillants.  C'est  une  plante  de 
pleine  terre  pour  laquelle  les  précautions 


se  bornent  à  la  couvrir  pendant  l'hiver ,  et  à 
lui  donner  de  nouvelle  terre  tous  les  deux 
ans;  on  la  renouvelle  par  la  division  des 
pieds,  opération  qui  se  fait  en  automne. 

2.  Monade  fistuleuse,  Monarda  pZstulosa 
Lin.  M.  Bentham  rattache  à  cette  espèce 
comme  synonymes  les  M.  purpurea  Pursh  , 
M.  rugosa  Ait.  ,  M.  glabra  Lam.,  M.  vio- 
lacea  Desf. ,  et  diverses  plantes  que  les  hor- 
ticulteurs regardent  comme  distinctes,  et 
qu'ils  désignent  sous  les  noms  de  M.  cœru- 
lea,  cristata,  dubia.  Cette  synonymie  com- 
pliquée tient  à  ce  que  la  Monarde  fistuleuse 
varie  beaucoup  sous  le  rapport  de  la  taille, 
de  la  villosité,  de  la  grandeur  et  de  la  cou- 
leur des  fleurs,  de  la  forme  des  bractées,  etc. 
Voici  cependant  les  caractères  qui  permet- 
tent de  la  distinguer  de  la  précédente.  Elle 
s'élève  plus  haut;  son  calice  est  à  peine 
courbé,  moins  coloré  ,  ainsi  que  ses  brac- 
tées, hérissé  intérieurement  à  la  gorge; 
sa  corolle  plus  pâle,  le  plus  souvent  purpu- 
rine ou  violacée,  et  non  d'un  rouge  vif,  est 
plus  petite  et  pubescente.  Cette  plante  croît 
très  communément  dans  les  endroits  frais 
et  montueux  des  États-Unis  ;  elle  y  est  em- 
ployée pour  le  traitement  des  fièvres  inter- 
mittentes à  cause  de  son  amertume.  Elle  est 
très  répandue  dans  nos  jardins;  sa  culture 
est  analogue  à  celle  de  l'espèce  précédente. 

(P-  D.) 
MOTCARDÉES.  Monardeœ.  bot.   pu.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Labiées  (voy.  ce  mot), 
qui  a  reçu  ce  nom  du  genre  Monarde  qui  lui 
sert  de  type.  (Ad.  J.) 

*IMONARDELLA  (diminutif  de  Monarda). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Labiées- 
Saturéinées,  établi  par  Bentham  (Labiat.^ 
351).   Herbes  de  l'Amérique  boréale.    Voy. 

LABIÉES. 

MONARRHENUS  (^ovo«,  seul;  Zfrnv , 
mâle),  bot.  pu. — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Astéroïdées,  établi  par  Cassini 
(in  Bullel.  Soc.  philom.,  1817,  p.  41  ;  Dict. 
se.  nat.,  XXXII,  453;  LUI,  236).  Arbris- 
seaux de  la  Mauritanie.  Voy.  composées. 

MONAS.  infus.  —  Voy.  monade. 

MONASE.  Monasa.  ois. — Nom  donné  pat 
Vieillot  au  Barbacou. 

MONAUL.  Monaulus,  Vieill.  ois. — Syn. 
de  Lophophore.  Voy.  ce  mot. 

MONAX.  mam.  —  Espèce  du  genre  Mar- 
motte. Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 


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311 


MONDAIN,  ois.  —  Nom  vulgaire  d'une 
race  de  Pigeons.  Voy.  ce  mot. 

MONE.  mam.  —  Nom  vulgaire  d'une  es- 
pèce de  Guenon.  Voy.  cercopithèque. 

MONEDULA.  ois.  —  Nom  donné  par 
Brehm  au  Choucas.  Voy.  corbeau. 

MONEDULA.  ins.— Genre  de  la  famille 
des  Bembécides,  de  l'ordre  des  Hyménoptè- 
res ,  établi  par  Latreille  sur  quelques  espè- 
ces d'assez  grande  taille  ,  propres  à  l'Amé- 
rique. Les  Monédules  se  reconnaissent  à 
leurs  mâchoires  et  à  leur  labre  allongés, 
formant  une  sorte  de  trompe  ,  avec  les  pal- 
pes longs,  les  maxillaires  ayant  six  articles 
et  les  labiaux  quatre.  On  peut  considérer 
comme  type  du  genre  la  M.  carolina  (Bembex 
carolina  Fabr.  ),  de  la  Caroline  et  de  la 
Géorgie  d'Amérique.  (Bl.) 

MONELLA,  Herb.  {App.,  29).  bot.  ph. 
— Syn.  de  Cyrlanthus,  Ait. 

*  MONEMA  (fxovoç,  un  seul;  w^a«,  fi- 
lament), bot.  cr.  —  (Phycées).  Ce  genre, 
de  la  tribu  des  Diatomées,  établi  par  M.  Gre- 
ville  avec  ces  caractères  :  Filaments  simples 
ou  rameux  ,  renfermant  une  série  de  frus- 
tules  oblongs  ou  elliptiques  ,  ne  peut  être 
séparé  du  genre  Sc/u'sonema  d'Agardh.  (Br.) 

MONENTELES.  bot.  pu. —  Genre  de  la 
famille  des  Composces-Astéroïdées,  établi 
par  Labillardière  {Nov.  Caled. ,  t.  43,  44). 
Herbes  de  l'Asie  tropicale.  Voy.  comfosées. 

MONETIA.  bot.  ph.— Genredela  famille 
des  Ilicinées?,  établi  par  L'Héritier  {Hisp., 
I,  1).  Arbrisseaux  du  Cap.  Voy.    icinées. 

MONGEZIA  (Flor.  fiumin.,  V,  t.  105, 
106).  bot.  ph. — Syn.  de  Samyda,  Linn. 

MONGOUS.  mamm.  —  Espèce  et  subdi- 
vision du  genre  Maki.  Voy.  ce  mot. 

MONGUL.  mamm.  —  Syn.  d'Alogtaga , 
espèce  du  genre  Gerboise.  Voy.  ce  mot. 

MONIElïA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Diosrnées-Cuspariées,  établi  par  Linné 
(Gen.,  n.  850).  Herbes  des  mers  de  l'Amé- 
rique tropicale.  Voy.  diosmées. 

MONILIA  {Monile,  collier,  chapelet). 
bot.  ph.  —  Genre  de  Champignons  appar- 
tenant aux  Arthrosporés.  Ce  sont  des  Mucé- 
dinées  qui  vivent  en  groupes  nombreux  sur 
les  végétaux  en  décomposition.  Ils  sont  ca- 
ractérisés par  des  filaments  le  plus  ordinai- 
rement simples,  tubuleux,  cloisonnés ,  qui 
donnent  naissance  à  leur  extrémité  supé- 
rieure ,  à  peu  près  à  une  hauteur  égale ,  à 


des  rameaux  composés  d'articles  (spores) 
réunis  bout  à  bout  comme  les  grains  d'un 
chapelet,  et  qui  se  séparent. 

Ce  genre  ainsi  caractérisé  se  distingue 
difficilement  des  Pénicillium  ;  mais  dans 
celui-ci  l'extrémité  supérieure  des  filaments 
ou  pédicelles  se  dilate  sous  forme  de  vési- 
cule, et  les  spores  disposées  également  en 
chapelet  naissent  et  divergent  de  tous  les 
points  de  cette  vésicule. 

LvMonilia  penicillata  de  F.  prend  quel- 
quefois un  assez  grand  développement,  et 
l'on  peut  presque  distinguer  à  l'air  ses  ra- 
meaux longs  et  pendants,  qui  lui  ont  fait 
donner  par  Corda  le  nom  de  Driarea  ele- 
gans.  (Lév.) 

MONILIFORME.  Moniliformis  {monde, 
collier;  forma,  forme),  zool.,  bot.  —  On 
donne  cette  épithète,  en  zoologie,  à  toutes 
les  parties  divisées  par  des  étranglements  en 
petites  masses  arrondies  placées  à  la  suite 
les  unes  des  autres,  en  manière  de  grains  de 
chapelet,  comme  les  antennes,  les  palpes  de 
certains  Insectes,  les  poils  de  quelques  Pho- 
ques, etc. — En  botanique,  cette  épithète  a  la 
même  signification,  et  s'applique  à  tous  les 
organes  qui  présentent  cette  disposition;  ex.: 
la  tige  du  Cactus  moniliformis,  les  feuilles  du 
Mesembryanthemum  moniliforme,  les  fruits 
de  l' Hedysarum  moniliforme. 

MONÏMÏA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Monimiacées-Monimiées,  établi  par  Du- 
petit-Thouars  {Plant,  a  fric,  21,  t.  7).  Ar- 
brisseaux de  l'île  Bourbon.  Voy.  monimiacées. 

MONIMIACÉES.  Monimiaceœ.  bot.  ph. 
— ■  A.  -  L.  de  Jussieu,  dans  son  Gênera 
(page  401) ,  rangeait  parmi  les  Urticées ,  et 
à  la  suite  des  Ficus,  les  deux  genres  Am- 
bora  et  Iledycaria,  dont  l'inflorescence, 
surtout  ceile  du  premier,  présente  une  res- 
semblance marquée  avec  celle  de  ces  ar- 
bres. Plus  tard  ,  les  matériaux  plus  nom- 
breux et  plus  complets  qu'il  eut  entre  les 
mains  le  déterminèrent  à  faire  entrer  ces 
plantes  dans  une  famille  nouvelle,  à  la- 
quelle il  donna  le  nom  de  Monimiées,  du 
nom  du  genre  Monimia  Thouars,  qu'il  re- 
garda comme  en  formant  le  type  (voy.  A.-L. 
de  Juss.,  Ann.  du  Mus.,  XIV,  p.  132),  et 
qui  prit  place  parmi  ses  Dicotylédones  di- 
clines.  Celte  nouvelle  famille  fut  générale- 
ment adoptée  par  les  botanistes;  et  la  plu- 
part d'entre  eux  la  conservent  encore   telle 


12 


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que  l'a  proposée  notre  célèbre  botaniste;  de 
ce  nombre  sont  MM.  Endlicher,  A.  Ri- 
chard ,  etc.  Cependant  M.  Robert  Brown  , 
se  basant  sur  des  différences  dans  le  mode 
de  débiscence  des  antbères,  dans  la  direc- 
tion de  l'ovule,  de  la  graine  et  de  l'embryon, 
dans  la  consistance  du  péricarpe,  etc.,  dif- 
férences que  M.  Endlicher  regarde  comme 
indiquant  seulement  la  nécessité  d'établir 
deux  sous  ordres  dans  la  famille  établie  paf 
A.-L.  de  Jussieu,  a  divisé  les  Monimiacées 
en  deux  familles  distinctes,  dont  l'une, 
celle  des  Athérospermées ,  a  été  traitée  par 
M.  A.  de  Jussieu  dans  cet  ouvrage  (voy. 
athérospermées),  dont  l'autre,  celle  des 
Monimiées  ou  Monimiacées,  est  celle  qui 
nous  occupe  en  ce  moment.  Ces  deux  fa- 
milles correspondent  exactement  aux  deux 
sous-ordres  des  Monimiées  et  Athérosper- 
mées de  M.  Endlicher,  des  Amborées  et 
Athérospermées  de  M.  A.  Richard  (Élém., 
Ie  édit.,  p.  665). 

Telle  qu'elle  reste  après  la  séparation  des 
Athérospermées,  la  famille  des  Monimiacées 
secomposed'arbresoud'arbrisseauxà  feuilles 
opposées,  simples,  entières  ou  dentées,  à  ner- 
vures pennées,  persistantes,  non  accompa- 
gnées de  stipules.  Leurs  fleurs  sont  umi- 
sexuées.  Elles  ont  été  considérées  par  les  au- 
teurs de  deux  manières  différentes.  Pour  les 
uns,  elles  se  composent  d'un  périanthe  en 
forme  de  calice,  étalé,  ou  resserré  en  tube 
ou  en  cloche,  divisé  à  son  bord  en  lobes  qui 
forment  fréquemment  deux  rangées,  tapissé 
dans  les  mâles  sur  toute  sa  surface  interne 
d'étamines  en  nombre  indéGni,  dont  les  an- 
thères à  deux  loges  opposées  s'ouvrent  par 
une  simple  fente  longitudinale  ;  dans  les  fe- 
melles, ce  périanthe  porte  à  sa  partie  infé- 
rieure ou  sur  une  grande  portion  de  sa  face 
interne  des  pistils  nombreux,  distincts,  dont 
chacun  présente  un  ovaire  uniloculaire , 
avec  un  seul  ovule  anatrope  ,  suspendu  au 
sommet  de  la  loge,  et  un  style  terminal. 
D'autres  auteurs  ont  considéré  ce  périanthe 
comme  un  involucre,  et  chaque  étamine  ou 
pistil  comme  formant  autant  de  fleurs  dis- 
tinctes, mâles  ou  femelles,  opinion  en  fa- 
veur de  laquelle  on  peut  donner  plusieurs 
arguments  de  grande  valeur.  Le  fruit  se 
compose  de  drupes  monospermes  entourés 
par  l'involucre  ou  périanthe  persistant  et 
accru ,  ou  même  enfoncés   dans   sa   sub- 


stance qui  est  devenue  épaisse  et  charnue. 
La  graine  est  renversée,  et  renferme  un 
embryon  assez  développé,  à  cotylédons  el- 
liptiques, plans,  à  radicule  supère,  placé 
dans  l'axe  d'un  albumen  charnu-oléagi- 
neux. —  Les  Monimiacées  habitent  l'hémi- 
sphère austral ,  et  leurs  divers  genres  sont 
disséminés  en  différentes  parties  de  l'ancien 
et  du  Nouveau-Monde  :  les  Ambora  et  Mo- 
himia,  à  Madagascar  et  à  l'île  de  France, 
les  Kibara  à  Java,  les  Hedycaria  à  la  Nou- 
velle-Zélande et  à  la  Nouvelle-Hollande  ; 
tandis  que  les  Citrosma  habitent  en  grand 
nombre  le  Pérou,  rarement  le  Brésil,  et  que 
le  genre  Boldoa  se  trouve  dans  le  Chili.  — 
On  ne  sait  rien  de  bien  positif  relative- 
ment aux  propriétés  de  ces  plantes,  seu- 
lement celles  de  l'Amérique  méridionale 
ont  été  remarquées  pour  l'odeur  aromatique 
qu'exhalent  toutes  leurs  parties;  on  sait 
aussi  que  l'écorce  des  Boldoa  renferme  assez 
de  tannin  pour  qu'on  l'emploie  avec  avan- 
tage au  tannage  des  peaux.  — Voici,  d'après 
M.  Endlicher,  le  tableau  des  genres  de  cette 
petite  famille  : 

Ambora,  Juss.  (Tambourissa,  Sonnerat; 
Mithridatea,  Commer.)  ;  Monimiay  Thouars  ; 
Kibara,  Endl.  (Brongniartia,  Blume);  Ci- 
trosma, Ruiz.  et  Pav.  ;  Tetrapome,  Poepp.  ; 
Hedycaria,  Forst.  ;  Boldoa,  Juss.  (Ruizia, 
Pav.  ;  Peumus ,  Pers.  )  ;  Mollinedia  Ruiz.  et 
Pav.  (P.  D.) 

MONITOR.  rept.  —  Cette  dénomination 
signiGe  qui  avertit  ;  on  l'a  donnée  à  des  Sau- 
riens de  taille  moyenne,  dont  les  uns  vivent 
en  Afrique  et  dans  l'Inde,  passent  pour  pré- 
venir l'homme  de  l'approche  des  Crocodiles, 
ce  sont  les  Varans  ;  tandis  que  les  autres, 
qui  sont  les  Sauvegardes  ou  Tupinambis, 
habitent  l'Amérique  chaude.  Cuvier  et  plu- 
sieurs naturalistes  encore,  ont  employé  gé- 
nériquement  le  mot  Monilor;  mais  MM.  Du- 
meril  et  Bibron,  dont  nous  suivons  la  mé- 
thode, ne  laissent  pas  dans  la  même  famille 
les  Varans  et  les  Sauvegardes,  et  pour  évi-  j 
ter  toute  équivoque,  ils  abandonnent  l'ex-'i 
pression  même  de  Monitor.  Voy.  les  articles 

SAUVEGARDE  et  VARAN.  (P.  G.) 

*MOMTORES.  rept.  —  M.  Wiegmann 
(Herp.  men.,  1834)  donne  ce  nom  à  un 
groupe  de  Sauriens,  dont  le  genre  principal 
est  celui  des  Monitors.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MONIUS  (p.vio; ,  qui  va  seul  ).  las.  — 


MON 


MON 


313 


Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille  des 
Curculionides  gonatocères,  division  desÉri- 
rhinides,  cité  au  Synopsis  du  tom.  VIII,  2, 
p.  341,  Gênera  et  sp.  Curculion.  de  Schœn- 
herr.  L'auteur  a  publié  les  caractères  du 
genre  sous  le  nom  de  Stenopelmus  ,  qu'il  a 
changé  ensuite  en  Panscopus ,  le  précédent 
ayant  été  employé  avant  lui;  mais  Schœn- 
herr  n'a  pas  fait  connaître  le  motif  qui  l'a 
déterminé  à  adopter  le  nouveau  nom  de 
Monius.  (C.) 

MONNINA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Polygalées,  établi  par  Ruizet  Pa- 
von  {Syst.,  I,  160).  Herbes  ou  arbrisseaux 
de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  polygalées. 

MONOCARPIQUE.    bot.  —  Voy.    apo- 

GYNE. 

MOKOCARYUM  (f*ovoç,  seul;  xa'pvov, 
noix),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Mélanthacées-Colchicées,  établi  par  R.Brown 
(Append.  to  Denham  et  Clappert.,  p.  241). 
Herbes  orientales.  Voy.  mélanthacées. 

*MONOCELIS  (p.ovoç,  unique;  xvi)>tç,  ta- 
che, œil),  helm. — Division  établie  parmi  les 
Planaires  {voy.  ce  mot)  par  M.  Ehrenberg. 

(P.  G.) 

MONOCENTRA,  DG.  {Prodr.,  III,  131). 

BOT.   PH.  —  Voy.  CH.ETOGASTRA,  DG. 

MONOCENTIiïS,  Schneid.  poiss.— Syn. 
deLépisacanthe. 

*M0rV0CÉPIIALÏENS.  Monocephalii  {u.l- 
vo:,  seul;  x£-a/7j,  tête),  tékat. — Famille  de 
Monstres  doubles,  de  l'ordre  des  Autositai- 
res,  caractérisée  principalement  {Tératologie, 
Isid.  GcolTr.)  par  la  présence,  chez  les  indi- 
vidus de  cette  famille,  d'une  double  tête, 
n'offrant  aucune  trace  extérieure  de  dupli- 
cité, et  surmontant  deux  corps  confondus 
d'une  manière  plus  ou  moins  intime  et  sur 
une  étendue  plus  ou  moins  grande. 

L'unké  apparente  de  la  tête  est  le  carac- 
tère qui  distingue  essentiellement  les  Mo- 
nocéphaliens  des  autres  Monstres  doubles 
Autositaires;  le  second  caractère,  la  fusion 
des  corps,  est  celui  dont  les  diverses  modi- 
fications ont  servi  de  base  à  l'établissement 
des  trois  genres  Déradelphe,  Thoradelphe  et 
Synadelphc,  admis  par  M.  Isidore  Geoffroy- 
Saint-Ililaire  {loco  cilato) ,  et  dont  nous  al- 
lons donner  la  description. 

1.  Déradelpue.  Deradelphus  (Stp-n  ,  cou  ; 
àdi/tpoç,  frère).  Troncs  séparés  au-dessous  de 
l'ombilic,  réunis  au-dessus;  trois  ou  quatre 

T.  VIII. 


membres  thoraciques  ;  une  seule  tête,  sans 
aucune  partie  surnuméraire  à  l'extérieur. 

Cette  anomalie,  rare  chez  l'homme,  est,  au 
contraire,  fréquente  chez  les  animaux,  et  l'a» 
natomie  des  Déradelphes  présente  certaines 
particularités  dignes  de  remarque.  «Il  existe, 
au  moins  dans  les  cas  les  mieux  connus,  non 
seulement  deux  moelles  épinières  distinctes 
jusqu'à  leur  extrémité  supérieure,  mais  aussi 
deux  moelles  allongées;  non  seulement  deux 
rachis  et  deux  canaux  vertébraux  ,  mais  un 
trou  occipital  très  large  et  manifestement 
double,  ou  même  deux  trous  occipitaux  très 
rapprochés,  dont  chacun  donne  séparément 
passage  à  l'une  des  moelles  allongées,  et 
entre  lesquels  sont  interposés  quelques  os- 
selets plus  ou  moins  rudimentaires.  Quant 
aux  viscères,  leur  organisation  et  leur  dis- 
position sont  généralement  les  mêmes  que 
chez  les  Synotes.  Ceux  de  la  région  sous- 
ombilicale  sont  doubles  et  normaux;  mais 
la  portion  sus-ombilicale  de  l'abdomen  ,  le 
thorax  et  le  col,  renferment  un  grand  nom- 
bre de  parties  uniques,  symétriquement  dis- 
posées par  rapport  à  l'axe  d'union,  et  résul- 
tantde  la  fusion  médiane  d'éléments  appar- 
tenant par  moitié  à  chacun  des  deux  sujets 
composants.  »  {Traité  de  Tératologie ,  par 
M.  Isid.  Geoff.St-lliiaire.) 

beaucoup  de  Mammifères  ont  déjà  pré- 
senté des  cas  authentiques  de  Déradelphie; 
nous  citerons  surtout  le  Chat,  le  Chien,  la 
Chèvre,  le  Bœuf,  le  Cochon;  et  parmi  les 
Reptiles,  le  Lézard  gris  a  présenté  quelques 
exemples  de  cette  monstruosité. 

2.  Thoradelphe.  Thoradelphus  (Owpa£, 
tronc;  â&Àyoç,  frère).  Troncs  séparés  au- 
dessous  de  l'ombilic,  réunis  au-dessus,  et 
confondus  même  en  un  tronc  en  apparence 
simple  dans  sa  portion  supérieure  ;  deux 
membres  thoraciques  seulement;  une  seule 
tête  sans  aucune  partie  surnuméraire. 

Dans  ce  genre,  ce  n'est  plus  à  partir  du 
cou,  mais  seulement  du  thorax,  que  la  du- 
plicité de  l'être  commence  à  se  révéler.  A 
l'intérieur,  il  n'existe  plus  qu'une  seule  sé- 
rie de  vertèbres  cervicales  et  une  seule 
moelle  épinière  cervicale,  comme  un  seul 
crâne  et  un  seul  encéphale;  et  la  bifurca- 
tion des  deux  rachis  ne  commence  que  vers 
le  milieu  de  la  partie  dorsale  ou  même  plus 
bas  encore. 

L'homme  n'a  encore  présenté  aucun  cas 
40 


314 


MON 


bien  authentique  de  Thoradelphie,  et  les 
exemples  de  cette  monstruosité  sont  aussi 
très  rares  chez  les  animaux;  le  Chien  et  le 
Veau  sont  peut-être  les  seuls  qu'on  puisse 
citer  avec  certitude. 

5.  Synadelphe.  Synadelphus  (ovv,  avec; 
cc&Ayoç,  fière).  Un  tronc  unique,  mais  dou- 
ble dans  toutes  ses  régions;  huit  membres, 
parmi  lesquels  quatre  paraissent  être  dor- 
saux et  dirigés  supérieurement. 

Ici,  comme  chez  les  Déradelphes,  la  tête 
est  unique  et  extérieurement  normale  ; 
mais  à  l'intérieur,  l'élargissement  de  la  por- 
tion postérieure,  la  forme  allongée  et  le 
grand  diamètre  du  trou  occipital,  peut-être 
même,  dans  quelques  cas,  sa  duplicité  plus 
ou  moins  complète,  sont  encore  des  vestiges 
de  la  fusion  des  deux  têtes  en  une  seule. 
La  duplicité  du  cou,  rendue  sensible  à  l'exté- 
rieur par  son  volume,  l'est  à  l'intérieur  par 
l'existence  de  deux  rachis,  et  par  conséquent 
de  deux  moelles.  La  poitrine  a  quatre  parois  : 
deux  costo-verlébrales  opposées  l'une  à  l'au- 
tre; deux  costo-sternales,  également  oppo- 
sées entre  elles,  interposées  entre  les  costo- 
vertébrales ,  et  par  conséquent  latérales. 
Enfin  les  Synadelphes  réunissent  tout  à  la 
fois  les  caractères  des  Déradelphes  et  des 
Ischiopages  (voy.  ce  mot),  avec  l'existence 
de  deux  ombilics  bien  conformés.  Cette  du- 
plicité de  l'ombilic  est  la  conséquence  né- 
cessaire de  la  duplicité  de  toute  la  paroi 
sterno-ventrale  du  corps,  et  elle  en  com- 
plète l'aspect  régulier  ;  c'est  là  un  des  ca- 
ractères les  plus  remarquables  de  l'organi- 
sation des  Synadelphes. 

La  Synadelphie  est  extrêmement  rare,  et 
connue  seulement  chez  les  animaux.  Un  des 
cas  les  plus  authentiques  a  pour  sujet  un 
chevreau  mort  peu  de  minutes  après  sa 
naissance,  et  dont  Délie  Chiaje  a  donné  la 
description  dans  un  ouvrage  intitulé  :  Des- 
crizione  di  un  coprelto  moslruoso  disomo.  (J.) 

MONOCERA,  Elliot.  (Carol.,  I,  176). 
bot.  ph. — Syn.  de  Ctenium,  Panz. 

MOIMOCERA  (piovoç,  seul;  x/paç,  corne). 
bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des  Tiliacées- 
Elaeocarpées,  établi  par  3ack{Malag. Miscell. 
ex  Hooker  Bot.  Miscell.,  II,  85).  Arbres  de 
l'Asie  tropicale  et  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Voy.  TILIACÉES. 

MONOCERCA  (^o'voç  ,  seul  ;  x/pXOç  , 
queue),  infus.  —  Genre  proposé  par  M.  Eh- 


MON 

renberg,  pour  un  Trichode  de  Muller  (Tri- 
choda  rallus)  dont  Lamarck  avait  fait  le 
genre  Ratule ,  que  nous  adoptons  comme 
ayant  la  priorité.  M.  Ehrenberg  place  son 
genre  Monocerca  dans  sa  famille  des  Hyda- 
tinées ,  parmi  les  Polytroques  nus,  et  quoi- 
qu'il ait  une  cuirasse  bien  distincte,  il  le 
caractérise  par  un  seul  œil  dorsal  et  une 
queue  simple  en  forme  de  soie.  Cet  auteur, 
en  outre  de  la  Monocerca  rattus,  a  décrit, 
sous  le  nom  de  M.  bicornis ,  une  nouvelle 
espèce,  qui  paraît  être  bien  distincte,  en 
raison  des  pointes  ou  cornes  dont  elle  est 
armée  en  avant.  (Duj.) 

MONOCEROS.  mam.  —  Syn.  de  Nar- 
val et  de  Licorne.  Voy.  ces  mots.    (E.  D.) 

MONOCEROS.  moll.  —  Voy.  licorne  et 

POURPRE. 

*MOïVOCERUS((;.ovoç,  seul;  x/Paç,  corne). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères  , 
famille  des  Trachélydes,  tribu  des  Anthi- 
cides ,  formé  par  Mégerle ,  et  adopté  par 
Dejean  {Catalogue,  3e  édit.,  p.  237).  17 
espèces  se  rapportent  à  ce  genre  ;  6  sont  ori- 
ginaires d'Europe,  6  d'Afrique,  4  d'Amé- 
rique, et  une  est  propre  à  l'Asie.  Nous  ci- 
terons, comme  en  faisant  partie,  les  An* 
thicus  monoceros ,  monodon ,  cornutus  et 
Rhinocéros  de  Fab.  (C.) 

MONOCHAMUS,  Dejean.  ins.  —  Nom 
mal  orthographié.  Voy.  monohammus.     (C.) 

MONOCHELUS  (m-ovoç,  seul;  xeflloç, 
lèvre),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  phyllophages,  créé  par  Illiger  et 
adopté  par  Dejean  et  Latreille;  mais  il  n'a 
pu  être  conservé  ainsi  par  Burmeister  (  Hand- 
buch  der  entomologie,  1844,  p.  87),  parce 
qu'il  avait  été  formé,  de  même  que  le  genre 
Dichelus  d'Illiger,  avec  des  mâles  et  des 
femelles  d'un  genre  unique:  par  ce  motif, 
M.  Burmeister  réunit  ces  deux  genres  sous 
la  dénomination  d'Heterochelus.  Cet  auteur 
décrit  sous  ce  dernier  nom  54  espèces,  qui 
toutes  sont  originaires  de  l'Afrique  australe. 
Nous  citerons  comme  en  faisant  partie  :  les 
M.  podagrica,  gonagra,  arthritica  et  ca- 
picola  de  F.  (C.) 

MONOCHELUS  (  pîvoç ,  seul  ;  xi»M,  pied 
fourchu),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères  ,  famille  des  Lamellicornes  ,  tribu 
des  Scarabéides  phyllophages  ,  créé  par  Bur- 
meister (Handbuch  der  Entomologie,  1844, 


MON 


MON 


315 


p.  153),  qui  le  comprend  parmi  ses  Gym- 
nosomides.  Il  se  compose  de  11  espèces  , 
qui  toutes  sont  originaires  de  l'Afrique 
australe.  Nous  citerons  comme  en  faisant 
partie  les  espèces  suivantes  :  M.  glaberri- 
mus  B.,  spinipesF.,  scutellaris  et  calcara- 
tus  Dej.  (C.) 

*MONOCHîLES  (po'voç,  seul;  X*M  , 
ongle),  mam.  —  Klein  (Quadr.  dist.  hist. 
nat.,  1751  )  donne  ce  nom  à  un  groupe  de 
Solipèdes.  (E.  D.) 

*MONOCHILUS  (fAo'voç ,  seul;  x€?àoS,  lè- 
vre), bot.  pb. — Genre  de  la  famille  des  Ver- 
bénacées-Lippiées, établi  parFischeretMeyer 
(Index  sem.  hort.  Petropolit.,  1835,  I,  34). 
Herbes  du  Brésil  Voy.  verbénacées. 

MONOCIIIRE.  Monochirus.  poiss.  — 
Genre  de  Tordre  des  Malacoptérygiens  Sub- 
brachiens  ,  famille  des  Poissons  plats,  établi 
^par  G.  Cuvier (Règn.anim.,  t.  II,  p.  343)  pour 
des  Poissons  qui  ont  de  grands  rapports  avec 
les  Soles.  Ils  en  diffèrent  principalement  par 
une  pectorale  extrêmement  petite  du  côté 
des  yeux;  celle  du  côié  opposé  est  presque 
imperceptible  ou  manque  tout-à-fait. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  qui  vit  dans 
la  Méditerranée  :  c'est  le  Lingualula  de  Ron- 
delet (Pleuronectes  microchirus,  Lac). 

MONOCHLyENA  ,  Gaudich.  (in  Voy. 
Freyc,  t.  12,  f.  3,  d,  e,  f).  bot.  cr.  —  Syn. 
de  Didymochlœna,  Desv. 

MONOCLE.  Monoculus.  crust.  —  Syn. 
de  Cyclops  et  de  Cypris.  Voy.  ces  mots. 

(H.  L.) 

MONOCLEA.  bot.  cr.— Genre  delà  fa- 
mille des  Hépatiques-Anthocérolées,  établi 
par  Hooker  (Musc,  exot.,  t.  176).  Mousses 
des  régions  tropicales  où  elles  croissent  pa- 
rasites sur  les  arbres. 

*MONOCLES.  Monoculi.  crust.  — 
M.  Milne-Edwards,  dans  son  Histoire  natu- 
relle des  Crustacés,  désigne  sous  ce  nom 
une  famille  qu'il  range  dans  l'ordre  des  Co- 
pépodes.  Ce  groupe  est  caractérisé  principa- 
lement par  l'existence  d'un  œil  unique  situé 
sur  la  ligne  médiane,  à  la  partie  antérieure 
et  supérieure  de  la  tête.  Les  Crustacés  dont 
il  se  compose  sont  tous  d'une  petitesse  ex- 
trême, et  sont  remarquables  par  les  méta- 
;morphoses  qu'ils  subissent  dans  le  jeune 
âge.  Pour  que  l'accouplement  puisse  s'ef- 
fectuer, le  mâle  s'accroche  à  la  queue  de  la 
femelle  à  l'aide  de  ses  antennes ,  qui  dif- 


fèrent presque  toujours  par  leur  forme  de 
celles  de  cette  dernière  ;  elles  sont  souvent 
pourvues  d'un  renflement  préhensile.  La 
manière  dont  la  fécondation  s'opère  est  des 
plus  remarquables  ;  M.  Siebold  a  constaté 
dernièrement  qu'il  n'y  a  pas  de  véritable 
coït,  mcis  que  le  mâle  produit  un  sper- 
matophore  tubulaire  qu'il  accole  à  l'abdo- 
men de  la  femelle,  tout  près  de  la  vulve,  et 
que,  par  un  phénomène  d'endosmose,  la  li- 
queur fécondante  est  ensuite  expulsée  de  ce 
réservoir  pour  pénétrer  dans  l'appareil  fe- 
melle, ou  pour  se  porter  sur  les  œufs  au 
moment  de  leur  passage,  et  l'ovaire  dans  le 
sac  ovifère.  La  femelle,  beaucoup  plus  grande 
que  le  mâle,  l'entraîne  pendant  quelque 
temps  avec  elle;  et,  après  la  fécondation, 
pond  un  nombre  assez  considérable  d'œufs 
qui,  pendant  toute  la  durée  de  l'incubation, 
restent  suspendus  sous  son  abdomen  dans 
une  ou  deux  grosses  poches  ovoïdes.  Les 
petits  qui  en  éclosent  sont  de  forme  presque 
circulaire,  et  ne  sont  pourvus  que  d'une 
paire  d'antennes  et  de  deux  paires  de  pattes 
natatoires  ;  ils  ressemblent  alors  si  peu  à 
leurs  parents ,  qu'un  zoologiste  habile , 
Mtiller,  en  a  formé  un  genre  distinct  sous 
le  nom  (VAmymone.  Mais  ils  changent  plu- 
sieurs fois  de  peau,  et  chaque  mois  leur 
thorax,  puis  leur  abdomen  ,  se  développent 
de  plus  en  plus,  et  on  voit  paraître  en  même 
temps  les  membres,  qui  d'abord  manquaient 
complètement.  Lorsqu'ils  n'ont  que  six 
pattes,  ils  constituent  le  genre  Nauplius  de 
Miiller. 

Les  Monocles  présentent,  dans  la  struc- 
ture de  leurs  antennes  inférieures  et  de 
leurs  pattes-mâchoires,  des  différences  qui 
semblent  suffisantes  pour  motiver  leur  di- 
vision en  trois  coupes  génériques,  désignées 
sous  les  noms  de  Cyclops,  Cyclopsina  et 
Arpactiens.   Voy.  ces  différents  noms. 

(H.  L.) 

MONOCMNE.  bot. —  Ce nom,  employé 
par  opposition  à  celui  deDicline,  s'appliqut 
à  toutes  les  plantes  qui  ont  les  deux  sexes 
réunis  dans  la  même  fleur.  Monocline  est 
par  conséquent  synonyme  d'Hermaphrodite. 

*MONOCOSMIA  (Pvoç,seul  ;  xo'^o;,  or- 
dre), bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Portulacées-Calandriniées,  établi  par  Fenzl 
(in  Nov.  Stirp.  Mus.  Vindob.  Decad.,  X,  n. 
93).  Herbes  du  Chili.  Voy.  portulacées. 


316 


MON 


MON 


*MONOCOTYL  AIRES.  Monocoty  la. UEU&. 
—Première  famille  des  Myzocéphalés  (Blain- 
ville,  Dict.  se.  nat.y  t.  LVII,  p.  556).  Elle 
«omprend  les  Hirudinées  ou  Sangsues  et 
quelques  autres  genres  également  pourvus 
d'une  ventouse  à  la  partie  postérieure  du 
«orps.  Tels  sont  les  Nitzschia,  Axine  et  Cap- 
sale.  (P.  G.) 

MONOCOTYLÉDONS.  bot.  ph.  —  C'est 
3e  nom  sous  lequel  on  désigne  l'un  des  trois 
grands  embranchements  que  les  botanistes, 
à  l'exemple  d'A.-L.  Jussieu,  s'accordent 
généralement  à  établir  dans  le  règne  végé- 
tal. Ce  nom  rappelle  le  principal  caractère 
qui  distingue  les  plantes  de  ce  vaste  groupe, 
c'est-à-dire  l'existence  dans  leur  graine  d'un 
embryon  pourvu  d'un  cotylédon  unique. 

L'idée  de  faire  servira  la  division  métho- 
dique des  végétaux  les  caractères  fournis 
par  les  cotylédons  de  l'embryon  remonte 
très  haut.  Césalpin  (de  Plantis,  1583)  paraît 
l'avoir  conçue  le  premier,  ou  du  moins  avoir 
cherché  le  première  en  tirer  quelque  parti, 
sans  y  attacher  toutefois  une  bien  grande 
importance,  puisqu'il  se  contenta  d'employer 
ces  caractères  pour  des  divisions  secon- 
daires. Rai  comprit  beaucoup  mieux  l'im- 
portance que  pouvait  avoir  pour  l'établisse- 
ment d'une  méthode  la  considération  du 
nombre  des  cotylédons  et  de  leur  absence. 
«  Après  de  longues  réflexions,  dit-il,  nous 
n'avons  pu  trouver  de  différences  d'ordre 
supérieures  à  celles  qui  sont  basées  sur  la 
plantule séminale.  Nous  diviserons  donc,  en 
premier  lieu,  les  plantes  en  celles  qui  ont 
une  plantule  séminale  à  deux  feuilles  ou  à 
deux  valves ,  ou  mieux  encore  à  deux  coty- 
lédons, et  celles  dont  l'embryon  manque 
de  l'un  des  cotylédons  ou  des  deux.  »  (J.  Rai, 
Histor.  plantarum,  t.  I,  p.  52.)  Cependant, 
dans  l'application  ,  il  commença  par  diviser 
toutes  les  plantes,  contrairement  à  toutes 
les  lois  d'affinité,  en  herbes  et  en  arbres  ; 
après  quoi ,  il  subdivisa  chacune  de  ces  deux 
grandes  sections  en  grands  embranchements 
basés  sur  les  caractères  fournis  par  les  co- 
tylédons. Cette  division  fut  adoptée  avec  la 
même  imperfection  fondamentale  par  quel- 
ques auteurs  de  systèmes  botaniques,  tels 
que  Bocrhaave  et  Heister;  mais,  dès  1740, 
Van  Royen  (Florœ  Leydensis  prodromus) 
renonça  à  la  séparation  irrationnelle  des 
herbes  et  des  arbres ,  et  donna  à  la  division 


des  végétaux  d'après  le  nombre  de  leurs  co- 
tylédons l'importance  majeure  que  lui  ont 
définitivement  assurée  plus  tard  les  beaux 
travaux  d'A.-L.  de  Jussieu. 

Depuis  la  publication  du  Gênera  de  notre 
célèbre  botaniste,  et  par  suite,  depuis  que 
la  méthode  naturelle  a  détrôné  sans  retour 
les  systèmes  de  classification  qui  s'étaient 
succédé  en  nombre  st  considérable  au 
grand  détriment  de  la  science,  la  division 
des  végétaux  phanérogames  ou  à  fleurs  vi- 
sibles en  Monocotylédons  et  Dicotylédons , 
c'est-à-dire  d'après  le  nombre  de  leurs 
feuilles  séminales,  est  devenue  fondamen- 
tale. Cependant  quelques  botanistes,  tout 
en  adoptant  deux  vastes  embranchements 
du  règne  végétal  identiques,  ou  du  moins 
extrêmement  analogues  pour  leur  circon- 
scription à  ceux  qui  sont  basés  sur  la  con- 
sidération du  nombre  des  cotylédons ,  leur 
ont  assigné  de  nouveaux  caractères  que  nous 
devons  faire  connaître,  et  qui  ont  introduit 
de  nouveaux  noms  dans  la  science. 

L.-C.  Richard  releva,  en  les  exagérant 
peut-être  un  peu ,  les  inconvénients  que 
présente  la  division  des  plantes  d'après  leurs 
cotylédons,  et  il  proposa  de  substituer  à  ce 
caractère  ceux  qui  sont  fournis  par  le  mode 
de  germination  de  l'embryon.  Dès  lors,  il 
divisa  les  phanérogames  ou  Embryonées , 
en  EndorhizesetExorhizes(Anal.  du  fruit, 
p.  53).  Les  premières  correspondaient  aux 
Monocotylédones ,  les  dernières  aux  Di- 
cotylédones, desquelles  il  sépara  plus  tard 
les  Conifères  et  les  Cycadées ,  sous  la  déno- 
mination commune  de  Synorhizes,  Voici  en 
quels  termes  ce  célèbre  botaniste  caractéri- 
sait les  Endorhizes:  «  Extrémité  radiculaire 
de  l'embryon  renfermant  un  tubercule  ra- 
dicellaire  (quelquefois  plusieurs) qui  en  sort 
par  la  germination  pour  former  par  son 
prolongement  la  racine  de  la  plante  nais- 
sante. »  Cela  revient  à  dire  que  tandis  que 
la  radicule  de  l'embryon  dicotylédoné  se 
prolonge  immédiatement  et  directement ,  à 
la  germination,  celle  de  l'embryon  monoco- 
tylédoné  sort  au  même  moment  de  dessous 
la  couche  superficielle  qu'elle  déchire  et  qui 
semble  former  dès  lors  autour  de  sa  base 
une  sorte  de  gaîne,  gaîne  à  laquelle  M.  de 
Mirbel  a  donné  le  nom  de  Coléorhize.  La 
division  proposée  par  L.-C.  Richard  est 
restée  purement  théorique  et  n'a  jamais  été 


MON 


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317 


admise  pratiquement  dans  la  méthode  na- 
turelle. 

L'ordre  chronologique  nous  amènerait  à 
parler  ici  de  la  division  proposée  par  De 
Candolle;  mais,  pour  divers  motifs,  nous 
en  renverrons  l'examen  plus  loin. 

M.  C.--H.  Schultz  (Naturliches  System  des 
Pflanzenreichs ,  Berl.,  1832)  a  essayé  de  di- 
viser les  végétaux  d'après  des  considérations 
anatomiques.  Il  établit  d'abord  dans  tout  l'en- 
semble du  règne  végétal  deux  grandes  sec- 
tions :  1°  plantes  homorganiques  (plantœ  ho- 
morganicœ  ,Gleichorganigen  Pflanzen),  qui 
correspondent  aux  Acotylédones  cellulaires, 
dont  toutes  les  fonctions  résident  dans  des 
organes  simples  de  nature  cellulaire  ; 
2°  plantes  hétérorganiques  (plantœ  heteror- 
ganicœ  ,  Ungleichorganigen  Pflanzen) ,  ca- 
ractérisées par  une  organisation  intérieure 
composée  de  trois  différents  systèmes  d'or- 
ganes, savoir  :  le  système  des  vaisseaux 
spiraux,  celui  des  vaisseaux  vitaux  ou  lati- 
cifères,  et  le  système  cellulaire:  ces  sections 
correspondent,  comme  on  le  voit,  à  la  plus 
grande  partie  du  règne  végétal,  c'est-à-dire 
à  toute  la  série  des  végétaux  vasculaires.  La 
section  des  plantes  hétérorganiques  se  sub- 
divise à  son  tour  en  deux  :  A.  les  Hétéror- 
ganiques synorganiqucs  (heterorgana  synor- 
gana;  synorganische  oder  knotenpflanzen), 
dans  lesquelles  les  vaisseaux  des  deux  sys- 
tèmes, vital  et  laticifère,  se  réunissent  en 
faisceaux  qui  restent  distincts  les  uns  des 
autres  et  dispersés  au  milieu  du  tissu  cellu- 
laire; B.  les  Hétérorganiques  dichorganiques 
(  Heterorgana  dichorgana  ,  dichorganische 
oder  slrahlenpflanzen) ,  qui  correspondent 
aux  dicotylédones ,  et  dont  nous  n'avons  pas 
à  nous  occuper  ici.  Enfin,  les  Synorgani- 
ques  se  décomposent  en  :  a.  Synorganiques 
sporiferes,  entièrement  analogues  aux  Aco- 
tylédones vasculaires  ;  b.  Synorganiques 
florifères,  ou  pourvues  de  fleurs  distinctes. 
C'est  dans  celles-ci  que  rentrent  les  Mono- 
cotylédones  entremêlées  de  beaucoup  de 
Dicotylédones,  telles  que  les  Aquatiques  , 
les  Pipéracées,  Nyctaginées,  Gycadées,  etc., 
et  aussi  de  quelques  Acotylédones,  les  Cha- 
racées.  Cette  méthode  n'a  jamais,  que  nous 
sachions,  dépassé  les  limites  de  l'ouvrage 
dans  lequel  elle  est  exposée. 

MM.  Unger  et  Endlicher  ont  proposé  une 
méthode  basée  sur  les  divers  modes  de  vé- 


gétation des  plantes  ;  c'est  cette  même  mé- 
thode qui  a  été  adoptée  par  le  dernier  de 
ces  botanistes ,  dans  son  Gênera  et  dans  son 
Enchiridion  botanicum,  qui  n'en  est  que  le 
résumé.  Comme  les  notions  sur  lesquelles 
reposent  ses  grandes  divisions  ne  sont  pas 
suffisamment  indiquées  dans  les  deux  ou- 
vrages que  nous  venons  de  citer;  nous 
croyons  devoir  en  donner  un  très  rapide 
aperçu  pour  faire  mieux  comprendre  à  quelle 
division  de  cette  méthode  correspond  rem- 
branchement  des  Monocotylédones.  Laissant 
de  côté  les  végétaux  inférieurs  dont  l'ac- 
croissement s'opère  indifféremment  dans 
tous  les  sens  ,  et  qu'ils  nomment  Tallophyta 
pantachobrya,  plantes  sans  axe,  MM.  Unger 
et  Endlicher  réunissent  sous  la  dénomina- 
tion commune  de  Cormophyta ,  Chorobrya, 
plantes  pourvues  d'un  axe,  tous  les  autres 
végétaux  chez  lesquels  l'accroissement  a 
lieu  selon  des  directions  fixes  et  détermi- 
nées, ou  chez  lesquels  il  existe  un  axe 
distinct.  Chez  ceux-ci  le  développement  gé- 
néral s'opère  de  trois  manières  différentes 
quicaractérisentautantdesections:  1°  tantôt 
les  faisceaux  vasculaires  de  la  tige  se  pro- 
longent vers  le  haut  en  se  développant  sans 
se  multiplier:  ceci  donne  la  végétation  ter- 
minale (vegetatio  terminalis,  endsprossendes 
Wachsthum)  qui  caractérise  la  section  des 
Acrobrya;2°  tantôt  les  faisceaux  vasculaires 
de  la  tige  n'ont  qu'une  longueur  détermi- 
née, de  nouveaux  faisceaux  venant  s'ajouter 
à  ceux  qui  existaient  déjà,  et  se  plaçant  à 
l'extérieur  et  par  dessus  les  autres ,  grossis- 
sent et  allongent  la  tige  ;  c'est  la  végétation 
périphérique  (  vegetatio  peripherica  ,  ums- 
prossendes  Wachsthum),  qui  caractérise  la 
section  des  Amphibrya,  identique  à  celle 
des  Monocotylédones;  3°  enfin  ,  dans  un 
dernier  cas,  non  seulement  les  faisceaux  se 
prolongent  vers  le  haut,  mais  encore  ils  se 
multiplient  vers  l'extérieur:  il  en  résulte 
une  végétation  périphérico-terminale  (vege- 
tatio peripherico-terminalis  ,  end-umspros- 
sendes  Wachsthum),  caractère  essentiel  de 
la  section  des  Acramphibrya ,  à  peu  près 
identique  à  l'embranchement  des  Dicotylé- 
dones. (Voy.  Unger,  Ueber  den  liauund  das 
Wachsthum  des  dicotyledon-stammes ,  Saint» 
Pétersb.,  1840,  §  121.) 

Nous  arrivons  maintenant  à  la  division 
du  règne  végétal  proposée  par  A. -P.  Do 


318 


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MON 


Candollc,  que  nous  n'avons  voulu  indiquer 
qu'en  dernier  lieu,  parce  que  nous  aurons 
à  discuter  la  valeur  des  bases  sur  lesquelles 
elle  repose,  et  que  cet  examen  nous  con- 
duira naturellement  à  exposer  l'organisa- 
tion anatomique  des  végétaux  compris  dans 
l'embranchement  des  Monocotylédons.  Ap- 
puyée du  grand  nom  de  son  auteur,  cette 
méthode  a  pris  une  haute  importance;  elle 
a  introduit  dans  la  science  deux  dénomina- 
tions nouvelles ,  que  plusieurs  auteurs  adop- 
tent, même  aujourd'hui,  préférablement  à 
celles  de  Monocotylédons  et  de  Diootylédons. 
En  effet,  nous  les  voyons  conservées  l'une 
et  l'autre  par  M.  Lindley,  dans  son  Vege- 
table  kingdom,  qui  vient  de  paraître  il  y  a 
peu  de  mois;  malheureusement  nous  mon- 
trerons bientôt  qu'elles  reposent  sur  une 
grave  erreur  anatomique,  erreur  déjà  re- 
connue et  démontrée  depuis  plusieurs  an- 
nées, et  qu'on  est  surpris  de  voir  partagée 
de  confiance  par  des  botanistes  éminents, 
mais  sans  doute  peu  au  courant  des  travaux 
modernes  sur  l'anatomie  végétale. 

Dans  sa  Théorie  élément,  de  la  botanique, 
ouvrage  remarquable  à  tant  d'égards,  et 
qui  constitue  l'un  de  ses  plus  beaux  titres 
de  gloire,  A. -P.  De  Candolle  divisa  les  vé- 
gétaux vasculaires  ou  cotylédonés  en  deux 
grandes  sections ,  qu'il  nomma  et  caracté- 
risa de  la  manière  suivante:  I.  Exogènes  , 
dans  lesquelles  vaisseaux  sont  disposés  par 
couches  concentriques,  dont  les  plus  jeunes 
sont  en  dehors;  II.  Endogènes,  dont  les 
vaisseaux  sont  disposés  par  faisceaux,  parmi 
lesquels  les  plus  jeunes  se  trouvent  au  centre 
de  la  tige.  Dans  les  Endogènes  entraient  : 
1°  les  Monocotylédons  proprement  dits , 
sous  le  nom  d'Endogènes  phanérogames  ; 
2°  les  Acotylédons  vasculaires,  sous  le  nom 
d'Endogènes  cryptogames.  Or,  nous  allons 
montrer  maintenant  par  l'examen  anato- 
mique de  la  tige  des  végétaux  qualifiés  d'En- 
dogènes par  De  Candolle,  que  leur  organi- 
sation est  tout  autre  que  ne  l'avait  admise 
le  botaniste  genevois,  sur  l'autorité  de 
Desfontaines  et  Daubenton.  Cet  exposé  ser- 
vira en  même  temps  à  résumer  les  princi- 
paux travaux  qui ,  depuis  quelques  années, 
ont  eu  pour  objet  cette  importante  portion 
du  règne  végétal. 

Depuis  bien  longtemps  déjà  l'on  avait 
remarqué  une  différence  frappante  entre  le 


bois  d'un  végétal  Monocotylédon  ,  d'un  Pal  • 
mier,  par  exemple,  et  celui  d'un  de  nos 
arbres  dicotylédons,  tels  qu'un  Chêne,  un 
Orme  ou  un  Pêcher;  on  avait  vu  que  ce 
dernier  se  compose  de  couches  solides  et 
concentriques,  se  recouvrant  l'une  l'autre, 
et  dont  les  plus  dures  occupent  le  centre  , 
tandis  que  les  plus  jeunes  se  trouvent  à  la 
circonférence;  que  le  premier,  au  contraire, 
est  formé  de  faisceaux  fibro-vasculaires  dis- 
tincts et  séparés  les  uns  des  autres,  non 
réunis  en  couches  concentriques,  mais  épars, 
rares  et  espacés  vers  le  centre,  nombreux 
et  serrés  vers  la  circonférence,  qui  en  de- 
vient beaucoup  plus  dure;  mais  cette  ob- 
servation, faite  comme  en  passant  et  sans 
vue  générale  ,  avait  été  stérile  pour  la 
science.  Pendant  ses  voyages  dans  l'Afrique 
septentrionale ,  Desfontaines  porta  son  at- 
tention sur  ce  sujet;  il  examina  la  structure 
de  divers  Monocotylédons  ,  et  il  consigna  les 
résultats  de  ses  recherches  et  les  conclusions 
qu'il  crut  pouvoir  en  déduire  dans  un  mé- 
moire qui  fit  époque  dans  la  science.  (  Sur 
l'organisation  des  Monocotylédons  ;  Mém.  de 
Vînst.,  an  vu;  Journ.  dephys.  de  Delame- 
therie,  pluviôse  an  vu,  p.  441.)  D'après  lui, 
la  tige  d'un  Monocotylédon  ligneux  est 
beaucoup  moins  consistante  à  son  centre  , 
parce  que  là  se  continuent  incessamment 
la  végétation  et  la  formation  de  nouvelles 
fibres  qui  refoulent  sans  cesse  celles  déjà 
existantes;  de  là  celles-ci  finissent  par  être 
«  tellement  serrées  les  unes  contre  les  au- 
»  très,  qu'elles  ne  paraissent  plus  cédera 
»  l'effort  de  la  végétation  qui  tend  sans 
»  cesse  à  les  rapprocher,  en  les  portant  du 
<•  centre  à  la  circonférence.»  Ces  idées  furent 
adoptées  par  les  botanistes,  qui,  sans  les 
appuyer  sur  de  nouvelles  observations,  les 
modifièrent  encore  et  les  généralisèrent  plus 
que  ne  l'avait  fait  Desfontaines  lui-même  : 
ainsi  plusieurs  Traités  élémentaires  repro- 
duisirent cette  assertion  dénuée  de  fonde- 
ment, que  la  tige  d'un  Monocotylédon  se 
compose  d'une  foule  de  faisceaux  simple- 
ment juxtaposés  et  parallèles ,  dont  les  plus 
nouveaux  occupent  le  centre  et,  à  mesure 
qu'ils  se  forment,  repoussent  les  plus  an- 
ciens vers  la  circonférence.  Par  là  fut  in- 
troduite dans  la  science  cette  théorie  selon 
laquelle  les  Monocotylédons  végètent  et  se 
développent  par  leur  portion  centrale,  théû- 


MON 


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3Ï9 


rie  que  De  Candolle  adopta  et  consacra  en 
désignant  les  Monocotylédons  sous  le  nom 
d'Endogènes,  ou  à  végétation  centrale,  et 
que  nous  voyons  encore  aujourd'hui  adoptée 
sans  restriction  et  développée  par  M.  Lind- 
ley  dans  son  Vegetable  liïngdom,  et  par 
quelques  autres  botanistes. 

Cependant,  s'il  est  un  point  bien  établi 
maintenant  dans  la  science ,  c'est  qu'il 
n'existe  point  de  plantes  à  végétation  cen- 
trale, en  d'autres  termes,  qu'il  n'y  a  point 
d'Endogènes.  C'est  ce  qu'ont  surabondam- 
mentdémontréles  beaux  travaux  de  MM.  Mol- 
denhawer,  Hugo  v.  Mohl,  Meneghini,  Un- 
ger ,  de  Mirbel ,  Gaudichaud,  etc.  (1).  Voici 
un  résumé  des  principaux  résultats  consignés 
dans  les  ouvrages  de  ces  habiles  observateurs, 
et  par  suite  un  expose  des  caractères  anato- 
miques  des  Monocotylédons. 

Lorsque,  ne  se  contentant  pas  d'examiner 
la  tige  d'un  Palmier  sur  une  section  trans- 
versale, comme  le  faisait  Desfontaines,  on 
îa  coupe  longitudinalement  et  qu'on  suit 
dans  leur  marche  longitudinale  les  faisceaux 
fibro-vasculaires  qui  la  composent,  on  ne 
tarde  pas  à  voir  qu'au  lieu  d'être  simple- 
ment juxtaposés  et  parallèles,  comme  on 
l'avait  dit  sans  fondement,  ils  se  croisent 
et  s'entrecoupent,  les  uns  paraissant  monter 
directement,  tandis  que  d'autres  suivent 
Une  ligne  courbe  de  la  circonférence  vers  le 
centre  et  du  centre  vers  la  circonférence. 
Mais  ce  n'est  encore  là  qu'une  vue  incom- 
plète de  la  disposition  réelle  des  faisceaux  ; 
c'est  tout  ce  qu'une  coupe  verticale  peut 
apprendre  à  cet  égard.  Chaque  faisceau  ne 
restant  pas  dans  un  même  plan  ,  mais  for- 
mant, au  contraire,  une  courbe  à  double 
courbure,  ou  gauche,  comme  nous  le  ver- 
rons plus  tard,  il  faut  donc  examiner  un 
faisceau  dans  toute  sa  longueur,  et  pour 
cela  l'isoler  par  une  dissection  longue  et 
difficile,  ou  en  s'aidant  de  la  macération. 
Voici  ce  qu'on  observe  dans  ce  cas  :  à  partir 

(i)  Voy.  Moldenhawer,  Bcitraege  zur  Anat.  der  Pjlanzen. 
—  H.  Mohl,  De  structura  Palmarum,  dans  les  Gênera  et  spe- 
cies  Palmarum  de  M.  de  Martins;  Vevmischte  Schriften, 
p.  12;».  —  Menrgliini,  Riccrclie  sulla  struttura  dette  cuule 
nette  piante  monocotyl. ,  Padoue,  i836.  —  Ungcr,  Mémoire 
cité  plus  haut. —  Mirbel,  Mém.  sur  le  Dattier,  Compte- 
Rendu,  12  juin  i8'(i;  Annal,  des  se.  nat.,  juillet  i8'<3,  t.  20; 
sur  le  Cordyline,  Compte-Rendu,  7  octobre  i84 4  ;  Annales 
des  se  nat.,  3e  sér.,  juin  i845.  —  Gaudichaud,  plusieurs 
Mémoires  insérés  dans  les  Comptes-Rendus  en  1843  ,  44 
«t  45. 


de  la  base  de  la  feuille  à  laquelle  il  corres- 
pond (1),  le  faisceau  se  porte  vers  le  centre 
de  la  tige  en  formant  une  courbe  à  convexité 
supérieure;  arrivé  au  centre,  il  descend  à 
peu  près  verticalement  dans  une  certaine 
longueur ,  après  quoi  il  se  reporte  vers  la 
circonférence  suivant  un  arc  très  ouvert  et 
dans  une  direction  très  inclinée;  il  arrive 
ainsi  à  la  circonférence  où  l'on  voit  son  ex- 
trémité se  superposer  à  celles  des  faisceaux 
formés  avant  lui.  C'est  en  formant  ces  deux  ! 
arcs,  l'un  de  la  feuille  vers  le  centre,  l'autre  j 
du  centre  vers  le  bas  et  vers  l'extérieur  de  la 
tige,  qu'il  croise  la  direction  des  autres  fais- 
ceaux ,  et  de  là  cette  sorte  d'enchevêtrement 
sans  ordre  apparent  qu'on  remarque  au 
premier  coup  d'œil  sur  une  coupe  verticale. 
Ce  croisement  est  naturellement  d'autant 
plus  marqué  et  d'autant  plus  brusque,  que 
la  ligne  suivie  par  le  faisceau  de  la  feuille 
vers  le  centre  de  la  tige  approche  plus  de 
l'horizontale  ,  ce  qui  a  lieu  lorsque  les 
feuilles  se  fixent  sur  la  tige  en  grand  nombre 
et  à  de  très  courts  intervalles;  de  là  l'or- 
ganisation si  remarquable  du  Xanlhorrhœa 
hastilis ,  qui  a  été  signalée  et  figurée  par 
A. -P.  De  Candolle  (Organog.,  pi.  7  et  8) 
et  par  M.  Gaudichaud  {Recherches  sur  Vor- 
ganog.f  etc.,  pi.  X),  et  dans  laquelle  on 
voit  les  faisceaux,  dans  cette  portion  de 
leur  trajet,  suivre  une  ligne  presque  trans- 
versale 

Ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  Mene- 
ghini, et  plus  récemment  M.  Gaudichaud  , 
les  faisceaux,  dans  leur  marche  à  travers 
la  tige,  ne  restent  pas  dans  un  même  plan 
vertical,  mais  ils  se  portent  peu  à  peu  de 
côté,  de  telle  sorte  qu'ils  décrivent  par  là 
une  courbe  gauche,  et  que  leur  extrémité 
inférieure  ne  se  trouve  pas  verticalement 
au-dessous  de  la  supérieure,  mais  plus  ou 
moins  de  côté  par  rapport  à  elle.  C'est  pour 
expliquer  cette  sorte  de  torsion  que  M.  Me- 
neghini a  admis  un  déplacement  relatif  de 
la  feuille  sur  la  tige  pendant  son  développe- 
ment, fait  qui  a  été  récemment  contredit 
par  M.  Mohl. 

Une  autre  observation  importante,  c'est 

(r)  Il  est  clair  qu'en  prenant  ici  la  feuille  pourpoint  de 
départ  des  faisceaux  ,  nous  laissons  tout-à-fait  de  cdté  la 
question  de  savoir  si  ces  faisceaux  ,  en  se  développant ,  des» 
coudent  de  la  feuille  vers  le  bas  de  la  tige, ou  montent  de  la 
titre  vers  la  fouille. 


320 


MON 


MON 


que  dans  les  différents  points  de  son  trajet 
un  même  faisceau  modifie  beaucoup  ses 
dimensions,  sa  consistance  et  sa  structure 
anatomique.  Dans  sa  portion  supérieure  il 
présente  sa  structure  la  plus  complexe  et  en 
même  temps  sa  consistance  la  plus  faible. 
A  mesure  qu'il  descend  ,  sa  consistance 
augmente;  enfin, à  son  extrémité  inférieure 
il  est  réduite  l'état  de  filaments  grêles, 
résistants ,  simples  ou  divisés.  Il  présente  sa 
plus  grande  épaisseur  dans  sa  portion  qui 
avoisine  le  centre  de  la  tige. 

D'après  les  belles  observations  de  M.  H. 
Mohl ,  trois  parties  bien  distinctes  entrent 
dans  la  composition  d'un  faisceau  :  1°  le 
liber;  2°  les  vaisseaux  propres;  3°  le  corps 
ligneux.  Le  liber  occupe  la  portion  la  plus 
extérieure  du  faisceau.  Il  se  compose  de 
cellules  prosenchymateuses  à  parois  épaisses 
çt  ponctuées,  qui  forment  la  partie  la  plus 
dure  et  la  plus  résistante  du  faisceau;  or, 
comme  ces  cellules  constituent  tout  le  fais- 
ceau à  son  extrémité  inférieure,  et  que  leur 
quantité  relative  diminue  à  mesure  que  l'on 
considère  un  point  plus  élevé  dans  la  tige  , 
on  s'explique  très  bien  la  diminution  gra- 
duelle de  consistance  du  bas  vers  le  haut  de 
ce  même  faisceau.  Le  corps  ligneux  occupe  le 
côté  intérieur  du  faisceau.  Il  se  compose  de 
cellules  parenchymateuses  allongées  ,  à  pa- 
rois assez  minces  ,  ponctuées,  entourant  des 
vaisseaux  de  deux  sortes,  les  uns  extérieurs, 
très  grands,  souvent  assez  larges  pour  être 
visibles  à  l'œil  nu,  au  nombre  d'un  ou 
deux,  à  parois  ponctuées  ou  réticulées;  les 
autres  beaucoup  plus  petits,  plus  nom- 
breux, et  annelés  ou  spiraux;  ces  derniers 
forment  de  vraies  trachées  qui  occupent 
le  point  le  plus  central.  Enfin,  ce  que 
M.  Mohl  nomme  vaisseaux  propres  est 
situé  entre  les  deux  parties  précédentes  ,  et 
se  compose  de  cellules  très  allongées,  de 
diamètre  variable ,  et  à  parois  minces. 
Gomme  le  fait  observer  M.  Schleiden,  ce 
n'est  autre  chose  que  le  tissu  le  plus  jeune 
du  faisceau ,  ou  ce  qu'on  nomme  le  cam- 
bium.  Dans  sa  portion  inférieure grêleet  très 
résistante,  le  faisceau  est  formé  tout  entier 
par  les  cellules  libériennes;  plus  haut,  on 
"voit  se  joindre  à  celles-ci  un  commencement 
de  corps  ligneux,  dans  lequel  il  n'existe 
encore  qu'un  seul  gros  vaisseau  entouré  de 
quelques  cellules;  enfin,  vers  la  partie  su- 


périeure, les  trois  éléments  constitutifs  du 
faisceau  existent  simultanément,  mais  son 
liber  a  considérablement  diminué  et  ne 
forme  plus  qu'une  couche  assez  mince , 
en  forme  d'arc,  tandis  que  son  corps  ligneux 
a  pris  beaucoup  de  développement,  et  con- 
stitue la  plus  grande  partie  de  la  masse  to- 
tale devenue  par  là  beaucoup  moins  ré- 
sistante. 

En  résumé,  l'on  voit  qu'une  tige  de 
Monocotylédon  est  loin  d'avoir  ses  parties 
jeunes  au  centre,  puisqu'au  contraire  ses 
faisceaux  de  nouvelle  formation  se  placent 
toujours  plus  extérieurement  que  ceux  qui 
existaient  déjà;  que  dès  lors  ces  végétaux 
n'ont  pas  une  végétation  centrale,  et  que 
par  suite  la  division  des  végétaux  phanéro- 
games en  Endogènes  et  Exogènes  repose 
sur  une  simple  erreur  d'observation  et  doit 
être  abandonnée.  Quelques  mots  achèveront 
de  faire  connaître  l'organisation  anatomique 
des  Monocotylédons. 

D'abord,  le  bois  de  ces  végétaux  étant 
formé  simplement  de  faisceaux  fibro-vascu- 
laires  épars  au  milieu  du  tissu  cellulaire, 
il  en  résulte  que  ce  dernier  ne  s'agglomère 
point  en  moelle  dans  un  canal  médullaire 
d'organisation  particulière,  comme  chez  les 
Dicotylédons;  cependant  dans  certains  cas 
le  centre  même  de  la  tige  en  présente  une 
agglomération  assez  considérable  et  assez 
nettement  limitée  pour  que  quelques  bota- 
nistes aient  cru  devoir  la  qualifier  de  moelle. 
De  plus,  on  n'observe  dans  la  masse  ligneuse 
rien  d'analogue  aux  rayons  médullaires  qui 
existent  chez  la  grande  majorité  des  Dico- 
tylédons, mais  non  chez  tous,  comme  le 
montrent  plusieurs  exemples  cités  par 
MM.  Ad.  Brongniart,  A.  de  Jussieu  et  par 
nous-même.  A  l'extérieur,  cette  tige  est  re- 
vêtue d'un  épiderme  et  d'une  couche  cor- 
ticale, cellulaire,  mince  et  très  simple, 
dont  l'organisation  ne  ressemble  pas  à  celle 
des  Dicotylédons,  et  ne  présente  jamais  de 
couches  fibreuses  superposées  comme  chc^ 
ces  derniers. 

Quelques  modifications  généralement  lé- 
gères à  l'organisation  que  nous  venons  de 
rapporter  se  remarquent  chez  divers  Mono- 
cotylédons. La  plus  frappante  est  celle  que 
présentent  les  Liliacées,  particulièrement 
les  Dracœna  et  Cordyline,  par  suite  de  la- 
quelle leur  tige,  au  lieu  de  rester  toujours 


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321 


grêle  comme  celle  des  Palmiers,  peut  ac- 
quérir une  épaisseur  énorme  comme  celle 
qui  a  rendu  célèbre  leDragonnier  de  l'Oro- 
tava.  M.  Mohl  explique  cette  particularité 
par  ce  fait  que  la  portion  inférieure  des 
faisceaux  fibro-vasculaires  de  ces  végétaux, 
quoique  n'étant  plus  formée  que  de  cellules 
libériennes,  comme  chez  les  Palmiers,  ne  s'a- 
mincit pas  comme  chez  ces  derniers  en  filets 
très  minces,  mais  conserve  un  assez  fort 
diamètre.  On  sait  que  Dupetit-Thouars  a 
rattaché  ce  fait  à  la  production  des  bran- 
ches ,  et  par  suite  de  nombreux  bourgeons 
chez  ces  arbres,  'et  qu'il  en  a  fait  la  base 
d'une  théorie  de  l'accroissement  végétal , 
devenue  célèbre  par  ses  travaux  et  par  ceux 
de  M.  Gaudichaud. 

Les  différences  qui  distinguent  les  Mono- 
cotylédons des  Dicotylédons  se  trouvent 
non  seulement  dans  la  structure  anato- 
mique  de  leur  tige,  mais  encore  dans  leurs 
autres  organes. 

Leur  racine  ne  présente  pas  de  pivot  à  la 
germination,  leur  radicule  perce  la  couche 
externe  de  l'embryon  qui  lui  forme  une  sorte 
de  gaîne  ou  une  coléorhize;  elle  s'allonge 
ensuite  pendant  un  temps  assez  limité  après 
lequel  elle  s'oblitère,  et  la  plante  n'est  plus 
fixée  au  sol  que  par  des  racines  adventives, 
nées  à  la  base  même  de  la  radicule,  et  qui 
par  les  progrès  de  l'âge  se  développent  sou- 
vent en  grand  nombre,  de  plus  en  plus  haut, 
au  point  de  former  enfin  quelquefois,  à  la 
base  de  la  tige,  une  masse  plus  épaisse  que 
cette  tige  elle-même.  Les  faits  les  plus  cu- 
rieux à  cet  égard  sont  ceux  que  présentent 
les  Urania,  Pourretia,  surtout  les  Velîosia. 

Les  feuilles  des  Monocotylédons  sont 
presque  toujours  alternes,  souvent  sessiles 
et  embrassantes  ,  ou  à  pétiole  engainant , 
simples  et  entières,  à  peu  d'exceptions  près; 
leurs  nervures  sont  généralement  égales  et 
parallèles,  quelquefois  cependant  réticulées 
(Aracées,  Dioscoréacées ,  Smilacées). 

Leurs  fleurs  sont  organisées  d'après  le 
type  ternaire,  c'est-à-dire  qu'elles  se  com- 
posent :  d'une  enveloppe  florale  à  6  parties 
rangées  en  deux  verticilles  alternes  entre 
eux,  et  de  trois  parties  chacun  ;  de  3  ou  de 
6  étamines  opposées  aux  pièces  de  l'enve- 
loppe ;  d'un  pistil  à  trois  carpelles.  On 
trouve  néanmoins  des  modifications  de  cette 
organisation  florale  exprimée  en  nombres  si 

T.  VIII. 


simples ,  les  unes  réelles,  les  autres  appa- 
rentes. Ainsi ,  la  famille  des  Alismacées 
nous  offre  des  exemples  des  premières  pour 
les  étamines  dans  la  Sagittaire,  pour  le  pis- 
til dans  les  Âlisma;  quant  aux  dernières, 
la  transformation  de  plusieurs  des  6  éta- 
mines en  pièces  pétaloïdes  ou  en  stami- 
nodes  s'opère  de  diverses  manières  chez  les 
familles  du  groupe  des  Scitaminées ,  et 
donne  aux  fleurs  de  ces  plantes  leur  orga- 
nisation singulière,  dans  laquelle  cependant 
les  ingénieuses  recherches  de  M.  Lestibou- 
dois  ont  eu  pour  résultat  de  montrer  en- 
core la  symétrie  fondamentale  des  Monoco- 
tylédones,  plus  ou  moins  déguisée,  il  est 
vrai.  Cette  symétrie  ternaire  distingue 
presque  toujours  nettement  les  fleurs  des 
Monocotylédones  de  celles  des  Dicotylé- 
dones, dont  on  sait  que  la  fleur  est  généra- 
lement organisée  d'après  les  types  binaire 
et  quinaire.  D'un  autre  côté,  le  groupe  des 
Glumacées  est  composé  d'un  grand  nombre 
de  Monocotylédones  dont  les  fleurs  n'ont 
pour  toute  enveloppe  florale  que  des  brac- 
tées. Voy.  GRAMINÉES 

L'enveloppe  florale  des  Monocotylédones 
en  général  a  été  envisagée  de  manières 
très  diverses  parles  botanistes,  dont  chacun 
l'a  définie  et  nommée  selon  le  point  de  vue 
auquel  il  l'envisageait.  Discuter  ici  leurs  ma- 
nières de  voir  nous  conduirait  beaucoup 
trop  loin  ;  aussi  renverrons-nous  pour  cela 

au  mot  PÈRIANTHE. 

L'une  des  parties  des  végétaux  monoco- 
tylédons dont  l'examen  présente  à  la  fois  le 
plus  d'intérêt  et  de  difficultés,  est  leur  em- 
bryon. Longtemps  mal  connu,  il  a  été  étu- 
dié avec  soin  dans  ces  dernières  années  par 
M.  A.  de  Jussieu,  qui  a  consigné  les  princi- 
paux résultats  de  ses  recherches  dans  un 
mémoire  auquel  nous  allons  emprunter  les 
points  les  plus  importants  de  son  histoire. 
(  Voy.  A.  de  Jussieu,  Mémoire  sur  les  em- 
bryons monocotylédones  ;  Ann.  se.  nat. , 
2e  sér.,  t.  XI,  1839,  p.  341-361  ;  pi.  17.  ) 
Un  embryon  monocotylédoné  complet  se 
compose,  dit  M.  de  Jussieu,  d'un  axe  ou 
tigelle,  terminé  du  côté  intérieur  de  la 
graine  par  plusieurs  feuilles,  dont  la  pre- 
mière, beaucoup  plus  développée  (cotylé- 
don), enveloppe  les  suivantes,  qui  le  sont 
à  peine  et  qui  forment  par  leur  réunion  la 
plumule  ou  gemmule.   L'autre  extrémité, 

41 


322 


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qui  touche  la  périphérie  de  la  graine ,  en 
général  en  un  point  déterminé ,  le  micro- 
pyle,  est  dite  radiculaire,  parce  que  c'est 
d'elle  que  sort  la  radicule.  La  forme  la  plus 
ordinaire  de  cet  embryon  est  celle  d'un  cy- 
lindre arrondi  aux  deux  bouts,  ou  d'un 
ovoïde  plus  ou  moins  allongé;  sa  portion  la 
plus  dilatée  est  tantôt  la  cotylédonaire,  plus 
souvent  la  radiculaire,  que  leur  situation 
respective  dans  la  graine  rend  presque  tou- 
jours faciles  à  déterminer.  La  position  de  la 
gemmule  se  trahit  par  une  légère  saillie 
extérieure  sur  un  côté,  et  là  se  montre  le 
plus  souvent  une  solution  de  continuité  ou 
une  petite  fente,  que  M.  A.  de  Jussieu 
nomme  fente  gemmulaire.  Rarement  cette 
fente  gemmulaire  est  assez  largement 
béante ,  et  ses  côtés  ou  lèvres  laissent  voir 
entre  elles  la  première  feuille  de  la  gem- 
mule dans  toute  sa  longueur  (Ouvirandra)  ; 
ailleurs,  ses  lèvres  se  touchent  ou  se  re- 
couvrent même  dans  leur  milieu,  en  s'écar- 
tant  en  bas  et  en  haut,  où  l'on  voit  souvent 
alors  saillir  la  pointe  de  la  gemmule  [Apo- 
nogeton  distachyum)  ;  dans  d'autres  cas, 
au  contraire,  celle-ci  est  plus  courte  et  ne 
se  montre  pas  au  dehors  (  Sparganium  ra- 
mosum).  Le  plus  généralement,  les  deux 
lèvres  de  la  fente  gemmulaire  se  touchent 
dans  toute  leur  longueur,  et  il  en  résulte  un 
petit  sillon  ou  une  ligne  fine,  tantôt  droite, 
très  souvent  aussi  courbe,  ce  qui  indique  la 
superposition  d'une  lèvre  sur  l'autre  (  Tri- 
glochin  Barrelieri).  Quelquefois  la  gemmule 
se  montre  à  l'extérieur  comme  un  petit 
mamelon  au  fond  d'un  enfoncement  circu- 
laire, ou  ovale  ,  ou  en  losange.  Dans 
d'autres  embryons,  la  fente  gemmulaire 
est  transversale ,  à  bord  supérieur  courbe 
ou  sinueux  ;  M.  A.  de  Jussieu  explique 
cette  disposition,  en  admettant  que  les  deux 
lèvres  de  la  fente  primitive  se  sont  soudées 
l'une  à  l'autre  dans  la  plus  grande  partie 
de  leur  longueur,  et  ne  sont  restées  dis- 
tinctes que  dans  la  portion  inférieure  qui  se 
montre  par  suite  transversale.  EnGn  ,  une 
soudure  plus  complète  des  deux  lèvres  de 
3a  fente  gemmulaire  peut  la  réduire  à  n'être 
plus  qu'un  simple  petit  trou  ,  ou  même  la 
faire  disparaître  entièrement. 

On  se  rend  compte  de  l'existence  de  la 
fente  gemmulaire  sur  les  embryons  mono- 
cotylédonés,  en  se  figurant  que  leur  cotylé- 


don unique  a  la  forme  d'une  sorte  de  capu- 
chon ,  qui  coiffe  et  recouvre  la  gemmule,  et 
dont  les  deux  bords  libres  ne  sont  autre 
chose  que  les  lèvres  de  cette  fente. 

La  position  de  la  fente  gemmulaire  est 
importante  à  reconnaître,  puisque  son  extré- 
mité inférieure  indique  où  finit  la  tigelle  de 
l'embryon  et  où  commence  sa  portion  coty- 
lédonaire. Or,  le  plus  souvent,  elle  est  si- 
tuée dans  la  moitié  inférieure  de  l'embryon, 
ou  même  plus  bas  ;  mais  l'inverse  a  lieu 
dans  les  embryons  dont  la  tigelle  est  très 
développée,  et  que  L.-G.  Richard  nommait 
embryons  macropodes  :  dans  ceux-ci,  le  co- 
tylédon étant  relativement  plus  court,  elle 
se  rapproche  du  sommet  de  l'embryon ,  et 
même,  dans  un  petit  nombre  de  plantes,  on 
la  voit  devenir  apicilaire. 

Après  ces  considérations  sur  l'organisa- 
tion des  Monocotylédons,  il  nous  reste  à  pré- 
senter le  tableau  des  principales  divisions 
qui  ont  été  établies  parmi  eux,  des  groupes 
naturels  qu'ils  forment,  et  des  familles  qu'ils 
comprennent. 

A.-L.  de  Jussieu  divisait  l'embranche- 
ment des  Monocotylédons  en  3  classes,  d'a- 
près l'insertion  des  étamines  :  la  lre  (la  2e  de 
sa  méthode),  pour  les  Monocotylédons  à  éta- 
mines hypogynes  ,  à  laquelle  il  donna  plus 
tard  le  nom  de  Monohypogynie  ,  dans  la- 
quelle rentraient  les  familles  des  Aroïdes, 
des  Massettes  ou  Typhacées,  des  Cypéroïdes, 
et  des  Graminées;  la  2e,  pour  les  Monoco- 
tylédons à  étamines  périgynes  (Monopérigy- 
nie),  comprenant  les  familles  des  Palmiers, 
des  Asperges,  des  Joncs,  des  Lis,  des  Ananas, 
des  Asphodèles,  des  Narcisses  et  des  Iris;  en- 
fin, la  3e,  pour  les  Monocotylédons  à  étamines 
épigynes  (Monoépigynie),  qui  renfermait  les 
familles  des  Bananiers ,  des  Balisiers  ,  des 
Orchidées,  et  des  Morrènesou  Hydrochari- 
dées. 

Mais  ces  classes  de  A.-L.  de  Jussieu  étaient 
de  grandes  sections  basées  sur  le  seul  carac- 
tère, souvent  douteux,  de  l'insertion,  et  qui 
tenaient  beaucoup  plus  des  classifications 
purement  systématiques  que  de  la  méthode 
naturelle.  Les  botanistes  de  nos  jours  ont  agi 
dès  lors  plus  conformément  à  l'esprit  de  cette 
méthode  en  y  renonçant,  et  en  leur  substi- 
tuant des  groupes  plus  nombreux  et  géné- 
ralement naturels  dans  lesquels  il  existe 
toujours  des  caractères  généraux,  et,  jusqu'à 


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323 


un  certain  point ,  un  air  de  famille  souvent 
évident.  Ces  nouveaux  groupes  forment  en 
quelque  sorte  de  grandes  familles,  dans  les- 
quelles viennent  se  grouper  les  familles  pro- 
prement dites.  Ils  sont  pour  la  plupart  assez 
nettement  tranchés  chez  les  Monocotylédons 
pour  que  leur  circonscription  ne  présente 
guère  plus  de  variations,  dans  les  différentes 
méthodes  publiées  pendant  ces  dernières 
'années,  que  celle  des  familles  elles-mêmes. 
C'est  ce  que  montrera  le  tableau  suivant 
par  lequel  nous  terminerons  cet  article.  Ce 
tableau  servira  non  seulement  à  l'histoire 
de  la  méthode  naturelle  dans  l'étendue  de 
l'embranchement  des  Monocotylédons ,  mais 
encore  il  donnera  le  moyen  de  rattacher  les 
unes  aux  autres  les  familles  naturelles  qui 
sont  présentées  isolément  dans  cet  ouvrage. 

M.  Fr.-Th.  Bartling  (  Ordines  naturelles 
planlar.,  in- 8,  Goltingœ,  1830)  reconnaît 
parmi  les  Monocotylédons  l'existence  des 
10  classes  suivantes  :  Cl .  1 ,  Glumacées  (Fam .  : 
Graminées,  Cypéracées).  —  Cl.  2,  Joncinées 
(  Fam.  :  Restiacées  ,  Joncacées ,  Xyridées  , 
Commélinacées).  —  Cl.  3,  Ensatœ  (Fam.  : 
Burmanniacées,  Hypoxidées,  Haernodoracées, 
Iridées  ,  Amaryllidées ,  Broméliacées  ).  — 
Cl.  4,  Liliacées  (Fam.  :  Asphodélées  ,  Col- 
chicacées,  Smilacées,  Dioscorées).  — Cl.  5  , 
Orchidées  (Fam.  :  Orchidées).  —  CI.  6,  Sci- 
taminées  (Fam.  :  Amomées,  Cannacées,  Mu- 
sacées).  — Cl.  7,  Palmiers  (Fam.  :  Pal-' 
miers).  —  Cl.  8 ,  Aroïdées  (Fam.  :  Callacées, 
Orontiacées  ,  Pandanées ,  Typhacées  ).  — 
Cl.  9,  Hélobiées (Fam.  :  Naïadées,  Podostem- 
mées  ,  Alismacées  ,  Butomées  ).  —  Cl.  10  , 
Hydrocha  ridées. 

M.  Endlicher,  dans  son  Gênera  planlar um 
(gr.in-8°,  Vienne,  1839)  et  dans  son  Enchi- 
ridion  botanicon  (in-8,  Leipsick  et  Vienne  , 
1841),  établit  les  11  classes  suivantes  parmi 
ses  Amphibrya,  que  nous  savons  correspondre 
aux  Monocotylédons.  Cl.  1  (la  12e  de  sa  mé- 
thode), Glumacées  (Fam.  :  Graminées,  Cy- 
péracées). —  Cl.  2,  Enantioblastées  (Fam.  : 
Centrolépidées  ,  Restiacées ,  Ériocaulonées  , 
Xyridées,  Commélinacées). —  Cl.  3,  Hélo- 
biées (Fam.  :  Alismacées,  Butomacées  ).  — 
CI.  4,  Coronariées  (Fam.  :  Joncacées,  Phi- 
lydrées,  Mélanthacées,  Pontédéracées,  Lilia- 
cées, Smilacées). — CI.  5,  A rtorhizées (Fam.  : 
Dioscorées  ,  Taccacées  ). — Cl.  6,  Ensatœ 
(Fam.  :  Hydrocharidées,  Burmanniacées,  Iri- 


dées, Haernodoracées,  Hypoxidées,  Amaryl- 
lidées ,  Broméliacées  ).  —  Cl.  7,  Gynandres 
(Fam.  :  Orchidées  ,  Apostasiées  ).  —  Cl.  8  , 
Scitaminées  (Fam.  :  Zingibéracées,  Canna- 
cées, Musacées). —  Cl.  9,  Fluviales  (Fam.: 
Naïadées ,  Lemnacées).  —  Cl.  10,  Spadici- 
flores  (Fam.  :  Aroïdées  ,  Typhacées,  Panda- 
nées).  —  Cl.  11,  Princes  (principes)  (Fam.  : 
Palmiers). 

M.  Meisner,  dans  son  Gênera  (Plantar. 
vascularium  gênera,  in-fol.,  Leipsick,  1836- 
1843),  n'admet  parmi  les  Monocotylédones 
que  9  classes ,  dont  la  première  est  même 
formée  par  des  plantes  qui  ne  peuvent 
guère  appartenir  à  cet  embranchement  du 
règne  végétal.  Cl.  1,  Rhizanthées  (Fam.  : 
Balanophorées,  Cytinées,  Rafflésiacées). — 
Cl.  2  ,  Spadiciflores  (Fam.  :  Palmiers,  Pan- 
danacées  ,  Typhacées  ,  Aroïdées).  —  Cl.  3  , 
Hélobiées  (Fam.  :  Naïadées,  Alismacées,  Bu- 
tomées, Hydrocharidées). — Cl.  4,  Gynan- 
dres (Fam.  :  Orchidées ,  Apostasiées).  — 
Cl.  5,  Scitaminées  (Fam.  :  Zingibéracées, 
Cannacées,  Musacées).  —  Cl.  6,  Ensatœ 
(Fam.  :  Burmanniacées,  Iridées,  Amarylli- 
dées, Broméliacées,  Haernodoracées,  Hypoxi- 
dées). —  Cl.  7,  Coronariées  (Fam.  :  Ponté- 
déracées, Liliacées,  ?Taccacées,  Dioscoréa- 
cées,  Ophiopogonées,  Mélanthacées,  Jonca- 
cées, Philydrées).  — Cl.  8,  Enantioblastées 
(Fam.  Commélinacées,  Mayacées,  Xyridées, 
Ériocaulées,  Restiacées,  Centrolépidées).  — 
Cl.  9,  Glumacées  (Fam.  :  Cypéracées,  Gra- 
minées). 

M.  Lindley  a  conservé  de  grands  groupes 
analogues  aux  classes  des  autres  botanistes  ; 
mais  il  leur  a  donné  une  autre  dénomina- 
tion,  celle  d'Alliances,  et  il  a  adopté  les 
classes  de  De  Candolle  ,  qui  ne  sont  autre 
chose  que  les  grands  embranchements  du 
règne  végétal.  Ces  Alliances  ,  que  distingue 
la  désinence  commune  en  aies ,  sont  au  nom- 
bre de  11  pour  les  Monocotylédons,  aux- 
quels il  conserve  le  nom  d'ENDOGÈNEs  {voy. 
The  vegetableKingdom,  in-8,  Lond.  1846). 
AU.  1  (la  7e  de  la  méthode),  Glumales  (Fam.: 
Graminacées  ,  Cypéracées ,  Desvauxiacées  , 
Restiacées,  Ériocaulacées).  —  AU.  2  ,  Arales 
(Fam.  :  Pistiacées,  Typhacées,  Aracées,  Pan- 
danacées).  —AU.  3,  Palmales  (Fam.  :  Pal- 
macées).  —  AH.  4,  Hydrales  (Fam.  :  Hydco- 
charidacées  ,  Naïadacées  ,  Zostéracées  ).  — 
AH.   5,  Narcissales  (Fam.  :  Broméliacées, 


324 


MON 


Taccacées ,  Hœmodoracées  ,  Hypoxidacées , 
Amaryllidacées,  lridacées).  —  Ail.  6  ,  Amo- 
males  (Fara.  :  Musacées,  Zingibéracées,  Ma- 
rantacées). — Ail.  7,  Orchidales  (Fara.  :  Bur- 
manniacées,  Orchidacées,  Apostasiacées  ). 
—  Ail.  8 ,  Xyridales  (Fam.  :  Philydracées , 
Xyridacées,  Commélinacées,  Mayacées). — 
Ail.  9,  Joncales  (Fam.  :  Joncacées,  Orontia- 
cées).  —  Ail.  10,  Liliales  (Fam.  :  Gilliésia- 
cées,  Mélanthacées ,  Liliacées,  Pontédéra- 
cées). — AU.  11  ,  Alismales  (Fam.  :  Buto- 
macées,  Alismacées,  Joncaginacées). 

Enfin  nous  allons  terminer  cet  exposé  en 
reproduisant  le  tableau  des  classes  admises 
par  M.  Ad.  Brongniart  pour  les  Monocoty- 
lédons dans  son  Énumération  des  genres  de 
plantes  cultivées  au  Jardin  du  Roi  en  1843 
(in-12,  Paris  1843),  et  nous  y  joindrons  les 
caractères  assignés  à  ces  classes ,  ainsi  que 
la  division  dichotomique  à  l'aide  de  laquelle 
on  parvient  jusqu'à  elles. 

Monocotylédones.  *lre  Série,  PÉRISPER- 
mées.  Embryon  accompagné  de  périsperme 
(il  y  a  quelques  exceptions  à  ce  caractère 
dans  quelques  Aroïdées). 

§  1.  Périanthe  nul  ou  sépales  glumacés; 
périsperme  amylacé. 

Cl.  1  (la  7e  de  la  méthode).  Glumacées. 
Périanthe  nul;  organes  reproducteurs  recou- 
verts par  les  bractées  seules;  pistil  1-ovulé  ; 
embryon  placé  en  dehors  du  périsperme. 
(Fam.  :  Graminées,  Cypéracées.) 

Cl.  2.  Joncinées.  Périanthe  à  sépales  glu- 
macés ou  verts;  pétales  glumacés  ou  corol- 
loïdes  ;  embryon  souvent  en  dedans  du  pé- 
risperme. (Fam.  :  Restiacées,Ériocaulonées, 
Xyridées,  Commélinées,  Joncacées.) 

Cl.  3.  Aroidées.  Périanthe  nul  ou  très 
imparfait;  fleurs  sessiles  sur  un  spadice  sim- 
ple, et  le  plus  souvent  enveloppées  par  une 
spathe,  souvent  unisexuées;  pistil  composé 
de  1  à  6  carpelles  uni  ou  pluri-ovulés  ;  em- 
bryon entouré  par  le  périsperme.  (Fam.  : 
Aracées,  Typhacées.) 

§  2.  Périanthe  nul  ou  double,  sépaloïde 
ou  pétaloïde  ;  périsperme  charnu  ou  corné , 
oléo-albumineux,  sans  fécule. 

Cl.  4.  Pandanoïdées.  Fleurs  sessiles  sur 
un  spadice;  périanthe  nul  ou  très  impar- 
fait; périsperme  charnu,  huileux.  (Fam.  : 
Cyclanthées,  Freycinétiées,  Pandanées.) 

Cl.  5.  Phœnicoïde'es.  Fleurs  sessiles  sur 
un  spadice  simple  ou  rameux ,  renfermées 


MON 

dans  une  spathe  simple  ou  multiple,  souvent 
1 -sexuées;  périanthe  double,  sépaloïde; 
étamines  3-6;  pistil  à  1-3  carpelles  1-ovu- 
lés;  fruit  1-3-sperme,  indéhiscent;  péri- 
sperme corné  ou  huileux.  (Fam.  :  Nipacées, 
Phytéléphasiées,  Palmiers.) 

Cl.  6.  Lirioïdées.  Périanthe  double,  péta- 
loïde (rarement  sépaloïde),  libre  ou  adhérent 
à  l'ovaire  ;  étamines  3-6  ;  pistil  à  3  carpelles  ; 
ovules  bisériés,  nombreux  (rarement  2-1); 
fruit  capsulaire  ou  bacciforme  ;  périsperme 
corné  ou  charnu.  (Fam.  :  Mélanthacées,  Li- 
liacées, Gilliésiées,  Amaryllidées ,  Hypoxi- 
dées,  Astéliées,  Taccacées,  Dioscorées,  Iri- 
dées,  Burmanniacées.) 

§  3.  Périanthe  double  ,  l'interne  ou  tous 
les  deux  pétaloïdes  ;  périsperme  amylacé. 

Cl.  7.  Bromélioïdes.  Périanthe  régulier, 
libre  ou  adhérente  l'ovaire;  étamines  3-6 
ou  rarement  plus ,  toutes  fertiles.  (  Fam.  : 
Haemodoracées ,  Vellosiées,  Broméliacées, 
Pontédériacées.) 

Cl.  8.  Scitaminées.  Périanthe  irrégulier, 
adhérent  à  l'ovaire,  une  des  divisions  label- 
liforme;  étamines  en  partie  stériles  ou  pé- 
taloïdes ,  souvent  une  seule  fertile.  (  Fam.  : 
Musacées,  Cannées,  Zingibéracées.) 

**  2e  série.  Apérispermées.  Périsperme 
nul. 

Cl.  9.  Orchioïdées.  Périanthe  adhérent, 
irrégulier  ou  rarement  régulier;  étamines 
1-3,  insérées  sur  le  style.  (Fam.  :  Orchidées, 
Apostasiées.) 

Cl.  10.  Fluviales.  Périanthe  libre  ou 
adhérent,  double  ou  quelquefois  nul,  l'ex- 
terne sépaloïde,  l'interne  pétaloïde:  étami- 
nes indépendantes  du  pistil,  souvent  dans 
des  fleurs  distinctes.  (Fam.  :  Hydrochari- 
dées,  Butomées,  Alismacées,  Naïadées.  Lera- 
na(Jes.  (P.  Duchartre.) 

*MOIVOCRAlVIA  (,x5vo?,  seul;  y.o*-/.ov, 
crâne),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  phyllophages,  créé  par  Laporte 
de  Castelnau  (Ann.  de  la  Soc.  Ent.  de  Fr.t 
t.  I,  p.  410.  —  Hist.  nat.  des  An.  art.,  II, 
p.  150).  L'auteur  a  formé  ce  g.  avec  deux 
espèces  du  Brésil,  qu'il  nomme  M.  nigricans 
et  luridipennis.  (C.) 

*MONOCRASPEDON  (uôvoç,  seul  ;  xoacr- 
«£<îov,  frange  ,  bord),  acal.  —  Sous-genre 
établi  par  M.  Brandt  pour  les  Aurélies  qui 
ont  le  bord  simple  du  côté  ventral  et  des 


MON 


MON 


325 


tentacules  sur  un  seul  rang  sans  tentacules 
rudimentaires.  (Duj.) 

*MONOCREPIDIES  (po'voç,  seul  ;  xPW?, 
sandale),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères  ,  famille  des  Sternoies ,  tribu  des 
Élatérides,  créé  par  Eschscholtz  (Entomo- 
logischer  archiv.  ,  von  Th.  Thon,  1829, 
p.  51),  et  adopté  par  Latreille,  Dejean  et 
Germar.  Une  cinquantaine  d'espèces,  toutes 
américaines,  font  partie  de  ce  genre:  nous 
citerons  principalement  les  M.  castanipes  , 
flabellicornis ,  vespertinus,  unifascialus  et 
rnelancholicus  de  Fabr.,  geminatusy  scalaris, 
et  abbreviatus  de  G.  (G.) 

MONOCULUS.  crust.  —  Voy.  monocle. 

*MONOCYSTIS  fco'vos,  seul;  xuVtcç, ves- 
sie), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Can- 
nacées?,  établi  par  Lindley  (Introduct.  edii., 
t.  II,  p.  445).  Herbes  de  la  Chine. 

*MONODACNA  (^ovoç,  un  seul;  <y«xvà, 
morsure),  moll.— Genre  établi  par  M.  Eich- 
wald  pour  des  coquilles  bivalves  de  la  mer 
Caspienne,  qu'il  avait  d'abord  classées  avec 
les  Corbules.  Les  Monodacnes  ont  la  coquille 
un  peu  bâillante  en  avant,  transverse,  assez 
mince,  concave,  à  côtes  fines,  longitudinales, 
avec  une  seule  dent  cardinale,  simple,  pe- 
tite, distincte,  sans  dents  latérales,  mais 
avec  une  lamelle  accessoire,  quelquefois  al- 
longée en  arrière.  L'espèce  type  est  la  M. 
caspia.  M.  Eichwald  en  décrit  une  autre 
{M.  pontica)  de  la  mer  Noire.  (Duj.) 

MONODACTYLES.  mam.— Les  vétérinai- 
res donnent  le  nom  de  Monodactyles  aux 
animaux  du  genre  Cheval.  (E.  D.) 

MONODACTÏLES,  Merr.  rept.  —  Syn. 
de  Chamœsaura.  (P.  G.) 

MONODELPHES  (uo'vo;,  seul;  êd^ç, 
matrice),  mam.  — M.  de  Blainville  (Prodr. 
d'une  classific.  des  animaux ,  Soc.  phil.  , 
1816)  a  proposé  ce  nom,  en  opposition  avec 
celui  de  Didelphes,  pour  désigner  les  Mam- 
mifères ordinaires,  chez  lesquels  le  fœtus 
prend  son  entier  développement  dans  la 
matrice  :  les  Didelphes  ou  Marsupiaux  d'une 
part,  et  les  Monodelphes  de  l'autre,  forme- 
raient, selon  M.  de  Blainville,  deux  sous- 
classes  distinctes  dans  la  classe  des  Mam- 
mifères.   Voy.    MAMMIFÈRES.  (E.  D.) 

*MONODESMtS(f,o'voç,  seul;  fc*fiiç, 
lien),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères ,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes,  tribu  des  Prioniens,  formé 


par  Dejean  {Cal.,  3e  éd.,  p.  343),  et  adopté 
par  Serville  {Ann.  de  la  Soc.  Ent.  de  Fr., 
t.  I,  p.  126,  160).  Le  type,  M.  callidioides 
de  ces  auteurs ,  est  originaire  de  l'île  de 
Cuba,  et  se  trouve  aux  environs  de  la  Ha- 
vane. Deux  autres  espèces  des  Antilles  font 
encore  partie  de  ce  genre.  (C.) 

MONODON.  mam.  —  Voy.  narval. 
MONOBONTA,  DC.  (Prodr.,  V,  558). 
bot.  ph.  —  Voy.  obeliscaria,  Cass. 

MONODONTE.  Monodonta  (^o'voç,  un; 
ôtîovç,  ocJovtoç,  dent),  moll.  —  Genre  créé 
par  Lamarck  aux  dépens  des  Troques  et  des 
Turbos  pour  les  espèces  dont  le  bord  gauche 
est  séparé  du  bord  droit  par  une  ou  plu- 
sieurs saillies  en  forme  de  dent.  Ce  genre, 
tout-à-fait  artificiel ,  doit  être  réuni  aux 
Troques  et  aux  Turbos.  Voy.  ces  mots.  (Duj.) 
*MONODONTINA.  mam.  —  Division  de 
l'ordre  des  Cétacés  indiquée  par  M.  Charles 
Bonaparte  (Synopsis,  1837),  et  dont  le 
Narval  (voy.  ce  mot)  est  le  genre  princi* 
pal.  (E.  D.) 

MONODORA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Anonacées?,  établi  par  Duval 
{Anon.,  79,  DC.  ;  Prodr. ,  I,  87).  Arbres  de 
l'Afrique  tropicale. 

*MONOD\NAMIS,  Gme\.](Syst.,  1, 10). 
bot.  ph.  — Syn.  d'Usteria,  Willd. 

MONODYNAMES,  Pohl  {Plant.  BrasiL, 
II,  67,  t.  144).  bot.  ph.  —  Syn.  à'Anacar- 
dium,  Rottb. 

MONQECIE.  Monœcia  (  ^ovoç ,  seul  ; 
oîxta,  demeure),  bot.  ph.  —  Vingt-unième 
classe  du  système  sexuel  de  Linné,  compre- 
nant tous  les  végétaux  phanérogames  dont 
les  fleurs  unisexuées  sont  portées  sur  un 
même  individu  :  ces  végétaux  sont  alors  dits 
monoïques.  Cette  classe  a  été  divisée  par 
Linné  en  onze  ordres,  qui  sont  :  1°  Monœcie 
monandrie;  2°  M.  diandrie;  3°  M.  triandrie; 
4°  M.  tétrandrie;  5°  M.  pentandrie;  6°  M. 
hexandrie  ;  7°  M.  heptandrie  ;  8°  M.  po- 
lyandrie; 9°  M.  monadelphie;  10°  M.  syn- 
génésie;  11°  M.  gynandrie. 

MONOÉPIGYNIE.  Monoépigynia^évoç, 
seul;  Ui,  sur;  ywn  »  pistil),  bot.  ph. — 
Troisième  division  établie  dans  la  classe 
des  Monocotylédons.  Voy.  ce  mot. 

MONOGAMIE.  Monogamia  (p.0'vo;,seul  ; 
ya'fxoç,  noces),  bot.  ph.  —  Linné  a  donné  ce 
nom  à  un  ordre  de  la  19e  classe  du  système 
sexuel  (sYngénésie),  qui  renferme  toutes  les 


326 


MON 


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plantes  syngénèses  dont  les  fleurs  sont  dis- 
tinctes les  unes  des  autres ,  et  munies  cha- 
cune d'un  calice  particulier. 

*MONOGOMPHIA  (Fo'voç,  un  seul  ;  yc> 
ytoç,  dent  molaire  ).  infus.  ,  systol. — Dé- 
nomination par  laquelle  M.  Ebrenberg  dé- 
signe les  Systolides  ou  Rotateurs  dont  les 
mâchoires  n'ont  qu'une  seule  dent.    (Dm.) 

MONOGONIA,  Presl.  (Pterid.,  146,  t.  5, 

f.  15).  BOT.  CR.  —  Voy.  PTERIS. 

MONOGRAMMA  (ao'vo; ,  seul  ;  ypaW  , 
ligne),  bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille  des 
Fougères-Polypodiacées,  établi  par  Commer- 
son  (Schkuhr,  Crypt. ,  82,  t.  87)  pour  des 
Fougères  originaires  de  l'Inde  occidentale  et 
de  l'île  de  Mascareigne. 

MONOGYNIE.  Monogynia  (f*o'voç ,  seul  ; 
yvv/j,  pistil),  bot.  ph.  —  Ce  nom,  qui  dé- 
signe les  plantes  dont  la  fleur  n'a  qu'un 
pistil ,  a  été  donné  par  Linné  au  premier 
ordre  des  treize  premières  classes  du  sys- 
tème sexuel. 

MONOGYRIA,  DC.  (Prodr.,  325).  bot. 
ph.  —  Voy.  neja  ,  D.  Don. 

*MONOHAMMUS  (  p&oç ,  seul  ;  â^a , 
nœud  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  famille  des  Longicornes,  tribu 
des  Lamiaires,  formé  par  Mégerle  ,  adopté 
par  Dabi  et  Dejean ,  dans  leurs  catalogues 
respectifs,  par  Mulsant  et  tous  les  auteurs 
contemporains.  Ce  genre,  qui  a  des  repré- 
sentants dans  toutes  les  parties  du  monde, 
renferme  plus  de  40  espèces.  Nous  citerons, 
parmi  celles  d'Europe ,  les  M.  maculatus 
Ziegler,  sartor ,  sutor  de  F.,  Gallo-provin- 
cialis  d'Ol.;  et  parmi  les  espèces  exotiques, 
les  Lamia  crucifera  ,  dentator  ,  titillator , 
ruspator,  rusticator,  et  luscus  de  F.     (C.) 

MONOHYPOGYME.  Monohypogynia 
(uovoç,  seul;  yirô ,  sous;  yuvvf,  pistil),  bot. 
ph.  -—  Première  division  établie  dans  la 
classe  des  Monocotylédons.  Voy.  ce  mot. 

*MONOILEMA.  ms.  —  Genre  de  Co- 
léoptères subpentamères,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Longicornes,  tribu  des 
Pi  ioniens ,  créé  par  Say  et  adopté  par 
M.  Guérin-Meneville  (le.  reg.  an.y  t.  III, 
2,  p.  216).  L'espèce  type  est  originaire 
des  États-Unis.  (G  ) 

MONOÏQUES,  bot.  ph.  —  Voy.  moncecie. 

*MONOLABIS  (,uovoç,  un  seul;  i«€lç, 
agrafe  ).  infds.,  systol.  —  Genre  établi  par 
M.  Ehrenberg,  dans  sa  famille  des  Philodi- 


nés  qui  répond  à  notre  famille  des  Rotifcres, 
pour  une  espèce  peu  connue,.)/.  c<jtuta,qm 
paraît  devoir  être  rangée  dans  une  autre  fa- 
mille. Elle  a  deux  yeux  frontaux  et  deux  ap- 
pendices en  forme  de  doigts  sans  cornicules 
à  la  queue.  (Do.) 

*M©NOLEPIS(fxo»o«,seul;  U**,  écaille). 
crust.  —  Ce  genre ,  qui  appartient  a  la 
section  des  Décapodes  aaomoures ,  à  la 
famille  des  Ptérygures  et  à  la  tribu  des 
Poreellaniens,  a  été  établi  par  Say  sur  des 
Crustacés  encore  jeunes  et  dont  le  dévelop- 
pement probablement  n'est  pas  encore  ter- 
miné. Quoi  qu'il  en  soit,  les  Monolepis  pa- 
raissent avoir  la  plus  grande  analogie  avec 
les  Mégalopes  (voy.  ce  mot),  et  surtout  avec 
les  jeunes  Dromies.  Ils  se  distinguent  des 
premiers  parleurs  pattes  postérieures  petites, 
reployées  au-dessus  des  angles  postérieurs  du 
test  et  terminées  par  des  soies  très  longues. 
On  ne  connaît  encore  que  deux  espèces  qui 
ont  pour  patrie  les  mers  d'Amérique.  Le 
Monolepis  inerme  ,  Monolepis  inermis  Say 
(Journ.  of  the  Acad.  of  Philadelph.,  t.  I,  p. 
155),  type  du  genre,  a  été  pris  sur  les  côtes 
du  Marylané.  (H.  L.) 

*MONOLEPTA  (f*ôvo;,  seul;  Wtbç, 
menu  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères, tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Cycliques  ,  tribu  des  Gallérucites  , 
établi  par  nous  et  adopté  par  Dejean  (Cata- 
logue, 3e  éd.,  p.  407) qui  en  énumère  30  es- 
pèces; 15  sont  originaires  d'Afrique,  7  d'A- 
sie, 6  d'Australie;  l'Europe  et  l'Amérique 
n'ont  encore  l'une  et  l'autre  qu'un  seul  re- 
présentant du  genre.  Les  Monolepta  sem- 
blent faire  le  passage  des  Gallérucites  aux 
Alticites;  leurs  pattes  sont  grêles,  et  leurs 
cuisses  sont  un  tant  soit  peu  renflées.  Ce 
genre  se  distingue  surtout  par  le  premier  ar- 
ticle des  tarses  postérieurs  qui  est  fort  long. 

Nous  citerons,  comme  se  rapportant  a  ce 
genre,  les  Crioc.  humeralis,  bioculata,  qua- 
drinotata  de  F.,  et  la  Gai.  limbata  d'Ol.  (C> 

*MONOLOBA  (uo'voç,  seul  ;  Mg;,  lobe'. 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères,. 
famille  des  Xystropides,  tribu  des  Ciste- 
lites,  créé  par  Solier  (Ann.  delà  Soc.  ent. 
de  Fr.y  t.  IV,  p.  235),  qui  lui  donne  pour 
type  la  M.  dircœoides,  espèce  du  Brésil.    (C.) 

*M01\OLOPHUS  (,uovo; ,  seul  ;  fcqrfa  ai- 
grette), bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Zingibéracées-Alpiniées,  établi  par  Wallich 


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MON 


327 


(PL  as.  rar.,  1 ,  24).  Herbes  de  l'Inde.  Voy. 

ZINGIBÉRACÉES. 

*MONOLOPIA  (povoç  ,  seul;  W?s , 
écaille),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Composées  -  Sénécionidées ,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.  ,  VI,  74).  Herbes  du  Cap. 

Voy.  COMPOSÉES. 

*MOI\OMACRA  (/aovoç,  seul;  paxpog, 
long),  ins.  ~  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Cycliques,  tribu  des  Alticites  (  Chryso- 
mélines  de  Lat.) ,  créé  par  nous  ,  et  adopté 
par  Dejean  (Catal.,  3e  éd.,  p.  413)  ,  qui 
en  mentionne  15  espèces  d'Amérique.  Parmi 
elles  nous  citerons  les  deux  suivantes  :  Crio- 
ceris pollens  et  restituta  (tïbialis  01.)  Fab.; 
l'une  est  originaire  de  la  Guadeloupe  et 
l'autre  de  Cuba.  (C.) 

MONOMÈRES.  Monomera.  ins.  —  Der- 
nière section  de  l'ordre  des  Coléoptères , 
établie  par  Latreille,  et  composée  d'espèces 
qui  n'offrent  qu'un  seul  article  à  chaque 
tarse;  elle  ne  renferme  jusqu'à  présent  que 
le  seul  genre  Clambus ,  ayant  pour  type  le 
Dermestcs  armadillo  de  Degéer.  (C.) 

*MONOMERIA  (p.o'voç,  seul  ;  pcpTs,  tige). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Orchi- 
dées -Dendrobiées,  établi  par  Lindley  (Or- 
chid., 61).  Herbes  du  Népaul.  Voy.  orchi- 
dées. 

*MONOMMA  (p.ovoç ,  seul  ;  op.ua ,  vue  ?). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères, 
famille  des  Diapériales,  tribu  des  Taxicornes, 
créé  par  Klug  (Insecten  von  Madagascar, 
1833,  p.  94,  tab.  4,  f.  6),  qui  lui  donne 
pour  type  le  M.  irroratum.  Le  genre  Hy- 
poragus  de  Dejean  paraît  être  synonyme 
du  genre  en  question  ;  mais  ce  dernier  au- 
teur en  aurait  alors  fait,  à  tort,  un  penta- 
mère  de  la  famille  des  Clavicornes.     (C.) 

MOIVOMORPRES.  Monomorpha.  ins.  — 
Syn.  deThysanures.  Voy.  ce  mot.    (H.  L.) 

*MONOMPnALIENS.  Monomphalii{v.6- 
voç,  seul;  èp.cpaXc'ç, ombilic),  térat. — Seconde 
famille  de  Monstres  doubles  autositaires , 
caractérisée  principalement  par  la  réunion 
de  deux  sujets  presque  complets  ,  à  ombilic 
commun. 

Deux  sections  ont  été  établies  dans  cette 
famille  par  M.  Isidore  Geoffroy- Saint-Hilaire 
(Tératologie  générale,  t.  III,  p.  67)  ;  la  pre- 
mière comprend  les  Monomphaliens  à  union 
sous-ombilicale,  et  ne  se  compose  que  du 


seul  genre  Ischiopage.  La  seconde  section, 
caractérisée  par  Yunion  sus-ombilicale,  ren- 
ferme les  genres  Xiphopage ,  Sternopage, 
Ectopage  et  Hémipage.  Nous  allons  entrer 
dans  quelques  détails  caractéristiques  et 
descriptifs  sur  chacun  d'eux. 

1.  Ischiopage.  Ischiopages  ('^tov,  ischion  : 
itays'çf  uni).  Ce  genre,  le  seul,  comme  nous 
l'avons  dit,  qui  se  rapporte  à  la  première- 
section,  a  pour  caractères:  Deux  individus  s 
ombilic  commun,  réunis  dans  la  région  hy- 
pogastrique.  Un  Ischiopage  est  ainsi  un  être 
double,  de  forme  très  allongée,  terminé  à 
chacune  de  ses  extrémités  par  un  thorax,  deux 
membres  thoraciques,  un  cou,  une  tête,  et 
présentant,  danslaportion  moyenne,  un  dou- 
ble abdomen ,  de  doubles  membres  abdomi- 
naux et,  tout-à-fait  au  centre,  l'ombilic  com- 
mun. 

La  fréquence  des  cas  d'Ischiopagie  chez 
l'homme  et  les  animaux  a  procuré  à  laseïence 
de  nombreuses  et  utiles  observations  sur 
l'organisation  de  ces  Monstres.  Duverney, 
Dubreuil,  Geoffroy-Sain t-Hilaire,  ont  fait  sur 
ce  genre  d'anomalies  des  travaux  remarqua- 
bles, et  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  , 
qui  a  eu  plusieurs  fois  l'occasion  d'observer 
des  Ischiopages,  a  publié  sur  leur  organisa- 
tion (Traité  de  Tératologie)  un  travail  digne 
d'intérêt. 

Les  appareils  de  la  région  pelvienne  offrent 
une  disposition  très  remarquable.  Ainsi,  en 
premier  lieu,  les  bassins,  à  peu  près  normaux 
en  arrière,  sont  largement  ouverts  en  avant, 
et  les  deux  pubis  de  chaque  sujet,  rejetés 
tout-à-fait  latéralement,  au  lieu  de  s'unir 
entre  eux  sur  la  ligne  médiane,  vont  se  con- 
joindre  à  droite  et  à  gauche  avec  ceux  de 
l'autre  sujet.  De  là  deux  symphyses  pubien- 
nes disposées  à  peu  près  comme  dans  l'état 
normal ,  mais  placées  l'une  à  droite  et  l'au- 
tre à  gauche.  De  là  aussi  l'existence,  non  de 
deux  bassins ,  mais  bien  d'un  seul  et  très 
vaste  bassin  composé  de  doubles  matériaux. 

Ce  mélange  de  deux  bassins  entraîne  né- 
cessairement des  anomalies  dans  la  compo- 
sition des  appareils  intra-pelviens.  Ainsi,  il 
existe  deux  vessies  latérales,  le  plus  souvent 
unies  et  communiquant  entre  elles  plus  ou 
moins  largement,  et  appartenant  chacune 
pour  moitié  aux  deux  sujets  composants. 
L'appareil  sexuel  présente  de  semblables 
modifications  ;  sa  portion  antérieure  se  divise 


328 


MON 


dans  chaque  sujet  en  deux  moitiés  dont  cha- 
cune suit  le  pubis  de  son  côté,  et  va  de  même 
s'associer  à  une  moitié  analogue  fournie  par 
l'autre  sujet.  Quant  aux  intestins  qui  occu- 
pent la  partie  postérieure  de  la  cavité  pel- 
vienne, ils  sont  plus  courts  que  dans  l'état 
normal  et  se  réunissent  en  un  rectum  com- 
mun qui  s'ouvre  ordinairement  à  l'extérieur, 
mais  quelquefois,  quand  les  deux  vessies 
sont  conjointes,  dans  la  poche  commune  qui 
résulte  de  leur  union.  Les  artères  ombilica- 
les, généralement  au  nombre  de  trois,  quel- 
quefois de  deux ,  sont  placées  d'abord  aux 
deux  côtés  de  la  vessie ,  et  de  là ,  suivant  la 
disposition  accoutumée,  se  portent  à  l'ombilic 
commun. 

2.  Xiphopage.  Xiphopages  (Sc'cpoç,  épée; 
«ayetç,  uni).  Dans  la  Xiphopagie,  la  réunion 
des  individus  a  lieu  de  l'extrémité  inférieure 
du  sternum  à  l'ombilic  commun.  Ce  genre 
est  de  tous  ceux  du  second  groupe  celui  dont 
l'union  est  le  moins  étendue,  et  qui,  par  con- 
séquent, s'écarte  le  moins  du  type  normal. 

Malgré  le  peu  de  rareté  des  cas  de  Xipho- 
pagie, l'anatomie  de  ces  Monstres  est  peu 
connue.  Les  recherches  de  Barkow  (Monstra 
animalia  duplicia  per  anatomen  indagala) 
faites  sur  un  agneau  double  bimâle  sont  les 
seules  à  l'aide  desquelles  il  soit  possible  de 
donner  quelques  détails  sur  l'organisation 
interne  des  Xiphopages.  La  réunion  des  deux 
sujets  composants  se  faisait  par  la  partie 
inférieure  des  sternums  qui,  libres  et  offrant 
supérieurementladisposition  normale,  chan- 
geaient ensuite  de  direction  pour  se  porter 
l'un  au-devant  de  l'autre  et  se  conjoindre  entre 
eux.  Il  existait  deux  cœurs  inégalement  volu- 
mineux,dont  le  plus  petit  à  un  seul  ventricule; 
ils  étaient  complètement  séparés,  enveloppés 
même  chacun  d'un  péricarde  propre,  mais 
contigus  sous  la  portion  commune  des  ster- 
nums. Les  deux  foies  se  trouvaient  réunis 
en  une  masse  unique,  mais  très  volumineuse, 
soutenue  par  deux  ligaments  suspenseurs,  et 
pourvue  de  deux  vésicules  biliaires.  Les  deux 
diaphragmes  étaient  pareillement  conjoints 
en  un  seul;  ils  n'avaient  même  pour  eux 
qu'un  seul  centre  tendineux.  Quant  aux 
intestins,  aux  estomacs  et  aux  autres  organes 
abdominaux,  ils  étaient  tous  doubles  et  sé- 
parés. 

Les  cas  de  Xiphopagie  sont  assez  fréquents 
chez  l'homme  aussi  bien  que  chez  les  ani- 


Ï\I0N 

maux.  C'est  à  ce  genre  d'anomalie  qu'on 
doit  rapporter  un  Monstre  mouomphalien 
devenu  célèbre  dans  toute  l'Europe;  nous 
voulons  dire  cet  être  double,  né  en  1811  de 
parens  chinois  établis  dans  le  royaume  de 
Siam,  nommé  Chang-Eng,  et  que  Paris  a 
vu,  en  1835,  sous  le  nom  des  Frères  siamois. 
Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  rappor- 
ter ici  ce  qu'en  dit  M.  Isidore  Geoffroy-Saint- 
Hilaire  dans  sa  Tératologie  générale. 

«  Très  semblables  l'un  à  l'autre  par  les 
traits  de  leur  visage,  mais  différant  sensi- 
blement par  leur  taille  et  par  leur  force, 
Chang  et  Eng  sont  unis  entre  eux  de  l'om- 
bilic à  l'appendice  xiphoïde.  Dans  leur  en- 
fance, les  deux  frères  siamois  se  trouvaient 
opposés  face  à  face,  et  se  touchaient  mutuel- 
lement, au-dessus  et  au-dessous  du  lien 
d'union ,  par  leurs  thorax  et  par  leurs  ab- 
domens. Si  cette  disposition  première  ,  qui 
est  commune  à  tous  les  Xiphopages  nais- 
sants, eût  persisté  pendant  la  vie  de  Chang 
et  d'Eng  ,  ils  n'eussent  pu  ni  marcher  dans 
le  même  sens,  ni  s'asseoir  en  même  temps, 
et  ils  se  fussent  réciproquement  gênés  et  en- 
través dans  toutes  leurs  actions.  De  là  les 
efforts  faits  dès  l'enfance  pour  arriver  à  des 
relations  mutuelles  plus  commodes  et  mieux 
harmoniques,  et  par  suite  des  modifications 
aussi  heureuses  pour  les  deux  frères  qu'elles 
sont  physiologiquement  remarquables.  Les 
deux  appendices  xiphoïdes ,  au  lieu  de  se 
continuer  inférieurement  dans  les  plans  des 
sternums  ,  se  sont  relevés  et  rejetés  latéra- 
lement, l'un  à  droite,  l'autre  à  gauche;  ils 
forment,  avec  les  parties  musculaires  et  cu- 
tanées, très  étendues  en  longueur,  dont  ils 
sont  recouverts ,  une  sorte  de  bande  qui  se 
porte  transversalement  d'un  sujet  à  l'autre. 
Cette  bande,  par  laquelle  l'union  primitive- 
ment intime  et  immédiate  des  deux  sujets 
composants  se  trouve,  en  quelque  sorte, 
changer  en  une  union  médiate  et  à  distance , 
a,  dans  l'état  présent,  jusqu'à  5  pouces  de 
longueur  sur  3  de  large,  et  est  flexible, 
mais  inégalement  dans  tous  les  sens.  Les 
deux  appendices  xiphoïdes  ,  placés  bout  à 
bout,  sont-ils  en  rapport  par  des  articula- 
tions très  lâches,  soit  avec  le  corps  des 
sternums  ,  soit  l'un  avec  l'autre?  ou  bien  , 
sous  l'influence  d'efforts  gradués  et  presque 
continus,  se  seraient -ils  séparés  peu  à 
peu  ou  même  écartés  ?  C'est  ce  que  le  tou- 


MON 


MON 


3*29 


cher  de  ta  bande  d'union  eût  pu  facile- 
ment apprendre  ,  et  cependant  c'est  ce  que 
j'ignore  encore,  les  deux  frères  s'étant  con- 
stamment refusés  à  laisser  achever  un  exa- 
men qu'ils  disaient  douloureux.  Ils  ont  tou- 
tefois suppléé  en  partie  aux  données  qu'eût 
pu  fournir  cet  examen  ,  en  exécutant  sous 
mes  yeux  plusieurs  mouvements,  et  prenant 
plusieurs  positions  qui  attestent,  dans  la 
bande  d'union  ,  une  flexibilité  beaucoup 
plus  grande  que  ne  l'ontsupposée  les  auteurs. 
Ainsi  j'ai,  vu  l'un  des  deux  frères  restant 
droit,  l'autre  se  baisser,  et  dans  ce  moment 
son  thorax  tournait  sur  la  bande  d'union 
comme  sur  une  sorte  de  pivot.  Je  les  ai  vus 
aussi  se  placer  l'un  en  face  de  l'autre  comme 
ils  l'étaient  dans  leur  enfance.  Mais  ces  po- 
sitions,  et  cette  dernière  elle-même ,  dont 
l'organisation  se  plie  à  l'influence  long- 
temps prolongée  d'une  habitude,  sont  pour 
Chang  et  Eng  des  attitudes  forcées  qu'ils 
s'empressent  de  quitter  pour  reprendre  ce 
qui  est  aujourd'hui  leur  état  ordinaire , 
c'est-à-dire  pour  se  mettre  l'un  par  rapport 
à  l'autre  de  côté  et  à  angle  droit. 

»  C'est  ainsi  placés  qu'ils  se  couchent , 
qu'ils  s'asseoient,  qu'ils  se  tiennent  debout, 
qu'ils  marchent,  comparables  à  deux  per- 
sonnes qui,  serrées  l'une  contre  l'autre,  se 
touchent  réciproquement  par  un  des  côtés 
de  leurs  poitrines.  Aussi  la  progression  né 
se  fait-elle  ni  pour  l'un  ni  pour  l'autre ,  di- 
rectement d'avant  en  arrière,  mais  obli- 
quement, suivaut  la  diagonale  de  l'angle 
qu'ils  forment  entre  eux.  Chacun  d'eux  a 
l'un  des  côtés  de  son  corps  placé  en  avant , 
et,  relativement  à  l'ensemble  de  l'être  dou- 
ble ,  en  dehors  ;  l'autre  en  arrière  et  en 
dedans.  De  même  la  jambe  et  le  bras  droits 
de  l'un  des  frères,  la  jambe  et  le  bras  gau- 
ches de  l'autre,  sont  en  avant  ;  les  deux  au- 
tres jambes  et  les  deux  autres  bras  en  ar- 
rière. De  là  une  inégalité  très  marquée 
d'action  ,  d'exercice ,  et  par  suite  de  déve- 
loppement entre  les  deux  membres,  d'abord 
semblables  et  égaux,  de  chaque  paire  thora- 
cique  et  abdominale.  Tandis  que  Chang  et 
Eng  laissent  leurs  bras  postérieurs  pendre 
comme  inertes  derrière  leur  double  corps  , 
ou  bien,  et  c'est  le  plus  souvent,  les  entre- 
lacent mutuellement  autour  de  leur6  cous 
ou  de  leurs  poitrines ,  tous  les  actes  de  la 
préhension ,  aussi  bien  ceux  qui  exigent  de 

T.    VIÏI. 


la  force  que  de  l'adresse,  restent  dévolus 
aux  bras  antérieurs  :  aussi  sont-ils  robustes 
et  bien  musclés  ;  les  deux  autres ,  au  con- 
traire, faibles  et  grêles.  Pareillement,  dans 
la  marche,  dans  la  course,  dans  le  saut 
même,  qui  s'accomplit  par  les  efforts  instan- 
tanément combinés  et  toujours  harmoniques 
des  deux  frères ,  les  jambes  postérieures  ne 
font  que  seconder  et  pour  ainsi  dire  que 
suivre  les  deux  antérieures  :  aussi  sont-elles 
faibles  ,  maigres  ,  et  même,  chez  l'un  des 
deux  surtout ,  très  sensiblement  cagneuses. 
Les  deux  moitiés  du  corps  et  même  de  la 
tête,  les  yeux  exceptés,  pour  lesquels  a  pré- 
cisément lieu  l'inverse,  offrent  des  diffé- 
rences moins  marquées,  mais  analogues, 
en  sorte  que,  par  une  disposition  que  la 
simplicité  de  son  explication  ne  rend  pas 
moins  singulière,  le  côté  droit  d'Eng  se 
trouve  beaucoup  plus  semblable  au  côté 
gauche  de  Chang,  et  réciproquement,  qu'à 
l'autre  moitié  de  son  propre  corps. 

«  Dans  les  circonstances  ordinaires,  lors- 
que tous  deux  sont  également  calmes  ou 
également  animés,  la  respiration  et  les  pul- 
sations artérielles  sont  simultanées  chez 
Chang  et  Eng.  Cependant  il  n'en  est  pas 
toujours  ainsi.  L'un  des  deux  frères  s'étant 
un  jour  baissé  pour  examiner  le  jeu  d'une 
montre,  son  pouls  s'accéléra  aussitôt,  au 
rapport  d'un  médecin  instruit ,  le  docteur 
Waran  ,  tandis  que  celui  de  l'autre  jumeau 
ne  subit  point  de  changement  sensible  ; 
mais  l'isochromisme  ne  tarda  pas  à  se  réta- 
blir. Les  médecins  de  Londres  et  de  Paris 
ont  eu  aussi  occasion  de  constater  à  plu- 
sieurs reprises,  et  même  quelquefois  sans 
cause  apparente  ,  des  différences  plus  ou 
moins  marquées  dans  le  nombre  des  pul- 
sations. 

»  Les  deux  Siamois  montrent  de  même 
dans  leurs  autres  ifonctions  une  concordance 
remarquable ,  mais  non  absolument  con- 
stante, comme  les  journaux  des  États-Unis, 
de  Londres,  de  Paris,  se  sont  plu  à  le  ré- 
péter successivement,  et  comme  le  disaient 
eux-mêmes  Chang  et  Eng  aux  personnes 
qui  se  contentaient  de  leur  adresser  quel- 
ques vagues  questions.  Sans  doute  rien  de 
plus  curieux  que  le  contraste  d'une  dualité 
physique  presque  complète  et  d'une  unité 
morale  absolue  ;  mais  aussi  rien  de  plus 
contraire  à  la  saine  théorie.  J'ai  fait  avec 

42 


330 


MON 


MON 


soin  toutes  les  observations,  recueilli  tous 
les  renseignements  qui  pourraient  m'éclai- 
rer  sur  la  valeur  d'une  assertion  tant  de  fois 
répétée;  et  j'ai  trouvé  qu'entre  les  principes 
méconnus  de  la  théorie  et  toutes  les  décla- 
mations physiologiques  dont  l'unité  morale 
des  frères  siamois  a  été  si  longtemps  l'iné- 
puisable texte,  c'est  aux  premiers,  comme  on 
devait  s'y  attendre,  que  les  faits  donnent 
entièrement  gain  de  cause. 

»  Jumeaux  créés  sur  deux  types  presque 
identiques,  puis  inévitablement  soumis  pen- 
dant toute  leur  vie  à  l'influence  des  mêmes 
circonstances  physiques  et  morales  ;  sem- 
blables d'organisation  et  semblables  d'édu- 
cation, les  deux  frères  Siamois  sont  devenus 
deux  êtres  dont  les  fonctions,  les  actions  , 
les  paroles ,  les  pensées  même ,  sont  presque 
toujours  concordantes,  et,  si  l'on  peut  s'ex- 
primer ainsi,  se  produisent  et  s'accomplis- 
sent parallèlement.  Leurs  heures  d'appétit, 
de  sommeil,  de  veille,  leurs  joies,  leurs 
colères, leurs  douleurs, sont  communes;  les 
mêmes  idées,  les  mêmes  désirs  se  font  jour 
au  même  moment  dans  ces  âmes  jumelles  ; 
la  phrase  commencée  par  l'un  est  souvent 
achevée  par  l'autre.  Mais  toutes  ces  concor- 
dances prouvent  la  parité  et  non  l'unité; 
des  jumeaux  anormaux  en  présentent  sou- 
vent d'analogues,  et  sans  doute  en  offri- 
raient de  tout  aussi  remarquables ,  s'ils 
eussent  invariablement  pendant  toute  leur 
vie ,  comme  les  deux  Siamois ,  vu  les  mêmes 
objets,  perçu  les  mêmes  sensations,  joui 
des  mêmes  plaisirs  ,  souffert  des  mêmes 
douleurs. 

»  Ghang  et  Eng  ont  l'un  pour  l'autre 
l'affection  la  plus  tendre.  Obligés  de  mar- 
cher, de  s'asseoir,  de  se  coucher,  de  se 
lever  ensemble,  de  s'obéir  tour  à  tour  ,  et 
de  se  faire  mutuellement  ,  et  presque  à 
chaque  instant  de  leur  vie,  le  sacrifice  de 
leur  volonté,  à  peine  les  a-t-on  vus  quel- 
quefois dans  une  passagère  mésintelligence. 
Telle  est  même  la  force  de  leur  mutuelle 
«affection ,  qu'ils  ne  trouvent  pas  acheté  trop 
:her,  au  prix  de  la  gêne  constante  de  leurs 
mouvements,  le  bonheur  de  se  sentir  sans 
cesse  l'un  près  de  l'autre,  et  de  réaliser  à  la 
lettre  cette  belleimage  de  l'amitié  :  Tous  deux 
ne  sont  qu'un,  et  chacun  est  deux.  On  assure 
que,  plusieurs  chirurgiens  ayant  conçu  le 
projet,  trop  hardi  peut-être,  de  les  rendre 


à  l'état  normal  par  leur  séparation,  ce  fut 
ce  sentiment,  bien  plus  que  la  crainte  de 
la  douleur  ou  de  la  mort,  qui  les  détermina 
à  se  refuser  à  toute  opération. 

»  Les  deux  frères  siamois,  aujourd'hui 
façonnés  aux  mœurs  européennes,  parlent 
tous  deux  avec  la  même  facilité  la  langue 
anglaise,  pour  laquelle  ils  ont  presque  en- 
tièrement oublié  le  chinois.  Ils  s'entretien- 
nent volontiers  avec  les  personnes  qui  les 
visitent.  Souvent  même  chacun  d'eux  suit 
séparément  une  conversation  distincte  avec 
des  interlocuteurs  différents  ;  mais  entre 
eux  ils  ne  s'adressent  presque  jamais  la 
parole,  et  lorsqu'ils  le  font,  ce  n'est  que 
pour  se  dire  quelques  mots  en  apparence 
sans  suite  et  à  peine  intelligibles  pour  d'au- 
tres. Comment ,  en  effet ,  concevoir  cet 
échange  rapide  et  répété  de  faits  et  d'idées 
que  l'on  appelle  conversation  entre  deux 
êtres  qui,  unis  ensemble  par  un  lien  indis- 
soluble, voient  tous  les  mêmes  objets,  en- 
tendent toutes  les  mêmes  paroles,  et  sont 
l'un  à  l'autre ,  à  chaque  instant  de  leur  vie, 
un  confident  inévitable?  » 

3.  Sternopage.  Sternopages  (  ax/pvov  , 
sternum;  Traynç,  uni).  Ce  genre  est  prin- 
cipalement caractérisé  par  la  jonction  de 
deux  individus  face  à  face,  depuis  l'ombi- 
lic jusqu'à  la  partie  supérieure  de  la  poi- 
trine. Il  diffère  du  genre  précédent  (Xipho- 
phage)  par  l'étendue  très  inégale  de  la  ré- 
gion d'union  ,  et  surtout  par  la  disposition 
très  différente  des  viscères  thoraciques  et 
sus-abdominaux  réunis  entre  eux,  d'un  su- 
jet à  l'autre. 

Les  observations  assez  nombreuses  faites 
sur  les  Sternopages  par  différents  auteurs, 
entre  autres  par  M.  Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  ,  ont  suffisamment  démontré  l'or- 
ganisation de  ces  Monstres.  Le  sternum  de 
chaque  sujet  est  divisé  en  deux  moitiés  re- 
jetées latéralement,  et  reportées  ainsi  sur 
les  flancs.  Là,  rencontrant  les  deux  moitiés 
semblablement  disposées  du  sternum  de 
l'autre  sujet,  elles  se  sont  réunies  avec  elles  ; 
de  là  deux  sternums  latéraux  et  communs 
aux  deux  sujets,  du  reste  régulièrement 
conformés.  Les  cavités  thoraciques,  au  nom- 
bre de  deux,  sont  réunies  en  une  seule  et 
très  vaste  cavité,  limitée  par  quatre  parois, 
savoir  :  deux  costo-dorsales  ,  directement 
opposées  l'une  à  l'autre;  deux  costo-ster- 


MON 


MOIN 


131 


nales,  également  opposées  entre  elles.  Cha- 
cune des  premières  appartient  en  propre  à 
l'un  des  sujets  composants ,  tandis  qu'au 
contraire  les  parois  costo-sternales  appar- 
tiennent, chacune  pour  moitié,  aux  deux 
sujets  composants  à  la  fois.  Les  organes  tho- 
raciques  s'écartent  peu  de  leur  conforma- 
tion normale;  ainsi  les  poumons,  qui  sont 
au  nombre  de  quatre,  ne  présentent  rien 
de  remarquable.  Les  organes  de  la  région 
sternale  ,  spécialement  le  péricarde  et  le 
cœur,  présentent  de  graves  modifications. 
Les  deux  péricardes  sont  confondus  en  un 
seul  et  vaste  péricarde  renfermant  deux 
cœurs,  ou,  le  plus  ordinairement,  un  double 
cœur  s'étendant  d'un  sternum  à  l'autre.  Les 
deux  cœurs  sont  plus  ou  moins  intimement 
soudés,  et,  suivant  le  degré  d'intensité  de 
cette  union ,  ils  communiquent  entre  eux 
par  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de 
leurs  cavités.  Cette  union  se  fait  constam- 
ment sur  la  ligne  médiane,  et  entre  les 
faces  similaires  des  deux  organes.  Le  thorax 
est  séparé  de  l'abdomen  par  un  double  dia- 
phragme, au-dessous  duquel  est  placé  un 
foie  également  double,  très  volumineux, 
ayant  deux  vésicules  biliaires,  s'étendant  de 
l'une  des  parois  abdominales  à  l'autre. 

M.  Isidore  Geoffroy  Saint  Hilaire  a  déjà 
eu  plusieurs  fois  l'occasion  de  constater  dif- 
férents cas  de  Sternopagie  chez  l'homme. 
Les  animaux  en  ont  aussi  présenté  quelques 
exemples,  entre  autres  un  faon  de  Cerf  et 
un  de  Veau. 

4.  Ectopage.  Ectopages  (Ixto'ç,  en  de- 
hors; woyetç,  uni).  Ce  genre  est  caractérisé 
principalement  par  la  jonction  latérale  de 
deux  individus,  à  partir  de  l'ombilic,  sur 
toute  l'étendue  du  thorax.  Ici,  les  deux  su- 
jets composants  sont  placés  à  peu  près  à 
angle  droit,  et  ont  tous  deux  la  face  tour- 
née du  côté  de  la  plus  grande  paroi  thora- 
cique.  Les  rachis  sont  postérieurs,  par  rap- 
port à  l'être  double  tout  entier,  comme  par 
rapport  à  chacun  des  individus.  Sur  les 
quatre  bras,  deux,  placés  aux  deux  côtés  de 
la  grande  paroi  thoracique,  offrent  la  dispo- 
sition normale  et  sont  semblables  entre 
eux;  les  deux  autres,  au  contraire,  placés 
postérieurement,  sont  ordinairement  plus 
petits  ou  plus  grêles  que  les  premiers,  et  tel- 
lement rapprochés  l'un  de  l'autre,  que  quel- 
quefois ils  se  soudent,  et  forment  alors  un 


double  bras  appartenant  pour  moitié  à  l'un 
et  à  l'autre  des  sujets  composants. 

L'organisation  interne  des  Ectopages  a 
beaucoup  de  rapports  avec  celle  des  Sterno- 
pages.  Ils  ont  de  même  un  double  thorax,  et 
entre  eux  un  double  cœur,  qu'un  diaphragme 
unique,  mais  très  vaste,  sépare  des  viscères 
abdominaux.  Le  foie  est  unique  et  inter- 
posé entre  les  estomacs  distincts.  Dans  cer- 
tains cas,  les  intestins  grêles  étaient  réunis 
et  confondus  en  un  seul ,  les  gros  intestins 
étant  au  contraire  constamment  séparés 
l'un  de  l'autre. 

On  ne  connaît  qu'un  assez  petit  nombre 
de  cas  d'Ectopagie,  tous  présentés  par  l'es- 
pèce humaine. 

5.  Hémipage.  Hemipages  ',(^tav s ,  demi  ; 
«ayît'ç,  uni).  La  réunion  latérale  de  deux  in- 
dividus à  ombilic  commun,  sur  toute  l'éten- 
due du  thorax  et  du  cou,  et  presque  par  les 
mâchoires ,  tel  est  le  principal  caractère  de 
l'Hémipagie.  Dans  ce  genre,  comme  dans  les 
deux  précédents  ,  les  deux  corps  sont  unis 
par  les  thorax ,  et  ont  deux  parois  thoraci- 
ques  opposées  et  très  inégales;  de  plus,  les 
deux  faces  dans  leur  portion  inférieure  ,  et 
les  deux  cous,  se  conjoignent  antérieure- 
ment, mais  obliquement,  et  chaque  sujet 
conserve ,  distincts  et  séparés ,  seulement  la 
partie  supérieure  de  sa  face  et  son  crâne  en- 
tier ,  ainsi  que  la  portion  inférieure  de  son 
abdomen. 

L'organisation  interne  des  Hémipages  se 
trouve  parfaitement  en  rapport  avec  leur  con- 
formation externe  ;  et  parmi  les  dif  féren  ts  Hé- 
mipages observés ,  nous  devons  citer  comme 
type  du  genre  l'enfant  double,  bimâle,  qui 
appartient  à  la  collection  tératologique  de 
Berlin,  et  que  Barkow  a  pu  observer  dans 
tous  ses  détails.  Entre  deux  colonnes  verté- 
brales séparées  dans  toute  leur  étendue ,  se 
trouvaient  interposés  supérieurement  deux 
sternums  inégaux ,  et  quatre  rangs  de  côtes 
disposées  comme  dans  l'Ectopagie.  Au-dessus 
d'un  double  diaphragme  ,  il  existait  quatre 
poumons  et  deux  cœurs  distincts,  mais  iné- 
gaux en  volume  et  en  développement.  Les 
deux  trachées  étaient  distinctes  ;  mais  il 
n'existait  qu'un  seul  œsophage,  un  seul  es- 
tomac, un  seul  duodénum,  un  seul  jéjunum 
et  un  seul  pancréas,  tandis  qu'au  contraire 
il  existait  deux  rates  et  deux  foies. 

Chez  les  animaux,  un  Agneau,  un  Mou- 


332 


MON 


MON 


ton  et  un  Cochon  ont  seuls,  à  peu  près, 
présenté  des  exemples  d'Hémipagie. 

Tous  les  Monoraphaliens ,  comme  la  plu- 
part des  Monstres  ,  sont  généralement  peu 
viables.  A  peine  en  connaît-on  quelques  uns 
qui  soient  parvenus  à  l'état  adulte,  ou  même 
qui  aient  achevé  Ja  première  enfance  ;  en- 
core ces  exemples  ne  sont-ils  offerts  que  par 
les  genres  dans  lesquels  l'union  est  la  moins 
étendue  et  la  moins  profonde.  Un  dernier 
fait  à  constater,  c'est  que  généralement  les 
i'idividus  composants  sont  de  même  sexe, 
c'est -à-dire  ou  bifemelles,  ou  bimâles ,  ou, 
ce  qui  est    très  rare,  bi-hermaphrodites. 

(J.) 

MONOMYAÏRES  (f*$voç,  un  seul  ;  pvt&, 
muscle),  moll.  —  Ordre  de  Conchifères  ou 
Mollusques  acéphales  établi  par  Lamarck 
pour  ceux  dont  la  coquille  bivalve  ne  présen  te 
qu'un  seul  muscle  adducteur,  comme  les 
Huîtres  et  les  Peignes.   Voy.  mollusques. 

(Duj.) 

MONOMYCES  (,a0'voÇ,  un  seul;  p&nç, 
champignon),  folyp.  —  Genre  établi  par 
M.  Ehrenberg  aux  dépens  des  Fongies  et  des 
Garyophyllies ,  pour  les  espèces  de  Phytoco- 
raux  polyactinies  non  arborescents  qui  ont 
des  étoiles  fixées,  solitaires,  ou  produisant 
simplement  des  gemmes  par  le  côté',  et  dont 
les  lames  sont  simplement  rayonnantes,  sou- 
vent inégales,  en  même  temps  que  le  man- 
teau enveloppe  toute  la  tige  jusqu'à  la  base. 
La  Fongia  patellaris  de  Lamarck  est  le  type 
de  ce  genre.  Elle  se  trouve  dans  les  mers  de 
l'Inde  et  dans  la  Méditerranée.       (Duj.) 

MONONYCHUS  (  pA**,  seul  ;  gfc$  on- 
gle), ins. — Genre  de  Coléoptères  tétramères, 
famille  des  Curculionides  gonatocères,  divi- 
sion des  Apostasimérides  cryptorhynchides, 
proposé  par  Schuppel  et  adopté  par  Dejean , 
Latreille,  Germar  et  Schœnherr.  Ce  der- 
nier auteur  (  Dispositio  methodica ,  p.  299  ) 
cite,  comme  faisant  partie  de  ce  genre,  les 
espèces  suivantes  :  M.  Pseudacori  F.,  Sal~ 
viœ  Gr.,  Ireos  Pal  1.  {Bufo  F.),  et  Vulpecu- 
lus  F.  Les  deux  premières  sont  propres  à 
l'Europe,  la  3e  est  d'Asie  (Sibérie  )  et  la  4® 
d'Amérique  (Caroline).  (C.) 

*MONOI\YX  (fxo'vo;,  seul;  ftvf,  ongle). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Hémiptères  hé- 
téroptères,  tribu  des  Népiens ,  établi  par 
Laporte  de  Castelnau.  M.  Blanchard,  qui  a 
adopté  ce  genre  (Hist.  des  Insectes,  publiée 


par  Firmin  Didot),  lui  donne  pour  carac- 
tères essentiels  :  Tarses  pourvus  d'un  seul 
crochet  ;  yeux  médiocrement  saillants  ;  cuis- 
ses très  épaisses. 

Le  type  de  ce  genre  est  le  Mononyx  raplo- 
nusLap»  (Ess.  kém.,  pi  16,  n°  2) ,  qui  se 
trouve  au  Brésil. 

MONOPÉRIGYNIE.  Monoperigynia  (u.6- 
voç  ,  seul;  respi,  autour;  yuvvj ,  pistil),  bot. 
pb.  —  Deuxième  division  établie  dans  la 
classe  des  Monocotylédons.  Voy.  ce  mot. 

MONOPÉTALE.  Monopetalus  (pc;, 
seul;  wrrcdov  ,  pétafo ).  bot.  ph.  —  Nom 
donné  aux  plantes  dont  les  fleurs  ont  la  co- 
rolle composée  d'une  seule  pièce ,  et  à  une 
des  trois  grandes  divisions  établies  dans  les 
Dicotylédons  (Apétales,  Monopétales,  Poly- 
pétales). 

*MONOPHADNUS.  ins.— M.  Hartig  a  dé- 
signé ainsi,  dans  le  groupe  des  Tenthrédites, 
de  l'ordre  des  Hyménoptères,  une  des  divi- 
sions du  genre  Salandria.  Voy.  ce  mot.  (Bl.) 

MONOPHLEBA.  ms.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Hémiptères  bomoptères  ,  tribu  des 
Cocciniens,  établi  par  Latreille  {Fam.  nat.), 
et  considéré  par  M.  Blanchard  comme  une 
simple  section  du  genre  Cochenille.  Voy, 
ce  mot. 

MONOPHORE  (f^oç,  un  seul  ;  «épo?  ou 
yépoq,  trou),  mole.,  tunic.  — Dénomination 
employée  par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  pour 
désigner  te  Pyrosome.  Voy.  ce  mot.  (Dm.) 
MONOPHTHAEMES.  Monophthalma. 
crust. — Synonyme  de  Daphnoïdes.  Voy.  ce 
mot.  (H.  L.) 

*MOIVOPHYLLA  (  uâvo;,  seul  ;  cpuT,ov, 
feuille),  ins.—  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Mal&codermes ,  tribu  des 
Clairones,  créé  par  M.  Spinola  (Essai  mono- 
graphique des  Clérites,  1843,  1844,  t.  I,  p. 
386  ;  t.  M,  p.  126).  Ce  genre  se  compose  de 
deux  espèces  originaires  des  États-Unis: 
M.  megatom.%  Say,  et  terminata  Klug.  Cet 
auteur  a  fait  connaître  la»  dernière  sous  te 
nom  générique  de  Macrotelvus ,  qui  devra 
prévaloir  comme  antérieur  de  publication. 

(G.) 

MONOPHYLLE.  Monophyllus  («,ovoç, 
seul;  (pxJWov,  feuille),  bot.  ph.  —  Épithète 
appliquée  à  tout  organe  foliacé  composé 
d'une  seule  pièce,  ou  qui  n'offre  pas  plu- 
sieurs folioles  distinctes  (calice  nwnovhylte, 
involucre  monophylle). 


MON 


MON 


333 


♦MONOPHYLLEA  (  po'vo; ,  seul;  «pv'X- 
2ov ,  feuille  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Gesnéracées,  établi  par  R.  Brown 
(in  Horsfleld  Plant.  Jav.  rar.t  121).  Herbes 
de  Sumatra.  Voy.  gesnéracées. 

MONOPHYIXUS  (fi&oç,  une  seule; 
yv/.Xov,  feuille),  mam. — Leach  (Trans.  Linn., 
t.  XIII,  1822)  a  créé  sous  cette  dénomination 
un  genre  de  Chauves-Souris  assez  voisin  de 
celui  des  Phyllostoma,  et  qui  a  été  assez  gé~ 
néra!ementadopté.LesMonop/i?y^Ms  ont  pour 
caractères  :  Quatre  incisives  supérieures  iné- 
gales, dont  les  deux  du  milieu  plus  longues 
que  les  latérales  et  bifides,  et  pas  d'inférieu- 
res ;  deux  canines  à  chaque  mâchoire;  cinq 
molaires  supérieures  et  six  inférieures  de 
chaque  côté;  une  seule  feuille  droite  sur  le 
nez;  la  queue  courte. 

Une*  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe; 
c'est  le  Monophyllus  Redmannii  Leach,  qui 
est  brun  en  dessus,  gris  en  dessous  et  dont 
la  feuille  est  aiguë  et  couverte  de  petits  poils 
blanchâtres.  Cet  animal  habite  la  Jamaïque. 

(E.  D.) 

M0i\(XPIRA.  polvp.  —  Genre  proposé 
par  Rafinesque  pour  deux  Polypiers  qu'il 
avait  observés  dans  la  Méditerranée,  sur  les 
côtes  de  Sicile.  (Duj.) 

*MONOPIS  (.aovoç,  seul;  ty,  ^o:,  œil). 
Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Xylophages,  proposé  par  Ziegler 
et  adopté  par  Dejean  {Catalogue,  3e  édit., 
p.  339).  L'espèce  type,  le  M.  castanea  Zieg., 
a  reçu  les  noms  suivants  :  M.  rufescens 
Dej. ,  fenestrata  Lat. ,  et  pusillns  (  Hypo- 
phlœus  )  Steven.  On  la  trouve  dans  une 
grande  partie  de  l'Europe.  (C.) 

*MOi\OPLATUS  (.aovoç,  seul;  irJLoœvi, 
large),  ins. — Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Alticites  (Chrysoméli- 
toes),  créé  par  nous  et  adopté  par  Dejean 
(Catalogue,  3e  édit.,  p.  407).  Ce  genre  se 
compose  de  deux  espèces  du  Brésil,  des 
M.  rubicundus  et  dimidiatus  Dej.  L'article 
terminal  des  tarses  est  globuleux.         (C.) 

MOXOPLEUROBRANCHES  (povoç,  un 
seul  ;  Kifcvpau,  côté;Çpayxt«,branchie).MOLL. 
—  Dénomination  employée  par  M.  de  Blain- 
ville  pour  le  troisième  ordre  des  Malacozoai- 
res  pa-racéphalophores ,  comprenant  les  Mol- 
lusques qui  ont  sur  le  côté  droit  une  bran- 
chic  recouverte  par  une  partie  du  manteau 


dans  laquelle  se  développe  souvent  une  co- 
quille plane  ou  enroulée,  à  ouverture  très 
grande  et  entière.  Cet  ordre  comprend  les 
quatre  familles  des  Subaplysiens  ,  des 
Aplyliens,  des  Patelloïdes  et  des  Acères. 

(Dm.) 

*MONOPLIUS,  Dejean.  ins.  —  Synon. 
de  Pachylopus  d'Erichson.  (C.) 

*MOI\OPNOA.  rept.— M.  Fitzinger  dési- 
gne sous  ce  nom  l'une  des  divisions  primai- 
res des  Reptiles.  (E.  D.) 

MONOPOGON,  Presl  (in  Reliq.  Hœnk. , 

1,  325,  t.  44).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Trista- 
chya,  Nées. 

MONOPORINA,  J.-S.  Presl  (Rostlin.,  II, 

2 ,  p.  277,  t.  41,  f.  2).  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Marila,  Swartz. 

*MONOPSIS (po'vo;,  seul;  è^^,  aspect). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Lobé- 
liacées-Lobéliées  ,  établi  par  Salisbury  (in 
Transacl.  Hortic.  Soc,  II,  excl.  sp.).  Herbes 
vivaces  du  cap  de  Bonne-Espérance  et  de  la 
Nouvelle-Hollande  tropicale.  Voy.  lobélia- 

CÉES. 

MONOPTÈRE.  Monopterus  (p$voç,  seul  ; 
TTTspov,  nageoire),  poiss.  —  Genre  de  Pois- 
sons de  l'ordre  des  Malacoptérygiens  apo- 
des, famille  des  Anguilliformes,  établi  pat 
Commerson  et  Lacépède,  et  cité  par  G .  Cuvier 
(Règn.  anim.,  t.  II,  p.  353),  qui  lui  donne 
pour  caractères  essentiels  :  Deux  orifices 
branchiaux ,  réunis  sous  la  gorge  en  une 
fente  transversale  divisée  dans  son  milieu 
par  une  cloison.  La  dorsale  et  l'anale  se 
montrent  seulement  sur  le  milieu  de  la 
queue,  et  se  réunissent  à  la  pointe.  Dents 
en  carde  aux  mâchoires  et  aux  palatins  ; 
six  rayons  à  chaque  ouie  ;  trois  branchies 
très  petites. 

La  seule  espèce  connue  habite  les  îles  de 
la  Sonde,  et  a  été  nommée  par  Lacépède 

MONAPTÈRE  JAVANAIS. 

*MONOPYXIS  (  ^o'voç ,  un  seul  ;  «n£iS , 
capsule,  boîte),  polyp. — Sous-genre  de  Sertu- 
laires  proposé  par  M.  Ehrenberg  pour  les  es- 
pèces dont  les  capsules  gemmifères,  qu'il 
nomme  cellules  femelles,  sont  axillaires,  so- 
litaires et  terminales.  Telle  est  la  Serlularia 
geniculata  de  Mu!  1er  dont  Lamarck  a  fait 
une  Campanulaire,  et  qui  se  distingue  aussi 
par  ses  tentacules  très  longs  et  très  minces, 
un   peu   hérissés ,    au   nombre  de    trente. 

(DiJ.) 


334 


MON 


MON 


MOKORCIIIS,  Mentz.  {Pug.,  t.  5,  f.  12). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Microstylis,  Nutt. 

*MONORHYNCHA  (ftoVO«,  unique;  £V 
^oç,  trompe),  uelm.  — Famille  de  Vers  Tœ- 
nioïdes  dans  M.  de  Blainville  (Dict.  se.  nat., 
t.  LV1I,  p.  596),  comprenant  les  genres 
Triœnophore,  Onchobolhrie ,  Kalysis,  Tœnia 
et  Fimbriaire,  ainsi  que  les  Vers  vésiculaires. 
Leurs  caractères  communs  sont  d'avoir  le 
renflement  céphalique  pourvu  d'une  seule 
trompe  médiane,  plus  ou  moins  évidente,  et 
presque  toujours  armée  de  crochets.    (P.  G.) 

*MONORMIA  (aovoç,  un  seul;  Spp.oç, 
collier),  bot.  cr.  —  (Phycées).  Genre  de  la 
tribu  des  Nostocinées  ,  établi  par  M.  Berke- 
ley (  Gleanings,  p.  46),  avec  ces  caractères  : 
Fronde  gélatineuse,  rameuse,  renfermant 
un  seul  filament  moniliforme  parcourant 
toutes  les  ramifications.  Ce  genre,  créé  pour 
une  seule  espèce,  le  M.  intricata  Berkel., 
croissant  dans  les  eaux  douces  parmi  les 
Lemna,  nous  paraît  devoir  être  réuni  au 
genre  Nostoc.  (Bréb.) 

MONOSÉPALE.  Monosepalus  (p*»os, 
seul  ;  sepalus,  sépale),  bot.  ph.  —  Épithète 
appliquée  au  calice,  lorsqu'il  est  ou  paraît 
composé  d'une  seule  pièce. 

*MO\TOSIS(p.o'vwcre;,  solitude),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Verno- 
niacées,  établi  par  De  Candolle  {in  Guillem. 
archiv.  bot.,  II,  515;  Prodr.,  V,  77),  et 
dont  les  principaux  caractères  sont  :  Capi- 
tule 1- flore;  involucre  oblong,  à  écailles 
imbriquées  ,  obtuses  ;  réceptacle  poncti- 
forme;  corolle  tubuleuse,  5-fide;  anthères 
sessiles;  stigmate  très  saillant  :  le  fruit  est 
un  akène  glabre,  cylindrique.  Les  Monosis 
sont  des  sous-arbrisseaux  de  l'Inde  et  du 
Mexique,  à  feuilles  alternes,  brièvement  pé- 
tiolées,  aiguës,  entières,  glabres  en  dessus, 
tomenteuses  en  dessous  ;  à  fleurs  groupées 
en  capitules  sessiles  au  sommet  des  rameaux. 

Ce  genre  renferme  quatre  espèces,  répar- 
ties par  De  Candolle  {loc.  cit.)  en  deux  sec- 
tions :  Eumonosis ,  rangée  extérieure  de 
l'aigrette  de  même  longueur  que  la  rangée 
intérieure;  arbrisseaux  de  l'Inde.  Eremosis, 
rangée  extérieure  de  l'aigrette  plus  courte  ; 
arbrisseaux  du  Mexique. 

*MOïVOSOMIEI\S.  Monosomii  (  p.0'voç , 
seul;  <jwpoc,  corps),  térat. — Famille  de 
Monstres  doubles  de  l'ordre  des  Autositai- 
res ,  caractérisée  essentiellement  par  l'unité 


du  corps.  Les  différents  Monstres  compris 
dans  cette  famille  peuvent  se  rapporter  à 
trois  genres,  que  M.  Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  {Traité  de  tératologie)  nomme  :  Atlo- 
dyme,  Iniodyme  etOpodyme,  et  que  nous 
allons  décrire  aussi  brièvement  que  possible. 

1.  Atlodyme.  Allodymus  (a-Àoç,  atlas; 
SiSvftoçt  jumeau).  Ce  genre  a  pour  carac- 
tères principaux  :  Un  seul  corps  ;  deux  têtes 
séparées,  mais  contiguës,  portées  sur  un 
cou  unique. 

Jusqu'à  présent ,  les  animaux  seuls  ont 
offert  quelques  exemples  de  cette  monstruo- 
sité. Nous  citerons  principalement  une  Vi- 
père commune,  donnée  par  M.  Dutrochet  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  La 
dissection  de  ce  Reptile ,  faite  par  M.  Du- 
trochet, a  constaté  l'existence  de  deux  tra- 
chées et  de  deux  œsophages  distincts ,  mais 
aboutissant  les  unes  dans  un  poumon ,  les 
autres  dans  un  estomac  simple.  Il  n'existait 
qu'un  seul  cœur,  et  la  colonne  vertébrale, 
unique  dans  sa  presque  totalité,  se  bifur- 
quait dans  le  voisinage  de  la  tête. 

Les  Mammifères  et  les  Oiseaux  ont  aussi 
présenté  quelques  exemples ,  mais  rares  ce- 
pendant, d'une  semblable  anomalie. 

2.  Iniodyme.  Iniodymus  (îvt'ov ,  partie  pos- 
térieure de  la  tête;  Slivpoç,  jumeau).  Le  ca- 
ractère principal,  qui  différencie  extérieure- 
ment ce  genre  du  précédent,  consiste  dans 
la  réunion  de  deux  têtes  en  arrière  par  le 
côté.  Dans  ce  cas,  le  nombre  des  oreilles 
présente  des  variations  remarquables  qui 
résultent  de  l'union  plus  ou  moins  intime 
des  sujets  composants.  Ainsi  le  plus  souvent 
il  existe  quatre  oreilles,  deux  en  dehors, 
deux  en  dedans;  mais  ces  dernières  sont 
quelquefois  confondues  en  une  seule  ,  et 
disparaissent  même  plus  ou  moins  complè- 
tement. 

L'organisation  interne  présente  à  peu  près 
les  mêmes  particularités  que  celle  du  genre 
précédent,  et  c'est  seulement  à  partir  de  la 
moelle  allongée  que  commence  la  fusion  des 
deux  axes  cérébro-spinaux. 

L'homme  et  différentes  classes  d'animaux 
(Mammifères,  Reptiles,  Oiseaux)  ont  donné 
souvent  lieu  à  des  observations  authenti- 
ques d'Iniodymie. 

3.  Opodyme.  Opodymus  («fy  ,  «ko; ,  œil  ; 
JWopioç,  jumeau).  Ce  genre,  le  même  que 
celui  établi  par  Geoffroy  Saint -Hilaire  sous 


MON 


MON 


335 


le  nom  de  Polyopse ,  comprend  des  sujets 
qui  n'ont  qu'un  seul  corps  ;  une  tête  unique 
en  arrière,  mais  se  séparant  en  deux  faces 
distinctes  à  partir  de  la  région  oculaire. 

Les  Monstres  de  ce  genre  ont  ordinaire- 
ment quatre  yeux;  mais  une  union  plus  ou 
moins  profonde  fait  que  les  deux  yeux  in- 
ternes tantôt  se  trouvent  logés  à  côté  l'un 
de  l'autre  dans  des  orbites  encore  plus  ou 
moins  distinctes,  tantôt  occupent,  mais  sé- 
parés encore,  une  cavité  orbitaire  commune, 
tantôt  enfin  se  confondent  en  un  seul  œil 
central  qui  peut  être  encore  manifestement 
double,  ou  bien  simple,  ou  même  très  im- 
parfait. 

L'angle  suivant  lequel  se  fait  l'union  des 
têtes  est  souvent  droit,  quelquefois  plus  ou 
moins  aigu.  Dans  le  premier  cas  ,  les  deux 
mâchoires  inférieures  sont  soudées  entre 
elles  postérieurement  par  leurs  branches 
internes,  très  courtes,  imparfaites,  et  elles 
n'ont  en  commun  qu'un  condyle  médian  et 
rudimentaire.  Dans  le  second  cas,  les  côtés 
internes  des  deux  mâchoires  supérieures, 
aussi  bien  que  les  branches  internes  des 
deux  mâchoires  inférieures,  restent  contigus 
quelquefois  dans  la  presque  totalité  de  leur 
étendue. 

Par  suite  ,  les  bouches  offrent  aussi  des 
dispositions  différentes  :  elles  sont  tantôt  très 
écartées  l'une  de  l'autre,  tantôt  séparées 
seulement  par  une  cloison  musculo-mem- 
braneuse,  tantôt  enfin  plus  ou  moins  con- 
fondues avec  leur  partie  inférieure.  Les  deux 
langues  sont  constamment  unies  par  leur 
base;  un  hyoïde  unique  soutient  leur  partie 
postérieure.  Les  organes  cervicaux  sont  pres- 
que toujours  uniques. 

Postérieurement,  les  deux  crânes  et  les 
deux  encéphales  se  confondent  de  plus  en 
plus.  Les  deux  cerveaux,  complets,  sont 
même  séparés  par  une  cloison  membraneuse 
formée  par  Tadossement  et  l'union  des  mé- 
ninges des  deux  sujets  composants  ;  il 
n'existe  cependant  qu'un  seul  cervelet  et 
une  seule  moelle  allongée,  qui  se  continue 
avec  la  moelle  épinière  à  travers  un  trou 
occipital  de  forme  régulière. 

L'Apodymie  est  une  anomalie  assez  con- 
nue chez  l'homme  par  plusieurs  exemples  , 
et  fréquente  dans  les  différentes  classes  d'a- 
nimaux. M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire 
a  constaté  ce  genre  de  monstruosité  sur  une 


quinzaine  de  Mammifères,  plusieurs  Oiseaux 
et  quelques  Poissons.  (J.) 

MONOSPERME.  Monosperrna  (i*ovoç, 
seul  ;  crTt/pfjia,  graine),  bot.  ph.  —  On  nomme 
ainsi  le  fruit  ou  les  divisions  du  fruit  lors- 
qu'ils ne  contiennent  qu'une  graine. 

*MONOSTÈGUES  (po'voç,  un  seul  ;  avépi, 
toit),  foram.  —  Premier  crdre  des  Forami- 
nifères  de  M.  d'Orbigny,  comprenant  les  di- 
vers genres  de  Rhizopodes  dont  le  têt  mem- 
braneux ou  calcaire  ne  présente  qu'une  seule 
loge,  tels  que  les  Gromia,  Oolina.      (Duj.) 

*MONOSTEMMA  (pooç,  un  seul;  <xte>- 
fjta,  œil),  zooph.  —  Genre  proposé  par 
M.  Brandt  pour  des  Gribrines  pourvues 
d'une  seule  rangée  de  ventouses.      (Duj.) 

*MONOSTEPHANUS(fAo'voç,  un  seul;  »«- 
epavov,  couronne),  zooph. — Genre  proposé  par 
M.  Brandt  pour  les  Actinies  qui  n'ont  qu'un 
seul  rang  de  tentacules  ;  mais  ce  caractère 
paraît  tenir  à  l'âge  de  ces  animaux.  (Duj.) 

*MONOSTEREA.  helm.— M.  Ehre-nberg 
établit  sous  ce  nom,  dans  ses  Symboles phy- 
sicœ,  un  petit  groupe  de  ses  Vers  rhabdo- 
cèles  (les  Térétulariens,  Blainv).  Ce  groupe, 
dont  les  espèces  ont  toutes  la  bouche  ou 
l'anus  terminal,  mais  un  seul  de  ces  organes 
à  la  fois,  est  partagé  par  lui  en  Micrurea  et 
Chiloporina  ou  Derostomata.  Voy.  ces  mots. 

(P.  G.) 

MONOSTOME  (^o'voç,  un  seul;  <rTo>«, 
bouche),  helm.  —  Genre  d'Helminthes  de 
la  sous-classe  des  Trématodes  ,  caractérisé 
par  la  présence  d'une  seule  ventouse  entou- 
rant la  bouche  en  avant,  et  n'ayant  ni  ven- 
touse ventrale,  comme  les  Distomes,  ni 
ventouse  postérieure  ,  comme,  les  A  m  phi- 
stomes,  mais  ayant  deux  orifices  génitaux 
distincts,  et  quelquefois  un  oriûce  posté- 
rieur respiratoire  ou  excrétoire.  Les  Mono- 
stomes  ont  été  distingués  d'abord  sous  le 
nom  de  Festucaria  par  Schranck,  mais 
bientôt  après  Zeder  les  nomma  Monostoma, 
et  ce  nom,  adopté  par  Rudolphi,  a  pré- 
valu depuis,  sauf  le  changement  de  la  ter- 
minaison par  MM.  Créplin  et  Siebold  ,  qui 
ont  préféré  dire  Monostomum.  Rudolphi 
avait  mis  à  part,  dans  une  section  de  son 
genre  Monostome,  trois  espèces  douteuses, 
que  nous  croyons  être  de  jeunes  Bothriocé- 
phales,  il  désignait  par  le  nom  d'Hypo- 
stoma  cette  section ,  dont  M.  de  Blainville  a 
fait  un  genre  distincte  Parmi  les  autres  Mo- 


336 


MON 


MON 


nostomes,  on  trouve  tics  types  tellement 
différents  ,  qu'on  ne  peut  s'empêcher  de 
penser  qu'il  y  a  là  de  quoi  former  plusieurs 
genres  distincts;  sans  compter  les  espèces 
mal  observées,  et  qui  doivent  rentrer  dans 
des  genres  déjà  connus,  tels  que  le  M.  ocrea- 
tum  de  la  Taupe,  qui  est  identique  avec  le 
Disloma  filum,  le  M.  crucibulum ,  qui  paraît 
être  un  Distome  du  sous  -  genre  Crosso- 
dère,  etc. 

Plusieurs  Monostomes  présentent  les  par- 
ticularités les  plus  surprenantes,  quanta 
leur  forme  et  à  leur  mode  d'habitation  ,  et 
plus  encore  dans  leur  mode  de  développe- 
ment et  leurs  métamorphoses.  Ainsi,  le  M. 
faba  se  trouve  exclusivement  par  paires  dans 
un  kyste  de  la  peau  des  passereaux,  ou  pour 
mieux  dire  dans  quelqu'un  des  follicules 
destiné  à  la  production  des  plumes,  et  re- 
cevant alors  un  accroissement  inaccoutumé. 
C'est  dans  certaines  localités  seulement 
qu'on  trouve  ainsi  les  couples  de  ce  Mono- 
stome,  dont  la  forme, comme  le  nom  l'indi- 
que ,  est  analogue  à  celle  d'un  grain  de  café. 
Le  M.  mvAabilese  trouve  exclusivement  aussi 
dans  la  cellule  infra-oculaire  de  certains  Oi- 
seaux de  marais,  et  particulièrement  des  Oies 
en  Allemagne,  c'est-à-dire  dans  la  cavité 
assez  vaste  qui ,  chez  ces  Oiseaux ,  est  située 
entre  l'œil ,  le  front  et  le  bord  latéral  de  la 
mandibule  supérieure,  en  communication 
avec  les  fosses  nasales.  Ce  Monostome,  long 
de  5  à  14  et  jusqu'à  20  ou  24  millimètres, 
et  quatre  fois  moins  large,  est  plus  étroit  en 
avant,  où  il  se  termine  par  un  orifice  brun 
très  petit,  entouré  d'un  bord  saillant.  De 
cette  bouche  part  un  intestin  blanchâtre 
bifurqué,  dont  les  deux  branches  parallèles 
paraissent  se  rejoindre  à  l'extrémité  posté- 
rieure. L'oviducte,  replié  entre  les  bran- 
ches de  l'intestin ,  est  coloré  par  les  œufs 
brunâtres  qui  ont  donné  lieu  à  une  obser- 
vation très  curieuse  de  M.  Siebold.  En  effet, 
dans  ces  œufs  ,  longs  deOm,17,  ou  l/6e  de 
millimètre,  se  voit  un  embryon  tout  diffé- 
remment conformé,  revêtu  de  cils  vibra- 
tiles,  et  terminé  en  avant  par  un  rebord 
découpé  en  six  lobes ,  avec  deux  points  noirs 
oculiformes  sur  le  cou.  Quand  il  est  sorti 
de  l'œuf,  cet  embryon  continue  à  se  mou- 
voir avec  rapidité;  il  est  alors  long  de  1/4 
de  millimètre,  mais  il  ne  tarde  pas  à  périr 
en   laissant  un  corps  plus  petit,  oblong, 


encore  vivant,  et  auquel  il  servait  d'enve- 
veloppe,  et  qui  paraît  destiné  lui-même  à 
subir  quelque  autre  métamorphose  pour  de- 
venir un  Monostome. 

Une  troisième  espèce,  le  M.  verrucosum, 
assez  commun  dans  l'intestin  et  le  cœcum 
des  Canards,  a  été  nommée  par  M.  Diesing 
Notocotylus  triserialis,  à  cause  des  papilles 
ou  ventouses  rondes,  en  nombre  invaria- 
ble, que  cet  auteur  croyait  être  sur  le  dos, 
et  qui  véritablement  occupent  la  face  ven- 
trale. Il  est  long  de  3  à  6  millimètres  ;  ses 
œufs  elliptiques  ,  longs  de  0,0227  ,  sont 
munis  à  chaque  extrémité  d'un  long  ap- 
pendice effilé ,  de  telle  sorte  que  la  longueur 
totale  de  ces  œufs  dépasse  ainsi  1/3  de 
millimètre.  (Duj.) 

*MONOSTOMES.  acal.— Dénomination 
donnée  par  M.  Brandt  à  un  ordre  de  Mé- 
duses comprenant  les  familles  des  Océa- 
nides,  des  Équorides  et  des  Médusides  qui 
n'ont  qu'une  seule  bouche;  par  opposition 
avec  les  autres  ordres  des  Astomes  et  des  Po- 
lystomes.  (Duj.) 

*MONOSTYLA  (fxo'voç,  un  seul  ;  ctt^ov, 
colonne),  infus.,  syst.  —  Genre  de  Rotateurs 
ou  Systolides  établi  par  M.  Ehrenberg  dans 
son  ordre  des  Poly  troques,  et  faisant  partie  de 
la  famille  des  Euchlanidotés  ou  Polytroques 
cuirassés.  Il  est  caractérisé  par  sa  queue  sim- 
ple en  stylet,  par  sa  cuirasse  déprimée,  et  par 
la  présence  d'un  œil  unique.  M.  Ehrenberg 
rapporte  à  ce  genre  trois  espèces  que  nous 
croyons  devoir  laisser  dans  le  genre Euchta- 
niSy  caractérisé  par  ses  mâchoires  simples,  à 
branches  très  longues.  Ce  sont:  la  M.  luna- 
ris,  longue  de  14  centièmes  de  millimètre; 
la  M.  cornuta,  longue  de  O^OH,  que  cet 
auteur  donne  comme  synonyme  de  la  Tri- 
choda  cornuta  de  Millier  ;  et  la  M.  quadri- 
dentata,  longue  de  0U1,022.  (Duj.) 

*MONOTAXIS  (fAovo'ç,  seul  ;  w&s,  rang), 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Euphor- 
biacées-Crotonées ,  établi  par  M.  Bronguiart 
(ad  Duperrey,  223,  t.  49).  Herbes  de  la 
Nouvelle-Hollande  extra-tropicale.  Voy.  eu- 

PHORBIACÉES. 

MOAOTHALAME.  moll.  —  Voy.  uni- 

LOCULAIRE. 

MOUJOTHERA,  Raf.  (in  Journ.  Phys., 
LXXXIX,  262).  bot.  ph.— Syn.  de  Ctenium, 
Panz. 

MONOTOCA  (f«voç,  seul),  bot.  pu.  — 


MON 


MON 


337 


Genre  de  la  famille  des  Épacridées-Styphé- 
liées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr.,  546). 
Arbustes  de  la  Nouvelle-Hollande  et  de  l'île 
de  Diemen.  Voy.  épagridées. 

*MONOTOMA  (jao'voç,  seul  ;  -ropî,  coupe). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères , 
famille  des  Xylophages,  tribu  des  Monoto- 
mites,  créé  par  Herbst  (  Naturmstem.  Insec- 
ten,  1793,  t.  V,  p.  22,  tab.  10,  f.  1),  et 
adopté  par  Latreille,  Dejean ,  Aube,  Kunze 
et  Motchoulski.  Ce  genre  renferme  près  de 
trente  espèces  européennes.  On  n'en  connaît 
encore^que  deux  exotiques,  l'une  du  cap  de 
Bonne-Espérance,  et  l'autre  des  États-Unis. 
Le  type,  M.  picipes  Pk.,  est  l'espèce  la  plus 
répandue.  On  considère  comme  en  faisant 
partie  les  M.  conicicollis  Ch.,  angusticollis, 
longicollis  Ghl.  Ces  Insectes  vivent  sous  les 
écorces  de  branches  mortes  et  décomposées, 
ou  dans  les  nids  de  fourmilières  contenant 
des  débris  ligneux.  (C.) 

*MOIVOTOMITES.  Monotomiles.  ins.  — 
Groupe  de  Coléoptères  de  la  famille  des  Xylo- 
phages, établi  par  Laporte de  Castelnau  (Hist. 
natur.  des  anim.  articulés,  t.  III,  p.  377), 
ainsi  caractérisé  par  l'auteur:  Corps  allongé, 
déprimé.  Tête  rétrécie  antérieurement  et  un 
peu  avancée  en  forme  de  museau  triangu- 
laire et  obtus.  Antennes  ayant  leur  massue 
solide(ledixièmearticle)  en  forme  de  bouton. 
Palpes  et  mandibules  très  petits.  Genres  : 
Synchita,  Cerylon,  Rhizophagus ,  Myrmc- 
coxenus,  Monoloma.  (C.) 

*MOi\OTREMATA.  mam.— M.  Ch.  Bo- 
naparte (Synopsis,  1837)  désigne  sous  ce  nom 
unedivisionparticulièredes Cétacés.  (E.  D.) 

MONOTRÈMES.  mam.  —  Voy.  marsu- 
piaux. (E.  D.) 

*MOIVOTRIS.  bot.  pa.  —  Genre  de  la 
famille  des  Orchidées-Ophrydées,  établi  par 
Lindley  (in  Bot.  Reg.,  n.  1701).  Herbes 
du  Cap.  Voy.  orchidées. 

*MOi\OTROCIIA(f/.ovoç,  un  seul  ;  rpo^oç, 
roue),  infus.,  svstol.  —  Première  section 
des  Rotateurs  de  M.  Ehrenberg  ,  caracté- 
risée par  la  présence  d'un  organe  rotatoire, 
simple,  continu,  et  divisée  en  quatre  fa- 
milles :  \eslchthydina  et  les  OEcislina,  qui  ont 
le  bord  de  l'organe  rotatoire  non  divisé  et 
qui  forment  le  groupe  des  Holotroques;  et, 
d'autre  part,  les  Megalotrochœa  et  les  Flos- 
culariœa,  qui  sont  les  Schizotroques  ou  qui 
ont  cet  organe  découpé  ou  divisé. 

T.  VHI. 


MONOTROPE.  Monotropa  ( f*ovoTpo«oç, 
uniforme),  bot.  ph.  — Linné  a  établi  sous  ce 
nom  un  genre  dans  lequel  il  a  compris  des 
plantes  fort  singulières  par  leur  aspect  assez 
analogue  à  celui  des  Orobanches  et  par  leur 
organisation,  qu'il  rangeaitdansladécandrie* 
monogynie  de  son  système  sexuel ,  et  auquel  il 
donnait  comme  synonymes  VOrobanchoides, 
Tourn.  etVHypopitys,  Dillen.  Dans  son  Gê- 
nera il  assignait  à  ce  genre  les  caractères  sui- 
vants :  Calice  nul ,  à  moins  qu'on  ne  regarde 
comme  calice  les  5  pétales  extérieurs  ;  corolle 
à  10  pétales oblongs ,  dressés  parallèlement, 
dentés  en  scie  au  sommet,  tombants ,  dont 
les  extérieurs  ont  à  leur  base  un  renflement 
qui  correspond  à  une  concavité  intérieure 
mellifère;  10  étamines  à  filaments  su- 
bulés ,  dressés ,  simples,  à  anthères  sim- 
ples; pistil  à  ovaire  presque  arrondi,  acu- 
miné,  à  style  cylindracé  ,  de  la  longueur 
des  étamines,  à  stigmate  obtus-  capité;  cap- 
sule ovale  ,  pentagone  ,  obtuse,  5-vaIve  ; 
graines  nombreuses,  paléacées.  Il  ajoutait 
que  telle  est  l'organisation  de  la  fleur 
terminale;  mais  que  lorsqu'il  existe  des 
fleurs  latérales ,  il  manque  un  élément  à 
chacun  de  leurs  verticilles ,  et  qu'elles  de- 
viennent ainsi  tétramères.  Cette  particula- 
rité rend  très  difficile,  ainsi  qu'il  est  aisé 
de  le  concevoir,  le  classement  de  ces  plan- 
tes dans  un  système  basé  sur  le  nombre  des 
parties  de  la  fleur,  comme  l'est  celui  du 
botaniste  suédois.  Des  difficultés  plus  gran- 
des encore  s'opposent  au  classement  de  ces 
plantes  singulières  dans  la  méthode  natu- 
relle. Aussi,  dans  l'impossibilité  de  saisir 
leur  affinité  avec  une  famille  quelconque  de 
Dicotylédones,  A.-L.  de  Jussieu  les  a-t-il 
simplement  rangées  parmi  ses  incertœ  sedis, 
et  plusieurs  botanistes  ont  suivi  son  exem- 
ple. M.  Nuttal  a  voulu  lever  cette  difficulté 
en  établissant  pour  ces  plantes  une  fa- 
mille distincte  et  séparée,  à  laquelle  il  a 
donné  le  nom  de  Monotrope'es ,  et  que  l'on 
adopte  généralement  aujourd'hui;  mais  il  res- 
tait encore  à  déterminer  la  place  de  ce  nou- 
veau groupe  dans  la  série  des  familles  ,  et 
quoique  l'attention  de  plusieurs  botanistes 
se  soit  portée  sur  ce  point  litigieux,  tout 
n'est  pas  encore  dit  à  cet  égard.  Quant  au 
genre  linnéen  lui-même ,  le  même  botaniste 
américain  a  cru  devoir  le  subdiviser  en  deux, 
dont  l'un  conserve  le  nom  de  Monotropa 

43 


338 


MON 


MON 


et  ne  comprend  qu'une  seule  espèce  de  TA- 
mérique  du  nord  (Monotropa  uni floràW ild .)» 
dont  l'autre  a  repris  la  dénomination  d'IIy- 
popitys ,  que  lui  avait  primitivement  donnée 
Dillenius;  c'est  dans  celui-ci  que  rentre  le 
Monotropa  Hypopitys  Linn.  des  forêts  de 
l'Europe  moyenne,  que  plusieurs  auteurs 
partagent  aujourd'hui  en  deux  espèces,  dont 
l'une,  Hypopitys  multiflora  Scop.,  se  trouve 
communément  dans  nos  forêts.  Ces  deux 
genres,  Monotropa  et  Hypopitys,  se  distin- 
guent parce  que,  dans  le  premier,  le  calice 
se  compose  de  4  sépales,  sensiblement  éloi- 
gnés du  reste  de  la  fleur ,  placés  à  des  hau- 
teurs diverses,  tandis  que  dans  le  dernier 
il  est  formé  de  3-5  sépales  dans  les  fleurs 
terminales,  situés  immédiatement  sous  la 
corolle;  que  les  pétales  sont  rapprochés  en 
cloche  dans  le  premier,  en  tube  dans  le 
second;  que  le  style  est  court  et  épais  dans 
le  premier,  filiforme  dans  le  second;  enfin, 
que  le  stigmate  est  orbiculaire,  à  5  créne- 
lures,  glabre  chez  le  premier,  tandis  qu'il 
est  élargi,  arrondi,  entouré  de  poils  dans 
le  second.  Quoique  les  Hypopitys  soient 
communs  dans  nos  forêts,  divers  points  de 
leur  organisation  avaient  été  fort  peu  étu- 
diés ou  étaient  même  entièrement  inconnus. 
Nous  avons  porté  sur  eux  notre  attention 
l'été  dernier,  et  nous  avons  consigné  les 
résultats  de  nos  observations  dans  une  note 
de  laquelle  nous  nous  bornerons  à  extraire 
ici  un  petit  nombre  de  faits,  et  à  laquelle 
nous  renverrons  pour  de  plus  amples  dé- 
tails (Voy.  Duchartre,  Note  sur  VHypopilys 
multiflora  Scop.;  Rev.  botan.,  2e  année  , 
pag.  5-18). 

1°  Les  botanistes  descripteurs  regardent 
généralement  le  Monotropa  hypopitys  Linn. 
eomme  parasite  sur  les  racines  des  Pins,  des 
Sapins  et  du  Hêtre.  Il  résulte  de  la  discus- 
sion à  laquelle  nous  nous  sommes  livré  dans 
notre  Note ,  que  cette  opinion  n'est  pas  jus- 
tifiée par  les  faits.  2°  Les  feuilles  de  cette 
plante  sont  réduites  à  l'état  de  simples 
écailles  pâles ,  et  d'une  teinte  jaune-brun 
très  clair,  qui  passe  au  brun  foncé  par  la 
dessiccation ,  ainsi  que  le  reste  de  la  plante  ; 
or,  ces  écailles  ne  présentent  pas  de  stoma- 
tes, comme  nous  nous  en  sommes  convaincu 
par  l'examen  microscopique.  3°  La  struc- 
ture anatomique  de  la  tige  présente,  au 
centre,  une   moelle  abondante,  dont  les 


cellules  sont  larges,  à  parois  minces,  et  vont 
en  se  rétrécissant  vers  la  circonférence  ,  en 
même  temps  que  leurs  parois  épaississent  ; 
de  là  résulte  un  passage  insensible  aux  cel- 
lules de  la  zone  ligneuse.  Celle-ci  se  com- 
pose uniquement  de  petits  faisceaux  de  vais- 
seaux, d'un  faible  diamètre,  réunis  en  une 
zone  continue  par  des  cellules  allongées  ou 
prosenchymateuses  à  parois  assez  épaisses. 
Cette  zone  ligneuse  est  entourée  immédiate- 
ment par  une  couche  continue  de  cellulesdu 
liber,  remarquables  par  la  grande  épaisseur 
et  la  forte  résistance  de  leurs  parois.  Enfin, 
le  liber  est  entouré  par  une  enveloppe  cel- 
lulaire épaisse  que  recouvre  une  couche  épi- 
dermique  à  cellules  semblables  à  celles  qui 
sont  placées  au-dessous.  Cette  structure  se 
distingue  surtout  par  l'absence  des  rayons 
médullaires,  de  l'étui  médullaire  et  des 
vraies  trachées.  4°  L'organisation  des  graines 
de  ces  plantes  n'était  pas  connue.  Ces  graines 
sont  extrêmement  petites  ;  elles  se  compo- 
sent uniquement  d'un  tégument  lâche,  à 
grandes  cellules ,  circonscrivant  une  cavité 
dans  laquelle  est  logé  un  corps  qui  nesemble 
pouvoir  être  regardéque  comme  l'embryon  et 
dont  la  structure  est  tout-à-fait  particulière  : 
il  est  en  effet  ovoïde,  terminé  par  un  petit 
filet  à  chaque  extrémité ,  et  il  se  compose  de 
six  grandes  cellules,  en  quatrecouches  super- 
posées, dont  l'intérieure  ne  renferme  qu'un 
liquide  cellulaire  incolore  dans  lequel  na- 
gent des  gouttelettes  d'huile.  Ce  singulier 
embryon  ne  paraît  avoir  d'analogue  que 
parmi  les  Rhizanthées ,  et  encore  est-il  plus 
simple  que  celui  de  ces  plantes.  (P.  D.) 
MONOTROPÉES.  Monotropeœ.  bot.  ph„ 

—    Voy.  MONOTROPE. 

*MONOTROPSIS,  Schweinitz  (in  Elliott 
Carolin.,  1, 478).  bot.  ph.— Syn.  de  Schwei- 
nitzia,  Eli. 

MONSIEUR,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
d'une  variété  de  Prunes. 

MONSONIE.  Monsonia.  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Géraniacées,  établi 
par  Linné  fils  (Supplém.,  342,  DC.  ;  Prodr., 
I,  638),  et  caractérisé  de  la  manière  sui- 
vante :  Calice  à  5  divisions  profondes,  égales, 
aristées.  Corolle  à  5  pétales,  insérés  au 
fond  du  gynophore,  alternes  aux  divisions 
du  calice.  Étamines  15,  insérées  avec  les 
pétales ,  bisériées  :  10  extérieures  plus 
courtes  que   les  intérieures  qui  sont   au 


MON 


MON 


339 


nombre  de  5,  opposées  aux  divisions  du 
calice,  toutes  fertiles,  monadelphes  ou  pen- 
tadelphes;  filets  membraneux;  anthères  in- 
trorses ,  à  2  loges  s'ouvrant  longitudinale- 
ment.  Ovaires  5,  oblongs,  uniloculaires  , 
bi-ovulés.  Styles  filiformes,  soudés  longitu- 
dinalement  au  gynophore,  mais  libres  au 
sommet;  stigmates  latéraux,  introrses.  Cap- 
sules 5,  oblongues,  uniloculaires,  mono- 
f spermes  par  avortement,  s'ouvrant  par  une 
suture  ventrale. 

Les  Monsonia  sont  des  herbes  inermes  ou 
des  arbrisseaux  originaires  du  cap  de  Bonne- 
Espérance,  à  feuilles  alternes  ou  opposées, 
entières,  lobées  ou  multifides;  à  stipules  gé- 
minées vers  la  base  des  pétioles  ;  à  pédon- 
cules uni-pluri-  bradées. 

Ce  genre  renferme  huit  espèces  réparties 
par  De  Candolle  [Prodr. ,  I,  638)  en  trois 
sections  ,  qu'il  nomme  :  Odontopetalum  , 
herbes  à  feuilles  alternes,  lobées  ou  multi- 
fides ;  pédoncule  unifiera,  entouré  de  6-8 
bractées  vcrticillées  ;  pétales  oblongs,  den- 
tés au  sommet;  étamines  pentadelphes  (M. 
lobata  ,  pilosa  ,  speciosa).  Holopetalum  : 
herbes  à  feuilles  alternes,  ovales,  dentées; 
pédoncule  1-2-flore,  2-braciéolé  ou  4-brae- 
téolé;  pétales  ovales,  crénelés;  étamines 
pentadelphes  (M.  ovala,  biflora).  Sarco- 
caulon:  tige  frutescente,  charnue,  hérissée 
d'épines  ;  feuilles  alternes,  très  entières  ou 
dentées;  pédoncule  uniflore,  2-bractéolé; 
pétales  très  entiers;  étamines  monadelphes 
{M.  Lhehtieri,  Pater  sonii,  Burmanni). 

Quelques  espèces  de  Monsonia  sont  cul- 
tivées dans  les  jardins,  où  elles  produisent 
beaucoup  d'effet  parla  grandeur  et  la  bril- 
lante coloration  de  leurs  fleurs;  nous  cite- 
rons principalement  la  M.  speciosa,  à  fleurs 
larges  de  8  à  10  centimètres,  d'un  blanc 
rosé,  veiné  de  pourpre  et  de  carmin,  et  la 
M.  lobata,  dont  les  fleurs  sont  rouges,  vei- 
nées de  rose.  (J.) 

MONSTERA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Aroidées  -  Callécs ,  établi  par 
Adanson  (Fam.,  II,  470).  Herbes  de  l'A- 
mérique tropicale.  Voy.  aroïdées. 

MONSTRES  et  MONSTRUOSITÉS 
ANIMALES,   zool.    —  Voy.    tératologie 

ÀNIMAf.E. 

MONSTRUOSITÉS  VÉGÉTALES,  bot. 

—  Voy.  tératologie  végétale. 

MONTAREA,  Pœggig.  (Nov.  gen.  etsp.f 


II,  62,  t.  168).  bot.  pu.  — Syn.  de  Mou- 
tabea,  Aubl. 

*MONTAGN^EA(nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  V" 
564),  et  présentant  pour  caractères  :  Capi- 
tule multiflore,  b  ê  Lérogame  ;  fleurs  du  rayon 
5-10,  unisériées ,  ligulées,  neutres,  celles 
du  disque  tubuleuses  ,  hermaphrodites. 
Écailles  de  l'involucre  bisériées  :  5  exté- 
rieures, oblongues;  10  intérieures  suppor- 
tant les  paillettes.  Réceptacle  convexe,  à 
paillettes  larges  à  la  base,  épineuses  au 
sommet,  et  enveloppant  plus  ou  moins  l'a- 
kène. Stigmate  formant  un  cône  court 
ou  allongé.  Akène  du  rayon  nul,  celui  du 
disque  comprimé,  cunéiforme,  nu;  aigrette 
nulle. 

Les  Montagnœa  sont  des  arbrisseaux  amé- 
ricains ,  principalement  du  Mexique,  à  ra- 
meaux cylindriques;  à  feuilles  opposées, 
pétiolées ,  ovales  ou  cordiformes,  dentées 
en  scie  ou  lobées,  souvent  tomenteuses  en 
dessous;  à  fleurs  disposées  en  capitules  co- 
rymbeux,  celles  du  rayon  d'un  blanc  rosé, 
celles  du  disque  entièrement  blanches. 

Les  huit  espèces  que  ce  genre  renferme 
ont  été  réparties  par  De  Candolle  (/oc.  cit.)  en 
deux  sections,  qu'il  nomme  et  caractérise  de 
la  manière  suivante:  Eriocarphœ  :  5  fleurs 
au  rayon;  paillettes  très  hirsutées  (M.  flori- 
bunda,  tomentosa).  Acanthocarphœ  :  envi- 
ron 10  fleurs  au  rayon;  paillettes  un  peu 
villeuscs,mucronées,  enfin  spinescentes(i)/. 
speciosa,  grandiflora,  Karvinskii,  frutes- 
cens,  arborescens,  ovalifolia).  (J.) 

*MONTAGNEA(nom  d'un  cryptogamiste 
français),  bot.  cr.  Champignons. — Ce  genre 
de  la  famille  des  Hyménomycètes  a  été  fondé 
par  Pries  [Gênera Hymenomyc.  Upsal.,april, 
1836,  p.  7)  sur  un  champignon  curieux  qui 
croît  dans  les  sables  du  littoral  de  la  Médi- 
terranée, en  France  et  en  Algérie.  Ce  Cham 
pignon,  d'abord  publié  par  De  Candolle  (R 
Fr.,  VI,  p.  45)  sous  le  nom  d'Agaricus  are< 
narius,  appartient  bien,  il  est  vrai,  à  la  tribe 
des  Agaricinées,  mais  n'est  point  un  vérita- 
ble Agaric.  Le  genre  Montagnea  est  ainsi 
caractérisé:  Point  de  chapeau  proprement 
dit.  Stipe  ou  pédicule  ligneux,  s'élevant 
du  centre  d'une  valve  ovale,  ligneuse  elle- 
même,  et  dilaté  au  sommet  en  un  petit  dis- 
que orbiculaire  qui  fait  fonction  d'hyméno- 


340 


MON 


MON 


phore.  Du  bord  de  ce  disque  partent  en 
rayonnant  des  lamelles  falciformes,  fixées 
par  un  seul  point ,  quelquefois  par  un  court 
filet,  libres  dans  le  reste  de  leur  étendue  et 
non  reliées  par  une  membrane.  L'hymenium 
qui  les  tapisse  sur  chaque  face  est  d'abord 
blanc,  puis  devient  noir.  Ces  lamelles  sont 
persistantes  et  très  fragiles ,  et  ne  se  résol- 
vent point  en  eau  noire,  comme  chez  les 
Coprins.  Les  basides  qui  forment  l'hyme- 
nium sont  courtes,  oblongues-ovoides ,  et 
naissent  de  la  trame  des  feuillets  ;  elles  sont 
couronnées  par  quatre  spores  oblongues, 
noires,  tombant  de  bonne  heure  et  primiti- 
vement portées  par  autant  de  stérigmates 
très  courts,  lesquels,  après  la  chute  des  spo- 
res, se  montrent  au  sommet  de  la  baside 
sous  la  forme  de  petits  mamelons.  L'évolu- 
tion de  ce  Champignon  est  souterraine , 
comme  celle  du  Batarrea (voy .  ce  mot).  Il  ne 
se  montre  au-dessus  du  sol  que  quand  les 
spores  sont  détachées  de  leur  support ,  en 
sorte  que  sa  morphose,  qui  a  été  étudiée 
sur  un  exemplaire  rapporté  de  la  Calle  par 
M.  Durieu  deMaisonneuve,  est  extrêmement 
difficile  à  observer.  On  en  trouvera  une  bonne 
figure  analytique  dans  la  Flore  d'Algérie. 

Al'espèce  type,  qu'il  nomme  M.  Candollei, 
Pries  en  avait  réuni  deux  autres,  M.  Pallasii 
et  M.  Delilei.  La  dernière,  dont  les  lamelles 
sont  rameuses  sur  leur  plan,  n'appartient 
point  au  genre  Montagnea;  elle  est  devenue 
le  type  d'un  nouveau  genre  que  M.  Monta- 
gne a  établi  sous  le  nom  de  Cyrophrag~ 
mium. 

Quant  au  genre  Montagnœa  que  De  Can- 
dolle  a  admis  dans  la  famille  des  Composées, 
en  modifiant  le  nom  de  Montanoa  que  ce 
genre  avait  primitivement  reçu  de  son  fon- 
dateur, outre  que  ce  changement  est  posté- 
rieur à  la  création  du  genre  de  Fries,  il  ne 
serait  pas  difficile  de  prouver  qu'il  viole  ou- 
vertement les  lois  de  l'onomatologie.  (C.  M.) 

MONTAGNES,  géol.  —  Voy.  soulève- 
ment et  révolutions  du  globe. 

*MONTAGUA.  crust.  —  Synon.  de  Cal- 
îianassa.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*MONTAGUA  ( nom  propre),  moll. — 
Genre  de  Mollusques  Nudibranches.  Voy. 

NUDIBRANCHES.  (DuJ.) 

*MONTANOA,  Llav.  et  Levar.  (Nov. 
veget.,  II,  l).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Monta- 
gnœa, DC. 


MONTANT,  ois.  —Nom  vulgaire  de  l'Or- 
tolan des  roseaux. 

*MONTASTR.«A(Astrée-Monticulaire). 
polyp.  — Sous-genre  établi  par  M.  de  Blain- 
ville  pour  les  Astrées  en  masses  épaisses, 
composées  de  cellules  tubuleuses  assez  ser- 
rées pour  être  polygonales ,  à  bords  non 
saillants,  à  cavité  assez  profonde,  garnie  de 
lamelles  nombreuses  remontant  le  long  d'un 
axe  solide  plus  ou  moins  saillant.  Ce  sont 
toutes  des  espèces  fossiles.  (Dij.) 

MONTBRETIA  (  nom  propre),  bot.  pu. 
—  Genre  de  la  famille  des  Iridées,  établi 
par  De  Candolle  (m  Bullct.  Soc.  philom., 
n.  89),  et  dont  les  principaux  caractères 
sont  :  Périanthe  corollin  supère,  campanule 
ou  tubuleux;  limbe  à  6  divisions  régulières 
ou  bilabiées,  calleuses  à  la  base.  Étamines  3, 
insérées  au-dessous  de  la  gorge  du  périan- 
the; filets  filiformes;  anthères  versatiles. 
Ovaire  ovale,  à  3  loges  pluri-ovulées.  Style 
filiforme;  stigmates  3,  entiers  ou  briève- 
ment bifides.  Le  fruit  est  une  capsule  co- 
riace, à  3  renflements  et  à  3  loges. 

Les  Montbretia  sont  des  plantes  herba- 
cées originaires  du  Cap,  à  rhizome  bulbeux  ; 
à  tige  grêle,  cylindrique,  simple  ou  un  peu 
rameuse  ;  à  fleurs  disposées  en  grappes  très 
grandes,  et  de  longue  durée,  enveloppées 
d'une  spathe  bivalve. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  la 
Montbrétie  porte-hache,  M.  securigera  DC. 
(Gladiolus  securiger  Curt.,  Ixia  gladiolaris 
Lamk.).  (J) 

MONTE-AU-CIEL.  bot.  ph.  —  Nom  vul- 
gaire du  Poly g onum orientale.  Voy.  renouée. 

MONTÉE,  poiss.  —  Voy.  civelle. 

MONTEZUMA  (nom  propre),  bot.  ph.— - 
Genre  de  la  famille  des  Sterculiacées  (  tribu 
incertaine),  établi  par  Mocino  et  Sessé 
(Flor.  mex.  inédit,  ex  DC.  Prodr.  I,  477). 
Arbres  du  Mexique. 

MONTIA,  Houston,  bot.  pï.  —  Syn. 
d'Heliocarpus,  Linn. 

MONTIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Portulacées-Calandrinées ,  établi 
par  Micheli  ( Nov.  gen.,  17,  t.  XIII).  Pe- 
tites herbes  d'Europe,  d'Asie  et  d'Amérique. 
Voy.  portulacées. 

MONTICULAIRE  (  Monticule,  forme  du 
sommet  des  étoiles  du  Polypier),  polyp.  — 
Genre  établi  par  Lamarck  dans  sa  section 
des  Polypiers  lamellifères,  et  caractérisé  par 


MON 


MOP 


341 


ses  étoiles  élevées  en  cône  ou  en  colline, 
ayant  un  axe  central  solide,  soit  simple, 
soit  dilaté ,  autour  duquel  adhèrent  des 
lames  rayonnantes.  Il  semblerait  d'après 
cela  que  le  sommet  est  situé  dans  l'inter- 
valle des  espaces  occupés  par  les  Polypes , 
de  même  que  les  sommets  des  collines 
chez  les  Méandrines  ;  c'était  du  moins  l'opi- 
nion de  Lamarck,  et  d'ailleurs  la  plupart 
des  espèces  fossiles  rapportées  à  ce  genre 
sont  des  moules  d'Astrée  ou  des  Astrées  plus 
ou  moins  corrodées  par  les  eaux.  Mais  M.  de 
Blainville,  qui  a  vu  des  Polypiers  provenant 
d'espèces  vivantes,  admet  au  contraire  que 
le  sommet  des  étoiles  devait  correspondre 
au  centre  des  Polypes,  tout  en  disant  qu'il 
est  difficile  de  préjuger  la  forme  de  ces  ani- 
maux. Les  Monticulaires ,  comme  les  As- 
trées, sont  des  Polypiers  fixés,  pierreux,  en- 
croûtant les  corps  marins,  ou  se  réunissant, 
soit  en  masse  subglobuleuse,  gibbeuse  ou 
lobée,  soit  en  expansions  subfoliacées,  hé- 
rissées d'étoiles  élevées,  pyramidales.  (Duj.) 

MONTIFRINGILLA.  ois.  —Nom  scien- 
tifique du  Pinson  des  Ardennes. 

MONTINIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  OEnothérées-Montiniées,  établi  par 
Linné  (Gen.    ».,  1432).    Arbrisseaux   du 

Cap.  Voy.  QENOTHÉRÉES. 

MONTINIÉES.  Montinieœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  de  la  famille  des  OEnothérées.  Voy. 
ce  mot. 

*MONTIPOR  A  (mons,  montagne;  porus, 
pore),  polyp.  — Genre  établi  par  MM.  Quoy 
et  Gaimard  pour  des  Polypiers  pierreux, 
dont  l'aspect  rappelle  un  peu  celui  des  Mon- 
ticulaires, mais  qui  se  rapproche  bien  da- 
vantage des  Madr.épores  proprement  dits. 
Les  Polypes  sont  actiniformes,  courts,  à 
douze  tentacules  très  petits ,  sur  un  seul 
rang.  Les  loges  du  Polypier  sont  très  petites, 
arrondies,  enfoncées,  régulières,  avec  quel- 
ques cannelures  à  l'intérieur  ;  elles  sont 
éparses  à  la  surface  d'un  Polypier  encroû- 
tant ou  glomérulé,  et  garni  de  mamelons  ou 
monticules  également  échinulés. 

Le  type  de  ce  genre,  M.  verrucosa,  avait 
été  classé  parmi  les  Polites  de  Lamarck, 
ainsi  que  le  M.  tuberculosa,  le  M.  spurnosa 
et  le  M.  rosurca  ;  mais  M.  de  Blainville 
range  cette  dernière  espèce  dans  une  sec- 
tion particulière ,  caractérisée  par  la  forme 
du  Polypier  analogue  à  celle  des  Explana- 


ria,  et  il  lui  associe  les  Agaricia  lima  et  pa 
pillosa  de  Lamarck,  dont  les  cellules  ont  le 
même  caractère.  (Duj.) 

MONTIRA,  Aubl.  (Guyan.,  II,  637, 
t.  257  ).  bot.  ph.  —  Syn.  à'Achetariu  , 
Cham. 

MONTLIVALTIA  (nom  propre),  polyp. 

—  Genre  établi  par  Lamouroux  pour  un 
Polypier  fossile  du  terrain  jurassique  de 
Caen,  qui  est  pyriforme,  ridé  transversale- 
ment en  dessous,  élargi ,  excavé  et  lamello- 
radié  en  dessus.  M.  de  Blainville  adopte  ce 
genre  et  le  place  à  côté  des  Cyclolites  dans  la 
section  des  Madréphyllies ,  faisant  partie  de 
la  famille  des Zoanthaires  pierreux.  M.  Gold- 
fus  a  placé  l'espèce  type,  M.caryophyllia, 
dans  le  genre  Anthophyllum  de  Schweigger 
sous  le  nom  d1 A.  pyriforme  ;  M.  Defranceen 
a  décrit  une  seconde  espèce,  qu'il  appelle 
M.  Gucllardi.  (Duj.) 

MONTMARTRITE.  min.  —  Variété  de 
Gypse  calcarifère,  ainsi  nommée  par  Jame- 
son,  parce  qu'on  la  rencontre  principale- 
ment à  Montmartre ,  aux  environs  de  Paris. 
Voy.  chaux. 

*MONURA  (,u.ovo;,  un  seul  ;  ovp«,  queue). 
infus.,  syst. — Genreétablipar  M.Ehrenberg 
pour  des  Rotateurs  ou  Systolides  cuirassés  et 
pourvus  d'yeux,  de  son  ordre  des  Polytro- 
ques  et  de  la  famille  des  Euchlanidota.  Les 
Monura  ont  deux  yeux  au  front  et  un  ap- 
pendice terminal  ou  caudal  simple,  en  stylet. 
Ils  ne  diffèrent  des  Colurelles  auxquelles  nous 
les  réunissons  que  parce  que  ceux  dont 
M.  Ehrenberg  fait  son  genre  Colurus  ont  la 
queue  terminée  par  deux  stylets.  La  Monura 
dulcis  a  sa  cuirasse  plus  comprimée  et  obli- 
quement tronquée  en  arrière.  Cette  espèce 
est  longue  d'environ  un  douzième  de  milli- 
mètre. (Duj.) 

*M001\IA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Composées -Sénécionidées,  établi  par 
Arnott(m  N.  A.  N.  C,  XVIII,  348;  DC. , 
Prodr.,  VII,  289).  Sous-arbrisseaux  de 
Zeylan.  Voy.  composées. 

*MOORCROFTIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Convolvulacées- 
Convoi  vulécs,  établi  par  Choisy  (in  Mem.  Soc. 
h.n.Genev.,Yl,  431,  t.  5).  Sous-arbrisseaux 
de  l'Inde.  Voy.  convolvulacées. 

*MOPS.  mam.  —  Fr.  Cuvier  (Dents  des 
Mam.)  avait  indiqué  sous  le  nom  de  Dyso- 
pes  mops  une  espèce  de  Chéiroptère  dont 


34-2 


MOQ 


MGR 


M.  Lesson  (  Nouv.  Tabl.  du  Règn.  anim. 
Manu,  1842)  a  cru  devoir  faire  un  petit 
groupe  distinct  sous  la  dénomination  de 
Mops.  Du  reste,  M.  Lesson  n'a  pas  publié 
les  caractères  de  ce  genre,  qu'il  indique 
même  avec  doute ,  et  il  s'est  borné  à  chan- 
ger les  noms  de  Dysopes  mops  en  ceux  de 
Mops  indiens.  (E.  D.) 

MOPSE.  mam.—  Syn.  de  Doguin  ou  Car- 
lin. Voy.  chien.  (E.  D.) 

MOPSE  A  (  nom  mythologique),  polyp. 
—  Genre  créé  par  Lamouroux  pour  des 
Polypes  à  8  tentacules  ,  de  la  famille  des 
Isidées,  qui  diffèrent  des  Isis  parce  que  l'é- 
corce  est  plus  mince.  M.  Ehrenberg  a  adopté 
ce  genre,  et  Ta  caractérisé  par  la  disposi- 
tion du  Polypier  dont  les  entre-nœuds  sont 
calcaires  et  non  ramifères ,  tandis  que  les 
nœuds  cornés  donnent  naissance  aux  ra- 
meaux. Dans  les  Isis,  au  contraire,  les  entre- 
nœuds sont  cornés  sans  rameaux,  et  les 
nœuds  sont  calcaires  et  ramifères.  L'espèce 
type,  M.  verticillata  de  Lamouroux,  a  été 
nommée  Isis  encrinula  par  Lamarck  ,  et 
Mopsea  encrinula  par  M.  Ehrenberg.  (Duj.) 

MOQUEUR,  bept.  —  Nom  donné  par 
Daubenton  à  la  Couleuvre  rubanée.  Voy. 
l'article  couleuvre.  (E.  D.) 

MOQUEUR,  ois.  —  Espèce  type  d'une 
des  divisions  des  Merles.  Voy,  ce  mot. 

MOQUILEA.  bot.  ph.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Chrysobalanées,  établi  par  Aublet 
(Guyan.,1,  521,  t.  208).  Arbres  ou  arbris- 
seaux de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  chryso- 
balanées. 

*M0QUI1YÏA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Muti- 
siacées,  établi  par  De  Candolle  {Prodr.  , 
VII,  22),  qui  le  caractérise  ainsi  :  Capitule 
dioïque  pauciflore  homogame.  Involucre 
imbriqué.  Réceptacle  plan ,  nu.  Corolles 
glabres,  régulières,  5-fides,  à  lobes  linéaires. 
Style  glabre.  Akène  cylindrique,  hirsute  ; 
aigrette  bisériale,  soyeuse.  —  Les  Moquinia 
sont  des  arbrisseaux  de  l'Afrique  et  de  l'A- 
mérique, à  feuilles  alternes,  pétiolées,  en- 
tières ,  tomenteuses  en  dessous,  à  capitules 
petits,  agrégés. 

Ce  genre  renferme  6  espèces  réparties  par 
De  Candolle  en  deux  sections,  qui  sont  : 
Spadonisma  :  lobes  de  la  corolle  plus  longs 
que  le  tube;  akène  velouté;  plantes  amé- 
ricaines  {M.  racemosa,  paniculata,  poly- 


morpha,  cinerea,  hypoleuca).  Siphonisma: 
lobes  de  la  corolle  plus  courts  que  le  tube  ; 
akène  glabre;  plantes  d'Afrique  (M.  Bo- 
jeri  ). 

*MORA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Légumineuses -Papilionacées  -Caesalpi- 
niées,  établi  par  Bentham  (in Linn.  Trans.t 
XVIII,  201, 1. 16, 17).  Arbres  de  la  Guyane. 

Voy.    LÉGUMINEUSES. 

MOR^EA.  bot.  ph.  —  Voy.  morée. 

MORENULE.  poiss.  —  Nom  d'une  es- 
pèce d'Ombre.  Voy.  ce  mot. 

*MORANDA,  Scop.  {Introduct.,  n.  1312) 
bot.  ph. — Syn.  de  Pentapetes,  Linn. 

MORBRAN  et  MORVRAM.  ois.— Noms 
vulgaires,  en  Basse-Bietagne,  du  Corbeau 
noir. 

MORCHELLA.  bot.  cr.  —  Voy.  mo- 
rille. 

MORDELLA  (mordeo,  s'emporter,  se 
laisser  aller  à  la  fougue),  ins. — Genre  de 
Coléoptères  hétéromères,  famille  des  Traebé- 
lydes,  tribu  des  Mordellones,  créé  par  Fabri- 
cius  {Systema  Entomol.,  p.  262),  et  généra- 
lement adopté  depuis.  Plus  de  cent  espèces, 
réparties  sur  tous  les  points  du  globe,  ren- 
trent dans  ce  genre.  Nous  citerons,  comme 
en  faisant  partie,  les  Af .  10-guttala,  S-punc- 
tata,pubescens,  atomaria,  fasciata,  scutella- 
ris,  aculeata,  testacea,  abdominalis,  venir  a» 
lis  F.  et  1 2-punctala  01.  On  trouve  ces  espèces 
dispersées  sur  les  fleurs  et  sur  les  plantes; 
mais  leurs  larves  vivent  dans  Je  bois.  Le 
corps  des  Mordelles  est  allongé,  étroit,  arqué 
et  terminé  par  une  longue  tarière  acumi- 
née;  lorsqu'on  les  a  sorties,  elles  s'échappent 
souvent  des  doigts  en  exécutant  sur  le  côté 
des  mouvements  circulaires  très  rapides,  et 
parviennentainsiàsedéroberau  danger.  (C.) 

*MORDELLITES.  Mordellites.  ins.  — 
Groupe  de  Coléoptères  hétéromères ,  de  la 
tribu  des  Mordellones  ,  établi  par  Laporte 
deCastelnau  (Hist.  nat.  des  Anim.  articulés, 
t.  III ,  p.  264),  et  ainri  caractérisé  par 
l'auteur  :  Antennes  jamais  en  éventail  ,  au 
plus  en  scie  dans  les  mâles;  abdomen  des 
femelles  prolongé  en  arrière.  Genres  Jfor- 

della,  Anaspis.  (  C) 

MORDELLONES.  ins.  — Troisième  tribu 

de  Coléoptères  hétéromères  ,  de  la  f.imilie 
des  Trachélydes ,  formée  par  Latreille  (  fiè- 
gne  animal,  t.  V,  p.  54),  et  composée  des 
genres  Rhipiphorus ,  Myodites  ,  Pelecotoma! 


MOR 


MOR 


343 


Mordella ,  Anaspis ,  Ctenopus.  Les  uns  ont 
les  palpes  presque  de  la  même  grosseur 
partout.  Les  antennes  des  mâles  sont  très 
pectinées  ou  en  éventail.  L'extrémité  des 
mandibules  n'offre  pas  d'échancrure.  Les 
articles  des  tarses  sont  toujours  entiers  ,  et 
les  crochets  du  dernier  sont  dentelés  ou  bi- 
fides. Le  milieu  du  bord  postérieur  du  cor- 
selet est  fortement  prolongé  en  arrière  et 
simule Técusson.  Les  yeux  ne  sontpas  échan- 
crés.  Les  larves  de  quelques  uns  de  ces  In- 
sectes (Rhipiphorus)  vivent  dans  les  nids  de 
certaines  Guêpes.  (C.) 

MORDELLONES.  ins.  —  Tribu  de  Co- 
léoptères hétéromères  ,  famille  des  Traché- 
lydes  ,  adoptée  par  Laporte  de  Castelnau' 
(Hist.  nat.  des  An,  art.,  t.  III ,  p.  261  ),  et 
ainsi  caractérisée  :  Pénultième  article  des 
tarses  postérieurs  au  moins  entier;  corps 
élevé,  très  convexe,  arqué,  comprimé  laté- 
ralement, cunéiforme  ,  allongé. 

L'auteur  l'a  subdivisé  en  deux  groupes, 
Rhipiphorites  et  Mordellites  ;  dans  le  pre- 
mier rentrent  les  genres  Rhipiphorus  , 
Ernmadia  ,  Myodiles  ,  Pelecotoma ,  Peleco- 
îoides;  et  dans  le  second,  les  genres  Mor- 
della et  Anaspis,  (C.) 

MORÉE.  Morœa.  bot.  ph. — Genre  de 
la  famille  des  Iridées,  établi  par  Linné  (Gen. 
n.  60,  excl.  sp.),  et  dont  les  principaux  ca- 
ractères sont  :  Périanlhe  corollin  supère  ,  à 
tube  très  court;  limbe  à  6  divisions  étalées, 
les  intérieures  plus  petites.  Étamines  3,  in- 
sérées au  tube  du  périanlhe  ;  filets  distincts  ; 
anthères  oblongues  fixées  par  la  base.  Ovaire 
infère,  pluri-ovulé.  Style  triquêtre,  grêle; 
stigmates  3,  2-3-fides,  opposés  aux  étami- 
nes. Le  fruit  est  une  capsule  membraneuse, 
trigone ,  triloculaire. 

Les  Morées  sont  des  herbes  à  rhizome 
rampant  ou  bulbeux;  à  feuilles  bifariées  , 
ensiformes;  à  spathes  allongées,  un  peu  im- 
briquées. 

Ces  plantes  sont  originaires  du  Cap  ,  et 
on  en  cultive  un  assez  grand  nombre  d'es- 
pèces dans  nos  jardins.  Parmi  ces  dernières, 
les  principales  sont  : 
-  La  Morée  fausse- iris  ,  Morœa  iridioides  , 
qui  tire  son  nom  de  sa  très  grande  ressem- 
blance avec  les  Iris.  La  tige  s'élève  à  côté 
des  feuilhcs;  elle  est  ordinairement  simple, 
et  garnie  d'écaillés  engainantes.  Les  fleurs, 
de  couleur  blanche  mélangée  de  jaune  et  de 


bleu,  s'épanouissent  à  la  fin  du  mois  de 
juin;  elles  sont  en  petit  nombre  et  sans 
odeur. 

La  Morée  a  gaîne  ,  Morœa  vaginata  DC. 
(il/.  Northiana  Andr.,  Iris  Northiana  Pers.). 
La  feuille  impaire  tient  dans  toute  sa  lon- 
gueur la  hampe  enfermée  ,  ce  qui  constitue 
une  sorte  de  gaîne  d'où  sortent  les  fleurs  , 
peu  nombreuses  et  d'une  courte  durée.  Elles 
sont  bleues,  avec  une  tache  jaunâtre  et  une 
raie  barbue. 

La  Morée  de  la  Chine  ,  Morœa  sinensis 
Willd. ,  nommée  par  les  jardiniers  Iris  ti- 
grée, a  les  fleurs  d'un  jaune  safran  maculé 
de  rouge. 

La  Morée  a  grandes  fleurs  ,  Morœa  vir- 
gata  L.,  vulgairement  Iris plumeuse  ,  a  des 
fleurs  blanches  teintées  de  bleu,  avec  une 
tache  jaune  et  une  raie  barbue. 

La  Morée  tricolore,  Morœa  tricolor,  fleur 
très  délicate,  a  les  trois  petites  divisions  du 
limbe  entièrement  rouges;  les  autres,  plus 
larges,  sont  marquées  de  jaune  à  leur  onglet. 

La  Morée  frangée,  Morœa  fimbriata,  pro- 
duit 40  à  50  fleurs  d'un  bleu  pâle,  à  stig- 
mates f,  jngés. 

La  Morée  d'Afrique,  Morœa  africana  L. 
(  Aristea  major  Andr.) ,  est  une  grande  et 
belle  espèce,  dont  les  tiges  supportent  deux 
épis  de  fleurs  bleues  étalées  en  roue. 

Les  Morées,  originaires  des  contrées  chau- 
des ,  demandent  une  bonne  exposition,  et 
doivent  être  rentrées  en  serre  aux  approches 
de  l'hiver.  On  les  multiplie,  soit  de  graines 
semées  sur  couche,  soit  en  séparant  au  prin- 
temps les  jeunes  pieds.  (J.) 

*MORELÏA.  rept.  —  Genre  du  groupe 
des  Pythons  dans  l'ordre  des  Ophidiens, 
établi  par  M.  J.-E.  Gray ,  et  adopté  par 
MM.  Duméril  et  Bibron ,  qui  le  caracté- 
risent ainsi  dans  le  t.  VI  de  leur  Histoire 
des  Reptiles  : 

«  Narines  latérales,  ouvertes  chacune 
dans  une  seule  plaque,  offrant  un  sillon  aux 
dépens  du  trou  nasal  ;  yeux  latéraux,  à  pu- 
pille vertico-elliptique;  des  plaques  suscé- 
phaliques  sur  le  bout  du  museau  seulement  ; 
des  fossettes  aux  deux  lèvres.  Écailles 
lisses  ;  scutelles  sous-caudales  partagées  en 
deux.  «• 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre,  c'est  Y  Argus  de  Lacépède  et  de  plu- 
sieurs  autres  naturalistes  {Colubcr  Argus 


344 


M  OR 


MOR 


Linné  ).  Ce  serpent  habite  la  Nouvelle- 
Hollande  et  la  terre  de  Van-Diemen.  (P.  G.) 
MORELIA.  bot.  fh.— Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées?,  établi  par  A.  Richard  (in 
Mem.  Soc.  h.  n.  Paris,  Y,  232).  Arbrisseaux 
de  la  Sénégambie. 

MORELLE.  Solanum  (de  Solari,  con- 
soler, a-t-on  dit,  à  cause  des  propriétés  nar- 
cotiques de  diverses  espèces),  bot.  ph.  — 
Très  grand  genre  de  plantes  de  la  famille 
des  Solanacées,  tribu  des  Solanées ,  qui  lui 
empruntent  leur  nom,  de  la  Pentandrie 
monogyniedanslesystèmede Linné.  Lenom- 
bre  des  espèces  qui  le  composent  est  ex- 
trêmement considérable  et  surpasse  peut- 
être  celui  des  plus  grands  genres  connus. 
En  effet,  dans  ses  travaux  monographiques 
qui  remontent  à  1813  et  1816,  M.  Dunal 
en  décrivait  de  250  à  300  ;  dans  la  deuxième 
édition  de  son  Nomenclalor  botanicus  (1841), 
M.  Steudel  en  citait  plus  de  500,  parmi  les- 
quelles, il  est  vrai,  se  trouvent  plusieurs 
doubles  emplois;  d'un  autre  côté,  M.  Wal- 
pers,  dans  sa  révision  des  Solanacées  (  Re- 
pert.  bot.  System.,  vol.  III,  1844-1845),  en 
relève  452,  dont  les  descriptions  ont  été 
déjà  publiées  ;  si  Ton  ajoute  à  ce  chiffre  ce- 
lui des  espèces  nouvelles  qui  se  trouvent 
dans  les  collections,  et  qui  ont  échappé  à 
MM.  Steudel  et  Walpers  par  suite  de  la  na- 
ture de  leurs  travaux,  on  arrivera  nécessai- 
rement à  un  nombre  très  élevé:  aussi  as- 
sure-t-on  que  dans  la  monographie  qu'en 
fait  en  ce  moment  M.  Dunal,  pour  le  XIe  vo- 
lume du  Prodrome,  il  existera  plus  de  700 
ou  800  Solanum;  or,  jusqu'à  ce  jour,  le  plus 
grand  genre  de  Phanérogames  était  celui 
des  Séneçons,  dans  lequel  rentrent  environ 
600  espèces. 

Tournefort  avait  établi  trois  genres  dis- 
tincts sous  les  noms  de  Solanum,  Melongena 
et  Lycopersicon  ;  Linné  ne  regarda  pas  leurs 
caractères  comme  suffisamment  distinctifs, 
et  il  les  réunit  en  un  seul  groupe  sous  la 
dénomination  commune  de  Solanum.  Adan- 
son  s'écarta  quelque  peu  de  la  manière  de 
voir  du  botaniste  suédois,  et  sépara  des  So- 
lanum les  Lycopersicon ,  qui  lui  parurent 
devoir  former  un  genre  distinct.  Dans  son 
travail  monographique  sur  les  Solanum, 
M.  Dunal  adopta  cette  séparation  et  con- 
serva comme  distinct  et  séparé  le  genre  Ly- 
copersicon (voy.  ce  mot  ou  Tomate),  qui 


lui  parut  suffisamment  caractérisé  par  ses 
anthères  soudées,  s'ouvrant  à  leur  face  in- 
terne par  des  fentes  longitudinales  et  non 
par  des  pores  terminaux.  Il  adopta  aussi 
comme  distinct  le  genre  Wilheringia ,  qui 
avait  été  proposé  par  Ventenat  ;  mais  il 
comprit  parmi  les  Solanum  proprement 
dits  le  genre  Aquarlia,  que  Jacquin  en  avait 
séparé  d'après  le  caractère  de  ses  fleurs  à 
symétrie  quaternaire  ,  et  les  Nycterium 
Vent.,  qui  avaient  été  distingués  pour  ce 
seul  motif  que  leurs  anthères  sont  un  peu 
arquées,  et  que  l'une  d'elles  est  deux  fois 
plus  longue  que  les  autres.  Enfin  il  rejeta 
comme  trop  superficielle  la  séparation  faite 
par  Mœnch  des  Dulcamara,  Pseuâocapsi- 
cum,  Psolanum. 

Ainn  circonscrit,  le  genre  Morelle  (Sola- 
num) se  compose  de  plantes  herbacées, 
sous-frutescentes,  frutescentes,  ou  même 
arborescentes,  qui  croissent  dans  les  parties 
tropicales  et  tempérées  de  toute  la  circonfé- 
rence du  globe,  dont  les  unes  sont  inermes, 
tandis  que  les  autres  sont  aiguillonnées  ou 
épineuses.  Leurs  feuilles  sont  simples,  en- 
tières ou  divisées,  parfois  très  profondément, 
alternes  et  solitaires  ,  ou  rapprochées  par 
paires;  leur  fleurs  sont  le  plus  souvent 
blanches  ou  violacées,  rarement  jaunes,  or- 
dinairement assez  grandes,  très  variables 
dans  l'étendue  du  genre  pour  leur  insertion 
sur  la  tige  et  leur  groupement;  dans  la  plu- 
part des  espèces,  elles  sont  portées  sur  des" 
pédoncules  extra-axillaires.  Elles  se  com- 
posent :  d'un  calice  5-10-fide;  d'une  corolle 
rotacée,  quelquefois  campanulée,  à  tube 
court  et  à  limbe  plissé,  5-10  fide,  rarement 
4-6-fide  ;  de  5  étamines  dans  la  grande 
majorité  des  cas,  de  4-6  quelquefois,  à  fila- 
ment court,  à  anthères  conniventes,  mais 
non  soudées  entre  elles ,  s'ouvrant  à  leur 
sommet  par  deux  pores  ;  d'un  pistil  à  ovaire 
2-loculaire,  quelquefois  3-4-loculaire,  dans 
lequel  les  placentaires  adhèrent  à  la  cloison, 
et  portent  des  ovules  nombreux.  Le  fruit 
est  une  baie  organisée  sur  le  même  plan 
que  l'ovaire. 

La  vaste  étendue  du  genre  Morelle  aurait 
rendu  très  avantageux  l'établissement  de 
sous-genres  qui  permissent  de  grouper  de 
manière  naturelle  les  nombreuses  espèces 
qui  le  renferment  ;  mais  l'organisation  de 
toutes  ces  plantes  est  tellement  analogue 


MOïl 


MOU 


345 


«jue,  en  place  de  subdivisions  naturelles,  on 
n'a  guère  pu  y  établir  que  de  simples  sec- 
tions basées  sur  la  présence  ou  l'absence 
des  piquants,  sur  la  diversité  de  configura- 
tion des  feuilles,  etc.,  et  parmi  lesquelles  on 
reconnaît  à  peine  quelques  groupes  assez 
bien  définis.  Aussi  ne  présenterons -nous 
pas  ici  le  tableau  de  ces  subdivisions ,  et 
disposerons-nous  presque  sans  ordre  la  des- 
cription ou  rhisto:e  du  petit  nombre  d'es- 
pèces sur  lesquelles  nous  devrons  nous  ar- 
rêter. Or,  dans  le  nombre  de  ces  espèces,  il 
en  est  qui  mériteraient  d'être  étudiées  avec 
beaucoup  de  développement  ,  et  sur  les- 
quelles cependant  la  nature  de  cet  ouvrage 
nous  obligera  à  supprimer  des  détails  intéres- 
sants, et  à  glisser  légèrement  sur  des  particula- 
rités qui  se  rattachentdirectement  à  la  culture 
et  à  l'économie  industrielle  ou  domestique. 
1.  Morelle  tubéreuse,  Solarium  tubero- 
sum  Linn.,  vulgairement  Pomme  de  terre  , 
Parmentière,  connue  dans  nos  départements 
méridionaux  sous  les  noms  impropres  de 
Patate,  Truffe.  Plante  herbacée  à  racine 
vivace  inerme,  à  tige  rameuse,  haute  de 
5-6  décimètres  ;  à  feuilles  pinnatiséquées 
avec  impaire,  à  segments  inégaux,  alterna- 
tivement grands  et  petits,  ovales;  à  fleurs 
blanches  ou  violacées  ,  portées  sur  des  pé- 
dicelles  articulés.  Le  principal  caractère  de 
cette  plante  consiste  dans  les  tubercules 
qu'elle  produit  sous  terre,  et  qui  en  font 
une  des  espèces  les  plus  précieuses  à  l'espèce 
humaine.  Ce  sont  des  masses  de  forme  gé- 
néralement arrondie;  ovoïde  ou  oblongue  , 
bosselées ,  dont  la  surface  est  creusée  d'un 
nombre  variable  d'enfoncements  ,  au  fond 
de  chacun  desquels  se  trouve  un  bourgeon 
ou  un  œil.  Leur  nature  véritable  n'a  été  re- 
connue que  depuis  quelques  années,  par 
suite  des  observations  de  MM.  Dunal  ,  Du- 
trochet  et  Turpin  (  Voy.  particulièrement 
Turpin  :  Mém.  sur  l'organis.  iritér.  et  extér. 
des  tubercules  du  Solarium  tuberosum  et  de 
l'Helianlhus  tuberosus ;  Mém.  du  mus., 
tom.  XIX  ,  1830  ,  pag.  1-56  ,  pi.  I-V) ,  et 
avant  eux ,  de  Knight  et  Dupetit-Thouars. 
Ces  observateurs  ont  reconnu  que  les  tuber- 
cules de  la  Pomme  de  terre  sont  entièrement 
indépendants  des  racines,  et  qu'ils  se  compo- 
sent uniquement  de  l'extrémité  renflée  de 
branches  souterraines  ou  de  bourgeons  sou- 
terrains, dans  lesquels  le  tissu  cellulaire 

I.  VIII. 


s'est  développé  au  point  de  devenir  extrê- 
mement abondant  et  d'en  former  la  masse 
presque  tout  entière.  Dans  ces  cellules  la 
fécule  s'est  produite  en  très  grande  quan- 
tité, et  a  fait  de  ces  tubercules  une  matière 
alimentaire  des  plus  importantes.  Au  reste, 
même  lorsque  la  formation  de  ces  tuber- 
cules s'est  accomplie  ,  on  peut  encore  y  re- 
trouver, à  l'aide  du  microscope,  les  diverses 
parties  qui  constituent  une  tige,  et  recon- 
naître par  suite  leur  véritable  nature  ;  ainsi, 
sur  leur  coupe  transversale,  on  observe: 
1°  un  épidémie;  2°  une  zone  celluleuse, 
analogue  à  l'écorce  ;  3°  quelques  vaisseaux 
épars  et  rares,  assez  régulièrement  dispo- 
sés circulairement ,  qui  représentent  la  zone 
ligneuse;  4°  enfin,  une  masse  cellulaire  qui 
forme  la  plus  grande  partie  du  tubercule  , 
et  qui  ne  peut  être  comparée  qu'à  la 
moelle.  Une  autre  circonstance  qui  achève- 
rait de  lever  les  doutes,  s'il  en  existait,  re- 
lativement à  la  nature  des  renflements  tu- 
berculeux de  la  Pomme  de  terre,  consiste 
dans  leur  propriété  de  verdir  lorsqu'une 
circonstance  quelconque  leur  fait  perdre 
leur  position  souterraine  et  les  expose  à  la 
lumière.  Au  reste,  ce  ne  sont  pas  seulement 
les  bourgeons  souterrains  qui  peuvent  se 
renfler  en  tubercules  ;  ceux  qui  naissent  à 
l'air,  à  l'aisselle  des  feuilles  normales ,  se 
renflent  également  en  masses  féculentes  , 
plus  ou  moins  arrondies ,  toutes  les  fois  que 
par  une  incision  transversale  faite  vers  la 
base  de  la  tige ,  ou  simplement  en  la  ployant 
brusquement  sans  la  casser ,  on  a  rendu  plus 
difficile  en  elle  la  marche  de  la  sève.  Il  n'est 
pas  rare  de  voir,  dans  les  champs,  des  tiges 
de  Pommes  de  terre  sur  lesquelles  on  a 
marché  présenter  la  plupart  de  leurs  bour 
geons  axillaires  renflés  en  tubercules  plus 
ou  moins  verts  ,  absolument  semblables 
pour  la  forme  à  ceux  des  branches  souter- 
raines, mais  terminés  au  sommet  par  de 
petites  feuilles  normales. 

Nous  devons  dire  en  passant  que  la  Mo- 
relle tubéreuse  n'est  pas  la  seule  espèce  du 
genre  Solarium  qui  produise  des  tubercules 
souterrains.  Ainsi,  le  Solarium  montanum 
Linn., espèce  péruvienne,  donne  un  tuber- 
cule qui  sert  aussi  comme  matière  alimen- 
taire ,  mais  qui  est  unique,  d'où,  selon 
M.  Dunal ,  s'étëvent  les  tiges  et  naissent 
les  racines,  et  que  ce  botaniste  regarde 

44 


346 


2VI0R 


MGR 


comme  faisant  partie  de  la  tige  même. 
Ainsi  encore,  sans  parler  du  S.  stolonife- 
rum,  rapporté  récemment  du  Mexique  par 
MM.  Schiede  et  Deppe,  ni  du  Solarium  que, 
d'après  M.  Alcide  d'Orbigny,  les  Boliviens 
cultivent  sous  le  nom  de  Papa  Usa,  et  qui 
paraît  l'emporter,  à  certains  égards,  sur  la 
Pomme  de  terre  elle-même,  nous  mention- 
nerons une  espèce  que  Manuel  Blanco,dans 
sa  Flore  des  Philippines  (Flora  de  Filipinas, 
in-8°,  Manille,  1837)  décrit  sous  le  nom  de 
Solarium  sinense.  Cette  plante  est,  dit-il, 
originaire  de  la  Chine;  on  la  cultive  aux 
Philippines  pour  ses  tubercules,  qui  ressem- 
blent à  ceux  de  la  Pomme  de  terre,  dont 
la  grosseur  égale  au  plus  la  moitié  du  poing, 
et  qui  sont  estimés  par  les  habitants  de  ces 
îles  (1). 

La  Morelle  tubéreuse  est  cultivée  très 
abondamment  et  depuis  une  haute  antiquité 
dans  les  parties  un  peu  élevées  de  la  Colom- 
bie, au  Pérou,  où  elle  porte  le  nom  de 
Papas,  etc.  ;  elle  forme  l'aliment  principal 
des  habitants  de  ces  contrées.  11  paraît 
même  démontré  qu'elle  est  originaire  du 
Pérou,  quoique  la  détermination  du  lieu 
précis  où  elle  se  trouve  à  l'état  sauvage  soit 
entourée  de  difficultés ,  de  même  que  pour 
les  autres  végétaux  alimentaires  les  plus 
importants.  Son  introduction  en  Europe  re- 
monte à  moins  de  trois  siècles;  c'est  seule- 
ment à  une  époque  bien  plus  rapprochée  de 
nous  qu'elle  a  commencé  de  se  répandre 
partout  et  que  son  tubercule  est  devenu 
une  matière  alimentaire  de  la  plus  haute 
importance.  Les  auteurs  ne  sont  pas  d'ac- 
cord relativement  à  celui  à  qui  revient 
l'honneur  d'avoir  doté  l'Europe  de  cette  pré- 
cieuse acquisition.  Au  milieu  de  cette  diver- 
gence d'opinions ,  nous  croyons  voir  plus  de 
probabilité  en  faveur  de  la  version  repro- 
duite par  le  docteur  Putsche  {Versuch  einer 
Monographie  der  Kartoffeln,  in-4,  Weimar, 
1819) ,  et  nous  croyons  dès  lors  devoir  l'a- 
dopter. Selon  ce  savant,  le  capitaine  John 

(i)  Planta  oriunda  de  Cliina,  de  ia  altura  de  dos  pies,  y  que 
«e  planta  en  este  pais  por  sus  raices  que  son  estimadas.  Ignoro 
Si  esta  planta  se  poilra  perpétuât-,  ya  de  por  si ,  sin  necesidad 
detraher  anualmente  ias  raices  de  Cliina.  Estas  se  parecen  a 
las  patatas  de  Espagna  .  y  ia  cortera  es  blanquecina  como  en 
otras  que  vi  yo  en  Vallatiolid...  Se  multiplican  plantando  las 
rames  .  o  derechas  o  hechadas  o  por  los  yemas  de  la  raice 
cividiendolas  estas.  El  grandor  de  los  majores  raices  escomo 
la  midad  Utl  pugno,  B'unco,  1.  c,  p.  137. 


Hawkins  est  le  premier  qui  ait  essayé  d'in- 
troduire enEurope  la  culture  de  cette  plante; 
en  1565,  il  en  rapporta  en  Irlande,  de 
Santa-Fé  de  Bogota ,  quelques  tubercules, 
qui  furent  entièrement  négligés.  Aussi  le 
nom  de  Hawkins  ne  peut  il  figurer  que  pour 
mémoire  dans  l'histoire  de  l'importation  de 
la  Pomme  de  terre  en  Europe.  Le  célèbre 
navigateur  Franz  Drake,  qui  avait  d'abord 
navigué  sur  les  vaisseaux  de  Hawkins,  re- 
connut toute  l'étendue  des  services  que 
pourrait  rendre  à  l'Europe  la  culture  de  ce 
précieux  végétal.  A  son  retour  de  son  expé- 
dition dans  la  mer  du  Sud  ,  il  en  porta  des 
tubercules  en  Virginie,  où  ils  furent  cul- 
tivés avec  succès.  Ce  fut  en  Virginie  qu'il 
prit  ceux  qu'il  porta  en  Angleterre  en  1586, 
et  qu'il  remit  à  son  propre  jardinier,  en  lui 
enjoignant  de  donner  tous  ses  soins  aux 
plantes  qui  en  sortiraient.  On  s'explique 
par  ce  fait  pourquoi  la  Morelle  tubéreuse 
fut  regardée  d'abord  comme  originaire  de  la 
Virginie.  Drake  donna  également  quelques 
tubercules  de  cette  plante  au  botaniste  an- 
glais Gérard  ,  qui  les  planta  dans  son  jardin 
à  Londres,  et  qui,  à  son  tour,  en  envoya 
à  quelques  uns  de  ses  amis  ,  et  particulière- 
ment à  Clusius  :  aussi  ce  dernier  botaniste 
est-il  le  premier  qui  ait  fait  mention  de 
l'espèce  qui  nous  occupe.  Tout  porte  à  croire 
que  vers  la  même  époque  il  arriva  des  Pom- 
mes de  terre  dans  le  midi  de  l'Europe,  par 
l'intermédiaire  des  Espagnols  ;  mais  les  do- 
cuments historiques  ne  sont  pas  très  précis 
à  cet  égard  ,  et  de  plus ,  on  n'apprécia  pas 
plus  en  Espagne  et  en  Italie  qu'en  Angle- 
terre l'importance  de  la  nouvelle  acquisi- 
tion ,  qui  resta  dans  la  catégorie  des  raretés, 
et  qui  fut  même  bientôt  oubliée,  puisque 
l'on  regarde  assez  généralement  cette  con- 
quête si  importante  pour  l'Europe  comme 
due  à  l'amiral  Walter  Raleigh,  tandis  que 
ce  célèbre  marin  n'eut  en  réalité  d'autre 
mérite  que  de  rapporter  de  nouveaux  tu- 
bercules de  Virginie  en  Irlande,  au  com- 
mencement du  xvue  siècle.  Cette  fois  ,  ce- 
pendant ,  l'acquisition  fut  définitive ,  et  les 
cultivateurs  de  la  Grande-Bretagne,  en  ap- 
préciant la  haute  valeur,  commencèrent  à 
en  faire  l'objet  de  tous  leurs  soins  :  aussi 
cette  nouvelle  culture  ne  tarda- t-elle  pas  à 
prendre  de  l'importance  dans  les  îles  Britan- 
niques; mais  son  introduction  et  ses  progrès 


MOR 


MOR 


sur  le  continent  furent  beaucoup  plus  tar- 
difs. En  1616,  il  est  vrai,  des  Pommes  de 
terre  furent  servies  en  France  sur  la  table 
du  roi  ;  mais  ce  fait  môme  montre  que  c'é- 
tait alors  dans  notre  royaume  une  rareté 
de  haut  prix;  et  Ton  sait,  en  effet,  que 
jusque  vers  le  dernier  tiers  du  xvme  siècle, 
la  culture  de  cette  plante  se  répandit  à  peine 
sur  quelques  points.  En  Allemagne,  ce  ne 
fut  qu'en  1650  que  son  introduction  eut 
lieu,  et  les  mêmes  préjugés ,  les  mêmes  er- 
reurs populaires  qui,  chez  nous,  entravè- 
rent si  longtemps  sa  marche,  eurent  des 
effets  analogues  pendant  longtemps  au-delà 
du  Rhin.  Enfin  ,  vers  la  fin  du  xvuie  siècle, 
un  homme  dont  le  nom  est  devenu  célèbre, 
Parmentier  ,  employa  plusieurs  années  de 
sa  vie  en  efforts  dont  une  énergie  de  volonté 
peu  commune  et  une  conviction  profonde 
pouvaient  seules  le  rendre  capable,  pour 
propager  parmi  nous  une  plante  qu'il  savait 
être  appelée  à  rendre  les  plus  grands  ser- 
vices. Cependant  ses  efforts  et  ses  écrits 
n'auraient  peut-être  amené  que  partielle- 
ment les  résultats  qu'il  désirait;  mais  la 
disette  de  vivres  qui  suivit  les  premières 
guerres  de  la  révolution  fit  sentir  toute 
l'étendue  des  ressources  qu'offrait  la  plante 
préconisée  par  Parmentier  :  la  Morelle  tu- 
béreuse se  répandit  presque  instantanément 
sur  toute  l'étendue  de  la  France  ,  et  lorsque 
ses  immenses  avantages  furent  universelle- 
ment constatés ,  la  reconnaissance  publique 
la  nomma  Parmentière ,  pour  rappeler  le 
nom  de  l'homme  de  bien  dont  les  généreux 
efforts  avaient  enfin  contribué  à  produire 
de  si  importants  résultats.  Aujourd'hui ,  il 
est  inutile  d'insister  sur  le  mérite  de  cette 
plante;  aucune  voix  ne  s'élèverait  pour  le 
contester. 

Depuis  que  sa  culture  a  pris  de  l'extension 
en  Europe,  la  Morelle  tubéreuse  a  donné 
un  nombre  extrêmement  considérable  de 
variétés  que  distinguent  des  différences  dans 
l'époquedudéveloppement,  dansla  grosseur, 
la  forme,  la  couleur,  la  surface  ,  etc.  ,  des 
tubercules  ,  dans  le  mode  de  végétation  , 
dans  les  feuilles,  les  fleurs,  etc.  Beaucoup 
de  ces  variétés  sont  caractérisées  par  des 
nuances  tellement  délicates ,  qu'un  œil  très 
exercé  éprouve  souvent  de  la  difficulté  à  les 
saisir.  Il  ne  peut  entrer  dans  le  plan  de  cet 
ouvrage  de  signaler  ces  nombreuses  variétés  ; 


mais,  d'un  autre  côté,  il  est  impossible  de 
les  passer  toutes  sous  silence ,  sans  faire 
connaître  en  quelques  mots  les  plus  con- 
nues et  les  plus  utiles  d'entre  elles,  celles 
que  Ton  cultive  le  plus  habituellement  en 
France. 

Parmi  ces  variétés,  il  en  est  que  l'on 
qualifie  de  hâtives,  comme  donnant  leurs 
produits  de  très  bonne  heure  :  elles  sont  en 
général  médiocrement  productives  ;  mais 
les  malheureuses  circonstances  qu'ont  pré- 
sentées ces  deux  dernières  années  tendent 
à  leur  donner  de  l'importance ,  puisque  leur 
récolte  a  échappé  entièrement  au  fléau  qui 
a  sévi  si  cruellement  sur  les  variétés  tar- 
dives. Parmi  elles,  on  distingue  surtout 
les  suivantes  :  la  Pomme  de  terre  naine 
hâtive,  dont  les  tubercules  sont  jaunes, 
ronds  et  déjà  bons  à  être  récoltés  au  mois 
de  juin  ,  et  la  fine  hâtive ,  à  peu  près  aussi 
précoce,  mais  de  meilleure  qualité  et  plus 
productive.  La  Chave  ou  Schaw ,  un  peu 
moins  précoce,  mais  déjà  mûre  en  juillet, 
et  d'ailleurs  plus  productive;  ses  tubercules 
sont  plus  gros ,  jaunes ,  de  bonne  qualité  et 
de  forme  arrondie  un  peu  ovoïde.  La  grosse 
jaune  hâtive  l'emporte  beaucoup  sur  les  trois 
précédentes  pour  l'abondance  des  produits; 
mais  ceux-ci  sont  de  qualité  médiocre,  et 
sont  principalement  employés,  comme  four- 
rages-racines, à  la  nourriture  des  bestiaux. 
A  la  suite  des  variétés  hâtives,  on  peut 
ranger  celles  qui  arrivent  plus  tard  et  celles 
qu'on  qualifie  de  tardives;  ce  sont  les  plus 
nombreuses  et  aussi  les  plus  répandues  ; 
parmi  elles,  nous  mentionnerons  les  sui- 
vantes :  la  truffe  d'août ,  dont  les  tuber- 
cules sont  mûrs  en  août,  d'un  rouge- pâle 
et  de  très  bonne  qualité;  le  Cornichon 
jaune  ou  Hollande  jaune ,  à  tubercules  al- 
longés ,  jaunes ,  très  farineux  et  des  plus 
délicats  ;  le  Cornichon  rouge  ou  rouge 
longue,  très  connu  à  Paris  sous  le  nom  de 
vitelot  te  :  tubercules  de  forme  très  allongée, 
rouges  ,  fermes  et  très  longs ,  fort  estimés  ; 
la  descroizille  ,  à  tubercules  rosés  ,  de  forme 
allongée,  de  très  bonne  qualité  et  très  fécu- 
lents, se  conservant  très  bien;  là  tardive 
d'Irlande,  qu'on  nomme  aussi  Pomme  do 
terre  suisse,  que  distingue  particulièrement 
sa  propriété  de  se  conserver  presque  sans 
pousser  jusque  vers  le  milieu  de  l'été  qui  a 
suivi  la  récolte.  Dans  cette  même  catégorie 


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MOR 


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des  Pommes  de  terre  tardives  rentrent  les 
variétés  que  l'abondance  de  leurs  produits 
a  fait  adopter  plus  spécialement  que  les 
précédentes  dans  la  grande  culture,  et  qui 
servent  principalement  à  la  nourriture  du 
peuple  des  campagnes  et  à  celle  du  bétail. 
Ce  sont  la  grosse  ronde  blanche  ou  patraque 
blanche,  qu'on  cultivait  surtout  beaucoup 
il  y  a  quelques  années,  et  qui  se  distingue 
par  l'abondance  de  ses  produits;  la  grosse 
jaune  ou  patraque  jaune,  la  plus  commune 
aujourd'hui ,  dont  les  tubercules  sont  gros, 
nombreux  et  ramassés,  cequi  distingue  cette 
variété  de  la  grosse  jaune  coureuse;  on 
l'emploie  beaucoup  pour  les  féculeries. 
Enfin ,  pour  ne  pas  trop  prolonger  cette 
énumération  ,  nous  nous  bornerons  à  citer 
encore  la  Pomme  de  terre  Bohan ,  qui  a  été 
tant  préconisée  il  y  a  quelques  années  ,  et 
qui,  dans  certains  terrains,  donne  des  tu- 
bercules énormes  ,  mais  bons  seulement 
pour  la  nourriture  des  bestiaux;  et,  comme 
simple  objet  de  curiosité,  la  Pomme  déterre 
haricot,  à  tubercules  remarquables  parleur 
petitesse,  ainsi  que  des  variétés  marbrées, 
d'un  violet  très  foncé  et  presque  noir,  etc. 
L'une  des  qualités  les  plus  précieuses  de 
la  More! le  tubéreuse  consiste  dans  la  faci- 
lité de  sa  culture  et  de  sa  multiplication. 
Elle  s'accommode  presque  de  toutes  les  na- 
tures de  sol;  cependant,  les  terres  argileu- 
ses compactes  lui  sont  peu  favorables.  Pour 
les  détails  de  cette  culture,  nous  renverrons 
aux  ouvrages  d'agriculture  et  aux  traités 
ou  mémoires  spéciaux.  Sa  multiplication  se 
fait  de  diverses  manières  :  1°  Par  graines; 
c'est  de  cette  manière  qu'on  obtient  les  va- 
riétés nouvelles;  mais  jamais  on  n'a  recours 
aux  semis  dans  la  culture  en  grand,  à  cause 
de  la  nécessité  d'attendre  les  produits  pen- 
dant deux  ans.  2°  Par  les  tubercules,  ce 
qui  constitue  de  véritables  boutures.  A  cet 
égard,  tantôt  on  plante  les  tubercules  tout 
entiers,  tantôt  on  les  divise  par  morceaux, 
dont  chacun  doit  porter  au  moins  un  bour- 
geon ou  un  œil.  On  a  cherché  à  reconnaître 
quel  est  le  plus  avantageux  de  ces  deux  der- 
niers moyens  de  multiplication,  et  les  nom- 
Dreuses  expériences  comparatives  qui  ont 
été  faites  à  ce  sujet  ont  paru  prouver  qu'il 
vaut  mieux  employer  des  tubercules  entiers 
de  grosseur  moyenne  que  de  simples  frag- 
ments. 


Nous  n'essaierons  pas  d'énumérer  tous  les 
usages  de  la  Morelle  tubéreuse  et  de  ses 
diverses  parties.  Ses  tubercules  rivalisent 
aujourd'hui  d'importance  avec  les  céréales 
pour  la  nourriture  de  l'homme  et  des  bes- 
tiaux ;  ils  remportent  même  de  beaucoup 
sur  elles  dans  certains  pays,  comme  la  Bel- 
gique et  l'Irlande  ,  où  ils  jouent  le  même 
rôle  dans  l'alimentation  du  peuple  que  le 
mais  dans  quelques  uns  de  nos  départe- 
ments méridionaux.  Ce  n'est  pas  seulement 
en  nature  qu'on  les  consomme  :  l'extraction 
de  leur  fécule  constitue  une  industrie  im- 
portante; cette  fécule  devient  la  base  de 
nombreuses  préparations  alimentaires  ;  elle 
sert  même  à  la  fabrication  d'un  pain  de 
bonne  qualité,  soit  pure  ,  soit  surtout  mé- 
langée d'environ  moitié  de  farine  de  fro- 
ment; enfin  ,  par  l'effet  de  la  fermentation 
alcoolique,  elle  donne  un  alcool  et  une  eau- 
de-vie  qui,  dans  certains  pays  du  nord  de 
l'Europe,  et  surtout  parmi  les  classes  infé- 
rieures de  la  société,  sont  consommés  en  très 
grande  quantité ,  concurremment  avec  les 
alcools  et  les  eaux-de-vie  de  vin.  Les  fanes 
elles-mêmes  de  ce  précieux  végétal  ne  sont 
pas  dépourvues  d'importance  :  les  bestiaux 
les  mangent  ^lontiers,  et  elles  constituent 
ainsi  pour  eux  un  bon  fourrage;  de  plus, 
enfouies  dans  la  terre,  elles  forment  un  ex- 
cellent engrais  ;  enfin  il  n'est  pas  jusqu'aux 
fleurs  qui  ne  puissent  être  utilisées,  puis- 
qu'on peut  en  extraire  une  matière  colo- 
rante jaune. 

Les  usages  médicinaux  de  la  Pomme  de 
terre  sont  très  peu  importants,  et  tout 
qui  a  été  dit  à  cet  égard  mériterait  peut- 
être  d'être  l'objet  d'un  nouvel  examen  plus 
attentif  et  sans  prévention;  dans  l'état  ac- 
tuel des  choses,  ils  se  bornent  à  l'emploi  de 
sa  fécule,  principalement  en  cataplasmes: 
aussi  nous  ne  nous  y  arrêterons  pas;  et 
nous  terminerons  ce  que  nous  avons  à 
dire  sur  cette  espèce  par  quelques  mots  sur 
deux  maladies  qui,  dans  ces  dernières  an- 
nées, ont  fait  des  ravages  affreux  dans  les 
cultures  de  ce  précieux  végétal, 

La  première  de  ces  maladies  paraît  s'être 
manifestée  pour  la  première  fois,  en  1830, 
dans  plusieurs  districts  de  l'Allemagne 
voisins  du  Rhin;  de  là  elle  se  répandit  dans 
le  Palatinat,  entre  Cologne  et  Neuwied,  près 
d'Erfurth,  en  Saxe,  dans  le  Mecklembourg, 


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349 


la  Bohême  et  la  Silésie.  Dans  ces  diverses 
contrées  ses  ravages  furent  tels,  que  la  ré- 
colte de  la  Pomme  de  terre  en  fut  réduite 
des  deux  tiers  sur  plusieurs  points.  Ses  ca- 
ractères étaient  fort  remarquables.  Les  tu- 
bercules qui  en  étaient  affectés  n'en  of- 
fraient d'abord  extérieurement  d'autre  in- 
dice que  des  taches  plus  foncées  et  réticulées 
à  leur  surface,  dues  à  la  dessiccation  partielle 
de  l'épiderme.  Plus  tard,  la  dessiccation  de 
leur  tissu  faisait  des  progrès  rapides,  et  leur 
intérieur  présentait  plusieurs  parties  d'une 
teinte  livide  et  noirâtre.  Enfin,  l'altération, 
gagnant  sans  cesse,  arrivait  à  un  tel  degré, 
que  les  tubercules  entiers  devenaient  durs 
comme  une  pierre,  au  point  de  pouvoir  être 
frappés  à  coups  de  marteau  sans  se  briser; 
leur  dureté  résistait  même  à  l'action  de 
l'eau  bouillante  et  de  la  vapeur,  et  l'on  sent 
dès  lors  qu'il  devenait  absolument  impos- 
sible de  les  utiliser.  Cette  maladie,  qui  s'est 
montrée  à  des  degrés  variables  d'intensité 
pendant  plusieurs  années,  a  été  nommée  en 
Allemagne  Trockenfaiile ,  Stockfaille  ,  ou 
gangrène  sèche.  Chargé  par  le  gouvernement 
Bavarois  d'en  étudier  la  nature,  les  progrès 
et  les  remèdes,  M.  de  Martius  l'a  attribuée 
à  un  Champignon  microscopique,  qu'il  a 
nommé  Fusisporium  Solani,  qui  se  serait 
produit  en  immense  abondance  au  milieu 
du  tissu  cellulaire  des  tubercules,  et  qui 
aurait  pu  se  propager  par  infection.  On  peut 
consulter  à  ce  sujet,  soit  le  grand  mémoire 
spécial  de  M.  de  Martius,  soit  la  note  qu'il 
a  présentée  à  l'Académie  des  sciences  de 
Paris,  le  16  août  1842,  et  qui  a  été  repro- 
duite dans  les  Annal,  des  se.  natur.,  2e  sér., 
t.  XVIII,  septembre  1842,  pag.  141-148. 
La  seconde  de  ces  maladies  a  produit  des 
effets  bien  plus  déplorables  encore  et  plus 
étendus.  Elle  a  commencé  de  se  manifester 
à  la  fin  de  juillet  et  au  commencement 
d'août  1845,  dans  certaines  parties  de  la 
Belgique,  de  la  Hollande,  et  de  là  elle  s'est 
répandue  avec  une  désolante  rapidité  dans 
une  grande  partie  de  l'Allemagne,  de  la 
France,  dans  la  Grande-Bretagne,  etc.  Son 
intensité  a  été  telle  sur  plusieurs  points, 
qu'elle  a  détruit  entièrement  la  récolte  de 
la  Pomme  de  terre ,  ou  que  du  moins  elle 
l'a  réduite  à  une  fraction  très  faible  de  son 
chiffre  moyen.  Cette  année  mêmc(1 846),  et 
au  moment  où  nous  écrivons ,  elle  s'est  ma- 


nifestée de  nouveau,  soit  avec  les  mêmes  ca- 
ractères ,  soit  avec  des  modifications  pro- 
noncées ,  sur  un  assez  grand  nombre  de 
parties  de  l'Europe  ,  généralement  avec 
beaucoup  moins  de  gravité,  mais  aussi,  dans 
certaines  localités,  et  particulièrement  en 
Irlande,  avec  une  intensité  si  désastreuse, 
qu'elle  a  détruit  totalement  cet  aliment 
fondamental  et  presque  unique  du  peuple 
des  campagnes.  Cette  maladie  de  la  Pomme 
de  terre  a  donné  matière  à  tant  d'écrits 
dans  les  diverses  parties  de  l'Europe,  que, 
dans  l'impuissance  d'en  présenter  ici  un  ré- 
sumé, quelque  succinct  qu'il  fût,  nous  ren- 
verrons à  notre  Revue  botanique  (1),  dans 
laquelle  nous  avons  publié  un  extrait 
étendu  et  détaillé  de  ces  nombreux  travaux. 
Nous  nous  bornerons  à  dire  ici  que  cette  ma- 
ladie, nouvelle  aux  yeux  des  uns ,  déjà  an- 
cienne pour  les  autres,  s'est  manifestée  par 
des  taches  brunes  sur  les  fanes  qui  n'ont 
pas  tardé  à  périr,  et  dans  les  tubercules  par 
la  production  d'une  matière  d'un  jaune 
brun  qui  s'est  montrée  d'abord  vers  l'exté- 
rieur pour  pénétrer  ensuite  toute  la  masse 
et  en  amener  la  décomposition.  Nous  ajou- 
terons que  deux  opinions  ont  été  publiées  à 
cet  égard  :  l'une  soutenue  par  quelques 
savants,  qui  ,  par  analogie  peut-être  avec 
l'explication  donnée  par  M.  de  Martius  pour 
la  gangrené  sèche,  ont  attribué  tout  le  mal 
à  un  Champignon  parasite  microscopique 
agissant  comme  cause,  qui  même  ont  voulu 
voir  cette  funeste  Mucédinée  dans  la  matière 
brunâtre  des  tubercules  malades;  l'autre 
professée  par  la  grande  majorité  des  obser- 
vateurs ,  qui  ont  vu  dans  cette  matière  bru- 
nâtre une  simple  altération  des  matières 
azotées,  albumineuses  ou  autres,  contenues 
dans  le  tissu  des  tubercules,  altération  qui 
aurait  eu  pour  cause  des  influences  météo- 
rologiques anormales.  Nous  ajouterons  que 
cette  maladie  n'a  pas  empêché  d'utiliser  les 
Pommes  de  terre  toutes  les  fois  qu'on  les  a 
retirées  de  terre  avant  qu'elle  eût  atteint  un 
haut  degré  de  développement. 

2.  Morelle  faux-piment,  Solanum  pseudO' 
capsicum  L\nn.,  vulgairement Cerisette,  petit 
Cerisier  d'hiver,  Amome  des  jardiniers.  Cette 

(i)  Voy.  Revue  botanique  (journal  mensuel  cor  ocré  à  là 
botanique  et  à  ses  application»;  Paris  ,  chez  Frank,  rue  Ri* 
dielleu,  69),  tre  année,  pages  147,  22.3,  226,  227,  256,  375  ' 
56r,  565,  568. 


350 


mou 


IYIOR 


jolie  espèce,  si  communément  cultivée 
comme  plante  d'ornement,  est  originaire 
de  Madère.  D'après  De  Candolle  {FI.  franc., 
V,  p.  417) ,  elle  est  aujourd'hui  naturalisée 
au  bord  des  murs,  dans  le  village  d'Arette 
en  Béarn.  C'est  un  joli  arbuste  sans  épines, 
d'environ  un  mètre  de  haut,  dont  les  feuilles 
sont  oblongues,  lancéolées,  pétiolées,  per- 
sistantes; ses  fleurs  sont  petites,  blanches, 
solitaires  sur  des  pédoncules  extra-foliacés, 
et  se  succèdent  pendant  tout  l'été.  Le  fruit 
qu'elles  produisent  est  une  jolie  baie  d'un 
rouge  vif,  de  la  grosseur  et  de  la  forme 
d'une  Cerise,  qui,  persistant  sur  l'arbuste 
pendant  tout  l'hiver,  en  forme  le  principal 
ornement  et  lui  a  valu  ses  divers  noms  vul- 
gaires. Cette  espèce  est  d'Orangerie  ;  on  la 
multiplie  de  graines. 

3.  Morelle  faux-quinquina  ,  Solanum 
pseudoquina  Aug.  St.-Hil.,  plante  très  re- 
marquable par  l'amertume  extrême  et  par 
les  propriétés  éminemment  fébrifuges  de  son 
écorce,  que  les  Brésiliens  emploient  avec 
beaucoup  de  succès  en  place  du  Quinquina. 
Elle  forme  un  petit  arbre  sans  épines;  ses 
feuilles  sont  oblongues-lancéolées,  étroites, 
aiguës,  entières,  glabres  à  leur  face  supé- 
rieure, munies  à  leur  face  inférieure  de 
petits  faisceaux  de  poils  dans  les  angles  for- 
més par  la  ramification  des  nervures. 
M.  Auguste  deSaint-Hilaire  n'a  pu  voir  ses 
fleurs;  i!  l'a  vue  seulement  pourvue  de  ses 
fruits,  baies  globuleuses,  d'environ  15  mil- 
limètres de  diamètre ,  réunies  en  petit 
nombre  en  grappes  courtes,  extra-axillaires. 
Vauquelin  a  analysé  l'écorce  de  cette  Mo- 
relle, et  il  y  a  reconnu  l'existence  d'un  prin- 
cipe amer,  dans  lequel  réside  probable- 
ment la  propriété  fébrifuge  ,  et  qui  entre 
dans  sa  composition  pour  1/12;  de  même 
qu'une  matière  résineuse  ou  résinoïde  , 
amère,  dans  la  proportion  de  1/50;  divers 
sels,  etc. 

4.  Morellenoire,  Solanumnigrum  Linn., 
vulgairement  Morelle  ,  Mourelle ,  Crève- 
chien.  Cette  plante  est  extrêmement  répan- 
due dans  les  lieux  cultivés,  le  long  des 
enclos,  etc.  Elle  est  glabre  dans  ses  diverses 
parties,  d'une  teinte  générale  vert  sombre. 
Sa  tige  est  herbacée,  rameuse,  anguleuse, 
et  s'élève  à  3  décimètres  environ  ;  ses 
feuilles  sont  ovales,  dentées-anguleuses, 
pétiolées;  ses  fleurs  sont  petites,  blanches, 


presque  ombellées,  pendantes;  il  leur  suc- 
cède des  baies  d'environ  6  ou  8  millimètres 
de  diamètre,  noires  à  leur  maturité.  La 
Morelle  noire  est  une  de  ces  espèces  liti- 
gieuses au  sujet  desquelles  les  botanistes 
sont  loin  de  s'entendre;  les  uns  en  séparent, 
en  effet,  surtout  d'après  la  couleur  des 
baies  mûres,  la  villosité,  etc.,  des  plantes 
que  d'autres  y  rattachent  comme  de  simples 
variétés  ou  comme  des  formes  tranchées,  il 
est  vrai,  mais  trop  faiblement  caractérisées 
pour  en  être  séparées.  Elle  sent  le  musc  d'une 
manière  très  prononcée.  Depuis  l'antiquité, 
elle  est  usitée  comme  plante  alimentaire 
dans  certaines  contrées  ,  où  ses  feuilles 
remplacent  celles  de  l'Epinard  et  leur  sont 
même  quelquefois  préférées.  Cependant  en 
France  elle  est  négligée  presque  partout.  Ses 
feuilles  perdent  par  la  cuisson  les  principes 
nuisibles  qu'elles  renferment,  et  deviennent 
entièrement  inoffensives.  Ses  fruits  sont 
généralement  regardés  comme  suspects,  ou 
même  comme  décidément  vénéneux  :  cepen- 
dant les  observations  consignées  par  M.  Du- 
nal,  dans  son  histoire  des  Solanum,  sont 
loin  de  confirmer  cette  croyance  populaire  ; 
ce  botaniste  en  a  mangé  une  assez  grande 
quantité  sans  en  être  incommodé;  il  en  a 
donné  40  à  un  Cochon  de  mer,  30  à  un 
Coq,  sans  que  ces  animaux  en  aient  éprouvé 
le  moindre  accident.  Il  a  été  reconnu  ce- 
pendant par  l'analyse  chimique  (Desfosses) 
que  ces  baies  renferment  une  certaine  quan- 
tité de  Solanine  à  l'état  de  malate.  En  mé- 
decine ,  les  usages  de  cette  plante  sont  limi- 
tés à  cause  de  son  peu  d'énergie  ;  cependant 
on  l'emploiecomme  narcotique  léger,  comme 
sédatif,  surtout  en  cataplasmes. 

5.  Morelle  douce-amère  ,  Solanum  dul- 
camara  Linn.,  vulgairement  Douce-amère, 
Loque,  Vigne  de  Judée.  Cette  espèce  est 
commune  dans  les  haies  de  toute  l'Eu- 
rope. Sa  tige  est  ligneuse,  sarmenteuse  et 
flexueuse;  ses  feuilles  sont  glabres,  ovales 
en  cœur,  aiguës,  les  supérieures  avec  deux 
lobes  basilaires;  ses  fleurs  sont  violacées, 
avec  taches  verdâtres  vers  la  gorge,  et  blan- 
ches dans  une  variété,  en  corymbes  à  peu 
près  opposés  aux  feuilles;  il  leur  succède 
des  baies  ovoïdes,  rouges  à  leur  maturité. 
Le  nom  de  Douce-amère  a  été  donné  à  cette 
plante,  parce  que  son  écorce  paraît  d'aborc 
douce  au  goût  et  devient  ensuite  amère.  Son 


MOR 

odeur,  à  l'état  frais,  est  forte  et  vireuse.  On 
emploie  en  médecine  ses  tiges  à  titre  de  dé- 
puratif, de  sudorifique  et  d'antiscorbutique, 
particulièrement  dans  les  maladies  de  la 
peau,  dans  les  affections  rhumatismales.  Ses 
feuilles  sont  regardées  comme  anodines  et 
calmantes.  Au  reste,  les  médecins  de  nos 
jours  font  beaucoup  moins  usage  de  cette 
plante  que  ceux  du  siècle  dernier,  dont 
certains  l'ont  beaucoup  préconisée. 

6.  Morelle  mélongène  ,  Solanum  melon- 
çjcna  Linn.,  vulgairement  connue  sous  les 
noms  d'Aubergine  ,  Mélongène  ,  Mélan- 
zane ,  etc.  Cette  espèce  fournit  un  des 
aliments  le  plus  habituellement  usités  dans 
ceux  de  nos  départements  méridionaux  qui 
longent  ou  avoisinent  la  Méditerranée.  Elle 
est  indiquée  comme  croissant  spontanément 
dans  les  Indes  orientales,  à  Java,  à  Ceylan 
et  à  l'île  de  France.  Sa  tige  herbacée ,  à 
base  dure  persistante,  s'élève,  à  l'état  cul- 
tivé, à  7  et  8  décimètres;  ses  feuilles  sont 
grandes ,  ovales ,  à  base  inégale,  sinuée-an- 
guleuse,  revêtues,  surtout  à  leur  face  infé- 
rieure, de  poils  abondants,  étoiles,  blan- 
châtres; ses  fleurs  sont  grandes,  violacées, 
marquées  intérieurement  d'une  tache  jaune, 
portées  sur  des  pédoncules  réfléchis,  renflés 
au  sommet  ;  leur  calice  et  leur  corolle  sont 
6-9-ihJcs.  Le  fruit  est  charnu,  d'un  volume 
considérable  par  l'effet  de  la  culture  (jus- 
qu'à 2  décimètres  ou  plus  de  long),  glabre, 
luisant,  obtus  au  sommet,  entouré  à  sa  base 
par  le  calice  accru  et  aiguillonné;  ce  fruit 
renferme,  fixées  sur  des  placentaires  char- 
nus ,  un  grand  nombre  de  graines  petites  et 
comprimées.  L'espèce  qui  nous  occupe  avait 
été  divisée  en  deux  par  M.  Dunal,  surtout 
d'après  la  forme  et  la  couleur  de  son  fruit; 
ce  botaniste  a  donné  en  effet  le  nom  de  So- 
lanum  esculenlum  à  la  plante  habituelle- 
ment cultivée  dans  les  potagers,  dans  la- 
quelle le  fruit  est  volumineux,  généralement 
oblong  et  violacé,  tandis  qu'il  a  nommé 
Solanum  ovigerum  celle  que  l'on  ne  cultive 
guère  que  comme  plante  d'ornement,  sous 
les  noms  vulgaires  de  pondeuse  et  de  plante 
à  œufs,  dans  laquelle  le  fruit  ressemble 
parfaitement,  pour  le  volume,  la  forme  et  la 
blancheur,  à  un  œuf  de  poule.  Comme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  la  Morelle  mélongène 
se  consomme  en  quantité  considérable  dans 
le  midi  de  la  France,  où  elle  est  fort  esti- 


MOR 


351 


mée,  et  où  on  la  prépare  de  beaucoup  de 
manières  diverses.  L'abondance  de  ses 
fruits  et  leur  prix  peu  élevé  à  la  fin  de 
l'été  et  pendant  l'automne  en  font  une  es- 
pèce potagère  très  utile.  Dans  le  nord  de  la 
France,  sa  culture  est  beaucoup  moins  ré- 
pandue ;  cependant  depuis  quelques  années 
elle  commence  à  y  prendre  beaucoup  de 
développement.  On  la  multiplie  de  graines. 
Dans  le  Midi,  on  la  sème  ordinairement 
aujourd'hui  au  premier  printemps  sur  couche 
ou  même  sous  châssis,  lorsqu'on  se  propose 
de  la  cultiver  en  primeur;  on  repique  en- 
suite le  plant  en  place,  et  le  reste  de  la  cul- 
ture n'exige  guère  d'autres  soins  que  celui 
d'arroser  abondamment.  Dans  nos  dépar- 
tements septentrionaux,  les  semis  se  font 
toujours  sous  châssis,  au  mois  de  février; 
l'on  repique  généralement  en  pépinière 
deux  ou  trois  fois  avant  de  mettre  en  place 
au  mois  de  mai.  Le  fruit  de  la  Mélongène 
doit  être  mangé  bien  mûr,  et  l'on  doit  tou- 
jours avoir  le  soin  d'en  exprimer  le  suc 
autant  qu'il  est  possible  avant  de  le  pré- 
parer. 

On  cultive  dans  les  jardins,  comme  plantes 
d'ornement,  quelques  espèces  de  Morelles, 
telles  que  la  Morelle  de  Madagascar,  Sola- 
num pyracanthum  Lam.;  la  Morelle  de 
Buenos- Ayres ,  Solanum  bonariense  Linn.; 
la  Morelle  blanche,  Solanum  marginatum 
Linn.,  etc.  Pour  ne  pas  trop  prolonger  cet 
article,  nous  nous  bornerons  à  cette  simple 
indication  relativement  à  ces  diverses 
plantes.  (P.  Duchartre  ) 

MORELLE.  ois.  —  Nom  vulgaire  de  la 
Foulque  macroule. 

*MORELOSIA.  bot.  pu.  — ■  Genre  de  la 
famille  des  Symplocées  d'Endlicher,  établi 
par  LIave  et  Lexarza  (Nov.  veget.  Descript., 
I,  1).  Arbustes  du  Mexique.  Voy.  symplo- 
cées. 

*MORELOTIA,  Gaudich.  (ad  Freyc. , 
416,  t.  28).  bot.  pu.  —  Synon.  de  Lampro- 
carya ,  B.  Br. 

MORENIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Palmiers,  tribu  des  Arécinées,  éta- 
bli par  Ruiz  et  Pavon  (Prodr.,  150,  t.  32). 
Palmiers  croissant  sur  les  montagnes  du  Pé- 
rou. Voy.  palmiers. 

MORESQUE,  moll.  —  Nom  vulgaire  de 
marchand  de  VOlîva  maura  Lamk.,  et  du 
Fusus  morio  L. 


352 


MOR 


MOPt 


MORETON.  ois.  —  Nom  vulgaire  du 
Canard  milouin. 

MORETTIA.  bot.  pu.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Crucifères-Anastaticées,  établi  par 
De  Candolle  (Syst.,  II,  426  ;  Prodr.,1, 185). 
Herbes  de  l'Egypte.  Voy.  crucifères. 

MORFEX.  ois.  —  Nom  donné  par  Ges- 
ner  au  Cormoran. 

MORF1L.  mam.  —  Les  dents  d'Éléphants 
portent  dans  le  commerce  la  dénomination 
vulgaire  de  Morfil.  (E.  D.) 

MORGANIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Scrophularinées-Gra- 
tiolées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr.,  441). 
Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande   tropicale. 

Voy.  SCROPHULARINÉKS. 

MORGELINE.  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
de  VAlsine média  L.  Voy.  alsinecIstellaria. 

*MORICA  (popta,  folie),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  hétéromères  ,  famille  des 
Mélasomes  ,  tribu  des  Piméliaires ,  formé 
par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit.,  p.  202),  et 
adopté  par  Solier  (  Ann.  de  la  Soc.  eut.  de 
Fr.,  t.  V,  p.  646).  L'auteur  le  classe  dans 
ses  Collaptérides,  et  le  rattache  à  sa  tribu 
des  Akisites.  Quatre  espèces  font  partie  du 
genre,  savoir  :  le  Tenebrio  grossus  de  Linné, 
Y  Akis  planata  de  F.,  8-costata  de  Leach,  et 
obtusa  de  Lat.  Les  trois  premières  sont  ori- 
ginaires de  l'Afrique  septentrionale,  et  la 
quatrième  se  trouve  en  Espagne  (Anda- 
lousie). (C.) 

MORICANDIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Crucifères-Brassicées,  établi  par 
De  Candolle  {Syst.t  II,  626).  Herbes  d'Eu- 
rope et  d'Afrique.  Voy.  crucifères. 

MORILLE,  moll.  —  Nom  vulgaire  du 
Murex  hystrix  Linn.,  qui  fait  partie  du 
genre  Pourpre. 

MORILLE.  Morchella.  bot.  cr.— Dillen 
a  formé  le  nom  latin  du  mot  allemand  Mor- 
chel.  Suivant  Ménage,  celui  de  Morille  se- 
rait dérivé  de  Morum ,  Morucula  (Mûre),  ou 
plutôt  du  mot  celtique  ou  bas-breton  Mo- 
rillen.  Dans  les  anciens  auteurs ,  les  Morilles 
sont  désignées  sous  les  noms  de  Boletus  ; 
Yungus  spongiosus,  porosus ,  rugosus ,  fa- 
voginosus ,  cavernosus  ;  Merulius  niger  , 
albus  ;  Fungi  prœcoces  ;  Spongiolœ  ;  Phal- 
lus ,  etc. 

Quoique  Dillen  ne  connût  pas  la  diffé- 
rence qui  existe  entre  les  organes  de  la 
reproduction   de  ces  Champignons  et  ceux 


des  Phallus,  auxquels  Linné  les  a  réunis 
plus  tard,  il  a  créé  un  très  beau  genre; 
mais  comme  les  auteurs  ont  ajouté  plusieurs 
espèces  qui  n'offrent  pas  le  même  caractère, 
il  faut  nécessairement  le  diviser. 

Les  Morilles  appartiennent  à  la  classe  des 
Thécasporés  et  à  la  famille  des  Champignons 
en  forme  de  mitre  (  Mitrati).  Le  réceptacle 
est  charnu,  fragile,  arrondi,  ovoïde  ou 
conique ,  creux  à  l'intérieur  ,  parsemé  d'al- 
véoles polygones,  et  supporté  par  un  pédi- 
cule distinct,  également  charnu,  creux,  plus 
ou  moins  long,  avec  lequel  il  se  continue 
immédiatement.  Les  organes  de  la  fructifi- 
cation recouvrent  les  cavités  et  les  parois 
des  alvéoles;  ils  consistent  dans  des  thèques 
allongées ,  cylindriques,  qui  renferment  huit 
spores  simples,  elliptiques  et  transparentes; 
les  paraphyses  sont  peu  nombreuses,  fili- 
formes et  continues. 

Les  autres  espèces ,  comme  les  Morchella 
semilibera  DC,  Mitra  Linn.,  dont  le  ré- 
ceptacle est  conique  ou  campanule,  uni  ou 
alvéolé ,  mais  fixé  au  pédicule  à  la  moitié 
de  sa  hauteur  ,  et  dont  le  bord  est  libre  , 
constituent  le  genre  Mitrophora  (Voyez  ce 
mot.)  11  résulte  de  cette  séparation  un  pas- 
sage naturel  aux  Verpa,  qui  ont  le  chapeau 
entièrement  libre.  Micheli  avait  déjà  senti 
cette  différence,  puisqu'il  donnait  aux  uns 
le  nom  de  Bolelus,  et  aux  autres  celui  de 
Phallobolatus. 

Avec  le  printemps  nous  voyons  arriver 
les  Morilles  ;  elles  ne  paraissent  jamais  sous 
la  latitude  de  Paris  avant  le  mois  d'avril , 
et  le  plus  souvent  dans  la  seconde  quinzaine, 
à  moins  que  la  saison  ne  soit  chaude  et  hu- 
mide ;  rarement  on  en  trouve  dans  le  mois 
de  mai ,  tandis  que  dans  le  midi  de  la  France 
elles  commencent  au  mois  de  mars.  On  les 
rencontre  dans  presque  tous  les  terrains  , 
mais  plus  abondamment  dans  ceux  qui  sont 
siliceux,  dans  les  bois,  sur  les  bords  des 
chemins.  On  pense  assez  généralement 
qu'elles  croissent  plus  particulièrement  sous 
les  Ormes;  c'est  une  erreur,  on  en  trouve 
aussi  sous  les  Chênes ,  les  Frênes ,  les  Châ- 
taigniers ,  etc. ,  et  quelquefois  dans  des  en- 
droits insolites.  M.  de  Brondeau,  dans  ses 
Plantes  cryptogames  de  l'Agenais  (p.  35, 
pi.  9),  a  décrit  et  figuré  le  Morchella  vapo- 
raria,  que  M.  Bartayres  a  trouvé  au  prin- 
temps ,  à  Agen ,  dans  des  serres  chaudes  sur 


MOK 


MOU 


de  la  tannée  humide;  il  n'est  pas  rare  d'en 
voir  dans  les  cavités  des  vieux  arbres  qui 
sont  remplies  d'humus.  Feu  le  professeur 
Balbis  a  trouvé,  à  Parme,  le  Morchella  hiema- 
lis  sur  un  mur.  Les  caractères  spécifiques 
qui  distinguent  ces  Champignons  sont  infini- 
ment légers.  Comme  ils  croissent  à  la  même 
époque,  et  qu'ils  sont  presque  tous  comes- 
tibles, les  auteurs  les  regardent  assez  géné- 
ralement comme  des  variétés  d'une  même 
espèce.  La  couleur  paraît  à  peu  près  con- 
stante, et  ceux  qui  en  ont  récolté  pendant 
plusieurs  années  dans  un  même  endroit, 
n'y  ont  presque  jamais  vu  que  des  individus 
de  la  même  couleur,  mais  dont  le  volume 
et  la  forme  étaient  très  variables. 

Les  auteurs  distinguent  les  espèces  sui- 
vantes : 

1°  La  Morille  commune,  Morchella' escu- 
îenta  Pers.  Sa  forme  est  généralement  ar- 
rondie; elle  présente  plusieurs  variétés. 

a.  La  Morille  blanche,  dont  le  réceptacle 
et  le  pédicule  sont  blancs.  M.  Czerniaew  a 
vu  cette  variété  atteindre,  dans  la  Russie 
méridionale ,  près  d'un  pied  de  haut.  On  la 
rencontre  quelquefois  à  Paris  chez  les  mar- 
chands de  comestibles  ,  où  elle  est  recher- 
chée, quoiqu'elle  passe  pour  être  d'un  goût 
fade  et  aqueux. 

b.  La  Morille  blonde,  Morchella  rotunda. 
C'est  la  variété  qui,  dans  nos  pays,  atteint  le 
plus  grand  développement  :  son  réceptacle 
est  globuleux,  d'une  couleur  jaune,  légè- 
rement fauve;  les  alvéoles  sont  presque  ron- 
des. Elle  est  très  recherchée  et  d'un  bon  goût. 
Cette  variété,  assez  rare  dans  les  environs 
de  Paris ,  aime  les  terrains  argileux ,  et  sou- 
vent on  la  rencontre  dans  les  bois,  sur  les 
places  où  on  a  fait  du  charbon. 

c.  La  Morille  ordinaire ,  Morchella  vul- 
garis.  C'est ,  en  effet ,  la  plus  commune  de 
toutes,  et  celle  qui  est  le  plus  généralement 
connue  par  rapport  à  sa  couleur.  Le  récep- 
tacle, tantôtrond,  tantôtovale,  estd'unecou- 
îeur  fuligineuse  qui  la  fait  reconnaître  de 
suite.  Ses  alvéoles  sont ,  en  raison  de  son 
développement,  extrêmement  variables,  qua- 
drangulaires ,  hexagones,  avec  des  cloisons 
très  saillantes,  obtuses  et  quelquefois  céré- 
briformes.  Elle  passe  pour  la  meilleure. 

d.  La  Morille  violette ,  Morchella  violacea 
Despr.  Cette  variété  a  été  trouvée  et  des- 
sinée par  le  docteur  Despreaux;  le  récepta- 

T.  VIII. 


de  est  ovale;  les  alvéoles  régulières,  hexa- 
gones, avec  les  angles  arrondis,  et  d'une 
couleur  violette;  le  pédicule  blanc,  un  peu 
violeté,  et  renflé  à  sa  base.  Cette  description 
a  été  faite  sur  un  dessin  conservé  dans  la 
bibliothèque  de  M.  Benj.  Delessert.  Cette 
Morille  a  été  trouvée  au  Mexique. 

e.  La  Morille  changeante,  Morchella  cœ- 
rulescens.  Lév.,  décrite  par  Sterbeek  (Theat. 
fung.  ,  pag.  94  ;  pi.  10 ,  fig.  I).  Le  récep- 
tacle est  presque  sphérique  et  d'une  couleur 
jaune;  les  alvéoles  irrégulières;  la  chair, 
quand  on  la  rompt,  prend  au  contact  de 
l'air  la  couleur  de  l'indigo. 

2°  La  Morille  délicieuse  ,  Morchella  de- 
liciosa  Fr.  Le  réceptacle  est  conique ,  de 
couleur  jaune ,  quelquefois  un  peu  livide; 
les  alvéoles  sont  longues,  parallèles,  profon- 
des; le  pédicule  est  assez  gros,  nu  et  blanc. 

Cette  espèce  est  assez  commune  en  Hon- 
grie; il  paraît,  d'après  Fries  ,  que  Vaillant 
l'aurait  rencontrée  dans  le  parc  de  Saint- 
Maur,  près  de  Paris;  mais  comme  il  n'en 
donne  pas  les  caractères ,  on  peut  la  regar- 
der comme  douteuse  pour  la  flore  de  Paris. 

3°  La  Morille  conique  ,  Morchella  conica 
Pers.  Le  professeur  Fries  regarde  cette  es- 
pèce comme  une  variété  de  la  Morille  com- 
mune. On  la  reconnaît  facilement  à  son 
chapeau  généralement  assez  petit,  de  forme 
conique  et  d'une  couleur  fuligineuse;  le 
pédicule  est  creux  ,  blanc  et  farineux.  Per- 
soon  dit  qu'elle  est  rare  en  France,  qu'on 
la  trouve  en  Alsace ,  et  très  communément 
en  Allemagne;  on  l'aperçoit  dans  le  temps 
où  le  Prunellier,  le  Pétasite  et  les  Prime- 
vères commencent  à  fleurir.  Je  l'ai  rencon- 
trée assez  abondamment  dans  les  Makis  de 
la  Corse,  et  surtout  dans  les  endroits  qui 
avaient  été  incendiés.  Si  j'en  juge  d'après 
la  quantité  que  j'ai  vu  sécher  au  soleil  pour 
la  conserver,  elle  serait  également  très  com- 
mune et  très  recherchée  en  Valachie  et  en 
Moldavie. 

4°  Morille  perforée  ,  Morchella  fora- 
minulosa  Schweinz.  Espèce  de  l'Amérique 
septentrionale,  que  Schweinitz  fait  con- 
naître (Syn.  fung.  amer.  Bor. ,  p.  169); 
elle  ressemble  beaucoup  au  Morchella  escu- 
lenta,  avec  lequel  elle  croît.  Sa  hauteur  est 
de  trois  pouces  ;  le  réceptacle,  plus  ovale  que 
conique  ,  présente  une  ouverture  annulaire 
au  sommet. 

4« 


354 


MOR 


JHOR 


5°  Morille  d'hiver  ,  Morchella  hiemalis 
Fr.  Cette  espèce  est  à  peu  près  du  volume 
de  la  Morille  commune;  les  alvéoles  du  ré- 
ceptacle sont  très  profondes,  et  le  pédicule  est 
marqué  de  stries  légères.  Ce  dernier  carac- 
tère, s'il  est  constant,  peut  facilement  la 
faire  distinguer.  Le  mur  sur  lequel  elle  a 
pris  naissance  a  peut  être  contribué  à  mo- 
difier une  espèce  déjà  connue. 

6°  La  Morille  a  gros  pied,  Morchella  cras- 
sipes  Fr.,  figurée  par  Ventenat  (Mém.  ïnst. 
iiat. ,  1,  p.  509,  fig.  2)  et  par  Krombholtz 
{Esbar.  und  Verdacl.  Schwœm,  2  heft. , 
p.  6,  tab.  XVI,  fig.  1-2),  a  été  trouvée 
dans  le  bois  de  Pont-Chartrain ,  par  Ant. 
de  Jussieu.  Elle  est  remarquable  par  sa 
haute  taille.  Son  réceptacle  est  conique,  aigu 
et  brun  ;  le  pédoncule  est  atténué  à  sa  partie 
supérieure,  trois  à  quatre  fois  plus  long  que 
le  réceptacle ,  et  très  renflé  à  sa  partie  infé- 
rieure. 

7°  La  Morille  tremelloïde,  Morchella 
tremdloidesFï.,  n'est  probablement  qu'une 
variété  de  la  Morille  ordinaire,  dont  elle  ne 
diffère  que  par  la  brièveté  du  pédicule  et  la 
forme  des  alvéoles,  qui,  au  lieu  d'être  an- 
guleuses ,  sont  contournées,  obtuses  comme 
les  circonvolutions  des  Tremelles.  Elle  a  été 
également  trouvée  s  Pont-Chartrain  par 
Ant.  de  Jussieu. 

Si  ces  caractères  sont  exacts,  on  ne 
conçoit  pas  comment  les  auteurs  ont  pu 
rapporter  à  cette  espèce  la  figure  de  la  Mo- 
rille comestible  que  Bulliard  a  donnée 
pi.  218,  fig.  l,dont  les  alvéoles  paraissent 
d'une  parfaite  irrégularité. 

8°  La  Morille  élevée  ,  Morchella  elata 
Fr.  Grande  et  belle  espèce,  dont  le  récep- 
tacle est  obtus  et  conique;  les  cloisons 
des  alvéoles  longitudinales,  minces,  très 
saillantes,  et  réunies  par  d'autres  cloi- 
sons transversales  moins  prononcées  ;  elle 
est  d'une  couleur  grise  tirant  sur  le  brun. 
Le  pédicule  a  deux  ou  trois  pouces  de  lon- 
gueur ,  et  quelquefois  plus  d'un  de  diamètre. 
Il  est  creux,  fragile,  avec  quelques  lacunes, 
de  couleur  jaune  ou  rosée.  Sa  saveur  est 
fade,  aqueuse,  et  devient  très  fétide  en 
vieillissant.  Quelques  personnes  la  regar- 
dent comme  dangereuse.  Krombholtz  dit 
qu'on  peut  la  manger  sans  crainte. 

8°  La  Morille  pubescente,  Morchella  pu- 
lescens  Pers.  Persoon,  dans  sa  Mycologia 


Europœa,  regarde  cette  espèce  comme  une 
variété  du  Morchella  esculenta.  Krombholtz 
et  Rabenhorst,  au  contraire, croient  qu'elle 
en  diffère  ;  en  effet ,  son  pédicule  grêle  et 
pubescent  lui  imprime  un  caractère  parti- 
culier, ainsi  que  les  alvéoles,  qui  sont  beau- 
coup plus  grandes.  Krombholtz  l'a  figurée 
(Loc.  cit.,  p.  13,  lib.  XVII,  fig.  20).  Elle 
est  commune  dans  la  Suisse,  le  Jura  ,  la 
Bohême,  où  on  l'apporte  sur  les  marchés 
avec  la  Morille  comestible.  Elle  croît  sur  la 
terre,  dans  les  forêts  de  Pins. 

10°  La  Morille  de  loup  ou  du  diable  , 
Morchella  pleopus  Paul.  Cette  Morille  est 
fort  peu  connue  ;  Paulet  l'a  figurée  dans 
son  Traité  des  Champignons,  tab.  CXC  bis. 
11  dit  qu'on  la  trouve  au  printemps  dans  la 
forêt  de  Fontainebleau,  dans  les  friches  et 
parmi  les  bruyères  ,  et  qu'elle  a  causé  des 
accidents  presque  mortels  ;  elle  diffère  <ie  la 
Morille  ordinaire  par  sa  forme  irrégulière  , 
par  sa  tige,  qui  n'est  pas  creuse,  par  xm 
vilain  aspect  et  par  son  odeur.  Cette  espèce 
n'a  été  observée  par  personne  depuis  Paulet, 
et  presque  tous  les  auteurs  ont  oublié  d'en 
parler.  Si  l'on  consulte  les  figures,  on  re- 
marque, en  effet,  qu'elle  a  des  rapports 
avec  les  Morilles;  mais  son  réceptacle,  au 
lieu  d'alvéoles ,  présente  des  ondulations, 
comme  Vllclvella  esculenta,  et  le  pédicule 
est  solide  au  lieu  d'être  creux.  Les  accidents 
qu'elle  a  causés,  et  l'incertitude  du  genre 
auquel  on  doit  la  rapporter,  font  vivement 
désirer  qu'elle  soit  soumise  à  un  nouvel 
examen.  p 

11°  Enfin,  M.  Mérat,  dans  ses  Additions 
à  la  Revue  de  la  flore  parisienne  (janvier 
1816,  p.  493),  a  décrit  comme  Morchella 
dubia  une  belle  espèce  qui  a  de  l'analogie 
avec  la  Morchella  semilibera  que  M.  Bou- 
teille a  trouvée  à  Halaincour,  près  de  Ma- 
gny;  mais  comme  le  chapeau  est  entière- 
ment libre,  qu'il  n'adhère  que  par  lesommet 
à  l'extrémité  supérieure  du  pédicule ,  elle 
appartient  manifestement  au  genre  Verpa; 
on  devra  donc  dorénavent  la  désigner  sous 
le  nom  de  Verpa  dubia.  Voy.  verpa. 

Il  y  a  des  gourmands  de  Morilles  comme 
il  y  en  a  de  Truffes  ;  aussi  rencontre-t-on 
souvent  des  personnes  qui  demandent  com- 
ment on  pourrait  parvenir  à  les  cultiver.  Je 
ne  connais  aucune  expérience  sur  ce  sujet. 
On   dit  généralement  qu'elles  sont  capri- 


MOR 


MOR 


355 


cieuses,  c'est-à-dire  qu'elles  naissent  tantôt 
dans  un  endroit,  tantôt  dans  un  autre; 
qu'elles  sont  très  abondantes  une  année  , 
très  rares  une  autre  ,  et  même  qu'elles  en 
restent  quelquefois  plusieurs  sans  se  mon- 
trer. C'est  très  vrai  ;  mais  comme  les  Truffes, 
les  Mousserons,  les  Ceps,  on  peut  toujours 
les  trouver  à  la  même  époque  et  dans  les 
mêmes  localités,  quand  les  circonstances  fa- 
vorables à  leur  développement  ne  changent 
pas.  Que  l'on  défriche  un  endroit  où  elles 
croissent  habituellement,  on  peut  être  cer- 
tain de  n'en  pas  trouver  l'année  suivante  ; 
que  îe  mois  d'avril  soit  sec  au  lieu  d'être 
pluvieux,  elles  seront  rares  et  d'un  petit 
volume.  Comme  leur  époque  de  végétation 
est  fixée,  elles  ne  paraîtront  pas  dans  le 
mois  de  mai,  quand  même  les  pluies  se- 
raient abondantes.  Les  plus  heureux  sont 
ceux  qui  ont  des  clos  ou  des  parcs  dans  les- 
quels les  Morilles  viennent  naturellement  , 
parce  qu'ils  savent  où  aller  les  chercher,  et 
qu'ils  peuvent  toujours  arriver  à  temps 
pour  en  faire  la  récolte. 

Les  Morilles,  comme  le  plus  grand  nom- 
bre des  Champignons,  absorbent  une  grande 
quantité  d'eau  dans  les  temps  humides  : 
alors  elles  ont  beaucoup  moins  d'odeur  et 
de  goût;  leur  conservation  est  beaucoup 
plus  difficile  pour  les  usages  culinaires  ;  il 
faut  donc  avoir  le  soin  de  les  recueillir 
quand  la  rosée  est  dissipée,  ou  quand  la 
pluie  a  cessé  de  tomber  et  qu'elles  sont  res- 
suyées. Au  lieu  de  les  arracher,  on  coupe 
le  pied  à  une  certaine  distance  du  sol ,  afin 
que  la  terre  ne  pénètre  pas  dans  les  alvéoles, 
puis  on  les  enfile  dans  une  ficelle  de  ma- 
nière qu'elles  ne  se  touchent  pas ,  et  on  les 
fait  sécher  en  les  exposant  à  un  courant 
d'air.  Quand  elles  sont  bien  sèches,  on  peut 
les  laisser  exposées  à  l'air:  elles  se  conser- 
vent très  bien  si  elles  ne  sont  pas  dans  un 
Jieu  humide;  pourtant,  comme  elles  se  re- 
touvrent  toujours  de  poussière,  il  vaut 
mieux  les  enfermer  dans  des  sacs  de  papier, 
pour  les  garantir  de  la  poussière,  des  in- 
sectes et  des  ordures  qu'ils  déposent  dessus. 
Quand  on  veut  les  accommoder ,  il  est  pru- 
dent de  les  laver  dans  de  l'eau  tiède;  cette 
légère  préparation  leur  enlève  un  peu  de 
leur  couleur,  de  la  terre,  du  sable  dont 
elles  conservent  toujours  une  certaine  quan- 
tité ,   des    moisissures    qui    ne    manquent 


jamais  de  se  développer,  et  enfin  un  petit 
goût  de  renferme  qui  suffit  pour  en  altérer 
le  goût.  Préparées  par  le  procédé  d'Appert, 
elles  se  conservent  longtemps  et  ne  perdent 
pas  leur  parfum;  mais  il  faut  les  consommer 
à  l'instant  même,  parce  qu'elles  se  décom- 
posent avec  une  grande  rapidité  lorsqu'elles 
ont  été  exposées  au  contact  de  l'air.  Il  con- 
vient donc ,  quand  on  veut  faire  usage  de 
ce  moyen ,  de  se  servir  de  vases  proportion- 
nés aux  besoins  que  l'on  peut  avoir.  Lors- 
qu'on tient  seulement  à  leur  parfum ,  on 
peut,  quand  elles  sont  bien  sèches,  les  râ- 
per comme  les  Ceps  et  les  Mousserons  ,  et 
les  renfermer  dans  des  vases  bien  clos; 
quelques  cuillerées  de  cette  poudre  suffisent 
pour  donner  au  plat  que  l'on  veut  assai- 
sonner le  goût  des  Morilles.  On  pourrait 
encore  ,  je  crois ,  préparer  une  sauce  aux 
Morilles,  un  Ketchup  semblable  à  celui  que 
les  Anglais  font  avec  le  Ceps.  Après  les  avoir 
lavées  et  coupées  par  morceaux,  on  les  fait 
cuire  dans  l'eau  avec  du  sel,  du  poivre  et 
d'autres  aromates.  Quand  elles  sont  bien 
cuites ,  et  que  l'eau  a  presque  la  consis- 
tance sirupeuse ,  on  exprime  légèrement  la. 
masse  et  on  met  le  decoctum  qui  en  résulte 
dans  un  vase  bien  fermé  ,  après  y  avoir 
ajouté  un  peu  d'eau- de-vie  pour  en  assurer 
la  conservation.  Quelques  cuillerées  de  ce 
ketchup  mises  dans  une  sauce  remplaceraient 
les  Morilles.  Pour  ce  qui  concerne  la  ma- 
nière de  les  accommoder,  je  ne  puis  ren- 
voyer qu'au  Traité  des  Champignons  de 
Paulet. 

Dans  les  herbiers  on  trouve  toujours  les 
Morilles  mal  desséchées;  pour  les  préparer 
convenablement,  on  doit,  autant  que  pos- 
sible, les  ramasser  entières  avec  un  peu  de 
terre  à  la  base;  on  les  laisse  exposées  au 
grand  air  jusqu'à  ce  qu'elles  commencent 
à  se  flétrir  ;  alors  on  les  soumet  à  une  légère 
pression:  elles  ne  tardent  pas  à  s'aplatir, 
et  en  augmentant  de  temps  en  temps  la 
pression  elles  conservent  parfaitement  leur 
forme.  Quand  on  veut  les  avoir  à  peu  près 
comme  dans  l'état  naturel,  il  suffit  de  faire 
un  trou  à  l'extrémité  inférieure  du  pédicule 
et  de  les  emplir  de  sable  très  fin;  on  les 
suspend  à  un  fil  la  tète  en  bas ,  et  quand 
elles  sont  desséchées  on  fait  tomber  le 
sable.  Par  ce  moyen  elles  ont  éprouvé  un 
peu  de  diminution  dans  leur  volume,  pri» 


356 


MOR 


une  couleur  plus  foncée,  mais  elles  peuvent 
servir  très  avantageusement  pour  les  dé- 
monstrations botaniques.  (Lév.) 

MORILLON,  ois.  —  Espèce  du  genre 
Canard.  Voy.  ce  mot. 

*MORIMUS  (po'fHfAo;,  fatal),  ins.- Genre 
de  Coléoptères  subpentamères  ,  tétramères 
de  Latreille,  famille  des  Longicornes,  tribu 
des  Lamiaires,  créé  par  Semlle  (Ann.  delà 
Soc.  eut.  de  Fr.,  t.  IV,  p.  95).  Ce  genre 
renferme  les  quatre  espèces  suivantes  :  La- 
mia  lugubris  ,  tristis  ,  funesta  de  F.,  et  M. 
verecundus  Fald.  Les  trois  premières  sont 
originaires  de  l'Europe  australe  ,  et  la  qua- 
trième est  propre  à  la  Perse  et  à  la  Turco- 
manie.  (C.) 

MORINA.  bot.  pb.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Dipsacées-Morinées ,  établi  par 
Tournefort  (Corollar.,  48),  et  présentant 
les  caractères  suivants  :  Fleurs  verticillées , 
bractéées.  Involucellemonophylle,  tubuleux- 
campanule,  sans  fossette,  denté-épineux  sur 
les  bords.  Tube  du  calice  soudé  à  la  partie 
supérieure  de  l'ovaire;  limbe  à  deux  divi- 
sions oblongucs,  entières  ou  bifides.  Corolle 
épigyne ,  à  tube  allongé  ;  limbe  bilabié  ;  la 
lèvre  supérieure  à  2  lobes;  l'inférieure  à 
3  lobes.  Étamines  4  ,  libres  ,  didynames , 
quelquefois  soudées  deux  à  deux.  Ovaire 
infère,  à  une  seule  loge  uni-ovulée.  Style 
filiforme  ;  stigmate  pelté-capité.  Utricule 
monosperme,  enfermé  dans  l'involucre,  et 
couronné  par  le  limbe  du  calice. 

Les  Morina  sont  des  plantes  herbacées 
vivaces,  simples,  droites;  à  feuilles  opposées 
ou  verticillées,  oblongues,  sinuées,  dentées- 
épineuses,  rarement  très  entières;  à  fleurs 
disposées  en  verticilles  dans  l'aisselle  des 
feuilles  supérieures ,  et  dont  les  pédicelles 
sont  bibractéés  au  sommet. 

Ces  plantes  se  trouvent  en  abondance 
dans  certaines  contrées  du  Levant,  dans  la 
Syrie,  la  Perse  et  l'Inde  boréale. 

De  Candolle  (Prodr.,  IV,  644)  en  décrit 
quatre  espèces ,  qu'il  répartit  en  deux  sec- 
tions nommées  :  Diotocalyx  :  limbe  du  ca- 
lice bilobé  ;  lobes  oblongs  ,  inermes ,  plus  ou 
moins  émarginés  au  sommet;  étamines  sou- 
dées deux  par  deux;  feuilles  sinuées,  à  dents 
épineuses  (M.  persica ,  longifolia ,  poly- 
phylla  ).  Acanthocalyx  :  limbe  du  calice 
oblique,  irrégulièrement  denté-épineux; 
étamines  4,  libres,  didynames;  feuilles  cau- 


MOR 

linaires  très  entières ,  les  florales  dentées- 
épineuses  à  la  base  (M.  nana).  (J.) 

MORINDA.  bot.  pu.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées-Cofféacées-Guettardées, 
établi  par  Vaillant  (in  Act.  Acad.  Paris. , 
1722,  p.  275),  et  dont  les  principaux  ca- 
ractères sont  :  Fleurs  réunies  en  capitule 
globuleux.  Calice  à  tube  ovale,  soudé  à  l'o- 
vaire, à  limbe  supère,  court,  irrégulière- 
ment denté.  Corolle  supère,  infundibuli- 
forme  ;  limbe  à  4  ou  5  lobes  étalés.  Éta- 
mines 5  ou  4,  insérées  au  tube  de  la  co- 
rolle,  incluses  ou  très  rarement  saillantes; 
filets  courts  ;  anthères  dressées.  Ovaire  in- 
fère, à  2  ou  4  loges  uni-ovulées.  Style  fili- 
forme; stigmate  bifide,  rarement  indivis. 
Le  fruit  est  un  drupe  anguleux,  comprimé, 
à  2  ou  4  noyaux  cartilagineux  et  mono- 
spermes. 

Les  Morindes  sont  des  arbrisseaux  à 
feuilles  opposées  ,  rarement  verticillées  par 
groupes  de  3  ou  de  4;  stipules  souvent  ob- 
tuses, membraneuses;  pédoncules  axillaires 
ou  terminaux,  simples  ou  rameux;  fleurs 
fixées  sur  un  réceptacle  nu  ,  globuleux.  Ces 
plantes  croissent  assez  abondamment  dans 
toutes  les  régions  tropicales  du  globe. 

De  Candolle  (Prodr.,  IV,  466)  décrit 
32  espèces  de  ce  genre,  qui  ont  été  répar- 
ties en  4  sections  nommées  :  Roioc ,  Plum. 
(Gen.,  II,  t.  26)  :  fleurs  pentamères,  pen- 
taudres;  stigmate  bifide;  baies  à  2  ou  4 
coques;  Padavara,  Rheede  (Maldb.,  VII, 
51,  t.  27)  :  fleurs  tétramères,  tétrandres  ; 
stigmate  bifide;  baie  à  4  coques.  Phylli- 
reaslrum,  DC.  (Prodr.,  IV,  449):  fleurs 
tétramères,  tétrandres;  stigmate  indivis; 
baie  à  4  coques.  Chrysorhiza ,  DC.  (  loc. 
cit.  )  :  fleurs  pentamères,  pentandres  ;  baie 
à  2  loges  2-spermes  ;  capitules  oppositi- 
foliés. 

La  racine  de  la  plupart  des  espèces  de  ce 
genre  participe  aux  propriétés  tinctoriales 
des  Rubiacées;  ainsi  celle  de  la  Morinda 
roioc  donne  par  infusion  une  liqueur  noire 
analogue  à  l'encre  ,  et  celle  de  la  Morinda 
umbellata  produit  une  teinture  jaune-safran 
assez  belle.  (J.) 

MORINÉES.  Morineœ.  bot.  ph.— Tribu 
de  la  famille  des  Dipsacées  (voy.  ce  mot), 
ayant  pour  type  le  genre  Morina ,  Tourne- 
fort. 

*MORINELLA.  ois. —  M.  Meyer  (Tas- 


MOR 


MOR 


357 


chenb.,  1840)  donne  ce  nom  à  une  division 
des  Scolopax.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MORJNGA.  bot.  ph. — Ce  nom  a  été  donné 
par  Burmann  (Zeylan.,  162),  Jussieu  (Gen., 
348),  Gaertner  (II,  316),  De  Candolle  (Mem. 
Legumin.,  t.  21  ;  Prodr.,  II,  478),  R.  Brown 
(ad  Denham  ,  33),  Decaisne  (in  Nov.  Annal, 
se.  nat.,W,  213),Wight  et  Arnott  (Prodr., 
I,  178) ,  à  un  genre  rangé  par  De  Candolle 
dans  la  tribu  des  Cassiées,  de  la  famille  des 
Légumineuses-Cœsalpiniées,  et  que  R. Brown 
considère  comme  devant  former  le  type  d'une 
nouvelle  famille,  celle  des  Moringées,  dont 
il  est  encore  le  seul  représentant.  Il  offre 
pour  caractères:  Calice  5-parti,  à  divisions 
oblongues.  Corolle  à  5  pétales  périgynes, 
oblongs,  linéaires.  Étamines  8-10,  insérées 
sur  un  disque  cupuliforme  ,  enveloppant  la 
base  du  calice;  filets  connivents  en  un  tube 
fendu  antérieurement,  libres  à  la  base  et  au 
sommet ,  soudés  à  la  partie  médiane  ,  iné- 
gaux; anthères  introrses  ,  uniloculaires , 
oblongues,  fixées  par  la  partie  dorsale,  s'ou- 
vrant  longitudinalement.  Ovaire  pédicellé  , 
à  une  seule  loge  pluri-ovulée.  Style  termi- 
nal, simple,  renflé  au  sommet.  Le  fruit  est 
une  capsule  en  forme  de  silique  unilocu- 
laire,  à  3  valves.  Graines  ovales  ,  trigones  , 
attachées  au  centre  du  fruit,  dépourvues 
d'albumen,  à  angles  aptères  ou  saillants  en 
forme  d'ailes. 

Les  Moringa  sont  des  arbres  inermes  à 
feuilles  2-3-pinnées  avec  impaire;  à  stipules 
décidues;  à  fleurs  disposées  en  grappes  pani- 
culées.  Ces  plantes  sont  originaires  de  l'Asie 
tropicale,  d'où  elles  ont  été  introduites  dans 
l'Afrique  et  l'Amérique. 

Endlicher(Gen.  plant.,  p.  1321,  n.  6811) 
a  divisé  ce  genre  en  deux  sections  qu'il 
nomme  :  Balanus  :  Graines  dépourvues  d'ai- 
les; Moringa:  Graines  à  trois  ailes. 

Les  espèces  de  ce  genre  fournissent  une 
huile  doue,  sans  odeur,  et  qui  ne  se  rancit 
point  en  vieillissant.  Cette  dernière  qualité 
l'a  fait  rechercher  des  parfumeurs  qui  l'em- 
ploient dans  la  composition  de  leurs  essences. 
Cette  huile  est  désignée  généralement  sous 
le  nom  d'huile  de  Ben,  de  la  dénomination 
de  l'espèce  (M.  Ben)  qui  fournit  principale- 
ment cette  huile.  (J.) 

MORINGÉES.  Moringeœ.  bot.  ph.  — Fa- 
mille établie  par  R.  Brown  (  Observ.  on  the 
Plants  of  A  fric,  central  collect.  by  Dr.  Rid- 


ney),  et  qui  ne  renferme  encore  que  le  seul 
genre  Moringa.  Voy.  ce  mot. 

MORIO.  moll.  —  Voy.  haume. 

MORION.  Morio.  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères pentamères ,  famille  des  Cara- 
biques,  tribu  des  Scaritides,  créé  par  La- 
treille  (Règne  animal,  t.  IV,  p.  386) ,  et 
adopté  par  Dejean  (  Species  général  des  Co- 
léoptères ,  t.  I,  p.  429;  t.  V,  p.  512). 
Douze  espèces  font  partie  du  genre;  neuf 
sont  originaires  d'Amérique,  deux  d'Afrique, 
et  une  est  propre  à  l'Asie.  Nous  citerons, 
comme  types,  les  espèces  suivantes  :  M.  Geor- 
giœ  P.-B.,  parallelus  Klug,  et  Orientalisme]. 
La  première  est  des  États-Unis,  la  deuxième 
de  Madagascar  et  la  troisième  de  Java.  (C.) 

*MORIS.  ois.  —  Groupe  de  Pélicans 
(voy.  ce  mot)  d'après  Leach  (G.-R.  Gray, 
Gen.  ofBirds,  1840).  (E.  D.) 

*MORISIA  (nom  propre) .  bot.  ph. — Genre 
delà  famille  des  Crucifères-Anchoniées,  établi 
par  Gay  (in  Colla.  Hort.  Ripul.  append.,  IV, 
50).  Herbes  de  Sardaigne.  Voy.  crucifères. 

MORISONIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Capparidées-Cappa- 
rées,  établi  par  Plumier  (Gen.,  63,  t.  23), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  :  Ca- 
lice renflé  au  milieu,  bifide.  Corolle  à  4  pé- 
tales obtus.  Étamines  nombreuses,  plus 
courtes  que  la  corolle  ;  filets  subulés ,  soudés 
en  un  tube  à  la  base;  anthères  oblongues , 
dressées.  Ovaire  stipité,  ovale.  Stigmate  ses- 
sile,  convexe ,  ombiliqué.  Baie  globuleuse, 
cortiquée,  uniloculaire. 

Les  Morisonia  sont  des  arbres  des  An- 
tilles, à  feuilles  alternes ,  pétiolées,  ovales 
ou  oblongues,  membraneuses,  brillantes;  à 
fleurs  blanchâtres  ,  axillaires,  disposées  en 
corymbe,  et  plus  courtes  que  le  pétiole. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est.  la 
Morisonia  americana  L.  et  Jacq. ,  qui  croît 
sur  les  montagnes  de  l'Amérique  méridio- 
nale, et  dont  les  racines,  longues,  grosses, 
nerveuses,  compactes  et  pesantes,  servent 
aux  sauvages  pour  faire  des  massues.  (J.) 

*MORlTZIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Aspérifoliées  ?  établi 
par  De  Candolle  (Msc.  exMeisner  Gen.,  230). 
Herbes  du  Brésil. 

MORMODES,  Lindl.  (Orchid. ,  t.  14). 
bot.  ph. — Syn.  de  Catasctum,  Rich. 

MORMOLYCE  (  poPij.o\vxYi ,  masque  ). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 


358 


MGR 


MOK 


famille  des  Carabiques ,  tribu  des  Féro- 
niens,  créé  par  Hagenbach  {Mormolyce  no- 
vum  Coleopt.  genus),  et  adopté  par  Dejean 
(Species  général  des  Coléoptères,  t.  V,p.  712), 
qui  dit  n'avoir  pu  convenablement  lui  assi- 
gner la  place  qu'il  doit  occuper.  Le  type,  la 
M.  phyllodes  H.,  est  originaire  de  Java.  Cet 
Insecte  est  l'un  des  plus  extraordinaires  de 
cet  ordre ,  tant  par  sa  taille  que  par  la  forme 
des  élytres  qui  sont  aplanies,  évasées,  réticu- 
lées, etressemblent  à  des  feuilles  sèches.  Voy. 
l'atlas  de  ce  Dict.,  Coléoptères,  pi.  2,    (C.) 

MORMON,  ois.  —  Syn.  de  Macareux. 

MORMON,  mam.  —  Espèce  du  genre  Cy- 
nocephalus  {voy.  ce  mot),  dont  M.  Lesson 
(Spec.  des  mamm-.,  1840)  a  fait  un  petit 
groupe  générique.  (E.  D.) 

*MORMOMA(f/.opP.w'v,  hideux),  ins.  — 
M.  Curtis  a  établi  sous  ce  nom,  dans  la  tribu 
des  Phryganiens  de  l'ordre  des  Névroptères, 
groupe  des  Séricostomites,  un  genre  qui  se- 
rait ainsi  caractérisé  :  Article  basilaire  des 
antennes  allongé,  très  velu.  Jambes  anté- 
rieures munies  de  deux  éperons,  les  intermé- 
diaires de  quatre.  Palpes  courts.  L'espèce 
type  serait  le  M.  nigromaculata  Steph.  (Bl.) 

MORMOPS.  Mormops  (F.oPuw,  hideux; 
cty,  aspect),  mam.  —  Leach  (Trans.  Linn., 
t.  XIII)  a  créé  sous  le  nom  de  Mormops  un 
genre  de  Chéiroptères  qui  ne  comprend  qu'une 
seule  espèce,  et  qui  a  été  adopté  par  tous  les 
zoologistes.  Chez  ces  animaux,  les  dents  sont 
au  nombre  de  trente-six,  dix-huit  supérieures 
et  autant  d'inférieures  :  les  quatre  incisives 
supérieures  sont  inégales,  et  les  intermé- 
diaires sont  largement  échancrées  ;  les  quatre 
incisives  inférieures  sont  trifides,  égales;  les 
canines ,  au  nombre  de  deux  à  chaque  mâ- 
choire, sont  comprimées  et  canaliculées  en 
devant ,  les  supérieures  ayant  le  double  de 
longueur  des  inférieures;  il  y  a  cinq  mo- 
laires en  haut  et  six  en  bas  de  chaque  côté. 
Les  oreilles,  réunies  aux  membranes  du 
nez,  présentent  un  vaste  appareil  propre  à 
recevoir  les  sons  et  les  odeurs,  et  la  bouche 
elle-même  participe  à  cette  richesse  d'orga- 
nisation; mais  ce  qui  passe  toute  mesure, 
c'est  que  les  os  du  crâne  s'élèvent  perpen- 
diculairement au-dessus  de  ceux  de  la  face, 
de  sorte  que  ces  deux  parties  principales  de 
la  tête  forment  un  angle  droit.  La  queue 
est  entièrement  enveloppée  dans  la  mem- 
brane interfémorale. 


Ce  genre  ne  renferme  qu'une  seule  es- 
pèce, qui  a  été  prise  à  Java  :  c'est  le  Mor- 
mops Blainvilii  Leach  (loco  citato),  dont  le 
corps  et  la  tête  réunis  ont  environ  deux 
pouces  de  longueur,  et  dont  l'envergure  est 
de  dix  pouces;  la  couleur  de  ceChéiroptère 
est  un  brun  uniforme.  (E.  D.) 

MORMYRE.  Mormyrus  (p.opp.wv ,  hi- 
deux; oipa,  queue),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Malacoptérygiens  abdominaux» 
famille  des  Ésoces.  G.  Cuvier,  qui  le  consi- 
dère comme  devant  probablement  donner 
lieu  à  une  famille  particulière,  le  caracté- 
rise ainsi  {Hèg.  anim.,  t.  II,  p.  288)  :  «  Pois- 
sons  à  corps  comprimé,  oblong,  écaillcux;  à 
queue  mince  à  sa  base  ,  renflée  vers  la  na- 
geoire; dont  la  tête  est  couverte  d'une  peau 
nue  et  épaisse,  qui  enveloppe  les  opercules  et 
les  rayons  des  ouïes,  et  ne  laisse  pour  leur 
ouverture  qu'une  fente  verticale  ,  ce  qui 
leur  a  fait  refuser  des  opercules  par  quel- 
ques naturalistes,  quoiqu'ils  en  aient  d'aussi 
complets  qu'aucun  poisson,  et  a  fait  réduire 
à  un  seul  leurs  rayons  branchiaux,  quoi- 
qu'ils en  aient  5  ou  6.  L'ouverture  de  leur 
bouche  est  fort  petite ,  presque  comme  aux 
Mammifères  nommés  Fourmiliers  ;  les  maxil- 
laires en  forment  les  angles.  Des  dents  me- 
nues et  échancrées  au  bout  garnissent  les 
intermaxillaires  et  la  mâchoire  inférieure, 
et  il  y  a  sur  la  langue  et  sous  le  vomer  une 
longue  bande  de  dents  en  velours.  L'estomac 
est  en  sac  arrondi,  suivi  de  deux  cœeums,  et 
d'un  intestin  long  et  grêle,  presque  toujours 
enveloppé  de  beaucoup  de  graisse.  La  vessie 
est  longue,  ample  et  simple.  » 

On  connaît  une  dizaine  d'espèces  de  ce 
genre  qui  toutes  vivent  dans  le  Nil  et  sont 
comptées  parmi  les  meilleurs  poissons  de  ce 
fleuve.  Elles  sont  réparties  en  quatre  sec- 
tions généralement  adoptées,  et  caractéri- 
sées de  la  manière  suivante. 

La  première  renferme  toutes  les  espèces 
dont  le  museau,  est  cylindrique ,  la  dorsale 
longue  (M.  d' Hasselquist  Geoffr.,  caschive 
Hasselq.,  oxyrhynchus  Geoffr.,  cannume 
Forsk.). 

Les  espèces  de  la  seconde  section  ont  le 
museau  cylindrique ,  la  dorsale  courte  {M.  de 
Denderah  ou  Anguilloïdes  L.,  le  même  que  le 
Zferse  de  Sonnini). 

Dans  la  troisième  section  sont  comprise» 
les  espèces  à  museau  court,  arrondi  ■  à  dor- 


IYIOR 


M  OR 


359 


sale  courte  (M.  de  Salheye,  labiatus  Geo fTr., 
M.  de  Belbeys  ou  dorsalis  id.,  le  même  que 
le  Kaschoué  de  Sonnini). 

Enfin  la  quatrième  section  se  compose  des 
espèces  où  le  front  fait  une  saillie  bombée,  en 
avant  d'une  bouche  reculée  (M.  bané ou  cy- 
prinoïdesL.,  Geoffr.). 

L'espèce  la  plus  connue  de  ce  genre  est  le 
Mormyre  oxvrhvnque,  M.  oxyrhynchus  Geof. 
(Centriscus  nilolicus  Schn.).  C'est  un  poisson 
bleuâtre,  plus  foncé  sur  le  dos,  pâle  sous  le 
ventre,  avec  la  tête  rouge,  surtout  vers  le 
museau,  et  des  points  bleus  en  dessus.  Sa 
taille  est  d'environ  30  à  35  centimètres  de 
longueur.  Il  alimente  en  grande  abondance 
les  marchés  du  Caire.  Autrefois  il  était  delà 
part  des  Égyptiens  un  objet  de  culte  et  de 
vénération;  il  possédait  même  un  temple 
dans  la  ville  à  laquelle  il  avait  aussi  donné 
son  nom.  Aujourd'hui  il  n'est  destiné  qu'à 
l'ornement  de  nos  tables,  et  les  pêcheurs  ne 
croient  pas  trop  acheter  la  prise  par  les  lon- 
gues fatigues  de  leurs  nuits.  (J.) 

MOROCARPUS,  Scop.  (Carn.,  I,  6). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Blitum,  Linn. 

*MORODACT\'LUS  (?<»pky  obtus  ;  #«x- 
tv)>oç,  doigt),  mam.  —  Goldfuss  {Isis ,  1819) 
donne  ce  nom  à  un  groupe  de  Marsu- 
piaux. (E.  D.) 

MORONOBEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Guttifères-Moronobées  ,  établi 
par  Aublet  {Guy an.,  II,  79,  t.  313).  Arbres 
de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  clusiacées. 

MORONOBÉES.  Moronobeœ.  bot.  ph.— 
Tribu  de  la  famille  des  Guttifères-Clusiacées 
(voy.  ce  mot),  ayant  pour  type  le  genre 
*  Moronobea. 

MORGXITE.  min.  —  Variété  de  Chaux 
phosphatée,  qu'on  trouve  à  Arendal ,  en 
Norvège.  Voy.  phosphate. 

MORPHINE  (Morphée,  dieu  du  som- 
meil), chim. — L'on  a  donné  le  nom  de  Mor- 
phine au  plus  actif  des  nombreux  principes 
dont  l'analyse  chimique  a  constaté  la  pré- 
sence dans  l'Opium.  Voy.  ce  mot.      (A.  P.) 

*  MORPHINES,  ois,  —  Division  formée 
dans  le  genre  des  Faucons  (voy.  ce  mot)  par 
M.  Fleming  (Phil.  of  Zool.,  1822).     (E.  D.) 

*M0RPHIX1A,  Ker.  (Gen.  Irid.,  105). 
iot.  ph.  — Syn.  tflxia,  Linn. 

MORPIINES  ,  Cuv.  ois.  —  Synonyme 
d'Autour. 

MORPIIO  ((^m>w,  beauté),  ins.—  Genre 


de  l'ordre  des  Lépidoptères  diurnes,  famille 
des  Nymphaliens,  établi  par  Fabricius  (Ent. 
syst.,  t.  III),  et  dont  les  principaux  carac- 
tères sont  :  Corps  petit.  Antennes  un  peu 
moins  longues  que  le  corps  ,  très  grêles. 
Palpes  courts ,  dépassant  peu  la  longueur  de 
la  tête,  fortement  relevés,  très  ciliés.  Ailes 
très  grandes  relativement  au  corps,  à  ner- 
vures très  fortes  ;  les  ailes  postérieures  ayant 
leur  cellule  discoïdale  ouverte  ,  leur  bord 
abdominal  très  grand  et  embrassant  com- 
plètement l'abdomen.  Pattes  longues  ;  jam- 
bes et  tarses  ciliés  en  dessous  de  petites 
épines  très  serrées. 

Les  espèces  de  ce  genre ,  au  nombre  de 
40  environ,  sont  d'une  grande  taille  et  pa- 
rées des  couleurs  les  plus  éclatantes.  Elles 
habitent  toutes  l'Amérique  méridionale. 
Leurs  chenilles  sont  nues  ou  presque  rases, 
quelquefois  terminées  postérieurement  pan 
une  pointe  fourchue 

Une  des  espèces  les  plus  remarquables  de 
ce  genre  est  le  Morpho  Adonis  Fab.,  Latr., 
God.  (Papilio  Adonis  Cram.  ),  figuré  dans 
l'atlas  de  ce  Dictionnaire ,  Lépidoptères  , 
pi.  6  ,  fig.  1.  Il  a  8  centimètres  d'enver- 
gure. Le  dessus  des  ailes  est  du  bleu  le 
plus  azuré,  le  plus  brillant,  avec  le  limbe 
postérieur  noir.  Le  dessous  est  d'un  gris 
lavé  de  brun,  avec  des  bandes  plus  claires 
et  des  yeux  séparés.  Cette  espèce  se  trouve 
au  Brésil  et  à  Cayenne. 

*MORPHOIDES  ( p.opy ci ,  beauté;  tIJoç, 
aspect),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentarnères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Clavipalpes,  tribu  des  Erotyliens,  établi 
par  M.  Hope  (Revue  zool.  de  Guér.,  1841 , 
p.  111),  et  adopté  par  M.  Th.  Lacordaire 
(Monographie  des  Erotyliens,  1842,  p.  356). 
Ce  dernier  le  comprend  dans  sa  deuxième 
tribu,  et  n'en  fait  qu'un  sous-genre  de  ses 
Brachysphœnus ,  correspondant  à  celui  de 
Saccomorphus  ,  formé  antérieurement  par 
nous ,  et  que  Dejean  avait  adopté  dans  son 
Catalogue.  Treize  espèces  ,  toutes  d'Améri- 
que, en  font  partie.  Les  types  sont  les  Ero- 
tylus  limbatus  F.,  et  bilineatus  Duponchel. 

(C.) 

*MORRENIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Asclépiadées,  établi 
par  Lindley  (in  Bot.  Reg.,  1838).  Sous  ar- 
brisseaux de  Bonaire. 

MORRUDE.  roiss.  — Nom  vulgaire  dune 


3G0 


MOR 


MOR 


espèce  de  Trigle,  la   Trigla  luccma.   Voy. 

TRIGLE. 

MORS  DU-DIABLE,  bot.  ph.  —  Nom 
d'une  espèce  de  Scabieuse. 

MORS-DE-GRENOUILLE,  bot.  pu.  — 
Nom  vulgaire  de  V Hydrocharis  morsus  ranœ. 

MORSE.  Trichechus  ,  Linn.  mam.  — 
Genre  de  Mammifères  de  la  tribu  des  Car- 
nassiers amphibies  de  G.  Cuvier ,  formant , 
selon  M.  Is.  Geoffroy  ,  la  famille  des  Tri- 
chéciens ,  la  deuxième  de  ses  Carnivores  em- 
pêtrés, entrant  dans  sa  première  série,  et 
dans  l'ordre  des  Carnassiers ,  dont  les  dents 
sont  dissimilaires,  plus  ou  moins  exacte- 
ment en  série  continue.  Ces  animaux  ont 
beaucoup  d'analogie  avec  les  Phoques,  mais 
leur  mâchoire  inférieure  manque  de  cani- 
nes et  d'incisives,  et  les  canines  supérieures 
forment  d'énormes  défenses  dirigées  infé- 
rieurement.  Nous  ferons  remarquer  en  pas- 
sant que  le  Morse  commun  compose  à  lui 
seul  une  espèce  unique,  un  genre  et  une 
famille,  dont,  à  la  rigueur,  nos  classifîcateurs 
pourraient  former  un  ordre,  si  la  fantaisie 
les  en  prenait. 

Ainsi  que  tous  les  animaux  que  G.  Cuvier 
a  nommés  amphibies,  quoiqu'il  n'y  ait  en 
réalité  aucun  Mammifère  amphibie  ,  les 
Morses  ont  les  pieds  si  courts,  et  tellement 
enveloppés  dans  la  peau ,  que ,  sur  la  terre, 
ils  ne  peuvent  leur  servir  qu'à  ramper  ; 
mais  comme  les  intervalles  des  doigts  y  sont 
remplis  par  des  membranes,  ce  sont  des 
nageoires  excellentes  ;  aussi  ces  animaux 
passent-ils  la  plus  grande  partie  de  leur  vie 
dans  la  mer ,  et  ne  viennent-ils  à  terre  que 
pour  dormir  au  soleil  et  allaiter  leurs  petits. 
Leur  corps  allongé,  quoique  moins  que  celui 
des  Phoques;  leur  colonne  vertébrale  assez 
mobile  et  pourvue  de  muscles  qui  la  flé- 
chissent avec  force  ;  leur  bassin  étroit ,  leurs 
poils  ras  et  serrés  contre  la  peau,  et  beau- 
coup d'autres  détails  de  leur  anatomie  inté- 
rieure ,  concourent  à  en  faire  d'excellents 
nageurs.  Leur  mâchoire  inférieure  manque 
d'incisives  et  de  canines ,  et  prend  en  avant 
une  forme  comprimée  pour  se  placer  entre 
deux  énormes  canines  ou  défenses  ayant 
quelquefois  jusqu'à  deux  pieds  (0,650)  de 
longueur,  sur  une  épaisseur  proportionnée. 
Cependant ,  il  paraît  que,  dans  le  jeune  âge, 
on  trouve  à  la  mâchoire  inférieure  deux 
petites  incisives  très  rudimentaires ,  et  dont 


il  n'existe  plus  de  vestiges  chez  les  adultes; 
les  rnàchelières ,  au  nombre  de  quatre  de 
chaque  côté ,  toutes  à  peu  près  de  même 
forme,  plus  étendues  de  devant  en  arrière 
que  de  dedans  en  dehors,  sont  cylindri- 
ques, courtes  et  tronquées  obliquement,  à 
couronne  légèrement  convexe. 

La  mâchoire  supérieure  est  remarquable 
par  l'énormitë  des  alvéoles  où  sont  logées 
les  défenses ,  ce  qui  relève  tellement  le  de- 
vant, qu'il  forme  un  gros  muscle  renflé, 
et  que  les  narines,  au  lieu  de  terminer  le 
museau,  sont  presque  tournées  vers  le  ciel. 
Elle  a  ordinairement,  outre  ses  énormes  ca- 
nines, quatre  incisives  devant,  et  quatre 
rnàchelières  de  chaque  côté  ;  mais  comme  ces 
nombres  sont  sujets  à  varier,  il  en  résulte 
que  les  voyageurs  ont  jeté  assez  de  confu- 
sion dans  l'étude  de  ce  singulier  animal.  En 
effet ,  les  deux  incisives  médianes  manquent 
chez  un  grand  nombre  d'individus ,  et  chez 
ceux  qui  les  ont,  elles  sont  coniques,  cro- 
chues, très  petites  et  toujours  à  l'état  rudi- 
mentaire.  Les  incisives  voisines  des  canines 
sont  beaucoup  plus  grandes,  cylindriques , 
et  tronquées  obliquement  de  dehors  en  de- 
dans, d'où  il  résulte  que  des  naturalistes 
les  ont  prises  pour  des  rnàchelières  ,  aux- 
quelles, du  reste,  elles  ressemblent  beau- 
coup. Ce  sont  cependant  de  véritables  inci- 
sives ,  puisqu'on  est  convenu  de  nommer 
ainsi  les  dents  implantées  sur  les  intermaxil- 
laires. Les  canines  sont,  ainsi  que  je  l'ai 
dit,  d'énormes  défenses  qui  se  recourbent 
en  bas  et  en  arrière  ;  elles  sont  arrondies  à 
leur  surface  antérieure  ,  mais  creusées  d'un 
sillon  longitudinal  à  leur  face  interne.  On  ne 
voit  point,  sur  leur  coupe,  de  lignes  cour- 
bées comme  dans  l'ivoire  de  l'Éléphant, 
mais  de  simples  granulations.  Les  trois  pre- 
mières molaires,  de  chaque  côté,  sont  plus 
fortes  et  plus  grosses  que  les  incisives  ;  mais 
la  dernière  est,  au  contraire,  petite,  rudi- 
mentaire,  et  elle  tombe  à  un  certain  âge. 
Toutes  n'ont  qu'une  racine  conique  très 
courte  et  sont  formées  d'une  seule  substance 
très  dure,  très  compacte ,  analogue  à  l'ivoire 
des  défenses.  «  Le  système  dentaire  des  Mor- 
ses ,  dit  Cuvier,  ne  paraît  pas  plus  conve- 
nir pour  broyer  des  matières  végétales  que 
pour  couper  des  substances  animales.  On  di- 
rait qu'elles  sont  spécialement  destinées  à 
rompre,  à  briser  des  matières  dures,  car  elles 


MOR 


MOR 


361 


semblent,  par  leur  structure  et  leurs  rap- 
ports ,  agir  les  unes  sur  les  autres  comme 
le  pilon  agitsurson  mortier.» 

Le  Morse  ou  Chf.val  marin  ,  Trichechus 
rosmarus  Linn.  ;  le  Morse,  Buff.  ;  la  Vache 
marine  et  la  Vache  à  la  grande  dent  des 
voyageurs,  atteint  onze  à  douze  pieds  (3,573 
à  3,998)  de  longueur,  et  même  beaucoup 
plus,  si  on  s'en  rapportait  à  certains  voya- 
geurs. Son  pelage  est  très  court,  très  peu 
fourni,  d'une  couleur  roussâtre;  son  mufle 
est  très  gros  et  sa  lèvre  supérieure  renflée. 
Si,  pour  le  reste,  il  a  beaucoup  d'analogie 
avec  les  Phoques ,  il  n'en  a  pas  moins  dans 
les  mœurs  et  dans  toutes  les  habitudes  de 
la  vie.  Cependant ,  il  a  moins  d'intelligence 
et,  par  suite,  moins  de  douceur  dans  le 
caractère.  Edwart  Worst  dit  avoir  vu  en 
Angleterre  un  de  ces  animaux  ,  âgé  de  trois 
mois,  que  l'on  ne  pouvait  toucher  sans  le 
mettre  en  colère  et  même  le  rendre  fu- 
rieux. La  seule  chose  que  l'éducation  ait  pu 
obtenir  de  lui ,  était  de  le  faire  suivre  son 
maître  en  grondant,  quand  il  lui  présen- 
tait à  manger. 

Cet  animal  habite  toute  la  mer  Glaciale, 
mais  il  est  beancoup  moins  commun  qu'au- 
trefois. «  J'ai  vu  à  Jakutzk,  dit  Gmelin  , 
quelques  dents  de  Morse  qui  avaient  cinq 
quarts  d'aune  de  Russie,  et  d'autres  une 
aune  et  demie  de  longueur  ;  commupément 
elles  ont  quelques  pouces  de  largeur  à  la 
base.  Je  n'ai  pas  entendu  dire  qu'auprès 
d'Anadirskoi  l'on  ait  jamais  chassé  ou  pé- 
ché de  Morses  pour  en  avoir  les  dents,  qui, 
néanmoins  ,  en  viennent  en  si  grande  quan- 
tité; on  «n'a  assuré,  au  contraire,  que  les 
habitants  trouvent  ces  dents,  détachées  de 
l'animal,  sur  la  basse  cote  de  îa  mer,  et 
que  ,  par  conséquent ,  on  n'a  pas  besoin  de 
tuer  auparavant  les  Morses.  Plusieurs  per- 
sonnes m'ont  demandé  si  les  Morses  d'Ana- 
dirskoi  étaient  une  espèce  différente  de  ceux 
qui  se  trouvent  dans  la  mer  du  Nord  et  à 
l'entrée  occidentale  de  la  mer  Glaciale , 
parce  que  les  dents  qui  viennent  de  ce  côté 
oriental  sont  beaucoup  plus  grosses  que 
celles  qui  viennent  de  l'Occident,  etc.  » 
Gmelin  ne  résout  pas  cette  question  ,  et 
Buflbn  en  donne  une  solution  qui  me  paraît 
être  une  erreur.  «On  n'apporte  d'Anadirskoi, 
dit-il ,  quo  des  dents  de  ces  animaux  morts 
de  mort  naturelle:  ainsi  il  n'est  pas  sur- 
x.  VIII. 


prenant  que  ces  dents,  qui  ont  pris  tout 
leur  accroissement ,  soient  plus  grandes  que 
celles  du  Morse  de  Groenland ,  que  l'on  tue 
souvent  en  bas  âge.  » 

Certes,  cette  hypothèse  ne  peut  être  ad- 
mise, car  il  faudrait  admettre  aussi  que 
jamais ,  dans  le  Groenland  ,  les  Morses  n'at- 
teignent toute  leur  grandeur ,  et  que  tous 
ceux  que  l'on  tue,  sans  aucune  exception  , 
sont  jeunes,  puisque  leurs  dents  sont,  aussi 
sans  aucune  exception,  beaucoup  plus  pe- 
tites que  celles  qui  viennent  d'Anadirskoi: 
cette  proposition  n'est  pas  soutenable.  D'un 
autre  côté,  on  a  dit, il  y  a  quelques  années, 
qu'il  existait  une  autre  espèce  de  Morse , 
dont  la  taille  atteignait  quelquefois  jusqu'à 
vingt  pieds  de  longueur,  ce  qui  fait  sup- 
poser des  dimensions  plus  grandes  dans  les 
défenses  :  serait-ce  cette  espèce  qui  a  laissé 
ses  dépouilles  à  Anadirskoi?  Mais  cette  pré- 
tendue seconde  espèce  serait  propre  seule- 
ment aux  mers  équatoriales,  si  on  s'en  rap- 
portait aux  voyageurs  qui  l'ont  indiquée, 
et  ne  se  trouverait  pas  dans  celle  du  Nord. 
D'ailleurs,  il  est  plus  que  probable  qu'ils 
auront  pris  pour  des  Morses  des  Lamantins 
ou  des  Dugongs.  Voici  une  autre  difficulté: 
il  est  certain  qu'on  ne  trouve  presque  plus 
de  Morses  aux  environs  d'Anadirskoi,  et 
que  ceux  qui  s'y  montrent  de  loin  en  loin 
ne  dépassent  pas  douze  pieds  de  longueur. 
Or,  un  Morse  qui  aurait  des  canines  lon- 
gues d'une  aune  et  demie  russe  devrait 
avoir  le  corps  long  au  moins  de  trente-cinq 
pieds  ,  ce  qui  ne  s'est  jamais  vu;  les  pius 
grands  qui  aient  été  observés  par  des  na- 
turalistes et  par  des  voyageurs  dignes  de 
foi  ne  dépassaient  pas  treize  à  quatorze 
pieds. 

Quant  à  moi ,  je  pense  que  l'ivoire  trouvé 
sur  les  bords  de  la  mer ,  aux  environs 
d'Anadirskoi ,  n'est  rien  autre  chose  que 
les  dents  fossiles  d'un  grand  Morse  dont 
l'espèce  ne  se  trouve  plus  vivante,  et  que 
l'on  doit,  par  conséquent,  classer  avec  1er. 
autres  animaux  paléontologiques.  Ce  qui 
me  fait  croire  à  cela,  c'est  que  dans  le  même 
pays  on  rencontre  des  collines  entières  com- 
posées, presque  en  totalité,  d'ossements  de 
Mammouths,  de  Rhinocéros  et  autres  ani- 
maux perdus ,  et  que  l'on  possède  au  ca- 
binet de  Saint-Pétersbourg  des  défenses  de 
Mammouths  dont  l'ivoire  est  aussi  parfai- 
46 


362 


MOR 


MGR 


tement  conservé  que  s'il  avait  été  pris  sur 
des  animaux  vivants. 

Les  Morses  ne  peuvent  pas  toujours  se 
trouver  près  des  côtes  de  la  mer,  à  cause 
des  glaces  qui  en  défendent  l'approche. 
Aussi  élisent-ils  leur  domicile  sur  des  gla- 
çons, et  il  arrive  parfois  que  c'est  sur  cette 
habitation  flottante  que  la  femelle  met  bas, 
en  hiver,  un  ou  deux  petits.  Le  petit,  en 
naissant,  est,  dit  on,  de  la  grosseur  d'un 
Cochon  d'un  an.  Elle  l'allaite  et  le  soigne 
avec  tendresse,  et  le  défend  avec  fureur. 
Lorsque  ces  animaux  vont  à  terre  ou  mon- 
tent sur  un  glaçon,  ils  se  servent  de  leurs 
défenses  pour  s'accrocher  et  de  leurs  mains 
pour  faire  avancer  la  lourde  masse  de  leur 
corps.  Il  paraît  qu'ils  se  nourrissent  de  va- 
recs  et  autres  herbes  marines,  ainsi  que  de 
Coquillages,  de  Crustacés,  etc.  Les  vais- 
seaux baleiniers  de  plusieurs  peuples  du 
Nord  ,  malgré  les  dangers  d'une  navigation 
dans  des  mers  couvertes  de  glaces,  vont 
pêcher  les  Morses,  non  seulement  pour  avoir 
les  dents,  qui  fournissent  un  ivoire  plus 
dur ,  plus  compacte  et  plus  blanc  que  celui 
de  l'Éléphant,  mais  encore  pour  extraire  de 
leur  graisse  une  huile  abondante,  meilleure 
que  celle  de  la  Baleine,  et  pour  s'emparer 
de  leur  peau,  dont  on  fait  un  cuir  très  fort 
et  d'excellentes  soupentes  de  carrosse.  Au- 
trefois on  voyait ,  sur  certains  rivages,  d'im- 
menses troupeaux  de  Morses ,  et  il  n'était 
pas  rare  d'en  tuer  jusqu'à  douze  ou  quinze 
cents  dans  une  seule  chasse;  mais  aujour- 
d'hui on  ne  les  rencontre  plus  qu'en  petites 
troupes  ou  en  familles.  Dans  la  mer ,  on  les 
harponne  de  la  même  manière  que  les  Balei- 
nes ;  si  on  les  trouve  sur  le  rivage  ou  sur  les 
glaces ,  on  les  tue  à  coups  de  lances.  Quand 
un  Morse  se  sent  blessé,  il  entre  dans  une 
fureur  effrayante;  dans  l'impuissance  de 
pouvoir  poursuivre  et  atteindre  son  ennemi, 
il  frappe  la  terre  de  côté  et  d'autre  avec  ses 
défenses;  il  brise  les  armes  du  chasseur  im- 
prudent, et  les  lui  arrache  des  mains  ;  enfin, 
enragé  de  colère ,  il  met  sa  tête  entre  ses 
pattes  ou  nageoires,  et,  profitant  de  la 
pente  du  rivage ,  il  se  laisse  ainsi  rouler 
dans  la  mer. 

Si  on  attaque  les  Morses  dans  l'eau  ,  et 
qu'ils  soient  en  grand  nombre,  le  secours 
qu'ils  se  portent  mutuellement  les  rend  très 
audacieux.  Dans  ce  cas,  ils  ne  fuient  pas , 


ils  entourent  les  chaloupes  et  cherchent  à 
les  submerger  en  les  perçant  avec  leurs 
dents,  ou  à  les  renverser  en  frappant  contre 
les  bordages,  dont  ils  enlèvent  de  grandes 
portions.  Dans  ces  occasions,  et  dans  les 
combats  qu'ils  livrent  quelquefois  aux  Ours 
blancs,  et  dont  ils  sortent  toujours  vain- 
queurs, il  leur  arrive  quelquefois  de  perdre 
une  de  leurs  armes,  et  celle  qui  leur  reste 
n'en  est  pas  moins  terrible.  Si  on  est  par- 
venu à  en  harponner  un  ,  presque  toujours 
on  en  prend  plusieurs,  car  ils  font  tous 
leurs  efforts  pour  défendre  leur  camarade  et 
le  délivrer.. Si ,  effrayés  parle  nombre  de 
ces  animaux ,  par  leurs  efforts  ,  et  surtout 
par  les  mugissements  furieux  dont  ils  frap- 
pent les  airs  dans  ces  occasions,  les  pêcheurs 
croient  prudent  de  prendre  la  fuite,  les 
Morses  poursuivent  fort  loin  la  chaloupe  qui 
les  emporte,  et  n'abandonnent  leur  projet  de 
vengeance  que  lorsqu'ils  ont  cessé  de  voir 
l'embarcation.  Du  reste,  à  en  juger  par  la 
guerre  active  que  leur  font  les  Baleiniers, 
il  est  probable  que  cette  espèce ,  déjà  fort 
rare,  disparaîtra  tout-à-fait  de  la  surface 
du  globe.  (Boitard.) 

MORSYIA,  Cess.  (in  Dict.  se.  nat. , 
XXXIII,  59).  bot.  ph. —  Synon.  de  Saintmo- 
rysia,  Endlich. 

MORT,  physiol.  —  Cessation  totale  des 
fonctions  vitales.  Les  deux  mots  mort  et  vie 
seront  traités  dans  un  seul  et  même  article. 
Voy.  vie. 

On  a  appelé  vulgairement  : 

Mort-ad  chantre  ,  l'Orobranche rameuse; 

Mort -aux -chiens,  la  Colchique  d'au- 
tomne; 

Mort-de-froid,  VAgaricus  procerus; 

Mort-au-loup  ,  VAconitum  Lycochtonum; 

Mort-aux-poules  ,  la  Jusquiame  noire  ; 

Mort -de- safran,  une  espèce  de  Sclero- 
tium  ; 

Mort -aux -vaches,  la  Renoncule  scélé- 
rate; 

Mort-aux-Poux  ,  la  Staphisaigre,  etc 

MORTIER,  min.  —  Voy.  chaux. 

MORT01V.  bot.  cr.— On  désigne  sous  ce 
nom,  dans  quelques  campagnes  de  la  France, 
VAgaricus  necator  Bull.  On  le  donne  égale- 
ment dans  les  environs  d'Avignon  au  Rhizoc- 
tonia  rubia  parce  qu'il  fait  mourir  les  pieds 
de  Garance  sur  lesquels  il  se  développe  (Voy. 
Decaisne,  Histoire  de  la  Garance).  (Lév.) 


MOR 


MOR 


363 


MORUE,  poiss.  —   Le   poisson  désigné 
sous  ce  nom  est  généralement  plus  connu 
par  l'usage  très  répandu  de  sa  chair  que  par 
ses  formes.  Presque  tout  le  monde  mange 
de  la    Morue,    peu  de  personnes  savent 
comment  est  fait  ce  poisson.  Cependant  les 
riverains  de  l'Océan ,  et  surtout  les  hom- 
mes qui  peuvent  visiter  les  marchés  appro- 
visionnés par  la  Manche,  ont  vu  des  Morues 
fraîches;  car  le  poisson  que  l'on  y  vend  sous 
le  nom  de  Cabeliau  n'est  autre  que  la  Mo- 
rue. Il  n'en  est  pas  de  même  des  habitants 
des  côtes  de  la  Méditerranée,  car  la  Morue 
n'existe  pas  dans   cette  mer.   Ses  formes 
sont   faciles   à  décrire ,  à  cause  de   leur 
grande  ressemblance  avec  celles  du  Mer- 
lan,  connu  de  tous;  elle  a  cependant  la 
tête  et  le  ventre  plus  gros.  D'ailleurs  elle 
porte  trois  nageoires  sur  le  dos ,  deux  ana- 
les ,  une  caudale  petite  et  coupée  carré- 
ment ,  ou  faiblement  échancrée.  Les  pec- 
torales sont  de  médiocre  grandeur ,  et  les 
ventrales  jugulaires  ont  leur  rayon  externe 
prolongé   en   filet.  Le  museau  est  gros  et 
obtus;  il  dépasse  la  mâchoire  inférieure, 
qui  porte  sous  la  symphyse  un   barbillon 
charnu  et  conique.  Les  dents  sont  en  fortes 
cardes  aux  deux  mâchoires ,  sur  le  chevron 
du  vomer  ;  les  palatins ,  les  ptérygoïdiens  et 
la  langue  sont  lisses,  et  n'ont  aucune  dent. 
Celles  des  pharyngiens  sont  aussi  en  forte 
carde.  Les  yeux  sont  grands  ,   recouverts 
d'une  conjonctive  assez  épaisse,  mais  tout 
aussi  transparente  que    celle   des    autres 
poissons  ,  du  moins  sur  les  individus  vivants 
ou  encore  très  frais.  Animés  par  les  mêmes 
nerfs  que  ceux  de  tous  les  autres  Vertébrés', 
ils  offrent  à   l'anatomiste  un  exemple  re- 
marquable et  des  plus  évidents  pour  la  dé- 
monstration de  l'entrecroisement  des  nerfs 
optiques,  car  il  n'y  a  pas  de  chiasma  chez 
ce  poisson;  de  sorte  que  le  nerf  qui  naît 
Jdu  tubercule  optique  gauche  se  rend  à  l'œil 
(droit,  sans  même  toucher  au  nerf  sortant 
jdu  tubercule  droit  pour  s'épanouir  dans  la 
;  rétine  de  l'œil  gauche.  L'oreille  de  la  Morue 
lest  grande  et  développée.  Il  est  facile  de 
-'retirer  de  la  portion  cartilagineuse  du  ro- 
cher ou  mieux  du  mastoïdien  les  canaux 
semi  circulaires  membraneux,  et  toujours 
détachés  de  la  paroi  cartilagineuse  du  tube 
qui  renferme  chacun  d'eux.  Le  sac  auditif 
est  rempli  d'une  gelée  fort  abondante  et  aussi 


belle  par  sa  transparence  que  le  vitré  de 
l'œil.  Les  concrétions  calcaires  connues  sous 
le  nom  de  pierre  de  l'oreille  des  poissons 
sont  très  grosses ,  d'une  forme  ovale  den- 
telée sur  les  côtés ,  d'un  beau  blanc  ;  carac- 
tères physiques  qui  les  font  souvent  con- 
server dans  les  cabinets  des  curieux  sous 
le  nom  de  pierre  de  Morue. 

Le  corps  est  couvert  de  petites  écailles 
adhérentes.  La  tête  et  les  nageoires  en  sont 
dépourvues.  La  couleur  est  un  verdâtre 
mêlé  de  jaune  sur  le  dos,  passant  par  de- 
grés au  blanc  argenté  des  parties  inférieures. 
Le  vert  est  parsemé  de  points  jaunes.  Les 
nageoires  supérieures  tirent  au  verdâtre, 
les  inférieures  sont  blanchâtres.  Pour  com- 
pléter l'exposition  des  caractères  delà  Morue, 
ajoutons  que  les  ouïes  sont  largement  fen- 
dues et  que  la  membrane  branchiostège  est 
soutenue  par  sept  rayons.  L'estomac  est  un 
grand  sac  dont  la  muqueuse  est  épaisse , 
très  ridée,  et  qui  sécrète  des  sucs  gastriques, 
très  actifs.  Le  pylore  porte  six  cœcums. 

La  Morue  est  un  poisson  des  plus  voraces, 
qui  avale  tout  ce  qui  remue  auprès  d'elle. 
Aussi  l'homme  a-t-il  su  tirer  grand  parti 
de  cette  gloutonnerie ,  car  on  amorce  les 
haims  avec  toutes  sortes  de  matières  ani- 
males ,  et  même  avec  des  morceaux  de  drap 
rouge,  ou  avec  des  figurines  en  plomb 
étamé  et  brillant,  simulant  de  petits  pois- 
sons. On  trouve  souvent  dans  l'estomac  de 
ces  animaux  des  morceaux  de  bois,  des  gants 
ou  des  mitaines  tombés  à  l'eau  et  perdus 
par  les  pêcheurs.  On  cite  dans  quelques  ou- 
vrages,  pour  preuve  de  l'activité  des  sucs  • 
gastriques,  que  les  Crabes  rougissent  dans 
l'estomac  des  Morues,  comme  les  Écrcvisses 
quand  on  les  plonge  dans  l'eau  bouillante.  ' 
Je  ne  ferai  d'autre  remarque  que  celle-ci, 
c'est  que  le  changement  de  coloration  du 
test  de  tous  les  Crustacés  en  rouge  a  lieu 
très  promptement  dans  l'estomac  de  tous 
les  poissons. 

La  Morue  est  un  poisson  tout-à-fait  ma- 
rin ;  nous  ne  la  voyons  entrer  nulle  part 
dans  les  eaux  douces.  Elle  se  tient  dans  les 
plus  grandes  profondeurs  de  l'Océan  ;  elle 
n'approche  des  rivages  ou  ne  monte  sur  les 
bancs  que  pour  y  frayer.  Les  petits  restent 
pendant  le  premier  temps  de  leur  vie  sur 
les  attérages  peu  profonds  ;  aussi  prend -on 
les  petites  Morues  parmi  les  bandes  de  Mer- 


364 


MOU 


MOR 


lans ,  et  on  les  vend  pêle-mêle  avec  ces  der- 
niers. Mais  dès  que  le  poisson  a  atteint 
0U,,40  à  Om,50  ,  il  descend  dans  les  fonds 
pour  n'en  sortir  qu'à  l'époque  du  frai. 

Le  moment  de  la  ponte  varie  beaucoup 
selon  la  saison  et  suivant  la  configuration  du 
fond.  Il  change  ainsi  très  souvent  en  Amé- 
rique. La  fécondité  de  cette  espèce  est  pro- 
digieuse; on  estime  à  9,000,000  le  nombre 
d'œufs  contenus  dans  un  ovaire  de  Morue 
longue  de  0m,80  à  lm,00.  Mais  la  destruction 
qui  en  est  faite  est  plus  considérable  que 
cette  excessive  multiplication  ne  la  com- 
pense ;  de  sorte  que,  sans  la  prévoyance  des 
gouvernements,  dont  les  lois  défendent  les 
pêches  par  trop  destructives,  l'on  verrait 
l'espèce  diminuer  d'une  manière  fâcheuse. 

On  pêche  la  Morue  dans  les  mers  septen- 
trionales de  l'Europe,  principalement  au  Dog- 
gers-Bank,  en  Irlande,  au  cap  Nord,  et  sur 
d'autres  points  épars  de  ces  mers  ;  puis  en 
Amérique,  où  la  pêche  est  plus  considérable, 
principalement  sur  le  grand  banc  de  Terre- 
Neuve;  aux  attérages  des  îles  Saint-Pierre 
et  Miquelon  ,  et  sur  les  côtes  du  continent 
américain,  depuis  le  Canada  et  la  Nouvelle- 
Ecosse  jusqu'au  golfe  Saint  Laurent.  C'est 
surtout  au  banc  de  Terre-Neuve  que  la 
pêche  en  est  la  plus  grande.  On  estime  à 
5  à  6,000  le  nombre  des  navires  de  toutes 
les  nations  qui  se  livrent  tous  les  ans  à  cette 
pêche,  et  qui  portent  ensuite  dans  le  monde 
entier  36,000,000  de  Morues  préparées  et 
conservées  de  différentes  manières.  Cette 
pêche  forme  une  des  branches  les  plus  im- 
portantes des  expéditions  maritimes  de  la 
France.  Elle  met  en  mouvement  12  à  1 3  mil- 
lions de  capitaux,  sans  parler  du  coût  primi- 
tif des  navires.  Elle  emploie  400  navires  jau- 
geant 48, 000  tonneaux,  et  mon  tés  par  12, 000 
marins.  C'est  donc  une  grande  et  forte  école 
de  matelots  toujours  prêts  au  service  de  la 
marine,  et  formant  une  ressource  puissante 
pour  les  besoins  du  service.  Cette  pépinière 
de  matelots  donna  de  suite  à  la  France  les 
3,000  matelots  nécessaires  pour  l'expédition 
d'Alger.  Le  produit  de  cette  pêche  fournit  à 
notre  industrie  environ  30,000,000  de  kilo- 
grammes de  poisson;  6,000,000  de  kilo- 
grammes sont  consommés  aux  Antilles ,  soit 
par  expédition  directe  des  lieux  de  pêche, 
soit  par  expédition  indirecte,  c'est-à-dire  par 
exportation  des  ports  de  France.  La  Guyane, 


Bourbon,  en  consomment  une  petite  partie. 
Les  rapports  commerciaux  et  maritimes  dis- 
tribuent une  partie  du  reste,  et  Ton  estime 
que  12,000,000  de  kilogrammes  sont  em- 
ployés dans  l'intérieur  du  royaume. 

Cette  pêche,  appartenant  à  ce  que  la  ma- 
rine nomme  avec  raison  la  grande  pêche ,  a 
toujours  éveillé  la  sollicitude  du  gouverne- 
ment, et  obtenu  de  lui  des  encouragements 
nombreux  par  les  primes,  sous  les  noms  de 
primes  d'armement  ou  de  primes  de  pro- 
duits. Les  premières  sont  affectées  au  nom-  ' 
bre  d'hommes  d'équipage  embarqués  pour 
aller  faire  la  pêche  :  un  terre-neuvier  de 
300  tonneaux  est  monté  de  90  hommes  d'é- 
quipage; les  secondes  portent  sur  les  quan- 
tités de  Morues  et  de  Rogues  transportées  à 
destination  française  ou  étrangère. 

Ce  poisson  reçoit  dans  nos  usages  écono- 
miques ou  domestiques  différents  noms  qui 
désignent  les  préparations  qu'il  a  reçues. 
On  appelle  généralement  Morue  fraîche,  ou 
plutôt  encore  Cabeliau,  la  Morue  telle  qu'elle 
sort  de  l'eau.  Quand  il  a  été  salé  sans  être 
séché ,  c'est  de  la  Morue  verte;  s'il  a  été  salé 
et  séché,  on  le  nomme  Morue  sèche;  s'il  a 
été  séché  sans  être  salé ,  il  prend  le  nom  de 
Stockfisch.  On  distim  îe  encore  dans  le  com- 
merce la  Morue  en  grenier •,  en  barils ,  en 
boucauls,  etc. 

La  pêche  de  la  Morue  fraîche  ou  du  Ca- 
billaud est  déjà  productive  et  abondante. 
C'est  principalement  à  l'entrée  de  la  Manche 
et  dans  la  mer  d'Allemagne  qu'elle  se  fait 
avec  le  plus  d'activité.  Sur  les  côtes  de 
Flandre  et  de  Belgique  on  estime  beaucoup 
ces  Morues  fraîches ,  et  l'on  recherche  sur- 
tout celles  qui  sont  vendues  sous  le  nom  de 
Morues  de  la  Meuse.  Elles  ont  la  chair  plus 
ferme ,  plus  savoureuse  et  plus  blanche.  Je 
crois  que  cela  tient  à  ce  qu'on  les  mange  aussi 
plus  fraîchement  salées. 

Les  Hollandais ,  qui  ont  donné  beaucoup 
d'attention  à  cette  pêche,  la  font  avec  acti- 
vité sur  le  Doggers-Bank,  dont  ils  ne  sont 
pas  très  éloignés.  Ils  salent  leur  Morue  de 
manière  à  rendre  leur  poisson  plus  blanc  et 
meilleur  que  celui  de  la  France  ;  aussi  est- 
il  plus  estimé.  Us  ont  pratiqué  des  viviers 
dans  leurs  navires,  et  ils  ramènent  ainsi 
du  Doggers-Bank,  c'est-à-dire  de  cinquante 
lieues  de  distance,  des  Morues  vivantes  en 
Hollande.  La  pêche  est  commode  sur  le  Dog- 


MOR 


MOR 


365 


gers-Bank,  parce  qu'il  y  a  des  endroits  où  l'on 
peut  pêcher  par  douze  à  quinze  brasses  d'eau; 
mais  généralement  on  ne  prend  de  beaux 
poissons  que  par  soixante  et  jusqu'à  quatre- 
vingts  brasses,  ce  qui  rend  alors  la  pêche  très 
fatigante.  Dans  l'Atlantique  américain,  c'est 
principalement  sur  le  grand  banc  de  Terre- 
Neuve  qu'on  s'établit  pour  la  pêche,  surtout 
pour  la  Morue  qu'on  prépare  en  vert,  parce 
que  cette  méthode  de  conservation  se  pratique 
toujours  en  pleine  mer,  et  point  à  la  vue  des 
terres.  Le  grand  banc  de  Terre-Neuve  a  200 
lieues  de  long  sur  60  de  large;   il  est  à  40 
iieues  environ  à  l'est  de  l'île  de  Terre-Neuve. 
Les    pêcheurs  connaissent  encore  d'autres 
bancs  plus  petits  où  ils  font  cependant  de 
bonnes  pêches  ;  tels  sont  le  Banc-à-Vert,  qui 
est  parle  traversde  l'île  de  Saint-Pierre,  et  le 
Banquereau  ,  situé  entre  celui-ci  et  le  grand 
Banc.   Je  ne  citerai  pas  ici  d'autres  bancs 
moins  importants  et  qui  sont  rapprochés  des 
côtes  du  Canada  dans  le  grand  golfe  Saint- 
Laurent.  On  dit  d'ailieurs  que  les  Morues  y 
sont  maigres.  Les  paragesles  plus  fréquentés, 
parce  qu'on  y  fait  la  pêche  la  plus  abon- 
dante, sont  entre  le  44e  et  le46e  degré  de  la- 
titude. C'est  en  avril,  mai  et  juin,  que  la 
pêche  est  plus  profitable.  On  pêche  vers  la 
fin  d'avril  sur  le  banc  de  Terre-Neuve,  et  ce 
n'est  guère  qu'à  la  fin  de  mai  que  l'on  com- 
mence à  s'établir  sur  l'île  de  Sable,  parce 
qu'avant  cette  époque  elle  est  encore  ense- 
velie sous  les  brumes  épaisses  et  quelquefois 
même  sous  les  glaces  septentrionales.  Aussi 
beaucoup  de  pêcheurs  prudents  quittent-ils 
l'Europe  de  manière  à  pouvoir  arriver  au 
grand  banc  dans  les  premiers  jours  de  juin. 
Les  vaisseaux   frétés  pour  la  pêche  sont 
munis  de  bateaux  destinés  à  faire  provision 
•de  mollusques  et  de  poissons  destinés  à  ser- 
vir d'appât.   On  y  prend  surtout  les  Cape- 
lans,  Gades  dont  les  Morues  sont  très  frian- 
des. On  dit  aussi  qu'elles  aiment  les  Équilles 
qu'elles  prennent  sur  les  fonds  de  sable.  Ces 
Ammodytes  sont-ils  de  la  même  espèce  que 
ceux  de  nos  côtes?  J'en  doute  beaucoup.  On 
amorce  aussi  avec  le  Hareng,  et  le  capitaine 
doit  en  faire  faire  des  provisions  à  demi-sel  ; 
c'est  un  excellent  appât.  Lorsque  le  navire 
terre-neuvier  est  arrivé  à  destination  de  pê- 
che, chaque  pêcheur,  chaudement  vêtu, pro- 
tégé par  un  large  tablier  qui  lui  monte  jus- 
qu'au cou,  les  mains  garnies  de  gants  ou  de 


mitaines  très  chaudes,  s'établit  dans  un  ton- 
neau amarré  le  long  du  bordage.  L'ouver- 
ture de  ce  tonneau  est  garnie  de  bourrelet 
de  paille  ;  il  y  a  un  double  fond  pour  laisser 
les  pieds  du  pêcheur  au  sec.  C'est  de  là  qu'il 
laisse  filer  sa  ligne.  Elle  est  formée  d'une 
corde  très  forte  ayant  0m,027  de  circonfé- 
rence et  une  longueurde  150  à  160  mètres. 
A  son  extrémité  est  attaché  un  plomb  pyri- 
forme  de  4  à  6  kilogrammes.  On  conçoit  que 
la  pesanteur  varie  suivant  la  force  des  cou- 
rants. Il  faut  que  le  poids  soit  assez  lourd 
pour  entraîner  promptement  la  ligne,  et  qu'il 
ne  le  soit  pas  trop  pour  ne  pas  fatiguer  inu- 
tilement le  pêcheur.  On  frappe  à  la  ligne 
principale  Vempile  ou  corde  souvent  plus 
fine  que  la  précédente  et  qui  porte  le  haim. 
Elles  ont  de  deux  à  trois  brasses  de  longueur. 
Les  haims  ou  hameçons  doivent  être  de  fer 
bien  doux  ou  d'acier  et  étamés  pour  éviter 
la  rouille.  On  les  garnit  avec  toutes  sortes 
d'animaux  ou  débris.  On  dit  que,  dans  cer- 
tains fonds,  les  Morues  y  sont  tellement  ser- 
rées qu'en  promenant  les  lignes  à  sec,  c'est- 
à  dire  sans  amorce,  on  en  accroche  souvent 
un  certain  nombre;  c'est  ce  qu'on  appelle 
pêcher  à  la  faux.  Cette  méthode  doit  être  dé- 
fendue ,  parce  qu'on  blesse  plus  de  pois- 
sons qu'on  n'en  prend,  et  qu'alors  on  l'ef- 
fraie et  on  le  déplace  sans  profit. 

Quand  la  ligne  est  jetée,  une  bonne  ha- 
bitude, trop  souvent  négligée,  prescrit  au 
pêcheur  de  la  remuer  souvent ,  afin  de  faire 
flotter  l'amorce  entre  deux  eaux,  de  la 
rendre  plus  visible  au  poisson  ,  qui  se  jette 
sur  presque  tout  ce  qui  remue.  L'habitude 
fait  aussi  sentir  au  pêcheur  si  le  poisson  a 
mordu;  il  tire  alors  la  ligne,  et,  quand  la 
Morue  arrive  à  fleur  d'eau  ,  elle  est  saisie 
par  un  gaffot  et  amenée  à  bord.  Le  pêcheur 
l'attache  par  le  derrière  de  la  tête  à  un  pe- 
tit instrument  de  fer  nommée  langueur.  Le 
poisson,  détaché  de  l'hameçon,  reste  la  bou- 
che ouverte;  le  pêcheur  lui  ôte  la  langue, 
la  jette  dans  son  tonneau  ,  ouvre  ensuite  1& 
ventre  de  la  Morue,  retire  de  l'estomac  ce 
qui  peut  y  être  contenu,  ainsi  que  les  en- 
trailles ou  breuilles,  parce  qu'il  se  sert  de  ces 
parties  pour  amorcer.  Il  jette  de  nouveau  sa 
ligne  ,  et  passe  le  poisson  à  bord,  afin  qu'on 
lui  fasse  subir  les  préparations  convenables 
pour  sa  conservation.  Il  y  a  sur  le  pont  du 
navire  une  table  nommée  étal;  à  l'un    des 


3G6 


MOR 


MOR 


bouts  est  un  matelot  nommé  Vétêteur  ,  et  à 
l'autre ,  un  second  matelot  appelé  Yhabil- 
leur  :  le  premier,  armé  d'un  couteau  à  deux 
tranchants  ,  dont  la  longueur  de  la  lame  est 
de  0m,160  à  0m,180  ,  décolle  ou  coupe  la 
tête  de  la  Morue;  il  fait  tomber  les  têtes 
dans  un  panier,  qu'un  mousse  porte  dans 
un  parc  à  tribord  ;  ce  parc  est  vidé  tous  les 
soirs  par  celui  qui  a  pris  le  moins  de  Mo- 
rues. C'est  par  le  nombre  de  langues  que 
chaque  pêcheur  apporte  le  soir  que  l'on  fait 
le  compte  de  chacun;  le  capitaine  connaît 
ainsi  le  produit  de  la  pêche  de  la  journée, 
et  le  pêcheur  sait  quel  a  été  son  profit, 
parce  qu'il  est  payé  à  la  pièce. 

Quand  on  est  sur  une  bonne  place,  et 
qu'on  est  suffisamment  pourvu  d'appât,  un 
bateau  monté  par  quatre  hommes  peut  pren- 
dre dans  sa  journée  5  à  600  Morues. 

L'étêteur  retire  le  foie,  qu'un  mousse 
porte  dans  un  baril ,  où  l'huile  s'écoule  et 
est  recueillie  ;  puis  on  garde  les  œufs  dans  un 
autre  baril  pour  en  faire  la  rave  ou  rogue , 
employée  à  la  pêche  de  la  Sardine.  Quand 
î'étêteur  a  fini  ses  opérations,  il  passe  le 
poisson  à  V habilleur  :  c'est  ordinairement  le 
capitaine  qui  prend  cet  office. 

Habiller  la  Morue  ,  c'est  l'ouvrir  depuis 
la  gorge  jusqu'à  l'anus ,  que  les  pêcheurs 
appellent  le  nombril  ;  ôter  l'arête  ou  dés- 
osser la  Morue  ;  nettoyer  la  cavité  abdo- 
minale des  membranes  péritonéales  ,  de  la 
graisse,  du  sang;  la  fendre  souvent,  à  la 
manière  hollandaise,  jusqu'à  la  queue.  Après 
qu'elle  est  bien  propre,  bien  nettoyée, on  la 
jette  par  une  ouverture,  ou  éclaire,  dans  l'en- 
trepont,  ou  dans  la  cale,  suivant  la  gran- 
deur du  navire,  où  l'on  sale  la  Morue.  Pour 
les  mettre  dans  leur  premier  sel,  on  en  fait 
entrer  le  plus  qu'on  peut  dans  le  corps,  on  en 
frotte  la  peau,  puis  alors  on  range  les  Mo- 
rues dans  l'entrepont  en  les  entassant  les 
unes  sur  les  autres  avec  une  couche  de  sel 
entre  chaque  lit  de  poisson;  elles  restent 
ainsi  vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures. 
Quand  on  juge  que  les  Morues  ont  suffi- 
samment rendu  leur  eau  et  leur  sang,  on 
les  sale  à  demeure. On  les  empile  de  nou- 
veau ,  soit  en  les  rangeant  dans  la  cale  ou 
l'entrepont ,  ce  qui  s'appelle  les  charger 
en  grenier ,  ou ,  ce  qui  vaut  mieux  ,  en 
les  mettant  dans  des  futailles  convenable- 
ment arrangées  ,  et  où  le  poisson  ,  suffi- 


samment pressé,  est  à  l'abri  de  l'humi- 
dité. 

J'ai  dit  pourquoi  l'on  conservait  les  lan- 
gues de  Morues;  après  les  avoir  comptées, 
on  les  sale  :  on  les  regarde  comme  une  des 
parties  les  plus  délicates.  On  fait  aussi  ôter, 
par  un  mousse ,  la  vessie  aérienne  attachée 
à  la  colonne  vertébrale  après  qu'on  a  désossé 
le  poisson.  Les  vessies,  que  les  pêcheurs 
appellent  Naut  ou  Noues ,  sont  conservées  et 
salées ,  et  sont  considérées  comme  une  par- 
tie de  très  bon  goût.  L'huile  que  Ton  retire 
du  foie  des  Morues  est  aussi  un  article  qu'il 
ne  faut  pas  négliger.  Elle  sert  aux  mêmes 
usages  que  l'huile  de  la  Baleine  ;  les  tan- 
neurs la  préfèrent  même  pour  quelques 
usages.  Enfin,  les  œufs  salés  forment  la 
rogue  ou  la  résure,  employée  pour  la  pêche 
de  la  Sardine  sur  les  côtes  de  Bretagne. 

Quand  les  Morues  sont  préparées  à  la 
façon  hollandaise,  c'est-à-dire  qu'elles  ont 
été  salées  et  paquées  deux  fois  à  la  mer,  on 
les  sale  et  on  les  paque  une  troisième  fois  à 
leur  arrivée  dans  le  port,  pour  les  rendre 
marchandes.  Cette  opération,  qu'on  appelle 
la  salaison  à  sec ,  est  faite  par  des  femmes 
qui  lavent,  nettoient  convenablement  les 
poissons  ,et  en  font  des  tonnes  qui  doivent 
contenir  120  à  130  kilogr.  de  poisson  et 
20  kilogr.  de  sel.  Après  avoir  lavé  la  Morue 
sortant  de  sa  première  saumure,  on  en  fait 
des  théâtres  pour  la  bien  laisser  égoutter 
pendant  une  huitaine  de  jours. 

Telles  sont,  très  en  abrégé,  les  manipula- 
tions pour  préparer  la  Morue  en  vert,  celle 
qui  a  été  salée  mais  point  séchée.  La  Morue 
qui  a  subi  ces  deux  préparations  se  nomme 
Morue  sèche.  On  la  confond  aussi  quelque- 
fois ,  sous  le  nom  de  Merluche ,  avec  le  Mer- 
lan qui  se  pêche  et  se  prépare  sur  le  litto- 
ral de  la  Méditerranée. 

Comme  c'est  à  terre  que  l'on  arrange  la 
Moruesèche,  on  ne  se  livre  pas  àla  pêche  dans 
le  bâtiment  qui  a  fait  la  traversée  ;  mais  elle 
est  pratiquée  dans  de  petits  bateaux  montés 
par  trois  hommes  qui  rapportent  leur  pêche  à 
terre.  Alors  commence  une  suite  de  travaux 
fatigants,  consistant  à  étendre  le  premier 
jour  les  Morues  sur  la  grève,  où  on  leur 
donne  le  premier  soleil.  Le  second  jour , 
après  les  avoir  laissées  jusqu'à  midi,  on  les 
rassemble  trois  par  trois;  elles  ont  alors 
reçu  leur  second  soleil.  Le  lendemain  on  les 


MOR 

étend  sur  la  grève,  puis  le  soir  on  les  ras- 
semble par  tas  de  huit,  qu'on  nomme  ja- 
velles; c'est  leur  troisième  soleil.  Le  lende- 
main on  les  étend  de  nouveau ,  puis  on  les 
réunit  en  tas  plus  gros  qu'on  appelle  mou- 
tons; c'est  leur  quatrième  soleil.  Au  cin- 
quième soleil  on  fait  des  tas  de  50  kilogr.  ; 
puis  les  tas  deviennent  de  25,  de  30  et  même 
de  50  quintaux  de  kilogr.  au  sixième  soleil. 
Les  piles  restent  de  six  à  douze  jours;  et  dès 
que  le  temps  se  met  au  beau ,  on  étend  de 
nouveau  les  poissons  pour  refaire  ensuite 
les  piles  en   mettant  les  Morues  les  moins 
sèches  au  haut  des  piles;  on  a  donné  ainsi 
le  septième  soleil.  Ces  nouvelles  piles  restent 
quinze  jours  au  moins  avant  qu'on    leur 
donne  le  huitième  soleil.  Au  bout  d'un  mois 
on  procède  de  la   même  manière  à  faire 
prendre  aux  poissons   le  neuvième   soleil. 
Quarante  jours  après,  on  donne  le  dixième 
soleil,  et  alors  on  les  laisse  cinquante  jours 
ou  deux  mois.  Après  quoi  l'on  étend   de 
nouveau  les  Morues  sur  la  grève,  on  les 
trie  pour  mettre  à  part  celles  qui  sont  bien 
sèches  et  en  bon  état,  faire  sécher  celles 
qui  sont  encore  humides  ,  donner  du  sel  à 
celles  qui  en  manquent,  et  enfin  les  mettre 
en    état    d'être   embarquées.     On    estime 
qu'année  commune  un  navire  de  100  ton- 
neaux rapporte  18  à  1900  quintaux  de  pois- 
son. Cette  Morue,  ainsi  préparée,  a  l'avan- 
tage de  se  conserver  beaucoup  plus  longtemps 
que  la  Morue  verte,  de   supporter,    sans 
crainte   d'altération ,  les  chaleurs  de  nos 
provinces   méridionales  ;    on   l'exporte  en 
Provence,  en  Espagne,  en  Portugal  et  dans 
le  Levant,  ce  qu'on  ne  peut  faire  de  la 
Morue  verte,  qui  est  cependant  plus  déli- 
cate. Les  Anglais  et  les  Hollandais  prépa- 
rent beaucoup  plus  de  Morues  sèches  que  de 
Morues  vertes. 

Enfin,  on  conserve  encore  la  Morue,  dans 
le  Nord ,  en  la  suspendant  au-dessus  des 
foyers  et  en  la  desséchant  promptement  par 
l'action  delà  fumée,  sans  employer  l'action 
du  sel.  On  pourrait  appeler  le  poisson ,  ainsi 
préparé ,  Morue  boucanée,  ou  fumée.  On 
donne  à  ces  poissons  ainsi  desséchés  le  nom 
de  Stockfisch.  Il  faut  observer  qu'on  fait  la 
même  préparation,  en  Hollande,  aux  Flets, 
aux  Soles ,  aux  Perches .  et  à  beaucoup 
d'autres  espèces. 

Telles  sont  les  diverses  opérations  que 


MOR 


367 


l'on  fait  subir  à  la  Morue  pour  la  livrer  au 
commerce.  On  comprend  que,  dans  un  ar- 
ticle de  Dictionnaire,  j'ai  dû  faire  l'exposition 
de  ces  procédés  d'une  manière  fort  abrégée, 
et  que  je  n'ai  dû  m'arrêter  que  sur  les  cho- 
ses les  plus  essentielles,  pour  donner  une 
idée  du  travail  auquel  on  soumet  une  espèce 
si  intéressante,  dont  la  pêche  met  en  mou- 
vement 10  à  12  millions  de  capitaux  en 
France  seulement. 

Les  zoologistes  considèrent  aujourd'hui  la 
Morue  comme  le  type  d'un  genre  de  la  fa- 
mille des  Gadoïdes  ,  voisin  du  Merlan  ,  et 
qui  diffère  de  celui-ci  par  le  barbillon  de  la 
mâchoire  inférieure;  de  sorte  que  le  carac- 
tère générique  des  Morues  peut  être  ainsi 
décrit  :  «  Poisson  malacoplérygien  jugulaire 
à  trois  dorsales,  à  deux  anales,  et  avec  un 
barbillon  attaché  sous  la  symphyse  de  la 
mâchoire  inférieure.  » 

La  Morue  qne  nous  venons  de  décrire,  et 
dont  nous  avons  fait  connaître  la  pêche 
ainsi  que  les  avantages  immenses  que 
l'homme  en  retire,  est  la  première  espèce 
du  genre. 

La  seconde  est  la  Morue  égrefin  (Gadus 
Eglefinus  Linn.),  qui  diffère  par  ses  formes 
plus  allongées,  par  sa  ligne  latérale  noire, 
et  par  une  tache  noirâtre  sur  chaque  flanc 
derrière  la  pectorale.  Cette  espèce  de  Morue, 
presque  aussi  nombreuse  que  la  Morue  vul- 
gaire, n'est  pas  tout-à-fait  si  agréable  au 
goût,  parce  que  sa  chair  est  plus  molle  et 
moins  blanche;  cependant  on  en  fait,  avec 
raison,  de  nombreuses  salaisons.  C'est  un 
poisson  fort  commun  sur  les  côtes  de  Saint- 
Malo  et  de  Bretagne  ,  et  pendant  la  guerre 
continentale  on  avait  fait  à  l'île  Dieu  d'assez 
grandes  pêcheries  très  profitables,  mais  que 
l'on  a  abandonnées  à  l'époque  de  la  paix, 
qui  a  ouvert  à  nos  pêcheurs  la  route  de 
Terre-Neuve. 

Le  Dorsch  ou  Petite  morue  (  Gadus  cal- 
larias  Linn.),  est  aussi  une  petite  espèce  de 
Morue,  abondante  sur  les  côtes  de  Norvège, 
dans  la  Baltique,  et  aussi  en  Islande.  Les 
Danois  et  les  Norvégiens  en  font  des  salai- 
sons estimées.  On  nomme  ces  poissons  salés 
Rondfisch,  ou  quelquefois  Stockfisch  rond, 
parce  qu'après  leur  dessèchement  ils  sont 
roulés  ou  arrondis  et  raides  comme  des  bâ- 
tons. Comme  ils  sont  aussi  souvent  séchés 
et  salés  à  la  manière  de  la  Morue  sèche, 


SG8 


MOR 


MOS 


mais  qu'au  lieu  d'être  restés  sur  la  grève, 
ils  ont  été  étendus  sur  les  rochers  des  bords 
de  l'Océan  septentrional ,  on  leur  donne 
aussi  souvent  le  nom  de  Klippfisch  ou  pois- 
sons de  roebes  ;  mais  il  arrive  aussi  que 
l'on  appelle  quelquefois  de  ce  nom  la  Morue 
sèche  sur  les  plages  rocheuses. 

Le  Capelan  ou  Officier  (  Gadus  minutus  ) 
est  une  petite  Morue,  à  cause  de  ses  barbil- 
lons, de  ses  nageoires  dorsales  ou  anales, 
mais  de  forme  différente  des  autres  Morues, 
et  plus  semblables  par  ses  grandes  dents  et 
son  museau  pointu  aux  Merlans  ;  sa  longueur 
est  de  15  à  16  centimètres.  Ce  petit  poisson 
est,  dit-on  ,  très  bon  à  manger  frais.  On  en 
fait  une  pêche  active ,  parce  qu'il  est  un  des 
meilleurs  appâts  pour  amorcer  les  haims  des 
lignes  à  Morues.  Aussi  les  bateaux  ou  les  hom- 
mes de  l'équipage  d'un  terre-neuvier ,  pê- 
cheurs deCapelans,  ont-ils  le  noms  de  Cape- 
laniers.  Les  Capelans  vivent  dans  les  anses, 
près  de  la  surface  de  l'eau.  Ils  s'y  rassem- 
blent quelquefois  en  si  grande  quantité, 
qu'on  peut  en  prendre  en  pleine  eau  avec 
des  manettes,  ou  avec  des  seines  traînées  en 
pleine  eau  par  deux  bateaux.  Leur  présence 
est  toujours  indiquée  par  la  quantité  d'oi- 
seaux de  mer  qui  volent  autour  d'eux  pour 
s'en  nourrir.  On  les  conserve  en  saumure 
ou  à  mi-sel  pour  la  pêche  de  la  Morue. 

Il  faut  observer  que  l'on  désigne  sous  le 
même  nom  de  Capelan  ,  une  petite  Morue 
de  la  Méditerranée ,  qui  paraît  être  d'une 
espèce  différente. 

Il  existe  encore  plusieurs  autres  espèces 
de  Gades  des  mers  septentrionales  arcti- 
ques, décrites  par  Pallas,  Lepechin,  Pen- 
nanl,  Tilesius,  et  dont  nous  ne  parlerons 
pas  ici  parce  que  ces  poissons  n'ont  d'autre 
intérêt  que  des  caractères  zoologiques  qui 
iu  reste  sont  encore  fort  incertains. 

Il  existe  aussi  d'autres  Morues  sur  les 
côtes  de  l'Amérique  septentrionale,  que 
MM.  Mitcbill ,  Dekay  des  États-Unis,  ou 
M.  le  docteur  Richardson,  en  Angleterre, 
©nt  fait  connaître. 

Nous  n'avons  pas  encore  de  données  suf- 
fisantes sur  les  espèces  de  grands  Gades 
plus  ou  moins  voisins  des  Morues  qui  vi- 
vent dans  les  mers  antarctiques.  Il  n'y  a 
pas  longtemps  que  les  ichthyologistes  con- 
naissent ces  poissons  ;  on  avait  même  donné 
pendant  longtemps,  comme  une  des  lois  de 


distribution  géographique  des  Poissons  r 
qu'il  n'y  avait  pas  de  Gades  dans  l'hémi- 
sphère austral  près  du  pôle  sud.  Il  est  cer- 
tain qu'il  en  existe  des  légions  aussi  nom- 
breuses que  dans  nos  mers  boréales.  Nous 
croyons  devoir  appeler  l'attention  des  éco- 
nomistes éclairés  ou  des  habiles  armateurs 
sur  ces  faits,  lorsque  nous  réfléchissons  sur 
la  destruction  incessante  que  l'homme  fait 
de  l'espèce  de  la  Morue,  destruction  qui 
augmente  au  fur  et  à  mesure  que  l'industrie 
perfectionne  les  moyens  de  transport  de 
pêches,  et  par  conséquent  d'extinction  de 
l'espèce.  Je  ne  veux  pas  dire  qu'elle  est  im- 
minente ou  entière,  mais  elle  a  pour  effet 
de  rendre  le  poisson  plus  rare,  et  de  procu- 
rer moins  de  profit  à  ceux  qui  se  livrent  aux 
grandes  expéditions  de  pêches. 

Une  autre  cause  aussi  de  diminution 
dans  les  profits  des  armateurs  existe  dans 
les  changements  d'emplacements  quechois- 
sissent  les  poissons  pour  frayer.  Ainsi  l'on 
sait  qu'autrefois  les  pêcheurs  de  Gravesend 
ou  de  Barking  ne  prenaient  de  Morues 
qu'aux  Orkneys  ou  sur  le  Doggers-Bank  ; 
aujourd'hui  le  marché  de  Londres  est  ap- 
provisionné de  Morues  pêchées  sur  les  côtes 
de  Norfolk  ou  de  Lincolnshire. 

On  conçoit  qu'une  chasse  continuelle 
faite  sur  un  même  lieu  finit  par  effrayer  le 
poisson.  Il  se  dérange,  finit  par  se  détour- 
ner, chercher  et  quelquefois  trouver  des 
abris  plus  tranquilles.  Si  l'on  étendait  la 
surface  des  recherches  ,  que  les  navires 
fussent  moins  pressés  sur  un  même  lieu,  il  en 
résulterait  certainement  un  grand  avantage 
pour  les  produits  de  la  pêche,  art  que  Ton  a 
nommé  avec  raison  l'agriculture  de  la  mer. 
(Valenciennes.  ) 

MORUS.  bot.  ph.  —  Voy.  mûrier. 

MORUS.  ois.  —  Nom  donné  par  Vieil- 
lot au  genre  Fou.  Voy.  ce  mot. 

MORVAN.  mam. — Race  de  Mouton.  Voy 
ce  mot.  (E.  D.) 

MOSAÏQUE,  moll. — Nom  vulgaire  d'une 
espèce  de  Cône,  le  Conus  tessellatus  L. 

MOSASAURUS.  rept.  foss.  —  Nom  de 
genre,  qui  signifie  Saurien  de  la  Meuse, 
proposé  par  M.  Conybeare  pour  un  très 
grand  reptile  fossile  de  l'ordre  des  Sauriens, 
connu  sous  le  nom  d'animal  ou  Crocodile 
de  Maëstricht,  parce  que  c'est  dans  le  ter- 
rain crétacé  de  cette  ville  et  des  environs 


MOS 

que  l'on  en  a  trouvé  en  premier  lieu  et  en 
plus  grande  abondance. 

Cet  animal  a  été  considéré  par  les  premiers 
collecteurs  et  par  M.  Faujas  Saint-Fond  (Hist. 
de  la  montagne  de  Saint-Pierre,  in -4°) 
comme  un  Crocodile,  puis  par  Pierre  Cam- 
per (  Trans.  phil.,  1786  )  comme  un  Cétacé. 
Mais  Adrien  Camper  (Journ.  de  phys.f 
an  IX)  fils  de  Pierre,  et  ensuite  G.  Cuvier 
[Ossements  foss.,  V,  2e  part.),  ont  démontré 
iju'il  doit  former  un  genre  particulier  de 
Reptiles  qui  a  des  rapports  avec  les  Varans 
et  avec  les  Iguanes. 

Les  dents  des  Mosasaures  sont  pyrami- 
dales, un  peu  arquées,  et,  comme  chez  celles 
des  Varans,  la  pointe  infléchie  en  dedans  et 
en  arrière  ;  elles  sont  très  légèrement  can- 
nelées, et  la  partie  externe  de  leur  circon- 
férence est  une  portion  d'arc  de  cercle  d'un 
diamètre  à  peu  près  double  que  celui  de 
l'arc  de  la  partie  interne  et  des  côtés  ,  en 
sorte  que  la  face  externe  est  plus  aplatie 
que  les  autres;  cette  face  aplatie  est  bornée 
par  deux  arêtes  aiguës  faiblement  dentelées. 
Ces  dents  sont  portées  sur  des  racines  ou 
noyaux  adhérents  dans  des  alvéoles  prati- 
quées dans  l'épaisseur  du  bord  de  la  mâ- 
choire. Les  os  de  la  face  ressemblent  à  ceux 
des  Varans,  seulement  l'os  du  nei,  unique 
chez  ceux-ci,  paraît  être  divisé  dans  les  Mo- 
sasaures; mais  les  ptérygoïdiens  sont  armés 
de  dents  plus  petites,  ce  qui  les  rapproche 
des  Iguaniens.  Les  vertèbres,  comme  dans 
presque  tous  les  Sauriens  et  les  Ophidiens, 
ont  leur  corps  concave  en  avant,  et  con- 
vexe en  arrière;  dans  les  vertèbres  du  cou 
et  du  dos,  cette  concavité  et  celte  convexité 
sont  plus  prononcées  que  dans  celles  de  la 
queue.  Une  apophyse  médiane  inférieure 
existe  dans  les  vertèbres  cervicales  et  les 
premières  dorsales  ;  les  apophyses  épineuses 
sont  hautes ,  les  os  en  V  sont  également  très 
longs  et  articulés,  comme  dans  les  Varans, 
sous  le  corps  de  chaque  vertèbre  pour  la 
première  moitié,  et  soudés  pour  la  seconde, 
et  faisant  corps  avec  la  vertèbre  comme  chez 
les  Poissons.  Le  plus  grand  nombre  des  ver- 
tèbres caudales  n'a  point  d'apophyse  trans- 
verse, ce  qui  annonce  une  queue  aplatie 
sur  les  côtés  et  propre  à  la  nage.  L'humérus 
est  épais  et  plus  court  que  celui  des  Ichthyo- 
saures,  et  il  parait  que  ses  extrémités 
étaient ,  comme  chez  les  Énaliosauriens , 
t.  vm. 


MOS 


ao3 


faites  en  forme  de  rames.  Ses  dents  en  fe- 
raient un  animal  carnassier.  G.  Cuvier  a 
classé  le  Mosasaurus  parmi  les  Iguaniens  ; 
MM.  Duméril  et  Bibron  le  placent  parmi 
les  Varaniens  :  mais  comme  il  tient  des  uns 
et  des  autres,  il  doit  être  placé  entre  ces 
deux  familles,  si  l'on  n'a  point  d'égard  à  la 
stucture  de  ses  extrémités;  mais  si  l'on 
prend  cette  structure  en  considération ,  on 
doit  nécessairement  établir  une  famille  de 
plus  parmi  les  Sauriens,  ou  plutôt  parmi 
les  Reptiles  fossiles,  que  nous  serions  tentés 
de  nommer  les  Proterpètes,  car  on  trouve 
de  très  grandes  difficultés  à  intercaler  les 
genres  fossiles  des  Vertébrés  des  terrains  se- 
condaires parmi  ceux  du  règne  animal  ac- 
tuel, et  nous  sommes  persuadés  que  l'on 
sera  forcé  d'y  renoncer  un  jour  et  de  créer 
pour  eux  une  classification  particulière. 

Le  Mos.  Hoffmanni  Conyb.,  ainsi  nommé 
en  l'honneur  de  l'un  des  premiers  collec- 
teurs de  ses  débris  ,  est  l'espèce  que  l'on 
rencontre  dans  la  craie  de  Maëstricht.  Cu- 
vier lui  compte  133  vertèbres,  12  dents  de 
chaque  cô'é  des  deux  mâchoires  et  8  dents 
à  chaque  ptérygoïdien  ;  l'animal  devait  avoir 
environ  huit  mètres  de  longueur,  la  colonne 
vertébrale  occupant  six  mètres  et  demi,  et 
la  tête  un  mètre  et  demi. 

Le  Mos.  Maximiliani  Goldf.  Dans  les  Mé- 
moires de  l'Académie  de  Bonn.,  t.  XXI, 
M.  Goldfuss  a  établi  cette  espèce  en  don- 
nant sur  la  structure  du  crâne  des  Mosa- 
saures des  détails  que  n'avait  pu  fournir 
la  tête  que  Cuvier  a  décrite.  Ces  débris  sur 
lesquels  elle  repose  viennent  de  la  forma- 
tion du  grès  vert  de  l'Amérique  septentrio- 
nale, et  ont  été  rapportés  par  le  prince 
Maximilien  de  Wied.  Les  pièces  décrites  par 
M.  Gofdfuss  n'ont  guère  que  le  tiers  de  la 
grandeur  de  celles  du  Mos.  Hoffmanni  qui 
leur  correspondent  ;  mais  on  ne  peut  point 
donner  cette  moindre  taille  comme  un  ca- 
ractère de  l'espèce,  puisque  l'individu  pou- 
vait bien  n'être  point  encore  parvenu  à  l'âge 
adulte.  Pour  établir  les  différences  qui  exis- 
tent entre  ces  deux  espèces,  il  faudrait  pou- 
voir les  comparer  ensemble.  D'après  les  fi- 
gures, nous  croyons  avoir  vu  que  les  ptéry- 
goïdiens diffèrent  sensiblement  les  uns  des 
autres. 

M.  Decay  (vol.  III  des  Annales  du  Lycée 
de  New-York)  a  figuré  et  décrit  une  deDt 

47 


370 


MOS 


de  Mosasaure ,  trouvée  dans  une  marnière 
du  comté  de  Monmouth,  que  M.  Bronn  a 
inscrite  dans  sa  Lethœa  geognoslica,  sous  le 
nom  de  Mos.  Decayi.  Cette  dent  est  beau- 
coup plus  grande  que  celles  de  la  tête  du 
Mosasaure  Maximilien  ;  mais  il  se  peut 
qu'elle  provienne  d'un  individu  plus  âgé. 

(L...D.) 

MOS  CARIA,   Pers.  (Encheir.,  II,  379). 
pot.  ph.  —  Syn.  de  Moscharia,  Ruiz  et  Pav. 
MOSCATELLE.  bot.  ph.  —  Nom  vul- 
gaire des  Adoxa.  Voy.  ce  mot. 

MOSCHARIA  (p-oa^oç ,  musc  :  odeur  des 
fleurs),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Nassauviacées  ,  établi  par 
Ruiz  et  Pavon  (Prodr.,  103).  Herbes  du 
Chili.  Voy.  composées. 

*MOSCIIATA(nom  mythologique),  polyp. 
—  Genre  d'Acliniaires  proposé  par  Renieri 
et  adopté  par  M.  de  Blainville,  qui  lui  at- 
tribue: un  corps  cylindro-conique,  allongé, 
élargi  en  disque  à  l'extrémité  buccale,  et 
aminci  à  l'autre  extrémité  ;  une  bouche  assez 
petite,  linéaire,  transverse,  au  milieu  de 
tentacules  de  deux  sortes,  les  externes 
étant  bien  plus  longs  que  les  autres.  M.  de 
Blainville  a  vu  dans  la  collection  de  Turin 
l'espèce  qu'il  prend  pour  type,  M.  rhodo- 
daclyla,  et  qui  vit  flottant  dans  la  Méditer- 
ranée; il  ajoute  que  cet  animal  presque 
vermiforme  ressemble  un  peu  à  une  Holo- 
thurie, et  que  sa  peau  est  couverte  de  corps 
étrangers  adhérents.  Aussi  peut-on  penser 
que  c'est  la  Critrina  bellis  ou  quelque  es- 
pèce voisine  qui  a  donné  lieu  à  l'établisse- 
ment de  ce  genre.  Telle  est  aussi  l'opinion 
de  M.  Ehrenberg.  (Duj.) 

*MOSCHATUS  (i>.ôaXoç,  musc),  ois.— 
M.  Lesson (Traite' d'ornithologie,  184 1)  donne 
ce  nom  à  un  groupe  de  Canards.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

MOSCIIELAPHUS.  mam.—  L'un  des  sy- 
nonymes du  Bubale.  Voy.  l'article  antilope. 

*MOSCHH)ÉES.  mam.  —  M.  Swainson 
(N.  h.  ofQuadr.,  1835)  donnecenomàune 
division  des  Ruminants,  dont  le  genre  prin- 
cipal est  celui  des  Chevrotains  {voy.  ce  mot). 
Cette  division  correspond  à  celle  des  Mos- 
chino, de  M.  Gray  {Ann.  of  phil,  XXVI, 
3  835).  (E.  0.) 

MOSCÏIIFERA,  Molin.  eût.  ph.  —  Syn. 
de  Moscharia,  Ruiz  et  Pav. 

*MOSCHOSMA  (i*o<7Xoç,  musc;  îvpn ,  . 


MOU 

odeur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Labiées-Ocimoïdées,  établi  par  Reichenbach 
{Consp.,  p.  171).  Herbes  des  Indes  orien- 
tales et  de  l'Afrique  tropicale.  Voy.  labiées. 

*MOSCIIOXYLEM  (  FoVXoç ,  musc:  #- 
>ov,  bois),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Méliacées-Trichiliées ,  établi  par  M.  Adr.  de 
Jussieu  (m  Mem.  Mus.,  XIX,  238,  t.  19  , 
f.  19).  Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Amérique 
tropicale.  Voy.  méliacées. 

MOSCHUS.  mam.  —  Voy.  chevrotain. 

*  MOSIA.  mam.— Petit  genre  de  Chéirop- 
tères décrit  récemment  par  M.  Gray  {Ann. 
nat.  hist.,  XI,  1843).  (E.  D.) 

*MOSIEGIA,  Spreng.  (Sysl.,  III,  661). 
bot.  ph.  — Syn.  de  Moscharia,  Ruiz  et  Pav. 

MOSILEL'S.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères ,  tribu  desMuscides, 
établi  par  Latreille  (Fam.  nat.),  et  généra- 
lement rapporté  au  genre  Mouche  {Musca). 
Voy.  mouche  et  muscides. 

MOSOSAURES.  rept.  foss.  —  Voy.  mo- 

SASAURUS. 

MOSQUIEEON.  ois.  —Nom  vulgaire  de 
la  Bergeronnette  grise, 

MOSQEITE.  ois.  —  Nom  vulgaire  de  la 
Sylvie  à  tête  noire. 

MOTACILEA.  ois.  —  Nom  scientifique 
du  genre  Bergeronnette.  Voy.  ce  mot. 

*MOTAClLLID.E  et  MOTACIELIIV.E. 
ois.  —  Divisions  des  Passereaux  du  groupe 
des  Sylvies  {voy.  ce  mot),  suivant  M.  Char- 
les Bonaparte.  (E.  D.) 

MOTTEREAU.  ois.  —  L'Hirondelle  de 
rivage  porte  vulgairement  ce  nom. 

MOTTEUX.  ois.  —  Espèce  du  genre  Tra- 
quet.  Voy.  ce  mot. 

MOUCHE.  Musca.  ins.  —  Dans  la  pre- 
mière édition  du  Systema  naturœ  ,  Linné 
comprenait  sous  le  nom  générique  de  Musca 
toute  l'immense  série  des  Diptères  ,  à  l'ex- 
ception des  Tipulaires ,  des  Tabaniens,  des 
Asiliques ,  des  Bombyliers  et  des  Empides; 
mais,  dans  les  dernières  éditions  du  même 
ouvrage,  le  célèbre  entomologiste  suédois 
avait  déjà  formé  quelques  divisions  dans  cet 
immense  groupe  ;  depuis  ,  de  nombreuses 
subdivisions,  tant  de  familles  que  de  genres, 
ont  été  créées.  Scopoli  a  préparé  le  premier 
les  améliorations  qui  ont  été  apportées  dans 
ce  grand  genre;  il  a  examiné  les  parties  de 
la  manducation  de  ces  insectes ,  et  s'en  est 
servi  rjour  caractériser  ses  genres.  Geoffroy, 


MOU 


MOU 


371 


Degéer,  Fabricius,  etc.,  ont  ensuite  étudié 
ces  Diptères,  et,  depuis,  Meigen  a  créé  plu- 
sieurs nouveaux  genres  en  employant  pour 
base  de  sa  classiflcation  la  forme  et  la  dis- 
position des  ailes,  et  quelques  parties  exté- 
rieures du  corps  et  de  la  bouche.  Enfin  La- 
treille,  Fallen  ,  M.  C.  Duméril ,  et  surtout 
MM.  Macquart  et  Robineau-Desvoidy,  ont 
encore  beaucoup  éclairci  cette  matière  dans 
leurs  ouvrages,  et  ils  ont  de  plus  en  plus 
restreint  le  genre  Mouche. 

D'après  M.  Macquart  [Diptères  des  Suites 
à  Buffon  de  l'éditeur  Roret ,  Paris  ,  1835), 
que  nous  suivons  dans  ce  Dictionnaire,  le 
genre  Mouche  ,  Musca ,  ne  comprend  plus 
que  la  Mouche  domestique  et  quelques  es- 
pèces qui  ont  avec  elle  les  plus  grands  rap- 
ports. Ce  genre  fait  partie  de  la  famille  des 
Athéricères,  tribu  des  Muscides,  et  a  pour 
caractères  :  Epistome  peu  saillant  ;  anten- 
nes atteignant  presque  l'épistome;  troisième 
article  triple  du  deuxième;  style  plumeux; 
première  cellule  postérieure  des  ailes  attei- 
gnant le  bord  près  de  l'extrémité;  nervure 
externo-médiane  un  peu  concave  après  le 
coude. 

Les  Mouches  ont  le  corps  oblong  ,  à  peu 
près  cylindrique  ;  leur  tète  est  globuleuse  , 
un  peu  plus  large  que  longue ,  avec  deux 
yeux  très  grands  et  à  réseaux,  et  trois  pe- 
tits yeux  lisses,  distincts;  le  front  est  aplati 
et  présente  un  espace  arrondi,  en  haut  du- 
quel sont  insérées  les  antennes  ,  qui  sont 
composées  de  trois  articles,  dont  le  premier 
et  le  second  très  courts  ,  plus  larges  que 
longs,  hérissés  de  quelques  poils  raides  ;  le 
troisième,  à  peu  près  trois  fois  plus  grand 
que  les  deux  premiers  ensemble,  est  pres- 
que prismatique  ,  et  donne  attache  à  sa 
base,  et  un  peu  extérieurement,  à  une 
soie  plus  longue,  couverte  de  longs  poils 
ou  plumeuse  dans  la  plupart  et  simple  dans 
d'autres  ;  la  cavité  buccale,  située  à  la  par- 
tie inférieure  de  la  tète,  contient  une  trompe 
membraneuse,  coudée,  rétractile  et  termi- 
née par  deux  lèvres  ;  les  palpes  sont  filifor- 
mes ou  légèrement  plus  gros  vers  leur  ex- 
trémité; le  corselet  est  cylindrique;  Iesailes, 
grandes  et  horizontales ,  ont  les  nervures 
longitudinales  fermées  par  les  nervures 
transversales  ;  les  cuillerons  sont  grands  et 
recouvrent  en  grande  partie  les  balanciers, 
qui  sont  assez  courts;  les  pattes  sont  lon- 


gues ,  grêles ,  terminées  par  deux  crochets 
et  deux  pelotes ,  et  généralement  couvertes 
de  longs  poils  rudes;  l'abdomen  est  ova- 
laire ,  et  terminé,  dans  les  femelles,  par  un 
oviducte  un  peu  saillant. 

Le  genre  Mouche  se  distingue  des  grou- 
pes qui  ont  été  formés  à  ses  dépens  par 
un  assez  grand  nombre  de  caractères  ;  ii 
diffère  des  Echinomyies  et  des  Ocyptères 
par  les  antennes  qui,  dans  ces  derniers, 
n'ont  pas  le  troisième  article  beaucoup  plus 
long  que  les  deux  premiers  pris  ensemble  ; 
le  genre  Celyphe  se  distingue  par  un  écus- 
son  qui  recouvre  tout  le  corps  ;  les  genres 
Phasie,  Trichopode,  Me,  Métopie,  Mêla- 
nophore,  etc.,  en  sont  séparés  parleurs 
antennes, qui  sont  beaucoup  plus  courtes  que 
la  face  antérieure  de  la  tête  ,  tandis  qu'elles 
sont  presque  aussi  longues  qu'elle  dans  les 
Mouches  ;  les  Lispes  ont  des  ailes  couchées 
sur  le  corps;  le  genre  Achias  a  les  yeux 
portés  sur  des  prolongements  de  la  tête  en 
forme  de  cornes;  les  Calliphores  en  sont 
séparés  par  le  peu  de  saillie  de  leur  epistome 
et  par  la  couleur  de  leur  corps  où  domine  le 
cendré  ;  les  Lucilhes  n'ont  pas  de  saillie  à 
l'épistome,  et  le  troisième  articledesantennes 
est  quadruple  du  quatrième;  enfin,  il  existe 
un  grand  nombre  de  genres  qui  ont  le  même 
port  que  les  Mouches,  mais  qui  s'en  distin- 
guent par  des  caractères  tirés  de  la  forme 
des  antennes,  de  la  tête,  des  palpes,  etc. 
(Voy.  les  mots  génériques  indiqués  plus 
haut,  et  les  articles  Diptères,  Muscides  et 
Myodaires). 

Les  larves  des  Mouches  sont  apodes  et 
cylindriques;  elles  sont  molles;  leur  tête  est 
garnie  d'un  ou  deux  crochets  écailleux  ; 
elles  vivent  dans  différentes  matières,  telles 
que  les  excréments  ,  la  viande  en  décompo- 
sition, les  fumiers;  on  les  trouve  dans  les 
lieux  fangeux  et  sales.  Nous  ne  croyons  pas 
devoir  insister  ici  davantage  sur  ce  sujet, 
devant  donner  des  détails  sur  l'organisa- 
tion et  les  mœurs  de  ces  larves,  ainsi  que 
de  celles  des  Mouches  en  général ,  au  mot 

MUSCIDES. 

A  l'état  parfait,  les  Mouches  sont  très 
abondantes  pendant  tout  l'été,  et  surtout 
pendant  les  mois  de  juillet  et  d'août;  ce 
sont  des  Insectes  très  incommodes  dans  nos 
maisons,  où  ils  gâtent  tout  en  y  déposant 
leurs  excréments,  qui  sont  mous  et  durcis- 


372 


MOU 


MOU 


sent  en  forme  de  petite  tache  aux  endroits 
où  ils  ont  été  posés.  Quelques  Mouches  su- 
cent le  miel  des  fleurs;  d'autres,  en  plus 
grand  nombre,  attaquent  les  cadavres ,  y 
déposent  leurs  œufs,  et  hâtent  ainsi  consi- 
dérablement la  décomposition  des  matières 
animales. 

Ce  genre  ,  quoique  très  considérable- 
ment restreint  par  les  auteurs ,  ainsi  que 
nous  l'avons  déjà  dit,  est  cependant  encore 
très  nombreux  en  espèces  ;  mais  on  n'en 
a  encore  décrit  avec  soin  qu'un  assez 
petit  nombre,  et  principalement  les  es- 
pèces particulières  à  la  France  et  à  l'Alle- 
magne. Les  espèces  étrangères  ont  encore  as- 
sez peu  occupé  les  naturalistes  et  les  voya- 
geurs. Pour  nous,  nous  ne  citerons  que 
quelques  unes  des  espèces  les  mieux  con- 
nues, et  nous  n'indiquerons,  à  l'exemple 
de  M.  Macquart,  que  comme  subdivisions 
plusieurs  groupes  génériques  formés  par 
M.  Robineau-Desvoidy  aux  dépens  des 
Musc  a. 

a.  Genre  Musca,  Robineau-Desvoidy. 

Style  des  antennes  plumeux  en  dessus  et 
en  dessous;  corps  grisâtre. 

1 .  La  Mouche  domestique  ,  Musca  dômes* 
tica  Linné,  Fabr.,  Latr.,  Meig.,Fall.,  Rob.- 
Desv.,  Macq.  Longue  d'environ  trois  lignes; 
d'une  couleur  cendrée ,  avec  la  face  noire , 
les  côtés  jaunâtres,  et  le  front  jaune  à  bande 
noire;  les  antennes  sont  noires;  le  thorax 
présente  des  lignes  noires;  l'abdomen  est 
marqueté  de  noir ,  il  est  pâle  en  dessous ,  et 
ses  côtés  sont  d'un  jaune  transparent  chez 
les  mâles;  les  pieds  sont  noirs;  les  ailes 
sont  assez  claires,  à  base  jaunâtre. 

Cette  espèce  se  trouve  très  communément 
répandue  dans  toute  l'Europe ,  et  c'est  elle 
qui,  vers  la  fin  de  l'été,  est  si  incommode 
aux  environs  de  Paris. 

2°  La  Mouche  des  boeufs  ,  Musca  bovina 
Rob.-Desv.,  Macq.  Cette  espèce,  très  voisine 
de  la  Musca  domestica,  s'en  distingue  par  les 
côtés  de  la  face  et  du  front  blancs,  par  son 
abdomen  à  bande  dorsale  noire  et  par  l'ab- 
sence de  jaune  chez  les  mâles. 

Cette  Muscide  est  très  commune  en  France, 
et  elle  se  jette  sur  les  narines,  les  yeux  et  les 
plaies  des  bestiaux. 

Parmi  les  autres  espèces  de  cette  subdivi- 
sion, nous  indiquerons  les  M.riparia  Rob.- 


Desv.,  M.  corvina  Fab.,  M.  aurifacies  Rob.- 
Desv.,  M.  campestris  Rob.-Desv.,  M.  latc- 
ralis  Macq.,  etc.,  qui  toutes  se  rencontrent 
en  France. 

b.  G.  Plaxemyia,  Rob.-Desv. 
Style  des  antennes  plumeux  en  dessus  , 
n'ayant  que  quelques  poils  en  dessous  ;  corps 
ordinairement  d'un  vert  obscur  ;  trompe  assez 
menue;  abdomen  hémisphérique;  yeux  velus  ; 
ailes  très  hyalines. 

3°  La  Mouche  vitripenne  ,  Musca  vilri- 
pennis  Meig.,  Macq.,  Plaxemyia  sagillalrix 
Rob.-Desv.  Elle  n'a  pas  plus  de  2  lignes  1/2 
de  longueur;  la  face  et  les  côtés  du  front  sont 
argentés;  la  bande  frontale  et  les  antennes 
noires  ;  les  yeux  pourprés  ;  le  thorax  d'un  noir 
bleu  ouvert;  l'abdomen  testacé,  transparent, 
à  bande  dorsale  noire,  un  peu  bronzée;  les 
pieds  noirs;  les  ailes  hyalines  chez  les 
mâles. 

Cette  espèce  vit  sur  les  bœufs  ;  elle  se  ren- 
contre en  France  et  n'est  pas  rare  auprès  de 
Bordeaux. 

La  Musca  phasiœformis,  du  midi  delà 
France  et  de  l'Autriche,  entre  dans  la  même 
subdivision. 

c.  G.  Bryomya,  Rob.-Desv. 
Style  des  antennes  plumeux  en  dessus , 
n'ayant  que  quelques  poils  en  dessous  ;  corps 
ordinairement  d'un  vert  obscur;  trompe  assez 
épaisse;  yeux  nus;  pieds  de  longueur  mé- 
diocre. 

4°  La  Mouche  bourreau  ,  Musca  carnifex 
Macq.,  Bryomya  carnifex  Rob.-Desv.  Lon- 
guede  31ignes;  d'un  vert  métallique  obscur, 
à  léger  duvet  cendré;  la  face  et  les  côtés  du 
front  argentés;  la  bande  frontale  et  les  an- 
tennes noires;  les  segments  de  l'abdomen 
bordés  de  noir;  les  pieds  noirs;  les  ailes  hya- 
lines, à  base  jaunâtre. 

Se  trouve  sur  les  bœufs  ;  n'est  pas  rare  en 
France. 

Deux  autres  espèces  de  cette  subdivision, 
les  Musca  stimulans  Rob.-Desv.,  Macq.,  et 
M.  cupreaMàcq.,  se  trouvent  également  en 
France. 

d.  G.  Sphora,  Rob.-Desv. 

Style  des  antennes  plumeux  en  dessus, 
n'ayant  que  quelques  poils  en  dessous;  corps 
ordinairement  d'un  vert  obscur  ;  trompe  assez 


MOU 

épaisse;  yeux  nus;  pieds  postérieurs  allon- 
gés. 

5°  La  Mouche  noirâtre,  Muscanigricans 
Macq.,  Sphora  nigricans  Rob.-Desv.  Lon- 
gue de  3  lignes;  noire,  à  léger  duvet  cen- 
dré; la  face  d'un  brun  blanchâtre;  ailes  as- 
sez claires. 

Cette  espèce  provient  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande. 

Quelques  espèces  remarquables  de  l'ancien 
genre  Mouche  de  Linné  sont  devenues  les 
types  de  genres  particuliers,  et  nous  allons 
les  indiquer  ici  en  renvoyant  le  lecteur  aux 
articles  que  nous  citons  :  Mouches  apla- 
ties, voy.  phasie  ;  M.  a  queue,  voy.  téphrite ; 
M.  bleue  de  la  viande,  voy.  calliphore; 
M.  césar,  voy.  lucilie  ;  M.  curvipennes, 
voy.  oscinis;  M.  divariquées,  voy.  sphéro- 
cère;  M.  épaisses,  voy.  échinomyie;  M.  inar- 
ticulées ou  M.  latéricolores,  voy.  ocyptère; 
M.  longipèdes,  voy.  loxocère  et  calobate; 
M.  tétanocères,  voy.  tétanocère;  M.  vi- 
brantes, voy.  micropède  et  téphrite,  etc.,  etc. 
(E.  Desmarest.) 

Le  nom  de  Mouche  a  été  appliqué  vulgai- 
rement à  un  grand  nombre  d'Insectes  vo- 
lants. Plusieurs  de  ces  dénominations  ont 
été  conservées  dans  beaucoup  d'ouvrages 
d'histoire  naturelle;  c'est  pourquoi  nous 
allons  faire  connaître  les  principales  d'entre 
elles  : 

Mouche  abeilliforme,  un  Élophile; 

Mouches  aphidivores  ,  des  Syrphes  et  des 
Hémérobes  ; 

Mouches  araignées,  les  Hippobosques  et 
les  Ornithomyies  ; 

Mouches  armées  ,  les  Stratyomides  ; 

Mouches  asiles  ou  parasites,  des  OEstres, 
des  Taons  et  des  Mélophages; 

Mouches  d'automne  ,  les  Stomoxes; 

Mouches  a  bateau,  des  Notonectes; 

Mouche  a  bec,  un  Rhingie; 

Mouche-Bécasse,  un  Empis; 

Mouches  bombardières,  les  Brachïnes; 

Mouches-Bourdons,  les  Volucelles; 

Mouche  bretonne,  l'Hippobosque  du  Che- 
val ; 

Moucues  du  Cerisier  et  du  Chardon  ,  les 
Téphrites  ; 

Mouche  a  Chien,  l'Hippobosque  des  Che- 
vaux; 

Mouche  cornue  ,  M.  Taureau  volant  ,  un 
Scarabée; 


MOU 


373 


Mouches  a  corselet  armé,  les  Stratyo- 
mides; 

Mouches  a  coton,  VIchneumon  glome- 
ratus  ; 

Mouche  dévorante,  un  Pompile  ou  un 
Sphex ; 

Mouches  éphémères,  les  Éphémères; 

Mouches  d'Espagne,  un  Méloé,  la  Can- 
tharide  et  l'Hippobosque  du  Cheval; 

Mouche  a  faux,  la  Raphidie  ; 

Mouches  a  feu,  les  Lampyres,  quelques 
Fulgores  et  Taupins; 

Mouche  de  feu  ,  M.  a  drague,  une  espèce 
de  Poliste; 

Mouche  de  Fourmilion  ,  le  Myrmeleo  for- 
micarius  ; 

Mouche  du  fromage  ,  un  Mosille; 

Mouches  des  galles,  des  Diplolèpes  et  des 
Cynips; 

Mouche  géant,  une  Échinomyie; 

Mouche  de  la  gorge  du  Cerf  ,  un  OEstré  ; 

Mouche  guêpe  ,  un  Conops  ; 

Mouches  ichneumones  ,  les  Ichneumons  ; 

Mouches  des  intestins  des  Chevaux,  les 
OEstres  ; 

Mouche  jaune,  le  Polistes  hebrœa; 

Mouche  du  Kermès  ,  les  Kermès  ; 

Mouche  ou  Demoiselle  du  Lion  des  Puce- 
rons, l'Hémérobe; 

Mouches-Loups  ,  les  Asiles  ; 

Mouches  luisantes  ,  les  Lampyres ,  quel- 
ques Fulgores  et  Taupins; 

Mouche  lumineuse  ,  VElater  noctilucus; 

Mouches  merdivores  ,  les  Scatophages  ; 

Mouche  a  miel,  l'Abeille; 

Mouches  de  l'Olivier,  un  Téphrite; 

Mouches  a  ordure  ,  les  Scatopses; 

Mouches  papilionacées  ,  les  Phryganes  e6 
les  Perles; 

Mouche  pétronelle,  un  Calobate; 

Mouche  piqueuse,  un  Stomoxe; 

Mouche  plante.  Voy.  Mouche  végétante; 

Mouche  pourceau,  l'Éristale  tenace; 

Mouche  de  rivière  ,  les  Éphémères; 

Mouche  de  Saint-Jean,  la  Canthaiide; 

Mouches  de  Saint-Marc,  les  Bibions; 

Mouche  sautante,  le  Psylle; 

Mouches  a  scie,  les  Tenthrédincs; 

Mouche-Scorpion,  le  Panorpe; 

Mouches  stercoraires,  les  Scatophages; 

Mouches  a  tarière,  les  Térébrans; 

Mouches  des  Teignes  aquatiques,  les  Phry 
[  ganes; 


374 


MOU 


Mouche  des  Truffes  ,  une  espèce  de  Sca- 
tophage  ou  d'Oscine; 

Mouches  des  tumeurs  des  bêtes  a  cornes, 
les  OEstres; 

Mouches  végétantes  ou  M.  plantes,  quel- 
ques Insectes  qui  portent  sur  leur  dos  une 
espèce  de  Champignon  ;  une  Lepture  et  une 
OEdémère  ont  déjà  présenté  ce  singulier 
phénomène  ; 

Moucues  des  Vers  du  nez  des  Moutons,  les 
OEstres; 

Moucues  vibrantes,  les  Ichneumons  ; 

Mouche  de  vinaigre,  un  Mosille. 

MOUCHEROLLE.  Muscipeta.  ois.  — 
Genre  d'Oiseaux  de  l'ordre  des  Passereaux 
Dentirostres,  famille  des  Muscicapidées,  sous- 
famille  des  Muscicapinés ,  formé  aux  dépens 
de  l'ancien  groupe  des  Gobe-Mouches,  et 
ayant  pour  caractères  :  Bec  long,  très  dé- 
primé, deux  fois  plus  large  que  haut,  même 
à  sa  base,  ayant  l'arête  très  obtuse  et  ce- 
pendant vive ,  les  bords  un  peu  en  courbe 
ovale,  et  la  pointe  de  l'échancrure  faible; 
mandibule  supérieure  recourbée  sur  la  man- 
dibule inférieure  ,  qui  est  pointue  à  son  ex- 
trémité et  garnie  à  sa  base  de  poils  d'une 
longueur  quelquefois  considérable  ,  et  re- 
couvrant plus  ou  moins  les  narines  ,  qui 
sont  placées  à  la  base  du  bec;  les  ailes  of- 
frent un  développement  médiocre,  elles  sont 
obtuses  ou  subobtuses ,  c'est-à-dire  que  c'est 
la  cinquième  ou  la  quatrième  penne,  qui 
est  la  plus  longue  de  toutes  ;  les  pieds  sont 
faibles,  médiocres  ou  courts;  les  doigts  sont 
au  nombre  de  quatre  ,  comme  chez  les  Gobe- 
Mouches;  les  latéraux  sont  inégaux,  l'ex- 
terne est  uni  à  celui  du  milieu  jusqu'à  la 
seconde  articulation,  et  l'interne  est  soudé 
qi  la  base  seulement. 

Le  genre  Moucherolle,  admis  par  G.  Cu- 
lier,  Temminck,  et  la  plupart  des  orni- 
thologistes, ne  forme  pour  Vieillot  et  quel- 
ques autres  zoologistes  qu'une  simple  section 
du  genre  Gobe-Mouche.  Du  reste,  ces  deux 
groupes  d'Oiseaux  ont  entre  eux  les  plus 
grands  rapports;  leurs  mœurs  et  leur  ha- 
bitudes sont  les  mêmes,  ils  ont  le  même 
port,  etc.  :  aussi  ne  nous  élendrons-nous 
pas  longuement  ici  relativement  aux  Mou- 
cherolles,  et  renverrons-nous  à  ce  qui  a  été 
dit  des  Gobe-Mouches. 

Nous  dironsseulementquecesOiseaux,  de 
très  petite  taille,  ont  leur  plumage  orné  des 


MOU 

plus  belles  et  des  plus  vives  couleurs;  que 
souvent  leur  queue  est  terminée  par  de  lon- 
gues plumes;  que  leur  tête  porte,  dans 
un  grand  nombre  de  cas,  de  belles  huppes 
brillantes; enfin,  que  leur  faiblesse  ne  leur 
permet  de  prendre  que  des  Insectes. 

Les  Moucherolles  ne  se  trouvent  pas  en 
Europe ,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour  un  assez 
grand  nombre  deGobe-Mouches  :  ces  Oiseaux 
sont  tous  étrangers;  on  en  rencontre  beau- 
coup en  Afrique,  en  Asie,  surtout  dans  les 
Indes ,  mais  les  voyageurs  en  ont  signalé 
également  plusieurs  espèces  comme  propres 
à  l'Amérique  et  à  l'Océanie. 

On  connaît  un  nombre  considérable  d'es- 
pèces de  ce  genre  ;  nous  ne  citerons  que  les 
principales ,  et  en  cela  nous  prendrons  pour 
guide  le  Règne  animal  de  G.  Cuvier. 

Le  Roi  des  Gobe-Moucues,  BuiTon  (pi. 
enl.,  289),  ou  Moucherolle  a  huppe  trans- 
verse, Todus  regius  La  th.  La  taille  de  cet 
Oiseau  ne  dépasse  pas  22  centimètres.  Une 
huppe  d'un  beau  rouge  bai  terminée  de  noir 
couronne  son  front;  les  parties  supérieures 
du  corps  sont  d'un  brun  foncé;  les  couver- 
tures alairessontégalementd'un  brun  fauve; 
les  pennes  des  ailes  rousses,  ainsi  que  l'ab- 
domen ;  la  poitrine  blanche,  maculée  de 
brun;  la  gorge  jaunâtre;  l'élégance  de  ces 
couleurs  est  encore  relevée  par  un  collier 
noir  et  des  sourcils  blanchâtres;  le  bec  est 
noir,  ainsi  que  les  pieds.  Voy.  l'atlas  de  ce 
Dictionnaire,  oiseaux,  pi.  2,  fig.  1. 

Cette  belle  espèce,  la  plus  grande  du 
genre,  habite  l'Amérique  méridionale. 

Le  Moucherolle  a  cou  jaune  ,  Muscicapa 
flavicollis  Lath.  Cette  espèce  n'a  que  16  à  17 
cent.;  ses  parties  supérieures  sont  vertes,  sauf 
les  rémiges  et  les  rectrices  qui  sont  noirâtres 
et  bordées  de  jaune,  et  les  deux  rectrices  in- 
termédiaires qui  sont  terminées  de  blanc; 
l'abdomen  est  également  vert,  mais  il  a 
quelques  taches  jaunes;  les  yeux  sont  de 
même  entourés  de  cette  dernière  couleur,  qui 
est  aussi  celle  du  sommet  de  la  tête  et  du  de- 
vant du  cou  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  rouges, 
la  queue  est  très  fourchue.  Se  trouve  en  Chine. 

Le  Moucherolle  des  déserts.  Muscicapa 
deserli  Lath.  Taille  de  14  centim.  ;  ayant 
en  dessus  un  plumage  d'un  jaune  obscur, 
sauf  les  pennes  des  ailes  et  leurs  couver- 
tures ,  qui  sont  noirâtres,  ainsi  que  les  pieds; 
le  bec  est  jaunâtre.  Habite  l'Afrique. 


MOU 


MOU 


le  Moucherolle  à  huppe  jaune,  Muscicapa 
lulea  Lath.  De  la  taille  de  l'esp.  précédente  ; 
son  plumage  est  en  général  d'une  couleur 
d'ocre  avec  des  teintes  noirâtres  sur  les  ailes 
et  la  queue  ;  le  bec  et  les  yeux  sont  de  cou- 
leur de  plomb;  les  pieds  cendrés;  les  on- 
gles noirs. 

Se  rencontre  communément  à  Otaïti. 

Parmi  les  autres  espèces ,  nous  citerons  le 
Moucherolle  de  paradis,  Muscicapa  paradisii 
et  Todus  paradisiacus  Gm.,  Buflon  (pi. 
col.),  234.  —  Le  petit  Moucherolle  de  pa- 
radis ,  Muscicapa  mutata  Cuv.  —  Le  Mou- 
cher. ouYetapa,  M.  psalura  Temm.  (col. 
286  à  296),  M.  risora  Vieil.— Le  Moucher. 
a  queue  de  coq,  M.  alector  Pr.  Max.,  Vieill. 

—  M.  melanoptera  Gm.   (pi.  col.  567-2). 

—  M.  telcscophthalma  Lesson  et  Garnot.  — 
T.  rnelanoccphalus  Spix.  —  Totatus  griseus 
Desm.  — Mantele  ,  Vaillant ,  M.  borbonica. 

—  il/,  crislata.  —  M.  cœrulea.  —  Todus 
leucocephalus  Pallas.  —  M.  coronata.  — 
M.  Myslax  Spix.  —  M  murantia.  —  M. 
cucullaius  Lath. ,  etc.  (E.  D.) 

MOUCHERONS,  ins.  —  Dénomination 
vulgaire  des  petits  Diptères,  et  particulière- 
ment des  espèces  du  g.  Cousin. 

MOUCHET.  ois.  —  Nom  vulgaire  du 
Pégot. 

MOUCHETS.  ois.  —  Pour  Émouchets. 
Voy.  ce  mot. 

MOUCLÏER.  ois.  —  Synonyme  vulgaire 
de  Morillon.  Voy.  canard. 

MOUETTE.  Larus.  ois.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Palmipèdes,  créé  par  Linné, 
adopté  par  tous  les  zoologistes,  et  compre- 
nant non  seulement  les  Mouettes  ordinai- 
res ,  qui  sont  d'assez  petite  taille ,  mais  en- 
core les  Oiseaux  dont  la  taille  égale  au 
moins  celle  du  Canard,  et  que  ,  depuis 
Buflon,  on  a  l'habitude  de  désigner  sous  le 
nom  de  Goélands.  Ces  deux  groupes  d'Oi- 
seaux ne  diffèrent  pas  entre  eux  ,  et  le  nom 
générique  de  Mouette  doit  leur  rester  appli- 
qué :  ils  portent,  en  outre,  les  dénomina- 
tions latines  de  Larus,  le  plus  habituelle- 
ment employé  ,  et  de  Gavia,  et  enfin  on  les 
a  surnommés  vulgairement  Mauves,  de 
l'allemand  Meuwen  (miauleurs) ;  mais  ce 
dernier  nom,  appartenant  également  à  une 
plante  très  commune,  doit  être  exclu  du 
■  animal. 

Les    Mouettes    présentent  les  caractères 


génériques  suivants  :  Bec  de  médiocre  lon- 
gueur, lisse,  tranchant,  comprimé  latéra- 
lement; la  mandibule  supérieure  recourbée 
vers  le  bout;  l'inférieure  renflée  en  formant 
un  angle  saillant  près  de  la  pointe;  les  na- 
rines latérales  placées  au  milieu  du  bec  et 
percées  à  jour,  étant  en  général  linéaires 
et  plus  larges  au-devant,  mais  toutefois, 
dans  quelques  espèces,  elles  sont  plus  ou 
moins  arrondies;  la  langue  aiguë  à  l'extré- 
mité et  un  peu  fendue;  le  tarse  est  long  et 
nu  au-dessus  du  genou;  les  trois  doigts  an- 
térieurs sont  entièrement  palmés  ,  et  les 
latéraux  sont  entièrement  bordés  d'une  pe- 
tite membrane;  le  doigt  de  derrière,  fort 
petit  et  élevé  de  terre,  est  privé  d'ongle  dans 
une  espèce;  les  ongles  sont  falculaires  ;  les 
ailes,  dont  les  deux  premières  pennes  sont 
les  plus  longues,  ont  beaucoup  d'ampleur, 
et  dépassent  la  queue. 

Chez  ces  Oiseaux  la  tête  est  grosse  ,  le  cou 
est  court,  le  plumage  est  serré  et  épais;  ce 
sont  de  bons  nageurs,  et  ils  volent  conti- 
nuellement, et  savent  braver  les  plus  fortes 
tempêtes.  Dans  le  repos  leur  port  est  igno- 
ble, ils  ont  l'air  triste  et  le  cou  renfoncé. 
Lâches,  voraces  et  criards,  ils  ont  reçu  le 
nom  vulgaire  de  Vautours  de  mer,  et  on  les 
voit  souvent  nettoyer  les  cadavres  de  toute 
espèce  qui  flottent  sur  la  mer.  Ils  sont  ré- 
pandus sur  tout  le  globe,  où  ils  couvrent 
les  plages,  les  ëcueils  et  les  rochers;  mais 
ils  fourmillent  surtout  sur  les  bords  de  la 
mer,  où  ils  recherchent  les  poissons  vivants 
et  putréfiés,  les  matières  animales  en  décom- 
position, les  Vers,  les  Mollusques,  etc. 
Quelques  espèces  fréquentent  les  eaux  dou- 
ces; d'autres,  au  contraire,  se  trouvent  à 
plus  de  cent  lieues  en  mer.  On  prétend  que 
parfois  ils  s'enfoncent  beaucoup  dans  les 
terres  lorsqu'ils  sont  attirés  par  l'odeur  d'a- 
nimaux morts.  Partout  ils  s'épient  mu- 
tuellement ,  et  lorsque  l'un  d'eux  saisit 
quelque  morceau,  les  autres  l'entourent  et 
l'étourdissent  de  leurs  cris  jusqu'à  ce  qu'il 
ait  lâché  sa  proie.  On  ajoute  même  que  , 
parfois,  pour  l'obtenir,  ils  se  battent  avec 
fureur ,  et  que  le  blessé  devient  une  victime 
qu'ils  immolent  à  leur  voracité;  mais  ce 
fait,  rapporté  par  d'Azara  ,  n'est  pas  encore 
confirmé  et  ne  semble  pas  probable,  parce 
que  les  Mouettes  sont  lâches  et  qu'elles  ne 
sont  pas   armées  pour  se  livrer  de  pareils 


376 


MOU 


MOU 


combats.  Ces  Oiseaux  ne  peuvent  subsister 
que  d'une  pâture  offerte  par  le  hasard ,  ou 
de  proies  qu'ils  réussissent  à  enlever;  ils 
sont  doués  de  la  faculté  de  supporter  la  faim 
pendant  longtemps ,  et  l'on  cite  certains 
Goélands  qui  ont  vécu  neuf  jours  sans 
prendre  aucune  nourriture. 

Cependant  le  besoin  d'aliments  et  la 
crainte  d'en  manquer  doivent  causer  à  ces 
animaux  des  agitations  perpétuelles,  et  c'est 
ce  qui  peut  expliquer  pourquoi  ils  fondent 
sur  leur  proie  avec  une  violence  telle  qu'ils 
avalent  l'amorce  et  l'hameçon,  et  s'enfer- 
rent sur  la  pointe  placée  par  un  pêcheur 
sous  le  poisson  qu'il  leur  présente  comme 
appât.  C'est  principalement  pendant  les  ou- 
ragans que  les  Mouettes  sont  livrées  aux 
horreurs  de  la  faim  :  on  les  Yoit,  durant  la 
tempête,  s'abattre  de  temps  en  temps  sur 
l'eau,  et  les  vagues  les  emportent  et  les  bal- 
lottent sans  les  submerger;  après  avoir  paru 
englouties,  on  les  revoit  bientôt  à  la  cime 
des  flots  ,  où  elles  semblent  se  reposer;  pui$ 
un  instant  après  elles  s'élancent  sans  peine 
dans  l'espace,  malgré  la  longueur  de  leurs 
ailes.  C'est  alors  que  le  mauvais  temps  tient 
la  mer  agitée  pendant  plusieurs  jours  qu'on 
voit  ces  Oiseaux  ,  tourmentés  par  la  faim  , 
exercer  leurs  brigandages  sur  les  côtes.  Alors 
ils  s'avancent  quelquefois  bien  avant  dans 
les  terres  ,  et  leur  apparition  loin  des  riva- 
ges ,  que  l'on  a  prise  pour  un  signe  de  tem- 
pête, n'en  est  que  la  conséquence,  car  ce 
n'est  que  lorsqu'ils  ne  peuvent  rien  trouver 
sur  les  parages  des  mers  bouleversées 
qu'ils  s'aventurent  dans  les  terres.  Notre 
collaborateur  M.  Gerbe  rapporte  (  Dict. 
pitt.  tfhist.  nat.)  qu'il  a  plusieurs  fois  ob- 
servé, dans  divers  endroits  du  midi  de  la 
France,  que,  lorsqu'il  neige,  des  bandes 
de  Mouettes  vont  se  porter  dans  les  campa- 
gnes, quoiqu'il  fasse  calme  plat  en  mer.  A 
quoi  attribuer  ces  excursions?  On  ne  le  sait 
d'une  manière  certaine;  mais  ne  peut-on 
pas  croire  que  c'est  dans  l'espoir  de  rencon- 
trer des  proies  vivantes  ,  telles  que  de  petits 
Mammifères  et  Oiseaux  affaiblis  par  la  di- 
sette de  nourriture,  que  les  bandes  de 
Mouettes  quittent  le  rivage  pendant  que  la 
neige  couvre  la  terre? 

La  chair  des  Mouettes  est  un  mauvais 
aliment;  elle  est  dure  et  coriace,  et  son 
mauvais  goût  et  son  odeur  désagréable  la  font  .. 


repousser.  Cependant,  d'après  Mauduyt,  il 
paraît  qu'on  apportait  en  carême  un  grand 
nombre  de  ces  Oiseaux  dans  les  marchés  de 
Paris  pour  les  austères  cénobites.  Les  habi- 
tants originaires  des  Antilles  se  nourrissent 
de  la  chair  de  ces  Palmipèdes;  on  rapporte 
qu'ils  les  jettent  tout  entiers  dans  le  feu 
sans  les  vider,  ni  leur  enlever  les  plumes, 
qui  forment  une  croûte  sur  la  peau  ,  et 
lorsqu'ils  veulent  les  manger,  abattent  cette 
croûte  et  ouvrent  le  corps  par  le  milieu.  Les 
Groënlandais  en  font  aussi  leur  ressource. 
Nos  marins  s'en  nourrissent  également,  et 
ils  leur  font  subir  une  préparation  particu- 
lière :  après  les  avoir  écorchés ,  ils  les  sus- 
pendent par  les  pattes,  et  les  laissent  ex- 
posés au  serein  pendant  une  ou  deux  nuits; 
par  ce  moyen  ils  leur  font  perdre  en  partie 
la  mauvaise  odeur  qu'ils  exhalent ,  la  graisse 
s'échappe  en  grande  partie  du  corps  de 
ces  animaux,  et  ilsdeviennent  alors  un  mets 
un  peu  plus  mangeable.  Les  Goélands  et  les 
Mouettes  rendent,  du  reste  ,  de  grands  ser- 
vices à  l'homme,  en  purgeant  les  rivages 
des  mers  de  tous  les  cadavres  petits  et  gros, 
de  toutes  les  matières  en  putréfaction,  etc., 
qui,  en  infectant  l'air,  pourraient  lui  être 
nuisibles. 

Les  navigateurs  ont  trouvé  des  Mouettes 
sur  tous  les  rivages;  mais  ces  Oiseaux  sont 
plus  nombreux  et  plus  grands  dans  les  pays 
du  Nord,  où  les  cadavres  des  gros  Poissons 
et  des  Baleines  leur  offrent  une  pâture  plus 
abondante,  et  c'est  sur  les  îles  désertes  des 
deux  zones  polaires,  où  ils  ne  sont  pas  in- 
quiétés, qu'ils  préfèrent  nicher.  Un  trou 
creusé  dans  le  sable ,  un  trou  de  rocher 
même ,  leur  suffit  pour  y  faire  leur  ponte  ; 
dans  les  contrées  plus  habitées,  les  petites 
espèces  recherchent  les  rivages  des  étangs  au- 
delà  de  la  mer,  qui  sont  couverts  d'her- 
bes. Le  nombre  de  leurs  œufs  n'est  pas  tou- 
jours le  même ,  l'on  en  trouve  tantôt  deux, 
tantôt  quatre,  et  plus  souvent  trois.  Ces 
œufs,  d'assez  petite  taille,  sont,  dit-on f 
bons  à  manger.  Les  jeunes  naissent  couverts 
d'un  duvet  qu'ils  portent  longtemps  ;  les 
plumes  ne  poussent  que  tard,  et  ce  n'est 
qu'après  plusieurs  mues  ,  dans  la  plupart 
des  espèces,  que  les  jeunes  prennent  le  plu- 
mage de  l'adulte. 

Arrivées  à  tout  leur  accroissement ,  les 
Mouettes  ont  un  plumage  épais,  qui  leur 


MOU 


MOU 


377 


permet  de  supporter  aisément  le  froid  ;  elles 
muent  deux  fois  par  an  ,  en  automne  et  au 
printemps.  Leur  vol,  quoique  lourd,  est 
aisé ,  et  leur  démarche  est  légère  et  pré- 
cipitée ;  ellSs  s'abattent  souvent  sur  les 
flots  pour  s'y  reposer,  et  nagent  rarement, 
ou  du  moins  en  nageant  elles  ne  parcourent 
pas  de  grandes  distances. 

A  l'âge  adulte ,  les  Goélands  et  les  Mouet- 
tes ont  leur  plumage  mélangé  de  blanc,  de 
cendré  bleuâtre,  de  gris  noirâtre  ,  de  gris, 
de  noir,  de  brun  ,  et  la  distribution  de  ces 
diverses  couleurs  varie  tellement,  suivant 
l'âge,  le  sexe  de  chaque  espèce,  et  suivant 
même  l'époque  de  l'année  où  l'on  étudie  ces 
Oiseaux,  que  l'on  a  été  amené  à  multiplier, 
d'une  manière  beaucoup  trop  considérable, 
le  nombre  des  espèces,  et  que  souvent  la 
même  espèce  porte  deux  ou  trois  noms  dans 
les  ouvrages  des  ornithologistes.  Les  signes 
auxquels  on  peut  reconnaître  les  individus 
dont  la  livrée  est  parfaite  sont  l'absence 
de  taches  ou  bandes  noires  sur  la  queue  , 
qui  est  alors  tout-à-fait  blanche  ;  ia  lon- 
gueur comparative  du  tarse  et  des  ailes  est 
aussi  un  moyen  employé  pour  distinguer  les 
individus  vieux  des  jeunes.  La  taille  des  fe- 
melles est  un  peu  moins  considérable  que 
celle  des  mâles  ;  elles  ont,  suivant  Lewin,  la 
queue  terminée  de  noir,  tandis  que  cet  or- 
gane est  terminé  de  blanc  dans  les  mâles  ; 
enfin,  les  femelles  présentent  un  rang  de 
plumes  de  couleur  foncée  sur  les  couvertures 
des  ailes,  et  quelquefois  leur  plumage  est 
tacheté  ou  varié. 

Il  existe  parmi  les  Goélands  et  les 
Mouettes  une  si  grande  confusion,  et  les 
auteurs  sont  si  peu  d'accord  entre  eux, 
qu'on  hésite  à  assigner  une  place  fixe  aux 
espèces ,  et  à  leur  appliquer  des  synonymes. 
Vieillot  (Hist.  nat.  des  Ois.  et  Dict.  d'Hist. 
nat.  de  Déterville)  propose,  dans  ce  genre, 
un  grand  nombre  d'espèces ,  et  il  a  été  suivi 
en  cela  par  M.  Drapiez  (Dict.  closs.  d'Hist. 
nat.);  G.  Cuvier  (  llègne  animal)  réduit  au 
contraire  ces  espèces  à  un  très  petit  nom- 
bre. Enfin,  M.  Temminck  [Manuel  d' Orni- 
thologie) n'admet  qu'un  certain  nombre  d'es- 
pèces; il  rétablit  la  synonymie  et  semble 
avoir  étudié  chaque  espèce  ,  soit  p;;r  des  ob- 
servations directes,  soit  par  colles  de  ses 
correspondants:  aussi  est-ce  le  meilleur 
travail  que  nous  ayons  encore  sur  le  groupe 
t.  vin. 


des  Mouettes,  et  c'est  celui  que  nous  sui- 
vrons dans  la  description  et  l'indication  des 
principales  espèces  de  ce  grand  genre. 

Quoique  n'attachant  pas  beaucoup  d'im- 
portance aux  sections  qui  ont  été  établies 
dans  le  genre  Mouette,  nous  les  conserve- 
rons cependant,  et  nous  grouperons  sous 
le  nom  de  Goélands  les  plus  grandes  espè- 
ces, tandis  que  les  plus  petites  resteront  in- 
diquées sous  celui  de  Mouettes. 

I.  GOELANDS. 

1°  Goéland  bourgmestre  ou  Goéland  a 
manteau  gris,  Larus  glaucus  Brunn.  (Omit, 
bov.,  n.  148),  Larus  ichlhycetus  Pallas, 
Lath.  (Index),  Larus  leuceretes  Schleep. 
C'est  le  plus  grand  oiseau  de  ce  groupe,  et 
il  peut  atteindre  jusqu'à  70  centim.  Adulte, 
son  bec  est  d'un  beau  jaune  et  l'angle  de  la 
mandibule  inférieure  d'un  rouge  vif;  un 
cercle  nu,  de  la  même  couleur,  entoure  les 
yeux,  dont  l'iris  est  fauve;  la  tête,  le  cou, 
le  dessous  du  corps,  la  queue  et  plus  de  cinq 
centim.  de  l'extrémité  des  rémiges,  sont  d'un 
blanc  pur ,  et  cette  couleur  termine  toutes 
les  autres  pennes  des  ailes;  le  manteau  est 
d'un  cendré  bleuâtre  et  moins  foncé  que  chez 
le  Goéland  à  manteau  bleu  ;  les  pieds  sont  li- 
vides et  les  tarses  ont  25  à 30  centim.  de  lon- 
gueur. Les  jeunes  diffèrent  un  peu  des 
adultes. 

Cet  Oiseau,  qui  habite  les  contrées  les  plus 
septentrionales, etqu'on  trouve  plus  fréquem- 
ment vers  l'Orient,  sur  les  grandes  mers  et 
sur  les  golfes,  est  plus  rare  sur  les  côtes  de 
l'Océan,  où  les  jeunes  se  montrent  dans  l'au- 
tomne. Il  se  nourrit  de  débris  de  Cétacés, 
de  Pingouins,  de  Poissons,  etc.  ;  il  fait  enten- 
dre un  cri  rauque  assez  semblable  à  celui  du 
Corbeau.  On  ne  sait  s'il  niche  sur  le  sable  ou 
dans  le  creux  des  rochers  ;  les  œufs  sont  ver- 
dâtres,  d'une  forme  ovale  allongée,  et  mar- 
qués de  plusieurs  taches  noires. 

2°  Goéland  a  manteau  noir,  Larus  mari- 
nus  Linn.,  Lalh. ,  Temm.  Les  adultes  at- 
teignent à  peu  près  la  même  taille  que  le 
précédent;  dans  leur  plumage  d'hiver,  le 
sommet  de  la  tête,  la  région  des  yeux,  l'oc- 
ciput et  la  nuque  sont  blancs  avec  une  raie 
longitudinale  d'un  blanc  clair  au  centre  de 
toutes  les  plumes;  le  front,  la  gorge,  le  cou, 
le  dessous  du  corps  et  la  queue  sont  d'un 
blanc  parfait;  le  bout  du  dos,  les  scanulaircs 

48 


378 


MOU 


MOU 


et  toute  l'aile  présentent  du  noir  foncé,  pa- 
raissant nuancé  de  bleuâtre  ;  les  rémiges,  vers 
Je  bout,  sont  d'un  noir  profond  et  terminées 
par  un  grand  espace  blanc,  couleur  qui  se  re- 
marque aussi  à  l'extérieur  des  scapulaires  et 
des  pennes  secondaires  ;  le  bec  est  d'un  jaune 
blanchâtre;  l'angle  de  la  mandibule  infé- 
rieure et  le  tour  des  yeux  sont  rouges;  l'iris 
est  d'un  jaune  brillant,  marbré  de  brun  ; 
les  pieds  sont  d'un  blanc  mat,  et  les  tarses  de 
la  même  longueur  qu'à  l'espèce  précédente. 
Les  jeunes  de  l'année  ont  la  tête  et  le  devant 
du  cou  d'un  blanc  grisâtre;  les  plumes  des 
parties  supérieures  sont  d'un  brun  noirâtre 
dans  le  milieu,  et  les  bords  d'un  blanc  rous- 
sâtre,  tandis  que  le  dessous  du  corps  est 
d'un  gris  sale,  rayé  de  taches  brunes.  De- 
puis la  première  année  jusqu'à  l'âge  de  deux 
ans,  les  parties  brunes  passent  au  blanc  et 
la  tête  devient  d'un  blanc  pur  ;  à  deux  ans, 
dans  la  mue  d'automne,  le  manteau  est  d'un 
noirâtre  varié  de  taches  irrégulières,  brunes 
et  grises,  et  le  blanc  n'offre  plus  que  quel- 
ques mouchetures  clair-semées  ;  enfin,  ce 
n'est  qu'à  la  troisième  mue  que  cet  Oiseau 
prend  son  plumage  parfait.  Ces  variations 
de  coloration  ont  fait  prendre  le  même 
Oiseau  pour  des  espèces  distinctes;  aussi 
rapporte-t-on  au  Larus  marinus ,  les  Larus 
nœvius  Gm.,  Larus  marinus  junior,  etc. 

Ce  Goéland  est  rare  dans  la  Méditerranée, 
et  on  ne  le  trouve  qu'accidentellement  dans 
l'intérieur  des  terres  et  sur  les  eaux  douces; 
il  quitte  rarement  les  rivages  de  la  mer.  Il 
est  très  abondant  vers  le  Nord,  auprès  des 
îles  Orcades  et  Hébrides,  et  il  se  montre 
dans  son  double  passage  sur  les  côtes  de 
France,  de  Hollande  et  d'Angleterre.  Cet 
Oiseau  se  nourrit  de  Poissons  morts  ou  vi- 
vants, de  frai,  et  rarement  de  Mollusques; 
il  fait  sur  les  rochers,  dans  les  régions  du 
cercle  polaire,  un  nid  dans  lequel  la  femelle 
pond  trois  ou  quatre  œufs  qui  sont  d'un 
vert  olivâtre  très  foncé,  avec  quelques  taches 
plus  ou  moins  grandes,  brun-noirâtres. 

3°  Le  Goéland  a  manteau  bleu,  Larus 
argentatus  Brenn.,  Larus  glaucus  G  m.  Cet 
Oiseau,  à  l'âge  adulte,  atteint  environ  77 
centim.,  et  les  femelles  sont  un  peu  plus  pe- 
tites que  les  mâles  ;  le  sommet  de  la  tête,  la 
région  des  yeux ,  l'occiput ,  la  nuque  et  les 
côtés  du  cou  sont  blancs  avec  une  raie  lon- 
gitudinale d'un  brun  clair  au  milieu;  le 


front,  la  gorge,  le  dessous  du  corps,  le  crou- 
pion et  la  queue  sont  très  blancs;  le  bout 
du  dos,  les  scapulaires  et  les  ailes  sont  d'un 
cendré  bleuâtre;  les  rémiges  sont  noires 
vers  le  bout  qui  dépasse  de  très  peu  celui  de 
la  queue,  et  terminées  par  un  grand  espace 
blanc;  le  bec  est  d'un  jaune  d'ocre;  l'angle 
de  la  mandibule  inférieure  est  rouge  ;  le  tour 
des  yeux  et  l'iris  sont  jaunes  ;  les  pieds  de 
couleur  de  chair  livide,  et  les  tarses  longs  de 
6  centim.  environ.  Chez  les  jeunes  de  la 
première  année,  le  dessus  du  corps  est  d'un 
gris  foncé  avec  des  taches  d'un  brun  clair; 
le  manteau,  d'un  bleu  cendré,  ne  se  dessine 
qu'à  la  deuxième  mue,  et  le  pelage  n'atteint 
sa  perfection  qu'après  la  troisième.  Le  Goé- 
land à  manteau  gris  cendré  et  le  Goéland  à 
manteau  gris  et  blanc  de  Buffon  ,  ne  sont 
que  des  âges  différents  de  cette  espèce. 

On  trouve  cette  espèce  pendant  toute 
l'année  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée, 
ainsi  que  sur  celles  de  l'Océan.  Les  mœurs 
sont  les  mêmes  que  celles  des  espèces  pré- 
cédentes. 

4°  Le  Goéland  a  pieds  jaunes  ,  Larus 
fuscus  Gm. ,  La  th. ,  Larus  flavipes  Meyer. 
Un  peu  plus  petit  que  les  autres  Goélands; 
il  n'a  guère  plus  de  50  centim.  de  lon- 
gueur ;  le  sommet ,  les  côtes ,  le  derrière  de 
la  tête  et  le  cou  sont  blancs,  avec  une  raie 
longitudinale  d'un  brun  clair  au  centre  de 
chaque  plume;  le  front,  la  gorge,  le  des- 
sous du  corps,  le  bas  du  dos  et  la  queue 
sont  d'un  blanc  parfait.  Le  manteau  est 
d'un  noir  d'ardoise;  les  rémiges  sont  pres- 
que entièrement  noires;  le  bec  et  les  pieds 
sont  jaunes.  Tel  est  le  plumage  d'hiver  des 
adultes,  tandis  qu'en  été  ils  ont  la  tête  et 
le  cou  tout-à-fait  blancs. 

Cet  Oiseau,  qui,  en  hiver,  habite  les  bords 
de  la  mer,  et  n'est  que  de  passage  sur  les 
fleuves  des  parties  orientales  de  l'Europe  , 
se  trouve  en  été  sur  les  parties  septen- 
trionales; il  est  même  commun  en  Angle- 
terre et  sur  la  Baltique.  Il  est  de  passage  en 
automne  sur  les  côtes  de  Hollande  et  de 
France.  On  le  trouve  aussi  dans  l'Amérique 
méridionale.  Il  fait  son  nid  sur  les  dunes , 
les  rochers  ou  dans  le  sable.  Sa  ponte  con- 
siste en  deux  œufs  d'un  gris  brun ,  tachetés 
de  noir. 

Telles  sont  les  seules  espèces  de  Goélands 
qui  se  trouvent  en  Europe,  d'après  M.  Tera- 


MOU 


MOU 


379 


minck.  Quelques  autres  espèces  ont  été  in- 
diquées par  divers  naturalistes,  mais  leur 
authenticité  n'est  pas  bien  reconnue. 

Il  faut  ajouter  à  ce  groupe  quelques  es- 
pèces provenant  de  l'Océanie  ,  et  parmi  les- 
quelles nous  citerons: 

5°  Le  Goéland  a  front  gris,  Larus  fron- 
taîis  Vieillot.  Taille  de  66  centimètres  ; 
dos,  manteau,  tectrices  alaires  et  caudales 
brunes  avec  les  bords  de  chaque  plume  rous- 
sâtres;  front  d'un  gris  cendré  ;  tête  ,  cou, 
gorge  et  parties  inférieures  brunes,  avec  la 
base  des  plumes  blanche;  menton  blanchâ- 
tre, tacheté  de  brun;  rémiges  et  tectrices 
noires  ;  bec  très  épais ,  noirâtre ,  d'un  jaune 
orange  à  la  base;  pieds  jaunâtres. 

De  la  terre  de  Van-Diemen. 

6°  Larus  leucomelas  Vieill.,  Temm.  Le 
manteau  et  les  ailes  noirs  ;  le  reste  du  plu- 
mage blanc,  avec  une  large  bande  noire  à 
l'extrémité  de  la  queue;  le  bec  et  les  pieds 
jaunes. 

De  l'île  Moria ,  près  de  la  terre  de  Van- 
Diemen. 

7°  Larus  pacificus  Lath.  Ressemble  beau- 
conp  au  Goéland  à  manteau  noir  ;  couleur 
générale  d'un  brun  foncé ,  qui  devient  blan- 
châtre aux  parties  supérieures  du  corps. 
Habite  la  Nouvelle-Galle  méridionale,  etc. 

II.  MOUETTES. 

8°  Mouette  blanche  ou  Ssnateur  ,  Larus 
éburncus  Gm.,  Temm.  Les  individus  adul- 
tes, longs  de  50  à  52  centimètres,  sont,  dans 
leur  plumage  parfait  d'été,  entièrement 
blancs  ;  leur  bec,  gros  et  fort,  est  d'un  cendré 
bleuâtre  à  sa  base,  d'un  jaune  d'ocre  sur  le 
reste  ;  l'iris  est  brun  et  les  pieds  sont  noirs. 
Cet  Oiseau,  que  Buflon  a  décrit  et  figuré 
sous  le  nom  de  Goéland  blanc  du  Spilzberg, 
est  regardé  par  G.  Cuvier  comme  une  simple 
variété  de  la  Mouelte  à  pieds  bleus. 

Cette  Mouette  se  trouve  très  communé- 
ment au  Groenland  ,  dans  la  baie  de  Baffin. 
C'est  principalement  dans  la  mer  glaciale 
qu'habite  cet  Oiseau ,  aussi  ne  le  voit-on 
qu'accidentellement  sur  les  côtes  de  Hol- 
lande. 

9°  La  Mouette  a  pieds  bleus.  Larus 
canus  Linn.,  Temm.  Taille  de  45  centi- 
mètres]: adultes ,  en  plumage  d'hiver ,  ayant 
la  tête  et  le  cou  blancs,  avec  de  nombreu- 
ses taches  d'un  brun  noirâtre;  la  gorge,  le 


dessous  du  croupion  ,  le  corps  et  la  queue 
sont  très  blancs;  le  dos,  les  scapulaires  et 
les  pennes  secondaires  des  ailes  d'un  cendré 
bleuâtre;  les  rémiges  noires,  avec  un  es- 
pace blanc  sur  les  deux  extérieures  ;  le  bec 
d'un  bleu  Yerdâtre  à  la  base  ,  et  d'un  jaune 
d'ocre  à  la  cravate;  les  pieds  d'un  cendré 
bleuâtre,  maculé  de  jaunâtre.  Les  Larus 
cyanorhynchus  Meyer,  hybernus  Gm.,et 
procellosus  Bechs. ,  ne  sont  que  des  jeunes 
âges  de  cette  espèce. 

Cette  Mouette  ,  qui  habite  les  bords  de  la 
mer  ,  se  répand  en  troupes  dans  les  terres 
à  l'approche  desouragans.  Elle  est  commune 
en  été  dans  les  régions  du  cercle  arctique, 
et  en  hiver  sur  les  côtes  de  France  et  de 
Hollande.  Ellese  nourritdePoissons  vivants, 
de  Vers  ,  d'Insectes,  de  Mollusques;  elle 
fait  son  nid  dans  les  herbes,  près  de  l'em- 
bouchure des  fleuves  et  des  bords  de  la 
mer ,  et  la  femelle  y  pond  trois  œufs  d'une 
couleur  ocracée  blanchâtre  ,  marquée  irré- 
gulièrement de  taches  cendrées  et  noires. 

10°  La  Mouette  tridactyle,  Larus  tridac- 
tylus  Linn.,  Larus  rissa  Brunn.  D'une 
longueur  de  41  centimètres;  elle  a  la  tête 
et  le  cou  d'un  cendré  bleuâtre  uniforme  , 
avec  des  raies  noires  très  fines  en  avant  des 
yeux  ;  le  front,  le  dessous  du  corps,  le  crou- 
pion et  la  queue  sont  très  blancs  ;  les  rémiges 
en  partie  noires  et  en  partie  blanches  ;  le 
bec  d'un  jaune  verdâtre,  le  tour  des  yeux 
d'un  beau  rouge  ;  l'iris  et  \es  pieds  bruns. 
Un  des  meilleurs  caractères  de  cette  espèce 
consiste  dans  l'absence  d'ongle  au  pouce. 

Ce  n'est  que  rarement  qu'on  rencontre 
cet  oiseau  sur  les  bords  de  l'Océan  ;  mais 
on  le  trouve  souvent  auprès  des  lacs  salés, 
dans  les  mers  intérieures,  les  golfes,  etc.; 
en  automne,  il  se  répand  sur  les  lacs  et  les 
fleuves,  et  en  été  dans  les  régions  du  cercle 
polaire.  Il  se  nourrit  de  Poissons  frais  et 
d'Insectes  ;  se  niche  sur  les  rochers,  et  pond 
trois  œufs  d'un  blanc  olivâtre,  avec  de  pe- 
tites taches  cendrées. 

11°  La  Mouette  a  capuchon  noir,  Larus 
mclanocephalus  Natterer,Temm.  De  41  cen- 
timètres de  longueur;  manteau  d'un  cendré 
clair,  avec  les  pennes  terminées  par  un  grand 
espace  blanc;  la  tête,  le  cou,  les  parties  in- 
férieures, la  queue  et  la  dernière  moitié 
des  rémiges  d'un  beau  blanc;  le  dos,  les 
scapulaires,  les  pennes  secondaires  des  ailes 


380 


MOU 


MOU 


et  lu  base  des  rémiges  d'un  cendré  bleuâtre  ; 
le  bec  d'un  rouge  vermillon  ;  les  pieds 
orangés;  l'iris  et  le  tour  des  yeux  bruns. 
Le  pelage  des  jeunes  varie  et  présente  des 
taches  brunes  et  blanches. 

On  trouve  sur  les  côtes  de  la  mer  Adria- 
tique cet  oiseau,  qui  est  très  commun  dans 
les  marais  de  la  Dalmatie,  et  qui  ne  paraît 
àTrieste  que  dans  les  gros  temps. 

12°  La  Mouette  a  capuchon  plombé,  Larus 
a£n'ciMaLinn., Lath., Temm.;  Mouette  rieuse 
Brisson.  Cet  oiseau  ,  d'une  longueur  de  3S  à 
39  centimètres,  a  son  manteau  d'un  cen- 
dré bleuâtre;  les  rémiges  noires  dépassent  la 
queue  de  5  à  6  centim.;  le  bec  et  les  pieds 
sont  d'un  rouge  de  laque  foncé.  Dans  son 
plumage  de  noce ,  cette  Mouette  a  la  tête 
couverte  d'un  capuchon,  qui  s'étend  plus 
sur  le  devant  du  cou  que  sur  la  nuque  ;  son 
corps  est  varié  de  blanc. 

Se  trouve  dans  le  détroit  de  Gibraltar, 
sur  les  côtes  de  la  Sicile,  et  sur  celles  de 
l'Amérique  septentrionale.  La  femelle  se 
fait  un  nid  dans  les  marais,  ?t  y  dépose 
trois  œufs  de  couleur  de  terre  glaise,  avec 
de  petites  taches  irrégulières  d'un  pourpre 
et  d'un  brun  clairs. 

1 3°  La  Mouette  rieuse  ou  Mouette  a  ca- 
puchon brun,  Larus  ridibundus  Leisler  (atlas 
de  ce  Dictionnaire,  oiseaux  ,  pi.  19).  Les 
individus  adultes  de  cette  espèce  ont  une 
longueur  de  38  à  39  centim.;  la  tête,  le 
cou  et  la  queue  sont  blancs,  à  l'exception 
d'une  tache  noire  en  avant  des  yeux  et  d'une 
grande  tache  noirâtre  sur  les  oreilles  ;  les 
parties  inférieures  sont  blanches;  le  dos 
et  les  couvertures  des  ailes  d'un  cendré 
bleuâtre  ;  le  bec  et  les  pieds  d'un  rouge  ver- 
millon. On  doit  réunir,  d'après  M.  Tem- 
minck,  à  la  Mouette  rieuse,  les  espèces  sui- 
vantes :  Larus  cinereus  Gm. ,  L.  procellosus 
Bechst. ,  I.  crythropus  Gm.,  L.  canescens 
Bechst.,  L.  ridibundus  Gm.,  etc.,  etc. 

Ces  oiseaux  habitent  les  rivières  et  les 
lacs  salés  et  d'eau  douce;  ce  n'est  qu'en 
hiver  qu'on  les  trouve  aux  bords  de  la  mer  : 
ils  ne  sont  que  de  passage  en  Allemagne  et 
en  France,  tandis  qu'on  en  trouve  en  abon- 
dance en  Hollande,  dans  toutes  les  saisons. 
Ils  se  nourrissent  d'Insectes,  de  petits  Pois- 
sons ,  de  Vers,  etc.  Ils  nichent  auprès  de  la 
mer,  dans  l'embouchure  des  rivières  :  leur 
ponte  consiste  en  trois  œufs  ,  dont  le  fond  , 


olivâtre ,  est  ordinairement  parsemé  de 
grandes  taches  brunes  et  noirâtres,  variant 
beaucoup. 

44°  La  Mouette  a  masque  brun,  Larus 
capistratus  Temm.  Plus  petite  que  la 
Mouette  rieuse,  avec  laquelle  elle  a  beau- 
coup de  rapport  :  son  masque,  d'un  brun 
clair,  ne  descend  pas  sur  la  nuque,  et  ne 
recouvre  pas  la  partie  supérieure  du  devant 
du  cou  ;  la  partie  intérieure  des  ailes  n'est 
jamais  d'un  cendré  noirâtre,  mais  toujours 
cendré  clair  ;  le  bec  et  les  tarses  sont  d'un 
brun  rougeâtre. 

On  trouve  communément  cette  Mouette 
aux  îles  Orcades  en  Ecosse  :  elle  se  rencon- 
tre aussi  dans  la  baie  de  Baffin.  Les  œufs 
sont  d'un  cendré  verdàtre  avec  des  taches 
plus  foncées. 

15°  La  Mouette  pygmée,  Larus  minutus 
Pallas,  Gm.,  Lath.,  Temm.  C'est  la  plus 
petite  espèce  du  genre,  et  elle  n'atteint  pas 
plus  de  23  à  26  centimèt.  de  longueur.  Le 
dessus  du  corps  est  d'un  cendré  bleuâtre  , 
et  toutes  les  pennes  alaires  sont  terminées 
par  un  grand  espace  blanc;  le  front,  la  ré- 
gion des  yeux  et  la  queue,  ainsi  que  toutes 
les  parties  inférieures,  sont  blancs  chez  les 
femelles  comme  chez  les  mâles  ;  dans  le 
plumage  d'été  la  tête  et  le  dessus  du  cou 
sont  enveloppés  par  un  capuchon  noir. 

Cette  espèce  habite  les  lacs,  les  fleuves  et 
les  mers  des  contrées  orientales  de  l'Eu- 
rope; elle  n'est  qu'accidentellement  de  pas- 
sage en  Hollande  et  en  Allemagne,  tandis 
qu'elle  est  très  abondante  en  Russie,  et 
qu'on  la  trouve  partout  en  Suisse.  Sa  nour- 
riture consiste  en  Insectes  et  en  Vers. 

Nous  venons  de  décrire  les  espèces  de 
Mouettes  les  mieux  connues,  et  en  même 
temps  celles  qui  sont  admises  par  tous  les 
naturalistes;  nous  allons,  en  terminant  cet 
article,  citer  quelques  unes  des  espèces  indi- 
quées comme  distinctes,  mais  qu'il  faudrait 
encore  étudier  avec  soin  avant  de  les  placer 
définitivement  dans  la  série  omithologique. 

16°  La  Mouette  pulo-condor  ,  Larus pulo- 
condor  Lath.,  Sparm.  — De  Chine. 

17°  La  Mouette  a  tète  cendrée,  Larus 
cynocephalus  Vieillot.  —  Du  Brésil. 

18°  Larus  poliocephalus  Temm.  — Du 
Brésil. 

19°  Larus  Sabini  Leach.  —  De  la  baie  de 
BafGn. 


MOU 


MOU 


381 


20°  Larus  Audouinii  Drapiez  —  De  Sar- 
daigne,  etc.,  etc.  (E.  Desmarest.) 

MOUFETTE.  Mephitis.  mam.  —  Le  nom 
de  Moufette  a  été  appliqué  par  Buffon , 
comme  dénomination  générique,  à  des  ani- 
maux Carnassiers  digitigrades  assez  voisins 
des  Martes ,  et  cette  division  a  été  adoptée 
par  tous  les  zoologistes.  Le  système  dentaire 
des  Moufettes  se  rapproche  assez  de  celui 
des  Martes ,  mais  toutefois  il  est  caractéris- 
tique, et  c'est  pour  cela  que  nous  nous  éten- 
drons longuernentsurcesujet.  A  la  mâchoire 
supérieure  il  y  a  quatorze  dents  :  six  inci- 
sives, deux  canines  et  six  molaires,  qui  se 
composent  de  deux  fausses  molaires  ,  deux 
carnassières  et  deux  tuberculeuses;  les  inci- 
sives et  les  canines  sont  exactement  celles 
des  Martes;  des  deux  fausses  molaires,  une 
est  très  petite,  rudimentaire,  et  l'autre  est 
normale,  à  deux  racines  et  une  pointe;  la 
carnassière  se  fait  remarquer  par  le  grand 
développement  du  tubercule  interne,  qui  lui 
donne  une  grande  épaisseur  et  une  forme 
triangulaire,  et  la  tuberculeuse  par  ses  di- 
mensions, qui  sont  à  peu  près  les  mêmes  du 
bord  antérieur  au  bord  postérieur  que  du 
côté  interne  au  côté  externe.  Chez  les  Mar- 
tes, au  contraire,  cette  dent  n'a  quelque 
étendue  que  dans  ce  dernier  sens ,  et  ces 
tubercules ,  peu  saillants  et  arrondis,  ne  se 
marquent  pas  nettement  ;  dans  les  Moufettes 
ces  tubercules  sont  devenus  très  forts  et  an- 
guleux, ce  qui  en  fait  vraiment  une  dent 
triturante  :  il  y  a  quatre  tubercules  princi- 
paux séparés  par  des  creux  assez  profonds  ; 
mais  l'extrême  irrégularité  de  leur  figure  ne 
permet  pas  de  les  décrire.  A  la  mâchoire  in- 
férieure on  compte  dix-huit  dents,  savoir  :  six 
incisives  ,  deux  canines  et  dix  molaires,  se 
divisant  en  six  fausses  molaires,  deux  car- 
nassières et  deux  tuberculeuses;  les  incisi- 
ves et  les  canines  sont  semblables  à  celles 
des  Martes  ;  les  fausses  molaires  ne  diffèrent 
pas  de  celles  du  Grison  :  la  première  est  beau- 
coup plus  petite  que  les  deux  autres,  qui  ont 
les  formes  et  les  proportions  des  fausses  mo- 
laires normales  ;  la  carnassière  est  divisée  en 
deux  parties  à  peu  près  égales  par  une  ca- 
vité assez  forte;  l'antérieure  est  formée  de 
trois  tubercules  pointus  disposés  en  triangle, 
et  la  postérieure  d'un  talon  terminé  par 
deux  tubercules  aigus  et  assez  minces,  qu'un 
sillon  profond  sépare;  enfin  la  tuberculeuse 


est  la  même  que  celle  des  Martes.  Le  sys- 
tème dentaire  des  Moufettes  nous  montre 
que  ces  animaux  sont  moins  carnassiers  que 
les  Martes  à  cause  de  l'épaississement  de 
leurs  dents  tranchantes,  et  sont  plus  frugi- 
vores à  Cause  de  l'élargissement  de  leurs 
molaires.  Tels  sont ,  d'après  Fr.  Cuvier 
(Dents  des  Mammifères,  1825),  les  ca- 
ractères odontalgiques  des  Moufettes.  Étu- 
dions maintenant  les  caractères  que  nous 
fournissent  les  autres  parties  de  l'organi- 
sation de  ces  animaux.  La  tête  est  courte; 
le  nez  peu  saillant;  le  museau  est  terminé 
par  un  mufle  qui  s'étend  inférieurement 
jusqu'à  la  partie  externe  des  narines  ;  les 
yeux  sont  simples  ;  les  oreilles  ont  une  con- 
que arrondie  et  assez  petite  ;  la  langue 
est  lisse  et  douce.  Les  membres  sont  pen- 
tadactyles  ,  comme  chez  les  Martes ,  et  les 
doigts  sont  terminés  par  des  ongles  ar- 
qués, robustes,  et  propres  à  fouir  ,  comme 
chez  les  Zorilles  :  les  Moufettes  ne  sont  pas 
de  véritables  digitigrades,  leurs  talons  de 
derrière  sont  fort  peu  relevés  dans  la  marche, 
et  elles  sont  demi-plantigrades.  La  queue  , 
médiocre  ou  très  courte,  est  couverte  de  très 
longs  poils,  et  se  relève  en  panache  sur  le 
dos.  Le  pelage  est  très  fourni  et  fort  long,  et 
il  se  compose  de  poils  soyeux  et  de  poils  lai- 
neux; de  longues  moustaches  garnissent  le 
museau.  La  robe  des  Moufettes  présente  du 
blanc  et  du  brun-noir ,  et  ces  couleurs  sont 
diversement  distribuées  selon  les  espèces  et 
les  variétés  spécifiques. 

Quanta  l'organisation  intérieure  des  Mou- 
fettes, on  n'a  encore  que  des  notions  incom- 
plètes ,  excepté  sur  leur  ostéologie  ,  qui  est 
bien  connue.  Leur  squelette  a  été  d'abord 
étudié  en  partie  par  G.  Cuvier  (  Oss.  foss. , 
t.  IV),  puis  par  Lichtenstein  ,  et  enfin,  dans 
ces  derniers  temps,  d'une  manière  complète 
par  M.  de  Blainville  (  Ostéogr.  fascicule  des 
Mustela).  Ce  squelette,  pour  son  ensemble, 
se  rapproche  beaucoup  de  celui  de  la  Fouine. 
Les  vertèbres  sont  au  nombre  de  cinquante- 
cinq  ,  sur  lesquelles  on  compte  quinze  dor- 
sales, cinq  lombaires  et  vingt-ct-une  cau- 
dales ;  la  tête  osseuse  a  la  forme  de  celle 
de  tout  le  groupe  des  Mustela;  la  face  seu- 
lement est  un  peu  plus  longue  ,  et  les  apo- 
physes post-orbitaircs  du  frontal  et  du  jugal 
sont  presque  effacées;  les  côtes  sont  com- 
parativement plus  fortes  que  celles  de  la 


382 


MOU 


MOU 


Fouine,  et  Ton  en  compte  une  paire  de  plus 
que  chez  le  Putois.  Pour  les  différences  que 
Ton  peut  remarquer  entre  les  os  des  mem- 
bres des  Houlettes  et  des  Fouines  [voy.  l'ar- 
ticle marte),  elles  ne  peuvent  être  exprimées 
d'une  manière  convenable  que  par  l'icono- 
graphie, et  nous  renvoyons  aux  planches  de 
M.  Werner,  qui  accompagnent  le  bel  ou- 
vrage de  M.  de  Blainville.  Chez  ces  animaux 
il  n'y  a  pas  de  cœcum.  On  ne  connaît  pas  la 
structure  des  organes  de  la  génération,  mais 
on  s'est  assuré  qu'il  n'y  a  pas  de  poche 
anale.  Deux  glandes  anales  assez  volumi- 
neuses sécrètent  une  liqueur  excessivement 
fétide  dont  nous  parlerons  bientôt. 

On  n'a  encore  que  peu  de  détails  sur  les 
mœurs  des  Moufettes.  On  sait  toutefois  que 
ce  sont  des  animaux  nocturnes  qui  vivent 
dans  des  terriers,  et  se  nourrissent  de  petits 
Mammifères, d'Oiseaux,  d'oeufs,  de  miel,  etc.; 
qu'elles  pénètrent  quelquefois  dans  les  ha- 
bitations des  hommes,  et  causent  de  grands 
dégâts  dans  les  basses -cours  ,  etc.  Le  nom 
de  Moufettes ,  du  latin  Mcphitis ,  odeur 
puante,  et  ceux  de  bêtes  puantes,  enfants  du 
diable,  etc.,  leur  ont  été  appliqués  à  cause  de 
l'odeur  infecte  qu'ils  répandent,  surtout  lors- 
qu'ils sont  irrités  et  qu'ils  veulent  éloigner 
leurs  ennemis.  Cette  odeur  est  si  forte  qu'elle 
suffoque  ;  s'il  tombait ,  dit  on  ,  une  goutte 
de  cette  liqueur  empestée  dans  les  yeux,  on 
courrait  risque  de  perdre  la  vue.  Lorsqu'il 
s'en  répand  sur  les  habits ,  elle  leur  im- 
prime une  odeur  qu'il  est  très  difficile  de 
faire  passer.  Plusieurs  voyageurs  ont  parlé 
de  l'odeur  infecte  produite  par  les  Mou- 
fettes ,  et  nous  empruntons  à  Kalm  (  Voy. 
dans  VAmér.  septentr.  )  les  passages  sui- 
vants, qui  font  connaître  son  intensité.  «  En 
1749,  il  vint  un  de  ces  animaux,  écrit  ce 
Yoyageur ,  près  de  la  ferme  où  je  logeais  : 
c'était  en  hiver  et  pendant  la  nuit  ;  les  Chiens 
étaient  éveillés  et  le  poursuivaient.  Dans  le 
moment  il  se  répandit  une  odeur  si  fétide  , 
qu'étant  dans  mon  lit  je  pensais  être  suffo- 
qué :  les  Vaches  beuglaient  de  toute  leur 
force.  Sur  la  fin  de  la  même  année ,  il  se 
glissa  une  Moufette  dans  notre  cave  :  une 
femme,  qui  l'aperçut  la  nuit  à  ses  yeux  étin- 
celants ,  la  tua,  et  dans  le  moment ,  elle 
remplit  la  cave  d'une  telle  odeur,  que  non 
seulement  cette  femme  en  fut  malade  pen- 
dant quelques  jours,  mais  que  le  pain  ,  la 


viande,  et  les  autres  provisions  qu'on  con- 
servait dans  cette  cave,  furent  tellement  in- 
fectés qu'on  ne  put  en  rien  garder,  et  qu'il 
fallut  tout  jeter  au  dehors.  »  Des  faits  à  peu 
près  semblables  sont  rapportés  par  d'Azara 
et  par  d'autres  voyageurs,  et  l'on  doit  ajou- 
ter foi  à  ces  récits,  lorsqu'on  se  rappelle  que 
des  Moufettes,  conservées  dans  l'alcool  de- 
puis fort  longtemps ,  conservent  cependant 
une  odeur  très  forte  et  très  désagréable 
lorsqu'on  les  retire  de  ce  liquide  pour  les 
étudier. 

La  détermination  et  la  distinction  des  di- 
verses espèces  du  genre  Moufette  est  encore 
impossible  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances. Tous  les  individus  que  possèdent  les 
collections  zoologiques  de  l'Europe,  et  que 
les  naturalistes  ont  pu  comparer  entre  eux, 
et  tous  ceux  que  les  voyageurs  ont  décrits 
dans  leurs  ouvrages  ,  sont  assez  différents 
par  les  couleurs  de  leur  pelage  pour  faire 
regarder  comme  probable  l'existence  de  plu- 
sieurs espèces;  mais  ils  ne  le  sont  pas  asser 
pour  que  le  nombre  de  ces  espèces  puisse 
être  fixé  avec  certitude  ;  aussi  une  grande 
confusion  règne -t-elle  à  cet  égard  ,  et  cha- 
que auteur  a-t-il  admis  un  nombre  plus  ou 
moins  considérable  d'espèces.  Toutefois,  on 
est  généralement  d'accord  aujourd'hui  pour 
ne  plus  placer  dans  ce  genre  que  des  espèces 
provenant  de  l'Amérique.  La  Moufette  du 
Cap  a  été  reconnue  n'être  autre  chose  que  le 
Zorille  (  voy.  ce  mot  ) ,  et  la  Moufette  de 
Java  ou  Télégan  (  Mcphitis  meliceps  Griff.  ) 
est  devenne  le  type  du  genre  Mydaus.  Voy. 
ce  mot. 

Indiquons  brièvement  ce  que  les  natura- 
listes ont  écrit  relativement  aux  diverses  es- 
pèces du  groupe  des  Moufettes.  Buffon  {Hist. 
nat.  gén.  et  part.  ,  t.  XIII ,  et  Suppl. , 
t.  VII)  pensait  qu'il  existe  cinq  Moufettes, 
et  il  les  indiquait  sous  les  noms  de  Coase  , 
de  Conépate  ,  de  Chinche ,  de  Zorille  et  de 
Moufette  du  Chili.  Le  Coase  a  été  éloigné  du 
genre  qui  nous  occupe  pour  être  placé,  tan- 
tôt dans  le  groupe  des  Martes  ,  tantôt  dans 
celui  des  Coatis.  Les  Conépate  et  Zorille  n'ont 
généralement  pas  été  admis  comme  espèces 
distinctes;  le  Chinche,  au  contraire,  est  de- 
venu l'espèce  type  du  groupe ,  et  la  Mou- 
fette du  Chili  a  été  admise  spécifiquement 
par  quelques  zoologistes,  et  particulièrement 
par  Et.  Geoffroy  St-Hilaire,  Fr.  Cuvier,  etc. 


MOU 


MOU 


383 


G.  Cuvier  (Règ.  anim.),  et,  d'après  lui , 
A. -G.  Desmarest  (Mammalogie)  et  Ranzani, 
remarquant  que  les  différentes  races  qu'in- 
diquent les  descriptions  des  voyageurs  ren- 
trent tellement  les  unes  dans  les  autres  , 
qu'on  est  tenté  ou  de  n'admettre  qu'une 
seule  espèce,  ou  d'en  former  dix-huit,  réu- 
nissent ensemble  toutes  les  Moufettes  sous 
le  nom  de  Mephitis  americana;  ces  auteurs 
font  observer  toutefois  que  lorsqu'on  con- 
naîtra mieux  ces  animaux,  on  devra  proba- 
blement former  des  espèces  définitives  dans 
cette  grande  espèce  en  quelque  sorte  provi- 
soire, et  ils  indiquent  les  nombreuses  varié- 
tés décrites  par  les  voyageurs. 

Depuis  cette  époque,  M.  Licbtenstein , 
M.  Gray  (Mag.  nat.  hist.,  série  2,  t.  I), 
et  plus  récemment  M.  Lesson  (Nouv.  tab. 
du  règ.  anim.  ,  Mamm.,  1842),  ont  formé 
des  sous-genres  dans  le  groupe  des  Mou- 
fettes, et  ce  dernier  naturaliste  a  admis  neuf 
espèces  dans  le  genre  Moufette  (1).  Enfin, 
en  1841,  notre  collaborateur,  M.  Paul  Ger- 
vais  {Voy.  de  la  Bonite ,  de  MM.  Eydoux  et 
Souleyet ,  part,  zool.,  Mamm.,  p.  10,  et 
atlas,  pi.  3,  fig.  1  à  2  ) ,  a  décrit  avec  soin 
une  espèce  de  ce  groupe,  le  Mephitis  Feuillei, 
qui  n'était  pas  suffisamment  connue  aupa- 
ravant, et  qui  maintenant  doit  prendre  place 
dans  la  série  des  espèces.  Nous  ne  nous  éten- 

(i)  Nous  croyons  devoir  indiquer  ici  la  liste  des  coupes 
secondaires  et  spécifiques  admises  par  M.  Lesôon,  tout  en 
Jaisant  observer  de  nouveau  que  de  nouvelles  études  sont 
utiles  avant  d'admettre  toutes  ces  divisions  plus  ou  moins 
nouvelles. 

Genre  MEPMTES,  G.  Cuv.  (Mephitis,  Conepatus 
et  Marpatius ,  Gray). 
Ier  sous-genre:  Thiosmus.  —  Espèces:  i°  Th.  yagure 
Liclist.  (Yagouaré  Azara ,  Viverra  Conepati  Gm.),  du  Pa- 
raguay et  de  la  Magcllanic;  2"  Th.  nasuta  (Meph.  nasutd 
Benn),  de  la  Californie;  3°  Th.  quitensis  Less  (Gulo  qui- 
tensis  Ilurr.b.)  ,  de  Quito,  au  Pérou  ;  4°  Th.  mapurito  Less. 
(Var.  zorilla  Hernand.),  de  la  Nouvelle-Grenade  et  de  Santa- 
Fc  de  Bogota  ;  5°  Th.  ckilensis  Less.  (  Mep.  chilensis  Et. 
Geoff.,  Mephitis  var.  G.  G.  Cuv.,  la  Moufette  du  Chili  Buf- 
fon),  du  Cbili  ,  Voy.  la  description  que  nous  en  donnons 
plus  loin. 

2e  sous-genre  :  Chincha,  Lesson.  —  Espèces:  6°  Chincha 
americana  Less.,  Meph.  mephitis  Erl. ,  Meph.  americana 
Desm.,  le  Chinche,  Buffon,  Schreb.,  Fr.  Cuv.,  Var.  hudso- 
nica  Richais.  (<le  Sa  Louisiane).  Voir  notre  description. 

3e  sous-genre  :  Mephitis  ,  G.  Cuv.  —  Espèces:  7°  Meph. 
'Femllei  Gerv.  (Moufette  Feuillée  ,  Yagouaré  Azara  ,  Meph. 
tuffocans  Sil.  ;  Meph.  chinche  de  Feuillée  Dcsr.  ),  de  Monte- 
Video  (Voy.  la  fin  de  notre  article);  8°  Meph.  putorius 
Tied.  (Viv.  putorius  ErnL;  Meph.  americana,  Var.  Desm  ;  le 
Conepatc,  Buffon,  Coterby,  Fr.  Cuv),  des  États-Unis,  et 
H'Meph.  interrupta   fUfin.,  de  la  Louisiane, 


drons  ici,  en  terminant  cet  article,  que  sur 
l'espèce  type,  la  Mephitis  americana,  et  nous 
ne  dirons  seulement  que  quelques  mots  des 
Mephitis  chilensis  et  Feuillet ,  qui  nous  sem- 
blent des  espèces  véritablement  distinctes. 

1°  Le  Chinche  Buffon  (t.  XIII ,  pi.  29.), 
Viverra  mephitis  Fr.  Cuv.  (Hist.  nat.  des 
Mamm. ,  1821  ),  Mephitis  americana  A. -G. 
Desm.  (Mammalogie ,  1820),  etc.  La  taille 
de  cet  animal  est  celle  du  Chat  domestique. 
La  tête  ,  les  épaules ,  les  côtés  du  corps  et 
les  parties  inférieures  et  postérieures ,  les 
membres  et  une  ligne  qui  naît  entre  les 
épaules  et  s'avance  sur  la  queue  en  s'élar- 
gissant,  sont  noirs  ;  le  blanc  commence  entre 
les  deux  yeux,  s'élargit  sur  le  sommet  de  la 
tête ,  continue  à  s'étendre  sur  les  côtés  du 
corps,  et  vient  finir  à  la  queue,  où  il  se  mêle 
avec  beaucoup  de  poils  noirs;  on  voit  en 
outre  deux  taches  blanches ,  l'une  sur  les 
membres  de  devant ,  et  l'autre  sur  les 
cuisses. 

Le  Chinche  se  rencontre  dans  toute  l'A- 
mérique,  depuis  le  centre  des  États-Unis 
jusqu'au  Paraguay,  dans  les  plaines  comme 
dans  les  pays  de  montagnes,  dans  les  en- 
droits boisés  comme  dans  les  lieux  décou- 
verts. Le  pelage  de  cet  animal  varie  beau- 
coup ,  ce  qui  a  fait  établir  par  G.  Cuvier 
(Ossem.  foss.,  Mém.  sur  les  Carnassiers  des 
Cavernes)  et  par  A. -G.  Desmarest  (Mamma- 
logie), dix- sept  variétés  dans  cette  espèce. 
Nous  renvoyons  aux  ouvrages  cités  plus  haut 
pour  la  description  de  ces  nombreuses  va- 
riétés ,  et  nous  dirons  seulement  que  plu- 
sieurs naturalistes  en  ont  élevé  quelques 
unes  au  rang  d'espèces ,  et  cela  peut-être 
avec  raison. 

2°  La  Moufette  du  Chili,  Buffon  (Hist. 
nat.  gén.  et  Suppl.,  t.  VII,  pi.  57);  Mephitis 
chilensis  Et.  Geoffr. ,  Fr.  Cuvier.  Cette  es- 
pèce a  plus  de  50  centim.  du  bout  du  mu- 
seau à  l'origine  de  la  queue,  et  cette  partie 
a  environ  20  centim.  Le  fond  du  pelage  est 
d'un  brun  noirâtre,  mais  la  queue  est  blanche 
avec  quelques  poils  bruns ,  et  il  en  est  de 
même  de  deux  lignes  qui  partent  du  sommet 
de  la  tête  où  elles  sont  unies ,  s'avancent  le 
long  du  dos  en  se  rétrécissant  jusque  sur  les 
hanches. 

Se  trouve  au  Chili. 

3°  La  Moufette  de  Feuillée,  Mephitis 
Feuillei  Gerv.  [in  Bonite  Mamm.,  pi.  3,  f.  1 


384 


MOU 


MOU 


à  3),  Moufette  chinche  de  Fedillée,  A. -G. 
Desm.  (Marawi.),  etc.  La  longueur  de  cet  ani- 
mal est  de  57  centim.  de  la  tête  à  l'extré- 
mité de  la  queue,  celle-ci  ayant  environ 
15  centim.  Le  pelage  est  entièrement  d'un 
brun  légèrement  roussâlre;  le  mufle  est  nu 
et  saillant;  les  tarses  et  les  carpes  sont  éga- 
lement sans  poils  à  leur  partie  plantaire; 
les  ongles  sont  plus  longs  antérieurement 
que  postérieurement,  et  fouisseurs  aux  quatre 
extrémités;  la  queue  n'est  pas  en  panache 
comme  dans  le  Chinche. 

Cette  espèce  a  été  prise  plusieurs  fois  aux 
environs  de  Monte-Video.  (E.  Desmarest.) 

MOUFETTES  et  MOFETTES,  phys.  — 
Dénomination  appliquée  à  certains  gaz , 
soit  délétères  par  eux-mêmes,  soit  incapa- 
bles d'entretenir  la  respiration  et  la  combus- 
tion. Les  vapeurs  épaisses  et  pestilentielles 
qui  souvent ,  pendant  l'été  surtout,  se  dé- 
gagent des  mines,  ont  aussi  reçu  le  nom  de 
Moufettes. 

MOUFLON,  mam.  —  Nom  appliqué  géné- 
ralement à  tous  les  Moutons  sauvages,  et 
qui,  originairement,  appartenait  en  propre 
à  l'espèce  type  Mouton,  Ovis.  Voy.  ce  mot. 

(E.  D.) 

MOUGEOTIA  (en  l'honneur  du  docteur 
Mougeot ,  célèbre  botaniste  des  Vosges). 
bot.  eu. — (  Phycées.)  Genre  créé  par  Agardh 
et  appartenant  à  la  tribu  des  Conjuguées  ou 
Zygnémées.  Il  se  distingue  des  genres  voi- 
sins par  ses  filaments  géniculés  au  point  de 
l'accouplement,  et  par  ses  globules  repro- 
ducteurs se  développant  dans  les  tubes  de 
conjonction.  L'endochrome,  le  plus  souvent 
vert ,  forme  dans  chaque  article  une  masse 
allongée,  non  contournée  en  spirale,  ni  di- 
visée en  étoiles.  On  en  connaît  environ  dix 
espèces  croissant  dans  les  eaux  douces  ;  la 
plus  commune  est  le  M.  genufiexa  Ag.  Les 
genres  Sirogonium,  Staurospermum  et  Zy- 
gogonium  de  Kutzing  {Phycol.  gêner.), 
ont  été  établis  aux  dépens  de  celui-ci.  (Bréb.) 

MOUGEOTIA,  Kunth.  (inHumb.etBonpl. 
Nov.  gen.  et  sp.,V,  326,  t.  483,  484).  bot. 
ph. — Syn.  de  Riedlea,  Venten. 

MOULE.  Mytilus.  moll. — Genre  de  Mol- 
lusques conchifères  établi  par  Linné,  qui  y 
comprenait  des  Huîtres,  des  Avicules,  des 
Anodontes,  etc.  Bruguière  avait  déjà  assez 
bien  circonscrit  ce  genre;  mais  Lamarck, 
voulant  pousser  plus  loin  la  réforme,  en  sé- 


para encore  son  genre  Modiole  (voy.  ce  mot), 
qui  n'en  diffère  que  par  le  caractère  fort  va- 
riable de  la  position  des  crochets  moins  rap- 
prochés de  l'extrémité  antérieure.  Mais  en 
même  temps  Lamarck  ne  sut  pas  reconnaître 
l'existence  du  muscle  adducteur  antérieur, 
et,  conséquemment,  il  rangea  les  Moules  et 
les  Modioles  dans  son  ordre  des  Monomyai- 
res.  Mais  l'anatomie  de  ces  Mollusques  faite 
par  Poli  a  démontré  que  ce  sont  de  vrais 
Dimyaires,  malgré  l'inégalité  des  deux  mus- 
cles adducteurs.  Les  Moules  que  M.  Deshayes 
réunit  aux  Modioles  font  partie  de  la  famille 
des  Mytilacés.  Elles  ont  le  corps  ovale  allongé, 
les  lobes  du  manteau  simples  ou  frangés, 
réunis  postérieurement  en  un  seul  point 
pour  former  un  siphon  anal.  La  bouche,  as- 
sez grande,  est  munie  de  deux  paires  de  pal- 
pes labiaux  triangulaires.  Le  pied  est  grêle, 
cylindracé  ,  et  sécrète  un  byssus  grossier 
qui  sert  à  fixer  l'animal.  Les  branchies  for- 
ment quatre  feuillets  presque  égaux;  le 
muscle  adducteur  postérieur  est  grand  et 
arrondi;  le  muscle  antérieur  est  beaucoup 
plus  petit  et  il  est  accompagné  par  deux 
muscles  longitudinaux  qui  servent  aux 
mouvements  du  pied.  La  coquille  est  équi- 
valve  ,  régulière  ;  la  charnière  est  ordi- 
nairement sans  dents  ;  le  ligament  est 
marginal  subintérieur,  très  long.  Si,  d'a- 
près Lamarck,  on  continue  à  séparer  les 
Modioles  des  Moules,  celles-ci  seront  censées 
avoir  la  coquille  plus  longitudinale  et  les 
crochets  terminaux  et  pointus,  tandis  que 
celles-là  ont  la  coquille  subtransverse  et  les 
crochets  moins  rapprochés  de  l'extrémité 
antérieure.  Mais  si  l'on  compare  un  grand 
nombre  d'espèces ,  on  voit  entre  ces  deux 
formes  des  intermédiaires  si  nombreux  et 
des  transitions  si  insensibles  qu'il  devient 
impossible  de  préciser  la  limite,  d'autant 
plus  que  l'animal  est  organisé  de  même  dans 
tous  les  cas.  La  coquille  des  Moules  est  sou- 
vent nacrée  à  l'intérieur,  mais  la  couche 
externe,  beaucoup  plus  épaisse  que  la  nacre, 
est  formée  de  fibres  presque  perpendiculaires 
à  la  surface,  qui  lui  donnent  aussi  une  du- 
reté plus  grande.  La  surface  est  d'ailleurs 
revêtue  d'un  épidémie  corné,  brunâtre,  sous 
lequel  se  montrent  des  couleurs  souvent  très 
vives,  nuancées  de  pourpre  et  de  violet,  ou 
formant  des  bandes  divergentes  à  partir  du 
sommet.  Lamarck  divisa  son  genre  Moule  en 


MOU 

deux  sections:  les  unes  ayant  la  coquille 
sillonnée  ou  striée  longitudinalement,  telles 
que  la  Moule  de  Magellan  (M.  magellanicus 
L.)qui  est  longuede  130  millimètres,  etqui, 
après  avoir  été  débarrassée  de  son  épiderme 
et  polie,  est  d'une  belle  couleur  pourpre, 
teinte  de  violet.  Telle  est  aussi  la  Moule  sep- 
tifère  (  M.  bilocularis)  dont  les  valves  isolées 
offrent  quelque  ressemblance  avec  certaines 
Crépidules ,  en  raison  d'une  lame  en  forme 
de  cloison  qui  couvre  à  l'intérieur  une  partie 
de  la  cavité  du  crochet.  La  deuxième  section 
comprend  les  Moules  à  coquille  lisse  ou  sans 
sillon,  telles  que  la  Moule  comestible,  espèce 
bien  connue  et  très  abondante  sur  toutes  les 
côtes  de  l'Europe.  Elle  se  trouve  souvent 
fixée  en  quantité  considérable  aux  rochers 
des  côtes  de  Bretagne  et  de  Normandie  où  on 
va  la  chercher  quand  la  mer  est  basse  :  car 
ces  Mollusques  choisissent  de  préférence  les 
stations  peu  profondes  ou  même  découvertes, 
pendant  une  partie  du  jour,  dans  l'intervalle 
des  grandes  marées.  Mais,  dans  certaines  lo- 
calités où  le  fond  est  vaseux,  comme  aux 
environs  de  La  Rochelle,  on  favorise  le  dé- 
veloppement des  Moules  en  établissant  sur 
ces  vases  même,  et  jusqu'à  une  grande  dis- 
tance, des  palissades  qu'on  nomme  des  bou- 
chots et  auxquelles  se  fixent  à  la  fois  des  Fu- 
cus et  des  Moules  en  quantité  considérable. 
Les  pêcheurs  vont  ensuite  les  y  chercher  à 
la  marée  basse,  en  glissant  au  moyen  d'une 
petite  nacelle  sur  la  surface  unie  de  la  vase. 
On  peut  voir  à  l'article  Coropuie,   dans  le 
tome  IV,  comment,  avant  que  cette  pêche 
soit  profitable,  de   petits  Crustacés  arnphi- 
podes  contribuent  à  aplanir  la  surface  de  la 
vase  que  l'action  des  vagues  aurait  rendue 
trop  inégale.  Un  autre  Crustacé  de  l'ordre 
des  Décapodes  brachyures,  le  Pinnolhère, 
habite   l'intérieur  même  de  la  coquille  des 
Moules  vivantes  auxquelles  il  ne  paraît  pas 
devoir  nuire  par  son   séjour.    C'est  à  tort 
qu'on  voudrait  attribuer  aussi  des  propriétés 
malfaisantes  à  ce  même  Crustacé  par  rapport 
aux  qualités  alimentaires  de  la  Moule. 

Une  espèce  du  genre  Moule  de  Lamarck, 
le  Mytilus  polymorphus  de  Pallas,  a  donné 
lieu  à  l'établissement  d'un  nouveau  genre 
nommé,  presque  dans  le  même  temps,  Myli- 
line  par  M.  Cantrainc,  Dreissena  par  M.  Van 
Beneden,  et  Tichogonia  par  M.  Rossmasler. 
Elle  se  trouve  dans  les  eaux  peu  salées  de  la 
t.  vin. 


MOU 


385 


mer  Caspienne,  de  la  mer  Noire  et  delà 
Baltique,  et  en  même  temps  dans  les  prin- 
cipaux fleuves  de  l'Allemagne  et  de  la  Rus- 
sie; par  conséquent,  elle  peut  donner  un 
moyen  d'expliquer  la  présence  de  certaines 
coquilles  de  Moules  avec  des  coquilles  d'eau 
douce  dans  divers  terrains  lacustres.  On 
connaît  d'ailleurs  aussi  plusieurs  espèces  de 
Moules  marines  fossiles  dans  les  terrains  se- 
condaires et  tertiaires.  (Dm.) 
MOULES  D'EAU  DOUCE,  moll.— Voy. 

AN0D0NTE  et  MULETTE. 

*MOULIÏY"SïA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Sapindacées-Sapin- 
dées,  établi  par  Cambessèdes  {inMem.  Mus., 
XVIIÏ,  27,  t.  2).  Arbres  de  Timor.  Voy.  sa- 

PJNDACÉES. 

MOUREAU.  ois.  -—  Nom  vulgaire  du 
Rouge-Gorge.  Voy.  sylvie. 

MOURERA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Podostemmées,  établi  par  Aubîet 
(Guian.,  I,  582)  qui  le  caractérise  ainsi: 
Spathe  tubuleuse-campanulée,  irrégulière- 
ment fendue  au  sommet.  Fleurs  pédicellées. 
Périgone  à  deux  squamules  collatérales , 
quelquefois  davantage  et  verticillées.  Étami- 
nes  2,  unilatérales,  ou  812  et  verticillées  ; 
filets  filiformes,  subulés,  libres,  indivis;  an- 
thères sagittées,  biloculaires.  Ovaires  2-locu- 
laires.  Stigmates  2,  subulés,  divariqués,  in- 
divis. Capsule  2-loculaire,  2-valve. 

Les  Mourera  sont  des  herbes  de  l'Améri- 
que tropicale,  à  feuilles  découpées  en  plusieurs 
lobes  ou  entières,  imbriquées;  à  fleurs  axil- 
laires  ou  terminales,  solitaires  ou  réunies  en 
nombre. 

Deux  sections  ont  été  établies  dans  ce  g.  ; 
ce  sont:  Neolacis,  Cham.  (in  Linnœa,  IX» 
503):  Périgone  à  2  squamules  collatérales; 
étamines  2 ,  unilatérales.  Maralhrum  ,  H. 
et  B.  (PL  œquinoct.,  T,  40,  l.  11)  :  Périgone 
à  4-8  squamules  verticillées;  autant  d'éta- 
mines  alternes  avec  les  squamules.      (J.) 

MOURET.  moll.  —  Dénomination  em- 
ployée par  Àdanson  pour  désigner  un  Mol- 
lusque  gastéropode  qu'on  suppose  devoir 
être  du  genre  Siphonaire.  (Duj.) 

MOURIIME.  poiss. —  Nom  vulgaire  donné 
en  Provence  à  quelques  espèces  de  Poissons 
pour  lesquelles  M.  Duméril  a  établi  le  genre 
Myliobatcs.  Voy.  ce  mot. 

MOURIRI,AubI.(Gwî'aw.,I,452,t.  180). 
bot.  pu.— Syn.  de  HJouriria,  Juss. 

49 


386 


MOU 


MOU 


MOURIRIA.  bot.  ph.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Mémécylées,  établi  par  Jussieu 
(Gen.,  520).  Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Amé- 
rique tropicale.  Voy.  mémécylées. 

MOURON,  rept. — L'un  des  noms  vulgai- 
res de  la  Salamandre  terrestre.  Voy.  sala- 
mandre. (E.  D.) 

MOURON,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire  des 
espèces  du  g.  Anagallis. 

On  a  encore  appelé  : 

Mouron  d'Alouette  ,  le  Ceraslium  vul- 
gare; 

Mouron  blanc  et  Mouron  des  oiseaux, 
VAlsine  média  ou  Morgeline  ; 

Mouron  d'eau  ,  le  Samolus  valerandi  ; 

Mouron  de  fontaine,  le  Montia  fontana; 

Mouron  des  Galibis,  le  Cordia  collo- 
cocca  ; 

Mouron  de  montagne  ,  le  Mœhringiamus- 
cosa  ; 

Mouron  violet  ,  la  Cymbalaire ,  etc. 

MOUROUCOA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Sapotacées?,  établi  par  Aublet 
(Guian.,  I,  141,  t.  54)  pour  des  arbrisseaux 
de  la  Guiane  encore  peu  connus. 

MOUSSEL.  mam.  — Espèce  de  Lièvre. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MOUSSELINE,  bot.  cr.— Le  Cantharel- 
lus  cibarius  ou  Chanterelle  est  désigné  sous 
ce  nom,  dans  quelques  campagnes,  à  cause 
des  plis,  des  dessins  que  présente  son  hy- 
menium.  (Lév.) 

MOUSSERON,  bot.  cr.  —  Nom  vulgaire 
de  quelques  espèces  d'Agarics. 

MOUSSES.  Musci.  bot.  cr.—  Les  Mous- 
ses sont  des  plantes  acotylédones,  annuelles 
ou  vivaces ,  pourvues  des  deux  sexes  ,  rare- 
ment acaules  et  privées  de  feuilles,  plus 
souvent,  au  contraire  ,  formées  d'une  tige 
simple  ou  rameuse  ,  garnie  de  feuilles  dis- 
tinctes. Cette  tige  et  ces  feuilles  sont  uni- 
quement composées  de  tissu  cellulaire  sans 
nulle  trace  de  vaisseaux.  Les  rudiments  du 
fruit  sont  un  pistil  dont  l'épigone  porte  un 
style.  L'épigone  persiste ,  et  se  détachant 
eirculairement  à  la  base  avant  la  maturité 
de  la  capsule,  rarement  au  sommet,  comme 
dans  le  Sphagnum ,  il  constitue  une  sorte 
d'enveloppe  ou  de  couvercle  qui ,  sous  le 
nom  de  coiffe,  recouvre  l'opercule  et  tout 
ou  portion  de  la  capa'ule.  Celle-ci,  terminale 
ou  latérale  ,  déhiscente  ou  indéhiscente, 
s'ouvre  rarement  par  quelques  fentes  (ex.: 


Andrœa),  et  n'est  presque  jamais  dépour- 
vue de  columelle.  Une  sorte  de  gaîne  se 
rencontre  au  bas  du  pédoncule  ,  dans  la- 
quelle celui-ci  est  enchâssé  ou  plutôt  fiché 
comme  un  pieu.  Il  n'y  a  point  d'élateres 
mêlées  aux  spores  ou  séminules.  Ce  dernier 
caractère,  joint  au  mode  de  rupture  de  l'é- 
pigone, est  la  principale  base  de  la  distinc- 
tion entre  les  Mousses  et  les  Hépatiques 
(voy.  ce  mot). 

Histoire.  De  même  que  les  autres  Cryp- 
togames, les  Mousses  ont  été  longtemps  né- 
gligées par  les  botanistes ,  ou  confondues 
avec  les  familles  voisines,  ainsi  que  le  fait 
encore  de  nos  jours  le  vulgaire. 

Les  Grecs  leur  donnaient  le  nom  de 
/3pvov,  mot  qu'ils  appliquaient  aussi  à  quel- 
ques algues ,  entre  autres  à  VUlva  Lactuca. 
Mais  on  trouve  encore  dans  les  auteurs  an- 
ciens  les   mots  de  p.vc'ov,  aux^vov  ,   Znvov  et 

<pol<7xov.  Muscus  est  le  nom  latin,  d'ouest 
venu  le  nôtre  (1).  Toutefois ,  chez  les  Ro- 
mains, ce  nom  servait  encore  à  désigner 
quelques  Lichens. 

Il  faut  remonter,  chez  les  modernes,  jus- 
qu'à Gaspard  Bauhin  pour  trouver  la  défi- 
nition bien  imparfaite  de  quelques  plantes 
de  cette  famille.  C'est  à  Ray  qu'on  doit  d'a- 
voir posé  les  fondements  de  la  bryologie,  et 
à  Tournefort  d'avoir  distingué  et  séparé  les 
Mousses  des  Lichens ,  que  tant  de  gens  du 
monde  confondent  encore  de  nos  jours. 
Mais  Vaillant  est  véritablement  le  premier 
qui  ait  donné  de  bonnes  descriptions  de 
Mousses,  et  qui  lésait  surtout  accompagnées 
de  figures  ,  lesquelles,  à  part  les  analyses , 
dont  on  ne  sentait  point  alors  la  nécessité, 
ne  sont  en  rien  inférieures  aux  plus  récen- 
tes ,  au  moins  quant  à  la  vérité  du  port  des 
espèces  qu'elles  représentent.  Dillen  vint 
ensuite  qui  fit  faire  à  la  science  d'immenses 
progrès  par  la  publication  de  son  immortel 
ouvrage,  intitulé  Historia  Muscorum.  Les 
planches  de  ce  livre ,  qui ,  comme  celles  de 
Vaillant ,  pèchent  par  l'absence  de  détails, 
sont  aussi  remarquables  par  la  frappante 
ressemblance  des  objets  figurés. 

On  trouve  dans  Dillen,  avec  d'excellentes 
descriptions  et  des  observations  précieuses, 
l'établissement  des  genres  Mnium  ,  Sphag- 
num ,  Fontinalis  ,  Hypnum ,  Bryum  et  Po- 
lytrichum.  Presque  à  la  même  époque,  flo- 

(0  Muscus  mollis.  Ovid.,  Metamoroh.  FUI,  564. 


MOU 


MOU 


387 


rissait  en  Italie  l'immortel  Micheli,  ce  jar- 
dinier dont  Sprengel  a  dit  avec  vérité  :  Vir 
doctrina,  acumine  ingenii  et  industria  in- 
comparabilis.  Sa  disposition  des  Mousses  est 
loin  néanmoins  de  valoir  celle  de  Dillen  ; 
mais  il  décrivit  mieux  que  ce  dernier  les 
parties  de  la  fructification ,  et  peu  s'en  est 
fallu  qu'il  n'en  découvrît  la  sexualité.  Linné, 
à  qui  l'histoire  naturelle  tout  entière  et  la 
botanique  en  particulier  sont  si  redevables , 
Linné  occupé  de  tant  et  de  si  grands  objets, 
n'a  fait  faire  aucun  progrès  à  la  bryologie; 
il  s'est  borné  à  adopter  les  genres  de  Dillen 
en  y  ajoutant  les  deux  suivants  :  Splachnum 
et  Buxbaumia.  Loin  de  là ,  ses  idées  erro- 
nées sur  la  capsule,  qu'il  considérait  comme 
une  anthère,  et  sur  les  spores,  qu'il  en  pre- 
nait pour  le  pollen,  ont  pour  ainsi  dire  ar- 
rêté ,  ou  du  moins  retardé  la  marche  de  la 
bryologie,  à  cause  de  l'immense  ascendant 
que  ce  prince  des  botanistes  a  eu  sur  ses 
disciples.  Après  avoir  avoué  son  ignorance 
touchant  les  organes  femelles,  il  crut  enfin 
les  reconnaître  dans  ces  gemmes  qu'on  ren- 
contre quelquefois  au  sommet  des  rameaux, 
et  cette  première  erreur  s'opposa  à  ce  qu'il 
les  cherchât  où  ils  étaient  réellement. 

L'importance  très  secondaire  des  travaux 
faits  sur  cette  famille  par  Adanson,Gleditsch, 
Scopoli ,  Hill  ,  Schmidel ,  Meese ,  Schreber, 
OEder,  Miller,  Kœlreuter  et  Necker,  nous 
les  fait  passer  sous  silence  pour  arriver  en- 
fin à  Hedwig,  dont  les  immorlels  travaux 
ont  jeté  un  si  grand  jour  sur  l'anatomie  et 
la  physiologie  des  Mousses.  Honneur  éter- 
nel à  la  mémoire  de  cet  infatigable  et  ingé- 
nieux scrutateur  des  secrets  les  plus  cachés 
de  la  nature!  C'est  lui  qui  a  mis  hors  de 
doute  la  présence  des  deux  sexes  dans  ces 
plantes,  et  nous  a  donné  la  première  dispo- 
sition systématique  raisonnable  des  espèces. 
Il  ajouta  d'abord  15  nouveaux  genres  à  ceux 
du  Species  planlarum ,  et  par  la  suite  aug- 
menta ce  nombre  de  quelques  autres.  On 
peut  dire  qu'il  est  le  véritable  créateur  de 
la  bryologie  ,  et  que  les  progrès  récents  de 
cette  branche  de  la  botanique  doivent  en 
partie  lui  être  attribués.  Il  nous  manque  le 
temps  et  l'espace  pour  exposer  en  détail  tous 
les  titres  que  s'est  acquis  Hedwig  à  l'admi- 
ration et  à  la  reconnaissance  des  botanistes. 
Palisot  de  Beauvois  tenta  peu  de  temps 
après ,   mais  vainement ,   de  renverser   le 


système  fondé  par  cet  excellent  observateur, 
en  établissant  que  les  organes  mâles  et  fe- 
melles, réunis  dans  la  même  capsule,  y 
sont  représentés  ,  les  premiers  par  les  spo- 
res ,  qu'il  tient  pour  la  poussière  fécon- 
dante ,  et  les  seconds  par  la  columelle,  qui 
est ,  selon  lui ,  une  capsule.  On  voit  claire- 
ment que  c'est  l'opinion  de  Linné  modifiée 
qui  se  reproduit  ici.  En  effet ,  au  lieu  de 
faire  de  la  capsule  une  anthère  ,  Palisot  de 
Beauvois  l'érigé  en  une  fleur  hermaphrodite  ; 
singulier  égarement  de  l'esprit,  quand  tous 
les  faits  donnaient  à  la  théorie  d'Hedwig 
une  probabilité  que  le  temps  n'a  fait  qu'ac- 
croître. Schwaegrichen ,  continuateur  d'Hed- 
wig, a  décrit  et  figuré,  dans  ses  supplé- 
ments au  Species  Muscorum ,  un  grand 
nombre  de  Mousses  indigènes  et  exotiques. 
Bridel  enfin ,  par  une  nouvelle  disposition 
systématique  ,  et  surtout  par  un  Species 
complet,  a  aussi  puissamment  contribué  à 
propager  et  à  faciliter  l'étude  de  la  bryolo- 
gie. Comme  Linné  l'avait  fait  pour  la  pha- 
nérogamie,  Bridel  a  donné  en  outre  un  es- 
sai de  méthode  naturelle  appliquée  aux 
Mousses,  lequel  a  été  plus  tard  fécondé  par 
de  nouvelles  observations  ,  et  perfectionné 
par  MM.  Bruch  et  Schimper  dans  leur 
splendide  ouvrage  sur  les  Mousses  de  l'Eu- 
rope 

Parmi  les  botanistes  qui  ont  bien  mérité 
de  la  bryologie  ,  nous  rappellerons  d'abord 
les  noms  de  Swartz,  Dickson,  Schrader, 
Wahlenberg,  Weiss  ,  Weber  et  Mohr,  et 
nous  y  ajouterons  ceux  des  savants  actuels 
qui  ont  plus  ou  moins  contribué  à  son  avan- 
cement. Ce  sont,  en  suivant  l'ordre  alpha- 
bétique, MM.  Arnott  (  Valker  ),  de  Brébis- 
son,  R.  Brown,  de  La  Pylaie  ,  De  Notaris  , 
Fiedler,  Garovaglio,  Greville,  Hampe,  Har- 
vey,  W.  Hooker  et  J.-D.  Hooker,  Horn- 
schuch,  Kunze,  de  Martius,  Fiorini-Ma/zanti 
(comtesse) ,  R.  Spruce  ,  Sullivant,  Turner> 
Taylor,  Valentin  et  W.  Wilson.  Il  va  sans 
dire  que  nous  avons  omis  à  dessein,  dans 
cette  liste,  tous  les  bryologistes  que  nous 
avons  déjà  nommés  plus  haut  en  parlant  do 
leurs  travaux. 

Passons  maintenant  à  l'examen  des  par- 
ties qui  constituent  les  organes  des  Mousses 
et  à  l'étude  de  leurs  fonctions  ,  en  un  mot 
à  l'anatomie  et  à  la  physiologie  de  ces 
plantes. 


388 


MOU 


MOU 


ORGANES    DE    NUTRITION. 

Racines.  Toutes  les  Mousse»,  même  les 
plus  petites ,  sont  pourvues  de  racines. 
Celles-ci  sont  de  deux  sortes  :  les  unes,  qu'on 
nomme  primordiales ,  naissent  en  même 
temps  que  la  plante  (1);  les  autres,  aux- 
quelles est  réservé  le  nom  de  racines  secon- 
daires, se  montrent  plus  tard,  soit  le  long  de 
la  tige,  si  elle  est  rampante  ou  si  elle  croît 
dans  des  lieux  humides,  soit  dans  l'aisselle 
des  rameaux  ou  des  feuilles.  On  en  ren- 
contre même  quelquefois  sur  les  bords  ou 
au  sommet  de  celles-ci  (ex.  :  Neckera  cla- 
dorrhizans).  Ces  racines  consistent  en  fila- 
ments capillaires  continus ,  simples  ou  ra- 
meux ,  dont  la  couleur,  variable  entre  le 
brun  et  le  pourpre,  est  rarement  blanche. 
Leur  abondance  est  souvent  telle,  que  le 
duvet  cotonneux  qu'elles  forment  sur  la 
tige  et  les  feuilles  les  cache  à  nos  yeux  dans 
une  grande  étendue.  Elles  unissent  alors 
entre  eux  et  d'une  manière  inextricable  les 
individus  d'une  même  mousse. 

Tige.  La  tige  des  Mousses  est  tantôt 
simple  (ex.:  Bryum  pyriforme),  tantôt  plus 
ou  moins  rameuse.  La  tige  simple,  ordinai- 
rement annuelle,  varie  beaucoup  eu  égard 
à  sa  longueur.  A  peine  visible  dans  quelques 
Phasques,  elle  est  si  courte  dans  le  Buxbau- 
mia  aphylla,  qu'elle  semble  manquer  tout- 
à-fait.  D'autres  fois,  comme  dans  les  Po- 
lytrics,  le  Spiridens ,  elle  atteint  au  con- 
traire de  grandes  dimensions.  Quand  elle  se 
ramifie,  ce  qui  a  lieu  surtout  chez  les  es- 
pèces vivaces,  cette  ramification  consiste, 
comme  dans  les  Hépatiques,  soit  dans  une 
division  continue  de  la  tige,  c'est-à-dire 
sans  point  d'arrêt  dans  la  végétation,  soit 
en  innovations  ou  rejets  naissant  sous  le 
sommet  d'une  tige  arrêtée  dans  son  déve- 
loppement. Dans  les  espèces  annuelles  et 
les  Mousses  vivaces  à  un  seul  axe,  le  fruit 
termine  ordinairement  la  tige,  et  si  plus 
tard  celle-ci  se  ramifie,  cela  est  dû  à  des 
innovations  latérales  dont  chacune  peut,  en 
poussant  des  radicules  à  sa  base,  et  se  dé- 
tachant de  la  plante-mère,  donner  naissance 
à  un  nouveau  pied  (ex.  :  Conomilrium  Ju- 

(i)  Il  ne  faut  pas  confondre  ces  racines  avec  le  réseau  ou 
&s  filaments  confervoides,  qui  résultent  de  la  germination 
des  spores.  C'est  de  ce  réseau  que  s'élèvera  un  jour  la  plan- 
tule,  laquelle  poussera  ,  d'un  côté  ,  ses  racines  principales  , 
«S  de  l'autre  le  bourgeon  destiné  à  devenir  la  tige. 


lianum).  Quand  les  Mousses  présentent 
deux  axes,  on  voit  une  tige  principale  à  vé- 
gétation terminale  continue,  et  d'autres 
tiges  latérales  dont  la  végétation  s'arrête 
par  la  production  du  fruit,  lequel,  dans  ce 
cas,  est  ou  terminal  (ex.  :  Racomitrium  aci- 
culare),  ou  latéral  (ex.  :  Hedwigia).  Enfin, 
dans  la  tribu  des  Hypnées  il  y  a  un  nombre 
infini  d'espèces  dont  la  tige  présente  trois 
axes ,  c'est-à-dire  que  les  rameaux  secon- 
daires présentent  eux-mêmes,  comme  la 
tige  principale,  une  végétation  terminale 
continue ,  et  que  la  fructification  ne  se  dé- 
veloppe latéralement  que  sur  ces  derniers. 
Ces  différents  modes  de  végétation  trou- 
vent des  analogues  dans  les  inflorescences 
des  plantes  supérieures. 

La  tige  simple  ou  rameuse  des  Mousses 
est  droite  ou  ascendante,  couchée  ou  même 
rampante  à  la  surface  du  sol  ou  des  corps 
organiques  qui  la  supportent.  Elle  est  aussi 
radicante,  pendante,  ou  flottante  au  sein 
des  eaux.  Quelquefois  elle  offre  une  souche 
rampante,  une  sorte  de  rhizome,  d'où  s'é- 
lèvent les  tiges  secondaires  fertiles  (es.: 
Hypnum  Alopecurum),  ainsi  que,  parmi  les 
Hépatiques ,  le  genre  Plagiochila  en  fournit 
aussi  de  fréquents  exemples.  L'épaisseur  de 
sa  tige  est  sensiblement  la  même  depuis  la 
base  jusqu'au  sommet  de  la  plante.  Sa  con- 
sistance est  plus  ou  moins  coriace  et  résis- 
tante. Elle  est  composée  de  cellules  allon- 
gées .  dont  la  grandeur  diminue  en  appro- 
chant vers  le  centre;  les  cellules  de  la  pé- 
riphérie, qui  se  continuent  avec  les  feuilles, 
sont  ordinairement  vertes,  brunâtres  ou 
rougeâtres.  C'est  de  celles-ci  que  naissent 
les  radicules  secondaires,  lesquelles  parti' 
cipent  de  cette  coloration. 

Feuilles.  Les  feuilles  des  Mousses  sont  ra- 
dicales, caulinaires  ou  raméales.  Les  pre- 
mières persistent  rarement,  excepté  dans  les 
espèces  subacaules,  où  elles  forment  une  es- 
pèce de  rosette.  Ladimension  des  feuilles  des 
tiges  simples  croît  généralement  de  la  base 
au  sommet  de  celles-ci,  où,  dans  les  genres 
Pohlia,  Bryum,  Mnium,  elles  sont  souvent 
ramassées  en  une  sorte  de  houppe  ou  de  tou- 
pet qui  a  reçu  le  nom  de  Coma.  De  là  le 
nom  de  folia  comœ  qu'on  leur  donne  pour 
les  distinguer  des  autres.  Quelques  bryo- 
logistes  les  nomment  aussi  feuilles  coro- 
nales  {folia  coronalia).  C'est  ordinairement 


MOU 


MOU 


389 


le  contraire  qui  arrive  dans  les  feuilles  ra  • 
méales,  c'est-à-dire  qu'elles  décroissent  vers 
l'extrémité  du  rameau  (  ex.  :  Lesliïa  atle- 
nuata).  Quant  à  leur  insertion,  les  feuilles 
sont  sessiles  dans  toutes  les  espèces  connues. 
Elles  montrent  bien  quelquefois  un  rétré- 
cissement plus  ou  moins  marqué  de  leur 
limbe  à  la  base,  mais  jamais  on  n'y  re- 
marque de  pétiole.  On  les  voit  aussi  non 
seulement  embrasser  la  tige  dans  un  espace 
plus  ou  moins  grand,  mais  encore  se  prolon- 
ger en  aile  le  long  de  celle-ci,  auquel  cas 
on  les  dit  décurrentes  (ex.  :  Mnium  undula- 
tum).  Dans  le  genre  Schistostega ,  où  elles 
sont  placées  sur  deux  rangs  opposés  (folia 
disticha),  les  tiges  stériles  portent  des  feuilles 
qui  confluent  avec  elles  dans  une  certaine 
étendue,  et  les  rendent  pinnatifides,  abso- 
lument comme  quelques  Jongermanniées 
frondiformes.  A  peu  près  conformées  comme 
celles  qu'on  rencontre  dans  le  g.  Gottschea 
des  Hépatiques,  elles  sont  engainantes  par 
leur  portion  inférieure  dans  les  Fissidens; 
elles  sont  dites  alors  équitantes  {folia  equi- 
tantia). 

Toutes  les  feuilles ,  même  celles  qui  pa- 
raissent opposées,  sont  alternes  en  réalité. 
Leur  disposition  spirale  sur  la  tige  nous  offre 
bien  plus  de  variations  que  chez  les  Hépa- 
tiques, qui  n'ont  jamais  présenté  que  les 
divergences  7,7,  \.  Ici,  nous  avons  les  dis- 
positions géométriques  \,  ou  des  feuilles 
distiques  (ex.:  Phyllogonium ,  Conomi- 
trium),\(ex.  :  Tetraphyspellucida),  f  (ex.  : 
Hypnum  cuspidatum) ,  7  (ex.  :  Bryum  cœs- 
pititium),  f  (ex.  :  Timmia  austriaca),  ~  (ex.: 
Hypnum  triquetrum) ,  -\  (ex.  :  Poly trichant 
piliferum).  Ces  dispositions  sont,  au  reste,  le 
plus  souvent  inconstantes,  et  la  direction 
elle-même  de  la  spire  l'est  tout  autant, 
puisque,  dans  la  même  espèce,  elle  tourne 
de  gauche  à  droite  sur  la  tige,  en  sens  op- 
posé sur  les  rameaux,  et  vice  versa. 

Les  feuilles  sont  dressées  {f.  erecta) , 
serrées  même  contre  la  tige  (f.  stricta),  ou 
formant  avecelle  un  angle  aigu  plus  ou  moins 
ouvert.  Ainsi,  elles  peuvent  devenir  hori- 
zontales (f.  patentissima,  divergenlia)  et  se 
réfléchir  au  sommet,  soit  en  dessus  {f.  in- 
flexa)  ,  soit  en  dessous  (f.  reflexa).  Enfin 
il  peut  se  faire  qu'elles  aient  toutes  leur 
sommet  tourné  du  même  côté,  auquel  cas 
on  les  dit  hetcromalla  ou  secunda  (ex.:  Di- 


cranum  heteromallum  ).  Quoique  imbri- 
quées régulièrement  autour  de  la  tige  ou 
des  rameaux,  les  feuilles  se  déjettent,  dans 
quelques  espèces,  sur  deux  rangs  opposés 
de  manière  à  faire  paraître  ceux-ci  aplatis 
ou  seulement  comprimés  (ex.  :  Omalia  tri- 
chomanoides,  Hookeria  Webbiana).  Dans 
plusieurs  genres  de  Ptérygophyllées  ,  on 
trouve  un  autre  ordre  de  feuilles  acces- 
soires, plus  petites  que  les  caulinaires,  et 
qui  offrent  dans  leur  disposition  quelque 
analogie  avec  les  amphigastres  des  Hépa- 
tiques (ex.:  Cyathophora,  Racopilum). 

La  forme  des  feuilles  est  fort  variable, 
moins  toutefois  que  chez  les  Hépatiques  de 
la  tribu  des  Jongermanniées.  Elles  sont  tou- 
jours simples ,  et  le  plus  souvent  symétri- 
ques, c'est-à-dire  formées  de  deux  moitiés 
semblables.  On  ne  connaît  pas  de  Mousse  à 
feuilles  découpées  ou  laciniées.  Le  Schisto- 
tega  osmundacea  offre  l'unique  exemple 
d'une  fronde  pinnatifide,  mais  dans  ses  jets 
stériles  seulement.  Les  feuilles  sont  arron- 
dies, ovales,  lancéolées,  linéaires ,  obîon- 
gues,  spatulées,  capillaires,  subulées,  etc. 
Leur  bord  est  nu  ou  marginé,  entier  ou 
denté,  épineux,  quelquefois  même  cilié, 
plane  ou  ondulé.  Dans  plus  d'un  Mnium, 
ce  bord  offre  la  même  structure  que  la  ner- 
vure. Leur  sommet,  qui  est  le  plus  souvent 
aigu  ou  acuminé,  se  montre  aussi  fréquem- 
ment obtus,  et  même  tronqué,  ou  émarginé 
(  ex.  :  Neckera  undulata  et  disticha  )  ;  il  est 
muni  d'un  poil  qui  est  simple  dans  le  Po- 
lytrichum  piliferum,  et  rameux  dans  le 
Leptostomum  macrocarpum.  Les  feuilles 
planes  ou  concaves  à  différents  degrés  sont 
encore  parfois  marquées  de  plis  puis  ou 
moins  nombreux  dans  le  sens  de  la  lon- 
gueur; ou  bien  elles  présentent  des  rides 
transversales  qui  les  font  paraître  ondulées 
ou  crispées.  Un  grand  nombre  de  feuilles  sont 
pliées  en  long  selon  leur  axe,  de  façon  que 
la  nervure  qui  les  parcourt  fait  saillie  à  la 
surface  inférieure,  et  que  les  deux  moitiés 
forment  par  leur  inclinaison  mutuelle  un 
angle  plus  ou  moins  aigu;  ces  feuilles  sont 
dites  carénées  (f.  carinata).  Il  en  est  enfin 
qui,  surtout  à  l'état  de  dessiccation,  se  con- 
tournent, se  tordent  sur  elles-mêmes ,  se 
recoquillent  en  diverses  façons  ;  on  les 
nomme,  selon  les  cas,  folia  lortuosa,  cir- 
rhata*  etc. 


390 


MOU 


MOU 


La  plupart  des  feuilles  sont  munies  d'une 
nervure  (nervus,  costa)  qui  les  parcourt  de 
la  base  au  sommet,  ou  seulement  dans  une 
portion  de  leur  longueur ,  et  qui  fait  quel- 
quefois sur  leur  dos  une  saillie  plus  ou 
moins  prononcée.  On  nomme  f.  enervia  ou 
ecoslata  celles  qui  en  sont  privées.  Cette 
nervure  est  formée  par  un  faisceau  com- 
pacte de  cellules  allongées.  Tantôt  elle  at- 
teint le  sommet  de  la  feuille,  et  se  prolonge 
même  au-delà  sous  la  forme  d'une  pointe 
(  f.  apiculata ,  mucronata  )  ;  mais  aussi 
n'est-elle  quelquefois  que  rudimentaire  et 
ne  dépasse-t-elle  pas  le  milieu.  On  observe 
rarement  deux  nervures,  et  encore  dans  ce 
cas  est-il  fort  peu  commun  qu'elles  parcou- 
rent toute  la  longueur  de  la  feuille.  Dans 
quelques  cas  où  cette  dispositon  est  nor- 
male, ne  pourrait-on  pas  supposer  qu'elle 
est  due  à  la  soudure  de  deux  feuilles  voi- 
sines. Notez  bien  qu'on  la  remarque  surtout 
dans  des  feuilles  privées  de  symétrie  et  dé- 
jetées ordinairement  sur  deux  rangées. 
Quand  la  nervure  est  double,  elle  s'arrête 
le  plus  ordinairement  vers  le  milieu  de  la 
feuille.  Chez  beaucoup  de  Mousses  aqua- 
tiques, le  parenchyme  de  celle-ci  se  détruit, 
mais  la  nervure  moyenne  persiste  et  rend 
la  portion  inférieure  de  la  tige  comme  épi- 
neuse (ex.  :  Hypnum  fluviatile).  Dans  les 
Polytrics,  la  face  supérieure  de  la  nervure 
produit  des  lamelles  (nervus  lamellosus), 
qui  font  assez  de  saillies  sur  les  feuilles 
pour  qu'on  les  puisse  compter  dans  une 
section  transversale.  Dans  quelques  Cam- 
pylopus,  au  contraire,  c'est  à  la  face  infé- 
rieure de  la  nervure  que  j'ai  observé  de  sem- 
blables lamelles,  mais  elles  y  sont  moins 
prononcées. 

Les  feuilles  des  Mousses  sont  la  plupart 
composées ,  comme  celles  des  Jongerman- 
niées ,  d'une  couche  de  cellules  homogènes, 
disposées  sur  un  seul  et  même  plan  de  cha- 
que côté  delà  nervure,  quand  celle-ci  existe. 
Dans  quelques  genres  (Octoblepharum),  et 
dans  les  Dicranum  glaucum,  albidum,  on 
trouve  pourtant  deux  couches  de  cellules 
superposées.  La  forme  des  cellules  est  sphé- 
rique,  cubique,  parallélipipède,  fusiforme  ou 
polyèdre.  L'aréolation  qui  en  résulte  esta 
mailles  arrondies,  quadrilatères,  penta- 
hexagonales,  linéaires,  etc.  Ces  cellules  sont 
remplies,  surtout  dans  leur  jeunesse,  d'une 


matière  verte  qu'on  nomme  chlorophylle, 
qui  change  de  couleur  avec  l'âge.  Elle  passe 
au  rouge,  au  brun  ou  au  jaune,  selon  des 
circonstances  atmosphériques  ou  de  localité, 
ou  bien  s'évanouit,  disparaît  quelquefois  et 
laisse  la  feuille  décolorée ,  soit  en  partie 
(ex.:  Tortula  membranifolia ,  Bryum  ar- 
genteum),  soit  en  totalité.  La  turgescence 
de  cette  matière,  en  distendant  les  cellules, 
rend  la  surface  des  feuilles  papilleuse,  gra- 
nuleuse, etc. 

ORGANES  DE  REPRODUCTION. 

Les  Mousses  ont  des  fleurs  mâles  et  des 
fleurs  femelles.  Ces  fleurs  sont  hermaphro- 
dites ,  quand  les  deux  sexes  sont  réunis  dans 
un  même  involucre;  monoïques  ,  quand  les 
fleurs  mâles  sont  placées  dans  des  involu- 
cres  différents,  mais  sur  le  même  individu; 
ou ,  enfin ,  dioïques  ,  lorsque  les  unes  et  les 
autres  occupent  des  individus  distincts. 

Fleurs  mâles.  Dans  les  fleurs  mâles, 
qu'elles  soient  terminales  ou  latérales,  nous 
avons  trois  choses  à  considérer:  1°  les  en- 
veloppes ou  lePérigone;  2°  les  Anthéridies; 
3°  enfin,  les  Paraphyses. 

Périgone.  On  donne  généralement  en 
bryologie  le  nom  de  périgone  (Perigonium) 
à  l'involucre  de  l'organe  mâle,  et  l'on  ap- 
pelle feuilles  périgoniales  (folia  perigonialia) 
les  feuilles  qui  entrent  dans  sa  composition. 
Par  leur  forme  et  leur  grandeur,  ces  feuilles 
dilîèrent  ordinairement  des  caulinaires  qui 
les  avoisinent,  ou  dans  l'aisselle  desquelles 
le  périgone  est  souvent  placé.  Lorsque  les 
feuilles  périgoniales  occupent  le  sommet 
d'une  tige  ,  elles  sont  quelquefois  étalées  de 
façon  à  représenter  un  disque  ou  une  ro- 
sette, ainsi  qu'on  le  voit  dans  les  Mnium 
et  les  Polytrics.  Mais  si  leur  pointe  inflé- 
chie donne  à  ce  même  sommet  une  forme 
qui  approche  de  la  sphéroïde,  on  dit  la  fleur 
mâle  en  tête  ou  capituliforme.  Enfin,  et 
c'est  le  cas  le  plus  commun ,  elles  sont  im- 
briquées sans  ordre  et  forment  des  espèces 
de  gemmes  ou  de  bourgeons  sessiles  dans 
l'aisselle  des  feuilles  caulinaires  ou  raméales. 
Le  nombre  et  la  forme  des  feuilles  du  pé- 
rigone varient  considérablement.  Dans  un 
grand  nombre  de  Mousses,  les  fleurs  mâles 
n'ont  d'autre  périgone  que  la  feuille  cauli- 
naire  ou  coronale  dans  l'aisselle  de  laquelle 
elles  sont  situées.    Les  feuilles  périgoniales 


MOU 


MOU 


391 


manquent  souvent  de  nervure,  même  quand 
Jes  caulinaires  en  sont  munies.  A  l'abri  du 
contact  de  l'air  par  leur  position  ,  et  aussi 
moins  accessibles  à  l'action  de  la  lumière, 
elles  sont  nécessairement  moins  vivement 
colorées,  d'une  texture  plus  lâche  et  plus 
délicate,  et  d'une  consistance  plus  tendre. 
Anthéridies.  Si  nous  exceptons  le  volume, 
qui  est  plus  grand,  et  la  texture,  qui  offre 
un  peu  plus  de  résistance,  les  anthéridies 
des  Mousses  ressemblent  d'ailleurs  tellement 
à  celles  des  Hépatiques,  que  nous  nous 
dispenserons  de  les  décrire,  nous  contentant 
de  renvoyer  le  lecteur  aux  mots  Anthéridie 
et  Hépatiques.  Elles  se  composent  aussi,  en 
effet,  d'une  anthère  et  d'un  pédicule  ou  fila- 
ment plus  ou  moins  long ,  mais  qui  ne 
manque  jamais.  Leur  nombre,  variable  chez 
les  différentes  espèces,  peut  être  fort  consi- 
dérable, et  c'est  le  cas  chez  les  Poly tries. 
Leurs  fonctions  sont  identiquement  les  mê- 
mes dans  les  deux  familles.  La  liqueur  mu- 
cilagineuse  contenue  dans  ces  organes  a 
offert  à  l'observation  microscopique  de  vrais 
spermatozoaires ,  c'est-à-dire  des  animal- 
cules doués  de  mouvements  spontanés,  et 
auxquels  on  a  donné  le  nom  de  Spirillum 
Bryozoon.  C'est  spécialement  dans  les  an- 
thères des  Sphagnum  et  du  Marchantia  que 
MM.  Unger  et  Meyen  ont  observé  ce  fait 
curieux.  M.  Ad.  Brongniart  l'a  confirmé  sur 
celles  des  Funaria  hygrometrica,  Tortula 
ruralis  et  Polytrichum  undulatum.  Comme 
on  n'avait  trouvé  les  anthéridies  que  sur  un 
certain  nombre  de  Mousses,  il  avait  été 
élevé  des  doutes  sur  la  réalité  de  leurs  fonc- 
tions. Mais  depuis  que  des  bryologistes 
exercés  se  sont  occupés  de  leur  recherche, 
il  est  peu  d'espèces  qui  s'en  soient  montrées 
dépourvues. 

Paraphyses.  Les  paraphyses  (Parap/iyses, 
Fila  succulenta) sont  des  filaments  articulés, 
dressés  autour  ou  au  milieu  des  anthéri- 
dies qu'ils  accompagnent,  et  qu'un  rencontre 
généralement  dans  les  fleurs  mâles  et  fe- 
melles des  Mousses.  Tantôt  elles  ont  la  même 
longueur,  tantôt  elles  sont  plus  courtes  que 
les  anthéridies.  Elles  varient  aussi  beaucoup 
quant  à  leur  nombre  ,  qui  est  ordinaire- 
ment indéterminé.  Quelquefois  elles  man- 
quent complètement.  Composées  d'un  seul, 
rarement  de  plusieurs  rangs  de  cellules  al- 
longées (ex.:   Paludclla  squarrosa) ,  elles 


revêtent  la  forme  cylindrique,  ou  bien  elles 
se  renflent  en  massue  ou  en  coin  a  leur 
sommet.  Chez  quelques  espèces  rares ,  elles 
sont  planes,  linéaires,  comme  foliacées,  et 
montrent  une  grande  analogie  avec  les 
feuilles  (ex.:  Polytrichum  dendroides ,  Or- 
thotrichum  magellanicum).  Dans  toutes  les 
Splachnées ,  à  l'exception  de  VOEdipodium  , 
on  trouve  dans  l'aisselle  des  feuilles  coro- 
nales  et  involucrales  de  petits  corps  arti- 
culés assez  semblables  à  des  paraphyses  en 
miniature,  mais  remarquables  en  ce  que  l'ar- 
ticle terminal  est  très  allongé  et  la  partie 
inférieure  brunâtre. 

Fleurs  femelles.  La  fleur  femelle ,  tou- 
jours sessile,  peut  être  ou  terminale  {Musci 
acrocarpi ,  Brid.;  Acranthi,  Schwœgr.  ) , 
ou  latérale,  c'est-à-dire  occuper  l'aisselle 
d'une  feuille  caulinaire  ou  raméale  (  Musci 
pleurocarpi,  Pleuranthi).  Elle  se  compose 
d'un  involucre  qu'on  nomme  Périchèse,  de 
Pistils  ou  d'Archégones,  et  de  Paraphyses. 

Périchèse.  Le  périchèse  (  Perichœlium  ) 
consiste  en  feuilles  dont  la  forme,  le  nom- 
bre et  la  disposition  sont  extrêmement  su- 
jets à  varier.  Les  feuilles  périchétiales,  en 
raison  surtout  de  l'accroissement  remarqua- 
ble qu'elles  prennent  après  l'acte  de  la  fé- 
condation, sont  généralement  plus  grandes 
que  les  caulinaires,  ce  qui  est  tout  le  con- 
traire des  feuilles  périgoniales.  Elles  sont 
d'ailleurs  souvent  assez  dissemblables  entre 
elles  ,  les  intérieures  étant  plus  longues  et 
plus  étroites  que  les  extérieures  et  vice  versa. 
Cette  dissemblance  peut  même  aller  jus- 
qu'au point  qu'on  pourrait  croire  à  la  pré- 
sence d'un  double  périchèse ,  l'un  extérieur, 
composé  de  feuilles  imbriquées,  ovales-lan- 
céolées ,  l'autre  intérieur ,  formé  de  filaments 
capillaires  très  longs  ,  entourant  le  pistil  ou 
la  gaînule  comme  d'une  touffe  de  cils  (ex.: 
Neckera  disticha). 

Pistil.  M.  Bischoff  a  donné  le  nom  d'Ar- 
chégones pistilliformes  (Archegonia  pislilli- 
formia)  aux  rudiments  de  l'organe  femelle 
que  d'autres  bryologistes  ont  appelés  Pistils 
(Pistilla,  Fructûs  primordia  ,  Germina , 
Pistillidia).  Dans  les  fleurs  unisexuelles , 
les  pistils,  seuls  ou  mêlés  à  des  paraphyses, 
occupent  le  centre  du  périchèse;  ils  sont 
environnés  d'anthéridies  ou  mélangés  sans 
ordre  avec  celles-ci  dans  les  fleurs  herma- 
phrodites. 


392 


MOU 


MOU 


Le  pistil  des  Mousses  se  montre  dans 
l'origine  sous  la  figure  d'un  cylindre  cellu- 
leux  ,  court  et  tronqué;  mais  bientôt,  sa 
partie  inférieure  venant  à  se  renfler,  on  y 
peut  distinguer,  comme  dans  celui  des  Hé- 
pathiques ,  un  ovaire,  un  style  et  un  stig- 
mate. Nous  renverrons  pour  l'histoire  de 
son  développement  à  ce  que  nous  en  avons 
dit  à  la  page  544  du  VIe  tome  de  ce  Dic- 
tionnaire, car  la  morphose  de  cet  organe 
est,  à  peu  de  chose  près  ,  identique  dans 
les  ûeuK  familles,  La  seule  différence  nota- 
ble ,  c'est  qu'au  lieu  de  se  déchirer  au  som- 
met, ou  un  peu  au-dessous  du  sommet, 
lors  de  l'évolution  du  fruit,  c'est  à  la  base 
du  pédoncule,  ou,  pour  parler  plus  exac- 
tement, au  sommet  de  la  gaînule  que  l'é- 
pigone,  devenu  la  coiffe  ,  se  rompt  circulai- 
rernent,  et  que  celle-ci ,  entraînée  par  le 
fruit,  le  recouvre  jusqu'à  la  maturité. 

Le  nombre  des  pistils  est  fort  variable  , 
non  seulement  dans  des  espèces  différentes, 
ce  qui  n'aurait  rien  d'extraordinaire  ,  mais 
il  l'est  encore  dans  les  différentes  fleurs 
d'une  même  espèce,  que  dis-je!  du  même 
individu.  Chez  quelques  unes,  réduites  à 
l'unité  (ex.  :  Schistostega),  on  en  rencontre 
jusqu'à  vingt,  et  davantage  chez  plusieurs 
autres  (ex.  :  Mnium  rostratum).  Toutefois, 
quelque  grand  que  ce  soit  ce  nombre,  il  ne 
s'en  développe  ordinairement  qu'un  ,  rare- 
ment deux ,  plus  rarement  encore  davan- 
tage Les  autres  avortent,  se  flétrissent  et 
persistent  autour  de  la  vaginule  ou  sur  elle- 
même.  Ce  sont  ces  corps  auxquels  Hedwig  , 
qui  les  croyait  nécessaires  à  l'élévation  du 
pistil  fécondé  ,  donnait  le  nom  d'Adduc- 
teurs (Adductores).  Il  est  de  toute  évidence 
que  ce  sont  simplement  des  pistils  restés 
stériles. 

Fleurs  hermaphrodites.  Il  n'y  a  qu'un  pe- 
tit nombre  de  genres  de  la  famille  qui  nous 
occupe  dont  toutes  les  espèces  portent  des 
fleurs  hermaphrodites,  c'est-à-dire  des  fleurs 
où  l'on  rencontre  les  anthéridies  dans  les 
mêmes  involucres  que  les  pistils.  Mais,  parmi 
les  espèces  de  beaucoup  d'autres  genres  à 
fleurs  unisexuelles,  on  en  trouve  aussi  chez 
lesquelles  les  deux  sexes  sont  mêlés.  Ce  que 
nous  avons  dit  plus  haut  des  unes  et  des  au- 
tres, considérées  isolément,  pouvant  facile- 
ment s'appliquer  à  leur  réunion,  nous  allons, 
pour  abréger,  passer  à  l'examen  du  fruit. 


Fruit.  Le  fruit  des  Mousses  se  compose 
d'organes  accessoires,  tels  que  la  vaginule, 
le  pédoncule,  la  coiffe,  et  du  fruit  lui-même 
ou  de  la  capsule. 

Vaginule.  La  gaînule  ou  la  vaginule  (va- 
ginula)  peut  être  considérée  comme  une 
sorte  de  gynophore  ou  réceptacle  prolongé  de 
la  fleur  femelle.  Elle  est  membraneuse  ou 
charnue,  cylindrique  ou  ovale,  glabre  ou 
hérissée,  d'une  couleur  ordinairement  brune 
ou  rougeâlre,  et  souvent  surmontée  d'une 
membrane  annulaire  en  forme  de  collerette, 
que,  dans  les  Polytrics  surtout,  où  elle  est 
plus  marquée,  on  a  nommée  ocrea  ou  man- 
chette. Cet  appendice  annuliforme  n'est  que 
la  base  de  l'épigone  devenu  coiffe.  La  vagi- 
nule est  souvent  couverte  de  pistils  avortés, 
et  les  paraphyses  qui  l'entourent  l'envahis- 
sent aussi  quelquefois. 

Pédoncule.  C'est  dans  la  vaginule  qu'est 
enfoncé  comme  un  pieu  le  pédoncu\e(pedon- 
culus,  pedicellus,  seta,  tubus,thecaphora)  qui 
supporte  la  capsule  à  son  sommet.  Cet  or- 
gane ne  manque  jamais  dans  les  Mousses,  et 
quand  on  dit  qu'une  capsule  est  sessile,  on 
veut  seulement  exprimer  qu'elle  a  le  pédon- 
cule le  plus  court  possible.  Sa  longueur  va- 
rie beaucoup.  Quoique  ordinairement  assez 
grêle,  sa  solidité  et  sa  résistance  aux  causes 
de  destruction  sont  bien  supérieures  à  ce 
qu'on  remarque  chez  les  Hépatiques,  et  sou- 
vent telles  qu'il  persiste  même  après  la  chute 
de  la  capsule.  Il  est  lisse  ou  rugueux,  ter- 
minal ou  latéral,  simple  ou  géminé.  Quand 
il  sort  plus  de  deux  pédoncules  du  même 
périchèse,  on  les  dit  agrégés  (  agregati,  ex.: 
Mnium  ligulatum).  La  direction  et.  la  couleur 
du  pédoncule  sont  variables  aussi  dans  cer- 
taines limites.  L'inclinaison  ou  la  courbure 
de  son  sommet  rendent  la  capsule  penchée 
ou  pendante.  Dans  sa  torsion  sur  lui-même, 
la  direction  de  la  spirale  est  différente  selon 
les  espèces.  Cette  torsion  est  double  dans  la 
Funaire  hygrométrique,  la  partie  inférieure 
tournant  de  gauche  à  droite,  et  la  supérieure 
en  sens  opposé. 

Coiffe.  La  coiffe  (calyptra)  soulevée  par 
le  pédoncule  après  la  fécondation  se  rompt 
circulairement  à  la  base,  rarement  vers  son 
milieu  (ex.:  Sphagnum);  à  cette  époque  elle 
adhère  encore,  quoique  bien  faiblement,  au 
fruit  qui  n'est  pas  formé.  De  là  vient  qu'elle 
acquiert  souvent  dans  cette  position  le  com- 


MOU 


MOU 


393 


plément  de  son  développement.  Sa  rupture 
latérale,  quand  elle  a  lieu,  et  sa  chute  dépen- 
dent de  l'accroissement  incessant  de  la  cap- 
sule. Dans  quelques  genres,  elle  se  fend  à  la 
base  en  plusieurs  lanières  qui  lui  permettent 
de  se  dilater  dans  la  même  proportion  que 
le  fruit  (ex.  :  Macromitrium,  Orthotrichum) . 
Chez  d'autres,  elle  se  fend  vers  le  milieu  et 
d'un  seul  c6té,  son  bord  inférieur  restant 
enroulé  autour  du  pédoncule  (  ex.  :  Calym- 
peres  androgynum).  Enfin  elle  est  lisse  ou 
striée,  glabre  ou  velue,  et,  dans  ce  dernier 
cas,  les  poils  plus  ou  moins  abondants  dont 
elle  est  recouverte  se  retrouvent  sur  la  va- 
ginule.  Quant  à  sa  forme,  elle  est  en  mitre 
ou  en  cône  dans  les  Hookeries  et  les  Ortho- 
trics,  en  capuchon  dans  les  Brys  et  lesHyp- 
nes ,  campanulée  ou  en  éteignoir  dans  YEn- 
calypta,  etc.  Elle  est  droite  ou  inclinée, 
c'est-à-dire  oblique  relativement  à  la  capsule. 
Elle  est  enfin  souvent  terminée  par  le  style 
qui  couronnait  l'épigone,  dont  elle  n'est  que 
l'état  adulte. 

Capsule.  La  capsule  ou  l'urne,  nommée 
encore  sporange  par  quelques  bryologistes 
(urna,  anthera,  Linn.,  theca,  capsula,  spo~ 
rangium),  est  cette  partie  du  fruit  dans  la- 
quelle se  forment  et  sont  contenues  les  spo- 
res. Elle  est  elle-même  composée  de  plusieurs 
organes  que  je  vais  successivement  passer  en 
revue. 

La  capsule  proprement  dite  termine  et 
surmonte  le  pédoncule  dont  elle  est  pour 
ainsi  dire  le  renflement.  Ses  formes  et  sa  di- 
rection sont  infiniment  variées.  Arrondie 
dans  V Astrodontium  canariense,  le  Glypho- 
carpus  Wébbii,  etc.,  ovale  ou  obovale  dans 
le  plus  grand  nombre  des  espèces,  cylindri- 
que chez  beaucoup  d'autres,  elle  revêt  toutes 
les  formes  intermédiaires.  Ainsi,  on  la  ren- 
contre urcéolée,  fentrue  ou  bossue,  recour- 
bée, arquée,  quelquefois  même  cubique  ou 
parallélipipède,  comme  dans  certains  Poly- 
trics.  Chez  les  Splachnum,  elle  est  remar- 
quable par  une  dilatation  ou  renflement  de 
sa  partie  inférieure,  qui,  dans  le  S.  ampul- 
laceum  surtout,  surpasse  son  propre  volume. 
On  donne  le  nom  d'apophyse  à  ce  renflement, 
d'ailleurs  fort  variable  quant  à  sa  forme,  et 
la  capsule  qui  le  porte  est  dite  capsula  apo- 
physala.  Considérée  sous  le  rapport  de  sa 
direction,  la  capsule  est  droite,  inclinée, 
penchée  ou  pendante.  Dans  quelques  espè- 

T.  VIII. 


ces,  cette  direction  n'est  pas  la  même  avant 
et  après  la  dissémination  des  spores.  Lisse 
dans  la  plupart  des  Mousses,  légèrement  ru- 
gueuse dans  un  certain  nombre,  la  capsule 
est  striée  dans  presque  tous  les  Orthotrics 
et  dans  beaucoup  de  Macronùlrium,  chez  les 
Zygodons,  hérissée  d'aiguiiions  comprimés 
dans  mon  genre  Symphyodon,  etc.  Cet  or- 
gane est  formé  de  plusieurs  couches  de  cel- 
lules superposées,  dont  l'extérieure,  ordinai- 
rement colorée  en  brun  ou  en  jaune  à  la 
maturité,  est  la  continuation  de  celles  qui 
revêtent  le  pédoncule.  On  y  a  constaté  la 
présence  de  quelques  pores  stomatoïdes  (ex.: 
Meesia).  Des  deux  couches  les  plus  intérieu- 
res, plus  pâles  et  en  même  temps  d'un  tissu 
plus  lâche,  celle  qui  se  rapproche  le  plus  du 
centre  de  la  capsule  est  en  rapport  avec  un 
organe  que  sa  fonction  de  renfermer  immé- 
diatement les  spores  a  fait  nommer  spo- 
range. 

Sporange.  Le  sporange  (Sporangium,  Spo- 
rangidium,  Sporophorum),  d'une  texture  très 
délicate,  est  le  plus  souvent  uni  à  la  mem- 
brane capsulaire,  soit  qu'il  la  tapisse  immé- 
diatement, soit  qu'il  y  soit  fixé  par  des  fila- 
ments articulés  qui  vont  de  l'un  à  l'autre, 
comme  dans  le  Diphyscium  foliosum.  Le 
sporange,  qu'on  a  encore  nommé  sac  sporo- 
phore,  est  ou  entier,  comme  dans  les  Mous- 
ses astomes,  ou  bien  ouvert  à  son  sommet, 
comme  chez  celles  qui  ont  un  opercule  ca- 
duc, et,  dans  ce  cas-là  même,  ce  sommefc 
peut  être  nu  ou  muni ,  selon  l'occurrence, 
d'un  verticille  d'appendices  péristomiques. 

Columelle.  Le  sporange  est  traversé  dans 
son  axe  par  un  faisceau  de  cellules  allongées 
qui,  partant  du  centre  du  pédoncule,  s'étend 
jusqu'au  sommet  de  la  capsule;  c'est  la  co- 
lumelle {Columella,'  Styliscum).  Lisse  ou  lon- 
gitudinalement  plissée,  cette  columelle  est 
presque  toujours  cylindrique,  rarement  co- 
nique, obeonique  ou  parallélipède  à  angles 
ailés.  Dans  quelques  cas,  elle  s'évase  au  som- 
met de  façon  à  clore  l'orifice  de  la  capsule. 
Dans  d'autres,  où  le  fond  du  sporange  est 
séparé  par  un  espace  vide  du  fond  de  la 
membrane  capsulaire,  elle  fournit  à  celui-là 
une  sorte  de  pédicelle.  Dans  les  Splachnées, 
et  surtout  dans  le  Tayloria  splachnoides  ,  la 
columelle,  un  peu  dilatée  au  sommet,  dé- 
passe de  beaucoup  le  niveau  de  l'orifice  de 
la  capsule,  et  dans  le  Systiliim  splachnoides, 

50 


394 


MOU 


MOU 


où  elle  offre  la  même  particularité,  elle  reste 
en  outre  adhérente  à  l'opercule  soulevé. 
Mais,  dans  la  plupart  des  Mousses,  son  som- 
met se  flétrit  et  s'oblitère  après  la  chute  de 
l'opercule,  et  on  n'en  aperçoit  que  les  restes 
desséchés  au  fond  du  sporange.  L'erreur  de 
Palisot  de  Beauvois,  qui  prenait  la  columelle 
pour  l'organe  femelle  et  considérait  le  spo- 
range comme  l'organe  mâle,  montre  jusqu'à 
quel  point  des  hommes  d'un  mérite  éminent 
peuvent  s'écarter  du  sentier  étroit  de  la  vé- 
rité, quand  ils  se  laissent  dominer  par  des 
idées  préconçues. 

Mousses  astomes.  La  capsule  des  Mousses 
est  quelquefois  indéhiscente,  alors  on  dit 
astomes  (musci  astomi)  les  Mousses  qui  pré- 
sentent cette  particularité  (ex.  :  Phascum). 
Mais  le  plus  souvent  la  capsule  s'ouvre  près 
du  sommet  comme  une  boîte  à  savonnette, 
absolument  de  la  même  façon  que  quelques 
fruits  de  plantes  dicotylédones.  La  partie 
.supérieure  qui  se  sépare  et  tombe  à  la  ma- 
turité se  nomme  l'opercule. 

Opercule.  L'opercule  (Operculum)  a  la 
même  structure  que  la  capsule  dont  il  for- 
mait d'abord  le  sommet.  Son  nom  indique 
assez  la  ressemblance  qu'on  lui  a  trouvée 
dans  un  grand  nombre  de  cas  avec  un  cou- 
vercle. Quelquefois  plane,  d'autres  fois  con- 
vexe, hémisphérique,  conique,  il  est  encore 
obtus  ou  aigu,  acuminé  ,  subulé  ,  souvent 
prolongé  en  un  bec  plus  ou  moins  long, 
droit,  oblique  ou  recourbé.  Cet  organe  offre 
de  bons  caractères  diagnostiques  pour  les 
distinctions  spécifiques;  car,  s'il  est  à  la  vé- 
rité variable  à  l'infini  dans  des  espèces  dif- 
férentes, il  est  peu  sujet  à  varier  dans  la 
même  espèce. 

Anneau.  L'opercule  se  sépare  le  plus  or- 
dinairement de  la  capsule  par  le  seul  fait  de 
la  scissure  normale  qui  s'opère  sur  celle-ci  à 
l'époque  de  la  maturité.  Dans  ce  cas ,  la 
chute  de  l'organe  en  question  arrive  surtout 
par  deux  causes:  1°  l'accroissement  en  dia- 
mètre de  la  capsule  dû  à  l'évolution  des  spo- 
res ;  2°  l'effort  que  font  pour  le  soulever  les 
dents  élastiques  dont  son  orifice  est  souvent 
muni  et  que  nous  allons  étudier  à  l'instant. 
Mais  il  est  encore  un  certain  nombre  de 
Mousses  chez  lesquelles  cette  chute  est  fa- 
vorisée par  la  présence  d'un  corps  intermé- 
diaire connu  sous  le  nom  d'anneau  (Annu- 
lus,  Fmi&n'a). C'estune  lame  interposée  entre 


l'orifice  delà  capsule  et  la  base  de  l'opercule, 
et  composée  d'une  (A.  simplex)  ou  de  plu- 
sieurs rangées  de  cellules  {A.  compositus). 
Ces  cellules,  étant  très  hygroscopiques,  s'im- 
bibent facilement  de  l'humidité  ambiante,  et 
leur  gonflement,  en  faisant  l'office  de  coin, 
contribue  puissamment  à  soulever  et  à  dé- 
tacher l'opercule.  Cet  organe  ne  fait  jamais 
défaut  dans  les  espèces  où  le  péristome  est 
uni  à  l'opercule  par  des  liens  celluleux,  et 
l'on  conçoit  en  effet  que  chez  elles  sa  présence 
devenait  presque  indispensable. 

Péristomes.  Chezles  Mousses  dont  les  fruits 
s'ouvrent  régulièrement  à  la  maturité  pour 
répandre  leurs  séminules  ou  spores,  la 
capsule  proprement  dite  présente  ,  après  la 
chute  de  l'opercule,  un  orifice  (Stoma)  qui 
peut  être  nu  (Musci  gymnostomi),  ou  garni 
d'une  seule  {M.  haploperistomi)  ou  de  deux 
rangées  d'appendices  (M.  diploperistomi)  en 
forme  de  dents,  auxquels  on  a  donné  le  nom 
de  péristomes. 

Le  péristome  simple  (Peristomium  sim- 
plex) est  celui  qui  n'est  composé  que  d'un 
seul  verticille  ou  d'une  rangée  unique  de 
dents;  mais  ce  péristome  ne  naît  jamais  de 
la  couche  celiuleuse  externe  de  l'urne ,  la- 
quelle produit  l'anneau  dans  les  Mousses 
qui  en  sont  pourvues,  ou  se  continue  avec 
l'opercule  dans  toutes  les  autres  :  il  provient, 
soit  de  la  couche  celiuleuse  intérieure,  et 
alors  il  reçoit  le  nom  de  péristome  simple 
extérieur  (P.  simplex  exterius),  soit  du  spo- 
range, auquel  cas  on  le  nomme  péristome 
simple  intérieur  (P.  simplex  intérim).  Lors- 
que l'orifice  de  la  capsule  des  Mousses  est 
muni  d'un  double  péristome  (Peristomium 
duplex),  l'un  ,  qui  tire  son  origine  de  l'urne, 
prend  le  nom  de  péristome  extérieur  {Pe- 
ristomium exterius) ,  l'autre  ,  qui  couronne 
le  sporange  ,  devient  le  péftsiome  intérieur 
(P.  interius). 

Péristome  extérieur.  Le  péristome,  quand 
il  est  simple ,  ou  le  péristome  extérieur  , 
quand  il  y  en  a  deux,  est  normalement 
composé  de  dents  égales  entre  elles ,  et 
principalement  remarquables  par  leur  nom- 
bre ,  qui  est  toujours  un  multiple  de  quatre. 
Ainsi ,  réduites  au  nombre  radical  de  quatre 
dans  le  genre  Tetraphys,  on  en  trouve  huit 
dans  VOctoblepharum,  seize  dans  le  Weissia, 
trente-deux,  quarante-huit  ou  soixante- 
quatre  dans   divers  Polytrics.    Ces    dents 


MOU 


MOU 


395 


sont  solitaires  ou  rapprochées  deux  à  deux , 
geminati  (ex.:  Splachnum) ,  quelquefois 
soudées  entre  elles  dans  une  étendue  plus 
ou  moins  grande  et  libres  au  sommet  (ex.  : 
Dicranum).  Une  raie  longitudinale  indique 
dans  ce  cas  la  trace  de  la  soudure.  Les  dents 
extérieures  sont  réunies  au  sommet  dans  les 
genres  Conoslomum  et  Funaria;  elles  sont 
nombreuses  et  très  courtes  dans  les  Poly- 
trics,  où  elles  aboutissent  à  une  membrane 
tendue  comme  une  peau  de  tambour  sur 
l'orifice  de  la  capsule.  Cette  membrane, 
qui  paraît  fournie  par  le  sommet  du  spo- 
range ,  a  reçu  le  nom  d1Épiphragme  {Epi- 
phragma).  Au  lieu  de  dents,  ce  sont  des 
fils  contournés  en  spirale  simple  ou  double, 
qui  garnissent  l'ouverture  de  l'urne  des 
Tortules.  Les  dents  extérieures,  nées  des 
cellules  intérieures  de  la  membrane  eapsu- 
laire,  sont  généralement  plus  robustes, 
plus  épaisses  que  les  cils  du  péristome  mem- 
braneux que  nous  allons  examiner  à  l'in- 
stant. Avant  la  chute  de  l'opercule ,  les 
dents  extérieures  des  Mnium  sont  recou- 
vertes et  unies  par  une  membrane  incolore 
très  tendre  et  finement  pointillée  ;  lorsque 
ces  dents  s'écartent ,  la  membrane  se  rompt 
selon  la  longueur  ,  et  laisse  sur  le  dos  de 
chaque  dent  un  tégument  composé  d'une 
double  rangée  de  cellules  quadrangulaires. 
(Voy.  Bruch  et  Schimper  Brijol.  Europ.  , 
Fasc.  V,  p.   10  {Mnium),  t.  9,  f.  16). 

Péristome  intérieur.  Ce  péristome,  qui 
part  du  sommet  du  sporange  dont  il  est  le 
prolongement ,  se  compose  souvent  de  huit 
à  seize  cils  {Cilia  ,  Processus) ,  lesquels  al- 
ternent avec  les  c'euis  du  péristome  exté- 
rieur ,  ou  bien  ,  ce  qui  est  le  cas  dans  toutes 
les  Hypnées  ,  ces  cils  naissc.it  d'une  mem- 
brane très  délicate,  ordinairement  plissée 
en  carène,  et  dans  les  sillons  ou  plis  ren- 
trants de  laquelle  se  logent  les  dents  exté- 
rieures. Enfin,  entre  chaque  cil  du  péris- 
tome intérieur,  dont  le  dos  caréné  offre 
maintes  fois  aussi  des  fentes  ou  des  jours, 
on  trouve  un,  deux  ou  trois  filets  continus 
ou  articulés  {Ciliola) ,  ordinairement  plus 
courts.  Dans  plusieurs  genres,  le  bord  de  la 
membrane  en  question  est  irrégulièrement 
déchiqueté.  Le  péristome  intérieur,  tou- 
jours membraneux  et  d'un  tissu  délicat,  se 
présente  sous  la  forme  d'un  cône  entier  ad- 
mirablement réticulé  dans  les  Fontinales . 


ou  sous  celle  d'une  coupole  à  laquelle  adhè- 
rent les  dents  extérieures  dans  le  genre  Cin- 
clidium.  Si  l'on  réfléchit  que  ce  péristome 
n'est  que  la  partie  supérieure  du  sac  sporo- 
phore ,  l'on  concevra  qu'il  est  l'analogue  de 
l'opercule ,  et  l'on  se  rendra  facilement 
raison  de  sa  structure  dans  les  deux  der- 
niers exemples  que  nous  avons  rapportés. 

Spores.  Dans  la  jeunesse  du  fruit,  l'es- 
pace qui  sépare  la  columelle  des  parois  cap- 
sulaires  et  le  sporange  lui-même  ne  sont 
que  du  tissu  cellulaire.  C'est  dans  les  cel- 
lules de  ce  tissu,  remplies  de  granules  ver- 
dâtres  ou  de  chlorophylle  ,  que  se  forment 
les  spores  {sporœ),  par  un  mécanisme  sem- 
blable à  celui  par  lequel  se  développent  les 
grains  de  pollen  dans  l'anthère  des  phané- 
rogames. Ce  mécanisme  a  été  très  bien  ex- 
pliqué par  M.  Valentin  dans  un  fort  beau 
mémoire  quiaété  insérédans  le  tome  XVIII, 
p.  499,  des  Transactions  de  la  Société  Lin- 
néenne  de  Londres,  et  par  M.  L;i:'.tzius-Be- 
ninga  dans  une  thèse  de  philosophie  soi  < 
nue  et  imprimée  à  Gottingue  en  1844  ('.,. 
Chacune  des  cellules  dont  nous  avons  parlé 
contient  dans  l'origine  quatre  spores  dont 
la  forme  est  celle  d'une  courte  pyramide 
triangulaire  à  faces  planes ,  contiguës  et  à 
base  convexe.  A  une  époque  plus  rapprochée 
de  la  maturité,  la  cellule-mère  étant  résor- 
bée ,  les  spores,  devenues  libres,  tendent 
incessamment  à  reprendre  et  finissent  par 
reprendre  en  effet  la  forme  sphérique 
qu'elles  présentent  au  temps  de  leur  dissé- 
mination. Leur  surface  extérieure  est  alors 
lisse ,  aréolée  ou  hérissée  de  tubercules  et 
de  pointes  très  fines.  Leur  volume  varie 
beaucoup  aussi.  Elles  sont  composées  d'un 
sporoderme  ou  membrane  extérieure,  et 
d'un  nucléus  granuleux  ,  qu'accompagnent 
ordinairement  quelques  gouttes  d'une  huile 
éthérée.  Dans  une  Mousse  du  Chili ,  notre 
Weissia  {Eucamptodon)  pericJiœlialis,  nous 
avons  observé  et  publié  (Ann.  se.  nat.,  août 
1845,  p.  120)  un  fait  curieux  d'anamor- 
phose des  spores  ,  dont  il  semblerait  qu'on 
peut  inférer  que  celles-ci  sont  restées  à  l'é- 
tat rudimentaire  jusqu'à  la  maturité  de  la 

(i)  M.  Hugo  Molil  a  aussi  beaucoup   contribué   à   éclairai 
la  formation  des  spores  dans   les   Mmiws  par  son  Mcmoir» 
inséré  dans  le  Flore  i833,  sons  le  titre  de  Eiiii$d  Bcmer- 
kimgern  uber  die  Entwickelung    iind  der  Baurfcr  sporen  der 
Kryptogmischen  Gcviichsc 


396 


MOU 


MOU 


Mousse ,  ou  ,  en  d'autres  termes,  jusqu'à  la 
chute  spontanée  de  l'opercule.  Au  lieu  de 
spores  normales,  nous  avons  en  effet  trouvé 
des  corps  cunéiformes  ou  quadrilatères  longs 
de  14  centièmes  de  millimètres  et  larges  de 
4  à  6,  composés  de  cellules  irrégulières, 
<>pa  ques,  et  assez  analogues  quant  à  la  struc- 
iire  ,  mais  non  quant  à  la  forme,  à  ces 
.<:  'm  mes  qu'on  rencontre  dans  les  corbeilles 
lies  Marchandées. 

Pseudo-cotylédons.  Lors  de  leur  germina- 
!  ;  ) n  ,  les  spores  émettent  des  filaments  con- 
icrvoïdes  cloisonnés,  d'abord  simples,  puis 
rameux  ,  auxquels  on  a  donné  le  nom  de 
pro-embryons  (Proembryi)  ou  de  pseudo- 
cotylédons {Pseudocotyledones) ,  en  raison 
des  fonctions  qu'ils  sont  appelés  à  remplir 
{ V.  Drummond  ,  Obs.  on  the  Germin.  of 
Mosses  in  Trans.  Lin.  Soc.  Lond.,  XIII, 
p.  24  ).  Si  on  les  suit  dans  leur  développe- 
ment ,  on  reconnaît  que  la  rupture  du  spo- 
roderme  donne  issue  aux  filaments  en  ques- 
tion, et  que  la  plantule,  dont  les  rudiments 
se  montrent  environ  trois  semaines  plus 
tard  ,  prend  l'apparence  d'un  bourgeon 
formé  de  plusieurs  feuilles.  Les  pseudo-co- 
tylédons fournissant  incessamment  des  sucs 
à  la  nouvelle  plante,  celle-ci  pousse  de  son 
sommet  une  tige  et  de  sa  base  des  radicules 
capillaires  cloisonnées.  Les  faux  cotylédons 
ne  disparaissent  pas  toujours  après  l'évolu- 
tion de  la  tige;  il  est  des  espèces  ,  comme 
le  Phascum  serratum,  où  ils  persistent  pen- 
dant toute  la  durée  de  la  vie  de  la  Mousse. 

CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES. 

Morphologie.  La  capsule  incomplètement 
quadrifide  des  Andrées  ,  les  dents  des  deux 
péristomes  ,  la  division  régulière  en  4,  6  ou 
8  lanières  de  la  base  de  la  coiffe  dans  le 
genre  Schlotheimia ,  et  beaucoup  d'autres 
faits,  semblent  démontrer  que  les  fruits  des 
Mousses  subissent  les  mêmes  lois  que  ceux 
des  plantes  supérieures,  et  ne  sont ,  comme 
eux  ,  que  des  feuilles  transformées  et  sou- 
dées entreelles  à  différents  degrés.  On  trouve 
a  ce  sujet,  dans  M.  Lindley  (A  nat.  Syst.  of 
Bot.,  éd.  2,  p.  408),  des  idées  fort  ingé- 
nieuses, dont  naus  ne  saurions  trop  recom- 
mander la  lecture  aux  personnes  que  ce  su- 
jet peut  intéresser.  Plusieurs  faits  nouveaux 
viennent,  du  reste,  à  l'appui  de  cette  manière 
de  voir.  Ainsi  M.  Richard  Spruce  ,  biolo- 


giste anglais  tort  distingué,  nous  a  informé 
que,  sur  des  échantillons  de  Bryum  acumi- 
natum  recueillis  par  M.  Borrer,  il  a  observé 
plusieurs  exemples  d'un  pistil  central  changé 
en  un  rameau  garni  de  feuilles  et  environné 
à  sa  base  d'archégones  ou  de  pistils  avortés 
et  de  paraphyses.  Il  a  encore  vu  la  même 
sorte  de  monstruosité  se  répéter  une  fois  ou 
deux  dans  le  Bryum  elongatum.  Enfin 
M.  Quekett,  qui  l'a  remarquée  aussi  dans 
le  Tortula  fallax ,  en  a  fait  le  sujet  d'un 
mémoire  qu'on  ne  lira  pas  sans  intérêt,  et 
qu'il  a  inséré  dans  le  cahier  d'octobre  184* 
des  Transactions  de  la  Société  microscopique 
de  Londres.  Dans  tous  ces  exemples,  ne 
peut-on  pas  considérer  le  rameau  comme 
représentant  le  pédoncule  et  les  feuilles 
comme  les  diverses  parties  qui  entrent  nor- 
malement dans  la  composition  de  la  cap- 
sule ?  De  semblables  métamorphoses  ont 
lieu  chez  les  phanérogames  et  ne  laissent 
plus  d'incrédules.  L'hypothèse  de  M.  Lind- 
ley acquiert  donc  une  grande  probabilité. 

Multiplication  des  Mousses.  De  même  que 
les  Hépatiques,  les  Mousses  ne  se  propagent 
pas  seulement  par  des  spores ,  elles  multi- 
plient encore  par  des  espèces  de  boutures. 
Nous  avons  vu  plus  haut  qu'il  paraissait 
souvent ,  au-dessous  de  la  fleur  femelle  et 
dans  l'aisselle  d'une  feuille,  des  bourgeons 
dont  l'évolution  produisait  des  pousses  an- 
nuelles hypogynes,  destinées  à  perpétuer  la 
plante  (ex.  :  Bryum).  Ces  jets  poussent  de 
leur  base  des  radicelles  qui,  lors  de  la  sépa- 
ration ou  de  la  mort  de  la  tige-mère,  leur 
permettent  de  végéter  pour  leur  propre 
compte,  et  de  se  suffire  à  eux-mêmes.  Mais 
ce  n'est  pas  en  ce  lieu  seulement  que  peu- 
vent se  développer  les  innovations  continua- 
trices de  la  plante  :  on  les  voit  pulluler  quel- 
quefois soit  de  la  base,  comme  dans  les 
Mnium,  soit  de  l'aisselle  des  feuilles,  de  la 
tige  ou  des  rameaux  ,  comme  dans  les 
Hypnées,  soit  enfin  du  rhizome  ou  de  la 
souche  rampante  propre  à  quelques  espèces, 
comme  dans  le  NecTcera  dendroïdes.  C'est 
par  cet  artifice  que  se  perpétuent  chez  nous 
les  espèces  qui  ne  fructifient  point. 

Dans  l'excellent  article  Mousses  ,  rédigé 
par  M.  Adolphe  Brongniart  pour  le  Diction- 
naire classique,  nous  trouvons  sur  les 
spores  de  ces  plantes  des  considérations  qui 
méritent  d'être  reproduites.  De  peur  d'alté- 


MOU 


MOU 


397 


rer  sa  pensée,  nous  laisserons  notre  savant 
ami  parler  lui-même. 

«  Quant  à  ces  germes  eux-mêmes  que 
»  nous  avons  désignés  par  le  nom  de  sémi- 
»  nules  ou  de  sporules,  leur  organisation  et 
»  leur  mode  de  développement  nous  parais- 
»  sent  les  éloigner,  sous  beaucoup  de  rap- 
»  ports,  des  graines  des  plantes  phanéroga- 
»  mes,  et  leur  donner  beaucoup  plus  d'analo- 
»  gie  avec  les  embryons  de  ces  végétaux  qui, 
»  comme  eux  ,  deviennent  promptement 
»  libres  dans  l'intérieur  de  la  graine.  Dans 
»  ce  cas,  l'urne  entière  devrait  être  regar- 
»  dée  comme  analogue  à  la  graine;  ce  serait 
»  une  graine  renfermant  un  grand  nombre 
»  d'embryons,  structure  qui  n'est  pas  sans 
î>  exemple,  même  parmi  les  plantes  phané- 
j>  rogames.  Sans  prétendre  adopter  complé- 
»  tement  cette  opinion,  qui  a  encore  besoin 
»  d'être  confirmée  par  de  nouvelles  recher- 
ches, il  est  toutefois  fort  remarquable  de 
»  trouver  dans  l'urne  des  Mousses,  et  dans 
»  ses  enveloppes,  presque  toutes  les  parties 
»  qui  composent  l'ovule  des  plantes  phané- 
»  rogames,  et  cette  manière  de  la  considérer 
»  devient  surtout  très  vraisemblable  si  on 
»  adopte  l'opinion  de  M.  Robert  Brown  sur 
»  la  structure  des  fleurs  femelles  des  Coni- 
»  fères;  ainsi  la  coiffe,  d'abord  perforée  au 
»  sommet,  correspondrait  au  testa  ou  à  la 
»  membrane  interne  de  l'ovule;  l'urne  tout 
Rentière  à  l'amande  ;  la  membrane  externe  à 
»  la  membrane  du  chorion  ;  le  sac  sporulifère 
»  au  sac  de  l'amnios,  l'opercule  au  mame- 
»  Ion  qui  termine  l'amande;  le  pédicelle  ne 
»  serait  qu'un  développement  de  la  cha- 
»  laze;  la  columelle  serait  formée  par  l'ex- 
»  tension  du  tissu  du  mamelon  d'imprégna- 
«  tion  de  la  chalaze,  extension  devenue  né- 
)  cessaire  pour  la  formation  et  la  nutrition 

>  d'un  grand  nombre  d'embryons,  et  dont 

>  nous  avons  déjà  une  sort*  d'indice  dans 
»  la  graine  multi  embryon nc,*e  des  Cycas.  » 

Géographie  et  station  des  Mousses.  Ces 
plantes  vivent  sous  tous  les  climats ,  et 
dans  les  localités  les  plus  diverses,  excepté 
dans  le  sein  des  mers.  Depuis  l'équateur  jus- 
qu'aux deux  pôles,  sur  les  plus  hautes  mon- 
tagnes comme  dans  les  vallées  les  plus  pro- 
fondes et  les  plus  vastes  plaines,  elles  recou- 
vrent les  rochers,  la  terre  et  les  troncs  d'ar- 
bres, d'autant  plus  abondantes  que  la  végé- 
tation  des  plantes  cotylédonées  est  moins 


vigoureuse  ou  tout-à-fait  nulle.  Quelques 
espèces  ne  vivent  que  dans  les  eaux  douces, 
courantes  ou  tranquilles.  Dans  les  Alpes  les 
plus  élevées  des  deux  continents,  on  les 
rencontre  près  des  neiges  éternelles,  et 
M.  Aie.  d'Orbigny,  en  explorant  la  chaîne 
des  Andes  du  Pérou,  y  a  trouvé  le  Fabronia 
nivalis  et  VOrthotrichum  psychrophilum  ,  à 
une  hauteur  de  5,000  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  l'océan  Pacifique.  Chez  nous, 
c'est  le  Polytrichum  alpinum  qui  occupe 
cette  place.  Il  suffit  que  les  aspérités  ou  les 
plus  petites  fissures  d'un  rocher  ou  d'un 
tronc  puissent  retenir  quelque  peu  de  terre 
pour  que  là  vienne  végéter  une  mousse, 
surtout  à  l'exposition  du  nord,  car  l'humi- 
dité est  une  des  conditions  essentielles  de 
son  existence.  Il  est  un  petit  nombre  de 
Mousses  cosmopolites;  mais  plusieurs  tribus 
et  beaucoup  de  genres  sont  propres  à  telle 
zone,  à  telle  localité.  Parmi  les  premières, 
on  compte  les  suivantes  :  Sphagnum  latifo- 
lium  et  capillifolium  ;  Ceratodon  purpureus; 
Bryum  argenteum,  capillare  et  cœspititium  ; 
Funaria  hygrometrica  ;  Polytrichum  juni- 
perinum;  Hypnum  cupressiforme. 

Un  article  de  Dictionnaire  se  refuse  à  ce 
que  nous  donnions  une  énumération  com- 
plète des  seconds.  Nous  dirons  seulement, 
quant  aux  stations,  que  les  Sphaignes  et 
ÏHypnum  cuspidatum  occupent  les  lieux 
humides  et  marécageux;  que  les  murs  sont 
recouverts  des  Tortula  muralis ,  Grimmia 
pulvinata  et  crinita,  etc.;  que  les  Splachnum 
aiment  en  général  à  végéter  sur  la  fiente 
des  herbivores  ;  que  les  Phasques  et  un  grand 
nombre  de  Tortules  préfèrent  les  champs  et 
les  cultures,  enfin  que  les  Hypnes ,  les  Les- 
kies ,  les  Neckères  et  les  Fissidents  vivent 
près  des  haies,  dans  les  bois,  à  l'ombre  des 
grands  arbres ,  à  terre  ou  sur  leur  tronc. 
Dans  les  sources  d'eau  vive  ou  dans  les 
ruisseaux  qui  en  naissent,  se  rencontre  sur- 
tout le  Bartramia  fontana;  enGn  la  Fonti- 
nalis  antipyretica ,  une  des  plus  longues 
Mousses  connues,  VHedvoigia  aqualica,  le 
Iîacomitrium  aciculare ,  et  les  Cinclidotus 
riparius  et  fontinaloides ,  habitent  les  eaux 
courantes.  Dans  toutes  ces  localités,  les 
Mousses,  et  c'est  le  cas  le  plus  rare,  vivent 
isolées,  éparses,  ou  bien,  le  besoin  d'un  mu- 
tuel appui  venant  à  se  faire  sentir,  elles  se 
réunissent   par    touffes  en   plus  ou   moins 


398 


MOU 


MOU 


grand  nombre.  Ces  dernières  sont  appelées 
Mousses  sociables.  Aux  premières  appar- 
tiennent quelques  Polytrics  ,  quelques 
Hypnes,  et  en  première  ligne  la  Buxbaumie 
aphylle,  dont  on  ne  rencontre  presque  ja- 
mais plusieurs  individus  réunis.  Ces  plantes, 
enfin,  affectionnent  certains  terrains,  cer- 
taines stations  géologiques  qu'il  serait  trop 
long  de  faire  connaître,  et  pour  l'étude  des- 
quels nous  ne  saurions  mieux  faire  que  de 
renvoyer  à  l'ouvrage  de  M.  Ungcr,  intitulé  : 
Uber  den  Einfluss  des  Bodens  auf  die  Ver- 
theilung  des  Gewàchse  U.  S.  W.  On  pourra 
aussi  consulter  avec  fruit,  pour  l'altitude  à 
laquelle  vivent  certaines  espèces,  un  mé- 
moire de  M.  Dickie,  qu'on  trouvera  dans 
le  numéro  de  mai  1846  des  Ànnals  and 
Magazine  of  natural  hislory,  etc. 

Durée  des  Mousses.  La  plupart  des  espèces 
de  cette  famille  sont  vivaces;  il  n'en  est 
qu'un  bien  petit  nombre  que  la  même  an- 
née voit  naître  et  mourir.  Ce  sont  celles 
dont  la  tige  reste  simple;  elles  cessent  de 
vivre,  en  effet,  dès  qu'elles  ont  mûri  et  ré- 
pandu leurs  séminules;  les  autres,  qui  for- 
ment l'immense  majorité,  vivent,  au  con- 
traire ,  fort  longtemps  ,  sans  qu'il  devienne 
possible  d'assigner  un  terme  précis  à  cette 
longévité ,  qui ,  du  reste  ,  varie  pour  chaque 
espèce.  On  retrouve  chez  les  Mousses  cette 
singulière  faculté,  dont  nous  avons  dit  ail- 
leurs que  sont  doués  les  Lichens,  qui  con- 
siste à  conserver,  pendant  bien  des  années, 
le  pouvoir  latent  de  végéter  de  nouveau 
après  une  longue  interruption  ,  lorsqu'on 
les  place  dans  des  conditions  favorables. 
Plusieurs  observateurs  dignes  de  croyance 
en  ont  rapporté  des  exemples  remarquables. 

Statistique  des  Mousses.  Dans  le  Species 
plantarumy  on  ne  trouve  énumérées  que 
111  Mousses.  Le  dernier  recensement  gé- 
néral, qui  a  été  donné  de  cette  famille  en 
1827,  par  Bridel ,  dans  sa  Bryologia  uni- 
versa,  porte  le  nombre  des  espèces  à  1444, 
dont  921  acrocarpes  et  523  pleurocarpes. 
Le  relevé  exact  que  j'ai  fait  de  toutes  celles 
qui  ont  été  publiées  depuis  cette  époque, 
soit  dans  les  Flores  générales  ou  locales,  soit 
dans  les  ouvrages  périodiques,  me  permet 
de  donner  ici  l'état  actuel  de  nos  richesses 
bryologiques,  et  je  vais  le  faire  en  peu  de 
mots.  Nous  possédons  aujourd'hui  (  mai 
18i6)    2353  Mousses,    réparties,    comme 


nous  allons  le  faire  voir,  en  152  genres;  ce 
qui  donne  en  moyenne  15  1/2  espèces  pour 
chaque  genre. 

Sur  ces  152  genres,  il  y  en  a  103  acro- 
carpes, dont  38  sont  totalement  étrangers 
à  l'Europe ,  et  les  65  autres  lui  sont  pro- 
pres ou  communs  avec  le  reste  du  monde. 
Les  49  genres  pleurocarpes  restants  se  divi- 
sent en  23  qui  sont  purement  exotiques , 
et  en  17  européens ,  dont  quelques  uns  ren- 
ferment aussi  des  espèces  en  même  temps 
exotiques  et  indigènes  de  nos  contrées.  Les 
genres  dont  les  capsules  terminent  les  liges 
ou  les  rameaux  comprennent  1495  espèces, 
dont  50  sont  astomes,  7  schistostomes  , 
159  gymnostomes,  930  haplopéristomées  , 
et  349  diplopéristomées.  Les  espèces  qui  ap- 
partiennent aux  genres  dont  le  fruit  est  ou 
latéral  ou  cladogénète,  atteignent  le  chiffre 
de  858;  elles  sont  ainsi  réparties:  £  as- 
tomes,  6  gymnostomes,  127  haplopéristo- 
mées et  721  diplopéristomées  ;  d'où  il  ré- 
sulte :  1°  que  les  Mousses  pleurocarpes  ne 
font  qu'à  peu  près  la  moitié  des  acrocarpes  ; 
2°  que  les  g.  astomes  sont  aux  g.  gymnos- 
tomes comme  7  :  22 ,  et  à  ceux  munis  d'un 
péristome  comme  1  :  18  1/7;  3°  que  ceux 
munis  d'un  péristome  simple  sont  égaux  au 
nombre  total  des  autres ,  et  comme  11:7 
si  on  les  compare  à  ceux  pourvus  d'un  pé- 
ristome double. 

Usage  des  Mousses.  Ces  usages  peuvent 
être  considérés  sous  plusieurs  points  de  vue 
différents.  Ainsi,  dans  l'économie  delà  na- 
ture, les  Mousses  remplissent  des  fonctions 
importantes.  C'est  effectivement  à  leur  dé- 
tritus qu'on  doit  l'humus;  cette  terre  vé- 
gétale sans  laquelle  les  plantes  supérieures 
ne  pourraient  se  développer;  de  même  que 
sans  les  herbivores  les  espèces  carnivores  ne 
pourraient  subsister.  Comme  les  phanéro- 
games, elles  contribuent  aussi  à  verser  dans 
l'atmosphère,  sous  l'influence  de  la  lu- 
mière ,  le  gaz  oxygène  indispensable  i  la 
respiration  et  à  la  vie  des  animaux.  Les 
Mousses  qui  recouvrent  les  arbres  de  nos 
vergers  contribuent  d'autant  mieux  à  les 
préserver  du  froid  rigoureux  des  hivers , 
que,  par  une  sage  prévoyance  de  la  na- 
ture, c'est  justement  le  côté  du  tronc  tourné 
vers  le  nord  qu'elles  choisissent,  nous  avons 
dit  plus  haut  pourquoi.  L'accroissement  ra- 
pide et  la  mulîiplication  incessante  de  quel- 


MOU 


MOU 


399 


ques  espèces  qui  végètent  dans  les  lieux 
marécageux,  des  Sphaignes  surtout,  pro- 
duit avec  le  temps  ces  masses  de  tourbe 
qu'on  exploite  dans  certains  pays,  et  qu'on 
emploie  comme  combustible;  enfin,  elles 
servent  de  lit  et  de  refuge  à  une  foule  d'a- 
nimaux dont  quelques  uns  en  font  même 
leur  pâture  habituelle.  On  n'emploie  plus 
les  Mousses  en  médecine,  mais  elles  ser- 
vent dans  les  arts  et  dans  l'économie  do- 
mestique. C'est  ainsi  qu'en  Suède  et  en  Nor- 
vège on  utilise  Vllypnum  pariclinum  pour 
calfeutrer  les  fentes  des  parois  des  chau- 
mières ;  et  c'est  de  là  que  lui  est  venu  son 
nom.  On  fait  des  balais  avec  le  Polytric 
commun  et  des  matelas  avec  le  Sphagnum 
palustre,  en  mélangeant  celui-ci  avec  les 
poils  des  Rennes.  La  première  de  ces  Mousses 
est  même  un  objet  de  commerce  avec  la 
Belgique,  d'où  nous  la  tirons  pour  faire  des 
brosses  très  usitées  pour  donner  l'apprêt  aux 
étoffes  ;  enfin  on  se  sert  de  VHypnum  tri- 
quetrum  pour  préparer  nos  desserts ,  et ,  vu 
sa  grande  élasticité,  il  est  aussi  employé  à 
remballage  des  vases  de  porcelaine,  etc. 

Classification  des  Mousses.  Nous  voici  ar- 
rivé à  la  partie  la  plus  difficile  de  la  tâche 
que  nous  avons  entreprise.  En  effet,  don- 
ner à  l'époque  actuelle  une  bonne  clas- 
sification naturelle  de  la  famille  des  Mous- 
ses ,  quand  on  ne  s'en  est  pas  occupé 
d'une  manière  presque  exclusive,  est  un 
dessein  quelque  peu  téméraire  de  notre 
part,  et  pour  l'exécution  duquel  nous  som- 
mes obligé  de  réclamer  toute  l'indulgence 
des  bryologistes.  Nous  étions  presque  as- 
suré d'être  aidé,  dans  cette  partie  de  notre 
travail,  des  conseils  de  notre  ami  W.-L. 
Schimper,  du  moins  nous  en  avait-il  fait  la 
promesse,  et  nous  en  attendions  chaque 
jour  l'accomplissement,  lorsque  nous  avons 
reçu  la  fâcheuse  nouvelle  qu'il  fallait  renon- 
cer à  cet  espoir.  Nous  offrirons  donc  au  lec- 
teur, non  toutefois  sans  une  extrême  dé- 
fiance ,  l'énumération  des  tribus  et  des 
genres  de  Mousses,  disposées  dans  un  ordre 
naturel ,  tel  que  nous  l'avions  préparé  nous- 
même  pour  le  cas  où  le  concours  de  notre 
ami  viendrait  à  nous  manquer. 


Ordre 


MOUSSES  PLEUROCARPES. 


Capsules  disposées  le  long  de  la  tige  ou 
des  rameaux. 


Tribu  I.  — Hypoptérygiées. 

Feuilles  disposées  sur  trois  rangs,  celles 
de  la  troisième  rangée  correspondant  ain 
amphigasîres  des  Hépatiques,  et  d'une  autre 
forme  ou  plus  petites  que  les  autres. 

Genres  :  Hypopterygium ,  Brid.;  Racopi- 
lum,  P.  B.;  Cyathophorum,  P.  B.;  Helico- 
phyllum,  Brid. 

Tribu  II. — Phyllogoniée* 

Feuilles  disposées  sur  deux  rangée*,  pliées 
en  carène  selon  la  longueur,  et  embrassant 
la  tige  dans  leur  duplicature.  Capsule  laté- 
rale. Péristome  simple  et  à  dents  non  four- 
chues. Coiffe  en  capuchon. 

Genre  :  Phyllogonium,  Brid. 

Tribu  III. — Rhizogoniées. 

Tiges  dressées  ,  les  unes  en  forme  de 
fronde  et  stériles,  les  autres  fertiles,  et  ré- 
duites, pour  ainsi  dire,  au  périchèse.  Cap- 
sule égale.  Péristome  double.  Coiffe  cuculli- 
forme. 

Genres  :  Rhizogonium,  Brid .  ;  Ilymenodon, 
Hook.  fil.  et  Wils. 

Tribu  IV.  —  Hypnées. 

Mousses  vivaces  de  formes  très  variées. 
Tige  continue  à  axe  double  on  triple.  Feuilles 
imbriquées  de  toutes  parts,  rarement  dis- 
posées sur  deux  rangs  et  étalées  ,  quelque- 
fois déjetées  d'un  seul  côté.  Fruit  latéral. 
Capsule  égale  ou  inégale  plus  ou  moins  lon- 
guement pédonculée.  Péristome  simple  ou 
double.  Coiffe  en  capuchon. 

Genres  :  Hypnum,  Linn.;  Leskia,  Hedw.  ; 
Isothecium,  Brid.;  Trachyloma? ,  Brid.;  Cli- 
macïum  ,  Mohr  ;  Eriodon  ,  Montag.  ;  Leuco  - 
dom,  Schwaegr.  ;  Pterigynandrum  ,  Hedw.; 
Symphyodon,  Montag.;  Leptodon,  Web.  ; 
Lasia,  P.  B.;  Campylodontium,  Schwaegr.; 
Dicnemon,  Brid.;  Astrodontium,  Schwaegr.  ; 
Pylaisœa,  Brid.;  Sclerodonlinm,  Schwaegr.; 
Clasmatodon,  Hook.  et  Wils. 

Tribu  V.  —  Neckerées. 

Mousses  vivaces.  Tige  plane  ou  compri- 
mée,  ordinairement  pennée.  Feuilles  im- 
briquées de  toutes  parts,  ou  le  plus  souvent 
déjetées  sur  deux  rangs.  Capsule  latérale, 
égale,  à  pédoncule  souvent  court  ou  nul,  et 
caché  dans  le  périchèse  ,  rarement  allongé. 


40G 


MOU 


Péristome  double.  Coiffe  en  capuchon  ou  en 
mitre,  nue  ou  hérissée  de  poils  (1). 

Genres  .  Neckera ,  Hedw.  ;  Hookeria , 
Smith;  Cryphœa,  Mohr  ;  Anacamptodon  , 
Brid.  ;  Trachypus ,  Reinw.  et  Hornsch.  ; 
Rhegmatodon ,  Schwœgr.  ;  Pilotrichum ,  P . 
B.;  Leptohymenium ,  Schwaegr.;  Garovaglia , 
Endl.;  Pterygophyllum,  Brid.;  Anomodon, 
Hook.  et  Tayl.  ;  Omalia,  Brid.  ;  Daltonia, 
Hook.  et  Tayl.  ;  Actinodontium ,  Schwaegr.; 
Dendropogon,  Schimp.;  Lepidopilum,  Brid.; 
Pterobryum  ,  Hornsch.;  Crypiocarpon ,  D. 
et  M. 

Tribu  VI. — Fontinalées. 

Mousses  flottant  dans  les  eaux  courantes. 
Feuilles  disposées  sur  trois  rangs,  à  aréola- 
tion  rhomboïdale.  Capsule  latérale  presque 
sessile.  Péristome  double.  CoilTe  conique. 

Genres:  Fontinalis,  Dill.;  Dichelyma, 
Myrrh. 

Tribu  VII.  —  Fabroniées. 

Mousses  très  petites,  gazonnantes.  Feuilles 
imbriquées  ,  ciliées,  et  terminées  le  plus  or- 
dinairement par  un  poil.  Capsule  latérale 
urcéolée.  Péristome  simple  composé  de  huit 
dents. 

Genre  unique  :  Fabronia  ,  Raddi. 

Tribu  VIII. — Drépanophyllées. 

Mousses  élégantes  à  frondes  flabelliformes 
dont  la  fructification  est  indifféremment  la- 
térale ou  terminale,  et  que  caractérisent 
surtout  des  feuilles  distiques  engainantes 
comme  celles  des  Iris.  Péristome  simple 
formé  de  seize  dents  bifides.  Coiffe  en  capu- 
chon. 

Genres  :  Conomitrium,  Montag.,  Fissidemt 
Hedw.  ;  Drepanophyllum,  Rich. 

Tribu  IX.  —  Anoectangiées. 

Capsule  ovale  ou  sphérique,  gymnostome 
£t  longuement  pédonculée. 

Genre  unique  :  Anœctangium ,  Hook. 

Ordre  II.  —  MOUSSES  CLADOCARPES. 

Capsules  placées  à  l'extrémité  de  rameaux 
latéraux  très  courts. 

(i)  Peut-être  serait-il  convenable  de  séparer  les  Ptérygo- 
phyllées  des  Neckérées,  à  cause  de  leur  coiffe  entière  ou  la- 
Ciniée  à  la  base  ,  et  de  l'aréolation  de  leurs  feuilles.  Les  Cry- 
pbées  forment  déjà  une  petite  tribu 


MOU 

Tribu  X.  —  Mielichhoferiées. 

Mousses  vivaces ,  bi-axiles ,  cladocarpes. 
Capsule  droite  baplopéristomée ,  avec  ou 
sans  apophyse. 

Genres  :  Mielichhoferia,  Nées  et  Hornsch.; 
Diplostichum ,  Montag. 

ORDRE  III.  — MOUSSES  ACROCARPES. 
Capsule  toujours  terminale ,  sessile  ou 
pédonculée. 

Tribu  XI. —  Polytricées. 

Orifice  de  la  capsule  fermé  par  une  mem- 
brane qui  représente  une  sorte  de  tambour. 
Coiffe  hérissée  de  poils  couchés  ou  rare- 
ment nue. 

Genres  :  Lyellia,  R.  Br.;  Dawsonia,  R.  Br.; 
Polytrichum,  Lin.,  ayant  pour  sous-genres: 
Lipotrichum,  Montag.;  Catharinea,  Ehrb.  ; 
Oligotrichum,  DC;  Pogonalum,  P.  B.;  Psi- 
lopilum,  Brid. 

Tribu  XII. — Buxbadmiées. 

Capsule  en  forme  de  sabot,  fixée  oblique- 
ment sur  un  pédoncule  court  ou  oblitéré. 
Coiffe  courte,  conique. 

Genres  :  Buxbaumia,  Haller;  Diphyscium, 
Web.  et  Mohr. 

Tribu  XIII.  —  Bartramiées. 

Capsule  sphérique,  striée,  avec  ou  sans 
péristome.  Feuilles  lancéolées  ,  en  alêne , 
denticulées,  disposées  sur  cinq  ou  huit  ran- 
gées. 

Genres:  Conostomum,  Swartz;  Bartra- 
mia,  Hedw.;  Bartramidula ,  B.  et  S.; 
Philonotis,  Brid.;  Philonotula,  B.  et  S.  ;  Pla- 
giopus,  Brid.;  Glyphocarpus,  R.  Br.;  Cryp- 
topodium,  Brid. 

Tribu  XIV.  —  Oréadées. 

Capsule  arrondie,  petite,  portée  par  un 
pédoncule  recourbé,  haplopéristomée.  Coiffe 
cuculliforme. 

Genres  :  Oreas,  Brid.;  Catoscopium,  Brid. 

Tribu  XV.  —  Fdnariées. 

Capsule  pyriforme,  droite  ou  oblique, 
lisse  ou  striée.  Péristome  nul,  simple  ou 
double.  Coiffe  ventrue,  mucronée,  fendue 
une  ou  plusieurs  fois  à  la  base. 

Genres  :  Funaria,  Hedw.;  Physcomitrium, 
Brid.  ;  Entosthodon,  Schwaegr. 


MOU 


MOU 


401 


Tribu  XVI.  —  Méesiées. 
Capsule  irrégulièrement  obconique,  con- 
fluente  avec  un  pédoncule  ordinairement 
fort  long.  Deux  péristomes  non  hygrosco- 
piques.  Mousses  vivant  dans  les  marais. 

Genres  :  Meesia  ,  Hedw.  ;  Diplocomium , 
Mohr  ;  Paludella  ,  Schwœgr.  ;  Amblyodon, 
P.   B. 

Tribu  XVII.  —  Bryées. 

Capsule  dressée  ou  pendante ,  lisse  ou 
striée,  cylindrique,  pyriforme  ou  urcéolée. 
Péristome  double.  Coiffe  cuculliforme.  Tiges 
dressées,  gazonnantes,  à  ramification  hypo- 
gynique  ou  flagelliforme.  Feuilles  souvent 
marginées  et  dentées,  k  aréolation  rhom- 
hoïdale. 

Genres:  Aulacomnion,  Schwœgr.;  Arrhe- 
nopterum ,  Hedw.;  Bryum,  Dill.  ;  Clado- 
dium  ,  Brid.  ;  Pohlia,  Hedw.;  Webera , 
Hedw.  ;  Brachymenium ,  Hook.;  Ptychoslo- 
mum,  Hornsch.  ;  Leptochlœna,  Montag.;  Or- 
thodontium,  Schwœgr.;  Leptotheca, Schwœgr.; 
Cinclidium,  Swartz;  Mnium,  Lin.;  Timmia, 
Hedw.;  Schizymenium ,  Hook.;  Megalan- 
gium,  Brid. 

Tribu  XVIII.  —  Leptostomées. 

Capsule  ascendante  à  orifice  rétréci.  Pé- 
ristome  membraneux,  annuliforme,  dressé. 
Feuilles  obîongues  ,  terminées  par  un  poil. 

Genre  :  Leplostomum,  R.  Br. 

Tribu  XIX.  —  Orthotricées. 

Capsule  égale,  le  plus  souvent  striée.  Pe- 
nsionne variable.  Coiffe  en  mitre,  ordinaire- 
ment couverte  de  poils  dressés.  Feuilles  ca- 
rénées, à  aréolation  ponctiforme. 

Genres  :  Orthotrichum  ,  Hedw.  ;  Macro- 
milrium>  Brid.;  Notarisia ,  Hampe;  Pty- 
khomitrion  ,  B,  et,  S.;  Schlotheimia ,  Brid.; 
Leucophanes,  Brid.  ;  Glyphomitrium,  Brid.; 
Coscinodon  ,  Brid.  (  Cryptocarpon ,  Doz.  ). 

Tribu  XX.  —  Zygodontées. 

Capsule  striée,  pyriforme.  Péristome  va- 
riable. Coiffe  cuculliforme.  Port  des  Gym- 
nostomes  et  des  Orthotrics. 

Genres  :  Zygodon,  Hook.;  Codonoblepha- 
rum,  Schwœgr. 

Tribu  XXI.  —  Grimmiées. 
Capsule  égale,  souvent  sessile,  haplopé- 
ristomée.   Feuilles   d'un    vert   sombre,    à 

I.  VIII, 


aréoles  ponctifonnes  sériées ,  toujours  ter- 
minées par  un  poil  blanc.  Coiffe  en  mitre. 
Genres  :  Grimrnia,  Hedw.;  Racomitrium, 
Brid.;  Dryptodon,  Brid.;  Schislidium,  Brid. 

Tribu  XXII.  —  Encalyptées. 

Capsule  dressée,  cylindrique,  recouverte 
en  entier  jusqu'à  la  maturité  par  une  coiffe 
en  éteignoir. 

Genre  unique  :  Encalypta;  Hedw. 

Tribu  XXIII.  —  Hydropogonées. 

Mousses  flottant  dans  les  eaux  courantes. 
Capsule  égale,  cachée  dans  les  feuilles,  gym- 
nostome  ou  haplopéristomée.  Coiffe  en  mi- 
tre. Opercule  plan  ou  acuminé.  Feuilles 
sans  nervure. 

Genres  :  Hydropogon,  Brid.  ;  Cryptan- 
gium,  C.  Mull. 

Tribu  XXIV.  —  Trichostomées. 

Péristome  simple,  composé  de  32  dents 
filiformes,  distinctes  ou  réunies  à  la  base, 
souvent  rapprochées  par  paires,  et  quelque- 
fois contournées  en  spirale. 

Genres:  Trichostomum ,  Hedw.;  TorluJa, 
Hedw.;  Desmatodon,  Brid.;  Leucoloma , 
Brid.:  Ceratodon,  Brid.  ;  Aschislodon,  Mon- 
tag. ;  Distichium,  B.  et  S.  ;  Sprucca,  Wils.; 
Orlliotheca ,  Brid 

Tribu  XXV.  —  Ripariacées. 

Mousses  acro- ou  cladocarpes,  vivant  dans 
les  eaux  courantes.  Péristome  en  forme  de 
treillis. 

Genre  unique  :  Cinclidotus ,  P.  B. 

Tribu  XXVI. — Dicranées. 

Capsule  lisse  ou  striée  ,  haplopéristomée. 
Dents  du  péristome  fendues  en  deux  jus- 
qu'au milieu.  Coiffe  cuculliforme,  nue  à  la 
base  ou  frangée. 

Genres:  Campylopus ,  Brid.;  Dicranum, 
Hedw.;  CampylostyUum,B.  et  S.;  Tremato- 
don,  Rich.  ;  Leucobryum(l),  Hampe;  Sym- 
blepharis,  Montag.;  Cynodontium,  Hedw. 

Tribu  XXVII.  —  Syrrhopodontées. 
Capsule  égale,  droite,  sans  anneau,  ha- 

(i)  La  végétation  de  ce  genre  est  trop  différente  «3e  celle 
des  Dicranées  vraies  ,  pour  qu'il  ne  milite  pns  à  part  quelque 
jour.  M.  Hampe  en  a  fait  le  type  de  sa  tribu  des  Lcucobryoes; 
mais  il  y  réunit  VOctobtepharum  ,  qui  ne  s'en  rapproche  que 
parla  couleur  des  feuilles, 

51 


402 


MOU 


plopéiistomée.  Dents  du  péristome  conni- 
ventes  ou  même  horizontales,  et  fermant 
l'orifice  capsulaire.  Base  des  feuilles  décolo- 
rée et  amplcxicaule  ou  engainante.  Coiffe 
persistante  et  s'ouvrant  par  une  fente  vers 
son  milieu. 

Genres:  Syrrhopodon,  Schwœgr.;  Calym- 
percs,  Swartz;  Trachymitrium,  Brid. 

Tribu  XXVIII.  —  Discéliées. 

Mousses  fort  petites.  Végétation  des  Phas- 
cum.  Capsule  du  Catoscopium  et  péristome 
des  Trematodon. 

Genre  unique  :  Discelium,  Brid. 

Tribu  XXIX.  —  Weissiées  (1). 

Capsule  égale  ou  symétrique.  Péristome 
nul  ou  simple,  composé  de  seize  dents.  Coiffe 
cuculliforme.  Feuilles  imbriquées  de  toutes 
parts,  linéaires-  lancéolées  ,  à  aréolation 
compacte. 

Genres  :  Hymenostomum,  R.  Br.;  Weissia, 
Hedw.;  Weissiopsis,  B.  et  S.  ;  Gymnoweis- 
sia,  B.  et  S.  ;  Gymnostomum ,  Hedw.;  Eu- 
cladium,  B.  et  S.  ;  Rhabdoweissia,  B.  et  S.  ; 
Pyramidium  ,  Brid.;  Didymodon,  Hedw.  ; 
Ceratodon,  Brid.  ;  Eucamptodon,  Montag.; 
Hyophila,  Brid.;  Pilopogon  ,  Brid.;  Plaube- 
lia,  Brid.;  Hymenostylium,  Brid.  (Entosthy- 
vnenium,  Brid.)  ;  Eucladon  (2),  Hook.  f.  et 
Wils.;  Lophiodon,  Hook.  f.  et  Wils.;  Gar- 
ckea,  C.  Mûll.;  Microbryum ,  B.  et  S.  ; 
Seligeria  (3),  B.  et  S.;  Brachyodus,  B.  et  S.; 
Blindia  ,  B.  et  S.;  Stylostegium ,  B.  et  S.; 
Angstrœmia? ,  B.  et  S, 

Tribu  XXX.  —  Octobléfhakées. 

Capsule  symétrique.  Péristome  de  huit 
*  uns  entières.  Coiffe  longuement  conique 
et  non  fendue.  Feuilles  décolorées  du  Leu- 
jbryum. 
Genre  unique  :  Octoblepharum ,  Hedw. 

Tribu  XXXI. — Tétrodontées. 

Capsule  égale.  Péristome  composé  de  qua- 
tre dents.  Coiffe  en  mitre,  fendue  en  plu- 
sieurs lanières  à  la  base. 

Genres:  Tetraphis,  Hedw.;  Telrodontium, 
Schwœgr. 

(i)  Cette  tribu  réunit  trop  de  genres  disparates  pour 
qu'elle  reste  ainsi  disposée. 

(jî)  Eucladon  et  Eucladium  ne  peuvent  subsister  ensem- 
ble ;  le  premier,  comme  le  plus  ancien  ,  doit  être  conservé. 

(3)  MM.  Bruch  etSchimper  font  autant  de  petites  tribus 
4<s  genres  Çeligeria,  Brachyodus,  Blindia  tlAngstnxmUh 


MOU 

Tribu  XXXII.  —  Hedwigiacées. 

Capsule  oblongue  ou  arrondie,  munie 
d'un  col ,  brièvement  pédonculée  et  gym- 
nostome.  Coiffe  conique,  entière  à  la  base. 
Feuilles  énerves. 

Genres  :  Hedwigia,  Ehrh.;  Hedwigidiumt 
B.  et  S.  ;  Braunia,  B.  et  S. 

Tribu  XXXIII.  —  Schistostégées. 

Capsule  égale,  munie  d'une  apophyse. 
Coiffe  conique,  entière.  Opercule  se  fendant 
en  plusieurs  lanières  égales.  Feuilles  pen- 
nées ,  à  pinnules  confluentes  dans  les  tiges 
stériles. 

Genre  unique:  Schistostega,  W.  et  M. 

Tribu  XXXIV.  —  Splachnées. 

Capsule  droite ,  munie  d'une  grosse  apo- 
physe ou  d'un  col  allongé.  Opercule  à  bec 
droit.  Coiffe  carnpanulée,  entière  ou  fendue 
de  côté.  Feuilles  diaphanes,  à  mailles  lâches 
et  grandes,  quadrilatères  ou  hexagones. 

Genres:  Splachnum,  Lin.;  Tayloria, 
Hook.  ;  Haplodon  ,  R.  Br.  ;  Systilium  , 
Hornsch.  ;  Orthodon  ,  Bory  ;  Cyrtodon  ,  R. 
Br.  ;  Eremodon,  Brid.  ;  Dissodon  ,  Grev.  et 
Arn.;  OEdipodium ,  Schwœgr.;  Raincria,  De 
Not.  :  Telraplodon ,  B.  et  S. 

Tribu  XXXV.  —  Pottiacées. 

Capsule  droite,  ovale.  Coiffe  cuculliforme. 
Feuilles  larges,  concaves,  à  aréolation  lâche, 
formée  de  cellules  carrées  ou  rectangulaires. 
Mousses  gazonnantes  annuelles  ou  trisan- 
nuelles. 

Genres  :  Pottia,  Ehrh.;  Anacalypta,  Rœbl. 

Tribu  XXXVI.  —  Sphagnées. 

Capsule  droite  ,  urcéolée  ,  gymnostome, 
portée  par  un  pédoncule  blanc  et  mou  dont 
la  croissance  est  rapide.  Feuilles  décolorées 
remarquables  par  leur  réseau.  Mousses  vi- 
vant dans  les  lieux  humides. 

Genre  unique  :  Sphagnum,  Dill. 

Tribu  XXXVII.  —  Pbascées. 

Mousses  annuelles  ou  vivaces,  remarqua- 
bles par  l'indéhisceiice  de  leur  capsule. 

Genres  :  Phascum,  Hedw.;  Archidium, 
Erid.;  Pleuridium  ,  Brid.  (pleurocnrpe  ); 
Voitia,  Hornsch.;  Bruchia,  Schwœgr.;  Phy- 
scdium ,  Bnd„ 


MOU 


MOU 


403 


Ordre  IV.  — MOUSSES  SCHISTOCARPES. 

Capsule  terminale  s'ouvrant  par  quatre 
fentes  près  du  sommet.  Opercule  persistant. 

Tribu  XXXVIII.  —  Andréées, 
Caractères  de  Tordre. 
Genres  :  Andrœa ,  Ehrh.  ;  Acroschisma , 
Hook.  f.  et  Wils, 

GENRES  DONT  LES  AFFINITÉS   SONT  DOUTEUSES  OU 
NOUS  SONT  INCONNUES. 

Spiridens  ,  N.  ab  E.  ;  Wardia,  Hook.  et 
Harv. 

GENRES  DOUTEUX  OU  INSUFFISAMMENT  CONNUS. 

Herpodon,  C.  Mûll.;  Entodon,  C.  Mull.; 
Rigodium,  Kunze  ;  Astomum,  Hampe  ;  Ptero- 
bryum,  Hornsch.;  Tridontium,  Hook.;  Pe- 
r omnium  ,  Schwaegr.;  Endotrichum  ,t  D.  et 
M.  ;  Symphysodon,  D.  et  M.  (  nom  à  chan- 
ger à  cause  de  notre  Symphyodon  qui  est 
antérieur);  Prionodon,  C.  Mull. 

(Camille  Montagne.) 

MOUSSES  DE  CORSE,  bot.  cr.—  Voy. 

BELMINTHOCORTOS  et  SFHiEROCOCCUS. 

On  a  encore  appelé  : 

Mousses  aquatiques  .,  quelques  Confervee 
qui  croissent  dans  les  eaux  douces  et  salées; 

Mousses  d'Astracan  ,  les  Buxbaumes  ; 

Mousses  d'Islande,  le  Lichen  d'Islande; 

Mousses  marines,  des  Conferves,  des  Va- 
rechs et  quelques  Polypiers  ; 

Mousses  membraneuses,  les  Tremelles  ; 

Mousses  terrestres  ,  les  Lycopodes,  ete. 

MOUSSOLE.  moll.  —  Adanson  donne  ce 
nom  (Voy.  au  Sénég.,  p.  250)  à  une  espèce 
d'Arche ,  VArca  Noe. 

MOUSSONS,  météor.  —  Voy.  vents,  à 
l'article  météorologie. 
;       MOUSTAC.  mam.— Espèce  du  genre  Gue- 
non. Voy.  l'article  cercopithèque.     (E.  D.) 

MOUSTACHE,  ois.  —  Nom  donné  à  plu- 
!  sieurs  espèces  d'Oiseaux  :  à  un  Drongo ,  à 
;  un  Corbeau  et  à  une  Mésange. 

MOUSTACHES  (f^taÇ,  moustache). 
mam.  —  En  mammalogie,  on  est  convenu  de 
|  donner  le  nom  de  Moustaches  à  un  pinceau 
de  poils  beaucoup  plus  gros  que  les  autres, 
longs  et  raides,  quelquefois  tordus,  variant 
dans  la  coloration  et  peu  flexibles.  Ces  poils 
sont  implantés  sous  le  derme,  et  occupent 
l'extrémité  postérieure  de  la  commissure  des 
lèvres;  ils  sont  susceptibles  d'être  redressés 


par  l'action  musculaire  sous-cutanée;  leurs 
bulbes  sont  plus  gros  que  ceux  des  poils  ;  le 
nerf  qui  s'y  rend  est  très  développé,  ainsi 
que  l'artère  et  la  veine  qui  l'accompagnent; 
aussi  les  moustaches  sont-elles  d'une  sensi- 
bilité excessive  chez  les  animaux.  Les  Chatf 
et  les  Phoques  ont  les  moustaches  très  dé* 
veloppées;  les  Ours,  les  Mangoustes,  etc. f 
n'en  ont  plus  même  de  traces.      (E.  D.) 

MOUSTIQUES  (dérivé  de  l'espagnol 
mosquitos ,  qui  signifie  petites  mouches  ). 
ins.  —  Nom  vulgaire ,  passé  des  colonies 
françaises  en  Europe ,  des  espèces  du  genre 
Cousin. 

MOUTABEA.  bot.  ph.  —  Genre  dont  la 
place  dans  la  méthode  n'est  pas  encore 
fixée;  Endlicher  le  range  à  la  fin  des  Ébé- 
nacées. 

II  a  été  établi  par  Aublet  (Guian. ,  II, 
t.  679 ,  274  )  pour  des  plantes  qui  présen- 
tement les  caractères  suivants  :  Calice  libre, 
tubuïeux,à  limbe  subbilabié  5-fide.  Corolle 
insérée  au  milieu  du  tube  du  calice  ,  infun- 
dibuliforme,  à  tube  court,  fendu  d'un  côté; 
limbe  à  5  divisions  ovales,  étalées.  Filet  co- 
nique-caréné ,  adné  postérieurement  à  la 
gorge  de  la  corolle;  anthère  décurrente  par 
la  marge  du  filet  8-ondulé.  Ovaire  arrondi. 
Style  tubulé ,  courbé;  stigmate  simple.  Le 
fruit  a  l'aspect  d'une  pomme  subglobuleuse, 
à  angles  irréguliers,  à  5  loges. 

Les  Moutabea  sont  des  arbrisseaux  de  l'A- 
mérique tropicale,  inermes  ou  à  rameaux 
sarmenteux,  couverts  d'épines  en  crochets; 
à  feuilles  alternes,  dépourvues  de  stipules, 
pétiolées ,  oblongues  ,  acuminées  ,  coriaces , 
brillantes;  à  pédoncules  axillaires ,  multi- 
flores,  bractéolés.  Le  fruit  est  comestible. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  le 
Moutabea  guianensis  Aubl. ,  qui  croît  dans 
les  terrains  défrichés  de  la  Guiane.  Les  in- 
digènes l'appellent  Aymoutabou.         (J.) 

MOUTAN.  bot.  ph.  —  Espèce  de  Pivoine. 
Voy.  ce  mot. 

MOUTARDE.  Sinapis  ((Tivarre  OU  (TIVCCTTI, 

qu'on  fait  venir  lui-même  de  <nv«  Z-ntç, , 
qui  fait  mal  aux  yeux),  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Crucifères ,  sous-ordre  des 
Orthoplocées,  tribu  des  Brassicées,  de  la  té- 
tradynamie  siliqueuse  dans  k  système  de 
Linné.  Les  divisions  et  les  modifications 
qu'il  a  subies  dans  les  ouvrages  des  bota- 
nistes sont  assez  nombreuses  et  assez  variées 


40-1 


MOU 


MOU 


pour  que  nous  devions  en  présenter  un 
aperçu ,  sans  cependant  entrer ,  à  cet  égard, 
dans  des  détails  que  ne  comporte  pas  la  na- 
ture de  cet  ouvrage.  Circonscrit  dans  les 
limites  que  nous  lui  reconnaîtrons  ici ,  à 
l'exemple  de  M.  Backer-W ebb  (Phytographia 
Canariensis ,  pag.  77),  le  genre  Moutarde 
se  compose  aujourd'hui  d'environ  40  espè- 
ces. Ce  sont  des  plantes  herbacées ,  bisan- 
nuelles, disséminées  sur  presque  toute  la 
surfacedu globe,  mais  plus  particulièrement 
dans  le  bassin  de  la  Méditerranée;  dont  les 
feuilles  varient  beaucoup  de  forme ,  sou- 
vent dans  une  même  espèce,  et  sont  géné- 
ralement lyrées  ou  incisées-dentées  ;  dont 
les  fleurs,  jaunes  ou  jaunâtres ,  sont  réunies 
en  grappes  terminales  sans  bractées ,  et  pos- 
sèdent les  caractères  suivants  :  Calice  à  4  sé- 
pales étalés ,  non  renflés  à  leur  base;  corolle 
de  4  pétales  entiers;  6  étamines  tétradyna- 
mes ,  à  filets  libres  et  non  dentés  ;  deux 
glandes  hypogynes  entre  les  deux  paires  d'é- 
tamines  longues  et  le  calice,  deux  autres 
entre  les  deux  petites  étamines  et  l'ovaire  ; 
stigmate  capité.  Le  fruit  est  une  silique  bi- 
valve ,  cylindracée  ou  à  4  angles  plus  ou 
moins  marqués,  surmontée  du  style  per- 
sistant et  qui  s'est  développé  en  un  bec  co- 
nique, cylindrique  ou  comprimé  ,  ne  ren- 
fermant pas  de  graine  ;  les  valves  de  cette 
silique  sont  convexes ,  marquées  d'une  ner- 
vure médiane  saillante  et  de  2  ou  4  nervures 
latérales.  Les  graines  sont  rangées  en  une 
seule  série  longitudinale,  globuleuses  ou 
ovoïdes,  suspendues;  leur  embryon  a  ses 
cotylédons  condupliqués. 

Dans  son  Systema  (vol.  II,  pag.  607  et 
suiv.),  De  Candolle  avait  conservé  tout  en- 
tier le  genre  Moutarde  des  auteurs,  tout  en 
disant  qu'il  devrait  probablement  être  divisé 
plus  tard ,  et  il  s'était  borné  à  y  établir 
5  sections  ou  sous-  genres  qui  ont  été  repro- 
duits par  lui  dans  le  Prodromus.  Parmi  ces 
sections ,  la  5e,  proposée  par  lui  avec  doute 
et  sans  matériaux  suffisants,  sous  le  nom 
de  Disaccium ,  pour  deux  plantes  de  Ma- 
dère ,  et  caractérisée  par  deux  des  sépales 
fortement  renflés  en  sac  à  leur  base,  a  été 
érigée  en  genre  distinct  sous  le  nom  de  Si- 
napidendron ,  par  Lowe  (Madeir.  36),  prin- 
cipalement d'après  le  même  caractère.  Les 
4  sections  restantes  forment  le  genre  Sina- 
pis ,  tel  que  l'admet  M.  Endlicher  {Gênera, 


n"  4950) ,  tout  en  y  rassortant ,  il  est  vrai, 
avec  doute  les  deux  dernières.  La  quatrième 
d'entre  elles  avait  déjà  été  proposée  comme 
genre  par  Mœnch,  sous  le  nom  ù'Hirschfel- 
dia.  En  la  réduisant  au  rang  de  simple  sec- 
tion des  Moutardes,  De  Candolle  lui  avait 
conservé  le  même  nom.  Mais  divers  bota- 
nistes ont  cru  devoir  reprendre  le  genre  de 
Mœnch,  et  nous  suivrons  nous-même  ici 
leur  exemple.  De  ce  nombre  sont  M.  Presl 
(Flora sicula ,  tom.I,pag.  95, in-8, Prague, 
1826  )  et  M.  B.  Webb  (1.  c.  ,  pag.  85  )  ;  ce 
dernier  a  non  seulement  séparé  les  Hirsch- 
feldia  des  Sinapis,  mais  encore  il  a  mis 
l'un  et  l'autre  de  ces  genres  dans  deux  sous- 
tribus  différentes  des  Brassicées ,  le  premier 
parmi  ses  Enarthrocarpées,  ou  Brassicées  à 
silique  articulée  ,  le  dernier  parmi  ses  Anar- 
throcarpées,  ou  Brassicées  à  silique  non  ar- 
ticulée. Au  total,  ce  genre  nous  paraît  de- 
voir être  conservé;  il  a  la  végétation  des 
Moutardes  et  le  fruit  des  Raiforts ,  et  il  est 
caractérisé  particulièrement  par  sa  silique 
dont  chaque  loge  renferme  ordinairement 
4  graines,  et  que  surmonte  un  bec  ovale, 
indéhiscent,  contenant  toujours  une  graine. 
C'est  dans  ce  genre  que  vient  se  ranger 
comme  type ,  sous  le  nom  de  Hirschfeldia 
depressa  Mœnch,  le  Sinapis  incana  Lin., 
plante  commune  dans  les  champs ,  les  en- 
droits secs  et  pierreux  de  nos  départements 
méridionaux,  qui  justifie  assez  mal  sa  dé- 
nomination d'incana ,  puisque  sa  villosité 
se  réduit  à  un  duvet  qui  n'altère  pas  sensi- 
blement le  vert  de  sa  surface,  et  dont  l'his- 
toire est  très  confuse  dans  les  auteurs  à 
cause  de  ses  siliques,  dont  l'état  normal  est 
d'être  cylindriques ,  glabres  ,  redressées  , 
munies  d'une  nervure  médiane  en  forme  de 
carène ,  le  plus  souvent  à  4  graines,  longues 
d'environ  6  millim. ,  avec  un  bec  d'environ 
2  millim.  de  long;  mais  qui  modifient  fré- 
quemment ces  caractères  par  des  avorte- 
ments  plus  ou  moins  complets. 

Les  Hirschfeldia  détachés ,  il  ne  reste  plus 
dans  le  genre  Moutarde  que  les  trois  pre- 
mières sections  établies  par  De  Candolle 
qui  nous  paraissent  devoir  être  conservées, 
et  dont  chacune  renferme ,  entre  autres  , 
une  espèce  commune  en  France,  et  assez 
connue  pour  mériter  de  nous  occuper  quel- 
ques instants. 

a.  Melanosinapis ,  DC.  Silique  cylindra- 


MOU 


MOU 


405 


cée  ou  légèrement  tétragone,  surmontée 
d'une  petite  saillie  formée  par  le  style  per- 
sistant ,  qui  n'a  pas  pris  la  forme  de  bec. 

1.  Moutarde  noire,  Sinapis  nigra  Lin. 
Cette  espèce  est  des  plus  communes  dans  les 
champs,  dans  les  lieux  pierreux,  etc.,  de  pres- 
que toute  l'Europe.  Sa  tige ,  haute  d'environ 
un  mètre,  est  rameuse,  légèrement  velue  ;  ses 
feuilles  varient  assez  de  configuration  ;  celles 
du  bas  de  la  plante  sont  lyrées  ou  sinuées, 
avec  des  poils  rares;  ses  fleurs  sont  jaunes, 
petites;  ses  siliques  sont  glabres,  lisses, 
légèrement  tétragones ,  redressées  contre 
l'axe  de  l'inflorescence;  sa  graine,  d'abord 
rougeâtre,  devient  brune  foncée  ou  noirâtre 
à  sa  maturité  ,  mais  moins  que  celle  de  la 
Moutarde  des  champs  qui  s'y  trouve  ordi- 
nairement mêlée  dans  le  commerce;  elle 
est  lisse,  arrondie,  marquée  de  ponctuations 
fines ,  visibles  à  la  loupe ,  inodore  lorsqu'elle 
est  entière.  C'est  cette  graine  qui  donne  à 
la  plante  toute  son  importance  ;  tout  le 
monde  connaît,  en  effet,  ses  usages  comme 
condiment  et  comme  agent  thérapeutique. 
Tout  entière,  elle  est  inodore  et  très  peu 
active;  au  contraire,  lorsqu'elle  a  été  pul- 
vérisée et  soumise  à  l'action  de  l'humidité, 
ou  même  mouillée,  elle  développe  des 
propriétés  très  énergiques;  dans  le  premier 
cas,  son  amertume  est  médiocre,  tandis 
que  dans  le  second  elle  devient  acre  et  très 
piquante:  aussi  c'est  toujours  à  l'état  de 
poudre  et  en  l'humectant  qu'on  en  fait 
usage.  Cette  poudre  est  de  couleur  verdâtre, 
entremêlée  de  points  plus  foncés  et  noirâ- 
tres, qui  proviennent  des  débris  des  tégu- 
ments. Mise  sur  le  papier,  elle  y  laisse  des 
traces  très  visibles  de  l'huile  qu'elle  ren- 
ferme, et  dont  la  présence  la  fait  rancir 
après  quelque  temps;  lorsqu'on  veut  remé- 
dier à  cet  inconvénient,  on  extrait  cette 
huile,  qui,  du  reste,  pourrait  elle  même 
être  utilisée.  Dans  tous  les  cas ,  la  graine  de 
Moutarde  conserve  pendant  longtemps  ses 
propriétés.  Outre  l'huile  fixe  jaune-verdâtre 
dont  nous  venons  de  faire  mention,  elle  ren- 
ferme encore  une  huile  volatile,  de  couleur 
jaune-clair,  dense,  qu'on  en  retire  en  la 
distillant  dans  huit  ou  dix  pintes  d'eau.  Le 
résultat  de  celte  distillation  est  un  liquide 
très  énergique  qui  produit  sur  la  peau  une 
rubéfaction  instantanée,  et  dont  une  seule 
goutte  mise  sur  la  langue,  donne  la  sensation 


d'une  brûlure  vive.  On  a  signalé  encore  dans 
cette  grainede  l'albumine  végétale,  du  muci- 
lage, du  soufre,  des  sels  à  base  de  chaux,  etc. 
On  emploie  fréquemment  la  graine  de  Mou- 
tarde noire  pour  la  confection  de  ce  condi- 
ment très  usité  et  très  connu  sous  la  seule 
dénomination  de  Moutarde  ;  cependant  elle 
n'entre  que  dans  les  qualités  inférieures , 
la  plus  estimée  étant  faite  avec  la  grainede 
Moutarde  blanche.  Ses  usages  les  plus  im- 
portants sont  ceux  auxquels  on  l'emploie  en 
médecine,  à  l'extérieur,  pour  sinapismes, 
cataplasmes  résolutifs ,  pédiluves  ,  etc. ,  ou 
même  quelquefois  à  l'intérieur. 

b.  Ccratosinapis,  DC.  Silique  surmontée 
d'un  bec  conique  qui  ne  renferme  pas  de 
graine.  A  cette  section  ,  la  plus  nombreuse 
du  genre,  se  rapporte  l'espèce  suivante  : 

2.  Moutarde  des  champs,  Sinapis  arvensis 
Lin.  Plante  très  commune  dans  les  champs, 
les  jachères,  les  vignes  d'une  grande  partie 
de  l'Europe.  Sa  tige,  haute  de  5-6  décimè- 
tres ,  est  rameuse  et  dure.  Ses  feuilles  sont 
presque  glabres,  seulement  dentées  dans  une 
variété,  dans  l'autre  divisées  en  7-9  lobes 
dentés ,  dont  les  inférieurs  ressemblent  à 
des  pinnules.  Ses  fleurs  sont  jaunes  ,  plus 
grandes  que  celles  de  l'espèce  précédente,  et 
leur  calice  est  très  étalé.  Les  siliques  sont 
glabres,  cylindracées,  mais  relevées  de  plu- 
sieurs nervures  longitudinales  saillantes, 
renfermant  dans  chaque  loge  9-12  graines 
qui  déterminent  autant  de  bosselures  à  leur 
extérieur,  longues  de  près  de  3  centimètres, 
avec  un  bec  subulé  qui  égale  le  tiers  de 
leur  longueur.  Sa  graine  est  noirâtre,  plus 
foncée  que  celle  de  la  précédente,  à  laquelle 
elle  est  presque  toujours  mêlée,  et  dont  elle 
altère  la  qualité. 

c.  Leucosinapis  ,  DC.  Silique  hérissée  ou 
glabre,  à  valves  bosselées,  surmontée  d'un 
granc  bec  comprimé  et  ensiforme.  En  éta- 
blissant cette  section,  De  Candolle  se  de' 
mande  si  elle  ne  devrait  pas  être  réunie  aux 
Eruca,  ou  si  elle  ne  devrait  pas  former  un 
genre  distinct.  De  même  M.  Endlicher,  en 
l'admettant  après  De  Candolle,  émet  un 
doute  semblable.  D'autres  botanistes  ont  dé- 
cidé la  question  en  proposant  de  faire  de  ce 
sous-genre  un  genre  à  part ,  auquel  An- 
drzeiowsky  ,  et ,  d'après  lui ,  Rcichenbach  , 
ont  donné  le  nom  de  Ramphospcrmum ,  et 
Presl  (l.  c.)  celui  de  Donannia.  Cependant 


406 


MOU 


nous  suivons  ici  la  manière  de  voir  de  M.  B. 
Webb  ,  qui  conserve  ces  plantes  parmi  les 
vraies  Moutardes. 

3.  Moutarde  blanche,  Sinapis  alba  Lin. 
(Bonannia  officinalis  Presl).  Cette  plante  in- 
téressante croît  parmi  les  moissons,  et  dans 
les  lieux  incultes  et  pierreux  de  toute  l'Eu- 
rope moyenne  et  méridionale.  Sa  tige,  haute 
de  5-6  décimètres,  est  peu  rameuse,  glabre 
ou  pourvue  de  poils  assez  rares.  Ses  feuilles 
sont  presque  toujours  glabres,  pinnatipar- 
tites;  les  lobes  inférieurs  oblongs,  profon- 
dément séparés ,  le  terminal  plus  grand  , 
tous  sinués-dentés  ou  à  dents  aiguës.  Ses 
fleurs  sont  jaunes.  Sa  silique  est  hérissée 
de  poils  étalés ,  terminée  par  un  bec  plus 
long  qu'elle  et  au  moins  aussi  large,  com- 
primé-ensiforme ,  renfermant  quelquefois 
une  graine  à  sa  base,  marqué  à  sa  surface  de 
3  nervures  longitudinales,  et  glabre  ou  lé- 
gèrement hérissé  ;  chacune  de  ses  loges  ren- 
ferme 2-4  graines.  Ce  sont  encore  ces  grai- 
nes qui  donnent  à  cette  plante  toute  son 
importance.  Leur  couleur  est  claire,  jaune- 
clair  ou  blanchâtre  ,  d'où  est  venu  ,  surtout 
par  opposition ,  le  nom  de  la  plante  ;  leur 
volume  est  à  peu  près  double  de  celui  des 
graines  de  la  Moutarde  noire  ;  elles  sont 
lisses  et  luisantes,  inodores  ;  leur  saveur  est 
amère,  mais  elle  ne  devient  pas  acre  comme 
dans  l'espèce  que  nous  venons  de  nommer. 
Leur  tégument  renferme  une  couche  muci- 
lagineuse  qui  forme  environ  1/5  du  poids , 
et  qui  est  soluble  dans  l'eau  ;  de  là  vient 
que  mises  dans  ce  liquide  après  avoir  été 
concassées,  elles  le  rendent  très  visqueux  en 
vingt-quatre  heures  de  séjour. 

La  graine  de  la  Moutarde  blanche  pos- 
sède des  propriétés  assez  analogues  à  celles 
de  la  Moutarde  noire,  mais  beaucoup  moins 
énergiques.  Elle  est  employée  en  grande 
quantité  à  la  fabrication  de  la  Moutarde  du 
commerce,  dont  elle  donne  les  qualités  su- 
périeures; de  plus,  elle  est  devenue  dans  ces 
derniers  temps  un  évacuant  des  plus  vul- 
gaires ,  et  sa  consommation  sous  ce  rapport 
avait  pris,  il  y  a  dix  ou  douze  ans,  des  pro- 
portions énormes  qui  ont  considérablement 
décru  depuis  que  la  vogue  en  est  passée. 
Pour  cet  usage,  auquel  elle  servait  en  Angle- 
terre depuis  environ  un  siècle,  mais  qui  ne 
date  pas  de  vingt  ans  sur  le  continent,  on 
«mploie  la  graine  de  Moutarde  blanche  en 


MOU 

nature,  entière  et  sans  préparation,  ou  seu- 
lement légèrement  humectée;  son  action 
évacuante  est  remarquable  et  très  difficile  à 
expliquer,  puisqu'on  ignore  en  quoi  elle  con- 
siste, et  qu'elle  passe  tout  entfère  sans  êtro 
digérée. 

Les  feuilles  jeunes  delà  Moutarde  blanche 
se  mangent  quelquefois  en  salade  ;  de  plus, 
on  la  cultive  assez  fréquemment  comme 
fourrage  pour  les  bestiaux,  auxquels  on  la 
donne  en  vert  en  automne.  (P.  D.) 

MOUTARDIER,  ois.  —  Nom  donné  par 
Belon  au  Martinet  noir.  Voy.  martinet. 

MOUTON.  Ovis.  mam.  —  C'est  à  Linné 
que  l'on  doit  la  création  du  genre  Mouton , 
Ovis,  et,  d'après  lui,  un  grand  nombre  de 
zoologistes,  Brisson  ,  Erxleben  ,  Boddaërt, 
G.  Cuvier,  Et.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  A. -G. 
Desmarest,  etc.,  ont  adopté  ce  groupe  géné- 
rique, tandis  que  d'autres,  et  nous  citerons 
particulièrement  Leske,Illiger,Bliimenbach, 
Ranzani,  etc.,  remarquant  le  manque  de  ca- 
ractères propres  à  séparer  d'une  manière 
bien  tranchée  les  Chèvres  des  Moutons,  les 
ont  réunis  dans  une  même  division  sous  les 
dénominations  de  Capra  et  (YJEginomus. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Moutons  ne  peuvent 
être  confondus  avec  les  Ruminants  sans  cor- 
nes et  pourvus  de  canines,  tels  que  les  Cha- 
mois,  les  Chevrotains,  les  Lamas,  ni  avec 
ceux  dont  la  tête  est  ornée  de  bois  ramifiés 
et  caducs,  comme  les  Cerfs,  ou  de  produc- 
tions osseuses  toujours  couvertes  de  peau, 
tels  que  les  Girafes.  Dès  lors  on  ne  peut  les 
rapprocher  que  des  Bœufs,  des  Antilopes  et 
surtout  des  Chèvres;  mais  les  Bœufs  se  dis- 
tinguent des  Moutons  par  leur  corps  trapu, 
leurs  membres  courts  et  robustes,  leur  fanon 
lâche  et  pendant  sous  le  cou ,  leurs  cornes 
lisses,  leur  mufle  large,  etc.;  les  chevilles 
des  cornes  totalement  solides,  sans  pores  ni 
sinus  dans  le  plus  grand  nombre  d'Antilo- 
pes; le  nombre  de  leurs  mamelles,  qui  est 
souvent  de  quatre;  la  présence  de  larmiers, 
de  pores  inguinaux,  dans  plusieurs  de  ces 
animaux;  les  cornes  non  anguleuses,  sou- 
vent même  très  lisses,  leur  fournissent  un 
ensemble  de  caractères  qui  ne  se  rapportent 
jamais  entièrement  à  ceux  qu'on  observe  chez 
les  Moutons  ;  enfin,  le  chanfrein  droit  ou 
concave ,  la  direction  des  cornes  d'abord 
en  haut  et  ensuite  en  arrière,  la  présence 
d'une  barbe  sous  le  menton,  sont  les  trait 


MOU 

distinctifs  qui  séparent  les  Chèvres  des  Mou- 
tons. 

Les  auteurs  assignent  au  genre  Mouton  les 
caractères  suivants  :  Ruminants  pourvus  de 
cornes  creuses,  persistantes,  anguleuses,  ri- 
dées en  travers,  contournées  latéralement  en 
■spirale  et  se  développant  sur  un  axe  osseux, 
celluleux,  qui  a  la  même  direction;  trente- 
deux  dents  en  totalité,  savoir:  huit  incisives 
inférieures,  formant  un  arc  entier,  se  tou- 
chant toutes  régulièrement  par  leurs  bords, 
les  deux  intermédiaires  étant  les  plus  larges 
et  les  deux  latérales  les  plus  petites;  pas 
d'incisives  supérieures;  six  molaires  à  cou- 
ronne marquée  de  doubles  croissants  d'é- 
mail, dont  trois  fausses  et  trois  vraies  à 
chaque  côté  et  aux  deux  mâchoires  ;  les  vraies 
molaires  supérieures  ayant  la  convexité  des 
doubles  croissants  de  leur  couronne  tournée 
en  dedans,  et  les  inférieures  l'ayant  en  de- 
hors ;  le  chanfrein  arqué;  le  museau  ter- 
miné par  des  narines  de  forme  allongée, 
oblique,  sans  mufle  ou  partie  nue  et  mu- 
queuse; pas  de  larmiers;  pas  de  barbe  au 
menton;  les  oreilles  médiocres  et  pointues; 
le  corps  de  stature  moyenne ,  couvert  de 
poils;  les  jambes  assez  grêles,  sans  brosses 
aux  genoux;  deux  mamelles  inguinales;  pas 
de  pores  inguinaux  ;  la  queue  (du  moins 
dans  les  espèces  sauvages)  plus  ou  moins 
courte,  infléchie  ou  pendante  ;  enfin  on  peut 
ajouter  qu'il  existe  un  appareil  de  sécrétion 
occupant  sur  chaque  pied  le  niveau  de  l'ar- 
ticulation supérieure  des  phalanges  mitoyen- 
nes, et  s'ouvrant  à  l'extérieur  par  un  petit 
\trou  circulaire  du  diamètre  à  peu  près  d'une 
igné.  Ce  dernier  caractère,  qui  a  été  donné 
assez  récemment  par  M.  Gêné,  de  Turin, 
semble  devoir  s'appliquer  d'une  manière  gé- 
nérale à  toutes  les  espèces  du  genre  Mouton, 
et  ne  pas  se  retrouver,  au  contraire,  dans  le 
groupe  des  Chèvres. 

L'organisation  interne  des  Moutons  est 
encore  assez  peu  connue.  On  possède  cepen- 
dant quelques  détails  sur  leur  squelette, 
leurs  organes  digestifs  et  delà  génération,  sur 
leur  myologie,  etc.  On  a  cherché  dans  leur 
anatomie  quelques  caractères  pour  les  dis- 
tinguer des  Chèvres  avec  lesquelles  ils  ont 
tant  de  rapports,  mais  on  n'a  pu  découvrir 
que  des  différences  spécifiques,  c'est-à-dire 
de  même  valeur  que  celles  que  l'on  peut 
rencontrer  entre  deux  espèces  congénères. 


MOU 


407 


Ces  deux  groupes  sont  même  tellement  voi- 
sins que  la  Chèvre  produit  avec  le  Mouflon, 
et  la  Brebis  avec  le  Bouc,  et  que  les  métis 
qui  en  proviennent  ne  sont  pas  inféconds. 

Les  Moutons  se  nourrissent  de  végétaux; 
ils  vivent  en  familles  ou  en  troupes  plus  ou 
moins  nombreuses;  les  pays  élevés,  les  som- 
mités des  montagnes,  sont  les  contrées  qu'ils 
habitent  de  préférence.  Leurs  habitudes  sont 
les  mêmes  que  celles  des  Chèvres  ,  et  c'est 
encore  un  rapport  entre  ces  deux  groupes  si 
voisins.  A  l'état  sauvage,  on  les  voit  sauter 
de  rocher  en  rocher  avec  une  vitesse  pres- 
que incroyable;  leur  souplesse  est  extrême, 
leur  force  musculaire  prodigieuse ,  leurs 
bonds  très  étendus  et  leur  course  très  rapide  ; 
on  ne  pourrait  les  atteindre,  s'ils  ne  s'arrê- 
taient fréquemment  au  milieu  de  leur  course 
pour  regarder  le  chasseur  d'un  air  stupide  et 
pour  attendre  que  celui-ci  soit  à  leur  portée 
pour  recommencer  à  fuir.  A  l'état  domesti- 
que, les  mœurs  des  Moutons  sont  tout-à-fait 
modifiées,  ainsi  que  nous  le  verrons  en  par- 
lant des  diverses  races  de  l'espèce  employée 
dans  l'économie  rurale.  On  sait  tous  les 
avantages  que  l'homme  retire  du  Mouton,  et 
nous  ne  croyons  pas  devoir  en  parler  main- 
tenant. 

Les  Moutons  habitent  plusieurs  régions  de 
l'ancien  et  du  nouveau  monde.  La  Corse,  la 
Sardaigne  et  quelques  autres  îles  de  la  Mé- 
diterranée sont  les  lieux  où  l'on  trouve  l'es- 
pèce la  plus  anciennement  connue  et  celle 
qu'on  regarde  comme  la  souche  primitive  de 
nos  Moutons  domestiques.  Les  autres  espèces 
se  trouvent  dans  la  chaîne  de  l'Atlas,  dans 
les  montagnes  de  la  Sibérie  et  du  Kamts- 
chatka,  dans  celles  du  Canada,  etc.,  etc. 

On.  ne  connaît  qu'un  assez  petit  nombre 
d'espèces  de  ce  groupe  ;  cependant  M.  Lesson 
(Nouv.  tabl.  du  Règ.  anim.  Mam.9  1842) 
admet  quatorze  espèces  que  nous  allons  ci- 
ter; 1°  Mouflon  d'Afrique,  Ovis  tragdaphus 
Linné,  de  l'Afrique  du  Nord,  Abyssinie, 
Barbarie,  Egypte,  etc.;  2° Mouton d'Amîïriquk, 
Ovis  montana  Et.  Geoffr.,  de  l'Amérique  du 
Nord  ;  3°  Mouflon  argali,  Ovis  ammon  Ervl., 
des  montagnes  de  la  Tartaric  et  de  la  Sibé- 
rie; 4°  Mouton  ordinaire,  Ovis  arics  et  mu- 
Simon  Linné,  de  la  Corse ,  de  la  Sardai- 
gne, de  l'Egypte  supérieure,  etc.;  5*  Ovis 
ophion  Blyth.,  de  l'île  de  Chypre  ;  6*  Ovis 
sicalopygus  Pallas,  d' Abyssinie;  7"  Ovis  cy- 


408 


MOU 


MOU 


lindricornis  Blyth.,  du  Caucase;  8°  Ovis 
Gmelini  Blyth.,  de  l'Arménie  et  de  la  Perse; 
9°  Ovis  Polii  Blyth.,  de  Pamir  en  Asie; 
10°  Ovis  nahoor  Hodg.,  du  Thibet  et  de 
l'Hymalaya;  11°  Ovis  Burrhel  Blyth.,  de 
niymalaya  ;  12°  Ovis  nivicola  Eschs.  ,  du 
Kamtschatka;  13°  Ovis  caZt'/brntana  Dougl., 
de  la  Californie;  et  14°  Ovis  Viguei  Blyth., 
du  petit  Thibet.  La  plupart  de  ces  espèces 
ne  sont  encore  qu'imparfaitement  connues 
et  ne  seront  probablement  pas  toutes  ad- 
mises, car  plusieurs  d'entre  elles  devront 
probablement  être  réunies  pour  n'en  former 
qu'une  seule.  Les  quatre  que  nous  avons 
indiquées  les  premières  sont  les  seules  qui 
soient  véritablement  bien  étudiées  jusqu'à 
présent;  nous  ne  nous  occuperons  ici  que 
de  celles-ci ,  et  nous  terminerons  cet  article 
en  donnant,  d'une  manière  rapide  la  des- 
cription des  principales  races  ou  variétés 
admises  dans  l'espèce  du  Mouton  ordinaire. 
1°  Le  Mouflon  d'Afrique  ou  Mouton 
barbu,  Ovis  tragelaphus  G.  Cuv.,  A. -G. 
Desm.;  Tragelaphus  et  Hirco-Cervus  Caïus, 
Barded  Sheep  Pcnnant  (  Quad.,  pi.  9)., 
Shaw  (Zool.t  II ,  2e  part.,  pi.  202)  ;  Mouton 
a  manchettes,  Ovis  ornata  Et.  et  1s.  GeoîTr. 
Pennant  a  ,  le  premier,  décrit  cette  espèce, 
qu'il  regarde  comme  le  Tragelaphus  de 
Pline,  et  il  lui  assigne  les  caractères  sui- 
vants :  Mouton  ayant  les  poils  de  la  région 
inférieure  des  joues  et  de  la  partie  supé- 
rieure des  mâchoires  très  longs  et  formant 
une  sorte  de  barbe  double  ou  divisée;  ceux 
du  côté  du  corps  courts  ;  ceux  du  dessus  du 
cou  un  peu  plus  longs  et  assez  droits;  ceux 
du  dessous  du  cou  et  des  épaules  grossiers, 
au  moins  longs  de  11  centimètres,  et  pour- 
vus à  leur  base  d'une  laine  très  courte  et 
serrée;  le  cou,  le  dos  et  les  flancs  d'une 
couleur  ferrugineuse  pâle;  la  queue  très 
courte  ;  les  cornes  ayant  vingt-cinq  pouces 
anglais  de  longueur  et  onze  pouces  de  cir- 
conférence à  leur  base,  divergentes,  diri- 
gées en  arrière  et  en  dehors,  et  écartées 
l'une  de  l'autre  ;  leurs  pointes  d'environ 
25  centim.  Cette  description,  malheureu- 
sement incomplète,  a  été  reproduite  par 
Shaw;  mais,  suivant  ce  naturaliste  ,  elle  ne 
se  rapporterait  qu'à  une  simple  variété  de 
VArgali,  et  non  à  une  espèce  distincte; 
mais  cette  opinion  n'a,  du  reste,  aucun 
fondement. 


Le  Mouton  barbu  habite  les  lieux  déserts  / 
et  escarpés  de  la  Barbarie  et  du  nord  des 
l'Afrique. 

G.  Cuvier,  A. -G.  Desmarest  et  d'autres t 
zoologistes  réunissent  au  Mouton  barbu  un- 
animal  qu'Etienne  Geoffroy  -  Saint  -  Hilaire 
regarde  comme  une  espèce  distincte  ,  et 
qu'il  a  décrite  dans  l'ouvrage  sur  l'Egypte 
sous  le  nom  de  Mouton  a  manchettes  ,  Ovis 
ornata.  Cet  animal  est  de  la  taille  du 
Mouton  ordinaire;  son  chanfrein  est  assez 
peu  arqué  ;  ses  cornes ,  médiocres  ,  un  peu 
plus  longues  que  la  tête  ,  se  touchent  à  leur 
base,  s'élèvent  d'abord  droites,  puis  se  re- 
couchent en  arrière  et  un  peu  en  dedans 
vers  leurs  extrémités  ;  elles  sont  ridées  trans- 
versalement, et  leur  face  antérieure  est  la 
plus  large:  le  pelage,  généralement  d'un 
fauve  roussâtre,  est  assez  court  partout,  si 
ce  n'est  sous  le  cou,  où  il  existe  une  longue 
crinière  pendante  de  poils  longs  et  assez 
grossiers;  les  poignets  des  jambes  antérieu- 
res ont  aussi  chacun  une  sorte  de  man- 
chette composée  de  poils  très  longs  et  non 
frisés. 

Cette  variété  du  Mouton  barbu  a  été  trou- 
vée aux  portes  de  la  ville  du  Caire;  mais  il 
est  probable  qu'elle  n'habite  pas  ordinaire- 
ment cette  partie  de  l'Egypte. 

2°  Le  Mouflon  d'Amérique  ou  Bélier  de 
montagne  ,  Ovis  montana  Et.  Geoffr.  {Ann. 
Mus.,  t.  II ,  pi.  60).  Cette  espèce  a  été  dé- 
couverte en  1800  par  un  voyageur  anglais, 
Gillevray. 

Il  est  remarquable  par  les  formes  sveltes 
de  son  corps  et  par  ses  longues  jambes  ;  il 
a  la  tête  courte  et  le  chanfrein  presque 
droit;  sa  bouche  est  exactement  celle  de  la 
Brebis;  les  cornes,  chez  le  mâle,  grandes, 
larges  ,  sont  ramenées  au-devant  des  yeux, 
en  décrivant  à  peu  près  un  tour  de  spirale; 
elles  sont  comprimées  comme  chez  le  Bélier 
domestique,  et  leur  surface  est  de  même 
transversalement  striée:  celles  de  la  femelle 
sont  beaucoup  plus  petites  et  sans  courbure 
sensible;  le  poil  est  court,  raide ,  grossier 
et  comme  desséché ,  et  a  une  coloration 
générale  d'un  brun  marron  ,  tandis  que  les 
fesses  sont  blanchâtres ,  le  museau  et  le 
chanfrein  blancs  et  les  joues  d'un  marron 
clair;  la  queue  ,  très  courte  comme  dans 
tous  les  Mouflons,  est  noire;  l'animal  a  en- 
viron cinq  pieds  anglais  de  longueur,  et  les 


MOU 


MOU 


409 


cornes,  mesurées  en  ligne  droite,  ont  trois 
pieds. 

G.  Cuvier  avait  émis  l'opinion  que  le 
Mouton  américain  et  l'ArgaH  pourraient 
ibien  ne  former  qu'une  seule  espèce,  et 
M.  Harlan  affirme  même  qu'il  n'y  a  pas  la 
plus  légère  différence  spécifique  entre  ces 
deux  animaux;  mais  ces  Moutons  sont  en- 
core trop  imparfaitement  connus  des  natu- 
ralistes européens  pour  qu'on  puisse  se 
décider  à  admettre  comme  certaine  ou  er- 
ronée l'opinion  de  M.  Harlan;  cependant , 
quelques  caractères  donnés  par  M.  Isidore 
Geoffroy- Saint- Hilaire  semblent  bien  dé- 
montrer que  ce  sont  deux  espèces  distinctes. 

C'est  vers  le  50e  degré  de  latitude  du 
nord  et  le  115e  de  longitude  ouest,  auprès 
de  la  rivière  d'EIk,  dans  l'Amérique  du 
Nord  ,  que  le  Mouflon  d'Amérique  a  été  dé- 
couvert. Gillevray  rencontra  ce  Bélier  par 
troupes  de  vingt  à  trente  individus,  ayant 
à  leur  tête  un  vieux  mâle ,  sur  les  sommets 
des  plus  hautes  montagnes ,  et  particuliè- 
rement sur  les  pentes  arides  et  les  moins 
accessibles,  mais  descendant  de  temps  à 
autre  pour  paître  dans  les  vallées;  il  les  vit 
sauter  de  rocher  en  rocher  avec  une  vitesse 
et  une  précision  qui  rappellent  celles  des  Cha- 
mois et  des  Bouquetins  de  nos  Alpes,  et  il 
affirme  qu'il  serait  impossible  de  les  attein- 
dre s'il  ne  leur  arrivait  fréquemment  de 
s'arrêter  dans  leur  fuite  pour  observer  ceux 
qui  les  poursuivent.  Selon  son  rapport, 
plusieurs  peuplades  américaines,  notamment 
celle  des  Crées  ou  Kinstianeaux,  font  une 
chasse  active  à  ces  Ruminants ,  qu'ils  nom- 
ment Mi-attic  y  et  dont  ils  estiment  beau- 
coup la  chair,  surtout  celle  des  jeunes  et  des 
femelles. 

3°  L'Argali,  Ovis  ammon  Linné,  Gm.; 
Stepnie  baranni  G. -S.  Gmclin  (  Voy.  en 
Sib. ,  t.  I);  Ovis  fera  sibirica,  vulgo  Argali 
dicta,  Païïas  (Spicil.  zoolog.,  fasc.  II,  t.  I); 
Capra  ammon  Linné  (  Syst.  nat.  Argali), 
Shaw  (Gen.  zooL,  t.  II,  part.  2  ,  fasc.  201). 
La  taille  de  cet  animal  est  à  peu  près  celle 
du  Daim,  et  son  corps  est  partout  couvert 
de  poils  courts.  En  hiver ,  le  pelage  est  d'un 
gris  fauve,  avec  une  raie  jaune-rous"âtre  le 
long  du  dos  et  une  large  tache  de  la  même 
couleur  sur  les  fesses;  la  face  interne  des 
quatre  membres  et  le  ventre  sont  d'un  rou- 
geâtre  encore  plus  pâle,  et  le  chanfrein ,  le 

T.    VIII. 


museau  et  la  gorge  sont  blanchâtres.  En 
été,  il  est  en  général  plus  roussâtre;  mais 
en  tout  temps  la  tache  jaunâtre  ou  rous- 
sâtre des  fesses  reste  la  même.  Les  cornes 
des  mâles  sont  très  grosses  et  très  longues  ,, 
elles  naissent  très  près  des  yeux ,  devant  les 
oreilles,  se  couchent  d'abord  en  arrière  et 
en  dessous,  puis  en  avant,  avec  la  pointe 
dirigée  en  haut  et  en  dehors;  elles  sont 
triangulaires  à  leur  base,  avec  une  large 
face  en  avant  ;  leur  surface  est  ridée  en  tra- 
vers, depuis  leur  naissance  jusqu'à  moitié 
de  leur  longueur,  puis  leur  extrémité  est 
plus  lisse,  sans  être  cependant  tout-à-fait 
unie  :  les  cornes  de  la  femelle  sont  très 
minces,  à  peu  près  droites,  presque  sans 
rides,  et  assez  semblables  à  celles  de  nos 
Chèvres  domestiques  ;  les  oreilles  sont  assez 
larges,  terminées  en  pointe  et  très  droites;  le 
cou  a  quelques  plis  pendants;  la  queue  est 
très  courte. 

C'est  à  Gmelin  et  à  Pallas  que  l'on  doit 
presque  tout  ce  que  l'on  sait  de  cette  es- 
pèce remarquable.  Elle  habite  les  régions 
fraîches  ou  tempérées  de  l'Asie ,  et  n'est  pas 
rare  dans  les  montagnes  de  la  Mongolie  , 
de  la  Sougarie,  et  même  de  la  Tartarie; 
elle  se  trouve  aussi  abondamment  répandue 
dans  le  Kamtschatka.  Les  Argalis  sont  très 
forts  et  très  agiles  ;  leur  légèreté  ,  lorsqu'ils 
sautent  de  rocher  en  rocher,  est  remarqua- 
ble. Les  mâles,  dans  leurs  combats  pour 
la  possession  des  femelles,  perdent  quel- 
quefois leurs  cornes,  quelque  grosses  et 
solides  qu'elles  soient.  Plus  vigoureux  que 
les  Mouflons  ordinaires,  les  Argalis  s'accou- 
plent deux  fois  dans  l'année,  au  printemps 
et  en  automne,  et  chaque  portée  est  d'un 
ou  de  deux  petits.  Quand  les  femelles  ont 
mis  bas,  elles  restent  seules  avec  leurs 
agneaux.  La  chair  de  ces  animaux  et  sur- 
tout leur  graisse  sont  recherchées  par  les 
habitants  des  lieux  où  ils  vivent. 

4°  Le  Mouflon  proprement  oit,  Ovis  aries 
rera  Auct.;  Musmon  et  Opldon,  Pline  ;  Mus- 
mon  et  Musimon  ,  Gesner  ;  Tragelaphus, 
Belon  ;  Mouflon,  Bu  (Ton  (Hist.  nat.,  t.  XI, 
pi.  39);  Ovis  argali  Boddaërt,  Shaw;  Ovis 
ammon  Linné,  Gm.;  Capra  ammon  Linné 
[Syst.  nat.);  Ovis  musimon  Goldf.  ;  Mou- 
flon, Fr.  Cuv.  (Mammif.),  A. -G.  Desm. 
(Mammif.);  Musione  de  Sardaigne,  Muffole 
de  Corse,  etc.  Ce  Ruminant,  d'où  l'on  croit 

52 


410 


MOU 


MOU 


dérivées  nos  races  de  bêtes  à  laine  européen- 
nes ,  est  un  peu  plus  gtand  que  le  Mouton 
domestique  ;  il  a  environ  1  mètre  1 5  centirn. 
de  longueur,  et  sa  hauteur,  prise  à  la  partie 
du  dos  la  plus  élevée  au-dessus  du  sol ,  est 
de  75  centimètres.  Les  cornes  du  mâle 
int  près  de  66  centimètres  de  longueur,  et 
ia  queue  un  peu  plus  de  8  centimètres.  Le 
mâle  a  le  chanfrein  busqué  ,  les  cornes  très 
grandes,  grosses,  ridées,  surtout  à  leur 
base,  d'un  gris  jaunâtre;  les  oreilles  sont 
médiocres,  droites ,  pointues,  mobiles;  le 
cou  est  assez  gros;  le  corps  épais,  muscu- 
leux,  à  formes  arrondies;  les  jambes  sont 
assez  robustes  ;  les  sabots  courts  ;  la  queue 
courte  ,  infléchie  et  nue  à  sa  face  inférieure. 
Le  corps  est  couvert  de  deux  sortes  de  poils  : 
un  poil  laineux  gris,  épais,  ayant  ses  fila- 
ments en  lire-bouchons,  et  un  poil  soyeux, 
assez  peu  long  et  raide  ,  seul  apparent  au 
dehors;  la  tête  ne  présente  que  de  ces  der- 
niers poils.  Le  pelage  est  d'un  fauve  terne, 
mêlé  de  quelques  poils  noirs  sur  la  tête , 
le  cou  ,  les  épaules ,  le  dos  ,  les  flancs  et 
la  face  extérieure  des  cuisses  ,  avec  la  ligne 
dorsale  plus  foncée  ;  le  dessous  du  cou 
jusqu'à  la  poitrine  ,  la  base  antérieure  des 
jambes  de  devant,  les  bords  des  flancs  et 
la  queue  sont  noirâtres;  le  dessus  et  les 
côtés  de  la  fesse ,  ainsi  qu'une  ligne  qni 
naît  de  la  commissure  des  lèvres  et  se  porte 
en  arrière  au-dessus  de  l'œil  pour  se  réunir 
à  celles  du  côté  opposé,  sont  aussi  noirâ- 
tres; la  partie  antérieure  de  la  face,  le 
dessous  des  yeux,  le  dedans  des  oreilles ,  les 
canons  des  jambes,  le  ventre,  les  fesses 
et  les  bords  de  la  queue  sont  blancs  ;  la  face 
interne  des  membres  est  d'un  gris  sale;  une 
tache  d'un  jaune  pâle  se  voit  au  milieu  de 
chaque  flanc  ;  l'intérieur  de  la  bouche ,  la 
langue  et  les  narines  sont  noirs.  En  hiver 
le  pelage  est  plus  fourni ,  présente  plus  de 
noir ,  et  les  poils  du  dessous  du  cou  forment 
une  espèce  de  cravate.  Chez  les  femelles ,  le 
pelage  offre  moins  d'épaisseur;  les  cornes 
manquent  souvent,  et  lorsqu'elles  existent, 
elles  sont  beaucoup  moins  fortes  que  chez 
les  mâles.  Les  jeunes  individus  sont  d'un 
fauve  plus  pur  que  les  vieux  ,  avec  les  fesses 
d'un  fauve  brun  ;  leurs  cornes,  qui  com- 
mencent à  pousser  peu  de  temps  après  leur 
naissance,  ont  déjà  15  à  20  centimètres  de 
longueur  au  bout  d'un  an. 


Le  Mouflon  était  bien  connu  des  anciens  ; 
il  paraît  avoir  été  désigné  par  les  Grecs  sous 
le  nom  d'Ophion,  et  il  est  très  clairement 
indiqué  dans  les  écrits  de  Pline  et  de  Stra- 
bon  sous  la  dénomination  daMusmon.  Pline 
le  rapproche  avec  raison  de  la  Brebis  do- 
mestique, et  ajoute  qu'il  produit  avec  ce 
dernier  animal  des  métis  connus  sous  le 
nom  d'Umbri;  il  nous  apprend  en  outre 
que,  de  son  temps,  l'espèce  habitait  l'Espa- 
gne et  principalement  la  Corse. 

L'espèce  du  Mouflon  se  trouve  dans  les 
parties  les  plus  élevées  de  la  Corse  et  de  la 
Sardaigne,  sur  les  montagnes  occidentales 
de  la  Turquie  européenne,  dans  l'île  de 
Chypre  et  vraisemblablement  dans  quelques 
autres  îles  de  l'Archipel  grec;  et,  à  moins 
que  l'Argali  ne  doive  lui  être  rapporté ,  il 
semblerait  qu'elle  ne  s'élève  pas  plus  au 
nord.  Il  paraît  que  le  Mouflon  se  rencontre 
encore  à  l'état  sauvage  en  Espagne,  et 
M.  Bory  de  Saint-Vincent  en  a  vu  et  tué 
plusieurs  individus  dans  les  montagnes  du 
royaume  de  Murcie. 

Dans  l'état  de  nature,  les  Mouflons  ne 
quittent  jamais  les  sommités  des  montagnes; 
ils  marchent  par  troupes,  qui  se  composent 
au  plus  d'une  centaine  d'individus  ,  et  à  la 
tête  desquelles  se  trouve  toujours  un  vieux 
et  robuste  mâle.  En  décembre  et  janvier, 
époque  du  rut ,  ces  troupes  se  divisent  en 
bandes  plus  petites -,  formées  chacune  de 
quelques  femelles  et  d'un  seul  mâle.  Lorsque 
ces  bandes  se  rencontrent,  les  mâles  se  bat- 
tent à  coups  de  cornes;  souvent  l'un  d'eux 
périt ,  et,  dans  ce  cas,  les  femelles  qui  l'ac- 
compagnent se  joignent  au  troupeau  du 
Mouflon  qui  survit  au  combat.  Les  femelles 
portent  cinq  mois,  et  mettent  bas,  en  avril 
ou  mai,  deux  petits  qui  peuvent  marcher 
dès  le  moment  de  leur  naissance,  et  dont 
les  yeux  sont  ouverts;  elles  ont  pour  eux 
beaucoup  de  tendresse  ,  et  les  défendent 
avec  courage.  Les  jeunes  n'atteignent  tout 
leur  développement  qu'à  leur  troisième  an- 
née, mais  montrent,  dès  la  fin  de  la  pre- 
mière, le  désir  de  s'accoupler. 

De  nombreuses  remarques  sur  l'état  in- 
tellectuel des  Mouflons  qui  ont  vécu  à  la 
ménagerie  du  Muséum  de  Paris  ont  été  fai- 
tes par  Fr.  Cuvier,  et  nous  croyons  devoir 
transcrire  ici  ce  qu'il  dit  à  ce  sujet  dans  la 
première  livraison  de  son  Histoire  naturelle 


MOU 


MOU 


411 


des  Mammifères  du  Muséum.   «  La  domes- 
ticité n'a  aucune  influence  sur   le   déve- 
loppement de  l'état  intellectuel  dans  ceux 
de  ces  animaux  que  j'ai  observés;  elle  n'a 
fait  que  les  habituer  à  la  présence  d'objets 
nouveaux  :  les  hommes  ne  les  effrayaient 
plus  ;  il  semblait  même  que  ces  animaux 
eussent  acquis  plus  de  confiance  dans  leur 
force  en  apprenant  à  nous  connaître;  car, 
au  lieu  de  fuir  leur  gardien,  ils  l'attaquaient 
avec  fureur,  et  les  mâles  surtout.  Les  châti- 
ments, bien  loin  de  les  corriger,  ne  les  ren- 
daient que  plus  méchants;  et  si  quelques 
uns  devinrent  craintifs,  ils  ne  se  soumirent 
point,  et  ne  virent  que  des  ennemis,  et  non 
pas  des  maîtres,  dans  ceux  qui  les  avaient 
frappés.  Ils  ne  surent  même  jamais  faire  à 
cet  égard  de  distinction  entre  les  hommes; 
ceux  qui  ne  leur  avaient  point  fait  subir  de 
mauvais  traitements  ne  furent  pas  à  leurs 
yeux  différents  des  autres,  et  les  bienfaits 
ne  parvinrent  point  à  affaiblir  en  eux  le 
sentiment  qui  les  portait  à  traiter  l'espèce 
humaine  en  ennemie.  En  un  mot,  ils  ne 
montrèrent  jamais  aucune  confiance,  aucune 
affection,  aucune  docilité,  bien  différents  en 
cela  des  animaux  les  plus  carnassiers,  que 
l'on  parvient  toujours  à  captiver  par  la  dou- 
ceur et  les  bons  traitements.  Si  le  Mouflon 
est  la  souche  de  nos  Moutons,  on  pourra 
trouver,  dans  la  faiblesse  de  jugement  qui 
caractérise  le  premier,  la  cause  de  l'extrême 
stupidité  des  autres.  Ceux  de  ces  animaux 
qui  ont  vécu  à  la  ménagerie  aimaient  le 
pain,  et  lorsqu'on  s'approchait  de  leur  bar- 
rière, ils  venaient  pour  le  prendre  :  on  se 
scnait  de  ce  moyen  pour  les  attacher  avec 
un  collier,  afin  de  pouvoir  sans  accident 
entrer  dans  leur  parc;  eh  bien!  quoiqu'ils 
fussent  tourmentés  au  dernier  point ,  lors- 
qu'ils étaient  ainsi  retenus,  quoiqu'ils  vis- 
sent le  collier  qui  les  attendait,  jamais  ils 
ne  se  sont  défiés  du  piège  dans  lequel  on  les 
attirait  en  leur  offrant  ainsi  à  manger;  ils 
,sont  constamment  venus  se  faire  prendre 
jsans  montrer  aucune  hésitation  ,  sans  ma- 
nifester qu'il  se  fût  formé  dans  leur  esprit 
la  moindre  liaison  entre  l'appât  qui  leur 
était  présenté  et  l'esclavage  qui  en  était  la 
suite,  sans  qu'en  un  mot  l'un  ait  pu  deve- 
nir pour  eux  le  signe  de  l'autre.  Le  besoin 
de  manger  seul  était  réveillé  en  eux  à  la 
vue  du  pain.  Sans  doute  on  ne  doit  point 


conclure  de  quelques  individus  à  l'espèce 
entière;  mais  on  peut  assurer,  sans  rien 
hasarder,  que  le  Mouflon  tient  une  des  der- 
nières places  parmi  les  Mammifères  quant 
à  l'intelligence  ,  et  sous  ce  rapport  il  justi- 
fierait bien  les  conjectures  de  tiuffon  sur 
l'origine  de  nos  différentes  races  de  Mou- 
tons. »  Ces  conjectures  se  trouvent  confir- 
mées ,  ainsi  que  nous  le  dirons  bientôt,  par 
des  caractères  qui  rapprochent  plus  ou 
moins  du  Mouflon  certaines  de  nos  variétés 
de  bêtes  à  laine. 

Telles  sont  les  espèces  de  Moutons  sau- 
vages les  mieux  connues  jusqu'à  ce  jour; 
on  voit  qu'elles  sont  au  nombre  de  quatre 
seulement,  et  encore  que  quelques  unes  n'é- 
tant, suivant  plusieurs  auteurs,  que  des  es- 
pèces nominales,  ce  nombre  devrait  peut- 
être  se  réduire  à  trois,  mais  non  pas  à  deux 
ou  même  à  une  seule,  comme  pourraient  le 
donner  à  penser  les  opinions  émises  par  di- 
vers naturalistes  sur  les  Mouflons  d'Europe, 
d'Asie  et  d'Amérique,  et  par  Shaw  sur  celui 
d'Afrique  :  nous  croyons  qu'en  aucun  cas 
on  ne  pourra  réunir  le  Mouflon  d'Europe  à 
celui  d'Amérique  ,  ni  le  Mouflon  d'Afrique 
à  aucun  des  deux  autres.  D'après  cela ,  il 
vesterait  comme  espèces  tout-à-fait  certai- 
nes :  1°  le  Mouflon  d'Afrique  ,  ou  Mouton 
barbu;  2°  le  Mouflon  d'Amérique,  ou  Mou- 
ton de  montagne;  et  3°  le  Mouflon  d'Eu- 
rope, type  sauvage  de  nos  Moutons,  auquel 
serait  réuni ,  suivant  quelques  auteurs , 
l'Argali ,  ou  Mouflon  d'Asie. 

Il  nous  reste  maintenant  à  donner  des 
détails  sur  nos  Moutons  domestiques,  et  après 
avoir  parlé  de  leurs  mœurs  d'une  manière 
générale,  nous  terminerons  cet  article  en 
disant  quelques  mots  des  diverses  races  ad- 
mises par  les  agriculteurs. 

La  plupart  des  races  de  Moutons  ,  quoi- 
que leur  organisation  intérieure  soit  presque 
identique  avec  celle  des  Mouflons,  semble, 
au  premier  coup  d'oeil ,  s'éloigner  considé- 
rablement de  ces  Ruminants  et  appartenir 
même  à  un  genre  tout  différent.  Les  formes 
sveltes  et  gracieuses,  la  rapidité  et  la  légè- 
reté des  mouvements  qui  caractérisent  les 
Mouflons,  ont  fait  place,  chez  les  Moutons, 
à  des  formes  plus  ou  moins  lourdes,  à  une 
lenteur,  et,  si  l'on  peut  dire  ,  à  une  indo- 
lence qui  sont  presque  devenues  proverbia- 
les ;  en  outre,  le  poil  rude  et  cassant,  doni 


412 


MOU 


MOU 


l'aspect  a  fait  si  souvent  comparer  les  Mou- 
flons aux  Daims  et  aux  Chevreuils ,  est 
changé  en  une  laine  moelleuse.  Cette  der- 
nière modification  a  surtout  semblé  bien 
remarquable,  et  il  n'en  pouvait  être  autre- 
ment ,  puisqu'elle  suffisait  seule  pour  chan- 
ger entièrement  la  physionomie  de  l'animal  ; 
aussi  les  naturalistes  ont-ils  de  bonne  heure 
tenté  de  l'expliquer,  et  leurs  recherches  ont 
donné  ce  résultat  qu'il  n'y  a  pas  là,  comme 
on  aurait  pu  être  porté  à  le  croire,  une  sorte 
de  métamorphose  ou  même  de  création 
nouvelle ,  mais  un  développement  de  ces 
poils  laineux  ,  qui  existent  chez  tous  les 
Mammifères  des  pays  froids,  et  qui  se  trou- 
vent même  avoir  déjà  chez  les  Mouflons  une 
forme  et  une  disposition  analogues  à  celles 
de  la  laine  de  nos  Moutons  domestiques. 
Mais  comment  et  par  quelles  causes  s'est 
opéré  ce  changement  des  poiîs  laineux  en 
une  véritable  laine?  Comment  s'est  opérée 
la  disparition  des  poils  soyeux  que  l'on  ob- 
servait en  même  temps  ?  Toutefois  la  nature 
du  pelage  n'a  pas  subi ,  dans  toutes  les  ra- 
ces domestiques,  la  modification  dont  nous 
venons  de  parler  ;  et  quelques  unes  d'entre 
elles  ont  encore,  sous  ce  rapport,  conservé 
les  caractères  du  type  primitif,  le  Mouflon. 
Plusieurs  races  ont  un  vrai  poil  court,  sec 
et  soyeux  ,  comme  celui  du  Mouflon  ;  d'au- 
tres ne  conservent  ces  poils  que  sur  la  tête 
et  sur  les  membres,  et  chez  elles  le  corps 
est  couvert  seulement  par  les  poils  intérieurs 
plus  ou  moins  fins,  plus  ou  moins  abondants, 
et  qui  constituent  la  laine.  La  queue  courte 
du  Mouflon  se  voit  encore  dans  quelques 
Moutons  du  Nord,  tandis  que  dans  ceux  des 
régions  tempérées  elle  s'allonge,  et  que,  dans 
plusieurs  variétés  de»  contrées  chaudes  du 
globe  ,  cette  queue  se  charge  d'une  loupe 
graisseuse  qui  acquiert  souvent  un  volume 
très  considérable  ;  enfin  les  couleurs  du  pe- 
lage des  Moutons  couverts  de  vrais  poils 
sont  presque  toujours  rapprochées  du  fauve 
et  régulièrement  disposées ,  tandis  que  ceux 
qui  n'ont  que  de  la  laine  sont  le  plus  ordi- 
nairement blancs  ou  bruns. 

Toutes  les  races  de  Moutons  domestiques 
produisent  entre  elles,  et  leurs  métis  pré- 
sentent toujours  des  caractères  mixtes  rela- 
tivement à  ceux  de  ces  races.  Toutes  parais- 
sent avoir  un  défaut  complet  d'intelligence  , 
et  elles  sont  totalement  sous  l'empire  de 


l'homme.  L'espèce ,  dégénérée  au  dernier 
point,  est  peut-être  la  seule  parmi  celles  des 
animaux  domestiques  qui  ne  pourrait  pas 
revenir  à  l'état  de  nature,  si  elle  se  trou- 
vait même  placée  dans  les  circonstances  les 
plus  favorables  à  son  existence  ;  une  fois 
abandonnée  par  l'homme,  elle  ne  tarderait 
pas  à  disparaître. 

Ce  n'est  qu'à  l'époque  du  rut  que  les 
Moutons  entiers  ou  Béliers  montrent  quel- 
que ardeur,  quelque  courage  ;  alors  seule- 
ment un  sentiment  de  jalousie  irréfléchi  les 
porte  à  se  battre  entre  eux  ,  ce  qu'ils  font 
en  s'élançantles  uns  contre  les  autres  et  en 
se  frappant  à  grands  coups  de  tête  ;  hors 
de  ce  temps  ,  ils  sont  dans  un  état  complet 
d'indolence  et  de  stupidité.  Les  femelles  ou 
Brebis  ne  semblent  avoir  qu'un  faible  atta- 
chement pour  leur  progéniture  ,  et  elles  se 
la  voient  enlever  sans  chercher  à  la  retenir. 
Les  jeunes,  qui  à  leur  naissance  portent  le 
nom  d'Antennois,  et  qui  plus  tard,  pendant 
un  an,  ont  reçu  celui  d'Agneaux,  semblent 
doués  d'un  sentiment  un  peu  plus  fin;  car 
il  est  constant  qu'ils  reconnaissent  parfaite- 
ment leur  mère  au  milieu  d'un  troupeau  , 
ce  qu'ils  ne  doivent  peut-être  qu'à  une  lueur 
d'instinct  qu'ils  ne  tardent  pas  à  perdre.  Ils 
sont  de  la  plus  parfaite  indifférence  les  uns  à 
l'égard  des  autres;  ils  se  rapprochent  et  se 
serrent  lorsqu'ils  éprouvent  quelque  frayeur, 
ce  qui  leur  arrive  souvent;  et  toujours, 
dans  leur  marche  ou  leur  fuite,  la  détermi- 
nation d'un  seul,  le  plus  avancé ,  ou  plutôt 
le  hasard  qui  dirige  la  marche  de  celui-ci , 
devient  la  règle  de  conduite  de  tous  les  au- 
tres ;  ils  ne  savent  éviter  aucun  danger,  et 
même  ils  sont  incapables  de  chercher  aucun 
abri  contre  les  intempéries  de  l'atmosphère. 
Ils  savent  à  peine  trouver  leur  nourriture 
dans  les  terrains  peu  abondants  en  végétaui, 
et  en  cela  ils  sont  loin  de  montrer  un  dis- 
cernement comparable  à  celui  des  Chèvres. 
Leur  constitution  est  très  faible*,  et  leur 
conservation  demande  des  soins  constants. 

Les  produits  des  Moutons  dont  l'homme 
tire  les  plus  grands  avantages  sont  leur  chair 
et  leur  lait,  dont  il  se  nourrit;  leur  peau  et 
surtout  leur  laine,  qui  lui  fournissent  des 
vêtements  ;  leur  graisse,  dure  et  solide,  dé- 
signée sous  le  nom  particulier  de  suif,  qu'il 
emploie  à  s'éclairer  pendant  la  nuit;  enûn 
leurs  excréments,  qui,  donnant  un  engrais 


MOU 


MOU 


413 


très  chaud ,   contribuent   puissamment  à 
augmenter  la  fertilité  des  terres. 

Quelques  points  de  l'économie  rurale,  en 
ce  qui  concerne  l'éducation  et  la  conserva- 
tion des  Moutons,  se  rattachent  directement 
à  l'histoire  naturelle,  et  nous  allons  en  dire 
quelques  mots,  renvoyant,  pour  plus  de  dé- 
P  tails,  aux  ouvrages  spéciaux  des  agriculteurs 
et  des  vétérinaires  ,  et  au  résumé  qui  en  a 
été  donné  par  A. -G.  Desmarest  dans  le  Dic- 
tionnaire  des   sciences  naturelles ,    article 

MOUTON. 

Les  Brebis  sont  en  état  d'engendrer  à  un 
an,  et  les  Béliers  à  dix-huit  mois  ;  mais  on 
ne  fait  produire  les  premières  qu'à  deux  ans, 
et  l'on  ne  permet  au  Bélier  de  couvrir  ses 
femelles  qu'à  trois  ans,  époques  auxquelles 
ils  ont  acquis  tout  leur  croissance.  C'est 
entre  le  commencement  de  novembre  et  la 
fin  d'avril  que  les  Brebis  sont  disposées  à 
s'accoupler  ;  néanmoins  ,  une  nourriture 
abondante  et  un  peu  échauffante  peut  les 
mettre  en  état  de  concevoir  dans  les  autres 
mois;  c'est  principalement  les  mois  de  sep- 
tembre, octobre  et  novembre  que  l'on  choi- 
sit pour  la  monte,  aûn  d'avoir  des  petits  en 
février,  mars  et  avril,  saison  où  l'herbe 
tendre  et  abondante,  convient  le  plus  à  la 
nourriture  de  ces  jeunes  animaux.  L'accou- 
plement se  fait  très  vite;  un  Bélier  bien 
constitué  peut  servir,  sans  s'épuiser,  une 
'trentaine  de  Brebis.  Ces  dernières ,  une 
fois  couvertes,  doivent  recevoir  de  grands 
soins  :  dans  nos  pays,  elles  ne  font  qu'un 
petit,  et  ne  produisent  qu'une  fois  par  an; 
mais  dans  quelques  contrées  des  pays  chauds, 
certaines  races  ont  deux  agneaux  par  portée, 
et  ces  portées  se  renouvellent  deux  fois  par 
an.  Les  Brebis  conservent  leur  lait  sept  ou 
huit  mois  après  la  naissance  des  petits, 
mais  on  ne  laisse  ceux-ci  téter  que  deux 
ou  trois  mois.  Comme  le  nombre  des  mâles 
qui  naissent  est  aussi  considérable  que  celui 
des  femelles,  et  qu'il  n'est  nécessaire  de 
garder  qu'un  petit  nombre  de  ces  mâles 
pour  la  reproduction,  les  autres  sont  en 
général  destinés  pour  la  boucherie,  ou  con- 
servés, après  la  castration,  pour  en  recueil- 
lir la  laine  pendant  plusieurs  années  :  les 
animaux  ainsi  castrés  portent  le  nom  spécial 
de  Moutons.  La  chair  des  Agneaux  se  mange 
lorsqu'ils  ont  de  trois  semaines  à  deux 
mois  au  plus  tard.  L'époque  à  laquelle  on 


engraisse  les  Moutons  pour  la  boucherie  est 
très  variable  :  si  l'on  veut  se  procurer  une 
chair  tendre  et  de  bon  goût,  il  faut  les  en- 
graisser entre  deux  et  trois  ans;  mais  si  l'on 
désire  obtenir  tous  les  produits  en  laine 
qu'on  peut  espérer  de  ces  animaux,  on  attend 
jusqu'à  six,  sept,  et  même  dix  ans,  lorsque 
l'on  est  dans  un  pays  où  les  Moutons  peuvent 
vivre  jusqu'à  cet  âge;  alors  il  faut  les  en- 
graisser un  an  ou  quinze  mois  avant  !e 
temps  où  ils  commencent  à  dépérir.  Une 
fois  engraissés  ,  il  faut  se  hâter  de  tuer  les 
Moutons  ;  car  ils  ne  vivraient  pas  longtemps 
dans  cet  état.  C?est  vers  le  mois  de  mai  que 
l'on  fait  la  tonte  des  Moutons;  on  lave  par- 
fois la  laine  sur  le  dos  de  l'animal  ;  mais 
bien  plus  souvent  on  la  détache  telle  qu'elle 
est ,  remplie  d'une  sueur  grasse  qu'on  ap- 
pelle suint,  laquelle  est  un  préservatif  mer- 
veilleux pour  écarter  les  insectes  destruc- 
teurs de  la  laine.  Les  troupeaux  de  Moutons 
sont  ordinairement  composés  de  cent  à 
deux  cents  bêtes  de  tous  âges.  Dans  nos 
climats  on  les  loge  dans  des  étables  qui 
doivent  être  bien  aérées,  et  on  les  conduit 
chaque  jour  paître  dans  la  campagne.  La 
fiente  des  Moutons  étant  un  engrais  très 
actif  et  que  l'on  emploie  très  utilement,  on 
a  imaginé,  pour  perdre  le  moins  possible 
d'excréments,  le  parcage  des  Moutons,  dont 
nous  ne  croyons  pas  devoir  parler  ici.  Les 
maladies  des  bêtes  à  laine  sont  nombreuses  : 
les  unes,  ou  les  épizootiques,  se  répandent 
sur  un  grand  nombre  d'animaux  sans  dis- 
tinction de  pays,  et  dans  tous  les  temps: 
tels  sont  le  claveau  ou  la  clavelée,  et  la 
gale;  d'autres,  ou  les  enzootiques,  sont  at- 
tachées à  certaines  contrées  et  reviennent 
chaque  année  à  la  même  époque  :  telles  sont 
la  falère,  la  pourriture,  etc.  ;  d'autres  en- 
core, les  sporadiques,  surviennent  sans  ré- 
gularité, partout  indistinctement,  à  quelques 
animaux  seulement;  tels  sont,  par  exemple, 
le  tournis,  lepiétain,  le  fourchet,  etc.  Plu- 
sieurs de  ces  maladies  sont  contagieuses, 
c'est-à-dire  qu'elles  peuvent  se  communi- 
quer d'un  animal  à  un  autre,  soit  par  con- 
tact immédiat,  soit  par  les  intermédiaires, 
tels  que  le  charbon,  le  claveau  et  la  gale. 
Outre  ces  maladies,  on  doit  dire  que  les 
Moutons  sont  souvent  attaqués  par  un  grand 
nombre  de  vers  intestinaux  des  genres 
Tricocéphale ,   Strongle,  Douve,  Cysticer- 


414 


MOU 


MOU 


que,  Échinocoque,  etc.;  qu'un  Insecte, 
l'Astre,  les  incommode  beaucoup;  et  qu'en- 
fin, lorsqu'ils  ont  mangé  trop  de  certaines 
plantes,  comme  le  Trèfle,  la  Luzerne,  le 
Seigle,  etc.,  ils  éprouvent  un  accident  sin- 
gulier, qu'on  appelle  météorisation,  enflure, 
ccouflure,  etc.,  et  qui  peut  être  quelquefois 
très  dangereux  pour  eux.  La  durée  de  la  vie 
des  Moutons  est,  pour  l'ordinaire,  de  douze 
à  quinze  ans;  l'âge  de  ces  animaux,  au 
moins  dans  leurs  premières  années ,  se  re- 
connaît par  l'existence  ou  l'absence  des 
dents  incisives  de  lait,  et  par  l'état  de  détri- 
tion  plus  ou  moins  avancé  de  leurs  dents 
de  remplacement  ;  à  un  an,  les  deux  inter- 
médiaires de  lait  tombent  et  sont  rempla- 
cées, et  à  trois  ans  elles  sont  toutes  renou- 
velées :  elles  sont  alors  égales  et  blanches  ; 
mais  ensuite  elles  se  déchaussent,  s'émous- 
sent,  et  deviennent  inégales  et  unies. 

Après  ces  généralités  sur  les  Moutons  do- 
mestiques, il  ne  nous  reste  plus  qu'à  indi- 
quer les  variétés  et  races  de  Moutons  les 
plus  remarquables,  et  c'est  ce  que  nous  al- 
lons faire  en  suivant  la  Mammalogie  de 
r Encyclopédie  méthodique  d'A.  G.  Desma- 
rest. 

a.  Le  Mouton  morvan,  Buffon;  Mouton  a 
longues  jambes  ,  Ovis  aries  longipes  A.  G. 
Desm.  ,  Aries  guineensis  seu  angolensis 
Margr.;  Bélier  et  Brebis  des  Indes,  Buffon. 
Chanfrein  très  fortement  arqué  ;  oreilles 
pendantes;  jambes  très  longues;  corps  gé- 
néralement couvert  de  poils  ;  ceux  du  dessus 
du  cou  forment  une  assez  forte  crinière 
qui ,  étant  arrivée  sur  les  épaules,  se  déve- 
loppe quelquefois  en  rayonnant;  souvent  de 
longs  poils  sous  le  dessous  du  cou  forment 
un  épais  fanon;  queue  très  pendante,  des- 
cendant plus  bas  que  les  talons  ;  le  corps  est 
haut  de  plus  de  quatre  pieds  ;  les  cornes 
sont  moyennes  et  forment  moins  d'un  tour 
entier  de  spirales  sur  les  côtés  de  la  tête  , 
en  enveloppant  les  oreilles;  le  pelage  va- 
rie :  quelques  individus  sont  noirs ,  d'autres 
bruns,  il  en  est  de  brun-roussâtre ,  enfin  on 
en  voit  de  blancs. 

Originaire  d'Afrique,  et  particulièrement 
de  la  côte  de  Guinée,  cette  variété  est  élevée 
en  Barbarie  et  au  cap  de  Bonne-Espérance. 
Elle  a  été  naturalisée  en  Europe  par  les 
Hollandais,  et,  croisée  avec  les  Moutons  du 
Texel  et  de  la  Frise  orientale,  elle  a  donné 


lieu  à  une  grande  race  de  Moutons  sans 
cornes,  connus  sous  les  noms  de  Moulons 
du  Tcxel  et  de  Moulons  flandrins,  dont  la 
laine  a  un  certain  degré  de  finesse  et  beau- 
coup de  longueur,  et  dont  les  Brebis  don- 
nent constamment  chaque  année  plusieurs 
agneaux. 

0.  Mouton  a  grosse  queue,  Mouton  a 
large  queue,  Fr.  Cuv.;  Ovis  aries  laticaudata 
Gm.,  Ed.,  A.  G.  Desm.;  oïç  àpâSio;  iElien, 
Mouton  de  Barbarie,  d'Arabie,  Buffon  ;  Ovis 
aries  slatopyga  Pallas,  etc.  De  la  taille  de 
nos  races  ordinaires;  chanfrein  très  arqué; 
oreilles  de  médiocre  grandeur,  pendantes  et 
mobiles;  laine  plus  ou  moins  grosse  et  lon- 
gue, tombant  en  mèches  épaisses;  cornes 
fortes  et  dirigées  d'abord  en  arrière,  puis 
recourbées  ensuite  en  dessous  et  en  avant; 
ces  cornes  n'existent  quelque/ois  pas,  ou  au 
contraire  sont  quadruples;  la  queue,  qui 
descend  au  moins  jusqu'aux  jarrets,  est  très 
renflée  sur  les  côtés,  par  l'effet  d'une  accu- 
mulation de  graisse  assez  peu  solide  dans 
le  tissu  cellulaire,  laquelle  forme  quelque- 
fois une  sorte  de  loupe  très  considérable, 
du  poids  de  trente  à  quarante  livres,  re- 
couverte en  dessous  d'une  peau  nue,  de 
couleur  de  chair,  et  marquée  par  un  léger 
sillon  longitudinal. 

Cette  race  habite  l'Afrique,  et  particuliè- 
rement la  Buckarie,  l'Ethiopie,  l'Egypte,  le 
cap  de  Bonne-Espérance;  on  la  trouve  aussi 
en  Asie,  dans  la  Perse  et  dans  l'Inde.  Plu- 
sieurs races  distinctes  sont  reconnues  dans 
cette  variété,  et  nous  indiquerons  les  prin- 
cipales : 

1.  Ovis  aries  sleatopyga  Pallas.  Elle  n'a 
que  peu  de  vertèbres  au  tronçon  de  sa 
queue  ,  et  sa  loupe  graisseuse  est  composée 
de  deux  masses  plus  ou  moins  arrondies , 
réunies  supérieurement,  et  séparées  à  leur 
partie  inférieure.  Elle  est  propre  aux  steppes 
du  midi  de  la  Russie  ,  et  se  trouve  aussi  en 
Perse  et  en  Chine. 

2.  Mouton  à  grosse  queue  Fr.  Cuv.  Ls 
chanfrein  est  presque  droit;  la  laine  peu 
grossière;  la  queue,  très  longue,  surpasse  le 
corps  en  largeur  dans  les  deux  premiers  tiers 
où  s'attache  la  loupe.  Originaire  de  la  Haute- 
Egypte. 

3.  Mouton  d'Astracan  Fr.  Cuv.  Plus  pe- 
tit que  notre  Mouton;  il  n'a  pas  constam- 
ment de  cornes;    la  queue   ne   présente 


MOU 


MOU 


415 


qu'un  renflement  léger;  les  adultes  ont  le 
corps  couvert  d'une  laine  assez  longue  ,  des 
plus  grossières,  et  sous  laquelle  on  retrouve 
les  poils  noirs  et  blancs  des  Agneaux,  mais 
non  frisés  et  divisés  par  mèches.  Sa  four- 
rure est  connue  dans  le  commerce  sous  le 
nom  de  fourrure  d'Astracan.  Son  nom  in- 
dique le  pays  où  on  le  trouve  le  plus  com- 
munément. 

4.  Délier  du  Cap  Pennant.  Remarquable 
par  la  grandeur  de  ses  oreilles  qui  sont 
pendantes,  la  convexité  de  son  chanfrein  , 
le  peu  de  développement  de  ses  cornes,  et  la 
longueur  considérable  de  sa  queue.  Se  trouve 
au  cap  de  Bonne-Espérance. 

c.  Mouton  a  longue  queue  ,  Ovis  aries  do- 
îuchura  sive  tscherkessika  Pallas ,  Ovis  ara- 
bica Jonston.  Le  corps  est  couvert  de  laine 
grossière  ;  les  cornes  sont  moyennes,  en  spi- 
rale sur  les  côtés  de  la  tête;  la  queue,  très 
longue,  traînée  terre.  Habite  la  Russie  mé- 
ridionale ,  et  particulièrement  les  environs 
d'Astracan  et  de  la  Buckarie. 

d.  Mouton  valachien  ,  Ovis  aries  strepsi- 
ceros  Pline,  Oïç  £av<?oc  Oppien,  Bélier  et  Bre- 
bis de  Valachie  Bulîon.  Taille  de  notre  Mou- 
ton ordinaire;  à  cornes  fort  longues  et  mar- 
quées d'une  arête  saillante,  longitudinale; 
la  laine  est  très  abondante,  ondulée,  gros- 
sière ,  et  propre  à  faire  des  fourrures  com- 
munes ;  la  queue  est  longue  et  très  touffue. 
On  le  trouve  communément  en  Hongrie  et 
en  Valachie,  et  l'on  en  conduit  beaucoup  à 
Vienne.  D'après  Belon,  cette  race  existerait 
aussi  dans  l'île  de  Crète. 

e.  Mouton  d'Islande,  Bélier  a  plusieurs 
cornes  Buffon,  Ovis  aries  polycerata  Linné, 
Gm.,  Ovis  golhlandica  Pallas.  Plus  petit  que 
notre  Mouton;  cornes  irrégulières,  grandes, 
et  variant  en  nombre  ,  depuis  deux  jusqu'à 
six  au  plus,  ayant  une  simple  courbure  en 
arrière,  en  haut  ou  de  côté;  poils  très  longs, 
composés  d'un  jars  très  long  et  grossier 
seul  apparent  au  dehors,  d'une  laine  assez 
grossière  intermédiaire  ,  et  d'une  sorte  de 
duvet  très  fin  et  placé  sur  la  peau;  la  cou- 
leur générale  est  le  brun  roussâtre,  mais  le 
dessous  du  cou  et  le  devant  de  la  poitrine 
sont  noirâtres;  la  queue  est  noire.  Cette 
race ,  dont  une  partie  est  sauvage,  est  sur- 
tout particulière  à  l'Islande  et  aux  îles  Fé- 
roë.  Elle  existe  aussi  en  Norwége,  où  elle 
a  dû  être  importée. 


f.  Mouton  commun,  Buffon;  Ovis  aries  gal- 
UcaA.-G.  Desm.  Sa  taille  ne  dépasse  guère 
75  centimètres  pour  la  hauteur,  mesurée 
au  garrot;  les  cornes  sont  moyennes  et  re- 
courbées en  spirale,  lorsqu'elles  existent, 
mais  elles  manquent  très  souvent;  la  tête 
est  étroite;  le  museau  long  et  efûlé;  le 
chanfrein  fort  busqué  ;  les  poils  qui  couvrent 
la  tête  en  entier,  une  partie  du  cou  et  les 
jambes ,  sont  courts  et  raides  ;  la  laine  du 
corps  est  grasse,  abondante,  à  filaments  non 
tortillés  en  tire -bouchon,  et  divisée  par 
grosses  mèches  tombantes;  la  couleur  est 
ordinairement  blanche  ;  mais  dans  quelques 
provinces  du  midi ,  le  nombre  des  individus 
noirs  ou  bruns -noirs  est  si  considérable, 
qu'ils  forment  la  plus  grande  partie  du  trou- 
peau ;  la  queue  est  ordinairement  très  longue 
et  grêle. 

Beaucoup  de  races  métisses,  provenant  du 
mélange  de  nos  Moutons  avec  les  races  es- 
pagnole, anglaise,  flamande,  sont  distin- 
guées par  les  agriculteurs  ;  mais  leurs  carac- 
tères distinctifs  sont  très  inappréciables  pour 
les  naturalistes.  On  les  trouve  indiquées 
presque  toutes  dans  l'ouvrage  de  M.  Car- 
lier,  intitulé:  Traité  des  bêles  à  laine.  Nous 
ne  parlerons  ici  que  des  quatre  principales  : 

1.  Race  flandrine.  A  taille  haute  et  lon- 
gue, et  provenant  du  croisement  du  Bélier 
des  Indes ,  désigné  sous  le  nom  de  Mouton 
du  Texel. 

2.  Race  solognote.  A  tête  fixe  ,  effilée  et 
menue;  ordinairement  sans  cornes,  ayant 
la  laine  frisée  à  l'extrémité  des  mèches  seu- 
lement. 

3.  Race  roussillonnaise.  A  laine  très  fine, 
dont  les  filaments  sont  contournés  en  spi- 
rale ,  et  qui  participe  de  la  race  Mérinos  , 
avec  laquelle  elle  a  été  croisée. 

4.  Race  berrichonne.  A  cou  allongé,  ayant 
la  tête  sans  cornes  et  couverte  de  véritable 
laine,  seulement  sur  le  sommet;  la  laine  du 
corps  fine  ,  blanche  ,  serrée ,  courte  et  fri- 
sée, etc.,  etc. 

g.  Mouton  d'Espagne,  Mérinos  des  Espa- 
gnols, Ovis  aries  hispanica  Linné,  Gm.  II 
n'a  que  65  à  66  centim.  de  hauteur  au  gar- 
rot, et  la  longueur  totale,  depuis  le  bout  du 
museau  jusqu'à  l'origine  de  la  queue ,  est 
de  1  mètre  ;  ses  formes  sont  arrondies  ;  sa 
tête  est  large  ;  son  chanfrein  médiocrement 
busqué;  ses  cornes  sont  tics  grosses,  con- 


416 


MOU 


IMUC 


tournées  sur  les  côtés  en  spirale  très  régu- 
lière :  les  femelles  n'en  ont  pas  ;  le  front  est 
toujours  ,  et  souvent  aussi  les  joues  et  la 
ganache ,  couvert  d'une  laine  épaisse  comme 
celle  du  corps;  celle-ci,  très  fine, abondante, 
fort  douce  au  toucher,  pleine  d'une  exsuda- 
tion graisseuse  ,  est  tressée  et  composée  de 
filaments  contournés  en  vrille  ou  en  tire- 
bouchon,  élastiques,  moins  longs,  mais  beau- 
coup plus  fins  que  ceux  des  races  communes, 
d'un  blanc  sale  en  dedans ,  et  rembruni  à 
l'extérieur;  les  aisselles,  la  face  interne  des 
cuisses ,  le  bas  des  jambes  et  une  partie  de 
la  tête  seulement ,  sont  couverts  de  poils 
courts. 

Cette  variété,  mêlée  avec  toutes  les  races 
propres  au  sol  de  la  France  ,  produit  un 
nombre  infini  de  races  à  laine  moins  fine 
et  plus  longue  que  la  sienne,  appelée  demi- 
mérinos.  Ces  vaces,  croisées  plusieurs  fois  de 
suite  avec  des  Béliers  mérinos  de  race  pure , 
acquièrent,  au  bout  de  deux  ou  trois  géné- 
rations, des  caractères  qui  les  rapprochent, 
autant  que  possible,  de  la  race  espagnole,  à 
quelques  différences  près,  qui  dépendent  de 
la  nature  de  la  laine  des  races  primitives 
croisées.  La  roussillonnaise  est  celle  qui  est 
améliorée  en  moins  de  générations;  car  dès 
la  troisième ,  sa  laine  est  aussi  fine  que  celle 
des  Mérinos. 

Le  Mérinos ,  généralement  répandu  en 
Espagne,  paraît,  d'après  des  documents  his- 
toriques, tirer  son  origine  de  troupeaux  im- 
portés de  Barbarie.  En  Espagne  elle  est 
transhumante,  c'est-à-dire  qu'on  la  tient 
continuellement  à  l'air,  et  qu'on  la  fait  voya- 
ger par  troupeaux  assez  considérables ,  en 
été ,  dans  les  montagnes  élevées  du  royaume 
de  Léon  et  des  Asturies,  et  en  hiver,  dans 
les  plaines  de  laNouvelle-Castille  et  de  l'Es- 
tramadure. 

h.  Mouton  anglais  ,  Ovis  aries  anglica 
À. -G.  Desm.,  Ovis  anglicana  Linné.  Cette 
variété  a  la  laine  fine  et  très  longue;  elle  est 
sans  cornes;  sa  queue  est  longue  et  pen- 
dante. Elle  est  métisse  et  provient  de  croi- 
sements d'une  race  anglaise  originaire,  qui 
a  presque  entièrement  disparu,  avec  des 
Béliers  et  des  Brebis  d'Espagne  et  de  Barba- 
rie, croisements  qui  ont  eu  lieu  dès  les 
temps  de  Henri  VIII  et  d'Elisabeth.  Depuis 
quelques  années ,  cette  race  a  été  introduite 
en  France  par  les  soins  de  M.  Yvart. 


On  distingue,  parmi  les  Moutons  anglais, 
des  races  aussi  nombreuses  que  parmi  les 
Moutons  français ,  selon  les  degrés  de  croi- 
sement et  le  soin  plus  ou  moins  grand  qu'on 
en  prend  dans  tel  comté  plutôt  que  dans  tel 
autre,  relativement  au  choix  des  Béliers  et 
des  Brebis  destinés  à  la  propagation  de  la 
race.  La  laine  de  ces  Moutons  est  la  plus 
belle  après  celle  des  Mérinos.  Les  races  prin- 
cipales sont  celles  de  Lincolnshire,  de  Kent, 
du  comté  de  Sussex  ,  de  Cantorbéry ,  et  se 
distinguent  par  la  laine  que  donnent  les 
Moutons ,  et  qui  est  plus  ou  moins  longue  et 
plus  ou  moins  fine.  (E.  Desmarest.) 

MOUTON  DU  CAP.  ois.  —  Synonyme 
d'Albatros.  Voy.  ce  mot. 

MOUTON  ZONE.  eot.  cr.— Paulet  a  dé- 
critsous  ce  nom  VAgaricus  torminosusSchœt. 

Voy.  AGARIC.  (LÉV.) 

MOUTOUCH1A.  bot.  ph.  —Genre  de  la 
famille  des  Légumineuses-Papilionacées-Dal- 
bergiées,  établi  par  Aublet  (Guian.,  II,  748, 
t.  299).  Arbres  de  l'Amérique  tropicale. 

MOUVEMENT,  zool.  —  Voy.  locomo- 
tion et  BTOLOGTE. 

MOZINNA.  bot.  pft.— Genre  de  la  famille 
des  Euphorbiacées-Crotonées,  établi  par  Or- 
tega  (Decad.,  105,  t.  13).  Arbrisseaux  du 
Mexique.  Voy.  edphorbiacées. 

MUCÉDINÉES.  Mucedinœ.  bot.  cr.  — 
Un  des  groupes  les  plus  intéressants  de  la 
grande  famille  des  Champignons.  Voy.  my- 
cologie. 

MUCILAGE.  Mucilago.  chim.  —  On  ap- 
pelle ainsi  le  liquide  épais  et  visqueux  formé 
par  la  solution  ou  la  division  d'une  gomme 
dans  l'eau.  Les  Mucilages  participent  des 
propriétés  érnollientes  et  relâchantes  des 
substances  qui  servent  à  les  former.  —  On 
nomme  aussi  Mucilage  une  substance  végé- 
tale qui  se  rapproche  beaucoup  de  la  gom- 
me, et  qui  se  trouve  en  grande  quantité 
dans  les  racines  de  Guimauve  et  de  grande 
Consoude ,  dans  la  graine  de  Lin  et  les  se- 
mences de  Coing.  Ce  Mucilage  rend  l'eau 
plus  visqueuse  et  plus  filante  que  les  gom- 
mes. 11  donne,  comme  ces  dernières,  de 
l'acide  mucique,  de  l'acide  oxalique  par 
l'acide  nitrique,  et  forme  uneémulsion  avec 
les  huiles.  (J.) 

MUCILAGO ,  Hoffm.  (Crypt.,  t.  12). 
bot.  en.  —  Syn.  de  Merulius,  Hall. 

*MUCIZONTA,DC.  (in  Bull,  soc.philom  , 


3MUC 


MUE 


417 


1801 ,  49;  Prodr.,  III ,  399).   dot.   ph.  — 
Voy.  UMB1LICUS. 

MUCOR.  bot.  cr.  —  Genre  type  du 
groupe  des  Mucédinées,  et  dans  lequel  la 
plupart  des  auteurs  anciens  avaient  réuni 
toutes  les  petites  espèces  de  Cryptogames 
qui  se  développent  sur  les  substances  en 
décomposition.  Voy.  mucédinées  à  l'article 

MYCOLOGIE. 

MUCRONÉ.  Mucronalus.  bot. —  Ce  nom 
s'applique,  en  botanique,  à  tout  organe  qui 
se  prolonge  en  une  petite  pointe  raide  et 
droite.  Ex.  :  les  feuilles  de  YAgathosma 
apiculala ,  les  fruits  du  Palicourea  api- 
cata,  etc. 

*MUCRONEA  (mucro,  pointe),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Polygonées- 
Eriogonées,  établi  par  Bentham  (  in  Linn. 
Transact. ,  XVII,  419,  t.  20).  Herbes  de  la 
Californie.  Voy.  polygonées. 

MUCUNA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Légumineuses-Papilionacées-Éry- 
thrinées,  établi  par  Adanson  (Fam.,  II,  325), 
et  caractérisé  de  la  manière  suivante  :  Calice 
campanule,  bilabié  ,  à  lèvre  supérieure 
large,  entière  ou  échancrée  ;  l'inférieure  à 
trois  lobes ,  celui  du  milieu  le  plus  long. 
Étendard  de  la  corolle  cordiiorme,  à  ailes 
oblongues-linéaires,  conniventes,  à  carène 
droite  à  la  base,  courbée  en  faux  au  som- 
met, et  se  terminant  en  un  rostre  aigu. 
Étamines  10,  diadelphes  ;  5  anthères  oblon- 
gues-linéaires; 5  autres  ovales,  hirsutées. 
Ovaire  sessile,  pluri-ovulé.  Style  long, 
mince,  barbu  à  là  partie  inférieure  ,  gla- 
bre au  sommet;  stigmate  petit.  Le  fruit 
est  un  légume  indéhiscent  ou  quelque- 
fois bivalve  ,  linéaire-oblong  ou  ovale  , 
mono-oligosperme  ,  bosselé  dans  les  parties 
qui  renferment  les  graines,  très  souvent 
hérissé  extérieurement  de  poils  qui,  péné- 
trant dans  la  peau,  excitent  de  vives  dé- 
mangeaisons. Intérieurement  le  légume  est 
divisé  en  plusieurs  loges  séparées  entre  elles 
par  de  petites  cloisons  transversales. 

Les  Mucuna  habitent  principalement 
l'Asie  et  l'Amérique.  Ce  sont  des  arbrisseaux 
ou  des  sous-arbrisseaux  grimpants, à  feuil- 
les pinnées-trifoliées;  à  folioles  stipellées  , 
opposées ,  avec  la  terminale  éloignée  ;  à 
fleurs  disposées  en  grappes  axillaires  lon- 
gues ou  courtes ,  ou  en  forme  d'ombelles. 

Ce  genre  renferme  15  à  20  espèces  qui 

T.   VIII. 


ont  été  réparties  en  4  sections  nommées  : 
Zoophlhalmum ,  P.  Br.  (Jam. ,  290  ,  t.  31)  : 
légume  oblong,  à  sillons  transverses,  lamel- 
leux ,  à  sutures  sans  sillons  ;  Slizolobium  , 
P.  Br.  {loc.  cit.)  :  légume  à  sillons  trans- 
verses nuls,  à  sutures  sans  sillons;  Pillera, 
Endlich.  (Gen.  plant.  ,  p.  1295,  n°  6665)  : 
légume  oblong,  à  sillons  transverses  nuls, 
à  sutures  marquées  de  deux  sillons  pro- 
fonds; Citta,  Lour.  (Flor.  Cochinch.,  557)  : 
légume  arrondi  ou  oblong,  mono-trisperme, 
à  sillons  lamelleux  transverses,  à  sutures 
marquées  de  deux  sillons  profonds. 

Parmi  les  curieuses  espèces  de  ce  genre  , 
nous  citerons  le  Mucuna  gigantea ,  dont  les 
gousses  sont  d'une  énorme  dimension;  le 
Mucuna  urcns,h  semences  grosses,  brunes, 
bordées  d'un  cercle  noir,  à  fleurs  jaunes  , 
tachées  de  pourpre;  le  Mucuna  pruriens, 
d'une  hauteur  excessive,  et  remarquable 
par  l'aspect  de  ses  fleurs  à  étendard  cou- 
leur de  chair,  à  ailes  pourpres  et  à  carène 
verte.  Cette  dernière  espèce  porte  vulgaire- 
ment le  nom  de  Poil  à  gratter.  (J.) 

MUCUS,  zool.  —  Voy.  membranes,  peau 
et  sécrétions. 

MUE.  Mutalio.  zool.  — A  certaines  épo- 
ques de  leur  vie,  les  animaux  sont  sujets  à 
deux  sortes  de  changements;  les  uns,  connus 
sous  le  nom  de  Métamorphoses,  dans  lesquels 
il  y  a  transformation,  c'est-à-dire  où  la  forme 
nouvelle  que  revêt  l'animal  est  différente  de 
celle  qu'elle  remplace  ;  et  les  autres,  désignés 
sous  la  dénomination  de  Mues,  dans  lesquels 
il  n'y  a  pas  transformation,  c'est-à-dire  où  la 
forme  primitive  de  l'animal  est  conservée. 
D'après  cela  ,  on  voit  que  l'altération  ou  la 
persistance  de  la  forme  primitive  de  l'animal, 
est  ce  qui  distingue  la  Métamorphose  de  la 
Mue;  mais,  du  reste,  il  n'y  a  entre  l'une  et 
l'autre  aucune  différence  que  celle  qui  existe 
entre  le  plus  et  le  moins:  toutes  deux  sont 
des  phénomènes  de  même  ordre,  des  phéno- 
mènes produits  par  une  même  cause,  c'est-à- 
dire  par  une  métastase.  Quelles  sont  les  cau- 
ses de  la  persistance  de  la  forme  primitive 
dans  un  cas,  et  de  son  altération  dans  l'au- 
tre? C'est  que,  dans  le  dernier,  la  métastase 
se  produit  à  l'égard  d'organes  d'une  haute 
importance,  tandis  qu'au  contraire,  dans 
l'autre,  elle  a  lieu  entre  des  organes  d'une 
importance  bien  secondaire,  et  qui,  le  plus 
souvent,  n'appartiennent  même  qu'au  sys- 

S2 


418 


MUE 


MUE 


tème  tégumcntaire,  quoique  certains  phé- 
nomènes ,  comme  le  remplacement  des 
dents  de  lait  par  celles  de  la  seconde  den- 
tition, le  renouvellement  annuel  d'un  nou- 
veau bois  chez  certains  Mammifères,  soient 
du  domaine  de  la  Mue.  Une  autre  diffé- 
rence notable  doit  être  constatée:  dans  la 
Mue,  comme  dans  la  Métamorphose,  il  y  a 
bien  métastase  d'un  organe  à  un  autre  ;  mais, 
dans  le  premier  cas,  le  nouvel  organe  est 
essentiellement  analogue  à  celui  qu'il  rem- 
place, et  il  y  a  toujours  entre  Je  premier  et 
le  second,  sinon  une  similitude  parfaite,  du 
moins  beaucoup  de  ressemblance;  et,  au 
contraire,  dans  la  Métamorphose,  la  métas- 
tase s'effectue,  du  moins  le  plus  souvent,  à 
l'égard  de  deux  organes  entre  lesquels  il  n'y 
a  pas  d'analogie,  et  entre  lesquels  on  ne  peut 
trouver  d'autre  relation  que  celle  qui  existe 
entre  deux  organes  dépendant  du  même  ap- 
pareil et  appartenant  à  la  même  fonction; 
encore  peut-on  très  bien  concevoir  une  mé- 
tastase entre  deux  parties  étrangères  l'une  à 
l'autre,  même  sous  ce  dernier  point  de  vue. 
Enûn,  dans  la  Mue,  et  cette  dernière  diffé- 
rence n'est  en  quelque  sorte  qu'un  simple 
corollaire  de  la  précédente ,  les  deux  organes 
à  l'égard  desquels  se  fait  la  métastase  ont 
la  même  position,  et  l'un  se  développe  à  la 
place  qu'occupait  l'autre,  ou  du  moins  près 
de  cette  place,  en  sorte  que  tous  deux  ne  se 
ressemblent  pas  moins  par  leur  position  que 
par  leur  essence  ;  il  n'en  est  pas  de  même 
de  la  Métamorphose,  et  le  changement  d'or- 
gane se  fait  parfois  d'un  lieu  à  un  autre: 
c'est  ainsi  que,  chez  certains  Amphibiens,  la 
métastase  a  lieu  de  la  queue  aux  membres. 
Il  y  a  donc  des  différences  notables  entre  la 
Mue  et  la  Métamorphose  ;  mais  cela  n'empê- 
che pas  que  ces  deux  phénomènes  ne  soient 
produits  par  la  même  cause,  et  souvent  de  la 
même  manière;  tellement  que  l'on  peut  dire, 
avec  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  que 
la  Mue  n'est  qu'une  sorte  particulière  de 
Métamorphose.  Au  mot  transformation  de 
ce  Dictionnaire,  les  phénomènes  particuliers 
à  la  Métamorphose  seront  exposés  avec  dé- 
tail, et  nous  ne  nous  occuperons  plus  main- 
tenant que  de  ceux  qui  appartiennent  à  la 
Mue. 

La  Mue  se  manifeste  chez  presque  tous  les 
animaux,  et  même  on  peut  observer  des 
phénomènes  qui  s'y  rattachent  chez  les  végé- 


taux. Toutefois  le  mot  de  Mue  ne  s'applique 
guère,  en  général,  qu'aux  Mammifères,  aux 
Oiseaux  et  à  quelques  Articulés,  tandis  que 
le  nom  de  Métamorphose  est  donné  aux 
changements  plus  ou  moins  notables  que 
l'on  remarque  chez  les  Amphibiens  etsurtout 
chez  les  Insectes  en  général. 

Chez  les  animaux  supérieurs,  on  doit  dis- 
tinguer deux  sortes  de  Mues ,  celles  qui  s'ef- 
fectuent au  passage  d'un  âge  à  un  autre,  et 
celles  qui  se  font  au  passage  d'une  saison  à 
une  autre.  Ces  dernières  sont  peu  sensibles 
dans  quelques  espèces,  et  produisent,  au 
contraire,  chez  d'autres,  des  changements 
d'une  haute  importance  :  ainsi  l'on  n'ignore 
pas  que  beaucoup  d'animaux  blanchissent  en 
hiver,  et  qu'un  très  grand  nombre  d'Oiseaux 
revêtent,  à  l'approche  de  la  saison  d'amour, 
de  riches  parures,  qu'ils  dépouillent  bientôt 
après.  De  là  d'immenses  différences  entre  le 
plumage  de  deux  individus  de  la  même  es- 
pèce pris  à  différentes  époques  de  l'année; 
de  là  aussi  une  source  de  graves  difficultés 
et  d'erreurs  sans  nombre  pour  ceux  qui  abor- 
deraient l'étude  de  l'ornithologie  sans  une 
sage  défiance.  La  Mue  n'est  pas,  comme  on 
pourrait  le  croire,  un  phénomène  simple; 
elle  n'arrive  jamais  sans  quelque  trouble 
dans  les  fonctions,  et  l'animal  qui  la  subit 
éprouve  des  malaises  plus  ou  moins  graves. 

Après  ces  considérations  générales ,  exa- 
minons rapidement  les  phénomènes  que  pro- 
duit la  Mue  dans  les  différentes  classes  d'a- 
nimaux. 

Quoique  V Homme  soit  sujet  à  muer ,  quoh 
qu'on  ait  considéré  sa  seconde  dentition 
comme  un  phénomène  analogue  à  celui  de 
la  chute  des  bois  dans  certains  Ruminants, 
et  par  suite  comme  une  sorte  de  Mue,  nous 
n'entrerons  cependant  dans  aucun  détail  à 
son  égard,  parce  que  ses  Mues  ne  sont  que 
partielles ,  et  parce  qu'enfin  la  métastase 
semble  s'opérer  chez  lui  à  toute  époque  de 
la  vie.  Voy.  l'article  races  humaines. 

Chez  les  animaux  domestiques  à  l'abri 
des  rigueurs  du  froid,  élevés  par  les  soins 
de  l'homme,  il  en  est  de  même  ;  et  peut-être 
pour  les  mêmes  causes,  les  changements 
que  produit  la  Mue  sont  soustraits  à  l'in- 
fluence des  saisons  :  la  Mue,  chez  eux,  se  fait 
à  des  époques  irrégulières  ;  mais  chez  les 
animaux  sauvages,  c'est-à-dire  chez  ceux  qui 
vivent  en  plein  état  de  liberté  ,  elle  a  lieu 


MUE 


MUE 


419 


périodiquement  et  à  des  époques  régulières, 
au  printemps  et  à  l'automne. 

La  Mue  ne  produit  ordinairement,  dans 
Jes  Mammifères,  que  des  changements  peu 
remarquables  :  seulement  le  poil ,  pendant 
l'hiver,  est  souvent  plus  touffu  ,  plus  fin  et 
plus  moelleux ,  ce  qui  s'observe  surtout  chez 
les  animaux  des  pays  froids,  et  ce  qui  fait 
que  les  fourrures  de  cette  saison  sont  plus 
habituellement  recherchées  que  celles  d'été. 
Pourtant  on  trouve  des  modifications  beau- 
coup plus  remarquables  dans  les  espèces  qui 
blanchissent  dans  la  saison  froide  ,  comme 
l'Hermine,  le  Lièvre  variable,  etc.,  dont  le 
poil  d'hiver  est  ainsi  entièrement  différent 
de  celui  d'été;  mais  cependant  les  parties 
noires  du  pelage  conservent  habituellement 
la  même  couleur  pendant  toute  l'année. 
Cette  parure  d'hiver  leur  a  sans  doute  été 
donnée  par  la  nature  pour  qu'ils  fussent 
moins  impressionnés  par  le  froid  ;  car  on 
sait  que  les  vêtements  blancs,  plus  frais  que 
ceux  de  toute  autre  couleur  pendant  les  cha- 
leurs de  l'été  ,  sont ,  au  contraire,  les  plus 
chauds  pendant  les  temps  d'hiver.  Parmi  les 
animaux  des  pays  septentrionaux,  le  Cheval 
de  Norwége  subit  aussi  des  changements 
très  variables  ;  son  poil,  court  et  lisse  en  été, 
devient  en  hiver  très  long  et  très  frisé.  Chez 
les  Mammifères  des  pays  chauds  ,  au  con- 
traire, le  pelage  est  le  même  avant  et  après 
la  Mue,  ou  du  moins  ne  diffère  pas  sensi- 
blement. 

Les  changements  qui  s'effectuent  au  pas- 
sage d'un  âge  à  l'autre  méritent  également 
d'être  étudiés;  car  souvent  il  existe  de  très 
grandes  différences  entre  les  jeunes  et  les 
adultes  dans  la  même  espèce.  Ces  phéno- 
mènes ont  été  observés  avec  soin  par  M.  Isi- 
dore Geoffroy-Saint-Hilaire  chez  les  Mam- 
mifères, et  nous  copions  ce  qu'il  en  dit  à 
l'article  Mue  du  Dictionnaire  classique  : 
«  Les  jeunes  des  deux  sexes  ressemblent  or- 
dinairement, chez  les  Oiseaux,  à  la  femelle 
adulte  ,  et  leur  plumage  est  aussi  ordinai- 
rement beaucoup  moins  orné  que. celui  du 
mâle.  Chez  les  Mammifères  ,  le  contraire  a 
quelquefois  lieu  ;  car,  d'une  part,  les  jeunes 
des  deux  sexes  ressemblent ,  dans  certains 
cas ,  au  mâle  adulte,  comme  cela  a  lieu  chez 
le  Maki  vari  ;  et ,  d'une  autre  part,  la  livrée 
du  premier  âge  est  le  plus  souvent  un  orne- 
ment que  l'animal  perd  avec  l'âge  pour 


prendre  des  couleurs  plus  simples  et  plus 
uniformes  :  c'est  ainsi  que  les  Faons  de  pres- 
que toutes  les  espèces  de  Cerfs  ,  les  Lion- 
ceaux, les  jeunes  Couguars,  les  jeunes  San-  , 
gliers  et  les  jeunes  Tapirs,  ont  le  pelage  va-  . 
rié  de  deux  couleurs  disposées  de  la  ma- 
nière  la  plus  agréable  à  l'œil  et  la  plus 
gracieuse  ,  tandis  que  les  adultes  de  leurs 
espèces  sont  unicolores.  Il  est  à  observer 
que,  dans  le  cas  de  l'existence  d'une  livrée, 
les  jeunes  représentent  d'une  manière  transi- 
toire ce  qui  a  lieu  dans  d'autres  espèces  du 
même  genre  d'une  manière  permanente. 
C'est  ainsi  que  les  taches  de  livrée  sont  noi- 
res chez  les  Lionceaux  et  blanches  chez  les 
Faons  des  Cerfs,  de  même  que  la  plupart  des 
Chats  sont  rayés  ou  tachetés  de  noir,  et  que 
l'Axis  et  la  plupart  des  Cerfs  le  sont  de  blanc. 
On  pourrait  même,  à  l'égard  de  ces  derniè- 
res espèces,  au  lieu  de  dire  qu'elles  ne  por- 
tentpas  de  livrée  dans  le  jeune  âge,  admettre 
qu'elles  conservent  leur  livrée  pendant  toute 
îa  durée  de  leur  vie.  » 

C'est  principalement  chez  les  Oiseaux 
que  les  observations  les  plus  multipliées  ont 
été  faites  relativement  aux  phénomènes  qui 
dépendent  de  la  Mue.  Tous  les  Oiseaux 
muent  régulièrement  en  automne,  les  uns 
plus  tôt,  les  autres  plus  tard.  Parvenu  à 
l'état  parfait,  le  plumage,  chez  le  plus  grand 
nombre,  est  invariable  et  ne  change  qu'ac- 
cidentellement. Chez  un  grand  nombre 
d'Oiseaux  il  y  a  une  double  Mue.  Dans  cer- 
taines espèces,  le  mâle  seul  change  son  vê- 
tement ,  et  prend  en  hiver  le  plumage  mo- 
deste de  sa  femelle  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  chez 
lesTangaras,  les  Gros-Becs,  les  Bruants,  etc. 
Il  est  quelques  Oiseaux  dont  la  livrée,  vers 
le  temps  des  amours,  se  complique  d'orne- 
ments extraordinaires;  les  plumes  longues, 
subulées,  qui  forment  des  panaches  ou  des 
huppes,  sont  les  dernières  à  paraître  au 
printemps,  et  ce  sont  les  premières  qui  tom- 
bent, même  avant  la  mue  d'automne.  Dans 
le  plus  grand  nombre  des  Oiseaux  de  rivago, 
de  marais  et  de  haute  mer,  on  voit  la  double 
Mue  opérer,  soit  totalement,  soit  en  quel- 
que partie  du  corps,  des  changements  régu- 
liers et  périodiques  dans  les  couleurs  du 
plumage  des  deux  sexes.  Chez  quelques  es- 
pèces qui  ne  muent  qu'une  seule  fois  dans 
l'année,  on  observe  un  phénomène  d'une 
autre  nature  :  à  une  certaine  époque  fixe  de 


420 


MUE 


MUE 


l'âge,  tous  les  individus  se  couvrent  d'un 
plumage  nouveau  dont  la  couleur  diffère 
totalement  de  celle  qui  a  existé  l'année  pré- 
cédente, de  celle  qui  sera  leur  partage  du- 
rant le  reste  de  la  vie;  c'est  ce  qui  arrive 
chez  les  Becs-Croisés  et  chez  quelques  es- 
pèces de  Gros-Becs.  Dans  le  nombre  des  Oi- 
seaux qui  muent  une  seule  fois,  les  seules 
espèces  des  genres  Hirondelle  et  Martinet 
font  exception  dans  l'époque  où  cette  Mue  a 
lieu  ;  c'est  dans  les  mois  de  février  et  de 
mars  que  ce  changement  a  lieu.  Il  faut,  à 
quelques  espèces  dont  la  [Mue  est  double, 
plusieurs  années  avant  que  les  couleurs  du 
plumage  soient  stables  et  non  bigarrées; 
telles  sont  toutes  les  espèces  du  genre 
Mouette  et  quelques  unes  des  groupes  des 
Gobe-Mouche  et  Bec-Figue. 

On  peut  poser  en  principe,  avec  G.  Cu- 
vier,  que  lorsque  les  adultes  mâles  et  fe- 
melles sont  de  même  couleur,  les  petits  qui 
en  résultent  ont  une  livrée  qui  leur  est 
propre.  Lorsque  ,  au  contraire  ,  la  femelle 
diffère  du  mâle  par  des  teintes  moins  vives, 
les  jeunes  des  deux  sexes,  avant  la  première 
Mue,  ressemblent  à  la  femelle.  Nous  ne 
nous  étendrons  pas  davantage  sur  la  Mue 
des  Oiseaux ,  et  nous  renvoyons  le  lecteur 
pour  plus  de  détails  à  l'article  Oiseaux  de  ce 
Dictionnaire. 

Chez  les  Reptiles,  les  Amphibiens  et  les 
Poissons ,  les  phénomènes  de  la  Mue  se  re- 
produisent, mais  d'une  manière  moins  ma- 
nifeste que  dans  les  Mammifères  et  les  Oi- 
seaux. Toutefois,  on  sait  qu'à  une  certaine 
époque  de  l'année,  le  Serpent  se  dépouille 
entièrement  de  son  ancienne  peau  pour 
prendre  une  robe  nouvelle;  que  les  mem- 
bres des  Lézards  et  la  queue  des  Salaman- 
dres, brisés  par  quelque  accident,  se  repro- 
duisent bientôt;  que,  dans  diverses  circon- 
stances, les  écailles  des  Poissons  tombent  et 
sont  renouvelées ,  etc.  :  tous  ces  phéno- 
mènes sont  du  domaine  de  la  Mue.  Nous 
n'entrerons  toutefois  pas  dans  des  détails  à 
cet  égard ,  renvoyant  le  lecteur  aux  mots 

REPTILES  ,  OPHIDIENS  ,  SERPENTS  ,  LÉZARD  ,  AM- 
PHIBIENS ,  GRENOUILLE  ,  SALAMANDRE  ,  POIS- 
SONS, etc. 

Dans  les  Animaux  articulés,  la  Mue  a  lieu 
toutes  les  fois  que  le  corps  a  acquis  plus  de 
volume  que  ne  le  comporte  l'enveloppe  ex- 
térieure; celle-ci  alors  se  déchire  et  fait 


place  à  une  autre  peau  qui,  plus  tard,  sera 
remplacée  par  un  nouveau  tégument,  et 
ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  l'animal  ait 
atteint  son  dernier  degré  de  croissance, 
ou ,  en  d'autres  termes ,  qu'il  soit  devenu 
adulte.  Après  avoir  changé  de  peau,  l'ani- 
mal articulé  reparaît  toujours,  à  peu  de 
chose  près,  sous  la  même  forme  :  ces  phé- 
nomènes, qui  ne  produisent  pas  de  change- 
ments notables  dans  l'animal ,  appartien- 
nent bien  à  la  Mue,  tandis  que  d'autres,  par 
lesquels  l'Insecte  change  de  forme,  sont  du 
domaine  delà  métamorphose,  et  ne  doivent 
pas  être  développés  dans  cet  article.  C'est 
particulièrement  dans  les  Crustacés ,  les 
Arachnides  et  les  Insectes  que  la  Mue,  ou 
ces  changements  de  peau,  a  été  observée 
avec  soin,  et  nous  allons  en  dire  quelques 
mots. 

A  leur  état  d'oeuf,  les  Crustacés  subissent 
leurs  métamorphoses,  et  toutes  les  modifica- 
tions qu'ils  éprouvent  depuis  leur  naissance 
pe  consistent  qu'en  des  mues  successives  qui 
s'effectuent  à  des  époques  différentes  et  à 
des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés.  Les 
Décapodes  opèrent  ordinairement  le  renou- 
vellement de  leur  test  vers  le  milieu  du 
printemps;  ils  cherchent  un  lieu  tranquille 
et  abrité;  puis,  à  la  suite  de  violents  ef- 
forts ,  ils  viennent  à  bout  de  se  débarrasser 
de  leur  enveloppe.  Plusieurs  périssent  dans 
la  durée  de  l'opération  ;  ceux  qui  y  résis- 
tent ne  sont  plus  recouverts  que  d'une  peau 
mince  et  très  molle ,  qui  ne  tarde  pas  à  de- 
venir aussi  solide  que  l'ancienne.  Les  Tour- 
louroux  et  quelques  autres  Crustacés  su- 
bissent leur  Mue  dans  des  terriers  qu'ils 
creusent  eux-mêmes  ,  dont  ils  bouchent  avec 
soin  l'entrée,  et  où  ils  restent  plusieurs 
semaines  avant  d'en  sortir  revêtus  d'une 
nouvelle  enveloppe.  La  Mue  a  été  surtout 
étudiée  dans  les  genres  écrevisse  et  monocle 
(Voy.  ces  mots).  Les  Mues  sont  peu  varia- 
bles dans  leur  marche.  Chez  les  Crustacés, 
le  petit  Monocle  ,  en  général ,  depuis  le 
moment  de  la  naissance  jusqu'à  l'âge  adulte, 
en  subit  au  moins  trois.  C'est  entre  la  troi- 
sième et  la  quatrième  que  naissent  les  pe- 
tits; immédiatement  après  la  ponte,  l'ani- 
mal renouvelle  encore  une  enveloppe,  et 
répète  cette  opération  jusqu'au  moment  de 
la  mort;  et  tout  cela  dans  un  espace  très 
court,  car   des  individus  nés  le  30  juin 


MUE 


MUF 


421 


étaient  arrivés  à  leur  huitième  mue  le  19 
Juillet.  Dans  la  saison  froide,  la  marche  des 
Mues  est  de  beaucoup  retardée;  elles  n'ont 
lieu  ,  chez  les  Monocles,  qu'à  des  intervalles 
de  dix  jours. 

On  doit  rattacher  aux  Mues  le  phénomène 
de  la  reproduction  des  membres ,  phéno- 
mène qui  se  présente  souvent  chez  les  Éere- 
visses  et  dans  d'autres  espèces  de  Crustacés, 
et  dont  nous  ne  croyons  pas  devoir  parler 
ici  ;  disons  toutefois ,  d'après  Audouin  ,  que 
ce  renouvellement  des  membres  n'a  lieu 
qu'à  l'époque  de  la  Mue. 

Les  Arachnides  sont  sujettes  également  à 
des  Mues,  c'est-à-dire  à  un  renouvellement 
total  de  leur  enveloppe  extérieure  ;  et  ces 
changements  qui  se  reproduisent  indiquent 
les  différents  degrés  de  leur  naissance; 
enfin  elles  deviennent  aptes  à  la  féconda- 
tion, et  après  la  ponte  elles  se  dépouillent  en- 
core une  fois  de  leur  peau.  Degéer  a  décrit 
avec  soin  l'opération  que  subit  l'Araignée 
pour  changer  de  peau.  Les  Arachnides , 
comme  les  Crustacés ,  possèdent  la  faculté 
de  reproduire  leurs  membres ,  pourvu  que 
la  rupture  ait  eu  lieu  primitivement  à  la 
base  de  la  patte,  ou  que  l'animal  ait  pu 
détacher  le  moignon  sur  ce  point,  sans  quoi 
l'Araignée  ne  tarde  pas  à  périr  par  suite  de 
l'hémorrhagie  qui  se  déclare. 

La  Mue  est  surtout  sensible  dans  les  In- 
sectes ;  mais  elle  n'a  lieu  que  dans  leur  pre- 
mier âge,  et  depuis  l'instant  de  leur  nais- 
sance jusqu'à  celui  où  ils  subissent  leur 
métamorphose.  C'est  donc  particulièrement 
à  l'état  de  larve  qu'on  l'observe,  et  ce  sont 
les  Chenilles  qui ,  sous  ce  rapport,  ont  été 
le  mieux  étudiées.  Les  changements  de  peau 
de  l'une  d'elles,  celle  du  Ver  à  soie,  ont 
été  surtout  observés  avec  beaucoup  de  soin. 

La  plupart  des  Chenilles  renouvellent  leur 
peau  trois  ou  quatre  fois  ;  mais  il  en  est  qui 
en  changent  jusqu'à  huit  ou  neuf  fois  avant 
leur  transformation  en  Chrysalide.  Un  jour 
ou  deux  avant  cette  opération  ,  ces  Chenilles 
cessent  de  prendre  de  la  nourriture;  sou- 
vent elles  se  mettent  à  l'abri  dans  des  es- 
pèces de  nids  qu'elles  se  pratiquent  avec  art. 
Bientôt  elles  perdent  l'usage  de  leurs  mem- 
bres et  n'ont  plus  que  des  mouvements  gé- 
néraux de  la  partie  antérieure  de  leur 
corps,  qu'elles  redressent  quelquefois  avec 
brusquerie,  en  môme  temps  qu'elles  gon- 


flent et  resserrent  les  anneaux  de  leurs 
corps ,  et  l'agitent  de  manière  à  décoller 
petit  à  petit  la  peau  qui  les  recouvre.  Cette 
peau  ,  déjà  décolorée  ,  se  dessèche,  et  quand 
l'animal  gonfle  de  nouveau  son  corps,  elle 
commence  à  se  déchirer  sur  le  milieu,  vers 
le  point  qui  correspond  au  deuxième  ou  au 
troisième  anneau.  La  fente  gagne  la  tête, 
et  se  prolonge  en  arrière  presque  sur  le 
quatrième  anneau  ;  elle  s'est  ainsi  augmen- 
tée successivement  parce  que  la  Chenille  a 
d'abord  fait  sortir  en  entier  la  partie  anté- 
rieure du  corps;  dès  lors  il  lui  devient  assez 
facile  d'opérer  complètement  sa  dépouille 
en  contractant  successivement  et  en  rame- 
nant en  avant  ses  anneaux  postérieurs.  La 
nouvelle  peau  est  reconnaissable  à  la  viva- 
cité de  ses  couleurs,  et  elle  est  couverte  de 
poils  tout  formés.  Tels  sont,  d'une  manière 
générale  ,  les  principaux  phénomènes  de  la 
Mue  chez  les  Insectes. 

Il  n'y  a  pas  de  véritable  Mue  chez  les 
Mollusques  et  chez  les  Zoophytes  ;  car  l'ac- 
croissement périodique  de  la  coquille  dans 
les  premiers  ,  et  des  enveloppes  calcaires , 
cornées  ou  tout-à-fait  molles  des  seconds  , 
bien  qu'indiquant  d'une  manière  graduelle 
les  différents  âges  de  ces  animaux  ,  ne  sau- 
rait être  rapporté  au  phénomène  dont  il 
s'agit,  et  constitue  une  autre  fonction  (Voy. 
les  articles  mollusques  et  zoophytes). 

Enfin,  chez  les  Végétaux,  on  aperçoit  en- 
core, d'après  Vieg  et  quelques  autres  natu- 
ralistes, des  phénomènes  à  peu  près  sem- 
blables à  ceux  que  nous  venons  de  décrire 
relativement  à  la  Mue  chez  les  animaux. 
La  défoliation  des  arbres ,  et  la  chute  des 
organes  de  leur  reproduction  ,  des  fruits  et 
des  graines,  sont  leur  Mue  annuelle,  qui 
s'opère  aussi  chez  les  autres  végétaux  ,  et 
même  chez  les  arbres  toujours  verts  ,  mais 
alors  d'une  manière  moins  rapide  et  moins 
sensible  ,  une  feuille  remplaçant  successi- 
vement l'autre  ,  de  sorte  que  ces  arbres  ne 
sont  jamais  dépouillés  de  verdure.     (E.  D.) 

MUET,  ois.— Synonyme  vulgaire  du  Té- 
tras des  Saules.  (E.  D.) 

MUFLE.  m.,.vi.  —  On  désigne  sous  le  nom 
de  Mufle  une  partie  nue  et  muqueuse  qui 
termine  le  museau  de  certains  Mammifères, 
particulièrement  des  Carnassiers,  des  Ron- 
geurs ,  et  surtout  de  la  plupart  des  Rumi- 
p;»n«£   Cette  partie  est  plus  ou  moins  éten- 


422 


MUG 


due  selon  les  genres,  ce  qui  a  fait  distin- 
guer des  mufles  entiers  et  des  demi-mufles. 

(E.  D.) 
MUFLIER,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire  du 
g.  Antirrhinum.  Voy.  ce  mot. 

MUGE.  Mugil.  poiss.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Acanthoptérygiens ,  famille  des  Mu- 
giloïdes ,  établi  par  Linné.  MM.  Cuvier  et 
Valenciennes,  qui  ont  conservé  ce  genre 
{Hist.  des  Poissons,  t.  XI,  p.  7),  le  carac- 
térisent ainsi  :  Corps  presque  cylindrique, 
couvert  de  grandes  écailles,  à  deux  dorsales 
séparées,  dont  la  première  n'a  que  quatre 
rayons  épineux;  les  ventrales  sont  atta- 
chées un  peu  en  arrière  des  pectorales.  Six 
rayons  aux  ouïes.  Tête  un  peu  déprimée , 
couverte  aussi  -  e  grandes  écailles  ou  de  pla- 
ques polygonales;  museau  très  court;  bouche 
transversale,  formant  un  angle  au  moyen 
d'une  proéminence  du  milieu  de  la  mâ- 
choire inférieure  qui  répond  à  un  enfonce- 
ment de  la  supérieure;  dents  infiniment  dé- 
liées, souvent  même  presque  imperceptibles. 
Os  pharyngiens  très  développés,  donnant  à 
l'entrée  de  l'œsophage  une  forme  angu- 
leuse comme  l'ouverture  de  la  bouche,  qui 
ne  laisse  arriver  à  l'estomac  que  des  ma- 
tières liquides  ou  déliées  ;  l'estomac  se  ter- 
mine en  une  sorte  de  gésier  charnu ,  ana- 
logue à  celui  des  Oiseaux  ;  les  appendices 
pyloriques  sont  en  petit  nombre,  mais  l'in- 
testin est  long  et  replié. 

MM.  Cuvier  et  Valenciennes  (  loc.  cit.  ) 
décrivent  52  espèces  ou  variétés  de  Muges , 
qu'ils  ont  réparties  en  4  sections,  d'après 
leur  habitat. 

Muges  de  u  Méditerranée  ,  Muges  d'A- 
mérique, Muges  d'Afrique,  Muges  des  Indes. 
Nous  nous  contenterons  de  décrire  aussi 
brièvement  que  possible  les  principales  es- 
pèces de  nos  mers,  en  constatant  ce  qu'il  y 
a  de  plus  certain  sur  leurs  habitudes  et 
leurs  propriétés. 

L'espèce  la  plus  remarquable  est  le  Muge 
a  large  tête,  Mugil  cephalus  Cuv.  et  Val., 
vulgairement  Cabot  sur  quelques  côtes  de 
France.  C'est  une  des  plus  grandes  espèces 
de  Muges  ;  elle  atteint  près  de  70  centimè- 
tres de  longueur  et  pèse  jusqu'à  8  et  9  kilo- 
grammes. Ce  poisson  se  distingue  des  Muges 
d'Europe  par  ses  yeux  à  demi  couverts  par 
deux  voiles  adipeux  qui  adhèrent  au  bord 
antérieur  et  au  bord  postérieur  de  l'orbite, 


MUG 

par  le  maxillaire  qui  se  cache  entièrement 
sous  le  sous  -  orbitaire  lorsque  la  bouche 
est  fermée,  et  par  la  présence  d'une  écaille 
longue  et  carénée  qui  surmonte  la  base  de 
la  pectorale. 

Les  orifices  de  la  narine  sont  écartés  l'un 
de  l'autre;  ses  dents  sont  assez  visibles. 

Le  Mugil  cephalus  est  un  poisson  d'un 
gris  plombé  sur  le  dos,  plus  clair  sur  les 
flancs.  Le  ventre  et  toutes  les  parties  infé- 
rieures sont  d'un  blanc  argenté  mat.  Les 
opercules  et  les  côtés  de  la  tête  ont  de 
beaux  reflets  dorés  et  argentés.  Le  long  des 
flancs,  il  y  a  6  ou  7  lignes  longitudinales  et 
parallèles,  grises,  à  reflets  un  peu  dorés, 
formées  par  une  teinte  plus  brune  sous  le 
milieu  de  chaque  écaille.  Sur  les  écailles  des 
flancs  se  remarquent  aussi  de  petits  points 
gris  ou  bruns.  Les  nageoires  dorsales  et  la 
caudale  sont  gris  foncé.  L'anale  est  plus 
pâle,  avec  une  teinte  noire  en  travers  sur 
sa  base;  vers  son  bord  terminal  il  y  a  aussi 
une  bande  un  peu  noirâtre.  Les  ventrales 
sont  blanches.  L'iris  de  l'œil  est  gris,  à 
reflets  dorés;  la  pupille,  d'un  bleu  noirâ- 
tre, est  entourée  d'un  cercle  d'or;  la  peau 
adipeuse  qui  recouvre  l'œil  est  d'une  belle 
couleur  jaune  d'ambre.  Voy.  l'atlas  de  ce 
Dictionnaire,  poissons,  pi.  13. 

Deux  autres  espèces  qui  se  trouvent  aussi 
dans  nos  mers  sont: 

Le  Muge  capiton  ou  du  Ramado,  M.  c-.pito 
Cuv.  et  Val.  Le  maxillaire  est  visible,  même 
lorsque  la  bouche  est  fermée;  les  dents  sont 
bien  plus  faibles  que  dans  l'espèce  précé- 
dente; les  orifices  de  la  narine  sont  rappro- 
chés :  la  peau  des  bords  de  l'orbite  n'avance 
point  sur  le  globe  de  l'œil;  l'écaillé  du  des- 
sus de  la  pectorale  est  courte  et  obtuse. 

Cette  espèce  est  à  peu  près  de  même  taille 
que  la  précédente  ;  elle  la  surpasse  même 
quelquefois.  Elle  présente  quelques  teintes 
qui  diffèrent  un  peu  de  celles  du  Mugil  ce- 
phalus. L'iris  est  jaunâtre;  le  dos  est  gris 
d'acier  avec  des  reflets  bleuâtres  et  en  par- 
tie jaunâtres.  Le  ventre  est  blanc  d'argent. 
Toutes  les  écailles  ont  le  bord  mat.  Sur  les 
flancs  se  trouvent  six  ou  sept  lignes  d'un 
brun  roussâtre.  La  tache  noire  de  la  pecto- 
rale se  replie  en  dedans,  et  occupe  la  moi- 
tié de  la  largeur  de  l'aisselle;  la  teinte  est 
d'ailleurs  plus  ou  moins  foncée. 

Le  Muge  a  grosses  lèvres,  M.  cheto  Cuv. 


MUG 


MUG 


423 


et  Val.  (M.  provençalis  Riss.),  est  remarqua- 
ble surtout  par  des  lèvres  très  grosses,  char- 
nues, dont  les  bords  sont  ciliés  par  des  dents 
qui  pénètrent  dans  leur  épaisseur  comme 
autant  de  cheveux;  son  maxillaire  se  re- 
courbe et  se  montre  derrière  la  commis- 
sure. 

Cette  espèce  atteint  aussi  une  assez  forte 
taille.  Les  couleurs  sont  très  brillantes;  le 
dos  est  d'un  beau  bleu  d'acier,  et  des  lignes 
d'un  brun  doré  courent  sur  un  fond  d'ar- 
gent. Les  pectorales  sont  jaunâtres,  et  les 
ventrales  rougeâtres. 

Les  autres  espèces  de  nos  mers  sont  :  le 
Muge  doré  ,  Mugil  auratus  Riss.  ;  le  Muge 
sauteur,  il/,  saliens  Riss.  ;  le  Muge  labéon  , 
M.  labeoCu\.  et  Val.  (Mugesabounier,  Riss.)  ; 
le  Muge  dubahra,  M.  dubahra  Cuv.  et  Val.  ; 
le  Muge  a  lèvres  cachées  ,  M.  cryplocheilos 
Cuv.  et  Val.  ;  le  Muge  raccourci  ,  M,  curtus 
Yarrell. 

Les  Muges  étaient  déjà  connus  des  an- 
ciens. Pline  a  surtout  célébré  les  grandes 
pêches  que  l'on  en  fait  à  l'embouchure  des 
étangs  de  la  côte  du  Languedoc.  On  en 
prend  peu  en  grande  eau;  c'est  surtout  dans 
les  parcs,  les  pêcheries,  les  étangs  qu'on 
en  fait  les  plus  grandes  captures  dans  la 
saison  du  frai.  Ils  remontent  souvent  dans 
la  Garonne,  la  Loire,  la  Seine,  comme 
dans  le  Rhône,  le  Tibre  et  le  Pô.  D'après 
les  observations  de  M.  Bâillon,  le  Muge  ca- 
piton entre  au  mois  de  mai  dans  la  rivière 
de  la  Somme,  avec  la  marée,  et  se  porte 
jusqu'à  une  lieue  ou  une  lieue  et  demie  en 
avant  d'Abbeville,  quelquefois  en  si  grande 
abondance  ,  que  toute  la  rivière  en  est  cou- 
verte, et  que  les  pêcheurs  qui  les  prennent 
avec  la  seine  sont  fort  embarrassés  pour  les 
tirer  de  l'eau.  Us  en  remplissent  alors  leurs 
bateaux,  car  cette  grande  abondance  ne 
dure  que  deux  ou  trois  jours  ;  l'on  n'en  voit 
ensuite  que  de  loin  en  loin. 

Selon  M.  Risso ,  la  lumière  du  feu  semble 
attirer  en  foule  les  Muges  dans  les  filets. 
Quand  le  temps  est  orageux  et  la  mer  bour- 
beuse, des  feux  allumés  sur  la  proue  des 
navires  les  attirent  si  fortement  qu'ils  se 
laissent  percer  avec  le  trident. 

Les  Muges  n'ont  qu'un  seul  moyen  de  se 
soustraire  aux  embûches  qu'on  leur  tend  ; 
ce  moyen  consiste  à  s'élancer  verticalement 
hors  de  l'eau.  On  les  voit  même  quelquefois 


traverser  en  sautant  par  dessus  les  bateaux. 
Ces  sauts  les  préservent  quelquefois  des  fi- 
lets des  pêcheurs,  qui,  pour  obvier  à  ces 
pertes,  ont  imaginé  un  filet  particulier 
nommé  la  Saulade.  Pendant  qu'il  plonge 
verticalement  au  moyen  de  ses  plombs,  ce 
filet  a  son  bord  supérieur  soutenu  horizon- 
talement par  des  roseaux  placés  d'espace  en 
espace,  et  en  même  temps  divisé  en  autant 
de  poches  que  ces  roseaux  laissent  d'inter- 
valles entre  eux.  On  entoure  la  troupe  des 
Muges  avec  le  grand  filet  vertical ,  et  lors- 
qu'ils veulent  sauter  hors  de  son  enceinte  , 
ils  tombent  dans  les  poches  qui  entourent 
son  bord  supérieur. 

La  chair  de  ce  poisson  est  tendre,  grasse 
et  d'un  goût  agréable.  Elle  peut  se  conser- 
ver séchée  ou  salée  pendant  plusieurs  mois. 
Les  œufs,  comprimés ,  salés  et  séchés ,  don- 
nent une  espèce  de  caviar  qu'on  nomme 
botargue ,  et  qui  est  beaucoup  recherchée  en 
Provence,  en  Corse  et  en  Italie. 

On  trouve  encore  un  grand  nombre  d'au- 
tres espèces  de  Muges  dans  les  mers  d'Amé- 
mérique ,  dans  celles  de  l'Afrique  et  celles 
des  Indes,  différentes  des  Muges  d'Europe  , 
soit  par  les  couleurs  dont  elles  sont  ornées, 
soit  par  quelques  petits  détails  d'organisa- 
tion pour  lesquels  nous  ne  pouvons  mieux 
faire  que  de  renvoyer  à  VHistoire  des  Pois- 
sons par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes. 

Toutes  ces  espèces ,  ou  du  moins  la  plu- 
part, sont  l'objet  d'une  pêche  assez  active, 
et  sont  généralement  recherchées  ,  dans  les 
pays  qu'elles  habitent,  pour  la  bonté  et  la 
délicatesse  de  leur  chair.  (J.) 

MUGIL.  poiss.  —  Vby.  muge. 

MUGILOIDE.  Mugiloides.  poiss.— Genre 
établi  par  Lacépède  {Poiss. ,  t.  V)  aux  dé- 
pens des  Muges ,  pour  une  espèce  mal  ob- 
servée par  Molina.  Ce  genre,  en  consé- 
quence, doit  être  rayé  du  catalogue  ichthyo- 
logique. 

MUGILOIDES.  Mugiloides.  poiss.  —  Fa- 
mille établie  par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes 
(Hist.  des  Poiss.,  t.  XI)  dans  l'ordre  des 
Aeanthoptérygiens  ,  pour  des  Poissons  qui 
présentent  les  caractères  suivants  :  Corps 
allongé,  comprimé,  couvert  de  grandes 
écailles;  deux  nageoires  dorsales,  courtes, 
écartées ,  et  dont  la  première  a  quatre  épi- 
nes fortes  et  pointues;  lèvres  charnues  et 
crénelées;  les  dents  sont  si  fines  qu'elles 


4-24 


MUL 


MUL 


sont  à  peine  perceptibles  et  manquent  quel- 
quefois. 

Cette  famille  comprend  cinq  genres  nom- 
més :  Muge,  Cestre,  Dajao  ,  Nestis  et  Tétra- 
gonure. 

MUGILOMORE.  Mugilomorus.  poiss.— 
Une  espèce  de  Poisson  dontBosc  avait  com- 
muniqué la  description  à  Lacépède  avait 
entraîné  ce  dernier  à  créer  pour  elle  un 
genre  qu'il  plaçait  à  côté  des  Mugil.  Ce 
Poisson  n'est  autre  qu'une  espèce  d'Elops. 
En  conséquence  ,  le  genre  Mugilomore  doit 
être  supprimé. 

MUGUET,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
des  espèces  du  genre  Convallaire.  Voy.  ce 
mot. 

MUÏILENEERGIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
— Genre  de  la  famille  des  Graminées-Agros- 
tidées,  établi  par  Schreber  (Gram.,  II,  t.  50, 
51  ).  Gramens  de  l'Amérique.  Voy.  grami- 
nées 

*MUISCA  (avt'axvj,  espèce  de  petit  co- 
quillage), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères ,  famille  des  Malacodermes  ,  tribu 
des  Clairones,  établi  par  Spinola  {Essai  mo- 
nographique  sur  les  Clérites ,  1844 ,  t.  II, 
p.  1-48 ,  pi.  46,  f.  4).  Le  type,  M.  bitœniala 
de  l'auteur,  est  originaire  de  la  Nouvelle- 
Grenade  (Colombie).  (C.) 

MULAR.  mam.  —  Espèce  du  genre  Cacha- 
lot (voy.  ce  mot)  indiquée  par  Klein  {Quadr. 
disp.  h.  n.,  1751).  (E.  D.) 

HfULARDS.  ois. —  On  donne  ce  nom  aux 
métis  provenant  du  croisement  de  diverses 
races  de  Canards.  (E.  D.) 

MULATRE,  zool.  —  Voy.  races  hu- 
maines. 

"ylULGION.  Mulcio.  crust.— Sous  ce  nom 
est  désigné  par  Latreille  un  g.  de  Crustacés, 
qu'il  place  à  la  fin  des  Décapodes  macroures, 
et  chez  lequel  le  corps  est  mou  et  le  thorax 
ovoïde,  avec  les  yeux  cachés  et  les  antennes 
internes  coniques,  inarticulées  et  fort  cour- 
tes. Les  pieds  sont  en  forme  de  lanière,  et, 
pour  la  plupart  au  moins ,  pourvus  d'un 
appendice  à  leur  base  ;  ceux  de  la  quatrième 
paire  sont  les  plus  longs.  On  n'en  connaît 
qu'une  seule  espèce  ,  qui  est  le  Mulcion  de 
Lesueur  ,  M.  Lesueurii  Lalr.  Ce  Crustacé 
remarquable  a  été  recueilli  par  ce  zélé  na- 
turaliste dans  les  mers  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale. M.  Milne  Edwards  ,  dans  son 
Histoire  naturelle  sur  les  Crustacés,  n'adopte 


pas  ce  genre,  qu'il  place  dans  son  Appendice 
aux  Décapodes  douteux.  (II.  L.) 

*MULDERA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Pipéracées,  établi  par  Miquel 
(Comment.,  II,  34,  t.  4,  f.  6).  Arbrisseaux 
de  Java.  Voy.  pipéracées. 

MULE  et  MULET,  mam.  —  Espèce  du 
genre  Cheval.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MULET,  mam.  —  Voy.  métis. 

MULETS,  poiss.  —  Nom  vulgaire  des 
Muges. 

MULETTE.  moll.—  Voy.  unio. 

MULGEDÏUM.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées-Chicoracées,  établi 
par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat.,  XXXIII,  296  ; 
XLVII1,  426).  Herbes  vivaces  des  régions 
froides  de  l'hémisphère  boréal.  Voy.  compo- 
sées. 

MULINÉES.  Mulineœ.  bot.  pu. —  Tribu 
de  la  famille  des  Ombellifères.  Voy.  ce  mot. 

MULLVUM.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Ombellifères-Mulinées,  établi  par 
Persoon  (Encheir.,  I,  309).  Herbes  du  Chili. 
Voy.  ombellifères. 

MULIO  (nom  que  les  Romains  donnaient 
autrefois  à  une  Mouche  qui  tourmentait  les 
Mulets),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptè- 
res brachocères ,  famille  des  Tanystomes , 
tribu  des  Anthraciens,  établi  par  Latreille 
(Gen.,  4),  et  adopté  par  Meigcn  et  M.  Mac- 
quart.  On  en  connaît  4  ou  5  espèces ,  qui 
habitent  particulièrement  le  nord  de  l'A- 
frique; 2  cependant  (M.  obscurus  etinfus- 
catus)  se  trouvent  aussi  dans  le  midi  de 
l'Europe. 

MULLE.  Mullus.  poiss.  —  Genre  de 
Poissons  de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens, 
de  la  famille  des  Percoïdes  à  ventrales  ab- 
dominales, établi  par  Linné,  et  que  MM.  Cu- 
vier  et  Valenciennes  (Hist.  des  Poiss.,  t.  III, 
p.  419)  caractérisent  ainsi:  Les  deux  dor< 
sales  sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  leî 
écailles  larges  et  peu  adhérentes  qui  gar- 
nissent la  tête  et  le  corps  ;  il  y  a  deux  bar- 
billons attachés  sous  la  symphyse  de  la  mâ- 
choire inférieure,  et  qui  se  retirent  entre 
ses  branches  dans  l'état  de  repos.  Le  corps 
de  ces  Poissons  est  oblong,  peu  comprimé; 
les  nageoires  sont  de  médiocre  étendue; 
leur  profil  est  plus  ou  moins  convexe  ;  un 
sous-orbitaire  haut  et  étroit,  qui  ne  couvre 
point  la  joue,  relève  l'œil  jusque  près  de  la 
ligne  du  profil  ;  l'ouverture  de  la  boucha 


MUL 


MUL 


^25 


est  petite,  faiblement  garnie  de  dents  ;  celle 
des  branchies  est  bien  fendue,  mais  leur 
membrane  n'a  que  quatre  rayons;  la  ligne 
latérale,  parallèle  au  dos,  se  marque  par 
un  petit  arbuscule  sur  chacune  de  ses  écail- 
les ;  enfin  le  fond  de  la  couleur  est  presque 
généralement  d'un  rouge  plus  ou  moins  vif. 

Deux  sections  ont  été  établies  dans  ce 
genre  :  la  première,  à  laquelle  on  a  con- 
servé le  nom  de  Mullus,  renferme  des  espèce> 
qui  n'ont  que  trois  rayons  aux  branchies, 
manquent  d'épine  à  l'opercule,  de  vessie 
natatoire,  et  de  dents  à  la  mâchoire  supé- 
rieure ;  mais ,  leur  vomer  a  deux  larges 
plaques  de  petites  dents  en  pavé. 

Les  Poissons  de  la  seconde  section  ,  dési- 
gnés sous  le  nom  d'Upcneus,  ont  quatre 
rayons  à  leurs  branchies ,  une  petite  épine 
à  l'opercule,  une  vessie  natatoire,  et  des 
dents  aux  deux  mâchoires. 

Les  Mulles  proprement  dits  ,  qui  consti- 
tuent le  premier  sous-genre,  sonttousd'Eu- 
rope ,  où  on  les  nomme  aussi  Rougets  et 
Rougets  barbets.  On  en  connaît  principale- 
ment deux  espèces  : 

1.  Le  Surmulet  ou  Grand  mulle  rayé  de 
jaune,  Mullus  surmuletus  Linn.  Elle  dif- 
fère de  la  suivante  par  un  museau  plus 
oblique,  dont  le  rouge  est  interrompu  par 
des  lignes  longitudinales  jaunes.  La  couleur 
générale  de  ce  poisson  est,  sur  le  dos  et  les 
flancs,  d'un  beau  rouge  de  minium  ou  de 
vermillon  clair,  avec  trois  lignes  jaunes  do- 
rées. Les  lignes  sont  beaucoup  plus  mar- 
quées au  mois  de  mai ,  époque  à  laquelle  le 
poisson  approche  de  son  frai.  La  gorge,  la 
poitrine ,  le  ventre  et  le  dessous  de  la  queue 
sont  blancs,  légèrement  teintés  de  rose;  les 
nageoires  ont  leurs  rayons  plus  ou  moins 
rouges;  l'iris  de  l'œil,  couleur  d'or  pâle, 
est  teinté  de  quelques  points  rougeâtres  ;  la 
prunelle  est  large  et  noire;  sa  longueur  or- 
dinaire est  de  30,  35  et  40  centimètres. 

Le  Surmulet  vit  non  seulement  dans  la 
Méditerranée,  mais  encore  dans  l'Océan, 
où  il  est  assez  commun  :  il  n'est  pas  rare 
dans  la  Manche  ,  mais  il  est  plus  abondant 
dans  le  golfe  de  Gascogne;  aussi  en  mange- 
t-on  beaucoup  à  Bordeaux  et  à  Bayonne,  où 
on  le  nomme  Barbeau  et  Darberin ,;  sa  chair 
cependant  est  beaucoup  moins  estimée  que 
celle  de  l'espèce  suivante  {Mullus  barbatus). 
U  se  nourrit  ordinairement  de  jeunes  Crus- 

T.   VIII. 


tacés  et  de  Mollusques,  ce  qui,  au  dire  de 
Galien,  donne  à  sa  chair  une  odeur  désa- 
gréable ;  souvent  aussi  il  se  jette  sur  les 
cadavres  d'animaux.  Dès  le  commencement 
du  printemps ,  les  Surmulets  vont  par  trou- 
pes dans  les  profondeurs  de  la  mer,  où  ils 
font  leur  première  ponte,  autres  des  em- 
bouchures des  rivières.  On  les  pêche  avec 
des  filets,  des  louves,  des  nasses  et  surtout 
à  l'hameçon. 

2.  Le  Vrai  Rouget,  ou  Rouget  barbet, 
Mullus  baroalus  Linn.  Cette  espèce  se  dis- 
tingue particulièrement  de  la  précédente 
par  la  forme  de  sa  tête ,  dont  le  profil 
tombe  plus  verticalement,,  par  sa  couleur 
plus  uniforme  et  d'un  rouge  plus  foncé  , 
avec  les  plus  beaux  reflets  irisés  ,  mais  sans 
lignes  jaunes;  le  dessous  de  son  corps  est 
argenté;  ses  nageoires  sont  jaunes.  Voyez 
l'atias  de  ce  Dictionnaire,  poissons,  pi.  3. 

Le  Rouget  est  un  des  poissons  qui  ont  éi,é 
le  plus  célébrés  dans  les  ouvrages  des  an- 
ciens,  autant  pour  l'excellence  de  son  goût 
que  pour  la  beauté  de  ses  couleur:.  Les 
Romains  en  avaient  fait  un  objet  de  luxe  , 
et,  pour  s'en  procurer,  ne  reculaient  pas 
devant  les  dépenses  les  plus  folles.  Asinius 
Celer,  au  rapport  de  Pline,  en  acheta  un 
huit  mille  sesterces  (1,558  francs)  du  temps 
de  Caligula.  Suétone  parle  de  trois  Rougets 
qui  furent  payés  trente  mille  sesterces 
(5,844  francs),  ce  qui  obligea  Tibère  à 
rendre  des  lois  somptuaires  et  à  faire  taxer 
les  vivres  apportés  au  marché.  Varron  dit 
(Dere  rustic,  I:  III,  c.  17)  qu'Hortensius 
avait  dans  ses  étangs  une  immense  quantité 
de  Rougets,  et  qu'il  les  faisait  venir  d^ns 
de  petites  rigoles  jusque  sous  les  tables  où 
on  les  mangeait,  pour  les  voir  mourir  dans 
des  vases  de  verre  et  observer  tous  les  chan- 
gements que  leurs  brillantes  couleurs  éprou- 
vaient pendant  leur  agonie.  Beaucoup  de 
riches  Romains  imitèrent  cet  exemple.  Du 
reste,  ce  n'était  pas  seulement  pour  le 
plaisir  des  yeux  qu'on  voulait  avoir  le  Mulle 
vivant,  c'était  aussi  pour  le  manger  plus 
frais.  Et  cette  précaution  était  en  quelque 
sorte  devenue  nécessaire  depuis  qu'Àpicius 
avait  enseigné  à  faire  mourir  le  Mulle  dans 
le  garum  des  convives ,  et  à  lui  préparer  une 
sauce  avec  son  propre  foie. 

Les  Rougets  ne  sont  plus  comme  autre- 
fois l'objet  de  soins  extraordinaires  et  de 

54 


425 


MUL 


MUL 


folles  prodigalités  ;  mais  ces  Poissons  n'en 
sont  pas  moins  recherchés  comme  des  meil- 
leurs et  des  plus  beaux.  Ceux  de  Provence , 
et  surtout  ceux  de  Toulon  ,  sont  particuliè- 
rement célèbres.  Leur  chair  est  blanche  , 
ferme,  friable,  agréable;  elle  se  digère 
aisément ,  parce  qu'elle  n'est  pas  grasse. 

Le  Rouget  habite  principalement  la  Mé- 
diterranée; il  s'y  prend  dans  tous  les  pa- 
rages, d'ordinaire  sur  les  fonds  limoneux. 
Sur  les  côtes  de  l'Océan,  et  surtout  dans  la 
Manche,  il  devient  rare;  cependant,  M.  AL 
d'Orbigny  l'a  vu  et  dessiné  à  la  Rochelle. 

Le  second  sous-genre  est  celui  que  MM.  G. 
Cuvier  et  Valenciennesont  nommé  Upeneus, 
et  dont  nous  avons  indiqué  plus  haut  les 
principaux  caractères. 

Les  Upeneus  sont  plus  nombreux  que  les 
Mulles  proprement  dits.  MM.  G.  Cuvier  et 
Valenciennes  en  citent  et  décrivent  23  es- 
pèces ou  variétés.  Ces  Poissons  proviennent 
tous  des  mers  des  pays  chauds,  principale- 
ment des  mers  des  Indes.  Ils  présentent  entre 
eux  certains  caractères  différentiels  qui  les 
ont  fait  répartir  en  4  petites  divisions. 

1°  Upénéus  à  dents  en  velours  aux  deux 
mâchoires  ,  au  vomer  et  aux  palatins  {Up. 
vittatus,  sulfureus,  etc.). 

2°  Upénéus  à  dents  en  velours  aux  deux 
mâchoires  et  sur  le  chevron  du  vomer,  mais* 
non  aux  palatins  (Up.  porosus  Cuv.  et 
Val.). 

3°  Upénéus  à  dents  en  velours  aux  deux 
mâchoires  et  sans  dents  au  palais  (Up.  flavo- 
linealus  Cuv.  et  Val.,  etc.). 

4°  Upénéus  à  dénis  distinctes  et  sur  une 
seule  rangée;  ils  n'en  ont  point  au  palais 
(Up.  auriflamma  Cuv.  et  Val.,  barberinus 
Lac,  etc.). 

Une  cinquième  division  comprend  toutes 
les  espèces  d'Upénéus  qui  se  trouvent  prin- 
cipalement dans  l'xUlantique  (Up.  maculatus 
Cuv.  et  Val.,  punctatus  id.,  etc.).       (J.) 

MULLERA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Légumineuses-Papi- 
lionacées-Lotées,  établi  par  Linné  fils  (SwppL, 
53,  329).  Arbres  de  Surinam. 

MULLERÏA.  gbust.  —  Synonyme  de 
Gammarus.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

MULLERÏA  (nom  propre),  kcqin.  — 
Genre  d'Holothurides  hétéropode.;,  de  la  sec- 
tion desSporadipodes,  établi  par  M.  Brandt, 
daprès  Mertens ,  pour  les  espèces  qui  ont 


les  tentacules  clypéiformes  et  l'oriQce  anal 
pourvu  de  six  dents,  servant  de  point  d'at- 
tache aux  muscles  longitudinaux  ;  telles 
sont  les  H.  lineolata,  miliaris ,  mauri- 
tiana,  etc.  (Duj.) 

MULLI,  Feuille  (Peruv.,  III,  43,  t.  30). 
aoT.  ph. — Syn.  de  Schinus,  Linn. 

MULLUS.  poiss.  —  Voy.  mulle. 

MULOT,  mam.  —  Espèce  de  Rongeur  du 
grand  genre  Rat. 

Le  nom  deMulot  a  aussi  été  parfois  étendu 
aux  espèces  du  groupe  des  Campagnols.  Voy. 
ces  mots.  (E.  D.) 

*MULTANGULA.  mam.—  Illiger  (Prodr. 
syst.  Mam.  et  Av.,  1811)  donne  ce  nom  aus 
Pachydermes  j  dont  il  excepte  toutefois  leî 
Chevaux.  (E.   D.) 

*MULTICEPS.  helm.—  Syn.  de  Cœnu- 
rus ,  employé  par  Gœze,  en  1782.    (P.  G.) 

MULTIFLORE.  Mulliflorus.  bot.  — On 
donne  cette  épithète  à  la  plante  ou  à  une 
partie  de  la  plante  qui  porte  beaucoup  de 
fleurs  (tige  mulliflore,  spalhe  mulliflore,  pé- 
doncule mulliflore ,  etc.). 

MULTÏLOCULA1RE .  Multilocuîaris 
(multum,  beaucoup;  locula,  loge),  bot.  — 
Cette  épithète  s'applique  à  l'ovaire  ou  à 
toute  espèce  de  fruit  divisé  en  un  grand 
nombre  de  loges. 

MULTÏLOCULAIRES.  moll.— Dénomi- 
nation commune  des  coquilles  cloisonnées. 

*MULTILOCULIDiE.FonAMiN.— M.  Aie. 
d'Orbigny  donne  ce  nom  à  la  deuxième  fa- 
mille de  l'ordre  des  Agathistègues.  Elle  est 
caractérisée  principalement  par  une  coquille 
inéquilatérale  formée  de  parties  non  paires, 
et  comprend  les  genres  Triloculina,  Cruci- 
loculina,  Arliculina,  Sphœroidina,  Quinque- 
toculina  et  Adelosina.  Voy.  foraminifères 

MULTINERVÉ  et  MULTINERVIÉ. 
MuUinervatus  et  Mullinervis  (  multum , 
beaucoup;  nervus,  nerf),  bot.  —  Se  dit  des 
feuilles  et  des  folioles  dont  la  surface  est 
couverte  de  nombreuses  nervures 

*MULTI-OVULE.  Multi-ovulatus  (mul- 
tum, beaucoup;  ovulum,  ovule),  bot.  — On 
nomme  loges  mulli-ovulées ,  celles  qui  ren- 
ferment un  grand  nombre  d'ovules. 

*MULTIPARTI.  Multipartitus  (multum , 
beaucoup;  pars,  partie),  bot.  —  On  donne 
cette  épithète  à  toutes  les  parties  d'une 
plante  divisées  en  un  grand  nombre  de  la- 
nières étroites  (Yarille  du  Myristica ,  les 


MUN 

épines  du  Centaurea  sicula ,  les  feuilles  du 
Jatropha  mullifida,  etc.  ). 

*MULTIPÉTALÉ.  Multipetalatus  {mul- 
tum,  beaucoup;  -nixalov ,  pétale),  bot.  — 
On  dit  la  corolle  multipélalée  quand  elle  est 
composée  d'un  grand  nombre  de  pétales. 

*MLLTISÉRIÉ.  Mnltiseriatus ,  Multise- 
rialis.  bot.  — On  donne  cette  épithète  aux 
écailles  ou  squames  du  péricline  des  Compo- 
sées, lorsqu'elles  sont  disposées  sur  plu- 
sieurs rangées  concentriques. 

*MULTIVALVE.  M ultivalvis  (  mullum , 
beaucoup;  valva  ,  valve),  bot.  —  Épithète 
donnée  aux  capsules  composées  d'un  grand 
nombre  de  valves. 

MULTIVALVES.  moll.  —  Ce  nom  ser~ 
vait  autrefois  à  désigner  une  grande  classe 
de  Mollusques  comprenant  tous  ceux  dont 
la  coquille  était  composée  de  plus  de  deux 
valves.  Voy.  mollusques. 

MUNCIIAUSIA,  DC.  {Pvodr.,  III,  93). 

BOT.  PH.  —  Voy.  LACERSTR.EMIA. 

MENDIA,  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Polygalées  ,  établi  par  Kunth  {in  Humb. 
et  Bonpl.  Not).  gen.  et  sp.,Y,  392),  et  dont 
les  principaux  caractères  sont  :  Calice  à  5 
folioles,  la  postérieure  et  les  deux  antérieu- 
res petites ,  les  deux  autres  très  grandes. 
Corolle  à  3  pétales  hypogynes,  l'antérieur  (la 
carène)  plus  grand,  en  forme  de  casque,  tan- 
tôt à  un  seul  lobe  et  surmonté  d'une  crête, 
tantôt  à  3  lobes  et  nu;  les  deux  postérieurs 
connivents.  ÉtaminesS,  hypogynes,  ascen- 
dantes; filets  soudés  en  un  tube  fendu  anté- 
rieurement, libres  à  la  partie  supérieure; 
anthères  terminales,  dressées,  uniloculaires. 
Disque  hypogyne,  urcéolaire.  Ovaire  com- 
primé, à  2  loges  uni-ovulées.  Style  terminal, 
à  2  lobes  qui  supportent  les  stigmates.  Le 
fruit  est  un  drupe  2-loculaire  ou  1-loculaire 
par  avortement. 

Lesespèces  de  ce  genre  sont  des  arbrisseaux 
du  Cap  et  du  Brésil  ;  leurs  rameaux  sont 
couverts  d'épines  au  sommet  ;  leurs  feuilles, 
éparses  ou  alternes,  très  entières;  leurs 
fleurs ,  axillaires ,  solitaires  ,  pédicellées ,  à 
pédicelle  3-bractéé. 

Endlicher  (Gen.  plant. ,p.  1079,  n.  5151) 
a  établi  dans  ce  genre  deux  sections  qu'il 
nomme  :Eumundia:  Carène  unilobée,  garnie 
d'une  crête  au  sommet;  style  divisé  en  deux 
lobes,  l'un  droit,  l'autre  courbe;  drupe 
2-  1-loculaire.  Trimundia:  Carène  3 -lobée, 


MUR 


<1'7 


nue  ;  style  bidenté  au  sommet,  à  dent  infé- 
rieure plus  courte;  drupe  uniloculaire  par 
avortemeut.  (J.) 

*MUNDUBI,  Marcgrav.  {Brasil.,  37). 
bot.  ph.  —  Syn.  d'Avachis,  Linn. 

MUNGO.  mam.  —  Nom  d'une  espèce  du 
genre  Mangouste.  Voy.  ce  mot.     (E.  D.) 

*  MUNIA  (povvioç ,  vivant  seul),  ois.  — 
Groupe  de  Fringilliens  indiqué  par  M.  Hodg- 
son  {lies.  ofAs.  Soc,  1826).         (E.  D.) 

*MUNIDA.  crust.  —  Synonyme  de  Ga- 
lathée.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*MUNNICKIA ,  Reichenb.  {Consp.,  85). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Bragantia,  Lour. 

*MUNNICKSIA,  Dennstedt  {Hovt.  Ma* 
lab.,  I,  n.  36).  bot.  ph.  —  Syn.  dHydno- 
cavpus,  Gaertn. 

*MUNRONÏA.  bot.  th.— Genre  delà  fa- 
mille des  Méliacées  ,  établi  par  Wight  {II- 
lustr.,  t.  147,  t.  54).  Arbrisseaux  de  l'Inde. 

Voy.  MÉLIACÉES. 

*MUNSTERIA  (nom  propre),  moll.  — 
Genre  proposé  par  M.  Deslongchamps  pour 
les  corps  fossiles  nommés  Aptychus  par 
M.  Herman  de  Meyer,  et  qu'il  classe  dans 
la  famille  des  Solénoïdes ,  les  prenant  ainsi 
pour  de  vraies  coquilles  bivalves  Dimyaires. 

(Duj.) 

MUNTINGIA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Tiliacées,  établi  par  Plumier  {Gen. 
6,  t.  14).  Arbustes  des  collines  des  îles 
Caribées. 

MUNTJAC.  mam.  —  Espèce  du  genre  Cerf 
{voy.  ce  mot).  M.  Gray  a  proposé  de  créer 
avec  le  Muntjac  ,  sous  le  nom  de  Muntjac- 
cus,  un  petit  groupe  particulier.     (E.  D.) 

*MUNYCHIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées  -  Astéroï- , 
dées,  établi  par  Cassini  {in  Dict.  se.  nat.y 
XXXVII,  462  et  483).  Herbes  du  Cap.  Voy. 

COMPOSÉES. 

MER/ENA.  poiss.  —  Voy. murène. 

*  MURvElVOPHIS  (fwpoctva,  anguille; 
o-itç,  aspect),  rept.  —  M.  Fitzinger  {Syst. 
vept.y  1843)  a  proposé  sous  cettç  dénomina- 
tion un  petit  genre  d'Amphibiens  voisin  de 
celui  des  Amphiuma.  (E.  D.) 

* MER/ENOPSES.  rept.  —M.  Fitzinger 
{Syst.  vept.,  1843)  donne  ce  nom  à  une  di- 
vision des  Amphibicns  ,  qui  ne  comprend 
que  le  genre  Muvœnophis.  (E.  D.) 

MURALTIA  (  nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Polygalées ,  établi 


49.8 


MUR 


par  Necker  (Elem.,n.  1382).  Arbrisseaux  on 
sous -arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  polygalées. 

MURE.  bot.  ph.  —  Fruit  du  Mûrier.  On 
donne  aussi  ce  nom  aux  fruits  de  diverses 
espèces  de  Ronces. 

MURE.  moll.  —  Nom  vulgaire  des  co- 
■  tilles  dont  la  forme  affecte  celle  d'une 
i  lûre. 

MURÈNE.  Murœna,  Thunb.  (Murœno- 
';i,s,  Lacép.).  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des 
1  alacoptérygiens  apodes,  famille  des  An- 
guilliformes,  et  auquel  G.  Cuvier  (Règne 
animal,  t.  II,  p.  351)  donne  les  principaux 
caractères  suivants:  Pectorales  nulles;  les 
branchies  s'ouvrent  par  un  petit  trou  de  cha- 
que côté.  Les  opercules  sont  si  minces  et  les 
rayons  branchiostèges  si  grêles  et  tellement 
cachés  sous  la  peau  que  longtemps  on  en  a 
nié  l'existence.  L'estomac  est  un  sac  court, 
et  la  vessie  aérienne,  petite,  ovale,  est  placée 
vers  le  haut  de  l'abdomen. 

Les  différentes  espèces  de  ce  genre  ont  été 
réparties  par  G.  Cuvier  en  six  sections  dont 
voici  les  caractères  : 

1 .  Dents  aiguës,  sur  une  seule  rangée  à 
chaque  mâchoire. 

C'est  à  cette  section  que  se  rapporte  la  Mu- 
rène commune,  M.  helenah.,  poisson  très 
répandu  dans  la  Méditerranée.  Il  est  rusé, 
carnassier  et  vorace.Son  corps,  tout  marbré 
de  brun  et  de  jaunâtre,  atteint  1  mètre  et 
plus  de  longueur.  Ses  mœurs  sont  à  peu  près 
celles  de  l'Anguille  commune  (voy.  ce  mot), 
et  comme  elle,  sa  chair  est  assez  délicate, 
quoiqu'elle  habite  la  mer  et  les  eaux  sau- 
mâtres  où  l'Anguille  ne  se  trouve  qu'acci- 
dentellement. Les  anciens  faisaient  un  grand 
cas  de  ce  Poisson  ;  ils  en  élevaient  dans  des 
viviers,  ce  que  Ton  fait  encore  de  nos  jours. 
Les  Murènes  y  vivent  et  prospèrent,  pourvu 
qu'on  ménage,  dans  ces  viviers,  des  retraites 
sombres  pour  qu'elles  puissent  s'y  soustraire 
aux  ardeurs  du  jour.  La  morsure  de  ce  pois- 
son est  souvent  cruelle. 

Les  autres  espèces  de  cette  section  sont 
les  M.  moringa  Cuv.  (la  Moringue  des  An- 
tilles) ,  punctata  Bl. ,  Schn.  ,  meleagris  Sh. 
{M.  pintade  Quoy  et  Gaim.  ),  protbernon 
Quoy  et  Gaim.,  favaginea  Bl.,  Schn.,  pan- 
therine  Lacép.  (M.  picta  Thunb.). 

2.  Dents  aiguës,  sur  deux  rangs  à  chaque 
mâchoire  ,  indépendaminent  d'un  rang  au 
vomcr. 


MUR 

G.  Cuvier  ne  cite  qu'une  seule  espèce  ap- 
partenant à  cette  section ,  et  qui  est  le  Mu- 
rénophis  gris  de  Lacépède. 

3.  Dents  coniques  ou  rondes,  sur  deux 
rangs  à  chaque  mâchoire. 

La  principale  espèce  de  ce  groupe  est  la 
Murène  unicolore  Laroche  (M.  Christini 
Briss.),  toute  couverte  de  petites  lignes  ou 
de  petits  points  bruns,  serrés,  qui  la  font 
paraître  d'un  brun  uniforme. 

4.  Dents  latérales  rondes  ,  sur  un  seul 
rang  ;  les  vomériennes  également  rondes,  sur 
deux  rangs  ;  les  antérieures  coniques. 

Les  espèces  connues  de  cette  section  sont 
les  Muiîénophis  étoile  ,  Lacép.  (.1/.  nebulosa 
Thunb.);  M.  ondulé,  Lac.  (M.  catenatus 
BL,  Schn.),  et  M.  sordida  Cuv.,  Séb. 

5.  Dents  latérales  rondes,  sur  deux  rangs; 
les  vomériennes  également  rondes,  sur  quatre, 
formant  une  sorte  dépavé. 

Dans  cette  section  rentre  seulement  le 
Gvmnomurène  cerclé  de  Lacépède  (Murœna 
zébra  Schn.),  qui  n'a  presque  pas  de  na- 
geoires apparentes. 

6.  Dents  en  carde ,  sur  plusieurs  rangs. 
La  Méditerranée  en  possède  une  espèce  , 

nommée  par  Risso  M.  saga  (vulgairement 
Sorcière).  Cette  espèce  est  remarquable  par 
ses  mâchoires  allongées,  rondes  et  pointues, 
et  par  sa  queue  allongée  en  pointe  très  ai- 
guë. G.  Cuvier  pense  qu'on  peut  rapprocher 
de  cette  Murène  le  poisson  désigné  par  Ra- 
finesque  sous  les  noms  de  Nettasoma  mela- 
nura.  (J.) 

MUREX,  moll.  —  Voy.  rocher. 

MURIACITE.  min. —Nom  donné  par 
plusieurs  minéralogistes  à  la  Chaux  sulfatée 
anhydre. 

MURIATES.  min.  ,  chim.  —  Voy.  hydra- 

CIDES  et  CHLORATES. 

MURIATIQUE  (acide),  chim.  —  Voyez 

ACIDE  HYDROCHLORIQUE  au  mot  ACIDES. 

MURICARIA.  bot.  ph.— Genre  delà 
famille  des  Crucifères-Zillées,  établi  par  Des- 
vaux (Journ.  bot.,  III,  159,  t.  25,  f.  2). 
Herbes  de  la  Mauritanie.  Voy.  crucifères. 

MURICEA.  polyp.  —  Genre  de  Polypiers 
flexibles  de  l'ordre  des  Gorgonies-Corticifè- 
res,  établi  par  Lamouroux  (Exp,  Méth,  des 
Polyp.),  qui  lui  donne  pour  caractères  :  Poly- 
pier dendroïde,  rameux  ;  axe  corné,  cylindri- 
que, souvent  comprimé  à  l'aisselle  des  ra- 
meaux; écorce  cylindrique,  d'une  épaisseur 


MUR 


MUR 


429 


moyenne;    cellule  en  forme  de  mamelons 

saillants,  épais,  couverts  d'écaillés  imbriquées 

.    et  hérissées  ;  ouverture  étoilée  à  huit  rayons. 

1  On  n'en  connaît  que  deux  espèces  nommées 

■  M .  spicifera  et  elongata. 

MURICîA,  Lour.  (Flor.  cochinch.,  733). 
bot.  ph. — Syn.  de  Momordica,  Linn. 

*MUR10ÉES,  mam.  —Les  noms  de  Mu- 
ridées,  Murideœ  Gray,  Muriens  Illiger,  ont 
été  appliqués  à  une  division  de  l'ordre  des 
Rongeurs  ,  comprenant  l'ancien  genre  Rat. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MURIER.  Morus ,  Tourn.  (étymologie 
controversée  :  dérivée  selon  les  uns  de  p-.opc'a, 
le  mûrier,  ou  p.ôpov ,  son  fruit  ;  selon  d'au- 
tres de  f/.avpo;  ou  ap.vp°ç>  obscur,  ce  qui  peut- 
être  rendrait  compte  du  nom  d'Amourié 
qu'il  porte  en  Languedoc  ;  enfin  ,  selon 
J.-E.  Smith,  de  y.upoç,  fou,  insensé,  par 
antiphrase  ;  Linné  (Phil.  bot.  )  range  l'éty- 
mologie  de  ce  nom  dans  la  catégorie  des 
Grœca  obscura).  bot.  ph.  — Genre  range 
par  A.-L.  de  Jussieu  parmi  les  Urticées? 
devenu  de  nos  jours,  pour  la  plupart  des 
botanistes ,  le  type  de  la  petite  famille  des 
Morées ,  classé  par-  quelques  autres  parmi 
les  Artocarpées;  de  la  Monœcie-tétrandrie 
dans  le  système  de  Linné.  Il  se  compose 
d'arbres  ou  d'arbrisseaux  à  suc  blanc,  lai- 
teux ,  qui  croissent  spontanément  dans  les 
régions  chaudes  de  toute  la  terre  ;  leurs 
feuilles  sont  alternes,  entières  ou  lobées, 
accompagnées  de  stipules;  leurs  fleurs  sont 
petites,  réunies  en  épis  axillaires,  unisexuels, 
serrés,  dont  les  mâles  oblongs  ou  cylindri- 
ques, et  les  femelles  plus  courts  ,  ovoïdes 
ou  presque  globuleux.  Les  fleurs  mâles  se 
composent:  d'un  périanthe  divisé  en  quatre 
lobes  ovales,  qui  finissent  par  s'étaler  ;  de 
4  étamines  opposées  à  ces  divisions,  dont  le 
filet  est  élastique  et  ridé  transversalement, 
dont  l'anthère  est  introrse  et  biloculaire, 
fixée  par  ledos;  à  leur  centre  estun  rudiment 
d'ovaire.  Les  fleurs  femelles  présentent:  un 
périanthe  à  4  folioles  ovales,  concaves,  dont 
deux  extérieures  plus  grandes;  un  ovaire 
ovoïde,  sessile,  indiqué  par  M.  Endlicher 
et  plusieurs  autres  auteurs  comme  bilocu- 
lairc,  à  loges  inégales,  tandis  que  M.  Spach 
assure  qu'il  est  constamment  uniloculaire  , 
à  2  ovules  pendants,  surmonté  de  deux 
styles  terminaux,  distincts  ou  soudés  entre 
eux  à  leur  base,  allongés-filiformes,  sligma- 


tifères  à  leur  côté  intérieur.  Le  fruit  est  un 
akène  sec  ou  très  peu  charnu,  1-loculaire, 
1-sperme  par  avortement  de  l'un  des  deux 
ovules ,  enveloppé  par  le  périanthe  persis- 
tant qui  est  devenu  charnu  dans  la  plupart 
des  cas;  chaque  akène  renferme  une  seule 
graine  pendante  et  crochue.  Parmi  les  es- 
pèces de  Mûriers  aujourd'hui  connues,  il  en 
est  trois  dont  l'importance  est  assez  grande 
pour  que  nous  devions  nous  arrêter  sur 
elles. 

1.  Mûrier  noir,  Morus  nigra Linn.  C'est 
un  arbre  de  hauteur  moyenne,  très  ra- 
meux,  dont  l'écorce  est  rade,  inégale  et 
épaisse;  ses  feuilles  sont  scabres,  fermes  et 
non  luisantes,  rugueuses  à  leur  face  supé- 
rieure, légèrement  hérissées  à  leur  face  in- 
férieure, portées  sur  un  pétiole  arrondi  et 
non  canaliculé  en  dessus,  le  plus  souvent 
indivises,  en  forme  de  cœur,  inégalement 
dentées  en  scie  à  leur  bord,  ou  divisées  plus 
ou  moins  profondément  en  5  lobes,  accom- 
pagnées de  stipules  rougeâtres  ,  oblongues  , 
obtuses,  ciliées.  H  est  monoïque  ou  dioïque; 
dans  les  fleurs  mâles  ,  les  étamines  sont 
une  fois  plus  longues  que  le  périanthe.  Son 
fruit  agrégé  ou  syncarpe,  vulgairement 
connu  sous  le  nom  de  Mûre,  porté  sur  un 
pédoncule  court,  est  ovoïde,  d'un  rouge 
d'abord  clair  qui  se  fonce  et  devient  pres- 
que noir  à  la  maturité,  ce  qui  a  valu  à  l'es- 
pèce le  nom  qu'elle  porte;  sa  longueur  est 
de  2  ou  3  centimètres  ;  sa  saveur  est  agréa- 
ble et  fait  cultiver  surtout  le  Mûrier  noir 
comme  arbre  fruitier. 

Le  Mûrier  noir  est  connu  depuis  une 
haute  antiquité,  et  l'époque  de  son  intro- 
duction en  Europe  est  entièrement  incon- 
nue. Il  reste  même  des  doutes  sur  sa  véri- 
table patrie  :  on  s'accordeassezgénéralement 
à  le  regarder  comme  venu  de  la  Perse  où  il 
existe  à  l'état  sauvage  ;  mais  quelques  au- 
teurs admettent  comme  probable  qu'il  a  été 
transporté  de  la  Chine  dans  cette  dernière 
contrée.  Son  utilité  est  beaucoup  moins 
grande  que  celle  des  deux  espèces  suivantes  ; 
cependant  les  usages  de  ses  diverses  parties 
ne  manquent  pas  d'importance.  Son  bois 
est  employé  pour  la  menuiserie  et  le  char- 
ronnage;  néanmoins  son  grain  grossier  et 
sa  texture  un  peu  spongieuse  le  rendent 
impropre  à  la  fabrication  des  meubles  de 
luxe;  mais  il  est  estime  pour  la  confection 


430 


MUR 


MUR 


des  futailles,  et,  dans  quelques  parties  du 
midi  de  l'Europe,  on  croit  qu'il  contribue 
à  améliorer  la  qualité  du  vin.  Il  est  coloré 
en  brun  dans  la  partie  centrale  ou  dans  le 
cœur,  en  jaune  clair  dans  la  partie  exté- 
rieure ou  l'aubier.  On  évalue  son  poids  à 
40  livres  7  onces  par  pied  cube.  Il  ressemble 
au  reste  beaucoup  pour  sa  nature  et  pour 
ses  usages  à  celui  du  Mûrier  blanc,  qui  a 
cependant  un  peu  plus  de  densité.  La  ra- 
cine du  Mûrier  noir  se  distingue  par  une 
amertume  prononcée  qui  l'a  fait  regarder 
et  quelquefois  employer  comme  fébrifuge. 
Sa  feuille  rude  et  d'un  tissu  ferme  est  peu 
estimée  pour  la  nourriture  des  Versa  soie; 
ceux  qui  en  ont  été  nourris  ne  donnent 
qu'une  soie  de  qualité  inférieure  ;  néan- 
moins, dans  les  parties  de  l'Europe  méridio- 
nale où  la  sériciculture  est  encore  sous 
l'empire  de  la  routine  et  des  habitudes  tra- 
ditionnelles ,  on  la  mêle  fréquemment  à 
celle  du  Mûrier  blanc.  Son  fruit  est  usité 
soit  comme  alimentaire,  soit  comme  sub- 
stance médicinale.  Sous  ce  dernier  rapport, 
on  en  emploie  le  jus  exprimé  ou  surtout 
préparé  en  sirop  contre  les  angines  et  les 
aphtes.  La  volaille  le  mange  avec  avidité; 
aussi  le  plante-t-on  de  temps  immémorial 
dans  les  basses-cours,  où  il  est  encore  utile 
par  l'ombre  épaisse  qu'il  donne.  Cet  arbre 
est  très  peu  délicat  sur  la  nature  du  sol  ;  il 
se  multiplie  aisément  par  graines,  boutures 
ou  marcottes.  Son  accroissement  est  lent. 
C'est  l'un  des  végétaux  qui  bourgeonnent  le 
plus  tard  dans  nos  climats,  et,  malgré  cela, 
l'un  de  ceux  qui  mûrissent  leurs  fruits  des 
premiers. 

2.  Mûrier  blanc,  Morus  alba  Linn.  Cette 
espèce,  sur  l'existence  de  laquelle  repose  l'in- 
dustrie séricicole,  source  de  tant  de  richesses, 
forme  un  arbre  assez  analogue  de  taille  et 
de  port  au  précédent ,  mais  qui  s'en  distin- 
gue cependant,  même  sous  ce  rapport,  par 
ses  jets  plus  nombreux,  plus  grêles,  plus 
droits,  et  par  son  écorce  de  couleur  plus 
claire.  Ses  feuilles  sont  plus  minces  et  moins 
Termes,  lisses,  glabres  et  luisantes  à  leur 
face  supérieure  qui  semble  légèrement  ver- 
nie, non  rugueuses,  munies  en  dessous  de 
duvet  à  l'aisselle  des  nervures ,  d'un  vert 
gai,  le  plus  souvent  en  cœur  et  dentées  en 
scie  sur  les  bords ,  quelquefois  lobées,  gé- 
néralement acuminées  au  sommet,  à  pétiole 


légèrement  canaliculé  en  dessus,  accompa- 
gnées de  stipules  verdâtres,  linéaires-lancéo- 
lées ou  oblongues-lancéolées,  glabres;  dans 
les  fleurs  mâles,  lesétaminessontà  peine  plus 
longues  que  le  périanthe.  Son  fruit  agiégé 
est  assez  longuement  pédoncule,  de  couleur 
blanchâtre  ou  rosée ,  de  saveur  douceâtre  et 
fade. 

Le  Mûrier  blanc  n'existe  à  l'état  sauvage 
qu'en  Chine;  mais  il  s'est  naturalisé  dans  l'A- 
sie-Mincure,et  même  sur  quelques  points  de 
l'Europe  méridionale.  Son  introduction  en 
Europe,  bien  autrement  importante  que 
celle  de  l'espèce  précédente  ,  est  beaucoup 
plus  récente  ,  et  l'on  sait  quels  développe- 
ments sa  culture  y  a  pris  dans  ces  derniers 
temps.  L'emploi  de  ses  feuilles  pour  la 
nourriture  des  Vers  à  soie  ,  et  par  suite  sa 
culture,  remonte,  en  Chine,  à  une  haute 
antiquité;  en  effet,  les  chroniques  du  Cé- 
leste-Empire rapportent  que  ,  2700  ans 
avant  Jésus-Christ,  l'impératrice  Si-ling-chi, 
femme  de  l'empereur  Hong,  remarqua  que 
les  Vers  à  soie  se  nourrissaient  des  feuilles 
du  Mûrier,  et  qu'elle  songea  à  tirer  parti  de 
leursoie.  Dès  cetinstant,  l'industrie  séricicole 
prit  naissance  en  Chine  ,  et  quelques  siècles 
suffirent  pour  lui  donner  des  développe- 
ments importants.  Plusieurs  siècles  plus 
tard  la  culture  du  Mûrier,  et  par  suite  celle 
de  la  soie ,  passèrent  de  la  Chine  dans  l'Inde, 
en  Perse,  en  Arabie;  mais  elles  restèrent 
inconnues  en  Europe  pendant  longtemps 
encore  ,  et  la  précieuse  matière  qui  formait 
une  source  abondante  de  richesses  pour 
l'Asie  continua  d'être  payée  au  poids  de 
l'or  par  le  petit  nombre  d'empereurs  ro- 
mains dont  le  luxe  ne  recula  pas  devant 
son  prix  exorbitant.  Mais  au  milieu  du  vic  siè- 
cle (555),  deux  missionnaires  ayant  ap- 
porté à  Constantinople  des  œufs  de  Vers  à 
soie  qu'ils  s'étaient  procurés  au  péril  de 
leur  vie,  le  Mûrier  commença  d'y  être  cul- 
tivé. La  nouvelle  industrie  ne  tarda  pas  à 
se  répandre  dans  le  midi  de  l'Europe  :  au 
commencement  du  vmc  siècle,  les  Arabes 
l'introduisirent  en  Espagne  et  en  Portugal; 
mais  ce  fut  le  Mûrier  noir  qu'ils  apportè- 
rent en  même  temps  dans  ces  contrées  ,  et 
dont  la  culture  y  fut  exclusivementadoptée 
pendant  quelques  siècles.  Le  Mûrier  blanc 
resta  confiné  à  Constantinople  et  en  Grèce; 
mais  en  1130,  Roger,  roi  de  Sicile,  Tintro- 


MUR 


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43i 


duisit  dans  cette  île  et  s'efforça  d'en  propa- 
ger la  culture.  De  là,  cet  arbre  passa  dans 
l'Italie  méridionale.  Vers  le  milieu  du 
xvc  siècle,  il  arriva  dans  la  haute  Italie; 
peu  après,  le  seigeur  d'AUan  en  transporta 
en  France  un  pied  qu'il  fit  planter  à  AUan, 
où  l'on  dit  qu'il  existe  encore  aujourd'hui. 
Cependant  ce  ne  fut  qu'à  la  fin  de  ce  même 
siècle  (1494)  que  plusieurs  seigneurs  et 
grands  propriétaires ,  à  leur  retour  des  guer- 
res d'Italie,  en  rapportèrent  plusieurs  pieds, 
qui  devinrent  la  souche  de  ceux  que  nous 
possédons  aujourd'hui.  Bientôt  de  grands 
efforts  furent  faits  pour  répandre  la  culture 
de  cet  arbre  précieux.  François  Traucat , 
jardinier  de  Nîmes ,  en  fit  (1 564)  une  grande 
pépinière  qui  approvisionna  le  midi  de  la 
France.  D'un  autre  côté,  Henri  IV  sentit  si 
bien  l'importance  de  celte  acquisition  que  , 
d'après  ses  ordres,  Olivier  de  Serres  en  fit 
(1601)  des  plantations  considérables  dans 
le  jardin  des  Tuileries.  Plus  tard,  Colbert 
fit  encore  plus  :  il  voulut  d'abord  obliger 
tous  les  propriétaires  à  planter  un  certain 
nombre  de  Mûriers  sur  leurs  terres  ;  mais 
sa  mesure  ayant  amené  des  résultats  entiè- 
rement opposés  à  ceux  qu'il  se  proposait 
d'obtenir,  il  lui  en  substitua  une  nouvelle 
qui  consistait  à  payer  une  prime  de  24  sous 
pour  chaque  pied  de  Mûrier  planté  depuis 
trois  ans.  Grâce  à  cet  encouragement,  les 
plantations  de  Mûrier  blanc  se  répandirent 
rapidement  sur  presque  toute  la  France.  On 
sait  qu'à  partir  de  cette  époque  l'industrie 
séricicole  est  devenue  l'une  des  plus  impor- 
tantes de  notre  pays.  A  une  époque  récente, 
plusieurs  autres  États  de  l'Europe  se  sont 
également  livrés  à  la  culture  du  Mûrier. 
Ainsi  la  Bavière  ,  à  partir  de  1820 ,  et  quel- 
ques autres  parties  de  l'Allemagne,  en  ont 
fait  de  nombreuses  plantations;  la  Russie 
elle-même  a  adopté  la  culture  de  cet  arbre 
en  Crimée,  où  il  a  très  bien  réussi.  Il  n'est 
pas  jusqu'aux  parties  méridionales  du  Da- 
nemark et  de  la  Suède  où  l'on  n'ait  fait  à 
cet  égard  des  essais  qui  n'ont  amené,  il  est 
vrai,  que  des  résultats  médiocres. 

La  haute  importance  du  Mûrier  blanc 
réside  surtout  dans  sa  feuille ,  que  tout  le 
monde  sait  être  l'aliment  habituel  du  Ver 
à  soie  [Bombyx  Mort  Linn.);  cependant 
son  bois,  de  couleur  et  de  grain  analogues  à 
celui   du   Mûrier  noir  ,   mais  plus   dense 


(44  livres  par  pied  cube),  est  préféré  à  celui 
de  ce  dernier  par  les  menuisiers,  les  char- 
rons et  les  tonneliers;  son  écorce  très  filan- 
dreuse peut  être  employée  à  peu  près  comme 
celle  du  Tilleul.  Rosier  dit  même  qu'elle 
peut  être  utilisée  comme  matière  textile. 
Le  bois  de  sa  racine  donne  une  couleur 
jaune,  qu'on  dit  très  solide.  Quant  à  son 
fruit,  sa  saveur  douceâtre  et  fade  ne  permet 
d'en  tirer  parti  que  pour  nourrir  la  volaille. 

C'est  donc  principalement  pour  sa  feuille 
que  le  Mûrier  blanc  est  cultivé.  Sous  ce  rap- 
port, il  l'emporte  beaucoup  sur  le  Mûrier 
noir,  dont  son  introduction  en  Europe  a  fait 
négliger  la  culture  et  auquel  il  a  été  substi- 
tué presque  partout.  D'abord  ses  bourgeons 
s'ouvrent  environ  quinze  ou  vingt  jours  plus 
tôt,  ce  qui  le  rend,  il  est  vrai,  plus  sensible 
aux  gelées  tardives,  mais  ce  qui,  en  même 
temps ,  permet  de  commencer  de  meilleure 
heure  les  éducations  des  Vers  à  soie;  en 
second  lieu,  son  accroissement  est  plus  ra- 
pide, et  tel  que  ses  pieds  coupés  ras  donnent 
en  une  pousse  des  jets  de  1  mètre  et  demi 
de  long;  enfin  son  feuillage  est  plus  abon- 
dant, et  ses  feuilles  plus  tendres,  plus  nutri- 
tives, donnent  à  la  soie  une  qualité  notable- 
ment supérieure.  D'après  les  recherches  de 
M.  Bon  a  fous,  elles  renferment  une  matière 
grasse,  une  substance  résineuse,  de  la  gomme, 
du  sucre  et  une  matière  extractive  jaunâtre. 
Les  proportions  de  ces  diverses  substances 
se  modifient  sensiblement  d'après  le  sol  où 
l'arbre  végète,  et  dé  la  résultent  des  varia- 
lions  très  sensibles  dans  la  qualité  de  la  soie. 
On  a  reconnu  i\ua  la  feuille  des  Mûriers 
plantés  en  des  lieux  hauts,  secs,  exposés  aux 
vents ,  ou  dans  des  fonds  légers ,  donne  une 
soie  abondante,  fine  et  nerveuse,  tandis  que 
celle  des  arbres  qui  croissent  en  des  lieux 
bas  et  humides,  dans  des  terres  très  argile  li- 
ses, donne  une  soie  moins  abondante  et 
de  qualité  inférieure.  La  cause  on  est,  a-t-on 
dit,  en  ce  que,  dans  le  premier  cas,  ces  feuil- 
les renferment  une  plus  forte  proportion  de 
matière  résineuse. 

De  nombreux  ouvrages  et  mémoires  ont 
été  écrits  sur  la  culture  du  Mûrier  blanc; 
ne  pouvant  entrer  ici,  à  cet  égard,  dans  de 
longs  détails,  nous  nous  bornerons  à  dire  que 
cet  arbre  se  multiplie  avec  facilité  par  grai- 
nes, par  boutures  et  marcottes.  Ses  semis 
donnent  des  pieds  plus  vigoureux  et  de  meil- 


432 


MUR 


MUR 


leure  venue  ;  aussi  ce  mode  de  multiplication 
est- il  souvent  préféré.  Dans  ce  cas,  on  sème 
les  graines  immédiatement  après  leur  matu- 
rité, ou  bien  on  les  stratiûe  lorsqu'on  ne 
doit  les  mettre  en  terre  qu'au  printemps 
suivant,  ce  qui  a  lieu  dans  les  pays  un  peu 
septentrionaux.  On  recommande  de  choisir 
celles  fournies  par  des  arbres  sains,  d'âge 
moyen,  et  qui  n'aient  pas  été  effeuillés  dans 
l'année.  Semées  dès  leur  maturité,  elles  lè- 
vent le  même  automne.  Les  jeunes  plants 
qui  en  proviennentreçoivent  le  nom  vulgaire 
de  pourrettes.  Ils  doivent  être  abrités  contre 
le  froid  de  l'hiver  pendant  les  deux  ou  trois 
premières  années.  Assez  généralement,  on 
les  greffe  dès  qu'ils  ont  pris  un  peu  de  force; 
mais  les  avis  sont  encore  partagés  relative- 
ment aux  avantages  de  cette  opération,  qui 
se  fait  d'ordinaire  en  flûte.  Ne  pouvant  ni 
rapporter  ni  discuter  ici  les  diverses  maniè- 
res de  voir  qui  ont  été  émises  à  cet  égard, 
nous  renverrons  pour  cela,  ainsi  que  pour  de 
plus  amples  détails,  aux  ouvrages  qui  ont 
été  publiés  sur  la  culture  du  Mûrier  et  dont 
nous  citerons  les  principaux  :  Gasteiet ,  Sur 
le  Mûrier  blanc;  Grognier,  Recherches  histo- 
riques et  statistiques  sur  le  Mûrier,  le  Ver  à 
soie,  etc.;  Lyon,  Cobb,  Manualofthe  Mul- 
berry  Tree;  Pascali,  Treatise  on  the  MuU 
berry;  Bonafous,  Traité  de  l'éducation  des 
Vers  à  soie  et  de  la  culture  du  Mûrier;  Phi- 
lippar,  Sur  la  culture  du  Mûrier,  etc.,  dans' 
l'arrondissement  de  Versailles,  etc. 

3.  Mûrier  multicaule  ,  Morus  multicaulis 
Perrot.  (  M,  tatarica  Desf.,  M.  cucullata 
Bonaf.).  L'introduction  de  ce  Mûrier  en  Eu- 
rope est  toute  récente  ;  elle  est  dueà  M.  Per- 
rottet,  qui,  en  1821,  en  porta  des  pieds  de 
Manille  à  l'île  Bourbon,  d'où  il  en  transporta 
à  Cayenne  et  ensuite  en  France.  C'est  un 
grand  arbrisseau  à  racines  traçantes  d'où 
s'élèvent  ordinairement  plusieurs  liges  pres- 
que droites,  rameuses  dès  la  base,  minces  et 
flexibles,  dont  l'écorce  est  parsemée  de  pe- 
tits tubercules  (lenticelles)  blanchâtres  et 
très  saillants:  ses  feuilles sontd'unvertclair, 
arrondies  à  la  base  ou  largement  cordiformes, 
brièvement  acuminées  au  sommet,  irrégu- 
lièrement dentées;  longues  de  2  ou  3  déci- 
mètres, larges  de  15  à  20  centimètres;  flas- 
ques, minces  et  tendres;  bullées  ou  comme 
crépues,  glabres  sur  leurs  deux  faces;  por- 
tées sur  un  pétiole  long  d'environ  1  décimè- 


tre, large,  un  peu  comprimé  et  comme  trian- 
gulaire à  sa  base  ;  accompagnées  de  deux  sti- 
pules blanchâtres,  lancéolées,  scarieuses. 
Les  étamines  des  fleurs  mâles  sont  plus  cour- 
tes que  le  périanthe.  Le  fruit,  d'abord  blanc, 
devient  ensuite  rouge  et  enfin  noir;  il  est 
oblong  ou  turbiné,  petit,  de  saveur  aigre- 
lette très  agréable. 

Le  Mûrier  multicaule  est  originaire  de  la 
Chine,  où  il  paraît  habiter  les  lieux  élevés; 
c'est  de  là  qu'il  s'est  répandu  dans  les  par- 
ties basses  voisines  de  la  mer.  Plus  tard 
il  a  été  transporté  dans  les  iles  de  l'Archi- 
pel d'Asie  ,  où  on  le  cultive  seulement 
comme  espèce  d'ornement,  et  d'où  il  est  en- 
fin venu  en  Europe.  M.  Perrottet  a  fait  res- 
sortir les  avantages  qu'il  présente ,  et  ses 
mémoires  à  ce  sujet  (Ann.  Soc.  linn.  de 
Paris,  1824  ;  Ann.  de  Fromont,  janv.  1830  ; 
Archiv.  de  botan.,  mars  1833)  ont  éveillé 
l'attention  des  sériciculteurs,  qui  n'ont  pas 
tardé  à  lui  donner  une  place  importante 
dans  leurs  cultures.  Des  expériences  et  des 
éducations  comparatives  ont  prouvé  que  la 
feuille  de  cette  nouvelle  espèce  est  très 
avantageuse  par  son  abondance,  par  la  mol- 
lesse de  son  tissu,  et  par  la  bonne  qualité  de 
la  soie  que  donnent  les  Vers  qui  en  ont  été 
nourris.  De  plus,  la  multiplication  des  pieds 
est  extrêmement  facile;  leur  pousse  est  hâ- 
tive, leur  végétation  vigoureuse  et  rapide; 
ils  ne  se  montrent  nullement  difficiles  à  la 
taille;  ils  craignent  peu  le  froid;  enfin  ils 
repoussent  de  partout  soit  pendant,  soit 
après  la  cueillette.  Ces  avantages  ont  paru 
plus  que  suffisants  pour  compenser  les  in- 
convénients qui  ont  été  trouvés  au  Mûrier 
multicaule,  et  dont  le  principal  consiste  en 
ce  que  ses  grandes  feuilles  sont  facilement 
déchirées  par  les  vents.  Au  reste,  nous  ren- 
verrons pour  déplus  amples  détails  sur  cette 
espèce  aux  mémoires  de  M.  Perrottet  que 
nous  venons  de  citer,  ainsi  qu'à  un  rapport 
de  M.  Soulange-Bodin,  lu  à  la  Société  d'en- 
couragement le  26  décembre  1832,  im- 
primé par  extrait  dans  les  Annales  de  Fro- 
mont (décemb.  1832),  et  au  rapport  de 
M.  Philippar  (cité  plus  haut),  lu  le  4  no- 
vembre 1835  à  la  Société  d'agriculture  et 
arts  de  Seine-et-Oise. 

Il  est  encore  d'autres  espèces  de  Mûriers 
qui  présentent  de  l'intérêt,  soit  parce  que 
leur  feuille  peut  être  employée  avantngeu- 


MUR 


MUS 


433 


sèment  à  la  nourriture  du  Ver  à  soie , 
comme  le  Mûrier  de  l'Inde  ,  Morus  indica 
Linn.,  qui,  d'après  Rumphius  etLoureiro, 
est  préféré  sous  ce  rapport  à  tous  les  autres 
dans  la  Cochinchine  et  dans  l'Inde,  et  le 
Mûrier  d'Italie,  M.  ilalica  Poir.  ;  soit  parce 
que  leur  fruit  est  comestible,  comme  le 
Mûrier  rouge,  M.  rubra  Linn.,  bel  arbre 
des  États-Unis,  qui  atteint  20  et  25  mètres 
de  hauteur,  dont  les  feuilles  sont  très  coton- 
neuses à  leur  face  inférieure,  dont  le  fruit 
est  rouge,  d'une  saveur  sucrée  et  acidulé 
Jbrt  agréable.  Mais,  faute  d'espace,  nous  nous 
bornerons  à  ce  peu  de  mots  au  sujet  de  ces 
espèces.  (P.  Ducharïre.) 

MURIERS,  ois.  —  Le  Gobe-Mouche  et 
plusieurs  espèces  deBecs-Fins  portent  ce  nom 
dans  diverses  provinces  de  la  France.  (E.  D.) 

MURIN.  mam.  — Ce  nom  a  été  appliqué 
à  des  espèces  des  genres  Loir  et  Vesperti- 
lion.  Illiger  avait  également  indiqué  une  fa- 
mille de  Rongeurs  sous  la  même  dénomina- 
tion de  Murins ,  et  comprenant  le  grand 
groupe  des  Rats.  Voy.  ce  mot.      (E.  D.) 

MURMIDIA  ou  MURMIDIUS  (fuîppiÇ, 
fourmi;  t&'a,  forme),  ins.  — Genre  de  Co- 
léoptères pentamcres ,  famille  des  Clavicor- 
nes ,  tribu  des  Byrrhiens  ,  établi  par  Leach 
{  Trans.  Linnean.  Soc. ,  vol.  XIII ,  pag.  1  , 
pi.  41  ),  et  adopté  par  Hope  (Coleopt.  ma- 
nual,  1840,  p.  108)  et  par  Laporte  de  Cas- 
telnau  (  Hist.  nat.  des  An.  art. ,  3 ,  p.  40  ). 
Le  type,  M.  ferruginea  Leach,  serait  origi- 
naire de  la  Chine.  Il  est  présumable  que 
c'est  le  même  Insecte  qui  a  été  décrit  depuis 
par  Germar  {Species  Ins. ,  p.  8  ,  t.  1 ,  f.  2) 
sous  les  noms  générique  et  spécifique  de 
Ceuthocerus  advena,  lequel  vit  de  la  sub- 
stance des  grains  de  Riz,  et  parvient  quel- 
quefois vivant  en  Europe.  (C.) 

MURONS,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire  des 
fruits  d'une  espèce  de  Framboisier,  le  Ru- 
bus  frulicosa  L.  Voy.  framboisier. 

MURRAYA  (nom  propre),  bot.  ph.  — » 
Genre  delà  famille  des  Aurantiacées-Clau- 
sénées,  établi  par  Kœnig  (  in  Linn.  Man» 
tiss.,  563).  Arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale. 

Voy.  AURANTIACÉES. 

MURSIE.  Mursia.  crust.  —  Ce  genre, 
établi  par  Leach  et  adopté  par  les  carcino- 
logistes,  est  rangé  par  M.  Milne  Edwards 
dans  l'ordre  des  Décapodes  brachyures,  et 
dans  la  famille  des  Oxystomcs.  Les  Crusta- 

T.  VIII. 


ces  qui  composent  cette  nouvelle  coupe 
générique  ont  la  plus  grande  analogie  avec 
les  Calappes  (voy.  ce  mot),  mais  s'en  dis- 
tinguent facilement  par  la  forme  de  leur 
carapace,  qui  est  presque  circulaire  et  ne 
se  prolonge  pas  en  manière  de  bouclier  au- 
dessus  des  pattes  ambulatoires;  sa  face  su- 
périeure est  bombée  et  inégale,  et  vers  le 
milieu  du  bord  latéral  se  trouve  une  longue 
dent  spiniforme.  Il  est  aussi  à  noter  que  le 
quatrième  article  des  pattes-mâchoires  ex- 
ternes est  inséré  à  l'extrémité  de  l'article 
précédent. 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  de 
ce  genre  :  c'est  le  Mursie  a  crête  ,  Mursia 
cristata  Dem.,  Edw.  (AU.  du  règne  anim. 
de  Cuv.,  Crust.,  pi.  13,  fig.  1  ).  On  ignore 
la  patrie  de  ce  singulier  crustacé.    (E.  L.) 

MURUCUIA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la 
famille  des  Passiflorées ,  tribu  des  vraies 
Passiflorées  ,  établi  par  Tournefort  (  Inst., 
215).  Dans  ce  genre,  le  limbe  a,  dans  quel- 
ques espèces,  5  divisions;  dans  d'autres, 
ces  divisions  sont  au  nombre  de  10.  De  là 
deux  sections  nommées  Pentaria  elDecaria 
(De  Candolle,  Prodr.y  III,  333). 

Les  plantes  comprises  dans  ce  genre  sont 
des  arbrisseaux  des  Antilles. 

MUS.  mam. — Nom  latin  du  genre  Rai. 
Voy.  ce  mot. 

MUSA,  bot.  ph.  —  Voy.  bananier. 

A1USACÉES.  Musaceœ.  bot.  ph.  —  Fa- 
mille [de  plantes  Monocotylédones  à  éta- 
mines  épigynes,  qui  a  été  établie  parA.-L.  de 
Jussieu  (Gênera,  p.  61  )  sous  les  noms  de 
Musœ,  Bananiers,  et  dont  la  circonscription 
a  été  conservée  telle  que  l'avait  tracée  notre 
célèbre  botaniste.  Quoique  peu  étendue, 
elle  offre  de  l'intérêt  à  cause  de  la  haute 
importance  de  quelques  uns  des  végétaux 
qu'elle  comprend.  Elle  secompose de  plantes 
herbacées  vivaces,  de  haute  taille,  rarement 
ligneuses,  et  dans  ce  cas  pourvues  d'un  stipe 
simple  ;  les  espèces  herbacées ,  qui  sont 
beaucoup  plus  nombreuses,  ont  en  guise  de 
tige  une  sorte  de  bulbe  très  allongé,  formé 
par  les  gaînes  des  feuilles  distinctes  ou  sou- 
dées entre  elles.  Les  feuilles  sont  alternes, 
à  pétiole  engainant  par  sa  base;  leur  lame 
est  enroulée  en  cornet  dans  la  jeunesse; 
elle  est  traversée  dans  sa  longueur  par  uns 
grosse  côte  médiane ,  des  deux  côtés  de  la- 
quelle partent  de  très  nombreuses  nervure* 

tu 


434 


MUS 


transversales  ou  obliques  ,  parallèles  entre 
elles.  Les  fleurs  sont  situées  à  l'aisselle  de 
grandes  bractées  ou  spathes,  qui  sont  elles- 
mêmes  alternes  ou  distiques  sur  des  pédon- 
cules radicaux  ou  axillaires  ;  elles  présen- 
tement: un  périanthe  coloré,  irrégulier,dont 
les  6  parties,  rangées  sur  deux  rangs,  restent 
libres  et  distinctes,  ou  se  soudent  entre 
elies  de  diverses  manières;  tantôt,  en  effet 
{Ravenala) ,  les  3  du  rang  externe  restent 
séparées,  les  2  du  rang  interne,  qui  sont 
placées  à  droite  et  à  gauche,  se  soudant  en 
une  seule  pièce  qui  semble  être  bifide  à  son 
extrémité,  et  tantôt  (Musa)  les  3  pièces  ex- 
térieures se  soudent  entre  elles  et  avec  les  2 
intérieures  latérales  en  une  seule  qui  paraît 
être  5-lobée  au  sommet,  tandis  que  la  troi- 
sième pièce  intérieure  reste  distincte  et  sé- 
parée ;  des  étamines  au  nombre  de  6  ou  seu- 
lement de  5,  par  Tavortement  de  la  sixième 
qui  aurait  été  située  devant  la  pièce  inté- 
rieure et  libre  dupérianthe;  un  ovaire  in- 
fère à  3  loges,  qui  renferment  chacune  de 
nombreux  ovules  fixés  le  long  de  l'angle 
central,  ou  un  seul  dressé  (Heliconia);  un 
style  unique  terminé  par  un  stigmate  à 
6  petits  lobes  obtus,  ou  à  3  divisions  li- 
néaires. Le  fruit  est  triloculuire,  tantôt 
charnu,  indéhiscent,  tantôt  dur  et  ligneux 
intérieurement,  presque  charnu  extérieure- 
ment; sa  déhiscence  est  septicide  (lre  tribu) 
ou  loculicide.  Les  graines  sont  quelquefois 
accompagnées  (Ravenala)  de  sortes  de  poils 
aplatis  en  membrane  déchirée  en  manière 
de  manchette,  remarquables  par  la  vivacité 
et  la  beauté  de  leur  couleur;  elles  présen- 
tent, dans  un  albumen  farineux-charnu,  un 
embryon  axile ,  orthotrope,  aiiongé,  dont 
l'extrémité  radiculaire  perce  l'albumen  et 
atteint  le  hile. 

Les  Musacées  ressemblent  beaucoup  aux 
Cannacées,  desquelles  elles  se  distinguent 
par  le  nombre  de  leurs  étamines  ;  elles  ont 
aussi  de  l'analogie  avec  les  Amaryllidées, 
desquelles  elles  s'éloignent  par  l'irrégula- 
rité de  leurs  fleurs,  par  la  disposition,  la 
nature  et  la  forme  de  leurs  bractées.  Elles 
sont  répandues  dans  les  deux  continents,  en 
majeure  partie  dans  leurs  régions  intertro- 
picales; l'une  de  leurs  tribus  (les  Hélico- 
niées)  appartient  à  l'Amérique,  l'autre  (les 
Uraniées)  à  l'ancien  continent.  Mais  la  cul- 
ture en  a  répandu  certaines  dans  toutes  les 


MUS 

contrées  chaudes  du  globe.  Ces  dernières, 
qui  comptert  parmi  les  végétaux  les  plus 
utiles  à  l'homme,  sont  des  Bananiers,  Musa 
paradisiaca  Linn.,  M.  Sapicntum  Linn.,  et 
M .  chinensis  ;  celle-ci  est  aujourd'hui  cultivée 
en  Europe,  dans  les  serres,  où  elle  fructifie 
très  bien,  et  où  sa  taille,  de  moitié  moins 
haute  que  celle  des  précédentes,  permet  de 
l'introduire  plus  commodément  que  les  deux 
premières.  Une  autre  plante  célèbre  de  la 
même  famille  est  le  Ravenala,  vulgaire* 
ment  connu  sous  le  nom  d'Arbre  du  voua* 
geur,  qui,  lorsqu'on  perce  la  base  de  se* 
feuilles,  laisse  couler  en  assez  grande  abon- 
dance de  l'eau  limpide  et  fraîche  amas- 
sée dans  leurs  gaînes.  Malheureusement  le 
merveilleux  de  ce  fait,  et  l'utilité  en  quel- 
que sorte  providentielle  qu'on  lui  avait  at- 
tribuée, s'évanouissent  devant  un  examen 
sérieux  ,  et  devant  cette  seule  considération 
que  le  Ravenala  habite  les  lieux  humides  et 
les  bords  des  cours  d'eau. 

Voici,  d'après  M.  Endlicher,  îe  tableau 
des  genres  de  Musacées  : 

Tribu  I.  Héliconiées.  Graines  solitaires 
dans  les  loges  du  fruit,  qui  est  capsulaire, 
à  déhiscence  septicide. 

Heliconia  ,  Linn.  (  Bihai ,  Plum.  ). 

Tribu  II.  Uraniées.  Graines  nombreuses 
dans  les  loges  du  fruit,  qui  est  charnu  ou 
capsulaire,  à  déhiscence  loculicide. 

JWusa,Tourn.;  Strelitzia,  Banks.  (  Heli- 
conia?, Gaertn.)  ;  Ravenala,  Adans.  (Ura- 
nia,  Schreb.  ).  (P.  D.) 

ÎWUSANGA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Artocarpées,  établi  par  Ch.  Smith 
(ex  R.  Brown  in  Tuckey  Congo,  434)  pour 
des  arbres  encore  peu  connus  de  l'Afrique 
occidentale. 

MUSARAIGNE.  Sorex.  mam.—  Ce  genre, 
l'un  des  plus  naturels  de  l'ordre  des  Car- 
nassiers Insectivores,  a  été  créé  par  Linné, 
adopté  par  tous  les  zoologistes ,  et  partagé, 
dans  ces  derniers  temps,  en  plusieurs  grou- 
pes distincts.  Les  principaux  caractères  des 
Musaraignes  sont  ainsi  résumés  par  les 
auteurs:  Le  système  dentaire,  d'après  Fr. 
Cuvier,  est  composé  de  trente  dents,  dix- 
huit  supérieures  et  douze  inférieures;  les 
premières  consistent  en  deux  incisives ,  très 
fortes,  crochues,  terminées  en  une  pointe 
renforcée  à  sa  base  ,  postérieurement, 
d'une  forte  dentelure;  seize  mâchelières, 


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435 


dont  dix  fausses  molaires  et  six  molaires 
vraies  ;   celles-ci ,    excepté   les   deux   der- 
nières, sont  composées    de  deux  prismes 
réunis  et  portés  par  une  base  large,  ayant 
un   tubercule   pointu  antérieurement,    et 
postérieurement  une  surface   aplatie;    la 
dernière  consiste  en  un  seul  prisme  :  les 
dents  inférieures  se  composent  de  deux  in- 
cisives fortes  ,  longues ,  crochues,  terminées 
en  pointe  et  couchées  en  avant,  et  de  dix 
mâchelières  ,    dont  quatre    fausses  molai- 
res et  six  molaires  ;   celles-ci  sont  formées 
de  deux  prismes   parallèles,  terminés  par 
trois  pointes  ,  excepté  la  dernière,  qui  est 
plus  petite  et  moins  développée  que  les  au- 
tres. Le  corps  des  Musaraignes  est  couvert 
de  poils  fins  et  courts.  Leur  tête  est  très 
allongée.  Les  pieds  ont  chacun  cinq  doigts 
bien   conformés,  et  étant  dans  les  mêmes 
rapports  avec  ceux  de  devant  qu'avec  ceux  de 
derrière:  le  pouce  est  le  plus  court;  vient 
ensuite  le  petit  doigt,  puis   l'analogue  de 
l'index, après  celui  de  l'annulaire,  et  enfin, 
le  moyen.  Chacun  de   ces  doigts  est  armé 
d'un  ongle  crochu,  comprimé  latéralement 
et  terminé  en  pointe.    La  plante  des  pieds 
et  la  paume  des  mains  sont  garnies  de  six 
tubercules,  deux  à  la  base  des  trois  plus 
grands  doigts,  un  à  la  base  du  pouce,  et 
deux  plus    en  arrière.   La  queue  est  plus 
ou  moins  longue,   tantôt  tétragone  ,  tan- 
tôt comprimée  dans  une  partie  de  sa   lon- 
gueur. Les  narines  se  prolongent  fort  au- 
delà  des  mâchoires  et  s'ouvrent  sur  les  côtés 
d'un  mufle  divisé,  dans  sa  partie  moyenne, 
par  un  profond  sillon.  L'oreille  est  grande, 
large,  arrondie;  ce  qui  la  rend  remarqua- 
ble, ce  sont  deux  opercules  qui  occupent 
presque  toute  la  largeur  de  la  conque.  L'œil, 
noir,  est  si  petit  qu'il  est  impossible  d'en 
distinguer  la   pupille;  les   paupières   sont 
fortes,    charnues,    épaisses  et  ciliées.  Les 
moustaches,  longues  et  nombreuses,  sont 
faibles.   Une  glande  sébacée  se  voit  sur  les 
flancs;  et  elle  est  entourée  de  soies  raides  et 
serrées ,  laissant  suinter  une  humeur  grasse, 
odoriférante.  Le  pelage  est  doux  et  épais  ; 
8a  longueur  est  à    peu  près  la   même  sur 
tout  le  corps  ;  mais  sur  le  museau  ,  la  queue 
et  les  quatre   pattes,  il  est  très  court;  il 
«e  compose   de   poils  laineux   et   de   poils 
«oyeux;  sa  couleur   est  d'un   gris  plus  ou 
moins  brunâtre,  mais  qui  change  de  teinte 


suivant  les  saisons ,  ce  qui  a  sûrement  con- 
duit à  multiplier  les  espèces. 

L'organisation  interne  des  Musaraignes  a 
été  étudiée  par  un  grand  nombre  de  zoolo- 
gistes ;  nous  devons  citer  particulièrement 
Daubenton  ,  Etienne  Geoffroy-Saint-Hilaire 
et  MM.  de  Blainville  et  Duvernoy,  dont  nou: 
analyserons  ici,  en  quelques  mots,  \t 
travaux  à  ce  sujet. 

M.  de  Blainville  a  surtout  étudié  le  sys- 
tème ostéologique  des  Musaraignes,  et  il  a 
pris  pour  type  le  Sorex  myosurus.  La  colon  no 
vertébrale  de  cet  animal  est  formée  d'un 
grand  nombre  de  vertèbres  ;  il  y  a  quatre 
céphaliques,  sept  cervicales,  quatorze  dor- 
sales, cinq  lombaires,  quatre  sacrées,  et  vingt 
coccygiennes.  La  tête  allongée,  étroite, 
presque  triquètre;  la  mâchoire  supérieure 
est  très  rapprochée  du  palatin  postérieur,  et 
elle  est  allongée;  l'inférieure  est  également 
très  étendue  dans  son  ensemble.  L'atlas  a 
une  apophyse  épineuse  inférieure  très  déve- 
loppée ,  les  apophyses  latérales  sont  grandes 
et  percées  d'un  seul  grand  trou  ;  l'axis  offre 
une  apophyse  épineuse,  large,  arrondie, 
assez  élevée;  la  dernière  cervicale  diffère  à 
peine  de  la  première  dorsale,  car  elle  n'a 
pas  plus  d'apophryse  épineuse  qu'elle.  Cette 
apophyse  devient  au  contraire  assez  marquée 
dans  les  autres  vertèbres  dorsales ,  surtout  à 
la  troisième  et  sur  les  dernières,  car  elle  s'é- 
largit en  s'incîinant,  comme  de  coutume, 
un  peu  en  avant.  Les  lombaires  sont  courtes 
et  assez  robustes.  Les  vertèbres  sacrées 
constituent  un  sacrum  très  comprimé,  dont 
les  apophyses  épineuses,  en  se  soudant,  for- 
ment une  crête  continue.  Les  coccygiennes 
n'ont  pas  d'apophyses  épineuses ,  et  leurs 
articulations  sont  assez  saillantes;  elles  dé- 
croissent assez  rapidement  en  diamètre. 
Les  côtes ,  au  nombre  de  quatorze ,  sont  un 
peu  courbées  en  dehors;  la  première  est 
plus  forte  et  plus  courte  que  les  autres.  Le 
sternum  a  six  sternèbres.  Dans  le  membre 
antérieur  l'omoplate  est  courte,  large,  ovale, 
arrondie  à  son  bord  antérieur;  la  clavicule, 
est  longue ,  grêle  ,  cylindrique  ,  arquée 
dans  un  seul  sens  et  dans  toute  son  éten- 
due; l'humérus  est  court  et  robuste,  et 
rappelle  un  peu  celui  des  Taupes,  quoique, 
toutefois,  il  soit  dans  la  forme  normale  ;  le 
radius  et  le  cubitus  sont  médiocres,  droits, 
serrés  l'un  contre  l'autre,  presque  égaux; 


436 


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la  main  est  fort  petite,  le  carpe  n'a  que 
trois  os  à  la  première  rangée  et  quatre  à  la 
seconde;  les  os  du  métacarpe  et  des  pha- 
langes ont  la  forme  normale.  Aux  membres 
postérieurs,  le  bassin  ne  s'articule  qu'avec 
deux  vertèbres  sacrées ,  et  il  est  libre  à  l'ex- 
trémité pubienne  ;  le  fémur  ,  le  tibia  et  le 
péroné' sont  constitués  comme  ceux  de  la 
Taupe;  les  os  du  pied  ressemblent  égale- 
ment à  ceux  de  ce  dernier  Insectivore,  mais 
ils  sont  un  peu  plus  allongés.  M.  de  Blain- 
ville  donne  ,  en  outre  ,  l'indication  des  dif- 
férences qu'il  a  remarquées  dans  plusieurs 
espèces  ,  les  Sorex  flavescens  ,  vulgaris  , 
brevicaudatus ,  etc.  ;  mais  nous  ne  croyons 
pas  devoir  en  parler  ici. 

Le  système  dentaire  des  Musaraignes  a 
été  étudié  par  plusieurs  zoologistes;  nous 
en  dirons  encore  quelques  mots  d'après 
M.  de  Blainville.  Le  nombre  total  des  dents 
varie  de  huit  à  dix  en  haut ,  et  n'est  jamais 
au-dessus  ni  au-dessous  de  six  en  bas  ,  et 
toujours  il  y  a  quatre  molaires  postérieures 
qui  ne  changent  pas,  et  qui  sont  fonda- 
mentales ,  comme  dans  tous  les  Insectivo- 
res,  en  sorte  que  la  diminution  dans  le 
nombre  total  et  la  variation  ne  portent 
que  sur  celles  que  l'on  a  nommées  inter- 
médiaires. L'espèce  type,  prise  par  M.  de 
Blainville  pour  la  description  du  système 
dentaires,  est  le  Sorex  vulgaris.  Dans  cet  In- 
sectivore il  y  a  dix  dents  en  haut  et  six  en 
bas;  mais  en  comptant  les  dentelures  des 
incisives,  on  trouverait  en  haut  :  trois  inci- 
sives ,  une  canine ,  huit  fausses  molaires  ; 
une  principale  et  trois  arrière-molaires;  et 
huit  en  bas ,  deux  ou  trois  incisives,  pas  de 
canines,  deux  avant-molaires  et  trois  mo- 
laires vraies.  Les  formes  et  la  disposition  de 
ces  dents,  la  couleur  de  leur  émail,  etc. , 
présentent  des  caractères  particuliers ,  dont 

I  on  s'est  servi ,  comme  nous  le  verrons  bien- 
tôt, tantôt  pour  former  des  genres  dans  la 
division  des  Musaraignes,  tantôt  pour  dis- 
tinguer simplement  des  espèces.  L'espace 
ne  nous  permet  pas  de  nous  étendre  davan- 
tage sur  ce  sujet  important  ;  nous  dirons 

\  seulement  quelques  mots,  d'après  M.  Du- 
vernoy,  relativement  à  la  formation  de  ces 
dents.  Dans  la  dentition  des  Musaraignes  , 
on  doit  remarquer  :  1°  que  l'accroisse- 
ment et  le  durcissement  des  dents  se  font 
à  la  place  qu'elles  doivent  occuper  toute 


la  vie  ,  et  non  dans  une  fosse  osseuse  d'où 
elles  seraient  poussées  en  dehors;  2"  qu'elles 
y  sont  d'abord  enveloppées  par  le  périoste 
des  os  auxquels  elles  doivent  adhérer  ; 
3°  que  leur  série,  ou  l'arcade  dentaire, 
fait  saillie  à  travers  cette  membrane,  de 
telle  manière  que  chaque  dent  y  dessine  une 
partie  de  sa  forme;  4°  que  lorsque  la  dent 
a  pris  son  principal  accroissement,  la  por- 
tion de  cette  membrane  qui  la  recouvre 
s'atrophie  et  tombe  ;  5°  que  les  os  auxquels 
les  dents  doivent  être  attachées  se  durcissent 
plus  tard  qu'elles;  6°  que  relativement  à 
leur  structure,  l'émail  forme  une  grande 
partie  de  la  substance  des  dents;  qu'elles 
manquent  de  racines  plus  longtemps  que 
cela  n'a  lieu  généralement;  mais  que  la  cou- 
ronne, celle  des  molaires  en  particulier, 
est  d'abord  appliquée  contre  un  léger  enfon- 
cement des  maxillaires  et  mandibulaires,  et 
finit  par  se  souder  à  ces  os,  soit  immédia- 
tement, et  peut-être  au  moyen  du  bulbe 
qui  s'ossifie ,  soit  par  une  pénétration  réci- 
proque. 

M.  Duvernoy  (Mém.  de  la  Soc.  du  Muséum 
d'hist.  nat.  de  Strasbourg ,  t.  II,  1837)  a 
étudié  avec  soin  l'anatomie  et  la  physiologie 
des  Musaraignes;  d'après  lui,  l'estomac  n'a 
proprement  qu'un  cul-de-sac,  le  cardiaque, 
qui  est  plus  ou  moins  développé  ,  et  dont  la 
forme  varie  suivant  qu'il  est  plus  ou  moins 
distendu  par  les  aliments.  Le  canal  intestinal 
est  dépourvu  de  cœcum.  Le  foie  a  cinq  lobes 
et  une  vésicule;  mais  la  proportion  et  la  si- 
tuation de  cette  vésicule,  les  formes  et  les 
proportions  de  ces  lobes,  varient  un  peu  d'une 
espèce  à  l'autre.  La  rate  est  énorme,  prisma- 
tique et  repliée  sur  elle-même  dans  le  Sorex 
indicus;  elle  est  plate,  un  peu  plus  large  en 
arrière  dans  les  S.  tetragonurus  et  Hermanni. 
Le  pancréas  est  énorme  dans  le  S.  Hermanni, 
et  il  s'étend  de  l'extrémité  postérieure  de  la 
rate  au  pylore  et  au  duodénum.  Les  organes 
génitaux  mâles  présentent ,  à  l'époque  du 
rut,  un  développement  extraordinaire;  d'é- 
normes testicules ,  pour  la  taille  des  Musa- 
raignes 5  sont  enfoncés  dans  l'aine.  Il  y  a 
de  plus  des  vésicules  séminales  très  com- 
pliquées ,  une  verge  très  longue  et  repliée  sur 
elle-même  dans  un  long  fourreau  dont  l'ori- 
fice est  immédiatement  au-devant  de  celui 
de  l'anus  et  compris  dans  le  même  sphinc- 
ter ;  les  branches  du  corps  caverneux  ,  qui 


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MUS 


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s'attachent  au  bassin ,  sont  plus  longues 
qu'à  l'ordinaire,  à  cause  de  l'écartement 
des  pubis.  Chez  les  femelles,  et  dans  le 
plus  grand  nombre  des  espèces,  notam- 
ment chez  les  Sorex  araneus  et  fodiens,  le 
vagin  est  très  long,  et  cette  longueur  fait 
que  le  corps  de  la  matrice  est  extrême- 
ment court,  porté  très  en  avant  dans  la 
cavité  abdominale,  hors  du  bassin  consé- 
quemment,  ainsi  que  les  cornes  dans  les- 
quelles il  se  divise  immédiatement;  dans  le 
Sorex  Hermanni,  au  contraire,  le  vagin  est 
court  et  l'utérus  se  divise  de  très  bonne 
heure  en  deux  larges  cornes ,  du  moins 
dans  un  état  de  gestation  très  avancée.  Les 
glandes  mammaires  sont  énormes;  elles  for- 
ment deux  paquets  très  considérables  qui  se 
joignent  sur  la  ligne  médiane  de  la  région 
abdominale  postérieure  et  du  pubis.  Chez 
ces  animaux ,  d'après  quelques  anatomistes , 
les  hémisphères  cérébraux  sont  petits  et  sans 
circonvolutions,  ce  qui  n'empêche  pas  que 
le  volume  de  l'encéphale  ne  soit  assez  consi- 
dérable, ainsi  qu'on  peut  en  juger  par  l'exa- 
men de  la  boîte  crânienne ,  qui  a  beaucoup 
de  longueur,  et  qui  est  même  assez  élar- 
gie dans  sa  portion  postérieure,  etc. 

Les  Musaraignes  ressemblent  beaucoup  , 
soit  par  leurs  formes  extérieures,  soit  par 
la  nature  et  les  couleurs  de  leur  pelage  , 
soit  même,  à  plusieurs  égards  ,  par  leur  or- 
ganisation intérieure,  aux  petites  espèces  du 
genre  Rat,  dont  on  les  distingue  d'ailleurs 
facilement  au  premier  coup  d'œil  par  la 
forme  allongée  de  la  tête,  par  leur  petite 
trompe  et  par  tous  les  caractères  qui  diffé- 
rencient un  Insectivore  d'un  Rongeur.  Les 
anciens  plaçaient,  du  reste,  les  Musarai- 
gnes avec  les  Rats ,  et  leur  dénomination 
provient  du  nom  de  l'espèce  type,  dési- 
gnée jadis  sous  le  nom  latin  de  Mus  araneus. 
Brisson,  d'après  Pline,  les  avait  désignés 
géncriquement  sous  la  même  dénomination 
de  Musaraneus ,  et  c'est  Linné  qui  leur  a 
appliqué  le  nom  de  Sorex,  qui  a  prévalu 
dans  la  science. 

Ces  Insectivores  sont  généralement  de  très 
petits  animaux  ;  en  effet,  le  plus  petit 
Mammifère  connu  est  le  Sorex  etruscus, 
l'une  des  espèces  de  ce  groupe.  Ils  sont 
presque  aveugles,  vivent  d'Insectes,  de 
Vers,  de  petite  proie,  et  habitent  solitaires 
des  trous  dans  la  terre  ou  dans  les  murail- 


les ,  d'où  ils  sortent  rarement  de  jour.  Les 
Musaraignes  vivent  près  de  nos  habita  lions,  el 
quelques  unes  se  trouvent  dans  nos  greniers. 
Plusieurs  espèces  vivent  dans  les  lieux  secs, 
d'autres  se  plaisent,  au  contraire,  dans  les 
prairies  humides  ou  sur  le  bord  des  fon- 
taines, et  on  les  voit  plonger  dans  l'eau 
pour  s'emparer  de  leur  proie.  La  plupart 
répandent,  et  surtout  à  l'époque  du  rut, 
une  odeur  qui,  dans  quelques  espèces,  ap- 
proche beaucoup  de  celle  du  musc,  et  pro- 
vient chez  eux  de  glandes  particulières  qui 
se  trouvent  sur  les  flancs.  C'est  à  tort  que 
l'on  a  dit  que  leur  morsure  était  venimeuse. 
L'histoire  zooclassique  du  groupe  des 
Musaraignes  présente  un  grand  intérêt  ; 
mais  nous  n'en  dirons  ici  que  quelques  mots, 
renvoyant  nos  lecteurs,  pour  plus  de  dé- 
tails ,  à  notre  article  insectivores.  Aristole 
désignait  les  Musaraignes  sous  le  nom  de 
Mygale,  Pline  leur  appliquait  le  nom  de 
Musaraneus;  un  assez  grand  nombre  d'au- 
teurs anciens  ,  ou  du  moyen-âge,  se  sont 
occupés  des  animaux  de  ce  groupe;  enfin  , 
parmi  les  modernes ,  on  doit  aussi  citer 
plusieurs  zoologistes  :  pour  nous  ,  nous  n'in- 
diquerons que  Daubenton  et  Buffon ,  qui 
en  ont  donné,  l'un  l'histoire  anatomique  et 
l'autre  l'histoire  zoologique  ,  dans  la  grande 
Histoire  naturelle  générale  et  particulière  , 
publiée  en  1760;  Hermann  et  Pallas,  qui 
augmentèrent  le  nombre  des  espèces;  Savi, 
Say,  M.  de  Selys-Longchamps,  qui  sui- 
virent la  même  voie;  et  enfin  les  travauf 
monographiques  ou  de  révision  de  ce  groupe, 
par  Etienne  Geoffroy  -  Saint  -  Hilaire  et  pa{ 
MM.  Vagler  (Class.  des  Mamm. ,  1830  ej 
1833),  Duvernoy  (Soc.  d'hist.  nat.  de  Slras*- 
bourg  ,  t.  II,  1837),  Jennys  (Mag.  of  zoolog. 
and  bolan.,  t.  II,  1837),  Nathusius  (  Ar- 
chives de  Wiegmann ,  1838),  de  Blainville 
(Ann.  d'anat.  et  de  phys.,  1838  ;  Osléogra- 
phie ,  fascicule  des  Insectivores ,  1843),  Is. 
Geoffroy-Sain t-Hilaire(i!/a#.  dezool.,  1840, 
Dict.  class.  article  Musaraigne),  etc. 

Le  genre  Musaraigne  doit  être  mis  au 
nombre  de  ceux  qu'on  désigne  sous  le  nom 
de  cosmopolites  ;  on  retrouve  les  espèces  qui 
le  composent  dans  toutes  les  parties  du 
monde  et  sous  presque  tous  les  climats  , 
et  on  devrait  même  admettre,  suivant  les 
naturalistes  américains  ,  que  quelques  es- 
pèces sont  communes  aux  deux  continent*. 


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On  en  a  rencontré  en  Europe ,  en  Afrique , 
dans  l'Inde  et  dans  l'Amérique  septentrio- 
nale; mais  c'est  surtout  en  France  et  en  Al- 
lemagne qu'on  en  a  découvert  le  plus  grand 
nombre. 

La  difficulté  de  se  procurer  ces  animaux, 
leur  petite  taille ,  leur  pelage ,  dont  les  cou- 
leurs varient  parfois  dans  la  même  espèce, 
suivant  les  âges,  les  saisons  et  les  sexes,  etc., 
ont  rendu  la  caractéristique  spécifique  très 
difficile;  aussi  les  naturalistes  ne  sont-ils  pas 
d'accord  sur  le  nombre  d'espèces  qu'on  doit 
placer  dans  ce  groupe.  Les  uns  n'en  recon- 
naissent qu'un  trop  petit  nombre,  et  d'au- 
tres, au  contraire,  en  admettent  peut-être 
trop.  Pour  nous,  nous  n'indiquerons  que  les 
espèces  les  mieux  connues. 

Quelques  Musaraignes  conservées  à  l'état 
de  momie  ont  été  trouvées  dans  les  nécro- 
polis des  anciens  Égyptiens,  et  la  raison 
qui  semble  avoir  déterminé  ce  peuple  à 
placer  la  Musaraigne  au  nombre  des  ani- 
maux sacrés,  c'est  que,  suivant  Antoine 
Liberalis,  Latone  avait  pris  la  forme  de  ce 
petit  animal  pour  échapper  aux  poursuites 
de  Typhon;  ou  bien,  d'après  Plutarque  , 
parce  que  cet  animal  ne  nuit  pas ,  et  que  , 
suivant  les  Égyptiens  ,  les  ténèbres  étaient 
plus  anciennes  que  la  lumière.  Parmi  les 
naturalistes,  Olivier  paraît  être  le  premier 
qui  ait  reconnu  les  restes  d'une  grande  es- 
pèce de  Musaraigne  au  nombre  des  momies 
égyptiennes;  depuis,  on  en  a  trouvé  plu- 
sieurs dans  les  anciens  tombeaux  ,  et  ce  fait 
est  tout-à-fait  acquis  à  la  science.  Mais  ce 
qui  ne  l'est  pas  autant,  c'est  de  savoir  si 
les  Musaraignes  momifiées  appartiennent  à 
des  espèces  distinctes,  ou  si  l'on  doit  les 
rapporter  à  une  espèce  (  Sorex  flavescens) 
qui  vit  encore  aujourd'hui  en  Egypte ,  et 
qui  s'y  trouve  même  communément.  Tou- 
tefois M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  avait 
rapporté  des  momies  de  Musaraigne  aux  So- 
rex myosurus  et  araneus,  et  il  avait  fait 
d'une  autre  momie  une  espèce  distincte  sous 
le  nom  de  Sorex  religiosus  ;  mais  ,  d'après 
MM.  Ehrenberg  et  de  Blainville,  il  paraî- 
trait que  les  Musaraignes  égyptiennes  mo- 
miGées  ne  seraient  très  probablement  que  le 
Sorex  flavescens ,  grande  espèce  d'Afrique  , 
que  l'on  rencontre  souvent  en  Egypte. 

Les  Musaraignes  ont  été  également  signa- 
lées à  l'eut  fossile.  G.  Cuvier,  le  premier, 


a  indiqué  des  débris  de  Musaraigne  dans  une 
brèche  osseuse  provenant  de  Sardaigne  ,  et 
M.  de  Blainville  rapporte  ces  débris  au  So- 
rex fodiens ,  ou  au  Sorex  remifer.  D'autres 
Musaraignes  fossiles  ont  été  signalées  par 
MM.  Wagner,  de  Scblotheim  ,  Billaudel ,  et 
surtout  par  M.  Schmerling.  Ce  dernier  zoo- 
logiste décrit  deux  crânes  presque  complets 
de  cet  Insectivore,  et  il  a  pu  les  rapporter 
avec  certitude  aux  Sorex  araneus  et  vulga- 
ris.  Enfin  M.  de  Blainville  signale  quelques 
débris  de  Musaraigne  trouvés  dans  les  dé- 
pôts de  Sansans  et  de  l'Auvergne. 

Après  ces  généralités  sur  le  groupe  natu- 
rel des  Musaraignes,  nous  allons  terminer 
cet  article  en  donnant  la  description  des 
principales  espèces,  et  nous  indiquerons  les 
diverses  divisions  qui  ont  été  proposées  par 
les  auteurs  :  toutefois,  nous  suivrons  prin- 
cipalement la  classification  donnée  par 
M.  Duvernoy. 

I.  Sofiex,  Duvernoy.  (Sorex ,  Auct.:  Croci- 
dura,  Wagler;  Suncus,  Hempr.  et  Ehr.; 
Myosorex  ?  Gray  ;  Pachyura  r  Selys.  ) 

Les  deux  incisives  intermédiaires  infé- 
rieures à  tranchant  simple,  et  les  deux  supé- 
rieures en  hameçon ,  c'est-à-dire  ayant  un 
talon  en  pointe  ;  les  trois  ou  quatre  pe- 
tites dents  qui  suivent,  à  la  mâchoire  supé- 
rieure, diminuant  rapidement  de  volume 
de  la  première  à  la  dernière;  aucune  dent 
n'est  colorée. 

Les  espèces  de  ce  groupe,  remarquables 
parleur  conque  auditive  développée,  décou- 
verte, nue  ou  très  peu  poilue,  sont  presque 
toutes  exclusivement  terrestres  ;  elles  se 
trouvent  en  Europe  et  dans  diverses  régions 
de  l'Afrique;  on  en  a  indiqué  une  espèce 
comme  appartenant  à  l'île  de  Java. 

La  Musaraigne  commune  ou  Musette  Buf- 
fon  (Hist.  nat.  gén.  et  part.,  t.  VIN,  pi.  10; 
Et.  Geoff.-St.-Hil.,4nn.  Muséum,  t.  XVII  ; 
Daubenton,  Hém.  de  l'Acad.  des  se,  1756, 
pi.  5,  fig.  2;  Vicq  d'Azyr,  Syst.  anat.  des 
anim.  ,  t.  III,  lrc  partie);  Sorex  araneus 
Schrebr.,  Aldrovande,  Duvernoy;  S.  rus- 
sulus  Zimmerman  ;  S.  pachyurus  Kuster; 
S.  inodurus  Savi  ;  S.  Gmelini ,  Guldensiei  et 
suaveolens?  Pallas;  S.  fimbriatus,  rnoscha- 
tus,  major,  rufus  et  poliogaster  Wagler; 
Crocidura  aranea  Selys,  etc.  La  longueur 
du  corps  et  de  la  tête  est  d'environ  0m,062, 


MUS 


MUS 


439 


et  celle  de  la  queue  de  0,035.  Le  pelage  est 
gris  en  dessus,  cendré  en  dessous;  dans  les 
parties  supérieures  du  corps,  la  pointe  des 
poils  étant  rousse,  leur  gris  y  prend  cette 
teinte,  et  le  cendré  des  parties  inférieures 
vient  de  ce  que  la  pointe  des  poils  y  est 
blanche.  Cette  espèce  présente  d'assez  nom- 
breuses variations  pour  la  couleur  de  la 
robe  ;  les  unes  sont  d'un  brun  assez  foncé, 
et  d'autres  au  contraire  présentent  une 
couleur  presque  blanche  :  telles  sont  les  va- 
riétés désignées  sous  les  dénominations  de 
S.  araneus  rufa  Wagler,  et  de  S.  araneus 
alba  Selys;  enfin  ,  chez  quelques  individus 
les  flancs  sont  dépouillés  et  présentent  un 
espace  nu,  déforme  elliptique  et  d'une  éten- 
due variable.  La  tête  est  un  peu  plus  courte 
et  plus  large  que  dans  le  S.  leucodon,  le  mu- 
seau est  moins  effilé  ;  les  oreilles  sont  nues, 
très  grandes,  arrondies;  les  dents  sont  d'un 
blanc  brillant  ;  les  moustaches  sont  très 
allongées;  la  queue,  longue,  grêle,  et 
comme  effilée  à  son  extrémité,  est  couverte 
de  poils  courts. 

La  Musette  habite  l'Europe  centrale  et 
méridionale  ;  on  la  trouve  assez  communé- 
ment dans  diverses  parties  de  la  France,  de 
l'Italie,  de  l'Allemagne,  etc.  Cette  espèce  se 
rencontre  ordinairement  dans  les  bois,  où  elle 
se  cache  dans  les  troncs  d'arbres,  les  creux 
de  rocher,  sous  les  feuilles,  etc.  L'hiver, 
elle  se  rapproche  en  général  des  habitations, 
et  vient  se  cacher  dans  les  écuries  ,  les 
granges,  les  cours  à  fumier,  etc.  La  croyance 
populaire,  suivant  laquelle  la  morsure  de 
cet  animal  serait  venimeuse  et  dangereuse 
pour  le  bétail,  est  fausse,  ainsi  qu'on  l'a 
démontré  d'une  manière  positive. 

2n  Musaraigne  ledcode,  Sorex  leucodon 
Ilerm.,  Duvernoy,Vicq  d'Azyr  (loco  cilalo), 
Et.  Gooff.-St.-Hil.  (loco  cilato)  ;  Crocidura 
leucodon  Selys,  Lesson.  La  longueur  de  la 
tête  et  du  corps  est  environ  de  0"\080  ,  et 
celle  de  la  queue  n'est  que  de  0,030.  Le 
pelage  des  animaux  de  cette  espèce,  pris  ré- 
cemment, est  noir  en  dessus  et  blanc  en 
dessous  et  sur  les  flancs  :  toutefois  les  ex- 
trémités des  poils  du  dos  sont  évidemment 
rousses,  et  celles  du  dessous  du  corps  et  des 
parties  latérales  du  ventre  et  de  la  tête  sont 
blanches;  mais  le  reste  de  la  longueur  de 
tous  les  poils  est  d'un  gris  foncé.  La  plupart 
des  poils  sont  courts;  toutefois  on  en  re- 


marque quelques  uns  qui,  au  contraire, 
sont  très  longs.  La  queue  est  assez  courte, 
aplatie.  Les  dents  sont  d'un  beau  blanc,  au 
moins  dans  le  jeune  âge,  car,  suivant  Et. 
Geoffroy-Saint-Hilaire ,  leur  pointe  brunit 
chez  les  adultes. 

Les  mœurs  de  cette  espèce  sont  peu  con- 
nues, et  doivent  être  semblables  à  celles  de 
la  Musette;  elle  se  trouve  aux  environs  de 
Strasbourg  et  dans  l'Allemagne  occiden- 
tale. 

3°  Musaraigne  ardoisée  ,  Sorex  cyaneus 
Duvernoy  (Mém.  de  la  soc.  du  Mus.  d'hist. 
nat.  de  Strasbourg,  t.  II,  1845) ,  Sorex  ca- 
pensoides?  Smith,  Crocidura  capensoides? 
Lesson.  Longueur  du  corps  et  de  la  tête, 
9  centimètres;  de  la  queue ,  5  à  6  centim. 
Le  pelage  est  d'un  gris  d'ardoise  uniforme 
en  dessus  et  sur  les  côtés  du  corps,  avec  une 
nuance  légèrement  plus  claire  en  dessous. 
Le  museau  est  effilé,  allongé,  et  terminé 
par  un  mufle  noir;  la  queue  est  très  grêle. 

L'individu- type  de  cette  espèce  a  été 
trouvé  sur  les  bords  de  la  rivière  des  Élé- 
phants, auprès  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

4°  Sorex  herpestes  Duvernoy  (loco  cilalo, 
idem),  Sorex  varius?  Smuts  (  Cap.  108), 
Myosorex  varius?  Gray ,  Lesson.  Pelage 
épais,  soyeux,  gris-brun  un  peu  mélangé  de 
gris  clair  en  dessus,  et  plus  clair  en  des- 
sous ;  conques  auditives  peu  saillantes  et 
couvertes  de  poils  sur  les  deux  faces  ;  queue 
grêle. 

Cette  espèce  habite  le  cap  de  Bonne- 
Espérance. 

5.  Musaraigne  blonde  ,  Sorex  fiavescens 
Isid.  Gcolîr.-Saint-Hilaire  (Dict.  claîs.,  t.  XI, 
1827),  S.  Olivieri  Less. ,  S.  cinnamomeus 
Lichst.,  Suncus  sacer  Hemp.  et  Ehr.  La 
longueur  de  la  tête  et  du  corps  est  de  12  cen- 
timètres, et  celle  de  la  queue  n'a  pas  plus  de 
3  centimètres.  Le  dessus  du  corps  et  de  la 
tête  e«t  d'un  blond  roussâtre  d'une  nuance 
agréable  à  l'œil,  et  qui  se  change  sur  la 
face  supérieure  de  la  queue  en  un  cendré 
roussâtre  très  clair.  Toutes  les  parties  infé- 
rieures du  corps ,  de  la  tête  et  de  la  queue, 
la  région  interne  et  la  partie  inférieure  des 
membres  tant  antérieurs  que  postérieurs, 
et  le  tour  de  la  bouche,  sont  d'un  blanc 
légèrement  cendré;  une  ligne  longitudinale 
brunâtre  se  voit  sur  le  chanfrein.  Les  dents 
sont  blanches,  ainsi  que  les  ongles.  Chez  les 


4*> 


3WUS 


MUS 


jeunes  sujets ,  les  couleurs  des  parties  supé- 
rieures sont  plus  foncées,  tandis  que  celles 
des  parties  inférieures  sont  au  contraire  plus 
claires. 

Cette  espèce  habite  la  Cafrerie,  le  pays 
des  Hottentots  et  presque  toute  l'Afrique 
équatoriale. 

6°  Sorex  crassicaudatus  Licbst.  (Darslel- 
lung  Wenec  oder  wenigk  kuaulet  Saugthier), 
Duvernoy,  S.  crassicaudatus  et  Suncus  sa- 
cer  Hem.  et  Ehr.  Dans  cette  espèce ,  que 
quelques  auteurs  réunissent  au  Sorex  fla- 
vescens ,  le  pelage  est  d'un  beau  gris  ar- 
genté ;  les  oreilles  sont  nues  e*.  décou- 
vertes ;  la  queue  ne  présente  que  des  poils 
rares. 

Elle  babite  l'Egypte. 

7°  Musaraigne  géante,  Sorex  giganteus 
Is.  Geoffr.-Saint-Hil.,  Duv.  Cette  espèce  a 
16  à  17  centimètres  de  l'extrémité  du  mu- 
seau à  l'origine  de  la  queue,  et  celle-ci  a  près 
de  10  centimètres,  c'est-à-dire  qu'elle  forme 
à  peu  près  les  deux  cinquièmes  de  la  lon- 
gueur totale,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  le  S. 
myosurus  ,  dans  lequel  le  corps  a  un  peu 
moins  de  11  centimètres,  et  la  queue  a 
environ  3  centimètres.  Son  pelage  est  d'un 
gris  brun  en  dessus.  Cette  espèce  a  été  con- 
fondue avec  le  Sorex  indicus  d'Et.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire,  et  n'est  pas  bien  connue  encore 
aujourd'hui. 

M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  rappor- 
tait à  cette  espèce  une  grande  Musaraigne 
découverte  à  l'état  de  momie  en  divers  lieux 
de  l'Egypte  par  Olivier  et  par  M.  Passalac- 
qua;  mais  il  paraît  certain,  d'après  les  tra- 
vaux de  MM.  Ehrenberg  et  de  Blainville,  que 
cet  animal  doit  être  rapporté  au  Sorex  fla- 
vescens. 

La  Musaraigne  géante  est  très  répandue 
dans  l'Inde;  on  la  trouve  communément 
dans  les  environs  de  Pondichéry,  où  elle  se 
rend  incommode  parl'odeurmusquée  qu'elle 
répand.  Cette  odeur  est  très  pénétrante,  et 
l'on  prétend  qu'elle  fait  fuir  les  Serpents. 
C'est  la  nuit  que  cette  Musaraigne  sort  de  sa 
retraite  et  qu'elle  fait  entendre  un  petit  cri 
aigu  que  l'on  rend  à  peu  près  par  la  syllabe 
îcociik;  cet  animal  a  reçu,  dans  la  langue 
malabare,  le  nom  de  Mandjourou. 

8°  Musaraigne  sacrée,  Sorex  religiosus 
Is.  Geoffr.-St.-Hil.  Cet  animal,  de  très  petite 
taille,  et  particulièrement  caractérisé  par  sa 


queue  très  longue,  presque  aussi  exactement 
carrée  que  dans  le  Sorex  remifer,  a  été  trouvé 
en  grand  nombre  dans  un  tombeau  de  la 
nécropolis  deThèbes,  et  M.  Isidore  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  en  avait  fait  une  espèce  dis- 
tincte sous  le  nom  que  nous  avons  indiqué 
plus  haut;  mais,  d'après  MM.  Ehrenberg  et 
de  Blainville,  etc.,  il  paraîtrait  que  ce  n'est 
autre  chose  que  le  jeune  âge  du  Sorex  fla- 
vescens  Is.  Geoffr. 

9°  Musaraigne  de  l'Inde  ,  Sorex  myosu- 
rus Pallas ,  S.  marinus  Linné ,  S.  avella- 
norum,  indicus  et  capensis  Et.  Geoffroy, 
S.  cœrulescens  Raf'fles  ,  S.  giganteus,  indi- 
cus ,  Sonnerati  et  serpentarius  Is.  Geoffroy. 
Cette  espèce  n'est  pas  encore  suffisamment 
connue,  et  les  travaux  des  zoologistes  voya- 
geurs devront  encore  éclaircir  son  histoire. 
Son  corps  a  14  centimètres  de  longueur  et 
sa  queue  4  centimètres.  Son  poil  est  par- 
tout extrêmement  court  et  d'un  gris  brun, 
teint  en  dessus  de  roussâtre,  parce  que  la 
pointe  de  chaque  poil  excède  cette  couleur; 
toutes  les  dents  sont  blanches;  la  queue  est 
ronde. 

Cette  Musaraigne  se  trouve  en  abondance 
dans  les  Indes  orientales  et  dans  quelques 
îles  de  POcéanie.  Elle  est  essentiellement 
terrestre  et  habite  les  champs,  d'où  elle  se 
répand  parfois  dans  les  maisons.  Elle  exhale 
une  odeur  musquée  très  forte. 

10°  Musaraigne  gracieuse,  Sorex  graci- 
lis  Blainv.  Dans  cette  espèce  ,  qui  provient 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  la  queue,  com- 
primée et  grise,  se  rapproche  pour  la  forme 
de  celle  du  Sorex  etruscus. 

11°  Musaraigne  de  Toscane  ,  Sorex  etrus- 
cus Savi ,  Crocidura  etrusca  Bonap.,  Pa- 
chyura  etrusca  Selys.  Cette  espèce,  la  plus 
petite  de  celles  d'Europe,  a  3  centimètres 
du  bout  du  museau  à  l'origine  de  la  queue, 
et  celle-ci  a  environ  5  à  6  centimètres  de 
long.  Son  pelage  est  brun-grisâtre  en  dessus 
et  grisâtre  en  dossous;  ses  oreilles  sont  gran- 
des ,  et  sa  queue  a  la  forme  de  celle  de  la 
Musette. 

Cette  espèce,  qui  se  trouve  assez  commu- 
nément en  Italie,  se  tient  ordinairement 
sous  les  racines  et  dans  les  troncs  des  vieux 
arbres,  dans  des  amas  de  paille  ou  de  feuil- 
les, et  dans  les  trous  des  digues.  Elle  se  plaît 
particulièrement,  pendant  l'hiver,  dans  les 
tas  de  fumier,  où  elle  trouve  à  la  fois  une 


MUS 


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nourriture  abondante  et  un  abri  contre  le 
froid. 

II.    Amphisorex,  Duvernoy,  Blainv.  (Sorex, 
Auct.  ;  Corsica,  Gray  ;  Blarina,  Gray,  etc.) 

Les  incisives  inférieures  à  tranchant  den- 
telé; les  supérieures  fourchues,  ayant  leur 
Salon  prolongé  au  niveau  de  leur  pointe;  les 
petites  dents  qui  les  unissent,  au  nombre  de 
cinq,  très  rarement  de  quatre,  colorées  pour 
la  plupart  à  leur  pointe  et  diminuant  gra- 
duellement de  la  première  à  la  dernière. 

Les  espèces  de  ce  groupe  sont  moins  ter- 
restres que  celles  de  la  division  précédente. 
On  en  connaît  un  assez  grand  nombre  qui 
se  trouvent  en  Europe  et  dans  l'Amérique 
septentrionale. 

12°  Musaraigne  carrelet  ,  Sorex  tetra- 
gonurus  Herm.  Duv. ,  S.  constrictus  ?  Et. 
Geoffr.,  S.  rhinolophus  ,  concinnus,  mela- 
nodon  Wagl. ,  Corsica  vulgaris  Gray,  etc. 
De  la  taille  de  la  Musette, à  queue  carrée, 
présentant  quatre  faces  séparées  par  des 
angles  très  prononcés ,  offrant  à  sa  partie 
inférieure  un  léger  sillon,  et  se  terminant 
tout-à-coup  en  une  pointe  fine,  ce  qui  l'a 
fait  comparer  à  l'aiguille  désignée  ordinai- 
rement sous  le  nom  de  carrelet.  Le  pelage 
est  ordinairement  noirâtre  en  dessus  et 
cendré-brun  en  dessous;  mais  le  noir  du 
dessus  du  corps  passe  parfois  au  brun  ,  et 
les  flancs  varient  du  brun  grisâtre  au  gris 
plus  clair. 

Cette  Musaraigne  a  les  mêmes  mœurs 
que  la  Musette  ;  on  la  trouve  dans  les  jardins 
et  dans  les  granges;  elle  a  été  rencontrée 
aux  environs  de  Strasbourg. 

13°  Musaraigne  plaron  Daub. ,  Sorex 
conslrictus  Herm.,  S.  canicalarius  Bechst. 
Et.  Geoffr.  On  doit  peut-être  rapporter  cette 
espèce  à  la  précédente  :  elle  est  la  taille  de  la 
Musette;  son  pelage  est  long  et  doux  au 
toucher,  noirâtre  dans  sa  plus  grande  lon- 
gueur et  roux  à  sa  pointe;  son  ventre  est 
grisâtre  et  sa  gorge  cendrée. 

Cette  espèce  a  été  prise  en  France  ,  au- 
près de  Strasbourg,  d'Abbevillc,  de  Char- 
tres, etc.:  d'après  Harlan,  elle  se  trouve- 
rait également  aux  États-Unis. 

iV  Musaraigne  alpine,  Sorex  alpinus 
Sihintz,  Duv.  %  Selys  ,  Corsica  alpina  Les- 
son.  Cette  espèce,  découverte  assez  récem- 
ment dans  les  Alpes,  est  particulièrement 
t.  vin. 


remarquable  par  la  disposition  de  son  sys- 
tème dentaire. 

1 5°  Musaraigne  très  petite  ,  Sorex  pyg- 
mœus  Laxman,  Pallas,  S.  minutus  Linné 
S.  minutissimus  Zimm. ,  S.  minimus  Et 
Geoff.,  S.  exilis  Gm. ,  S.  cœculiens  Laxm.? 
S.pumïlio  Wagler,  Corsira  pygmœa  Less^ 
Cette  espèce ,  qui  semble  véritablement  biet" 
distincte,  est  propre  à  la  Russie  centrale, h 
l'Allemagne  et  à  la  Prusse,  mais  elle  n'es 
pas  encore  assez  bien  connue  pour  que  nour 
la  décrivions. 

16°  Sorex  rusticus  Jennys,  S.  hibernicu 
Jennys.  On  désigne  ainsi  une  espèce  propre 
à  l'Irlande  et  à  la  Belgique. 

17°  Musaraigne  de  Forster,  Musarai- 
gne masquée  ,  Isid.  Gcoff.  ;  Sorex  Forsterl 
Richards,  S.  parvus  Say,  S.  personctlus 
Is.  Geoffr.,  S.  longirostris?,  Cooperi?,  Ri- 
chardsonii?  Bachm.,  Corsica  Forster i  Less. 
Cette  espèce,  qui  se  trouve  dans  les  États- 
Unis  d'Amérique  ,  a  à  peu  près  la  taille  de  la 
Musette  ;  elle  est  un  peu  plus  brune,  surtout 
à  la  partie  inférieure  du  dos,  sur  la  croupe 
et  sur  la  queue;  la  queue  est  d'un  brun 
foncé  en  dessus  et  d'un  blanc  roussàlre  en 
dessous,  et  terminée  par  d'assez  longs  poils 
d'un  brun  noirâtre;  le  dessous  du  corps  est 
d'une  couleur  cendrée. 

18°  Musaraigne  a  queue  courte,  Sorex 
brevicaudatus  Say,  S.  talpoides  Gapper, 
S.  Deliayhii? ,  carolinensis? ,  cwereus? , 
fimbripes  Bachm.,  Blarina  b revicauda  Gray, 
Lesson.  Plus  petite  que  la  Musette  ,  son 
pelage  est  en  dessus  d'un  noirâtre  plombé, 
et  en  dessous  d'une  nuance  plus  claire;  les 
pieds  sont  blancs;  la  queue  est  courte,  ro- 
buste, peu  velue,  renflée  légèrement  dans 
son  milieu  ,  déprimée,  et  à  peu  près  de  II 
longueur  des  pieds  postérieurs. 

Cette  espèce  se  trouve  aux  États-Unis  d'Ac 
mérique,  principalement  dans  la  province 
du  Missouri, 

III.  Hydrosorex ,  Duvernoy  (Sorex,  Auct.; 
Crossopus,  Wagler;  Pinalia,  Gray,  etc.) 

Incisives  inférieures  à  tranchant  simple, 
sans  dentelures  ;  les  incisives  supérieures  en 
hameçon,  les  deux  premières  petites  dents 
suivantes  égales ,  la  troisième  un  peu  plus 
petite,  la  quatrième  rudimen  taire;  la  pointe 
des  incisives  et  celle  des  molaires  un  peu 
colorée. 

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442 


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Les  espèces  de  ce  groupe  sont  plus  essen- 
tiellement aquatiques  que  celles  des  divi- 
sions précédentes;  elles  appartiennent  à 
l'Europe  et  au  nord  de  l'Amérique. 

19°  Musaraigne  d'eau,  Daub.  ;  IcGreber, 
Vicq  d'Azyr  ;  Musaraigne  de  Daubenton,  Et. 
Geoffr.  ;  Sorex  fodiens  Pallas,  Gm. ,  Flem., 
B!.,  Duv.  ;  Sorex  Daubentonii  Erxl.,  Et. 
Geoffr.  ;  S.  hydrophilus  Pallas,  S.  bicoior 
et  leucurus  Shaw  ,  S.  constrictus  Herm., 
S.  fluviatilis  Bechst.,  S.  stagnalis  Brehm., 
S.  musculus  et  psilurus  Wagler,  S.  canicu- 
latus Lynge,  S.  carinatus  Herm.,  etc.  Cette 
espèce  a  près  de  10  centimètres  de  long, 
sans  y  comprendre  la  queue,  qui  en  a  un 
peu  plus  de  5  ;  son  pelage  est  d'un  brun 
noirâtre  en  dessus,  d'un  blanc  légèrement 
gris-roussâtre  en  dessous  ,  et  ces  deux  cou- 
leurs ne  se  confondent  pas  l'une  avec  l'au- 
tre sur  les  flancs.  La  face  externe  des  cuisses 
et  des  bras,  et  la  croupe,  sont  de  la  même 
couleur  que  le  dos;  il  y  a  une  petite  tache 
blanche  entre  la  lèvre  et  l'œil;  la  queue 
offre  à  sa  face  inférieure  une  ligne  blanche 
très  distincte  et  formée  à  son  extrémité  d'as- 
sez longs  poils. 

On  connaît  diverses  variétés  de  la  Musa- 
raigne d'eau,  et  ces  variétés  ont  reçu  des  au- 
teurs des  noms  particuliers. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  presque  toute 
l'Europe.  On  la  rencontre  aux  environs  de 
Paris  ;  elle  vit  dans  les  ruisseaux  tranquilles, 
et  on  en  a  vu  un  individu  combattre  pen- 
dant plus  d'une  demi-heure  avec  une  Gre- 
nouille qu'il  avait  saisie  à  la  patte. 

C'est  à  cette  espèce  que  quelques  auteurs 
rapportent  la  Musaraigne  fossile  ,  trouvée 
dans  les  brèches  osseuses  de  la  Sardaigne  , 
et  qui  a  été  décrite  pour  la  première  fois 
par  G.  Cuvier. 

20°  Musaraigne  porte-rame  ,  Sorex  remi- 
fer  Et.  Geoffr. ,  Crossopus  ciliatus  Sow., 
S.  unicolor  Shaw,  S.  amphibiust  Brehm. 
Cette  espèce,  un  peu  plus  grande  que  la 
Musaraigne  d'eau,  est,  en  dessus,  d'un 
brun  très  foncé,  et,  en  dessous,  d'un  cendré 
foncé,  avec  la  gorge  claire,  légèrement  lavée 
de  roussâtre  ;  une  tache  blanc  roussâtre  se 
voit  près  de  l'oreille.  La  queue  est  exacte- 
ment carrée  dans  les  deux  premiers  tiers  de 
sa  longueur;  chaque  face  est  parfaitement 
plane ,  hors  celle  de  dessous,  qui  est  sillon- 
née; de  la  fin  de  ce  sillon  naît  dans  l'autre 


portion  une  carène  qui  se  prolonge  d'autant 
plus  en  dessous  que  la  queue  s'amincit  da- 
vantage ;  celle-ci  finit  par  être  comprimée  et 
tout-à-fait  plate,  en  sorte  qu'elle  rappelle 
assez  bien  dans  cet  état  la  forme  de  certains 
avirons  de  chaloupe. 

Cette  espèce  se  trouve  aux  environs  de 
Paris;  mais  on  la  rencontre  également  dans 
presque  toute  l'Europe,  en  France,  en  An- 
gleterre, en  Allemagne,  etc. 

21°  Musaraigne  d'Hermann,  Sorex  Her- 
manni  Duv.  Cette  espèce ,  décrite  récem- 
ment par  M.  Duvernoy  et  que  quelques  au- 
teurs réunissent  au  Sorex  fodiens,  a  été  trou- 
vée aux  environs  de  Strasbourg  et  en  Bavière. 
Elle  est  plus  petite  que  la  Musette;  son  pe- 
lage est  d'un  brun  tirant  sur  le  gris-noir  en 
dessus,  et,  en  dessous,  d'une  couleur  un  peu 
moins  foncée. 

22°  Sorex  paluslris  Richars. ,  Crossopus 
palustris  Less.,  Sorex  sur  in  amen  sis?  Schre- 
ber,  qui  se  trouve  dans  la  Guiane  hollan- 
daise ,  doit  probablement  entrer  dans  le 
même  groupe. 

Telles  sont  les  principales  espèces  du  genre 
Musaraigne  ;  nous  avons  cherché  à  en  don- 
ner une  liste  aussi  complète  que  possible; 
mais  nous  croyons  devoir  dire  que  quelques 
unes  des  espèces  que  nous  avons  décrites  ne 
sont  pas  encore  suffisamment  connues,  et  que 
nous  ayons  peut-être  fait  quelques  doubles 
emplois;  plusieurs  espèces  devront  probable- 
ment être  réunies  plus  tard.  D'un  autre 
côté,  quelques  auteurs  ont  donné  la  des- 
cription de  plusieurs  autres  espèces  encore 
moins  connues  que  celles  dont  nous  avons 
parlé,  et  qui  sont  peut-être  distinctes; 
nous  nous  bornerons  à  donner  ici  les  noms 
de  quelques  unes  d'entre  elles:  Sorex  pul- 
chellus  Lichst.  (  Russie  )  ;  Sorex  linealus  Et. 
G eoff.  (France);  Sorex  collaris  Et.  Geoffr. 
(Hollande);  Sorex  murinus  (Java);  Sorex 
exilis  (Sibérie),  etc. 

D'anciens  Sorex  des  auteurs  forment  au- 
jourd'hui les  types  de  genres  distincts;  tels 
sont  les  :  1°  Sorex  aquaticus,  type  du  genre 
Scalope;  2°  Sorex  cristatus,  type  du  genre 
Condylure  ;  3°  Sorex  auratus ,  type  du  g. 
Chrysochlore;  4°  Sorex  moschatus ,  type  du 
genre  Desman. 

Voy.  ces  divers  mots  et  l'article  insecti- 
vores. (E.  Desmarest.) 

MLSARAXEUS.    mam.  —  Nom    donné 


MUS 


MUS 


uz 


par  Brisson  au  genre  des  Musaraignes.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

MUSC.  mam.  —  Espèce  du  genre  Chevro- 
tain.  Voy.  ce  mot,  (E.  D.) 

MUSCA.  Ins.  —  Nom  latin  du  genre 
Mouche.  Voy.  ce  mot. 

MUSCADE,  bot.  ph.  —  Nom  de  la  graine 
du  Muscadier.  Voy.  ce  mot. 

MUSCADE,  moll. — Nom  vulgaire  et  mar* 
chand  de  la  Bulle  ampoule,  Bulla  ampulla. 

MUSCADIER.  Myrislicay  Lin.  (pupiaTi- 
«oç,  parfumé,  odorant),  bot.  ph.  —  Genre 
formant  le  type  de  la  petite  famille  des 
Myrisiicëes,  de  la  Diœcie-monadeiphie  dans 
le  système  de  Linné,  11  se  compose  d'arbres 
et  d'arbrisseaux  propres  aux  parties  chaudes 
de  l'Amérique ,  et  surtout  aux  îles  de  l'Asie 
tropicale,  qui,  par  leur  port  et  leur  aspect 
général ,  ressemblent  à  des  Lauriers.  Leurs 
feuilles  sont  alternes,  entières,  munies 
d'un  court  pétiole;  leurs  fleurs  sont  peu 
brillantes,  unisexuelles,  axillairesou  supra- 
axillaires,  très  rarement  terminales,  les 
femelles  le  plus  souvent  solitaires,  les  mâ- 
les réunies  en  petit  nombre  en  des  sortes  de 
corymbes  ou  de  panicules  pauciflores;  sous 
chacune  d'elles  se  trouve  une  petite  bractée 
en  forme  de  demi-cupule.  Leur  périanthe 
est  simple,  coloré,  urcéolé  ou  cylindrique, 
trifîde  à  son  extrémité;  les  étamines  des 
fleurs  mâles ,  au  nombre  de  6-15,  sont  sou- 
dées dans  toute  leur  longueur  en  une  co- 
lonne cylindracée;  dans  les  fleurs  femelles, 
on  ne  trouve  qu'un  ovaire  uniloculaire  à 
un  ou  rarement  deux  ovules  dressés,  mar- 
qué sur  chaque  côté  d'une  dépression  lon- 
gitudinale, terminé  par  un  stigmate  sessile 
échancré,  presque  bilobé.  A  ces  fleurs  suc- 
cède un  fruit  dont  le  péricarpe ,  épais , 
charnu,  renferme  une  seule  graine  à  test 
osseux ,  recouvert  d'une  enveloppe  acces- 
soire, incomplète,  en  réseau  charnu,  co- 
loré, qui,  dans  l'espèce  la  plus  connue, 
porte  le  nom  vulgaire  de  Macis ,  et  que 
les  botanistes  citent  habituellement  comme 
l'un  des  meilleurs  exemples  d'arillcs.  Con- 
trairement à  cette  manière  de  voir,  M.  Plan- 
chon  [Mém.  sur  les  vrais  et  les  faux  Arilles , 
p.  33)  ne  voit  dans  cette  enveloppe  acces- 
soire de  la  graine  des  Muscadiers  qu'une 
véritable  expansion  des  bords  de  l'exoslome 
de  la  graine  ou  un  faux  arille.  La  graine 
présente  un  albumen  volumineux,  ruminé, 


ou  pénétré  profondément  de  fentes  étroites, 
dans  lesquelles  s'introduit  le  tégument  in- 
terne qui  est  brun,  membraneux  et  très 
mince;  dans  la  partie  inférieure  de  cet  al- 
bumen est  logé  un  petit  embryon  à  radicule 
courte  et  obtuse,  à  cotylédons  étalés  et  on- 
dulés sur  leurs  bords.  Ce  genre  renferme 
une  espèce  intéressante,  au  sujet  de  laquelle 
nous  donnerons  quelques  détails  ,  que  nous 
emprunterons,  pour  la  plupart,  à  M.  Blume 
(Ramphia,  I,  p.  180,  pi.  53).  Cette  espèce 
est  la  suivante  : 

i .  Muscadier  aromatique  ,  Myrislica  fra- 
grans  Houtt.  (  M.  oflicinalis  Linn.  fil., 
M.  moschata  Thunb.,  M.  aromatica  Lam.). 
C'est  un  arbre  qui  atteint  de  10  à  13  mè- 
tres de  hauteur  ,  dont  les  branches  divari- 
quées,  épaisses  et  très  rameuses,  forment 
une  très  belle  cime  ovoïde  et  obtuse.  Son 
tronc  est  revêtu  d'une  écorce  peu  épaisse , 
noirâtre  et  légèrement  pointillée  à  l'exté- 
rieur, rougeâtre  à  l'intérieur,  peu  aroma- 
tique, de  même  que  les  feuilles,  de  la- 
quelle s'écoule,  par  incision,  un  suc  rou- 
geâtre qui  se  coagule  à  l'air  et  prend  une 
couleur  de  sang  noirâtre;  ses  jeunes  ra- 
meaux sont  grêles  et  glabres  ;  ses  feuilles 
sont  alternes,  pétiolées,  oblongues ,  acu- 
minées ,  aiguës  à  leur  base ,  d'un  vert  foncé 
et  luisantes  en  dessus ,  d'un  vert  grisâtre 
pâle  en  dessous,  glabres,  presque  coriaces. 
Les  fleurs  mâles  forment  une  petite  om- 
belle ordinairement  triflore  ,  tandis  que 
les  femelles  sont  solitaires;  les  unes  et  les 
autres  sont  portées  sur  des  pédoncules  axil- 
laires  ou  supra-axillaires;  elles  sont  blan- 
châtres ,  inodores  ,  longues  d'environ  1  cen- 
timètre, de  forme  ovoïde  ou  presque  globu- 
leuse; leur  périanthe  est  épais,  charnu, 
couvert,  de  même  que  le  pédoncule  et  l'o- 
vaire, d'un  duvet  rare  et  rude.  A  ces  fleurs 
succède  un  fruit  pendant,  de  la  grosseur 
d'une  petite  pêche,  obovoïde,  rétréci  à  sa 
base  en  un  court  pédoncule ,  marqué  de 
chaque  côté  d'un  sillon  longitudinal ,  pres- 
que glabre,  d'abord  vert  pâle,  puis  jau- 
nâtre ,  s'ouvrant  à  la  maturité  en  deux 
valves,  du  sommet  vers  la  base,  de  ma- 
nière à  laisser  voir  par  la  fente  la  graine 
vulgairement  connue  sous  le  nom  de  Noix- 
Muscade,  revêtue  de  son  macis;  celui-ci 
tient  à  la  fois  par  sa  base  au  bile  de  la 
graine  et  au  fond  du  péricarpe;  il  se  dirige 


444 


MUS 


de  la  base  vers  le  sommet  en  ramifications 
inégales  qui  se  subdivisent  à  leur  tour,  et 
il  forme  ainsi  une  sorte  de  réseau  à  larges 
mailles  irrégulières;  à  l'état  frais,  sa  sub- 
stance est  charnue,  flexible ,  d'un  rouge 
vif  et  luisant  ;  par  la  dessiccation  ,  elle  de- 
vient orangée,  fragile,  et  d'apparence  comme 
cornée.  La  graine  elle-même,  ou  la  Noix- 
Muscade,  est  ovoïde,  marquée  à  sa  surface 
de  sillons  réticulés  qui  correspondent  aux 
ramifications  du  macis;  son  lest  est  dur, 
osseux,  fragile,  brun-marron,  et  il  ren- 
ferme une  amande  qui  le  remplit  entière- 
ment. 

Le  Muscadier  est  une  des  possessions  les 
plus  précieuses  des  Hollandais.  Il  ne  croît 
spontanément  que  dans  celles  des  Moluques 
qui  forment  la  portion  sud-est  de  l'archipel 
et  sur  le  côté  de  l'île  de  Céram  ;  mais  il  s'est 
répandu  peu  à  peu  dans  toutes  ces  îles. 
Sa  culture  est  restreinte  à  trois  de  ces  îles 
qui  appartiennent  à  la  préfecture  de  Bandan, 
savoir:  Lonthor,  Bandan  Neyra  et  Way,  si^ 
tuées  autour  du  volcan  deGunung-Apie;  là 
ses  produits  atteignent  toute  leur  perfection, 
tandis  qu'ils  deviennent  de  qualité  plus  fai- 
ble à  mesure  qu'ils  proviennent  depays  plus 
éloignés  de  ces  parages.  Malgré  cette  particu- 
larité, la  culture  de  cet  arbre  a  été  tentée  en 
divers  pays,  sans  donner  cependant  jamais 
des  résultats  de  nature  à  porter  ombrage  au 
monopole  hollandais:  ainsi  elle  a  été  intro- 
duite de  bonne  heure  à  l'île  de  France  et  de 
là  à  Cayenne  ;  d'un  autre  côté,  les  Anglais  en 
ont  fait  des  plantations  considérables  soit  à 
Sumatra,  où,  en  1 820,  sir  T.  Rafles  en  possé- 
daitenviron  100,000  pieds,  dont  un  quart  en 
plein  rapport,  soit  au  Bengale.  Dans  les  îles  de 
Bandan,  les  plantations  de  Muscadiers  sont 
disposées  en  quinconces,  et  elles  sont  proté- 
gées contre  la  trop  grande  ardeur  du  soleil 
et  contre  les  vents  de  mer  par  de  grands  ar- 
bres plantés  dans  l'intervalle,  le  plus  souvent 
des  Canarium,  dont  on  enlève  les  branches 
inférieures  pour  laisser  circuler  l'air  plus  li- 
brement. L'arbre  commence  à  porter  à  cinq 
ou  six  ans;  mais  ses  produits  sont  faibles 
pendant  quatre  ou  cinq  ans.  Lorsqu'il  est  en 
plein  rapport,  on  obtient  annuellement  de 
chaque  pied  femelle  environ  5  kilogrammes 
de  noix  muscades,  et  1/2  kilogramme  de 
macis.  Pendant  presque  toute  l'année,  il 
porte  à  la  fois  des  fleurs  et  des  fruits.  Ceux-ci 


MUS 

n'atteignent  leur  maturité  qu'au  bout  de 
neuf  mois;  ils  fournissent  trois  récoltes  par 
an  :  la  première  et  la  plus  abondante  se  fait 
à  la  fin  de  juillet  ou  au  commencement 
d'août,  la  seconde  en  novembre,  la  troisième 
à  la  fin  de  mars  ou  au  commencement  d'a- 
vril. La  maturité  de  ces  fruits  se  reconnaît 
à  la  couleur  roussâtre  de  leur  péricarpe  qui 
commence  en  même  temps  à  s'ouvrir.  Aussi- 
tôt des  hommes  montent  sur  les  arbres,  cueil- 
lent les  fruits  et  les  jettent  à  terre;  d'autres 
les  ouvrent  sur-le-champ  et  en  retirent  la 
graine  en  rejetant  le  péricarpe.  On  détache 
ensuite  le  macis  qu'on  expose  au  soleil  pen- 
dant quelques  jours  pour  le  faire  sécher  en- 
tièrement ;  après  quoi  on  l'humecte  d'eau  de 
mer  pour  éviter  qu'il  ne  se  brise  en  mor- 
ceaux, et  on  l'introduit  dans  des  sacs  où  on 
le  presse  fortement  pour  l'expédier.  Quant 
aux  Muscades,  après  les  avoir  ainsi  dépouil- 
lées de  leur  macis,  on  les  expose  au  soleil 
pendant  trois  jours,  en  ayant  le  soin  de  les 
enfermer  tous  les  soirs,  après  quoi  on  achève 
de  les  sécher  à  la  fumée  pendant  trois  ou 
quatre  semaines;  on  brise  ensuite  leur  test 
pour  en  retirer  l'amande  qu'on  plonge  dans 
de  l'eau  de  chaux  dans  le  but  de  la  garantir  de 
la  pourriture,  qu'on  enferme  dans  des  ton- 
neaux préalablement  enduits  de  lait  de  chaux, 
et  qu'on  livre  ensuite  au  commerce  sous  le 
nom  de  Muscades.  D'après  les  documents  re- 
produits par  M.  Hooker  {Exot.  FI.,  II,  155), 
la  quantité  de  Muscades  qui  se  vend  annuel- 
lement en  Europe  s'élève  à  250,000  livres. 
Pour  éviter  que  le  prix  de  cette  substance 
ne  vienne  à  baisser,  lorsque  la  récolte  est 
très  abondante,  le  gouvernement  hollandais 
n'en  conserve  que  la  quantité  nécessaire  pour 
la  consommation  annuelle,  et  il  fait  brûler 
l'excédant. 

On  distingue  deux  variétés  principales  de 
Muscadiers  :  la  royale  et  la  verte.  La  pre- 
mière se  distingue  par  ses  noix  plus  grosses, 
que  leur  macis  déborde  au  sommet,  tandis 
qu'il  est  plus  court  qu'elles  dans  la  seconde. 
En  général,  les  bonnes  Muscades  sont  gros- 
ses ,  arrondies,  pesantes,  finement  marbrées 
et  de  couleur  gris-clair;  celles-là  sont  vul- 
gairement nommées  Muscades  femelles,  tan- 
dis qu'on  nomme  Muscades  mâles  ou  sau- 
vages celles  de  qualité  inférieure,  qui  sont 
plus  allongées,  plus  légères  et  plus  colorées. 
La  Muscade  et  son  macis  renferment  deux 


MUS 


MUS 


44S 


nuiles ,  dont  Tune,  fixe,  jaune,  d'une  odeur 
agréable,  en  consistance  de  suif,  s'obtient 
par  pression  dans  la  proportion  de  1/5,  ou 
même  quelquefois  de  1/3  :  elle  est  connue 
sous  le  nom  impropre  d'huile  de  Macis  ,  et 
sous  ceux  de  baume  ou  beurre  de  Muscade; 
l'autre,  volatile,  peu  abondante  (envi- 
ron 1/30),  s'obtient  par  distillation,  et  porte 
dans  le  commerce  le  nom  dliuile  de  Mus- 
cade. L'abondance  de  ces  deux  huiles  dans 
le  macis  le  rend  plus  aromatique  que  la 
noix  elle-même.  La  saveur  de  la  Muscade  est 
comparable  à  celle  de  la  Cannelle  et  du  Gi- 
rofle, aromatique,  chaude  et  comme  poi- 
vrée, surtout  celle  de  la  noix  même;  les 
fragments  de  celle-ci  se  fondent  dans  la 
bouche  eu  laissant  une  impression  très  du- 
rable, tandis  que  ceux  du  macis  s'y  ramol- 
lissent simplement  sans  se  fondre. 

La  Muscade  jouit  de  propriétés  toniques 
excitantes,  qui, jointes  à  sa  saveur  aroma- 
tique ,  en  font  un  des  condiments  les  plus 
habituels  et  les  plus  estimés.  Dans  les  cli- 
mats chauds,  elle  entre  dans  la  plupart  des 
mets,  souvent  même  dans  les  boissons.  Elle 
joue  aussi  un  rôle  important  dans  la  méde- 
cine indienne.  En  Europe,  quoiqu'on  l'in- 
troduise parfois  dans  quelques  préparations 
pharmaceutiques ,  elle  sert  surtout  comme 
condiment,  particulièrement  en  Angleterre, 
en  Hollande  et  en  Allemagne  ;  sous  ce  rap- 
port, on  la  place  immédiatement  après  la 
Vanille. 

L'espèce  de  Muscadier  qui  vient  de  nous 
occuper  n'est  pas  la  seule  dont  la  graine  et 
le  macis  soient  aromatiques  ;  quelques  au- 
tres se  distinguent  sous  le  même  rapport; 
celles  qui  s'en  rapprochent  le  plus  sont 
le  Myrislica  tubiflora  Blume  et  le  M.  lepi- 
dola  Blume,  qui  croissent  dans  la  Nouvelle- 
Guinée  et  dans  les  îles  voisines.  Quant  aux 
autres,  elles  ne  possèdent  qu'un  parfum  et 
des  propriétés  assez  faibles  pour  qu'il  ne  soit 
guère  possible  d'en  tirer  parti.      (P.  D.) 

*  MUSCAD1VOUES  (il/ uscade;  voro,  je 
mange),  ois.  —  Subdivision  des  Colombes, 
d'après  M.  Lesson  {Traité  d'ornithologie, 
1821).  (E.  D.) 

MUSCARDIN.  mam.  —Espèce  du  genre 
Loir  (voy.  cet  article).  M.  Kaup  (Enlw.  g. 
Ew.  Th.,  1829)  établit  avec  cette  espèce, 
et  sous  le  nom  de  Muscardinus ,  un  petit 
groupe  distinct.  (E.  D.) 


MUSCARI.  Muscari.  bot.  ph.  —  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Liliacées ,  de 
l'Hexandrie  monogynie  dans  le  système  de 
Linné.  Les  espèces  qui  le  composent  furent 
réunies  pour  la  première  fois  en  un  seul 
groupe  générique  par  Tournefort;  mais 
Linné,  ne  trouvant  pas  en  elles  de  carac- 
tères suffisants  pour  caractériser  un  genre 
distinct  et  séparé,  les  fit  entrer  dans  son 
groupe  très  vaguement  circonscrit  des  Hya- 
cinthes, et  les  auteurs  suivirent  son  exem- 
ple. Mais  dans  ces  derniers  temps  les  bota- 
nistes ont  rétabli  le  groupe  de  Tournefort, 
et  même  tout  récemment  M.  Kunth  a  cru 
trouver  dans  l'examen  de  ses  espèces  des 
motifs  suffisants  pour  le  partager  en  trois 
genres.  Nous  indiquerons  plus  loin  les  ca- 
ractères principaux  sur  lesquels  il  base  cette 
division.  Considéré  avec  la  circonscription 
que  lui  assignent  Tournefort,  Desfontaines, 
Endlicher,  le  genre  Muscari  comprend  des 
plantes  bulbeuses  qui  croissent  spontané- 
ment dans  l'Europe  moyenne  et  dans  le 
bassin  de  la  Méditerranée,  dont  les  fleurs 
forment  une  grappe  terminale  simple,  sou- 
vent terminée  par  une  sorte  de  houppe 
composée  de  fleurs  stériles  et  déformées. 
Les  fleurs  fertiles  présentent  :  un  périanthe 
coloré,  globuleux  ouoblong,  dont  le  limbe 
très  court  est  divisé  en  6  petits  lobes  ou 
dents;  6  étamines  incluses;  un  ovaire  à 
trois  loges  contenant  chacune  un  petit  nom- 
bre d'ovules  ,  surmonté  d'un  style  court, 
droit,  que  terminent  un  ou  trois  stigmates. 
Le  fruit  est  une  capsule  à  parois  membra- 
neuses ,  à  trois  angles  saillants  et  aigus  ,  et 
trois  loges  qui  renferment  chacune  2  grai- 
nes presque  globuleuses ,  revêtues  d'un  test 
crustacé  noir. 

M.  Kunth  (Enumer.,  IV)  a  restreint  consi- 
dérablement le  genre  Muscari ,  dans  lequel 
il  n'a  conservé  qu'une  seule  espèce,  le  M. 
ambrosiaceum  Mœnch  (  Hyacinthus  muscari 
Lin.),  espèce  cultivée  dans  les  jardinscomme 
plante  d'ornement;  parmi  toutes  les  autres 
qu'il  a  cru  devoir  en  détacher,  les  unes  lui 
ont  servi  à  former  le  genre  Botryanthus,  et 
les  outres  ont  été  reportées  dans  le  genre 
Bellevalia ,  Lapeyr. ,  dont  il  a  étendu  la  cir- 
conscription. Dans  ses  Botryanthus  se  trou- 
vent notre  Muscari  botryoides  qui  devient 
le  Botryanthus  vulgaris  Kunth  ,  et  notre 
M.  racemosum ,    qui  reçoit  le  nom  de  Ba- 


446 


MUS 


tryanthus  odorus  Kunth.  Parmi  ses  Belle- 
valia  se  trouve ,  outre  le  B.  appendiculata 
Lapeyr.  (B.  romana  Rchbch.,  Kunth  ,  Hya- 
cinthus  romanus  Lin.),  pour  lequel  Lapey- 
rouse  avait  proposé  ce  genre, notre  Mnscari 
comosum  Mill. ,  qui  devient  le  B.  comosa 
Kunth.  Les  caractères  par  lesquels  M.  Kunth 
distingue  ses  trois  genres  sont  presque  uni- 
quement tirés  de  la  forme  du  périanthe. 
Dans  son  genre  Muscari,  le  périanthe  est 
ovoïde,  un  peu  ventru ,  resserré  à  la  gorge, 
où  il  se  renfle  extérieurement  en  une  cou- 
ronne étalée ,  large ,  à  6  lobes ,  qui  entoure 
le  limbe;  celui-ci  est  très  court,  à  6  lobes 
courts,  d'abord  resserrés  et  fermant  la  gorge, 
plus  tard  dressés  et  recourbés,  dont  les  trois 
intérieurs  sont  plus  étroits  de  moitié.  Dans 
les  Botryanthus,  le  périanthe  est  ventru- 
campanule,  resserré  à  la  gorge,  à  limbe 
très  court,  6-parti;  enfin,  dans  les  Belle* 
valia,  il  est  campanule  ou  tubuleux,  angu- 
leux, non  resserré  à  la  gorge.  De  plus,  dans 
les  Muscari,  les  3  styles  sont  courts,  sou- 
dés jusque  près  de  leur  extrémité  qui  est 
libre,  arrondie  et  2-lobée  à  lobes  connivents; 
ils  sont  plus  ou  moins  soudés  et  inclus  chez 
les  Botryanlhus ,  terminés  par  3  stigmates 
obtus;  enfin,  chez  les  Bellevalia,  leur  sou- 
dure est  complète,  et  ils  forment  ainsi  un 
style  unique  en  apparence,  allongé,  droit, 
terminé  par  un  stigmate  entier,  obtus.  (P.  D.) 

*MUSCARINUS.  ois.—  Division  du  genre 
Perroquet,  suivant  M.  Lesson  ( Traité  d'or- 
nithologie, 1826).  (E.  D.) 

MUSCAT,  bot.  ph.  — Nom  d'une  variété 
de  Raisins. 

MUSCI.  bot.  cr. — Voy.  mousses. 

*MUSCICAFARA.  ois.  — Groupe  d'Oi- 
seaux de  l'Amérique  méridionale  formé  par 
M.  Alcide  d'Orbigny  pour  des  espèces  voisi- 
nes des  Gobe-Mouches,  Muscicapa.   (E.  D.) 

MUSCICAPA.  ois.— Nom  latin  du  genre 
Gobe-Mouche.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MUSCICAPIDÉES.  ois.  —  M.  Lesson 
{Histoire  naturelle  des  Oiseaux  pour  servir  de 
complément  à  Buffon)  donne  le  nom  de  il/ws- 
cicapidées  à  une  famille  d'Oiseaux  de  Tordre 
des  Passereaux  dentirostres ,  comprenant 
particulièrement  les  genres  Gobe-Mouche  et 
Moucherolle.  Voy.  ces  mots. 

Pour  M.  G.-R.  Gray  (  List,  of  gênera  or- 
nith.),  cette  division  des  Muscicapidées  est 
partagée  en  cinq  sous-familles  :  les  Quéru* 


MUS 

linées,  Ta3nioptérinées,  Tyranninées,  Tity- 
rianées  et  Muscicapinées.  Voy.  ces  divers 
mots  et  l'article  gobe-mouche.       (E.  D.) 

*  MUSCICAPINÉES.  ois.— Sous-famille 
d'Oiseaux  de  la  division  des  Muscicapidées, 
ordre  des  Passereaux  dentirostres,  créé  par 
M.  G.-R.  Gray  (List,  of  gênera  ornilh.),  et 
comprenant  principalement  le  grand  genre 
Gobe-Mouche.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MUSCIDES.  Muscides.  ins.— Tribu  d'In- 
sectes de  l'ordre  des  Diptères,  famille  des 
Athéricères,  établie  par  Latreille,  adoptée  par 
la  plupart  des  entomologistes,  et  ne  renfer- 
mant qu'une  partie  du  grand  genre  Musca 
de  Linné.  Les  principaux  caractères  des 
Muscides  sont  les  suivants,  d'après  Latreille  : 
Antennes  de  deux  ou  trois  articles,  le  plus 
souvent  de  trois,  le  dernier  en  forme  de 
palette,  inarticulé,  avec  une  soie  simple  ou 
plumeuse  sur  le  dos,  près  de  sa  base;  une 
trompe  très  distincte,  grande  ou  moyenne, 
membraneuse,  rétractile,  terminée  par  deux 
grandes  lèvres,  coudée,  retirée  entièrement, 
lorsqu'elle  est  en  repos,  dans  la  cavité  buc- 
cale, et  renfermant  dans  une  gouttière  su- 
périeure un  suçoir  de  deux  soies. 

Ces  Insectes  ont  la  tête  hémisphérique; 
leurs  yeux  sont  grands  et  à  réseaux,  et  l'on 
voit  entre  eux  et  au-dessus  du  front  trois 
petits  yeux  lisses  très  distincts;  le  front 
présente,  de  chaque  côté,  une  fossette  pour 
recevoir  les  antennes.  Ces  derniers  organes 
sont  le  plus  souvent  inclinés  et  plus  courts 
que  la  tête;  le  dernier  article,  qui  a  la 
forme  d'une  palette  de  figure  variée,  est 
ordinairement  plus  grand  que  les  autres; 
il  porte  près  de  son  articulation  une  soie  ou 
une  aigrette  dorsale.  Le  corselet  est  cylin- 
drique et  d'un  seul  segment  apparent.  Les 
ailes  sont  grandes,  horizontales.  Les  ba- 
lanciers sont  courts  avec  les  cuillerons  fort 
grands  dans  plusieurs  espèces.  Les  pattes  ont 
deux  crochets  et  deux  pelottes  dans  lesquel- 
les il  existe  un  organe  pneumatique  propre 
à  faire  le  vide,  et  permettant  à  ces  Diptères 
de  marcher  sur  les  corps  les  plus  polis  et 
dans  toutes  les  positions.  Les  jambes  sont 
presque  toujours  épineuses.  L'abdomen  est 
ovalaire,  triangulaire  ou  oblong  ;  quelque- 
fois cependant  il  est,  au  contraire,  cylindri- 
que ou  bien  aplati. 

Le  port  des  Muscides  est,  en  général,  le 
même  que  celui  de  la  Mouche  ordinaire.  Ces 


MUS 


MUS 


Ul 


Insectes  sont  répandus  avec  profusion  sur  la 
surface  du  globe  ;  on  les  voit  à  la  fois,  com- 
pagnes fidèles  des  plantes,  les  suivre  jus- 
qu'aux derniers  confins  de  la  végétation, 
chercher  la  vie  au  sein  de  leurs  corolles,  et 
en  même  temps  appelés  par  la  nature  à 
hâter  la  dissolution  des  êtres  organisés  qui 
ont  cessé  de  vivre,  en  plaçant  le  berceau  de 
leurs  larves  sur  ces  dépouilles.  L'espèce  d'u- 
niversalité que  leur  donne  cette  double  des- 
tination s'accorde  avec  cette  infinité  de  mo- 
difications qui  affectent  leurs  organes  et  les 
approprient  à  toute  la  diversité  de  leurs 
fonctions. 

Les  métamorphoses  des  Muscides  ont  été 
étudiées  avec  soin  et  n'ont  présenté  qu'un 
petit  nombre  de  particularités  dignes  d'être 
remarquées.  Cependant,  dans  la  Mouche  do- 
mestique, l'accouplement  n'a  pas  lieu  comme 
chez  les  autres  Diptères  ;  la  femelle,  au  lieu  de 
recevoir  l'organe  du  mâle,  introduit,  au  con- 
traire, dans  son  corps,  un  long  tube  charnu 
dans  une  fente  qu'il  a  au  derrière.  Ordinai- 
rement on  voit  les  mâles  s'élancer  sur  le  corps 
des  femelles  et  les  solliciter  à  l'accouplement; 
mais  il  n'a  lieu  que  lorsque  celles-ci  y  sont 
disposées;  on  voit  alors  ces  Insectes  joints 
ensemble  et  volant  ainsi  l'un  sur  l'autre. 
Les  femelles  déposent  leurs  œufs,  qui  sont 
en  général  très  petits  et  très  nombreux,  dans 
les  matières  animales  ou  végétales  en  putré- 
faction ;  une  seule  espèce  est  vivipare  et  par 
conséquent  pond  des  larves  toutes  formées. 
Les  larves  se  nourrissent  des  matières  dans 
lesquelles  les  œufs  ont  été  déposés;  celles 
qui  vivent  sur  la  chair  en  accélèrent  la  pu- 
tréfaction en  y  formant  un  grand  nombre 
de  cavités;  il  en  est  d'autres  qui  vivent  dans 
le  fumier,  dans  la  terre  grasse,  dans  quel- 
ques plantes,  etc.  Ces  larves  sont  apodes, 
allongées,  et  ordinairement  cylindriques; 
elles  sont  molles,  flexibles,  le  devant  de  leur 
:orps  est  pointu  et  conique,  et  leur  partie 
postérieure  est  grosse  et  arrondie  ;  leur  tête 
est  molle,  charnue,  garnie  de  deux  crochets 
écailleux;  sans  yeux,  et  ayant,  en  général, 
quatre  stigmates  ;  les  larves  ne  quittent  pas 
leur  peau  pour  se  métamorphoser  ;  cette  peau 
se  durcit,  devient  ccailleuse,  et  forme  le  co- 
con dans  lequel  la  nymphe  passe  un  certain 
temps  avant  de  se  transformer  en  Insecte 
ailé.  Cette  coque  est  d'une  couleur  brun- 
marron,  et  la  larve  y  séjourne  plus  ou  moins 


longtemps  suivant  que  la  saison  est  plus  ou 
moins  favorable  au  développement  de  l'In- 
secte. Lorsque  l'Insecte  parfait  veut  sortir  de 
sa  coque ,  il  la  brise  et  fait  sauter  avec  sa 
tête,  qui  se  gonfle  à  cet  effet,  une  portion 
de  cette  enveloppe;  à  sa  sortie,  l'Insecte  a 
les  ailes  plissées  >  chiffonnées,  et  si  courtes 
qu'elles  paraissent  être  des  moignons;  mais 
bientôt  elles  s'étendent,  deviennent  planes 
et  unies;  la  Muscide  les  agite  légèrement, 
elle  prend  son  essor,  voltige  dans  l'air,  et 
cherche  bientôt  à  remplir  les  fonctions  pour 
lesquelles  la  nature  l'a  créée. 

Quelques  espèces  de  Mouches,  et  par- 
ticulièrement la  Mouche  domestique,  sont 
sujettes  à  une  maladie  très  remarquable  et 
dont  on  ne  connaît  pas  la  cause  :  leur  ventre 
enfle  d'une  manière  considérable,  les  an- 
neaux du  corps  se  déboîtent,  et  les  pièces 
qui  les  recouvrent  s'éloignent  les  unes  des 
autres;  dans  cet  état,  leur  ventre  est  rem- 
pli d'une  matière  grasse,  onctueuse,  d'une 
couleur  blanche;  cette  matière  pénètre  la 
peau  et  s'accumule  sur  la  surface  du  corps. 
Les  Mouches  attaquées  de  cette  maladie  s'ac- 
crochent avec  leurs  pattes  sur  les  murailles 
et  dans  d'autres  lieux,  et  on  les  trouve  mor- 
tes dans  cet  état. 

Les  Insectes  de  cette  tribu  sont  très  nom- 
breux et  très  répandus;  quelques  uns  sont 
nuisibles  parle  tortqu'ilsfontàragriculture; 
mais  la  plupart  sont  seulement  incommodes 
par  la  persévérance  avec  laquelle  ils  s'atta- 
chent aux  parties  découvertes  de  notre  corps 
malgré  les  efforts  qu'on  fait  pour  les  chasser, 
et  par  la  crainte  que  nous  donnent  toujours 
leurs  œufs  pour  les  viandes  qu'on  est  obligé 
de  conserver  ou  de  servir  sur  nos  tables.  Un 
grand  nombre  de  moyens  de  destruction  sont 
mis  en  usage  dans  l'économie  domestique, 
et  ces  procédés  sont  tellement  connus  de 
tout  le  monde  que  nous  ne  croyons  pas  de- 
voir en  parler  ici. 

Un  groupe  naturel  aussi  nombreux  en  es- 
pèces que  celui  des  Muscides  a  dû  être  et  a 
été,  en  effet,  partagé  en  un  nombre  assez  con- 
sidérable de  divisions  et  de  genres  distincts. 
Fallen,  Meigen,  Latreille,  et  plus  récemment 
MM.  Robineau-DesvoidyetMacquart,sesont 
principalementoccupés  de  ce  sujet  important 
et  difficile.  Nous  dirons  quelques  mots  à 
l'article  myodaires^oi/.  ce  mot)  des  divisions 
proposées  par  M.  Robineau-DesYoidy,  et  nous 


44S 


MUS 


MUS 


terminerons  cet  article  en  exposant  la  clas- 
sification de  M.  Macquart  (Suites  à  Buffon, 
Diptères,  t.  II,  1835),  que  nous  suivons  dans 
ce  Dictionnaire. 

M.  Macquart  caractérise  ainsi  les  Musci- 
des (Musca  vartim,  Linné  ;  Muscidœ,  Latr., 
Meig.,FalI.;  Myodaires,  Rob.-Desv.):  Diptè- 
res à  antennes  à  style  ordinairement  dorsal  ; 
à  ailes  à  une  seule  cellule  sous-marginale; 
trois  postérieures  et  anale  courte. 

L'auteur  subdivise  cette  tribu  en  trois 
sections,  savoir: 

I.  Créophiles.  Antennes  à  style  ordinai- 
rement de  deux  ou  trois  articles;  ailes  à  pre- 
mière cellule  postérieure  à  peine  entr'ou- 
verte  ou  fermée;  cuillerons  grands.  Subdi- 
visée en  sept  sous-tribus:  1°  Tachynaires 
(genre  type  Tachina);  2°  Ocyptérées (Ocyp- 
tera  )  ;  3°  Gymaosomées  (  Gymnosoma  )  ; 
4°  BLasïermes  (  Phasia  )  ;  5°  Dexiaires 
(Dexia);  6°  Sarcophagiens  (Sarcophaga); 
et  7°  Muscles  (Musca). 

II.  Antiiomyzides.  Antennes  à  style  ordi- 
nairement d'un  seul  article  ;  ailes  à  première 
cellule  postérieure  ouverte;  cuillerons  mé- 
diocres, petits;  front  étroit  chez  les  mâles. 
Subdivisée  en  quinze  genres  dont  les  princi- 
paux sont  ceux  des  Aricia,  Lispa ,  Antho- 
myia,  etc. 

III.  Acalyptères.  Antennes  à  style  ordi- 
nairement d'un  seul  article  ;  ailes  à  première 
cellule  postérieure  ouverte;  cuillerons  rudi- 
mentaires  ou  nuls  ;  front  large  dans  les  deux 
sexes.  Subdivisée  en  dix-sept  sous-tribus,  sa- 
voir: 1°  Boîichocères  (genre  type  Sepedon); 
2°  ILoxocérides  (Loxocerà)  ;  3°  Cordylurides 
(Cordylura)',  4°Scatomyzides  (Scatophaga); 
5°  Psîlomydes  (Psilomyia)  ;  6o  Ortalidées 
(Orlalis)  ;  7°  Téphridites  (Tephritis)  ;  8°  Sep- 
sidées  (Sepsis)',  9°  I»eptopodites  (Micro- 
peza)  ;  10°  Thyréophorides  (Thyreophora)  ; 
41°  UHdïens  (Ulidia);  12°  Iiauxanides 
{Lauxania)',  13°  Hydromyzides  (Hydrellia); 
14°Fiophilides  (Piophila)  ;  15°  Sphaerocé- 
rides  (  Sphœrocera)  ;  16°  Hétéromyzides 
(Oscinis);  et  17°  Hypocères  (Plevra).  Voy. 
ces  divers  mots  et  les  articles  diptères,  myo- 

DAIRES    et   MOUCHE.  (E.    DESMAREST.) 

♦MUSCIEIVS,   Blanchard,  ins.  —  Voy. 

IIUSCIDES. 

*MUSCïES.  Musciœ.  ins.— M.  Macquart 
{Suites  à  Buffon,  Diptères,  t.  Il,  1835)  in- 
dique sous  ce  nom  une  sous-tribu  de  sa  sec- 


tion des  Créophiles,  tribu  des  Muscides,  or- 
dre des  Diptères,  et  il  lui  assigne  pour  ca- 
ractères :  Corpsassezlarge;frontnonsaillant, 
antennes  allongées;  style  ordinairement  plu- 
meux;  yeux  habituellement  contigus  chez  les 
mâles  ;  abdomen  arrondi  ou  ovalaire ,  pas  de 
soies  au  bord  des  segments;  tarses  à  pelot- 
tes  égales  dans  les  mâles  et  les  femelles  ;  pre- 
mière cellule  postérieure  des  ailes  entr'ou- 
verte. 

Cette  division,  qui  contient  îe  genre  prin- 
cipal, et  en  quelque  sorte  typique,  des  Dip- 
tères, celui  des  Mouches,  et  l'une  des  plus 
considérables  pour  le  nombre  des  espèces,  el 
elle  contient,  d'après  M.  Macquart,  les  gen- 
res suivants:  Stomoxe,  Hœmatodie,  Glaocine, 
Idie,  Rhinchomyie ,  Ochromyie,  Lucilie, 
Achias,  Culliphore,  Mouche,  Pallexie,  Mé- 
sembrine,  Curtonèvre.  Voy.  ces  divers  mots 
et  les  articles  diptères,  muscides  et  myodaires. 

(E.  D.) 

*MUSCIGRALLA.  ois.  —  Groupe  de 
Gobe-Mouches  d'après  MM.  Aie.  d'Orbigny  et 
deLafresnaye  (Mag.  de  zool.,  1836).  (E.D.) 

ML'SCINÉES.  bot.  en. — Voy.  mousses. 

MUSCÏPETA.  ois.— Nom  latin  du  groupe 
des  Moucherolles.  Voy.  ce  mot.     (E.  D.) 

♦MUSCIPHAGA  (musca,  mouche;  <p«- 
y»  ,  je  mange),  ois.  —  Groupe  de  Gobe-Mou- 
ches suivant  M.  Lesson  (  Traité  tfornithol., 
1831).  (E.  D.) 

*  MUSCIPHORÉES.  Musciphoreœ.  ins. 
—  M.  Robineau-Desvoidy  (Mémoires  des  sa- 
vants étrangers  de  V Académie  des  sciences  de 
Paris,  t.  Il)  indique  sous  ce  nom  une  famille 
de  Diptères,  de  son  ordre  des  Myodaires.  Ces 
Insectes  sont  assez  semblables  à  ceux  de  la 
tribu  desMalacosomes,  mais  ils  en  diffèrent 
par  la  forme  de  leurs  antennes  ;  ce  sont  des 
Diptères  de  petite  taille,  à  teintes  plus  ou 
moins  flavescentes,  étoilées,  et  qui  se  nour- 
rissent des  produits  de  la  décomposition  des 
animaux  et  des  végétaux. 

Quatre  tribus  forment  cette  famille  et  sont 
désignées  sous  les  noms  de  Dorinées,  Man- 
gomydes,  Gibbomydeset  Mycénides.  (E.D.) 

*  MUSCIPIPRA.  ois.  —  Subdivision  des 
Gobe-Mouches  d'après  M.  Lesson  (  Traité 
d'ornithol.,  1831).  (E.  D.) 

*  MUSCISAXICOEA.  ois.  — -  MM.  Aie. 
d'Orbigny  et  de  Lafresnaye  indiquent  sous 
ce  nom  un  petit  groupe  de  Fauvettes.  Voy. 
SYLVIE.  (E-    L)) 


MUS 


MUS 


449 


*MUSOTES.  bot.  foss.— Genre  de  Mous- 
ses fossiles  établi  par  M.  Bçongniart  (Prodr., 
p.  25),  qui  y  comprend  deux  espèces.  La 
première,  M.  Tournalii,  se  rapproche  parti- 
culièrement des  Hypnum;  elle  a  été  trou- 
vée par  M.  Tournai  dans  le  terrain  d'eau 
douce  gypseux  d'Armissan,  près  Narbonne. 
La  seconde  espèce,  M.  squamatus,  présente 
assez  de  rapports  avec  les  Sphagnum  et 
quelques  espèces  d'Hypnum  ;  elle  a  été 
trouvée  aux  environs  de  Paris. 

*MUSCIVORA.  ois. — Nom  appliqué  aux 
Gobe-Mouches  et  aux  Moucherolles.  (E.  D.) 

MUSCLES,  zool.  —  Voy.  myologie. 

MUSCULUS.  mam.— Nom  latin  de  la  Sou- 
ris, espèce  du  genre  Rat.  V.  ce  mot.   (E.  D.) 

* MUSCYL1  A.  ois.  —  M.  Lesson  indique 
ainsi  un  groupe  de  Gobe-Mouches.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

MUSEAU,  zool. — Nom  donné  au  prolon- 
gement des  mâchoires  dans  les  animaux.  On 
a  aussi  nommé  : 

Museau  de  brochet,  une  espèce  de  Croco- 
dile; 

Museau  allongé,  les  Poissons  connus  sous 
le  nom  de  Chelmons  ; 

Museau  pointu,  une  Raie  ;  etc. 

MUSETTE,  ois.  —  L'Alouette  cujelier 
porte  vulgairement  ce  nom. 

*MUSIDE^E.  mam.  —M.  Lesson  (Nouv. 
tabl.  du  Règ.  anim.  Mam. ,  1842  )  indique 
sous  ce  nom  îa  grande  famille  de  Rongeurs 
comprenant  l'ancien  genre  Rat  des  auteurs. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MUSIQUE,  moll.— On  a  donné  ce  nom 
à  plusieurs  espèces  de  Volutes  qui  présentent 
des  lignes  parallèles  dont  la  disposition  res- 
semble à  la  portée  sur  laquelle  sont  placées 
les  notes.  L'espèce  qui  porte  spécialement 
ce  nom  est  le  Voluta  musica.  On  a  aussi 
nommé  : 

Musique  de  Guinée,  le  Voluta  guinaica 
Lamk.  ; 

Musique  lisse,  le  Voluta  lœvigata  Lamk.; 

Musique  marbrée  et  Musique  rouge,  deux 
variétés  du  Voluta  musica  ; 

Musique  verte,  le  Voluta  polyzonalis. 

MUSMON  et  MUSIMON.  mam. —Ces 
noms  ont  été  appliqués  au  Mouflon  de 
Corse.  Voy.  l'art,  mouton.  (E.  D.) 

*MUSOCARPUM  (Musa,  bananier  ;  xap- 

*oç,  fruit),  bot.  foss.  —  Genre  de  Scita- 

minéps    fossiles    établi  par  M.  Brongniart 

T.  vin. -■-■ 


(Prodr.,  137),  qui  le  décrit  ainsi:  Fruit 
presque  cylindrique  ,  rétréci  insensible- 
ment à  sa  base  qui  paraît  avoir  été  con- 
tinue avec  le  pédoncule ,  à  6  côtes ,  et  ter- 
miné supérieurement  par  une  large  aréole 
hexagone,  dont  le  pourtour  est  formé  par  la 
cicatrice  d'unpérianthe  adhérent  ;  au  milieu 
de  cette  aréole  on  voit  la  trace  du  style.  Ce 
genre  renferme  deux  espèces  qui  font  partie 
des  terrains  houillers,  et  que  M.  Brongniart 
a  nommées  :  M.  prismalicum  et  difforme. 

(B.) 

MUSOPHAGE.  Musophaga.  ois.  —  Ce 
nom  a  été  appliqué  à  certains  Oiseaux  à 
cause  de  leur  appétit  pour  le  fruit  du  Ba- 
nanier :  du  reste ,  cette  dénomination  n'a 
pas  la  même  valeur  pour  tous  les  ornitho- 
logistes ;  les  uns  l'emploient  comme  nom 
de  section ,  les  autres  ne  s'en  servent  que 
pour  désigner  une  espèce  du  genre  Tou- 
raco.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MUSSA.  polyp. — Sous-genre  proposé  par 
M.  Oken  parmi  les  Caryophyllies. 

MUSS/ENDA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Rubiacées  -Cinchonacées-Gar- 
déniées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  241  ), 
et  dont  voici  les  principaux  caractères  :  Ca- 
lice à  tube  oblong-turbiné,  soudé  à  l'ovaire  ; 
limbe  supère,  à  5  divisions  ordinairement 
dressées,  aiguës  ;  l'une  des  divisions  exté- 
rieures quelquefois  prolongée  en  une  feuille 
pétiolée,  ample,  colorée.  Corolle  supère,  in- 
fundibuliforme,  à  gorge  villeuse,  à  limbe  5- 
parti.  Anthères  5,  sessiles ,  linéaires,  in- 
cluses ou  un  peu  saillantes.  Ovaire  infère, 
à  2  loges  pluri-ovulées.  Le  fruit  est  une 
baie  globuleuse,  dénudée  au  sommet,  bilo- 
culaire. 

Les  Mussœnda  sont  des  arbrisseaux  des 
régions  tropicales  de  l'ancien  continent,  à 
feuilles  opposées,  pétiolées  ,  villeuses  ou 
glabres  ;  à  stipules  placées  par  paire  de  cha- 
que côté  ,  libres  ou  soudées  à  la  base  ,  acu  - 
minées;  à  fleurs  terminales  disposées  en 
corymbes. 

De  Candolle,  qui  adopte  ce  genre  (Prodr., 
IV,  370),  en  répartit  les  espèces  dans  3  sec- 
tions qu'il  nomme  :  Belilla  :  un  lobe  du  ca- 
lice prolongé  en  feuille  très  grande,  pé- 
tiolée, réticulée,  bractéiforme  ;  Landia  : 
tous  les  lobes  du  calice  égaux  ou  à  peu 
près,  décidus;  Caanthc  :  lobes  du  calice 
égaux,  linéaires  ou  sétacés,  persistants.  (B.) 

57 


450 


MUS 


MUT 


*MUSSCI1IA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Campanulacées- 
Campanulées,  établi  par  Dumortier  (Com- 
ment, bot. ,   28  ).   Arbustes  des  Canaries. 

Voy.  CAMPANULACÉES. 

MUSSINIA,  Willd.  (Sp.,  III,  2263). 
bot.  pu.  — Syn.  de  Gazania,  Gœrtn. 

*MUSTELA.  mam.  —  Linné  (  Syst.  nat. , 
1735)  a  indiqué  sous  le  nom  de  Mustela 
un  genre  de  Carnassiers  Vermiformes  très 
nombreux  en  espèces,  et  partagé  en  plu- 
sieurs genres  par  les  auteurs,  qui  n'ont 
Jaissé  le  nom  de  Mustela  qu'aux  espèces  voi- 
sines de  la  Marte  (  voy.  ce  mot  ).  Les 
Mustela  de  Linné  sont  devenus  une  petite 
famille  distincte,  à  laquelle  on  a  appliqué 
les  noms  de  Mustélins  A. -G.  Desm.  ,  Mus- 
telidœ  et  Mustelinœ  Swains. ,  Mustelina 
Gray,  etc.,  et  à  laquelle  M.  de  Blainville 
a  restitué  (  Osléogr.,  fascicule  des  Muste- 
las)  le  nom  de  Mustela,  en  les  considérant 
tous  comme  ne  formant  qu'un  seul  grand 
genre. 

Les  Mustela  sont  des  Carnassiers  de  pe- 
tite taille  ,  à  corps  allongé  ,  plus  ou  moins 
vermiforme,  à  membres  ordinairement  peu 
élevés,  assez  distants,  plantigrades  ou  sub- 
digitigrades, et  dont  les  pieds  sont  pourvus 
de  cinq  doigts  à  tous  les  membres,  le  pouce 
évidemment  plus  petit  que  les  autres  doigts, 
avec  des  ongles  de  moins  en  moins  fouis- 
seurs ,  devenant  quelquefois  demi-rétrac- 
tiles  ;  dont  les  oreilles  sont  courtes  et  ar- 
rondies; dont  la  tête,  brève  à  la  face,  est 
plus  ou  moins  allongée,  et  surtout  déprimée 
au  crâne;  dont  le  système  dentaire  com- 
mence à  être  ordinairement  plus  carnassier 
que  celui  des  Subursi  en  général  ,  par  un 
moins  grand  nombre  de  dents  tubercu- 
leuses; dont  le  canal  intestinal,  pourvu 
d'une  paire  de  glandes  odoriférantes  à  sa 
terminaison  ,  est  entièrement  privé  de  cœ- 
cum;  dont  le  squelette  offre  à  peine  des 
rudiments  de  clavicules,  mais  constamment 
un  os  du  pénis  considérable  ;  et  dont  l'hu- 
mérus est  presque  toujours  percé  d'un  trou 
au  condyle  interne;  à  quoi  il  faut  ajouter 
que  le  système  de  coloration  est  constam- 
ment uniforme,  quoique  souvent  de  cou- 
leurs différentes  et  tranchées  en  dessus  et 
en  dessous ,  où  il  est  ordinairement  plus 
foncé,  et  que  les  moustaches  sont  assez  peu 
éveloppées, 


Les  groupes  admis  par  M.  de  Blainville 
dans  le  genre  Linnoen  des  Mustela  sont 
ceux  des  Moufettes,  Ratels  ,  Gloutons  ,  Mé- 
logales,  Zorillcs,  Grisons,  Putois,  .Varies, 
Loutres  et  Bassaris.    Voy.  ces  divers  mots. 

(E.  D.) 

*M€STELÏM,  MUSTELIKA,  MLS- 
TEUNIE  ,  MUSTÉLINS ,  etc.  mam.  — 
Voy.  le  mot  mcstela.  (E.  D.) 

MUSTELUS.  poiss.— Nom  scientifique  du 
genre  Émissole.  Voy.  ce  mot. 

*  MUTABILIA.  rept.  —  Division  des 
Reptiles  ,  d'après  Merrem  (  Tent.  syst. 
amph.,  1830).  (E.  D.) 

MUTEL.  moll, — Dénomination  employée 
par  Adanson  {Voy.  au  Sénégal,  p.  234) 
pour  désigner  une  coquille  dugenre  Iridine, 
encore  jeune.  (Duj.) 

MUTILLA.  ms.  —  Genre  de  la  famille 
desMutillides,  de  l'ordre  des  Hyménoptères, 
établi  par  Linné,  et  adopté  dans  tous  les 
ouvrages  avec  certaines  restrictions.  Les 
Mutilles,  dont  les  mandibules  sont  dentées 
et  les  antennes  sétacés,  sont  nombreuses  en 
espèces ,  dispersées  dans  les  diverses  ré- 
gions du  globe,  mais  toujours  plus  abon- 
dantes dans  ies  parties  tropicales.  Les  mâles 
des  Mutilles  sont  ailés,  tandis  que  les  fe- 
melles sont  aptères  et  souvent  assez  diffé- 
rentes de  couleurs,  ce  qui  a  amené  fré- 
quemment des  erreurs  dans  la  détermina- 
tion des  espèces.  On  rencontre  surtout  dans 
notre  pays  les  M.  europœa  Lin.,  M.  calva 
Fab.  (nigrita  Panz.  ),  et  M.  ephippium  Fab. 
(stellata  Panz.  ).  (Bl.) 

MUT1LLA1RES.  ins. —Synonyme  de  Mu- 
tillides. 

A1UTILLIDES .  Mutillidœ.  ins.  —  Fa- 
mille de  la  tribu  des  Sphégiens ,  de  l'ordre 
des  Hyménoptères,  caractérisée  surtout  par 
des  antennes  assez  épaisses  et  filiformes. 
Les  Mutilles  présentent  de  grandes  diffé- 
rences entre  les  deux  sexes;  les  mâles  sont 
pourvus  d'ailes ,  tandis  que  les  femelles 
sont  aptères.  On  connaît  très  peu  les  habi- 
tudes de  ces  Insectes,  qui  habitent  dans  les 
endroits  sablonneux,  les  femelles  courant 
dans  les  sentiers.  On  rencontre  les  Mutil- 
lides  dans  toutes  les  contrées  du  globe,  mais 
c'est  particulièrement  dans  les  régions  chau- 
des des  deux  hémisphères  qu'elles  se  trou- 
vent en  plus  grande  quantité. 

Voy.  pour  plus  de  détails,  relativement 


MUT 


MUT 


451 


aux   mœurs  et  à  l'organisation  de  ces  In- 
sectes ,  l'article  sphégiehs.  (Bl.) 
MUTILLIENS  et   MUTILLITES.   ns. 

—  Syn.  de  Mutillides. 

MUTIQUE.  Muticus.  zool.,  bot.— Se  dit, 
en  zoologie  et  en  botanique,  de  tout  organe 
qui  n'a  ni  pointes,  ni  piquants,  ni  arêtes. 

MUTISÏA.  bot.  pu. — Voy.  mutisie. 

MUTISÎACÉES.  Mutisiaceœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Composées,  ayant 
pour  type  le  genre  Mutisia.  Voy.  compo- 
sées. 

MUTISIA  STRUM,  Lessing  (inLinnœa, 
V  ,  265  ;  Synops. ,  103).  bot.  ph.  —  Voy. 

MUTISIE. 

MUTISIE.  Mulisia  (du  nom  du  botaniste 
américain  Mutis).  bot.  ph.  —  Genre  de 
plantes  de  la  famille  des  Composées  ,  sous- 
ordre  des  Labiatiflores,  tribu  des  Mutisia- 
cées ,  à  laquelle  il  donne  son  nom;  de  la 
Syngénésie  polygamie  superflue  dans  le  sys- 
tème de  Linné.  Les  plantes  qui  le  compo- 
sent sont  remarquables  dans  leur  famille, 
parce  que  la  plupart  d'entre  elles  forment 
des  arbrisseaux  grimpants  à  l'aide  de  vrilles 
formées  par  le  prolongement  de  la  côte  mé- 
diane de  leurs  feuilles.  Elles  croissent  toutes 
dans  l'Amérique  méridionale,  particulière- 
ment au  Pérou  etau  Chili.  Leurs  feuilles  sont 
alternes,  le  plus  souvent  pinnatiséquées 
au  point  d'avoir  été  souvent  décrites  comme 
pennées;  parfois  aussi  elles  sont  presque 
réduites  à  leur  côte  médiane,  des  deux  côtés 
de  laquelle  leur  limbe  ne  forme  qu'une 
étroite  bordure.  Leurs  fleurs  sont  purpu- 
rines, rosées,  ou  plus  rarement  jaunes;  les 
capitules,  solitaires  et  pédoncules,  sont 
formés  de  fleurs  de  deux  sortes  :  celles  du 
centre  ou  du  disque  hermaphrodites,  celles 
de  la  circonférence  femelles;  la  corolle  des 
unes  et  des  autres  est  bilabiée,  à  lèvre  ex- 
térieure tridentée  et  à  lèvre  intérieure  for- 
mée de  deux  lobes  linéaires  profondément 
séparés  ;  mais  dans  celles  de  la  circonfé- 
rence la  lèvre  extérieure  est  proportion- 
nellement beaucoup  plus  grande,  d'où  il 
résulte  que  le  capitule  entier  paraît  jusqu'à 
un  certain  point  radié.  L'involucre  est  formé 
de  plusieurs  séries  de  folioles,  dont  les  exté- 
rieures se  terminent,  dans  certaines  espè- 
ces, par  une  sorte  d'appendice.  Le  récep- 
tacle est  nu.  Dans  les  fleurs  du  disque;  les 
anthères  portent  inférieurement  deux  pro- 


longements allongés  ;  le  style  est  cylindracé, 
renflé  à  sa  base,  divisé  à  son  extrémité  en 
deux  branches  courtes.  Le  fruit  est  allongé  , 
glabre,  à  côtes  longitudinales,  surmonté 
d'une  aigrette  à  longues  paillettes  plumeu- 
ses,  égales  entre  elles  ,  soudées  en  anneau 
à  leur  base.  De  Candolle  décrit,  dans  son 
Prodromus  (VII,  pag.  4  et  suiv.),  27  espèces 
de  ce  genre. 

Cassini  avait  subdivisé  les  Mutisies  en 
trois  genres ,  qui  n'ont  été  admis  que  comme 
de  simples  sous-genres:  c'étaient  les  Mu- 
lisia, à  folioles  de  l'involucre  dépourvues 
d'appendices,  à  feuilles  pinnatiséquées,  ter- 
minées en  vrille  à  trois  branches;  les  Gua- 
riruma,  à  folioles  extérieures  et  moyennes 
de  l'involucre  finissant  en  appendice  étalé 
ou  réfléchi  ,  à  feuilles  longues  et  étroites  , 
seulement  dentées ,  terminées  en  vrille  sim- 
ple ;  les  Aplophyllum ,  à  folioles  de  l'invo- 
lucre non  appendiculées  et  à  feuilles  indi- 
vises. A  cette  division ,  Lessing  (  Synops. , 
p.  103  et  suiv.)  en  a  substitué  une  nouvelle 
dans  laquelle  ,  considérant  les  Mutisies 
comme  un  genre  unique,  il  les  divise  en 
cinq  sous-genres,  savoir  :  les Mutisia,  Lin.; 
Mutisiastrum  ,  Less.  ;  Guariruma  ,  Cass.  ; 
Holophyllum,  Less.;  Aplophyllum,  Cass. 
C'est  cette  division  qu'adopte  M.  Endlicher. 
Quant  à  De  Candolle,  il  partage  seulement 
les  Mutisies  en  trois  sections  d'après  la 
forme  et  la  nervation  de  leurs  feuilles ,  qui 
sont  pinnatiséquées  dans  la  première ,  à  ner- 
vures pennées  dans  la  seconde,  à  nervure 
unique  dans  la  troisième. 

Nous  nous  bornerons  à  signaler  ici  en 
quelques  mots  une  seule  espèce  de  Mutisie, 
la  Mutisie  élégante  ,  Mutisia  speciosa 
Hook.  {Bot.  mag.,  tab.  2705),  plante  du 
Brésil ,  que  Ton  cultive  aujourd'hui  en  serre 
chaude  comme  plante  d'ornement.  C'est  un 
arbuste  grimpant  à  tige  pentagone,  à  feuil- 
les pinnatiséquées,  pourvues  de  5  segments 
distants, elliptiques-oblongs,  aigus,  rétrécis 
à  la  base,  terminées  par  une  vrille  triflde. 
Son  capitule  de  fleurs  est  porté  sur  un  pé- 
doncule quatre  fois  plus  long  que  l'involucre, 
qui  a  lui-même  3-4  centimètres  de  long,  et 
dont  les  folioles  extérieures  sont  glabres, 
acuminées,  étalées  au  sommet.  Ses  fleurs 
sont  d'un  rouge  pourpre  vif.  Cette  plante  se 
multiplie  par  boutures  et  marcottes.  (P.  D). 

*MUTZIA.  annkl.— Synonyme  de  Chœto- 


452 


MYA 


31YG 


gaster  (nom  d'un  genre  de  Nais)  usité  par 
M.  Agassiz  et  par  M.  Vogt  {Annal,  nat.  hist., 
t.  XII,  1843).  Voy.  nais.  (P.  G.) 

MYA.  moll.  —  Voy.  mye. 

*MYACITES.  moll.— Dénomination  em- 
ployée par  Schlotheim  pour  désigner  plusieurs 
bivalves  fossiles  qui,  pour  la  plupart,  ont  été 
rapportés  aux  genres  Amphidesme,  Lutrai- 
re,  etc.  Cependant  M.  Brown  conserve  ce 
nom  à  des  fossiles  du  Muschelkalk  (M.  asser- 
culalus),  que  M.  Deshayes,  en  raison  de  leur 
forme,  rapporte  au  genre Pholadomye.  (Duj.) 

*MYADESTES  (f*«r«,  mouche  ;  Sio  ,  je 
combats),  ois.  — Groupe  de  Gobe-Mouches 
suivant  M.  Swainson  (  Nat .  libr.  ,1838). 

(E.  D.) 

MYAGRA.  ois. — Voy.  myiagra. 

MYAGRARIUS.  ois.—  Syn.  de  Myiagra. 

MYAGRUM  ( pvç,  souris;  à'ypa,  proie  ). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Cruci- 
fères, tribu  des  Isatidées,  établi  par  Tour- 
nefort  (Inst. ,  99  )  et  caractérisée  de  la  ma- 
nière suivante  :  Calice  à  4  folioles  égales. 
Corolle  à  4  pétales  hypogynes  entières , 
dépassant  un  peu  le  calice.  Étamines  6  , 
hypogynes,  tétradynames.  Ovaire  cylindri- 
que, à  une  seule  loge  uni  ou  bi-ovulée.  Style 
court,  conique;  stigmate  simple.  Le  fruit 
est  une  petite  silique  coriace,  indéhiscente, 
comprimée  au  sommet,  amincie  à  la  partie 
inférieure,  à  une  seule  loge  monosperme. 

Par  suite  des  démembrements  successifs 
que  ce  genre  a  subis  pour  la  création  de 
nouveaux  genres  (Camelina,  Rapistrum,  Nes- 
Ha,  etc.),  il  se  trouve  réduit  à  une  seule  es- 
pèce :  Myagrum  perfoliatum  Linn.  C'est  une 
herbe  annuelle  que  l'on  rencontre  fréquem- 
ment dans  les  champs  sablonneux  de  l'Eu- 
rope australe  et  orientale.  Les  feuilles  infé- 
rieures sont  amincies  en  un  long  pétiole,  et 
oblongues;  les  supérieures  sont  sessiles,  sa- 
gittées,  munies  à  leur  base  d'oreillettes  ai- 
guës ;  les  unes  et  les  autres  sont  très  entières 
ou  un  peu  dentées.  Les  fleurs,  petites  et  d'un 
jaune  pâle,  sont  disposées  en  grappes  allon- 
gées, supportées  par  de  courts  pédicelles.  (B.) 

MYAGRUM,  DC.  {Flor.  fr.,  3e  édit., 
IV,  717).  bot.  ph.  —Syn.  de  Camelina, 
Crantz. 

*MYAGRUS  (pvfcypéç,  qui  prend  les 
mouches),  ois.  —  M.  Boié  (  Isis,  1826  )  in- 
dique sous  ce  nom  un  groupe  de  Fauvettes. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 


MYAIRES.  moll.  —  Troisième  famille 
de  l'ordre  des  Enfermés  ,  le  quatrième 
des  Conchifères  Dimyaires.  Cette  famille, 
caractérisée  par  la  forme  de  la  coquille  bâil- 
lante, avec  une  dent  cardinale  et  un  liga- 
ment interne,  ne  comprend  que  les  genres 
Mye  et  Corbule.  Elle  diffère  de  toutes  les 
autres  familles  du  même  ordre  par  ces  ca- 
ractères réunis  (voy.  mollusques).  Lamarck 
avait  composé  d'abord  tout  différemment  sa 
famille  des  Myaires ,  en  y  rapportant  les 
genres  Panopée  et  Anatine;  plus  tard  il  ne 
rangea  avec  les  Myes  que  le  seul  genre 
Anatine,  qui  a  dû  être  reporté  avec  les 
Ostéodesmés ,  d'après  la  considération  de 
l'osselet  de  son  ligament,  de  même  que  les 
Panopées  ont  été  rapprochées  des  Solens. 
D'autre  part,  il  rangeait  les  Corbules  avec 
les  Pandores  dans  une  famille  qui  a  dû  se 
réduire  au  seul  genre  Pandore,  et,  d'après 
cela,  changer  son  nom  de  Corbulées  en  celui 
de  Pandorées.  Cuvier  n'avait  point  adopté 
la  famille  des  Myaires  ,  mais  il  rangeait 
dans  sa  famille  des  Enfermés,  comme  au- 
tant de  sous-genres,  les  Myes,  les  Anatines, 
les  Lutraires,  les  Glycimères,  les  Panopées 
et  les  Pandores,  auxquels  il  ajouta  plus  tard 
les  Solemyes.  Férussac,  au  contraire,  admit 
la  famille  des  Myaires  de  Lamarck  en  y 
comprenant  les  deux  genres  Lutraire  et  So- 
lemye,  dont  l'un  aujourd'hui  fait  partie  de 
la  famille  des  Mactracées,  et  l'autre  est  le 
type  d'une  famille  particulière.  Ainsi  la  ca- 
ractéristique donnée  précédemment  à  cette 
famille  doit  être  modifiée,  et  la  dent  pliëe 
en  forme  de  V  suffit  pour  en  éloigner  les 
Lutraires.  (Duj.) 

*MYAS  (p.\îa£,  moule,  sorte  de  coquille). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Çarabiques,  tribu  des  Féroniens, 
proposé  par  Ziegler  et  publié  par  Dejeau 
(Species  général  des  Coléoptères,  III,  423). 
Deux  espèces  sont  rapportées  à  ce  genre  :  les 
M.  Chalybeus  Ziegler,  Palliardi,  et  Coraci- 
nus  Say  (cyanescens  Dej.).  La  première  est 
originaire  de  Hongrie,  et  la  seconde  des  États-  j 
Unis.  (C.) 

*MYCARANTHES,  Bl.  (Bijdr.,  332, 
fig.  57).  bot.  ph.  — Syn.  de  Mycaridan- 
thés,  Bl. 

*MYCARÏDANTHES  (jxvxYjpoç,  amandierl 
ou  noyer  ;  âvOoç,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Orchidées-Dendrobiées,  éta- 


MYC 


MYC 


453 


bli  par  Blume  (FI.  Jav.  prœf. ,  p.  VII  ). 
Herbes  croissant  sur  les  arbres  et  les  ro- 
chers de  l'île  de  Java.   Voy.  orchidées. 

MYCEDIl]M(p.uxvîç,  champignon),  polyp. 
— Dénomination  employée  parHill  et  Brown 
pour  désigner  un  groupe  de  Polypiers  Iamel  • 
lifères  reportés  aujourd'hui  dans  les  genres 
Méandrine,  Pavone  et  Monticulaire.     (Duj.) 

MYCELIS,  Cass.  (in  Dict.  se.  naL  , 
XXXIII,  483).  bot.  ph.  —  Voy.  phoenico- 
pus. 

MYCELIUM,  bot.  cr.  —  Voy.  agaric  et 

MYCOLOGIE. 

MYGENA.  bot.  cr.  —  Sous-genre  établi 
dans  le  genre  Agaric.  Voy.  ce  mot. 

*MYCETjEA  (fxvxvjç,  champignon;  xd- 
vw,  se  diriger  vers),  ins. — Genre  de  Coléop- 
tères tétramères,  famille  des  Engides,  attri- 
bué à  Kirby.  Le  type  est  désigné  comme 
originaire  du  Caucase,  mais  il  nous  est  tota- 
lement inconnu.  (C.) 

MYCETES.  mam.— Nom  générique  donné 
par  Illiger  aux  Alouates  ou  Singes  hurleurs, 
précédemment  distingués  par  Et.  Geoffroy  - 
Saint-Hilaire  sous  le  nom  de  Stentor.  Voy. 
l'article  hurleur.  (E.  D.) 

*MYCETINA.  mam.  —  Division  formée 
parmi  les  Singes  platyrrhiniens  par  M.  Gray 
(Ann.  of  Phil.y  XXVI,  1825),  et  comprenant 
particulièrement  le  genre  des  Hurleurs.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

MYCETOBÏA  0*vxyj;,  champignon  ;  6^, 
vie),  ms. — Genre  de  l'ordre  des  Diptères  Né- 
mocères,  tribu  des  Tipulaires  fongivores, 
établi  par  Meigen  pour  de  petits  Insectes  qui, 
à  leur  premier  état,  vivent  dans  les  Cham- 
pignons. 

MYCÉTOBIES  ou  FONGIVORES.  ins. 
— Nom  donné  par  Duméril  à  un  famille  de 
Coléoptères  hétéromères,  qui  correspond  à  la 
tribu  des  Taxicornes  de  Latreille.        (C.) 

MYCETOCIIARA  ou  MYCETOCHA- 
RES  (  fxux/jç  ,  champignon  ;  ^oîptç  ,  qui 
airne  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères, famille  des  Sténélytres,  tribu  des 
Cistélites,  créé  par  Latreille  (Histoire  natu- 
relle des  Crustacés  et  des  Insectes,  t.  X,  p.  348). 
Treize  espèces  font  partie  de  ce  genre  : 
dix  sont  originaires  d'Europe,  et  trois  d'A- 
mérique (États-Unis).  Nous  citerons,  comme 
en  faisant  partie,  les  M.  fiavipes,  humera-lis 
et  obscura  (Parnus)  de  F.,  axillaris  Pk.,  et 
barbala  de  Latr.  Ces  Insectes,  très  grêles, 


sont  crépusculaires  ou  nocturnes,  et  on 
les  voit  se  disperser  en  grand  nombre  sous 
les  feuilles  ou  dans  les  fissures  des  vieux  ar- 
bres, lors  de  l'apparition  du  soleil.  Le  nom 
de  Mycetophila ,  que  leur  avait  donné  Gyl- 
lenhal  a  dû  être  rejeté,  comme  ayant  déjà 
été  employé  pour  un  genre  d'un  autre  ordre. 

(C) 

*  MYCETOGLOSSUS  (  ^ç ,  muco- 
sité; y\Ôi<j7a,  langue),  rept.  —  M.  Agassiz 
(Nomencl.  zool.,  fasciculi  V  et  VI,  1842) 
indique  sous  ce  nom  un  genre  de  Reptiles 
qu'il  attribue  à  M.  Bibron ,  mais  il  ne  dit 
pas  à  quelle  famille  on  doit  le  rapporter. 

(E.  D.) 

MYCÉTOLOGIE.  bot.  cr.  —  Synon.  de 
Mycologie.  Voy.  ce  mot. 

*MYCETOMA  (^vx-nç,  champignon  ;  to{a*î, 
coupure),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  hé- 
téromères, famille  des  Sténélytres,  tribu  des 
Serropalpides  ,  formé  par  Zieglcr  et  adopté 
par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit.,  p.  223).  Le 
type,  M.  scutellare  Pz.  (Dryops)  a  été  trouvé 
dans  les  parties  montueuses  de  la  France, 
de  l'Allemagne  et  de  la  Hongrie.         (C.) 

MYCÉTOPHAGITES.  Mycetophagites. 
ins. — Groupe  ou  tribu  de  Coléoptères,  de  la 
famille  des  Xylophages,  établi  par  Laporte  de 
Castelnau  (Hist.  natur.  des  anim.  articulés, 
t.  III,  p.  379),  et  qui  a  pour  caractères  :  An- 
tennes de  onze  articles,  guère  plus  longues 
que  la  tête,  insérées  sous  les  bords  et  termi- 
nées en  une  massue  perfoliée  de  trois  articles. 
Genres  :  Colydium,  Mycetophagus,  Triphyl- 
lus,  Meryx,  Psammachus,  Latridius  et  Syl- 
vanus.  (C.) 

MYCETOPHAGUS  (fAv'xvjç,  champignon  ; 
«payeiv,  manger),  ins.— Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Xylophages,  tribu 
des  Mycetophagites,  créé  par  Fabricius  (Sys- 
tema  Eleuth.,p.  565)  et  généralement  adopté 
depuis.  Onze  espèces  rentrent  dans  ce  genre  : 
sept  appartiennent  à  l'Europe  et  quatre  à 
l'Amérique  septentrionale.  Nous  citerons, 
comme  en  faisant  partie ,  les  M.  quadrima- 
culatus  y  atomarius ,  populi ,  multipunctatus 
et  fulvicollis  de  F.  Toutes  ces  espèces  se  ren- 
contrent aux  environs  de  Paris,  dans  les  Bo- 
lets et  les  Champignons  d'arbres.         (C.) 

MYCETOPHILA,  Gyllenhal.  ins.— Syn. 
de  Mycetochara,  Latr.  (C.) 

MYCETOPHILA  (p:vx/)ç,  champignon; 
çt'J.oc,  qui  aime),  ins.— Genre  de  l'ordre  des 


454 


MYC 


MYC 


Diptères  néraocères,  famille  des  Tipuliciens, 
tribu  des  Tipulaires  fongicoles ,  établi  par 
Meigen,  et  dont  les  principaux  caractères 
sont:  Antennes  filiformes,  assez  courtes; 
yeux  ovales;  deux  ocelles  au  bord  interne 
des  yeux;  abdomen  comprimé;  jambes  à 
deux  rangs  de  pointes  latérales  ;  cellule  mar- 
ginale des  ailes  simple. 

Ce  genre  est  très  nombreux  en  espèces  ; 
M.  Macquart  (Histoire  des  Diptères,  Suites  à 
Buffon,  t.  I)  en  décrit  vingt-sept  qui  toutes 
babitent  la  France  et  l'Allemagne  (M.  lunata, 
ornalicollis,  fasciata,  bicolor,  etc.).  M.  Say 
en  a  fait  connaître  trois  autres  espèces  qui 
habitent  les  bords  de  la  rivière  de  Saint- 
Pierre,  en  Pensylvanie,  et  qui  diffèrent  peu 
des  espèces  de  nos  pays. 

*  MYCÉTOPHILIDES.  Mycetophilides. 
ins.  —  Nom  donné  par  M.  Macquart  à  une 
tribu  de  la  famille  des  Tipuliciens,  désignée 
par  Latreille  sous  les  noms  de  Tipulaires 
fongicoles.  Voy.  tipulaires. 

*MYCETOPORUS  (f*W,  champignon; 
itopoç,  trou),  ins.  —  Genre  de  Coléoptè- 
res pentamères ,  famille  des  Brachélytres, 
tribu  des  Tachyporiniens,  créé  par  Manner- 
heim  (Brachélytres ,  p.  62),  adopté  par  De- 
jean  (Catalogue,  3e  édition,  p.  379)  et  par 
Erichson  (G en.  et  p.  Slaphylinorum,  p.  281). 
Neuf  espèces  rentrent  dans  ce  genre;  huit 
sont  propres  à  l'Europe  et  une  seule  habite 
l'Amérique  septentrionale.  Les  plus  répan- 
dues sont  les  M.  punctatus ,  lepidus  et 
splendidus  de  Gyll.  (C.) 

*M\'CETRUPES  (,uvxyj?,  champignon; 
TpviMjTïjç,  qui  perce  ).  ms.  —  Genre  de  Co- 
léoptères pentamères,  famille  des  Brachély- 
tres, tribu  des  Staphyliniens?,  formé  par  De- 
jean  (Catalogue,  3e  édit.,  p.  67)  qui  lui 
donne  pour  type  le  M.  boletophilus  Lac, 
espèce  originaire  de  Cayenne.  (C.) 

MYCOBANCHE  ,  Pers.  (  Champ,  co- 
mest.y  13).  bot.  cr.  —  Syn.  de  Sepedonium, 
Lnk. 

*MYCOCOELIUM  (pAcç,  champignon; 
xoîAoç,  creux),  bot.  cr.  —  (Pbycées).  Genre 
établi  par  M.  Kuetzing  (Phycol.  gêner.)  dans 
la  tribu  des  Leptomitées  pour  une  Algue 
byssoïde,  croissant  sur  les  Callitriches,  le 
M.  rivulare,  Kg.  Les  caractères  de  ce  genre 
sont:  Fronde  vésiculeuse,  allongée,  simple; 
spermophores  disposés  en  zones  sur  la  sur- 
face intérieure  de  la  fronde.  (Bréb.) 


MYCOGONE,   Link.   (in  Berl.  Mag  , 


III,  18;  Spec. 


!8,  29).  bot.  cr.  — Syn. 


de  Sepedonium,  Lnk. 

MYCOLOGIE,  MYCÉTOLOGIE  (uvxvjç, 

yj-oç,  champignon;  Xoyoç.,  discours),  bot.  cr. 
—  Partie  de  la  botanique  qui  traite  des 
Champignons.  Pendant  plusieurs  siècles, 
les  savants  qui  se  sont  occupés  des  produc- 
tions de  la  nature  ont  eu  les  connaissances 
les  plus  fausses  sur  les  Champignons.  La 
définition  qu'ils  en  donnaient,  et  surtout 
les  idées  qu'ils  avaient  sur  leur  nature  et 
leur  mode  de  reproduction,  étaient  peu  pro- 
pres à  fixer  l'attention  de  ceux  qui  auraient 
désiré  se  livrer  à  leur  étude;  ce  n'est  véri- 
tablement que  dans  le  17e  siècle  que  l'on 
a  commencé  à  les  décrire  comme  les  autre» 
plantes. 

CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRALES. 

Les  anciens  ne  connaissaient  guère  que 
les  Truffes ,  l'Agaric  et  les  Bolets ,  parce 
qu'ils  les  employaient  comme  aliments  et 
comme  médicaments.  Toutes  les  autres  es- 
pèces paraissent  leur  avoir  été  à  peu  près 
étrangères,  puisqu'il  n'en  est  pas  fait  men- 
tion dans  les  ouvrages  qu'ils  nous  ont  lais- 
sés. Il  paraît  cependant  que,  du  temps  de 
Pline,  on  en  faisait  déjà  une  grande  consom- 
mation ,  et  que  souvent  même  on  avait  des 
accidents  à  déplorer,  comme  l'indique  la 
phrase  suivante,  qui  a  été  si  souvent  et  si 
inutilement  répétée  :  Quœ  tanta  voluptas 
ancipitis  cibi.  Malgré  la  mort  des  empereurs 
Claude ,  Jovien ,  Charles  VI ,  de  la  veuve  du 
czar  Alexis,  et  d'un  nombre  immense  d'au- 
tres victimes  plus  ou  moins  célèbres,  on  a 
toujours  mangé  des  Champignons,  et  on  les 
recherchera  toujours,  parce  qu'ils  croissent 
spontanément,  qu'ils  sont  très  agréables  au 
goût  et  en  même  temps  très  nourrissants. 
Tout  le  monde  sait  de  quelle  ressource  sont 
ces  végétaux  en  Russie ,  en  Hongrie,  en  Tos- 
cane, et  même  dans  nos  Vosges. 

Les  grands  avantages  que  l'on  en  retire, 
et  les  nombreux  accidents  qu'ils  peuvent  oc- 
casionner, recommandent  donc  les  Champi- 
gnons, d'une  manière  particulière ,  aux  mé- 
ditations des  savants.  Si  l'on  regrette  quel- 
quefois de  ne  pas  connaître  une  famille  de 
plantes  qui  se  trouve  au-delà  des  mers,  con- 
finée dans  un  très  petit  espace,  on  a  tort;  il  se- 
rait plus  juste  de  se  reprocher  son  indifférence 


ÏMYC 

à  l'égard  des  Champignons,  parce  que  dans 
presque  tous  les  pays  on  en  trouve  plus 
qu'il  n'en  faut  pour  occuper  ses  moments  de 
loisir.  On  ne  peut  plus  dire  maintenant  que 
leur  étude  est  trop  difficile,  les  ouvrages, 
les  planches ,  les  collections  ,  nous  l'ont  ren- 
due plus  facile  et  plus  agréable;  MM.  Ad. 
de  Jussieu  et  Ad.  Brongniart,  en  dévelop- 
pant dans  leurs  savantes  leçons,  à  la  Faculté 
des  sciences  et  au  Jardin  du  Roi,  la  struc- 
ture de  ces  végétaux  et  les  rapports  qu'ils 
ont  avec  les  autres  Cryptogames,  ont  im- 
primé à  cette  partie  de  la  botanique  un  mou- 
vement qui  ne  peut  plus  s'arrêter,  et  qui 
augmente  sans  cesse ,  comme  le  prouvent 
les  nombreux  travaux  que  nous  voyons  pa- 
raître tous  les  jours. 

Longtemps  négligée ,  la  Mycologie  est 
maintenant  en  France,  en  Allemagne,  en 
Angleterre,  en  Italie,  en  Prusse,  en 
Suède,  etc.,  cultivée  d'une  manière  spé- 
ciale par  un  grand  nombre  de  savants;  son 
étude ,  qui  paraît  si  difficile  et  si  peu  at- 
trayante, ne  tarde  cependant  pas  à  séduire 
ceux  qui  s'y  livrent,  surtout  quand  ils  ap- 
pellent à  leur  aide  le  microscope.  Battarra, 
à  qui  nous  devons  un  bel  ouvrage  sur  les 
Champignons  de  Rimini ,  dit  que  la  couleur 
éclatante  de  la  Pézize  écarlate  (Peziza  coc- 
cînea)  fit  naître  en  lui  le  goût  de  rechercher 
ces  végétaux;  la  couleur  non  moins  vive  ni 
moins  brillante  de  la  Pézize  orangée  (  Pe- 
ziza aurantia)  produisit  le  même  effet  sur 
l'illustre  Persoon  ;  il  est  probable  que  le  mi- 
croscope, en  mettant  à  découvert  l'admi- 
rable structure  de  ces  êtres  dont  les  formes 
sont  si  variées,  ne  sera  pas  moins  puissant, 
et  qu'il  entraînera,  malgré  eux,  vers  l'é- 
tude des  Champignons  ,  des  hommes  qui  les 
egardaient  avec  dédain. 

BIBLIOGRAPHIE. 

La  Mycologie  possède  de  nombreux  ma- 
tériaux ;  malheureusement  leur  prix  et  leur 
rlissémination  les  rendent  difficiles  à  con- 
sulter, et  pour  l'étudier  avec  fruit,  il  faut 
avoir  recours  aux  ouvrages  descriptifs  , 
Dt  surtout  à  ceux  qui  sont  accompagnés 
de  figures,  les  unes  noires,  les  autres 
coloriées.  Dans  les  premiers,  nous  trou- 
ons Sterbecck  ,  Clusius  ,  Micheli ,  Gle- 
itsch,  Battarra,  etc.;  dans  les  seconds, 
>apr,  Schœffer,   Bulliard ,    Paulet,   Bol- 


MYG 


455 


ton ,  Persoon,  Sowerby,  Vittadini,  Kromb- 
holtz ,  etc.  Avec  ces  ouvrages,  en  com- 
parant les  individus  vivants  avec  les  figures 
qui  les  représentent,  on  parvient  à  les  re- 
connaître. Mais  combien  de  fois  n'arrive- 
t-il  pas  que  les  figures  et  le  texte  vous  lais- 
sent encore  dans  le  doute  ! 

Quelques  auteurs,  abstraction  faite  de 
l'ensemble  des  Champignons,  ont  publié 
des  Traités  particuliers  sur  ceux  qui  sont 
comestibles  ou  vénéneux  ;  leur  nombre  est 
très  considérable. Paulet,  Bulliard  et  Persoon, 
en  commençant  leurs  ouvrages,  avaient 
principalement  ce  but,  mais  plus  tard  ils 
n'ont  pu  s'empêcher  d'y  ajouter  des  genres 
et  des  espèces  qui  n'appartenaient  plus  à 
leur  plan.  Les  autres,  au  contraire,  comme 
Kerner,  Trattinnick,  Duchanoy ,  Elrodt, 
Fries ,  Lenz,  Phœbus,  Krombholtz,  Vitta- 
dini, Letellier,  Roques,  Cordier,  Descour- 
tils,  Noulet  et  Dassier,  sont  demeurés  fidèles 
au  titre  qu'ils  avaient  adopté.  Ce  dernier 
ouvrage,  qui  comprend  les  Champignons 
du  bassin  pyrénéen  ,  est  très  remarquable 
sous  le  rapport  du  style,  de  l'exactitude 
des  descriptions  et  de  l'exécution  des  plan- 
ches. Il  est  fâcheux  qu'il  soit  peu  répandu, 
car  il  pourrait  servir  de  modèle  aux  natu- 
ralistes qui  s'occupent  de  Champignons  dans 
nos  divers  départements.  Le  Bailly,  quel- 
ques années  auparavant,  avait  fait  con- 
naître, mais  d'une  manière  très  succincte, 
dans  V Annuaire  de  l'arrondissement  de  Fa- 
laise (1 838),  les  Champignons  comestibles  de 
cette  localité.  Enfin  ,  M.  le  docteur  Mougeot 
père  vient  de  rendre  un  véritable  service  à 
la  science  ,  en  publiant  dans  la  Statistique 
des  Vosges  les  Champignons  qui  croissent 
dans  la  Meurthe,  la  Moselle  et  les  Vosges. 
En  considérant  le  nombre  d'espèces  dont  les 
habitants  se  nourrissent,  on  comprend  com- 
bien il  serait  important  d'en  faire  une  étude 
spéciale  dans  chaque  circonscription  dépar- 
tementale de  la  France. 

La  Mycologie  possède  encore  un  nombre 
considérable  d'ouvrages;  les  plus  précieux 
sont  incontestablement  ceux  qui  traitent  de 
la  structure,  de  l'organisation  des  Champi- 
gnons. Micheli, dans  son  Gênera plantarum, 
nous  a  laissé  des  témoignages  éclatants  de 
sa  sagacité;  les  analyses  d'Hedwig  sont  en- 
core pleines  de  vérité,  de  fraîcheur.  Persoon, 
dans  le  début  de  sa  longue  carrière  mycolo- 


456 


MYC 


MYC 


giquc,  avait  fait  aussi  de  bonnes  analyses; 
mais,  entre  ses  mains,  elles  n'ont  pas  eu 
un  résultat  aussi  avantageux  qu'on  pouvait 
l'espérer.  Kunze  et  Schmidt  ont  établi ,  à 
l'aide  du  microscope,  quelques  genres  qui 
demeurent  acquis  au  domaine  de  la  science. 
Les  travaux  de  M.  Ehrenberg  seront  tou- 
jours consultés  avec  le  plus  grand  avantage. 
Mais  de  tous  les  auteurs  qui  ont  cherché  à 
établir  une  classification  desChampignons,  le 
professeur  Link  estcelui  qui  a  montré  le  plus 
de  patience ,  de  sagacité  dans  ses  observa- 
tions et  de  jugement  dans  l'établissement 
et  le  rapprochement  des  genres.  L'illustre 
F. -G.  Nées  d'Esenbeck  ,  en  publiant,  en 
1 8 1 7 ,  son  System  der  Pilze  und  Schwaemme, 
a  élevéun  véritable  monument  à  la  science, 
mais  dont  les  fondements  ne  sont  pas  assez 
solides.  La  classification  est  censée  reposer 
sur  les  caractères  réels  et  déduits  de  l'ana- 
lyse ;  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi.  L'auteur 
a  puisé  dans  tous  les  ouvrages  ce  qu'il  a 
trouvé  de  mieux,  il  en  a  fait  un  corps, 
mais  il  n'a  pas  assez  vérifié  les  observations , 
et  plusieurs  sont  fautives.  Cet  ouvrage 
renferme  des  considérations  mycologiques 
très  élevées,  des  rapprochements  extrême- 
ment ingénieux ,  un  nombre  immense 
d'observations  fines  et  délicates;  il  n'est  pas 
étonnant  qu'il  ait  été  pris  pour  modèle.  Le 
professeur  Fries,  pour  établir  son  Systema 
mycologicum  ,  y  a  puisé  des  matériaux  pré- 
cieux, et  ce  bel  ouvrage,  fruit  de  tant  de 
veilles,  de  tant  de  recherches,  est  devenu  le 
bréviaire  de  tous  les  mycologues  ;  il  a  servi  de 
base  à  tous  les  auteurs  modernes  qui  ont 
écrit  sur  les  Champignons,  comme  on  peut 
s'en  convaincre  en  consultant  les  travaux 
de  MM.  Brongniart,  Chevallier,  Sprengel 
(Spec.  plant.),  Montagne,  Schweinitz,  Wein- 
mann,  Mérat,  Berkeley,  Lund,  etc. 

En  1837,  M.  Corda,  conservateur  du 
muséum  de  Pesth,  qui  s'était  déjà  fait 
connaître  avantageusement,  par  de  nom- 
breuses descriptions  de  Champignons,  dans 
le  Deutschland's  flora  de  Sturm ,  commença 
la  publication  d'un  grand  ouvrage,  sous  le 
titre  d' Icônes  fungorum.  Habile  à  manier  le 
microscope ,  dessinant  avec  une  rare  facilité, 
l'auteur  a  donné  cinq  volumes  dans  lesquels 
on  trouve  l'analyse  d'un  grand  nombre  de 
genres.  Ce  travail,  recommandable  sous  un 
grand  nombre  de  points ,  a  révélé  aux  bota- 


nistes la  structure  intime  de  beaucoup  de 
Champignons.  Dans  les  deux  premiers  tomes 
on  s'aperçoit  que  M.  Corda  n'était  pas  en- 
core versé  dans  la  connaissance  des  espèces, 
et  dans  les  autres  on  voit  ses  forces  aug- 
menter à  mesure  que  ses  relations  se  sont 
étendues.  Dans  le  cinquième  tome  il  ex- 
pose sa  classification ,  qui  est  établie  d'après 
les  nombreuses  analyses  qu'il  a  faites.  On 
peut  reprocher  à  cet  ouvrage  le  format, 
l'établissement  d'un  trop  grand  nombre  de 
genres  et  leur  dissémination  ,  ce  qui  le  rend 
très  difficile  à  consulter.  M.  Corda  a  senti 
lui-même  cet  inconvénient.  Aussi,  en  1842, 
a-t-il  publié  en  allemand  son  Introduction  à 
l'étude  de  la  mycologie ,  qui  n'en  est  que 
la  reproduction.  Sauf  quelques  additions, 
les  genres  ont  été  réunis  dans  sept  plan- 
ches ,  mais  avec  une  telle  confusion ,  et  in- 
diqués par  des  lettres  et  des  chiffres  si  petits, 
que  l'on  a  beaucoup  de  peine  à  s'y  recon- 
naître. On  peut  encore  blâmer  M.  Corda 
d'avoir  réuni  dans  ce  travail  ce  que  les  dif- 
férents recueils  renfermaient,  et  d'avoir  in- 
diqué seulement  les  analyses  qu'il  avait  pu- 
bliées dans  la  Flora  de  Sturm  ,  le  Journal 
d'Opitz  et  son  Pracht-Flora.  Malgré  ces  in- 
convénients, les  savants  rechercheront  tou- 
jours ces  deux  ouvrages,  entre  lesquels 
l'auteur  n'a  pas  su  prendre  un  terme  moyen, 
le  premier  étant  construit  sur  une  base  trop 
large  ,  et  le  second  sur  une  base  trop  étroite. 

COLLECTIONS  AVEC  PLANCHES. 

Dans  les  collections  de  Champignons  des- 
séchés ,  on  ne  trouve  qu'un  très  petit  nom- 
bre d'espèces  charnues ,  comme  les  Agarics, 
les  Bolets,  les  Hydnes,  les  Clavaires,  et 
surtout  les  Mucédinées,  parce  qu'elles  sont 
très  difficiles  à  conserver.  Les  auteurs  ont 
pris  le  parti  de  les  dessiner  et  de  les  peindre. 

Parmi  ces  collections,  Paulet  dit  que 
la  bibliothèque  de  Leyde  a  possédé  celle 
de  l'Écluse,  et  dont  Sterbeeck  a  eu  con- 
naissance, mais  que  maintenant  elle  n'y 
est  plus.  La  bibliothèque  de  Nanni,  à  Ve- 
nise ,  renferme  un  travail  de  Baldi  sur 
les  Champignons  ,  que  Micheli  cite  quel- 
quefois avec  éloge.  Dans  le  palais  d'Albani, 
à  Rome ,  se  trouvent  trois  superbes  volu- 
mes in-folio  d'Heckius  et  Cesi.  Sherard, 
Breyne ,  Marsili  ,  Totti ,  Rudbeck  ,  ont 
également    laissé  des    collections  qui  ont 


MYC 


MYC 


457 


été  consultées  dans  leur  temps  par  diffé- 
rents auteurs ,  et  il  serait  maintenant  dif- 
ficile de  dire  dans  quelles  bibliothèques  on 
pourrait  les  rencontrer. 

La  bibliothèque  royale  renferme  une 
superbe  collection,  qui  provient  de  M.  Rous- 
sel ,  ancien  fermier-général ,  et  qui  a  été 
peinte  par  Robert ,  mademoiselle  Basseporte 
et  autres  artistes  distingués.  On  en  voit  une 
dans  la  bibliothèque  du  Jardin  du  Roi,  qui 
n'est  pas  moins  curieuse,  et  dontPersoon  a 
de  beaucoup  augmenté  la  valeur  en  dési- 
gnant par  leur  véritable  nom  un  grand 
nombre  d'espèces. 

Il  existe  encore  d'autres  collections,  et 
qui  sont  moins  connues.  M.  Benj.  Deies- 
sert  possède  quatre  volumes  de  Champi- 
gnons qui  ont  été  peints  en  Italie;  M.  le 
professeur  Ad.  de  Jussieu  m'en  a  fait  voir 
un  assez  grand  nombre  qui  sont  dus  au 
pinceau  d'Aubriet,  et  qui,  probablement, 
devaient  être  publiés  dans  la  Flore  des  en- 
virons de  Paris  y  si  Vaillant  eût  pu  diriger 
la  publication  de  cet  important  ouvrage. 
M.  De  Candolle,  dans  sa  Physiologie  végé- 
tale, parle  avec  éloge  d'une  collection  quia 
été  laissée  par  Tozzi-Tozetti,  et  qui  n'a  pas 
été  publiée.  Notre  célèbre  peintre  Redouté 
a  représenté  aussi  quelques  Champignons 
du  grand-duché  de  Luxembourg.  Ils  ont  été 
achetés  par  un  libraire  de  Paris  qui  ignorait 
que  les  espèces  figurées ,  sauf  trois  ou  quatre 
exotiques,  avaient  été  décrites  par  son  com- 
patriote L.  Marchand  dans  le  Conspectus 
florœ  cryplogamicœ  magni  ducatus  Luxem- 
burgensis.  Enfin,  Chevallier,  auteur  d'une 
Flore  de*  environs  de  Paris,  et  qui  s'est 
beaucoup  occupé  de  cryptogamie,  avait  des- 
siné lui-même,  dans  une  ville  d'Allemagne 
où  il  s'était  retiré  ,  un  grand  nombre  de 
Champignons  qu'il  avait  intention  de  pu- 
blier. Le  premier  volume  seulement  a  été 
publié  à  Leipzig  en  1837,  sous  le  titre  de 
Fuïigorum  et  Byssorum  Illustraliones  ;  il 
ren forme  52  espèces  décrites  et  figurées.  Cet 
ouvrage,  conçu  sur  un  plan  peut-être  un 
peu  trop  large  ,  est  parfaitement  exécuté;  il 
est  fâcheux  pour  la  science  que  la  mort  ait 
enlevé  son  auteur  avant  qu'il  ait  pu  le  com- 
pléter. 

COLLECTIONS    MYCOLOGIQUES. 

Depuis  une  trentaine  d'années,  les  Cham- 
t.  vin. 


pignons  sont  beaucoup  mieux  connus  qu'ils 
ne  l'étaient  auparavant,  quoique  le  nom- 
bre des  espèces  ait  augmenté  prodigieu- 
sement. On  pourrait  croire  que  cet  avan- 
tage doit  être  rapporté  aux  ouvrages  qui  ont 
été  publiés  ;  certainement ,  la  littérature  y 
a  contribué  pour  beaucoup,  mais  il  est  dû 
principalement  à  Persoon.  Ce  célèbre  bo- 
taniste ,  on  peut  le  dire,  est  le  père 
de  la  Mycologie  ,  il  en  a  semé  le  germe 
dans  tous  les  pays;  plein  de  zèle,  studieux, 
doué  d'une  vue  perçante,  d'un  jugement 
sain,  bon,  modeste,  obligeant  envers  tout  le 
monde,  il  était  en  relation  avec  tous  les 
savants  de  son  époque,  et  chacun  d'eux 
voulait  avoir  son  avis.  Des  envois  de  Cryp- 
togames lui  étaient  faits  de  tous  les  pays 
pour  en  avoir  les  noms.  Dans  sa  collection, 
qui  est  précieusement  conservée  au  musée  de 
Leyde,  et  qui  tous  les  jours  augmente  par 
les  soins  de  M.  le  professeur  Blume,  on 
rencontre  à  chaque  instant  les  noms  de  cé- 
lèbres voyageurs  ou  des  plus  illustres  bota- 
nistes ,  comme  Kœnig,  Thunberg,  Murray, 
Albertini,  Schweinitz,  Flœrk,  Tode,  Batsch, 
Sprengel,  les  frères  Nées  d'Esenbeck,  Re- 
bentisch  ,  Funck  ,  Hoppe,  Martius ,  Link  , 
Aub.  Du  Petit-Thouars ,  Poiteau  ,  Gaudi- 
chaud  ,  Kunze  ,  Sowerby,  Sprengel,  Baibis, 
Thunberg,  Dufour,  Mougeot,  Montagne, 
Desmazières,  Cordier,  Letellier,  Cheval- 
lier, etc.  Parmi  tous  ces  savants,  qui  ap- 
partiennent tous  à  l'époque,  je  dirai  même 
à  l'école  de  Persoon,  les  uns  ont  public  des 
ouvrages  qui  font  honneur  à  la  science,  les 
autres  au  contraire  ont  publié  ries  exsic- 
cata,  qui  ont  permis  de  comparer  les  échan- 
tillons, et  par  conséquent  d'établir  l'iden- 
tité des  espèces.  Ces  collections  doivent 
toutes,  en  grande  partie,  leur  prix  à  Per- 
soon ;  il  a  eu  entre  les  mains  les  espèces  dou- 
teuses, et  c'est  sous  son  patronne  qu'elles 
sont  entrées  dans  le  domaine  scientifique. 
Les  services  que  ces  collections  rendent  sont 
immenses,  et  on  ne  saurait  trop  les  multi- 
plier. Je  crois  de  mon  devoir  de  les  indi- 
quer ici,  parce  qu'elles  seront  toujours  re- 
cherchées ,  quoique  quelques  unes  aient 
perdu  beaucoup  de  leur  prix  par  l'action  du 
temps. 

Ehrhart,  Planlœ  cryplogamicœ  .,  exsicc. , 
Dec.  1-32,  Hanov.,  1785-93,  in-fol. — 
II. -C.  Funkc  ,  Cryplogamischn  C.ewàchse 

53 


45<S 


IMYC 


IUYC 


der  FicfUelgebirgcs  ,  exsicc. ,  Heft. ,  1-23  , 
Leipz.,  1801-1816',  in-4°.—  D.-H.  Hoppe, 
Dec.  Fungorum  epiphyllorum,  1-2,  Ratisb., 
1809.  —  H. -A.  Schrader,  Sammlung  Kryp- 
togam.  Gewachse.,  exsicc,  Liefer,  1-2, 
Gotting.,  1796-1797.—  Holl  und  Schmidt 
Dcutschland's  Schivàmme,  Leipz. ,  1815- 
1819,  in-4°.  —  Mougeot,  Nestler  et  W.-P. 
Sch imper,  Stirpes  cryptogamœ  Vogeso-Rhe- 
nanœ  quas  in  Rheni  superioris,  inferioris- 
que  nec  non  Vogesorum  prœfecturis  college- 
runt,  fasciculi  XII,  în-4°,  1810-1845;  ma- 
gnifique collection ,  remarquable  par  le 
nombre  et  le  choix  des  échantillons.  —  Des- 
mazières ,  Plantes  cryptogames  du  nord  de 
la  France,  lre  édition,  de  1826  à  1835; 
2e  édition,  1836  à  1846,  fascicules  20, 
in-4°. —  E.  Fries,  Scleromyceles  sueciœ  ex- 
siccati,  Decad.  1,  XXX.  —  M. -A.  Libert, 
Planlœ  cryptogamicœ  quas  in  Arduena  col- 
legit,  fascicules  1-10,  Leodii,  1830-1837. 
— -  M.-J.  Berkeley,  British  fung.,  fascic. 
1-4,  in-4°.  —  F.-G.  Kneiff  et  E.-F.  Hart- 
mann, Plantœ  Cryptogamicœ  quas  in  magno 
ducatu  Badensi  collegerunt,  fascic.  2  ,  Stras- 
bourg, 1828.  — M. -P.  Opitz,  Floracrypto- 
gamica  Bohcmiœ  exsiccata,  fascic.  1-7, 
Praga; ,  1819;  Bohmens  Phanercgam.  und 
Cryptogam.  Gawàchse ,  Prague,  1823. 
Cette  seconde  collection  est  à  un  prix  très 
minime;  il  ne  faut  donc  pas  être  étonné  si 
les  échantillons  ne  sont  pas  toujours  d'un 
bon  choix.  J'apprends  à  l'instant  que 
M.  Wallays  de  Courtray  publie  les  Cham- 
pignons de  la  Belgique,  et  qu'il  en  a  déjà 
paru  5  fascicules. 

Quelques  auteurs  enfin  ont  publié  des 
collections  en  cire  :  le  Muséum  d'histoire 
naturelle  en  possède  deux  :  l'une  de  Trat- 
tinick,  qui  a  été  donnée  par  l'empereur 
d'Autriche  François  II  à  Louis  XVIII  ;  l'autre 
qui  a  été  faite  par  Pinson  ,  et  qui  reproduit 
avec  une  admirable  ressemblance  la  plus 
grande  partie  des  Champignons  de  Bul- 
liard.  En  1825,  M.  Ignazio  Pisacollia  pu- 
blié à  Milan  une  collection  en  cire  de 
Champignons  de  grandeur  et  avec  leurs 
couleurs  naturelles,  que  l'on  dit  fort  belle. 
MM.  Raspail  et  Talrich,  en  1829,  ont  tenté 
une  nouvelle  publication  de  ce  genre;  le 
petit  nombre  qui  a  paru  était  parfaitement 
exécuté,  on  doit  regretter  qu'elle  n'ait  pas 
eu  de  suite.  11  est  fâcheux  également  que 


M.  le  docteur  Thibert,  dont  tout  le  monde 
connaît  les  belles  représentations  d'anato- 
mie  pathologique,  n'ait  pas  consacré,  comme 
il  m'en  avait  plusieurs  fois  manifesté  l'inten- 
tion, son  talent  à  l'imitation  de  quelques 
espèces;  une  mort  presque  subite  et  préma- 
turée ne  lui  a  pas  permis  de  faire  un  seul 
essai. 

ORIGINE    DES    CHAMPIGNONS. 

Rien  n'est  plus  ténébreux,  chez  les  an  - 
ciens,  que  l'origine  des  Champignons;  comme 
ils  n'ont  ni  feuilles,  ni  racines,  et  qu'ils  n'en 
connaissaientpas  les  moyensdereproduction, 
ils  les  considéraient  comme  des  productions 
fortuites  dues  à  la  pituite  des  arbres,  au  li- 
mon de  la  terre,  ou  à  des  phénomènes  at- 
mosphériques, comme  le  tonnerre.  Ils  ont 
même  attribué  la  Truffe  du  Cerf,  le  Lapis 
lyncurius,  le  Lac  tigrinum,  à  certaines  hu- 
meurs que  le  Cerf,  le  Lynx,  le  Tigre  répan- 
daient sur  la  terre.  Un  semblable  préjugé 
existe  également  dans  le  centre  de  la  France 
pour  le  développement  des  Coprins  et  parti- 
culièrement de  VAgaricus  ferrugineus  ;  on 
le  désigne  sous  le  nom  de  Pisse-Chien,  parce 
qu'il  croît  souvent  dans  les  endroits  que  les 
Chiens  arrosent  de  leur  urine.  Les  Truffes 
sont  les  seuls  Champignons  auxquels  on  a 
soupçonné  des  graines  dans  l'antiquité  ; 
tous  les  autres  n'en  avaient  pas.  II  faut  ar- 
river à  une  époque  pas  encore  très  éloignée 
de  nous  pour  trouver  des  idées  qui,  si  elles 
ne  sont  pas  l'expression  de  la  vérité,  du 
moins  s'en  rapprochent  beaucoup. 

Marsili,  dans  la  lettre  qu'il  écrivit  à  Lan- 
cisi ,  reconnut  le  premier  que  les  Champi- 
gnons commencent  par  une  petite  moisis- 
sure (situs).  Il  ne  s'agissait  plus  alors  que 
de  savoir  si  cette  moisissure  appartenait  à 
une  génération  spontanée,  à  une  transfor- 
mation des  substances  animales  et  végéta- 
les, ou  à  des  graines  qui  échappaient  aux 
moyens  d'investigation  des  observateurs  de 
cette  époque.  La  première  de  ces  opinions, 
quoique  absurde,  eut  un  grand  nombre  de 
partisans;  elle  en  compte  encore  quelques 
uns  parmi  ceux  qui  s'occupent  de  l'étude 
des  êtres  microscopiques,  et  pourtant  ils  ont 
des  instruments  beaucoup  plus  parfaits  que 
ceux  de  leurs  devanciers. 

Quelques  naturalistes,  comme  Medicus, 
Maerklin,  Ackermann,  Kaeler,  Haberle,  ne 


MYG 


MYC 


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virent  dans  ces  productions  que  le  résultat 
d'une  combinaison  et  d'un  mélange  des  sucs 
pituiteux  des  plantes ,  modifiés  par  l'in- 
fluence de  l'air  et  des  agents  extérieurs. 

Vers  la  fin  du  xvmc  siècle ,  Necker,  dans 
un  ouvrage  qu'il  publia  à  Manheim ,  sous 
le  titre  de  Traité  sur  la  Mycétologie ,  crut 
voir  te  tissu  cellulaire  et  parenchymateux 
des  plantes  se  transformer  en  un  corps  ra- 
diculaire  auquel  il  donna  le  nom  de  Car- 
cithe ,  et  qui  est  le  blanc  de  Champignon 
proprement  dit.  Cette  opinion  n'a  été 
adoptée  par  personne.  Turpin  ,  en  1837 
{Compt.  -rend.  Acad.  des  se,  décembre, 
n°  24),  l'a  reproduite  pour  les  matières 
animales,  çuand  il  a  avancé  que  les  glo- 
bules de  lait  placés  dans  des  circonstances 
convenables  ,  se  convertissaient  en  Pénicil- 
lium glaucum.  L'expérience  est  très  simple 
et  réussit  presque  toujours;  il  suffit  de 
mettre  du  lait  entre  deux  lames  de  verre 
et  de  l'exposer  à  une  température  moyenne  : 
on  voit  bientôt  des  filaments  naître  des  glo- 
bules et  le  Champignon  se  développer  ; 
malheureusement  elle  ne  prouve  rien  , 
parce  que,  quand  on  vient  à  dépouiller  le 
sérum  de  ces  mêmes  globules  par  la  fil- 
tration  ,  comme  l'a  fait  M.  Donné,  le  Pé- 
nicillium se  produit  également.  Les  expé- 
riences de  MM.  Andral  et  Gavarret  (Compt.- 
rend.  Acad.  des  se,  t.  XVI,  p.  266)  dé- 
montrent qu'en  ajoutant  un  peu  d'acide 
sulfurique  ou  acétique  au  sérum  provenant 
du  sang,  du  pus,  des  hydropisies,  des  vésica- 
toires,on  voit  constamment  paraître  des  vé- 
gétaux cryptogames.  Ce  fait,  du  reste,  avait 
été  démontré  par  les  belles  recherches  de 
M.  Dutrochet  sur  le  développement  des 
Mucédinées.  Les  substances  animales  et  vé- 
gétales, par  leur  décomposition  ,  favorisent 
ïonc  la  végétation  des  Champignons  au  lieu 
â'en  prendre  la  forme  et  la  nature. 

Il  était  réservé  à  Micheli  de  prouver  que 
les  Champignons,  comme  les  autres  plantes, 
proviennent  de  germes  ;  la  découverte  des 
spores  ou  organes  reproducteurs  et  les  ex- 
périences qu'il  fit  dans  le  bois  de  Boboli, 
aux  environs  de  Florence,  présentaient  alors 
toutes  les  garanties  que  l'on  pouvait  exiger 
pour  établir  la  nature  des  Champignons. 
Mais  l'opinion  de  Micheli  ne  fut  pas  ad- 
mise, et  l'on  vit  Buttner,  Wilke,  Weiss, 
Otto  de  Munchausen  et  même  Linné  les 


considérer  comme  des  Polypiers.  Néanmoins 
Weiss  et  Linné,  comme  on  le  voit  dans  la 
lettre  que  cet  illustre  naturaliste  écrivait 
en  octobre  1766  à  Vandelli,  n'ont  pas  osé, 
dans  leurs  ouvrages,  les  séparer  des  végé- 
taux. Nuncomnes  volunl  referre  fungos  ad 
ultimes  vermes;  cum  semina  aquœ  immissa 
sese  moveant  uti  viva  (Rœmer.  script,  de 
Plant,  hisp.,  etc.,  p.  498).  Mtiller  seule- 
ment plaçait  les  Clavaires  dans  le  règne 
animal ,  parce  qu'il  avait  aperçu  du  mouve- 
ment dans  les  spores.  Enfin  Trattinnick ,  en 
nous  faisant  connaître  les  propriétés  et  le 
mode  de  formation  du  mycélium,  a  con- 
firmé l'opnion  que  Micheli  avait  émise,  et 
à  partir  de  cette  époque,  les  Champignons 
n'ont  plus  cessé  de  faire  partie  du  règne 
végétal. 

CULTURE   DES   CHAMPIGNONS. 

J'ai  parlé,  à  l'article  agaric,  de  la  culture 
des  Champignons  de  couche  ,  je  n'y  revien- 
drai pas  ;  mais  je  dois  dire  que  cette  bran- 
che d'industrie  a  pris  une  grande  extension 
depuis  Tournefort.  Presque  toutes  les  cata- 
combes et  les  carrières  de  Paris  renferment 
des  couches  artificielles  ;  quelques  unes  sont 
si  considérables  qu'elles  ne  demandent  pas 
moins  de  50  à  60,000  francs  de  roulement 
pour  leur  entretien  et  leur  exploitation.  La 
quantité  qu'elles  produisent  est  immense; 
on  en  apporte  par  jour  de  20  à  25,000  ma- 
niveaux  au  carreau  de  la  Halle  ;  chaque  ma- 
niveau  contient  de  6  à  10  individus,  et  se 
vend,  suivant  la  saison,  de  15  à  30  cen- 
times. On  en  exporte  même  pour  la  Tou- 
raine  et  le  Havre.  Exemple  remarquable  et' 
peut-être  unique  d'une  substance  alimeu-, 
taire  qui  sort  de  Paris  au  lieu  d'y  être  ap- 
portée ! 

J'ai  indiqué  aussi  la  manière  de  cultiver 
quelques  espèces  de  Champignons  dans  dif- 
férents pays  ;  mais  il  en  est  un  que  M.  De 
Candolle  dit  très  délicat  et  recherché  à  Mont- 
pellier, VAgaricus  attenuatus,  que  l'on  peut, 
se  procurer  avec  la  plus  grande  facilité. 
Il  croît  abondamment  dans  le  midi  de  la 
France  au  pied  des  vieux  peupliers.  M.  Des- 
vaux (Mém.  encycl.  ,  n°  109,  janv.  1840, 
p.  45)  dit  qu'il  le  cultive  depuis  douze  ans. 
Pour  cela,  il  enfouit  jusqu'à  fleur  de  terre, 
dans  un  lieu  humide  et  découvert,  des  rouel- 
les de  Peuplier  de  trois  ou  quatre  centime- 


460 


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très  d'épaisseur.  Au  printemps,  il  frotte  la 
face  supérieure  avec  les  lames  de  l'Agaric  , 
et  à  l'automne,  il  fait  une  récolte  de  Cham- 
pignons. Dans  les  années  humides,  M.  Des- 
vaux assure  en  avoir  fait  jusqu'à  neuf.  Ce 
procédé  n'est  pas  nouveau;  le  Père  Cibot 
nous  avait  déjà  appris  que  les  Chinois  s'en 
procurent  différentes  espèces  en  plaçant 
dans  de  bonne  terre  et  à  une  exposition 
convenable  des  morceaux  d'écorces  et  de  bois 
pourris dePeuplier,  d'Orme,  de  Châtaignier, 
de  Mûrier,  etc.  Il  est  probable  que  l'on 
pourrait,  par  le  moyen  de  cette  culture  ar- 
tificielle, augmenter  le  nombre  et  la  quan- 
tité de  plusieurs  espèces  comesiibles,  si  l'on 
portait  plus  d'attention  à  leur  habitat. 

On  peut  manger  avec  sécurité  à  Paris  ceux 
que  Ton  apporte  au  marché ,  parce  qu'ils 
sont  tous  visités;  il  n'en  est  pas  de  même 
pour  les  autres  villes  de  France ,  où  l'on 
voit  quelquefois  survenir  des  accidents.  C'est 
probablement  pour  ce  motif,  et  pour  qu'ils 
puissent  être  visités  plus  facilement,  qu'une 
ordonnance  qui  ne  date  que  de  quelques 
années  prescrit,  à  Montpellier,  la  vente  des 
Champignons  sur  un  seul  marché.  Il  serait 
à  souhaiter  que  cette  mesure  administrative 
fût  générale. 

HABITAT    DES    GHAMPIGNONSc 

Il  existe  des  Champignons  partout  :  on  en 
trouve  à  la  surface  de  la  terre,  epigei;  quel- 
ques uns  même  vivent  enfoncés  à  une  cer- 
taine profondeur,  hypogei;  des  milliers  de  pe- 
tites espèces  vivent  comme  des  parasites  sur 
lesécorces,  le  bois,  les  feuilles  des  végétaux, 
parasitiez,  epiphyli,  epixyli;  mais  on  ne  les 
rencontre  jamais  en  plus  grande  quantité 
que  sur  les  matières  végétales  et  animales 
en  décomposition.  Les  pierres  ,  cependant , 
n'en  nourrissent  qu'un  très  petit  nombre, 
encore  est-on  en  droit  de  supposer  qu'ils  n'y 
puisent  pas  les  éléments  de  leur  alimenta- 
tion. Les  spores  sont  répandues  partout; 
elles  paraissent  suspendues  dans  l'air,  et  n'at- 
tendent, comme  on  le  voit  tous  les  jours, 
qu'une  circonstance  favorable  pour  végéter. 
Déposées  dans  l'eau  par  une  cause  quelcon- 
que, elles  se  développent  et  donnent  nais- 
sance à  ces  filaments  confervoïdes  que  l'on  a 
désignés  sous  le  nom  d'hygrocrocis,  mycoder- 
ma.  Ils  sont  presque  toujours  stériles ,  et  si 
quelquefois  ils  fructifient,  c'est  que  leur  my- 


MYC 

célium  a  formé  à  la  surface  du  liquide  un 
îlot  qui,  augmentant  petit  à  petit  en  largeur 
et  en  épaisseur,  leur  a  fourni  une  base  de 
sustentation;  mais  aucun  Champignon  ne 
fructifie  entièrement  plongé  dans  l'eau;  il 
lui  faut  l'espace  et  le  contact  de  l'air  pour 
arriver  à  cet  état  de  perfection. 

Toutes  les  productions  que  l'on  a  désignées 
sous  le  nom  de  Champignons  le  méritent- 
elles  véritablement?  On  peut  en  douter; 
comme  ces  végétaux  sont  généralement  peu 
connus,  surtout  très  difficiles  à  définir  et  à 
caractériser ,  il  est  probable  que  les  obser- 
vateurs, ne  sachant  à  quel  règne  ni  à  quelle 
famille  de  plantes  rapporter  les  filaments 
qu'ils  avaient  sous  les  yeux,  ont  agi  par 
voie  d'élimination  ,  et  qu'ils  en  ont  fait  des 
Champignons. 

Le  Torula  cerevisiœ  entrevu  par  Lewen- 
hœk,  et  étudié  aussi  complètement  que  pos- 
sible il  y  a  quelques  années  par  MM .  Cagnard- 
Latour  et  Turpin,  paraît  être  dans  ce  cas. 
Est-ce  un  animal,  une  Algue,  un  Champi- 
gnon microscopique,  ou  une  modification  par- 
ticulière des  éléments  des  corps  qui  entrent 
en  fermentation?  Rien  ne  prouve  que  es  soit 
l'un  plutôt  que  l'autre.  C'est  un  composé  de 
globules  réunis  ensemble  comme  les  grains 
d'un  chapelet,  qui  se  séparent  ensuite,  et  qui, 
pris  et  mis  dans  des  circonstances  semblables, 
se  reproduisent  avec  la  même  forme  et  dé- 
veloppent une  nouvelle  fermentation.  Ici  la 
cause  et  l'effet  sont  tellement  confondus 
qu'on  ne  peut  les  isoler  sans  détruire  l'un  et 
l'autre.  La  forme  qui  rappelle  celle  des  Ar- 
throsporées  et  le  mode  de  reproduction  qui 
appartient  aussi  bien  aux  Algues  qu'aux 
Champignons,  ne  sont  pas  suffisants  pour 
que  l'on  place  le  Torula  cerevisiœ  parmi  ces 
végétaux.  Il  faudrait  voir  la  fructification 
véritable,  normale,  s'accomplir  librement 
au  contact  de  l'air;  personne  ne  l'a  vue  ni 
ne  la  verra,  puisque  dans  cette  circonstance 
la  matière  tombe  en  putréfaction. 

La  maladie  des  Pommes  de  terre,  qui  a 
causé  tant  de  pertes  l'année  dernière,  et  qui 
a  exercé  la  patience  et  la  perspicacité  de  tant 
d'observateurs,  ne  me  parait  pas  plus  qu'à 
M.  Decaisne  causée  par  la  présence  d'un 
Champignon.  Le  Botrytis  existait  sur  les 
feuilles  des  pieds  qui  portaient  des  tubercu- 
les sains  ou  malades.  Son  action  n'était  doue 
pas  toujours  la  même.  Il  y  a  un  grand  nom- 


MYG 


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461 


bre  de  plantes  dont  les  feuilles  sont  couver- 
tes de  parasites  semblables,  et  qui  ne  pa- 
raissent pas  affectées  de  leur  présence.  Les 
filaments  que  l'on  observe  sont  dus,  comme 
ie  prouve  M.  Decaisne,  au  dédoublement 
et  au  rapprochement  de  la  membrane  des 
cellules.  Pour  ce  qui  concerne  les  véritables 
filaments  confervo ides  que  l'on  observe  sous 
jépiderme  et  qu'on  retrouve  dans  les  fruits 
qui  tombent  en  putréfaction  ,  ils  sont  indé- 
pendants du  Botrytis  des  feuilles  ,  et  les 
Pommes  de  terre  exposées  à  l'air  se  cou- 
vrent d'un  si  grand  nombre  de  Champi- 
gnons, qu'il  est  impossible  de  dire  à  quelle 
espèce  le  mycélium  que  l'on  voit  appar- 
tient. 

On  ne  peut  nier  cependant  le  dévelop- 
pement des  Champignons  sur  des  végétaux 
vivants.  Il  suffit  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur 
les  Urédinés  pour  s'en  convaincre.  A  mesure 
que  la  cryptogamie  fait  des  progrès,  nous 
Yoyons  le  nombre  de  ces  parasites  augmenter. 
Beaucoup  de  plantes  ne  ressentent  aucun  effet 
de  l'existence  des  Uredo,  Puccinia,  JEcidium. 
Mais  les  Ustilaginés  causent  le  plus  souvent  la 
stérilité  de  la  plante,  soit  qu'ils  se  dévelop- 
pent dans  les  réceptacles  des  fleurs  ou  dans 
les  étamines,  soit  qu'ils  affectent  la  graine 
elle-même,  comme  dans  le  charbon  ou  la 
carie.  Parmi  les  espèces  de  Champignons  pa- 
rasites qui  attaquent  les  grains,  la  Sphacélie 
est  une  des  plus  dangereuses,  parce  qu'elle 
leur  communique  une  propriété  vénéneuse. 
Les  substances  animales  donnent  naissance 
à  un  grand  nombre  de  Champignons;  il  y 
en  a  même  qu'on  ne  rencontre  que  sur  telle 
ou  telle  partie.  Le  genre  Onygena  se  déve- 
loppe sur  les  cornes,  les  sabots,  le  poil  des 
animaux,  les  plumes  des  oiseaux.  Le  Sphœria 
militaris,  Entomogena,  Robertsii,  sur  les  lar- 
ves ou  sur  les  insectes  eux-mêmes,  Ylsaria 
rassa  sur  les  chrysalides  enfouies,  Ylsaria 
sphecophila  sur  la  Guêpe  Frelon,  etc.  De 
toutes  ces  espèces,  celle  qui  a  le  plus  fixé 
l'attention  est  le  Sphœria  militaris,  qui,  vers 
te  milieu  du  xvme  siècle,  a  semblé  confirmer 
d'une  manière  incontestable  la  métamor- 
phose de  quelques  animaux  en  végétaux. 

Pour  que  l'homme  pénétrât  le  mystère  de 
ce  singulier  développement,  il  fallait  que  ses 
intérêts  matériels  fussent  compromis,  comme 
ils  le  sont  par  la  muscardine.  Cette  maladie, 
qui  se  montre  dans  les  magnaneries,  cause 


quelquefois  des  pertes  immenses  en  faisant 
périr  les  Vers  à  soie.  Elle  doit  son  origine  à 
un  Champignon  d'une  nature  beaucoup  plus 
délicate  que  le  précédent;  il  végète  dans  le 
corps  du  Ver,  le  tue ,  le  dessèche ,  le  rend 
blanc  et  cassant  comme  un  morceau  de  plâtre. 
La  cause  d'une  semblable  maladie  avait  été 
longtemps  cherchée  et  toujours  en  vain.  En 
fin,  en  1835,  M.  Bassi,  avocat  à  Lodi,  eut  le 
bonheur  de  la  découvrir.  MM.  Audouin  et 
Montagne  nous  en  ont  fait  connaître  la  nature 
et  le  mode  de  propagation.  11  résulte  de  leurs 
expériences  que  la  muscardine  est  produite 
par  le  Botrytis  Bassiana  ,  que  les  spores  dis- 
séminées dans  l'air  sont  le  moyen  de  trans- 
mission qu'emploie  ia  nature  pour  sa  repro- 
duction ,  et  que  la  maladie  est  transmissible 
par  l'inoculation  des  spores  à  d'autres  Vers  à 
soie,  à  des  chenilles  de  différentes  espèces , 
à  des  chrysalides  et  même  à  des  larves  de 
Coléoptères. 

Les  expériences  faites  avec  le  plus  grand 
soin  ont  prouvé  d'une  manière  incontestable 
que  des  végétaux  cryptogames  peuvent  naître 
dans  les  tissus  des  animaux  ;  elles  ont  aussi 
fixé  l'attention  des  observateurs,  et  mainte- 
nant la  science  possède  plusieurs  cas  de  ce 
genre.  En  1841,  M.  Eudes  Deslonchamps, 
professeur  d'histoire  naturelle  à  Caen ,  pré- 
senta à  l'Institut  l'observation  d'un  Canard 
Eider  qui,  trois  semaines  ou  un  mois  avant 
sa  mort,  avait  la  respiration  très  gênée.  Il 
mourut,  et  l'ouverture  faite  quelques  heures 
après  fit  voir  de  nombreuses  plaques  blan- 
ches ou  vertes  d'une  Mucédinée  dans  les  sacs 
aériens;  il  yen  avait  aussi  sur  les  reins,  les 
intestins,  les  os  du  bassin,  etc.  Dans  la  même 
année,  MM.  Emmanuel  Rousseau  et  Serru- 
rier firent  aussi  une  communication  sem- 
blable à  l'Institut;  le  sujet  de  l'observation 
était  une  Perruche  souris,  morte  de  phthisic 
pulmonaire:  dans  l'abdomen,  entre  les  in- 
testins, on  voyait  une  fausse  membrane  sur 
laquelle  existait  une  moisissure  verdâtre  et 
pulvérulente.  Les  auteurs  decetteobservation 
disent  avoir  également  observé  des  végéta- 
tions de  même  nature  sur  des  Pigeons,  des 
Poules,  une  Biche  et  une  Tortue  des  Indes. 
Abraham  Halsey,  Will,Virey,  Yarrel,Thielc, 
Montagne,  Mitchill  de  New-York,  Owen , 
Wiews,  etc.,  ont  consigné  dans  différents  re- 
cueils des  observations  semblables.  Comment 
expliquer  ce  phénomène?   Dans  les  Vers  à 


462 


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soie,  le  Botrytis  se  fixe  primitivement  sur  le 
tissu  graisseux  ,  qui  ne  jouit,  comme  on  le 
sait,  que  d'une  faible  vitalité  ;  dans  les  oi- 
seaux et  les  animaux,  c'est  sur  les  membra- 
nes ,  et  surtout  celles  qui  sont  en  contact 
avec  l'air.  Ne  peut-on  pas  supposer  que  les 
spores,  respirées  depuis  plus  ou  moins  de 
temps,  ont  commencé  à  végéter  au  même 
instantque  la  vie  s'est  éteinte,  et  qu'elles  ont 
continué  jusqu'au  moment  de  l'ouverture. 
Lorsque  la  mort  survient,  les  liquides  ainsi 
que  les  tissus  tendent  à  changer  de  nature, 
et  ce  moment  est  peut-être  aussi  avantageux 
qu'un  autre  plus  éloigné  pour  favoriser  leur 
développement.  M.  le  docteur  Mougcot,  dans 
la  partie  botanique  de  la  statistique  du  dé- 
partement des  Vosges  qui  vient  de  paraître, 
rapporte,  d'après  M.  le  docteur  Muhlenbeck 
de  Mulhouse,  l'observation  curieuse  de  deux 
garçons  tonneliers  empoisonnés  par  les  spo- 
res de  YAspergillus  glaucus.  Ces  garçons 
étant  entrés  dans  un  tonneau  fortement 
couvert  de  cette  moisissure,  pour  le  brosser, 
en  respirèrent  la  poussière,  et  aussitôt  ils 
furent  pris  de  céphalalgie,  vomissements, 
vertiges,  qui  cédèrent  à  une  saignée  et  à  une 
limonade  légère.  Que  pouvait  -  il  arriver 
dans  une  circonstance  semblable  s'ils  fus- 
sent morts?  Les  moisissures  se  développent 
avec  une  rapidité  quelquefois  étonnante. 
M.  Schmitz  a  observé  que  celles  du  Mucor 
Mucedo  ont  germé  en  cinq  heures  dans  du 
suc  de  pommes ,  tandis  que  dans  l'eau  seize 
heures  ne  leur  ont  pas  suffi.  N'avons-nous 
pas,  dans  un  corps  qui  vient  de  perdre  la  vie, 
les  deux  circonstances  les  plus  favorables 
pour  leur  germination,  l'humidité  et  la  cha- 
leur? 

Si  l'on  ajoute  foi  aux  observations  de  quel- 
ques auteurs  modernes,  les  Champignons 
peuvent  se  développer  dans  les  organes  di- 
gestifs et  même  sur  la  peau  et  les  membranes 
muqueuses  de  l'homme  vivant.  M.  le  doc- 
teur Prosper  Denis  de  Commercy,  dans  un 
Mémoire  publié  en  1828  sur  trois  cas  rares 
dans  l'ordre  physiologico-anatomique,  rap- 
porte deux  observations  de  Bézoards  qu'il 
considère  comme  des  plantes  cryptogames 
et  comparables  aux  Truffes.  Dans  la  première, 
il  s'agit  d'une  fille  âgée  de  trente-six  ans, 
affectée  d'aménorrhée  et  d'hématémèse.  Elle 
rendait  par  le  vomissement  des  corps  étran- 
gers qui  avaient  la  forme  de  pralines  et  le 


volume  de  petites  noisettes;  leur  tissu  était 
poreux,  à  peu  près  comme  celui  des  os  qui 
contiennent  de  la  moelle  ;  ils  offraient  à  l'une 
de  leurs  extrémités  une  dépression  infundi- 
buliforme  communiquant  à  un  canal  régu- 
lier qui  régnait  intérieurement  dans  leur 
longueur.  Le  second  cas  est  celui  d'un  octo- 
génaire constipé  depuis  quinze  jours;  lej 
excréments  renfermaientdes  corps  du  volume 
d'une  noisette;  ils  étaient  couverts  d'une 
couche  jaune,  friable,  probablement  formée 
par  de  la  cholestérine;  la  structure  de  leur 
noyau  rappelait  celle  du  liège;  on  y  voyait 
des  stries  poreuses  brunes,  plus  colorées  que 
le  reste  de  la  substance,  et  d'autres  non 
poreuses,  presque  incolores,  se  voyaient  à  la 
surface  des  tranches  entamées  par  le  couteau. 
Les  acides  agirent  sur  ces  corps  comme  sur 
le  liège  dont  ils  partageaient  la  consistance, 
la  couleur,  la  légèreté  et  même  la  spongiosité. 
De  ces  deux  observations,  on  ne  peut  certai- 
nement pas  conclure  que  des  Champignons 
se  sont  développés  dans  les  voies  digestives. 
La  fille,  affectée  d'aménorrhée,  comme  beau- 
coup d'autres  qui  sont  dans  le  même  cas, 
peut  bien  avoir  mangé,  par  suite  de  déprava- 
tion du  goût,  des  morceaux  de  Champignons 
coriaces  qu'elle  n'a  pu  digérer.  Pour  ce  qui 
concerne  le  vieillard,  la  cholestérine  dont  les 
Bézoards  étaient  encroûtés,  et  le  mode  d'ac- 
tion des  acides  ,  comme  s'ils  eussent  été  de 
liège,  ne  permettent  pas  non  plus  de  croire 
à  une  végétation  spontanée  ni  accidentelle. 
Fourcroy  et  Vauquelin  ont  donné  une  ex- 
plication plus  simple  et  plus  naturelle  de  la 
présence  du  tissu  fongueux  qu'ils  ont  ren- 
contré dans  de  véritables  Bézoards,  en  disant 
que  les  animaux  dans  lesquels  on  les  a  trou- 
vés avaient  mangé  des  Champignons  durs, 
coriaces  et  subéreux,  qui,  comme  le  ligneux, 
les  poils,  avaient  résisté  à  l'action  des  orga- 
nes digestifs,  et  en  étaient  devenus  le  noyau. 
M.  Gruby  (Comptes-rendus  hebdomadaires , 
Académie  des  sciences  naturelles ,  vol.  XIII, 
pag.  72,  309,  388,  ettom.  XIV,  p.  634)  a 
émis  sur  la  cause  et  la  nature  de  la  teigne 
et  du  muguet  des  enfants  une  opinion  non 
moins  singulière.  Suivant  l'auteur,  ces  deux 
maladies  seraient  dues  au  développement 
de  Champignons  microscopiques  voisins  des 
genres  Mycoderma,  Torula  et  Sporotrichum. 
Cette  manière  d'envisager  la  teigne  excita 
vivement  ma  curiosité.   M.   Baudelocque, 


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463 


médecin  à  l'hôpital  des  Enfants,  me  facilita 
les  moyens  de  vérifier  l'exactitude  de  ces 
nouvelles  et  curieuses  observations.  Mes  re- 
cherches n'ont  pas  répondu  à  mon  attente. 
Dans  la  matière  qui  compose  le  favus,  je 
n'ai  rien  vu  qui  ait  la  moindre  ressemblance 
avec  un  Champignon,  ni  qui  puisse  donner 
l'idée  d'un  Mycoderma,  d'un  Torula  ou  d'un 
Sporotrichum.  On  voit  bien,  il  est  vrai,  en 
examinant  au  microscope,  une  parcelle  de  la 
croûte  teigneuse,  des  corps  ronds,  allongés, 
irréguliers,  réunis  bouta  bout  ou  par  les 
côtés,  mélangés  avec  des  débris  membraneux 
et  des  globules  graisseux;  mais  ces  caractè- 
res ne  suffisent  pas  pour  constituer  un  My- 
coderma, un  Torula  et,  à  plus  forte  raison, 
un  Sporotrichum.  Dans  le  premier  cas,  on  a 
des  corps  inégaux,  irréguliers,  sans  filaments 
distincts  et  sans  aucune  apparence  de  spo- 
res; dans  le  second  cas,  au  contraire  (les 
Mycodermes  exceptés,  qui  sont  composés 
d'Algues,  d'Infusoires  et  de  Champignons 
réunis  en  masse),  l'élégance,  la  régularité 
des  formes,  le  mode  d'articulation,  de  divi- 
sion ,  la  constance  dans  les  caractères  et  la 
présence  des  spores  révèlent  au  premier 
coup  d'oeil  une  nature  végétale.  La  croûte 
de  la  teigne  faveuse  n'est,  pour  moi,  qu'une 
masse  composée  de  parcelles  membraneuses, 
de  globules  graisseux,  et  d'autres  globules 
dont  j'ignore  la  nature,  et  qui  sont  altérés 
dans  leur  forme  et  agglutinés  les  uns  aux 
autres;  ce  qui  semble  le  prouver  d'une  ma- 
nière incontestable,  c'est  que  la  sérosité  qui 
s'écoule  d'une  surface  que  l'on  vient  de 
mettre  à  nu  en  enlevant  la  croûte  est  for- 
mée de  globules  absolument  semblables, 
seulement  ils  sont  plus  visibles ,  parce 
qu'ils  sont  dégagés  de  toute  matière  étran- 
gère. Pour  se  convaincre  du  peu  d'iden- 
tité qui  existe  entre  la  teigne  et  des  Cham- 
pignons microscopiques,  il  suffit  de  les  com- 
parer en  nature  alternativement,  au  lieu  de 
consulter  un  dessin  ou  une  description  qui, 
pour  des  objets  aussi  petits,  laissent  toujours 
de  l'incertitude. 

DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE. 

La  distribution  des  Champignons  sur  la  sur- 
face du  globe  est  un  des  points  les  moins  con- 
nus de  la  botanique;  lascience manque  môme 
de  matériaux  pour  que  l'on  ose  en  présen- 
ter une  légère  esquisse  ;  les  voyageurs  ne  de- 


meurent pas  assez  longtemps  dans  un  pays 
pour  les  récolter  tous,  et  la  difficulté  de 
leur  conservation  fait  qu'ils  les  négligent 
généralement.  On  pourrait  peut-être  énu- 
mérer  les  espèces  qui  existent  en  France,  en 
Allemagne,  en  Angleterre,  en  Italie,  etc.  ; 
mais  comme  tous  les  jours  on  en  trouve  de 
nouvelles  ,  les  nombres  établis  changent 
également  tous  les  jours. 

Les  Lichens  sont  les  végétaux  que  l'on 
rencontre  à  la  plus  grande  élévation,  ils  y 
paraissent  en  quelque  sorte  pour  attester  la 
fécondité  de  la  nature  ;  au-dessous  d'eux 
viennent  les  Mousses,  puis  les  Champignons. 
Pour  que  la  végétation  de  ceux-ci  ait  lieu, 
il  faut  de  l'humidité  et  un  certain  degré 
de  température  ;  on  les  observe  en  nombre 
d'autant  plus  considérable  que  ces  deux 
circonstances  sont  plus  manifestes.  Pour 
s'en  convaincre  ,  il  suffit  de  considérer  la 
zone  centrale  de  l'Europe,  où  la  tempéra- 
ture est  moyenne  et  les  pluies  assez  fré- 
quentes ;  ils  sont  plus  rares  dans  le  Midi, 
où  il  y  a  trop  de  chaleur  et  pas  assez  d'hu- 
midité, et  dans  le  Nord  ,  où  la  température 
moyenne  n'est  pas  assez  élevée.  Le  nombre 
des  espèces  varie  dans  chaque  zone  suivant 
la  nature,  les  accidents  du  sol ,  suivant  que 
ce  sol  est  couvert  de  prairies  ou  de  forêts  ;  et 
comme  elles  préfèrent  généralement  un  ar- 
bre à  un  autre,  plus  ceux-ci  seront  variés 
plus  elles  le  seront  aussi. 

Sous  le  rapport  de  l'altitude  que  les  Cham- 
pignons peuvent  atteindre  ,  Oswald  Heer 
nous  a  fourni  quelques  renseignements  pré- 
cieux pour  les  Alpes.  A  5000  pieds  il  a 
rencontré  très  abondamment  VAgaricus 
Muscarius  et  le  Merulius  Cantharellus :  l'un 
et  l'autre  avaient  totalementdisparu  à  2550. 
Il  a  vu  un  très  bel  échantillon  de  Clavaria 
cristata  à  5G00  pieds.  De  6500  p.  jusqu'à 
7000,  il  a  trouvé  un  très  grand  nombre 
d'Agarics  ;  et  enfin ,  à  6780 ,  deux  Pézizes; 
l'une  d'elles  croissait  sur  les  tiges  mortes  du 
Chrysanthemum  alratum.  Philippi  rapporte 
que  dans  l'ascension  de  l'Etna  qu'il  fit,  il 
observa  à  3000  pieds  de  hauteur  le  Nidu- 
laria  Crucibulum,  et  à  5100  le  Geastrum 
hygromelricum.  J'ai  vu  dans  l'herbier  de 
M.  Requien  un  Lycoperdon  et  le  Sphœria 
disciformis  qu'il  avait  récoltés  sur  le  mont 
Ventoux,  de  4500  à  5000  pieds  de  haut. 
M.  le  docteur  Martins  a  recueilli  à  26$c 


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mètres  d'élévation  ,  sur  le  Faulhorn ,  le 
Peziza  M 'ulhenbeckii ,  un  Bovista,  un  Ly- 
coperdon ,  et  plusieurs  espèces  d'Agarics. 
M.  Agassiz,  qui  est  demeuré  si  longtemps 
dans  les  régions  froides  et  élevées ,  a  vu 
une  Mycène  dont  le  pied  était  très  long 
croître  parmi  les  Mousses  sur  les  bords  du 
glacier  de  l'Aar,  à  8000  pieds  d'altitude.  Les 
observations  de  M.  Jungbuhn ,  faites  sur 
le  Merapi,  Kendang  ,  Burang-rang  ,  Tjer- 
mai,  etc. ,  hautes  montagnes  de  Java  ,  ne 
sont  pas  moins  intéressantes  ;  elles  nous 
apprennent  que  la  plus  grande  partie  des 
Champignons  se  montre  à  la  hauteur  de 
3,000  à  5,000  pieds,  qu'ils  croissent  dans 
toutes  les  saisons  et  presque  toujours  soli- 
taires. Au-delà  de  5,000  pieds  ,  ils  devien- 
nent fort  rares  ,  les  Mousses  plus  abondan- 
tes ,  et  les  Lichens  atteignent  le  sommet  des 
plus  hautes  montagnes.  La  Schizophyllum 
commune ,  que  Ton  trouve  presque  dans 
tous  les  pays,  croît  depuis  le  niveau  de  la 
mer  jusqu'à  6,000  pieds;  de  1,000  pieds  à 
2,000  on  rencontre  les  Polyporus  minimus, 
flavus  ,  Mons  Veneris  ,  Xanthopus  ;  Xerotus 
indiens  ;  Thelephora  papyracea  ;  Sphœria 
pellata ,  Hypoxylon ,  alutacea  ;  Cenangium 
paradoxum.  De  2,000  à  4,000,  le  Polypo- 
rus vulgaris ,  spadiceus ,  lacevus  ,  furca- 
tus ,  microscopicus,  bicolor,  versicolor  ;  Dœ- 
dalea  crustacea;  Thelephora  Ostrea;  Cla- 
varia  cristata;  Veziza  scutellata  ,  helvola; 
Stilbum  incarnatum.  De  4,000  à  5,000  p., 
FAgaricus  campestris  ;  Polyporus  niveus  , 
fusco-albus  ,  annulalus  ,  venulosus  ,  etc.  ; 
Favolus pustutalus  ;  Thelephora  cervina ;  Cy- 
phella  musœ  ,  candida  ;  Arcyria  punicea  ; 
Hysleriam  flexuosum  ;  Sphœria  Peziza ,  gil- 
va,  digitata;  Ceratium  hydnoides.  Enfin,  de 
5,000  à  8,000  p.,  le  Cantharellus  redivivus; 
Sphœria  concentrica.  MM.  de  Humboldt, 
Bonpîand  et  Galeoti ,  en  ont  rencontré  à  des 
hauteurs  considérables  sur  les  Cordillères, 
2t  M.  Just.  Goudot  en  a  rapporté  du  Pic 
;}e  Tolima ,  un  des  points  les  plus  élèves 
de  cette  chaîne  de  montagnes;  mais  je  ne 
~>ais  à  quelle  hauteur  ils  ont  été  récoltés.  On 
doit  être  étonné  que  Ramond ,  qui  a  monté 
trente  cinq  fois  sur  le  Pic  du  Midi ,  dont 
'élévation  est  de  1,500  toises  ou  2,924  mè- 
tres, n'ait  pas  signalé  un  seul  Champignon, 
quoiqu'il  ait  observé  sa  végétation  à  toutes 
les  époques  de  l'année  et  dans  toutes  leurs 


diversités  ;  mais  ,  comme  il  le  dit  lui-même, 
les  Cryptogames  n'avaient  qu'une  part  se- 
condaire à  son  attention. 

On  voit,  par  cet  exposé,  que  les  Cham- 
pignons diminuent  en  nombre  quand  on 
atteint  le  sommet  des  montagnes  ,  par 
conséquent  à  mesure  que  la  température 
s'abaisse. 

Le  résultat  est  le  même  quand  on  consi- 
dère la  latitude  sous  laquelle  ils  se  dévelop- 
pent. Dans  la  zone  équatoriale  ,  et  surtout 
dans  celle  des  tropiques ,  ils  paraissent  plus 
abondants  et  plus  variés  que  dans  la  zone 
tempérée,  où  ils  sont  cependant  très  nom- 
breux; ils  diminuent  ensuite  à  mesure  que 
l'on  avance  vers  les  régions  polaires.  Nous  de- 
vons à  M.  Berkeley  la  description  d'un  grand 
nombre  de  Champignons  del'hémisphère  aus- 
tral. MM.  Gaudichaud  et  Raoul  ont  enrichi 
la  collection  du  Muséum  de  Paris  d'espèces 
récoltées  dans  les  îles  Malouines  et  la  Nou- 
velle-Zélande. Menzies  en  a  rencontré  aussi 
dans  la  Terre  des  États.  Ces  îles ,  ainsi  que 
le  groupe  des  îles  Aukland ,  paraissent  beau- 
coup plus  riches  en  mousses  et  en  hépati- 
ques qu'en  Champignons.  Nous  ne  pouvons 
donc  rien  établir  sur  la  végétation  des  terres 
polaires  australes,  parce  que  les  voyageurs 
ne  nous  en  ont  rien  rapporté.  Il  en  est  à 
peu  près  de  même  pour  l'hémisphère  boréal. 
Tout  le  monde  sait  que  VAgaricus  musca- 
rius,  ou  du  moins  une  espèce  analogue, 
croît  abondamment  dans  le  Kamtschatka. 
M.  le  professeur  Ehrenberg,  qui  a  décrit  les 
Champignons  du  voyage  de  Chamisso,  note 
encore  YUredo  interstilialis  et  rosœ?  à  Una- 
laska ,  par  54°  lat.  sept. ,  YJEcidium  epi- 
lobii ,  Uredo  Pyrolœ ,  Puccinia  vesiculosa  , 
Eurotium  herbariorum ,  Sphœria  punctifor- 
mis,  Hysterium  orbiculare  et  gracile.  Par 
65°  lat.  sept,  dans  l'île  Saint-Laurent ,  le 
Sphœria  Hederœ ,  Triblidium  arcticum  ;  et 
dans  l'île  de  Chamisso,  située  au  66e  degré, 
le  Sphœria  herbarum.  Enfin,  M.  Robert 
Brown ,  dans  sa  Flore  de  l'île  Melville , 
située  au  74°  47'  lat.  sept. ,  mentionne 
deux  Champignons;  c'est  le  point  le  plus 
reculé  où  l'on  en  ait  rencontré.  Il  est  donc 
impossible,  sur  des  données  aussi  minimes, 
de  pouvoir  tracer  les  premières  lignes  de 
l'arithmétique  botanique. 

Les  Champignons  et  les  Lichens  parais- 
sent être  les  plantes  les  plus  cosmopolites  f 


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465 


sur tou t  quelques  espèces .  Les  Agaricus  cam- 
pestris  ;  Cantharellus  cibarius  ;  Schizophyl- 
lum  commune  ;  Polyporus  igniarius ,  fomen- 
iarius ,  versicolor,  lucidus;  Thelephora  hir- 
suta  ;  Cyathus  Cr'ucibulum ,  vernicosus  ; 
Peziza  scuiellata  ;  Sphœria  concentrica ,  her- 
barum;  Ascophora  Mucedo,  existent  partout. 
La  Flore  cryptogamique  de  l'Amérique  bo- 
réale a  les  plus  grands  rapports  avec  celle 
de  l'Europe.  Quelques  genres  paraissent  ap- 
partenir à  certaines  régions:  ainsi  on  n'a 
observé  jusqu'à  ce  jour  les  genres  Broomcia, 
Phellorina  ,  Scoleiocarpus ,  Polyplocium  , 
qu'au  cap  de  Bonne-Espérance  ;  llymeno* 
gramme,  Cymatoderma,  Trichocoma,  Tri* 
càampkora,  qu'à  Java  ;  Hyperrhiza  en  Caro- 
line; Pterophyllus  en  Egypte,  etc.  Mais  rien 
ne  prouve  qu'ils  n'existent  pas  dans  d'autres 
pays,  ou  qu'ils  ne  sont  pas  représentés  par 
des  espèces  analogues.  VAgaricus  radiosus 
de  Pallas  {Monlagnites  Pallasii),  trouvé  sur 
les  bords  de  l'Irtisch  ,  par  61  degrés  de  lati- 
tude septentrionale,  se  montre  sous  la  forme 
du  Montagnites  Candollei  à  Marseille  et  à 
Alger,  sur  les  bords  de  la  Méditerranée; 
le  Batlarrea  phalloïdes ,  qu'on  avait  vu  très 
rarement  en  Angleterre,  a  été  retrouvé  au 
cap  de  Bonne-Espérance;  le  Batlarrea  G au- 
dichaudii  croît  à  Lima  ,  dans  le  Pérou  ;  le 
Mylremyces  lutescens,  delà  Caroline,  est 
représente  dans  la  Tasmanie  par  le  M. 
fuscus.  Le  Cyclomyces  fuscus ,  espèce  sessile 
dans  l'île  Maurice,  perd  de  son  originalité 
quand  on  le  compare  au  C.  Greinh,  qui  est 
pédicule,  et  qu'on  rencontre  en  Amérique, 
dans  l'État  de  Massachusetts.  Enfin ,  le 
genre  Secotium ,  qui  n'avait  été  observé  qu'au 
Cap  de  Bonne-Espérance  et  dans  la  Nou- 
velle-Zélande, vient  d'être  trouvé  en  France 
par  MM.  Tulasne.  Ces  exemples ,  que  je 
choisis  parce  qu'ils  appartiennent  à  des  ty- 
pes très  remarquables ,  pourraient  être  mul- 
tipliés davantage,  mais  ils  suffisent  pour 
démontrer  que  les  différents  genres  de  Cham- 
pignons ne  sont  pas  renfermés  dans  des  li- 
mites aussi  étroites  que  le  sont  quelques 
familles  de  plantes  phanérogames. 

ACTION  DES  AGENTS  EXTÉRIEURS. 

Les  Champignons,  comme  tous  les  autres 

végétaux,  sont  vivement  influencés  par  la 

lumière;  ils  la  recherchent  également.  Pour 

s'en  convaincre,  il  suffit  de  mettre  dans  de 

T.  vni. 


la  mousse  humide  quelques  Agarics  à  pied 
très  long,  dans  un  endroit  éclairé  par  un 
seul  point  :  on  voit  dans  l'espace  d'une  nuit 
le  pédicule  se  courber,  ou  le  chapeau  s'incli- 
ner sur  celui-ci,  et  se  diriger  du  côté  qu'elle 
pénètre.  Cette  expérience,  facile  à  faire  sur 
des  Coprins,  des  Mycènes,  donne  le  moyen 
de  courber  naturellement  le  pied  des  gros 
Agarics  sur  les  lames  sans  le  briser.  Leur 
dessiccation  devient  plus  aisée ,  et  ils  conser- 
vent mieux  leurs  caractères. 

L'absence  de  la  lumière ,  si  marquée  sur 
les  plantes,  l'est  encore  davantage  sur  les 
Champignons  ;  les  caves,  les  souterrains, 
les  galeries  des  mines,  dans  lesquelles  il  y  a 
beaucoup  de  soutiens  en  bois,  nous  en 
offrent  de  nombreux  exemples.  Dans  des 
endroits,  ces  parties  sont  couvertes  de  ro- 
settes blanches ,  plus  ou  moins  larges  ,  ou 
supportent  de  longs  flocons  blancs,  qui  res- 
semblent à  des  houppes,  à  des  globes;  dans 
d'autres,  ce  sont  des  Rhizomopha,  qui  mon- 
tent, qui  descendent,  ou  sont  pendants. 
Toutes  ces  végétations,  qui  n'arrivent  jamais 
à  un  développement  complet,  appartiennent 
aux  Champignons  ;  Hoffmann  ,  Scopoli , 
M.  de  Humboldt,  nous  en  ont  fait  connaître 
un  grand  nombre.  On  a  observé  que  les 
bois  dont  on  se  sert  dans  les  mines  de  sel 
gemme  présentent  moins  de  productions 
fongiques,  probablement  parce  que,  péné- 
trés de  sel ,  ils  se  décomposent  beaucoup 
plus  lentement. 

L'action  de  l'air  est  aussi  marquée  que 
celle  de  la  lumière.  Les  Champignons  n'ar- 
rivent jamais  à  leur  état  normal  quand  il 
est  vicié  ou  qu'il  ne  circule  pas  librement; 
dans  de  semblables  circonstances  ils  éprou- 
vent la  même  modification  que  précédem- 
ment, ils  s'étiolent  et  s'allongent  indéfini- 
ment. Les  navires,  malgré  tous  les  soins 
que  l'on  prend  pour  renouveler  l'air,  n'en 
sont  pas  exempts.  M.  C.  Dupin  (Ann.  de 
chim.  et  de  phys.,  2e  sér.,  t.  XVII,  p.  290) 
dit  que  la  pourriture  sèche  qui  résulte  du 
développement  des  Cryptogames  sur  le  li- 
gneux est  un  véritable  fléau  pour  la  ma- 
rine. Un  bâtiment  envahi  par  \eXylostroma 
giganteum?  devint  en  très  peu  de  temps 
incapable  de  tenir  la  mer.  On  cite  à  cet 
égard  le  vaisseau  le  Foudroyant,  de  80  ca- 
nons, lancé  en  1798,  qu'il  fallut  radouber 
et  refondre  presque  en  entier  en  1802. 

U9 


4G6 


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Une  température  assez  élevée,  jointe  à 
l'humidité,  favorise  singulièrement  leur  dé- 
veloppement. C'est  à  ces  deux  causes  réu- 
nies que  l'on  doit  rapporter  le  développe- 
ment de  Champignons  que  Meri,  célèbre 
chirurgien  du  commencement  du  xvinc  siè- 
cle, observa  chez  un  malade,  sur  les  diffé- 
rentes pièces  d'un  appareil  de  fracture. 
L'action  directe  du  soleil  en  fait  périr  un 
grand  nombre,  elle  n'épargne  guère  que 
ces  petits  parasites  qui  vivent  sur  les 
feuilles  et  ceux  qui  croissent  dans  les  prai- 
ries. Quelques  auteurs  assurent  que  la  tem- 
pérature de  l'eau  bouillante  ne  détruit  pas 
la  propriété  végétative  des  spores.  Thore 
dit  même  que  l'on  propage  par  ce  moyen 
l'Agaric  Palomet  dans  le  département  des 
Landes ,  et  des  expériences  récentes  ont 
prouvé  à  M.  Schrnitz  que  les  spores  du 
Peziza  repanda  exposées  à  110°  dans  un 
air  sec,  n'avaient  pas  perdu  leur  faculté 
germinative,  tandis  que  celles  du  Trichothe- 
cium  roseum  l'avaient  perdue  de  55  à  60°, 
Au-dessous  de  zéro,  les  spores  et  les  Cham- 
pignons sommeillent ,  mais  la  rapidité  avec 
laquelle  nous  voyons,  sous  la  latitude  de 
P.;,;is  ,  VAgaricus  pulverulentus  Bull. ,  et 
VAgar.  nigripes  Bull.  ,  YAgar.  tenacellus 
Pers.,  se  montrera  divers  intervalles,  pen- 
dant l'hiver,  quand  le  froid  vient  à  ces- 
ser, nous  prouve  que  quelques  uns  ne  sont 
pas  très  sensibles  au  froid  :  les  Agar.  cam- 
pestris,  caryophyllœus ,  comalus ,  arundi- 
naceus ,  etc.,  ne  paraissent  en  aucune  ma- 
nière influencés  par  les  gelées  blanches. 
Lorsque  les  Champignons  sont  surpris  par 
le  froid,  ils  gèlent  ;  pendant  tout  ce  temps 
ils  conservent  leur  forme  et  pourrissent 
lorsque  le  dégel  survient.  VAgaricus  stip- 
iicus  et  le  Schizophyllum  commune  me 
semblent  faire  exception,  car  dans  les  forêts 
on  les  voit  alternativement  se  flétrir  et  re- 
venir à  leur  état  naturel  suivant  les  cir- 
constances. Mais  les  Théléphores ,  les  Dœ- 
dalea  betulina  et  quercina,  les  Polypores, 
surtout  ceux  qui  sont  épais  ,  subéreux , 
résistent  aux  froids  les  plus  intenses  de 
nos  pays.  Ils  gèlent,  dégèlent,  et  conti- 
nuent de  croître  quand  leur  bonne  saison 
arrive. 

L'électricité,  dit  M.  De  Candolle,  «  ac- 
»  célère  la  végétation  dans  les  plantes.  Une 
»  influence  évidente,  mais  en  sens  con- 


»  traire,  a  été  observée  sur  les  Champi- 
»  gnons.  Les  maraîchers  de  Paris  qui  se  li- 
»  vrent  à  la  culture  des  Champignons  de 
»  couche  (Agaricus  campestris)  m'ont  as- 
»  sure  que  le  tonnerre  tue  les  Champignons 
»  de  couche  en  plein  air,  et  ils  les  pla- 
»  cent  dans  des  caves  et  mieux  encore  dans 
»  les  catacombes  pour  éviter  cet  effet.  J'ai  vu 
»  une  culture  de  ce  genre  établie  dans  une 
»  carrière  du  faubourg  Saint-Jacques  ;  le 
»  cultivateur  m'assura  que,  dans  l'étage  su- 
»  périeur,  le  tonnerre  tuait  encore  quelques 
»  Champignons,  mais  jamais  dans  l'étage 
»  inférieur.  »  M.  De  Candolle  rapporte  ces 
faits  sans  en  garantir  l'authenticité. 

Les  effets  de  l'électricité  ne  sont  pas  tou- 
jours aussi  nuisibles  aux  Champignons  que 
les  maraîchers  de  Paris  le  pensent;  tous 
ceux  qui  s'occupent  de  la  recherche  de  ces 
végétaux  pour  les  étudier  en  trouvent  un 
bien  plus  grand  nombre  après  les  pluies 
orageuses  qu'après  celles  qui  ne  le  sont  pas. 
Les  anciens  avaient  déjà  remarqué  que 
quand  les  orages  étaient  fréquents ,  les 
Truffes  étaient  abondantes.  Cette  croyance 
est  encore  généralement  répandue  aujour- 
d'hui dans  les  pays  où  elles  croissent.  La 
Sphacélie,  ce  petit  Champignon  qui  cause 
l'ergot  des  Graminées,  ne  se  rencontre  ja- 
mais que  quand  les  mois  de  mai  et  juin  sont 
chauds  et  orageux.  Une  observation  atten- 
tive pendant  plusieurs  années  m'a  con- 
vaincu de  ce  fait.  On  peut  donc  croire  que 
l'électricité  a  la  même  influence  sur  les 
Champignons  que  sur  les  autres  plantes. 

Les  brouillards  ont-ils  une  action  sur  le 
développement  des  Champignons?  Aucune 
observation  positive  ne  confirme  cette  ac- 
tion, quoique,  dans  les  campagnes,  on  attri- 
bue la  rouille  et  le  charbon  à  leur  pré- 
sence. Mais  dans  l'automne,  époque  à  la- 
quelle on  les  observe  plus  fréquemment, 
ils  paraissent,  et  l'humidité  continuelle 
qu'ils  entretiennent  prolonge  leur  exis- 
tence. 

L'arsenic  a  une  action  très  vive  sur  les 
Champignons,  il  les  fait  périr  très  prompte- 
ment.  De  nombreuses  expériences  prouvent 
que  la  germination  des  graines  est  empêchée 
quand  elles  sont  plongées  dans  un  sol 
inerte,  comme  le  sable  lavé,  le  verre  pilé,  et 
qui  est  arrosé  seulement  avec  de  l'eau  te- 
,.  nant  en  solution  de  l'arsenic.  Les  agricul- 


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467 


leurs  ont  cherché  à  utiliser  cette  propriété 
,  pour  détruire  la  faculté  végétative  des 
spores  de  la  carie ,  du  charbon  ,  en  plon- 
geant leurs  grains  dans  une  solution  arse- 
nicale avant  de  les  confier  à  la  terre.  Ce 
moyen,  dangereux  sous  plusieurs  rapports,  a 
été  défendu  par  nos  lois,  et  d'ailleurs  rien 
ne  prouve  dans  ce  cas  son  efficacité.  Jœger, 
M.  Chatin,  Bory  de  Saint-Vincent  et  Gil- 
genkran  tz,  ont  vu  des  Mucédinées  se  dévelop- 
per sur  de  l'eau  qui  en  contenait  une  grande 
quantité  en  solution.  Dans  quelques  expé- 
riences que  j'ai  faites  moi-même,  j'ai  vu 
des  Agarics  secs,  que  j'avais  trempés  dans 
une  solution  d'arsenic  blanc  pour  les  con- 
server, se  couvrir  d'une  forêt  de  Pénicillium 
gluucum. 

Le  sulfate  de  cuivre  a  été  proposé  par 
Bénédict  Prévost,  pour  prévenir  les  mêmes 
accidents.  Les  expériences  qui  ont  été  faites 
ont  donné  des  résultats  avantageux.  Cette 
substance  n'a  pas  les  inconvénients  de  l'ar- 
senic, elle  n'entraîne  avec  elle  aucun  dan- 
ger, et  beaucoup  de  cultivateurs  s'en  ser- 
vent encore  avec  la  certitude  qu'elle  garan- 
tit leurs  grains  de  la  carie  et  du  charbon. 
Il  n'entre  pas  dans  mon  sujet  de  parler  des 
maladies  des  grains  causées  par  les  Cham- 
pignons parasites,  ni  d'exposer  les  recettes 
qui  ont  été  préconisées  pour  les  en  préser- 
ver. Leur  développement  étant  aussi  mysté- 
rieux que  celui  des  entozoaires,  il  est  probable 
qu'on  essaiera  encore  beaucoup  de  moyens 
avant  de  trouver  un  véritable  préservatif. 

Comme  l'arsenic,  le  deutoxyde  de  mer- 
cure est  un  poison  violent  pour  les  Cham- 
pignons :  soumis  à  son  action,  on  les  voit  se 
ramollir  à  l'instant  même,  perdre  leurs  for- 
mes et  leurs  couleurs,  et  jusqu'à  ce  jour  on 
ne  s'en  est  servi  pour  leur  conservation  que 
quand  ils  ont  été  desséchés  préalablement. 

Quelques  Champignons ,  comme  les  Dole- 
tus  cyanescens  Bull.,  luridus  Fr.,  erythro- 
pus  Pers.,  etc.,  dont  la  chair  est  blanche, 
deviennent  presque  instantanément  bleus  au 
contact  de  l'air  quand  on  vientà  les  rompre  : 
comment  ce  phénomène  a-t-il  lieu  et  com- 
ment se  fait-il  qu'en  les  exposant  à  la  va- 
peur de  l'ammoniaque  liquide  il  ne  se  ma- 
nifeste pas;  tandis  que  ce  même  réactif, 
d'après  les  belles  recherches  de  M.  De- 
caisne,  convertit  à  l'instant  même  le  prin- 
cipe colorant  jaune  de  la  garance  en  rouge?  | 


rananaonne  la  solution  de  ce  problème  aux 
chimistes  qui  voudront  s'en  occuper. 

On  a  cherché  à  détruire  le  développement 
des  Champignons  par  la  chaleur  artificielle. 
Plusieurs  personnes ,  pour  conserver  des 
arbres  fruitiers  ,  ont  cautérisé  avec  un  fer 
rouge  la  place  qu'ils  occupaient.  La  cauté- 
risation pendant  un  an  a  suspendu  quel- 
quefois leur  végétation ,  et  à  la  seconde 
année  ils  ont  reparu  comme  auparavant. 
Les  Arabes,  comme  on  le  sait,  ont  l'habi- 
tude d'incendier  des  plaines  immenses;  ces 
incendies  n'ont  pas  empêché  le  capitaine 
Durieu  de  récolter  un  grand  nombre  de 
Champignons  sur  des  chaumes  de  graminées 
à  moitié  consumés,  ainsi  que  sur  des  chênes- 
liéges  dont  l'écorce  paraissait  entièrement 
carbonisée.  Dans  nos  forêts,  les  endroits  où 
Ton  a  préparé  le  charbon  sont  encore  ceux 
qui  en  produisent  le  plus  grand  nombre, 
quoique  leur  surface  soit  brûlée  et  recou- 
verte de  débris  de  ce  combustible. 

M.  Boussingault  (Écon.  rurale,  I,  p.  226) 
rapporte  un  fait  trop  curieux,  de  la  rapidité 
avec  laquelle  se  propage  le  Boletus  {Meru- 
Uus)  destruens ,  pour  que  je  ne  le  rapporte 
pas  ici:  «  Ces  Champignons,  dit-il,  se  trou- 
Vent  ordinairement  entre  les  bordages  et  la 
membrure  ,  dans  des  situations  humides 
où  l'air  se  renouvelle  peu.  On  a  cherché 
quelle  était  la  température  qui  favorise  le 
plus  cette  pourriture  sèche,  on  a  trouvé 
qu'elle  était  comprise  entre  7°  et  32°  cen- 
tigrades. Au-dessus  ou  au-dessous  la  vé- 
gétation languit.  A  l'aide  de  ces  données 
on  espéra  affranchir  les  navires  de  la  pour- 
riture ,  en  élevant  convenablement  leur 
température.  Les  essais  furent  tentés  en 
hiver,  à  bord  du  vaisseau  Queen-Charlotte  ; 
on  porta  l'air  de  la  cale  à  55°  centigr.  Le  ré- 
sultat général  qu'on  obtint  par  ce  procédé  ne 
répondit  pas  aux  espérances  qu'on  avait 
conçues  :  tout  en  anéantissant  dans  la  partie 
basse  du  navire  la  végétation  des  Champi- 
gnons, on  la  favorisait  dans  les  lieux  situés 
à  une  certaine  élévation  au-dessus  de  la 
cale,  par  la  raison  que  l'air  chaud  et  très 
humide  qui  émanait  du  point  où  étaient  les 
poêles  laissait  condenser,  en  se  refroidis- 
sant, la  plus  grande  partie  de  l'eau  dont  il 
était  saturé. 

On  voit  par  cet  aperçu  avec  quelle  faci- 
lité les  Champignons  envahissent  le  tissu 


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ligneux,  et  le  peu  de  moyens  efGcaces  que 
nous  possédons  pour  empêcher  leur  dévelop- 
pement ou  pour  les  détruire.  Les  observa- 
tions faites  depuis  longtemps  dans  les 
mines  de  sel  gemme,  et  les  belles  expé- 
riences de  M.  le  docteur  Boucherie ,  nous 
indiquent  de  la  manière  la  plus  évidente 
comment  nous  pouvons  préserver  nos  con- 
structions de  leur  action. 

RÉCOLTE  ET  PRÉPARATION  DES  CHAMPIGNONS. 

Le  botaniste  qui  récolte  des  Champignons 
doit  savoir  les  préparer,  afin  que  les  maté- 
riaux, qu'il  a  acquis  souvent  avec  beaucoup 
de  peines,  puissent  servir  à  l'étude;  si  ces 
végétaux  ont  été  négligés  par  les  voyageurs, 
c'est  uniquement  parce  qu'ils  ne  savaient 
pas  les  préparer.  Toutes  les  espèces  para- 
sites, comme  les  sEcidiumt  Uredo,  Pucci- 
nia,  et  toutes  celles  qui  se  rencontrent  sur 
les  feuilles  mortes,  ne  demandent  pas  d'au- 
tres soins  que  les  plantes  sur  lesquelles  elles 
se  sont  développées.  Les  nombreuses  espèces 
deSphéries,  et  toutes  celles  qui  ont  une 
certaine  consistance,  doivent  être  enlevées 
avec  une  portion  de  l'écorce  ou  du  bois  sur 
lesquels  elles  se  trouvent,  mais  très  mince, 
afin  de  pouvoir  se  prêter  à  la  compression. 
Si  les  écorces  sont  trop  dures  ou  desséchées, 
on  peut  les  amincir  ou  les  rendre  flexibles  à 
l'aide  de  l'humidité;  sans  cette  précaution, 
on  a  un  petit  nombre  d'espèces  et  un  vo- 
lume très  considérable  et  incommode.  Si  les 
Champignons  sont  visqueux,  ou  d'une  con- 
sistance gélatineuse,  il  faut  les  laisser  sécher 
à  l'air  libre  et  ne  les  comprimer  que  quand 
ils  ne  peuvent  plus  adhérer  au  papier.  On 
peut  encore  les  conserver  en  les  fixant  soli- 
dement sur  une  petite  planche  à  l'aide  d'une 
ficelle  qui  les  enroule,  et  que  l'on  fait  pas- 
ser entre  les  individus  pour  ne  pas  les  dé- 
former. Les  Champignons  rameux,  comme 
les  Clavaires,  les  Mérisma,  forment  quel- 
quefois des  masses  considérables  :  on  est 
alors  obligé  de  les  diviser,  mais  il  faut  avoir 
la  précaution  de  noter  leur  couleur  et  de 
recevoir  les  spores  sur  un  papier;  on  les 
laisse  exposés  à  l'air,  et  quand  ils  sont  flé- 
tris on  les  soumet  à  une  légère  pression  , 
afin  de  ne  pas  trop  les  déformer.  LesThélé- 
phores,  et  toutes  les  espèces  qui  sont  mem- 
braneuses ,  se  dessèchent  très  facilement;  si 
elles  sont  contournées,  irrégulières ,  on  leur 


rend  la  souplesse  en  les  exposant  à  l'humi- 
dité. Les  Pézizes  perdent  constamment  leur 
forme  et  leur  couleur;  il  faut  toujours  en 
tenir  note  :  si  elles  sont  terricoles,  on  les 
dépouille  de  la  terre  ou  du  sable  qu'elles 
ont  à  leur  base;  on  les  expose  quelque 
temps  à  l'air  avant  de  les  comprimer.  Si 
elles  vivent  sur  des  bois,  des  tiges  de  plantes, 
on  divise  ces  parties  de  manière  qu'elles 
aient  peu  de  volume.  Les  Tubéracés  ne  pré- 
sentent aucune  difficulté ,  parce  qu'on  peut 
les  sécher  entièrement  ou  les  couper  par 
tranches  ;  ils  se  conservent  aussi  très  bien 
dans  l'alcool  ou  dans  l'eau  salée. 

Les  Lycoperdacés ,  quand  on  les  trouve 
secs ,  peuvent  être  soumis  à  la  pression 
après  avoir  passé  une  nuit  dehors.  Comme 
ils  contiennent  des  sels  déliquescents ,  ils  se 
ramollissent  et  se  laissent  facilement  com- 
primer ;  si  ce  sont  des  Geaster ,  des  Tylos- 
toma,  il  faut  s'arranger  de  manière  que 
leur  mode  de  déhiscence  soit  visible.  Quanfi 
on  récolte  ces  Champignons  frais ,  il  faut , 
de  toute  nécessité,  les  laisser  à  l'air  parcou- 
rir leurs  périodes  de  végétation  ;  on  les  voit 
alors  se  ramollir,  changer  de  couleur,  comme 
s'ils  étaient  décomposés;  plus  tard,  le  li- 
quide qu'ils  contenaient  s'évapore;  ils  se 
dessèchent,  et  on  se  comporte  avec  eux 
comme  s'ils  eussent  été  récoltés  secs.  On 
peut  encore,  après  les  avoir  arrachés  de 
terre,  les  tremper  une  ou  deux  fois  dans 
une  solution  de  sublimé  corrosif;  alors  ils 
meurent  promptement,  leur  réceptacle  prend 
delà  consistance,  et  on  les  conserve  avec 
leur  forme  et  leur  volume.  Ce  dernier  moyen 
est  le  seul  qui  permette  la  conservation  des 
Trichiacés  et  des  autres  Myxogasières;  mais, 
dans  les  uns  et  dans  les  autres,  il  faut  avoir 
soin  de  noter  la  forme  des  écailles,  et  sur- 
tout la  couleur ,  parce  qu'elle  est  constam- 
ment altérée  par  l'agent  conservateur. 

Les  Polysaccum  ont  un  réceptacle  assez 
consistant  et  pourtant  très  friable  quand  ils 
sont  desséchés.  On  les  conserve  dans  une 
parfaite  intégrité  en  les  enveloppant  dans 
du  papier  brouillard  que  l'on  moule  avec 
les  mains  autour  d'eux  après  l'avoir  mouillé;  , 
le  papier  sèche  et  forme  une  enveloppe  très 
solide  qui  empêche  leur  rupture  et  la  dis- 
persion des  spores.  Je  me  suis  servi  aussi 
très  avantageusement  pour  le  même  but 
de  lames  de  plomb  très  minces,  semblables 


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à  celles  dont  on  se  sert  pour  recouvrir  le 
chocolat.  Tous  ces  Champignons  ainsi  con- 
servés peuvent  être  mis  dans  des  armoires 
et  servir  aux  démonstrations.  Les  Phalloïdes, 
tes  Clathroïdés ,  dont  il  existe  un  si  petit 
nombre  dans  les  herbiers,  sont  beaucoup  plus 
faciles  à  préparer  qu'ils  ne  le  paraissent; 
on  les  arrache  avec  leur  volve  et  à  l'aide 
d'une  ficelle  on  les  suspend  dans  l'air ,  le 
réceptacle  en  bas  :  le  latex  s'écoule  ou  se 
dessèche,  les  autres  parties  se  déforment 
un  peu;  quand  ils  sont  presque  secs,  on 
les  met  en  presse  ,  mais  auparavant  il  faut 
les  ajuster  et  rétablir  les  rapports  des  diffé- 
rentes parties.  Cette  opération ,  quoique 
longue,  réussit  constamment  quand  les 
voyageurs  peuvent  y  mettre  le  temps.  M.  le 
docteur  Klotzsch  conseille  de  remplir  cha- 
cune des  parties  de  ces  Champignons  avec 
du  coton,  et  de  les  exposer  à  une  atmosphère 
sèche,  et  quand  leur  humidité  est  dissipée, 
on  les  met  en  presse  après  avoir  retiré  le 
coton.  Il  emploie  le  même  procédé  pour  les 
grandes  Pézizes. 

Les  Morilles  ,  les  Helvelles  ,  les  grandes 
Pézizes,  les  Clavaires,  se  conservent  très 
bien  en  entier,  presque  avec  leurs  couleurs 
naturelles,  en  les  mettant  dans  du  sable  fin 
et  très  sec.  Il  faut  auparavant  leur  laisser 
perdre  à  l'air  une  grande  partie  de  leur  eau 
de  végétation.  Ce  mode  de  préparation  est 
très  avantageux;  les  Champignons  retien- 
nent un  peu  de  sable  à  leur  surface  ,  que 
l'on  parvient  à  détacher  avec  un  pinceau 
rude.  On  évite  cet  accident  chez  les  Pézizes 
en  recouvrant  la  cavité  de  leur  cupule  avec 
un  tissu  de  soie  très  souple. 

Les  Champignons  coriaces,  comme  la  plu- 
part des  Polypores,  des  Agarics,  surtout  ceux 
qui  sont  coriaces  ou  subéreux,  n'ont  pas  be- 
soin de  préparation  ;  ceux  qui  peuvent  s'apla- 
Ur  sont  soumis  à  une  pression  plus  ou  moins 
forte.  Les  Lenttnus,  quand  ils  sont  frais,  se 
dessèchent  avec  la  plus  grande  facilité;  s'ils 
sont  secs ,  un  peu  d'humidité  leur  rend  leur 
forme,  leur  souplesse,  et  ils  se  prêtent  à 
tout  ce  que  l'on  veut.  Beaucoup  d'espèces 
ont  le  chapeau  en  forme  d'entonnoir.  En  se 
servant  du  sable ,  comme  je  l'ai  dit  plus 
haut,  les  voyageurs  peuvent  introduire  dans 
les  collections  publiques ,  avec  ses  formes 
et  ses  couleurs  naturelles,  le  plus  beau  genre 
de  Champignons  qui  existe. 


Les  espèces  charnues ,  aqueuses ,  de  Bo- 
lets,  d'Agarics,  présentent  des  difficultés 
presque  insurmontables.  Il  faut  les  arra- 
cher de  terre  toujours  avec  précaution,  afin 
d'obtenir  la  volve,  le  mycélium,  s'ils  en 
ont;  puis  on  les  met  à  plat  sur  du  papier 
pour  recueillir  les  spores.  Si  on  a  le  soin 
de  diriger  le  chapeau  du  côté  de  la  lumière, 
il  se  courbe  souvent  et  commence  à  s'a- 
platir naturellement.  Quand  ils  ont  perdu  la 
plus  grande  partie  de  leur  eau  de  végétation, 
on  les  recouvre  de  quelques  feuilles  de  pa- 
pier, puis  on  les  soumet  à  une  pression  que 
l'on  augmente  peu  à  peu.  En  redressant  un 
peu  le  bord ,  quand  il  se  roule  trop  en  de- 
dans ,  on  parvient  à  avoir  des  échantillons 
convenables.  Toute  espèce  de  Champignon 
charnu  dont  le  tissu  est  altéré  ou  dont  le 
suc  est  exprimé  par  la  pression ,  ne  se  des- 
séchera jamais  bien;  il  faut  la  rejeter, ainsi 
que  celle  qui  renferme  des  larves  d'In- 
sectes. Pendant  son  séjour  à  Paris ,  M.  le 
docteur  Reuss  a  essayé  d'obtenir  la  des- 
siccation de  plusieurs  espèces  de  Champi- 
gnons charnus  en  les  plaçant  sous  la  cloche 
d'une  machine  pneumatique  :  quoiqu'il  y 
ajoutât  une  capsule  remplie  d'acide  sulfu- 
riquepour  rendre  la  dessiccation  encore  plus 
prompte,  il  a  obtenu  des  résultats  si  peu 
satisfaisants  que  je  n'ose  engager  personne 
à  répéter  ses  expériences. 

M.  Klotzsch  indique ,  pour  les  Bolets  et 
les  Agarics  charnus,  un  procédé  ingénieux, 
par  lequel  il  conserve  assez  bien  les  carac- 
tères principaux  ;  j'en  emprunte  la  descrip- 
tion aux  Archives  debolanique  (t.  I,  p.  287)  : 
«  Avec  un  instrument  en  forme  de  scalpel, 
»  partageant  la  plante  en  trois  portions  ver- 
»  ticales ,  à  partir  du  sommet  du  chapeau 
»  jusqu'à  la  base  du  pédicule,  *de  manière 
»  à  pouvoir  en  retirer  la  tranche  du  milieu, 
»  on  apercevra  distinctement  les  contours 
»»  du  Champignon ,  la  nature  interne  do 
»  son  pédicule  creux  ,  spongieux  ou  so- 
»  lide;  l'épaisseur  du  chapeau  ;  la  disposi- 
»  tion  de  ses  feuillets  égaux  ou  inégaux  en 
»  longueur,  décurrents  ou  non  sur  le  pédi- 
»  cule,  etc.  Il  reste  alors  deux  portions  ex- 
»  térieures  ,  qui  donnent  une  idée  parfaite 
»  de  tous  les  contours  de  l'échantillon. 
»  Avant  de  procéder  à  la  dessiccation,  il  est 
»  aussi  nécessaire  de  séparer  le  pédicule  du 
»  chapeau,  et  de  gratter  les  lames  ou  feuil- 


470 


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»  lets  si  c'est  un  Agaric,  et  les  tubes  si  c'est 
;>  un  Bolet.  Nous  avons  ainsi  cinq  portions, 
;>  savoir  :  la  tranche  intérieure ,  les  deux 
»  côtés  du  pédicule,  et  ceux  du  chapeau. 
«  Cette  opération  terminée ,  on  expose  la 
»  plante  à  l'air  le  temps  nécessaire  pour  en- 
»  lever  une  partie  de  son  humidité  sans 
»  rider  sa  surface;  on  la  met  ensuite  en 
»  presse ,  comme  les  autres  plantes ,  dans 
»  une  feuille  de  papier  non  collé ,  qu'on  a 
»  soin  de  renouveler  journellement  jusqu'à 
j)  ce  que  le  Champignon  soit  parfaitement 
»  sec.  Il  suffît  alors  d'attacher  sur  du  papier 
»  blanc  chaque  pièce  dans  sa  position  natu- 
»  relie  pour  avoir  une  idée  nette  du  Cham- 
«  pignon.  La  volve  ou  bourse  et  l'anneau 
»  sont  pareillement  conservés  par  cette  mé- 
»  thode.  Dans  quelques  petites  espèces , 
»  comme  VAgaricus  filopes ,  supinus,  gale- 
v  riculatus,  il  devient  inutile  d'enlever  les 
»  feuillets.  »  Cette  méthode,  comme  on  le 
voit,  a  de  grands  avantages;  elle  est  préfé- 
rable à  celle  que  Lûdensdorff  publia  quel- 
ques années  auparavant,  et  qui  consiste  à 
faire  bouillir  les  Bolets  et  les  Agarics  dans 
du  suif  de  Mouton ,  qui  s'insinue  et  pé- 
nètre dans  toutes  leurs  parties  ;  on  les 
retire  à  mesure  qu'ils  se  refroidissent,  le 
suif  se  fige,  et  on  obtient  des  Champignons 
que  l'auteur  conseille  de  recouvrir  d'un  ver- 
nis pour  les  conserver  :  comme  les  formes  , 
les  couleurs  sont  complètement  altérées  et 
méconnaissables ,  les  Champignons  ne  sont 
d'aucune  utilité,  et  personne,  à  ma  connais- 
sance, n'a  cherché  à  se  faire  un  herbier  my- 
cologique  de  cette  nature. 

Le  voyageur  qui  veut  utiliser  ses  collec- 
tions de  Champignons  charnus,  doit  en  faire 
un  croquis  afin  d'avoir  le  port  et  les  propor- 
tions ;  noter  s'il  y  a  une  volve  ou  un  an- 
neau; reconnaître  la  couleur  des  spores; 
indiquer  l'épaisseur  du  chapeau,  et  surtout 
la  disposition  des  lames,  leurs  rapports  avec 
le  pédicule;  et  enfin  exprimer  par  une  teinte 
plate  la  couleur  des  diverses  parties.  A  son 
îetour,  il  trouve  tous  les  éléments  néces- 
saires pour  les  décrire  et  les  représenter, 
s'il  le  juge  convenable. 

CONSERVATION   DES   CHAMPIGNONS. 

On  a  cherché  à  les  conserver  dans  leur 
état  naturel  ou  après  les  avoir  desséchés. 
Dans  le  premier  cas,  on  ne  pouvait  y  parve- 


nir qu'en  les  plongeant  dans  un  liquide  ; 
dans  le  second,  qu'en  les  imbibant  d'un  li- 
quide préservatif  quand  ils  sont  secs. 

En  1825  ,  M.  Guillery  (  Ann.  de  la  Soc. 
linn. ,  Paris,  1825  )  a  proposé  de  les  mettre 
dans  l'acide  pyroligneux.  Ce  moyen  les  con- 
serve très  bien,  mais  la  couleur  est  promp* 
tement  détruite.  J'ai  vu  VAgaricus  amethys- 
teus  Bull.,  après  cinq  ou  six  ans  de  séjouL 
dans  ce  liquide,  n'avoir  éprouvé  d'autre  al- 
tération que  celle  de  sa  couleur.  Cooke,  chi- 
rurgien anglais,  conseille  l'eau  salée.  Jame- 
son  (Nev.  Edinb.  philos.  Joum.  ,  1829, 
p.  375  )  rapporte  que  ce  chirurgien  pré- 
senta à  la  Société  linnéenne  de  Londres 
un  individu  de  Clavaria  muscoides  par- 
faitement intact,  qui  avait  séjourné  plus 
de  trois  années  dans  cette  simple  prépara- 
tion ;  sa  couleur  était  seulement  un  peu  plus 
foncée.  On  sait  que  c'est  un  moyen  de  con- 
servation dont  on  se  sert  dans  l'art  culi- 
naire; MM.  Tulasne  s'en  servent  avanta- 
geusement pour  l'étude  des  Tubéracés;  et 
dans  les  expertises  médico-légales,  c'est 
peut-être  le  seul  que  l'on  puisse  employer, 
et  qui  permette  de  reconnaître,  de  constater 
avec  certitude,  l'espèce  qui  aurait  causé  un 
empoisonnement  criminel  ou  par  ignorance. 
L'eau  dans  laquelle  on  met  quelques  mor- 
ceaux de  camphre  donne  le  même  résultat. 
J'ai  vu  pourtant,  après  trois  ou  quatre  mois, 
des  Hygrocrocis  se  développer  et  les  Champi- 
gnons tomber  en  décomposition.  M.  Moretti, 
de  Pavie  ,  se  sert  avec  beaucoup  d'avantage 
d'unesolution  concentrée  d'acétate  de  plomb. 
Bayle-Barlalle  et  Wittering  conseillent  de 
faire  dissoudre  dans  l'eau  autant  de  sulfate 
de  cuivre  qu'il  en  faut  pour  qu'elle  prenne 
une  couleur  bleue;  on  ajoute  4  parties  d'al- 
cool à  10  de  cette  solution  et  on  y  plonge  les 
Champignons. Lûdensdorff  (Froriep'sNotiz., 
b.  18  ,  p.  10)  recommande  l'huile  dans  la- 
quelle on  a  mis  du  sulfate  d'alumine.  J'ai 
essayé  la  solution  de  ce  sel  dans  l'eau  :  les 
Champignons  se  sont  conservés  pendant 
quelque  temps,  puis  ils  se  sont  décomposés. 
En  Flandre  on  les  met  dans  l'eau  de  chaux, 
et  il  paraît  qu'ils  se  conservent  très  bien 
pour  l'usage  culinaire.  Dans  l'alcool  conte- 
nant des  quantités  variables  de  deutoxyde  de 
mercure,  ils  ne  se  déforment  pas;  mais  ils 
se  décolorent ,  et  se  couvrent  d'une  couche 
blanche  qui  les  rend  méconnaissables.  11  n'y 


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«i  pas  de  meilleur  moyen  que  de  les  suspen- 
dre dans  de  l'alcool;  s'ils  perdent  leurs  cou- 
leurs, du  moins  ils  conservent  leurs  formes 
et  leurs  caractères.  Il  faut  seulement  avoir 
la  précaution  de  changer  l'alcool  quand  il 
vient  à  se  colorer,  et  ne  mettre  que  des 
individus  de  même  espèce  dans  le  même 
bocal ,  que  l'on  a  soin  d'étiqueter  et  de  bou- 
cher très  exactement. 

Si  les  échantillons  desséchés  ne  sont  pas 
aussi  agréables  à  la  vue  que  les  précédents, 
ils  ont  l'avantage  d'occuper  moins  de  place, 
et  d'être  plus  faciles  à  conserver. 

Les  moyens  que  l'on  a  essayés  pour  préve- 
nir les  dégâts  causés  par  les  Insectes  sont  as- 
sez nombreux.  Peut-on  se  fier,  comme  le 
prescrit  Olislagers,  à  un  mélange  de  mercure 
et  de  mucilage  de  gomme  arabique  étendu  sur 
du  papier,  que  l'on  coupe  par  morceaux  quand 
il  est  sec,  et  dont  on  recouvre  une  plante  ou 
un  Champignon?  Le  procédé  du  docteur 
Kittel ,  qui  consiste  à  enduire  avec  de  la  tein- 
ture d'opium  la  marge  du  papier  dans  lequel 
sont  contenues  les  plantes  ,  offre-t-il  plus  de 
garanties  que  l'essence  de  térébenthine  con- 
seillée par  le  docteur  Koch  ?  M.  Kooker 
(Botan.  miscell. ,  t.  II,  p.  159)  conseille 
d'enduire  les  Champignons  et  les  plantes 
qu'on  veut  conserver  avec  un  pinceau  im- 
bibé d'huile  essentielle  de  térébenthine  dans 
laquelle  on  a  introduit  un  peu  de  sublimé 
corrosif,  afin  de  ne  pas  détruire  les  cou- 
leurs. J'ai  essayé  plusieurs  fois  la  solu- 
tion aqueuse  d'acide  arsénieux ,  et  jamais 
elle  ne  m'a  réussi;  les  Champignons  se  ra- 
mollissent trop  ,  et  se  couvrent  ensuite  de 
Mucédinées  qui  en  dérobent  lés  caractères. 
Tout  le  monde  sait  que  les  papiers  peints  , 
dans  lesquels  les  fabricants  font  entrer  l'ar- 
sénite  de  cuivre  ou  vert  de  Schweinfurt,  sont 
promptement  altérés ,  envahis  par  ces  pe- 
tits végétaux ,  surtout  si  les  appartements 
sont  humides;  l'acétate  de  cuivre  ne  paraît 
pas  avoir  ces  inconvénients.  On  doit  donc 
rejeter  les  préparations  arsenicales  comme 
moyens  de  conservation  des  Champignons; 
si  elles  sont  d'une  grande  utilité  aux  zoolo- 
gistes, elles  ne  présentent  aucun  avantage 
aux  mycologues. 

Maerklin  emploie  unedécoction  assez  con- 
centrée deSimarouba,  à  laquelle  on  ajoute  30 
à  60  grammes  d'alun  sur  5  hectogrammes; 
il  assure  que  les  Lichens ,  les  Champignons 


imprégnés  de  cette  liqueur  sont  à  l'abri  des 
attaques  des  Insectes,  et  qu'ils  ne  perdent 
ni  leurs  formes  ni  leurs  couleurs  naturelles. 
Bulliard  se  contentait  de  les  laisser  pendant 
quelque  temps  dans  une  décoction  de  tabac  à 
fumer.  Quelques  personnes  mettent  du  cam- 
phre, du  poivre  concassé  dans  leurs  herbiers. 
Je  mets  à  profit  l'avidité  que  les  Insectes  ont 
pour  quelques  espèces,  comme  les  Polyporus 
versicolor,  sulphureus,  suaveolens  et  fomenta- 
rius,  pour  m'en  débarrasser.  Ces  Champi- 
gnons, coupés  par  tranches,  placés  dans  des 
feuilles  particulières  et  dans  différents  en- 
droits faciles  à  trouver,  attirent  en  quelque 
sorte  les  Insectes;  je  visite  de  temps  en 
temps,  et  retire  les  morceaux  qui  sont  pi- 
qués. Ce  moyen,  qui  m'a  paru  offrir  quel- 
ques avantages,  produirait  un  effet  opposé 
si  on  oubliait  de  visiter  ou  si  l'on  égarait 
les  feuilles  qui  renferment  l'appât. 

La  formule  que  M.  Gannal  a  donnée  pour 
la  conservation  des  cadavres  destinés  aux 
préparations  anatomiques,  et  qui  se  com- 
pose de  sel  marin,  de  sulfate  d'alumine  et 
d'azotate  de  potasse  ,  ne  m'a  pas  réussi.  Je 
n'ai  pas  essayé  le  chlorure  de  zinc,  conseillé 
pour  le  même  objet  par  le  docteur  Sucquet. 

Une  solution  de  30  à  32  grammes  de  deu- 
tochlorurede  mercure  dans  un  litre  d'alcool 
doit  être  préférée  à  toutes  les  préparations 
dont  je  viens  de  parler.  Quand  les  Champi- 
gnons sont  desséchés,  s'ils  sont  gros,  on  les 
plonge  dans  le  liquide  ;  s'ils  sont  petits,  on 
se  sert  d'un  pinceau  pour  les  mouiller.  L'al- 
cool porte  ce  poison  dans  leur  épaisseur,  et 
désormais  ils  ne  sont  plus  la  pâture  des  Insec- 
tes. Cette  préparation  les  décolore  générale- 
ment :  c'est  un  inconvénient  auquel  il  est 
impossibledc  remédier. L'alcool  dissout  aussi 
la  résine  qui  forme  le  vernis  du  Polyporus 
lucidus ,  et  par  conséquent  lui  enlève  sa 
belle  couleur;  on  évite  cette  altération  en 
versant  petit  à  petit  la  solution  sur  la  sur- 
face recouverte  de  pores,  on  cesse  quand  on 
le  pense  suffisamment  imbibé,  et  on  le  met 
dans  sa  position  naturelle  pour  qu'il  ne 
pénètre  pas  la  face  supérieure. 

DISPOSITION   D'UN    HERBIER. 

Un  herbier,  étant  destiné  à  être  consulté 
sans  cesse,  doit  être  disposé  de  la  manière  la 
plus  favorable.  Les  Champignons  placés 
comme  les  autres  plantes  dans  des  feuilles 


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de  papier  forment  un  volume  considérable, 
des  paquets  très  irréguliers  et  souvent  fort 
difficiles  à  déplacer  sans  en  faire  tomber 
quelques  uns.  Pour  avoir  sous  ma  main  les 
échantillons,  et  pour  obvier  aux  inconvé- 
nients dont  je  viens  de  parler,  je  me  suis 
fait  depuis  longtemps  un  herbier  que  je 
pourrais  dire  portatif.  Les  Champignons 
sont  fius  sur  des  cartons  fins  recouverts 
d'une  feuille  de  papier;  chaque  carton  re- 
présente donc  une  feuille  pliée  sur  elle- 
même,  mais  dont  les  deux  parties  seraient 
de  nature  différente.  On  peut  leur  donner 
10  à  12  centimètres  de  longueur,  et  de  6  à 
7  de  largeur.  Toutes  les  espèces  ou  toutes 
les  sections  d'un  même  genre  sont  réunies 
par  une  bande  de  papier,  sur  laquelle  on 
écrit  le  nom  des  genres  et  des  sections  ;  les 
paquets  sont  ensuite  placés  dans  un  casier, 
les  uns  à  côté  des  autres,  comme  des  livres. 
De  cette  manière  j'ai  un  herbier  divisé  à  l'in- 
fini. Une  ou  plusieurs  cases  renferment  les 
Basidiosporés ,  distribués  méthodiquement; 
une  autre  les  Thécasporés,  et  ainsi  de  suite  ; 
je  n'ai  qu'à  consulter  les  titres  comme  dans 
une  bibliothèque  pour  avoir  un  genre  et  ses 
espèces,  ou  ses  différentes  sections  quand  il 
en  embrasse  plusieurs. 

Pour  former  un  semblable  herbier,  il  faut 
faire  choix  d'échantillons  qui  ne  laissent 
rien  à  désirer  sous  le  rapport  des  caractères. 
On  diminue  leur  volume,  on  les  aplatit 
avant  de  les  fixer  sur  les  cartons.  Si  l'on  n'a 
pas  une  nombreuse  suite  d'individus,  on  a 
le  caractère  principal  s  qui  est  le  plus  pré- 
cieux. 

On  a  l'habitude  d'enfermer  les  échantil- 
lons dans  des  capsules,  ou  de  les  coller  par 
une  de  leurs  faces  sur  une  feuille  de  papier. 
J'ai  presqueentièrementabandonné  les  pre- 
mières, parce  qu'elles  demandent  trop  de 
temps  et  de  précautions  pour  les  ouvrir  et  les 
fermer,  et  je  ne  colle  les  échantillons  que 
quand  ils  sont  inséparables  des  corps  sur 
lesquels  ils  se  sont  développés;  je  fixe  ceux 
qui  sont  libres,  comme  les  Polypores ,  les 
Bolets,  les  Agarics,  les  Hydnes,  les  Thélé- 
phores,  etc. ,  par  l'extrémité  inférieure  du 
pédicule,  ou  par  un  point  qui  n'offre  pas  de 
caractères  essentiels ,  à  une  petite  bande- 
lette de  parchemin ,  avec  de  la  cire  à  ca- 
cheter, et  l'autre  extrémité  de  la  bande- 
lette au  carton ,  de  manière  que  l'échan- 


tillon n'aille  ni  à  droite  ni  à  gauche  et 
qu'on  puisse  le  retourner  à  volonté  et  voir 
ses  deux  côtés.  Toutes  les  personnes  qui  ont 
vu  mon  herbier  ont  été  étonnées  de  son  peu 
de  volume  et  de  la  facilité  avec  laquelle  on 
peut  le  consulter.  M.  le  professeur  Fée  m'a 
dit  que  la  nécessité  avait  fait  naître  en  lui 
la  même  idée.  Je  tiens  de  M.  Moriz  que 
l'herbier  de  M.  de  Notaris,  à  Turin,  est  dis- 
posé de  la  même  manière  ;  mais  j'ignore 
comment  ils  ont  fixé  leurs  échantillons. 

CHAMPIGNONS  FOSSILES. 

Existe-t-il  des  Champignons  fossiles?  Dans 
l'état  actuel  de  la  science,  il  est  très  diffi- 
cile de  répondre  d'une  manière  péremp- 
toire  à  cette  question.  Leur  absence,  dans 
l'histoire  de  l'ancien  monde,  doit  paraître 
d'autant  plus  étonnante,  qu'ils  devaient, 
comme  aujourd'hui,  se  développer  sur  le 
tronc  des  arbres  ;  pourquoi ,  soumis  aux 
mêmes  circonstances ,  n'ont-ils  pas  éprouvé 
les  mêmes  changements?  On  ne  peut  en  ac- 
cuser leur  struciure  trop  délicate,  lorsque 
l'on  voit  des  Mousses  et  des  Insectes  par- 
faitement conservés. 

Théophraste  {Hist .  plant.,  lib.  IV,  cap.  8) 
pensait  qu'à  la  suite  des  grandes  inonda- 
tions, lorsque  les  eaux  venaient  à  se  reti- 
rer, il  croissait  dans  certains  endroits  des 
Champignons  qui ,  sous  l'influence  de  l'ar- 
deur du  soleil ,  étaient  changés  en  pierres. 
Pline  (Hist.  nat.,  lib.  XIII,  cap.  l)  repro- 
duit la  même  opinion.  Willemet  rapporte 
(Âct.  de  Dijon,  2e  semest.  1783,  p.  202) 
que  l'on  a  trouvé  en  Bohême  une  substance 
oryctologique,  pleine  d'un  minerai  d'ar- 
gent, qui  ressemblait  à  un  Phallus.  Le  peu 
de  détails  que  donne  l'auteur  ne  permet  pas 
de  conclure  si  ce  corps  pouvait  être  comparé 
au  Champignon  qui  porte  ce  nom  et  qui  au- 
rait été  minéralisé.  Guettard  considérait 
comme  des  impressions  de  Trémelles  les 
belles  dendrites  pyriteuses  que  l'on  voit  sur 
les  ardoises  d'Angers  ;  comment  expliquer 
la  présence  de  Trémelles  dans  ces  schistes, 
puisqu'elles  ne  vivent  pas  dans  la  mer?  On 
ne  doit  pas  non  plus  regarder  comme  Cham- 
pignons fossiles  les  Madrépores  que  les  an- 
ciens oryctologistes  ont  désignés  sous  les 
noms  de  Fungites ,  Fungus  lapideus  ,  ma- 
rinus,  coralloïdes ,  etc.  Il  est  évident  que 
ces   noms  n'ont  été  donnés  à  certains  Po- 


MYG 


MYC 


473 


lypiers  qu'en  raison  des  lames,  des  pores 
ou  des  ramifications  qu'ils  présentaient ,  et 
qui  rappelaient  des  Agarics,  des  Bolets  ou 
des  Clavaires. 

Il  existe  cependant  des  corps  fossiles  qui 
ont  exactement  la  forme  et  l'aspect  de  Cham- 
pignons. M.  le  professeur  Eichwald  a  décrit, 
dans  son  Esquisse  de  l'histoire  naturelle  de 
la  Lithuanie ,  de  la  Volhynie  et  de  la  Podolie 
(1829),  le  Dœdalea  Volhynica,  qu'il  a  trouvé 
lui-même  dans  le  sable  tertiaire  de  Bilka, 
en  Volhynie.  Le  même  professeur  m'a  as- 
suré qu'il  existait,  avant  son  incendie, 
dans  le  musée  de  Tscherskask,  un  véritable 
Agaric  fossile  qui  était  encore  pourvu  de  son 
pédicule.  M.  Gœppert  {Compt.  Bend.  heb~ 
dom.  de  VAcad.  des  se,  mars  1845,  p.  891) 
annonce  en  avoir  trouvé  de  véritables  dans 
le  terrain  houiller,  le  lias  et  les  terrains 
tertiaires;  malheureusement  les  genres  aux- 
quels ils  appartiennent  ne  sont  pas  indi- 
qués. Enfin,  M.  Agassiz,  dont  le  nom  est 
lié  si  intimement  à  l'histoire  des  fossiles  , 
m'a  dit  avoir  vu  souvent  des  corps  qui  res- 
semblaient exactement  à  des  Champignons, 
mais  qu'ils  appartenaient  évidemment  à  des 
Polypiers.  Les  auteurs  que  je  viens  de  citer 
occupent  un  rang  trop  distingué  dans  la 
science  pour  que  je  me  permette  de  pro- 
noncer ;  attendons  donc  de  nouvelles  obser- 
vations, et  tâchons  de  ne  pas  nous  laisser 
séduire  par  quelques  apparences  trompeuses, 

des  champignons  sous  le  rapport  de 
l'entomologie. 

Les  Champignons  ne  servent  pas  seule- 
ment à  la  nourriture  de  l'homme  ;  les  ani- 
maux ,  les  Limaces  et  les  Insectes  les  re- 
cherchent aussi.  Ces  derniers  s'y  rencon- 
trent à  l'état  parfait  et  à  l'état  de  larves. 
Linné  et  Fabricius,  comme  on  peut  le  voir 
dans  la  Flore  des  insectophiles ,  de  J.  Brez  , 
avaient  déjà  observé  que  quelques  espèces  ne 
se  trouvent  que  dans  certains  Champi- 
gnons. Olivier,  Latreille,  Paykull,M.  Léon 
Dufour,  etc. ,  en  ont  beaucoup  augmenté 
le  nombre.  On  ne  verra  pas  sans  intérêt,  je 
pense,  l'énumération  de  ces  Insectes.  Je  la 
dois  à  l'amitié  de  mon  confrère  Cordier, 
qui  a  cultivé  avec  un  égal  succès  l'entomo- 
logie et  la  mycologie. 


r.  vhi. 


COLEOPTERES. 

Tribu  des  Sylphiens. 

Necrophora  mortuorurn  Fab. ,  in  fungis 
putridis,  praesertim  in  Phallo  impudico  vivo. 

—  Scaphidium  immutatum  Lat.,  S.  qua- 
drimaculatum  Lat.,  &.  agaricinum  Lat., 
in  Agaricis.  —  Sylpha  rufipes  Fab.,  S. 
nigra  L.,  Fab.,  S.  agaricina  L. ,  in  Aga- 
ricis. —  Strongylus  ferrugineus  Fab.,  larva 
habitat  in  Lycoperdonibus  ;  S.  glabratus 
Fab.  ,  in  variis  fungis.  —  Nitidula  Colon 
Fab.,  in  Agaricis.  — Anobium  Fur  Fab., 
in  fungis  variis  praesertim  exsiccatis.  — Gib- 
bius  Scotias  Lat.  ,  in  fungis  exsiccatis  prœ- 
sertim  in  tuberibus.  —  Dermestes  lardarius 
Fab.,  in  fungis  exsiccatis;  D.  Eustatius  L., 
in  fungis. 

Tribu  des  Staphyliniens. 

Phlœbium  nitiduloides  De}.,  P.  depres- 
sum  Payk.  ,  in  Boletis.  —  Proteinus  bra- 
chypterus  Lat.,  in  Boletis.  — Anthobium  ri- 
vulare  Payk.,  A.  oxyacantha  Knoch ,  in 
Boletis.  —  Omalium  textum  Payk.,  0.  pyg- 
mœum  Payk.,  in  Boletis.  — Oxyporus  rufus 
Lat.,  0.  maxillosus  Lat.  ,  in  Boletis.  — 
Emus  lateralis  Grav.,  E.  Fossor,  in  Boletis. 

—  Tachinus  rufipes  Lat.,  T.  signatus  Lat., 
T.  pallipes  Grav . ,  T.  subterraneus  L.,  T.  bi- 
plagiatus  Dej.,  T.  fimetarius  Grav.,  in  Bo- 
letis et  fungis  putrefactis. — Bolitobius  atri- 
capillus  Fab.,  B.  trimaculatus  Payk.,  B. 
pygmœus  Panz.,  B.  strialus  Oliv.,  in  Bole- 
tis. —  Hyponocyptus  granulum  Grav.,  H. 
globulusVe}.,H.  longicomis  Gyll.,  H.  fia- 
vicornis  Dej.  ,  in  Boletis.  —  Gyrophona 
amabilis  Dej.,  G.  nitidula  Gyll.,  G.  nana 
Payk. ,  in  Boletis.  —  Aleocharis  fuscipes 
Payk.,  A.  Triflis  Grav.,  A Aanuginosa Grav., 
A.  bipunctata  Grav.,  A.  carnivora  Grav., 

A.  crassicornis  Dej.,  A.  nitida  Grav.,  A. 
bilineata  Gyll.,  A.  pulla  Grav.,  in  Boletis, 

—  Oxypodaopaca  Grav.,  0.  altemans  Grav., 
0.  sericea  Dej. ,  0.  fuscata  Grav. ,  in  Bo- 
letis. —  Bolitochara  Boleti  Lat.,  B.  socialis 
Payk.,  B.  pulchra  Grav.,  B.  cincta  Knoch, 

B.  langiusculaGrnY.,B.  atramentaria Kirb., 
B.  excavata  Gyll.,  B.  elongata  Grav.,  B. 
oblonga  Grav.,  B.  depressa  Grav.,  B.  cm- 
namomea  Grav.,  B.  Pumilio  Grav.,  B.  minu- 
tissima  Dej.,  B.  Fungi  Grav.,  B.  Palruelis 
Dej.,  in  Boletis  variis.—  Autalia  impressa 

60 


-474 


MYC 


Oliv.,  in  Boletis.  —  Slaphylinus  trkolor  L., 
S.  lunatus  L.,  S.  thoracicus  L.,  in  Boletis. 

Tribu  des  Érotyliens. 

Lycoperdina  immaculata  Lat.  ,  L.  suc- 
cincta  Lat.,  in  Lycoperdonibus.  —  Endomy- 
cus  coccineus  Fab. ,  in  Boletis  suberosis.  — 
Erotylus  Histrio  L.,  in  Boletis.  —  Tritoma 
puslulatum  Lat.,  in  variis  fungis  ,  T.bi- 
puslulatum  Fab.,   in  Polyporis   suberosis. 

—  Triplax  russica  Fab.,  T.  rufipes  Fab., 
T.  œnea  Fab.,  T.  melanocephala  Fab.,  in 
variis  fungis.  — Engis  humeralis  Fab.  ,  in 
Boletis  et  aliis  fungis. —Cryptophagus  cella- 
ris  Fab.,  in  Lycoperdonibus. 

Tribu  des  Dermestiens. 
Mycetophagus  quadrimaculatus  Fab. ,  in 
Polyporis  prœsertim  in  Polyporo  fomentario. 

—  Tetraloma  fungorum  Fab.,  T.  Demarestii 
Lat.,  in  Polyporis  suberosis.  — Leiodescin- 
namomea  Lat.,  in  tuberibus,  L.  humera- 
lis  ,  L.  rufomarginatus  Duf. ,  in  variis 
fungis. 

Tribu  des  Diapériens, 
Bolitophagus agaricicola  Lat.,  in  Agaricis 
et  Boletis  et  prœsertim  in  Boleto  imbricato. 

—  Diaperis  Boleti  Lat.,  in  Polyporis  sube- 
rosis. 

Tribu  des  Piméliens. 

Uloma  culinaris  Fab.,  in  fungis. 

Les  larves  de  plusieurs  espèces  du  genre 
Hypophlœus  paraissent  aussi  vivre  dans  les 
Champignons. 

Opatrum  sylphoides  L.,  in  fungis  quer- 
neis  dubii  generis. 

Tribu  des  Hélopiens. 

Mycetocharis  barbata  Lat.,  in  Boletis. 
Tribu  des  CANTHARiniENS. 

Orchesia  micans  Lat. ,  in  Polyporis.  — 
Eustrophus  dermestoides  Illig.,  in  Boletis. — 
Myceioma  suturale  Panz.,  in  Polyporis  abie- 
tum. 

Tribu  des  Bostrichiens. 

Cis  Boleti,  Lat.,  C.  affinis  Gyll.,  C.  Bos- 
trichoides  Duf.,  in  Polyporis  coriaceis.  — 
Bostrichius  minutus  Lin.,  in  Polyporo  versi- 
colori. 

Tribu  des  Curcdlïoniens. 

Attelabus  ceramboides  Lin.,  in  Polyporo 
fomcnlario. 


MYC 

LÉPIDOPTÈRES. 

Tribu  des  Pyraliens. 

Phycis  Boleti  Fab. ,  in  Boletis.  —  Euplo- 
camus  anthracinellus  Duf.,  larva  in  Fungis 
variis.  —  Phalœna  Boleti  Fab.,  in  Polyporo 
versicolori.  —  Tinea  betulinella  L. ,  in  Po- 
lyporo betulino. 

DIPTÈRES. 

Tribu  des  Tipuliens. 

Bolitophila  cinerea  Meig. ,  larva  in  fun- 
gis. —  Macrocera  hybrida  Meig.  ,  larva  in 
Agarico  sulphureo.  —  Mycetophila  fungo- 
rum Lat.,  in  Boleto  luteo;  M.  Agarici  Oliv., 
in  Lenzite  betulina  ;  M.  amabilis  Duf. , 
in  Dœdalea  suaveolente  ;  M.  Maris  Duf., 
in  Fistulina  hepatica  ;  M.  lunata  Meig.  , 
in  Agaricis  sessilibus  ;  M.  inermis  Duf., 
in  Boleto  pinorum. — Sciophila  melanoce- 
phala Duf. ,  in  Fistulina  hepatica.  —  Cero- 
platus  tipuloides  Bosc. ,  C.  dispar  Duf. ,  à 
la  face  inférieure  du  Bolelus  ungulalus  ; 
C.  carbonarius  Bosc. ,  in  Boleto  unicolori? 
—  Cordyla  crassipalpis  Meig.  ,  in  Boleto 
eduli  et  Agarico  Palomet. — Sciara  ingenua 
Duf.,  in  Boleto  imbricato  et  variis  fungis. 

Tribu  des  Musciens. 
Aricia  testacea  Meig.,  in  Boletis  putrefac- 
tis.  —  Cœnosia  Fungorum  Meig.  ,  in  Aga- 
rico campeslri.  —  Anthomia  melania  Duf. , 
A.  manicata  Meig.  ,  in  Boleto  eduli  et 
Agaricis  putrefactis.   —  Helomyza    tube- 

rum ,  H.   lineata  Duf. ,  H.  penicillata 

Duf.,  in  Tubere  cibario  ;  H.  tigrina  Meig., 
in  Fistulina  hepatica,  —  Blephariptera  ser- 
rata  Duf.,  larva  in  Fistulina  hepatica. —  Sa- 
promyza  blepharipteroides  Duf.,  larva  in  Tu- 
bere cibario  ,  Agarico  Palomet ,  Ag.  populi- 
cola  in  Boletis.  —  Drosophila  fasciata  Per- 
ris. ,  in  Fistulina  hepatica ,  D.  maculata 
Duf.,  in  Boleto  imbricato.  —  Phora  pal 
lipes  Lat. ,  in  fungis  putrefactis.  —  Limno< 
sina  lugubris  Duf.,  in  Boletis  putrefactis. 

Tribu  des  Asyliens. 
Empis  minuta  Lin.,  in  Agaricis. 

ARACHNIDES. 
Tribu  des  Acaridiens. 
Acarus  fungorum  L.,  in  variis  fungis.  — 
Cheyletus  eruditus  Lat.,  in  fungis  exsiccatis. 
Cette  liste  est  loin  d'être  complète  :  elle 


MYC 


MYC 


475 


suffit  cependant  pour  indiquer  aux  entomo- 
logistes que  les  Champignons ,  comme  les 
différents  bois,  les  fleurs,  etc.,  peuvent  leur 
fournir  de  nombreux  matériaux  pour  leurs 
collections.  Puissent-ils  à  l'avenir  noter 
plus  exactement  qu'ils  ne  l'ont  fait  jusqu'à 
ce  jour,  sous  leur  véritable  nom,  les  Cham- 
pignons dans  lesquels  ils  auront  trouvé  des 
Insectes  parfaits  ou  à  l'état  de  larve. 

Ces  végétaux  inférieurs  sont  quelquefois 
fort  abondants.  On  ignore  si  leur  putréfac- 
tion peut  causer  des  accidents.  Tout  porte  à 
croire  que  les  nombreux  Insectes  qui  s'en 
nourrissent  hâtent  leur  destruction,  comme 
celle  des  cadavres  des  animaux. 

DE   LA   PLACE    QUE   DOIVENT   OCCUPER    LES 
CHAMPIGNONS   DANS    L'ORDRE   NATUREL. 

Cette  place  n'est  pas  encore  déterminée. 
Si  l'on  consulte  les  auteurs ,  on  voit  que  les 
Champignons  sont  tantôt  entre  les  Algues 
et  les  Lichens ,  tantôt  avant  ou  après  l'une 
ou  l'autre  de  ces  deux  familles.  Lorsque 
M.  Decaisne  soutint  sa  thèse  de  docteur  à 
la  Faculté  des  sciences  de  Paris,  il  eut  à  ré- 
pondre à  quelques  questions  que  M.  deJus- 
sieu  lui  fit  sur  ce  sujet.  Dans  ses  réponses, 
il  chercha  à  démontrer  que  les  Champignons 
forment  un  groupe  parallèle  aux  Algues , 
mais  que  ceux-ci  sont  supérieurs  à  ces  der- 
nières ,  tandis  qu'ils  se  fondent  avec  les  Li- 
chens par  certains  caractères  de  fructifica- 
tion. D'après  les  recherches  de  cet  habile 
observateur,  les  Algues  sont  les  végétaux 
qui  s'éloignent  le  plus  de  tous  les  autres  par  la 
simplicité  de  leur  organisation,  puisque  cha- 
que utricule,  en  se  séparant,  est  susceptible 
de  reproduire  l'espèce  ,  phénomène  qui  ne 
s'observe  parmi  les  Champignons  que  dans 
les  Arthrosporés.  Ce  point  surtout,  et  quel- 
ques autres,  établissent  une  ressemblance 
entre  ces  deux  familles,  mais  seulement  entre 
quelques  groupes ,  comme  ceux  des  Con- 
ferves  et  des  Byssoidés.  L'un  et  l'autre  sont 
simples  ou  rameux,  composés  de  cellules 
articulées  bout  à  bout,  fistuleuses  et  cloi- 
sonnées. Cette  ressemblance  est  même  telle- 
ment frappante  dans  quelques  cas,  que  l'on 
a  décrit  comme  des  Algues  les  filaments  con- 
fervoides  que  produisent  les  spores  des  Cham- 
pignons quand  ils  végètent  dans  les  liqui- 
des :  la  germination  des  mousses,  d'après 


les  observations  de  MM.  Bruch  et  Schimper, 
a  donné  lieu  à  la  même  méprise  quand  leurs 
spores  se  développent  dans  l'eau  ou  dans 
des  lieux  humides.  Une  disposition  filamen- 
teuse et  une  grande  simplicité  dans  la  struc- 
ture sont  donc  les  seuls  caractères  communs 
aux  Algues  et  aux  Champignons. 

Si  maintenant  on  veut  pousser  plus  loin 
la  comparaison ,  on  voit  ces  deux  groupes 
s'éloigner  et  revêtir  chacun  des  caractères 
particuliers.  Les  Algues  vivent  dans  les  eaux; 
les  Champignons  sur  la  terre,  les  débris  de 
végétaux,  d'animaux ,  etc.  ;  ils  ont  besoin  du 
contact  de  l'air  et  de  l'humidité  pour  végé- 
ter. La  fronde  des  premières  est  générale- 
ment arrondie  ou  comprimée ,  de  couleur 
verte  ou  rouge;  le  réceptacle  des  Champi- 
gnons présente  des  formes  extrêmement  va- 
riées et  toutes  les  couleurs  imaginables. 
Les  unes,  dans  toutes  les  époques  de  la  vie, 
sont  toujours  en  contact  immédiat  avec  le  li- 
quide ambiant;  les  autres  ,  au  contraire, 
sont  toujours  recouverts,  dans  le  premier  âge, 
d'un  voile  membraneux,  filamenteux,  plus 
ou  moins  persistant.  Relativement  à  la 
composition  chimique  ,  outre  la  cellulose  et 
une  gelée  végétale,  les  Algues  contiennent 
de  la  silice ,  du  brome ,  de  l'iode  ,  des  sels 
de  chaux,  de  soude,  de  magnésie,  etc., 
qu'elles  ont  puisés  dans  l'eau;  la  mannitc, 
que  quelques  espèces  fournissent  en  se  des- 
séchant, semble  plutôt  être  le  résultat  de 
leur  décomposition  qu'un  principe  immé- 
diat. Les  Champignons  donnent  à  l'ana- 
lyse un  plus  grand  nombre  de  produits; 
on  y  rencontre  de  la  cellulose ,  de  la  fun- 
gine ,  de  l'osmazome,  de  l'adipocire ,  de 
l'huile,  de  l'albumine,  une  espèce  particu- 
lière de  sucre, de  l'acide  oxalique,  fongique, 
et  dans  plusieurs  espèces  un  principe  véné- 
neux ,  que  M.  Letellier  désigne  sous  le  nom 
d'amanitine.  Ces  différences  sont  certaine- 
ment assez  marquées  pour  que  l'on  ne  con- 
fonde pas  ces  deux  familles  de  plantes;  mais 
la  plus  grande  repose  sur  les  organes  de  la 
reproduction. 

D'après  les  observations  de  M.  Decaisne  , 
on  est  autorisé  à  regarder  les  spores  des 
Algues  inférieures  comme  dépourvues  de 
membranes,  et  quand  elles  se  localisent,  leur 
dernier  terme  de  développement  s'éloigne 
moins  de  la  forme  utriculaire  que  celles  des 
Champignons,  dans  lesquelles  on  observe 


476 


MYC 


MYC 


toujours  une  et  souvent  deux  ou  trois  mem- 
branes distinctes  et  colorées. 

En  outre,  elles  sont  douées  d'un  mou- 
vement manifeste,  et  celui  que  Linné  et 
d'autres  auteurs  ont  observé  dans  les  Cham- 
pignons ne  peut  être  rapporté  qu'au  mou- 
vement moléculaire  ou  brownien.  Enfin  , 
MM.  Decaisne  et  Thuret  ont  découvert  dans 
les  Algues  de  véritables  anthéridies  avec 
des  animalcules;  les  Champignons  et  les 
Lichens  n'ont  rien  présenté  de  semblable 
jusqu'à  ce  jour.  Quoique  les  végétaux  qui 
appartiennent  à  ces  deux  familles  aient 
une  structure  celluleuse  et  très  simple,  ils 
diffèrent  encore  parce  qu'ils  n'ont  pas  le 
même  mode  d'évolution.  Les  spores  des  Al- 
gues ,  en  vertu  des  organes  de  locomotion 
dont  elles  sont  pourvues,  se  fixent,  se 
cramponnent  à  un  corps  quelconque  dans 
l'eau,  donnent  parfois  naissance  à  des  fila- 
ments sur  lesquels  la  fronde  se  développe 
plus  tard  d'une  manière  continue  et  uni- 
forme; cette  fronde  n'éprouve  pas  de  chan- 
gements manifestes,  et  lorsqu'elle  vient  à 
fructifier,  les  spores  résultent  de  la  trans- 
formation de  l'endochrome.  Dans  les  Cham- 
pignons, au  contraire,  on  observe  le  my- 
célium, résultat  de  la  végétation  des  spores, 
sur  lequel  se  montre  un  tubercule  dont  la 
surface,  dans  les  cas  les  plus  simples,  porte 
les  spores ,  ou  qui,  dans  d'autres  cas ,  s'al- 
longe sous  la  forme  d'un  pédicule  dont  l'ex- 
trémité supérieure  se  dilate,  prend  des  for- 
mes variées,  et  se  couvre  ,  arrivé  au  der- 
nier terme  de  son  évolution  en  tout  ou  en 
partie,  d'organes  reproducteurs  nus  ou  ren- 
fermés dans  des  conceptacles  particuliers. 
Si  l'on  pouvait  adopter  l'idée  de  M.  Corda, 
qui  prétend  avoir  vu  dans  les  Champignons 
lactescents  des  vaisseaux  semblables  à  ceux 
du  latex,  et  des  élatères  dans  le  réceptacle 
des  Trichiacées  comparables  aux  trachées 
des  végétaux  supérieurs ,  les  Champignons 
présenteraient  une  organisation  beaucoup 
plus  compliquée;  malheureusement,  jusqu'à 
ce  jour ,  M.  Corda  est  le  seul  qui  ait  vu  les 
vaisseaux  des  Agarics ,  et  les  élatères  des 
Trichiacées  ne  sont  que  des  moyens  de  dis- 
sémination des  spores  analogues  à  ceux  que 
l'on  observe  dans  les  Hépatiques. 

Les  Algues  et  les  Lichens  n'ont  aucun 
rapport,  si  ce  n'est  dans  le  développement 
des  spores ,  qui  émettent  aussi  dans  ceux- 


ci  des  filaments,  ordinairement  peu  visi- 
bles ,  et  auxquels  on  a  donné  le  nom  (THy- 
pothallus;\<k  structure  du  thallus  est  formée 
également  de  cellules  simples,  mais  beau- 
coup plus  enchevêtrées  que  dans  la  fronde 
des  Algues.  Les  éléments  constitutifs  des 
Lichens  sont  plus  nombreux,  et  la  matière 
verte  qu'ils  présentent,  ainsi  que  les  spores, 
renfermées  dans  des  thèques  mélangées  ou 
non  avec  de  nombreuses  paraphyses,  établis- 
sent des  différences  qui  ne  permettent  pas 
de  rapprochement,  pas  même  avec  le  Cœno- 
gonium  Linkii,  dont  ie  thallus  est  formé  de 
fibres  aussi  ténues  que  celles  de  quelques 
conferves. 

Les  Champignons  et  les  Lichens,  outre 
quelques  ressemblances  de  thallus  et  de  ré- 
ceptacles qui  existent  dans  la  forme,  la  struc- 
ture et  la  consistance,  présentent,  sous  le 
rapport  de  la  fructification  thécasporée  qui 
leur  est  commune,  une  plus  grande  affinité. 
C'est  pourquoi  De  Candolle  avait  formé  des 
Hypoxylés  une  famille  intermédiaire.  Ces 
végétaux  sont  pourvus  de  spores  simples  ou 
composées  avec  ou  sans  parapbysjes,  et  pla- 
cées à  l'extérieur  ou  dans  l'intérieur  d'un 
réceptacle  ou  d'un  conceptacle.  Ces  orga- 
nes ,  cependant ,  offrent  encore  des  différen- 
ces remarquables.  Dans  les  Champignons, 
que  les  thèques  soient  placées  à  l'intérieur 
ou  à  l'extérieur,  leur  surface  est  toujours 
nue,  au  lieu  que,  dans  les  Lichens,  elle 
est  constamment  recouverte  d'une  croûte 
granuleuse,  amorphe ,  assez  compacte,  qui 
les  garantit  des  injures  de  l'atmosphère  ,  et 
qui  donne  la  couleur  au  disque  des  scutel- 
les.  De  plus,  comme  je  l'ai  observé  dans 
plusieurs  espèces  de  Lichens,  et  notamment 
dans  les  Lecanora  Villarsii  etventosa,  l'apo- 
thecium  n'est  pas  annuel,  mais  bien  vivace; 
toutes  les  thèques,  comme  dans  les  Cham- 
pignons, n'arrivent  pas  à  maturité  à  la  même 
époque  ,  elles  se  succèdent,  et  pendant  deux 
ou  trois  ans  ;  ce  n'est  que  quand  il  n'existe 
plus  d'éléments  pour  en  produire  de  nou- 
velles, que  la  lame  proligère  disparaît  de 
l'apothecium  et  le  laisse  à  nu.  Les  Lichens, 
en  raison  des  Gonidies  ou  de  la  matière 
verte  qu'ils  possèdent ,  et  qui  n'existent  pas 
dans  les  Champignons ,  paraissent  avoir  un 
degré  d'organisation  plus  élevé  que  ceux- 
ci  ;  c'est  donc  ajuste  titre  que  M.  Decaisne, 
avec  MM.  Ad.  de  Jussieu ,  Endlicher,  J. 


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Lindley  et  Ach.  Richard ,  commence  la 
série  des  familles  naturelles  par  les  Algues, 
les  Champignons  et  les  Lichens  ,  etc. 

NOMENCLATURE. 

Les  termes  dont  on  se  sert  dans  une 
science  doivent  être  clairs  et  précis,  autre- 
ment il  est  difficile  de  pouvoir  l'exposer  con- 
venablement. Ceux  que  l'on  a  employés 
jusqu'à  ce  jour  dans  la  Mycologie  ne  nous  le 
prouvent  que  trop,  puisqu'ils  se  rapportent 
souvent  à  des  objets  très  différents,  comme 
il  est  facile  de  s'en  convaincre  en  parcourant 
l'exposé  suivant. 

AIGUILLONS. 

Prolongements  en  forme  de  dents  ou  de  pointes 
qui  recouvrent  la  face  fructifère  d'un  chapeau  dis- 
tinct ou  membraneux. 

Acicula  Batsch.  (  hydnum  )  ;  —  Aculei  Dillen, 
Jussieu  ,  etc.  (hydnum),  Micheli ,  Gleditsch  (  lyco- 
perdon)  ;  —  Aiguillons  Bulliard  (hydna)  ;  —  Ap- 
pendiculœ  Hoffmann  (  hydnum  );  —  Dens  Nées  , 
VLarXius(sistotrema);  —  Denticuli  Micheli  (hydna)  ; 

—  Papillœ  Paulet  (  hydnum  )  ;  —  Pointes  Vaillant 
(hydnum)  ;  —  Processus  hymenii  Berkeley  (  Po- 
lyplocium);  —  Protuberantia  elongata  Berkeley 
(hydnum)  ;  —  Subuli  Nées,  Rebentisch  (hydnum)  ; 

—  Spicula  Hill  (  crinaceus  )  ;  —  Tubercula  Mon- 
tagne (?Yzdu?um);  —  Tubuli  connexi  Gleditsch  (hyd- 
num); —  Villas  duriusculus  Loureiro  (hydnum). 

ANNEAU. 

Voile  membraneux  ou  filamenteux  qui  s'insère , 
d'un  côte'  autour  du  pédicule  ,  et  de  l'autre  à  la 
marge  du  chapeau,  de  sorte  qu'il  recouvre  les 
organes  de  la  fructification. 

Annulus  Linné' ,  Persoon  ,  etc.  (agaricus  ,  bole- 
tus); —  Anulus  Gleditsch  (  agaricus  )  ;  —  Collet 
Paulet,  Montagne,  etc.  (agaricus);  —  Collerette 
Richard,  (agaricus),  Brongniart  (hymenophallus)  ; 

—  Corolla  Vittadini(a/72«ni7a); —  Corlina  Persoon 
(agaricus),  Fries  (boletus);  —  Indusium  Ventenat, 
Nct-s,  Fnes  (hymenophallus);  —  Involucrum  pro- 
prium  Corda  (hymenophallus);  —  Lepiota  Per- 
soon, Montagne  (agaricus);  —  Voile  Paulet;  — 
Vélum  annulatum  ,  partiale  ,  proprium ,  univer- 
sttle,  concrelum  Fries,  Montagne,  etc.  (agari- 
eus), 

CHAPEAU. 

Partie  supérieure  arrondie  ou  dilatée  d'un  Cham- 
pignon, distincte  du  pédicule  ,  et  qui  porte  les  or- 
ganes de  la  fructification  et  leurs  annexes. 

Ascoma  Bluff  et  Fingerhut  (  agaricus  ,  polypo- 
rus,  dœdalea,  phallus,  thelephora,  Exidia,  hyd- 
num, leolia,  clavaria,  helvella,  solenia)  ;  —  Ca- 
pitule Vaillant  (agaricus)  ;  —  Capitulum  Michel 
[Nyclalis ,   etc.) ,  Linné  (  mucor)  ,  Tode  (slilbum , 


ascoj)hora,  hydrophora),  Gleditsch  (  lycoperdon); 
Holmskjold  (peziza) ,  Montagne  (phallus)  ,  Caput 
Holmskjold  (  clavaria  ,  sphœria  capitata  ,  leo- 
tia),  Va'llant,  Persoon  (agaricus,  bolelus,  etc.)  ; 

—  Chapeau  Vaillant,  etc.  (  agaricus  ),  Rebentischi 
(morchella)  ;  —  Chapiteau  Vaillant,  Paulet  (aga- 
ricus) ;  —  Hymenophorum  Fries  (agaricus  ,  poly- 
porus ,  hydnum ,  etc.  )  ;  —  Parasol  Vaillant  (  aga- 
ricus) ;  —  Pileolus  Battarra  (agaricus)  ;  —  Micheli 
(polyporus  ,  phallus,  morchella)  ,  Gleditsch  (hel- 
vella ),  Haller  (clavaria);  — Pileus  Dodonœus  Ray, 
Linné  ,  Haller  ,  etc.  (  agaricus  ,  boletus  ,  mor- 
chella ,  etc.)  ;  —  Corda  (  vibrissea  ,  spathularia  , 
leotia),  Berkeley  (guepinia),  Schœflér  (peziza), 
Rami  Holmskjold  (clavaria);  —  Table,  tabula 
Paulet  (  agaricus ,  boletus  )  ;  —  Tête  Vaillant  (  bo- 
letus) ;  Vertex  Holmskjold  (clavaria);  —  Umbella 
Marsili  (agaricus). 

HYMEN  IUM. 

Couche  membraneuse  et  superficielle  sur  la- 
quelle reposent  immédiatement  les  organes  de  la 
fructification. 

Callus  Pline,  Fries  (tremella,  exidia,  agyrium, 
dacryomyces ,  etc.  )  ;  —  Cavus  superus  Batsch 
(peziza),  Discus  Persoon,  Fries,  Holmskjold  ,  etc. 
(peziza);  —  Hyménée  Persoon  (helvella  ,  mor- 
chella, peziza,  geoglossiun);  —  Hymenium  Per- 
soon, Fries,  etc.  (agaricus,  boletus,  etc.),  Reben- 
tisch (peziza) ,  Sprengel  (sphœria)  ;  —  Hymenion 
Noulet  et  Dassier  (agaricus,  boletus,  etc.);  — 
Membrana  gongylifera,  seminifera  ,  sporuli- 
fera  Krombholtz  (  agaricus ,  boletus,  etc.);  — 
Membrane  fructifère  Brongniart  (  agaricus ,  bole- 
tus, etc.  )  ;  —  Placenta  Vaillant  (  phallus  )  ;  — 
Pulpa  Corda  (hymenophallus,  phallus,  lysurus, 
clathrus ,  etc.);  —  Stratum  sporidiferum  Fries 
(  tubercularia  )  ;  —  Stratum  thecarum  ,  sporo- 
phororum  Nées  (clavaria,  merisma,  nœmatelia); 

—  Superficies  corporis  Schaeffer,  Batsch  (clava- 
ria); —  Superficies  placentaris  Krombholtz  (aga- 
ricus, boletus,  etc.)  ;  —  Thalamium  Fries  (hyme- 
nomycetes,  discomyceles,  pyrenomycetes). 

LAMES. 

Parties  oppendiculaires  du  chapeau ,  membra- 
neuses, allongées,  disposées  en  rayon  ou  en  éven- 
tail. 

Ascoma  Bluff  et  Fingerhut  (  agaricus  )  :  — 
Feuillets  Bulliard,  Paulet  (agaricus);  —  Hyme- 
nium lamellosum  Fries  ,  Berkeley ,  Montagne 
(agaricus),  Berkeley,  Montagne  (hymeno gramme); 

—  Lames  Persoon  ,  Montagne  ,  etc.  (agaricus);  —■ 
Lamcllœ  Micheli,  Persoon,  Fries,  etc.  (agaricus, 
schizophyllum  ,  etc.)  ;  —  Lamellulœ  Fries  (  sisto- 
trema),  Corda  (  cyclomyces  )  ;  —  Lamina  Micheli 
'agaricus),  Gleditsch  (helvella)  ;— Membrana 
Dodonœus  (  agaricus  )  ;  —  Membrane  fructifère 
Brongniart  (  agaricus,  boletus,  etc.  )  ;  —  JServures 
Vaillant  (  cantharcllus  );  —  Plica  Nées,  Berke- 
ley, etc.  (nicruliits,  cantharcllus);  —  Receplacu- 


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lum  Pers.  (agaricus,  elc.)  ;  —  Sulci  Battarra  (aga- 
ricus). 

MYCÉLIUM. 
Filaments  d'abord  simples,  puis   plus   ou   moins 
compliques,  re'sultant  de  la  ve'gc'tation  des    spores, 
et  servant  de  supports  et  do  racines  aux  Champi- 
gnons. 

Blanc  de  Champignons  Tournefort  (agaricus)  ; 

—  Blanc  des  jardiniers  (agaricus);  —  Chan- 
chissure  Necker  (agaricus);  —  CarcilhiumNeckec 
(agaricus ,  bolelus)  ;  —  Cercidium  Necker  (aga- 
ricus); —  Filamenta  Marsili  (agaricus,  boletus)  ; 

—  Filet  Vaillant  (phallus)  ;  —  Givre  Necker  (  ery- 
siphe  )  ;  —  Gangue  Montagne  (  trichiace'es  )  ;  — • 
Hypha  Martius  (sepedonium,  aleurisma,sporotri- 
clium  ,  etc.  );  —  Hyphasma  Link  (  pénicillium  , 
coremium,  mucor,  etc.),  Montagne  (uredo,  pucci- 
nia);  —  Hyphopodium  Corda  (sporocybe,  erysi- 
phe)  ;  —  Hypomiclia  Bivona-Bernhardi  (  erysi- 
phe)  ;  —  Hypostroma  Corda  (  hysterium  ) ,  Mon- 
tagne (tubercularia),  Nées  (sclerolium ,  stemoni- 
tis)  ; —  Hypolhallus  Corda,  Montagne  (uredo, 
puccinia),  Montagne  (Irichia,  arcyria,  stemoni- 
iis,  etc.)  —  Macula  Martius  (Xyloma)  ;  —  Mesen- 
terica  Tode  (irichia,  arcyria,  etc.)  ;  —  Mycelithe 
Gasparini  (Pietra  fungaja)  ;  —  Nidularion,  Nidu- 
larium  Noulet  et  Dassier  (  agaricus  campestris  , 
amanita  aurantiaca)  ;  —  Phlebomorpha  Persoon 
(  trichia  ,  arcyria ,  etc.  )  ;  —  Radicula  byssoidea 
Persoon  (agaricus),  Spre  ngel  (  lycoperdon  ); — 
Radix  Battarra  (  agaricus  ,  boletus  ),  Holmskjold 
(cyathus,  clavaria) ,  Batsch  (hydnum,  etc.)  ;  — 
Ramusculi  Marsili  (agaricus  );  —  Rhizopodium 
Necs  (agaricus),  Ehrenberg  ,  Nées,  etc.  (mucor, 
erysiphe)  ;  —  Rouille  Necker  (  uredo  )  ;  —  Situs 
Marsili  (agaricus,  boletus);  —  Stolons  Raspail 
[conoplea); —  Stroma  Montagne  (  Irichia,  arcy- 
ria, etc.)  ;  —  Subiculum  Persoon  (trichia,  slemo- 
niiis,  etc.)  ;  —  Thallus  Fries  (hyphomyceles),  Ber- 
keley (  antennaria  )  ;  —  Tomentum  Sprcngel 
(sphœria),  Link  (agaricus,  polyporus). 

ORIFICE. 

Ouverture  re'gulière  ou  irre'gulière  par  ïaquellc 
les  spores  se  dispersent. 

Apertura  Tode  (  sphœria  )  ;  —  Apex  Bulliard 
(sphœria)  ;  —  Foraminula  Gleditsch  (poronia)  ;  — 
Linea  Fries  (sphœria  pulvis  pyrius  );  — Linea 
transversalis  Tode  (  hysterium  )  ;  —  Orificium 
Tode  (sphœria),  Batsch  (lycoperdon)  ;  — Os  De 
Candolle  (tylostoma),  Montagne  (polyporus),  Gle- 
ditsch ,  Micheli  (geaster)  SprengeS  (ascophora)  , 
Rebentisch  (œcidium);  —  Osculum  Micheli  (geas- 
ter). Bluff  et  Fingerhut  (tylostoma,  myriostoma); 

—  Ostiolum  Tode,  Fries,  Persoon,  etc.  (sphœria)  ; 

—  Rima  De  Candolle,  Martius,  Persoon  (hyste- 
rium); —  Sillon  Persoon  (  hysterium);  —  Stoma 
Fries ,  Martius  (  sphœria  )  ;  —  Stylus  Batsch 
(sphœria)  ;  —  Stylus  spermaticus  vcl  collum  Re- 
bentisch (sphœria)  ;  —  Trou  Brongniart  (myrios- 
toma) ;  —  Umbilicus  Micheli  (geaster). 


PARENCHYME. 
Substance  qui  forme   les  différentes  parties  des 
Champignons. 

Contextus  Fries,  Montagne,  Berkeley,  etc.  (po- 
lyporus,  thelephora,  trametes,  agaricus,  etc.); 

—  Caro  Scopoli  ,  Persoon  ,  etc.  (agaricus,  bole- 
tus, etc.)  ;  —  Chair  Vaillant,  Bulliard  (agaricus, 
boletus),  Paulet  (  lycoperdon  )  ;  —  Fabrica  Holms- 
kjold (clavaria)  ;  —  Gleba  Fries,  Tulasne  (  lyco- 
perdon ,  etc.  )  ;  —  Glebulœ ,  Glutinium  Bernhardi 
Bivona  (  sphœria  bifrons  )  ;  —  Massa  seminalis 
Persoon  (bovisla)  ;  —  Massa  pulposa  Rebentisch 
(lycogala)  ;  —  Mcdulla  Micheli  (  elaphomyces , 
tuber)  ;  —  Parenchyma  Gleditsch  (  lycoperdon  ) , 
Vittadini  (  tuber)  ;  —  Palpa  Bernhardi  -  Bivona 
(sphœria  echinus),  Micheli,  Gleditsch  (lycoper- 
don), De  Candolle  (nœmaspora),  Corda  (phallus, 
clathrus  ,  etc.);  —  Substantia  Tode  (spermo- 
dermia,  sclerotium),  Scopoli,  Batsch  (agaricus, 
clavaria),  Hoffmann  (thelephora)  ;  —  Substance 
Vaillant  (boletus)  ;  —  Textura  Martius  (xyloma)  ; 

—  Trama  Fries,  Montagne  (agaricus,  polypo- 
rus,   trametes,  etc.). 

PÉDICULE. 

Partie  inférieure  et  retrecie  qui  supporte  le  cha- 
peau. 

Basis  Gleditsch  (  lycoperdon  )  ;  —  Byssus  Mi- 
cheli (mucor);  —  Cauliculus  Dodonaeus  (mor- 
chella)  ;  —  Caulis  Dillen,  Haller,  Schœffer  (  aga- 
ricus, helvella),  Rebentisch  (scleroderma,  clava- 
ria )  ;  —  Cephalophorum,  Nées  (stilbum)  ;  —  Cys- 
tophorum  Nées  (mucor,  ascophora,  thamnidium% 
pilobolus)  ;  —  Fibrœ  Martius  (  erineum  ,  helmin- 
thosporium,  rhacodium,  antennaria,   himanliu); 

—  Fibrillœ  Pers.  (menispora,  alternaria,  aclino- 
cladium),  Fries  (campsotrichum,  chloridium,  ma- 
crosporium,  œdetnium,  ?nyxotrichum,  polythri- 
chum  ,  etc.);  —  Fila  Persoon  (erineum,  monilia, 
alternaria,  dematium,  mesenterica,  racodium, 
byssus,  etc.),  Berkeley  (macrospoi ium}  septo- 
nema,  sporocybe,  helminlhosporium)  ;  —  Fila- 
ments Brongmart  (monilia,  alternaria,  dema- 
tium, etc.),  Link,  Nées,  Le'veille',  etc.  (helicomyces, 
mycogone,  acretnonium,  epochnium,  monilia, 
desmotrichum,  haplaria)  ;  —  flocci  Frics  (  core- 
tnium,  pénicillium,  botrytis,  trichothecium,  etc.)  ; 
—Hypha  Martius  (sepedonium,  fusisporium,  etc.), 
Bluff  et  Fingerhut  (mycobanche ,  goniolrichum , 
sporotrichum,  fusisporium,  trichothecium,  chlo- 
ridium, botrytis,  stilbum,  etc.)  ;  —  Hyphopodium 
Corda,  Montagne  (  mucor,  uredo,  etc.  );  —  Pedi- 
cellus  Fries  (erineum,  coryneum,  phragmidium, 
xenodochus),  Sprengel  (geastrum),  Nées  (peziza), 

—  Pédicule  Dodouœus  (agaricus),  Vaillant  (aga- 
ricus ,  bolelus  ,  leolia  )  ;  —  Pediculus  Cisalpin  , 
Micheli,  Haller,  etc.  {agaricus,  boletus,  etc.), 
Schœffer  (morchella,  stemonilis)  ;  —  Pedunculus 
Battarra  (agaricus)  ;  —  Pes  Marsili,  Micheli,  Haller, 
Montagne  (agaricus,  etc.  )  ;  —  Peliolus  Micheli, 


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Haller,  Gleditsch,  etc.  (  agaricus,  boletus,  etc.), 
Schœffer  (peziza),  Gleditsch  (mucor),  Guettard  (ly- 
coperdon)  ;  —  Pedicellus  Nées  (  atractium  )  ;  — 
Rhabdus  Bluff  et  Fingerhut  (  erineum,  alternaria, 
rhacodium,  rhizomorpha,  etc.);  —  Scapus  Dodo- 
nœus  (phallus);  —  Setulœ  Persoon  (helminlhospo- 
rium)  ;  —  Stipes  Marsili ,  Linné  ,  etc.  (  agaricus, 
boletus),  Holmskjold  (clavaria),  Corda  (slil- 
6»/»,  etc.),  De  Candolle  (botrytis),  Rebentisch  (lu- 
bercularia),  Nées  (stemonitis,  cribraria)  ;  —  SU- 
pites  Persoon  (botrytis,  dactylium,  coremium)  ; 

—  Sporidochium  verum  Link  (  tubcrcularia  , 
exosporium,  coryneum,  etc.  )  ;  —  Sporidochium 
spurium  Link  (uredo,  œcidium ,  puccinia); — 
Stroma  Nées  (ceratium,  isaria,  coremium,  stil- 
bum); —  Stroma  gelatinosum  Nces  (gymnospo- 
rangium);  —  Trichophorum  Nces  (ceratium);  — 
Truncus  Nées  (  ceratium  ,  Isaria,  ctfrhnlotri- 
chum,  stilbum);  —  Ve llu s  Gleditsch  'mucor). 

PERIDIUM. 

Réceptacle  membraneux  et  sec  ,  le  plus  souvent 
rempli  d'une  poussière  abondante. 

Aggedula  Hoffmann  (œcidium,  arcyria)  ;  —  Ca- 
pilulum  Battarra  (lycoperdon),  Gleditsch  (mucor), 
Malpighi  (mucedo),   Batsch  (tylostoma,  mucor); 

—  Caput  Nées  (hymenophallus); —  Phallus  Bat- 
tarra ;  —  Cavus  rotundus,  subrotundus  Schœffer 
(lycoperdon,  mucor)  ;  —  Cellulœ  Link  (œcidiuni); 

—  Cellulœ  fungineœ  Batsch  (trichia)  ;  —  Cortex 
Persoon  (stemonitis),  Glcdilsch  (mucor),  Tourne- 
fort  (lycoperdon)  ;  ■—  Cutis  Batsch  (lycoperdon); 

—  Ecorce  Vaillant  (lycoperdon)  ;  —  Epiperidium 
Nces  (polyangium,  pisocarpium);  —  Faux  peri- 
dium  Bronguiart  (uredo,  œcidium,  puccinia)  ;  — 
Glebula  Micheli  (polysaccum)  ;  —  GlobuliHohns- 
kjold  (lycogala,  epidendron);  —  Globuli  Ballarra, 
Gleditsch  (polysaccum)  ,  Berkeley  (scoleiocar- 
vus)  ;  —  Globus  Jussieu  (lycoperdon)  ;  —  Involu- 
crum  Nées  (  scleroderma  ,  diploderma  ,  bovista  , 
lycoperdon,  baltarrea,  tylostoma,  gcastru??i,e\c); 

—  Locclli,  loculi  Bulliard  (  spumaria,  reticula- 
ria)  ;  —  Mucosite's  sphc'riques  Paulet  (physarum, 
lycogala  )  ;  —  Pericarpia  Bulliard  ,  Montagne  (  ly- 
coperdon, stemonitis,  relicularia,  pilobolus,  as- 
cophora)  ;  —  Peridiolum  Frics  (polysaccum  ,  mi- 
tremyces,  polysaccum,  stilbum,  mucor,  verticil- 
lium  ,  syzygites,  etc.),  Brongninrt  (  nidularia, 
polyangium,  myriococcum ),  Martius  (cyathus) , 
Montagne  (mucor,  ascospora  ,  operculum  pilo- 
boli);  —  Peridiutn  Persoon  (  mucor,  geastrum, 
lycoperdon  ),  Bernhardi  Bivona  (  œcidium  )  ;  — 
Frics  (  nidularia,  arachnion,  elaphomyces,  tuber, 
phalloidei,  lycoperdei,  trichodermei,  sclerotiei, 
apiosporei, perisporei,  aslerophora,  œgerita,  ery- 
siphe, mucor),  Corda  (hysterangium,  genea,  sphœ- 
rozosma,  balsamia,  rhizopogon,  tuber)  ;  —  Peri- 
dium  exlernum  Fries  (clathrus,  coleus,laternea, 
phallus  ,  lysurus ,  battarrea,  antennaria  ,  lasio, 
botrys,  œgerita,  asterothecium,  etc.  ),  Sprcngel, 
Rebentjsch  (chœnocarpus),  Berkeley,  Bluff  et  Fin- 


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gerhut  (  lycoperdon  ,  bovista  ,  tuber  ,  etc.  )  ;  — 
Pseudoperidium  Link,  Fries  (œcidium,  rœstelia, 
uredo,  uslilago,  erineum),  Corda  (clavaria  tri- 
chopus),  Peridium  mitriforme  Montagne  (insti- 
tate,  ostracoderma)  ;  —  Sporangiolum  Nées  (ste- 
monitis) ;  —  Sporangium  Link  (lycoperdon,  bo- 
vista ,  trichia,  stemonitis).  Corda  (polyangium, 
milrcmyces  ,  polysaccum  ,  etc.  )  ;  —  Sacculus 
Sprcngel  (mitremyces)  ;  —  Tête  Vaillant  (lycoper- 
don);—  Theca  Persoon  (spumaria,  diderma  , 
trichia,  œcidium),  Bulliard  (spumaria)  ; —  Tégu- 
ment Persoon  (spumaria,  trichoderma)  ;  —  Tuni- 
que Paulet  (  lycoperdon  ,  onygena). 

PER1THEC1UM. 
Re'ceptacle  le  plus  ordinairement  coriace  ou  corné, 
renfermant  des  spores  nues  ou  contenues   dans  des 
thèques. 

Alveolœ  Jussic»  ( sphœria,  hypoxylon);  —  Ca- 
uitas  Haller  (sphœria)  ;  —  Capsula  Haller  (sphœ- 
ria) ;  —  Cellœ  Batsch  (sphœria)  ;  —  Cellulœ  Hill, 
Batsch  (  sphœria  )  ;  —  Foveolœ  Jussieu  (  sphœria, 
hypoxylon);  —  Globuli  Batsch  (sphœria  globu- 
laris  )  ;  —  Loculi  ,  loges  Bulliard  (  sphœria  )  ;  — 
Perithecium  Persoon  (  tuber,  geastrum,  bovirta  ), 
Peisoon,  Fries,  Martius  (sphœria,  hysterium),  Re- 
bentisch  (  nœmaspora,  xyloma),  Corda  (sphœro- 
nœmu,  sphœriacei,  melanconiei,  sporocadei,  hys- 
teriacei  ,  phragmolrich\ei  )  ;  —  Pseudopyrenium 
Bluff  et  Fingerhut  (  phoma,  ceulhospora  ,  peri- 
sporium  ,  actinolhyrium  ,  lasiobothrys  ,  cytis- 
pora,  etc.)  ;  —  Pseudostroiua  Bluff  et  Fingerhut 
(  leptostroma  ,  sclerotium  ,  acrospermum  )  ;  — 
Pyrenium  Bluff  et  Fingerbut  (helicohelus ,  cocco- 
bolus ,  erysiphe,  spœronœma,  rhizopogon,  dothi- 
dea,  tuber,  cyathus ,  polysaccum);  —  Recepta- 
culum  Peisoon ,  Fries  ,  etc.  (  sphœria  ,  hyste- 
rium, etc.);  —  Sphœrula  Persoon,  Sprengcl  (sphœ- 
ria) ;  —  Verruca  Batsch  (sphœria). 

RÉCEPTACLE. 

Champignon  en  entier,  ou  seulement  la  partie  sur 
laquelle  reposent  les  organes  de  la  reproduction. 

Acelabulum  Hoffmann  (peziza)  ;  —  Aggedulœ, 
Hoffmann  (œcidium  ,  arcyria  )  ;  —  Asconia  Bluff 
et  Fingerhut  (  peziza  )  ;  —  Area  Tode  (  epichy- 
sium  )  ;  —  Base  sessile  Brongniart  (œgerita,  epi- 
coccum,  etc.  );  —  Calix  Jus>icu,  Scopoli  (  cya- 
thus); —  Capitulum  Holmskjold  (peziza);  —  Cap- 
sula Persoon  (  vermicularia  )  ;  —  Cellulœ  Hill 
(sphœria)  ,  Berkeley  (dolhidea)  ;  —  Cephalopho- 
rum  Nces  (  stilbum  )  ;  —  Clavnla  Holmskjold,  Per- 
soon (  sphœria  ),  Fries  (  pislillaria  )  ;  —  Concep- 
tacle  A.  Richard  (sphœria,  hysterium,  erysiphe)-, 
—  Corpus  Gleditsch  (  boletus,  clavaria,  lycoper- 
don), Batsch,  Sprengel  (peziza)  ;  —  Coque  Raspail 
(conoplea)  ;  —  Cralera  Bulliard  (peziza)  ;  —  Cu- 
pula  Holmskjold,  Persoon  (peziza)  ;  —  Discus  Fries 
(blennoria,  coryneum ,  dicoccum  ,  schizoderma  , 
peziza)  ;  —  Epiperidium  Nces  (polyangium,  piso- 
carpium, cyathus)  ;  —  Excipnlum  Montagne  (pe- 


480 


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ziza)  ;  —  Globuli  Persoon  (phyllosticla)  ,  Holms- 
kjold (lycogala  ,  epideitdron) ,  Bernhardi-Bivona 
{erysiphe)  ;  —  Lamina  Gledistch  (  agaricus  )  ;  — 
Lamina  excavata  Schœffer  (peziza); —  Massa 
carnosa  Martius  (  podisoma  )  ;  —  Massa  gelati- 
nosa  Batsch  (clathrus)  ;  —  Peridium  mitriforme 
Montagne  (inslitate  ,  ostracoderma)  ;  —  Pileolus 
Haller  (clavaria  fragilis),  Micheli,  Gleditsch  (aga- 
ricus, helvella)  ;  —  Pileus    Schœffer  (  peziza  ); 

—  Pseudostroma  Montagne  (  thamnomyces  )  ;  — 
Pyrenium  Bluff  et  Fingerhut  (  sphœria,  cyalhus)  ; 

—  Rami  Holmskjold,  Bulliard,  etc.  (clavaria)  ;  — 
Receptaculum  Gleditsch  (  lamellœ  agaricorum  , 
pori  boletorum,  etc.) ,  Persoon  (Sporangia  cyathi 
sphœria  ,  hysterium,  tubercularia,  sphœrobolus, 
peziza,  volulella,  solenia,  etc.  )  ,  Alph.  De  Can- 
dolle  pour  les  Champignons  en  ge'ne'ral  ,  Fries 
(morchella,  peziza,  vibrissea,  stictis,  tremella, 
isaria  ,  scorias ,  slilbospora,  gymnosporangium , 
pilobolus,  etc.),  Fries,  Link  (cyalhus)  ;  —  Recepta- 
culum séminale  Tode  (myrothecium  ),  Sprengel 
{slroma  sphœriarum),  Corda  (isaria,  ceratium, 
pterula,  spadonia,  etc.),  Nées,  Tulasne  (peridium 
cyathi);  Semen  corniculatum  Micheli  (sphœria, 
ceratospermal  )  ;  —  Sphœrula  Persoon  (  sphœ- 
ria); —  Sphœrulœ  ascigerœ  Link  (hypoxylon, 
cordyceps  )  ;  —  Sporangium  Link  (  geoglossum , 
mitrula  ,  morchella  ,  peziza  ,  solenium,  auricu- 
laria,  tremella,  sclcrotiurr. ,  sphœriola  ,  cenan- 
gium,  eustegia,  ballopoma,  ascochyta,  lycoper- 
don  ,  bovista  ,  lignidium, ,  craterium  ,  physa- 
rum,  etc.);  —Sporidochium  verum  h\nk(lubercu- 
laria  ,  fusarium  ,  œgerita  ,  periconia  ,  isaria  , 
ceratium,  etc.)  ;  —  Sporidochium  spurium  Link 
(sporidesmium,  exosporium  ,  coryneum  ,  podi- 
soma, seiridium,  etc.  )  ;  —  Slroma  Frics  ,  Mon- 
tagne (sphœria),  Martius  (gymnosporangium, 
œgerita,  tubercularia  ,  melanconium  ,  etc.  );  — 
Martius  (stilbum);  —  Subiculum  Sprengel  (car- 
pobolus)  ;  —  Thecœ  Persoon  (  spumaria ,  fusa- 
rium, diderma  ,  trichia,  œcidium  );  —  Truncus 
Nées  (ceratium)',  —  Tubercule  A.  Bichard  (sphœ- 
ria);—  Umbraculum  Rupp.  (hydnurn);  —  Utérus 
Fries  (tuber,  rhizopogon,  nidularia,  polyangium, 
alraclobolus ,  pilobolus  ,  sphœrobolus ,  etc.):  — 
Vittadini  {genea,  balsamia);  —  Verlex  Holmskjold 
' clavaria), 

SPORES. 

Graines  ou  corps  reproducteurs  des  Champi- 
gnons. 

Animalcula  "Wilk,  Miinkchausen  ,  Roos,  Linné', 
Weiss  (agaricus,  boletus),  Girod-Chantrans  (uredo, 
stilbospora  )  ;  —  Ascelli  Fries  (  ascospora  )  ;  — 
Asci  Fries  (vermicularia);  —  Ascifixi  Nées  (me- 
risma,  clavaria); —  Articula  Nées,  Link,  Per- 
6oon  (monilia,  oidium  ,  torula);  —  Bisemina 
Necker,  Hoffmann  (arcyi  ia,  diderma,  trichoderma, 
œcidium,  peziza);  —Capsula  Bernhardi-Bivona 
(uredo,  puccinia)  ;  —  Cirrhus  Rebentisch  (stil- 
bospora );   —  Corpora   vermiculiformia    Tode 


(vermicularia)  ;  —Corpuscules  A.  Richard  (agari- 
cus, boletus,  elc.  ),  Girod-Chantrans  (uredo,  stil- 
bospora) ;  —  Embryo  nudus  Ehrenherg  ;  —  Farina 
Marsiii  (  agaricus  )  ;  —  Gelatina  hymenii  Reben- 
tisch (tubercularia);--  Gemma  Gaertner;  —Glebulœ 
Persoon  (  botrytis  )  ;  —  Globus  spermaticus  Tode 
(sphœronœma)  ;  —  Gongyles  De  Candolle,  Noulet 
et  Dassier  (  agaricus,  boletus  )  ;  —  Grana  tétras 
lica  Nées  (coprinus); —  Graines  Bulliard  (mucor  , 
aspergillus,  pénicillium)  ;  —  Gutla  sperma- 
tica  Tode  (stilbum  )  ;  —  Latex  Persoon  ,  Reben- 
tisch (phallus,  etc.  );  —  Nucleus  Fries  (  cytispo- 
rei,  xylomacei); — Nucleus  seminalis  Tode  (pyre- 
nium); —  Pollen  Schœffer,  Batsch  (agaricus ,  bo- 
letus) ;  —  Poussière  séminale  Bulliard  (agaricus); 

—  Pruina  seminalis  Persoon  (isaria,  uredo,  etc.)  ; 

—  Pulpa  Bluff  et  Fingerhut  (  sphœronœma  )  ;  — 
Pulvis  seminalis  Persoon  (  isaria,  œcidium,  stil- 
bospora, uredo  ),  Sprengel  (  lycogala);  —  Rouille 
Necker  (  uredo  rosœ  )  ;  —  Semences  ,  semina  Bul- 
liard (cyathus,  mucor,  aspergillus,  pénicillium)  ; 

—  Se'minules  Turpin  (spora,  sporidia,  sporula, 
spore,  sporidie ,  sporules),  Mougeot  (agaricus, 
boletus,  etc.  );  ces  termes  sont  employés  tous  dans 
le  même  sens;  —  Sporangiola  (sporidiola),  les  pe- 
tits spores  que  renferment  les  spores  mêmes;  — 
Stamina  Micheli  (agaricus,  boletus,  etc.);  — 
Truffinelles  Turpin  (tuber);  —  TlœcœNees  (sphœ- 
ria, histerium)  ;  —  Utriculi  séminales  Hoffmann 
(  œcidium  )  ;  —  Vésicules  spermatiques  Bulliard 
(agaricus)* 

SPORANGES. 

Cellules  globuleuses  ou  allongées  qui  renferment 
les  spores. 

Angiola  Nées  (tuber,  endogone,  uperrhiza)  ;  — 
Asci  fixi  Nées  (  merisma,  clavaria,  spathularia, 
geoglossum,  helvella,  morchella); — Ascopora 
Bluff  et  Fingerhut  (cyathus),  Vittadini  (tuber),  Esch- 
weiler  (  melidium  )  ;  —  Ascidia  fixa  Nées  (pe- 
ziza, hysterium  )  ;  —  Asci  inclusivi  Corda  (  hel- 
vella, peziza);  —  Capitulum  Malpighi  (mucedo), 
Persoon  (  puccinia),  Corda,    Berkeley  (stilbum); 

—  Capsulœ  Rebentisch  (puccinia),  Bernhardi-Bi- 
vona (  uredo ,  puccinia) ,  Holmskjold  ,  Nées  (  cya- 
thus), De  Candolle  (gymnosporangium  ,  uredo, 
puccinia,  bullaria,  cyathus,  erysiphe),  Hill,  Mi- 
cheli (tuber);  —  Carcerula  Vittadini  (tuber);  — 
Cases  séminales  Bulliard  (tuber);  —  Cellulœ  Bul- 
liard, Berkeley,  Nées  (tuber)  ;  —  Clavulœ  Persoon 
(puccinia,  ascophora)  ;  —  Corpora  Dillen  (  cya- 
thus); —  Conceptacula  Vittadini  (tuber);  —  Cor- 
pora  Dillen  (  cyathus  );  —  Corpora  carnosa  Per- 
soon (pilobolus  ,  thelebolus  ,  sphœrobolus  ,  cya- 
thus); —  Corps  lenticulaires  Vau\et(cyathus);  — 
Corpuscula  Battarra  (cyathus);  —  Cystis  Nées 
(mucor,  pilobolus,  exosporium);  —  Corda  (puc- 
cinia) ;  —  Fructus  Micheli,  Rebentisch,  etc.  (cya- 
thus )  ;  —  Globuli  Weiss  (  cyathus  )  ;  —  Graines 
Bulliard;  —  Granula  Marsiii  (cyathus)  ;  —  Len- 
liculœ  Scopoli  (cyat hu s )  ;  —  Massa  sporophora. 


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481 


ihecigera  Marlius  (thelebolus)  ;  —  Noyau  Dumor- 
lier  (  nidularia  ,  carpobolus,  etc.  )  ;  —  Pericarpia 
Bullnrd  (  phragmidium  ,  puccinia)  ;  —  Peridiola 
Montagne  (mucor)  ;  —  Peridium  Nées  (eurotium), 
Nées  (cyathus)  ; —  Perithccium  Nées  (sporangium 
cyalhi,  anlcjinaria)  ;  —  PerulaPers.  (mucor,.hy- 
drophora,  inucedo)  ;  —  Placenta  Tode  (pilobolus, 
cyathus)  ;  —  Podetium  Marlius;  — Receptaculum 
le.ntiforme  Glcditsch  (cyathus);  —  Réceptacles 
partiels  ou  secondaires  Montagne  (cyathus,  po- 
lysaccum  )  ;  —  Semences  Bulliard  ;  —  Semina 
Jussieu  ,  Schrewekius  (  cyathus  )  ;  —  Sporange  , 
Sporangia; — Sporangium  Marlius  (didymocra- 
ter,  eurotium  ,  lycogala,  myrothecium,  licea , 
diderma,  physarum  ,  stemonitis  ,  scleroderma  , 
'  lycoperdon,  geastrum,  cyathus,  etc.);  —  Sporan- 
Igidium  Bischoff  (  f/ieca;  pezizarum),  Fries  (  e/y- 
siphe)  ,  Link  (eurotium,  mucor ,  sporodinia, 
thamnidium,  dir'yr'iricraler,  erysiphe  ,  antenna- 
ria  ,  rhizoctonia  ,  spliteriola,  cenangium,  dothi- 
dea  ,  ascochyla,  lycoperdon,  bovisla,  trichia, 
stemonitis  ,  etc.),  Corda  (polyangium,  polysac- 
cum,  mitremyces,   nidularia,   carpobolus,  etc.)  ; 

—  Sporangiolum  Fries  (erysiphe ,  podosphœria , 
lasiobothrys ,  cyathus),  Nées  (stemonitis)  ;  — 
Thccœ  Persoon,  Fries,  etc.  (sphœria,  hyste- 
rium,  etc.  )  ;  —  Thecœ  sporiferœ  Link  (agaricus, 
bolelus);  —  Thecœ  sporophorœ  fixœ  Marlius  (/7e- 
aïs",  ascobolus,  etc.)  ;  —  Vesicula  Sprengel  (ca?'- 
pobolus,  pilobolus);  —  Vesicula  carnosa  Persoon 
(pilobolus  ,  thelebolus  ,  sphœrobolus ,  cyathus); 

—  Vésicule  favorisée  Turpin  (  tuber  )  ;  —  ^e'^i- 
f  7t/e,y  fécondantes,  spermatiques  Bulliard  (agari- 
cus, sphœria,  tuher);  —  Vésicule  globuleuse 
Brongniart  (pilobolus,  ascophora,  syzygites)  ;  — 
Vesicula  sporophora  Martius  (  mucor .  asco- 
phora). 

THÈQUES. 

Espèce  de  sporange  composé  d'un  utricule  allongé 
ou  globuleux  qui  renferme  les  spores. 

Asci  Nées,  Link,  Fries,  etc.  (agaricus ,  bo- 
lelus, clavaria,  sphœria,  peziza,  stegia ,  patella- 
ria,  tympanis,  heterosphœria,  etc.),  Corda  (ery- 
siphe, elc.)  ;  —  Asci  inclusivi  Corda  (helvella,  etc.)  ; 

—  Ascidia  Sprengel  (  sphœria,  lophium,  phlebia, 
boletus,  irpex)  ;  —  Cellulœ  Bulliard  (tuber)  ;  — 
Capsulœ  Hill ,  Micheli  (tuber);  —  Capsula  A.  Ri- 
chard (sphœria)  ;  —  Carcerula  Yittadini  (tuber)  ; 

—  Conceplacula  "Vittadini  (tuber);  —  Cases  sé- 
minales Bulliard  (  tuber)  ;  —  Loges  Paulet  (pe- 
ziza) ;  —  JSucleus  Fries  (  sphœriacei ,  phacidia- 
cei);  —  Sporangia  Fries  (podisoma,  gymnospo- 
rangium,  tuber,  rhizopogon,  emlogone,  nidularia, 
rolyangium,  sphœrobolus),  Corda  (crateromyces , 
fiemiscyphe ,  didymocraler,  nidularia ,  carpobo- 
lus), Tulasne  (hydnoboletes),  Castagne  (sphœria , 
hyslerium  ,  erysiphe)  ;  —  Sporangidium  Bischoff, 
Thecœ  pezizarum  ;  —  Tliecœ  Persoon  (  spumaria, 
fusorium,  diderma,  trichia,  œcidium),  Rebentisch 

(pc:i-a  ,  sphœria  ,  stilbospora  )  ;  —  Thecœ  spori- 
1.  VIII. 


Jerœ  Nées  (  agaricus,  polyporus,  pistillaria,  etc.); 

—  Thecœ  spermatophorœ  Sprengel  (peziza);  — 
Sporangiola  Nées  (sporœ  pezizarum,  hyslerio- 
rum);  —  V triculi  Hoffmann  (peziza);  —Vésicules 
Geoffroy  (tuber);  —  Vésicules  favorisées  Turpin 
(tuber). 

TUBES. 

Parties  appendiculaires  du  chapeau  en  forme  de 
tuyaux  cylindriques  ou  anguleux ,  placés  les  uns  à 
côté  des  autres,  ouverts  par  une  extrémité,  et  qui 
renferment  dans  leur  cavité  les  organes  de  la  re- 
production. 

Alveolœ  Nées  (dœdalea); — Alveoli  Corda  (fa- 
volus,  hexagonia),  Berkeley  (laschia):  —  Ascoma 
Bluff  et  Fingerhut  (solenia);  —  Cavernuli  Batsch 
(  boletus-polyporus  )  ;  —  Foraminula  Micheli  (bo- 
lelus, polyporus)  ;  —  Pori  Linné,  Frics,  Persoon 
(bolelus,  polyporus),  Berkeley  (  hexagona  ),  Re- 
hentisch  (dœdalea)  ;  —  Receptaculum  Rebentisch, 
Sprengel  (dœdalea  )  ;  — Sinus  Rebentisch,  Spren- 
gel (dœdalea)  ;  —  Tubes  Persoon  ,  Bulliurd  (bole- 
lus); —  Tubi  Batsch  (boletus),  Bulliard  (fistulina)  ; 

—  2'ubuli  Sprengel  (fistulina,  erineum );  —  Tu- 
buli  connexi  Gledilsch  (  hydnum  );  —  Tuyaux 
Vaillant  (boletus.  polyporus). 

VOLVE. 

Membrane  plus  ou  moins  consistante  ,  dans  la- 
quelle est  contenu  le  Champignon  dans  son  jeune 
âge,  et  qui  se  déchira  par  suite  de  son  développe- 
ment. 

Enveloppe  Paulet  (ama?iita);  — Involucrum 
Paulet (amanita);  — Manteau  "Vaillant (agaricus) ; 

—  Peridium  Fries,  Corda  (phallus,  battarrea,  ase- 
roe,  clalhrus);  —  Scrotum  Dodonaeus  (phallus); 

—  Sporangium  Sprengel  (mitremyces);  —  Utérus 
Fries  (phalloidei,  tuberacei,  nidulariacei ,  car- 
poboli,  trichospermei);  —  Vélum  universale  , 
discretum  Fries  (amanita);  —  Volva  Micheli 
(agaricus,  phallus,  carpobolus);  —  Hill  (cyathus), 
Sprengel  (geaster),  Berkeley  (aseroë,  secotium, 
polyplocium),  Gledilsch  (arcyria,  stemonitis). 

La  nomenclature  de  la  Mycologie  est, 
comme  on  vient  de  le  voir,  un  véritable 
chaos.  Elle  possède  un  trop  grand  nombre 
de  mots  pour  exprimer  le  même  organe. 
Les  modifications  que  j'essaie  aujourd'hui 
d'y  apporter  sont  le  résultat  de  l'expérience; 
si  elles  ne  présentent  aucun  caractère  de 
nouveauté ,  j'espère  qu'elles  seront  acceptées 
à  cause  de  leur  simplicité.  Mon  but,  en 
proposant  de  donner  le  même  nom  à  toutes 
les  parties  qui  remplissent  les  mêmes  fonc- 
tions, est  de  rétablir  l'uniformité  dans  la 
synonymie  ,  et  de  faciliter  en  même  temps 
l'étude  des  Champignons. 

Avant  d'exposer  les  changements  que 
cette  nomenclature  me  semble  nécessiter,  il 

61 


482 


MYC 


estconvenable  de  prendre  quelques  exemples. 
Je  suppose  que  l'on  ait  sous  les  yeux  l'O- 
ronge (Agaricus  Cœsareus),  qui  me  paraît 
être  le  Champignon  le  plus  complet,  celui 
dans  lequel  toutes  les  parties  ont  atteint  le 
Jlus  haut  degré  d'organisation,  et  VAgari- 
Hcus  epixylon,  qui  est  le  plus  simple  de  tous 
Jes  Agarics.  Dans  le  premier,  il  existe  une 
Volve,  un  pédicule,  un  anneau,  un  chapeau 
Jarge  et  charnu,  des  lames  entières,  et  d'au- 
îrcs  de  grandeurs  différentes,  disposées  en 
îmbrelles  sur  lesquelles  reposent  les  orga- 
nes de  la  fructification.  Le  second,  au  con- 
traire, n'a  ni  volve,  ni  pédicule,  ni  anneau; 
le  chapeau  est  membraneux,  sessile,  résu- 
piné;  les  lames  sont  peu  nombreuses,  nais- 
sent d'un  point  unique  situé  à  la  marge  du 
chapeau,  et  s'étendent  en  formant  l'éven- 
tail. Ces  deux  Champignons,  si  on  les  com- 
pare, n'ont  de  commun  que  le  chapeau,  les 
lames,  les  basides  et  les  spores.  Ils  se  res- 
semblent si  peu  que  des  auteurs  en  ont  fait 
deux  genres  différents.  Si  maintenant  on 
passe  en  revue  toutes  les  espèces  intermé- 
diaires, on  voit  la  volve  disparaître;  le  pé- 
dicule, de  central  qu'il  était,  devient  excen- 
trique, latéral,  et  enfin  s'efface  complète- 
ment; l'anneau,  qui  était  membraneux, 
large,  consistant,  se  réduit  en  filaments 
arachnoïdes  qui  finissent  par  disparaître 
aussi.  Dans  les  Polypores,  les  Hydnes,  les 
Théléphores,  les  modifications  sont  encore 
plus  manifestes  ,  puisque  ces  Champignons 
ne  présentent  quelquefois  qu'une  simple 
membrane,  des  pores  ou  des  aiguillons, 
immédiatement  appliqués  sur  les  corps  qui 
les  supportent.  Dans  les  nombreuses  fa- 
milles des  Thécasporés  et  des  Clinosporés, 
les  phénomènes  sont  les  mêmes;  les  diffé- 
rentes parties  qui  servent  de  support  éprou- 
vent les  mêmes  changements.  Depuis  ces 
nelles  et  grandes  Sphéries,  qui  ressemblent 
à  des  massues ,  et  dont  la  surface  est  cou- 
verte de  conceptacles,  jusqu'à  celles  qui  sont 
simples  et  par  conséquent  réduites  au  con- 
ceptacle  seulement,  on  voit  le  stroma  ou  ré- 
ceptacle, de  pédicule  qu'il  était,  passer  & 
l'état  sessile,  puis  prendre  la  forme  d'un  cu- 
pule, d'un  coussin,  de  fibres  rayonnantes, 
d'une  simple  tache  noire,  et  enfin  s'effacer 
tellement  qu'on  n'en  trouve  plus  de  ves- 
tiges. Ces  observations ,  que  tout  le  monde 
o  faites,  nous  prouvent  que  dans  quelques 


MYC 

circonstances  la  nature  a  déployé  un  grand 
luxe  de  végétation,  et  que  dans  d'autres  elle 
s'est  renfermée  dans  des  limites  extrême- 
ment étroites,  mais  toujours  suffisantes  pour 
la  reproduction  et  la  conservation  des  es-  - 
pèces. 

Réceptacle.  Les  spores  sont  les  parties  es- 
sentielles des  Champignons ,  elles  sont  le  but 
et  le  terme  de  la  végétation  ;  nues  ou  renfer- 
mées dans  un  sporange,  il  faut  de  toute  né- 
cessité qu'elles  reposent  sur  un  organe;  c'est 
cet  organe  que  je  nomme  réceptacle  :  il 
existe  toujours ,  il  se  dérobe  souvent  à  la 
vue  en  raison  de  son  extrême  ténuité ,  ou 
parce  qu'il  reste  caché  dans  l'épaisseur  des 
corps  qui  le  nourrissent.  Dans  un  grand 
nombre  d'espèces ,  on  ne  le  distingue  même 
pas  du  mycélium  primitif ,  tandis  que  dans 
d'autres  il  prend  des  proportions  considéra- 
bles ,  et  se  montre  sous  des  formes  et  des 
couleurs  qui  en  sont  très  différentes. 

Ces  laits  étant  établis,  on  voit  qu'indé- 
pendamment du  mycélium  tous  les  Cham- 
pignons présentent  deux  parties  essentielles 
et  constantes ,  le  réceptacle  et  les  organes 
de  la  reproduction.  Les  uns  et  les  autres 
peuvent  être  aussi  simples  que  possible,  ou 
accompagnés  de  parties  ou  d'organes  acces- 
soires. Les  parties  accessoires  du  réceptacle 
sont  la  volve,  le  chapeau,  le  pédicule,  l'an- 
neau, la  cortine,  la  lépiote;  celles  des  or- 
ganes de  la  reproduction  ,  le  conceptacle  , 
le  sporange,  les  basides,  le  clinode  et  les 
cystides. 

Mycélium.  Lorsque  l'on  place  sur  du  sable 
mouillé  etmieux  encore  sur  des  lames  minces 
de  verre  des  spores  que  l'on  recouvre  d'une 
cloche,  on  voit,  quand  la  température  atmo- 
sphérique est  modérée  ou  chaude,  on  voit, 
dis-je,  au  bout  de  quelques  jours  naître  des 
filaments  d'un,  deux  ou  trois  points  de  leur 
surface.  Ces  filaments  sont  rampants,  se  di- 
visent, s'anastomosent  et  finissent  par  for- 
mer un  tissu  plus  ou  moins  épais.  C'est  ce 
tissu  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  my- 
célium, de  blanc  de  Champignon,  etc.  Les 
expériences  que  nous  pouvons  faire  sur  les 
grandes  espèces  de  Champignons  ne  nous 
donnent  jamais  d'autres  résultats;  mais  si 
nous  venons  à  agir  sur  des  Mucédinées,  alors 
il  nous  est  possible  de  suivre  le  mycélium 
jusqu'à  la  fructification,  et  de  reproduire  en 
quelque  sorte  à  volonté  ces  petits  végétaux. 


ivnc 


MYC 


483 


On  voit  de  distance  en  distance  des  ren- 
flements,  des  nœuds,  se  manifester;  il  en 
naît  des  filaments  droits,  simples  ou  fa- 
meux, qui  portent  des  spores.  Il  n'y  a  pas 
d'espèce  qui  se  prête  plus  facilement  à  cette 
expérience  que  VAscophoraMucedo.  Un  mor- 
ceau de  pain  chargé  de  cette  moisissure,  mis 
sdans  une  assiette  de  porcelaine  avec  des  la- 
imes  de  verre,  çà  et  là,  et  recouvert  d'une 
cloche,  laisse  voir,  du  troisième  au  sixième 
jour,  toutes  les  surfaces  recouvertes  de  nou- 
veaux individus.  Comme  son  mycélium  est 
noir,  il  se  dessine  lui-même  sur  le  blanc  de 
l'assiette,  et,  en  portant  les  lames  de  verre 
sous  le  microscope,  on  en  observe  toutes  ses 
phases  de  végétation. 

Est-il  permis  de  conclure  d'une  expérience 
si  simple  que  le  phénomène  de  la  végétation 
est  le  même  pour  toutes  les  espèces  de  Cham- 
pignons? Certainement  il  est  le  même,  puis- 
que l'expérience  prouve  que  les  spores  végè- 
tent toutes  de  la  même  manière,  qu'elles  don- 
nent naissance  à  un  mycélium,  et  que  de  ce 
mycélium  naissent  un  ou  plusieurs  Champi- 
gnons. 11  résulte  de  plus  que  le  Champignon 
Jui-même  n'est  pas  une  plante  proprement 
dite,  mais  un  fruit  plus  ou  moins  composé. 
Cette  opinion  n'est  pas  nouvelle;  elle  a  déjà 
été  émise  par  quelques  auteurs  de  la  fin  du 
siècle  dernier  et  du  commencement  de  celui- 
ci.  La  plus  grande  preuve  que  l'on  puisse  en 
donner,  c'est  que  le  mycélium  a  une  existence 
propre,  qu'il  est  annuel  ouvivace,  et  qu'à 
une  époque  fixe,  quand  les  circonstances 
sont  favorables,  on  le  voit  donner  naissance 
à  des  Champignons,  comme  les  arbres,  les 
plantes  donnent  naissance  a  des  fleurs  et,  par 
suite,  à  des  fruits.  Son  époque  de  fructifica- 
tion écoulée  (que  l'on  me  passe  cette  expres- 
sion), il  rentre  dans  le  repos  et  attend  son 
printemps,  son  automne,  sa  saison,  en  un 
mot,  pour  donner  de  nouveaux  fruits.  Tout 
est  conforme  ici  à  ce  que  l'on  observe  tous 
les  jours.  Pourquoi  les  Champignons  s'écar- 
teraient-ils donc  de  la  règle  générale? 

Le  mycélium  est  la  souche,  le  tronc  des 
Champignons;  sans  lui  ils  cessent  d'exis- 
ter. Dans  un  Mémoire  que  j'ai  présenté  à 
l'Académie  des  sciences,  sur  lequel  MM.  les 
commissaires  ont  fait  un  rapport  favorable 
et  qui  est  inséré  dans  les  Annales  des  sciences 
naturelles  (tom.  XX,  p.  78  ) ,  j'ai  distingué 
quatre  formes  de  mycélium. 


1°  Le  mycélium  nématoïde  ou  filamen- 
teux. C'est  le  plus  fréquent  de  tous;  il  con- 
siste en  filaments  simples  ou  rameux,  cloi- 
sonnés, distincts,  diversement  colorés,  sou- 
vent anastomosés.  Ces  anastomoses  ont  fait 
croire  à  Aubert  du  Petit-Thouars  que  les 
Champignons  difi'éraient  des  autres  plantes 
parce  qu'il  fallait  la  réunion  de  plusieurs 
spores  pour  les  produire,  et  qu'une  seule 
graine  suffisait  pour  donner  naissance  à  une 
plante.  Sa  ténuité,  son  mélange  avec  le  bois, 
la  terre,  les  différents  corps  dans  lesquels  il 
s'est  développé,  nous  empêchent  souvent  de 
le  voir,  mais  assez  généralement  on  le  trouve 
à  la  base  du  pédicule  sous  la  forme  de 
filaments  blancs.  Les  auteurs,  peut-être  à 
tort,  en  font  rarement  mention  dans  les  des- 
criptions qu'ils  donnent.  Battarra,  à  ma 
connaissance,  est  celui  de  tous  qui  lui  a 
porté  le  plus  d'attention.  Il  le  considérait 
comme  une  véritable  racine  qui  fixe  le 
Champignon  au  sol  et  lui  transmet  les  élé- 
ments de  nutrition.  C'est  une  opinion,  du 
reste,  qui  a  été  généralement  admise.  Sous 
cet  état,  il  a  donné  naissance  à  un  grand 
nombre  de  genres  placés  dans  lesByssoïdées, 
que  le  professeur  Pries  a  réduits  à  leur  va- 
leur réelle. 

2°  Le  mycélium  hyménoïde  ou  membra- 
neux ne  diffère  pas  sensiblement  du  précé- 
dent ;  seulement  les  filaments  sont  plus  rap- 
prochés, plus  confondus,  et  forment  des 
membranes  plus  ou  moins  épaisses.  On  le 
trouve  principalement  entre  les  feuilles  , 
sous  lesécorces ,  dans  les  trous  pratiqués  par 
les  Insectes  dans  le  tronc  des  arbres  morts. 
Souvent  il  reste  stérile  ,  et  forme  alors  les 
genres  XylosLroma ,  Rhacodium.  Mais  quand 
les  écorces  viennent  à  se  fendre  ,  qu'il 
est  en  communication  avec  l'air  et  l'hu- 
midité, il  naît  de  sa  surface  des  Agarics 
et  surtout  des  Bolets.  Ces  Champignons 
sont  consécutifs  à  une  maladie  des  arbres  , 
ils  en  accélèrent  considérablement  la  mort 
parlafacilitéavec  laquelle  leur  mycélium  eu 
pénètre  les  interstices. 

3°  Le  mycélium  scléroïde  ou  tuberculeux 
n'est  jamais  primitif,  il  est  toujours  consé- 
cutif au  nématoïde.  Sur  différents  points  de 
celui-ci  on  voit  naître  des  tubercules  d'a- 
bord petits,  puis  qui  augmentent  de  vo« 
lume.  Leur  structure  est  homogène,  seule- 
ment leur  surface  est  plus  dense,  et  paraître- 


484 


MYCi 


couverte  d'une  écorce  parce  qu'clleest  d'une 
couleur  différente.  Soumise  au  microscope  , 
leur  substance  est  composée  de  cellules  très 
petites  et  anguleuses.  Ces  tubercules  ont  été 
décrits  sous  les  noms  de  Sclerotium,  Rhi- 
zoctonia,  etc.  ;  l'analyse  n'a  jamais  démon- 
tré la  présence  de  spores ,  mais  ils  paraissent 
surtout  destinés  à  la  conservation  des  es- 
pèces, comme  le  prouvent  ceux  que  l'on 
trouve  à  la  base  du  pédicule  du  Peziza  tu- 
berosa,  du  Pilobolus  crystallinus ,  du  Botry- 
tis  cinerea ,  de  VAgaricus  tuberosus ,  etc. 
Quelques  uns  atteignent  un  volume  consi- 
dérable, et  sont  même  recherchés  comme 
aliments  ou  médicaments ,  comme ,  par 
exemple ,  le  Tuber  regium  de  Rhumphius  , 
et  le  Sclerotium  cocos  de  Schweinitz ,  tan- 
dis que  les  espèces  de  Rhizoctonia  se  font 
remarquer  par  les  dégâts  qu'elles  causent  à 
quelques  unes  de  nos  cultures. 

4°  Le  mycélium  malacoïde  ou  pulpeux 
est  moins  connu  que  les  autres.  Il  se  pré- 
sente sous  la  forme  de  filaments  char- 
nus, mous,  anastomosés,  ou  de  membra- 
nes. Dans  le  premier  état ,  c'est  le  Phlebo- 
morpha,  de  Persoon  ;  dans  le  second  ,  le 
Mesenterica ,  de  Tode.  Ces  veines ,  ou  ces 
membranes  ,  examinées  au  microscope , 
n'offrent  pas  d'organisation  bien  distincte  ; 
on  n'y  voit  pas  de  filaments,  mais  bien  des 
cellules  presque  rondes,  irrégulières,  adhé- 
rentes entre  elles.  Lorsque  la  saison  est 
favorable ,  ce  mycélium  se  recouvre  de  ré- 
ceptacles dePhysariées,  de  Trichiacées,  etc.; 
en  même  temps  il  se  dessèche,  et  forme  une 
membrane  mince,  blanche,  luisante  et 
friable.  Desséché,  il  conserve  la  faculté  de 
végéter  pendant  longtemps.  Je  l'ai  vu,  après 
vingt  ans  de  conservation  en  herbier  et  mis 
au  fond  d'un  verre  dans  lequel  il  y  avait  de 
l'eau  ,  végéter  comme  s'il  eût  été  frais. 

La  Volve  (Volva,  vélum  universelle)  est 
une  membrane  continue  dans  laquelle  le 
Champignon  est  enfermé  pendant  un  cer- 
tain temps,  comme  un  poulet  dans  sa  co- 
quille; elle  se  rompt  pour  que  le  Champi- 
gnon puisse  se  développer  entièrement. 
Voy.  volve. 

Le  Pédicule  est  la  partie  qui  supporte  le 
réceptacle  même ,  et  cette  partie  dans  un 
grand  nombre  de  genres  en  est  à  peine  dis- 
tincte. Voy.  pédicule. 
L'Anneau,  la  Lépiote  ,  la  Cortine  {vélum 


MYC 

partiale,  arachnoideum  ) ,  ne  présentent  de 
différences  réelles  que  sous  le  rapport  de  la 
consistance  et  le  mode  de  texture.  Voy. 
l'article  agaric. 

Le  Réceptacle  (receptaculum)  est  la  partie 
qui  supporte  l'appareil  de  la  fructification 
et  ses  annexes.  Cet  appareil  est  situé  à  sa 
surface,  dans  son  intérieur,  ou  dans  des  cen- 
ceptacles  particuliers. 

Lorsque  les  organes  de  la  fructification 
sont  extérieurs,  ils  recouvrent  la  surface  du 
réceptacle  en  totalité  ou  seulement  en  par- 
tie :  dans  le  premier  cas  ,  la  forme  de  celui- 
ci  est  généralement  assez  simple.  Discoïde, 
globuleuse,  dans  les  Tubercularia,  JEgerita; 
en  massue  dans  les  Geoglossum ;  rameuse 
dans  les  Clavaria,  etc.  Dans  le  second  cas, 
une  des  surfaces  est  constamment  stérile, 
libre,  ou  plus  ou  moins  adhérente  aux  corps 
sur  lesquels  les  Champignons  ont  pris  nais- 
sance. Quelques  Agarics,  des  Polypores,  des 
Hydnes  et  toutes  les  espèces  résupinées 
nous  en  offrent  de  nombreux  exemples  ; 
mais  le  plus  souvent  leur  développement  a 
été  normal,  et  ils  présentent  généralement 
ce  que  l'on  est  convenu  d'appeler  un  cha- 
peau. Désigné  sous  ce  nom ,  le  réceptacle 
a  des  formes  plus  ou  moins  régulières, 
quelquefois  assez  bizarres  ,  et  qui  donnent 
une  idée  parfaite  d'une  ombrelle ,  d'un 
éventail,  d'une  coupe,  d'une  membrane  plis- 
sée,  d'une  massue,  d'un  petit  arbuste,  etc. 
Celles  de  la  surface  fructifère,  et  que  les 
auteurs  désignent  sous  le  nom  d'Hymenium, 
ne  sont  pas  moins  variées  ;  elles  représentent 
des  lames,  des  pores,  des  rides,  des  aiguil- 
lons, des  soies ,  etc.  Dans  les  Théléphores 
elle  est  unie,  etc. 

Le  réceptacle  renferme-t-il  les  organes 
de  la  fructification  dans  son  parenchyme  ? 
Il  est  ordinairement  globuleux,  ovale  ou  en 
forme  de  coussin,  charnu  et  compacte  dans 
les  Truffes  ;  parsemé  de  lacunes  dans  les 
vrais  Lycoperdacés;  mucilagineux,  diffluent 
dans  les  JEthalium,  Lycogala,  Trichia,  etc. 
Enfin,  quand  il  porte  des  conceptacles,  il 
varie  un  peu  moins  déformes;  on  le  trouve 
allongé,  en  forme  de  coussin  ou  étalé  dans 
quelques  Sphéries,  cupuliforme  dans  le  Po- 
ronia,  dendroïde  dans  le  Thamnomyces,  etc. 
Sa  consistance  est  subéreuse,  coriace  dans 
des  Sphéries  ;  noire,  friable  comme  du  char- 
bon dans  les  Thamnomyces  et  Phylacia,  etc. 


MYC 


MYC 


485 


Les  Spores  sont  des  corps  extrêmement 
petits,  qui  servent  à  la  reproduction  des 
Champignons,  comme  les  graines  à  celle  des 
plantes  phanérogames;  quoique  leur  struc- 
ture et  leur  mode  de  germination  ou  de  vé- 
gétation n'aient  aucune  ressemblance,  ces  or- 
ganes ont  incontestablement  la  même  desti- 
nation. Abstraction  faite  de  leur  structure, 
de  leur  manière  de  végéter ,  et  considérées 
sous  le  rapport  de  leur  position  seulement, 
elles  nous  offrent  des  caractères  du  premier 
ordre  pour  établir  une  classification. 

Elles  sont  nues  ou  renfermées  dans  des 
sporanges ,  et  les  parties  accessoires  qui  les 
supportent  ou  qui  les  enveloppent  établis- 
sent seulement  une  différence  entre  elles; 
peu  importe  que  les  appareils  qui  en  résul- 
tent soient  placés  sur  la  face  externe  d'un 
réceptacle  ou  dans  son  intérieur.  Ainsi  la 
fructification  des  Clavaires  est  semblable  à 
celle  des  Lycoperdons,  celle  des  Géoglosses  à 
celle  des  Sphéries,  et  celle  des  Tuberculaires 
à  celles  des  Cytisporés.  Les  différences  repo- 
sent uniquement  sur  les  parties  accessoires. 

Ces  parties  sont  les  Basides ,  les  Sporan- 
ges, les  Clinodes  et  les  Conceptacles. 

Les  Basides  sont  de  petits  corps  saillants, 
composés  le  plus  souvent  d'une  seule  cel- 
lule arrondie,  ovoïde  ou  allongée,  qui  pré- 
sente à  son  sommet  une  ou  plusieurs  pointes 
coniques  (spicules,  sterigmates),  à  l'extrémité 
desquelles  se  développe  une  spore  unique. 

Tous  les  Champignons  qui  présentent 
cette  organisation  appartiennent  à  la  classe 
des  Basidiosporés. 

Le  Sporange  (Ascus,  Theca)  est  une  vési- 
cule distincte,  séparable,  globuleuse,  ovoïde 
ou  allongée,  dans  laquelle  les  spores  sont 
contenues  en  nombre  variable.  Il  est  le  plus 
ordinairement  de  huit.  Lorsque  les  spo- 
ranges occupent  la  surface  du  réceptacle, 
ils  sont  placés  parallèlement  les  uns  à  côté 
des  autres,  comme  les  fils  du  velours  ;  dans 
les  conceptacles,  au  contraire,  ils  affectent 
une  disposition  rayonnée  ,  et  généralement 
centripète. 

Le  Clinode  (Clinium)  est  une  partie  ac- 
cessoire composée  de  cellules  très  petites, 
allongées,  simples  ou  rameuses,  qui  portent 
une  spore  à  leur  extrémité.  Sous  le  micro- 
scope il  se  présente  sous  la  forme  de  fila- 
ments plus  ou  moins  longs  ,  continus  ou 
cloisonnés,  qui  naissent  immédiatement  des 


cellules  qui  forment  le  parenchyme  du  ré- 
ceptacle. 

Le  Conceptacle  est  un  organe  particulier 
développé  à  la  surface  ou  dans  l'intérieur 
d'un  réceptacle,  et  qui  renferme  les  organes 
delà  reproduction  ainsi  que  leurs  annexes. 
Il  diffère  du  sporange  en  raison  que  celui-ci 
est  lui-même  un  annexe  de  ces  mêmes  or- 
ganes ,  et  qu'il  ne  renferme  que  les  spores. 
La  forme  du  conceptacle  est  généralement 
arrondie,  ovale  ou  plus  ou  moins  allon- 
gée ;  sa  consistance  charnue ,  coriace  ou 
cornée,  et  son  mode  de  déhiscence  a  lieu 
tantôt  par  la  rupture  des  membranes  qui  le 
composent,  tantôt  par  un  pore  sessile  ou  si- 
tué à  l'extrémité  d'un  col  plus  ou  moins 
long.  Ainsi  défini,  le  conceptacle  ne  peut 
se  confondre  avec  aucune  autre  partie;  il 
est  basidiophore  dans  ce  que  l'on  appelle  les 
péridiums  partiels  des  genres  Polysaccum, 
Scoleiocarpus  ,  dans  les  globules  des  Sphœ- 
robolus ,  Thelebolus,  etc.;  thécaphore  dans 
les  Sphœria,  hysterium,  etc.,  dont  le  récep- 
tacle proprement  dit,  ou  stronia,  est  plus 
ou  moins  prononcé:  enfin  ,  clinophore  dans 
les  genres  Diplodia,  Sphœropsis,  etc.  Comme 
dans  le  précédent,  le  réceptacle  qui  le  sup- 
porte est  quelquefois  très  visible,  et  d'autres 
fois  à  peine  sensible. 

Les  Champignons  que  l'on  appelle  com- 
munément Moisissures  n'ont  pas  d'organes 
particuliers.  Le  réceptacle  (flocei,  hyphas- 
ma,  etc.),  auquel  on  a  donné  tant  de  noms, 
est  remarquable  parce  qu'il  offre  la  struc- 
ture la  plus  simple.  Il  est  composé  de  cellu- 
les continues  ou  cloisonnées,  articulées  bout 
à  bout,  simples  ou  rameuses,  comme  celles 
des  Conferves;  les  spores  qu'il  supporte  sont 
renfermées  dans  des  sporanges  qui  les  ter- 
minent, ou  nues  et  réparties  sur  différents 
points  d'une  manière  plus  ou  moins  régu- 
lière, ou  rangées  en  séries  continues. 

Cystides.  Enfin,  parmi  les  basides,  les  spo- 
ranges et  les  clinodes ,  on  remarque  très 
souvent  des  cellules  saillantes  ,  arrondies, 
ovales,  quelquefois  filiformes,  simples  ou  ra- 
meuses ,  aiguës ,  obtuses  ou  renflées  à  leuc 
extrémité  libre.  Dans  les  Pézizes,  les  Sphé- 
ries ,  on  les  désigne  sous  le  nom  de  Para- 
physes;  dans  les  Agarics,  les  Bolets,  etc., 
sous  celui  d'Anthcridies  ou  de  Cystides. 
Quelques  auteurs  prétendent  que  ces  orga- 
'nes  représentent  les  anthéridics  des  Mous- 


48ti 


MYC 


MYC 


ses,  des  Hépatiques,  des  Algues.  Jusqu'à  ce 
jour,  personne,  à  ma  connaissance,  n'a  ren- 
contré dans  leur  intérieur  des  corps  analo- 
gues à  ceux  que  l'on  voit  dans  les  vérita- 
bles anthéridies.  Ce  sont  de  petits  organes 
dont  on  ignore  encore  les  fonctions. 

DIVISION  DES  CHAMPIGNONS. 

Les  détails  que  je  viens  de  donner  sont 
plus  que  suffisants  pour  comprendre  la  clas- 
sification que  je  propose. 

Les  Champignons  se  divisent  en  six  classes  : 
1°  les  Basidiosporés,  2"  les  Thécasporés,  3° 
les  Clinosporés,  4°  les  Cystisporés,  5°  les 
Trichosporés,  6°  les  Arthrosporés. 

Les  Basidiosporés  renferment  les  Cham- 
pignons les  plus  connus.  Leur  réceptacle 
est  très  variable  dans  ses  formes  et  sa  struc- 
ture. Les  organes  de  la  fructification,  qui  se 
composent  de  basides,  sont  situés  sur  sa  face 
externe  ou  dans  son  parenchyme,  et  quel- 
quefois dans  des  conceptacles  particuliers. 

Les  Thécasporés  sont  aussi  très  variables 
dans  leur  forme  et  leur  structure,  ils  sont 
reconnaissables  aux  utricules  ou  thèques, 
dans  lesquelles  les  spores  sont  renfermées. 
Ces  petits  appareils  sont  aussi  placés  à  l'ex- 
térieur ou  dans  l'intérieur  du  réceptacle. 

Les  Clinosporés  sont  extrêmement  nom- 
breux et  ordinairement  peu  volumineux;  les 
spores  sont  fixées  sur  un  clinode  ,  et  le  cli- 
node  est  tantôt  nu,  tantôt  renfermé  dans  l'in- 
térieur d'un  réceptacle  le  plus  souvent  corné. 

Les  Cystisporés  (Cystispori)  sont  caracté- 
risés par  des  réceptacles  filamenteux,  simples 
ou  rameux,  le  plus  souvent  cloisonnés ,  ter- 
minés par  des  sporanges  vésieuleux  dans 
lesquels  les  spores  sont  enfermées. 

Les  Trichosporés  (  Trichospori)  ont  des 
réceptacles  simples  ou  rameux,  continus  ou 
..cloisonnés,  recouverts  en  tout  ou  en  partie 
J  de  spores  nues.  Dans  des  genres,  elles  sont 
fixées  à  l'extrémité  des  rameaux,  et,  dans 
d'autres,  distribuées  plus  ou  moins  réguliè- 
rement sur  un  ou  plusieurs  points  de  leur 
surface. 

Les  Arthrosporés  {Arthrospori)  se  distin- 
guent à  la  disposition  des  spores  qui  sont 
articulées  ensemble  et  placées  bout  à  bout, 
comme  les  grains  d'un  collier  ou  d'un  chape- 
let. Le  réceptacle  qui  les  supporte  est  quel- 
quefois si  court  que  ces  Champignons  sem- 
blent n'être  formés  que  de  spores. 


Les  trois  premières  classes  se  partagent 
en  deux  grandes  sous-divisions  ;  la  première 
de  chacune  d'elles  renferme  tous  les  genres 
qui  ont  les  spores  à  la  surface  du  récep- 
tacle, et  la  seconde  ceux  qui  les  ont  dans 
l'épaisseur  même  du  parenchyme  ou  dans 
des  conceptacles  particuliers.  Pour  exprimer 
ces  deux  sous-divisions  ,  et  prenant  la  par- 
tie pour  le  tout ,  afin  d'avoir  des  noms 
moins  longs  et  plus  doux  à  l'oreille,  je  dis- 
tingue: 1°  les  Basidosporés  en  Enlobasides 
et  Ectobasides  ;  2°  les  Thécasporés  en  En- 
dothèques  et  Ectothèques  ;  3°  les  Clinosporés 
en  Endoclines  et  Ectoclines.  J'ai  cru  devoir 
appeler  tribus  et  sections  les  divisions  qui 
suivent;  elles  comprennent  l'énumération 
des  genres.  Le  nom  de  familles  m'a  paru  trop 
élevé  et  trop  bien  défini  en  botanique  pour 
le  donner  à  ces  petits  groupes;  je  conserve 
donc  la  famille  des  Champignons  dans  le 
,  même  sens  que  A.  -  L.  de  Jussieu  l'a  établie. 

distribution  méthodique  des  champignons. 

Division  I.  —  Basidiosporés. 

Réceptacle  de  forme  variable.  Spores  sup- 
portées par  des  basides  qui  recouvrent  sa 
surface,  ou  qui  sont  renfermés  dans  son  in- 
térieur. 

Sous-division  I.  —  ECTOBASIDES. 

Basides  recouvrant  une  partie  seulement 
ou  la  totalité  du  réceptacle. 

Tribu  I.  — ÏDIOMYCÈTES. 

Réceptacle  charnu  ,  coriace  ou  trémel  - 
loïde,  pédicule,  sessile  ou  résupiné,  nu  ou 
renfermé  dans  une  volve  ;  face  basidiophore 
lisse  ou  garnie  de  lames,  de  veines,  de  pores 
ou  d'aiguillons. 

Section   I.  —  Agaricinés. 
Réceptacle  nu    ou   renfermé   dans   une 
volve.  Basides  situés  sur  des  lames. 

A.  Lames  disposées  en  rayons  ou  en  éven« 
tail. 

Genres  :  Amanita,  Lam.  ;  Agaricus ,  L.  ; 
Lentinus,  Fr.  ;  Montagniles,  Fr.;  PlerophyU 
lus,  Lév.  ;  Heliomyces ,  Lév.  ;  Panus  ,  Fr.  ; 
Xerotus ,  Fr.  ;  Trogia,  Fr.  ;  Schizophyllum, 
Fr.  ;  Cantharellus,  Adans.;  Lenzites,  Fr. 

B.  Lames  concentriques. 
Genre  :  Cyclomyces,  Klotzsch. 

Section  II.  —  Phlébophorés. 
Réceptacle  charnu  ou  trémelloïde,  mem- 


MYC 

foraneux  ou  épais ,  sessile  ou  pédicule  ;  face  ! 
ùasidiophore  parcourue  par  des  plis  ou  par 
Jes  veines  irrégulières ,    simples ,   dicho- 
tomes. 

Genres  :  Phlebophora,  Lév.;  Phlebia,  Fr.  ; 
Xylomyzon,  Pers. 

Section  III.  —  Polyporés. 
Réceptacle  charnu  ,  coriace  ,  subéreux , 
épais,  membraneux,  sessile,  pédicule  ou  ré- 
supiné,  nu  ou  renfermé  dans  une  volve. 
Pores  lamelleux,  anastomosés  ,  parallèles, 
anfractueux,  alvéolés,  discrets  ou  réunis, 
dans  lesquels  sont  renfermés  des  basides 
tétraspores  avec  ou  sans  cystides. 

A.  Réceptacle  charnu.  Pores  parallèles, 
distincts,  séparables,  tubuleux. 

Genres  :  Boletus,  Fistulina,  Bull. 

B.  Réceptacle  charnu.  Pores  anfractueux 
inséparables. 

Genres:  Secotium ,  Kze.  ;  Polyplocium, 
Berk. 

C.  Réceptacle  coriace,  subéreux.  Pores 
allongés ,  formés  par  des  lames  sinueuses 
anastomosées. 

Genres  :  Hymenogramme,  Mntg.  et  Berk.; 
Dœdalea,  Pers. 

D.  Réceptacle  coriace ,  subéreux.  Pores 
parallèles,  tubuleux,  inséparables. 

Genres:  Polyporus ,  Trametes ,  Glœopo- 
rus,  Mntg. 

E.  Réceptacle  coriace.  Pores  parallèles  , 
inséparables,  grands,  anguleux,  alvéolés. 

Genres:  Junguhnia,  Cord.  ;  Favolus , 
P.  B.  ;  Hexagona,  Fr. 

Section  IV.  —  S-Iydnés. 

Réceptacle  charnu  ou  coriace,  épais  ou 
membraneux,  pédicule,  sessile  ou  résupiné. 
Basides  situés  sur  des  aiguillons  ou  des  pa- 
pilles fortement  prononcées. 

Genres  :  Hydnum,  L.;  Hericium ,  Pers.  ; 
Irpcx  ,  Fr.  ;  Radulum ,  Fr.  ;  Sistotrema, 
Pers.;  Grandinia,  Fr.  ;  Odonlia ,  Fr.  = 
Cymatoderma  ,  Jnghn.  Kneifjla,  Fr. 

Section  V.  —  Théléphorés. 

Réceptacle  coriace ,  subéreux  ou  charnu  , 
pédicule,  sessile  ou  résupiné.  Face  fertile, 
lisse  ou  recouverte  de  petites  soies ,  ou  de 
petites  cupules  membraneuses. 

Genres  :  Craterellus,  Fr.  ;  Thelephora , 
Ehrh.  ;  Lcptochœie  ,  Lév.  —  Hymmochœte  , 


MYC 


487 


Lév.  ;  Coniophora,  DC.  ;  Hypochnus,  Ehrbg.; 
Cladoderris,  Pers.  ;  Cora,  Fr.;  Cyphella,  Fr. 

Section  VI.  —  Clavariés. 

Réceptacle  charnu,  rarement  coriace,  r§« 
meux  ou  en  forme  de  massue,  recouvert  de 
basides  sur  toute  sa  périphérie, 

Genres  :  Sparassis,  Fr.;  Gomphus,  Pers.; 
Clavaria,  L.  ;  Lachnocladium,Lév .  =  Erio* 
cladus  ,  Lév.  ;  Calocera ,  Fr.  ;  Merisma  , 
Pers.  ;  Crinula,  Fr.  ;  Pterula,  Fr.  ;  Pistil* 
laria ,  Fr.  ;  Typhula ,  Fr. 

Section  VII.  —  Trémelîés. 

Réceptacle  gélatineux ,  sessile ,  rarement 
pédicule.  Surface  fertile ,  humide,  glabre, 
unie  ou  plissée,  couverte  de  basides  mo- 
nospores. 

Genres:  Tremella,  L.;  Nœmatelia,  Fr.  ; 
Myxacium, Wallr.;  Dacrymyces,  Nées  ;  Exi- 
dia,  Fr.  ;  Guepinia,  Fr.  ;  Tremiscus,  Pers.  ; 
Laschia,  Fr.  ;  Lemalis,  Fr.  ?  ;  Hivneola,  Fr.  ?  ; 
Phyllopta,  Fr.;  Pyrenium,  Tode? 

Tribu  II.  —  Asérosmés. 

Réceptacle  pédicule,  renfermé  dans  une 
volve,  campanule,  arrondi  ou  divisé  en 
étoile  ,  alvéolé  ou  sinueux.  Surface  fertile 
recouvrant  toute  la  surface  du  réceptacle  ou 
située  à  la  partie  interne  et  à  la  base  de  se? 
divisions,  se  réduisant  en  un  liquide  fétide. 
Pédicule  simple  ,  lacuneux  ou  divisé  en  dif- 
férentes parties  qui  s'anastomosent  et  for- 
ment un  treillage  à  mailles  plus  ou  moins 
grandes. 

Section  I.  —  Phalloïdes. 

Réceptacle  campaniforme,  libre  ou  adhé- 
rent, alvéolé  ou  lisse.  Basides  situés  à  la  pé- 
riphérie. Pédicule  simple  lacuneux ,  nu  ou 
garni  d'un  réseau. 

Genres  :  Dictyophora ,  Desv.  ;  Sophronia, 
Pers.?;  Phallus,  Mich.;  Cynophallus,  Fr.  ; 
Simblum,  Klotzsch  ;  Fœtidaria,  Montg.  ? 

Section  II.  —  Clathracés* 

Réceptacle  globuleux,  muni  d'une  volve 
et  placé  au  centre  d'un  pédicule  divisé  et 
anastomosé  en  forme  de  treillage. 

Genres  :  Clathrus,  L.  ;  Ileodiclyon,  Tul.  ; 
Coleus  ,  Gav.  et  Sech.  ;  Laternea ,  Turp.  ; 
Aserophallus,  Mntg.? 

Section  III.  —  Xiysurés. 

Réceptacle  pédicule,  charnu,  enfermé  dana 


488 


MYC 


MYC 


une  volve,  divisé  en  lanières  du  sommet  à 
la  base.  Surface  fertile  située  en  dedans  et  à 
la  base  des  divisions. 

Genres  :  Lysurus ,  Fr.  ;  Âseroë,  Labill.  ; 
Calathiscus,  Mntg.  ;  Staurophallus,  Mntg.  ? 

Sous-division  II.  —  ENTOBASIDES. 

Basides  situés  dans  le  parenchyme  même 
du  réceptacle,  ou  dans  des  sporanges  parti- 
culiers qui  y  sont  renfermés. 

Tribu  I.  —  Comogastres. 

Réceptacle  globuleux,  ovale  ou  allongé, 
membraneux,  charnu,  papyracé,  nu  ou  en- 
fermé dans  une  volve  ,  sessile  ou  supporté 
par  un  pédicule  qui  le  traverse  quelquefois 
en  tout  ou  en  partie  sous  forme  d'axe.  Paren- 
chyme spongieux,  compacte  ou  mou,  se 
réduisant  en  poussière  et  en  filaments.  Ba- 
sides tétraspores ,  discrets,  tapissant  les 
vacuoles  ou  pressés  les  uns  contre  les  autres. 

Section  I. — Podaxinés. 

Réceptacle  rond,  ovale  ou  allongé,  charnu 
ou  mou,  nu,  traversé  en  tout  ou  en  partie 
par  un  axe  central. 

Genres  :  Podaxon,  Desv.  ;  Cauloglossum, 
Grev.  ;  Hyperrhiza  ,  Bosc.  ;  Cycloderma , 
Klotzsch;  Stemonilis,  Pers.;  Diachea,  Fr. 


Section  II. 


Battarrés. 


Réceptacle  presque  globuleux  ,  enfermé 
dans  une  volve,  se  réduisant  en  spores  et  en 
filaments  à  sa  partie  supérieure.  Pédicule 
long  et  fibreux. 

Genre  :  Battarrea,  Pers. 

Section  III.  —  Tylostomés. 

Réceptacle  globuleux,  déprimé  en  dessous, 
papyracé,  enveloppé  dans  une  volve  fugace, 
s'ouvrant  par  un  pore  régulier,  cartilagineux 
ou  se  déchirant  irrégulièrement.  Pédicule  al- 
longé, fibreux,  plein  ou  fistuleux. 

Genres:  Tylostoma,  Pers.;  Schizostoma, 
Ehrbg.  ;  Calosloma,  Pers.?;  Mitremyces, 
Nées?;  Riella,  Rafin.  ;  Suspicante,  Schwei- 
nitz? 

Section  IV.  —  Géastrés. 

Réceptacle  arrondi,  membraneux,  sessile 
ou  pédicule ,  s'ouvrant  à  sa  partie  supé- 
rieure ou  sur  plusieurs  points  de  sa  surface, 
renfermé  dans  une  volve  persistante,  coriace, 
hygrométrique,  qui  se  rompt  du  sommet  à 
la  base  sous  forme  d'étoile. 

Genres  :  Myriostoma,  Desv.  ;  Pkcostoma, 


Desv.  ;  Geaster ,  Mich.  ;  Disciseda ,  Czern.; 
Actinodermum,  Nées?  Diploderma,  Lk. 

Section   V.  —  Brooméiés. 

Réceptacles  globuleux,  sessiles,  s'ouvrant 
irrégulièrement  à  la  partie  supérieure ,  et 
plongés  en  partie  dans  une  base  commune. 

Genre  :  Broomeia ,  Berk. 

Section  VI.  —  Lycoperdés. 

Réceptacle  presque  globuleux  ,  recouvert 
d'un  cortex  verruqueux  plus  ou  moins  fu- 
gace s'ouvrant  à  sa  partie  supérieure,  ses- 
sile ousupporté  par  un  pédicule  celluleux  en 
dedans  et  persistant.  Spores  sessiles  ou  pé- 
dicellées,  glabres  ou  hérissées. 

Genres  :  Lycoperdon  ,  Mich.  ;  Bovista, 
Pers.;  Lycogala,  Pers. 

Section  VII.  —  Hippoperdés. 

Réceptacle  charnu,  recouvert  d'un  cortex 
fugace.  Parenchyme  celluleux  et  persistant, 
ne  se  réduisant  pas  en  filaments.  Spores 
rondes,  sessiles,  glabres  ou  hérissées. 

Genre:  Hippoperdon,  Mntg. 

Section  VIII.  —  Phellorinés. 

Réceptacle  arrondi,  ovale,  coriace,  su- 
béreux, persistant,  s'ouvrant  en  lanières 
irrégulières  à  sa  partie  supérieure. 

Genres  :  Phellorina, Berk.;  Mycenastrum, 
Desv.;  Endoneuron,  Czern. 

Section  IX.  —  Polysaccés. 

Réceptacle  arrondi  ou  ovale,  sessile  ou 
pédicule,  membraneux  ou  coriace,  puis  fra- 
gile ,  s'ouvrant  irrégulièrement,  divisé  à 
l'intérieur  en  plusieurs  loges  qui  renferment 
des  conceptacles  particuliers  arrondis  ou 
difformes. 

Genres  :  Polysaccum,  DC.  ;  Scoleiocarpusf 
Berk. 

Section  X.  —  Sclérodermés. 

Réceptacle  presque  globuleux ,  sessile  ou 
pédicule,  coriace,  indéhiscent,  ou  se  brisant 
au  sommet.  Parenchyme  compacte,  enfin  pul- 
vérulent. Basides  pressés  les  uns  contre  les 
autres. 

Genres:  Scleroderrna ,  Pers.;  Goupilia, 
Mér.? 

Section   XI.  —  Trichodermés. 

Réceptacle  arrondi  ou  en  forme  de  cous- 
sin ,  sessile  ou  pédicule ,  partie  supérieure 
filamenteuse  et  disparaissant  spontanément 
pour  donner  issue  aux  spores. 

Genres:   Trkhocoma  ,  Jnghn.  ;  Pilacre r 


MYC 

Fr.  ;  Trichoderma  ,   Pers.  ;  Ostracoderrna , 
Fr.  ;  Institale,  Fr.;  Hyphelia,  Fr.? 

Section  XII.  —  Réticulariés. 

Réceptacle  arrondi  ou  en  forme  de  cous- 
sin,  d'abord  mou,  diffluent,  puis  pulvé- 
rulent. 

Genres  :  Reticularia,  Bull.  ;  Mlhalium , 
o.k.;  Lignidium,Lk.;  Diphtherium,  Ehrbg.; 
Enteridium,  Ehrbg.;  Lachnobolus,  Fr.?;  Pty- 
vogaster,  Cord.? 

Section  XIII.  —  Spumariés. 

Réceptacles  nombreux,  fixés  à  une  mem- 
brane muqueuse  commune,  recouverte  d'une 
enveloppe,  molle,  diffluente  comme  de  l'é- 
cume, et  qui  se  réduit  enfin  en  poussière. 

Genres  :  Spumaria,  Pers.  ;  Pitlocarpium, 
Lk.? 

Section   XIV.  —  Physarés. 

Réceptacles  de  forme  variable,  sessiles  ou 
pédicules.  Parenchyme  formé  par  un  réseau 
solide,  sans  élasticité,  et  naissant  des  parois 
du  réceptacle. 

Genres  :  Physarum  ,  Pers.  ;  Didymium, 
Schrad.;  Tricamphora,  Jnghn.;  Cupularia, 
Lk.  ;  Tripotrichia  ,  Cord.,  Craterium , 
Trentp.  ;  Diderma,  Pers.;  Cionium,  Lk.; 
Leocarpus,  Lk.  ;  Leangium,  Lk.  ;  Polychys- 
mium,  Cord.;  Angioridium ,  Griv.  ;  Ste~ 
gasma,  Cord.;  Cylichnium,  Wallr.  ?  Tri- 
chulius,  Schmid.  ? 

Section  XV.  —  Trichiacés. 

Réceptacle  ovale  ou  arrondi,  sessile  ou 
pédicule.  Réseau  élastique. 

Genres  .  Trichia,  Hall.  ;  Arcyria.  Hall.  ; 
Cirrholus,  Mart.? 

Section  XVI.  —  Cribrariés. 

Réceptacle  globuleux  ,  ovale ,  pédicule. 
Réseau  solide,  persistant,  et  dépourvu  d'é- 
lasticité. 

Genres  :  Diclydium ,  Schrad.  ;  Cribraria, 
Schrad. 

Section  XVII.  —  licés. 

Réceptacle  de  forme  variable,  sessile.  Pa- 
renchyme sans  texture  manifeste,  et  ne  pré- 
sentant à  l'époque  de  la  dispersion  des  spo- 
res que  peu  ou  point  de  filaments. 

Genres  :  Perichœna,  Fr.  ;  Licea,  Schrad.; 
Tubulina,  Pers.;  Phelonitis,  Chev.;  Tipula- 
ria,  Chev.;  Dichosporium,  Nées?;  CUssospo- 

T.    VIII. 


MYC 


489 


rium,  Fr. ?;  Aslerolhecium,  Wallr.?;  Am~ 
phisporium ,  Lk.  ? 

Tribu  II.  —  Ctopîîorés. 

Réceptacie  sessile  ou  pédicule  ,  subglobu- 
leux ou  urcéolé  ,  floconneux,  membraneux 
ou  fibreux,  renfermant  dans  son  intérieur 
un  ou  plusieurs  sporanges.  Ouverture  irré- 
gulière ,  circulaire  ou  en  lanières,  nue  ou 
munie  d'un  épiphragme.  Sporanges  sphéri- 
ques,  ovales,  sessiles  ou  attachés  à  un  funi- 
cule ,  quelquefois  lancés  au  loin  avec  élas- 
ticité, 

Section  ï.  —  Poîygastrés. 

Réceptacle  arrondi,  sessile,  floconneux  ou 
subéreux,  s'ouvrant  irrégulièrement.  Spo- 
ranges nombreux  et  sessiles. 

Genres  :  Polygaster,  Fr.;  Endogone,  Lk.; 
Gemmularia,  Rafin.?;  Arachnion, Schyteïnz.; 
Myriococcum,  Fr.  ;  Polyangium,  Lk.  ;  CM- 
ciocarpus,  Cord. 

Section  H.  —  Widulariés. 

Réceptacle  arrondi  ou  urcéolé  ,  coriace  ; 
ouverture  irrégulière  ou  orbiculaire ,  nue  ou 
munie  d'un  épiphragme.  Sporanges  super- 
posés, le  plus  souvent  lenticulaires,  sessiles 
ou  attachés  à  un  funicule  élastique. 

Genres  :  Crucibulum ,  Tul.  ;  Cyathus  , 
Pers.  ;  Cyathea,  Br. 

Section  III.  —  Carpobolés. 

Réceptacle  arrondi  ou  urcéolé ,  sessile  ; 
ouverture  simple,  orbiculaire  ou  divisée  en 
lanières.  Sporange  unique,  sessile,  ovale  ou 
arrondi ,  lancé  quelquefois  avec  élasticité. 

Genres  :  Atraclobolus,  Tode;  Tlielebolus , 
Tode  ;  Carpobolus ,  Mich. 

Tribu  III.  —  Hystérangiés. 

Réceptacle  globuleux  ou  difforme,  charnu, 
indéhiscent.  Parenchyme  compacte  ou  spon- 
gieux, homogène  ou  veiné.  Basides  libres  ou 
pressés  les  uns  contre  les  autres. 

Genres  :  Gaulhiera,  Vitt.  ;  Splanchnomy- 
ces,  Cord.;  Hymenangium,  Klotzsch.  ;  Octa- 
viana  ,  Tul.  ;  Melanogaster,  Cord.  ;  Hyper- 
rhiza,  Bosc.?;  Hydnangium,  Wallr.;  IJyste- 
rangium,  Vitt.;  Bromicolla,  Eichwald.? 

Division  II.  —  '-Tltécasporés. 

Réceptacle  de  forme  variable.  Spores  ren- 
fermées dans  des  thèques  avec  ou  sans  para- 
physes  ,  situées  à  sa  surface  ou  dans  l'in- 
térieur du  réceptacle. 

G2 


490 


MYC 


MYC 


Sous-division  I.  —  ECTOTHÈQUES. 

Réceptacle  charnu,  coriace  ou  trémelloïde, 
sessile  ou  pédicule,  capitulé,  membraneux 
et  plié  ,  en  forme  de  massue  ou  de  cupule  , 
lisse,  sinueux  ou  alvéolé. 

Tribu  I.  —  Mitres. 

Réceptacle  charnu,  allongé,  en  forme  de 
langue,  de  massue,  capitulé,  membraneui, 
sinueux,  alvéolé,  ou  plié. 

Section  I.  —  Géoglossés. 

Réceptacle  charnu,  pédicule,  lisse,  en 
forme  de  massue  ou  capitulé. 

Genres  :  Spathularia,  Pers.;  Geoglossum, 
Pers.  ;  Leotia,  Pers.  ;  Mitrula,  Fr.;  Heyde- 
ria  ,  Fr.  ;  Vibrissea,  Fr. 

Section  II.  —  Morchellés. 

Réceptacle  pédicule ,  charnu  ou  trémel- 
loïde, sphérique,  campanule  ou  conique, 
sinueux  ou  alvéolé. 

Genres  :  Morchella  ,  Pers.  ;  Eromitra  , 
Lév.  =  Mitrophora  ,  Lév.  ;  Gyrocephalus  , 
Pers.  ;  Verpa,  Pers. 

Section  III. — Helvellés. 

Réceptacle  pédicule,  membraneux,  divisé 
en  lobes  plies  et  rabattus ,  libres  ou  adhé- 
rents au  pédicule. 

Genre  :  Helvella ,  L. 

Tribu  II.  —  GvATHYnÉs. 

Réceptacle  sessile  ou  pédicule  ,  charnu  , 
coriace  ou  trémelloïde,  en  forme  de  cupule. 

Section  I.  —  Cyttariés. 

Réceptacle  sessile  ou  pédicule,  trémel- 
loïde, présentant  à  sa  périphérie  un  plus  ou 
moins  grand  nombre  de  cellules  dans  les- 
quelles les  thèques  sont  renfermées. 

Genre  :  Cyttaria,  Berk. 

Section  II.  —  Pézizés. 

Réceptacle  charnu,  rarement  coriace,  ses- 
sile ou  pédicule,  en  forme  de  cupule  plus  ou 
moins  profonde ,  ou  de  disque  convexe. 

Genres  :  Peziza ,  L.  ;  Ascobolus ,  Pers.  ; 
Bulgaria,  Fr.  ;  Rhizina,  Fr.  ;  Patellaria, 
Fr.  ;  Helotium,  Pers. 

Section  III. — Agyriés. 

Réceptacle  charnu,  sessile,  convexe  ou 
plat. 

Genres:  Agyrium,  Fr. ,  ConJ.  ;  Pyro- 
fiema,  Carus.;  Cryptomyces,  Grev.;  Propolis, 
Fr.,  Cord.;  Xylographa,  Fr.?;  Sarea,  Fr.  ? 


Section  IV.  —  Cénangiés. 

Réceptacle  sessile,  rarement  pédicule,  co- 
riace ,  déprimé  ou  concave;  ouverture  nue 
ou  munie  d'un  voile  membraneux  fugace. 

Genres  :  Cenangium ,  Fr.  ;  Tympanis , 
Tode  ;  Dermea ,  Fr.  ? 

Section  V.  —  Stictés. 

Réceptacle  sessile ,  membraneux  ;  ouver- 
ture entière  ou  divisée  en  lanières. 

Genres  :  Stictis ,  Pers.;  Cryptodiscus , 
Cord.;  Godronia,  Moug.  et  Lév.;  Melittospo- 
rium,  Cord. 

Sous-division  II.  —  ENDOTHÈQUES. 
Réceptacle  sessile  ou  pédicule  ,  charnu  , 
coriace,  subéreux  ou  charbonneux,  nu  ;  con- 
ceptacles  isolés  ou  réunis  en  plus  ou  moins 
grand  nombre,  sphériques,  ovales  ou  dépri- 
més, s'ouvrant  en  une  ou  plusieurs  fentes , 
ou  par  un  pore. 

Tribu  I.  —  Rhegmostomés. 
Conceptacles  sessiles ,  cornés  ;  ouverture 
linéaire  ou  radiée. 

Section  I.  —  Hystéries. 

Conceptacles  sessiles,  cornés,  saillants  ou 
déprimés,  orbiculaires,  ovales  ou  linéaires; 
ouverture  longitudinale,  linéaire. 

Genres  :  Glonium,  Muhlenb.  ;  Hysterium, 
Pers.  ;  Hysterographium,  Cord.  ;  Lophium, 
Fr.  ;  Aylographum,  Libert;  Dichœna,  Fr.  ; 
Ostropa,  Fr.  ;  Sporomega ,  Cord.  ;  Endotri- 
chum,  Cord.  ;  Schizothecium,  Cord.  ;  Cheila- 
ria,  Libert;  Rhytisma,  Fr, 

Section  II.  — Cliostomés. 

Conceptacles  sessiles ,  cornés ,  déprimés , 
s'ouvrant  en  plusieurs  fentes  du  centre  à  la 
circonférence. 

Genres  :  Phacidium,  Fr.  ;  Actidium,  Fr.  ; 
Cliostomum,  Fr.;  Pilidium,  Kz. 

Tribu  II.  —  Stégillés. 

Conceptacles  sessiles ,  cornés  ,  aplatis  ; 
la  partie  supérieure  se  détache  en  forme 
d'opercule  ou  d'écaillé,  et  met  à  découvert 
les  thèques. 

Genres:  Steoilla,  Rchb.;  Schizoderma, 
Ehrbg. 

Tribu  III.  —  Sphériacés. 

Conceptacles  globuleux ,  ovales ,  aplatis , 
coriaces  ou  cornés ,  isolés  ou  réunis  en 
grand  nombre,  libres  ou  supportés  par  un 


MYG 


MYG 


401 


réceptacle  allongé,  pulviné  ou  étalé,  charnu, 
subéreux  ,  carbonacé  ou  composé  de  fibres 
rayonnantes,  indéhiscent,  ou  s'ouvrant  par 
un  pore  en  forme  de  papille,  ou  situé  à  l'ex- 
trémité d'un  col  ou  bec  plus  ou  moins  pro- 
noncé. 

Genres  :  Hypocrea ,  Fr.  ;  Hypoxylon 
Bull.  ;  Acrosphœria,  Cord.  ;  Acroscyphus 
Lév.  ;  Thamnomyces ,  Ehrbg.  ;  Chœnocar- 
pus,  Rebent.  ;  Cordyceps,  Mntg.,  Fr. ;  Ba 
cillaria,  Mntg.;  Sphœria,  L.  ;  Podostrom 
bium,  Kz.  =  Hypolyssus  Montagnei,  Berk. 
Aposphœria,  Berk.  ;  Depazea,  Fr.  ;  Stigmea 
Fr.  ;  Sporotheca,  Cord.  ;  Dotidea,  Fr.  ;  Py 
renochium ,  Link.  ;  Polystigma,  Pers.  ;  Sac- 
cothecium,  Mntg.;  Melanospora ,  Cord. 
Splanchnomema ,  Cord.;  Asterina,  Lév. 
Pisomyxa,  Cord.?;  Lembosia,  Lév.;  Meliola 
Fr.?;  Microthyrium  ,  Desmaz.  ;  Micropeltis 
Mntg.;  Pemphydium  ,  Mntg.;  Hypospila 
Fr.  ?;  Perisporium,  Fr. 

Tribu  IV.  —  Angiosarques. 
Réceptacles  charnus,  arrondis  ou  tube- 
reux,  sessiles,  pédicules  ou  placés  sur  une 
base  filamenteuse,  le  plus  souvent  indé- 
hiscents ;  parenchyme  uniforme  ou  veiné; 
spores  au  nombre  de  six  à  huit,  renfermées 
dans  des  thèques  arrondies  ou  ovales,  ra- 
rement cylindriques. 

Section  I.  —  Tubéracés. 

Réceptacle  hypogé,  arrondi,  tubéreux, 
lisse  ou  verruqueux  à  sa  surface;  spores 
lisses  ou  hérissées  ,  renfermées  dans  des 
thèques  arrondies  ,  ovales  ou  cylindriques. 

Genres  :  Tuber  ,  Mich.  ;  Choiromyces  , 
Tul.  ;  Pachyphlœus  ,  Tul.  ;  Hydnobolites , 
Tul .  ;  Delastria, Tul .;  Sphœrosoma,  Klotzsch  ; 
Elaphomyces,  Nées;  Balsamia ,  Vit  t.  ;  Ge- 
nea,  Vitt.  ;  Picoa,  Vitt. 

Section  IL  —  Onygénés. 

Réceptacle  sphériqueou  en  forme  de  ca- 
pitule, charnu,  compacte,  indéhiscent,  sup- 
porté par  un  pédicule  plein,  charnu;  spores 
renfermées  dans  des  thèques  ovales  ou  ar- 
rondies. 

Genres  :  Onygena,  Pers.;  Spadonia,  Fr.?; 
Hypochœna,  Fr.? 

Section  III.  —  Érysiphés. 
Réceptacle  charnu,   sphérique  ,  le  plus 
souvent  indéhiscent,  supporté  par  une  base 
floconneuse  superficielle  ou  cachée;  spores 


au  nombre  d'une  à  huit,  renfermées  dans 
des  thèques  arrondies  ou  ovoïdes. 

Genres  :  Erysiphe,  Hedw.  fils;  Lasiobo- 
trys,  Kze. 

Division  III.  —  Clinosjiorés. 

Réceptacle  de  forme  variable ,  recouvert 
par  le  clinode  ou  le  renfermant  dans  son 
intérieur. 

Sous-division  I.  —  ECTOCLINES. 

Clinode  charnu  recouvrant  en  tout  ou  en 
partie  la  surface  du  réceptacle. 

Tribu  I.  Sarcopsidés. 
Réceptacle  charnu,  mou,  en  forme  de 
capitule,  de  coussin,  sessile  ou  pédicule. 

Section  I.  —  Tuberculariés. 

Réceptacle  charnu ,  sessite  ou  pédicule; 
spores  déliquescentes. 

Genres  :  Tubercularia ,  Tode  ;  Ditiola, 
Fr.  ;  Ceratopodium ,  Cord.;  Cilicipodium , 
Cord.;  Hymenula,  Fr.  ;  Mgerila,  Pers.; 
Epicoccum  ,  Lk.  ;  Conisporium  ,  Cord.  ; 
Sphœrosporium,  Schweinz.  ;  Chromostromaf 
Cord.;  Crocisporium ,  Cord.;  Fusarïumv 
Lk.  ;  Sphacelia,  Lév.  ;  Selenosporium,  Cord.; 
Stromateria,  Cord.  ;  Seimatosporium,  Cord.; 
Sphœrosporium ,  Schwnz.  ;  Chroostroma  , 
Cord.;  Coccularia,  Cord.  ;  Gymnosporium, 
Cord.?;  Chromosporium,  Cord.?;  Amphispo- 
rium,  Lk.?;  Echinobotryum,  Cord.?  ;  Conio- 
thecium,  Cord.?  An  status  abortivus  varia- 
rum  sphœriarum  ?  Blennoria,  Fr.  ? 
Section  II.  —  Stilbés. 

Réceptacle  pédicule,  terminé  en  tête, 
mou,  déliquescent,  enfin  pulvérulent. 

Genres:  Hyalopus,  Covô.  ;  Stilbum,  Tode  ; 
Graphium,  Cord.  ;  Melanostroma ,  Cord.; 
Gloiocladium,  Cord. 

Section  III.  —  Excipulés. 

Réceptacle  membraneux  ,  excipuliforme  , 
sessile  ou  pédicule;  clinode  convexe,  déli- 
quescent; spores  continues,  cloisonnées,  avec 
ou  sans  appendices  filiformes. 

Genres:  Excipula,  Cord.;  Dinemaspo- 
rium,  Lév.;  Polynema,  Lév.  ;  Chœtostroma, 
Cord.  : 

Section  IV.  —  Mélanconiés. 

Réceptacle  charnu,  plat,  simple  ou  lobe, 
caché  sous  l'épiderme;  spores  continues  ou 
cloisonnées,  mélangées  avec  une  matière  gé- 


492 


MYC 


MYC 


latineuse,  et  sortant  sous  forme  de  masses, 
de  fils  ou  de  rubans. 

Genres  :  Stegonosporium,  Cord.  ;  Aslero- 
sporium,  Kze.  ;  Didymosporium,  Nées;  Stil- 
bospora,  Vers.  ;  Cryptosporium,  Kze.  ;  Dic- 
tyosporium  ,  Cord.;  Fusicoccum  ,  Cord.; 
Nœmaspora,  Pers.  ;  Libertella  ,  Desmaz.; 
Myxosporium,  Lk.;  Dicoccum,  Cord.?;  Fw- 
soma,  Cord.?;  Aptenoum,  Cord.? 

Section  V.  —  Myrothéciés. 

Réceptacle  membraneux,  sessile,  super- 
ficiel ,  marge  nue  ou  formée  par  des  poils 
dressés. 

Genres:  Myrothecium ,  Tode;  Psilonia, 
Fr.  ;  Myrosporium,  Cord.  ;  Tricholeconium, 
Cord.;  Scolicotrickum  ,  Kze.?;  Aseimotri- 
chum,  Cord.  ?  ;  Volutella,  Tode  ? 

Tribu  II.  —  Coniofsidés. 

Réceptacle  charnu,  coriace,  trémelloïde, 
pulviné  ,  convexe,  ou  îinguiforme,  d'abord 
caché,  puis  saillant;  spores  caduques  pul- 
vérulentes , simples  ou  cloisonnées,  sessiles 
ou  pédiculées. 

Section  I.  —  Urédinés. 

Réceptacle  charnu ,  en  forme  de  coussin 
ou  subulé;  spores  rondes  ou  ovales,  conti- 
nues, sessiles  ou  pédiculées. 

Genres  :  Uredo,  Pers.  ;  Cronartium,  Fr.  ; 
Spilocea,  Fr.?  ;  Papularia  ,  Fr.?;  Phyllœ- 
dium ,  Fr.?  ;  Physoderma  ?  ;  Protomyces  , 
Ung.  ? 

Section  II.  —  Ustilaginés. 

Réceptacle  filamenteux,  fugace,  caché; 
spores  situées  dans  l'épaisseur  des  tissus 
qu'elles  détruisent  pour  se  répandre  au  de- 
hors sous  forme  de  poussière. 

Genres  :  Polycystis  ,  Lév.  ;  Ustilago  , 
Diltm.  ;  Sporisorium,  Ehrbg.  ;  Testicularia, 
Klotzsch. 

Section  III.  —  Phragmidiés. 

Réceptacle  charnu,  coriace  ou  trémel- 
loïde; spores  pédicellées  et  cloisonnées. 

Genres:  Puccinia,  Pers.  ;  Rhopalidium, 
Motg.  =  Puccinia  Brassicœ,  Mntg.  ;  Soleno- 
donta,  Castg.  =  Puccinia  coronata,  Cord.; 
Melampsora  ,  Castg.  ;  An  status  abortivus 
Pucciniœ  ?  Polythrincium,  Kze.  ;  Phragmi- 
àium,  Fr.  ;  Xenodochus,  Schlect.  ;  Trtphrag- 
mium,  Lk.  ;  Gymnosporangium,  Lk.  ;  Po- 
disoma,  Lk.;  Coryneum  ,  Nées;  Sporides- 


mium,  Lk.  ;  Ceratosporium,  Schweinz.;  Clas- 

terosporium  ,  Schweinz.  ;  Hymenopodium  9 
Cord.  ;  Didymaria  ,  Cord.  ;  An  Puccinia  in 
statu  juvenili ?  Entom/yclium,  Wallr.  ?  Bryo- 
myces,  Miq.  ;  An  germinatio  muscorum? 

Sous-division  II.  —  ENDOCLINES. 
Réceptacles  coriaces  ou  cornés ,  sessiles 
ou  pédicules,  renfermant  le  clinode  et  les 
spores  dans  leur  intérieur. 

Section  I.  —  Actlnotbyriés. 

Réceptacle  sessile,  adné,  se  séparant  sous 
forme  d'écaillé. 

Genres:  Actinolhyrium ,  Kze.;  Lepto- 
stroma,  Leptothyrium ,  Kze.  ;  Parmularia  , 
Lév.  ;  Coniothyrium ,  Cord.;  Lichenopsis  , 
Schweinz. 

Section  II.  —  labrellés. 

Conceptacle  corné,  sessile,  s'ouvrant  par 
une  fente  longitudinale. 

Genres  :  Labrella ,  Fr.  ?  ;  Endotrichum  , 
Cord.  ;  Phragmotrichum  ,  Kze.  ;  Strigula  , 
Fr.? 

Section  III.  —  Astéromés. 

Conceptacles  hémisphériques ,  cornés , 
et  s'ouvrant  par  un  pore  au  sommet,  sup- 
porté par  un  réceptacle  composé  de  fibres 
solides  ,  rayonnantes  et  adnées. 

Genres:  Asleroma,  DC. ,  Libert;  Ypsi- 
lonia,  Lév.  ;  Dendrina,  Fr. 

Section  IV.  -—  Pestalozziés. 

Conceptacle  nu,  hémisphérique,  corné, 
s'ouvrant  par  un  pore;  spores  cloisonnées, 
pourvues  d'appendices  filiformes. 

Genres:  Pestalozzia,  Dntrs.  =  Robil- 
larda,  Castg.;  Discosia,  Libert;  Ddophos- 
pora,  Desmaz.;  Neoltiospora ,  Desmaz.: 
Seiridium  ,  Nées;  Phlyctidium  ,  Wallr., 
Dntrs.  ;  Prosthemium,  Kze. 

Section  V.  —  Sphéronémés. 

Conceptacle  libre,  rarement  supporté  pal 
un  réceptacle,  globuleux,  conique,  cylindri- 
que ,  aplati,  corné  ou  membraneux;  spore; 
simples  ou  cloisonnées,  sortant  sous  forme 
de  tache  ou  de  globule. 

Genres  :  Zythia,  Fr.  ;  Sphœronœma,  Fr.  ; 
Hercospora,  Fr.  ;  Ascospora,  Libert;  Septo- 
n'a,  Fr.  ;  Phoma,  Fr.  ;  Melasmia,  Lév.; 
Ceuthospora,  Grev.  ;  Stigmella,  Lév.  ;  Spo» 
rocadus ,  Cord.  ;  Couturea  ,  Castg.  ;  Crypto- 
sporium, Kze.  ;  Hendersonia  ,  Berk.  ;  Acro- 
spermum,  Tode  ;  Micropera ,   Lév.;  Cyti- 


3V1YC 


MYG 


493 


spora  ,  Fr.  ;  Poîychœton ,  Vers.  ;  Fumago 
Citri,  Pers. 

Section  VI.  —  Sphéropsidés. 

Conceptacle  corné,  charbonneux,  globu- 
leux, ovale,  hémisphérique,  isolé  ou  sup- 
porté sur  un  réceptacle  commun,  unilocu- 
Jaire,  indéhiscent,  ou  s'ouvrant  par  un  pore 
en  forme  de  papille  ou  situé  à  l'extrémité 
d'un  col  plus  ou  moins  allongé;  spores  con- 
tinues ou  cloisonnées. 

Genres:  Acrosphœria ,  Cord.?  Phyla- 
cia  ,  Lév.  ;  Corynelia ,  Fr.  ?  Sphœropsis , 
Lév.  ;  Piptostomum ,  Lév.  ;  Sphinctrhia,  Fr.; 
Scopinella  ,  Lév.  =  Scopulina ,  Lév.;  ZH'- 
plodia,  Fr.  ;  Apiosporium,  Kze.  ;  Microlhe- 
cium,  Cord.  ;  Gibbera,  Fr.  ;  Spilobolus,  Lk.  ; 
Coccobolus,  Wallr.  ;  PyrcnoLrichum,  Mntg.  ; 
Sclerococum,  Fr.  ;  Chœlomium,  Kze.  ;  Myxo- 
trichum,  Kze.  ;  Angiopoma,  Lév.  ;  Vermicu- 
laria,  Fr.;  Schizothecium ,  Cord.;  ^Ipiospo- 
mm,  Kze.  ;  Dryophilum,  Schweinz.  ;  .4w. 
incunabula  insectorum? 

Division  IV.  —  Cystospwrés. 

Réceptacles  floconneux,  cloisonnés,  simples 
ou  rameux;  spores  continues  renfermées 
dans  un  sporange  terminal,  membraneux, 
muni  ou  non  d'une  columelle  centrale. 

Tribu  I.  —  Columellés. 

Sporange  renfermant  une  columelle  à 
l'intérieur,  se  déchirant  irrégulièrement  ou 
circulairement  au-dessous. 

Section  I.  —  Cratércmycés. 
Sporange  vésiculeux,  terminal  ou  latéral, 
ouvert  à  sa  partie  supérieure. 

A.  Sporange  sans  opercule. 
Genres:  Calyssosporium,  Cord.;    Hemis- 
cyphe,  Cord.;  Crateromyces,  Cord.;  Didy- 
mocrater,  Mart.  ;  Zygosporium,  Mntg.  ? 

B.  Sporange  operculé. 
Genres:  Diamphora,  Mart. 

Section  II.  —  Ascophorés. 
Sporange  vésiculeux,  s'ouvrant   irrégu- 
lièrement ou  circulairement  en  dessous. 

Genres:  Ascophora,  Tode;  Rhizopus , 
Ehrnbg.  ;  Mucor,  Mien.  ;  Sporodinia,  Lk.  ; 
Cystopora,  Rabenh.? 

Tribu  II.  —  Sapropuilés. 
Sporanges  terminaux  ou  latéraux  ,  isolés 


ou  conjugués,  continus  ou  operculés,  sang 
columelle  à  l'intérieur. 


Section  I. 


Mucorinés. 


Sporange  vésiculeux ,  sans  columelle  à 
l'intérieur,  s'ouvrant  au  sommet. 

Genres  :  Hydrophora,  Tode  ;  Melidium, 
Eschw.  ;  Helicostylum,  Cord.;  Theleactis, 
Mart.;  Acrostalagmus  ,  Cord.;  Azygites  , 
Fr.;  Cephaleuros,  Kze .?;  Endodromia, Berk.? 

Section  II.  —  Piloboîés. 

Sporange  vésiculeux,  terminal,  recouvert 
d'un  opercule. 

Genres  :  Pilobolus,  Tode  ;  Pycnopodium?, 
Cord.;  Chordostylum?,  Tode;  Caulogaster?, 
Cord.? 

Section  III.  —  Syzygités  ? 

Réceptacle  floconneux;  sporange  résul- 
tant de  la  conjugaison  des  rameaux  laté- 
raux. 

Genres  :  Syzygités,  Ehrnbg.  ;  An  alga 
aerea  ? 

Division  V.  —  Trielïosporés. 

Flocons  du  réceptacle  isolés  ou  réunis  en 
un  seul  corps,  simples  ou  rameux;  spores 
extérieures  fixées  sur  toute  la  surface  ou  sur 
quelques  points  seulement. 

Sous-division  I.  —  ALEURINÉS. 
Réceptacles  isolés  ou  formés  de  plusieurs 
flocons   réunis,  allongés,   membraneux  ou 
capitules;  spores  situées  sur  toute  leur  sur- 
face ou  seulement  à  la  partie  supérieure. 

Tribu  I.  —  Isariés. 
Réceptacle  composé  ,  solide ,  capitulé  ou 

allongé. 

Genres  :  Isaria,  Pers.;  Amphichorda,  Fr.; 
Pcribolryon,  Fr.?  Triclinium,  Fée? 

Tribu  II.  — Scoriadés. 

Réceptacle  membraneux,  cupuliforme 
ou  rameux,  diffluent  ou  persistant,  recou- 
vert de  spores. 

Genres:  Ceratium ,  Alb.  et  Schweinz.; 
Dacrina,  Fr.,  Epichysium,  Tode? 

Tribu  III.  —  Périconiés. 

Réceptacle  composé,  plein  ou  cloisonné, 
subuliforme,  terminé  en  un  capitule  arrondi, 
ovale  ou  allongé,  couvert  de  spores. 

Genres  :  Pcricon ia,  Tode;  Sporocybe,  Fr.; 


494 


MYC 


MYC 


Vackuocybe,  Berk.  ;  Cephalotrichum ,  Lk.  ; 
Doratomyces,  Cord.,  an  genus  distinctum? 

Tribu  IV.  —  Sporotrichés. 

Réceptacles  floconneux,  rameux  ,  recou- 
verts de  spores  sur  toute  leur  surface. 

Genres:  Sporotrichum ,  Lk.;  Fusidium, 
Lk.;  Aleurisma,  Lk.;  Asterophora,  Dittam.; 
Mycogone,  Pers.  ;  Sepedonium,  Lk.  ;  Nema- 
togonium,  Desmaz.;  Colletosporium ,  Cord.; 
Acrolhamnium,  Nées?;  Plecotrichum,  Cord.?; 
Mainomyces,  Cord.;  Chrysosporium,  Cord.?; 
Chromosporium,  Cord.?;  Myxonema,  Cord.?; 
Melanotrichum,  Cord.?;  Memnonium,  Cord.?; 
Artotrogus,  Mntg.? 

Tribu  V.  —  Ménisporés. 

Réceptacles  floconneux,  simples,  cloison- 
nés, obtus  ou  aigus  au  sommet;  spores 
nombreuses,  simples  ou  cloisonnées,  ovales, 
allongées,  courbées  ou  anguleuses 9  termi- 
nales et  verticfllées. 

Genres;  Menispora,  Pers.;  Rhinotrichum, 
Cord.;  Camptoum,  Lk. ;  Arthrinium,  Kzq.; 
Gonatosporium  ,  Lk.;  Psilonia,  Fr.?  ;  Medu- 
sula,  Tode?  ;  Balanium,  Wallr.;  Spondycla- 
dium,  Mart.;  Coelosporium,  Lk.;  Ospriospo- 
rium,  Cord.?;  Trichoslroma,  Cord.?;  OEde- 
mium ,  Lk. 

Sous-division  IL  —  PHYCOCLADÉS. 

Réceptacles  simples  ou  rameux  ,  cloison- 
nés ;  spores  simples  ou  cloisonnées,  fixées  sur 
une  vésicule  terminale,  ou  isolées  à  la  pointe 
des  rameaux. 

Tribu  I.  —  Cépiialosporés. 
Réceptacles  simples  ou  rameux;  spores 
continues  ou  cloisonnées,  fixées  à  la  surface 
des  vésicules. 

A.  Spores  continues. 
Genres  :  Phycomyces,  Kze. ;  Acmosporium, 
Cord.;  Cephalosporium,  Cord.;  Myriocepha- 
lum,  Dntrs.  ;  Rhopalomyces,  Cord.  ;  Chore- 
topsis,  Cord.;  Haplotrichumt  Cord.;  Hapla- 
ria,  Lk.;  Gonatobotrys ,  Cord.;  Desmotri- 
chum,  Lév.;  Chlonostachys ,  Cord.  ;  Myxo- 
trichum,  Kze.;  Gonytrichum ,  Nées;  Ramu- 
laria,  Ung.?;  Actinocladium ,  Ehrbg.?;  Ca- 
pillaria ,  Pers.?  ;  Chionypha,  Thien  ?  ;  Schin- 
zia,  Nag.?;  Naegelia,  Rabenh.? 

B.  Spores  cloisonnées. 
Genres  :  Arthrobotrys ,  Cord.?;  Strachy- 
botrys,  Cord.;  Diplosporium,  Lk. 


Tribu  II.  —  Oxvcladés. 
Réceptacles  simples  ou  rameux,  cloison- 
nés; spores  continues  ou  cloisonnées,  fixées 
en  plus  ou  moins  grand  nombre  ,  ou  soli- 
taires à  l'extrémité  des  rameaux  terminés 
en  pointes. 

Section  I.  —  Cladobotryés. 

Spores  plus  ou  moins  nombreuses  à  l'ex- 
trémité des  rameaux. 

A.  Spores  continues. 

Genres  :  Polyactis  ,  Lk.  ;  Cladobotryum  , 
Nées;  Stachylidium ,  Cord. 

B.  Spores  cloisonnées. 
Genres:  Trichothecium ,  Lk.;  Cephalothe- 

ciuniy  Cord.;  Dactylium,  Nées  ;  Mystrospo- 
rium,  Cord.;  Stachybotrys,  Cord. 

Section   II.  —  Botrytidés. 
Réceptacles  simples  ou  rameux  ,  cloison- 
nés; spores  simples  ou  cloisonnées,  solitaires 
à  Textrémité  des  rameaux. 

A.  Spores  continues. 

Genres: Botrytis,Lk. ;  Peronospora,  Cord.; 
Verticillium ,  Nées;  Acremonium,  Lk.  ;  Ple- 
rodinia,  Chev.;  Streblocauliwm,  Chev.;  Am- 
phiblistrum,  Cord.;  Geotrichum>  Lk.?;  Zygo- 
desmus,  Cord. 

B.  Spores  cloisonnées. 

Genres  :  Blastotrichum ,  Cord.;  Brachy- 
cladium,  Cord.;  Triposporiumy  Cord.;  Acro- 
thecium,  Cord.;  Anodotrichum,  Cord. 

Sous-division  III.  —  SCLÉROCHÉTÉS. 

Réceptacles  pleins  ou  cloisonnés ,  formés 
d'un  seul  rang  de  cellules  ou  de  plusieurs 
réunis  ensemble ,  simples  ou  rameux  ;  spores 
isolées  répandues  çà  et  là  ,  ou  réunies  en 
plus  ou  moins  grand  nombre  à  la  base  ou 
au  sommet. 

Tribu  I.  —  Hélicosporés. 

Spores  filiformes  ,  cloisonnées ,  tournées 
en  hélice ,  fixées  sur  toute  la  surface  des 
réceptacles. 

Genres  :  Helicotrichum,  Nées  ;  Helicoma, 
Cord. 

Tribu  IL  — Gyrocérés. 

Réceptacles  composés,  simples  ou  rameux  ; 
rameaux  stériles  plus  ou  moins  courbés  ; 
spores  fixées  en  grand  nombre  autour  de  la 
base. 


MYC 

Genres  :  Gyrothrix,  Cord.;  Gyrocerus , 
Cord.;  Chœtopsis,Gve\.;  Streptothrix, Cord.; 
Ceratocladium,  Cord.;  Circinotrichum,  Nées. 
Tribu  III.  —  Helminthosporés. 

Réceptacles  solides  ou  cloisonnés,  simples 
ou  rameux;  spores  cloisonnées,  solitaires  , 
fixées  à  l'extrémité  des  rameaux  ou  sur  dif- 
férents points. 

Genres  :  Helminthosporium  ,  Lk.  ;  Podo- 
sporium  ,  Sclnveinz.  ;  Soredospora  ,  Cord.  ; 
Azosma,  Cord.;  Mitrosporium,  Cord.;  Ma- 
crosporium,  Fr.;  Coccosporium,  Cord.;  Mi- 
donotrichum  ,  Cord.;  Seplosporium,  Cord.  ; 
Stemphylium,  Cord.  ;  Triposporium,  Cord.; 
Trichœgum,  Cord.  ;  Macroon,  Cord.  ;  Am- 
phitrichum,  Nées?;  Midonosporium,  Cord.? 

Division  VI.  —  Artlivosporés. 

Réceptacles  filamenteux,  simples  ou  ra- 
meux, cloisonnés  ou  presque  nuls;  spores 
disposées  en  chapelet,  terminales,  persis- 
tantes ou  caduques. 

Sous-division  I.  —  PHRAGMONÉMÉS. 

Réceptacles  rameux  ;  spores  ou  articles 
persistants. 

Tribu  I.  —  Antennariés. 

Réceptacles  rameux,  étalés,  rarement  dres- 
ses ,  cloisonnés  et  atténués  de  la  base  au 
sommet,  articles  persistants;  spores 

Genre  :  Antennaria,  Lk. 


Tribu  II. 


Alternariés. 


Réceptacles  simples,  dressés;  spores  con- 
tinues ou  cloisonnées,  séparées  par  un  étran- 
glement bien  marqué. 

Genres:  AUernaria ,  Nées;  Phragmolri- 
chum,  Kze. 

Sous-division  II.  —  HORMISCINÉS. 

Réceptacle  formé  d'un  seul  rang  de  cel- 
lules ou  de  plusieurs  réunies  ensemble,  so- 
lide ou  cloisonné ,  simple  ou  rameux,  capi- 
tulé ou  allongé;  spores  caduques,  conti- 
nues ou  cloisonnées,  terminales  ou  fixées  au 
capitule. 

Tribu  I.  — Corémiés. 

Réceptacle  plein ,  renflé  à  son  extrémité 
supérieure  en  forme  de  capitule  ou  de 
massue. 

Genres:  Coremium ,  Lk.  ;  Stysanus, 
Cord. 


MYC  495 

Tribu  II.  —  Aspergillés. 

Réceptacle  floconneux,  simple  ou  ra- 
meux ;  spores  fixées  sur  une  vésicule  arron- 
die ou  ovale  terminale. 

Genres:  Aspergillus  ,  Mich.  ;  Monilia, 
Hill.;  Pénicillium,  Lk. 

Tribu  III.  —  Oidiés. 

Réceptacles  simples  ou  rameux,  flocon- 
neux; spores  terminales,  faisant  suite  aux 
rameaux  ou  verticillées. 

A.  Spores  à  l'extrémité  des  rameaux. 

Genres  :  Oïdium  ,  Lk.  ;  Rhodocephalus , 
Cord.;  Dematium  ,  Per.  ;  Cladosporium  , 
Lk.  ;  Chloridium,  Lk.  ? 

B.  Spores  disposées  en  verticilles. 

Genres:  Sporodon,  Cord.  ;  Gonatorrho- 
don,  Cord. 

Tribu  IV.  —  Septonémés. 

Réceptacles  floconneux ,  simples  ou  ra- 
meux; spores  cloisonnées. 

Genres:  Dendryphium,  Cord.  ;  Solenospo- 
rium,  Cord.  ;  Cladotrichum,  Cord.  ;  Trim- 
matospora  ,  Cord.  ;  Septonema  ,  Cord.  ; 
Bispora,  Cord. 

Tribu  V.  —  Torulacés. 

Réceptacle  floconneux,  nul  ou  presque 
nul  ;  spores  continues. 

Genres:  Torula,  Pers.  ;  Tetracolium, 
Kze.  ;  Cylindrosporium,  Grév.  ;  Sporendo- 
nema,  Desmaz.;  Speirea,  Cord.  ;  Gongylo- 
cladium ,  Wallr.?;  Helicomyces ,  Lk. 

La  disposition  que  je  viens  de  présenter 
n'est  pas  entièrement  nouvelle.  Dans  le  mé- 
moire que  j'ai  publié  sur  l'Hyménium  des 
Champignons  (  Ann.  des  se.  nat.y  1837, 
vol.  VIII,  p.  321  ),  j'ai  fait  Yoir  que  les  Hy- 
ménomycetes  devaient  être  divisés  en  BasU 
diosporés  et  en  Thécasporés.  Plus  tard  (De- 
midoff,  Voy.  Russ.  mérid.)  j'ai  énoncé,  mais 
sans  le  caractériser,  Tordre  des  Stromato- 
sporés  ou  Clinosporés.  M.  le  professeur  Ad. 
de  Jussieu  en  a  donné  un  aperçu  général 
dans  son  Cours  élémentaire  de  Botanique. 
Comme  dès  lors  les  caractères  de  mes  six 
ordres  se  sont  trouvés  établis,  je  les  ai  con- 
servés dans  mes  diverses  publications,  insé- 
rées dans  les  Annales  des  sciences  naturelles 
(3e  série,  t.  II,  p.  167,  et  t.  V,  p.  167).  De- 


49Q 


I\1YC 


puis,  cette  classification  a  reçu  une  applica- 
tion plus  complète  et  plus  directe  de  la  part 
de  M.  le  docteur  Mougeot  dans  rénuméra- 
tion des  Champignons  des  Vosges  (Statist. 
du  départ,  des  Vosges  ,  part.  bot. ,  1846). 
Aujourd'hui  je  l'expose  plus  complètement, 
en  y  rattachant,  autant  qu'il  m'a  été  pos- 
sible, tous  les  genres  connus. 

Telle  que  je  la  soumets  actuellement  aux 
mycologues,  elle  résulte  de  l'analyse  de  quel- 
ques centaines  de  genres  et  de  plusieurs  mil- 
liers d'espèces.  Je  n'ai  pu  cependant  vérifier 
tous  les  genres  qui  ont  été  décrits,  et  j'ai 
cru  devoir  adopter  ceux  dont  les  figures  con- 
cordaient parfaitement  bien  avec  les  des- 
criptions, et  négliger  ceux  dont  les  descrip- 
tions étaient  incomplètes  et  les  analyses  in- 
signifiantes. Ces  genres  ont  été  répartis  avec 
doute  aux  sections  que  les  auteurs  leur 
avaient  eux-mêmes  assignées. 

L'application  de  mes  principes  à  la  classe 
des  Champignons  a,  j'ose  le  dire,  dépassé  mes 
espérances.  Ainsi,  parmi  toutes  les  espèces 
que  j'ai  soumises  à  l'examen  microscopique, 
je  n'ai  rencontré  que  le  Chœnocarpus  hip- 
potrichodes  et  le  Scopinella  barbala  qui 
n'ont  pu  y  trouver  place.  Encore,  je  dois  le 
faire  observer,  depuis  la  publication  de  mes 
observations  sur  la  première  de  ces  plan- 
tes,  j'ai  eu  connaissance  des  remarques  de 
MM.  Greville  et  Berkeley,  qui  la  rangent 
à  côté  des  Sphéries ,  et ,  en  effet ,  c'est  la 
place  qu'elle  doit  occuper;  quant  à  la  se- 
conde, je  la  laisse  parmi  les  Clinosporés , 
attendant  cependant  une  analyse  plus  satis- 
faisante et  établie  sur  des  individus  frais. 
Puisse  l'exposé  de  mon  travail  jeter  quelque 
lumière  sur  la  Mycologie,  et  contribuer  à 
l'avancement  de  la  méthode  naturelle,  but 
constant  de  mes  efforts  !  (Léveillé.) 

MYCOMA  ,  Lapeyr.  (Abrég.,  115). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Ramondia,  L.  C.  Rich. 

*MYCOPORUM  (p-vxnç,  viscosité,  népoç, 
trou  ).  bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille  des 
Lichens,  tribu  des  Trypéthéliacées,  établi 
par  Meyer  (  Tlecht.,  327)  pour  des  Lichens 
qui  croissent  sur  les  écorces  des  arbres  des 
Tropiques.  Voy.  lichens.  (B.) 

*MYCOTHAMMON(fAvxy!ç,  champignon; 
Oc^voç,  buisson),  bot.  cr. —  (Phycées).  Genre 
créé  par  M.  Kuetzing  (Phycol.  gen.y  p.  156) 
pour  une  Algue  byssoïde  de  la  tribu  des  Lep- 
tomitées,  le  M.  confervkola  Kg.>  qui  croît 


MYC 

sur  les  filaments  du  Conferva  fracla.  Voici 
les  caractères  de  ce  genre  :  Fronde  formée 
de  filaments  hyalins,  dressés,  rameux;  sper- 
mophores  globuleux,  bruns,  placés  au  som- 
met des  rameaux.  (Bréb.) 

*MYCOTRETUS  (pux*jç,  champignon; 
TpjToç,  troué),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Clavipalpes,  tribu  des  Érotyliens, 
proposé  par  nous  et  adopté  par  Dejean,  Hope 
et  Lacordaire.  Ce  dernier  auteur  (Monogra- 
phie des  Érotyliens,  1842,  p.  132)  rapporte 
à  ce  genre  quatre-vingt-onze  espèces  qui 
toutes  sont  originaires  d'Amérique.  Nous 
citerons  principalement  les  M.  tigrinus , 
maculatus  (figuratus  Dup.)  01.,  fasciatus 
Fv,  conspersus  et  humeralis  Germ.     (C.) 

MYCROPOGON.  ois.— Foy.  micropogon. 

MYCTERIA.  ois.  —  Nom  générique 
donné  par  Linnœus  aux  Jdbirus.  Voy.  ci- 
gogne. (E.  D.) 

*MYCTERISTES  (  p»*njp  ,  museau  ; 
îff'wjf/.i ,  élever),  ins.  —  Genre  de  Coléoptè- 
res pentamères,  famille  des  Lampllicornes , 
tribu  des  Mélitophiles,  créé  par  Laporte  de 
Castelnau  {Hhloire  naturelle  des  Animaux 
articulés  y  t.  III,  p.  162),  et  adopté  par 
Westwood,  Burmeisteret  Schaum.  Le  type, 
le  M.  rhinophyllus  Wiedm.,  est  originaire 
de  Java.  (C.) 

*MYCTERODUS  (p»wp,  museau  ;  ô&>vç, 
dent),  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des  Fulgo- 
riens,  de  l'ordre  des  Hémiptères,  établi 
par  M.  Spinola,  et  que  M.  Blanchard  (His- 
toire des  Insectes)  considère  comme  devant 
former  une  simple  division  des  Issus.  Voy. 
ce  mot.  (L.) 

MYCTERUS(f*wxTi7p,  museau),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  famille 
des  Sténélytres ,  tribu  des  Rhynchostomes , 
créé  par  Olivier  (Entomologie ,  t.  V,  n°  85, 
p.  448,  pl.I,fig.  1  et  2).  Il  ne  se  compose 
que  de  deux  espèces  :  M.  curculionoides  et 
umbellatarum  de  F.  On  les  trouve,  tant  en 
Europe  qu'en  Afrique,  sur  les  fleurs  en  om- 
belles, dans  le  voisinage  des  terres  bai- 
gnées par  la  Méditerranée.  Cependant  la 
première  a  été  rencontrée  plusieurs  fois 
dans  la  forêt  de  Fontainebleau.  (C.) 

MYCTIRE.  Myctiris  (pvxxvîp,  museau). 
Crcst.  —  Ce  genre,  qui  appartient  à  la  fa- 
mille des  Catométopes  et  à  la  tribu  des 
Pinnothériens ,  a  été  établi  par  Latreille  et 


MYD 


MYD 


497 


adopté  par  tous  les  carcinologistes.  Les 
Crustacés  singuliers  qui  forment  ce  genre 
remarquable  établissent  à  quelques  égards 
le  passage  entre  les  Ocypodes  et  les  Pin- 
nothères ,  et  même  certains  Macroures,  tels 
que  les  Callianasses  (voy.  ces  mots).  Leur 
carapace  est  extrêmement  mince;  les  yeux 
sont  gros  et  courts,  et  tout-à-fait  sans  ca- 
vité orbitaire.  Les  antennes  ne  présentent 
rien  de  remarquable.  Quant  à  la  bouche  , 
elle  est  fort  curieuse.  Les  pattes-mâchoires 
externes  ,  au  lieu  de  s'appliquer  horizonta- 
lement dans  le  cadre  buccal  ,  restent  pres- 
que verticales ,  et  forment  par  leur  réunion 
un  cône  renversé,  court  et  long.  Au-de- 
vant de  l'apophyse,  située  au-devant  de  ces 
pattes-mâchoires,  et  dirigée  en  dessous  pour 
supporter  le  fouet ,  la  carapace  présente 
une  grande  échancrure ,  de  façon  que  l'ou- 
verture afférente  de  l'appareil  respiratoire 
est  toujours  béante.  Les  pattes  de  la  pre- 
mière paire  sont  très  longues ,  et  se  re- 
ploient longitudinalement  sur  la  bouche. 
Quant  à  l'abdomen ,  il  ne  présente  rien  de 
remarquable.  On  ne  connaît  qu'une  seule 
espèce  dans  ce  genre,  c'est  le  Myctire  lon- 
-gicarpe,  Myctiris  longicarpis  Lat.  (Guér., 
Iconogr.  du  règne  animal  de  Cuv.,  Crust., 
pi.  IV,  fig.  4),  qui  a  été  rencontré  dans  les 
mers  de  l'Australie.  (H.  L.) 

*■  MYDAINA.  mam.  —  M.  Gray  (Ann.  of 
Phil.t  XXVI,  1825)  donne  ce  nom  à  une  fa- 
mille de  Carnassiers  vermiformes,  ayant  pour 
type  le  genre  Mydaus.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MYDAS.  rept.— Espèce  du  genre  Tortue. 
Foy.cemot.  (E.  D.) 

MYDAS.  mam. — Voy.  mydaus. 

MYDAS  (nom  mythologique  appliqué  à 
ces  Insectes  à  cause  de  la  longueur  de  $mîs 
antennes),  ms.— Genre  de  l'ordre  des  Diptè- 
res brachocères,familIedesTanystomes,  tribu 
des  Mydasiens,  établi  par  Fabricius,  et  prin- 
cipalement caractérisé  par  une  trompe  courte 
et  des  lèvres  terminales,  triangulaires,  com- 
primées. 

Ce  genre  compte  plus  de  vingt  espèces 
exotiques  connues,  dont  deux  sont  du  cap 
de  Bonne-Espérance,  et  une  est  de  Tranque- 
bar;  les  autres  sont  d'Amérique  ,  la  plupart 
du  Brésn ,  !e  reste  du  Mexique,  de  la  Caro- 
line et  de  la  Géorgie.  Nous  citerons,  comme 
espèce  type,  le  Mydas  giganteus,  du  Brésil. 

*MYDASEA.  rept.  —  Dénomination  em- 
t.  viir. 


ployée  pour  la  première  fois  dans  ce  Diction- 
naire (t.  III,  p.  457),  et  qui  désigne  un  sous- 
genre  de  Chélonées  dans  lequel  rentre  la 
Tortue  franche  (Chelonia  my das).  Voy.  cbé- 
lonée.  (P.  G.) 

MYDASIENS.  Mydasii.  ras.  —  Première 
tribu  de  la  famille  des  Tanystomes,  dans 
l'ordre  des  Diptères  brachocères,  établie  par 
Latreille,  et  caractérisée  de  la  manière  sui- 
vante par  M.  Macquart  (  Histoire  des  Diptè- 
res, Suites  àBuffon)  :  Trompe  ordinairement 
courte;  lèvres  terminales,  triangulaires, 
comprimées;  palpes  très  petits  ,  subulés. 
Face  convexe  ,  couverte  de  longues  soies. 
Front  enfoncé.  Antennes  ordinairement 
beaucoup  plus  longues  que  la  tête,  de  cinq 
articles  distincts;  troisième  très  long;  qua- 
trième moins  long;  cinquième  en  massue, 
excavé  à  l'extrémité.  Point  d'ocelles.  Cuisses 
postérieures  fortes ,  ordinairement  garnies 
de  petites  pointes.  Cellule  médiastine  des 
ailes  assez  large;  marginale  fermée  ainsi 
que  les  sous-marginales;  deuxième  appen- 
diculée  à  la  base;  quatre  postérieures;  troi- 
sième fermée. 

Les  Mydasiens,  si  remarquables  par  la 
grandeur  de  la  plupart  d'entre  eux,  et  plus 
encore  par  le  développement  de  leur  organi- 
sation ,  occupent  le  premier  rang  parmi  les 
Tanystomes.  Les  mœurs  de  ces  Insectes  sont 
à  peu  près  les  mêmes  que  celles  des  Asili- 
ques.  Comme  ces  derniers,  ils  vivent  de 
proie;  ils  font  la  guerre  aux  autres  Insectes, 
les  attaquent  avec  violence,  les  saisissent  au 
vol,  les  serrent  de  leurs  pieds  robustes,  et  en 
font  leur  pâture. 

Cette  tribu  ne  renferme  que  trois  genres 
nommés  :  Mydas  ,  Rhopalie  et  Céphalo- 
cère. 

La  plus  grande  partie  des  espèces  de  My- 
dasiens sont  exotiques,  et  appariiennentpour 
la  plupart  à  l'Amérique  méridionale.  Quel- 
ques unes  sont  africaines;  une  seule  est 
d'Asie.  Voy.  les  noms  des  genres  cités  plus 
haut.  (L.) 

MYDAUS  (pu<?oç,  mauvaise  odeur),  mam. 
—  Genre  de  Carnassiers  plantigrades,  com- 
posé d'une  seule  espèce  que  l'on  avait  placée 
parmi  les  Moufettes,  sous  la  dénomination 
de  Mephilis  javanensis,  et  dont  F.  Cuvier 
(Hist.  nal.  des  Mamm.,  1821)  a  fait  le  type 
d'une  division  générique,  sous  le  nom  de 
Mydaus  mcliccps.  Les  Mydaus  ont  le  même 

63 


498 


MYD 


IYIYE 


système  dentaire  que  les  Moufettes  (voy.  ce 
mot);  toutefois  les  molaires  des  Mydaus 
sont  beaucoup  plus  écartées ,  et  les  incisi- 
ves, au  lieu  d'être  sur  une  ligne  droite, 
sont  sur  un  arc  de  cercle  très  petit.  La  tête 
des  Mydaus  rappelle  par  sa  forme  celle  des 
Blaireaux  ;  les  oreilles  sont  presque  entiè- 
rement dépourvues  de  conque  externe;  les 
marines  s'avancent  très  au-delà  des  mâchoi- 
res, et  sont  environnées  par  un  mufle  qui 
a  de  la  ressemblance  avec  celui  du  Cochon. 
Ces  animaux  sont  plantigrades,  et  leurs 
pieds  ont  cinq  doigts  armés  d'ongles  propres 
à  fouir;  la  queue  est  presque  nulle.  Il  y  a 
quatre  mamelles  pectorales  et  deux  ingui- 
nales. Le  pelage  est  peu  fourni  aux  parties 
supérieures,  et  les  parties  inférieures,  comme 
îe  museau ,  sont  presque  nues.  Presque  tous 
les  poils  sont  soyeux,  et  les  moustaches  sont 
très  rares. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  : 
c'est  le  Télagon  Sticnhad  Morsden,  Mydaus 
meliceps  F.  Cuv. ,  Mephitis  meliceps  Griff. , 
Mephitis  javanensis  Desm.,  sir  Raffles.  La 
peau  est  de  couleur  de  chair,  et  presque 
tous  les  poils  sont  d'un  brun  marron  très 
foncé.  On  en  trouve  cependant  quelques 
uns  sur  la  poitrine,  ou  cachés  parmi  les  au- 
tres ,  qui  sont  blancs  et  d'une  apparence 
soyeuse.  La  couleur  brune  est  la  princi- 
pale du  Télagon;  mais  le  sommet  de  la  tête 
et  une  ligne  qui  se  prolonge  quelquefois  le 
long  du  dos,  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue, 
sont  blancs. 

Cette  espèce  répand,  comme  les  Mou- 
fettes, une  odeur  extrêmement  fétide,  et 
c'est  à  cette  même  circonstance  que  se  rap- 
porte la  dénomination  générique  de  Mydaus, 
que  leur  adonnée Fr.  Cuvier.  On  ne  connaît 
rien  des  mœurs  des  Télagons;  mais  on  peut 
conjecturer  qu'ils  vivent  dans  des  terriers , 
cl  qu'eux-mêmes  se  creusent  ces  retraites. 
Ces  animaux  ne  sont  pas  rares  à  Java,  et 
c'est  de  cette  île  que  Leschenault,  Diard  et 
Duvaucel  ont  envoyé  au  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris  les  peaux  et  le  squelette 
qu'il  possède.  On  les  trouve  aussi  à  Sumatra. 

M.  de  Blainville  (  Ostéographie ,  fascicule 
des  Muslela)  a  indiqué  ,  sous  la  dénomina- 
tion de  Mydaus  de  Meudon ,  une  espèce  de 
Mustélien  fossile ,  trouvée  aux  environs  de 
Paris,  et  qui  doit  être  rapportée  à  ce  genre. 

(E,  D.) 


JftfYDONOTRICHUM  ,    Corda    (  apud 
Sturm,lttt  t.  19,  21,  24).  bot.  cr.  —  Voy. 

VERMICULARIA  ,  Tode. 

*MYDRIACIS  (pv^ooç,  matière  rouge; 
âxi'ç,  pointe  aiguë),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères pentamères ,  famille  des  Malaco- 
dermes  ,  tribu  des  Clairones ,  proposé  par 
Schcenherr  et  adopté  par  Hope  {ColeoplerisC  s 
manual,  1840,  p.  138),  qui  le  classe  parmi 
ses  Tillides.  Le  type,  M.  prœusta  Schœn., 
est  de  la  côte  de  Guinée.  (C.) 

MYE.  Mya  (pv*£,  moule,  coquille  bi- 
valve), moll.  —  Genre  de  Mollusques  con- 
chifères  dimyaires,  faisant  partie  de  la  fa- 
mille des  Myaires,  dont  il  est  le  type,  dans 
la  famille  des  Enfermés.  Il  comprend  des 
Mollusques  incomplètement  recouverts  par 
une  coquille  bivalve  bâillante  aux  deux  ex- 
trémités ,  et  revêtus  d'un  épiderme  coriace 
sur  toute  la  partie  non  recouverte  par  le 
têt.  Le  manteau  est  presque  entièrement 
fermé;  il  n'offre  en  avant  qu'une  petite  ou- 
verture pour  le  passage  d'un  pied  grêle  en 
forme  de  languette ,  et  en  arrière  se  trou- 
vent deux  siphons  très  longs,  réunis  sous 
une  enveloppe  commune ,  brune  et  ru- 
gueuse ;  les  palpes  labiaux  sont  longs  et 
pointus,  assez  épais;  les  branchies  se  pro- 
longent en  arrière ,  et  restent  flottantes 
dans  la  cavité  du  manteau,  jusqu'à  l'orifice 
interne  des  siphons.  La  branchie  externe 
se  replie  au-delà  du  point  d'attache,  de  ma- 
nière à  figurer  un  troisième  feuillet  bran- 
chial; la  coquille  est  tranverse,  ovale,  pres- 
que équilatérale,  bâillante  aux  deux  bouts; 
la  valve  gauche  porte  une  grande  dent  car- 
dinale comprimée,  dressée  presque  vertica- 
lement; l'autre  valve  porte  une  fossette 
correspondante,  d'où  partie  ligament  in- 
terne qui  s'attache  à  la  dent  de  la  valve 
gauche  ;  mais  on  doit  considérer  le  fond  de 
cette  fossette  même  comme  représentant 
une  dent  repliée  dans  la  cavité  du  cro- 
chet. 

Les  Myes  se  tiennent  toujours  enfoncées 
dans  le  sable,  de  manière  à  présenter  l'o- 
rifice de  leurs  siphons  à  la  surface;  elles 
paraissent  peu  susceptibles  de  changer  de 
lieu,  ou  de  se  creuser  un  nouveau  trou 
quand  une  circonstance  quelconque  les  a 
arrachées  de  leur  gîte.  On  en  connaît  deux 
espèces  qui  vivent  sur  les  côtes  de  l'Océan 
d'Europe  ;  ce  sont:  la  Mye  tronquée  (il/. 


MYG 


MYG 


499 


truncata),  dont  la  coquille,  longue  de  6  à  8 
centimètres,  épaisse,  presque  ovale,  est 
comme  tronquée  en  arrière  ;  et  la  Mye  des 
sables  (M.  arenaria),  qui  en  diffère  par  sa 
coquille  régulièrement  ovale,  non  tronquée, 
moins  épaisse  et  moins  inéquilatérale.  La- 
marck  inscrivait  dans  ce  genre  une  M.  ero- 
dona,  qui  est  une  vraie  Corbule,  et  une 
M.  solemyalis,  que  M.  Deshayes  a  reportée 
dans  son  genre  Ostéodesme.  Le  nom  de  Mye 
a  été  employé  d'abord  par  Linné,  qui  con- 
fondait beaucoup  de  coquilles  différentes 
avec  les  vraies  Myes.  Bruguière  en  tira 
d'abord  les  Anodontes,  puis  Lamarck  en 
sépara  les  Anatines,  les  Glycimères ,  les 
Vulselles,  une  partie  des  Lutraires,  et  finit 
par  réduire  à  quatre  le  nombre  des  es- 
pèces, dont  on  ne  doit  même  conserver  que 
deux.  D'un  autre  côté,  Ménard  de  Lagroye 
avait  fait  aussi  le  genre  Panopée  avec  la 
M.  glycimeris  de  Linné.  (Duj.) 

*MYELONEURA  (^ueXo'ç,  moelle;  viï- 
pov  ,  nerf),  zool.  —  Nom  que  M.  Ehrenberg 
(Acad.  Berlin,  1837)  donne  aux  animaux 
vertébrés,  à  cause  de  leur  système  nerveux 
médullaire  encéphalo-rachidien,  un  de  leurs 
principaux  caractères.  (P.  G.) 

*MYELOPHILA  (^ueioç,  moelle  ;  yc'Aoç, 
qui  aime),  ms.  — -  Genre  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères nocturnes,  tribu  des  Yponomeu- 
tides ,  établi  par  Treitschke  ,  et  ne  compre- 
nant qu'une  seule  espèce,  M.  cribrella,  dont 
la  chenille  vit  et  se  métamorphose  dans  l'in- 
térieur des  tiges  de  Chardons.  Ce  papillon 
est  répandu  dans  toute  l'Europe. 

MYGALE.  Mygale,  arachn.  —  C'est  un 
genre  de  l'ordre  des  Aranéides,  de  la  tribu 
des  Théraphoses ,  établi  par  Latreille  et 
adopté  par  tous  les  aptérologistes.  Dans  cette 
coupe  générique,  une  des  plus  curieuses  de 
la  classe  des  Arachnides,  les  yeux  sont  tou- 
jours au  nombre  de  huit,  presque  égaux  entre 
eux,  groupés  et  ramassés  sur  le  devant  du 
céphalothorax,  trois  de  chaque  côté  formant 
un  triangle  irrégulier,  dont  l'angle  le  plus 
aigu  est  en  avant;  les  deux  autres  sont  si- 
tués entre  les  précédents  et  sur  une  ligne 
transverse.  La  lèvre  est  petite,  presque  nulle, 
insérée  sous  les  mâchoires.  Celles-ci  sont 
allongées,  cylindroïdes,  divergentes,  creusées 
longitudinalement  à  leur  côté  interne.  Les 
palpes  sont  allongés,  fusiformes ,  insérés  à 
l'extrémité  des  mâchoires.    Les  pattes   sont 


allongées,  fortes,  peu  égales  entre  elles.  Les 
Aranéides  qui  composent  ce  genre  sont  ré- 
pandues dans  toutes  les  parties  du  monde  ; 
elles  sont  chasseuses,  courent  après  leur  proie; 
il  y  en  a  qui  se  renferment  dans  l'intérieur 
des  feuilles,  des  creux  d'arbres,  des  rochers, 
et  dans  les  retraites  qu'elles  se  creusent  dans 
la  terre. 

La  Corse  nourrit  une  espèce  remarquable 
par  ses  mœurs  :  c'est  la  Mygale  pionnière  , 
Mygale  fodiens  Walck.  Elle  est  d'un  brun 
clair  uniforme  et  sans  moucheture  sur  son 
abdomen;  les  mandibules  sont  plus  grosses, 
plus  inclinées  que  celles  de  la  M.  cœmenta- 
ria.  Le  râteau  dont  elles  sont  armées  se 
compose  de  cinq  ou  six  épines  principales 
qui  garnissent  leur  bord  supérieur,  et  de 
quelques  autres  moins  prononcées  situées  en 
dehors  des  premières;  la  rainure  que  décrit 
le  crochet  dans  la  rétraction  a,  de  chaque 
côté,  cinq  dents  noires,  fortes  et  courtes;  les 
pattes  sont  inégalement  velues,  mais  les 
tarses  des  deux  paires  antérieures  et  les  ar- 
ticles correspondants  des  palpes  sont  garnis 
de  deux  piquants  remarquables.  Ces  ongles 
offrent  cela  de  particulier  qu'ils  n'ont  qu'une 
seule  dent,  à  leur  base;  le  tarse  se  termine 
par  un  ergot,  et  les  filières  sont  bien  plus 
longues  que  chez  la  M.  cœmentaria .  Cette 
espèce,  qui  habite  la  Corse,  a  été  le  sujet 
d'un  mémoire  plein  d'intérêt  sur  la  manière 
dont  son  nid  est  construit,  par  V.  Audouin. 
Latreille  a  fait  à  l'égard  de  ces  nids  une 
remarque  judicieuse,  c'est  que,  rappro- 
chés comme  ils  le  sont  les  uns  des  autres, 
ils  doivent  faire  présumer  que  cette  espèce 
ne  craint  pas  la  société  de  ses  semblables. 
Quoi  qu'il  en  soit,  dit  Audouin,  la  motte  de 
terre  qui  renferme  ces  tubes  est  composée 
d'une  terre  argileuse  d'un  rouge  de  brique; 
les  tubes  ont,  comme  la  masse  dans  laquelle 
ils  sont  creusés,  8  centimètres  de  hauteur  et 
22  millim.  de  largeur;  droits  dans  les  deux 
tiers  de  leur  étendue,  ils  deviennent  légère- 
ment obliques  vers  leur  extrémité  inférieure, 
peut-être  mêmeserecourbaient-ils  davantage 
en  se  prolongeant  beaucoup  plus  avant  dans 
la  terre;  toujours  est-il  certain  qu'en  les  enle- 
vant on  ne  les  a  pas  obtenus  dans  leur  en- 
tier. En  examinant  un  de  ces  tubes  avec 
quelque  soin,  Audouin  a  remarqué  qu'il  n'é- 
tait pas  simplement  creusé  dans  la  terre, 
comme  le  sciait  une  excavation  ou  un  trou 


500 


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desonde  qu'on  pratiquerait  dans  la  terre, 
mais  qu'il  était  construit  à  la  manière  d'un 
puits,  c'est-à-dire  qu'il  avait  des  parois  pres- 
que formées  par  une  espèce  de  mortier  assez 
solide  ;  en  sorte  qu'on  peut,  ainsi  qu'Audouin 
l'a  fait,  le  dégager  entièrement  de  la  masse 
qui  l'entoure,  et,  pour  l'observer  encore  avec 
plus  de  soin,  le  fendre  dans  le  sens  de 
la  longueur:  on  voit  que  son  intérieur  est 
tapissé  par  une  étoffe  soyeuse  et  très  mince, 
douce  au  toucher,  et  qu'il  n'existe  aucune 
des  inégalités  qu'on  devrait  s'attendre  à 
rencontrer  sur  les  murs  faits  avec  une  terre 
grossière.  En  effet,  cette  paroi  intérieure 
semble  avoir  été  crépie  avec  un  mortier  plus 
fin  ;  et,  de  plus,  elle  est  unie  et  lisse  comme 
si  une  truelle  eût  été  habilement  passée  des- 
sus; mais  les  soins  que  prend  l'Araignée 
pour  terminer  son  ouvrage  vont  encore  plus 
loin:  ce  que  nous  faisons  pour  nos  tentures 
de  quelque  prix,  elle  le  prodigue  dans  sa  de- 
meure souterraine;  cette  sorte  de  papier 
satiné  qui  orne  son  habitation,  elle  ne  l'a 
pas  posé  le  premier;  mais  elle  a  appliqué 
d'abord  sur  ces  murailles  une  toile  ou,  pour 
parler  plus  exactement,  des  fils  grossiers,  et 
c'est  sur  eux  qu'elle  a  placé  ensuite  son  étoffe 
«yeuse. 

Tout  cela  est  bien  fait  pour  exciter  l'ad- 
miration ;  mais  ce  qui  a  le  droit  de  nous 
surprendre  davantage,  c'est  la  manière  dont 
cette  chambre  à  boyau  est  ouverte  et  fermée, 
au  gré  de  celui  qui  l'habite.  Si  l'Araignée 
n'avait  eu  rien  à  craindre  de  la  part  des  au- 
tres animaux,  ou  bien  si  elle  avait  été  assez 
courageuse  et  assez  forte  pour  les  attendre 
de  pied  ferme  et  les  vaincre,  elle  aurait  pu 
sans  inconvénient  laisser  libre  l'entrée  de  la 
maison,  cela  lui  eût  été  plus  commode  pour 
aller  et  venir  ;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi  :  elle 
a  tout  à  redouter  de  la  part  d'une  foule  d'en- 
nemis, et  son  caractère  timide,  joint  au  peu 
de  moyens  qu'elle  possède  pour  leur  résister, 
l'oblige  d'être  sans  cesse  sur  la  défensive. 
Alors,  comme  tous  les  êtres  faibles,  elle  em- 
ploie la  ruse  pour  se  soustraire  au  danger, 
et  son  industrie  supplée  d'une  manière  mer- 
veilleuse à  ce  qui  lui  manque  de  force  et  de 
courage. 

Nous  avons  déjà  dit  plus  haut  que  l'Arai- 
gnée maçonne  avait  un  couvercle  pour  fer- 
mer le  tube  qu'elle  habitait;  l'Araignée  de 
Corse  ou  la  Mygale  pionnière  emploie  à  peu 


près  les  mêmes  précautions ,  mais  elle  mon- 
tre plus  de  perfection  dans  son  ouvrage ,  et 
comme  l'édifice  qu'elle  construit  est  plug 
vaste  dans  l'ensemble  et  dans  les  détails,  la 
description  que  nous  allons  en  faire  en  don- 
nera une  idée  très  exacte.  Pour  clore  nos 
demeures,  nous  avons  des  portes  qui,  roulant 
sur  leurs  gonds,  viennent  s'appliquer  dans 
une  feuillure  et  y  sont  retenues  ensuite  par 
un  moyen  quelconque.  L'Araignée  pionnière 
ne  s'enferme  pas  autrement  chez  elle:  à  l'o- 
rifice extérieur  de  son  tube  est  adaptée  une 
porte  maintenue  en  place  par  une  charnière 
et  retenue  dans  une  sorte  d'avancement  cir- 
culaire qu'on  ne  peut  mieux  comparer  qu'à 
une  véritable  feuillure.  Cette  porte  ou,  si 
l'on  aime  mieux,  ce  couvercle,  se  rabat  en 
dehors,  et  l'on  conçoit  que  l'Araignée,  lors- 
qu'elle veut  sortir,  n'a  besoin  que  de  le 
pousser  pour  l'ouvrir.  Mais  le  moyen  qu'elle 
emploie  pour  le  fermer  est  vraiment  remar- 
quable ;  voici  ce  qu'Audouin  nous  a  encore 
appris  à  ce  sujet:  A  en  juger  par  son  aspect, 
on  croirait  que  ce  couvercle  est  formé  d'un 
amas  de  terre  grossièrement  pétrie  et  revê- 
tue du  côté  qui  correspond  à  l'intérieur  de 
l'habitation  par  une  toile  solide;  mais  cette 
structure,  qui  déjà  pourrait  surprendre  chez 
un  animal  qui  n'a  pas  d'instrument  parti- 
culier pour  construire,  est  bien  plus  compli- 
quée qu'elle  ne  le  paraît  d'abord.  En  effet, 
Audouin  s'est  assuré,  en  faisant  une  coupe 
verticale  au  couvercle,  que  son  épaisseur,  qui 
n'a  pas  moins  de  5  à  7  millim.,  résultait  d'un 
assemblage  de  couches  de  terre  et  de  couches 
de  toile  au  nombre  de  plus  de  trente,  em- 
boîtées les  unes  dans  les  autres,  et  rappelant 
assez  bien,  à  cause  de  cette  disposition,  ces 
poids  de  cuivre  en  usage  pour  nos  petites 
balances,  et  dont  les  divisions,  qui  ont  la 
forme  de  petites  cupules,  se  reçoivent  succes- 
sivement jusqu'à  la  dernière. 

Si  on  examine  chacune  de  ces  couches  de 
toile,  on  remarque  qu'elles  aboutissent  tou- 
tes à  la  charnière  qui  se  trouve  d'autant  plus 
remplie  que  la  porte  a  plus  de  volume;  la 
rainure  elle-même  sur  laquelle  la  porte  s'ap- 
plique, et  que  nous  avons  nommée  précédem- 
ment la  feuillure,  est  épaisse,  et  son  épaisseur 
est  dans  un  grand  nombre  de  couches  qui  la 
constituent.  Ce  nombre  paraît  même  corres- 
pondre à  celui  que  présente  le  couvercle. 

N'ayant  pu  voir  l'Araignée  construire  son 


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501 


habitation,  et  Bosc,  bien  qu'il  ait  eu  pendant 
quelque  temps  des  individus  vivants  à  sa 
disposition,  n'ayant  pu  jouir  non  plus  de  ce 
spectacle,  nous  sommes  réduits  à  faire  des 
conjectures  sur  la  manière  dont  elle  s'y  prend 
pour  confectionner  les  parties  dont  il  vient 
d'être  question.  Supposons  l'Araignée  à  l'œu- 
vre et  voyons-la  commencer  son  travail.  Elle 
aura  d'abord  ourdi  la  première  toile  circu- 
laire qui  forme  la  porte  de  sa  demeure,  puis, 
sans  discontinuer,  elle  aura  étendu  cette 
toile  sur  la  charnière  etl'aura  prolongée  pres- 
que aussitôt  sur  la  feuillure.  On  peut  expli- 
quer de  cette  manière  pourquoi  chacune  de 
ces  trois  parties  fait  suite  à  l'autre  ,  et 
Ton  conçoit  facilement  comment,  cette  ma- 
nœuvre s'étant  répétée,  la  porte,  la  charnière 
et  la  feuillure  se  trouvent  à  la  longue  formées 
par  un  grand  nombre  de  couches.  Mais  comme 
il  existe  entre  celles  qui  constituent  la  porte 
des  lits  de  terre,  il  est  présumable  que  l'A- 
raignée aura  interrompu  chaque  fois  son  tis- 
sage pour  les  en  pétrir  plus  convenablement. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  travail  ayant  eu  lieu 
de  cette  manière,  il  doit  nécessairement  exis- 
ter une  proportion  toujours  égale  entre  le 
volume  du  couvercle  et  la  force  de  sa  char- 
nière, puisque  celle-ci  se  trouve  augmentée 
d'une  couche  à  mesure  que  le  premier  en  re- 
çoit une  nouvelle. 

Mais  plus  l'on  a  étudié  avec  soin  l'arran- 
gement de  ces  parties,  plus  on  découvre  de 
perfection  dans  l'ouvrage.  En  effet,  si  l'on 
examine  le  bord  circulaire  de  l'espèce  de 
rondelle  qui  remplit  en  tout  les  fonctions 
d'une  porte,  on  remarque  qu'au  lieu  d'être 
taillé  droit,  il  coupe  obliquement  de  dehors 
en  dedans,  de  manière  à  représenter,  non 
pas  une  rondelle  de  cylindre,  mais  bien  la 
rondelle  d'un  cône;  et,  d'une  autre  part,  on 
observe  que  la  portion  de  l'orifice  du  tube 
qui  reçoit  ce  couvercle  est  taillée  elle-même 
en  biseau  et  en  sens  inverse. 

Le  but  de  cette  disposition  est  facile  à  sai- 
sir. Si  le  couvercle  avait  un  bord  droit,  il 
n'aurait  rencontré  en  se  rabattant,  comme 
il  le  fait  dans  l'orifice  du  tube  ,  aucune  par- 
tie sur  laquelle  appuyer;  et,  dans  ce  cas,  la 
charnière  seule  se  serait  opposée  à  ce  qu'il 
pénétrât  plus  profondément  dans  l'intérieur, 
mais  quand  bien  même  cette  partie  délicate 
aurait  dû  supporter,  sans  éprouver  de  relâ- 
chement, ce  poids  continuel  et  le  choc  assez 


fort  que  produit  le  couvercle  chaque  fois 
qu'il  se  rabat,  il  eût  été  à  craindre  que  quel- 
que pression  accidentelle  du  dehors  ne  fui 
enfin  venue  la  rompre.  C'est  pour  obvier  à 
ce  grave  inconvénient  que  l'Araignée  a  pra- 
tiqué à  l'oriûce  de  son  habitation  une  feuil- 
lure contre  laquelle  vient  appuyer  la  porte, 
et  qu'elle  ne  saurait  franchir.  Mais  cette 
feuillure  est  faite  avec  un  tel  soin,  et  le  cou- 
vercle s'applique  si  exactementsur  elle,  qu'il 
fauty  regarder  de  très  près  pour  reconnaître 
le  point  où  les  deux  parties  se  rencontrent. 
En  outre,  l'instinct  de  l'animal  le  porte  à 
faire  cette  jonction  aussi  parfaite  que  pos- 
sible; car  non  seulement  il  lui  importe  de 
clore  solidementsa demeure,  mais  il  aie  plus 
grand  intérêt  à  en  cacher  l'ouverture  aux 
yeux  de  ses  ennemis  ;  c'est  évidemment  dans 
cette  intention  que  l'Araignée  a  crépi  exté- 
rieurement la  porte  de  son  habitation  avec 
une  terre  grossière.  En  cela  elle  ne  fait  qu'i- 
miter l'instinct  admirable  qu'ont  une  foule 
d'Insectes  de  tromper  le  regard  en  fabricant 
avec  des  substances  variées,  et  très  souvent 
avec  les  feuilles  des  fruits  dont  ils  se  nour- 
rissent, des  espèces  d'habits  ou  de  fourreaux 
sous  lesquels  ils  se  cachent,  ou  bien  en  fixant 
sur  ces  mêmes  plantes  des  cocons  ou  d'au- 
tres demeures  qui,  par  leur  couleur  et  leur 
apparence,  se  confondent  avec  les  liges,  les 
feuilles,  les  bourgeons,  les  fleurs.  La  Mygale 
pionnière,  je  le  répète,  a  recours  aune  ruse 
semblable,  en  crépissant  la  porte  qui  clôt  son 
habitation  avec  la  terre  qui  forme  la  surface' 
du  sol,  et  en  la  rendant  tellement  trompeuse 
et  inégale  qu'elle  se  confond  avec  lui  ;  mais, 
en  agissant  ainsi,  elle  semble  avoir  prévu 
un  autre  genre  de  nécessité  :  dans  l'habitude 
où  elle  paraît  être  de  sortir  souvent  de  sa 
demeure  et  d'y  rentrer  précipitamment  au 
moindre  danger,  il  lui  a  fallu  pouvoir  en 
ouvrir  facilementla porte;  or,  cette  manœu- 
vre, qui  aurait  été  pénible  et  plus  ou  moins 
longue  si  la  surface  du  couvercle  eût  été 
lisse,  devient  très  facile  à  cause  des  nombreu- 
ses inégalités  qu'on  y  trouve,  et  qui  donnent 
toujours  prise  aux  crochets  dont  l'Araignée 
est  fournie. 

L'Araignée  se  trouve  dans  la  nécessité 
d'ouvrir  elle-même  la  porte  ;  lorsqu'elle 
vient  du  dehors,  elle  n'a  pas  à  s'en  inquié- 
ter pour  la  fermer;  soit  qu'elle  sorte,  soit 
qu'elle  rentre,  cette  porte  se  ferme  toujours 


502 


MYG 


d'elle-même  ,  et  c'est  là  encore  une  des  ob- 
servations les  plus  curieuses  que  fournit  l'é- 
tude attentive  de  cette  singulière  habita- 
tion. 

Quand  on  cherche  à  ouvrir  ces  nids,  on 
sent  que  ce  n'est  qu'avec  quelque  effort  que 
l'on  parvient  à  soulever  assez  le  couvercle 
pour  qu'il  devienne  vertical  ,  c'est-à-dire 
pour  qu'il  forme  un  angle  exactement  droit 
avec  l'orifice  du  tube.  Si  on  le  renverse  en- 
core plus,  de  manière  à  ouvrir  cet  angle 
davantage,  la  résistance  devient  encore  plus 
grande;  mais  dans  ce  cas  ,  comme  dans  le 
premier,  le  couvercle  abandonné  à  lui- 
même  retombe  aussitôt  et  ferme  l'ouver- 
ture. La  tension  et  l'élasticité  de  la  char- 
nière sont  les  principales  causes  de  cet 
effet  ;  mais  en  admettant  que  cette  élasti- 
cité n'existât  pas,  il  se  produirait  encore, 
et  le  couvercle ,  soulevé  de  manière  à  dé- 
passer un  peu  la  ligne  verticale,  pourrait 
retomber  de  lui-même  et  former  naturelle- 
ment l'orifice  du  tube.  Ce  résultat  curieux 
est  dû  à  une  résistance  sensible  qui  existe 
dans  son  épaisseur.  Si  on  l'examine  avec  soin 
sous  ce  rapport,  on  remarque  que  la  partie 
voisine  de  la  charnière  est  plus  épaisse,  et 
comme  bosselée  intérieurement.  Ce  sur- 
croît de  poids,  qui,  s'il  avait  eu  lieu  loin  de 
la  charnière,  eût  porté  le  couvercle,  chaque 
fois  qu'il  aurait  été  soulevé  au-delà  de  la 
ligne  verticale,  à  se  renverser  en  dehors,  se 
trouvant  au  contraire  placé  tout  près  du 
point  d'attache  et  du  côté  où  il  se  ferme , 
agit  en  sens  inverse ,  et  tend  sans  cesse  a  le 
faire  retomber. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit  plus  haut, 
la  surface  intérieure  du  couvercle  qui  clôt 
l'habitation  de  la  Mygale  pionnière  ne  res- 
remble  en  rien  à  celle  du  dehors.  Autant 
celle-ci  est  raboteuse  ,  autant  l'autre  est 
unie  ;  de  plus  on  a  vu  qu'elle  était  tapissée, 
comme  les  parois  de  l'habitation ,  dune 
couche  soyeuse  très  blanche,  mais  beau- 
coup plus  consistante  et  ayant  l'apparence 
du  parchemin;  nous  ajouterons  que  cette 
surface  intérieure  est  surtout  remarquable 
par  l'existence  d'une  série  de  petits  trous. 
Ces  petits  trous ,  qu'on  pourrait  au  premier 
abord  négliger  de  voir,  forment  un  des 
traits  les  plus  curieux  de  l'histoire  de  la 
Mygale  pionnière,  car  c'est  par  leur  moyen 
qu'elle  peut ,  lorsqu'on  veut  forcer  la  porte, 


MYG 

la    maintenir   exactement   fermée.    Elle  y 
parvient  en  se  cramponnant,  d'une  part,  à 
l'aide  de  ses  pattes,  aux  parois  de  son  tube, 
et  de  l'autre,  en  introduisant  dans  les  trous 
de  son  couvercle  les  épines  et  les  crochets 
cornés  dont  sont  munies  ses  mâchoires.  On 
comprend  que  la  porte  de  son  couvercle  se 
trouve  alors  retenue  par   ce  moyen  ,   en 
quelque  sorte  aussi  bon  que  celui  que  nous 
obtenons  lorsque  nous  poussons  un  verrou 
dans  sa  gâche.  Mais  ce  qui  doit  exciter  da- 
vantage notre  admiration  ,  c'est  la  manière 
dont  ces  trous  ont  été  disposés  :  on  croira 
peut-être  que  l'Araignée  n'en  a  pas  épargné 
le  nombre,  et  que  pour  ne  pas  se  trouver  au 
dépourvu,  quand  la  nécessité  la  force  à  en 
faire  usage,  elle  en  a  criblé  la  face  interne 
de  son  ouverture.  Ce  n'est  cependant  pas  là 
ce  qu'on  observe.  Ces  trous  sont  peu  nom- 
breux, on  en  compte  au  plus  une  trentaine, 
et  au  lieu  de  les  avoir  dispersés  au  hasard  , 
ils  se  trouvent  tous  réunis  dans  une  place 
déterminée,  et  qui  est  exactement  la  même 
dans  les  quatre  nids  qu'Audouiu  a  obser- 
vés. Mais  cette  place  est  très  convenable,  et 
telle  que  nous  l'aurions  choisie  nous-même 
après  y  avoir  bien  réfléchi;  en  effet,  ils  sont 
situés  tout  près  du  bord  du  couvercle,  et 
toujours  au  côté  opposé  à  la  charnière.  Il 
est  clair  que  l'Araignée   trouve  un  grand 
avantage  dans  cette   disposition ,  car  dans 
l'action  de  tirer  à  soi  le   couvercle  ,  elle 
opère  bien  plus  efficacement  en  se  crampon- 
nant loin  de  la  charnière  que  si  elle  eût 
agi  dans  son  voisinage.  L'instinct  de  l'ani- 
mal semble  l'avoir  si  bien  instruit  sur  ce 
point,  qu'il  n'a  pas  pris  la  peine  de  faire  un 
seul  trou,  soit  au  milieu  du  couvercle,  soit 
au  voisinage  du  point  où  il  s'attache,  et  que 
toutes  les  ouvertures  qu'on  y  observe  sont 
disposées  sur  une  ligne  demi-circulaire  très 
étroite. 

Audouin ,  auquel  nous  avons  emprunté 
ces  intéressantes  observations,  dit  à  la  suite 
de  son  mémoire  :  «  Je  n'ajouterai  à  ce  sujet 
qu'une  simple  remarque,  c'est  que  plus  nous 
avons  vu  de  perfection  dans  l'ouvrage  de 
l'Araignée  de  Corse,  plus  nous  sommes  forcé 
de  reconnaître  que  tous  ces  actes  dérivent 
exclusivement  de  l'instinct  ;  car  si  l'on  ad- 
mettait que  l'animal  pût  les  exécuter  avec 
quelque  réflexion  ,  il  faudrait  lui  accorder 
non  seulement  un  raisonnement  très  par- 


JVIYG 


MYG 


503 


fait,  mais  encore  des  connaissances  d'un 
ordre  fort  élevé  ,  et  que  l'homme  lui-même 
n'acquiert  que  par  un  long  travail  d'esprit , 
et  parce  qu'il  a  mis  à  profit  l'expérience 
successive  de  ses  devanciers.  » 

Le  rôle  de  l'Araignée  se  réduit  donc  à 
opérer  sans  calcul  ni  *:>:.  naison ,  mais 
sous  une  influence  étrange! «  #t  irrésistible; 
et  quant  aux  leçons  que  pourrait  lui  fournir 
l'expérience,  elles  sont  entièrement  nulles, 
comme  chez  tous  les  Insectes,  c'est-à-dire, 
qu'après  avoir  vécu  des  mois,  des  années 
elle  n'en  sait  guère  plus ,  et  n'en  fait  pas 
davantage  que  lorsque,  sortant  de  l'œuf,  elle 
s'est  mise  incontinent  à  construire. 

Dans  le  midi  de  la  France,  aux  environs 
de  Montpellier,  on  rencontre  une  espèce 
non  moins  curieuse  par  son  industrie:  c'est 
la  Mygale  maçonne  ,  Mygale  cœmentaria 
Latr.  Cette  espèce  établit  plus  particulière 
ment  sa  demeure  contre  des  tertres  secs , 
compactes,  et  exposés  au  midi,  sur  la  route 
qui  mène  de  Montpellier  aux  coteaux  de 
Castelnau.  M.  L.  Dufour  nous  a  montré 
dans  un  mémoire  fort  intéressant  les 
moyens  dont  il  fallait  se  servir  pour  s'em- 
parer de  celte  Aranéide.  «  Voici  comment  je 
m'y  prenais,  dit  ce  savant  observateur,  pour 
faire  la  chasse  à  ces  Mygales  :  Sans  avoir  be- 
soin de  les  poursuivre  jusqu'au  fond  de  leur 
tanière,  qui  est  couverte  à  deux  pieds  de 
profondeur  et  tellement  fléchie,  qu'il  est 
très  facile  d'en  perdre  la  trace,  il  faut  un 
œil  exercé  pour  découvrir  l'opercule  circu- 
laire du  terrier,  tant  la  rainure  capillaire, 
qui  en  dessine  le  contour,  a  de  finesse;  si 
cette  rainure  est  tant  soit  peu  béante,  c'est 
une  preuve  que  la  Mygale  est  placée  en 
sentinelle  derrière  la  porte;  l'Araignée  s'ac- 
croche unguibus  et  rostro  à  sa  partie  in- 
terne et  bombée ,  et  vous  sentez  une  ré- 
sistance qui  s'effectue  par  saccades.  Pen- 
dant que  d'une  rnain  on  provoque  les  efforts 
réitérés  et  inouïs  de  la  courageuse  Mygale, 
on  enfonce  de  l'autre  une  forte  lame  de  cou- 
teau à  12  ou  15  millim.  environ  au-dessous 
de  la  trappe ,  de  manière  à  traverser  horizon- 
talement le  diamètre  du  terrier;  la  retraite 
de  l'habile  ouvrière  se  trouve  ainsi  coupée; 
on  soulève  et  on  lance  la  portion  de  terre 
placée  au-dessus  du  couteau,  et  la  pauvre 
Mygale  ,  toute  stupéfaite  de  cette  trahison  , 
se  laisse  prendre  sans  résistance.  »  Je  ferai 


aussi  observer  que  cette  curieuse  espèce  , 
dont  le  nid  a  été  figuré  dans  ce  Diction- 
naire à  la  pi.  2  ,  fig.  2,  habite  aussi  les 
environs  d'Alger. 

Nous  avons  figuré  dans  l'atlas  de  ce  Dic- 
tionnaire deux  espèces  ;  la  planche  2,  fig.  1, 
représente  la  Mygale  aviculaire  ,  Mygale 
avicularia  Latr. ,  qui  se  trouve  dans  l'A- 
mérique méridionale,  à  Cayenne  et  à  Su- 
rinam. Suivant  M.  Walckenaër  ,  cette  es- 
pèce fait  dans  les  gerçures  des  arbres,  les 
interstices  des  masses  de  pierres,  sur  la  sur- 
face des  feuilles,  à  la  campagne  ,  dans  les 
lieux  solitaires,  dans  les  habitations  aban- 
données,  une  cellule  d'une  soie  très  blan- 
che, fine,  demi  -  transparente  ,  qui  a  la 
forme  d'un  lobe  rétréci  à  son  extrémité 
postérieure;  c'est  un  ovale  allongé,  tronqué 
antérieurement,  qui  a  deux  décimètres  de 
long  sur  six  centimètres  de  large.  Le  cocon 
est  enveloppé  d'une  soie  de  trois  couches , 
dont  l'intermédiaire  est  plus  mince  et  n'est 
pas  recouverte  de  bourre;  la  femelle  place 
son  cocon  près  de  sa  demeure ,  et  y  veille 
assidûment;  la  toile  de  cette  espèce  est  tou- 
jours propre,  et  jamais  on  n'y  a  trouvé  de 
débris  d'insectes.  L'Araignée  chasse  pen- 
dant l'absence  du  soleil  sur  l'horizon.  Sui- 
vant M.  Moreau  de  Jonnès ,  elle  enveloppe 
ses  œufs  dans  une  coque  de  soie  blanche  , 
au  nombre  de  1800  à  2000,  et  les  fourmis 
rouges  mangent  les  jeunes  lorsqu'ils  sont 
éclos. 

La  planche  I,  représente  la  Mygale  de 
Quoy  ,  Mygale  Quoyi  Walck.,  M.  antipo- 
dracia  Ejusd.  Cette  espèce  remarquable, 
dont  on  ne  connaît  pas  les  manières  de  vi- 
vre, a  été  rencontrée  par  M.  Quoy  à  la  Nou- 
velle-Zélande. 

Enfin ,  je  ne  terminerai  pas  cet  article 
sans  dire  que,  pendant  le  séjour  que  j'ai  fait 
en  Algérie,  j'ai  rencontré  plusieurs  espèces 
nouvelles  de  ce  genre  que  j'ai  décrites  et 
figurées  dans  le  magnifique  ouvrage  dont 
la  publication  a  été  ordonnée  il  y  a  deux 
ans  par  le  Ministère  de  la  guerre;  ces  es- 
pèces sont  les  M.  barbaraet  gracilipes  Luc. 
La  première  habite  l'est  et  l'ouest  de  l'Al- 
gérie; quand  à  la  seconde,  je  ne  l'ai  ren- 
contrée qu'aux  environs  d'Oran.     (H.  L.) 

MYGALE,  mam.  — Nom  latin  des  Des- 
mans.  Voy.  ce  mot.  (E.D.) 

*MYGALINA.  mam.  —Groupe  d'Insetii 


504 


MYI 


31YL 


voies  indiqué  par  M.  Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  et  comprenant  le  genre  Desman 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MYGINDA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Célastrinées-Elaeodendrées,  établi 
par  Jacquin  {Amer.,  24,  t.  16).  Arbris- 
seaux de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  célas- 

TRINÉES. 

MYIADESTES.  ois.—  Voy.  myadestes. 

*MYIAGRA  (p.wîa,  mouche  ;  à'yp«,  proie), 
ois.  —  MM.  Vigorset  Horsfield(Lmn.  trans., 
1825)  donnent  ce  nom  à  un  groupe  de  Gobe- 
Mouches.  (E.  D.) 

*MYIIVA.  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Chalcidides,  groupe  des  Encirtites,  de  l'ordre 
des  Hyménoptères,  établi  par  M.  Nées  von 
Esenbech  (Hymenopt.  Ichneumon.  Affinia), 
reconnaissable  surtout  à  des  antennes 
eourtes,  n'ayant  que  six  articles.      (Bl.) 

*M YIOBIUS  (  p-vra ,  mouche  ;  Gio's ,  vie  ). 
ois.  —  M.  G.-R.  Gray  (Gen.  of  Birds,  1840) 
donne  ce  nom  à  un  groupe  de  Gobe-Mou- 
ches. (E.  D.) 

*MYIOCINCLA  (p-vra,  mouche;  xîyxXoç, 
cincle  ).  ois.  —  Groupe  de  Merles,  suivant 
M.  Swainson  (Nat.  hist.  of  Birds,  1837). 

*MYIODIOCTES  (fW,  mouche;  Jt«x- 
tïjç  ,  persécuteur),  ois.  —  Groupe  de  Fau- 
vettes, Voy.  sylvie.  (E.  D.) 

*MYIOPHAGA  (j*v~a,  mouche;  ?«>,  je 
mange),  ois.  —  Groupe  de  Merles,  d'après 
M.  Lesson  (7Y.  d'ornithol.,  1831).  (E.  D.) 

MYIOTHERA.  dis.  —  Nom  latin  du 
genre  Fourmilier.  Voy.  ce  mot.     (E.  D.) 

*  MYIOTHÈRES.  Myiothera.  ois.  — 
M.  Ménétries  a  indiqué  sous  ce  nom  une 
famille  d'Oiseaux  correspondant  à  l'ancien 
genre  Fourmilier  des  auteurs  {Voy.  ce  mot), 
et  il  partage  cette  division  en  sept  genres  dis- 
tincts, désignés  sous  les  noms  de  Myioturdus, 
Myrmolhera  ,  Myiothera  ou  Fourmilier , 
Leptorhynchus ,  Oxypyga ,  Malacorhynchus 
çlConophaga.  Voy.  ces  divers  articles. 

Plus  anciennement,  Vieillot  avait  donné 
le  même  nom  de  Myiothères  à  une  famille 
d'Oiseaux ,  comprenant  les  genres  Platyr- 
rhynque ,  Rollier  ,  Conopophage ,  Gallite  , 
Moucherolle,  Tyran,  Bécarde ,  Pythis  et 
Ramphoçène.    Voy.    ces  divers  mots. 

,  (E.  D.) 

MYIOTHER1ÏMÉS.    ois.  —   Voy.  hyio- 

TEÈRES. 

*MYIOTLRDUS.   ois.    —  Genre   d'Oi- 


seaux formé  par  M.  Boié  aux  dépens  des 
Fourmiliers.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MYLABRIS.  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères hétéromères ,  famille  des  Trachélydes, 
tribu  des  Vésicants,  créé  par  Fabricius  {Sys- 
tema  enlomolog . ,  p.  2G1  ),  et  adopté  par  tous 
les  auteurs.  Près  de  150  espèces  rentrent 
dans  ce  genre;  nous  citerons  les  suivantes  : 
M.  trifasciata  ,  sidœ ,  lavaterœ ,  minuta,  Ca- 
pensis,  punctum,  ruficornis  de  F.,  oculata, 
cincta,variabilis,  bipunctata,  pusilla,  sangui- 
nolenta,  flexuosa,  scabiosœ,  20-punctata,  19- 
punctata,  pallipes,  6-maculala,  2-maculala 
01 .  On  les  trouve  seulement  dans  trois  parties 
du  monde  ,  l'Asie  ,  l'Afrique  et  l'Europe ,  et 
elles  remplacent  avantageusement ,  dans  la 
première ,  notre  Cantharis  vesicatoria.  Ce 
sont  des  Insectes  très  difficiles  à  reconnaître 
comme  espèces,  en  raison  des  variétés  in- 
nombrables qu'elles  présentent.  Leurs  larves 
ne  sont  pas  encore  décrites,  maison  sait 
qu'elles  habitent  sous  terre,  et  vivent  aux 
dépens  des  larves  de  certains  Hymé- 
noptères. (C.) 

*MYLACÉPHALE..Mytacep/ia/us.TÉRAT. 
—  Genre  de  Monstres  unitaires,  de  l'ordre  des 
Omphalosites,  de  la  famille  des  Acéphaliens. 
Voy.  ce  dernier  mot. 

*MYLACHIJS  (p.u/.axoç,  pierre  arrondie). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères,  divi- 
sion des  Cyclomides,  créé  par  Schœnherr 
{Gen.  et  sp.  Curculion.  syn.,  t.  VII,  1, 
p.  144  )  avec  une  espèce  de  Sibérie,  nom- 
mée M.  murinus  par  l'auteur.  (C.) 

*MYLANCHE,  Wallr.  {Orobanch.,  75). 
bot.  ph. — Syn.  d'Epiphegus,  Nutt. 

MYLESIS.  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
hétéromères,  famille  des  Mélasomes,  tribu 
des  Ténébrionites,  créé  par  Pallas  {Icônes), 
et  établi  avec  le  Tenebrio  gigas  de  F.,  espèce 
originaire  de  Cayenne.  (C.) 

MYLETES.  poiss.— Voy.  bah. 

*A1YLINUM,  Gaudin  (Flor.  helvet.,  II, 
344).  bot.  ph.  —  Synonyme  de  Selinum, 
Hoffm. 

MYLIOBATES(p-w>/3,  meule;  Gxtoç,  raie). 
poiss. — Genre  de  l'ordre  des  Chondroptéry- 
giens  à  branchies  fixes,  famille  des  Sélaciens, 
établi  par  M.  Duméril  aux  dépens  des  Raies. 
G.  Cuvier,  qui  adopte  ce  genre,  le  décrit 
ainsi  {Règne  animal,  t.  II,  p.  600):  Tête 
saillante  hors  des  pectorales;  celles-ci  plus 


MYJ 


MYO 


505 


larges  transversalement  que  dans  les  autres 
Raies.  Mâchoires  garnies  de  larges  dents 
plates,  assemblées  comme  les  carreaux  d'un 
pavé,  et  de  proportions  différentes.  Queue 
très  grêle,  longue,  terminée  en  pointe,  armée 
d'un  fort  aiguillon  dentelé  en  scie  des  deux 
côtés,  et  garnie  vers  sa  base,  en  avant  de 
l'aiguillon,  d'une  petite  dorsale.  Quelquefois 
il  y  a  deux  et  plusieurs  aiguillons. 

Parmi  les  espèces  de  ce  genre,  les  unes 
ont  le  museau  avancé  et  parabolique.  De  ce 
nombre  est  celle  désignée  vulgairement  sous 
les  noms  d'Aigle  de  mer,  Mourine,  Ratepe- 
nade,  Bœuf,  Pesce  ratto,  etc.  (Raia  aquîla 
L.).  Ce  Poisson  habite  la  Méditerranée  et 
l'Océan  où  il  devient  fort  grand. 

D'autres  espèces  ont  le  museau  divisé  en 
deux  lobes  courts,  sous  lesquels  en  sont 
deux  semblables.  Kuhl  leur  a  appliqué  le  nom 
de  Rhinoplera,  généralement  admis. 

Le  Myliobates  marginala  Geoffr.  (  Raia 
quadriloba  Less.)  est  la  principale  espèce  de 
ce  groupe.  (M.) 

*MYLL.<ENÀ  (fjiwnatvw  ,  faire  des  gri- 
maces ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  à  4 
articles  aux  pattes  antérieures  et  5  aux 
postérieures,  famille  des  Brachélytres,  tribu 
des  Oléochariniens,  créé  par  Erichson  (Gê- 
nera et  sp.  Slaphylinorum ,  p.  209).  Il  se 
compose  des  trois  espèces  suivantes  :  M.  du- 
bia,  intermedia  et  minuta  Er.  ;  elles  se  ren- 
contrent par  toute  l'Europe,  dans  les  détri- 
tus des  marais.  Ce  sont  de  très  petits  in- 
sectes excessivement  agiles.  (C.) 

*MYLLOCERUS  (pv»o;,  courbé  ;  xdpaç, 
antenne  ).  ins.  —  Genre  de  Curculionides 
gonatocères,  division  des  Phyllobides,  établi 
par  Schœnherr  (Disp.  meth. ,  p.  178;  Gen. 
et  sp.  Curcul.  syn.,  t.  II,  p.  424-7,  p.  3). 
Ce  genre  renferme  24  espèces;  19  appar- 
tiennent aux  Indes  orientales,  4  à  l'Afrique, 
et  1  est  originaire  de  l'Australie.  Parmi  ces 
espèces  sont  les  C.  viridanus,  denlipes,  dor- 
satus,  curvicornisY.,  isabellinus  Schcen.,  et 
Fabricii  Guérin.  (C.) 

MYLOCARYUM,  Willd.  (Enum.,  454). 
bot.  ph.— Syn.  de  Cliftonia,  Banks. 

MYLODON.  paléont.  —  Voy.  mégatbé- 

RIOÏDES. 

MYLŒCnUS  (^v)y),  meule;  °î'x°f»' > 
courir),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Clavicornes,  tribu  des 
Scnphidites,  créé  par  Latreille  (Gênera  Crus  t. 

T.   VIII. 


et  Ins.,  II,  p.  30),  et  qui  se  compose  des 
trois  espèces  suivantes  :  appendiculatus ,  bi- 
dentatus,  serripes  de  Gyllenhal  et  Sahlberg. 
Toutes  se  trouvent  dans  l'Europe  septentrio- 
nale. (C.) 

*MYMAR.  ins.  — Genre  de  la  famille  des 
Mymarides ,  tribu  des  Proctolrupiens ,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères,  établi  par  M.  Ha- 
liday,  et  adopté  par  la  plupart  des  entomo- 
logistes. Les  Mymar  ont  des  antennes  de 
treize  articles  dans  les  mâles,  et  de  neuf  dans 
les  femelles,  avec  une  massue  sans  divisions 
annulaires.  Le  type  est  le  M.  ovuloruw 
(Ichneumon  ovulorum  Lin.).  (Su) 

MYMARIDES.  Mymandœ.  ins.  —  Fa- 
mille de  la  tribu  des  Proctolrupiens ,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères,  établie  par  M.  Ha- 
liday,  et  caractérisée  par  des  ailes  étroites , 
quelquefois  linéaires ,  élargies  à  l'extrémité 
en  une  petite  spatule.  Cette  petite  famille 
peut  être  divisée  en  deux  groupes  :  les  My- 
marites,  comprenant  les  genres  Mymar , 
Anagyrus  et  Eustocus  ,  dont  les  tarses  ont 
quatre  articles;  et  les  Ooctonites  ,  compre- 
nant les  genres  Lytus,  Ooctonus  etAllaptus, 
dont  les  tarses  ont  cinq  articles.       (El.) 

MYNOMES.  mam.  —  Rafiuesque  {Amer, 
mag. ,  1808)  a  créé  sous  ce  nom  un  genre 
de  Rongeurs  ,  auquel  il  donne  pour  carac- 
tères :  Dents  semblables  à  celles  de  l'On- 
datra ;  quatre  doigts  onguiculés  aux  mem- 
bres postérieurs  ,  et  un  pouce  très  court  ; 
queue  velue  et  déprimée. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe  : 
c'est  le  Mynomes 2^/afensisde  Rafinesque,  es- 
pèce qui  habite  la  Pensylvanie,  et  qui  est 
encore  très  imparfaitement  connue.  A. -G. 
Desmarest  (Mamm.)  et  M.  Harlan  (Faun. 
amer.  )  pensent  que  l'on  doit  probablement 
r.-ipporter  le  M,  pralensis  à  quelque  espèce 
du  genre  Campagnol.  (E.  D.) 

*MYOBIA  {uvXa,  mouche;  Gioç,  vie),  ins. 
— Genre  de  l'ordre  des  Diptères  brachocères, 
famille  des  Musciens,  tribu  des  Muscides, 
établi  par  M.  Macquart  (Histoire  des  Diptè- 
res; Suites  à  Buffon,  t.  II,  p.  157),  et  dont 
les  caractères  essentiels  sont  :  Corps  étroit  ; 
épistome  saillant;  style  des  antennes  pu- 
bescent. 

Ce  genre  renferme  sept  espèces  qui  tou- 
tes habitent  la  France  et  l'Allemagne  (Myo- 
biaflavipes,  bicolor,  etc.).  Elles  se  reconnais- 
sent facilement  à  la  teinte  plus  ou  moins 

64, 


506 


MYO 


MYO 


jaunâtre  de  leur  corps,  de  leurs  antennes  et 
de  leurs  pieds.  Elles  vivent  principalement 
dans  les  souterrains  creusés  par  les  Hymé- 
noptères fossoyeurs,  et  déposent  leurs  œufs 
sur  les  Insectes  morts  qu'ils  ont  destinés  à 
nourrir  leurs  larves.  (L.) 

*MYOCEBUS  (f*vÇt  rat;  xrîfoç,  singe). 
mam.  —  Groupe  de  Lémuriens  correspondant 
au  genre  Myscebus  de  M.  Lesson.      (E.  D.) 

*MYOCERA  :(p.vwv  ,  partie  charnue; 
XEpaç,  antenne),  ins.  — Genre  de  Coléoptè- 
res subpentamères,  tétramères  de  Latreille, 
famille  des  Cycliques,  tribu  des  Galléru- 
cites,  formé  par  Dejean  (Catalogue,  3e  éd., 
p.  406)  avec  3  espèces  de  l'Amérique  mé- 
ridionale, les  M.  prionocera,  xanthodera  et 
pallidicollis  de  l'auteur.  La  première  est 
originaire  de  la  Guiane  française  ,  et  les 
deux  autres  se  trouvent  au  Brésil.      (C.) 

*MYOCHROUS(av:,  souris;  xpw^«, cou- 
leur), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères, tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Colaspidcs  (Chrysomé- 
lines  de  Lat.  ),  créé  par  nous  et  adopté  par 
Dejean  (Catalogue,  3e  édit.,  pag.  438),  qui 
en  cite  les  trois  espèces  suivantes  :  M.  sor- 
didus,  anobioides  et  melancholicus  Dej.;  on 
trouve  la  seconde  aux  États-Unis,  et  les  deux 
autres  sont  originaires  deCayenne.    (C.) 

MYOCONQUE.  Myoconcha  (^X,  mye; 
xôyxv),  coquille  ).  moll.  — Genre  proposé 
par  Sowerby,  comme  intermédiaire  entre 
les  Moules  ou  Modioles  et  les  Conques, 
pour  une  coquille  bivalve  fossile  des  ter- 
rains oolitiques.  Cette  coquille,  en  effet, 
équivalve  et  oblique,  a  la  forme  d'une  Mo- 
diole ,  mais  elle  a  deux  impressions  mus- 
culaires assez  grandes  ,  une  grande  dent 
cardinale  oblique  sur  la  valve  gauche ,  et 
un  ligament  tout-à-fait  extérieur  et  sail- 
lant. L'impression  palléale  ne  présente  pas 
de  sinus.  L'espèce  type  de  ce  genre  est  la 
M.  crassa.  (Duj.) 

*MY0C0RY1VA  (p.vwv  ,  excroissance  de 
chair;  xopvvn,  massue),  ins.  — Genre  de  Co- 
léoptères subpentamères,  tétramères  de  La- 
treille, famille  des  Cycliques,  tribu  des  Chry- 
somélines,  formé  par  Dejean  (Catalogue, 
3e  édit.,  p.  428)  cVec  une  espèce  du  Mexi- 
que :  la  M.  eumolpoides  Dej.  (violacea  Ch.). 

(C) 

*MYODA.  bot.  ph.  —  Genredela  famille 
des  Orchidées-Néottiées,  établi  par  Lindley 


(in  Wallich  Calalog.,  n.  7390).  Herbes  de 
l'Inde.  Voy.  orchidées. 

MYODAIRES.  Myodariœ.  ins.— M.  Ro- 
bineau-Desvoidy  a  établi  (Mém.  des  savants 
étrangers  de  l'Académie  des  sciences  de  Pa- 
ris ,  t.  II),  sous  le  nom  de  Myodaires,  Myo- 
dariœ, un  nouvel  ordre  d'Insectes  formé 
aux  dépens  du  grand  genre  Musca  de  Linné, 
et  correspondant  presque  entièrement  au 
genre  Musca  des  premières  éditions  de  Fa- 
bricius  ou  à  la  famille  des  Muscides  de  La- 
treille ,  en  en  retranchant  néanmoins  les 
genres  Diopsis,  Scenopina  et  Achias. 

Les  caractères  assignés  aux  Myodaires  par  < 
M.  Robineau-Desvoidy  sont  les  suivants  : 
Trompe  molle,  univalve,  coudée  à  la  base, 
renfermant  dans  une  gouttière  supérieure 
un  suçoir  composé  de  deux  filets;  toujours 
deux  palpes  supérieurs;  rarement  deux  ou 
quatre  palpes  inférieurs;  antennes  insérées 
au-dessus  du  péristome  ,  toujours  formées 
de  trois  articles,  dont  le  dernier,  ordinaire- 
ment le  plus  développé,  reçoit  toujours  sur 
son  dos  une  soie  composée  de  trois  articles 
plus  ou  moins  apparents;  cuillerons  souvent 
très  développés;  anus  des  femelles  terminé 
par  une  tarière  intérieure  ou  externe  dans 
les  races  destinées  à  perforer.  Larves  apodes 
ayant  la  bouche  armée  de  deux  crochets,  et 
vivant  de  substances  liquides  végétales  ou 
animales.  Nymphe  inactive,  à  coque  opaque, 
en  barillet ,  et  ne  montrant  aucune  partie 
de  l'insecte  parfait.  La  trompe  apparente 
des  Myodaires  les  sépare  nettement  d'avec 
les  OEstrides,  qui  n'ont  que  des  rudiments 
de  cet  organe;  leur  suçoir,  formé  de  deux 
soies ,  les  distingue  des  Syrphies  ,  qui  ont 
quatre  soies;  enfin  la  soie  antennaire,  in- 
sérée sur  les  côtés  ou  sur  le  dos  du  troisième 
article,  empêchera  toujours  de  les  confondre 
avec  les  Stratyomydes  ,  qui  ont  cette  même 
soie  continue  avec  le  troisième  article  ,  et 
étagée  ou  annelée. 

M.  Robineau-Desvoidy  a  pris  pour  bases 
de  sa  classification  divers  caractères  tirés  des 
cuillerons,  des  antennes,  delà  forme  et  de 
la  disposition  du  péristome,  etc.  ;  et  il  a  com- 
biné ces  divers  caractères  avec  les  mœurs 
et  la  manière  de  vivre  des  Insectes  qu'il 
étudie. 

Le  nombre  des  espèces  décrites  par  M.  Ro- 
bineau-Desvoidy ,  dans  son  Essai  sur  les 
Myodaires,  était  de  plus  de  3,000 ,  et  ce 


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507 


nombre  sera  encore  beaucoup  plus  considé- 
rable dans  le  travail  sur  les  Myodaires  des 
environs  de  Paris,  qu'il  publie  dans  ce  mo- 
ment-ci dans  les  Annales  de  la  Société  ento- 
mologique  de  France. 

La  classification  des  Diptères  adoptée  dans 
cet  ouvrage  n'est  pas  celle  de  M.  Robineau- 
Desvoidy  ;  toutefois  il  sera  parlé  des  familles 
et  des  genres  formés  par  ce  savant  entomo- 
logiste à  chacun  de  leurs  mots  alphabétiques, 
et  nous  renvoyons ,  pour  plus  de  détails  sur 
les  Myodaires,  aux  neuf  familles  qui  forment 
cet  ordre,  et  que  M.  Robineau-Desvoidy  dé- 
signe sous  les  noms  de  Calyptérées  ,  Méso- 

MYDES  ,  MALACOSOMES  ,  AciPHOCÉES  ,  PALOMY- 
DES,   NaPÉELLÉES,    PHYTOMYDES  ,    MlCROMYDES 

et  Muciphorées.  (E.  Desmarest.) 

*MYODERMA  (pîç,  souris  ;  <%*«,  peau). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  mélitophiles,  formé  par  Dejean  {Ca- 
talogue, 3e  édit.,  pag.  187),  et  adopté  par 
Burmeister  (  Handbuch  der  entomologie  ). 
Deux  espèces  du  Sénégal  rentrent  dans  ce 
genre  ,  les  M.  alutacea  Schr.  {sordida  Gr. 
P.  )  et  fuliginosa  Dej.  (C.) 

*MYODES.  mam.— Pallas  {loogr.  Rosso- 
Asiat.,  I,  1811  )  applique  cette  dénomina- 
tion à  un  groupe  de  Rongeurs  de  la  division 
des  Rats.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MYODES  ou  MYODITES  fatiSn,  mus- 
culeux).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hé- 
téromères,  famille  des  Trachélydes  ,  tribu 
desMordellones  (Rhipiphorites  de  Laporte), 
créé  par  Latreille  (Nouv.  Dictionn.  d'hist. 
nat.,  Déterville,  t.  XXII,  p.  131).  Il  ne  se 
compose  que  de  trois  espèces  :  M.  subdipte- 
rus  F.  {Dorthesti  Lat.  ),  Americana  Guer. 
(Lecontei  Dej.),  et  Lesueuri  Dejean.  La  pre- 
jmière  est  originaire  de  la  France  méridio- 
nale, et  les  deux  autres  proviennent  des 
jEtats-Unis.  Les  antennes  sont  en  éventail 
■  dans  les  deux  sexes.  (C.) 

MYODOCHUS.  ins.  — Genre  de  la  tribu 
des  Réduviens,  de  l'ordre  des  Hémiptères 
:hétéroptères,  établi  par  Latreille.  L'espèce 
'type,  le  Myodoque  serripède  ,  Myodochus 
scrripes,  Latr.,  se  trouve  dans  toute  l'Amé- 
rique septentrionale. 

*MYOGALEA.  mam.— Synonyme  de  My- 
gale. Voy.  l'article  desman.  (E.  D.) 

*MYOGALI\A.  mam.  —  M.  Charles  Bo- 
naparte (  Synops.  y   1837  )  donne  ce  nom  à 


une  division  des  Insectivores  comprenant  le 
genre  Desman.  Voyez  ce  mot.       (E.  D.) 

*MYOGALUM.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  desLiliacées-Hyacinthées,  établi  par 
Link  (Handb.,  I,  16i).  Herbes  bulbeuses, 
abondantes  dans  les  régions  centrales  et 
australes  de  l'Europe.  Voy.  liliacées. 

MYOLOGIE.  Myologia.  anat.  —  On  fait 
dériver  ce  mot  de  mus ,  qui  veut  dire  souris, 
et  de  (jivnv,  mouvoir;  ou  mieux  de  u.vwv, 
muscle,  et  de  Xoyos,  discours  :  partie  de  l'ana- 
tomie  qui  traite  des  muscles.  Il  ne  sera  ques- 
tion dans  cet  article  que  de  la  Myologie  au 
point  de  vue  des  généralités  seulement,  ne 
voulant  pas  entretenir  le  lecteur  des  descrip- 
tions innombrables  et  fastidieuses  relative- 
ment aux  divers  muscles  qui  peuvent  entrer 
dans  la  composition  d'un  animal,  surteutdans 
de  celle  d'un  vertébré.  Toutefois,  nous  indi- 
querons avec  soin,  et  d'après  une  planche  très 
exacte  de  ce  Dictionnaire,  tous  les  muscles 
superficiels  de  la  région  antérieure  du  corps 
humain  ;  cette  simple  description  suffira  pour 
donner  une  idée  précise  de  l'anatomie  des- 
criptive. Plus  de  détails  à  ce  sujet,  et  des 
connaissances  plus  précises  en  Myologie  , 
rentreraient  dans  le  domaine  de  la  méde- 
cine et  plus  encore  dans  celui  de  la  scléro- 
tomie,  science  toute  nouvelle,  dont  M.  J. 
Guérin  a,  le  premier,  posé  les  bases  en 
établissant  la  chirurgie  sous-cutanée.  A  part 
donc  l'application  qu'on  peut  faire  de  la 
Myologie,  envisagée  sous  certains  rapports  , 
à  l'art  de  guérir ,  ce  qu'il  y  a  de  plus  utile 
à  connaître  dans  l'étude  des  muscles  c'est 
assurément  la  direction  dans  laquelle  leurs 
fibres  se  raccourcissent  et  s'allongent  alter- 
nativement sous  l'influence  d'un  stimu- 
lus vital  ou  de  l'irritabilité  musculaire. 
Mais  de  quelle  nature  est  cette  irritabilité, 
et  d'où  vient-elle?  Suivant  M.  Straus,  les 
fibres  musculaires  sont  articulées  et  com- 
posées de  petites  plaques  pliées  trois  fois 
sur  elles-mêmes ,  et  chaque  fibre  serait  une 
espèce  de  pile  galvanique  formée  de  sub- 
tance musculaire  et  de  sublance  nerveuse. 
Le  raccourcissement  de  la  fibre  serait  pro- 
duit par  l'attraction  de  ses  deux  éléments, 
chargés  chacun  d'une  électricité  contraire. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  explications  ingé- 
nieuses, toujours  est-il  que  l'élément  nerveux 
accompagne  constamment  la  fibre  muscu- 
laire, en  sorte  que  la  présence  de  celle-ci 


508 


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implique  nécessairement  celle  de  l'autre. 
D'après  cela ,  tous  les  muscles  se  trouvent 
sous  la  dépendance  d'un  principe  nerveux 
qui  se  transmet  à  l'aide  d'une  substance 
blanchâtre ,  revêtant  diverses  formes,  et  qui 
détermine  le  plissement  en  zigzag  de  la  fibre 
musculaire.  Seulement  ce  même  principe 
de  l'irritabilité  qui  préside  au  mouvement 
vital  des  muscles  est  tantôt  soumis  à  la 
volonté  de  l'être  et  tantôt  indépendant 
d'elle.  C'est  une  même  cause  produisant 
souvent  des  effets  bien  distincts,  la  con- 
tractilité  volontaire  d'une  part  et  la  con- 
tractiîité  involontaire  de  l'autre.  De  là  cette 
distinction  admise  par  les  anatomistes  de 
muscles  volontaires  ou  de  la  vie  animale,  et 
de  muscles  involontaires  ou  de  la  vie  orga- 
nique. Les  premiers  reçoivent,  chez  les  ani- 
maux d'une  organisation  élevée,  des  nerfs 
qui  sont  en  rapport  immédiat  avec  l'axe 
cérébro-spinal ,  et  qui  leur  transmettent  le 
plus  souvent  la  sensibilité  et  le  mouvement 
volontaire.  Les  seconds ,  chez  ces  mêmes 
animaux,  reçoivent  la  majeure  partie  de 
leurs  nerfs  des  masses  ganglionnaires  dis- 
tribuées par  groupes  dans  l'abdomen  ,  le 
thorax,  etc.,  et  ces  nerfs  leur  transmet- 
tent le  principe  d'une  sensibilité  obtuse  en 
même  temps  que  celui  d'un  mouvement 
qui  n'est  plus  sous  la  dépendance  du  moi , 
ou  de  cet  empire  que  l'âme  exerce  sur  le 
système  nerveux  de  la  vie  de  relation.  Mais 
si  les  muscles  de  la  vie  animale  et  ceux  de 
la  vie  organique  se  trouvent,  chez  l'homme 
et  la  plupart  des  vertébrés ,  sous  la  dépen- 
dance de  deux  systèmes  nerveux  bien 
distincts  l'un  de  l'autre,  quoique  commu- 
niquant toujours  ensemble  par  des  anasto- 
moses, il  n'est  plus  possible,  chez  les  inver- 
tébrés en  général ,  d'assigner  une  source 
distincte  au  principe  de  l'irritabilité  muscu- 
laire. La  disparition  de  l'axe  cérébro-spinal 
chez  la  plupart  d'entre  eux  ne  permet  plus 
de  préciser  quelle  est  l'origine  des  nerfs  de 
la  vie  animale  et  celle  de  la  vie  organique. 
On  serait  même  tenté  de  croire ,  d'après  ce 
qui  se  passe  dans  la  formation  de  l'orga- 
nisme,que  lecerveauetla  moelle  allongée  ve- 
nant à  manquer,  ce  serait  le  système  nerveux 
viscéral  qui  en  remplirait  les  fonctions  chez 
les  invertébrés.  Cependant  la  dégradation 
du  grand  sympathique  chez  les  classes  infé- 
rieures des  vertébrés  eux-mêmes  est  assez 


significative,  il  nous  semble,  pour  ne  pas 
laisser  le  moindre  doute  sur  la  réalité  des 
faits ,  et  pour  faire  admettre  que  le  contraire 
a  lieu.  C'est  donc  des  masses  nerveuses 
correspondantes  aux  ganglions  rachidiens 
qu'émaneraient  chez  les  invertébrés  le  mou- 
vement volontaire,  le  mouvement  involon- 
taire et  la  sensibilité.  On  trouvera  à  l'article 
système  nerveux  tous  les  détails  nécessaires  à 
ce  sujet.  Pour  le  moment,  il  nous  suffit  d'é- 
tablir ici  que  la  contractilité  volontaire  et  la 
contractilité  involontaire  des  muscles  en 
général  trouvent  leur  source  de  mouvement 
et  de  sensibilité  dans  le  système  nerveux 
ganglionnaire,  symétrique  ou  rachidien  ,  et 
que  le  système  ganglionnaire  asymétrique  , 
viscéral  ou  grand  sympathique ,  fraction 
plus  ou  moins  modifiée  du  premier,  pré- 
side plus  spécialement  au  mouvemeut  invo- 
lontaire de  certains  muscles,  sans  toutefois 
cesser  de  leur  transmettre  la  sensibilité. 

La  preuve  de  tout  ceci,  c'est  qu'en  effet 
certains  muscles  involontaires  de  l'homme 
et  de  plusieurs  animaux  obéissent  dans 
d'autres  à  la  volonté  ;  tel  est ,  par  exemple, 
l'estomac  des  Ruminants,  dont  les  mouve- 
ments se  dirigent  à  leur  gré  dans  deux 
sens  différents.  D'autres  muscles  paraissent 
d'une  nature  mixte;  ce  sont  ceux  de  la  res- 
piration, indépendamment  de  cela,  tout  le 
monde  sait  que  les  passions  violentes  agis- 
sent sur  les  muscles  involontaires,  que  la 
volonté  a  dans  les  maladies  nerveuses  qui 
paraissent  avoir  le  moins  de  rapport  avec 
les  passions,  du  moins  avec  celles  qu'on 
peut  ressentir  dans  le  moment,  le  pouvoir 
d'en  empêcher  les  accès  lorsqu'on  prend  sur 
soi  d'y  résister  avec  fermeté.  Il  n'est  pas 
jusqu'aux  mouvements  du  cœur  qui  n'aient 
pu  par  la  volonté  être  suspendus.  Bayle, 
au  dire  de  Ribes,  et  un  capitaine  anglais  a- 
vaient  ce  pouvoir  porté  à  un  haut  degré.  Que 
si  nous  écartons,  d'après  cela,  la  distinc- 
tion établie  par  les  anatomistes  entre  les 
muscles  volontaires  et  les  muscles  involon- 
taires ,  le  cadre  que  nous  nous  sommes 
tracé  d'avance,  de  n'envisager  la  Myologie 
qu'au  point  de  vue  des  généralités ,  n'en 
sera  que  plus  précis.  Nous  avons  donc  à 
examiner  actuellement  dans  cet  article  quels 
sont  les  caractères  essentiels,  différentiels 
et  fontionnels  des  muscles. 

Tout  muscle,  et  nous  entendons  par  là 


MYO 


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509 


des  organes  plus  ou  moins  rouges  ou  blan- 
châtres ,  charnus  ,  fibreux  et  éminemment 
contractiles ,  est  composé  de  faisceaux  min- 
ces, de  filaments  rangés  les  uns  à  côté 
des  autres  (1).  Les  fibres  le  plus  déliées 
que  nous  puissions  apercevoir  ne  parais- 
sent point  creuses,  et  il  semble  qu'on  peut 
les  regarder  comme  les  réunions  les  plus 
simples  des  molécules  essentielles  de  la  sub- 
stance charnue.  Les  éléments  de  la  sub- 
tance fibreuse  paraissent  tellement  rappro- 
chés dans  le  sang  qu'il  suffit  d'un  peu  de 
repos  pour  qu'il  se  coagule.  Les  muscles 
semblent  être  les  seuls  organes  capables  de 
séparer  cette  matière  de  la  masse  du  sang 
et  de  se  l'approprier.  Le  fluide  blanc  qui 
tient  lieu  de  sang  chez  un  grand  nombre 
d'animaux  contient  égalementde  la  fibrine  ; 
mais  celle-ci  neseprend  pas  en  caillot  etses  fi- 
laments, d'après  Hombert,  nagent  seulement 
dans  le  sérum.  On  attribue  généralement 
la  production  de  la  fibrine  aux  phénomènes 
de  la  respiration,  et  l'on  croit  que  cette 
substance  entretient  l'irritabilité  muscu- 
laire. Cependant,  quoiqu'il  n'y  ait  point 
d'irritabilité  sans  fibrine,  cette  propriété  ne 
se  manifeste  point  dans  la  fibrine  pure, 
isolée  et  hors  de  l'agrégation  organique;  elle 
ne  la  conserve  que  dans  l'état  de  vie,  et 
tant  que  subsistent,  comme  nous  l'avons 
dit,  ses  connexions  naturelles  avec  les  nerfs 
d'une  part  et  les  vaisseaux  de  l'autre.  Les 
animaux  qui  n'ont  point  de  nerfs  distincts 
et  séparés  n'ont  point  non  plus  de  fibres 
charnues  visibles.  Dans  ce  cas  l'irritabilité 
et  la  sensibilité  ne  paraissent  point  exclusi- 
vement attribuées  chez  eux  à  des  systèmes 

(0  Suivant  Bauer  et  Home  ,  la  fibre  musculaire  se  compose 
ieparticules  du  sang  dépourvues  de  matière  colorante,  et 
dont  les  globules  centraux  se  sont  réunis  en  filaments  ;  telle 
•st  l'opinion  de  Béciard  et  de  MM.  Prévost,  Dumas  et  Miluc 
Edwards  Ces  fibres  ont  la  même  grosseur  et  la  même  forme 
ilans  tous  les  muscles.  M.  Dutrocliet,  en  parlant  de  la  for- 
mation de  la  fibre  musculaire,  dit  que  si  l'on  jette  quel- 
ques gouttes  de  sang  dans  de  l'eau  légèrement  alcaline ,  par 
laquelle  les  globules  soient  dissous,  que  l'on  place  sur  une 
lame  de  verre  un  peu  de  cette  eau,  et  qu'on  la  mette  conve- 
nablement en  rapport  avec  les  deux  pôles  d'une  pile  vol- 
taique,  on  voit  bientôt,  à  l'aide  du  microscope,  se  former  des 
fibres  musculaires  qui  se  contractent  de  la  manière  connue. 
Turpin,  qui  a  répété  les  expériences  de  M.  Dutrocliet,  n'a 
point  obtenu  les  mêmes  résultats.  Suivant  M.  Raspail  ,  l'ar- 
rangement des  molécules  élémentaires  du  tissu  musculaire 
est  fort  différent  de  celui  qui  a  été  indiqué  par  les  auteurs  ; 
la  vésicule  organique  élémentaire  du  muscle  résulterait  de 
-«  combinaison  de  l'iiydrogene  ,  de  l'oxygène  et  du  carbone. 


particuliers  d'organes.  Ces  sensations  sont 
dues  à  un  principe  nerveuy  resté  diffus 
dans  l'organisation  et  en  rapport  avec  un 
tissu  fibreux  élémentaire. 

Les  choses  qui  excitent  occasionnellement 
les  fibres  à  s'irriter  sont,  d'après  Cuviert 
de  cinq  ordres  :  la  volonté  des  actions  exté- 
rieures dirigées  sur  les  nerfs,  les  actions  ex« 
térieures  dirigées  sur  la  fibre  elle-même, 
les  actions  mixtes  dans  lesquelles  on  opéra 
sur  les  nerfs  et  sur  la  fibre ,  et  enfin  cer* 
tains  états  maladifs  ou  certaines  passion! 
violentes.  Les  fibres  musculaires  du  cœuf 
et  celles  des  intestins  se  contractent  parca 
qu'elles  sont  sans  cesse  exposées  à  l'action 
d'une  cause  irritante  de  l'ordre  des  exté- 
rieures, le  sang  d'une  part  et  les  aliments 
de  l'autre.  Un  muscle  également  qui  serait 
exposé  à  nu  à  l'action  de  causes  irritantes 
se  contracterait  indépendamment  de  toute 
participation  de  la  volonté.  Mais  si  un  nerf 
principal  est  coupé,  ou  lié  fortement ,  les 
muscles  auxquels  il  se  distribuait  n'obéis- 
sent plus  à  la  volonté,  et  cessent  bientôt 
de  se  contracter.  A  la  vérité,  on  peut,  en 
excitant  un  tronc  nerveux  qui  tiendrait  à 
un  muscle  séparé  du  corps,  déterminer  des 
mouvements  convulsifs  et  produire  cet  effet 
même  après  la  mort;  mais  cette  imitation 
de  la  volonté  ne  saurait  être  ni  complète 
ni  durable  surtout.  Les  expériences  galva- 
niques rendent  très  probable  que  l'action 
des  nerfs  sur  les  muscles  s'opère  à  l'aide 
d'un  fluide  invisible  qui  change  de  nature 
ou  de  quantité  sur  la  fibre,  dans  des  cir- 
constances déterminées. 

Les  convulsions  galvaniques  ne  peuvent 
donc  être  rapportées  qu'à  un  changement 
d'état  intérieur  du  nerf  et  de  la  fibre  ,  à  la 
production  duquel  ces  deux  organes  concou- 
rent. On  a  même,  dans  les  sensations  galva- 
niques qui  arrivent  sur  le  vivant,  la  preuve 
que  ce  changement  d'état  peut  avoir  lieu 
dans  le  nerf  seul ,  soit  qu'il  consiste  en  un 
simple  mouvement  de  translation  ,  ou  en 
une  décomposition  chimique.  La  fibre  serait 
donc  simplement  passive  dans  ces  contrac- 
tions ;  mais  il  faudrait  toujours  reconnaître 
qu'elle  est  la  seule  partie  du  corps  consti- 
tuée de  manière  à  recevoir  cette  sorte  d'im- 
pression de  la  part  du  nerf,  car  des  nerfs 
se  distribuent  à  une  multitude  d'autres  par- 
ties sans  leur  communiquer  la  moindre  ap- 


610 


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MYO 


parence  d'irritabilité  (1).  Les  muscles  sur 
lesquels  la  volonté  a  perdu  son  empire  par 
\  leur  paralysie  ou  par  la  ligature  d'un  tronc 
nerveux  peuvent  également  obéir  aux  sti- 
mulants extérieurs  galvaniques  ou  autres, 
parce  que  le  nerf,  dans  cet  état,  conserve 
la  faculté  de  produire  ou  de  transmettre  le 
fluide  qui  doit  faire  contracter  la  fibre.  Au 
1  reste,  tout  prouve  que  l'action  des  nerfs  sur 
la  fibre  n'emporte  pas  nécessairement  con- 
science et  sensation.  Cela  se  voit  par  les 
exemples  de  membres  insensibles  qui  ne  lais- 
sent pas  de  se  contracter  sous  l'influence  des 
stimulus ,  et  par  ceux  des  viscères  qui  sont 
dans  un  mouvement  continuel  en  nous  sans 
que  nous  nous  en  apercevions.  Un  nerf  coupé 
et  réuni  ensuite,  d'après  Arnemann ,  a  pu 
recouvrer  la  faculté  de  transmettre  le  mou- 
vement volontaire  et  non  celle  de  la  sensi- 
bilité. Au  surplus,  les  nerfs  paraissent  pou- 
voir exercer  par  leur  propre  substance  la 
partie  purement  physique  de  leurs  fonc- 
tions; et  si  celles-ci  dépendent  d'un  fluide, 
ce  fluide  doit  pouvoir  naître  de  tous  les 
points  de  la  substance  médullaire. 

Pour  reconnaître  l'action  des  derniers 
filets  nerveux  sur  la  fibre  musculaire  ,  et 
pour  distinguer  au  besoin  une  artère  d'un 
petit  nerf,  M.  de  Humboldt  a  imaginé  un 
moyen  fort  simple  et  très  ingénieux  en 
même  temps.  Il  se  sert  d'une  aiguille  d'or 
et  d'une  d'argent,  qu'on  applique,  l'une 
au  muscle,  l'autre  au  filet  dont  on  veut 
reconnaître  la  nature  ,  et  qu'on  fait  tou- 
cher par  leur  autre  extrémité.  Si  c'est  un 
nerf,  les  contractions  doivent  s'ensuivre  : 
autrement  il  n'y  a  point  de  résultat  obtenu. 
D'après  cela,  et  d'après  ce  que  nous  avons  dit 
plus  haut ,  il  est  bien  reconnu  que  le  con- 
cours du  nerf  est  nécessaire  pour  produire 

(i)  Pourtant,  et  d'après  les  expériences  que  vient  d'entre- 
prendre M.  Mandl  sur  le  système  nerveux  ,  on  pourrait  con- 
cevoir que  des  tissus  non  fibreux  seraient  mus  par  la  con- 
traction propre  du  nerf  lui-même  ,  puisqu'il  a  aperçu  sur 
des  nerfs  de  la  sangsue,  bien  dépouillés  de  leur  enveloppe 
noirâtre  et  isolés  du  corps  de  l'animal,  des  contractions  vitales 
qui  rappellent  complètement  celles  des  fibres  musculaires. 
A  la  vérité,  l'auteur  ajoute  que  ces  contractions  de  nerfs  n'ont 
pas  pu  être  constatées  toujours  ;  il  régnerait ,  même  à  cet 
égard,  des  variétés  individuelles.  Les  nouvelles  expériences 
que  M.  Mandl  se  propose  d'entreprendre  soit  pour  consta- 
ter ce  fait,  soit  pour  connaître  les  stimulants  qui  pourront 
augmenter  ou  diminuer  les  contractions  des  fibres  ner- 
veuses, nous  paraissent  donc  nécessaires  ,  et  doivent  précé- 
âer  l'adoption  d'un  fait  qui  aurait  une  importance  physio- 
logique marquée  s'il  était  démontré. 


la  contraction  de  la  fibre,  et  que  ,  de  son 
côté,  la  fibre  charnue  paraît  seule,  jusqu'à 
présent ,  susceptible  de  subir  cet  effet  de  la 
part  du  nerf. 

Les  muscles,  qui  sont,  en  quelque  sorte, 
réduits  à  un  état  rudimentaire  dans  les  ani- 
maux inférieurs,  deviennent  de  plus  en  plus 
nombreux  dans  les  classes  plus  élevées,  et 
forment,  dans  les  Vertébrés  surtout,  la  plus 
grande  partie  de  la  masse  du  corps.  Ensuite, 
quant  à  l'action  de  ces  fibres,  voici  ce  qu'on 
observe  :  au  moment  de  la  contraction ,  le 
muscle  se  raccourcit;  quelques  anatomistes 
ont  pensé  qu'il  éprouvait  alors  une  diminu- 
tion de  volume;  d'autres,  au  contraire,  ont 
nié  ce  fait.  Il  est  très  probable  pourtant, 
d'après  les  expériences  de  MM.  Prévost  et  Du- 
mas, Barzoletti,  Mayo,  etc. ,  que  le  muscle  ne 
change  point  de  volume,  et  que  le  gonfle- 
ment qui  existe  est  l'effet  du  raccourcisse- 
ment des  fibres.  La  contraction  des  muscles 
produit  aussi  un  endurcissement  momentané 
de  leur  tissu,  qu'on  ne  saurait  attribuer  à 
l'affluence  plus  grande  du  sang  pendant  que 
les  fibres  se  raccourcissent.  Au  moment  de 
l'action  contractile  des  muscles ,  les  fibres 
sont  agitées  d'un  mouvement  continuel  ré- 
sultant de  leur   inégal  raccourcissement; 
c'est  à  ce  mouvement  qu'on  a  donné  le  nom 
d'agitation  fibrillaire,  et  qu'est  dû  le  bruis- 
sement particulier  qu'on  entend,  soit  à  l'aide 
du  stéthoscope  ,  soit  en  appliquant  l'oreille 
sur  un  muscle  qu'on  fait  mouvoir.  La  con- 
traction est  quelquefois  très  rapide  dans  un 
muscle  ,  et  sa  force  peut  déterminer  alors  la 
rupture  des  parties  les  plus  résistantes  du 
corps,  telles  que  des  tendons  des  os,  etc.  On 
peut,  d'après  le  docteur  Rameaux,  évaluer 
la  force  d'un  muscle,  lorsque  celui-ci  se  con- 
tracte lentement ,  d'après  le  poids  le  plus 
lourd  que  cet  organe  puisse  soutenir;  mais 
comme  toute  force  peut  être  représentée  par 
une  certaine  masse  multipliée  par  la  vitesse, 
la  force  d'un  muscle  sera  égale  à  sa  puis- 
sance multipliée  par  la  vitesse  de  contrac- 
tion. D'où  l'on  voit  que  dans  toutes  les  cir- 
constances où  un   muscle   se    contractera 
avec  une  extrême  vitesse ,  la  force  de  cet 
organe  augmentera    avec   ce   facteur ,    et 
pourra  même   devenir   prodigieuse.    C'est 
donc  à  la  vitesse  de  contraction  des  mus- 
cles et  non  à  la  puissance  de  contraction 
qu'il  faut  attribuer  les  ruptures  de  certains 


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a 


tendons  et  de  différents  os.  Ce  qui  vient  à 
l'appui  de  cette  opinion  ,  c'est  que  les  rup- 
tures se  font  non  pas  dans  de  grands  efforts 
à  soutenir,  mais  dans  des  mouvements  au- 
tomatiques, brusques,  rapides,  comme  dans 
ceux  qui  ont  pour  but  de  prévenir  unechute, 
d'éviter  un  choc,  etc.  Quant  à  l'étendue  de 
la  contraction  ,  considérée  dans  le  tissu  lui- 
même  ,  elle  est  relative  à  la  longueur  des 
fibres  musculaires;  l'on  a  évalué,  d'après 
des  expériences  directes ,  qu'une  fibre  con- 
tractée se  raccourcissait  d'un  quart  de  sa 
longueur  environ.  Il  est  d'observation  éga- 
lement que  l'irritabilité  musculaire  est  gé- 
néralement diminuée  par  le  froid  ou  la  cha- 
leur portée  à  un  haut  degré,  de  même  que 
par  l'application  immédiate  de  l'opium  et  de 
quelques  autres  substances.  Enfin  la  disten- 
sion d'un  muscle  peut  empêcher  son  ac- 
tion; son  raccourcissement  l'influence  bien 
moins. 

La  contraction  trop  prolongée  des  mus- 
cles cause  une  sensibilité  douloureuse  ,  et 
lorsqu'elle  a  été  longtemps  continuée ,  la 
fatigue,  ainsi  poussée  à  l'extrême,  détermine 
un  épuisement  général ,  qui  entraîne  invin- 
ciblement à  un  repos  absolu.  Ce  repos  alors 
devient  indispensable,  si  l'on  ne  veut  point 
courir  de  grand  danger  pour  la  vie.  Indépen- 
damment des  généralités  que  nous  venons 
d'exposer,  les  muscles  sont  encore,  au  point 
de  vue  d'autres  considérations,  l'objet  de 
toute  l'attention  des  anatomistes  et  des  phy- 
siologistes. C'est  ainsi  que  chez  l'homme  on  a 
remarqué  que  les  muscles  sont  disposés  sui- 
vant des  inclinaisons  variées,  juxtaposés  par 
leurs  faces ,  séparés  ou  groupés ,  ou  isolés  les 
uns  des  autres  par  des  enveloppes  aponévro- 
tiques  ;  qu'il  y  en  a  de  longs,  de  larges  et  de 
courts  ;  que  Ici  premiers  ,  qui  sont  aussi  les 
plus  superficiels  du  corps,  diminuent  gra- 
duellement de  la  superficie  vers  la  profon- 
deur; que  les  seconds  forment  les  parois 
mobiles  des  cavités  abdominales,  thoraciques 
et  crâniennes,  et  que  les  troisièmes  occu- 
pent toujours  le  voisinage  des  articulations. 
Relativement  au  volume  des  muscles ,  il 
s'exerce  dans  les  limites  les  plus  étendues, 
depuis  les  fibrilles  microscopiques  des  osse- 
lets de  l'ouïe  et  autres,  jusqu'aux  vastes 
faisceaux  du  grand  fessier.  Le  volume  qui 
dépend  de  la  quantité  de  fibres  est,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  un  indice  de  la  force 


proportionnelle  des  muscles  dans  un  même 
sujet  :  ainsi  les  muscles  longs,  dont  une  di- 
mension l'emporte  de  beaucoup  sur  les  deux 
autres  ,  sont  relativement  les  plus  faibles  ; 
les  muscles  courts,  dont  les  trois  dimensions 
se  rapprochent,  sont,  au  contraire,  les  plus 
forts. 

La  couleur  des  Muscles  présente  égale- 
ment chez  l'homme  des  différences  indivi- 
duelles et  des  différences  entre  eux  dans  un 
même  sujet.  Elle  est  d'un  rouge  violacé 
chez  les  sujets  bruns ,  d'un  rouge  sanguin 
dans  les  individus  châtains,  et  d'un  rouge 
jaunâtre  chez  les  blonds  fades.  Dans  un 
même  sujet,  les  muscles  à  fibres  courtes, 
fines  et  serrées ,  sont  plus  colorés  que  ceux 
dont  les  fibres  sont  larges  et  moins  adhé- 
rentes entre  elles.  En  général,  les  muscles 
des  membres  sont  plus  colorés  que  ceux  du 
tronc,  et  ceux  de  la  face  les  plus  pâles. 

L'étude  de  la  Myologiea  été  portée  si  loin 
chez  l'homme ,  que  l'on  a  été  même  jusqu'à 
compter  les  muscles  du  corps.  C'est  ainsi 
que  Chaussier  en  a  trouvé  374 ,  bien  qu'il 
soit  impossible ,  dans  un  sujet  aussi  arbi- 
traire, d'offrir  un  résultat  non  contestable, 
les  mêmes  faisceaux,  plus  ou  moins  con- 
fondus par  l'une  de  leurs  attaches,  étant 
considérés  par  quelques  anatomistes  comme 
un  seul  muscle,  et  par  d'autres  comme  au- 
tant de  muscles  différents.  A  part  ces  dif- 
ficultés, il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des 
variétés  et  des  anomalies  dans  leur  nombre 
et  dans  leur  situation  ;  tel  est,  par  exem- 
ple, le  fait  d'un  muscle  sternal  antérieur 
que  nous  avons  rencontré  très  développé  sur 
un  fœtus  de  4  mois  et  demi,  parfaitement 
conformé  du  reste,  et  ceux  de  tant  d'autres 
cités  par  les  divers  auteurs  anciens  et  mo- 
dernes. 

Les  muscles,  ayant  pour  objet  le  mou- 
vement, sont  prodigués  dans  les  parties 
les  plus  actives  et  où  des  forces  opposées 
sont  nécessaires  ;  aux  membres  ils  sont 
multipliés  dans  de  petits  espaces  ,  tandis 
que  quelques  uns,  très  étendus,  suffisent 
pour  les  vastes  parois  du  tronc.  Leur  nom- 
bre aussi  n'est  pas  en  rapport  avec  celui  des 
os  ;  un  seul  muscle  recouvre  le  crâne  où  se 
trouvent  huit  os,  et  par  opposition  l'avant- 
bras,  pour  deux  os,  compte  vingt  muscles; 
un  seul  os,  le  fémur,  fournit  des  attaches  à 
vingt-deux  de  ces  organes.  Par  rapport  aux 


512 


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deux  moitiés  du  corps,  les  muscles  sont  en 
nombre  pair.  Il  n'y  en  a  d'impairs  que  sur 
le  plan  moyen;  encore  sont -ils  formés  de 
deux  moitiés  symétriques.  Indépendamment 
de  la  partie  charnue  ,  les  muscles  offrent 
dans  leur  structure  des  parties  tendineuses 
et  aponévrotiques  qui  lui  sont  accessoires. 
Les  premières  terminent  les  muscles  longs , 
en  s'implantant  sur  les  os ,  les  secondes  se 
fixent  par  leurs  bords.  L'insertion  oblique 
des  fibres  musculaires  donne  lieu  à  diverses 
Combinaisons  :  tantôt  un  tendon  mitoyen 
reçoit  des  fibres  obliques  des  deux  côtés ,  ou 
Un  tendon  latéral  en  reçoit  d'un  seul  côté  ; 
dans  le  premier  cas  le  muscle  est  dit  penni- 
forme,  et  dans  le  second  semipenniforme. 
Lorsqueles  fibres  entrecoupées  d'aponévroses 
convergent  d'une  circonférence  vers  le  ten- 
don commun  ,  elles  forment  un  muscle 
rayonné,  etc.,  etc. 

Le  lieu  occupé  par  un  muscle  et  les  obli- 
quités qu'il  présente  par  rapport  aux  divers 
plans  sont ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
avec  les  attaches,  les  circonstances  les  plus 
importantes  à  considérer  sous  le  point  de 
vue  physiologique,  puisqu'elles  déterminent 
ses  usages.  En  général ,  les  faisceaux  char- 
nus situés  dans  un  même  plan,  par  rapport 
aux  articulations  qu'ils  font  mouvoir,  ont 
des  usages  analogues.  Les  muscles  de  l'a- 
vant-bras  sont  presque  tous  fléchisseurs  en 
avant,  extenseurs  en  arrière,  pronateurs  en 
dedans,  et  en  dehors  supinateurs.  La  direc- 
tion d'un  muscle  est  représentée  par  une 
ligne  passant  au  milieu  de  ses  attaches, 
et  qui  indique  la  résultante  moyenne  de  ses 
forces.  L'inclinaison  de  cette  ligne  par  rap- 
port aux  divers  plans  ou  à  l'axe  des  os,  en 
même  temps  qu'elle  fixe  la  situation  relative 
d'un  muscle,  fait  préjuger  des  moindres 
particularités  de  ses  usages  et  de  l'intensité 
de  son  action,  proportionnellement  à  son 
volume  et  au  mode  plus  ou  moins  avanta- 
tageux  d'implantation  de  ses  fibres.  Consi- 
dérée sous  le  point  de  vue  des  forces,  la 
direction  offre  des  applications  variées.  La 
plupart  des  muscles  s'insèrent  obliquement 
sur  des  os,  sur  des  angles  variés.  Les  longs 
muscles  superficiels  des  membres ,  presque 
parallèles  aux  leviers  qu'ils  font  mouvoir, 
perdent  beaucoup  de  leur  puissance  par  le 
désavantage  de  leur  direction.  Les  muscles 
courts  sont  en  général  dans  des  conditions 


inverses.  Enfin,  dans  beaucoup  de  muscles, 
la  direction  première  est  plus  ou  moins  mo- 
difiée par  les  saillies  articulaires ,  et  dans 
quelques  uns  par  la  réflexion  de  leurs  ten- 
dons dans  des  coulisses  ou  des  poulies  spé- 
ciales. Pour  ce  qui  est  relatif  ensuite  aux 
connexions  des  muscles ,  il  est  évident , 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  que  cette  par- 
tie de  la  Myologie  n'a  de  l'importance  qu'au 
point  de  vue  chirurgical  ;  aussi  éviterons- 
nous  d'en  parler  ici  d'une  manière  spéciale, 
devant  surtout  entrer  dans  quelques  détails 
arides  d'anatomie  descriptive. 

Muscles  de  la  face.  —  Voy.  planche  2 
des  Mammifères. 

Ces  muscles  sont  tous  groupés  autour  des 
ouvertures  naturelles  de  la  région  antérieure 
de  la  tête,  et  peuvent  se  réduire,  d'après 
M.  Cruveilhier,  à  des  dilatateurs  et  à  des 
constricteurs  ;  l'orifice  des  fosses  nasales 
est  seul  dépourvu  de  ce  dernier.  Les  pau- 
pières devant  s'ouvrir  et  se  fermer  en  masse, 
les  narines  devant  rester  habituellement  ou- 
vertes, la  peau  qui  forme  ces  ouvertures  est 
doublée  dune  lame  cartilagineuse ,  qui  lui 
donne  la  tension,  la  résistance  et  l'élasticité 
dont  elle  avait  besoin;  et  c'est  à  cette  lame 
cartilagineuse  que  s'insèrent  les  muscles. 
A  l'orifice  de  la  bouche  nous  ne  trouvons 
rien  de  semblable;  les  muscles  s'insèrent 
à  d'autres  muscles. 

Orbiculaire  des  paupières.  —  Ce  muscle 
{voy.  la  planche  2),  qui  constitue  en 
grande  partie  l'épaisseur  des  paupières,  est 
un  véritable  sphincter,  et  comme  tous  les 
muscles  de  cette  espèce,  il  est  composé  de 
fibres  circulaires.  Mais  par  une  exception 
toute  spéciale,  il  existe  pour  ce  muscle  un 
tendon  d'origine  extrêmement  remarqua- 
ble, tendon  direct  du  muscle  orbiculaire, 
appelé  aussi  Ugament  palpébral,  qui  s'insère 
sur  l'apophyse  montante  de  l'os  maxillaire, 
au-devant  de  la  gouttière  lacrymale.  Ce  ten- 
don, aplati  d'avant  en  arrière,  se  bifurque; 
chaque  extrémité  libre  se  fixe  sur  le  carti- 
lage tarse  correspondant  et  constitue  avec 
eux  l'angle  interne  des  paupières.  Les  fibres 
qui  partent  de  ces  tendons  sont  de  deux 
ordres,  les  unes  plus  antérieures  qui  entou- 
rent la  base  de  l'orbite,  les  autres  plus 
centrales  ou  palpébrales  qui  sont  destinées 
à  l'une  et  à  l'autre  paupière;  d'où  la  dis- 
tinction entre  les  muscles  orbiculaires  et 


MYO 


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513 


les  muscles  ciliaires  ou  palpébraux.  L'or- 
bicuiaire  des  paupières  est  en  rapport  anté- 
rieurement avec  la  peau,  à  laquelle  il  adhère 
par  du  tissu  cellulaire  séreux  très  suscepti- 
ble d'infiltration,  et  par  sa  face  postérieure 
avec  le  sac  lacrymal,  le  muscle  sourcilier, 
l'arcade  orbitaire,  l'os  malaire,  le  muscle 
temporal  (n°  1,  planche  2),  les  attaches 
supérieures  des  muscles  grand  zygomati- 
que  ,  élévateur  commun  de  l'aile  du  nez  et 
de  la  lèvre  supérieure,  élévateur  propre. 
Il  est  séparé  de  la  conjonctive  par  une 
membrane  fibreuse  et  par  les  cartilages 
tarses.  Les  fibres  qui  constituent  l'orbicu- 
laire  tendent  dans  leur  contraction  à  se 
rapprocher  du  centre  ;  mais  comme  elles 
trouvent  un  point  d'appui  dans  le  tendon 
de  ce  muscle ,  il  en  résulte  qu'en  même 
temps  qu'il  se  resserre,  tout  l'orbiculaire 
éprouve  une  sorte  de  projection  de  dehors 
en  dedans.  Quant  à  la  portion  palpébrale, 
elle  se  contracte  indépendamment  de  la 
portion  orbiculaire  ;  de  plus,  la  portion 
palpébrale  est  habituellement  involontaire, 
tandis  que  celle  de  la  portion  orbiculaire  est 
soumise  à  la  volonté.  La  contraction  de 
l'orbiculaire  détermine  l'occlusion  de  l'œil. 

Pyramidal.  —  Ce  muscle  est  une  dépen- 
dance du  frontal  qui  longe  le  dos  du  nez 
sur  les  côtés  de  la  ligne  médiane.  Il  est  re- 
couvert par  la  peau,  à  laquelle  il  adhère  in- 
timement, et  il  s'applique  sur  l'os  propre 
du  nez  et  le  cartilage  latéral  qui  lui  fait 
suite.  Ce  muscle  peut  être  élévateur  de  l'aile 
du  nez  ,  ou  abaisseur  de  l'angle  interne  du 
sourcil ,  suivant  qu'il  prend  un  point  d'ap- 
pui sur  l'une  ou  l'autre  de  ses  extrémités. 
Dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  il  con- 
court beaucoup  a  l'expression  de  la  physio- 
nomie. 

Élévateur  commun  de  l'aile  du  nez  et  de 
la  lèvre  supérieure.  On  voit  ce  muscle  à 
la  partie  interne  du  bord  de  l'orbiculaire 
des  paupières  (Voy.  pi.  2)  ;  il  est  mince, 
triangulaire.  Son  insertion  supérieure  se  fait 
sur  l'apophyse  orbitaire  interne  du  frontal  ; 
de  là  il  se  porte  un  peu  obliquement  en  bas 
et  en  dehors  ,  et  se  termine  en  partie  au 
cartilage  de  l'aile  du  nez,  ou  plutôt  à  la 
peau  très  dense  qui  le  revêt ,  et  en  partie  à 
la  peau  qui  correspond  à  la  lèvre  supérieure. 
Le  muscle  élève  à  la  fois  l'aile  du  nez  et 
la  lèvre  supérieure;  il  joue  un  grand  rôle 

T.  VIII. 


dans  les  cas  de  gêne  de  la  respiration ,  et  a 
été  désigné  par  quelques  anatomistes  sous 
le  nom  de  muscle  respirateur  de  la  face.  Il 
concourt  même  beaucoup  à  l'expression  de 
la  physionomie;  c'est  le  muscle  du  dédain. 

Transversal  ou  triangulaire  du  nez.  Ce 
petit  muscle  s'étend  de  la  partie  interne  de 
la  fosse  canine  jusque  sur  le  dos  du  nez. 
Quoique  très  petit,  il  a  été  représenté  sur 
la  pi.  2  des  Mammifères.  Recouvert  par  la 
peau,  à  laquelle  il  est  intimement  uni, 
et  par  l'élévateur  commun  ,  dont  nous  ve- 
nons de  parler, le  transversal  du  nez  recou- 
vre le  cartilage  de  l'aile  et  un  peu  le  carti- 
lage latéral  du  nez.  L'action  de  ce  muscle 
est  presque  nulle  chez  l'homme. 

Orbiculaire  des  lèvres.  C'est  le  sphincter 
de  l'ouverture  buccale;  il  constitue  essen- 
tiellement la  charpente  musculeuse  des  lè- 
vres; il  est  composé  de  deux,  demi-orbicu- 
laires  formés  chacun  par  une  demi-zone 
de  faisceaux,  se  terminant  de  chaque  côté 
aux  commissures  de  la  bouche.  Les  fibres 
qui  entrent  dans  la  composition  de  ces  mus- 
cles ne  se  continuent  point  entre  elles  au 
niveau  des  commissures;  elles  s'y  en  tre-croi- 
sent  seulement ,  et  se  continuent:  celles  du 
demi-orbiculaire  supérieur  avec  les  fibres 
inférieures  du  buccinateur,  celles  du  demi- 
orbiculaire  inférieur  avec  les  fibres  supé- 
rieures du  buccinateur.  L'orbiculaire  des 
lèvres  est  en  rapport  avec  la  peau  d'une  part, 
et  de  l'autre  avec  les  glandes  labiales  et  la 
muqueuse  buccale.  11  sert  à  l'occlusion  de  la 
bouche,  à  la  préhension  des  aliments  par 
succion,  et  joue  un  grand  rôle  dans  l'ex- 
pression faciale. 

Buccinateur.  Ce  muscle  constitue  la  joue 
proprement  dite;  il  est  large,  mince,  irré- 
gulièrement quadrilatère  ;  il  s'insère  à  la 
face  externe  de  l'arcade  alvéolaire  supé- 
rieure, à  la  face  externe  également  de  l'ar- 
cade alvéolaire  inférieure.  En  arrière,  les 
fibres  naissent  d'une  aponévrose  qui  s'in- 
sère,  d'une  part,  au  sommet  de  l'aile  in- 
terne de  l'apophyse  ptérygoïde;  d'une  autre 
part,  à  l'extrémité  postérieure  de  la  ligne 
oblique  interne.  De  ces  diverses  origines  , 
les  fibres  charnues  se  portent  toutes  d'ar- 
rière en  avant ,  et  vont  se  confondre,  comme 
nous  l'avons  dit  plus  haut,  avec  l'orbicu- 
laire des  lèvres.  Le  buccinateur  est  en  rap- 
port avec  le  masséter(n°  2),  qui  le  recouvre 

65 


514 


MYO 


MYO 


en  partie,  un  peu  avec  le  temporal  (n°  1), 
avec  les  zygomatiques,  le  canin  et  le  trian- 
gulaire des  lèvres.  Le  conduit  salivaire  longe 
le  buccinateur  avant  de  le  traverser.  Ce  mus- 
cle recouvre  la  muqueuse  de  la  joue  dont  il 
est  séparé  par  une  couche  épaisse  de  glan- 
dules  buccales.  Il  est  l'antagonisme  le  plus 
direct  du  muscle  orbiculaire  des  lèvres.  Ainsi 
Je  premier  eiïet  de  la  contraction  de  ses 
fibres  est  de  devenir  droites  ou  de  tendre  à 
devenir  droites;  les  corps  gazeux,  liquides 
et  solides  sont  expulsés  brusquement  de  la 
bouche  lorsque  le  muscle  orbiculaire  des 
lèvres  n'y  oppose  aucun  obstacle,  ou  gra- 
duellement lorsque  ce  muscle  contracté  ne 
cède  que  peu  à  peu.  11  suit  de  là  que  le  buc- 
cinateur remplit  un  rôle  essentiel  dans  le 
jeu  des  instruments  à  vents  ,  d'où  lui  vient 
son  nom  de  buccinare,  sonner  de  la  trom- 
pette. Dans  la  mastication,  il  remplit  un 
usage  non  moins  important,  en  repoussant 
les  substances  alimentaires  entre  les  dents, 
et  les  chassant  de  l'espèce  de  gouttière  qui 
existe  entre  les  joues  et  les  arcades  alvéo- 
laires. 

Élévateur  propre  de  la  lèvre  supérieure. 
Ce  petit  muscle  quadrilatère  s'insère  à  la 
base  de  l'orbite ,  en  dehors  de  ^'élévateur 
commun  de  l'aile  du  nez  et  de  la  lèvre  supé- 
rieure, et  va  de  là  se  perdre  dans  l'épaisseur 
de  la  peau  qui  recouvre  la  lèvre  supérieure. 
Dans  les  animaux  à  moustaches  ,  les  fibres 
de  l'élévateur  propre  s'insèrent  sur  le  bulbe 
des  poils;  aussi  a-t-on  nommé  le  muscle 
en  question  moustachier.  Il  est  chez  l'homme 
recouvert  par  l'orbiculaire  des  paupières, 
la  peau,  du  tissu  cellulaire,  etc.,  et  il 
recouvre  les  vaisseaux  et  nerfs  sous-orbi- 
taires ,  au  moment  où  ils  sortent  du  canal 
osseux  dit  maxillaire  supérieur.  li  élève  la 
lèvre  supérieure,  en  la  portant  un  peu  en 
dehors. 

Grand  et  petit  zygomatique.  Il  y  a  le  plus 
souvent  un  muscle  de  ce  nom  ;  sur  le  sujet 
qui  a  servi  de  modèle  pour  la  planche ,  il  en 
existait  deux;  ce  sont  des  languettes  char- 
nues, cylindriques,  étendues  de  l'os  malaire, 
ou  de  la  pommette,  à  la  commissure  des 
lèvres.  Les  zygomatiques  sont  placés  sous 
la  peau  des  joues,  ils  sont  recouverts  en  haut 
par  l'orbiculaire  des  paupières.  Ils  portent 
la  commissure  des  lèvres  en  haut  et  en  de- 
hors. Congénères  du  canin  dans  l'élévation 


de  cette  commissure,  ils  sont  leurs  antago*. 
nistesdans  le  mouvement  en  dehors.  Quand 
ces  muscles  se  contractent  en  même  temps, 
les  effets  opposés  se  détruisent,  et  la  com- 
missure est  élevée  directement. 

Triangulaire  ou  abaisseur  de  l'angle 
des  lèvres.  Ce  muscle  naît  d'abord  de  la 
mâchoire  inférieure  à  côté  de  la  ligne  mé- 
diane. Ces  fibres,  dirigées  en  haut,  conver- 
gent un  peu  vers  la  commissure  des  lèvres 
où  elles  se  concentrent  en  un  faisceau  étroit 
et  épais,  situé  sur  un  plan  extérieur  aux 
fibres  du  buccinateur  et  de  l'orbiculaire,  en 
se  continuant  avec  les  zygomatiques  et  le 
canin.  Le  muscle  triangulaire  se  dessine 
très  bien  à  travers  la  peau  ;  il  recouvre  en 
partie  le  carré,  le  buccinateur  et  le  bord 
supérieur  du  peaucier.  Son  action  est  d'a- 
baisser l'angle  des  lèvres;  il  est  antagoniste 
du  canin  et  des  zygomatiques ,  avec  lesquels 
il  se  continue. 

Carré  du  menton  ou  abaisseur  de  la  lèvre 
inférieure.  Situé  au  dedans  du  précédent , 
le  muscle  carré,  ou  plutôt  losangique  ,  naît 
de  la  ligne  oblique  extérieure  de  la  mâ- 
choire inférieure,  et  se  continue  en  grande 
partie  avec  le  premier;  de  là,  il  se  porte 
obliquement  en  haut  et  en  dedans ,  et  vient 
se  terminer  à  Sa  peau  de  la.lèvre  inférieure. 

Il  recouvre  le  nerf  et  les  vaisseaux  men- 
toniers ,  et  le  muscle  de  la  houppe  du  men- 
ton. Son  action  est  d'abaisser  la  lèvre  infé- 
rieure et  de  tirer  en  dehors  la  moitié  de 
cette  lèvre. 

Masséter.  Ces  muscles  (n°  2  ,  pi.  2)  s'in- 
sèrent d'une  part  au  bord  inférieur  de  l'ar- 
cade zygomatique ,  d'une  autre  part  à  l'angle 
de  la  mâchoire  inférieure.  Le  zygomatique 
est  placé  sous  la  peau  ;  il  est  recouvert  en 
arrière  par  la  glande  parotide ,  en  haut  par 
l'orbiculaire  et  les  zygomatiques,  par  le 
conduit  salivaire,  les  divisions  du  nerf  fa- 
cial et  par  l'artère  transverse  de  la  face. 
L'action  de  ce  muscle  est  très  puissante.  On 
peut  en  mesurer  en  quelque  sorte  l'énergie, 
dans  la  série  animale  ,  d'un  côté  par  le  vo- 
lume de  l'arcade  zygomatique ,  et  d'un  autre 
côté  par  la  saillie  des  lignes  et  des  éminenv 
ces  que  présente  l'angle  de  la  mâchoire  in 
férieure.  C'est  surtout  en  rapprochant  les 
deux  mâchoires  l'une  de  l'autre  qu'il  est 
très  utile  dans  la  mastication.  Son  action 
est  renforcée  d'une  manière  notable  par  le 


MYO 


MYO 


5i5 


muscïe  temporal  (n°  1),  qu'on  ne  voit  qu'en 
partie  sur  la  planche. 

Ici  se  termine  la  description  très  abrégée 
des  muscles  de  la  face.  Examinés  sous  le 
rapport  du  rôle  qu'ils  jouent  dans  l'expres- 
sion des  passions ,  on  voit  que  ces  muscles 
sont  tantôt  soustraits  presque  complètement 
à  l'empire  de  la  volonté,  tantôt,  au  con- 
traire, leur  contraction  est  volontaire  et 
calculée.  Les  passions  gaies  s'expriment  par 
l'épanouissement  des  traits,  c'est-à-dire  par 
leur  éloignement  delà  ligne  médiane.  Ainsi 
l'occipito-frontal,  le  releveur  de  la  paupière, 
et  surtout  le  grand  zygomatique,  sont  les 
agents  principaux  de  l'expression  des  pas- 
sions gaies.  L'expression  des  passions  tristes, 
qui  existe ,  au  contraire ,  dans  le  rapproche- 
ment et  la  concentration  des  traits  vers  la 
ligne  médiane,  a  pour  principaux  agents  le 
sourcilier,  le  triangulaire  des  lèvres,  les 
élévateurs  propres  et  communs  de  la  lèvre 
supérieure,  le  muscle  de  la  houppe  du 
menton,  et  le  carrée.  A  raison  de  la  con- 
nexion intime  qui  existe  entre  la  peau  de  la 
face  et  les  muscles  faciaux  qui  s'identifient 
en  quelque  sorte  avec  elle  par  les  fibres  qui 
s'y  implantent ,  la  contraction  fréquemment 
répétée  d'un  ou  de  plusieurs  des  muscles  de 
la  face,  imprime  à  la  peau  des  plis  ou  rides 
qui  persistent  même  après  la  cessation  et 
dans  l'intervalle  des  contractions  qui  les 
ont  déterminées.  L'habitude  des  sensations 
tristes  ou  gaies,  et  de  l'expression  facile  qui 
les  caractérise  ,  imprime  donc  un  cachet  par- 
ticulier à  la  physionomie,  et  y  laisse  des 
traces  en  quelque  sorte  ineffaçables. 

Muscles  de  la  région  cervicale  anté- 
rieure. Après  le  peaucier  ,  qui  n'a  pas  été 
figuré  sur  la  planche  (n°  2),  afin  de  laisser 
à  découvert  les  autres  muscles  de  la  région 
du  cou  ,  on  trouve  : 

1°  LeSTERNo-CLÉiDO-MASToïDiEN.Ce  muscle 
(n°  3)  occupe  la  région  antérieure  et  latérale 
du  cou  ;il  est  épais,  bifide  inférieurement , 
plus  étroit  à  sa  partie  moyenne  qu'à  ses  ex- 
trémités. Il  s'insère,  d'une  part,  au  moyen 
de  deux  faisceaux  bien  distincts  ,  à  l'extré- 
mité interne  de  la  clavicule,  à  l'extrémité 
supérieure  du  sternum  ,  et  au-devant  de  la 
fourchette  de  cet  os;  d'autre  part,  à  l'apo- 
physe mastoïde  et  à  la  ligne  courbe  occipi- 
tale supérieure.  Ce  muscle  a  des  rapports 
importants  ;  la  face  superficielle  ou  externe 


est  recouverte  par  la  peau  et  le  peaucier, 
dont  le  séparent  la  veine  jugulaire  externe 
et  des  branches  nerveuses  ;  la  face  profonde 
ou  interne  recouvre  l'articulation  sterno- 
claviculaire,  tous  les  muscles  de  la  région 
sous-hyoïdienne,  et  en  outre  le  splénius,  le 
digastrique,  etc.,  la  veine  jugulaire  interne, 
la  carotide  primitive  des  nerfs,  etc.  Lorsque 
ce  muscle  agit  d'un  seul  côté,  il  détermine 
un  mouvement  au  moyen  duquel  la  tête 
est  fléchie,  inclinée  latéralement  du  côté  du 
muscle,  qui  se  contracte  et  subit  un  mouve- 
ment de  rotation,  en  vertu  duquel  la  face  est 
tournée  du  côté  opposé.  Le  sterno-cléido- 
mastoïdien  est  donc  à  la  fois  fléchisseur  et 
rotateur  de  la  tête.  Quand  les  deux  muscles 
agissent  simultanément,  ils  fléchissent  di- 
rectement la  tête  sur  le  cou,  et  le  cou  sur 
le  thorax.  Leur  action  n'est  jamais  plus 
manifeste  que  dans  l'effort  qu'on  fait  pour 
relever  la  tête ,  quand  on  est  couché  hori- 
zontalement sur  le  dos.  Cependant,  il  est 
une  position  dans  laquelle  le  sterno-cléido- 
mastoïdien  devient  extenseur  de  la  tête, 
c'est  celle  dans  laquelle  la  tête  est  fortement 
renversée  en  arrière.  Cet  effet  est  dû  à  la 
disposition  de  l'insertion  supérieure,  qui  a 
lieu  un  peu  en  arrière  du  point  d'appui  du 
levier  représenté  par  la  tête. 

2°  Le  Sterno  hyoïdien.  Ce  muscle  est 
quelquefois  double  de  chaque  côté.  Il  s'étend 
de  l'extrémité  interne  de  la  clavicule  à  l'os 
hyoïde.  Recouvert  par  le  peaucier.  îe  sterno- 
cléido-mastoïdien  et  l'aponévrose  cervicale, 
il  recouvre  les  muscles  de  la  couche  pro- 
fonde, le  corps  thyroïde,  etc.,  etc.  Ce  muscle 
abaisse  l'hyoïde. 

3°  L'Omoplate  ou  scapulo-hyoïdien.  Plus 
grêle  et  plus  long  que  le  précédent,  ce 
muscle  digastrique,  composé  de  deux  pe- 
tites bandelettes  charnues,  réunies  par  un 
tendon  moyen  ,  s'insère  d'une  part  au  boni 
supérieur  ou  coracoïdien  du  scapuleux  de 
l'autre,  au  bord  inférieur  du  corps  de 
l'hyoïde.  La  disposition  anguleuse  de  ce 
muscle  fait  que  pendant  la  contraction  il 
doit  porter  l'hyoïde  en  bas  et  en  dehors. 
Les  autres  muscles  de  la  région  antérieure 
du  cou  ne  se  voient  pas  distinctement  sur 
la  planche,  aussi  ne  les  décrirons-nous 
point  ici. 

Muscles  des  membres  thoraciques.  Ces 
muscles  sont  très  nombreux;  toutefois  nous 


516 


MYO 


IUYO 


n'indiquerons  que  ceux  qui  sont  superficiels. 

Deltoïde.  Ce  muscle  (n°  4),  ainsi  nommé 
à  cause  de  sa  forme  qui  a  été  comparée  à 
celle  d'un  delta  renversé,  est  un  muscle 
épais,  rayonné,  triangulaire,  recourbé  sur 
lui-même,  embrassant  l'articulation  sca- 
pulo-humérale  en  devant,  en  dehors  et  en 
arrière.  Il  s'insère,  d'une  part,  au  bord  pos- 
térieur de  l'épine  scapulaire  ,  dans  toute  sa 
longueur,  au  bord  externe  de  l'acromion  et 
à  la  clavicule  ;  de  l'autre  part ,  à  l'humérus. 
Le  deltoïde  est  un  muscle  élévateur  de  l'é- 
paule, il  porte  l'humérus  en  haut,  et  le  di- 
rige en  avant  ou  en  arrière,  suivant  les 
besoins. 

Grand  pectoral.  Ce  muscle  n'a  pas  été 
représenté  en  entier  sur  la  planche;  il  s'in- 
sère d'une  part  à  l'humérus,  et  de  l'autre 
sur  la  poitrine;  il  élève  également  le  bras 
et  le  porte  en  dedans. 

Biceps  hdméral.  C'est  un  muscle  long 
(n°  6)  qui  forme  la  couche  superficielle  de  la 
région  extérieure  du  bras ,  il  est  divisé  su- 
périeurement en  deux  portions,  l'une  courte, 
l'autre  longue,  d'où  lui  est  venu  son  nom. 
Il  s'insère  supérieurement  par  sa  courte  por- 
tion au  sommet  de  l'apophyse  coracoïde  ,  et 
par  sa  longue  portion  à  la  partie  la  plus 
élevée  de  la  cavité  glénoïde;  d'une  autre 
part,  à  la  tubérosité  bicipitale  du  radius. 
Les  deux  portions  du  biceps  sont,  dans  leur 
tiers  supérieur,  contenues  dans  l'épaisseur 
du  creux  de  l'aisselle  en  même  temps  que 
le  coraco-brachial  ,  les  vaisseaux  et  nerfs 
axillaires,  entre  le  grand  pectoral  et  le  del- 
toïde qui  sont  en  avant,  le  grand  dorsal  et 
le  grand  rond  qui  sont  en  arrière.  En  de- 
dans,  ce  muscle  correspond  à  l'artère,  aux 
veines  brachiales  et  au  nerf  médian.  Le 
biceps  fléchit  l'avant-bras  sur  le  bras  et  en 
même  temps  le  porte  dans  la  supination.  Le 
moment  de  la  puissance  de  ce  muscle  est 
dans  la  demi-flexion  de  l'avant-bras;  alors 
son  insertion,  perpendiculaire  au  levier  qu'il 
doit  mouvoir,  contre-balance  le  désavantage 
de  cette  insertion  au  voisinage  du  point 
d'appui.  Lorsque  l'avant-bras  est  fixé,  dans 
l'action  de  grimper,  par  exemple,  le  biceps 
porte  le  bras  sur  l'avant-bras  et  l'omoplate 
sur  le  bras. 

Triceps  brachial  ,  divisé  en  trois  portions 
supérieurement.  Ce  muscle  forme  à  lui  seul 
toute  la  région  postérieure  du  bras.  Il  s'in- 


sère à  l'omoplate  ,  à  l'humérus  et  au  cubi- 
tus, dans  la  portion  la  plus  postérieure  de 
l'olécrâne.  Le  triceps  est  recouvert,  dans 
presque  toute  son  étendue,  par  l'aponévrose 
brachiale,  qui  le  sépare  de  la  peau,  à  travers 
laquelle  il  se  dessine  parfaitement  ;  il  re- 
couvre la  partie  postérieure  de  l'articulation 
du  coude,  le  plan  postérieur  de  l'humérus, 
le  nerf  radial  et  l'artère  numérale  profonde. 
Ce  muscle  étend  l'avant-bras  sur  le  bras. 

Rond  pronateur  (n°  11).  Le  plus  superfi- 
ciel des  muscles  de  la  région  interne  et  an- 
térieure de  l'avant-bras,  formant  sous  la 
peau  la  saillie  oblique  qui  borne  en  dedans 
le  pli  du  bras.  Il  s'insère,  d'une  part,  à  la 
tubérosité  interne  de  l'humérus  ou  épitro- 
chlée  ;  d'une  autre  part,  à  la  partie  moyenne 
du  radius.  Son  action ,  relativement  à  la 
pronation,  est  d'autant  plus  énergique  que 
la  supination  est  plus  considérable.  Le  mou- 
vement de  pronation  est,  chez  l'homme,  bien 
plus  énergique  que  le  mouvement  de  supi- 
nation. 

Long  supinateur.  Ce  muscle  (n°  3)  est  le 
plus  superficiel  de  la  région  externe  et  an- 
térieure de  l'avant-bras  ;  il  appartient  à  la 
fois  au  bras  et  à  l'avant-bras,  et  forme,  en 
grande  partie,  cette  saillie  oblique  qui  cir- 
conscrit en  dehors  le  pli  du  coude.  Il  s'in- 
sère au  bord  externe  de  l'humérus  et  à  la 
base  de  l'apophyse  styloïde  du  radius.  L'ac- 
tion du  supinateur  est  de  fléchir  l'avant-bras 
sur  le  bras  ;  mais  quand  le  premier  est  dans 
la  pronation,  il  a  une  direction  tout  autre, 
et  la  contraction  de  ses  fibres  porte  l'avant- 
bras  dans  la  supination.  Tous  les  autres 
muscles  de  la  région  antérieure  du  membre 
thoracique  sont  fléchisseurs  de  l'avant-bras 
sur  le  bras ,  ou  de  la  main  sur  l'avant-bras. 
Muscles  des  membres  abdominaux.  Ces  mus- 
cles comprennent  tous  ceux  qui  font  mou- 
voir le  pied  sur  la  jambe,  la  jambe  sur  la 
cuisse,  et  celle-ci  sur  le  bassin.  Nous  ne 
parlerons  que  des  muscles  superficiels  de  la 
région  antérieure  des  membres. 

Couturier  ,  ainsi  nommé  à  cause  de  ses 

usages.  Le  muscle  couturier  (n°  13)  traverse 

comme  une  diagonale  la  partie  antérieure, 

puis  la  partie  interne  de  la  cuisse,  pour  se 

j  terminer  à  la  région  antérieure  de  la  jambe. 

I  C'est  le  plus  long  des  muscles  du  corps  hu- 

i  main.  Il  s'insère,  d'une  part,  à  l'épine  iliaque 

J  antérieure  et  supérieure,  ainsi  qu'à  la  moi- 


MYO 


MYO 


517 


tié  supérieure  de  l'écbancrure  placée  au- 
dessous  de  cette  épine,  et  en  bas,  à  la  lèvre 
interne  de  la  crête  du  tibia ,  au-dessous  du 
ligament  rotulien.  Le  couturier  est,  dans  sa 
direction,  le  muscle  satellite  de  l'artère  fé- 
morale. Il  est  fléchisseur  de  la  jambe  sur  la 
cuisse  qu'il  renverse  en  dedans,  en  la  croi- 
sant sur  la  jambe  du  côté  opposé.  Quand  ce 
mouvement  est  produit ,  il  fléchit  la  cuisse 
sur  le  bassin. 

Droit  antérieur  et  triceps  fémoral.  Le 
muscle  droit  antérieur  et  le  muscle  tri- 
ceps fémoral  de  quelques  auteurs  ne  consti- 
tuent, à  proprement  parler,  qu'un  seul 
muscle  divisé  en  trois  parties.  La  portion 
moyenne,  ou  longue  portion  ,  c'est  le  droit 
antérieur;  les  deux  autres  portent  le  nom 
de  vaste  interne  et  de  vaste  externe  (n°  15). 
Le  droit  antérieur  naît  par  un  tendon  ex- 
trêmement fort,  qui  embrasse  l'épine  ilia- 
que antérieure  et  inférieure  dont  la  sail- 
lie est  proportionnelle  à  la  force  de  ce  mus- 
cle. Ses  fibres  se  confondent  ensuite  avec 
celle  du  vaste  interne  et  celle  du  vaste  ex- 
terne ,  et  vont  constituer  le  ligament  rotu- 
lien. Le  triceps  étend  la  jambe  sur  la  cuisse; 
son  action  est  favorisée  par  la  rotule ,  qui 
augmente  son  angle  d'insertion  ,  puisque  le 
ligament  rotulien  inférieur  s'insère  au  tibia. 
Le  triceps  fémoral  constitue  le  muscle  le 
plus  puissant  de  l'économie;  il  fait  à  lui 
seul  équilibre  au  poids  de  tout  le  corps  dans 
la  station ,  et  c'est  lui  qui  soulève  tout  le 
tronc  dans  la  progression  et  le  saut. 

Droit  intehrs.  Ce  muscle  (  n°  12  )  est  le 
plus  superficiel  de  ceux  qui  occupent  la  ré- 
gion interne  de  la  cuisse.  Il  s'insère  ,  d'une 
part ,  sur  le  côté  de  la  symphyse  du  pubis , 
depuis  l'épine  pubienne  jusqu'à  la  branche 
ascendante  de  l'ischion  ;  d'une  autre  part,  à 
la  crête  du  tibia.  Il  est  fléchisseur  de  la 
jambe;  il  se  porte  en  même  temps  un  peu 
en  dedans,  et  est  adducteur  de  la  cuisse. 

Jambier  antérieur.  Ce  muscle  (n°  18)  est 
situé  le  long  de  la  face  externe  du  tibia  ;  il 
est  superficiel ,  long  ,  épais  et  prismatique. 
Il  s'insère,  d'une  part,  à  la  crête  qui  borne 
au  dehors  la  tubérosité  antérieure  du  tibia, 
au  tubercule  qui  termine  cette  crête  supé- 
rieurement, à  la  tubérosité  externe  du  ti- 
bia, au  ligament  interosscux,  et  à  la  face 
profonde  de  l'aponévrose  jambière  ;  d'une 
autre  part,  au  tubercule  du  premier  cunéi- 


forme et  au  premier  métatarsien.  Le  jam- 
bier antérieur  est  recouvert  par  une  large 
aponévrose;  il  répond  en  devant  à  la  face 
externe  du  tibia,  en  dehors  au  muscle  ex- 
tenseur commun  des  orteils,  puis  à  l'exten- 
seur propre  du  gros  orteil ,  dont  il  est  séparé 
en  arrière  par  les  vaisseaux  et  nerfs  tibiaux 
antérieurs  ;  son  action  est  de  fléchir  le  pied 
sur  la  jambe,  de  s'opposer  également  au 
renversement  du  pied  en  dehors.  Le  défaut 
de  gaîne  propre  pour  le  muscle  tibial  anté- 
rieur, explique  pourquoi  le  tendon  de  ce 
muscle  fait  une  saillie  si  considérable  pen- 
dant sa  contraction.  On  a  aussi  appelé  ce 
muscle  musculus  calenœ,  parce  que  c'est 
principalement  sur  le  relief  de  son  tendon 
que  presse  l'anneau  de  fer  que  portent  au 
pied  les  galériens. 

Jumeaux  et  soléaires.  Les  jumeaux  (n°  16) 
et  les  soléaires  (n°  17)  réunis  constituent 
un  muscle  triceps  très  puissant,  qui  forme 
à  lui  seul  la  partie  charnue  de  la  jambe.  Le 
développement  de  ces  muscles  est  un  des 
caractères  les  plus  tranchés  de  l'appareil 
musculaire  de  l'homme ,  et  en  rapport  avec 
la  destination  à  l'attitude  bipède.  Le  triceps 
de  la  jambe  s'insère ,  en  haut ,  aux  condyies 
du  fémur,  au  tibia,  au  péroné,  etc.;  en 
bas,  il  concourt  à  former  le  tendon  d'A- 
chille, qui  se  fixe  au  calcanéum.  Le  triceps 
étend  le  pied  sur  la  jambe;  il  est  l'agent 
principal  de  la  progression  et  du  saut;  c'est 
lui  qui  soulève  avec  tant  d'efficacité  le  poids 
de  tout  le  corps  chargé  de  lourds  fardeaux. 
D'après  cela ,  on  conçoit  que  son  action  est 
quelquefois  assez  énergique  pour  rompre  le 
tendon  d'Achille,  et  même  pour  fracturer 
le  calcanéum.  Une  contraction  souvent  ré- 
pétée est  en  quelque  sorte  nécessaire  à  ce 
muscle;  car  lorsqu'il  reste  dans  l'inaction 
il  s'atrophie,  et  passe,  avec  la  plus  grande 
facilité  ,  à  l'état  graisseux. 

Nous  terminons  ici  la  description  des  mus- 
cles superficiels  de  la  région  antérieure  du 
corps  de  l'homme:  comme  on  le  voit ,  ces 
organes,  considérés  sous  le  rapport  de  leurs 
usages,  offrent  une  foule  de  variétés;  mais 
il  suffit,  en  général,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit  au  commencement  de  cet  article, 
de  connaître  dans  quel  sens  ils  peuvent  se 
contracter  pour  en  déduire  les  fonctions. 
En  effet,  lorsqu'un  muscle  est  curviligne, 
le  premier  temps  de  son  action  a  pour  effet 


518 


MYO 


MYO 


'de  le  ramener  à  la  direction  rectiligne.  Ceux 
qui  sont  disposes  en  sphincters ,  ou  en  an- 
neaux ,  servent  à  resserrer  les  ouvertures  au- 
tour desquelles  ils  sont  placés.  Un  muscle 
droit  qui  se  contracte  tend  à  rapprocher  ses 
deux  extrémités  Tune  de  l'autre.  Tous  les 
mouvements  enfin  qui  peuvent  résulter  de 
la  contraction  des  muscles  comprennent 
ceux  de  flexion,  d'extension,  de  rotation, 
d'adductions,  d'abductions  et  de  constric- 
tions.  Il  y  a  aussi,  comme  nous  l'avons 
vu  ,  des  muscles  élévateurs  et  des  muscles 
abaisseurs.  Ceux  qui  concourent  aux  mê- 
mes mouvements  sont  appelés  congénères; 
ceux  qui  font  exécuter  des  mouvements 
opposés  les  uns  aux  autres  sont  les  mus- 
cles antagonistes.  Ainsi,  tous  les  fléchis- 
seurs sont  congénères ,  et  tous  les  exten- 
seurs sont  antagonistes.  Deux  muscles  peu- 
vent être  congénères  sous  certains  rapports, 
et  antagonistes  sous  d'autres;  dans  ce  cas, 
les  mouvements  d'eEtension  et  de  flexion 
sont  contre-  balancés  ;  mais  le  membre  peut 
encore  être  porté  ,  par  leur  action  simul- 
tanée, vers  la  ligne  médiane  du  corps, 
ou  bien  en  être  écarté.  Enfin,  deux  mus- 
cles antagonistes,  symétriquement  placés, 
et  qui  se  contractent  avec  une  égale  éner- 
gie, ne  produisent  aucun  mouvement,  leurs 
forces  étant  balancées.  Quelques  exemples 
feront  encore  mieux  comprendre  ce  que  nous 
venons  de  dire.  Le  biceps  brachial  (  n°  6  , 
pi,  2)  et  la  brachiale  antérieure  servent, 
avons-nous  dit ,  à  mouvoir  l'avant -bras  sur 
le  bras  dans  le  sens  de  la  flexion  ;  leurs  an- 
tagonistes, ou  les  extenseurs  de  l'avant-bras, 
sont  le  triceps  brachial  (n°  10),  et  un  autre 
petit  muscle,  l'anconé,  situé  aussi  à  la  partie 
postérieure  du  membre.  Le  muscle  contu- 
rier  (n°  13)  et  le  droit  interne  (n°  12)  sont 
également  des  fléchisseurs  qui ,  concurrem- 
ment avec  le  biceps  fémoral,  le  demi-ten- 
dineux, le  demi-membraneux  et  le  poplité, 
portent  la  jambe  dans  la  flexion.  Le  muscle 
triceps  fémoral,  le  droit  antérieur  (n°  15)  et 
le  fascia-lata  (n°  14)  étendent  fortement  la 
jambe  sur  la  cuisse.  Les  jumeaux  (n°  16)  et 
les  soléaires  (n°  17), ainsi  que  les  péroniers 
latéraux  et  le  tibial  postérieur ,  sont  les 
extenseurs  du  pied  sur  la  jambe,  tandis  que 
le  jambier  antérieur  (n°  18)  en  est  le  flé- 
chisseur. Les  muscles  qui  font  exécuter 
des  mouvements    de  rotation  se  trouvent 


généralement,  avons-nous  dit,  aux  alen- 
tours des  articulations  des  membres;  on  les 
divise  en  rotateurs  de  dehors  en  dedan9 
(rond  pronateur  n°  11  et  carré  pronateur) 
et  en  supinateurs ,  le  long  supinateur  n°  8 
etlecourt  supinateur;  les  premiers  occupent 
la  région  antérieure  de  l'avant-bras,  les  se- 
conds la  région  externe  et  postérieure.  Quant 
aux  muscles  adducteurs  et  abducteurs ,  ils 
servent  à  rapprocher  et  à  écarter  les  mem- 
bres de  la  ligne  médiane  du  corps.  Le  muscle 
grand  pectoral ,  grand  dorsal  (n°  7)  et  grand 
rond  sont  les  adducteurs  du  bras;  les  ab- 
ducteurs sont  le  deltoïde  (n"  4) ,  le  coraco- 
brachial  et  le  sus-épineux.  Enfin  ,  il  existe 
un  assez  grand  nombre  de  muscles  éléva- 
teurs et  abaisseurs.  Les  masséters  (n°  2),  les 
temporaux  (n°  1),  etc. ,  sont  les  élévateurs 
de  la  mâchoire  inférieure.  Le  digastrique 
et  les  muscles  des  régions  sus  et  sous-hyoï- 
diennes en  sont  les  abaisseurs.  Le  petit 
muscle  carré  placé  au-dessous  de  l'orbicu- 
laire  des  paupières  est  l'élévateur  de  la  lèvre 
supérieure;  le  triangulaire  des  lèvres  (n°  3) 
en  est  l'abaisseur. 

Les  détails  dans  lesquels  nous  sommes 
entré  à  l'égard  de  l'anatomie  descriptive, 
tout  en  faisant  connaître  l'importance  de  la 
Myologie  au  point  de  vue  surtout  des  con- 
nexions, ne  sortent  pas  trop  cependant  des 
généralités,  et  complètent  (1)  tout  au  moins 
la  description  de  la  planche. 

(Martin  Saint- Ange.) 

(i)  Cette  même  planche  (2)  sert  à  donner  une  idée  exacte 
de  la  position  des  viscères  renfermés  dans  les  cavités  thora- 
cique  et  abdominale.  Le  diaphragme  (n°  9),  muscle  impair 
membraneux  ,  sépare  ,  cliez  l'Homme  et  les  Mammifè  es  ,  la 
cavité  de  la  poitrine  de  telle  du  ventre,  et  maintient  les 
viscères  renlermès  dans  ces  cavités.  Dans  le  langage  ordi- 
naire, on  parle  bien  de  la  cavité  de  la  poitrine  comme  si 
elle  était  simple;  niais  un  pi. m  médian,  nommé  métticitin- 
la  divine  en  deux  portions  bien  d'Slmctes,  qui  servent  a  logeV 
les  poumons,  et  que,  pour  cette  raison  ,  en  a  appelées  cavités 
pulmonaires.  Le  poumon  droit  est  formé  de  trois  lobes,  le 
gauclie  n'en  a  que  deux.  Le  cœur  (c)  ,  enveloppé  de  sa  mem- 
brane propre,  le  péricarde,  est  situé  entre  les  deux  poumons; 
il  est  renfermé,  ainsi  qu'une  foule  d'autres  organes  impor- 
tants, dans  tes  deux  lames  verticales  qui  constituent  le 
médiastin.  Dans  la  cavité  abdominale  se  trouvent ,  à  gauche 
et  en  haut  le  grand  cul-de-sac  de  l'estomac  (e),  et  un  peu  en 
arrière  la  rate;  à  droite,  et  immédiatement  au-dessus  du 
diaphragme,  le  foie  (/) ,  qui  s'étend,  d'une  part,  vers  la  ligne 
médiane  ,  où  il  rerouvre  en  partie  l'estomac  ;  de  l'autre  il 
descend  plus  ou  moins  bas,  suivant  l'âge  de  l'individu ,  et  se 
termine  en  un  bord  deux  fois  échancré;  l'écliancrure  infé- 
rieure sert  à  loger  la  vésicule  biliaire  (vb) ,  l'autre  est  des- 
tinée à  rerevoir  la  veine  ombilicale  chez  le  fœtus.  Au-des- 
sous de  l'estomac  et  du  foie  ,   on   voit  le  paquet    intestinal 


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519 


MYONIMA.  bot.  ph.— Genre  de  !a  famille 
des  Rubiacées-Cofféacées-Guettardées,  établi 
parCommerson  (inJussieuGen.,  1067;  Mag. 
Mus.,  VI,  397).  Arbustes  de  la  Mauritanie. 

Voy.  RUBIACÉES. 

MYOPA.  (f/u~a,  mouche;  w|,  aspect). 
Ins.  —  Genre  de  Diptères  de  la  famille 
des  Athéricères  ,  tribu  des  Myopaires ,  éta- 
bli par  Fabricius  aux  dépens  des  Conops 
de  Linné,  et  adopté  par  tous  les  entomolo- 
gistes, qui  ont  de  plus  en  plus  restreint  ce 
groupe  générique.  Les  Myopa  ont  pour  ca- 
ractères: Trompe  bicaudée;  palpes  plus  ou 
moinsallongés, quelquefois  renflés;  troisième 
article  des  antennes  ovalaire,  presque  orbi- 
culairc;  style  court;  abdomen  obtus;  qua- 
trième segment  dilaté  en  dessous  chez  les 
mâles;  ongles  et  pelotes  des  tarses  grands. 
La  tête  des  Myopes  est  grande,  et  sa  face  est 
revêtue  d'une  membrane  molle,  blanche  et 
comparable  à  un  masque;  les  yeux  sont 
grands,  et  on  voit  entre  eux  et  au-dessus 
trois  petits  yeux  lisses  ;  la  trompe  est  cou- 
dée à  sa  base,  puis  dirigée  en  avant,  et  se 
replie  ensuite  en  dessous,  près  de  son  milieu, 
pour  former  un  second  coude;  le  second  ar- 
ticle des  antennes  est  aussi  long  que  le  troi- 
sième, et  forme  avec  lui  une  massue.  Le 
corselet,  moins  large  que  la  tête,  est  cylin- 
drique, un  peu  convexe;  il  a  deux  points 
élevés  aux  angles  numéraux.  Les  ailes  sont 
couchées  ;  l'abdomen  est  sessile,  presque  cy- 
lindrique, un  peu  renflé  à  l'extrémité  et  ar- 
qué; les  pattes  sont  fortes,  avec  les  cuisses 
un  peu  renflées,  et  les  tarses  à  deux  crochets 
et  deux  pelotes. 

Les  Myopes  habitent  les  prés  et  les  lieux 
un  peu  humides;  on  les  trouve  assez  com- 
munément sur  les  fleurs.  Leurs  mœurs  ne 
sont  que  très  imparfaitement  connues,  et 
l'on  ne  sait  encore  rien  de  leurs  métamor- 
phoses. 

Ces  Insectes  ne  se  trouvent  qu'en  Europe, 
et  principalement  en  France  et  en  Allemagne. 
On  en  connaît  un  assez  grand  nombre  d'es- 
pèces ,  et  M.  Macquart  (Diptères  ,  Suites  à 

recouvert  en  partie  par  le  grand  épiptoon  ;  celui-ci  est  un 
ample  repli  membraneux,  libre  et  flottant  sur  les  circonvo- 
lutions du  tube  digestif ,  et  contenant  un  grand  nombre  de 
•vaisseaux  et  beaucoup  de  graisse.  EnCn ,  la  vessie  (v).  A  la 
partie  postérieure  de  tous  ces  organes  ,  se  trouvent  le  pan- 
créas, les  reins,  les  capsules  surrénales;  les  vésicules  sémi- 
nale» clic*  l'homme,  l'utérus  et  les  ovaiies  chez  la  femme. 
Makiin-Saint-Aucb. 


Buffon  )  en  décrit  dix-huit.  Nous  ne  citerons 
que: 

La  Myope  ferrugineuse  ,  Myopa  ferrugi- 
nea  Fabr.  (S.  Antl.,  n.  2,  Latr. ,  Macq., 
Conops  ferruginea  Lin.)  Longue  de  5  lignes, 
ferrugineuse ,  à  front  fauve  ;  thorax  à  trois 
larges  bandes  noires;  abdomen  étroit,  cy- 
lindrique ;  premier  segment  ferrugineux 
comme  les  autres,  deuxième  plus  allongé, 
les  derniers  très  recourbés  en  dessous  chez 
les  mâles.  Cette  espèce  se  trouve  communé- 
ment dans  toute  l'Europe. 

La  Myope  fulvipède,  Myopa  fulvipes  Rob.» 
Desv. (Myod.,  n.  15),  Longue  de4  lignes  1/2, 
d'un  noir  saupoudré  de  gris-jaune;  le  front 
noir,  à  côtés  fauves;  un  peu  de  fauve  aux 
antennes;  pieds  fauves;  un  anneau  noir  à 
l'extrémité  des  cuisses;  tarses  noirs;  ailes 
hyalines,  à  base  jaunâtre.  Espèce  découverte 
aux  environs  de  Paris  par  M.  Serville. 

Et  la  Myope  naine,  Myopa  nana  Rob.- 
Desv.  (loc.  cit.,  n.  20).  Longue  de  2  lignes; 
noir  luisant;  face  et  front  jaune-fauve;  an- 
tennes fauves  et  brunes;  jambes  blanches  en 
avant;  ailes  assez  claires.  Trouvée  assez  com- 
munément auprès  de  Paris.  (E.  D.) 

*  MYOPAIRES.  Myopariœ.  ins.  —  Tribu 
d'Insectes  de  l'ordre  des  Diptères,  famille 
des  Athéricères  ,  créée  par  M.  Macquart 
(Suites  à  Buffon,  Diptères,  t.  II,  1835), 
qui  lui  assigne  pour  caractères  :  Trompe 
longue,  menue,  le  plus  souvent  coudée  à  sa 
base  et  vers  la  moitié  de  sa  longeur,  et  diri- 
gée en  arrière;  face  ordinairement  gonflée; 
front  large  dans  les  deux  sexes;  antennes 
assez  courtes;  dernier  article  ordinairement 
plus  long  que  le  troisième;  style  dorsal  or* 
dinairement  court;  abdomen  recourbé  en 
dessous;  cuillerons  petits;  ailes  couchées; 
première  cellule  postérieure  souvent  entrou- 
verte; anale  habituellement  allongée. 

Cette  tribu,  qui  était  comprise  par  M.  Ro- 
bineau-Desvoidy  parmi  les  Entomobics ,  et 
qu'il  distinguait  sous  le  nom  particulier 
d'Accémydcs ,  était  placée  autrefois,  même 
par  M.  Macquart,  avec  les  Conopsaires. 

Les  genres  qui  entrent  dans  cette  tribu 
sont  ceux  des  Myopa,  Stachynia,  Stylogas- 
ter,  Zodion,  etc.  Voy.  ces  divers  mots.  (E.  D.) 

MYOPHONUS.  ois.  —  Genre  d'Oiseaux 
proposé  par  M.  Temminck,  placé  assez  gé- 
néralement auprès  des  Pyroll  ou  Kitta,  et 
ayant  pour  caractères  :  Bec  très  gros,  fort 


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MYO 


et  dur;  quelques  soies  raides  en  garnissent 
l'ouverture;  la  grande  membrane  qui  tapisse 
les  fosses  nasales ,  couverte  de  petites  plumes 
tournées  en  avant;  les  tarses  très  longs;  la 
queue  carrée,  et  les  ailes  atteignant  seule- 
ment la  fin  de  son  premier  tiers. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe  ; 
c'est  le  Myophonus  metallicus ,  décrit  par 
M.  Temminck  (9e  livr.  des  pi.  col.),  d'après 
un  Oiseau  rapporté  de  l'archipel  Indien  par 
MM.  Reinwardt  et  Diart.  Il  est  d'un  noir 
bleuâtre,  variable  selon  les  inflexions  de  la 
lumière,  et  marqué  çà  et  là  de  plaques  à 
reflets  métalliques,  un  peu  plus  foncé  sur  la 
tête  et  l'abdomen  que  sur  le  reste  du  corps, 
et  passant  légèrement  au  brun  vers  l'extré- 
mité des  rémiges;  son  bec  est  jaune,  sauf 
son  arête  qui  est  noire;  ses  pattes  sont  de 
cette  couleur  ;  sa  taille  est  de  30  à  35  cent.  ; 
ses  mœurs  ne  nous  sont  pas  connues.  (E.  D.) 

*M  Y  OPINA,  ins.  — Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides,  établi  par  M.  Robineau- 
Desvoidy  aux  dépens  des  Musca.  L'espèce  type 
et  unique  est  la  Musca  myopina  Fall.  (  Myo- 
pina  reflexa  Rob-Desv.  ),  de  la  France.  Cet 
Insecte  vit  sur  le  sable,  au  bord  des  rivières. 

MYOPORE.  Myoporum  (  p.ûç ,  souris  ; 
nôpoq,  pore),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Myoporinées,  établi  par  Banks  et  Solan- 
der  (ex  Forst.  Prodr.,  44),  et  dont  les  prin- 
cipaux caractères  sont  :  Calice  5  parti.  Co- 
rolle hypogyne,  hypocratériforme,  à  tube 
court,  ample:  à  limbe  5-lobé.  Étamines  4, 
insérées  au  tube  de  la  corolle,  saillantes  ou 
incluses,  didynames.  Ovaire  à  2  loges  2-ovu- 
lées  ou  à  4  loges  uni-ovulées.  Style  termi- 
nal ;  stigmate  obtus.  Le  fruit  est  une  baie  à 
2  loges  2-spermes ,  ou  à  4  loges  mono- 
spermes. 

Les  Myopores  sont  des  arbrisseaux  sou- 
vent visqueux,  à  feuilles  alternes  ou  rare- 
ment opposées ,  très  entières  ,  dentées  en 
scie,  souvent  couvertes  de  points  translu- 
cides ;  à  pédoncules  axiîlaires  ,  fascicules , 
rarement  solitaires,  uniflores,  ébractéés  ;  à 
fleurs  blanches  ou  rougeâtres,  garnies  à  la 
gorge  de  poils  épars. 

Ces  plantes  se  rencontrent  assez  abon- 
damment dans  les  contrées  extratropicales 
de  la  Nouvelle-Hollande.  On  en  connaît 
une  vingtaine  d'espèces,  dont  quelques  unes 
sont  cultivées  aujourd'hui  dans  les  jardins. 


Parmi  ces  dernières  ,  nous  citerons  les  sui- 
vantes : 

Myopore  a  petites  feuilles  ,  M.  parvifo- 
Uum  R.  Br.  (Prodr.  Nov.-Holl. ,  I).  Arbris- 
seau de  1  mètre  à  lm,50  de  haut;  tiges  très 
ramiQées;  rameaux  diffus,  courts,  grêles; 
feuilles  spatulées-linéaires ,  scssiles ,  subob- 
tuses, charnues  ,  un  peu  dentées  à  leurs 
bords  ;  rameaux  et  feuilles  couverts  de  glan- 
des sur  les  deux  faces;  fleurs  nombreuses, 
petites,  blanches,  réunies  deux  ou  trois  dans 
les  aisselles  des  feuilles. 

Myopore  agréable  ,  M.  Icstum  Forst. 
(  Prodr.  ).  Arbrisseau  de  lm,50  à  2  mètres 
de  haut;  rameaux  dressés,  glabres;  feuilles 
oblongues  ,  aiguës ,  un  peu  dentées  à  leur 
sommet,  amincies  à  leur  base,  glabres,  lui- 
santes ;  fleurs  blanches  agrégées. 

Myopore  a  feuilles  elliptiques,  M.  ellip- 
ticum  Rob.  Br.  (loc.  cit.).  Arbrisseau  de 
1  mètre  à  lm,50  de  haut;  tige  dressée;  ra- 
meaux alternes,  glabres;  feuilles  alternes 
ou  éparses,  lancéolées,  mucronées,  entières, 
luisantes ,  glabres  en  dessus,  ponctuées  en 
dessous;  fleurs  blanchâtres,  petites,  axiî- 
laires, quelquefois  solitaires. 

On  cultive  ces  plantes  en  serre  tempérée 
dans  une  terre  légère,  et  on  les  multiplie  de 
graines  et  de  boutures.  (B.) 

*MYOPORÏA  (fAvwv,  muscle ;ttoPo;,  trou). 
moll.  —  Genre  proposé  par  M.  Brown  pour 
les  Érigonies  fossiles  du  Muschelkalk,  qui  se 
distinguent  parce  que  les  dents  cardinales  , 
beaucoup  plus  petites,  n'ont  pas  de  stries 
transverses ,  et  parce  que  la  dent  médiane 
de  la  valve  gauche  n'est  pas  bifide.    (Duj.) 

MYOPORINEES.  Myoporineœ.  bot.  ph. 
—  Famille  de  plantes  dicotylédones  mono- 
pétales ,  établie  par  Rob.  Brown  (Prodr., 
514),  et  généralement  adoptée  par  tous  les 
botanistes.  Ses  caractères  principaux  sont  : 
Fleurs  hermaphrodites.  Calice  libre,  5-parti, 
persistant.  Corolle  hypogyne  ,  hypocratéri- 
forme; limbe  presque  égal  ou  bilabié.  Éta- 
mines 4,  insérées  au  tube  de  la  corolle,  al- 
ternes avec  les  divisions  de  cette  dernière , 
accompagnées  quelquefois  d'une  cinquième 
étamine  rudimentaire,  saillantes  ou  inclu- 
ses, à  filets  filiformes.  Anthères  biloculaires, 
incombantes,  à  loges  s'ouvrant  longitudina- 
lement.  Ovaire  libre,  à  2  loges  2-ovulées  ou 
à  4  loges  1-ovulées;  les  ovules  pendants  du 
sommet.  Style  terminal,  simple;  stigmate 


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521 


indivis,  émarginéou bifide. Disque  hypogyne 
nul.  Le  fruit  est  un  drupe  contenant  un 
noyau  à  2  loges  bispermes  ou  à  4  loges  mo- 
nospermes. L'embryon  cylindrique,  entouré 
d'un  périspcrme,  a  sa  radicule  supère  proche 
de  l'ombilic. 

Les  végétaux  de  cette  famille  sont  des  ar- 
brisseaux glabres  ou  rarement  un  peu  pu- 
bescents.  Leurs  feuilles  sont  alternes  ou 
rarement  opposées,  simples ,  très  entières 
ou  dentées  en  scie  ,  visqueuses  ,  quelquefois 
couvertes  de  petites  glandes  résineuses. 
Les  fleurs  sont  fixées  sur  des  pédoncules 
axillaires,  solitaires  ou  groupées,  et  dépour- 
vues de  bractées. 

Cette  famille  se  distingue  des  Verbéna- 
cées  dont  elle  est  voisine  par  la  situation  des 
ovules,  et  des  Sélaginées  par  le  port  des 
plantes  qu'elle  renferme  et  ses  anthères  bi- 
loculaires. 

Les  genres  qu'on  y  a  groupés  sont  au 
nombre  de  cinq  ,  et  nommés  :  Myoporum , 
Banks  et  Soland.  ;  Pholidia,  R.  Br.  ;  Eremo- 
phila,  R.  Br.;  Stenochilus  ,R.  Br.  ;  Bontia, 
Plum.  (B.) 

MYOPOTAMUS  (p.vç,  rat;  ««t«j**ç, 
rivière),  mam.  —  Genre  de  Rongeurs  indi- 
qué depuis  longtemps  par  Molina  et  sur- 
tout par  Commerson ,  mais  qui  n'a  été 
connu  et  bien  établi  que  vers  le  commen- 
cement de  ce  siècle.  Et.  Geoffroy-Saint-Hi- 
Jaire  ,  réunissant  au  Quouya,  nom  sous  le- 
quel d'Azara  avait  fait  connaître  l'espèce 
type  du  genre  qui  nous  occupe ,  deux  au- 
tres espèces  rapportées  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande par  Péron  ,  Lesueur  et  Levillain  ,  en 
avait  formé,  sous  le  nom  à'Hydromys  (voy. 
ce  mot),  un  genre  qu'il  soupçonnait  devoir 
être  placé  entre  les  Castors  et  les  Rais 
d'eau  ;  ce  n'est  que  d'après  des  caractères 
peu  sûrs,  tirés  seulement  des  pelleteries  du 
Quouya,  que  ce  Rongeur  avait  été  réuni  aux 
deux  autres  espèces  :  aussi,  plus  tard  ,  lors- 
que des  indications  plus  satisfaisantes  sont 
venues  compléter  ce  qu'on  connaissait  de 
cet  animal ,  les  zoologistes,  et  Et.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  lui-même,  ont-ils  été  conduits 
à  faire  du  Myopotamus  de  Commerson  le 
type  d'un  genre  distinct.  Les  mammalo- 
gistes  n'ont  pas  tous  adopté  le  nom  de  Myo- 
potamus pour  désigner  ce  groupe,  et  quel- 
ques uns  lui  ont  appliqué  les  dénominations 
de  Potamys  d'après  Larrauhava,  de  Couïa 

T.  VIII. 


d'après  G.  Cuvier,  etc.  La  place  des  Myo- 
potames  n'est  pas  non  plus  définitivement 
fixée  dans  la  série  des  Mammifères,  et  G. 
Cuvier  (Règ.  anim.)  l'éloigna  des  Rats  pour 
le  placer  à  côté  des  Castors  et  des  Porcs- 
Épies. 

Chez  les  Myopotames ,  il  y  a  en  haut  et  en 
bas  des  mâchoires  quatre  molaires  de  même 
forme  à  peu  près  que  celles  des  Castors , 
c'est-à-dire  composées  d'un  ruban  osseux 
replié  sur  lui-même;  la  seule  différence  qui 
existe  entre  les  molaires  supérieures  et  les 
inférieures,  c'est  que  les  premières  présen- 
tent une  échancrure  à  leur  face  interne  et 
trois  à  l'externe,  tandis  que  les  autres  of- 
frent précisément  le  contraire  :  les  incisives 
sont  fortes  et  teintes  en  jaune.  La  forme  gé- 
nérale du  corps  se  rapproche  de  celle  des 
Castors  ;  les  pieds  sont  longs,  pentadactyles  ; 
ceux  de  devant  sont  libres  et  ceux  de  der- 
rière palmés;  les  ongles  sont  gros,  obtus, 
peu  arqués;  la  queue  est  ronde  et  allongée. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre; 
c'est  le  Myopotame  Commerson  ;  Covpou  et 
Coipu  Malina  ;  Quouya  d'Azara  ;  Mus  coypus 
Molina,  Gm.  ;  Hydromys  coypus  Et.  Geofi*.  ; 
Mus  caslorides  Burrow;  Myopotamus  coy- 
pus Et.  Geoff. ,  A. -G.  Desm. ,  G.  Cuv. , 
Guérin  (Icon.  du  règn.  anim.,  Mamm. , 
pi.  29,  fig.  3).  Sa  longueur  totale  est  de 
près  d'un  mètre,  sur  lequel  la  queue  a  plus 
de  33  centim.  Sa  teinte  générale  ,  et  nous 
empruntons  ici  la  description  qui  en  a  été 
donnée  par  Et.  Geoffroy-Saint-Hilaire  (Ann. 
Mus.,  t.  VI),  est,  sur  le  dos,  d'un  brun 
marron  :  cette  couleur  s'éclaircit  sur  les 
flancs  et  passe  au  roux  vif;  elle  n'est  que 
d'un  roux  sale  et  presque  obscur  sous  le 
ventre  ;  toutefois  cette  couleur  est  assez 
changeante  ,  suivant  la  manière  dont  le 
Coypou  hérisse  ou  abaisse  ses  poils;  cette 
mobilité  dans  le  ton  du  pelage  provient  de 
ce  que  chaque  poil  est  d'un  cendré  brun  à 
son  origine,  et  d'un  roux  vif  à  sa  pointe. 
Le  feutre,  caché  sous  de  longs  poils,  est  cen- 
dré brun,  d'une  teinte  plus  claire  sous  le 
ventre  :  ces  longs  poils  n'ont  sur  le  dos  que 
leur  pointe  qui  est  rousse,  et  ceux  des  flancs 
sont  de  cette  dernière  couleur  dans  la  moi- 
tié de  leur  longueur.  Comme  tous  les  ani- 
maux qui  vont  souvent  à  l'eau,  les  poils 
delà  queue  sont  rares,  courts,  raides,  et 
d'un    roux  sale  :  cet  organe  est  ecailleux 

66 


522 


]\IYO 


3MY0 


dans  ses  parties  nues.  Le  contour  de  la 
bouche  et  l'extrémité  du  museau  sont 
blancs;  les  moustaches,  longues  et  raides, 
sont  également  de  celte  couleur,  à  l'ex- 
ception de  quelques  poils  noirs.  Chez  quel- 
ques individus  la  couleur  est  plus  pâle  et 
tend  à  passer  au  blanc,  ce  qui  tient  proba- 
blement à  une  maladie  albine.  La  femelle 
ne  diffère  pas  du  mâle  pour  le  pelage. 

Le  Coypou  a,  par  son  pelage,  des  rapports 
avec  le  Castor;  aussi  en  pelleterie  a-t-il 
été  principalement  employé  pour  le  com- 
merce de  la  chapellerie.  Pendant  très  long- 
temps, et  bien  avant  que  l'on  eût  des  dé- 
tails zoologiques  sur  cet  animal,  on  en  im- 
portait, chez  nous,  les  peaux  par  milliers, 
et  elles  portaient  dans  le  commerce  le  nom 
de  Raconde;  aujourd'hui  cette  branche  de 
commerce  est  presque  entièrement  détruite. 
D'Azara,  Molina,  et  plus  récemment 
M.  Auguste  Saint-Hilaire ,  s'accordent  à 
donner  au  Myopotame  un  caractère  doux  :  il 
semble  s'attacher  à  ceux  qui  prennent  soin 
de  lui  et  mange  tout  ce  qu'on  lui  offre  ;  il 
s'apprivoise  aisément,  aussi  l'a-t-on  réduit 
en  domesticité.  On  ne  l'entend  crier  que 
quand  il  est  maltraité;  sa  voix  alors  consiste 
en  un  petit  cri  perçant.  Il  habite  les  bords 
des  rivières,  dans  des  terriers  qu'il  se  creuse, 
et  nage  avec  beaucoup  de  facilité.  La  fe- 
melle fait  de  cinq  à  sept  petits,  qu'elle 
conduit  toujours  avec  elle.  Le  Coypou  est 
très  commun  dans  les  provinces  du  Chili, 
de  Buénos-Ayres  et  du  Tucuman  ;  il  se 
trouve  plus  rarement  au  Paraguay  et  au 
Brésil. 

Une  espèce  fossile  a  été  rapportée  à  ce 
genre  par  M.  Lund  ;  c'est  le  Myopotamus 
antiquus,  qui  se  trouve  au  Brésil.  (E.  D.) 
MYOPTERIS(p.v;,  rat;  ttt/oov  ,  aile). 
mam.  —  Genre  de  Chéiroptères  insectivores 
créé  par  Et.  Geoffroy- -Saint-Hilaire  (Descr. 
de  V  Egypte  ,  hist.  nat.,  t.  II  )  pour  y  placer 
la  Chauve -Souris  décrite  par  Daubenton 
sous  le  nom  de  liât  volant,  et  ayant  pour  ca- 
ractères :  Deux  incisives  à  chaque  mâchoire, 
les  inférieures  bilobées ,  et  les  supérieures 
pointues  et  simples;  quatre  canines;  huit 
molaires  en  haut  et  dix  en  bas,  toutes  à  cou- 
ronne hérissée  de  tubercules  aigus  ;  nez  sim- 
ple; chanfrein  méplat,  sans  feuilles,  mem- 
branes ni  sillons;  museau  gros;  oreilles 
larges,  isolées,  latérales,  avec  l'oreillon  in- 


térieur; queue  enveloppée  en  partie  par  la 
membrane  interfémorale  et  libre  à  son  ex- 
trémité. 

La  seule  espèce  placée  dans  ce  groupe  est 
le  Rat  volant  Daubenton  [Mém.  Acad.  roy. 
des  se,  1759),  Myopteris  Daubentonii  Et. 
Geoffr.  (loco  cit.).  La  longueur  totale  de  ce 
Chéiroplère  est  de  8  centim.  pour  le  corps  et 
la  tête  ;  en  dessus  il  est  de  couleur  brune  , 
tandis  que  le  dessous  est  d'un  blanc  sale  avec 
une  teinte  fauve;  les  membranes  présentent 
des  teintes  de  brun  et  de  gris.  La  patrie  de 
cet  animai  est  inconnue.  (E.  D.) 

*MYORHINUS  (f*v§,  souris;  p?v,  nez). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionidesgonatocères,  division 
des  Érirhinides,  établi  par  Schcenberr  (Dis- 
posilio  melhodica,  pag.  213;  Gen.  et  sp.  Cur- 
culion.  syn.j  t.  III,  p.  530;  7,  2,  p.  421). 
Cinq  espèces  font  partie  de  ce  genre:  trois 
sont  originaires  d'Europe,  et  deux  d'Afri- 
que ;  ce  sont  les  M.  sleveni,  albolineatus  F. , 
lepidus  Br.,  limis  et  incisiroslris  Scbr.  Ger- 
mar  avait  donné  à  ces  Insectes  le  nom  géné- 
rique d'Apsis ,  et  Mégerle  celui  de  Cypho- 
rhynchus.  (C.) 

MYOSCIiïLOS  (f*uç ,  souris;  x«Aoç,  lè- 
vre), bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Santalacées? ,  établi  par  Ruiz  et  Pavon 
(Prodr.,  41,  t.  34).  Arbrisseaux  du  Chili 
encore  peu  connus. 

*MYOSODUS.  ins.— Genre  de  Coléoptè- 
res pentamères ,  famille  des  Carabiques  , 
tribu  des  Féroniens ,  créé  par  Fischer  de 
Waldheim (Entomographie,  t.  H,  p.  121). Les 
espèces  suivantes  rentrent  dans  ce  genre  : 
M.  Fischeri ,  femoratus  Chaud. ,  intricatus 
Mots.  ,  irregularis,  regularis  (ordinatus),. 
Schœnherri  Stev.-Fisch. ,  scrobiculatus  Ad- 
et  variabilis  Menet.  Ces  Insectes  appartien- 
nent à  la  Russie  méridionale ,  excepté  la  se- 
conde espèce,  qui  estoriginairede  Sitka.  (C.) 

*  IWYOSOREX  (  pyç ,  rat  ;  sorex ,  musa- 
raigne ).  mam.  —  Division  formée  dans  le 
genre  Musaraigne  (voy.ee  mot)  par  M.  Gray 
(Proceed.  zool.  Soc.  Lond.,Y,  1837).  (E.  D.) 

MYOSOTE.  Myosotis  (pu;,  souris;  ovç, 
wtoç,  oreille;  oreille  de  souris),  bot.  ph.  — 
Genre  de  plantes  delà  famille  des  Borragi- 
nées,  de  la  pentandrie  monogynie  dans  le  sys- 
tème de  Linné.  Ce  groupe,  établi  d'abord  par 
Dillen,  avait  été  étendu  par  Linné  de  manière 
à  devenir  trop  hétérogène  pour  être  conserva 


MYO 


MYO 


523 


«ans  modification.  Aussi,  dans  ces  derniers 
temps,  plusieurs  des  espèces  qu'il  comprenait 
dans  les  ouvrages  du  botaniste  suédois  et  de 
ses  imitateurs  ont  été  reportées  dans  d'au- 
tres genres  de  la  même  famille  auxquels  el- 
les appartenaient  naturellement,  et,  d'un 
autre  côté,  deux  nouveaux  genres  ont  été 
établis  à  ses  dépens,  ainsi  que  nous  le  ver- 
rons plus  loin.  Rétabli  de  la  sorte  dans  ses 
limites  primitives,  le  genre  Myosote  se  com- 
pose aujourd'hui  de  quarante  à  quarante- 
cinq  espèces  herbacées ,  généralement  de 
taille  peu  élevée,  qui  appartiennent  presque 
toutes  à  l'ancien  continent;  elles  sont  toutes 
couvertes  de  poils  assez  serrés;  leurs  feuilles 
sont  rétrécies  en  pétiole  dans  le  bas  de  la 
plante ,  sessiles  sur  le  reste  de  la  tige.  Leurs 
fleurs,  petites,  mais  souvent  remarquables 
par  leur  élégance,  sont  d'un  joli  bleu  d'azur, 
roses  ou  blanches;  elles  ontparfois  à  la  gorge 
de  la  corolle  du  jaune  qui  s'étend  même  dans 
un  cas  {M.  versicolor,  var.)  sur  tout  le  limbe. 
Ces  fleurs  forment  le  plus  souvent  des  cymes 
scorpioïdes,  pourvues  quelquefois  de  bractées 
dans  leur  partie  inférieure.  Elles  se  compo- 
sent: d'un  calice  à  cinq  divisions  égales,  de 
profondeur  très  variable;  d'une  corolle  en 
entonnoir  ou  en  coupe,  dont  le  tube  droit 
égale  à  peu  près  la  longueur  du  calice,  dont 
le  limbe,  plan  ou  un  peu  concave,  présente 
cinq  lobes  obtus,  àestivation  tordue  vers  la 
gauche ,  et  à  la  gorge  de  laquelle  se  trouvent, 
chez  le  plus  grand  nombre,  cinq  renflements 
{fornices)  courts  et  obtus;  de  cinq  étamines 
incluses;  d'un  pistil  à  stigmate  obtus,  pres- 
que 2-lobé.  A  ces  fleurs  succèdent  quatre 
nucules  enfermées  dans  le  calice,  elliptiques, 
comprimées,  lisses  et  glabres,  marquées  à 
leur  base  d'un  très  petit  ombilic. 

Dans  ces  derniers  temps,  on  a  détaché  des 
Myosotis  les  Echinospermum,  Swartz,  et  les 
Eritrichium,  Schrad.  Les  premiers  sont  déjà 
au  nombre  de  trente-huit  espèces  dans  le 
volume  X  du  Prodromus;  ils  diffèrent  des 
Myosotis  surtout  par  leur  corolle  à  estivation 
quinconciale  et  non  tordue,  par  leurs  nu- 
cules  marginées,  aiguillonnées,  et  par  quel- 
ques autres  caractères.  C'est  dans  ce  genre 
que  rentre,  sous  le  nom  d' Echinospermum 
lappula  Lehm.,  le  Myosotis  lappula  Lin., 
espèce  indigène,  assez  commune  aux  environs 
de  Paris  et  dans  presque  toute  la  France. 
Quant  aux  Eritrichium,  ils  sont  déjà  au  nom- 


bre de  cinquante  dans  le  Prodromus;  ils 
diffèrent  des  Myosotis  par  leur  corolle  à  es- 
tivation quinconciale  et  non  tordue,  par 
leurs  nucules  trigones,  le  plus  souvent  ru- 
gueuses ou  granulées  sur  le  dos,  dont  l'in- 
sertion est  plus  ou  moins  latérale,  et  qui 
adhèrent  au  style  par  2a  portion  inférieure 
de  leur  côté  intérieur. 

M.  Alph.  De  Candolle  a  divisé  les  Myoso- 
tis, dans  le  Prodromus  (vol.  X,  p.  101),  en 
quatre  sections  qui  portent  les  noms  iVEu- 
myosolis,  Alph.  DC;  Exarrhena,  Alph.  DC; 
Gynmomyosotis,  Alph.  DC,  et  Strophiosloma, 
Endlic.  La  première  comprend  les  espèces 
dans  lesquelles  la  corolle  est  fermée  à  l'ori- 
fice de  son  tube  par  des  renflements  souvent 
échancrés  ;  leurs  fleurs  sont  en  grappes  scor- 
pioïdes ;  elle  renferme  toutes  nos  espèces  in- 
digènes ,  savoir  :  les  Myosotis  palustris 
With.,M.  sylvatica Hoffm.,  M.  intermedia 
Link,  M.  hispida  Schîecht.  ,  M.  versicolor 
Rchbch.,  et  M.  stricta  Link.  La  deuxième 
section  se  compose  des  espèces  dans  lesquel- 
les les  anthères  sont  saillantes,  plus  courtes 
que  le  filament,  oscillantes;  dont  les  fleurs 
sont  en  grappes  scorpioïdes  au  sommet,  dé- 
pourvues de  bractées.  M.  R.  Brown  pense 
qu'elle  forme  un  genre  à  part.  La  troisième 
section  est  caractérisée  par  une  corolle  à 
gorge  nue  ;  par  des  anthères  presque  saillan- 
tes, plus  courtes  que  le  filet,  oscillantes  ;  par 
des  fleurs  solitaires,  extra -axillaires.  Enfin 
les  Myosotis  de  la  quatrième  section  se  dis- 
tinguent par  la  présence  d'une  petite  caron- 
cule blanche,  saillante  autour  de  l'ombilic  de 
leurs  nucules;  leurs  fleurs,  distantes,  for- 
mentune  grappe  feuillée  çà  et  là.  Nous  nous 
bornerons  ici  à  décrire  la  plus  connue  et  la 
plus  intéressante  de  nos  espèces  indigènes 
de  Myosotes. 

Myosote  des  marais  ,  Myosotis  palustris 
With.  Cette  charmante  espècehabite  les  prai- 
ries et  les  lieux  humides  de  toute  l'Europe, 
du  Caucase  et  de  l'Altaï;  l'abondance  et  la 
délicatesse  de  ses  jolies  fleurs  bleu  d'azur, 
marquées  de  jaune  à  la  gorge,  la  font  cul- 
tiver fréquemment  en  France  sous  les  noms 
vulgaires  de  ne  m'oubliez  pas,  Grcmillety  et 
sous  celui  de  Vergissmeinnicht  en  Allemagne, 
oùellecstextrêrnement  recherchée.  Dans  une 
variété,  ses  fleurs  deviennent  blanches.  De 
son  rhizome,  rampant  et  oblique,  s'élève  une 
tige  anguleuse,  haute  de  2  à  3  décimètres. 


524 


1YIYO 


MYR 


qui  porte  des  feuilles  oblongues-lancéolées  , 
ini  peu  aiguës.  Le  calice,  à  cinq  dents,  porte 
des  poils  appiirnés  et  non  crochus  à  leur  ex- 
trémité, caractère  qui  le  distingue  de  toutes 
nos  autres  espèces  indigènes;  il  s'étaleautour 
du  fruit.  La  corolle,  trois  fois  plus  grande 
que  le  calice,  a  son  limbe  plan.  Le  style  égale 
presque  le  calice  en  longueur.  On  connaît 
plusieurs  variétés  de  cette  espèce.  A  l'état 
cultivé,  elle  fleurit  depuis  le  mois  d'avril 
jusque  vers  la  fin  de  l'été;  on  la  multiplie 
de  boutures,  de  graines  ou  par  éclats  ;  elle 
demande  une  terre  constamment  humide. 

(P.  D.) 
MYOSOTON,    Mcench    (Method.,  225). 
bot.  pu. — Syn.  de  Malachinm,  Fries. 

MYOSURUS  (avç,  souris;  evpeé,  queue). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Renon- 
culacées,  tribu  des  Anémonées,  établi  par 
Dillen  (Nov.  gen.,  106),  et  généralement 
adopté.  Les  principaux  caractères  sont:  Ca- 
lice un  peu  coloré ,  à  5  folioles  dont  la  base 
de  chacune  offre  un  long  prolongement,  im- 
briquées, caduques.  Corolle  à  5  pétales  hy~ 
pogynes  ,  plus  courts  que  le  calice,  étroite- 
ment spathulés  et  munis  d'onglets  tubuleux. 
Étamines  5-20 ,  hypogynes.  Ovaires  nom- 
breux, en  forme  d'épi,  à  une  seule  loge 
uni-ovulée.  Akènes  nombreux,  triquètres, 
disposés  en  épis  sur  un  réceptacle  allongé, 
et  surmontés  d'un  style  très  court. 

Les  Myosurus  sont  des  herbes  annuelles, 
très  petites,  à  feuilles  radicales  linéaires, 
très  entières;  le  scape  est  nu  et  ne  porte 
qu'une  seule  fleur.  Leur  fruit,  quelquefois 
très  long,  leur  a  fait  donner  vulgairement  le 
nom  de  Queue  de  Souris. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  le 
Myosurus  minimus  Linn.,  qui  croît  dans 
presque  toute  l'Europe,  dans  les  champs  cul- 
tivés et  surtout  dans  ceux  qui  ont  été  inon- 
dés pendant  l'hiver.  (B.) 

MYOTÎIERA.  ois.— Voy.  myiothera. 

MYOTÏLITÉ.  physîol.— Voy.  myologie  et 
SYSTÈME  nerveux. 

*MYOTIS  (F.vÇ,  rat;  ovç,  <koÇ,  oreille). 
mam.  —  Genre  de  Chéiroptères  proposé  par 
M.  Kaup  (Entr.  G.  Ens.  TL,  I,  1829). 

(E.  D.) 

*MYOXANTHUS  (w^m,  trou  de  souris  ; 
«wQoç,  fleur),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Orchidées-Pleurothallées  ,  établi  par 
Pœppig  et  Enficher  {Nov.  gen.  et  spec. ,  I , 


50,  t.  88).  Herbes  des  forêts  du  Pérou.  Voy 

ORCHIDÉES. 

*  MYOXICEBUS.  mam.  —  Voy.  mioxice* 
bus.  (E.  D.) 

*MYOXIDJ3,  Waterh.;   MYOXIIVA 

Gray.  mam.  — Famille  de  Rongeurs  compre- 
nant les  deux  genresGraphiure  et  Loir.  Voy 
ces  mots.  (E.  D.) 

MYOXUS.  mam. —Nom  latin  du  genre 
Loir.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MYOXYNUS(/avwv,  muscle;  h&q,  aigu, 
pointu),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires,  formé 
par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit.,  pag.  362). 
Cinq  espèces  de  l'Amérique  équinoxiale  ren- 
trent dans  ce  genre.  Les  types  sont  les  M. 
gravis  et  blandus  Dej.  Le  premier  est  du 
Brésil,  et  le  second  du  Mexique.         (C.) 

*1IYRA.  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Décapodes  brachyures,  établi  parLeach  aux 
dépens  des  Leucoria  de  Fabricius  et  du 
Cancer  de  Linné.  Cette  coupe  générique, 
adoptée  par  tous  les  carcinologistes,  est  ran- 
gée par  M.  Milne-Edwards  dans  sa  famille 
des  Oxystomes,  et  dans  sa  tribu  des  Leuco- 
siens.  Ce  genre  se  rapproche  beaucoup  de 
celui  des  Ilia  {voy.  ce  mot),  et  l'unique  es- 
pèce pour  laquelle  il  a  été  établi  ressemble 
même  extrêmement  à  Vlliapunctata;  ce  qui 
le  distingue  est  principalement  la  forme  du 
palpe  ou  de  la  tige  externe  des  pattes-  mâ- 
choires externes,  qui  est  un  peu  dilatée  dans 
sa  partie  inférieure,  et  se  termine  en  dehors 
par  un  bord  légèrement  arqué,  mais  se  ré- 
trécit graduellement  vers  son  extrémité.  Il 
est  aussi  à  noter  que  la  main  est  moins 
grêle,  non  contournée  sur  son  axe;  que  la 
pince  est  plus  forte,  plus  courte  et  armée  de 
dentelures  moins  aiguës  ;  enfin  que  les  pattes 
suivantes  sont  plus  courtes  et  beaucoup  plus 
comprimées.  La  seule  espèce  connue  est  la 
Myr a  fugace,  Myra  fugax  Leach  ,  Edw. 
{Atlas  du,  règne  anim.  de  Cuv.  ,  Crust. , 
pi.  25,  fig.  3).  La  patrie  de  cette  espèce 
est  inconnue.  (H.  L.) 

MYRCIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Myrtacées-Myrtées,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  III,  242).  Arbres  ou  ar- 
brisseaux de  l'Amérique  tropicale.  Voy. 
myrtacées. 

*MYRÎACTÏS  (avpto;,  innombrable;  àx- 
xiç,  rayon),  bot.  ph.   —  Genre  de  la  fa- 


MYR 


MYR 


525 


mille  des  Composées-As  téroïdées,  établi  par 
Lessing(m  Linnœa,  VI,  127),  et  dont  les 
principaux  caractères  sont:  Capitule  multi- 
flore,  hétérogame;  fleurs  du  rayon  bi-pluri- 
sériées,  ligulées,  femelles;  celles  du  disque 
tubuleuses,  hermaphrodites.  Involucre  garni 
d'écaillés  uni-bisériées ,  linéaires,  aiguës. 
Réceptacle  convexe  ou  plan ,  alvéolé.  Co- 
rolles du  rayon  très  entières;  celles  du  dis- 
que à  limbe  5*-fide.  Anthères  sessiles.  Akène 
plan-comprirné,  glabre,  sans  pointe,  ou  un 
peu  aminci  au  sommet ,  qui  supporte  une 
petite  glande.  Aigrette  nulle. 

De  Candolle  (Prodr.,  V,  308)  décrit  6 
espèces  de  ce  genre,  qu'il  répartit  en  2  sec- 
tions, nommées  par  Endlicher  (Gen.  plant., 
p.  381  ,  n.  2353)  :  Distichactis  :  rayon  à  2 
séries ,  akène  aminci  au  sommet  ;  Myriac- 
tis  :  rayon  à  plusieurs  séries,  akène  entiè- 
rement nu. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  des  herbes 
droites,  rameuses,  à  feuilles  alternes, 
ovales  ou  lancéolées,  dentées  en  scie;  à  pé- 
doncules allongés,  monocéphales;  à  fleurs 
blanches  ou  jaunâtres,  disposées  en  capi- 
tules globuleux. 

Toutes  les  espèces  croissent  dans  l'Inde. 

MYRIADENUS  (  iwpfos ,  innombrable; 
lnS-ôv ,  glande  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa 
mille  des  Légumineuscs-Papilionacées-Hédy- 
sarées ,  établi  par  Desvaux  (in  Journ.  Bot., 
III,  121  ,  t.  4,  f.  11).  Arbrisseaux  de  l'A- 
mérique tropicale.   Voy.  légumineuses. 

MYRIAIVA  (u.vçJoz,  innombrable),  annél. 
—  M.  Savigny  a  distingué  sous  ce  nom  un 
genre  d'Annélides  de  la  famille  des  Né- 
réides (Système  des  Annélides,  1817).  M.  de 
Blaîn ville  le  rapporte  à  ses  Néreimyres  (voy. 
ce  mot),  et  M.  Edwards  le  considère  comme 
intermédiaire  aux  Phyllodoces,  aux  Hésiones 
et  aux  Syllis. 

L'espèce  type  est  de  l'Océan  européen  : 
c'est  le  M.  longissima  Sav.  (loc.  cit.).  M.  Ed- 
wards en  rapproche  la  Nereis  pennigera  de 
Montagu  ,  jolie  espèce  trouvée  sur  les  côtes 
du  Devonshire,  en  Angleterre.       (P.  G.) 

♦MYRÏANIDA.  annél.  —  M.  Edwards 
(Ann.  se.  nat.,  3e série,  t.  III,  p.  178  et  180) 
a  proposé  sous  ce  nom  l'établissement  d'un 
nouveau  genre  d'Annélides  Chétopodes  , 
ayant  des  affinités  avec  les  Myriancs  et  les 
Phyllopodes ,  mais  qu'il  distingue  de  tous  les 
deux  par  les  caractères  suivants:  Tête  courte 


et  élargie ,  portant  quatre  yeux  et  trois  ap- 
pendices antenniformes ,  foliacés,  fixés  sur 
la  nuque;  point  de  mâchoires;  deux  paires 
de  cirrhes  tentaculaires;  pieds  à  deux  rames 
coniques,  la  rame  dorsale  portant  à  son  ex- 
trémité un  grand  cirrhe  foliacé;  la  ventrale 
garnie  d'un  faisceau  de  soies  et  dépourvue  de 
cirrhe;  point  de  branchies  proprement  dites. 

L'espèce  type  de  ce  genre  a  été  recueillie 
dans  les  mers  de  Sicile  ,  sur  la  côte  rocheuse 
de  l'île  de  Favignana.  M.  Edwards  l'ap- 
pelle Myrianida  fasciata.  (P.  G.) 

*MYRÏANITES.  annél.— Dénomination 
employée  par  M.  Mac-Leay  (Ann.  nat.  his- 
tory,  t.  IV,  p.  387).  Voy.  myriana.   (P.  G.) 

MYRIANTIIEIA  (pup'oç ,  innombrable; 
ocvQoç ,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Homalinées,  établi  par  Dupetit-Thouars 
(Gen.Madag.,  n.  71).  Arbrisseaux  de  Mada- 
gascar.  Voy.  HOMALINÉES. 

MYRÏANTHUS  (fitipïoç,  innombrable; 
avQoç ,  fleur),  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Artocarpées,  établi  parPalisotde 
Beauvois  (Flor.  Owar.,  16,  t.  11  et  12). 
Petit  arbre  de  l'Afrique  tropicale.  Voy.  ar- 
tocarpées. 

MYRIAPODES.  Myriapoda(avptoq,  sans 
nombre,  dix  mille;  -noùç,  7r:<îoç ,  pied). 
zool.  —  Latreille  désigne  sous  ce  nom  des 
Insectes  que  l'on  appelle  vulgairement 
Mille-Pieds  ou  Cent-Pieds  ,  et  que  les  an- 
ciens dénommaient  sous  celui  de  Millipèdes. 
Ces  animaux,  qui  forment  maintenant  une 
classe,  sont  ainsi  caractérisés  :  Terrestres  , 
articulés  extérieurement,  à  segments  nom- 
breux ;  un  ganglion  nerveux  et  plus  souvent 
une  paire  de  pattes  articulées  pour  chaque 
anneau  du  corps;  le  système  ganglionnaire 
inférieur  au  canal  intestinal  est  placé  sur  la 
ligne  médiane.  Point  d'abdomen  distinct  du 
thorax.  Point  d'ailes.  Pourvu  de  deux  an- 
tennes ;  bouche  composée  de  plusieurs  paires 
d'appendices.  Les  deux  ouvertures  du  canal 
intestinal  terminales  et  opposées.  Yeux  stern- 
matiformes,  composés  ou  nuls.  Circulation 
incomplète.  Respiration  trachéenne.  Géné- 
ration bisexuée,  dioïque,  ovipare,  ou  ovivi- 
pare.  Tels  sont  les  caractères  principaux  de 
cette  classe  très  distincte  de  celle  des  In- 
sectes. Les  organes  masticateurs  des  ani- 
maux qui  la  composent  ont  été  étudiés  avec 
soin  par  plusieurs  naturalistes,  particuliè- 
rement par  Latreille,  MM.  Savigny,  Gué- 


526 


MYR 


MYR 


rin-Méneville  et  Newport,  mais  dans  quel- 
ques espèces  seulement.  Chez  les  Chilogna- 
thes ,  Glomeris  ,  Iulus ,  Polijdesmus ,  etc., 
on  remarque  deux  mandibules  épaisses, 
sans  palpes,  très  distinctement  divisées  en 
deux  portions  par  une  articulation  mé- 
diane ,  avec  des  dents  imbriquées  et  im- 
plantées dans  une  convexité  de  son  extré- 
mité supérieure;  une  lèvre  (languette  sui- 
vant Latreille,  lèvre  inférieure  composée 
de  deux  paires  de  mâchoires  suivant 
M.  Savigny) ,  située  immédiatement  au- 
dessous  d'elles,  les  recouvrant,  crustacée, 
plane,  divisée  à  la  surface  extérieure  par 
des  sutures  longitudinales  et  des  échancrures 
en  quatre  aires  principales,  tuberculées  au 
bord  supérieur,  et  dont  les  deux  intermé- 
diaires ,  plus  étroites  et  plus  courtes ,  situées 
à  l'extrémité  supérieure  d'une  autre  aire  , 
leur  servent  de  base  commune.  Chez  les  Chi- 
lopodes,  au  contraire  (Scolopendra,  Lithobius, 
Scutigera  ou  Cermatia),  la  bouche  est  com- 
posée de  deux  mandibules  munies  d'un  petit 
appendice  en  forme  de  palpe,  offrant  dans 
leur  milieu  l'apparence  d'une  soudure  ,  et 
terminées  en  manière  de  cuillère  sur  les 
bords;  d'une  lèvre  quadrifide  dont  les  deux 
divisions  latérales ,  plus  grandes  ,  annelées 
transversalement,  semblables  aux  pattes 
membraneuses  des  Chenilles  ,  les  deux  pal- 
pes ou  petits  pieds  réunis  à  leur  base,  on- 
guiculés au  bord;  et  d'une  seconde  lèvre 
formée  par  une  seconde  paire  de  pieds  dila- 
tés ,  joints  à  leur  naissance  ,  et  terminés  par 
un  fort  crochet  mobile ,  et  percé  sous  son 
extrémité  d'un  trou  pour  la  sortie  d'une 
liqueur  vénéneuse.  Cette  définition,  que 
nous  empruntons  à  Latreille,  diffère  sous 
quelques  rapports  de  celle  qu'avait  donnée 
antérieurement  M.  Savigny,  et  qui  repose 
sur  de  patientes  et  laborieuses  observations. 
Degéer  avait  aussi  entrepris  de  décrire  et  de 
représenter  les  appendices  qui  composent  la 
bouche  des  Scolopendres.  Les  figures  que 
M.  Savigny  a  données  dans  les  belles  plan- 
ches de  la  Description  de  l'Egypte,  sont  les 
plus  complètes  que  l'on  puisse  citer.  Je 
citerai  aussi  l'ouvrage  de  M.  Newport, 
ayant  pour  titre  :  Monograph  of  the  class 
Myriapoda  ,  order  Chilopoda  ;  tvilh  obser- 
vations on  the  gênerai  arrangement  of  the 
Arliculata(l).  Dans  cet  excellent  travaille 

(i)  Tram,  linn.  soc,  vol.  XIX,  p.  9G3,  p).  Ù5. 


savant  naturaliste  anglais  fait  connaître  et 
représente  les  organes  de  la  manducation 
de  plusieurs  genres  de  la  famille  des  Scolo- 
pendres. M.  Guérin -Méneville  a  étudié 
aussi  les  mêmes  organes  dans  une  espèce  du. 
premier  ordre,  le  Pollyxène.  Il  a  consigné  , 
dans  son  Iconographie  du  règne  animal,  My- 
riapod. ,  pi.  1  ,  fig.  5,1e  résultat  de  cette 
étude,  qui  fait  mieux  comprendre  qu'on  ne 
l'avait  fait  jusqu'alors  la  bouche  de  ce  My- 
riapode.  Nous-mêmc ,  nous  avons  aussi  ob- 
servé les  organes  de  la  manducation  de  ce 
singulier  genre  sur  une  espèce  nouvelle, 
que  nous  avons  découverte  dans  l'ouest  de 
l'Algérie,  aux  environs  d'Oran. 

Tous  les  anneaux  du  tronc  (sans  distinc- 
tion de  thorax  et  d'abdomen)  sont  pourvus 
de  pattes,  et  dans  tous  les  Chilopodes 
chaque  anneau  présente  une  paire  de  pattes 
insérées  sur  les  parties  latérales  ;  mais  les 
Chilognathes  ont  ordinairement  deux  paires 
de  pattes  pour  chaque  anneau  ,  et  chez  eux, 
c'est  à  la  partie  inférieure  du  corps  que  s'ar- 
rêtent ces  appendices.  Nous  prendrons  pour 
exemple  les  Polydesmus ,  animaux  les  plus 
voisins  des  Mus  ,  mais  qui  s'en  distinguent 
par  un  moins  grand  nombre  d'anneaux  au 
corps,  et  par  suite  de  pattes  ;  des  segments 
toujours  consistants  et  plus  ou  moins  caré- 
nés sur  leurs  bords  sont  au  nombre  de 
vingt,  sans  comprendre  la  tête;  le  premier, 
qui  est  celui  de  la  nuque ,  manque  de  pat- 
tes ,  et  les  trois  suivants  en  ont  chacun  une 
paire;  il  semble  quelquefois  que  l'anneau 
ventral,  bien  qu'incomplet,  présente  une 
paire  de  pattes  ,  et  que  le  suivant ,  au  con- 
traire, en  soit  dépourvu.  Quant  aux  au- 
tres, ils  ont  chacun  deux  paires  d'appen- 
dices ,  et  le  dernier,  ou  l'anal,  en  est  tou- 
jours dépourvu.  Parfois  ,  un  ou  plusieurs 
anneaux  offrent  trois  paires  de  pattes  cha- 
cun ,  mais  c'est  un  cas  anormal.  Palisot  de 
Beauvois  en  a  représenté  un  exemple  dans 
son  ouvrage  sur  les  Insectes  d'Afrique  et 
d'Amérique.  Chez  certains  Iules ,  deux  seg- 
ments par  anneaux  sont  parfois  apodes  ; 
mais  ceci  n'a  pas  constamment  lieu  ,  et  se 
voit  plus  volontiers  chez  des  individus  qui 
n'ont  point  encore  pris  tout  leur  dévelop- 
pement. Les  Glomeris,  les  Pollyccenus  ,  à 
cause  du  peu  de  consistance  de  leur  derme, 
semblent  offrir  moins  de  régularité  sous  ce 
rapport. 


MYR 


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527 


Les  pieds  des  Myriapodes  sont  plus  ou 
moins  longs  ;  c'est  chez  les  Scutig&r a  ou  Cer- 
matia  qu'ils  prennent  le  plus  grand  dévelop- 
pement delongueur;  quantau  nombre,  ilsne 
présentent  pas  moins  de  grandes  différences, 
non  seulement  suivant  les  espèces,  mais  sui- 
vant l'âge  des  individus.  Sous  cedernier  rap- 
port, les  espèces  qui,  dans  l'état  parfait,  en 
possèdent  le  moins  ,  sont  les  Pollyxenus,  qui 
n'en  ont  que  douze  paires.  Dans  le  même 
ordre,  certains  Iulus  en  présentent  près  de 
trois  cents.  Mêmes  variations  pour  les  Chi- 
Jopodes  :  les  Lithobius  et  les  Sculigera  n'en 
ont  que  quinze  paires  ;  et  chez  un  Geophilus, 
désigné  sous  le  nom  de  G.  Walckenœrii 
Gerv. ,  espèce  des  environs  de  Paris ,  M.  P, 
Gervais  en  a  compté  336. 

La  forme  du  corps  est  toujours  en  rap- 
port avec  la  disposition  des  appendices  ,  et 
les  anneaux  qui  le  composent  se  montrent 
sous  différentes  formes:  assez  meus  chez  les 
Pollyxenus,  ce  n'est  qu'en  dessous  qu'ils  of- 
frent cette  dispositition  ;  chez  les  Glomeris , 
ils  sont  latéralement  et  en  dessus  d'une 
grande  consistance.  Ceux  des  Iules  sont  en- 
tièrement durs  et  cylindriques  ;  ceux  des 
Cambala ,  des  Plalyulus ,  des  Polydesmus 
et  des  Plalydermus  sont  déprimés.  Chez  les 
Scolopendra ,  ils  affectent  de  même  diverses 
dispositions;  les  Geophilus  les  ont  à  peu 
près  égaux  entre  eux  ,  car  ils  semblent  con- 
stamment formés  d'un  segment  plus  petit 
et  d'un  autre  plus  grand,  ce  dernier  étant 
seul  pédigère.  Dans  les  Scolopendra ,  ils  sont 
unipartis  et  tous  pédigères  ,  mais  ils  sont 
alternativement  plus  ou  moins  longs;  l'al- 
ternance est  marquée  chez  les  Lithobius  , 
mais  seulement  à  la  face  dorsale;  enfin, 
chez  les  Sculigera ,  il  semble  exister]  en 
dessous  un  plus  grand  nombre  de  segments 
qu'en  dessus,  parce  qu'à  cette  partie  les 
plus  petits  ont  cessé  d'être  apparents.  Les 
antennes  qui  président  au  toucher  sont 
au  nombre  de  deux  :  celles  des  Chilognathes 
n'ont  jamais  plus  de  sept  articles,  et  celles 
des  Chilopodcs  en  ont  toujours  un  plus 
grand  nombre;  les  Geophilus  en  ont  qua- 
torze; les  Cryptops  et  les  Scolopendra,  dix- 
sept  ou  vingt  environ  ,  leurs  articles  étant 
grenus  ;  encore  ferons-nous  observer  que 
dans  ce  dernier  genre,  le  nombre  d'articles 
varie  ordinairement  d'une  antenne  à  une 
autre  :  ainâ  il  n'est  pas   rare  de  rencon- 


trer, chez  les  Scolopendra,  des  antennes  où 
la  gauche  n'offre  que  dix-sept  ou  dix-huit 
articles,  tandis  que  la  droite,  au  contraire, 
en  présente  vingt.  Ce  cas  ,  qui,  au  premier 
abord,  semble  anormal ,  s'explique  facile- 
ment. Pendant  notre  séjour  en  Algérie , 
nous  avons  observé  plusieurs  Scolopendres 
en  train  de  changer  de  peau,  et  nous  avons 
remarqué  que  ,  par  les  efforts  que  fait  la 
Scolopendra  pour  dégager  ses  antennes  de 
leur  vieille  enveloppe ,  il  arrive  souvent 
qu'un  ou  deux,  ou  même  trois  articles, 
restent  ordinairement  dans  cette  vieille 
enveloppe.  Cette  disproportion  du  nombre 
des  articles  des  antennes  ne  se  remarque 
jamais,  ou  au  moins  très  rarement,  dans 
les  Lithobius  et  les  Geophilus ,  et  cela  est  dû 
aux  articles  terminaux  ,  qui  sont  beaucoup 
plus  robustes  que  ceux  du  genre  des  Scolo- 
pendra. Chez  les  Scutigera,  elles  sont,  au 
contraire,  filiformes  et  extrêmement  al- 
longées. Certains  Myriapodes  manquent 
d'yeux  (Polydesmus,  Blaniulus ,  Cryptops 
et  Geophilus)  ;  chez  les  Scolopendra ,  les 
Plalyulus  et  les  Lithobius,  ces  organes  sont 
stemmatiformes,  et  plus  ou  moins  nom- 
breux; dans  le  genre  des  Platydesmus ,  ces 
mêmes  organes  sont  très  gros  et  uniques  de 
chaque  côté.  Chez  les  Iulus  ,  ils  sont  très 
rapprochés;  tels  sont  encore  les  Pollyxenus 
et  les  Zephronia.  Enfin,  ils  ont,  dans  les 
Sculigera,  l'aspect  des  yeux  composés  de  la 
plupart  des  Crustacés.  Une  particularité  re- 
marquable signale  le  développement  des 
organes  de  la  vue  chez  quelques  espèces  qui 
ont  été  étudiées  par  M.  P.  Gervais  :  les  yeux, 
beaucoup  moins  nombreux  dans  le  jeune 
âge,  apparaissent  successivement  à  mesure 
que  les  autres  organes  se  développent. 

Si  nous  étudions  maintenant  les  organes 
internes  de  ces  animaux  ,  nous  verrons  que 
les  Myriapodes  ont  leur  système  nerveux 
parfaitement  conforme  aux  autres  animaux 
articulés;  ils  sont  même  un  exemple  au 
moyen  duquel  la  disposition  normale  de 
tout  ce  type  peut  être  le  mieux  comprise  ; 
les  nerfs  principaux  forment  sur  la  ligne 
médiane  du  corps,  au-dessous  du  canal  in- 
testinal, une  série  de  ganglions,  et  chacun  de 
ces  ganglions  correspond  à  un  des  anneaux 
du  corps;  tous  donnent  naissance  à  des  fila- 
ments plus  ténus  qui  s'en  échappent  laté- 
ralement: le  nombre  des  ganglions  princi- 


528 


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MYR 


paux  est  donc  proportionnel  à  celui  des 
anneaux  du  corps,  et  comme  dans  certaines 
espèces  ceux-ci  sont  incomparablement  plus 
nombreux  chez  les  adultes  que  chez  les 
jeunes  sujets,  les  ganglions  varient  eux- 
mêmes  en  nombre.  Tréviranus  a  fait  con- 
naître avec  soin  ce  système  important  de 
l'économie  des  Myriapodes,  ainsi  que  celui 
de  plusieurs  autres  espèces  ,  dans  son  Mé- 
moire sur  l'anatomie  de  quelques  espèces 
de  cette  classe.  Nous  devons  dire  aussi  que 
M.  Newport  a  étudié  le  système  nerveux  de 
ces  animaux ,  particulièrement  dans  les 
genres  des  Scolopendra,  Geophilus  ,  Polydes- 
mus  et  Iulus.  Ce  Mémoire  fort  intéressant 
a  été  inséré  dans  les  Phil.  trans.  ofthe  roy. 
societ.  of  Lond.  ,  1S43,  p.  343,  pi.  II, 
fig.  1,6,11. 

Voici  l'extrait  que  nous  croyons  devoir 
donner  de  ce  travail  remarquable  : 

Le  cerveau  des  Myriapodes  est  formé  par 
l'agrégation  de  ganglions  séparés  (1),  pla- 
cés au-dessus  de  l'œsophage.  Les  ganglions 
de  la  première  paire  sont  toujours  les  plus 
petits,  et  donnent  origine  aux  nerfs  des  an- 
tennes. Ceux  de  la  seconde  paire,  placés  im- 
médiatement en  arrière  ,  sont,  comme  dans 
les  Insectes,  les  organes  de  la  volonté,  et  re- 
présentent le  cerveau  des  vertélnés.  Ce  sont 
en  réalité,  comme  je  l'ai  montré  ailleurs,  les 
analogues  des  corps  quadrijumeaux ;  ils  four- 
nissent des  nerfs  aux  organes  de  sens  spé- 
ciaux, comme  les  yeux.  Ils  sont  plus  déve- 
loppés que  les  ganglions  des  antennes ,  et  ne 
cessent  d'augmenter  d'importance  jusqu'au 
moment  où  l'animal  est  parvenu  à  son  plus 
haut  degré  de  perfection.  Ils  sont  encore 
très  volumineux,  même  quand  ceux  des  an- 
tennes sont  presque  nuls,  comme  dans  les 
larves  des  Lépidoptères,  et  même  quand  les 
yeux  manquent  entièrement,  comme  dans 
toute  une  famille  de  Chilognathes,  les  Poly- 
desmidœ.  Ils  sont  en  communication,  au 
moyen  de  deux  cordons  descendant  de  cha- 
que côté  de  l'œsophage,  avec  les  ganglions 

(i)  Depuis  que  ce  Mémoire,  a  été  présenté  à  la  société 
royale,  j'ai  trouvé  que,  dans  l'embryon  <lu  Necrophlœophagus 
(Geophilus)  longicornis  Leach  (au  moment  de  briser  sa  co- 
quille), le  cerveau  est  composé  de  quatre  doubles  ganglions, 
qui  sont  les  centres  d'un  nombre  correspondant  de  segments 
qui  se  réunissent  ensuite  pour  former  la  seule  portion  mo. 
bile  de  la  tête  dans  l'Insecte  parfait.  Ainsi,  le  cerveau  des 
Myriapodes  et  des  Articulés  les  plus  élevés  est  en  réalité 
composé  d'au  moins  quatre  paires  de  ganglions  (Newport, 
juillet  1846). 


réunis  des  mandibules  et  des  mâchoires,  qui 
constituent  (selon  M.  Newport)  l'analogue 
de  la  moelle  allongée.  C'est  le  commence- 
ment de  la  corde  abdominale. 

Dans  les  Iulidœ ,  les  lobes  cérébraux , 
pi.  11,  fig.  1  et  2  (6),  sont  convexes  et  plus 
ou  moins  confondus  suivant  les  espèces. 
Chaque  lobe  est  en  connexion  avec  le  gan- 
glion optique  (c),  qui  est  de  forme  allongée, 
ovaluire,  donnant  origine  aux  fibres  qui  se 
rendent  à  la  cornée,  en  formant  un  faisceau 
triangulaire.  Les  ganglions  des  antennes 
sont  très  petits  chez  les  Iules,  et  situés  à  la 
jonction  des  nerfs  cérébraux  avec  les  gan- 
glions optiques.  Du  renflement  de  chaque 
lobe,  un  tronc  nerveux  (e)  s'étend  oblique- 
ment en  avant,  puis  transversalement  au- 
dessus  du  palais  et  de  la  bouche,  et  se  réu- 
nit avec  son  congénère  du  côté  opposé  pour 
former,  sur  la  ligne  moyenne,  un  petit  gan- 
glion triangulaire  (f).  Ces  troncs  nerveux 
sont  les  analogues  des  nerfs  récurrents  des 
Insectes,  et  les  nerfs  des  viscères  en  prennent 
leur  origine.  Chez  ces  Myriapodes,  les  nerfs 
récurrents  sont  plus  développés  que  dans  les 
autres  classes ,  et  l'importance  de  ces  nerfs 
et  leur  volume  paraissent  diminuer  dans  la 
même  proportion  que  les  autres  parties  du 
système  nerveux  se  développent.  Le  petit 
ganglion  triangulaire  envoie  en  arrière  sur 
la  ligne  médiane  un  nerf  court  et  épais,  qui 
se  termine  immédiatement  devant  le  cer- 
veau en  un  ganglion  moins  distinct  que  le 
précédent,  et  qui  donne  trois  branches  ner- 
veuses. La  moyenne,  beaucoup  plus  grêle 
que  les  latérales,  se  dirige  en  arrière  sous  le 
cerveau  en  longeant  le  pharynx  et  l'œso- 
phage, et  donne  des  branches  au  vaisseau 
médian  qui  le  couvre.  C'est  le  tronc  du 
nerf  vague  proprement  dit  (l).  Les  deux 
autres  branches  latérales  qui  proviennent 
du  même  ganglion  sont  chacune  deux  fois 
plus  grosses  que  ce  nerf  vague;  et  après 
avoir  donné  quelques  petits  filaments  au  pha- 
rynx et  à  l'œsophage,  elles  descendent  sur  les 
côtés  du  pharynx,  et  se  perdent  dans  une 
série  de  gros  ganglions  viscéraux  (m),  réunis 
ensemble  sur  le  côté ,  et  qui  sont  les  ana- 
logues des  ganglions  latéraux  des  Insectes. 
Cette  série  de  ganglions ,  comme  chez  les 
Insectes,  communique  avec  le  cerveau  au 
moyen  de  deux  petits  nerfs  (n),  qui  s'éten- 
dent en  arrière  de  la  surface  postérieure 


MYR 


MYR 


529 


«les  lobes  cérébraux ,  près  de  leur  jonction 
avec  les  ganglions  optiques.  Ces  ganglions 
viscéraux  ont,  chez  les  Iules,  des  dimen- 
sions très  extraordinaires ,  ayant  la  moitié 
du  volume  du  cerveau.  Il  existe  quatre 
ganglions  de  chaque  côté  de  l'œsophage,  et 
ils  sont  fortement  réunis  ensemble  pour 
former  une  seule  masse  ,  qui  fournit  des 
branches  nerveuses  aux  immenses  glandes 
salivaires,  à  l'oesophage  et  aux  parties  voi- 
sines. Us  communiquent  avec  le  nerf  vague, 
au  moyen  d'un  nerf  qui  passe  directement 
du  dernier  de  ces  ganglions  de  chaque  côté, 
à  un  ganglion  volumineux  qu'offre  le  nerf 
vague  (o)  à  quelque  distance  du  cerveau. 
Le  nerf  vague,  après  avoir  passé  au-dessous 
du  cerveau  et  tout  auprès  de  ce  dernier, 
offre  un  autre  ganglion  beaucoup  plus  pe- 
tit (i),  qui  communique  également  avec  les 
ganglions  latéraux  par  une  très  petite  bran- 
che de  chaque  côté.  Le  nerf  vague  ,  après 
avoir  longé  la  moitié  antérieure  de  l'œso- 
phage, se  divise  en  deux  branches,  qui  se 
distribuent,  comme  chez  les  Insectes,  à  la 
partie  postérieure  de  l'œsophage  et  à  l'ex- 
trémité cardiaque  de  l'estomac. 

Une  des  particularités  les  plus  intéressan- 
tes ,  relatives  au  système  nerveux  des  Iules, 
est  le  volume  relatif  du  cerveau  et  des  gan- 
glions viscéraux.  Chez  ces  Myriapodes  infé- 
rieurs, dans  lesquels  la  fonction  de  la  locomo- 
tion est  dévolue  également  à  chaque  segment 
du  corps,  le  cerveau  ne  forme  qu'une  petite 
partie  du  système  nerveux  général ,  et  les 
sens  sont  moins  parfaits  que  chez  les  In- 
sectes :  ainsi,  chez  les  Iules,  les  nerfs  de  la 
vie  organique  et  leurs  ganglions  sont  pres- 
que aussi  volumineux  que  toute  la  masse 
cérébroïde  ,  organe  de  la  volonté.  Tout  le 
contraire  a  lieu  chez  les  Insectes,  surtout 
chez  certains  Hyménoptères,  Névroptères  et 
Lépidoptères.  Cela  se  voit  surtout  à  l'état 
parfait  de  ces  Insectes,  car  le  volume  du 
cerveau  augmente  au  moment  où  la  larve 
subit  ses  métamorphoses  ,  circonstance  qui 
semble  démontrer  que  l'importance  des 
nerfs  viscéraux  diminue  à  proportion  que 
celle  des  nerfs  de  la  volonté  et  que  l'existence 
active  augmente. 

Le  cerveau  de  l'Iule  est  revêtu  d'une  tu- 
nique propre,  qui  est  tellement  délicate, 
qu'on  l'aperçoit  avec  difficulté. 

Le  cordon  nerveux  se  tend  de  son  origine 

T.  VIII. 


de  la  masse  cérébroïde  jusqu'au  niveau  de 
l'antépénultième  segment  du  corps ,  en  of- 
rant  presque  partout  une  grosseur   pres- 
que uniforme.  Seulement  il  est  un  peu  plus 
gros  à  son  extrémité  antérieure,  et  un  peu 
plus  petit  à  son  extrémité  postérieure  que 
dans  son  milieu.  Chez  VIulus  terrestris,  il 
présente  96  renflements  ganglionnaires  très 
petits,  situés  seulement  sur  sa  face  inférieure, 
tellement  rapprochés  qu'on  ne  les  distin- 
gue qu'avec  difficulté.  Chaque  renflement 
donne  deux  paires  de  nerfs  :  l'une  d'elles  est 
destinée  à  la  face  inférieure  de  l'animal  et 
aux  pattes,  et  i'autre  à  sa  face  supérieure 
et  aux  côtés  du  corps  ;  de  sorte  qu'indé- 
pendamment des  nerfs  qui  proviennent  du 
cerveau  ,  le  cordon  fournit   272  rameaux 
nerveux.  Chez  le  Spirostreptus  (  fig.    3  )  , 
les  ganglions  sont  même  plus  petits  et  plus 
serrés  les  uns  contre  les  autres  que  dans 
l'Iule,  mais  le  cordon  est  plus  volumineux 
relativement  à  la  grosseur  des  nerfs,  dont  la 
distribution     est    presque    entièrement    la 
même  que  chez  l'Iule.  Chaque  renflement 
du  cordon  (a)  donne  à  sa  face  supérieure  et 
latérale  une  seule  branche  nerveuse  (b) , 
qui  marche  de  dedans  en  dehors  jusqu'à 
une  certaine  distance,  comme  si  elle  n'était 
qu'un  nerf  simple  ;  mais  en  réalité  elle  ren- 
ferme deux  espèces  distinctes  de  nerfs,  qui 
se  séparent  en  forme  de  rameaux  principaux, 
au  côté  interne  de  la  grande  série  longitu- 
dinale de  muscles  abdominaux.  Le  rameau 
antérieur  est  l'analogue  du  nerf  respira- 
toire des  Insectes  ,  et  passe  à  travers  la 
couche  supérieure  de  ces  muscles ,  sur  leur 
surface  viscérale  ,  en  leur  fournissant  un 
grand  nombre  de  filets.  Le  premier  de  ces 
filets  se  divise  en  arrière  et  en  dedans,  vers 
les  stigmates  et  les  principales  trachées  ,  et 
à  la  face  inférieure  du  segment,  derrière  les 
pattes,  pendant  que  le  nerf  lui-même,  de- 
venu très  petit ,  monte  pour  se  perdre  sur 
les  appendices  musculaires  du  cœur.  L'au- 
tre  rameau   se   divise  en  deux   branches 
principales,  qui  passent  entre  les  couches 
des  muscles    longitudinaux.    La   première 
donne  des  rameaux  aux  muscles  des  parties 
inférieures  et  latérales  du  corps,  auxquelles 
elle  se  distribue  presque  entièrement;  l'au- 
tre, la  plus  volumineuse,  après  avoir  décrit 
une  anse  sur  les  côtés  du  corps,  se  distribue 
aux  muscles  dorsaux. 

67 


530 


MYR 


IYJYR 


Apres  une  description  détaillée  de  la 
structure  du  système  nerveux  des  Myria- 
podes, trop  longue  pour  être  reproduite  ici, 
M.  Newport  résume  ainsi  ses  vues  relative- 
ment à  ce  sujet  :  «  Ainsi  chaque  tronc  ner- 
veux provenant  d'un  renflement  ganglion- 
naire du  cordon ,  est  composé  de  quatre 
espèces  de  faisceaux  de  fibres  :  une  couche 
supérieure  et  une  couche  inférieure  qui 
communiquent  avec  les  ganglions  céré- 
braux, une  couche  transverse  ou  commissu- 
rale  qui  communique  seulement  avec  les 
nerfs  correspondants  sur  le  côté  opposé  du 
corps  ,  et  une  couche  latérale  qui  commu- 
nique seulement  avec  les  nerfs  d'un  renfle- 
ment ganglionnaire  du  même  côté  du  corps, 
et  qui  fait  partie  du  cordon  dans  l'inter- 
valle des  racines  des  nerfs.  C'est  par  l'ad- 
dition successive  de  ces  portions  latérales  du 
cordon  ,  que  le  volume  de  ce  dernier  est 
maintenu  presque  uniforme  dans  toute  sa 
longueur.  En  examinant  le  cordon  avec  une 
grande  attention,  je  me  suis  convaincu  que 
les  faisceaux  de  fibres  longitudinaux  supé- 
rieur et  inférieur  ,  c'est-à-dire  le  faisceau 
ganglionnaire  et  le  faisceau  dépourvu  de  gan- 
glions, sont  un  peu  plus  grêles  à  leur  ex- 
trémité postérieure  qu'à  leur  extrémité  an- 
térieure ;  fait  dont  on  peut  facilement  se 
rendre  raison,  en  réfléchissant  que  des  sé- 
ries successives  de  filaments  en  partent  au 
niveau  des  renflements  ganglionnaires,  tan- 
dis qu'au  contraire  le  volume  relatif  des 
portions  latérales  du  cordon  paraît  être  plus 
considérable  dans  la  partie  postérieure  que 
dans  la  partie  antérieure.  C'est  pour  cette 
raison  que  j'ai  donné  à  ces  fibres  latérales 
le  nom  de  fibres  de  renforcement  du  cordon. 
L'existence  indépendante  de  ces  fibres 
est  indiquée  surtout  au  bord  postérieur  et 
latéral  du  ganglion  ( fig.  7,  f) ,  où  on  les 
voit  faire  partie  des  nerfs  et  du  cordon  sans 
se  prolonger  vers  le  cerveau.  Dans  d'autres 
points  de  leur  trajet  on  ne  peut  les  distin- 
guer par  leur  couleur,  et  il  est  très  rare 
qu'on  puisse  apercevoir  une  ligne  longitudi- 
nale, indice  de  leur  séparation,  dans  les 
fibres  du  faisceau  longitudinal  inférieur  du 
cordon  qui  leur  sont  contiguës;  mais  cette 
séparation  existe  en  toute  probabilité,  car  ces 
premières  fibres  ne  montent  pas  vers  le  cer- 
veau comme  les  dernières.  Leurs  fonctions 
doivent  être  regardées  comme  étant  uni- 


quement de  réflexion.  Indépendantes  de  la 
sensibilité,  ces  fibres  sont  susceptibles  d'être 
excitées  par  des  stimulants  externes. 

L'existence  de  ces  fibres  latérales  du 
cordon  peut  expliquer  actuellement  les  mou- 
vements réfléchis  des  parties  antérieure  et 
postérieure  à  un  membre  blessé  du  même 
côté  du  corps  ,  comme  les  fibres  commissu- 
rales  expliquent  les  mouvements  qui  ont 
lieu  sur  le  côté  opposé  à  celui  qui  est  irrité. 

Chez  les  Polydesmidœ  (PI.  il ,  fig.  6),  le 
système  nerveux  correspond  à  celui  des  Iules 
à  l'égard  des  nerfs  fournis  aux  orifices  gé- 
nérateurs. Mais  les  renflements  ganglion- 
naires du  cordon  sont  plus  gros  et  beaucoup 
plus  éloignés  les  uns  des  autres.  Les  gan- 
glions des  deux  premières  paires  de  pattes 
sont  unis  au  premier  ganglion  œsopha- 
gien (d),  et  forment  ensemble  une  masse 
nerveuse  ,  volumineuse  et  allongée  ,  sem- 
blable à  la  moelle  épinière  courte  de  l'Os- 
tracion  et  de  quelques  autres  Poissons.  Ce 
ganglion  volumineux  et  allongé  est  situé 
antérieurement  aux  ouvertures  des  organes 
génitaux  femelles,  et  par  conséquent  il  est 
antérieur  au  troisième  segment  du  thorax. 
De  son  extrémité  postérieure,  le  cordon  se 
prolonge  en  arrière  sur  la  ligne  médiane  , 
entre  les  organes  femelles,  et  immédiate- 
ment derrière  ces  derniers  il  donne  une 
paire  de  nerfs  à  ces  organes;  ces  nerfs  pro- 
viennentenapparencedu  cordon  même, mais 
en  réalité  d'un  ganglion  atrophié  (e)  qui  a 
presque  entièrement  disparu  de  cette  partie 
du  cordon ,  absolument  comme  des  gan- 
glions semblables  disparaissent  pendant 
les  métamorphoses  que  subissent  les  Insec- 
tes, fait  qui  démontre  la  tendance  constante 
que  les  portions  du  cordon  nerveux  pour- 
vues de  ganglions  ont  à  se  réunir. 

Le  nombre  de  segments  dans  le  Polydes- 
mus  complanatus  Leach  (PI.  11  ,  fig.  6)  est 
de  22 ,  y  compris  la  tête  et  le  segment  anal. 
Le  nombre  des  ganglions  du  cordon  isolés 
et  distincts  est  de  34 ,  chacun  desquels 
fournit  des  nerfs  à  une  paire  d'organes  de 
locomotion.  De  plus  ,  il  y  a  les  ganglions 
réunis  (e,  1,2)  qui  fournissent  aux  organes 
de  la  mastication  et  à  la  première  et  à 
la  deuxième  paire  de  pattes.  Les  nerfs  du 
quatrièmeganglionatrophié,  mentionné  plus 
haut,  se  distribuent  aux  deux  oviposteurs 
chez  la  femelle  ,  les  analogues  d'une  paire 


MYR 

d'organes  de  la  locomotion.  Le  trente-hui- 
tième ganglion  (37,  38)  est  un  ganglion 
double  qui  donne  des  nerfs  aux  segments 
antépénultième ,  pénultième  et  terminal 
apodes. 

Le  cerveau  (6),  dans  cette  famille,  offre 
quelques  considérations  intéressantes.  Les 
deux  lobes  sont  très  petits,  en  forme  de 
poire,  et  à  la  face  inférieure  se  transforment 
en  deux  prolongements,  ou  cuisses  très 
grêles  et  allongées  qui  se  réunissent,  au- 
dessous  de  l'œsophage  ,  à  la  grande  agglo- 
mération deganglions  mentionnée  plus  haut. 
Chacun  de  ces  lobes  cérébraux  est  arrondi 
à  son  côté  externe,  et  les  nerfs  optiques  et 
leurs  ganglions  manquent  complètement  ; 
l'organe  externe  de  la  vision  manque  égale- 
ment. Au-devant  de  chaque  lobe  existe  un 
petit  ganglion  allongé  qui  fournit  le  nerf 
antennaire(a).  Cette  disposition  du  cerveau 
est  remarquable,  et  elle  a  quelque  analogie 
avec  celle  que  Treviranus  a  décrite  chez  le 
Geophilus ,  quoique  dans  ce  genre,  comme 
je  le  montrerai  bientôt,  les  nerfs  optiques  ne 
manquent  pas  complètement ,  comme  dans 
les  Polydesmidœ.  Ce  fait  est  intéressant 
surtout  relativement  à  l'analogie  qu'on  croit 
exister  entre  ces  lobes  du  cerveau  et  les 
ganglions  optiques  et  les  corps  quadriju- 
maux  des  animaux  vertébrés,  et  semble 
démontrer  que  les  fonctions  de  ces  parties 
sont  plus  importantes  que  celles  de  simples 
ganglions  d'un  organe  individuel ,  et  que  les 
ganglions  des  nerfs  optiques  reçoivent  les 
impressions  de  la  rétine  qu'ils  transmettent 
aux  ganglions  moyens  sus  -  œsophagiens  , 
c'est-à-dire  au  cerveau,  sensorium  commun 
de  tout  le  système  nerveux. 

Chez  les  Geophilidœ  (Og.  2) ,  le  système 
nerveux  se  rapproche  de  celui  des  Polydes- 
mes  pour  le  volume  et  pour  la  forme  dis- 
tincte des  renflements  ganglionnaires;  mais 
il  se  rapproche  de  celui  des  Iules  pour  l'uni- 
formité des  intervalles  des  ganglions  entre 
eux,  et  par  la  grande  multiplication  de  ces 
ganglions.  Ce  nombre  varie  beaucoup  dans 
les  différentes  espèces  et  sous  -  genres. 
Tantôt,  dans  le  Mecistocephalus ,  Newport 
{Geophili  maxillares  Gervais),  il  n'y  en  a 
que  46  ,  tandis  que  dans  le  Geophilus  sub- 
'erraneus  Leach  il  y  en  a  86,  et  dans  un 
nouveau  genre,  Gonibregmatus,  Newport, 
il  y  en  a  même  160. 


MYR 


531 


Dans  les  formes  supérieures  des  Chilopo- 
des,  comme  chez  les  Scolopendres,  il  n'y 
en  a  que  23  ,  et  chez  la  Lithobie  et  la  Scu- 
tigère  15,  sans  compter  le  cerveau  et  la 
moelle. 

Chez  le  Geophilus  subterraneus  (Og.  2  , 
p.  12),  le  cerveau  (6)  ressemble  à  celui  du 
Polydesme  par  l'absence  presque  complète 
de  nerfs  optiques ,  mais  il  en  diffère  par  le 
fait  que  les  ganglions  optiques  (c)  sont  légè- 
rement développés  latéralement  et  donnent 
un  très  petit  filament  au  seul  œil  lisse  qui 
existe  à  la  face  inférieure  de  la  tête  derrière 
l'antenne.  Treviranus(l)  a  décrit  le  cerveau 
du  Géophile  longicorne,  Leach,  comme  s'il 
était  entièrement  dépourvu  des  organes  de 
la  vision;  mais  comme  il  existe  également 
dans  cette  espèce  un  ocelle  de  chaque  côté 
derrière  l'antenne,  le  filet  grêle  destiné  à  cet 
organe  lui  a  probablement  échappé.  Le 
cerveau  est  volumineux,  comparé  à  la  gros- 
seur de  la  tête,  et  les  ganglions  des  anten- 
nes (a)  sont  presque  entièrement  confondus 
avec  lui.  Les  nerfs  des  antennes  sont  exces- 
sivement gros,  comme  chez  le  Polydesme  , 
et  paraissent  compenser  l'imperfection  de 
la  vision,  en  faisant  apprécier  la  condition 
et  le  voisinage  des  objets  environnants  par 
le  sens  du  toucher.  Chaque  nerf  paraît  avoir 
un  petit  renflement  ganglioniforme  dans 
chaque  article  ,  d'où  partent  des  branches 
qui  se  perdent  diversement  dans  les  mus- 
cles. Cette  disposition  du  nerf  antennaire 
n'a  été  trouvée  chez  aucun  autre  Myria- 
pode. 

Le  cordon  nerveux  des  Myriapodes  ac- 
quiert son  maximum  de  développement  dans 
les  Scolopendridœ  et  \esScutigeridœ.  Chaque 
ganglion  fournit  quatre  paires  de  nerfs:  la 
première  et  la  troisième  sont  distribuées 
aux  muscles,  la  seconde  aux  pattes,  tandis 
que  la  quatrième,  l'analogue  des  nerfs  res- 
piratoires,  est  couchée  au-dessus  du  gan- 
glion à  son  bord  postérieur;  mais  elle  en 
tire,  comme  chez  le  Géophile,  une  partie 
de  sa  structure.  Elle  est  étroitement  réunie 
à  la  partie  latérale  du  faisceau  supérieur  du 
cordon, d'où  elle  paraît  prendre  naissance, 
comme  je  l'ai  déjà  dit  en  1834,  en  décrivant 
sa  structure;  plus  tard,  M.  Swan  a  montré 
la  manière  dans  laquelle  elle  se  distribue 

(ï)   VtrmiseM*  Scriften  anatomitektn  und  riij-iiologischcn 
in  halts  Brcmen,  1817. 


532 


MYR 


MYR 


sur  les  stigmates ,  et  M.  le  professeur  Owen 
a  signalé  son  analogie  avec  les  nerfs  respi- 
ratoires des  Insectes.  L'existence  de  fibres 
commissurales  qui  traversent  les  ganglions 
du  cordon  chez  la  Scolopendre  a  été  décou- 
verte par  le  docteur  Carpenter;  mais  jus- 
qu'à présent  on  n'a  pas  fait  connaître  les 
fibres  longitudinales  et  latérales  du  même 
cordon.  Ces  fibres  existent  chez  la  Scolo- 
pendre comme  chez  les  autres  Myriapodes , 
mais  elles  sont  moins  facilement  reconnues 
que  chez  le  Polydesme  et  le  Géophile,  par 
suite  de  ra  structure  plus  parfaite  et  du  rap- 
prochement plus  grand  de  toutes  les  parties 
du  cordon. 

Les  ganglionsdessegments  antérieurs  sont 
plus  rapprochés  que  chez  le  Géophile,  surtout 
les  cinq  premiers,  qui  sont  séparés  seulement 
par  un  très  petit  intervalle.  Chez  la  Lilhobie, 
ce  rapprochement  des  ganglions  est  porté  en- 
core plus  loin  ,  et  dans  les  Scutigères ,  chez 
lesquelles  les  sept  premiers  ganglions  sont 
très  voisins  les  uns  des  autres ,  il  a  acquis 
son  maximum.  Chez  ces  derniers,  le  cer- 
veau aussi  a  acquis  un  plus  grand  dévelop- 
pement, les  nerfs  optiques  et  leurs  gan- 
glions ont  augmenté  de  volume,  et  les  ocelles 
se  sont  multipliés.  Les  ganglions  caudaux 
se  réunissent  à  un  ganglion  plus  volumineux 
dans  la  Scolopendre,  et,  chez  la  Lithobie 
(pi.  13,  fig.  23  et  24,  p.  17  et  18),  for- 
ment un  appendice  caudal  allongé,  fixé  au 
dernier  grand  ganglion  du  cordon. 

Tous  ces  animaux  respirent  l'air  en  na- 
ture, et  ils  sont  pourvus  de  trachées;  ces 
organes  s'ouvrent  sur  les  côtés  de  leurs 
corps  par  des  stigmates  ;  leur  système  vas- 
culaire,  de  même  que  celui  des  animaux 
trachéens,  est  fort  incomplet  :  le  tube  diges- 
tif, chez  ces  animaux,  est  tout-à-fait  droit, 
il  ne  dépasse  par  conséquent  pas  la  lon- 
gueur du  corps;  dans  les  Lithobius ,  l'œso- 
phage et  le  jabot  ne  forment  qu'un  même 
tube  d'un  diamètre  uniforme,  cylindrique, 
enveloppé  par  les  glandes  salivaires  ,  et  at- 
teignant à  peine  la  seconde  plaque  dor- 
sale. MM.  Tréviranus  et  Marcel  de  Serres 
n'admettent  point  de  jabot;  mais  l'analo- 
gie le  fait  supposer  à  M.  L.  Dufour ,  à  cause 
de  la  présence  d'un  léger  bourrelet  à  l'ori- 
gine du  ventricule  chylifique;  ce  bourrelet, 
qui  semble  être  l'indice  d'une  valvule  annu- 
laire, vient  prêter  un  grand  poids  à  l'induc- 


tion par  analogie.  Cette  valvule  prouve  que 
les  aliments  ne  doivent  pénétrer  dans  la 
poche  qu'elle  précède  qu'après  avoir  subi 
une  élaboration  préliminaire  dans  le  ven- 
tricule en  question  :  le  ventricule  chylifique 
forme  à  lui  seul  les  trois  quarts  de  la  lon- 
gueur de  tout  le  tube  digestif;   la  cavité 
renferme  une  pulpe  alimentaire  homogène, 
d'un  gris  roussâtre.  L'intestin,  bien  moins 
large  et  cylindroïde  ,  paraît  cannelé  suivant 
sa  longueur,  lorsqu'il  est  vide  et  contracté 
vers  lui-même;  avant  de  se  terminer  à  la 
partie  anale,  il  offre  un  ccecum  à  peine  sen- 
sible qui   est  caché  par  les  derniers  'liga- 
ments abdominaux.  Il  n'y  a  chez  les  Litho- 
bius qu'une  paire  de  vaisseaux  hépatiques  ; 
ils  s'insèrent  un  de  chaque  côté,  et  par  un 
bout  légèrement  renflé,  au  bourrelet  valvu- 
leux  cité  plus  haut  comme  étant  en  arrière 
du  canal  chylifique.  Chez  les  Scutigera, 
l'appareil  digestif  diffère  très  peu  de  celui 
des  Lithobius  ;  l'œsophage  est  d'une  brièveté 
extrême;  le  jabot  n'est  qu'une  petite  dila- 
tation. Le  ventricule  chylifique  est  cylin- 
droïde, et  occupe  environ  les  trois  quarts 
de  la  longueur  du  corps;  il  a  une  capacité 
assez  vaste;  ses  parois  sont  assez  épaisses 
et  d'une   texture  remarquable.  L'intestin 
paraît  plus  musculeux  que  le  ventricule 
chylifique;  un  peu  avant  la  terminaison  du 
rectum,  existe  une  sorte  d'appendice  cœcal. 
Le  tube  alimentaire  des  Mus  est,  à  peu  de 
chose  près,  le  même  que  celui  des  Lithobius 
et  des  Scutigera ,  ces  dispositions  générales 
étant  fort  analogues. 

La  reproduction  des  Myriapodes  est  ovi- 
pare ,  ou  dans  quelques  cas  ovovivipare. 
Degéer  a  étudié  l'Iule  des  sables  sous  ce 
rapport ,  et  voici  comment  il  s'exprime  : 
«  Celui  dont  je  viens  de  donner  la  des- 
cription était  une  femelle  ;  car  elle  pondit 
un  grand  nombre  d'œufs  d'un  blanc  sale, 
en  un  tas,  les  uns  auprès  des  autres;  ces 
œufs  sont  petits  et  de  figure  arrondie.  » 

Audouin  a  aussi  observé  les  produit* 
d'une  ponte  de  celle  d'une  espèce  du  véri- 
table genre  Scolopendra  ,  voisine  d'une  Sco- 
lopendre mordante,  et  qu'il  a  bien  voulu 
montrer  à  M.  P.  Gervais.  Une  femelle  de 
cette  espèce,  placée  encore  vivante  dans  un 
flacon  d'alcool,  y  pondit,  non  des  œufs,  mais 
des  petits  déjà  bien  développés  ;  la  généra- 
tion dans  ce  cas  a  donc  été   ovovivipare  : 


MYR 


MYR 


533 


est-elle  semblable  chez  toutes  les  espèces? 
C'est  ce  que  l'observation  pourra  seule  ap- 
prendre.   Je  ferai  remarquer  que  dans  ce 
genre  de  la  famille  des  Scolopendrites  (Geo- 
philus),  où  la  ponte  a  été  aussi  observée  par 
M.  Newport,  celle-ci  est  ovipare.  Chez  les 
Myriapodes  ovipares,  un  phénomène  remar- 
quable se  présente.  «  Je  n'espérais  pas,  con- 
tinue Degéer  ,  que  nous  citions  plus,  haut, 
voir  des  petits  sortir  de  ces  œufs,  car  il  était 
incertain  si  la  mère  avait  été  fécondée  ou 
non;  cependant,  après  quelques  jours,  c'é- 
tait le  premier  du  mois  d'août  1746,  de 
chaque  œuf  il  sortit  un  petit  Iule  blanc,  qui 
n'avait  pas  une  ligne  de  longueur  ;  j'exa- 
minai d'abord   au   microscope   les  coques 
d'œufs  vides,  et  je  vis  qu'elles  s'étaient  fen- 
dues en  deux  portions  égales,  mais  qui  te- 
naient ensemble  vers  le   bas.  Ces  jeunes 
Iules,  nouvellement  éclos,  me  firent  voir 
une  chose  à  laquelle  je  ne  m'attendais  nul- 
lement; je  savais  que  les  Insectes  de  ce 
genre  ne  subissent  point  de  métamorphoses, 
qu'ils  ne  deviennent  jamais  Insectes  ailés  : 
aussi  j'étais  comme  assuré  que  les  jeunes 
Iules  devaient  être  semblables  en  figure  ,  à 
la  grandeur  près,  à  leur  mère ,  et  par  con- 
séquent je  croyais  qu'ils  étaient  pourvus 
d'autant  de  pattes  qu'elle;  mais  je  vis  tout 
autre    chose  :    chacun   d'eux  n'avait    que 
six  pattes,  qui  composaient  trois  paires,  ou 
dont  il  y  avait   trois  de  chaque  côté  du 
corps  ;  ils  avaient  beaucoup  de  ressemblance 
avec  des  vers  ou  des  larves  hexapodes,  telles 
que  celles  qui  doivent  se  transformer   en 
Insectes  ailés.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est 
que  ces  jeunes  Iules  naissent  avec  six  pattes 
seulement,  et  qu'en  quatre  jours  de  temps 
il  leur  vient  encore  quatre  paires  de  pattes, 
de  sorte  qu'alors  ils  en  ont  sept  de  chaque 
côté.    J'ai  aussi  observé  d'autres  change- 
ments chez  ces  Iules,  âgés  d'environ  quatre 
jours,  qui  sont  de  même  très  remarquables, 
et  qui  semblent  demander  davantage  d'être 
précédés  d'un    changement  de   peau.    Les 
antennes  se  sont    beaucoup    développées; 
elles  sont  revenues  plus  longues  et  moins 
grosses  à  proportion,  et  elles  ont  pris  deux 
articulations  de  plus  ;  elles  en  avaient  six  , 
et  d'abord  n'en  avaient  eu  que  quatre.  » 

M.  Waga  a  aussi  observé  le  développe- 
ment des  Iules,  et  voici  comment  il  s'ex- 
prime à  ce  sujet  :  «  Le  22  octobre  de  l'an- 


née 1837,  je  mis  dans  un  flacon  trente  et 
un  individus  de  l'espèce  que  j'ai  nommée 
Iulus  unciger.  Le  vase  était  garni,  jusqu'à 
moitié  de  sa  hauteur,  d'une  terre  prise  à 
l'endroit  où  cette  espèce  avait  été  trouvée. 
Je  donnai  pour  nourriture  à  ces  animaux 
une  pomme  bien  mûre  ,  coupée  en  deux  , 
que  je  remplaçai ,  à  un  certain  espace  de 
temps,  par  une  autre  pomme  semblable,  et 
après  avoir  mis  dessus  une  couche  de  feuilles 
sèches  de  poirier ,  je  couvris  le  flacon  d'un 
morceau  de  papier.  Soignés  de  cette  ma- 
nière, ils  se  portaient  si  bien,  que  pendant 
l'hiver  suivant  il  n'y  en  eut  qu'un  seul  qui 
mourut. 

»  Vers  la  mi-mai  de  l'année  suivante, 
j'aperçus  pour  la  première  fois  un  paquet 
d'œufs,  au  nombre  de  12  environ,  placé 
dans  un  creux  de  terre  et  immédiatement 
contre  la  paroi  du  vase ,  de  manière  que 
la  transparence  du  verre  me  laissait  obser- 
ver exactement  ces  œufs,  dont  la  grosseur 
égalait  celle  de  la  graine  du  coquelicot  (Pa- 
paver  rhœas),  et  dont  la  forme  est  ovale, 
la  couleur  blanche  jaunâtre, 

»  Dans  les  premiers  jours  d'avril,  ces  œufs 
ne  présentaient  aucun  changement  appa- 
rent ;  mais  dès  la  moitié  du  mois  ils  com- 
mencèrent à  devenir  opaques,  et  bientôt 
après  plusieurs  d'entre  eux  se  fendirent.  On 
pouvait  distinguer,  au  moyen  du  micros- 
cope, que  les  deux  portions  de  la  coque 
étaient  égales,  et  qu'elles  contenaient  un 
embryon  d'une  couleur  blanche  comme  le 
lait,  entièrement  lisse,  ne  donnant  aucune 
marque  de  mouvement,  dépourvu  totale- 
ment de  membres,  et  si  mou  que  la  moindre 
pression  eût  suffi  pour  l'écraser. 

»  Au  bout  de  quatre  ou  cinq  jours,  le  corps 
de  ces  embryons  subit  la  forme  que  pré- 
sente la  fig.  6,  c'est-à-dire  qu'à  l'endroit  où 
l'embryon  était  plus  gros ,  on  peut  voir  se 
relever  la  tête  avec  les  deux  antennes,  et 
les  trois  simples  paires  de  pattes.  Le  mi- 
croscope faisait  voir  quelques  soies  dispersées 
sur  les  bords  postérieurs  des  segments  du 
corps  de  ces  Iules  nouvellement  éclos.  La 
tête,  inclinée  vers  le  sternum,  qui,  malgré 
sa  petitesse ,  offrait  parfaitement  la  forme 
de  celle  des  individus  adultes,  faisait  voir 
deux  antennes  courtes,  grossissant  insensi- 
blement vers  leur  bout,  composées  de  cinq 
articles  apparents,  l'.ipical  le  plus  gros  et 


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presque  sphérique.  Les  trois  simples  paires  de 
pattes  étaient  très  rapprochées  les  unes  des 
autres.  Entre  la  dernière  paire  de  ces  pattes 
et  l'extrémité  postérieure  du  corps  ,  il  y 
avait  trois  segments  apparents,  mais  tou- 
jours graduellement  plus  étroits;  de  sorte 
que  le  dernier,  prolongé  et  se  rétrécissant 
vers  le  bout ,  terminait  le  corps  en  cône 
(fig.  6).  Les  mouvements  de  ces  individus 
débiles  se  réduisaient  au  simple  tremblement 
des  antennes  et  des  pattes,  et  au  redresse- 
ment ou  fléchissement  du  corps  ,  comme 
le  font  les  nymphes  de  plusieurs  Insectes. 

»  Je  le  trouvai  encore  dans  cet  état  le 
2  mai  ;  mais  peut-être  étaient-ce  déjà  des  in- 
dividus provenant  d'une  autre  ponte,  car  il 
y  avait  des  femelles  qui  avaient  déjà  pondu 
des  œufs  à  la  mi-avril,  tandis  que  d'autres 
en  pondaient  à  la  fin  de  mai.  Quoi  qu'il  en 
soit,  ces  jeunes  individus,  dont  le  corps 
était  resté  jusqu'à  cette  époque  presque  uni- 
forme et  lisse,  offrirent,  depuis  les  premiers 
jours  de  mai  environ,  sept  segments  très 
distincts;  leur  tête  s'éloigna  plus  du  ster- 
num, et  leurs  antennes  et  leurs  pattes  ac- 
quirent plus  d'extension.  Tout  cela  cepen- 
dant n'était  encore  que  presque  nu,  presque 
immobile,  mou  et  entièrement  blanc  (fig.  7); 
on  ne  pouvait  encore  distinguer  aucune 
trace  des  yeux. 

»  Quelques  jours  après,  ces  individus  se 
développèrent  davantage  et  acquirent  plus 
de  force.  On  pouvait  déjà  compter  huit  an- 
neaux apparents  au  corps,  outre  la  tête,  bien 
distingués  par  des  rétrécissements  profonds 
et  par  la  ciiiature  de  leurs  bords  postérieurs 
(fig.  8).  Il  leur  apparut  deux  doubles  paires 
de  pattes  ;  de  sorte  qu'il  y  avait  déjà  quatorze 
pattes  en  tout.  Le  rudiment  de  l'œil,  consis- 
tant en  un  point  noir  assez  apparent  sur  cha- 
que côté  de  la  tête,  se  faisait  enfin  distinguer 
près  de  la  base  de  chaque  antenne.  Ces  ani- 
maux pouvaient  alors  déjà  mouvoir  avec 
plus  de  force  leurs  antennes  et  leurs  pattes, 
se  lever  sur  ces  dernières  et  marcher  quoi- 
qu'à  pas  très  lents;  c'était  déjà  l'époque  où 
ils  prenaient  leur  nourriture,  consistant 
simplement  en  de  la  terre,  dont  on  pouvait 
voir  très  distinctement  leur  canal  alimen- 
taire rempli  à  travers  leur  corps  blanc  et 
transparent. 

»  Il  paraît  que,  jusqu'à  cette  époque,  ces 
animaux,  laissés  dans  leur  état  de  tranquil- 


lité, ne  quittent  pas  volontiers  la  place  où  iis 
sont  éclos.  Quand  je  fis,  le  18  mai,  la  révi- 
sion d'un  de  leurs  nids,  je  trouvai  les  indi- 
vidus se  reposant  les  uns  auprès  des  autres, 
et  occupant  la  même  situation  respective 
qu'ils  avaient  lorsqu'ils  n'étaient  encore  que 
des  œufs.  Les  coques  ouvertes  de  leurs  œufs 
se  trouvaient  encore  parmi  eux  ;  mais  chaque 
individu  avait  échangé  alors  sa  première 
peau,  et  l'on  en  voyait  encore  les  dépouilles 
auprès  d'eux.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que 
Degéer,  qui  n'a  aperçu  l'Iule  éclos  que  lors- 
qu'il apparaît  déjà  hexapode,  ait  encore 
trouvé  auprès  de  lui  les  coques  d'œufs  vides. 
Au  contraire,  M.  Savi,  ayant  aperçu  les  em- 
bryons apodes,  n'a  fait,  a  ce  qu'il  paraît,  la 
révision  que  dix-huit  jours  plus  tard  ,  et, 
ayant  trouvé  alors  leur  dépouille,  il  en  a 
conclu  qu'elle  était  la  première. 

»  Quant  à  mes  individus,  chacun  d'eux, 
après  cette  première  mue,  comme  je  le  pré- 
sume, a  acquis  la  forme  de  l'animal  adulte. 
C'était  un  Iule  d'une  ligne  et  demie  de  long, 
qui  avait  avec  la  tête  trois  simples  et  puis 
six  doubles  paires  de  pattes,  ou  en  tout  trente 
pattes  (fig.  9).  La  couleur  dominante  de  son 
corps  était  tout-à-fait  blanche,  avec  une  tache 
brune  sur  le  cinquième  segment,  près  de  son 
bord  postérieur,  et  un  point  de  la  même 
couleur  sur  chacun  des  cinq  segments  sui- 
vants, également  à  leurs  bords  postérieurs, 
de  manière  que  ces  cinq  pointsaveclasixième 
tache  étaient  disposés  en  une  série  régulière 
qui  ornait  chaque  côté  de  l'animal.  D'ici 
jusqu'à  l'extrémité  postérieure  du  corps,  il 
avait  encore  sept  segments,  mais  toujours 
plus  courts  et  sans  ces  points.  Ces  derniers 
segments  étaient  encore  sans  pattes.  Les 
bords  postérieurs  de  tous  les  segments,  et  sur- 
tout les  derniers,  étaient  garnis  de  poils.  Le* 
antennes  présentaient  déjà  leurs  sept  arti- 
cles, apparents  comme  chez  ies  adultes,  et 
c'est  à  cette  époque  que  j'ai  aperçu  pour  la 
première  fois  le  rudiment  du  crochet  qui 
distingue  cette  espèce  dans  son  état  adulte. 
Ce  rudiment  consistait  en  une  dent  aiguë 
qui  se  faisait  voir  sous  le  dernier  segment 
du  corps.  L'œil  n'était  encore  qu'un  simple 
point  noir  situé  vers  le  haut  des  antennes. 

»  J'ai  observé  que  plusieurs  paires  de  pattes 
ne  se  développent  que  quand  l'animal  a  déjà 
déposé  sa  dépouille.  Un  individu  qui  ne  pré- 
sentait que  les  doubles  paires  de  pattes,  deux 


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heures  plus  tard  a  présenté  deux  pattes  an- 
térieures ,  et  bientôt  après  les  postérieures 
de  la  septième  paire;  de  sorte  qu'il  y  avait 
déjà  trente-quatre  pattes  développées.  Je 
n'ai  jamais  pu  saisir  de  l'oeil  si  ces  pattes 
successives,  avant  qu'elles  apparaissent,  sont 
recouvertes  et  resserrées  contre  le  corps  par 
quelque  espèce  de  tunique  qu'elles  déchirent 
en  se  développant.  Mais  ce  que  j'ai  constaté, 
c'est  qu'elles  sont  d'abord  presque  fixes,  dé- 
biles, et  que  le  degré  de  leur  mouvement  les 
fait  différer  des  anciennes. 

»  Au  commencementde  l'année  1838,  j'ap- 
portai quelques  individus  de  différente  gros- 
seur, des  Platyulus  Audouinianvs  Gerv.,'et 
je  les  mis  avec  du  bois  pourri  dans  un  pe- 
tit bocal  que  je  recouvris  de  feuilles  de  Cou- 
drier ;  je  me  proposais  de  leur  procurer  toutes 
les  commodités  possibles,  attendu  que  je 
m'étais  précédemment  convaincu  qu'il  est 
extrêmement  difficile  de  les  conserver  vi- 
vants.. Dans  les  premiers  jours  du  mois  de 
juin,  je  voulus  voir  s'ils  se  trouvaient  en 
bon  état;  mais,  en  soulevant  avec  des  pinces 
une  feuille  chargée  d'une  certaine  quantité 
de  bois  pourri,  je  fus  bien  étonné  d'aperce- 
voir que  le  plus  grand  individu,  qui  était 
une  femelle,  entourait  de  son  corps,  qui  était 
contourné  en  spirale,  un  paquet  d'œufs  ré- 
cemment pondus,  et  se  tenait  dans  cette 
position  sans  donner  aucune  marque  de 
mouvement.  Ce  paquet  d'œufs,  touché  lé- 
gèrement avec  une  petite  baguette,  se  divisa 
en  plusieurs  parties,  dont  l'une  resta  attachée 
sous  la  tête  de  l'animal,  d'où  je  conclus  que 
c'est  là  que  sont  situés  les  orifices  de  l'ovi- 
ducte  des  femelles.  Ces  œufs  étaient  si  petits 
qu'à  peine  pourrait-on  leur  assigner  un  tiers 
de  la  grosseur  de  ceux  des  Iules.  La  couleur 
était  fauve-clair,  à  peu  près  la  même  que 
celle  du  dessous  de  l'animal.  Ayant  égard  à 
la  difficulté  qu'on  éprouve  d'élever  ces  ani- 
maux, je  m'abstins  d'examiner  souvent  la 
ponte  de  cette  femelle,  et,  lorsque  je  la  revis 
une  semaine  plus  tard  ,  c'est-à-dire  le  17 
juin,  elle  se  trouvait  encore  dans  la  même 
position  ;  mais  les  œufs  étaient  presque  tous 
dispersés.  J'en  comptai  environ  cinquante. 
Un  d'eux,  observé  au  microscope,  ne  m'a 
rien  offert,  si  ce  n'est  un  certain  obscur- 
cissement plus  étendu  à  l'un  qu'à  l'autre 
bout.  Trois  jours  plus  tard,  on  pouvait  voir, 
même  à  l'œil  nu,  quelques  œufs  se  fendre 


en  deux.  Entre  la  coque  d'un  de  ces  œufs 
fendus,  j'aperçus  un  corps  blanc,  plat,  ar- 
rondi presque  en  cercle,  comme  échancré  en 
un  point  de  la  circonférence,  semblable  à 
une  petite  graine  qui  commence  à  paraître 
dans  le  germe  des  plantes  légumineuses 
(fig.  10).  Ce  corps  graniforme  était  analogue 
à  l'embryon  des  Iules  dont  je  viens  de  par- 
ler. Il  se  déplia  bientôt  en  un  être  semblable 
à  une  petite  écaille,  c'est-à-dire  plat,  pres- 
que aussi  large  que  long,  voûté,  pourvu  de  six 
pattes  et  d'une  paire  d'antennes,  à  corps 
composé  de  segments,  et  capable  de  se  rou- 
ler en  boule  (fig.  11).  L'animal,  à  cette 
époque,  avait  une  couleur  jaune-blanchâtre  ; 
il  était  à  demi  transparent,  couvert  de  pe- 
tits poils  en  plusieurs  endroits,  et  principa- 
lement aux  bords  des  segments  et  des  arti- 
cles. Les  plus  longs  de  ces  poils  étaient  ceux 
qui  garnissaient  le  dernier  segment  posté- 
rieur; mais  ils  n'étaient  pas  moins  appa- 
rents sur  les  antennes.  On  pouvait  voir  très 
distinctement  les  cinq  articles  de  ces  derniè- 
res,  diminuant  toujours  vers  le  haut.  Au- 
dessus  se  laissaient  voir  les  rudiments  des 
yeux,  des  points  noirs  très  petits ,  très  rap- 
prochés sur  la  tête,  et  presque  triangulaires. 
Le  nombre,  difficile  à  discerner,  des  segments 
du  corps,  paraissait  ne  pas  surpasser  quatre, 
outre  la  tête.  Dans  cette  période  de  son  âge, 
l'animal  mouvait  sans  cesse  et  avec  force  ses 
antennes;  mais  il  ne  pouvait  pas  encore  se 
servir  avec  dextérité  de  ses  pattes,  dont  sur- 
tout la  dernière  paire  était  presque  immo- 
bile. Ne  pouvant  pas  même  se  retourner  sur 
un  verre  poli ,  où  je  l'observais,  il  tendait 
continuellement  à  se  rouler  en  boule  (fig.  1 3). 
Comme  les  individus  isoles  pour  l'observa* 
tion  microscopique  périssaient  bientôt,  e( 
que  ceux  qui  restaient  dans  le  flacon  souf- 
fraient évidemment  à  mesure  que  je  les 
inquiétais ,  il  m'a  été  impossible  de  vérifier 
exactement  les  époques  de  leur  développe- 
ment successif.  Ce  qui  est  remarquable,  et 
que  je  crois  avoir  constaté  tant  sur  les  Iules 
que  sur  les  Platyules,  c'est  que  les  petits  in- 
dividus, étant  encore  hexapodes,  ont  déjà 
leur  quatrième  paire  de  pattes,  mais  qui  ne 
se  développe  que  peu  de  temps  après.  Lors- 
que j'observai  cette  progéniture,  le  25  juin, 
je  trouvai  des  œufs  encore  fermés,  d'autres 
fendus,  des  individus  hexapodes ,  et  enfin 
d'autres  à  huit  pattes  (fig.  12-14).  Ces  divers 


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degrés  de  maturité,  observés  en  même  temps 
et  dans  le  même  nid,  prouvent  que  les  œufs 
n'avaient  été  pondus  qu'à  des  époques  bien 
différentes.  »  Ici  s'arrêtent  les  recherches  de 
M.  Waga;  l'exposition  accidentelle  et  pro- 
longée du  flacon  au  soleil,  ayant  causé  le  dé- 
périssement de  tout  le  nid,  a  privé  ce  con- 
sciencieux observateur  du  moyen  de  poursui- 
vre ces  intéressantes  investigations. 

A  ces  détails,  que  M.  Gervais  a  eu  occasion 
de  confirmer  dans  plusieurs  points  et  d'éten- 
dre sur  plusieurs  autres,  nous  devons  néan- 
moins, pour  être  complets,  opposer  ceux  qu'a 
publiés  M.  Savi,  qui  dit  tout  le  contraire  de 
ce  qu'a  avancé  Degéer,  car  il  admet  que  les 
Iules  n'ont  pas  de  pattes  lorsqu'ils  éclosent. 
Jusqu'en  1843,  les  observations  de  M.  Savi 
avaient  été  presque  mises  en  doute  ,  et 
M.  Waga  est  le  premier  qui,  après  une  étude 
consciencieuse  de  ces  animaux,  ait  confirmé 
ce  qu'avait  avancé  le  savant  Italien  dans  son 
Mémoire.  En  effet,  M.  Waga  démontre  pour- 
quoi, dans  son  travail,  les  observations  de 
M.  Savi  ne  sont  pas  d'accord  avec  celles  de 
Degéer:  c'est  que  ce  dernier  naturaliste  n'a 
aperçu  l'Iule  éclos  que  lorsqu'il  était  hexa- 
pode, et  que  M.  Savi,  au  contraire,  a  vu  les 
embryons  apodes,  c'est-à-dire  après  que  les 
œufs  sont  fendus  pour  livrer  passage  aux 
jeunes  Iules.  Degéer  a  aussi  constaté  que  le 
Pollyxenus,  qui  a  douze  paires  de  pattes 
lorsqu'il  est  adulte,  en  présente  un  moins 
grand  nombre  à  une  époque  moins  avancée. 
Quelques  uns  de  ceux  qu'il  observa  n'avaient 
que  six  paires  de  pattes,  et  d'autres  trois  seu- 
lement. Il  est  à  remarquer,  dit  l'auteur,  que 
les  pattes  des  jeunes  Iules  sont  plus  grandes, 
à  proportion  du  volume  du  corps,  que  celles 
de  ceux  qui  ont  acquis  leur  juste  grandeur. 
Une  observation  fort  remarquable  que  l'on 
doit  à  M.  P.  Gervais,  et  dont  ni  Degéer  ni 
M.  Savi  ne  font  mention,  c'est  que  les  va- 
riations portent,  non  seulement  sur  les  seg- 
ments et  sur  les  organes  de  la  locomotion, 
mais  encore  sur  les  yeux,  qui  sont  eux-mê- 
mes bien  moins  nombreux  chez  les  jeunes 
que  chez  les  adultes.  Dans  les  Iules  parfaite- 
ment développés,  les  yeux,  qui  apparaissent 
de  chaque  côté  de  la  tête  comme  une  tache 
triangulaire  d'un  noir  profond,  sont  compo- 
sés de  petits  ocelles  disposés  eux-mêmes  en 
lignes  parfaitement  régulières  et  d'une  ma- 
nière tout-à-fait  géométrique.  Le  nombre 


des  ocelles  chez  un  jeune  Iule  qui  n'avait 
encore  que  quelques  anneaux  au  corps  et  sept 
paires  de  pattes,  était  de  six  seulement;  ils 
étaient  sur  trois  lignes  et  déjà  disposés  en 
triangle  équilatéral:  la  première  ligne  ne 
présentait  qu'un  seul  ocelle,  la  seconde  en 
avait  deux,  et  la  suivante  trois;  chez  un  in- 
dividu un  peu  plus  âgé,  une  nouvelle  ran- 
gée de  quatre  s'était  déjà  montrée.  Les  vé- 
ritables Insectes,  c'est-à-dire  les  hexapodes, 
n'offrentaucunexempledeces  modifications; 
les  yeux  des  Mus,  qui  varient,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  sont  donc  beaucoup  moins 
fixes  et  sans  doute  moins  parfaits  que  ceux 
de  ces  animaux.  Rappelons  aussi  que,  parmi 
les  Myriapodes,  il  est  des  animaux  fort  voi- 
sins des  Iulus  qui  ne  présentent  aucune 
trace  d'yeux,  même  dans  l'état  adulte  :  tels 
sont  les  Blaniulus  et  les  Polydesmus.  Chez 
d'autres  ces  organes  affectentdes dispositions 
plus  ou  moins  régulières.  Groupés  en  amas 
chez  les  Pollyxenus,  où  ils  n'avaient  pas  été 
observés  jusqu'à  ces  derniers  temps,  ils  ont 
une  forme  à  peu  près  semblable  chez  les 
Zephronia,  tandis  que  chez  les  vrais  Glome- 
ris  ils  sont  disposés  en  une  série  linéaire 
sur  chaque  côté  de  la  tête.  Enfin,  dans  un 
genre  que  nous  avons  établi  dernièrement 
et  auquel  nous  avons  donné  le  nom  de  Pla- 
tydesmus ,  ces  mêmes  organes  sont  uniques 
de  chaque  côté  de  la  tête,  et  se  présentent 
sous  la  forme  d'yeux  lisses. 

M.  P.  Gervais  a  constaté  aussi  un  fait 
analogue  chez  les  Lithobius  forcipatus ,  es- 
pèce fort  commune  dans  nos  contrées ,  et 
quoiqu'il  n'ait  pas  suivi  exactement  le  dé- 
veloppement de  ces  Myriapodes,  nous  de- 
vons cependant  rapporter  ce  que  leur  étude 
lui  a  présenté.  Ces  animaux,  que  tout  porte 
à  supposer  ovipares ,  bien  qu'on  n'ait  réel- 
lement point  encore  décrit  leurs  œufs,  ont 
également  les  anneaux  du  corps,  et  par 
suite  les  pattes  ,  moins  nombreux  dans  leur 
premier  âge.  Toutefois,  on  se  tromperait 
gravement  si  l'on  essayait  de  considérer 
cette  particularité  comme  générale;  car  les 
Scolopendra  qu'a  observées  Audouin  ont, 
ainsi  qu'il  l'a  dit  à  M.  Paul  Gervais,  leurs 
pieds  déjà  complets ,  et  les  anneaux  de  leur 
corps  sont  tous  développés.  On  pourrait 
peut-être  admettre  que  cette  différence  en- 
tre deux  animaux  si  voisins  tient  elle-mêmeà 
leur  mode  de  paiturition  ,  et  que  l'ovovivi- 


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parité  des  Scolopendres  proprement  dites 
explique  le  développement,  déjà  fortavancé, 
de  leurs  petits. 

Les  mœurs  des  Myriapodes  varient  selon 
ja  nature  des  familles  auxquelles  ces  ani- 
maux appartiennent.  Certaines  espèces  sont 
frugivores,  comme  les  Iulus ,  les  Glomeris, 
les  Platyulus,  etc.  ;  d'autres  attaquent,  au 
contraire,  des  animaux  pour  s'en  nourrir  : 
telles  sont  les  Scolopendra  ;  celles  du  vrai 
genre  Scolopendra  se  servent  en  même  temps, 
pour  retenir  leur  proie,  de  leurs  crochets 
postérieurs  et  de  ceux  dont  la  bouche  est  ar- 
mée; ceux-ci  ont  à  leur  extrémité  une  petite 
ouverture  par  laquelle  s'écoule  la  sécrétion 
d'une  glande  spéciale.  C'est  à  l'épanchement 
)Je  ce  liquide  dans  la  plaie  que  les  Scolopen- 
dra doivent  la  cruelle  irritation  qui  ne  tarde 
pas  à  s'y  développer;  toutefois,  elles  ne 
sont  réellement  pas  dangereuses.  A  ce  sujet, 
je  ferai  observer  que  pendant  mon  séjour 
en  Algérie,  et  lorsque  j'étais  à  la  recherche 
des  Insectes ,  j'ai  été  quelquefois  mordu 
par  la  Scolopendra  Scopoliana.  La  morsure 
de  cette  espèce,  quoique  causant  une  dou- 
leur excessivement  vive  et  un  gonflement 
assez  fortement  prononcé,  ne  cause  jamais 
des  accidents  fâcheux ,  si  ce  n'est  un  en- 
gourdissement de  quelques  heures,  et  qui 
finit  par  se  dissiper.  Celles  de  petites  es- 
pèces ,  Lithobius  et  Geophilus  ,  qui  vivent 
dans  le  Nord  ,  sont  bien  moins  irritantes. 
C'est  dans  les  lieux  humides,  sous  les  mous- 
ses qui  couvrent  le  pied  des  arbres,  sous 
les  écorces  de  ces  derniers  ,  et  quelquefois 
dans  les  habitations,  que  vivent  les  Myria- 
podes. La  plupart  craignent  la  sécheresse;  ils 
ne  tardent  pas  à  périr  s'ils  y  restent  exposés 
pendant  un  certain  temps;  mais,  placés  dans 
les  conditions  plus  favorables,  ils  sont, 
au  contraire,  très  vivaces  ,  et  il  suffit,  pour 
les  conserver  ainsi  pendant  plusieurs  mois , 
de  les  tenir  à  l'ombre  dans  un  vase  rempli  de 
terre  ou  de  mousse  ;  ils  s'y  enferment  aisé- 
ment, et  se  creusentdans  toutes  les  directions 
des  chemins  qu'ils  ont  besoin  de  traverser. 
Il  est  facile  d'observer  combien  la  plupart 
d'entre  eux  sont  lucifuges  :  ils  passent  tout 
le  jour  sous  la  terre  ou  au  milieu  de  la 
mousse,  et  quand  le  soir  est  venu  ,  ils  s'a- 
gitent à  la  surface.  Quelques  Scolopendres 
sont  électriques,  ou  mieux,  phosphorescen- 
tes ,  c'est-à-dire  qu'à  certaines  époques  de 
t.  vin. 


l'année  elles  transsudent  une  matière  lu- 
mineuse,  qui  marque  en  une  raie  plus  ou 
moins  brillante  le  passage  qu'elles  viennent 
de  parcourir.  Une  de  nos  espèces  a  reçu  ,  à 
cause  de  cette  particularité ,  la  dénomina- 
tion de  Geophilus  electricus  ;  une  autre  est 
appelée  G.  p/iosp/ioreus.Celle-ci  est  exotique 
et  peu  connue;  mais  la  précédente  est  une  de 
celles  qu'on  rencontre  le  plus  fréquemment 
chez  nous.  Le  G.  carpophagus  présente  par- 
fois la  même  propriété.  C'est  surtout  entre 
les  anneaux  et  au-dessous  du  ventre  que  la 
sécrétion  cutanée  de  la  Scolopendra  se  fait  en 
plus  grande  abondance.  Chez  les  Iulus  ,  ces 
organes  sont  beaucoup  plus  évidents,  car  ce 
sont  des  espèces  de  sacs  placés  sur  les  côtés 
de  chaque  anneau  du  corps  ,  au-dessus  du 
stigmate  de  la  trachée;  la  partie  de  la  peau 
qui  les  environne  est  le  plus  souvent  d'une 
couleur  fort  tranchée,  et  qui  a  plus  ou  moins 
d'analogie  avec  celle  de  la  matière  sécrétée. 
Celle-ci  est  toujours  assez  fortement  odo- 
rante, et  dans  les  diverses  espèces  indigènes, 
elle  imite,   à  s'y   méprendre,   l'odeur  du 
gaz  acide  nitreux.  M.  P.  Gervais  a  cherché 
à  s'assurer  de  la  nature  de  ce  produit  dans 
YIulus  lucifugus ,  et  a  reconnu  qu'il  n'est 
ni  acide,  comme  on  pourrait  le  croire,  ni 
alcalin  d'une  manière  positive.  Cette  matière 
en  petite  quantité,  difficile  par  conséquent 
de  s'en  procurer  beaucoup,  est  sans  action 
sur  le  papier  bleu  du  tournesol.  Un  des  traits 
les  plus  curieux  de  la  physiologie  des  My- 
riapodes, et  surtout  des  Scolopendres,  est 
la  manière  dont  ils  résistent  aux  plus  gran- 
des mutilations.  M.  P.   Gervais  a  conservé 
des  Géophiles  pendant  un  et   même  deux 
jours  dans  l'eau  ,  et  ils  n'ont  point  cessé  de 
vivre;  et  il  a  vu  un  des  fragments  posté- 
rieurs de  ces  animaux  remuer  encore  quinze 
jours  après  avoir   été   séparé  du   reste  du 
corps.  Quand  on  arrache  la  tête  à  un  Géo  - 
phile,  on   le  voit  aussitôt  marcher  dans  le 
sens  de  la  queue ,  et  il  peut  vivre  ainsi  pen- 
dant quelque  temps.  Si  on  lui  enlève  ensuite 
l'extrémité  anale,  il   recommence  d'abord  à 
marcher   en   sens  contraire  ,  comme  pour 
fuir  l'objet  qui  vient  de  le  blesser  ,  mais  on 
peut  bientôt  remarquer  qu'il  n'a  plus  alors 
de  direction  bien  déterminée,  car  il  s'avance 
iantôt  d'avant  en  arrière  ,  et  tantôt  d'arrière 
en  avant.  Les  Iules  sont  beaucoup  moins  vi- 
vaces que  les  autres  animaux  de  cette  classe. 

68 


538 


2VIYR 


MYI\ 


La  distribution  à  la  surface  du  globe  des 
espèces  de  la  présente  catégorie  est  encore 
loin  de  pouvoir  être  indiquée  d'une  manière 
positive;  car  on  connaît  encore  un  trop 
petit  nombre  de  celles  qui  y  existent  pour 
rien  dire  de  général  sur  ce  sujet. 

Quelques  espèces  habitent  un  espace  assez 
considérable  ;  c'est  ainsi ,  par  exemple,  qu'on 
rencontre  la  Cermatia{Scutigera)arancoidcs, 
depuis  le  nord  de  l'Europe  jusqu'en  Egypte 
et  en  Barbarie;  mais  c'est  à  tort  qu'on  a 
prétendu  qu'il  en  était,  comme  de  la  Scolo- 
pendra  morsicans ,  de  communes  aux  parties 
chaudes  de  l'ancien  et  du  nouveau  monde. 
On  a,  en  effet,  confondu  sous  ce  même  nom 
de  morsicans,  des  animaux  sans  aucun 
doute  congénères ,  mais  entre  lesquels  il  est 
facile  de  reconnaître  des  différences  spécifi- 
ques. Nous  laisserons  donc  le  nom  spécifique 
de  morsicans  seulement  à  l'espèce  de  l'Eu- 
rope méridionale  (1). 

Les  Myriapodes  qui  se  trouvent  en  France 
appartiennent  aux  deux  ordres  de  la  classe, 
et  représentent  à  peu  près  tous  les  genres 
de  cette  dernière.  Plus  nombreux  au  sud 
qu'au  nord,  ils  ont,  dans  les  contrées  mé- 
ridionales, une  grande  analogie  avec  ceux 
de  l'Italie  et  de  l'Espagne ,  et  quatre  d'entre 
eux  se  retrouvent  dans  le  nord  de  l'Afrique  ; 
ce  sont  :  la  Cermatia  (Scutigera)  araneoides, 
le  Crespedosoma  polydesmoides,  et  les  Poly- 
desmus  complanatus  et  pallipes. 

Quant  à  la  répartition  géographique  des 
genres,  elle  est  moins  régulière,  car  la  plu- 
part de  ceux  qui  possèdent  plusieurs  espèces 
se  trouvent  en  même  temps  représentés  par 
des  espèces  différentes,  il  est  vrai,  dans  des 
régions  bien  distinctes.  Certains  genres  sont 
propres  non  seulement  à  un  continent 
ou  deux ,  mais  ils  peuvent  être  cosmopo- 
lites. On  trouve  des  Scolopendres  dans  l'an- 
cien et  le  nouveau  monde,  mais  nous  n'en 
connaissons  pas  encore  de  l'Australie.  Quant 
aux  Poiydesmus ,  nous  en  avons  vu  d'Eu- 
rope, d'Asie  ,  d'Afrique  ,  de  l'Amérique 
septentrionale  et  de  l'Amérique  méridionale, 
ainsi  que  de  la  Nouvelle-Hollande.  Les  Scu- 
tigères  (Cermaties),  que  nous  citions  plus 

(i)  Dans  notre  Hist.  nat.  des  Crust.,  ries  Arachn.  et  des 
Myriap.,  nous  avions  considéré  la  Scolopendre  du  nord  de 
l'Afrique  comme  étant  la  même  que  celle  de  l'Europe  méri- 
dionale; mais  elle  en  est  bien  distincte  et  forme  une  espèce 
à  laquelle  M.  Koch  a  donné  le  nom  de  Scolopendra  scopo- 
liana  Koch. 


haut,  ont  aussi  une  espèce  australienne  et 
d'autres  asiatiques.  Quant  au  genre  des 
Pollyxenus,  on  en  rencontre  en  Europe,  en 
Amérique,  et  nous-même  nous  en  avons 
découvert  deux  espèces  nouvelles  dans  la 
nord   de  l'Afrique. 

La  classification  des  Myriapodes  n'est  pas 
un  des  sujets  les  moins  curieux  de  leur  his- 
toire. La  classe  parfaitement  naturelle  que 
composent  ces  animaux  n'a  pas  été  consi- 
dérée par  tous  les  naturalistes  comme  of- 
frant les  mêmes  affinités  :  tous  sont  d'ac- 
cord, comme  on  le  pense  bien,  pour  la  rap- 
porter au  type  des  animaux  articulés  ;  mais 
auprès  de  quelle  autre  classe  doit-elle 
prendre  place?  Dans  ce  cas ,  comme  dans 
beaucoup  d'autres ,  les  singulières  diver- 
gences qu'on  remarque  entre  les  auteurs 
tiennent  plutôt  aux  principes  sur  lesquels 
reposent  leurs  déterminations  ,  ou  au  but 
qu'ils  se  proposaient  dans  leur  classification, 
qu'à  la  nature  elle-même  du  sujet. 

Quelques  uns,  admettant  à  priori,  plutôt 
qu'après  une  ample  information  ,  que  toute 
disposition  sériale  est  impraticable, etqu'elle 
seraiteontraireà  l'ordre  naturel,  ont  vu  dans 
les  Myriapodes  une  nouvelle  confirmation 
de  leur  théorie,  et  les  Myriapodes  ont  été  pour 
eux  des  animaux  intermédiaires  en  même 
temps  à  la  plupart  des  autres  classes  du 
deuxième  type.  Aussi  ces  naturalistes  ont- 
ils  eu  sur  les  Myriapodes  l'opinion  la  moins 
arrêtée  qu'il  soit  possible  d'avoir  :  c'est  ainsi 
que  Latreille  les  a  successivement  envisagés 
comme  formantun  groupeà  part,  la  classe  des 
Mitosata  de  Fabricius;  puis  comme  étant  de 
véritables  Arachnides,  ce  qui  revenait  à  la 
manière  de  voir  du  célèbre  de  Lamarck;  en- 
suite, il  les  considéra  comme  devant  rentrer 
dans  la  même  classe  que  les  Insectes  à  six 
pieds,  les  rapprochant  des  Thysanures  avec 
lesquels  MM.  Strauss,  Dugès,  etc.,  suppo- 
sent qu'ils  ont  de  véritables  affinités  ;  mais 
depuis,  en  reconnaissant  toujours  leur  rap- 
port avec  les  Thysanures  ,  Latreille  (  Cours 
d'entomologie),  venant  à  considérer  les  My- 
riapodes comme  constituant  une  classe  par- 
ticulière ,  les  place  entre  celle  des  Hexapodes 
et  celle  des  Arachnides. 

D'autres  savants,  au  contraire,  ayant 
admis  que  la  disposition  sériale  est  prati- 
cable danscertaines  limites,  rangent  les  ani- 
maux articulés  sur  deux  séries  parallèles,  et 


MYR 


MYR 


539 


reportent  les  Arachnides  et  les  Crustacés  sur 
une  de  ces  lignes,  tandis  que  les  Insectes , 
les  Myriapodes  et  les  Annélides  forment 
l'autre;  ils  sont  conduits  à  regarder  les  se- 
conds comme  intermédiaires  aux  premiers 
et  aux  troisièmes  (Strauss,  Consid.  génér., 
p.  19).  On  ne  saurait,  en  effet,  nier  que 
les  Myriapodes  n'offrent  avec  les  Annélides, 
et  particulièrement  avec  les  Chétopodes,  des 
analogies  évidentes:  la  forme  générale  du 
corps  et  celle  de  chacun  de  ses  segments  , 
la  marche  rampante,  etc.,  doivent  faire 
comprendre  deux  groupes  d'animaux  ,  et 
conduisent  jusqu'à  un  certain  point  à  établir 
qne  les  Myriapodes  sont  des  analogues  ter- 
restres des  Vers  pourvus  de  soies  latérales. 
Mais  en  admettant  ce  raisonnement,  que 
l'étude  du  genre  Peripate  rend  hors  de  doute, 
doit-on  également  reconnaître  que,  d'autre 
part,  les  Thysanures  (Lepisma  Podura,  etc.), 
sont  les  animaux  qui  se  lient  le  mieux  aux 
Myriapodes?  C'est  ce  que  n'admet  pas  un 
savant  zoologiste,  M.  de  Blainville,  à  l'opi- 
nion duquel  M.  P.  Gervais,  qui  a  étudié  ces 
animaux,  croit  devoir  se  ranger. 

Les  Crustacés  présentent  certains  genres, 
tous  pourvus  de  quatorze  pattes,  et  au  nom- 
bre desquels  on  compte  les  Cloportes,  qui  ont 
certainement  avec  les  Myriapodes  de  la  fa- 
mille des  Glomérites  beaucoup  plus  d'ana- 
logie que  n'en  ont  ceux-ci  avec  les  Thysa- 
nures ;  et  cela  est  si  vrai  que  Fabricius  rap- 
portait à  sa  classe  des  Milosata  ,  non  seule- 
ment les  Scolopendres  et  les  Iules,  mais  encore 
les  Cloportes,  auxquels  sont  mêlés,  dans  son 
système,  plusieurs  espèces  de  Glomeris.  Oli- 
vier et  G.  Cuvier  ont  les  premiers  fait 
disparaître  cette  légère  incorrection.  Cu- 
vier (  Tabl.  clément.,  p.  46-4,  1798),  ne 
laisse  que  deux  genres  parmi  les  Mitosa  • 
tes  :  celui  des  Iules,  partagé  en  trois  sec- 
tions comme  l'avait  indiqué  Fabricius,  et 
celui  des  Scolopendres;  il  les  intercale 
entre  les  Crustacés  et  les  Arachnides.  Il  pa- 
■  mît  donc  démontré  que  les  Crustacés  tétra- 
i  décapodes  (à  quatorze  pattes),  et  les  Annéli- 
des chétopodes,  étant  les  animaux  qui  se 
lient  le  mieux  aux  Myriapodes  ,  on  ne 
saurait  mieux  faire  que  de  placer  ceux-ci 
entre  les  uns  et  les  autres ,  puisqu'eux- 
mêmes  s'y  rapportent  naturellement ,  et 
que  cette  détermination  permet  en  même 
temps  de  reconnaître  les  affinités  qui  unis- 


sent entre  elles  les  diverses  autres  classes. 

La  position  naturelle  des  Myriapodes 
une  fois  indiquée,  la  disposition  de  ces  ani- 
maux est  elle-même  très  facile  à  établir, 
car  elle  doit  nécessairement  être  une  con- 
séquence de  la  première.  Les  espèces  qui 
seront  le  plus  semblables  par  leur  forme 
aux  Cloportes  (Crustacés  tétradécapodes  ) 
seront  plus  rapprochées  d'eux  que  les  au- 
tres, et  à  la  fin  seront  confinés  des  genres 
qui  semblent  plus  analogues  aux  Anné- 
lides. M.  Strauss  reconnaît  dans  le  Pol- 
lyxenus  le  Myriapode  le  plus  voisin  des  Ché- 
topodes :  il  le  compare  aux  Léodices;  M.  P. 
Gervais  pense  au  contraire  qu'il  a  des  rap- 
ports bien  plus  grands  avec  les  Cloportes  , 
et  qu'au  lieu  d'être  rapproché  des  Annélides, 
il  doit,  au  contraire,  en  être  éloigné  plus 
qu'aucun  autre.  Ses  pieds  du  genre  Pollyxe- 
nus,  moins  nombreux  que  ceux  du  reste  des 
Myriapodes,  le  rendent  sous  ce  point  de  vue 
plus  analogue  aux  Cloportes ,  dont  il  a  le 
faciès.  Ses  yeux  sont  aussi  semblables  à  ceux 
de  ces  animaux,  et  tout  en  lui  semble  indi- 
quer une  espèce  formant  le  passage  des  Clo- 
portes aux  Glomeris.  Après  les  Pollyxenus 
se  placeront  donc  les  Glomeris;  et  si  l'on 
continue  à  consulter  les  antennes,  la  forme 
du  corps  ainsi  que  le  nombre  et  le  mode 
d'insertion  des  pattes  ,  et  quelques  caractè- 
res tirés  de  l'absence  ou  de  la  présence  des 
yeux  et  de  leur  disposition,  en  évaluant 
chacun  des  caractères  que  fournissent  ces 
organes  à  leur  juste  valeur ,  on  devra ,  ce 
nous  semble,  placer  ensuite  les  Polydesmus, 
puis  les  Iulus  proprement  dits,  et  ceux  de 
ces  animaux  dont  le  corps  est  déprimé  au 
lieu  d'être  circulaire,  et  qu'on  pourrait  ap- 
peler Platyules.  Latreille  a  fait  de  ces  divers 
genres,  qu'il  dispose  un  peu  différemment, 
un  premier  ordre  sous  le  nom  de  Chilogna- 
thes.  Dans  un  second  groupe  sont  placées  le^ 
Scolopendra  et  les  Cermatia,  auxquelles  l'au- 
teur applique  la  désignation  commune  de 
Chilopodes.  Cet  ordre  correspond  au  genre 
Scolopendra  de  Linné  et  de  Dcgéer,  et  le 
premier  à  celui  des  Iules. 

C'est  ainsi  que  Leach  et  Latreille  onteonçu 
le  rapport  des  Myriapodes  entre  eux  ;  mais 
comme  le  principe  fondamental  de  toute  dis- 
position systématique  est  que  la  série  des 
genres  d'un  même  groupe  soit  établie  de 
telle  sorte  que  les  animaux  doivent  être  plus 


540 


ÎMYR 


ou  moins  rapprochés  entre  eux,  selon  qu'ils 
ont  plus  ou  moins  d'analogie,  et  que  ceux 
qui  commencent  la  série  doivent  être  plus 
semblables  aux  dernières  espèces  du  groupe 
précédent,  et  semblablement  pour  les  der- 
niers échelons  de  cette  série  avec  les  pre- 
miers de  la  suivante,  nous  avions  adopté, 
dans  notre  Histoire  naturelle  des  Crustacés , 
des  Arachnides  et  des  Myriapodes,  la  classifi- 
cation de  M.  P.  Gervais(l).  Dans  cette  classi- 
fication, les  Pollyxenus  sont  placés  les  pre- 
miers ,  parce  qu'il  les  considère  comme  les 
plus  semblables  aux  Cloportes  qui  les  pré- 
cèdent dans  la  méthode  ,  et  il  est  assez  fa- 
cile de  passer  ensuite  d'un  genre  donné  à 
celui  qui  lui  succède.  Un  intervalle  semble 
exister  entre  le  premier  et  le  second  ordre; 
mais  aucune  méthode  ne  saurait  éviter  cet 
inconvénient,  et  il  n'en  reste  pas  moins  dé- 
montré pour  M.  P.  Gervais  que  les  lulus  et 
genres  voisins  sont  plus  analogues  aux  Crus- 
tacés ;  que  les  Scolopendra  paraissent  plus  in- 
timement liées  ,  au  contraire,  avec  les  Anné- 
lides  ;  et  que  les  Cermatia  ,  qui  seront  à  la 
tête  des  Scolopendres,  ne  sont  pas  sans  ana- 
logie avec  les  derniers  genres  de  la  famille 
des  Iules. 

La  classe  des  Myriapodes,  d'après  le  tra- 
vail que  nous  avons  cité  plus  haut ,  a  été 
partagée  en  deux  ordres  : 

1er  Ordre. — Chilognathes. 

Cet  ordre  a  été  divisé  en  trois  familles  : 
les  Pollyxénites ,  les  Glomérites  et  les  lu- 
lites. 

2e  Ordre.  —  Cbilopodes. 

Cet  ordre  renferme  deux  familles  :  les 
Scaligériles  et  les  Scolopendrites. 

Mais  depuis  ce  travail,  qui  date  de  18  37, 
les  Myriapodes  ont  subi  de  grands  change- 
ments, que  doit  subir,  au  reste,  toute  classe 
nouvellement  organisée.  M.  Brandt  a  tra- 
Yaillé  beaucoup  aussi  ces  animaux;  mais  le 
travail  le  plus  remarquable  qui  ait  paru  sur 
cet  embranchement  de  la  zoologie  est,  sans 
contredit,  celui  de  M.  Newport ,  que  nous 
avons  déjà  cité  plus  haut.  Ce  savant,  après 
avoir  fait  connaître  l'organisation  externe  et 
interne  d'un  assez  grand  nombre  de  types  dans 
les  Myriapodes,  et  après  avoir  exposé  leurs  af- 
finités, abordela  classification  :  celle-ci  nous 

(i)  Etudes  pour  servir  à  l'hist.  nat.  des  Myriap.,  Ann.  des 
*C  nat.,  t.  VU  ,183;. 


MYIi 

paraît  plus  naturelle,  et  surtout  beaucoup 
plus  largement  établie.  M.  Newport,  après 
avoir  passé  consciencieusement  en  revue  les 
travaux  préalablement  faits ,  a  reconnu  des 
divisions  si  naturelles,  des  coupes  si  bien 
tranchées,  que  la  nouvelle  classification  qu'il 
expose  dans  son  intéressant  travail  est  for- 
mée de  tous  les  éléments  des  premières  clas- 
sifications, dont  les  uns  appartiennent  à  La- 
marek,  Latreille,  Leach  ,  etc.,  et  les  autres 
à  MM.  Brandt,  P.  Gervais ,  etc.  Cette  nou- 
velle classification  nous  semble  d'autant  plus 
naturelle,  que  les  tribus,  les  familles, 
sont  établies  d'après  les  affinités  que  pré- 
sentent les  coupes  génériques  qui  les  com- 
posent ;  de  manière  que  lorsqu'on  viendra  à 
découvrir  quelques  types  génériques  nou- 
veaux ,  il  sera  plus  facile  de  trouver  le  rang 
qu'ils  doivent  occuper  dans  cette  nouvelle 
classification  que  dans  celles  qui  ont  été 
préalablement  établies.  Voici  l'aperçu  de 
cette  classification  : 

Ord.  I.  CHILOPODA ,  Latr.  Caput  latum, 
prominens.  Corporis  segmenta  inœqualia; 
singula  par  unicum  pedum  ad  latera  seg- 
mentorum  gerenlia.  Mandibulae  prominen- 
tes ,  acutœ,  falciformes.  Organorum  sexua- 
Iium  apertura  ad  extremitatem  analem. 

Trib.  1.  Schizotarsia  ,  Brandt.  Antennœ 
pluriarticulae,  graciles,  corpore  longiores. 
Tarsi  longi ,  pluriarticulati,  inaequales.  Oculi 
compositi,  prominentes,  globosi 

Fam.  1.  Cermatidœ,  Leach.  Scuta  dor- 
salia  S;  singula  segmenta,  2  ventralia  obte- 
gentia.  Stigmata  mediana. 

Gen.  1.  Cermatia,  Ulig.  Oculi  prominen- 
tes. Caput  transversum.  Scuta  dorsaliaemar- 
ginata.  Stomatum  latera  incrassata. 

Trib.  2.  Holotarsia,  Brandt.  Tarsi  3-ar- 
ticulati.  Caput  e  segmentis  2  mobilibus  ef- 
formatum.  Antennœ  corpore  haud  longiores, 
setaceœ  vel  filiformes,  14  60-articulatœ. 
Oculi  stemmatosi,  aggregati,  simplices  vel 
nulli. 

Fam.  2.  Lilhobiidœ ,  Newp.  Scuta  dorsa- 
lia  15,  subquadrata,  inœqualia;  angulis 
elongatis,  acutis.  Coxarum  paria  posteriora 
excavationibus  ovatis. 

Gen,  2.  Lilhobius,  Leach.  Ocelli  nume- 
rosi.  Caput  latum,  depressum.  Labium  den- 
ticulatum. 

Gen.  3.  Henicops ,  Newp.  Segmentum 
cephalicum  latum.  Ocellorum  par  unicum. 


MYK 


MYR 


541 


Fam.  3.  Scolopendridœ ,  Leach.  Segmenta 
podophora  21  vel  23.  Pedes  posteriores  in- 
erassata;articulo  primo vel  secundo  spinoso. 

Gen.  4.  Scolopendra,  Linn.  Segmentum 
cephalicum  cordatum,  imbricatum.  Ocello- 
rum  paria  4.  Spiracula  valvularia. 

Gen.  5.  Cormocephalus ,  Newp.  Segmen- 
tum cephalicum  postice  truncatum.  Spira- 
cula valvularia. 

Gen.  6.  Rhombocephalus,  Newp.  Segmen- 
tum cephalicum  basilareque  rhomboidea. 
Labium  angustatum. 

Gen.  7.  Heterostoma,  Newp.  Segmentum 
cephalicum  truncatum.  Dentés  magni.  Spi- 
racula cribriformia,  in  paribus  10. 

Gen.  8.  Scolopendropsis ,  Brandt.  Seg- 
mentum cephalicum  truncatum.  Pedum  pa- 
ria 23. 

Gen.  9.  Theatops,  Newp.  Ocelli  distinct!. 
Antennae  17  -articulatae  ,  subulatae.  Pedes 
posteriores  clavati.  Labium  dentatum. 

Gen.   10.   Scolopocryptops ,  Newp.  Seg- 
menta podophora  23.  Segmentum  cephali 
cum  cordatum,  imbricatum.  Labium  haud 
denticulatum.  Antennae  17-articulatae. 

Gen.  il.  Cryptops,  Leach.  Segmenta  po- 
dophora 21.  Ocelli  nulli  vel  absconditi.  An- 
tennae 17-articulatae. 

Fam.  4.  Geophilidœ ,  Leach.  Segmenta 
subœqualia,  singula  e  subsegmentis  2  com- 
pletis  sed  ineequalibus  eflbrmata.  Segmen- 
tum anale  pedibus  brevibus  styliformibus. 

Sub.-Fam.  1.  ScolopendreUinœ ,  Newp. 
Corpus  brève,  crassum.  Antennae  14-20-ar- 
ticulatœ. 

Gen.  12.  Scolopcndrella ,  Gerv.  Pedum 
paria  10.  Antennae  moniliformes,  14-20-ar- 
ticulatae. 

Sub.-Fam.  2.  Geophilinœ ,  Newp.  Seg- 
menta numerosa.  Antennae  14 -articulatae. 

Gen.  13.  Mecislocephalus,  Newp.  Segmen- 
tum cephalicum  angustissimum,  elongatum. 
Corpus  attenuatum.  Labium  latum  ,  inte- 
grum. 

Gen.  14.  Arthronomalus ,  Newp.  Seg- 
mentum cephalicum  subquadratum.  Antcn- 
narum  articuli  inaequales.  Labium  angus- 
tum  ,  emarginatum. 

Gen.  15.  Gonibregmatus ,  Newp.  Seg- 
mentum cephalicum  cordiforme,  acutum. 
Antennae  filiformes  ,  corpus  lineare. 

Gen.  16.  Gcophilus,  Leach.  Caput  sub- 
triangulare.   Corpus  depressum,  gradatim 


incrassatum.  Segmenta  pedesque  numerosi. 

Ord.  2.  CHILOGNATHA,  Latr.  Corpus 
verticale  ,  rotundatum.  Mandibulœ  crassce  , 
robustae  ,  vel  cum  labio  coalitœ  et  elongatae 
Segmenta  numerosa.  Corporis  segmenta  inae- 
qualia.  Pedes  superficiel  ventrali  affixi.  Or- 
ganorum  sexualium  aperturae  in  segmenti 
4U  et  7"u  superficie  ventrali. 

Trib.  3.  Pentazonia  ,  Brandt.  Corpus 
ovale,  in  globum  contractile,  dorso  valde 
convexo,  ventre  complanato.  Pedes  laminis 
liberis  mobilibus  affixi. 

Fam.  5.  Glomeridœ ,  Leach.  Corpus  laeve, 
in  giobulum  contractile.  Oculi  distinct.!. 

Gen.  17.  Glomeris,  Latr.  Ocelli  8,  in 
linea  laterali  curvata.  Segmenta  13.  Pedum 
paria  17. 

Gcu.  18.  Zephronia,  Gray.  Ocelli  nume- 
rosi, aggregati.  Antennae  6-7-articulatae , 
clavatae.  Pedum  paria  21 . 

Gen.  19.  Sphœrotherium ,  Brandt.  Ocelli 
aggregati.  Antennae  7-articulatae,  clavatae. 
Pedum  paria  21. 

Trib.  4.  Monozonia  ,  Brandt.  Corpus  ver- 
miforme,  elongatum.  Segmenti  singuli  di- 
midia  pars  anterior  cylindrica,  posterior 
lateribus  dilatata;  lamina  duplici  coalita 
ventrali.  Pedum  paria  2  gerenti. 

Fam.  6.  Polyxenidœ  y  Newp.  Caput  arcu- 
latum,  prominens.  Corpus  latum.  Pedes 
attenuati;  coxis  maximis.  Segmentum  anale 
fasciculis  longis. 

Gen.  20.  Pollyxenus,  Latr.  Corpus  brève, 
squamis  parvis  penicillatisvestitum.  Pedum 
paria  13. 

Fam.  7.  Polydesmidœ  (1),  Leach. 

Sub-Fam.  1.  Oculi  nulli 

vel  obscuri. 

Gen.  21.  Fontaria,  Gray.  Corpus  con- 
vexum.  Segmenta  imbricata;  laminis  late- 
ralibus  defiexis. 

Gen.  22.  Polydesmus ,  Latr.  Corpus  de- 
pressum ,  subconvexum  ;  laminis  lateralibus 
horizontalibus. 

Gen.  23.  Strongylosoma,  Brandt.  Corpus 
cylindricum.  Segmenta  tumida  ;  laminis  la- 
teralibus rotundatis  subnullis. 


(i)  Ceite  famille  est  divisée  en  deux  sous-familles.  Dans 
les  genres  qui  composent  la  première  sous-famille.  1rs  yen» 
sont  nuls  et  obscurément  indiqués  (  Fontaria,  Polydesmus 
Strongylosoma)  ,  tandis  que  chez  les  genres  de  la  seconde 
sous-famille,  ces  organes  sont  toujours  distincts  (  Creripedo- 
."»uo.,  Platydesmus,  ComOata), 


542 


MYR 


IVIYJl 


Sub-Fam.  2.  Oculi  distïncti. 

Gen.  24.  Craspcdosoma ,  Leach.  Ocelli 
numerosi  ,  aggregati.  Corpus  depressum  ; 
ïaminis  lateralibus  prominentibus. 

Gen.  25.  Platydesmus ,  Luc.  Ocelli  duo, 
magni ,  prominentes.  Corpus  depressum  ; 
Ïaminis  lateralibus  prominentibus. 

Gen.  26.  Cambala ,  Gray.  Ocelli  série 
simplici  curvata.  Corpus  cylindricum  ;  Ïa- 
minis lateralibus  brevissimis  ,  in  porcam 
simplicem  desinentibus. 

Trib.  5.  Bizonia  ,  Newp.  Corpus  subcy- 
lindricum  ;  Ïaminis  nullis  marginalibus.  An- 
tennœ 7-articulatœ,  clavatœ.  Segmenta  nu- 
merosa;  singula  e  subsegmentis  2  coalitis 
efformata,  pedumque  paria  2  gerentia. 

Fam.  8.  Iulidœ,  Leacb.  Corpus  cylindri- 
cum; Ïaminis  lateralibus  nullis.  Segmenta  e 
subsegmentis  2  coalitis  efformata. 

Sub.-Fam.  1.  Synpodopelalinœ ,  Newp. 
Pedes  Ïaminis  immobilibus  affixi. 

Gen.  27.  lulus ,  Linn.  Caput  convexum. 
Corpus  cylindricum.  Prothoracis  latera  trian- 
gularia.  Antennae  elongatœ. 

Gen.  28.  Unciger ,  Brandt.  Squarna  infe- 
rior  analis  mucronata.  Corpus  cylindri- 
cum. 

Gen.  29.  Spirobolus,  Brandt.  Caput  con- 
vexum. Oculi  subtetragoni.  Corpus  subpy- 
ramidale. Prothoracis  latera  triangularia. 
Antennœ  brèves. 

Gen.  30.  Spiropœus,  Brandt. 

Gen.  31.  Spirocyclislus,  Brandt.  Antennœ 
brèves.  Oculi  elongati,  triangulares.  Thora- 
cis  latera  brevia,  triangularia. 

Gen.  32.  Spirostreptus,  Brandt.  Antennœ 
brèves,  articulis  infundibulatis.  Oculi  trans- 
versi.  Prothoracis  latera  elongatavel  dilata  ta. 

Sub-Fam.  2.  Lysiopetalinœ,  Newp.  Pedes 
Ïaminis  mobilibus  affixi. 

Gen.  33.  Platops ,  Newp.  Caput  parvum, 
complanatum  vel  concavum.  Pedes  graciles, 
elongati.  Corpus  pyramidale,  elongatum. 

Gen.  34.  Lysiopetalum,  Brandt.  Frons  di- 
lata ta.  Pedes  Ïaminis  liberis  mobilibus  affixi. 

Fam.  9.  Polyzonidœ,  Newp.  {Ommato- 
phora,  Brandt.)  Ocelli  conspicui ,  fronti  in- 
ter  antennas  in  seriebus  transversis  inserti. 

Gen.  35.  Polyzonium ,  Brandt.  Ocelli 
6  parvi,  in  seriebus  2  transversis.  Corpus 
depressum. 

Gen.  36.  Siphonotus,  Brandt.  Ocelli  2, 
U)  série  simplici  transversa. 


Fam.  10.  Siphonophoridœ  ,  Newp.  (  Tty- 
phlogena  ,  Brandt.)  Oculi  nulli. 

Gen.  37.  Siphon ophora,  Brandt.  Caput 
conicum  ,  elongatum.  Nutritionis  organa 
rostriformia,  elongata.  (H.  Lucas.) 

*MYRÏAPORA  (F.vP'o;,  dix  mille;  irépoc, 
trou).  polvp.,bryoz. — Genre  de  Polypiers  ou 
plutôt  de  Bryozoaires  établi  par  M.  de  Blain- 
ville  pour  le  Millepora  truncata  de  Linné  et 
de  Lamarck,  faisant  partie  de  la  même  fa- 
mille que  les  Eschares,  celle  des  Operculi- 
fères  ,  caractérisée  par  l'opercule  qui  sert  à 
fermer  l'orifice  de  chaque  cellule.  Les  cellu- 
les ont  en  effet  la  structure  de  celles  des 
Eschares,  et  forment  de  même  un  Polypier 
calcaire;  mais  ce  Polypier,  au  lieu  d'être  étalé 
en  lames  foliacées,  est  divisé  en  branches 
courtes,  presque  cylindriques  ou  seulement 
élargies  en  lames  à  l'extrémité.  L'animal  a 
été  décrit  comme  possédant  une  sorte  de 
trompe  évasée,  extensible  au  centre  d'un  en- 
tonnoir formé  par  un  grand  nombre  de  ten- 
tacules simples;  mais  it  nous  paraît  plus 
probable  que  sa  structure  est  semblable  à 
celle  des  Eschares.  M  Ehrenberg  a  changé 
le  nom  de  ce  genre  en  celui  de  Myriozoon. 
L'espèce  type  (M.  truncata)  est  assez  com- 
mune dans  la  Méditerranée,  où  elle  forme  de 
petits  buissons  lâches  de  8  à  12  centimètres 
de  hauteur,  dont  les  rameaux  sont  épais  de 
3  à  4  millimètres  ;  elle  est  rougeâtre  pendant 
la  vie  des  Polypes.  (Duj.) 

*MYRÏASPORA  (  ptpioç ,  innombrable  ; 
arrôpa,  graine),  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Mélastomacées-Miconiées,  établi 
par  De  Candolle  (Prodr.,  III,  165).  Arbris- 
seaux du  Brésil.  Voy.  mélastomacées. 

MYRÏCA.  Myrica  (étymologie  grecque 
obscure,  Lin.),  bot.  ph. — Genre  de  plantes 
qui  constitue  à  lui  seul  la  petite  famille  des 
Myricées,  de  la  diœcie  tétrandrie  dans  le  sys- 
tème de  Linné.  Tel  que  nous  le  présentons 
ici,  il  se  compose  d'arbrisseaux  ou  de  petits 
arbres  résineux,  dont  les  feuilles  sont  alter- 
nes, entières  ou  divisées  sur  leurs  bords  plus 
ou  moins  profondément,  dont  les  fleurs  sont 
dioïques  ou  monoïques  :  les  mâles  sont  réu- 
nies en  chatons  filiformes;  chacune  d'elles 
est  solitaire  à  l'aisselle  d'une  bractée,  et  ac- 
compagnée de  deuxbractéoles;  elle  présente 
2-8  étamines  à  anthères  biloculaires,  à  filets 
libres  ou  soudés  entre  eux  à  leur  base  :  le» 
fleurs  femelles  forment  des  chatons  ovoïdee 


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MYR 


543 


ou  cylindriques,  et  sont  également  accom- 
pagnées d'une  bractée  et  de  deux  bractéoles  ; 
elles  consistent  uniquement  en  un  ovaire 
creusé  d'une  seule  loge  à  un  seul  ovule 
basilaire,  à  la  base  duquel  adhère  une  écaille 
hypogyne,  et  que  surmonte  un  style  très 
court  terminé  par  deux  longs  stigmates.  Le 
fruit  est  un  petit  drupe  à  une  seule  graine 
dressée. 

Ce  genre  comprend  trois  sous-genres  que 
distinguent  le  nombre  des  étamines  desfleurs 
mâles  et  la  forme  de  l'écaillé  hypogyne  des 
fleurs  femelles. 

A.  Clarisia,  Ruiz  et  Pavon.  Fleurs  mâles 
à  deux  étamines;  écaille  hypogyne  peltéc. 

B.  Gale,  Tournerort.  Fleurs  mâles  à  4-8 
étamines;  écaille  hypogyne  sessile,  nue  in- 
térieurement. Ici  se  rapportent  deux  espèces 
sur  lesquelles  nous  devons  nous  arrêter  un 
instant. 

1.  Myrica  gale,  Myrica  gale  Linné, 
vulgairement  Piment  royal ,  Gale  odorante, 
Piment  aquatique.  Cette  espèce  appartient 
aux  lieux  humides  et  marécageux  du  nord  et 
du  centre  de  l'Europe,  du  nord  de  l'Asie  et 
de  l'Amérique.  En  Europe,  elle  ne  descend 
pas  plus  bas  que  le  nord  de  l'Italie.  C'est  un 
arbrisseau  rameux  d'environ  1  mètre  de 
hauteur,  dont  les  branches  sont  grêles,  re- 
vêtues d'une  écorce  roussâtre  et  parsemée 
de  lenticellcs  semblables  à  des  ponctuations" 
blanches.  Ses  feuilles  sont  dures  et  presque 
coriaces,  oblongues  et  rétrécies  à  leur  base  , 
dentelées  en  scie,  parsemées  de  points  jau- 
nâtres, résineux  ,  portées  sur  un  très  court 
pétiole;  elles  sont  odorantes,  surtout  lors- 
qu'on les  froisse.  Ses  chatons  sont  nombreux 
et  sessiles;  ils  commencent  à  se  développer 
en  été  pour  s'ouvrir  au  printemps  suivant, 
avant  l'apparition  des  feuilles.  Les  écailles 
des  fleurs  mâles  sont  d'un  rouge  brun,  un 
peu  luisantes  ;  celles  des  fleurs  femelles  por- 
tent vers  leur  extrémité  des  poils  rougeâtres. 
Le  fruit  est  petit,  odorant,  couvert  de  points 
résineux  comme  les  feuilles.  Cette  plante, 
quoique  habituellement  dioïque,  devient  par- 
fois monoïque.  L'odeur  pénétrante  et  forte 
qu'elle  exhale  en  fait  mettre  des  branches 
parmi  le  linge  dans  le  double  but  de  le  par- 
fumer et  d'en  éloigner  les  Insectes.  Dans  le 
pays  de  Galles  et  en  Suède,  on  s'en  sert  pour 
la  teinture  en  jaune  et  pour  le  tannage.  Ses 
feuilles  sont  amères;  on  les  emploie  quel- 


quefois en  guise  de  Houblon  pour  la  fabrica- 
tion de  la  bière,  mais  cette  substitution 
n'est  pas  sans  inconvénients;  enfin  leur  in- 
fusion était  fréquemment  usitée  en  Europe 
avant  l'introduction  du  Thé. 

2.  Myrica  cirier,  Myrica  cerifera  Linn., 
vulgairement  connu  sous  les  noms  d'Arbre  à 
cire,  Cirier  de  la  Louisiane.  C'est  un  arbris- 
seau ou  un  petit  arbre  toujours  vert  qui  s'é- 
lève à  3  ou  4  mètres;  il  abonde  en  certaines 
parties  de  l'Amérique  septentrionale,  parti- 
culièrement dans  la  Virginie,  la  Louisiane  et 
la  Caroline,  dans  les  lieux  humides  et  maré- 
cageux. Il  ressemble  pour  le  port  au  précé- 
dent, mais  il  s'en  distingue  par  sa  taille  au 
moins  deux  fois  plus  haute,  par  ses  feuilles 
persistantes,  plus  larges,  à  dents  de  scie  plus 
marquées,  par  ses  chatons  mâles  à  écailles 
non  luisantes,  et  surtout  par  son  petit  fruit 
globuleux,  que  recouvre  une  couche  de  ma- 
tière blanche  et  comme  onctueuse.  Cette  ma- 
tière, qui  donne  à  cette  espèce  presque  toute 
son  importance,  n'est  autre  chose  que  de  la 
cire  qu'on  extrait  assez  aisément  et  en  assez 
grande  abondance  pour  la  faire  servir  aux 
usages  économiques.  Pour  cela  ,  on  jette  les 
fruits  dans  de  l'eau  bouillante;  après  quel- 
que temps,  la  couche  de  cire  qui  les  recou- 
vrait s'en  sépare  et  vient  surnager;  elle  est 
alors  verdâtre,  mais  il  est  facile  de  l'épurer 
et  de  la  blanchir.  Un  procédé  plus  rarement 
employé  consiste  à  jeter  seulement  de  l'eau 
bouillante  sur  ces  fruits;  on  obtient  ainsi 
une  cire  moins  abondante,  mais  plus  pure 
et  colorée  seulement  en  jaune  pâle.  De  quel- 
que manière  qu'elle  ait  été  obtenue,  la  cire 
de  Myrica  est  cassante  au  point  de  pouvoir 
être  réduite  en  poudre;  mais  il  suffit  de  la 
presser  fortement  pour  la  rendre  flexible  et 
ductile  comme  celle  des  Abeilles.  Préparée 
en  bougies,  elle  se  consume  lentement,  et 
en  brûlant  elle  répand  une  odeur  aromati- 
que. En  Europe,  on  a  tenté  la  culture  de  cet 
arbuste  dans  le  but  d'en  obtenir  la  cire; 
mais,  quoiqu'on  ait  cru  reconnaître  que  les 
individus  cultivés  donnaient  une  plus  grande 
quantité  de  cette  matière  que  ceux  qui  crois- 
sentspontanément,  ces  essais  n'ontpas  amené 
jusqu'à  ce  jour  de  résultats  importants. 
Dans  la  Caroline,  on  confectionne  avec  cette 
substance  une  sorte  de  cire  à  cacheter.  La 
racine  du  Myrica  cirier  est  astringente,  et 
clic  entre  dans  la  matière  médicale  des  Amé- 


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MYR 


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ricains.  A  l'état  cultivé,  et  sor.s  le  climat  de 
Paris,  cet  arbrisseau  doit  être  couvert  pen- 
dant l'hiver  ou  rentré  en  orangerie;  on  le 
multiplie  de  graines,  de  marcottes  ou  de  re- 
jetons. 

Le  Cirier  de  la  Louisiane  n'est  pas  la  seule 
espèce  du  genre  qui  donne  de  la  cire  en  as- 
sez grande  abondance.  Ainsi,  le  M.  cordifolia 
Linn.,  du  cap  de  Bonne-Espérance,  et  quel- 
ques autres,  peuvent  également  être  utilisés 
sous  ce  rapport;  mais  aucune  de  ces  espèces 
n'est  arrivée  à  cet  égard  au  même  degré 
d'utilité  que  celle  qui  vient  de  nous  oc- 
cuper. 

G.  Comptonîa,  Banks.  Fleurs  mâles  à  six 
étamines;  écaille  hypogyne  portant  intérieu- 
rement une  petite  glande.  Ces  caractères,  les 
seuls  qui  résistent  à  la  comparaison  exacte 
des  Myrica  et  des  Comptonia,  ne  permettent 
pas  de  regarder  ces  derniers  comme  consti- 
tuant un  genre  distinct  et  séparé.  Ce  sous- 
genre  renferme  une  espèce  intéressante,  le 

COMPTON  A  FEUILLES  DE  CÉTÉRACH,   ComptOTlia 

aspleniifolia  Banks,  joli  arbrisseau  de  l'A- 
mérique septentrionale,  remarquable  par  ses 
feuilles  allongées-étroites,  semées  de  points 
résineux  brillants,  divisées  sur  leurs  deux 
côtés  et  dans  toute  leur  longueur  en  lobes 
obtus  et  égaux  entre  eux,  qui  les  font  ressem- 
bler aux  frondes  du  Cétéracb.  Il  est  très  rus- 
tique et  se  cultive  en  terre  de  bruyère.  On 
le  propage  ordinairement  par  rejetons  ou  par 
marcottes,  rarement  par  graines.     (P.  D.) 

MYR1CACÉES.  Myricaceœ.  bot.  tu.  — 
Famille  de  plantes  dicotylédones,  établie  par 
L.-C.  Richard  (Annal,  de  Fr.,  193  ),  et  gé- 
néralement adoptée.  Les  caractères  de  cette 
famille  sont  les  mêmes  que  ceux  du  g.  My- 
rica, le  seul  qu'elle  renferme.  Voy.,  en  con- 
séquence, l'article  myrica. 

Ml'RICARIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Tamariscinées ,  établi  par  Des- 
vaux (in  Annal,  se.  nat.,  IV,  348).  Herbes 
ou  sous-arbrisseaux  de  l'Europe  et  de  l'Asie. 

Voy.  TAMARISCINÉES. 

MYRICINE.  chim.  —  On  donne  ce  nom 
à  la  cire  que  produisent  plusieurs  espèces  de 
Myrica.  Voy.  ce  mot  et  cire. 

MYRINA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  diurnes,  tribu  des  Papillonides, 
établi  par  Fabricius.  Les  Myrina  ont  de 
grands  rapports  avec  les  Érycmes;  ils  en 
diffèrent  principalement  par  les  palpes  qui, 


dans  ces  derniers  ,  sont  beaucoup  plus 
courts ,  et  par  les  pattes  antérieures  très 
courtes  et  point  propres  au  mouvement,  au 
moins  dans  un  des  sexes.  Ce  sont  des  Papil- 
lons d'assez  petite  taille  ,  et  ornés  quelque- 
fois de  couleurs  très  brillantes.  On  n'en 
connaîtque quelques  espèces  exotiques,  dont 
le  type  est  la  Myrina  jafra  God.  (Encyc. 
rnélhod.,  t.  IX,  p.  593),  qui  habite  l'île  de 
Java.  (L.) 

*MYR10CEPIÏALUS  (pvpfo;,  innom- 
brable; xîcpa)//),  tête),  bot.  pn.  —  Genre  de 
la  famille  des  Composées-Sénécionidées, 
établi  par  Bentham  (in  Enumerat.  plant. 
Ilugel ,  p.  61).  Petit  arbrisseau  de  la  Nou- 
velle-Hollande. Voy.  COMPOSÉES. 

MYRIOCOCCUM  (|*upws,  innombrable  ; 
xîxxço,  coque),  bot.  cr.  — Genre  de  Cham- 
pignons gastéromycètes ,  établi  par  Fries 
(Syst. ,  II ,  304)  pour  des  espèces  qui  crois- 
sent par  groupes  arrondis  sur  les  bois  pour- 
ris. La  seule  espèce  connue  est  le  M.  prœ- 
cox  Fr.,  qui  se  développe  au  printemps  dans 
les  bois. 

MYRïODACTYLON ,  Desv.  (in  Journ. 
Bot.,  1809,  p.  307).  bot.  ca.  —  Syn.  de 
Chelophora,  Schrank. 

*MÏRIOGYNE  (  ixvpiiç,  innombrable; 
yvvr),  pistil),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées ,  établi 
par  Lessing  (in  Linnœa  VI  ,  219).  Herbes 
abondantes   dans  l'Asie  et  l'Océanie.  Voy. 

COMPOSÉES. 

MYRÏOMALA,  Lindl.  (in  Bot.  Rcg.  , 
n.  1956).  bot.  ph.  —  Voy.  photinia  , 
Lindl. 

*MYRïONEMA  (  w=ç  ,  innombrable  ; 
vyjfjux,  filament),  bot.  cr.  — (Phycées.)  Ce 
genre,  créé  par  M.  Greville  (Crypt.  FI.)  dans 
la  tribu  des  Batrachospermées,  a  pour  carac- 
tères :  Fronde  gélatineuse,  étalée,  formée 
de  filaments  très  courts,  articwlés,  en  mas- 
sue, redressés  et  le  plus  souvent  simples  ; 
capsules  situées  vers  la  base  des  filaments. 
Les  Myrionèmes  sont  de  petites  plantes  qui 
croissent  ordinairement  sur  les  Algues  ma- 
rines, et  s'y  montrent  sous  la  forme  de  pe- 
tites taches.  Une  des  espèces  les  plus  com- 
munes est  le  M.  strangulans  Grev.  ,  qui  se 
rencontre  sur  les  Ulvacées.  (Bréb.) 

MYRIOPHYLLE.  Myoriphyllum,  Linn. 
({Auptoî ,  dix  mille  ;  <puÀÀoy ,  feuille),  bot.  fh. 
—  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Halo- 


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MYR 


545 


ragées,  de  la  Monœcie  polyandrie  dans  le 
système  de  Linné.  On  en  connaît  aujour- 
d'hui an  moins  20  espèces,  répandues  dans 
les  eaux  douces  de  presque  toute  la  surface 
du  globe,  et  dont  quatre  appartiennent  à 
notre  flore.  Ce  sont  des  plantes  herbacées, 
submergées,  et  dont  les  fleurs  seules  vien- 
nent s'élever  au-dessus  de  l'eau;  leurs 
feuilles,  opposées  ou  verticillées,  sont  divi- 
sées en  lanières  filiformes  ;  leurs  fleurs  sont 
petites ,  solitaires  aux  aisselles  de  feuilles 
normales  ou  rudimentaires,  et,  dans  ce  der- 
nier cas,  elles  forment  une  sorte  d  épi  ter- 
minal ;  les  supérieures  sont  mâles,  les  in- 
férieures femelles.  Elles  présentent  :  un  ca- 
lice à  tube  adhérent,  à  limbe  supère  ,  4- 
parti  ;  quatre  pétales  alternes  au  calice,  qui 
restent  très  petits  ou  avortent  même  dans  i 
les  fleurs  femelles;  presque  toujours  8  éta- 
mines,  rarement  6  ou  4,  qui  manquent  dans  I 
la  fleur  femelle;  celle-ci  se  distingue  par 
son  ovaire  adhérent,  à  4  loges  contenant  j 
chacune  un  seul  ovule  suspendu,  surmonté 
de  4  styles  très  courts,  que  terminent  4  stig- 
mates épais.  A  ces  fleurs  succède  un  fruit 
formé  de  4  ou  plus  rarement  de  2  coques 
dures,  surmontées  chacune  d'un  style  per- 
sistant, indéhiscentes,  et  renfermant  une 
seule  graine  renversée.  Les  deux  espèces  de 
ce  genre  les  plus  communes  dans  nos  con- 
trées sont  les  MyriophyllumspicatumLinn., 
et  M.  verticillatum  Linn. ,  qui  abondent 
dans  les  eaux  stagnantes  ou  dont  le  courant 
est  lent  et  peu  prononcé.  (P.  D.) 

MYRIOPHYLLE.  Myriophyllus  (  pvptoç , 
dix  mille;  «pvMov,  feuille),  bot.  —  Cette  épi- 
thète  a  été  appliquée  à  certaines  plantes  qui 
ont  des  feuilles  ou  des  divisions  très  décou- 
pées. Ex.  :  Ranunculus  myriophyllus,  Dalea 
myriophylla  (  Fougère  ) ,  Caulerpa  myrio- 
phylla  (Algue). 

MYMOTHECA,  Commers.  (in  Juss. 
Gen.y  15).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Marattia , 
Swartz. 

MYRIOTREMA,  Fée  {Meth.,  M;Crypt. 
cort. ,  t.  XXV,  f.  1,  2).  bot.  cr.  —  Syn. 
de  Lecidea,  Achar. 

MYRIOZOOIV  (pvp'oç,  dix  mille;  Ço>0\, 
animal),  polyp.,  bryoz.  —  Nom  proposé  par 
M.  Ehrenberg  pour  le  genre  précédemment 
nommé  Myriapora  par  M.   de   Blainvillc. 

(Duj.) 
MYRIPNOIS  (f,vpo7rvoo?,  qui  exhale  des 

I.   VIII. 


parfums),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Mutisiacées ,  établi  par  Bunge 
(Enum.  pi.  chin.  boréal.,  38).  Arbrisseaux 
des  montagnes  de  la  Chine.  Voy.  composées. 

MYRIPRISTIS  (fxvpco;,  dix  mille  ;irPcwv, 
scie  ).  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des  Acan- 
thoptérygiens,  famille  des  Percoïdes ,  à  plus 
de  sept  rayons  branchiaux,  établi  par  G.  Cu- 
vier  (Règ.  anim. ,  t.  Il,  p.  150).  Ces  Pois- 
sons ont  tout  l'éclat,  les  formes,  les  écailles 
des  Holocentres;  mais  leur  préopercule  a  ! 
un  d  nble  rebord  dentelé,  et  manque  d'é- 
pine à  son  angle.  Ils  ont  une  vessie  nata- 
toire divisée  en  deux;  la  partie  antérieure 
est  bilobée  et  s'attache  au  crâne  par  deux 
endroits  où  il  n'est  fermé  que  d'une  mem- 
brane, et  qui  répondent  aux  sacs  des  oreilles. 

Les  Myripristis  sont  remarquables  au  pre- 
mier aspect  par  les  dentelures  qui  garnis- 
sent les  joues ,  les  opercules  et  le  bord  des 
écailles.  Ils  se  trouvent  dans  les  parties 
chaudes  des  deux  Océans.  L'espèce  la  plus 
curieuse  est  le  M.  Jacobus  Cuv.  et  Val. 
(vulgairement  Frère  Jacques ,  à  la  Martini- 
que ).  C'est  un  poisson  d'une  beauté  ravis- 
sante, et  qui  égale  en  éclat  la  Dorade  de  la 
Chine,  la  plus  rouge  et  la  plus  brillante.  II 
n'atteint  guère  que  20  à  22  centimètres  de 
longueur.  (M.) 

MYRIS11CA,  bot.  m.  —  Voy.  musca- 
dier. 

MYRISTICACÉES.  Myristicaceœ.  bot. 
ph.  —  Famille  de  plantes  dicotylédones  éta- 
blie par  R.  Brown  (Prodr. ,  399),  et  géné- 
ralement adoptée.  Ses  caractères  principaux 
sont  :  Fleurs  dioïques ,  unisexuelles.  Pé- 
rianthe  simple,  membraneux,  tubuleux, 
urcéolé  ou  campanule ,  3-fide  ou  rarement 
2-4-fide,  dont  l'estivation  est  val  vaire.  F/eurs 
mâles  :  Étamines  3-15,  monadelphes  ;  filets 
réunis  en  une  colonne  cylindrique  ou  tur- 
binée,  brièvement  dentelée  au  sommet.  An- 
thères exlrorses,  fixées  sur  les  dents  de  la 
colonne ,  libres  ,  à  2  loges  s'ouvrant  longi- 
tudinalement.  Fleurs  femelles  :  Ovaire  uni- 
que (très  rarement  deux,  soudés  à  leur  base), 
libre,  à  une  seule  loge  1-ovulée  (très  rare- 
ment bi-ovulée).  Style  très  court  ou  nul; 
stigmate  lobé  ou  indivis.  Le  fruit  est  une 
baie  capsulaire ,  uniloculaire ,  à  2  valves  in 
divises  ou  quelquefois  bifides,  monosperme. 
La  graine  est  dressée,  enveloppée  d'un  arille 
charnu,  découpée  en  lanières  profondes; 

69 


546 


MYR 


MYR 


son  tégument  propre  est  épais ,  crustacé , 
traversé  irrégulièrement  par  des  rugosités. 
Embryon  très  petit ,  à  la  base  du  péri- 
sperme,  à  radicule  cylindrique,  très  courte, 
infère. 

Les  Myristicacées  sont  des  arbrisseaux  ou 
des  arbres  quelquefois  très  élevés ,  et  géné- 
ralement remplis  d'un  suc  rougeâtre,  à  ra- 
meaux ordinairement  cylindriques  ,  quel- 
quefois ancipités ,  couverts  d'une  écorce 
souvent  réticulée  ,  et  d'une  pubescence 
furfuracée.  Les  feuilles  sont  alternes,  dis- 
tiques, brièvement  pétiolées,  coriaces,  sim- 
ples,  très  entières,  pubescentes  et  sans  sti- 
pules. Les  fleurs,  petites,  blanches,  bleues, 
ou  couvertes  extérieurement  d'une  pubes- 
cence ferrugineuse ,  et  glabres  intérieure- 
ment, sont  axillaires  ou  terminales,  dispo- 
sées en  grappes  ou  en  faisceaux.  Les  espèces 
de  cette  famille  croissent  principalement 
dans  les  régions  tropicales  de  l'Asie  et  de 
l'Amérique, 

Cette  petite  famille,  établie  aux  dépens 
des  Laurinées  ,  se  distingue  principalement 
de  cette  dernière,  par  ses  fleurs  complète- 
ment unisexuelles  et  dioïques  ,  par  ses  éta- 
mines  soudées,  et  par  son  embryon  contenu 
dans  un  endosperme  ruminé.  Les  genres 
qu'elle  renferme  sont  au  nombre  de  trois , 
et  ont  été  nommés  :  Myristica  (Muscadier), 
Linn.;  Knema,  Lour.;  Pyrrhosa,  Blum.  Voy. 
principalement  l'article  muscadier.     (B.) 

*MYRMAGI1IXENUS,  ou  mieux  MYR- 
AIECOXENUS  (  jiuptjwjÇ  ,  fourmi;  g/vos, 
hôte).  Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères,  famille  des  Xylophages  ,  créé  par 
nous  {Revue  entomologique  de  Silbermacn  , 
1835,  p.  263),  avec  une  espèce  des  environs 
de  Paris ,  qui  habite  dans  le  nid  de  la  For- 
mica fusca,  et  qui  a  été  retrouvée  de  même 
dans  d'autres  contrées  de  l'Europe  fort  éloi- 
gnées les  unes  des  autres.  Le  type  est  le 
M.  subterraneus.  M.  Guérin-Ménevillea  dé- 
couvert depuis,  dans  la  tannée  d'une  serre 
chaude  des  environs  de  Paris,  une  seconde 
espèce  de  ce  genre,  à  laquelle  il  a  donné  le 
nom  de  M.  vaporariorum.  (C.) 

*MYRMACICELUS  (j^PfwiÇ ,  fourmi; 
xvAoç,  brillant),  ins.  —  Genre  de  Coléoptè- 
res tétramères,  famille  des  Curculionides 
orthocères ,  division  des  Apionides,  créé  par 
nous  {Annales  de  la  Soc.  ent.  de  Fr. ,  t.  2 , 
p.  358)  et  adopté  par  Schœnherr.  Le  type, 


M.  formicarius  Ch.,  est  originaire  de  l'Aus- 
tralie (Port-Jackson).  (C.) 

MYRMARACHNE.  arachn.  —  Syno- 
nyme de  Myrmecia.  Voy.  ce  mot. 

MYRMECIA  (fAvppiS,  fourmi),  arachn. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Aranéides,  de  la 
tribu  des  Araignées,  établi  par  Latreille,  et 
adopté  par  tous  les  aptérologistes.  Dans  ce 
genre ,  singulier  par  sa  forme  ,  les  yeux  sont 
au  nombre  de  huit,  inégaux  entre  eux,  pla- 
cés sur  trois  lignes- sur  le  devant  du  céphalo- 
thorax. La  lèvre  est  ovale,  allongée.  Les 
mâchoires  sont  droites,  allongées,  dilatées 
et  arrondies  à  leur  extrémité.  Les  pattes 
sont  allongées ,  fines;  la  quatrième  et  la 
première  paire  les  plus  longues;  la  seconde 
ensuite,  avec  la  troisième  la  plus  courte.  On 
ne  connaît  rien  sur  les  mœurs  de  ces  Ara- 
néides, qui  sont  toutes  américaines.  L'es- 
pèce type  est  le  Myrmecia  fulva  Latr.  {Ann. 
des  se.  nat.,  toro.  III,  p.  27);  cette  jolie 
sspèce  a  été  rencontrée  au  Brésil.    (H.  L.) 

MYRMECIA,  Schreb.  {Gen.y  n.  177). 
rot.  ph.  —  Syn.  de  Tachia,  Aubl. 

*  IUYRMEGILLA  (  f*%»rè  ,  fourmi  ; 
xe'Uca  ,  courir  vite),  ins.  — Genre  de  Coléo- 
ptères pentamères,  famille  des  Cicindélides, 
tribu  des  Cténostomides,  établi  par  M.  Tb. 
Lacordatre  (  Révision  de  la  famille  des  Ckin- 
délides,  1842,  p.  40).  Le  type,  la  M.  pygmœa 
Buq.,  Lac,  est  originaire  du  Brésil.     (C.) 

*MYRMECIUM  f>wp/«j*t*,  verrue).  polyp.. 
— Genre  de  Spongiaires  établi  par  M.  Gold- 
fuss  pour  une  seule  espèce  fossile  du  calcaire 
jurassique,  et  caractérisé  par  sa  forme  sub- 
globuleuse avec  un  grand  trou  central  au 
sommet;  le  tissu  est  formé  de  fibres  serrée? 
et  traversé  par  des  canaux  rameux,  irradiés 
de  la  base  à  la  circonférence.  Ce  genre  diffère 
trop  peu  des  Siphonia  pour  en  être  séparé. 

(Dm.) 

*MYRMECIZA.  ois.  —  Groupe  d'Oi- 
seaux indiqué  par  M.  G.-R,  Gray  {List  of 
gen.  Birds.,  1841).  (E.  D.) 

*MYRMECOBIN.$;.  mam.  —  M.  Lesson 
{Nouv.  tabl.  du  règ.  anim. ,  Mam.>  1842) 
a  créé  sous  ce  nom  une  petite  famille  de 
Didelphes,  dans  laquelle  il  ne  place  que  le 
genre  Myrmecobius  {Voy.  ce  mot).  M.  Wa- 
terhousse  (Water. ,  Lib.  Marsup. ,  1841) 
donne  à  cette  même  division  le  nom  de 
Myrmecobiidœ.  (E.  D.) 

*  MYRMECOBÏUS   (pwppjÇ,    fourmi; 


IY1YR 


MYR 


547 


ff'oç,  vie),  mam.  —  M.  Waterhousse  (Proced. 
soc.  Lond. ,  1836  )  a  décrit  sous  ce  nom  un 
genre  de  Mammifères  de  la  sous-classe  des 
Didelphes,  et  qui  a  pour  principaux  carac- 
tères :  Huit  incisives  à  la  mâchoire  supé- 
rieure et  six  à  l'inférieure  ;  pas  de  canines 
inférieures;  molaires  au  nombre  de  huit  à 
■  chaque  mâchoire  et  de  chaque  côté;  tête  al- 
longée ;  oreilles  droites,  médiocres;  pieds 
antérieurs  à  cinq  doigts ,  les  trois  médians 
plus  longs;  quatre  doigts  seulement  aux 
pieds  postérieurs  ;  queue  médiocre. 

L'espèce  type  de  ce  groupe  est  le  Myr- 
rnecobius  fasciatus  Waterh.  (loco  citalo). 
11  a  25  à  27  centimètres  du  bout  du  museau 
à  la  région  de  la  queue,  et  cet  organe  a  17 
centimètres.  Le  pelage  est,  au-dessus,  de  la 
couleur  d'ocre  rougeâtre ,  entremêlé  de  poils 
blancs;  la  partie  postérieure  du  corps  est 
ornée  de  bandes  transverses,  alternative- 
ment noires  et  blanches,  disposées  d'une 
manière  à  peu  près  analogue  à  ce  qu'on  voit 
chez  le  Thylacinus  cynocephalus.  Les  par- 
ties inférieures  sont  d'un  blanc  jaunâtre; 
les  pattes  antérieures  de  la  même  couleur  à 
leur  partie  interne,  et  d'un  jaune  pâle  à 
l'externe;  les  postérieures  sont  aussi  jaune- 
pâle,  avec  la  partie  interne  des  tibias  blan- 
châtre et  la  plante  des  pieds  nue;  les  poils 
de  la  queue  sont  mélangés  de  blanc,  de 
noir  et  d'ocre  ;  chacune  de  ces  couleurs  pré- 
domine dans  ces  différentes  parties.  Cet 
animal  habite  la  Nouvelle-Hollande,  rivière 
des  Cygnes,  et  il  se  nourrit  presque  exclu- 
sivement de  Fourmis,  comme  l'indique  son 
nom. 

Une  seconde  espèce,  décrite  également 
par  M.  Waterhousse  et  désignée  sous  la  dé- 
nomination de  M.  Diemensis ,  se  trouve, 
comme  l'indique  son  nom  ,  à  la  terre  de 
Van-Diemen.  (E.  D.) 

MYRMECODA  ( ^pu^oS-o; ,  semblable 
à  une  fourmi),  ins.  — Genre  d'Hyméno- 
ptères porte- aiguillons,  famille  des  Mutil- 
liens,  établi  par  Latreille  sur  des  femelles 
du  genre  Thijnnus.  En  conséquence,  ce 
genre  doit  être  supprimé.  Voy.  thynnus. 

MT'IUIECODIA  (pvppn»wià»ç,  semblable 
aune  verrue),  bot.  pu.  — Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées-Cofféacées-Guettar- 
dées,  établi  par  Jack  (in  Linn.  Transact., 
XIV,  122). 

Ses  principaux  caractères  sont  :  Calice 


presque  entier;  corolle  quadrifide,  dont  le 
tube  est  velu  intérieurement  près  de  l'inser- 
tion des  étamines  ;  étamines  4,  plus  courtes 
que  la  corolle;  style  plus  long  que  les  éta- 
mines, terminé  par  un  stigmate  simple.  Le 
fruit  est  une  baie  ovée ,  quadriloculaire  et 
tétrasperme. 

L'espèce  principale  de  ce  genre  a  été  nom- 
mée par  l'auteur  Myrmecodia  tuberosa;  elle 
a  été  décrite  et  figurée  par  Rumphius  (Herb. 
Amb.,  VI,  p.  119  ,  t.  55,  f.  2).  C'est  une 
plante  parasite  sur  les  troncs  des  vieux  ar- 
bres; elle  a  la  forme  d'un  tubercule  grand 
et  irrégulier,  duquel  s'élèvent  quelques  bran- 
ches courtes ,  à  l'extrémité  desquelles  sont 
situées  les  feuilles,  Celles-ci  sont  opposées, 
pétiolées,obovales-oblongues  avec  une  courte 
pointe,  atténuées  sur  le  pétiole,  entières  et 
très  lisses. 
Cette  plante  croît  aux  îles  Moluques. 
*MYRMECO\SORPIiUS  (  pvou,^,  four- 
mi ;  f.opcpï,  forme),  ins.  —  M.  Westwood 
a  désigné  sous  cette  dénomination  ,  dans  la 
famille  des  Proctotrupiens ,  un  genre  qui 
paraît  différer  fort  peu  du  genre  Labeo.  Il 
n'y  rattache  qu'une  seule  espèce  ,  le  M.  ru- 
fescens  Westw.  (Bl.) 

*MYRMECOPHAGA  (P.vPF^,  fourmi; 
<pa;.w,  je  mange),  ois.  —  Groupe  de  Merles 
indiqué  par  M.  de  Lacépède  (Mém.  de  l'Ins- 
titut, 1800-1801).  (E.  D.) 

*MYRMECOPHAGA.  mam.—  Voy.  l'ar- 
ticle FOURMILIER.  (E.  D.) 

"MYRMECOPHAGINEJG.  mam.  —Fa- 
mille d'Edentés,  indiquée  par  M.  Lesson 
(Nouv.  tabl.  du  règ.  anim. ,  Mam. ,  1842), 
et  comprenant  principalement  le  genre  Four- 
milier (  Voy.  ce  mot).  Les  noms  de  Myrmc- 
cophagi ,  Vicq  -  d'Azyr  ;  Myrmecophagidœ, 
C.  Bonap.  ;  et  Myrmecophdgina ,  Gray, 
sont  synonymes  de  Myrmecophagineœ. 

(E.  D.) 
*  MYRMCOPSIS  (pippiiE,  fourmi; 
<&J, ,  aspect),  ins.  —  M.  Guérin  (Voyage  de  la 
Coquille)  désigne  ainsi  un  genre  que  d'au- 
tres en  tomologistes  ne  séparent  pas  des  Thym^ 
nus.  Voy.  ce  mot.  (Bl.) 

*MYRMECOPTERA  (  pvftxtg  ,  fourmi  ; 
wte'pov,  aile),  ins. —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Carabiques,  tribu  des 
Cicindélètes ,  créé  par  Germar  (Magasin  de 
Zoologie,  1843,  p.  124;  Iiev.zool.,  1844, 
p.  208).  Il  ne  se  compose  encore  que  d'une 


548 


MYR 


MYR 


espèce  :  M.  egregia,  qui  a  été  rapportée  de 
Nubie  (Fasogl).  (C). 

*MYRMEDONIA  GwPf«}Ç,  fourmi  ;  <Wu, 
troubler  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hé- 
térotarses,  famille  des  Brachélytres,  tribu 
des  Aléochariniens,créé  par  Erichson  (Gen. 
et  sp.  Slaphylinorum,  p.  35).  Il  se  com- 
pose de  30  à  40  espèces ,  dispersées  en  Eu- 
rope, en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amérique. 
L'auteur  les  divise  en  aptères  et  en  ailées. 
Nous  citerons  comme  faisant  partie  de  ce 
genre,  les  M.  canaliculata,  obscura¥.,lim- 
bata,  collaris  Pk.  ,  humer alis ,  funesta, 
lugens  et  fulgida  Grav.  Erichson  a  observé 

4  articles  aux  tarses  des  quatres  pattes  an- 
térieures ,  et  5  aux  postérieures.  Ces  In- 
sectes vivent  cachés  sous  les  feuilles,  sous  les 
détritus  qui  avoisinent  les  fourmilières,  et 
font  leur  proie  des  Insectes  qui  les  habitent. 
Ayant  renfermé  des  Myrmedonia  avec  les 
précédents ,  nous  avons  trouvé  ceux-ci  peu 
de  temps  après  privés  de  leurs  têtes.  Les 
Myrmedonia  exsudent  par  leur  corps  une  li- 
queur huileuse,  qui  est  d'une  odeur  fétide. 

(C.) 
MYRMEGES.  ins.— M.  Duméril  désigne 
ainsi  une  famille  d'Insectes  hyménoptères  , 
qui  correspond  à  la  famille  des  Hétérogynes 
de  Latreille,  et  à  la  tribu  des  Formiciensde 
M.  Blanchard. 

MYRMELEON.  ins.  —  Nom  scienti- 
fique des  Fourmilions.  Voy.  ce  mot. 

MYRMELEONIDES.  Myrmeleonides. 
ins.  —  Famille  de  l'ordre  des  Névroptères,  de 
la  tribu  des  Myrmeleonides.  Les  Insectes 
qui  la  composent  présentent  les  caractères 
suivants  (Blanch.,  Hist.  des  Ins.,  édit.  Fir- 
min  Didot)  :  Antennes  plus  ou  moins  lon- 
gues ,  mais  toujours  renflées  vers  l'extré- 
mité. Corps  long  et  grêle;  palpes  grêles,  de 

5  articles.  Mandibules  fortes,  mais  courtes, 
unidentées  intérieurement.  Yeux  très  sail- 
lants ;  ailes  larges  et  longues,  très  réticulées. 

M.  Blanchard  n'admet  que  3  genres  dans 
cette  famille;  ce  sont:  Myrmeleon,  Linn.; 
Ascalaphus,  Fabr.,  et  Haplogenius,  Burm. 

MYRMELÉONIENS.  Myrmeleonii.  ins. 
—  Tribu  de  l'ordre  des  Névroptères,  carac- 
térisée par  des  ailes  planes ,  presque  d'égale 
grandeur;  par  des  appendices  buccaux  de 
consistance  solide  ;  par  des  tarses  de  cinq 
articles;   des  antennes   filiformes,   multi- 


articulées,  etc.  Nous  diviserons  cette  tribu 
en  quatre  familles;  ce  sont  les  Myrmeleo- 
nides, les  Némoplérides ,  les  Hémérobiides 
et  les  Panorpides.  (Bl.) 

*MYRMEMORPHA  (plpfMg  ,  fourmi  ; 
p.opepvî,  forme),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères ,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides ,  tribu  des  Hétéromy- 
zides,  établi  par  M.  Léon  Dufour  (Ann.  des 
se.  nat. ,  1833  ,  218  )  pour  un  petit  Insecte 
trouvé  en  Espagne  sur  des  Gramens. 

L'unique  espèce  de  ce  genre  a  été  nommée 
par  l'auteur  M.  brachyplera.  (L.) 

MYRMICA  (pwppiÇ,  fourmi),  ins.  — 
Genre  de  la  tribu  desFormiciens,  de  l'ordre 
des  Hyménoptères,  établi  par  Latreille  sur 
quelques  petites  espèces,  dont  les  mandi- 
bules sont  triangulaires  et  les  palpes  maxil- 
laires fort  longs,  composés  de  six  articles. 
Le  type  du  genre  est  la  M.  rubra  (  Formica 
rubra)  Lin.  Voy.  l'article  fourmi.     (Bl.) 

MYRMICITES.  Myrmicilœ.  ins.  — 
Groupe  de  la  famille  des  Formicides ,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères ,  caractérisé  par 
l'abdomen,  dont  le  premier  segment  forme 
deux  nœuds,  et  par  la  présence  d'un  aiguil- 
lon chez  les  femelles.  Nous  rapportons  à  ce 
groupe  les  geures  Cryptocerus,  Lath.;  Atla, 
Fabr.; /Ecodoma,  Latr.;  Eriton,  Latr.;  Myr- 
mica ,  Latr.  Voy.  l'article  fourmi.     (Bl.) 

*MYRMIDON.  mam.— M.  Wagler  (Syst. 
d'Amph.  ,  1820)  donne  ce  nom  à  un  groupe 
d'Édentés.  (E.  D.) 

*MYRMIDONE.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Mélastomacées,  établi  par  Mar- 
tius  (Nov.  gen.  et  sp.,  III,  149).  Arbris- 
seaux du  Brésil.  Voy.  mélastomacées. 

MYRMOSA.  ins.  —  Genre  de  la  famille 
des  Mutillides,  de  l'ordre  des  Hyménoptè- 
res ,  établi  par  Latreille  et  adopté  par  tous 
les  entomologistes.  Les  Myrmoses  se  recon- 
naissent à  des  antennes  presque  filiformes, 
à  des  mandibules  tridentées  dans  les  mâles 
et  bidentées  dans  les  femelles,  etc.  On  con- 
naît un  petit  nombre  d'espèces  de  ce  genre 
dont  le  type  est  la  M.  melanocephala  Fabr. 
(alra  Panz.),  qui  est  répandue  dans  une 
grande  partie  de  l'Europe.  (Bl.) 

MYRMOTHERA.  ois.  —  Genre  d'Oi- 
seaux créé  par  Vieillot  aux  dépens  de  l'an- 
cien groupe  des  Fourmiliers.  Voy.  ce  mot. 

(E.D.) 

MYROBALANÉES.  Myrobalaneœ.  bot. 


IY1YR 


MYR 


5i'J 


j>h.  —  Tribu  de  la  famille  des  Gombrétacées. 
Voy.  ce  mot. 

MYRQBALANS.  bot.  ph.  —  Ce  nom  a 
été  donné,  en  Pharmacologie,  aux  fruits  de 
diverses  espèces  de  Terminalia.  Voy.  ce 
mot. 

MYROBALANUS,  Gœrtn.  (II,  90,  t.  97). 
bot.  ph. —  Voy.  terminalia,  Linn. 

MYRODENDRON  ,  Schreb.  (  Gen. ,  n. 
901).  bot.  ph.  —  Syn.  d'Humirium,  Mart. 

MYRODIA  (pupov,  parfum),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Sterculiacées-Hélie- 
térées,  établi  par  Schreber  (Gen.,  n.  1147) 
et  ne  comprenant  que  trois  espèces  décrites 
parDeCandolle  (Prodr.,  1,477).  Ce  sont  des 
arbres  ou  des  arbrisseaux  de  l'Amérique  tro- 
picale qui  répandent  une  légère  odeur  aro- 
matique. 

MYROSMA  (  pv'pov  ,  parfum  ;  larf  , 
odeur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Cannacées,  établi  par  Linné  fils  (SuppL,  8) 
pour  des  herbes   de  l'Amérique  tropicale. 

Voy.   CANNACÉES. 

MYROSPERME.  Myrospermum  (^vp°v, 
parfum;  cm/ppia,  graine),  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Légumineuses-Papiliona- 
cées,  tribu  des  Sophorées,  de  la  Décandrie 
monogynie  dans  le  système  de  Linné.  Con- 
sidéré dans  les  limites  que  lui  assignent 
MM.  De Candolle,  Bentham,  Endlicher,  etc., 
il  correspond  aux  Myrospermum  de  Jac- 
quin,  Kunth,  ou  Calusia  de  Bertero,  et  aux 
Myroxylon  de  Mutis  ,  ou  Toluifera,  Linn. 
En  effet ,  les  seuls  caractères  qui  distin- 
guent ces  deux  genres ,  et  qui  consistent 
dans  les  filets  des  étamines  persistants  chez 
ceux-ci  et  non  chez  ceux-là,  dans  les  ovules 
au  nombre  de  2  seulement  chez  les  der- 
niers, et  chez  les  premiers  de  5  ou  6,  parmi 
lesquels  1  ou  2  seulement  se  développent  en 
graines,  ces  caractères  sont  évidemment  in- 
suffisants pour  séparer  des  groupes  géné- 
riques, et  ne  peuvent  indiquer  que  de  sim- 
ples sous  genres.  Circonscrit  de  la  sorte,  le' 
genre  Myrosperme  se  compose  d'arbres  ou 
d'arbrisseaux  des  parties  chaudes  de  l'Amé- 
rique, devenus  célèbres  pour  les  baumes 
qu'ils  produisent.  Leurs  feuilles,  pennées 
avec  foliole  impaire,  sont  marquées  de 
ponctuations  et  de  lignes  transparentes; 
leurs  fleurs,  blanches  ou  rosées,  forment  des 
grappes  axillaires  et  terminales,  et  se  dis- 
tinguent parles  caractères  suivants:  Calice 


largement  campanule,  comme  tronqué  à 
son  bord,  ou  à  5  dents  très  peu  prononcées  ; 
corolle  papilionacée ,  dont  l'étendard  est 
large  et  presque  arrondi,  étalé,  dont  les 
ailes  et  la  carène  constituent  4  pétales  dis- 
tincts,  linéaires- lancéolés ,  un  peu  plus 
courts;  10  étamines  libres;  ovaire  rétréci 
en  pédicule  à  sa  base,  oblong,  2-6-ovulé, 
portant  un  peu  au-dessous  du  sommet  et 
sur  le  côté  un  style  filiforme.  Le  légume  re- 
pose sur  un  pédicule  nu  inférieurement, 
largement  ailé  d'un  côté  à  sa  partie  supé- 
rieure; il  est  indéhiscent,  et  renferme  une 
ou  deux  graines  plongées  dans  une  matière 
pulpeuse  balsamique  provenant  de  la  liqué- 
faction de  leur  tégument. 

a.  Calusia,  Bertero  ;  Myrospermum,  Jacq., 
Kunth.  Étamines  à  filets  persistants;  ovaire 
à  5-6  ovules,  dont  1-2  seulement  se  déve- 
loppent en  graines. 

b.  Myroxylon ,  Mutis.  Étamines  à  filets 
tombants  ;  ovaire  2-ovulé.  A  ce  sous-genre 
appartiennent  deux  espèces  d'un  grand  inté- 
rêt, sur  lesquelles  nous  devons  nous  arrêter  : 

1.  Myrosperme  baume  du  Pérou,  Myro- 
spermum peruiferum  DC.  Cette  espèce 
forme  un  arbre  à  rameaux  arrondis,  verru- 
queux ,  glabres ,  de  couleur  fauve  ;  ses 
feuilles  sont  pennées,  avec  impaire,  com- 
posées au  moins  de  11  folioles  égales  entre 
elles,  alternes,  oblongues,  obtuses  et  échan- 
gées, arrondies  à  leur  base,  quelquefois  en 
cœur,  très  entières,  marquées  d'un  réseau 
de  veines,  à  ponctuations  pellucides,  arron- 
dies ou  allongées ,  coriaces ,  glabres  à  leurs 
deux  faces,  mais  légèrement  pubescentes  sur 
leur  côte  médiane,  luisantes  en  dessus,  un 
peu  plus  pâles  en  dessous;  leur  pétiole  com- 
mun est  flexueux.  Ses  fleurs  forment  de 
nombreuses  grappes  souvent  ramassées  à 
l'extrémité  des  petits  rameaux,  longues  do 
près  de  2  décimètres;  elles  sont  blanches, 
penchées  ,  assez  longuement  pédiculées.  Le 
légume  est  presque  coriace,  long  de  plus 
d'un  décimètre,  pédicule  compris.  Cette  es- 
pèce croît  spontanément  dans  le  Pérou  ,  la 
Nouvelle-Grenade,  la  Colombie.  Par  les  in- 
cisions que  Ton  fait  à  son  tronc  et  à  ses 
grosses  branches,  elle  donne  une  substance 
jaune  pâle  et  visqueuse,  qui  ne  tarde  pas  à 
se  concréter  à  l'air,  et  qui  n'est  autre  que 
le  Baume  du  Pérou.  Cette  matière  doit  son 
odeur  balsamique  si  remarquable  surtout 


550 


MYR 


à  l'acide  benzoïque  qui  y  existe  en  fortes 
proportions.  Recueillie  à  sa  sortie  de  l'arbre 
dans  de  petites  calebasses,  dans  de  petits 
pots  ou  potiches,  ou  dans  des  boîtes  de  fer- 
blanc,  elle  constitue  la  qualité  supérieure 
du  baume  du  Pérou,  ou  le  baume  en  coque, 
qui  se  distingue  par  son  odeur  suave,  par 
sa  couleur  rouge-doré,  et  par  sa  demi-trans- 
parence ;  mais  cette  qualité  est  aujourd'hui 
rare  dans  le  commerce,  et  celle  qu'on  y  ren- 
contre le  plus  habituellement,  et  qu'on 
nomme  baume  noir,  s'obtient  par  ébullition 
à  la  manière  des  extraits;  elle  se  distingue 
par  sa  couleur  brun-noirâtre ,  par  sa  con- 
sistance de  mélasse  qui  augmente  avec  le 
temps,  enfin  par  son  odeur  beaucoup 
moins  prononcée  et  moins  suave.  Cette  ma- 
tière arrive  souvent  sophistiquée.  Son  ana- 
lyse a  donné  à  Stolz  :  24  parties  d'une  ré- 
sine brune  peu  soluble;  207  parties  d'une 
résine  brune  soluble;  690  parties  d'une 
huile  volatile  particulière;  64  parties  d'a- 
cide benzoïque;  6  parties  d'extractif;  9 
d'eau  et  de  perte,  sur  1000.  Le  baume  du 
Pérou  a  eu  et  conserve  encore  divers  usages 
en  médecine,  soit  à  l'intérieur,  soit  à  l'ex- 
térieur, surtout  à  cause  de  ses  propriétés  sti- 
mulantes énergiques  ;  mais  aujourd'hui  il  a 
beaucoup  perdu  de  son  importance,  qui  a 
passé  au  baume  fourni  par  l'espace  sui- 
vante. 

2.  Myrosperme  baume  de  Tolu,  Myrosper- 
mum  toluiferum  A.  Rich.  Le  célèbre  au- 
teur de  la  Flore  du  Pérou,  Ruiz ,  dit,  dans 
un  de  ses  mémoires,  que  l'arbre  qui  vient 
de  nous  occuper  fournit  à  la  fois  le  baume 
du  Pérou  et  celui  de  Tolu.  Ces  substances 
ne  diffèrent,  selon  lui,  que  par  le  mode 
d'extraction  et  par  la  distance  des  pays  d'où 
elles  proviennent;  la  première  nous  vient 
en  effet  du  Pérou,  la  seconde  de  Tolu,  dans 
Jâ  province  de  Carthagène.  M.  A.  Richard 
avait  d'afyord  adopté  cette  manière  de  voir  ; 
mais  plus  tard  ,  en  examinant  deux  échan- 
tillons recueillis  par  M.  de  Humbolt,  il  a  re- 
connu que  l'arbre  d'où  provient  la  dernière 
de  ces  deux  substances  constitue  une  espèce 
distincte,  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  qu'elle 
porte  depuis  (  voy.  A.  Richard,  Obscrv.  sur 
les  genres  Toluifera  et  Myroxylum  ,  etc.  ; 
Annal,  des  se.  natur.,  lrc  sér.,  t.  2,  p.  168). 
Cette  espèce  forme  un  grand  et  bel  arbre , 
dont  le  hois ,  rouge  vers  le  centre ,  a  une 


MYR 

odeur  de  baume  ou  plutôt  de  rose;  ses  ra- 
meaux sont  arrondis,  verruqueux  et  glabres  ; 
ses  feuilles  sont  composées  généralement 
de  7  folioles ,  dont  la  terminale,  de  forme 
ovale-oblongue,  est  la  plus  grande,  et  dont 
les  autres  vont  en  décroissant  graduellement 
de  grandeur;  ces  folioles  sont  minces,  acu- 
minées  au  sommet ,  très  entières  et  légère- 
ment ondulées  à  leurs  bords ,  marquées  de 
points  et  de  petites  lignes  pellucides,  très 
glabres,  luisantes,  également  vertes  à  leurs 
deux  faces  ;  leur  pétiole  commun  est  très 
légèrement  flexueux ,  anguleux ,  glabre. 
Cette  espèce  abonde  dans  les  hautes  savanes 
de  Tolu,  près  de  Corozol  ;  elle  est  rare  dans 
les  montagnes  de  Turbaco,  et  se  retrouve 
sur  les  bords  de  la  Madelaine.  Elle  donne  le 
baume  de  Tolu  parles  incisions  faites  à  son 
tronc  et  à  ses  grosses  branches.  Cette  sub- 
stance nous  arrive  en  morceaux  de  grosseur 
variable,  aplatis,  de  couleur  jaune-fauve  ou 
rouiieàtre,  luisants,  translucides;  sa  saveur 
est  chaude  et  douceâtre ,  laissant  un  léger 
sentiment  d'âcreté  au  bout  de  quelque 
temps;  son  odeur  est  très  suave;  elle  res- 
semble beaucoup  à  la  qualité  supérieure  du 
baume  du  Pérou,  dont  elle  partage  au  reste 
les  propriétés,  mais  à  un  degré  plus  pro- 
noncé. Ses  usages  médicinaux  sont  ana- 
logues à  ceux  de  cette  dernière  substance, 
en  place  de  laquelle  on  l'emploie  presque 
habituellement  aujourd'hui;  déplus,  la 
suavité  de  son  parfum  lui  donne  un  rôle 
important  dans  la  parfumerie,  particuliè- 
rement en  Angleterre.  (P.  D.) 

MYROTHECIUM  (M.uPov  ,  parfum  ;  9*t*, 
thèque).  bot.  cr.  —  Genre  de  Champignons 
gastéromycètes  ,  établi  par  Tode  (  Fung. 
Meckl. ,  I,  25,  t.  5,  f.  38)  pour  de  petits 
Champignons  qui  croissent  sur  les  arbres  et 
dans  les  terrains  humides. 

MYROXYLON.  bot.  ph. —Genre  établi 
par  Mutis,  et  qui  rentre  dans  le  genre  My- 
rosperme. Voy.  ce  mot. 

*MYRRHA  (nom  mythologique),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  subtélramères 
(Trimères  aphidiphages  de  Latreille),  créé 
par  Mulsant  (Histoire  naturelle  des  Co- 
léoptères de  France,  1846,  p.  125  )  dans  sa 
tribu  des  Sécuripalpes,  branche  des  Haly- 
ziaires  et  rameau  de  ses  Mysiates.  Ce 
genre  a  été  formé  aux  dépens  des  Cocci- 
nella,  et  a  pour  type  :  la  M.  octodecimguttatm 


MYR 


MYR 


iol 


de  Linné  (Coccinella) .  Elle  habite  la  plus 
grande  partie  de  l'Europe.  (C.) 

MYRRHE.  Myrrha  (  f/.uppa  ,  parfum). 
chim.  —  La  Myrrhe  est  une  gomme  résine 
qui  nous  arrive  d'Arabie  et  d'Abyssinie,  et 
qu'on  présume  découler  d'un  arbre  du  genre 
Amyris  ou  de  quelque  autre  de  la  famille 
des  Térébinthacées.  Le  Nouveau-Testament 
nous  apprend  que  la  Myrrhe  fut  au  nombre 
des  présents  que  les  trois  rois  venus  de  l'O- 
rient apportèrent  au  divin  fils  de  Marie 
(Saint  Matthieu,  ch.  IV,  vers.  11). 

La  Myrrhe  se  présente  en  larmes  pesan- 
tes, rouges,  demi-transparentes,  contenant 
des  stries  blanches  et  semi-circulaires  res- 
semblant à  des  coups  d'ongle,  ce  qui  lui  a 
fait  donner  le  nom  de  Myrrhe  onguiculaire. 
La  saveur  en  est  amère  et  résineuse  ;  l'odeur 
fortementaromatique  et  cependant  agréable. 
La  Myrrhe  contient,  selon  Pelletier,  66  de 
gomme  soluble,  et  34  de  résine  imprégnée 
d'une  petite  quantité  d'huile  essentielle.  Il 
résulte  de  l'excès  du  principe  gommeux  que 
cette  gomme  résine  est  plus  soluble  dans 
l'eau  que  dans  l'alcool.  La  Myrrhe  entre 
dans  quelques  préparations  pharmaceutiques 
officinales;  elle  est,  du  reste,  maintenant 
peu  employée.  (A.  D,) 

MYRiUIlDIUM,  DC.  (Prodr.,  I,  657). 
BOT.  ph.  —  Voy.  pelahgonium,  L'Hérit. 

*MYRRHIMUM  (pîppivoç,  de  Myrrhe). 
bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des  Oliniées 
(établie  aux  dépens  des  Mélastomacées), 
créé  par  Schott  (in  Sprengel  Curt.  post., 
404).  Arbustes  du  Brésil.  Voy.  oliniêes. 

MYRRHIS  (  fiwppiTvj's ,  qui  a  l'odeur  de 
la  myrrhe),  bot.  piï.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Ombellifères ,  tribu  des  Scandicî- 
nées ,  établi  par  Scopoli  (  Flor.  carniol. , 
édit.  2,1,  247),  et  que  beaucoup  d'auteurs 
réunissent  au  g.  Cerfeuil.  L'espèce  type  est 
désignée  sous  les  noms  de  Chœrophyllum 
aromaticum  L. 

MYRSIDIUM,  Raf.  (Car ait.  ,  t.  20, 
f.  12).  bot.  cr.  —  Syn.  de  Dasycladus ,  Ag. 

MYRSINE  (pupcu'vY),  Myrte),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Myrsinées- 
Ardisiées,  établi  par  Linné  (Gen.,  ».  269), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  : 
Fleurs  polygames  dioïques.  Calice  5-fide, 
rarement  4-ou  6-fide;  corolle  hypogyne, 
arrondie,  à  5,  rarement  à  4  ou  6  divi- 
sions; étamines  4-6,  insérées  au  fond  de  la 


corolle;  filets  très  courts;  anthères  dres- 
sées ,  à  2  loges  s'ouvrant  longitudinale- 
ment  ;  ovaire  à  une  seule  loge,  4-5  ovulé; 
style  simple;  stigmate  indivis,  ou  lobé  ou 
frangé.  Le  fruit  est  de  nature  cornée  ou 
crustacée,  et  monosperme  par  avortement. 

Les  Myrsine  sont  des  arbustes  abondants 
dans  les  régions  tropicales  du  globe.  Leurs 
feuilles  sont  alternes,  membraneuses,  très 
entières;  leurs  fleurs  axillaires,  réunies  en 
faisceaux  ou  en  ombelles;  les  mâles  sont 
plus  grandes  que  les  femelles. 

Les  espèces  de  ce  genre  ,  au  nombre  de 
trente  environ,  ont  été  réparties  en  deux 
sections,  nommées  par  Alph.  De  Candolle 
(in  Linn.  Transact.,  XVII,  104  et  112)  : 
Myrsine  :  fleurs  sessiles  ou  brièvement  pé- 
diculées,  fasciculées,  à  bractées  imbriquées, 
persistantes;  Badula  :  fleurs  disposées  en 
grappes  ,  en  panicules  ou  en  ombelles. 

On  en  cultive  principalement  deux  es- 
pèces au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de 
Paris  ;  ce  sont  les  Myrsine  af ricana  Linn., 
et  retusa  Ait.  (J.) 

MYRSINÉES.  Myrsineœ.  bot.  ph.  -— 
Famille  de  plantes  dicotylédones,  monopé- 
tales, hypogynes,  établie  par  R.  Browa 
(Prodr.,  532)  et  généralement  adoptée. 
Ses  principaux  caractères  sont  :  Fleurs  her- 

uhrodites  ou  quelquefois  unisexuelles  par 
fortement  de  l'un  des  sexes,  régulières. 
Calice  libre  ou  très  rarement  soudé  à  la  base 
de  l'ovaire,  à  4  ou  5  divisions.  Corolle  hy- 
pogyne ou  très  rarement  périgyne,  tubu- 
leuse,  campanulée  ou  rotacée,  à  4  ou  5  di- 
visions profondes,  alternant  avec  celles  d* 
calice.  Etamines  insérées  au  tube  ou  à  la 
gorge  de  la  corolle,  tantôt  en  nombre  égal 
aux  lobes  de  la  corolle  ,  opposées  à  ces  der- 
niers, et  toutes  fertiles,  à  anthères  intror- 
ses;  tantôt  en  nombre  double  des  lobes  de 
la  corolle:  les  unes  opposées  à  ces  derniers, 
et  fertiles  avec  les  anthères  exlroses,  les 
autres  stériles  et  alternant  avec  les  divisions 
de  la  corolle.  Filets  généralement  courts, 
libres,  ou  très  rarement  monadelphes.  An- 
thères ovales  ou  oblongues,  dressées  ou  in- 
combantes, distinctes  ou  conniventes,à  2  lo- 
ges s'ouvrant  longitudinalement  ou  quelque- 
fois par  le  sommet.  Ovaire  libre  ou,  très  rare- 
ment, soudé  à  la  base  du  calice,  à  une  seule 
loge,  contenant  un  trophosperme  central 
portant  un  ou  plusieurs  ovules.  Style  court, 


552 


MYR 


MYR 


simple;  stigmate  obtus,  aigu,  indivis  ou  ra- 
rement lobé.  Le  fruit  est  un  drupe  ou  une 
baie  très  souvent  monosperme ,  rarement 
oligo-  ou  polysperme.  Graines  4,  peltées, 
ayant  leur  tégument  simple,  leur  hile  con- 
cave, leur  endosperme  charnu  ou  corné,  et 
leur  eu  bryon  cylindrique,  un  peu  recourbé, 
placé  transversalement  au  hile. 

Les  végétaux  compris  dans  cette  famille 
sont  des  arbres  ou  arbrisseaux  à  feuilles 
alternes,  rarement  opposées  ou  lernées , 
simples,  entières  ou  dentées  en  scie,  mem- 
braneuses, souvent  glandulifères,  sans  sti- 
pules. Les  fleurs,  petites,  présentent  divers 
modes  d'inflorescence.  On  les  trouve  assez 
abondamment  dans  les  régions  tropicales 
du  globe. 

La  famille  des  Myrsinées  a  les  plus 
grands  rapports  avec  celle  des  Sapotées  (aux 
dépens  de  laquelle  elle  a  été  formée),  par  le 
port  et  plusieurs  caractères  de  fructification. 
Elle  se  rapproche  aussi  des  Primulacées  par 
les  étamines  opposées  aux  lobes  de  la  co- 
rolle ,  par  son  ovaire  uniloculaire  et  son 
trophosperme  central;  mais  le  port  en  est 
tout-à-fait  différent. 

Voici,  d'après  Endlicher  (Gen.  plant., 
p.  734),  l'énumération  des  diverses  tribus 
établies  dans  cette  famille,  avec  l'indication 
des  genres  que  chacune  d'elles  renferme  : 

Tribu  I.  —  Ardisiées. 

Étamines  stériles  nulles.  Anthères  in- 
trorses.  Ovaire  libre.  Fruit  monosperme. 

Vallenia,  Swartz  (  Petesioides  ,  Jacq.  )  ; 
Conomorpha,  Alph.  DC.  (Conostylus,  Pohl.); 
Weigeltia,  Alph.  DC.  ;  Cybianthus,  Mart.  ; 
Myrsine,  Linn.  ;  Ardisia,  Sw.  (Anguillaria, 
Gaertn.  )  ;  Embelia  ,  Juss.  (  Ribesioides  , 
Linn.;  Ribes,  Burm.);  Choripetalum,  Alph. 
DG.;  Oncoslemum  ,  Adr.  Juss.  ;  Purkinja, 
PresL 

Tribu  2.  —  Misées. 

Étamines  stériles  nulles.  Anthères  in- 
trorses.  Ovaire  soudé.  Fruit  polysperme. 

Mœsa,  Forsk.  (Bœobotrys,  Forst.  ;  Sibou- 
ratia,  Th.). 

Tribu  3.  —  Théophrastées. 

Étamines  stériles  visibles.  Anthères  ex- 
trorses.   Ovaire  libre.   Fruit  polysperme. 
Jacquinia,  Linn.  (Boncllia,  Bert.);  Theo- 


phrasta  ,    Juss.  ;    Clavija ,   Ruiz.  et  Pav. 
(  Theophrasta,  Linn.  ;  Eresia,  Plum.) 

Genres  douteux  : 

Leonia,  Ruiz.  et  Pav.  (Steudelia,  Mart.)  ; 
Oncinus,  Lour. 

A  cette  liste,  il  faudrait  peut-être  ajouter 
deux  genres  à  peine  connus,  et  désignés 
par  Thunberg  sous  les  noms  de  Othera  et 
Orixa. 

Quant  au  genre  JEgiceras,  Gœrtn.,  qu'on 
rapporte  généralement  à  la  famille  des  Myr- 
sinées, M.  Endlicher  (loc.  cit.)  propose  d'en 
faire  le  type  d'une  petite  famille,  celle  des 
JEgicérées ,  et  dont  les  caractères  seraient 
alors  les  mêmes  que  ceux  du  genre  dont 
nous  parlons.  Voy.  .egiceras.  (J.) 

M1RSIFH1LLUM  (^vpcrfvyj,  Myrte; 
<pu/),ov  ,  feuille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Liliacées-Asparagées ,  établi  par 
Willdenow  (in  Berl.  Magaz.,  II,  25).  Ar- 
brisseaux du  Cap.  Voy.  liliacées. 

MYRTACÉES.  Myrtaceœ.  bot.  ph.  — 
Grande  et  belle  famille  de  plantes  dicotylé- 
dones,  polypétales  ,  à  étamines  périgynes, 
établie  d'abord  par  A.-L.  de  Jussieu  (Gênera, 
pag.  322)  sous  le  nom  de  Myrti,  nom  qui  a 
été  modifié  plus  tard  en  ceux  de  Myrtées  par 
le  même  botaniste  ,  de  Myrtinées  par  A. -P. 
DeCandolle,  enfin  de  Myrlacéespar  M.  Rob. 
Brown.  Elle  se  compose  de  végétaux  ligneux, 
frutescents  ou  arborescents, atteignant  même, 
dans  certains  cas,  de  si  fortes  proportions, 
qu'ils  figurent  parmi  les  géants  du  règne 
végétal  (  Eucalyptus  ).  Leurs  feuilles  sont 
simples,  le  plus  souvent  opposées,  dans  cer- 
tains cas  alternes  ou  verticillées,  entières  ou 
légèrement  dentelées,  d'un  tissu  raide  et 
consistant,  quelquefois  même  épaisses  et 
demi-cylindriques,  parsemées  généralement 
de  petits  réservoirs  glanduleux  d'huile  essen- 
tielle qui  produisent  l'effet  de  ponctuations 
translucides,  presque  toujours  dépourvues 
de  stipules,  ou  n'en  ayant  que  de  très  pe- 
tites, caduques  (quelques  Chamaelauciées  et 
Lécythidées).  Ces  caractères  des  feuilles  per- 
mettent souvent  de  reconnaître  les  plantes 
de  cette  famille,  même  en  l'absence  des  or- 
ganes de  la  reproduction.  Les  fleurs  sont 
parfaites,  régulières,  ou,  dans  un  très  petit 
nombre  de  cas,  avec  un  commencement  d'ir- 
régularité dû  à  l'inégalité  de  longueur  des 
étamines  ;  leur  inflorescence  est  très  va- 
riable; leur  couleur  est  blanche,  purpurine, 


MYR 


3VIYR 


553 


rouge  ou  jaune  ,  mais  jamais  bleue.  Elles 
présentent  les  caractères  suivants  :  Galice 
adhérent  à  l'ovaire  dans  toute  l'étendue  ou 
seulement  dans  la  portion  inférieure  de  son 
tube,  à  limbe  divisé  plus  ou  moins  profon- 
dément en  4-5  lobes ,  quelquefois  davan- 
tage ,  à  estivation  valvaire  ,  parfois  sou- 
dés en  une  sorte  d'enveloppe  fermée  dont  la 
partie  supérieure  se  détache  et  tombe  comme 
un  opercule  au  moment  de  l'épanouissement; 
i'intérieur  du  tubecalicinal  est  tapissépar  un 
disque  ,  qui  s'épaissit  à  la  gorge  en  un  an- 
neau plus  ou  moins  large  ,  sur  lequel  s'in- 
sèrent la  corolle  et  les  étamines.  Pétales  en 
même  nombre  que  les  lobes  calicinaux  et 
alternes  avec  eux,  souvent  petits  et  presque 
squamiformes ,  ou  nuls  dans  un  très  petit 
nombre  de  cas.  Étamines  en  nombre  très 
rarement  égal  à  celui  des  pétales,  assez  sou- 
vent double,  fréquemment  multiple  et  même 
très  considérable;  à  filets  généralement  très 
développés,  et  avec  des  proportions  inverses 
de  celles  des  pétales  ,  libres  et  distincts  ,  ou 
soudés  entre  eux  de  diverses  manières  :  en 
anneau  basilaire,  en  faisceaux  opposés  aux 
pétales  et  en  même  nombre  que  ceux-ci ,  en 
une  seule  masse  asymétrique,  etc.,  assez 
souvent  entremêlés  de  filets  stériles;  anthè- 
res introrses,  biloculaires,  à  déhiscence  lon- 
gitudinale. Ovaire  adhérent  en  entier  ou  à 
moitié,  recouvert  par  le  disque;  d'organisa- 
tion variable  comme  le  montreront  les  ca- 
ractères distinctifs  des  tribus,  mais  toujours 
surmonté  d'un  style  et  d'un  stigmate  uni- 
ques et  indivis.  Fruit  presque  toujours  cou- 
ronné par  le  limbe  du  calice  qui  a  persisté, 
à  loges  en  nombre  variable  suivant  l'orga- 
nisation que  présentait  l'ovaire,  tantôt  uni- 
loculaire  et  monosperme,  et  alors  sec  ,  in- 
déhiscent, ou  s'ouvrant  incomplètement  en 
deux  valves,  tantôt  bi-pluriloculaire  ,  et 
alors  capsulaire  ou  en  baie.  Graines  droites, 
à  test  cruslacé  ou  membraneux,  sans  albu- 
men, à  embryon  droit  ou  courbé,  dans  le- 
quel les  cotylédons  sont  très  rarement  fo- 
liacés, souvent  courts,  obtus,  quelquefois 
soudés  en  une  seule  masse  homogène  avec 
la  radicule. 

Les  Myrtacées  présentent  des  variations 
assez  nombreuses  et  assez  importantes  dans 
leur  organisation  pour  qu'il  soit  facile  de  les 
subdiviser  en  grandes  tribus  naturelles, 
qui  sont  même  si  nettement  caractérisées 

T.  VIII. 


que  certaines  d'entre  elles  sont  considé- 
rées comme  des  familles  distinctes  par  plu- 
siei  .*,  botanistes.  Ces  plantes  ont  des  rap- 
ports plus  ou  moins  marqués  avec  les  Rosa- 
cées, desquelles  elles  se  distinguent  par  leurs 
feuilles  presque  toujours  opposées,  sans  sti- 
pules et  marquées  de  points  translucides, 
ainsi  que  par  leurs  carpelles  entièrement 
soudés  en  un  pistil  unique;  avec  les  Mêlas- 
tomacées,  desquelles  elles  diffèrent  surtout 
par  la  forme  de  leurs  étamines  et  leur  situa- 
tion avant  l'épanouissement  ;  avec  les  Com- 
brélacées,  desquelles  elles  s'éloignent  par 
leurs  graines  non  suspendues  ;  enfin  avec  les 
Lythrariées  et  les  Onagrariées. 

Dans  le  volume  XI  du  Dictionnaire  clas~ 
sique  d'histoire  naturelle,  et  plus  tard  dans 
le  volume  III  du  Prodromus  ,  De  Candolle  a 
établi  dans  la  famille  des  Myrtacées  une  di- 
vision qui  a  été  généralement  adoptée  ,  et 
que  nous  allons  exposer,  en  y  rapportant , 
d'après  M.  Endlicher,  les  genres  qui  ren- 
trent dans  ses  divers  groupes. 

Sous-ordre  ï. — Cham.elauciées,  DG. 

Calice  à  5  lobes  (10  chez  les  Pilcanthus); 
corolle  à  5  pétales;  étamines  le  plus  sou- 
vent en  nombre  défini,  en  une  seule  série  , 
généralement  entremêlées  de  filets  stériles  ; 
ovaire  uniloculaire,  à  ovules  peu  nombreux 
portés  sur  un  placenta  central;  fruit  sec, 
monosperme,  indéhiscent,  ou  s'ouvrant  in- 
complètement par  le  sommet  en  deux  val« 
ves.  Arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hollande» 
ressemblant  assez  bien  pour  le  port  à  des 
Bruyères;  à  feuilles  opposées,  ponctuées;  à 
fleurs  petites,  accompagnées  de  deux  brac« 
téoles  libres  ou  soudées  entre  elles. 

Calycothrix,  Labiil.  (Calythrix,  Labill.); 
Lhotskya,  Schauer.;  Thrylomene ,  Endlich.; 
Pileanthus,  Labill.;  Verlicordia,  DG.  (  Di- 
plachne,  R.  Br.;  Chrysorrhoe,  Lindl.;  a.  Eu- 
verlicordia,  Schauer.;  b.  Calymatanlhus , 
Schauer.  )  ;  Chamœlaucium,  Desf.  ;  Homo- 
ranthus,  A.  Cunn.  {Evosanthus,  A.  Cunn.); 
Darwinia,  Rudg.;  Polyzonc,  Endlich.;  Geno- 
tyllis,  DC.  ;  Hedaroma,  Lindl.  ;  Francisai, 
Endlich.  ;  Triphelia ,  R.  Br.  (Actinodium  , 
Schauer.). 

Genre  douteux  :  Barllingia,  Brongn. 

Sous-ordre  IL  —  Leptospermées,  DC. 

Calice  a  4-6  lobes;  corolle  à  4-6  pétaW 
10 


554 


MYR 


MYR 


étamines  généralement  en  nombre  indéfini, 
libres  ou  polyadelphes  ;  ovaire  à  2  ou  plu- 
sieurs loges ,  contenant  ordinairement  de 
nombreux  ovules;  fruit  capsulaire.  Arbris- 
seaux et  arbres  pour  la  plupart  de  la  Nou- 
velle-Hollande ,  à  feuilles  opposées  ou  alter- 
nes, presque  toujours  très  entières,  ponc- 
X  tuées. 

4 

Astartca,  DC  ;  Tristania,  R.  Br.  ;  Syn- 
I  carpia,  Ten.  (Kamptzia,  Nées);  Lophoste- 
;  mon ,  Schott.  ;  Lamarcïiea,  Gaudic.  ;  Calo- 
thamnus ,  Labill.  (Baudinia,  Leschen.;  DU- 
liottia ,  Colla.);  Beaufortia,  R.  Br.;  Schizo- 
pleura  ,  Lindl.  (Manglesia ,  Lindl.);  Cono- 
thamnus,  Lindl.;  Mclaleuca, Linn.  (Cajuputi, 
Adans.  );  Eudesmia,  R.  Br.  ;  Eucalyptus  * 
L'Hérit.;  Angophora,  Cav.  ;  Callistemon,  R. 
Br.  (  a.  Eucollistemon  ;  b.  Penlagonaster , 
Klotsch);  Metrosideros  (a.  Eumelrosideros  , 
Endlich.  {Nani ,  Adans.);  b.  Agalmanthus , 
Endlich.;  c.  Glaphyranthus,  Endlich.  (iiTim- 
jsea  ,  Rchbch.);  Eremœa,  Lindl.  ;  Billiottia, 
R.  Br.  (<4#onis,  DC);  Hypccalymna,  Endl.; 
Pericalymna,  Endlich.;  Salisia,  Lindl.;  Lep- 
tospermum,  Forst.  ;  Fabricia,  Gœrtn.;  Bcec- 
7<;ea,  Linn.  (Imbricaria ,  Smith;  Jungia, 
Gœrtn.;  Mollia,  Gmel.;  Cedreîa,  Lour.). 

Sous-ordre  III. — Myrtées,  DC. 

Calice  à  4-&  sépales;  corolle  à  4-5  pé- 
tales ;  étamines  en  nombre  indéterminé  , 
libres;  ovaire  bi-pluriloculaire ,  à  ovules 
nombreux;  fruit  charnu,  bi-pluriloculaire, 
loges  le  plus  souvent  1-spermes  par  avorte- 
ment.  Arbres  ou  arbrisseaux  pour  la  plupart 

,  des  contrées  intertropicales,  s'étendant  aussi 
assez  haut  au-delà  des  tropiques;  un  très 

;   petit  nombre    de    la    Nouvelle- Hollande  ; 
feuilles  opposées,  très  entières,  ponctuées. 

Sonneratia,  Lin.  f.  (  Aublelia  ,  Gœrtn.; 
Pagapate,  Sonner.  ;  Blalli ,  Rheed.);  Neli- 
îris,  Gœrtn.  (Decaspermum,  Forst.);  Cam- 
pomanesia,  Ruiz  et  Pav.  ;  Psidium,  Lin. 
{Guiava,  Tourn.;  Burchardia,  Neclc);  M.yr- 
iws,  Tourn.  (a.  Leucomyrtus,  DC;  b.  Rho- 
domyrlus,  DC);  Myrcia,  DC  ;  Marlierea  , 
St-Hil. '^Calyptranthes,  Swdrlz.{Chytraculia, 
P.  Brown  ;  Zuzygium,  P.  Brown  ;  Chytralia, 
Adans.;  Calyptranlhus ,  Juss.)  Sizygium, 
Gœrtn.  {Opa,  Lour.;  Calyptranthus,\Mum.; 
Jambolifera,  Auct.);  Caryophyllus,  Tourn.; 
Acmena,DC; Eugenia, Michel.  {Plinia, Lin.; 
Guapurhim,  Juss.  ;  Olinlhia,  Lindl.;  Greg- 


gia,  Gœrtn.);  Jambosa ,  Rumph.  (Jambos 
Adans.  ). 

Sous-ordre  IV.—  Barringtoniées  ,  DC 

Calice  à  4-6  lobes;  corolle  à  4-6  pétales; 
étamines  très  nombreuses,  en  plusieurs  sé- 
ries, dont  les  filets  sont  soudés  à  leur  base 
en  anneau  court;  ovaire  bi-pluriloculaire; 
fruit  en  baie  ou  sec,  évalve,  bi-pluriloculaire  ; 
graines  peu  nombreuses,  à  cotylédons  char- 
nus. Arbres  de  l'Asie  et  de  l'Amérique  tro- 
picale; feuilles  alternes,  rarement  opposées 
ou  verticillées,  sans  ponctuations  translu- 
cides. 

Barringtonia ,  Forst.  (a.  Butonica,  Lam. 
(Commersonia ,  Sonner.;  Milraria,  Gmel.; 
Huttum  ,  Adans.);  b.  Slravadium ,  Juss. 
(Stravadia,  Pers.  ;  Meteorus,  Lour.  ;  Meni- 
chea,  Sonner.);  Careya,  Roxb.  (Cambea  y 
Hamilt.);  Guslavia,  Lin.  (Pirigara,  Aubl.; 
Spallanzania,  Neck.  ;  Teichmeyera,  Scop.). 

Genres  douteux  :  Fœtidia,  Commers.;  Ca- 
tinga  ,  Aubl.  ;  Coupoui ,  Aubl.  ;  Mongcsia  , 
FI.  FI. 

Sous-ordre  V. —  Lécythidées,  Rich. 

Calice  à  6  lobes;  corolle  à  6  pétales; 
étamines  très  nombreuses,  en  plusieurs  sé- 
ries ,  soudées  toutes  ensemble  en  un  seul 
corps  qui  forme  un  anneau  fortement  pro- 
longé d'un  côté  en  une  sorte  de  languette 
épaisse  et  recourbée  en  voûte;  fruit  sec  ou 
charnu,  indéhiscent ,ou  s'ouvrant  transver- 
salement à  sa  partie  supérieure  par  une 
sorte  d'opercule.  Arbres  d'Amérique  à  feuil- 
les alternes,  non  ponctuées,  entières,  par- 
fois accompagnées,  dans  leur  jeunesse,  de 
stipules  caduques. 

Couratari,  Aubl.  (Lecythopsis,  Schrank)  ; 
Lecylhis,  Lœfl.  ;  Eschweilera ,  Mart.  ;  Ber- 
thoiletia ,  Humb.  et  Bonp.  (  Tonca,  Rich.); 
Couroupita,  Aubl.  (Pontoppidana ,  Scop.; 
Elshotzia,  Rich.). 

Genres  entièrement  douteux:  Grias,  Lin.; 
Crossoslylis ,  Forst.;  Peotalotoma,  DC.  (Dia- 
toma,  Lour.);  Rhodamnia,  Jack.  ;  Glaphy- 
ria,  Jack. 

La  valeur  des  cinq  grandes  tribus  dont 
nous  venons  de  présenter  le  tableau  n'a  pas 
été  appréciée  de  la  même  manière  par  tous 
les  botanistes,  et  plusieurs  d'entre  elles  ont 
été  élevées  au  rang  de  familles  distinctes  et 


JVJYR 


*i¥R 


séparées  par  certains  auteurs.  Ainsi  M.  Poi- 
teau  {Mém.  du  Muséum,  tom.  XIII ,  1825  , 
pag.  141-165)  avait  considéré  les  Lécythi- 
dées  comme  formant  une  famille  à  part,  à 
laquelle  il  assignait  comme  caractère  essen- 
tiellement distinctif  d'avoir  «  les  étamines 
épigynes,  monadelphes  et  en  nombre  indé- 
terminé »  ;  mais  sa  famille  des  Lécythidées 
était  plus  étendue  que  la  tribu  de  même 
nom ,  puisqu'elle  comprenait  de  plus  des 
Barringtoniées.  M.  Ad.  Brongniart  adopte 
une  manière  de  voir  analogue,  puisque,  dans 
son  Énumération,  etc.  (1843),  il  range  dans 
sa  classe  des  Myrtoïdées  (cl.  63)  les  Myrta- 
cées,  composées  seulement  des  Chamaelau- 
ciées,  Leptospermées  et  Myrtées ,  et  les  Lé- 
cythidées ,  dans  lesquelles  il  fait  entrer  les 
Barringtonia  et  Gustavia ,  en  même  temps 
que  les  Bertholletia ,  Lecythis  et  Couratari. 
M.  Lindley  va  encore  plus  loin.  En  effet, 
dans  son  dernier  ouvrage  (The  vegetable 
Kingdom,  1846),  il  place  dans  son  alliance 
des  Myrtales,  et  comme  familles  distinctes  : 
1°  les  Chamœlauciées  (fam.  276);  2°  les 
Myrtacées  (fam.  282),  composées  seulement 
des  Leptospermées  et  des  Myrtées  ;  3°  les 
Lécythidacées  (fam.  283);  et,  d'un  autre 
côté,  il  transporte  dans  son  alliance  des 
Grossales  les  Barringtoniacées ,  dont  il  fait 
également  une  famille  à  part. 

Les  Myrtacées  se  recommandent  sous  di- 
vers rapports.  La  beautéde  la  plupart  d'entre 
elles  en  fait  cultiver  un  grand  nombrecomme 
espèces  d'ornement  (Melaleuca,  Metroside- 
ros ,  Callistemon  ,  Myrtus,  Eugenia,  etc.). 
Quelques  unes  produisent  des  fruits  comes- 
tibles très  estimés  dans  les  régions  chaudes 
du  globe.  Telles  sont  les  Goyaviers  (Psi- 
dium  ),  Jambosiers  (  Jambosa  ),  des  Euge- 
nia ,  etc.  D'autres  fournissent  des  épices 
d'un  usage  très  répandu,  comme  le  Giro- 
flier (  Caryophyllus  ),  VEugenia  pimenta  ,  le 
Calyptranthes  aromaticus ,  etc.  Plusieurs 
forment  des  arbres  de  la  plus  haute  taille  , 
dont  le  bois  est  très  utile  pour  les  construc- 
tions ,  pour  les  usages  industriels  et  écono- 
miques. Enfin  il  en  est  un  assez  grand  nom- 
bre que  recommandent  leurs  produits  ré- 
sineux {Eucalyptus)  ou  leurs  propriétés  mé- 
dicinales. (P.  D.) 

MYRTE.  Myrtus  (de  ^uPto;,  son  nom 
grec),  bot.  pu.— Genredeplantes  de  la  famille 
des  Myrtacées  à  laquelle  il  donne  son  nom. 


de  l'Icosandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel  de  Linné.  Établi  d'abord  par  Tour- 
nefort  avec  des  limites  restreintes,  ce  genre 
fut  étendu  peu  à  peu  par  les  botanistes  pos- 
térieurs, et  ses  caractères  étant  tracés  assez 
vaguement,  on  en  vint  bientôt  à  y  com- 
prendre une  grande  partie  de  la  tribu  des 
Myrtées.  Les  choses  arrivèrent  enfin  à  tel 
point ,  que  Swartz  et ,  à  son  exemple , 
M.  Kunth  ,  proposèrent  d'y  comprendre  les 
Eugenia,  Greggia,  Sizygium,  Caryophyllus, 
Jambosa.  Il  devenait  donc  indispensable  de 
réformer  un  groupe  si  étendu  et  si  peu  ho- 
mogène ;  c'est  ce  qui  a  été  fait  par  De  Can- 
dolle  dans  le  3e  volume  du  Prodromus.  Ce 
botaniste  a  non  seulement  rétabli  les  genres 
qui  avaient  été  confondus  avec  les  Myrtes, 
mais  encore  il  a  séparé  de  ceux-ci  deux 
genres  nouveaux  :  l'un  sous  le  nom  de  Jossi- 
nia,  qu'il  signalait  lui-même  comme  n'étant 
pas  assez  distinct,  et  qui  en  effet  n'a  pas 
été  généralement  adopté  ;  l'autre  qu'il  a 
nommé  Myrcia  ,  dans  lequel  entrent  déjà 
160  espèces ,  toutes  d'Amérique  et  surtout 
du  Brésil.  Restreint  de  la  sorte,  le  genre 
Myrte  comprend  aujourd'hui  55  espèces, 
dont  20  imparfaitement  connues.  Ce  sont 
des  arbrisseaux  ou  des  arbres  qui  habitent 
l'Amérique  tropicale,  plus  rarement  l'Asie 
équatoriale,  le  midi  de  l'Europe  et  les  îles 
tempérées  de  l'hémisphère  austral  ,  dans 
lequel  même  une  de  ses  espèces  (  M.  num- 
mulari a  Poir.  )  s'avance  jusqu'aux  Faikiand. 
Leurs  feuilles  sont  opposées,  très  entières, 
marquées  de  ponctuations  translucides. 
Leurs  fleurs  sont  blanches  ou  très  rarement 
purpurines ,  portées  sur  des  pédoncules 
axillaires ,  uniflores  ,  et  accompagnées  de 
deux  bractéoles;  elles  présentent  les  carac- 
tères suivants:  Calice  à  tube  adhérent,  à 
limbe  4-5-fide;  corolle  à  4-5  pétales  insérés 
à  la  gorge  du  calice;  étamines  en  nombre 
indéterminé,  presque  toujours  considérable, 
en  plusieurs  séries  ;  ovaire  adhérent,  à  2-3 
rarement  4  loges,  dont  l'angle  central  pré- 
sente un  placenta  biparti ,  à  la  face  inté- 
rieure duquel  s'attachent  les  ovules.  Le 
fruit  est  une  baie  noire  ou  rouge,  couronnée 
par  le  limbe  du  calice,  contenant  générale- 
ment plusieurs  graines  (quelquefois  une 
seule)  réniformes,  à  test  osseux,  dont  l'em- 
bryon présente  une  longue  radicule  et  des 
cotylédons  très  courts,  demi-cylindriques. 


556 


MYU 


MïK 


De  Candolle  a  divisé  les  Myrtes  en  deux 
sous-genres  : 

A.  Leucomyrtus  :  Fleurs  blanches  ;  grai- 
nes presque  en  fer  à  cheval,  dispersées  irré- 
gulièrement dans  les  loges  à  la  maturité. 
C'est  ici  que  rentrent  la  presque  totalité  des 
espèces,  et  que  se  trouvent  compris  les  Jos- 
sinia,  DC. 

La  plus  connue  et  la  plus  intéressante  des 
espèces  de  ce  sous-genre  est  certainement  le 
Myrte  commun,  Myrlus  communis  Lin.  Cet 
arbrisseau  ,  que  les  anciens  avaient  poétisé 
en  en  faisant  le  symbole  du  plaisir,  abonde 
dans  tout  le  bassin  de  la  Méditerranée  , 
principalement  sur  les  côtes  et  dans  les  îles; 
il  croît  dans  les  lieux  pierreux  abrités,  et  sur 
les  rochers  exposés  au  Midi.  Son  port  élé- 
gant et  son  joli  feuillage  en  font  une  plante 
des  plus  gracieuses.  Sa  tige  est  très  rameuse; 
ses  feuilles  sont  petites,  nombreuses  et  rap- 
prochées, persistantes,  d'un  tissu  assez  con- 
sistant, ovales  ou  lancéolées,  aiguës;  ses 
fleurs  blanches ,  assez  petites ,  sont  portées 
sur  des  pédoncules  solitaires,  uniflores,  de 
longueur  à  peu  près  égale  à  celle  des  feuil- 
les,  ayant  à  leur  sommet  2  bractéoles  li- 
néaires; leur  calice  est  5-fide.  Son  fruit  est 
presque  arrondi,  à  2-3-logesqui  renferment 
des  graines  réniformes.  On  possède  beau- 
coup de  variétés  du  Myrte  commun,  qui  se 
rangent  en  2  sous-espèces  :  l'une,  plus  rare, 
croît  dans  les  îles  Baléares,  dans  la  Grèce  et 
dans  l'Archipel;  elle  se  distingue  par  son 
fruit  blanc,  assez  gros,  de  saveur  agréable , 
et  comestible  (il/,  communis  leucocarpa)  ; 
l'autre,  beaucoup  plus  commune  et  plus 
largement  répandue,  que  distingue  son  fruit 
noir  et  plus  petit  (  M.  communis  mclano- 
carpa).  C'est  dans  celle-ci  que  rentrent  les 
nombreuses  variétés  de  cet  arbuste  que  l'on 
cultive  dans  les  jardins  ,  et  dont  voici  les 
mieux  caractérisées  :  a.  M.  communis  ro- 
mand ,  Myrte  romain:  feuilles  de  grandeur 
variable,  ovales,  et  pédoncules  assez  longs. 
6.  M.  communis  tarentina,  Myrte  de  Tarente, 
Myrte  à  feuilles  de  Buis:  feuilles  ovales,  pe- 
tites et  sessiles;  fleurs  petites  ;  fruit  plus  ar- 
rondi, y.  M.  communis  italica,  Myrte  d'Ita- 
lie: branches  plus  droites;  feuilles  ovales- 
lancéolées,  aiguës.  <5.  M.  communis  bœtica, 
Myrte  d'Andalousie  ou  à  feuilles  d'Oranger  ; 
plus  élevé,  plus  ferme;  à  feuilles  ovales- 
lancculées,  ramassées,  s.  M.  communis  lusi- 


tanica  (M.  acuta  Mill.),  Myrte  de  Portugal: 
feuilles  lancéolées  -  ovales  ,  aiguës;  fleurs  et 
fruits  très  petits.  Ç.  M.  communis  belgica , 
Myrte  de  Belgique,  Myrte  moyen  :  feuilles 
lancéolées,  acuminées,  petites,  rapprochées, 
dont  la  côte  médiane  est  rouge  en  dessous. 
•fi.  M.  communis  mucronata  (  M.  minima 
Mill.)  Myrte  à  feuilles  de  Romarin  ou  à 
feuilles  de  Thym  :  feuilles  linéaires-lancéo- 
lées ,  acuminées.  Ces  variétés  ont  donné 
elles-mêmes  des  sous -variétés  encore  plus 
élégantes  qu'elles,  mais  moins  constantes  : 
les  unes  à  fleurs  doubles,  d'autres  à  feuilles 
rayées  de  blanc,  de  jaune,  tachetées  des 
mêmes  couleurs,  etc. 

Le  Myrte  commun  était  le  végétal  favori 
des  anciens.  Il  était  consacré  à  Vénus,  et 
ses  bosquets  entouraient  toujours  les  tem- 
ples de  cette  déesse.  Des  couronnes  de  Myrte 
étaient  décernées  aux  vainqueurs  des  jeux 
de  la  Grèce;  dans  les  festins,  les  convives  en 
ceignaient  leur  tête.  A  Rome,  deux  Myrtes 
étaient  plantés  devant  le  temple  de  Romulus 
Quirinus  pour  représenter  l'ordre  des  patri- 
ciens et  celui  des  plébéiens.  Le  parfum  de  cet 
arbuste  était  extrêmement  estimé  des  peu- 
ples de  l'antiquité  ;  ses  branches  et  ses  fruits 
servaient  à  parfumer  les  vins  ;  on  en  mettait 
des  feuilles  dans  les  bains;  enfin  son  fruit 
était  employé  pour  aromatiser  les  mets,  et  la 
plante  tout  entière  servait  fréquemment  en 
médecine.  De  nos  jours,  le  Myrte  a  perdu  de 
cette  haute  faveur  ;  on  sait  cependant  qu'il 
est  cultivé  dans  presque  tous  les  jardins  et 
qu'il  compte  parmi  les  espèces  d'ornement 
les  plus  répandues.  Dans  les  lieux  mêmes  où 
il  croît  spontanément,  on  l'admet  habituel- 
lement dans  les  jardins  comme  plante  d'or- 
nement; on  en  fait  particulièrement  des 
haies  que  son  feuillage  serré  et  frais  rend 
touffues  et  d'un  bel  effet.  Dans  nos  climats, 
on  le  cultive  en  terre  légère,  à  une  exposition 
méridionale,  en  ayant  le  soin  de  l'enfermer 
dans  l'orangerie  pendant  l'hiver.  Il  se  mul- 
tiplie aisément  par  boutures,  marcottes,  grai- 
nes ou  rejetons.  Considéré  sous  le  rapport 
de  ses  propriétés  médicinales  et  de  ses  usa- 
ges, le  Myrte  commun  se  range  dans  la  ca- 
tégorie des  végétauxaromatiques,  astringents 
et  toniques.  De  là,  ses  feuilles  et  son  écorce 
étaient  employées  autrefois  en  décoction  et 
quelquefois  en  poudre  pour  des  lotions  et 
des  bains.  On  obtenait  aussi  de  ses  feuilles 


MYR 


MIS 


>07 


et  de  ses  fleurs  une  eau  distillée  qui  était  en 
grande  réputation,  ainsi  que  l'atteste  le  nom 
d'eau  d'ange  qu'elle  avait  reçu.  Aujourd'hui 
ces  divers  usages  sont  abandonnés,  et  les 
seuls  qui  permettent  de  compter  le  Myrte 
parmi  les  végétaux  utiles  consistent  dans 
l'emploi  de  ses  feuilles,  en  Italie  et  en  Grèce, 
pour  le  tannage,  et  dans  celui  de  ses  fruits, 
en  Toscane,  en  guise  de  poivre. 

2.  Nous  nous  bornerons  à  signaler  en  peu 
de  mots  le  Myrte  Ugni,  Myrtus  Ugni  Molina, 
espèce  du  Chili  où  les  indigènes  lui  donnent 
le  nom  d'Ugni,  et  les  Espagnols  celui  de 
Murtilla.  C'est  un  arbuste  à  odeur  de  musc, 
déforme  arrondie,  que  distinguent  ses  feuil- 
les ovales-aiguës,  glabres;  ses  pédoncules 
uniflores,  presque  recourbés,  un  peu  plus 
longs  que  la  feuille  à  l'aisselle  de  laquelle  ils 
se  trouvent;  et  surtout  son  calice  à  5  lobes 
réfléchis.  Son  fruit  rouge,  arrondi  ou  ovoïde, 
assez  gros,  sertàla  fabrication  d'une  liqueur 
estimée  dans  le  Chili,  et  que  l'on  dit  com- 
parable aux  meilleurs  vins  muscats. 

B.  Rhodomyrtus.  Fleurs  roses;  graines 
comprimées-planés ,  rangées  régulièrement 
en  deux  séries  dans  chaque  loge.  Ce  sous- 
genre  a  été  établi  pour  le  Myrte  cotonneux, 
Myrtus  tomentosa  Ait.,  joli  arbustede  l'Inde 
que  l'on  cultive  dans  nos  climats  en  serre 
tempérée,  et  que  distinguent  ses  feuilles 
ovales,  à  3  nervures,  cotonneuses  à  leur 
face  inférieure.  Ses  fleurs,  plus  grandes  que 
celles  du  Myrte  commun,  sont  d'un  rose  dé- 
licat, sur  lequel  se  détache  le  rouge  assez  vif 
des  filets.  On  le  multiplie  de  boutures  faites 
sur  couche  chaude.  (P.   D.) 

MYRTÉES.  Myrleœ.  bot.  ph. — Sous- 
ordre  ou  tribu  de  la  famille  des  Myrtacées. 
Voy.  ce  mot. 

MYRTILINE  (ressemblant  au  fruit  de 
l'Airelle  myrtille),  infus. — Genre  proposé 
par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  dans  sa  fa- 
mille des  Urcéolariées,  mais  qu'on  doit 
supprimer  comme  établi  seulement  sur  un 
des  états  de  certains  Vorticelliensqui,  après 
s'être  développés  par  gemmation  ou  fissi- 
parité  sur  des  pédoncules  simples  ou  ra- 
meux,  deviennent  libres  et  nagent  dans  les 
eaux,  en  présentant  la  forme  que  rappelle 
le  nom  de  Myrtiline.  Ce  sont  particulière- 
ment des  Epislylis  à  l'état  de  liberté  qui 
ont  servi  à  l'établissement  de  ce  genre; 
ainsi  la  Myrtilina  fraxinea  paraît  provenir 


de  VEpistylis  digitalis  (Vorticella  digitalis 
Millier),  et  la  Myrtilina  cratœgaria  pro- 
vient de  VEpistylis  flavicans.  Voy.  vorti- 
celle.  (Dm.) 

MYRTILLÏTES.  polyp.  —  Dénomina- 
tion employée  autrefois  par  les  naturalistes 
pour  désigner  de  petits  Spongiaires  fossiles, 
qui  ont  une  certaine  ressemblance  avec  les 
fruits  de  l'Airelle  myrtille,  et  qu'on  prenait 
aussi  pour  des  fruits  pétrifiés.  (Dcj.) 

MYRTIFHYLLEM ,  P.  Brown  (Jam., 
152).  bot.  ph.  — Syn.  de  Psychotria,  Linn. 

MYRTUS.  bot.  ph.  —  Voy.  myrte. 

*MYSATELES  Qwç,  rat;  à-rsX^ç,  incom- 
plet), mam.  — M.  Lesson  (Nouv.  Tabl.  du 
règn.  anim.,  Mam.,  1842)  indique  sous  ce 
nom  un  genre  de  Rongeurs  formé  aux  dé- 
pens du  genre  Capromys,  et  ayant  pour  type 
le  Capromys  prehensilis  Pœpp.  Voy,  l'arti- 
cle capromys.  (E.  D.) 

♦MYSCEBUS  (P.3ç,  rat;  xTtfoç,  singe). 
mam. — M.  Lesson  (Spec.  des  Mam.,  1840,  et 
Tabl.  du  règn.  anim.  Mam.,  1842)  donne  ce 
nom  à  un  groupe  de  Lémuriens,  ayant  pour 
type  une  espèce  qu'il  désigne  sous  le  nom  de 
Myscebus  palmarum,  et  qui  provient  de  Ma- 
dagascar. Voy.  l'article  maki.        (E.  D.) 

MYSCOLUS.  bot.  ph.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Cichoracées,  établi  par 
Cassini  (in  Dict.  se.  nat.  ,  XXV,  60; 
XXXIV,  83).  Herbes  méditerranéennes. 
Voy.    COMPOSÉES. 

*MYSïA  ( Mysia ,  nom  mythologique). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subtétramères 
(Trimères  aphidiphnges  de  Latreille),  éta 
bli  par  Mulsant  (  Histoire  naturelle  des  Co- 
léoptères de  France,  1846,  p.  129),  et  que 
l'auteur  place  dans  sa  tribu  des  Sécuri- 
palpes.  Le  type  est  la  M.  oblongo  - gullata 
de  Linn.  { Coccinella) .  Elle  est  aphidiphage  , 
habite  une  partie  de  l'Europe,  et  vit  aux 
dépens  des  pucerons  des  Pins.  (C.) 

*MYSIENS.  Mysil.  crust.  —  M.  Milne- 
Edwards,  dans  son  Histoire  naturelle  des 
Crustacés,  désigne  sous  ce  nom  une  tribu 
qu'il  place  dans  l'ordre  des  Stomapodes  et 
dans  la  famille  des  Caridioïdes.  Les  Mysiens 
ressemblent  tellement  aux  Salicoques,  que, 
jusqu'à  ces  derniers  temps,  on  a  rangé  toutes 
les  espèces  connues  alors  dans  la  section  des 
Décapodes  macroures,  où  ils  formaient  une 
famille  particulière  désignée  sous  le  nom  de 
Schizopodes.  Leur  carapace  s'étend  jusqu'à 


i>58 


MYS 


MYS 


la  base  des  pédoncules  oculaires,  et  pré- 
sente ,  en  général ,  au  milieu  du  front,  un 
rostre  rudimentaire.  Les  antennes  sont  insé- 
rées sur  deux  lignes  et  conformées  comme 
chez  les  Salicoques  ,  si  ce  n'est  que  l'appen- 
dice lamelleux  de  celui  de  la  seconde  paire 
est  moins  grand.  La  bouche  est  située  tout 
près  de  la  base  de  ces  derniers ,  et  se  com- 
pose essentiellement  d'une  lèvre  ,  d'une 
paire  de  mandibules  garnies  d'une  tige 
palpiforme,  d'une  lèvre  inférieure,  et  de 
deux  mâchoires  lamelleuses  ;  quelquefois 
toute  la  série  des  membres ,  qui  fait  suite  à 
ces  appendices,  appartient  à  l'appareil  de  la 
locomotion  ;  mais  d'autres  fois  une  ou  même 
deux  paires  de  ces  organes  constituent  des 
pattes-mâchoires,  sans  toutefois  que  leur, 
forme  diffère  beaucoup  de  celle  des  pattes 
thoraciques.  Ces  pattes  présentent  chacune 
deux  branches  très  développées  ,  et  portées 
sur  un  article  basilaire  très  court,  de  ma- 
nière qu'elles  paraissent  être  bifides  dès  leur 
base;  enfin  ,  l'abdomen  est  de  longueur  mé- 
diocre, et  les  fausses  pattes,  fixées  à  ces 
premiers  anneaux,  sont  quelquefois  rudi- 
mentaires. 

Cette  tribu  renferme  trois  genres  bien 
caractérisés,  désignés  sous  les  noms  de  My- 
sis ,  Cynthia  et  Thysanopoda.  Voyez  ces 
mots.  (H.  L.) 

MYSIS  (  nom  mythologique),  crust.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Stomapodes,  de  la  fa- 
mille des  Mysiens,  composé  de  quelques 
petits  Crustacés,  qui,  par  la  forme  générale 
de  leur  corps ,  ressemblent  extrêmement 
aux  Salicoques,  et  qui,  à  raison  de  cette 
analogie  ,  ont  été  rangés ,  par  la  plupart  des 
naturalistes,  parmi  les  Décapodes,  mais 
l'absence  complète  de  branchies  et  la  con- 
formation des  membres  semblent  les  rap- 
procher davantage  des  Amphions  et  des  au- 
tres Stomapodes;  et  tout  en  reconnais- 
sant qu'ils  établissent  le  passage  entre  ces 
deux  ordres,  M.  Milne  Edwards  a  cru  de- 
voir les  placer  ici  plutôt  que  dans  l'ordre 
des  Décapodes  :  marche  qui,  au  reste,  a  été 
aussi  adoptée  par  Latreille  dans  ses  der- 
niers ouvrages.  Ces  Crustacés  ont  le  corps 
étroit,  allongé;  leur  carapace  recouvre  l'ex- 
trémité antérieure  du  front,  ainsi  que  la 
majeure  partie  du  thorax;  les  antennes  in- 
ternes s'insèrent  au-dessous  des  yeux;  il 
n'y  a  point  de  branchies  thoraciques;  il  y 


a  une  ou  deux  paires  de  pattes-mâchoires  ; 
les  pattes  postérieures  sont  complètes  ;  les 
fausses  pattes  abdominales  sont  très  petites 
et  dépourvues  d'appendices  branchiaux  ; 
l'abdomen  est  allongé ,  presque  cylindrique, 
et  graduellement  rétréci  d'avant  en  arrière. 
Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  il  n'existe 
aucun  vestige  de  branchies,  soit  à  la  voûte 
des  flancs,  soit  à  la  base  des  pattes,  soit  à 
la  partie  inférieure  de  l'abdomen  ,  et  le  seul 
appendice  qui  paraisse  être  modifié  dans  sa 
structure,  de  manière  à  devenir  plus  propre 
que  le  reste  du  corps  à  remplir  la  fonction 
d'un  organe  de  respiration,  est  le  fouet  des 
pattes-mâchoires  de  la  première  paire,  dont 
la  disposition  est  du  reste  presque  la  même 
que  celle  qu'on  remarque  chez  un  grand 
nombre  de  Crustacés  pourvus  de  branchies. 
Quelques  auteurs  donnent  le  nom  de  bran- 
chie  à  l'article  basilaire  de  la  branche  ex- 
terne ,  ou  palpes  des  pattes  thoraciques, 
mais  sans  étayer  cette  détermination  d'au- 
cun argument  qui  puisse  la  faire  adopter. 
M.  Thompson  a  observé  la  circulation  des 
Mysis,  et  a  constaté  que  le  cœur  de  ces 
Crustacés  est  allongé  ,  occupe  la  partie  pos- 
térieure du  thorax,  et  donne  naissance 
antérieurement  à  un  vaisseau  grêle  qui  se 
porte  au-dessus  de  l'estomac,  et  se  continue 
en  arrière  avec  une  grosse  artère  abdomi- 
nale; enfin,  de  chaque  côté,  il  reçoit  un 
vaisseau  qui  paraît  être  un  tronc  brancho- 
cardiaque.  Les  pulsations  du  cœur  sont  si 
rapides,  qu'elles  ressemblent  à  des  vibra- 
tions, et  le  sang  est  si  transparent  et  si  peu 
coloré,  qu'on  n'en  distingue  le  mouvement 
qu'à  raison  des  globules  qui  y  flottent. 
M.  Thompson  pense  que  ce  vaisseau  abdo- 
minal présente  de  chaque  côté,  vers  son  ex- 
trémité postérieure,  une  ouverture  garnie 
de  valvules,  par  laquelle  le  sang  pénètre 
dans  deux  conduits  veineux  situés  de  cha- 
que côté  de  l'intestin  ,  et  que  c'est  par  ces 
derniers  vaisseaux  que  ce  liquide  revient 
vers  un  grand  sinus  situé  sous  le  cœur.  Ce 
naturaliste  a  enrichi  aussi  l'histoire  de  ces 
Crustacés  par  des  observations  très  intéres- 
santes sur  leur  développement.  Ainsi  que 
nous  l'avons  déjà  dit,  les  œufs  éclosent  dans 
l'espèce  de  poche  située  sous  le  thorax ,  et 
les  jeunes  Mysis  y  demeurent  pendant  les 
premiers  temps  de  la  vie;  on  les  y  trouve 
sériés  les  uns  contre  les  autres,  ayant  la 


MYS 


MYS 


559 


tête  dirigée  vers  le  sternum  de  ia  mère,  et 
leur  corps  recourbé  en  avant.  Leur  forme 
s'éloigne  beaucoup  de  celle  des  individus 
adultes.  Les  plus  jeunes  ont  la  tête  grosse 
et  le  corps  pyriforrne  ;  on  leur  voit  de  chaque 
côté  deux  petits  membres  styliformes.  Bien- 
tôt l'extrémité  postérieure  s'allonge  et  se 
bifurque ,  le  nombre  des  membres  augmente, 
les  yeux  pédoncules  et  les  antennes  se  mon- 
trent, et  les  divisions  entre  la  tête,  le  tho- 
rax et  l'abdomen  deviennent  distinctes. 
Enfin  ce  n'est  qu'après  leur  sortie  de  la 
poche  ovifère  qu'ils  acquièrent  tout  à-fait 
la  forme  qu'ils  doivent  conserver,  et  que 
la  branchie  interne  de  leurs  pattes  présente 
une  tige  terminale  multi-articulée. 

Les  Mysis  habitent  TOcéan  et  la  Méditer- 
ranée ;  ils  nagent  dans  la  mer  réunis  en 
troupes  nombreuses,  et  paraissent  abonder 
surtout  vers  le  Nord.  Suivant  Othon  Fabri- 
cius,  ces  petits  Crustacés  constitueraient 
l'aliment  principal  des  Baleines. 

Le  Mysis  spinuleux  ,  31ysis  spinulosus 
Leach  ,  peut  être  considéré  comme  le  re- 
présentant de  cette  coupe  générique  ;  il  se 
trouve  dans  la  Manche  ainsi  que  sur  les 
côtes  de  la  Vendée.  (II.  L.) 

MYSLEMUR.  mah.  —  Syn.  de  Mijspi- 
thecus. 

*MYSORINE.  min.—  Espèce  de  carbonate 
de  Cuivre,  de  la  tribu  des  Adélomorphes, 
mais  qui  n'est  peut-être  qu'une  variété  de 
la  Malachite.  Voy.  carbonates. 

*MYSPITHECES  (  f*vç  ,  rat  ;  wfOrjxoç , 
singe  ).  mam.  —  M.  de  Blainville,  d'après 
M.  Lesson  (Sp.  des  Mamm.>  4  840),  in- 
dique sous  ce  nom  une  des  subdivisions  du 
groupe  naturel  des  Galéopithèques.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

*MYSSOSODUS  (fxûç,  souris;  crwÇw , 
mettre  à  l'abri),  ins.  —  Genre  de  Coléoptè- 
res pentamères,  famille  des  Carabiques, 
tribu  des  Féroniens,  proposé  par  Megerle  , 
et  cité  par  Faldermann  (Fauna  transcau- 
casica,  1,  p.  61,  53).  Les  deux  espèces 
qu'on  rapporte  à  ce  genre  sont  les  M.  irre- 
gularis  Stéven,  et  Schœnherri  Fald.  Elles 
se  rencontrent  dans  les  provinces  méridio- 
nales de  la  Russie.  (C.) 

MYSTACIDA  (^v<jraÇ,  moustache),  ins. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Névroptères,  tribu 
des  Phryganiens,  groupe  des  Mystacidites , 
établi  par  Latrcille  (  Fam.  nat.  )  aux  dépens 


des  Phyganes,  et  différent  des  autres  espèces 
du  même  groupe  par  des  jambes  postérieures 
garnies  de  deux  éperons.  On  en  connaît  un 
assez  grand  nombre  d'espèces ,  très  com- 
munes,  pour  la  plupart,  aux  bords  des 
eaux.  Leurs  larves  se  construisent  des  four- 
reaux minces  et  allongés;  leurs  filets  respi- 
ratoires sont  ordinairement  très  courts  et 
disposés  par  bouquet  (  M.  albicornis ,  bili- 
neata,  etc.).  (L.) 

MYSTACIDITES.  Mystacidites.  ins.  — 
Groupe  établi  par  Leach  dans  la  tribu  des 
Phryganiens,  de  l'ordre  des  Névroptères,  et 
caractérisé  de  la  manière  suivante  par 
M.  Blanchard  (Hist.  des  Ins.):  Palpes 
maxillaires  très  longs  et  poilus,  de  cinq  ar- 
ticles dans  les  deux  sexes.  Ailes  pourvues 
de  nervures  transversales.  Antennes  séta- 
cées.  Genres:  Mystacida,  Latr.  (Setodes  , 
Ramb.);  Odonlocera,  Leach.  Voy.  phryga- 
niens, pour  les  détails  relatifs  à  l'organisa- 
tion et  aux  mœurs  de  ces  Insectes.        (L.) 

*MYSTACIDIUM  (fiwraÇ,  moustache). 
bot.  pu. — Genrede  la  famille  des  Orchidées- 
Vandées  ,  établi  par  Lindley  (in  Bot.  mag. 
compan. ,  pag.  205).  Herbes  du  Cap.  Voy. 
orchidées. 

*MYSTACL\A  (uvVr^,  moustache),  mam. 
—  M.  Gray  (Foy.  of  Salph.  Mamm.,  1844) 
indique  sous  ce  nom  un  petit  groupe  de 
Chéiroptères.  (E.  D.) 

MYSTAC11YÉES.  Mystacineœ.  infus.  — 
Deuxième  famille  de  l'ordre  des  Trichodés  de 
M.  Bory  Saint-Vincent,  caractérisée  par  des 
cirres  ou  cils  mobiles  disposés  sur  une  ou 
plusieurs  parties  du  corps  et  rappelant  parfois 
l'idée  de  petites  moustaches.  Elle  comprend 
les  genres  suivants,  pour  cet  auteur  :  Phia- 
line  ,  Trichode  ,  Ypsistome,  Plagiolrique, 
Mystacodelle,  Oxytrique,  Ophrydie ,  Tri- 
nelle,  Kérone  et  Kondyliostome.      (Dm.) 

*MYSTACUMJS  (mystax,  moustache), 
ois.  —  Groupe  d<s  Fauvettes  (voy.  sylvic) 
suivant  M.  Boié  (his,  1822).        (E.  D.) 

MYSTACODELLE.  infus.  —  Genre 
établi  par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  dans 
la  famille  des  Mystacinées  de  son  ordre 
des  Trichodés.  Ce  genre,  très  peu  connu  , 
est  imparfaitement  caractérisé  par  un  corps 
antérieurement  terminé  par  une  fissure 
plus  ou  moins  prononcée,  formant  comme 
des  lèvres  inégales,  qui  sont  munies  de  cils 
en   manière    de   moustaches.    Les  Mysla- 


560 


MYT 


MYT 


codelles  ,  qui  étaient  des  Trichodes  pour 
Muller,  nous  paraissent  être  plutôt  encore 
des  Kérones  ou  des  Oxytriques  plus  ou 
moins  altérés,  ou  des  Systolides  incomplè- 
tement étudiés  ;  du  moins  nous  n'avons 
jamais  vu  que  des  Infusoires  de  ces  deux 
derniers  genres,  ou  certains  Systolides,  qui 
offrissent  quelque  ressemblance  avec  les 
Mystacodelles  qu'on  a  décrites.  Celles-ci 
d'ailleurs  sont  les  Trichoda  uvula,  Tr.  for- 
fex ,  Tr.  index  ,  Tr.  forceps ,  et  Tr.  cycli- 
dium  de  Muller.  (Dm.) 

MYSTICETUS.  mam.  —  Voy.  l'article 

BALEINE. 

MYSTP.IOSAURUS    rept.  —  Voy.  cro- 

CODILIENS  FOSSILES. 

*MYSTROCEROS  (  pv<TTP0ç ,  espèce  de 
cuiller;  x/paç ,  antenne),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Lamel- 
licornes, tribu  des  Scarabéides  Mélitophiles, 
créé  par  Burmeister  (Handbuch  der  Ento- 
mologie). L'espèce  type,  M.  dives  Westw., 
est  originaire  du  Bengale.  (C.) 

*MYSTROMYS  (pv<TTpoç,  ruiller  ;  pïïç, 
rat),  mam.  —  Petit  groupe  de  Rongeurs  de 
la  division  des  Rats  (voy.  ce  mot)  indiqué  par 
M.  Wagner  (m  Wiegm.  arch.,  1841  ).  (E.D.) 

*MYSTROPTERUS  (p.v<7Tpoç,  espèce  de 
cuiller  ;  wrepav,  aile),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères pentamères  ,  famille  des  Carabi- 
ques,  tribu  des  Scaritides  (Bipartis  de  Lat.), 
créé  par  de  Chaudoir  {Bulletin  de  la  Soc. 
imp.  des  Nat.  de  Moscou,  1842,  p.  13),  et 
qui  a  pour  type  une  espèce  d'Orient ,  le 
M.  cœruleus  de  l'auteur.  (C.) 

*MYTHIJMNA.  ins.  —  Genre  de  Lépi- 
doptères nocturnes  ,  tribu  des  Leucanides  , 
établi  par  Treitschke  aux  dépens  des  Leu- 
cania,  et  dont  la  principale  espèce  est  la 
M-  turca ,  qui  se  trouve  en  France  dans  le 
mois  de  juin.  On  la  nomme  vulgairement 
?ur  que. 

MYTILACÉS.  Mytilacea.  moll.  —Famille 
de  Mollusques  conchifèresdimyaires, compre- 
nant les  deux  genres  Moule  etPinne;  mais 
dans  le  genre  Moule  sont  corn!  rises  les  Mo- 
dioles  et  lesLithodomes,  qui  n'en  diffèrent 
pas  suffisamment.  Les  My  tilacés  sont  caracté- 
risés par  leur  coquille  équivalve,  mais  iné- 
quilatérale,  ayant  ordinairement  le  sommet 
ou  le  crochet  de  chaque  valve  très  rapproché 
de  l'extrémité  antérieure,  où  est  situé  un 
des   muscles  adducteurs  devenu  beaucoup 


plus  petit  que  le  postérieur,  à  tel  point  que 
Lamarck  avait  cru  devoir  ranger  les  Mytila- 
cés  parmi  les  Conchifères  monomyaires.  Les 
Mytilacés  ont  un  pied  linguiforme  qui  sécrète 
un  byssus  filiforme;  leur  charnière  est 
sans  dent,  et  leur  ligament  externe  occupe 
presque  tout  le  bord  dorsal.  Comme  tous 
les  dimyaires  du  premier  ordre  auquel  ils 
donnent  leur  nom,  ils  ont  d'ailleurs  les 
Icbes  du  manteau  presque  entièi-ement  dés- 
unis. Cuvier,  le  premier,  institua  une  fa- 
mille des  Mytilacés;  mais  il  y  comprenait  à 
la  fois  les  Anodontes,  les  Mulettes,  les  Car- 
dites,  les  Crassatelles  et  les  Moules,  subdi- 
visées eiies-mêmes  en  iiois  sous-genres,  les 
Moules,  les  Modioles  et  les  Lithodomes,  et 
il  la  caractérisait  seulement  par  l'ouverture 
du  manteau  et  par  la  présence  d'un  pied 
servant  à  ramper,  ou  à  sécréter  et  fixer  le 
byssus.  En  même  temps  Cuvier  plaçait  les 
Pinnes  ou  Jambonneaux  dans  sa  famille 
des  Ostracés,  entre  les  Arondes  ou  Avicules 
et  les  Arches.  Lamarck,  de  son  côté,  rappro- 
cha tout  d'abord  les  Pinnes  et  les  Moules, 
que  plus  tard  il  mit  dans  sa  famille  des 
Byssifères,  et  il  en  éloigna  les  Cardites,  qu'il 
rangeait  dans  la  famille  des  Cardiacées. 
Dans  ses  derniers  ouvrages  enfin,  il  fit  une 
famille  des  Mytilacés  pour  les  seuls  genres 
Pinne,  Moule  et  Modiole,  qu'il  voulait  con- 
sidérer comme  des  Monomyaires,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  plus  haut.  Férussac  et  plu- 
sieurs autres  naturalistes  ont  admis  aussi 
une  famille  des  Mytilacés, mais  en  en  séparant 
le  genre  Pinne  pour  le  reporter  auprès  des 
Avicules ,  ou  bien  en  rapprochant  des 
Moules  les   Arches  et  les  Avicules.    Voy. 

MOLLUSQUES.  (DUJ.) 

MYTILICARDE.  moll.  —  Genre  établi 
par  M.  de  Blainviîle  (Traité  de  Malacologie) 
aux  dépens  des  Cardites ,  et  dont  la  princi- 
pale espèce  est  le  Cardita  crassicosta.  Voy. 

CARDITE. 

*MYTILÏVIERIA.  moll.  —Genre  établ; 
par  M.  Conrad  pour  une  coquille  bivalve , 
équivalve,  presque  ovale,  mince,  ayant  les 
crochets  presque  en  spirale,  la  charnière 
sans  dents,  avec  une  fossette  linéaire  peu 
profonde  entre  les  crochets  ;  deux  impres- 
sions musculaires  assez  petites  ;  impression 
palléale  avec  un  large  sinus  obtus.  (Duj.) 

MYTILIIVE.  infos.,  systol.— Genre  éta- 
bli par  M.  Bory  de  Saint- Vincent  aux  dé- 


3WYX 


MYZ 


56i 


pcns  des  Brachions  de  Mûller,  pour  les  es- 
pèces à  cuirasse  bivalve  ou  paraissant  telle, 
plus  ou  moins  renflée  au  milieu,  et  souvent 
éehancrée  ou  dentée  aux  extrémités.  La 
queue  est  courte  et  porte  deux  stylets  droits 
et  recourbés  en  dessous  ;  les  mâchoires  sont 
digitées,  et  sur  la  nuque  on  voit  un  seul 
point  rouge  oculiforme.  M.  Ehrenberg  a 
changé  le  nom  donné  par  M.  Bory  en  celui  de 
Salpina.  Les  espèces  les  plus  connues  sont  : 
le  Brachionus  mucronalus  de  Millier,  long 
d'un  quart  de  millimètre  (0m,25),  très 
L'omrnun  dans  les  eaux  douces  ;  le  Br.  den- 
latus  Miill.  ;  et  le  Br.  tripos.  (Dm.) 

MYT1LOIDES.  moll.  —  Genre  proposé 
par  M.  Brongniart  pour  des  coquilles  fossiles 
du  terrain  crétacé,  que  Ton  reconnaît  au- 
jourd'hui comme  des  Calillus.         (Duj.) 

*MYTILOIDES.  Myliloides.  crust.— Ce 
nom,  employé  par  Latreille,  dans  son  Cours 
d'entomologie ,  pour  désigner  une  famille 
qui  renferme  le  genre  des  Limnadia ,  n'a 
pas  été  adopté  par  M.  Milne  Edwards,  qui 
place  ce  genre  dans  la  famille  des  Apusiens. 
Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

MYTILES.  moll.  —  Voy.  moule. 

MYTELITES.  moll. —Dénomination  va- 
guement employée  pour  beaucoup  de  coquil- 
les fossiles  bivalves  inéquilatérales.  Les  My- 
tulites  de  la  craie  sont  des  Calillus  ou  Inocé- 
rarnes.  (Duj.) 

MYXUME.  Myxine  (pu?a,  mucosité),  poiss. 
—  Genre  de  Tordre  des  Chondroptérygiens  à 
branchies  fixes,  famille  des  Suceurs  ouCyclos- 
tomes ,  Dumér. ,  établi  par  Linné  et  adopté 
par  G.  Cuvier  (Règ.  anim.,  t.  21).  Ses  princi- 
paux caractères  sont:  Corps  anguiforme.  Bou- 
che terminale,  circulaire,  en  forme  de  ven- 
touse comme  celle  des  Lamproies;  dents  très 
fortes ,  osseuses;  lèvres  entourées  par  huit 
i barbillons  tentaculaires.  Point  de  nageoires 
'paires  ;  un  petit  évent  percé  à  la  partie  su- 
périeure des  lèvres  ,  et  communiquant  en 
avant  dans  la  bouche.  Six  branchies.  L'in- 
testin est  simple  et  droit ,  mais  large  et 
glissé  à  l'intérieur.  Le  foie  a  deux  lobes. 

Les  espèces  de  ce  genre  habitent  l'Océan. 
Nous  citerons  principalement  la  Myxine  glu- 
Îineuse,  M.  glutinosa  L.,  dont  Bloch  a  fait 
îon  genre  Gastrobranche  {voy.  ce  mot);  et 
la  Myxine  de  Domeey,  M.  Dombeyi  Lac,  sur 
laquelle  M.  Duméril  a  fondé  son  g.  Epta- 
trèrne.  (M.) 

T.  VIII. 


*MYXODES  (av^toS-cq ,  muqueux.)  poiss. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens , 
famille  des  Gobioïdes ,  établi  par  G.  Cuvier 
(Règ.  anim.,  t.  II,  p.  238),  et  caractérisé  prin- 
cipalement par  une  tête  allongée  ;  un  museau 
pointu,  saillant  au-devant  de  la  bouche  ;  par 
des  dents  disposées  sur  un  seul  rang  à  cha- 
que mâchoire;  parle  corps  plat  et  comprimé. 

On  en  connaît  trois  espèces  (Myxodes  viri- 
dis ,  ocellatus  et  cristatus  Cuv.  et  Val.),  qui 
viennent  des  côtes  du  Chili.  Ce  sont  des 
poissons  longs  de  10  à  12  centimètres,  et  de 
couleur  brune,  ou  grise,  ou  jaunâtre. 

MYXOGASTÈRES.  Myœogasleres.  bot. 
cr.  —  Groupe  établi  par  Fries  (Syst.y  III, 
67)  dans  la  grande  famille  des  Champi- 
gnons. Voy.  mycologie. 

MYXOMPHALOS,  Wallr.  {Flor.  germ.y 
II,  520).  bot.  cr.  —  Syn.  à'Acinula,  Fr. 

*MYXONEMA  (pwÇoc,  mucus;  v%a,  fila- 
ment), bot.  cr.  —  (Phycées.)  Ce  genre,  créé 
par  M.  Fries  (Plant,  homon.),  appartient  à 
la  tribu  des  Confervées,  et  est  formé  de 
sept  ou  huit  Algues  d'eau  douce  qui  doivent 
être  réparties  dans  plusieurs  genres  ;  ainsi  le 
Draparnaldia  tenuis  Ag.  s'y  trouve  rappro- 
ché du  Conferva  zonala  Web.  et  Mohr. 
Voici  les  caractères  assignés  à  ce  genre  : 
Filaments  Axés,  entourés  de  mucus;  endo- 
chrome  disposé  dans  chaque  article  en 
bandes  transversales.  Fries  l'avait  d'abord 
nommé  Myxolhryx.  (Bréb.) 

*MYXOPYRUM(^vÇa,  mucosité;  irupo'ç, 
grain),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Oléacées,  établi  par  Blume  (Bijdr.,  685).  Ar- 
brisseaux grimpants  de  Java.  Voy.  oléacées 

MYXOSPOR1EM ,  Link.  (Spec.,  II,  98). 
bot.  cr.  —  Syn.  de  Ncmaspora,  Pcrs. 

*MYXOTRICHEM  (^v$a,  mucosité;  0pt£, 
Tpi'xoç,  filament),  cot.  cr.  — Genre  de  Cham- 
pignons hypomycètes  ,  établi  par  Kunze 
(Myc.  Heft.,  II,  108)  pour  de  petits  Cham- 
pignons noirâtres  qui  croissent  sur  les  troncs 
des  arbres. 

*MYXOTRYX,  Fr.  (Slirp.  Fems.,p.  44). 
bot.  cr.  —  Syn.  de  Myxonema,  Fr. 

*MYZANTHA.  ois.  —  Groupe  de  Méli- 
phagiens,  d'après  MM.  Vigors  et  HorsOeld 
(Ilnn.  irans.t  1826).  (E.  D.) 

MYZINE  (fxvÇtt  ,  je  suce),  ins.  —Genre 
de  la  famille  des  Scoliides,  de  l'ordre  des 
Hyménoptères,  établi  par  Latreille  et  adopté 
nar  tous  les  entomologistes.  Les  Mysines  sont 

71 


562 


NAB 


NAG 


surtout  distingués  des  autres  ScMiites  par 
leurs  mandibules  bidentées,  et  leurs  palpes 
maxillaires  de  six  articles.  Les  femelles  dif- 
fèrent considérablement  des  mâles  par  I'é- 
^  paisseur  de  leur  corps ,  par  la  brièveté  de  leurs 
antennes,  par  leurs  jambes  fortement  armées 
d'épines.  Aussi  pendant  longtemps  les  deux 
sexes  de  chaque  espèce  étaient  placés  dans 
des  genres  différents.  On  désignait  celui  que 
renfermaient  les  femelles  sous  le  nom  de 
Plesia.  C'est  dans  ces  derniers  temps  seule- 
ment que  les  entomologistes  ont  reconnu 
qu'il  n'y  avait  entre  les  Myzines  et  les  Plé- 
sies  que  des  différences  sexuelles.  On  con- 
naît un  certain  nombre  de  Myzines  répan- 
dues dans  l'Europe  méridionale,  en  Afrique 
et  dans  l'Amérique  méridionale.  La  Myzine 
sexfasciaia  Rossi  est  commune  dans  tout 
le  midi  de  l'Europe,  et  dans  le  nord  de 
l'Afrique.  (Bl.) 

*MYZOMELA.  ois.  —  Groupe  de  Méli- 
phagiens ,  suivant  MM.  Vigors  et  Horsfield 
(Linn.  trans.,  1826).  (E.  D.) 

*MYZOMORPHUS  (/*v$o  ,  je  suce;  ,uoP- 
tp-n,  forme),  ms.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Prioniens, 


formé  par  Dejean  (Catalogue,  3e  éd.,  p.  3441 
avec  une  espèce  du  Brésil,  le  M.  quadrima- 
culatus.  (C.) 

*MYZORMS.  ois.  —  Groupe  de  Necta- 
rinées,  créé  par  M.  Hodgson  (/.  as.  Soc. 
Beang.,  1843).  (E.  D.) 

*MYZOSTOMA  0*vÇa»,  je  suce;  ffTc>a, 
bouche),  annél.? — Leuckart  a  publié  en  1827 
la  description  d'un  genre  de  Vers  que  l'on  a 
rapporté  à  l'ordre  des  Trématodes,  mais  qui 
n'a  pas  les  caractères  de  ces  animaux,  ainsi 
que  M.  Loven  s'en  est  assuré  plus  récem- 
ment. Les  Myzostomes  sont  parasites  des 
Comatules,  et  l'on  en  a  trouvé  sur  l'espèce 
de  la  Méditerranée  ainsi  que  sur  celle  des 
côtes  de  Norvège.  Voici  comment  M.  Loven 
résume  leurs  caractères  génériques  : 

Corps  mou,  inarticulé,  déprimé,  dis- 
coïde; une  trompe  rétractile,  nue;  anus  op- 
posé à  la  bouche;  des  suçoirs  latéraux  op- 
posés; pieds  inférieurs  articulés,  pourvus 
de  crochets;  organes  génitaux  doubles,  sans 
crochets. 

Plusieurs  de  ces  caractères  tendraient  à 
faire  placer  les  Myzostomes  parmi  les  Anné- 
lides  sétigères,  tandis  que  d'autres  semblent 
les  en  éloigner.  (P.  G.) 


ss 


NABALUS,Cass.  (inDict.  se.  wa*.,XLIII, 
2S1).  bot.  ph.  —  Voy.  prenanthes,  Gaertn. 

*NABEA,  Lehm.  (Index  sem.  hort.  Ham- 
burg. ,  1831  ).  bot.  pu.  —  Syn.  de  Macna- 
~bia,  Ben  th. 

*KABICULA  (  de  Nabis),  ms.  —  Genre 
de  Réduviens  (voy.  ce  mot),  voisin  de  ce- 
lui des  Nabis,  créé  par  M.  Kirby  (Fauna 
bor.  Amer.,  1837),  et  ne  comprenant  qu'un 
petit  nombre  d'espèces.  (E.  D„) 

NABIS,  ms.  —  Genre  d'Hémiptères  hété- 
roptères,  de  la  division  des  Géocorises,  famille 
des  Réduviens,  créé  par  Latreille  (Gênera 
Crust.  et  Ins.,  III,  1807)  aux  dépens  des 
lieduvius  de  Fabricius ,  adopté  par  tous  les  en- 
tomologistes, et  qui,  dans  ces  derniers  temps, 
a  été  partagé  en  plusieurs  groupes  distincts. 
Les  Nabis  sont  principalement  caractérisés 
par  leurs  antennes  grêles,  à  articles  presque 
égaux,  par  leur  corselet  conique,  leurs  cuis- 
ses grêles  et  leur  bec  très  long.  Ces  Insectes 
ont  beaucoup  de  rapports  avec  les  Rcduvim 


(voy.  ce  mot);  ils  s'en  distinguent  particuliè- 
rement par  leurs  antennes  insérées  plus  bas, 
et  par  l'extrémité  de  leur  tête  n'offrant  pas 
d'impression  transverse.  Ils  ont  les  mêmes 
mœurs  et  se  nourrissent  d'Insectes. 

Ce  genre  ne  comprend  qu'un  petit  nombre 
d'espèces.,  et  MM.  Amyot  et  Serville  (Hémi- 
ptères des  Suites  à  Buffon-Roret)  n'en  décri- 
vent que  cinq.  Nous  citerons  principalement 
le  Nabis  aplera  Latr.  (loco  citato),  Reduvius 
aplerus  Fabr.,  qui  se  trouve  communément 
aux  environs  de  Paris,  vers  la  fin  de  l'été,  sur 
le  tronc  des  arbres.  (E.  D.) 

NABLOMUM.  bot.  ph.— Genre  de  la 
famille  des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat.,  XXXIV,  101). 
Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  com- 
posées. 

*IVACCARIA,  Endl.  (Gen.  pi.,  p.  6, 
n.  68).  bot.  cb.  —  Syn.  de  Chœtospora, 
Agardh. 

NACELLE,  moll.  — -  Nom  vulgaire  de  la 


NAC 


NAG 


563 


Crepidula  fornicata ,  et  dénomination  pro- 
posée d'abord  par  Lamarck  pour  le  genre 
qu'il  nomma  plus  tard  Navicelle.    (Duj.) 

*NACELLE.  Cymba.  acal.— Genre  d'A- 
calèphes  diphyides,  établi  par  MM.  Quoy  et 
Gaimard  pour  une  espèce  trouvée  auprès 
de  Gibraltar,  C.  sagitta,  qu'Eschscholtz 
réunit  avec  l'Ennéagone  et  la  Cuboïde  en 
,un  seul  genre,  ayant  pour  caractères  :  un 
conduit  nourricier  muni  de  plusieurs  petits 
tubes  suceurs,  et  une  pièce  antérieure  mu- 
nie d'une  petite  cavité  natatoire  saillante 
comme  un  tube.  Suivant  les  auteurs  de  ce 
genre  et  M.  de  Blainville,  la  Nacelle  est 
pourvue  d'un  grand  suçoir  exsertile  probos- 
•  cidiforme  ayant  à  sa  base  un  amas  d'or- 
ganes ovariformes ,  logée  dans  une  excava- 
tion unique ,  assez  profonde ,  d'un  organe 
natateur  naviforme,  recevant  et  cachant  en 
partie  l'organe  natateur  postérieur;  celui-ci 
est  sagittiforme,  percé  en  arrière  d'un  ori- 
fice arrondi,  couronné  de  pointes,  et  creusé 
à  son  bord  libre  par  une  gouttière  longitu- 
dinale. Le  corps  est  gélatineux,  résistant  et 
presque  diaphane.  M.  Lesson  admet  la  Na- 
celle comme  premier  sous-genre  des  Micro- 
diphyes,  qui  constituent  sa  tribu  entière  des 
Monogastriques,  ayant  un  seul  sac  stoma- 
cal exsertile,  dilatable,  probosci forme,  por- 
teur à  sa  base  d'organes  qui  semblent  être 
des  ovaires,  et  logé  dans  un  nucléus  unilo- 
culaire.  L'estomac,  allongé,  est  terminé  par 
une  bouche  en  ventouse.  (Duj.) 

*NACERDES  («*»p<%,  nuisible),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  hétéromères,  famille 
des  Sténélytres,  tribu  des  OEdémérites, 
proposé  par  Steven  et  adopté  par  Dejean 
(Catalogue,  3e  édit.,  pag.  250),  qui  en  men- 
tionne 29  espèces;  11  appartiennent  à  l'A- 
mérique ,  7  à  l'Afrique  ,  4  à  l'Australie,  3 
a  l'Asie,  2  à  l'Europe,  et  2  sont  de  patrie 
inconnue.  Nous  citerons  comme  faisant  par- 
tie de  ce  genre  les  espèces  suivantes  : 
Dryops  livida,  notata ,  vittata  et  suturait* 
d'Ol.  On  rencontre  lVéquement  la  seconde 
sur  les  bâtiments  à  voiles,  et  on  la  reçoit 
aussi  des  divers  points  du  globe.         (G.) 

*NACIBA.  ois.  —  M.  Lesson  (Traité 
d'Ornithologie,  1831)  indique  sous  cette 
dénomination  un  genre  d'Oiseaux  voisin 
du  groupe  des  Calao.  (E.  D.) 

NACIBEA,Aubl.  (Guian.,  I,  96,  t.  37). 
bot.  pu.  —  Syn.  de  Maneltia,  Mulis. 


♦NACLIA.  ins.— Genre  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères nocturnes,  tribu  des  Lithosides, 
établi  parM.Boisduval  et  adopté  par  M.  Du- 
ponchel  (Hist.  des  Lépid.  d'Europe).  L'espèce 
type,  Nadia  ancilla  (Noctua  ancilla  Linn. , 
Bombyx  obscura  Fab.  ,  B.  ancilla  Hubn.  , 
Ochs.,  Callimorpha  ancilla  God.),  habite  la 
France  et  l'Allemagne.  (L.) 

NACRE,  moll.  —  Portion  du  test  de  s 
Mollusques,  douée  de  reflets  brillants  iri- 
sés ,  qui  tiennent  à  la  structure  même  de 
sa  surface ,  comme  on  le  prouve  en  prenant 
avec  la  cire  à  cacheter,  avec  la  gélatine,  ou 
même  avec  l'alliage  fusible  de  Darcet,  une 
empreinte  qui  montre  les  mêmes  reflets  iri- 
sés. Toute  portion  nacrée  paraît  formée  de 
lames  parallèles  très  minces,  lesquelles  par 
le  polissage  sont  coupées  très  oblique- 
ment ,  et  présentent  des  sillons  très  fins  à 
la  surface.  Cependant  ce  ne  sont  pas  ces 
sillons  mêmes,  comme  on  l'a  supposé,  qui 
produisent  les  jeux  de  lumière  particuliers 
à  la  Nacre;  c'est  plus  probablement  une 
disposition  striée  de  la  surface  de  chaque 
lame,  puisque  là  où  l'on  ne  peut  supposer 
que  les  lames  sont  coupées  obliquement, 
dans  l'intérieur  des  Troques,  par  exemple, 
l'éclat  irisé  n'est  pas  moins  vif  que  sur  la 
Nacre  polie  artificiellement.  Les  parties  du 
test  qui  sont  formées  de  fibres  dressées,  pa- 
rallèles, comme  la  couche  externe  des  co- 
quilles de  Pinne  ou  de  Moule,  ne  peuvent  au 
contraire  jamais  présenter  des  reflets  na- 
crés ;  voilà  pourquoi  les  marchands  et  les 
amateurs  qui  veulent  donner  plus  d'éclat 
aux  coquilles,  en  dissolvent  la  couche  ex- 
terne au  moyen  d'un  acide  pour  mettre  la 
Nacre  à  découvert.  La  Nacre,  qui  n'est  que 
du  carbonate  de  chaux  presque  seul  ,  mêlé 
d'un  peu  de  matière  animale,  est  identique 
avec  la  substance  des  perles  ,  ou  plutôt 
celles-ci  ne  sont  que  de  la  Nacre  sécrétée 
isolément,  en  forme  de  globules,  dans  des 
lacunes  du  manteau.  Il  n'y  a  guère  de  Mol- 
lusques à  test  nacré  dans  le  manteau  des- 
quels on  n'ait  eu  l'occasion  de  trouver  de 
petites  perles.  Les  Mulettes  ou  Moules  d'eau 
douce,  dans  le  Rhin  et  dans  les  rivières  de 
l'Europe  septentrionale,  ont  même  donné 
quelquefois  d'assez  belles  perles  ;  mais  celle 
de  la  grande  Avicule  ou  Pintadine  mère- 
perle  (Meleagrina  margaritifera)  sont  les 
plus  belles,  et  ce  sont  aussi  les  valves  dt 


564 


InyIvU 


cette  coquille  qui  fournissent  presque  ex- 
clusivement la  Nacre  employée  dans  les 
arts.  En  effet,  pour  se  procurer  quelques 
perles  seulement,  on  est  obligé  de  retirer  du 
fond  de  la  mer  un  très  grand  nombre  de 
ces  coquilles,  caria  plupart  sont  dépourvues 
de  ces  productions  accidentelles  ou  ano- 
males. Plusieurs  coquilles  des  genres  Turbo 
et  Troque  fournissent  une  Nacre  très  bril- 
lante d'un  vert  doré;  certaines  Haliotides 
ont  leur  Nacre  richement  ornée  des  couleurs 
les  plus  vives  et  les  plus  foncées,  en  zones 
sinueuses,  ou  enroulées  et  entremêlées  de 
bandes  noires.  L'art  de  fa  bijouterie  en  a 
tiré  un  fort  heureux  parti.  Certains  genres 
de  coquilles,  au  contraire,  sont  constamment 
dépourvus  de  Nacre  :  tels  sont  toutes  les 
Conques  et  les  Cardiacés  parmi  les  Conchi- 
fères;  telles  sont  aussi  toutes  les  coquilles 
terrestres.  (Duj.) 

NACRÉ  (grand  et  petit),  ins.— Nom  vul- 
gaire de  deux  espèces  de  Papillons  du  genre 
Ârgynne,  YArgynnislathoniaelVArg.  pan- 
dora.  Voy.  argynne, 

NACRITE.  min.  —Substance  d'un  gris 
perlé,  en  grains  faiblement  agglutinés  qui, 
humectés  et  passés  avec  frottement  entre 
les  doigts  ,  s'y  attachent  sous  la  forme  d'un 
enduit  nacré.  Elle  fait  partie  des  Silicates 
alumineux,  et  son  analyse  a  donné,  d'après 
Vauquelin  (  Bull,  de  la  Soc.  philom.  )  :  Si- 
lice, 56  ;  Alumine,  18  ;  Potasse,  8  ;  Chaux,  5; 
oxyde  de  Fer,  4;  Eau,  6;  perte,  5.  La  Na- 
crile  se  trouve  en  petites  masses  dans  les 
fissures  des  roches  micacées  et  talqueuses 
des  Alpes. 

NADDI.  ois.  — Espèce  du  genre  Sterne. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NADINEL.  rept.  —  L'un  des  noms  lan- 
guedociens de  l'Orvet.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

N.EMASPQRA,  Ehrenb.  (in  Hor.  phys., 
t.  18,  f.  7).  bot.  cr. — Syn.  de  Phoma  , 
Fries. 

N/EMATELLA.  bot.  cr.  —  Genre  de 
Champignons  hyménomycètes ,  établi  par 
Fries  (Syst.  II,  327)  pour  de  petits  Cham- 
pignons qui  croissent  sur  les  autres  végé- 
taux.  Voy.  MYCOLOGIE. 

*N,EMORHEOUS.  mam.  —  M.  Hamil- 
ton  Smith  (in  Griff.  an  Kingd. ,  1827) 
indique  sous  ce  nom  une  subdivision  du 
grand  genre  Antilope,  et  il  n'y  place  qu'une 
espèce,  Y  Antilope  Sumatrensis ,  dont  il  dis- 


NAÏ 

tingue  deux  variétés  ,  les  il.  Duvaucelii  et 
goral.  (E.  D.) 

*N.4EOGENUS  (vat'c,  j'habite  ;  -,~,  terre). 
ins.  —  Genre  d'Hémiptères  hétéroptères, 
de  la  famille  des  Lygéites,  créé  par  M.  de 
Laporte ,  comte  de  Caslelnau  (  Essai  d'une 
classif.  des  Hémipt.,  1833). 

Ce  genre,  qui  est  très  voisin  de  celui  des 
Xylocoris,  de  M.  Léon  Dufour,  ne  contient 
qu'une  espèce,  désignée  par  M.  de  Laporte 
sous  le  nom  de  Nœogenus  erythrocephalus. 

(E.  D.) 

HTJSSA.  crust.  —  Voy.  nésée. 

N-/EVIELLE.  rept.  —  Nom  français  du 
Coluber  nœvius.  (E.  D.) 

NAGASSARIUM  ,  Rumph.  (  Amboin. 
auct.,  t.  2).  bot.  ph. —  Syn.  deMesua,  Linn. 

NAGEOIRE.  Pinna.  —  On  donne  ce 
nom  à  l'organe  locomoteur  des  Poissons. 
Voy.  ce  mot. 

NAGEURS,  mam.  —Voy.  natantia. 

NAGEURS.  Natatores.  ois.  —M.  Vieillot 
(  Ornith.  )  indique  sous  ce  nom  son  cin- 
quième ordre  de  la  classe  des  Oiseaux  ,  et 
il  y  place  les  genres  Frégate ,  Cormoran  , 
Pélican,  Fou,  Paille-en -Queue,  Anhinga  , 
Grèbe-Foulque,  Grèbe,  Plongeon,  Harle, 
Canard,  Stercoraire,  Mouette,  Sterne,  Bec- 
en-Ciseaux,  Pétrel,  Albatros,  Guillemot, 
Macareux,  Sphénisque  et  Manchot.  Voy.  ces 
divers  mots.  (E.  D  ) 

NAGOR.  mam.  — Une  espèce  d'Antilope, 
Antilope  nagor ,  est  devenue ,  sous  la  déno- 
mination de  Nagor,  pour  M.  Ogilby  (Proc. 
zool.  Soc.  Lond.,  1836),  le  type  d'un  petit 
groupe  distinct,  qui  n'est  généralement  pas 
adopté.  Voy.  l'article  antilope.       (E.  D.) 

NAÏA.  rept.  —  Voy.  naja. 

NAÏADE.  Najas  (nom  mythologique). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Naïadces, 
établi  par  Willdenow  (in  act.  Acad.  Berolin., 
1798,  p.  87).  Ses  principaux  caractères  sont  : 
Fleurs  dioïques,  solitaires  aux  aisselles  des 
feuilles.  FI.  mâles:  Enveloppe  double,  l'exté- 
rieure en  forme  de  coiffe  à  deux  lobes.  An- 
thère sessile,  tétragone,  4-loculaire.  FI.  fe- 
melles :  Ovaire  sessile,  oblong,  à  une  seule 
loge  uni-ovulée.  Styles  2-3,  subulés ,  con- 
tinus à  l'ovaire  et  supportant  chacun  un 
stigmate.  Le  fruit  est  une  nucule  mono- 
sperme ,  à  épicarpe  membraneux. 

Les  Naïades  sont  des  herbes  aquatiques, 
abondantes  surtout  dans  les  étangs  de  l'Eu» 


NAI 


NAI 


565 


ropecentrnîe;  à  feuilles  alternes,  linéaires, 
dilatées  à  la  base,  dentées,  mucronées. 

Ces  plantes  offrent  peu  d'intérêt,  si  ce 
n'est  au  cultivateur  qui  peut  en  faire  d'assez 
bons  engrais.  (B.) 

NAÏADE,  annél.  —  Voy.  nais. 

NAÏADÉES.  Naiadeœ.  bot.  ph.  —  Fa- 
mille de  plantes  monocotylédones  aquati- 
ques. A.-L.  de  Jussieu  avait  établi  sous  ce 
nom  (Gênera,  p.  18)  une  famille  qu'il  avait 
placée  à  l'extrémité  de  sa  classe  des  Acoty- 
lédons,  à  la  suite  des  Fougères.  La  place  et 
la  circonscription  assignées  par  lui  à  ce 
groupe  ne  pouvaient  guère  être  conservées. 
En  effet,  d'un  côté,  l'embryon  monocotylé- 
donési  nettement  caractérisé  de  ces  plantes 
les  éloignait  des  Acotylédons  ;  de  l'autre,  on 
trouvait  réunies  dans  cette  famille  hétéro- 
gène des  Characées  (Chara),  les  Lemnacées 
(Lenticula,  Tourn.),  des  Haloragées  (Hippu- 
ris  et  Myriophyllum),\es  Cératophyllées  (Ce- 
ratophyllum),  des  Saururées  (Saururus, 
Aponogetun),  les  Callitrichinées  (Calhlriche) , 
et  les  Naïadées  proprement  dites.  Dans  son 
Tableau  du  règne  végétal,  Ventenat  modifia 
ce  groupe  ,  et  réunit  en  une  seule  famille  , 
sous  le  nom  de  Fluviales  ,  les  genres  qui 
correspondent  à  la  famille  dont  nous  nous 
occupons  ici.  Cette  nouvelle  famille  a  été 
admise  par  la  majorité  des  botanistes  ,  et 
elle  a  reçu  postérieurement  de  L.-C.  Richard 
le  nom  de  Polamuphdes ,  et  de  M.  A.  Ri- 
chard celui  de  Naïadces,  que  nous  adoptons 
ici  avec  M.  Endlicher.  Au  reste,  le  nom  de 
Fluviales  est  employé  encore  aujourd'hui 
par  quelques  botanistes  ,  notamment  par 
M.  Kunth  (Enumer.,  III,  pag.  111). 

Les  plantes  comprises  dans  la  famille  des 
Naïadées  ,  telle  que  la  circonscrivent  la  plu  - 
part  des  botanistes  modernes,  sont  des  her- 
bes aquatiques,  submergées,  ou  qui  viennent 
seulement  fleurir  à  la  surface  des  eaux  ; 
leur  tige  est  noueuse,  le  plus  souvent  ram- 
pante; leurs  feuilles  sont  alternes,  très  ra- 
rement opposées ,  planes,  le  plus  souvent 
entières,  embrassantes  ou  engainantes  à 
leur  base,  accompagnées  de  stipules  inlra- 
pétiolaires,  membraneuses,  embrassantes. 
Leurs  fleurs  sont  monoïques,  rarement  dioï- 
ques ,  solitaires  ou  groupées  à  l'aisselle  des 
feuilles,  ou  bien  réunies  en  épi  ;  les  femelles 
sont  ordinairement  plus  nombreuses,  et  pla- 
cées plus  haut  sur  la  plante  que  les  mâles. 


En  guise  de  périanthe,  elles  présentent  des 
enveloppes  de  forme  et  d'apparence  diver- 
ses, tantôt  recouvrant  l'anthère  et  se  dé- 
chirant ensuite  plus  ou  moins  irrégulière- 
ment, tantôt  formant  une  sorte  de  cupule 
qui  entoure  la  base  de  l'étamine,  tantôt 
enfin  revêtant  tellement  les  caractères  d'un 
périanthe  normal  (Potamogeton)  qu'il  esfc 
difficile  de  lui  en  refuser  le  nom.  Les  éta- 
mines  présentent  aussi  de  nombreuses  va- 
riations :  leur  anthère  est  tantôt  sessile,  tan- 
tôt pourvue  d'un  filet  de  longueur  variable, 
à  1-2-4  loges,  le  plus  souvent  portées  sur 
un  connectif  épais  ,  et  contenant  un  pollen 
globuleux  dans  certains  genres,  allongé-fili- 
forme ou  confervoïde  dans  les  autres.  Les 
pistils  sont  solitaires,  ou  groupés  par  2  ou  4, 
se  touchant  alors  par  des  faces  planes,  très 
rarement  entourés  à  leur  base  par  un  pé- 
rianthe rudimentaire  ;  chacun  d'eux  ren- 
ferme ,  dans  une  loge  unique  ,  un  ovule  or- 
dinairementsuspendu,plusrarementdressé; 
il  est  surmonté  d'un  style  simple  que  ter- 
mine un  stigmate  (quelquefois  deux)  souvent 
large  et  pelté.  Le  fruit ,  généralement  sec, 
renferme  une  seule  graine  dressée  ou  sus- 
pendue comme  l'ovule,  dépourvue  d'albu- 
men, dont  l'embryon  présente  une  longue  et 
grosse  tigelle  (embryon  macropode  L.-C.  Ri- 
chard), etun  cotylédon  grêle,  parfois  enroulé 
en  crosse,  à  la  jonction  desquels  existe  une 
fente  gemmulaire. 

On  voit  que  les  caractères  des  Naïadées 
sont  tous  sujets  à  des  variations  plus  ou 
moins  nombreuses  ;  aussi  peut-on  les  sub- 
diviser en  plusieurs  groupes  ou  tribus,  divi- 
sion qui  devient  très  avantageuse  dans  un 
groupe  si  polytype.  Voici  le  tableau  et  les 
caractères  de  ces  tribus,  tels  que  les  présente 
M.  Kunth  {Enumerat.,  t.  III,  p.  111)  : 

I.  Naïadées.  Style  très  court;  2-3  stig- 
mates allongés;  graine  dressée;  embryon 
droit;  pollen  globuleux  Feuilles  ternées  ou 
opposées,  sans  nervures,  dentelées. 

Najas,  Lin.  ;  Cauhnia,  Willd. 

II.  Zostekées.  1  style;  2  stigmates  allon- 
gés; graine  suspendue;  cotylédon  grêle, 
naissant  vers  un  côté  de  la  tigelle;  pollen 
confervoïde. 

Zostera,  Lin.  (ex  parle);  Cymodocea, 
Kccnig. 

III.  Posidoniées.  Fleurs  pseudo -herma- 
phrodites, en  épi;  stigmate  presque  sessile, 


56( 


NAÏ 


NAI 


entier;  graine  pariétale;  cotylédon  logé 
dans  une  fente  de  la  tigelle,  allongé,  courbé- 
infléchi  ;  pollen  confervoïde.  Cette  section  de- 
vra probablernentêtreréunieà  la  précédente. 
Thalassia,  Solan.  ;  Posidonia,  Kœnig. 

IV.  Ruppiées.  Fleurs  pseudo-hermaphro- 
dites ,  en  épi;  stigmate  sessile ,  entier; 
graine  suspendue;  cotylédon  supère,  grêle, 
incombant  sur  la  tigelle;  pollen  en  forme 
de  boyau ,  courbé. 

Ruppia,  Lin. 

V.  Zannichelliées.  Style  allongé  ;  stig- 
mate élargi,  entier;  graine  suspendue;  co- 
tylédon supère,  allongé,  recourbé  en  crosse; 
pollen  globuleux. 

Zannichellia,  Mien.  ;  Althenia,  F.  Petit. 

VI.  Potamogétonées.  Fleurs  pseudo-her- 
maphrodites ,  les  mâles  pourvues  d'une  brac- 
tée; stigmate  presque  sessile,  simple;  coty- 
lédon supère  courbé  en  crochet  ;  pollen  glo- 
baleux. 

Potamogeton ,  Lin. 

Certaines  des  tribus  dont  nous  venons  de 
donner  le  tableau  ont  été  élevées  au  rang 
de  familles  distinctes  par  quelques  botanis- 
tes. Telles  sont  celles  des  Potamées  et  des 
Zostérées. 

Les  Naïadées  sont  répandues  dans  les  eaux 
douces  et  salées  de  tous  les  climats.  Aucune 
d'elle  n'est  importante  par  ses  applications. 
Les  seules  qu'on  puisse  citer  comme  ayant 
quelque  utilité  sont  :  le  Potamogeton  natans, 
dont  le  rhizome  sert  d'aliment  en  Sibérie  ; 
et  les  Zostera,  dont  les  feuilles,  rejetées  par 
les  vagues  de  la  mer,  sont  recueillies  pour 
servir  comme  engrais  ,  comme  paille  d'em- 
ballage, et  pour  la  confection  de  matelas 
très  peu  moelleux  ,  mais  économiques. 

(P.  D.) 

NAIDE.  annél.  —  Nom  que  l'on  applique 
quelquefois  au  genre  des  Nais.  Voyez  ce 
mot.  (E.  D.) 

*  NAIDINA.  annél.  —  M.  Ehrenberg 
(Symb.  phys.,  1831)  donne  le  nom  delVai- 
dina  à  une  famille  d'Annélides  dont  le  genre 
principal  est  celui  des  Nais.  Voyez  ce  mot. 

(E.  D.) 

NAIN.  Nanus.  térat.  —  On  donne  ce 
nom,  en  Anthropologie,  à  tous  les  indivi- 
dus dont  la  taille  est  beaucoup  plus  petite, 
relativement,  que  la  taille  ordinaire.  Voy. 
l'article  races  humaines. 

NAIN  FLAGEOLET  et  NAIN  D'AMÉ- 


RIQUE, bot.  ph.  —  Noms  vulgaires  de  deui 
variétés  du  Haricot  renflé,  Phaseolus  lumi- 
dus  Savi.  Voy.  haricot. 

*NAINEFJS  {Nais  et  Nereis)  annél.  — 
Genre  de  la  famille  des  Néréiscolés,  établi 
par  M.  de  Blainville  pour  y  placer  le  Nais 
quadricuspidata.  (P.  G.) 

NAIS  (nom  mythologique),  annél.  — 
Genre  d'animaux  articulés  de  la  classe 
des  Chétopodes  de  M.  de  Blainville,  de 
celle  des  Vers  de  Lamarck,  et  de  celle  des 
Vers  à  sang  rouge  ou  Annélides  à  soie  de 
G.  CuYier  et  de  la  plupart  des  auteurs  mo- 
dernes. Muller  a  créé  (Die  Wurmer  der 
sussen  und  Salzigen  Vassers ,  1771)  ce 
genre  sous  la  dénomination  de  Nais,  tiré 
du  surnom  mythologique  de  l'une  des  Naïa- 
des; depuis,  ce  nom  a  été  légèrement  et  à 
tort  modifié  par  quelques  auteurs  :  ainsi 
Bruguière  (Planches  de  l'Encyclopédie  métho- 
dique) l'indique  sous  le  nom  de  Nayade,  et 
d'autres  auteurs  l'ont  désigné  sous  les  noms 
de  Naide  et  de  Nàiade.  Enfin  ,  pour  mettre 
le  comble  à  la  confusion,  Lamouroux  a  pro- 
posé la  même  dénomination  de  Nais  pour 
désigner  un  genre  de  Polypiers  de  la  famille 
des  Tubulariées,  et  auquel  on  avait  antérieu- 
rement donné  le  nom  de  Plumatelle.  Voy. 
ce  mot. 

Les  Nais  ont  pour  caractères  :  Corps  plus 
ou  moins  allongé,  filiforme,  aplati,  articulé; 
chaque  articulation  pourvue  d'une  paire 
d'appendices  sétacés,  simples  ou  fascicules; 
bouche  et  anus  terminaux  ;  la  première  sans 
tentacules,  mais  quelquefois  avec  des  points 
oculaires. 

Ces  auimaux  ont  beaucoup  de  rapports  avec 
certaines  espèces  de  Néréides,  et  surtout  avec 
les  Lombrics;  leur  canal  intestinal  est  sim- 
ple, étendu  d'une  extrémité  à  l'autre  du 
corps,  et  adhérent  à  l'enveloppe  extérieure 
par  des  brides  celluleuses;  la  bouche  es? 
ronde,  terminale ,  sans  traces  de  tentacules 
ni  d'appareil  masticateur;  l'anus  est  égale- 
ment terminal  et  arrondi;  on  voit  tout  le 
long  du  dos  de  l'animal  un  vaisseau  flexueux 
rempli  d'un  fluide  coloré  en  rouge,  comme 
cela  a  lieu  dans  les  Néréides.  Il  n'y  a  aucune 
trace  de  branchies  sur  aucun  des  anneaux, 
mais  tous  ou  presque  tous  sont  pourvus  à 
droite  et  à  gauche  d'épines  calcaréo-cornées 
simples  et  quelquefois  fasciculées,  mais  tou- 
jours en  petit  nombre,  un  peu  comme  dans 


NAI 


NAI 


567 


les  Lombrics.  Le  système  nerveux  ne  nous 
est  pas  connu. 

LesNaïsvivent  presque  constamment  dans 
les  eaux  douces,  courantes  ou  stagnantes  , 
^  dans  la  vase  et  la  terre  molle  qui  les  bor- 
p,  dent,  et  rarement  à  découvert.  Elles  se 
nourrissent  de  très  petits  animaux  infusoires 
ou  mous  qu'elles  avalent  probablement  tout 
entiers.  Leur  mode  de  reproduction,  que 
l'on  ne  connaissait  pas  bien  autrefois,  est 
l'oviparité.  Bosc  avait  déjà  dit  que  les  Nais 
pondaient  des  œufs,  et  ce  fait  dont  quelques 
auteurs  doutaient  est  aujourd'hui  tout-à- 
fait  constaté,  surtout  d'après  les  belles  ob- 
servations de  M.  Dugès.  Les  œufs  de  ces 
Annélides,  et  particulièrement  ceux  de  la 
Nais  filiformis  qui  a  été  le  plus  étudiée,  sont 
ronds  ,  blancs  et  contenus  dans  une  capsule 
ovale,  et  qui  présente  à  chaque  pôle  un  petit 
tubercule  rappelant  celui  du  cocon  de  cer- 
taines Hirudinées  ;  la  capsule  est  transparente 
et  laisse  voir  les  œufs  qui  sont  dans  son  in- 
térieur» Ceux-ci,  au  moment  de  la  ponte, 
semblent  composés  d'une  seule  substance 
granuleuse,  à  grains  à  peu  près  égaux  et  de 
forme  ronde;  lors  de  l'éclosion ,  les  petits 
brisent  leur  œuf  avant  que  la  capsule  ne 
s'ouvre;  ils  sont  mous,  sans  yeux,  comme 
les  adultes,  avec  un  tubercule  ventral  quia 
quelque  chose  de  celui  des  Lombrics;  leur 
bouche  étant  un  peu  inférieure ,  on  ne  voit 
le  plus  souvent  sur  les  côtés  de  chacun  de 
leurs  anneaux  qu'une  seule  paire  de  soies; 
mais,  dans  une  certaine  position,  on  en  dis- 
tingue deux  à  la  plupart  comme  à  la  partie 
antérieure  des  adultes;  M.  P.  Gervais,  qui 
a  étudié  les  jeunes  du  Nais  fiiiformis,  n'a  pas 
vu  de  soies  à  faisceaux  à  l'extrémité  posté- 
rieure. D'après  les  expériences  de  Trembley 
et  de  Roësel ,  il  paraîtrait  que  les  Nais  peu- 
vent être  multipliées  artificiellement  en  cou- 
pant transversalement  leur  corps  en  plusieurs 
tronçons  ;  et  ce  fait  est  aujourd'hui  acquis  à 
la  science  par  de  nouvelles  expériences. 

Plusieurs  groupes  ont  été  formés  aux  dé- 
pens des  Nais  de  Millier;  mais  les  espèces 
de  ce  genre  sont  encore  trop  peu  connues 
pour  que  l'on  puisse  reconnaître  d'une  ma- 
nière certaine  la  bonté  de  ces  divisions. 
Ocken  a  formé  avec  le  nom  de  Dero,  qui 
correspond  à  celui  de  Xantho  de  M.  Dutro- 
chet,  un  groupe  pour  la  Nais  digitata  de 
Millier  ;  de  Lamarck  a  créé  le  genre  Slylaria 


pour  la  Nais  proboscidea  ;  enfin  MM.  Ehren- 
berg  et  P.  Gervais  ont  créé  plusieurs  autres 
groupes  distincts.  Pour  nous,  nous  n'indi- 
querons qu'avec  doute  la  plupart  des  espèces 
décrites  par  les  auteurs,  et  nous  suivrons  la 
classification  qui  a  été  indiquée  par  M.  P. 
Gervais  dans  les  Bulletins  de  l'Académie 
royale  des  sciences  et  belles-lettres  de  Bruxel- 
les (année  1838,  t.  V,  p.  13). 

I.  Genre  JEolosoma,  Ehrenberg. 

Les  articles  garnis  de  faisceaux  de  soies 
bilatéraux  ;  point  de  crochets  ventraux  ;  ocel- 
les et  appendices  terminaux  nuls. 

Trois  espèces  de  ce  groupe  ont  été  décrites 
par  M.  Ehrenberg  (Symbolœ  physicœ);  ce 
sont  les: 

JEolosoma  Hemprichii  Ehr.  (loco  citalo). 
—  De  Nubie. 

JEolosoma  décorum  Ehr.  (idem).  —  De 
Prusse. 

JEolosoma  quaternapium  Ehr.  (  ibid.  ).  — 
De  Prusse. 

M.  P.  Gervais,  qui  a  changé  le  nom  d'^o- 
losoma  en  celui  ù'JEolonais,  dit  qu'il  croit 
qu'une  espèce  de  ce  groupe  a  été  trouvée 
dans  l'un  des  bassins  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris. 

IL  Genre  Chœtogaster  ,  Ehrenberg. 

Point  de  soies  latérales;  des  crochets  sous 
le  ventre  et  un  faisceau  biparti  auprès  de  la 
bouche;  pas  d'ocelles  ni  d'appendices  ter- 
minaux. 

Les  espèces  de  ce  groupe  sont  les  : 

Chœtogaster  Linnei  Baër  (  Nova  acta  nat. 
Curios.,  XIII,  pi,  29,  f.  22  et  24).— Cette  es- 
pèce ,  d'abord  trouvée  en  Allemagne,  a  été 
rencontrée  en  abondance  auprès  de  Paris,  et 
on  a  vu  qu'elle  se  reproduisait  à  la  manière 
des  autres  Nais,  par  scissiparité.  Les  nou- 
veaux individus  se  développent  à  la  partie 
postérieure  de  celui  qui  leur  donne  nais- 
sance. 

Chœtogaster  furcatus  Ehr.  (Symbolœ phy- 
sicœ). —  De  Prusse. 

Chœtogaster  niveus  Ehr.  {loco  citalo).  — 
De  Prusse. 

On  doit  sans  doute  rapporter  à  ce  groupe 
les  Nais  dtaphana  et  perversa  Grithuisen 
(Nov.  act.  nat.  Curios.,  XIX,  pi.  24). 
III.  Genre  Blanonais,  P.  Gervais. 

Des  soies  latérales  et  des  crochets  ventraux; 


568 


NAI 


NAI 


corps  filiforme,  cylindrique,  atténué  plus  ou 
moins  à  ses  extrémités;  point  d'appendices 
terminaux;  ocelles  nuls,  d'où  est  venu  le 
nom  du  groupe. 

Les  espèces  sont: 

Nais  vermicularis  Linné,  Gm.  ,  Roësel 
(Encycl.  mélhod.,  pi.  52,  fig.  1). — Commune 
partout  et  se  trouvant  souvent  aux  environs 
de  Paris. 

Nais  littoralis  Linn.,  Gm.,  Mull.  {Zool. 
dan.,  VI,  f.  80,  fig.  1-8;  Encycl.  mélhod., 
pi.  54,  fig.  4-10). — De  Danemarck;  a  été 
trouvée  à  la  Rochelle. 

Nais  filiformis  Blainv.  (Dict.  se.  nat.,  t. 
XXIV,  1825,  p.  120). —  Cette  espèce,  que 
l'on  peut  considérer  comme  type  du  genre , 
a  le  corps  très  allongé,  filiforme,  de  5  à  6 
pouces  de  long  sur  1/2  ligne  de  diamètre; 
une  trompe  en  avant  ;  pas  de  digitations  en 
arrière  ;  chaque  articulation  pourvue  d'une 
paire  de  soies  longues  et  grêles.  M.  de  Blain- 
ville  l'a  trouvée  dans  les  ruisseaux  delà  haute 
Normandie;  selon  M.  P.  Gervais,  il  est  pro- 
bable qu'elle  habite  aussi  la  Belgique. 

IV.  Genre  Opsonais,  P.  Gervais. 

Des  soies  latérales  et  des  crochets  ven- 
traux; point  d'appendices  terminaux;  corps 
filiforme,  quelquefois  peu  atténué  à  ses  ex- 
trémités; soies  latérales  variables;  deux  ocel- 
les sur  l'extrémité  antérieure. 

Espèces  : 

Nais  marina  Oth.,  Fab.  (Faun.  groeland., 
p.  215,  il.  295).— Du  Groenland. 

Opsonais  elinguis  Muller.  —  De  Dane- 
marck. 

Opsonais  obtusaP.  Gervais  (loco  citalo). 
Espèce  remarquable  par  ses  extrémités  cé- 
phalique  et  anale  obtuses ,  au  lieu  d'être 
effilées  comme  chez  la  plupart  des  espèces; 
à  soies  courtes;  les  points  oculaires  noirs,  et 
la  couleur  du  corps  blanchâtre.  On  la  trouve 
assez  souvent  dans  les  tubes  des  Plumalelles, 
où  elle  s'enfonce,  ainsi  que  la  Nais  digilata, 
après  que  l'animal  a  été  détruit.  A  été 
prise  communément  à  Plessis  Piquet ,  près 
Paris. 

V.  Genre  Pristina,  Ehrenberg. 
Des  soies  latérales  assez  longues  ;  des  cro- 
chets ventraux  ;  ocelles  nuls;  la  lèvre  supé- 
rieure prolongée  en  une  trompe  filiforme 
garnie  de  soies. 


Ce  groupe  ne  comprend  que  deux  espèces  : 

Pristina  longiseta  Ehr.  (loco  citato).  — De 
Prusse. 

Pristina  inœqualis  Ehrenb.  (idem).  —  De 
Prusse. 

M.  P.  Gervais  a  changé,  pour  plus  d'uni- 
formité, le  nom  de  Pristina  en  celui  de  Pris- 
tinais. 

VI.  Genre  Stvlina,  de  Lamarck. 

Tête  à  deux  ocelles  ;  trompe  manquant 
de  soies,  à  base  ciliée;  en  outre,  les  carac- 
tères des  genres  précédents. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe; 
c'est  la 

Nais  proboscidea  Linné,  Gmelin  ,  Muller 
(Encycl.  méth. ,  pi.  53,  fig.  1  et  8).  C'est  le 
Millepied  a  dard  de  Trembley  ;  son  corps 
est  long  de  3  à  4  lignes,  de  couleur  hyaline  ; 
tous  les  segments  sont  pourvus  de  chaque 
côté  d'une  soie  simple  et  fort  longue  ;  l'ex- 
trémité antérieure  est  bifide,  d'où  sort  une 
trompe  aiguë;  il  y  a  deux  points  oculaires; 
l'anus  est  terminal.  Cette  espèce  se  trouve 
dans  les  eaux  marécageuses  de  toute  l'Eu- 
rope. 

Le  nom  de  Stylinaa  été  changé  en  celui 
de  Stylinais  par  M.  P.  Gervais. 
VU.  Genre  Dero,  Oken  (Xantho,  Dutrochet, 
Uronais,  P.  Gervais). 

Des  crochets  ventraux;  soies  latérales  va- 
riables; point  de  trompe;  des  filaments cau- 
diformes  ou  des  lobules  à  l'extrémité  posté- 
rieure; quelquefois  des  ocelles. 

Un  grand  nombre  d'espèces  entrent  dans 
ce  groupe;  ce  sont  les  : 

Nais  furcata  Roësel  (Suppl.,  \j\.  93,  fig. 
9  à  16).  Cette  espèce  vit  dans  les  tubes  des 
Plumatelles  et  surtout  dans  ceux  de  la  va- 
riété nommée  Alcyonelle;  elle  s'y  enfonce  la 
tête  la  première  et  ne  laisse  plus  apparaître 
à  l'extérieur  que  deux  longs  filaments  de  sa 
queue;  ces  animaux,  dans  cette  position,  ont 
été  quelquefois  décrits  pour  le  polype  de 
l'Alcyonelle  elle-même.  Roësel,  il  y  a  très 
longtemps,  a  bien  figuré  cette  espèce  d'après 
des  individus  pris  en  Prusse.  Elle  est  très 
commune  aux  environs  de  Paris. 

Nais  barbata  Muller.  —  Commune  par-  \ 
tout. 

Nais  digilata   Muller,   Nais   cœca  Cop. 

(Encycl.  méthod.,  pi.  53,  f.  12,  A,  et  18  ). 

i  —  Xantho    hexapoda  ?  Dutrochet  (  Ballet. 


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NAJ 


569 


Soc.  philom.,  1819,   p.  155).  —  Se  trouve 
partout. 

Nais  decapoda  Dutrochet  (Bulletin  des 
sciences,  1819),Blainv.  (Dict.  se.  waf.,XXIV, 
d.  131).  —  De  France. 

'  Nais  quadricuspidata  Othon,  Fab.  (Fauna 
grocnland.,  n.  315),  Blainv.  (loco  citato). — 
Du  Groenland. 

Cette  division  comprend  quelques  espèces 
qui  n'y  resteront  probablement  pas  lorsqu'el- 
les seront  mieux  connues.  Le  type  est  la  Nais 
furcata. 

VIII.  Genre  Ophidonais,  P.  Gervais. 

Des  crochets  ventraux  ;  soies  latérales  fas- 
ciculées,  en  houppes  à  quelques  anneaux; 
des  ocelles  ;  corps  serpentiforme  subdéprimé, 
et  rappelant  un  peu  celui  des  Sangsues,  mais 
sans  ventouses  ni  appendices  terminaux. 

Deux  espèces  entrent  dans  ce  genre;  tou- 
tefois, on  doit  faire  observer  que  M.  Dugès 
les  réunit  avec  la  Nais  filiformis  Blainville, 
pour  n'en  faire  qu'une  seule  espèce. 

Nais  serpentina  Muller  (loco  citato).  — De 
l'Europe. 

Nais  vermicularis  Linné,  Gmelin,  Roësel, 
Blainville  {Encycl.  méthod. ,  pi .  52,  fig.  1  à  7) . 
Son  corps  est  long  de  2  lignes;  la  tête  est  un 
peuclaviforme;  les  soies  latérales  sont  fasci- 
culées;  celles  de  la  tête  forment  une  sorte  de 
barbe.  Se  trouve  dans  les  eaux  stagnantes  , 
attachée  aux  feuilles  de  la  Lentille  d'eau. 
Commune  partout. 

Quelques  autr,  ;  espèces  doivent  aussi  pro- 
bablement être  distinguées;  mais  elles  ne 
sont  pas  assez  bien  connues  pour  qu'on  ait 
cru  devoir  les  indiquer  ici;  nous  citerons 
seulement,  en  terminant,  la  Nais claviformis 
de  M.  Jars,  et  les  espèces  décrites  par  M.  Délie 
Chiaje.  (E.  Desmarest.) 

*KAIS  (nom  mythologique),  ins.  — 
M.  Rambur  (Névroplères  des  Suites  à  Buffon 
de  l'éditeur  Roret ,  1842)  indique  sous  ce 
nom  un  genre  de  Névroptères  de  la  famille 
des  Phryganiens,  qui  se  rapproche  beaucoup 
du  genre  Ilhynchophila  de  M.  Pictet.  Les  Nais, 
qui  ont  des  antennes  de  la  même  longueur 
que  les  ailes,  ne  comprennent  qu'une  seule 
espèce,  la  Nais  plicata  Rambur  (loco  citato), 
qui  se  trouve  aux  environs  de  Paris,  et  pa- 
raît avoir  quelque  rapport  avec  le  Rhyncho- 
phila  vulgaris  Pictet.  (E.  D.) 

NAISA  (  nom   mythologique),    polyp., 

i.  VIII. 


bryoz.  —  Dénomination  employée  par  La- 
mouroux  pour  désigner  le  même  genre  que, 
d'après  Lamarck ,  nous  nommons  Pluma- 
telle.  Voy.  ce  mot.  (Duj.) 

NAïSA,  Lamouroux.  annél.  —  Voy.  naïs 

et  PLUMATELLE.  (E.  D.) 

NAJA.  rept.  —  Laurenti  (Spécimen  me- 
dicum  exhibens  synopsis  Reptilium  emenda- 
tum,  1768)  avait  indiqué  sous  le  nom  de 
Naja  un  genre  de  Reptiles  ophidiens  ,  qui , 
adopté  par  G.  Cuvier  (Règ.  anim.  ),  et  sur- 
tout par  M.  Duméril  (Dict.  se.  nat.,  XXXIV, 
1825),  a  été  réuni  par  d'autres  naturalistes, 
tantôt  aux  Couleuvres,  et  tantôt  aux  Vi- 
pères. 

Les  caractères  des  Naja  sont  les  suivants  : 
des  crochets  à  venin  implantés  sur  les  os 
maxillaires  supérieurs  ,  et  cachés  ,  au  mo- 
ment du  repos,  dans  un  repli  de  la  gencive; 
mâchoires  très  dilatables  ;  langue  très  ex- 
tensible ;  tête  élargie  en  arrière ,  couverte 
de  grandes  plaques  ;  partie  du  corps  la  plus 
voisine  de  la  tête  dilatée  en  disque  par  le 
redressement  des  côtes  qui  la  soutiennent  ; 
queue  munie  en  dessous  d'un  double  rang 
de  plaques  et  à  extrémité  arrondie  ;  narines 
simples. 

Deux  espèces  entrent  dans  ce  groupe  : 
l'une  est  l'Hajé  ou  Aspic  des  anciens ,  et 
l'autre  est  la  Naja  vulgaire  ou  Vipère  à  lu- 
nette. Ces  espèces  sont  aussi  venimeuses 
qif aucune  autre;  il  n'est  pas  d'Ophidien 
dont  la  morsure  soit  plus  terrible  que  celle 
du  Naja  ;  il  n'en  est  pas  contre  lequel  les 
ressources  de  l'art  doivent  être  employées 
avec  plus  de  promptitude  et  de  soin.  Aussi 
a-t-on,  de  tout  temps,  indiqué  contre  ces 
blessures  des  remèdes  différents  et  nom- 
breux ;  mais  nous  ne  croyons  pas  devoir  en 
parler  ici,  renvoyant  ce  sujet  à  l'arLiele  vi- 
tère  (voy.  ce  mot).  Dans  l'Inde,  le  Naja  est 
respecté,  adoré  même,  comme  tous  les  objets 
de  la  crainte  des  peuples  ignorants.  Les  jon- 
gleurs, après  avoir  eu  le  soin  de  leur  arracher 
leurs  terribles  crochets,  s'en  vont  les  pro- 
menant de  ville  en  ville,  assurant  qu'ils  ont 
le  pouvoir  de  les  charmer,  et  vendant  des 
spécifiques  qui  ont,  selon  eux,  Je  pouvoir 
de  guérir  de  leurs  blessures. 

1°  La  Vipère  a  lunette  ,  Naja  vulgaris 
Dum.,  Coluber  nnfa  Linné,  Naja  lutescens 
Laurenti ,  Vipera  naja  Daudin.  Ses  couleurs 
sont  en  dessus  d'un  jaune  ou  brun  clair,  à 

72 


570 


NAJ 


reflets  d'un  bleuâtre  cendré  ;  l'abdomen  a 
des  plaques  longues ,  transverses ,  à  fond 
blanc  et  relevé  par  des  taches  rousses  dont 
le  nombre  varie  :  cette  espèce  doit  son  nom 
à  un  trait  noir,  qui  représente  avec  plus  ou 
moins  d'exactitude  une  lunette  au  dessus 
du  cou.  La  tête  est  courte,  ovale,  inclinée  à 
.l'extrémité,  déprimée  entre  les  yeux,  qui 
sont  petits,  quoiqu'un  peu  saillants  et  laté- 
raux; la  gueule  est  large,  armée  de  dents 
petites,  aiguës,  et  généralement  courbées  ; 
elle  est  redoutable  surtout  par  ses  crochets 
venimeux ,  dont  la  longueur  est  double  de 
celle  des  dents  ;  la  langue  est  longue,  exten- 
sible et  bifide;  le  corps  ,  long  de  4  pieds  , 
est  cylindrique  et  d'une  circonférence  de 
4  pouces  ;  les  écailles  qui  le  recouvrent  sont 
pelites,  ovales,  lisses. 

Cet  Ophidien  habite  la  côte  de  Coroman- 
del  ;  il  est  répandu  également  dans  beaucoup 
de  régions  de  l'Inde ,  et  y  forme  un  grand 
nombre  de  variétés  qui  ont  reçu  des  noms 
différents.  Il  a  beaucoup  de  courage  et  de 
force,  et  sa  morsure,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit,  est  terrible.  Lorsqu'il  est  tranquille,  le 
diamètre  de  son  corps  ne  dépasse  pas  celui 
de  la  tête  ;  mais  lorsqu'une  cause  quelconque 
l'agite  ou  l'irrite ,  lorsqu'un  danger  le  me- 
nace ou  qu'il  aperçoit  une  proie  ,  cette  ré- 
gion se  gonfle,  et  constitue  alors  une  sorte 
de  large  collier. 

2°  L'Haje  ou  Aspic  ,  Naja  haje  Dum. 
(  Coluber  haje  Linné,  Vipera  haje  Daudin  ), 
figuré  dans  l'atlas  de  ce  Dictionnaire, 
Reptiles,  pi.  12,  fig.  2.  Sa  taille  est  de 
65  centim.  ;  sa  couleur  verdâtre  est  marquée 
de  taches  brunâtres;  ses  écailles  sont  pe- 
tites, hexagonales,  imbriquées;  les  plaques 
abdominales  sont  au  nombre  de  plus  de 
deux  cents  et  entières  ;  le  dessous  de  la 
queue  est  garni  de  plus  de  cent  demi-pla- 
ques ;  le  cou  est  extensible. 

La  morsure  de  cette  espèce  est  très  dan- 
gereuse, et  cause  presque  instantanément  la 
mort.  Les  anciens  ont  dit  que  cette  blessure 
ne  causait  aucune  douleur  ;  qu'elle  détermi- 
nait seulement  un  sommeil  léthargique,  et 
qu'elle  était  si  fine  qu'il  n'en  restait  aucune 
trace  :  ce  qui  est  certain,  c'est  que  son  venin 
est  plus  délétère  que  celui  des  Serpents  de 
nos  climats.  Lorsque  l'Aspic  est  provoqué,  il 
gonfle  fortement  son  cou,  redresse  sa  tête, 
et  s'élance  d'un  seul  bond.  Malgré  ses  pro- 


NAN 

priâtes  malfaisantes,  et  de  même  que  l'es- 
pèce précédente,  l'Haje  a  été  l'objet  du  culte 
des  hommes.  Les  Égyptiens  en  faisaient 
l'emblème  de  la  divinité  protectrice  du 
monde;  les  jongleurs  de  ce  pays  le  colpor- 
tent comme  le  Naja  à  lunette.  Ceux  du  Caire 
ont,  dit- on  ,  le  secret,  en  leur  pressant  la 
nuque,  de  les  plonger  dans  une  espèce  de 
catalepsie  qui  les  retient  debout  ■  ils  les  mon- 
trent ainsi  pour  quelques  pièces  de  monnaie. 

(E.  D.) 

NAJAS,  bot.  ph.  —  Voy.  naïade. 

NAMA.  bot.  pu. — Genre  de  la  famille 
des  Hydroléacées ,  établi  par  Linné  (  Gen.  , 
n.  317).  Herbes  ou  arbrisseaux  de  l'Amé- 
rique tropicale.  Voy.  hydroléacées. 

*NAMACUS  (de  deux  mots  hébreux: 
mac,  saleté;  namac ,  sentir  mauvais). 
ins.  — Genre  d'Hétéroptères  géocorises  créé 
par  MM.  Amyot  et  Sei\\\\e  {Hémipt.,  Suites 
à  Buffon-Roret). 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe, 
c'est  le  Namacus  transvirgatus  Amyot  et 
Serv.  {loc.  cit.),  de  Surinam.        (E.  D.) 

NAMAQUOIS.  ois.  —  Ce  nom  a  été 
donné  à  des  Oiseaux  des  genres  Ganga,  Soui- 
Manga  et  Promerops.  Voy.  ces  mots.  (E  D  ) 

*NANANTHEA  (  v*vo5 ,  nain;  âv0o5  , 
fleur),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Composées  -  Sénécionidées ,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  VI,  4r>).  Petites  herbes  des 
différentes  mers  du  globe.  Voy.  composées. 

NANDHIROBA  ,  Plum.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Fevillea,  Linn. 

NANDHÏROBÉES.  Nandhirobeœ.  bot. 
ph.  —  Tribu  de  la  famille  des  Cucurbita- 
cées.  Voy.  ce  mot. 

NANDINA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Berbéridées ,  établi  par  Thunberg 
{Nov.  gen.,  I,  14),  et  dont  les  principaux 
caractères  sont  :  Calice  à  plusieurs  folioles, 
imbriquées  sur  six  côtés  et  décidues.  Corolle 
à  6  pétales  hypogynes,  oblongs,  concaves, 
crénelés  à  la  base,  plus  longs  que  le  calice  , 
caducs.  Étamines  6,  hypogynes,  opposées 
aux  pétales  ;  filets  très  courts  ;  anthères 
dressées,  à  2  loges  s'ouvrant  longitudinale- 
ment.  Ovaire  oblong,  à  une  seule  loge  ren- 
fermant 2  ovules.  Style  terminal  court,  tri- 
gone  ;  stigmate  obtus.  Baie  unlloculaire, 
disperme  ou  monosperme  par  avortement. 

Les  Nandina  sont  des  arbrisseaux  glabres, 
à  feuilles  alternes ,  composées  de  nombreu- 


NAN 


NAN 


571 


«es  folioles  entières,  ovales-lancéolées,  réu- 
nies trois  par  trois,  et  terminées  par  un  pé- 
tiole qui  forme  à  la  base  une  espèce  de  gaîne 
articulée,  et  renflée  au  point  des  ramifica- 
tions; à  fleurs  blanches,  bractéées,  dispo- 
sées en  panicules  terminales;  à  baies  rouges. 
Ces  plantes  sont  originaires  de  l'Inde,  du 
Japon  et  de  la  Chine ,  où  elles  sont  très  ré- 
pandues. 

La  Nandina  domestica,  unique  espèce  de 
ce  genre,  est  assez  fréquemment  cultivée  en 
France,  où  elle  supporte  aisément  la  pleine 
terre.  On  la  multiplie  par  le  moyen  des 
drageons  que  fournissent  les  racines  et  de 
boutures.  (J.) 

NANDOU,  ois.  —  Le  Nandou,  placé 
pendant  très  longtemps  comme  simple  es- 
pèce du  groupe  des  Autruches  (voy.  ce  mot), 
est  devenu,  sous  la  dénomination  de  Rhea, 
pour  Brisson,  Latham,  Lesson,  et  la  plupart 
des  ornithologistes,  un  genre  distinct  de 
l'ordre  des  Échassiers  de  Cuvier,  et  de  celui 
des  Coureurs  ou  Cursores  de  M.  de  Blain- 
ville.  Les  principaux  caractères  de  ce  genre 
sont  les  suivants  :  Bec  droit,  court,  mou, 
déprimé  à  la  base,  un  peu  comprimé  à  la 
pointe,  qui  est  obtuse  et  onguiculée;  man- 
dibule inférieure  très  déprimée,  flexible,  ar- 
rondie vers  l'extrémité;  fosse  nasale  grande, 
prolongée  jusqu'au  milieu  du  nez;  narines 
placées  de  chaque  côté  du  bec  et  à  sa  sur- 
face, grandes,  fendues  longitudinalement  et 
ouvertes;  pieds  longs,  assez  forts  et  ro- 
bustes ;  trois  doigts  dirigés  en  avant,  les  la- 
téraux égaux  ;  ongles  presque  d'égale  lon- 
gueur, comprimés,  arrondis,  obtus;  tibia 
emplumé;  une  nudité  très  petite  au-dessus 
du  genou  ;  ailes  propres  au  vol  ;  phalanges 
garnies  de  plumes  plus  ou  moins  longues, 
et  terminées  par  un  éperon.  On  a  pu  voir 
par  cette  caractéristique  que  les  Nandous 
ne  diffèrent  pas  d'une  manière  très  nota- 
ble des  Autruches;  un  seul  caractère  sert  à 
les  différencier  d'une  manière  complète  : 
chez  les  Nandous  il  y  a  toujours  trois  doigts  en 
j  avant,  tandis  que  dans  les  Autruches  il  n'y  a 
'  que  deux  doigts  placés  de  la  même  manière. 
Le  Nandou,  Rhea  Americana  Latham  ,  a 
reçu  différents  noms ,  tels  que  ceux  de 
Nandu,  Autruche  d'Amérique,  Autruche  de 
Magellan,  Autruche  d'Occident,  Autruche 
de  la  Guiane,  etc.  Le  Nandou  est  beaucoup 
plus  petit  que  l'Autruche  vulgaire  ;  il  at- 


teint environ  lm,  60  de  hauteur;  les  fe- 
melles sont  un  peu  plus  petites  que  les 
mâles.  Les  parties  supérieures  du  corps 
sont  d'un  gris  cendré  bleuâtre  ;  le  sommet 
et  le  derrière  de  la  tête  sont  noirâtres  ; 
une  bande  noire,  commençant  à  la  nuque, 
descend  sur  la  partie  postérieure  du  cou, 
qu'elle  entoure,  en  s'élargissant  vers  les 
épaules;  les  scapulaires  sont  cendrées  ;  les 
plumes  des  ailes  sont  également  cendrées  , 
les  plus  grandes  blanches  à  leur  origine  et 
noirâtres  au  milieu,  quelques  unes  entière- 
ment blanches  ;  les  parties  inférieures  du 
corps  sont  blanchâtres;  le  bec  et  les  pieds 
d'un  gris  rougeâtre  ;  un  éperon  se  remar- 
que au  poignet.  Les  femelles  ont  moins  de 
noir  à  l'origine  du  cou  que  les  mâles. 

Ces  Oiseaux  ne  pénètrent  jamais  dans  les 
bois;  les  plaines  découvertes  sont  les  seuls 
lieux  où  on  les  trouve  ;  ils  vont  ordinaire- 
ment par  paires,  et  quelquefois  en  troupes 
assez  nombreuses,  mais  seulement  dans  les 
contrées  où  on  ne  les  chasse  pas  ;  car,  dans 
celles  où  ils  sont  poursuivis,  ils  fuient  de  si 
loin,  et  leur  course  est  si  rapide,  qu'on  ne 
peut  que  très  difficilement  les  atteindre, 
même  avec  de  bons  chevaux.  Les  chasseurs 
qui  parviennent  à  les  arrêter  avec  une  sorte 
de  collet,  formé  de  trois  pierres  grosses 
comme  le  poing,  et  attachées  par  des  cordes 
à  un  centre  commun  ,  doivent  encore  avoir 
attention  d'éviter  leurs  ruades.  Les  Nandous 
étendent  leurs  ailes  en  arrière  lorsqu'ils 
courent,  et  pour  tourner  et  tâcher  démettre 
les  chasseurs  en  défaut  par  des  crochets , 
ils  ouvrent  une  aile  et  la  présentent  au 
vent.  Lorsqu'ils  sont  tranquilles,  leur  dé- 
marche est  grave,  leur  cou  élevé  et  leur  dos 
arrondi.  Ils  se  nourrissent  de  graines  et 
d'herbes  qu'ils  coupent  très  près  de  la  ra- 
cine. Les  Nandous,  qui  ne  paraissent  jamais 
boire,  sont  de  bons  nageurs ,  et  traversent 
les  rivières  et  les  lagunes  mêmes  sans  être 
poursuivis. 

A  l'époque  de  leurs  amours,  vers  le  mois 
de  juillet,  les  mâles  poussent  des  gémisse- 
ments qui  ressemblent  à  ceux  des  Vaches. 
Leur  nid  consiste  en  un  creux  large,  mais 
peu  profond,  qui  est  pratiqué  naturellement 
en  terre,  et  dans  lequel  ils  apportent  quel- 
quefois un  peu  de  paille.  Les  femelles  com- 
mencent leurs  pontes  à  la  fin  d'août,  et 
ellos  déposent,  dit-on,  à  trois  jours  d'inter- 


572 


NAN 


NAN 


valle,  un  œuf  dans  le  nid,  et  le  nombre  des 
pontes  peut  être  porté  à  seize  ou  dix-sept. 
Les  œufs  ,  d'un  blanc  jaunâtre  et  dont  la 
surface  est  très  lisse  ,  ont  cinq  pouces  et 
plus  de  diamètre,  et  ils  sont  de  la  même 
grosseur  aux  deux  bouts;  un  seul  nid  en 
contient,  assure-t-on,  quelquefois  soixante- 
dix  à  quatre-vingt,  et  ce  fait  s'explique  en 
ce  que  plusieurs  femelles  viennent  pondre 
dans  le  même  nid.  D'Azara  prétend  que  le 
mâle  seul  se  charge  de  couver  les  œufs,  de 
conduire  et  de  protéger  les  petits;  il  dit 
aussi  que  le  mâle  sépare  quelques  œufs, 
qu'il  casse  au  moment  où  les  petits  éclo- 
sent,  afin  que  les  Insectes  qui  s'y  réunis- 
sent leur  servent  de  pâture  aux  premiers 
moments  de  leur  existence.  Ces  Oiseaux 
sont  susceptibles  d'être  amenés  à  l'état  de 
domesticité;  mais  le  peu  de  saveur  de  leur 
chair,  surtout  de  celle  des  adultes,  car  la 
chair  des  jeunes  paraît  tendre  et  d'assez 
bon  goût ,  et  surtout  leur  esprit  de  domi- 
nation sur  les  autres  habitants  des  basses- 
cours,  les  ont  fait  jusqu'ici  dédaigner  assez 
généralement.  Les  jeunes  Nandous  que  l'on 
nourrit  dans  les  maisons  ne  tardent  pas  à 
devenir  familiers;  ils  entrent  dans  les  di- 
vers appartements  et  marquent  beaucoup 
de  curiosité;  ils  se  promènent  aussi  dans 
les  rues,  et  quoique  souvent  ils  s'écartent 
beaucoup  dans  la  campagne,  ils  retournent 
au  logis,  où  on  leur  donne  du  pain,  du 
grain  et  d'autres  nourritures;  ils  avalent 
aussi  de  petites  pierres  et  même  des  mor- 
ceaux de  métal  qu'ils  rencontrent. 

Les  habitants  du  Paraguay  dépouillent  le 
cou  et  une  partie  de  la  poitrine  des  Nandous, 
et  après  avoir  assoupli  la  peau  et  l'avoir  cou- 
sue, ils  en  font  des  bourses;  ils  envoient  en 
Espagne  les  pennes  des  ailes  dont  les  barbes 
sont  désunies  ,  pour  en  faire  des  panaches 
et  des  houssoirs.  Les  tuyaux  ne  peuvent 
servir  pour  l'écriture  ,  mais  on  les  teint  en 
incarnat  ou  en  bleu  ;  on  les  coupe  en  pe- 
tites bandelettes,  et  on  en  fait  des  fouets. 

Les  Nandous  habitent  les  vallées  les  plus 
froides  du  Brésil,  du  Chili ,  du  Pérou  et  de 
Magellan. 

Dans  ces  derniers  temps,  une  seconde  es- 
pèce de  ce  genre  a  été  signalée  par  les  na- 
turalistes; elle  est  également  américaine, 
et  c'est  particulièrement  en  Patagonie  qu'on 
la  rencontre.  (E.  D.) 


NANDU.  ois. —  Voy.  nandou. 

*JVANDUS.  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Acanthoptérygiens,  famille  des  Percoïdes,  à 
dorsale  unique,  à  six  rayons  branchiaux, 
établi  par  MM.  G.  Cuvier  et  Valenciennes 
(Hist.  des  Poiss.,  t.  VII,  p.  481),  qui  le 
rangent  près  des  Hélotes.  Ses  principaux 
caractères  sont:  Bouche  très  protractile, 
munie  de  dents  en  velours  ras  très  fin  aux 
deux  mâchoires,  aux  palatins  et  au  chevron 
du  vomer.  Le  préopercule  et  l'interoper- 
cule  ont  le  bord  finement  dentelé. 

On  ne  connaît  encore  qu'une  espèce  de 
ce  genre,  le  Nandus  mabbré  ,  Nandus  rnar- 
moratus  Cuv .  et  Val.  (Coius  nandus  Ham., 
Buch.),  commun  dans  les  étangs  du  Ben- 
gale. (M.) 

NANGUER.  mam.  —  Espèce  du  grand 
genre  Antilope.  Voy.  ce  mot.        (E.  D.) 

*NANNISCUS  ( vavt<xxoç,  petit  gâteau). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages  (Systellochèles),  créé 
par  Burmeister  (Handbuch  der  entomologie, 
1844,  p.  137).  L'auteur  ne  fait  mention 
que  d'une  espèce,  le  N.  pulicarius  (Diche- 
lus,  Dej.),  B.,  originaire  de  l'Afrique  aus- 
trale. (C.) 

*I*ANNOPHYA  (vavo9v>jç,  très  petit). 
uns. —  Genre  de  Névroptères  de  la  famille 
des  Libelluliens,  créé  par  M.  Rambur  (  Né- 
vroptères des  Suites  à  Duffon  de  l'éditeur 
Roret,  1842),  et  remarquable  principalement 
par  ie  petit  nombre  d'aréoles  qui  divisent 
les  ailes. 

Une  seule  espèce  ,  le  Nann.  pygmœa 
Rambur  (loco  citato),  et  la  plus  petite  de 
toutes  les  Libellules,  entre  dans  ce  genre.  On 
ne  sait  la  patrie  de  cet  Insecte,  qui  fait  par- 
tie de  la  collection  de  M.  Audinet-Serville. 

(E.  D.) 

NAftODEA  (vavwtîvjî,  nain),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Santalacées,  établi 
par  Bancks  (apud  Gœrtn.J.  III,  251 ,  t.  225). 
Herbes  de  Magellan.  Voy.  santalacées. 

*NANODES.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Orchidées-Vandées  ,  établi  par 
Lindley  (in  Bot.  Reg.,  t.  1541).  Herbes  du 
Brésil.  Voy.  orchidées. 

*NANODES.  ins.— Schœnherr,  qui  avait 
donné  ce  nom  à  un  genre  de  Curculionides, 
l'a  changé  en  Nanophyes ,  le  premier  ayant 
été  antérieurement  employé.  (C.) 


NAP 


NAR 


573 


*NANODES  [vxvaSxiç,  nain),  ois. — 
MM.  Vigors  et  Horsûeld  (Linn.  Transac, 
1826)  indiquent  sous  ce  nom  un  petit 
groupe  de  Perroquets.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 
*NA!\OPHYES  (vavcxpvv?;,  qui  a  la  hau- 
teur d'un  nain),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères tétramères,  famille  des  Curculionides 
gonatocères ,  division  des  Cionides,  substi- 
tué par  Schœnherr  {Gênera  et  sp.  Cnrculion. 
syn.,  tom.  4,  p.  780-8,  2,  p.  191)  à  celui 
de  Nanodes ,  qui  avait  été  antérieurement 
employé.  18  espèces  rentrent  dans  ce  genre  ; 
16  sont  originaires  d'Europe  et  deux  d'Afri- 
que (cap  de  Bonne-Espérance).  Nousciter-ons 
comme  en  faisant  partie  les  N.  lythri  F., 
pallidus,  semi-sphœricus  01.,  armatus  Sch. 
et  annulatus  Ch.  Le  premier  se  trouve  aux 
environs  de  Paris  sur  le  Lythrum  salicaria, 
et  varie  considérablement  pour  les  dessins  et 
la  couleur.  Mégerle,  Dahl  et  Stephens  ont 
donné  à  ces  Insectes  le  nom  générique  de 
Sphœrula.  (G.) 

*JVANOPHYTUM  (  »«'voç ,  nain  ;  «p^v  , 
plante),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Chénopodées  -Salsolées,  établi  par  Lessing  (in 
Linnœa,  IX,  197).  Sous-arbrisseaux  des  bords 
de  la  mer  Caspienne.  Voy.  chénopodées. 

*NANTHILDA.  ins.  —Genre  de  l'ordre 
des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu  des  Pyra- 
lides,  établi  par  M.  Blanchard  (  Hist.  des 
Ins. ,  Buffon-Duméril),  qui  n'en  décrit  qu'une 
seule  espèce,  N.  ernestinana.  Elle  provient 
de  Savannah,  en  Géorgie  (Amérique  boréale), 
et  fait  partie  de  la  collection  du  Muséum 
d'histoire  naturelle.  (L.) 

*NANUS  (vavo;,  nain),  ins.  —Genre  de 
Coléoptères  tétramères,  famille  des  Curcu- 
lionides gonatocères,  division  des  Apostasi- 
méridescholides,  créé  par  Schœnherr  (Gcn. 
et  sp.  Curcuhon.  Syn. ,  t.  VIII ,  1,  p.  89  ). 
L'auteur  en  fait  connaître  deux  espèces, 
les  N.  uniformis  et  punctellus  S.  La  pre- 
mière est  originaire  de  Porto-Ricco  et  l'au- 
tre de  la  Nouvelle-Grenade.  (C.) 

NAPJSA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Malvacées,  réuni  par  presque  tous  les 
auteurs  au  genre  Sida.  Voy.  ce  mot. 

NAPEL.  bot.  ph.  —  Nom  d'une  espèce 
d'Aconit.  Voy.  ce  mot. 

NAPHTE.  min.  —  Variété  de  Bitume. 
Voy.  bitume. 

NAPOLEONA  (  plante  dédiée  à  l'empe- 
reur Napoléon),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 


mille des  Napoléonées  (détachée  des  Ébéna- 
cées),  établi  par  Palîsot  de  Beauvois  (Flor, 
owar.y  II,  29,  t.  78).  Arbrisseau  d'Oware. 

Voy.   NAPOLÉONÉES. 

NAPOLÉONÉES.  Napoleoneœ.  bot.  ph. 
—  Petite  famille  établie  aux  dépens  des 
Ebénacées  (  Endl. ,  Gen.  plant.,  p.  745, 
n.  4262),  et  dont  les  principaux  caractères 
sont:  Calice  monosépale,  persistant,  adhé- 
rent à  l'ovaire,  à  limbe  divisé.  Corolle  mo- 
nopétale, caduque,  plissée.  Étamines  5  ou 
plus,  insérées  à  la  base  de  la  corolle,  libres 
ou  polyadelphes  ;  anthères  à  2  loges  s'ou- 
vrant  longitudinalement.  Ovaire  infère,  à 
unje  seule  loge.  Style  simple;  stigmate  an- 
guleux et  lobé.  Baie  charnue,  uniloculaire, 
couronnée  par  le  limbe  du  calice.  Graines 
nombreuses,  revêtues  d'une  pulpe. 

Les  végétaux  que  renferme  cette  famille 
sont  des  arbustes  à  feuilles  alternes,  simples, 
dépourvues  de  stipules  ;  à  fleurs  solitaires 
et  axillaires. 

Deux  genres  seulement  constituent  la 
famille  des  Napoléonées;  ce  sont  les  Asie- 
ranthos,  Desfont.,  du  Brésil;  et  Napoleona, 
Palis.  Beauv.  ,  de  la  côte  occidentale  de 
l'Afrique. 

NAPOLIER.  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
de  la  Bardane. 

*  NAPOPJIIL  A  ( vxnr»  forêt;  cn'Àew,  j'ai- 
me), ois.  —  M.  ITodgson  (  J.  As.  Soc.  Beag., 
1841)  donne  ce  nom  à  un  genre  d'Oiseaux 
de  la  famille  des  Méropidées,  et  qui  est  très 
voisin  du  genre  des  Guêpiers.  Voy,  ce  mot. 

(E.  D.) 

*IVAPOTOERA  (  vaV/,,  forêt;  QnPza>,  je 
chasse),  ois. —  Genre  d'Oiseaux  de  la  famille 
des  Lanidées,  créé  par  M.  Boié  (S.  Muller, 
Tiedscli.  nat.  Gesch.  1825),  et  assez  voisin  du 
genre  Pie-Grièche.  Voy.  ce  mot.     (E.  D.) 

NAPUS.  bot.  ph.  —  Nom  latin  du  Navet. 
Voy.  choux. 

NARAVELIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Renonculacécs ,  tribu  des  Clé- 
matidées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.ï, 
10:  Syst.l,  167).  Sous-arbrisseaux  grim- 
pants  de  l'Asie  tropicale.    Voy.   renoncu- 

LACÉES. 

NARAWAEL,  Herm.  (Zcylan.,  26).  bot. 
ru.  —  Syn.  de  Naravelia,  DC. 

NARCISSE,  ois.  — Nom  d'une  Perruche 
dans  le  grand  groupe  des  Perroquets.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 


574 


NAR 


NAR 


1» \A P.C ISSE.  Nareissus.  bot.  ph.  (nom  my- 
thologique), bot.  ph.  —  Grand  et  beau  genre 
de  la  famille  des  Amaryllidées ,  tribu  des 
Narcissées,  del'Hexandrie  monogynie  dans  le 
système  sexuel  de  Linné.  Sa  circonscription 
est  généralement  conservée  telle  que  Linné 
l'avait  établie;  néanmoins,  dans  ces  derniers 
temps ,  deux  botanistes  anglais  ont  proposé 
de  lesubdiviser  en  plusieurs  genres  distincts; 
mais  les  caractères  sur  lesquels  reposent 
leurs  coupes  génériques  n'ont  pas  semblé 
suffisants  pour  en  déterminer  l'adoption  au- 
trement qu'à  titre  de  sous-genres.  Ainsi  Sa- 
lisbury  {Horticult.  Transact.l,  pag.  243  et 
suiv.)  avait  établi ,  sans  les  caractériser,  aux 
dépens  des  Narcisses  de  Linné,  les  genres 
Ajax,  Corbularia,  Queliïa,  Ganyrnedes, 
Phylogyne,  Hermione,  Nareissus.  Plus  tard 
Haworth,  dans  sa  Révision  des  Narcisses 
[in  Supplem.  plantar.  succulent.  1819, 
pag.  111-152)  ajouta  le  genre  Schizanthes, 
et  il  compléta  cette  division  dans  le  Philoso- 
phical  magazine  (  décembre  1823  et  février 
1824  )  par  la  formation  des  genres  Diomedes 
et  Chloraster.  A  l'exemple  de  la  plupart  des 
botanistes  modernes ,  nous  ne  considérerons 
ici  ces  coupes  que  comme  de  simples  sous  - 
genres,  et  nous  adopterons  le  genre  Nar- 
cisse avec  les  limites  que  lui  assignait  Linné. 
Ainsi  envisagé ,  ce  genre  se  compose  de  plan- 
tes herbacées,  croissant  dans  le  bassin  de  la 
Méditerranée,  dont  le  bulbe  à  tuniques 
émet  une  hampe  cylindrique  ou  anguleuse, 
terminée  par  une  ou  plusieurs  fleurs  blan- 
ches ou  jaunes  qu'entoure  ,  avant  leur  épa- 
nouissement, une  spathe  monophylle.  Ces 
fleurs  se  composent  :  d'un  périanthe  co- 
rollin,  adhérent  à  sa  base,  dont  le  tube  , 
droit  et  presquecylindrique,  porte  à  sa  gorge 
une  couronne  entière  ou  lobée,  ordinaire- 
ment plus  courte,  parfois  plus  longue  que 
lui  ;  le  limbe  de  ce  périanthe  est  divisé  pro- 
fondément en  six  lobes  égaux,  étalés  ou  ré- 
fléchis; de  sixétamines  incluses ,  inséréesau 
haut  du  tube,  au-dessous  de  la  couronne, 
en  deux  rangées;  d'un  pistil  à  ovaire  adhé- 
rent, triloculaire,  multi-ovulé.  A  ces  fleurs 
succède  une  capsule  triloculaire,  marquée 
de  trois  angles  obtus  ,  à  déhiscence  loculi- 
cide,  renfermant  un  nombre  variable  de 
graines  revêtues  d'un  test  noir,  rugueux. 

Environ  20  espèces  de  ce  beau  genre  ap- 
partiennent à  la  Flore  française,  et  parmi 


elles,  plusieurs sontextrêmement  répandues 
dans  les  jardins  comme  plantes  d'ornement. 
Ne  pouvant  décrire  ici  toutes  ces  plantes , 
nous  nous  arrêterons  seulement  sur  les  plus 
communes  et  les  plus  remarquables  d'entre 
elles. 

1 .  Narcisse  odorant,  Nareissus  {Phylogyne) 
odorus  Linn.  Ce  Narcisse  croît  spontané- 
ment dans  les  prairies  de  nos  département 
de  l'Ouest  et  du  Midi;  il  est  fréquemment 
cultivé  dans  les  jardins,  où  on  le  connaît  sous 
le  nom  vulgaire  de  grosse  Jonquille.  Ses 
feuilles  sont  linéaires,  demi-cylindriques, 
canaliculées  à  leur  côté  supérieur,  vertes  ;  sa 
hampe  cylindrique  s'élève  le  plus  souvent  à 
3-4  décimètres  ;  elle  porte  4  ou  5  fleurs  d'un 
jaune  jonquille  ,  grandes,  d'une  odeur  très 
suave,  dans  lesquelles  la  couronne  est  cam- 
panulée,  divisée  en  6  lobes,  à  peu  près  de 
moitié  plus  courte  que  les  6  divisions  du 
limbe  qui  sont  de  forme  ovale.  Cette  plante 
se  cultive  soit  en  pleine  terre  ,  et  alors  elle 
doit  être  couverte  pendant  les  froids  de  l'hi- 
ver, soit  en  pots  et  même  sur  des  carafes. 

2.  Narcisse  jonquille  ,  Nareissus  (  Her- 
mione) Junquilla  Lin.  Cette  jolie  plante,  si 
commune  dans  les  jardins  ,  croît  naturelle- 
ment dans  les  lieux  incultes,  particulière- 
mentdans  les  garriguesde  nos  départements 
méditerranéens.  Son  bulbe  est  petit;  ses 
feuilles  sont  vertes,  subulées ,  demi-cylin- 
driques; sa  hampe  ,  cylindrique,  porte  2  à 
6  fleurs  d'un  beau  jaune  et  d'une  odeur 
suave,  dans  lesquelles  la  couronne,  à  large 
ouverture,  est  entière  à  son  bord  ;  les  divi- 
sions du  limbe  sont  ovales,  trois  fois  plus 
longues  que  la  couronne  et  de  moitié  plus 
courtes  que  le  tube.  On  cultive  une  variété 
à  fleurs  doubles  du  Narcisse-Jonquille. Cette 
plante  se  cultive  en  pleine  terre  ;  elle  de- 
mandeun  sol  léger.  On  la  plante  au  mois  de 
septembre;  elle  fleurit  au  mois  d'avril. 
L'arôme  de  ses  fleurs  est  un  parfum  d'un 
emploi  fréquent  dans  la  parfumerie. 

3.  Narcisse  tazette  ,  Nareissus  (  Her- 
mione) tasetta  Lin.  ;  vulgairement  Narcisse 
à  bouquet.  Cette  espèce  ,  très  commune  dans 
les  prairies  de  nos  départements  méditerra- 
néens, est  très  répandue  dans  les  jardins,  où 
elle  a  donné  plusieurs  variétés.  Son  bulbe 
est  gros  et  ovoïde;  ses  feuilles,  à  peu  près 
planes,  sont  d'un  vert  glauque,  linéaires- 
élargies,   obtuses    au  sommet;  sa  hampe, 


NAR 


NAR 


marquée  de  deux  angles  longitudinaux,  fai- 
blement saillants,  s'élève  à  environ  4  déci- 
mètres, et  se  termine  par  des  fleurs  au  nom- 
bre de  4  à  10  ,  d'un  jaune  pâle  avec  la  cou- 
ronned'un  jaunevif,  odorantes  ;  les  divisions 
de  leur  limbe  sontlancéolées-ovales ,  aiguës, 
plus  courtes  que  le  tube  ;  leur  couronne,  en- 
tière à  son  bord ,  est  en  forme  de  coupe  res- 
serrée à  son  orifice.  Dans  les  jardins  on  pos- 
sède plusieurs  variétés  de  cette  espèce,  parmi 
lesquelles  l'une  des  plus  remarquables  est 
celle  qui  porte  le  nom  de  Narcisse  de  Con- 
slantinople;  certaines  de  ces  variétés  sont  à 
fleur  simple  ,  d'autres  à  fleur  double  ;  gé- 
néralement elles  se  distinguent  de  la  plante 
spontanée  par  leurs  fleurs  plus  grandes  et 
plus  nombreuses. 

4.  Narcisse  des  poètes,  Narcissus  poeti- 
cus  Linn.  Cette  belle  espèce  croît  dans  les 
prairies  de  presque  toute  la  France.  Son 
bulbe  est  ovoïde- allongé;  ses  feuilles,  pres- 
que planes,  sont  d'un  vert  un  peu  glauque, 
linéaires-larges,  obtuses  au  sommet,  à  peu 
près  de  môme  longueur  que  la  hampe  ; 
celle-ci  s'élève  à  3-4  décimètres  ;  elle  est 
striée,  à  2  angles  longitudinaux  peu  mar- 
qués, et  se  termine  par  une  seule  fleur  d'un 
beau  blanc  pur,  d'une  odeur  agréable,  dont 
la  couronne,  très  courte  et  rotacée ,  a  le 
bord  crénelé  ,  rouge-pourpre;  les  divisions 
du  périanthe  sont  ovales,  presque  obtuses 
au  sommet.  Ce  Narcisse  est  fréquemment 
cultivé  pour  l'ornement  des  jardins;  il  de- 
mande une  terre  légère.  On  le  multiplie  de 
graines,  ou  surtout  de  caïeux.  Par  la  cul- 
ture, ses  fleurs  doublent  facilement,  et 
dans  ce  cas  sa  couronne  disparaît.  Cette  es- 
pèce jouissait  chez  les  anciens  d'une  grande 
réputation ,  à  cause  des  propriétés  éméti- 
ques  de  son  bulbe;  ils  administraient  ce 
bulbe  lui-même  cuit,  ou  bien  ils  employaient 
l'eau  dans  laquelle  ils  l'avaient  fait  cuire. 
Au  reste,  ces  propriétés  ne  sont  pas  propres 
aux  bulbes  de  cette  espèce:  ceux  de  plu- 
sieurs espèces  de  ce  genre  agissent  de  la 
même  manière,  ainsi  que  l'a  reconnu  sur- 
tout M.  Loiseleur-Deslongchamps,  dont  les 
travaux  ont  beaucoup  contribué  à  éclairer 
l'histoire  botanique  de  ces  plantes  et  à 
faire  connaître  leurs  propriétés  (voy.  Loi- 
sel.,  Mém.  de  VlnstiL,  Sav.  étrang.,  II, 
502).  Cet  observateur  a  même  reconnu 
que  le  Narcisse  odorant  l'emporte  sur  ce- 


lui des  poètes  quant  à  l'énergie  de  son 
action. 

5.  Narcisse  faux  -  narcisse  ,  Narcissus 
pseudonarc issus  Linn.;  vulgairement  Nar- 
cisse des  prés,  Aiault ,  Porion.  C'est  à  peu 
près  la  plus  commune  de  nos  espèces  indi- 
gènes; elle  croît  dans  les  bois  et  les  prairies 
de  presque  toute  la  France  ;  elle  est  aussi 
cultivée  dans  presque  tous  les  jardins ,  au 
moins  sa  variété  à  fleurs  doubles.  Ses 
feuilles  sont  presque  planes,  d'un  vert 
glauque  ,  linéaires-larges  ,  obtuses  au  som- 
met ;  sa  hampe  est  striée,  un  peu  compri- 
mée,  haute  de  3  décimètres;  elle  se  ter- 
mine par  une  fleur  jaune,  dont  la  couronne, 
campanulée,  ondulée  et  étalée  à  son  bord, 
égale  en  longueur  les  divisions  du  périanthe 
qui  sont  planes  et  ovales.  Cette  espèce  par- 
tage les  propriétés  émétiques  de  ses  congé- 
nères à  un  degré  assez  éminent  pour  que 
M.  Loiseleur-Deslongchamps  ait  essayé, 
pendant  le  blocus  continental,  de  la  substi- 
tuer à  l'Ipécacuanha.  Cependant,  les  expé- 
riences faites  par  cet  observateur  lui  on 
prouvé  que  le  Narcisse  faux -narcisse  est 
inférieur  à  cet  égard  au  Narcisse  odorant. 
Deux  médecins  de  Valenciennes  ont  avancé 
que  les  propriétés  émétiques  existent  très 
prononcées  dans  les  fleurs  de  l'espèce  qui 
nous  occupe,  et  ils  ont  conseillé  d'en  em- 
ployer la  poudre  ou  l'extrait;  au  contraire, 
d'autres  médecins  ont  nié  formellement 
l'existence  de  ces  propriétés:  de  telle  sorte 
que  la  solution  de  cette  question,  au  reste 
d'un  intérêt  secondaire  dans  l'état  actuel 
des  choses ,  exigerait  de  nouvelles  expé- 
riences. On  connaîtd'une  manière  plus  posi- 
tive l'action  antispasmodique  de  ces  fleurs  , 
dans  lesquelles  M.  Loiseleur-Deslongchamps 
a  cru  également  reconnaître  la  propriété 
fébrifuge  à  un  degré  assez  haut  pour  qu'il 
fût  possible,  selon  lui,  d'en  tirer  un  parti 
avantageux. 

Outre  les  5  espèces  de  Narcisses  qui  vien- 
nent de  nous  arrêter  quelques  instants,  il 
en  est  encore  quelques  autres  que  l'on  ren- 
contre assez  souvent  dans  les  jardins,  mais 
dont  il  nous  est  impossible  de  nous  occuper 
ici.  (P.  D.) 

NARCïSSÉES.  Narcisscœ.  bot.  pu.  — 
Sous-ordre  de  la  famille  des  Amaryllidées. 
Voy.  ce  mot. 

NARCISSUS.  eot.   ph.  —  Voy.  narcisse. 


576 


NAR 


NAR 


NARCOBATUS ,  Blainv.  poiss.  —  Syn. 
de  Torpille,  Cuv.  Voy.  torpille. 

NARCOTINE.  ciiim.  —  Voy.  opium. 

NARD.  Nardus.  bot.  ph.  —  Genre  de 
plantes  de  la  famille  des  Graminées,  de  la 
Triandrie  monogynie  dans  le  système  de 
Linné.  Quoique  déjà  fort  peu  étendu  avec 
les  limites  que  lui  avait  assignées  le  bota- 
niste suédois,  il  a  encore  été  réduit  dans  ces 
derniers  temps  par  la  séparation  d'une  de 
ses  espèces,  le  N.  aristata  Linn.,  qui  est  de- 
venu le  type  du  genre  Psilurus  de  Trinius 
(Psilurus  nardoides  Trin.).  Réduit  de  la 
sorte  ,  il  se  compose  de  gramens  gazon- 
nants ,  de  petite  taille,  qui  croissent  dans 
les  parties  montagneuses  de  l'Europe 
moyenne  et  méridionale,  et  dans  le  Cau- 
case; leurs  feuilles  sont  enroulées,  subulées, 
un  peu  raides  ;  leurs  fleurs  sont  réunies  en 
épis  simples ,  unilatéraux;  chacune  d'elles 
repose  sur  une  dent  du  rachis  qui  est  con- 
vexe d'un  côté  ,  creusé  de  l'autre  pour  les 
recevoir.  Les  épillets  sont  uniflores ,  sans 
glume  ;  la  glumelle  est  formée  de  deux 
paillettes,  l'inférieure  lancéolée,  carénée,  à 
trois  nervures,  subulée-aristée  au  sommet; 
la  supérieure  plus  courte,  linéaire-lancéolée, 
bicarénée,  embrassée  par  la  première.  La 
glumellule  manque.  L'ovaire  est  sessile, 
glabre,  surmonté  d'un  style  simple,  que 
termine  un  seul  stigmate  très  long,  pubes- 
cent.  On  trouve  communément  dans  les 
lieux  arides  et  montagneux  de  la  France  le 
Nardus  stricla  Linn. ,  l'a  seule  espèce  bien 
authentique  de  ce  petit  genre. 

Le  nom  de  Nard  a  été  donné  par  les  an- 
ciens à  des  substances  qui  n'ont  rien  de 
commun  avec  le  genre  dont  nous  venons  de 
nous  occuper.  C'étaient  des  rhizomes  ou  des 
racines  aromatiques  qu'ils  employaient  quel- 
quefois en  médecine  ,  mais  dont  ils  se  ser- 
vaient principalement  à  titre  de  parfums. 
Le  plus  connu  et  le  plus  célèbre  de  ces 
Nards  était  le  Nard  indique  ou  indien  ,  qui 
recevait  aussi  dans  les  pharmacies  le  nom 
de  Spica-Nardi  ou  Spicanard;  c'est  le  seul 
qui  se  trouve  encore  aujourd'hui  dans  le 
commerce.  Il  se  présente  sous  la  forme  d'un 
corps  entouré  de  tuniques  formées  de  fibres 
réticulées,  reste  des  bases  de  feuilles  engai- 
nantes. Son  odeur  est  forte;  sa  saveur  est 
amère.  Ce  sont  évidemment  des  fragments 
d'un  rhizome  ;  mais  les  botanistes  ne  sont 


pas  entièrement  d'accord  au  sujet  de  la 
plante  qui  le  fournit  ;  la  plupart  pensent  que 
c'est  une  Graminée,  VAndropogon  Nardus 
Lin.  ,  tandis  que  d'autres  admettent  que 
c'est  la  Valeriana  Jatamensi  Roxb.  D'autres 
espèces  de  Valérianes  fournissaient  égale- 
ment d'autres  sortes  de  Nards;  telles  sont 
la  Valeriana  celtica  et  aussi  la  Valeriana  sa- 
liunca  ,  qui  donnaient  le  Nard  celtique;  la 
Valeriana  phu,  qui  fournissait  le  Nardus 
agrestis  de  Tragus  ;  la  Valeriana  tuberosa  , 
et ,  selon  d'autres  auteurs,  la  Valeriana  asa- 
rifolia  Dufresne,  qui  donnaient  le  Nard  des 
montagnes.  Des  plantes  de  genres  différents 
recevaient  encore  ce  même  nom  ;  comme  la 
Lavandula  spica,  qu'on  nommait  Nard  d'I- 
talie ou  faux  Nard,  nom  que  l'on  appliquait 
également  à  YAllium  victoriale;  et  YAsa- 
rum  europœum  ou  Cabaret,  qui  recevait  la 
dénomination  de  Nard  sauvage,  Nardus 
agrestis  de  Pline.  (P.  D.) 

*  NARDOA.  rept.  —  Genre  de  Reptiles 
ophidiens  de  la  famille  des  Pythonides , 
créé  par  M.  Gray  (  Synops.  fam.  Boidœ  , 
Zool.  vniscel.  march.  1843),  adopté  par 
MM.  Duméril  et  Bibron  {Erp.  générale, 
t.  VI,  1846)  et  correspondant  au  groupe 
des  Botrochilus  de  Fitzinger.  Les  Nardoa 
ont  les  narines  latérales,  ouvertes  dans  une 
seule  plaque  ;  les  yeux  sont  latéraux,  à  pu- 
pille vertico-elliptique  ;  des  plaques  sus- 
céphaliques  se  remarquent  depuis  le  bout 
du  museau  jusqu'au-delà  de  l'espace  inter- 
orbitaire;  au  nombre  de  ces  plaques  il  n'y 
a  pas  de  préfrontales;  des  fossettes  se  voient 
à  la  lèvre  inférieure  seulement;  les  écailles 
sont  lisses  et  les  scutelles  sous-caudales 
partagées  en  deux. 

Deux  espèces  entrent  dans  ce  genre  : 

1°  Le  Nardoa  de  Schlegel,  Nardoa  Schle- 
gelii  Gray ,  Dum.  et  Bibr. ,  Tortrix  boa 
Schlegel.  Elle  a  été  découverte  à  la  Nou- 
velle-Zélande par  MM.  Lesson  et  Garnot. 

2°  Le  Nardoa  de  Gilbert,  Nardoa  Gil- 
bertii.  Ce  Serpent  habite  l'Australie  (  Port- 
Essington).  (E-  D-) 

*NARDOPHYLLUM  {Nardus,  nard  ;  fâ- 
lov,  feuille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Mutisiacées,  établi  par  Hoo- 
ker  et  Arnott  (in  Compati.  Bot.  Mag.,  II, 
44).  Arbrisseaux  du  Chili.  Voy.  composées. 

NARDOSMIA  (Nardus,  nard,  ï«p», 
odeur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 


JNTAR 


KAR 


577 


Composées-Astéroïdées ,  établi  par  Cassini 
(inDict.  se.  nat.,  XXXIV,  186).  Herbes 
vivaces  de  l'Europe  ,  de  l'Asie  et  de  l'Amé- 
rique. Voy.  COMPOSÉES. 

*  NARDOSTACIIYS  (  Nardus ,  nard  , 
cra^uç,  épi),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Valérianées ,  établi  par  De  Can- 
dolle  (Mém.  valérian.,  4,  t.  42  ;  Prodr.  , 
IV,  C24).  Herbes  du  Népaul.  Voy.  valé- 
rianées. 

NARDUS.  bot.  ph.  —  Voy.  nard. 
NAREL.  moll.  —  Nom  donné  par  Adan- 
son  à  une  coquille  d'Afrique,  que  Lamarck 
a  nommée  Marginella  faba.  (Duj.) 

NAREGAMIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Méliacées,  établi  par  Wight  et 
Arnott  (Prodr.,  I,  116).  Arbrisseaux  de 
l'Inde.  Voy.  méliacées. 

IVARICA.  ois. — Espèce  du  genre  Courou- 
cou.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

JVARICA.  mam.  —  L'un  des  noms  la- 
tins que  porte  le  Nasique.  Voy.  ce  mot. 

(E.  D.) 
NARINES,  zool.  —  Voy.  nez. 
NARTHECHJM(  vâp0»£,  boîte),  bot.  ph. 
—  Genre  de  lafamille  des  Joncacées,  établi 
par  Mœrhing  (  Ephemerid.  N.C.,  1742, 
p.  389 ,  t.  V ,  f.  1 ,  E ,  B  ,  t.  535).  Herbes 
vivaces  de  l'Europe  et  de  l'Amérique  bo- 
réale. Voy.  joncacées.  —  Ger.  (Galtopr., 
142).  Voy.  tofieldia,  Huds. 

NARVAL.  Monodon  (povoç,  seul  ;  o<?ovç, 
o'vtoç,  dent),  mam. —  Genre  de  Cétacés  appar- 
tenant à  la  famille  des  DelphiniensdeM.  Is. 
Geoffroy,  qui  leur  assigne  pour  caractères  : 
point  de  dents  coniques,  mais  une  ou  deux 
grandes  défenses  dirigées  parallèlement  au 
corps,  et  partant  de  la  mâchoire  supérieure. 
Les  Narvals  ressemblent  aux  Marsouins 
par  la  forme  de  leur  corps  et  par  leur  tête 
sphérique,  mais,  ainsi  que  le  Béluga,  ils 
manquent  de  nageoire  dorsale.  Ce  qui  les 
distingue  principalement  des  autres  Dau- 
phins, ce  sont  leurs  défenses  qui  attei- 
gnent jusqu'à  huit  ou  dix  pieds  de  longueur. 
Il  est  fort  rare  que  toutes  deux  se  dévelop- 
pent en  même  temps  ;  le  plus  ordinairement 
l'une  d'elles  reste  rudimentaire  et  cachée 
dans  l'alvéole ,  et  c'est  la  défense  gauche 
qui,  le  plus  souvent,  s'allonge  et  se  ter- 
mine en  pointe  émoussée.  Elle  est  le  plus 
communément  sillonnée  en  spirale;  cepen- 
dant on  en  trouve  assez  frdauemment,  dans 

T.  VIII. 


les  cabinets  des  curieux,  quisontentièrement 
lisses.  Ont-elles  été  travaillées  par  l'art  du 
tourneur,  ou  appartiennent-elles  à  une  es- 
pèce encore  inconnue  ?  C'est  ce  qu'il  n'est  pas 
possible  de  décider  dans  l'état  actuel  de  la 
science.  Si  la  seconde  défense  ne  se  déve- 
loppe pas,  c'est,  selon  G.  Cuvier,  parce  que 
sa  cavité  intérieure  est  trop  promptement 
remplie  par  la  matière  de  l'ivoire,  et  que  son 
noyau  gélatineux  se  trouve  ainsi  oblitéré. 

Ces  animaux  habitent  les  mers  polaires  , 
où  ils  vivent  en  troupes  plus  ou  moins  nom- 
breuses, surtout  autour  du  Groenland  et 
du  Spitzberg.  Les  Norvégiens  et  les  Danois , 
qui  les  ont  observés  les  premiers,  en  rap- 
portèrent un  assez  grand  nombre  de  défen- 
ses ,  qu'ils  mettaient  dans  le  commerce  sous 
le  nom  de  corne  de  Licorne,  et  qu'ils  ven- 
daient un  prix  exorbitant,  à  cause  des 
merveilleuses  vertus  médicales  que  la  cré- 
dulité publique  leur  attribuait.  Ce  n'est 
guère  que  dans  le  xvne  siècle  que  l'on  est 
revenu  de  cette  erreur,  que  les  dents  de 
Narval  ont  passé  de  l'officine  des  pharma- 
cies dans  le  cabinet  des  naturalistes ,  et  que 
l'on  a  eu  des  notions  un  peu  justes  sur  l'a- 
nimal qui  les  produit. 

A  quoi  peut  servir  au  Narval  cette  arme 
terrible  en  apparence  ?  Cette  question  a  été 
résolue  d'une  manière  qui ,  selon  moi , 
manque  tout-à-fait  de  vraisemblance.  On  a 
dit  que  le  Narval  s'en  servait  pour  attaquer 
la  Baleine,  et  la  tuer  en  la  lui  enfonçant 
dans  le  ventre.  On  va  même  jusqu'à  donner 
des  descriptions,  du  reste  fort  pittoresques, 
de  ces  prétendus  combats ,  dont  il  n'a  jamais 
existé  un  témoin  oculaire  méritant  quelque 
crédit.  Voyons  si  la  chose  offre  quelque 
vraisemblance.  La  Baleine  se  nourrit  de 
Mollusques  nus,  de  Vers  et  de  petits  Pois- 
sons, qu'elle  poursuit  à  la  surface  des  eaux 
ou  à  une  certaine  profondeur,  et  que  l'é- 
normité  de  sa  gueule  lui  permet  d'englober 
et  d'avaler  en  masses  considérables.  Le 
Narval  vit  de  Crustacés  et  de  Mollusques  à 
coquilles,  qu'il  pêche  au  fond  de  la  mer, 
sur  le  sable  où  ils  marchent  et  contre  les 
rochers  où  ils  s'attachent.  Sa  bouche  ,  fort 
petite,  ne  lui  permet  pas,  non  seulement 
de  saisir  de  gros  animaux,  mais  même  de 
les  mordre.  Il  ne  peut  donc  pas  y  avoir 
entre  lui  et  la  Baleine  le  moindre  sujet  de 
dispute,  puisqu'ils  n'ont  jamais  la  même 

73 


578 


NAR 


NAR 


proie  à  chasser  ,  et  qu'ils  ne  peuvent  pas  se 
servir  de  nourriture  l'un  à  l'autre.  Je  ne 
comprends  pas  pourquoi  un  animal  en  atta- 
querait un  autre  sans  aucun  autre  but  que 
celui  de  se  battre,  ce  qui  ne  s'est  jamais  vu 
dans  la  nature.  Il  faut  donc  reléguer  ce 
récit  de  voyageur  dans  la  catégorie  des  con- 
tes, tels  que  ceux  de  l'Hippopotame  luttant 
avec  le  Crocodile,  du  Rhinocéros  avec  l'É- 
léphant, etc.  Il  n'est  pas  plus  vrai  que  le  Nar- 
val se  nourrissede  cadavres,  quoique  son  nom 
islandais  de  Narwhal  signifie,  dit-on,  Ba- 
leine des  cadavres.  On  n'a  jamais  trouvé  dans 
l'estomac  de  ceux  qui  ont  été  ouverts  que  des 
débris  de  coquillages  et  de  Crustacés,  qu'ils 
brisent  avec  leurs  gencives  dures  et  presque 
cornées.  D'ailleurs,  ce  Cétacé  doit  être  d'au- 
tant moins  Carnivore,  que  tout  son  système 
dentaire  se  borne  à  ses  deux  défenses,  et, 
ainsi  que  nous  l'avons  avancé,  le  plus  or- 
dinairement à  une. On  a  dit  encore  qu'il  lui 
arrive  parfois  de  prendre  un  vaisseau  pour 
une  Baleine  et  d'enfoncer  si  profondément 
sa  défense  dans  le  bordage ,  qu'il  ne  peut 
plus  l'en  retirer,  et  qu'il  resterait  pris  s'il 
ne  parvenait  à  la  briser  pour  s'échapper. 
Ceci  me  paraît  tout  aussi  hasardé  que  le 
conte  précédent.  Il  peut  arriver  cependant 
que  cet  animal,  effrayé  et  cherchant  à  fuir 
avec  vitesse,  se  heurte  par  hasard  contre  un 
vaisseau  et  y  laisse  un  fragment  de  sa  dent, 
mais  ceci  n'est  qu'un  accident  et  non  une 
habitude.  Lorsque  l'on  prend  ce  Cétacé,  on 
remarque  que  sa  dent  est  le  plus  souvent 
enveloppée  dans  une  sorte  de  fourreau  cal- 
caire, formé  par  des  coquillages  et  des  or- 
dures qui  s'y  attachent,  eique  la  pointe  seule 
est  émoussée.  De  ce  fait ,  je  conclus  que  sa 
dent  n'est  point  une  arme,  mais  simplement 
un  instrument  dont  il  se  sert  pour  détacher 
des  rochers  et  du  fond  rocailleux  de  la  mer 
les  Huîtres  et  autres  Mollusques  à  coquille 
dont  il  se  nourrit 

Lacépède,  induit  en  erreur  par  de  mauj 
vaises  descriptions  et  par  des  gravures  plus 
mauvaises  encore ,  avait  établi  trois  espèces 
de  Narval ,  savoir  :  les  Narwalus  vulgaris  , 
Narwalus  microcephalus  et  Narwalus  ander- 
sonianus.  Aujourd'hui,  que  l'histoire  de  ce 
singulier  animal  est  un  peu  mieux  connue, 
on  sait  qu'il  n'en  existe  qu'une ,  qui  est  : 

Le  Narval,  Monodon  narvalus  (1),  — 

(i)  Le  nom  donné  par  Linné  à  cet  aninv.] ,  Monodon  mo- 


Monodon  monoccros  Linn.  ,  Fr.  Cuv.  ;  le 
Narval,  Narwal  et  Narhwal  des  peuples 
du  Nord;  YUnicornu  marinum  de  Wor- 
mius  ;  YEinhorn  ,  ou  Licorne  de  mer  ; 
l' Eenhiorning ,  d'Eggède.  Cet  animal  at- 
teindrait, si  l'on  s'en  rapportait  à  Lacépède, 
jusqu'à  soixante  pieds  de  longueur  ;  selon 
G.  Cuvier ,  il  n'en  aurait  au  plus  que 
quinze  ou  seize.  Je  crois  que  ces  deux  au- 
teurs exagèrent  également,  mais  en  sens 
contraire.  En  effet,  tous  les  auteurs  qui  en 
ont  parlé  pour  l'avoir  vu  disent  que  son 
corps  est  à  peu  près  deux  fois  aussi  long 
que  sa  défense;  or,  comme  on  n'a  jamais 
vu  de  dents  qui  dépassent  dix  pieds,  et  que 
celles  de  cette  longueur  sont  assez  com- 
munes, il  en  résulterait  que  cet  animal 
atteindrait  vingt  pieds.  D'ailleurs,  Martins, 
qui,  dans  son  voyage  au  Spitzberg ,  recueillit 
beaucoup  de  renseignements  sur  le  Narval, 
estime  sa  longueur  de  cinq  à  six  mètres, 
et  parmi  tous  ceux  qui  ont  été  vus  par  des 
naturalistes ,  pas  un  ne  dépassait  cette 
taille.  Ce  fait  a  été  confirmé  par  Flemming 
(Mém.  de  la  soc.  Vernerienne,  I,  p.  131), 
et  par  Scoresby  (  Account  of  the  arctic  ré- 
gion ,  t.  I,  p.  486).  Sa  plus  grande  épais- 
seur, qui  se  trouve  derrière  les  nageoires 
pectorales ,  n'a  pas  plus  de  trois  pieds  en 
diamètre;  à  partir  de  là,  le  corps  va  tou- 
jours en  diminuant  et  se  réduit  à  neuf  pou- 
ces de  diamètre  à  la  base  de  la  nageoire 
caudale.  Celle-ci  est  fort  longueettrès  large; 
mais  les  pectorales  sont  fort  petites  :  elles 
ont  de  onze  à  treize  pouces  de  longueur  et 
de  cinq  à  sept  de  largeur.  La  peau  du  dos 
forme  une  très  légère  saillie  qui  ressemble 
assez  au  premier  rudiment  d'une  nageoire 
dorsale.  La  bouche,  peu  grande,  a  sa  mâ- 
choire inférieure  un  peu  plus  courte  que  la 
supérieure.  L'œil  est  très  petit,  à  pupille 
noire  et  iris  d'un  brun  châtain.  L'orifice  de 
l'oreille,  placé  à  six  ou  huit  pouces  de 
l'œil,  est  exlêmement  petit.  L'évent,  légè- 
rement saillant,  simple,  en  croissant,  est 
placé  verticalement  au-dessus  de  l'œil.  La 
langue  est  arrondie  et  attachée  à  la  mâ- 
choire. La  peau  est  nue ,  lisse ,  brillante ,  et 
recouvre  une  épaisse  couche  de  lard.  Dans 

noceros  ,  ne  peut  se  traduire  que  par  dent  unique,  corne 
unique;  il  est  vicieux,  car  c'est  une  erreur  ou  un  pléo- 
nasme. J'ai  cru  devoir  remplacer  Monoccros  par  Narvalus; 
en  islandais,  Nar  veut  dire  cadavre  ;  Whal,  Baleine  :  Baleine 
qni  vit  de  cadavres. 


NAR 

la  jeunesse,  les  parties  supérieures  du  corps 
sont  d'un  gris  noirâtre,  marquetées  de  ta- 
ches plus  noires,  très  nombreuses  et  sou- 
vent confondues;  les  flancs,  marqués  de 
taches  moins  nombreuses ,  sont  blancs , 
ainsi  que  le  dessous  du  corps.  Dans  la  vieil- 
lesse, les  parties  supérieures  du  corps  sont 
d'un  blanc  jaunâtre, et  les  taches  plus  pro- 
noncées. Les  nageoires  sont  grises ,  bordées 
de  noir. 

Le  Narval  vit  en  troupes  quelquefois  assez 
nombreuses;  ses  mouvements  sont  pleins  de 
vivacité,  et  il  nage  avec  une  incroyable  vi- 
tesse. «  Nous  vîmes  ce  jour-là,  dit  Sco- 
resby,  un  grand  nombre  de  Narvals  qui 
nageaient  près  de  nous  en  bandes  de  quinze 
ou  vingt;  la  plus  grande  partie  étaient  des 
animaux  mâles  et  avaient  de  longues  dé- 
fenses; ils  étaient  très  gais,  élevant  leurs 
défenses  au-dessus  de  l'eau,  et  les  faisant 
croiser  comme  pour  faire  des  armes.  Pen- 
dant leurs  jeux,  ils  faisaient  entendre  un 
bruit  tout-à-fait  extraordinaire,  et  qui  res- 
semblait au  glou-ylou  que  fait  l'eau  dans  la 
gorge;  et  il  est  probable  que  ce  n'était  pas 
autre  chose,  car  le  bruit  ne  se  faisait  en- 
tendre que  lorsqu'en  étendant  leurs  défen- 
ses ,  ils  avaient  la  bouche  hors  de  l'eau;  la 
plupart,  suivant  le  vaisseau,  semblaient  at- 
tirés par  un  motif  de  curiosité  ;  comme 
l'eau  était  transparente,  on  put  parfaite- 
ment les  voir  descendre  presque  à  la  quille 
et  jouer  avec  le  gouvernail.  Au  bout  de 
quelque  temps  ils  s'éloignèrent  pour  res- 
pirer. » 

Scoresby  dit  encore  ,  dans  un  autre  pas- 
sage intéressant:  «  Mon  père  m'envoya  le 
contenu  de  l'estomac  d'un  Narval  tué  à 
quelques  lieues  de  nous,  et  qui  me  parut 
extraordinaire;  il  consistait  en  quelques 
poissons  à  demi  digérés,  avec  d'autres  dont 
il  ne  restait  que  les  arêtes.  Outre  les  becs 
et  autres  débris  de  Sèches,  qui  semblent  con- 
stituer le  fond  général  de  sa  nourriture,  il 
y  avait  une  partie  de  l'épine  d'un  Pleuro- 
necte,  probablement  un  petit  Turbot;  des 
fragments  de  l'épine  d'un  Gade  ,  espèce  de 
Morue;  la  colonne  vertébrale  d'une  Raie, 
avec  une  autre  Raie  du  même  genre,  évi- 
demment la  Raie  bâtis,  presque  entière; 
cette  dernière  avait  deux  pieds  trois  pouces 
(anglais)  de  longueur,  et  un  pied  huit  pou- 
ces de  largeur;  elle  comprenait  les  os  de  la 


NAR 


579 


tête,  du  dos  et  de  la  queue,  les  nageoires 
latérales,  les  yeux,  et  une  partie  considé- 
rable de  la  substance  musculaire.  11  paraît 
remarquable  que  le  Narval ,  animal  dé- 
pourvu de  dents ,  ayant  une  petite  bouche , 
des  lèvres  non  flexibles ,  et  une  langue  qui 
ne  semble  pas  pouvoir  sortir  de  la  bouche  , 
soit  capable  de  saisir  et  d'avaler  un  si  grand 
poisson  ,  dont  la  largeur  est  trois  fois  aussi 
grande  que  sa  propre  bouche.  Gomme  l'a- 
nimal dans  lequel  ces  restes  extraordinaires 
furent  trouvés  était  un  mâle  avec  une  dé- 
fense de  sept  pieds,  je  pense  que  cette  arme 
a  été  employée  à  prendre  le  poisson  dont 
il  avait  fait  précédemment  sa  proie.  II 
semble  probable  que  la  Raie  avait  été  percée 
avec  la  défense  et  tuée  avant  d'être  dévorée; 
autrement  il  est  difficile  d'imaginer  com- 
ment le  Narval  a  pu  la  saisir,  ou  comment 
ce  poisson  de  quelque  activité  a  pu  se  lais- 
ser prendre  et  avaler  par  un  animal  à  lè- 
vres lisses,  sans  dents  pour  le  saisir,  et  sans 
aucun  moyen  pour  le  retenir.  » 

Les  Islandais  ne  mangent  pas  la  chair  du 
Narval ,  par  superstition  et  parce  qu'ils 
croient  qu'il  se  nourrit  de  cadavres  ,  comme 
le  nom  qu'ils  lui  ont  imposé  l'indique.  Il 
n'en  est  pas  de  même  des  Groenlandais  et 
autres  habitants  du  Nord,  qui  la  regardent 
comme  excellente.  On  prétend  que  son  huile 
est  préférable  à  celle  de  la  Baleine.  (Boitard.) 

NAUVALINA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat. ,  XXX,  VIII , 
17;  L1X,  320).  Arbrisseaux  de  Saint-Do- 
mingue. Voy.  COMPOSÉES. 

NARVHALUS.  mam.  —  Nom  appliqué 
par  Lacépède  {Cétacés,  p.  906)  au  genre  des 
Narvals.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*NARYCIA.  ins.  —  M.  Stephens  (  II- 
lustr.  Brlt.  ent.,  1836)  donne  le  nom  de 
Narycia  à  un  petit  groupe  de  Névroptères  de 
la  famille  des  Phryganiens.  Voy.  le  mot  piiry- 
gane.  (E.   D.) 

*NAR\C!US  (nom  mythologique),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Lamellicornes,  tribu  desScarabéides  mé- 
litophiles,  créé  par  M.  H.  Dupont  (Mag. 
zool.,  1835,  pi.  128),  et  adopté  par  West- 
wood,  Burmeister  et  Schaurn  dans  leurs  pu- 
blications. Ce  dernier  auteur  donne  le  IV. 
opalus  comme  mâle  ,  et  le  N.  olivaceus 
Dup.  comme  femelle   d'une  même  espèce 


580 


NAS 


NAS 


recueillie  aux  environs  de  Madras  (Indes 
orientales).  (C.) 

*NASALIS  (nasus,  nez),  mam.  —  Etienne 
Geoffroy  Saint-Hilaire  (  Ann.  Mus.  ,  XIX  , 
1812)  a  donné  ce  nom  à  un  groupe  de  Sin- 
ges catarrhiniens,  dont  le  Nasique  (voy.  ce 
mot)  est  le  type.  (E.  D.) 

IVASARNAK..  mam.  —  L'un  des  syno- 
nymes du  Delphinus  tursio.  Voy.  dauphin. 

*JVASCIO  (nom  mythologique),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Sternoxes  ,  tribu  des  Buprestides,  établi 
par  MM.  Laporte  de  Castelnau  et  Gory  (His- 
toire naturelle  et  iconographique  des  Insectes 
coléoptères,  t.  I,  p.  1,  pi.  1,  fig.  4).  L'espèce 
type  et  la  seule  qui  soit  rapportée  à  ce  genre, 
le  N.  velusta  des  auteurs,  est  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  (C.) 

NASEAUX,  mam.  —  Nom  donné  à  l'ou- 
verture des  narines  des  grands  Mammifères 
herbivores.  (E.  D.) 

NASELLA,  Trin.  (in  Nov.  act.  Petropol., 
VI,  l,  p.  72,  excl.  sp.).  eot.  ph.  —  Voy. 
stipa  ,  Linné. 

IVASEUS.  poiss.  —  Voy.  nason. 

3VASICA.  mam.  —  Voy.  nasique. 

*NASICA.  ois.  — Groupe  d'Oiseaux  de  la 
famille  des  Certhidées  (Grimpereaux),  indi- 
qué par  M.  Lesson  {Traité  d'ornithologie , 
1831).  (E.  D.) 

NASICAN.  ois. —  Espèce  du  genre  Picu- 
cule.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NASICORNE.  ins.— Nom  donné  à  VOryc- 
tes  nasicomis  de  F.  La  larve  et  l'insecte  par- 
fait se  trouvent  en  Europe  dans  le  tan  des 
couches  à  melon.  (C.) 

NASICORNE.  rept.  —  Une  Tortue  de 
mer  (voy.  ce  mot)  a  été  désignée  sous  ce 
nom  par  M.  Bosc.  (E.  D.) 

NASICORNES.  mam.  —  Voy.  nasicornia. 

NASICORNIA.  mam.  —  Famille  de  Pa- 
chydermes, composée  des  trois  genres  Anti- 
lope ,  Chèvre  et  Bœuf,  et  créée  par  Illiger 
(Prodr.  syst.  Mam.  et  Avium,  1811).  (E.  D.) 

NASICUS.  mam.  —  Nom  latin  du  genre 
Nasique.  Voy.  ce  mot. 

NASIQUE.  Nasalis  (nasus,  nez),  mam.  — 
Et.  Geoffroy  Saint-Hilaire  (Ann.  Mus.,  XIX, 
1812)  a  séparé  le  Nasique  ou  Kahan  des  Gue- 
nons avec  lesquelles  il  avait  été  confondu,  et 
il  en  a  fait  un  genre  distinct  de  Singes  ca- 
tarrhiniens, sous  la  dénomination  latine 
de  Nasalis.  Ce  groupe ,  adopté  par  plusieurs 


zoologistes,  a  été  par  quelques  autres  réuni 
à  celui  des  Semnopithèques  (voy.  ce  mot).  Les 
caractères  génériques  des  Nasiques  sont  les 
suivants:  Museau  court;  front  saillant, 
mais  peu  élevé  ;  angle  facial  de  50  degrés  ; 
nez  saillant ,  démesurément  allongé ,  et 
d'une  longueur  plus  qu'humaine;  oreilles 
petites  et  rondes  ;  corps  trapu  ;  des  aba- 
joues ;  les  mains  antérieures  avec  quatre 
doigts  longs  et  le  pouce  court,  finissant  où 
commence  l'indicateur  ;  les  mains  posté- 
rieures fort  larges  ,  avec  des  doigts  épais  , 
principalement  celui  du  pouce  ;  deux  fortes 
callosités  sur  les  fesses  ;  queue  plus  longue 
que  le  corps. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  ; 
c'est  le  Nasique  Daubenton  (Mém.  de  l'Acad. 
des  sciences,  1781),  Guenon  a  long  nez  Buffon 
(  Hist.  nat.,  gén.  et  part.  ,  suppl. ,  t.  VII , 
pi.  11  et  12),  Kahan  Audebert  (  fam.  4  , 
sect.  2,  fig.  1),  Nasalis  larvatus  Et.  Geoff. 
(loco  citalo),  Simia  narica  Schreb.  (fig.  10, 
6,  10,  c),  Cercopithecus  larvatus  Vurmb. 
(Mém.  de  Batavia),  Simia  nasalis  Shaw. 
(  I ,  p.  55  ) ,  etc.  Ce  Singe  a  plus  d'un  mètre 
de  haut  ;  il  est  roux  avec  la  queue  blan- 
châtre ainsi  qu'une  tache  sur  la  croupe.  Le 
trait  le  plus  caractéristique  de  cette  espèce 
est  un  nez  long  de  quatre  pouces,  divisé  en 
deux  lobes  dans  sa  moitié  inférieure,  très 
élargie  par  un  sillon  qui  règne  dessus  ;  les 
narines  sont  percées  en  dessous  ;  mais  leur 
contour  postérieur  n'est  point  adossé  à  la 
moustache,  qui  en  est  séparée  par  une  por- 
tion du  plan  inférieur  du  nez  ;  l'animal  peut 
seulement  élargir  et  renfler  ses  narines , 
mais  non  mouvoir  le  nez  en  totalité;>les  os  de 
la  face  n'offrent  aucune  particularité  dans 
cette  région.  Le  visage  et  les  oreilles  sont 
de  couleur  tannée  ;  le  front  et  le  sommet  de 
la  tête  roux  foncé  ;  une  barbe  d'un  roux 
clair  se  remarque  au  menton,  et  se  recourbe 
en  haut  ;  la  poitrine  et  le  ventre  sont  légè- 
rement teints  de  gris,  avec  une  ligne  trans- 
versale plus  claire  sur  les  mamelles  ;  les  bras 
sont  d'un  roux  vif,  avec  une  diagonale 
jaune  pâle;  les  avant-bras,  les  jambes  et 
les  quatre  mains  sont  d'un  gris  jaunâtre. 

Le  Nasique  vit  en  troupes  plus  ou  moins 
considérables  dans  les  vastes  forêts  de  Bor- 
néo et  de  la  Cochinchine.  On  ne  connaît  pas 
bien  encore  leurs  mœurs;  espérons  que 
MM.  Hambran  et  Jacquinot,  qui  ont  ob- 


NAS 


NAS 


581 


serve  ces  animaux  dans  la  dernière  expédi- 
tion autour  du  Monde  de  l'amiral  Dumont 
d'Urville,  publieront  quelques  détails  scien- 
tifiques à  ce  sujet.  (E.  D.) 

NASIQUE.  rept.  —  Nom  d'une  espèce 
du  genre  Couleuvre.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*NASITERNA  (nasus,  nez;  ternus,  tri- 
ple), ois.  —  Groupe  de  Perroquets  {voy.  ce 
mot)  suivant  M.  Wagler  (Monogr.  Psittac, 
1832).  (E.  D.) 

NASMYTHIA,  Huds.  {FI.  scot.).  bot. 
ph.  —  Voy.  eriocaulon  ,  Gronov. 

*NASO,  Kirby  et  Stephens.  ins.  —  Syn. 
de  Gymnaetron,  Sch.  (C.) 

NASON.  Naseus.  poiss.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Acanthoptérygiens,  famille  des  Theu- 
ties ,  établi  par  Commerson  ,  et  adopté  par 
MM.  Guvier  etValenciennes  (Hist.  des  Poiss., 
t.  X ,  p.  257).  Les  Poissons  de  ce  genre  ont 
beaucoup  de  rapports  avec  les  Acanthures , 
tant  par  les  détails  des  formes  extérieures 
que  par  leur  anatornie;  mais  leur  queue 
armée  de  boucliers  garnis  de  lames  fixes  et 
tranchantes  au  lieu  d'épines  ou  de  lancettes 
mobiles,  leurs  dents  coniques,  pointues  et 
sans  dentelures  ,  les  distinguent  aisément 
des  genres  voisins.  Les  trois  rayons  mous 
qui  garnissent  leurs  ventrales  constituent 
aussi  un  caractère  remarquable  qui  les  dis- 
tingue de  tous  les  Acanthoptérygiens. 

MM.  Guvier  et  Valenciennes  (loc.  cit.) 
décrivent  12  espèces  ou  variétés  de  Nasons  ; 
la  principale  est  le  Nason  licornet  ,  Naseus 
fronticornis  Commers.  (  Monoceros  minor 
Willug.,  Mon.  fleui  Bloch).  Ce  Poisson,  long 
de  40  centimètres  ,  a  le  corps  ovale-com- 
primé, la  caudale  très  mince  ,  et  terminée 
à  ses  angles  par  des  cornes  ou  filets.  Il  est 
couvert  d'écaillés  très  petites  ,  très  serrées  ; 
vers  la  queue,  ses  écailles  sont  plus  grandes 
que  sur  le  reste  du  corps.  Sa  teinte  générale 
est  le  gris  cendré;  la  dorsale  et  l'anale  ont 
un  liseré  bleuâtre,  rayé  de  jaune  ;  la  queue 
est  également  jaunâtre. 

Le  Nason  licornet  abonde  à  l'île  de 
France;  on  l'y  voit  par  troupes  de  200  et 
même  de  400  individus  ;  mais  la  chair  de  ce 
poisson  est  peu  estimée,  et,  suivant  MM.  Eh- 
renberg  et  Dussurnier,  sert  seulement  à  la 
nourriture  des  noirs  qui  en  font  d'immenses 
salaisons.  (M.) 

NASSA.  moll.  —  Voy.  NASSE. 

NASSAUIUS.  moll.  —  Voy.  nassieb. 


NASSAUVIA.  bot.  ph.  —  Voy.  nassavia. 

NASSAUVIACÉES.  Nassauviaceœ.  bot. 
ph.  —  Tribu  de  la  famille  des  Composées  , 
subdivisée  en  plusieurs  sections,  nommées: 
Polyachyridées ,  Nassaviées  et  Trixidées. 
Voy.  COMPOSÉES. 

NASSAVIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Nassau- 
viacées,  établi  par  Commerson  {in  Jussieu 
Gêner. ,  197  ).  Herbes  vivaces ,  rameuses, 
des  parties  froides  de  l'Amérique  australe. 
Voy.  COMPOSÉES. 

NASSAVIA  (  Flor.  Flumin.,  III,  t.  155, 
156).  bot.  ph.  —Syn.  de  Schmidelia,  Linn. 

NASSE.  Nassa  (  forme  de  la  coquille  ). 
moll.  —  Genre  de  Mollusques  gastéropo- 
des pectinibranches  ,  de  la  famille  des 
Purpurifères  ,  c'est-à-dire  pourvus  d'une 
trompe,  et  ayant  la  coquille  échancrée  pour 
le  passage  d'un  siphon  mobile.  Le  pied  de 
l'animal  est  large,  mince,  ordinairement 
plus  long  que  la  coquille, arrondi  en  avant, 
où  il  se  prolonge  latéralement  en  une  courte 
oreillette  de  chaque  côté ,  bifurqué  en  ar- 
rière ou  terminé  par  deux  courts  tentacules. 
La  tête  est  très  large,  aplatie,  et  porte  deux 
longs  tentacules  coniques,  à  la  base  desquels 
sont  les  yeux  sur  un  renflement  externe. 
L'opercule  est  corné,  mince,  toujours  trop 
petit  pour  fermer  l'ouverture,  et  dentelé  sur 
les  bords.  La  coquille  est  ovale,  plus  ou 
moins  renflée  ou  allongée  ,  avec  l'ouverture 
ovale-oblongue ,  profondément  échancrée. 
La  columelle  est  souvent  recouverte  par  une 
épaisse  callosité  qui  forme  le  bord  gauche. 

Le  genre  Nasse,  tel  que  nous  le  décrivons 
d'après  M.  Deshayes ,  comprend  plus  des 
trois  quarts  du  genre  Buccin  ,  tel  que  l'ad- 
mettait Lamarck  en  dernier  lieu  ;  il  se 
distingue  des  vrais  Buccins  non  seulement 
par  la  callosité  du  bord  gauche  qui  n'est  pas 
toujours  aussi  prononcée,  mais  encore  par 
la  forme  de  l'animal.  Les  Buccins,  en  effet, 
ont  le  pied  étroit,  allongé  en  avant;  la  tête 
petite,  étroite;  les  tentacules  cylindracés, 
obtus  au  sommet,  et  les  yeux  portés  par  de 
petits  pédicules  à  la  base  externe  des  ten- 
tacules; l'opercule  d'ailleurs  diffère  aussi 
par  sa  grandeur  et  par  l'absence  des  dente- 
lures marginales.  D'après  ces  différences,  on 
doit  regarder  comme  des  Nasses  non  seule- 
ment les  Buccins  de  la  deuxième  section  de 
Lamarck  qui  ont  la  columelle  calleuse,  tels 


582 


NAS 


que  le  B.  casquillon  (N.  arcularia),  les  B. 
thersites  ,  gibbosulum  ,  pullus ,  marginula- 
tum,  etc. ,  mais  aussi  beaucoup  de  ceux  de 
la  première  section,  tels  que  le  B.  relicula- 
tum ,  si  commun  sur  nos  côtes. 

Le  nom  de  Nasse  avait  d'abord  été  donné 
par  Klein  à  quelques  coquilles,  d'après  leur 
aspect  rappelant  un  peu  la  forme  de  la  Nasse 
d'osier  des  pêcheurs;  mais  ce  fut  Lamarck 
qui,  dans  ses  premiers  ouvrages  de  zoolo- 
gie, institua  un  genre  Nasse  pour  des  co- 
quilles toutes  différentes  de  celles  de  Klein, 
et  qu'il  plaça  à  côté  des  Pourpres  dans  le 
voisinage  des  Buccins.  Toutefois,  après  avoir 
plusieurs  fois  changé  la  place  de  ce  genre  en 
l'éloignant  davantage  de  ces  dernières  co- 
quilles, il  finit  par  le  confondre  avec  elles 
et  par  en  faire  une  simple  section  du  genre 
Buccin,  dans  son  Histoire  des  animaux  sans 
vertèbres.  Cuvier  admettait  un  grand  genre 
Buccin   subdivisé  en  plusieurs  sous-genres 
dont  les  Nasses  font  partie;  il  rangea  celles- 
ci  d'abord  entre  les  Pourpres  et  les  Harpes 
eten  les  séparantencoredes  vrais  Buccins  par 
les  Tonnes  et  les  Éburnes  ;  mais,  dans  sa 
dernière  édition,  il  les  plaça  immédiatement 
après  les  Buccins,  auxquels,  dit-il,  elles  res- 
semblent par  la  conformation  de  l'animal, 
tout  en  en  différant  par  la  callosité  de  la  colu- 
melle.  Férussac,  au  contraire,  admit  le  genre 
Nasse,  et  le  plaça  même  dans  une  autre  fa- 
mille que  les  Buccins.  M.  de  Blainville,  de 
son  côté,  n'en  faisait  qu'une  simple  section 
du  genre  Buccin.  M.  Deshayes  lui-même  con- 
sidérait le  genre  Nasse  comme  tout-à-fait 
artificiel  ;  mais,  d'après  les  observations  qu'il 
a  eu  plus  récemment  l'occasion  de  faire  sur 
les  animaux  vivants  de  la  Méditerranée,  il  a 
admis  ce  genre  en  le  circonscrivant  et  en  le 
caractérisant  comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut.  Les  Nasses  sont  des  Mollusques  très 
répandus  dans  toutes  les  mers;  leurs  co- 
quilles, toujours  de  petite  taille,  n'excèdent 
guère  une  longueur  de  3  centimètres,  et 
quelques  unes  ont  moins  de  12  millimètres. 
On  en  trouve  beaucoup  aussi  à  l'état  fossile, 
particulièrement  dans  les  terrains  tertiaires. 

(Dm.) 
IVASSIER.  moll.  —  Dénomination  im- 
propre pour  désigner  l'animal  du  g.  Nasse. 
NASSOVIA ,  Pers.   (  Encheir. ,  II ,  499). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Nassavia,  Commers. 
NASTURCE.  Naslurlium  (de  nasus  for- 


NAS 

tus,  d'après  Pline,  parce  que  le  goût  pi- 
quant de  l'espèce  la  plus  connue  fait  fron- 
cer, dit-il,  les  ailes  du  nez),  bot.  ph. — Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Crucifères,  sous- 
ordre  des  Pleurorhizées;  dans  le  système  de 
Linné,  il  est  difficile  de  déterminer  s'il  ap- 
partient à  la  Tétradynamie  siliqueuse  ou  si- 
liculeuse,  à  cause  des  variations  de  longueur 
de  son  fruit  chez  les  diverses  espèces  qui 
le  composent.  Les  plantes  qu'il  comprend 
étaient  des  Sisymbres  pour  Linné  et  les  bo- 
tanistes linnéens  ;  elles  ont  été  isolées  par 
M.  Rob.  Brown,  par  DeCandolle  et  les  bo- 
tanistes modernes,  surtout  en  raison  des 
principes  de  la  division  établie  parmi  les 
Crucifères  par  le  célèbre  botaniste  de  Ge- 
nève, la  radicule  des  vrais  Sisyrribrium  étant 
appliquée  sur  le  dos  des  cotylédons ,  ce  qui 
les  classe  parmi  les  Notorhizées,  tandis  que 
celle  des  Naslurlium  est  située  à  côié  de  leur 
ligne  de  jonction  ,  caractère  qui  les  range 
parmi  les  Pleurorhizées.  Les  Nasturces  sont 
des  plantes  herbacées,  annuelles,  bisan- 
nuelles ou  vivaces ,  qui  croissent  dans  les 
eaux  douces ,  et  qui ,  comme  la  plupart  des 
plantes  aquatiques ,  sont  dispersées  sur 
presque  toute  la  surface  du  globe.  Leur  tige 
est  rameuse,  et  s'enracine  souvent  à  sa  base  ; 
leurs  feuilles  sont  alternes,  de  forme  yiria- 
ble  ,  souvent  pinnatiséquées  ,  munies  d'un 
pétiole  qui  se  dilate  plus  ou  moins  en  oreil- 
lettes à  sa  base.  Leurs  fleurs  sont  blanches 
ou  jaunes,  réunies  en  grappes,  et  présentent 
les  caractères  suivants  :  Calice  à  4  sépales 
étalés,  égaux  à  leur  base  ;  corolle  à  4  pétales 
entiers;  6  étamines  tétradynames,  à  filet 
entier;  pistil  à  stigmate  en  tête,  presque  bi- 
lobé.  Le  fruit  qui  leur  succède  est  une  sili- 
que  raccourcie  au  point  de  mériter  le  nom 
de  silicule;  à  2  valves  sans  nervures  ou  avec 
une  nervure  médiane,  concaves  ,  non  caré- 
nées, renfermant  plusieurs  graines  suspen- 
dues, disposées  sur  quatre  rangs  irréguliers, 
dont  l'embryon  a  ses  cotylédons  accombants. 
Les  Naslurlium  décrits  dans  le  Prodromus 
(t.  I,  p.  137  )  sont  au  nombre  de  27;  de- 
puis la  publication  de  cet  ouvrage,  Walpers 
a  pu  en  relever  21  nouvelles.  Ces  espèces  se 
divisent  en  trois  sous-genres,  dont  les  deux 
premiers  ont  été  admis  comme  genres  dis- 
tincts et  séparés  par  quelques  botanistes  , 
dont  le  dernier  a  été  proposé  avec  doute  par 
De  Candolle. 


NAS 


NAS 


583 


a.  Cardaminum,  Mœnch.  Silique  courte, 
cyïindracée,  subdéclinée;  4  glandes  hypo- 
gynes;  pétales  blancs,  plus  grands  que  le 
calice;  graines  réticulées-rugueuses.  C'est  à 
cette  section  qu'appartient  l'espèce  la  plus 
importante  de  tout  le  genre. 

1.  Nasturce  officinal,  Naslurtium  offici- 
nale Rob.  Br.,  vulgairement  Cresson,  Cres- 
son de  fontaine.  Cette  espèce  croît  abon- 
damment dans  les  ruisseaux  et  les  sources 
de  presque  toutes  les  contrées  du  globe. 
C'est  à  elle  qu'a  été  donné  d'abord  le  nom  de 
Naslurtium,  que  Linné  lui  a  conservé  comme 
spécifique  en  la  rangeant  parmi  les  Sisym- 
brium  (S.  naslurtium  Lin.  ),  et  qui  est  de- 
venu en  dernier  lieu  celui  du  genre  tout  en- 
tier. Elle  est  vivace;  sa  tige,  longue  de 
23  décimètres,  est  couchée  à  sa  partie  infé- 
rieure qui  s'enracine  aux  nœuds  ;  elle  se 
redresse  supérieurement;  ses  feuilles  sont 
pinnatiséquées  ,  à  segments  presque  arron- 
dis, ou  ovales,  ou  oblongs ,  entiers  ou  un 
peu  sinueux,  le  terminal  plus  grand,  un  peu 
en  cœur  à  sa  base.  Ses  fleurs  sont  blanches, 
petites.  Sa  silique  est  courte,  un  peu  arquée, 
à  peu  près  de  la  longueur  du  pédicelle.  Le 
Cresson  de  fontaine  est  une  des  plantes  les 
plus  intéressantes  de  la  famille  des  Cruci- 
fères, à  cause  de  ses  propriétés  médicinales 
et  de  la  consommation  considérable  qui  s'en 
fait,  et  qui  est  telle  qu'à  Paris,  par  exemple, 
îes  environs  en  sont  presque  dépeuplés.  On 
sait,  en  effet ,  qu'à  l'état  jeune  il  fournit 
une  salade  très  recherchée,  et  ce  seul  usage 
en  absorbe  de  très  grandes  quantités.  En 
second  lieu,  ses  propriétés  éminemment  dé- 
puratives  et  anti-scorbutiques  lui  donnent 
de  l'importance  en  médecine  :  aussi  entre- 
t-il  dans  plusieurs  préparations  anti-scorbu- 
tiques. De  plus ,  on  recommande  depuis 
longtemps  son  emploi  pour  diverses  mala- 
dies des  voies  urinaires;  on  lui  attribue  en- 
core une  action  assez  avantageuse  dans  les 
maladies  de  poitrine  ,  et  la  croyance  popu- 
laire en  fait,  sous  ce  rapport,  un  médicament 
des  plus  salutaires.  Pour  tous  ces  usages 
médicinaux  on  emploie  la  plante  fraîche, 
car  on  a  reconnu  que  la  dessiccation  et  la 
cuisson  annihilent  son  action.  Dans  cet  état, 
sa  saveur  est  piquante,  avec  un  léger  mé- 
lange d'amertume  et  quelque  peu  d'âcreté. 
Autrefois  on  en  faisait  la  base  de  nombreu- 
ses préparations,  dont  la  plupart  ont  été 


abandonnées.  La  plante  spontanée  ne  suffi- 
sant pas  à  la  consommation  qui  s'en  fait 
journellement,  on  la  multiplie  fréquemment 
en  la  semant  le  long  des  eaux  courantes,  ou 
même  on  en  fait  l'objet  d'une  culture  spé- 
ciale dans  des  baquets  à  moitié  remplis  d'eau 
qu'on  renouvelle  de  temps  en  temps,  et  dans 
lesquels  on  sème  la  graine  ou  l'on  plante  des 
fragments  de  la  b*ase  rampante  des  tiges.  On 
obtient  par  ces  deux  procédés  des  cresson- 
nières d'un  bon  rapport. 

b.  Brachyolobos ,  Alli.  Pétales  jaunes; 
glandes  de  la  fleur  petites;  silique  raccour- 
cie, cylindroïde  ou  ellipsoïde.  Parmi  celles, 
de  nos  espèces  indigènes  qui  appartiennent 
à  ce  sous-genre,  nous  nous  bornerons  à  quel- 
ques mots  sur  la  suivante. 

2.  Nasturce  amphibie,  Naslurtium  am- 
phibium  R.  Brown  (Sisymbrium  amphibium 
Lin.),  vulgairement  Raifort  d'eau.  Cette  es- 
pèce croît  au  bord  des  fossés  et  des  cours 
d'eau  ,  dans  les  eaux  stagnantes,  et  même 
dans  des  lieux  d'où  l'eau  disparaît  pendant 
l'été.  Elle  est  vivace.  Sa  tige,  rameuse,  s'é- 
lève quelquefois  jusqu'à  1  mètre  de  hauteur, 
et  le  plus  souvent  reste  couchée  à  sa  partie 
inférieure  de  manière  à  prendre  racine  aux 
nœuds;  ses  feuilles  sont  oblongues-lancéo- 
lées ,  ordinairement  embrassantes  à  leur 
base ,  tantôt  entières,  tantôt  dentées  en  scie, 
tantôt  enfin  pinnatifides,  au  moins  les  in- 
férieures. Les  pétales  de  ses  fleurs  sont  plus 
longs  que  le  calice.  Ses  siliques  sont  ellip- 
soïdes. Les  variations  de  forme  des  feuilles 
dans  cette  espèce  en  font  distinguer  deux 
variétés  :  l'une  à  feuilles  indivises,  l'autre 
à  feuilles  inférieures  plus  ou  moins  profon- 
dément pinnatifides.  Au  printemps ,  on 
mange  quelquefois  les  jeunes  feuilles  de 
cette  espèce  en  guise  de  Cresson.  Quelques 
médecins  ont  de  plus  tiré  parti  de  ses  grai- 
nes ,  qu'ils  ont  dit  agir  comme  vermifuges. 

A  ce  même  sous-genre  appartiennent  en- 
core trois  espèces  indigènes,  dont  deux  sur- 
tout se  trouvent  communément  le  long  des 
eaux  douces  de  toute  la  France;  ce  sont  les 
Naslurtium  sylvestre  R.  Br. ,  N.  palustre 
DC,  et  le  N.  pyrenaicum  R.  Br. 

c.  Clandestinaria,  DC.  Ce  sous-genre  a  été 
proposé  avec  doute  par  De  Candolle  ,  pour 
quelques  plantes  de  l'Inde  et  de  l'Amérique 
méridionale  que  distinguent  leurs  pétales 
nuls  ou  très  petits,  blancs,  et  leurs  silique? 


584 


NAT 


NAT 


allongées,  cylindriques,  dressées.  D'après  ce 
botaniste,  les  unes  rentreraient  probable- 
ment dans  les  Sisymbrium,  les  autres  parmi 
les  Arabis.  (P.  D.) 

NASTURTIOLUM ,  Gray  (Brit.  Plant., 
II,  692).  bot.  ph.  —  Syn.  d' Hulchinsia,  R. 
Br.  —  DC.  (Syst.,  II,  522).  Voy.  sene- 
biera  ,  Poir. 

NASTURTIUM.  bot.  ph.  —  Voy.  nas- 

TERCE. 

*WIASTLS(va<rToç,  épais),  ins.— Genre  de 
Coléoptères  tétramères,  famille  des  Curcu- 
lionides  gonatocères,  division  des  Otiorhyn- 
chides,  créé  par  Schœnherr  (Gênera  etspecies 
Curculion.  synon.,  t.  Vil,  1,  p.  405).  Deux 
espèces  sont  rapportées  à  ce  genre,  les  N. 
Goryi  Parr.,  Schr.,  et  humatus  Gr.,  Schr. 
L'une  et  l'autre  proviennent  du  Caucase. (C.) 

1VASTUS  (vatjxoç,  épais),  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  des  Graminées ,  tribu  des  Fes- 
tucacées,  établi  par  Jussieu  (Gen.,  34).  Gra- 
raens  de  l'île  Bourbon.  Voy.  graminées. 

NASUA  (nasus,  nez),  mam.  —  Nom  latin 
du  genre  Coali  (voy.  ce  mot),  appliqué  par 
Storr  (Prodr.  met.  Anim. ,  1780).    (E.  D.) 

*  NAS UT A  (nasutus,  qui  a  un  grand 
nez),  mam.  —  Illiger  (Prodr.  syst.  Mam.  et 
Avium,  1811)  donne  ce  nom  à  une  famille 
de  Mammifères ,  comprenant  le  seul  genre 
Tapir.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*IVATALIS  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille  des 
Malacodermes,  tribu  des  Clairones,  établi  par 
Laporte  (Revue  en  t.  de  Silberman  ,  tom.  4, 
pag.  41  )  et  adopté  par  Spinola  (  Essai  mo- 
nographique sur  les  Clériles,  1844,  p.  198). 
Les  trois  espèces  suivantes  appartiennent  à 
ce  genre  :  Opilus  porcatus  F.,  cribricollis 
H.-T).,Laplacei  Lap.  Les  deux  premières  sont 
originaires  de  la  Nouvelle-Hollande;  la  troi- 
sième est  du  Chili.  (C.) 

*  NATALUS.  mam.  —  Groupe  de  Chéi- 
roptères, désigné  par  M.  Gray  (Ann.  of. 
PMI.,  XXVI,  4825).  (E.  D.) 

*  MATANTES,  Schinz.  (Europ.  faun., 
1840).  ois. — Syn.  de  Palmipèdes,  G.  Cuvier. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NATANTIA.  mam.  —  Ordre  de  Mammi- 
fères créé  par  Illiger  (Prodr.  syst.  Mam.  et 
Avium,  1811),  et  correspondant  à  celui  plus 
généralement  connu  sous  la  dénomination 
de  Cétacés.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NATATORES.  ois.— Division  des  Oiseaux 


indiquée  par  Illiger  (Pr.  syst.  Av.  et  Mamm., 
1811)  et  correspondant  à  peu  près  au  groupe 
des  Nageurs  de  Vieillot.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*NATIIALIS.  ins.  — Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  diurnes ,  tribu  des  Piérides  , 
établi  par  M.  Boisduval  (Sp.  gén.  des  Lé- 
pid.,  I,  589).  La  seule  espèce  connue  est 
le  Nalhalis  Joie  Boisd.,  du  Mexique.  (L.) 

NATICE.  Natica.  moll.—  Genre  de  Mol- 
lusques gastéropodes  pectinibranches ,  sans 
siphon  au  manteau  ,  et  par  conséquent  sans 
échancrure  à  la  base  de  l'ouverture  ,  mais 
pourvus  d'une  trompe,  et  se  nourrissant  de 
proie  vivante.  Ce  genre,  et  les  Sigarets,  qui 
ont  les  mêmes  caractères,  constituent  la  fa- 
mille des  Naticoïdes,  les  seuls  Pectinibran- 
ches sans  siphon  qui  soient  exclusivement 
zoophages.  Le  pied  des  Natices  est  mince  et 
extrêmement  dilaté  ;  il  égale  au  moins  quatre 
à  cinq  fois  la  longueur  de  la  coquille,  dans 
laquelle  il  ne  peut  rentrer  que  difûcilement; 
il  forme  d'ailleurs  un  bourrelet  charnu  cir- 
culaire dans  lequel  la  coquille  est  presque 
entièrement  cachée.  L'opercule  corné  ou 
pierreux  est  porté  par  le  pied ,  et  se  trouve 
également  caché  par  la  disposition  de  l'ani- 
mal dans  l'état  d'extension.  Le  manteau  se 
replie  sur  la  partie  antérieure  de  la  coquille  ; 
entre  ce  repli  du  manteau  et  le  pied  ,  s'a- 
vance la  tête,  courte,  très  large,  et  terminée 
par  deux  lèvres,  entre  lesquelles  sort  la 
trompe,  qui  est  rétractile.  La  coquille  est 
presque  globuleuse,  ombiliquée  ;  l'ouverture 
est  entière,  en  demi-cercle;  le  bord  gauche 
oblique,  et  non  denté  comme  celui  des  Né- 
rites,  est  recouvert  par  une  callosité  qui  mo- 
difie l'ombilic  et  quelquefois  le  cache  en 
partie.  Le  bord  droit  est  tranchant,  toujours 
lisse  à  l'intérieur.  Les  espèces  vivantes  de 
Natices,  toutes  marines,  sont  nombreuses  et 
remarquables  par  le  poli ,  et  souvent  aussi 
par  la  coloration  de  leur  surface  :  les  plus 
grandes  sont  larges  de  plus  de  8  centimètres, 
les  plus  petites  n'ont  que  2  centimètres  de 
largeur.  On  en  connaît  aussi  beaucoup  de 
fossiles  dans  les  terrains  tertiaires;  plusieurs 
même  se  trouvent  à  la  fois  encore  vivantes 
dans  les  mers  d'Europe  ,  et  fossiles  dans  les 
étages  supérieurs  de  ces  terrains  tertiaires. 

Adanson  le  premier  désigna  ces  coquilles 
par  le  nom  de  Natice  ;  mais  longtemps  au- 
paravant, Lister  avait  déjà  groupé  assez 
exactement  les  espèces  qu'il  connaissait. 


NAT 

Linné  les  laissa  parmi  les  Nérites ,  comme 
formant  une  section  particulière.  Bruguière 
et  Lamarck  adoptèrent  au  contraire  le  genre 
Natice ,  et  ce  dernier  naturaliste  les  plaça 
dans  sa  famille  des  Néritacées.  Cuvier,  imi- 
tant Linné,  en  fit  un  sous-genre  des  Nérites, 
en  les  distinguant  par  la  grandeur  de  leur 
pied,  par  la  coquille  ombiliquée,  et  par  l'o- 
percule corné  et  non  pierreux,  ce  qui,  pour- 
tant, n'est  pas  général.  M.  de  Blainville,  en 
conservant  le  genre  Natice,  le  laissa  avec 
les  Nérites  dans  sa  famille  des  Hémicyclos- 
tomes ,  qui  répond  aux  Néritacées  de  La- 
marck. M.  Deshayes,  qui  avait  aussi  d'abord 
conservé  ce  genre  dans  les  mêmes  rapports, 
a  été  amené,  par  de  nouvelles  observations, 
à  le  séparer  des  Nérites,  et  à  le  placer,  avec 
les  Sigarets,  dans  une  famille  à  part  comme 
nous  l'indiquons.  (Duj.) 

*NATICGIDES.  Naticoides.  moll.  —  Fa- 
mille de  Gastéropodes  pectinibranches  sans 
siphon  ou  manteau  et  par  conséquent  sans 
échancrure  à  la  base  de  l'ouverture,  mais 
pourvus  d'une  trompe  ,  et  se  nourrissant  de 
proie  vivante.  Cette  famille  comprend  les 
deux  genres  Natice  et  Sigaret,  qui  diffèrent 
par  les  dimensions  de  l'ouverture  de  la  co- 
quille ,  mais  qui,  l'un  et  l'autre  ,  sont  re- 
marquables par  la  grandeur  du  pied.  (Duj.) 

N ATRID1UM,  DC.  {Prodr.,  II,  158). 
bot.  ph.  —  Voy.  ononis,  Linn. 

NATRIX.  rept. —  Espèce  de  Couleuvre, 
Coîuber  nalrix  ,  qui  est  devenue  pour  Lau- 
renti  {Synopsis  Reptilium,  1768)  le  type  d'un 
petit  groupe  particulier.  Voy.  le  mot  cou- 
leuvre. (E.  D.) 

NATRIX,  DC.  (Prodr.,  Il  ,  158).  bot. 
ph.  —  Voy.  ononis,  Linn. 

NATROCHALCITE.min.— Syn.  de  Gay- 
Lussile.  Voy.  carbonates  et  soude. 

NATROLITHE.  min. —Syn.  de  Méso- 
type. Voy.  ce  mot. 

NATRON.  min.  —  Sous- carbonate  de 
joude  hydratée.  Voy.  carbonates  et  soude. 

*NATSIATUM.  bot. ph.— Genre  delà  fa- 
mille des  Phytocrénées ,  établi  par  Ilamil- 
ton  (Msc).  Arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale. 
Voy.  phytocrénées. 

NATTE,  moll.  —  Ce  nom  a  été  donné, 
dans  le  commerce,  à  plusieurs  espèces  de 
coquilles.  Ainsi  l'on  a  appelé  : 

Natte  d'Italie,  les  Conus  lesseïïalus  et 
Utleratus  ; 
T.  viii. 


NA€ 


585 


Natte  de  Jonc,  une  Telline; 

Natte  sans  taches,  le  Tellina  gari,  etc. 

NATTERER.  ois.— Espèce  du  genre  En- 
goulevent. Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*NATYA.  rept.—  M.  Gray  (Syn.  Brit. 
Mus. ,  1840)  indique  sous  ce  nom  un  nou- 
veau groupe  de  Geckoniens.  (E.  D.) 

NAUCHEA,  Descourt,  (m  Annal.  Soc. 
Linn.  Paris,  IV,  7,  t.  1).  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Cliloria ,  Linn. 

NAUCLEA.  bot.  ph.  —  Voy.  nauclée. 

NAUCLEARIA,  DC.  bot.  —  Voy.  nau- 

CLEA. 

NAUCLÉE.  Nauclea.  bot.  ph.  —  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Rubiacées,  sous- 
ordre  des  Cinchonacées,  de  la  Pentandrie 
monogynie  dans  le  système  sexuel  de  Linné. 
Il  se  compose  d'arbres  ou  d'arbrisseaux 
grimpants  qui  habitent  tous  les  contrées! 
intertropicales;  dont  les  feuilles  simples  , 
coriaces,  opposées  ou  verticillées,  sont  ac- 
compagnées de  stipules  interpétiolaires. 
Leurs  fleurs,  réunies  en  capitules  glo- 
buleux ,  axillaires  ou  terminaux  ,  sont  por- 
tées sur  un  réceptacle  commun  globuleux  , 
et  entremêlées  de  bractéoles.  Elles  présen- 
tent les  caractères  suivants:  Calice  à  tube 
adhérent,  oblong  ,  à  limbe  supère,  court, 
tronqué  ou  5-parti.  Corolle  en  entonnoir, 
à  tube  grêle;  à  limbe  5-fide;  5  étamines 
insérées  à  la  gorge  de  la  corolle;  ovaire 
adhérent,  à  2  loges  pauci-  ou  mulli-ovulées, 
surmonté  d'un  style  filiforme,  saillant, 
que  termine  un  stigmate  renflé,  indivis.  A 
ces  fleurs  succèdent  des  capsules  distinctes 
ou  soudées  entre  elles,  à  2  loges  qui  se 
séparent  à  la  maturité  sous  la  forme  de 
deux  coques  suspendues  au  sommet  d'un 
axe  filiforme. 

Tel  qu'il  est  limité  par  les  caractères 
précédents,  ce  genre  comprend  non  seule- 
ment les  Nauclées  proprement  dites ,  mais 
encore  les  Uncaria,  Schreb.  ,  arbrisseaux 
grimpants  chez  lesquels  les  pédoncules  sté- 
riles et  ceux  des  inflorescences  passées 
durcissent  en  épines  axillaires,  fortement 
crochues;  et  les  Adina,  Salisb.  ,  sous-ar- 
brisseaux de  Chine  ,  inermes,  distingués  par 
leur  calice  à  limbe  5-parti,  persistant; 
les  uns  et  les  autres  n'en  forment  plus  que 
de  simples  sections.  Le  genre  tout  entier  , 
ainsi  circonscrit,  est  divisé  par  M.  Endli- 
cher  en  5  sous-genres ,  qui  portent  les  noms 


586 


NAU 


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de  Plant anocarpum,  Nauclearia,  Pentaco- 
ryna,  Uncaria  et  Adina.  C'est  parmi  les 
Uncaria  que  se  trouve  l'espèce  la  plus  in- 
téressante du  genre,  la  seule  dont  nous 
nous  proposions  de  nous  occuper  ici. 

1 .  Nauclée  gambir  ,  Nauclea  gambir 
Hunter  {Uncaria gambir  Roxb.,  DC).  Cette 
espèce  croît  spontanément  à  Pulo-Pinang  , 
à  Sumatra ,  à  Malacca ,  etc.  C'est  un  arbris- 
seau grimpant,  dont  les  branches  sont  cy- 
lindriques ,  dont  les  feuilles  sont  ovales- 
lancéolées  ,  aiguës  au  sommet ,  lisses  à  leurs 
deux  faces,  munies  d'un  court  pétiole,  ac- 
compagnées de  stipules  ovales;  de  l'aisselle 
de  ces  feuilles  partent  des  pédoncules  soli- 
taires, opposés,  qui  portent  des  bractéoles 
vers  le  milieu  de  leur  longueur ,  et  dont  les 
inférieurs  ,  qui  sont  stériles ,  se  changent  en 
épines  très  crochues.  C'est  de  cette  plante 
que  les  Malais  obtiennent  une  des  substan- 
ces qui  portent  dans  le  commerce  le  nom 
de  gomme-kino ;  celle-ci  est  connue  particu- 
lièrement sous  le  nom  de  Gutta-gambeer  ou 
gambir.  Au  sujet  de  la  préparation  de  cette 
substance  et  de  ses  usages,  nous  reprodui- 
rons les  principaux  passages  d'un  mémoire 
spécial  de  Hunter  {Observations  on  Nauclea 
gambir  ,  etc. ,  Transact.  of  the  Linn.  soc. 
ofLondon,  vol.  IX,  1808,  pag.  218-224  , 
tab.  22). 

«  Une  question  qui  a  occupé  les  natura- 
listes et  les  auteurs  d'ouvrages  sur  la  ma- 
tière médicale,  consiste  à  savoir  si  les  petites 
tablettes  ou  trochisques  connus  sous  le  nom 
de  Gutta  gambeev ,  sont  une  préparation 
obtenue  du  Mimosa  catechu  ou  d'une  autre 
plante.  Mes  observations  peuvent  servira 
résoudre  cette  question. 

»  C'est  avec  les  feuilles  du  Nauclea  gam- 
bir qu'on  prépare  cette  substance  par  deux 
procédés  différents.  Le  premier  consiste  à 
faire  bouillir  les  feuilles  détachées  des  bran- 
ches dans  un  grand  pot ,  pendant  une  heure 
et  demie,  en  ajoutant  du  liquide  à  mesure 
qu'il  se  vaporise,  jusqu'à  ce  que  la  matière 
épaississe  en  consistance  de  sirop.  On  l'en- 
lève alors  dedessus  le  feu, et,  en  refroidis- 
sant, elle  se  soïidiûe.  On  la  partage  ensuite 
en  petits  carrés,  qu'on  fait  sécher  au  soleil, 
en  les  retournant  fréquemment.  Le  Gam- 
beer  préparé  d'après  ce  procédé  est  brun  ; 
mais  on  en  porte  de  quelques  points  des 
côtes  de  la  Malaisie  et  de   Sumatra ,    qui 


forme  de  petits  pains  ronds,  presque  par- 
faitement blancs.  D'après  le  docteur  Camp- 
bell ,  de  Bencoolen  ,  on  l'obtient  par  un 
second  procédé,  qui  consiste  à  couper  en  pe- 
tits fragments  les  feuilles  et  les  jeunes 
branches ,  et  à  les  faire  infuser  dans  l'eau 
pendant  quelques  heures;  il  se  dépose  de 
la  sorte  une  matière  qu'on  fait  sécher  au 
soleil ,  et  qu'on  façonne  dans  de  petits  mou- 
les arrondis. 

»  La  première  sensation  que  le  Gambeer 
produit  sur  l'organe  du  goût,  est  celle  d'a- 
mertume et  d'astringence.  Mais  il  laisse 
ensuite  un  arrière-goût  douceâtre  très  per- 
sistant... On  nous  a  assuré  qu'il  agit  effi- 
cacement dans  les  angines,  contre  les  aph- 
thes,  ainsi  que  dans  les  cas  de  diarrhée  et 
de  dyssenterie.  On  fait  infuser  cette  matière 
dans  l'eau  ,  à  laquelle  elle  donne  la  couleur 
d'une  infusion  de  thé.  Les  Malais  la  mêlent 
à  de  la  chaux,  et  l'appliquent  à  l'extérieur 
snr  les  coupures ,  brûlures,  etc.  Mais  l'usage 
le  plue  fréquent  qu'on  en  fait  dans  les  In- 
des consiste  à  la  mâcher  en  la  mêlant  avec 
des  feuilles  de  Bétel,  de  la  même  manière 
que  pour  le  Cachou.  On  choisit  pour  cela  sa 
qualité  la  plus  belle  et  la  plus  blanche; 
celui  de  couleur  rouge  ,  ayant  un  goût  fort 
et  âpre,  est  exporté  en  Chine  et  à  Batavia, 
où  on  l'emploie  pour  le  tannage  et  pour  la 
teinture...  Il  paraît  qu'il  est  très  propre  au 
premier  de  ces  usages,  mes  expériences 
m'ayant  montré  qu'il  est  plus  riche  en 
tannin  que  le  Cachou. 

»  Les  principaux  lieux  de  fabrication  de 
cette  substance  sont  :  Malacca ,  Siak  et  Rhio, 
où  l'on  emploie  le  plus  généralement  le  pro- 
cédé par  ëbullition. 

»Pour  la  culture  de  la  plante  on  préfère  les 
terres  rouges  et  riches. Elle  donneles  produits 
les  plus  abondants  lorsque  les  pluies  sont 
fréquentes  ;  mais  elle  ne  réussit  pas  dans 
les  lieux  qui  peuvent  être  inondés.  Pour  ce 
motif,  les  flancs  d'un  cote?  \  sont  plus  con- 
venables que  tout  autre  lieu.  On  propage  ce 
végétal  par  graines,  qui  lèvent  après  trois 
mois;  le  jeune  plant  croît  rapidement;  lors- 
qu'il a  9  pouces  de  long,  on  le  plante  à  de- 
meure en  espaçant  les  pieds  de  8  à  9  pieds. 
Un  an  après  la  plantation,  ils  donnent  une 
première  récolte;  une  plus  abondante  a 
lieu  à  dix-huit  mois  ;  et  après  deux  ans ,  les 
arbustes  ont  atteint  tout  leur  développe- 


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ment,  et  ils  donnent  alors  les  produits  les 
plus  abondants.  » 

2.  Une  autre  esp.  de  ce  g. ,  le  Nauclea 
africana  Wild.,  est  employée  au  Sénégal 
d'après  M.  Leprieur,  en  décoction  et  en  bains 
le  traitement  des  fièvres.  (P.  D.) 

*NAUCLÈRE. Nauclerus  (vaOxlyjpoç,  ma- 
rin), poiss. — Genre  de  l'ordre  des  Aeantbop- 
térygiens,  famille  des  Scombéroïdes,  établi 
par  MM.  G.  Cuvier  et  Valenciennes  (Hist.  des 
Poiss.,  tom.  IX,  pag.  247).  Les  Poissons  com- 
pris dans  ce  genre  ont  une  dentition  sembla- 
ble à  celle  des  Sérioles,  c'est-à-dire  des  dents 
en  carde  ou  en  velours  ras  aux  mâchoires  et 
aux  palatins,  lis  offrent  de  plus  ,  comme  ca- 
ractère distinctif,  une  épine  qui  sort  du  som- 
met de  l'angle  obtus  formé  par  les  deux  bords 
du  préopercule;  cette  épine  est  accompagnée 
le  plus  souvent  de  deux  autres  plus  petites, 
placées  de  chaque  côté  de  celle-ci.  Le  man- 
que de  carène  aux  côtés  de  la  queue  les 
éloigne  aussi  suffisamment  des  Pilotes, 
avec  lesquels  les  Nauclères  avaient  été  con- 
fondus. 

Les  Nauclères  sont  de  petits  Poissons  qui 
ne  vivent  qu'en  haute  mer.  On  en  connaît 
6  espèces ,  parmi  lesquelles  nous  citerons 
principalement  le  Nauclère  comprimé,  Naucl. 
compressus  Guv.  et  Val.  (loc.  cit.).  Le  corps 
de  ce  poisson  est  couvert  de  très  petites 
écailles.  Il  est  argenté  ,  brillant ,  un  peu 
plombé  sur  le  dos,  et  traversé  par  sept  ban- 
des bleues  noirâtres,  qui  descendent  du  dos 
et  s'effacent  sur  le  bas  des  flancs.  Les  na- 
geoires sont  jaunâtres,  excepté  les  ventrales 
qui  sont  presque  entièrement  noires,  et  les 
pectorales  qui  n'ont  aucune  tache  et  sont 
d'une  couleur  pâle. 

La  taille  de  ce  Poisson  n'atteint  ordinai- 
rement que  3  centimètres.  (M.) 

*NAUCLEI\US  (vavxÀ/ipoç,  qui  gouverne), 
ois.  — M.  Vigors  (Zool.  journ.,  n.  7,  1825) 
indique  sous  ce  nomune  subdivision  du  genre 
Faucon.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

ÎVAUCORE.  Naucoris  (  vaûç,  navire;  Xo- 
ptç,  punaise  ).  ins.  —  Genre  d'Hémiptères  , 
de  la  section  des  Hétéroptères  ,  famille  des 
Hydrocorises ,  tribu  des  Népides,  créé  par 
Geoffroy  (  Hist.  abrégée  des  Ins.,  1762  ),  et 
adopté  par  tous  les  entomologistes.  Les  Nau- 
coris sont  caractérisés  d'une  manière  géné- 
rale par  leur  corps  acuminé  en  avant;  par 
leurs  tarses  antérieurs  munis  de  deux  petits 


crochets,  et  par  leur  labre  grand,  triangu- 
laire, recouvrant  la  base  du  bec. 

Plusieurs  entomologistes,  et  particulière- 
ment Degéer  et  M.  Léon  Dufour,  ont  étudié 
avec  soin  les  mœurs  et  l'anatomie  de  plu- 
sieurs espèces  de  ce  genre.  D'après  Degéer, 
l'espèce  type  du  groupe ,  le  Naucoris  cimi- 
coides, nage  avec  beaucoup  de  vitesse,  et  il 
sort  souvent  de  l'eau,  pendant  la  nuit,  pour 
voler  dans  la  campagne,  et  aller  à  la  recher- 
che d'une  nouvelle  mare.  Cet  Insecte  est  très 
vorace  ,  et  se  nourrit  de  toute  sorte  de  pe- 
tits animaux  aquatiques  qu'il  attrape  à  la 
nage;  il  attaque  avec  beaucoup  de  courage 
tous  les  Insectes  qu'il  rencontre,  et  c'est  un 
de  ceux  qui  font  le  plus  de  carnage  dans  les 
eaux,  soit  à  l'état  de  larve,  soit  à  celui  d'in- 
secte parfait. 

Suivant  M.  Léon  Dufour,  le  canal  digestif 
du  Naucoris  maculata  a  une  longueur  triple 
de  celle  de  tout  le  corps  de  l'animal.  L'ar- 
mure copulatrice  du  mâle  du  Naucoris  cimi- 
coides  se  compose  :  1°  de  deux  pièces  laté- 
rales falciformes,  obtuses,  velues,  coriaces, 
mobiles  sur  leur  base;  2°  d'une  plaque  in- 
termédiaire en  forme  de  losange  ,  coriace , 
velue,  paraissant  commencer  au  dernier  seg- 
ment dorsal  de  l'abdomen  et  à  l'armure  co- 
pulatrice; 3°  enfin  ,  d'une  espèce  de  dard 
corné,  mobile,  dont  la  pointe,  dirigée  en  ar- 
rière, est  en  lancette  acérée,  et  qui  paraît 
être  un  étui  spécial  de  la  verge.  Les  œufs 
du  N.  cimicoides  sontoblongs,  cylindriques, 
un  peu  courbés,  blanchâtres,  très  lisses, 
obliquement  tronqués  à  leur  bout  anté- 
rieur. Cette  troncature  est  circonscrite  par 
un  filet  sursaillant ,  ce  qui  lui  donne  une 
certaine  ressemblance  avec  l'ouverture  de 
ces  petites  coquilles  terrestres  appelées  pu- 
pes.  Les  œufs  d'une  autre  espèce  {N.  macu- 
lata) sont  ovales-obtus,  nullement  tronqués  ; 
et  la  texture  de  leur  coque,  examinée  à  une 
forte  lentille  du  microscope ,  paraît  réti- 
culée, avec  des  mailles  arrondies,  traversées 
de  raies  ou  lignes  parallèles,  tandis  que  la 
coque  des  œufs  de  la  N.  cimicoides,  soumise 
aux  mêmes  verres  amplifiants,  n'offre  aucun 
aspect  de  réticulation.  C'est  vers  la  fin  d'avril 
que  les  femelles  pondent  leurs  œufs. 
Trois  espèces  entrent  dans  ce  genre  : 
Naucoris  cimicoides  Linné  ,  Fabr.  C'est 
l'espèce  type  :  elle  est  d'un  jaune  verdâtre/ 
sur  tout  le  corps,  avec  quelques  points  bruns 


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sur  ia  tête  et  le  prothorax  ;  les  ailes  sont 
blanches,  transparentes;  la  partie  membra- 
neuse des  élytres  est  presque  aussi  grande 
que  la  partie  coriace;  les  pattes  et  les  an- 
tennes sont  de  la  couleur  du  corps.  Se  trouve 
très  communément  dans  les  marais  des  en- 
virons de  Paris. 

Naucoris  maculata  L.  Duf.  Midi  de  la 
France. 

Naucoris  Pœyi  Guérin  (Icon.  Règ.anim. 
Cuv.,  Ins.,  pi.  57,  fig.  5).  Mexique.  (E.  D.) 

*NAUCORIDA,  Leach,  etNAUCOIUŒ, 
Hallen.  ins.  —  Ces  deux  noms  ont  été  ap- 
pliqués à  une  petite  famille  d'Hémiptères 
hétéroptères  comprenant  plusieurs  genres 
dont  le  principal  est  celui  des  Naucores. 
Voy.ce  mot.  (E.  D.) 

*NAUCORIDES.  Naucorides.  ins.  — 
Groupe  d'Hémiptères  Hétéroptères  hydroco- 
lises  ,  de  la  famille  des  Pedirapli,  indiqué 
par  MM.  Amyot  et  Serville  (Hémiptères, 
Suites  à  Buffon  de  Roret),  qui  leur  donnent 
pour  caractères  quatre  articles  aux  antennes 
et  le  corps  large,  ovalaire.  Les  genres  Belos- 
tonia ,  Zoitha ,  Naucoris ,  Sphœodema  et  Di- 
plonychus  (voy.  ces  mots)  entrent  dans  cette 
division.  (E.  D.) 

NAUCORIS.  ins.  —  Voy.  naucore. 

NAUCRATES.  poiss.  —  Voy.  pilote. 

*  KAULTINUS.  rept.  —  Groupe  de  Gec- 
koniens  (Voy.  ce  mot),  d'après  M.  Gray 
(Syn.  Brit.  Mus. ,  1840).  (E.  D.) 

NAUMBURGIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Primulacées- 
Primulées ,  établi  par  Mœnch  (Meth.  suppl., 
23).  Herbes  des  contrées  marécageuses  de 
l'Europe.   Voy.  primulacées. 

*NAUPACTUS  (  nom  d'une  ville  d'É- 
tolie).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères  ,  famille  des  Curculionides  gonato- 
cères ,  division  des  Brachydérides  ,  formé 
par  Mégerle  et  adopté  par  Dejean  et 
Schœnherr  (Gen.  et  sp.  Curculion.  synon., 
t.  V,  p.  l).  Ce  dernier  auteur  cite  et  décrit 
cent  quarante  espèces  de  ce  genre,  qui  toutes 
sont  originaires  d'Amérique.  Un  grand  nom- 
bre de  cette  partie  du  globe  figurent  comme 
inédites  dans  nos  collections.  Nous  cite- 
rons, comme  se  rapportant  à  ce  genre, 
les  suivantes:  N.  longimanus,  decorus,  rivu- 
losus  de  F.,  xanthographus ,  aulacus ,  leu- 
cospilus,roborosus,  durius,  bipes,pithecius, 
décrites  sous  le  nom  générique  de  Leptocerus 


(nom  qui  a  dû  être  rejeté  comme  ayant  été 
employé  antérieurement),  senex,  Winttiemi, 
granicollis  et  temperans  Schr.  Ces  Insectes 
se  trouvent  abondamment  sur  des  feuilles 
de  végétaux;  ils  sont  reconnaissables  par  le 
renflement  des  cuisses,  la  dentelure  des 
tibias  antérieurs,  et  par  la  ténuité  des  an- 
tennes. (C.) 

*  NAUPHOETA  (  voûîç ,  navire  ;  9otraita  , 
je  fréquente),  ins. —  M.  Burmeister  (Handb. 
der  entom.,  II  ,  1838  )  a  créé  sous  ce  nom 
un  genre  d'Orthoptères  ,  de  la  famille  des 
Blattariens  ,  et  il  y  comprend  4  espèces  :  3 
nouvelles  ,  et  1  provenant  de  Manille  ,  et 
indiquée  par  M.  Klug  sous  la  dénomination 
de  N.  grisea.  (E.  D.) 

N  AU  PLIES,  Cass.  (in  Dict.  se.  nat., 
XXXIV,  272).  bot.  ph.  —  Gyn.  û'Asteriscus, 
Mœnch. 

*NAUPRIDIA.  ins.  —Genre  de  l'ordre 
des  Lœmodipodes,  que  M.  Milne  Edwards 
range  dans  sa  famiile  des  Caprelliens  ou 
Lœmodipodes  filiformes.  Cette  coupe  géné- 
rique ne  nous  est  connue  que  par  le  peu  de 
mots  que  Latreille  en  a  dits.  Voici  les  ca- 
ractères que  ce  naturaliste  lui  assigne  :  Cinq 
paires  de  pieds  dans  une  série  continue; 
ceux  des  deuxième,  troisième  et  quatrième 
paires  portent  à  leur  base  une  vésicule.  L'es- 
pèce qui  a  servi  à  l'établissement  de  cette 
coupe  générique  habite  nos  côtes,  et  n'a 
pas  encore  été  décrite.  (H.  L.) 

NAUTELLIPSITES.  moll.  —  Genre  de 
Céphalopodes,  fossiles  proposé  par  Parkinson 
pour  quelques  espèces  d'Ellipsolites  de  So- 
werby  qui  seraient  censées  avoir  les  cloisons 
simples  et  le  siphon  comme  les  Nautiles,  tan- 
dis que  les  vraies  Ellipsolites  ont  les  cloisons 
découpées  comme  les  Ammonites.     (Duj.) 

NAUT1LACÉS.  Nautilacea.  moll.  —  Fa- 
mille établie  par  Lamarck  parmi  les  Céphalo- 
podes, pour  les  espèces  dont  la  coquille  dis- 
coïde, à  spire  centrale,  est  divisée  en  loges 
courtes  qui  ne  s'étendent  pas  du  centre  à 
la  circonférence.  Cette  famille,  ainsi  défi- 
nie ,  comprenait ,  avec  les  genres  Discorbe , 
Sidérolite,  Polystomelle,  Vorticiale  et  Num- 
mulite,  qui  sont  des  Rhizopodes  ou  Fo- 
raminifères ,  le  seul  genre  Nautile  appar- 
tenant à  la  classe  des  Céphalopodes  ;  mais 
il  convient  de  rapprocher  de  ce  dernier 
genre  tous  ceux  qui  ont  également  une  co- 
quille cloisonnée  à  loges  simples  avec  un  si- 


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phon  ventral  ou  central,  et  la  dernière  loge 
assez  grande  pour  contenir  l'animal.  On  peut 
alors ,  comme  Ta  fait  M.  Deshayes,  former 
une  nouvelle  famille  des  Nautilacés  compre- 
nant les  sept  genres  Orlhocerasy  Gomphoce- 
rasy  Carnpulites,  Phragmoceras ,  Lituites , 
Clymenia  et  Nautilus.  Le  dernier  seul  est 
représenté  par  des  espèces  vivantes  et  fossi- 
les. Tous  les  autres  sont  exclusivement  fos- 
siles, comme  les  différents  genres  de  la  fa- 
mille des  Ammonées,  et  c'est  par  induction 
seulement  qu'on  peut  supposer  que  tous  ces 
animaux  étaient  munis  de  quatre  branchies 
comme  les  Nautiles  vivants.  (Duj.) 

NAUTILE.  JVauMus  (vauTt)oç,  navigateur). 
moll. — GenredeCéphalopodesà  quatre  bran- 
chies ou  tetrabrancb.es,  et  à  coquille  cloison- 
née ayant  les  cloisons  simples,  enroulée  en 
spirale  dans  un  même  pian,  et  dont  les  tours 
de  spire  sont  contigus ,  le  dernier  envelop- 
pant les  autres;  un  siphon  médian  traverse 
toutes  les  cloisons;  l'animal  diffèred'ailleurs 
de  tous  les  Céphalopodes  à  deux  branchies 
par  ses  tentacules  très  nombreux,  contenus 
dans  des  gaines  charnues  d'où,  ils  sortent 
plus  ou  moins,  et  garnis  de  lamelles  au  côté 
interne.  Ces  tentacules,  qui  peuvent  aussi 
être  considérés  comme  formant  huit  groupes 
analogues  aux  huit  bras  des  Poulpes ,  em- 
brassent la  tête,  et  sont  eux-mêmes  en- 
tourés par  une  sorte  d'enveloppe  charnue 
prolongée  supérieurement  en  manière  de 
capuchon  ,  pour  protéger  l'animal  quand  ii 
se  contracte  dans  la  dernière  loge  de  la  co- 
quille destinée  à  le  contenir  tout  entier.  La 
tête  porte  deux  gros  yeux  très  saillants;  la 
bouche  est  armée  de  mandibules  en  bec  de 
perroquet ,  comme  celle  des  Seiches  et  des 
Poulpes;  mais  ici,  au  lieu  d'être  totalement 
cornées,  les  mandibules  ont  une  partie  cal- 
caire ,  qui ,  pour  les  espèces  fossiles,  a  pu  se 
conserver,  et  qu'on  connaît  sous  le  nom  de 
Pihyncholite.  Le  cœur,  au  lieu  d'être  divisé 
comme  chez  les  autres  Céphalopodes, est  formé 
d'un  ventricule  et  d'une  seule  oreillette,  et 
contenudansunpéricarde  assez  grand  consti- 
tuant en  partie  la  cloison  qui  sépare  de  l'ab- 
domen la  cavité  branchiale.  Le  Nautile  est 
placé  dans  sa  coquille  de  telle  sorte  que 
l'entonnoir  ou  le  côté  ventral  correspond,  au 
côté  extérieur  de  la  coquille  ,  à  ce  qu'on 
nomme  le  côté  dorsal  dans  un  Planorbe  et 
même  dans  une  Spirule  ;  par  conséquent, 


dans  les  Ammonites  et  les  autres  coquilles 
fossilles  de  Céphalopodes ,  ce  qu'on  appelle 
le  dos  de  la  coquille  doit,  par  analogie,  être 
nommé  le  côté  ventral.  Deux  grands  fais- 
ceaux musculaires  partant  de  la  tête  vien- 
nent se  fixer  latéralement  dans  la  dernière 
loge  de  la  coquille,  où  ils  produisent  des 
impressions  musculaires.  La  coquille  est 
d'ailleurs,  comme  chez  tous  les  Mollusques, 
sécrétée  par  les  diverses  régions  du  manteau. 
La  partie  interne  produit  la  nacre  ,  qui  ta- 
pisse toutes  les  loges  et  qui  constitue  les 
cloisons;  le  bord  épaissi  du  manteau  sécrète 
une  portion  plus  épaisse  du  têt  formée  de 
lames  divergentes;  et  enûn  son  bord  libre 
sécrète  aussi  une  couche  extérieure  fort  mince 
non  nacrée  ,  à  laquelle  appartiennent  les 
larges  taches  rouges  ,  irrégulières  ,  qui  ont 
fait  donner  à  la  coquille  le  nom  de  Nautile 
flambé.  On  conçoit  que  pour  tous  les  petits 
objets  d'arts  qu'on  a  fabriqués  avec  cette 
coquille  ,  il  a  sufû  de  dissoudre  les  couches 
externes  pour  faire  paraître  la  nacre  en 
dehors. 

Le  nom  de  Nautile  avait  plus  particuliè- 
rement désigné  l'Argonaute  chez  les  anciens. 
Breyne,  le  premier,  l'appliqua  aux  coquilles 
dont  nous  traitons  ici,  et  qu'il  caractérisait 
assez  bien.  Linné  adopta  d'abord  le  genre 
de  Breyne,  et  donna  le  nom  d'Argonaute  au 
Nautile  des  anciens.  Bruguière  adopta  aussi 
ce  genre,  mais  il  y  comprit  toutes  les  co- 
quilles cloisonnées  à  cloisons  simples  tra- 
versées par  un  siphon.  Cuvier  enfin  rétablit 
le  genre  Nautile  tel  qu'il  doit  être  conservé  ; 
mais  on  ne  connaissait  alors  l'animal  lui- 
même  que  d'après  les  observations  incom- 
plètes de  Rumph.  C'est  en  1832  seulement 
que  M.  Owen  eut  l'occasion  de  faire  de  ce 
Mollusque  une  anatomie  ,  que  M.  Valen- 
ciennes  ,  un  peu  plus  tard,  vérifia  et  rendit 
presque  complète  par  de  nouvelles  recher- 
ches. C'est  alors  que  l'on  a  pu  être  fixé  dé- 
finitivement sur  l'organisation  de  cet  animal, 
et  sur  ses  rapports  avec  le  reste  des  Mollus- 
ques de  sa  classe. 

On  connaît  seulement  2  espèces  vivantes 
de  Nautiles  :  l'une,  plus  commune  (N.  pom- 
pilius),  le  Nautile  flambé,  habite  l'océan  des 
grandes  Indes  et  des  Moluques:  il  atteint  un 
diamètre  de  2  décimètres;  il  est  porté  par 
les  courants  en  si  grande  quantité  sur  les 
côtes  des  îles  Nicobar,  à  une  certaine  épo- 


590 


NAU 


NAU 


que  de  l'année,  que  les  habitants  fument  ou 
boucanent  sa  chair,  et  en  font  des  provisions 
pour  le  reste  de  l'année.  L'autre  espèce  ,  le 
Nautile  ombiliqué,  est  un  peu  plus  petit  et 
beaucoup  plus  rare  :  il  se  distingue  par  un 
large  ombilic,  qui  laisse  voir,  de  chaque 
côté,  tous  les  tours  de  sa  spire;  il  se  trouve 
également  dans  la  mer  des  Indes.  On  avait 
supposé  que  ces  deux  espèces  se  trouvent  à 
l'état  fossile  ;  mais  ce  sont  des  espèces  toutes 
différentes  qu'on  trouve  en  grand  nombre 
fossiles  dans  presque  tous  les  terrains  ma- 
rins des  divers  étages  de  l'écorce  du  globe. 

(Duj.) 
J\TAUTIL!TE.  moll.  —  Dénomination  an- 
ciennement employée  pour  désigner  les  Nau- 
tiles fossiles. 

*JMUTILOeORYSTES(vavTi%ç,  naviga- 
teur ;  Corystes,  g.  de  Crustacés),  crust. — Ce 
genre,  qui  appartient  à  l'ordredes  Décapodes 
brachyures,aétéétabliparM.MilneEdwards 
aux  dépens  des  Corystesde  Latreille,  et  ce  sa- 
vant le  range  danssa  familledesOxystomeset 
danssa  tribu  des  Corystiens.  Latreille  a  placé 
dans  le  genre  Corystes  un  Crustacé  rapporté 
du  cap  de  Bonne  Espérance  par  Delalande,  qui 
ressemble  en  effet  aux  Corystes  parla  forme 
générale,  mais  qui  néanmoins  s'en  distingue 
par  un  caractère  important,  car  les  pattes 
de  la  cinquième  paire  sont  terminées  par  un 
article  aplati,  en  forme  de  nageoire,  absolu- 
ment comme  chez  les  Portuniens;  aussi 
M.  Milne  Edwards  a-t-il  cru  devoir  le  sépa- 
rer génériquement  et  le  désigner  sous  le  nom 
de  Nautilocorystes.  La  carapace  de  cette 
nouvelle  coupe  générique  ne  présente  rien 
de  remarquable.  Le  front  est  large  et  à  peine 
saillant. Les  antennes  sont  renfermées  comme 
chez  les  Corystes.  Les  pattes-mâchoires  ex- 
ternes ont  aussi  à  peu  près  la  même  forme; 
mais  leur  troisième  article,  un  peu  moins 
long  que  le  deuxième,  donne  insertion  par 
son  sommet  à  l'article  suivant.  Les  pattes 
antérieures  sont  courtes  et  arrondies;  celles 
des  quatre  paires  suivantes  sont  très  com- 
primées et  terminées  par  un  tarse  lamelleux 
et  plus  ou  moins  lancéolé;  enfin  celui  des 
pattes  postérieures  est  très  large.  La  seule 
espèce  connue  de  cette  singulière  coupe  gé- 
nérique est  la  Nautilocoryste  ocellaire, 
Nautilocorystes  ocellatus  Edw.  (  Hist.  nat. 
des  Crust.,  t.  ï,  p.  149).  Cette  espèce,  dont 
les  mœurs  nous  sont  inconnues,  a  été  ren- 


contrée sur  les  côtes  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. (H.  L.) 

*I\AUTILOGRAPSUS  (vauxOos,  naviga- 
teur; Grapsus,  g.  de  Crustacés),  crust.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Décapodes  brachyures, 
famille  des  Catométopes,  tribu  desGrapsoï- 
diens,  établi  par  M.  Milne  Edwards  aux 
dépens  des  Cancer  de  Linné  et  des  Grapsus 
de  Latreille  (  voy.  ces  mots).  Cette  petite 
coupe  générique  ne  diffère  que  très  peu 
de  celle  des  Grapsus,  mais  établit  le  passage 
entre  ces  derniers  Crustacés  et  les  Tra- 
pézies.  Ici  la  carapace,  au  lieu  d'être  nota- 
blement plus  large  que  longue  et  presque 
plate,  comme  chez  les  Grapses,  est  plus  lon- 
gue que  large ,  et  bombée  en  dessus.  Les 
régions  ne  sont  pas  distinctes.  Le  front  est 
avancé,  lamelleux  et  simplement  incliné. 
Les  bords  latéraux  sont  courbes  et  longs.  Le 
bord  interne  du  deuxième  article  des  pattes- 
mâchoires  est  presque  droit,  et  le  troisième 
article  est  plus  large  mêmequechezle  Grapse 
madré,  mais  à  peu  près  de  même  forme. 
Enfin  les  pattes  sont  beaucoup  plus  courtes 
que  chez  les  Grapses,  et  les  verges  du  mâle 
traversent  une  simple  échancrure  du  bord 
du  plastron  sternal.  On  ne  connaît  qu'une 
seule  espèce  de  ce  genre,  qui  se  voit  dans 
presque  tous  les  parages,  et  se  rencontre  en 
haute  mer,  souvent  flottant  sur  les  Fucus 
natanSy  ou  sur  les  grands  animaux  marins. 
Le  Nautilograpse  minime,  Nautilograpsus 
minimus  Fabr.,  est  le  type  de  cette  coupe 
générique;  nous  avons  aussi  rencontré  ce 
Crustacé  sur  les  côtes  des  possessions  fran- 
çaises du  nord  de  l'Afrique,  particulièrement 
dans  laradedeBone.  (H.  L.) 

*NAUTlLOlDÉE$.Nauliloideœ.TOKAu\x. 
—Première  famille  de  l'ordre  des  Hélicostè- 
guesdeM.  A.  d'Orbigny.  Elle  comprend  les 
RhizopodesouForaminifères  dont  la  coquille 
est  libre,  régulière,  avec  ses  deux  faces  sem- 
blables; la  spire  est  régulièrement  enroulée 
dans  un  même  plan.  Cette  famille  com- 
prend onze  genres ,  répartis  dans  deux  di- 
visions principales,  savoir  :  les  genres  Cris- 
tellaria,  Flabellina,  Robulina ,  Nonionina, 
Nummulina,  Operculina  et  Vertcbralina , 
qui,  suivant  l'auteur,  ont  une  seule  ouver- 
ture et  le  test  vitreux,  translucide;  et  en 
second  lieu  les  genres  Polystomella,  Penero- 
plis,  Orbiculina  et  Alveolina,  qui  ont  plu- 
sieurs ouvertures.  (Duj.) 


NAV 


NAV 


591 


NAUTILOFHORES.  Naulilophora.  moll. 
— Famille  proposée  par  Gray  pour  les  mêmes 
genres  à  peu  près  qui  constituaient  l'ancienne 
famille  des  Nautilacées  de  Lamarck.   (Duj.) 

NAUTILUS.  moll.  —  Voy.  nautile. 

NAVENBURGIA.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Broiera,  Cavan. 

NAVET,  moll.  — Nom  vulgaire  de  plu- 
sieurs espèces  de  coquilles  :  les  Conus  miles, 
Turbin ella  râpa  et  T.  napus. 

On  a  encore  nommé  : 

Navet  de  la  Chine,  la  Turbinella  râpa; 

Navet  a  longue  queue  ,  le  Murex  canali- 
culatus. 

NAVET,  bot.  ph.  —  Espèce  du  genre 
Chou.  Brassiea  napus.  Voy.  ce  mot. 

NAVETTE,  bot.  ph.  —  Espèce  du  genre 
Chou,  Brassiea  prœcox.  Voy.  chou. 

NAVETTE,  moll.  —  Genre  établi  par 
Monlfort  aux  dépens  des  Ovules,  mais  dont 
il  ne  peut  être  séparé. 

NAVETTE  (Huile  de).chim.—  Voy.  huile. 

*NAVIA,  Bork.  (Disp.  plant.,  151).  bot. 
cr.  —  Syn.  d'Orthotrichum,  Hedw. 

*NAVIA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Broméliacées,  établi  par  Martius(m 
Schult.  fil.  Sysl.,  II,  4,  XV,  1195).  Herbes 
du  Brésil  tropical.  Voy.  broméliacées. 

NAVIAT.  ois.  —  Nom  vulgaire  des  Foul- 
ques et  des  Mouettes. 

NAVICELLE.  Navicella (dim.  de  navis, 
navire),  moll.— Genre  de  Mollusques  gasté- 
ropodes pectinibranches  de  la  famille  des 
Néritacés.  La  coquille  est  elliptique  ou  oblon- 
gueconvexe,  avec  lesommet  abaissé  jusqu'au 
bord  ;  le  bord  gauche  correspondant  à  la  co- 
lumelle  est  aplati,  tranchant,  étroit,  presque 
en  demi-cloison  et  sans  dents.  L'opercule  est 
calcaire,  mince,  aplati,  quadrangulaire,  avec 
une  dent  subulée  latérale  :  il  est  caché  en- 
tre le  pied  et  la  masse  des  viscères.  Le  pied 
est  large,  soudé  à  la  masse  viscérale  par 
son  extrémité;  la  tète  est  très  large,  termi- 
née par  une  sorte  de  voile  charnu  auriculé 
surmontant  la  bouche,  et  porte  deux  grands 
tentacules  subulés  non  rétractiles,  à  la  base 
desquels  se  trouvent  deux  courts  tentacules 
ou  pédoncules  terminés  parlesyeux.Legcnrc 
Navicelle  fut  créé  d'abord  par  Lamarck  sous 
le  nom  de  Nacelle,  et  placé  par  cet  auteur  à 
côté  des  Néritines.  Mais  Cuvier,  tout  en 
adoptant  ce  genre  ,  le  rangea  avec  les  Cré- 
pidules  et  les  Calyptrées.  Cependant,  aujour- 


d'hui, il  ne  reste  plus  aucun  doute  sur  ses 
véritables  rapports,  et  leur  analogie  avec  les 
Néritines  est  surtout  confirmée  si  l'on  ob- 
serve des  coquilles  jeunes,  car  on  voit  alors 
que  le  sommet  forme  presque  un  tour  de 
spire  et  s'incline  à  droite.  Et  d'ailleurs  ,  en 
étudiant  une  collection  complète  de  Nériti- 
nes ,  on  reconnaît  qu'il  existe  de  nombreux 
passages  entre  les  deux  genres.  L'espèce  type, 
la  Nav.  elliptique  ,  Nav.  clliplica,  est  lon- 
gue de  2  à  3  centimètres,  brun-verdâtre , 
presque  noire  comme  les  Néritines.  Elle  vit 
dans  les  rivières  de  l'Inde  et  des  îles  de  la 
mer  des  Indes.  (Duj.) 

NAVICULE.  Navicula(navicula,  barque). 
infus.? algues?  —  Genre  d'êtres  vivants  mi- 
croscopiques,  habitant  les  eaux  douces  ou 
marines ,  doués  de  mouvements  spontanés, 
et,  d'après  cela,  classés  parmi  les  Infu- 
soires,  quoique  se  rapportant  bien  plutôt 
aux  végétaux  inférieurs.  Les  plus  grandes 
espèces  n'ont  guères  que  deux  ou  trois 
dixièmes  de  millimètre  de  longueur  sur  une 
largeur  cinq  à  six  fois  moindre  ;  les  plus  pe- 
tites n'ont  pas  un  cinquantième  de  milli- 
mètre. Elles  ont  la  forme  d'un  coffret 
oblong  à  quatre  faces,  dont  deux  oppo- 
sées, presque  planes,  et  les  deux  autres 
convexes  ou  diversement  infléchies;  quel- 
ques unes  n'ont  qu'une  seule  face  convexe, 
et  paraissent  avoir  été  primitivement  sou- 
dées par  la  face  plane  opposée.  Il  s'ensuit 
que  la  plupart ,  vues  de  côté,  ont  une  forme 
rectangulaire,  allongée  ou  presque  linéaire, 
et  que  vues  en  dessus  elles  ont  la  forme 
d'une  petite  barque  ()  ou  d'une  navette  de 
tisserand  ;  quelques  unes  sont  renflées  seu- 
lement au  milieu,  ou  bien  présentent  un 
renflement  à  chaque  extrémité.  La  plupart 
ont  leur  axe  rectiligne  ;  mais  il  en  est  aussi 
dont  l'axe  est  courbé  en  arc  de  cercle  ou 
infléchi  en  forme  de  §.  L'enveloppe  externe 
est  un  test  siliceux,  transparent,  dur  et  cas- 
sant, souvent  strié  ou  sillonné  en  long  ou 
en  travers ,  ou  même  dans  les  deux  direc- 
tions à  la  fois,  et  présentant  l'aspect  d'une 
ciselure  très  délicate.  L'intérieur  est  occupé 
par  une  substance  mucilagineuse,  limpide, 
dans  laquelle  se  trouvent  une  ou  plusieurs 
masses  arrondies  ou  irrégulières  d'une  sub- 
stance brune  ou  verte,  comparable  à  la 
chlorophylle  des  végétaux,  et  contenant 
également  des  grains  ou  globules ,  comm« 


592 


NAV 


de  la  fécule  ou  de  l'huile.  On  n'a  pu  jus- 
qu'à présent,  avec  le  secours  des  meilleurs 
microscopes,  découvrir  aucun  organe  interne 
ou  externe  chez  les  Navicules  ;  et  c'est  par  une 
simpleillusion  d'optique  qu'on  a  été  conduit 
à  leur  attribuer  des  orifices  symétriquement 
placés ,  là  où  le  test  plus  épais  réfracte 
plus  fortement  la  lumière.  C'est  également 
par  erreur  qu'on  a  supposé  que  le  test  peut 
s'ouvrir  spontanément  là  où  il  présente  des 
fentes  longitudinales,  parce  que,  après  la 
mort ,  ou  en  brisant  les  Navicules ,  on  a  vu 
leur  test  se  séparer,  suivant  sa  longueur,  en 
deux  ou  quatre  pièces  opposées.  Cependant 
les  Navicules,  quoique  paraissant  dépour- 
vues d'organes,  ont  la  faculté  de  se  mou- 
voir spontanément:  on  les  voit  quelquefois 
demeurer  longtemps  en  repos;  mais  souvent 
aussi  elles  s'avancent,  d'un  mouvement 
uniforme  ,  dans  le  sens  de  leur  axe  ,  puis 
elles  reviennent,  comme  une  navette,  en  sui- 
vant le  même  chemin,  à  moins  qu'elles  ne  se 
soient  heurtées  contre  quelque  obstacle  qui  a 
changé  leur  direction;  et  elles  recommen- 
cent indéfiniment  ce  mouvement  automati- 
que sans  qu'on  y  puisse  voir  la  moindre  trace 
d'un  instinct  si  simple  qu'il  soit,  au  lieu 
que  les  vrais  Infusoires  savent  coordonner 
leurs  mouvements  à  leurs  besoins  de  respi- 
ration ou  de  manducation.  M.  Ehrenberg, 
de  Berlin  ,  a  supposé,  en  dernier  lieu  ,  que 
l'organe  du  mouvement  est  une  sorte  de 
sole  ou  de  semelle  charnue  ,  comme  le  pied 
des  Mollusques  gastéropodes.  Ce  même  na- 
turaliste leur  avait  attribué  d'abord  des 
pieds  ou  prolongements  variables ,  comme 
ceux  des  Arcelles  et  des  Amibes  ;  d'un  autre 
côté,  M.  Valentin ,  professeur  à  Berne,  a 
prétendu  avoir  observé  de  chaque  côté  du 
test  des  Navicules  une  rangée  de  cils  vibra- 
tiles,  susceptibles  de  se  mouvoir  dans  un 
sens  ou  dans  l'autre.  Il  explique,  d'après 
cela  ,  le  mouvement  des  Navicules  ou  leur 
'J/at  de  repos ,  en  supposant  que,  dans  ce 
dernier  cas ,  les  deux  rangées  se  meuvent 
en  sens  inverse,  tandis  qu'à  l'instant  du 
mouvement  elles  s'agitent  dans  le  même 
sens.  Mais  ,  nous  le  répétons  encore  ,  per- 
sonne n'a  pu  vérifier  l'une  ou  l'autre  de 
ces  observations  ,  qui  dès  lors  ne  sont  affir- 
mées chacune  que  par  un  seul  témoin.  Les 
Navicules  se  développent  quelquefois  en 
quantité   prodigieuse  dans  les   eaux   sta- 


NAV 

gnantes,  et  forment  sur  le  limon  une  cou- 
che bien  reconnaissable  à  sa  couleur  ordi- 
nairement brune;  c'est  ce  qu'on  voit  sur- 
tout dans  les  bassins  de  certains  ports  de 
mer.  Les  tests  siliceux  de  ces  innombrables 
générations  de  Navicules  restent  sans  alté- 
ration après  la  décomposition  de  la  matière 
vivante,  et  s'accumulent  au  fond  des  eaux 
de  manière  à  former  des  couches  d'une 
épaisseur  considérable;  c'est  ainsi  que  se 
sont  formées  pendant  les  périodes  antédilu- 
viennes des  amas  qu'on  a  décrits  fausse- 
ment comme  formés  par  des  Infusoires 
fossiles,  et  dont  plusieurs  sont  connus  sous 
le  nom  de  Tripoli  et  de  Farine  fossile.  On 
conçoit,  en  effet,  que  ces  carapaces,  comme 
on  a  voulu  dire,  ces  tests  siliceux,  sont 
ainsi  réduits  en  petits  fragments  anguleux  , 
larges  de  quelques  millièmes  ou  de  quel- 
ques centièmes  de  millimètre  ,  capables  d'u- 
ser la  surface  des  métaux  d'une  dureté 
moyenne. 

Les  Navicules  n'ont  été  vues  que  depuis 
l'introduction  du  microscope  dans  l'étude 
de  l'histoire  naturelle;  c'est  O.-F.  Millier 
qui  le  premier  en  décrivit  imparfaitement 
deux  espèces  qu'il  rangeait  parmi  les  Infu- 
soires, dans  son  genre  Vibrion,  avec  d'autres 
Bacillariées,  avec  desNématoïdeset  de  vrais 
Infusoires.  M.  Bory  de  Saint-Vincent  établit 
plus  tard  le  genre  Navicule  dans  la  famille 
des  Bacillariées  qui  fait  partie  de  son  règne 
Psychodiaire  intermédiaire  entre  lesanimaux 
et  les  végétaux  ;  cet  auteur  les  définit:  «  Des 
êtres  microscopiques ,  très  simples,  amincis 
aux  deux  extrémités  en  forme  de  navette  de 
tisserand  ,  comprimés  au  moins  d'un  côté, 
nageant  par  balancement  dans  leur  état  d'iso- 
lement, quoique  souvent  vivant  réunis  en 
nombre  infini  et  comme  en  société.  »  Il  ajou- 
tait que  ces  êtres,  durant  la  première  partie 
de  leur  existence,  c'est-à-dire  pendant  leur 
végétation ,  sont  fixés  à  la  manière  des  Vor- 
ticelles  par  un  prolongement  ou  pédoncule 
très  diaphane,  qui  s'est  d'abord  développé 
comme  un  filament  byssoïde  jusqu'à  ce  que 
l'extrémité  se  renfle  pour  devenir  une  Navi- 
cule. Il  confondait  ainsi  les  Navicules  pro- 
prement dites  avec  celles  dont  on  fait  depuis 
le  genre  Cocconema.  M.  Gaillon ,  de  son 
côté,  ayant  observé  des  Navicules  logées 
dans  des  filaments  confervoides  rameux  dont 
depuis  lors  on  a  fait  les  genres  Naunema, 


NAV 


NAY 


593 


Schizonema,  etc.,  en  prit  occasion  de  pro- 
poser une  nouvelle  classe,  qu'il  nomma  les 
Némazoaires  ,  pour  les  êtres  qu'il  supposait 
susceptibles  de  passer  alternativement  de  la 
vie  animale  à  la  vie  végétale,  qui  avait  pour 
type  ce  que  M.  Turpin  nommait  Gaillonella 
comoides  dans  le  Dictionnaire  des  sciences 
naturelles.  Ce  même  M.  Turpin  établit  d'ail- 
leurs le  genre  Surirella  pour  des  Navicules 
courtes  et  larges  ou  d'une  forme  elliptique 
et  très  élégamment  striées.  Agardh  ,  bota- 
niste suédois,  et  après  lui  De  Candolle  et 
MM.  Duby,  Kutzing,  Brébisson ,  etc.,  ont 
classé  les  Navicules  parmi  les  Algues  de  l'or- 
dre ou  de  la  classe  des  Diatomées  (Voy.  ce 
mot)  ou  Diatomacées,  caractérisées  parleur 
enveloppe  dure  et  siliceuse;  mais  ils  en  ont 
changé  le  nom  en  celui  de  Fruslulia ,  pour 
la  plupart.  M.  Kutzing,  d'ailleurs,  a  créé 
pour  les  espèces  en  forme  de  §  le  genre  Sig- 
matella.M.  Ehrenberg,  enfin,  a  voulu  con- 
sidérer comme  des  lnfusoires  non  seulement 
les  Navicules  et  toutes  les  Diatomées  ,  mais 
aussi  les  Desmidiées  ou  Desmidiacées  qui 
sont  incontestablement  des  végétaux.  11  a 
fait  de  tous  ces  êtres  si  divers  la  famille  des 
Bacillariées,  la  dixième  de  sa  classe  des  Po- 
lygastriques  :  c'est-à-dire  qu'il  leur  attribue 
des  jstomacs  multiples,  prenant  pour  tels  les 
globules  de  nature  diverse  qui  se  trouvent 
dans  la  matière  colorée.  Cette  famille  est 
divisée  par  l'auteur  en  quatre  sections,  sa- 
voir :  1°  les  Desmidiacées  et  2°  les  Navi- 
culaires,  qui  sont  libres ,  mais  qui  diffèrent 
parce  que  celles-ci  ont  le  test  de  deux  ou 
plusieurs  pièces,  tandis  que  celles-là  l'ont 
d'une  seule  pièce  ;  3°  les  Échinelle'es,  qui  sont 
fixées  ou  portées  par  des  pédoncules,  et  dont 
plusieurs  espèces  sont,  quant  à  la  forme ,  de 
véritables  Navicules;  4°  enfin  les  Lacernées 
qui,  en  outre  de  leur  test,  ont  une  double 
enveloppe  commune  ,  soit  gélatineuse,  soit 
membraneuse.  Plusieurs  de  ces  Lacernées 
sont  d'ailleurs  aussi  de  véritables  Navicules 
emprisonnées  :  telles  sont  les  Fruslulia  de 
cet  auteur,  entourées  d'un  mucilage  amor- 
phe; les  Naunema,  dans  des  tubes  membra- 
neux ramifiés;  et  les  Schizonema ,  dans  des 
Tubes  membraneux  fascicules.  Quant  aux 
Échinellées,ce  sont  seulement  celles  du  genre 
Cocconema,  qu'on  peut  assimiler  à  des  Navi- 
cules, qui  seraient  le  plus  souvent  associées 
deux  à  deux  suivant  une  face  plane.  Quant 

T.  VIII. 


aux  Navicules  proprement  dites ,  M.  Ehren- 
berg les  caractérise  par  leur  test  prismatique 
avec  six  ouvertures.  On  ignore  encore  le 
mode  de  reproduction  des  Navicules  et  l'on 
doit  difficilement  comprendre  leur  mode 
d'accroissement,  car  leur  test,  dur  et  sili- 
ceux, s'étend  par  toute  sa  périphérie  et  pré- 
sente des  stries  de  plus  en  plus  nombreuses, 
tandis  que  sa  cavité  intérieure  s'augmente 
comme  s'il  y  avait  résorption  à  l'intérieur. 

(Duj.) 
NAXIA  (nom  mythologique),  crust. — 
C'est  à  l'ordre  des  Décapodes  brachyures, 
à  la  famille  des  Oxyrhynques ,  et  à  la 
tribu  des  Maïens,  qu'appartient  cette  coupe 
générique,  qui  a  été  établie  par  M.  Milne 
Edwards  aux  dépens  du  genre  des  Pisa. 
Cette  petite  division  établit  le  passage  entre 
les  Lissa  et  les  Chorinus  de  Leach  {voy.  ces 
mots).  La  forme  générale  du  corps  est  ici 
la  même  que  chez  les  Pisa  et  les  Lissa  , 
et  la  disposition  du  rostre  a  beaucoup  d'a- 
nalogie avec  celle  qui  est  propre  à  ces 
dernières;  mais  les  Naxia  se  distinguent 
des  genres  précédents  par  la  disposition 
des  antennes  et  des  orbites.  La  carapace 
de  ces  Crustacés  est  presque  pyriforme , 
et  le  rostre,  quoiqu'il  soit  lamelleux,  res- 
semble beaucoup  à  celui  des  Lissa.  Les  or- 
bites sont  très  petites,  presque  circulaires, 
profondes,  et  marquées  d'une  fissure  en 
dessus  et  en  dessous,  mais  sans  hiatus  à 
leur  bord  inférieur.  L'article  basilaire  des 
antennes  externes  est  grand,  mais  étroit  en 
avant,  très  avancé,  et  complètement  caché 
par  le  rostre  et  par  l'angle  antérieur  du 
bord  orbitaire  supérieur  ;  enfin,  la  tige  mo- 
bile de  ces  appendices  s'insère  sur  le  rostre, 
tout  près  de  la  fossette  antennaire,  et  non 
au-delà  du  niveau  du  bord  externe  de  ce 
prolongement  comme  chez  les  Pisa;  l'épi- 
stome  est  très  grand.  On  ne  sait  rien  sur  les 
mœurs  de  ces  Crustacés,  dont  la  seule  es- 
pèce connue  est  la  Naxie  serpulifère  , 
Naxia  serpuUfera  Guér.  (Icon.  du  règn. 
anim.  de  Cuv.,  Crust.,  pi.  8,  fig.  2).  Cette 
espèce  a  été  rencontrée  dans  les  mers  de  la 
Nouvelle-Hollande.  (H.  L.) 

NAYA.   REPT.    Voy.    NAJA. 

NAYADES.  moll.  —  Famille  des  Con- 
chifères  dimyaires ,  comprenant  les  Unios 
ou  Molettes,  les  Anodontes,  les  Iridines 
et  peut-être  aussi  les  Éthéries,  qui  ont  les 

75 


594 


NED 


NEB 


lobes  da  manteau  presque  entièrement  dés- 
unis et  sans  siphons  ,  comme  les  autres 
Dimyaires  du  groupe  des  Mytilacés,  mais 
qui  se  distinguent  par  leur  pied  très  grand, 
comprimé;  par  leurs  palpes  lancéolés,  et  par 
leurs  grandes  branchies,  dans  l'intérieur 
desquelles  les  œufs  sont  reçus  et  les  em- 
bryons sedéveloppent  même  jusqu'à  un  cer- 
tain point.  Ce  sont  toutes  des  coquilles  d'eau 
douce  revêtues  d'un  épiderme  brunâtre,  ou 
noires  en  dehors  et  nacrées  à  l'intérieur; 
elles  diffèrent  entre  elles  par  leur  char- 
nière ,  avec  ou  sans  dents  irrégulières; 
par  leur  manteau  réuni  en  arrière  chez  les 
Iridines  seulement,  et  par  l'adhérence  de  la 
coquille  chez  les  Éthéries  seules,  tandis  que 
toutes  les  autres  sont  libres  et  rampent  sur 
le  sable  ou  la  vase  au  moyen  de  leur  pied 
charnu.  Lamarck  avait  établi  d'abord  cette 
famille  pour  les  seuls  genres  Mulette  et  Àno- 
donte;  plus  tard  il  y  fit  entrer  aussi  le  genre 
Kyrie,  qui  doit  aujourd'hui  se  confondre 
avec  les  Unios,  et,  de  plus,  le  genre  Iridine; 
mais  en  même  temps  il  créa  un  genre  Cas-- 
talie,  qu'il  plaçait  auprès  des  Trigonies,  et 
qui  cependant  doit  se  fondre  également 
dans  le  genre  Unio.  Cuvier  laissait  les  Ano- 
dontes  et  les  Mulettes  dans  sa  grande  fa- 
mille desMytilacées,  qui  contient  en  même 
temps   les  Cardites  et  les  Crassatelles. 

Les  coquilles  des  Nayades  sont  fréquem- 
ment rongées  vers  le  sommet  des  crochets,  et 
cela  s'observe  particulièrement  dans  les  eaux 
peu  chargées  de  sels  calcaires,  parce  que  les 
Mollusques  gastéropodes,  fiuviatiles,  pul- 
monés,  empruntent  ainsi  le  carbonate  de 
chaux  qui  leur  est  nécessaire  à  des  animaux 
que  leur  mode  de  respiration  met  plus  à 
même  d'extraire  les  sels  contenus  dans  une 
très  grande  masse  d'eau.  (Duj.), 

NAYAS.  bot.  ph.  —  Voy.  naïade. 

IVAZIA,  Adans.  bot.  ph. — Syn.  de  Lap- 
pago,  Schreb. 

NEBALIA.  crust.  —  Ce  genre,  qui  ap- 
partient à  l'ordre  des  Phyllopodes  et  à  la 
famille  des  Apusiens,  a  été  établi  par 
Leach  aux  dépens  des  Cancer  des  anciens 
auteurs.  Les  Nébalies  sont  de  petits  Crusta- 
cés très  curieux  qui,  à  raison  de  leurs  yeux 
pédoncules  et  de  leur  carapace,  se  rappro- 
chent des  Podophthalmes  {voy.  ce  mot), 
mais  qui  ne  possèdent  pas  de  branchies 
proprement*  dites,  et  respirent  à  l'aide  de 


membres  thoraciques  devenus  membraneux 
et  foliacés.  Elles  semblent,  à  plusieurs 
égards,  établir  le  passage  entre  les  Mysis  et 
les  Apus.  Le  principal  caractère  de  ce  genre 
singulier  est  que  les  pattes  branchiales  sont 
au  nombre  de  huit  paires,  et  suivies  par 
quatre  paires  de  pattes  natatoires  non  bran- 
chiales. La  carapace  est  presque  bivalve. 
M.  Thompson,  à  qui  l'on  doit  des  observa- 
tions très  intéressantes  sur  le  développement 
de  divers  Crustacés,  pense  que  les  Nebalia 
sont  de  jeunes  Cirrhipèdes;  mais  il  nous 
paraît  indubitable  que  cela  n'est  pas,  et  que 
cette  opinion,  jetée  au  hasard,  n'est  fon- 
dée que  sur  quelques  ressemblances  de 
forme  extérieure.  La  seule  espèce  connue 
est  la  Nébalie  de  Geoffroy,  Nebalia  Geof- 
froyi  Edw.  (Hist.  nalur.  des  Crust.,  t.  III, 
p.  355,  pi.  35,  fig.  1).  Cette  espèce  est  re- 
marquable par  quatre  paires  de  grandes 
pattes  natatoires  bifides  ,  suivies  de  deux 
paires  d'appendices  styliformes  rudimentai- 
res,  fixées  aux  six  anneaux  qui  précèdent  la 
pénultième.  Elle  est  d'une  taille  très  petite, 
a  pour  patrie  les  côtes  de  Bretagne.  (H.  L.) 

*NEBALIS,  Lap.  de  Castel.  ins.—  Syn. 
de  Carterus ,  Sch.  (C.) 

N'EBELIA,  Sweet.  (Hort.  britann.,  116). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Berardia,  Brongn. 

NEBRÎA  (veffpc'ç,  peau  de  faon),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Carabiques ,  tribu  des  Simplicipèdes  de 
Dejean,  des  Grandipalpes  ou  Abdominaux 
de  Latreille,  créé  par  Latreille  (Gen.  Crust. 
et  Insect.,  2),  et  adopté  par  Dejean  (Species 
général  des  Coléoptères).  Soixante-dix  espèces 
rentrent  dans  ce  genre  et  sont  dispersées  en 
Europe,  en  Asie  et  dans  les  contrées  septen- 
trionales de  l'Amérique  et  de  l'Afrique. 
Nous  citerons  comme  en  faisant  partie  les 
N.  arenaria,  sabulosa,  lateralis,  picicornis, 
nilidula ,  brevicollis  de  Fab.,  nivalis  Pk., 
Hediuigii  Pz.,  caslanea  et  anguslicollis  de 
Bon.  Ces  Insectes  se  trouvent  sur  les  points 
les  plus  élevés  du  globe,  elles  deux  dernières 
espèces  sont  comprises  dans  le  genre  Al- 
pœus  de  Bonelli  que  Dejean  n'a  pas  adopté, 
et  qui  cependant  se  distingue  des  Nébria par 
un  corps  aptère,  plus  oblong.  Les  Alpœus 
habitent  les  plus  hautes  montagnes  de  notre 
hémisphère.  (C.) 

*NÉBRIITES.  Nebriites.  ins.  —  Groupe 
de  Coléoptères  pentamères,  de  la  famille  des 


NEC 


NEC 


595 


Carabiques,  de  la  tribu  des  Grandipalpes  de 
Latreille,  ou  des  Simplicipèdes  de  Dejean  , 
établi  par  Laporte  de  Castelnau  (  Hist.  nat. 
des  An.  articulés,  t.  I,  p.  147  ),  et  qui  a 
pour  caractères  :  Mandibules  sans  dents  no- 
tables; menton  muni  d'une  dent  bifide  au 
milieu  de  l'échancrure;  labre  entier;  corps 
peu  épais,  le  plus  souvent  ailé;  languette 
s'élevanten  pointe  dans  son  milieu.  Genres  : 
Leistus,  Pteroloma,  Nebria,  Melrius ,  Ela- 
phrus ,  Pelophila ,  Blethisa  ,  Notiophilus  et 
Omovhron. 

Les  Nébriites  fréquentent  les  lieux  hu- 
mides et  aquatiques.  Les  tarses  antérieurs 
sont  toujours  dilatés  dans  les  mâles  ;  les 
palpes  extérieurs  sont  un  peu  dilatés  à  leur 
extrémité,  avec  le  dernier  article  en  forme 
de  cône  renversé  et  allongé;  les  jambes  an- 
térieures d'un  grand  nombre  ont  une  courte 
ëchancrure  au  côté  interne,  ou  l'un  des  épe- 
rons inséré  plus  haut  que  l'autre;  ils  sont 
agiles  et  souvent  métalliques.  (C.) 

*NEBRIS  (v£ÇptV,  peau  de  faon),  poiss.— 
Genre  de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens, 
famille  des  Sciénoïdes,  établi  par  MM.  Cu- 
vier  et  Valenciennes  {Hist.  des  Poiss.,  t.  V, 
p.  149).  Les  Poissons  de  ce  genre  sont  des 
Sciénoïdes  à  deux  dorsales,  à  dents  en  ve- 
lours,  à  profil  droit  ou  à  peu  près;  à  mu- 
seau court  et  à  mâchoire  inférieure  mon- 
tante, dont  le  préopercule  a  le  limbe  mem- 
braneux et  simplement  strié,  et  dont  les  na- 
geoires sont  toutes  plus  ou  moins  écailleuses. 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  espèce,  le 
Nebris  microps  Cuv.  et  Val.  (loc.  cit.),  qui 
qui  a  été  envoyée  de  Surinam  au  Musée  de 
Berlin.  Le  corps  de  ce  Poisson  est  entière- 
ment argenté,  et  long  de  25  centim.      (M.) 

NECKEHA  (nom  propre),  bot.  en.  — 
Genre  de  Mousses  de  la  tribu  des  Bryacées, 
établi  par  Hedwig  (Bvoylog.,  II,  226,  t.  9), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  : 
Coiffe  cuculliforme;  sporange  latéral;  oper- 
cule conique,  souvent  acuminé.  Péristome 
double;  l'extérieur  a  seize  dents  lancéolées, 
linéaires,  dressées;  l'intérieur  a  autant  de 
cils  filiformes,  dressés,  alternes  aux  dents 
du  péristome  extérieur. 

Les  Neckera  sont  des  Mousses  vivaces, 
rayonnantes,  croissant  dans  les  régions 
chaudes  et  tempérées  du  globe. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
en  trois  sections  nommées  :  Neckera,  Rœhl. 


(  FI.  germ. ,  III ,  83  )  :  feuilles  imbriquées  ; 
pédoncule  droit,  allongé.  Cyrtopus ,  Brid. 
(Bryolog.,  II,  235)  :  feuilles  imbriquées; 
pédoncule  courbé  en  arc,  court;  Distichia, 
Brid.  (loc.  cit.):  feuilles  distiques;  coiffe 
souvent  velue.  (J.) 

NECKERIA,  Gmel.(  Syst.,  I,  16).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Pollichia,  Soland.  —  Scopol. 
(Introduct.,  n.  1436) ,  syn.  de  Corydalist 
DG. 

NECROBIA  (vexoo'ç,  mort;  6105,  vie). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères  , 
famille  des  Malacodermes,  tribu  des  Clairo- 
nes,  créé  par  Latreille  {Hist.  natur. ,  Gen. 
Crust.  et  Ins.,  t.  I,  p.  274  ) ,  et  adopté  par 
Spinola  (  Essai  monographique  sur  les  Clé- 
rites,  1844,  t.  II,  p.  98).  L'auteur  y  comprend 
les  6  espèces  suivantes  :  N.  rufipes,  ruficol- 
lis  F.  ,  violaceus  Lat. ,  01. ,  tibialis  Spin.  , 
defunctorum  Wahl  (carbonarius  Dej.  )  et  bi- 
color  Lap.  (thoracicus  Dej.).  Les  trois  pre- 
mières se  retrouvent  sur  tous  les  points  du 
globe;  la  quatrième  est  originaire  de  l'A- 
frique méridionale,  et  les  deux  dernières 
appartiennent  exclusivement  à  l'Espagne. 
On  devra  sans  doute  rapporter  à  ce  genre 
les  Coryneles  ruficornis  St.,  pusillus ,  geni- 
culatus  Kl.,  et  amethystinus  Step.      (C.) 

*NECUOBOfiA  (vexpo'ç,  mort;  Sêpoc,  qui 
dévore  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Clavicornes,  tribu  des 
Silphales,  substitué  par  Hope  (The  Coleopte- 
rist's  manual,  3e  partie,  1840,  pag.  150, 
151)  au  g.  Necrophila  de  Kirby  (Faunabor. 
Am. ,  p.  102  ),  Latreille  ayant  établi  anté- 
rieurement une  coupe  générique  sous  le  nom 
de  Necrophilus.  Les  espèces  rapportées  aux 
Necrobora  sont  les  suivantes  :  N.  Americana 
Lin.,  terminata,  affinis  et  Canadensis  Kirb. 
Toutes  sont  originaires  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale. (C.) 

NECRODES  (yexpw&jç,  mort),  ins.  — 
Genre  deColéoptères  pentamères,  famille  des 
Clavicornes,  tribu  des  Silphales,  créé  pa( 
Wilkin,  et  adopté  par  Latreille  (llàg.  anim, 
de  Cuvier,  t.  IV,  p.  498)  et  parDcjean  (Ca- 
talogue, 3eédit.,p.  1 32).  Le  dernier  en  men< 
tionne  9  espèces  :  4  sont  propres  à  l'Amé- 
rique ,  2  à  l'Europe  ,  2  à  l'Asie  (  Java  ) ,  et 
1  est  indigène  de  l'Australie.  Les  espèces 
types  de  ce  genre  sont  les  Silpha  Surina* 
rnensis,  Ultoralis,  indicaY.,  osculans  Vigors, 
et  lacrymosa  Schiebcr.  Avec  la  dernière, 


596 


NEC 


NEC 


M.  Hope  a  établi  depuis  son  g.  Stomophila. 

L'un  des  sexes  des  Necrodes  a  les  cuisses 
postérieures  excessivement  renflées.     (C.) 

NÉCROPHAGES.  Necrophagi.  ins.  — 
Dixième  famille  de  l'ordre  des  Coléoptères 
pentamères ,  formée  par  Latreille  (  Gênera 
Crustaceorum  et  Inseclorum,  t.  II,  p.  1-33), 
et  ainsi  caractérisée  :  Mandibules  allongées, 
déprimées,  arquées  étroitement  ou  crochues 
à  l'extrémité,  leur  angle  externe  prolongea 
la  base.  Elle  se  compose  des  Silphales,  des 
Nitidulaires ,  des  Scaphidiles  et  des  Dermes- 
tins  ,  et  correspond  entièrement  à  la  famille 
des  Clavicornes  des  derniers  ouvrages  de 
l'auteur.  (C.) 

*NECROPHAGUS,  Leach.  ins.  —  Syn. 
de  Necrophorus.  (C.) 

*  NECROPIIILA  ,  Kirby.  ins. —Syno- 
nyme de  Necrobora,  Hope.  (C.) 

*NECROPHILUS(vExpo'ç,  mort;  yfoSf 
qui  aime),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  pen- 
mèrcs  ,  famille  des  Clavicornes ,  tribu  des 
Silphales,  créé  par  Latreille  (llèg.  anim.  de 
Cuvier,  t.  IV,  p.  500),  et  adopté  par  Dejean 
(Catalogue,  3eédit.,  p.  132).  Ce  genre  com- 
prend les  4  espèces  suivantes:  N.  sublerra- 
neus  Illiger  (Silpha),  hydrophiloides  Eschs. , 
picipes  Mot.,  et  glaber  Ghl.  La  lre  habite 
la  Styrie,  la  2e  Sitka,  la  3e  la  Daourie,  et  la 
4e  la  Suède.  (C.) 

*  NECROPHILUS  (  vexpo; ,  cadavre  ;  <pî- 
).o:,  qui  aime),  ins.  —  Genre  de  Névroptères 
de  la  famille  des  Hémérobiens ,  créé  par 
M.  Roux  (Ânn.  se.  nat.,  XXVIII,  1833). 
Voy.  l'article  hémérode.  (E.  D.) 

*  NECROPHLOEOPHAGUS  (vexpo'ç, 
mort  ;  «pXotoç,  peau  ;  aôiyta,  je  mange),  myriap. 
—  C'est  un  genre  de  la  famille  des  Géophili- 
dées  qui  a  été  établi  par  M.  Newport ,  dans 
les  Proc.  zool.  Soc.  Cette  nouvelle  coupe 
générique  ne  figure  pas  dans  la  nouvelle 
classification  de  ce  savant.  (H.  L.) 

NECROPHORUS  (vexpo'ç,  mort;  90'poç, 
qui  porte),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Clavicornes,  tribu 
des  Silphales,  établi  par  Fabricius  (Syslema 
cnlomologiœ,  p.  71),  et  généralement  adopté 
depuis.  Dejean  (Catalogue,  3e  éd.  ,  p.  131) 
en  mentionne  25  espèces  :  11  sont  originaires 
d'Europe ,  1 1  d'Amérique  et  3  d'Asie  ;  mais 
plus  de  20  espèces,  d'Asie  ou  du  nord  de 
l'Amérique  ,  ont  été  décrites  depuis. 

Nous  citerons  comme  faisant  partie  de  ce 


genre  les  JV.  germanicus ,  vespillo  Linn. 
(  Silpha  ) ,  humator,  grandis ,  mediatus , 
marginatus  et  mortuorum  F.  On  les  divise 
en  espèces  à  tibias  droits  ou  arqués;  avec 
ces  dernières  M.  Hope  a  formé  son  genre 
Cyrtoscelis. 

Les  Necrophorus  sont  ainsi  caractérisés: 
Mandibules  entières,  sans  dentelures  ;  an- 
tennes plus  longues  que  la  tête,  de  onze 
articles,  terminées  en  une  massue  ronde  et 
perfoliée;  tarses  antérieurs  larges,  garnis 
de  houppes;  élytres  coupées  droit  à  leur 
extrémité. 

Ces  Insectes ,  nommés  porte-morts  ou  en- 
terreurs,  ont  l'odorat  des  plus  subtils;  ils 
parcourent  les  espaces  d'un  vol  rapide ,  pour 
saisir,  sous  le  vent,  la  trace  de  quelques 
Taupes  ,  Souris,  Crapauds  ou  Reptiles  morts 
récemment.  Aussitôt  qu'ils  ont  fait  une  dé- 
couverte, ils  se  mettent  à  fouir  la  terre  sous 
ces  petits  animaux,  jusqu'à  ce  qu'ils  les 
aient  fait  disparaître  et  qu'ils  soient  com- 
plètement enterrés ,  ce  qui  exige  au  moins 
24  heures  d'un  travail  assidu.  Ils  se  re- 
paissent ensuite  de  leurs  cadavres  ,  et  y  dé- 
posent des  œufs  qui  se  développent  promp- 
tement  en  larves;  celles-ci  sont  d'un  blanc 
grisâtre  et  longues;  leur  corps  est  composé 
de  douze  anneaux,  garnis  antérieurement, 
à  leur  partie  supérieure,  d'une  petite  pla- 
que écailleuse  d'un  brun  ferrugineux;  les 
plaques  des  derniers  anneaux  sont  munies 
de  petites  pointes  élevées;  leur  tête  est 
dure,  brune,  écailleuse,  garnie  de  mandi- 
dules  fortes  et  tranchantes;  elles  ont  six 
pattes  écailleuses,  très  courtes,  attachées 
aux  trois  premiers  anneaux  du  corps.  Quand 
ces  larves  ont  acquis  tout  leur  accroisse- 
ment ,  elles  s'enfoncent  à  près  de  300  mil- 
limètres en  terre,  et  se  construisent  une 
loge  ovale,  qu'elles  enduisent  d'une  ma- 
tière gluante  :  environ  trois  ou  quatre  se- 
maines après  éclôt  l'insecte  parfait.  Le  corps 
de  ces  Coléoptères  est  souvent  couvert  en 
dessous  d'un  grand  nombre  û'Acarus;  il  ex- 
hale une  forte  odeur  analogue  à  celle  du 
musc.  C.) 

*NECROSCIA  (vexpoç,  mort;  extâ,  om- 
bre), ins.  —  Genre  d'Orthoptères,  de  la  di- 
vision des  Spectres ,  créé  par  M.  Audinet- 
Serville  (Orthoptères  des  Suites  à  Buffon  de 
Roret).  Ce  groupe,  très  voisin  de  celui  des 
Phasmes,  s'en  distingue  par  ses  formes  plus 


NEC 


3NEC 


r>97 


sveltes,  plus  grêles  dans  toutes  leurs  pro- 
portions ;  par  les  cuisses  antérieures  non 
échancrées  à  la  base;  par  le  thorax  allongé, 
un  peu  dilaté  à  sa  partie  postérieure,  et 
offrant  trois  carènes. 

Sept  espèces,  toutes  de  Java,  entrent  dans 
le  genre  Necroscia.  Nous  citerons  comme 
type  la  N.  fumata  Serv.  (loco  citato) ,  qui 
est  entièrement  d'un  gris  verdâtre  avec  les 
ailes  enfumées.  (E.  D.) 

NECTAÏRE  et  NECTAR,  bot.  —  Les 
fleurs  d'un  grand  nombre  de  plantes  ren- 
ferment des  liquides  sucrés  ou  mielleux, 
que  les  Insectes,  et  particulièrement  les 
Abeilles ,  recherchent  avec  avidité  ;  ces  li- 
quides ont  reçu  de  Linné  le  nom  de  Nectar. 
Leur  existence  dans  la  fleur  se  manifeste 
généralement  vers  l'époque  de  la  féconda- 
tion, le  plus  souvent  peu  après  que  les  éta- 
mines  ont  lancé  leur  pollen ,  quelquefois 
avant  cette  époque  ;  elle  cesse  après  que  le 
grand  phénomène  de  la  fécondation  s'est 
accompli.  Ces  relations  de  coexistence  avec 
le  plus  grand  phénomène  de  la  vie  des 
plantes,  ont  porté  plusieurs  physiologistes  à 
Yoir  dans  le  Nectar  une  matière  essentielle, 
directement  ou  indirectement,  à  la  repro- 
duction des  plantes.  Ainsi,  dès  les  premières 
années  du  siècle  dernier,  Pontedera  avait 
pensé  que  sa  disparition,  quelque  temps 
après  l'épanouissement  des  fleurs,  tenait  à 
ce  qu'il  entrait  dans  les  ovules  destinés  à  se 
développer  en  graines  ;  plus  récemment, 
divers  observateurs  ont  pensé  qu'il  sert  à  la 
nutrition  de  ces  mêmes  ovules.  Conrad 
Gesner,  convaincu  que  le  concours  des  In- 
sectes est  nécessaire  pour  la  fécondation 
chez  beaucoup  de  plantes,  admettait  que  le 
Nectar,  en  les  attirant,  avait  une  influence 
indirecte  mais  essentielle  sur  la  reproduc- 
tion végétale.  Enfin,  d'autres  botanistes  ont 
refusé  d'admettre  que  le  Nectar  contribuât 
directement  ni  indirectement  à  la  viviûca- 
tion  et  au  développement  des  ovules  végé- 
taux, et  ils  n'ont  vu  en  lui  que  le  produit 
d'une  sécrétion  ou  tout  au  plus  d'une  ex- 
crétion. Cette  dernière  manière  de  voir  est 
même  aujourd'hui  celle  qui  réunit  le  plus 
grand  nombre  de  partisans. 

Quoi  qu'il  en  soit  des  fonctions  du  Nec- 
tar, l'observation  la  plus  superficielle  suffit 
pour  prouver  que  toutes  les  parties  de  la 
fleur  ne  concourent  pas  également  à  sa  pro  • 


duction,  mais  qu'elle  est  due  constamment 
à  des  organes  ou  à  des  portions  d'organes 
distincts  de  tous  les  autres  par  leur  forme, 
par  leur  aspect,  surtout  par  leur  organisa- 
tion. Ce  sont  ces  organes  producteurs  du 
Nectar  qui  ont  été  désignés  par  Linné  sous 
la  dénomination  générale  de  Nectaires.  Ce 
père  de  la  Botanique  moderne  définit  suc- 
cinctement les  Nectaires  :  les  parties  de  la 
fleur  productrices  des  sucs  mielleux  (Nec- 
tarium  pars  mellifera  flori  propria  ) ,  et  il 
appela  sur  eux  l'attention  des  botanistes,  qui 
les  avaient  trop  négligés.  Mais  lui-même  , 
oubliant  sa  propre  définition,  ne  tarda  pas 
à  étendre  le  nom  de  Nectaire  à  des  organes 
qui  n'étaient  le  siège  d'aucune  sécrétion 
mielleuse ,  et  à  l'appliquer  à  tous  les  or- 
ganes qu'on  nomme  souvent  organes  acces- 
soires de  la  fleur,  et  même  à  desimpies 
prolongements  et  appendices  des  organes 
floraux.  De  là  il  distingua  des  Nectaires  ca- 
licinaux  ,  corollins,  staminaux,  pistillaires 
et  réceptaculaires.  Pour  lui,  les  éperons  des 
Linaires,  des  Capucines,  etc.,  considérés 
dans  leur  ensemble,  la  coronule  des  Silènes, 
des  Lychnides,  la  couronne  des  Narcis- 
ses, etc.,  furent  des  Nectaires,  tout  aussi 
bien  qu'une  foule  d'organes  essentiellement 
producteurs  de  Nectar. 

Adanson  (Fam.  des  plantes ,  t.  I,  p.  202 
et  308)  essaya  d'amener  plus  de  précision 
dans  l'étude  des  Nectaires ,  et  il  distingua 
les  appendices  de  la  corolle,  auxquels  il  ré- 
serva le  nom  de  Nectaires,  d'avec  les  parties 
florales  auxquelles  il  donna  le  nom  de 
disque  ;  il  définit  trop  vaguement  celui-ci 
une  espèce  de  réceptacle  des  diverses  parties 
de  la  fleur  ;  ce  fut  sur  les  modifications  du 
disque  qu'il  basa  son  soixante-quatrième 
système.  Le  nom  proposé  par  lui  est  resté 
dans  la  science,  et  les  botanistes  modernes 
l'emploient,  en  général,  concurremment 
avec  celui  de  Nectaire. 

Dans  ces  derniers  temps,  les  Nectaires 
ont  fixé  l'attention  de  plusieurs  observa- 
teurs, et  ils  ont  fourni  le  sujet  de  travaux 
d'une  grande  importance  ;  tels  sont  particu- 
lièrement les  suivants:  Soyer-Willemet , 
Mcm.  sur  le  Nectaire  (  Mcm.  de  la  Soc.  Lin- 
néenne  de  Paris,  vol.  V  )  ;  M.  F.  Dunal  , 
Considérai,  sur  la  nat.  et  les  rapports  de 
quelques  uns  des  organ.  de  la  fleur,  in-4% 
1829;  J.-G.   Kurr,   Untersuchungen  iiber 


m: 


NEC 


NEC 


die  Ikdeulung  der  Nekiarien,  in-8°,  Stutt- 
gart ,  1833;  L.  Bravais,  Examen  organo- 
graphique  des  Nectaires  (  Ann.  des  se.  na- 
tur.,  2e  sér.,  septembre  1842,  t.  XVIII, 
p.  152-184).  De  plus,  les  nombreux  auteurs 
de  traités  de  botanique  en  ont  fait  l'objet 
de  chapitres  plus  ou  moins  étendus,  et  ce- 
pendant l'histoire  de  ces  parties  de  la  fleur 
est  encore  mêlée  de  beaucoup  de  confusion, 
quant  aux  faits  et  à  la  synonymie.  Essayons 
de  nous  reconnaître  au  milieu  de  ces  diffi- 
cultés. 

Pour  éviter  une  confusion  fâcheuse,  il 
est  d'abord  nécessaire  de  préciser  exacte- 
ment à  quelles  parties  de  la  fleur  s'applique- 
rait rigoureusement  la  dénomination  géné- 
rale de  Nectaires.  Or,  prenant  ce  mot  dans 
sa  signification  la  plus  large,  il  nous  semble 
qu'on  peut  l'appliquer  à  tous  les  organes 
glanduleux  sécréteurs  du  Nectar,  et  à  tous 
ceux,  plus  ou  moins  rudirnentaires,  émanés 
du  réceptacle  de  la  fleur,  autres  que  le  ca- 
lice,  la  corolle,  l'androcée  et  le  pistil.  Si 
l'on  part  de  cette  idée,  on  commencera  par 
élaguer  les  appendices  corollins  qui  ne  sont 
le  siège  d'aucune  sécrétion  mielleuse,  comme 
par  exemple  la  coronule  des  Caryophyllées, 
ainsi  que  les  bosses,  les  éperons,  toutes  les 
fois  qu'ils  ne  présenteront  rien  de  glandu- 
leux ni  de  nectarifère;  d'un  autre  côté, 
lorsque  l'un  de  ces  appendices  sera  tapissé 
en  tout  ou  en  partie  d'une  lame  glandu- 
leuse ,  cette  lame  sera  seule  considérée 
comme  Nectaire;  par  exemple,  dans  l'épe- 
ron calicinal  de  la  capucine.  En  second  lieu, 
pour  mettre  plus  de  précision  dans  le  lan- 
gage ,  on  pourrait  réserver  le  nom  de  Nec- 
taire pour  les  parties  d'importance  secon- 
daire, purementglanduleuses  et  nectarifères, 
qui  n'entrent  pour  rien  dans  la  symétrie 
florale,  et  qui  ne  peuvent  être  considérées 
somme  formant  dans  la  fleur  des  verticilles 
distincts,  tandis  qu'on  appliquerait  rigou- 
reusement le  nom  de  disque  à  ces  organes 
plus  ou  moins  rudirnentaires  qui  se  trouvent 
presque  toujours  placés  entre  l'androcée  et 
le  pistil ,  et  qui  constituent  dans  la  fleur  un 
ou  deux  verticilles  complets  ou  incomplets, 
mais  se  rattachant  au  réceptacle  de  la  fleur, 
et  occupant  dans  le  plan  général  de  la  fleur 
une  place  aussi  distincte  que  celle  des  quatre 
grands  verticilles  normaux,  et  constituant 
de  vrais  organes  appendiculaires  aussi  bien 


que  ceux-ci.  Pour  citer  des  exemples  ,  la 
lame  glanduleuse  qui  double  les  fossettes 
des  Fritillaires  et  l'éperon  de  la  Capucine 
devraient  être  regardés  comme  un  Nectaire 
proprement  dit,  tandis  que  la  couronne  à 
5  lobes  qui  embrasse  la  base  de  l'ovaire 
chez  \cCobœa,  la  petite  cupule  qui  entoure, 
soit  la  moitié  inférieure  de  ce  même  organe 
chez  les  Almeida,  Ticorea,  soit  cet  organe  à 
peu  près  tout  entier  chez  la  Pivoine  moutan, 
seraient  appelées  du  nom  de  disque.  Au 
reste,  il  est  facile  de  reconnaître  que,  rela- 
tivement au  disque,  nous  ne  faisons  que 
reproduire  les  idées  si  bien  développées  par 
M.  Aug.  Saint-Hilaire  dans  sa  Morphologie; 
seulement  nous  ferons  observer  que  nous 
donnons  un  peu  plus  d'extension  à  notre 
idée  du  disque  que  ne  le  fait  ce  savant 
botaniste  ,  puisque  nous  disons  qu'il  est 
presque  toujours  situé  entre  l'androcée  et  le 
pistil.  Il  nous  semble,  en  effet,  qu'on  ne 
peut  regarder  que  comme  un  disque  l'an- 
neau jaunâtre,  crénelé,  situé  entre  le  calice 
et  la  corolle,  que  M.  L.  Bravais  a  signalé, 
chez  le  Chironia  decussata,  sous  le  nom  de 
Nectaire  hypopétale,  ainsi  que  la  plupart  de 
ceux  que  le  même  observateur  a  signalés 
entre  la  corolle  et  les  étamines,  et  qu'il  a 
nommés  Nectaires  hypostémones. 

L'étude  des  disques  est  beaucoup  plus 
importante  que  celle  des  Nectaires  propre- 
ment dits;  ne  pouvant  décrire  ici  les  formes 
variées  sous  lesquelles  ils  se  présentent, 
nous  renverrons  aux  ouvrages  généraux  et 
élémentaires,  où  l'on  en  trouvera  décrites 
avec  soin  les  principales  modifications. 

Ces  organes ,  Nectaires  et  Disques,  exis- 
tent chez  un  très  grand  nombre  de  plantes  ; 
ils  ont  été  déjà  signalés  dans  plus  de  la 
moitié  des  familles  connues ,  et  il  est  pro- 
bable qu'on  les  trouvera  chez  un  plus  grand 
nombre  encore,  à  mesure  que  les  observa- 
tions exactes  se  multiplieront.  Leur  consi- 
dération est  très  importante  pour  la  con- 
naissance de  plusieurs  familles  ,  quoique 
leur  présence  et  leur  absence  ne  soient  sou- 
mises à  aucune  règle  invariable  ,  et  qu'on 
les  voie  assez  souvent  manquer  chez  certains 
genres  d'une  famille  où  leur  existence  est 
générale,  et  même  dans  certaines  espèces 
seulement  d'un  genre  (  Polygala  ).  Dans 
beaucoup  de  cas  on  voit  les  disques  former 
des  verticilles  réguliers;  mais  ailleurs  aussi 


NEC 


NEC 


599 


ils  se  montrent  sous  la  forme  d'un  demi- 
verticille  ou  d'une  seule  écaille  impaire  ; 
cependant  ,  dans  ce  dernier  cas  ,  nous 
croyons  que  l'irrégularité  provient  souvent 
de  l'accroissement  de  l'ovaire  qui  a  pu  re- 
fouler ces  organes  d'un  seul  côté;  c'est  ainsi 
que  nous  avons  vu  le  disque  du  Lalhrœa 
clandestin  a  entourer  toute  la  base  de  l'ovaire 
avant  de  prendre,  chez  la  fleur  adulte, 
l'apparence  d'une  simple  écaille  impaire 
.marquée  de  cinq  petits  festons  à  son  bord. 

Dans  l'étude  et  la  description  des  disques 
il  est  important  de  les  distinguer  soigneu- 
sement des  organes  avortés,  particulière- 
ment des  étamines  avortées  ou  déformées. 
C'est  faute  d'avoir  fait  cette  distinction  im- 
portante que  Turpin  a  émis  l'idée  erronée 
que  le  disque  n'était  autre  chose  que  des 
étamines  transformées,  idée  qu'il  a  voulu 
consacrer  en  donnant  à  cette  partie  le  nom 
de  Phycosteme.  On  conçoit  dès  lors  que  cette 
dénomination  n'ait  pas  été  adoptée. 

En  terminant  cet  article,  que  le  défaut 
d'espace  nous  oblige  à  abréger  beaucoup  , 
nous  ferons  observer  que  M.  Dunal  a  donné 
aux  Nectaires,  et  au  disque  en  particulier, 
le  nom  de  Torus ,  qu'on  emploie  toujours 
pour  désigner  le  réceptacle  de  la  fleur  ; 
l'emploi  de  ce  mot ,  dans  ce  sens ,  s'il  eût  été 
adopté,  aurait  pu  amener  une  confusion 
qui  serait  devenue  fâcheuse  pour  la  science. 

(P.  D.) 

NECTAI\DRA  ,  Berg.  (Flor.  cap.,  131, 
excl.  sp.).  bot.  ph.  — Syn.  de  Thymelina, 
Hoffmans.  —  Roxb.  (Flor.  ind.,  II,  425), 
syn.  de  Linosloma,  Wall. 

NECTANDRÉES.  Nectandreœ.  bot.  ph. 
—  Tribu  de  la  famille  des  Laurinées.  Voy. 
ce  mot. 

*I\ECTANEBUS.  ins.  —Genre  d'Hymé- 
noptères de  la  section  des  Porte-Aiguillons , 
famille  des  Crabroniens ,  créé  par  M.  Spi- 
nola  (Ann.  soc.  Enl.  de  Fr.y  tom.  VII,  lre 
série,  1838  )  et  placé  auprès  des  genres  Phi- 
lanthus  et  Cerceris.  Ce  groupe  ne  comprend 
que  deux  espèces  trouvées  en  Egypte  par 
M.  Fischer  et  que  M.  Spinola  nomme  Nec- 
tanebus  Fischcri  et  luilerisnicus.     (E.  D.) 

*AECTARIBOTHRILM,  Ledebour.  (FI. 
ait.,  II,  36).  bot.  pb.  —  Syn.  de  Lloydia, 
Saiisb. 

NECTARINIA.  ois.  —  Groupe  d'Oiseaux 
rentrant  dans  la  famille  des  Grimnerenus , 


comprenant  les  genres  Guit-Guit,  Soui- 
manga,  etc.,  créé  par  III iger  (Prodr.  syst. 
Mam.  et  Av.,  1811),  et  indiqué  par  d'autres 
auteurs  sous  la  dénomination  de  Necta- 
rinidœ.  (E.  D.) 

*  NECTAROSGORDUM.  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Liliacées,  établi  par 
Lindley  (in  Bot.  Reg.,  t.  1913).  Herbes  de 
la  Sicile. 

*NECTICUS,  Hope.  ins.  —  Syn.  d'Aga- 
bus  ,  Leach  ,  Erichson  ,  Aube.  (C.) 

♦NECTOHIA.  mam.  —  Voy.  neotoma. 

NECTOPODES.  moll.  —  Famille  éta- 
blie par  M.  de  Blainville  dans  son  ordre  des 
Nucléobranches,  et  comprenant  les  genres 
Carinaire  et  Firole,  c'est-à-dire  répondant  à 
l'ordre  des  Hétéropodes ,  que  caractérise 
une  seule  nageoire  abdominale  représen- 
tant le  pied  des  Gastéropodes.         (Duj.) 

NECTOPODES.  ins.  —  Voy.  rkmifèdes. 

NECTOUXIA ,  DC.  (Syst.,  11,149).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Morellia,  DC. 

NECTRIS,  Schreb.  (Gen.,  n.  610).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Cabomba,  Aubl. 

*]\ECTRIS  (vyjxTp:;,  qui  nage),  ois.  — 
Forster  (Euch.,  Hist.  nat.,  1788)  indique 
ainsi  un  groupe  de  Goélands.  Voy.  l'article 
mouette.  (E.  D.) 

*I\ECTURUS  (vvixtoç,  nageant;  ovpd, 
queue),  rept.  —  Selon  M.  Agassiz  (Nomencl. 
zoologicus),  Rafînesque  a  appliqué  ce  nom 
au  groupe  des  Protées.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NÉCÏDAL1DES.  Necydalides.  ins.  — 
Tribu  de  Coléoptères  subpeniamères,  fa- 
mille des  Longicornes,  établie  par  Latreille 
(Familles  naturelles,  p.  401  ),  et  qui  a  pour 
caractères:  Yeux  réniformes,  entourant 
presque  totalement  la  base  des  antennes. 
Tète  verticale  ;  palpes  à  demi-article  plus 
gros,  subcylindrique ,  ovoïde,  tronqué. 
Elytres  plus  courtes  que  l'abdomen  ou  at- 
ténuées linéairement  en  arrière,  ailes  éten- 
dues le  long  du  corps  ou  simplement  plis- 
sées  vers  l'extrémité.  Genres:  Stenopterus, 
Sangalis,  Neeydalis,  Molorchus.        (C.) 

NECYDAL1S  (vexv£aAo;,  nom  employé 
par  Aristote  pour  désigner  la  chrysalide 
du  Bombyx  qui  produit  la  soie  ).  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  fa- 
mille des  Longicornes ,  tribu  des  Céramby- 
cins,  créé  par  Linné  (Syslema  nalurœ, 
p.  641  ),  et  adopté  par  Mulsant  (Hist.  nat. 
des  Longicornes  de  France,  183.9,  p.  110). 


coo 


NEE 


NÉF 


Ce  genre  se  compose  des  espèces  suivantes: 
N.  major  Linn.  {abbreviatus  F.,  salicis 
Muls.),  ulmi  Chv.  (major  Muls.),  populi 
Buttner,  Amcricanus  et  melanopterus  Dej. 
Les  deux  premières  se  trouvent  aux  environs 
de  Paris  ,  l'une  sur  le  Saule  et  l'autre  sur 
l'Orme;  la  troisième  dans  le  nord  de  l'Eu- 
rope, sur  le  Peuplier  et  le  Bouleau,  la  qua- 
trième aux  États-Unis ,  et  la  cinquième  au 
Brésil.  Ces  Insectes  se  distinguent  par  des 
élytres  très  courtes,  par  des  antennes  épais- 
ses ,  égalant  à  peine  en  longueur  les  deux 
tiers  du  corps,  et  dont  le  troisième  article 
est  notablement  moins  long  que  le  cin- 
quième. (C.) 

NECYDALIS.  ins.  —  Ce  nom  ,  donné  à 
un  genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  fa- 
mille des  Sténélytres  ,  tribu  des  OEdémé- 
rites,  créé  par  Fabiïcius  (Systemœ  Entomo- 
logie/, ,  p.  209),  a  été  abandonné  et  rem- 
placé par  celui  d'OEdemera  d'Olivier.  Ce 
genre  est  composé  d'espèces  à  élytres  rétré- 
cies  vers  l'extrémité,  et  dont  les  mâles  of- 
frent des  cuisses  excessivement  renflées. 
Geofl'roy  et  quelques  auteurs  ont  aussi  em- 
ployé ce  nom  pour  désigner  des  Coléoptères, 
qui  rentrent  actuellement  dans  les  genres 
Telephorus  et  Malthinus.  (C.) 

NE:EA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille 
des  Nyctaginées,  établi  par  Ruiz  et  Pavon 
(Prodr.,  52,  t.  9).  Arbres  ou  arbrisseaux 
de  l'Amérique  tropicale,  principalement  des 
forêts  du  Pérou.  Voy.  nyctaginées. 

*j\ED\TS,  Stephens.  ins.  — Synonyme 
de  Ceuthorhynchus ,  ou  plutôt  division  éta- 
blie aux  dépens  de  ce  genre.  (C.) 

*NEEDHAMIA  (nom  propre),  helm.?  — 
Genre  proposé  par  M.  Carus,  pour  de  pré- 
tendus Helminthes,  qui  ne  sont  autre  chose 
que  les  tubes  spermatiques  ou  spermato- 
phores  des  Seiches  et  des  autres  Céphalo- 
podes. (Duj.) 

NEEDHAMIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Épacridées ,  établi 
par  R.  Brown  (Prodr.,  549).  Petits  arbris- 
seaux de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  épa- 
ciudées.  —  Scopol.  (Introduct.,  n.  1426), 
syn.  de  Tephrosia,  Pers.  —  Cassin.  (in  Dict. 
se.  nat.,  XXXIV,  355),  syn.  de  Narvalina, 
Cass. 

IVEESIA  (nom  propre),  bot.  pu.  —  Genre 
de  la  famille  des  Sterculiacées ,  établi  par 
Blume  (Flor.  Jav.  Prœfat.,  VIII;  N.  A.  N. 


C,  75,  t.  6).  Arbres  de  Java.  Voy.  sterco- 

LIACKES. 

NEFFLEA  ,  Benth.  (Scrophularin.  ind., 
16).  bot.  pu. — Voy.  celsia,  Linn. 

NÈFLE,  bot.  fh.— Fruit  du  Néflier.  Voy. 
ce  mot. 

NÉFLIER.  Mespilus.  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Pomacées,  de  l'icosandrie 
pentagynie  dans  le  système  de  Linné.  Les 
genres  qui  constituent  aujourd'hui  la  fa- 
mille des  Pomacées,  démembrée  du  grand 
groupe  des  Rosacées,  n'en  formaient  que 
quatre  pour  Linné  ,  savoir  :  les  Cratœgus  , 
Tourn. ,  rangés  dans  l'icosandrie  digynie  , 
comme  ayant  un  pistil  binaire  ou  deux  styles 
etdeux  graines  dans  un  fruit  charnu,  presque 
arrondi, ombiliqué;  les  Sorbus,  Tourn. ,  classés 
dans  l'icosandrie  triandrie,  à  cause  de  leur 
pistil  ternaire  et  de  leurs  trois  graines  renfer- 
mées dans  un  fruit  charnu-mou,  ombiliqué  ; 
les  Mespilus,  Tourn.,  et  les  Pyrus,  Tourn., 
l'un  et  l'autre  de  l'icosandrie  pentandrie, 
à  cause  de  leur  pistil  quinaire ,  ou  de  leurs 
cinq  styles,  et  dont  le  premier  se  distinguait 
particulièrement  par  son  fruit  presque  per- 
foré à  l'ombilic ,  fermé  par  la  connivence 
des  lobes  du  calice  persistant  et  renfermant 
cinq  graines  osseuses  ou  cinq  petits  noyaux. 
D'après  une  note  de  son  Gênera,  Linné  re- 
gardait les  Cratœgus,  Sorbus  et  Mespilus  , 
comme  extrêmement  voisins  ,  et  se  distin- 
guant presque  uniquement  entre  eux  par 
le  nombre  de  leurs  styles  (  Ex  dictis  palet 
valde  affmia  esse  gênera  :  Cratœgum,  Sor- 
bum  et  Mespilum,  ut  aut  solo  numéro  fœmi- 
narum ,  aut  vix  ulla  sufficienti  nota  distin- 
gui possint) .  Outre  ces  quatre  genres,  Tour- 
nefort  en  avait  admis,  avant  Linné,  deux 
autres  :  les  Malus  et  Cydonia,  que  le  bota- 
niste suédois  réunit  aux  Pyrus,  mais  que 
A.-L.  de  Jussieu  rétablit  dans  son  Gênera. 
En  1793,  Medikus  (Geschichle  der  Botan. 
unzerer  Zeiten)  divisa  ces  six  genres  en  onze , 
dont  les  caractères  ne  parurent  pas  suffi- 
sants à  la  majorité  des  botanistes,  mais  qui 
furent  admis  par  Mœnch.  D'un  autre  côté, 
Smith,  ne  regardant  pas  plus  comme  sta- 
bles les  caractères  adoptés  par  Medikus  que 
ceux  puisés  par  Linné  dans  le  nombre  des 
styles,  confondit  toutes  ces  coupes  généri- 
ques en  deux  seulement  :  les  Pyrus,  carac- 
térisés par  leur  endocarpe  mince  ou  cartila- 
gineux, et  les  Mespilus,  distingués  par  leur 


NEF 


KEI 


601 


endocarpe  dur  et  osseux.  Ceux-ci  compre- 
naient les  Cratœgus  de  Linné,  tandis  que 
dans  les  premiers  rentraient  les  Sorbus  du 
botaniste  suédois.  Plus  tard,  M.  Lindley, 
ayant  fait  des  Pomacées  l'objet  d'un  travail 
'■  spécial  (Observ.  on  the  natural  group  of 
Plants  called  Pomaceœ,  Trans.  of  the  Linn. 
Soc,  vol.  XIII,  p.  88-106,  tab.  8,  9,  10, 
11),  rétablit  non  seulement  les  Cratœgus  de 
Linné,  mais  encore  les  Amélanchiers  et  les 
Cotoneasler  de  Medikus,  et  compléta  cette 
division  des  Mespilus,  en  établissant  le  genre 
Eriobotrya  (voy.  amélancuier,  cotoneaster, 
eriobotuya).  Enfin,  à  ces  subdivisions  gé- 
nériques des  Mespilus  de  Smith,  il  ajouta 
encore  (Botan.  Régis.,  n°  1956)  le  nouveau 
genre  Heweromeles  pour  des  espèces  de  Né- 
fliers de  l'Amérique  méridionale,  décrites 
par  Ruiz  et  Pavon. 

Après  ces  divisions  successives,  dont  nous 
avons  cru  indispensable  de  présenter  l'his- 
toire, le  genre  Néflier,  Mespilus,  Lindl. , 
se  trouve  composé  d'arbres  de  petite  taille, 
indigènes  des  parties  moyennes  et  septen- 
trionales de  l'Europe  ,  épineuses  à  l'état 
sauvage  ,  perdant  leurs  épines  par  la  cul- 
ture; leurs  feuilles  sont  alternes,  simples, 
dentées ,  stipulées;  leurs  fleurs  sont  gran- 
des ,  presque  solitaires,  accompagnées  de 
bractées  persistantes,  et  présentent  les  ca- 
ractères suivants  :  Calice  à  tube  turbiné  , 
adhérent  à  l'ovaire,  à  limbe  divisé  profon- 
dément en  5  lobes  foliacés;  corolle  à  5  pé- 
tales presque  orbiculaires,  insérés  sur  un 
grand  disque  nectarifère,  à  la  gorge  du  ca- 
lice ,  de  même  que  les  étamines,  qui  sont 
nombreuses  ;  ovaire  adhérent,  à  5  loges  bi- 
ovulées;  5  styles  distincts,  glabres.  Le  fruit 
est  une  pomme  à  osselets,  couronnée  par  le 
calice  persistant,  marquée  en  dessus  d'une 
large  aréole  nue,  a  5  loges  monospermes  , 
formées  par  l'endocarpe  osseux. 

L'espèce-lype  de  ce  genre  est  le  Néflier 
d'Allemagne  ,  Mespilus    germanica   Linn. 
!  C'est  un  grand  arbrisseau  ou  un  arbre  de 
taille  peu  élevée,  dont  le  tronc  tortu  émet 
!  des   branches  nombreuses,    armées,  dans 
;  l'état  sauvage ,  d'épines  qu'elles  perdent  par 
l'effet  de  la  culture;  ses  feuilles  sont  lan- 
céolées, vertes  en  dessus,  cotonneuses  en 
dessous ,  légèrement  dentées  sur  leurs  bords, 
portées  sur  un  pétiole  court.  Ses  fleurs  sont 
légèrement  rosées,  grandes,  solitaires,  tcr- 

T.    VIII. 


minales;  son  fruit  est  connu  sous  le  nom 
de  Nèfle;  la  culture  a  fait  varier  sa  gros- 
seur, sa  forme  même  et  sa  précocité.  Avant  sa 
parfaite  maturité, il  a  une  saveur  très  âpre; 
mais  lorsque,  après  l'avoir  cueilli,  on  le 
laisse  quelque  temps  sur  de  la  paille,  il 
mûrit,  perd  son  âpreté,  et  devient  bon  à 
manger.  Parmi  les  variétés  cultivées  du 
Néflier,  les  plus  intéressantes  sont  celle  à 
gros  fruit,  que  l'on  connaît  aussi  sous  le 
nom  de  Néflier  de  Noltingham;  celle  à  fruit 
oblong,  et  celle  à  fruit  sans  noyaux.  Celle- 
ci  est  très  remarquable  par  l'avortement 
des  loges  de  son  péricarpe  et  de  ses  graines. 
On  en  cultive  aussi  une  variété  à  fruit  pré- 
coce. Le  fruit  du  Néflier  est  légèrement  as- 
tringent; on  le  recommande  comme  avan- 
tageux dans  les  diarrhées;  ses  feuilles  sont 
regardées  aussi  comme  astringentes,  et  leur 
décoction  est  réputée  d'un  effet  avantageux 
contre  les  aphthes  et  contre  les  inflamma- 
tions de  la  gorge.  La  culture  de  cette  espèce 
est  des  plus  faciles;  en  effet,  elle  s'accom- 
mode de  toutes  les  terres  ,  pourvu  qu'elles 
ne  soient  pas  très  humides,  et  de  toutes  les 
expositions  ;  il  est  même  bon  de  ne  pas  la 
tailler  pour  ne  pas  diminuer  ses  produits. 
On  la  multiplie  de  marcottes  ou  par  la 
greffe  sur  diverses  Pomacées,  plutôt  que 
par  graines,  à  cause  du  long  espace  de 
temps  (deux  ans) ,  que  celles-ci  mettent  à 
germer.  (P.  D.) 

NÈGRE,  mam.  —  Un  Sajou,  un  Tamarin 
et  un  Cercopithèque  portent  le  surnom  de 
Nègre.  (E.  D.) 

NEGRETIA,  Ruiz  et  Pav.  (Prodr.,  86, 
t.  21).  bot.  ph.  —  Synonyme  de  Mucuna , 
Adans. 

NEGUNDIUM,  Rafln.  bot.  ph.— Syn.  de 
Negundo,  Mœnch. 

NEGENDO.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Acérinées,  établi  par  Mœnch  (Method., 
331).  Arbres  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 
acérinées. 

IVEÏDES  (nom  mythologique),  ms.  — 
Genre  d'Hémiptères  ,  de  la  section  des  Hé- 
téroptères ,  tribu  des  Géocorises,  famille  des 
Lygéens ,  créé  par  Latreille  (Gcncra  Crusl.  et 
Ins.,  1807  )  et  correspondant  au  genre  Be- 
rylus  de  Fabricius.  Les  Neidcs ,  caractérisés 
par  les  antennes  coudées  et  renflées  à  leur 
extrémité  ,  par  le  corps  allongé ,  les  pieds 
longs  et  les  ocelles  très  rapprochés  l'un  de 

76 


602 


NEJ 


NEL 


l'autre,  sont  assez  voisins  des  Alydes,  Lep- 
tocorises  et  Lygées. 

Ces  Insectes  ,  d'assez  petite  taille,  vivent 
sur  les  plantes,  tant  à  l'état  parfait  qu'à 
celui  de  larves.  On  n'en  connaît  qu'un  petit 
nombre  d'espèces ,  parmi  lesquelles  nous 
n'indiquerons  que  : 

Le  Neides  tipularia  Latr.  (Cimex  tipula- 
rius  Linné)  ,  qui  est  gris  avec  quelques 
points  noirs  sur  les  élytres  ,  et  dont  les 
pattes,  également  grises,  ont  la  partie  ren- 
flée des  cuisses  postérieures  noirâtre.  Cette 
espèce  se  trouve  dans  toute  l'Europe  et  n'est 
pas  rare  auprès  de  Paris  vers  le  mois  de 
mai.  (E.  D.) 

NEIGE,  météor.  —  Voy,  pluie,  à  l'ar- 
ticle MÉTÉOROLOGIE. 

NEILLIA.  bot.  ph.  —  Genre  delà  famille 
des  Saxifragacées,  établi  par  Don  {Prodr., 
228).  Arbrisseaux  du  Népaul.  Voy.  saxifra- 
gacées. 

*IMEIS  (nom  mythologique),  acal. — 
Genre  d'Acalèphes  Béroïdes ,  établi  par 
M.  Lesson  pour  une  espèce  trouvée  dans  le 
golfe  du  Port-Jackson,  et  caractérisé  par  la 
forme  du  corps  aminci  en  forme  de  coin  , 
obeordiforme  en  haut  et  largement  ouvert 
en  bas,  ayant  huit  rangées  de  cils,  dont 
deux ,  intermédiaires  sur  chaque  face  ,  se 
soudent  à  leur  extrémité,  et  deux  autres  la- 
térales contournent  les  bords  qui  sont  épais 
et  sans  ailes.  Ce  genre,  que  M.  de  Blain- 
ville  réunit  aux  Idyes  ,  forme  seul,  pour 
M.  Lesson,  la  tribu  des  Néis,  la  cinquième 
de  ses  Ciliobranches.  La  seule  espèce  dé- 
crite, la  N.  bourse  de  mer  (IV.  cordigera), 
a  le  corps  mollasse,  blanc  hyalin,  sillonné 
de  linéoles  entre-croisées,  jaune  mordoré  et 
jaune  clair;  les  cils  sont  très  irisés.  (Duj.) 

1VEITHÉE  (nom  mythologique),  moll. 
—  Genre  proposé  par  M.  Drouet  pour  quel- 
ques espèces  de  Peignes,  telles  que  les  P. 
œquicostatus  et  versicostatus  de  Lamarck , 
qui  ont  de  petites  dents  sériales  sur  le  bord 
cardinal,  mais  qui  ont  d'ailleurs  les  carac- 
tères essentiels  du  genre  Pecten,  dont  ils  ne 
peuvent  être  séparés,  au  lieu  d'être  rappro- 
chés des  Nucules  et  Trigonies.         (Duj.) 

*IYEJA.  bot.  pu. — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Astéroïdées,  établi  par  Don  (m 
Sweet.  FI.  Gard.,  II,  n.  78) et  dont  les  prin- 
cipaux caractères  sont  :  Capitule  multiflore, 
hétérogame;  fleurs  de  rayon  1-3-sériées,  li- 


gulées,  femelles;  celles  du  disque  tuhuleu- 
ses,  hermaphrodites.  Involucre  hémisphéri- 
que, à  écaillesimbriquécs,  linéairessubulées, 
disposées  sur  trois  rangs.  Réceptacle  plan. 
Anthères  sessiles.  Akène  linéaire-oblong, 
comprimé,  villeux.  Aigrette  double;  l'exté- 
rieure courte,  paléacée;  l'intérieure  plus 
longue,  velue,  scabre. 

Les  Neja  sont  des  sous-arbrisseaux  couverts 
de  poils  longs,  épars,  à  feuilles  éparses,  li- 
néaires, mucronées,  très  entières  ;  à  rameaux 
foliacés  ou  nus  au  sommet,  monocéphales. 
Involucres  hirsutes  ;  corolles  fauves. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
par  De  Candolle  en  trois  sections  {Prodr. ,  V, 
325)  qu'il  nomme  :  Podoneja:  Ligules  à  plu- 
sieurs rangs;  corolles  velues;  capitules  lon- 
guement pédoncules.  Phijlloneja:  Ligules  à 
plusieurs  rangs;  corolles  glabres  ;  capitules 
sessiles.  Monogyria  :  Ligules  sur  une  seule 
rangée;  corolles  glabres;  capitules  solitaires 
au  sommet  des  rameaux. 

Toutes  ces  plantes  habitentprincipalement 
le  Mexique  et  le  Brésil.  (J.) 

NELIT RIS.  bot.  fil— Genre  de  la  famille 
des  Myrtacées -Myrtées,  établi  par  Gœrtner 
(I,  134,  t.  27).    Arbrisseaux  des  Moluques. 

Voy.  MYRTACÉES. 

NÉLOCIRE.  crust.  —  Syn.  à' Eurydice. 
Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*NELOMYS  (vvjHç,  cruel;  jaOç,  rat). 
mam. — Genre  de  Rongeurs  de  la  division 
des  Rats,  assez  voisin  du  genre  Echimys, 
créé  par  M.  Jourdan  (Ann.  se.  nat.,  lrcsér., 
t.  VIII,  1837),  et  ayant  pour  principaux 
caractères  :  Oreilles  arrondies,  peu  dévelop- 
pées ;  une  queue  velue;  des  tarses  courts; 
des  membres  trapus,  et  une  foçme  assez 
lourde;  ayant  quatre  molaires  à  racines  et 
à  couronne  composée ,  de  chaque  côté  de 
l'une  et  de  l'autre  mâchoire  ;  cinq  doigts  à 
chaque  pied,  les  pouces  entièrement  courts. 

Le  type  est  le  Nelomys  Blainvillii  Jour- 
dan {loc.  cit.),  qui  est  de  la  grandeur  du  Co- 
chon d'Inde,  dont  le  pelage  est  fauve  en 
dessus,  blanchâtre  en  dessous,  qui  a  une 
queue  noirâtre,  et  dont  plusieurs  poils  de 
la  croupe  sont  épineux.  On  croit  qu'il  se 
creuse  des  galeries. 

Cet  animal  habite  l'Inde  orientale. 

M.  Jourdan  {kl. )  joint  à  cet  animal  , 
pour  former  son  genre  Nelomys,  une  espèce 
placée  anciennement  dans  le  groupe   des 


NEL 


NEL 


603 


Echimys  {E.  huppe),  et  plus  récemment  Fr. 
Cuvier  (Ann.  se.  nat.,  lrc  sér.,  t.  X,  1839) 
a  fait  connaître  une  nouvelle  espèce  du 
groupe  qui  nous  occupe.  (E.  D.) 

NELSONIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Acanthacées,  tribu 
des  Nelsoniées,  établi  par  R.Brown  (Prodr., 
480).  Herbes  de  l'Asie  et  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Voy.  ACANTHACÉES. 

*  NELSONIÉES.  Nelsonieœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Acantbacées.  Voy. 
ce  mot. 

NÉLUMBIACÉES.   Nelumbiaceœ.    bot. 

PII.  —  Voy.   NÉLUMBONÉES. 

NÉLUMBO.  Nelumbium,  Juss.  bot.  ph. 
—  Genre  de  plantes  qui  forme  à  lui  seul  la 
petite  famille  des  Néiumbonées ,  de  la  Po- 
lyandrie polygynie  dans  le  système  de 
Linné.  Il  avait  été  proposé  d'abord  parTour- 
nefort;  plus  tard  Linné  le  réunit  à  tort  aux 
Nymphœa,  mais  il  en  fut  séparé  par  A.-L. 
de  Jussieu.  Salisbury  a  proposé  de  changer 
son  nom  en  celui  de  Cyamus  que  Théo- 
phraste  donnait  à  la  principale  espèce  du 
genre  (  Voy.  Salisbury,  Ann.  of  botany  de 
Kœnig,  II,  pag.  69-76  )  ;  mais  les  botanistes 
n'ont  pas  adopté  celte  dénomination.  Ce 
genre  se  compose  de  magniûques  plantes 
herbacées,  d'une  conformation  générale  très 
ressemblante  à  celle  des  Nymphaeacées,  qui 
croissent  dans  les  eaux  douces  des  parties 
chaudes  de  l'Asie  et  de  l'Amérique  septen- 
trionale; elles  ont  un  rhizome  épais,  ram- 
pant, duquel  partent  des  pétioles  et  des  pé- 
doncules assez  longs  pour  élever  les  feuilles 
et  les  fleurs  au-dessus  de  la  surface  de  l'eau  ; 
les  feuilles  ont  une  grande  lame  peltée,  or- 
biculaire,  concave  ;  les  fleurs  sont  très  gran- 
des, blanches,  roses  ou  jaunes,  et  présentent 
les  caractères  suivants  :  Calice  à  4  sépales 
libres,  tombants;  corolle  à  pétales  nom- 
breux, oblongs,  étalés,  disposés  sur  plusieurs 
rangs  ;  étamines  nombreuses ,  à  filament  fi- 
liforme, prolongé  au-dessus  de  l'anthère 
en  un  petit  appendice;  pistils  nombreux, 
logés  dans  les  alvéoles  d'un  réceptacle  for- 
tement dilaté  en  un  corps  en  forme  de  cône 
renversé;  chacun  d'eux  se  compose  d'un 
ovaire  libre,  à  une  seule  loge  contenant  un 
ou  deux  ovules  suspendus,  surmonté  d'un 
style  court  que  termine  un  stigmate  pelté. 
A  ces  pistils  succèdent  autant  de  petites  noix 
1-spermcs,  logées  également  dans  les  alvéo- 


les du  réceptacle  qui  s'est  beaucoup  accru. 
Nous  nous  arrêterons  sur  deux  espèces  de 
ce  genre  : 

1 .  Nélumbo  brillant,  Nelumbium  specio- 
sum  Wild.  (Nymphœa  nelumbo  Lin.,  var.  a, 
Cyamus  Myslicus  Salisb.).  Cette  magnifique 
plante,  l'une  des  plus  belles  du  règne  vé- 
gétal ,  croît  spontanément  dans  les  lacs  et 
dans  les  eaux  peu  courantes  des  parties  chau- 
des de  l'Asie.  De  son  rhizome  rampant ,  ho- 
rizontal ,  formé  d'une  substance  charnue  et 
blanche ,  partent  à  la  fois  les  racines  et  les 
longs  pétioles  de  ses  feuilles,  que  de  petits 
tubercules  aigus  et  un  peu  recourbés  rendent 
rudes  au  toucher;  la  lame  de  ces  feuilles  a 
4-6  décimètres  de  diamètre;  elle  est  fixée  au 
pétiole  exactement  par  son  centre,  où  se 
trouve  une  tache  blanchâtre;  elle  est  orbi- 
culaire,  glabre  à  ses  deux  surfaces,  la  su- 
périeure étant  revêtue  d'un  velouté  très  fin, 
formé  de  papilles ,  grâce  à  la  présence  duquel 
l'eau  glisse  sur  elle  sans  la  mouiller  le  moins 
du  monde  ;  il  en  est  de  deux  sortes  :  les 
unes  sont  flottantes,  étendues  en  nappes, 
de  manière  que  l'eau  agitée  vient  passer  par 
dessus,  les  autres  sont  creusées  en  belles 
coupes  d'environ  un  décimètre  de  profon- 
deur, un  peu  ondulées  sur  les  bords.  Ses 
fleurs  figurent  parmi  les  plus  belles  et  les 
plus  grandes  du  règne  végétal  ;  leur  diamè- 
tre égale  jusqu'à  3  décimètres  ;  leur  couleur 
est  blanche  ou  rose;  elles  ressemblent  à  de 
grandes  fleurs  de  Magnolias;  elles  ont  une 
odeur  d'Anis  ;  elles  sont  portées  sur  de  longs 
pédoncules  qui  les  élèvent  au-dessus  de  la 
surface  de  l'eau;  leur  corolle  a  plus  de  15 
pétales,  dont  10  sont  extérieurs,  ovales  et 
concaves,  dont  les  autres  sont  intérieurs, 
plus  petits  et  inégaux  entre  eux.  Ses  fruits 
sont  ovoïdes-globuleux,  à  peu  près  de  la 
grosseur  d'une  Noisette.  Cette  belle  espèce 
croît  naturellement  dans  les  Indes  ,  à  la  Co- 
chinchine,  à  la  Chine,  etc.,  et  de  plus  elle 
y  est  cultivée  à  cause  de  la  vénération  qu'ont 
pour  elle  les  habitants  de  ces  contrées,  qui 
en  font  leur  plante  sacrée  et  qui  la  considè- 
rent comme  le  symbole  de  la  fertilité;  ils 
représentent  leurs  divinités  placées  sur  une 
de  ses  feuilles.  Elle  existait  autrefois  abon- 
damment en  Egypte,  où  elle  avait  été  très 
probablement  apportée  de  l'Inde,  et  où  elle 
jouait  un  rôle  important  comme  plante  ali- 
mentaire. C'était  le  Faba  œgypliaca  des  an- 


604 


NEL 


NEL 


ciens,  le  Lys  du  Nil  ressemblant  aux  Roses 
d'Hérodote,  et  l'un  des  Lotus  du  Nil.  Mais 
elle  a  totalement  disparu  de  cette  contrée; 
en  effet,  son  rhizome  tendre  doit  être  con- 
stamment plongé  dans  l'eau  :  aussi  il  est  pro- 
bable, d'après  M.  Delile,  que  sa  disparition 
est  due  à  ce  qu'elle  n'a  pu  se  prêter  sur  les 
bords  du  Nil  aux  variations  de  la  sécheresse 
et  des  inondations  ;  que,  de  plus,  le  courant 
du  Nil  et  la  profondeur  des  canaux  ont  con- 
tribué aussi  autant  que  toute  autre  cause  à 
son  dépérissement,  puisqu'on  ne  la  voit  pros- 
pérer que  dans  les  eaux  peu  profondes  et 
tranquilles  ou  peu  courantes.  Les  anciens 
Egyptiens  trouvaient  dans  ses  rhizomes  et 
ses  graines  un  aliment  sain  et  assez  abon- 
dant; ils  faisaient  du  pain  avec  des  graines 
qui,  fraîches,  ont  un  goût  agréable  d'à- 
mande.  Dioscoride  rapporte  qu'ils  propa- 
geaient la  plante  cri  en  jetant  les  graines 
dans  l'eau  après  les  avoir  enveloppées  de 
limon  pour  leur  faire  gagner  le  fond. 

Dans  ces  derniers  temps ,  on  a  essayé  en 
Europe  ia  culture  du  Nclumbium  speriosum 
comme  plante  d'ornement  :  à  cet  égard  ,  les 
essais  les  plus  suivis  ont  été  faits  àMontpel- 
ler,  par  M.  Raffeneau-Delile,  qui  en  a  ob- 
tenu des  résultats  très  satisfaisants.  Favorisé 
par  la  douceur  du  climat  méditerranéen  ,  le 
savant  directeur  du  jardin  de  Montpellier  a 
pu  réunir  dans  cet  établissement  une  ma- 
gnifique collection  ,  encore  unique  en  Eu- 
rope ,  de  diverses  variétés  et  espèces  de  Ne- 
lurnbium. Placées  dans  de  grands  bassins 
de  bois ,  ces  plantes  se  développent  à  mer- 
veille et  fleurissent  annuellement.  Les  seules 
précautions  à  prendre  pour  obtenir  ce  résultat 
consistent  à  mettre  ces  bassins  dans  des  lieux 
bien  aérés  et  un  peu  abrités  contre  la  trop 
grande  ardeur  du  soleil ,  qui  a  pour  effet  de 
griller  les  feuilles.  L'hiver,  il  suffit  de  les 
renfermer  dans  une  serre  tempérée,  que  l'on 
chauffe  seulement  pendant  les  plus  fortes 
gelées,  et  où  la  température  reste  ainsi  tou- 
jours au-dessus  de  0°  (voy.  pour  les  détails, 
R.  Delile,  Acclimatation  du  Nelurnbium 
speciosum  ou  Nelumbo  de  l'Inde  dans  le 
midi  de  la  France,  Bull,  de  la  Soc.  d'agric. 
du  département  de  l'Hérault,  août  1835). 
Aujourd'hui,  dans  les  parties  de  l'Asie,  où 
le  Nelumbo  existe  à  l'état  spontané  et  cul- 
tivé ,  on  mange  ses  graines ,  ou  bien  l'on  en 
prépare  des  pâtes  et  des  gâteaux  qui  ont 


même  quelques  usages  médicinaux.  On  em- 
ploie aussi  sa  racine  comme  diurétique  et 
adoucissante;  enfin  l'on  considère  ses  pé- 
tales comme  astringents,  et  on  les  emploie 
de  la  même  manière  qu'on  le  fait  en  Eu- 
rope pour  les  pétales  des  Roses  rouges. 

2.  Nelumbo  jaune,  Nelurnbium  luleum 
Wild.  (Cyamus  flavicomus  Salisb.  ,  Nym- 
phœa  nelumbo  Linn.,  var.  b.).  Cette  espèce 
croît  naturellement  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  dans  la  Floride  ,  la  Caro- 
line ,  etc.  Elle  ressemble  beaucoup  à  la 
précédente;  mais  elle  s'en  distingue  par  ses 
fleurs  constamment  jaunes  ,  un  peu  moins 
grandes;  et  par  les  filets  de  ses  étamines 
prolongés  au-delà  des  anthères  en  un  ap- 
pendice linéaire ,  et  non  en  massue ,  comme 
chez  le  N.  speciosum.  Quoique  spontanée  en 
diverses  parties  des  États-Unis,  les  essais 
qu'on  y  a  faits  pour  la  multiplier  par  la  cul- 
ture ont  été  fréquemment  infructueux  ,  de 
sorte  que  Barton  dit  qu'elle  paraît  réussir 
seulement  dans  les  lieux  où  elle  croît  spon- 
tanément, ce  qu'il  explique  en  disant  qu'il 
lui  faut  probablement  une  sorte  de  vase  ar- 
gileuse, tenace  et  bleue,  qui  forme  le  fond 
des  rnares  et  des  étangs  où  elle  prospère, 
et  dans  laquelle  ses  racines  s'enfoncent  jus- 
qu'à plusieurs  pieds  de  profondenr.  En  Amé- 
rique on  mange  ses  graines;  mais  elle  n'y 
est  pas  assez  abondante  pour  pouvoir  être 
considérée  comme  tant  soit  peu  importante 
sous  ce  rapport. 

C'est  sur  les  pieds  de  Nelumbo  cultivés 
au  jardin  de  Montpellier  que  M.  Delile  a 
fait  quelques  observations,  dont  voici  en  peu 
de  mots  les  résultats.  Il  a  vu  que,  lorsque 
l'eau  séjourne  un  peu  sur  le  centre  de  la 
feuille,  il  y  a  fréquemment  émission  natu- 
relle d'air,  par  les  bulles,  à  travers  cette 
eau,  et  il  a  reconnu  que  cet  air,  qui  sort 
seulement  de  la  tache  centrale  blanche,  où 
se  trouvent  beaucoup  de  stomates,  y  arrive 
du  reste  de  la  face  supérieure  de  la  même 
feuille.  A  minuit,  les  feuilles  qui  avaient 
exhalé  de  l'air  pendant  le  jour  n'en  don- 
naient plus  ;  à  six  heures  du  matin  ,  comme 
le  soleil  ne  donnait  pas  encore  sur  elles, 
elles  n'étaient  point  exhalantes;  elles  le  re- 
devenaient pendant  le  reste  de  la  journée. 
Cependant  il  s'est  trouvé  quelquefois  des 
feuilles  qui  absorbaient  et  exhalaient  dans 
tous  les  temps  et  à  toutes  les  heures.  Quel- 


NKM 


NEM 


€05 


quefois  on  voyait  sortir  de  l'air  aune  partie 
des  feuilles  autre  que  leur  centre,  et  dans 
laquelle  on  ne  découvrait  au  microscope  ni 
stomates  ni  ouvertures  d'aucune  sorte.  L'air 
exhalé  par  les  feuilles  de  Nelumbium  n'a 
pas  semblé  différer  de  l'air  atmosphérique, 
'fil  m'est  demeuré  démontré,  dit  M.  Delile, 
»  que  chaque  feuille  de  la  plante  est  pourvue 
»  d'un  système  respiratoire  complet ,  pour 
»  lequel  le  velouté  possède  la  faculté  absor- 
»  bante,  et  les  stomates  celle  seulement 
»  exhalante  ,  ce  qui  est  sans  exemple  pour 
»  touteautre  plante  que  celle-ci,  la  seule  qui 
»  ait  pu  se  prêter  aux  expériences  qui  déci- 
»  dent  si  manifestement  l'aspiration  et  l'exha- 
»  lation.  »  (Voy.  à  ce  sujet  deux  notes  de 
M.  Delile  et  deux  de  M.  Dutrochet,  Annal, 
des  se.  nat.,  2esér.,décemb.  1841).  (P.D.) 
NÉLUMBONÉES.  Nelumboneœ.  bot.  ph. 
—  Petite  famille  établie  aux  dépens  des 
Nymphaeacécs,  et  dont  les  caractères  sont  les 
mêmes  que  ceux  du  genre  Néiumbo,  le  seul 
qu'elle  renferme.  Voy.  nélikibo. 

"NEMACONIA,  Know.  et  West.  (Flor. 
cap.,  127).  bot.  pu.  — Synon,  de  Portera , 
Lindl. 

*J\ESIAPALPUS  (  v7l;,a,  fil;  palpus, 
palpe).  Ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Diptères, 
famille  des  Tipuliciens ,  tribu  des  Phalénoï- 
des,  Macq.  ,  établi  par  M.  Macquart  (  Hist. 
nat,.  des  Canaries,  par  Webb  et  Berthelot) 
aux  dépens  des  Psychodes.  L'espèce  type  et 
unique,  N.  flavus ,  est  commune  aux  îles 
Canaries.  (L.) 

NERÏASPORA.   bot.  ca.  —  Voy.  n.ema- 

SPOUA. 

LWASTOME.  aiucun.  —  Synonyme 
de  Phalangium.  Voy.  ce  mot.        (H.  L.) 

*NEMATANTIIUS  (v^«,  filament;  &- 
005,  fleur),  bot.  ph.— Genre  de  la  famille  des 
Gesnéracées,  tribu  des  Épisiciées,  établi  par 
Schrader  (in  Gollinger  gel.  Anzeig.,  1821, 
I,  p.  719).  Arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  ges- 
néracées. 

NÉMATE.  Nemalus  (v^a,  fil),  ins.  — 
Genre  d'Hyménoptères,  section  des  Téré- 
brans,  famille  des  Porte-Scies,  tribu  des 
Tenthrédimens,  établi  par  Jurinc  aux  dépens 
des  Teulhredo  de  Fabricius,  et  adopté  par 
Saint-Fargeau  (Monographie  des  Tenthrédi- 
nes), ainsi  que  par  tous  les  entomologistes. 
Les  Némates  sont  caractérisés  par  leurs  an- 
tennes de  neuf  articles  simples  dans  les  deux 


sexes,  longues  et  sétacées;  parleurs  mandi- 
bules échancrées;  leur  cellule  radiale  très 
grande;  leurs  quatre  cellules  cubitales,  dont 
la  première,  petite,  presque  ronde  ;  la  se- 
conde, grande,  recevant  les  deux  nervures  ré- 
currentes ;  la  troisième,  moindre  et  carrée,  et 
la  quatrième  atteignantle  haut  de  l'aile,  etc. 

Les  métamorphoses  des  Insectes  de  ce 
groupe  et  leur  genre  de  vie  ont  occupé  un 
grand  nombre  de  naturalistes;  citons,  parmi 
les  anciens,  Swammerdam,  Réaumur,  Linné, 
Degéer,  et,  parmi  les  modernes,  Panzer, 
Dahlbom,  Saint  Fargeau,  et  MM.  Ratzeburg 
et  Léon  Dufour.  Ce  dernier  particulièrement 
a  adressé  (28  octobre  1846)  à  la  Société  en- 
tomologique  de  France  une  notice  impor- 
tante sur  les  métamorphoses  des  Némates,  et 
contenant  l'histoire  complète  d'une  nouvelle 
espèce  de  ce  genre,  \e  Nemalus  Degceri;  pré- 
cédemment il  avait  déjà  fait  connaître  une 
autre  espèce,  le  N.  ribis;  mais  ces  travaux 
n'étant  pas  encore  publiés,  nous  ne  croyons 
pas  pouvoir  en  parler  ici. 

Les  larves  des  Némates,  désignées  comme 
celles  des  autres  Tenthrédines  sous  le  nom 
de  fausses  chenilles,  ont  constamment  vingt 
pattes,  dont  six  écailleuseset  quatorze  mem- 
braneuses. Ces  larves  vivent  sur  différentes 
plantes  dont  elles  rongent  les  feuilles.  Leurs 
métamorphoses  s'opèrent  de  différentes  ma- 
nières :  les  unes  entrent  dans  la  terre  et  s'y 
filent  des  coques  pour  se  changer  en  nym- 
phes; les  autres  forment  des  excroissances 
avec  les  feuilles,  des  espèces  de  galles  dans 
lesquelles  elles  subissent  toutes  leurs  trans- 
formations. 

Toutes  les  espèces  de  ce  genre  appartien- 
nent à  l'Europe.  Lepelletier  deSaint-Fargeau 
(Monographie  des  Tenthrédines)  en  décrit 
trente-huit;  mais  aujourd'hui  on  en  connaît 
un  plus  grand  nombre.  Nous  n'en  citerons 
qu'une  seule  : 

Le  Nemate  du  saule  ,  Nemalus  salie is 
Jurine,  Oliv.,  Fabr.,  Lepell.,  etc.,  qui  est 
long  de  5  lignes  ;  jaune,  avec  la  tête  et  le 
corselet  noirs  en  dessus;  les  ailes  avec  leur 
point  noir;  les  pattes  jaunes.  Les  larves  de 
ces  Insectes  vivent  sur  le  Saule;  elles  ont 
près  de  1  pouce  de  long  ;  elles  sont  d'un  vert 
céladon,  avec  de  grandes  taches  jaunes  et 
des  points  noirs  sur  les  côtés.  Elles  ont  sou- 
vent le  derrière  courbé  en  arc,  de  sorte  qu'il 
repose  sur  le  plat  de  la  feuille,  tandis  qu« 


60G 


NEM 


NEM 


quelques  pattes  membraneuses  etécailleuses 
sont  accrochées  à  son  bord.  Ceslarves  entrent 
en  terre  au  mois  d'août  et  s'y  filent  des  co- 
ques d'un  brun  obscur  presque  noir. 

Les  métamorphoses  des  Nematus  ca- 
preœ,  papillosus,  septentrionalis,  ribis,  De- 
geeri, etc.,  sont  également  connues.  (E.  D.) 

NÉMATE.  min.  —  Nom  donné  par  Haiiy 
à  une  roche  fibreuse  que  l'on  rapporte  assez 
généralement  à  l'Obsidienne.  Voy.  ce  mot. 

NEMATOCERA.  ins.  —  Syn.  iïHexa- 
toma.  Voy.  ce  mot. 

NÉHÏATOCÈRES.  ins. —  Syn.  de  Fili- 
cornes.  Voy.  ce  mot. 

NEMATODES (vn,aaTw^Ç)  filamenteux). 
ix5.  —  Genre  de  Coléoptères  pentnmères , 
famille  des  Sternoxes ,  tribu  des  Élatéri- 
des,  créé  par  Latreille  {Annales  de  la  Soc. 
eut.  de  France,  1. 111,  p.  125).  Les  types  sont  : 
les  Eucnemis  buprestoides  Rossi  (  alticollis 
Rondani),  fdum  F. ,  et  meliculosus  Dej.  Le 
1er  est  originaire  d'Italie,  le  2e  d'Autriche, 
et  le  3e  des  États-Unis.  Ces  3  espèces  ren- 
trent dans  le  genre  Hypocœlus  d'Eschschollz, 
adopté  par  Dcjean. 

Les  Nématodes  de  Dejean,  que  cet  auteur 
attribue  à  tort  à  Latreille  (Catalogue,  3e  éd., 
p.  96),  sont  les  N.  procerulus  Mann,  (pyg- 
mœusDej.),  flavescens  Dej.,  et  semi-vitiatus 
Harris  :  les  deux  premiers  se  trouvent  en 
Suède  et  en  France,  et  le  dernier  est  des 
États-Unis.  (C.) 

*J\EMATOGONEM,  Desmaz.  (in  Nouv. 
Ann.  se.  nat.,  II,  69,  t.  II,  f.  1).  bot.  cr. 
—  Syn.  de  Sporotrichum ,  Lnk. 

NÉMATOÏDES.  Nematoides  (v%.a,  fil; 
«T^or,  forme),  helm.  —  Rudolphi  a  donné  en 
1808,  dans  son  Histoire  naturelle  des  Ento- 
zoaires,  la  dénomination  de  Nématoïdes  à 
l'une  des  grandes  catégories  de  Vers  intes- 
tinaux ,  celle  à  laquelle  appartiennent  les 
Ascarides,  les  Strongles,  les  Filaires  et  beau- 
coup d'autres  ayant  le  corps  filiforme  ou  fu- 
siforme,  allongé.  Quelques  genres  d'animaux 
qui  vivent  dans  les  eaux  de  la  mer,  dans  les 
eaux  douces  ou  même  dans  la  terre  humide 
ont  aussi  l'organisation  des  Nématoïdes ,  et 
ont  été  classés  parmi  eux  par  les  helmintho- 
logistes  modernes.  C'est  aussi  à  ce  groupe 
qu'appartiennentlesAnguillules  ou  Vibrions 
de  la  colle  et  du  vinaigre,  qu'on  a  laissés  si 
longtemps  parmi  les  Infusoires. 

Quoique  l'on  connaisse  un  grand  nombre 


de  Nématoïdes,  on  n'a  pas  encore  établi  la 
caractéristique  et  la  classification  de  ce 
groupe  d'une  manière  déGnitive.  Tous  les 
genresque  leurs  caractères  extérieurs  tendent 
à  faire  placer  parmi  les  Nématoïdes  ne  pa- 
raissent pas  avoir  la  même  organisation  in- 
térieure, et,  tandis  que  celle  des  premiers 
serait  très  élevée,  celle  des  derniers  serait, 
au  contraire,  fort  simple  :  les  Ascarides,  les 
Strongles,  etc.,  seraient  dans  le  premier  cas; 
les  Gordius,  Trichius,  etc.,  dans  le  second. 
C'est  un  sujet  que  nous  traiterons  en  détail 
à  l'article  vers  de  ce  Dictionnaire  ;  aussi 
nous  contenterons-nous  d'indiquer  ici,  d'a- 
près M.  Dujardin,  les  diverses  familles  qui 
constituent  la  classe  des  Nématoïdes  : 

Trichosomiens,  Filariens,  Strongyliens, 
Ascaridiens,  Énopliens,  Sclérostomiens,Dac- 
nidiens.  Plus  un  certain  nombre  de  genres 
mal  connus  ou  d'une  organisation  supposée 
inférieure  : 

Stelmie,  Léorhynque,  Prionoderme,  Chi- 
racanthe,  Gnathoslome  ,  Lécanocéphale  , 
Ancyracanthe,  Hétérochele,  Stéphanure, 
Hystrichis,  liedruris  ,  Crossophore,  Odonto- 
bie,  Tropisure,  Trichine;  et  enfin  les  Gor- 
diacés,  comprenant  les  genres  Mermis  et 
Dragonneau.  (P.  G.) 

*  NEMATOPHORA  (  v^ua ,  fil  ;  yopoç  , 
qui  porte),  ois.  —  Subdivision  du  genre 
Huppe  (voy.  ce  mot),  d'après  M.  G.-R.  Gray 
(Gen.  of  Birds.,  1840).  (E.  D.) 

*NEMATOPHORA  (v~ua,  fil;  VoPSç, 
qui  porte),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Malacodermes , 
tribu  des  Lampyrides,  formé  par  Dejean 
(Catalogue,  3e  édit.,  p.  113),  avec  une  es- 
pèce du  Brésil,  le  N.  macrocera  de  l'au- 
teur. (C.) 

NEMATOPLATA ,  Bor.  (in  Dict.  class., 
1 ,  593 ,  XI ,  499).  infus.  —  Syn.  de  Fragu 
laria,  Lby. 

NÉMATOPODES  (vTîua,   v/^octoî  ,   fil; 

ttoûç,  ttocÎoç,  pied),  moll.?  crust.? — Déno- 
mination donnée  par  M.  de  Blainville  à  la 
première  classe  de  ses  Malentozoaires  cor- 
respondant aux  Cirrhipodes.  Voy.  ce  motet 

MOLLUSQUES.  (DUJ.) 

*WEMATOPODIES  (v%«,  fil  ;  wovç,  «o- 
&,; ,  pied),  ins.  —  M.  Gravenhorst  (Ichn.  Eu- 
rop.  1829  )  a  indiqué  sous  ce  nom  un  genre 
d'Hyménoptères  de  la  section  des  Térébrans, 
de  la  famille  des  Ichneumoniens.  (E.  D.) 


NEM 


NEM 


607 


•NEMATOPTERA,  Burm.  ins.  —  Syn. 
âeNemoptera,  Latr.  (E.  D.) 

NEMATOPUS(v%.«,  fil;  *ov5|  pied). 
ins.  —  Genre  d'Hémiptères  de  la  section 
des  Hétéroptères ,  famille  des  Lygéens  ,  tribu 
des  Coréites,  créé  par  Latreille  (Fam.  nat. 
1825)  et  adopté  par  tous  les  entomologistes. 
Les  Nematopus ,  caractérisés  par  leur  tête 
courte,  arrondie;  leurs  pattes  postérieures 
très  longues;  leurs  cuisses  renflées,  garnies 
d'épines,  ainsi  que  les  jambes ,  ne  com- 
prennent qu'un  petit  nombre  d'espèces. 
MM.Amyot  etServille(/7emipfères  des  Suites 
à  Bu ffon-Roret)  n'en  signalent  que  trois: 
deux  de  Cayenne,  les  N.  indus  Linné  et 
nervosus  Gasteln.,  et  une  de  la  Chine,  le 
N.  rneleagris  Fabr.  (E.  D.) 

*NEMATORA,  Fée  (Melh.  Lichen.,  43  , 
t.  II,  f.  4).  bot.  cr.  —  Voy.  strigula,  Fr. 

NEMATOSPERMUM  ,  L.-C.  Richard 
[in  Act.  soc.  h.  n.  Par.,  I,  105).  bot.  ph. 

—  Syn.  de  Lacistema,  Swartz. 
*NEMATOSTIGMA,  Dietr.  (Syst.  Willd. 

n.,  228).  bot.  ph.  —  Syn.  deLiberlia, 
Spreng. 

NÉMATOURES  ou  SÉTICAUDES.  ins. 

—  Nom  donné  par  M.  Duméril  à  une  fa- 
mille d'Insectes  aptères,  qui  correspond  à 
l'ordre  des  Thysanoures  de  Latreille. 

NEMATTUX,  Fr.  (Msc).  bot.  cr.  — 
Syn.  de  Myxonema ,  Fr. 

*NEMATURA  (v^.a,  fil;  ovpa,  queue). 
ois.  —  Nom  donné  par  M.  Fischer  à  un 
groupe  de  Tétraonidées.  Voy.  ce  mot. 

NEMATUS.  ins.  —  Voy.  némate. 

NEMAUCHENES.  bot.  pu.  —  Genre  de 
la  famille  des  Composées,  tribu  des  Cicho- 
racées,  établi  par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat., 
XXXIV,  362).  Herbes  des  contrées  orien- 
tales.  Voy.  COMPOSÉES. 

NÉMAZOAIRES  (  v~*«,  fil  ;  Ç£ov  ,  ani- 
mal), alg.?  —  Classe  d'êtres  ambigus  propo- 
sée d'abord  sous  le  nom  de  Némazoones  par 
M.  Gaillon,  puis  nommée  Némazoaires ,  et 
enfin  Ncmalophyles  par  M.  de  Blainville , 
qui  les  regarde  définitivement  comme  des 
végétaux.  M.  Gaillon,  qui  comprend  dans 
cette  classe  les  Bacillariées  ou  Naviculées , 
beaucoup  d'Infusoires  verts  et  une  foule  de 
vraies  Algues,  supposait  que  des  animal- 
cules simples,  libres  et  bien  vivants ,  jouis- 
sent de  la  faculté  de  s'agglutiner  par  une 
matière  exsudée  de  leur  corps,  de  manière 


à  former  des  filaments  simples  ou  ramifiés 
présentant  l'aspect  de  végétaux.       (Duj.) 

*NEMEDRA.  bot.  ph.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Méliacées,  tribu  des  Trichiliées, 
établi  par  Jussieu  (  in  Mem.  Mus. ,  XIX  , 
223,  t.  14  ,  f.  8).  Arbrisseaux  originaires 
de  la  Nouvelle-Hollande  tropicale.  Voy.  mé- 
liacées. 

*NEMEORIUS(v^oç,  bois;  e?o$,vie).  ins. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères  diurnes, 
tribu  des  Érycinides,  établi  par  Stephens. 
La  seule  espèce  connue  est  le  Nemeobius  lu- 
cina  (Papilio  lucina  Linn.,  Argynnis  lucina 
God.,  le  Faune  à  taches  blanches  Engr.),  qui 
habite  la  France  boréale  et  australe. 

*NEMEOPHILA  (v/Fo?,  bois;  y^oç,  qui 
aime),  ins. — Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptè- 
res, tribu  des  Chélonides,  établi  par  Stephens 
aux  dépens  des  Chélonées.  M.  Boisduval,  qui 
adopte  ce  genre  (Gênera  et  index  methodicus 
Lepidopt.  europ.)  entité  deux  espèces,  N.  rus- 
sula  et  Plantaginis,  qui  habitent  l'Europe. 

NÉMERTE.  Nemertes  (nom  mytholo- 
gique), iielm.  —  Genre  fort  curieux  d'Hel- 
minthes marins  dont  nous  avons  plusieurs 
espèces  sur  nos  côtes.  Ces  animaux  ,  qui 
arrivent  souvent  à  une  longueur  de  plu- 
sieurs mètres,  ont  la  forme  de  rubans  fort 
étroits,  mais  ils  sont  susceptibles  de  se  rac- 
courcir considérablement.  On  leur  a  succes- 
sivement donné  les  noms  de  Nemertes  (Oken), 
Borlasia  (G.  Cuvier),  Linaria  (Sowerby)  et 
Lineus  (Davies).  M.  de  Blainville  les  a  pris 
pour  type  de  sa  famille  des  Térétulariés ,  et 
M.  Ehrenberg  de  celle  qu'il  appelle  Nemer- 
tina.  On  connaît  aussi  des  espèces  exotiques 
de  ce  genre,  et  MM.  Quoy  et  Gaimard  en  ont 
représenté  plusieurs  dans  le  Voyage  de  V As- 
trolabe. Plusieurs  naturalistes,  depuis  Bor- 
lase,  se  sont  occupés  de  l'organisation  des  Ne- 
mertes, et,  tout  récemment,  M.  de  Quatrefa- 
ges  a  publié,  dans  Y  Iconographie  du  règne  ani- 
mal, une  planche  très  soignée  dans  laquelle 
il  représente  les  principaux  caractères  anato- 
miques  et  physiologiques  de  ces  animaux. 
Nous  en  parlerons  à  l'article  vers.  (P.  G.) 

NEMERTESIA.  polyp.  —  Dénomination 
proposée  par  Lamouroux  pour  le  genre  de 
Sertulariens  que  Lamarck  a  nommé  An- 
tennulaire,  et  que  M.  Ehrenberg  laisse  dans 
son  grand  genre  Serlularia,  comme  section 
du  sous-genre  Sporadopyxis.  Les  Antennu- 
laires  ou  Ncmcrtcsies  ont  les  polypes  verti- 


608 


NEM 


cillés  autour  d'une  tige  simple  ou  peu  divi- 
sée, Ostuleuse,  cornée.  (Duj.) 

*NEMERTINA.  helm.  —  Famille  dont  le 
type  est  le  genre  Nemerles.  Elle  a  été  ainsi 
dénommée  par  M.  Ehrenberg,  et  répond  en 
grande  partie  à  celle  desTérétularié&de  M.  de 
Blainvilie.  Elle  comprend  les  genres  Tubu- 
lan,  Cérébralule,  Polie,  Borlasie  ou  Nernerte, 
Notogymnus,  Bonellie  et  Lobilabre.  Ces  ani- 
maux appartiennent  à  la  classe  des  Turbil- 
lacées.  (P.  G.) 

NEMESIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Scrophularinées  ,  tribu  des  Hémi- 
méridées ,  de  la  Didynamie  angiospermie 
dans  le  système  sexuel  de  Linné.  Il  a  été 
établi  par  Ventenat  (  Malmais.  ,  t.  41  )  aux 
dépens  de  quelques  espèces  d' Antirrhinum, 
et  présente  pour  caractères  principaux  :  Ca- 
lice à  5  folioles.  Corolle  hypogyne  ,  à  tube 
court,  à  limbe  bilabié  :  lèvre  supérieure 
4-îobée,  garnie  d'un  éperon  à  la  base  ;  lèvre 
inférieure  entière  ou  échanerée;  deux  gib- 
bosités  à  la  gorge.  Étamines  4,  insérées  à  la 
gorge  de  la  corolle,  didynames  ;  anthères 
uniloculaires  *  souvent  soudées  deux  à  deux. 
Ovaire  a  2  loges  multi-ovulées.  Style  simple; 
stigmate  capité.  Le  fruit  est  une  capsule 
comprimé,  à  2  loges  contenant  un  grand 
nombre  de  graines. 

Les  Nemesia  sont  des  herbes  annuelles , 
rarement  vivaces  ou  suffrutescentes,  à  feuil- 
les opposées,  dentées  ou  incisées  ;  à  fleurs 
axillait  es  et  solitaires,  ou  disposées  en  grappes 
terminales. 

L'espèce  type,  Nemesia  fœtens  Vent.  (loc. 
cit.  ),  est  un  arbuste  indigène  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  Ses  fleurs,  d'un  gris  blan- 
châtre veiné  de  pourpre,  sont  marquées  dans 
l'intérieur  d'une  tache  jaune-orangé. 

Les  autres  espèces  de  ce  genre  sont  les 
Antirrhinum  macrocarpum ,  bicorne  et  lon- 
gicorne.  (J.) 

*]\ÉMÉSIS.  Nemesis  (nom  mythologique). 
crust. — Genre  de  l'ordredes  Siphonostomes, 
de  la  tribu  des  Dichélesliens,  établi  par  Poly- 
dore  Roux,  et  généralement  adopté.  Ce  genre 
se  rapproche  beaucoup  de  celui  des  Dichéles- 
tiens,  mais  ressemble  un  peu  à  certains  Crus- 
tacés Isopodes  par  la  forme  générale  du  corps. 
La  têteestépaisse,  obtuse,  ovalaire;  le  thorax 
se  compose  de  quatre  articles  quadrilatères, 
à  peu  près  de  même  grandeur  que  la  tête, 
et  semblables  entre  eux;  enfin  l'abdomen 


NEM 

est  très  petit,  conique,  annelé  et  terminé 
par  deux  petits  appendices  lamelleux.  Les 
antennes  sont  assez  longues,  sétacées,  multi- 
articulées,  et  pourvues  d'un  article  basi- 
laire  assez  grand.  Immédiatement  en  ar- 
rière de  ces  organes,  on  aperçoit  une  autre 
paire  d'appendices  qui  ressemblent  à  de  pe 
tites  cornes,  et  qui  paraissent  être  les  ana- 
logues des  pattes-mâchoires  antérieures  de* 
Caligiens.  Les  pattes-mâchoires  de  la  se- 
conde paire,  situées  de  chaque  côté  d'i.a 
suçoir  gros  et  court,  sont  grêles  et  petites; 
mais  celles  de  la  dernière  paire  sont  plus  dé' 
veloppées  et  subehéliforrnes.  Les  pattes  sont 
au  nombre  de  quatre  paires  ,  dont  deux 
fixées  au  premier  article  thoracique,  et  les 
suivantes  aux  deux  anneaux  suivants  ;  celles 
de  la  première  paire  sont  petites,  grêles  et 
simples,  tandis  que  les  autres  sont  com- 
posées d'une  pièce  basilaire  très  grande, 
mais  libre  sur  la  ligne  médiane,  et  de  deux 
petites  rames  terminales.  Le  dernier  anneau 
thoracique  présente  de  chaque  côté,  à  son 
bord  postérieur  ,  un  tubercule  arrondi  au- 
près duquel  naissent  des  lobes  oviferes  qui 
sont  extrêmement  longs.  On  ne  connaît  en- 
core que  deux  espèces  qui  vivent  parasites 
sur  ceux  de  nos  Poissons  cartilagineux  de  la 
Méditerranée.  La  Némésis  lamne,  Nemesis 
Lamna  Roux,  peut  être  considérée  comme 
le  type  de  ce  genre.  C'est  sur  les  branchies 
du  Lamna  cormibicus  que  l'on  rencontre 
constamment  la  Némésis  lamne,  qui  vit  en 
société  au  nombre  de  vingt-cinq  à  quarante 
individus. 

La  seconde  espèce  est  la  Némésis  des  Re- 
quins ,  Nemesis  Carchariarum  Roux.  C'est 
particulièrement  sur  les  branchies  du  Squale 
renard,  Carcharias  vulpes,  que  l'on  trouve 
cette  Némésis.  (H.  L.) 

NEMESTRINA.  mam.  —  Nom  scienti- 
fique du  Maimon.  Voy.  macaque.    (E.  D.) 

NEMESTRINA  (  nom  mythologique  ). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères  bracho- 
cères  ,  famille  des  Anthraciens,  tribu  des 
Némestrinides ,  Macq.,  établi  par  Lalreille 
(  Gen.  ,  t.  V,  p.  307  ),  et  caractérisé  de  la 
manière  suivante  par  M.  Macquart  (Diptè- 
res, Suites  à  Buffon-Roret)  :  Tête  déprimée. 
Palpes  saillants.  Antennes  distantes ,  cour- 
tes. Yeux  nus.  Écusson  à  rebord  peu  mar- 
qué. Pelotes  des  tarses  ordinairement  pe- 
tites. Ailes  de  largeur  médiocre,  plus  ou 


NEM 

moins  réticulées  dans  les  deuxième  et  troi- 
sième cellules  sous-marginales,  les  première 
et  deuxième  postérieures;  quelquefois  non 
réticulées;  point  de  cellule  fausse. 

M.  Macquart  (loc.  cit.  et Dipt.exot.) décrit 
huit  espèces  de  ce  genre,  assez  communes 
dans  l'Egypte  et  au  cap  de  Bonne-Espérance. 
Nous  citerons  principalement  la  Nemestrina 
reticulala,  ainsi  décrite  :  Longueur,  8  lign. 
Corps  noir,  revêtu  de  poils  gris  ;  thorax  ayant 
une  ligne  dorsale  et  une  tache  oblique  de 
chaque  côté,  grises;  ailes  enfumées  ,  ayant 
leur  extrémité  hyaline;  pattes  roussàtres , 
avec  les  cuisses  noires  ;  abdomen  ayant 
chaque  segment  bordé  de  poils  gris. 

Les  mœurs  de  ces  Insectes  sont  les  mêmes 
que  celles  des  Anthraciens.  (L.) 

*N£M£STRINIDES.  Nemeslrinidœ .  ras. 

—  Tribu  de  la  famille  des  Anthraciens,  dans 
l'ordre  des  Diptères,  établie  par  M.  Macquart 
(Dipt. ,  Suites  à  Buffon  ),  qui  lui  donne  les 
caractères  suivants  :  Corps  large.  Tête  ordi- 
nairement de  la  largeur  du  thorax.  Trompe 
allongée,  menue,  dirigée  en  avant  ou  en 
dessous.  Front  et  face  ordinairement  larges, 
séparés  par  un  sillon  transversal.  Antennes 
courtes,  distantes,  insérées  près  du  bord  in- 
térieur des  yeux.  Trois  ocelles,  dont  les  laté- 
raux sont  insérés  au  bord  intérieur  et  posté- 
rieur des  yeux.  Écusson  à  rebords.  Pieds 
presque  nus;  trois  pelotes  aux  tarses.  Cuil- 
lerons  petits,  velus.  Ailes  ordinairement  ré- 
ticulées vers  l'extrémité;  deux  ou  trois  cel- 
lules sous-marginales,  ordinairement  cinq 
postérieures. 

Quatre  genres  composent  cette  tribu  ;  ce 
sont  :  Mœgistorhynchus,  Macq. ;  Nemestrina, 
Latr.  ;  Fallenia ,  Meig.  ;  et  Hirmonevra, 
Meig.  Voy.  l'article  anthraciens,  pour  les 
détails  relatifs  aux  mœurs  de  ces  Insectes. 

(L.) 

*I\'EMIA,  Berg.  (Flor.  cap. ,  160).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Manulea,  Linn. 

*ï\EMICOELUS  (v/fxoç,  bois;  xorto»  , 
creuser),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères ,  famille  des  Xylophages ,  tribu 
des  Cucusites,  formé  par  Dejean  (Cata- 
logue, 3e  édit.,  p.  340)  avec  deux  espèces: 
les  N.  marginipcnnis  et  hemipterus  de  Fau- 
teur. La  première  se  trouve  aux  États-Unis 
et  la  deuxième  est  de  patrie  inconnue.  (C.) 

*  NEAIORIA  (*«i*9«»  bois;  Sc'oç,  vie),  ras. 

—  Genre  d'Orthoptères  de  la  famille  des 

t.   vnr. 


NEM 


609 


Gryllides,  créé  par  M.  Audinet-Serville  {Or- 
thoptères des  Suites  à  Buffon  de  Roret)  aux 
dépens  des  Grillons  (voy.  ce  mot).  Les  prin- 
cipaux caractères  des  Nemobia  sont  :  Tarses 
de  trois  articles,  le  deuxième  comprimé,  peu 
visible;  palpes  maxillaires  longs,  à  dernier 
article  un  peu  tronqué  obliquement  au  bout; 
ovicapte  droit,  presque  aussi  long  que  l'ab- 
domen ;  yeux  grands ,  arrondis ,  peu  sail- 
lants, etc. 

Ces  Insectes  semblent  se  réunir  entre 
eux ,  tandis  que  les  Grillons  vivent  plus  so- 
litaires ;  les  femelles  déposent  leurs  œufs 
dans  la  terre.  Ils  sautillent  partout  à  la  sur- 
face du  sol  ,  et  ne  se  cachent  pas,  au  moins 
dans  des  terriers. 

Deux  espèces  entrent  dans  ce  groupe  : 

Gryllus  sylvestris  Bosc.  (Act.  Soc.  dliist. 
nat. ,  I,  pi.  10,  fig.  4).  Corps  noirâtre  avec 
quelques  poils  jaunâtres.  Se  trouve  très  com- 
munément dans  presque  toute  l'Europe  ;  ha- 
bite surtout  les  lieux  ombragés;  on  le  voit 
souvent  sous  les  feuilles. 

Et  le  Nemobia  lineolata  Brullé  (Hist.  nat. 
des  Ins.,  IX,  pi  18,  f.  9),  des  Pyrénées  et  de 
Saint-Sever.  (E.  D.) 

NEMOCEPHALUS  (v/fxw,  partager;  %t- 
<p«H,  tête),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Curculionides  or- 
thocères ,  division  des  Brenthides,  établi 
par  Latreille  (Familles  naturelles,  p.  390) , 
et  adopté  par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit., 
p.  266),  qui  en  énumère  15  espèces  ;  14  ap- 
partiennent à  l'Amérique ,  et  une  est  origi- 
naire d'Asie  (îles  Philippines).  Nous  cite- 
rons comme  en  faisant  partie  les  Br.  moni- 
lis ,  suturalis  F.,  lœvis  Gr.,  et  sanguini- 
collis  Dej.  Schœnherr  fait  entrer  une  par- 
tie de  ces  Insectes  parmi  ses  Brenlhus,  mais 
il  a  placé  le  dernier  dans  son  genre  Te- 
ramocerus.  MM.  Imhoff  et  Labram  (  Sing. 
gen.  curculion . ,  2e  fas.)  en  font  le  type  d'un 
nouveau  genre  qu'ils  nomment  Ischnome- 
rus.  (C.) 

NÉMOCÈRES.  Nemocera.  ras.  —  La- 
treille a  créé  sous  ce  nom  une  grande  fa- 
mille d'Insectes  de  l'ordre  des  Diptères,  et 
comprenant  particulièrement  les  deux  grands 
genres  Culex  et  Tipula  de  Linné.  Depuis , 
les  Némocères  sont  devenues,  pour  M.  Mae- 
quart  et  pour  la  plupart  des  entomologistes, 
l'une  des  deux  grandes  divisions  primaires 
des  Diptères. 

77 


610 


NEIY1 


NEM 


Les  Némocères  ont  pour  caractères  :  Corps 
ordinairement  menu  et  allongé;  tête  petite. 
Trompe  tantôt  longue,  menue,  et  renfer- 
mant un  suçoir  de  six  soies;  tantôt  courte 
et  épaisse,  à  suçoir  de  deux  soies.  Palpes  de 
quatre  ou  cinq  articles.  Antennes  filiformes 
ou  sétacées  ,  souvent  de  la  longueur  au 
moins  de  la  tête  et  du  thorax  réunis,  de  six 
articles  au  moins.  Abdomen  étroit;  thorax 
grand  et  élevé.  Pieds  longs  et  grêles.  Ailes 
allongées  et  souvent  étroites;  cellules  basi- 
Jaires  allongées. 

Les  larves,  toujours  allongées  et  sembla- 
bles à  des  Vers,  ont  une  tête  écailleuse  ,  de 
figure  constante,  et  dont  la  bouche  offre  des 
parties  analogues  aux  mâchoires  et  aux  lè- 
vres. Elles  changent  toujours  de  peau  pour 
se  transformer  en  nymphes,  et  ces  dernières, 
tantôt  nues,  tantôt  renfermées  dans  des  co- 
ques que  les  larves  ont  construites,  se  rap- 
prochent ,  par  leur  figure  ,  de  l'insecte  par- 
fait ,  en  présentant  les  organes  extérieurs  , 
et  achèvent  leurs  métamorphoses  à  la  ma- 
nière ordinaire  :  elles  ont  souvent,  près  de  la 
tête  ou  sur  le  thorax,  deux  organes  respira- 
toires en  forme  de  tubes  ou  d'oreillettes. 

Les  Némocères  habitent  ordinairement  les 
lieux  humides;  les  petits  surtout  se  rassem- 
blent dans  les  airs  en  essaims  nombreux  s 
s'y  balancent,  et  forment  en  volant  des  sor- 
tes de  danses.  Dans  l'accouplement  ils  sont 
placés  bout  à  bout,  et  volent  ainsi  :  ils  pon- 
dent leurs  œufs,  soit  dans  la  terre,  soit  dans 
J'eau. 

Voy.  l'article  diptères,  pour  les  divisions 
établies  par  M.  Macquart  dans  le  groupe  des 
Némocères.  (E.  D.) 

NÉMOGLOSSATES.  ins.  —  Latreille 
(Règ.  anim.)  avait  donné  ce  nom  à  une  di- 
vision d'Hyménoptères  ,  qui  correspond  au 
genre  Apis  de  Kirby,  ou  à  sa  tribu  des 
Apiaires.  Voy.  ce  mot.  (E  D.) 

KEMOGNATHA  (  ve>o  ,  partager  ;  yv«- 
0oç,  mâchoire),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères hétéromères,  famille  des  Trachélides, 
tribu  des  Vésicants,  créé  par  Latreille  (  Rè- 
gne animal  de  Cuvier,  t.  V,  p.  69),  et 
adopté  par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit., 
p.  249  ),  qui  en  énumère  17  espèces  ;  10  sont 
originaires  d'Amérique,  6  d'Afrique ,  et  une 
seule  appartient  à  l'Europe  :  celle-ci ,  type 
du  genre,  est  la  N.  chrysomelina  Fab.;  elle 
varie  beaucoup  pour  la  couleur.  Les  Zonitis 


vittata ,  viridipennis ,  hœmorrhoidalis  et  ros- 
trata  (4  -notata  Dej.)  Fab.,  et  5  ou  6  autres 
espèces  qui  ont  été  décrites,  et  que  Dejean 
n'a  pas  connues,  doivent  être  considérées 
comme  se  rapportant  à  ce  genre.  Les  larves 
de  ces  Insectes ,  comme  la  plupart  de  celles 
de  cette  tribu,  doivent  être  parasites  d'Hy- 
ménoptères. 

M.  Guérin-Méneville  a  établi,  avec  la  N. 
rostrata,  son  genre  Leptopalpus.        (C.) 

*NEMOICUS,  Stephens.  ins.  —  Syn.  de 
Phyllobius,  Schcenherr.  (C.) 

NÉMOPANTFIE.  Nemopanthes.  bot.  ph. 
—  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Ilici- 
nées ,  de  la  Dicecie  pentandrie  dans  le 
système  de  Linné,  établi  par  Rafinesque 
pour  Yllex  canadensis ,  et  décrit  d'une  ma- 
nière plus  précise  par  DeCandolle  (Première 
notice  sur  les  plantes  rares  du  jardin  de  Ge- 
nève, 8,  t.  3).  Il  est  caractérisé  par  des 
fleurs  dioïques  ou  polygames ,  formées  d'un 
calice  très  petit,  réduit  à  l'état  d'un  très 
petit  anneau  entier  à  son  bord  ;  d'une  co- 
rolle à  5  pétales  allongés-linéaires ,  réflé- 
chis ,  entièrement  libres  et  distincts  les  uns 
des  autres  à  leur  base;  de  5  étamines  alter- 
nes aux  pétales,  à  anthères introrses,  2-  lo- 
culaires;  d'un  ovaire  sessile,  à  3-4  loges, 
renfermant  chacune  un  seul  ovule  suspendu 
au  haut  de  leur  angle  central,  que  surmon- 
tent 3-4  stigmates  sessiles.  Le  fruit  est  une 
baie  presque  globuleuse,  à  3-4  loges. 

La  seule  espèce  de  ce  genre  est  le  Némo- 
panthe  du  Canada,  Nemopanthes  Canadensis, 
petit  arbrisseau  rameux ,  à  feuilles  alternes, 
oblongues  ,  très  entières ,  très  glabres  ,  co- 
riaces ,  à  court  pétiole.  Ses  fleurs  sont  peti- 
tes ,  d'un  blanc  verdâtre ,  solitaires  sur  des 
pédoncules  axillaires,  filiformes,  plus  courts 
que  les  feuilles.  Ses  baies  sont  rouges.  Cette 
espèce  croît  dans  les  montagnes  du  Canada, 
près  du  lac  Champlain  ,  et  vers  le  sud  des 
États-Unis  jusqu'en  Caroline.  Elle  passe  en 
pleine  terre  dans  les  parties  moyennes  de 
l'Europe.  (P.  D.) 

NEMOPHILA  (  vUoç, ,  bois  ;  « O.oç ,  qui 
aime),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Hydrophyllées,  établi  par  Barton  (Flor.  bor. 
amer.,  61).  Herbes  de  l'Amérique  boréale. 

Voy.   HYDROPHYLLÉES. 

*NEMOPHORA  (.Vx,  fil;  yépoç,  qui 
porte),  ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Lépido- 
ptères nocturnes,  tribu  des  Tinéides ,  créé 


NEM 


NEM 


61! 


par  Hubner  aux  dépens  des  Adela  (  Dup.  , 
Catal.  des  Lépid.  d'Europe).  On  en  connaît 
six  espèces ,  qui  habitent  la  France  et  l'Al- 
lemagne. (L.) 

*J\EMOPODA(v9îfxa,  filament;  nri^iti- 
Soç ,  pied  ).  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Di- 
ptères brachocères  ,  famille  des  Musciens  , 
tribu  des  Muscides,  établi  par  M.  Robineau- 
Desvoidy  et  adopté  par  M.  Macquart  {Diptè- 
res, Suites  à  Buffon).  Ce  dernier  en  décrit 
9  espèces,  qui  toutes  habitent  la  France 
et  l'Allemagne. 

L'espèce  type  ,  N.  cylindrica  (  N.  puiris 
Rob.-Desv.,  Sepsis  cylindrica  Meig.,  Sepsis 
nitida  Fall.,  Cal&bata  cylindrica  Fab.),  est 
très  commune  en  France. 

NEMOPTERA  ( v^P.a,  fil  ;  wt*'pov,  aire). 
ins.  —  Genre  de  Névroptères  de  la  sec- 
tion des  Filicornes ,  famille  des  Plani- 
pennes,  tribu  des  Panorpates,  créé  par  La- 
treille  (Gen.  Crust.  et  Ins.)  aux  dépens  des 
Panorpa  de  Linné  ,  adopté  par  tous  les  en- 
tomologistes, et  dont  M.  Burmeister  (Hand- 
buch  der  Entomologie)  a  changé  le  nom  en 
celui  de  Nematoptera.  D'après  M.  Rambur 
(Névropt.  des  Suites  à  Buffon  de  Roret),  les 
Nemoptera  ont  pour  caractères  :  Antennes 
presque  filiformes  ;  bouche  prolongée  en 
museau;  pas  d'ocelles;  palpes  labiaux  plus 
longs  que  les  maxillaires,  ceux-ci  plus 
courts  que  les  mâchoires,  qui  sont  droites, 
ciliées,  obtuses  à  l'extrémité  ;  tarses  de  cinq 
articles,  le  premier  et  le  dernier  assez 
longs,  les  autres  très  courts;  ergots  très 
courts  ou  insensibles,  les  tibias  postérieurs 
n'en  ayant  qu'une  paire;  onglets  grands. 

Olivier,  le  premier,  avait  observé  plu- 
sieurs espèces  de  ce  groupe  dans  le  Levant; 
depuis  on  en  a  découvert  quelques  unes  en 
Egypte,  en  Algérie  et  en  Espagne,  et  on  en 
compte  neuf  d'après  M.  Rambur.  Ces  In- 
jectes,  d'après  les  observations  d'Olivier, 
Dnt  le  vol  lent  ;  ils  agitent  péniblement  leurs 
ailes,  à  de  petites  distances,  de  sorte  qu'on 
peut  les  saisir  avec  la  plus  grande  facilité; 
ils  sont  très  multipliés,  et  leur  existence 
semble  fort  courte. 

M.  Rambur  {loc.  cit.)  répartit  les  neuf 
espèces  comprises  dans  ce  genre  en  trois 
groupes  particuliers  ou  sous-genres,  de  la 
manière  suivante  : 

1°  Nemoptera,  Auct.  Bouche  assez  forte- 
ment  avancée  en  bec  ;    ailes  supérieures 


ayant  des  bandes  en  zigzag  ,  et  un  très 
grand  nombre  de  traits  ou  de  points  noirs 
ou  bruns. Type  :  Panorpa  Coa  Lin.,  des  îles 
de  l'Archipel. 

2°  Halter,  Ramb.  Bouche  assez  fortement 
avancée  en  bec  ;  ailes  en  grande  partie 
transparentes  ,  les  inférieures  plus  ou  moins 
dilatées.  Type  :  N.  albaOYiv.,  de  Bagdad. 

3°  Brachystoma ,  Ramb.  Bouche  à  peine 
avancée  en  bec.  Espèce  unique  :  N.  Olivieri 
Ramb.,  d'Egypte. 

NEMOPTERIX.  ins.  —  Syn.  de  Nemo- 
ptera (voy.  ce  mot),  suivant  Leach.   (E.  D.) 

*NEMOR.EA.  ins.— Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides  ,  sous-tribu  des  Tachi- 
naires,  établi  par  M.  Macquart  (  Diptères, 
Suites  à  Buffon),  qui  le  caractérise  ainsi  : 
Corps  large.  Palpes  un  peu  saillants. Face  ordi- 
nairement nue  ;  épistomepeu  ou  point  sail- 
lant. Antennes  presque  couchées  ,  n'attei- 
gnant pas  l'épistome.Yeux  velus.  Abdomen 
ovale. Première  cellule  postérieure, atteignant 
le  bord  un  peu  avant  l'extrémité  de  l'aile. 

Ce  genre  renferme  20  espèces ,  dont  la 
plupart  habitent  la  France  et  l'Allemagne, 
dans  les  bois  et  les  prairies,  sur  les  fleurs  en 
ombelles.  Nous  citerons  principalement  les 
N.  viridulans  (Erigone  id.  Rob.-Desv.)  et  le 
N.  sylvatica,  toutes  communes  aux  environs 
de  Paris;  la  première,  en  juin  et  août,  sur 
les  fleurs  de  Vlleraclœum  spondylum ,  et  la 
seconde,  au  printemps,  dans  les  bois.  (L.) 

*  NEMORÏIEDUS.  mam.  —  Voy.  njïmo- 

HEDUS. 

*  NEMORICOLA  (  nemus  ,  bois  ;  colo  , 
j'habite),  ois.  —  M.  Hodgson  (  J.  An.  Soc. 
Beng.,  1831)  donne  ce  nom  aune  division 
des  Scolopax.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NEMOSIA  (V£>ç,  de  bois),  ois.  —  Nom 
donné  par  Vieillot  (  Anal,  ornith.,  1816  )  à 
une  division  du  genre  des  Moineaux. 

NEMOSOMA  (  véu.w  ,  partager  ;  (rwp.«  , 
corps),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères,  famille  des  Xylophages,  tribu  des 
Bostrichiens  ,  formé  par  Desmarest  et  adopté 
par  Latreille  (Gênera  Crust.  et  Jns.,  III, 
p.  12;  1,  XI,  4),  et  par  Dejean  (Cata- 
logue, 3eédit.,  p.  338).  Ce  dernier  auteur 
en  mentionne  quatre  espèces,  qui  sont  :  JV. 
elongatum  L.  (fasciatum  Pz.),  cylindricum9 
concolor  Dej. ,  et  guianensis  Lac.  Les  deux 
premières  sont  originaires  d'Europe,  et  les 


612 


NExM 


JNEM 


deux  dernières  d'Amérique  (États-Unis).  Le 
N.  elongatum  se  trouve  quelquefois  aux  en- 
virons de  Paris,  il  vit  dans  l'intérieur  du 
bois  du  Hêtre  et  de  l'Orme. 

Ce  genre  parait  avoisiner  certains  Trogo- 
sites  ;  Erichson  le  place  à  la  suite  de  ses  Niti- 
dulaires,  à  côté  des  Ips.  Ses  caractères  sont: 
Antennes  en  massue ,  perfoliées ,  guère  plus 
longues  que  la  tête;  tête  presque  aussi  lon- 
gue que  le  corselet;  corps  linéaire.    (C.) 

NEMOTELUS  (v^a,  fil;  tAoç,  fin). 
Ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères  bracho- 
céres,  famille  des  Notacanthes,  tribu  des 
Stratiomydes,  établi  par  Geoffroy  et  généra- 
lement adopté.  M.  Macquart  (Diptères, 
Suites  à  Buffon;  Dipt.  exot.)  en  décrit  9  es- 
pèces, dont  6  indigènes  et  3  exotiques.  L'es- 
pèce type ,  Nemotelus  pantherinus  Macq. 
{Musca  pantherina  Linn. ,  Nemotelus  uligi- 
nosus  Latr. ,  Nemotelus  marginatus  Fab.  ), 
est  assez  commune  en  France.  (L.) 

*NEMOTOIS.  ins.— Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes,  tribu  des  Tinéides, 
établi  par  Hubner  (Dup.,  Calai,  des  Lépid. 
d'Europe)  aux  dépens  des  Adela.On  en  con- 
naît 9  espèces,  dont  la  plupart  habitent  la 
France  et  l'Allemagne.  (L.) 

*J\EMOTRICHUS(vt>.w,  partager;  ept'ç, 
cheveu),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  famiile  des  Curculionides  ortho- 
cères,  division  des  Anthribides ,  formé  par 
Dejean  (Catalogue,  3e  édit. ,  p.  256)  avec 
une  espèce  de  Cayenne  ,  le  N.  indistinctus 
de  M.  Buquet.  Ce  genre  a  été  adopté  et  pu- 
blié depuis  par  MM.  Labram  et  Imhoff  (Sin- 
gulorum  gen.  Curcul.,  fasc.  4).  (C.) 

NÉMOURE.  Nemoura  (v%K,  fil;  ovpx', 
queue),  ins.  —  Genre  de  Névroptères  de 
la  famille  des  Planipennes,  tribu  des  Per- 
liens,  créé  par  Latreille  (Précis  des  ca- 
ractères des  Ins.,  1797)  aux  dépens  des 
Phryganea  de  Linné,  et  des  Perla  Geoffroy, 
ou  Semblis  Fabricius,  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes.  Les  Nemoura,  dont  le  nom 
a  été  changé  en  celui  de  Nematura  Bur- 
meister  et  Rambur,  ont  pour  caractères 
généraux,  suivant  M.Pictet  :  Palpes  maxil- 
laires et  labiaux  courts,  filiformes,  le  der- 
nier article  ovoïde,  arrondi  et  d'un  dia- 
mètre au  moins  égal  à  celui  qui  le  pré- 
cède; soies  caudales  nulles  ou  rudimen- 
taires. 

Les  Némoures  ont  la  tête  plus  petite,  plus 


ronde  et  moins  aplatie  que  les  Perles;  leurs 
antennes  sont  longues  et  fortes;  leurs  man- 
dibules grosses,  presque  aussi  larges  que 
longues,  et  terminées  par  trois  à  six  dents 
courtes;  leur  labre  est  moins  large  et  moins 
linéaire  que  celui  des  Perles;  leurs  mâ- 
choires, assez  fortes  et  dures,  sont  termi- 
nées par  des  dents  ou  par  des  soies  très 
raides,  recouvertes  en  dehors  d'une  galette 
qui  les  dépasse  souvent;  leur  lèvre  infé- 
rieure est  large  et  partagée  à  son  extrémité 
en  quatre  lanières  ,  dont  les  deux  médianes 
sont  parfois  réunies.  D'une  taille  un  peu 
plus  forte  que  les  Perles,  plus  grêles  et  plus 
délicates  qu'elles,  leurs  ailes  ont  une  ten- 
dance à  s'enrouler  ;  leur  couleur  générale 
est  un  gris  plus  ou  moins  fuligineux  ou 
brunâtre;  celle  du  corps  est  noire,  mêlée 
parfois  de  jaune  ou  de  brun. 

Ces  Insectes  se  trouvent  dans  les  endroits 
humides  et  les  bois  ombragés;  ils  ne  pa- 
raissent qu'au  printemps  ou  au  commence- 
ment de  l'été,  et  il  est  rare  d'en  voir  en  au- 
tomne. Leurs  larves  vivent  dans  l'eau , 
marchent  sur  les  pierres  ou  se  tiennent  at- 
tachées aux  herbes  aquatiques  ;  quelques 
unes  n'ont  pas  d'organes  respiratoires  ex- 
ternes, et  d'autres  au  contraire  en  présen- 
tent. La  forme  de  ces  larves  se  rappro- 
che de  celle  des  Perles;  elles  ont  comme 
elles  deux  soies  caudales ,  mais  ces  organes 
restent  attachés  à  la  dépouille  de  la 
nymphe. 

Plusieurs  auteurs  se  sont  occupés  de  ce 
genre,  et  nous  citerons  particulièrement 
Latreille  et  MM.  Burmeister,  Rambur  et 
Pictet  (Hist.  nat.  gén.  et  part,  des  Ins.  Né- 
vroptères,  monogr.  des  Perlides,  1841).  Ce 
dernier  auteur  en  a  réparti  les  espèces  en 
3  groupes ,  qu'il  nomme  et  caractérise  de 
la  manière  suivante  : 

I.  Tœniopterix,  Pictet.  Articles  des  tarses 
égaux;  abdomen  terminé  par  des  soies  lon- 
gitudinales tri-articulées. 

Six  espèces,  toutes  européennes,  entrent 
dans  ce  groupe  ;  la  principale  est  le  Ne- 
moura nebulosa  Latr.,  Oliv.,  Pictet  (Sem- 
blis nebulosa  Fabr.),  type  du  genre.  Elle 
est  très  commune  aux  environs  de  Paris,  et 
parfois,  en  été,  on  la  voit  en  abondance  sur 
les  quais  de  cette  ville. 

II.  Leuctra,  Stephens.  Deuxième  article 
des  tarses  très  court;  pas  de  soies  du  tout  ; 


NEN 


NEN 


613 


nervures  du  parastigma  ne  formant  pas  d'X, 
ailes  allongées  et  en  cylindre. 

Sept  espèces,  dont  six  d'Europe  et  une 
d'Amérique.  Type  :  N.  cylindrica  Deg. 

III.  Nemoura,  Auct.  Deuxième  article  des 
tarses  très  court  ;  pas  de  soies  du  tout  ;  ner- 
vures du  parastigma  formant  un  X  ;  ailes 
médiocres,  aplaties. 

Huit  espèces,  toutes  européennes.  Type  : 
N.  variegata  01  iv.  (E.  D.) 

NEMOZOMA.  ms.  —  Voy.  nemosoma. 

IVEMS.  mam.  — Buffon  a  donné  ce  nom  à 
une  espèce  de  Mangouste ,  qui  n'est  pas  le 
Nems  des  Arabes  :  ce  dernier  est  Flchneu- 
mon.  Voy.  l'article  mangouste.      (E.  D.) 

*NEMURA(v9îfAa,  fil;  0ÛP«,  queue). ins.^ 
M.  Hodgson  (in  GrayZool.  mise,  1846)  in- 
dique sous  ce  nom  une  subdivision  des  Fau- 
vettes. Voy.  sylvie.  (E.  D.) 

NENAX,  Gœrtn.  (I,  165,  t.  32).  bot. 
ph.  —  Syn.  d'Ambraria,  Gruse,  et  de  Clif- 
fortia ,  Linn. 

*NENGETUS.  ois.— M.  Swainson  {Zool. 
Joum.y  1837)  donne  ce  nom  à  un  petit 
groupe  d'Oiseaux  qui  rentre  dans  le  genre 
des  Moucherolles.  Voy.  ce  mot.     (E.  D.) 

NÉNUPHAR.  Nymphœa.  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Nymphéacées ,  à 
laquelle  il  donne  son  nom,  de  la  Polyan- 
drie monogynie  dans  le  système  de  Linné. 
Tel  que  nous  le  considérons  ici  avec  les 
botanistes  modernes,  il  ne  comprend  plus 
que  ce  qui  reste  du  genre  établi  sous  le 
même  nom  par  Linné,  après  qu'on  en  a 
retranché  d'un  côté  les  Nelumbium,  deve- 
nus le  type  de  la  famille  des  Nélumbonées 
(voy.  ce  mot) ,  et  de  l'autre  les  Nuphar , 
Smith  ,  ou  Nymphéas  à  fleurs  jaunes  (  voy. 
nuphar).  Limité  de  la  sorte ,  il  se  compose 
de  plantes  herbacées  aquatiques,  remarqua- 
bles par  leur  beauté,  qui  croissent  dans  le» 
eaux  stagnantes  ou  faiblement  courantes  des 
parties  tempérées  et  subtropicales  du  globe, 
surtout  dans  l'hémisphère  septentrional;  un 
petit  nombre  se  trouvent  entre  les  tropi- 
ques. Ces  plantes  ont  un  rhizome  charnu  , 
quelquefois  volumineux,  qui  rampe  au  fond 
de  l'eau  sur  la  vase,  où  il  s'enracine;  de 
lui  partent  des  pétioles  et  des  pédoncules 
d'un  tissu  très  lacuneux,  d'une  longueur 
assez  considérable  pour  élever  les  feuilles 
jusqu'à  la  surface  de  l'eau,  sur  laquelle  elles 
nagent  et  les  fleurs  au-dessus.  Leurs  feuilles 


sont  grandes,  planes,  en  cœur  ou  bilobées 
à  leur  base,  parfois  peltées,  entières  ou  si- 
nuées-dentées,  glabres  ou  pubescentes  en 
dessous,  pourvues  de  stomates  seulement  à 
leur  face  supérieure ,  la  seule  qui  soit  en 
contact  avec  l'air.  Leurs  fleurs  sont  grandes 
et  brillantes,  blanches,  bleues,  roses  ou 
rouges  ,  mais  jamais  jaunes;  elles  présen- 
tent les  caractères  suivants:  Galice  à  4-5  sé- 
pales libres,  tombants ,  colorés  intérieure- 
ment ;  corolle  à  16-28  pétales  sur  plusieurs 
rangs,  libres,  et  dont  les  intérieurs  passent 
peu  à  peu  à  la  forme  des  étamines  :  celles-ci 
sont  nombreuses,  sur  plusieurs  rangs,  libres, 
à  filet  pétaloïde;  ovaire  multiloculaire ,  à 
ovules  nombreux  portés  sur  les  cloisons , 
surmonté  d'un  stigmate  sessile  ,  pelté , 
rayonné ,  marqué  au  centre  d'une  sorte  de 
glande  saillante  arrondie.  Le  fruit  est 
charnu  ,  rempli  de  pulpe  dans  laquelle  sont 
plongées  les  graines,  multiloculaire ,  cou- 
ronné par  le  stigmate  persistant.  Les  espè- 
ces de  ce  beau  genre  se  répartissent  en  trois 
sous-genres,  pour  chacun  desquels  nous  au- 
rons à  citer  un  exemple  digne  de  fixer  l'at- 
tention. 

a.  Cyanea,  DG.  Filet  prolongé  au-dessus 
de  l'anthère  ,  ce  qui  rapproche  ces  plantes 
des  Nelumbium,  desquels  elles  se  distinguent, 
au  reste,  très  nettement  par  l'organisation 
de  leur  fruit;  fleurs  bleues  ou  bleuâtres  ; 
feuilles  peltées,  très  entières  ou  dentées-si- 
nuées.  Plantes  d'Afrique  :  une  seule  de  l'Asie 
tropicale. 

1.  Nénuphar  bleu,  Nymphœa  cœruleaSdi- 
vigny.  Cette  belle  espèce  croît  dans  les  ri- 
vières et  les  canaux  de  la  Basse-Egypte.  Son 
rhizome,  de  couleur  noirâtre,  est  pyriforme  ; 
les  pétioles  qui  en  partent  sont  cylindriques, 
lisses.  Ses  feuilles  nageantes  sont  presque 
orbiculaires,  un  peu  ovales,  obtuses  et  en- 
tières au  sommet,  un  peu  sinueuses  vers 
leur  base ,  qui  est  profondément  échancrée 
en  cœur  et  forme  deux  lobes  ou  oreillettes 
acuminées  ;  elles  sont  glabres  à  leurs  deux 
faces,  rougeâtres  à  l'inférieure.  Ses  fleurs, 
d'un  beau  bleu  ,  sont  portées  sur  de  longs 
pédoncules  cylindriques  qui  les  élèvent  au- 
dessus  de  l'eau  :  elle  diffère  très  peu  du  N. 
scutifoliaDC,  qui  croît  au  sud  de  l'Afrique. 
Cette  plante  était  sacrée  pour  les  anciens 
Égyptiens,  qui  en  peignaient  et  sculptaient 
la  figure  sur  tous  leurs  monuments  et  parmi 


614 


NEN 


leurs  hiéroglyphes.  On  la  trouve  même  re- 
présentée parmi  les  hiéroglyphes  de  Philœ  et 
cTEdfoû  ,  à  l'extrémité  méridionale  de  l'E- 
gypte, où  il  paraît  qu'elle  croissait  autrefois, 
et  d'où  elle  a  disparu  depuis  longtemps.  Gé- 
néralement des  faisceaux  de  feuilles  et  de 
fleurs  de  ce  Lotus  bleu  étaient  représentés 
parmi  les  offrandes  aux  dieux  figurées  sur 
les  tableaux  hiéroglyphiques  ;  il  servait  aussi 
à  faire  des  couronnes  ;  enfin  ses  racines  et 
sa  graine  lui  donnaient  une  utilité  directe 
comme  espèce  alimentaire.  Aujourd'hui  le 
Nénuphar  bleu  n'est  guère  plus  recherché 
par  les  habitants  de  la  Basse-Egypte  que 
pour  la  beauté  de  ses  fleurs.  La  conservation 
de  cette  espèce  n'est  nullement  compromise 
par  les  alternatives  de  sécheresse  et  d'humi- 
dité ;  son  rhizome  persiste  sans  périr  pen- 
dant une  année  entière  après  que  l'eau  a 
disparu  du  sol  où  il  végétait  ;  ramené  même 
à  la  surface  lorsqu'on  laboure  les  champs,  et 
foulé  aux  pieds  ,  il  ne  périt  pas,  et  recom- 
mence à  végéter  aussitôt  que  l'inondation 
vient  de  nouveau  convertir  pour  quelque 
temps  ces  champs  en  étangs.  La  beauté  du 
Nénuphar  bleu  lui  donnerait  une  place  des 
plus  distinguées  dans  nos  collections  de 
plantes  vivantes  ;  mais  sa  culture  présente 
quelques  difficultés  par  suite  desquelles  il 
est  encore  peu  répandu. 

b.  Lotos,  DC.  Filets  non  prolongés  au- 
dessus  de  l'anthère;  fleurs  blanches,  roses 
ou  rouges;  feuilles  peltées,  le  plus  sou- 
vent à  dents  aiguës  ou  pubescentes  en  des- 
sous. Espèces  de  l'Inde  et  de  l'Afrique  ,  une 
seule  de  l'Europe  orientale  ,  une  autre  des 
Antilles. 

Nénuphar  lotus,  Nymphœa  lotus  Lin. Cette 
espèce  croît  encore  spontanément  dans  la 
Basse-Egypte,  dans  le  Nil  près  de  Rosette  et 
kde  Damiette,  ainsi  que  dans  les  canaux  des 
^rizières.  Son  rhizome  ressemble  à  un  tuber- 
cule de  volume  médiocre,  revêtu  d'une 
écorce  brunâtre ,  coriace  et  marqué  de  ci- 
catrices; les  pétioles  qui  en  partent  sont 
cylindriques,  d'une  longueur  proportionnée 
à  la  hauteur  de  l'eau  et  qui  atteint  de  la 
sorte  jusqu'à  1M,7  ;  ils  supportent  une 
lame  nageante,  plane,  orbiculaire,  peltée, 
profondément  fendue  à  sa  base  en  deux 
grands  lobes  ou  oreillettes ,  rapprochées 
l'une  de  l'autre ,  garnie  sur  les  bords  de 
dents  de  scie  séparées  par  des  sinus  arron- 


NEN 

dis,  glabre  supérieurement,  pubescente  in- 
férieurement  et  marquée  d'un  réseau  de 
nervures.  Ses  fleurs  sont  grandes  et  blan- 
ches; leur  calice,  verdâtre  extérieurement, 
est  un  peu  rosé  sur  les  bords.  Le  Nénuphar 
Lotus  était  l'une  des  plantes  les  plus  célèbres 
dans  l'ancienne  Egypte;  elle  était  consacrée 
à  Isis,  et  ses  fruits  mêlés  à  des  épis  de  blé 
étaient  le  symbole  de  cette  déesse  et  l'em- 
blème de  l'abondance.  Aussi  en  trouve-t-on 
la  figure  sur  un  grand  nombre  de  médailles 
égyptiennes.  C'était  le  Lotus  blanc  ou  le 
Lotus  à  graine  de  Pavot  d'Hérodote.  Ainsi 
que  l'espèce  précédente,  et  plus  qu'elle 
encore ,  ce  Nénuphar  figurait  parmi  les 
plantes  alimentaires  de  cette  contrée  alors 
si  peuplée.  On  mangeait  son  rhizome,  dont 
la  consistance  et  le  goût  rappellent  ceux  de 
la  Châtaigne  ;  ses  graines  petites  et  arron- 
dies ,  mais  nombreuses  dans  chaque  fruit, 
et  qu'Hérodote  compare  à  celles  du  millet, 
servaient  à  faire  du  pain.  D'après  Théo- 
phraste,  on  les  retirait  de  l'intérieur  des 
péricarpes  en  mettant  les  fruits  en  tas,  les 
laissant  pourrir  et  lavant  ensuite  le  tout; 
par  là  on  les  isolait  de  la  pulpe  dans  laquelle 
elles  sont  plongées.  Les  Égyptiens  modernes 
comptent  encore  le  Nénuphar  Lotus  parmi 
leurs  plantes  alimentaires  ;  mais  ils  pré- 
fèrent à  son  rhizome  celui  du  Nénuphar 
bleu.  On  trouve  l'un  et  l'autre  sur  leurs 
marchés. 

c.  Castalia,  DC.  Filets  non  prolongés 
au-dessus  de  l'anthère  ;  fleurs  blanches; 
feuilles  en  cœur,  non  peltées,  très  entières, 
glabres.  Espèces  des  parties  tempérées  de 
l'hémisphère  septentrional. 

3.  Nénuphar  blanc  ,  Nymphœa  alba 
Linn.,  vulgairement  Lys  des  étangs,  quel- 
quefois aussi  Nénuphar  officinal.  Cette 
plante,  l'une  des  plus  belles  de  nos  climats, 
croît  dans  les  fossés  pleins  d'eau,  les  lacs 
et  les  eaux  faiblement  courantes  d'une 
grande  partie  de  l'Europe.  Son  rhizome, 
long  et  épais ,  horizontal ,  est  charnu  ,  bru- 
nâtre à  sa  surface  ;  ses  feuilles  nageantes 
sont  grandes,  arrondies,  en  cœur  à  leur 
base,  très  entières,  glabres  et  lisses  ;  ses 
grandes  fleurs  blanches  s'élèvent  au-dessus 
de  la  surface  de  l'eau.  Leur  stigmate  est 
marqué  de  seize  rayons.  Le  rhizome  du 
Nénuphar  blanc  a  été  employé  très  long- 
temns  en  grande  quantité,  à  cause  des  pro- 


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NEO 


615 


priétés  sédatives  et  surtout  anti-aphrodi- 
siaques qu'on  lui  attribuait;  il  s'en  faisait 
une  consommation  considérable  dans  les 
maisons  religieuses  ,  et  la  croyance  à  ces 
propriétés  était  devenue  populaire  ;  néan- 
moins, lorsqu'on  en  est  venu  à  des  expé- 
riences précises  à  cet  égard ,  on  a  reconnu 
que  c'était  là  une  opinion  erronée,  et  qu'il 
fallait  au  contraire  regarder  cette  substance 
comme  stimulante  ;  aujourd'hui  on  n'en 
fait  à  peu  près  aucun  usage.  Dans  des  di- 
settes on  a  essayé  d'utiliser  ce  même  rhi- 
zome comme  aliment  ;  mais  la  quantité  de 
fécule  qu'il  renferme  n'est  pas  assez  grande 
pour  qu'il  puisse  rendre  de  grands  services 
sous  ce  rapport.  (P.  D.) 

NEOCEIS,Cass.  (in  Bullet.soc.  philom., 
1820,  p.  90).  bot.  ph. —  Syn.  tfErechtiles, 
Rafin. 

]\ÉOCTÈSE.  min.  —Syn.  de  Scorodite, 
espèce  de  Fer  arséniaté.  Voy.  fer. 

*NEOGAYA.  bot.  ph.—  Genre  de  la  fa- 
mille des  Ombellifères,  tribu  des  Séséli- 
nées,  établi  par  Meisner  (Gen.  144).  Herbes 
des  montagnes  de  l'Europe.  Voy.  ombelli- 
fères. 

NEOLACIS,  Cham.  (m  Linnœa,  IX, 
503).  bot.  ph.  —  Voy.  mourera,  Aubl. 

NEGMERIS  (  nom  mythologique  ).  po- 
lvp.  ?  algues.  — Genre  établi  par  Lamou- 
roux  pour  des  productions  marines  (IV.  du- 
metosa)  qu'il  classait  auprès  des  Tubulaires, 
et  que  M.  de  Blainville,  avec  raison,  rap- 
proche des  Liagores,  qui  sont  des  Algues 
calcifères  ainsi  que  les  Corallines.  M.  De- 
caisne,  en  établissant  d'une  manière  posi- 
tive la  nature  végétale  du  g.  Neomeris ,  le 
place  à  côté  des  Cyrnopolies,  et  le  caracté- 
rise ainsi  :  Spores  globuleuses  ,  entourées 
d'utricules  obovées,  ternées  ou  quatemées  ; 
fronde  claviforme  ,  tubuleuse  ,  à  rameaux 
très  abondants,  verticillés,  dichotomcs,  rac- 
courcis, articulés;  les  articles  étant  globu- 
leux, remplis  de  matière  verte.  La  seule  es- 
pèce connue  se  trouve  dans  la  mer  des  An- 
tilles. (Duj.) 

*IVEOMIDA  (v/wf/a,  champ  récemment 
labouré),  ins.  — Genre deColéoptères  hétéro- 
mères,  famille  des  Taxicornes,  tribu  des 
Diapériales ,  formé  par  Ziegler  et  adopté  par 
Dejean  (Catalogue ,  3e  édit.,  p.  218),  qui  en 
énumère  28  espèces  :  17  sont  originaires  d'A- 
mérique, 6  d'Europe  et  5  d'Afrique.  Nous 


citerons  comme  faisant  partie  de  ce  genre 
les  N.  violacea,  bicolor,  picicornis,  viridipen- 
nis,  hœmorrhoidalis  F.,  et  biluberculata  01. 
Cette  dernière  a  été  prise  vivante  à  Paris, 
mais  paraît  être  exotique.  Ces  Insectes  se 
rencontrent  sous  les  écorces  et  dans  les  bo- 
lets ;  la  plupart  des  mâles  ont  la  tête  armée 
de  deux  petites  cornes.  MM.  Brullé  et  de 
Laporte,  dans  une  Monographie  sur  les 
Diapériales ,  ont  donné  à  ces  Coléoptères  le 
nom  générique  de  Oplocephala.  Ces  deux 
noms  ont  été  conservés  par  Motchoulski 
{Mémoires  de  la  Soc.  imp.  des  naturalistes  de 
Moscou,  1845,  t.  XVII,  p.  80),  qui  fait 
entrer  dans  les  Neomida  les  espèces  à  corps 
allongé.  (C.) 

*i\EOMORPHA  (veoç,  nouvelle;  popyvî, 
forme),  ois.  —  Groupe  d'Oiseaux  créé  par 
M.  Gould  (Proc.  zool.  Soc. ,  1836),  et  qui 
rentre  dans  le  genre  des  Huppes.    (E.  D.) 

*]\E0M1S  (v/w,  je  nage;  p.v5>  rat). 
mam.  —  M.  Kaup  (  Entw.  G.  Eur.  Th.  I.  , 
1839)  indique  sous  ce  nom  un  groupe 
d'Insectivores.  (E.  D.) 

*J\EOIVEURlJS  (v/oç,  nouveau;  veîpov, 
nervure),  ins.  —  Genre  d'Hyménoptères  de 
la  section  des  Térébrans ,  famille  des  Ich- 
neumonides,  créé  par  M.  Haliday  (  Enl. 
mag.,  V,  1838),  et  devant  rentrer  dans  le 
groupe  des  Bracons.  (E.  D.) 

NEOPHRON  (nom  mythologique),  ois.  — 
M.  Savigny  (Syst.  des  Ois.  d'Egypte  el  de  Sy- 
rie) a  créé  sous  ce  nom  une  subdivision  du 
grand  genre  Vautour.  Voy.  ce  mot.   (E.  D.) 

NEOPS  (v/oç,  nouveau;  o-ty,  aspect),  ois. 
—  Vieillot  indique  sous  ce  nom  un  groupe 
d'Oiseaux  de  la  famille  des  Cerlhidées,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Sittine.  Voyez  ce 
mot.  (E.  D.) 

*  NEORNIS  (  v/oç ,  nouveau  ;  opvcç ,  oi- 
seau), ois.  —  Groupe  de  Fauvettes  (voy.  Syl- 
vie), d'après  M.  Hodgson  (in  Gray  zool. 
mise,  1844).  (E.  D.) 

*  NEOTOMA  (v/w  ,  je  nage;  to'^kj  ,  cou- 
pure), mam.  —  Un  groupe  de  Rats  (voy.  ce 
mot)  est  indiqué  ainsi  par  MM.  Say  etOrd. 
(Journ.  of  Phil,  IV).  (E.  D.) 

*  NEOTRAGUS  (  v£'w  ,  je  nage  ;  rpiyoç, 
bouc),  mam.  —  Dans  le  The  animal  hing- 
dom  by  Griffith  (t.  V,  1827),  M.  Hamilton 
Smith  donne  ce  nom  à  une  subdivision  du 
grand  genre  Antilope  (voy.  ce  mot),  et  il  n'y 
place  que  2  espèces  :  1°  V Antilope  pygmœa 


616 


NEP 


NE? 


Shaw ,  de  la  Guinée  et  du  centre  de  l'Afri- 
que ;  et  2°  une  nouvelle  espèce  d'Abyssinie, 
qu'il  désigne  sous  le  nom  d'Antilope  rna- 
deka.  (E.  D.) 

NEOTTIA.  eot.  n.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Orchidées  ,  tribu  des  Néottiées , 
établi  par  Robert  Brown  (  in  Hort.  Kew. , 
t.  V,  p.  201).  Herbes  des  forêts  de  l'Eu- 
vope  centrale  et  boréale.  Voy.  orchidées. 

♦KEOTTIDIUM,  Linck.  {Hand.,l,  249). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Neottia ,  Rob.  Brown. 

NÉOTTIÉES.  Neottieœ.  bot.  ph.—  Tribu 
ou  sous-famille  de  la  famille  des  Orchidées. 
Voy.  ce  mot. 

NEPA.  ins.  —  Voy.  nèpe.         (E.  D.) 

NEPA,  Petiv.  (Sicc.  ,  246).  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Stilbe,  Berg. 

NÈPE.  Nepa.  ins.  —  Linné  (Syst.  na- 
turœ  ,  1748  )  a  créé  sous  ce  nom  un  genre 
de  Tordre  des  Hémiptères ,  section  des  Hé- 
téroptères,  famille  des  Hydrocorises,  tribu 
des  Népides,  qui,  adopté  par  la  plupart 
des  entomologistes  ,  a  été  de  beaucoup  res- 
treint ,  et  est  devenu  pour  Latreille  (Ge- 
nera  Crusl.  et  Ins.  )  un  groupe  ayant  pour 
caractères  :  Bec  courbé  en  dessous  ;  les 
deux  tarses  antérieurs  formant  un  grand 
onglet  ;  labre  étroit  et  allongé,  reçu  dans 
]a  gaîne  du  suçoir;  les  quatre  tarses  posté- 
rieurs n'ayant  qu'un  seul  article  bien  dis- 
tinct; antennes  paraissant  fourchues.  Le 
corps  des  Nèpes  est  elliptique,  très  déprimé; 
leur  tête  est  petite,  logée  en  partie  dans  une 
échancrure  du  corselet,  avec  les  yeux  assez 
saillants,  sans  petits  yeux  lisses;  leurs  an- 
tennes n'ont  que  trois  articles  bien  dis- 
tincts, et  le  dernier  seul  offre  une  dilata- 
tion latérale  en  forme  de  dent;  leur  abdo- 
men est  terminé  par  deux  filets  sétacés  , 
presque  aussi  longs  que  le  corps,  et  qui  leur 
servent,  suivant  quelques  auteurs,  pour 
!  respirer  dans  les  lieux  aquatiques  et  vaseux 
!  où  elles  vivent;  les  quatre  tarses  postérieurs 
sont  propres  à  la  natation ,  les  cuisses  anté- 
î  rieures  sont  ovales ,  grandes ,  avec  un  sillon 
en  dessous  pour  recevoir  les  jambes  et  les 
tarses. 

Les  Nèpes  habitent  les  eaux  dormantes 
des  lacs ,  des  marais ,  des  canaux  et  des 
fossés;  elles  nagent  lentement,  et  le  plus 
souvent  elles  marchent  sur  la  vase,  en  cher- 
chant à  saisir  avec  leurs  pattes  antérieures 
les  petits  animaux  dont  elles  font  leur  nour- 


riture. La  femelle  pond  des  œufs  qui,  vus 
au  microscope,  ressemblent  à  une  graine 
couronnée  de  sept  petits  filets,  dont  les 
extrémités  sont  rongées  ;  elles  les  enfoncent 
dans  la  tige  des  plantes  aquatiques.  Swam- 
merdam  dit  que,  dans  l'intérieur  de  leur 
corps ,  les  œufs  sont  disposés  de  telle  ma- 
nière que  les  filets  de  celui  qui  est  le  plus 
voisin  de  l'orifice  embrassent  l'œuf  qui  vient 
après,  et  ainsi  de  suite. 

Les  larves  sortent  des  œufs  vers  le  mi- 
lieu de  l'été;  elles  ne  diffèrent  de  l'insecte 
parfait  que  parce  qu'elles  n'ont  ni  ailes,  ni 
filets  au  haut  de  l'abdomen.  La  nymphe 
n'a  de  plus  que  la  larve  que  les  fourreaux 
contenant  les  ailes,  et  qui  sont  placés  sur 
les  côtés  du  corps.  L'Insecte  parfait  quitte 
les  eaux  à  l'entrée  de  la  nuit  et  vole  avec 
assez  d'agilité. 

MM.  Amyot  et  Serville  (  Hémiptères  des 
Suites  à  Buffon  de  Roret)  ne  placent  que 
trois  espèces  dans  ce  genre ,  et  le  type  est  le  : 

Nepacinerea  Linné,  Fabr.,  Latr.,  Oliv., 
Degéer,  Scop.  (Scorpio  palustris  Mouf/let, 
Swam.,  Stoll  ),  qui  est  longue  de  huit  li- 
gnes, cendrée,  avec  le  dessus  de  l'abdomen 
rouge  et  la  queue  un  peu  plus  courte  que  le 
corps.  Cette  espèce,  qui  pique  fortement 
avec  son  bec,  se  trouve  communément 
dans  toute  la  France  et  n'est  pas  rare  aux 
environs  de  Paris.  (E.  D.) 

NÉPENTIÎÈS.  Nepenthes  (  vv)ir£vO/î;,  qui 
dissipe  le  chagrin  ;  vertu  attribuée  à  cette 
plante),  bot.  ph.  —  Genre  de  plantes  qui 
constitue  à  lui  seul  la  petite  famille  des 
Népenthées,  classé  à  tort  par  Linné  dans  la 
Gynandrie  tétrandrie  ,  tandis  qu'il  appar- 
tient en  réalité  à  la  Diœcie  polyandrie, 
d'après  la  connaissance  qu'en  ont  donnée 
les  travaux  des  botanistes  modernes.  Il  se 
compose  de  plantes  sous-frutescentes  de 
l'île  de  Madagascar  et  de  l'Asie  tropicale, 
qui  ont  acquis  une  grande  célébrité  par  l'or- 
ganisation extrêmement  singulière  de  leurs 
feuilles  ;  en  effet,  celles-ci,  après  une  portion 
basilaire  courte  engainante,  présentent  une 
portion  pétiolaire  dilatée  sur  ses  bords  en 
deux  ailes,  qui  en  font  une  sorte  de  limbe 
Iancéolaire  allongé;  ce  limbe  se  continue 
et  se  prolonge  en  une  vrille  recourbée, 
quelquefois  spirale,  que  termine  une  grande 
urne  ou  Ascidie;  examinée  en  détail ,  l'as- 
cidie elle  même  se  compose  d'un  corps  plus 


NEF 


NEP 


617 


ou  moins  allongé,  dont  la  capacité  est  quel- 
quefois assez  grande  pour  renfermer  un 
verre  d'eau  ,  et  d'un  opercule  ou  couvercle 
fixé  par  une  sorte  de  pédicule  court  à  la 
ligne  médiane  postérieure  de  l'urne,  et  dont 
les  dimensions  sont  à  peu  près  égales  à 
celles  de  l'ouverture.  Dans  cette  urne  s'a- 
masse de  l'eau,  dont  l'origine  n'est  pas  par- 
faitement déterminée  ;  car  elle  peut  prove- 
nir de  la  pluie,  de  la  rosée,  comme  aussi  de  la 
transpiration  aqueuse  de  la  plante,  ou  peut- 
être  aussi  est-elle  le  résultat  d'une  sécré- 
tion, comme  porterait  à  le  croire  l'existence 
d'un  tissu  d'apparence  glanduleuse  sur  la 
paroi  interne  de  ce  singulier  organe.  Quant 
à  l'utilité  prétendue  de  cette  eau  pour  dés- 
altérer les  voyageurs,  elle  a  été  beaucoup 
exagérée,  ces  plantes  croissant  dans  des  en- 
droits très  humides  et  marécageux.  Il  est 
assez  difficile  de  reconnaître  les  deux  par- 
ties, pétiole  et  lame,  d'une  feuille  ordi- 
naire dans  cet  appareil  compliqué.  Une  des 
opinions  qui  ont  été  exprimées  à  cet  égard, 
consiste  à  voir  dans  le  limbe  lancéolaire 
une  portion  du  pétiole,  dilatée  simplement 
sur  ses  bords  en  ailes  planes  ;  dans  l'urne 
ou  ascidie,  la  portion  supérieure  de  ce 
même  pétiole  dilatée  en  deux  larges  ailes , 
qui ,  se  recourbant  et  se  creusant,  se  sont 
rencontrées  et  soudées  sur  la  ligne  médiane 
antérieure,  de  manière  à  former  de  la  sorte 
une  cavité  fermée;  enfin,  dans  l'opercule  de 
l'urne,  la  lame,  même  de  la  feuille  ré- 
duite a  de  très  faibles  dimensions,  en  raison 
inverse  du  développement  anormal  du  pé- 
tiole. Une  autre  opinion  consiste  à  voir  dans 
le  limbe  inférieur  lancéolaire  la  lame  même 
de  la  feuille  prolongée  à  son  extrémité  en 
une  vrille,  qui  se  dilaterait  fortement  pour 
donner  naissance  à  l'urne.  Les  fleurs  des 
Népenthès  sont  en  grappe  ou  en  panicule, 
dioïques  ;  les  mâles  présentent  un  périanthe 
simple  calicinal  ,  profondément  quadrifide, 
du  milieu  duquel  s'élève  une  colonne  for- 
mée par  la  soudure  des  étamines,  et  que 
terminent  16  anthères  biloculaires ,  grou- 
pées en  une  petite  tête  presque  sphérique. 
Les  fleurs  femelles,  avec  un  périanthe  sem- 
blable a  celui  des  mâles,  présentent  un  ovaire 
libre ,  4-Ioculaire ,  à  loges  multi-ovulées, 
surmonté  d'un  stigmate  sessile ,  à  4  lobes 
peu  prononcés.  Le  fruit  est  une  capsule  à 
4  loges,  s'ouvrant  par  déhiscence  loculicide. 

I.   VIII. 


On  peut  consulter  au  sujet  de  ce  genre  cu- 
rieux un  mémoire  de  M.  Ad.  Brongniart, 
intitulé  :  Observations  sur  les  genres  Cytinus 
et  Nepenihes  (Ann.  des  se.  natur.,  Ve  sér., 
I,  p.  29-52),  et  surtout  une  Monographie  de 
M.  Korthals  ,  dans  le  bel  ouvrage  intitulé  : 
Verhandelingen  over  de  naturlijke  Geschie- 
denis  der  nederlandsche  overzeesche  Bezit- 
tingen  (Botanique,  Leyde,  1839-1842,  p.  1- 
44).  Dans  ces  derniers  temps,  les  recherches 
des  botanistes  ont  fait  connaître  plusieurs 
espèces  de  Népenthès;  M.  Korthals  en  dé- 
crit neuf  dans  sa  belle  Monographie.  Nous 
ne  parlerons  ici  que  de  la  plus  connue 
d'entre  elles. 

Népenthès  de  l'Inde  ,  Népenthès  indica 
Lamk.  (  N.  distillatoria  Linn.  ).  Cette  espèce 
croît  à  Ceylan  et  dans  l'Inde.  Sa  tige  est 
droite,  simple,  épaisse;  ses  feuilles  sont  al- 
ternes ,  glabres ,  leur  limbe  inférieur  est 
lancéolé ,  traversé  par  une  forte  nervure 
médiane  et  par  4-5  nervures  latérales  con- 
fluentes  au  sommet,  croisées  par  d'autres 
nervures  plus  faibles  qui  se  détachent  de  la 
côte  médiane  dans  une  direction  oblique; 
l'ascidie  est  allongée,  presque  cylindrique, 
un  peu  rétrécie  dans  son  milieu ,  couverte 
extérieurement ,  dans  sa  jeunesse,  de  poils 
roux,  glabre  à  l'état  adulte;  sa  surface  est 
marquée  d'un  réseau  de  nervures  longitu- 
dinales et  transverses  ;  parmi  les  premières, 
trois  sont  beaucoup  plus  fortes  que  les 
autres;  l'une,  postérieure,  se  continue  di- 
rectement jusqu'au  point  d'attache  de  l'o- 
percule ;  les  deux  autres  sont  antérieures, 
rapprochées  l'une  de  l'autre  ;  l'orifice  de 
cette  urne  est  resserré ,  bordé  d'un  anneau 
étroit,  réfléchi  vers  l'intérieur,  strié  trans- 
versalement; l'opercule  est  presque  arrondi, 
réticulé  à  sa  face  supérieure,  couvert  à  l'in- 
férieure de  nombreuses  petites  fossettes 
noires.  Ses  fleurs  forment  une  panicule 
terminale  qui  devient  plus  tard  latérale.  Oa 
cultive  aujourd'hui  cette  espèce  dans  quel- 
ques serres ,  mais  elle  y  est  encore  peu  ré- 
pandue, à  cause  de  l'obligation  de  la  main- 
tenir constamment  dans  une  atmosphère  à 
la  fois  chaude  et  très  humide. 

Une  autre  espèce  célèbre  du  même  genre 
est  le  Népenthès  de  Madagascar,  Népenthès 
M adag ascariensis  Poiret.  (P.  D.) 

NEPETA  ou  CHATA1RE.  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Labiées,  tribu  des 

78 


6iS 


.NEP 


NEP 


Népétées,  établi  par  Bentham  (Labiat.,  464), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont:  Ca- 
lice tubuleux,  13-15-nervié,  5-denté  à  l'ou- 
verture. Corolle  à  tube  aminci  à  la  base,  in- 
clus ou  saillant,  nu  intérieurement,  à  limbe 
bilabié:  lèvre  supérieure  droite,  échancrée 
ou  biflde  ;  lèvre  inférieure  à  trois  divisions, 
celle  du  milieu  la  plus  grande,  tantôt  en- 
tière ,  tantôt  bifide.  Étamines  4  ,  ascen- 
dantes ,  les  inférieures  plus  'courtes  ;  filets 
nus  ;  anthères  biloculaires  ,  souvent  rap- 
prochées par  paire.  Style  à  deux  divisions 
.supportant  chacune  un  stigmate.  Akène 
sec,  lisse,  nu. 

Les  Nepeta  croissent  en  abondance  dans 
ïes  régions  tempérées  de  l'Europe  et  de  l'A- 
sie, dans  les  terrains  humides  et  sablonneux, 
sur  les  rives  des  torrents  qui  longent  les 
Alpes  et  les  Pyrénéen.  Elles  sont  nombreuses 
en  espèces ,  qui  dînèrent  assez  entre  elles  , 
soit  par  le  port ,  soit  par  quelques  particu- 
larités de  leur  organisation.  De  là  la  divsion 
de  ce  genre  en  plusieurs  sections  ou  sous- 
genres  ainsi  nommés  :  Schizonepeta,  Ben  th.; 
Pycnonepeta,  Ben  th.;  Stegionepeta,  Benth.; 
Cataria,  Benth.;  M acronepela,  Benth.;  Gle- 
choma,  Linn.  ;  Orthonepeta,  Benth.  ;  Oxyo- 
nepeia,  Benth. 

On  connaît  une  trentaine  d'espèces  de  ce 
genre,  parmi  lesquelles  nous  citerons  : 

La  Chataire  commune,  N.  cataria,  dési- 
gnée vulgairement  sous  le  nom  d'Herbe  aux 
Chats,  à  cause  du  plaisir  que  ces  animaux 
éprouvent  à  se  rouler  dessus.  On  rencontre 
fréquemment  cette  espèce  sur  le  bord  des 
jardins;  elle  possède  une  odeur  pénétrante 
et  fétide,  ce  qui  l'empêche  d'être  cultivée 
dans  nos  jardins. 

La  Chataire  réticulée,  N.  reticulata. 
C'est  une  des  espèces  les  plus  curieuses  du 
genre.  Elle  forme  un  buisson,  haut  de  1  à  2 
mètres.  Ses  tiges  sont  droites,  rougeâtres  sur 
leurs  angles  arrondis,  parsemés  de  poils 
blancs,  longs  et  rares,  avec  des  feuilles  d'un 
vert  foncé,  souvent  tachetées  de  jaune-ver- 
dâtre,  opposées  et  presque  engainantes. 
Pendant  tout  l'été,  elle  se  couvre  de  longs 
épis  terminaux  chargés  de  fleurs  d'un  violet 
pâle  ou  d'un  bleu  purpurin  foncé. 

Elle  se  cultive  en  pleine  terre,  dans  les 
terrains  secs  et  chauds,  et  se  multiplie  de 
graines  ou  par  la  séparation  de  son  pied  au 
printemps.  (M.) 


NEPETEES.  Nepeteœ.  bot.  ph.  —  Tribu 
de  la  famille  des  Labiées.  Voy.  ce  mot. 

*i\EPHALIUS  (  vvî,  négation;  ?**<îç . 
clair).  Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères ,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes,  tribu  des  Cérambycins  , 
créé  par  Newman  [The  Entomologist ,  1841, 
p.  93),  qui  le  rapporte  à  ses  Thoracan- 
thides.  Cinq  espèces  du  Brésil  font  partie  de 
ce  genre,  les  IV.  amictus ,  sericeus,  exulus, 
erassus  et  blandus.  (C.) 

*NEPHELAPHYLLUM  (vfyAiw,  nébu 
losité;  yvïlov,  feuille),  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Orchidées ,  tribu  des  Pleuro- 
thallées,  établi  par  Blume  (Bijdr.,  372, 
fig.  22  ).  Herbes  de  Java.  Voy.  orchidées. 

NÉPHÉLINE  (vtftW,  nébulosité),  min. 
—  Espèce  de  l'ordre  des  Silicates  alumi- 
mineux,  cristallisant  dans  le  système  di- 
hexaédrique  ou  hexagonal,  fusible  en  verre 
bulleux,  et  soluble  en  gelée  dans  les  acides. 
Son  nom  vient  de  la  propriété  qu'elle  a  de 
perdre  sa  transparence  et  de  devenir  né- 
buleuse quand  on  la  met  dans  l'acide  ni- 
trique; cette  substance  est  blanche,  vi- 
treuse et  généralement  translucide.  Ses 
cristaux  sont  petits,  et  se  présentent  sous  la 
forme  de  prismes  hexagonaux,  passante  un 
di-hexaèdre  de  86°.  Dureté,  6  ;  densité,  2,6. 
On  la  trouve  disséminée  dans  les  roches  d'o- 
rigine ignée,  de  la  Somma  ,  au  Vésuve  (va- 
riété nommée  Sommité),  des  environs  de 
Rome  (Pseudo-Sommité),  du  Katzenbuckel 
dans  l'Odenwald,  etc.  L'Eléolilhe,  ou  Pierre 
grasse  des  Allemands ,  n'est  qu'une  variété 
compacte  de  la  même  espèce  ,  qu'on  trouve 
dans  la  Syénite  de  Friederichsvarn  en  Nor- 
vège. Suivant  M.  Tamnau,  la  Gieseckite  ne 
serait  qu'une  variété  altérée  deNéphéline. 

LaNéphéline  a  une  composition  chimique 
fort  simple.  Elle  est  formée  d'un  atome  d'A- 
lumine ,  d'un  atome  de  Soude  et  de  quatre 
atomes  de  Silice,  celle-ci  étant  représentée 
par  SiO.  On  a  cru  que  le  minéral  appelé  Da- 
vyne  et  Cavolinite  n'était  qu'une  Néphéline 
à  base  de  Potasse  ;  mais  on  sait  aujourd'hui 
qu'il  contient  une  certaine  quantité  de  car- 
bonate de  Chaux  ,  et  doit  être  rapporté  à  la 
Cancïnite  ,  qui  est  un  silico-carbonate. 

(Del.) 

*NEPÏÎELION  (vecpAiov,  petit  nuage). 
ins.  —  M.  Pictet  (Hist.  nat.  des  Névro- 
ptères,  Monogr.  des  Perlides,  1841)  a  indiqué- 


NEP 


^EP 


619 


sous  ce  nom  une;  division  de  Névroptères  de 
la  famille  des  Perliens.  (E.  D.) 

NEPHELIS  (nom  mythologiquej.  annél. 
— Genre  d'Annélides  de  la  famille  des  Hiru- 
dinées,  établi  et  caractérisé  par  M.  Savigny 
(Système  des  Annélides,  1817),  et  répondant 
à  ceux  û'Erpobdella,  Blainville  et  Lamarek, 
et  d'Eelluo,  Oken.  M.  Moquin-Tandon,  qui 
préfère  le  nom  de  Nephelis  aux  deux  autres, 
caractérise  ainsi  le  genre  auquel  il  a  été  ap- 
pliqué :  Corps  allongé,  assez  déprimé,  rétréci 
graduellement  en  avant,  obtus  postérieure- 
ment, un  peu  mou,  composé  de  96  à  99  an- 
neaux égaux,  très  peu  distincts,  portant  entre 
le  trente-unième  et  le  trente-deuxième  ,  et 
entre  le  trente -quatrième  et  le  trente-cin- 
quième, les  eriQces  sexuels.  Ventouse  ovale 
peu  concave,  à  lèvre  supérieure  avancée  en 
demi-ellipse ,  formée  de  trois  segments,  le 
terminal  grand  et  obtus.  Bouche  très  grande 
relativement  à  la  ventouse  antérieure.  Mâ- 
choires nulles;  œsophage  à  trois  plis.  Huit 
yeux  très  distincts  ,  les  quatre  antérieurs 
disposés  en  lunule  sur  le  premier  segment, 
les  quatre  postérieurs  rangés  sur  les  côtés 
du  troisième  en  lignes  latérales  et  transver- 
ses. Ventouse  anale  moyenne  obliquement 
terminale.  Anus  assez  grand,  semi-lunaire, 
très  apparent. 

L'espèce  la  plus  commune  est  YHirudo 
vulgaris  ou  Hirudo  octonocula ,  qu'on  trouve 
dans  les  eaux  douces  d'une  grande  partie  de 
l'Europe,  où  elle  se  nourrit  de  Planaires  , 
de  Monocles  et  d'animalcules  infusoires.  On 
dit  qu'elle  mange  aussi  des  Limnées  et  des 
Planorbes.  Ses  variétés  ont  été  quelquefois 
considérées  comme  des  espèces.       (P.  G.) 

NEPHELIUM  (v£<i>Aïj,  nébulosité),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Sapindacées, 
tribu  des  Sapindées,  établi  par  Linné  (Gen. 
n.  1425).  Arbres  originaires  de  l'Asie  tropi- 
cale.   Voy.  SAPINDACÉES. 

*  NEPHESA.  ins.  —  Synonyme  de  Rica- 
nia,  Burmeister.  (E.  D.) 

*NEPHODES  (*e?o«t&îç,  sombre),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  fa- 
mille des  Sténélytres,  tribu  des  Hélopiens, 
formé  par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit. , 
pag.  331)  avec  une  espèce  de  l'Europe  mé- 
ridionale qu'on  trouve  plus  particulièrement 
dans  les  îles  de  la  Méditerranée.  Elle  porte 
le  nom  de  N.  villiger  Hoffmansegg.     (C.) 

*NEPIIRIDIA  (  vuppiSioç  ,  qui  a  rapport 


aux  reins),  ins.  —  M.  Brullé  (Ann.  Soc.  enl. 
Fr.y  t.  I,  lre  série  1832)  indique  sous  ce 
nom  un  genre  d'Hyménoptères  porte- ai- 
guillons de  la  famille  des  Crabroniens.(E.D.) 

*NEPHRITOMMA  (vt9P6s ,  rein  ;  oV;.a, 
œil),  ins.  —  M.  Shuchard  (Hist.  of  Ins. 
1840)  indique  sous  ce  nom  un  groupe  de 
la  famille  des  Crabroniens.  (E.  D.) 

NEPHRODÏUM  (ve^w^s,  lombaire). 
bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille  des  Fougères,, 
tribu  des  Polypodiacées,  établi  par  Richard 
(inMich.  FI.  bor.  amer. ,  II,  266).  Fougères 
croissant  abondamment  dans  les  régions 
tropicales  du  globe.  Voy.  fougères. 

NEPHROIA,  Lour.  (Flor.  Cochinch.  , 
761).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Cocculus,  DC. 

*NEPHROLEPIS  (  vcypfc  ,  rein  ;  Unk  , 
écaille),  bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille 
des  Fougères,  tribu  des  Polypodiacées, 
établi  par  Schott  (Gen.  Fil.fatc.,1,  t.  3). 
Fougères  des  régions  tropicales  du  globe. 
Voy.  FOUGÈRES. 

NEPHROMA,  Achar.   (  Lichen. ,  101  , 

t.   11  ,  f.  1  ).    BOT.     CR.  —  Voy.  PELTIGERA  , 

Willd. 

NEPHROPS  (vecppoç ,  rein  ;  ty,  œil). 
crust.  —  Genre  de  l'ordre  des  Décapodes 
brachyures  ,  de  la  famille  des  Acariens, 
établi  par  Leach  aux  dépens  ôes  Astacus 
des  anciens  auteurs,  et  adopté  par  tous  les 
carcinologistes.  Les  Crustacés  qui  compo- 
sent ce  genre  ont  le  corps  plus  allongé  que 
les  Écrevisses ;  leur  rostre,  grêle  et  assez 
long,  est  armé  de  dents  latérales  comme 
celui  des  Homards  ;  les  yeux  sont  gros  et 
réniformes  ;  l'appendice  lamelleux  des  an- 
tennes externes  est  large  et  assez  long  pour 
dépasser  le  pédoncule  situé  au-dessus;  les 
appendices  de  la  bouche  ne  présentent  rien 
de  particulier.  Les  pattes  de  la  première 
paire  sont  longues  et  prismatiques;  celles 
des  deux  paires  suivantes  ont  la  main  com- 
primée. L'abdomen  ne  présente  rien  de  re- 
marquable. Enfin ,  les  organes  de  la  respi- 
ration et  les  branchies  sont  disposés  comme 
chez  les  Homards  (voyez  ce  mot).  On  ne 
connaît  encore  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre ,  c'est  le  Néphrops  norvégien  ,  N. 
norvegicus  Linn.,  qui  habite  les  mers  du 
Nord  et  de  l'Adriatique.  (H.  L.) 

*J\EPIIROSIS,  L.  C.  Rien,  (il/se).  bot.| 
pu.  —  Synonyme  de  Drepanocarpus ,  C.  F.} 
W.Mey. 


620 


NEP 


NER 


*  NEPHROSTEON  (  veWô? ,  rein;  Sa- 
riov  ,  os  ).  mam.  —  Rafinesque  indique  sous 
ce  nom  un  groupe  de  Cétacés.      (E.  D.) 

NEPHROTOMA  (  vr?9U  ,  rein  ;  rorf , 
coupure  ).  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Di- 
ptères némocères,  famille  des  Tipuliciens, 
tribu  des  Tipulaires  terricoles,  établi  par 
Meigen(Macq.,  Diptères,  Suites  à  Buf [on  de 
Roret),  qui  n'y  renferme  qu'une  seule  es- 
pèce, N.  dorsalis  (Tipula  id.  Fab.  ),  com- 
mune en  France  et  en  Allemagne  aux  mois 
de  juin  et  de  juillet.  (L.) 

*NEPHTRvEA,  NEPT.EA  ou  NEPH-- 
TBYA  (nom  mythologique),  polyp.  — 
Genre  établi  par  M.  Savigny  pour  des  Po- 
lypes de  la  famille  des  Alcyoniens ,  rétrac- 
tiles  dans  des  verrues  armées  de  spicules, 
sur  un  Polypier  rameux  ou  lobé,  épais  et 
charnu  jusqu'à  sa  base.  Ces  Polypes  sont 
donc,  comme  les  autres  Alcyoniens,  pourvus 
de  huit  tentacules  pinnés.  L'orthographe  de 
ce  nom  de  genre  a  varié  suivant  les  auteurs  : 
M.  Savigny  écrit  Nephthœa  ,  M.  Ehrenberg 
Nephthya,  M.  de  Blainville  Neptœa,  et  quel- 
ques autres  ont  écrit  aussi  Nephtœa.  L'es- 
pèce type,  N.  Savignyi,  se  trouve  dans  la 
mer  Rouge.  (Ddj.) 

NEPHTHYS.  annél.— Genre  d'Annélides 
sétigères,  du  groupe  des  Néréides  acères, 
établi  par  G.  Cuvier  (Règne  animal)  et  dont 
l'espèce  type  a  été  recueillie  au  Havre  et 
porte  le  nom  de  Nereis  Hombergii.    (P.  G.) 

*NEPIDA,  NEPUMS  et  NEPIDES  , 
Leach,  et  NEPINI,  Burm.  ins.  —  Divi- 
sion d'Hémiptères  hétéroptères  correspon- 
dant à  celle  des  Népides.  Voy.  ce  mot.  (E.D.) 

NÉPIDES.  Nepides.  ins.— Latreille  désigne 
sous  ce  nom  une  tribu  d'Hémiptères  hétéro- 
ptères, de  la  famille  des  Hydrocorises,  formé 
presque  exclusivement  avec  le  genre  Nepa 
de  Linné,  et  qu'il  caractérise  ainsi:  An- 
tennes insérées  sous  les  yeux,  cachées  ,  et 
de  la  longueur  au  plus  de  la  tête  ;  tarses 
n'ayant  au  plus  que  deux  articles  ;  pieds 
antérieurs  ravisseurs ,  ayant  les  cuisses 
grosses  et  en  sillon  en  dessous  pour  rece- 
voir le  bord  inférieur  de  la  jambe,  le  tarse 
court  se  confondant  presque  à  son  origine 
avec  la  jambe,  et  formant  avec  elle  un 
grand  crochet;  corps  ovale,  très  déprimé  ou 
linéaire.  Ces  Insectes  sont  carnassiers  et  vi- 
vent dans  l'eau ,  ainsi  qu'il  a  été  dit  à  l'ar- 
ticle nèpe  {voy.  ce  mot).  Latreille  compre- 


nait dans  cette  tribu  les  genres  Galgule, 
Notonecte,  Bélostome,  Nèpe  et  Ranatre. 

MM.  Amyot  et  Serville  (  Hémiptères  des 
Suites  à  Buffon  de  Roret  )  ont  restreint  cette 
tribu,  et  pour  eux  elle  ne  comprend  que  les 
trois  genres  Nepa,  Ranatra  et  Cercotmelus. 
Voy.  ces  mots.  (E.  D.) 

NÉPIENS.  ms.  —  Voy.  népides. 

NEPTjEA.  polyp.  —  Voy.  nephthea. 

NEPTUNIA,  DC.  bot.  ph.  —  Voy.  des- 

MANTHUS,  Willd. 

*NEPTUNU9  (nom  mythologique). 
crust.  —  Sous-genre  établi  par  M.  Dehaan, 
dans  sa  Faune  du  Japon,  aux  dépens  des 
Portunus  des  auteurs,  et  qui  peut  être  con- 
sidéré, je  crois,  comme  synonyme  du 
genre  des  Portunus.   Voy.  ce  mot.   (H.  L.) 

*NEPUS  (  vercoy; ,  pieds  en  nageoire). 
mam.— Groupe  de  Cétacés  suivant  M.  G. 
Fischer  (Zoognos.  t.  II,  1814).      (E.  D.). 

*NEPETIUS  (wjTTurtoç,  petit),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Lamellicornes ,  tribu  des  Scarabéides 
phyllophages ,  établi  par  Erichson  {Archives 
fur  Naturg ,  1842,  p.  165)  avec  une  es- 
pèce de  la  Nouvelle-Hollande,  nommée  N. 
russula  par  l'auteur.  (C.) 

NEREICLAVA.  annél.  —  Blainv.  (Dict. 
se.  nat. ,  t.  LV1I,  p.  484),  synonyme  de 
Nephthy s  ,  Cuv.  (P.  G.) 

NÉRÉIDE.  Nereis  (nom  mythologique). 
annél.— On  donne  ce  nom  àdes  Vers  marins, 
autrefois  appelés  Scolopendres  de  mer,  et  qui 
vivent  sur  les  côtes  ou  plus  ou  moins  au  large, 
dans  les  trous  des  rochers  ou  des  pierres  qui 
en  ont  été  détachées,  dans  les  coquilles  vides 
de  leurs  Mollusques  ou  à  leur  surface,  dans 
le  sable,  dans  la  vase,  etc.,  et  dont  les  es- 
pèces les  plus  communes  sont  recherchées 
par  les  pêcheurs  pour  amorcer  leurs  lignes. 
Les  Néréides  sont  des  Annélides  errantes, 
à  branchies  nulles  ou  rudimentaires,  à  soies 
bilatérales  sur  presque  tous  les  anneaux  du 
corps,  qui  peuvent  être  fortnombreux  et  sont 
toujours  semblables  entre  eux.  Ces  animaux 
ne  sont  pas  sédentaires  dans  des  tubes; 
beaucoup  d'entre  eux  sont  ornés  de  couleurs 
élégantes  ;  d'autres  acquièrent  une  grande 
taille.  Les  Néréides  ont  en  général  deux  ou 
quatre  mâchoires  ;  quelques  espèces  en 
manquent  néanmoins;  la  plupart  ont  des 
tentacules  ;  aucune  ne  présente  de  véritables 
élytres. 


NER 


NER 


621 


Linné  et  ses  élèves  rangeaient  encore  les 
Néréides  et  les  autres  Vers  parmi  les  Mol- 
lusques. Gmelin  comptait  vingt-neul  es- 
pèces de  ce  genre.  Depuis  lors ,  les  tra- 
vaux de  Pallas ,  de  G.  Guvier  et  de  La- 
marck ,  ont  fait  rapprocher  les  Vers  du 
groupe  des  animaux  articulés,  que  Linné 
réunissait  sous  la  dénomination  d'Insecta. 
Les  Néréides  et  les  genres  voisins  sont  de- 
venus les  Vers  à  san£  rouge  ou  les  Anné- 
lides,  et  le  nombre  des  genres  qu'on  a  établis 
parmi  eux  est  aujourd'hui  considérable. 
Les  familles  des  Néréidées,  des  Néréiscolées, 
des  Amphinomes  et  des  Ariciens,  répondent 
plus  particulièrement  à  l'ancien  genre  Ne- 
rets,  distingué  par  Linné,  et  le  nom  de  Ne- 
reis lui-même  n'est  plus  appliqué  d'une  ma- 
nière générique  sur  une  réunion  assez  peu 
nombreuse  de  Néréides  ou  Néréidiens.  Dans 
le  système  des  Annélides  de  M.  Savigny,  il 
n'y  a  même  plus  de  genre  Nereis  propre- 
ment dit,  mais  un  ordre  des  Annélides  Né- 
réidées et  une  famille  des  Néréides.  Voy, 

NÉRÉIDES,  NÉRÉIDÉES,  NÉRÉIDES,  NÉRÉIDIENS,  etc. 

Toutefois,  G.  Cuvier,  M.  de  Blainville  , 
M.  Edwards  et  la  plupart  des  auteurs  ont 
un  genre  Néréide,  lequel  répond  aux  Lyco- 
ris  et  aux  Lycastris  de  M.  Savigny. 

M.  de  Blainville  caractérise  ainsi  le  genre 
Néréide  : 

Corps  en  général  allongé,  subdéprimé, 
atténué  en  arrière ,  comme  tronqué  en 
avant,  polymère.  Tête  assez  grosse,  dis- 
tincte, composée  de  deux  parties  :  l'une 
antérieure,  de  deux  anneaux  rétractiles  l'un 
dans  l'autre,  et  formant  une  sorte  de  trompe 
ou  de  masse  buccale  exsertilc,  armée  à  l'o- 
rifice oral  d'une  paire  de  crochets,  et  gar- 
nie en  dessus  de  petits  tubercules  groupés 
diffusément;  l'autre  postérieure,  de  trois 
segments,  portant  quatre  yeux.  Deux  paires 
de  tentacules  courts  et  très  inégaux  en  gros- 
seur, l'interne  très  petite,  conique,  l'externe 
beaucoup  plus  large  ,  de  deux  articles  et 
comme  braenidée;  quatre  paires  de  cirrhes 
tentaculaires  groupées  deux  à  deux  de  cha- 
que côté  de  deux  anneaux.  Pieds  composés 
de  deux  rames  ayant  un  faisceau  de  soies  à 
la  supérieure,  et  deux  à  l'inférieure  avec 
un  acicule.  Cirrhes  subulés  inégaux,  le  su- 
périeur plus  long,  plus  gros  que  l'inférieur, 
et  portant  à  sa  racine  supérieure  une  lan- 
guette branchiale  simple.  Languettes  vagi 


nales,  mamelonnées,  subsquameuses,  au 
nombre  de  trois;  cirrhes  caudaux  ou  styles 
fort  longs. 

Les  espèces  encore  assez  nombreuses  qui 
entrent  dans  ce  genre  sont  distribuées  par 
M.  de  Blainville  dans  cinq  groupes ,  ainsi 
caractérisés  : 

1°  Espèces  dont  le  cirrhe  supérieur  et  le 
cirrhe  inférieur  sont  pourvus  d'un  lobe 
squamiforme  (Nereilepa,  Blainv.)  :  Nereis 
lobulata,  poclophylla,  folliculata  et  fucata 
de  M.  Savigny; 

2°  Espèces  dont  les  cirrhes  ne  sont  point 
pourvus  de  squames  (  Lycoris  ,  partim ,  Sa- 
vigny) :  N.  pelagica ,  radiata ,  aphrodi- 
toïdes,  etc.  ; 

3°  Espèces  dont  les  pieds  sont  uniramés; 
les  cirrhes  tentaculaires  et  les  supérieurs 
des  anneaux  du  corps  moniliformes  (  Lt- 
castis  ,  Savigny):  Nereis  armillaris ,  in- 
cisa, etc.  ; 

4°  Espèces  à  un  tentacule  impair  et  mé- 
dian ?  Pieds  fort  longs  et  à  deux  rames  : 
N.  versicolor; 

5°  Espèces  douteuses  :  ce  sont  les  JV.  ni- 
ceensis,  cirrhosa  et  guttata  de  Risso. 

Depuis  lors,  MM.  Edwards,  Johnston  et 
Sars  ont  décrit  quelques  Annélides  nou- 
velles des  côtes  d'Europe.  (P.  G.) 

NÉRÉIDÉES.  Nereideœ ,  Sav.  annél.  — 
Dans  son  Système  des  Annélides,  M.  Savigny 
à  distingué  sous  cette  dénomination  un 
premier  ordre  d'Annélides  pourvues  de  soies 
pour  la  locomotion.  Ces  Annélides  ont  les 
soies  des  pieds  rétractiles  et  subulées,  mais 
point  de  soies  rétractiles  à  crochets  ;  leur 
tête  est  distincte,  munie  d'yeux  et  d'anten- 
nes; ils  ont  une  trompe  protractile,  presque 
toujours  armée  de  mâchoires.  Les  autres 
ordres  admis  par  M.  Savigny  dans  la  même 
division  des  Annélides  sont  ceux  des  Ser- 
pulées  et  des  Lombricinées.  Les  familles 
qu'il  établit  parmi  les  Néréidées  sont  au 
nombre  de  quatre  : 

1°  Aphrodites  ,  comprenant  les  genres 
Palmyre,  Halithée,  Polynoë; 

2"  Néréides.  Voy.  ce  mot  ; 

3°  Eunices,  comprenant  les  genres  Le'o- 
dice,  Lysidice,  Aglaure,  OEnone; 

4"  Amphinomes  ,  comprenant  les  genres 
Chloé,  Pleione,  Euphrosyne.  (P.  G.) 

NÉRÉIDES.  Néréides,  annkl.  —  M.  Savi- 
gny, dans  son  Système  des  Annélides,  dis- 


622 


NER 


IV  ER 


tingue  sous  ce  nom  une  famille  de  ses  An- 
nélides Néréidées  (ou  Néréidées) ,  dont  les 
genres  assez  nombreux  ont  pour  caractères 
communs  :  Branchies,  lorsqu'elles  sont  dis- 
tinctes, et  cirrhes  supérieurs,  existant  à  tous 
les  pieds  sans  interruption  ;  deux  mâchoires 
seulement  ou  point  de  mâchoires. 

Les  Néréides  de  M.  Savigny  sont  parta- 
gées en  trois  sections  : 

1°  Néréides  ly couennes.  Des  mâchoires; 
antennes  courtes,  de  deux  articles;  point 
d'antenne  impaire. 

Genres:  Lycoris,  Nephthys. 

2°  Néréides  glycériennes.  Point  de  mâ- 
choires ;  antennes  courtes,  de  deux  articles  ■ 
point  d'antenne  impaire. 

Genres:  Aricie,  Glycère ,  Ophélie,  Hé- 
sione,  Myriane,  Phyllodoce. 

3°  Néréides  syllienncs.  Point  de  mâ- 
choires ;  antennes  longues,  composées  de 
beaucoup  d'articles  ;  une  antenne  impaire. 

Genre  :  Syllis.  (P.  G.) 

NÉRÉIDES,  annél.  —  Famille  qui  com- 
prend les  Néréides  et  les  genres  voisins  dans 
le  système  de  M.  de  Blainville (Dict.  se.  nat., 
t.  LVII;  p.  464).  Elle  est  partagée  en  quatre 
groupes  : 

1°  Zygocères  ou  Néréiphylles,  Néréimyres 
et  Néréides. 

2°  Azygocères  ou  Néréisylles ,  Néréidices 
et  Néréidontes. 

3°  Microcères  ou  Ophélies  „  Aonies  et 
Aglaures. 

4°  Acères  ou  Hésione,  Aricie,  Nephthys  et 
Glycères.  (P.  G.) 

NEREIDICE.  annél.  —Genre  établi  par 
M.  de  Blainville  (Dict.  se.  nat.  ,  t.  LVII, 
p.  474  )  et  répondant  à  celui  des  Lysidices 
de  M.  Savigny.  (P.  G.) 

NÉRÉIDIENS.  annél.  —  M.  Milne  Ed- 
wards (Litt.  de  la  France,  t.  II,  p.  175) 
donne  ce  nom  à  une  famille  des  Annélides 
sétigères  errantes ,  qui  répond  en  partie 
aux  Néréides  de  M.  Savigny  et  aux  Néréidées 
de  M.  de  Blainville.  Voici  les  caractères  qu'il 
assigne  à  ce  groupe  : 

Mâchoires  tantôt  nulles,  tantôt  au  nom- 
bre de  deux  ou  quatre  (  mais  dans  ce  dernier 
cas  n'étant  jamais  articulées  par  paires); 
trompe  très  grande  et  dépassant  de  beau- 
coup la  tête,  qui  est  bien  distincte  et  pour- 
vue d'antennes  presque  toujours  assez  dé- 
veloppées; pieds  similaires,  et  n'étant  ja- 


mais alternativement  pourvus  de  certains 
appendices  (tels  que  cirrhes,  élytres  ou 
branchies);  branchies  nulles  ou  peu  déve- 
loppées, et  sous  la  forme  de  petites  lan- 
guettes, de  mamelons  ou  de  lobules  char- 
nus; point  d'élytres  ;  en  général  des  cirrhei 
tentaculaires. 

Les  genres  de  cette  famille  sont  les  sui- 
vants :  Néréide ,  Lysidice,  Syllis,  Hésione, 
Alciope,  Myriane,  Phyllodoce,  Nephthys,  Go~ 
niade  et  Glycère.  Les  trois  derniers  forment 
une  seconde  tribu,  sous  la  dénomination  de 
Néréidiens  non  tentacules;  tous  les  précé- 
dents rentrent  dans  la  première  tribu,  celle 
des  Néréidiens  tentacules.  (P.  G.) 

NEREIDONTA  {Nereis,  Néréide;  hSovç, 
dent),  annél.  —  M.  de  Blainville  {Dict. 
se.  nat.,  t.  LVII,  p.  475)  a  distingué 
par  ce  nom  générique  une  partie  des  Eu- 
nices  de  G.  Cuvier  (  Néréides  azygocères, 
Blainville),  qui  répond  aux  genres  que 
M.  Savigny  avait  nommés  Leodice  et  Mar- 
physe,  et  comprend  comme  troisième  sous- 
genre  les  Néréitubes  de  M.  de  Blainville 
lui  -  même.  Quelques  auteurs  ont  laissé 
plus  particulièrement  aux  Néréidontes  le 
nom  d'Eunices.  Les  espèces  de  ce  groupe 
sont  actuellement  assez  nombreuses ,  et 
plusieurs  d'entre  elles  sont  remarquables 
par  leur  grande  taille.  On  en  connaît  des 
individus  qui  n'ont  pas  moins  de  2  mètres 
de  longueur.  Nos  mers  possèdent  aussi  des 
espèces  de  ce  genre,  et  il  en  est  dont  la 
taille,  quoique  moins  grande  que  celle  que 
nous  venons  d'indiquer,  dépasse  néanmoins 
celle  de  nos  autres  Annélides  sétigères. 

M.  de  Blainville  caractérise  ainsi  ses  Né- 
réidontes :  Corps  très  long,  un  peu  déprimé, 
myriamère  ;  tête  distincte,  formée  de  trois 
anneaux  seulement:  un  labial,  un  oral  et 
un  nuchal ,  le  second  beaucoup  plus  long 
que  les  deux  autres;  deux  yeux;  bouche  en 
forme  de  fente  transversale,  donnant  issue 
à  une  masse  buccale  semi-exsertile,  conte- 
nant quatre  dents  longitudinales  calcaires  , 
dont  les  inférieures  réunies  en  une  sorte  de 
mâchoire  inférieure.  Tentacules  grands , 
filiformes,  quelquefois  comme  articulés,  au 
nombre  de  cinq,  un  médian  et  deux  paires 
latérales,  insérés  à  la  racine  du  segment 
labial.  Pieds  uniramés  et  composés  d'un 
faisceau  de  soies  simples,  de  deux  cirrhes. 
Le  cirrhe  branchial,  d'abord   simple,   et 


NER 


NER 


623 


ensuite  flabellé,  ou  pectine  d'un  seul  côté. 

(P.  G.) 
NEREILEPA.  annél.  —  Sous-genre  de 
Néréidiens  établi  par  M.  de  Blainville  (Dict. 
se.  nat.,  t.  LVII,  p.  469)  pour  des  espèces 
du  genre  Néréide  qui  ont  le  cirrhe  supérieur 
et  l'inférieur  pourvus  d'un  lobe  squami- 
forme.  Telles  sont  les  Nereis  lobulata  et  fol- 
liculata.  Voy.  néréides.  (P.  G.) 

NEREIPHYLLÏS  (Nereis  ,  néréide  ;  <?<>!- 
>ov,  feuille),  annél.  —  M.  de  Blainville 
{Dict.  se.  nat.,  t.  LVII,  p.  465)  réunit  sous 
ce  nom  générique  les  genres  Phyllodoce, 
Eulalie,  Étéone  et  Lépidie  {voy.  ces  mots), 
et  leur  assigne  pour  caractères  communs  : 

Corps  linéaire  déprimé,  à  anneaux  très 
nombreux.  Tête  comme  formée  de  deux  par- 
ties; une  seule  paire  d'yeux.  Bouche  à  l'ex- 
trémité d'un  ou  deux  anneaux  proboscidi- 
formes,  et  entourée  à  son  orifice  d'un  rang 
de  papilles  sans  dents.  Tentacu.es  au  nom- 
bre de  quatre  en  deux  paires,  à  peu  près 
égaux  et  coniques;  cirrhes  tentaculaires  au 
nombre  de  huit  en  quatre  paires  ;  pieds  uni  • 
rames,  composés  d'un  seul  rang  de  soies  dé- 
liées et  d'un  seul  acicule  entre  deux  cirrhes 
foliacés,  dont  le  supérieur  est  beaucoup  plus 
grand  que  l'inférieur.  (P.  G.) 

NEREIS.  annél.  —  Voy.  néréide. 

NÉRÉISCOLÉES.  annél.  —  Famille 
d'Annélides  à  soies,  établie  par  M.  de  Blain- 
ville (Dict.  se.  nat.  ,  t.  LVII,  p.  425),  et 
comprenant  les  genres  Lombrinère,  Cirrhi- 
nère,  Cirrhatule,  Nainère,  OEnone  ,  Scolé- 
tome  ,  Scololèpe  ,  Scolople.  (P.  G.) 

NEREIS1LLIS  (Nereis  et  Syllis,  genres 
d'Annélides).  annél.  —  Genre  du  groupe  des 
Eunices,  établi  par  M.  de  Blainville  (Dict. 
se.  nat.,  t.  LVII,  p.  472),  et  qui  comprend 
les  Syllis,  Amytiset  Polynicede  M.  Savigny. 

M.  de  Blainville  assigne  pour  caractères 
aux  Nereisyllis  :  Corps  linéaire ,  subcylin- 
drique, myriamère.  Tête  arrondie,  portant 
deux  paires  d'yeux;  bouche  à  l'extrémité  de 
deux  anneaux  proboscidiformes,  sans  dents. 
Tentacules  au  nombre  de  cinq,  deux  anté- 
rieurs sus-labiaux,  très  gros,  coniques,  obtus 
et  rapprochés  à  la  base;  trois  frontaux,  pres- 
que égaux,  obtus  et  cylindriques.  Une  ou 
plusieurs  paires  de  cirrhes  tentaculaires; 
pieds  uniramés  et  composés  d'un  seul  faisceau 
de  soies  simples,  avec  un  acicule  de  deux 
cirrhes,  dont  le  supérieur  est  toujours  beau- 


coup plus  long  que  l'inférieur,  et  de  deux 
longs  styles  caudaux.  (P.  G.) 

NEREITEfiE.  annél.  —  Sous -genre  de 
Néréidontes,  établi  par  M.  de  Blainville 
pour  le  "Nereis  tubicola  de  Muller  ,  qui 
manque  de  cirrhes  tentaculaires  nuchaux, 
et  dont  les  branchies   sont   fort   simples. 

(P.  G.) 

NERFS,  zool.  —  Voy.  système  nerveux. 

NERIAS.  ins. — Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  diurnes,  famille  des  Nympha- 
liens ,  tribu  des  Héliconites ,  établi  par 
M.  Boisduval  aux  dépens  des  Heliconius,  et 
dont  Y  Heliconius  susanna  est  le  type.  Cette 
espèce  se  trouve  au  Brésil.  (L.) 

NERIJA,Roxb.  (Flor.  Ind.edit.  Walh., 
II,  444). —  bot.  ph. — Syn.  iïElœodendron, 
Jacq. 

NERINE.  annél.  —  Genre  d'Annélides 
néréidiformes  voisin  des  Spios,  proposé  par 
M.Johnston(Ma#.  ofnat.  hist.,  t.  II).  (P. G.) 

NERINE,  Herb.  (App.,  18).  bot.  ph.  — 
Foy.  amaryllis  ,  Lin. 

NÉRINÉE.  Ncrinœa  (  nom  mytholo- 
gique), moll.  — Genre  de  Mollusques  gas- 
téropodes Pectinibranches  ,  intermédiaire 
entre  les  pyramidelles  ,  les  Turritelles  et 
les  Cérithes,  ou  peut-être  même  devant 
être  confondu  avec  l'un  d'eux.  II  a  été 
établi  par  M.  Defrance  d'après  des  co- 
quilles fossiles  ,  turriculées  ,  très  allon- 
gées, probablement  canaliculées  à  la  base,  et 
présentant  de  très  grands  plis  à  la  colu- 
melle  et  à  la  face  interne  des  tours  de  spire. 
Le  nombre  de  ces  plis  sur  la  columelle  est 
de  trois,  dont  le  premier  et  le  dernier  sont 
les  plus  grands  ,  celui  du  milieu  pouvant 
même  disparaître  entièrement.  Le  bord  droit 
en  présente  deux  seulement,  mais  ces  plis 
sont  quelquefois  contournés  et  diversement 
repliés  sur  eux-mêmes  de  manière  à  former 
des  gouttières  longitudinales.  C'est  dans  le 
calcaire  oolitique  et  dans  des  terrains  secon- 
daires plus  anciens  que  se  trouvent  les  Né- 
rinées,  dont  il  ne  reste  quelquefois  que  le 
moule  intérieur. Ces  coquilles,  empâtées  dans 
des  calcaires  compactes  et  susceptibles  de 
poli,  montrent  bien  leur  singulière  structure 
quand  elles  sont  sciées  longitudinalement. 
Leur  longueur  dépasse  ordinairement  10  à 
15  centimètres.  (Duj.) 

KÉRK)!V.  Nerium  (de  vnptov,  le  nom  grec 
de  l'espèce  la  plus  connue),  bot.  pu. — Genre 


6*24 


NER 


tfKR 


da  plantes  de  la  famille  des  Apocynées,  de 
la  Pentandrie  monogynie  dans  le  système  de 
Linné.  Établi  d'abord  par  Toumefort,  il 
avait  été  adopté  par  Linné  et  l'universalité 
des  botanistes,  qui,  successivement,  y 
avaient  introduit  des  plantes  assez  diverses 
d'organisation  pour  en  faire  un  groupe  hé- 
térogène. Aussi  a-t-il  été  réduit,  dans  ces 
derniers  temps,  à  des  limites  plus  restrein- 
tes et  plus  précises.  Ainsi  M.  Rob.  Brown  a 
établi  le  genre  Wrightia  sur  les  Nerium  an- 
tidysentericum  Linn.  et  Zeylanicum  Linn.  ; 
Rœmer  et  Schulteson  fait  leur  genre  Ade- 
nium  sur  le  N.  obesum  Forsk.  ;  d'un  autre 
côté,  d'autres  espèces,  décrites  comme  des 
Nerium,  ont  dû  être  portées  parmi  les  Stro- 
phanthus  et  les  Tabernœmontana ;  il  en  est 
même  qu'un  examen  plus  approfondi  a  mon- 
tré appartenir  à  des  genres  plus  éloignés , 
comme  des  Apocynum.  Restreint  dans  ses 
nouvelles  limites,  le  genre  Nerium  se  com- 
pose d'un  petit  nombre  d'arbustes  de  l'an- 
cien continent,  dépourvus,  ou  à  peu  près,  de 
suc  laiteux;  leurs  feuilles,  le  plus  souvent 
ticillées  par  trois ,  quelquefois  opposées  ou 
verquaternées,  sont  raides,  lancéolées,  très 
entières,  marquées  en  dessous  de  nervures 
nombreuses  ;  leurs  fleurs  ,  grandes  et  bril- 
lantes ,  forment  des  cymes  terminales,  et 
présentent  les  caractères  suivants  :  Galice 
divisé  profondément  en  5  lobes  lancéolés  , 
glanduleux  intérieurement  à  leur  base;  co- 
rolle 5-fide,  à  estivation  contournée  à  droite, 
portant  à  la  gorge  une  couronne  de  5  lamel- 
les plus  ou  moins  laciniées  à  leur  bord; 
5  étamines  insérées  au  milieu  du  tube,  dont 
les  anthères  portent  chacune,  à  leur  base , 
deux  appendices  en  forme  de  queues ,  et  se 
prolongent  à  leur  sommet  en  longue  soie 
velue  contournée  en  spirale  :  elles  adhèrent 
par  le  milieu  au  stigmate;  deux  ovaires  ob- 
tus, presque  adhérents  entre  eux,  multi- 
ovulés,  surmontés  au  sommet  d'un  style  fili- 
forme dilaté  à  son  extrémité  qu'entoure  une 
membrane  réfléchie.  A  ces  fleurs  succèdent 
deux  follicules  droits,  qui  se  séparent  un  peu 
l'un  de  l'autre  à  leur  maturité,  et  s'ouvrent 
alors  par  leur  ligne  ventrale  :  ils  renferment 
de  nombreuses  graines  oblongues,  à  aigrette 
courte.  Deux  espèces  de  ce  genre  sont  extrê- 
mement répandues  dans  les  jardins  ,  dont 
elles  forment  l'un  des  principaux  ornements. 
Leur  distinction  et  leur  histoire  présentent 


de  grandes  difficultés  à  cause  des  nombreuses 
variétés  obtenues  par  les  horticulteurs,  dans 
lesquelles  s'effacent  souvent  les  seuls  carac- 
tères qui  séparent  leurs  types. Nous  suivrons 
M.  Alph.  De  Candolle  (Prodromus ,  t.  VIII , 
p.  419),  afin  d'éviter  la  confusion  qui  règne 
à  leur  égard  dans  plusieurs  ouvrages. 

1 .  Nérion  Laurier-Rose  ,  Nerium  olean- 
der  Linn.  Ce  bel  arbrisseau  croît  le  long 
des  ruisseaux  et  des  torrents,  dans  presque 
tous  les  pays  qui  longent  la  Méditerra- 
née. Il  est  cultivé  fréquemment  en  pleine 
terrera  une  exposition  abritée,  dans  nos 
départements  méridionaux  ;  ses  tiges  ra- 
meuses donnent  de  nombreux  rejets  et 
viennent  généralement  en  touffes  ;  ses 
feuilles,  opposées  ou  ternées,  sont  aiguës  à 
leurs  deux  extrémités  ;  les  appendices  de  la 
corolle  présentent  à  leurs  bords  trois  ou 
quatre  dents  inégales,  lancéolées,  acumi- 
nées  ;  la  soie  qui  termine  les  étamines  est 
velue,  près  de  deux  fois  plus  longue  que 
l'anthère,  linéaire-spatulée,  et  dépasse  à 
peine  la  gorge  ;  dans  les  individus  sponta- 
nés, les  lobes  du  calice  sont  étalés  au  som- 
met; le  stigmate  est  déprimé,  bifide.  Les 
fleurs  de  cette  espèce  sont  inodores;  elles 
varient  de  couleur ,  du  pourpre  au  rose  et 
au  blanc.  De  là  les  variétés  désignées  par 
les  horticulteurs  sous  les  noms  de  Lauriers- 
Roses  pourpre,  à  fleurs  blanches,  carné,  etc. 
Le  Laurier-Rose  le  plus  communément  cul- 
tivé est  à  fleurs  doubles;  or,  dans  cet  état, 
la  couronne  des  fleurs  disparaît ,  et  comme 
elle  fournit  le  principal  caractère  distinctif 
des  deux  espèces  cultivées,  il  en  résulte 
beaucoup  de  difficultés  pour  démêler  à  quel 
type  doivent  être  ramenées  les  diverses  va- 
riétés que  l'on  possède  et  que  la  culture 
multiplie  tous  les  jours. 

2.  Nérion  odorant,  Nerium  odorum  So- 
land.  Celui  ci  croît  le  long  des  ruisseaux, 
dans  les  parties  septentrionales  et  supé- 
rieures de  l'Inde,  par  exemple  dans  le  Né- 
paul  ;  il  est  fréquemment  cultivé  dans  les 
jardins.  Il  est  moins  haut  que  le  précédent; 
ses  feuilles,  de  même  configuration  géné- 
rale ,  sont  ordinairement  plus  étroites  et 
plus  espacées  ;  ses  rameaux  sont  le  plus  sou- 
vent anguleux;  ses  fleurs  sont  constam- 
ment odorantes,  de  couleur  rosée,  carnée, 
blanche  ou  jaune-pâle.  Les  lobes  de  leurs 
calice  sont  droits  ;  leur  couronne  est  formée 


NER 

de  cinq  pièces  placées  devant  les  lobes  de  la 
corolle,  divisées  à  leur  bord  en  4-7  longues 
découpures  linéaires ,  presque  égales  entre 
elles  ;  les  soies  qui  terminent  leurs  éta- 
mines,  sont ,  comme  dans  le  précédent,  pi- 
leuses ,  linéaires  ,  deux  fois  plus  longues 
que  les  anthères,  mais  elles  dépassent  nota- 
blement la  gorge  de  la  corolle.  Cette  espèce 
est  le  Laurier-Rose  indien  de  plusieurs  hor- 
ticulteurs ;  c'est  aussi  à  elle  que  se  rapporte 
le  Nerium  grandiflorum  Desf.  ;  quelques 
unes  de  ses  variétés  ont  été  désignées  et 
nommées  comme  des  espèces  distinctes  par 
certains  auteurs.  La  plupart  de  ces  variétés 
cultivées  sont  à  fleurs  doubles. 

La  culture  des  Nérions  n'exige  pas  de 
très  grands  soins  dans  nos  climats.  L'été  on 
doit  les  placer  à  une  exposition  chaude, 
sans  quoi  ils  fleurissent  mal  ou  pas  du  tout. 
Même  ,  pour  obtenir  les  fleurs  des  diverses 
variétés  du  Nérion  odorant,  il  faut  mettre 
les  pieds  en  serre  au  printemps  ,  jusqu'au 
moment  où  la  fleur  se  montre;  alors  on 
les  place  en  plein  air.  Pendant  l'été,  ces 
.plantes  demandent  des  arrosements  fré- 
quents, et  c'est  même  uniquement  grâce  à 
l'abondance  des  arrosements  qu'on  arrive  à 
Paris  à  obtenir  ces  magnifiques  pieds  qui 
décorent  la  porte  de  certaines  boutiques. 
L'hiver  on  les  met  en  orangerie  en  leur 
donnant  de  l'air  et  de  la  lumière,  et  les  ar- 
rosant très  peu.  On  les  multiplie  facilement 
de  graines,  de  marcottes,  de  boutures  ou 
par  rejetons. 

Les  propriétés  médicinales  des  deux  es- 
pèces qui  nous  ont  occupé  sont  très  ana- 
logues, mais  elles  ont  été  mieux  étudiées 
chez  le  Nérion  Laurier-Rose.  Cette  plante 
est  acre,  très  active  et  même  dangereuse. 
On  lui  attribue  plusieurs  cas  d'empoi- 
sonnements; cependant  sa  décoction  et  son 
infusion  dans  l'huile  peuvent  être  utiles 
dans  quelques  maladies  de  la  peau,  et  elles 
sont ,  en  effet ,  employées  quelquefois  à  cet 
usage.  Cette  plante  est  même  parfois  deve- 
nue la  base  de  préparations  qui  ont  été 
prises  à  l'intérieur;  néanmoins,  divers  faits, 
et  surtout  les  expériences  de  M.  Orfila,  ont 
montré  qu'il  fallait  se  défier  beaucoup  d'un 
médicament  si  actif ,  et  qu'il  serait  même 
prudent  de  l'abandonner  tout-à-fait.  Ainsi, 
la  poudre  d'écorce  et  de  bois  de  Laurier  • 
Rose  sert   de   mort-aux-rats  dans  les  en- 

T.  VIII. 


NER 


625 


virons  de  Nice.  Ainsi  encore,  M.  Orfila  a  vu 
l'extrait  de  cette  plante  appliqué  par  inci- 
sion sur  le  tissu  cellulaire  d'un  gros  chien, 
à  la  dose  de  1  gros  50  grains,  le  faire  périr 
en  28  minutes;  dans  une  autre  expérience, 
il  a  suffi  d'injecter  1  gros  du  même  extrait 
dans  les  veines  d'un  gros  chien  pour  le 
voir  périr  en  4  minutes;  enfin  ,  2  gros  de 
cette  même  substance  ,  ingérés  dans  l'esto- 
mac d'un  autre  chien,  ont  déterminé  l'em- 
poisonnement et  la  mort  en  22  minutes. 
Les  Nérions  doivent  donc  être  rangés  parmi 
les  poisons  narcotico-âcres.  (P.  D.) 

*NERISSUS  (vyjpéç,  humide),  ms.  — 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  tetra- 
mères  de  Latreille,  famille  des  Cycliques, 
tribu  des  Colaspides  (Chrysomélines  de  Lat.), 
formé  par  Dejean  (  Catalogue ,  3e  édit.  , 
pag.  438)  avec  deux  espèces  de  l'Afrique 
méridionale,  les  N.  clythroides  et  strigatus 
de  l'auteur.  (C.) 

HERITA,  moll.  —  Voy.  nérite. 

NÉRITACÉES.  Neritacœa.  moll.-—  Fa- 
mille de  Mollusques  gastéropodes  peclini- 
branches  sans  siphon  ,  caractérisée  par  la 
forme  semi-circulaire  de  l'ouverture  dont  le 
bord  gaucheest  aminci  en  manière  de  demi- 
cloison.  Cette  famille  avait  été  établie  par  La- 
marck,  qui  y  comprenait  les  quatre  genres 
Nalice,  Navicelle,  Néritine  et  Nérite  ;  mais  le 
g.  Natice,  en  raison  de  l'organisation  si  dif- 
férente des  animaux,  a  dû  devenir  le  type 
d'une  famille  particulière,  les  Naticoïdes 
{Voy.  ce  mot),  et  les  trois  autres,  réduits  à 
deux  par  la  réunion  des  Nérites  et  des  Néri- 
tines,  ont  formé  une  famille  bien  plus  net- 
tement circonscrite.  Voy.  MOLLUSQUES.  (DUJ.) 

HÉRITE  (  nom  mythologique),  moll.  — 
Genre  de  Mollusques  gastéropodes  pectini- 
branches ,  ayant  un  pied  large,  court,  tron- 
qué et  plus  épais  en  avant,  et  deux  tenta- 
cules pointus,  à  la  base  desquels  les  yeux 
sont  portés  en  dehors  sur  un  mamelon  ou 
un  pédoncule  court. 

La  tête  est  large,  peu  saillante  et  munie 
d'un  large  voile  labial.  La  coquille  est  semi- 
globuleuse,  aplatie  en  dessus  et  non  ombi- 
liquée  ;  l'ouverture  est  semi-circulaire,  et  le 
bord  gauche  est  droit,  plus  ou  moins  aminci 
en  demi-cloison.  L'opercule  est  calcaire, 
presque  spiral  ,  avec  le  sommet  marginal. 
Quelques  espèces,  exclusivement  marines, 
ont  la  coquille  plus  épaisse  ,  le  bord  gauche 

79 


626 


NER 


NEI\ 


denté,  et  souvent  aussi  le  bord  droit  épaissi 
à  l'intérieur  et  denté:  ce  sont  les  Nérites 
proprement  dites ,  que  Lamarck ,  d'après 
ces  différences  de  l'habitation  et  du  test,  con- 
sidère comme  un  genre  distinct.  Les  autres, 
exclusivement  fluviatiles,  ont  la  coquille 
plus  mince,  ordinairement  lisse,  quelque- 
fois munie  d'épines  très  longues,  peu  nom- 
breuses ;  leur  bord  droit  est  plus  mince  , 
tranchant  et  sans  dents;  elles  constituent 
le  genre  Néritine  de  Lamarck  ,  dont  M.Des- 
hayes,  avec  raison,  ne  veut  faire  qu'une 
section  des  Nérites.  Lister  le  premier  avait 
réuni  toutes  ces  coquilles  sous  le  nom  de 
Nérite,  que  Linné  adopta  pour  dénomination 
générique  commune  aux  Natices  et  à  quel- 
ques autres  coquilles.  Adanson  et  après  lui 
Bruguière  ont  convenablement  restreint  ce 
genre,  que  Lamarck  a  divisé,  pour  mettre  à 
part,  sous  le  nom  deNéritines,  les  espèces 
d'eau  douce.  On  connaît  plus  de  90  espèces 
de  Nérites  d'eau  douce  ou  Néritines,  dont 
les  plus  grandes  ont  plus  de  3  centimètres 
et  les  plus  petites  ne  dépassent  pas  cinq  mil- 
limètres ;  elles  sont  presque  toutes  des  ré- 
gions intertropicales;  une  seule  espèce  (N. 
■(luviatilis  )  se  trouve  dans  les  rivières  de 
France  :  elle  a  environ  un  centimètre. Quant 
aux  Nérites  marines,  le  nombre  des  espèces 
est  moins  considérable,  on  n'eu  connaît 
guères  que  30;  mais  les  unes  et  les  autres 
sont  également  représentées  à  l'état  fossile 
dans  les  terrains  tertiaires  et  même  dans  les 
terrains  beaucoup  plus  anciens.       (Duj.) 

NÉRITINE.  moll.— Voy.  nérite. 

NERIUM.  bot.  ph.  —  Voy.  nérion. 

*NERIUS.  ins.  —  Genre  de  Tordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides,  établi  par  Fabricius. 
M.  Macquart(Dipf.,  Suit,  à  Buff.,  II,  493) 
en  décrit  2  espèces  (JV.  vittatusel  brunneus)  : 
la  Ve  du  Brésil  ;  la  2e  de  la  Colombie.  (L.) 

NÉROCILE.  Nerocila.  crust.— C'est  un 
genre  de  l'ordre  des  Isopodes,  qui  a  été  éta- 
bli par  Leach  aux  dépens  des  Cymothoa  de 
Fabricius,  et  que  M.  Milne  Edwards,  dans 
son  Histoire  naturelle  sur  les  Crustacés , 
range  dans  sa  famille  des  Cymothoadiens  et 
dans  sa  tribu  des  Cymothoadiens  parasites. 
Ce  genre ,  créé  par  Leach  ,  n'a  été  que  très 
imparfaitement  caractérisé  par  ce  savant. 
Aussi  Latreille  a-t-il  proposé  de  réunir  les 
Nérociles  aux  Livonèces  (voy.  ce  mot),  et  a- 


t-il  donné  au  groupe  ainsi  formé  le  nom  nou 
veau  d'Ichthyophilus.  Avant  que  M.  Milne 
Edwards  eût  eu  l'occasion  d'étudier  lui- 
même  ces  parasites,  il  était  disposé  aussi  à 
adopter  cette  marche;  mais  l'examen  atten- 
tif qu'il  en  a  fait  récemment  Fa  conduit  à 
changer  d'opinion  et  à  conserver  le  genre 
Nérocile  de  Leach.  En  effet ,  ce  petit  groupe 
se  compose  de  Cymothoadiens  ,  qui  ont ,  il 
est  vrai ,  beaucoup  d'analogie  avec  les  Ani- 
locres  et  les  Livonèces  (voy.  ces  mots),  mais 
qui  s'en  distinguent  facilement  par  la  con- 
formation du  front  et  la  disposition  des  piè- 
ces épimériennes  du  thorax  et  de  l'abdomen. 
Les  principaux  caractères  de  cette  coupe  gé- 
nérique sont:  que  les  segments  abdominaux 
sont  parfaitement  distincts  et  mobiles;  que 
la  base  de  l'abdomen  est  à  peu  près  de  même 
largeur  que  l'extrémité  postérieure  du  tho- 
rax ,  et  qu'il  y  a  des  pièces  spiniformes  ac- 
cessoires vers  les  angles  latéraux  des  pre- 
miers anneaux  de  l'abdomen;  et  enfin  que 
le  front  est  horizontal.  On  ne  sait  presque 
rien  sur  les  mœurs  de  ces  Crustacés ,  si  ce 
n'est  qu'ils  se  fixent  sur  des  Poissons.  Ce 
genre ,  dont  on  connaît  environ  5  ou  6  es- 
pèces, habite  la  Méditerranée ,  ainsi  que  les 
mers  de  l'Inde  et  de  la  Chine.  Le  Nérocile 
a  deux  raies,  JY.  bivittata  Risso,  peut  être 
considéré  comme  le  type  de  ce  genre.  Cette 
espèce  habite  la  Méditerranée.       (H.  L.) 

NEROPHIS.  poiss.  —  Genre  établi  par 
Rafinesque  (Indice  cTIchth.  sic.)  aux  dépens 
des  Syngnathes.  Voy.  ce  mot. 

NERPRUN.  Rhamnus  (de  pauvoç,  le  nom 
grec  d'une  espèce  du  genre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Rhamnées, 
à  laquelle  il  donne  son  nom,  de  la  Pentan- 
drie  monogynie  dans  le  système  de  Linné. 
Le  groupe  générique  établi  sous  ce  nom  par 
Tournefort  avait  été  beaucoup  agrandi  par 
Linné,  qui  y  joignait  les  Frangula,  Tourn.; 
Cervd  spina,  Dill.;  Paliurus,  Tourn.;  Alater- 
nus,  Tourn.,  et  Zizyphus,  Tourn.  A.-L.  de 
Jussieu  rétablit,  comme  genres  à  part,  les 
Paliurus  et  Zizyphus,  et  circonscrivit  ainsi 
les  Rhamnus  dans  les  limites  qu'on  leur  a 
généralement  conservées.  Considéré  de  la 
sorte ,  ce  genre  se  compose  d'arbrisseaux  et 
de  petits  arbres  indigènes  des  parties  tem- 
pérées de  l'hémisphère  nord  ;  leurs  feuilles 
sont  alternes,  stipulées,  entières  ou  dentées, 
le  plus  souvent  glabres,  tantôt  persistantes 


NER 


NER 


627 


et  alors  coriaces,  à  nervures  pennées,  tantôt 
tombantes  et,  dans  ce  cas,  à  nervures  rap- 
prochées, parallèles;  leurs  fleurs  sont  petites 
et  peu  apparentes,  verdâtres,  et  présentent 
les  caractères  suivants  :  Calice  à  tube  urcéolé, 
à  limbe  divisé  en  4-5  lobes  dressés  ou  étalés, 
aigus;  corolle  nulle  ou  à  4-5  pétales  alternes 
au  calice,  insérés  au  bord  d'un  disque  charnu 
qui  revêt  intérieurement  le  tube  calicinal  ; 
étamines  en  même  nombre  que  les  pétales, 
auxquels  elles  son  t  opposées,  à  filet  très  court, 
à  anthère  introrse,  biloculaire;  ovaire  à  3-4 
loges  contenant  chacune  un  seul  ovule  dressé, 
surmonté  de  3-4  styles  soudés  entre  eux  à 
leur  base,  libres  supérieurement  dans  une 
longueur  variable.  Le  fruit  est  un  petit  drupe 
charnu  à  2-4  noyaux  osseux,  monospermes. 
Dans  son  travail  sur  les  Rhamnées  (Annales 
des  sciences  naturelles,  lre série,  volume  X), 
M.  Ad.  Brongniart  partage  les  Nerpruns  en 
deux  sous-genres,  de  la  manière  suivante: 

a.  Rhamnus.  Fleurs  le  plus  souvent  dioï- 
quesetquadrifldes,  rarement  5-fides  ;  grai- 
nes creusées  au  dos  d'un  sillon  profond  dans 
lequel  est  logé  le  raphé;  cotylédons  recour- 
bés à  leur  bord  ;  feuilles  le  plus  souvent  co- 
riaces et  persistantes. 

1 .  Nerprun  alaterne  ,  Rhamnus  alaier- 
nus  Linn.  Cet  arbrisseau  est  commun  dans 
nos  départements  méridionaux  :  on  le  cul- 
tive dans  les  jardins  et  les  parcs  à  cause  de 
son  joli  feuillage  persistant.  Sa  tige  ,  qui 
s'élève  jusqu'à  3  et  4  mètres ,  est  très  ra- 
meuse et  buissonnante,  sans  épines;  ses 
feuilles  sont  ovales  ou  elliptiques,  lisses  et 
luisantes,  dentées  sur  les  bords  ,  coriaces; 
les  fleurs ,  petites  et  verdâtres  ,  forment  des 
grappes  axillaires  courtes  et  ramassées;  elles 
sont  souvent  dioïques.  Par  la  culture  on  en 
a  obtenu  des  variétés  à  feuilles  étroites ,  à 
feuilles  panachées  de  jaune  ,  de  blanc  ,  ta- 
chetées de  blanc  ,  etc.  On  le  multiplie  de 
graines ,  qui  sont  très  longues  à  lever,  de 
marcottes  et  de  boutures.  Il  demande  une 
terre  forte,  une  exposition  septentrionale  et 
ombragée. 

2.  Nerprun  purgatif  ,  Rhamnus  catharli- 
cus  Linn.  Cette  espèce  est  répandue  dans  les 
bois ,  les  haies  et  les  lieux  incultes  de  pres- 
que toute  la  France;  elle  forme  un  arbris- 
seau droit  de  3  mètres  de  hauteur,  rameux  , 
à  écorce  lisse,  épineux  par  l'endurcissement 
des  vieux  rameaux  qui  se  changent  en  une 


forte  épine  à  leur  extrémité;  ses  feuilles 
sont  arrondies  ou  ovales,  dentelées  à  leur 
bord  et  lisses  ;  ses  fleurs  sont  petites,  ramas- 
sées en  grappes  courtes  à  l'aisselle  des  feuil- 
les ,  dioïques  ou  polygames,  tétramères  ;  ses 
fruits  sont  petits,  noirs,  presque  globuleux, 
et  renferment  quatre  noyaux.  Leur  couleur 
fait  donner  vulgairement  à  l'espèce  le  nom 
de  Noirprun ,  d'où  est  venu  celui  de  Ner- 
prun, par  lequel  on  a  désigné  enfin  le  genre 
lui-même.  Les  propriétés  purgatives  que 
rappelle  le  nom  de  cette  espèce  résident 
dans  les  couches  libériennes  de  son  écorce  ,> 
et  surtout  dans  son  fruit ,  qui  les  possède  à 
un  degré  éminent  :  on  obtient  avec  celui-ci 
des  préparations  usitées  en  médecine  contre 
les  maladies  cutanées,  les  hydropisies,  etc., 
et  dont  quelques  médecins  pensent  qu'on  ne 
fait  pas  assez  usage  ;  mais  l'emploi  de  ces 
préparations  exige  des  précautions  à  cause 
de  leur  énergie.  Ce  fruit  a  de  plus  une  autre 
utilité;  avant  sa  maturité  il  renferme  une 
matière  colorante  verte  qu'on  en  extrait , 
et  qui  est  connue  sous  le  nom  de  vert  de 
vessie. 

3.  Nerprun  des  teinturiers,  Rhamnus  in- 
fectorius  Linn.  Cette  espèce  ,  plus  méridio- 
nale que  les  précédentes ,  se  trouve  seule- 
ment, en  France  ,  dans  les  lieux  arides  de 
nos  départements  méditerranéens.  Elle 
forme  un  arbrisseau  épineux  de  moitié 
moins  haut  que  le  précédent,  couché  et  dif- 
fus ;  ses  feuilles  sont  ovales-lancéolées ,  lé- 
gèrement dentées  en  scie ,  pubescentes  en 
dessous,  surtout  sur  les  nervures.  Ses  fleurs 
sont  très  petites,  dioïques,  jaunâtres,  tétra- 
mères ;  ce  sont  les  fruits  de  cette  espèce 
que  l'on  emploie  en  teinture  sous  le  nom 
de  Graine  d'Avignon.  On  en  retire  une  cou- 
leur jaune  estimée ,  connue  sous  la  déno- 
mination de  Stil  de  grain.  Les  Turcs  s'en 
servent,  dit-on  ,  pour  colorer  les  cuirs  en 
jaune. 

b.  Frangula.  Fleurs  le  plus  souvent  her- 
maphrodites et  pentamères;  graines  com- 
primées, à  hile  dénudé,  proéminent,  et  à 
raphé  latéral  ;  cotylédons  plans  ;  feuilles 
membraneuses,  tombantes,  entières,  mar- 
quées de  lignes  formées  par  des  nervures 
parallèles  rapprochées. 

4.  Nerprun  Bourdaine,  Rhamnus  Fran- 
gula Linn.  Cette  espèce,  vulgairement  con- 
nue sous  les  noms  de  Bourdaine,  Bourgène 


628 


NER 


NES 


croît  parmi  les  haies,  les  buissons  et  les 
taillis.  Elle  s'élève  à  2-3  mètres;  elle  est 
inerme;  ses  feuilles  sont  ovales  un  peu  ai- 
guës, entières,  glabres,  marquées  sur  leurs 
côtés  de  10-12  lignes  parallèles  formées  par 
des  nervures.  Ses  fleurs  sont  petites,  réu- 
nies en  petites  grappes  axillaires  assez 
lâches. Ses  fruits,  d'abord  rouges,  deviennent 
noirs  en  mûrissant.  Le  bois  de  ce  Nerprun 
est  très  léger  et  sert  à  faire  le  charbon  qui 
entre  dans  la  préparation  de  la  poudre  à 
canon  ;  en  moyenne,  100  kilogrammes  de 
bois  donnent  12  kilogrammes  de  charbon. 
Son  écorce  est  purgative,  et  constitue,  dans 
les  campagnes,  un  médicament  populaire  ; 
on  l'a  conseillée  encore  comme  fébrifuge. 
Son  fruit  jouit  aussi  de  propriétés  purga- 
tives ,  mais  moins  prononcées  que  chez  le 
Rhamnus  calharticus.  (P.  D.) 

NERTERA  (v/prEpa,  basse),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  àes  Rubiacées-Cofféacées- 
Guettardées,  établi  par  Banks  {exGœrtner, 
1, 124,  t.  26).  Herbes  des  régions  tropicales 
et  extra-tropicales  de  l'hémisphère  austral. 

VOIJ.    RUBIACÉES. 

*NERTHOPS  (  vépOt ,  au  -  dessous  ;  &{, , 
œil),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramè- 
res ,  de  la  famille  des  Gurculionides  gona- 
tocères ,  division  des  Érirhinides ,  créé  par 
Schœnherr  (Dispositio  rnethodica  ,  pag.  60  ; 
Gen.  et  sp.  CurcuL  syn.  ,  tom.  II ,  p.  158, 
7,  2 ,  pag.  26).  Deux  espèces  font  partie  de 
ce  genre:  les  N.  gutlatus  01.  {multiguttalus 
Wied.),  et  calcaratus  Cht.  La  lre  est  origi- 
naire de  Port-Natal  (  Af.  mér.),  et  la  2«de 
la  province  des  Mines  (Brésil).  (C.) 

*NERTU3.  ois. —  Groupe  de  Faucons 
(voy.  ce  mot)  d'après  M.  Boié  {Isis,  1828). 

*NERTUS(v£>toç,  nom  donné  par  Aristo- 
phane à  une  sorte  d'oiseau),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  tétramères ,  famille  des  Cur- 
culionides  gonatocères,  division  des  Aposla- 
simérides  cholides,  créé  par  Schœnherr 
{Gen.  etsp.  curcul.  syn.,  t.  VII,  p.  76).  Ce 
genre  se  compose  des  quatre  espèces  sui- 
vantes :  JV.  Mannerheimii ,  Germari,  acu- 
minatus  et  suturalis  Chvt.  Toutes  sont  ori- 
ginaires du  Brésil.  (C.) 

NERVATION.  Nervatio  (  nervus  ,  nerf). 
bot.  —  On  donne  ce  nom  à  l'ensemble  des 
nervures  qui  traversent  le  limbe  de  la 
feuille,  des  ramifications  formées  par  les 
vaisseaux  qui  le  parcourent.  Voy.  feuilles. 


NERVE  ou  NERVIE.  Nervalus ,  Nervo- 
sus.  bot.  —  Cette  épithète  s'applique  à  tou- 
tes les  parties  des  plantes  munies  de  ner- 
vures (Cotylédons,  Spathelles,  Feuilles,  etc.). 

NERVEUX.  Nervosus.  bot.  —  On  donne 
ce  nom  aux  ailes  des  Insectes  marquées  de 
nervures  d'une  autre  couleur  que  le  fond  , 
et,  en  botanique,  aux  feuilles  qui  ont  des 
nervures  très  saillantes. 

NERVULE.  Nervulus  (diminutif  de 
nervus,  nerf),  bot.  —  Nom  donné  par 
M.  de  Mirbel  aux  filets  que  produisent ,  en 
s'épanouissant,  les  vaisseaux  conducteurs 
nourriciers  qui  constituent  essentiellement 
le  placentaire  des  péricarpes. 

NERVURE.  Nervus,  Neura.  bot.  —  On 
donne  ce  nom  aux  faisceaux  de  vaisseaux 
nourriciers  qui  parcourent  le  limbe  de  la 
feuille  et  en  forment  en  quelque  sorte  le 
squelette.  Voy.  feuilles. 

NES^A.  arachn.  —  Synonyme  ô'Atax* 
Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

NESjEA  (nom  mythologique),  polyp. ? 
algues.  —  Dénomination  donnée  par  La- 
mourouxàune  Algue  calcifère  de  son  ordre 
des  Corallinées,  qu'il  prenait  pour  un  Po- 
lypier, ainsi  que  Lamarck  qui  en  fit  son 
genre  Pinceau.  Voy.  ce  mot.  (Duj) 

NES^A.  crust.  —  Voy.  nésée. 

NES.EA.  bot.  pb.  —  Genre  de  la  famille 
des  Ly  thrariées,  tribu  des  Ly  thrées,  établ  i  par 
Commerson  (inJuss.  gen.  Plant.).  Plantes 
herbacées  ou  frutescentes  de  l'Amérique. , 
Voy.  lythrariées. 

NESARNAK.  mam.  —  Nom  de  pays  du 
Delphinustursio.Voy.  dauphin.        (E.D).    ] 

*NESCIDIA.  bot.  ph. —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées-Cofféacées-Psychotriées^ 
établi  par  A.  Richard  {inMem.  Soc.  h.  n.\ 
Paris,  t.  V.  192).  Arbrisseaux  de  la  Mau-1 
ritanie.  Voy.  rubiacées. 

NÉSÉE.  Nesœa  (  nom  mythologique  ). 
crist.  —  Genre  de  l'ordre  des  Isopodes , 
adopté  par  tous  les  carcinologistes.  Il  a  été 
établi  par  Leach,  et  rangé  par  M.  Milne 
Edwards  dans  sa  famille  des  Sphéromiens 
onguiculés.  Dans  ce  genre,  le  corps  ne  peut 
pas  se  ramener  en  boule  comme  celui  des 
Sphéromiens  {voy.  ce  mot  ),  et  est  en  géné- 
ral peu  flexible.  La  tête,  les  antennes,  la 
bouche,  le  thorax  et  les  pattes  sont  confor- 
més comme  chez  les  Sphéromes.  L'abdomen 
présente  aussi  la  même  disposition  générale» 


NES 


NES 


629 


mais  les  fausses  pattes  postérieures  s'articu- 
lent très  en  arrière,  et  leur  lame  interne  se 
porte  transversalement  en  dedans  et  le 
long  du  bord  postérieur  de  l'abdomen,  de 
façon  à  se  confondre  facilement  avec  ce  bord, 
tandis  que  la  lame  externe,  plus  longue  et 
plus  grosse,  est  droite,  se  dirige  en  arrière, 
et  ne  conserve  que  très  peu  de  mobilité. 

Dans  le  genre  des  Nésées ,  nous  réunirons 
tous  les  Sphéromiens  onguiculés  ,  dont  le 
corps  est  terminé  postérieurement  par  deux 
espèces  de  cornes  peu  mobiles,  formées  par 
la  lame  externe  des  dernières  fausses  pattes, 
laquelle,  au  lieu  de  se  replier  sous  la  lame 
interne,  comme  chez  les  Sphéromes  et  les 
Cymodocées,  reste  toujours  saillante  et  à  dé- 
couvert. Leach  a  divisé  ces  Crustacés  en 
deux  genres,  les  Nésées  et  les  Cilicées,  sui- 
vant que  l'avant-dernier  anneau  thoracique 
est  semblable  au  suivant  ou  bien  plus 
grand  ;  mais  ces  caractères  ont  trop  peu  de 
valeur  pour  servir  de  base  à  des  distinctions 
génériques.  Il  nous  semble  même  très  pro- 
bable que  le  genre  Campécopée  de  Leach 
devra  aussi  être  réuni  à  ce  groupe,  mais  ce- 
pendant c'est  avec  doute  que  nous  émettons 
cette  opinion. 

Les  espèces  qui  composent  actuellement 
le  genre  des  Nesœa  habitent  les  côtes  de 
France,  de  la  Crimée,  ainsi  que  celle  des 
États-Unis  d'Amérique. 

La  Nésée  bidentée,  Nesœa  bidentata  Desm . , 
peut  être  considérée  comme  le  type  de  ce 
genre  singulier.  Cette  espèce  habite  la 
Manche  et  les  côtes  occidentales  de  la 
France. 

La  Nésée  de  Latreille  ,  Nesœa  Latreillei 
Leach,  dont  la  patrie  est  inconnue,  serait  le 
représentant  du  genre  Cilicœa  du  docteur 
Leach.  Pendant  notre  séjour  en  Algérie, 
nous  avons  découvert  dans  la  rade  de  Bone 
une  nouvelle  espèce  de  ce  genre,  à  laquelle 
nous  avons  donné  le  nom  de  Nésée  d'Ed- 
wards ,  Nesœa  Edwarsi  Luc.  (Expl.  se.  de 
l'Algérie,  lre  partie,  p  7,  fig.  9).  (H.  L.) 

IVESLIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Crucifères,  tribu  des  Isatidées,  établi 
par  Desvaux  {Journ.  bot.,  III,  162,  163) 
aux  dépens  des  Myagrum,  et  dont  l'espèce 
type  est  le  Myagrum  paniculatum  Linn. 

*NESOKIA.  mam. — Groupe  de  Rongeurs 
de  la  division  des  Rats  (voy.  ce  mot),  d'après 
M.  Gray  (Ann.  nat.  hist.,t.  X,  18i2).  (E.  D). 


NESOPHILA,  A.  DC.  {Camp.  160).  bot. 
ph.  —  Voy.  wahlenbergia  ,  Schrad. 

*  NESORRHINUS  (  v5fa<*«,  canard  ;  fa  , 
nez),  ins.  —  Genre  d'Hémiptères  homoptè- 
res  ,  de  la  famille  des  Hoplophorides ,  créé 
par  MM.  Amyot  et  Serville  (Hémiptères  des 
Suites  à  Buffon  de  Roret). 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  : 
c'est  le  Nesorrhinus  vulpes  Am.  et  Serv. 
(loc.  cit.,  pi.  12,  fig.  11),  qui  se  trouve  à 
Saint-Domingue.  (E.  D.) 

*J\ESSIA.  rept. —  Genre  de  Sauriens  de 
la  famille  des  Scinques ,  établi  par  M.  J.-E. 
Gray,  dans  le  t.  I  des  Armais  and  mus.  of 
nat.  hist. ,  pour  une  espèce  serpentiforme 
de  cette  famille.  Les  Nessia  ont  néanmoins 
quatre  pieds  visibles  et  tridactyles.  L'espèce 
type  de  ce  genre  est  le  N.  Burtoni.   (P.  G.) 

*NESTÏS.  poiss.— Genre  de  l'ordre  des 
Acanthoptérygiens  à  pharyngiens  labyrinthi- 
formes  ,  famille  des  Mugiloïdes,  établi  par 
MM.  Cuvier  et  Valenciennes  (Hist.  des  Poiss. , 
t.  XI,  p.  167  ).  Les  Nestis  diffèrent  princi- 
palement des  Muges  par  leur  tête  plus  com- 
primée; par  les  opercules  plus  plats,  moins 
bombés;  par  le  sous-orbitaire  qui  ne  recou- 
vre plus  tout  le  maxillaire,  et  n'est  pas  re- 
courbé; par  des  dents  non  seulement  aux 
mâchoires,  mais  encore  en  avant  du  vomer 
et  aux  os  pharyngiens. 

Intérieurement ,  les  Nestis  diffèrent  des 
Muges  par  leur  estomac  membraneux  et 
nullement  charnu. 

On  connaît  deux  espèces  de  ce  genre,  dont 
la  forme  ressemble  assez  à  celle  des  Cyprins. 

La  première,  N.  cyprinoides  Cuv.  et  Val. 
(vulgairement ,  à  l'île  de  France  ,  Mulet  de 
rivière  ou  Chite),  est  d'un  vert  foncé  sur  le 
dos,  et  d'un  vert  plus  clair  sur  les  écailles 
des  flancs  :  elle  atteint  20  à  22  centimètres 
de  longueur. 

La  seconde  espèce,  N.  dobuloides  Cuv.  et 
Val.  (loc.  cit.),  habite  aussi  les  eaux  douces 
de  l'île  de  France.  Chez  elle,  le  vert  sombre 
du  dos  paraît  s'étendre  non  seulement  sur 
les  flancs  ,  mais  descendre  aussi  sur  le  ven- 
tre. Le  jardin  des  Plantes  de  Paris  en  pos- 
sède un  individu  qui  a  40  centimètres  de 
longueur.  (M.) 

NESTLERA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées,  tribu  des  Sénécio- 
nidées,  établi  par  Sprengel  (Syst.  III,  589), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  :  Ca- 


630 


NET 


NEU 


pitule  multiflore,  hëlérogame;  fleurs  du 
rayon  unisériées,  ligulées,  femelles  ;  celles  du 
disque  tubuleuses,  hermaphrodites,  5-fides. 
Écailles  de  l'involucre  imbriquées ,  appri- 
mées,  les  intérieures  plus  longues,  membra- 
neuses. Réceptacle  épaléacé,  alvéolé.  Anthè- 
res sessiles.  Stigmates  inclus,  obtus.  Akène 
nu.  Aigrette  en  forme  de  couronne,  dentée. 

Les  Nestlera  sont  des  herbes  ou  des  sous- 
arbrisseaux  du  Cap,  à  feuilles  alternes  ou 
opposées  ,  linéaires  ,  entières;  à  fleurs 
bleues,  disposées  en  capitules  terminaux, 
ailés  ;  les  ailes  sessiles  dans  les  dichotomies 
des  rameaux. 

De  Candolle  décrit  9  espèces  de  Nestlera 
(Prodr. ,  VI ,  283)  qu'il  répartit  en  deux 
sections:  a.  Stephanopappus:  écailles  del'in- 
volucre  acuminées  ;  akène  allongé ,  sil- 
lonné longitudinalement;  b.  Strongylolepis: 
écailles  de  l'involucre  scarieuses  au  sommet, 
très  obtuses;  akène  pubérule,  sillonné  lon- 
gitudinalement. (J.) 

NESTOR,  ois.  —  Nom  scientifique  du 
Perroquet  à  tête  grise  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande (voy.  perroquet),  et  dont.  M.  Wagler 
(Monogr.  Psittac,  1832  )  a  fait  le  type  d'un 
petit  groupe  distinct.  (E.  D.) 

*NETTARHINUS  (v^tt«  ,  canard  ;  p\'v  , 
nez),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères  ,  famille  des  Curculionites  gonato- 
cères ,  division  desApostasimérides  cholides, 
établi  par  Schœnherr  (Dispositio  methodica  , 
pag.  269  ;  Gen.  et  sp.  Curcul.  syn. ,  t.  3  , 
p.  603  ,  t.  VIII ,  1 ,  p.  29).  L'auteur  place 
dans  ce  genre  les  trois  espèces  suivantes  : 
N.  Anthribiformis ,  Mannerheimii  Schr. ,  et 
bilobns  01.  La  première  a  été  trouvée  au 
Brésil,  la  seconde  à  Porto-Rico,  et  la  troi- 
sième à  Saint-Domingue.  (C.) 

♦NETTORHYNQUE.  Nettorhynchus  {v7,z- 
ra,  canard  ;  pvyx°s  »  Dec)-  helm.?  —  Nom 
(ion  né  par  M.  de  Blainville,  dans  l'édition 
française  des  Vers  intestinaux  deBremser, 
ï>ag.  522  ,  1824  ,  à  un  genre  entièrement 
douteux  de  Vers  intestinaux,  dont  la  seule 
espèce  connue  serait  parasite  de  l'espèce 
humaine.  Voici  comment  M.  de  Blainville 
résume  lui-même  ce  que  l'on  connaît  sur 
le  Nettorhynque  : 

«  Nous  ajouterons  cependant  à  ce  cha- 
pitre l'indication  d'un  Ver  intestinal  auquel 
nous  avons  donné  le  nom  de  Nettorhynque, 
et  qui,  quoique  observé  depuis  longtemps,  a 


été  passé  sous  silence  par  les  meilleurs  hel- 
minthologistes  modernes.  C'est  dans  le  t.  II 
des  Mémoires  de  la  Société  de  médecine  d'E- 
dimbourg qu'il  en  est  question,  dans  un  mé- 
moire intitulé  :  Description  d'un  Ver  extraor- 
dinaire, par  J.  Paisley,  chirurgien  à  Glascow. 
Ce  Ver  était  fort  considérable,  puisqu'il  avait 
2  pieds  6  pouces  de  longueursur  1  pouce  1/2 
de  diamètre.  Il  était  formé  de  plusieurs 
grands  anneaux  semblables  à  ceux  du  Ver  de 
terre  ;  les  intervalles  entre  chaque  articula- 
tion étaient  de  couleur  brune,  les  articula- 
tions mêmes  de  couleur  de  chair  livide.  La 
tête,  beaucoup  plus  petite  que  le  corps,  quoi- 
que formée  également  d'anneaux  ,  ressem- 
blait beaucoup  au  bec  d'un  Canard,  étant 
aplatie  en  dessus.  La  bouche  était  triangu- 
laire comme  celle  d'une  Sangsue.  Le  Ver  fut 
rendu  par  l'anus  avec  une  très  grande  quan- 
tité de  sang.  Le  malade  en  rendit  un  second 
encore  plus  gros ,  mais  par  morceaux.  Le 
premier  fut  dessiné  en  présence  de  plusieurs 
docteurs  de  l'Université.  Il  était  d'abord 
beaucoup  plus  gros  ;  mais  ,  aussitôt  que  le 
malade  l'eut  rendu,  à  l'aide  d'une  personne 
qui  le  lui  tira  en  partie  du  corps,  un  assis- 
tant plongea  une  ou  deux  fois  un  canif  dans 
le  Ver,  et  il  en  sortit  une  immense  quantité 
de  sang.  » 

M.  de  Blainville,  qui  n'a  pas  classé  ce  Ver 
dans  son  grand  article  du  Dictionnaire  des 
sciences  naturelles  publié  en  1828  ,  le  met- 
tait en  1824  parmi  les  Onchocéphalés,  c'est- 
à-dire  dans  la  famille  des  Linguatules. 

Rien  ne  démontre  que  le  Nettorhynque 
soit  réellement  un  animal;  et  l'observation 
du  corps  d'après  lequel  ce  prétendu  Ver  a 
été  indiqué  est  trop  incomplète  pour  qu'on 
y  ajoute  une  confiance  définitive  :  aussi  met- 
trons-nous jusqu'à  nouvel  ordre  le  Netto- 
rhynque parmi  les  Helminthes  douteux. 

(P.  G.) 

NEUDORFFIA,  Adans.  {Fam.,  II,  225). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Nolana,  Linn. 

*NEURACANTHUS  (vsîipov ,  nervure  ; 
axavôa,  épine),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Acanthacées,  tribu  des  Echmata- 
canthées,  établi  par  Nées  (m  Wallich.  Plant, 
as.rar.  ,11,  97).  Arbrisseaux  de  l'Inde.  Voy. 

ACANTHACÉES. 

NEURACHNE  (vtvpov,  nervure;  fy**  , 
duvet),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Graminées ,  tribu  des  Panicées,  établi  paf 


NEU 


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631 


R.  Brown  (  Prodr. ,  106  ).  Gramens  vivaces 
de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  graminées. 

NEURACTIS  (vcOpov,  nervure;  àxn'ç , 
rayon),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées,  tribu  des  Sénécionidées,  établi 
par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat.,  XXXIV,  496). 
Herbes  de  Java.  Voy.  composées. 

NEURADA  (vîûpov,  nervure;  a<W,  glande). 
bot.  ph.  —Genre  de  la  famille  des  Rosacées, 
tribu  des  Quillajées,  établi  par  B.  Jussieu  (in 
Linn.  gen. ,  n.  587  ).  Herbes  des  endroits  sa- 
blonneux  de   l'Afrique    méditerranéenne. 

Voy.  ROSACÉES. 

NEURADÉES.  Neuradeœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  delà  famille  des  Rosacées.  Voy.  ce  mot. 

NEURIA  (vîvpov,  nervure),  ins.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes ,  tribu 
desHadénides,  établi  par  M.  Guénée  (  Du- 
ponchel ,  Catal.  des Lépid.  d'Europe), qui  y 
comprend  trois  espèces  (JV.  saponariœ,  gram- 
miptera,  actinobola)  d'Europe.  (L.) 

*\EUROCALYX  (  vcvpov ,  nervure;  xa- 
Xv$,  calice),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées  (tribu  incertaine),  établi  par 
Hooker  (Je,  t.   174).   Herbes  de  Zeylan. 

Voy.  RUBIACÉES. 

NEUROCARPUM  (veûpov,  nervure  ;  x«P- 
rroç,  fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Légumineuses-Papilionacées  ,  tribu  des 
Phaséolées,  établi  par  Desvaux  (in  Journ. 
Bot.,  1814,  I,  75).  Herbes  ou  arbrisseaux  de 
l 'Amérique  tropicale.  Voy.  légumineuses. 

NEUROLiENA  (vewpov,  nervure;  Aoûva, 
enveloppe),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées,  tribu  des  Sénécionidées,  éta- 
bli par  R.  Brown  (in  Linn.  Transact.,  XII, 
120).  Sous-arbrisseaux  des  Antilles.    Voy. 

COMPOSÉES. 

NEUROLOMA,  Andr.  (in  DC.  Prodr.,  I, 
156).  bot.  ph. — Voy.  parrya,  R.  Br. 

*NEURONIA  (  vîupov  ,  nervure),  ins. 
—  Leach  (in  Stephens  illustr.  brit.  ent. , 
1837  )  donne  ce  nom  à  un  petit  groupe  de 
Névroptères  de  la  famille  des  Phryganiens. 

Voy.   PHRYGANE.  (E.    D.) 

*NEUROPELTIS  (vswpov,  nervure  ;  *A- 
ryj,  bouclier),  bot.  ph.  —Genre  de  la  famille 
des  Convolvulacées-Convolvulées,  établi  par 
Wallich  (m  Roxburgh.  Flor.ind.  or.,  II,  43). 
Sous-arbrisseaux  de  l'Inde  orientale.  Voy. 

CONVOLVULACÉES. 

NEUROPTERA.  ins.  —  Voy.  névro- 
ptères. 


NEUROPTERIS    ou   NEVROPTERIS 

(veOoov  ,  nervure  ;  irrtpi'ç ,  fougère),  bot.  cr. 
—  Genre  de  Fougères  fossiles,  établi  par 
M.  Brongniart  (Prodr.  52) ,  qui  le  décrit 
ainsi  :  Fronde  pinnée  ou  bipinnée;  pinnules 
non  adhérentes  par  leur  base  au  rachis  , 
plus  ou  moins cordiformes,  entières;  nervu- 
res très  fines,  serrées,  plusieurs  fois  dicho- 
tomes,  arquées,  naissant  très  obliquement 
de  la  base  de  la  pinnule  et  de  la  nervure 
moyenne ,  qui  disparaît  vers  l'extrémité  des 
pinnules. 

M.  À.  Brongniart  cite  20  espèces  de  ce 
genre,  dont  la  plupart  ont  été  trouvées  dans 
les  terrains  houillers.  (B.) 

NEUROPTERIS,  Desv.  (in  Annal.  Soc. 
Linn.  de  Paris,  VI,  292,  t.  8  ,  f.  2).  bot. 
cr.  —  Syn.  de  Pteris ,  Linn. 

*NEEROSPERMA  ,  Rafin  (  in  Journ. 
vhys. ,  LXXXIX ,  102).  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Momordica  ,  Linn. 

NEUROTROPIS,  DC.  (Prodr.,  I,  175). 
bot.  ph.  —  Voy.  thlaspi,  Dillen. 

*NEUSTICURUS  (vsuartxo'ç ,  nageant  ; 
eupâ  ,  queue  ).  rept.  —  Genre  de  Sauriens 
établi  dans  la  famille  des  Lézards  par 
MM.  Duméril  et  Bibron  (Erpetol.  gen.,  t.  V, 
p.  6, 1839).  Il  ne  comprend  qu'une  seule  es- 
pèce, qui  est  originaire  de  la  Guiane:  c'est 
le  Lacerta  bicarinata  de  Linné.     (P.  G.) 

*NEUSTOSAURUS,E.  Raspail  (vewwç, 
nageant;  o-aSpcç,  lézard),  rept.  foss.  — 
Dans  une  brochure  publiée  à  Paris  et  à 
Avignon,  1842,  sous  le  titre  d'Observations 
sur  un  nouveau  genre  de  Saurien  fossile, 
M.  Eugène  Raspail  a  fait  connaître  une  par- 
tie du  squelette  d'un  reptile  provenant  du 
terrain  néocomien  du  département  de  Vau- 
cluse.  Depuis  les  lombes  jusqu'au  bout  de 
la  queue,  les  os  sont  à  peu  près  dans  leur 
situation  naturelle;  le  reste  avait  été  dé- 
rangé et  dégradé.  Les  faces  antérieures  et 
postérieures  du  corps  des  vertèbres  de  ce 
reptile  sont  planes  ou  légèrement  conca- 
ves ;  les  os  des  jambes  n'ont  que  le  tiers  de 
la  longueur  de  ceux  des  cuisses ,  dispropor- 
tion qui  n'a  lieu  que  chez  les  Salamandres 
et  genres  voisins;  parmi  les  reptiles  actuels, 
et  chez  les  Énaliosauriens  parmi  les  reptiles 
fossiles,  les  pieds,  au  contraire,  sont  al- 
longés ,  de  telle  sorte  que  les  métatarsiens 
sont  plus  longs  que  le  tibia;  les  doigts  pa- 
raissent avoir  été  au  nombre  de  quatre,  et, 


632 


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NEV 


comme  dans  les  Crocodiles,  le  métatarsien 
interne  était  plus  fort  que  les  autres;  les 
premières  phalanges  sont  longues  et  les  der- 
iiières  portaient  vraisemblablement  des  on- 
gles. Avec  des  pieds  semblables,  il  paraît 
que  l'animal  avait  des  extrémités  antérieu- 
res aplaties  en  forme  de  rame ,  comme 
chez  les  Ichthyosaures.  Chez  nos  animaux 
actuels ,  lorsque  le  membre  antérieur  est 
très  différent  du  membre  postérieur ,  c'est 
pour  fouir  ou  pour  voler  qu'il  a  été  modiGé; 
les  animaux  nageans  n'avaient  point  offert 
jusqu'à  prési.Tit  une  aussi  grande  dissem- 
blance entre  leurs  quatre  membres,  lors- 
qu'ils existent.  Les  vertèbres  caudales  pré- 
sentent aussi  des  particularités  remarqua- 
bles; les  apophyses  épineuses  sont  larges; 
les  os  en  chevrons  sont  faibles  et  se  perdent 
à  peu  près  vers  le  milieu  de  la  queue  ;  puis 
viennent  quelques  vertèbres  qui  en  sont  dé- 
pourvues; ensuite,  d'autres  os  en  chevron 
reparaissent  f  mais  taillés  en  forme  de  hache 
et  s'appuyant  les  uns  sur  les  autres  par  leurs 
angles  ;  quelques  Dauphins  nous  offrent  des 
os  en  chevrons,  de  forme  à  peu  près  sembla- 
ble, mais  ils  ne  se  touchent  point;  ce  genre 
de  Reptiles  présente  donc  un  grand  intérêt, 
et  il  esta  désirer  que  l'on  découvre  bientôt 
des  parties  caractéristiques  de  la  tête. 

L'espèce  a  reçu  le  nom  de  Neust.  gicon- 
darum  Rasp.  ;  elle  est  à  peu  près  de  la 
taille  de  nos  grands  Crocodiles,  la  queue 
ayant  environ  deux  mètres  et  demi  de  long. 

(L...D.) 

NEUTRES,  ins.  —Les  noms  de  Neutres 
et  de  Mulets  ont  été  donnés  à  certains  indi- 
vidus dans  lesquels  les  organes  générateurs 
n'ont  pas  atteint  leur  entier  développement, 
et  qui  en  conséquence  ne  sont  pas  aptes  à  la 
reproduction.  L'observation  a  prouvé  que 
ce  phénomène  avait  lieu  dans  le  sexe  fe- 
melle. Les  Neutres  sont  essentiellement  char- 
gés de  pourvoir  à  la  nourriture  des  Insectes 
avec  lesquels  ils  vivent;  ils  sont  toujours  en 
campagne  etleur  activité estextraordinaire  ; 
ce  sont  eux  qui  édifient  l'habitation  et  qui 
Ja  réparent;  c'est  à  leurs  soins  qu'est  confiée 
l'éducation  des  petits,  et  bien  qu'ils  soient 
des  femelles  avortées,  ils  remplissent  ce  de- 
voir avec  toute  la  sollicitude  d'une  mère. 
Voy.  pour  plus  de  détails  les  articles  in- 
sectes et  HYMÉNOPTÈRES.  (E.    D.) 

NEUTRES  (fleurs),  bot.  —  On  donne  ce 


nom  aux  fleurs  privées  des  organes  sexuels, 
et  réduites  par  conséquent  aux  seules  enve- 
loppes florales  (la  Boule  de  Neige,  l'Horten- 
sia ,  etc.). 

*NEUWIEDIA  (nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Apostasiées ,  établi 
par  Blume  (N.  famil.  exposit.,  12).  Herbes 
de  Java.  Voy.  apostasiées. 

*NEVROMUS  (v£5pov,  nervure;  w^o5 , 
épaule),  ins.  —  Genre  de  Névroptères  de 
la  famille  des  Semblides ,  créé  par  M.  Ram- 
bur  (Névroptères  des  Suites  à  Buffon  de  l'é- 
diteur Roret,  1842)  et  principalement  carac- 
térisé par  ses  palpes  maxillaires  de  six  arti- 
cles ,  dont  les  trois  derniers  très  courts,  etc. 
M.  Rambur  (  loco  citato)  décrit  quatre  espè- 
ces de  ce  genre  sous  les  noms  de  Nevromus 
tesfaceus  (Java) ,  N.  ruficollis  (Batavia) ,  N. 
hieroglyphicus  (Cayenne)  et  N.  rnaculatus 
(Philadelphie).  (E.  D.) 

NÉVROPTÈRES.  Nevroplera  (  vevpov, 
nervure;  irce'pov,  aile),  ins. — Linné  a  créé 
sous  ce  nom  un  ordre  d'Insectes  qui,  quoi- 
que moins  naturel  que  les  autres,  a  néan- 
moins été  adopté  par  Latreille  (Fam.  nat.  du 
Règ.  anxm.  )  et  par  la  plupart  des  entomolo- 
gistes modernes.  Fabricius  formait  deux  or- 
dres, ou  plutôt,  d'après  sa  méthode,  deux 
classes  avec  les  Névroptères,  et  il  les  dési- 
gnait sous  les  noms  à'Odonates  et  de  Synis- 
trates.  Kirby  retirait  tesPhryganea  des  Né- 
vroptères pour  en  faire  un  ordre  particulier 
sous  la  dénomination  de  Trichoptères.  Enfin 
Clairville  a  proposé  de  changer  en  Dictyop- 
tères  (de  «îi'xtvov  ,  réseau,  et  ir«'pov,  aile) 
le  nom  de  Névroptères ,  qui  n'exprime  pas 
d'une  manière  convenable  la  disposition  des 
ailes  membraneuses  sur  les  nervures ,  dis- 
posées en  réseau,  se  rétrécissant  égale- 
ment dans  les  cellules  de  quelques  Hyménop- 
tères. 

Les  Névroptères  ont  pour  caractères  prin- 
cipaux :  4  ailes  nues  ou  transparentes,  ré- 
ticulées et  ordinairement  de  la  même  gran- 
deur; bouche  offrant  des  mandibules,  des 
mâchoires  et  deux  lèvres  propres  à  la  mas- 
tication; les  articles  des  tarses  ordinaire- 
ment entiers  et  variant  par  le  nombre;  pas 
d'aiguillon  à  l'anus;  les  femelles  étant  ra- 
rement pourvues  d'un  ovicapte  ou  d'une 
tarière. 

Ces  Insectes  se  rapprochent  beaucoup  des 
Orthoptères;  mais  ils  se  distinguent  de  ces 


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derniers ,  ainsi  que  des  Hémiptères ,  en  ce 
que  ceux-ci  ont  les  ailes  supérieures  d'une 
consistance  différente  des  ailes  inférieures, 
tandis  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  chez  les  Né- 
.  vroptères,  qui  ont  les  quatre  ailes  semblables 
et  membraneuses. Les  Hyménoptères  en  sont 
séparés  par  leurs  mâchoires  qui  sont  ordi- 
nairement très  allongées  et  ne  servent  plus 
à  broyer  les  aliments,  mais  seulement  à 
sucer.  Les  Lépidoptères  ne  pourrontêtre  con^ 
fondus  avec  eux  à  cause  de  leurs  ailes  cou- 
vertes d'écaillés.  Les  Diptères  en  sont  très 
nettement  séparés  par  leurs  deux  ailes,  ainsi 
que  par  leurs  organes  de  la  manducation. 
Enfin  est-il  besoin  de  dire  que  les  Névrop- 
tères  se  distinguent  des  Coléoptères  parce 
que  cbez  ces  derniers  les  ailes  supérieures 
sont  cornées  et  forment  ce  que  l'on  désigne 
sous  le  nom  d'élytres. 

La  définition  de  cet  ordre  est  difficile,  à 
part  toutefois  les  caractères  principaux, 
parce  que  chacun  des  groupes  qui  forme  celte 
division  diffère  essentiellement  des  autres 
par  son  organisation  ,  par  ses  mœurs  et  par 
ses  métamorphoses.  Aussi  ne  nous  étendrons- 
nous  pas  longuement  sur  ce  sujet,  renvoyant 
le  lecteur  aux  grandes  familles  des  Névrop- 
tères ,  où  les  caractères  seront  donnés  avec 
soin. 

La  tête  est  plus  ou  moins  grosse,  avec  des 
antennes  placées  à  sa  partie  antérieure;  ces 
antennes  sont  le  plus  souvent  filiformes  ou 
sétacées  :  dans  les  Myrméléons  elles  sont 
terminées  en  masse  allongée,  tandis  que 
chez  les  Ascalaphes  elles  sont  fort  longues, 
grêles  et  terminées  par  un  petit  bouton 
comme  celles  des  Lépidoptères.  La  bouche 
est  composée  ordinairement  de  deux  lèvres, 
de  deux  mandibules  et  de  deux  mâchoires. 
Ces  derniers  organes  sont  très  aigus  et  très 
forts  dans  les  Libellules,  qui  sont  destinées  à 
faire  leur  proie  d'Insectes,  tandis  qu'ils  sont 
très  petits  et  presque  imperceptibles  dans  les 
Éphémères,  dont  la  vie  est  très  courte  et  qui 
ne  prennent  pas  de  nourriture.  Les  palpes 
quelquefois  très  courts  (Libellules),  sont ,  au 
contraire,  parfois  très  longs  (Myrméléons). 
Les  yeux  sont  à  réseaux  et  placés  sur  les 
côtés  de  la  tête  ;  on  voit  ordinairement  entre 
eux  trois  petits  yeux  lisses,  mais  ils  man- 
quent souvent.  Le  corselet  est  renflé,  com- 
primé et  tronqué  dans  le  plus  grand  nom- 
bre; il  donne  attache  à  quatre  ailes  habi- 
t.  vm. 


tuellement  nues,  réticulées,  claires,  trans- 
parentes et  présentant  souvent  des  reflets 
très  vifs  ou  des  taches  de  différentes  cou- 
leurs :  toutes  servent  au  vol  ;  elles  sont 
quelquefois  posées  en  toit  sur  l'abdomen  ; 
souvent  elles  sont  écartées  du  corps  et  éten- 
dues horizontalement  ;  dans  d'autres  cas  elles 
sont  rapprochées  verticalement  l'une  à  côté 
de  l'autre.  Ces  ailes  diffèrent  quelquefois  de 
grandeur  entre  elles,  comme  cela  se  voi£ 
dans  les  Némoptères;  quelquefois  les  infé- 
rieures n'existent  plus ,  ou  sont  tellement 
oblitérées  qu'on  a  de  la  peine  à  découvrir 
leurs  traces ,  ainsi  que  cela  se  remarque  chez 
les  Éphémères.  Les  pattes  sont  composées, 
de  quatre  pièces,  la  hanche,  la  cuisse,  la 
jambe  et  le  tarse  ;  ce  dernier  varie  pour  le 
nombre  des  articles  dont  il  est  composé  : 
souvent  il  n'y  en  a  que  trois ,  mais  on  a  pu 
en  compter  quelquefois  quatre  et  même 
cinq. 

Les  larves  et  les  nymphes  se  rapprochent 
assez  par  leur  forme  de  l'Insecte  parfait.  Les 
larves,  presque  toutes  carnassières,  et  tou- 
jours hexapodes  ,  sont  terrestres  ou  aquati- 
ques; celles  qui  vivent  sur  la  terre  se  ca- 
chent sous  les  écorces  des  arbres  et  se  nour- 
rissent de  Pucerons ,  ou  bien  elles  font  leur 
nid  dans  le  sable  et  y  tendent  des  pièges  aux 
autres  Insectes,  ainsi  que  les  Myrméléons. 
Les  larves  aquatiques  se  tiennent  au  fond 
des  fossés  ,  des  marais  et  des  rivières  ;  elles 
respirent  au  moyen  d'organes  qui  paraissent 
d'abord  analogues  aux  ouïes  des  Poissons  , 
mais  qui  ne  sont  que  des  appendices  exté- 
rieurs et  trachéens  nommés  fausses  bran- 
chies ;  quelques  unes  se  construisent  des 
fourreaux  avec  de  petites  pierres,  des  dé- 
bris de  coquilles  ou  de  petits  morceaux  de 
bois  qu'elles  assemblent  au  moyen  d'une 
espèce  de  soie.  Les  nymphes,  dans  plusieurs 
familles  ,  et  de  même  que  cela  se  remarque 
chez  la  plupart  des  Insectes,  restent  inertes 
et  ne  grandissent  pas  ;  tandis  que  dans  d'au- 
tres, les  Libellules,  par  exemple,  elles  sont 
au  contraire  agiles,  se  nourrissent  et  gros- 
sissent encore  sous  cette  forme. 

L'organisation  intérieure  des  Névroptères 
a  été  étudiée  par  divers  zoologistes ,  et  par- 
ticulièrement par  M.  Léon  Dufour  (Mémoi- 
res de  l'Académie  des  sciences  de  V Institut  de 
France,  1843);  mais  comme  elle  varie  sui- 
vant les  diverses  familles  qui  constituent  cet 

80 


634 


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ordre,  nous  ne  croyons  pas  devoir  en  parler 
ici ,  et  nous  renvoyons  aux  mots  Insectes  , 
Libellules,  Éphémères,  Termites,  etc. 

Les  Névroptères  sont  des  Insectes  en  gé- 
néral très  élégants  pour  le  port;  ils  volent 
avec  beaucoup  de  facilité  ,  et  sont  quelque- 
fois ornés  de  couleurs  très  variées  et  très 
agréables.  Quelques  uns,  de  même  que  leurs 
larves,  sont  très  carnassiers,  et  emploient 
toutes  leurs  forces  et  leur  agilité  à  saisir  des 
Insectes  dont  ils  veulent  faire  leur  proie  : 
telles  sont,  par  exemple,  les  Libellules  ;  d'au- 
tres ,  au  contraire ,  comme  les  Éphémères  , 
les  Phryganes  et  les  Perles,  ne  prennent  pas 
ou  presque  pas  de  nourriture ,  et  la  durée 
de  leur  vie  n'excède  pas  quelques  heures  ou 
un  jour  au  plus.  Le  plus  grand  nombre  des 
Névroptères  vivent  solitaires  sous  leurs  trois 
états  ;  il  n^en  est  pas  de  même  dans  le  groupé 
naturel  des  Termites ,  car  ces  Insectes  ,  au 
contraire,  vivent,  à  toutes  les  époques  de 
leur  vie,  en  sociétés  innombrables  compo- 
sées de  trois  ou  quatre  sortes  d'individus , 
dont  la  détermination  n'est  pas  encore  bien 
exacte. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire  rela- 
tivement aux  différences  remarquables  que 
l'on  observe  chez  les  Névroptères ,  on  com- 
prend qu'il  est  très  difficile  d'établir  une 
méthode  de  classification  bien  régulière  de 
cet  ordre  ;  car  il  est  probable  que  toujours 
quelque  chose  viendra  la  contrarier,  et  c'est 
ce  qui,  jusqu'à  présent,  est  arrivé  à  presque 
tous  les  auteurs  qui  s'en  sont  occupés.  Di- 
sons quelques  mots  des  principales  classifi- 
cations proposées  par  divers  zoologistes. 

Latreille  (  Fam.  nat.  du  règne  anim.  et 
Règne  animal)  partage  les  Névroptères  en 
trois  familles  distinctes ,  qu'il  désigne  sous 
les  noms  de  Subulicornes ,  Planipennes  et 
Plicipennes.  1°  Les  Subulicornes,  caractéri- 
sés par  leurs  antennes  en  forme  d'alêne, 
guère  plus  longues  que  la  tête,  de  sept  arti- 
cles au  plus,  le  dernier  ayant  la  figure  d'une 
soie ,  et  par  ses  mandibules  et  mâchoires 
entièrement  couvertes  par  le  labre  et  la  lè- 
vre ,  et  correspondant  aux  Odonates  de  Fa- 
bricius  et  aux  Éphémères ,  comprennent 
les  grands  genres  Libellula,  jEschna,  Ephe- 
mera.  2°  Les  Planipennes,  ayant  pour  carac- 
tères des  antennes  toujours  composées  d'un 
grand  nombre  d'articles,  plus  longues  que 
la  tête,  des  mandibules  très  distinctes,  et  j 


les  ailes  inférieures  presque  égales  aux  su- 
périeures, correspondent  aux  Synistales  de 
Fabricius,  et  renferment  les  genres  Panorpa, 
Myrmeleo ,  Ascalaphus  ,  Hemerobius ,  Sem- 
blis  y  Termes ,  Psocus ,  Perla.  3°  Les  Pli- 
cipennes  ,  caractérisés  par  leurs  ailes  infé- 
rieures ordinairement  plus  larges  que  les 
supérieures,  plissées  dans  leur  longueur,  et 
par  l'absence  des  mandibules,  correspondent 
aux  Trichoptera  deKirby,  et  ne  comprennent 
que  les  genres  Phryganea,  Sericostoma,  etc. 

Cette  classification,  encore  assez  généra- 
lement suivie  aujourd'hui,  a  été  légèrement 
modifiée  par  M.  Pictet  (Mém.  de  la  Soc. 
d'hist.  nat.  de  Genève,  et  Hist.  gén.  et  part, 
des  Névroptères),  qui  y  introduit  une  fa- 
mille nouvelle  pour  le  genre  Panorpa ,  et 
Sous  la  dénomination  de  Panorpates. 

M.  Burmeister  (Handbuch  der  Entomolo- 
gie, III)  a  fait  beaucoup  plus  de  change- 
ments à  la  classification  de  Latreille  ;  et  pour 
lui  ks  Névroptères  sont  partagés  en  cinq 
familles  distinctes,  qu'il  nomme  :  Corroden- 
tia ,  Subulicorna,  Plecoptera,  Trichoptera  et 
Planipennia. 

Dans  son  Histoire  naturelle  des  Névroptè- 
res, faisant  partie  des  Suites  à  Buffon  de 
l'éditeur  Roret,  M.  le  docteur  Rambur  pro- 
pose une  nouvelle  classification,  qui,  en  quel- 
ques points,  rappelle  celles  de  ses  devanciers. 
L'auteur  partage  les  Névroptères  en  huit  tri- 
bus et  en  dix-huit  familles  de  la  manière 
suivante  :  1°  Tribu  des  Corrodants,  divisée 
en  deux  familles  :  les  Termitides  et  les  Em» 
bides;  2°  Psocides  ,  fam.  :  Conioptérygides 
et  Psocides;  3°  Odonates  (Subulicornia par- 
i)m),  fam.  :  Libellulides ,  JEschnides,  Gom- 
phides,  Agrionides;  4°  Agathes  (Subulicor- 
nia parlim)  ,  fam.  :  Éphémérides;  5°  Plani- 
pennes, fam.  :  Panorpides,  Némoptérides , 
Myrméléontides ,  Nymphides ,  Hémérobides  et 
Mantispides ;  6°  Semblides  ,  fam.  :  Sembli- 
des  ;  7°  Perlides  ,  fam.  :  Perlides  ;  et  8°  Tri- 
choptères,  fam.  .  Phryganides.  Voy.  ces 
divers  mots. 

Enfin  M.  Emile  Blanchard,  dont  nous 
suivons  la  méthode  entomologique  dans  ce 
Dictionnaire,  a  indiqué  (Hist.  nat.  des  In- 
sectes, 1845)  une  nouvelle  classification  des 
Névroptères ,  et  il  désigne  ainsi  qu'il  suit 
les  groupes  principaux  de  cet  ordre. 


NEV 


NEZ 


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Section  I.  —  HYALOPTÉRES. 

Ailes  larges,  membraneuses ,  parcourues 
par  des  nervures  transversales. 

Tribu  I.  —  Termiens. 

Ailes  ayant  leurs  nervures  transversales 
rudimentaires  ;  tête  grosse,  portant  sur  son 
sommet  trois  ocelles  ;  tarses  de  quatre  ar- 
ticles. 

Genre  :  Termes. 

Tribu  IL  — Embiens. 

Ailes  ayant  leurs  nervures  transversales 
cornées,  très  distinctes  ;  tête  grosse,  dépour- 
vue d'ocelles;  lèvre  inférieure  profondément 
bifide  ;  tarses  de  trois  articles. 

Genre  :  Embia. 

Tribu  III.  —  Psociens. 

Ailes  inégales,  ayant  un  petit  nombre  de 
nervures  ;  tête  fort  grande ,  offrant  trois 
ocelles  ;  antennes  sétacées  ;  corps  assez  renflé, 
de  consistance  peu  solide. 

Genres  :  Coniopteryx,  Atropos  et  Thyrso- 
phorus. 

Tribu  IV.  —  Perliens. 

Ailes  inégales,  les  postérieures  larges  et 
plissées  à  leur  base  ;  parties  de  la  bouche 
bien  développées  et  de  consistance  solide  ; 
tarses  de  trois  articles  ;  antennes  sétacées. 

Genres  :  Perla,  Eusthenia  et  Neucura. 

Tribu  V.  —  Éphémériens. 

Ailes  inégales,  les  postérieures  très  petites 
ou  totalement  rudimentaires  ;  parties  de  la 
bouche  complètement  oblitérées  ;  tarses  de 
quatre  ou  cinq  articles  ;  abdomen  terminé 
par  deux  ou  trois  filets  ;  antennes  très  courtes, 
styliformes. 

Genre  :  Ephemera. 

Tribu  VI.  —  Libelluliens. 

Ailes  presque  égales,  très  réticulées;  par- 
ties de  la  bouche  grandes;  palpes  rudimen- 
taires; tarses  de  trois  articles;  tête  très 
grosse;  antennes  fort  courtes,  styliformes. 

Genres  :  Libellula,  /Eschna,  Agrion,  etc. 

Tribu  VII.  —  Myrméléoniens. 

Ailes  presque  égales ,  planes  ;  parties  de 
la  bouche  solides;  tarses  de  cinq  articles; 
antennes  filiformes,  multi-articulées. 

Genres  :  Myrmeleon ,  Ascalaphus,  Pa- 
norpa,  etc. 


Tribu  VIII.  —  Raphidiens. 

Ailes  presque  égales,  ayant  des  nervures 
transversales  peu  nombreuses  ;  bouche  un 
peu  avancée  ,  en  forme  de  bec  ;  prothorax 
très  long;  antennes  sétacées;  tarses  ordi- 
nairement de  cinq  articles. 

Genres  :  Mantispa,  Raphidia,  Semblis,  etc. 

Section  II.  —  TRICHOPTÈRES. 

Ailes  membraneuses  ;  les  antérieures  poi- 
lues, offrant  des  nervures  branchues ,  sans 
réticulations  transversales  ;  bouche  impropre 
à  la  mastication  ;  mandibules  très  rudimen- 
taires. 

Tribu  IX.  —  Phryganiens. 

Cette  tribu,  étant  la  seule  de  la  seconde 
section ,  a  les  mêmes  caractères,  et  comprend 
les  genres  Phryganea,  Trichostoma ,  Tino- 
des ,  Myslacida,  Hydroplila,  etc.  Voy.  ces 
divers  mots. 

Quant  à  la  distinction  des  espèces ,  elle 
est  plus  avancée  que  celle  des  groupes  supé- 
rieurs; cependant  cette  branche  de  l'ento- 
mologie réclame  encore  des  travaux  sembla- 
bles à  celui  que  M.  Pictet  a  commencé  dans 
son  bel  ouvrage  sur  les  Névroptères.  Quoi 
qu'il  en  soit ,  un  grand  nombre  d'espèces 
de  l'ordre  qui  nous  occupe  ont  été  décrites 
dans  V Histoire  naturelle  des  Insectes  des  Sui- 
tes à  Buffon  de  Duménil,  par  M.  Emile  Blan- 
chard ;  dans  VHistoire  des  Névroptères  de 
M.  Rambur  ,  faisant  partie  des  Suites  à 
Buffon  de  Roret  ;  dans  YHandbuch  der  en- 
tomologie de  M.  Burmeister;  dans  le  Bri- 
tish  entomologie  de  M.  Stephens;  dans  17- 
conographie  du  règne  animal  de  Cuvier,  par 
M.  Guérin-Méneville,  etc.    (E.  Desmarest.) 

NEVROPTERÏS.  bot.  cr.  —  Voy.  ned- 
ropteris. 

*NEVROSCIA(v£Spov,  nerf;  ax'a,  om- 
bre ).  ins.  —  Genre  d'Hémiptères  hétéroptè- 
res  géocorises ,  assez  voisin  de  celui  des 
Halys,  créé  par  MM.  Amyot  et  Serville  {Hé- 
miptères des  Suites  à  Buffon  de  Roret). 

Deux  espèces  entrent  dans  ce  genre  : 

Pentatoma  grata  Pal.-Beauv. ,  de  Saint- 
Domingue  ;  Halys  nubila  Fabr.  (  Syst . 
Rhyn.).  (E.  D.) 

NEVROSPERMA.  bot.  tu.  —  Foî/.nef- 
rosperma. 

NEZ.  Nasus.  anat.  ,  piiys.  —  On  dé- 
c""nc(,  chez  l'Homme,  sous  le  nom  de  Nez, 


636 


NEZ 


NEZ 


cette  partie  saillante ,  pyramidale,  triangu- 
laire ,  située  au  milieu  de  la  face ,  dont  le 
sommet,  appelé  racine ,  se  continue  avec  la 
partie  moyenne  et  inférieure  du  front ,  dont 
les  faces  latérales  constituent  les  ailes ,  et 
dont  la  base  présente  deux  ouvertures  ap- 
pelées narines.  La  charpente  du  Nez  est  for- 
mée supérieurement  par  deux  os  propres, 
dans  la  partie  moyenne  par  un  cartilage , 
et  inférieurement  par  plusieurs  fibro-carti- 
lages.  Quatre  muscles  impriment,  de  chaque 
côté ,  les  mouvements  nécessaires  à  la  por- 
tion mobile  de  l'organe. 

Les  narines ,  ouvertures  irrégulièrement 
ovalaires  qui  occupent  la  base  du  Nez,  sont 
les  oriûces  antérieurs  des  fosses  nasales; 
elles  sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  une 
cloison  en  partie  osseuse ,  en  partie  cartila- 
gineuse, formée  en  arrière  par  la  lame  eth- 
moïdale  jointe  au  vomer,  et  en  avant  par  le 
cartilage  nasal. 

Les  fosses  nasales  sont  deux  grandes  cavi- 
tés symétriques  ,  séparées  l'une  de  l'autre 
par  la  même  cloison  qui  sépare  les  narines; 
elles  sont  situées  dans  l'épaisseur  de  la  face, 
au-dessous  de  la  base  du  crâne,  au-dessus 
de  la  voûte  palatine,  au-devant  de  la  partie 
supérieure  du  pharynx  ,  entre  les  fosses  or- 
bitaires  ,  zygomatiques  et  maxillaires.  La 
paroi  inférieure  ou  plancher  en  est  formée 
par  la  portion  horizontale  des  os  maxillaire 
supérieur  et  palatin  ;  la  paroi  supérieure  ou 
voûte,  par  la  lame  criblée  de  l'ethmoïde  et  le 
corps  du  sphénoïde  ;  la  paroi  interne,  par  la 
face  correspondante  de  la  cloison  qui  sépare 
les  deux  cavités  ;  enfin  la  paroi  externe , 
plus  étendue  et  d'une  composition  plus  com- 
pliquée que  les  trois  autres ,  se  trouve  con- 
stituée par  l'os  maxillaire  supérieur,  l'os 
unguis  ou  lacrymal ,  l'ethmoïde ,  le  cornet 
inférieur,  l'os  palatin  et  le  sphénoïde.  Obli- 
que du  haut  en  bas  et  de  dedans  en  dehors, 
cette  paroi  présente  successivement  et  en 
remontant,  une  gouttière  profonde,  nommée 
méat  inférieur,  surmontée  du  cornet  sus- 
ethmoidal  ou  inférieur  ;  puis  le  méat  moyen, 
le  cornet  moyen  ;  enfin  le  méat  supérieur  et 
au-dessus  le  cornet  supérieur.  Les  deux  cor- 
nets supérieur  et  moyen  appartiennent  à 
l'ethmoïde  ,  tandis  que  le  cornet  inférieur 
constitue  un  os  particulier. 

Dans  les  trois  méats  se  remarquent  diffé- 
rentes ouvertures  qui  font  communiquer  les 


fosses  nasales,  soit  avec  les  voies  lacrymales, 
soit  avec  certaines  cavités  dites  sinus,  creu- 
sées dans  les  os  de  la  face,  et  qui  en  aug- 
mentent l'étendue.  Sans  cependant  concou- 
rir directement  à  la  fonction  qui  s'accomplit 
dans  l'organe  que  nous  décrivons ,  le  méat 
inférieur  présente  l'orifice  du  canal  lacrymal 
(  voyez  lacrymal  ).  Le  méat  moyen  offre  ,  à 
sa  partie  supérieure  et  antérieure,  l'ouver- 
ture commune  des  cellules  ethmoïdales  an- 
térieures qui  communiquent  avec  le  sinus 
frontal ,  et  un  peu  plus  bas  et  en  arrière  , 
celle  du  sinus  maxillaire  ;  enfin,  dans  le  méat 
supérieur,  se  trouve  l'orifice  des  cellules  eth- 
moïdales postérieures. 

L'ouverture  postérieure  de  chaque  fosse 
nasale  quadrilatère ,  mais  plus  étendue  en 
hauteur  qu'en  largeur,  est  limitée  en  haut 
par  le  corps  du  sphénoïde  ,  en  bas  par  la 
base  du  voile  du  palais ,  en  dedans  par  le 
vomer,  en  dehors  par  l'aile  interne  de  l'apo- 
physe ptérigoïde  appartenant  au  sphénoïde. 

Les  fosses  nasales  sont  tapissées  par  une 
portion  de  tégument  interne  ou  de  mem- 
brane muqueuse  désignée  plus  particulière- 
ment sous  le  nom  de  membrane  pituitaire 
ou  de  Scheidner,  et  qui  se  prolonge  dans  les 
cellules  et  dans  les  sinus.  Recouverte  d'un 
épiderme  sensible ,  et  garnie  de  poils  rudes 
au  voisinage  des  narines  ,  elle  se  modifie 
dans  les  parties  plus  profondes.  Perdant  son 
épithélium ,  elle  devient  plus  épaisse  ,  plus 
rouge,  comme  fongueuse ,  et  adhère  aux  os 
au  moyen  d'un  tissu  cellulaire  serré  ;  par- 
tout elle  est  abondamment  pourvue  de  fol- 
licules muqueux.  Changeant  encore  d'aspect 
en  pénétrant  dans  les  sinus  ,  elle  est,  dans 
ces  cavités  ,  mince  ,  lisse  ,  d'un  blanc  jau- 
nâtre ,  et  peu  adhérente  à  la  surface  des  os 
qu'elle  revêt. 

Le  Nez ,  considéré  dans  son  ensemble  , 
antérieurement  et  extérieurement,  reçoit  de 
nombreux  vaisseaux  qui  se  ramifient  prin- 
cipalement dans  l'épaisseur  du  tégument  in- 
terne. La  première  paire  de  nerfs  cérébraux 
(nerfs  olfactifs)  se  distribue  en  entier  aux 
fosses  nasales ,  qui  reçoivent  de  plus  des  fi- 
lets de  la  première  et  de  la  deuxième  bran- 
che du  nerf  trijumeau  ou  de  la  cinquième 
paire.  Les  muscles  des  parties  latérales  du 
Nez  et  la  peau  qui  les  recouvre  sont  amenés 
par  des  rameaux  provenant  du  nerf  facial 
(portion  dure  de  la  septième  paire).  Les  nerfi 


NEZ 


NEZ 


637 


olfactifs,  après  avoir  pris  naissance  à  la  par- 
tie postérieure  et  intérieure  de  la  face  infé- 
rieure du  lobe  antérieur  du  cerveau,  et  s'être 
renflés  en  bulbe  sur  la  lame  criblée  de  l'eth- 
moïde,  se  subdivisent  en  filets  dont  le  nom- 
bre et  le  volume  varient,  mais  qui  cepen- 
dant pénètrent  tous  dans  les  fosses  nasales 
en  passant  par  les  trous  de  cette  même  lame 
criblée.  Parvenus  dans  les  cavités  du  Nez , 
ces  filets  se  subdivisent  pour  venir  s'épanouir 
à  la  surface  de  la  portion  de  membrane  qui 
tapisse  la  cloison  et  les  deux  cornets  supé- 
rieurs :  le  cornet  inférieur,  non  plus  que  les 
cellules  ethmoïdales  et  les  sinus ,  ne  sem- 
ble recevoir  aucun  de  ces  filets.  Quant  aux 
filets  provenant  du  trijumeau  ,  ils  se  distri- 
buent à  toute  la  membrane  ,  envoyant  des 
anastomoses  fréquentes  au  nerf  olfactif,  qu'ils 
entourent  ainsi  complètement. 

Les  fosses  nasales  sont  le  siège  du  sens  de 
l'odorat,  sens  à  l'aide  duquel  sont  perçues 
les  odeurs.  Dans  l'état  actuel  de  la  science , 
les  odeurs  sont  considérées  comme  des  éma- 
nations, ou  plutôt  comme  des  molécules 
d'une  excessive  ténuité,  se  détachant  in- 
cessamment de  la  surface  du  corps,  qui  jouis- 
sent de  la  propriété  d'être  odorantes,  se  ré- 
pandant dans  l'atmosphère,  s'y  dissolvant 
en  quelque  sorte ,  ou  s'y  tenant  en  suspen- 
sion à  un  état  de  division  extrême. 

Chez  l'homme,  comme  chez  tous  les  ani- 
maux à  respiration  pulmonaire,  Volfaction, 
c'est  ainsi  que  l'on  désigne  la  formation  qui 
accomplit  le  sens  de  l'odorat,  l'olfaction 
s'effectue  par  le  passage  de  l'air  chargé  de 
molécules  odorantes  à  travers  les  fosses 
nasales;  ces  cavités  sont,  à  cet  effet,  tapis- 
sées ,  comme  nous  l'avons  vu  ,  par  une 
membrane  muqueuse  garnie  de  nombreuses 
papilles  nerveuses,  et  toujours  humectée,  à 
l'état  normal,  d'abondantes  mucosités  dans 
lesquelles  les  molécules  odorantes  sont ,  en 
quelque  sorte,  obligées  de  se  dissoudre  pour 
pouvoir  affecter  le  nerf  chargé  de  percevoir 
la  sensation. 

L'accomplissement  de  l'olfaction  ,  comme 
celui  des  autres  fonctions  sensorielles ,  exige- 
t-il  pour  première  condition,  chez  les  ani- 
maux supérieurs  au  moins,  l'existence  d'un 
nerf  spécial  qui  n'éprouve  d'impressions 
matérielles  et  de  modifications  correspon- 
dantes que  par  un  agent  déterminé ,  tel  que 
les  molécules  odorantes?  Cette  question, 


longtemps  résolue  par  l'affirmative ,  a  été 
mise  en  doute  dans  ces  vingt  dernières  an- 
nées, quelques  physiologistes  ayant  avancé 
que  le  nerf  olfactif  ne  faisait  que  partager 
avec  le  nerf  trijumeau  les  fonctions  d'olfac- 
tion. On  a  invoqué  à  ce  sujet  des  observa- 
tions de  Méry  et  de  Bérard ,  par  lesquelles 
l'intégrité  de  l'odorat  aurait  été  contestée  , 
malgré  l'induration  des  nerfs  olfactifs  ou 
des  lobes  antérieurs  du  cerveau. 

Le  nerf  olfactif  ne  se  distribue  qu'à  une 
certaine  région  des  fosses  nasales ,  et  l'on  a 
prétendu  que  les  odeurs  affectent,  à  un 
degré  plus  faible ,  il  est  vrai ,  toutes  les  par- 
ties de  ces  cavités  amenées  par  la  cinquième 
paire.  Il  est  de  fait,  néanmoins  ,  que  l'odo- 
rat ne  réside  que  dans  les  parties  qui  reçoi- 
vent les  filets  du  nerf  olfactif,  et  que  les 
odeurs  dirigées  sur  toute  autre  partie  du 
nez  ne  déterminent  pas  d'impression.  En- 
fin M.  le  professeur  Magendie  ,  allant  plus 
loin  encore,  refuse  la  faculté  de  percevoir 
les  odeurs  au  nerf  olfactif,  pour  en  gratifier 
le  nerf  trijumeau,  qu'il  regarde,  du  reste, 
comme  le  nerf  sensoriel  par  excellence  ,  et 
il  s'appuie  sur  une  série  d'expériences  dans 
lesquelles  la  destruction  des  nerfs  olfactifs 
n'a  point  aboli  la  faculté  de  sentir  le  vinai- 
gre ,  l'ammoniaque,  l'huile  de  lavande, 
l'huile  de  Dippel:  l'animal  dans  les  cavités 
nasales  duquel  l'on  introduit  l'une  de  ces 
substances  se  frotte  effectivement  le  nez 
avec  les  pattes  et  éternue.  Mais  peut-on 
raisonnablement  conclure  de  semblables 
faits  que  les  filets  du  nerf  trijumeau  per- 
çoivent les  odeurs?  L'animal  a-t-il  en  réa- 
lité éprouvé  une  impression  olfactive  par 
l'application  sur  la  membrane  pituitaire 
d'un  corps  très  irritant,  très  acre,  produi- 
sant une  sensation  tactile  plus  encore  qu'une 
sensation  olfactive,  et  dont  l'action  sur  la 
membrane  qui  recouvre  le  globe  de  l'œil  est 
analogue  à  celle  qu'il  détermine  sur  la  mem- 
brane qui  tapisse  la  cavité  nasale  ?  II  faut 
ajouter  que  l'expérimentateur  avoue  lui- 
même  qu'un  morceau  de  viande  enveloppé 
dans  du  papier  ne  fut  point  senti  par  un 
chien,  chez  lequel  on  avait  pratiqué  la  sec- 
tion du  nerf  olfactif. 

La  première  condition  de  l'odorat,  chez 
les  animaux  supérieurs,  est  donc  l'existence 
d'un  nerf  spécial  dont  les  changements 
matériels  sont  sentis  sous  forme  d'odeur,  et 


63S 


1NEZ 


NEZ 


ce  nerf  est  le  nerf  olfactif ,  puisque  nu!  autre 
ne  perçoit  et  ne  transmet  de  sensation  ol- 
factive ,  même  en  étant  sollicité  par  une 
cause  identique. 

L'impression  olfactive  a  lieu  surtout  à  la 
partie  supérieure  des  fosses  nasales  ,  là  où 
s'épanouissent  les  filets  du  nerf  olfactif  ; 
les  cavités  accessoires  du  Nez ,  ainsi  que 
le  constate  l'observation,  ne  servent  point 
à  l'olfaction.  Nous  avons  vu  plus  haut 
comment  agissaient  les  odeurs  :  les  molé- 
cules odorantes,  disséminées  dans  l'air  à 
l'état  de  gaz,  peut-être  même  de  pous- 
sière excessivement  ténue,  sont  amenées  à  la 
surface  de  la  membrane  muqueuse  par  les 
mouvements  inspiratoires.  L'air  qui  sort  de 
la  bouche  peut  aussi  faire  naître  la  sensa- 
tion d'odeurs,  quand  il  est  chargé  d'éma- 
nations développées,  soit  dans  les  organes 
respiratoires ,  soit  dans  les  organes  digestifs. 
Il  est  possible  de  diminuer  et  même  d'abolir 
l'olfaction  en  interceptant  mécaniquement 
le  passage  de  l'air  par  le  Nez;  on  l'exalte, 
au  contraire,  en  prolongeant  les  inspira- 
tions ,  ou  en  les  multipliant ,  en  flairant , 
en  un  mot.  De  ce  qui  précède ,  l'on  voit  que 
l'odorat,  comme  les  autres  sens  ,  peut  être 
soumis  à  l'empire  de  la  volonté,  bien  qu'évi- 
demment il  lui  arrive  le  plus  souvent  d'être 
impressionné  malgré  nous. 

Placé  comme  sentinelle  avancée  des  or- 
ganes de  la  digestion  et  de  la  respiration  , 
le  sens  de  l'odorat  sert  à  explorer  la  qualité 
de  l'air  qui  est  respiré  et  celle  des  aliments 
qui  vont  être  introduits  dans  l'estomac  ; 
sous  ce  point  de  vue,  il  peut  être  mis  sur 
la  même  ligne  que  le  goût  ;  cependant  il 
acquiert,  dans  quelques  circonstances,  un 
degré  de  développement  qui  lui  donne  une 
tout  autre  importance  :  il  devient  d'une, 
excessive  finesse  chez  les  aveugles,  ainsi 
que  chez  les  individus  qui  exercent  certaines 
professions ,  les  parfumeurs  ,  par  exemple  ; 
enfin  les  nègres,  et  d'autres  peuplades  sau- 
vages, ont  l'odorat  assez  subtil  pour  distin- 
guer de  très  loin  à  quelle  race  appartient 
l'homme  qui  les  approche. 

La  nature  des  impressions  produites  par 
le  sens  de  l'odorat  a  été  parfaitement  ap- 
préciée par  l'auteur  d'Emile,  et  nos  lecteurs 
nous  sauront  gré  sans  doute  de  voir  repro- 
duites ici  les  paroles  mêmes  de  l'éloquent 
écrivain. 


«  Le  sens  de  l'odorat,  dit-il ,  est  au  goût 
ce  que  celui  de  la  Yue  est  au  toucher  ;  il  le 
prévient,  il  l'avertit  de  la  manière  dont 
telle  ou  telle  substance  doit  l'affecter  ,  et 
dispose  à  la  rechercher  ou  à  la  fuir,  selon 
l'impression  qu'on  en  reçoit  d'avance.  J'ai 
ouï  dire  que  les  sauvages  avaient  l'odorat 
autrement  affecté  que  le  nôtre,  et  jugeaient 
tout  différemment  des  bonnes  et  des  mau- 
vaises odeurs.  Pour  moi ,  je  le  conçois 
bien.  Les  odeurs,  par  elles-mêmes,  sont  des 
sensations  faibles  ;  elles  ébranlent  plus  l'i- 
magination que  le  sens»  et  n'affectent  pas 
tant  par  ce  qu'elles  donnent  que  par  ce 
qu'elles  font  attendre 

»  L'odorat  est  le  sens  de  l'imagination. 
Donnant  aux  nerfs  un  ton  plus  fort,  il  doit 
beaucoup  agiter  le  cerveau;  c'est  pour  cela 
qu'il  ranime  un  moment  le  tempérament 
et  l'épuisé  à  la  longue.  Il  a  dans  l'amour 
des  effets  assez  connus 

»  L'odorat  ne  doit  donc  pas  être  fort  ac- 
tif dans  le  premier  âge,  où  l'imagination, 
que  peu  de  passions  ont  encore  animée, 
n'est  guère  susceptible  d'émotions ,  et  où 
l'on  n'a  pas  encore  assez  d'expérience  pour 
prévoir  avec  un  sens  ce  que  nous  en  promet 
un  autre.  Aussi  cette  conséquence  est-elle 
parfaitement  confirmée  par  l'observation,  et 
il  est  certain  que  ce  sens  est  encore  obtus  et 
presque  hébété  chez  la  plupart  des  enfants. 
Non  que  la  sensation  ne  soit  en  eux  aussi 
fine  et  peut-être  plus  que  dans  les  hommes, 
mais  parce  que,  n'y  joignant  aucune  autre 
idée  ,  ils  ne  s'en  affectent  point  aisément 
d'un  sentiment  de  plaisir  ou  de  peine ,  et 
qu'ils  n'en  sont  ni  flattés  ni  blessés  comme 
nous.  Je  crois  que ,  sans  sortir  du  même 
système,  et  sans  recourir  à  l'anatomie  com- 
parée, on  trouverait  aisément  la  raison  pour- 
quoi les  femmes  en  général  s'affectent  plus 
vivement  des  odeurs  que  les  hommes.  » 
{Emile,  liv.  2.) 

Bien  que  les  odeurs  puissent  être  divisées 
d'une  manière  générale  en  odeurs  suaves  et 
en  odeurs  fétides,  la  fétidité  et  la  suavité  ne 
sont  cependant  que  relatives  pour  l'homme 
même,  telle  odeur  insupportable  aux  uns 
étant  agréable  aux  autres  ;  et  à  plus  forte 
raison  ces  deux  propriétés  n'ont-elles  rien 
d'absolu  pour  les  animaux,  dont  quelques 
uns  recherchent  avec  avidité  les  odeurs  pour 
lesquelles  nous  avons  le  plus  de  répugnance. 


NEZ 


NEZ 


639 


Disons  aussi,  pour  ne  point  y  revenir,  que 
les  animaux  n'ont  pas  tous  la  même  apti- 
tude à  percevoir  les  odeurs;  et  il  doit  dé- 
pendre d'une  certaine  disposition  du  nerf 
olfactif  que  le  monde  odorant  d'un  Her- 
bivore, par  exemple,  diffère  totalement  de 
telui  d'un  Carnivore.  Les  Carnivores  ont 
an  nez  très  fin  pour  l'odeur  des  substances 
animales,  pour  suivre  à  la  piste,  mais  ils 
.ae  paraissent  point  sensibles  à  l'odeur  des 
plantes ,  des  fleurs.  L'homme  se  trouve 
placé  bien  au-dessous  d'eux  par  rapport  à 
la  finesse  de  l'odorat ,  mais  le  monde  de 
ses  odeurs  est  bien  plus  homogène.  Indé- 
pendamment de  l'odorat,  le  Nez  possède 
aussi  le  sens  du  toucher,  par  les  filets  na- 
saux du  trijumeau.  En  effet,  il  sent  le  froid, 
le  chaud,  les  démangeaisons,  le  chatouille- 
ment, la  pression,  la  douleur;  mais  ces 
nerfs  ne  sauraient  remplacer  le  nerf  olfac- 
tif, comme  le  démontre  l'exemple  des  indi- 
vidus qui,  privés  d'odorat,  n'en  ont  pas 
moins  une  sensibilité  tactile  très  dévelop- 
pée dans  le  nez. 

Jetons  maintenant  un  rapide  coup  d'œil 
sur  les  organes  olfactifs  des  Animaux  dans 
les  diverses  classes. 

Chez  les  Mammifères,  ces  organes,  quant 
à  la  conformation  générale  ,  présentent  une 
grande  analogie  avec  ceux  de  l'homme: 
ainsi  l'on  retrouve  chez  presque  tous  le 
nez,  les  fosses  nasales  avec  leurs  cornets, 
leurs  sinus,  etc.  ;  mais  la  disposition  parti- 
culière de  chacune  de  ces  parties  se  trouve 
plus  ou  moins  modifiée.  Le  nez  est  situé  le 
plus  ordinairement  à  l'extrémité  d'une  face 
allongée,  dont  il  est  la  partie  la  plus  sail- 
lante; dépourvu  de  poils  à  son  extrémité, 
toujours  enduit  d'une  humidité  muqueuse, 
il  devient  un  organe  d'une  extrême  finesse 
chez  le  Cochon,  par  exemple,  chez  la  Taupe, 
le  Tapir,  le  Phoque  à  trompe,  et  surtout 
chez  l'Éléphant.  Il  est  à  remarquer  de  plus 
que,  chez  tous  les  Mammifères,  les  narines 
sont  dirigées  en  avant,  tandis  que  chez" 
l'Homme  elles  le  sont  en  bas.  Les  sinus 
prennent  une  grande  extension  surtout 
chez  les  Ruminants;  ce  développement  pa- 
raît, du  reste,  n'avoir  aucune  corrélation 
avec  un  plus  grand  développement  du  sens 
olfactif;  il  n'en  est  pas  de  même  de  l'accrois- 
sement que  présentent  les  cornets,  et  sur- 
tout le  cornet  inférieur  subdivisé  à  l'infini, 


chez  les  Carnivores,  en  lames  et  lamelles 
qui  en  multiplient  la  surface.  Le  nerf  olfac- 
tif acquiert,  dans  la  même  classe,  un  vo- 
lume considérable  et  en  rapport  avec  les 
parties  auxquelles  il  doit  se  distribuer.  Il 
est  cependant  certains  Mammifères  dont  les 
organes  olfactifs  sont  loin  d'être  disposés 
aussi  favorablement:  ce  sont  les  Cétacés, 
chez  lesquels  l'existence  de  l'odorat  est  ré- 
voqué en  doute.  Voy.  cétacés. 

Le  Nez  n'existe  pas  chez  les  Oiseaux  ;  les 
narines,  s'ouvrant  plus  ou  moins  près  de  la 
base  du  bec,  sont  séparées  par  les  os  inter- 
maxillaires qui  remontent  jusqu'au  frontal  ; 
souvent  recouvertes  par  des  plaques  cartila- 
gineuses, des  expansions  membraneuses,  des 
excroissances  charnues,  des  plumes,  des 
poils,  qui  en  rétrécissent  la  cloison,  elles  ne 
sont  jamais  contractiles. 

Les  cavités  nasales  présentent  une  certaine 
ampleur  qu'augmentent  encore  trois  cornets 
cartilagineux,  mais  simplement  contournés 
sur  eux  mêmes;  elles  communiquent,  dit 
Scarpa ,  par  le  plus  inférieur  de  ces  cornets 
avec  une  poche  sous  orbitaire  qui  fait  saillie 
sous  la  peau,  quand  elle  est  remplie  d'air,  et 
qui  remplace  le  sinus.  La  cloison  est  large- 
ment perforée,  chez  les  Palmipèdes,  comme 
pour  suppléer  à  l'occlusion  de  l'une  des  na- 
rines, quand  l'animal  barbottedans  la  boue. 
Les  arrière-narines  se  confondent  en  une 
seule  fente  longitudinale,  garnie  le  plus  sou- 
vent de  papilles  pointues,  rangées  en  arrière 
et  pouvant,  jusqu'à  un  certain  point,  rem- 
placer le  voile  du  palais;  cette  fente  est  si- 
tuée assez  loin,  postérieurement  et  visa-vis 
de  la  glotte.  La  membrane  pituitaire,  très 
vasculaire,  est  mince  etd'un  tissu  spongieux. 
Les  nerfs  olfactifs,  généralementvolumineux, 
varient  cependant  dans  les  différents  ordres: 
d'une  médiocre  grosseur  chez  les  Gallinacés 
et  les  Passereaux,  ils  sont  plus  volumineux 
chez  les  Rapaces  et  les  Palmipèdes,  pour  ac- 
quérir leur  plus  grand  développement  chez 
les  Échassiers  où  ils  sont  proportionnés  à  l'am- 
pleur des  cornets  supérieurs. 

Bien  que  l'odorat  soit  indubitablement 
d'une  grande  finesse  chez  certains  Oiseaux  , 
chez  les  Rapaces,  par  exemple,  il  y  a  lieu  de 
croire  que  ce  sens  est  fortement  aidé  dans 
ses  investigations  par  celui  de  la  vue,  non 
moins  subtil  chez  ces  animaux. 

Les  Reptiles  ont  la  respiration  pulmonaire, 


640 


NEZ 


et  cependant  ils  se  trouvent  dans  des  condi- 
tions particulières,  si  on  les  compare  aux 
animaux  des  deux  classes  précédentes.  Chez 
eux,  la  respiration  est,  pour  ainsi  dire,  arbi- 
traire et  jusqu'à  un  certain  point  volontaire  ; 
l'animal,  dans  le  plus  grand  nombre  de  cas, 
fait,  à  de  longs  intervalles,  parvenir  de  gran- 
des quantités  d'air  dans  ses  vastes  poumons, 
et  l'action  de  ceux-ci  s'exerce  lentement;  il 
faut  ajouter  que  l'entrée  et  la  sortie  de  cet 
air  s'opèrent  brusquement,  en  sorte  que  la 
nature  et  les  qualités  ne  peuvent  en  être 
appréciées  qu'à  des  intervalles  éloignés  et 
pendant  de  très  courts  instants.  En  observant 
les  mœurs  de  ces  animaux,  on  reconnaît,  en 
outre,  qu'il  est  bien  peu  de  circonstances 
dans  lesquelles  l'odorat  les  dirige  pour  re- 
chercher ou  choisir  leurs  aliments  et  même 
pour  se  rapprocher  des  individus  d'un  autre 
sexe  au  temps  de  l'accouplement;  aussi  l'ap- 
pareil olfactif  est-il  très  peu  développé  dans 
cette  classe,  et  les  modifications  que  présen- 
tent les  fosses  nasales  dans  leur  disposition 
sont-elles  plutôt  en  rapport  avec  les  diffé- 
rents modes  de  déglutition  et  de  respiration 
qu'avec  la  nécessité  de  percevoir  les  odeurs. 
Le  plus  souvent  ces  cavités  ne  sont  formées 
que  par  deux  conduits  simples,  courts,  ta- 
pissés par  une  membrane  s'ouvrant  à  l'exté- 
rieur par  des  narines  garnies,  chez  les  Rep- 
tiles aquatiques,  de  valvules  ou  soupapes 
qui  en  déterminent  l'occlusion  quand  il  y  a 
lieu,  et  présentant  à  l'intérieur  des  ouvertu- 
res dont  la  disposition  varie. 

Les  cavités  nasales  des  Crocodiles  sont 
néanmoins  plus  compliquées;  elles  ont  plus 
de  longueur;  elles  offrent  des  replis  osseux, 
de  véritables  cornets  et  des  sortes  de  sinus 
qui  constituent  l'organe  olfactif  le  plus  par- 
fait qui  se  rencontre  dans  la  classe  des  Rep- 
tiles. Chez  les  Batraciens,  au  contraire,  ce 
même  organe  est  à  peine  éhauché  ;  ce  n'est 
qu'un  simple  pertuis  percé  d'outre  en  outre, 
du  bout  du  museau  à  la  partie  antérieure  du 
palais,  derrière  la  lèvre  supérieure.  Enfin, 
presque  oblitéré  chez  les  Reptiles  à  branchies 
qui  ne  respirent  que  par  la  bouche ,  il  con- 
sisteen  une  double cavitéoblongue,  s'ouvrant 
extérieurement  à  l'extrémité  du  museau,  et 
intérieurement  à  la  face  interne  de  la  lèvre 
supérieure.  Outre  cette  conformation,  qui  les 
rapproche  des  Poissons ,  les  Reptiles  bran- 
chies présentent  en  outre  un  plissement  de 


NEZ 

la  membrane  pituitaire  qui  en  multiplie  la 
surface.  Nous  retrouvons  aussi  cette  disposi- 
tion dans  la  classe  suivante. 

Malgré  le  peu  de  finesse  constatée  ou  sup- 
posée de  l'odorat  des  Reptiles,  il  est  à  re- 
marquer que  le  nerf  olfactif,  très  développé 
chez  eux,  forme  un  véritable  lobe  parfois 
aussi  volumineux  que  la  moitié  de  l'hémi- 
sphère cérébral. 

Chez  les  Poissons,  la  respiration  pulmo- 
naire est  remplacée  par  la  respiration  bran- 
chiale ;  aussi  trouvons-nous  dans  cette  classe 
une  tout  autre  conformation  de  l'organe 
olfactif.  Le  plus  souvent  les  cavités  nasales 
sont  de  petites  fosses  superficielles  sans  com- 
munication avec  l'intérieur,  s'ouvrant  exté- 
rieurement chacune  par  un  et  quelquefois 
par  deux  orifices,  et  tapissées  par  une  mem- 
brane à  plis  nombreux,  appliqués  les  uns  sur 
les  autres  comme  des  lames  branchiales.  La 
Baudroie  présente  une  disposition  toute  par- 
ticulière: les  organes  olfactifs,  en  forme  de 
petites  cloches  pédonculées,  font  saillie  au 
dehors. 

Les  cavités  nasales  des  Poissons  cyclos- 
tomes  sont  réunies  en  une  seule,  qui,  chez 
les  Myxinoïdes,  traverse  le  palais  et  s'ou- 
vre dans  la  bouche.  Pour  les  Poissons,  les 
matières  susceptibles  d'affecter  l'odorat  sont 
évidemment  contenues  dans  l'eau  ;  et  cet 
état  de  dissolution  ne  paraît  point  être  un 
obstacle  aux  sensations  olfactives,  qui  sem- 
blent très  délicates  chez  les  Raies,  chez  les 
Squales,  pourvus  d'un  volumineux  lobe  ol- 
factif à  cavité  intérieure. 

Arrivés  aux  animaux  invertébrés,  nous 
ne  rencontrons  plus  de  cavités  nasales;  et 
cependant  on  ne  saurait  refuser  l'odorat 
aux  Mollusques,  aux  Articulés:  aussi  les 
hypothèses  sont-elles  nombreuses  sur  le  siège 
du  sens  olfactif  chez  ces  animaux.  Le  pro- 
fesseur de  Blainville  place  l'odorat  dans  les 
tentacules  des  Mollusques  supérieurs;  Spix 
attribue  le  même  usage  aux  petites  cornes 
des  Limaçons  ainsi  qu'aux  courts  bras  des 
Seiches;  Owen  donne  la  faculté  olfactive  à 
un  organe  lamelleux  placé  au-dessus  de  la 
bouche  du  Nautile. 

Chez  les  Crustacés  décapodes  (Écrevisse, 
Crabe) ,  animaux  aquatiques ,  il  existe  dans 
l'article  basilaire  des  antennes  intérieures, 
ou  internes,  une  petite  cavité  s'ouvrant  à 
l'extérieur,  et  contenant  un  petit  appareil 


NIC 

membraneux,  auquel  aboutit  un  nerf  pro- 
venant du  bord  antérieur  du  gangl/^n  cé- 
rébral ;  cet  appareil ,  au  dire  de  quelques 
naturalistes,  et  entre  autres  de  Rosenthal, 
serait  un  appareil  olfactif,  tandis  que,  se- 
lon M.  le  professeur  Milne  Edwards,  ce  se- 
rait un  organe  auditif  {voyez  crustacés). 

Pour  les  Insectes  ,  les  différentes  opinions 
se  sont  multipliées.  Raisonnant  par  induc- 
tion ,  Cuvier  et  le  professeur  Duméril  ont 
placé  le  siège  de  l'odorat  dans  les  stigmates, 
oriOces  des  trachées  ou  conduits  respira- 
toires de  ces  animaux;  et,  en  conséquence 
de  cette  première  induction ,  le  même  usage 
a  été  attribué,  par  ces  savants  ,  aux  ouver- 
tures des  trachées  et  des  sacs  pulmonaires 
des  Arachnides,  ainsi  qu'à  l'expansion  mem- 
braneuse qui  accompagne  les  branchies  des 
Crustacés. 

Lyonnet,  Marcel  de  Serres,  ont  regardé 
les  palpes  comme  des  organes  olfactifs. 
MM.  de  Blainville  et  Robineau-Desvoidy, 
regardant  comme  identiques,  chez  les  Ver- 
tébrés et  les  Invertébrés  ,  les  nerfs  qui  nais- 
sent en  avant  des  nerfs  optiques,  et  consi- 
dérant par  conséquent  les  nerfs  ou  antennes 
comme  des  nerfs  olfactifs,  ont  placé  l'odo- 
rat dans  les  appendices  que  nous  venons  de 
nommer.  Réaumur,  Rœsel ,  Carus  ,  ont  mis 
en  avant  d'autres  considérations  pour  attri- 
buer l'olfaction  aux  mêmes  parties  (voyez 

ANTENNES). 

De  toutes  les  opinions  que  nou's  venons 
de  faire  passer  sous  les  yeux  de  nos  lec- 
teurs ,  aucune  ne  repose  sur  des  faits  assez 
certains  pour  prendre  place  dans  le  do- 
maine de  la  science;  aussi,  les  savants  au- 
teurs des  articles  crustacés  et  insectes  (voy. 
ces  mots)  se  sont-ils  abstenus  de  pronon- 
cer, en  déclarant  que,  malgré  l'existence 
démontrée  de  l'odorat  chez  ces  animaux,  il 
n'y  a  rien  de  positif  concernant  les  organes 
affectés  à  ce  sens.  (A.  Duponchel.) 

MBORA,  Rafinesq.  {Flor.  ludov.,  36). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Gratiola,  R.  Br. 

MCANDRA.  bop.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Solanacées ,  tribu  des  Solanées  , 
établi  par  Adanson  (Fam.,  II,  219).  Herbes 
du  Pérou.  Voy.  solanacées.— Schreb.  (Gcn., 
n.  714),  syn.  de  Potalia,  Aubl. 

NICANIA.  moll.  —  Genre  proposé  paf 
Leach  pour  des  Conchifères  dimyaires  à  co- 
quille orbiculée- triangulaire,   ayant  une  l 

T.  VIII. 


NIC 


641 


forte  dent  bifide  à  la  valve  droite  et  deux 
dents  divergentes  entières  à  la  valve  gauche. 
Ce  genre,  imparfaitement  connu,  a  été 
classédans  le  voisinage  des  Cythérées.  (Dm.) 
NICKEL  (mot  suédois),  min.  —  Corps 
simple  métallique,  peu  répandu  dans  la 
nature ,  où  il  se  trouve  à  l'état  de  combi- 
naison avec  le  soufre ,  l'antimoine ,  l'arse- 
nic et  l'acide  arsénique.  Lorsqu'il  est  pur,  il 
est  d'un  blanc  argentin,  inaltérable  à  l'air, 
très  ductile;  il  est  un  des  trois  métaux  qui 
sont  magnétiques  par  eux-mêmes  ;  sa  pe- 
santeur spécifique  est  de  8,38.  A  une  tem- 
pérature rouge,  il  absorbe  l'oxygène  et  se 
transforme  en  oxyde  vert.  Sa  dissolution  par 
l'acide  azotique  est  verte  ;  elle  devient 
bleue  par  l'addition  de  l'ammoniaque.  Le 
Nickel  est  la  base  d'un  genre  minéralo- 
gique,  comprenant  six  espèces  : 

1.  Nickel  sulfuré.  Nickel  natif  d'Haûy; 
Haarkies,  W.;  Pyrite  capillaire.  Sulfure  sim- 
ple, cristallisant  dans  le  système  hexagonal, 
d'un  éclat  métalloïde  et  de  couleur  vert- 
jaunàtre,  en  filaments  capillaires  très  fra- 
giles. Très  rare;  dans  les  filons  de  la  Saxe, 
sur  une  gangue  siliceuse. 

2.  Nickel  antimonial.  Antimonnickel ,  de 
Housmann.  Antimoniure  simple  de  Nickel, 
de  couleur  rouge,  isomorphe  avec  l'espèce 
suivante ,  cristallisant  dans  le  système  hexa- 
gonal, en  petites  tables  minces,  dérivant 
d'un  dihexaèdre  de  112°  10'.  A  Andreas- 
berg,  au  Harz. 

3.  Nickel  arsenical.  Kupfernickel ,  W.; 
Nickéline  rouge.  Substance  métalloïde  d'un 
jaune-rougeâtre  tout  particulier;  pesanteur 
spécifique,  6,6.  Cristaux  très  rares,  se  rap- 
portant au  système  hexagonal,  et  dérivant 
d'un  dihexaèdre  de  86°  50'.  Elle  contient 
44  p.  0/0  de  Nickel.  Ce  minerai  ne  se  trouve 
guère  qu'en  petites  masses  compactes,  avec 
ceux  de  Cobalt,  dont  il  est,  pour  ainsi  dire, 
inséparable.  A  la  mine  d'Allemont ,  en 
France;  en  Saxe,  en  Bohême;  à  Nieber, 
dans  le  Hanau. 

4.  Nickel  biarséniuré.  Nickéline  blan- 
che. Contenant  28,2  de  Nickel  sur  100; 
pesanteur  spécifique,  6,5.  Substance  métal- 
loïde, d'un  blanc  d'étain,  cristallisant  dans  le 
système  cubique,  et  isomorphe  avec  la  Smal- 
tine  ou  le  Cobalt  arsenical.  ARiechelsdorf , 
en  Hesse. 

5.  Nickel  antimoni- sulfuré.  Disomose, 

81 


642 


NIC 


NIC 


Beudant.  Nickel  gris;  isomorphe  avec  le 
Cobalt  gris,  et  composé  d'un  atome  de  bi- 
sulfure et  d'un  atome  de  bi  arséniure.  D'un 
blanc  d'argent  tirant  sur  le  gris  d'acier; 
pesanteur  spécifique,  6,12.  A  Loos,  enHel- 
singland ,  Suède. 

6.  Nickel  arséniaté.  Nickelocre.  Substance 
verte,  pulvérulente,  faible  sur  le  charbon, 
avec  dégagement  de  vapeur  arsenicale,  at- 
taquable par  l'acide  azotique  ;  solution  pré- 
cipitant en  vert  par  les  alcalis  fixes.  On  la 
rencontre,  sous  forme  de  poussière,  à  la 
surface  du  Nickel  arsenical.  Ces  deux  es- 
pèces sont,  de  tous  les  minerais  de  Nickel, 
celles  qui  se  rencontrent  le  plus  souvent 
dans  la  nature,  et  qui  servent  à  la  prépara- 
tion du  Nickel  pur. 

Indépendamment  des  modes  de  gisements 
qui  précèdent,  nous  devons  encore  indiquer 
une  manière  d'être  fort  remarquable  du 
Nickel,  qui  montre  que  peut-être  il  appar- 
tient à  d'autres  mondes  que  le  nôtre  ;  il  se 
trouve  constamment  avec  le  fer  dans  les 
météorites,  ces  masses  métalliques  ou  pier- 
reuses qui  tombent  du  ciel.  Le  Nickel  est 
presque  sans  usages;  cependant,  comme  il 
peut  s'allier  avec  une  forte  proportion  de 
cuivre  sans  perdre  sa  couleur  blanche,  on  a 
imaginé  de  tirer  parti  de  cette  propriété 
pour  faire  des  alliages  destinés  à  remplacer 
l'argenterie.  Ils  sont  connus  sous  le  nom  de 
Maillechort  d'argent  de  Berlin.       (Del.) 

*NICOLETIA.  (nom  propre),  puys.  — 
C'est  un  genre  de  l'ordre  des  Thysanures, 
établi  par  M.  P.  Gervais  et  dont  les  carac- 
tères peuvent  être  ainsi  exprimés  :  Corps  sub- 
allongé, aplati,  sans  écailles;  thorax  à  peine 
plus  large  que  l'abdomen,  les  trois  segments 
subégaux;  antennes  longues,  sétacéo-monili- 
formes  ;  yeux  (1)  au  nombre  de  sept  de  chaque 
côté  ;  trois  filets  terminaux  moyennement 
longs;  fausses  pattes  branchiales  de  l'abdo- 
men très  apparentes.  Ce  genre,  que  M.  P.  Ger- 
vais a  dédié  à  M.  Nicolet,  ne  comprend  encore 
que  deux  espèces  que  nous  avons  quelquefois 
rencontrées  dans  les  bois  des  environs  de 
Paris,  et  dans  les  jardins  ou  dans  les  serres 
du  Muséum.  LaNicoLÉTiE  botaniste  ,  Nicole- 
tia  phytophila  Gerv.  {Hist.  nat.  des  Ins. 
apt.,  tom.  III,  pag.  4*4,  n.  2)  peut  être 
considérée  comme  le  type  de  ce  nouveau 

(i)  C'est  à  tort  que  M.  P.  Gervais  ne  donne  pas  d'yeux  aux 
ipèces  qui  composent  cette  nouvelle  coupe  générique. 


genre.  Elle  a  été  particulièrement  trouvée 
dans  les  serres  chaudes  du  Muséum,  sous 
les  pots  et  dans  la  tannée  qui  sert  à  les 
placer.  (H.  L.) 

MCOLSONIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Légumineuses-  ?a- 
pilionacées,  tribu  des  Hédysarées,  établi  par 
De  Candolle  (  Mém.  Légum. ,  VII ,  t.  51  ; 
Prodr.,  II,  325).  Herbes  de  l'Amérique  tro- 
picale. Voy.  LÉGUMINEUSES. 

*  NICOUfBAR.  ois. — Division  du  groupe 
des  Pigeons  {voy.  ce  mot)  d'après  M.  Lesson 
(Traité  d'or  nith.,  1831).  Voy.  pigeon. 

NÏCOTHOÉ  (nom  mythologique),  crust. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Siphonostomes, 
établi  par  MM.  Audouin  et  Milne  Edwards, 
et  rangé  par  ce  dernier  savant  dans  la  fa- 
mille des  Pachycéphales ,  et  dans  la  tribu 
des  Ergasiliens.  Les  Nicothoés  ressemblent 
aux  Ergasilus  et  Bolomocus  (voy.  ces  mots) 
par  la  conformation  de  la  plupart  des  an- 
neaux de  leurs  corps,  mais  se  distinguent 
de  ces  animaux  ainsi  que  de  tous  les  Crus- 
tacés connus  par  l'énorme  développement 
de  la  portion  postérieure  de  leur  thorax, 
qui  se  prolonge  de  chaque  côté,  en  forme 
de  lobes  arrondis,  dont  la  grosseur  dépasse 
de  beaucoup  celle  de  tout  le  reste  du  corps, 
et  donne  à  celui-ci  l'apparence  d'un  fer  à 
cheval,  entre  les  deux  branches  duquel  se 
trouve  un  petit  prolongement  conique  don- 
nant attache  à  deux  gros  sacs  ovifères. 

Dans  ce  singulier  genre,  la  tête  est  ar- 
rondie; la  bouche  occupe  la  face  inférieure 
de  cet  organe,  et  paraît  avoir  la  forme  d'un 
suçoir  court  et  obtus.  On  distingue,  près  du 
bord  frontal  de  la  tête ,  deux  yeux  circu- 
laires, et  au-dessous  de  ce  bord  une  paire 
de  petites  antennes  sétacées  et  multiarticu- 
Iées.  En  arrière  du  bouclier  céphalique,  sur 
la  face  dors'ale  de  l'animal,  on  aperçoit  trois 
petites  bandes  transversales,  qui  sont  les 
représentants  d'autant  d'anneaux  tbora- 
ciques.  Le  troisième  anneau  est  arrondi  et 
représente  de  chaque  côté  l'orifice  des  or- 
ganes de  la  génération.  Quant  à  l'abdomen, 
il  est  conique ,  composé  de  trois  anneaux 
bien  distincts ,  et  terminé  par  deux  petits 
lobes  sétifères.  Les  pattes  proprement  dites 
sont  très  petites,  au  nombre  de  quatre 
paires,  dont  les  trois  premières  sont  situées 
très  près  de  la  tête,  et  la  dernière  beaucoup 
plus  en  arrière.  Les  sacs  ovifères  qui  nais- 


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sent  du  dernier  segment  thoracique  au-des- 
sous d'une  petite  pièce  sétifère,  sont  ovoïdes 
et  si  gros ,  qu'ils  égalent  presque  les  lobes 
thoraciques. 

On  ne  connaît  pas  les  mâles  de  ces  Crus- 
tacés singuliers.  Les  jeunes,  en  sortant  de 
s  l'œuf,  ressemblent  à  de  petits  Gyclopes ,  et 
tn'ont  pas  encore  les  lobes  thoraciques  qui, 
à  l'âge  adulte,  donnent  à  ces  animaux  un 
aspect  si  bizarre. 

On  ne  connaît  encore  qu'une  seule  es- 
pèce de  ce  genre  :  c'est  le  Nicothoé  du  ho- 
mard, Nicolhoe  Astaci  Aud.  et  Edw.  Cette 
espèce,  longue  de  2  millimètres,  est  d'une 
couleur  rosée,  et  habite  sur  les  branchies 
du  Homard,  où  elle  est  quelquefois  fort 
commune.  (H.  L.) 

NICOTIANE.  Nicotiana  (du  nom  de  Jean 
Nicot ,  l'introducteur  du  Tabac  en  France). 
bot.  ph.  —  Genre  de  plantes  de  la  famille 
des  Solanées  ,  de  la  Pentandrie  monogynie 
dans  le  système  de  Linné.  Établi  d'abord  par 
Tournefort,  il  avait  été  adopté  par  Linné  et 
les  botanistes  postérieurs  qui  avaient  quel- 
que peu  étendu  sa  circonscription;  mais, 
dans  ces  derniers  temps,  on  l'a  rendu  plus 
homogène  en  en  détachant  quelques  espèces, 
dont  les  unes  sont  devenues  les  types  des 
deux  genres  Pétunia  [voy.  pétunie)  et  Leh- 
mannia;  dont  les  autres  ont  été  reportées 
dans  d'autres  genres  ,  savoir  :  le  Nicotiana 
minima  Molina,  parmi  les  Nierembergia ;  et 
le  JV.  urens  Lin.,  parmi  les  Wigandia 
Kunth  ,  genre  de  la  famille  des  Hydroléa- 
cées.  Malgré  ces  suppressions,  peu  nombreu- 
ses ,  il  est  vrai,  le  genre  Nicotiane  renferme 
encore  aujourd'hui  environ  40  espèces  con- 
nues. Ce  sont  des  plantes  herbacées ,  quel- 
quefois sous-frutescentes,  souvent  de  haute 
taille,  revêtues  pour  la  plupart  d'une  villo- 
sité  gluante,  qui  croissent  généralement 
dans  les  parties  tropicales  de  l'Amérique,  et 
dont  un  petit  nombre  habitent  les  contrées 
.chaudes  de  l'Asie.  Leurs  feuilles  sont  alter- 
nes, entières;  leurs  fleurs,  blanchâtres, 
verdàtresou  purpurines,  forment  des  grap- 
pes ou  des  panicules  terminales  ;  elles  pré- 
sentent les  caractères  suivants  :  Calice  tubu- 
leux-campanulé  ,  à  5  lobes  peu  profonds  ; 
corolle  infundibuliforme  ou  hypocratéri- 
morphe,  à  limbe  plissé,  5-lobé;  Sétamines 
insérées  sur  le  tube  de  la  corolle  ,  incluses, 
égales  ;  anthères  à déhiscence  longitudinale; 


ovaire  à  2  loges  multi-ovulées ,  surmonté 
d'un  style  simple  que  termine  un  stigmate 
en  tête.  Le  fruit  est  une  capsule  entourée 
par  le  calice  persistant,  2-Ioculaire,  s'ou- 
vrant  au  sommet  en  deux  valves  qui  se  fen- 
dent elles-mêmes  en  deux;  graines  très  pe- 
tites et  très  nombreuses.  Les  feuilles  de 
plusieurs  espèces  de  ce  genre  donnent  diver- 
ses sortes  de  Tabacs;  telles  sont:  la  Nico- 
tiane Tabac  ,  la  plus  importante  de  toutes  ; 

les  NlCOTIANES  RUSTIQUE  ,  PANICULÉE  ,  GLUTI- 
NEUSE,  QUADR1VALVE,  FRUTESCENTE,  etc.   NOUS 

nous  arrêterons  sur  les  principales  de  ces 
espèces,  en  les  rapportant  aux  divisions  qui 
ont  été  établies  par  G.  Don  dans  le  genre 
entier. 

a.  Tabacnm.  Feuilles  grandes  ;  corolle  en 
entonnoir,  rouge,  à  limbe  étalé,  acuminé  ou 
aigu,  à  gorge  renflée-ventrue.  Herbes  gluti- 
neuses.  Fleurs  disposées  en  grappes  courtes, 
réunies  elles  -  mêmes  en  panicule  termi- 
nale. 

1 .  Nicotiane  Tabac  ,  Nicotiana  Tabacum 
Lin.  Cette  espèce  croît  naturellement  dans 
l'Amérique  méridionale;  on  sait  toute  l'im- 
portance que  sa  culture  et  sa  préparation 
ont  acquise  en  Europe  depuis  environ  deux 
siècles.  C'est  une  grande  et  belle  plante  qui 
atteint,  à  l'état  cultivé,  jusqu'à  2  mètres  et 
même  plus  de  hauteur;  elle  est  pubescente 
et  glutineusedans  toutes  ses  parties.  Sa  tige 
est  droite,  arrondie,  épaisse,  rameuse  dans 
sa  partie  supérieure;  ses  feuilles  ,  de  gran- 
deur et  de  forme  un  peu  variables  par  l'effet 
de  la  culture  ,  sont  dans  le  type  oblongues- 
lancéolées,  acuminées,  très  entières,  sessiles, 
embrassantes  et  décurrentes;  ses  fleurs  sont 
pédicellées,  accompagnées  d'une  bractée  li- 
néaire-lancéolée, grandes  et  d'un  assez  bel 
effet;  leur  calice  est  oblong,  à  divisions 
droites,  inégales,  aiguës  ;  leur  corolle  est  trois 
fois  environ  plus  longue  que  le  calice  ,  à 
tube  verdâtre,  pubescent,  à  limbe  rosé  étalé, 
divisé  en  5  lobes  ovales,  aigus,  marqués 
d'un  pli  ;  les  filets  de  leurs  étamines  portent 
à  leur  base  des  poils  réfléchis.  La  capsule 
est  ovoïde,  longue  de  2-3  centimètres,  de 
même  longueur  que  le  calice  qui  l'enve- 
loppe, ou  plus  longue. 

La  culture  a  obtenu  de  cette  plante  plu- 
sieurs variétés  qu'il  est  bon  de  connaître, 
et  pour  lesquelles  nous  suivrons  un  mémoire 
deSchrank  [Bolan.  Bcobachtungcn,  dans  le 


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Botanische  Zeitung  de  Hoppe,  6e  an.,  1807, 
p.  260). 

a.  N.  T.  attenuatum  Schrank.  Lobes  de 
la  corolle  aigus;  feuilles  lancéolées,  aiguës, 
presque  décurrentes,  atténuées  à  leur  base  , 
les  inférieures  grandes;  corolle  rouge-clair. 
/S-  N.  T.  macrophyllum  Schrank.  Corolle 
à  lobes  obtus ,  d'un  rose-rouge  pâle,  à  con- 
tour général  presque  arrondi  ou  faiblement 
pentagonal,  avec  une  pointe  courte  dans  \es 
angles  ;  pétiole  très  court ,  ailé  ,  dilaté  à  sa 
base  qui  embrasse  la  tige.  C'est  une  des  va- 
riétés les  plus  avantageuses  pour  la  culture 
à  cause  de  la  grandeur  de  ses  feuilles. 

y.  N.  T.  pallescens  Schrank.  Lobes  de  la 
corolle  aigus;  feuilles  ovales,  légèrement 
acuminées ,  atténuées  à  la  base,  sessiles  , 
presque  décurrentes.  Le  nom  de  cette  variété 
tient  à  ce  que  sa  fleur  est  presque  blanche,  à 
peine  colorée  en  rose-  rouge  aux  angles,  très 
pâle  à  sa  face  externe. 

S.  N.  T.  alipes  Schrank.  Lobes  de  la  co- 
rolle acuminés;  feuilles  ovales,  très  légère- 
ment acuminées,  atténuées  à  leur  base  en 
un  pétiole  largement  ailé,  à  ailes  réfléchies, 
demi-embrassantes  et  un  peu  décurrentes  ; 
fleurs  rose-rouge  pâle.  Cette  variété  paraît 
être  la  plus  avantageuse  pour  la  culture, 
ses  feuilles  étant  encore  plus  grandes  que 
celles  de  la  seconde,  malgré  le  nom,  légitime 
d'ailleurs,  que  porte  celle-ci. 

e.  N.  T.  serotinum  Schrank.  Feuilles  ova- 
les ,  très  brièvement  acuminées ,  presque 
pétiolées,  auriculées-amplexicaules,  à  peine 
décurrentes.  Cette  variété  se  distingue  par- 
ticulièrement en  ce  que  sa  floraison  n'a  lieu 
que  lorsque  les  autres  sont  presque  toutes 
déjà  défleuries. 

Ç.  N.  T.  gracilipes  Schrank.  Lobes  de  la 
corolle  aigus  :  feuilles  lancéolées-aiguës,  très 
atténuées  à  leur  base  où  elles  forment  un  pé- 
tiole court,  ailé,  à  peine  décurrent.  La  fleur 
ressemble  à  celle  de  la  première  variété  ,  la 
plante  a  celle  de  la  précédente. 

vj.  N.  T.  Verdon  Schrank.  Feuilles  pétio- 
lées ,  ovales-lancéolées ,  à  sommet  aigu  un 
peu  allongé;  pétiole  demi-cylindrique,  un 
peu  décurrent  à  sa  base.  Cette  variété  a  la 
fleur  grande  et  tardive. 

0.  N.  T.  lingua  Schrank.  Lobes  de  la  co- 
rolle aigus  allongés  ;  feuilles  pétiolées,  ovales, 
à  extrémité  aiguë,  un  peu  longue;  pétiole 
égalant  en  longueur  1/8  de  toute  la  feuille, 


très  légèrement  bordé  et  auriculé  seulement 
à  sa  base. 

Ces  diverses  variétés,  simple  produit  de  la 
culture  ,  présentent  assez  souvent  des  tran- 
sitions de  l'une  à  l'autre  pour  que  leur  dis- 
tinction ne  soit  pas  toujours  facile.  Il  en  est 
encore  quelques  autres  moins  marquées  et 
plus  difficiles  à  distinguer  ,  que  nous  passe- 
rons sous  silence. 

Quelle  que  soit  la  variété  de  Nicotiane 
Tabac  qu'on  examine,  les  diverses  parties  de 
la  plante  ,  et  particulièrement  ses  feuilles  , 
exhalent  une  odeur  forte ,  vireuse  et  dés- 
agréable, qui  se  modifie  plus  tard  par  la  fer- 
mentation ,  et  devient  ainsi  celle  du  Tabac 
préparé,  qui  est  aujourd'hui  bien  connue  de 
tout  le  monde.  Cette  odeur  de  la  plante 
fraîche ,  plus  forte  que  celle  de  beaucoup 
d'autres  espèces  de  la  même  famille ,  et 
même  de  plusieurs  de  ses  congénères  ,  peut 
être  regardée  comme  une  indication  des 
principes  actifs  et  énergiques  qui  entrent 
dans  sa  composition  chimique.  Malgré  les 
travaux  de  plusieurs  chimistes  de  nos  jours, 
ces  principes  sont  loin  d'être  tous  bien  con- 
nus. Le  plus  remarquable  d'entre  eux  est  la 
Nicotine,  qui  a  été  signalée  en  premier  lieu 
par  Vauquelin  ,  mais  qui  n'a  été  isolée  à 
l'état  de  pureté  que  récemment  par  M.  Bar- 
rai ,  dont  les  belles  recherches  ont  beaucoup 
avancé  la  connaissance  chimique  du  Tabac, 
et,  après  lui,  par  MM.  Ortigosa,  Mel- 
sens,  etc.  C'est  une  substance  d'une  grande 
énergie,  qui  détermine  en  un  temps  très 
court  l'empoisonnement  des  animaux,  mais 
dont  l'activité  est  considérablement  amoin- 
drie dans  la  plante  même  par  son  mélange 
avec  d'autres  substances  beaucoup  moins 
actives  ou  entièrement  inactives,  et  avec 
l'eau  de  végétation.  On  l'obtient  par  la  dis- 
tillation de  l'essence  du  Tabac  ou  de  la  Ni- 
coliane  avec  la  Potasse.  Cette  dernière  sub- 
stance ou  la  Nicotianine ,  analysée  par 
M.  Barrai ,  lui  a  donné  les  résultats  sui- 
vants :  Carbone ,  71 ,52  ;  Hydrogène ,  8,23  ; 
Azote,  7,12;  Oxygène  13,13  sur  100.  Cette 
matière  azotée  joue  un  grand  rôle  dans  la 
fabrication  duTabac  manufacturé.  On  trouve 
encore  dans  le  Tabac  des  acides,  comme 
l'acide  malique,  et  particulièrement  l'acide 
nicotique  qui  a  été  découvert  par  M.  Barrai , 
et  qui,  d'après  lui,  se  présenterait  sous  la 
forme  de  lamelles  micacées  solublcs  dans 


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l'eau ,  et  serait  représenté  par  la  formule 
C6H203-f  H20  (voy.  Compt.  rend,  de 
l'Acad.,  t.  XXI,  décembre  1845,  p.  1374). 
Toujours  d'après  le  même  chimiste ,  la  Ni- 
cotiane  Tabac  est  la  plante  qui  renferme  le 
plus  de  cendres ,  et  celles-ci  se  trouvent  en 
proportions  variables  dans  ses  diverses  par- 
ties :  7  pour  100  dans  les  racines,  10  dans 
les  tiges,  22  dans  les  côtes  des  feuilles ,  23 
dans  la  portion  membraneuse  des  feuilles , 
et  seulement  4  dans  les  graines.  Elle  est 
aussi  celle  des  plantes  analysées  jusqu'à  ce 
jour  qui  renferme  le  plus  d'azote.  La  pro- 
portion de  cette  substance  s'y  élève  à  5  ou  6 
pour  100  dans  la  portion  membraneuse  des 
feuilles.  Les  racines  renferment  une  forte 
proportion  de  Silice  ,  qui  est  au  moins  huit 
fois  plus  grande  que  dans  toutes  les  autres 
parties  de  la  plante.  Enfin  les  graines  ren- 
ferment une  huile  grasse  incolore  dans  la 
proportion  de  10  pour  100. 

L'introduction  du  Tabac  du  Nouveau- 
Monde  en  Europe  remonte  déjà  assez  haut; 
mais  l'immense  extension  qu'a  prise  son  em- 
ploi est  plus  récente.  Avant  la  découverte 
de  l'Amérique,  les  Indiens  le  considéraient 
principalement  comme  plante  médicinale; 
cependant  ils  faisaient  également  de  ses 
feuilles,  séchées  et  préparées,  un  usage 
analogue  à  celui  qui  est  devenu  si  général 
parmi  nous.  Ainsi,  leurs  prêtres  en  respi- 
raient la  fumée  pour  se  procurer  une  sorte 
d'ivresse,  pendant  laquelle  ils  rendaient, 
dit-on  ,  leurs  oracles  ;  d'un  autre  côté  s 
lorsque  Christophe  Colomb  aborda  à  l'île 
de  San-Salvador,  les  deux  matelots  qu'il 
envoya  à  la  découverte  «  trouvèrent  en 
chemin  un  grand  nombre  de  naturels  qui 
se  rendaient  àleurshameaux,  etqui  tenaient 
à  la  main,  tant  les  hommes  que  les  fem- 
mes ,  un  tison  formé  d'herbes  ,  dont  ils  as- 
piraient le  parfum.  »  Or,  ce  tison  était, 
d'après  Las  Cases,  «  une  espèce  de  mousque- 
ton bourré  d'une  feuille  sèche  que  les  In- 
diens appellent  Tabacos,et  qu'ils  allument 
par  un  bout,  tandis  qu'ils  hument  par 
l'autre  extrémité  ,  en  aspirant  entièrement 
sa  fumée  avec  leur  haleine.  «  (Las  Cases,  Hist. 
génér.  des  Indes,  cité  par  Barrai;  Dict.  des 
arts  et  manufactures  ,  art.  Tabac.  )  On 
voit,  d'après  cette  citation,  que  le  mot  in- 
dien Tabacos  serait  la  source  de  notre  mot 
Tabac,  tandis  que  généralement  on  dit  que 


ce  dernier  vient  de  ce  que  les  Espagnols  ob- 
servèrent d'abord  la  plante  elle-même  dans 
l'île  de  Tabago,  l'une  des  Antilles. 

Peu  après  la  découverte  de  l'Amérique  , 
et  en  1518  ,  la  graine  du  Tabac  fut  envoyée 
en  Europe  par  Colomb;  dès  lors,  la  plante 
commença  d'y  être  cultivée;  mais  ce  ne  fut 
d'abord  ,  et  pendant  assez  longtemps,  qu'en 
qualité  de  plante  médicinale,  à  laquelle  on 
attribuait  un  grand  nombre  de  vertus,  dont 
plusieurs  fort  singulières,  comme  le  prouve 
le  curieux  article  d'Olivier  de  Serres,  relatif 
à  cette  espèce.  En  1560,  Jean  Nicot,  dont 
le  genre  de  plantes  qui  nous  occupe  porte 
aujourd'hui  le  nom,  étant  ambassadeur  de 
France  en  Portugal ,  crut  reconnaître  l'exis- 
tence des  nombreuses  et  importantes  pro- 
priétés qu'on  attribuait  à  la  nouvelle  plante, 
et  il  en  envoya  à  la  reine  Marie  de  Médicis, 
qui  la  mit  en  grande  faveur  en  France  ;  de 
là  sont  venus  les  noms  d'Herbe  à  l'ambas- 
sadeur ,  Herbe  à  la  reine  ,  Herbe  médicée , 
sous  lesquels  on  l'a  désignée.  Presque  à  la 
même  époque,  elle  fut  aussi  introduite  en 
Italie,  et  bientôt  l'usage  commença  à  s'en 
répandre.  D'abord,  les  Européens  suivirent 
l'exemple  des  Indiens,  et  fumèrent  le  Tabac  ; 
mais  peu  après  aussi  ils  imaginèrent  une 
nouvelle  manière  de  s'en  servir  et  se  mi- 
rent à  le  priser.  Ce  nouvel  usage  devint 
même  peu  à  peu  le  plus  habituel  et  con- 
duisit à  une  exagération  telle  ,  que  ,  comme 
nous  l'apprend  Molière,  les  élégants  sei- 
gneurs de  la  cour  de  Louis  XIV  ne  se  con- 
tentaient pas  d'introduire  la  poudre  deTabac 
dans  leur  nez,  mais  qu'ils  s'en  montraient 
constamment  barbouillés.  Cependant,  à 
mesure  que  le  Tabac  se  popularisait  en  Eu- 
rope ,  les  gouvernements  commencèrent  à 
S'effrayer  des  progrès  que  faisait  son  emploi 
et  des  fâcheux  effets  qu'il  leur  semblait  de- 
voir produire.  Aussi,  en  1604,  Jacques  1er, 
roi  d'Angleterre,  et  en  1624,  le  pape  Ur- 
bain VIII ,  en  défendirent  l'usage  dans  leurs 
États,  sous  quelque  forme  que  ce  fût;  la 
plupart  des  autres  gouvernements  euro- 
péens suivirent  cet  exemple;  mais  celui  de 
France  en  ayant  permis  la  vente  ,  et  ayant 
su  trouver  dans  ce  nouveau  commerce  une 
source  de  revenus  considérables ,  l'intérêt 
triompha  des  scrupules  ,  et  peu  à  peu  l'in- 
terdiction fut  levée  dans  toute  l'Europe. 
Dès  cet  instant ,  la  mode  du  Tabac  fit  par- 


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tout  des  progrès  rapides,  et  Ton  sait  jusqu'à 
quel  énorme  chiffre  elle  en  a  élevé  la  con- 
sommation depuis  un  ou  deux  siècles. 

En  France,  la  préparation  et  la  vente  du 
Tabac  sont  aujourd'hui  le  privilège  du  gou- 
vernement, et  constituent  l'une  deses  princi- 
pales sources  de  revenu  ;  par  suite  ,  la  cul- 
ture de  la  plante  est  soumise  à  des  règle- 
ments sévères  et  à  une  surveillance  de  tous 
les  instants;  mais  ce  mode  d'exploitation 
par  l'État  a  passé  successivement  par  une 
suite  de  modifications  diverses.  11  fut  d'a- 
bord concédé  à  des  fermiers  spéciaux  ,  que 
des  ordonnances  et  des  lois  d'une  extrême 
sévérité  défendaient  contre  la  concurrence 
et  la  fraude;  alors  la  culture  du  Tabac  était 
prohibée,  si  ce  n'est  dans  trois  provinces  : 
la  Franche-Comté  ,  la  Flandre  et  l'Alsace  , 
qui  en  avaient  le  privilège,  et  la  fabrication 
en  était  concentrée  dans  les  seules  manu- 
factures de  Paris ,  Dieppe ,  Morlaix  .  Ton- 
neins,  Cette,  le  Havre,  Toulouse  etValen- 
ciennes.  Un  régime  de  liberté  entière  pour 
la  culture,   la  fabrication   et  la  vente  du 
Tabac  fut  décrété  par  l'Assemblée  consti- 
tuante, le  24  février  1791,  et  succéda  au 
monopole  exclusif  qui  avait  régné  jusqu'a- 
lors. Mais  bientôt,  la  culture  restant  encore 
libre  ,  la  vente  du  Tabac  fabriqué  fut  sou- 
mise à  un  droit  qui  s'accrut  peu  à  peu,  sui- 
vant une  progression  rapide;  quelques  an- 
nées après ,  la  culture  elle-même  fut  grevée 
d'un  impôt  et  soumise  à  des  formalités  gê- 
nantes. Enfin,  sous  l'empire,  ces  mesures 
successives  n'ayant  pas  eu  encore  pour  effet 
de  faire  rendre  à  la  consommation  du  Tabac 
tout  ce  qu'il  avait  produit  autrefois  ni  tout 
ce  qu'on  se  croyait  en  droit  d'en  attendre  , 
un  décret,  en  date  du  29  décembre  1810  , 
arrêta  que  désormais  la  fabrication  du  Tabac 
;  aurait  lieu  par  l'industrie  au  profit  du  tré- 
sor, mais  que,  dans  le  but  de  protéger  la 
culture  de  cette  plante,  la  régie  ne  mettrait 
en  œuvre  que  des  produits  du  sol  français. 
C'est  là  le  régime  qui  règne  encore  aujour- 
d'hui,  et  qui,  depuis  son  établissement, 
n'a  encore  subi  que  des  modifications  de 
faible  importance. 

Dans  l'état  actuel  des  choses,  la  culture 
du  Tabac  en  France  n'est  autorisée  que 
dans  les  six  départements  où  elle  avait  acquis 
la  plus  grande  extension  à  l'époque  où  elle 
était  entièrement  libre  ;  ce  sont  les  départe- 


NIC 

ments  du  Nord,  du  Pas-de-Calais,  du  Bas- 
Rhin,  du  Lot,  de  Lot-et-Garonne,  de  l'IUe- 
et- Vilaine.  Même  dans  ce  petit  nombre  de 
départements,  l'autorisation  n'existe  que 
pour  certains  arrondissements  et  cantons. 
De  plus,  le  privilège  de  culture  est  unique- 
ment personnel  ;  son  exercice  est  soumis  à 
un  grand  nombre  de  formalités ,  et  il  en- 
traîne une  surveillance  incessante;  les  plan- 
teurs sont  dans  une  dépendance  absolue  de 
la  régie,  dont  ils  doivent  accepter  toutes  les 
décisions  ,  de  même  que  les  prix  déterminés 
par  elle.  Ainsi  chaque  année  la  régie  fixe  la 
quantité  de  Tabac  dont  elle  a  besoin ,  et 
elle  répartit  cette  quantité  entre  les  six  dé- 
partements producteurs  ,  se  réglant  presque 
uniquement  sur  les  qualités  produites  par 
chacun  d'eux,  et  sur  les  besoins  de  la  fabri- 
cation. Le  nombre  des  pieds  de  Tabac  par 
hectare ,  et  celui  des  feuilles  par  pied ,  va- 
rie selon  les  variétés  cultivées  dans  les  di- 
verses localités  ;  c'est  ainsi  que  l'on  accorde 
40,000  pieds  par  hectare  et  jusqu'à  1 5  feuil- 
les par  pied  ,  pour  certains  départements  , 
tandis  que  pour  d'autres,  ces  nombres  sont 
limités  à  10,000  pieds  par  hectare  et  à  8 
feuilles  par  pied.  Les  agents  de  la  régie  veil- 
lent à  ce  que  les  semis  et  les  plantations 
soient  faits  conformément  aux  autorisations 
accordées;  ils  comptent  les  pieds  dans  les 
champs ,  les  feuilles  sur  chaque  pied  ,  con- 
statent les  dégâts  éprouvés  par  les  planta- 
tions ,  surveillent  l'écimage ,  la  destruction 
des  tiges  et  des   racines  après  la  récolte  ; 
enfin,  ils  assistent  à  la  réception  des  Ta- 
bacs par  des  experts  nommés  à  cet  effet, 

Quoique  originaire  des  contrées  chaudes 
du  Nouveau- Monde  ,  le  Tabac,  en  qualité 
de  plante  annuelle,  réussit  très  bien  dans 
nos  climats  tempérés ,  ou  même  un  peu 
froids  ,  à  la  condition  que  les  semis  en  soient 
faits  sur  couche  bien  abritée,  que  le  jeune 
plant  soit  garanti  avec  soin  de  la  gelée  et 
qu'il  soit  mis  en  place  seulement  lorsque  les 
froids  ont  cessé,  Toute  terre  convient  à  cette 
plante  pourvu  qu'elle  ne  soit  ni  humide  ni 
trop  forte  ;  néanmoins  la  qualité  du  sol  in- 
flue beaucoup  sur  celle  des  produits  qu'elle 
donne;  de  plus  pour  sa  réussite  complète  et 
pour  son  parfait  développement,  elle  exige 
que  le  terrain  qui  doit  la  recevoir  soit  par- 
faitement préparé  au  moyen  de  trois  labours 
à  la  charrue  et  bien  fumé.  Les  semis  se  font 


NIC 


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647 


en  février,  ou  au  plus  tard  dans  la  première 
quinzaine  de  mars;  lorsque  le  jeune  plant 
a  pris  un  peu  de  force  et  que  les  gelées  ne 
paraissent  plus  à  redouter,  on  repique  en 
place  en  espaçant  les  pieds  d'après  le  nom- 
bre déterminé  pour  chaque  hectare  par  la 
régie;  cet  espacement  varie  de  7  à  10  déci- 
mètres environ.  La  croissance  de  la  plante 
est  rapide;  pendant  son  développement  on 
donne  un  nouveau  labour  à  la  bêche ,  on 
rapproche  la  terre  des  pieds,  on  sarcle  avec 
soin,  enfin  l'on  enlève  les  feuilles  voisines 
du  sol  qui  sont  presque  toujours  jaunies  et 
terreuses  ,  on  enlève  la  cime  des  plantes  , 
enfin  Ton  abat  les  rejets  ;  ces  dernières  opé- 
rations ont  pour  objet  de  porter  toute  la 
force  végétative  sur  les  feuilles  conservées 
en  nombre  déterminé  qui  seules  doivent  ser- 
vir à  la  préparation  du  Tabac.  La  récolte  de 
ces  feuilles  a  lieu  dans  les  mois  d'août  et  de 
septembre,  six  ou  sept  mois  après  la  ger- 
mination. Lors  delà  récolte,  les  feuillessont 
détachées  de  la  plante  et  portées  au  séchoir  ; 
on  nomme  ainsi  des  hangars  ou  des  bâti- 
ments très  aérés  dans  lesquels  on  les  sus- 
pend ;  on  en  fait  ensuite  le  triage ,  après 
quoi  on  les  réunit  en  manoques,  c'est-à-dire 
en  paquets  ou  poignées  de  grosseur  variable, 
selon  les  usages  locaux,  et  liées  par  la  tête  au 
moyen  d'une  feuille  tordue  en  corde.  Ce 
n'est  guère  qu'après  quinze  mois  de  soins 
assidus  depuis  l'époque  des  semis,  c'est-à- 
dire  vers  le  mois  de  mai  de  l'année  suivante, 
que  les  manoques  sont  livrées  à  la  régie,  qui 
les  paie  à  des  prix  déterminés  par  des  experts 
nommés  par  elle.  Après  cela  commence  la 
préparation. 

LapréparationduTabacsefaitaujourd'hui 
dans  dix  manufactures  situées  à  Paris,  Lille, 
le  Havre,  Morlaix,  Bordeaux,  Tonneins,  Tou- 
louse, Lyon  ,  Strasbourg  et  Marseille.  Elle 
a  lieu  d'après  des  procédés  pour  lesquels 
nous  trouvons  des  détails  nombreux  et  à  plu- 
sieurs égards  nouveaux  dans  l'excellent  ar- 
ticle Tabac  que  M.  Barrai  vient  de  publier, 
il  y  a  un  mois  à  peine,  dans  le  Dictionnaire 
des  arts  et  manufactures ,  auquel  nous  em- 
prunterons la  marche  générale  de  l'opéra- 
tion. 

Les  feuilles  de  Tabac  arrivent  dans  les  ma- 
nufactures, renfermées  dans  des  boucauts, 
des  nattes  ou  des  ballots  de  grosse  toile.  Im- 
médiatement après  leur  arrivée,   ces  bou- 


cauts sont  ouverts  et  séparés  en  plusieurs 
fragments  cylindriques  qui  passentàl'atelier 
d'époulardage.  L'opération  désignée  sous  ce 
nom  est  l'une  des  plus  essentielles  de  la  fa- 
brication, et  consiste  à  délier  les  manoques, 
à  les  secouer  de  manière  à  faire  tomber  le 
sable  et  la  poussière,  à  détacher  les  feuilles, 
à  les  trier  et  les  diviser  suivantla  destination 
à  laquelle  elles  paraissent  propres.  On  pro- 
cède ensuite  à  la  mouillade;  celle-ci  consiste 
à  arroser  les  feuilles  avec  une  solution  de 
dix  kilogrammes  de  sel  marin  pour  100  li- 
tres d'eau  ;  elle  a  pour  effet  de  leur  rendre 
la  souplesse  qu'elles  avaient  perdue  par  la 
dessiccation  et  qui  est  nécessaire  pour  qu'elles 
ne  se  déchirent  pas  pendant  les  opérations 
subséquentes.  Enfin  des  femmes  écôtent  ces 
feuilles,  c'est-à-dire  leur  enlèvent  la  côte  mé- 
diane et  les  grosses  nervures;  après  quoi  les 
feuilles  passent  dans  les  divers  ateliers,  où 
elles  doivent  subir  des  préparations  diverses. 
Ces  préparations  sont  de  quatre  sortes  et  don- 
nen  t  ainsi  les  quatre  sortes  de  Tabacs  préparés 
que  la  régie  fournit  à  la  consommation;  ce 
sont  :  1°  les  cigares,  formés  de  débris  lon- 
gitudinaux de  feuilles  que  des  femmes  rou- 
lent entre  leurs  doigts  et  qu'elles  revêtent 
ensuite  d'une  robe  ou  d'une  feuille  sans  dé- 
chirure, dont  elles  fixent  le  bord  avec  de  la 
colle  de  pâte  ;  2°  les  rôles,  ou  Tabacs  à  mâ- 
cher ou  à  chiquer,  dont  la  fabrication  plus 
compliquée  comprend  cinq  opérations  suc- 
cessives :  le  filage  ou  la  disposition  des  feuil- 
les en  boudin  continuet  tordu  qu'on  enroule 
sur  un  cylindre  de  bois  à  l'aide  d'un  rouet; 
le  rôlage  ou  la  mise  en  rôles,  c'est-à-dire 
l'enroulement  de  ces  boudins  sur  des  bobi- 
nes; le  pressage,  le  ficelage  et  la  mise  à 
l'étuve;  3°  le  scaferlati,  ou  Tabac  à  fumer, 
pour  lequel  ont  lieu  successivement  les  opé- 
rations du  hachage  par  des  machinesà  vapeur 
ou  hydrauliques;  de  la  torréfaction  sur  des 
tuyaux  chauffés  fortement  à  la  vapeur  ou 
sur  de  la  tôle  presque  rouge  >  dans  le  but  de 
rendre  impossible  toute  fermentation  dont 
l'effet  serait  de  détruire  l'arôme  du  Tabac; 
du  séchage  par  des  courants  d'air  chaud  à 
16-20°;  enfin  de  l'empaquetage;  4°  le  Ta- 
bac en  poudre  ou  à  priser.  La  fabrication  de 
celui-ci  se  distingue  des  précédentes  parce 
qu'elle  a  pour  principal  objet  de  déterminer 
la  fermentation,  que  l'on  éviteaveesoin  dans 
les  autres;  or  le  petit  nombre  de  manufac- 


648 


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tures  qui  existent  en  Fiance  et  l'énorme 
quantité  de  Tabac  qu'elles  fabriquent  cha- 
que année  permettent  d'opérer  à  la  fois  sur 
des  masses  considérables,  ce  qui  facilite  la 
fermentation  et  donne  une  'qualité  supé- 
rieure au  Tabac  en  poudre  fourni  par  elles 
à  la  consommation.  Les  opérations  successi- 
ves que  subit  le  Tabac  en  poudre  sont  :  le 
hacbage  cinq  ou  six  fois  plus  menu  que  pour 
le  Tabac  à  fumer;  la  fermentation  en  mas- 
ses ou  tas  de  20,000  à  40,000  kilogrammes 
dans  de  grandes  cases  à  plancher  et  parois  en 
bois  de  chêne;  elle  a  lieu  hors  de  l'influence 
de  l'air,  dont  l'accès  amènerait  la  formation 
d'acide  acétique  et  détériorerait  la  qualitéde 
la  matière,  et  elle  dure  de  10  à  15  semai- 
nes; l'effet  en  est  de  dégager  une  très  grande 
quantité  de  carbonate  d'ammoniaque  et  de 
carbonate  de  nicotine,  et  de  faire  disparaître 
presque  tout  l'acide  qui  existait  dans  la 
plante  fraîche.  Après  cette  première  fermen- 
tation, le  Tabac  est  soumis  aumoulinage  ou 
à  la  pulvérisation  dans  des  moulins,  au  ta- 
misage, aune  seconde  fermentation  en  cases 
qui  dure  sept  ou  huit  mois  et  qui  développé 
son  arôme;  après  quoi,  il  est  propre  à  être 
mis  en  tonneaux  ou  en  paquets  et  à  être  livré 
à  la  consommation. 

Pour  donner  une  idée  exacte  de  l'impor- 
tance que  le  Tabac  a  acquise  dans  ces  der- 
nières années ,  nous  emprunterons  encore 
au  même  travail  quelques  relevés  généraux 
relatifs  à  la  consommation  de  cette  sub- 
stance. Pour  la  France,  la  quantité  con- 
sommée annuellement  ne  s'élève  pas  à 
moins  de  17  millions  de  kilogrammes,  qui 
ont  donné  à  l'État ,  en  1844 ,  la  somme 
énorme  de  79,499,379  fr.  en  impôt;  or,  ce 
produit  annuel  n'a  pas  cessé  de  s'accroître 
depuis  plusieurs  années,  indiquant  ainsi  un 
accroissement  progressif  dans  la  consomma- 
tion ;  la  consommation  individuelle  est, 
comme  on  le  voit,  de  511  grammes  par  an. 
Comparée  à  celle  des  autres  États  européens, 
;:ette  consommation  individuelle  est  plus  forte 
relativement  aux  uns,  plus  faible  eu  égard 
aux  autres.  On  trouve  ainsi  qu'un  Français 
consomme  autant  de  Tabac  qu'un  Russe, 
deux  fois  plus  qu'un  Italien,  et,  d'un  autre 
côté,  trois  fois  moins  qu'un  Allemand  ou  un 
Hollandais ,  et  quatre  fois  moins  qu'un 
Belge.  Un  autre  résultat  curieux  à  noter, 
c'est  que,  en  France,  sur  511  grammes  ab- 


sorbés en  moyenne  par  la  consommation 
individuelle,  on  trouve  198  grammes  de 
Tabac  à  priser  et  313  grammes  de  Tabac  à 
fumer,  c'est-à-dire  que  ce  dernier  est,  par 
rapport  au  premier,  comme  158  à  100.  On 
voit,  dès  lors,  que  les  choses  ont  bien 
changé  depuis  1783,  puisque,  à  cette  épo- 
que, le  tabac  à  fumer  ne  formait  que  1/12° 
delà  consommation  totale. 

Quoique  l'introduction  du  Tabac  en  Eu 
ropeaitété  principalement  amenée  dans  l'o- 
rigine par  les  nombreuses  propriétés  dont  on 
le  croyait  doué,  il  ne  joue  plus  aujourd'hui 
qu'un  rôle  très  secondaire  dans  notre  ma- 
tière médicale.  A  l'intérieur,  sa  grande  ac- 
tivité le  rend  rarement  utile  et  toujours 
dangereux;  il  irrite  fortement  l'estomac, 
occasionne  des  nausées,  des  vomissements 
et  même  l'empoisonnement,  à  des  doses  un 
peu  fortes.  Les  expériences  de  M.  Orfila  ont 
prouvé  que,  dans  ce  dernier  cas,  il  agit  à  la 
manière  des  poisons  narcotico-âcres.  Néan- 
moins on  l'a  employé  quelquefois  avec  suc- 
cès, soit  comme  émétique ,  soit  dans  l'hy- 
dropisie ,  ou  dans  quelques  autres  cas.  A 
l'extérieur,  il  produit  de  bons  effets  contre 
quelques  maladies  cutanées  ;  mais  au  total, 
son  emploi,  surtout  à  l'intérieur,  ne  saurait 
être  entouré  de  trop  de  précautions.  Nous 
renverrons  aux  ouvrages  de  médecine,  pour 
les  effets  que  produit,  sur  le  physique  et  le 
moral  des  individus,  son  usage  habituel 
sous  les  formes  diverses ,  sous  lesquelles  les 
manufactures  le  livrent  à  la  consomma- 
tion. 

b.  Ruslica.  Corolle  jaune,  infundibuli- 
forme,  hypocratérimorphe  ou  tubuleuse; 
divisions  du  limbe  aiguës  ou  obtuses. 

2.  Nicotiane  paniculée  ,  Nicotiana  parti' 
culata  Linn.  Cette  espèce  appartient  comme 
la  précédente  à  l'Amérique  du  Sud.  Elle  est 
herbacée,  annuelle,  pubescente,  visqueuse; 
ses  feuilles  sont  pétiolées,  ovales,  en  cœur, 
entières  ;  ses  fleurs,  verdâtres  ou  vert-jau- 
nâtre, forment  une  panicule  terminale,  et  se 
distinguent  par  leur  corolle  hypocratéri- 
morphe ,  à  tube  en  massue ,  très  glabre ,  dé- 
passant plusieurs  fois  le  calice,  à  limbe  di- 
visé en  5  lobes  très  courts,  aigus. 

3.  Nicotiane  glauque  ,  Nicotiana  glauca 
Grah.  Cette  grande  et  belle  plante,  origi- 
naire de  Buénos-Ayres ,  mérite  d'être  men- 
tionnée, non  pas  comme  servante  la  fabri- 


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649 


cation  du  Tabac,  mais  comme  plante  d'or- 
nement. Elle  forme  un  arbrisseau  droit,  de 
haute  taille  et  d'un  développement  très  ra- 
pide, glabre  dans  toutes  ses  parties,  et 
d'une  teinte  glauque  très  prononcée.  Ses 
feuilles  longuement  pétiolées,  sont  inéga- 
lement cordées-ovales,  entières,  quelquefois 
légèrement  sinuolées  ;  ses  fleurs  forment 
une  panicule  terminale;  leur  calice  est  à 
5  angles  peu  prononcés  et  à  5  dents  aiguës, 
inégales;  leur  corolle,  d'un  vert  jaunâtre, 
est  longuement  tubulée,  un  peu  renflée  à 
la  gorge,  resserrée  à  l'orifice,  à  limbe  très 
petit.  On  multiplie  facilement  cette  espèce 
de  graines  et  de  boutures.  Les  horticulteurs 
ajoutent  à  son  effet  en  greffant  sur  elle  des 
Pétunia. 

4.  Nicotiane  rustique,  Nicotiana  rustica 
Linn.  Cette  espèce  annuelle,  originaire  d'A- 
mérique ,  est  cultivée  fréquemment  dans  le 
midi  de  la  France;  elle  donne  un  Tabac  peu 
fort ,  mais  parfumé.  C'est  une  belle  plante 
herbacée  ,  d'un  port  analogue  à  celui  de  la 
Nicotiane  Tabac,  mais  moins  haute,  velue 
et  visqueuse  dans  toutes  ses  parties  ;  ses 
feuilles  sont  épaisses ,  presque  charnues  , 
ovales ,  obtuses ,  munies  d'un  court  pé- 
tiole. Ses  fleurs  sont  en  grappes  terminales 
réunies  elles-mêmes  en  panicule;  leur 
corolle  est  jaune  ,  à  lobes  obtus.  Cette 
plante  justifie  parfaitement  son  nom  par 
sa  rusticité  ;  elle  réussit  très  bien  dans 
une  terre  légère;  sa  multiplication  est  tel- 
lement facile  qu'elle  se  ressème  d'elle-même 
dans  les  lieux  où  on  la  cultive;  elle  s'est 
ainsi  à  peu  près  naturalisée  dans  plusieurs 
points  de  nos  départements  méridionaux  au- 
tour des  habitations  rurales ,  et  dans  les 
jardins  des  paysans. 

On  regarde  cette  espèce  comme  purgative 
et  détersive. 

c.  Petunioides.  Corolle  hypocratérimorphe, 
blanche,  à  tube  presque  cylindrique,  à  seg- 
ments du  limbe  obtus  ou  aigus. 

5.  Nicotiane  odorante,  Nicotiana suaveo- 
lens  Lehm.  {N.  undulata  Vent.  ).  Cette  es- 
pèce ,  originaire  de  la  Nouvelle-Hollande, 
est  aujourd'hui  répandue  dans  les  jardins; 
elle  se  fait  remarquer  parmi  ses  congénères 
par  l'odeur  de  Jasmin  de  ses  jolies  fleurs 
blanches.  C'est  une  plante  herbacée  an- 
nuelle, qui  s'élève  à  environ  6-7  décim.  ; 
ses  feuilles  ovales-oblongues  sont  ondulées 

T.  VIII. 


sur  leurs  bords,  légèrement  velues,  décur- 
rentes  sur  leur  pétiole  ;  les  supérieures  em- 
brassantes. Pendant  la  fin  de  l'été  et  l'au- 
tomne, elle  donne  un  grand  nombre  de 
fleurs  d'un  blanc  de  lait,  dont  le  tube  est 
très  long  et  grêle,  dont  le  limbe  a  ses  lobes 
un  peu  inégaux,  obtus.  On  la  multiplie  de 
graines  semées  sur  couche. 

d.  Polydiclia.  Corolle  tubuleuse,  ven- 
true à  la  base  ou  hypocratérimorphe  livide; 
capsule  à  quatre  ou  plusieurs  valves;  fleurs 
axillaires  solitaires  ou  en  panicule  termi- 
nale. 

A  ce  sous-genre  appartiennent  les  Nico- 
tiana quadrivalvis  Pursh. ,  et  mullivalvis 
Lindl. ,  que  nous  nous  contenterons  de 
nommer.  (P.  D.) 

MCOTIANÉES.  Nicotiancœ.  bot.  ph. — 
Tribu  de  la  famille  des  Solanacées.  Voy.  ce 
mot. 

NICOTINE,  chim.— Principe  produit  par 
l'analyse  du  Tabac.  Voy.  nicotiane. 

NID.  zool.  —  Ce  nom,  principalement 
employé  en  ornithologie  pour  désigner  ces 
sortes  de  loges  que  la  plupart  des  oiseaux 
construisent  pour  y  déposer  leurs  œufs  et  y 
élever,  pendant  un  certain  temps,  leurs 
petits,  doit  s'étendre  également  à  tout  tra- 
vail exécuté  par  divers  animaux  des  autres 
classes ,  à  cette  fin  de  fournir  un  abri  aux 
petits  qu'ils  mettront  bas  ou  aux  œufs  qu'ils 
pondront.  On  se  tromperait  donc  si  l'on  pen- 
sait que  les  oiseaux  seuls  construisent  un 
nid  proprement  dit.  Cependant,  autant  l'acte 
de  la  nidification  est  chez  eux  un  fait  géné- 
ral,  autant  chez  les  autres  animaux,  et 
surtout  chez  ceux  des  classes  supérieures ,  on 
doit  considérer  ce  fait  comme  peu  commun. 
En  effet,  les  exemples  de  ce  genre,  que  l'on 
peut  tirer  de  ces  classes,  ne  sont  pas  très 
nombreux.  Nous  nous  bornerons  à  en  si- 
gnaler ici  quelques  uns  que  nous  fourniront 
les  Mammifères  et  les  Poissons.  Quant  au 
mode  particulier  dont  les  oiseaux  construi- 
sent leur  nid,  aux  formes  variées  qu'ils  leur 
donnent,  il  en  sera  spécialement  question 
à  l'article  général  qui  les  concerne. 

Les  Mammifères,  quoique  très  soucieux 
de  la  conservation  de  leurs  petits,  ne  se 
montrent  pas  tous  industrieux  à  ce  point  de 
construire  tout  exprès  pour  eux  un  logement 
capable  de  protéger  leur  premier  âge.  Vi- 
vant pour  la  plupart  dans  des  trous  d'arbres, 

82 


650 


NID 


dans  des  creux  de  rochers  ,  dans  des  ta- 
nières qu'ils  se  sont  creusées,  ou  dont  ils 
se  sont  rendus  possesseurs ,  ils  mettent  bas 
sur  le  sol  nu  et  sans  prendre  la  peine  de 
préparer  une  couche.  Cependant  quelques 
espèces  dérogent  à  cette  habitude.  On  trouve 
des  Insectivores  et  des  Rongeurs  qui  font 
un  vrai  nid.  Parmi  ces  derniers,  ceux  qui 
terrent,  mais  surtout  les  Campagnols ,  des- 
tinent presque  tous  à  leur  progéniture  à 
venir,  un  coin  de  leurs  galeries  souterraines, 
assez  spacieux  et  convenablement  garni  de 
matières  molles  empruntées  au  règne  vé- 
gétal. Le  Lapin,  au  contraire,  creuse  dans 
3e  sol ,  loin  de  ses  terriers,  et  tout  exprès 
pour  y  déposer  ses  petits,  un  boyau  profond 
et  ordinairement  coudé.  L'extrémité  de  ce 
boyau ,  évasée  sous  forme  d'ampoule ,  est 
tapissée  de  brins  d'herbes  sèches  ,  au-dessus 
desquels  se  trouve  une  forte  couche  de 
poils  provenant  du  possesseur  même  de  l'é- 
difice. Une  particularité  remarquable  de  ce 
nid,  c'est  que  rien  ne  décèle  sa  présence  , 
la  femelle  ayant  soin,  lorsqu'elle  a  mis  basf 
d'en  boucher  l'entrée  avec  de  la  terre  qu'elle 
entasse  en  s'y  roulant  dessus.  Parmi  les 
Rongeurs,  qui  ne  terrent  pas  :  quelques  uns 
nichent  dans  des  broussailles,  sur  les  ar- 
bustes, et  même  sur  les  arbres  très  élevés. 
Ainsil'Écureuilgrimpejusqu'au  sommet  des 
Pins  ou  des  Chênes  pour  y  poser  son  Nid  , 
qui  consiste  en  bûchettes  étroitement  et  so- 
lidement liées  ensemble  ,  et  dont  la  forme 
rappelle  beaucoup  celle  du  nid  de  la  Pie  ; 
quelquefois  même  il  se  rend  possesseur  de 
celui  qu'avait  construit  cet  oiseau.  Mais  les 
plus  habiles  ouvriers,  parmi  les  Mammi- 
fères, sont  sans  contredit  le  Muscardin  et 
le  Rat  nain.  Ces  deux  espèces  entrelacent , 
avec  un  art  dont  on  îescroiraitpeu capables, 
des  brins  d'herbes,  des  filaments  déliés  et 
souples  provenant  de  Técorce  de  quelques 
arbustes ,  et  en  composent  un  Nid  à  une 
seule  ouverture  latérale,  et  dont  la  forme 
en  boule  a  la  plus  grande  analogie  avec  celle 
qu'affecte  le  Nid  du  Pouillot  véloce.  L'Or- 
nithorhynque,  au  dire  des  voyageurs,  pré- 
pare aussi  un  logement  à  ses  petits. 

Si  l'industrie  des  Mammifères  que  nous 
venons  de  citer  a  lieu  de  surprendre,  sur- 
tout lorsqu'on  considère  combien  sont  peu 
propices  les  instruments  que  ces  animaux 
emploient  pour  élever  l'édifice  qu'ils  desti- 


-NID 

nent  à  leur  jeune  famille,  à  plus  forte  raison 
doit-on  être  étonné  lorsqu'on  voit  des  es- 
pèces d'un  ordre  inférieur,  tel  que  celui  des 
Poissons  ,  construire,  avec  des  instruments 
plus  ingrats  encore  que  ceux  que  possèdent 
les  Mammifères,  des  Nids  qui  atteignent  la 
perfection  de  ceux  des  Oiseaux  les  plus  ha- 
biles. Jusqu'à  ce  jour  ,  on  n'avait  pu  croire 
sérieusement  que  ces  animaux  fussent  aptes 
à  se  livrer  à  l'acte  de  la  nidification.  On 
avait  pour  ainsi  dire  oublié  qu'Aristote  eût 
parlé  d'un  petit  Poisson  qui  nichait.  On 
avait  presque  laissé  passer  inaperçue  l'obser- 
vation faite  par  Olivi ,  au  sujet  du  mode  de 
nidification  de  la  Gobie  noire  (Gobius  niger), 
espèce  que  quelques  auteurs  ont  reconnue 
pour  celle  dont  avait  fait  mention  Aristote, 
enfin ,  cet  autre  fait  avancé  par  le  major 
Hardwig ,  que  le  Gourami  de  l'Inde  se  li- 
vraitàlamême  industrie,  n'avait  pas  été  reçu 
par  les  ichthyologistes  avec  plus  d'empres- 
sement. Il  fallait,  pour  que  les  observations 
rapportées  par  ces  auteurs  eussent  quelque 
valeur  et  fussent  acceptées ,  qu'un  fait  nou- 
veau ,  fourni  par  de  petites  espèces  de  nos 
eaux  douces ,  vînt  leur  donner  une  sorte  de 
consécration.  Il  est  aujourd'hui  certain  que 
quelques  Poissons  (beaucoup  plus  peut-être 
qu'on  ne  pense)  construisent  un  Nid  des- 
tiné à  recevoir  les  œufs.  M.  Coste,  en  nous 
faisant  le  récit  du  mode  de  nidification  des 
Épinoches  (G aster ,  Trachurus,  Leiurus  et 
Pungilius),  a  enlevé  tous  les  doutes  à  cet 
égard.  Nous  emprunterons  à  ce  récit  les  dé- 
tails curieux  qui  se  rapportent  directement 
à  notre  sujet,  et  ces  détails,  >otre  position 
auprès  de  M.  Coste  nous  permet  d'en  ga- 
rantir d'avance  l'authenticité. 

Chez  les  Mammifères  et  chez  les  Oiseaux, 
c'est  toujours  la  femelle  qui ,  pressée  par  le 
besoin  de  mettre  bas  ou  de  pondre,  travaille 
au  berceau  qui  recouvre  ses  petits  ou  ses 
œufs.  Le  mâle  peut  bien,  comme  cela  arrive 
pour  beaucoup  d'espèces,  lui  venir  en  aide, 
en  lui  apportant  les  matériaux  qu'elle  met- 
tra en  œuvre ,  mais  celui-ci  ne  choisit  jamais 
le  lieu  où  s'élèvera  le  Nid,  et  jamais  il  ne 
travaille  seul  à  la  construction  de  ceNid.  Chez 
les  Poissons,  les  Épinoches  du  moins,  le  con- 
traire a  lieu.  C'est  exclusivement  au  mâle 
qu'est  dévolu  le  soin  d'élever  la  loge  où  les 
œufs  seront  déposés  ;  et  c'est  également  lui 
qui  fait  élection  du  point  sur  lequel  il  éta- 


NID 


NID 


651 


blira  son  travail.  La  femelle  ou  plutôt  les 
femelles  ne  participent  en  rien  à  ce  travail, 
n'en  prennent  nui  souci.  Lorsque,  pour  les 
Poissons  dont  il  est  question,  le  moment  de 
la  reproduction  est  venu,  on  voit  chaque 
mâle  déployer  alors  une  grande  activité, 
choisir  pour  séjour  permanent  un  endroit 
déterminé  du  ruisseau  qu'ils  habitent,  et  en- 
tasser dans  ce  lieu  des  brins  d'herbe  de  toute 
nature  qu'il  va  souvent  chercher  fort  loin, 
qu'il  saisit  avec  sa  bouche  et  à  l'aide  desquels 
il  commence  à  former  une  sorte  de  tapis. 
«  Mais,  comme  les  matériaux  qui  constituent 
cette  première  partie  de  son  édifice  pourraient 
être  entraînés  par  les  mouvements  ou  les  os- 
cillations de  Peau,  il  a  la  prévoyance  d'aller 
chercher  du  sable  dont  il  remplit  sa  bouche 
et  qu'il  vient  déposer  sur  le  Nid  pour  le  con- 
traindre à  rester  en  place.  Puis  ,  pour  don- 
ner à  tous  ces  éléments  réunis  une  cohésion 
qui  les  tienne  enchaînés  les  uns  aux  autres, 
il  applique  sur  eux  sa  face  ventrale,  glisse 
lentement  comme  par  une  sorte  de  reptation 
vibratoire,  et  les  agglutine  en  essuyant  sur 
eux  le  mucus  qui  suinte  de  sa  peau.  Il  ré- 
sulte de  là  que  les  premiers  matériaux  as- 
semblés forment  une  espèce  de  fondement 
ou  de  plancher  sur  lequel  peut  s'élever  désor- 
mais le  reste  de  l'édifice. 

»  Quand  les  choses  en  sont  venues  à  ce 
point,  il  choisit  des  matériaux  plus  solides  : 
on  le  voit  prendre  tantôt  de  petits  morceaux 
de  bois,  tantôt  des  pailles,  qu'il  saisit  tou- 
jours avec  sa  bouche  et  qu'il  vient  ficher 
dans  l'épaisseur  ou  placer  à  la  surface  de  sa 
première  construction.  Si,  pendant  qu'il  fait 
ainsi  effort  pour  les  introduire,  il  trouve 
que  la  position  qu'il  leur  donne  ne  remplit 
pas  suffisamment  le  but,  il  les  retire,  les 
saisit  par  un  autre  point  de  leur  longueur, 
les  retourne,  les  pousse,  les  enfonce  davan- 
tage, jusqu'à  ce  qu'il  juge  qu'il  en  a  fait  le 
meilleur  usage  possible.  Quelquefois  cepen- 
dant, malgré  tous  ses  soins,  il  y  a  des  parties 
qui,  à  cause  même  de  leur  configuration,  ne 
peuvent  pas  entrer  dans  le  plan  général  de 
l'édifice.  Alors  il  les  retire,  les  emporte  loin 
du  Nid,  les  abandonne  et  va  en  choisir  d'au- 
tres pour  les  remplacer.  Il  finit  par  se  creu- 
ser un  lit  solide  dont  il  a  toujours  la  pré- 
caution de  lier  les  divers  éléments  au  moyen 
de  la  matière  visqueuse  dont  il  les  englue. 
»  Lorsqu'il  est  ainsi  parvenu  à  construire 


le  plancher  et  les  parois  latérales  de  son 
édifice,  il  s'occupe  alors  d'en  organiser  la 
toiture;  et  pour  cela,  il  continue  à  y  ap- 
porter des  matériaux  semblables  à  ceux, 
dont  il  s'est  servi  pour  en  jeter  les  fonde- 
ments. Mais  tout  en  poursuivant  l'accom- 
plissement de  son  entreprise,  il  travaille 
toujours  à  en  obtenir  la  consolidation,  et, 
pour  la  lui  donner,  il  se  livre  sans  relâche 
à  la  manœuvre  fatigante  de  la  reptation  vi- 
bratoire, à  l'aide  de  laquelle,  il  agglutine 
les  divers  éléments  dont  son  nid  se  com- 
pose. Cependant,  à  mesure  qu'il  s'applique 
à  consolider  son  établissement,  il  faut  qu'il 
le  dispose  convenablement  pour  l'usage  au- 
quel il  le  destine.  Aussi  ne  manque-t-il  ja- 
mais de  réserver  une  ouverture  très  nette- 
ment et  très  régulièrement  circonscrite,  par 
laquelle  il  plonge  souvent  sa  tête  et  même 
une  grande  partie  de  son  corps,  afin  d'en 
écarter  les  parois  et  de  maintenir  la  moitié 
intérieure  du  nid  assez  dilatée  pour  que  la 
femelle  puisse  s'y  engager  et  y  pondre  les 
œufs.  » 

Les  manœuvres  auxquelles  l'Épinoche 
mâle  se  livre  après  que  son  nid  est  fait, 
soit  pour  appeler  et  introduire  dans  ce  nid 
les  femelles,  soit  pour  le  préserver  des  en- 
vahissements dont  il  est  trop  fréquemment 
l'objet  de  la  part  des  autres  individus  de 
son  espèce,  soit  pour  fournir  aux  œufs  qu'il 
renferme,  toutes  les  conditions  nécessaires  à 
leur  développement,  etc. ,  n'ayant  pas  un 
rapport  assez  direct  avec  notre  sujet,  nous 
renvoyons  les  personnes  qui  seraient  dési- 
reuses de  connaître  ces  détails  vraiment 
intéressants,  aux  divers  mémoires  que  M. 
Coste  a  adressés  à  l'Académie  des  sciences, 
et  qui  sont  en  partie  insérés  dans  les 
comptes-rendus  de  cette  Académie.  La  seule 
observation  que  nous  ajouterons  pour  com- 
pléter ce  que  nous  avions  à  dire  du  mode 
de  nidification  des  Épinoches ,  est  que  les 
vraies  Épinoches  (Gast.  trachurus  et  leiu- 
rus)  ont  pour  habitude  constante  de  poser 
leur  nid  sur  la  vase  qui  recouvre  le  lit  des 
ruisseaux  qu'ils  habitent,  tandis  que  i'É- 
pinochette  (Gast.  pungitius)  construit  in- 
variablement le  sien  sur  les  plantes  aqua- 
tiques ou  entre  leurs  racines  ;  que  les  unes 
lui  donnent  une  forme  qui  rappelle  beau- 
coup celle  de  ces  monticules  de  terre  qu'on 
connaît  sous  le  nom  de  taupinières,  pen- 


652 


NIE 


NIG 


dant  que  l'autre  le  construit  sous  forme  de 
manchon,  ce  qui  lui  donne  quelque  analo- 
gie avec  le  nid  du  Troglodyte  et  surtout  de 
la  Mésange  à  longue  queue. 

Si  les  classes  des  vertébrés,  celle  des  Oi- 
seaux exceptée ,  nous  offrent  un  nombre 
assez  restreint  d'espèces  qui  nichent ,  les 
classes  inférieures  ne  nous  paraissent  pas 
plus  riches  sous  ce  rapport.  A  peine  pour- 
rait-on citer  quelques  Insectes  qui  con- 
struisent un  vrai  nid  ,  c'est-à-dire  un  loge- 
I  ment  élevé,  à  l'époque  de  la  reproduction, 
et  dans  le  seul  but  de  recevoir  les  œufs. 
Beaucoup  d'Insectes  se  construisent  un  abri 
au  sein  duquel  ils  font  leurs  pontes;  mais 
cet  abri  n'est  pas  à  proprement  parler  un 
nid  :  c'est  plutôt  une  demeure  habituelle 
de  l'individu.  On  ne  doit  pas,  non  plus,  ce 
nous  semble ,  donner  le  nom  de  nid  à  ces 
toiles,  à  ces  cocons,  etc. ,  dont  la  plupart 
des  animaux  inférieurs  enveloppent  leurs 
œufs  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  sont  pondus, 
ou  après  leur  ponte.  (Z.  G.) 

*NIDALIA  (nidus,  nid),  polyp. —  Genre 
de  Polypes  de  l'ordre  des  Alcyoniens  ,  établi 
par  M.  Gray  pour  des  polypiers  fixes,  cylin- 
driques, un  peu  rameux,  assez  solides,  re- 
vêtus de  spicules  calcaires  très  nombreuses, 
ayant  leur  sommet  en  tête  hémisphérique, 
formé  de  papilles  coniques,  inégales,  spicu- 
lifères.  Il  se  distingue  des  Alcyons,  dont  la 
consistance  est  spongieuse,  et  qui  ont  beau- 
coup moins  de  spicules.  Le  genre  Nidalia 
paraît  différer  fort  peu  du  genre  Nephthœa. 

(Duj.) 

NIDORELLA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées,  tribu  des  Astéroï- 
dées ,  établi  par  Cassini  (  in  Dict.  se.  nat. , 
XXXII,  459  et  469;  LVI ,  166).  Herbes  ou 
arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  composées. 

NIDULARIA.  bot.  ph.— Genre  de  Cham- 
pignons gastéromycètes ,  établi  par  Fries 
{Symb.,  2)  pour  de  petits  Champignons  qui 
croissent  en  automne  sur  les  bois  pourris. 

NIEBUHRIA  (  nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Capparidées-Cappa- 
rées  ,  établi  par  De  Candolle  (Prodr. ,  I , 
243).  Arbustes  de  l'Afrique  et  de  l'Asie  tro- 
picale. Voy.  capparidées.  —  Scop.  {Introd., 
134),  syn.  de  Baltimora,  Linn. 

NIELLE,  bot.  —  Nom  donné  à  diverses 
espèces  de  plantes  considérées  comme  nuisi- 
bles aux  moissons.  Ainsi  l'on  a  appelé  : 


Nielle  ou  charbon  de  blé  ,  les  Urédinéeî 
qui  altèrent  les  graines  céréales  ; 

Nielle  des  blés,  VAgrostemma  Githago; 

Nielle  de  Virginie  ,  le  Melanthium  virgi- 
nicum,  etc. 

NIEREMBERGIA  (nom  propre),  bot. 
ph.  — Genre  de  la  famille  des  Solanacées , 
tribu  des  Nicotianées ,  établi  par  Ruiz  et 
Pavon  (Flor.  Peruv.,  II,  13,  t.  123).  Herbes 
ou  arbrisseaux  de  l'Amérique  australe.  Voy. 

SOLANACÉES. 

NIFAT.  mol.  —  Dénomination  employée 
par  Adanson  pour  un  Mollusque  qu'il  plaçait 
dans  son  genre  Vis  ,  et  dont  Lamarck  a  fait 
une  espèce  de  Fuseau.  (Du.) 

NIGAUD,  ois.  — Nom  vulgaire  d'une  es- 
pèce de  Cormoran. 

NIGELLA.  bot.  ph.  —  Voy.  nigelle. 

NIGELLASTREM.  polyp.  —  Dénomi- 
nation employée  par  Pallas,  d'abord  pour 
désigner  une  espèce  de  Sertulaire,  puis  par 
Oken  pour  un  des  sous-genres,  et  pro- 
posée par  lui  dans  le  grand  genre  Sertu- 
laire. (Duj.) 

NIGELLE.  Nigella  (diminutif  de  nigra, 
à  cause  de  la  couleur  généralement  noire 
des  graines),  bot.  ph. — Genre  de  plantes 
de  la  famille  des  Renonculacées  ,  tribu  des 
Helléborées  ,  de  la  Polyandrie  pentagynie 
dans  le  système  de  Linné.  Il  se  compose  de 
plantes  herbacées  annuelles,  indigènes  de  la 
région  méditerranéenne  et  de  l'Orient,  dont 
les  feuilles  sont  divisées  en  lobes  nombreux 
et  étroits;  dont  les  fleurs,  solitaires  à  l'ex- 
trémité de  la  tige  et  des  branches  ,  nues  ou 
involucrées,  sont  assez  grandes,  de  couleur 
bleue,  jaunâtre  ou  blanche;  il  en  est  parmi 
elles  qui  servent  à  la  décoration  des  jardins. 
Les  fleurs  se  composent  :  d'un  calice  coloré, 
à  5  grands  sépales  étalés  ,  à  l'état  adulte  , 
tombants;  de  5-10  pétales  petits,  bilabiés; 
d'étamines  nombreuses;  de  5  pistils  ,  dont 
les  ovaires  uniloculaires  renferment  deux 
rangées  d'ovules  le  long  de  leur  suture  ven- 
trale, et  qui  adhèrent  entre  eux  dans  une 
longueur  plus  ou  moins  grande,  selon  les 
espèces.  Le  fruit  est  formé  de  5  capsules 
membraneuses,  plus  ou  moins  soudées  entre 
elles ,  dont  chacune  se  termine  par  un  style 
persistant ,  et  s'ouvre  intérieurement  au 
sommet  pour  laisser  sortir  des  graines  com- 
primées ,  à  test  fongueux  et  rugueux ,  noi- 
râtre. Les  Nigelles  décrites  sont  aujourd'hui 


NIG 

au  nombre  de  quinze ,  qui  se  rangent  dans 
trois  sous-genres. 

a.  Nigellastrum,  DC.  Calice  jaunâtre  ;  éta- 
»  mines  en  une  seule  rangée;  capsules  sou- 
!  dées  entre  elles  par  leur  base,  comprimées; 
|  graines  comprimées  -  planes ,  orbiculaires  , 
j  entourées  d'un  rebord  membraneux.  C'est  à 
]  ce  sous-genre  qu'appartient,  par  exemple  , 
|  la  Nigelle  d'Orient,  Nigella  orientalis  Linn. 
(      b.  Nigellaria,  DC.  Calice  à  sépales  éta- 
j  lés,  bleuâtres;  étamines  en  plusieurs  ran- 
gées et  groupées  en  8-10  phalanges  ;  graines 
ovées-anguleuses.   Nous  trouvons  dans  ce 
sous-genre  la  Nigelle  des  chamfs  ,  Nigella 
arvensis Lin.,  qui  croît  assez  communément 
parmi  les  moissons  de  l'Europe  moyenne  et 
méridionale,  ainsi  que  la  Nigelle  d'Espagne, 
Nigella  hispanica  Linn.  ,  espèce  des  parties 
méridionales  de  l'Europe,  particulièrement 
de  l'Espagne,  et  que  l'on  a  citée  comme  se 
trouvant  aussi  en  France  dans  quelques  par- 
ties du  Languedoc.  On  la  cultive  assez  com- 
munément comme  plante  d'ornement,   à 
cause  de  ses  jolies  fleurs  bleues  ou  blanches  ; 
on  en  a  même  obtenu  une  variété  naine,  qui 
est  encore  peu  répandue.  C'estencore  ici  que 
se  rapporte  l'espèce  suivante  : 

1.  Nigelle  cultivée,  Nigella  saliva  Linn. 
Cette  espèce  croît  dans  les  terres  cultivées 
dans  les  environs  de  Montpellier,  où  elle 
s'est  probablement  naturalisée,  et  dans  l'A- 
frique septentrionale.  Elle  est  vulgairement 
connue  sous  les  noms  de  Quatre-Épices  , 
Toute-Épice.  Sa  tige  est  droite  ,  légèrement 
pubescente;  ses  feuilles  sont  laciniécs  en 
lobes  linéaires,  à  pétiole  pubescent;  ses 
fleurs  terminales,  de  couleur  blanchâtre  ou 
bleuâtre ,  sontdépourvues d'involucre  ;  leurs 
anthères  n'ont  pas  de  pointe  terminale.  Ses 
capsules  sont  soudées  dans  toute  leur  lon- 
gueur en  un  fruit  ovoïde,  et  elles  portent  à 
leur  surface  quelques  petites  pointes  éparses. 
Cette  espèce  est  cultivée  quelquefois  en 
France,  plus  souvent  dansd'autrespartiesde 
l'Europe,  abondammenten  Egypte,  en  Perse 
et  dans  l'Inde,  pour  sa  graine  qui  sert  de  con- 
diment.En  Europe  on  ne  l'emploie  que  pour 
assaisonner  les  ragoûts;  mais  en  Orient  ses 
usages  sont  beaucoup  plus  étendus  et  plus 
importants;  après  l'avoir  pulvérisée,  on  la  ré- 
pand habituellement  sur  le  pain  ,  ou  on 
l'introduit  dans  des  gâteaux  dont  les  Orien- 
taux  sont    très    friands.  Aussi   s'en    con- 


N5G 


653 


somme-t-il  dans  ces  contrées  des  quantités 
considérables  ;  non  seulement  on  aime  la 
saveur  qu'elle  communique  aux  comestibles, 
mais  encore  on  croit  qu'elle  en  facilite  la 
digestion ,  et  qu'elle  dispose  à  cet  embon- 
point qui  constitue  aux  yeux  de  ces  peuples 
un  mérite  physique.  En  France  sa  culture 
est  très  facile;  elle  demande  une  terre  lé- 
gère et  doit  être  semée  clair. 

c.  Erobatos,  DC.  Calice  à  sépales  blancs 
ou  bleuâtres  ;  étamines  nombreuses  en  plu- 
sieurs rangées;  5  carpelles  réunis  jusqu'à 
leur  extrémité  en  capsule  à  10  loges,  dont 
5  plus  intérieures  séminifères ,  et  5  plus 
extérieures  vides;  sous  la  fleur  se  trouve 
un  involucre  foliacé,  multifide. 

2.  Nigelle  de  Damas,  Nigella  Damascena 
Linn.  ,  vulgairement  nommée  Cheveux  de 
Vénus,  Patte  d'Araignée.  Cette  espèce  se  re- 
trouve parmi  les  moissons  dans  toute  la  ré- 
gion méditerranéenne  ;  elle  est  de  plus  très 
répandue  dans  les  jardins  comme  plante 
d'ornement.  Sa  tige  est  haute  de  3-4  déci- 
mètres, glabre,  striée;  ses  feuilles  sont  ses- 
siles,  divisées  en  lanières  très  étroites;  ses 
fleurs  sont  terminales ,  assez  grandes,  d'un 
joli  bleu  d'azur  ou  blanches  ,  embrassées  à 
leur  base  par  un  grand  involucre  découpé 
en  segments  presque  filiformes  ,  d'où  lui 
sont  venus  ses  noms  vulgaires;  leurs  sé- 
pales sont  étalés.  Ses  5  capsules  sont  lisses, 
et  forment,  par  leur  soudure  eomplète,  un 
fruit  renflé  ,  presque  globuleux  ou  ovoïde. 
On  sème  cette  plante  sur  place ,  dans  une 
terre  légère.  (P.   D.) 

MGIDIUS.  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
des  Lucanides  ,  établi  par  Mac-Leay,  et  que 
M.  le  comte  de  Castelnau  réunit  à  ses  Eu- 
dora. Voy.  ce  mot. 

MGR1NA.  bot.  ph.— Linn.  (Mant.,  42), 
syn.  de  Melasma,  Berg.  —  Thunb.  {Nov. 
gen.t  58  ;  Act.  Upsal. ,  VII,  142  ),  syn.  do 
Chloranlhus,  Swartz. 

NIGRINE.  min.  —  Nom  donné  par  plu- 
sieurs auteurs  à  différentes  espèces  de  Tita- 
nes. Voy.  ce  mot. 

NIGR1PÈDE.  mam.  —  Nom  donné  à  une 
espèce  de  Chat,  Felis  nigripes  de  Burchell  et 
GrifOth.  Voy.  chat. 

MGRITEIXA.  bot.  pu.  —Genre  de  la 
famille  des  Orchidées,  tribu  des  Ophrydées, 
établi  par  L.-C.    Richard  {Orchid,  curop., 


654 


NIL 


26,  r.  4).  Herbes  des  montagnes  de  l'Europe 
centrale.  Voy.  orchidées. 

NIKA.  crust.  —  C'est  à  l'ordre  des 
Décapodes  macroures  qu'appartient  cette 
coupe  générique  qui  a  été  établie  par  Risso, 
et  que  M.  Milne  Edwards  range  dans  sa  fa- 
mille des  Salicoques  et  dans  sa  tribu  des 
Alphéens.  Les  Crustacés  qui  composent  ce 
genre  sont  remarquables  par  le  défaut  de 
symétrie  dans  la  conformation  des  deux  pre- 
mières paires  de  pattes.  Par  leur  forme  gé- 
nérale, ils  ressemblent  aux  Palémons,  ou 
plutôt  aux  Alphéens,  car  leur  rostre  est 
très  petit.  Leurs  antennes  internes  sont 
grêles,  et  terminées  comme  chez  ces  der- 
niers par  deux  filets  assez  longs.  Les  pattes- 
mâchoires  externes  sont  pédiformes,  lon- 
gues et  grosses;  l'article  qui  les  termine  est 
pointu  au  bout.  Les  pattes  antérieures  sont 
plus  fortes  que  les  suivantes,  mais  de  lon- 
gueur médiocre  ;  celle  du  côté  droit  porte 
une  main  didactyle  bien  formée,  tandis  que 
celle  du  côté  opposé  est  monodactyle,  et 
conformée  à  la  manière  des  pattes  ambula- 
toires. Les  pattes  de  la  seconde  paire  sont 
filiformes,  et  terminées  par  une  pince  rudi- 
mentaire;  leur  carpe  est  multiarticulé,  et 
leur  longueur  très  différente;  celle  de  gauche 
a  presque  deux  fois  la  longueur  des  pattes 
antérieures,  et  celle  de  droite  près  de  deux 
fois  la  longueur  de  son  congénère.  Les  pattes 
suivantes  sont  monodactyles ,  et  terminées 
par  un  lobe  styliforme  non  épineux  ;  celles 
de  la  quatrième  paire  sont  plus  longues  que 
celles  de  la  troisième  paire.  Quant  à  l'abdo- 
men ,  sa  conformation  est  la  même  que 
chez  les  Palémons.  On  ne  connaît  qu'une 
seule  espèce  dans  ce  genre  :  c'est  le  Nika 
comestible,  Nika  edulis  Risso  (Crust.  de 
Nice,  p.  85,  pi.  II,  fig.  3).  Cette  espèce  est 
très  abondamment  répandue  dans  la  Médi- 
terranée et  dans  la  Manche.  Pendant  mon 
séjour  en  Algérie,  j'ai  pris  aussi  fort  com- 
munément ce  Crustacé ,  particulièrement 
dans  les  rades  de  Bône,  d'Alger  etd'Oran. 

(H.  L.) 

NILAUS,  Swainson.  ois.  —  Division  de 
la  famille  des  Lanidées.  Voy.  pie-grièche. 

(Z.  G.) 

*J\ÏLEUS.  crust.— Ce  genre,  qui  appar- 
tient à  la  famille  des  Isotéliens ,  a  été  établi 
par  Dalman  et  adopté  par  les  carcinologis- 
tes.  Cette  coupe  générique ,  proposée  par 


ML 

Dalman  comme  une  section  des  Asaphes, 
établit,  à  plusieurs  égards,  un  passage  entre 
les  Trilobites  ordinaires  et  les  autres  Crus- 
tacés, car  ici  on  n'aperçoit  aucune  trace  des 
deux  sillons  longitudinaux  qui,  en  général, 
divisent  en  trois  lobes  le  corps  de  ces  fos- 
siles, et  qui  leur  a  valu  le  nom  sous  lequel 
on  les  désigne.  Le  corps  des  Nilés  est  court, 
large,  convexe,  et  susceptible  de  se  contrac- 
ter en  boule.  La  tête  est  très  large,  et  pré- 
sente, de  chaque  côté,  une  suture  ou  ligne 
jugale;  les  yeux  sont  grands,  réticulés  et 
semi-lunaires.  Le  thorax  se  compose  de  huit 
anneaux  étroits ,  un  peu  courbés  en  arrière 
vers  le  tiers  latéral ,  et  arrondis  au  bout. 
Enfin  l'abdomen  consiste  en  un  bouclier 
tout-à-fait  lisse,  et  à  peu  près  de  même  forme 
que  la  tête,  mais  un  peu  plus  étroit.  On  con- 
naît deux  espèces  dans  ce  genre ,  dont  le 
Nilé  armadille,  Nileus  armadillo  Daim. 
(Palead.,  p.  49,  pi.  4,  fig.  3),  peut  en  être 
considéré  comme  le  type.  Cette  espèce  a  été 
trouvée  dans  le  calcaire  de  transition  de 
l'Ostrogothie.  (H.   L.) 

NIL-GAUT.  mam.  —  Nom  vulgaire  d'une 
espèce  d'Antilope  (voy.  ce  mot),  V Antilope 
picta.  (E.  D.) 

NILIO  (nilios,  pierre  précieuse),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  famille 
des  Taxicornes,  tribu  des  Cossyphènes ,  créé 
par  Latreille  (Gen.  Crust.  et  Ins. ,  tom.  II, 
pag.  198;  I,  X,  2),  et  adopté  par  Dejêan 
Catalogue,  3e  édit.,  pag.  220).  Huit  espèces, 
toutes  originaires  d'Amérique,  rentrent  dans 
ce  genre.  Nous  indiquerons  ,  comme  en  fai- 
sant partie,  les  suivantes  :  N.  viilosus  (OEgi- 
thus  marginatus  Var.  ),  lanatus  et  maculo-* 
sus  Gr.  Ces  Insectes  ont  une  forme  de  Coc- 
cinellides,  et  ils  sont  un  peu  plus  grands, 
leur  corps  est  couvert  de  poils  courts  très 
serrés  ou  disposés  en  faisceaux.  Ce  genre  est 
ainsi  caractérisé  :  Mandibules  terminées  par 
deux  dents  ;  dernier  article  des  palpes  maxil- 
laires grand,  en  forme  de  hache  ou  de  trian- 
gle renversé  ;  antennes  presque  grenues  ; 
corps  hémisphérique;  épipleures  largement 
sillonnés  et  tronqués.  (C.) 

JXILSOMA  (  nom  propre  ).  bot.  foss.  — 
Genre  de  Cycadées  fossiles,  établi  par  M.  Ad. 
Brongniart  (Prodr.,  95),  qui  le  décrit  ainsi  : 
Feuilles  pinnées  ;  pinnules  rapprochées  , 
oblongues,  plus  ou  moins  allongées ,  arron- 
dies au  sommet ,  adhérentes  au  rachis  par 


NIP 

toute  la  largeur  de  leur  base;  à  nervures 
parallèles,  dont  quelques  unes  sont  beau- 
coup plus  marquées. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces  :  Nils. 
brevis  et  elongata  Brongn.,  trouvées  dans  le 
grès  du  Lias. 

NILTAVA,  Hodgson.  ois.  —Synonyme 
de  Phœnicura,  Vigors.  Voy.  sylvie.  (Z.  G.) 
NIMA.  bot.  ph.  —  Genre  créé  par  Ha- 
milton  (Msc.)  et  qui  offre  de  grands  rap- 
ports avec  lesSimaroubacées  (Voy.  ce  mot). 
Les  végétaux  qui  le  composent  sont  des  ar- 
bustes originaires  du  Népaul. 

*i\IMMOIA.  bot.  pu.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Saxifragacées,  sous-ordre  ou  tribu 
des  Saxifragées,  établi  par  Wight  (in 
Madras journ.,  1837, n.l 5, pag.  309,  t. 20). 
Herbes  de  l'Inde.  Voy.  saxifragacées. 

*MMULA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  diurnes,  tribu  des  Érycinides , 
établi  par  M.  Boisduval  (Lépidopt.,  Suites  à 
Buffon-Roret)  aux  dépens  des  Érycines.  La 
principale  espèce  ,  Nimula  lucinda  (Papilio 
lucinda  Fabr. ,  Erycina  lucinda  God.)  est 
originaire  du  Brésil. 

MI\OX,  Hodgson.  ois.  —  Division  du 
genre  Chouette. 

MOBE,  Salisb.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Funïda,  Spr. 

MOTA  ,  Larn.  (t.  299),  DC.  (Prodr.,  I, 
592),  Willd.  (Plant,  ras.  ar.,  t.  108).  bot. 
ph. — Syn.  de  Samadera,  Gœrtn. 

*NIOT<EA  (nom  mythologique),  bot.ph. 

—  Ce  genre,  établi  par  Wildenow  (  Beliq. 
ex  Schult.  syst.  VII,  762)  répond  en  par- 
tie au  genre  établi  par  Linné  sous  le  nom 
iïllypoxis. 

NIOTOUTT,  kâans.(Voy.  162).  bot.ph. 

—  Syn.  de  Balsamodendron ,  Kunth. 
INÎIPA.   bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 

des  Pandanées?,  établi  par  Thunberg  (in 
act.  Holm.f  1782,  p.  231).  Végétaux  ayant 
le  port  des  Palmiers  et  peu  connus. 

*IVIPH.EA.  ois.  — Genre  créé  par  Audu- 
bon  pour  une  espèce  que  Gmelin  plaçait 
parmi  les  Bruants,  sous  le  nom  ù'Emb.  hie- 
malis  (Emb.  nivalis  Wils.  ,  Ann.  Ornith.  , 
pi.  16,  Cg.  6).  (Z.  G.) 

*NIPHOBOLLTS.noT.  cit.— GenredeFou- 
gères,  de  la  tribu  dcsPolypodiacées,  établi 
par  Xaulfuss  (Enum.,  12i  )  et  divisé  par 
Presl  (  Plcrid.  200 ,  t.  8 ,  f.  17  )  en  trois  sec- 
tions qu'il  nomme  :  Siphobolus  :  scres  glo- 


NIS 


655 


buleux;  Cyclophorus:  sores annulaires;  Scy- 
topteris:  sores  confluents.  Les  Fougères  qui 
composent  ce  genre  croissent  principalement 
dans  les  régions  les  plus  chaudes  de  l'ancien 
continent.  Voy.  fougères. 

*NIPHON.  Niphon.  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens  ,  famille  des 
Percoïdes ,  établi  par  MM.  Cuvier  et  Valen- 
ciennes  (Flist.  des  Poiss. ,  t.  II ,  p.  131)  aux 
dépens  des  Varioles  ,  dont  il  diffère  par  les 
épines  redoutables  dont  les  pièces  opercu- 
laires  sont  armées.  La  seule  espèce  connue 
est  le  Niphon  épineux,  Niphon  spinosus  Cuv. 
et  Val. 

NîRBISIA,  Don  (Syst.,  I,  63).  bot.  pn. 
—  Voy.  caltha,  Lin. 

*MREUS.  ins.  —  Genre  de  Coléoptères- 
subpentamères ,  tétramères  de  Latreille, 
famille  des  Longicornes,  tribu  des  Céram- 
bycins,  créé  parNewmann  (Mag.  hist.  nat. 
Charlesio.,  t.  IV,  p.  194).  Le  type  ,  le  IV. 
tricolor,  a  été  rapporté  de  la  côte  de  Tenes- 
serim.  (C.) 

MRMUS.  hexap.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Epizoïques,  établi  par  Nitzsch  et  adopté  par 
tous  les  aptérologistes.  Dans  ce  genre,  le 
corps  est  étroit;  la  tête  est  de  grandeur 
moyenne,  à  tempes  arrondies  ou  monogo- 
nés;  les  trabécules  sont  molles,  ou  petites 
et  dures;  les  antennes  sont  semblables  dans 
les  deux  sexes,  ou  rarement  plus  épaisses 
dans  les  mâles ,  très  rarement  raniigères. 
Le  dernier  anneau  de  l'abdomen  est  entier 
dans  les  mâles  et  arrondi.  Ce  genre  très  con- 
sidérable en  espèces  se  trouve  sur  les  Oiseaux 
de  toutes  res  familles.  Le  Nirme  discocé- 
phale,  Nirnius discocephalus  Nitzsch  (Thier., 
p.  33;  Denny,  Anapl.  Brit.,  p.  113,  pi.  9, 
fig.  10),  espèce  type,  vit  parasite  sur  le  Falco 
albicilla.  (H.  L.) 

NIPiNAIER.  mam. — Nom  d'une  espèce 
de  Loutre.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MRURI,  Adans.  (Fam.,  I,  356).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Pkyllanthus,  Lin. 

NISA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille 
des  Homalinées,  établi  par  Noronha  (in 
Thouars  Gen.  Madagasc,  n.  81  ).  Arbustes 
originaires  de  Madagascar.  Voy.  homali- 
nées. 

NISAETUS,  Hodgson.  ois.  —  Synonyme 
de  Morplmus  ,  Cuv.  Voy.  spizaète.    (Z.  G.) 

NISORIA.  ois.  —  Nom  latin  et  spécifique 
de  la  Fauvette  épervière  ou  rayée,  converti 


656 


NIT 


NIT 


en  nom  de  genre  par  Ch.  Bonaparte.  Voy. 
SYLVIE.  (Z.  G.) 

MSOT.  moll.  —  Nom  donné  par  Adan- 
son  (Voy.  au  Sénég.)  à  une  coquille  qui  fait 
partie  du  genre  Buccin. 

IMISSOLIE.  Nissolia.  bot.  ph.  — Jacquin 
a  établi  sous  ce  nom  un  genre  de  Papilio- 
nacées,  que  De  Candolle  a  conservé  dans  son 
Prodromus  (t.  II,  p.  257)  en  le  subdivisant 
en  trois  sous -genres  :  Nissolaria,  DC;  Go- 
mezium,T)C.;  Machœrium,  Vers.  Mais  depuis 
la  publication  du  2e  volume  du  Prodromus, 
une  autre  manière  de  voir  a  été  adoptée  par 
M.  Endlicher,  qui  a  conservé  le  nom  de  Nis- 
solia au  premier  des  trois  sous -genres  ad- 
mis par  De  Candolle,  et  qui  a  réuni  les  deux 
autres  pour  en  former  un  genre  distinct  sous 
la  dénomination  de  Machœrium,  Pers.  Ce 
botaniste  a  assigné  les  caractères  suivants 
au  genre  Nissolia  ainsi  réduit  :  Calice  ur- 
céolé-campanulé,  à  5  dents,  dont  les  2  su- 
périeures rapprochées;  corolle  papiilonacée, 
dont  l'étendard  est  presque  orbiculaire , 
échancré,  refléchi,  plus  long  que  les  ailes  et 
Ja  carène;  10  étamines  à  filets  soudés  en 
un  tube  fendu  supérieurement,  persistan- 
tes; ovaire  presque  sessile,  2-3-ovulé;  style 
ascendant;  stigmate  en  tête.  Légume  ar- 
rondi ,  à  2-3  articles  monospermes ,  tron- 
qués ,  indéhiscents,  se  séparant  à  la  matu- 
rité, dont  le  supérieur  se  prolonge  au  som- 
met en  une  aile  membraneuse  ,  obtuse  , 
mince  inférieurement,  un  peu  épaissie  su- 
périeurement; graines  oblongues.  Les  Nis- 
solies  sont  des  arbrisseaux  de  l'Amérique 
tropicale,  volubiles;  leurs  feuilles  sont  pen- 
nées avec  impaire,  bijuguées,  à  stipules  pé- 
tiolaires  libres;  leurs  fleurs  sontverticillées- 
ramassées  à  l'aisselle  àes  feuilles  ,  ou  en 
grappes,  jaunes  ou  d'un  blanc-jaunâtre; 
leur  pédoncule  porte  une  bractée  à  sa  base; 
il  est  articulé  près  de  son  extrémité.  On  n'en 
connaît  que  trois  espèces,  parmi  lesquelles 
nous  nous  bornerons  à  nommer  le  Nissolia 
fruticosa  Jacq.,  qui  croît  dans  les  forêts  de 
Carthagène  et  au  Mexique.  (P.  D.) 

NISLS.  ois.  —  Nom  donné  par  les  an- 
ciens à  l'Épervier.  G.  Cuvier  en  a  fait  un 
nom  de  genre.  (Z.  G.) 

MTELA.  ins.  —  Latreille  (Gênera Crust. 
et  Ins.,  t.  IV,  1809)  a  créé  sous  ce  nom  un 
genre  d'Hyménoptères  Porte-Aiguillons,  de 
la  famille  des  Fouisseurs,  tribu  des  Nysso- 


niens ,  et  qui  a  été  adopté  par  tous  les  en- 
tomologistes. Les  Nitèles  ,  principalement 
caractérisés  par  leurs  antennes  filiformes, 
plus  longues  que  la  tête,  presque  droites,  à 
deuxième  et  troisième  articles  longs  ;  par 
leurs  mandibules  bidentées  à  leur  extré- 
mité ;  par  leurs  jambes  non  épineuses  ;  leurs 
pelotes  des  tarses  très  petites ,  et  par  une 
seule  cellule  cubitale  fermée,  sont  assez  voi- 
sins des  genres  Oxybèle,  Astate  et  Nysson. 
Voy.  ces  mots. 

On  ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce 
de  ce  groupe,  et  Latreille  (Icco  citato)  la  dé- 
signe sous  le  nom  de  Nitela  Spinolœ.  Cet  In- 
secte, long  de  2  lignes,  est  entièrement  noir 
aveeses  ailes  transparentes,  et  présentant  un 
léger  reflet  irisé.  On  le  trouve  dans  le  midi 
de  la  France.  (E.  D.) 

MTELLA.  bot.  cr.  —  Genre  d'Algues 
Characées ,  établi  par  Agardh  (Syst.  XXVII). 
Voy.  algues  et  characées. 

MTIDULA  (nitidus,  brillant),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Clavicornes,  tribu  des  Nitidulaires,  créé 
par  Fabricius  (Systema  entomolog.,  p.  77), 
et  adopté  par  Olivier  et  Dejean.  Ce  dernier 
auteur  (  Calalogue,  3e  edit. ,  p.  135  ,  136) 
en  énumère  61  espèces  de  tous  les  points  du 
globe.  Erichson  a  donné  une  monographie 
sur  les  Insectes  qu'on  y  comprenait  (  Essai 
d'une  classification  systématique  des  Niti- 
dules  ;  Journal  d'Entomologie  de  Germar, 
1843  ,  p.  225  à  361  ),  et  ne  rapporte  à  ce 
genre  que  les  5  espèces  suivantes  :  N.  bi- 
pustulata  Lin.;  obscura  F.;  4-pustulata, 
flexuosa  F.  ;  zig-zag  Say,  et  ciliata  Er. 
Les  4  premières  sont  originaires  d'Europe  ; 
la  5e  est  propre  aux  États-Unis,  et  la  6e  à 
l'Egypte.  (C.) 

NITIDULAIRES.  ins.— Cinquième  tribu 
de  Coléoptères  pentamères,  famille  des  Cla- 
vicornes, établi  par  Latreille  {Règne  animal 
de  Cuvier,  t.  IV,  p.  503),  et  adopté  par  La- 
porte  de  Castelnau  (Histoire  naturelle  des 
animaux  articulés,  t.  III,  p.  7).  Elle  a  pour 
caractères  :  Mandibules  bifides  ou  échan- 
gées à  l'extrémité  ;  tarses  paraissant  compo- 
sés de  quatre  articles  seulement;  antennes 
terminées  par  une  massue  perfoliée,  courte, 
de  deux  à  trois  articles  ;  élytres  courtes  , 
tronquées  dans  plusieurs;  pattes  peu  allon- 
gées. 

Les  Nitidulaires  ont  des  mœurs  très  va- 


NiT 


N1T 


657 


liées.  On  les  trouve  dans  les  fleurs  ,  les 
Champignons ,  sur  ou  sous  les  écorces  des 
arbres  maladifs,  et  dans  les  matières  ani- 
males en  décomposition.  Leur  organisation 
intérieure  présente  un  œsophage  et  un  jabot 
confondus  en  un  tube  fort  court,  ou  ventri- 
cule chyliflque  assez  ample,  droit  etoblong, 
presque  imperceptiblement  granulé  ;  Tintes- 
tin  grêle  est  lisse  ,  et  finit  en  un  cœcum  al- 
longé ;  le  rectum  en  est  séparé  par  une  con-* 
traction  annulaire,  il  est  droit  et  très 
court;  les  vaisseaux  biliaires  sont  au  con- 
traire de  six,  insérés,  d'une  part,  sur  le  ven- 
tricule chylitique,  et,  de  l'autre,  sur  le  cœ- 
cum ,  où  ils  sont  implantés  ensemble  sur 
un  même  point  de  la  face  inférieure  ;  ils 
sont  assez  gros,  amincis  à  leur  extrémité 
ventriculaire.  Les  larves  n'ont  pas  encore  été 
bien  observées.  Genres  :  Peltis,  Meligelhes  , 
Nitidula ,  Cercus,  Cormyphora ,  Byturus, 
Nelota,  Strongylus.  Fischer  (Enlomographiô 
de  la  Russie;  Gênera ,  t.  I ,  p.  39  )  compose 
celte  tribu  des  genres  suivants  :  Thy malus, 
Colobicus,  Nitidula,  Cercus,  Ips,  Dacne  et 
Micropeplus.  (C.) 

MODULES.  Nitidulœ.  —  Sous  ce  nom, 
Erichson  a  établi  (Zeitschrift  fur  die  Ento- 
mologie von  Germar,  Leipzig,  18-43.  —  Na- 
turgeschichle  der  Insecten  Deutschlands , 
1845)  une  famille  de  Coléoptères,  qui  ren- 
trait, d'une  part,  dans  l'une  des  tribus  des 
Ciavicornes  ,  et  de  l'autre  dans  plusieurs 
tribus  de  la  famille  des  Xylophages  de  La- 
treille. 

L'auteur  la  divise  en  six  groupes  :  Ca- 

TARETES,    CARPOPHILINS,    NlTlDULlNES,    STRON- 

gylins,  Epinesins,  et  Peltides.  Dans  le  pre- 
mier groupe  rentrent  les  genres  Cercus, 
Lat.  ;  Brachypterus,  Kug.  ;  dans  le  second  : 
les  Colastus,  Brachypeplus,  Er.  ;  Cyllœus, 
Lap.  ;  Conolelus,  Er.  ;  Carpophilus,  Leach  ; 
Ecnomœus,  Er.  ;  dans  le  troisième  :  les  Epu- 
rea,  Er.; Nitidula,  ¥.;Peniopa,  Foronia,  Pro- 
metopia,  Er.  ;  Psilotus,  Fisch.  [Cerophorus, 
Lap.),  Plalychora,  Axyra,  Ischœna,  Ipidea, 
Ampholis,  Lobiopa,  Omosita,  Phenolia,  Sle- 
Udota,  Er.;  dans  le  quatrième:  les  Thalycra, 
sEthina,  Er.;  Pria,  Meligelhes,  Step.;  Ilebas- 
cus,  Gaulodes,  Lordites,  Pocadius,  Cam- 
ptodes,  Cyllodes, Er. ;  Cychramus,  Kug.;  Am- 
phycrossus,  Pallodes,  Oxychemus,  Triaca- 
nus,  Er.;  dans  le  cinquième  :  les  Cryplar- 
cha,  ëhuek.  ;  Ips,  F.;   Rhizophogus,  Hst.  ; 

T.  VIII. 


enfln,  dans  le  sixième  :  les  Nemoscma,  Lat.  ; 
Temnochila,  Er.  ;  Trogosita ,  F.  ;  Peltis, 
Geoiï.  ;  et  Thymalus,  Lat. 

Cette  famille  renferme  environ  400  es- 
pèces de  tous  les  points  du  globe.  M.  Sturm 
a  figuré  et  décrit  la  plupart  des  espèces  qu 
sont  propres  aux  diverses  contrées  de  l'Alle- 
magne. (C.) 

*MTOPHÏLLUM.  bot.  cr.  —  Ce  genre, 
établi  par  Greville  (Alg.  synops.,  XXVII) , 
correspond  en  partie  au  genre  Delesseria  de 
Lamouroux. 

*MTRANGIUM,  Endlich.  (Gen.  plant., 
pag.  520,  n.  3093).  bot.  ph.  —  Voy.  styli- 
dium  ,  Swartz. 

MTRAÏIIA  (  nitrum,  nïtre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  unique  de  la  petite  famille  des  Nitra- 
riacées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  602),  et 
dont  les  caractères  sont  :  Calice  5-fide,  très 
petit,  charnu,  persistant.  Corolle  à  5  pétales 
insérés  au  fond  du  calice,  oblongs,  concaves. 
Étamines  1 5,  insérées  au  fond  du  calice  ;  filets 
subulés;  anthères  introrses,  à  2  loges  s'ou- 
vrant  par  une  petite  fente  oblique.  Ovaire  li- 
bre, sessile,  à  3  ou  6  loges  uni-ovulées.  Style 
terminal  très  court,  épais  ;  stigmates  3  ou  6, 
papilliformes.  Le  fruit  est  un  drupe  ou  une 
baie  ovale  ,  acuminée,  contenant  un  noyau, 
uni-loculaire  par  avortement,  monosperme, 
scrobiculée  extérieurement,  à  6  valves  subu- 
lées,  et  s'ouvrant  par  le  sommet.  Graine 
ovale-acuminée,  inverse,  à  raphé  filiforme, 
longitudinal,  à  test  membraneux.  Embryon 
sans  périsperme,  orthotrope  ;  cotylédons  el- 
liptiques, plans-convexes;  radicule  courte, 
cylindrique,  supère. 

Les  Nitraria  sont  des  arbrisseaux  inermes 
ou  à  rameaux  couverts  d'épines ,  à  feuilles 
alternes  ,  épaisses  ,  souvent  réunies  en  fais- 
ceaux, oblongues,  très  entières  ou  3-dentées 
au  sommet;  à  fleurs  blanches,  solitaires  ou 
réunies  en  forme  de  cymes;  à  drupes  noirs 
ou  rouges,  d'un  goût  salé. 

Ces  végétaux  croissent  principalement 
dans  le  centre  de  l'Asie,  et  dans  les  régions 
tropicales  et  méditerranéennes  de  l'Afrique. 

Tarmi  les  espèces  qui  composent  ce 
genre,  nous  citerons  comme  type  le  Nitra- 
ria Scholcri,  Linn.  (N.  sibirica,  Lamk.).  (J.) 

MTRAiUACÉES.  Nilrariaceœ.  bot.  ph. 
— Petite  famille  établie  (Endl.,  Gen.  Plant., 
p.  1094)  aux  dépens  des  Ilicinées,  et  dont 
les  caractères  sont  les  mêmes  que  ceux  du 

83 


658 


NIT 


NIT 


genre  NUraria,  le  seul  qu'elle  renferme. 

Voy.  MTRARIA. 

NITRATES  (de  nilrum,  nitre).  ch.  et 
min. — Syn.  :  Azotates.  Sels  composés  d'Acide 
nitrique  ou  azotique  et  d'une  basesaliflable. 
La  plupart  des  Nitrates  sont  à  l'état  neutre  : 
quelques  uns  sont  avec  excès  de  base,  il  n'y 
en  a  point  avec  excès  d'Acide.  Dans  les  Ni- 
trates neutres,  l'oxygène  del'Acide  esta  celui 
de  la  base  comme  5  est  à  1.  La  chaleur  dé- 
compose tous  les  Nitrates,  qui  tendent  en 
général  à  oxygéner  les  corps  combustibles 
que  l'on  chauffe  avec  eux.  Mêlés  avec  de  la 
poudre  de  charbon  ou  avec  du  soufre ,  ils 
détonent ,  quand  on  chauffe  le  mélange. Tous 
les  Nitrates  neutres  sontsolubles  dans  l'eau, 
et  par  conséquent  doués  de  saveur.  Us  déga- 
gent du  gaz  nitreux  (Acide hypoazotique  )  par 
l'action  de  l'Acide  sulfurique  sur  leur  mé- 
lange avec  de  la  limaille  de  Cuivre.  Il  existe 
un  grand  nombre  de  Nitrates  artificiels , 
parmi  lesquels  ceux  d'Argent,  de  Cuivre  et 
de  Mercure  sont  d'un  usage  important  dans 
les  arts  et  la  médecine.  Dans  la  nature ,  il 
n'y  a  que  les  Nitrates  de  potasse ,  de  soude , 
de  chaux  et  de  magnésie ,  qui  se  produisent 
en  efflorescence  dans  les  lieux  humides  ,  où 
des  matières  azotées  entrent  en  décompo- 
sition. On  les  trouve  aussi  dans  quelques  ter- 
rains poreux,  où  la  présence  des  matières 
organiques  est  difficile  à  reconnaître.  Voici 
les  principaux  caractères  de  ces  espèces  : 

1.  Nitrate  de  potasse,  Nitre  ou  Salpêtre. 
Substance  saline  blanche,  soïuble,  non  dé- 
liquescente ,  d'une  saveur  fraîche;  ayant  au 
plus  haut  degré  la  propriété  de  fuser  sur  les 
charbons  ardents  au  moment  où  on  l'y  pro- 
jette, c'est-à-dire  d'augmenter  et  de  propa- 
ger la  combustion  ,  en  faisant  entendre  une 
sorte  de  bruissement.  Ses  formes  cristallines 
sont  toutes  un  produit  de  l'art  :  c'est  un  des 
sels  dans  lesquels  s'observe  le  dimorphisme, 
c'est-à-dire  la  propriété  de  cristalliser  dans 
ileux  systèmes ,  savoir  le  rhombique  et  le 
rhomboédrique.  Le  plus  ordinairement,  on 
l'obtient  en  prismes  droits  rhomboïdaux  de 
1 1 9°  terminés  par  des  pyramides, presque  tou- 
jours  comprimés  et  s'offrant  sous  l'apparence 
de  tables  rectangulaires  biselées  sur  leurs 
bords.  Dans  la  nature,  on  ne  trouve  le  Nitre 
qu'en  petites  houppes  cristallinesàla  surface 
des  murailles ,  des  plaines  sableuses  et  des 
roches  calcaires.  En  France,  on  retire  pres- 


que tout  le  Nitre  employé  dans  les  arts,  des 
vieux  plâtres  ,  où  il  est  mélangé  avec  des  Ni- 
trates de  chaux  et  de  magnésie. 

Le  Nitre  est  employé  comme  fondant  dans 
quelques  opérations  docimastiques  ;  il  entre 
dans  la  composition  de  quelques  verres  et  de 
plusieurs  médicaments.  On  s'en  sert  pour 
préparer  l'Acide  sulfuriqueet  l'Acide  nitrique 
du  commerce;  mais  son  principal  usage  est 
d'être  employé  concurremmentavec  le  soufre 
et  le  charbon  dans  la  fabrication  de  la  pou- 
dre à  canon  ,  qui  est  un  mélange  d'environ 
six  parties  de  nitre,  une  partie  de  charbon 
et  une  de  soufre.  Les  effets  violents  de  ce 
mélange  proviennent  de  la  formation  instan- 
tanée et  de  l'expansion  subite  de  divers  gaz 
qui  se  développent  dans  son  inflammation. 
La  poudre  est  d'autant  meilleure  qu'elle  pro- 
duit plus  de  gaz  pour  un  poids  donné  et  que 
les  gaz  ont  plus  de  ressort.  De  là  toutes  les 
précautions  que  l'on  prend  pour  s'assurer  de 
la  pureté  des  éléments  qui  entrent  dans  sa 
composition,  pour  effectuer  le  mélange  dans 
des  proportions  convenables  et  rendre  le  con- 
tact des  parties  plus  parfait. 

2.  Nitrate  de  soude.  Substance  blanche, 
non  déliquescente,  cristallisant  en  rhom- 
boèdres de  106°  30'.  Pesanteur  spécifique  = 
2,1.  Découverte  dans  une  couche  d'argile 
dans  les  environs  de  la  baie  d'Iquique  et 
à  Tarapaca  ,  dans  le  département  d'Are- 
quipa,  en  Bolivie.  Elle  forme  un  lit  de  près 
d'un  mètre  d'épaisseur,  sur  une  étendue  de 
plus  de  quarante  lieues.  On  l'exploite  avec 
avantage  pour  la  préparation  de  l'Acide 
nitrique. 

3.  Nitrate  de  chaux  ,  Nitre  calcaire.  Sub- 
stance déliquescente,  dont  la  solution  pré- 
cipite par  les  oxalales.  En  efflorescence  et 
presque  toujours  mêlé  au  salpêtre. 

4.  Nitrate  de  magnésie.  Autre  sel  encore 
plus  remarquable  que  le  précédent  par  sa 
déliquescence  et  dont  la  solution  précipite 
par  la  potasse.  Mêmes  gisements  que  les 
Nitrates  de  potasse  et  de  chaux.      (Del.) 

NITRE  ou  SALPÊTRE,  min.  —  Syn.  de 
Nitrate  de  Potasse.  Voy.  nitrates. 

*MTZCHIA  (nom  propre),  annél.  ?  — 
Genre  incomplètement  connu  de  Ver  marin, 
qui  a  été  trouvé  par  Baer  sur  les  branchies 
et  les  opercules  de  l'Esturgeon,  et  décrit  par 
ce  naturaliste  (Nov.  act.  nat.  curios.,  t.  XIII, 
part.  2,  pi.  22,  fig.  1-4).  11  est  voisin  des 


NIV 


NIV 


659 


Malacobdelles  et   des  Axines.  Voici  les  ca- 
ractères qu'on  lui  a  assignés  : 

Corps  ovale -oblong  ,  très  déprimé  ,  por- 
tant, près  de  l'extrémité  antérieure  du  corps, 
les  orifices  sexuels  qui  sont  très  rapprochés. 
Ventouse  ovale  réduite  à  une  saillie,  pour- 
vue de  chaque  côté  d'une  fossette  ou  suçoir. 
Bouche  inférieure  et  non  terminale.  Mâ- 
choires nulles.  Yeux  nuls?  Ventouse  anale 
sans  crochets  ni  pointes.  Anus  non  décrit. 

L'espèce  a  été  nommée  N.   elongata. 

(P.  G.) 

*MTZSCHIA  (nom  propre),  hexap.  —  Ce 
genre,  qui  appartient  à  l'ordre  des  Hexa- 
podes, a  été  établi  par  M.  Denny  aux  dé- 
pens des  Liotheum  de  Nitzsch.  Dans  cette 
coupe  générique,  la  tête  est  triangulaire, 
oblongue;  les  tempes  sont  sinueuses.  Les 
palpes  maxillaires  sont  larges  et  saillants. 
Les  antennes  sont  boutonnées  et  presque 
cachées.  Le  prothorax  est  étroit.  Le  méso- 
thorax est  large  et  très  distinct.  L'abdomen 
est  oblong.  Les  tarses  sont  pourvus  de  lar- 
ges pelotes  roulées.  La  Nitzschie  de  Bur- 
meister,  NitzschiaBurmeislcri  Denny  (Anopl. 
Brit.,\>.  230,  n.  1,  pi.  32,  fig.  5),  espèce 
type  du  genre  ,  vit  parasite  sur  le  Marti- 
net. (H.  L.) 

NIVAR.  moll. — Nom  donné  par  Adanson 
{Voy.  au  Sénég.)  à  une  coquille  nommée  par 
Lamarck  Fusus  Morio. 

*MVARIA,Mœneh.  (Method.,  280).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Leucoium,  Lin. 

NIVENIA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Protéacées,  tribu  des  Protéinées,  établi 
par  R.  Brown  (in  Lin.  Transact.,  X,133). 
Arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  protéacées.  — 
Vent.  (Dec.  nov.  gen.y  n.  5),  syn.  de  Wit- 
senia,  Thunb. 

NIVÉOLE.  Leucoium  ().£vxoç,  blanche; 
fov,  violette),  bot.  ph.  — Genre  de  plantes 
de  la  famille  des  Amaryllidées  ,  de  THexan- 
drie  monogynie  dans  le  système  de  Linné. 
Il  se  compose  de  plantes  herbacées,  qui  crois- 
sent dans  les  parties  moyennes  de  l'Europe 
et  dans  la  région  méditerranéenne  en  géné- 
ral. De  leur  bulbe  globuleux  et  à  tuniques 
partent  des  feuilles  allongées,  plus  ou  moins 
étroites,  et  une  hampe  anguleuse  que  ter- 
minent les  fleurs.  Celles-ci  sont  enveloppées, 
à  l'état  jeune  ,  par  une  spathe  monophylle 
oblongue,  comprimée,  fendue  d'un  côté; 
elle?  sont  blanches;  elles  présentent  les  ca- 


ractères suivants  :  Périanthe  coloré  ,  adhé- 
rent inférieurement  à  l'ovaire,  campanule , 
à  6  divisions  sur  deux  rangs  presque  égaux , 
ovales ,  épaissies  vers  leur  extrémité ,  qui 
présente  généralement  une  tache  verte  ; 
6  étamines  insérées  sur  un  disque  épigyne  ; 
ovaire  adhérent,  à  3  loges,  renfermant 
chacune  des  ovules  nombreux  disposés  en 
deux  rangées  à  leur  angle  interne  ;  un  style 
droit ,  en  massue  ou  filiforme,  terminé  paï 
un  seul  stigmate.  Le  fruit  est  une  capsule 
charnue  qui  renferme  un  petit  nombre  de 
graines  à  test  noir.  Nous  dirons  ici  quel- 
ques mots  sur  deux  espèces  de  ce  genre. 

1.  Nivéole  printanière  ,  Leucoium  ver- 
num  ,  Linn.  Cette  jolie  plante  est  souvent 
désignée  sous  le  nom  vulgaire  de  Perce- 
neige,  qui  appartient  proprement  au  Galan- 
thus  nivalis  ,  et  qui  vient  de  ce  que  sa  flo- 
raison est  du  petit  nombre  de  celles  qui 
annoncent  le  réveil  de  la  végétation.  Sa 
hampe  ne  dépasse  pas  d'ordinaire  2  déci- 
mètres; ses  feuilles  sont  peu  allongées;  sa 
fleur,  terminale  et  solitaire,  est  penchée, 
blanche  avec  une  tache  verte  à  l'extrémité  de 
chaque  division  du  périanthe;  son  style  est 
en  massue.  Elle  croît  naturellement  dans  les 
prés  humides  et  ombragés  des  montagnes; 
on  la  cultive  assez  fréquemment  dans  les 
jardins ,  où  elle  vient  sans  la  moindre  dif- 
ficulté. 

2.  Nivéole  d'été,  Leucoium  œstivum,  Lin. 
Celle-ci  croît  dans  les  prairies  et  les  lieux 
frais  de  nos  départements  méridionaux  ; 
malgré  sa  dénomination  elle  est  printa- 
nière, mais  plus  tardive  que  la  précédente, 
sa  floraison  ayant  lieu  au  mois  de  mai.  Elle 
diffère  de  la  Nivéole  printanière  par  sa 
hampe  au  moins  deux  fois  plus  haute  ,  que 
nous  avons  même  vue  s'élever  à  6-7  déci- 
mètres ;  par  ses  feuilles  beaucoup  plus  lon- 
gues ;  par  ses  fleurs,  de  forme  et  de  dimen- 
sions analogues,  mais  sortant  au  nombre  de 
5-6  de  la  même  spathe  ,  à  l'extrémité  de  la 
hampe,  et  dans  lesquelles  les  trois  divisions 
intérieures  du  périanthe  portent  seules  une 
tache  verte  vers  le  bout.  Leur  style  est  renflé 
en  massue  vers  le  sommet.  On  cultive  éga- 
lement cette  espèce  dans  les  jardins,  où  elle 
reçoit  vulgairement  le  nom  de  Nivéole  à  bou- 
quet. Elle  réussit  aussi  sans  la  moindre  dif- 
ficulté ,  surtout  dans  une  terre  un  peu  lé- 
gère. On  la  multiplie  ,  de  même  que  la  pré» 


660 


NOC 


NOC 


cédente,  par  ses  cayeux ,  qu'on  sépare  en 
juillet  pour  les  planter  en  octobre.     (P.  D.) 

NOBULA,  Adans.  (Fam.  II,  145).  eût. 
ph.  —  Syn.  de  Phyllis  ,  Lin. 

NOC(LEA,Reichenb.  (Flor.  Germ.,633). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Hutchinsia ,  R.  Br. 

NOCTHORA,  F.  Cuv.  mam.  —  Syn.  d\4o- 
tus.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NOCTILION.  Noctilio.  mam.  —  Genre  de 
Chéiroptères  insectivores  créé  par  Linné 
(Syst.  nalurœ,  t.  XII,  1766),  et  adopté  par 
tous  les  zoologistes.  Les  Noctilions  ont  vingt- 
huit  dents,  savoir  :  quatre  incisives  supé- 
rieures ,  formant  un  groupe  séparé  des  ca- 
nines; deux  incisives  inférieures  placées  en 
avant  des  canines;  quatre  canines  ,  deux  à 
chaque  mâchoire,  très  robustes  ;  quatre  mo- 
laires de  chaque  côté  à  la  mâchoire  supé- 
rieure,  à  couronne  hérissée  de  pointes  ai- 
guës ;  enfin  cinq  molaires  inférieures  à  droite 
et  à  gauche.  Leur  museau  est  court,  très 
renflé ,  fendu  et  garni  de  verrues  ou  de  tu- 
bercules charnus;  le  nez  est  confondu  avec 
les  lèvres;  les  narines  sont  rapprochées  et 
font  une  légère  saillie;  le  chanfrein  est  dé- 
pourvu de  crête  ou  de  feuille  membra- 
neuse ;  les  oreilles  sont  petites  ,  latérales  , 
isolées  ;  la  membrane  interfémorale  est  très 
grande  ;  la  queue  est  de  moyenne  grandeur, 
enveloppée  en  grande  partie  et  libre  dans  le 
reste,  en  dessus  de  la  membrane  interfémo- 
rale; la  lèvre  supérieure  est  divisée  dans  son 
milieu  par  un  profond  sillon  ,  ce  qui  leur  a 
valu  quelquefois  le  surnom  de  bec-de-lièvre; 
les  ongles  des  pieds  de  derrière  sont  très 
robustes. 

Les  Noctilions  se  trouvent  dans  les  contrées 
chaudes  et  boisées  de  l'Amérique  méridio- 
nale, telles  que  le  Brésil,  le  Paraguay,  le 
Pérou ,  etc.  Leurs  mœurs  n'ont  pas  été  ob- 
servées ;  toutefois,  d'après  la  forme  de  leurs 
vraies  molaires ,  on  peut  conjecturer  qu'ils 
vivent  d'Insectes  et  non  de  fruits,  comme 
Linnœus  le  rapporte. 

On  ne  connaît  qu'un  petit  nombre  d'es- 
pèces de  ce  genre ,  et  nous  prendrons  pour 
,  type  le  Noctilion  unicolore,  Noctilio  unico- 
I  îor  Geoffr.,  Noctilio  americanus  et  leporium 
Linné,  Vesperlilio  americanus  rujus  Bris- 
son  ,  etc.,  qui  a  la  taille  d'un  Rat ,  et  dont  le 
pelage  est  d'un  roussâtre  uniforme ,  avec 
les  membranes  des  ailes  un  peu  plus  claires. 
Du  Brésil. 


On  a  donné  le  nom  de  Noctilion  dogue  k 
une  espèce  de  Molosse  (voy.  ce  mot),  et  ce- 
lui de  Noctilion  lepture  à  une  espèce  de  Tu- 
phien.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*NOCTILIONINA  (denocMio,  noctilion). 
mam.  —  M.Gray  {Ann.  of  Phil.  XXVI,  1835) 
indique  sous  ce  nom  une  petite  subdivision 
de  Chéiroptères ,  qui  comprend  le  genre 
Noctilion  et  quelques  autres.  Voyez  ce 
mot.  (E.  D.) 

NOCTILUCA  (nox,noctis,  nuit;  lucere, 
briller,  luire),  acal.?  infus.  —  Genre  créé 
par  M.  Savignypourun  petit  animal  marin 
transparent,  globuleux  et  muni  d'une  sorte 
de  pédoncule  ou  de  trompe,  arrivant  quel- 
quefois en  quantité  prodigieuse  sur  les  côtes 
de  Normandie,  où  il  rend  la  mer  phospho- 
rescente. L'organisation  paradoxale  de  ce 
petit  être ,  mal  observé  d'abord ,  vient  d'être 
l'objet  des  recherches  de  M.  Doyère,  qui  lui 
trouve  une  certaine  analogie  avec  les  Rhizo- 
podes,  avec  les  Gromies,  en  particulier, quant 
à  la  nature  glutineuse,  homogène  de  la  sub- 
stance charnue  de  l'intérieur.  Cette  sub- 
stance, ou  sarcode,  qui  n'est  ni  du  tissu 
cellulaire  ni  du  tissu  fibreux ,  plus  ou  moins 
pénétrée  de  liquide,  laisse  à  l'intérieur  des 
cavités  adventives  ou  vacuoles  dans  lesquelles 
sont  temporairement  logées  ou  de  l'eau  salée 
ou  de  l'eau  avec  divers  corps  étrangers  in- 
troduits comme  aliments  par  un  orifice  buc- 
cal garni  d'un  cil  vibratile  à  la  base  du  pé- 
doncule en  forme  de  trompe.  Cette  même 
substance  entre  les  lacunes  ou  vacuoles 
s'étire  incessamment  de  diverses  manières 
en  produisant  des  cordons,  destractus  com- 
parables aux  expansions  extérieures  rhizo- 
podiques  des  Gromia,  mais  fixées  de  part 
et  d'autre  à  l'enveloppe,  qui  est  membra- 
neuse, assez  résistante.  On  voit  d'après  cela 
que  les  Noctiluques ,  au  lieu  d'être  des  Aca- 
lèphes  comme  on  l'avait  admis  provisoire- 
ment, constituent  un  ordre  très  voisin  des 
Rhizopodes  et  des  Infusoires  péridiniens.  En 
effet,  les  Péridiniens  et  les  Cérastiens  ont 
aussi  une  enveloppe  résistante,  contenant 
la  substance  sarcodique  entremêlée  de  va- 
cuoles, et  de  plus  ils  ont  un  ou  plusieurs 
cils  vibratiles,  comme  les  Noctiluques.  La 
seule  espèce  connue,  N.  mïliaris,  est  grosse 
comme  la  tête  d'une  petite  épingle.    (Doj.) 

NOCTUA.  mol.  —  Genre  proposé  par 
Klein  pour  des  coquilles  rangées  aujourd'hui 


NOC 


NOC 


6G1 


parmi  les  Cérithes;  telles  sont  les  C.  aïcus 
et  C.  lineatum. 

NOCTUA.  ins.  —  Voy.  noctuelle. 

IVOCTUA.  ois,  —  Nom  que  les  anciens 
donnaient  en  général  aux  Chouettes,  mais 
plus  spécialement  à  la  Chouette  chevêche. 
G.  Cuvicr  et  Savigny  en  ont  fait  le  nom 
d'un  genre  particulier  ,  qui  a  pour  type 
cette  dernière  espèce.  (Z.  G.) 

*NOCTUÉLÏDES.  NoctueUdes.  ms.— Sy- 
nonyme de  Noctuélites,  d'après  Duponchel. 

(E.  D.) 

NOCTUÉLÏENS.  Nocluelii.  ins.  — M.E. 
Blanchard  {Hist.  des  Ins.  1845)  indique  sous 
ce  nom  une  tribu  de  Lépidoptères  de  la 
grande  division  des  Nocturnes  et  qui  corres- 
pond en  grande  partie  aux  Noctuélites  de 
Latreilîe.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NOCTUÉLITES.  Noctuélites. ms.  —Tribu 
de  l'ordre  des  Lépidoptères,  famille  des  Noc- 
turnes, établie  par  Latreilîe  (Gênera  Crust. 
et  Ins.),  qui  lui  assigne  pour  caractères  :  une 
trompe  cornée  assez  longue,  roulée  en  spi- 
rale; des  palpes  inférieurs  terminés  brusque- 
ment par  un  article  plus  mince  que  le  pré- 
cédent,  celui-ci  comprimé  ;  antennes  séta- 
cées;  ailes  inférieures,  plissées  dans  leur 
longueur  au  côté  interne. 

Linné,  en  établissant  le  genre  Phalène 
(Systema  nalurœ) ,  avait  bien  compris  qu'il 
ne  pouvait  exister  sans  divisions,  et  lui- 
même,  en  formant  son  groupe  des  Phalœnœ 
nocturnœ  ,  créait  presque  le  genre  Noctua  , 
qui  depuis  est  devenu  la  tribu  des  Noctué- 
lides;  mais  il  y  comprenait,  en  outre,  d'au- 
tres Lépidoptères,  tels  que  les  Cossus. 

Geoffroy  laissa  les  Noctuelles  avec  les  Pha- 
lènes, seulement  il  en  fit  la  deuxième  divi- 
sion de  la  seconde  famille,  qui  a  les  antennes 
filiformes,  une  trompe  et  les  ailes  rabattues, 
et  il  y  joignit  des  Écailles,  des  Callimor- 
phes ,  des  Pyrales  et  des  Phalènes  véri- 
tables. 

Fabricius  (  Entomologie  systématique  ) 
adopta  le  genre  Noctua  de  Linné  ,  tel  qu'il 
le  trouve  limité  dans  la  seconde  division  , 
et  lui  donna  pour  caractères  :  Palpes  com- 
primés ,  velus  ,  cylindriques  et  nus  au  som- 
met; trompe  allongée,  cornée;  antennes 
Sutacées;  et  il  y  établit  cinq  ramilles,  fon- 
dées sur  le  port  des  ailes.  Fabricius  étant 
mort  avant  d'avoir  publié  son  SyslemaGlos- 
satorum,   les  coupes  qu'il    pouvait  avoir 


introduites  dans  cette  partie  ne  sont  con- 
nues que  par  un  extrait  qu'en  a  donné 
Illiger,  dans  le  sixième  volume  de  son  Ma- 
gasin entomologique. 

Olivier  (  Encyclopédie  méthodique  )  décrit 
quatre  cent  cinquante-neuf  espèces  de  ce 
groupe,  et  il  les  classe  d'après  les  cinq  sub- 
divisions de  Fabricius;  mais  ces  divisions 
ne  suffisaient  pas  pour  faciliter  les  recher- 
ches, et  il  était  utile  d'établir  des  coupes 
plus  tranchées. 

C'est  dans  le  Catalogue  des  Lépidoptères 
de  Vienne  que  l'on  voit  pour  la  première  fois 
le  genre  Noctua ,  partagé  en  de  nombreu- 
ses coupes.  Dans  cet  ouvrage,  le  genre  est 
divisé  en  vingt-cinq  familles,  qui  sont  in- 
diquées par  des  lettres,  mais  sans  nom  de 
division  ;  leurs  subdivisions  sont  établies  sur 
le  port  des  ailes ,  le  nombre  des  pattes  des 
chenilles,  et  souvent  sur  des  différences  de 
couleur. 

En  1810,  Latreilîe  sépara  des  Noctuelles 
le  genre  E  rébus ,  qu'il  caractérisa  par  le 
dernier  article  des  palpes  nu,  aussi  long 
que  le  précédent. 

Ochsenheimer ,  en  1816  ,  dans  le  Supplé- 
ment à  son  Histoire  des  Lépidoptères  diurnes, 
donna  aussi  un  aperçu  de  sa  méthode , 
où  il  fit  entrer  comme  genres  les  coupes  éta- 
blies dans  le  Catalogue  des  Lépidoptères  de 
Vienne  ;  ceux  adoptés  par  Fabricius ,  dans 
son  Systema  Glossatorum,  inédit;  ceux  que 
Schranck  avait  créés  dans  la  Fauna  boica  ; 
les  coupes  et  les  genres  indiqués  par  Hub- 
ner,  Borchkausen,  et  autres  auteurs,  qui  l'a- 
vaient précédé,  et  enfin  ceux  qu'il  avait 
créés  lui-même  ;  et  il  arriva  ainsi  à  carac- 
tériser, d'une  manière  incomplète,  qua- 
rante-deux genres,  formés  aux  dépens  de 
l'ancien  groupe  des  Noctua. 

M.  Treitschke,  en  traitant  des  Noctuelles 
dans  l'ouvrage  d'Ochsenheimer ,  qu'il  était 
chargé  de  terminer,  adopta  tous  les  genres 
créés  par  cet  auteur,  et  en  établit  lui-même 
de  nouveaux,  tels  que  ceux  des  Bryophila, 
Cymalophora  ,  Noctua  ,  Eriopus  ,  Phlogo- 
phora,  Calpe  et  Mamia ,  qu'il  caractérisa 
principalement  d'après  la  chenille  et  les 
métamorphoses. 

Duponchel,  en  1834  (vol.  VI  de  YHist. 
des  Papillons  d'Europe),  ne  partagea  les  Noc- 
tuelles qu'en  sept  genres  (non  compris  celui 
des  Ercbus),  et  il  les  désigna  sous  les  noms 


662 


NOC 


de  Noctua,  CucvMa.,  Xaulhia,  Gonoptera, 
Calyptra.,  Plusia  et  Chrysoplera. 

En  1829,  M.  le  docteur  Boisduval  (Index 
methodicus  Europœorum  Lepidopterorum  ) 
divisa  la  famille  des  Nocturnes  en  un  assez 
grand  nombre  de  tribus,  dont  les  Noctuelles 
forment  les  :  7e  (Noctuo-Bombycini),  8e  (Bom- 
bycoidi),  9e  (Noctuelidii) ,  10e  (Plusidi  ), 
11e (Catocalidi),  \T  (Heliotidï) ,  et  13e  (Noc- 
tuo-Phalœnidi) .  Les  genres  y  sont  au  nom- 
bre de  quarante-huit;  ce  sont  ceux  des  au- 
teurs antérieurs  et  quelques  nouveaux,  tels 
que  ceux  des  Asteroscopus,  Heliophobus ,  Eu- 
ripla,  Hilarus,  Luperina,  Cerocala  et  Timia. 

Pius  tard,  M.  Treitschke,  en  donnant  un 
addenda  à  son  ouvrage ,  remania  toute  sa 
méthode;  m<iis  ce  remaniement  ne  consiste 
que  dans  le  déplacement  de  quelques  espèces 
extraites  d'un  genre  pour  cire  remises  dans 
un  autre;  il  donne  toutefois  comme  nou- 
veaux les  genres  Cocylia  et  Cleophana,  que, 
du  reste,  il  ne  caractérisa  pas. 

En  1844,  Duponchel,  dont  nous  suivrons 
constamment  la  classification  qu'il  a  lui- 
même  adoptée  dans  ce  Dictionnaire,  indique 
(Catalogue  méthodique  des  Lépidoptères  d'Eu- 
rope, formant  le  complément  à  l'Histoire  na- 
turelle des  Lépidoptères  d'Europe)  12  genres 
comme  devant  entrer  dans  sa  tribu  des  Noc- 
tuélides ,  et  il  les  désigne  sous  les  noms  de 
Hiria ,  Dup.;  Triphœna ,  Treits.  ;  Segetia , 
Steph.  ;  Noctua  ,  Treits.  ;  Opigcna ,  Boisd.  ; 
Actebia,  Steph.;  Chersotis ,  Boisd.;  Agrotis, 
Ochs.;  Charœas,  Steph.;  Heliophobus,  Boisd.; 
Spœlotis,  Boisd.;  et  Rusina,  Steph. 

Enfin  M.  E.  Blanchard  ,  en  1845  ,  dans 
son  Histoire  des  Insectes  faisant  partie  du 
Cours  d'histoire  naturelle  de  MM.  Didot,  a 
divisé  la  tribu  des  Noctuélites,  qu'il  désigne 
?ous  le  nom  de  Noctuéliens ,  en  deux  fa- 
milles, subdivisées  elles-mêmes  en  plusieurs 
groupes,  dont  voici  l'énumération  : 

lre  famille. — Noctuides. 
Groupes:  Cymatophoriles  ,  Acronyctites  , 
Arnphipyrites,  Noctuites,  Hadénites,  Ortho- 
sites ,  Xylinites,  Calpites,  Plusiites,  Acon- 
tites,  Euclidites,  Catocalites. 

2e  famille. — Érébides. 
Groupes  :  Ophidérites,  Aganaïtes  ,  Éré- 
bites. 

Telles  sont  les  nombreuses  divisions  que 
l'on  a  été  forcé  de  faire  dans  l'ancien  genre 


NOC 

Noctua,  dont  on  connaît  aujourd'hui  près  de 
800  espèces.  Disons  maintenant  quelques 
mots  des  Noctuelles  en  général. 

Ces  Insectes,  à  leur  état  parfait,  ont  des 
antennes  pectinées  ,  dentées  ou  ciliées  dans 
les  mâles,  simples  ou  filiformes  dans  les  fe- 
melles; les  palpes  dépassent  un  peu  la  tête, 
et  leur  dernier  article  est  toujours  bien  dis- 
tinct; leur  trompe  est  plus  ou  moins  lon- 
gue ;  le  corselet  est  presque  toujours  lisse; 
l'abdomen  est  plus  ou  moins  aplati;  les 
ailes  supérieures  sont  généralement  très 
étroites,  et  les  inférieures ,  au  contraire  , 
sont  larges  :  les  premières  croisées  l'une  sur 
l'autre  et  recouvrant  les  secondes ,  qui  sont 
plissées  sous  elles  dans  l'état  de  repos;  les 
écailles  des  ailes  sont  imbriquées ,  très  ser- 
rées et  diversement  colorées.  Les  chenilles 
ont  seize  pattes  :  elles  sont  cylindriques, 
lisses,  sans  protubérance,  généralement  de 
couleurs  sales  ,  d'un  aspect  tantôt  luisant, 
tantôt  velouté;  elles  vivent  toutes  de  plan- 
tes basses,  dont  elles  rongent,  les  unes  les 
racines,  les  autres  les  feuilles  :  elles  se  tien- 
nent toujours  cachées  pendant  le  jour,  soit 
sous  les  feuilles  caulinaires  ,  soit  sous  des 
pierres,  soit  dans  des  trous  qu'elles  se  creu- 
sent dans  la  terre.  Les  chenilles  des  Noc- 
tuelles sont,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
phytophages;  toutefois  on  en  a  vu  qui 
tuaient  ,  non  seulement  toutes  les  chenilles 
qu'elles  pouvaient  attraper ,  mais  même 
celles  de  leur  espèce  ;  elles  les  saisissaient 
par  le  milieu  du  corps  avec  leur  mâchoire  , 
et  les  suçaient  jusqu'à  ce  qu'elles  n'eussent 
plus  de  peau. 

Les  Chenilles  se  changent  en  nymphes 
quand  elles  sont  parvenues  à  perdre  tout 
leur  accroissement;  pour  cette  opération, 
elles  cherchent  un  endroit  abrité,  soit  sous 
un  tas  de  feuilles  mortes,  soit  sous  une 
écorce  d'arbre,  soit  enfin  dans  la  terre;  elles 
se  filent  une  coque  très  légère  et  se  dépouil- 
lent de  leurs  poils,  qu'elles  lient  entre  eux 
avec  quelques  fils  de  soie  très  minces. 

Les  chrysalides  sont  lisses,  luisantes,  cy- 
lindrico-coniques  ,  et  renfermées  dans  des 
coques  peu  solides  ,  composées  entièrement 
de  terre,  et  plus  ou  moins  profondément  en- 
terrées. 

Quelques  espèces  passent  l'hiver  à  l'état  de 
chrysalide,  mais  le  plus  grand  nombre  restent 
peu  de  temps  dans  cet  état  transitoire. 


NOC 


NOC 


663 


Les  Noctuélites  sont  des  papillons  de  taille 
moyenne,  ils  se  trouventordinairement  dans 
les  bois ,  les  prairies  et  les  jardins  où  leurs 
chenilles  ont  vécu  et  aux  environs  des  plan- 
tes sur  lesquelles  elles  doivent  déposer  leurs 
œufs.  Presque  toutes  ces  espèces  ne  volent 
que  vers  le  coucher  du  soleil ,  mais  il  y  en 
a  quelques  unes  qui  sont  très  agiles  pendant 
le  jour  et  que  Ton  rencontre  sur  les  fleurs, 
occupées  à  chercher  leur  nourriture. 

Les  Noctuélites  se  trouvent  répandues 
dans  toutes  les  parties  du  monde;  l'Europe 
surtout  en  possède  un  très  grand  nombre 
d'espèces  :  nous  renvoyons  le  lecteur  qui  dé- 
sirerait s'en  faire  une  idée  générale  aux 
genres  principaux  que  nous  avons  indiqués 
plus   haut   et  particulièrement  à   l'article 

NOCTUELLE.  (E.  DESMAREST.) 

NOCTUELLE.  Noctua.  ms.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Lépidoptères ,  famille  des 
Nocturnes,  tribu  des  Noctuélites,  établi  par 
Fabricius  aux  dépens  du  groupe  des  Pha~ 
tornade  Linné,  adopté  par  tous  les  entomo- 
logistes et  qui,  principalement  dans  ces  der- 
niers temps,  a  été  partagé  en  un  très  grand 
nombre  de  groupes,  de  sorte  qu'il  est  de- 
venu une  tribu  distincte,  et  désignée  le 
plus  généralement  sous  le  nom  de  Noctué- 
lites. Nous  avons  donné  des  détails  sur  les 
anciennes  Noctuelles ,  sur  leurs  mœurs  f 
leurs  métamorphoses,  etc.,  au  mot  noctuÉ" 
lites  ;  nous  nous  bornerons  ici  à  indiquer 
le  genre  Noctua,  tel  qu'il  a  été  restreint  par 
Treitschke  et  adopté  par  Duponchel,  qui 
nous  sert  de  guide  dans  notre  travail. 

Les  Noctuelles  sont  principalement  ca- 
ractérisées ainsi  :  Antennes  simples  à  l'œil 
nu  dans  les  deux  sexes;  celles  des  mâles 
un  peu  plus  grosses  et  parfois  subciliées  ; 
palpes  dépassant  la  tête,  presque  droits, 
comprimés  latéralement  ;  le  deuxième  ar- 
ticle large,  sécuriforme  ;  le  troisième  court, 
nu,  obtus;  corselet  presque  carré,  surmonté 
ordinairement  d'une  petite  crête  derrière 
le  collier,  qui  est  peu  ou  point  relevé;  ab- 
domen légèrement  déprimé,  lisse,  terminé 
carrément  dans  les  mâles,  et  cylindrico- 
conique  dans  les  femelles;  ailes  supérieures 
arrondies  au  sommet,  généralement  de  cou- 
leurs vives  et  variées,  avec  les  taches  ordi- 
naires bien  distinctes. 

Les  Chenilles  sont  cylindriques,  épaisses, 
non  atténuées  aux  extrémités,  rases,  velou- 


tées ,  présentant  ordinairement  deux  séries 
sous-dorsales  de  taches  noires ,  dont  les 
deux  postérieures  plus  prononcées.  Elles 
vivent  de  plantes  basses  ,  sous  lesquelles 
elles  se  tiennent  cachées  pendant  le  jour. 
Leurs  chrysalides  sont  cylindrico-coniques, 
lisses  ,  enterrées  plus  ou  moins  profondé- 
ment dans  des  coques  déterre  ovoïdes,  très 
fragiles. 

Les  espèces  de  ce  genre ,  au  nombre  de 
trente,  d'après  Duponchel,  sont  toutes 
propres  à  l'Europe,  et  la  plupart  se  trou- 
vent même  en  France.  Nous  citerons  les  : 

Noctua plecla,  Linné,  dont  les  ailes  anté- 
rieures sont  d'un  ferrugineux  foncé  et  bril- 
lant, avec  les  deux  taches  ordinaires,  la 
moitié  antérieure  de  la  côte,  et  un  peu  au- 
delà  trois  petits  points  blancs;  les  secondes 
ailes  d'un  blanc  jaunâtre.  De  la  France 
méridionale  et  de  l'Italie. 

Noctua  Cnigrum,  Linné.  Ailes  d'un  brun 
foncé  assez  vif,  avec  un  grand  C  noir,  ren- 
versé contre  la  côte.  Des  environs  de  Paris. 

Noctua  brunnea,  Fabr.  Les  ailes  supé- 
rieures d'un  brun  violacé  avec  des  lignes 
ferrugineuses  et  les  ailes  inférieures  grises, 
avec  la  frange  rougeâtre.  Des  environs  de 
Paris,  etc.  (E.  D.) 

*  NOCTLLA.  mam.  —  M.  Charles  Bona- 
parte (  Fauna  ital.  )  a  créé  sous  ce  nom  un 
groupe  distinct  de  Chéiroptères  pour  y  pla- 
cer la  Noctule,  espèce  du  genre  Vespertilion. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

NOCTUO  BOMBYCITES.  ms.  —  Tribu 
des  Lépidoptères,  de  la  grande  famille  des 
Nocturnes,  créée  parLatreilIe(Ge»e>aCrusf. 
et  Insect.  ),  abandonnée  ensuite  par  ce  célè- 
bre entomologiste  et  reprise  dans  ces  der- 
niers temps  par  Duponchel,  qui  lui  donne 
pour  caractères  :  Antennes  des  mâles  très 
épaisses  et  striées  circulairement,  tantôt  plus 
ou  moins  pectinées  et  tantôt  crénelées;  an- 
tennes des  femelles  simples  ou  filiformes  : 
corselet  convexe,  arrondi  latéralement ,  sou- 
vent velu  ou  sinueux  :  pattes  de  longueur 
moyenne ,  ailes  en  toit  déclive  dans  le  repos  ; 
les  supérieures  marquées  de  lignes  transver- 
sales nombreuses  et  ondulées  dans  la  plupart 
des  espèces. 

Les  Chenilles  ont  seize  pattes  :  elles  sont 
rases,  d'une  consistance  molle,  à  peau  fine, 
plus  ou  moins  aplatie  en  dessous,  à  tête  globu- 
leuse; elles  vivent  sur  les  arbres  ou  les  ac- 


G64 


NOD 


NOEG 


b;is<eaux,quelquefoissur  les  plantes  basses, 
mais  toujours  renfermées  entre  des  feuilles 
liées  entre  elles  par  des  filets  de  soie.  Leurs 
chrysalides,  assez  courtes,  cylindrico  coni- 
ques ,  sont  renfermées  soit  entre  les  feuilles, 
soit  dans  un  tissu  léger,  ou  une  coque  molle, 
arrondie,  à  la  surface  de  la  terre. 

Les  genres  placés  dans  cette  tribu  par 
Duponchel  sont  ceux  des  Cymatophora  , 
Cleoceris  et  Tethea.  (E.  D.) 

*NOCTUO-PHALÉNIDES.  ms.— Tribu 
de  Lépidoptères ,  de  la  grande  division  des 
Nocturnes ,  créée  par  M.  Boisduval  (Index 
met.  Lep.)  et  assez  considérablement  modifiée 
d'abord  par  M.  Guénée,  puis  par  Dupon- 
chel qui  lui  assigne  pour  caractères  :  An- 
tennes tantôt  simples  ou  subpectinées  dans 
les  deux  sexes,  tantôt  ciliées  dans  les  mâles 
seulement;  palpes  de  forme  variée  dépas- 
sant le  front;  corselet  lisse  et  arrondi;  ab- 
domen également  lisse  ,  excepté  dans  le 
genre  Erastria;  ailes  supérieures  larges. 

On  ne  connaît  qu'un  petit  nombre  de  Che- 
nilles decette  tribu  ;  lesunesontseize  pattes 
et  se  nourrissent  de  plantes  basses,  tandis 
quelesautresn'enontque  quatorze  et  vivent 
sur  les  arbrisseaux.  Leur  manière  de  se 
transformer  diffère  également. 

Duponchel  place  dans  cette  division  les 
genres  Phytometra,  Oratocellis,  Hœmerosia 
et  Erastria.  (E.  D.) 

NOCTURNES,  ms.  —  Grande  division 
établie  par  Latreille  dans  l'ordre  des  Lépi- 
doptères. Voy.  ce  mot. 

NOCTURNES,  ois.  —  Tribu  établie  par 
quelques  ornithologistes,  entre  autres  par 
G.  Cuvier  et  Vieillot ,  de  la  famille  des  Ra- 
paces ,  comprenant  tous  les  Oiseaux  qui 
chassent  et  veillent  la  nuit.  Dans  les  métho- 
des modernes,  on  a  substitué  à  ce  nom  ce- 
lui de  Strigidées. 

*NODA  (nodus ,  nœud),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  subpentamères ,  tétramères 
de  Latreille,  famille  des  Cycliques,  tribu 
des  Colaspides,  des  Chrysomélines  de  Latr., 
formé  par  nous  et  adopté  par  Dejean  (  Cata- 
logue, 3e  édit. ,  p.  434),  qui  en  énumère 
30  espèces  américaines.  Les  types  sont  :  les 
Noda  luteicvrnis  F.  ,  tristis  01.,  et  hume- 
ralis  Latr.  (Colaspis).  La  première  espèce 
est  indigène  des  Antilles,  la  deuxième  des 
États-Unis  ,  et  la  troisième  de  la  Nouvelle- 
Grenade.  (C.) 


NODDI.  ois.  —  Division  générique  éta- 
blie par  G.  Cuvier  sur  la  Sterna  flotida  de 
Linné.  Voy.  sterne.  (Z.  G.) 

*NODICORNES  (nodus,  nœud;  cornu, 
corne  ).  ins.  —  Race  d'Hémiptères  hété- 
roptères  créée  par  MM.  Amyot  et  Serville,  et 
comprenant  les  Coréides  et  les  Rhopalides. 
Voy.  ces  mots.  (E.  D.) 

*NODOPYGUS.  mvriap.— C'est  un  genre 
de  la  famille  des  Lucidées  qui  a  été  établi 
par  M.  Brandt  dans  les  Bulletins  de  l'aca- 
démie de  Saint-Pétersbourg ,  et  qui  n'a  pas 
été  adopté  par  M.  Newportdans  sa  nouvelle 
classification  des  Myriapodes.        (H.  L.) 

NODOSARIA  (  nodus,  nœud  ).  moll.  ?, 
foramïn. —  Genre  de  Foraminifères  ou  Rhi- 
zopodes  ,  faisant  partie  de  la  famille  des 
Équilatéralidées,  la  première  de  l'ordre  des 
Stichostègues  de  M.  Aie.  d'Orbigny,  et  carac- 
térisés par  leur  coquille  libre,  régulière, 
équilatérale,  formée  de  loges  arrondies,  su- 
perposées bout  à  bout  sur  un  seul  axe  droit 
et  séparées  par  des  étranglements,  et  ayant 
une  seule  ouverture  centrale,  ronde  à  l'ex- 
trémité d'un  prolongement.  Ce  genre  fut 
créé  par  Lamarck  pour  de  petites  coquilles 
qu'il  avait  d'abord  confondues  avec  les  Or- 
thocères  et  qu'il  classait  parmi  les  Céphalo- 
podes. LesNodosaires  offrent  quelques  unes 
des  plus  grandes  coquilles  parmi  les  Rhizo- 
podes;  la  N.  radicule,  N.  radicula,  qui  se 
trouve  dans  la  mer  Adriatique  est  longue 
de  quatre  millimètres.  (Duj.) 

NODULARIA.  bot.  cr.  —  Link  (  in 
Schrad.  Journ.,  1809,  p.  9),  syn.  de  Le- 
manea,  Bory.  —  Genre  d'Algues  Conferva- 
cées,  établi  par  Mertens  (ex  Agardh  syst.y 

XXV).  Voy.   CONFERVACÉES. 

NODULARIA.  polyp.?,  alg.?  —  Déno- 
mination employée  d'abord  par  Imperati 
pour  désigner  des  espèces  de  Corallines ,  tou- 
tes noueuses,  et  depuis  lors  reprise  par  Oken 
pour  un  genre  comprenant  à  la  fois  des  Tu- 
bulaires  et  diverses  Algues  calcifères  qui  doi- 
vent cesser  d'être  rangées  dans  le  règne  ani- 
mal. (Duj.) 

*NODUS  (vw<îoç,  édenté).  mam.  —  Genre 
de  Cétacés  d'après  M.  Wagler  (  Sysl.  des 
Amphib.,  1830).  (E.  D.) 

NOEGGERATHIA  (nom  propre),  bot. 
foss.  —  Genre  de  Palmiers  fossiles,  établi 
par  Sertnberg  (  Tent.  II,  t.  20  )  et  décrit 
ainsi  par  M.  Ad.  Brongniart  (Prodr.,  121): 


mi 


I\01 


685 


Feuilles  pétiolées ,  pinnées;  folioles  obova- 
les,  presque  cunéiformes,  appliquées  contre 
les  parties  latérales  du  pétiole  ,  dentées  vers 
leur  extrémité,  à  nervures  fines  et  diver- 
,  gentes.  La  seule  espèce  connue ,  nommée  par 
Thunberg  Nœg.  foliosa,  a  été  trouvée  dans 
les  terrains  houillers. 

NOGAGUS.  crust.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Siphonostomes,  établi  et  rangé  par 
M.  Milne  Edwards  dans  sa  famille  des  Pel- 
tocéphales  et  dans  sa  tribu  des  Caligiens.  Ce 
genre  ,  obscurément  caractérisé  par  le  doc- 
teur Leach  et  par  les  auteurs  qui  Font  co- 
pié, correspond  au  genre  Ptérggopode  de 
Latreille  et  au  genre  Dinemetura  de  M.  Bur- 
meister.  Il  est  caractérisé  principalement  par 
la  structure  des  pattes  postérieures ,  les- 
quelles, au  lieu  d'être  simples  et  subam- 
bulatoires comme  cbez  les  Caliges,  sontbi- 
raméeset  natatoires  comme  celles  des  paires 
précédentes.  D'autres  particularités  le  dis- 
tinguent aussi  des  Caliges  proprement  dits, 
et  des  Trébies;  ainsi  le  bouclier  céphalique 
est  beaucoup  moins  développé  et  les  pièces 
frontales  plus  petites  et  plus  libres.  Le  tho- 
rax se  compose  de  quatre  grands  articles  bien 
distincts  ;  et  le  premier  de  ces  articles  ,  cor- 
respondant au  second  anneau  thoracique  ,  lé 
premier  anneau  étant  toujours  confondu 
avec  la  tête,  présente  de  chaquecôté  un  petit 
prolongement  lamelleux.  Enfin,  les  deux 
petites  lames  natatoires  qui  terminent  l'ab- 
domen sont  un  peu  plus  développées  que 
chez  la  plupart  des  Caligiens.  Les  trois  es^ 
pèces  qui  composent  cette  coupe  générique 
habitent  les  mers  d'Afrique.  Le  Nogagus  de 
Latreille ,  Nogagus  Lalreillei  Leach  {Dict. 
des  Se.  nat.f  tom.  14,  p.  536),  peut  être 
considéré  comme  le  type  de  ce  genre  remar- 
quable; cette  espèce  a  été  rencontrée  sur  la 
côte  d'Afrique.  (H.  L.) 

*NOGRUS,  Eschschollz,  Dejean.  ins.  — 
Syn.   de  Eunectes,  Erichson,  Aube.  (C.) 

NOISETIER.  Corylus.  (jwpvioç,  cou- 
drier), bot.  ph. —  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  Cupulifères  ,  de  la  Monœcie  po- 
lyandrie, dans  le  système  de  Linné.  Il  se 
compose  d'un  petit  nombre  d'espèces  li- 
gneuses ,  dont  les  dimensions  varient  depuis 
celles  d'arbrisseaux  peu  élevés  jusqu'à  celles 
d'arbres  de  taille  moyenne;  ces  espèces  crois- 
sent dans  les  parties  tempérées  de  l'Europe 
et  de  l'Amérique  septentrionale  ;  on  en  a  dé- 

T.  VIII. 


couvert  récemment  dans  le  nord  de  l'Inde. 
Leurs  feuilles  simples,  alternes ,  se  montrent 
après  les  fleurs;  celles-ci  sont  monoïques. 
Les  mâles  forment  des  chatons  cylindriques 
à  bractées  écailleuses  imbriquées  sur  toutes 
les  faces.  Chacune  d'elles  en  particulier  pré- 
sente deux  écailles  symétriques,  soudées  par 
leur  base  entre  elles  et  à  la  bractée  à  la  face 
supérieure  de  laquelle  elles  sont  placées;  le 
long  de  la  suture  de  ces  deux  écailles  s'atta- 
chent 8  étamines ,  généralement  en  deux 
rangées,  à  filets  simples,  très  courts,  à  an- 
thères ovales,  uniloculaires,  terminées  par 
des  soies.  Les  fleurs  femelles,  groupées  en 
petit  nombre,  sont  entourées  d'un  involucre 
1-2-flore,  à  2-5  folioles  petites,  déchirées, 
velues',  soudées  entre  elles  par  leur  base; 
elles  présentent  :  un  périanthe  à  limbe  supère, 
très  petit,  denticulé ,  velu  ;  un  pistil  à  ovaire 
adhérent ,  biloculaire,  dont  chaque  loge  ren- 
ferme un  ovule  unique,  anatrope,  suspendu 
au  haut  de  la  cloison ,  à  2  stigmates  allon- 
gés, filiformes.  Le  fruit  est  une  nucule  em- 
brassée par  l'involucre  très  accru  et  devenu 
foliacé,  tubuleux  à  sa  base,  plus  ou  moins 
déchiré  vers  son    bord. 

L'histoire  botanique  des  Noisetiers  culti- 
vés pour  leur  fruit  présente  quelque  diver- 
gence dans  les  divers  auteurs;  en  effet,  les 
botanistes  français,  et,  en  Angleterre,  Lou- 
don,  etç^,  les  considèrent  comme  formant 
une  seule  espèce,  le  Corylus  avellana,  tan- 
dis que  les  auteurs  allemands  ,  à  l'exemple 
deWilldenow,  en  font  deux  espèces  dis- 
tinctes, savoir:  les  Corylus  avellana  et  tu- 
hulosa.  Nous  croyons  devoir  suivre  cette 
dernière  manière  de  voir,  et  présenter  sépa- 
rément l'histoire  botanique  de  ces  deux  es- 
pèces, que  l'on  pourrait  peut-être  consi- 
dérer, sans  inconvénient,  comme  deux  sous- 
espèces,  sauf  à  réunir  ensuite  en  un  seul 
paragraphe  les  détails  qui  se  rapportent  a 
leur  culture,  leurs  usages  ,  etc. 

1.  Noisetier  avelinier,  Corylus  avellana, 
Lin.,  vulgairement  Noisetier,  Coudrier.  C'est 
un  grand  arbrisseau  commun  dans  les  taillis 
et  les  haies  de  presque  toute  l'Europe,  à 
tiges  droites,  rameuses,  revêtues  d'une  écorce 
brunâtre  inférieurement,  grisâtre  sur  les 
rameaux,  parsemée  de  lenticelles  qui  pro- 
duisent l'effet  de  petites  taches  ,  pubescente 
sur  les  jeunes  pousses.  Ses  feuilles  sont  pé- 
tiolées,  ovales,  presque  arrondies,  le  plus 

84 


666 


NOI 


NOI 


souvent  en  cœur  à  leur  base,  acuminées  au 
sommet,  doublementdentées,  marquées,  sur 
chacune  de  leurs  moitiés,  de  nervures  et  de 
plis  parallèles  entre  eux  et  obliques  sur  la 
côte  médiane,  pubescentes,  à  pétiole  velu- 
glanduleux,  accompagnées  de  stipules  oblon- 
,gues-obtuses.  Ses  chatons  mâles  naissent  par 
irois  ou  quatre  ensemble;  ils  atteignent  en 
moyenne  près  d'un  décimètre  de  longueur; 
leurs  écailles  sont  obovales-cunéiformes.  Le 
fruit,  vulgairement  connu  sous  les  noms  de 
Noisette,  d'Aveline,  varie  beaucoup  de  gros- 
seur et  de  forme  ;  généralement  il  est  ovoïde, 
souvent  anguleux,  un  peu  comprimé  par  les 
côtés ,  couvert  dans  sa  partie  supérieure  d'un 
léger  duvet  satiné  et  roussâtre,  embrassé 
dans  un  involucre  campanule  de  même  lon- 
gueur que  lui  ou  un  peu  plus  long ,  mais 
toujours  ouvert  et  étalé  à  son  bord  qui  est 
denté  ou  déchiré.  Le  tégument  de  sa  graine 
est  jaunâtre  ou  blanchâtre ,  mais  non  rouge. 
On  distingue  plusieurs  variétés  de  cette  es- 
pèce, parmi  lesquelles  nous  ne  signalerons 
que  les  principales. 

On  donne  le  nom  de  C.  A.  sylvestrîs  au 
type  sauvage  ou  Coudrier  des  bois,  qui  croît 
spontanément  dans  les  haies  et  les  taillis.  Il 
se  distingue  par  son  fruitde  saveur  agréable, 
mais  petit  et  peu  abondant,  dont  on  ne  tire 
aucun  parti.  C'est  lui  qui  a  donné  naissance 
à  nos  variétés  cultivées  auxquelles  les  horti- 
culteurs appliquent  plus  spécialement  le  nom 
d'Avelinier.  Celles-ci  sont  caractérisées  par 
un  fruit  plus  gros  et  plus  plein  ,  de  forme  et 
de  dimensions  variables,  d'où  sont  venues 
aux  plus  connues  d'entre  elles  les  noms  de 
C.  A.  ovata,  maxima,  striata,  tennis,  ou  à 
péricarpe  mince,  etc.  L'une  de  ces  variétés 
les  plus  remarquables  est  celle  que  l'on  cul- 
tive en  Angleterre  sous  le  nom  de  C.  A.  bar- 
celonensis,  et  quia  été  importée  dans  ce  pays 
de  Barcelone  dans  le  xvne  siècle.  Son  fruit 
est  court,  oYoïde,  un  peu  comprimé,  à  pé- 
ricarpe ou  à  coque  épaisse,  très  forte  ,  dure 
et  bien  remplie.  Aces  variétés  cultivées  pour 
leur  fruit  il  faut  en  joindre  quelques  unes 
que  la  couleur  ou  la  forme  de  leurs  feuilles 
et  de  leur  involucre  fait  admettre  parmi  les 
arbrisseaux  d'ornement,  telles  que  :  le  C. 
A.  crispa,  ou  crépu,  dont  l'involucre  est 
comme  frisé  ;  le  C.  A.  laciniata  ou  hetero- 
vhylla,  à  feuilles  laciniées  de  diverses  ma- 
nières ,  le  C.  A.  purpurea  ou  Noisetier  pour- 


pre, à  feuilles  rouge  foncé  ou  pourpre  ,  etc. 

2.  Noisetier  franc,  Cory lus  tubulosa  Willd. 
Cette  espèce  que  nous  admettons  ici  comme 
distincte  de  la  précédente  et  qui,  tout  au 
moins,  devrait  être  regardée  comme  une 
sous-espèce  bien  caractérisée  ,  si  l'on  réu- 
nissait les  deux,  diffère  de  l'Avelinier  par 
une  taille  plus  haute  ,  par  des  feuilles  plus 
grandes,  plus  lisses,  surtout  par  un  invo- 
lucre fructifère  beaucoup  plus  long,  qui  dé- 
passe fortement  le  fruit,  se  prolonge  en  tube 
resserré  vers  son  orifice  ,  incisé-denté  à  son 
bord.  Le  fruit  lui-même  est  de  forme  plus 
allongée  que  le  précédent.  Il  présente  deux 
variétés  bien  caractérisées  :  l'une  à  tégument 
séminal  rouge  ,  l'autre  à  tégument  séminal 
blanchâtre;  le  péricarpe  lui-même  participe 
à  cette  coloration,  car  dans  la  première  il 
est  violet  foncé  ,  tandis  que  dans  la  seconde 
il  est  blanc  ou  tire  sur  le  jaune.  L'amande 
de  ces  graines  est  toujours  de  qualité  supé- 
rieure à  celle  des  Avelines. 

Nous  réunirons  maintenant  les  deux  es- 
pèces précédentes  sous  le  seul  nom  vulgaire 
de  Noisetier,  sous  lequel  on  les  confond 
habituellement  dans  le  vulgaire. 

La  tige  du  Noisetier  n'acquiert  pas  d'as- 
sez fortes  proportions  pour  que  son  bois 
puisse  servir  à  des  travaux  de  menuiserie  , 
encore  moins  de  charpente;  mais  la  flexibi- 
lité qui  distingue  ce  bois,  particulièrement 
celui  des  branches,  permet  d'en  faire  divers 
ouvrages  rustiques,  etc.,  à  la  confection  des- 
quels il  est  éminemment  propre.  Il  est  ten- 
dre, pliant,  d'un  blanc  rougeâtre;  d'un  grain 
serré,  uni,  peu  susceptible  de  poli.  Carbo- 
nisé, il  donne  un  charbon  léger,  très  bon 
pour  la  fabrication  de  la  poudre.  Mais  le 
principal  avantage  que  l'on  tire  de  cet  ar- 
bre consiste  dans  l'emploi  de  ses  fruits. 
Déjà  il  était  cultivé  abondamment  comme 
arbre  fruitier  en  Italie,  du  temps  des  Ro- 
mains ,  particulièrement  aux  environs  d'A- 
vellino,  dans  le  royaume  de  Naples;  c'est 
même  de  là  que  lui  est  venu  le  nom  d'Avel- 
lana.  Aujourd'hui  sa  culture  est  encore  très 
étendue  en  Italie,  ainsi  qu'en  Espagne,  dans 
le  midi  de  la  France,  et  en  Angleterre  dans 
le  comté  de  Kent;  elle  est  moins  importante 
dans  les  autres  parties  de  l'Europe.  C'est 
particulièrement  de  l'Espagne  que  le  com- 
merce retire  une  grande  quantité  de  ces 
fruits  ;  les  principales  expéditions  ont  lieu  à 


N01 


NOI 


CG7 


Tarragone  ;  c'est  donc  à  tort  qu'on  leur 
donne  habituellement  le  nom  de  Noisettes 
de  Barcelone.  Ce  fruit  renferme  en  abon- 
dance une  huile  qu'on  en  extrait  assez  sou- 
vent, et  dont  la  qualité  est  peu  inférieure  à 
celle  de  l'huile  d'amandes  douces;  l'extrac- 
tion s'en  fait  vers  le  commencement  ou  dans 
le  milieu  de  l'hiver;  plus  tôt  elle  est  encore 
peu  abondante,  plus  tard  elle  est  sujette  à 
rancir. 

On  multiplie  le  Noisetier  de  semis  et  de 
rejetons;  celles  de  ses  variétés  que  l'on  dé- 
sire conserver  se  propagent  par  marcottes, 
et  celle  à  feuilles  rouges  en  particulier  par 
greffe.  La  plantation  se  fait,  sous  le  climat 
de  Paris ,  le  long  d'un  mur;  les  pieds  sont 
espacés  de  plusieurs  mètres. Douze  ou  quinze 
ans  après  la  plantation,  les  pieds  ont 
acquis  une  hauteur  d'environ  4  mètres,  et 
ils  ne  s'élèvent  pas  au-delà.  Alors  ,  la  vi- 
gueur de  leur  végétation  commençant  à  di- 
minuer sensiblement,  on  les  coupe  au  pied 
pour  les  rajeunir  ;  les  nouvelles  pousses  se 
développent  avec  rapidité  et  rétablissent 
bientôt  la  Noisetterie.  En  renouvelant  cette 
opération  chaque  dix  ou  douze  ans,  on  peut 
entretenir  la  plantation  pendant  environ 
100  ans  à  un  degré  de  vigueur  tel  qu'elle 
donne  constamment  de  bons  produits. 

Outre  les  deux  espèces  de  Noisetiers  qui 
viennent  de  nous  occuper,  il  en  est  quel- 
ques autres  que  l'on  cultive  fréquemment 
pour  l'ornement  des  jardins  et  des  parcs,  et 
dont  les  principales  nous  arrêteront  quel- 
ques instants. 

3.  Noisetier  du  Levant,  Lorylus  eo- 
Zurna  Linn.  Celui-ci  forme  un  bel  arbre  de 
forme  pyramidale,  qui  atteint  15  et  20 
mètres  de  hauteur.  Son  écorce  est  blan- 
châtre  et  s'enlève  par  plaques  ;  ses  branches 
s'étalent  horizontalement  ;  ses  feuilles  sont 
I  grandes,  arrondies-ovales,  en  cœur  à  leur 
/base,  à  découpures  et  dents  aiguës,  luisantes 
à  leurs  deux  faces,  plus  anguleuses  et  plus 
douces  au  toucher  que  celles  des  précédents. 
j  Son  fruit  est  petit,  arrondi,  enveloppé  par 
un  involucre  charnu,  épais,  très  luisant, 
qui  porte  extérieurement  quelques  points 
glanduleux,  partagé  en  divisions  longues  , 
courbes ,  rapprochées  et  déchirées  elles- 
mêmes.  Le  péricarpe  de  ce  fruit  est  dur  et 
épais;  l'amande  de  ceux  cultivés  dans  nos 
climats  a  peu  de  saveur;  elle  doit  cependant 


être  plus  savoureuse  dans  l'Orient,  où  ces 
Noisettes  sont,  dit-on,  recherchées.  Cette 
espèce  a  été  portée  de  Constantinople  dans 
le  xvne  siècle  ;  elle  fut  d'abord  envoyée  à 
Clusius,  qui,  trompé  sans  doute  par  des  ren- 
seignements inexacts,  lui  donna  le  nom  de 
Pumilus.  Sa  culture  est  très  facile  ;  elle  ré- 
siste très  bien  aux  froids  auxquels  l'expose 
le  climat  du  nord  de  la  France  et  de  l'An- 
gleterre. On  la  multiplie  aisément  par 
graines,  par  marcottes  et  par  greffes;  le 
moyen  de  propagation  le  plus  employé  est 
la  greffe  sur  le  Noisetier  Avelinier.  Les  pro- 
portions arborescentes  de  cette  espèce  per- 
mettent d'utiliser  son  bois  pour  des  ouvrages 
plus  importants  que  pour  celui  des  deux 
précédents.  Dans  l'Orient  on  en  fait,  assure- 
t-on  ,   de   très  bons   mâts  de  chaloupes. 

4.  Noisetier  d'Amérique,  Corylus  ameri- 
cana,  Walt.  Cette  espèce,  qui  habite  l'Amé- 
rique septentrionale,  du  Canada  jusqu'à  la 
Floride,  est  l'une  des  plus  petites  du  genre  ; 
elle  forme  un  arbuste  très  touffu  et  arrondi» 
qui  atteint  rarement  deux  mètres  de  hau- 
teur :  ses  feuilles  sont  en  cœur  large  ;  dans 
nos  climats  elles  tombent  au  moins  un  mois 
avant  celles  des  autres  espèces.  Son  fruit 
est  petit,  ovoïde,  comprimé  ou  quelquefois 
à  3  angles;  il  est  renfermé  dans  un  invo- 
lucre prolongé  au-delà  de  lui  en  un  limbe 
plissé,  large  et  inégalement  découpé  ;  sa  sur- 
face extérieure  porte  beaucoup  de  poils 
glanduleux  à  l'extrémité.  Ce  fruit  est  plus 
petit  que  celui  de  nos  espèces;  on  le  vend 
communément  sur  les  marchés  des  États- 
Unis  ;  son  amande  est  un  peu  sèche,  mais 
elle  a  un  goût  fin  pour  lequel  beaucoup  de 
personnes  la  recherchent.  L'espèce  se  mul- 
tiplie comme  les  précédentes. 

Enfin  nous  nous  bornerons  à  nommer 
une  autre  petite  espèce  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale, le  Noisetier  cornu,  Corylus 
rostrata,  Ait.,  le  plus  petit  du  genre,  dont 
le  fruit,  très  peit,  occupe  le  fond  d'un  in- 
volucre prolongé  en  un  long  tube.  Celui-ci 
est  plus  difficile  à  cultiver  que  les  quatre 
espèces  précédentes  ;  il  demande  la  terre  de 
bruyère.  (P.  D.) 

NOISETTE,  moll.  —  Nom  vulgaire 
d'une  espèce  du  genre  Bulimc. 

NOISETTE,  bot.  pu.  —  Fruit  du  Noi- 
setier. Voy.  ce  mot. 

NOISETTIA.  bot.  th.  —  Genre  de  la  fa- 


668 


NOI 


NOL 


mille  des  Violariées,  tribu  des  Violées  , 
établi  par  H.  B.  Kunth  (in  Humb.  et  Bonpl., 
Nov.gen.  etsp.,  V,  383,  t.  499).  Arbris- 
seaux grimpants  de  l'Amérique  tropicale. 
Voy.  violariées.  —  Noisettia,  Mart.  et  Zuc- 
car.,  syn.  d'Anchietea,  Aug.  Saint- Hil. 

NOISILLE  et  NOISILLIER.  bot.  ph.— 
Noms  vulgaires  de  la  Noisette  et  du  Noise- 
tier dans  certains  cantons  du  midi  de  la 
France. 

NOIX.  Nux.  bot.  ph.  —  Fruit  du  Noyer 
(voy.  ce  mot).  C'est  aussi  le  nom  d'une 
espèce  de  fruit  un  peu  charnu,  uniioculaire 
et  monosperme.  Voy.  fruit. 

On  a  encore  donné  le  nom  de  Noix  aux 
fruits  de  certaines  plantes  appartenant  à  des 
genres  tout  différents.  Ainsi  l'on  a  appelé  : 

Noix  d'acajou,  la  graine  de  VAnacardium  ; 

Noix  d'Arec  ,  la  graine  de  l'Arec  ; 

Noix  de  Bancoul  ,  le  fruit  du  Bancou- 
lier; 

Noix  des  Barbades,  celui  du  Jatropha 
catharlica  ; 

Noix  de  Ben,  les  fruits  du  Sésame; 

Noix  de  Bengale,  le  Myrobolan  citron; 

Noix  de  Cocos,  les  fruits  du  Cocotier; 

Noix  d'eau,  ceux  dé  la  Mâcre; 

Noix  de  Girofle,  les  fruits  du  Bavenala  ; 

Noix  d'Inde,  les  Cocos; 

Noix  Isagur,  la  fève  de  Saint-Ignace; 

Noix  de  Jauge,  variété  de  Noix  ordinaire 
très  grosse  ; 

Noix  de  Madagascar  ,  même  chose  que 
Noix  de  Girofle; 

Noix  de  Malabar,  le  fruit  du  Slerculia 
Balanças  ; 

Noix  de  marais  ,  le  fruit  de  VAnacar- 
dium; 

Noix  de  médecine,  le  Pignon  d'Inde; 

Noix  médicinale,  le  fruit  du  Randier; 

Noix  de  Métel  ,  celui  du  Dalura  motel  ; 

Noix  des  Moluques  et  Noix  vomique  ,  la 
graine  du  Vomiquier ,  espèce  du  genre 
Strychnos  ; 

Noix  Pacane,  le  fruit  du  Pacanier,  espèce 
de  Noyer  ; 

Noix  Pistache,  celui  du  Pistachier  ; 

Noix  de  serpent  ,  les  fruits  des  Nandhi- 
robes; 

Noix  de  terre  ou  Terre-Noix,  les  racines 
du  Bunium  bulbocastanum  ; 

Noix  vomique  ,  même  chose  que  Noix  des 
Moluques,  etc, 


NOIX  DE  GALLE,  bot.  ph.  —  Voy. 
galle. 

NOIX  DE  MER.  moll.  —  Nom  vulgaire 
du  Bulla  ampulla.  On  a  aussi  appelé  Noix 
fasciée,  le  Bulla  amplustra,  et  Noix  papy- 
racée  ou  Muscade,  le  Bulla  physis. 

*]\OLA.  ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères nocturnes,  famille  des  Pyraliens, 
tribu  des  Botydes,  établi  par  Leach.  Dupon- 
chel ,  qui  adopte  ce  genre  (Pap.,  t.  VIII, 
p.  2  ,  264  ,  pi.  228 ,  fig.  3  et  4  ),  en  décrit 
7  espèces,  dont  la  principale  est  la  Nola  pal- 
liolalis  Hubn.  (Tinea  cucullatella  Linn.  , 
Fab. ,  etc.).  Les  chenilles  sont  pourvues  de 
quatorze  pattes,  et  se  métamorphosent  dans 
une  coque  papyracée  en  forme  de  nacelle. 
On  trouve  cette  espèce  dans  toute  la  France, 
et  principalement  aux  environs  deParis.  (L.) 

*NOLANA.  bot.  ph.  —Genre  unique  de 
la  famille  des  Nolanacées  ,  établi  par  Linné 
(  Gen. ,  n.  193  ) ,  et  dont  les  principaux  ca  • 
ractères  sont  :  Calice  campanule,  5-parti, 
persistant.  Corolle  hypogyne ,  infundibuli- 
forme,  à  limbe  plissé,  5-10-lobé.  Étamines 
5,  insérées  au  tube  de  la  corolle,  saillantes. 
Ovaires  nombreux .  insérés  sur  un  disque 
hypogyne  charnu,  libres,  à  1-6  loges  uni- 
ovulées.  Style  basilaire,  simple;  stigmate 
capité.  Drupes  distincts,  charnus,  à  1-6 
loges  monospermes.  Graines  réniformes, 
lenticulaires  ,  comprimées.  Embryon  fili- 
forme ,  annulaire,  entourant  un  albumen 
charnu;  cotylédons  semi-cylindriques,  in- 
combants; radicule  infère. 

Les  Nolana  sont  des  plantes  herbacées  ou 
suffrutescentes  de  l'Amérique  méridionale, 
très  semblables  aux  Convolvulus.  Leurs 
feuilles  sont  alternes,  géminées,  entières; 
les  fleurs  fixées  sur  des  pédoncules  axil- 
laires. 

L'espèce  principale  est  la  Nolane  étalée, 
N.  prostrata  Linn.  f.,  et  Lamk.,  à  fleurs 
bleues,  solitaires  et  axillaires.  Elle  est  ori- 
ginaire du  Pérou.  (J-) 

*NOLANACÉES.  Nolanaceœ.  bot.  ph.— 
Petite  famille  établie  aux  dépens  des  Con- 
volvulacées, et  composée  uniquement  du 
genre  Nolana ,  dont  les  caractères  sont  par 
conséquent  ceux  de  la  famille.  Voy.  no- 
lana. 

NOLINA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Mélanthacées  ,  tribu  des  Vératrées  ,  éta- 
bli par  L.-C.  Richard  (  in  Michaux  FI.  Bor. 


NOM 


1NOM 


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Amer. y  I,  207).  Herbes  de  l'Amérique  bo- 
réale. Voy.  MÉLANTHACÉES. 

NOEINEA,  Pers,  {Ench. ,  I,  399).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Nolina ,  L.  G.  Rich. 

*NOLLETIA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées  Astéroïdées,  établi  par 
Cassini  (in  Dict.  se.  nat.,  XXXVII,  p.  479). 
Arbrisseaux  de  la  Mauritanie.  Voy.  com- 
posées. 

*J\'OLTEA.  bot.  ph. — Genrede  la  famille 
des  Rhamnées ,  tribu  des  Frangulées,  établi 
par  Reichenbach  (Consp.  n.  3800).Arbustes 
de  l'Afrique  tropicale.  Voy.  rhamnées.  — 
Eckl.  (Msc),  syn.  de  Selago,  Lin. 

NOMADA  (  nomas  ,  nomade  ).  ins.  — 
Genre  d'Hyménoptères,  section  des  Porte- 
Aiguillons,  famille  des  Mellificiens,  créé 
par  Fabricius  (  Syst.  Entom.,  1775)  et 
adopté  par  tous  les  zoologistes.  Il  présente 
pour  principaux  caractères  :  Antennes  fili- 
formes dans  les  deux  sexes;  labre  petit, 
presque  demi-circulaire  ou  en  demi-ovale; 
palpes  maxillaires  de  six  articles  ;  corps 
presque  glabre;  pieds  sans  brosses,  etc. 

Ces  Insectes,  de  moyenne  taille,  sont 
ornés  de  couleurs  jaunes  ou  orangées,  dis- 
posées d'une  manière  élégante;  ils  fréquen- 
tent les  fleurs  et  ne  vivent  pas  en  société  ; 
on  les  voit  voltiger  dans  les  lieux  secs  et 
sablonneux  où  les  Andrènes  déposent  leurs 
œufs;  aussi  pense-t-on  généralement  qu'ils 
détruisent  la  postérité  de  ces  Hyménoptères, 
et  celle  des  autres  Apiaires  solitaires. 

Ce  genre  renferme  un  assez  grand  nom- 
bre d'espèces  répandues  sur  presque  toutes 
les  parties  du  monde  :  toutefois  l'Europe 
en  fournit  un  pius  grand  nombre. L'espèce 
la  plus  connue  est  la  Numada  ruficomis 
Fabr.  (  Apis  ruficomis  Linné  ),  qui  se  ren- 
contre communément  aux  environs  de  Paris. 

(E.  D.) 

NOMADIDES.  Nomadides.  ins.  —  Divi- 
sion établie  parmi  les  Mcllifères.  Voy.  ce 
mot. 

JXOMADITES ,  Peteniz.  ois.  —  Syno- 
nyme de  Martin  (Paslor),  Temm.    (Z.  G.) 

NOMADITES.  Nomadites.  ins.  —Un  des 
groupes  de  la  famille  des  Nomadides.  Voy. 

MELLIFÈRES. 

*i\OMALES,  Ziegler,  Dahl,  Cat.  ins.— 
Syn.  de  (Jophosus,  Dej.  (C.) 

*J\OMAPIHLA  (vofM»,  pâturage;  pftoç, 
qui  aime),  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille 


des  Acanthacées,  tribu  des  Echmatacan- 
thées  ,  établi  par  Blume  (Bijdr. ,  804). 
Herbes  de  Java  et  de  Timor.  Voy.  acantha- 
cées. 

NOMIA  [vofuoç,  pastoral),  ins.  —  Genre 
d'Hyménoptères  Porte-Aiguillons  de  la  fa- 
mille des  Mellificiens  ,  créé  par  Latreille 
(Hist.  nat.  des  Ins.,  1804),  et  adopté  par 
tous  les  entomologistes.  Très  voisins  des 
Halictus  et  des  Sphecodes,  les  Nomia n'en  dif- 
fèrent guère  que  par  la  languette  sétiforme, 
velue  et  beaucoup  plus  longue ,  et  par  les 
pattes  postérieures ,  ayant,  dans  les  mâles, 
les  cuisses  et  les  jambes  très  renflées. 

Ces  Hyménoptères  se  trouvent  sur  les 
fleurs  ;  en  général  ils  sont  rares.  On  ne  con- 
naît pas  leurs  mœurs  ,  ni  leurs  métamor- 
phoses. On  ignore  s'ils  vivent  en  société  ou 
s'ils  sont  solitaires;  cependant,  comme  ils 
ne  diffèrent  pas  beaucoup  des  Andrènes  et 
desHalictes,  et  qu'on  n'a  observé  parmi 
eux  que  des  mâles  et  des  femelles,  tout 
porte  à  croire  qu'ils  ont  les  mêmes  mœurs. 

Ce  genre ,  peu  nombreux  en  espèces ,  se 
trouve  dans  les  contrées  chaudes  de  l'Asie 
et  dans  l'Europe  méridionale.  Nous  donne- 
rons pour  type,  la  Nomia  difformis,  Latr. , 
Oliv.,  Lasius  id.f  Jur.,  propre  au  midi  de 
la  France  et  à  l'Italie.  (E.  D.) 

NOMîSMA,  DC.  (Prodr.,  I,  175).  bot. 
ph.  —  Voy.  tblaspi,  Dillen. 

NOMISMIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Légumineuses-Papilionacées,  tribu 
des  Euphaséolées,  établi  par  Wight  et  Ar- 
nolt  (Prodr. ,  I,  236).  Herbes  des  régions 
tropicales  du  globe.  Voy.  légumineuses. 

PROMEUS,  poiss.  —  Nom  scientifique 
donné  par  Cuvier  au  genre  Pasteur. 

NOMIOPUS  (vo>oç,  pastoral  ;  ttov;,  pied). 
ins.  —  M.  Westwood  (  in  Stephens  Catal.  , 
1829),  indique  ainsi  un  genre  d'Hyménop- 
tères de  la  famille  des  Proctotrupiens.(E.D.) 

*NOMIUS  (vopuoç,  qui  a  rapport  aux  trou- 
peaux), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Carabiques ,  tribu  des 
Brachinites,  établi  par  Laporte  de  Castel- 
nau  (Études  enlomologiques ,  p.  145.  Ulst. 
nat.  des  An.  art.,  tom.  2,  p.  49).  Le  type,  le 
N.  grœcus,  est  supposé  provenir  d'Orient.  (C.) 

*NOMIUS  (nom  mythologique),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  subtétramères  (Tri- 
mères  Aphidiphages  de  Latreille)  créé  par 
Mulsant  (  Histoire  naturelle  des  Coléoptères 


G70 


NON 


de  France,  1846,  p.  213).  L'auteur  lui 
donne  pour  type  le  N.  cruentatus  M.  , 
espèce  qui  a  été  trouvée  aux  environs  de 
Berlin.  (C.) 

*i\OMOCHLOA  (  vopî,  plumage  ;  xU-â, 
herbe  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Cypéracées ,  tribu  des  Rhynchosporées , 
établi  par  Palisot  de  Beauvois  (ex  Lestiboud. 
Cyperac.  ).  Plantes  de  l'Amérique  tropicale 
et  des  régions  chaudes  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale. 

L'aspect  du  fruit  a  conduit  à  la  réparti- 
tion des  espèces  de  ce  genre  en  deux  sections, 
nommées  •  Nomochloa ,  Nées  :  Caryopse 
mucronulé;  Pleurostachys ,  Brongn.  :  Ca- 
ryopse obtus. 

*NONAGRIA.  ins— Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes,  famille  des  Noctué- 
liens,  tribu  des  Leucanides,  établi  par  Och- 
senheimer  aux  dépens  des  Noctua  de  Linné 
et  Fabricius.  Il  présente  pour  caractères 
principaux  :  Corps  allongé  ;  antennes  assez 
épaisses,  crénelées  dans  les  mâles;  palpes 
dépassant  le  front;  thorax  lisse,  ovalaire; 
ailes  allongées;  abdomen  long. 

M.  Boisduval  (Gen.  et  index  method.  Eu- 
rop.  Lepid.)  rapporte  à  ce  genre  14  espèces, 
toutes  européennes,  et  dont  les  chenilles 
habitent  les  endroits  marécageux  ,  et  vivent 
cachées  dans  les  tiges  des  Graminées  et  des 
Cypéracées. 

La  principale  espèce,  Non.  Typhœ,  Ochs. 
(Noctua  Typhœ  Hubn.,  Esp.  ;  Noctua,  arun- 
dinis,  Fab.  ),  se  trouve  communément  en 
France  et  dans  le  nord  de  l'Europe.  Sa  che- 
nille vit  dans  l'intérieur  des  tiges  de  la  Mas- 
sette.  (L.) 

NONATELIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Rubiacées-Cofféacées  -  Guettar- 
dées ,  établi  par  Aublet  (  Guian.,  I,  182, 
t.  72).  Petits  arbrisseaux  de  la  Guiane. 

Voy.   RUBIACÉES. 

NONIONA.  moll.?—  Genre  proposé  par 
Montfort  pour  de  petites  coquilles  comprises 
dans  le  genre  Nonionina.  (Duj.) 

NOMONINA.  foramin.?  —Genre  de  Fo- 
raminifères  ou  Rhizopodes,  établi  par  M.  Aie. 
d'Orbigny  et  faisant  partie  de  sa  famille  des 
Nautiloïdes,  dans  l'ordre  des  Hélicostègues 
Il  est  caractérisé  par  sa  coquille  équilatérale, 
enroulée  en  spirale  dans  un  même  plan  et 
formée  de  loges  simples  contiguës,  avec  une 
seule  ouverture  en  fente  transversale  contre 


NOR 

le  retour  de  la  spire.  L'espèce  type,  N.  um- 
bilicala,  avait  été  décrite  par  Soldani  sous  le 
nom  de  Naulilus  globulus  ;  elle  se  trouva 
dans  la  Méditerranée  et  dans  la  mer  Adria- 
tique. (Duj.) 

NONJVAT.  poiss.  —  Nom  donné  aux 
jeunes  Poissons  du  genre  Athérine.  Voy. 
ce  mot. 

NONNEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Aspérifoliées ,  tribu  des  Anchu- 
sées,  établi  par  Medicus  (Philosoph.  bot.,  I, 
31  ).  Herbes  de  l'Europe  et  de  l'Asie.  Voy. 

ASPÉRIFOLIÉES. 

NONPAREÏLLE.  bot.  ph.  —  Nomdonné 
à  une  variété  de  Pomme. 

NOPAL,  bot.  ph.  — Syn.  de  Cactus.  Voy. 

OPONTIACÉES. 

NOPALÉES.  Nopalcœ,  DC.  (Théorie  élé- 
ment., 216).  bot.  ph.  —  Synonyme  d'Opon- 
tiacées,  Juss.  Voy.  ce  mot. 

*NOP5.  aracu. —  Genre  de  Tordre  des 
Aranéides,  de  la  tribu  des  Araignées,  établi 
par  M.  Mac-Leay,  et  ainsi  caractérisé  par 
ce  savant  :  Yeux  au  nombre  de  deux,  égaux 
entre  eux,  placés  sur  une  ligne  transverse, 
et  reculés  sur  le  derrière  du  céphalothorax; 
lèvre  plus  longue  que  large  ,  arrondie  à  son 
extrémité  ;  mâchoires  à  côtés  parallèles ,  en- 
tourant la  lèvre,  coupées  obliquement  à 
leur  côté  interne;  pattes  allongées,  la  qua- 
trième paire  la  plus  longue,  l'antérieure 
ensuite,  la  troisième  la  plus  courte.  Tels 
sont  les  principaux  caractères  de  ce  genre 
remarquable,  qui  se  distingue  de  tous  les 
autres  par  les  yeux,  et  surtout  par  la  manière 
dont  ces  organes,  qui  ne  sont  qu'au  nombre 
de  deux ,  sont  placés  ;  il  en  diffère  en- 
core par  la  forme  de  son  céphalothorax  et 
de  son  abdomen  ;  cependant  c'est  avec  les 
genres  des  Dysdera ,  des  Scytodes  et  des  De- 
ris,  que  cette  ancienne  coupe  générique  a 
le  plus  d'affinité.  De  plus  ,  les  Nops  se 
trouvent  comme  les  Araignées  qui  compo- 
sent ces  genres,  c'est-à-dire  qu'ils  se  tien- 
nent sous  les  pierres  et  dans  les  intervalles 
resserrés ,  cachés  ou  obscurs.  La  seule  es- 
pèce connue  est  le  Nops  guanabacoa  ,  Nops 
guanabocoœ  (Mac-Leay,  Ann.  of  natur. 
hislory,  1838,  t.  II,  p.  2).  C'est  dans  l'ar- 
chipel d'Amérique,  à  Cuba  ,  et  dans  un  lieu 
nommé  Guanabacoa,  que  cette  Aranéide  a 
été  rencontrée.  (H.  L.) 

NORANTEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 


NOS 


1NOS 


671 


famille  des  Marcgraviacées  ,  établi  par  Àu- 
blet  {Guian.,  I,  554,  t.  220).  Arbres  et  ar- 
brisseaux de  la  Guiane  et  du  Brésil.  Voy. 

MARCGRAVIACÉES. 

*KORBANUS.  ins.  —  Genre  d'Hymé- 
noptères, de  la  famille  des  Chalcidiens  , 
créé  par  M.  Walker  {Ami.  soc.  ent.  deFr., 
2e  série,  t.  I,  1843,  et  comprenant  plu- 
sieurs espèces  américaines.  (E.  D.) 

"NORMAUX.  Normalia.  crust.— Lalreille 
désigne  sous  ce  nom  ,  dans  l'ordre  des  Iso- 
podes ,  une  section  de  Crustacés  qui  ren- 
ferme les  Cymothoadiens  et  les  Sphéro- 
miens.  (H.  L.) 

*i\ORNA,  Wahlenh.  {Flor.  suce,  561). 
bot.  pu.  —  Syn.  de  Calypso,  Salisb. 

KORONniA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Oléacées-Oléinées, 
établi  par  Stadtmann  (  ex  Thouars  Gen. 
Madagasc,  n.  24).  Arbustes  de  Madagas- 
car et  de  la  Mauritanie.  Voy.  oléacées. 

*XOROPS(vû»pft4,  brillant),  rept. -Genre 
de  la  famille  des  Iguaniens,  établi  par 
Wagner  pour  une  espèce  de  la  Guyane.  Il  a 
pour  caractères,  d'après  MM.  Duméril  et  Bi- 
bron  :  Peau  du  dessous  du  cou  formant  un 
pli  saillant  disposé  en  une  sorte  de  petit  fa- 
non non  dentelé;  point  de  dents  palatines, 
ni  de  pores  fémoraux;  quatrième  doigt  des 
pieds  de  derrière  plus  long  que  le  troisième  ; 
écailles  du  corps  carénées,  en  partie  imbri- 
quées; celles  des  flancs  beaucoup  plus  peti- 
tes que  celles  du  dos  et  du  ventre;  queue 
médiocre,  non  préhensile,  privée  de  crête, 
ainsi  que  le  dos. 

L'espèce  type  de  ce  genre  est  YAnolis  au- 
rata  de  Daudin.  (P.  G.) 

*i\OROPS.  infus.?  systol.  —  Genre  de 
Rotateurs  ou  Systolides,  proposé  par  M.Eh- 
renberg,  qui  depuis  a  changé  ce  nom  en  celui 
de  Triophthalmus.  11  fait  partie  des  Polytro- 
ques  nus  de  la  famille  des  Hydatinés.  (Duj.) 

KORTA,  DC.  {Syst.s  II,  458;  Prodr.  I, 
190).  bot.  pu.  —  Voy.  sisymbrium,  Linn. 

NORTENIA,  Thouars  {Gen.  Madaaasc). 
bot.  pu.  — Syn.  de  Torenia,  Linn. 

NOSODENDRON  (voaoç,  maladie;  Stv- 
àpov,  arbre),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Clavicornes,  tribu 
des  Byrrhiens  ,  créé  par  Latreille  {Gênera 
Cruslac,  et  Ins.,  t.  II,  p.  43),  et  ainsi  ca- 
ractérisé :  Menton  entièrement  découvert, 
très  grand,  en  forme  de  bouclier;  antennes 


terminées  brusquement  en  massue  courte, 
perfoliée,  de  3  articles.  Le  type,  le  IV.  fascicu- 
lare  {Sphœridium)  de  F.,  espèce  de  France, 
se  développe,  ainsi  que  sa  larve,  dans  les 
plaies  des  vieux  ormes  et  des  marronniers 
d'Inde.  Deux  autres  espèces  américaines 
rentrent  dans  ce  genre.  L'une  est  originaire 
des  États-Unis,  et  l'autre  de  la  Guadeloupe. 
La  larve  du  N.  fasciculare  est  molle,  blan- 
châtre; son  corps  est  formé  d'anneaux  ra- 
boteux ,  et  muni  sur  les  côtés  de  poils 
raides  ;  la  tête  est  écailleuse  et  armée  de 
deux  mâchoires  très  fortes.  L'Insecte  se  tient 
constamment  dans  les  plaies  des  arbres  ,  et 
se  trouve  vers  le  milieu  du  printemps.    (C.) 

*J\TOSODERMA  (vôffoç,  maladie  ;  <%ue, 
peau),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
rornères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des 
Blapsides,  formé  par  Dejean  {Catalogue , 
3e  édit.,  p.  207),  qui  en  énumèreS  espèces 
américaines:  les  N.  inœquale,  echinolum, 
confusum ,  morbillosum  Dej. ,  et  dentatum 
Chv.  La  première  est  des  États-Unis,  la  se- 
conde de  l'île  de  Cuba,  et  les  trois  autres  pro- 
viennent du  Mexique.  Le  Brésil  et  la  Co- 
lombie ont  aussi  des  représentants  de  ce 
genre.  Le  corps  de  ces  Insectes  est  dur, 
presqu'à  l'égal  de  la  pierre.  Les  Nosoderma 
attaquent  les  racines  des  arbres.  Solier  a 
adopté  ce  genre,  qu'il  comprend  dans  ses 
Collaptérides  et  dans  sa  tribu  des  Zophérites 
{An.  Soc.  Ent.  de  Fr.,  t.  X.  p.  31  ).  (C.) 

NOSOPHLOEUS  (vo'aoç,  maladie;  yXofa, 
écorce).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères  ,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes ,  tribu  des  Cérambycins , 
créé  par  M.  L.  Dupont  {Mag.  dezool,  1836, 
pi.  147)  et  adopté  par  Serville  {Ann.  de  la 
Soc.  ent.  de  Fr.,  t.  3,  p.  35).  Ce  genre  fait 
partie  de  la  tribu  des  Trachydérides  de 
M.  Dupont.  Le  type,  le  N.  coccineus  Dup., 
est  originaire  des  provinces  méridionales  du 
Brésil.  (C.) 

NOSÏOC,  Vaill.  {Bot.  Paris.,  144).  bot- 
cr.  — Champignons.  Syn.  de  Tremella  , 
Dill. 

NOSTOC,  Vauch.  (Conf.,  203,  t.  16). 
bot.  cr.  —  Algues.  Syn.  d'Undina,  Fries. 

NOSTOCINÉES.  Nostocineœ.  bot.  cr.  — 
Groupes  d'Algues  établi  par  Agardh  {Syst., 
XV),  et  qui  fait  partie  des  Chaodinées,  pe- 
tite famille  ainsi  désignée  par  M.  Bory  de 
Saint-Vincent.  Voy,  cuaodinées. 


672 


NOT 


NOT 


JVOTACANTHE.  Nolacanthus  (vû'-roç, 
dos;  axavOa  ,  épine),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens,  famille  des 
Scombéroïdes  ,  établi  par  Bloch  et  adopté 
par  MM.  G.  Cuvier  et  Valenciennes  (Hist. 
des  Poiss. y  t.  VIII,  p.  465).  Les  Notacan- 
thes  ont  des  épines  libres  au  lieu  de  dor- 
sale, des  épines  libres  en  avant  de  l'anale, 
une  longue  anale  unie  à  la  caudale,  de  pe- 
tites écailles  ovales,  un  museau  proéminent. 
Ces  différents  caractères  ont  fait  classer  ces 
Poissons  par  les  auteurs  cités  plus  haut , 
auprès  des  Mastacembles  et  des  Rhynchob- 
delles,  dont  ils  diffèrent  cependant  par  la 
présence  de  ventrales  placées  fort  en  arrière 
des  pectorales. 

Ce  genre  ne  renferme  encore  qu'une 
seule  espèce,  Notacanthe  nez,  Notac.  nasus 
Bl.,  dont  on  ignore  la  patrie. 

AOTACAKTHES.  Notacantha.  ras.  — 
Famille  de  l'ordre  des  Diptères  brachocères, 
établie  par  Latreille  (Fam.  du  règne  anim.)é 
M.  Macquart,  qui  a  adopté  cette  famille 
(Diptères,  Suites  à  Buffon-Roret,  I,  220),  la 
caractérise  ainsi  :  Trompe  ordinairement  re- 
tirée dans  la  bouche  ;  lèvres  terminales  épais- 
ses; palpes  souvent  de  trois  articles  ,  troi- 
sième ordinairement  globuleux.  Troisième 
article  des  antennes  annelé;  style  nul  ou 
apical.  Écusson  le  plus  souvent  muni  de 
pointes.  Abdomen  ordinairement  de  cinq 
segments  distincts.  Trois  pelotes  aux  tarses. 
Cellule  marginale  des  ailes  ordinairement 
nulle  ou  confondue  avec  la  stigmatique; 
deuxième  sous-marginale  souvent  petite  : 
ordinairement  cinq  postérieures  rayonnant 
autour  de  la  discoïdale. 

M.  Macquart  (loc.  cit.)  avait  d'abord  di- 
visé la  famille  des  Notacanthes  en  trois  tri- 
bus, mais  la  découverte  de  nouvelles  espèces 
exotiques  présentant  quelques  détails  d'or- 
ganisation tout-à- fait  spéciaux  ,  ont  néces- 
sité, pour  elles,  la  formation  d'une  tribu 
particulière.  Ainsi,  les  Notacanthes  se  trou- 
vent actuellement  répartis  en  quatre  tribus, 
qui  sont  :  Acanthomérides,  Sicaires,  Nylo- 
phagides  et  Stratiomydes.  Voy.  ces  mots, 
pour  les  caractères  spéciaux  à  chacune  de 
ces  tribus ,  et  l'énumération  des  genres 
qu'elles  renferment. 

Les  habitudes  des  Notacanthes  sont  aussi 
variées  que  leur  organisation.  Les  uns  vi- 
vent dans  les  bois,  posés  sur  le  tronc  des 


arbres  ;  d'autres  sur  le  feuillage  ou  les 
fleurs  des  prairies  et  dans  les  lieux  aqua- 
tiques. Les  femelles  déposent  leurs  œufs, 
tantôt  dans  le  terreau  ou  dans  les  ulcères 
des  arbres,  tantôt  dans  les  bouses,  quel- 
quefois dans  les  eaux.  Les  larves,  dont  l'or- 
ganisation diffère  même  chez  les  Insectes  de 
la  même  tribu,  trouvent,  dans  ces  diverses 
situations,  les  aliments  nécessaires  à  leur 
développement.  Lorsqu'elles  passent  à  l'état 
de  nymphe,  la  peau  sert  de  coque  sans 
changer  de  forme.  Voy.  pour  plus  de  dé- 
tails les  noms  des  tribus  cités  dans  cet  ar- 
ticle. (L.) 

*J\0TACANTH1NA  (vStos,  dos;  âxavGiov, 
petite  épine),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides  ,  groupe  des  Ortalidites 
(Ortalidées,  Macq.),  établi  par  M.  Macquart 
[Diptères,  Suites  à  Buffon  de  Roret),  qui  n'y 
comprend  qu'une  seule  espèce  (Notac.  bis- 
pinosa  Macq.  (Scatophaga  id.  Fab.,  Tetano- 
cera  id.  Wied.),  de  l'Amérique  méridionale. 
*NOTAMIA.  polyp.  —  Nom  de  genre 
proposé  par  M.  Fleming  pour  des  espèces  de 
Cellaires,  dont  M.  Savigny  avait  fait  le 
genre  Gemellaria ,  que  M.  de  Blainville  a 
changé  en  Gemicellaria ,  et  que  Lamouroux 
nomma  Loricaria ,  après  l'avoir  d'abord 
réuni  à  ses  Crisia.  Le  type  de  ce  genre  est 
la  Sertularia  loriculata  de  Linné.  Voy.  gé- 

MICELLAIRE.  (DuJ.) 

*NOTAPHUS.  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Carabiques, 
tribu  des  Subulipalpes,  formé  par  Mégerle, 
et  dont  Dejean  a  fait  sa  quatrième  division 
de  ses  Bembldium  (  Species  général  des  Co- 
léoptères, tom.  V,  pag.  63,  Cat.,  troisième 
édition,  pag.  57).  Cet  auteur  y  rapporte 
13  espèces:  7  sont  originaires  d'Europe, 
4  d'Amérique,  1  est  d'Asie  et  1  d'Afrique. 
On  doit  considérer  comme  en  étant  les  types 
les  N.  majus  Ghl.,  ustulatus  F.,  et  dorsalis 
Say.  (C.) 

NOTARCHE.  Notarchus.  moll.  —  Genre 
de  Mollusques  gastéropodes,  de  l'ordre  des 
Tectibranches  et  faisant  partie  de  la  famille 
des  Aplysiens  avec  les  Aplysies  et  les  Bursa- 
telles,  dont  il  se  rapproche  beaucoup.  En  ef- 
fet, lesNotarches  sont  en  quelque  sorte  des 
Aplysies  à  deux  tentacules,  ayant  le  manteau 
plus  serré  et  le  pied  extrêmement  étroit, 
terminé  en  avant  par  une  double  lèvre. C'est 


NOT 


NOT 


673 


Cuvier  qui  institua  ce  genre  et  qui  lui  assi- 
gna ia  place  qu'il  doit  conserver  parmi  les 
Tectibranches.  M.  de  Blainville  admit  ce 
genre,  mais  il  le  plaça  avec  les  Aplysies  dans 
son  ordre  des  Monopleurobranches.  La  seule 
espèce  décrite  a  été  nommée  le  Notarche  de 
Cuvier.  (Duj.) 

NOTARIS ,  Germar.  ms.  —  Synonyme 
fYErirhinus ,  Schœnherr.  (G.) 

*NOTARISIA,  Colla  (in  Mém.  acad.  Tu- 
rin, XXXIX,  53,  t.  75).  bot.  cr.  —  Syn. 
de  Plagiochila,  Nées  et  Montagne. 

NOTASPIS.  arach.— Synonyme  d'On- 
bata.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

NOTERA,  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Oléacées-Oléinées ,  établi  par 
Ventenat  (Choix,  425).  Arbustes  delà 
Nouvelle-Hollande.  Voy.  oléacées. 

NOTENCÉPH  ALE.  Nolencephalus  (vStoç, 
dos;  éyx/tpoJoç ,  encéphale),  térat. —  Genre 
de  Monstres  unitaires,  de  l'ordre  des  Auto- 
sites, de  la  famille  des  Exencéphaliens.  Voy. 
ce  dernier  mot. 

*NOTEROPHILA  (v<mPoç,  humide; 
<p'>oç ,  qui  aime),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Mélastomacées ,  tribu  des 
Rhexiées,  établi  par  Martius  (Nov.  gen.  et 
spec,  III,  110,  t.  254).  Herbes  des  eaux 
marécageuses  duBrésil.  Voy.  mélastomacées. 

NOTERUS  (  vor/poç ,  humide),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères  ,  famille 
des  Hydrocanthares,  tribu  des  Dytiscîdes , 
créé  par  Clairville  (  Entomologie  helvétique, 
t.  2  ,  p.  224  ,  pi.  32  )  et  adopté  par  Aube 
(Species  général  des  Coléoptères,  t.  VI, 
p.  397),  qui  en  énumère  les  3  espèces  suivan- 
tes :  N.  crassicornis  Mull.,  sparsus  Marsh, 
et  lœvisDe}.  Les  2  premières  se  rencontrent 
aux  environs  de  Paris  et  la  3e  dans  le  midi 
de  la  France.  M.  Hope  rapporte  à  ce  genre 
le  Dyt.  semipunctatus  de  F.  Chez  ces  Insectes 
l'écusson  est  caché  et  le  prosternum  se  ter- 
mine postérieurement  en  forme  de  spatule 
étroite.  (C.) 

*NOTEUS(votioç,  humide),  infus.?  systol. 
— Genre  de  Systolides  ou  Rotateurs  établi  par 
M.  Ehrenberg  dans  sa  famille  des  Brachio- 
nœa,  pour  le  Brachionus  Baker i  de  Mûller, 
qui  diffère  des  autres  espèces  de  vrais  Bra- 
chions,  parce  qu'il  n'a  pas  le  point  rouge  ocu- 
liforme  que  M.  Ehrenberg  prend  pour  un  œil. 
Cette  espèce  ,  nommée  aussi  B.  capsuliflorus 
par  Pallas,  B.  quadridentalus  parHermann, 

T.  VIII. 


et  B.  octodenlalus  par  M.  Bory  de  Saint - 
Vincent,  est  longue  de  22  à  44  centièmes  de 
millimètre;  sa  carapace  ,  dont  la  longueur 
est  moitié  moindre,  est  rude,  granuleuse, 
réticulée  au  milieu  ,  avec  six  pointes  en 
avant,  dont  deux  au  milieu  plus  longues  et 
courbées  ;  elle  a  en  outre  deux  longues  épi- 
nes latérales  en  arrière,  et  un  prolongement 
bifide  au-dessus  de  la  queue.  On  la  trouve 
dans  les  eaux  douces  de  l'Europe  tempérée 
et  septentrionale.  (Duj.) 

NOTHA  (vo'Ôoç,  bâtard),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  hétéromères,  famille  desMé- 
lasomes ,  tribu  des  Akisites ,  attribué  par 
Dejean  à  Eschscholtz  et  que  nous  ne  trou- 
vons pas  publié.  Le  type,  le  N.  gibbosa  de 
l'auteur,  est  originaire  de  la  Californie.  (C.) 

*N0THER0D1US  ,  Wagler.  ois.  —  Sy- 
nonyme û'Aramus,  Vieil!.  (Z.  G.) 

NOTHITES.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées,  tribu  des  Astéroïdées, 
établi  par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat.,  XXXV, 
163).  Herbes  de  l'Amérique  tropicale.  Voy. 

COMPOSÉES. 

NOTHIUM,  Lindl.  (Orchid.,  142).  bot. 
ph.  —  Voy.  maxillarià,  Ruiz  et  Pavon. 
NOTHOL^Ei\A.  bot.  cr.  —  Voy.  noto- 

CHL.ŒNA. 

NOTHOSAURES  (vo'Ooç,  bâtard  ;  aavpoç, 
lézard),  rept.  foss.  — Genre  créé  par  M.  de 
Munster  (Almanach  minéralogique,  1834), 
pour  un  reptile,  dont  les  débris  se  rencon- 
trent dans  le  muschelkalk  de  Wurtemberg 
et  de  la  Lorraine.  Les  animaux  de  ce  genre 
offraient  de  l'analogie,  par  la  forme  de 
leurs  vertèbres  et  de  leurs  membres,  et  par 
leur  long  cou  ,  avec  les  Plésiosaures,  et  par 
la  forme  et  la  composition  de  leur  tête  avec 
les  Tortues.  Les  dents  des  Nothosaures,  gé- 
néralement petites,  sont  coniques ,  striées , 
légèrement  infléchies  en  dedans  et  en  ar- 
rière, et  implantées  dans  des  alvéoles  sépa- 
rés. Relativement  à  leur  grandeur,  elles 
sont  de  trois  sortes;  celles  des  intermaxil- 
laires et  de  la  partie  antérieure  de  la  mâ- 
choire inférieure  sont  plus  grosses  et  plus 
longues  que  celles  des  maxillaires  et  de  la 
mâchoire  inférieure  qui  leur  correspon- 
dent; et  entre  ces  dernières  et  les  premières 
existent,  de  chaque  côté  des  deux  mâchoires, 
une  ou  deux  dents  beaucoup  plus  grosses 
et  plus  longues,  qui  font  l'ofûce  de  canines. 
Les  Nothosaures  ne  paraissent  pas  avoir  at- 

S5 


674 


NOT 


NOT 


teint  une  taille  aussi  grande  que  les  Ena- 
liosauriens.  Plusieurs  autres  genres  du 
Trias,  tels  que  les  Conchiosaures ,  les  Dra- 
cosaures,  les  Simosaures  et  les  Pistosaures, 
montrant  dans  la  composition  de  leur  tête 
un  rapprochement  très  sensible  avec  les 
Tortues ,  et  particulièrement  avec  les  Trio- 
nyx,  nous  pensons  qu'il  serait  peut-être 
bon  de  les  réunir  en  une  même  famille, 
sous  le  nom  de  Chélyosauriens. 

M.  de  Munster  distingue  trois  espèces 
de  Nothosaures ,  qui  sont  les  Not.  gigan- 
teus,  mirabilis  et  venustus.  (L...D.) 

NOTHRIA,  Berg.  (  Cap.,  171 ,  t.  I,  fig. 
2).  bot.  ph.  — Syn.  de  Frankenia,  Linn. 

*NOTHRODES  (vcjQpu&îî,  lent),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères  ,  division  des 
Otiorhynchides,  établi  par  Erichson  (Archiv. 
fur nalurgeschichte  1842,  pag.  192).  L'espèce 
type,  N.  languidus  de  l'auteur,  est  origi- 
naire de  la  Nouvelle-Hollande.  (C.) 

NOTHRUS.  arach.  —  Synonyme  d'OH- 
bata.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*IVOTHURA,  Wagler.  ois.  —  Synonyme 
de  Crypturus,  Illiger.  Voy.  dinamon.  (Z.  G.) 

NOTHUS  (voGoç ,  bâtard  ).  ins.—  Genre 
de  Coléoptères  hétéromères,  famille  des  Sté- 
nélytres,  tribu  des  OEdémérites,  formé  par 
Ziegler  et  adopté  par  Dejean  (Cat.,  3e  édit., 
pag.  249)  et  par  Latreille  {Règne  animal  de 
Cuvier,  t.  5).  3  espèces  rentrent  dans  ce 
genre  :  les  N.  clavipes  Még. ,  bipunctatus 
111.,  (Prœustus  01.),  et  Uralemis  Mots.  Les 
premières  sont  originaires  de  France  et  de 
Hongrie  ;  la  troisième  se  trouve  dans  la 
Russie  méridionale.  (C.) 

*NOTICASTRUM.  bot.  ph.  —  Genre  dé 
la  famille  des  Composées,  tribu  des  Asté- 
roïdées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  V, 
279).  Herbes  du  Chili.  Voy.  composées. 

*NOTIDORIA  (vort'ç,  humidité  ;  &o»,  je 
vis),  ins.  —  M.  Stephens  (Illust.  brit.  Ent. 
1826)  indique  sous  cette  dénomination  un 
genre  dePhryganiens.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*NOTIORIA  (voti'oc,  humidité;  6ioo  ,  je 
vis),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res ,  famille  des  Carabiques  ,  tribu  des  Sim- 
plicipèdes  ,  créé  par  Perty  (Delectus  anima- 
lium  art.,  p.  13,  pi.  3,  f.  8).  Le  type,  la 
N.  nebrioides  Perty,  est  indigène  du  Bré- 
sil. (C.) 

*NOTIODES  (voTtw&js,  humide),  ins.— 


Genre  de   Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Érirhinides,  établi  par  Schœnherr  (Gen.  et 
sp.  Curculionid.  syn.,  7,  2,  183)  et  qui  se 
compose  de  4  espèces  des  États-Unis  :  N. % 
limatilus,  nigrirostris  Schr.,  apiculatus  Say 
et  egenus  Dej.  (Bagous).  Ces  Insectes,  très 
semblables  aux  Bagous ,   s'en  distinguent 
par  un  funicule  composé  seulement  de  6  ar- 
ticles, par  un  corselet  non  canaliculé  eni 
dessous  et  par  des  tibias  armés  d'un  seul 
petit  ongle.  (C.) 

*NOTIONOMUS  (vo-rfa,  humidité;  vop.o'ç, 
demeure),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères ,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères ,  division  des  Érirhinides ,  créé  par 
Erichson  {Archiv.  furnaturg  .,1842,  p.  197, 
131).  Le  type,  N.  australisEr.,  est  originaire 
de  la  Nouvelle-Hollande.  (C.) 

N0T10PHILUS,  Schœnherr.  ins.  —  Syn. 
de  Notiodes  du  même  auteur.  (C.) 

NOTIOPHILUS  (vort'a,  humidité;  <?(- 
Uo>,  j'aime),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
pentamères  ,  famille  des  Carabiques ,  tribu 
des  Simplicipèdes,  formé  par  Duménl  et 
adopté  par  Dejean  (Species  général  des  Coléo- 
ptères^ t.  2,  pag.  277),  qui  en  énumère qua- 
tre espèces;  les  N.  aquaticus,  bipunctatus 
F.,  quadripunctatus  et  geminatus  Dej.  Les 
trois  premières  se  rencontrent  aux  environs 
de  Paris  et  la  quatrième  est  propre  à  la  Bar- 
barie. Indépendamment  de  ces  espèces,  on 
doit  considérer  comme  faisant  partie  du 
genre  les  suivantes  :  N.  punctulatus  West- 
maël ,  marginatus  Gêné,  tibialis,  palustris 
New.,  fulvipes  Mots.,  rufipes  Reysham,  syl- 
vaticus  et  semiopacus  Esch.  Les  cinq  pre- 
mières appartiennent  à  l'Europe  et  les  deux 
dernières  à  l'Amérique  septentrionale  occi- 
dentale. M.  Waterhouse  a  publié  une  mo- 
nographie des  espèces  de  Notiophilus  pro- 
pres à  l'Angleterre.  (C). 

NOTIOSPHAGE,  Benth.  {Labiat.,  309). 
bot.  ph.  —  Voy.  salvia,  Linn. 

*NOTIPHILA(voTta}  humidité;  cpt'Xo;,  qui 
aime),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères 
brachocères,  famille  des  Musciens,  tribu  des 
Muscides,  sous -tribu  des  Hydromyzides  de 
M.  Macquart,  établi  par  Fallen  et  Meigen. 
M.  Macquart  (  Diptères,  Suites  à  Buffon  de 
Roret)  en  cite  et  décrit  8  espèces,  qui  habi- 
tent la  France  et  l'Allemagne  dans  les  lieux 
humides. 


NOT 


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C75 


NOTOBASIS  (vo'to;,  humidité;  e«'<rc5,  ra- 
cine), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées,  tribu  des  Astéroïdées,  établi 
par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat.,  XXV,  225; 
J  XXXV,  170).  Herbes  des  régions  méditer- 
ranéennes. Voy.  COMPOSÉES. 

*NOTOCERA  (vwtoç,  dos  ;  x/pa5,  corne). 
|ins.  — MM.  Amyot  et  Serville  (Hémiptè- 
res des  Suites  à  Buffon  de  Roret  )  indiquent 
sous  ce  nom  un  genre  d'Hémiptères  Homo- 
ptères  de  la  famille  des  Membraciens,  et  qui 
ne  comprend  qu'une  seule  espèce ,  le  Cen- 
trotus  cruciatus  F abr.,  de  Gayenne.  (E.  D.) 

NOTQCERAS  (vwtoç,  dos  ;  x/paç,  corne). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Cruci- 
fères, tribu  des  Arabidées  ,  établi  par  R. 
Brown  (in  Alton  Hort.  Kew.,  2e  édit.,  IV, 
117).  Herbes  de  la  Sibérie.  Voy.  crucifères. 

*NOTOCH.ETE  (  vStoç  ,  dos;  x*r-*> 
crin),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Labiées,  tribu  des  Stachydées ,  établi  par 
Bentham  (Labiat.,  635).  Herbes  du  Népaul. 

Voy.  LABIÉES. 

NOTOCHLiENA   ou    mieux   NOTHO- 

LiEIVA  (voGoç ,  faux;  gXaîva  ,  couverture). 
bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille  des  Fou- 
gères,  tribu  des  Polypodiacées  ,  établi  par 
Rob.  Brown  (Prodr.,  146),  et  caractérisé 
principalement  par  les  sporanges,  disposés 
en  sores  linéaires ,  marginaux  ,  continus  ou 
interrompus ,  et  voilés  par  les  poils  de  la 
fronde;  il  n'y  a  pas  d'indusie. 

Les  Notochlœna  sont  des  Fougères  à  tige 
herbacée,  courte  ;  à  frondes  simples,  pinnées 
ou  tri-pinnées,  hirsutées.  Elles  croissent  en 
abondance  dans  les  régions  tropicales  du 
globe. 

*NOTOCLEA,  Marsbam.  ras.  —  Syno- 
nyme de  Paropsis,  Olivier.  (C.) 

*NOTOCORAX(voti'oc,  humidité;  xo>£, 
corbeau),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hé- 
téromères ,  famille  des  Mélasomes  ,  tribu  des 
Opatrides  de  Hope  ,  formé  par  Dejean  (Cat., 
3e  édit.,  p.  212)  avec  YOpatrum  Javanum 
Ide  Wied.  (C.) 

NOTOCOTYLUS  (vStoç,  dos  ;  xotv).v,,  ca- 
vité), heul — Genre  d'Entozoaires  décrit  par 
M.  Diesing  (Ann.  Mus.  Vienne,  t.  II),  et  qui 
rentre  dans  l'ordre  de  Trématodes.  (P.  G.) 

*  NOTOCYRTUS  (vSxoç,  dos;  xu'Pt°ç  , 
courbé),  ins.  — Genre  d'Hémiptères  hétéro- 
ptères,  de  la  tribu  des  Réduviens,  indiqué 
par  M.   Burmeister  (  Handb.  der  ent.t  II, 


1835),  et  ne  comprenant  qu'un  petit  nom- 
bre d'espèces  exotiques.  (E.  D.) 

NOTODO]\TA(vw-o;,  dos;   &&U5,  ovtoç, 

dent),  ins.  — Genre  de  Tordre  des  Lépi- 
doptères Nocturnes,  tribu  des  Notodonti- 
nes  ,  établi  par  MM.  Ochseinheimer  et  Bois 
duval.  Par  suite  du  retrait  successif  de  cer- 
taines espèces  qui  ont  servi  à  former  de  nou- 
veaux genres  (Lophopteryx ,  Leiocampa, 
Peridea,  Chaonia,  Ptilophora),  le  genre  No- 
todonta  n'en  renferme  plus  que  quatre  et 
présente  pour  caractères  principaux  :  Anten  - 
nés  pectinées  ou  dentées  dans  les  mâles,  fili- 
formes dans  les  femelles.  Palpes  grêles  et 
velus.  Trompe  nulle.  Corselet  uni,  avec  les 
ptérygodes  étroits  et  séparés  par  un  grand 
intervalle.  Dents  du  bord  interne  des  ailes 
supérieures  assez  prononcées.  Frange  de  ces 
mêmes  ailes  plus  ou  moins  dentelée. 

Les  Chenilles,  entièrement  glabres,  sont 
remarquables  par  une  bosse  plus  ou  moins 
prononcée  qui  surmonte  leurs  anneaux  in- 
termédiaires. Elles  vivent  sur  les  peupliers, 
les  Trembles  et  les  Bouleaux,  et  se  métamor- 
phosent dans  des  coques  molles ,  tantôt  entre 
des  feuilles  d'arbre,  tantôt  à  la  surface  de 
la  terre,  sous  la  mousse  ou  les  feuilles  sèches. 

Parmi  les  Notodonta  les  plus  connus, 
nous  citerons  les  Notod.  dromedarius ,  Tri- 
tophus ,  lie-lac  et  Torva.  Ces  espèces  ha- 
bitent principalement  la  France  et  l'Alle- 
magne. (L.) 

*NOTODO!VTIDES.  Notodontides .  ins.  — 
Tribu  établie  par  M.  Boisduval  dans  l'ordre 
des  Lépidoptères  Nocturnes  ,  et  dont  les 
principaux  caractères  sont  :  Corselet  squa- 
meux ou  velu  ,  tantôt  uni,  tantôt  huppé  ou 
crête.  Antennes  pectinées,  plumeuses  ou 
dentées  dans  les  mâles,  simples  ou  filifor- 
mes dans  les  femelles.  Palpes  de  forme  et  de 
grandeur  diverses.  Trompe  nulle  ou  rudi 
mentaire.  Ailes  en  toit  dans  le  repos;  le  ; 
supérieures  offrent  un  lobe  dentiforme  ou 
une  crête  de  poils  au  milieu  du  bord  interne 
dans  beaucoup  de  genres. 

Chenilles  glabres,  ou  parsemées  de  poils 
isolés,  à  seize  pattes.  Elles  vivent  sur  les  ar- 
bres, et  se  métamorphosent,  les  unes  danâ 
la  terre,  les  autres  dans  des  coques» 

Les  genres  compris  dans  cette  tribu  sont 
au  nombre  de  12.  Ce  sont,  d'après  Dupon- 
chel  [Catal.  des  Lépidopt.  d'Europe,  p.  89): 
Ptilodontis,  Lophopteryx,  Plilophora,  Leio- 


676 


NOT 


NOT 


campa ,  Notodonta ,  Peridea ,  Drynobia,  He- 
terodonta ,  Microdonta  ,  Chaonia ,  Gluphisia 
et  Diloba.  M.  Boisduval,  dans  son  Gen.  et 
index  melh.  Europ.  Lepid. ,  y  rapporte  les 
genres  :  Dicranura ,  Harpyia ,  Uropus ,  As- 
teroscopus,  Ptilodontis ,  Notodonta,  Gluphi- 
sia, Diloba,  Pygœra  et  Clostera.       (L.) 

*NOTOGYMIVUS  (vwtoç,  dos  ;  yupvofi,  nu). 
helm. — Genre  de  la  famille  des  Némertes  ou 
Borlases  établi  par  M.  Ehrenberg  (Symbolœ 
physicœ  ) ,  et  répondant  à  celui  que  M.  Hu- 
schke  avait  établi  précédemment  (Isis,  1830, 
p.  681)  sous  la  dénomination  fautive  de  No- 
tospermus.  Son  caractère  consiste  dans  la 
présence  d'une  série  curviligne  d'ocelles  pla- 
cée transversalement  sur  la  région  frontale. 

(P.  G.) 

*NOTOMMATA(v5toç,  dos;  S^a,  œil). 
infos.?  systol. — Genre  de  Systolides  ou 
Rotateurs  établi  par  M.  Ehrenberg  dans  sa 
famille  des  Hydatinœa  faisant  partie  de  son 
ordre  des  Polytroques,  et  caractérisé  par  un 
œil  situé  sur  la  nuque ,  par  un  appendice 
caudiforme  bifurqué ,  et  par  l'absence  de 
crochets,  de  stylets  ou  de  soies  raides  parmi 
les  cils  vibratiles  de  ses  appareils  rotatoires. 
Quant  à  nous  qui  n'attachons  pas  l'impor- 
tance d'un  caractère  générique  à  la  position 
du  point  oculiforme ,  nous  caractérisons 
le  genre  Notommate  par  la  forme,  en  fu- 
seau ou  en  navet,  du  corps  plus  ou  moins 
rétréci  en  avant,  au-dessous  de  l'appareil 
cilié,  qui,  lui-même,  est  plus  étroit  que  le 
corps,  et  par  les  mâchoires  digitées  ou  élar- 
gies et  obtuses,  non  entièrement  protrac- 
tiles  ;  un  point  ou  une  tache  rouge  se  trouve 
ordinairement  au-dessus  des  mâchoires,  et 
la  queue  est  bifurquée.  Les  Notommates , 
d'après  cela,  diffèrent  surtout  des  Hydatines 
par  la  forme  du  corps  ,  qui  est  bien  plus 
évasé  en  entonnoir  chez  ces  dernières.  Le 
nombre  des  espèces  de  Notommates  est  assez 
considérable  dans  les  eaux  douces;  plu- 
sieurs sont  assez  volumineuses  pour  être 
bien  visibles  à  l'œil  nu  :  tel  est  le  N.  copeus 
Ehr.  ,  long  de  3/4  de  millimètre,  avec  des 
oreillettes  ciliées  fort  longues  de  chaque  côté 
de  l'appareil  cilié,  un  prolongement  en 
pointe  au-dessus  de  la  queue,  et  un  stylet 
partant  du  milieu  de  chacun  des  deux  flancs. 
Le  N.  aurita  Ehr.  ,  que  Millier  avait  décrit 
sous  le  nom  de  Vorticella  aurita,  est  carac- 
térisé par  la  masseblanche  globuleuse  sur 


laquelle  est  fixé  le  point  rouge  oculiforme; 
sa  longueur  est  de  22  centièmes  de  milli- 
mètre; son  appareil  cilié  rotatoire  est  élargi 
en  forme  d'oreillette  de  chaque  côté.  Il  est 
commun  dans  les  eaux  stagnantes.     (Duj.) 

*NOTOM\S  (votoç, humidité;  ptfç,  rat). 
mam.  —  M.  Lesson  (Nouv.  tdbl.  desMamm., 
1842)  a  créé  sous  ce  nom  un  genre  de  Ron- 
geurs de  sa  famille  des  Dipodineœ,  et  il  n'y 
place  qu'une  seule  espèce  propre  à  la  Nou- 
velle-Hollande,  et  connue  sous  la  dénomi- 
nation éeDipus  Mitchellii  Ogilby .     (E.  D.) 

NOTONECTA  (vwtoç  ,  dos;  v>Îxtoç,  na- 
geant), ins. — Genre  d'Hémiptères  hétéro- 
ptères ,  division  des  Hydrocorises ,  famille 
des  Notonectiens ,  établi  par  Linné  ,  adopté 
par  tous  les  entomologistes ,  et  particulière- 
ment caractérisé  par  les  élytres  ayant  leur 
partie  postérieure  membraneuse,  et  les  pat- 
tes postérieures  très  longues,  à  tarses  sans 
crochets. 

Ces  Hémiptères  nagent  toujours  sur  le 
dos,  et  souvent  dans  une  position  inclinée; 
la  tête  un  peu  plus  élevée  que  l'extrémité  du 
corps ,  quand  ils  remontent  à  la  surface  de 
l'eau,  et  la  tête  plus  basse  lorsqu'ils  restent 
à  la  surface  ou  qu'ils  descendent  au  fond. 
Ils  vivent  dans  les  fossés,  les  eaux  dorman- 
tes; ils  se  tiennent  habituellement  à  la  sur- 
face de  l'eau,  et  si  l'on  s'en  approche  de  trop 
près  ou  qu'on  trouble  l'eau,  ils  s'enfoncent 
aussitôt ,  et  ne  reparaissent  que  quelque 
temps  après.  Les  œufs  sont  blancs ,  allon- 
gés ;  la  femelle  les  place  ordinairement  sur 
les  tiges  ou  les  feuilles  des  plantes  aquati- 
ques, et  ce  n'est  qu'au  printemps  qu'ils 
éclosent;  les  petites  larves  se  mettent  aus- 
sitôt à  nager,  et  elles  ressemblent  beaucoup 
à  l'insecte  parfait,  n'en  différant  guère  que 
par  l'absence  d'ailes.  La  nymphe  n'en  dif- 
fère que  par  des  tuyaux  contenant  les  rudi- 
ments des  ailes  placés  sur  les  côtés  du  corps. 
Sous  leurs  divers  états  de  larves ,  de  nym- 
phes et  d'insectes  parfaits,  les  Notonectes  se 
nourrissent  de  petits  insectes  ou  de  petites 
larves  qu'ils  saisissent  avec  les  crochets  de 
leurs  pattes  antérieures  :  ils  sont  trèsvoraces. 

On  connaît  plusieurs  espèces  de  ce  genre 
propres  à  presque  tous  les  pays  :  l'Europe  en 
possède  une  quinzaine.  Le  type  est  le  Noto- 
necta  glauca  Linn.,  Scop.,  Fabr.,  Latr.,  qui 
pique  fortement  avec  sa  trompe  ;  il  est  gris 
et  noir,  avec  les  élytres  verdâtres  et  les  aile* 


NOT 


3NOT 


677 


blanches;  habite  les  environs  de  Paris,  où 
il  se  trouve  assez  fréquemment.     (E.  D.) 

NOTONECTIDES.  Notonectides.  ins.  — 
Latreille  (Règ.  anim.,  Ve  édit.,  1817)  avait 
désigné  sous  ce  nom  une  tribu  de  l'ordre  des 
Hémiptères,  section  desHétéroptères,  famille 
des  Hydrocorises ,  et  cette  division  est  de- 
venue pour  M.  Blanchard  l'une  des  familles 
de  sa  tribu  des  Népiens,  à  laquelle  il  donne 
pour  caractères  :  Tête  très  grosse  ;  pattes  an- 
térieures courtes ,  simples  ;  les  postérieures 
grandes,  aplaties  en  forme  de  rames.  Notre 
collaborateur  partage  les  Notonectides  en 
deux  groupes  :  1°  les  Notonectites  (  genres 
Notonecta  et  Ploa),  et  2°  les  Gorixites  (genre 
Corixa).  Voy.  ces  divers  mots.    (E.  D.) 

NOTQNECTIENS.  Notonectii.  ins.  — 
M.  E.  Blanchard  {Hist.  des  anim.  art.,  1840) 
indique  sous  ce  nom  une  famille  d'Hémi- 
ptères hétéroptères,  comprenant  particu- 
lièrement le  genre  Notonecta,  et  que  plus 
tard  (JBtf.  des  Ins.,  1845)  il  fit  rentrer 
dans  sa  tribu  des  Népiens  sous  le  nom  de 
Notonectides. 

Cette  division  correspond,  à  peu  de  chose 
près  ,  à  celle  des  Notonectides  de  Latreille  , 
dans  laquelle  rentraient  les  g.  Notonectis , 
Ploa,  Sigara  et  Corixa.  V.  ces  mots.  (E.  D.) 
NOTONECTITES.  ins.—  Voy.  notonec- 
tides. (E.  D.) 

*NOTONIA.  bot.  ph.  -—Genre de  la  fa- 
mille des  Composées ,  tribu  des  Sénécioni- 
dées,  établi  par  De  Candolle  (  in  Guillem. 
archiv.  bot. ,  11  ,  514  ).  Arbrisseaux  de 
l'Inde.  Voy.  composées. 

*NOTONIA,  Wight  et  Arnott  (Prodr.,  I, 
449).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Johnia  des  mêmes 
auteurs. 

NOTOPHOLIS.  rept.  —  Synonyme  de 
Psammodrome.  (P.  G.) 

*NOTOPHORlJS  (votoç  ,  dos  ;  ?/P»  ,  je 
porte),  mam.— Synonyme  de  Dicotyles,  Cuv. 
Voy.  l'article  pécari.  (E.  D.) 

*NOTOPHYSIS  (votos,  humidité;  ^ç, 
nature),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Prioniens, 
créé  par  Serville  [(  Ann.  de  la  Soc.  Entom. 
deFr.,t.  \,  p.  158,  1832).  L'espèce  type,  le 
N.  Lucanoides  de  l'auteur,  fait  partie  de  la 
collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Elle  provient  de  l'île  des  Kanguroo.  (C.) 
NOTOPODES.  Notopoda.  crust.  —  C'est  j 


une  tribu  qui  a  été  établie  par  Latreille,  et 
qui  correspond  en  partie  à  celle  des  Dro- 
miens  créée  par  M.  Milne  Edwards.  Foy. 
dromiens.  (H.  L.) 

NOTOPTÈRE.  Notopterus  (viïvoq ,  dos; 
TTTepov,  nageoire),  poiss.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Malacoptérygiens  abdominaux,  famillo 
desCIupéoïdes,  établi  par  Lacépède,  et  qui, 
par  ses  caractères  ,  se  rapproche  davantage 
des  Harengs  que  des  Gymnotes,  aux  dé- 
pens desquels  il  a  été  formé. 

On  n'en  connaît  qu'une  seule  espèce , 
nommée  par  Lacépède  Notoptère  kapirat 
(  Gymnotus  notopterus  Pall.,  Clupea  synura 
Schn.),  et  qui  vit  dans  les  étangs  d'eau 
douce  des  Indes,  , 

NOTOPTÉRYGIÉES.  Notopterygieœ. 
bot.  ph.  —  Tribu  de  la  famille  des  Malpi- 
ghiacées.  Voy.  ce  mot. 

*  NOTOPTÉRïGIENS.  Notopterygii. 
crust.  —  C'est  une  tribu  qui  a  été  établie 
par  Latreille  et  qui  correspond  entièrement 
à  celle  des  Raniniens,  établi  par  M.  Milne 
Edwards.  Voy.  raniniens.  (H.  L.) 

*WOTOPUS(v«To?,  dos;  -7ro3;,  pied). 
crust.  —  M.  Dehaan ,  dans  la  Faune  du 
Japon,  désigne  sous  ce  nom  une  nouvelle 
coupe  générique,  établie  aux  dépens  des 
Albunea ,  et  dont  l'espèce  type  est  le  Noto- 
pus  dorsipes  Fabr.  (H.  L.) 

NOTORHIZÉES.  Notorhizeœ.  bot.  ph. 
—  Sous-ordre  établi  par  De  Candolle  (  Syst. 
11,  438)  dans  la  famille  des  Crucifères. 
Voy.  ce  mot. 

*NOTOSACANTHA  ,  Chv.  ins.  —  Syn. 
de  Hoplionota,  Hope. 

*NOTOSOMALUS  (vwtoç,  dos;  ^ocaoç  , 
aplati  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères, famille  des  Curculionides  gonato- 
cères,  division  des  Apostasimérides  Crypto- 
rhynchides ,  formé  par  nous  et  adopté  par 
Dejean  {Catalogue,  3e  édit.,  p.  316).  Deui 
espèces  rentrent  dans  ce  genre  :  les  N.  com- 
planatus  De].,  et  carbonarius  Chv.  La  pre- 
mière est  originaire  du  Brésil,  et  la  seconde 
de  la  Nouvelle-Grenade.  (C.) 

*NOTOSPERMUS.  helm.  —  Genre  de  la 
famille  des  Némertes,  établi  en  1830  par 
Huschke  et  répondant  à  celui  des  Notogym- 
nus  de  M.  Ehrenberg.  Ce  dernier  en  a  changé 
le  nom  qui  est  fautif,  le  canal  intestinal 
ayant  d'abord  été  pris  pour  un  conduit  sper- 
matique.  Voy.  notogymnus.  (P.  G.) 


678 


NOT 


NOY 


*J\OTOSTENUS  (  vwtoç  ,  dos  ;  an.êç , 
étroit),  ins. —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères ,  famille  des  Malacodermes  ,  tribu 
des  Clairones,  formé  par  Dejean  (Catalogue, 
3e  édit. ,  p.  127),  et  adopté  par  Klug  et 
Spinola  dans  leurs  monographies  respec- 
tives. Deux  espèces  de  l'Afrique  australe 
font  partie  de  ce  genre  :  les  N.  viridis  (  ru- 
fipes  Web.),  et  cœruleus  (Thunbergii  Kl.) 
de  Th.  (C.) 

NOTOTHERIUM.  mam.  —  Voy.  marsu- 
piaux FOSSILES. 

JVOTOXLS  (vwtoç,  dos;  ofà,  aigu). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères, 
famille  des  Trachélydes  ,  tribu  des  Anthi- 
cides,  créé  par  Geoffroy  (Histoire  abrégée 
des  Ins.  des  environs  de  Paris,  1762  ,  t.  I, 
p.  856,  tabl.  6,  fig.  8),  qui  lui  donne  le 
nom  français  de  Cucule.  Olivier  et  Latreille 
ont  adopté  ce  nom  pour  ce  groupe  d'In- 
sectes. L'espèce  type  est  le  N.  monoceros  de 
Linné  (  Meloe).  On  la  trouve  aux  environs 
de  Paris,  et  aussi  dans  toute  l'Europe.  (C.) 

NOTOXUS  (vwtoç,  dos;  o£vÇ,  aigu),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Malacodermes,  tribu  des  Clairones,  éta- 
bli par  Fabricius  (Entomologia  systematica, 
1792,  t.  I ,  p.  111),  adopté  par  Dejean 
(Catalogue,  3e  édit.,  p.  26  )  et  par  Spinola 
(  Essai  monographique  sur  les  Clérites ,  I , 
p.  21 3).  Ce  genre  renferme  11  espèces,  dont 
6  Européennes,  et  5  Africaines,  savoir  :  N. 
mollis  Linn.,  domesticus  St.,  pallidus  01., 
tœniatus,  frontalis,  thoracicus,  tristis,  cinc- 
tus  KL,  Buqueiii,  Dregei  Sp.,  et  gigas  Lep. 

A  l'exemple  de  Latreille,  il  convient  de 
rejeter  le  nom  de  Notoxus  et  d'adopter  ce- 
lui d'Opilus  ,  que  cet  auteur  a  donné  à  ces 
Insectes,  afin  de  ne  pas  employer  un  double 
nom  semblable  pour  deux  genres,  ayant  des 
l caractères  propres  et  appartenant  au  même 
ordre;  avec  d'autant  plus  de  raison,  que 
celui  publié  par  Geoffroy  est  de  beaucoup 
antérieur  de  publication.  (C.) 

*NOTOZONA  (vStoç,  dos;  ^oîvvj,  bande). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpentamè- 
res,  tétramères  deLatreille,  famille  des  Cy- 
cliques, tribu  des  Alticites,  des  Cbrysomé- 
lines  de  Latreille,  formé  par  nous  et  adopté 
par  Dejean  (  Catalogue,  3e  édit.,  p.  418  ). 
Quatre  espèces  sont  rapportées  à  ce  genre  : 
les  IV.  bifasciata  01.,  pulchra,  gloriosa  et 
macularia  Dej.  ;  la  deuxième  est  du  Brésil, 


et  les  trois  autres  sont  originaires  de 
Cayenne.^  (C.) 

NOTRÊME.  moll. —Nom  proposé  par 
Rafinesque  pour  un  genre  de  Mollusques, 
que  depuis  il  a  nommé  Trémésie.    (Dui.) 

*J\OTYLIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Orchidées,  tribu  des  Vandées, 
établi  par  Lindley  (in  Bot.  Reg.,  n.  930). 
Herbes  de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  or- 
chidées. 

*i\OULETIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Bignoniacées,  établi  par  M.  Endli- 
cher  (Gen.  plant.  suppl.,l,  n.  4124).  Ar- 
brisseaux grimpants  du  Brésil. 

NOVACULE.  Novacula.  poiss.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens  à  pharyn- 
giens labyrinthiformes ,  famille  des  La- 
broïdes,  établi  par  MM.  G.  Cuvier  et  Va- 
lenciennes  (Hist.  des  Poiss.,  t.  XIV,  p.  61), 
aux  dépens  des  Rasons ,  dont  les  Novacules 
diffèrent  par  les  petites  écailles  qui  couvrent 
le  préopercule  au-dessous  de  l'œil. 

Le  genre  Novacule  renferme  six  espèces, 
très  communes  dans  la  mer  des  Indes  (  No- 
vacula, pentadactyla,  punctulata,  tessellata, 
bimaculata  ,  immaculata,  Cuv.  et  Val.). 
Elles  ont  toutes  une  tache  sur  le  milieu 
des  côtes,  et  plusieurs  d'entre  elles  ont  une 
suite  de  gros  points  noirs  ou  bleus ,  très 
foncés,  sur  la  tempe  et  le  long  de  la  ligne 
latérale.  Leur  taille  n'excède  pas  15  â 
16  centimètres.  Du  reste ,  ces  Poissons 
offrent  une  grande  ressemblance  avec  les 
Rasons. 

*J\OWODWORSRIA  (nom  propre),  bot. 
fh. — Genre  de  la  famille  des  Graminées, 
tribu  des  Agrostidées,  établi  par  Près  l(w 
Reliq.  Hœnk.,  t.  351,  t.  40).  Gramens  du 
Chili.  Voy.  graminées. 

NOYAU.  Nucleus ,  Pyrena,  Putament 
Ossiculus.  bot. — On  appelle  ainsi,  dans  un 
fruit  charnu ,  la  loge  unique  ou  les  loges 
dont  les  parois  se  sont  ossifiées.  Voy.  fruit. 

NOY  AU  D'OLIVE,  moll.— Nom  vulgaire 
et  marchand  des  coquilles  du  genre  Colom- 
belle ,  et  principalement  de  la  Columbella 
rustica. 

NOYER.  Juglans  (  contraction  de  jovis 
glans,  gland  de  Jupiter),  bot.  ph.  —  Genre 
de  plantes  type  de  la  famille  des  Juglandacées 
à  laquelle  il  donne  son  nom  ,  de  la  Monœcie 
polyandrie  dans  le  système  de  Linné.  Le 
groupe  générique  qui  avait  été  établi  sous 


NOY 


NOY 


679 


ce  nom  par  Linné  a  été  longtemps  conservé 
intact;  mais,  dans  ces  derniers  temps,  un 
examen  plus  attentif  des  espèces  qu'il  com- 
prenait a  porté  les  botanistes  à  le  subdiviser. 
Ainsi  parmi  les  arbres  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale qu'on  réunit  vulgairement  sous 
le  nom  commun  de  Noyers ,  la  plupart  se 
distinguent  des  Noyers  proprement  dits  par 
des  caractères  assez  saillants  pour  que, 
même  dans  le  langage  vulgaire,  ils  aient 
reçu  une  dénomination  particulière;  ce  sont 
ceux  qu'on  nomme  en  anglais  hickery.  Ils 
sont  remarquables  en  ce  que  la  portion  ex- 
térieure et  coriace  du  brou  de  leur  fruit  se 
fend  régulièrement  en  quatre  valves  à  sa 
maturité ,  laissant  ainsi  à  découvert  une  noix 
lisse  et  unie  à  sa  surface ,  marquée  de  qua- 
tre angles  assez  apparents  ;  de  plus  leur 
fleur  mâle  ne  présente  que  3-6  étamines,  efc 
leur  fleur  femelle  un  stigmate  sessile,  dis- 
coïde, à  quatre  lobes.  Ces  caractères  ont 
paru  à  M.  Nuttall  assez  tranchés  pour  auto- 
riser la  formation  d'un  nouveau  genre,  le 
Carya  {Voy.  ce  mot)  qui  a  été  adopté  par  les 
botanistes  modernes.  De  plus  M.  Kunth 
(  Therebenthacœarum  gênera,  in  Ann.  se. 
natur.,  lresér.,  vol.  II,  pag.  345)  a  proposé 
d'établir  sur  le  Juglans  pterocarya  Michx , 
le  nouveau  genre  Pterocarya ,  que  carac- 
térise particulièrement  une  noix  munie  au- 
dessus  de  sa  base  de  deux  ailes  transversales. 
Ces  suppressions  ont  réduit  les  Noyers  pro- 
prement dits  ou  les  Juglans  à  un  petit  nom- 
bre d'espèces  parmi  lesquelles,  il  est  vrai,  il 
en  est  que  recommande  leur  haute  impor- 
tance. Ce  sont  de  grands  et  beaux  arbres  ori- 
ginaires de  l'Amérique  septentrionale  et  de 
la  Perse,  d'où  la  culture  les  a  propagés  en 
Europe,  dont  les  feuilles  sont  alternes,  pen- 
nées avec  foliole  impaire,  dépourvues  de 
stipules.  Leurs  fleurs  sont  monoïques  ;  les 
mules  forment  de  longs  chatons  ;  les  femelles, 
solitaires  ou  groupées  en  petit  nombre,  sor- 
tent de  bourgeons  distincts  qui  terminent 
les  ramules.  Les  premières  se  composent  : 
d'un  calice  adhérent  à  la  face  interne  d'une 
bractée  un iflore,  entière,  5-6-parti,  à  di- 
visions membraneuses,  inégales,  concaves  ; 
de  14-36  étamines  formées  d'un  filet  très 
court  et  d'une  anthère  à  deux  loges  oppo- 
sées ,  au-dessus  desquelles  se  prolonge  le 
connectif.  Les  fleurs  femelles  se  composent  : 
d'un  calice  à  tube  ovale ,  adhérent  à  l'ovaire, 


à  limbe  supère  4-fideou  4-denté;  d'une  co- 
rolle à  4  pétales  très  petits ,  insérés  sur  la 
partie  supérieure  du  calice,  entre  ses  divi- 
sions (MM.  Cosson  et  Germain  (FL  de 
Paris ,  pag.  594)  décrivent  ce  que  nous  ve- 
nons de  nommer  calice  dans  ces  fleurs  comme 
un  involucre,  et  ce  que  nous  avons  nommé 
corolle  comme  le  vrai  calice);  d'un  ovaire 
adhérent,  partagé,  dans  sa  partie  inférieure 
seulement,  en  quatre  loges  par  des  cloisons 
qui  se  réunissent  au  centre  en  un  placen- 
taire épais  supportant  un  ovule  unique , 
droit;  ces  cloisons  manquent  dans  le  haut 
où  les  quatre  loges  se  confondent  par  suite 
en  une  seule;  cet  ovaire  est  surmonté  de 
deux  styles  très  courts  que  terminent  deux 
stigmates  allongés,  recourbés  et  frangés.  Le 
fruit  est  un  drupe  dont  le  mésocarpe  peu 
charnu  et  se  déchirant  irrégulièrement  à  la 
maturité  ou  même  indéhiscent,  porte  vul- 
gairement le  nom  de  brou ,  dont  l'endocarpe 
ligneuxoule  noyau  est  vulgairement  nommé 
noix,  et  se  distingue  par  les  rugosités  et  par 
les  sillons  irréguliers  de  sa  surface;  il  s'ou- 
vre ,  à  la  maturité ,  en  deux  valves.  Le  fruit 
renferme  une  seule  graine  prolongée  infé- 
rieurement  en  quatre  lobes ,  qui  s'enfoncent 
dans  les  quatre  compartiments  ou  loges  in- 
complètes de  sa  partie  inférieure  ;  l'embryon 
dépourvu  d'albumen  présente  deux  cotylé- 
dons charnus ,  bilobés ,  irrégulièrement  bos- 
selés-sinués ,  une  radicule  supère  très  courte 
et  une  plumule  à  deux  feuilles  pennées. 
Deux  espèces  de  ce  genre  méritent  de  fixer 
l'attention  ,  surtout  l'une  des  deux. 

1.  Noyeii  commun  ,  Juglans  regia  Lin.  Ce 
bel  arbre  atteint ,  comme  on  le  sait ,  de  très 
fortes  proportions.  Son  tronc,  court  et  épais, 
se  divise  en  branches  fortes  et  étalées,  qui 
forment  une  cime  arrondie;  l'écorce  qui  le 
recouvre  est  épaisse ,  grisâtre,  profondément 
sillonnée  et  crevassée,  tandis  que  celle  des 
branches  moyennes  et  jeunes  est  lisse  et 
d'un  gris  blanchâtre.  Ses  feuilles  sont  gran- 
des ,  à  7-9  folioles  coriaces,  glabres,  ovales, 
entières  ou  légèrement  sinuées,  d'un  vert 
foncé,  d'une  odeur  aromatique  forte,  sur- 
tout quand  on  la  froisse  ;  leur  foliole  impaire 
est  continue  au  pétiole  commun.  Les  fleurs 
femelles  sont  ordinairement  géminées.  Le 
fruit,  de  volume  variable  par  l'effet  de  la 
culture  ,  est  un  peu  ovoïde;  son  brou  ,  lisse 
à  sa  surface ,  s'ouvre  irrégulièrement  à  la 


680 


NOY 


NOY 


maturité  et  noircit  en  séchant;  son  noyau 
est  sillonné  à  sa  surface,  à  sillons  irréguliers, 
anastomosés,  non  rugueux.  Nous  signalerons 
les  principales  variétés  de  cet  arbre. 

j3.  /.  r.  maxima.  Cette  variété,  connue 
gous  le  nom  de  Noix  de  Jauge,  se  distingue 
par  la  grosseur  de  son  fruit  dont  le  volume 
est  quelquefois  presque  égal  à  celui  d'un  œuf 
de  dinde  ;  néanmoins  son  amande  se  ra- 
cornit beaucoup  en  séchant,  ce  qui  la  rend 
en  définitive  peu  estimable  et  ne  permet  pas 
de  la  conserver;  c'est  au  reste  un  bel  arbre 
à  feuilles  grandes,  mais  dont  le  bois  est  de 
qualité  inférieure  à  celui  des  autres  variétés. 

y.  /.  r.  tenera,  vulgairement  Noyer  à  co- 
que tendre ,  Noix-Mésange ,  Noyer  de  mars 
en  Dauphiné.  Celle  ci  se  distingue  par  son 
noyau  assez  tendre  pour  que  les  Mésanges  et 
divers  oiseaux  le  percent  avec  leur  bec  afin 
d'en  manger  l'amande;  d'où  lui  est  venu  le 
nom  de  Noix-Mésange.  Son  fruit  est  le  plus 
délicat  de  tous;  il  se  conserve  mieux  et 
donne  plus  d'huile. 

3.  J.  r.  serotina.  Vulgairement  Noyer  de 
la  Saint-Jean;  Noyer  de  mai  en  Dauphiné. 
Cette  variété  se  recommande  par  sa  florai- 
son tardive,  qui  lui  permet  d'échapper  aux 
gelées  du  printemps  dans  les  pays  monta- 
gneux et  un  peu  froids;  quoique  ne  se  met- 
tant en  feuilles  qu'au  mois  de  juin ,  elle 
mûrit  son  fruit  presque  aussitôt  que  les 
autres  variétés. 

£.  J.  r.  laciniala  (J.  hetei-ophylla  Hort.). 
Variété  curieuse,  à  cause  de  ses  feuilles  la- 
ciniées. 

Le  Noyer  commun  est  originaire  de  la 
Perse  et,  d'après  Loureiro,  du  nord  de  la 
Chine;  il  était  connu  des  Grecs,  qui  le 
nommaient  xapua  et  xapvov,  noms  dérivés, 
selon  Pline,  de  la  lourdeur  de  tête  produite 
par  son  odeur.  Quant  à  l'époque  de  son 
introduction  en  Italie,  elle  est  difficile  à 
déterminer  exactement  ;  néanmoins  on 
croit  que  les  premiers  essais  pour  sa  culture 
eurent  lieu  du  temps  de  Tibère.  Les  meubles 
confectionnés  avec  son  bois  étaient  alors 
des  objets  d'un  prix  très  élevé.  De  l'Italie  , 
le  Noyer  s'est  étendu  peu  à  peu  dans  pres- 
que toutes  les  autres  parties  de  l'Europe 
et,  de  nos  jours,  on  sait  combien  il  y  est  ré- 
pandu. Les  parties  où  il  abonde  le  plus  au- 
jourd'hui sont  l'Italie,  la  France,  l'Alle- 
magne et  la  Suisse,  particulièrement,  en 


France,  les  départements  compris  entre  45 
et  48°  de  latit.  Ses  fruits  mûrissent  encore 
aux  environs  d'Edimbourg;  mais  au-delà  il 
ne  peut  plus  être  compté  parmi  les  arbres 
fruitiers.  Quoique  résistant  très  bien  à  nos 
hivers  ordinaires,  il  ne  peut  cependant  sup- 
porter les  froids  rigoureux  de  nos  grands 
hivers.  Ainsi  en  1709,  la  plupart  de  ceux 
de  France,  d'Allemagne  et  de  Suisse  furent 
gelés;  le  mal  fut  aussi  très  grand  pendant 
les  hivers  de  1769  et  de  1788.  A  la  suite  du 
premier  de  ces  hivers,  vraiment  désastreux, 
des  négociants  hollandais  prévoyant  que  le 
bois  de  Noyer  deviendrait  nécessairement 
fort  rare,  et  par  suite  fort  cher,  en  ache- 
tèrent en  France  des  quantités  tellement 
considérables,  que  le  gouvernement,  effrayé 
du  renchérissement  rapide  de  cette  précieuse 
matière ,  dut  en  défendre  l'exportation  par 
une  loi,  en  1720.  Dans  ces  derniers  temps, 
la  culture  du  Noyer  commun  a  été  intro- 
duite dans  les  États-Unis;  mais  elle  n'y  a 
pas  pris  encore  beaucoup  de  développe- 
ment. 

Le  Noyer  commun  est  l'un  de  nos  arbres  les 
plus  précieux.  Son  bois  est  le  plus  estimé  de 
ceux  fournis  par  nos  espèces  indigènes  pour 
la  confection  d'un  grand  nombre  d'objets 
d'utilité  et  de  luxe.  A  l'état  d'aubier,  il  est 
blanchâtre,  peu  durable  et  facilement  atta- 
quable par  les  Insectes;  mais  à  l'état  par- 
fait il  se  distingue  par  des  qualités  nom- 
breuses; il  est  alors  brun,  veiné,  compacte 
et  très  durable;  il  pèse  58  livres  8  onces 
par  pied  cube,  lorsqu'il  est  vert ,  et  seule- 
ment 46  livres  8  onces  lorsqu'il  est  sec.  Dans 
la  confection  des  ouvrages  de  quelque  im- 
portance, on  a  soin  d'en  enlever  l'aubier 
qui  pourrait  diminuer  la  durée  de  ces  ob- 
jets ;  on  peut  cependant  rendre  cet  aubier 
plus  durable,  en  l'imbibant  d'huile  de  noix. 
Le  bois  de  Noyer  sert  dans  la  menuiserie 
et  dans  l'ébénisterie  avec  beaucoup  d'avan- 
tage. Quoique  la  mode,  en  se  portant  sur 
les  meubles  faits  ou  plaqués  avec  les  bois 
exotiques,  ait  un  peu  diminué  son  impor- 
tance, la  consommation  qui  s'en  fait  est 
encore  très  grande,  et  l'on  remarque  même 
que  son  emploi  tend  depuis  quelque  temps 
à  reprendre  plus  d'extension,  ce  que  prouve 
le  renchérissement  progressif  qu'il  subit 
tous  les  jours.  Au  reste,  lorsqu'il  est  bien 
veiné,  comme  est  celui  que  donnent  les  ra- 


NOY 


ISOY 


681 


cines  de  l'arbre,  il  fournit  de  très  belles 
lames  de  placage,  qu'on  emploie  seulement 
pour  des  meubles  de  prix.  On  se  sert  égale- 
ment de  ce  bois  pour  la  fabrication  des 
montures  de  fusil;  en  1806,  les  fabriques 
d'armes  de  France  ont  absorbé  pour  ce  seul 
usage,  le  bois  de  12,000  arbres.  On  l'em- 
ploie encore  dans  plusieurs  autres  industries 
que  nous  croyons  inutile  d'énumérer.  Le 
plus  estimé  est  celui  des  variétés  à  petit 
fruit  et  des  arbres  qui  ont  végété  sur  des 
coteaux  ou  dans  des  terres  pauvres  ;  le  grain 
en  est  plus  fin ,  les  veines  plus  pronon- 
cées ,  la  durée  plus  grande.  En  général ,  ce 
bois  est  peu  employé  comme  combustible, 
d'abord  parce  que  son  prix  est  élevé,  et  en 
second  lieu  parce  qu'il  chauffe  et  brûle  mé- 
diocrement; il  donne  aussi  un  charbon  de 
qualité  médiocre. 

Le  fruit  du  Noyer  commun ,  ou  la  Noix , 
donne  encore  une  nouvelle  importance  à 
cet  arbre,  soit  qu'on  l'emploie  comme  ali- 
ment ,  soit  qu'on  en  retire  l'huile  qui  s'y 
trouve  en  abondance,  et  à  peu  près  pour 
moitié.  On  mange  les  Noix  avant  leur  ma- 
turité, pendant  le  mois  d'août,  sous  le  nom 
de  Cerneaux,  et  après  leur  maturité,  tant 
fraîches  que  sèches.  Fraîche  et  dépouillée  de 
la  pellicule  qui  la  revêt,  leur  amande  con- 
stitue un  aliment  sain  et  agréable;  mais  en 
séchant  elle  devient  indigeste,  et  elle  prend 
même  souvent  une  rancidité  qui  la  rend 
nuisible.  Lorsqu'elle  est  encore  jeune  et 
avant  que  son  noyau  soit  formé,  on  en  pré- 
pare une  liqueur  stomachique,  en  la  faisant 
infuser  dans  de  l'eau-de-vie.  Enfin,  l'extrac- 
tion de  l'huile,  bien  connue  sous  le  nom 
d'Huile  de  noix,  absorbe  des  quantités  con- 
sidérables de  ce  fruit.  Cette  extraction  s'o- 
père au  commencement  de  l'hiver  ;  plus 
tard  elle  serait  peu  avantageuse,  les  Noix 
étant  alors  très  sujettes  à  rancir.  Le  pro- 
cédé en  est  fort  simple.  Après  avoir  cassé 
le  noyau  avec  un  maillet ,  on  soumet  l'a- 
mande dénudée  à  l'action  d'une  meule  ver- 
ticale; la  pâte  qu'on  obtient  ainsi  est  en- 
fermée dans  des  sacs  de  toile,  et  soumise  à 
l'action  de  la  presse;  l'huile  qui  s'écoule 
alors ,  et  qu'on  nomme  Huile  vierge ,  est 
claire,  bonne  à  manger,  quoique  conservant 
toujours  un  goût  de  noix  peu  agréable  pour 
les  personnes  qui  n'y  sont  pas  accoutumées. 
Elle  doit  être  conservée  dans  des  caves  et 
x.  vin. 


dans  des  vases  clos,  l'air  et  la  chaleur  la 
faisant  aisément  rancir.  Cette  huile  n'entre 
guère  dans  le  commerce  et  se  consomme 
sur  place.  Après  cette  première  expression  , 
l'on  retire  la  pâte  des  sacs  pour  la  mouiller 
d'eau  chaude,  et  la  chauffer  modérément 
dans  des  chaudrons;  après  quoi  on  l'intro- 
duit encore  dans  les  sacs,  pour  la  pres- 
ser de  nouveau  fortement.  L'huile  que  l'on 
obtient  par  cette  seconde  pression  est  tou- 
jours rance,  très  colorée,  et  s'emploie  sur- 
tout pour  la  préparation  des  couleurs  dans 
la  peinture  à  l'huile. 

Le  fruit  du  Noyer  est  encore  utilisé  pour 
son  brou  ,  qui  fournit  une  couleur  brune 
très  solide,  analogue  à  celle  qu'on  retire 
aussi  des  racines  de  cet  arbre. 

Le  Noyer  commun  se  multiplie  principa- 
lement de  graines  ;  c'est  par  la  greffe  en 
flûte  ou  en  sifflet  qu'on  propage  ses  diverses 
variétés.  Le  semis  se  fait,  soit  en  place,  soit 
en  pépinières.  Dans  le  premier  cas,  le  déve- 
loppement des  pieds  est  plus  rapide,  et  les 
arbres  qui  en  proviennent  gagnent  environ 
dix  ans  sur  ceux  qui  ont  été  transplantés  : 
de  plus  leur  pivot  s'allonge  beaucoup,  s'en- 
fonce profondément  dans  le  sol ,  ce  qui  fait 
qu'on  ne*  les  voit  presque  jamais  déracinés 
par  les  ouragans;  mais  on  conçoit  que  le 
jeune  plant  a  trop  de  dangers  à  courir  pour 
que  ce  mode  de  multiplication  puisse  être 
pratiqué  ailleurs  que  dans  des  jardins  ou 
dans  des  enclos.  Pour  les  arbres  que  l'on 
élève  afin  d'obtenir  leur  fruit,  on  ne  se 
borne  pas  à  les  transplanter  directement  de 
la  pépinière  dans  le  lieu  qu'ils  doivent  défi- 
nitivement occuper,  mais  on  fait  deux  ou 
trois  transplantations  successives  dans  le  but 
d'amener  par  là  l'oblitération  du  pivot  et  le 
développement  de  fortes  racines  latérales  , 
les  arbres  ainsi  traités  fructifient  plus  tôt  et 
mieux,  mais  ils  donnent  moins  de  bois. 
Dans  tous  les  cas,  on  choisit  pour  les  semis 
de  bonnes  Noix,  prises  sur  des  arbres  très 
productifs  ,  et  l'on  sème ,  soit  immédiate- 
ment après  la  maturité  ,  soit  au  printemps 
suivant.  Le  Noyer  commun  est  peu  délicat 
pour  le  terrain;  cependant  il  préfère  une 
terre  fraîche,  douce,  légère  et  sablonneuse. 

On  attribue  à  cet  arbre  des  émanations 
nuisibles,  soit  aux  hommes,  soit  aux  plan- 
tes. Cette  croyance,  générale  de  nos  jours, 
remonte  jusqu'aux  premiers  temps  de  sa 

86 


G82 


NUC 


culture  en  Europe.  Un  fait  qui  paraît  positif, 
c'est  qu'on  ne  voit  guère  de  plantes  végé- 
ter au-dessous  de  lui;  ce  qui  s'explique 
très  bien  par  cette  raison  que  son  feuillage 
est  très  touffu  ,  et  projette  dès  lors  une  om- 
bre épaisse.  Il  paraît  aussi  reconnu  que  l'o- 
deur forte  qu'exhalent  ses  feuilles  peut  in- 
commoder quelquefois  les  personnes  faibles 
et  nerveuses;  mais  quanta  l'action  nuisible 
et  presque  délétère,  soit  de  ses  émanations, 
soit  de  l'eau  de  la  pluie  qui  a  lavé  ses  feuil- 
les ,  les  recherches  récentes  de  M.  d'Hom- 
bres-Firmas  montrent  que  la  croyance  po- 
pulaire à  cet  égard  repose  sur  des  observa- 
tions mal  faites  ou  sur  des  faits  mal  inter- 
prétés. 

La  sève  du  Noyer  commun  renferme  du 
sucre  dans  la  proportion  d'environ  2  1/2 
pour  100.  Aussi  les  Tartares  ,  d'après  le  rap- 
port du  docteur  Ciarke,  font  une  incision  au 
tronc  de  cet  arbre  dès  le  premier  printemps, 
et  recueillent  cette  sève  pour  en  extraire  le 
sucre  par  évaporation.  Cette  dernière  opé- 
ration doit  être  faite  dans  les  24  heures  ; 
car  après  ce  temps  la  fermentation  s'établit, 
et  transforme  le  liquide  en  une  sorte  de  vin 
dont  on  fait  usage  dans  quelques  parties  de 
l'Europe,  ou  même  dont  on  obtient  par  dis- 
tillation une  liqueur  alcoolique. 

2.  Noyer  noir,  Juglans  nig ra  Linn.  Cette 
belle  espèce  est  très  répandue  dans  les  par- 
ties de  l'Amérique  septentrionale ,  qui  s'é- 
tendent de  41°  de  latitude  N.  à  l'est  des  Al- 
leghanys,  et  de  43°  à  l'ouest  jusqu'au  Missis- 
sipi.  C'est  l'un  des  premiers  arbres  d'Amé- 
rique qui  aient  été  cultives  en  Europe  ,  son 
introduction  remontant  au  milieu  du  xvne 
siècle.  C'est  un  très  bel  arbre  qui  atteint  20 
et  25  mètres  de  haut,  et  dont  le  tronc  a  jus- 
qu'à 2  mètres  de  diamètre.  Ses  feuilles  sont 
formées  de  1 5  folioles  portées  chacune  sur  un 
court  pétiolule,  iancéolées-acuminées,  un  peu 
en  cœur  à  leur  base,  dentées  sur  leurs  bords, 
légèrement  pubescentes.  Son  fruit  est  globu- 
leux ,  légèrement  inégal  à  sa  surface,  très 
odorant  ;  dans  les  États-Unis  il  a  souvent 
18-20  centimètres  de  circonférence;  son 
brou  est  très  épais  et  ne  s'ouvre  pas  à  la 
maturité  ;  mais  il  se  ramollit  et  finit  par  se 
décomposer,  laissant  ainsi  à  nu  la  Noix,  qui 
est  rugueuse  à  sa  surface,  et  très  dure.  Son 
amande  est  agréable  à  manger,  mais  infé- 
rieure en  qualité  à  celle  des  Noix  de  l'espèce 


NUC 

européenne.  On  en  mange  beaucoup  aui 
États-Unis.  Le  bois  du  Noyer  noir,  lorsqu'il 
vient  d'être  fraîchement  débité,  est  blanc 
dans  l'Aubier,  violacé  dans  le  cœur;  en  peu 
de  temps  sa  couleur  se  fonce  beaucoup  à  l'air 
et  devient  presque  noire,  ce  qui  probable- 
ment a  valu  à  l'espèce  le  nom  qu'elle  porte. 
Ce  bois  est  d'excellente  qualité  ;  dépouillé  dé 
son  aubier,  il  résiste  très  longtemps  auï 
alternatives  de  sécheresse  et  d'humidité  :  il 
est  très  fort,  et  de  plus  il  n'est  sujet  ni  à  se 
tourmenter  ni  à  se  fendre.  Aussi  est-il  très 
employé  par  les  Américains  en  ébénisterie  , 
pour  des  pieux ,  pour  les  constructions  na- 
vales, etc.  On  extrait  de  son  brou  une  cou- 
leur analogue  à  celle  que  donne  notre  Noyer. 
On  le  multiplie  toujours  de  graines,  et  l'on 
remarque  que  ses  jeunes  pieds  se  développent 
beaucoup  plus  vite  que  ceux  de  l'espèce  eu- 
ropéenne. (P.  D.) 

NUAGE  ou  NUÉE,  moll.—  Noms  vulgai- 
res et  marchands  du  Cône  tulipe. 
NUAGE,  météor.  —  Voy.  météores. 
NUBÉCULAIRE.  polvp.  ?  foram.  —Dé- 
nomination proposée  par  M.  Defrance  pour 
désigner  de  petits  corps  irréguliers  appliqués 
à  l'intérieur  de  certaines  coquilles  fossiles. 
Ce  sont  des  amas  de  loges  irrégulières  sur 
l'une  desquelles  on  aperçoit  une  petite  ou- 
verture ,  et  qu'on  pourrait  attribuer  plutôt 
encore  à  des  Rhizopodes  qu'à  des  Polypes. 

(Duj.) 
NUCIFRAGA.   ois.  —  Nom  du  Casse- 
Noix  d'Europe ,  consacré  par    Brisson   au 
genre  dont  cet  oiseau  est  le  type.    (Z.  G.) 

NUCLÉIFÈRES.  acal.  —Groupe  établi 
parmi  les  Méduses.  Voy.  ce  mot. 

NUCLÉOBRANCHES.  moll.  —  Ordre  de 
Mollusques  paracéphalophores  dioïques  de 
M.  de  Blainville  ,  comprenant  les  deux  fa- 
milles des  Nectopodes  et  des  Ptéropodes  de 
cet  auteur,  et  caractérisé  par  la  manière  dont 
les  branchies  en  lanières  symétriques  sont 
groupées  avec  les  organes  digestifs  dans  une 
petite  masse ,  un  nucléus,  à  la  partie  supé- 
rieure et  postérieure  du  dos.  Voy.  mollus- 
ques. (Duj.) 

NUCLÉOLITE  (nucleus ,  noyau),  échin. 
—  Genre  d'Échinides  établi  par  Lamarck 
aux  dépens  du  grand  genre  Echinus  de 
Linné,  pour  les  espèces  à  corps  ovale  ou 
cordiforme  ayant  les  ambulacres  complets  , 
la  bouche  presque  centrale  et  l'anus  au-des- 


NUC 


NUD 


683 


sus  du  bord.  Ce  genre  avait  d'abord  été 
nommé  Echinobrissus  par  Breyn ,  puis  il 
fut  confondu  avec  les  Clypeus  par  les  au- 
teurs anglais  ;  plus  récemment  M.  Goldfuss 
l'a  réuni  aux  Cassiduîes  de  Lamarck.  Mais 
M.  de  Blainville  l'a  caractérisé  plus  nette- 
ment par  la  position  subcentrale  du  som- 
met accompagné  de  quatre  pores  génitaux  , 
et  par  ses  cinq  ambulacres  subpétaloïdes  ou- 
verts à  l'extrémité,  et  prolongés  par  autant 
de  sillons  jusqu'à  la  bouche,  qui  est  sans 
dents.  M.  Agassiz  a  considérablement  réduit 
le  genre  Nucléolite  en  formant  à  ses  dépens 
les  genres  Catopygus,  Pygaster,  Clypeus  en 
partie,  etc.  Il  le  place  dans  sa  famille  des 
Clypéastres,  et  le  distingue  surtout  des  Cly- 
peus ,  parce  que  ses  ambulacres  ne  forment 
pas  une  étoile  comme  chez  ces  derniers. 
M.  Desmoulins,  de  son  côté,  a  tout  diffé- 
remment circonscrit  le  genre  Nucléolite,  en 
y  comprenant  des  Cassiduîes,  des  Galérites, 
des  Clypeus  et  des  Echinoclypeus,  etc.;  et  en 
outre,  il  a  reporté  dans  son  genre  Gollyrites 
plusieurs  desNucléolites  de  Lamarck.  Toutes 
les  Nucléoiites  sont  fossiles  et  de  petite  di- 
mension. On  les  trouve  surtout  dans  les  ter- 
rains jurassiques  et  crayeux;  quelques  uns 
même  se  trouvent  dans  les  terrains  tertiaires 
inférieurs.  (Duj.) 

NUCLÉUS.  moll.  —  On  appelle  ainsi  la 
masse  des  viscères  qui  pend  sous  le  ventre 
des  Ptéropodes  nucléobranches. 

NUCULAINE.  Nuculanium.  bot.  —  L.- 
G.  Richard  nomme  ainsi  un  fruit  charnu 
provenant  d'un  ovaire  libre,  c'est  à-dire  non 
couronné  par  les  lobes  du  calice  adhérent  et 
contenant  plusieurs  petits  noyaux  distincts 
nommés  nucules.  Voy.  fruit. 

NUCULE  (nucula,  petite  noix,  noyau). 
iiOLL.  —  Genre  de  Mollusques  conchifères 
dimyaires  de  la  famille  des  Arcacées,  établi 
par  Lamarck  aux  dépens  des  Arches  de 
Linné.  11  est  caractérisé  par  la  ligne  brisée  ou 
anguleuse  formée  par  les  deux  séries  de  dents 
qui  se  trouvent  de  chaque  côté  de  la  fossette 
cardinale  contenant  le  ligament,  et  située  en- 
tre les  crochets  qui  sont  contigus.  La  coquille, 
nacréeà  l'intérieur,  est  transverse,  ovale,  tri- 
gone,  équivalve,  inéquilatérale.  Le  pied  est 
fort  grand,  mince  à  sa  base,  et  élargi  à  l'ex- 
trémité en  un  grand  disque  ovale  ,  dont  les 
bords  sont  garnis  de  digitations  tentaculai- 
res.  Les  Nucules  sont  toutes  des  coquilles 


marines  de  petite  dimension  :  les  unes  ont 
le  bord  crénelé  ;  telle  est  l'espèce  type  ,  la 
N.  nacrée  (IV.  margaritacea  Lk.  ),  large  de 
10  à  14  millimètres  ,  très  commune  dans 
l'Océan  européen  ,  dans  la  mer  du  Nord  et 
dans  la  Méditerranée,  et  qui  se  trouve  aussi 
fossile  dans  les  divers  étages  du  terrain  ter- 
tiaire. D'autres  Nucules,  dont  on  a  fait  une 
section  particulière,  ont  les  bords  entiers  £ 
telle  est  la  N.  lancéolée.  (Ddj.) 

TOUCULE.  Nuculus,  Pyrena.  bot.  —  Nom 
donné  par  Richard  aux  noyaux  des  drupes 
polyspermes  ou  des  Nuculaines. 

*NUDARÏA.ins.  —Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes ,  tribu  des  Bomby- 
cides ,  établi  par  Stephens ,  et  dont  on  ne 
connaît  que  quelques  espèces.  L'une  d'elles 
est  la  Nudaria  murina  (Bombyx  murina 
Esp. ,  Hub.  ;  Lithosia  id.  Ochs.  ,  Callimor 
pha  id.  God.  ),  que  l'on  trouve  en  France 
au  mois  de  juillet.  (L.) 

DIBRANCHES.  moll.  —  Ordre  do 
Mollusques  gastéropodes ,  établi  par  Cuvier 
et  caractérisé  par  la  disposition  des  bran- 
chies toujours  à  nu  sur  le  dos ,  sur  la  tête  ou 
sur  les  côtés.  Les  genres  de  Nudibranches 
sont  très  nombreux,  mais  imparfaitement 
connus  pour  la  plupart;  ils  devront  former 
plusieurs  familles  distinctes,  telles  seraient 
celles  qui  auraient  pour  types  :  1°  les  Doris, 
dont  les  branchies  forment  une  rosace  auteur 
de  l'anus  vers  le  quart  postérieur  du  dos,  et 
qui  déjà  ont  formé  l'ordre  des  Anthobranches 
de  Goldfuss;  2°  les  Éolides ,  dont  les  bran- 
chies ont  la  forme  de  papilles  allongées ,  f u  • 
siformes  ou  cylindriques  en  rangées  trans- 
verses  sur  toute  la  face  dorsale;  3°  les  Tri- 
tonies ,  qui  ont  les  branchies  latérales  ;  4°  les 
Glaucus,  dont  les  branchies  latérales  servenf, 
en  même  temps  d'organes  locomoteurs,  etc.. 
Lamarck  n'a  point  admis  cette  famille,  donf; 
il  réunit  les  divers  genres  à  sa  famille  des 
Tritoniens.  (Duj.) 

NUDICOLLES.  ois.  —  M.  Duméril 
(Zool.  anal.)  nomme  ainsi  la  première  fa- 
mille de  l'ordre  des  Rapaces,  comprenant 
les  oiseaux  qui  ont  le  haut  du  cou  nu  ou 
seulement  couvert  de  duvet. 

NUDICOLLES.  ins.  —  Latreille  (  Bcgne 
animait  1817)  indique  sous  ce  nom  une 
tribu  de  l'ordre  des  Hémiptères,  section  des 
Hétéroptcres,  famille  des  Géocorises,  ayant 
pour  caractères  :  Base  de  la  tête  souvent  ré- 


G84 


NUL 


NUM 


trécie  en  forme  de  col  allonge ,  corps  oblong, 
plus  étroit  en  avant ,  avec  les  pieds  anté- 
rieurs courts,  coudés  ou  courbés  ;  antennes 
sétacées;  bec  à  nu,  arqué,  de  trois  articles. 

Six  genres  entrent  dans  cette  tribu  :  ce 
sont  ceux  des  Holoptile ,  Réduve,  Nabis,  Ze- 
lus  et  Ploiere.  Voy.  ces  mots.         (E.  D.) 

NUDILIMACES.  moll.  —  Famille  de 
Gastéropodes  palmés,  proposée  par  Latreille 
et  correspondant  à  celle  des  Limaciens  de 
Lamarek,  moins  le  genre  Vitrine.     (Duj.) 

NUDIPÈDES.  Nudipedes.  ois.  —Famille 
établie  par  Vieillot  dans  l'ordre  des  Gallina- 
cés ,  pour  tous  les  Oiseaux  de  cet  ordre  qui 
ont  pour  caractère  essentiel,  ainsi  que  ce 
nom  l'indique,  des  pieds  et  des  tarses  nus , 
c'est-à-dire  non  vêtus,  comme  ceux  des  La- 
gopèdes ,  etc. 

Vieillot  a  rangé  dans  cette  famille  les 
genres  Hocco,  Dindon,  Paon,  Éperonnier, 
Argus,  Faisan,  Coq,  Monaul ,  Pintade, 
Rouroul ,  Tocro,  Perdrix ,  Tinamou  et  Or- 
tygode.  (Z.  G.) 

NUDIPELLÏFÈRES.  rept.  —Dénomi- 
nation par  laquelle  M.  de  Blainville  indique 
les  Batraciens  ou  Reptiles  à  peau  nue  qu'il 
a  élevés  au  rang  de  classe  distincte.  Voyez 
les  mots  batraciens  et  reptiles  de  ce  Dic- 
tionnaire. (P.  G.) 

NUÉE.  MOLL.  —  Voy.  NUAGE. 

NUÉE  D'OR.  moll.  —  Nom  vulgaire  et 
marchand  du  Conus  rnagus. 

NUGARIA,  DG.  (Prodr.,  41,  481).  bot. 
ph.  —  Voy.  C-esalpinia,  Plum. 

*NULLIPENNES.  Nullipenni,  ois.  — 
Famille  établie  par  M.  Lesson  dans  sa  divi- 
sion des  Oiseaux  anomaux.  Elle  a  pour 
unique  représentant  VÂpterix  australis,  es- 
pèce chez  laquelle  les  ailes,  complètement 
atrophiées ,  sont  garnies  de  plumes  lâches 
et  faibles.  (Z.  G.) 

NULLIPORA.  polyp.?  alg.  —Genre  éta- 
bli par  Lamarek  pour  des  productions  ma- 
rines qui  avaient  été  confondues  d'abord 
avec  les  Millépores  et  que  plus  tard  cet  au- 
teur y  réunit  de  nouveau  dans  une  section 


'particulière.  Les  Nullipores,  comme  leur 
nom  l'indique ,  n'ont  aucuns  pores  dans  les- 
quels seraient  logés  des  polypes  ;  ce  sont 
simplement  des  concrétions  foliacées  ou  ra- 
meuses ,  ou  des  incrustations  diversiformes 
sur  les  corps  sous-marins  :  aussi  plusieurs 
auteurs  ont-ils  douté  non  seulement  de  leur 


nature  animale ,  mais  aussi  de  leur  nature 
organique,  Cependant  aujourd'hui ,  d'après 
les  travaux  récents  de  M.  Decaisne  ,  on  ad- 
met généralement  que  ce  sont  des  végétaux 
des  Algues  calcifères  comme  les  Corallines, 
quoique  d'un  genre  différent.         (Duj  ) 

NUMENIUS,  Briss.  ois.  — Syn.  latin  du 
genre  Courlis. 

NUMERIA  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes, 
tribu  des  Phalénides ,  établi  par  Duponchel 
(Catal.  des  Lépid.  d'Europe,  p.  237),  qui  y 
rapporte  4  espèces  (N.  pulveraria ,  capreo- 
laria,  agaristharia  et  donzelaria),  que  l'on 
trouve  dans  le  midi  de  la  France,  aux  mois 
de  juillet  et  août.  (L.) 

NUMIDIA.  ois.  —  Nom  donné  par  les 
anciens  à  la  Pintade.  Ce  nom  sert  aujour- 
d'hui à  désigner  le  genre  dont  cet  oiseau 
est  le  type.  (Z.  G.) 

NUMMULACÉES.  moll.?  —  Famille 
proposée  par  M.  de  Blainville  pour  des  co- 
quilles multiloculaires  formant  les  genres 
Nummulite,  Hélicite,  Sidérolite,  Orbiculine, 
Placentule  et  Vorticiale  qui  sont  des  Rhizo- 
podes.  (Do.».) 

NUMMULINE  (nummus,  pièce  de  mon- 
naie)', moll.?  foramin.  —  Genre  de  Forami- 
nifères  de  la  famille  des  Nautiloïdes  de 
M.  Aie.  d'Orbigny  dans  son  ordre  des  Héli- 
costègues ,  caractérisé  par  sa  coquille  lenti- 
culaire enroulée  en  spirale  dans  un  même 
plan,  et  formée  de  tours  très  nombreux  em- 
brassants, divisés  en  loges  simples  très  mul- 
tipliées. 

Les  Nummulines ,  extrêmement  commu- 
nes dans  diverses  couches  calcaires  des  ter- 
rains secondaires  et  tertiaires,  ont  été  re* 
marquées  de  tout  temps,  et  nommées  pierrei 
lenticulaires  d'après  leur  forme  qui  les  fit 
prendre  pour  des  lentilles  pétrifiées.  A  l'é- 
poque de  la  renaissance ,  on  les  prit  suc- 
cessivement pour  des  écussons  d'Oursins, 
pour  des  opercules  d'Ammonites  ,  et  pour 
des  coquilles  bivalves.  Linné  les  plaça  parmi 
les  Mollusques,  dans  son  genre  Nautile,  sous 
le  nom  de  Nautilus  helicites.  Bruguière  ,  le 
premier,  en  fit  un  genre  distinct  en  les  nom- 
mant Camérines,  et  supposa  d'abord  que  l'a- 
nimal devait  avoir  des  rapports  avec  les  Sei- 
ches ,  puis  il  les  rapprocha  des  Spirules.  Plus 
tard  elles  reçurent  encore  d'autres  noms  :  For- 
tis  les  nomma  Discolitb.es,  et  enfin  Lamarek 


NXJR 


NUR 


685 


les  nomma  Nummulites,  en  les  distinguant 
des  Orbulites  ou  Orbitolites,  polypiers,  que, 
d'après  leur  forme,  on  avait  confondus  avec 
elles  ;  mais ,  en  outre ,  il  voulut  en  séparer 
aussi ,  sous  le  nom  de  Lenticulites ,  les  es- 
pèces qui  en  diffèrent  par  la  présence  d'une 
ouverture  visible.  Plus  récemment  M.  A. 
d'Orbigny,  en  établissant  sa  classe  des  Fora- 
minifères,  réunit  sous  le  nom  de  Nummu- 
îines  les  Nummulites  et  les  Lenticulites  de 
Lamarck,  et  sépara  sous  le  nom  d'Assiline 
les  espèces  qui  ont  les  tours  de  spire  appa- 
rents à  un  certain  âge.  La  Nummulite  lisse 
(IV.  lœvigata  Lk.  ),  très  commune  à  l'état 
fossile  ,  est  large  de  6  à  16  millimètres. 

(Dm.) 
NUMMULÏTE.  moll.?  foramin.  —  Voy. 

NUMMULINE. 

NUMMULUS.  moll.— Dénomination  em- 
ployée autrefois  pour  désigner  une  espèce 
de  Granie  (C.  nummulus)  fossile  de  Suède  , 
qu'on  nommait  aussi  vulgairement  Monnaie 
de  Brattenbourg.  (Duj.) 

NUNDINA,  Dejean.  ms.  —  Synonyme 
de  Rhyzobius,  Slephens.  (G.) 

NUIVNEZHARIA,  Ruiz  et  Pav.  (  Prodr., 
147,  t.  31).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Chamœdo- 
rea,  Willd. 

NUNNEZÏA,  Willd.  (  Sp.  ,  IV  ,  1154). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Chamœdorea,  Willd. 

NUPHAR.  Nuphar.  bot.  ph.  —  Genre  dt 
plantes  de  la  famille  des  Nymphéacées ,  de  la 
polyandrie  monogynie  dans  le  système  de 
Linné.  Les  espèces  qui  le  forment  étaient 
comprises  parmi  les  Nénuphars  ou  Nymphœa 
de  Tournefortet  de  Linné;  elles  en  ont  été 
séparées  par  Smith.  Ce  sont  des  plantes  her- 
bacées qui  croissent  naturellement  dans  les 
-eaux  douces  stagnantes  ou  faiblement  cou- 
Tantes  de  lEurope,  de  l'Asie  et  de  l'Amé- 
rique septentrionale  ;  de  leur  rhizome  épais 
et  horizontal,  qui  s'enracine  dans  la  vase, 
partent  des  pétioles  et  des  pédoncules  de 
longueur  proportionnée  à  la  profondeur  de 
l'eau  ;  leurs  feuilles  sont  en  cœur  ou  sagit- 
tées;  leurs  fleurs  toujours  jaunes  se  distin- 
guent de  celles  des  Nénuphars  par  les  ca- 
ractères suivants  :  Calice  à  5-6  sépales  li- 
bres, colorés,  persistants;  corolle  à  10-18 
pétales  plus  courts  que  le  calice ,  nectarifères 
à  leur  face  dorsale;  ovaire  supère  par  rap- 
port au  calice,  multiloculaire,  multiovulé, 
surmontéd'ungrandstigmatepelté,  rayonné. 


Le  fruit  est  presque  globuleux,  rétréci  à  la 
base  où  l'on  remarque  les  cicatrices  laissées 
par  la  chute  des  pétales  et  des  étamites , 
couronné  par  le  stigmate  persistant;  ses  lo- 
ges renferment,  plongées  dans  la  pulpe  qui 
les  remplit ,  des  graines  nombreuses  à  tégu- 
ment charnu  ,  séparable.  Nous  nous  borne- 
rons à  signaler  en  peu  de  mots  l'espèce  type 
de  ce  genre. 

1.  Nuphar  jaune,  Nuphar  lutea  Smitb 
(Nymphœa  lutea  Lin.).  Cette  belle  plante 
abonde  dans  les  étangs,  les  ruisseaux  et  les 
rivières  peu  rapides  de  presque  toute  la 
France.  Ses  feuilles  sont  grandes  et  nagent, 
pour  la  plupart,  à  la  surface  de  l'eau;  leur 
lame  est  ovale,  en  cœur  à  sa  base,  à  lobes 
peu  divergents,  lisse  et  épaisse;  elle  est 
portée  sur  un  long  pétiole  triangulaire.  Sa 
fleur,  d'un  beau  jaune,  se  soutient  un  peu 
au-dessus  de  la  surface  de  l'eau;  elle  a  une 
odeur  decitron  ;  les  cinq  sépales  deson  calice 
sont  grands  ,  presque  arrondis,  jaunâtres; 
ses  pétales,  beaucoup  plus  courts  que  les 
sépales ,  sont  comme  lustrés  à  leur  face  ex- 
terne ;  le  stigmate,  entière  son  bord  et  mar- 
qué de  16-20  rayons ,  est  profondément  om- 
biliqué  à  son  centre.  (P.  D.) 

*]\URA.  arach.  — C'est  un  genre  de  Tor- 
dre des  Acariens,  qui  a  été  établi  dans 
l'Isis  par  M.  Heyden,  mais  dont  les  carac- 
tères n'ont  jamais  été  publiés.      (H.  L.) 

*.\URIE.  Nuria.  poiss. —  Genre  de  l'ordre 
des  Malacoptérygiens  abdominaux ,  famille 
des  Cyprinoïdes,  établi  par  MM.  G.  Cuvier 
et  Valenciennes  (  Hist.  des  Poiss. ,  t.  XVI , 
238)  et  dont  les  caractères  essentiels  sont  : 
Dorsale  reculée  sur  l'arrière  du  corps  à  la 
manière  des  Brochets  ;  pas  de  rayons  épi- 
neux ;  deux  barbillons  non  maxillaires, 
mais  labiaux;  c'est-à-dire  que  de  chaque 
côté,  à  l'angle  de  la  bouche,  il  y  a  deux 
tentacules  ;  lèvres  minces. 

Ce  genre  est  composé  de  deux  espèces 
(Nur.  thermoicos  et  thermopylos  Cuv.  et 
Val.  ),  qui  viennent  de  Ceylan,  où  elles  vi- 
vent dans  une  source  d'eau  chaude.  Leur 
taille  n'excède  pas  5  centimètres. 

NURSIA.  crust.  —  Le  docteur  Leach  a 
établi  sous  ce  nom  un  genre  de  Crustacés 
qui  n'est  connu  que  par  la  courte  descrip- 
tion qu'en  ont  donnée  ce  naturaliste  et  Des- 
marest.  11  appartient  à  l'ordre  des  Décapodes 
brachyures  et  est  rangé  par  M.  Milne  Ed- 


680 


NUT 


NUT 


wards  dans  la  famille  des  Oxystomes  et  dans 
la  tribu  des  Leucosiens.  Les  Crustacés  qui 
le  composent  paraissent  avoir  beaucoup  d'a- 
nalogie avec  les  Ebalies  (Voy.  ce  mot),  aux- 
quelles ils  ressemblent  par  la  forme  générale 
de  la  carapace  et  par  la  conformation  des 
pattes  antérieures ,  mais  dont  ils  se  distin- 
guent par  le  palpe  ou  tige  externe  de  leurs 
pattes-mâchoires  externes,  qui  est  dilatée 
en  dehors  ,  caractère  qui  les  rapproche  des 
PhyIires(Foi/.  ce  mot).  La  carapace  est  un 
peuavancéeen  forme  de  rostre,  étales  bords 
postérieurs  échancrés.  Enfin  les  pieds  de  la 
première  paire  sont  rugueux,  avec  les  pièces 
fortement  infléchies.  Leach  n'a  fait  con- 
naître qu'une  seule  espèce  de  Nursie; 
M  Ruppell  rapporte  à  ce  genre  une  seconde 
espèce,  de  manière  que  ce  genre  habite  la 
mer  des  Indes  ainsi  que  la  mer  Rouge.  La 
Nursie  de  Hardweck  ,  Nursia  Hardweclcii 
Leach,  peut  être  considérée  comme  le  type 
de  ce  genre  remarquable  ;  cette  espèce  a  été 
trouvée  dans  la  mer  des  Indes.     (H.  L.) 

NUSAR.  moll.  —  Nom  donné  par  Adan- 
son  à  une  coquille  bivalve,  que  l'on  nomme 
aujourd'hui ,  d'après  Linné  ,  Donax  denti- 
culata.  (Duj.) 

*NUSSIÉRITE  (nom  de  Heu),  min.  — 
Substance  jaune  ou  verdâtre,  qui  a  les  plus 
grands  rapports  avec  la  Pyromorphite ,  et 
qui  vient  de  la  mine  la  Nussière  ,  près  de 
Beaujeu ,  dans  le  département  du  Rhône. 
Elle  contient  plus  de  12  pour  cent  de 
chaux.  (Del.) 

NUTRITION.  Nutritio  (nutrire ,  nour- 
rir) (1).  physiol.  —  L'entretien  de  la  vie 
exige  le  concours  de  certaines  substances 
appelées  aliments  ;  ces  substances ,  après 
avoir  subi  dans  l'appareil  digestif  (voy.  in- 
testins), les  modifications  qui  les  rendent 
propres  au  rôle  qu'elles  sont  appelées  à 
remplir,  servent  à  augmenter  la  masse  de 
l'individu,  à  remplacer  les  matériaux  déjà 
employés  ,  à  maintenir  dans  un  juste  équi- 
libre les  pertes  et  les  réparations,  à  pro- 
duire de  la  force  ;  en  un  mot ,  elles  ser- 
vent à  la  Nutrition. 

(i)  Bien  que  les  végétaux  se  nourrissent ,  cependant  l'ab- 
sence du  tube  digestif,  et  la  nature  de  leurs  éléments,  compo- 
sés toujours  binaires  et  inorganiques  ,  établissant  ,  sous  ce 
rapport,  entre  eux  et  les  animaux  une  différence  des  plus 
tranchées,  nous  ne  considérerons  ici  la  nutrition  que  chez 
les  derniers,  renvoyant  le  lecteur  à  l'article  végétaux,  pour 
la  nutrition  dans  le  règne  végétal. 


L'ingestion  des  aliments  est  donc  une 
condition  indispensable  de  la  vie ,  et  il  en 
est  encore  une  autre  non  moins  importante, 
qui  se  lie  étroitement  à  la  première,  c'est 
l'absorption  non  interrompue  de  l'oxygène 
atmosphérique  par  les  poumons  {voy.  res- 
piration). 

Les  substances  alimentaires ,  avons-nous 
dit,  subissent  dans  l'appareil  digestif  cer- 
taines modifications  qui  les  rendent  propres 
au  rôle  qu'elles  sont  appelées  à  remplir 
dans  l'économie;  ces  modifications  s'accom- 
plissent, et  sous  l'influence  d'actions  mé- 
caniques ,  telles  que  la  mastication  et  la 
sorte  de  broiement  exercée  sur  les  substances 
alimentaires  par  les  contractions  musculai- 
res du  canal  digestif,  et  sous  l'influence 
d'actions  chimiques  déterminées  par  des  li- 
quides capables  de  diviser ,  de  dissoudre  ces 
mêmes  substances;  ce  sont:  la  salive,  le 
suc  gastrique,  la  bile,  le  suc  pancréatique, 
et  le  smc  intestinal,  dont  la  composition 
sera  examinée  avec  les  développements  en 
rapport  avec    leur  importance   à  l'article 

SÉCRÉTION. 

L'ensemble  des  modifications  subies  par 
les  aliments  dans  le  tube  digestif  consti- 
tue l'acte  de  la  digestion.  Les  animaux 
seuls  digèrent ,  puisque  seuls  ils  sont  pour- 
vus d'un  tube  digestif.  Cependant  l'acte  de 
la  digestion  doit  présenter,  et  il  présente 
en  effet ,  dans  les  diverses  classes  du  règne 
animal  ,  de  notables  différences  ,  résultant 
de  la  variété  d'organisation  ;  ces  différences 
se  remarquent ,  non  seulement  en  compa- 
rant l'acte  digestif  chez  l'Homme  et  chez  les 
Animaux  inférieurs  ,  mais  elles  existent 
aussi ,  quoiqu'à  un  moindre  degré ,  dans 
les  quatre  classes  des  Animaux  vertébrés. 
Elles  ne  portent  cependant  que  sur  des 
faits  de  détail ,  si  nous  pouvons  nous  ex- 
primer ainsi,  les  faits  principaux,  c'est-à- 
dire  la  préhension  des  aliments,  leus.  intro- 
duction dans  le  canal  digestif,  leur  modifi- 
cation sous  l'influence  d'agents  mécaniques 
et  chimiques,  la  séparation  des  principes 
alibiles,  l'excrétion  des  fèces  se  retrouvant 
chez  tous  les  animaux. 

Nous  présenterons  ici  l'exposé  sommaire 
des  phénomènes  de  la  digestion  chez 
l'Homme,  renvoyant  aux  articles  spéciaux 
pour  les  autres  classes  du  règne  animal. 

1  es  aliments,  successivement  introduits 


NUT 


1NUT 


687 


dans  !a  bouche,  sont  soumis  à  l'action  méca- 
nique des  dents,  ou  à  la  mastication, 
ainsi  qu'à  l'action  chimique  de  la  salive  ; 
ramollis,  et  réduits  ainsi  en  bol  alimentaire, 
ils  cheminent  bientôt,  par  une  suite  de 
contractions  constituant  la  déglutition,  de 
la  bouche  à  Vœsophage,  en  franchissant  le 
pharynx.  L'acte  de  la  déglutition,  soumis 
à  l'empire  de  la  volonté  ,  est  favorisé  par 
les  abondantes  mucosités  que  sécrètent 
toutes  les  parties  environnantes.  La  dé- 
glutition des  liquides  s'opère  par  le  même 
mécanisme  ;  elle  est  toutefois  plus  diffi- 
cile en  raison  de  leur  peu  de  cohésion  qui 
rend  nécessaire  une  contraction  musculaire 
plus  forte.  De  là,  la  douleur  qu'on  éprouve 
à  avaler  les  boissons  dans  les  angines , 
tandis  que  les  aliments  solides  peuvent  en- 
core passer  sans  difficulté. 

Vœsophage  n'est  plus  susceptible  de  mou- 
vements volontaires  ;  mais  chaque  bouchée, 
en  en  déterminant  progressivement  l'am- 
pliation,  le  sollicite  aussi  à  se  contracter, 
et  ces  contractions  ondulatoires,  en  se  suc- 
cédant dans  toute  la  longueur  du  canal  œso- 
phagien ,  conduisent  les  aliments  dans  l'es- 
tomac en  leur  en  faisant  franchir  l'orifice 
supérieur ,  ou  cardia. 

Vestomac  vide  et  resserré  par  l'action 
contractile  de  sa  tunique  musculeuse,  se 
laisse  graduellement  dilater  par  les  aliments 
que  lui  renvoie  l'œsophage,  et  finit  par  se 
remplir;  alors  cesse  le  besoin  de  manger,  le 
sentiment  de  la  faim,  sorte  de  malaise  que 
remplace  une  sensation  de  bien-être. 

Accumulés  ainsi  dans  l'estomac,  les  ali- 
ments y  éprouvent  une  altération  profonde 
sous  la  double  influence  des  contractions 
du  viscère  et  de  l'action  dissolvante  du  suc 
gastrique;  ils  s'y  transforment  en  une  pâte 
homogène  ,  pultacée  ,  grisâtre,  qui  prend  le 
nom  de  Chyme. 

La  salive,  avons-nous  vu  plus  haut,  n'est 
pas  sans  exercer  une  action  chimique  sur 
la  substance  alimentaire  ;  cependant  cette 
action  ne  peut  être  que  peu  énergique , 
puisque  les  glandes  salivaires  manquent 
chez  un  grand  nombre  d'animaux,  chez  les 
Poissons  ,  par  exemple,  et  qu'elles  ne  sont 
que  rudimentaires  chez  la  plupart  des  Oi- 
seaux. Mais  l'action  du  suc  gastrique  est 
bien  autrement  importante;  c'est  dans  l'es- 
tomac, en  effet,  que,  sous  l'influence  de 


ce  suc,  les  aliments  fibrineux  perdent  leur 
consistance,  qu'ils  se  ramollissent,  qu'ils  se 
dissolvent,  et  qu'à  mesure  que  cette  disso- 
lution s'opère ,  ils  se  transforment  peu  à 
peu  ,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut ,  en 
chyme.  Bien  que  ce  chyme  présente  évi- 
demment quelques  différences  dues  à  la  na- 
ture des  aliments  ingérés,  il  tient  en  disso- 
lution les  matières  fibrineuses  et  albumi- 
neuses  que  les  veines  de  l'estomac  absorbent 
pour  les  transporter  directement  dans  le 
torrent  de  la  circulation.  11  en  est  de  même 
pour  toutes  les  matières  solubles  dans  l'eau, 
qui  se  dissolvent  par  conséquent  dans  les 
boissons  ingérées,  et  qui  sont  absorbées  avec 
elles  par  les  veines  de  l'estomac. 

Le  suc  gastrique  ,  qui  dissout  avec  une 
grande  facilité  les  aliments  fibrineux  ,  ne 
touche  point  aux  matières  grasses,  et  ne 
dissout  même  qu'une  très  petite  quantité 
des  substances  amylacées,  qu'il  transforme 
en  acide  lactique. 

Dans  les  premiers  temps  de  la  digestion, 
le  pylore  reste  tout-à-fait  clos  ;  mais,  à  me- 
sure qu'elle  s'opère ,  il  oppose  moins  de  con- 
sistance ,  et  'finit  par  s'ouvrir  pour  laisser 
passer  la  masse  chymeuse  ,  et  avec  elle  des 
substances  non  digérées  et  non  digestibles  , 
tels  que  des  noyaux  de  fruits,  des  fragments 
d'os,  etc. 

Le  chyme,  déjà  dépouillé  dans  l'estomac 
d'une  portion  de  la  molécule  nutritive, 
mais  renfermant  encore  la  majeure  partie 
des  matières  amylacées ,  les  matières  grasses 
et  les  autres  résidus  de  la  digestion  stoma- 
cale, pénètre  donc  dans  le  duodénum,  et 
de  là  dans  V intestin  grêle,  où  s'accomplit 
l'absorption  de  ce  qui  lui  reste  encore  de 
parties  alibiles. 

La  bile,  qui  se  rapproche  du  savon  par 
sa  nature  et  ses  propriétés,  est  éminemment 
propre,  sinon  à  dissoudre,  au  moins  à 
émulsionner  les  substances  grasses  et  à  les 
présenter  aux  orifices  des  vaisseaux  chyli- 
fères  dans  un  état  de  division  favorable  à 
leur  absorption;  cette  transformation  a  lieu 
dans  le  duodénum,  avec  lequel  s'abouche 
le  conduit  cholédoque  ou  biliaire.  Une  portion 
de  la  bile  est  néanmoins  rejetée  au-dehors 
avec  les  excréments, qui  lui  doivent  en  partie 
leur  couleur  foncée. 

Le  suc  pancréatique  est  destiné  à  trans- 
former l'amidon  en  dextrine  et  en  sucre  ; 


688 


NUT 


NUT 


c'est  principalement  dans  l'intestin  qu'a 
lieu  cette  transformation. 

Quant  au  suc  intestinal  que  sécrètent  les 
cryptes  mucipores  ,  les  follicules,  les  glan- 
des, etc. ,  son  rôle  paraît  se  borner  à  com- 
pléter la  dissolution  de  certaines  parties 
d'aliments ,  à  favoriser  la  progression  de  la 
masse  alimentaire;  enfin,  à  rester  com- 
biné avec  les  excréments  qu'il  concourt  à 
former.  La  dissolution  des  principales  sub- 
stances que  renferment  les  aliments  se 
trouve  donc  accomplie.  Dans  l'estomac  s'est 
opérée  celle  des  matières  albumineuses  et 
fibrineuses;  et  dans  l'intestin,  celle  des 
matières  grasses  et  féculentes. 

Il  va  sans  dire  que  la  masse  alimentaire 
cbemine  toujours,  poussée  en  avant  par  les 
mouvements  vermiformes  ou  péristaltiques 
de  l'intestin,  tout  aussi  involontaires  que 
ceux  de  l'estomac. 

Nous  avons  vu  que  l'absorption  veineuse, 
si  active  à  la  surface  de  l'estomac,  porte 
directement  dans  le  sang  la  majeure  par- 
tie des  aliments  azotés,  rendus  solubles  par 
l'action  du  suc  gastrique.  Les  produits  de 
la  digestion  intestinale  qui  constituent  le 
chyle  proprement  dit ,  passent  moins  direc- 
tement dans  le  sang;  ils  n'y  arrivent  qu'a- 
près avoir  traversé  un  ordre  particulier  de 
vaisseaux  extrêmement  ténus ,  nommés 
chylifères  ,  en  raison  du  liquide  qu'ils  ab- 
sorbent dans  l'intestin  par  leurs  radicules. 
Ces  mêmes  vaisseaux  s'anastomosent  bientôt 
avec  les  vaisseaux  lymphatiques  proprement 
dits ,  de  telle  sorte  que  le  chyle  ne  vient  se 
mêler  au  sang  que  mélangé  lui-même  avec 
la  lymphe  (voy.  ce  mot). 

Le  chyle  y  considéré  d'une  manière  géné- 
rale ,  est  un  liquide  blanc  laiteux,  quelque- 
fois coloré  en  rose  ,  ou  même  en  rouge.  Il 
renferme  de  la  fibrine  et  de  l'albumine; 
aussi  se  coagule-t-il  spontanément  au  bout 
de  huit  à  dix  minutes  ;  il  est  en  outre  très 
riche  en  globules  gras,  bien  que  ce  soit 
dans  la  proportion  des  matières  grasses  que 
sa  composition  présente  la  différence  la  plus 
considérable  ;  et  ceci  se  conçoit  facilement, 
car  cette  proportion  doit  nécessairement 
varier  en  raison  de  la  nature  des  aliments. 

La  masse  alimentaire  a  cependant  par- 
couru toute  la  longueur  du  petit  intestin  , 
se  dépouillant  peu  à  peu  de  ses  parties  nu- 
tritives par  l'absorption,  et  devenant  de 


moins  en  moins  fluide.  Arrivée  à  la  limite 
du  gros  intestin  ,  elle  franchit  la  valvule 
iléo-cœcale  ,  qui  la  laisse  librement  passer, 
mais  qui  s'oppose  à  son  retour.  Parvenue 
dans  le  gros  intestin  ,  elle  y  devient  plus 
consistante  et  y  acquiert  une  odeur  parti- 
culière; sa  couleur  jaune  se  rembrunit  ;  il 
ne  reste  plus  enfin  qu'une  sorte  de  magma 
homogène  ,  composé  des  résidus  de  la  di- 
gestion ,  unis  aux  différents  liquides  qui  ont 
successivement  imprégné  les  aliments ,  mais 
dans  lequel  on  ne  retrouve  plus,  à  l'état 
normal ,  ni  aliments  ,  ni  mucus ,  ni  suc  gas- 
trique, ni  bile.  Les  matières  fécales,  car 
c'est  le  nom  que  reçoit  dès  lors  le  contenu 
du  tube  digestif,  semblent  ne  plus  éprouver 
de  changement  quand  elles  sont  arrivées 
dans  le  rectum  ;  elles  continuent  seulement 
à  s'y  condenser  et  deviennent  de  véritables 
excréments.  La  partie  la  plus  inférieure 
du  rectum  est  garnie  d'un  muscle  nommé 
sphincter,  continuellement  contracté,  si  ce 
n'est  au  moment  de  la  défécation  ,  qui  n'a 
lieu  que  quand  le  besoin  s'en  fait  sentir,  et 
qui  est  par  conséquent  soumise  à  l'empire 
de  la  volonté.  Les  agents  de  cette  évacua- 
tion sont,  d'une  part,  les  fibres  muscu- 
laires du  gros  intestin ,  et  de  l'autre  les 
muscles  des  parois  de  l'abdomen  ,  et  surtout 
le  diaphragme.  Tous  ces  muscles  pressant 
tous  les  viscères  renfermés  dans  la  cavité 
abdominale,  et  agissant  ainsi  médiatement 
sur  les  matières  contenues  dans  le  rectum, 
les  forcent  à  s'échapper  par  le  point  qui  pré- 
sente le  moins  de  résistance,  c'est-à-dire 
par  Vanus. 

Il  arrive  ordinairement  que  l'évacuation 
des  excréments  est  accompagnée  de  la  sortie 
plus  ou  moins  bruyante  d'une  quantité  in- 
déterminée de  gaz,  tantôt  inodore,  tantôt 
ayant  une  odeur  fétide.  A  l'état  normal , 
ces  gaz  sont  généralement  rares;  mais  leur 
proportion  augmente  dans  kw  mauvaises 
digestions  ;  le  genre  de  nourriture  a  en  outre 
une  très  grande  influence  sur  leur  produc- 
tion ,  qui  est  toujours  déterminée ,  dans  l'in- 
testin grêle ,  par  les  décompositions  spon- 
tanées qu'y  subissent  les  aliments  ;  il  suffit 
de  manger  certains  légumes  contenant  du 
soufre ,  pour  qu'il  y  ait  abondante  formation 
de  gaz  acide  sulfurique. 

L'acte  de  la  digestion  est  accompli;  les 
radicules   veineuses  dans  l'estomac ,    les 


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689 


vaisseaux  chylifères  dans  l'intestin  ,  ont 
absorbé,  puis  transporté,  les  premiers  im- 
médiatement ,  les  seconds  médiatement, 
dans  le  torrent  de  la  circulation,  les  maté- 
riaux nécessaires  à  l'entretien  delavie.  Mais 
tous  ces  matériaux  servent-ils  indifférem- 
ment à  la  Nutrition  proprement  dite,  c'est-à- 
dire  à  l'accroissement  du  corps  ,  au  renou- 
vellement des  organes ,  à  la  réparation  des 
parties?  S'il  est  vrai,  comme  il  n'est  point 
permis  d'en  douter  ,  que  cet  accroissement, 
ce  renouvellement,  cette  réparation,  se 
font  aux  dépens  du  sang,  c'est-à-dire  aux 
dépens  des  principes  immédiats  qui  con- 
stituent ce  liquide  ,  il  faut  réserver  ex- 
clusivement le  nom  d'aliments  aux  seules 
substances  susceptibles  de  se  transformer 
en  sang.  Or,  comment  arriver  à  reconnaître 
ces  substances ,  si  ce  n'est  en  comparant  la 
composition  des  divers  aliments  avec  celle 
des  principes  immédiats  du  sang  ? 

Le  sang  recueilli  après  une  saignée,  dans 
un  vase  convenable  ,  se  sépare  bientôt  en 
deux  parties  :  l'une  liquide ,  de  couleur  jau- 
nâtre ,  nommée  sérum;  l'autre  solide,  le 
plus  souvent  rouge,  surnageant  le  sérum 
et  formant  le  caillot.  Le  caillot  est  une 
masse  semi-solide,  s'attachant,  sous  forme 
de  filaments  mous  et.  élastiques,  constituant 
!a  fibrine,  au  faisceau  des  baguettes  avec 
lesquelles  il  est  battu.  Le  sérum,  de  son 
côté,  tient  en  dissolution  une  substance 
qui  lui  donne  toutes  les  propriétés  du  blanc 
d'ceuf ,  avec  lequel  elle  est  identique;  c'est 
V albumine  qui,  par  l'action  de  la  chaleur, 
se  prend  en  une  masse  blanche  et  élastique. 
On  trouve  aussi,  dans  le  sérum,  du  chlo- 
rure de  sodium  (  sel  marin  )  et  quelques 
autres  sels  à  base  alcaline. 

La  fibrine  et  Y  albumine  sont  donc  les  deux 
principes  essentiels  du  sang;  elles  se  com- 
posent d'un  certain  nombre  d'éléments  chi- 
miques, d'oxygène,  d'hydrogène,  decarbone, 
d'azote ,  et  de  plus  ,  d'une  petite  quantité 
de  phosphore  et  de  soufre;  on  y  rencontre 
aussi  la  substance  terreuse  des  os. 

Outre  la  fibrine  et  l'albumine  qui  y  sont 
dissoutes,  le  sang  présente  encore, en  nom- 
bre indéfini ,  des  particules  solides  circu- 
lant avec  lui,  et  auxquelles  il  doit  plusieurs 
de  ses  propriétés.  Ce  sont  les  globules,  com- 
posés eux-mêmes  de  fibrine  ,  d'albumine  et 
d'une  matière  colorante     hématosine,  con~ 

T.   VIII. 


tenant  du  fer.  Malgré  leur  importance ,  les 
globules  ne  semblent  point  concourir  à  la 
Nutrition ,  comme  nous  le  verrons  plus 
tard.  Le  sang  renferme  de  plus  quelques 
matières  grasses  {voy.  sang). 

Soumises  à  l'analyse  chimique  ,  la  fibrine 
et  l'albumine  sont  isomériques,  c'est-à-dire 
qu'elles  contiennent  les  mêmes  éléments , 
dans  les  mêmes  proportions  précéden- 
tes ,  mais  groupés  d'une  manière  différente. 
Ce  fait  a  été  mis  hors  de  doute  par  les 
expériences  récentes  d'un  physiologiste , 
M.  Denis ,  qui  est  parvenu  à  convertir  arti- 
ficiellement de  la  fibrine  en  albumine.  Elles 
possèdent,  en  outre,  une  propriété  chi- 
mique commune;  toutes  deux  se  dissolvent 
dans  l'acide  chlorhydrique  concentré,  pour 
donner  naissance  à  un  liquide  bleu  indigo 
foncé  ,  déterminant  les  mêmes  réactions. 

Si ,  maintenant ,  l'on  compare  la  compo- 
sition de  tous  les  tissus  animaux  avec  celle 
de  la  fibrine  et  de  l'albumine  contenues 
dans  le  sang,  on  arrive  aux  résultats  sui- 
vants :  Toutes  les  parties  du  corps  qui  af- 
fectent une  forme  déterminée,  et  qui  consti- 
tuent les  organes  ,  contiennent  de  l'azote  ; 
il  n'existe  pas,  dans  un  organe  doué  dévie 
et  de  mouvement,  une  seule  molécule  qui 
n'en  renferme.  Cet  élément  entre  pour 
16/l00cs  environ  dans  la  composition  du 
sang ,  et  cette  proportion  n'est  jamais  moin- 
dre dans  les  différentes  parties  de  l'orga- 
nisme. On  rencontre  de  plus  ,  dans  les  dif- 
férents tissus  ,  du  carbone,  ainsi  que  les 
éléments  de  l'eau,  oxygèneet  hydrogène.  Or, 
il  est  démontré  que  l'organisme  animal  ne 
peut  produire  de  toutes  pièces  un  élément 
chimique ,  tel  que  l'azote ,  au  moyen  de 
substances  qui  n'en  contiennent  pas  ;  d'un 
autre  côté,  l'azote  de  l'atmosphère  ne  se 
combine  jamais  avec  les  tissus  animaux.  Il 
est  donc  de  toute  nécessité  que  les  substan- 
ces alimentaires ,  pour  être  aptes  à  se  trans- 
former en  sang,  et  former  de  là  le  tissu 
cellulaire,  les  muscles ,  la  peau,  etc. ,  il 
est  donc  de  nécessité  que  ces  substances 
renferment  l'azote  en  quantité  déterminée. 

Or,  la  fibrine  et  l'albumine  remplissent 
cette  condition;  toutes  deux  peuvent  donc 
se  transformer  en  sang ,  par  suite  en  fibre 
musculaire,  en  tissu  cellulaire,  etc.  ;  elles 
sont,  en  conséquence,  parfaitement  pro- 
pres à  la  Nutrition. 

87 


690 


NUT 


Les  principes  non  azotés  de  l'organisme 
animal  constituent  Yeau  et  la  graisse,  tou- 
tes deux  amorphes  et  jouant  dans  les  phé- 
nomènes vitaux  le  rôle  d'intermédiaires, 
nécessaires  à  l'accomplissement  de  certaines 
fonctions.  Les  principes  inorganiques  sont 
le  fer,  la  chaux  ,  la  magnésie  ,  le  chlorure 
de  sodium ,  et  quelques  autres  composés 
alcalins. 

Venant,  maintenant,  à  examiner  com- 
ment s'opère  la  Nutrition  chez  les  Animaux, 
nous  la  voyons  s'accomplir  avec  la  plus 
grande  simplicité  possible  chez  les  Carni- 
vores ;  ces  animaux  se  nourrissent ,  en  effet, 
du  sang  et  de  la  chair  des  Herbivores  (1), 
dont  la  composition  est  identique  avec  leur 
propre  sang,  avec  leur  propre  chair.  Par- 
venus dans  l'estomac,  ce  sang,  cette  chair, 
fluidifiés ,  deviennent  donc  immédiatement 
propres  à  être  transportés  dans  les  organes 
et  à  y  être  assimilés.  Les  Carnivores  man- 
gent, en  outre,  de  la  graisse  mêlée  aux 
matières  azotées,  qui  forment  la  presque 
totalité  de  leurs  aliments.  Nous  verrons 
plus  tard  le  rôle  que  joue  cette  graisse. 

Il  semble,  au  premier  abord ,  que  les 
choses  se  passent  tout  différemment  chez  les 
Herbivores;  ces  animaux  sont  même  d'un 
appareil  digestif  plus  compliqué  (  voy.  in- 
testin) ;  ils  se  nourrissent  de  végétaux,  qui 
ne  contiennent  qu'une  très  petite  quantité 
d'azote  comparativement  au  volume  de 
leur  corps.  Ces  différences  ne  sont  toutefois 
qu'apparentes  ;  les  substances  végétales  qui 
servent  à  l'alimentation  des  Herbivores 
contiennent  certains  principes  immédiats, 
riches  en  azote  ;  ce  sont  la  fibrine  végétale  , 
Y  albumine  végétale  et  la  caséine.  La  pre- 
mière ,  insoluble  dans  l'eau ,  est  surtout 
abondante  dans  les  Graminées ,  mais  on  ne 
la  rencontre  nulle  part  en  aussi  forte  propor- 
tion que  dans  le  Blé  et  dans  quelques  autres 
céréales  ,  où  elle  constitue  le  gluten.  Val- 
bumine  végétale  existe  à  l'état  de  dissolu- 
tion dans  le  suc  des  plantes  ;  on  la  rencontre 
aussi  dans  certaines  semences,  telles  que 
les  Noix,  les  Amandes  ,  etc.  La  caséine, 
enfin  ,  se  trouve  dans  les  Pois ,  les  Lentilles, 
les  Haricots;  soluble  dans  l'eau,  comme 
l'albumine,  elle  ne  se  coagule  point  par  la 

(i)  Tout  ce  que  nous  dirons  des  Herbivores  s'applique  évi- 
demment aux  Granivores  et  à  tous  les  awiciaux  dont  la  nour- 
riture est  «■xclusivcment  véi-étale. 


NUT 

chaleur,  mais  elle  se  prend  en  caillot, 
comme  le  lait ,  si  on  la  traite  par  un  acide. 

Soumises  à  l'analyse  chimique,  ces  trois 
substances  présentent  les  mêmes  éléments 
combinés  dans  les  mêmes  proportions,  et,  ce 
qui  est  plus  important  encore,  c'est  qu'elles 
ont  la  même  composition  que  les  prin- 
cipes essentiels  du  sang,  et  qu'elles  dé- 
terminent les  mêmes  réactions  avec  l'a- 
cide chlorhydrique  ;  en  un  mot,  la  fibrine 
et  V albumine  végétale  sont  absolument  iden- 
tiques avec  la  fibrine  et  Y  albumine  animale. 
Quant  à  la  caséine  ,  nous  retrouverons  son 
analogue  dans  le  lait. 

Il  résulte  de  ce  fait  que  la  Nutrition,  chez 
tous  les  animaux ,  présente  la  plus  admi- 
rable simplicité,  l'Herbivore  trouvant  toutes 
formées,  dans  les  végétaux,  des  substances 
nutritives  ,  complètement  semblables  à 
celles  qui  servent  à  l'alimentation  du  Car- 
nivore,  et  que  celui-ci  rencontre  dans  la 
chair  de  l'Herbivore. 

De  ce  qui  précède ,  Ton  peut  rigoureu- 
sementdéduirequele  développementdes  or- 
ganes, leur  accroissement  en  volume  et  en 
masse,  dépendent  de  l'absorption  de  certai- 
nes substances,  identiques  aux  principes 
essentiels  du  sang;  l'on  peut  même  ajouter 
que  le  rôle  de  l'organisme  se  borne  à  donner 
au  sang  une  forme  déterminée  pour  chaque 
ergane,  sans  pouvoir  en  fabriquer  lui- 
même. 

Mais  un  grand  nombre  de  substances  ali- 
mentaires contiennent  encore  les  matériaux 
non  azotés  ;  tels  sont  :  les  corps  gras ,  le 
sucre,  la  fécule,  la  gomme,  qui,  s'ils  ne 
servent  point  directement  à  la  Nutrition 
proprement  dite ,  sont  cependant  nécessaires 
à  l'entretien  de  la  vie,  surtout  chez  les 
nombreux  Herbivores,  qui  mourraient  bien- 
tôt s'ils  n'en  consommaient  une  quantité 
suffisante.  Nous  allons  voir  que  sous  ce 
rapport  même  il  y  a  identité  parfaite  dans 
les  premiers  temps  de  la  vie  entre  les  Her- 
bivores et  les  Carnivores,  puisque  le  lait  se 
trouve  être,  pendant  cette  période,  l'ali- 
ment unique  des  animaux  des  deux  classes. 

Le  lait  (voy.  ce  mot)  ne  contient  qu'un 
seul  principe  azoté,  la  caséine,  dont  la  com- 
position est  la  même  que  celle  de  la  fibrine 
et  de  l'albumine  du  sang,  et  qui  n'en  diffère 
que  par  son  extrême  solubilité  et  son  im- 
possibilité de  coaguler. Cette  caséine,  iden- 


NUT 


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69  î 


tique  avec  la  caséine  végétale,  représente 
donc  les  principes  essentiels  du  sang,  et 
elle  contient  en  outre  la  substance  terreuse 
des  os  à  un  état  de  division  extrême  ;  eYm 
peut  donc  se  convertir  directement  en  sang, 
circuler ,  se  déposer  dans  toutes  les  parties 
du  corps,  et  concourir  au  développement, 
à  l'accroissement  des  organes.  Indépen- 
damment de  cette  caséine,  le  lait  renferme 
du  beurre  et  du  sucre  de  lait ,  substances 
non  azotées,  dont  la  dernière  est  composée 
de  Carbone,  puis  d'Hydrogène  et  d'Oxygène 
dans  les  proportions  nécessaires  pour  for- 
mer l'eau. 

Quel  est  le  rôle  de  ces  substances  qui , 
ingérées  en  même  temps  que  la  caséine , 
ne  servent  cependant  point  à  la  formation 
du  sang?  Elles  augmentent,  dans  l'écono- 
mie, la  quantité  de  Carbone  et  d'Hydro- 
gène, destinés  à  être  brûlés  par  l'oxygène 
absorbé  dans  l'acte  de  la  respiration. 

Chez  le  Carnivore  adulte,  qui  n'augmente 
ou  ne  diminue  sensiblement  d'un  jour  à 
l'autre  ,  la  quantité  d'aliments  consommés  , 
celle  d'Oxygène  absorbé,  les  pertes  éprou- 
vées par  l'organisme  sont  toujours  entre 
elles  dans  un  rapport  déterminé  ;  le  Car- 
bone de  l'acide  carbonique  exhalé,  celui 
de  l'urine ,  l'Azote  de  l'urine  ,  l'Hydro- 
gène éliminé  sous  forme  d'ammoniaque  et 
d'eau ,  tous  ces  éléments  pris  ensemble 
représentent  le  Carbone,  l'Azote,  l'Hydro- 
gène des  aliments  ingérés  ,  ceux-ci  rempla- 
çant ce  que  les  tissus  perdent  incessamment. 
S'il  en  était  autrement,  l'animal  varierait 
de  poids  et  de  volume. 

Mais  chez  l'animal  qui  se  développe, 
dont  le  corps  va  sans  cesse  croissant,  il 
faut  bien  un  supplément  de  principes  com- 
bustibles pour  neutraliser  la  quantité  d'Oxy- 
gène absorbé  par  la  respiration ,  quantité 
bien  supérieure  à  celle  qui  est  nécessaire 
pour  convertir  en  eau  et  en  acide  carbo- 
nique l'Hydrogène  et  le  Carbone  prove- 
nant des  tissus  métamorphosés  ;  sans  cela , 
le  jeune  animal  diminuerait  au  lieu  d'aug- 
menter. C'est  ainsi  que  se  trouve  expliquée 
la  présence,  dans  le  lait,  de  substances 
non  azotées. 

La  Nutrition,  chez  les  Carnivores,  af- 
fecte donc  deux  formes  parfaitement  dis- 
tinctes; la  première,  dans  le  jeune  âge, 
ressemblant  à  ce  qui  se  passe  chez  l'Herbi- 


vore pendant  tout  le  cours  de  sa  vie  ;  la 
seconde,  dans  l'âge  adulte  ,  en  différant 
au  contraire  ;  l'ingestion  de  substances  non 
azotées,  autres  que  la  graisse  qui  accom- 
pagne la  chair  de  leur  proie,  leur  devenant 
nécessaire. 

Quant  aux  Herbivores ,  ils  ne  présentent 
point,  aux  différents  âges  de  leur  vie ,  le 
changement  qui  se  remarque  entre  le  genre 
d'alimentation  du  jeune  Carnivore  et  du 
Carnivore  adulte.  Les  substances  dont  ils  se 
nourrissent ,  après  l'allaitement ,  ne  con- 
tiennent qu'une  faible  proportion  de  Car- 
bone, si  on  le  compare  à  celle  de  l'Oxy-> 
gène  qui  leur  arrive  par  les  voies  respira- 
toires ;  de  là,  la  nécessité  pour  eux,  pendant 
tout  le  cours  de  leur  vie,  d'aliments  non 
azotés ,  qui,  suppléant,  sous  forme  d'amidon, 
de  sucre  ,  de  gomme  ,  etc. ,  à  la  quantité 
insuffisante  de  l'élément  destiné  à  neutra- 
liser l'action  comburante  de  l'Oxygène  , 
viennent  jouer  le  rôle  que  le  beurre  et  le 
sucre  de  lait  ont  joué  dans  leur  jeune  âge. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  ali- 
ments se  divisent  naturellement  en  deux 
classes  :  l'une  comprend  les  aliments  azotés  ; 
l'autre,  les  aliments  non  azotés.  Les  pre- 
miers, auxquels  on  a  donné  le  nom  de 
plastiques ,  ont  la  faculté  de  se  transformer 
en  sang  et  de  fournir  aussi  des  matériaux 
de  réparation  et  d'accroissement  aux  tissus 
et  aux  organes ,  ce  sont  :  la  fibrine,  V albu- 
mine, la  caséine  végétale,  le  sang  et  la  chair 
des  animaux;  les  seconds ,  qui  ont  reçu  le 
nom  d'aliments  respiratoires ,  ne  se  conver- 
tissent point  en  sang,  mais  ils  servent  à 
l'acte  de  la  respiration  en  présentant  des 
matériaux  combustibles  à  l'Oxygène  ;  ce 
sont:  là  graisse,  Vamidon,  la  gomme,  le 
sucre,  etc.  ,et  la  plupart  des  boissons  mises 
en  usage  par  l'Homme. 

On  rencontre  dans  les  matières  alimen- 
taires d'autres  substances  azotées,  les  alcalis 
végétaux,  par  exemple  ,  mais  il  est  reconnu 
que  toute  substance  azotée  dont  la  compo- 
sition diffère  de  celle  de  la  fibrine,  de  l'al- 
bumine et  de  la  caséine  ,  est  impropre  à  la 
Nutrition. 

Puisqu'aucune  partie  de  l'Oxygène  ab- 
sorbé ne  ressort  du  corps  sous  une  autre 
forme  que  celle  d'une  combinaison  hydro- 
génée ou  carbonée,  et  que  de  plus,  dans 
l'état  de  santé,  le  Carbone  et  l'Hydrogène 


692 


NUT 


NUT 


éliminés  sont  restitués  à  l'économie  par  les 
aliments,  il  résulte  de  cette  liaison  intime 
des  deux  actes  de  la  Nutrition  et  de  la  Res- 
piration que  la  quantité  d'aliments  néces- 
saire pour  l'entretien  de  la  vie  doit  être  en 
rapport  direct  avec  la  quantité  d'Oxygène 
<  absorbée;  c'est,  en  effet,  ce  qui  arrive. 
L'enfant  ,  dont  les  organes  respiratoires 
sont  plus  actifs  que  ceux  de  l'adulte,  prend, 
toute  proportion  gardée,  plus  de  nourriture 
que  ce  dernier.  L'Homme  qui  agit ,  qui 
respire  plus  vite  par  conséquent ,  mange 
plus  que  celui  qui  garde  le  repos  ;  et  la 
quantité  d'Oxygène  inspiré  par  le  poumon 
dépend  non  seulement  du  nombre  des  inspi- 
rations ,  mais  encore  de  la  température  et 
de  la  densité  de  l'air.  En  hiver  comme  en 
été,  aux  pôles  comme  sous  l'équateur  ,  au 
bord  de  la  mer  comme  sur  le  sommet  des 
montagnes ,  nous  respirons  le  même  volume 
d'air,  mais  non  le  même  poids;  en  hiver, 
aux  pôles ,  au  bord  de  la  mer,  cet  air,  plus 
condensé,  contient  plus  d'Oxygène;  il  y  a 
donc  ,  sous  l'influence  de  ces  circonstances, 
nécessité  d'une  plus  grande  réparation  que 
pendant  l'été,  que  sous  la  zone  torride,  que 
sur  le  sommet  des  Alpes,  et  non  seulement 
la  réparation  doit  être  plus  grande ,  mais 
la  proportion  d'aliments  non  azotés  doit 
augmenter.  Les  faits  viennent  à  l'appui  de 
ce  que  nous  avançons.  L'Homme,  omnivore, 
mange  bien  plus  de  viande  dans  les  contrées 
septentrionales  que  sous  les  tropiques,  où 
la  nourriture  est  presque  entièrement  végé- 
tale. L'habitant  du  Nord  s'abreuve  à  longs 
traits  de  liqueurs  fermentées  où  prédomine 
le  Carbone,  tandis  que  l'Arabe  prend  tout 
le  jour  du  café  contenant  une  notable 
quantité  d'Azote.  Les  fruits  des  pays  équi- 
noxiaux  contiennent  à  peine  douze  centiè- 
mes de  Carbone,  et  la  graisse,  l'huile  de 
poisson,  si  largement  consommée  par  les 
peuplades  hyperboréennes,  ^en  contiennent 
jusqu'à  quatre-vingts. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  de  l'homme,  dans 
les  différentes  positions  d'âge,  de  climat, 
de  genre  de  vie  où  il  peut  se  trouver,  s'ap- 
plique également  aux  différentes  classes 
d'Animaux;  ainsi,  l'Oiseau,  à  respiration  si 
fréquente,  à  circulation  si  rapide,  mange 
bien  plus  que  le  Reptile ,  que  le  Serpent 
qui,  plongé  dans  l'engourdissement,  sup- 
porte des  mois  entiers  d'abstinence. 


On  peut  donc  poser  en  principe  que  la  quan- 
tité d'aliments  à  consommer  se  règle  sur 
le  nombre  d'inspirations  ,  sur  la  tempéra- 
ture, et  par  conséquent  sur  la  densité  de 
t*air  inspiré,  ainsi  que  sur  le  degré  de  cha- 
leur produite  dans  l'acte  de  la  respiration  , 
acte  qui  n'est  qu'une  véritable  combustion. 

Il  arrive,  parfois,  que  l'Hydrogène  et  le 
Carbone  absorbés  avec  les  substances  ali- 
mentaires ne  sont  ni  complètement  ni  im- 
médiatement brûlés  ;  dans  ce  cas ,  il  y  a 
formation  de  graisse ,  qui  s'accumule  sur- 
tout dans  le  tissu  cellulaire.  Cette  forma- 
tion de  graisse,  presque  nulle  chez  les 
Carnivores ,  qui  ne  consomment  d'autres 
substances  non  azotées  que  la  graisse  des 
Herbivores,  augmente  chez  les  Animaux  qui 
prennent  une  nourriture  mixte,  et  parvient 
enfin  au  plus  haut  degré  chez  les  Animaux 
domestiques  auxquels  on  fournit  des  ali- 
ments non  azotés  en  quantité  bien  supé- 
rieure à  celle  de  l'Oxygène  absorbé  par  eux. 
Cette  accumulation  ,  formée  de  graisse  chez 
Jes  animaux  domestiques,  a  lieu  norma- 
lement chez  les  animaux  hibernants,  qui  se 
trouvent  avoir  aussi  en  réserve  de  quoi  sub- 
venir à  la  combustion  respiratoire  pendant 
leur  temps  de  sommeil. 

Le  sang  a  reçu  ses  éléments  réparateurs; 
d'une  part ,  ceux  qui  lui  ont  été  fournis  par 
les  aliments  ;  de  l'autre,  ceux  qui,  provenant 
de  l'intérieur  même  des  organes,  se  sont 
transformés  en  lymphe.  Mais  il  n'est  point 
encore  propre  à  l'entretien  de  la  vie  ,  à  la 
rénovation,  à  la  recomposition  des  parties; 
il  faut  qu'il  reçoive  dans  les  poumons 
l'influence  vivifiante  de  l'Oxygène,  qu'il 
devienne  sang  artériel  en  abandonnant 
une  certaine  quantité  d'acide  carbonique 
(voy.  circulation).  Sous  ce  nouvel  état-, 
il  est  transporté  dans  les  parties  les  plus 
profondes  des  organes  et  des  tissus  où 
chaque  molécule  constituant  chaque  cel- 
lule primitive  attire  celle  des  substances 
nutritives  avec  lesquelles  elle  a  le  plus  d'af- 
finité, et  la  modifie  pour  se  l'assimiler. 
C'estainsiquelenerf  se  forme  de  la  substance 
nerveuse,  le  muscle  de  la  substance  muscu- 
laire; il  n'y  a  pas  jusqu'aux  produits  mor- 
bides organisés  qui  ne  s'approprient  de 
nouveaux  matériaux.  Les  cellules  ont  en 
outre  la  propriété  de  retenir  certaines  sub- 
stances qui  diffèrent  complètement  de  celles 


NUT 


NUT 


693 


'dont  elles  sont  formées  elles-mêmes ,  telle 
est  la  graisse  ,  par  exemple;  cependant ,  à 
mesure  que  s'opère  ce  travail  de  réparation, 
un  travail  de  décomposition  a  lieu  en  sens 
inverse,  la  vie  s'accompagnant  d'un  renou- 
vellement continuel  de  la  matière. 

En  déposant  les  molécules  qui  doivent 
servira  renouveler  les  organes,  le  sang  re- 
prend donc  celles  qui  doivent  être  élimi- 
nées; mais  comment  se  fait  cet  échange? 
Jusqu'à  présent  on  l'ignore;  l'acte  de  la 
Nutrition  échappe  à  l'observation  microsco- 
pique. Les  globules  sanguins  ne  sont  évi- 
demment point  les  matériaux  assimilables  ; 
d'un  volume  de  beaucoup  supérieur  à  l'é- 
paisseur de  la  plupart  des  fibres  qui  consti- 
tuent les  tissus,  ils  portent  constamment 
des  artères  dans  les  veines,  en  prenant  une 
teinte  plus  foncée.  Leur  rôle,  dans  l'éco- 
nomie, a,  sans  contredit,  une  grande  im- 
portance, mais  il  paraît  tout-à- fait  étranger 
à  la  Nutrition  proprement  dite. 

En  outre,  les  derniers  vaisseaux  capil- 
laires ne  se  répandent  point  sur  les  fibres 
primitives,  infiniment  plus  petites  qu'eux. 
11  faut  donc  admettre  que  l'échange  des  ma- 
tériaux de  composition  et  de  décomposition 
a  lieu  au  travers  des  parois  de  ces  anciens 
vaisseaux  capillaires  ,  que  la  Nutrition  s'ac- 
complit par  une  sorte  d'exsudation ,  aux 
dépens  des  parties  dissoutes  du  sang,  et  par 
conséquent  de  la  fibrine  et  de  l'albumine. 
Ces  parties  dissoutes  vont  baigner  les  cel- 
lules et  les  fibres  des  tissus,  et  les  vaisseaux 
lymphatiques  ramènent  ensuite  dans  le 
sang  ce  qui  ne  sert  plus  ou  ce  qui  n'a  pu 
servir  à  la  Nutrition. 

Les  matériaux  immédiats  des  organes 
existent  déjà  en  partie  dans  le  sang.  Il  con- 
tient, en  effet,  l' albumine ,  qui  se  retrouve 
dans  le  cerveau  ,  dans  les  nerfs  et  dans  un 
grand  nombre  d'autres  tissus;  la  fibrine, 
qui  forme  les  muscles  et  les  différents  or- 
ganes musculeux  ;  la  graisse  non  azotée 
déposée  dans  le  tissu  cellulaire;  la  graisse 
azotée  et  phosphorée ,  qui  existe  dans  le  cer- 
veau ;  le  fer  et  les  autres  substances  inor- 
ganiques que  renferment  la  plupart  des 
organes,  et  surtout  les  humeurs.  Il  est  ce- 
pendant certains  matériaux  particuliers  qui 
doivent  être  produits  aux  dépens  des  maté- 
riaux immédiats  des  organes  eux-mêmes  , 
car  il  est  impossible  d'en  retrouver  les  ana- 


logues dans  le  sang  ;  telles  sont  la  gélatine 
des  os,  des  tendons,  des  cartilages,  le 
tissu  élastique  ,  la  substance  cornée. 

Résumons  maintenant  ce  qui  a  été  dit 
jusqu'à  présent.  Nous  avons  vu  l'Homme 
(et  ce  que  nous  disons  de  l'Homme  peu£ 
s'appliquer  à  tous  les  Animaux) ,  nous  avons 
vu  l'Homme  prendre  des  aliments ,  les  di- 
gérer, les  assimiler  en  partie,  rejeter  par 
les  fèces  les  portions  non  assimilables  et  en 
même  temps  certains  produits  sécrétés ,  tels 
que  la  bile,  les  mucosités  intestinales,  etc. 
Les  matériaux  assimilables  ont  été  trans- 
portés ,  soit  immédiatement,  soit  médiate- 
ment,  dans  le  système  vasculaire  veineux  , 
pour  aller  subir ,  avec  le  sang  qui  s'y  trouve 
contenu,  l'influence  vivifiante  de  l'Oxygène 
atmosphérique  inspirée  par  les  poumons. 
Devenu  artériel ,  et  propre  à  la  Nutrition  , 
le  sang  s'est  répandu  dans  toutes  les  parties 
du  corps  pour  y  entretenir  la  vie,  y  renou- 
veler les  tissus ,  y  réparer  les  pertes,  y  re- 
produire même ,  dans  quelques  cas ,  cer- 
taines parties. 

Mais  si  l'Homme,  si  les  Animaux  em- 
pruntent aux  aliments,  ils  doivent  nécessai- 
rement restituer  autant  qu'ils  empruntent, 
car,  comme  les  végétaux,  ils  ne  sont  pas 
susceptibles  d'un  accroissement  indéfini.  Les 
aliments,  quelle  qu'en  soit  la  nature,  quel!'., 
qu'en  soit  la  source,  contiennent,  ceux  qui 
sont  destinés  directement  à  la  Nutrition,  de 
l'Oxygène ,  de  l'Hydrogène ,  du  Carbone  et  de 
l'Azote;  les  autres,  servant  de  combustible 
dans  l'acte  respiratoire,  des  trois  premiers  élé- 
ments seulement,  mais  point  d'Azote  ;  nous 
laissons  de  côté  les  substances  inorganiques. 
L'Homme,  les  Animaux ,  absorbent  de  plus, 
par  la  respiration ,  une  quantité  d'Oxygène 
en  rapport  avec  les  besoins  de  chaque  espèce. 
Eh  bien  !  ce  même  Homme ,  ces  mêmes  ani- 
maux, produisent,  par  l'expiration,  de  l'acide 
carbonique  et  de  l'eau,  et  par  les  urines,  de 
l'Ammoniaque  (Hydrogène  azoté)  représen- 
tant les  quantités  d'Oxygène,  d'Hydrogène,  de 
Carbone  et  d'Azote,  absorbées  par  la  respi- 
ration et  par  les  aliments  ;  il  y  a,  en  outre, 
production  de  Chaleur  et  d'Électricité,  car 
l'oxydation  du  Carbone  et  de  l'Hydrogène 
dans  l'acte  respiratoire  ne  peut  s'opérer 
sans  donner  lieu  à  un  dégagement  de  ces 
deux  principes.  Si,  maintenant,  nous  je- 
tons un  coup  d'oeil  sur  les  Végétaux,  nous 


694 


NUT 


NYG 


les  voyons  fixer  du  Carbone,  de  l'Hydro- 
gène ,  de  l'Azote,  de  l'Eau  ,  et  fabriquer,  à 
l'aide  de  ces  matériaux,  des  matières  orga- 
niques ,  tandis  qu'ils  rejettent  de  l'Oxygène 
dans  l'atmosphère.  Or,  ces  matières  orga- 
niques servent  à  la  nourriture  des  Herbi- 
vores, et  ceux-ci,  à  leur  tour,  deviennent 
la  pâture  des  Carnivores,  qui  trouvent  tout 
formés  dans  leur  proie,  les  principes  néces- 
saires à  leur  nutrition.  «  Ainsi,  tout  s'en- 
chaîne dans  la  nature,  a  dit  l'illustre  pro- 
fesseur auquel  nous  devons  l'éloquent  ex- 
posé de  la  Statique  chimique  des  êtres  orga- 
nisés; rien  ne  se  perd  ,  rien  ne  se  crée.  On 
ne  connaît  ni  création ,  ni  transmutation 
d'éléments;  tous  les  changements  qui  s'o- 
pèrent continuellement  à  la  surface  du 
globe  sont  dus  à  des  combinaisons  qui  se 
font,  ou  à  des  combinaisons  qui  se  défont. 
La  matière  du  tapis  de  verdure,  qui  au- 
jourd'hui revêt  une  prairie,  fait  paître  le 
lendemain  des  animaux  qu'elle  nourrissait; 
quelques  jours  encore,  et  elle  passera  dans 
notre  propre  organisation  ,  d'où  elle  s'en 
ira  dans  l'atmosphère,  qui ,  la  cédant  à  de 
nouvelles  plantes,  reproduira  plus  tard  une 
nouvelle  végétation »  (A.  D.) 

NUTTAINIA.  crust.— C'est  un  genre  de 
l'ordre  des  Trilobites  qui  a  été  établi  par 
M.  Eaton ,  sur  le  fragment  d'un  bouclier 
céphalique  de  Trilobite  ,  et  qui  a  beaucoup 
de  ressemblance  avec  la  tête  du  Diplure  de 
Dekay,  mais  paraît  moins  bombé,  et  avoir 
le  bord  antérieur  prolongé  et  un  peu  relevé 
en  forme  de  bec.  C'est  avec  doute  cependant 
que  cette  coupe  générique  estadoptée  et  dont 
la  seule  espèce  connue  est  la  Nuttainia 
sparsa.  (H.  L.) 

NUTTALLIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Rosacées  (  tribu  in- 
certaine),  établi  par  Torrey  et  A.  Gray 
(  Flor.  of  north  amer.,  ï,  412).  Arbres  des 
forêts  de  l'Amérique  boréale.  Voy.  rosa- 
cées. 

©eux  autres  genres  ont  été  créés  sous  ce 
nom  :  l'un,  par  Dicks  et  Barton  (Flor.  Bor. 
amer.,  II,  74,  t.  62),  est  synonyme  du 
grand  genre  Mauve  de  Linné;  l'autre,  pu- 
blié par  De  Candolle  (  Happ.  jard.  genev., 
1821 ,  p.  24  ),  est  syc.  du  genre  Nemopan- 
thes,  Raûn. 

KUTTALITE  (nom  propre).  Brooke.  min. 
—  Substance  vitreuse,  d'un  éclat  gras,  qui, 


par  sa  forme,  se  rapproche  de  la  Paran- 
thine,  mais  qui  en  diffère  par  une  moindre 
dureté,  et  peut-être  aussi  par  sa  composition 
atomique.  Elle  se  trouve  en  cristaux  dissé- 
minés dans  le  calcaire  à  Bolton  dans  le 
Massachussets.  (Del.) 

rsiUX.  bot.  ph. — Voy.  NOIX. 

NUXIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Scrophularinées,  tribu  des  Buchnérées, 
établi  par  Commerson  (  ex  Lam.  illustr. , 
t.  70).  Arbrisseaux  du  cap  de  Madagascar. 

Voy.  SCROPHULARINÉES. 

*NU\TSIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Loranthacées,  établi  par  R.  Brown 
{in  Journ.  géograph.  soc.,  I,  17).  Arbres 
de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  lorantha- 
cées. 

NYALELIA,  Denst.  (Hort.  Malab.,  IV, 
16).  bot.  ph. — Syn.  de  Milnea,  Roxb. 

NYCTACTES  ,  Gloger.  ois.  —  Syno- 
nyme de  Capito,  Vieillot.  (Z.  G.) 

NYCTAGINÉES.  Nyctagineœ.  bot.  ph.— 
A.-L.  de  Jussieu  a  établi  dans  son  Gênera, 
p.  90,  sous  le  nom  de  Nyctages,  Nyctagïnes, 
une  famille  de  plantes  qu'il  range  dans  ses 
dicotylédones  apétales,  à  étamines  hypogy- 
nes.  La  circonscription  de  ce  petit  groupe, 
qui  ne  comprenait  que  quatre  genres,  est  si 
nette  et  si  tranchée,  que  les  botanistes  n'ont 
eu  à  l'altérer  en  rien  ,  et  qu'ils  se  sont  bor- 
nés à  modifier  son  nom  de  Nyctages  en  celui 
de  Nyctaginées  ,  et  à  l'enrichir  de  quelques 
genres  nouveaux  dont  un  examen  plus  ap- 
profondi ne  manquerait  certainement  pas 
d'augmenter  le  nombre.  C'est  donc  une  des 
familles  les  mieux  circonscrites  de  tout  le 
règne  végétal.  Les  plantes  qui  la  forment 
sont  herbacées  ou  ligneuses  :  dans  le  pre- 
mier cas,  rarement  annuelles,  plus  souvent 
vivaces,  à  racine  tubéreuse;  dans  le  second, 
frutescentes  ou  arborescentes,  à  rameaux 
noueux-articulés,  souvent  épineuses.  Leurs 
feuilles  sont  opposées,  souvent  inégales  dans 
chaque  paire  ,  celle  à  l'aisselle  de  laquelle 
naît  le  rameau  étant  plus  petite  que  l'autre, 
quelquefois  alternes,  simples,  généralement 
entières,  pétiolées,  dépourvues  de  stipules. 
Leurs  fleurs  sont  hermaphrodites ,  ou  plus 
rarement  unisexuelles,  de  grandeur  extrê- 
mement variable,  depuis  1-2  millimètres 
jusqu'à  1  décimètre  et  plus  de  longueur. 
Elles  sont  accompagnées  d'un  invelucre 
1-fiore  ou  pluriflore ,  dans  le  premier  cas 


me 


NYC 


G95 


ressemblant  à  un  calice  ,  à  bractées  soudées 
ou  distinctes,  quelquefois  colorées  au  point 
de  faire  de  ces  plantes  de  magnifiques  espè- 
ces d'ornement  (  Bougainvillea);  cet  invo- 
lucre  persiste  souvent  autour  du  fruit.  Ces 
fleurs  présentent  :  un  périanthe  unique  géné- 
ralement coloré  ,  parfois  même  très  brillant 
et  aussi  délicat  qu'une  corolle  (Mirabilis), 
tubulé,  à  limbe  en  entonnoir  ou  hypocraté  ■ 
rimorphe,  à  tube  plus  ou  moins  long,  divisé 
en  4,  5,  10  lobes,  quelquefois  tronqué  ou  à 
peine  denté  à  son  bord  ,  dont  la  base  ver- 
dâtre,  plus  épaisse  et  accrescente,  forme  au- 
tour du  fruit  une  enveloppe  résistante,  qui 
pourrait  facilement  être  prise  pour  un  péri- 
carpe ;  des  étamines  en  nombre  parfois  égal 
à  celui  des  lobes  du  périanthe,  mais  plus 
généralement  remarquables  par  leur  défaut 
de  symétrie,  soit  de  nombre,  soit  de  position 
avec  l'enveloppe  florale,  insérées  sur  le  ré- 
ceptacle, quelquefois  soudées  entre  elles  par 
leur  base  en  une  sorte  de  godet  qui  entoure 
la  base  de  l'ovaire,  à  anthères  introrses,  bi- 
îoculaires  ;  un  pistil  à  ovaire  libre  ou  même 
un  peu  pédicule,  formé  d'un  seul  carpelle, 
très  remarquable  par  son  mode  de  dévelop- 
pement, renfermant  dans  une  seule  loge  un 
ovule  unique  ;  cet  ovaire  est  surmonté  d'un 
style  souvent  un  peu  latéral  ,  conséquence 
naturelle  de  son  mode  de  formation,  que 
termine  un  stigmate  généralement  renflé  et 
couvert  de  grosses  papilles  en  forme  de  bou- 
teilles; rarement  le  style  manque,  et  le 
stigmate  est  alors  sessile. 

Le  fruit  est  un  akène  enveloppé  par  la 
base  persistante  du  périanthe  qui  s'est  ac- 
crue ,  s'est  relevée  de  côtes ,  souvent  de  pro- 
ductions semblables  à  de  gros  poils  capi- 
tés,  etc.,  autour  duquel  persiste  encore  assez 
fréquemment  l'involucre  ;  cette  circonstance 
a  fait  donnera  ce  fruit  par  quelques  carpo- 
logistes  une  dénomination  particulière  (Scle- 
ranthum  Moench ,  Dyclosium  Desv.  ).  La 
graine ,  solitaire  ,  a  son  tégument  confondu 
avec  le  péricarpe;  son  embryon  est  toujours 
disposé  de  manière  à  envelopper  l'albumen 
qui  est  farineux.  Les  observations  organo- 
géniques  et  embryogéniques  que  nous  avons 
faites  sur  les  Nyctaginées,  et  que  nous  nous 
proposons  de  publier  prochainement,  nous 
ont  fait  connaître  des  faits  très  curieux  dont 
nous  nous  bornerons  à  signaler  ici  l'un  des 
plus  remarquables.  Dans  la  Belle-de-Nuitde 


nos  jardins  (Mirabilis  jalapa),  nous  avons 
constaté  l'existence  de  trois  sacs  embryon- 
naires groupés  l'un  à  côté  de  l'autre  ;  l'em- 
bryon ne  se  développe  que  dans  l'un  d'eux, 
qui  se  sépare  et  s'isole  des  autres  après  que 
la  fécondation  a  eu  lieu. 

Les  particularités  remarquables  que  pré- 
sentent les  Nyctaginées  dans  leur  périanthe, 
leurs  étamines ,  leur  pistil  et  leur  fruit, 
comme  aussi  dans  la  structure  de  leur  tige 
(pour  la  connaissance  de  laquelle  on  pourra 
consulter  entre  autres  ouvrages  le  beau  mé- 
moire de  M.  Unger  sur  l'anatomie  des  Mo- 
nocotylédons etDicotylédons)  ,ne  permettent 
pas  de  leur  assigner  une  place  dans  la  série 
des  familles  naturelles  ;  le  plus  souvent  on 
les  range  à  côté  des  Polygonées,  desquelles 
elles  s'éloignent  cependant  à  plusieurs 
égards. 

Ces  plantes  croissent  pour  la  plupart  dans 
les  contrées  inter  tropicales,  particulièrement 
en  Amérique.  Un  petit  nombre  d'entre  elles 
sont  cultivées  comme  jolies  espèces  d'orne- 
ment. 

Voici  le  tableau  des  genres  de  Nyctaginées 
d'après  M.  Endlicher  : 

BoerhaviaL'm.;CollignoniaEnd\ic.;Abro- 
nia  Juss.  (Tricratus  L'Hérit);  Mirabilis 
Lin.  (Nyctago  Juss.;  Jalapa  Tourn.);  Oxy- 
baphus  l'Hérit.  (Calyxhymenia  Or teg.;  Caly- 
menia  Nuit.  ;  Vitlmannia  Turr.);  Allionia 
Lin.;  Okenia Schiede;  Tricycla  Cavan.;  Bou- 
gainvillea  Commers.  (Josepha  FI.  fl.  );  Rei~ 
chenbachia  Spreng.;  Salpianthus  H.  et  B. 
Boldoa  Cavan.);  Neea  R.  et  Pav.  )  Mitscher- 
UchiaKunlh);  Pisonia  Plum.  (Calpidia  Pet.- 
Thou.;  Bessara  Fl.  fl.;  Palavia  Fl.  fl.;  Tor- 
rubia  Fl.  fl.;  Columella  Fl.  fl..  —  Genre 
douteux  :  Epilithes  Blume.  (P.  D.) 

NYCTAGO,  Juss.  (Gen.  90;  Annal,  de 
Russ.  11,  274).  bot.  ph.~- Syn.  de  Mirabilis, 
Linn. 

NYCTALE.  ois.  —  Genre  établi  par 
Brehm  sur  la  Chouette  Tengmalm.   (Z.  G.) 

*I\lCTALEMOïV.  ins.  —Genre  de  Tor- 
dre des  Lépidoptères  diurnes,  démembré 
des  Urania  par  Dalmann ,  et  placé  par 
M.  Blanchard  (  Hist.  des  Insecles ,  suites  à 
Buffon  Duménil) ,  dans  la  tribu  des  Hespé- 
rides,  groupe  des  Cydimonites.  On  ne  con- 
naît qu'une  espèce  de  ce  genre,  le  Nyclale- 
mon  orontes  Del  m.  (Papilio  orontes  Linn., 
Fab.,  Cram,,  Urania  oronles  God.),  qui  ha- 


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bite  les  îles  de  l'Inde  australe  (Amboine, 
Java ,  etc.)  (L.) 

NYCTALOPS.  ois.  —  Genre  établi  par 
"Wagler  sur  une  espèce  de  la  famille  des 
Chouettes.  Cette  espèce  porte  pour  Wagler 
Je  nom  spécifique  de  Stygius.       (Z.  G.) 

*NYCTALUS(vuxra*oç,  nocturne),  mam. 
—  M.  Lesson  (Nouv.  tàbl.  des  Mamm., 
1842)  a  créé  sous  ce  nom  un  sous-genre 
du  grand  genre  Vesperlilio  {voy.  ce  mot),  et 
il  y  place  quatre  espèces  ,  provenant  des 
Indes  orientales,  les  Vesp.  Temminckii,  Be- 
langeri,  Heathii  et  Aleclo.  (E.  D.) 

NYCTANTHES  (vwÇ,  nuit  ;  avQoç,  fleur). 
bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des  Jasmina* 
cées, établi  par  Linné  {Gen.  n.  16)etdontIes 
principaux  caractères  sont  :  Calice  tubuleux, 
5-den  té.  Corolle  hypogyne,hypocratériforme, 
à  limbe  5-8- parti.  Étamines  2,  insérées  au 
lube  de  la  corolle,  incluses.  Ovaire  à  2  lo- 
ges uni-ovulées.  Style  court  ;  stigmate  capité. 
Capsule  membraneuse,  comprimée,  à  loges 
monospermes. 

Les  Nyctanthes  sont  des  arbrisseaux  de 
l'Asie  tropicale  ,  à  rameaux  tétragones ,  à 
feuilles  opposées ,  pétiolées ,  ovales  ou  oblon- 
gues ,  acuminées,  cordiformes  à  la  base, 
«cabres  ;  à  fleurs  disposées  en  ombelles  invo- 
îucrées,  axillaires  et  terminales. 

Le  NïCTANTHE    ARBRE    TRISTE,     NiJCtdntheS 

arbor  tristis  Linné ,  principale  espèce  de  ce 
genre  ,  est  cultivée  depuis  longtemps  dans 
les  jardins  d'Europe.  Ses  fleurs,  d'une  cou- 
leur jaunâtre,  exhalent  une  odeur  agréable 
aux  approches  de  la  nuit.  (J.) 

NYCTEA,  Steph.  ois.  —  Synonyme  de 
Noctua  ,  G.  Cuv.  ,  genre  établi  sur  la 
Chouette  Harfang.  Voy.  chouette.     (Z.  G.) 

*NYCTEIS  (vvxxco;,  nocturne),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères  ,  famille 
des  Carabiques,  tribu  des  Brachinites,  créé 
par  Laporte  {Éludes  Ent.,  p.  148;  Hist.  des 
Animaux  articulés,  t.  II,  p.  56  ).  Deux  es- 
pèces de  Madagascar  rentrent  dans  ce 
genre  :  les  N.  Madagascar iensis  Gory,  et 
brevicollis  Lap. 

Dejean  a  compris  à  tort  la  première 
parmi  ses  Coptodera.  (G.) 

NYCTEL.EA,  Scop.  (Introduct.  n.  775). 
bot.  ph.  — Syn.  d'Ellisia  Linn. 

NYCTELIA  (wxTctÀoç,  qui  aime  l'obscu- 
rité ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
mères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des 


Piméliaires,  créé  par  Latreille  (  Règne  ani- 
mal de  Cuvier ,  t.  V  ,  p.  8)  et  adopté  par 
Dejean  {Catalogue,  3^  édit.,  p.  306), qui  en 
énumère  24  espèces  de  l'Amérique  méridio- 
nale. Solier  {Annal,  ^e  la  Soc.  Ent.  de  Fr., 
t.  V,  p.  308),  fait  de  ces  Insectes  une  tribu, 
qu'il  nomme  Nyclélites,  et  réduit  ce  genre 
à  une  seule  espèce  :  la  Nyctelia  nodosa  (  Zo- 
phosis)  de  Gr.  ;  elle  provient  du  Chili.  (C.) 

*NYCTÉLITES.  ins. —  Cinquième  tribu 
de  Coléoptères  hétéromères  formée  par  So- 
lier {Annal,  de  la  Soc.  Entom.  deFr.,  1836, 
t.  V,  p.  303  à  349),  et  rentrant  dans  les 
Collaptérides  de  l'auteur.  Elle  a  pour  carac- 
tères principaux  :  Menton  laissant  un  in- 
tervalle notable  entre  les  bords  latéraux  et 
ceux  de  l'échancrure  progéniale ,  rétréci 
vers  la  base  ,  plus  ou  moins  échancré,  di- 
visé en  deux  lobes  arrondis,  subtronqués, 
subrectangulaires,  rarement  en  croissant; 
languette  presque  entièrement  recouverte 
par  le  menton  ;  palpes  maxillaires,  terminés 
quelquefois  par  un  article  sécuriforme  qui, 
le  plus  souvent,  est  plus  gros  que  le  précé- 
dent, tronqué  ou  arrondi  à  l'extrémité.  Le 
dernier  article  des  labiaux  est  renflé ,  ova- 
laire,  subcylindrique,  très  rarement  élargi, 
subsécuriforme  ;  yeux  grands,  peu  saillants, 
latéraux  ,  transverses  ;  écusson  recouvert 
par  le  prothorax,  ou  à  peine  apparent; 
élytres  peu  convexes,  déprimées  en  dessus, 
fortement  embrassantes  ;  leur  flanc  est 
large  à  sa  base  et  se  rétrécit  brusquement 
en  bordure  linéaire;  mésosternum  et  mé- 
tasternum  réunis  en  un  point  au-dessus 
des  hanches  intermédiaires;  épimère  mé- 
tathoracique  entièrement  caché  par  les 
élytres  ;  pattes  couvertes  de  poils  nombreux, 
laineux,  serrés  et  disposés  en  bordure;  an- 
tennes de  11  articles,  à  troisième  plus  long 
que  le  suivant,  à  dernier  ovalaire,  dégagé 
du  pénultième. 

Cette  tribu  renferme  les  8  genres  sui- 
vants :  Nyctelia,  Plectroscelis ,  Cerostena, 
Mitragenius,  Auladera,  Callyntra,  Epipedo- 
nota  et  Entomoderes.  Toutes  les  espèces  qui 
rentrent  dans  ces  genres  appartiennent  à 
l'Amérique  méridionale.  (C.) 

NYCTÈRE.  Nycteris  (vuxtepiç,  chauve-  \ 
souris),   mam.   —  Genre    de    Mammifères 
Carnassiers  Chéiroptères,  créé  par  Et.  Geof- 
froy Saint-Hilaire  {Hist.  nat.  de  l'Egypte, 
t.  II ,  1814) ,  et  adopté  par  les  zoologistes. 


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Les  Nyctères  ont  32  dents,  savoir:  inci- 
sives £;  canines  '—;  molaires  ^  ;  le  chan- 
frein est  creusé  d'une  fosse  profonde  lon- 
gitudinale, les  narines  sont  à  peu  près  re- 
1  couvertes  par  une  sorte  d'opercule  cartila- 
gineux et  mobile ,  les  oreilles  sont  très 
grandes,  très  couvertes  ,  antérieures,  conti- 
guës  à  leur  base;  l'oreillon  est  presque  ex- 
térieur ;  la  membrane  interfémorale  est 
plus  grande  que  le  corps,  et  comprend  la 
queue  qui  est  terminée  par  un  cartilage  bi- 
furqué et  en  forme  de  x  renversé. 

Ce  genre  ne  comprend  que  quatre  es- 
pèces : 

1°  Le  Nyctère  de  la  Tuébaïde  ,  Nycteris 
Thebaicus  Geoffr.  (loc.  cit.),  N.  Geoffroyii 
A.  G.  Desm.,  qui  n'a  pas  plus  d'un  pouce 
dix  lignes  de  haut  du  museau  à  l'origine  de 
la  queue,  et  dont  le  pelage,  doux  et  fin,  est 
brun  en  dessus  et  gris-brun  clair  en  dessous. 
Se  trouve  en  Egypte,  en  Nubie  ,  au  Séné- 
gal et  au  Cap  de  Bonne- Espérance. 

2°  Le  Nycteris  hispidus  Linn.,  N.  Dau- 
bentonii  Et.  Geoffr.  ,  Campagnol  volant 
Daubenton.  —  Du  Sénégal. 

3°  Le  Nycteris  Javanicus  Et.  Geoffroy. 
—  De  Java. 

4°  Le  Nycteris  capensis  Smith.  —  De  l'île 
de  Pâques.  (E.  D.) 

*i\  ICTERE  ETE  S  (»»«£p£VT^5,  vigilant 
la  nuit),  mam.  — M.  Temminck  (V.  D. 
Hœv.  Tijdschr.)  indique  ainsi  une  subdi- 
vision du  grand  genre  Chien.  Voy.  ce  mot. 

(E.  D.) 

NICTÉRIBIE.  Nycteribia  (vv£,nuit; 
€toç ,  vie  ).  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères ,  famille  des  Pupipares ,  tribu  des 
Phthiromyies,  créé  par  La  treille  (Ilist.  nat. 
des  Ins.,  1803),  et  adopté  par  tous  les  zoo- 
logistes. Ces  Insectes,  placés  par  Linnaeus 
dans  le  genre  Pediculus ,  et  par  Hermann 
dans  celui  des  PhUiiridium  ,  avait  d'abord 
été  mis  par  Latreille  dans  la  classe  des 
arachnides ,  et  ce  n'est  que  plus  tard  qu'il 
ta  fit  des  Diptères,  et  depuis  ils  sont  restés 
jans  cet  ordre. 

Les  Nyctéribies  ont  pour  caractères  :  Tête 
très  petite,  élevée  verticalement  ;  pieds  écar- 
tés ;  cuisses  et  jambes  épaisses  :  ces  derniers 
à  longs  poils  ;  tarses  allongés,  très  menus  ; 
premier  article  très  long  et  arqué ,  les  au- 
tres très  courts;  ongles  simples;  pas  d'ailes 
ni  de  balanciers. 

T.  VIII. 


Ce  genre,  quoique  étudié  avec  soin  par 
plusieurs  zoologistes,  ne  nous  est  pas  encore 
bien  connu  :  toutefois  on  possède  d'assez 
nombreux  matériaux  sur  son  organisation  , 
et  nous  croyons  devoir  entrer  dans  quelques 
détails  à  ce  sujet.  Le  corps  des  Nyctéribies 
est  rès  singulier  :  le  corselet  est  plat  et 
demi-circulaire;  le  derme  de  la  face  infé- 
rieure est  coriace,  en  forme  de  plan  égal,  et 
présente,  près  de  son  extrémité,  une  ligrs; 
enfoncée  extérieure,  offrant  un  angle  ifni 
semble  indiquer  la  suture  ou  la  réunion  d 
segment  antérieur  du  tronc  et  du  suivant 
le  derme  de  la  face  opposée  ou  le  dos  est 
membraneux,  avec  divers  enfoncements, 
séparés  par  des  arêtes  dont  les  crêtes  som 
d'une  consistance  plus  solide  ou  coriace,  ou 
de  la  nature  du  derme  inférieur.  Le  milieu 
du  dos  présente  une  cavité  longitudinale  et 
qui  se  termine  postérieurement ,  du  moins 
dans  le  Nycteribia  vesperlilionh  ,  par  une 
partie  élevée  formant  le  capuchon  ;  les  arê- 
tes des  côtés  sont  transversales.  La  tête  peut 
se  rejeter  en  arrière,  et  son  extrémité  est 
reçue  dans  le  capuchon.  La  tête,  très  dis- 
tincte du  corselet,  ressemble  à  un  tubercule 
assez  grand  et  presque  ovoïde ,  velu  ,  im- 
planté ,  au  moyen  d'un  article  très  court 
servant  de  pédicule,  sur  le  dos  de  cette  par- 
tie, entre  son  milieu  et  celui  de  son  extré- 
mité antérieure,  immédiatement  derrière  le 
point  où  prennent  naissance  les  deux  pre- 
miers pieds  :  cette  tête  forme  une  sorte  de 
capsule  coriace  en  cône  renversé,  compri- 
mée, échancrée  à  son  extrémité  supérieure, 
et  creusée  en  voûte  à  la  partie  antérieure. 
Les  antennes,  qu'Hermann  n'a  pas  vues,  et 
qu'il  dit  ne  pas  exister  dans  ce  genre,  ont 
été  aperçues  par  Latreille  :  elles  sont  insé- 
rées dans  l'échancrure  du  bord  supérieur, 
très  courtes,  contiguës  l'une  à  l'autre,  avan 
çant  parallèlement,  composées  de  deux  arti- 
cles dont  le  dernier  plus  grand,  presque 
triangulaire,  et  arrondi  extérieurement.  Les 
yeux  légèrement  saillants,  noirs  et  composés 
de  petits  grains  réunis,  sont  placés  de  chaque 
côté,  et  immédiatement  au-dessous  de  la 
naissance  des  antennes.  Les  palpes  sont  in- 
sérés en  avant  des  yeux  ,  et  aux  extrémités 
un  peu  avancées  des  bords  internes  de  la  ca- 
vité orale  :  ils  se  présentent  comme  deux 
petites  lames  oblongues ,  étroites ,  obtuses 
ou  arrondies,  et  garnies  de  poils.  Dans  l'in 

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tervalle  qui  sépare  les  palpes,  on  dislingue 
le  tubercule  arrondi  ou  le  bulbe  d'où  part 
le  suçoir,  que  Latreille  présume  être  sem- 
blable à  celui  des  autres  Pupipares.  Les  deux 
premières  pattes,  naissant  à  l'extrémité  an- 
térieure et  supérieure  du  thorax,  sont  très 
rapprochées  à  leur  base,  et  se  portent  en 
avant:  ces  pattes  diffèrent  des  autres,  qui 
se  fixent  aussi  sur  le  pourtour  supérieur  du 
thorax,  en  ce  que  le  premier  article  des  han- 
ches est  libre  et  même  assez  allongé;  le  se- 
cond articledeceshanches,  ainsi  que  le  même 
des  suivantes  ,  est  très  court,  et  ne  peut  se 
rencontrer  qu'en  dessous  :  ces  pattes ,  par 
leur  forme,  leur  écartement  et  leur  direc- 
tion, ressemblent  beaucoup  à  celles  des  Hip- 
pobosques ,  mais  elles  sont  plus  longues ,  et 
leur  premier  article  des  tarses  est  plus  long, 
grêle  et  arqué.  Entre  la  première  paire  de 
pattes  et  la  seconde,  près  des  bords  et  de 
chaque  côté,  est  une  cavité,  tantôt  presque 
ovale,  tantôt  linéaire  et  arquée  ,  dans  la- 
quelle on  observe  une  rangée  de  petites  la- 
mes ou  de  dents  imitant  un  peigne,  et  for- 
mant en  cette  partie  une  tache  noire  :  ces 
ouvertures  sont  destinées  à  l'entrée  de  l'air. 
L'abdomen  est  ovoïde,  tantôt  de  six  à  huit 
anneaux  découverts,  tantôt  paraissant  en 
avoir  beaucoup  plus  :  le  premier  étant  pro- 
longé en  arrière,  et  cachant  les  quatre  sui- 
vants. Leach  dit  que  dans  ces  derniers  indi- 
vidus, qu'il  croit  des  mâles,  le  segment  ter- 
minal est  le  plus  grand,  et  porte  deux  styles 
soyeux  à  leur  extrémité,  et  les  individus 
dont  l'abdomen  offre  un  plus  grand  nombre 
d'anneaux,  sans  avoir  d'appendices  saillants 
au  bout,  appartiendraient  au  sexe  femelle. 
Hermann  a  donné  une  description  des  or- 
ganes générateurs  du  mâle  ,  qui  sont  com- 
posés d'un  style  aussi  long  que  les  soies  que 
Latreille  décrit,  etcourbés  à  angles  obtus  en 
avant  :  ce  style  est  divisé  en  deux  lames , 
entre  lesquelles  est  une  autre  tige  en  forme 
de  soie,  qui  est  probablement  le  pénis.  Tels 
sont  les  principaux  points  de  l'organisation 
des  Nyctéribies ,  et  l'on  doit  presque  tous 
ces  détails  à  Latreille  (Nouv.  Dict.  d'hist. 
nat.  de  Déterville),  auquel  nous  les  avons 
empruntés. 

Les  Nyctéribies  vivent  sur  les  Chauves- 
Souris  ;  elles  courent  très  vite  quand  elles 
sont  sur  le  corps  de  l'animal  ;  mais  une  fois 
qu'on  les  en  a  séparées,  elles  ne  peuvent  plus 


marcher ,  et  ne  font  que  des  mouvements 
désordonnés. 

On  a  observé  que  ces  Insectes  se  renver- 
sent sur  le  dos  pour  sucer  le  sang  des 
Chauves-Souris  :  leur  tête  étant  placée  sur  le 
dos,  il  était  difficile,  avant  cette  observa- 
tion ,  de  concevoir  comment  la  Nyctéribie 
aurait  pu  approcher  sa  bouche  de  la  peau 
de  sa  victime. 

On  indique  trois  espèces  de  ce  groupe  ; 
mais  une  seule  est  bien  connue  ;  c'est  : 

La  Nyctéribie  de  la  Chauve-Souris,  Nyc- 
teribia  vesperlilionis  Latr.,  Phthiridium  Her- 
mannii  Leach  ,  Ph.  Latreillii  Leach,  Acarus 
vespertilionis  Linné ,  longue  de  moins  de 
2  lignes.  Le  dessus  du  corps  et  les  pattes 
d'un  jaunâtre  roussâtre  ;  le  dessous  du  cor- 
selet d'un  brun  rougeâtre,  avec  une  ligne 
noire  au  milieu.  Se  trouve  aux  environs  de 
Paris  ,  et  dans  presque  toute  l'Europe  ,  sur 
la  Chauve-Souris  fer-à-cheval. 

Les  deux  autres  espèces  sont  : 

La  Nyctéribie  bi-articulée,  Nycteribia  bi- 
articulata  (Encycl.  rnélh.),  Phlhiridium  bi- 
articulatum  Hermann.  Réunie  à  la  précé- 
dente par  quelques  auteurs,  elle  a  la  tête 
glabre,  et  l'abdomen  a  deux  segments  dis- 
tincts et  terminés  par  deux  soies  coniques  , 
ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  la  N.  vespertilionis. 
Du  reste,  elle  se  trouve  dans  les  mêmes  lieux 
et  sur  le  même  animal. 

Et  la  Nyctéribie  de  Blainville  ,  Nycteri- 
bia Blainvillii  Latr.,  Phthiridium  Blainvillii 
Leach.  Plus  grande  que  les  deux  autres  ; 
d'un  brun-marron  foncé  avec  les  pattes  plus 
claires.  A  été  rapportée  de  l'Ile-de-France. 
(E.  Desmarest.) 

*NYCTERIDIUS  (vimeptSieç,  nocturne). 
ins.  —  Synonyme  de  Lophyrus  (voy.  ce 
mot)  d'après  M.  Fischer  de  Waldheim 
(Mém.  Nat.  Mus.,  I,  1806).        (E.  D.) 

NYCTERINIA  ,  Don  (in  Sweet  FI.  gard. 
II,  t.  239).  bot.  ph.  — Syn.  de  Zaluzian- 
skya,  J.  W.  Schmidt. 

*NYCTERINUS  (luxtepivoç,  nocturne). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromè- 
res,  famille  des  Méiasomes,  tribu  des  Bla- 
psides,  créé  par  Eschscholtz  (Zoologischer 
Allas,  3e  cah.,  p.  13,  pi.  15,  fig.  7), 
adopté  par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit., 
p.  210)  et  par  Guérin-Méneville  (Voyage 
de  la  Coquille ,  Ins.  Atlas,  p.  93,  pi.  4,  fig.  3 
A.  B.  C.  D.  ).  Quatre  espèces  du  Chili  sont 


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rapportées  à  ce  genre  :  les  N.  elongatus , 
substriatus  Dej.,  thoracicus  et  abdominalis 
Esch.  Ces  Insectes  sont  complètement  noirs  ; 
leurs  mœurs  ne  sont  pas  connues.     (C.) 

NYCTERISTITIUM ,  Ruiz  et  Pav.  {Flor. 
peruv.  II,  46,  t.  187).  bot.  ph. — Syn.de 
Chrysophyllum  Linn. 

NYCTERIUM,  Vent.  (  Malmais.  85). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Solarium  Tournef. 

NYCTEROPUS  (vuxrepwwoç,  nocturne). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères, 
famille  des  Sténélytres,  tribu  des  Hélo- 
piens,  créé  par  Klug  (  Bericht  uber  eine  aut 
Madag.,  p.  175  ,  177  ,  pi.  4  ,  fig.  2).  Les 
types  sont  les  N.  anlhracinus  et  ebeninus. 
Guérin-Méneville  (  Magasin  zoologique, 
1838  ,  p.  203  ,  Obs.  sur  les  genres  Dolicho- 
derus  et  Nycteropus  de  Klug)  établit  que  les 
Dolichoderus  du  même  auteur  ne  doivent 
former  avec  les  Nycteropus  qu'un  seul  et 
même  genre,  de  sexes  différents;  et  que 
l'absence  ou  la  présence  d'ailes  ne  peut  être 
un  motif  de  les  séparer  :  ainsi  le  D.  acu- 
minatus  serait  le  mâle  et  le  N.  anthracinus  la 
femelle.  M.  Goudot,  voyageur  français,  éta- 
bli à  Madagascar,  les  a  pris  accouplés  aux 
environs  de  Tamatave ,  sur  un  arbre 
nommé  dans  le  pays  tacamatha.  On  doit  con- 
sidérer comme  faisant  encore  partie  du  genre 
les  espèces  suivantes:  D.  striatus,  klugii, 
N.  rufipes,  resplendens,  ovalis  de  L.,  et  D. 
capensis  Reiche.  (C.) 

NYCTEUS,  Latr.  ins.  —Syn.  iïEucine- 
tuSy  Guér. 

NYCTHEMERUS,  Swains.  ois.  —  Syn. 
de  Houppifère,  Temm.  Voy.  ce  mot. 

NYCTIA.  ois.  —  Synonyme  de  Nyctea. 

NYCTIARDEA,  Swains.  ois.— Synon.  de 
Nycticorax,  Steph.,  genre  qui  a  pour  type 
le  Héron  bihoreau.  (Z.  G.) 

NYCTIRIUS,  Vieill.  ois.  —Genre  de  la 
famille  des  Caprimulgidées.  Voy.  engou- 
levent. (Z.  G.) 

*NYCTIRORA  (v^,  nuit;  6ôPa,  nourri- 
ture), ins. — Subdivision  de  l'ancien  groupe 
des  Blattes  {voy.  ce  mot),  d'après  M.  Bur- 
meister  {Handbuch  der  Ent.  II,  1838). 

(E.  D.) 

NYCTICERUS  (vuÇ,  nuit;  x~£oç,  singe). 
bam.  — Genre  de  Quadrumanes  de  la  fa- 
mille des  Makis,  créé  par  Et.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  {Ann.  Mus.,  XIX,  1812)  pour 
une  espèce  qui  avait  été  placée  d'abord  dans 


le  genre  Lemur  par  Gmelin  ,  et  ensuite  dans 
celui  des  Loris  par  G.  Cuvier  et  Fischer. 
Depuis,  ce  genre  a  été  adopté  par  tous  les 
naturalistes,  qui  n'y  placent  que  trois  es- 
pèces. 

Les  Nycticèbes  ont  le  corps  assez  épais 
et  ramassé;  leur  tête  est  ronde  et  terminée 
par  un  museau  court  et  obtus ,  et  un  nez 
petit  et  aplati  en  devant  ;  les  yeux  sont  très 
grands,  nocturnes,  rapprochés  et  dirigés  en 
avant;  les  oreilles  sont  courtes,  arrondies, 
velues;  ils  ont  six  incisives  inférieures  pro- 
clives; tantôt  deux  et  tantôt  quatre  inci- 
sives supérieures,  et  dans  ce  dernier  cas  les 
intermédiaires  sont  écartées,  et  les  latérales 
sont  les  plus  petites;  les  canines  sont  mé- 
diocres ,  et  les  molaires  ,  au  nombre  de  six 
de  chaque  côté  à  la  mâchoire  supérieure,  et 
de  cinq  seulement  à  l'inférieure  ;  de  ces  der- 
nières dents ,  celles  du  fond  sont  à  loge 
couronnée,  éyidée  à  leur  centre  et  tubercu- 
leuse aux  angles;  les  doigts  des  pieds  sont 
en  tout  semblables  à  ceux  des  animaux  de 
la  même  famille,  c'est-à-dire  que  les  ongles 
sont  en  général  en  gouttière  et  obtus ,  et 
que  le  seul  ongle  du  deuxième  doigt  des 
pieds  de  derrière  est  fort  long  et  subulé  ; 
enfin  la  queue  est  rudimentaire. 

Ces  animaux  ont  beaucoup  de  ressem- 
blance avec  les  Loris ,  principalement  par 
le  nombre  et  la  forme  de  leurs  dents,  par 
la  brièveté  de  la  queue ,  par  la  forme  des 
oreilles,  etc.  ;  mais  ils  en  diffèrent  par  la 
forme  du  museau ,  qui  n'est  pas  brusque- 
ment pointu  et  relevé  ;  par  leurs  membres 
courts  et  forts,  et  non  pas  longs  et  grêles; 
par  leur  corps  épais  et  non  pas  maigre  et 
fluet  comme  celui  des  Loris.  Us  diffèrent 
des  Galagos  et  des  Tarsiers ,  parce  qu'ils 
n'ont  pas,  comme  eux,  les  membres  posté- 
rieurs disproportionnés  par  leur  longueur  à 
ceux  de  devant,  et  parce  qu'ils  n'ont  qu'une 
queue  très  courte. 

Les  Nycticèbes  sont  très  lents  et  très  in- 
dolents, ce  qui  leur  a  valu  les  noms  de 
Paresseux  et  de  Tardigrades  ;  ils  semblent 
ne  pas  pouvoir  se  soutenir;  lorsqu'ils  mar- 
chent à  quatre  pattes,  leurs  jambes  s'écar- 
tent de  leur  corps,  de  sorte  que  leur  poi- 
trine et  leur  ventre  touchent  presque  le 
sol;  ce  qui  leur  donne  une  physionomie 
singulière  et  les  a  fait  comparer  à  de 
jeunes  Chiens  qui  viendraient  de  naître,  et 


700 


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que  leurs  membres  n'auraient  pas  encore 
la  force  de  porter.  Ils  dorment  presque  tout 
le  jour,  la  tête  posée  sur  la  poitrine,  car  ce 
sont  des  animaux  essentiellement  noc- 
turnes. Ils  se  nourrissent  principalement 
d'insectes  et  de  petits  Oiseaux;  mais  ils 
mangent  aussi  des  fruits  sucrés,  et  ceux  que 
Ton  a  conservés  en  domesticité  mangeaient 
même  du  pain. 
L'espèce  la  mieux  connue  est  : 
Le  Nycticèbe  du  Bengale,  Nyctkebus  ben- 
galensis   Et.    Geoffr. ,   Desm.  ;    Paresseux 

PENTADACTYLE  DU  BENGALE   Wosmaër  ;   LORIS 

du  Bengale  Buffon  ;  Lemur  tardigradus 
Linné,  Gm.  ;  Loris  paresseux  G.  Cuvier,  etc. 
Sa  longueur  totale  est  d'environ  trente- 
trois  centimètres;  son  pelage  est  roux,  avec 
la  ligne  dorsale  brune,  etc.  — Se  trouve 
principalement  au  Bengale. 

Les  deux  autres  sont  : 

Le  Nycticèbe  de  Java  ,  Nyctkebus  java- 
nicus  Et.  Geoffr.,  qui  est  encore  peu  connu. 

Et  le  Nycticèbe  de  Ceylan  ,  Nyctkebus 
ceylankus  Et.  Geoffr.,  qui  n'est  connu  que 
par  une  planche  de  Séba,  qui  lui  donne  le 
nom  de  Tardigradus  ceylankus. 

Enfin,  le  Potto  de  Bosman,  qui  a  été 
placé  par  quelques  naturalistes  dans  ce 
genre,  doit  probablement  former  un  groupe 
distinct  et  plus  voisin  des  Galagos.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

*NYCTICÉE.  Nycticeus.ukVL.-~ Les  Chéi- 
roptères de  la  famille  des  Chauves -Souris 
proprement  dites,  ou  Vespertilions,  ont,  en 
général ,  deux  paires  de  dents  incisives  à  la 
mâchoire  supérieure,  quel  que  soit  le  nom- 
bre de  leurs  molaires.  Il  en  est  cependant 
qui  n'en  présentent  qu'une  seule  paire.  Ra- 
finesque  leur  a  donné  depuis  longtemps  le 
nom  de  Nycticées.  Tel  est  le  Vespertilio  la- 
siurus  ou  noveboracensis  des  États-Unis 
d'Amérique,  qui  présente  un  caractère  non 
moins,  remarquable  dans  les  poils  nombreux 
et  semblables  à  ceux  du  dos,  qui  recouvrent 
la  face  supérieure  de  sa  membrane  inter- 
fémorale. Les  Chauves-Souris  voisines  de 
cette  espèce  ont  été  recueillies  à  l'embou- 
chure de  la  Plata  {Vesp.  Blossevillei  ou  Bo- 
narknsis  Lesson  ),  à  Cuba  et  au  Chili.  Nous 
avons  donné  la  description  de  celles-ci  dans 
les  ouvrages  de  MM.  de  la  Sagra  et  Gay  sur 
Cuba  et  sur  le  Chili. 

L'Inde  et  l'Afrique  ont  aussi  fourni  des 


espèces  de  Nycticées,  mais  qui  n'ont  pas  la 
membrane  interfémorale  velue  en  dessus. 
Tels  sont  les  Vespertilio  nigrita,  leucogaster, 
Belangeri,  borbonkus,  Temminckii  et  Kea- 
thii,  dont  on  trouvera  la  description  dans 
les  Monographies  de  mammalogie  de  M.  Tem- 
minck,  t.  II,  p.  147.  Les  dents  molaires , 
étudiées  dans  les  différentes  espèces  de  Nyc- 
ticées ,  présentent  quelques  différences  de 
nombre  qui  peuvent  être  aussi  employées 
comme  caractères  distinctifs.         (P.  C.) 

NYCTICORAX,  Steph.  ois.  —  Genre  de 
la  famille  des  Ardéidées  ,  établi  sur  !e  Hé- 
ron bihoreau.  (Z.  G.) 

N1CTIDROMUS,  Gould.  ois.  —  Genre 
de  la  famille  des  Engoulevents. 

N1CTINOMUS  (vv$,  nuit;  Wf*£ç,  habi- 
tation), mam.  —  Et.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
(Hist.  nat.  d'Egypte,  t.  II,  1814)  a  créé 
sous  ce  nom  un  genre  de  Carnassiers  Chéi- 
roptères ,  pour  y  placer  une  espèce  qu'il  a 
découverte  en  Egypte,  et  deux  Vespertilio  de 
Buchanan  et  d'Hermann  ;  depuis,  le  nom- 
bre des  espèces  de  ce  groupe  a  augmenté,  et 
M.  Lesson  (  Nouv.  tableau  des  Mamm.  , 
1842)  en  compte  sept. 

Les  Nyctinomes  ont  trente  dents  ;  savoir  : 
deux  incisives  supérieures  coniques  et  con- 
tiguës  ;  quatre  incisives  inférieures  très  pe- 
tites et  comme  entassées  au-devant  des  ca- 
nines, qui  sont  en  totalité  au  nombre  de 
quatre  et  médiocrement  fortes;  dix  molai- 
res à  chaque  mâchoire,  cinq  de  chaque  côté, 
et  dont  les  deux  premières  sont  simples,  et 
les  trois  dernières  plus  fortes  et  à  couronne 
hérissée  de  pointes  aiguës;  le  nez  est  ca- 
mus ,  confondu  avec  les  lèvres,  et  celles-ci 
sont  profondément  fendues  et  ridées;  il  n'y 
a  pas  de  crêtes  ou  de  feuilles  membraneuses 
sur  le  nez,  ni  de  sillon  le  long  du  chan- 
frein ;  les  oreilles  sont  grandes ,  réunies  et 
couchées  sur  la  face,  et  leur  oreillon  est  ex- 
térieur ;  les  ailes  sont  grandes,  avec  le 
pouce  très  court  ;  le  doigt  indicateur  n'a 
pas  de  phalange,  le  médian  en  présente 
trois;  l'annulaire  et  le  petit  doigt  n'en  ont 
que  deux  ;  les  pieds  de  derrière  sont  cou- 
verts de  poils  très  longs  ;  la  queue  est 
longue  et  enveloppée  par  une  membrane 
interfémorale  moyenne. 

Ces  animaux  se  rapprochent  de  plusieurs 
groupes  de  Chauves-Souris,  et  particulière- 
ment des  Molosses ,  dont  ils  diffèrent  en  ce 


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701 


que  ces  dernier»  ont  deux  incisives  infé- 
rieures de  plus  que  les  Nyctinomes ,  et  en 
ce  qu'ils  n'ont  pas,  comme  ceux-ci,  les  pieds 
couverts  de  longs  poils,  les  lèvres  très  pro- 
fondément ridées  et  les  membranes  bor- 
dées de  poils. 

Nous  ne  citerons,  parmi  les  espèces,  que  : 

Le  Nyctinome  d'Egypte  ,  Nyctinomus 
JEgyptiacus  Et.  Geoffr.  {loc.  cit.),  qui  a  trois 
pouces  de  longueur  totale  pour  la  tête  et  le 
corps  ensemble,  et  dont  le  pelage  ,  roux  en 
dessus,  est  brun  en  dessous.  A  été  trouvé 
en  Egypte  dans  les  tombeaux  et  les  souter- 
rainsdes  grands  édifices  abandonnés.  (E.D.) 

NYCTIORNIS  ,  Swains.  ois.  —  Division 
du  genre  Guêpier.  Voy.  ce  mot.    (Z.  G.) 

*NYCTIPATES  (vv$,  nuit;  ««va», 
errer),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères  ,  famille  des  Mélasomes ,  division 
des  Blapsides,  formé  par  Dejean  {Catalogue, 
3e  édit.,  p.  209)  avec  deux  Insectes  de  Tur- 
comanie ,  N.  carinata  et  coriacea,  qui 
ont  été  reconnus  depuis  se  rapporter  à  la 
même  espèce,  et  n'être  que  le  mâle  et  la 
femelle.  Motchoulski  (Mémoire  de  la  Soc. 
imp.  desnat.  de  Moscou,  1845,  tom.  XVII, 
p.  69  )  désigne  deux  autres  espèces  du 
même  pays  :  les  N.  costata  Fisch.  ,  et  le 
Blaps  inflata  Zoubk.  (C.) 

*NYCTIPETA(vuxtoç,  nocturne;  ««ré», 
errer  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille  ,  fa- 
mille desLongicornes,  tribu  des  Céramby- 
cins,  formé  par  Eschscholtz  ,  et  qui  a  pour 
type  la  N.  Luzonica,  espèce  originaire  des 
îles  Philippines.  Dejean  fait  entrer,  mais  à 
tort,  cet  Insecte  dans  son  genre  Hespéro- 
phanes.  (C.) 

*NYCTIPITHECIJS,  Spix  (*4|,  nuit; 
*rc'0/,xoç,  singe),  mam.  —  Synonyme  de  Noc- 
thora  et  d'Aotus.  Voy.  ces  mots.     (E.  D.) 

*NYCTOBATES  (rfg,  nuit;  g«T^p , 
marcheur),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
hétéromères,  famille  des  Mélasomes  ,  tribu 
des  Ténébrionites,  créé  par  Guérin-Méne- 
ville  (Mag.  de  Zoologie,  1834,  p.  34, 
pi.  15)  et  qui  a  pour  type  le  N.  gigas  (Te- 
nebrio)  de  Linné  et  le  tibialis  de  l'auteur. 
Y  ont  été  comprisdepuis  les  maximus  Gr., 
sulcatus,  nitidulus  F.,  angulatus  Er.  (Iphi- 
thinus  )  et  beaucoup  d'autres  espèces.  Chez 
ces  Insectes  le  labre  est  très  saillant  et  ar- 
rondi ;  les  antennes  grossissent  très  sensi- 


blement vers  l'extrémité,  et  leurs  derniers 
articles  sont  comprimés.  (C.) 

*J\YCTOCHAPJS  (vu$,  nuit;  XafP»  ,  se 
réjouir),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Malacodermes  ,  tribu 
des  Lampyrides, ,  formé  par  Dejean  (  Cata- 
logue, 3e  édit. ,  p.  115)  avec  trois  espèces 
américaines  :  les  N.  Lacordairei,  pennicor- 
nis  Dej.,  et  phyllog aster  Dej.  Les  deux  pre- 
mières sont  du  Brésil,  et  la  troisième  est  de 
Cayenne.  (C.) 

*NYCTOCLEPTES  (w'£,  nuit  ;  Aémvç  , 
dissimulé),  mam. — M.Temminck(i¥ono<7r.  de 
mammalogie,t.  H,  p. 40)  a  décrit  sous  ce  nom 
un  genre  de  Mammifères  rongeurs  qui  est  fort 
voisin  du  Zemmi  et  du  Zokon,  de  l'Europe 
occidentale  et  de  l' Asie-Mineure ,  mais  qui 
diffère  de  l'un  et  de  l'autre  en  ce  qu'il  est 
moins  profondément  modifié  pour  la  vie 
aquatique.  Cet  animal  a  été  indiqué  par  G. 
Cuvier  sous  la  dénomination  de  Spalax  ja- 
vanus.  C'est  aussi  le  ilfws  sumatrensis  de 
Raffles,  et  le  type  du  genre  Rhizomys  de 
M.  J.-  E.  Gray.  Nous  en  avons  donné  la  des- 
cription et  une  figure  dans  la  partie  zoolo- 
gique du  Voyage  de  la  Bonite;  M.  Tem- 
minck  l'appelle  Nyctoclepte  Dekan ,  il  est 
originaire  de  la  presqu'île  malaise.  On  le 
trouve  dans  les  plantations  de  Bambous  :  il 
est  nocturne  et  fouisseur.  Ses  proportions 
sont  robustes;  sa  queue  moins  longue  que 
le  corps;  ses  ongles  propres  à  fouiller  le 
sol  ;  sa  tête  moins  aplatie  que  celle  du  Spa- 
lax ;  ses  yeux  petits  ,  mais  néanmoins  fort 
visibles,  et  ses  oreilles  assez  petites.  C'est 
de  tous  les  Rats-Taupes  de  l'ancien-monde 
l'espèce  la  moins  modifiée  pour  la  vie  sou- 
terraine; sa  taille  égale  presque  celle  d'un 
Lapin  de  garenne.  (P.  G.) 

*NYCTOPÈTES  (  vu?  ,  de  nuit;  irarca  , 
errer),  ins. — Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
mères ,  famille  des  Mélasomes ,  tribu  des  Té- 
nébrionites ,  créé  par  Guérin  -  Méneville 
(  Voyage  de  la  Coquille  ,  Zoologie,  pag.  97, 
pi.  4,  fig.  7)  et  qui  se  compose  de  trois  es- 
pèces du  Chili.  Le  type,  le  JV.  tenebrioides de 
l'auteur,  vient  de  la  Conception.       (C.) 

*NYCTOPHANES,  Dejean.  ins.— Syno- 
nyme de  Aspisoma  de  Laporte.  (C.) 

NYCTOPIIILUS  (viîl,  nuit;  yftoç ,  qui 
aime),  mam. — Leach  a  décrit  sous  ce  nom  gé- 
nérique ,  dans  les  Transactions  de  la  Société 
linnéenne  de  Londres,  un  genre  de  Chéiroptè- 


702 


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res  sur  lequel  M.  Temminck  a  donné  depuis 
lors  (Mon.  demam.,  t.  II,  p.  46)  des  détails 
plus  circonstanciés.  Ce  genre  ne  comprend 
encore  qu'une  seule  espèce ,  qui  provient 
d'une  région  encore  inconnue  de  l'Océanie;  ii 
appartient  au  même  groupe  que  les  Nyctères 
et  les  Rhinolophes.  Voici  ses  caractères  : 
Une  paire  d'incisives  supérieures  et  deux 
inférieures ,  les  supérieures  caniniformes  ; 
une  paire  de  canines  et  quatre  de  molaires 
à  chaque  mâchoire  ;  oreilles  très  grandes , 
réunies  sur  le  front,  et  pourvues  d'un  tra- 
gus  lancéolé  ;  une  membrane  nasale. 

Nyctophile  de  Geoffroy,  Nyctophilus  Geof- 
froyi  Leach  (loc.  cit.),  Temm.  (Monogr., 
t.  II,  p.  47,  pi.  34),  la  seule  espèce  connue. 
Elle  est  moins  forte  que  la  Pipistrelle  d'Eu- 
rope ;  son  oreillon  égale  en  longueur  la  moi- 
tié de  l'oreille;  son  museau  est  pointu  ,  et 
elle  présente  sur  le  nez  deux  petites  feuilles 
dont  la  postérieure  est  la  plus  élevée.  Le 
corps  et  la  queue  sont  longs  de  2  pouces 
8  lignes.  (P.  G.) 

*NYCTOPORIS  (vuÇ,  nuit  ;  Trwpo'w,  s'en- 
durcir), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
mères ,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des 
Blapsides,  créé  par  Eschscholtz  (Zoologischer 
atlas,  t.  IV,  p.  il,  tab.  18,  fig.  4),  adopté 
par  Dejean  [Catalogue,  3e  édit.,  p.  203)  et 
par  Manneïheim  (Beitrage  zur  Kœferfn., 
1843 ,  p.  91).  Deux  espèces  font  partie  de  ce 
genre  :  les  N.  cristata  et  œquicollis  Esch.  ; 
elles  sont  originaires  de  Californie.     (C.) 

NYCTORNIS ,  Nitzsch.  ois.  —  Syn.  de 
Nyctibius ,  Vieil  I. 

*NYCTOZOILUS  (vuÇ  ,  de  nuit),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  famille 
des  Mélasomes,  tribu  des  Nyctélites,  établi 
par  Guérin-Méneville  (Magasin  zoologique  , 
1834  ;  Matériaux  pour  une  classification  des 
Mélasomes  ,  pi.  104),  avec  une  espèce  de  la 
Nouvelle-Hollande,  le  IV.  obesus  Gn.  (relicu- 
lalus  Dej.).  (C.) 

NYLANDTIA,  Dumort.  (Famill.  23). 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Mundia,  Kunth. 
NYLGAU.  mam.  —  Syn.  de  Nil-Gault. 
NYMPHACÉES.  mole.— Famille  de  Mol- 
lusques conchifères  dimyaires,  établie  par 
Lamarck  pour  un  certain  nombre  de  genres 
intermédiaires  entre  les  Solens  et  les  Con- 
ques et  caractérisés  par  la  coquille  souvent 
un  peu  bâillanteaveclesnymphes  saillantes, 
le  ligament  extérieur  et  une  ou  deux  dents 


cardinalesau  plus  sur  la  même  valve  ;  il  le» 
divisait  en  Nymphacées  solénaires  et  Nym- 
phacées  tellinaires;  mais  une  observation 
plus  complète  de  ces  Mollusques  a  conduit 
M.  Deshayes  à  distribuer  autrement  les 
mêmes  genres.  Voy.  mollusques.  (Duj.) 
NYMPILEA.  bot.  ph. — Voy.  nénuphar. 
NYMPILEACÉES.  Nymphœaceœ.  bot. 
ph.  —  A.-L.  de  Jussieu  comprenait  les  deux 
genres  Nymphœa  et  Nelumbium  dans  sa  fa- 
mille hétérogène  des  Hydrocharides  qu'il 
plaçait  à  l'extrémité  des  Monocotylédons  ; 
cependant  dans  une  de  ces  remarques  qu'il 
jetait  souvent  à  la  suite  des  genres  et  qui 
révèlent  pour  la  plupart  ce  sentiment  exquis 
des  affinités  qui  le  distinguait,  il  a  indiqué 
l'analogie  qui  lui  semblait  exister  entre  ces 
genres  et  les  Pavots.  Plusieurs  années  après, 
Salisbury  (  Descript.  of  the  naiural  order  of 
Nymphœa,  in  Konig  Ann.  of  Bot.  II,  pag. 
69-76)  retira  ces  deux  genres  des  Hydro- 
charides de  Jussieu  pour  en  former  la  famille 
des  Nymphœacées  que  De  Candolle  et  après 
lui,  tous  les  botanistes  adoptèrent,  et  qu'ils 
s'accordèrent  généralement  à  placer  parmi  les 
Dicotylédones  polypétales,  à  étamines  hypo- 
gynes,  à  côté  des  Papavéracées,  conformé- 
ment à  l'idée  émise  primitivement  par  l'im- 
mortel auteur  du  Gênera.  Dans  ces  dernières 
années,  cette  petite  famille  a  été  encore  res- 
treinte, le  genre  Nelumbium  en  ayant  été  ex- 
trait pour  devenir  le  type  de  la  famille  des 
Nélumbonées,  et,  par  là,  elle  s'est  trouvée 
réduite  à  la  circonscription  avec  laquelle 
nous  l'envisageons  ici. 

La  famille  des  Nymphœacées  se  compose 
de  plantes  aquatiquesqui  sefixent  à  la  terre 
par  un  rhizome  épais  et  féculent,  tantôt 
globuleux  oupyriforme,  tantôt  allongé  et 
horizontal.  Leurs  feuilles  ontun  long  pétiole 
qui  les  élève  à  la  surface  des  eaux  ;  leur  lame 
est  grande,  arrondie  ou  ovale,  en  cœur  à 
sa  hase  ou  peltée,  entière  ou  légèremenÉ 
dentée;  elles  sont  dépourvues  de  stipules. 
Leurs  fleurs  sont  régulières,  grandes  et  très 
belles ,  bleues ,  blanches ,  rouges  ou  jaunes; 
il  en  est  parmi  elles  que  leur  grandeur  et 
leur  beauté  placent  au  nombre  des  merveilles 
du  règne  végétal ,  comme  celles  des  Nelum- 
bium, surtout  du  Victoria.  Elles  présentent 
les  caractères  suivants  :  Calice  à  4-5,  très 
rarement  6  sépales  libres  ou  soudés  infé- 
rieurement  en  tubecourt ,  adhérent  ;  disque 


jMYM 


NYM 


703 


charnu,  urcéolé ,  recouvrant  les  ovaires, 
tantôt  distinct  du  calice  et  portant  à  diverses 
hauteurs  les  pétales  et  les  étamines,  tantôt 
adhérent  au  calice  dont  il  réunit  intérieure- 
ment les  sépales  en  tuhe  et  portant  à  son  ex- 
trémité la  corolle  et  les  étamines;  corolle  à 
pétales  nombreux,  disposés  sur  deux  ou  plu- 
sieurs rangs,  dont  les  intérieurs  passent  peu 
à  peu  à  la  forme  des  étamines ,  très  rarement 
{Barclaya)  soudés  en  une  corolle  gamopé- 
tale; étamines  nombreuses,  en  plusieurs  sé- 
ries, les  extérieures  à  grand  filet  pétaloïde 
et  anthères  rudimentaires ,  les  intérieures  à 
filet  d'autant  moindre  que  l'anthère  prend 
plus  de  développement;  pistil  formé  de  nom- 
breux carpelles  verticillés  et  réunis ,  d'après 
la  majorité  des  botanistes  ,  en  un  seul  corps 
par  un  disque  très  développé,  adhérente 
la  surface  externe  de  leur  portion  ovarienne; 
il  en  résulte  l'apparence  d'un  ovaire  multi- 
loculaire,  renfermant  un  grand  nombre 
d'ovules  anatropes  insérés  sur  les  cloisons; 
stigmate  pel  té,  rayonné  ,  sessile  ou  porté  sur 
un  style  court,  persistant.  Le  fruit  est  re- 
couvert d'une  couche  charnue  formée  par  le 
disque  épaissi;  ses  loges  sont  remplies  de 
pulpe  dans  laquelle  sont  plongées  les  grai- 
nes; il  est  multiloculaire  et,  s'ouvre  d'or- 
dinaire irrégulièrement  en  se  décomposant. 
Graines  nombreuses,  à  tégument  externe 
dur,  à  tégument  interne  membraneux  ,  re- 
marquables par  la  présence  de  deux  albu- 
mens farineux,  dont  l'externe,  qui  est  beau- 
coup plus  volumineux,  a  été  formé  par  le 
tissu  du  nucelle  de  l'ovule ,  et  se  montre 
creusé  dans  le  sens  de  son  axe  d'une  cavité 
en  canal  ,  dont  l'interne,  situé  vers  le  mi- 
cropyle,  à  la  base  du  premier,  est  beaucoup 
moins  volumineux  ,  s'est  formé  dans  l'inté- 
rieur du  sac  embryonnaire,  et  enveloppe 
l'embryon  qui  est  très  petit,  à  deux  cotylé- 
dons courts  et  épais. 

Les  Nymphœacées  sont  disséminées  dans 
'es  eaux  douces  tranquilles  ou  faiblement 
curantes  de  presque  toutes  les  contrées  in- 
tertropicales et  tempérées  boréales.  Les  seules 
parmi  elles  qui  aient  pour  l'homme  un  in- 
térêt direct,  sont  les  Nénuphars,  les  Né- 
lumbos  (voy.  ces  mots),  et  le  Victoria  regia, 
plante  admirable  de  l'Amérique  méridio- 
nale, dont  les  graines  sont  comestibles. 

Voici  le  tableau  des  divisions  et  des  genres 
de  Nymphœacées. 


Tribu  I.  —  Euryalées. 

Tube  du  calice  adhérent  à  l'ovaire  ;  pé- 
tales distincts. 

Euryale,  Salisb.  (Anneslea  Andr.);  Victo- 
ria, Lindl. 

Tribu  II.  —  Nupharinées. 

Calice  libre;  pétales  distincts. 

Nymphœa,  Neck.  (  Castalia,  Salisb.  ;  leu- 
conymphœa,  Boerh.) ;  Nuphar,  Smith  (Nym- 
phœa, Boerh.  ;  Nymphosanthus,  Rich.  ;  Né- 
nuphar, Hayn.  ). 

Tribu  III.  —  Barclayées. 

Calice  libre;  corolle  gamopétale,  insérée 
à  l'extrémité  du  disque. 

Barclaya,  Wall.  (P.  D.) 

NYMPIIALE.  Nymphalis.  îns.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Lépidoptères  diurnes ,  tribu 
des  Nymphalides.  Depuis  l'établissement  de 
ce  genre  par  Linné  qui,  dans  son  Systema 
nalurœ,  y  comprenait  une  partie  de  la  qua- 
trième division  du  genre  des  Papillons,  ce 
genre  a  été  démembré  successivement  par 
tous  les  auteurs  qui  l'ont  suivi.  Geoffroy , 
Degéer,  Fabricius,  Latreille,  Boisduval,  etc., 
dans  leurs  ouvrages  respectifs,  y  ont  éta- 
bli plusieurs  coupes ,  adoptées  généralement 
comme  genres  distincts  (  Limenitis ,  Neptis, 
Prepona ,  Apatura,  etc.  ).  Duponchel ,  dans 
son  Catalogue  des  Lépidoptères  d'Europe ,  ca- 
ractérise ainsi  le  genre  Nymphale  :  Antennes 
de  la  longueur  du  corps  et  se  formant  in- 
sensiblement en  une  massue  fusiforme.  Pal- 
pes courts,  dépassant  à  peine  le  front,  velus, 
arqués ,  convergents  par  le  haut  et  dont  le 
dernier  article,  très  petit,  se  perd  dans  les 
poils  du  précédent.  Tête  plus  étroite  que  le 
corselet.  Celui-ci  assez  robuste  et  presque 
aussi  long  que  l'abdomen.  Ailes  très  amples; 
les  supérieures  légèrement  sinuées  et  les  in- 
férieures denticulées. 

Les  Chenilles  ont  la  partie  supérieure  de 
la  tête  bifurquée  et  le  corps  couvert  de  tu- 
bercules de  diverses  formes,  hérissés  de  poils 
terminés  en  massue.  Les  chrysalides,  ovoï- 
des, ont  la  tête  bifide  et  une  bosse  arrondie 
sur  le  milieu  du  dos. 

La  principale  espèce  de  ce  genre,  le  Nym- 
phale du  peuplier  ,  Nymphalis  populi  Latr., 
God.,  Fabr.,  vulgairement  Grand  sylvain  , 
se  trouve  dans  les  régions  australes  et  bo- 
réales de  l'Europe ,  dans  les  forêts  de  haute 


704 


KYM 


NYJVI 


futaie  où  abonde  le  Tremble,  sur  lequel  vit 
sa  chenille.  Ce  Papillon  a  5  à  6  centimètres 
d'envergure.  Les  ailes  antérieures  sont  un 
peu  échancrées,  les  inférieures  festonnées; 
les  quatre  ailes  sont  d'un  brun  noirâtreglacé 
de  verdâtre;  les  antérieures  ont  au  sommet 
une  ligne  de  trois  petites  taches  blanches , 
une  sur  le  disque,  composées  de  six  points 
disposés  en  zigzag ,  et  une  autre  plus  près 
de  la  base,  oblongue ,  n'atteignant  pas  la 
seconde  nervure  de  la  cellule  discoïdale  ;  près 
du  sommet  et  du  bord  externe  est  un  espace 
rouge,  les  ailes  inférieures  ont  une  bande 
étroite,  grisâtre,  transverse;  le  bord  des  ai- 
les a  deux  lignes  noires  et  une  rangée  de  lu- 
nules noires  qui ,  aux  ailes  inférieures ,  sont 
surmontées  de  lunules  fauves;  les  intervalles 
des  lignes  noires  sont  glacés  de  verdâtre,  et 
la  frange  est  blanche  dans  chaque  feston. 
En  dessus,  les  quatre  ailes  sont  d'un  fauve 
rougeâtre;  les  antérieures  ont  les  taches 
blanches  de  dessus  bordées  denoird'un  côté, 
une  tache  verdâtre  à  la  base  et  une  grande 
place  noire  au  bord  interne;  le  bord  externe 
est  verdâtre  avec  les  deux  lignes  noires  du 
dessus  ;  lesailes  inférieures  ontla  bande  ver- 
dâtre transverse  du  dessus,  et  tout  le  bord 
interne  verdâtre ,  ainsi  que  le  bord  externe, 
avec  des  traces  des  taches  noires  du  dessus. 
Le  corps,  noir  en  dessus,  est  verdâtre  en 
dessous. 

La  chenille  est  verte ,  avec  une  raie  blan- 
che au-dessus  des  pattes,  et  une  partie  du 
dos  brune.  La  chrysalide  est  jaunâtre,  par- 
semé de  points  bruns.  Voy.  l'article  nym- 
phalides  par  les  détails  relatifs  aux  mœurs 
de  ces  Insectes.  (L.) 

NYMPHALÎDES.  Nymphalides.  ras.  — 
Tribu  de  l'ordre  des  Lépidoptères  diurnes  * 
caractérisée  de  la  manière  suivante  par  Du- 
ponchel  (Catal.  des Lépid.  d'Eur.)  :  Massue 
des  antennes  allongée,  peu  épaisse  et  se  con- 
fondant insensiblement  avec  la  tige.  Tête 
généralement  plus  étroite  que  le  corselet. 
Yeux  glabres  et  bordés  inférieurement  d'une 
paupière  blanche;  ailes  inférieures  ayant  la 
cellule  discoïdale  ouverte  et  le  bord  interne 
plus  ou  moins  profondément  creusé  en  gout- 
tière pour  recevoir  l'abdomen,  qu'elles  ca- 
chent entièrement  dans  l'état  de  repos. 

Les  Chenilles  ontla  peau  chagrinée,  tan- 
tôt avec  des  épines  ou  des  tubercules  épi- 
neux sur  le  dos,  tantôt  ayec  la  tête  épineuse 


seulement.  Les  Chrysalides,  plus  ou  moins 
carénées,  portent  généralement  sur  le  dos 
une  protubérance  déprimée  latéralement; 
quelques  unes  sont  ornées  de  taches  mé- 
talliques. 

Celte  tribu,  qui  correspond  au  groupe 
des  Nymphalites  établi  par  M.  Blanchard 
{Hist.  des  Ins.,  édit.  Didot),  comprend  les 
genres  :  Cyrestis,  Boisd.  ;  Megalura,  Blanch.; 
Viclorina,  Blanch.;  Phyllophasis,  Blanch.; 
Paphia,  Boisd.;  Piomaleosoma,  Blanch.; 
Godarlia,  Luc;  Aterica,  Boisd.;  Cata- 
gramma,  Boisd.;  Neptis ,  Fabr.;  Limenitis, 
Fabr.;  Diadema  ,  Boisd.;  Nymphale  ,  Latr. 
(Prepona,  Heterochroa,  etc.,  Boisd.;  Apa- 
tura);  Char axes ,  Boisd.;  Agaristhos,  Boisd. 

La  tribudesNymphalidesestl'unedesplus 
belles  de  tout  l'ordre  des  Lépidoptères.  Les 
bois  des  environs  de  Paris  en  nourrissent 
quelques  espèces  ornées  des  couleurs  les  plus 
brillantes  et  les  plus  variées.  Ce  sont  des 
Papillons  de  haut  vol;  leurs  ailes  ,  fortes  et 
épaisses,  leur  permettent  aisément  de  voler 
en  planant  dans  les  allées.  Ils  se  posent  quel- 
quefois sur  la  terre  quand  elle  est  humide  et 
souvent  sur  les  fientes  des  bestiaux.  Ils  sem- 
blent aussi  rechercher  les  matières  en  fer- 
mentation ,  comme  l'urine,  le  vin  ,  les  pom- 
mes pourries,  etc.  On  a  même  profité  de 
cette  circonstance  pour  s'en  emparer,  ce  qui 
est  assez  difficile,  car  les  Nymphales  sont 
très  farouches,  et  dès  qu'on  les  effraie,  ils 
s'élèvent  au-dessus  du  sommet  des  arbres. 
Les  chenilles  vivent  principalement  sur  les 
Saules,  les  Peupliers,  les  Trembles,  et  s'at- 
taquent aux  feuilles  situées  à  l'extrémité  de 
ces  arbres ,  ce  qui  en  rend  encore  la  posses- 
sion plus  difficile.  (L.) 

NYMPH ALITES.  Nymphalites.   ras.  — 

Voy.  NYMPHALIDES. 

NYMPHANTHUS,  Lour.  (Flor.  cochinch. 
663).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Phyllanlhus,  Linn. 

NYMPHE.  iNS. — État  particulier  des 
Insectes  pendant  leurs  métamorphoses,  et 
qui  est  intermédiaire  à  l'état  de  larve  et  à 
celui  d'Insecte  parfait.  Voy.  insectes. 

NYMPHÉACÉES.  bot.  ph.  —  Voy.  nym- 

PHjEACÉES. 

NYMPHEANTHE ,  Reichenb.  (  Flor. 
excurs.  420,  in  not.).  bot.  ph.  —  Voy.  vil™ 
larsia,  Vent. 

NYMPHES  (vu^cp/j,  mariée),  ins.  — 
Genre    de    Névroptères   créé    par    Leach 


NYM 


NYS 


705 


(ZooL  miscell.  I,  1846),  et  placé  par  M.  E. 
Blanchard  dans  la  famille  des  Hémérobiens, 
et  par  M.  Rambur  (Névroptères  des  Suites 
àBuffon  de  Roret,  1842)  dans  une  famille 
distincte,  portant  le  nom  de  Nymphides, 
ne  comprenant  que  ce  seul  genre  et  établis- 
sant le  passage  des  Myrméléonides  aux  Hé- 
mérobides.  Les  Nymphes  ont  les  antennes 
filiformes ,  au  moins  aussi  longues  que  le 
thorax,  avec  les  articles  du  milieu  un  peu 
plus  épais;  les  palpes  maxillaires  ont  le  der- 
nier article  un  peu  plus  long  que  le  précé- 
dent ,  cylindrique ,  obtus  ;  le  dernier  article 
des  palpes  labiaux  est  en  fuseau  court,  for- 
tement aminci  à  son  extrémité  et  comme 
dans  les  Myrméléons;  les  tibias  postérieurs 
ont  une  paire  d'ergots  presque  insensibles; 
les  onglets  sont  simples,  courbés,  munis 
d'une  pelote  en  forme  de  deux  lanières  lar- 
ges ;  le  système  alaire  est  à  peu  près  comme 
dans  les  Myrméléons  et  se  rapproche  toute- 
fois de  celui  des  Hémérobe». 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  sin- 
gulier, et  a  reçu  de  Leach  (loco  citato)  le  nom 
de  Nymphes  myrméléonides.  Elle  provient 
de  la  Nouvelle-Hollande.  (E.D.) 

NYMPHICLS,  Wagl.  ois.  —  Division 
de  la  famille  des  Perroquets.  Voy.  ce  mot. 

(Z.  G.) 

*NYHf  PHIDIUM.  ins.— Genre  de  Tordre 
des  Lépidoptères  diurnes,  tribu  des  Éryci- 
nides,  établi  par  M.  Boisduval.  Les  espèces 
de  ce  genre  sont  assez  nombreuses  et  toutes 
américaines;  nous  citerons  principalement 
le  Nymphidium  arminius.  (L.) 

NYMPHOIDES ,  Tournef.  (Inst.  67). 
bot.  fh.  —  Syn.  de  Limnanthemum,  Gmel. 

IMYMPHON.  Nymphum  (nom  mytholo- 
gique), crust. — Genre  de  l'ordre  des  Aranéi- 
formes  établi  par  Fabricius,  qui  primitive- 
ment l'avait  rangé  dans  le  genre  des  Pychno- 
gonum.  Linné,  bien  avant  Fabricius,  avait 
désigné  cette  coupe  générique  sous  le  nom 
de  Phalangium.  Dans  ce  genre,  qui  a  été 
adopté  par  tous  les  carcinologistes  ,  le  corps 
est  grêle  avec  la  tête  cylindrique  et  obtuse 
au  bout.  Le  premier  article  du  thorax  est 
beaucoup  plus  long  que  les  autres,  et  porte 
en  dessus  un  tubercule  médian  garni  de 
quatre  petits  yeux  lisses.  L'abdomen  est  co- 
nique et  soudé  sous  le  dernier  anneau  tho- 
racique.  11  y  a  une  paire  de  pattes-mâchoi- 
res ,  terminées  par  une  pince  allongée ,  et 
T.  Yiir. 


portant  à  leur  base  un  palpe  de  quatre  ar- 
ticles ,  inséré  à  l'extrémité  antérieure  du 
premier  segment  thoracique.  Il  y  a  quatre 
paires  de  pattes  ambulatoires,  et  chez  la  fe- 
melle une  paire  de  pattes  accessoires  beau- 
coup plus  grêles  que  les  suivantes ,  naissant 
à  la  partie  postérieure  du  premier  segment, 
au-dessous  des  pattes  de  la  première  paire,  et 
servant  à  soutenir  les  œufs.  Les  pattes  pro- 
prement dites  sont  très  longues  et  grêles; 
leur  sixième  article  est  très  allongé,  avec  la 
griffe  terminale  petite  et  le  pénultième  arti- 
cle garni  au  bout  de  deux  épines  qui  termi- 
nent les  griffes.  Sur  les  trois  espèces  que  ce 
genre  singulier  renferme ,  il  y  en  a  deux  qui 
habitent  l'Océan  ;  quant  à  la  troisième  ,  elle 
a  été  rencontrée  sur  les  côtes  de  la  Caroline 
du  Sud.  Le  Nymphon  grêle,  Nymphum  gra- 
cile Leach  (  Edw. ,  Hist.  nat.  des  crust. y 
t.  111 ,  p.  599  ,  pi.  41,  fig.  7) ,  peut  être 
considéré  comme  le  type  de  ce  genre  (H.  L.) 

NYMPHOSANTHUS,  Rich.  {Annal,  fr. 
68).  bot.  ph. — Syn.  de  Nuphar,  Smith 

*NYMPHULA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Lépidoptères  nocturnes ,  tribu  des  Py- 
ralides,  établi  par  Treitschke  (Duponch., 
Catal.  des  Lépid.  d'Europe).  On  en  connaît 
5  espèces  :  3  habitent  le  midi  de  la  France, 
les  2  autres  la  Sicile  et  la  Bohême.     (L.) 

NYPA,  Rumph  (Amboin.  1,.  72,  t.  16). 
Bot.  ph.  — Syn.  de  Nipa,  Thunb. 

*NYPHONA  (vu$,  de  nuit;  (pat'vw,  faire 
voir),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Longicornes ,  tribu  des  Lamiaires ,  formé 
par  Ziégleret  adopté  par  Dejean  (Catalogue, 
3e  éd.,  p.  370),  qui  en  mentionne  5  espèces: 
les  N.  scopifera  Dej.,  saperdoides  Ziégler 
(Dalmatina  Dej.),  nephele  Daim.,  veslila  Kl., 
et  obscurator  F.  La  lre  est  originaire  des 
Indes  orientales;  la  2e, de  l'Europe  méridio- 
nale ;  la  3e,  de  Barbarie;  la  4e,  du  cap  de 
Bonne-Espérance;  et  la  5e,  de  Guinée.  Nous 
rapportons  à  ce  genre  5  ou  6  espèces  de  l'Aus- 
tralie. Mulsant  (  Hist .  nat.  des  Coléoptères 
longicornes  de  France,  1839,  p.  169)  a  éta- 
bli les  caractères  de  ce  genre ,  et  décrit  la 
2e  espèce  sous  le  nom  de  N.  picticomis.  (C.) 

IMYROCA ,  Flemm.  ois.  —  Genre  établi 
dans  la  famille  des  Canards,  et  dont  le  type 
est  Y  An.  Ferina  de  Linné.  (Z.  G.) 

NYSSA  (vuo<r»,  je  pique),  bot.  ph.— Genre 
type  et  unique  de  la  famille  des  Nyssacées. 

89 


706 


NYS 


11  a  été  établi  par  Gronovius  {Virgin.,  162) et 
présente  pour  caractères  principaux:  Fleurs 
polygames  dioïques.  FI.  mâles:  Périantheà 
tube  court,  à  limbe  5-parti,  décidu.  Éta- 
mines  10,  insérées  sur  un  disque  plan,  au- 
dessous  des  divisions  du  périanthe;  filets 
subulés,  plus  courts  que  le  limbe  ;  anthères 
2-loculaires,  didymes.  FI.  hermaphrodites  : 
Périanthe  à  tube  soudé  avec  l'ovaire; 
limbe  supère,  5-parti,  décidu.  Étamines  5, 
présentant  la  même  insertion  que  les  éta- 
mines des  fleurs  mâles;  filets  subulés;  an- 
thères simples,  stériles.  Ovaire  infère,  uni- 
loculaire.  Ovule  unique,  attaché  au  sommet 
de  la  loge,  anatrope.  Style subulé,  recourbé; 
stigmate  simple.  Drupe  monosperme,  ren- 
fermant un  noyau  anguleux.  Une  seule 
graine,  dont  l'embryon  est  fixé  dans  Taxe 
d'un  petit  albumen  charnu ,  a  ses  cotylé- 
dons foliacés,  ondulés,  la  radicule  courte  et 
supère. 

Les  Nyssa  (vulgairement  Tupélos)  sont 
des  arbres  qui  croissent  dans  les  terrains 
humides  et  les  eaux  stagnantes  de  l'Amé- 
rique boréale.  Leurs  feuilles  sont  alternes, 
très  entières  ou  dentées  ,  glabres  en  des- 
sous; les  fleurs  axillaires;  les  mâles  dispo- 
sées en  grappes  ou  en  ombelles,  les  fe- 
melles solitaires  et  fixées  sur  des  pédoncules 
4-3-flores. 

Parmi  les  6  ou  7  espèces  qui  composent 
ce  genre,  nous  citerons  principalement  les 
Nyssa  aquatica  Linn.,  sy Ivatica  Mich.,  can- 
dicans  Mich.  Ce  sont  des  arbres  de  plus  de 
30  mètres  de  haut;  la  dernière  espèce  seule 
n'atteint  guère  que  15  à  16  mètres.  Leur 
bois  blanc,  assez  dur,  ferme,  peut  être  em- 
ployé à  divers  usages;  cependant  il  a  le 
défaut  de  pourrir  promptement.  Leurs 
fruits,  de  la  grosseur  d'une  prune  ou  à  peu 
près  ,  et  d'une  couleur  noire  ou  bleu-noi- 
râtre, ont  une  saveur  fade;  ils  sont  recher- 
chés avec  avidité  par  bon  nombre  d'Oi- 
seaux :  les  Perroquets,  les  Pigeons,  les 
Grives;  et  quelques  Mammifères,  comme 
les  Écureuils ,  les  Ours  et  autres  animaux 
sauvages.  (J.) 

NYSSACÉES.  Nyssaceœ.  bot.  ph.— Petite 
famille  établie  aux  dépens  des  Santalacées, 
composée  du  seul  genre  Nyssa,  dont  les  ca- 
ractères par  conséquent  sont  les  mêmes. 

Voy.  NYSSA. 

NYSSANTHES  (vvWW,  je  pique;  Sv0o5, 


MïS 

fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Amarantacées,  tribu  des  Achyranthées,  établi 
par  Rob.  Brown  {Prodr.  418).  Herbes  ou 
sous-arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Voy.  AMARANTACÉES. 

*NYSSIA  (nom  propre),  ms.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu  des 
Phalénides,  établi  par  Duponchel  {Catal.  des 
Lépid.  d'Europe,  p.  233).  On  en  connaît 
8  espèces,  dont  la  plupart  habitent  l'Eu- 
rope. L'espèce  type,  N.  hispidaria,  est  com- 
mune aux  environs  de  Paris.  (L.) 

NYSSON  (  vucjotw  ,  je  pique  ).  ins.  — 
Genre  d'Hyménoptères,  de  la  section  des 
Porte  -  Aiguillons  ,  famille  des  Fouisseurs  , 
tribu  des  Nyssoniens ,  créé  par  Latreille 
(Caract.  génériques  des  Ins.,  1796)  et  adopté 
par  tous  les  entomologistes.  Ces  Insectes 
sont  caractérisés  par  leurs  antennes  insérées 
près  de  la  hanche,  plus  grosses  vers  leur 
extrémité  ;  les  mandibules  sont  sans  dente- 
lures ;  le  labre  petit,  caché  ou  peu  saillant  ; 
les  ailes  supérieures  ont  trois  cellules  cubita- 
les complètes;  l'abdomen  estovoide,  conique. 

Les  Nyssons  se  rencontrenten  général  sur 
les  fleurs  de  la  famille  des  Ombellifères, 
dans  les  lieuxchauds  et  sablonneux.  Ilssem- 
blent  propres  aux  pays  chauds  ,  toutefois  on 
en  trouve  plusieurs  espèces  aux  environs  de 
Paris.  Olivier  (Encycl.  méth.  )  en  décrit 
onze  espèces,  et  depuis  cette  époque  on  en  a 
découvert  plusieurs  autres. 

Nous  prendrons  pour  type  le  Nyssoninter- 
ruptus  Latr.,  Mellinus  et  Oxybelus  interru- 
ptusFabr.,  etc.,  quiesten  général  noir,  avec 
une  raie  jaune  sur  le  corselet  et  les  pattes 
fauves,  et  qui  se  trouve  auprès  de  Paris,  se 
tenant  particulièrement  sur  les  fleurs  de 
Carotte.  (E.  D.) 

*  NYSSONIDES ,  Westwood.  htm.  — 
Synonyme  de  Nyssonii.  (E.  D.) 

NYSSONIENS.  Nyssonii.  ins.  —  Tribu 
de  l'ordre  des  Hyménoptères ,  section  des 
Porte-Aiguillons,  famille  des  Fouisseurs, 
créée  par  Latreille  qui  lui  assigne  pour  carac- 
tères :  Mandibules  n'étant  pas  échancrées 
inférieurement  ;  premier  segment  du  corps 
très  court ,  ne  formant  qu'un  simple  rebord 
linéaire  et  transversal;  labre  petit;  pieds 
courts;  abdomen  ovoïde  conique.  Les  gen- 
res Astatus,  Nysson,  Oxybelus,  Niteles  et 
Pison  forment  cette  tribu.  (E.  D.) 

NYSSONII.   ins.  —  Groupe  d'Hyméno- 


OBE 


OBE 


707 


ptères  de  la  famille  des  Aculeata,  créé  par 
Latreille  (Hisi.  nat.  des  Ins.,  1804),  et  com- 
prenant particulièrement  le  genre  Nysson. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*NYSSUS  (vu»*» ,  je  pique  ).  arach.  — 
C'est  un  genre  de  Tordre  des  Aranéides, 
de  la  famille  des  Araignées ,  établi  par 
M.  Walckenaër,  et  ainsi  caractérisé  par 
ce  savant  aptérologiste  :  Yeux  au  nombre 
de  huit,  presque  égaux  entre  eux,  occu- 
pant le  devant  du  céphalothorax.  Lèvre 
carrée  ,  aussi  large  que  haute.  Mâchoires 
carrées  ,  légèrement  inclinées  sur  ia  lèvre  , 


coupées  en  ligne  droite.  Pattes  de  longueur 
médiocre ,  la  quatrième  paire  est  ia  plus 
longue ,  la  première  ensuite  ;  la  troisième 
est  seulement  un  peu  plus  courte  que  la  se- 
conde. La  seule  espèce  connue  est  le  Nysse 
pedicolore,  Nyssus  coloripes  Walck.  (  Tàbl. 
des  Aran.,  p.  52,  pi.  6,  fig.  57  et  58).  Cette 
espèce,  qui  a  pour  patrie  la  Nouvelle -Hol- 
lande, a  été  rapportée  par  M.  Péron.  (H.  L.) 
*N1STACTES  (vuaraxTvîç,  dormeur). 
mam.  —  M.  Kaup  (Entw.  G.  Eur.  ,  tab. 
1,  1839)  désigne  ainsi  un  petit  groupe  de 
Chéiroptères.  (E.  D.) 


0 


OARIANA.  ois.  — Nom  d'une  espèce  du 
genre  Tinamou.  Voy.  ce  mot. 

OBvEJACA ,  Cass.  (in  Dict.  se.  nat., 
XXIV,  1 1 3  ;  XXV,  270  ;  XLVIII,  448).  bot, 
ph.  —  Voy.  senecio,  Linn. 

OBCONIQUE.  Obconicus.  tool.,  bot. — 
On  donne  ce  nom,  dans  les  végétaux  et  dans 
les  animaux  ,  à  toute  partie  qui  a  la  forme 
d'un  cône  renversé,  c'est-à-dire  dont  le  som- 
met est  tourné  en  bas.  Ex.  :  l'involucre  de 
V Anthémis  clavata,  les  antennes  de  certains 
Insectes ,  etc. 

OBCORDÉ,  OBCORDIFORME.  Obcor- 
datus,  Obcordiformis.  bot.  —  Épithète  don- 
née, en  botanique  ,  à  toute  partie  qui  a  la 
forme  d'un  cœur  renversé.  Ex.  :  les  pétales 
du  Delphinium  obeordatum ,  les  feuilles  de 
YEuchilus  obeordatus,  les  capsules  de  la  Vé- 
ronique officinale,  etc. 

OBELIA(nom  mythologique),  polyp. — 
Genre  établi  par  Lamouroux  pour  un  Poly- 
pier calcaire  (0.  tubulifera)  qu'on  trouve 
l adhérent  sur  les  Fucus  de  la  Méditerranée. 
f  Ce  Polypier  encroûtant,  subpyriforme  ,  est 
[  formé  de  cellules  tubuleuses,  saillantes,  rap- 
,  prochées  en  lignes  transversales.  Il  ne  paraît 
pas  différer  essentiellement  des  Tubulipores, 
et  doit  appartenir  également  à  la  classe  des 
Bryozoaires.  MM.  Quoy  et  Gaimard  ont  dé- 
crit, sous  le  nom  d'Obélie  rayonnante,  un 
Polypier  très  voisin  aussi  des  Tubulipores. 

(Duj.) 

OBELIA  (nom  mythologique),  acal.  — 
Genre  de  Méduses ,  établi  par  Péron  et  Le- 
sueur  pour  une  espèce  presque  microscopi- 


que, très  imparfaitement  connue  d'après  une 
figure  et  une  description  de  Slubber.  Ces 
auteurs  classent  l'Obélie  parmi  les  Méduses 
gastriques  polystomes,  et  la  caractérisent  par 
l'absence  du  pédoncule  ,  des  bras  et  des  ten- 
tacules autour  de  la  bouche,  et  par  la  pré- 
sence de  quatre  estomacs  simples  avec  un 
appendice  conique  au  sommet  de  l'ombrelle. 
Lamarck  adopta  ce  genre  en  ajoutant  à  sa 
caractéristique  la  présence  des  tentacules 
au  pourtour  de  l'ombrelle.  Eschscholtz  sup- 
pose que  ce  devait  être  une  espèce  de 
Rhizophyse  ,  voisine  de  celle  dont  il  a  fait 
son  genre  Discolabe.  M.  de  Blainville  n'a 
inséré  le  genre  Obelia  dans  son  Actinologie 
qu'en  exprimant  des  doutes  sur  sa  valeur. 
M.  Lesson  l'admet  aussi,  avec  réserve, 
dans  sa  tribu  des  Carybdées,  parmi  les  Mé- 
duses non  proboscidées.  Mais  les  observa- 
tions récentes  de  plusieurs  naturalistes,  sur 
le  développement  de  certaines  petites  Mé- 
duses comme  phase  de  fructification  des 
Campanulaires,  conduisent  à  penser  que 
VObelia  n'est  elle  même  qu'une  de  ces  pe- 
tites Méduses  dérivées  de  quelque  polype 
hydraire.  (Duj.) 

OBEIJSCARIA  (SffJ'raoç,  pointe).  BOIi 
PH.  —  Genre  de  la  famille  des  Composées, 
tribu  des  Sénécionidées ,  établi  par  Cassini 
(in  Dict.  se.  nat.,  XLVI,  401),  et  présentant 
pour  caractères  principaux  :  Capitule  multi- 
flore  hétérogame  ;  fleurs  du  rayon  unisériées, 
ligulées,  neutres  :  celles  du  disque  tubuleu- 
ses, hermaphrodites.  Involucre  1-2-sérié  ; 
écailles   extérieures  peu    nombreuses ,    li- 


708 


OBE 


OBI 


néaires  ;  écailles  intérieures  petites,  obtuses, 
à  peine  distinctes  des  paillettes  du  réceptacle  : 
celui-ci  allongé  en  forme  d'épi ,  à  paillettes 
plissées,  hirsutées  au  sommet;  limbe  de  la 
corolle  5-denté.  Stigmates  courts,  prolongés 
en  un  appendice  semi-lancéolé,  légèrement 
velu.  Akène  du  rayon  trigone,  hispide,  avor- 
tant :  celui  du  disque  ovale,  comprimé.  Ai- 
grette nulle. 

Les  Obeliscaria  sont  des  herbes  de  l'Amé- 
rique boréale,  dressées,  glabres,  à  tige  striée- 
sillonnée;  à  feuilles  alternes  ou  irrégulière- 
ment verticillées,  pinnatiséquées,  à  pétiole 
strié,  à  lobes  indivis  ou  pinnatiséqués;  à 
rameaux  nus  au  sommet,  monocéphales;  li- 
gules jaunes  ou  safranées  ;  fleurs  du  disque 
nombreuses,  petites,  jaunâtres. 

Les  différentes  espèces  de  ce  genre  ont  été 
réparties  par  De  Gandolle  (Prodr. ,  V,  558) 
en  trois  sections,  qu'il  nomme  et  caractérise 
ainsi  :  a.  Lepachys  :  involucre  2-sérié;  ran- 
gée intérieure  très  courte  ;  ligules  étroites  ; 
akène  subulé  antérieurement,  nu  au  som- 
met; b.  Ratibida  :  involucre  Unisérié;  li- 
gules allongées,  étroites;  akène  subulé  an- 
térieurement, nu  au  sommet  ;  c.  Monodonta  : 
Involucre  bisérié;  rangée  intérieure  très 
courte;  ligules  ovales;  akène  privé  d'ailes, 
unidenté  au  sommet  vers  le  bord  inté- 
rieur. (J.) 

OBELISCOTHECA,  Vaill.  (in  Act.  Âca- 
dem.  Paris. t  1720,  p.  329).  bot.  ph. — Syn. 
de  Rudbeckia,  Linn. 

OBENTÔNIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Diosmées,  tribu  des  Guspariées, 
établi  par  Vellozo  (  Flor.  Flum. ,  I,  t.  46) 
aux  dépens  des  Galipea ,  et  qui  a  pour  type 
le  Galipea  macrophylla  St-Hil. 

OBE  RE  A  (oberro,  rôder  alentour),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  té- 
tramères  de  Latreille  ,  famille  des  Longi- 
cornes ,  tribu  des  Lamiaires  ,  proposé  par 
Mégerle,  adopté  par  Dahl  et  Dejean  dans 
leurs  Catalogues  respectifs ,  et  publié  par 
Mulsant  (  Histoire  naturelle  des  Longicornes 
de  France,  1839,  p.  194),  qui  comprend  ce 
genre  dans  le  groupe  de  ses  Clinocéphales  , 
dans  la  famille  de  ses  Lamiens.  L'auteur 
donne  pour  caractères  à  ce  genre  :  Élytres 
allongées,  presque  linéaires,  rétrécies  dans 
leur  partie  moyenne,  obliquement  échan- 
gées ou  tronquées  au  sommet.  Il  renferme 
40  à  50  espèces  de  toutes  les  parties  du  globe. 


Parmi  elles  nous  citerons  les  suivantes,  qui, 
pour  la  plupart,  sont  propres  à  l'Europe: 
0.  cylindrica  Linn.  (Cerambyx),  argus, 
flavipes,  lineola,  rufimana,  ephippium,  nt- 
gricornis ,  virescens  ,  ferrea ,  hirsuta ,  scu- 
tellataY.  et  rufipes  01.  Ces  espèces  faisaient 
autrefois  partie  du  genre  Saperda.     (C.) 

*OBERONIA.bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Orchidées,  tribu  des  Pleuroihal- 
lées,  établi  par  Lindley  (Orchid.,  15).  Herbes 
des  Indes  orientales.  Voy.  orchidées. 

*OBESA  (obesus,  bossu),  mam.  —  Illi- 
ger  (Prod.  syst.  Mam.  et  Av.)  désigne  sous 
ce  nom  une  famille  de  Mammifères,  qui  ne 
comprend  que  le  genre  Hippopotame.  Voy, 
ce  mot.  (E.  D.) 

OBESIA  ,  How.  (  Synops.  succul,  37  ). 
bot.  ph.  —  Voy.  stapelia,  Linn. 

OBIER,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire  du  Vi~ 
burnum  opulus  L. 

OBIO!\E,  Gœrtn.  (II,  198,  t.  126).  bot. 
ph.  —  Voy.  arroche,  Linn. 

*0B1SIDES.  Obisidœ.  arach.  —  Sunde- 
val  désigne  sous  ce  nom,  dans  son  Conspec- 
tus  arachnidarum ,  une  famille  dont  les 
genres  qui  la  composent  sont  représentés 
par  les  Obisium  et  les  Chelifer.  Voy.  ces 
mots.  (H.  L.) 

OBISIE.  Obisium.  arach.  —  Ce  genre, 
établi  par  Leach,  et  adopté  par  Latreille,  a 
été  créé  aux  dépens  des  Chelifer  de  Geof- 
froy. Il  appartient  à  la  famille  des  Scorpio- 
nides  ,  et  ses  caractères  peuvent  être  ainsi 
présentés  :  Les  palpes  sont  allongés ,  en 
forme  de  bras ,  terminés  par  une  pince  di- 
dactyle.  Les  mâchoires  sont  formées  par  la 
réunion  des  deux  articles  inférieurs  des 
palpes.  Les  mandibules  sont  allongées , 
droites,  épaisses  et  dépassent  sensiblement 
le  céphalothorax.  Les  yeux  sont  au  nombre 
de  quatre,  superposés  aux  deux  côtés  du  cé-'l 
pbalothorax.  Ce  dernier  est  plus  long  que 
large  ,  et  quelquefois  rétréci  postérieure- 
ment. Les  espèces  qui  composent  ce  genre 
habitent  l'ancien  et  le  nouveau  Monde  ; 
elles  sont  peu  nombreuses,  très  petites,  et 
se  trouvent  sous  les  mousses  ou  sous  les 
pierres  placées  à  terre.  L'espèce  type  de  ce 
genre  estVObisium  ischnocheles  Theis  (Ann. 
des  Se,  t.  XXVII ,  pi.  1 ,  fig.  3).  Cette  es- 
pèce se  tient  cachée  sous  les  pierres  et  sous 
les  mousses.  Lorsqu'on  soulève  une  pierre 
et  que  l'on  regarde  avec  attention  la  sur- 


OBR 


OBS 


'09 


face  qui  était  appuyée,  mais  non  collée  con- 
tre le  sol ,  on  aperçoit  quelquefois  cette  pe- 
tite Arachnide,  dont  les  bras  et  les  pattes 
sont  repliés  contre  le  céphalothorax  et  l'ab- 
domen Lorsqu'on  veut  la  saisir,  elle  s'é- 
lance à  reculons  avec  une  extrême  vitesse, 
et  franchit  ainsi  une  distance  assez  consi- 
dérable. Cette  Obisie  n'est  pas  très  rare 
pendant  l'hiver  et  le  printemps  aux  envi- 
rons de  Paris,  particulièrement  dans  les 
bois  de  Vincennes  et  de  Meudon.  (H.  L.) 

OBLADE.  Oblata.  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens  ,  famille  des 
Sparoïdes  ,  établi  par  MM.  G.  Cuvier  et 
Valenciennes  (Hist.  des  Poiss.,  t.  VI,  366) 
aux  dépens  des  Bogues,  dont  il  diffère  par 
une  bande  de  dents  en  velours  ras,  situées 
derrière  les  incisives  aplaties  et  échancrées 
qui  bordent  les  mâchoires. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  l'O- 
blade  ohdinaire  ,  Oblata  melanura  Cuv.  et 
Val.  {Sparus  melanurus  L.),  très  commune 
dans  la  Méditerranée.  Elle  ressemble  beau- 
coup au  Bogue  par  l'ensemble  de  ses  formes 
et  la  disposition  de  ses  couleurs. 

Une  deuxième  espèce,  rapportée  de  la  baie 
des  Chiens-Marins  (Nouvelle-Hollande)  par 
MM.  Quoy  et  Gairnard  ,  est  I'Oblaqe  a 
dents  a  trois  pointes  ,  Oblata  tricuspidata 
Cuv.  et  Val.  (Box  tricuspidatus  Q.  et  G.  ), 
dont  la  taille  est  moins  forte  que  celle  de 
l'espèce  qui  vit  dans  nos  mers.  (M.) 

OBL1QUAIRE.  Oblicaria.  moll.— Genre 
établi  par  Rafinesque  aux  dépens  des  Mu- 
lettes  ou  Unio,  mais  qui  présente  des  carac- 
tères trop  inconstants  pour  devoir  en  rester 
séparé.  Voy.  unio. 

OBOLARIA  (  hSo\éi ,  obole),  bot.  ph.  — 
Genre  dont  la  place,  dans  la  méthode,  n'est 
pas  encore  fixée.  Endlicher  le  rapproche  des 
Scrophularinées,  avec  lesquelles  il  présente 
quelque  affinité.  Il  a  été  établi  par  Linné 
(Gen.,  n.  778)  pour  des  herbes  marécageuses 
de  l'Amérique  boréale.—  Obolaria,  Sieges- 
beck.  (Prin.,  9),  syn.  de  Linnœa,  Gronov. 
OBOVARIA.  moll. — Rafinesque  nomme 
ainsi  {Monog.  des  Bivalves  de  VOhio,  Annal, 
gén.  de  Bruxelles,  1820)  un  genre  qu'il  éta- 
blit sur  quelques  espèces  de  Mulettes,  mais 
dont  les  caractères  sont  trop  insuffisants 
pour  qu'il  puisse  être  conservé.  Voy.  unio. 
OBBIUM  (è'gpta,  petite),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  subpentamères,  tétramcres 


deLatreille,  famille  des  Longicornes,  tribu 
des  Cérambycins  ,  proposé  par  Mégerle  ,  et 
généralement  adopté  depuis.  Mulsant  (His- 
toire naturelle  des  Longicornes  de  France  , 
1839  ,  p.  97  )  lui  donne  pour  caractè- 
res :  Prothorax  tuberculeux  ou  latéralement 
sub-épineux;  corps  convexe;  ventre  de  cinq 
segments  entiers  chez  les  mâles,  de  deux 
segments  apparents  chez  les  femelles;  se- 
cond très  échancré  ,  recevant  les  autres  en- 
gaînés,  et  les  cachant  presque  entièrement 
sous  une  frange  de  poils.  Ce  genre  se  com- 
pose de  16  espèces  :  5  sont  originaires  d'A- 
mérique ,  5  d'Afrique  ,  2  d'Asie ,  2  de  la 
Nouvelle-Zélande  et  2  d'Europe.  Ces  der- 
nières sont  les  0.  Cantharinum  L.  (ferrugi- 
neumVz.,  01.)  et  brunneumh.  On  les  trouve 
aux  environs  de  Paris,  vers  la  fin  de  juillet. 
Elles  sont  crépusculaires  et  volent  lente- 
ment. Gyllenhal  dit  que  la  larve  de  la  pre- 
mière vit  dans  le  bois  du  Tremble.     (C.) 

OBSIDIENNE,  géol.  —  Roche  agrégée 
à  base  de  Feldspath  vitreux,  rayantle  verre, 
fusible  en  émail  blanchâtre  plus  ou  moins 
translucide.  Cette  roche  a  une  contexture 
vitreuse,  émailléeou  piciforme.Ses  couleurs 
varient  depuis  le  noir  et  le  vert  jusqu'au 
rouge  et  au  jaune.  Elle  est  souvent  porphy- 
roïde  par  suite  de  la  présence  de  cristaux 
de  Feldspath.  D'autres  fois  elle  est  globu- 
laire ou  amygdaloïde. 

L'Obsidienne  appartient  aux  terrains  vol- 
caniques récents.  Elle  est  commune  en  Is- 
lande, au  Mexique,  dans  les  Andes  du  Pé- 
rou. Plusieurs  peuples  anciens,  notamment 
les  Péruviens,  employaient  des  fragments 
d'Obsidienne  pour  servir  de  couteaux  et  de 
miroirs  ;  de  là  le  nom  de  Miroir  des  Incas 
donné  à  cette  substance.  (C.  d'0.) 

*OBSTETRICANS  (obstetrico  ,  j'accou- 
che), rept. — Genre  de  Reptiles  delà  famille 
des  Batraciens  raniformes ,  proposé  par  Du- 
gès  dans  ses  Recherches  sur  les  Batraciens  , 
pour  le  Crapaud  accoucheur  et  la  Grenouille 
ponctuée.  Le  premier  de  ces  Batraciens  rentre 
dans  le  genre  Alytes  de  Wagler,  et  le  second 
dans  celui  de  Pelodytes,  Fitz.  Ces  deux  es- 
pèces vivent  en  France.  (P.  G.) 

OBSUTURAL.  Obsuturalis.  bot.  —  M.  de 
Mirbel  donne  cette  épithète  au  placentaire 
quand  il  s'applique  contre  les  sutures  (ex.  : 
Asclepias)  ;  aux  cloisons,  lorsque  leur  bord, 
au  lieu  d'être  engagé  entre  les  bords  des  val- 


710 


OCE 


OCE 


vescontiguës,  est  simplement  appliqué  contre 
les  sutures  (ex.  :  Convolvulus) . 

*OBTUS.  Obtusus.  zool.,  bot. — On  donne 
cette  épithète,  en  entomologie,  aux  organes 
des  Insectes  terminés  par  un  article  ou  un 
bord  arrondi  (antennes,  ailes).  — En  bota- 
nique ,  cette  épithète  s'applique  à  tout  or- 
gane terminé  par  une  pointe  mousse  (  stig- 
mates, filets,  etc.). 

*OCALEA  (wxocX/oç,  rapide),  ins.— Genre 
de  Coléoptères  pentamères,  famille  des  Bra- 
chélytres  ,  tribu  des  Aléochariniens  ,  créé 
par  Erichson  (  Gênera  et  species  Staphylino- 
rum,  1840  ,  p.  60).  L'auteur  rapporte  à  ce 
genre  8  espèces  ,  dont  5  sont  originaires 
d'Allemagne,  2  de  Finlande  et  de  Suède,  et 
1  est  propre  aux  États-Unis.  Ce  sont:  0.  cas- 
tanea,  badia,  spadicea,procera,  murina  Er., 
prolixa  Gyl. ,  rufilabris  Sahl.,  etdecumana 
Er.  (C.) 

OCCIPITAL  et  OCCIPUT,  anat.— Voy. 

TÈTE. 

*OCCYTRACHELUS  (àyx^oç,  renflé; 
Tpa^?iÀo?,  cou),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  gona - 
tocères  ,  division  des  Cyclomides  ,  créé  par 
Schœnherr  {Gênera  et  sp.  Curculion.  syn., 
t.  VII,  1  p.  86).  Le  type,  YO.  aciculaticol- 
lis  Schr.  ,  est  originaire  de  la  Cafrerie,  et 
fait  partie  de  notre  collection.  (C.) 

OCÉAN.  Oceanus.  crust.  — M.  Dehaan, 
dans  la  Faune  japonaise  ,  désigne  sous  ce 
nom  un  sous-genre  de  Crustacés,  établi  aux 
dépens  des  Portunus  de  Fabricius.  L'espèce 
type  de  ce  nouveau  sous-genre  est  V Ocea- 
nus crucifer  (Portunus  crucifer  Fab.)  ;  cette 
espèce  fait  actuellement  partie  du  genre 
Thalamita.  (H.  L.) 

OCÉAN,  géol.  —  Voy.  MER. 

*OCÉANIDES.  Oceanidœ.  acal.  —  Fa- 
mille de  Méduses  établie  par  Eschscholtz 
dans  sa  division  des  Discophores  crypto- 
carpes ,  qui  sont  censés  n'avoir  ni  ovai- 
res visibles ,  ni  points  colorés  oculifor- 
mes ,  quoique  plusieurs  d'entre  elles  en 
soient  évidemment  pourvues.  Les  Océani- 
des  ont  une  cavité  stomacale  peu  considé- 
rable ,  terminée  par  un  orifice  buccal  tubi- 
forme  ou  par  une  sorte  de  trompe.  De  petits 
canaux  partant  de  la  cavité  stomacale  arri- 
vent jusqu'au  bord  de  l'ombrelle,  qui  est  en 
forme  de  cloche  ,  et  beaucoup  plus  convexe 
que  dans  les  autres  familles.  Eschscholtz 


comprenait  dans  cette  famille  les  sept  genres 
Océanie,  Callirhoé,  Thaumantias  ,  Tima, 
Cytaeis ,  Mélicerte  et  Phorcynie.  Ce  dernier 
genre  seul  est  dépourvu  de  tentacules  au 
bord  de  l'ombrelle  ;  le  précédent  (Mélicerte) 
en  a  au  bord  seulement,  mais  non  dans 
l'intérieur  de  l'ombrelle;  les  cinq  autres, 
ayant  à  la  fois  des  tentacules  au  bord  et 
sons  l'ombrelle  ,  se  distinguent  par  le  bord 
de  la  bouche  muni  de  tentacules  noueux 
chez  les  Cytaeis,  et  simplement  lobé  chez 
les  Océanies  qui  ont  les  tentacules  simples  , 
ou  muni  de  quatre  longs  bras  chez  les  Cal- 
lirhoés  qui  ont  aussi  les  tentacules  simples, 
tandis  que  les  Thaumantias  ont  l'orifice 
buccal  simple  et  les  tentacules  renflés  en 
bulbe  à  la  base;  quant  aux  Timas,  ils  se 
distingueraient  par  leur  ombrelle  prolongée 
en  cône  par  dessous.  La  plupart  de  ces  Mé- 
duses sont  de  petite  dimension  ;  les  Cytaeis, 
les  Thaumantias  et  beaucoup  d'Océanies 
n'ont  que  2  à  16  millimètres  de  largeur,  et 
peuvent  être  considérés  comme  une  phase 
du  développement  de  certains  Polypes  hy- 
draires,  desSyncorynesetde-  Campanulaires 
par  exemple,  comme  les  Cladonèmes  ,  les 
Sthényos  et  beaucoup  d'autres  qui  appartien- 
nent aussi  à  la  famille  des  Océanides ,  et 
qu'on  a  vus  naître  par  gemmation  sur  des 
Polypes  En  outre  de  ces  genres,  il  faut  in- 
scrire également,  parmi  les  Océanides,  les 
genres  Conis  et  Circé,  que  M.  Brandt  a 
établis  pour  des  Méduses  observées  par  Mer- 
tens. 

M.  Lesson  a  compris  différemment  la  dis- 
tribution des  Méduses  ,  et  son  groupe  des 
Océanides  ou  Méduses  vraies  ne  correspond 
nullement  à  la  famille  établie  par  Esch- 
scholtz. En  effet,  ce  sont  seulement  des  Mé- 
duses à  bouche  centrale  et  arrondie,  sans  pro- 
longement proboscidiforme ,  ayant  toujours 
le  bord  de  l'ombrelle  garni  de  tentacules. 
M.  Lesson  en  fait  trois  tribus  :  1°  les  Tha- 
lassanthées,  comprenant  les  genres  Pégasie, 
Fovéolie,  Cunine,  Égine  et  JSginopsis ,  qui 
sont  des  Équorides  d'Eschscholtz;  2°  les 
Équoridées,  comprenant  les  genres  Equorée 
et  Polyxène,  qui  sont  aussi  des  Équorides 
d'Eschscholtz  ;  3o  une  troisième  tribu,  celle 
des  Océanidées,  se  compose  des  genres  Sto- 
mobrachiote,  Mésonème,  Océanie  etPatère, 
dont  un  seul  appartient  à  la  famille  des 
Océanides  d'Eschscholtz.  Les  autres  genres  de 


OCE 


OGH 


11 


celui-ci  sont  repartis  par  M.  Lesson  dans  ses 
tribus  des  Marsupiales  et  des  Nucléifères,  et 
dans  le  groupe  des  Méduses  agaricines  ou 
proboscidées.  (Diu.) 

OCÉANIE.  Oceania  (nom  mythologique). 
acal.  — Genre  de  Méduses  établi  parPéron  et 
Lesueur  dans  la  première  section,  celle  des 
Monostomes,  de  leur  division  des  Méduses 
gastriques.  Leurs  Océanies  ont  un  pédon- 
cule ,  des  bras  simples  et  des  tentacules; 
elles  ont  quatre  ovaires  allongés ,  qui,  de  la 
base  de  l'estomac,  descendent  vers  le  rebord 
de  l'ombrelle,  en  adhérant  à  sa  face  infé- 
rieure. Lamarck  n'admit  pas  ce  genre,  et  en 
confondit  les  espèces  avec  ses  Dianées.  Cu- 
vier ,  de  son  côté,  le  réunit  à  sesCyanées; 
mais  Eschscholtz  l'a  rétabli  en  le  caractéri- 
sant autrement,  et  en  le  prenant  pour  type 
de  sa  famille  des  Océanides.  Cet  auteur  lui 
assigne  une  ombrelle  convexe  en  dessus,  très 
concave  en  dessous,  bordée  de  tentacules  sim- 
ples, nombreux,  à  chacun  desquels  se  ren- 
dent intérieurement  des  canaux  très  étroits, 
simples,  partant  de  l'estomac,  qui  est  petit, 
et  s'ouvre  par  une  bouche  en  entonnoir  al- 
longé et  pourvue  de  petits  lobes  au  bord. 
Mais  d'après  ces  caractères ,  Eschscholtz  a 
été  conduit  à  réunir  aux  vraies  Océanies  les 
Carybdées  ,  et  peut-être  aussi  quelques  au- 
tres genres  qu'on  devra  distinguer.  Une  es- 
pèce d'Océanie  (  0.  Blumenbachii)  phospho- 
rescente, de  la  mer  Noire,  décrite,  en  1834, 
par  Rathke,  a  même  été  prise  par  M.  Erandt 
pour  type  d'un  nouveau  genre  Rathkia. 
Beaucoup  d'Océanies  sont  très  petites  et 
presque  microscopiques;  plusieurs  sont  en 
même  temps  phosphorescentes;  les  plus 
grandes  espèces  ont  l'ombrelie  large  de  2  à 
3  centimètres.  (Duj.) 

OCÉANIE.  Oceanus.  moll.  —  Genre  pro- 
posé par  Montfort  pour  une  simple  variété 
du  Nautile  flambe*. 

*OCEANITES.  ois.  ]  Genre  établi  par 
Keyserling  et  Blasius  sur  le  Procellaria 
Wilsonii.  Voy.  pétrel.  (Z.  G.) 

OCEANUS.  crust.  —  Voy.  océan. 
OCEANUS.  moll.  —  Voy.  océanie. 
OCELLARIA  (ocellus,  diminutif  d'o- 
culus,  œil),  polyp.  —  Genre  de  Polypiers 
fossiles  imparfaitement  connu,  classé  par 
Lamarck  dans  la  section  des  Polypiers  à  ré- 
seau ,  et  par  Lamourouxdans  la  famille  des 
Milléporées ,  mais  paraissant  plutôt  appar- 


tenir à  la  classe  des  Spongiaires.  Lamarck 
les  décrit  comme  des  Polypiers  pierreux, 
aplatis  en  membranes,  diversement  con- 
tournés, presque  infundibuliformes ,  à  su- 
perficie arénacée,  ayant  sur  les  deux  faces 
des  pores  disposés  en  quinconce  et  dont  le 
centre  est  élevé  en  un  axe  solide.  M.  Des- 
longchamps  a  reconnu  que  ces  caractères  at- 
tribués au  Polypier  appartiennent  plutôt  à 
la  gangue  qui  s'est  moulée  dans  ses  trous  ou 
oscules,  et  que  le  tissu  des  Ocellaires  n'est 
point  compacte,  mais  finement  lacuneux,  ce 
qui  fait  paraître  comme  étoilée  la  circonfé- 
rence des  trous.  L'espèce  type  de  ce  genre 
(  0.  nuda)  a  été  trouvée  dans  le  terrain  cré- 
tacé, au  sommet  du  Mont- Perdu  ;  une  autre 
(  0.  inclusa)  se  trouve  en  Artois  dans  un 
terrain  de  même  âge  :  elle  est  comme  ren- 
fermée dans  un  étui  siliceux.  (Duj.) 

OCELLE.  Ocellus.  zool.  —  On  donne  ce 
nom  à  de  petites  taches  arrondies  dont  le 
centre  est  d'une  autre  couleur  que  la  cir- 
conférence, ce  qui  leur  donne  quelque  res- 
semblance avec  la  prunelle  de  l'œil  Latreille 
donne  aussi  ce  nom  aux  yeux  des  Insectes. 

Voy.  INSECTES. 

OCELLULARIA,  Mcyer  (Flecht.,  327). 
bot    cr.  —  Syn.  de  Trypethelium,  Spreng. 

OCELOT,  mam.  —  Espèce  du  genre 
Chat.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

OCHANOPAPPUS,  EndI.  {Gen.  plant., 
p.  472,  n.  2868).  bot.  ph.  —  Voy.  tricho- 
lepis,  DC. 

*OCIIETOPHILA  (âX£Toç,  ruisseau; 
yOoç,  qui  aime),  bot.  ph.- —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Rhamnées,  tribu  des  Collétiées , 
établi  par  Pœppig  (Msc.  ).  Arbrisseaux  des 
Andes  du  Chili.  Voy.  rhamnées. 

*0CIIET0RHÏCIIUS,  Meyen.  ois. — 
Synonyme  d' Upucerthia ,  D'Orb.  et  Lafr. 
Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

OCHUVA.  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères ,  famille  des  Malacodermes  , 
tribu  des  Ptiniores,  formé  par  Ziégler,  et 
adopté  par  Hope  (  Coleoplerist's  manual, 
t.  III,  1840,  pag.  147)  et  par  Dejean 
(Catalogue,  t.  III,  pag.  129).  Cinq  espè- 
ces rentrent  dans  ce  genre  :  0.  sanguinicol- 
lis  Ziégl.,  Guér.,  Hederœ  Gr.,  Carpini  Hst., 
exarata  et  vestita  Dej.  Les  deux  premières 
se  trouvent  aux  environs  de  Paris  ,  la  troi- 
sième est  d'Allemagne,  ïa  quatrième  des 
États  Unis,  et  la  cinquième  de  l'île  Maurice. 


712 


OCH 


Le  type  cité  par  les  auteurs  anglais  est  le 
O'ioceris  ptinoides  de  Marsham.         (G.) 

*OCIILADIUS  (ôxWc'aç ,  qui  fléchit  les 
genoux),  ins.—  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères  ,  famille  des  Curculionides  gonatocè- 
res ,  division  des  Apostasimérides-Crypto- 
rhynchides,  créé  par  Schœnherr  (  Dispositio 
nielhodica  ,  p.  317;  Gen.  et  sp.  Curculion. 
syn.,  t.  IV,  p.  696;  VIII,  p.  2,  121). 
15  espèces  sont  rapportées  à  ce  genre:  14 
sont  propres  à  l'Afrique  australe,  et  une  est 
originaire  d'Arabie;  cette  dernière,  type  du 
genre,  est  VO.  salicorniœ  d'Olivier.  Schœn- 
herr a  établi,  dans  ce  genre,  deux  divisions, 
caractérisées  par  un  corselet  subconique  ou 
subglobuleux.  Dans  la  première  rentre  VO. 
pertusus,  et  dans  la  seconde  VO.  sulcipes  de 
l'auteur.  (C.) 

OCI1NA  (o'xvyj ,  nom  du  Poirier  chez  les 
Grecs),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Ochnacées  proprement  dites,  établi  par 
Schreber  {Gen.,  n.  354),  et  dont  les  princi- 
paux caractères  sont  :  Calice  coloré,  à  5  fo- 
lioles imbriquées,  décidues.  Corolle  à  5- 
10  pétales  hypogynes,  un  peu  plus  grands 
que  le  calice,  oblongs,  étalés.  Étamines 
nombreuses,  plus  courtes  que  les  pétales  ; 
filets  filiformes;  anthères  introrses,  2-locu- 
laires.  Ovaire  très  déprimé,  à  3,  5  ou  10  di- 
visions formant  autant  de  loges  uni-ovulées; 
style  simple  inférieurement,  inséré  au  dis- 
que et  divisé  à  son  sommet  en  5  ou  10  la- 
nières stigmatifères.  Baies  5-10,  ou  moins 
nombreuses  par  avortement  de  quelques 
unes,  quelquefois  solitaires,  portées  sur  le 
disque  qui  s'est  accru  ,  uniloculaires  et 
monospermes. 

Les  Ochna  sont  des  arbres  ou  des  arbris- 
seaux à  feuilles  alternes,  décidues,  simples, 
dentées  en  scie  ou  ,  rarement,  très  entières, 
munies  à  leur  base  de  deux  stipules,  à  fleurs 
bleues,  disposées  en  grappes,  et  fixées  sur 
des  pédoncules  articulés  au  milieu  ou  un 
peu  au-dessus  de  la  base. 

Ce  genre  comprend  onze  espèces ,  dont 
quatre  croissent  dans  l'Inde,  trois  au  cap 
de  Bonne-Espérance  et  à  Sierra-Leone,  deux 
à  Madagascar,  une  à  l'île  Maurice,  et  une 
en  Arabie.  (J.) 

OCHNACÉES.  Ochnaceœ.  bot.  ph.— Fa- 
mille de  plantes  dicotylédonées,  polypétales, 
hypogynes ,  ainsi  caractérisée  :  Calice  com- 
posé de  cinq  folioles,  souvent  colorées,  tou- 


OCH 

jours  imbriquées  dans  la  préfloraison.  Pé- 
tales plus  longs,  en  nombre  égal,  rarement 
double  et  alternant  alors  par  paires.  Éta- 
mines  en  nombre  double  des  pétales  ou 
multiple  plus  élevé,  toutes  fertiles,  à  an- 
thères dressées,  et  dont  les  deux  loges  s'ou- 
vrent par  une  fente  longitudinale  ,  souvent 
incomplète  et  fermée  en  bas,  quelquefois 
réduite  à  un  port  apicilaire.  Pistil  composé 
d'ovaires  en  nombre  égal  aux  pétales,  ver- 
ticillés  sur  un  disque  saillant  au  milieu  du- 
quel s'élève  un  style  unique  et  commun, 
simple  ou  divisé  en  autant  de  stigmates  à 
son  sommet,  qui  prend  en  conséquence  le 
nom  de  gynobase;  dans  chaque  ovaire,  un 
ovule  ascendant  de  la  base  de  la  loge.  Ils 
deviennent  autant  de  drupes  ou  de  carpelles 
bacciformes  ,  chacun  rempli  par  une  graine 
à  test  membraneux  ,  sous  lequel  se  trouve 
immédiatement  l'embryon  droit,  à  cotylé- 
dons épais  et  charnus,  à  radicule  très  courte 
et  infère.  Les  espèces  sont  des  arbres  ou  ar- 
brisseaux des  régions  tropicales  tant  de  l'an- 
cien que  du  nouveau  continent.  Leurs  feuilles 
sont  alternes,  simples,  très  entières  ou  den- 
tées,  le  plus  ordinairement  coriaces  et  lui- 
santes, et  striées  par  des  nervures  parallèles 
et  rapprochées ,  munies  à  la  base  de  leur 
court  pétiole  de  stipules  libres  et  caduques, 
ou  soudées  en  une  seule  axillaire  et  persis- 
tante; leurs  fleurs  jaunes,  disposées  en 
grappes  ou  en  corymbes,  plus  rarement  so- 
litaires ,  portées  chacune  sur  un  pédicelle 
articulé  à  la  base  ou  au  milieu.  Leur  suc 
aqueux  est,  en  général ,  très  amer  et  quel- 
quefois employé  comme  tel.  Les  caractères, 
tels  que  nous  les  avons  tracés,  s'appliquent 
aux  Ochnacées  proprement  dites,  c'est-à- 
dire  aux  genres  Gomphia,  Schreb.  (Jabota- 
pita,  Plum.  —  Ouratea,  Aubl.  —  Correia , 
Vellos.  —  Philomeda,  Norh.  —  Cittorhyn- 
cus,  W.)  et  Ochna  y  Schreb.  (Diporidium , 
Pet. -Th.).  On  admet  généralement  une  autre 
tribu  ,  celle  des  Castélées  ,  distincte  par  le 
nombre  quaternaire  des  parties,  le  style  ter- 
minal et  non  gynobasique,  et  par  suite  les 
ovules  suspendus  au  lieu  de  monter,  enfin 
par  la  présence  d'un  périsperme  autour  de 
l'embryon  dont  les  cotylédons  se  compri- 
ment alors  en  lames  foliacées.  Par  tous  ces 
caractères,  leCasfeZa,Turp.,  nous  paraît  de- 
voir se  rapprocher  bien  plus  des  Zanthoxy- 
lées ,  auxquelles  il  s'associe  de  plus  par  ses 


OCH 


OC  II 


713 


fleurs  unisexuelles.  Quant  à  VElvasia,  DC, 
où  l'on  n'en  a  constaté  qu'une  partie,  il 
reste  à  la  suite  des  Ochnacées,  rattaché  par 
une  curieuse  monstruosité  des  fleurs  d'un 
Gomphia,  que  M.  deSaint-Hilaire  a  décrites, 
et  dans  lesquelles  le  style  était  devenu  de 
gynobasique  terminal. 

Deux  autres  genres,  le  Walkera,  Schreb. 
(Meesia,  Gaertn.  )  et  VEnthemis,  Jack.,  sont 
encore  classés  auprès  des  Ochnacées ,  quoi- 
que, par  quelques  uns  de  leurs  caractères,  ils 
ne  s'associent  pas  entièrement  avec  ceux  de 
cette  famille.  (Ad.  J.) 

OCIIODEUS  (oXo'ç,  qui  porte;  éSotç, 
dent),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  arénicoles,  formé  par  Mégerle  , 
et  adopté  par  Dejean  ,  Serviile,  Latreille  et 
Mulsant.  Ce  dernier  auteur  (Histoire  natu- 
relle des  Lamellicornes  de  France,  4  842, 
p.  341  )  le  comprend  dans  sa  troisième  fa- 
mille, les  Trogides.  Le  type,  seule  espèce  du 
genre,  VO.  chrysomelinus  (Melolontha)  de 
Fabr.,  n'a  été  trouvé  encore,  et  rarement, 
que  dans  le  midi  de  la  France  et  en  Autri- 
che. (C.) 

OCHODONE.  mam.  —  Syn.  iïOgoton. 

OCIIOPODILM,  Pagel  (inLinnœn,  XII, 
81).  bot.  ph.  —  Voy.  jEschynomène,  Linn. 

OCIIRADENUS  (  wXPa  ,  ocre  ;  «$m  , 
glande),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Résédacées,  établi  par  Delile  (Flor.  œgypt., 
15,  t.  31).  Arbrisseaux  d'Egypte.  Voy.  ré- 
sédacées. 

*OCHRALEA  («xpaA  oç,  de  couleur  d'o- 
cre).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpenta- 
mères,  tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Galérucites,  créé  par 
nous,  et  adopté  par  Dejea n  (Catalogue,  3e  éd . , 
p.  399).  Deux  espèces  seulement  font  par- 
tie de  cegenre  :  lesO.  flava(Galeruca)  d'Ol., 
et  vnelanophthalma  Dej.  La  première  est  ori- 
ginaire des  Indes  orientales;  on  ignore  la 
patrie  de  la  seconde.  (C.) 

*  OCHRANTHACÉES.  Ochranthaceœ. 
Krr.PH.— Le  genre  Ochranlhe,  que  M.  Lindley 
l  fait  connaître,  se  rapproche  par  la  plupart 
de  ses  caractères  des  Hypéricinées ,  dont  il 
diffère  par  ses  étamines  définies  au  nombre 
de  5  ,  ses  feuilles  stipulées  et  dentées.  L'au- 
teur pense  donc  qu'il  pourra  devenir  le  type 
d'une  famille  particulière  à  laquelle  il  don- 
nerait son  nom  ;  mais  auparavant  il  faudrait  I 

T.   VIII. 


qu'il  fût  complètement  connu,  et  ni  son  fruit 
ni  sa  graine,  qui  doivent  fournir  pour  ta 
classification  des  documents  si  nécessaires, 
ïï9i  \e  sont  nullement  encore.        (Ad.  J.) 

*OCHRANTHE  («SXPa,  ocre;  lifioç,  fleur). 
bot.  ph.  —  Genre  type  et  unique  de  la  fa- 
mille des  Ochranthacccs,  établi  par  Lindley 
(in  Bot.  reg.,  1819).  Arbrisseaux  de  la 
Chine.  Voy.  ociiranthacées. 

OCHRE.  min.  —  Voy.  ocre. 

OCHROCARPUS  ,  Dupetit  -  Thouars 
(Nov.  gen.  Madag.,  n.  50).  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Tovomita,  Aubl. 

OCIIROITE.  min.  —  Syn.  de  Cérite. 

OCIIROMA  (w'xPwp.a,  pâleur  ).  bot.  th. 
—  Genre  de  la  famille  des  Sterculiacées 
(tribu  incertaine),  établi  par  Swartz(m 
Act.  Holm.,  1792,  p.  148,  t.  6).  Arbres 
des  Antilles.  Voy.  sterculiacées. 

*OCHROMYIA  (w'xpa,  jaunâtre;  Pv~a, 
mouche),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères brachocères,  famille  des  Athéricères, 
tribu  des  Muscides,  établi  par  M.  Macquart 
(Diptères,  Suites  à  Buffon,  t.  II,  p.  248), 
qui  en  décrit  quatre  espèces  :  Ochrom.  je- 
juna,  du  Bengale  et  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande; Ochrom.  abdominalis ,  de  Tîle  de 
Timor;  Ochrom.  punctata ,  des  Antilles; 
Ochrom.  hyalipennis ,  de  la  Nouvelle  Hol- 
lande. (L.) 

OCHROSANTHUS ,  Don.  (Syst.,  III, 
724).  bot.  ph.  —  Voy.  goodenia,  Smith. 

OCISROSIA  (&>xp°ç»  ocre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Apocynées-Ophioxy- 
lées ,  établi  par  Jussieu  (Gen.,  145).  Ar- 
bustes de  Pile  Bourbon  et  de  la  Nouvelle- 
Calédonie.   Voy.  APOCYNÉKS. 

OCHROX1LUM,  Schreb.  (Gen.,n.  508). 
bot.  ph. —  Voy.  zanthoxylon,  Kunlh. 

OCI1TERA  (oxôvjpoç,  tuberculeux),  ins.— 
Genrede  l'ordre  des  Diptères  brachocères,  fa- 
mille des  Athéricères,  tribu  des  Muscides, 
établi  par  Latreille  (Fam.  nat.),  et  générale- 
ment adopté.  M.  Macquart  (Dipt.,  Suites  à 
Buff.,  t.  II,  p.  51 8)  le  caractérise  ainsi:  Corps 
nu;  palpesélargis,  saillants  ;  labre  large,  sail- 
lant; face  proéminente,  nue,  à  deux  lignes 
élevées;  front  concave,  nu;  antennes  cou- 
chées; yeux  saillants;  abdomen  ovale,  dé- 
primé ;  pieds  antérieurs  :  hanches  assez 
épaisses  et  allongées;  cuisses  très  épaisses, 
épineuses  en  dessous  ;  jambes  arquées,  ter- 
minées par  une  pointe;  premier  article  des 

90 


714 


OGH 


tarses  postérieurs  un  peu  renflé.  Ailes  à  pre- 
mière cellule  postérieure  rétrécie  à  l'extré- 
mité; deuxième  nervure  transversale  o^îi- 
que. 

Les  Ochtera  sont   remarquables  par  le 
renflement  des  cuisses  antérieures,  qui  for- 
ment, avec  les  jambes,  desserres  très  fortes, 
J  qui  semblent  indiquer  des  habitudes  carnas- 
1   sières.  Il  paraît  cependant,  d'après  les  ob- 
;   servations  de  M.  Robineau-Desvoidy,  que 
i    ces  Insectes  se  servent  de  ces  organes  pour 
recueillir  sur  les  feuilles  les  petites  gouttes 
d'eau  qui  s'y  trouvent;  pour  cela,  ils  rap- 
prochent les  deux  cuisses  en  forme  de  godet, 
et  à  portée  de  la  trompe.  Néanmoins,  les 
petites  épines  dont  les  cuisses  sont  armées, 
la  courbure  des  jambes  et  la  pointe  qui  les* 
termine,  et  qui  font  des  pieds  antérieurs 
une  sorte  de  pince,  semblent  assigner  en- 
core à  ces  organes  une  autre  destination. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces  :  Ocht. 
manlis  Latr.,  Meig.  (Ocht.  manicata  Phall., 
Tephritis  id.  Fab.),  d'Europe,  et  Ocht.  em-* 
pidiformis  Say,  du  pays  des  Illinois. 

Ces  Insectes  se  trouvent  sur  les  plantes 
aquatiques,  au  mois  d'août  et  de  septem- 
bre. (L.) 

OCHTHEBÏUS  (  oX0v> ,  rivage  ;  ffîow ,  je 
lis),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res ,  famille  des  Palpicornes ,  proposé  par 
Leach,  et  adopté  par  Dejean,  Latreille,  Ste- 
phens  et  Mulsant.  Ce  dernier  auteur  (  His- 
toire natur.  des  Coléopt.  de  France  ,  Palpi- 
cornes ,  1844,  p.  51)  a  fait  entrer  ce  genre 
dans  le  groupe  de  ses  Géophiles,  et  dans  la  fa- 
mille de  ses  Hélophoriens.  Onze  espèces  habi- 
tent en  France,  et  le  nombre  de  celles  de  ce 
g.  connues  en  Europe  peut  bien  s'élever  à  une 
vingtaine.  Nous  citerons  parmi  les  espèces 
:  de  notre  pays  les  0.  marinus  Pk.,  pygmœus 
i  F.,  exsculptus,  gibbosus,  bicolor,  foveolatus 
Gr.,  et  marginipallens  Lat.  La  seule  espèce 
exotique  connue  est  propre  à  l'Egypte.  (C.) 
*OCHTHENOMUS  (tyQ-n,  rivage  ;  ve^o'ç, 
habitation),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hé- 
téromères,  famille  des  Trachélides ,  tribu 
des  Anthicides,  formé  par  Dejean  (Catalogue, 
3e  édit.,  p.  239)  qui  en  mentionne  3  espèces, 
toutes  originaires  d'Espagne  :  les  0.  punc^> 
talus,  elongatus  et  anguslatus  Dej.  La  der- 
nière se  trouve  aussi  en  Dalmatie.     (C.) 

0CHTHEPHILUH1 ,  Stephens.  ms.  — 
Syn.  de  Cryptobium ,  Mann.,  Erichs.   (C.) 


OCR 

*OCHTHIPHILA  (oX6/j,  montagne;. 
y'doç,  qui  aime),  ins.  —Genre  de  Tordre 
des  Diptères  brachocères  ,  famille  des  Athé- 
ricères,  tribu  des  Muscides,  sous-tribu  des 
Piophilides,  établi  par  Fallen  et  Meigen, 
et  adopté  par  M.  Macquart  (Diptères,  Suites 
àliuffon,  t.  II,  p.  545).  Ce  dernier  auteur 
en  décrit  sept  espèces  (Ocht.  aridella  Fall., 
juncorum  Fall.,  polystigma  Meig.,  elegans 
Meig.,  littorella  Fall.,  flavipes  Macq.,  nigri- 
pes  Macq.),  qui  toutes  habitent  la  France  et 
l'Allemagne.  (L.) 

OCHTHOÎMLM  (âxe<^y)Ç,  tuberculeux). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Cruci- 
fères ,  tribu  des  Euclidiées,  établi  par  De 
Candolle(Sysf.,  II,  423).  Herbes  de  l'E- 
gypte et  de  la  Syrie.  Voy.  crucifères. 

OCIMODOIV,  Benth.  (Labiat. ,  3).  bot. 
ph. —  Voy.  ocimum,  Linn.,  ou  plutôt  basilic 

OCIMOIDÉES.  Ocimoideœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Labiées  (voy.  ce 
mot),  dont  le  principal  genre  est  le  Basilic. 

(Ad.  J.) 

OCIMUM  ou  OCYMUM.  bot.  ph.  — 
Nom  scientifique  du  genre  Basilic.  Voy.  ce 
mot. 

OCKENIA  et  OCKIA,  Dietr.  bot.  ph. 
—  Syn.  d'Adenandra,  Willd. 

*0C!\0ÏHER1UM  (ox»oS,  paresse  ;  6*- 
ptov  ,  bête  sauvage  ).  mam.  —  M.  Lund 
(Dansk.  vid.  selsk.  afh.,lX,  1843)  désigne 
sous  cette  dénomination  un  petit  groupe 
d'Edentés  fossiles.  (E.  D.) 

OCOROME.  mam.  —  Le  Raton  crabier 
porte  vulgairement  ce  nom  d'après  d'Azara. 
Le  même  surnom  est  donné  au  Couguac 
par  Buflbn.  (E.  D.) 

OCOTEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Laurinées,  tribu  des  Oréodaphnées  , 
établi  par  Aublet  (Guian.,  II,  780,  t.  310). 
Arbres  de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  lau- 
rinées. 

OCOTOCHTL.  mam.  —  Nom  donné  pat 
Hernandez  au  Lynx  bai.  Voy.  cuat. 

OCRE,  min.  — Syn.  de  Bol.  Voy.  ce  mot. 

On  donne  vulgairement  le  nom  de  Terre 
de  Sienne  à  un  Ocre  d'un  assez  beau  jaune, 
qui  provient  des  environs  de  Sienne,  en 
Italie. 

On  nomme  aussi  : 

Ocre  de  Bismuth,  le  Bismuth  oxydé; 

Ocre  de  Cuivre  rouge,  le  Cuivre  oxydulé 
terreux  ; 


OCT 

Ocre  de  Fer  rouge  ,  le  Fer  oxydé  rouge 
ccreux  ; 

Ocre  martial  bleu  ,  le  Fer  phosphaté  ter- 
reux ; 

Ocre  martial  brun  ,  le  Fer  hydraté  ter- 
reux ; 

Ocre  de  Nickel,  le  Nickel  arséniaté; 

Ocre  de  vitriol  ,  le  Fer  sous-sulfaté  ter- 
reux ; 

Ocre  d'Urane  ,  l'Urane  hydraté. 

OCREALE.  annél.  — M.  Oken,  dans  son 
Manuel  d'histoire  naturelle  (1815) ,  a  publié 
sous  ce  nom  un  genre  d'Annélides  de  la  fa- 
mille des  Serpules.  (P.  G.) 

OCTADENIA,  R.  Brown  (Msc).  bot.  ph. 
—  Syn.  de  Kœniga,  R.  Brown. 

OCTAÉDRITE.  min.  —  Werner  nomme 
ainsi  le  Titane  anatase.  Voy.  titane. 

OCTANDRIE.  Octandria  (Ôxto>  ,  huit; 
.àv/j'p,  homme,  étamine).  bot.  —  Grande 
classe  du  système  sexuel  de  Linné,  compre- 
nant toutes  les  plantes  à  fleurs  hermaphro- 
dites ayant  huit  étamines.  Cette  classe  est 
subdivisée  en  quatre  ordres  ,  qui  sont  : 
1°  Octandric  monogynie;  2"  Octandrie  di- 
gynie;  3°  Octandrie  trigynie  ;  4°  Octandrie 
tétragynie. 

OCTARILLUM.  bot.  ph.  —Genre  de  la 
famille  des  Santalacées?,  établi  par  Lou- 
reiro  (  Flor.  cochinch.,  113  ).  Arbres  de  la 
Cochinchine. 

*OCTAVIA(nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Rubiacées-Cofféa- 
cées-Guettardées  ,  établi  par  De  Candolle 
(Prodr.  IV,  464).  Arbrisseaux  de  laGuiane. 
Voy.  rubiacées. 

OCTOBLÉPHARÉES.  Octoblephareœ . 
bot.  ph.  —  Nom  d'une  tribu  de  la  grande 
famille  des  Mousses.  Voy.  ce  mot. 

*OCTOBLEPHARUM  {h*xé,  huit;  Gu~ 
yapt'ç,  cil),  bot.  cr.  —  Genre  de  Mousses- 
Bryacées,  établi  par  Hedwig  (  Musc,  frond., 
III,  15,  t.  6).  Petites  mousses  blanchâtres, 
très  répandues  dans  les  régions  tropicales 
et  subtropicales  du  globe.  Voy.  mousses. 

*OCTOBOTHRIUM (èxroî,  huit;  fforpiov, 
suçoir),  helm.  —  Genre  de  Trématodes  poly- 
cotilaires  établi  en  1827  par  M.  Leuckart , 
et  que  Ton  a  aussi  nommé  Octostoma  et 
Octothilus. 

On  connaît  plusieurs  espèces  de  ce  genre. 
Elles  sont  parasites  des  Poissons,  et  vivent 
sur  leurs  branchies.  A  part  les  huit  fossettes 


OCT 


715 


bivalves  placées  postérieurement,  et  qui  leur 
ont  valu  leur  nom  ,  elles  présentent  deux 
ventouses  orales,  placées  sur  les  côtés  de  la 
partie  antérieure  du  corps.  Ces  animaux  ont 
été  successivement  étudiés  par  Hermann, 
Leuckart,  et  MM.  Kuhn  et  Dujardin.  (P.  G.) 

OCTOCÈRES  (ôxtc5,  huit  ;  x£'p»ç,  corne). 
moll.  —  Dénomination  employée  par  M.  de 
Blainville  pour  désigner  une  famille  de  Cé- 
phalopodes cryptodibranches  comprenant  le 
seul  genre  Poulpe  (  Oclopus),  et  correspon- 
dant à  la  section  des  Octopodes  de  Leach. 

(Duj.) 

OCTODICERAS  (oxtw,  huit;  &'xepaç, 
double  corne),  bot.  cr.  — Genre  de  la  fa- 
mille des  Mousses-Bryacées,  établi  par  Bri- 
del  {Mant.,  186,  t.  I,  fig.  7).  Mousses  vi- 
vaces  croissant  dans  les  eaux  de  sources  des 
climats  tempérés.  Voy.  mousses. 

*OCTODON  (  Jxtw  ,  huit;  Wovç,  dent). 
mam.  —  M.  Bennett  (  Proc.  zool.  soc.  Lond.9 
1 832  )  a  créé  sous  ce  nom  un  genre  de  Ron- 
geurs ayant  quelques  rapports  avec  celui 
des  Helamysy  et  se  distinguant  particulière- 
ment par  ses  molaires  au  nombre  de  quatre 
de  chaque  côté,  aux  deux  mâchoires. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre: 
c'est  VOctodon  Cumingii  Bennett  {loco  ci' 
tato),  qui  est  en  dessus  d'un  gris  brun 
mêlé  de  noir,  plus  clair  en  dessous,  et  dont 
la  queue  est  noirâtre.  Cet  animal  a  été 
trouvéà  Valparaiso.  (E.  D.) 

*OCTODON  (èxroî,  huit;  Sîovç,  dent). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Rubia- 
cées-Cofféacées-Spermacocées,  établi  par 
Thonning  [ex  Schumach.  in  Ad.  Soc.  h.  ». 
Hafn.y  III,  94).  Herbes  de  la  Guinée.  Voy. 
rubiacées. 

*OCTODONTID4E.  mam.  —  M.  Water- 
house  (Zool.  vag.  of  H.  M.  S.  B. .  1839) 
indique  ainsi  une  petite  famille  de  Rongeurs 
qui  ne  comprend  que  le  genre  Octodon.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

*OCTOGLOSSA  (5xt^,  huit;  yA5«r<x«,  lan- 
gue). Ins.  — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Malacodermcs,  tribu  des 
Dasylites  ,  établi  par  M.  Guérin -Méneville 
{Revue  zoolog.,  1843,  p.  194),  et  ainsi  ca- 
ractérisé par  l'auteur:  Mandibules  uniden- 
tées;  lèvre  inférieure  terminée  par  huit 
lobes  allongés,  pointus  et  ciliés.         (C.) 

OCTOGOMA,  Klotzsch  {in  Linnœa,  XII, 
233).  bot.  ph.  —  Voy.  simochilus,  Benth. 


716 


OCT 


OGU 


*OCTOGONOTUS  (  Ôxtw  ,   ÛUU  ;   ywvÉa, 

angle),  ins. —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  deLatreille,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Alticites,  créé  par  Dra- 
piez (Annales  des  sciences  physiques,  t.  VIII, 
p.  279,  pi.  28,  fig.  8),  et  adopté  par  De- 
jean  (  Catalogue,  3e  édit.,  pag.  407  )  et  par 
Hope  (  ColeoplcrisC  s  manual,  t.  III  ,  1840, 
p.  169).  Douze  espèces  américaines  rentrent 
dans  ce  genre  ;  nous  citerons  ,  comme  en 
faisant  partie  :  les  0.  banoni  Dr. ,  sericeus, 
leptocephalus ,  viridis  et  porculus  Perly.  Ces 
Insectes  ont  le  corps  épais,  en  carré  long,  et 
le  dernier  article  des  tarses  postérieurs  est 
renflé  en  boule.       >  (C.) 

OCTOGYNIE.  Octogynia  (Sxtm,  huit; 
yuvvî,  femme,  pistil.),  bot.  — Ordre  du  sys- 
tème sexuel  de  Linné,  comprenant  les  plantes 
dont  les  fleurs  ont  huit  pistils. 

OCTOMEMA  (Sxtw,  huit;  ^pôç,  tige). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Orchi- 
dées, tribu  des  Pleurothallées ,  établi  par 
R.  Brown(t»  Hort.  Kew. ,  2,  V,  211). 
Herbes  de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  orchi- 
dées. 

OCTOPIDES.  Octopidœ.  sioll.  —  Voy, 

OCTOPODES. 

OCTOPODES  (bxz<S  ,  huit;  nouç,  -nôSoc, 
pied),  moll. — Une  des  sections  ou  grandes 
familles  dans  lesquelles  Leach  proposait  de 
diviser  les  Céphalopodes  d'après  le  nombre 
des  bras.  Férussac  accepta  cette  dénomina- 
tion d'Octopodes  que  M.  de  Blainville  chan- 
gea pour  celle  d'Octocères.  M.  Deshayes 
nomme  aussi  Octopodes  une  famille  de  Cé- 
phalopodes à  deux  branchies  ,  comprenant 
les  genres  Poulpe  ,  Ocythoé  ou  Argonaute  , 
Elédon  et  Cirrhoteuthis.  Ces  genres  diffèrent 
parce  que  les  deux  derniers  n'ont  qu'une 
seule  rangée  de  ventouses  sur  leurs  bras  , 
tandis  que  les  premiers  en  ont  deux  ran- 
gées ;  M.  A.  d'Orbigny  enfin  nomme  Octo- 
podes la  première  tribu  des  Céphalopodes 
acétabulifères,  comprenant  la  seule  famille 
des  Octopides  formée  des  genres  Octopus  , 
Eledona,   Philonexis  et  Argonauta.    Voy, 

CÉPHALOPODES.  (DUJ.) 

*OCTOPTERYX,  Kaup.  ois.  —  Syn.  de 
Guira,  Lesson,  et  Crotophaga,  Vieill.  Voy. 
ani.  (Z.  G.) 

OCTOPUS.  moll.  —  Nom  scientifique  du 
genre  Poulpe.  Voy.  ce  mot. 

OCTOSPORA,  Hedw.   (Musc,  frond., 


II,  4).  bot.  cr.  —  Synonyme  de  Peziza, 
Dillen. 

OCTOSTEMON,  DC.  (Prodr.,  III,  172). 

BOT.  PH.  Voy.  TETRAZYGIA,  Rich. 

*OCTOSTOMA,  Kuhn.  helm.  -- Syn. 
tfOctobothrium,  Leuck.  (P.  G.) 

*OCTOTHILUS,  Leuck.  helm.  —  Syn. 
tfOctobothrium,  Leuck.  (P.  G.) 

*OCTOTOMA  (  hxxé ,  huit  ;  torf  ,  sec- 
tion), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Cycliques  ,  tribu  des  Cassidaires  (Hispites), 
formé  par  De]ean  (Catalogue,  3e  éd.,  p.  390). 
Deux  espèces  sont  rapportées  à  ce  genre  :  les 
0.  plicatula(Hispa)  et  scabripennis  Dej.  ;  la 
première  est  des  États-Unis  ,  la  seconde  du 
Mexique.  (C.) 

OCULÉES.  Oculatœ.  ins.  —  Tribu  éta- 
blie par  Latreille  (Fam.  nat.)  dans  l'ordre 
des  Hémiptères  hétéroptères  ,  famille  des 
Géocorises,  et  dont  les  Insectes  qui  la  com- 
posent sont  caractérisés  principalement  par 
des  yeux  très  gros.  Cette  tribu  renferme 
trois  genres  nommés  :  Leptopus,  Acanthia  et 
Pelogonus.  (L.) 

OCULÏNA  (oculus,  œil  ).  polyp.— Genre 
dePolypiersIamellifères,  établi  par  Lamarck 
aux  dépens  du  grand  genre  Madrepora  de 
Linné  et  de  Pallas.  Ce  genre  est  caractérisé 
par  la  forme  du  Polypier  pierreux,  le  plus 
souvent  fixé,  rameux ,  dendroïde;  à  ra- 
meaux lisses,  épais,  la  plupart  très  courts, 
avec  des  étoiles  ou  cellules  polypifères,  les 
unes  terminales,  les  autres  latérales  et  su- 
perficielles. 

Ce  genre  a  été  adopté  par  Lamouroux, 
par  M.  de  Blainville  et  par  M.  Ehren- 
berg,  qui  y  réunit  quelques  Caryophyllies 
rameux,  dont  M.  de  Blainville  a  fait  des 
Dendrophyllies.  Cependant  les  Oculines  en 
général  se  distinguent,  par  leurs  rameaux 
lisses,  des  Caryophyllies,  dont  les  rameaux 
sont  striés,  et  des  Madrépores,  dont  la  sub- 
stance est  poreuse  et  dont  les  cellules  sont 
beaucoup  plus  rapprochées.  L'espèce  type, 
0.  vierge  (0.  virginea)  a  été  nommée  an- 
ciennement Corail  blanc,  quoiqu'elle  diffère 
totalement,  par  sa  structure  et  par  ses  étoiles, 
du  Corail  dont  les  Polypes  occupent  exclu- 
sivement une  couche  molle  corticale.  On 
trouve  cette  Oculine  dans  la  Méditerranée 
et  dans  les  mers  équatoriales,  où  vivent  éga- 
lement aussi  dix  ou  douze  autres  espèces. On 


OGY 


OCY 


717 


en  connaît  plusieurs  à  l'état  fossile  dans  les 
terrains  secondaires  et  tertiaires.      (Duj.) 

*OCYALUS,  Waterhouse.  ois.— Syn.  de 
Cacicus,  Cuv. 

*OCYDROMUS.  ois.  —  Genre  établi  par 
Wagler,  dans  la  famille  des  Rallidées,  sur 
une  espèce  que  Gmelin  a  nommée  Rallus 
troglodytes.  Voy.  ralle.  (Z.  G.) 

OCYDROMUS,  Clairville.  ins.  —  Syn. 
de  Lymnœum,  Stephens.  (C.) 

*OCYDROMIA  (<àxv;,  vite;  Jpo^aç,  qui 
court),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères 
brachoceres  ,  famille  des  Tanystornes,  tribu 
des  Hybotides,  établi  par  Hoffmann.  M.  Mac- 
quart,  qui  adopte  ce  genre  (Diptères,  Suites 
à  Buffon  ,  t.  I,  p.  319  ),  en  cite  4  espèces 
(Ocydrom.  ruficollis ,  scutellata,  glabricula, 
nigripennis  Meig.  ) ,  qui  habitent  la  France 
et  l'Allemagne.  (L.) 

OCVMUM .  bot,  ph.  —  Voy.  ocimum. 

OC1PETES.  arach.— Cette  coupe  géné- 
rique, créée  par  Leach,  a  été  formée  sur  des 
larves  hexapodes,  parasites  ,  très  différentes 
des  adultes,  et  que  nous  croyons  devoir  rap- 
porter au  genre  des  Trombidium.  Voy.  ce 
mot.  (H.  L.) 

OCYPÈTE.   Ocypeles,  Wagler.   ois.  — 

Voy.  THINOCHORE. 

OCYPODE.  Ocypoda  (  ùxvç ,  vite;  ttovç  , 
o$oc,  pied),  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Décapodes  brachyures,  famille  des  Catomé* 
topes ,  tribu  des  Ocypodiens  ,  établi  par 
Fabricius  aux  dépens  des  Cancer  de  Linné, 
et  adopté  par  tous  les  carcinologisles.  Chez 
les  espèces  qui  composent  ce  genre,  la  cara- 
pace est  rhomboïdale  ou  même  presque  car- 
rée, et  à  peu  près  aussi  large  en  avant  qu'en 
arrière.  Le  front  est  beaucoup  plus  large 
que  long,  et  il  ne  recouvre  pas  l'articulation 
des  pédoncules  oculaires.  Les  orbites  sont 
1res  grandes,  peu  profondes  et  divisées  en 
deux  portions  distinctes.  La  forme  des 
yeux  est  remarquable;  la  cornée  est  ova- 
laire,  très  grande,  et  s'étend  en  dessous 
jusqu'à  une  très  petite  distance  de  la  base 
du  pédoncule;  mais  en  général  celui-ci  se 
prolonge  au-delà  de  son  extrémité,  de  façon 
que  les  yeux  se  terminent  par  une  espèce 
de  corne,  dont  la  longueur  paraît  augmen- 
ter avec  rage.  Les  antennes  internes  sont 
de  médiocre  longueur  ;  quant  aux  externes, 
elles  sont  rudimentaircs.  L'épistome  est  fort 
petit  et  présente  à  sa  partie  moyenne  un 


petit  prolongement  quadrilatère  qui  se 
soude  au  fruit.  Le  troisième  article  des 
pattes-mâchoires  externes  est  quadrilatère, 
et  beaucoup  plus  petit  que  le  précédent  ; 
enfin,  il  ne  cache  jamais  l'espèce  d'appen- 
dice formé  par  les  trois  articles  suivants,  et 
le  palpe  qui  occupe  le  bord  externe  de  ces 
membres  est  styliforme  et  dépourvu  de 
filet  terminal  multi-articulé.  Les  pattes  an- 
térieures sont  en  général  moins  longues  que 
les  suivantes,  et  la  main  qui  les  termine  est 
fortement  comprimée,  et  très  grande  com- 
parativement au  bras.  Les  pattes  suivantes 
sont  également  très  comprimées,  et  elles 
augmentent  de  longueur  jusqu'à  la  qua- 
trième paire  inclusivement.  L'abdomen  est 
beaucoup  plus  étroit  à  sa  base  que  la  partie 
postérieure  du  thorax  ,  et  dans  les  deux 
sexes  il  laisse  à  découvert  une  portion  con- 
sidérable des  derniers  segments  de  cette 
partie  du  corps.  La  branchie  qui  existe  d'or- 
dinaire sur  l'antépénultième  article  des 
flancs,  manque  chez  les  Ocypodes  ;  les  autres 
sont  dirigées  très  obliquement  en  arrière, 
et  la  cavité  branchiale  s'élève  de  manière  à 
laisser  au-dessus  d'elles  un  grand  espace 
vide,  que  tapisse  une  membrane  plus  ou 
moins  spongieuse.     • 

Les  Ocypodes,  comme  leur  nom  l'in- 
dique, sont  remarquables  par  la  vélocité  de 
leurs  courses;  les  voyageurs  assurent  qu'un 
homme  peut  à  peine  les  suivre.  Ils  se  creu- 
sent des  trous  dans  le  sable  des  rivages,  et 
demeurent  renfermés  dans  leur  terrier  pen- 
dant toute  la  saison  d'hiver. 

On  connaît  sept  ou  huit  espèces  de  ce 
genre  qui  habitent  les  parties  chaudes  des 
deux  hémisphères. 

L'Ocypode  des  sables,  Ocypoda  arenaria 
Catesby,  peut  être  considéré  comme  le  type 
de  ce  genre  singulier.  Cette  espèce,  qui  est 
entièrement  jaunâtre ,  et  dont  la  longueur 
égale  environ  4  centimètres,  habite  les  côtes 
de  l'Amérique  septentrionale  et  des  Antilles, 
et  vit  dans  des  trous  profonds  de  1  mètre  à 
1  mètre  1/2,  qu'elle  se  creuse  dans  le 
sable,  immédiatement  au-dessus  du  niveau 
du  ressac  de  la  mer.  C'est  en  général  pen- 
dant la  nuit  qu'elle  quitte  ce  terrier  pour 
chercher  sa  nourriture,  et  lorsqu'on  la  pour- 
suit elle  court  avec  une  grande  vitesse,  en 
élevant  les  pattes  d'une  manière  menaçante. 
Vers  la  (in  d'octobre  ,  les  Ocypodes  aban- 


719 


OGY 


OGY 


donnent  leur  habitation  près  de  la  mer,  et 
vont  hiverner  dans  l'intérieur  des  terres; 
lorsqu'ils  ont  rencontré  un  lieu  qui  leur 
convient,  ils  y  creusent  un  trou  semblable 
à  celui  qu'ils  viennent  de  quitter  ;  après  y 
être  entrés,  ils  en  bouchent  l'ouverture,  de 
façon  à  ce  qu'on  ne  puisse  plus  en  distin- 
guer de  trace  ;  enfin,  ils  se  retirent  au  fond 
de  leurs  terriers,  et  y  restent  dans  un  état 
d'inactivité  pendant  toute  la  durée  de  l'hi- 
ver. (H.  L.) 

*OCYPODIENS.  Ocypodii.  crust.— C'est 
une  tribu  de  l'ordre  des  Décapodes  bra- 
chyures,  établi  par  M.  Milne  Edwards,  et 
dont  les  espèces  qui  la  composent  ont  tou- 
jours la  carapace  rhomboïdale  ou  trapézoï- 
dale très  élevée  en  avant  et  déprimée  en 
arrière;  le  bord  fronto-orbitaire  en  occupe 
toute  la  largeur,  et  le  front,  qui  est  lamel- 
leux  et  qui  se  reploie  en  bas  jusqu'à  l'é- 
pistome,  est  extrêmement  étroit;  sa  largeur 
n'égale  pas  le  tiers  de  la  longueur  des  yeux, 
ni  la  moitié  de  la  largeur  du  cadre  buccal , 
bien  que  celui-ci  soit  lui-même  très  étroit. 
Les  yeux  sont  fort  longs,  et  la  cornée  est, 
en  général,  très  longue.  L'article  basilaire 
des  antennes  externes  est  ovalaire,  assez 
gros,  et  placé  verticalement  dans  l'angle 
intérieur  de  l'orbite;  la  tige  mobile  de  ces 
appendices  est  extrêmement  petite  et  cachée 
sous  le  front  ;  enfin  les  deux  filets  qui  la 
terminent  sont  très  courts,  gros,  et  à  peine 
annelés ,  disposition  qui  ne  s'est  rencontrée 
dans  aucun  des  Crustacés  dont  nous  avons 
déjà  traité,  si  ce  n'est  celui  du  Doto  (voy. 
ce  mot).  Les  autres  antennes  sont  rudi- 
mentaires ,  et  situées,  comme  d'ordinaire, 
dans  un  hiatus  de  l'angle  interne  de  l'or- 
bite; leur  premier  article  est  moins  grand 
que  le  second,  et  le  troisième  n'arrive  pas 
jusqu'au  niveau  du  bord  antérieur  de  l'ar- 
ticle basilaire  de  l'antenne  interne.  L'épi- 
stome  se  continue  avec  le  bord  inférieur  de 
l'orbite,  et  le  cadre  buccal  est  relativement 
plus  étroit  en  avant  qu'en  arrière.  Enfin , 
les  pattes-mâchoires  externes  ferment  Com- 
plètement la  bouche;  le  bord  intérieur  de 
leur  portion  Iamelleuse  est  droit;  leur  troi- 
sième article  est  très  allongé,  et  leur  qua- 
trième article  s'insère  à  l'angle  externe  du 
précédent.  Le  plastron  sternal  a  la  forme 
d'un  trapézoïde  dont  la  base  serait  dirigée 
en  arrière;  il  est  fortement  courbé  dans  le 


sens  de  sa  longueur,  et  livre  passage  aux 
organes  mâles  à  une  distance  considérable 
de  son  bord  extérieur.  Les  pattes  antérieures 
sont  en  général  comprimées  et  de  grandeur 
très  inégale;  les  suivantes  sont  toujours  très 
longues  et  ne  présentent  pas  entre  elles  une 
très  grande  différence;  l'article  qui  les  ter- 
mine est  souvent  déprimé,  mais  n'a  jamais 
la  forme  d'une  rame  natatoire.  Enfin  l'ab- 
domen, qui  se  compose  ordinairement  de 
sept  articles  distincts  dans  les  deux  sexes, 
est  très  étroit;  en  général,  il  ne  recouvre 
pas  plus  du  tiers  de  la  largeur  de  la  portion 
postérieure  du  plastron  sternal  du  mâle,  et 
chez  la  femelle  même,  il  laisse  presque  tou- 
jours à  découvert  la  partie  de  ce  plastron 
qui  avoisine  la  base  de  toutes  les  pattes.  Il 
est  même  à  noter  que,  dans  la  plupart  des 
cas  ,  même  toujours ,  il  n'existe  ,  de  chaque 
côté  du  thorax,  que  sept  branchies  dont 
cinq  seulement  couchées  sur  la  voûte  des 
flancs,  et  deux  réduites  à  l'état  de  vestiges, 
et  fixées  aux  pattes-mâchoires. 

La  plupart  des  Ocypodicns  vivent  pres- 
que toujours  sur  la  plage  et  s'y  creusent  des 
terriers  ;  ils  sont  en  général  remarquables  par 
la  vitesse  extrême  avec  laquelle  ils  courent. 
Ce  petit  groupe  est  très  naturel ,  mais  se  lie 
d'une  manière  étroite  aux  genres  Doto  et 
Myctiris  (voyez  ce  mot).  Il  ne  se  compose 
que  de  deux  genres,  désignés  sous  les  noms 
û'Ocypoda  et  de  Gelasimus.         (H.  L.) 

OCYPODITES.  Ocypodiles.  crust.— Syn. 
d'Ocypodiens.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*OCYPOIUTES.  Ocyporites.  ins.  — 
Groupe  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 
desBrachély très,  établi  par  Laporte  de Castel- 
nau  (Hist.  natur.  des  An.  art.,  1. 1,  p.  172), 
et  qui  a  pour  caractère  :  Palpes  labiaux  sé- 
curiformes.  L'auteur  ne  le  compose  que  des 
deux  genres  Oxyporus  et  Aslrapœus.    (C.) 

*OCYPTAMUS.  ins. —Genre  de  l'ordre 
des  Diptères  brachocères  ,  famille  des  Bra- 
chystomes,  tribu  des  Syrphites  ,  établi  par 
Serville  et  adopté  par  M.  Macquart  (Diptè- 
res ,  Suites  à  Buffon ,  t.  I ,  p.  554),  qui  en 
décrit  2  espèces  :  Ocypt.  funebris,  du  Brésil, 
et  Ocypt.  fascipennis,  de  Philadelphie.  (L.) 

OCYPTERA  ((ixu;,  léger;  «Ttpov,  aile). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères  bra- 
chocères, famille  des  Athéricères,  tribu  des 
Muscides,  sous-tribu  des  Ocyptérées,  établi 
par  Latreille  (Fam.  nat.)f  aux  dépens  des 


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OCY 


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Musca  de  Linné.  M.  Macquart  assigne  à  ce 
genre  les  caractères  suivants  (Diptères,  Suites 
à  Buffon,  t.  II,  p.  185)  :  Palpes  très  petits; 
épistome  saillant;  troisième  article  des  an- 
tennes plus  long  que  le  second;  première 
cellule  postérieure  fermée  avant  l'extrémité 


'}  de  l'aile,  et  pédiculée  au  coude. 
|       Les  Ocyptères  doivent  leur  nom  à  la  ra- 
I  pidité  de  leur  vol.  Ces  Insectes  se  fixent  sou- 
l  vent  sur  les  fleurs,  et  se  nourrissent  des  sucs 

•  qu'ils  y  recueillent  ;  on  en  trouve  aussi  quel- 

•  quefois  sur  les  vitres  des  croisées. 

I  M.  Léon  Dufour  a  observé  et  décrit  par- 
>  faitement  les  larves  d'une  espèce  d'Ocyptère 
(VOcypt.  bicolor  Oliv.  ) ,  qui  vit  sur  la  Pen- 
tatoma  grisea.  Ces  larves  sont  oblongues, 
glabres,  ridées.  Leur  bouche  présente  deux 
mamelons  portant  chacun  deux  petits  corps 
cylindriques  et  deux  pièces  cornées  armées 
de  crochets.  Le  corps  se  termine  en  un  tube 
solide,  au  bout  duquel  s'ouvre  un  stigmate. 
Les  larves  passent  à  l'état  de  nymphes  sans 
quitter  leur  demeure.  Sous  cette  nouvelle 
forme,  elles  sont  ovoïdes,  sans  segments 
distincts.  Elles  quittent  les  Insectes  qui  les 
ont  nourries  avant  d'arriver  à  l'état  ailé,  et 
quelquefois  sans  leur  causer  la  mort.  Il  est  très 
probable  que  c'est  sur  les  larves  de  leurs  vic- 
times que  les  Ocyptères  déposent  leurs  œufs. 
Les  espèces  de  ce  genre  sont  au  nombre 
de  sept  :  Ocypt.  bicolor  Oliv.  {Ocypt.  cocci- 
nea  Meig.,  Ocypt.  pentatoma  Rob.-Desv.), 
brassicaria  Fab.,  piclipennis  Macq.,  cylin- 
drica  Fab.  (Parthenia  id.  Rob.-Desv.),  Boscii 
{Parthenia  id.  Rob.-Desv.),  pusilla  Meig. 
(cydrica  YaU.^Clairvillia  pasilla  Rob.-Desv.), 
reflexa  (Besseria  id.  Rob.-Desv.).  Elles  ha- 
bitent toutes  la  France  et  l'Allemagne;  quel- 
ques unes  même  sont  assez  communes  aux 
environs  de  Paris.  (L.) 

OCYPTERUS ,  Cuv.  ois.  —  Syn.  à'Ar- 
tamus,  Vieill.  Voy.  langrayen.       (Z.  G.) 

*OCYPUS  (wxuç,  vite;  wovç  pied),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Brachélytres,  tribu  des  Staphyliniens  , 
proposé  par  Kirby,  et  adopté  par  Erichson 
{Gênera  et  species  Staphylinorum ,  4  840, 
p.  403).  Ce  genre  renferme  22  espèces,  qui 
toutes  sont  originaires  d'Europe;  quelques 
unes  cependant  se  trouvent  dans  l'Amé- 
rique septentrionale.  Nous  citerons  comme 
en  faisant  partie  les  0.  olens,  cyaneus,  si- 
milis, brunnipes ,  picipennis  P.,  tataricus 


Pall. ,  pedator  et  mono  Grav.  La  première, 
la  plus  grande  du  pays ,  se  trouve  dans  les 
bois  et  dans  les  champs  ,  où  elle  chasse 
nuit  et  jour  les  Insectes  ,  dont  elle  fait  une 
grande  destruction;  lorsqu'on  l'inquiète, 
elle  redresse  toute  la  partie  postérieure  du 
corps,  et  répand  par  l'anus  une  liqueur  d'un 
blanc  de  lait  dont  l'odeur  est  forte  et  désa- 
gréable. La  larve  de  cette  espèce  a  été  obser- 
vée et  décrite  par  Heer  et  E.  Blanchard.  (C.) 

OCYROÉ  (  nom  mythologique),  acal. — 
Genre  de  Béroïdes,  établi  par  Sander-Rang 
pour  trois  espèces  de  l'océan  Atlantique  et 
de  la  mer  des  Antilles.  Ce  genre  est  carac- 
térisé par  un  corps  gélatineux  ,  transparent, 
vertical,  cylindrique,  pourvu  supérieure- 
ment de  deux  lobes  latéraux  ,  musculo- 
membraneux .,  bifides,  épais,  larges,  et  de 
deux  côles  ciliées  charnues ,  avecdeux  autres 
côtes ,  ciliées  sur  les  bords  ,  entre  les  lobes. 
L'ouverture  buccale  est  munie  de  quatre  bras 
également  ciliés.  M.  deBlainville  regarde  ce 
genre  comme  très  voisin  de  la  Callianire 
hexagone,  quoique  celle-ci  ait  des  tenta- 
cules dont  les  Ocyroés  sont  privés.  Ce  der- 
nier caractère  devrait  faire  placer  les  Ocy- 
roés dans  la  famille  des  Mnémiides  d'Esch- 
scholtz;  toutefois  il  est  bien  vraisemblable 
qu'une  étude  plus  complète  de  ces  Béroïdes 
et  des  Callianirides  aurait  pour  résultat  la 
réunion  des  deux  familles.  M.  Lesson  admet 
le  genre  de  Sander-Rang  et  en  fait  sa  tribu 
des  Ocyroés ,  la  sixième  de  la  famille  des  Ré- 
roïdes.  Les  Ocyroés,  longues  de  10  à  20  cen- 
timètres, sont  presque  entièrement  diapha- 
nes et  très  phosphorescentes.  (Duj.) 

OC1ROÉ  (  nom  mythologique),  acal. — 
Genre  de  Méduses  établi  par  Péron  et  Le- 
sueur  pour  une  espèce  (  0.  lineolata)  obser- 
vée par  eux  sur  les  côtes  de  la  Terre  de 
With.  Ce  genre,  qui  fait  partie  de  la  sec- 
tion des  Polystomes  dans  leur  famille  des 
Méduses  gastriques ,  est  caractérisé  par 
l'absence  de  pédoncules  et  de  tentacules,  en 
même  temps  qu'il  présente  quatre  bouches, 
quatre  ovaires  disposés  en  croix  et  quatre 
bras  simples  confondus  à  leur  base.Lamarck 
le  réunit  au  genre  Cassiopée,  Eschscholtz  le 
réunit  avec  doute  aux  Rhizostomes,  mais 
M.  de  Blainville  le  conserve  en  lui  donnant 
les  caractères  suivants  :  «  Le  corps  hémisphé- 
rique, festonné  à  sa  circonférence,  excavé 
en  dessous  ;  l'excavation  communiquantavec 


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ODO 


l'extérieur  par  quatre  oriùces-semi-lunaires , 
formés  par  rattache  de  quatre  appendices 
brachidés  simples ,  réunis  au  centre  en  un 
prolongement  central  court  et  polyèdre.  » 
M.  de  Blainville  comprend  d'ailleurs  dans  Je 
genre  Ocyroé,  en  outre  de  l'espèce  de  Péron 
et  Lesueur,  la  Calliopea  labiata  de  Chamisso 
et  Eysenhardt,  et  la  Médusa  persea  de  Fors- 
kal ,  qui  est  un  Evagora  pour  Péron,  une 
Orythia  pour  Lamarck  et  un  Rhizostome 
pour  Eschscholtz.  M.  Lesson  admet  le  genre 
Ocyroé  comme  il  a  été  établi  par  Péron  et 
Lesueur  avec  leur  unique  espèce ,  et  il  le 
place  dans  sa  tribu  des  Rhizostomidées  ou 
Méduses  polystomes.  (Duj.) 

*OCYS  (wxvç,  vite),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères pentamères  ,  famille  des  Carabi- 
ques  ,  tribu  des  Subulipalpes ,  proposé  par 
Kirby,  et  adopté  par  Curtis,  Stephens  et  La- 
perte.  Le  type,  l'O.  tempestivus  Pz.,  est  ori- 
ginaire d'Allemagne  et  d'Angleterre.    (G.) 

OCYTHOE  (nom  mythologique),  moll. 
—  Genre  de  Céphalopodes  proposé  par  Ra- 
finesque  pour  un  Poulpe  qu'il  avait  ob- 
servé dans  la  Méditerranée,  et  qui  est  le 
même  que  l'Argonaute  tiré  de  sa  coquille. 

Voy.  ARGONAUTE.  (DUJ.) 

*OC\TIIOE  (nom  mythologique),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 
des  Lamellicornes  pectinicornes,  tribu  des 
Micrognathides,  créé  par  Laporte  de  Castel- 
nau  (  Histoire  naturelle  des  An.  art. ,  t.  II , 
p.  179  ) ,  et  qui  diffère  des  Passalus  par  la 
massue  des  antennes,  composée  de  six  arti- 
cles bien  plus  renflés  que  dans  le  genre  en 
question;  leurs  mandibules  sont  bifides  à 
l'extrémité.  Les  types  sont  les  Passalus  tri- 
dens  Wied.,  et  emarginatus  de  F.  ;  ils  pro- 
viennent des  Indes  orientales.  (C.) 

ODACANTHA  (  o^owç  ,  dent;  ocxavOa  , 
épine),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères, famille  des  Carabiques,  tribu  des 
Troncatipennes,  créé  par  Fabricius  (Systema 
Eleutheratorum ,  t.  1,  p.  228),  et  adopté 
par  Dejean  (Species  général,  I,  174).  Trois 
espèces  font  partie  de  ce  genre  ;  les  0.  mêla- 
nura  F.,  Senegalensis  Lap. ,  et  elongata  F. 
La  première  est  fort  rare  aux  environs  de 
Paris,  et  se  trouve  dans  presque  toute  l'Eu- 
rope ;  la  seconde  est  originaire  du  Sénégal  et 
la  troisième  de  l'Amérique  méridionale.  Ces 
Insectes  fréquentent  les  lieux  aquatiques , 
et  se  trouvent  sur  les  tiges  et  à  la  base  de 


certaines  plantes  et  particulièrement  des 
Joncs.  (C.) 

*ODATRIA.  rept.  —  Genre  de  Lacer- 
riens,  établi  par  M.  Gray.  (P.   G.) 

*ODAX.  Odax  {hêo6;,  dent),  poiss. — Genre 
de  l'ordre  des  Acanlhoptérygiens,  famille  des 
Labroïdes,  établi  par  MM.  G.  Cuvier  et  \ \. 
lenciennes  (Hist.  des  Poiss.,  t.  XIV,  29  ' 
pour  des  Poissons  qui  tiennent,  par  leur 
organisation  ,  tout  à  la  fois  des  Labres  et 
des  Scares.  Ainsi ,  ils  ont  le  corps  et  la  tête 
allongés,  le  museau  pointu,  les  lèvres  ren- 
flées, avec  une  double  lèvre  résultant  d'un 
repli  de  la  peau  au  bord  inférieur  de  l'o- 
percule, comme  dans  les  Labres;  les  mâ- 
choires composées  d'une  agrégation  de  pe- 
tites dents  placées  au-dessus  les  unes  des 
autres  en  quinconce  ,  et  soudées  en  une 
seule  masse  de  chaque  côté  comme  dans  les 
Scares;  mais  ils  diffèrent  des  uns  et  des  au- 
tres par  les  deux  cuillerons  formés  parleurs 
dents  à  l'extrémité  de  la  bouche,  et  en 
avant  des  bourrelets  qui  terminent  les 
dentures  de  la  mâchoire. 

Ce  genre  renferme  six  espèces  qui  parais- 
sent toutes  habiter  les  mers  des  Indes.  Nous 
citerons ,  comme  espèce  type  ,  I'Odax  semi- 
fascié,  Odax  semifasciatus  Cuv.  et  Val.,  de 
couleurs  sombres,  et  long  de  25  centimètres 
environ.  (M.) 

*ODEZIA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes,  groupe  des  Phalé- 
nites ,  tribu  des  Phalénides ,  établi  par 
M.  Boisduval  et  adopté  parDuponchel(CatàJ. 
méth.  des  Lépidopt.  d'Europe,  p.  279).  Ce 
genre  ne  renferme  que  2  espèces  :  Od.  chœ- 
rophyllaria  et  tibialaria  Boisd.  La  première 
est  extrêmement  commune  dans  les  monta- 
gnes du  département  de  la  Lozère  ;  sa  che- 
nille vit  sur  le  Cerfeuil  sauvage.  La  seconde 
espèce  est  propre  à  la  Gallicie  (Russie  méri- 
dionale). (L.) 

*OD!NA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Térébinthacées  -  Anacardiacées  ,  établi 
par  Roxburgh  (Flor.  ind.,  II,  293).  Arbres 
des  Indes  orientales  et  de  l'Afrique  tropi- 
cale. Voy.  térébinthacées. 

*0D0B;EI\US  (tà^oç ,  seuil  ;  Gatv» ,  je 
marche),  mam.  —  Linné  (Syst.  nat.f  1735) 
indique  sous  ce  nom  un  groupe  de  Pinni- 
pèdes. (E.  D.) 

*ODOGENIUS(â<îowç,  dent; ymfo»,  men- 
ton), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 


ODO 


ODO 


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mères  ,  famille  des  Carabiques ,  tribu  des 
Scaritides,  créé  par  Solier  (  Annales  de  la 
Soc.  ent.  de  France  ,  t.  III ,  p.  664  )  aux 
dépens  de  quelques  Ditomus  de  Bonelli  et 
de  Dejean  ,  tels  que  :  D.  fulvipes  Latr.,  pi- 
losus  Dej.,  Dama  G. ,  et  0.  barbarus  Sol. 
Ce  genre  diffère  du  précédent  par  ses  tarses 
antérieurs ,  dont  les  trois  premiers  sont 
égaux ,  courts  ,  transverses  et  couverts  en 
dessous  de  poils  en  brosse  assez  longs  et 
écartés  ;  par  Tépistome  tronqué  ou  légère- 
ment échancré  dans  les  deux  sexes,  et  aussi 
par  sa  languette.  (G.) 

ODOLLAM,  Rheede  (Malab.,  I,  71, 
t.  39).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Cerbera,  Linn. 

ODONATES.  Odonata.  ras.—  Nom  donné 
par  Fabricius  à  un  ordre  d'Insectes  qui  cor- 
respond à  la  tribu  des  Libellulines  de  La- 
treille,  et  aux  Libelluliens  de  M.  E.  Blan- 
chard. 

ODONECTIS,  Rafin.  (in  New -York 
medic.  Reposit  ,  11  ,  Hex.  ,  V,  350  ).  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Pogonia,  Juss. 

ODONESTIS.  ins.  —  Genre  de  Tordre 
des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu  des  Lasio- 
campides ,  établi  par  Germar  et  adopté  par 
Duponchel  (Catal.  rnéth.  des  Lépidopt.  d'Eu- 
rope, p.  73),  qui  n'en  cite  qu'une  seule  es- 
pèce, Od.  potatoria  {Pap.  id.  Linn.),  d'Eu- 
rope. Sa  chenille  se  nourrit  de  Graminées  et 
de  Roseaux.  (L.) 

ODONIA  ,  Bertolon.  (  Lucubr. ,  1822, 
p.  35).  bot.  ph.  — Syn.  deGalactia,  P. 
Brow. 

*OD01\nMEUS,  Megerle.  ras.  —Syn.  de 
Bolboceras,  Kirby,  Dejean,  Mulsant.  (C.) 

ODONTANDRA  (  oJouç  ,  dent  ;  àvvj'p  , 
£poç,  homme,  ici  étamine).  bot.  ph. —  Genre 
de  la  famille  des  Méliacées?,  établi  par  H. 
B.  Kunth  (  in  Humb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  et 
sp.,  VII,  228)  pour  des  arbrisseaux  origi- 
naires de  la  Nouvelle-Grenade. 

*ODONTARRIIEIVA  {bêotç,  évident; 
appvjv,  mâle),  bot.  ph.  — Genre  delà  famille 
des  Crucifères,  tribu  des  Alyssinées,  établi 
par  C.  A.  Meyer  [in  Ledebour  Flor.  ait.,  III, 
58).  Arbrisseaux  d'Europe  et  d'Asie.   Voy. 

CRUCIFÈRES. 

*ODONTELLA  (diminutif  d'ô^ovç,  o'vtoç, 
dent),  bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille  des 
Algues  Diatomacées ,  établi  par  Agardh 
{Consp.  56),  et  dont  la  principale  espèce 
est  le  Diatoma  auritum  Lyngb. 
t.  viii. 


ODONTHALIA,  Lyngb.  (  9,  t.  3).  bot. 
cr.  —  Syn.  de  Rhodomela,  Agardh. 

ODONTIA,  Pers.  (Disp.,  30,  t.  4,  fig.  6, 
7).  bot.  cr.  —  Syn.  à'Erinaceus,  Mich. 
*  *ODONTIA  (àcîovToç,  denté),  ras.— Genre 
de  Tordre  des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu 
des  Pyralides ,  établi  par  Duponchel  (Catal, 
méth.  des  Lépidopt.  d'Europe,  p.  205  ) ,  qui 
n'y  rapporte  qu'une  seule  espèce ,  Od.  den- 
talis,  qu'on  trouve  en  Europe  dans  les  mois 
de  juin  et  d'août.  Sa  chenille  vit  dans  les 
tiges  de  la  Vipérine,  d'où  elle  ne  sort  que 
pour  se  changer  en  chrysalide  entre  les 
feuilles  de  cette  plante.  (L.) 

*ODONTIONOPA  (àJovToç,  denté  ;  uovç, 
pied),  ras.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Cycliques,  tribu  des  Colaspides,  formé 
par  nous  et  adopté  par  Dejean  (  Catalogue, 
3e  édit.,  p.  432).  Cinq  espèces  appartien- 
nent à  ce  genre  :  les  0.  rufipes  F.,  dentipes 
Wied.,  viridula  ,  proxima  Er. ,  et  diffinis 
Dej.  Les  deux  premières  sont  de  TAfrique 
australe,  les  deux  suivantes  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  et  la  dernière  est  originaire  du 
Sénégal.  (C.) 

ODONTITES  (Wovç,  dent),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Scrophularinées  , 
tribu  des  Rhinanthées,  établi  par  Haller 
(Helv.,  304).  Herbes  originaires  de  l'Europe 
centrale.  Voy.  scrophularinées. 

*ODONTOBIUS  (à&nîç,  dent;  ftfe  ,  Je 
vis),  helm.  —  M.  Roussel  de  Vauzème,  qui 
a  été  médecin  d'un  navire  baleinier,  a  fait, 
pendant  son  séjour  à  bord  de  ce  bâtiment, 
des  recherches  intéressantes  d'histoire  natu- 
relle. Le  Ver  auquel  il  a  donné  le  nom  d'O- 
dontobins  Ceti,  a  été  découvert  par  lui  dans 
l'enduit  muqueux  des  fanons  de  la  Baleine. 
Il  en  a  donné  la  description  dans  la  deuxième 
série  des  Annales  des  sciences  naturelles ,  en 
1834.  Ce  Ver,  qui  n'est  encore  connu  que 
d'une  manière  incomplète  ,  a  la  forme  des 
Nématoïdes  :  il  est  blanc,  long  de  5  à  6  mil- 
limètres, et  enroulé  postérieurement;  sa 
bouche  est  ronde ,  et  entourée  de  plusieurs 
aiguillons  cornés.  (P.  G.) 

*0D0NT0CARFIIA (Wovç,  dent;  xapyvj, 
paille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées,  tribu  des  Vernoniacées,  établi 
par  De  Candolle  (  Prodr.,  V,  71  ).  Herbes 
du  Chili.  Voy.  composées. 

*0D01\T0CARUS  (Wovto;,  denté;  x«- 
91 


722 


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pwç  ,  noyau  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptè- 
res pentamères,  famille  des  Carabiques  , 
tribu  des  Scaritides,  établi  parSolier  (Ann. 
de  la  Soc.  entom.  de  France,  t.  III ,  p.  662) 
dans  une  révision  du  genre  Ditomus,  Bon., 
Dej.  L'auteur  l'a  formé  avec  les  D.  cepha- 
îotes  Dej.,  et  robustus  Parr.  Le  premier  est 
originaire  de  Barbarie  et  des  environs  de 
Tanger,  et  le  second  de  la  Grèce.     (C.) 

*OW)NTOCERA  (àWoç,  denté;  wépoç, 
antenne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Céram- 
byeins,  créé  par  Serville  (Annales de  la  Soc. 
entomol.  de  Fr.,  1833,  t.  II,  p.  546).  L'au- 
teur rapporte  à  ce  genre  trois  espèces  :  les 
0.  vitrea,  cylindrica  Serv.,  et  gracilis  Kl.  La 
première  est  originaire  de  Cayenne  ,  et  les 
deux  autres  proviennent  du  Brésil.  Serville 
propose  d'appliquer  aux  espèces  pouvant 
rentrer  dans  la  deuxième  division  le  nom 
(TAcyphoderes.  (C.) 

*ODOi\TOCERA.  (o<Wç,  dent;  xePa5,  an- 
tenne), ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Diptères 
brachocères,  famille  des  Athéricères ,  tribu 
des  Muscides,  sous- tribu  des  Hétéromyzides, 
établi  par  M.  Macquart  (Diptères ,  Suites  à 
Buffon  ,  t.  II,  p.  614),  qui  en  décrit  5  es- 
pèces (Odont.  deniicornis,  aculicornis,  confi- 
nis,  affinis  ,  spinicornis  ),  assez  communes  , 
au  mois  de  juin  ,  dans  les  bois  de  la  France 
et  de  l'Allemagne.  (L.) 

*ODON'IOCERUS  (*<Wo'ç,  denté  ;  *£«$, 
antenne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères, famille  des  Malacodermes ,  tribu 
des  Lycusites,  décrit  sommairement  par 
M.  Guérin  Méne\i\\e  (Voyage  de  la  Coquille, 
Zoologie,  p.  72),  et  ainsi  caractérisé  :  Tête 
n'étant  pas  prolongée  en  bec  ;  antennes 
seulement  pectinées  dans  les  mâles.    (C.) 

*ODOJ\TGCIIElEA  (  o<Wo;  ,  denté  ; 
Xsî>oç,  lèvre),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Cicindéietes  ,  tribu 
des  Cicindélides  ,  créé  par  Laporte  (Revue 
ent.  de  Silber.,  t.  Il,  p.  34),  et  formé  avec  les 
espèces  de  la  première  division  du  genre  Ci- 
cindela  de  Dejean.  Ce  genre  est  aujourd'hui 
généralement  adopté.  Il  renferme  environ 
40  espèces,  qui  toutes  appartiennent  a  l'A- 
mérique équinoxiale.  Elles  fréquentent  les 
boi>,  et  se  tiennent  sur  les  feuilles  des  ar- 
bres où  elles  chassent  aux  insectes.  Nous  ci- 
terons comme  en  faisant  partie:   les  Cic. 


bipunclala  01.,  Cay ennensis ,  chrysis  F., 
quadrina  Chv. ,  ventralis  et  distigma  Dej. 
Ces  deux  dernières  rentrent  dans  la 
deuxième  division  qui  a  été  établie  dans  ce 
nouveau  genre.  (C.) 

*ODONTOCNEMUS ,  Zoubkofl.  ins.  — 
Synonyme  ou  division  du  genre  Deracan- 
Ihus  de  Schœnherr.  (C.) 

ODOftTOCORYNUS  (  à<Wo'ç ,  denté; 
xopuvvj ,  massue),  ins.  — Genre  de  Coléo- 
ptères tétramères,  famille  des  Curculionides 
gonatocères ,  division  des  Apostasimérides 
baridides,  établi  par  Schœnherr  (  Gênera  et 
species  Curculion.  syn.,  t.  VIII,  I,  p.  271  ). 
L'espèce  type  et  unique  du  genre  ,  VO.  are- 
perusSvhr.,  est  originaire  du  Mexique.  (C.) 

*ODONTODERES(&£ovtôç,  denté;  StP-n, 
cou),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères  ,  tétramères  de  Latreille  ,  famille 
des  Tubifères,  des  Eupodes  de  Latreille  , 
tribu  des  Cryptocéphalides,  formé  par  nous 
et  adopté  par  Dejean  (  Catalogue,  3e  édit., 
p.  444  ).  Le  type,  VO.  Auslralis  Dej.  (sex- 
vittatus  Chev.),estoriginaire  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  (C.) 

GDGNTOGLOSSUM  (ècîovç,  o'vto;,  dent; 
y/waera,  langue),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Orchidées  ,  tribu  des  Vandées, 
établi  par  H.-B.  Kunth  (in  Humb.  et  Bonpl. 
Nov.  gen.  et  sp.,  I,  351,  t.  85).  Herbes  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  orchidées. 

ODONTOGNATHE.Odontognalhus(h$ot>;, 
o'vtoç,  dent;  yvàQoç,  mâchoire),  poiss.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Malacoptérygiens  abdominaux, 
famille  des  Clupéoïdes,  et  caractérisé  prin- 
cipalement par  des  os  maxillaires  dentelés, 
terminés  en  longues  pointes  mobiles  ,  qui 
peuvent  faire  presque  un  demi-cercle,  et 
porter  alors  leurs  pointes  en  avant  comme 
des  cornes.  On  n'en  connaît  qu'une  seule 
espèce  :  Odont.  aiguillonné,  Od.  mucronalus 
Lacép.,  qui  vit  dans  leau  salée  sur  les  côtes 
de  la  Guiane.  Ce  poisson  n'atteint  guère  que 
16  centimètres  de  longueur;  presque  tout 
son  corps  présente  le  vif  éclat  de  l'ar- 
gent. (M.) 

ODONTOGNATHIA  ,  DC.  (Prodr.,  VI, 

610).  BOT,  PH.  — -  Voy.     CENTROPHYLLUM, 

Neck. 

*ODONTOGNATHUS  (  °<WoÇ,  denté  ; 
yva9o;,  mâchoire),  ins.  —  Genre  de  Coléo- 
ptères pentamères,  famille  <ies  Lamelli- 
cornes, tribu  des  Scarabéides  phyllophages, 


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723 


établi  par  Laporte  de  Castelnau  (  Histoire 
naturelle  des  Anim.  art.,  t.  II,  p.  137)  avec 
la  Mel.  unicolor  de  F.,  espèce  du  Brésil,  ca- 
ractérisée par  des  mandibules  bidentées  à 
l'extrémité,  épaisses,  larges,  et  armées  ex- 
térieurement de  deux  fortes  dents  ;  son 
chaperon  est  relevé  en  pointe  et  légèrement 
bifide.  (C.) 

ODONTOLITHE.  ins.  —  Nom  donné  à 
la  Turquoise  osseuse.  Voy.  turquoise. 

ODONTOLOMA  (  è<W;  ,  o'wo:  ,  dent; 
>«/*«,  frange  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa  - 
mille  des  Composées,  tribu  des  Vernonia- 
cées,  établi  par  H.-B.  Kunth  (  in  Humb.  et, 
Bonpl.  Nov.  gen.  et  spec,  IV,  43,  t.  319). 
Arbustes  de  la  vallée  de  Caracas  (Amer, 
mérid.).  Voy.  composées. 

*ODONTOLOPHUS  (bSov^,  ovro?,  dent  ; 
iocpcç,  aigrette),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées,  tribu  des  Cynarées, 
établi  par  De  Candolle  (  Prodr.,  VI ,  579) 
aux  dépens  du  grand  genre  Centaurée,  L'es- 
pèce principale  est  la  Centaursa  trinervia 
Steph. 

*ODONTOMACHUS  (  hSovro^-nç ,  qui 
combat  avec  les  dents),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  tétramères,  famille  des  Curcu- 
lionides  gonatocères ,  division  des  Érirhi  - 
rides  ,  créé  par  Schœnherr  (Gênera  et  sp. 
Curculion.  synonym. ,  t.  7,2,  p.  271). 
Deux  espèces  seulement  font  partie  de  ce 
genre:  les  0.  veslitus  et  hypocrita  Schr.  ; 
elles  sont  originaires  du  Port-Natal  (Afri- 
que méridionale),  (C.) 

ODOIMTOMACHUS  (voy.  l'article  précé- 
dent), ins.  —  Genre  de  Tordre  des  Hyméno- 
ptères, de  la  tribu  des  Formiciens,  de  la  fa- 
mille des  Formicides,  groupe  des  Ponérites, 
établi  par  Latreille,  et  caractérisé  principale- 
ment par  une  tête  en  carré  très  long,  très 
écbancrée  en  arrière.  M.  LepelletierdeSaint- 
Fargeau  (Hymen.,  Suites  à  Buff.)  en  décrit 
trois  espèces  :  Odont.  chelifer  (  Formica  che- 
lifera  Latr.  ),  hœmatodes  (For.  hœmatoda 
Linn.,  maxillosa  Dej.,  Myrmecia  hœmatoda 
Fab.),  et  unispinosus  (For.  unispinosa  Latr., 
Myrmecia  id.  Fabr.),  qui  habitent  l'Amé- 
rique méridionale,  (L.) 

*ODONTOMERUS  ,  Kirby.  ins.  —  Syn. 
de  Chrysobothris,  Eschscholtz. 

*ODONTOMUS  (  bSovzêç  ,  denté;  3p.;  , 
épaule),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Slernoxes,  tribu  des  J 


Buprestides ,  créé  par  Kirby  (  Fauna  bo~ 
reali  americana,  p.  156)  avec  deux  espèces 
de  l'Amérique  septentrionale  :  les  0.  triner- 
via et  proxima  de  Fauteur.  Ce  genre  pa- 
raît avoir  beaucoup  de  rapport  avec  les 
Chrysobothris  d'Eschscholtz ,  s'il  n'est  pas 
toutefois  identique.  (C.) 

ODONTOMYIA  (5<?ou'ç?  évroç ,  dent; 
fAvîbe ,  mouche)  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Notacan- 
thes,  tribu  des  Stratiomydes,  établi  par  La- 
treille et  généralement  adopté.  M.  Macquart 
(Diptères,  Suites  à  Buffon ,  t.  I ,  p.  245)  le 
caractérise  ainsi  :  Trompe  menue;  troisième 
article  des  palpes  peu  renflé.  Épistome  sou- 
vent saillant;  un  sillon  transversal  près  de 
la  cavité  buccale.  Troisième  article  des  an- 
tennes presque  fusiforme,  à  cinq  divisions  , 
sans  style.  Ordinairement  quatre  cellules 
postérieures  aux  ailes. 

Ce  genre  comprend  28  espèces ,  dont  12 
habitent  la  France  et  l'Allemagne  ,  et  16 
sont  exotiques.  Nous  citerons  parmi  celles 
de  notre  pays  VOdontomyia  viridula  Macq. 
(Stratiomys  viridula  Fab.),  espèce  très  com- 
mune. Elle  a  3  lignes  de  longueur,  le  corps 
noir,  avec  la  tête,  le  thorax  et  le  dessus  en- 
tièrement revêtus  de  poils  serrés  ,  d'un  vert 
grisâtre  doré;  les  ailes  hyalines;  les  pattes 
jaunes  ;  l'abdomen  de  cette  couleur,  avec  une 
très  large  bande  noire  s'élargissant  posté- 
rieurement. 

On  trouve  fréquemment  aussi,  aux  envi- 
rons de  Paris  ,  les  Odontom.  furcata  Latr.  , 
ligrina  Fab.,  et  hydroleon  Linn.         (L.) 

*ODONTONYX ,  Stephens.  ins.  —  Syn. 
d'Olisthopus,  Dejean.  (C.) 

*ODONTONYX  (tfovroç,  denté  ;  ow?, 
ongle),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Malacodermes  ,  tribu 
des  Dasylites ,  établi  par  M.  Guérin-Méne- 
ville  (  Revue  zoologique,  1843,  p.  194  ),  et 
ainsi  caractérisé  :  Mandibules  bidentées  ; 
lèvre  inférieure  terminée  par  quatre  lobes 
pointus  et  ciliés;  tarses  simples,  à  crochets 
dentelés.  (C) 

ODONTOPETALUM  ,  DC.  (  Prodr. ,  lt 
608).  bot.  ph.  —  Voy.  monsonia,  Linn. 

ODONTOPÈTRES.  zool.— Syn.  de  Glos- 
sopètres. 

ODONTOPnORUS,  Vicill.  ois.  — Genre 
de  la  famille  des  Perdrix.  Voy.  ce  mot. 

(Z.  G.) 


724 


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*  ODONTOPLEURA  (hSovs,  dent  ;  *>tvPa', 
flanc),  crust. — M.  Ernmrieh,  dans  Leonhard 
und  Dr  Broun,  Neu.  Jahrb. ,  établit  sous  ce 
nom  un  nouveau  genre  de  Trilobites ,  dont 
l'espèce  type  est  VOdontopleura  bispinosa. 

(H.  L.) 

*ODONTOPLEURES.  Odontopleuridœ. 
crust.  —  M.  Emmrich,  dans  Leonhard  und 
Dr  Bronn ,  Neu.  Jahrb. ,  donne  ce  nom  à 
une  famille  de  l'ordre  des  Trilobites ,  qui 
renferme  les  genres  Odontopleura,  Cryptoli- 
thus,  Harpes,  Olenus ,  Remopleurides  et 
AgnosLus.  (H.  L.) 

OD0NTOPTERA  (  âcîous ,  dent;  *tc>ov, 
aile),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées ,  tribu  des  Cynarées ,  établi  par 
Cassini  (  in  Dict.  se.  nal. ,  XXV,  270  ; 
XXIX,  456  ;  XXXV,  396  ) ,  et  rapporté  gé- 
néralement au  genre  Arctotis  de  Gaertner. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est 
VArclotis  sulphurea  Gœrtn. 

ODONTOPTERIS  ,  Berhn.  bot.  cr.  — 
Syn.  de  Lygodium,  Swartz. 

ODONTOPTERIS  (  è&uç ,  o'vtoç  ,  dent  ; 
it-ïipic,  fougère),  bot.  foss.— -Genre  de  Fou- 
gères fossiles,  établi  par  M.  Ad.  Brongniart 
(Prodr.,  60)  qui  le  décrit  ainsi  :  Fronde 
bipinnée;  pinnules  adhérentes  au  rachis 
par  leur  base,  qui  n'est  nullement  rétrécie  ; 
nervures  simples  ou  dichotomes ,  toutes 
égales,  naissant  du  rachis;  point  de  ner- 
vure moyenne  distincte. 

M.  Ad.  Brongniart  cite  cinq  espèces  de 
ce  genre  (  Odont.  crenulata,  Brardii,  minor, 
obtusa  ,  Schlotheimii  ) ,  qui  appartiennent 
toutes  aux  terrains  houillers.  (J.) 

*ODONTOPUS,  Say.  ins.  —Syn.  de 
Prionomerus,  Schœnherr.  (C.) 

*OBONTOPUS  (  hSovxSç ,  denté;  woûç, 
pied),  ins,  — Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
raères  ,  famille  des   Mélasomes ,   tribu  des 
Ténébrionites ,  établi  par  Silbermann  (jRe- 
vue  Enl.  de  Silb. ,  t.  I,  p.  1 ,  3  ,  4 ,  5  ) ,  et 
adopté  par  Hope  {Coleopterisl's  manual,  3, 
1840,  p.   126).  L'auteur   comprend  trois 
j  espèces   dans   ce  genre  :   les  0.   chalybeus 
i  Linn.,  Fab.  ( speciosus  Dej.  ) ,  cupreus  F., 
s  {violaceus  Silb.),  costatus  Silb.,  (splendidus 
Dej.  ).  Ces  Insectes  se  trouvent  aussi  bien 
sur  la  côte  de  Guinée  qu'au  Sénégal.  Dejean 
(Catalogue,  3e  édit.  )  a  fait  des  deux   pre- 
mières espèces  son  genre  Pezodontus,  et  de 
la  troisième,  celui  Iphicerus.  (C.) 


*ODONTOPUS  (Wov'ç,  o'vroç,  dent; 
7rovç,  pied),  ins. —  Genre  de  l'ordre  des 
Hémiptères  hétéroptères,  section  des  Géoco- 
vises  ,  groupe  des  Pyrrhocorides,  établi  par 
al.  Laporte  de  Castelnau  (Am.  et  Serv.,  Hé- 
miptères ,  Suites  à  Buffon  )  aux  dépens  des 
Pyrrhocores.  Ce  genre  ne  renferme  que  2  es- 
pèces :  Od.  sexpunctatus ,  du  Sénégal  ;  et 
Od.  sanguinolens,  du  Bengale.  (L.) 

ODONTORAMPHES.  Odontoramphi.  ois. 

—  Nom  donné  par  M.  Duméril  à  une  famille 
de  l'ordre  des  Passereaux,  et  qui  comprend 
les  genres  Calao,  Momot  et  Pbytotome. 

*0D0NT0RI1INA  (WovtSç,  denté;  pt'v, 
nez),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  mélitophiles ,  créé  par  Bur- 
meis ter  (  Handbuch  der  Entomologie),  et 
adopté  par  Schaum  (  Annal,  de  la  Soc.  ent. 
de  Fr.,  2e  sér.,  t.  III,  1845,  p.  45).  Deux 
espèces  sont  comprises  dans  ce  genre;  les 
0.  hispida  01.,  et  pubescens  F.  Leur  patrie 
est  le  cap  de  Bonne-Espérance.  (C.) 

*ODONTORHINUS  (è<Woç,  denté;  ^v, 
nez),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères,  famille  des  Curculionides  gonato- 
cères,  division  des  Cléonides,  créé  par 
Schœnherr  (Gênera  et  species  Curcul.  syn., 
t.  6  ,  2,  237).  Ce  genre  ne  renferme 
qu'une  espèce  de  Perse ,  VO.  insperatus 
Schr.  (C.) 

ODONTORHYNQUES.  Odonlorhynchi ,. 
Dumér.  et  Mœhr.  ois.  —  Syn.  de  Denti- 
rostres. 

*ODONTOSCELIS,  Curtis,  Guérin.  ins. 

—  Syn.  de  Promecoderus,  Dejean.     (C.) 
*0D0ïMT0SCELÏ$  (SIovtoç,  denté ,  tm~ 

Ifç,  jambe),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Carabiques ,  tribu 
des  Féroniens,  créé  par  Waterhouse  (  Ma- 
gazine of  natural  history  New  séries, 
1840,  p.  354).  Ce  genre  renferme  sept  es- 
pèces de  l'extrémité  de  l'Amérique  méridio- 
nale, savoir:  C.  tentyrioides ,  Darwinsii , 
Curtisii,  striatus,  substrialus  Waterh.,  cya- 
neus  Br.,  et  Desmareslii  Guér.  Ces  Insectes 
ont  aussi  reçu  les  noms  génériques  de  Cne- 
macanthus  par  MM.  Audouin  et  Brullé,  et  de 
Cnemalobus  par  M.  Guérin.  (C.) 

*ODONTOSCELIS  (Ô<WÇ,  Jvtoç,  dent; 
cxzï'iq,  cuisse  ).  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Hémiptères  hétéroptères ,  de  la  tribu  des 
Scutellériens,  groupe  des  Scutellérites,  éta- 


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725 


bli  par  M.  Laporte  deCastelnau,  et  dont  les 
principaux  caractères  sont  :  Antennes  cour- 
tes ,  insérées  à  la  partie  inférieure  de  la 
tête  ;  le  troisième  article  plus  court  que  le 
deuxième.  Corps  presque  orbiculaire.  Jambes 
épineuses. 

Les  espèces  de  ce  genre,  assez  nombreu- 
ses, proviennent,  pour  la  plupart,  du  Nou- 
veau-Monde. Nous  citerons  ,  comme  espèce 
type,  YOdontoscelis  scarabœoides  Burm.  (Ci- 
mex  id.  Linn.,  Tetyra  id.  Fabr.,  Thyreoco- 
ris  id.  Halm.).  Ce  petit  Insecte,  qui  se  fait 
remarquer  par  ses  couleurs  assez  brillantes, 
est  commun  aux  environs  de  Paris,  où  il  vit 
sur  les  fleurs.  (L.) 

*ODONTOSTÏLIS ,  Blum.  (FI.  jav.t 
Prœf.,  p.  VIII).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Bolbo- 
phyllum,  Dupetit-Thouars. 

*ODOi\TOTA  (Wovtoto'ç  ,  denté),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères subpentamères,  tétra- 
mères  de  Latreille,  famille  des  Eupodes , 
tribu  des  Cassidaires  hispites ,  formé  par 
nous^  et  adopté  par  Dejean  (  Catalogue , 
3e  édit.,  p.  388),  qui  en  mentionne  41  es- 
pèces, toutes  originaires  d'Amérique.  Nous 
citerons  comme  en  faisant  partie  :  les  0.  hu- 
meralis ,  sanguinicollis ,  ruficollis ,  dentata 
F. ,  bicolor,  nigrita,  scapularis,  notata,  scu- 
tellaris  01.  (Hispa),  et  dyctioptera  Pty. 
Kirby  a  donné  à  ces  Insectes  le  nom  géné- 
rique (VAnoplisles.  (C.) 

*ODONTOTARSUS  (Mrig,  o'vtoç,  dent; 
faoao's  >  tarse),  ins.  — Genre  de  l'ordre  des 
Hémiptères  hétéroptères,  section  des  Géoco- 
rises ,  groupe  des  Pachycorides ,  établi  par 
M.  Laportë  de  Castelnau  ,  qui  n'y  rapporte 
que  2  espèces:  Od.  grammicus  Linn.  (Ci- 
mex  id.  Linn. ,  C.  purpureo-lineatus  Ross. , 
Tetyra  grammica  Fabr.  ,  Bellocoris  purpu- 
reo-lineatus Habn ,  Pachycoris  grammicus 
Burm.)  ;  et  Od.  caudatus  Kl.  {Pachycoris  id. 
KL,  Bellocoris  id.  H.  Schœff.,  Od.  producta 
Spix  ).  Elles  habitent  toutes  deux  l'Eu- 
rope méridionale  et  l'Afrique  septentrio- 
nale. (L.) 

*ODOI\TOTIIRIPS  (SJoiîç,  o'vtoç;,  dent; 
Thrips,  nom  de  genre),  ins. —  Genre  de  l'or- 
dre des  Hémiptères  homoptères,  famille  des 
Térébrans,  établi  par  MM.  Amyot  et  Serville 
aux  dépens  des  Thrips.  Voy.  ce  mot.  (L.) 

*ODONTOTRlCHUM(o^ouç,ovToç,dent; 
0pî£,  Tpfx°Çi  poil),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées  (  tribu  incertaine  ) , 


établi  par  Zuccarini  (Plant,  nov.,  fasc,  i. 
311).  Herbes  du  Mexique. 

*ODONTRIA  (âJows,  dent;  rpla,  trois  ). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères , 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages  ,  créé  par  A.  White 
(Tr.  zool.  Jour,  of  the  Voy.  Erebus  and  Ter- 
ror,  1846,  p.  10  ,  pi.  2  ,  fig.  5),  avec  trois 
espèces  de  la  Nouvelle-Zélande;  les  0. 
striata ,  xanthosticta ,  et  cinnamomea  de 
l'auteur.  (C.) 

*OBOPETA.  ARACH—Genre d'Arachnides 
qui  a  été  établi  par  M.  Heyden  dans  le  jour- 
nal VIsis,  mais  dont  les  caractères  n'ont  ja- 
mais été  publiés;  du  reste,  c'est,  nous 
croyons,  au  genre  des  Trombidium  qu'il  faut 
rapporter  cette  nouvelle  coupe  générique» 
Voy.  trombidium.  (H.  L.) 

ODORAT,  physiol.  —Nom  donné  au  sens 
destiné  à  la  perception  des  odeurs.  Voy.  nez. 

ODORBRION,  Gesn.  ois.  —  Syn.  de  Ros- 
signol.  Voy,  SYLVIE. 

ODOSTEMON  ,  Rafin.  (in  Americ. 
Monthl.  magaz.,,  1819,  p.  192).  bot.  ph. 
—  Syn.  de  Mahonia,  Nutt. 

ODYNÈRE.  Odynerus  (  hSvwoSç ,  désa- 
gréable), ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Hy- 
ménoptères, tribu  des  Euméniens,  famille 
des  Euménides,  groupe  des  Odynérites, 
établi  par  Latreille  aux  dépens  des  Vespa. 
Les  principaux  caractères  de  ce  genre  sont  : 
Corps  ovalaire;  mâchoires  et  lèvres  cour- 
tes; palpes  maxillaires  et  labiaux  composés 
de  quatre  articles,  presque  glabres;  tho- 
rax ovalaire  ;  ailes  ayant  une  cellule  ra- 
diale et  trois  cellules  cubitales;  pattes  de 
moyenne  longueur  ;  abdomen  coni  -  ova- 
laire, avec  le  second  segment  plus  large  que 
le  premier. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  très  nom- 
breuses, et  la  plupart  se  trouvent  en  Eu- 
rope. Ce  sont  des  Insectes  de  taille  moyenne, 
noirs,  avec  quelques  taches  et  bandes  jaunes. 
Réaumur,  Wesmaël  ,  Audouin,  MM.  Léon 
Dufour  et  Schuckard  ont  publié,  sur  ces 
Insectes,  des  observations  pleines  d'intérêt. 
Nous  allons  ,  d'après  M.  Blanchard  (  Hisl. 
des  Insectes,  édit.  Firmin  Didot),  donner 
quelques  détails  sur  les  mœurs  très  intéres- 
santes de  plusieurs  espèces  de  ce  genre. 

1.  Odynère  a  pattes  épineuses,  Odynerus 
spinipes  (Vespa  spinipes  Linn.,  §-fasciala 
Fab. ,  Guêpe  solitaire  de  Réaumur).  11  est 


■26 


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noir,  avec  les  palpes,  le  labre,  les  mandi- 
bules, l'extrémité  du  chaperon  ,  une  petite 
tache  derrière  chaque  antenne  et  une  autre 
derrière  chaque  œil ,  les  huit  premiers  arti- 
cles des  antennes,  le  prothorax  et  les  para- 
ptères,  jaunes,  ainsi  que  les  pattes.  Celles-ci 
ont,  en  outre,  des  bandes  et  une  tache  sur 
les  jambes  de  couleur  noire  ;  chaque  anneau 
de  l'abdomen  est  bordé  de  jaune. 

Cet  Odynère  se  trouve  en  France  et  dans 
une  grande  partie  de  l'Europe.  Il  pratique 
dans  le  sable  ou  dans  les  murailles  un  trou 
profond  de  quelques  pouces  ,  à  l'ouverture 
duquel  il  élève  un  tuyau  d'abord  droit,  en- 
suite recourbé,  et  composé  d'une  pâte  ter- 
reuse en  gros  filets  contournés.  Après  ce 
travail,  il  entasse  dans  la  cellule  intérieure 
huit  à  douze  petites  larves  vertes  et  apodes, 
toutes  du  même  âge  ;  il  les  pose  par  lits 
les  unes  au-dessus  des  autres,  et  après  avoir 
pondu  un  œuf  près  de  cette  provision  ,  il 
bouche  le  trou  et  détruit  l'échafaudage  qu'il 
a  construit.  Cette  observation  faite  depui 
longtemps  par  Réaumur  a  été  complétée 
par  Audouin,  qui  a  reconnu  que  chaque  ou- 
verture ne  correspond  pas  seulement  à  un 
seul  tube,  comme  Réaumur  semblait  le 
croire,  mais  qu'un  trou  servait  ordinaire- 
ment d'orifice  à  deux  ou  trois  tubes ,  et 
qu'alors  il  y  a  économie  de  temps  et  de 
peine  pour  l'Insecte  ,  puisque  ,  après  avoir 
approvisionné  ses  œufs,  il  n'a  plus  qu'une 
seule  ouverture  à  fermer  pour  plusieurs 
larves.  Audouin  ,  ayant  examiné  quelques 
uns  de  ces  Odynères  au  moment  où  ils  ap- 
provisonnaient  leurs  nids,  les  vit  aller  cher- 
cher, dans  un  champ  de  luzerne  voisin  ,  de 
petites  larves  vertes  parvenues  à  leur  plus 
haut  degré  d'accroissement.  Il  recueillit 
plusieurs  de  ces  larves,  dont  quelques  unes 
se  métamorphosaient  en  nymphes.  Peu  de 
jours  après,  il  vit  éclore  l'Insecte  parfait, 
c'était  le  Phytonome  variable  (  Phytonomus 
variabilis  )  ,  petit  Insecte  de  la  famille  des 
Curculionides.  L'Odynère  ayant  filé  son  co- 
con dans  sa  cellule,  le  26  juin,  ne  se  trans- 
forma en  nymphe  que  le  21  mai  de  l'année 
suivante,  et  demeura  encore  dans  cet  état 
durant  quatorze  jours  avant  de  se  méta- 
morphoser en  Insecte  parfait. 

2.  Odynère  de  Réaumur,  Odynerus  Reau- 
murii  L.  Duf.  Corps  noir  dans  les  deux 
sexes,  ayant,  dans  le  mâle,  les  parties  de  la 


bouche,  la  face,  un  pointentre  les  antennes, 
la  partie  inférieure  de  celles-ci,  une  bande 
transversale  sur  le  prolhorax,  une  ligne  sur 
l'écusson,  un  point  à  l'insertion  des  ailes, 
et  les  paraptères,  jaunes;  les  pattes  ayant  la 
base  des  cuisses  noire,  leur  extrémité  j.iune 
ainsi  que  les  jambes,  les  tarses  roux;  l'ab- 
domen ayant  cinq  bandes  transversales 
jaunes;  les  antennes  sont  enroulées  à  leur 
extrémité. 

La  femelle  diffère  du  mâle  par  les  an- 
tennes renflées  à  l'extrémité,  n'ayant  de 
jaune  que  la  partie  inférieure  de  son  pre- 
mier segment,  et  par  l'abdomen  qui  n'a  que 
quatre  bandes. 

Voici  quelques  uns  des  détails  rapportés 
par  M.  Léon  Dufour  (Ann.  des  se.  nat.  , 
t.  XI ,  janvier  1839  )  à  l'égard  de  cet  In- 
secte : 

«  Depuis  plusieurs  années,  j'avais  remar- 
qué aux  environs  de  Saint-Sever,  dans  le 
département  des  Landes,  des  terrasses  argi- 
leuses dont  le  revers  méridional  était  tout 
criblé  de  trous  d'Odynères.  Chaque  prin- 
temps ,  j'allais  par  un  beau  soleil  payer  un 
tribu  d'admiration  aux  habiles  ouvriers  de 
ces  habitations  souterraines  et  de  ces  tuyaux 
extérieurs  de  terre  guillochée  si  parfaite- 
ment semblables  à  ceux  décrits  par  Réau- 
mur. Pendant  le  cours  du  mois  de  mai  1 838, 
j'ai  voulu  poursuivre  mes  recherches  com- 
paratives :  j'ai  isolé  le  domicile  de  TOdy- 
nère;  j'ai  soumis  à  l'examen  le  plus  atten- 
tif, le  plus  scrupuleux,  et  la  larve,  et  les 
provisions  de  bouche,  et  les  manœuvres  de 
la  vigilante  mère;  j'ai  surpris,  saisi  celle-ci, 
tenant  entre  ses  mandibules  ,  sans  la  bles- 
ser, une  petite  chenille  verte;  j'ai  trouvé 
dans  chaque  conduit  ou  dans  chaque  nid 
une  larve  approvisionnée  d'une  brochée  de 
dix  à  douze  de  ces  chenilles  vivantes,  toutes 
vertes  avec  un  liséré  longitudinal  de  chaque 
côté.  A  l'exemple  de  Réaumur,  j'ai  été  cu- 
rieux d'élever  moi  même  des  larves  d'Ody- 
nères sous  mes  yeux.  J'en  ai  placé  de  très 
jeunes,  isolément,  dans  des  tubes  de  verre; 
je  leur  ai  donné  à  chacune  une  douzaine  de 
chenilles  prises  dans  les  nids  de  la  terrasse. 
J'assistais  quotidiennement  à  leurs  repas  ; 
je  les  voyais  manger  avec  voracité,  grandir 
à  vue  d'oeil.  Au  bout  de  deux  semaines, 
elles  avaient  acquis  tout  leur  développement 
comme  larves  ;  elles  demeuraient  alors  près- 


ODY 


ODY 


727 


que  immobiles  au-dessus  du  tas  des  dé- 
pouilles de  leurs  victimes,  occupées  a  revêtir 
de  soie  leur  domaine,  » 

L'œuf,  dont  n'a  pas  parlé  Réaumur,  et  que 
M.  Léon  Dufour  a  trouvé  dans  les  nids  les 
plus  récents,  est  oblong,  cylindrique,  obtus; 
et  d'un  jaune  assez  vif. 

3.  Odynère  rubicole  ,  Odynerus  rubicola 
L.  Duf.  Cette  espèce  paraît  très  voisine  des 
deux  précédentes;  elle  en  diffère  principa- 
lernent  par  les  cuisses  intermédiaires  du 
mâle  dépourvues  d'épines;  par  le  chaperon 
ayant  une  ligne  arquée  ,  jaune  dans  la  fe- 
melle; le  thorax  présente  à  sa  partie  anté- 
rieure une  bande  transversale  ,  un  point 
humerai  et  deux  points  sur  l'écusson  jaunes 
ainsi  que  les  paraptères;  les  ailes  sont  en- 
fumées à  leur  extrémité;  les  pattes  ont 
l'extrémité  des  cuisses,  les  jambes  et  les 
tarses  jaunes  ;  l'abdomen  offre  six  bandes 
transversales,  linéaires,  dans  le  mâle,  cinq 
seulement  dans  la  femelle. 

Les  mœurs  de  cette  espèce  diffèrent  un 
peu  de  celles  des  précédentes.  Cet  Odynère 
choisit,  pour  construire  son  nid,  une  tige 
sèche  lie  ronce;  il  ne  prend  jamais  celle  qui 
est  perpendiculaire  au  sol ,  et  dont  Textié- 
mité  est  dirigée  en  ligne  droite  vers  le  ciel, 
mais  celle  qui  est  horizontale  ou  inclinée 
vers  la  terre,  assez  grosse  et  assez  dure  pour 
supporter  les  coques  qu'elle  est  destinée  à 
recevoir.  L'Insecte  la  creuse  d'abord  à  la 
profondeur  de  quelques  pouces,  en  enlevant 
successivement  la  moelle  qui  la  remplit;  il 
va  chercher  ensuite  des  matériaux  pour 
construire  à  l'intérieur  des  coques,  au  nom- 
bre de  deux,  trois,  quatre  ou  cinq;  quel- 
quefois ce  nombre  s'élève  jusqu'à  dix,  toutes 
placées  a  environ  deux  lignes  de  distance 
les  unes  des  autres.  Ces  loges,  formées  par 
une  terre  bien  pétrie,  mêlée  à  des  grains  de 
sable  et  à  quelques  fragments  de  moelle  de 
ronce,  sont  de  couleur  brune  ou  d'un  gris 
sale,  ayant  6  à  7  ligues  de  long  sur  3  de 
largeur ,  et  placées  à  la  file  les  unes  des 
autres;  dans  l'intervalle  qui  existe  entre 
Chacune  d'elles,  on  trouve  de  la  moelle  en- 
las-ee.  Lorsque  les  larves  ont  atteint  tonte 
leur  croissance,  elles  sécrètent  une  malien; 
soyeuse  blanchâtre,  dont  elles  garnissent  les 
parois  internes  de  leurs  coques.  La  partie 
supérieure  de  celles-ci  ,  qui  correspond  à  la 
tête  de  la  larve  ou  de  la  nymphe ,  est  tron- 


quée et  fermée  par  un  diaphragme  fait 
d'une  étoffe  soyeuse,  analogue  à  celle  qui 
garnit  les  parois  internes.  Ce  diaphragme 
ou  couvercle,  tendu  fortement  et  débordé 
par  un  prolongement  du  tube  terreux,  est 
surtout  remarquable  en  ce  qu'il  est  com- 
posé de  deux  tuniques  séparées  par  une  cou- 
che de  moelle  de  ronce  très  serrée. 

Le  femelle  de  cette  espèce  approvisionne 
son  nid  comme  les  espèces  précédentes;  la 
larve  acquiert  tout  son  développement  lors- 
qu'elle a  consommé  toutes  ses  provisions. 
C'est  à  ce  moment  qu'elle  tapisse  sa  coque 
et  construit  son  couvercle  pour  s'enfermer 
hermétiquement.  Ces  larves  ne  mettent  pas 
plus  d'une  douzaine  de  jours  pour  acquérir 
toute  leur  croissance;  mais  ensuite  elles  res- 
tent dans  un  état  complet  d'engourdissement 
pendant  dix  à  onze  mois,  c'est-à-dire  jus- 
qu'à la  fin  d'avril  ou  au  commencement  de 
mai  de  l'année  qui  a  suivi  la  ponte  des 
œufs,  époque  à  laquelle  on  trouve  des  nym- 
phes qui  éclosent  à  la  fin  de  mai  ou  au  com- 
mencement de  juin. 

M.  Léon  Dufour  a  mentionné  un  fait 
bien  digne  de  remarque,  c'est  la  manière 
dont  s'effectue  la  sortie  des  Insectes  parfaits, 
qui  doivent  tous  quitter  leur  retraite  par 
l'extrémité  supérieure  de  la  tige.  Les  coques 
sont  toutes  placées  les  unes  au-dessus  des 
autres:  si  un  Insecte  parfait  d'une  des  loges 
inférieures  venait  à  éclore  le  premier,  il  dé- 
truirait, tous  les  autres  sur  son  passage; 
mais  il  en  est  autrement  :  c'est  l'Insecte 
renfermé  dans  la  coque  placée  près  de  l'ex- 
trémité de  la  tige,  c'est  à-dire  dans  la  der- 
nière construite,  qui  doit  sortir  le  premier, 
et  frayer  le  chemin  au  second  ,  qui  en  fera 
autant  pour  le  troisième,  et  ainsi  de  suite 
jusqu'au  dernier. 

Telles  sont  les  espèces  les  plus  curieuses 
du  genre  Odynère;  il  en  existe  encore  beau- 
coup d'autres,  mais  dont  les  habitudes  dif- 
férent fort  peu  de  celles  des  espèces  dont 
nous  venons  de  faire  l'histoire  (Odyn.  cogna- 
tus,  oitilofie,  crassieornis,  parietum,  etc.). 

Les  Odynères  «>nt  pour  ennemis  quelques 
espèces  de  Diptères,  qui  viennent  déposer 
leurs  œufs  dans  leurs  nids  construits  si  la- 
borieusement, et  dont  les  larves  vivent  aux 
dépens  des  provisions  amassées  par  les  Ody- 
nères. Dans  ce  cas,  les  larves  de  ces  der- 
niers viennent  ainsi  à  périr  de  faim.  (L.) 


'23 


Oï'CÏ 


OECO 


*ODYNERITES.  Odynerites.  ins. -Groupe 
de  la  famille  des  Euménides,  de  la  tribu  des 
Eurnéniens,  dans  Tordre  des  Hyménoptères, 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  :  Lèvre 
ayant  quatre  points  glanduleux  à  l'extré- 
mité, et  trilobée,  avec  le  lobe  du  milieu  plus 
grand  et  biGde.  Abdomen  à  peine  pédicule. 

Les  genres  compris  dans  ce  groupe  sont 
ceux  des  Odynères  et  des  Ptérochiles.  Voy. 
ces  mots.  (L.) 

*OECATCTIIUS  (oîxoç,  demeure;  âv&oç, 
fleur),  ins.  —  Genre  de  Tordre  des  Ortho- 
ptères, tribu  des  Grylliens,  famille  des  Gryl- 
lides,  établi  par  Audinct-Serville  {Orthoptè- 
res ,  Suites  à  Buffon)  aux  dépens  des  Gryl- 
lus.  On  en  connaît  trois  espèces  :  OEcant. 
pellucens  (  Gryllus  id.  Scop. ,  Gr.  italiens 
Oliv.  ,  Acheta  italica  Fab.  ),  d'Italie  et  du 
midi  de  la  France;  OEcant.  niveus  (Gryllus 
niveus  Deg.  ,  Oliv.),  de  l'Amérique  septen- 
trionale ;  et  OEcant.  rufescens ,  de  Bom- 
bay. (L.) 

*OECEOCLADES(oixfov,  petite  demeure; 
xWo; ,  rameau),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Orchidées,  tribu  des  Vandées, 
établi  par  Lindley  (in  Bot.  reg.,  n.  1522; 
Orchid.,  235).  Herbes  des  Indes,  de  l'Amé- 
rique et  de  l'Afrique  tropicale.  Voy.  orchi- 
dées. 

*OECHMEA ,  Juss.  (  in  Jeaume  St-Hil. 
exposit.  fam.,  I,  103).  bot.  ph.  —  Syn. 
(TJEchmea ,  Ruiz  et  Pav. 

*0EC1STES  (oc'xtaryîç ,  qui  bâtit),  infus., 
syst. — Genre  proposé  par  M.  Ehrenberg  pour 
un  Systolide  ou  Rotateur  (OEc.  hyalinus), 
long  de  sept  à  huit  dixièmes  de  millimètres, 
et  qui  nous  paraît  devoir  être  réuni  au  genre 
Ptygura,  dont  il  diffère  par  une  enveloppe 
gélatineuse,  particulière,  en  forme  de  tube 
pour  chaque  individu ,  et  par  la  présence 
de  deux  points  rouges  pris  pour  des  yeux.  Le 
corps  est  campanule,  oblong,  porté  par  un 
pédicule  plus  ou  moins  épais,  et  terminé 
par  un  limbe  cilié,  arrondi.  (Duj.) 

*OECISTINA.  infus.  ,  syst.— Famille  de 
Systolides  ou  Rotateurs,  établie  par  M.  Eh- 
renberg dans  la  section  des  Holotroques  de 
sa  division  des  Monotroques,  c'est-à-dire 
ayant  le  limbe  cilié  ou  organe  rotatoire 
simple  et  entier.  Les  CEcistina  sont  les  Ho- 
lotroques cuirassés  ou  plutôt  enveloppés, 
tandis  que  les  Ichthydina  sont  les  Holotro- 
ques nus  :  mais  cette  différence  nous  paraît 


peu  importante,  car  l'enveloppe  est  simple- 
ment une  sécrétion  gélatineuse  amorphe  , 
qui  n'est  pas  toujours  aperçue  quand  elle 
n'est  pas  souillée  de  matières  terreuses. 
Cette  famille  contient  les  deux  genres  : 
OEcisles  et  Conochilus ,  qui  diffèrent  parce 
que  le  dernier  présente  des  individus  réu- 
nis en  amas  globuleux  dans  une  enveloppe 
ou  sécrétion  commune  ,  tandis  que  les 
OEcistes  sont  isolés  chacun  dans  une  enve- 
loppe particulière.  (Duj.) 

GECODOMA(ocxo<?op},  construction),  ins. 
—  Genre  de  Tordre  des  Hyménoptères,  de  la 
tribu  desFormiciens,  delà  famille  des Formi- 
cides,  groupe  des  Myrmicites,  établi  par  La- 
treille  aux  dépens  des  Attes,  dont  il  se  dis- 
tingue par  des  palpes  très  courts.  On  en  con- 
naît deux  espèces  :  OEcod.  cephalotes  Latr. 
(  Atta  id.  Fab.,  Formica  id.  Linn.,  For. 
grossa Oliv.,  For. migratoriaDe].),el  OEcod. 
hystrix  Latr.  (Formica id.  Latr.,  Fab.),  qui 
habitent  l'Amérique  méridionale.       (L.) 

OECOPHORA  (  olxovépoç ,  qui  porte 
une  demeure  ).  ins.  —  Genre  de  Tordre 
des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu  desTinéi- 
des,  établi  par  Latreille,  aux  dépens  des 
Tinea  de  Fabricius.  Duponchel  (Catal.  rnéth. 
desLcp.  d'Eur.,  p.  366)  assigne  à  ce  genre 
les  caractères  suivants  :  Antennes  filiformes 
dans  les  deux  sexes,  de  la  longueur  du  corps. 
Palpes  inférieurs  seuls  visibles,  très  grêles, 
généralement  courts,  écartés  de  la  tête  et 
subuliformes.  Trompe  nulle  ou  rudimen- 
taire ,  tête  lisse.  Ailes  supérieures  en  forme 
d'ellipse  très  allongée ,  avec  une  longue 
frange  à  l'extrémité  du  bord  interne;  ailes 
inférieures  très  étroites,  cultriformes,  et  en- 
tourées d'une  longue  frange. 

Les  OEcophora  sont  de  très  petits  Lépi- 
doptères ornés  de  couleurs  agréables  et  sou- 
vent très  brillantes  ;  leurs  chenilles  sont  en- 
core peu  connues.  Elles  se  nourrissent  de 
végétaux;  les  unes  attaquent  les  feuilles  en- 
tières ,  les  autres  seulement  le  parenchyme; 
quelques  unes  même  pénètrent  dans  les 
graines  des  céréales,  et  en  mangent  toute  la 
substance  farineuse,  sans  même  toucher  à 
Técorce.  Elles  font,  de  cette  manière,  des 
ravages  considérables  dans  les  champs  de 
blé  et  d'orge.  Les  chenilles  qui  vivent  sur 
les  arbres  filent  leur  coque  entre  les  ger- 
çures des  écorces;  les  autres  les  placenta 
terre,  dans  la  mousse. 


OEDE 


OEDÊ 


729 


Ce  genre  est  très  nombreux  en  espèces. 
Duponchel  (loc.  cit.)  en  cite  36  ,  répandues 
dans  toute  l'Europe.  Nous  citerons,  comme 
type,  Y OEcophora  olivîella  La tr.  (Tineaid. 
i  Fabr.):  elle  a  les  ailes  supérieures  d'un  noir 
doré  ,  avec  une  tache  jaune  à  la  base  et  au 
milieu;  derrière  cette  bande  est  une  petite 
raie  argentée.  Les  antennes  ont  un  anneau 
blanc  près  de  leur  extrémité.  Cette  espèce 
est  assez  commune  aux  environs  de  Paris. 

Les  OEcophora  multiplient  considérable- 
ment; c'est  ce  qui  rend  encore  plus  nom- 
breux les  dégâts  que  ces  Insectes  occasion- 
nent, dans  plusieurs  contrées  de  la  France, 
dans  les  champs  d'orge  et  de  blé.       (L.) 

*OEDA  (otcîoç,  gonflement),  ins.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Hémiptères  homoptères,  tribu 
des  Membraciens,  groupe  des  Combopho- 
rides ,  établi  par  MM.  Amyot  et  Serville 
(Hémiptères,  Suites  à  Buffon,  p.  546)  aux 
dépens  des  Membracis.  On  n'en  connaît 
qu'une  espèce,  OEda  in  fia  la  (Membracis  in- 
flala  Fabr.,  Smilia inflata  Burin.),  du  Bré- 
sil. (L.) 

OEDALEA  (oTdV,  enflé),  ins.  —  Genre 
de  Tordre  des  Diptères  brachocères,  famille 
des  Tanystomes,  tribu  des  llybotides,  établi 
par  Meigen,  adopté  par  Latreille  (Fam.  nat.) 
et  par  M.  Macquart  (Diptères,  Suites  à  Buf- 
fon t  t.  1,  p.  321).  Ce  dernier  auteur  en  dé- 
crit 2  espèces  (OEdal.  tibialis  et  hybolina), 
qui  habitent  les  contrées  septentrionales  de 
l'Europe.  (L.) 

*QEDANCAEA  (oî<îoç,  enflure;  àyxâln, 
bras),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Hémiptères 
hétéroptères,  section  des  Géocorises,  groupe 
des  Rh  y  parochrom  ides,  établi  par  MM.  Amyot 
et  Serville  (Hémiptères,  Suites  à  Buffon, 
1. 1,  p.  258),  et  qui  ne  renferme  qu'une  seule 
espèce,  C  Ed.  dorsilinea,  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale. (L.) 

*OEDECNEMA  (oTcîo;,  renflement;  xvo- 
p.vj ,  cuisse),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille «les  Longicornes,  tribu  des  Lepturètes, 
formé  par  Dejean  (Catalogue,  3e  édition, 
pag.  381  )  aux  dépens  des  Leplura.  L'espèce 
type,  la  Leplura  dubia  F.  (russica  Hst.), 
est  propre  à  la  Sibérie.  (C.) 

OEDÉLITE.  min.  —  Syn.  de  Mésotype. 
Voy.  ce  mot. 

OEDEMAGENA  (  oT«îoç  ,  tumeur;  yév<x , 
naissance),  ins.  —  Genre   de  Diptères  de 

T.  VIII. 


la  famille  des  Athéricères,  tribu  des  OEs- 
trides  ,  formé  par  Clarck  aux  dépens  des 
CEstrus  de  Linné,  adopté  par  tous  les  ento- 
mologistes,  et  ayant  pour  caractères  :  Une 
ouverture  buccale  linéaire,  élargie  supérieu- 
rement ;  trompe  nulle  ;  deux  palpes  rappro- 
chés ,  de  deux  articles;  crochets  et  pelotes 
des  tarses  grands;  première  cellule  posté- 
rieure des  ailes  entr'ouverte  à  l'extrémité, 
et  nervure  de  la  discoïdale  presque  perpen- 
diculaire à  sa  base. 

On  ne  connaît  qu'une  espèce  de  ce  genre  : 
YCEdemagena  Tarandi  Clarck  (OEstrus  Ta- 
randi  Linn.),  qui  est  long  d'environ  7  lignes, 
noir,  avec  la  tête  ,  le  corselet  et  la  base  de 
l'abdomen  garnis  de  poils  jaunes;  les  ailes 
sont  un  peu  brunâtres. 

Les  larves  de  ces  Insectes  vivent  sur  le 
dos  des  Rennes,  et  produisent  des  tumeurs 
dans  la  peau  de  ces  animaux.  Ces  larves 
font  périr  beaucoup  de  Rennes  de  deux  et 
trois  ans  ,  et  la  peau  des  plus  vieux  est  sou- 
vent si  criblée  des  piqûres  de  ces  Diptères, 
que  l'on  a  cru  que  ces  animaux  étaient 
sujets  à  la  petite-vérole.  Les  OEdémagènes 
sont  communs  en  Laponie.  (E.  D.) 

OEDEMERA  (o?£oç,  renflement;  pvjpog, 
cuisse),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hé- 
téremères,  famille  des  Sténélytres,  tribu  des 
OEdérnérites,  créé  par  Olivier  (Enl.om.,  1. 111, 
n°  179).  Dejean,  qui  a  adopté  ce  genre, 
en  énumère  19  espèces  :  16  sont  propres  à 
l'Europe,  2  a  l'Amérique,  et  I  estd'Asie.  Nous 
citerons  comme  en  faisant  partie  :  les  OE. 
Podagrariœ,  flavescens,  cœrulea,  vircscer.s 
(Nccydaliset  Cantharis)  Lin.,  marginala, 
barbara,  clavipes  (Necydalis  et  Dryops)  F. 
Chez  l'un  des  sexes,  les  cuisses  postérieures 
sont  excessivement  renflées ,  et  elles  sont 
simples  dans  l'autre.  Stephens  a  appliqué  à 
ces  Insectes  les  noms  génériques  iï()nco- 
mera  pour  quelques  uns,  et  û'Ischuomera 
pour  d'autres.  (C.) 

*ŒDÉMÉR!ENS.  OEdernerii.  ins.— Sous 
ce  nom,  Laporte  deCastelnau  (Histoire  na- 
turelle des  Animaux  articulés ,  t.  2,  p.  250) 
a  formé  une  quatrième  tribu  de  Coléoptères 
hétéromères  ,  dans  la  famille  des  Sténé- 
lytres de  Latreille.  L'auteur  l'a  caractérisée 
ainsi  :  Crochets  des  tarses  non  dentelés. 
Antennes  très  longues,  filiformes,  insérées 
à  nu.  Mandibules  bifides.  Tête  généralement 
avancée  en  un  petit  museau.  Corps  allongé, 

92 


'30 


OEDE 


OEDI 


étroit.  Yeux  élevés.  Corselet  long.  Insectes 
nions,  se  trouvant  sur  les  fleurs.  Genres: 
Calopus  ,  Sparedrus ,  Palœstra  ,  Dytilus  , 
OEdemera  et  Nothus.  (C.) 

OEDÉMÉRITES.  OEdemerites.  ins.  — 
Quatrième  tribu  de  Coléoptères  hétéromères, 
famille  des  Sténély  très,  établie  par  Lalreille 
\Règne  animal  de  Cuvier ,  t.  V,  p.  46),  et 
i}ui  a  pour  caractères:  Antennes  insérées  à 
'Du,  près  des  yeux  ;  mandibules  bifides  à 
l'extrémité  ;  tarses  à  pénultième  article 
bilobé;  palpes  maxillaires,  terminés  par  un 
article  plus  grand,  en  forme  de  triangle 
renversé  ;  cuisses  postérieures  très  ren- 
flées; crochets  des  tarses  refendus;  corps 
allongé,  étroit,  linéaire;  tête  et  corselet 
plus  étroits  que  l'abdomen;  antennes  plus 
longues  que  ces  parties  (en  scie  dans  les  Ca- 
lopus), filiformes,  sétacées,  composées  d'ar- 
ticles presque  cylindriques  ou  longs;  tête 
plus  ou  moins  prolongée,  en  forme  de  mu- 
seau, un  peu  rétrécie  en  arrière,  yeux  plus 
élevés  que  dans  les  autres  tribus  de  la  fa- 
mille; corselet  au  moins  aussi  long  que 
large,  presque  carré  ou  cylindrique,  un  peu 
rétréci  en  arrière;  élytres  amincies  posté- 
rieurement en  manière  d'alêne  et  souvent 
flexibles. 

Cette  tribu  comprend  les  genres  sui- 
vants :  OEdemera,  Nothus,  Calopus,  Spare- 
drus et  Dytilus. 

Les  Nothus,  bien  que  rentrant  dans  cette 
tribu  par  l'ensemble  de  leurs  caractères, 
présentent  quelques  modifications  exté- 
rieures qui  les  rapprochent  de  la  tribu  des 
Serropalpides. 

Ces  Insectes  ont  des  rapports  avec  les  Te- 
lephorus  et  les  Zonitis.  Ils  se  trouvent  sur 
les  fleurs  et  sur  les  arbres. 

Leurs  métamorphoses  sont  inconnues  ; 
mais  on  doit  supposer  que  leurs  larves  se 
développent  dans  l'intérieur  des  végétaux. 

Leur  anatomie  a  offert  à  Léon  Dufour 
deux  vaisseaux  salivaires  très  simples , 
flexueux  et  flottants,  et  une  panse  formée 
d'un  jabot  latéral ,  muni  d'un  cou  ou  pédi- 
celle.  Ce  sont  les  seuls  Insectes  chez  les- 
quels on  ait  observé  cette  organisation  toute 
particulière.  (C.) 

*OEDENIA  ,  Strielland.  ois.  —  Syn.  de 
Oidemia,  Flem. 

CEDERA,  Linn.  (  Gen. ,  n.  1325  ).  bot. 
fh. —Syn.  VOEderia,  DC. 


GEDERIA  (  oîïoç ,  renflement;  Êptov, 
poil  ).  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées ,  tribu  des  Sénécionidécs , 
établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  VI,  1), 
et  dont  les  principaux  caractères  sont  :  Ca- 
pitule hétérogame ,  pauciflore;  fleurs  du 
rayon  ligulées,  allongées;  celles  du  disque 
tubuleuses,  hermaphrodites.  Involucre  pau- 
cisérié  ,  à  squames  membraneuses.  Récep- 
tacle étroit  à  paillettes  scarieuses.  Corolle  du 
disque  5-denté.  Anthères  sessiles.  Stigmates 
fixés  au  disque.  Akène  dépourvu  d'ailes, 
anguleux-cylindracé,  glabre  ;  aigrette  courte, 
membraneuse. 

Les  OEderia  sont  des  arbrisseaux  origi- 
naires du  Cap,  à  feuilles  opposées,  ou,  ra- 
rement, disposées  trois  par  trois  en  forme  de 
spirale  ,  imbriquées  ,  très  entières  ;  à  fleurs 
bleues ,  disposées  en  glomérules  terminaux 
entourés   de  feuilles  florales  bractéiforrnes. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
par  De  Candolle  {loc.  cit.)  en  deux  sections, 
qu'il  nomme  :  a.  Euœderia  :  Capitules  ses- 
siles entre  les  bractées;  ligules  5-8,  les  ex- 
térieures allongées  ;  aigrettes  du  disque  et 
du  rayon  très  courtes  et  conformes  ;  b.  Erio- 
poda  ;  Capitules  fixés  entre  les  bractées  sur 
un  court  pédoncule;  ligules  très  courtes  ;  ai- 
grette du  rayon  très  courte  ou  nulle  ,  celle 
du  disque  membraneuse,  dentée  au  sommet, 
plus  longue  que  le  tube  de  la  corolle.      (J.) 

*OEDICIHRUS  (oTcîo;,  enflure;  XetP , 
main),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Brachélytres,  tribu  des 
Pinophiliniens,  créé  par  Erichson  (  Gênera 
et  species  Staphylinorum ,  p.  684  ) ,  et  ainsi 
caractérisé  par  l'auteur  :  Palpes  maxillaires 
à  quatrième  article  sécuriforme.  Abdomen 
non  marginé.  Tarses  ayant  les  quatre  pre- 
miers articles  dilatés  et  renflés.  Le  type, 
seule  espèce  aujourd'hui  connue,  VOE.  pe~ 
derinus  Er.,  est  propre  à  la  Sicile.      (C.) 

GEDICNÈME.  OEdicnemus  (oTJoç,  enflure; 
xvyj'pj ,  jambe  ).  ois.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Charadridées,  dans  l'ordre  des 
Échassiers.  Il  a  pour  caractères  :  un  bec  plus 
long  que  la  tête,  droit,  fort,  un  peu  dé- 
primé à  la  base,  comprimé  vers  le  bout; 
à  arête  de  la  mandibule  supérieure  élevée; 
les  narines  placées  au  milieu  du  bec,  lon- 
gitudinalement  fendues  jusqu'à  la  partie 
cornée  de  celui-ci,  ouvertes  par  devant  et 
percées  de  part  en  part;  des  pieds  longs, 


OEDI 


OEDI 


731 


grêles;  trois  doigts  dirigés  en  avant,  réunis 
par  une  membrane  jusqu'à  la  seconde  arti- 
culation: une  queue  fortement  étagée;  des 
ailes  médiocres  et  aiguës. 

Les  OEdicnèmes  offrent,  au  premier  as- 
pect, tant  d'analogie  avec  les  Outardes,  que 
quelques  naturalistes  ont  été  portés  à  les 
considérer  comme  des  oiseaux  du  même 
genre.  Ainsi  Belon  ,  le  patriarche  de  l'or- 
nithologie en  France,  et  Latham,  dont  les 
ouvrages  ont  fait  autorité,  ne  les  ont  pas 
séparés  génériquement.  Le  seul  OEdicnème 
que  possède  l'Europe,  Belon  l'a  appelé  Ous- 
tardeau  (petite  Outarde),  et  Latham  lui  a 
donné  le  nom  plus  scientiûque  de  Olis  œdic- 
nemus.  Linné  a  placé  les  OEdicnèmes  parmi 
les  Pluviers,  ce  qu'ont  également  fait  beau- 
coup d'autres  méthodistes  et  Buffon  ;  mais 
ce  dernier  a  fait  observer  que  si  ces  Oiseaux 
tiennent  aux  Pluviers  par  plusieurs  carac- 
tères communs,  ils  s'en  éloignent  assez  par 
quelques  autres  pour  qu'on  puisse  les  iso- 
ler. De  cette  opinion  de  Buffon  à  1rs  sé- 
parer génériquement,  comme  on  l'a  fait 
plus  tard,  le  pas  n'était  pas  grand.  Aujour- 
d'hui les  OEdicnèmes  sont  généralement 
considérés  comme  des  Oiseaux  distincts  des 
Outardes  et  des  Pluviers,  et  forment,  pour 
quelques  auteurs,  la  transition  naturelle 
des  uns  aux  autres.  C'est  à  M.  Temminck 
qu'est  due  la  création  du  genre  OEdicnemus; 
cependant  nous  devons  dire  que  bien  avant 
M.  Temminck,  Aldrovande  {Av.,  t.  II, 
p.- 98)  et  Ray  {Synops.  av. ,  p.  105)  avaient 
nommé  la  seule  espèce  alors  connue  OEdic- 
nemus Belonii. 

Les  habitudes  naturelles  des  espèces  étran- 
gères que  renferme  la  division  des  OEdic- 
nèmes sont  loin  d'être  parfaitement  con- 
nues; aussi  nous  bornerons-nous  à  faire  ici 
l'histoire  particulière  de  celle  que  l'on  ren- 
contre en  Europe. 

*  Cette  espèce  (OEdicnemus  crepitans),  que 
l'on  trouve  au  printemps  et  à  l'automne 
dans  plusieurs  départements  de  la  France, 
etsurquelques  points  pendant toutel'année, 
,  se  plaît  sur  les  plateaux  des  collines,  dans 
les  terrains  arides,  pierreux  et  sablonneux. 
C'est  en  raison  de  cette  habitude  qu'en 
Beauce  et  dans  quelques  autres  provinces, 
un  terrain  sec,  maigre,  peu  fertile  en  un 
mot,  est  appelé  terre  à  Courlis;  l'OEdic- 
nèrne  criard  n'étant  connu,  dans  ces  loca- 


lités, que  sous  le  nom  de  Courlis  de  terre. 
D'un  naturel  craintif  et  même  farouche,  les 
OEdicnèmes  restent  en  repos  et  dans  une 
immobilité  presque  complète  tant  que  le 
soleil  est  sur  l'horizon.  Une  lumière  trop 
vive  les  fatigue,  et,  quoi  qu'on  en  ait  dit, 
leurs  mœurs  sont  plutôt  nocturnes  que  diur- 
nes. Si,  durant  le  jour,  ils  jouissent  de  la 
faculté  devoir,  cette  faculté  cependant  pa- 
raît alors  ne  pas  être  dans  toute  son  inten- 
sité; car  les  individus  que  l'on  conserve  en 
volière  donnent  fréquemment  tête  baissée 
contre  tous  les  obstacles  qu'ils  rencontrent 
sur  leur  chemin,  et  n'ont  souvent  pas  l'in- 
stinct de  vaincre  ces  obstacles,  soit  en  les 
franchissant,  soit  en  se  détournant.  Pen- 
dant la  nuit,  au  contraire,  ils  sont  d'une 
grande  activité.  Aussitôt  que  le  crépuscule 
du  soir  commence,  ils  se  mettent  en  mou- 
vement. Alors  ils  se  répandent  de  tous  les 
côtés  en  volant  rapidement  et  en  poussant 
des  cris  forts  et  retentissants.  Ces  cris,  que 
l'on  peut  exprimer  par  les  syllabes,  turlui , 
turlui  (donton  a  fait  le  nom  Courlis,  Curlui, 
qu'on  leur  a  donné),  ressemblent,  entendus 
de  loin,  à  des  sons  produits  par  une  flûte 
tierce.  Si,  pendant  le  jour,  on  trouble  leur 
repos,  ils  prennent  leur  volée  en  rasant  la 
terre,  et  vont  s'arrêter  non  loin  du  lieu 
qu'ils  ont  abandonné,  sur  un  terrain  qui 
leur  soit  connu  :  lorsqu'on  les  poursuit  trop 
vivement  ,  ils  quittent  les  dunes  sablon- 
neuses ,  les  collines  arides  pour  se  jeter 
dans  les  bois.  Leur  marche  est  très  agile, 
et  ils  courent  sur  la  pelouse  et  dans  les 
champs  aussi  vite  qu'un  chien,  ce  qui  leur 
a  valu  ,  dans  quelques  pays,  le  nom  dMr- 
penteurs.  Après  avoir  bien  couru,  ils  s'ar- 
rêtent tout  court,  tiennent  leur  tête  et  leur 
corps  immobiles ,  et  se  blottissent  contra 
terre  à  côté  d'une  pierre  ou  d'une  touffe 
d'herbe. 

Les  OEdicnèmes  ne  sont  pas  sédentaire* 
dans  les  localités  où  ils  se  sont  reproduits. 
Après  les  pontes  et  lorsque  l'éducation  des 
jeunes  est  achevée  ,  ils  émigrent.  Le  départ 
a  lieu  en  compagnie  et  se  fait  sous  la  direc- 
tion d'un  chef  dont  toute  la  bande  paraît 
suivre  la  voix. 

Leur  nourriture  consiste  en  Insectes  de 
toutes  sortes,  en  Scarabées,  petits  Colima- 
çons, Lézards,  et  même  en  petits  Mammi- 
fères. 


<32 


OEDI 


OEDI 


Le  mode  de  nidification  chez  l'espèce  dont 
nous  parlons,  et  même  chez  tous  les  OEdic- 
nèmes  en  général,  est  simple.  La  femelle 
dépose  sur  la  terre  nue  ou  dans  le  sable, 
deux  œufs,  rarement  trois,  d'un  fond  jau- 
nâtre, avec  des  taches  plus  ou  moins  nom- 
breuses noirâtres  et  d'un  brun  olive.  Les 
œufs,  par  leur  forme  et  par  leurs  couleurs, 
ont  beaucoup  plus  d'analogie  avec  ceux  des 
Outardes  qu'avec  ceux  des  Pluviers.  La  du- 
rée de  l'incubation  est  de  trente  jours  envi- 
ron. Le  mâle  partage  avec  la  femelle  le  soin 
de  l'éducation  des  jeunes.  Les  petits  quit- 
tent le  nid  dès  leur  naissance,  courent  et 
prennent  eux-mêmes  la  nourriture  que  la 
mère  leur  indique.  Ils  ne  sont  alors  couverts 
que  d'un  duvet  épais  d'un  gris  roussâtre. 
Ce  n'est  que  fort  tard  qu'ils  acquièrent  la 
faculté  de  voler. 

En  outre,  les  jeunes  OEdicnèmes  se  dis- 
tinguent des  adultes  par  l'excessive  dilata- 
tion du  haut  du  tarse  et  de  l'articulation 
tibio-tarsienne.  Cette  forme  du  tarse,  qui  est 
propre  aux  jeunes  de  l'année  de  presque 
tous  les  Échassiers ,  est  particulièrement  re- 
marquable chez  l'espèce  dont  il  s'agit.  C'est 
en  raison  de  cette  forme  que  Belon  avait 
donné  à  cet  Oiseau  le  nom  d'OEdicnemus , 
nom  qui  signifie  jambe  enflée. 

La  chair  de  l'OEdicnème  criard  n'est  pas 
très  agréable  au  goût;  pourtant  on  la  mange, 
surtout  lorsqu'elle  provient  d'un  individu 
jeune. 

La  mue  n'a  lieu,  chez  ces  Oiseaux, 
qu'une  fois  l'an;  les  sexes  diffèrent  peu 
entre  eux ,  et  les  jeunes  ne  se  parent 
des  couleurs  permanentes  qu'après  plusieurs 
années.  Leur  bec  et  leurs  pieds  sont  aussi 
longtemps  avant  d'avoir  acquis  tout  leur 
développement. 

Les  OEdicnèmes  sont  des  Oiseaux  propres 
à  l'ancien  continent  et  à  l'Australie. 

Eu  égard  à  quelques  différences  que  pré- 
sentent entre  elles  les  espèces  relativement 
à  la  forme  du  bec ,  on  a  tenté  d'établir  pour 
elles  plusieurs  divisions.  M.  Lesson  ,  dans 
son  Traité  d'Ornithologie,  en  a  proposé  trois, 
qui  nous  paraissent  devoir  être  adoptées. 
L'une  d'elles,  au  reste,  avait  depuis  fort 
longtemps  été  créée  par  Illiger  dans  son 
Prod.  syst.  mammal.  et  aviu*® ,  sous  le 
nom  de  Burhinus.  Nous  distinguerons  donc 
les  OEdicnèmes  en  : 


OEdicnèmes  proprement  dits  {OEdicnemus, 
Temm.). 

Bec  médiocre,  plus  court  que  la  tête,  peu 
élevé  et  presque  rond. 

C'est  à  cette  section  qu'appartient  I'OEdic- 
nème  criard,  OEdic.  crepilansTemm.  (Buff., 
pi.  enl.y  919,  sous  le  nom  de  Courlis  dé 
terre),  type  du  g.  OEdicnemus.  Cette  espèce 
a  toutes  les  parties  supérieures  d'un  rous- 
sâtre cendré,  avec  une  tache  longitudinale 
noirâtre  sur  le  milieu  de  chaque  plume; 
l'espace  entre  l'œil  et  le  bec,  la  gorge,  le 
ventre,  les  cuisses  et  une  bande  sur  l'aile 
d'un  blanc  pur;  le  cou  et  la  poitrine  colorés 
de  roussâtre  et  parsemés  de  raies  longitudi- 
nales brunes;  le  bec  à  sa  base,  l'iris  et  les 
pieds  d'un  jaune  pur. 

L'OEdicnème  criard  est  très  abondant 
dans  le  midi  de  la  France,  en  Italie,  en  Sar- 
daigne,  dans  l'Archipel  et  en  Turquie.  On 
le  trouve  aussi,  mais  en  moins  grand  nom- 
bre, dans  les  parties  orientales  de  l'Europe; 
on  le  dit  seulement  de  passage  en  Allema- 
gne et  en  Hollande. 

L'OEdicnème  aux  longs  pieds  ,  OEdic.  lon- 
gipes  Geolî.  St-Hil.  (Vieil!.,  Gai.  des  Ois., 
pi.  228).  Sommet  de  la  tête,  occiput,  nuque 
et  dessus  du  cou  d'un  gris  cendré  clair,  varié 
de  petites  lignes  rembrunies;  côtés  du  cou  et 
dos  bruns,  avecquelques  taches  blanches  ;  de- 
vant du  cou,  poitrine  e*t  abdomen  d'un  blanc 
pur  tacheté  de  noir.  —  Habite  la  Nouvelle- 
Hollande. 

L'OEdicnème  Tachard,  OEdic.  maculosus 
G.  Cuv.  ,  OEdic.  capensis  Lichst.  (Cat.t 
n.  715;  Temm.,  pi.  col.,  292).  D'un  brun 
roussâtre  taché  longitudinalement  de  brun 
noirâtre  en  dessus;  moustaches,  menton  et 
gorge  d'un  blanc  pur;  parties  inférieures 
d'un  blanc  roussâtre  strié  de  noir.  — Habite 
les  plaines  arides  de  l'Afrique. 

L'OEdicnème  vocifère  ,.  OEdic.  vocifer 
Lherminier  {Magas.  de  zool.,  cl.  II,  n°  84). 

Burhinus  {Burhinus,  Illiger). 

Bec  épais,  fort,  plus  long  que  la  tête,  très 
comprimé  sur  les  côtés,  renflé  en  dessus  et 
en  dessous,  tronqué  à  la  pointe. 

L'OEdicnème  a  gros  bec,  OEdic.  magni- 
rostris  Shaw.  (Temm.,  pi.  col.,  387  ).  Des- 
sus de  la  tête  et  un  trait  à  l'angle  du  bec 
noirs  ;  sourcils  et  gorge  d'un  blanc  pur,  cou 


OEM 


OEDI 


733 


gris  vermiculé  ;  rémiges  et  rectrices  noires; 
pieds  verts.  Habite  la  Nouvelle-Hollande,  la 
terre  des  Papous. 

Esacus  (Esacus,   Lesson  ;   Carvanaca , 
Hodgson). 

Bec  très  comprimé  sur  les  côtés,  obtus  à 
sa  pointe  et  recourbé  en  haut,  de  façon  que 
sa  face  supérieure  est  concave  et  sa  face  in- 
férieure convexe. 

L'OEdicnème  a  bec  recourbé  ,  OEâic.  re- 
curviroslrisGax.,  Swains.  (Temrn.,  pi.  col., 
387  ).  Dessus  du  corps  gris-blanc;  parties 
inférieures,  front,  sourcils,  trait  sur  la  joue, 
blancs  ;  occiput ,  joues  et  trait  à  l'angle  du 
bec,  noirs  ;  tarses  verts.  —  Habite  l'Inde. 

M.  Lesson  pense  que  c'est  à  cette  division 
que  doit  probablement  se  rapporter  le  Cha- 
radrius  crassirostris  de  Spix.  (Z.   G.) 

*0EDICNÉ1MNÉES.  OEdicneminœ.  ois. 
—  Sous-farnille  de  l'ordre  des  Eehassiers, 
établie  par  G.-R.  Gray,  dans  son  List  of 
the  gênera ,  pour  les  genres  OEdicnemus  , 
Esacus  et  Burhinus.   Voy.   oedicnème. 

(Z.  G.) 

*0EDIC0R1PHUS (ûî&co,  je  renfle;  xo- 
pvcpyj,  vertex).  rept.  —  Genre  établi  par 
Wagler  pour  le  Dasilicus  vitlatus ,  que  la 
plupart  des  erpétologistes  laissent  dans  le 
genre  Basilic.  (P.  G.) 

ŒDIONYCIHS(c?(?oç,  renflement;  fa%t 
ongle),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille  ,  fa- 
mille des  Cycliques  ,  tribu  des  Alticites  , 
créé  par  Latreille  (  Règne  animal  de  Cuvier, 
t.  V  ,  p.  1  54  )  aux  dépens  des  deux  pre- 
mières familles  du  genre  Allica  d'Illiger. 
Dejean,  qui  a  adopté  ce  genre  (  Catalogue, 
3*  édit.,  p.  408),  en  éuumère  117  espèces, 
qui  toutes  sont  originaires  d'Amérique;  ce 
nombre  est  bien  plus  élevé,  mais  d'un  autre 
côté  il  devra  être  réduit,  attendu  que  plu- 
sieurs accouplements  nous  ont  offert  des  dif- 
férences de  coloration  très  considérables 
entre  des  individus  mâles  et  des  femelles , 
qui  ont  été  désignés  comme  espèces.  Le 
corps  de  ces  Insectes  est  ovalaire  ;  leurs 
étuis  sont  un  peu  aplatis ,  et  le  dernier 
article  des  tarses  postérieurs  est  renflé  en 
boule.  Nous  citerons  comme  faisant  partie 
du  genre  les  espèces  suivantes  :  OE.  petau- 
risla  ,  miniata ,  bicolor ,  fasciata  ,  discoidea, 
\0-guttata,  oculata,  sellata,  thoracica,  con- 


cinna,  quercata,  obsidia,  lateralis  F.,dimi- 
diata,  abdominalis,  11  -punctata  et  umbra- 
tica  01.,  etc.,  etc.  (C.) 

*GEDIPACI-INE ,  Link  (Hort.  Berol.,  I, 
51).  rot.  ph.  —  Syn.  d'Eriochloa,  Kunth. 

OEOÏPE.  OEdipus.  mam.  —  Espèce  par- 
ticulière du  genre  Ouistiti  (  voy.  ce  mot), 
dont  M.  Lesson  (  Nouveau  tableau  du  règne 
anim.,  Mamm.,  1842)  a  fait  un  sous-genre 
distinct,  ne  contenant  qu'une  seule  espèce, 
qui  porte  le  nom  à'OEdipus  tili  Lesson 
(loc.cit.).  (E.  D.) 

OEDIPODE.  OEdipoda  (oÎ?g?}  renfle- 
ment; ttoS;,  pied),  ins.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Coléoptères,  tribu  des  Acridiens,  famille 
des  Acridides,  établi  par  Latreille,  et  dont  la 
plupart  des  espèces  rentrent  dans  les  genres 
Acridium,  Oliv.  ,  Brull.,  Dej.  ;  et  Gryllus , 
Linn.,  Eab.,  Charp.  Ces  Insectes  présentent 
les  caractères  suivants  :  Pattes  de  forme  et 
de  grandeur  ordinaires;  les  quatre  premiè- 
res jambes  plus  ou  moins  épineuses  en  des- 
sous ;  les  postérieures  munies  en  dessus  de 
deux  rangées  d'épines.  Tête  verticale;  trois 
ocelles,  celui  du  milieu  plus  ou  moins  dis- 
tinct. Antennes  filiformes,  longues,  multi- 
articulées.  Prothorax  de  grandeur  moyenne, 
avec  une  carène  médiane.  Prosternum  mu- 
tique;  poitrine  large.  Abdomen  allongé,  un 
peu  comprimé  ,  terminé  ,  dans  les  femelles, 
par  quatre  pièces  pointues  à  l'extrémité. 
Yeux  assez  grands,  souvent  ovalaires.  Palpes 
filiformes.  El  y  très  ordinairement  plus  lon- 
gues que  l'abdomen;  ailes  de  la  même  lon- 
gueur que  les  élytres. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  assez  nom- 
breuses,  et  paraissent  dispersées  sur  toute 
la  snrfaee  du  globe.  M.  Audinet-Serville 
(Orthoptères ,  Suites  à  Buffon)  en  décrit  29. 
Les  plus  communes  en  France,  surtout  aux 
environs  de  Paris  ,  sont  les  OEdipode  ensan- 
glantée, OEdip.  grossa  (Acridium  grossum 
Oliv. ,  Lato. ,  Acr.  rubripes  Deg.  ,  Criquet 
ensanglanté  Geoff. ,  Gryllus  grossns  Linn. , 
Gr.  germanicus  Stoll.,  Saul. ,  etc.),  qui  se 
trouve  quelquefois  en  immense  quantité 
dans  les  prairies  basses  et  humides;  et 
OEdipode  bimouchetée  ,  OEdip.  biguttula 
(Acridium  bigullulum  Oliv.  ,  Deg.  ,  Latr., 
Gryllus  bigullulus  Linn.,  etc.),  qu'on  ren- 
contre abondamment,  a  la  fin  de  l'été  et  en 
automne,  dans  les  herbes,  les  gazons,  les 
prairies. 


734 


OEGI 


OEIL 


Ces  Insectes  ont  tout-à-fait  les  mœurs  des 
Acridiens,  et  exercent  de  grands  ravages 
dans  les  pays  qu'ils  habitent.  (L.) 

*OEDIPODES(0Tcîoç,  renflement;  «ouç, 
pied).  Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  tétramères  de  Latreille  ,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Alticites,  établi  par  II- 
liger  (Magazine  sur  Insectenkunde,  1807), 
et  adopté  par  Dejean  (Catalogue ,  3e  édit., 
p.  408),  qui  en  énumère  quatre  espèces  :  les 
OE.  iuberculatus ,  inœqualis ,  nubilus  et  hir- 
tellus  Dejean.  Les  trois  premières  sont  ori- 
ginaires du  Brésil,  et  la  quatrième  est  indi- 
gène des  États-Unis.  Le  corps  de  ces  Insectes 
est  petit  ,  pubescent  ;  leurs  tarses  sont 
grêles,  mais  le  dernier  article  est  renflé  en 
boule.  (C.) 

*OEDÏPODIUM  (  oTcJoç ,  grosseur  ;  ™0ç , 
pied),  bot.  cr.  — Genre  de  la  famille  des 
Mousses  bryacées,  établi  par  Schwaegrichen 
(SuppL,  II,  15,  t.  105)  pour  de  petites 
Mousses  annuelles,  gazonnantes,  trouvées 
dans  les  montagnes  de  la  Bretagne. 

OEDMANNIA  ,  Thunb.  (  Act.  Holm.  , 
1809,  p.  281,  t.  4).  bot.  ph.  — Syn.  de 
Rafnia,  Thunb. 

OEDOGOIMIUM,  Link  {in  Hort.  phys., 
5).  bot.  cr.  —  Syn.  de  Conferva,  Ag. 

*OEDOSOMA  (  oî&s,  renflement;  «xS^ec, 
corps).  Ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Hémip- 
tères hétéroptères,  section  des  Géocorises , 
groupe  des  Pentatomides ,  établi  par  MM. 
Amyot  et  Serville  (Hémiptères,  Suites  à 
Buffon,  t.  I,  p.  128)  aux  dépens  des  Penta- 
toma.  L'espèce  type  et  unique  est  VOEdos. 
acroleucum  (Pentatoma  id.  Pert.,  Cimex 
acroleucus  Burm.),  de  Cayei  ie.         (L.) 

*QEDERA  (oî<îoç,  renflement;  ovpd, 
queue),  rept.  —  Genre  de  Reptiles  sauriens 
établi  par  M.  Gray  dans  la  famille  des  Gec- 
kos. (P.  G.) 

*OEGITIÎALES.  OEgithali.  ois.  —  Fa- 
mille établie  par  Vieillot ,  dans  l'ordre  des 
Passereaux ,  pour  des  espèces  qui  ont  un 
bec  court,  emplumé  à  la  base  ou  cilié  sur 
les  angles,  à  pointe  épaisse,  ou  grêle,  quel- 
quefois échancrée.  Elle  renferme  ,  pour 
Vieillot,  les  genres  Mésange,  Mégistine, 
Tyranneau,  Pardalote  et  Manakin.  M.  Les- 
son,  dans  son  Traité  d'ornithologie,  a  créé, 
sous  le  nom  de  Mésanges,  une  famille  qui 
correspond  à  celle  des  OEgithales,  mais  de 
laquelle  sont  exclus  les  genres  Manakin , 


Mégistine  et  Tyranneau,  et  dont  font  partie 
les  Pitpits  (Dauris,  Cuv.).  (Z.  G.) 

*OEGOLIE!\S.  OEgolii.  ois.  —  Famille 
établie  par  Vieillot,  dans  l'ordre  des  Râpa  ces 
(Accipiires),  pour  les  Oiseaux  de  proie  noc- 
turnes, (Z.  G.) 

*OEGOTHELES,  Vigors  et  Horsfield .  ois. 
syn.  de  Caprimulgus.  V.  engoulevent.  (Z.G.) 

"OEIDEA.  crust. — Ce  nom  désigne,  dans 
la  Faune  du  Japon  ,  un  nouveau  genre  de 
Crustacés  établi  par  M.  Dehaan.  Cette 
coupe  générique,  qui  appartient  à  la  famille 
des  Décapodes  brachyures  et  qui  vient  se 
placer  tout  près  des  Corystes ,  a  pour  type 
VOEidea  20-spinosa  Dehaan  (Faune  jap.9 
tabl.  2,  fig.  5).  (H.  L.) 

OEIL.  Oculus. anat.  et  physiol. — L'OEil 
est,  chez  tous  les  animaux  doués  de  la  vue, 
l'organe  indispensable  de  la  vision  ;  et  c'està 
tort  que  l'on  a  attribué  à  la  peau  cette  fa- 
culté. En  effet,  la  lumièreagit,  soit  physique- 
ment, soit  chimiquement,  sur  tous  les  corps 
de  la  nature,  et  par  conséquent  sur  les 
membranes  et  les  téguments  de  tous  les 
animaux;  elle  les  frappe,  elle  les  stimule  à 
sa  manière,  elle  en  modifie  les  propriétés  , 
elle  en  change  quelquefois  les  caractères; 
mais  cette  faculté  de  recevoir  l'image  de  la 
forme  et  l'image  des  couleurs,  de  repro- 
duire, dans  un  point  extrêmement  circon- 
scrit de  l'organisme,  le  monde  extérieur  en 
miniature,  l'OEil  seul  en  possède  l'admirable 
privilège. 

Cet  organe  consiste  essentiellement  en 
une  expansion  nerveuse  spéciale,  organisée 
pour  être  impressionnée  par  l'image  de 
l'objet  et  par  un  appareil  dont  la  double 
destination  est  de  laisser  pénétrer  jusqu'à 
cette  expansion  nerveuse  les  rayons  lumi- 
neux, et  de  les  empêcher  de  se  réfléchir  et  de 
passer  au-delà.  Une  expansion  nerveuse,  qui 
s'appelle  rétine  dans  la  plupart  des  cas ,  une 
cornée  transparente  et  une  choroïde;  voilà 
les  trois  parties  constituantes  de  tout  OEil, 
sans  lesquelles  l'OEil  ne  saurait  être,  ni  la 
vision  s'exécuter.  Il  se  joint  à  ces  trois  pièces 
de  l'appareil  oculaire  une  quatrième  pièce, 
destinée  à  soutenir  l'expansion  nerveuse 
quand  elle  se  fait  sous  forme  de  rétine,  c'est 
une  sclérotique. 

Réduit  à  sa  plus  simple  expression  chez 
les  animaux  inférieurs,  l'organe  de  la  vision 
se  montre  de  plus  en  plus  complexe  à  nie- 


OEIL 


OEIL 


OJ 


sure  que  l'on  s'élève  davantage  dans  l'é- 
chelle zoologique.  Ainsi  l'on  est  sûr  de  ren- 
contrer d'abord  les  trois  parties  constituantes 
que  nous  venons  d'indiquer;  puis  on  voit 
s'y  joindre  la  quatrième;  puis  apparaissent 
d'autres  parties  propres  à  faire  converger 
les  rayons  lumineux ,  c'est-à-dire  un  cris- 
tallin, d'abord  extérieur,  puis  intérieur; 
puis  un  corps  vitré,  puis  d'autres  parties 
•destinées  à  mieux  protéger  l'OEil ,  à  le  mou- 
voir, à  en  lubrifier  la  surface,  à  le  sous- 
traire à  la  lumière,  selon  la  volonté  de 
l'animal;  à  en  modifier  la  sphéricité  pour 
l'adapter  aux  distances,  etc. 

Sans  parler  ici  de  l'organisation  de  l'ap- 
pareil visuel  chez  les  Infusoires,  si  bien 
décrit  par  Ehrenberg,  contentons-nous  de 
mentionner  celui  des  autres  classes. 

Où  l'OEil  est  le  plus  simple  ,  c'est  incon- 
testablement chez  les  Insectes  ;  mais  pour 
le  trouver,  il  faut  décomposer  les  yeux  com- 
posés et  à  nombreuses  facettes  de  ces  ani- 
maux; on  trouve  alors  une  expansion  du 
nerf  optique  qui  s'étend,  sous  forme  de 
rayon,  jusqu'à  la  surface  de  l'OEil  ,  et  s'y 
termine  par  une  pyramide  dont  le  sommet 
est  au  nerf  et  la  base  à  la  cornée ,  pyramide 
qui  tient  lieu  de  corps  vitré,  et  est  entou- 
rée de  pigment;  quant  à  la  cornée  ,  qui  fait 
l'office  de  cristallin  et  de  conjonctive,  elle 
n'est  qu'une  modification  de  la  peau  en- 
durcie. Ici  point  de  rétine,  point  de  scléro- 
tique. Rudimentaire  chez  la  plupart  des 
Mollusques,  l'OEil  est  composé,  chez  ceux 
qui  sont  pourvus  de  cet  organe,  de  parties 
essentielles  et  d'enveloppes  :  les  premières 
sont  une  sclérotique  amincie  et  transpa- 
rente au  milieu  ,  une  membrane  vasculaire 
à  pigmentum  et  une  membrane  nerveuse; 
les  autres  sont  des  moyens  de  perfectionne- 
ment dioptrique  ou  accessoires  et  relatifs  à 
la  protection  de  l'organe  et  à  sa  mobilité. 
D'ailleurs,  tantôt  l'OEil  est  sessile  et  se  meut 
sans  déplacement  ou  reste  immobile,  tantôt 
il  est  placé  à  l'extrémité  d'un  appendice  qui 
le  fait  jouir  d'une  véritable  locomotion. 

Si  nous  arrivons  aux  Poissons,  nous  y 
trouvons  presque  au  complet  l'appareil  en- 
tier des  vertébrés  supérieurs  :  une  rétine  et 
une  choroïde ,  puis  une  cornée  devenue 
transparente  dans  la  partie  centrale  de  l'axe 
de  l'OEil ,  et  au-devant  de  laquelle  passe  la 
peau  amincie ,  véritable  conjonctive  ;   un 


cristallin  très  volumineux  et  presque  sphé- 
rique,  des  muscles  pour  mouvoir  le  globe 
oculaire;  mais  très  peu  d'humeur  vitrée  et 
d'humeur  aqueuse,  point  de  paupière  pro- 
prement dite  et  point  d'appareil  lacrymal. 

Ces  dernières  parties  se  trouvent  chez  les 
Reptiles;  mais  on  n'y  rencontre  pas  encore 
de  procès  ciliaires,ou  ils  n'y  sont  que  rudi- 
mentaires  ,  comme  chez  quelques  Poissons, 
et  l'iris  est  très  peu  mobile. 

C'est  chez  les  Oiseaux  et  les  Mammifères 
que  l'OEil  offre  son  plus  complet  dévelop- 
pement; si,  sous  certains  rapports ,  celui 
des  premiers  l'emporte  sur  celui  des  seconds, 
sa  mobilité  plus  grande  chez  ceux-ci  ;  la  dis- 
parition de  tous  les  tissus  osseux,  l'oblité- 
ration partielle  des  membranes  vasculaires, 
et  le  développement  des  organes  lacrymaux, 
donnent  la  supériorité  à  celui  des  Mammi- 
fères; et  ce  qui  assure  à  celui  de  l'Homme 
la  prééminence  sur  tous  ceux  des  autres 
êtres,  c'est  le  grand  développement  propor- 
tionnel de  la  rétine. 

Nous  allons  d'abord  décrire  en  détail 
l'organisation  de  l'OEil  chez  l'Homme;  puis 
nous  comparerons  à  cet  appareil  visuel  celui 
des  différents  animaux;  après  quoi  nous 
exposerons  le  mécanisme  de  la  partie  phy- 
sique de  la  vision. 

De  l'OEil  chez  V Homme. 

L'OEil  de  l'Homme  se  compose  :  1°  de 
parties  principales;  2°  de  parties  accessoi- 
res. Les  premières  forment  le  globe  ocu- 
laire,  les  secondes  protègent  ce  globe;  ce 
sont  les  tectamina  oculi  de  Haller. 

1°  Parties  principales  de  VOEU. 

Le  Globe  oculaire  est  situé  dans  la  ca- 
vité orbitaire  ;  il  est  d'un  volume  peu 
considérable  eu  égard  à  la  capacité  de  celle- 
ci  ;  sa  forme  est  celle  d'un  sphéroïde  régu- 
lier, surmonté  en  avant  par  un  segment  de 
sphère  plus  petite,  ce  qui  augmente  le  dia- 
mètre antéro-postérieur  de  l'organe,  qui 
est  de  25  millimètres ,  tandis  que  les  autres 
n'en  ont  que  22.  Il  est  constitué  par  des 
membranes  et  des  humeurs  :  les  premières 
sont  la  sclérotique  ,  la  cornée  transparente, 
la  choroïde,  l'iris  et  la  rétine;  les  humeurs 
sont  le  corps  vitré,  le  cristallin  et  l'humeur 
aqueuse. 

La  Sclérotique,  membrane  la  plus  dure, 


36 


OEIL 


OEIL 


comme  son  nom  l'indique  ,  est  la  plus  ex- 
térieure du  globe  oculaire;  elle  lui  donne 
sa  forme;  elle  est  d'un  blanc  nacré,  très 
résistante,  inextensible,  percée  en  arrière 
pour  le  passage  du  nerf  optique,  et  en 
avant  pour  l'insertion  de  la  cornée  transpa- 
rente. Sa  structure  est  fibreuse,  et  ses  fibres 
entre-croisées  en  différents  sens;  son  épais- 
seur, plus  grande  en  arrière,  est  moindre 
en  avant.  C'est  en  vain  qu'on  a  cherché  à 
y  distinguer  deux  lames  chez  l'Homme  ;  et 
il  n'est  point  vrai  que  la  dure-mère,  non 
plus  que  la  pie-mère,  se  continue  dans 
cette  membrane. 

La  Cornée  transparente  complète  en  avant 
le  globe  oculaire ,  dont  elle  forme  un  cin- 
quième ;  sa  circonférence  est  à  peu  près 
circulaire.  Sa  face  antérieure  est  convexe, 
forme  relief  au-devant  de  la  sclérotique,  et 
est  recouverte  par  la  conjonctive,  excessive- 
ment amincie  en  ce  point.  Sa  face  posté- 
rieure est  concave  et  en  rapport  avec  l'hu- 
meur aqueuse.  Elle  est  taillée  en  biseau  à 
sa  circonférence  aux  dépens  de  sa  face  ex- 
terne, et  adhère  au  biseau  taillé  en  sens  in- 
verse au  pourtour  de  la  sclérotique  ;  elle 
adhère  à  tel  point  à  cette  dernière,  qu'on 
ne  parvient  à  l'en  isoler  que  par  l'ébulli- 
tion  ou  une  macération  prolongée.  La  cornée 
transparente  est  plus  épaisse  que  la  scléro- 
tique, et  se  compose,  non  pas  de  fibres,  mais 
de  lamelles,  au  nombre  de  huit  à  dix.  On 
n'y  distingue  ni  nerfs  ni  vaisseaux. 

La  Choroïde  est,  comme  son  nom  l'in- 
dique ,  la  membrane  vasculaire;  elle  tapisse 
la  face  interne  de  la  sclérotique  dans  toute 
son  étendue,  et  y  adhère  par  les  vaisseaux 
et  les  nerfs  ciliaires  et  par  un  tissu  cellu- 
laire très  fin.  Cette  face  externe  est  cou- 
verte d'un  pigmentum  noir;  l'interne  est 
en  rapport  avec  la  rétine  sans  y  adhérer,  et 
présente  un  pigmentum  encore  plus  épais. 
Macérée  flans  l'eau,  la  choroïde  devient  d'un 
blanc  grisâtre  par  le  détachement  de  ce 
pigmentum  ;  elle  paraît  composée  d'une 
multitude  de  vaisseaux  artériels  et  veineux 
unis  ensemble  par  du  tissu  cellulaire. Cepen- 
dant l'aspect  différent  de  la  surface  externe 
et  de  la  surface  interne  de  la  choroïde  a  fait 
admettre  dans  cette  membrane  deux  lames, 
►  dont  l'interne  a  été  appelée  Ruyschienne, 
du  nom  de  l'auteur  qui  l'a  le  mieux  décrite. 
D'après  une  manière  de  voir  qui  n'est  pas 


sans  quelque  fondement,  la  lame  interne 
concourrait  seule  à  la  formation  des  procès 
ciliaires,  et  la  lame  externe  correspondrait  à 
l'anneau  ciliaire.  La  choroïde  est  percée,  en 
arrière,  d'une  ouverture  pour  le  passage  du 
nerf  optique;  en  avant,  vers  l'union  de  la 
sclérotique  avec  la  cornée,  elle  se  termine  à 
un  anneau  blanchâtre. 

Cetanneau  est  le  cercle  ciliaire ,  zone  cir- 
culaire de  2  à  3  millimètres  de  largeur; 
situé  entre  la  choroïde ,  l'iris  et  la  scléro< 
tique,  il  adhère  beaucoup  plus  à  la  pre- 
mière de  ces  membranes  ,  dont  il  semble 
une  véritable  dépendance.  Son  épaisso"'-  est 
considérable;  sa  face  externe  correspond  à 
la  sclérotique,  l'interne  aux  procès  ciliaires, 
La  grande  circonférence  tient  à  la  choroïde 
et  reçoit  les  nerfs  ciliaires;  la  petite  fait 
saillie  au-devant  de  l'iris  qu'elle  enchâsse. 
La  consistance  molle  et  pulpeuse  du  cercle 
ciliaire  et  le  grand  nombre  de  nerfs  qu'il 
reçoit  l'ont  fait  considérer  comme  un  gan- 
glion nerveux. 

Les  Procès  ciliaires  sont  de  petits  corps 
disposés  en  rayons,  à  la  manière  du  disque 
des  fleurs  radiées  et  qui  se  portent  du 
cercle  ciliaire  sur  le  corps  vitré,  à  la  circon- 
férence de  la  partie  postérieure  du  cristal- 
lin. L'ensemble  des  procès  ciliaires  s'appelle 
corps  ciliaire;  ils  sont  triangulaires,  au 
nombre  de  60  à  80,  de  3  millimètres  environ 
de  longueur,  les  uns  plus  petits,  les  autres 
plus  grands,  alternativement;  ils  sont  reçus 
dans  des  enfoncements  spéciaux  du  corps 
vitré,  auquel  ils  paraissent  d'ailleurs  adhé- 
rer par  un  enduit  noirâtre  interposé  entre 
eux.  L'admirable  description  qu'en  adonnée 
Zinn  ,  porte  à  les  considérer  comme  de  na- 
ture vasculaire,  et  comme  des  dépendances 
ou  des  plis  de  la  lame  interne  de  la  cho- 
roïde. 

L'Iris  est  une  cloison  membraneuse  cir- 
culaire, placée  verticalement  dans  la  partie 
antérieure  du  globe  vasculaire,  à  la  réunion 
de  la  sclérotique  avec  la  cornée  ,  dans  ce 
même  point  de  rendez-vous  de  la  choroïde  , 
du  cercle  et  des  procès  ciliaires  ,  divisant 
ainsi  l'intervalle  compris  entre  la  cornée 
et  le  cristallin  en  chambre  antérieure  et 
chambre  postérieure.  L'ouverture  qu'elle 
présente  à  son  centre  pour  l'introduction 
des  rayons  lumineux  s'appelle  pupille  et  est 
circulaire   chez  l'Homme.   Ses   dimensions 


OEIL 


OEIL 


73? 


varfent  suivant  l'intensité  plus  ou  moins 
grande  de  la  lumière.  C'est  là  la  petite  cir- 
conférence de  l'iris  ;  la  grande  circonférence 
s'enchâsse,  comme  nous  l'avons  déjà  dit , 
entre  le  cercle  ciliaire  qui  le  déborde  un  peu 
en  avant ,  et  les  procès  ciliaires  qui  le  débor- 
dentun  peu  en  arrière. C'est  la  face  antérieure 
de  l'iris,  diversement  nuancée,  suivant  les 
individus,  que  l'on  aperçoit  à  travers  la 
cornée  transparente  et  qui  donne  à  l'OEil 
sa  couleur.  Quelle  que  soit  cette  couleur  , 
elle  présente  deux  nuances  d'intensité  ,  une 
plus  foncée  formant  comme  un  petit  anneau 
concentrique,  une  moins  foncée  compre- 
nant les  deux  tiers  extérieurs  de  la  mem- 
brane. Sur  cette  même  surface  on  observe 
60  à  80  stries  saillantes  et  radiées,  plus  ou 
moins  flexueuses ,  qui  commencent  à  la 
grande  circonférence  de  l'iris  et  vont  se  ter- 
miner à  la  pupille  où  elles  se  bifurquent.  Sa 
face  postérieure  est  couverte  d'une  couche 
épaisse  de  pigmentum  et  a  reçu  le  nom 
û'uvée;  mais  lorsqu'elle  en  est  dépouillée  , 
elle  paraît  blanche  et  lisse.  Quant  à  la  struc- 
ture de  l'iris,  il  est  difficile  de  se  prononcer  à 
cet  égard  :  suivant  les  uns  ,  elle  serait  mus- 
culeuse;  selon  d'autres,  elle  serait  vascu- 
laire  et  érectile.  Quoi  qu'il  en  soit,  elle  re- 
çoit beaucoup  de  vaisseaux  et  de  nerfs,  qui 
proviennent  ,  ceux-ci  des  nerfs  ciliaires , 
ceux-là  des  artères  ciliaires  longues. 

L'ouverture  pupillaire  ,  chez  le  foetus, 
est  bouchée  par  une  membrane  dite  mem~ 
brane  pupillaire,  qui  paraît  constituée  par 
deux  feuillets  entre  lesquels  rampent  des 
vaisseaux  sanguins,  suivant  M.  J.  Cloquet. 
Elle  se  déchire  vers  le  septième  mois  dé 
la  grossesse. 

La  Rétine  est  la  troisième  membrane  que 
l'on  trouve  à  la  section  de  l'OEil  de  dehors 
en  dedans.  Elle  répond,  par  sa  face  externe, 
à  la  face  interne  de  la  choroïde  dont  la  sé- 
pare le  pigmentum;  sa  face  interne  est  ap- 
pliquée sur  le  corps  vitré  sans  y  adhérer. 
Elle  commence  en  arrière  au  petit  tuber- 
cule formé  par  le  nerf  optique,  dont  elle 
est  un  épanouissement ,  et  s'étend  jusqu'aux 
procès  ciliaires.  Elle  est  molle,  pulpeuse, 
d'un  blanc  grisâtre,  demi-transparente.  Elle 
forme  en  arrière  plusieurs  plis,  sous  l'un 
desquels  Sœmmering  a  découvert  un  trou 
entouré  d'une  zone  jaune-serin  ;  c'est  la 
tache  jaune  de  Sœmmering.  C'est  ce  point 
i.  vin. 


qui  répond  à  l'axe  antéro-postérieur  du 
globe  de  l'OEil  ;  car  l'insertion  du  nerf  op- 
tique est  un  peu  en  dedans. 

Voilà  pour  les  membranes  de  l'OEil  ; 
voyons  maintenant  les  humeurs. 

Lv Humeur  vitrée  est  la  plus  importante  par 
son  volume,  car  elle  occupe  les  trois  quarts 
postérieurs  du  globe  oculaire.  Elle  s'appelle 
aussi  corps  vitré  ou  hyaloïde,  à  cause  de  sa  res- 
semblance avec  du  verre  fondu.  Elle  formeun 
corps  sphéroïde,  transparent,  dans  lequel  on 
distingue  une  humeur  et  une  membrane.  Le 
liquide  est  contenu  dans  la  membrane  ;  mais 
celle-ci,  au  lieu  de  former  une  simple  en- 
veloppe extérieure ,  fournit  à  l'intérieur  des 
prolongements  lamelleux  qui  constituent  un 
nombre  indéterminé  de  loges  ou  cellules 
dans  lesquelles  est  contenue  l'humeur  vitrée. 
D'où  il  résulte  qu'une  ponction  faite  au  corps 
vitré  ne  fait  sortir  qu'une  petite  partie  du 
liquide,  du  moins  immédiatement;  car,  à 
la  longue,  le  reste  finit  par  s'échapper  par 
suite  de  la  communication  des  loges  entre 
elles. 

Au  niveau  de  l'entrée  du  nerf  optique 
dans  l'OEil ,  la  membrane  hyaloïde  se  réflé- 
chit sur  elle-même,  pour  former  un  canal 
qui  traverse  directement,  d'avant  en  arrière, 
le  corps  vitré.  Arrivée  aux  procès  ciliaires, 
cette  membrane  se  divise  en  deux  lames , 
dont  l'une  passe  au-devant  du  cristallin  et 
de  sa  capsule,  et  dont  l'autre  tapisse  la 
concavité  du  corps  vitré  qui  le  reçoit,  lais- 
sant ainsi,  tout  le  long  de  la  circonférence 
du  cristallin,  un  espace  triangulaire  appelé 
canal  godronné  de  Petit ,  parce  qu'il  pré- 
sente de  petits  renflements. 

Le  Cristallin  est  un  corps  lenticulaire  par- 
faitement transparent,  placé  entre  le  corps 
vitré,  qui  est  en  arrière,  et  la  pupille,  qui 
est  en  avant,  et  dont  il  est  séparé  par  la 
chambre  postérieure.  Son  axe  répond  au 
centre  de  la  pupille.  Sa  forme  est  celle  d'une 
lentille  biconvexe,  dont  la  face  postérieure 
serait  plus  bombée  que  l'antérieure,  excepté 
chez  le  fœtus,  où  il  est  sphéroïdal.  Il  se  com- 
pose d'une  capsule  et  d'une  substance  pro- 
pre. Cette  dernière ,  molle  dans  sa  couche 
corticale,  est  dure  dans  sa  portion  centrale, 
qui  constitue  le  noyau.  Elle  est  d'ailleurs 
formée  de  couches  concentriques  faciles  à  dé- 
montrer. D'après  les  recherches  de  M.  Pouil- 
let,  ces  couches  ne  seraient  pas  exactement 

93 


738 


OEIL 


OEIL 


concentriques ,  mais  elles  seraient  inégales 
en  courbure  et  en  épaisseur.  La  capsule  est 
exactement  moulée  sur  le  cristallin ,  trans- 
parente comme  lui.  Le  liquide  qui  existe 
entre  cette  capsule  et  le  cristallin  a  reçu  le 
nom  d'Humeur  de  Morgagni. 

Enfin,  Y  Humeur  aqueuse  complète  les  par- 
ties contenues  dans  le  globe  oculaire;  c'est 
un  liquide  parfaitement  transparent,  qui 
remplit  l'espace  qui  s'étend  du  cristallin  à 
la  cornée  transparente ,  espace  partagé  en 
deux  par  l'iris,  d'où  la  chambre  antérieure 
et  la  chambre  postérieure:  la  première  plus 
grande,  la  seconde  plus  petite;  toutes  deux 
remplies  par  ce  liquide  et  communiquant 
Tune  avec  l'autre  par  l'ouverture  pupillaire. 
La  quantité  de  l'humeur  aqueuse  est  évaluée 
à  25  centigrammes;  l'analyse  chimique  y  a 
trouvé,  sur  100  parties,  90,10  d'eau,  quel- 
ques traces  d'albumine  et  de  chlorure  de 
sodium.  Cette  humeur  paraît,  d'après  les 
recherches  de  Zinn  et  celles  plus  récentes 
de  Demours,  être  sécrétée  par  une  mem- 
brane particulière,  qui,  partant  de  la  face 
postérieure  de  la  cornée  transparente,  se  ré- 
fléchirait sur,la  face  antérieure  de  l'iris,  tra- 
verserait la  pupille,  et  revêtirait  sa  face  pos- 
térieure. Mais  ce  trajet  de  la  membrane 
n'est  point  chose  démontrée. 

Tel  est  le  globe  oculaire,  partie  essentielle 
de  l'appareil  visuel,  qui  suffit  à  la  vision  , 
et  sans  lequel  la  vision  n'aurait  pas  lieu. 
Maintenant,  les  parties  oculaires  dont  il 
nous  reste  à  parler  viennent  s'ajouter  aux 
précédentes ,  pour  les  protéger  et  faciliter 
l'exercice  des  fonctions  qui  leur  sont  dé- 
volues. 

2°  Parties  accessoires  de  VOEU. 

Les  yeux ,  contenus  dans  les  orbites ,  ca- 
vités, osseuses  qui  les  protègent,  sont  recou- 
verts par  les  paupières  armées  de  cils  et 
surmontées  des  sourcils;  ils  sont  entourés 
«le  six  muscles  qui  les  meuvent  en  tous  sens, 
et  leur  surface  antérieure  est  incessamment 
lubrifiée  par  le  fluide  que  sécrète  la  glande 
lacrymale. 

Il  serait  inutile  de  décrire  les  Orbites,  qui 
font  partie  de  la  face;  je  rappellerai  seule- 
ment les  os  qui  contribuent  à  former  ces 
cavités  par  leur  jonction  :  ce  sont  le  frontal, 
le  maxillaire  supérieur,  l'ethmoïde,  le  sphé- 


noïde, l'os  unguis,  l'os  malaire  et  l'os  pa- 
latin. 

Les  Paupières,  au  nombre  de  deux  de 
chaque  côté,  sont  des  voiles  mobiles  qui  re- 
couvrent la  face  antérieure  de  l'OEil  par 
leur  rapprochement,  et  qui,  par  leur  écar- 
tement,  le  laissent  à  découvert.  L'une  des 
paupières  est  supérieure,  l'autre  inférieure; 
la  première  plus  grande  et  plus  mobile; 
toutes  deux  convexes  en  avant,  et  marquées 
de  rides  transversales  plus  prononcées  sur 
celle  d'en  haut  que  sur  celle  d'en  bas.  Elles 
se  réunissent  l'une  à  l'autre  aux  extrémités 
du  diamètre  transversal  de  l'OEil,  en  for- 
mant deux  angles,  dont  l'interne,  appelé 
grand  angle  de  l'OEil,  est  plus  ouvert  que 
l'externe,  par  suite  de  la  présence  d'un  ten- 
don et  d'organes  particuliers,  et  dont  l'ex- 
terne, plus  allongé,  est  situé  un  peu  en  de- 
dans de  l'extrémité  du  diamètre  transversal. 
Les  bords  libres  des  paupières  sont  taillés 
obliquement  en  biseau  aux  dépens  de  la 
face  interne,  de  manière  à  former,  en  ar- 
rière, par  leur  rapprochement,  un  canal 
étroit  et  triangulaire  ,  dont  la  base  répond 
au  globe  oculaire,  et  qui  offre  aux  larmes 
une  voie  d'écoulement.  Ces  bords  sont  gar- 
nis d'un  cartilage  appelé  tarse,  qui  leur 
donne  de  la  consistance;  ils  sont,  de  plus, 
pourvus  de  poils  et  de  glandes.  Les  poils 
sont  les  cils,  durs,  solides,  ordinairement 
de  la  couleur  des  cheveux  et  disposés  sur 
trois  ou  quatre  rangées  ;  plus  nombreux 
et  plus  longs  à  la  paupière  supérieure 
qu'à  l'inférieure.  La  lèvre  postérieure  de 
ce  bord  libre  des  paupières  présente  une 
série  régulière  de  points  blancs  ou  jaunâ- 
tres, orifices  des  glandes  de  Meïbomius ,  et 
dont  la  pression  fait  sortir  une  matière  sé- 
bacée sous  forme  de  petits  vers.  Au  grand 
angle  de  l'OEil,  un  peu  en  arrière  de  l'extré- 
mité des  bords  des  paupières,  existe  un  pe- 
tit amas  de  glandes  sébacées,  analogues  aux 
glandes  de  Meïbomius  ,  du  volume  d'un 
grain  de  blé,  duquel  suinte  une  matière  un 
peu  visqueuse  ,  et  d'où  naissent  quelques 
poils  :  c'est  la  caroncule  lacrymale. 

A  la  réunion  des  cinq  sixièmes  externes 
avec  le  sixième  interne ,  le  bord  libre  de 
chaque  paupière  présente  un  tubercule  très 
remarquable,  le  tubercule  lacrymal,  sorte 
de  petite  saillie  qui  est  percée  d'un  trou; 
ce  trou  est  le  point  lacrymal,  orifice  du 


OEIL 


OEIL 


739 


conduit  lacrymal  correspondant.  Le  con- 
duit lacrymal  supérieur  se  porte  en  haut, 
puis  se  recourbe  en  dedans,  et  vient  s'ou- 
vrir dans  le  sac  lacrymal;  l'inférieur,  après 
s'être  dirigé  en  bas ,  puis  en  dedans  vient 
aussi  s'ouvrir  dans  le  même  sac,  mais  sépa- 
rément. Le  sac  lacrymal  représente  la  moi- 
tié d'un  cylindre  terminé  en  cul-de-sac  su- 
périeurement; il  est  situé  derrière  le  ten- 
don du  muscle  orbiculaire ,  et  se  termine 
en  bas  dans  le  canal  nasal.  Les  larmes,  qui 
pénètrent  par  les  points  lacrymaux  et  arri- 
vent, par  les  conduits  lacrymaux  ,  dans  le 
sac  lacrymal,  et,  de  là,  dans  le  canal  nasal , 
leur  dernière  issue,  sont  sécrétées  par  la 
glande  lacrymale,  organe  de  forme  irrégu- 
lièrement ovoïde,  du  volume  d'une  aveline 
environ,  situé  à  l'angle  externe  de  l'OEil , 
dans  la  fossette  que  présente,  en  haut  et  en 
dehors  de  l'orbite,  le  frontal.  Une  petite  dé- 
pendance de  cette  glande,  formant  une  lé- 
gère couche  granuleuse,  occupe  la  portion 
externe  de  la  paupière  supérieure. 

Toutes  ces  parties  sont  revêtues  par  la 
conjonctive,  membrane  de  l'ordre  des  mu- 
queuses, suivant  les  uns,  des  séreuses  selon 
les  autres,  et  dont  le  trajet  est  assez  com- 
pliqué. Si  ou  la  suppose  naissant  au  bord 
libre  de  la  paupière  supérieure ,  où  elle  est 
une  continuation  de  la  peau,  on  la  voit  re- 
couvrir le  bord,  puis  la  face  postérieure  de 
cette  paupière  jusque  sous  l'arcade  orbitaire  ; 
là,  se  réfléchir  sur  le  globe  de  l'OEil,  en  for- 
mant un  cul- de-sac,  au  moyen  d'un  repli 
très  lâche;  s'avancer  sur  la  sclérotique, 
jusque  sous  la  cornée  transparente  où  elle 
s'amincit  tellement  qu'on  en  a  nié  l'exis- 
tence en  ce  point;  recouvrir  la  face  infé- 
rieure du  globe  de  l'OEil,  toujours  accolée  à 
la  sclérotique,  et  se  réfléchir  en  bas,  comme 
en  haut,  sur  la  face  postérieure  de  la  pau- 
pière inférieure,  encore  au  moyen  d'un  re- 
pli très  lâche  et  très  mobile.  En  dedans, 
cette  membrane  pénètre,  par  les  points  la- 
crymaux, dans  les  conduits  lacrymaux,  va 
revêtir  tout  l'appareil  excréteur  des  larmes 
et  se  continuer  avec  la  membrane  muqueuse 
nasale.  Dans  ce  même  angle  interne  la  con- 
jonctive forme  un  petit  repli  semi-lunaire, 
à  concavité  dirigée  en  dehors,  et  que  l'on 
considère  comme  le  vestige  de  la  troisième 
paupière  des  animaux. 

Des  huit  rmtsdcs  qui  sont  affectés  à  l'appa- 


reil de  la  vision,  deux  appartiennent  aux  pau- 
pières, ce  sont:  1°  Y  orbiculaire  despaupièrest 
composé  de  deux  segments,  un  supérieur  et  un 
inférieur,  et  qui  a  pour  usage  de  rapprocher, 
par  sa  contraction  ,  les  paupières  l'une  de 
l'autre  au-devant  du  globe  de  l'OEil;  2°Yélé" 
valeur  de  la  paupière  supérieure,  situé  dans 
l'intérieur  de  l'orbite,  d'avant  en  arrière, 
s'attachant,  dans  ce  dernier  sens,  à  la  gaîne 
fibreuse  du  nerf  optique,  et,  en  avant,  à  la 
partie  inférieure  de  la  paupière  supérieure 
où  il  se  termine  en  s'épanouissant  comme 
une  membrane.  Les  quatre  autres  muscle» 
appartiennent  en  propre  au  globe  oculaire  ; 
ce  sont:  3°  le  droit  supérieur,  ou  élévateur, 
placé  au-dessous  du  précédent,  se  fixant  en 
arrière  ,  en  partie  à  la  gaîne  fibreuse  du 
nerf  optique,  en  partie  à  la  partie  interne 
delà  fente  sphénoidale,  et  qui  vient  se  termi- 
ner à  la  partie  supérieure  du  globe  de  l'œil  ; 
4°  le  droit  inférieur  ou  abaisseur,  qui  naît 
en  bas  du  pourtour  du  trou  optique,  d'un 
tendon  commun  à  lui  et  aux  deux  suivants, 
nommé  tendon  de  Zinn  et  se  termine  en 
bas  du  globe  de  l'OEil,  comme  le  précédent 
en  haut;  5°  le  droit  interne  ou  adducteur, 
qui  naît  du  tendon  de  Zinn,  et  de  la  partie 
interne  de  la  gaîne  fibreuse  du  trou  optique, 
et  se  termine  sur  la  partie  interne  du  globe 
de  l'OEil;  6°  le  droit  externe,  qui  naît, 
comme  le  précédent,  du  tendon  de  Zinn, 
mais,  de  plus,  de  la  gaîne  fibreuse  du  nerf 
moteur  externe,  et  finit  en  dehors  du  globe 
oculaire;  7°  le  grand  oblique  ou  oblique 
supérieur,  qui  naît  de  la  gaîne  fibreuse  du 
nerf  optique,  à  côté  des  droits  supérieur  et 
interne,  et  de  là  se  porte  en  dedans  de 
l'orbite  ,  arrive  à  la  poulie  cartilagineuse 
fixée  au  bord  supérieur  et  interne  de  l'or- 
bite, où  il  se  réfléchit,  et  va  en  bas,  en  de- 
hors et  en  arrière  ,  se  fixer  sur  le  côté  in- 
terne du  globe  de  l'OEil.  Quand  ce  muscle 
agit,  il  porte  le  globe  de  l'OEil  en  avant  et  en 
dedans,  en  lui  faisant  éprouver  un  mouve< 
ment  de  rotation  qui  dirige  la  pupille  en  baf 
et  en  dedans  ;  8°  le  petit  oblique  ou  obliqua 
inférieur,  qui  s'insère,  d'un  côté,  à  la  partie 
antérieure  et  interne  du  plancher  de  l'or- 
bite, d'où  il  se  porte  de  bas  en  haut,  de  de- 
dans en  dehors,  et  un  peu  d'avant  en  ar- 
rière, jusqu'à  la  face  inférieure  du  globe  de 
l'OEil,  qu'il  porte,  par  sa  contraction  ,  en 
avant  et  en  dedans,  dirigeant  la  pupille  en 


'4G 


OEIL 


OEIL 


haut  et  en  dehors,  à  l'inverse  du  grand 
oblique. 

Telles  sont  les  parties  accessoires  de  l'OEil. 
Des  artères  nourrissent  tout  cet  appareil  vi- 
suel, et  des  nerfs  lui  donnent  le  mouvement 
et  la  sensibilité;  c'est  l'artère  ophthalmique, 
branche  principale  de  la  carotide  interne, 
qui  fournit  à  l'OEil  ses  artères,  qui  sont  les 
ciliaires  courtes  et  longues,  l'artère  centrale 
de  la  rétine,  les  musculaires  et  les  palpé- 
braies. 

Les  nerfs  qui  entrent  dans  l'appareil  ocu- 
laire sont  :  1*  Le  nerf  optique,  dont  la  ré- 
tine est  une  expansion;  2°  la  troisième  paire 
cérébrale  ou  moteur  oculaire  commun,  qui  va 
à  tous  les  muscles  de  l'OEil ,  moins  le  droit 
externe  et  le  grand  oblique  ;  3°  la  quatrième 
paire  ou  pathétique,  qui  se  rend  au  grand 
oblique;  4°  la  sixième  paire  ou  moteur  ocu- 
laire externe,  qui  se  distribue  au  muscle 
droit  externe;  5°  le  nerf  lacrymo-palpébral, 
qui  vient  de  la  branche  ophthalmique  de  la 
cinquième  paire,  et  est  destiné  à  la  glande 
lacrymale  et  à  la  paupière  supérieure;  6°  les 
nerfs  ciliaires,  qui  viennent  du  ganglion 
ophthalmique  et  communiquent  avec  la  cin- 
quième paire  par  un  rameau  venu  du  nerf 
nasal.  D'ailleurs,  ces  nerfs  cérébraux  sont 
en  rapport  avec  les  nerfs  ganglionnaires  par 
ce  ganglion  ophthalmique,  qui  communique 
avec  le  ganglion  cervical  supérieur,  et  par 
les  filets  que  reçoivent  la  troisième  et  la 
sixième  paire  du  plexus  caverneux. 

L'appareil  oculaire  reçoit  également  des 
vaisseaux  lymphatiques,  et  a  des  veines  cor- 
respondantes à  ses  artères. 

I.  De  l'OEil  chez  les  Mammifères.  Dans 
cette  classe,  les  yeux  sont  au  nombre  de 
deux,  comme  nous  venons  de  le  voir  pour 
l'Homme;  ils  sont  situés  des  deux  côtés  de 
la  tête,  et  les  Quadrumanes  sont  les  seuls 
chez  lesquels  ils  en  occupent,  comme  chez 
l'Homme,  la  face  antérieure.  Leur  volume 
varie  singulièrement,  et,  si  on  les  compare 
à  ceux  de  la  classe  des  Oiseaux ,  on  les  trouve 
généralement  petits,  aussi  bien  en  propor- 
tion de  la  tête  qu'eu  égard  au  cerveau. 
Ainsi ,  excepté  chez  quelques  espèces  qui 
semblent  avoir  quelques  rapports  avec  les 
Oiseaux,  comme  divers  Rongeurs,  les  Ma- 
kis, etc.,  ils  sont  réellement  petits;  et  même 
chez  les  Mammifères  fouisseurs,  comme  la 
taupe,  la  Musaraigne,  et  chez  ceux  d'une 


grande  taille,  comme  les  Cétacés,  comme 
l'Hippopotame,  l'Éléphant,  ils  sont  d'une 
petitesse  excessive  ;  quelques  uns  même 
ont  leurs  yeux  complètement  cachés  sous  les 
téguments,  comme  chez  le  Spalax  typhlust 
la  Talpa  cœca  et  le  Sorex  aureus. 

La  forme  de  l'OEil  est  ordinairement  sphé- 
rique  ;  cependant  cet  organe  est  un  peu 
aplati  en  devant  chez  les  Cétacés  ;  dans  d'au- 
tres espèces,  au  contraire,  la  cornée  est  un 
peu  bombée  en  avant,  conformation  dont 
la  Taupe  nous  offre,  pour  ainsi  dire,  un 
type  exagéré,  car  ici  la  cornée  est  presque 
conique.  D'après  Tiedemann,  l'OEil  de  la 
Marmotte  est  plus  étendu  en  largeur  qu'en 
hauteur  ;  il  en  est  de  même,  mais  d'une  ma- 
nière moins  marquée,  chez  les  Ruminants. 
En  général ,  dit  Carus  ,  l'axe  transversal 
l'emporte  sur  le  longitudinal,  sauf  les  Singes 
et  les  Chéiroptères  ,  qui  ont ,  de  même 
que  l'Homme,  l'axe  antéro-postérieur  plus 
étendu. 

Quelque  chose  contribue  à  rendre  les 
mouvements  de  l'OEil  généralement  vifs 
dans  cette  classe,  c'est  l'existence  de  la  pou- 
lie sur  laquelle  roule  le  tendon  du  muscle 
oblique  supérieur;  mais  il  faut  noter  que, 
suivant  Rudolphi,  cette  poulie  n'existe  pas 
chez  les  Baleines  et  les  Dauphins.  D'après 
le  même  anatomiste,  chez  le  Tigre  et  le 
Lion,  le  muscle  grand  oblique  se  bifurque 
des  deux  côtés  du  droit  supérieur,  de  même 
que  le  petit  oblique  des  deux  côtés  du  droit 
inférieur.  On  trouve  d'ailleurs  chez  les  Mam- 
mifères les  quatre  muscles  droits,  qui  sont 
excessivement  développés  chez  l'Éléphant, 
malgré  la  petitesse  relative  de  l'OEil  de  cet 
animal,  puisqu'il  n'a  que  3  à  4  centimètres. 
Un  muscle  en  forme  d'entonnoir,  entourant 
le  nerf  optique ,  existe  chez  la  Taupe ,  et 
remplace  tous  les  autres  muscles.  Les  pau- 
pières sont  conformées  à  peu  près  comme 
celles  de  l'Homme,  à  cette  différence  près 
que  le  repli  demi-circulaire  de  la  conjonc- 
tive, que  nous  avons  signalé  chez  l'Homme, 
prend  un  développement  considérable,  et 
constitue  une  véritable  troisième  paupière, 
dans  laquelle  se  trouve  souvent  une  plaque 
cartilagineuse  ,  mince  et  transparente  , 
comme  chez  le  Lièvre  et  le  Cheval.  Une  pla- 
que semblable  a  été  trouvée,  par  Albers  , 
dans  la  paupière  inférieure  de  quelques 
Singes.   Les  travaux  d'Albers,  Rudolphi  et 


OEIL 


OEIL 


741 


Rosenthal  ont  démontré  l'existence  de  fi- 
bres musculaires  dans  la  troisième  paupière 
chez  le  Phoque  ,  le  Chien ,  l'Hyène  et 
quelques  autres  animaux.  L'Échidné  n'a 
qu'une  seule  paupière  circulaire,  suivant 
Home.  Quant  aux  paupières  des  Cétacés, 
elles  ne  consistent  qu'en  un  bourrelet 
adipeux  presque  immobile,  et  ressemblant 
ainsi  beaucoup  à  celles  des  Poissons.  Les 
glandes  et  les  voies  lacrymales  sont  tout- 
à-fait  analogues  à  celles  de  l'Homme;  ce- 
pendant on  trouve  quelquefois  la  glande  de 
Harder,  dont  nous  parlerons  à  l'occasion  des 
Oiseaux.  Lorsque  la  troisième  paupière  est 
très  développée,  comme  chez  le  Lièvre,  la 
caroncule  lacrymale  disparaît.  Chez  les  ani- 
maux dont  les  yeux  sont  très  petits,  tels  que 
la  Taupe  et  la  Musaraigne,  Carus  n'a  pu 
trouver  aucune  trace  des  organes  dont  nous 
parlons  ici;  ils  n'existent  pas  non  plus  chez 
les  Cétacés. 

Il  est  une  particularité  qui  mérite  d'être 
mentionnée,  c'est  que,  pendant  neuf  à  qua- 
torze jours  à  partir  de  la  naissance,  la  pu- 
pille reste  bouchée  par  la  membrane  pupil- 
laire  chez  le  Chien  ,  le  Chat ,  le  Lièvre ,  la 
Souris,  etc.,  et  que  les  paupières  restent 
closes  pendant  le  même  espace  de  temps* 
Carus,  qui  a  examiné  avec  attention  cette 
membrane  pupillaire  dans  les  jeunes  Chats, 
est  disposé  à  croire  qu'elle  est  une  conti- 
nuation de  la  conjonctive. 

Cette  dernière  membrane  apparaît  comme 
la  continuation  de  la  peau.  On  y  distingue 
nettement,  chez  les  grands  Mammifères, 
trois  couches  :  l'épiderme  sous  forme  d'épi- 
thélium,  le  corps  muqueux  réticulaire  et  le 
derme,  avec  une  couche  de  graisse. 

La  sclérotique  est  conformée  comme  celle 
de  l'Homme,  et  n'offre  aucune  ossification; 
mais  elle  a  une  force  extraordinaire  chez  les 
Cétacés,  et  son  épaisseur  n'est  pas  la  même 
partout.  Ainsi,  dans  la  Baleine,  dont  l'OEil 
a  le  volume  d'une  orange,  l'épaisseur  de  la 
partie  postérieure  de  la  sclérotique  s'élève, 
d'après  Blumenbach  et  Scemmering,  à  plus  de 
2  centimètres.  Suivant  ces  observateurs, 
tandis  que  la  partie  postérieure  de  cette 
membrane  est  extrêmement  épaisse  ,  sa 
région  moyenne  est  mince  et  flexible,  et  sa 
région  antérieure  s'épaissit  de  nouveau. 
M.  de  Blainville  fait  observer  quecette grande 
épaisseur  de  la  sclérotique,  chez  la  Baleine, 


est  probablement  due  à  ce  qu'on  y  comprend 
la  lame  fibreuse  plus  ou  moins  épaisse  qui 
sépare  les  deux  couches  de  muscles  droits. 
Il  existe  quelque  chose  de  semblable  chez  le 
Cochon.  Cette  disposition  a-t-elle  pour  but 
de  rendre  possible  l'allongement  et  le  rac- 
courcissement de  l'axe  visuel ,  suivant  la 
densité  du  milieu  et  la  distance  de  l'objet? 
Cela  est  possible.  Si  l'on  en  croit  Ramsome, 
il  existerait,  en  dedans  de  la  sclérotique,  des 
fibres  musculaires  particulières  qui  se  ren- 
draient à  la  cornée. 

La  cornée  transparente  ressemble  beau- 
coup à  celle  de  l'Homme;  mais  elle  en  dif- 
fère sous  le  rapport  de  sa  convexité  et  de 
son  étendue.  Elle  occupe  ,  en  effet,  chez  le 
Porc-Épic ,  la  moitié  du  globe  de  l'OEil , 
suivant  Blumenbach  ;  elle  est,  d'après  Tie- 
demann,  plus  large  que  longue  dans  la  Mar- 
motte ,  ainsi  que  chez  les  Ruminants  ;  elle 
fait  une  grande  saillie  dans  les  Carnivores. 
La  conjonctive ,  à  l'endroit  où  l'épiderme 
passe  sur  la  cornée,  forme  un  sac  fermé. 

La  choroïde  se  distingue,  suivant  Meckel, 
par  son  épaisseur  chez  les  Carnivores,  par  son 
peu  d'épaisseur  chez  les  Herbivores,  et  parla 
coloration  à  reflets  dorés,  verts  ou  bleus  de  sa 
face  interne,  qui  est  dépourvue  de  pigmen- 
tum.  Cette  surface  nacrée  a  reçu  le  nom  de 
tapis.  Ce  tapis  n'existe  plus  chez  les  Rongeurs, 

Le  cercle  ciliaire  n'offre  rien  de  remar- 
quable; quant  aux  procès  ciliaires  ,  ils  sont 
plus  petits  chez  les  Souris  et  les  Rats  que 
partout  ailleurs  ;  ils  n'y  forment  qu'un  très 
faible  anneau.  Us  constituent,  au  contraire, 
chez  plusieurs  Carnivores,  une  large  cein- 
ture posée  à  plat  sur  la  paroi  de  la  cavité  de 
l'OEil ,  et  les  extrémités  de  ses  rayons  sont 
très  peu  saillantes.  Il  en  est  tout  autrement 
chez  les  Ruminants  et  les  Solipèdes ,  où  le 
corps  ciliaire  s'étend  fort  loin  vers  le  cris- 
tallin ,  sous  la  forme  d'une  large  couronne 
rayonnante. 

L'iris  offre  un  grand  nombre  de  variétés 
quant  à  sa  couleur,  à  sa  structure,  à  sa  lar- 
geur et  à  la  forme  de  la  pupille. 

Ainsi  sa  couleur  est  habituellement  jaune, 
verdâtre,  le  plus  souvent  brunâtre. 

A  l'égard  de  la  structure ,  on  peut  y  dis- 
tinguer, chez  plusieurs  grands  Mammifères, 
chez  le  Bœuf  en  particulier,  deux  couches 
de  fibres  :  les  unes  externes,  annulaires  et 
concentriques  ;  les  secondes  internes,  excen- 


742 


OEIL 


OEIL 


triques;  la  couche  moyenne  contient  des 
vaisseaux  et  des  nerfs  soutenus  par  un  tissu 
cellulaire  lâche. 

La  membrane  pupillaire  n'a  encore  été 
distinctement  observée  que  chez  les  Mam- 
mifères. 

L'iris  le  plus  large  se  Yoit  chez  les  Rats 
et  les  Souris,  où  il  égale  presque  les  dimen- 
sions de  la  choroïde.  Suivant  Carus  l'iris 
serait  moins  ample  ,  proportionnellement  à 
l'OEil,  chez  les  Herbivores  que  chez  les  Car- 
nivores. 

La  pupille  est  ronde  dans  les  Singes ,  les 
Chéiroptères  et  les  Rongeurs;  transversale- 
ment ovale  dans  les  Solipèdes ,  les  Rumi- 
nants, les  Baleines  et  les  Dauphins  ;  ovale 
de  haut  en  bas  dans  le  genre  des  Chats. 

Le  nerf  optique,  à  son  entrée  dans  l'OEil 
et  la  rétine,  ressemble  tout-à-fait  à  ceux  de 
l'Homme;  mais  le  nerf  prend  quelquefois  la 
forme  d'une  ligne  blanche  en  pénétrant  dans 
l'OEil.  Koch  assure  avoir  suivi  le  nerf  opti- 
que de  la  Taupe  jusqu'à  l'OEil  si  imparfait 
de  cet  animal. 

La  tache  jaune  centrale  et  le  pli  n'ont 
encore  été  trouvés  que  chez  les  Singes. 

La  rétine,  chez  les  Carnivores  et  certains 
Rongeurs  ,  ne  dépasse  point  la  moitié  pos- 
térieure de  l'OEil  ;  ce  qui  dépend  de  la  lar- 
geur du  corps  ciliaire  chez  les  premiers  ,  et 
de  l'iris  chez  les  seconds. 

Les  nerfs  ciliaires  naissent  ordinairement 
du  ganglion  ophthalmique  ;  mais,  d'après 
Mack,  ce  ganglion,  qui  est  très  gros  dans  les 
Singes  et  les  Carnivores  ,  petit  dans  les  Ru- 
minants ,  et  plus  petit  encore  chez  les  Pa- 
chydermes, serait  nul  dans  le  Cheval  ,  tan- 
dis que  le  Cerf  en  a  deux  et  le  Bœuf  quatre. 

L'humeur  aqueuse  et  l'humeur  vitrée  res- 
semblent à  celles  de  l'Homme;  mais  leur 
quantité  proportionnelle  est  moindre  chez 
les  Mammifères. 

Le  cristallin  est  ordinairement  aplati; 
toutefois  il  est  presque  globuleux  chez  les 
Souris  et  les  Rats,  de  même  que  dans  les 
Pinnipèdes.  Chez  tous,  sa  masse ,  comparée 
à  celle  de  l'OEil ,  est  beaucoup  plus  grande 
que  chez  l'Homme. 

II.  De  VOEU  chez  les  Oiseaux.  Nous  avons 
vu  et  nous  verrons  encore  que  certaines  es- 
pèces des  autres  classes  sont  privées  d'yeux 
ou  ont  ces  organes  complètement  recou- 
verts par  la  peau;  tous  les  Oiseaux,  au  con- 


traire, sans  aucune  exception,  sont  pourvus 
d'yeux  bien  conformés.  Ce  qui  frappe,  dans 
cette  classe,  c'est  le  volume  énorme  des 
yeux  par  rapport ,  non  seulement  au  cer- 
veau, mais  encore  à  la  tête  entière;  nous 
verrons  qu'il  en  est  ainsi,  et  même  à  un 
plus  haut  degré,  chez  les  Insectes.  Ils  sont 
situés  dans  les  orbites,  de  chaque  côté  de  la 
tête;  leur  direction  est  donc  réellement 
presque  entièrement  latérale;  cependant  ils 
paraissent  quelquefois  dirigés  en  avant, 
comme  chez  les  Oiseaux  de  proie  nocturnes; 
ceci  tient  à  ce  que  le  côté  interne  de  l'OEil 
est  un  peu  enfoncé,  tandis  que  l'externe  se 
relève.  Le  globe  oculaire  a  encore  six 
muscles,  dont  quatre  droits  et  deux  obli- 
ques; mais  ses  mouvements  sont  faibles, 
surtout  chez  les  Chouettes  ,  dont  le  gros 
OEil ,  muni  de  forts  anneaux  osseux  ,  rem- 
plit complètement  l'orbite.  La  forme  du 
globe  oculaire  est  hémisphérique  en  arrière  ; 
mais  en  avant,  il  existe  un  anneau  osseux, 
sorte  de  cylindre  court,  qui  se  rétrécit  peu 
à  peu,  et  sur  lequel  repose  la  cornée  trans- 
parente, qui  constitue  une  demi-sphère  an- 
térieure plus  petite  que  la  postérieure.  Ce 
cylindre  fait  surtout  une  saillie  considé- 
rable chez  les  Oiseaux  de  proie,  notamment 
chez  les  Chouettes;  chez  d'autres,  au  con- 
traire, comme  les  Palmipèdes,  la  moitié  an- 
térieure de  l'OEil  est  plus  aplatie. 

Les  Oiseaux  ont  trois  paupières  ;  des 
deux  qui  se  meuvent  de  haut  en  bas  et  de 
bas  en  haut,  l'inférieure  est  ordinairement 
plus  active  que  l'autre.  C'est  seulement  chez 
un  petit  nombre  d'Oiseaux  ,  comme  l'Au- 
truche, suivant  Blumenbach  ,  et  chez  quel- 
ques Perroquets ,  qu'elles  jouissent  toutes 
deux  d'une  égale  mobilité.  Il  est  remar- 
quable, dit  Carus,  que  les  Oiseaux  qui  font 
exception  sous  ce  rapport  sont  principale- 
ment ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  de 
l'Homme  par  l'apparition  de  cils  à  leurs 
paupières,  c'est  à-dire  d'organes  tactiles  ana- 
logues aux  longs  poils  des  moustaches. 
Presque  toujours  la  paupière  inférieure 
offre  une  lame  cartilagineuse  fortement 
saillante,  surtout  chez  les  Oiseaux  de  proie. 
D'ailleurs  ces  deux  paupières  ont  le  muscle 
orbiculaire  en  commun  ,  et  chacune  un  élé- 
vateur et  un  abaisseur  propre. 

La  troisième  paupière ,  ou  membrane 
nyctitante  ,  mérite  une  mention  spéciale  , 


OEIL 


OEIL 


43 


car  c'est  chez  les  Oiseaux  qu'elle  acquiert 
son  summum  de  développement.  Formée 
par  un  repli  de  la  conjonctive,  elle  sort  ho- 
rizontalement de  l'angle  antérieur  de  l'OEil, 
et  est  mise  en  mouvement  par  un  méca- 
nisme particulier.  En  effet ,  à  cette  mem- 
brane élastique  s'attache  un  tendon  long 
et  grêle  qui  fait  le  tour  du  globe  de  l'œil , 
est  séparé  du  nerf  optique  par  un  petit 
muscle  quadrangulaire  ,  se  fixe  à  l'anneau 
osseux  de  la  sclérotique  par  un  osselet  par- 
ticulier chez  les  Chouettes,  et  finit  par  dégé- 
nérer en  un  petit  muscle  pyramidal.  Ce 
dernier,  ainsi  que  le  petit  muscle  carré 
dont  nous  venons  de  parler,  s'insère  à  la 
conjonctive,  et  sert  à  tirer  la  membrane 
clignotante  en  dehors. 

Les  voies  lacrymales  sont  moins  déve- 
loppées chez  les  Oiseaux  que  dans  la  classe 
précédente.  On  trouve,  à  la  partie  externe, 
un  petit  corps  glanduleux,  analogue  à  la 
glande  lacrymale  de  l'Homme,  à  laquelle  se 
rattachent  deux  ou  trois  canaux  qui  s'ou- 
vrent vers  l'angle  de  ce  côté  ;  mais ,  à  la 
partie  interne  et  inférieure  ou  supérieure, 
en  existe  un  beaucoup  plus  gros,  dont  le  ca- 
nal unique  s'ouvre  à  la  face  externe  de  la 
troisième  paupière.  D'ailleurs,  point  de  ca- 
roncule. Les  orifices  lacrymaux  sont  deux 
trous  forts  grands  situés  dans  l'angle  in- 
terne ,  entre  la  commissure  des  paupières 
horizontales,  et  la  troisième;  quelquefois,  il 
semble  n'y  en  avoir  qu'un.  Ces  deux  ou- 
vertures donnent  presque  immédiatement 
dans  le  sac  nasal  qui  est  situé  à  la  base  du 
nez,  en  avant  et  en  dehors  de  l'os  lacrymal, 
et  qui  va  s'ouvrir,  par  un  orifice  fort  grand, 
dans  la  partie  postérieure  et  externe  de  la 
fosse  nasale.  Jamais  il  n'y  a  de  sourcils  ; 
mais  les  paupières  sont  quelquefois  garnies 
d'espèces  de  petites  plumes  d'une  nature 
particulière,  que  M.  de  Blainville  est  dis- 
posé à  regarder  comme  des  cils. 

La  sclérotique  des  Oiseaux  se  divise  en 
deux  parties,  une  élastique  et  l'autre  os- 
seuse. La  première  ,  d'après  les  dissections 
d'Albers,  consiste  en  trois  feuillets.  L'an- 
neau osseux  se  place,  en  avant,  entre  l'ex- 
terne et  le  moyen  feuillet.  Cet  anneau  se 
compose  de  quinze  à  dix-sept  petites  plaques 
oblongues,  carrées,  arrondies,  et  représente 
tantôt  un  anneau  plat  et  simple,  et  tantôt 
un  cylindre  plus  ou  moins  saillant.  Ce  cy- 


lindre est  assez  long ,  surtout  chez  les 
Chouettes.  La  cornée  transparente  est  le 
plus  souvent  très  bombée,  et  portée  comme 
à  l'extrémité  d'un  tube.  Suivant  Crampton, 
elle  serait  rendue  mobile  par  une  couronne 
de  petites  fibres  musculaires.  Le  centre  de  la 
saillie  de  la  cornée  est  presque  toujours 
hors  de  l'axe  du  globe,  et  un  peu  plus  rap- 
proché de  l'angle  nasal. 

La  choroïde ,  abondamment  chargée  de 
pigmentum  noir,  ne  présente  point  le  tapis 
que  nous  avons  vu  chez  les  Mammifères. 
Arrivée  à  l'anneau  osseux,  elle  se  divise  en 
deux  feuillets ,  dont  l'externe,  plus  mince, 
adhère  à  la  sclérotique,  et  l'autre,  plus  fort, 
forme  plusieurs  plis  rayonnants,  un  peu 
flexueux,  qui  se  terminent  en  avant  en  un 
rebord  peu  saillant.  Ceci  représente  le  corps 
ciliaire,  qui  est  moins  saillant  mais  plus  long 
que  dans  les  Mammifères.  Le  feuillet  ex- 
terne se  prolonge  et  se  confond  avec  l'iris , 
qui  est  plus  large  et  plus  contractile  que 
chez  les  Mammifères.  Il  semblerait,  chez  les 
Perroquets  ,  que  ses  mouvements  seraient 
volontaires.  D'ailleurs  la  couleur  de  l'iris, 
varie  beaucoup  suivant  les  espèces,  l'âge  et 
diverses  circonstances  individuelles.  Ainsi, 
cette  membrane  est  d'un  bel  orangé  dans 
la  Chouette,  chez  laquelle  on  distingue  par- 
faitement la  distribution  des  nerfs  et  vais- 
seaux ciliaires.  La  pupille  est  ordinairement 
ronde;  dans  l'Oie  et  le  Pigeon  elle  est  un 
peu  tirée  en  travers,  tandis  que  dans  la 
Chouette  elle  est  ovale  de  haut  en  bas,  d'a- 
près les  observations  de  Hildebrandt.  Les 
nerfs  ciliaires  partent  du  ganglion  ophlhalmi- 
que  qui  est,  d'après  Muck,  très  gros  dans  les 
Corbeaux,  les  Perroquets  et  les  Hérons, 
plus  petit  dans  les  Gallinacés  et  les  Rapaces, 
et  réduit  presque  à  rien  dans  les  Palmipèdes. 

Le  nerf  optique  traverse  obliquement  la 
sclérotique,  pénètre  dans  l'OEil  sous  l'appa- 
rence d'une  raie  blanche,  et  se  déploie  en- 
suite pour  produire  la  rétine,  qui  n'a  pas 
beaucoup  d'étendue  ici,  le  corps  ciliaire 
étant  très  large.  De  la  face  interne  de  ce 
nerf  naît  un  corps  noir  plus  ou  moins  com- 
primé, quelquefois  mince  et  portant  sur 
les  deux  faces  des  plis  parallèles  qui  l'ont 
fait  comparer  à  un  peigne,  d'autres  fois  plissé 
dans  toute  sa  circonférence ,  comme  une 
bourse  dont  on  aurait  serré  les  cordons , 
suivant  l'expression  de  M.  de  Blainville  ;  ce 


7tt 


OEIL 


OEIL 


corps  se  porte  jusqu'à  la  capsule  du  cristal- 
lin ,  à  son  côté  interne,  et  il  semble  adhé- 
rer à  la  membrane  hyaloïde.  On  dirait  qu'il 
traverse  en  entier  l'humeur  vitrée;  mais, 
dans  le  fait ,  il  est  compris  dans  un  enfon- 
cement de  sa  membrane.  Sa  structure  est 
évidemment  vasculaire;  il  ressemble  à  la 
choroïde  et  est,  comme  elle,  recouvert 
d'un  pigmentum.  Le  seul  oiseau  auquel 
manque  le  peigne  ou  la  bourse  noire  est 
YArdea  virgo.  Dans  l'Autruche,  le  Casoar 
et  le  Hibou  ,  elle  ressemble  à  un  sac  coni- 
que ;  le  nombre  des  plis  varie  de  sept  à  seize 
(Gigogne). 

La  rétine  est  à  peu  près  la  même  que 
chez  les  Mammifères  ;  sa  mollesse  et  sa  pul- 
posité  sont  cependant  peut-être  plus  grandes 
que  dans  celte  classe. 

Le  corps  vitré,  bien  qu'inférieur  à  celui 
des  Mammifères  ,  est  encore  assez  gros  re- 
lativement au  cristallin. 

Le  cristallin  est  plus  comprimé  que  dans 
les  Mammifères;  sa  convexité  postérieure 
est  plus  grande  que  l'antérieure;  on  y  dis- 
tingue parfaitement,  surtout  chez  le  Fau- 
con, des  couches  concentriques.  II  est  peut- 
être  plus  mou  et  plus  mobile  que  dans  les 
Mammifères.  Quant  à  l'humeur  aqueuse  , 
elle  doit  être  plus  abondante  que  chez  ces 
derniers,  la  cornée  étant  plus  convexe  et 
le  cristallin  plus  blanc. 

III.  De  VOEU  chez  les  Reptiles.  Dans  cette 
classe,  l'organe  de  la  vision  décroît  d'une 
manière  manifeste,  sinon  dans  les  parties 
importantes,  du  moins  dans  celles  de  per- 
fectionnement accessoire;  cependant,  il  se 
rapproche  encore  plus  de  celui  des  Oiseaux 
que  de  celui  des  Mammifères.  D'ailleurs,  on 
trouve  ici  de  grandes  différences  dans  cha- 
que ordre  et  même  dans  chaque  famille. 

Le  globe  oculaire  est  ordinairement  sphé- 
rique,  comme  dans  les  Grenouilles,  les  Sa- 
'amandres,  les  Serpents  et  les  Crocodiles  ; 
mais  la  cornée  est  un  peu  aplatie.  Les  yeux 
sont  assez  gros,  eu  égard  au  cerveau.  Ils 
sont  situés  sur  les  côtés  de  la  tête  et  logés 
dans  des  cavités  orbitaires  peu  fermées. 

L'OEil  est  mu,  d'après  les  observations  de 
Cuvier,  dans  les  Tortues  et  le  Crocodile, 
par  les  six  muscles  que  nous  avons  vus  chez 
les  Mammifères ,  et  de  plus ,  par  quatre  au- 
tres plus  petits  qui  embrassent  le  nerf  op- 
tique. Chez  la  Grenouille,  on  ne  trouve 


qu'un  muscle  en  entonnoir  ,  divisé  en  trois 
portions ,  qui  entoure  le  nerf  optique,  et 
de  plus ,  un  droit  inférieur  et  un  oblique 
antérieur. 

Il  arrive  souvent  que  la  peau  recouvre 
les  yeux  au  point  qu'on  les  aperçoit  à  peine, 
comme  dans  le  Proteus  anguinus,  qui  est 
cependant  très  sensible  à  la  lumière,  comme 
Carus  a  pu  s'en  convaincre  sur  le  vivant. 

On  dirait  que  les  paupières  manquent 
entièrement  chez  les  Serpents,  mais  il  est 
plus  exact  de  les  considérer ,  avec  J.  CIo- 
quet ,  comme  adhérentes  ;  en  effet ,  la  peau 
se  prolonge  sur  l'OEil  en  trois  couches  :  l'une 
extérieure,  cornée,  que  l'animal  rejette 
avec  son  épiderme,  quand  il  mue;  la  se- 
conde formée  de  fibres  déliées,  et  la  troi- 
sième constituant  le  feuillet  externe  de  la 
conjonctive.  Ces  trois  couches  sont  transpa- 
rentes. On  trouve  ensuite  une  cavité  qui 
reçoit  le  liquide  sécrété  par  une  glande  la- 
crymale placée  derrière  l'OEil  ;  ce  liquide 
coule  dans  le  nez  par  un  point  lacrymal  situé 
à  l'angle  antérieur  de  l'OEil.  Vient  alors  le 
feuillet  interne  de  la  conjonctive  qui  tapisse 
la  cornée.  On  doit  également  noter  la  petite 
bourse  qui,  d'après  Home,  existe  à  l'angle 
antérieur  de  l'OEil  chez  certains  Serpents, 
et  qui  peut  être  comparé  aux  larmiers  des 
Mammifères  ,  ou  aux  fosses  nasales  en  cul- 
de-sac  des  Poissons. 

Chez  la  Salamandre,  il  y  a  deux  paupières 
en  bourrelet,  l'une  supérieure,  l'autre  in- 
férieure; mais  elles  ne  couvrent  pas  entiè- 
rement l'OEil  ;  et  l'on  n'en  peut  distinguer 
une  troisième  ,  non  plus  que  dans  la  Gre- 
nouille. Quand  elle  existe  ,  elle  paraît  ne 
pouvoir  jamais  se  mouvoir  que  d'avant  en 
arrière,  c'est-à-dire  horizontalement.  Elle 
est  très  visible  dans  l'angle  antérieur  de 
l'OEil  chez  la  Tortue  et  les  Sauriens;  c'est 
par  l'action  d'un  muscle  particulier  qui  en- 
toure le  globe  de  l'OEil  que  cette  paupière 
recouvre  la  cornée  comme  une  membrane 
mince,  à  travers  laquelle  on  voit  cependant 
toujours  percer  la  pupille.  Il  faut  une  men- 
tion à  part  pour  la  grande  paupière  circu- 
laire et  musculeuse  du  Caméléon.  Elle 
adhère  tout  autour  à  la  sclérotique ,  à  envi- 
ron 2  millimètres  de  son  bord  antérieur; 
dans  sa  face  interne  et  inférieure  se  trouve 
un  disque  cartilagineux,  concave,  lisse  et 
blanc  ;  elle  ne  s'ouvre  que  par  une  petite 


OEIL 


OEIL 


745 


fente  transversale,  vis-à-vie  4s  la  cornée, 
dont  la  petitesse  est  extrême  relativement 
au  bulbe.  On  trouve  encore,  chez  le  Camé- 
léon ,  au  bord  supérieur  et  antérieur  de  la 
cavité  de  la  conjonctive,  une  glande  lacrymale 
aplatie,  réniforme,  et  d'un  volume  propor- 
tionnel considérable  ;  et,  dans  l'angle  interne 
de  l'OEil,  il  y  a  une  troisième  paupière  per- 
pendiculaire, très  forte,  et  qui  est  placée  en 
dedans  de  la  grande  paupière  circulaire. 

La  cornée  transparente  a  beaucoup  d'a- 
nalogie avec  celle  de  l'Homme.  Cependant 
son  bord  antérieur  offre ,  chez  plusieurs 
Reptiles  ,  tels  que  Sa  Tortue  branche  et  | 
J'Iguane,  d'après  Albers,  des  anneaux  de 
lamelles  osseuses  minces ,  qui  ont  cepen- 
dant paru  à  Carus  cartilagineuses  dans  l'I- 
guane. La  moitié  antérieure  delà  cornée  a 
aussi  la  consistance  du  cartilage  dans  le  Ca- 
méléon. Cette  membrane  ne  devient  pas 
opaque  par  l'immersion  dans  l'alcool  chez 
la  Tortue,  la  Salamandre,  la  Grenouille,  le 
Caméléon  et  les  Serpents. 

On  ne  peut  distinguer  plusieurs  feuillets 
à  la  choroïde.  La  surface  externe  de  cette 
membrane  a  le  brillant  de  l'argent  dans  la 
Grenouille.  La  partie  antérieure  s'infléchit 
vers  l'axe  de  l'OEil ,  et  se  continue  dans 
l'iris.  L'iris  est  argentin  dans  beaucoup  de 
Reptiles;  il  est  verdâtre  dans  le  Crocodile  , 
brunâtre,  avec  l'éclat  de  l'or,  dans  la  Gre- 
nouille, et  quelquefois  tacheté  chez  les  Ser- 
pents, où  son  hémisphère  inférieur  est  d'un 
brun  foncé  et  le  supérieur  jaune.  La  pupille 
est  ordinairement  ronde,  comme  chez  les 
Salamandres  ,  les  Sauriens,  les  Ophidiens  , 
les  Chéloniens  ;  chez  la  Grenouille ,  elle  a  la 
forme  d'un  rhomboïde  situé  en  travers  ,  et 
chez  le  Crocodile  ,  celle  d'une  fente  ver- 
ticale. Ses  mouvements  sont  sensibles, 
quoique  lents. 

Les  procès  ciliaires  n'existent  point  dans 
les  Salamandres ,  les  Serpents  et  plusieurs 
Sauriens  ;  mais  Cuvier  les  a  signalés  en 
forme  de  fils  allongés  dans  une  grande  Rai- 
nette étrangère.  Carus  n'a  vu,  chez  la  Gre- 
nouille, qu'un  anneau  blanchâtre,  auquel 
adhère  fortement  le  cercle  ciliaire.  Les 
procès  ciliaires  existent  chez  les  Tortues  , 
bien  qu'ils  soient  petits;  ils  sont  bien  déve- 
loppés dans  le  Crocodile,  mais  ils  disparais- 
sent dans  l'Iguane  et  le  Caméléon. 

Le  nerf  optique  perce  la  sclérotiaue  en 

I.   VIII. 


ligne  droite  chez  tous  les  Reptiles,  et  forme 
en  dedans  une  plaque  arrondie  dont  l'épa- 
nouissement constitue  la  rétine.  Chez  l'I- 
guane ,  Carus  a  vu  naître ,  du  milieu  de 
cette  plaque,  un  petit  prolongement  noi- 
râtre de  la  choroïde,  sorte  de  vestige  du 
peigne  que  nous  avons  vu  chez  les  Oiseaux. 
Le  Caméléon  présente  aussi  un  prolonge- 
ment analogue  et  noir,  mais  plus  petit,  de 
la  choroïde  vers  le  cristallin. 

Le  corps  vitré  est  plus  petit  que  dans  la 
classe  supérieure.  Le  cristallin  est  très  con- 
vexe et  commençant  à  se  rapprocher  de  la 
forme  d'une  sphère;  il  a  un  volume  consi- 
dérable dans  le  Caméléon  et  les  Grenouilles, 
tandis  qu'au  contraire  il  est  petit  dans  la 
Tortue  franche,  et  plus  convexe  en  avant 
qu'en  arrière.  Celui  des  Grenouilles  et  des 
Salamandres  offre,  dans  son  intérieur,  un 
noyau  solide. 

IV.  De  VOEU  chez  les  Poissons.  Bien  que 
l'OEil  des  Poissons  soit  moins  parfait  que 
celui  des  classes  précédentes,  il  présente 
cependant  encore  toutes  les  mêmes  parties 
que  celui  des  Vertébrés  supérieurs. 

Les  yeux  sont  en  général  très  gros,  ex- 
cepté chez  les  espèces  vermiformes,  comme 
l'Anguille,  la  Lamproie,  les  Gastrobranches, 
où  ils  sont  petits.  Ils  sont  contenus  dans  une 
cavité,  mais  elle  n'est  pas  entièrement  for- 
mée par  les  os;  ils  reposent  habituellement 
sur  un  coussinet  de  graisse  à  demi  liquide, 
des  deux  côtés  de  la  tête  ;  plus  rarement  ils 
se  dirigent  en  arrière  ou  en  haut,  comme 
chez  l'Uranoscope;  enfin  ,  ce  qui  est  encore 
plus  rare,  c'est  qu'ils  soient  placés  tous 
deux  du  même  côté,  comme  chez  les  Pleu- 
ronectes. 

La  forme  de  l'OEil  est  presque  toujours  ar- 
rondie en  arrière  et  aplatie  en  avant;  ceux 
qui  font  exception  sont  les  Poissons  à  petits 
yeux,  principalement  le  Blennius  viviparus, 
d'après  Cuvier,  et  plusieurs  Cartilagineux, 
suivant  Rosenthal. 

Six  muscles,  assez  courts,  dont  quatre 
droits  et  deux  obliques,  meuvent  l'OEil  chez 
les  Poissons  osseux.  On  trouve  de  plus,  dans 
les  Raies  et  les  Squales ,  un  pédicule  carti- 
lagineux implanté  sur  le  globe  de  l'OEil  et 
au  fond  de  l'orbite. 

La  profondeur  de  l'orbite  est  augmentée 
par  le  repli  d'une  partie  de  la  peau  épaissie, 
presque  gélatineuse  et  translucide ,  qui  e»t 

94 


746 


OEIL 


OEIL 


plus  considérable  en  avant  ou  en  dedans,  eten 
arrière  ou  en  dehors.  C'est  de  ce  rebord,  vé- 
ritable bourrelet  palpébral ,  que  sort  la  peau 
amincie  ou  conjonctive,  qui  passe  au-devant 
du  globe  de  l'OEil ,  adhérant  constamment 
à  la  cornée.  Chez  quelques  Poissons,  la  peau 
qui  passe  au-devant  de  l'OEil  est  si  peu 
amincie,  que  l'animal  doit  être  presque  in- 
ser.:  iblea  la  lumière,  comme  le  Gastrobranche 
et  la  Murena  cœca.  Dans  plusieurs  autres, 
chez  l'Anguille  en  particulier,  on  détache 
facilement  la  peau  du  globe  de  l'OEil,  et 
alors  la  portion  correspondante  à  la  con- 
jonctive apparaît  comme  une  tache  claire  et 
transparente.  Quand  la  conjonctive  se  dis- 
tingue si  peu  des  téguments  communs,  on 
ne  trouve  aucun  vestige  des  paupières,  si  ce 
n'est  le  bourrelet  dont  nous  avons  parlé; 
mais,  dans  beaucoup  d'autres  Poissons  où 
l'OEil  est  plus  gros  et  la  conjonctive  plus 
fine,  on  aperçoit,  outre  ce  bourrelet,  dans 
l'angle  posiérieur,  et  plus  encore  dans  l'an- 
térieur, un  repli  semi-lunaire  ,  mais  com- 
plètement immobile ,  et  qui  couvre  peu 
l'OEil.  Cuvier  a  découvert,  chez  le  Poisson- 
lune,  une  véritable  paupière  circulaire,  sus- 
ceptible de  se  fermer  à  l'aide  d'un  sphinc- 
ter, et  de  s'ouvrir  par  l'action  de  cinq  mus- 
cles rayonnes. 

Point  de  paupières,  point  d'appareil  la- 
crymal :  ni  glandes,  ni  canaux  de  ce  genre. 

La  sclérotique  est  dure ,  élastique  et  de 
nature  aponévrotique.  Elle  présente  un  ou 
plusieurs  disques  cartilagineux  ,  plus  ou 
moins  grands,  quelquefois  ossifiés,  surtout 
à  la  partie  antérieure.  Ce  disque  cartilagi- 
neux est  mince  et  s'étend  peu  en  arrière 
chez  la  Carpe;  il  est  large  et  épais,  et  égale 
la  sclérotique  en  étendue  chez  l'Esturgeon. 

La  cornée  transparente  est  habituellement 
plan-convexe  à  l'extérieur;  elle  se  compose 
de  trois  feuillets,  et  a  plus  d'épaisseur  à  la 
circonférence,  tandis  qu'elle  s'amincit  à  la 
partie  moyenne. 

On  distingue  facilement  trois  feuillets 
dans  la  choroïde;  l'externe  est  d'un  blanc 
nacré  et  est  assez  ferme;  arrivé  au  bord 
antérieur  de  la  sclérotique,  à  laquelle  il 
adhère  peu,  il  se  réfléchit  vers  l'axe  du 
globe  oculaire ,  et ,  parvenu  au  bord  de  la 
pupille,  il  s'infléchit  de  nouveau  en  dehors, 
et  forme  ainsi  un  iris  très  étroit,  dont  les 
eflets  sont  également  argentés  ou  dorés ,  et 


qui  s'accole  au  bourrelet  de  la  cornée.  Le 
feuillet  le  plus  interne  de  la  choroïde  est 
noir,  mou,  couvert  de  pigments,  excepté 
dans  le  Brochet,  où  il  est  pourpre.  Il  suit  la 
courbure  du  précédent  depuis  le  bord  de  la 
pupille,  et  forme  ainsi  l'uvée.  Maintenant, 
entre  ces  deux  membranes,  en  arrière,  tout 
autour  du  nert  optique,  se  trouve  une  masse 
rougeâtre,  comme  glanduleuse,  sorte  de 
glande  choroïdienne  ,  suivant  Rosenthal ,  de 
réseau  vasculaire,  selon  Blainville  et  Albers, 
ou  de  muscle,  d'après  Haller.  C'est  surtout 
chez  la  Carpe  que  l'on  voit  le  mieux  cette 
masse.  De  son  bord  externe  part  une  mem- 
brane, semblable  à  du  cruor.  Cet  organe  ne 
se  voit  ni  chez  les  Raies,  ni  chez  les  Squales, 
chez  lesquels,  d'ailleurs,  tn  ne  peut  bien 
diviser  la  choroïde  en  plusieurs  feuillets.  La 
choroïde  est  nacrée  chez  la  Raie  perce  et 
chez  plusieurs  Squales,  comme  l'Esturgeon. 

L'iris  est  étroit,  comme  nous  venons  de 
le  voir,  lisse  et  tout-à-fait  immobile,  géné- 
ralement d'un  éclat  métallique,  d'une  belle 
couleur  nacrée  chez  la  Carpe.  La  pupille  est 
ordinairement  ronde  et  grande.  Mais,  d'a- 
près les  observations  de  Cuvier,  son  bord 
antérieur  se  prolonge  en  plusieurs  lanières 
étroites,  disposées  en  rayons,  et  dont  la 
forme  est  celle  d'une  palmette.  Les  lanières, 
dorées  en  dedans  et  noires  en  dehors,  peu- 
vent fermer  les  pupilles  à  la  manière  d'une 
jalousie.  La  pupille  est  double,  comme  l'iris 
et  la  cornée,  chez  le  Cobitis  anableps ,  bien 
que  le  cristallin  soit  simple. 

Les  procès  ciliaires  manquent  chez  les 
Poissons  osseux;  on  ne  les  trouve  que  chez 
quelques  Squales,  où  ils  sont  encore  fort 
petits,  ne  formant  que  de  courtes  saillies 
qui  touchent  à  la  capsule  du  cristallin,  et 
se  continuent  avec  les  stries  de  l'uvée.  Ils 
sont  remplacés  par  les  autres  vaisseaux  ou 
membranes  vasculaires,  qui,  sous  forme  de 
prolongements  falciformes,  vont  de  la  cap- 
sule cristalline  au  bord  antérieur  de  la  ré- 
tine. 

Le  nerf  optique  pénètre  ordinairement 
dans  l'OEil  sous  la  forme  d'un  petit  disque 
arrondi ,  comme  on  peut  facilement  le  voir 
dans  la  Carpe.  De  son  centre  partent  les 
vaisseaux  centraux  de  la  rétine,  qui  se  ré- 
pandent sur  le  corps  vitré  pour  se  réunir 
en  une  couronne  vasculaire  à  son  extrémité. 
Chez  d'autres  Poissons ,  ce  nerf  perce  obli- 


OEIL 


OEIL 


747 


quement  la  sclérotique  ,  et  apparaît  comme 
une  ligne  blanche,  des  bords  de  laquelle 
naît  la  rétine;  cette  disposition  est  encore 
plus  tranchée  chez  l'Esturgeon.  Quant  à  la 
rétine,  elle  se  partage  facilement  en  deux 
feuillets:  Fun  interne,  fibreux;  l'autre  ex- 
terne, non  fibreux;  et  se  termine  par  un 
bord  libre,  à  l'origine  de  Puvée. 

L'humeur  aqueuse  est  nulle,  ou  presque 
nulle,  tant  la  cornée  transparente  est  plate 
et  le  cristallin  saillant  en  avant;  elle  man- 
que d'enveloppe  spéciale. 

Le  cristallin,  entouré  d'une  capsule  mince, 
est  très  considérable,  au  point  de  remplir 
presque  tout  le  bulbe,  et  presque  tout-à-fait 
sphérique.  On  y  distingue  des  fibres  qui  se 
dirigent  di  pôle  antérieur  au  pôle  posté- 
rieur. 

Par  suite  de  ce  volume  et  de  cette  saillie 
du  cristallin,  le  corps  vitré  est  très  peu  con- 
sidérable. Cependant  la  membrane  hyaloïde 
est  évidente;  elle  est  unie  en  avant  à  la 
capsule  cristalline,  à  l'aide  de  deux  liga- 
ments qui ,  lorsqu'ils  sont  fortifiés  par  des 
prolongements  de  ia  membrane  ruyschienne, 
comme  dans  le  Brochet,  forment  deux  axes 
auxquels  le  cristallin  est  suspendu. 

Les  dissections  de  Muck  ont  prouvé  que 
les  Poissons  n'ont  pas  de  ganglion  ophthal- 
mique  pour  les  nerfs  ciliaires. 

V.  De  VOEU  chez  les  animaux  articulés. 
Ce  qui  distingue  l'appareil  visuel  dans  cette 
classe,  c'est  qu'il  n'y  a  jamais  de  cristallin 
situé  dans  une  cavité  de  l'organe  lui-même; 
que  celui-ci  n'est  jamais  mobile  et  existe  à 
la  superficie  de  la  peau  endurcie,  dont  la 
cornée  transparente,  et  surtout  la  scléroti- 
que elle-même,  semblent  faire  partie.  En- 
fin ,  dit  M.  de  Blainville,  le  caractère  le 
plus  singulier  qu'offre  l'appareil  delà  vision 
chez  les  Insectes ,  c'est  que,  dans  un  grand 
nombre  de  cas,  il  est  composé  d'un  amas 
plus  ou  moins  considérable  de  petits  organes 
simples ,  situés  de  chaque  côté  de  la  tête, 
outre  quelques  uns  qui  se  disposent  sur 
quelque  endroit  de  la  partie  antérieure.  On 
donne  aux  premiers  le  nom  d'yeux  compo- 
sés, et  aux  seconds  celui  d'yeux  simples  ou 
de  stemmaies. 

On  n'aperçoit  pas  la  moindre  trace  d'yeux 
dans  les  Enthelminthes,  et  les  Cercaires  sont 
les  seuls  chez  lesquels  Baer  ait  vu  les  indices 
de  deux  yeux. 


Si  l'on  passe  aux  Annélides,  on  en  ren- 
contre fréquemment,  par  exemple,  chez  les 
Nais,  les  Néréides,  les  Aphrodites,  les  Sang- 
sues. Souvent  ils  sont  alors  en  quantité  con- 
sidérable ,  puisque  la  Sangsue  ordinaire  en 
a  dix,  disposés  en  fer-à-cheval  au-dessus  de 
l'orifice  de  la  bouche.  On  les  aperçoit  très 
bien  chez  les  jeunes  individus,  car  ils  font 
saillie  à  la  surface  du  corps,  comme  autant 
de  verrues  d'une  couleur  foncée. 

Tous  les  Neusticopodes,  excepté  quelques 
Lernées,  ont  un,  deux  ou  trois  yeux;  et 
même  les  Lernées,  si  l'on  en  croit  Nord- 
mann  ,  auraient,  à  l'état  de  larve,  un  OEil 
qui  disparaîtrait  chez  l'animal  parfait. 

Jusqu'ici  nous  n'avons  eu  à  signaler  quo 
des  stemmates;  mais  c'est  dans  cette  série 
du  règne  animal  qu'on  commence  à  ren- 
contrer les  yeux  composés  ;  ainsi  Carus  a 
constaté,  chez  YApus  cancriformis ,  deux 
gros  yeux,  dont  la  cornée  se  partage  en  un 
grand  nombre  de  facettes  hexagones  ,  et  un 
autre  OEil  médian,  arrondi,  plus  gros, 
dont  la  cornée  paraît  finement  grenue  quand 
on  l'examine  au  microscope.  Le  Limulus 
polyphemus  porte  aussi  des  deux  côtés  de 
son  bouclier  céphalo-thoracique  de  gros  yeux 
à  facettes  réniformes. 

La  Scolopendre  en  a  un  gros  placé  en 
travers  et  vingt-trois  petits  qui  sont  simples. 

Les  connaissances  que  nous  possédons  sur 
les  yeux  composés  sont  dues  à  Swammer- 
dam ,  Cuvier ,  Marcel  de  Serres ,  et  surtout 
à  J.  Muller,  qui  en  a  le  mieux  signalé  les 
particularités.  Voici  la  description  qu'il  en 
donne. 

Les  yeux  composés  des  Insectes  et  des 
Crustacés  sont  des  segments  de  sphère  plus  ou 
moins  grands,  immobiles  chez  les  Insectes, 
ou  mobiles  sur  des  pédicules  chez  les  Déca- 
podes, parmi  les  Crustacés,  et  chez  quel- 
ques autres  encore.  Le  nerf  optique  se  renfle 
dans  leur  intérieur  en  une  grande  sphère  , 
ou  en  un  segment  de  sphère,  de  la  surface 
de  laquelle  s'élèvent  des  milliers  de  fibres 
primitives  nerveuses,  qui  se  dirigent  comme 
autant  de  rayons  vers  la  superficie  de 
l'organe.  Cependant  ces  fibres  n'arri- 
vent point  jusqu'à  l'épiderme  transparent. 
Entre  leurs  extrémités  et  la  cornée  transpa- 
rente se  trouvent  des  cônes  transparents 
également  dirigés ,  en  forme  de  rayons,  vers 
la  face  interne  de  la  cornée,  et  dont  les 


748 


OEIL 


OEIL 


bnses  se  réunissent  avec  cette  face,  tandis 
que  les  sommets  enchâssent  les  extrémités 
des  fibres  parties  du  nerf  optique.  La  lon- 
gueur des  cônes  varie  beaucoup  suivant  les 
espèces  ;  la  plupart  du  temps ,  ils  sont  cinq 
à  six  fois  aussi  longs  que  larges,  comme 
chez  la  majeure  partie  des  Coléoptères  et  chez 
les  Lépidoptères;  rarement  sont- ils  fort 
courts  ;  leur  longueur  dépasse  à  peine  leur 
largeur  chez  les  Mouches,  parmi  les  Dip- 
tères. La  cornée  des  Insectes,  des  Crustacés 
et  des  Décapodes  est  également  divisée  en 
façon  de  mosaïque;  chaque  petite  division  , 
appelée  facette,  correspond  à  un  cône  trans- 
parent, avec  lequel  elle  est  unie,  et  à  une 
fibre  du  nerf  optique.  Les  facettes,  hexa- 
gones chez  les  Insectes,  ont  rarement  cette 
forme  chez  les  Crustacés,  où  presque  tou- 
jours elles  sont  carrées,  quoique  les  divi- 
sions ne  puissent  avoir  lieu  ici  par  des  lignes 
droites,  et  que  la  convexité  de  la  surface 
de  TOEil  fasse  qu'elle  doive  être  opérée 
par  des  lignes  courbes.  Il  est  rare  que  les 
facettes  soient  un  peu  élevées  à  l'extérieur 
et  à  l'intérieur,  c'est-à-dire  lenticulaires, 
comme  chez  les  Lépidoptères;  en  général,  la 
surface  en  est  assez  plane;  elles  ont  même 
quelquefois  une  épaisseur  considérable,  par 
exemple  chez  les  Orthoptères  et  les  Coléop- 
tères. La  ressemblance  entre  leurs  faces  an- 
térieure et  postérieure,  fait  qu'on  doit  ar- 
tendre  peu  de  chose  de  leur  action  sur  la 
lumière  en  général  ;  aussi  Muller  a-t-il  con- 
staté qu'elles  manquent  chez  un  grand 
nombre  de  Crustacés ,  notamment  chez  les 
Entomostracés  ,  où  néanmoins  les  cônes 
transparents  existent  également.  Dans  ce 
cas,  la  surface  de  la  cornée  est  parfaitement 
plane,  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur; 
là  aussi  seulement  les  bases  des  cônes  sont 
arrondies  au  lieu  d'être  unies,  comme  elles 
le  sont  d'ordinaire ,  avec  les  facettes  de  la 
membrane.  Entre  les  cônes  transparents  , 
et  même  entre  les  fibres  du  nerf  optique ,  il 
y  a  du  pigment,  tantôt  clair  ,  tantôt  foncé, 
noirâtre,  violet  foncé,  bleu  foncé,  purpu- 
rin, brun  ,  jaune  -  brun  ,  jaune  clair, 
vert,  etc.  Quelquefois  ce  pigment  forme 
plusieurs  couches  superposées  de  couleur 
diverse.  Il  s'élève  jusqu'à  la  cornée  entre 
les  cônes,  dont  parfois  même  il  couvre  la 
face  antérieure  ou  la  base,  en  n'y  laissant 
dans  le  milieu  de  chacun  qu'une  ouverture 


pupillaire,  qui  devient  surtout  apparente 
lorsque  les  cônes  sont  fort  courts ,  comme 
chez  les  Diptères.  Dans  d'autres  cas ,  les 
cônes  sont  tout-à-fait  libres  de  pigment,  qui 
ne  garnit  que  les  points  d'intersection  des 
facettes.  Chez  les  Criasftacés  inférieurs,  dont 
la  cornée  n'a  point  de  facettes ,  les  corps 
transparents  en  forme  de  cônes  ont  leurs 
sommets  et  la  plus  grande  partie  de  leur 
longueur  engagés  daas  le  pigment,  tandis 
que  leurs  extrémités  arrondies  en  sont  dé- 
pourvues et  regardent  Sa  face  interne  de  la 
cornée.  Au  reste,  Se  Dombre  des  facettes 
et  des  cônes  varie  beaucoup.  La  plupart  du 
temps,  il  est  très  considérable  et  s'élève  à 
plusieurs  milliers,  par  exemple  à  12  et 
20,000  dans  un  seul  OEil  :  ainsi  on  en 
compte  2,500  chez  le  Homard,  11, 300 dans 
la  Phalena  cossus,  25,000  chez  la  Mordella; 
rarement  y  en  a-t-il  peu  ,  comme  chez  les 
Entomostracés  On  n'en  trouve  plus  que 
1 ,  300  dans  le  Sphinx  convolvuli ,  et  50  seu- 
lement dans  les  Fourmis;  l'Iule  n'a  que 
deux  yeux  composés  de  50  à  60  facettes. 
L'union  entre  les  Gbres  du  nerf  optique  et 
les  cônes  a  été  étudiée  d'une  manière  spé- 
ciale par  R.  Wagner.  Chez  les  Insectes,  les 
fibres  se  prolongent  en  forme  de  gaines  sur 
les  côtés  du  cône.  Or,  comme  chez  les  ani- 
maux supérieurs  les  fibres  nerveuses  se  corn- 
posent  d'un  tube  et  d'un  contenu,  on  peut 
présumer  que  ce  sont  principalement  les 
tubes  qui  forment  ces  gaines. 

Outre  les  yeux  à  facettes  composées  et  les 
yeux  composés  sans  facettes  des  Crustacés, 
il  y  en  a  encore  une  troisième  espèce,  re- 
marquée par  Edwards, Burmeister  et  Muller, 
c'est  celle  dans  laquelle,  outre  les  corps  en 
forme  de  cônes,  il  s'en  trouve  encore  de 
lenticulaires  entre  les  cornées  et  les  cônes  ; 
ces  lentilles  doivent  rassembler  les  rayons 
lumineux  qui  tombent  sur  elles  et  les  in- 
cliner vers  les  axes  des  cônes.  Edwards  a 
observé  cette  disposition  chez  les  Callia- 
nasses ,  chez  beaucoup  de  Brachyures  ,  en 
particulier  le  Cancer  maculatus  ,  enfin 
dans  VAmphytœ  et  plusieurs  Édriophthal- 
mes.  Muller  a  vu  aussi  des  lentilles  dans 
les  facettes  de  la  cornée  de  YHyperia.  Sui- 
vant Burmeister,  le  Branchiopus paludinus 
en  possède  également,  dont  l'axe  longitu- 
dinal est  plus  long  que  le  transversal. 
Quelques  ons  ont  deux  corsées,  l'externe 


OSIL 


OEIL 


749 


lisse,  et  l'interne  à  facettes  ou  fenêtrée,  de 
telle  sorte  que  les  lentilles  se  trouvent  der- 
rière les  fenêtres,  comme  dans  le  Bran- 
chiopus. 

Les  yeux,  d'ailleurs,  paraissent  quelque- 
fois manquer  tout-à  fait  chez  les  Acarides. 
Certains  de  ces  animaux,  la  Bdella,  en  ont 
quatre  petits  et  simples;  d'autres,  le  Suca- 
ris  ,  deux,  également  simples. 

Les  Arachnides  n'ont  que  des  yeux  sim- 
ples, mais  parfois  très  développés  à  l'inté- 
rieur, et  pourvus  d'un  cristallin  sphérique 
et  d'un  corps  vitré;  la  choroïde  forme  un 
anneau  noir  autour  du  cristallin.  Les  Scor- 
pions en  ont  deux  gros  et  six  à  dix  autres 
plus  petits  et  simples. 

Dans  les  Hexapodes  aptères  on  ne  trouve 
plus  généralement  que  des  yeux  composés. 

Quant  aux  Hexapodes  ailés  ,  ou  aux  In- 
sectes proprement  dits,  les  plus  parfaits 
d'entre  eux,  les  Coléoptères,  n'ont  que  deux 
yeux  composés.  Indépendamment  de  ceux- 
là,  qu'on  retrouvedans  les  autres  ordres  chez 
tous  les  Insectes  pourvus  du  sens  de  la  vue,  il 
y  a  encore  des  yeux  simples,  la  plupart  du 
temps  au  nombre  de  trois.  Du  reste,  les 
larves  des  Insectes  répètent  fort  souvent  les 
formes  inférieures,  même  en  ce  qui  con- 
cerne les  yeux  ,  car  celles ,  par  exemple ,  de 
la  plupart  des  Coléoptères  et  Hyménoptères 
n'ont  pas  d'yeux  du  tout,  tandis  que  celles 
de  presque  tous  les  genres  contenus  dans 
les  autres  ordres  n'en  ont  que  de  simples. 
Ainsi  l'on  trouve  six  à  huit  stemmates  dans 
les  Chenilles.  On  remarque  fort  peu  de 
larves  qui  aient  de  très  grands  yeux  ,  même 
des  yeux  à  facettes;  telles  sont  les  Orthop- 
tères ,  qui  subissent  une  métamorphose  in- 
complète ,  celles  des  Microptères ,  dans  l'or- 
dre des  Coléoptères,  et  celles  de  quelques 
Diptères,  par  exemple  des  Cousins.  EnGn 
on  trouve  des  espèces  privées  d'yeux  parmi 
les  Insectes  parfaits.  Tels  sont  les  Claviger, 
une  Braula  qui  vit  en  parasite  sur  les 
Abeilles ,  et  les  neutres  de  quelques  Four- 
mis. 

Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  dans  les  yeux 
composés  des  Insectes,  c'est  leur  volume 
considérable.  Marcel  de  Serres  a  donné  ,  à 
ce  sujet,  des  tables  détaillées,  d'après  les- 
quelles on  voit  que  chez  quelques  uns  de 
ces  animaux  (Anthrax  maura,  Musca  vomi- 
toria)  le  volume  du  corps  est  à  celui  des 


yeux  dans  la  proportion  d'un  à  quatre,  mais 
que  la  proportion  ordinaire  est  de  six,  huit, 
dix  ou  seize  à  un,  et  que  jamais  le  volume 
des  yeux  ne  descend  au-dessous  d'un  à 
soixante  (Phasmia,  Bossia). 

VI.  De  VOEU  chez  les  Mollusques.  La  struc- 
ture de  l'organe  de  la  vue  dans  ce  type  d'a- 
nimaux a  évidemment  plus  de  rapport  avec 
ce  qui  existe  dans  les  vertébrés  que  celle  de 
l'OEil  des  articulés,  puisqu'on  y  trouve  à 
peu  près  les  mêmes  parties,  disposées  sem- 
blablement,  et  qu'il  n'y  a  qu'un  organe 
simple  de  chaque  côté.  Mais  le  peu  d'acti- 
vité et  d'étendue  de  la  fonction  ,  si  ce  n'est 
dans  les  espèces  les  plus  favorisées  sous  ce 
rapport,  et  surtout  la  disparition  rapide  de 
cet  appareil  dans  le  plus  grand  nombre  des 
Mollusques  ,  placent  ces  derniers  au-dessous 
des  précédents. 

Les  ordres  inférieurs  manquent  d'yeux  ; 
ce  n'est  que  chez  les  Gastéropodes  ,  les 
Ptéropodes  et  les  Céphalopodes,  qu'on  en 
trouve  qui  sont  tantôt  plus  tantôt  moins 
parfaits.  Leurs  nerfs  optiques  ne  se  croisent 
jamais. 

La  position  des  yeux  varie  singulière- 
ment. Ainsi,  chez  les  Céphalopodes,  ils 
sont  placés  avec  symétrie  de  chaque  côté  de 
la  tête,  un  peu  en  arrière  et  dans  les  en- 
foncements du  cartilage  céphalique.  Dans 
les  genres  Pterotrachœa  et  Aplysia ,  on  les 
aperçoit  à  la  nuque  de  chaque  côté.  Ailleurs, 
et  le  plus  souvent,  ils  tiennent  aux  tenta- 
cules dont  ils  occupent ,  soit  la  base  (Physa, 
Cyprœa,  Buccinum) ,  soit  la  partie  latérale 
{Cerithium) ,  soit  le  sommet  (Hélix,  Limax, 
Turbo). 

La  structure  des  yeux ,  chez  les  Gastéro" 
podes,  est  simple;  mais  les  parties  essen- 
tielles y  sont  sensiblement  développées.  Il 
ne  faut  pas  confondre  d'ailleurs,  comme 
on  le  fait,  le  nerf  optique  avec  celui  du 
tentacule  auquel  il  n'est  qu'accolé;  ce  nerf 
se  plonge  dans  la  base  du  bulbe  oculaire 
qui  contient  un  cristallin,  avec  un  épiderme 
enduit  de  pigment  noir.  Au-devant  du 
cristallin  se  trouve  une  portion  transparente 
de  la  peau  extérieure ,  sorte  de  conjonctive. 
Peut-on  y  admettre  ,  avec  Swammerdam  , 
une  humeur  aqueuse  et  une  humeur  vitrée? 
Nous  n'oserions  l'affirmer. 

Passons  aux  yeux  des  Seiches,  des  Poulpes 
et  des  Calmars.  Ils  sont  d'une  énorme  gros- 


750 


OKIL 


OEIL 


seur  proportionnellement  à  la  tête,  puisque, 
pris  ensemble,  ils  forment  près  des  deux 
tiers  de  la  masse  de  cette  dernière.  La  sclé- 
rotique et  deux  petits  muscles  les  fixent.  Le 
bulbe  oculaire  est  un  peu  comprimé  de  de- 
hors en  dedans.  Point  de  paupières  chez  la 
Seiche  ordinaire  ;  son  OEil  est  recouvert  par 
un  prolongement  des  téguments  qui  fait 
fonction  de  conjonctive  et  de  cornée  trans- 
parente. Chez  le  Poulpe,  au  contraire, 
quelques  duplicatutes  de  la  peau  forment 
des  paupières,  l'une  postérieure  plus  grande, 
l'autre  antérieure  plus  petite ,  analogue  à  la 
troisième  paupière  des  Oiseaux  et  des  Mam- 
mifères. La  postérieure  contient  des  fibres 
musculaires. 

Les  observations  de  Carus  prouvent  que 
\a  sclérotique  se  partage  en  arrière  ,  chez  le 
Poulpe  et  la  Seiche ,  en  deux  feuillets  qui 
renferment  le  renflement  du  nerf  optique  ; 
dans  l'externe  se  trouve  une  petite  plaque 
cartilagineuse  chez  la  Seiche.  La  sclérotique 
est  plus  molle  en  avant  ;  vers  son  bord  libre 
elle  est  d'un  jaune  rougeâtre  dans  la  Seiche  ; 
elle  forme  elle-même  la  pupille ,  qui  est 
réniforme  dans  la  Seiche  et  ronde  chez  le 
Poulpe.  La  choroïde  est  rougeâtre,  nacrée; 
elle  se  réfléchit  en  avant ,  devient  plus 
épaisse,  s'enduit  d'un  pigment  de  couleur 
pourpre  foncé,  et  se  prolonge,  en  fibres  con- 
centriques (analogues  aux  procès  ciliaires), 
vers  le  cristallin  ,  qui  est  assez  volumineux 
et  arrondi.  Le  renflement  du  nerf  optique, 
après  avoir  traversé  la  sclérotique,  est  plus 
considérable  que  le  ganglion  cérébral  ;  il  en 
part  d'innombrables  filets,  qui  forment, 
chez  la  Seiche,  une  bande  longue  d'environ 
20  à  25  millimètres  sur  4  à  5  de  large.  C'est 
de  ces  filets  ,  qui  percent  le  second  feuillet 
de  la  sclérotique,  que  naît  la  rétine.  Les 
fibres  saillantes  de  cette  dernière,  du  côté  du 
corps  vitré  ,  sont  enduites  d'un  pigment 
pourpre  foncé  et  peu  adhérent. 

L'humeur  aqueuse  est  problématique  ; 
mais  presque  toute  la  capacité  intérieure  de 
l'OEil  est  occupée  par  une  humeur  vitrée , 
liquide  et  visqueuse ,  renfermée  dans  une 
membrane. 

En  résumé  ,  l'OEil  des  Céphalopodes  est 
parfait. 

Nous  renvoyons  au  travail  d'Ehrenberg 
sur  les  Infusoires,  pour  la  description  de 
l'appareil  visuel  chez  ces  animaux. 


Physiologie  de  l'OEil. 

Nous  supposons  connus  les  principes  de 
dioptrique  et  de  caloptrique;  et  pour  point 
de  départ  de  la  théorie  de  la  vision  ,  nous 
nous  contenterons  de  rappeler  quelques  uns 
des  axiomes  de  cette  branche  de  la  physique, 
parce  qu'ils  nous  sont  indispensables. 

La  lumière,  quelle  que  soit  son  origine , 
qu'elle  soit  une  émanation  ou  une  ondula- 
tion, se  répand  autour  du  foyer  qui  la  pro- 
duit sous  forme  de  rayons  ;  ces  rayons  se 
meuvent  en  ligne  droite,  tant  que  les  con- 
ditions du  milieu  à  travers  lequel  ils  passent 
restent  les  mêmes  ;  s'ils  tombent  sur  l'an- 
gle d'un  prisme,  ils  se  décomposent,  et  pro- 
duisent les  différentes  nuances  du  rouge  au 
violet  qui  constituent  le  spectre  solaire  ;  s'ils 
arrivent  sur  la  surface  d'un  corps  transpa- 
rent, ils  traversent  ce  corps;  si  cette  trans- 
parence est  parfaite,  les  rayons  lumineux 
passent  tous,  et  le  corps  est  invisible  pour 
nous  ;  si  elle  n'est  pas  complète,  une  partie 
des  rayons  nous  est  renvoyée  ,  ce  qui  rend 
le  corps  visible  :  c'est  là  ce  qui  constitue  le 
phénomène  de  la  réflexion.  Les  corps  qui  ne 
se  laissent  pas  traverser  par  les  rayons  lu- 
mineux sont  dits  opaques;  maintenant  les 
corps  opaques  réfléchissent  plus  ou  moins 
complètement  les  rayons  lumineux,  ou,  au 
contraire,  les  absorbent. 

Les  corps  visibles,  c'est-à-dire  qui  réflé- 
chissent des  rayons  lumineux,  sont  diver- 
sement colorés,  et  leur  couleur  varie  sui- 
vant celui  ou  ceux  des  rayons  élémentaires 
qu'ils  sont  plus  aptes  à  absorber  ou  à  ré- 
fléchir :  s'ils  les  réfléchissent  tous ,  ils  pa- 
raissent blancs;  s'ils  les  absorbent  tous ,  ils 
paraissent  noirs.  L'état  plus  ou  moins  lisse, 
poli  ou  rugueux  des  surfaces ,  influe  sur 
cette  propriété  réflective  et  absorbante  des 
corps. 

Tout  rayon  lumineux  qui  tombe  oblique- 
ment sur  la  surface  d'un  corps  non  trans- 
parent ,  est  réfléchi  suivant  la  loi  de  l'éga- 
lité de  l'angle  de  réflexion  à  celui  d'inci- 
dence. 

Lorsqu'un  rayon  lumineux  traverse  un 
corps  transparent ,  s'il  tombe  perpendicu- 
lairement à  la  surface  de  ce  corps,  il  con- 
tinue toujours  directement  son  premier 
trajet;  mais  s'il  tombe  obliquement,  et  si 
ce  corps  est  d'une  densité  différente  de  celle 


OEIL 


OEIL 


751 


du  milieu  que  vient  de  traverser  ce  rayon  , 
celui-ci  est  dévié  de  sa  ligne  droite.  Le  corps 
est- il  plus  dense  ,  le  rayon  lumineux,  en 
continuant  son  trajet,  se  rapproche  de  la 
perpendiculaire  au  point  d'immersion.  Est- 
il  moins  dense,  c'est  le  contraire,  et  le 
rayon  s'écarte  de  cette  perpendiculaire. 

La  décomposition  des  rayons  lumineux 
par  le  prisme  qui  les  réfracte,  prouve  que 
les  couleurs  élémentaires  ne  sont  pas  égale- 
ment réfrangibles ,  le  rouge  l'est  le  moins, 
le  violet  l'est  ie  plus.  On  appelle  aberration 
de  réfrangibilité  la  coloration,  suivant  les 
couleurs  du  spectre  solaire,  soit  des  objets 
vus  à  travers  un  prisme  ou  un  autre 
corps  réfringent,  soit  de  leur  image. 

Quand  les  rayons  lumineux,  arrivant  sur 
un  corps  transparent,  tombent  sur  une  sur- 
face concave  ou  convexe  ,  au  lieu  d'être 
plane,  ils  éprouvent  des  déviations  diffé- 
rentes. Si  la  surface  est  convexe,  ils  con- 
vergent par  le  seul  fait  de  cette  convexité, 
et  indépendamment  de  l'influence  du  mi- 
lieu, en  général  plus  dense,  qu'ils  traver- 
sent alors.  Si  cette  surface  est  concave,  ils 
divergent. 

Quand  les  rayons  lumineux,  tombant  sur 
une  surface  convexe,  convergent,  ils  se  ré- 
unissent à  un  point  que  l'on  appelle  foyer 
et  qui  est  le  point  où  se  forme  l'image  du 
corps  d'où  ces  rayons  partent;  mais  les 
rayons  marginaux  éprouvant  une  déviation 
plus  forte  que  celle  des  rayons  plus  voisins 
du  centre  de  la  surface  convexe,  il  en  résulte 
un  cercle  de  diffusion  autour  de  l'image; 
c'est  là  l'aberration  de  sphéricité.  Pour  la 
faire  disparaître,  on  conçoit  qu'il  faut  an- 
nuler ces  rayons  marginaux  ;  c'est  à  quoi 
l'on  arrive  par  l'interposition  d'un  dia- 
phragme entre  la  lentille  réfringente  et  le 
foyer. 

Enfin  la  distance  de  l'objet  vu  à  travers 
une  lentille  a  de  l'influence  sur  le  point 
où  se  forme  le  foyer  ;  plus  cet  objet  est 
éloigné  ,  plus  le  foyer  tend  à  se  rapprocher 
de  la  lentille;  plus  il  est  rapproché,  plus  ce 
foyer  s'éloigne. 

De  la  vision.  Le  phénomène  de  la  vision 
la  plus  simple  et  la  plus  incomplète  est  ce- 
lui qui  se  présente  chez  les  Vers  et  autres 
animaux  inférieurs;  là  les  points  oculaires 
sont  tellement  imparfaits,  que  l'image  des 
objets  ne  saurait  se  former;  tous  les  rayons 


lumineux  partis  d'un  objet  se  confondent 
par  suite  de  leur  diffusion,  et  il  est  probable 
que  ces  animaux  n'ont  qu'une  sensation  gé- 
nérale de  la  lumière  qui  leur  permet  tout 
au  plus  de  distinguer  le  jour  de  la  nuit; 
pour  eux  tous  les  objets  extérieurs  sont 
comme  des  ombres  vagues. 

Nous  trouvons  ,  dans  les  animaux  supé- 
rieurs à  ceux-là,  deux  procédés  pour  arriver 
à  la  formation  de  l'image  des  objets  dans 
l'OEil  :  l'un  est  pour  ainsi  direrudimentaire, 
c'est  celui  que  nous  présentent  les  yeux 
composés  des  Insectes  et  des  Crustacés  ; 
l'autre  est  complet  et  parfait ,  c'est  celui  des 
yeux  à  lentilles  dont  les  Mammifères,  et 
l'Homme  en  particulier,  nous  offrent  le  mo- 
dèle. 

C'est  à  J.  Muller  que  nous  devons  l'in- 
génieuse et  satisfaisante  théorie  du  méca- 
nisme de  la  vision  au  moyen  des  yeux  com- 
posés, mécanisme  qui  diffère  totalement  de 
celui  des  yeux  à  lentille.  Voici  en  quoi  il 
consiste. 

Les  rayons  lumineux  partis  de  l'objet  ar- 
rivent sur  la  cornée  taillée  en  nombreuses 
facettes.  Le  rayon  central  de  chaque  fa- 
cette la  traverse;  il  arrive  au  cône  transpa- 
rent qui  est  derrière,  et  pénètre  ainsi  jusqu'à 
l'expansion  nerveuse  qui  aboutit  à  ce  cône. 
Quant  aux  autres  rayons  qui  sont  tombés 
obliquement  sur  cette  facette,  ils  sont  ab- 
sorbés par  le  pigmentum  que  présente,  sur 
ses  côtés,  le  cône  translucide.  Ce  point  lu- 
mineux central  qui  a  pu  arriver  jusqu'au 
nerf,  provoque  la  sensation  de  la  vue  d'une 
parcelle  de  l'objet.  Maintenant,  autant  de 
points  lumineux  partis  de  l'objet  se  sont 
rencontrés  avec  l'axe  central  de  chaque  cône 
translucide,  autant  de  parcelles  de  l'objet 
sont  vues.  De  cette  manière,  dit  Muller, 
chaque  cône  représente  une  partie  aliquote 
de  l'image,  et  l'image  se  compose,  à  l'instar 
d'une  mosaïque,  d'autant  de  parcelles  qu'il 
y  a  de  cônes,  en  sorte  que  sa  netteté  doit 
être  en  raison  du  nombre  de  ces  derniers. 
Si  l'OEil  possède  50  facettes  et  50  cônes  lu- 
mineux, comme  celui  de  la  Fourmi,  l'ani- 
mal voit  50  parcelles  de  l'objet  ;  si  l'OEil  à 
25,000  facettes  ,  comme  celui  de  la  Mor- 
della,  l'objet  est  vu  dans  25,000  de  ses  par- 
ties. Si  l'OEil  est  convexe ,  il  présente  un 
plus  grand  nombre  de  facettes  perpendicu- 
lairement aux  rayons  lumineux  ;  l'Insecte 


752 


OEIL 


OEIL 


voit  un  plus  grand  nombre  d'objets  autour 
de  lui,  comme  la  Libellule;  si  l'OEil  est 
plat,  et  s'il  s'élève  à  peine  au-dessus  du 
sommet  de  la  tête,  le  champ  visuel  est  d'au- 
tant plus  rétréci ,  comme  il  arrive  à  la  Pu- 
naise d'eau,  dont  l'habitude  est  de  pousser 
toujours  devant  elle,  sans  s'écarter  ni  à 
droite,  nia  gauche. 

Passons  maintenant  au  mécanisme  de  la 
vision  à  l'aide  de  milieux  réfringents,  et 
suivons  les  rayons  lumineux  à  travers  les 
différentes  membranes  et  les  différentes 
humeurs  qui  composent  l'OEil  des  animaux 
supérieurs. 

Supposons  un  point  lumineux  dans  un 
objet.  Ce  point  lumineux  irradie  de  tous 
côtés;  ne  nous  occupons  pas  des  rayons  qui 
tombent  ailleurs  que  sur  l'OEil ,  et  même  , 
parmi  ces  rayons,  négligeons  ceux  qui  tom- 
bent sur  la  cornée  opaque,  et  ceux  plus 
centraux  qui,  traversant  la  cornée  trans- 
parente à  sa  circonférence,  tombent  sur 
l'iris.  Aucun  de  ces  rayons  ne  sert  à  la  vi- 
sion ,  ce  sont  ceux  qui  traversent  l'ouver- 
ture de  la  pupille  qui  vont  former  l'image; 
et  voici  alors  ce  qui  se  passe. 

On  peut  distinguer  a  ce  cône  lumineux  un 
rayon  central  et  des  rayons  divergents  ;  le 
premier  traverse  directement  toutes  les  par- 
ties de  l'OEil  et  arrive  sur  la  conjonctive  où 
il  forme  un  point  de  l'image.  Quant  aux 
autres  rayons ,  comme  ils  sont  tous  tombés 
obliquement  sur  la  cornée,  ils  sont  déviés 
de  leur  direction  première.  Parlons  des  plus 
externes.  En  arrivant  sur  la  cornée,  ils  ren- 
contrent une  face  convexe,  et  comme  la 
propriété  des  surfaces  convexes  est  de  rap- 
procher les  rayons  lumineux  de  l'axe  central, 
ces  rayons  marginaux,  au  lieu  de  continuer 
à  diverger,  se  rapprochent  du  rayon  central 
et  tendent  à  converger  ;  mais  ce  milieu 
qu'ils  traversent  (la  cornée)  est  plus  dense 
que  l'air,  nouveau  motif  pour  qu'ils  con- 
vergent davantage.  En  traversant  l'humeur 
aqueuse,  ils  convergent  moins,  car  ce  liquide 
est  moins  dense  que  la  cornée;  mais  là 
densité  beaucoup  plus  grande  de  la  cornée 
et  de  sa  forme  lenticulaire  opèrent  bientôt 
une  si  forte  réfraction  des  rayons  margi- 
naux, qu'ils  tendent  à  se  réunir  en  un 
foyer  commun.  Sortant  du  cristallin ,  ces 
rayons  arrivent  dans  l'humeur  vitrée ,  mi- 
lieu moins  dense  et  moins  réfringent  que  le 


cristallin  et  dont  l'action  est  d'augmenter 
encore  cette  convergence.  En  effet ,  la  face 
postérieure  du  cristallin  est  convexe  ;  si  l'on 
abaisse,  au  point  d'émergence  du  rayon, 
une  perpendiculaire  à  la  surface,  on  verra 
que  le  rayon  lumineux,  en  s'écartant  de 
cette  perpendiculaire, comme  il  doit  le  faire 
en  passant  dans  un  milieu  moins  dense,  se 
rapproche  du  rayon  central. 

C'est  par  suite  de  cette  série  de  réfractions 
que  les  rayons  marginaux  du  cône  lumineux 
coïncident  au  même  point  que  le  rayon  cen- 
tral, à  ce  point  que  l'on  appelle  le  foyer  de 
la  lentille.  Ainsi,  tous  ces  rayons  divergents, 
au  lieu  d'aller  frapper  toutes  les  parties  de 
la  rétine,  ont  été  concentrés  en  un  seul  point 
de  cette  membrane. 

Prenons  maintenant  successivement  cha- 
cun des  autres  points  lumineux  de  l'objet 
que  nous  avons  supposé  placé  devant  l'œil, 
et  nous  verrons  que,  bien  qu'ils  aient  émis 
autant  de  cônes  lumineux  composés  d'une 
infinité  de  rayons  divergents,  ils  formeront 
tous  un  seul  point  lumineux  sur  la  rétine, 
par  suite  de  la  convergence  de  tous  ceux  des 
rayons  composant  le  cône  qui  sont  tombés 
sur  la  cornée  transparente  et  ont  pu  traver- 
ser la  pupille.  Il  nous  sulùra,  pour  compren- 
drece  phénomène  physique,  de  suivre  le  tra- 
jet des  deux  points  lumineux  extrêmes  de 
l'objet  visible. 

Dans  chacun  de  ces  cônes  lumineux  extrê- 
mes, il  y  aura,  comme  dans  le  cône  lumineux 
central,  un  rayon  central  direct  et  d'innom- 
brables rayons  divergents.  Le  rayon  central 
de  ce  cône  extrême  continuera  la  direction 
du  cône  à  travers  les  milieux  réfringents, 
malgré  quelques  réfractions  légères  dépen- 
dant de  sa  légère  obliquité,  et  ira  former  un 
point  lumineux  sur  la  rétine;  si  ce  rayon 
tombe  obliquement  d'en  haut,  le  point  lu- 
mineux sera  nécessairement  en  bas,  et  réci- 
proquement. Maintenant,  quant  aux  rayons 
divergents  de  ces  cônes  lumineux  extrêmes, 
ne  nous  occupons  que  de  ceux  qui  tombe- 
ront dans  l'ouverture  pupillaire.  Supposons 
que  l'objet  visible  est  une  flèche  placée  per- 
pendiculairement devant  l'œil,  et  voyons 
comment  va  se  comporter  le  cône  lumineux 
parti  de  l'extrémité  supérieure  de  la  flèche. 
Les  rayons  inférieurs  de  ce  cône  tomberont 
évidemment  plus  obliquement  sur  la  surface 
de  la  cornée  que  les  rayons  supérieurs  ;  or, 


OEIL 


OEIL 


75: 


plusl'incidenceest  oblique,  plus  la  réfraction 
est  grande,  donc  les  rayons  inférieurs  seront 
plus  réfractés  que  les  supérieurs.  C'est  par 
suite  de  cette  différence  de  réfraction  qu'ils 
coïncideront  au  même  point  de  la  rétine  que 
les  supérieurs,  et  au  même  point  que  le  rayon 
central,  en  bas  de  la  rétine,  puisqu'ils  sont 
partis  d'en  haut. 

C'est  l'inverse  pour  le  cône  lumineux  parti 
de  l'extrémité  inférieure  de  la  flèche;  tous 
ses  rayons  divergents  coïncideront  avec  le 
rayon  central  à  l'extrémité  supérieure  de  la 
rétine. 

Il  est  facile  de  concevoir  maintenant  le 
trajet  de  tous  les  cônes  lumineux  émanés  de 
tous  les  points  de  la  flèche  placée  devant 
rOEil.  Ceux  de  gauche  iront  à  droite,  et  vice 
versa;  enfin,  l'image  peinte  sur  la  rétine 
sera  renversée.  C'est  aussi  ce  que  l'expérience 
prouve;  et,  pour  en  avoir  la  preuve,  on  n'a 
qu'à  faire,  à  l'exemple  de  M.  Magendie,  une 
ouverture  à  la  partie  supérieure  de  l'œil 
d'un  animal,  d'un  bœuf  ou  d'un  veau  par 
exemple ,  et  à  regarder  la  rétine  par  cette 
ouverture  artificielle,  on  y  verra  l'image  ren- 
versée. 

Nous  venons  de  voir  quelle  était  l'action 
de  la  cornée  transparente,  de  l'humeur 
aqueuse,  du  cristallin  et  de  l'humeur  vi- 
trée dans  le  mécanisme  de  la  vision  ;  nous 
savons  quelle  est  la  fonction  de  la  rétine. 
Voyons  maintenant  quel  est  l'office  des  au- 
tres pièces  qui  composent  l'appareil  ocu- 
laire. 

L'iris  a  pour  mission  d'admettre  un  plus 
ou  moins  grand  nombre  de  rayons  lumi- 
neux ;  si  l'objet  est  vivement  éclairé,  il  se 
resserre,  renvoie,  par  réflexion ,  un  grand 
nombre  de  rayons  lumineux,  tous  ceux  qui 
tombent  sur  sa  surface  élargie,  et  n'en 
laisse  passer  qu'une  moindre  quantité , 
parce  qu'un  trop  grand  nombre  porterait 
une  impression  trop  forte  sur  la  rétine  et 
produirait  un  éblouissement.  Si  l'objet  est 
peu  éclairé  ,  il  se  dilate,  et  laisse  passer 
la  plus  grande  quantité  possible  de  rayons, 
afin  que  l'image  soit  moins  obscure. 

Le  pigmentum  noir  de  la  face  postérieure 
de  l'iris,  ainsi  que  celui  de  la  choroïde, 
sont  pour  absorber  les  rayons  qui,  réfléchis 
d'un  point  de  l'œil  sur  la  rétine,  auraient 
troublé  la  netteté  de  l'image. 
L'aberration  de  sphéricité  du  cristallin 

T.  VIII. 


est  corrigée  par  l'iris ,  qui  n'admet  pas  les 
rayons  les  plus  marginaux ,  et  par  les  cou- 
ches les  plus  externes  du  cristallin  même, 
qui  sont  moins  denses  que  les  couches  cen- 
trales. Quant  à  l'aberration  de  réfrangibi- 
lité,  elle  est  corrigée  par  cette  même  diffé- 
rence de  densité  des  couches  du  cristallin  , 
et  par  celle  des  différents  milieux  que  tra- 
versent les  rayons  lumineux  avant  d'arriver 
à  la  rétine.  Mais  on  n'est  pas  encore  ar- 
rivé à  calculer  rigoureusement  ces  circon- 
stances. 

Nous  avons  dit  que  la  distance  de  l'objet 
influait  sur  celle  du  foyer  visuel  du  cristal- 
lin. Appelons  cône  objectif  le  cône  lumi- 
neux qui  part  de  l'objet  et  tombe  sur  la  cor- 
née; appelons  cône  oculaire  celui  qui,  par 
sa  base,  s'applique  à  la  base  du  précédent, 
et, 'par  son  sommet,  fait  image  sur  la  rétine. 
Maintenant  posons,  ce  qui  est  incontesta- 
ble ,  que  plus  le  cône  objectif  est  long ,  plus 
le  cône  oculaire  est  court ,  et  réciproque- 
ment. Cette  simple  proposition  suffira  pour 
faire  comprendre  pourquoi  le  myope  rap- 
proche l'objet  qu'il  veut  voir,  pourquoi  le 
presbyte  l'éloigné.  Dans  le  premier  cas,  les 
milieux  trop  réfringents  de  l'OEil ,  soit  par 
excès  de  convexité,  soit  par  excès  de  den- 
sité, font  converger  trop  tôt  les  rayons  lu- 
mineux, et  l'image  se  forme  en  avant  de 
la  rétine.  Il  s'agit  donc  d'éloigner  ce  point 
de  convergence,  ce  foyer  visuel ,  c  est  à-dire 
d'allonger  le  cône  oculaire.  Le  moyen  est 
simple:  il  faut  raccourcir  le  cône  objectif; 
c'est  ce  que  fait  le  myope  en  mettant  l'objet 
qu'il  veut  voir  presque  en  contact  immédiat 
avec  l'OEil. 

C'est  le  contraire  chez  le  presbyte.  Sa 
cornée  est  tropplate,  ou  c'est  son  cristallin, 
ou  les  milieux  de  l'OEil  qui  ne  sont  point 
assez  denses  ;  par  suite  ,  la  force  réfringente 
de  l'OEil  est  moins  forte;  les  rayons  lumi- 
neux qui  le  traversent  sont  donc  moins 
fortement  réfractés;  ils  ne  convergent  donc 
que  plus  loin  que  les  précédents,  plus  loin 
que  dans  l'OEil  parfaitement  conformé, 
c'est-à-dire  au-delà  du  foyer  visuel ,  au-delà 
de  la  rétine;  de  là  le  trouble  et  la  confusion 
de  l'image.  Que  faire?  rapprocher  le  foyer 
visuel  ;  raccourcir  le  cône  oculaire.  Com- 
ment ?  En  allongeant  le  cône  objectif,  c'est- 
à-dire  en  éloignant  l'objet.  C'est  aussi  ce 
que  fait  instinctivement,  et  par  expérience 

95 


754 


OEIL 


OEIL 


empirique,  le  presbyte  le  plus  ignorant  des 
lois  de  l'optique. 

Mais  comment  l'OEil  peut-il  voir  les  ob- 
jets à  des  distances  extrêmement  différen- 
tes ?  Est-ce,  comme  sont  disposés  à  le 
croire  MM.  Mile  et  Pouillet,  par  suite  des 
mouvements  de  l'iris,  qui,  par  sa  contrac- 
tion ,  écarterait  les  rayons  marginaux  des 
objets  rapprochés,  pour  éviter  la  formation 
trop  éloignée  du  foyer  visuel?  Est-ce,  comme 
le  veut  Young,  par  l'allongement  ouïe  rac- 
courcissement de  l'axe  du  cristallin?  Est-ce 
par  le  déplacement  du  cristallin,  qui  serait 
opéré,  suivant  Kepler,  Scheiner,  Porterfield, 
Camper  et  d'autres ,  par  le  cercle  et  les 
procès  ciliaires  ? 

Est-ce  par  l'action  des  muscles  de  l'OEil 
opérant,  soit  sur  la  convexité  de  la  cornée, 
comme  le  pensent  Englefield  ,  Rainsden  et 
Home ,  soit  sur  le  globe  de  l'OEil  en- 
tier ,  comme  le  disent  divers  physiciens, 
Rohault ,  Bayle,  Olbers ,  Home,  Schro- 
der,  etc.? 

Nous  penchons  à  adopter  ,  de  toutes  ces 
opinions,  la  dernière  plutôt  que  toute  autre, 
et  ce  qui  nous  y  engage  le  plus  ,  ce  sont  les 
résultats  obtenus  dans  un  grand  nombre  de 
cas  de  strabotomie.  Plusieurs  chirurgiens, 
et  principalement  M.  Bonnet,  de  Lyon,  ont 
constaté  que  des  individus  atteints  de  stra- 
bisme et  myopes,  comme  ils  le  sont  souvent, 
avaient  guéri  de  la  myopie  par  la  strabo- 
tomie. Or,  que  s'est-il  passé  ?  On  avait 
coupé  un  des  muscles  du  globe  oculaire; 
on  avait  par  conséquent  diminué  la  com- 
pression que  ces  muscles  exercent  sur  l'OEil. 
Il  est  donc  probable  que  la  myopie  tenait  à 
cette  compression  latérale,  dans  une  con- 
vexité plus  grande. 

Voy.  l'article  lumière  ,  pour  différentes 
autres  questions  relatives  à  la  vision. 

(G.  Broussais.) 

On  a  encore  employé  le  nom  d'CEil  pour 
désigner  vulgairement  certaines  espèces  ou 
variétés  d'animaux,  de  végétaux  et  de  mi- 
néraux. Ainsi  l'on  a  appelé  ? 
En  Ornithologie  : 

OEil  blanc,  la  Fauvette  Tchéric ; 

OEil  de  Boeuf  ,  le  Roitelet,  Motacilla  re- 
gulus  ; 

OEil  d'or,  le  Garrot,  espèce  du  genre  Ca- 
nard ; 

OEil  de  verre,  le  Colymbus  septentriona- 


lis  ,  quelques  autres  Plongeons,  el  le  Sylvia 
Madagascariensis. 

En  Ichthyologie  : 

OEil  de  Boeuf,  le  Sparus  macrophthal- 
mus  ; 

OEil  d'or,  le  Lutjanus  chrysops; 

OEil  de  Paon  ,  le  Chœtodon  ocellatus  ; 

OEil  rouge  ,  un  Cyprin. 
En  Conchyliologie  : 

OEil  d'Ammon  et  OEil  de  Bœuf  ,  V Hélix 
oculus  Capri; 

OEil  de  Bouc  ,  la  plupart  des  Patelles  de 
nos  côtes  ; 

OEil  de  Flambe  ,  le  Trochus  vestiarius; 

OEil  de  rubis,  une  Patelle; 

OEil  de  Sainte-Lucie,  l'opercule  de  la 
coquille  du  genre  Trochus; 

OEil  de  Vache,  l'Hélice  glauque. 
En  Entomologie  : 

OEil  du  jour  et  OEil  de  Paon  ,  le  Papilio 
Io  L. 

En  Botanique  : 

OEil  ,  le  bouton  ou  bourgeon  naissant  des 
arbres  ; 

OEil  de  Boeuf,  les  Chrysanthèmes  des 
champs  et  leucanthèmes  ,  les  Buphthalmes 
et  V Anthémis  tinctoria; 

OEil  de  Bouc  ,  le  Pyrèthre  et  le  Chrysan 
thème  leucanthème  ; 

OEil  de  Bourrique  ,  le  Dolichos  urens  ; 

OEil  de  Chat,  les  fruits  du  Guilandina 
bonduc ; 

OEil  de  Cheval  ,  VInula  helenium  ; 

OEil  de  Chèvre  ,  les  JEgilops ; 

OEil  de  Chien  ,  le  Gnaphalium  dioicum  , 
la  Conyze  squaneuse,  et  le  Plantago  psyl- 
lium  ; 

OEil  de  Gfâ&fêr,  une  Inule  et  Y  Aster 
a  me 'lus; 

O^il  du  BïAf.le,  Y  Adonis  œstivalis; 

OEil  d'or,  le  Borrera  chrysophthalma; 

OEil  de  Pehdrix,  le  Myosotis,  une  Sca- 
bieuse  et  Y  Adonis  œstivalis; 

OEil  de  Soleil,  la  Ma tricaire  commune, 
Matricaria  camomilla  L.  ; 

OEil  de  Vache  ,  les  Anthémis  arvensis  el 
cotula. 

En  Minéralogie  : 

OEil  de  Boeuf  ,  une  variété  de  Labra- 
dorite  ; 

OEil  de  Chat  ou  chatoyant,  une  variété 
de  Quartz  ; 

OEil  de  Perdrix,  la  pierre  meulière; 


OEIL 


OEIL 


755 


Œil  de  poisson  ou  Pierre  de  Lune  ,  une 
▼ariété  de  Feldspath  adulaire,  etc. 

OEILLÈRES,  mam.  —  Le  nom  de 
Dents  œillères  a  été  donné  chez  l'homme  aux 
canines  supérieures  à  cause  de  leur  position 
au-dessous  des  yeux.  (E.  D.) 

OEILLET.  Dianthus  (&o'ç  avGoç,  fleur  de 
Jupiter  ).  bot.  ph.  —  Grand  et  beau  genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Caryophyllées- 
Silénées,  tribu  des  Dianthées,  de  la  Décan- 
drie  digynie  dans  le  système  de  Linné.  Le 
nombre  des  espèces  qui  le  composent  s'élève 
aujourd'hui  à  plus  de  130,  parmi  lesquelles 
plusieurs  sont  répandues  dans  tous  les  jar- 
dins à  titre  d'espèces  d'ornement,  et  dont 
plus  de  20  appartiennent  à  la  Flore  fran- 
çaise. Tel  que  nous  l'envisageons  ici  ,  à 
l'exemple  de  M.  Endlicher,  il  correspond 
non  seulement  au  genre  établi  sous  le  même 
nom  par  Linné,  mais  encore  à  une  portion  des 
Gypsophila  de  ce  botaniste  et  de  Desfontai- 
nes. Ainsi  limité,  il  se  compose  de  plantes 
herbacées  ou  sous-frutescentes  qui  croissent 
dans  les  parties  tempérées  et  froides  de  l'hé- 
misphère septentrional ,  dont  quelques  unes 
se  retrouvent  au  cap  de  Bonne-Espérance. 
Leur  tige  est  articulée-noueuse;  leurs  feuil- 
les sont  opposées,  presque  toujours  connées 
à  leur  base,  ordinairement  linéaires,  plus 
rarement  lancéolées  ou  oblongues  ;  leurs 
fleurs,  généralement  assez,  grandes  et  bril- 
lantes, sont  solitaires  ou  disposées  en  cyme 
plus  ou  moins  serrée;  elles  présentent  les 
caractères  suivants  :  La  base  de  leur  calice 
est  entourée  presque  toujours  de  bractéoles 
au  nombre  de  2 ,  4  ou  un  plus  grand  nom- 
bre, imbriquées  et  réunies  en  calicule;  le 
calice  lui-même  est  tubuleux  ou  cylindrique, 
parfois  dilaté  vers  l'orifice  ou  turbiné,  ter- 
miné par  5  dents  ;  au-dessus  du  calice,  l'axe 
floral  se  prolonge  en  une  sorte  de  pédicule 
qu'on  a  nommé  carpophore ,  et  qui  donne 
naissance,  vers  son  extrémité,  aux  verticilles 
floraux  plus  intérieurs;  il  en  résulte  que 
ceux-ci  sont  élevés  au-dessus  du  calice  de 
toute  la  longueur  de  cet  entre-nœud  qui  les 
porte.  La  corolle  est  formée  de  5  pétales  à 
onglet  linéaire  allongé  ,  à  lame  rarement 
entière,  plus  habituellement  dentelée  ou  la- 
ciniée,  pourvue  ou  non  d'appendices  à  sa 
base;  les  10  étamines  sont  plus  ou  moins 
inégales  entre  elles.  Le  pistil  présente  un 
ovaire  uniloculaire  à  l'état  adulte,  par  suite 


de  la  rupture  des  cloisons,  qui,  dans  l'état 
jeune,  le  partageaient  en  deux  loges  à  nom- 
breux ovules  portés  sur  un  placenta  central, 
et  deux  styles  revêtus  de  papilles  stigmati- 
ques  le  long  de  leur  côté  interne.  Le  fruit 
est  une  capsule  cylindrique  ou  oblongue , 
uniloculaire,  s'ouvrant  au  sommet,  à  sa  ma- 
turité, par  4  dents  qui  arrivent  jusque  vers 
le  milieu  de  sa  longueur,  et  renfermant  des 
graines  nombreuses,  ovales  ou  oblongues , 
déprimées,  convexes  au  dos,  à  hile  central. 

Dans  le  Prodromus  (t.  1,  p.  355),  M.  Se- 
ringe  divisait  les  Dianthus  en  deux  sections  :. 
les  Armer iastrum,  à  fleurs  en  cyme  généra- 
lement compacte,  et  les  Caryophyllum,  àin- 
florescence  lâche  ou  à  fleurs  solitaires.  En 
étendant  la  circonscription  de  ce  genre, 
M.  Endlicher  le  subdivise  en  4  sous-genres, 
comme  il  suit  : 

a.  Caryophyllum.  Ce  sont  les  Dianthus  de 
Linné  et  des  auteurs;  ils  se  distinguent  par 
les  caractères  suivants  :  Fleurs  solitaires  ou 
plus  souvent  nombreuses,  en  cyme,  parfois 
entourées  d'un  involucre  universel  poly- 
phylle;  calice  cylindrique,  herbacé  ou  en 
consistance  de  parchemin,  strié  multinervé, 
calicule;  autour  du  fruit,  il  reste  entier  ou 
se  fend  d'un  côté;  corolle  hypocratérimor- 
phe,  à  onglets  linéaires,  dilatés  en  lame. 

1.  OEillet  giroflée,  Dianthus  caryophyl- 
lus  Lin.,  OEillet  des  jardins,  OEillet  des  fleu- 
ristes DG.  Cette  espèce,  qui  a  donné  dans 
les  jardins  tant  et  de  si  belles  variétés,  croît 
spontanément  dans  les  parties  méridionales 
de  l'Europe.  Sa  tige  est  rameuse  ;  ses  feuilles 
sont  linéaires,  canaliculées,  un  peu  épaisses 
et  raides,  glauques  ;  ses  rameaux  se  terminent 
par  des  fleurs  solitaires,  odorantes,  purpuri- 
nes etquelquefoisblanchesdansles  individus 
spontanés,  dont  la  couleur  et  les  dimensions 
ont  été  considérablement  modifiées  par  la 
culture.  Le  calicule  est  formé  de  bractées 
le  plus  souvent  au  nombre  de  4,  courtes, 
ovales,  mucronées  ;  les  pétales  ont  leur  lame 
très  large  et  sans  appendices.  La  culture  de 
cette  espèce  et  l'art  d'en  obtenir,  d'en  con- 
server et  d'en  perfectionner  les  variétés  , 
constituent  une  branche  importante  de  l'hor- 
ticulture, dont  on  doit  chercher  les  préceptes 
et  les  détails  dans  les  ouvrages  spéciaux. 
Nous  nous  bornerons  donc  ici  à  présenter 
succinctement  des  notions  fondamentales  sur 
ce  sujet. 


756 


OEIL 


OEIL 


Les  classiGcations  des  nombreuses  varié- 
tés obtenues  de  l'OEillet  des  jardins  sont 
aussi  arbitraires,  aussi  peu  rigoureuses  que 
celles  de  la  plupart  des  autres  plantes  d'or- 
nement. Elles  varient  même  d'un  pays  à 
l'autre.  Les  horticulteurs  français  établissent 
d'ordinaire  parmi  elles  4  catégories  :  1°  les 
OEillets  grenadins  ou  à  ratafia,  dont  les  pé- 
tales, de  couleur  rouge  foncée  et  très  odo- 
rants ,  servent  à  colorer  et  à  parfumer  les 
liqueurs,  les  essences,  etc.  Ces  pétales  sont 
regardés,  en  médecine,  comme  cordiaux, 
toniques,  même  astringents,  et  ils  sont  em- 
ployés en  infusion  dans  le-traitementde  cer- 
taines fièvres  ;  on  en  fait  également  un  si- 
rop. 2°  Les  OEillets  prolifères  ou  OEillets  à 
carte,  les  plus  grands  de  tous,  et  dont  le 
diamètre  atteint  ou  dépasse  même  un  déci- 
mètre. Le  nombre  de  leurs  pétales  est  telle- 
ment considérable,  que  les  onglets  ne  peu- 
vent souvent  tenir  dans  le  calice,  qui  se 
fend  alors  d'un  côté  et  détruit  ainsi  toute  la 
régularité  de  la  fleur.  Le  nom  d'OEillets  à 
carte  leur  vient  de  ce  que  l'on  soutient  et 
étale  leurs  pétales  au  moyen  d'une  carte 
taillée  en  rond  et  découpée  à  son  bord.  Ces 
fleurs  sont  très  belles;  leur  fond  est  blanc  , 
tacheté  ou  panaché  de  diverses  couleurs.  Au- 
jourd'hui, la  mode  les  a  presque  abandon- 
nés. 3°  Les  OEillets  jaunes,  à  fond  plus  ou 
moins  vif,  panaché  ou  tacheté  de  rouge. 
4°  Les  OEillets  flamands,  qui  tirent  leur 
nom  du  pays  dans  lequel  leur  culture  a  pris 
le  plus  d'extension  et  a  obtenu  le  plus  de 
succès.  Lille  est  le  centre  principal  de  cette 
culture  aujourd'hui  très  importante.  Les 
OEillets  que  comprend  cette  quatrième  caté- 
gorie se  distinguent  par  leur  fond  d'un  blanc 
pur,  sur  lequel  se  détachent  nettement  des 
panachures  de  diverses  couleurs;  leur  fleur 
est  grande,  à  pétales  nombreux,  arrondis, 
rayés  longitudinalement  de  1 ,  2  ou  3  cou- 
leurs, mais  qui  ne  crèvent  pas  le  tube  du 
calice.  Le  nombre  des  couleurs  diverses  de 
ces  panachures  fait  donner  à  ces  OEillets  dif- 
férentes dénominations.  On  les  nomme  bi- 
colores, lorsque,  à  la  couleur  du  fond,  vien- 
nent se  joindre  des  panachures  d'une  seule 
'*  couleur;  tricolores,  lorsque,  sur  le  fond 
blanc,  se  détachent  des  panachures  de  deux 
teintes  différentes  ;  bizarres ,  lorsqu'il  y 
existe  trois  couleurs.  Une  variété  très  cu- 
rieuse d'OEillet  est  celle  dans  laquelle  les 


bractées  du  calicule  se  sont  beaucoup  mul- 
tipliées, de  manière  à  s'appliquer  l'une  sur 
l'autre  en  s'irnbriquant  dans  une  longueur 
parfois  considérable. 

Les  horticulteurs  anglais  admettent  éga- 
lement quatre  catégories  parmi  Ses  variétés 
d'OEillets  cultivés;  mais  ces  divisions  sont 
caractérisées  uniquement  pour  eux  par  les 
distributions  diverses  des  couleurs  sur  les 
pétales  ;  ils  leur  donnent  les  noms  de  : 
1°  Bizarres;  2°  Flakes;  3°  Picotés;  4°  Far- 
dés. 

C'est  par  des  soins  constants,  et  grâce  à 
une  foule  de  précautions,  quel'on  obtient  des 
variétés  nouvelles  d'OEillets,  et  que  l'on  con- 
serve les  anciennes.  Les  semis  seuls  donnant 
des  variétés  nouvelles,  c'est  uniquement  par 
les  semis  qu'on  cherche  à  enrichir  les  collec- 
tions ;  de  plus  ,  comme  la  graine  prise  sur 
des  pieds  à  fleurs  simples  donne  très  rare- 
ment des  pieds  à  fleurs  doubles,  c'est  pres- 
que toujours  celle  des  fleurs  semi-doubles 
qu'on  emploie  de  préférence.  Les  semis  se 
font  au  printemps  ,  en  terrine ,  et  dans  une 
terre  franche  mêlée  d'un  terreau  fin ,  ou 
en  terre  de  bruyère.  On  repique  ensuite  le 
jeune  plant  dans  une  terre  bien  préparée 
et  fumée  d'avance,  et  l'on  continue  les  bi- 
nages et  les  arrosements  jusqu'aux  premiers 
froids.  Les  plantes  résistent  à  l'hiver  sans 
abri,  ou  tout  au  plus  on  les  garantit  avec 
des  paillassons  contre  le  verglas  et  contre  les 
changements  brusques  de  température.  Dès 
le  printemps,  on  recommence  le  binage  et 
les  arrosements  jusqu'à  la  floraison,  qui  a 
lieu  vers  la  fin  de  juin  ou  le  commence- 
ment de  juillet  de  la  seconde  année,  et 
dont  on  profite  pour  faire  un  choix  parmi 
les  plantes. 

Pour  la  conservation  et  la  multiplication 
des  variétés,  on  a  recours  aux  marcottes 
avec  incisions  ,  et  surtout  aux  boutures. 
Celles-ci  sont  estimées  préférables  aux  pre- 
mières comme  conservant  mieux  la  fraî- 
cheur et  la  pureté  des  couleurs.  Quant  aux 
détails  de  ces  opérations  et  aux  soins  mi- 
nutieux à  donner  aux  plantes,  leur  exposé 
sort  du  cadre  de  cet  ouvrage  et  doit  être 
cherché  dans  les  traités  d'horticulture. 

2.  OEillet  mignardise,  Dianihus  pluma- 
nusLinn.  (D.  moschatus  May er.)  La  patrie 
de  cette  jolie  espèce ,  si  répandue  dans  les 
jardins,  est  inconnue;  on  la  cultive  d'or- 


OEIL 


OEIL 


757 


dinaire  en  bordures  ,  qui  produisent  un  très 
bel  effet.  La  plante  a  une  teinte  générale 
glauque;  elle  forme  des  touffes  épaisses; 
sa  racine  est  vivace  ;  ses  tiges  n'attei- 
gnent guère  que  2  ou  3  décimètres  de  hau- 
teur; ses  feuilles  sont  linéaires,  rudes  à 
leur  bord.  Ses  fleurs,  au  nombre  de  deux 
ou  trois  seulement  sur  chaque  tige  ,  ont 
une  odeur  agréable  ;  elles  sont  tantôt  pur- 
purines, tantôt  pourpre  foncé,  tantôt  ro- 
sées ou  blanches,  tantôt,  enfin,  tachetées 
de  ces  diverses  couleurs;  elles  se  succèdent 
en  abondance  vers  la  fin  du  printemps.  Les 
bractées  de  leur  calicule  sont  presque  ovales, 
très  courtes ,  et  terminées  par  une  petite 
pointe;  leurs  pétales  portent  quelques  poils 
à  la  base  de  leur  lame,  qui  est  divisée  en 
laciniures  nombreuses  et  étroites.  Outre  les 
variations  que  nous  avons  signalées  pour  la 
couleur  des  fleurs  de  cette  plante,  on  en 
possède  encore  des  variétés  à  fleurs  doubles 
et  d'autres  de  proportions  notablement  plus 
fortes  dans  toutes  leurs  parties.  Toutes 
ces  variétés  se  multiplient  de  graines  ,  par 
éclats  ou  par  marcottes  qui  s'enracinent 
facilement. 

3.  OEillet  barbu  ,  Dianthus  barbatus 
Linn. ,  vulgairement  OEillet  bouquet,  OEillet 
depoè'te,  Bouquet  parfait,  Jalousie,  etc.  Cette 
plante  croît  spontanément  dans  les  lieux 
stériles  de  nos  départements  méridionaux  , 
en  abondance  dans  certaines  vallées  des  Py- 
rénées, etc.  Elle  est  communément  cul- 
tivée comme  espèce  d'ornement.  Elle  est 
bi-  ou  trisannuelle.  Ses  tiges  naissent  en 
touffe  et  s'élèvent  à  3  ou  4  décimètres  ; 
leurs  entre-nœuds  sont  un  peu  courts  ;  ses 
feuilles  sont  lancéolées,  aiguës,  trinervées  ; 
ses  fleurs  sont  petites  et  réunies  en  grand 
nombre  en  une  cyme  corymbiforme  serrée  , 
plane  ou  peu  convexe;  les  bractées  de  leur 
calicule  sont  lancéolées-subulées ,  et  de  lon- 
geur  égale  à  celle  du  calice  ;  la  lame  de  leurs 
pétales  est  courte ,  en  forme  de  coin  ,  dente- 
lée à  son  bord.  Ces  fleurs  varient  beaucoup 
de  couleur  par  l'effet  de  la  culture;  dans 
l'état  spontané,  elles  sont  purpurines  avec 
quelques  taches  plus  foncées;  mais  dans 
nos  jardins  on  en  voit  de  toutes  les  nuances, 
depuis  le  rouge-pourpre  jusqu'au  blanc,  et 
de  panachées;  on  en  cultive  également  de 
doubles.  La  multiplication  de  la  plante 
s'opère  sans  difficulté  par  graines  semées 


de  bonne  heure ,  par  boutures ,  par  mar- 
cottes ou  par  éclats. 

On  cultive  encore  dans  les  jardins  quel- 
ques autres  espèces  d'OEillets  du  même  sous- 
genre,  que  nous  passerons  sous  silence  pour 
ne  pas  trop  prolonger  cet  article. 

b.  Kohrauschia,liunih.  Fleurs  ramassées- 
capitées  ,  très  rarement  solitaires  ,  sessiles, 
entourées  toutes  ensemble  d'un  involucre 
universel  scarieux,  à  6-8  folioles.  Calice  de 
la  fleur  centrale  dépourvu  de  calicule  ;  celui 
des  fleurs  latérales  accompagné  de  deux 
bractéoles  scarieuses,  de  longueur  égale  ou 
presque  supérieure  à  celle  du  tube  calicinal, 
qui  est  membraneux,  très  délicat,  à  5  dents 
très  peu  prononcées ,  marqué  de  5  bandes 
longitudinales  blanches  ,  opaques,  alternes 
avec  les  sinus  ;  autour  du  fruit,  le  calice  se 
fend  longitudinalement  d'un  côté  jusqu'à  sa 
base;  onglet  des  pétales  long,  leur  lame 
presque  dressée.  C'est  à  ce  sous-genre  qu'ap- 
partient, entre  autres  espèces ,  notre  Dian- 
thus  prolifer  L. 

c.  Tunica,  Scop.  Fleurs  solitaires  ou  ra- 
massées-fasciculées ,  entourées,  dans  leur 
ensemble  ,  d'un  involucre  universel  à  4 
bractées  scarieuses.  Dans  les  espèces  à  cymes 
fasciculées ,  les  fleurs  centrales  sont  pédi- 
cellées,  dépourvues  de  calicule;  les  laté- 
rales sont  sessiles,  accompagnées  d'un  cali- 
cule de  deux  bractéoles  scarieuses.  Calice 
turbiné  ou  tubulé-claviforme  ,  à  5  dents 
profondes.  Corolle  hypocratérimorphe  ou 
en  entonnoir,  l'onglet  de  ses  pétales  s'élar- 
gissant  insensiblement  en  lame.  Dans  ce 
sous-genre  rentrent,  par  exemple,  les  Gyp- 
sophila  saxifraga  et  G.  rigida  Lin. 

d.  Pseudotunica,  Fenzl.  Fleurs  solitaires, 
pédicellées,  en  cyme.  Calice  sans  calicule  , 
en  massue  ou  turbiné  ,  anguleux.  Corolle  en 
entonnoir  ou  campanulée  ,  les  onglets  des 
pétales  s'élargissant  insensiblement  en  lame. 
Le  sous -genre  comprend  quelques  espèces 
de  Gypsophila  de  Desfontaines,  par  exem- 
ple le  G.  compressa  {FI.  at.  tab.  97). 

(P.  D.) 

OEILLET  (huile  d').  chim. — Voy.  huile. 

ŒILLET  DE  DIEU.  bot.  ph.  —  Nom 

vulgaire    d'une    espèce   de   Lychnide  ,   la 

Lychnide  coquelourde,  Lychnis  coronaria 

Lam. 

ŒILLET  DE  MER.  polyp.—  Nom  vul- 
gaire des  Caryophyllies. 


753 


OEtfA 


OENA 


OEILLETTE,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
des  Pavots  cultivés  pour  leurs  graines  dont 
on  extrait  l'huile. 

*OEME  (nom  mythologique),  jns. — 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  tétra- 
mères  de  Latreille,  famille  des  Longicornes, 
tribu  des  Cérambycins ,  créé  par  Newman 
(The  Entomologiste,  p.  8  ).  Le  type,  VOE. 
indecorata de  l'auteur,  est  propre  aux  États- 
Unis.  Ce  genre  correspond  à  celui  de  Scle- 
rocerus  de  Dejean,  qui  y  rapporte  deux  au- 
tres espèces  du  Brésil.  (C.) 

*OEMONA.  ms.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Céramby- 
cins, établi  par  Newman  (The  Entomolo- 
gistes, I,  p.  8  ) ,  et  qui  a  pour  type  une  es- 
pèce des  Iles  Philippines  :  VOE.  humeralis 
de  l'auteur.  (C.) 

*OENA  ,  Selby.  ois.  —  Syn.  deColumba, 
Linn.  ,  division  de  la  famille  des  Pigeons. 
Voy.  pigeon.  (Z.  G.) 

OENANTHE.  OEnanthe  (oîvo;,  vin; 
avGoç,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Ombellifères  ,  tribu  des  Sésélinées , 
établi  par  Lamarck  (Dict.,  IV,  526)  et  gé- 
néralement adopté.  Ses  principaux  carac- 
tères sont  :  Calice  à  limbe  5-denté.  Pétales 
obovés ,  émarginés.  Stylopode  conique,  à 
styles  dressés,  longs.  Fruits  prismatiques,  à 
cinq  côtes  aiguës  ou  obtuses,  couronnées  par 
les  dents  du  calice  et  les  styles.  Carpophore 
indistinct. 

Les  OEnanthes  sont  des  herbes  aquati- 
ques, glabres,  à  ombelles  composées,  à  in- 
volucre  variable,  souvent  nul,  à  involu- 
celles  polyphylles;  à  fleurs  blanches,  fixées 
sur  de  longs  pédicelles  insérés  sur  le  rayon 
de  l'ombellule  ,  hermaphrodites  ou  mâles 
par  avortement. 

Ces  végétaux  croissent  abondamment 
dans  les  contrées  boréales  de  l'ancien  conti- 
nent :  quelques  uns  ont  été  rencontrés  aussi 
en  Amérique. 

Ce  genre  est  très  nombreux  en  espèces; 
quelques  unes  en  ont  été  retranchées  et 
rapportées  à  d'autres  genres,  et  tel  qu'il  est 
aujourd'hui  limité,  on  en  compte  encore 
une  vingtaine  (DC.  Prodr. ,  IV,  136),  ré- 
parties en  deux  sections  que  plusieurs  au- 
teurs admettent  comme  genres  distincts  ; 
ces  sections  sont  : 

a.  OEnanthe,  Linn.  (Gen. ,  n.  352).  Es- 


pèces vivaces,  à  racines  tubéreuses-fascicu- 
lées. 

Parmi  les  espèces  qui  composent  ce  sous- 
genre,  nous  citerons  : 

1.  L'OEnanthe  pimprenellière  ,  OEn. 
pimpinelloides  L.  Sa  racine,  vivace,  est 
composée  de  plusieurs  tubercules  longue- 
ment pédoncules  (  var.  chœrophylloides  )  ou 
brièvement  pédoncules  (  var.  pimpinellœ- 
folia).  Elle  croît  abondamment  dans  les  prés 
des  environs  d'Angers,  où  elle  est  très  re- 
cherchée des  habitants  ,  qui  la  mangent 
préparée  avec  divers  assaisonnements. 

2.  L'OEnanthe  safranée  ,  OEn.  crocata 
L. ,  à  racine  composée  de  tubercules  fusi- 
formes  réunis  en  faisceaux.  Ces  tubercules, 
pressés  sous  les  doigts,  laissent  échapper  un 
suc  jaune  et  nauséabond  qui  constitue  un 
poison  éminemment  dangereux. 

3.  L'OEnanthe  fistuleuse  ,  OEn.  flstulosa 
L.,  très  répandue  dans  les  eaux  stagnantes 
de  l'Europe.  Elle  porte  des  feuilles  allongée! 
fixées  sur  des  pétioles  fistuleux;  les  infé- 
rieures sont  deux  fois  ailées,  tandis  que  les 
supérieures  sont  simplement  pinnées ,  à  fo- 
lioles petites,  linéaires  et  pointues.  Les  fleurs 
sont  disposées  en  une  ombelle  composée  de 
trois  ou  quatre  rayons  et  soutenant  chacun 
une  ombellule  plane,  très  serrée.  Les  fruits 
sont  d'un  vert  roussâtre. 

b.  Phellandrium,  Linn.  (  Gen.  ,  n.  352), 
Espèces  annuelles  ou  bisannuelles,  à  racines 
fibreuses. 

Ce  sous-genre  est  le  moins  nombreux  en 
espèces.  Parmi  elles  nous  citerons  seule- 
ment : 

4.  L'OEnanthe  aquatique  ,  OEn.  phellan- 
drium Lam.  Cette  plante  s'élève  quelque- 
fois à  plus  de  deux  mètres;  ses  racines  sont 
composées  de  gros  tubercules  suspendus  à 
des  fibres  longues  et  verticillées.  Elle  croît 
abondamment  dans  les  sols  humides,  les 
endroits  marécageux,  principalement  aux 
environs  de  Rennes  ,  en  Corse,  etc.  Cette 
espèce  est  également  mortelle  pour  l'homme 
et  les  animaux  domestiques.  (B.) 

OENANTHE.  ois.  —Nom  latin  du  Tra- 
quet  motteux,  converti  par  Vieillot  en  nom 
de  g.,  et  syn.  de  Saxicola,  Bechst.  (Z.  G.) 

QENAS  (ofvoç,  vin),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères hétéromères ,  famille  des  Sténé- 
lytres,  tribu  des  Vésicants,  créé  par  La- 
treille (  Gênera  Crustaceorum  et  Insectorum, 


OENO 


OENO 


759 


t.  II,  p.  219),  et  généralement  adopté  de- 
puis. Les  espèces  qu'on  rapporte  à  ce  genre 
sont  les  suivantes:  OE.  a/er  Lin.,  crassicor- 
nis  F.,  luctuosus Lat.,  bicolor,  unicolor  Lap., 
et  Wilhemsii  Fald.  La  première  se  trouve  en 
Espagne  ,  ia  deuxième  en  Hongrie  ,  la  troi- 
sième et  la  cinquième  en  Barbarie,  la  qua- 
trième sur  la  côte  d'Angole  ,  et  la  sixième 
en  Perse.  Leurs  antennes,  dont  la  longueur 
ne  dépasse  guère  celle  du  corselet,  sont  pres- 
que de  la  même  grosseur  partout.  Le  pre- 
mier article  est  presque  en  massue  et  en 
forme  de  cône  renversé;  le  second  est  très 
court ,  la  tige  fait  un  coude  ,  et  forme  un 
corps  cylindrique  fusiforme ,  composé  d'ar- 
ticles serrés,  transverses ,  à  l'exception  du 
dernier  qui  est  conoïde.  (C.) 

QENAS,  Brisson.  ois.  —  Syn.  de  Co- 
lumba,  Linn.  Vieillot  a  employé  génétique- 
ment ce  nom  comme  syn.  de  Ganga.  (Z.  G.) 
*OENEMOIVA  (oïVoç,  vin;  p.ovv,' ,  de- 
meure ).  Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétrarnères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes ,  tribu  des  Cerambycins, 
créé  par  Newman  (  The  Entomologiste,  I, 
p.  8).  Le  type,  YOE.  humilis  New.,  est  ori- 
ginaire de  la  Nouvelle-Zélande.  Cet  auteur 
rapporte  avec  doute  à  ce  enre  une  se- 
conde espèce  de  Madagascar,  qu'il  nomme 
OE.  humeralis,  et  qui  est  sans  doute  la  môme 
que  Dejean  a  placée  dans  son  genre  Lepto- 
cerus.  (C.) 

QENOCARPE.  OEnocarpus  (°TvoÇ,  vin, 
xapKoç,  fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Palmiers,  de  la  tribu  des  Aréci- 
nées,  établi  par  Martius  {Palm.,  21,  27  et 
165,  t.  22,  27),  et  dont  les  principaux  ca- 
ractères sont  :  Fleurs  monoïques  réunies 
dans  le  même  spadice;  2  spathes  doubles. 
FI.  mâles:  Calice  3  parti,  à  divisions  ca- 
rénées. Corolle  à  3  pétales  ovales  ou  oblongs. 
Étamines  6;  filets  subulés,  libres  ou  réunis 
à  la  base;  anthères  linéaires,  sagittées,  fixées 
par  la  partie  dorsale.  Ovaire  rodimen taire. 
FL  femelles  :  Calice  à  trois  folioles  orbicu- 
laires;  corolle  à  trois  pétales  conformes. 
Ovaire  à  3  loges  dont  2  très  petites.  Stig- 
mates 3,  sessiles.  Baie  uniloculaire,  mono- 
sperme, couronnée  par  les  stigmates,  fi- 
breuse; endocarpe  charnu,  soudé  avec  le 
noyau. 

Les  OEnocarpes  sont  des  Palmiers  des  fo- 
rêts de  l'Amérique.  Leur  tronc  s'élève  a  une 


hauteur  qui  varie  entre  13  et  30  mètres.  Il 
est  droit,  grêle,  ordinairement  cylindrique, 
et  couvert  d'anneaux  peu  distincts.  Les  fron- 
des ,  pinnées ,  sont  fixées  sur  des  pétioles 
formant  une  longue  gaîne.  A  l'aisselle  des 
frondes  inférieures  naissent  les  spadices, 
munies  d'une  spathe  double  et  ligneuse  en- 
veloppant tous  les  ramaux  du  spadice.  Les 
fleurs,  de  couleur  pâle,  sont  entourées  de 
petites  bractées.  Les  fruits  sont  ovales. 

Ce  genre  renferme  cinq  espèces,  parm: 
lesquelles  nous  citerons,  comme  type,  YCE- 
nocarpus  distichus  Mart.  (loc.  cit.),  dont  le 
fruit,  cuit  et  soumis  à  la  presse,  donne  une 
huile  inodore  et  d'une  saveur  agréable.  (B.) 
OENONE  (nom  mythologique),  annél. — 
M.  Savigny,  dans  son  Système  des  Annélides, 
a  publié  sous  ce  nom  la  description  d'une  es- 
pèce d'Annélide  sétigère  de  la  mer  Rouge  , 
dont  il  a  publié  lafiguredansses  planches  du 
grand  ouvrage  d'Egypte.  Il  la  rapporte  aux 
Euniciens  de  sa  méthode,  et  lui  assigne  les 
caractères  génériques  suivants  : 

Trompe  dépassant  le  front;  mâchoires  au 
nombre  de  neuf,  quatre  à  droite,  cinq  à 
gauche ,  conformées  et  disposées  comme 
celles  des  Aglaures,  avec  la  même  forme  de 
lèvre  inférieure;  yeux  peu  distincts  ;  anten- 
nes point  saillantes  et  comme  nulles;  cir- 
rhes  tentaculaires  nuls;  pieds  ambulatoires 
à  deux  faisceaux  inégaux  de  soies  simples 
ou  terminées  par  une  barbe;  cirrhes  supé- 
rieurs et  inférieurs  presque  également  allon- 
gés,  obtus;  dernière  paire  de  pieds  à  peu 
près  semblable  aux  autres. 

M.  Savigny  fait  remarquer  que  le  Nereis 
ebranchiata  de  Pallas  paraît  se  rapprocher 
beaucoup  de  rOEnonc.  M.  de  Blainville,  de- 
puis lui,  s'est  occupé  de  ce  genre  d'Anné- 
lides,  et  il  le  retire  des  Eunices  pour  le 
placer  parmi  ses  Néréiseolés  ;  il  lui  suppose 
une  grande  affinité  avec  le  Lom  brin  ère. 
Risso  a  décrit  une  OEnone  des  côtes  de  Nice, 
mais  il  n'est  pas  certain  du  tout  que  ce  soit 
réellement  un  animal  du  même  genre  que 
celui  de  M.  Savigny.  (P.  G.) 

QEFVOPLEA,  Hedw.  fils  (Gen.,  I,  151). 
bot.  pu.  —  Syn.  de  Ilerchemia,  Neck. 

OENOPMA,  Schult.  (Syst.,  V,  332). 
bot.  pu.  —  Syn.  de  Berchemia,  Neck. 

OENOTIIERA.  bot.  ph.  —  Nom  scienti- 
fique du  genre  Onagre.  Voy.  ce  mot. 
OENOTîSÉRACÉES.  OEaolheraceœ.  bot. 


760 


OEST 


OEST 


ph.— Synonymed'OnagrairesouOnagrariées. 

*OEONIA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Orchidées ,  tribu  des  Vandées ,  établi 
par  Lindley  {in  Bot.  reg.,  n.  817  ;  Orchid., 
22b  ).  Herbes  de  Madagascar  et  de  nie 
Bourbon.  Voy.  orchidées. 

OEPATA ,  Rheede  (  Malab. ,  IV ,  59, 
t.  45).  bot.  ph.  —  Syn.  d'Avicennia,  Linn. 

*QERSTEDIA  (  nom  propre  ).  helm.  — 
M.  de  Quatrefages,  dont  le  travail  sur 
les  Némertiens  n'avait  pas  paru  lorsque 
l'article  Némerte  de  ce  Dictionnaire  a  paru, 
vient  de  faire  connaître  deux  genres  nou- 
veaux de  ces  animaux  qu'il  nomme  Va- 
lencinea  et  OErstedia  (Ann.  des  se.  natur., 
3e  série  ,  t.  IX  ).  Ce  dernier  comprend 
les  Némertiens  à  troncs  nerveux  sub-laté- 
raux.  Nous  reviendrons  sur  ces  animaux  aux 
articles  téretulariens  et  vers.        (P.  G.) 

OESOPHAGE,  zool.  —  Voy.  intestin  et 

PHARYNX. 

OESTRE.  OEstrus.  ins.  —  Le  nom 
d'oTarpoç ,  a  été  appliqué  par  les  Grecs  à  de 
petits  animaux  qui  incommodent  beaucoup 
les  Poissons,  et  que  l'on  rapporte  générale- 
ment au  genre  Cymothoa.  Aristote  indique 
sous  la  même  dénomination  ,  soitunCymo- 
thoé  qui  attaque  le  Thon  et  l'Espadon  , 
soit  une  espèce  d'Hydrocorise.  Virgile , 
Pline  ,  Elien  ,  etc. ,  ont  appliqué  le  nom 
d'OEslrus  à  des  Insectes  ayant  un  aiguillon 
très  fort  à  la  bouche,  qui  bourdonnent  en 
volant,  tourmentent  les  bœufs,  et  qui,  sui- 
vant toute  probabilité,  doivent  être  rap- 
portés à  des  Taons.  Linné,  sans  recher- 
cher s'il  donnait  exactement  le  nom  d'OEs- 
trus  aux  animaux  qui  le  portaient  du  temps 
d'Aristote,  a  créé  le  premier,  sous  cette 
dénomination,  un  genre  de  Diptères,  qui, 
adopté  par  tous  les  zoologistes,  considéra- 
blement restreint  par  Clarck  et  Latreille  , 
est  devenu,  sous  le  nom  à'OEstrides  (voy. 
ce  mot)  une  tribu  distincte  de  la  famille  des 
Athéricères. 

Tel  que  Latreille  l'a  constitué ,  et  tel 
qu'il  est  encore  établi  aujourd'hui,  le  genre 
OEstre,  OEstrus  y  a  pour  caractères  princi- 
paux :  Cuillerons  de  grandeur  moyenne,  et 
ne  recouvrant  qu'une  partie  des  balanciers; 
ailes  en  recouvrement  au  bord  interne  ; 
les  deux  nervures  longitudinales  qui  vien- 
nent immédiatement  après  celles  de  la  côte, 
fermées  par  le  bord  postérieur  qu'elles  at- 


teignent ,  et  coupées  au  milieu  du  dis- 
que,  par  deux  petites  nervures  tranverses; 
milieu  de  la  face  antérieure  de  la  tête 
offrant  un  petit  sillon  longitudinal  et  ren- 
fermant une  petite  ligne  élevée,  bifurquée 
intérieurement.  Les  OEstres  se  distinguent 
des  Hypodermes,  Cutérèbres,  Céphénémyes 
et  OEdémagènes ,  parce  qu'ils  n'ont  pas  de 
trompe  ni  de  palpes,  et  surtout  parce  que 
leur  cavité  buccale  est  tellement  peu  appa- 
rente, que  son  existence  a  été  niée  jusque 
dans  ces  derniers  temps;  enfin,  les  Cépha- 
lémyies  en  sont  séparées  par  la  forme  des  ner- 
vures des  ailes,  et  parce  que  ces  derniers 
organes  sont  écartés  l'un  de  l'autre. 

Les  OEstres  sont  des  Diptères  d'une  taille 
assez  grande,  ressemblant  beaucoup  à  de 
grosses  mouches,  mais  plus  velus.  A  leur 
état  parfait,  ils  semblent  appelés  unique- 
ment par  la  nature  à  l'acte  de  la  reproduc- 
tion ,  car  ils  ne  prennent  que  peu  ou  plutôt 
pas  de  nourriture  ,  leurs  organes  de  man- 
ducation  étant  réduits  à  un  état  presque 
rudimentaire.  Dès  qu'ils  ont  subi  leur  der- 
nière métamorphose, les  OEstres  cherchent 
a  s'accoupler  ,  et  bientôt  après  la  femelle 
se  met  à  la  recherche  des  animaux  sur  les- 
quels elle  doit  déposer  ses  œufs.  On  croyait 
autrefois ,  d'après  Vallisnieri  et  Réaumur, 
que  TOEstre  allait  déposer  ses  œufs  sur  les 
bords  de  l'anus  des  Chevaux,  et  que  de  là 
la  larve  remontait  dans  l'estomac,  en  par- 
courant toutes  les  sinuosités  des  intestins; 
mais  Clarck  a  démontré  qu'il  n'en  était  pas 
ainsi.  D'après  lui,  la  femelle  de  TOEstre, 
pour  effectuer  sa  ponte  ,  s'approche  de  l'a- 
nimal qu'elle  a  choisi,  en  tenant  son  corps 
presque  vertical  dans  l'air;  l'extrémité  de 
son  abdomen ,  qui  est  très  allongée  et  re- 
courbée en  haut  et  en  avant,  porte  un  œuf 
qu'elle  dépose  sans  presque  se  poser  sur  la 
partie  interne  de  la  jambe,  sur  les  côtés  et 
à  la  partie  interne  de  l'épaule,  et  rarement 
sur  le  garrot  du  Cheval  ;  cet  œuf,  qui  est 
entouré  d'une  humeur  glutineuse ,  s'attache 
facilement  aux  poils  de  l'animal  ;  l'OEstre 
s'éloigne  ensuite  un  peu  du  Cheval  pour 
préparer  un  second  œuf,  en  se  balançant  \ 
dans  l'air  ;  elle  le  dépose  de  la  même  ma-  \ 
nière ,  et  répète  ainsi  ce  manège  un  très 
grand  nombre  de  fois.  Ces  œufs  éclosent  à 
l'endroit  où  ils  ont  été  pondus,  et  ce  n'est 
qu'à  l'état  de  larve  que  l'Insecte,  s'attachant 


OEST 


OEST 


'Cl 


à  la  langue  qui  vient  lécher  la  partie  du 
corps  sur  laquelle  il  était  collé,  parvient, 
par  l'œsophage,  dans  l'estomac  de  sa  vic- 
time. 
1  Les  larves  des  OEstres ,  et  principalement 
celle  de  VOEstrus  equi,  sont  apodes,  de 
forme  conique,  allongée.  Le  corps  est  com- 
posé de  onze  anneaux  ,  garnis  chacun  à  leur 
bord  postérieur  d'une  rangée  circulaire  d'é- 
pines triangulaires  ,  solides,  jaunâtres  dans 
la  plus  grande  partie  de  leur  longueur , 
noires  à  leur  extrémité,  et  dont  la  pointe, 
très  aiguë ,  est  dirigée  en  arrière.  Au-dessus 
du  corps,  les  anneaux  du  bout  postérieur, 
et  ceux  qui  en  sont  le  plus  pioches ,  n'ont 
pas  de  ces  épines  ,  qui  existent  sur  les  mê- 
mes anneaux  du  côté  du  ventre.  L'extrémité 
antérieure,  qui  est  tronquée,  figure  une 
espèce  de  bouche  transversale  ,  avec  deux 
lèvres  qui  peuvent  se  joindre  pour  former 
l'ouverture  qu'elles  circonscrivent.  On  re- 
marque, dans  l'espèce  de  cavité  profonde 
que  ces  lèvres  laissent  entre  elles  lorsqu'elles 
sont  écartées,  six  doubles  sillons  couchés 
transversalement,  et  courbés  en  dedans  de 
chaque  côté  ,  de  manière  à  se  rapprocher 
en  cercle.  Ces  sillons,  formés  par  une  sub- 
stance écailleuse,  sont  criblés  de  petits 
trous  que  l'on  regarde  comme  des  ouver- 
tures de  stigmates  ;  les  espèces  de  lèvres  qui 
recouvrent  cet  appareil  respiratoire  sont 
évidemment  destinées  aie  boucher  exacte- 
ment ,  afin  de  le  protéger  contre  les  aliments 
liquides  et  les  sucs  qui  se  trouvent  dans  l'es- 
tomac du  Cheval.  Comment  ces  larves  peu- 
vent-elles exister  dans  l'estomac,  exposées 
à  une  température  très  élevée  et  dans  un 
air  aussi  vicié?  On  ne  peut  l'expliquer;  on 
sait  seulement  que  ces  larves  se  tiennent  le 
plus  ordinairement  autour  du  pylore,  et 
qu'elles  se  nourrissent  du  chyme  qu'elles 
trouvent  dans  l'estomac.  D  après  les  obser- 
vations récentes  de  M.  Joly  {Académie  des 
sciences y  septembre  18i6),  il  paraît  que  les 
larves  subissent  des  changements  notables 
depuis  leur  naissance  jusqu'au  moment  de 
leur  transformation  en  nymphe  ,  et  cela 
non  seulement  dans  leur  forme  ,  mais  en- 
core dans  leur  structure  ;  ainsi  les  larves  de 
VOEstrus  equi ,  au  lieu  d'être  brusquement 
tronquées  à  leur  partie  postérieure,  ainsi 
que  cela  a  lieu  au  commencement  de  leur 
Vie,  ont  cette  même  partie  très  effilée  et 
t.  vm. 


terminée  par  deux  tubes  respiratoires  ana- 
logues à  ceux  de  beaucoup  de  Diptères  aqua- 
tiques, tubes  qui  seront  remplacés  plus  tard 
par  un  appareil  si  curieux  et  si  compliqué, 
qu'il  serait  peut-être  difficile  d'en  citer  un 
autre  exemple  dans  l'immense  série  des  In- 
sectes. Lorsque  ces  larves  ont  pris  tout  leur 
accroissement,  elles  descendent  en  suivant 
les  intestins, se  traînent  au  moyen  de  leurs 
épines  ou  sont  portées  par  les  excréments  , 
jusqu'à  ce  qu'elles  arrivent  à  l'anus  ,  sur  les 
bords  duquel  on  les  trouve  souvent  suspen- 
dues dans  les  mois  de  mai  et  juin,  prêtes 
à  tomber  à  terre  pour  y  subir  leur  dernière 
métamorphose.  Arrivées  à  terre,  elles  se 
changent  bientôt  en  chrysalides  ;  leur  peau 
se  durcit,  devient  d'un  beau  noir  et  leur 
sert  de  coque;  elles  restent  six  ou  sept  se- 
maines dans  cet  état,  après  lesquellesl'Insecte 
parfait  sort  de  sa  coque  en  faisant  sauter 
une  pièce  ovalaire  située  au  bout  extérieur 
de  cette  enveloppe. 

On  s'est  demandé  si  ces  larves  étaient 
utiles,  ou  si,  au  contraire,  elles  étaient 
nuisibles  aux  Chevaux.  Clarck  croit  qu'elles 
sont  plus  utiles  que  nuisibles,  et  Réaumur, 
ayant  observé  pendant  plusieurs  années  des 
Chevaux  attaqués  par  les  OEstres,  dit  qu'ils 
ne  se  portaient  pas  moins  bien  que  ceux 
qui  n'en  nourrissaient  pas  ;  mais  Yallis- 
nieri ,  d'après  Gaspari,  leur  attribue,  au 
contraire,  la  cause  d'une  maladie  épidé- 
mique  qui  fit  périr,  en  1713,  un  grand 
nombre  de  Chevaux  dans  le  Véronais  et  le 
Mantouan. 

L'é  ude  des  OEstres  a  occupé  plusieurs 
zoologistes,  et  nous  avons  résumé  principa- 
lement les  observations  de  Réaumur,  de 
Clarck  et  de  Latreille;  nous  avons  présenté 
quelques  faits  récents  indiqués  par  M.  Joly, 
et  nous  aurons  l'occasion  de  parler  de  nou- 
veau de  l'important  travail  de  ce  natura- 
liste à  l'article  cestrides,  où  nous  dirons 
quelques  mots  de  l'anatomie  de  ces  Di- 
ptères. 

On  rapporte  six  espèces  à  ce  genre;  pres- 
que toutes  vivent  dans  l'estomac  du  Cheval, 
et  nous  allons  en  donner  une  idée  générale 
en  prenant  pour  guide  V Histoire  des  Diptères 
des  Suites  à  Ihiffon,  de  M.  Macquart. 

1°   L'Œstre  du  chkval,    OEstrus   cqui 
Clarck  {OEstr.,  lab.  I,  f.  12-14.),   Latr. 
OEslrus   bovis  Linné,  Fabr.,  Fallen  ,  GaS' 

96 


762 


OEST 


OEST 


trus  equi  Meigen.  Long  de  cinq  lignes  ; 
face  fauve,  à  duvet  blanchâtre,  soyeux  ; 
un  sillon  longitudinal  ;  front  fauve;  partie 
postérieure  à  poils  noirs  ;  antennes  ferrugi- 
neuses ;  thorax  à  poils  ferrugineux;  une 
bande  transversale  de  poils  noirs  ;  abdomen 
brun  ,  à  poils  ferrugineux  ;  une  tache  dor- 
sale noirâtre  à  chaque  segment;  des  points 
noirs  chez  les  mâles  ;  pieds  ferrugineux  ; 
ailes  blanchâtres  ;  une  bande  transversale  , 
brunâtre,  ainsi  que  deux  taches  apicales. 

Cette  espèce  se  trouve  en  France  ,  en  An- 
gleterre, en  Italie  et  en  Orient,  dans  les 
mois  de  juillet  et  d'août,  près  des  pâtura- 
ges. La  femelle  dépose  ses  œufs  sur  les  jam- 
bes et  les  épaules  des  Chevaux,  qui,  en  se 
léchant,  transportent  les  larves  dans  leur 
estomac,  où  elles  se  développent. 

2°  L'OEstre  salutaire,  OEstrus  salutaris 
Clarck  {OEstr.,  tab.  I,  f.  35),  Gastrus  sa- 
lularis  Meigen.  Se  trouve  en  France  ,  en 
Angleterre.  Suivant  Clarck ,  les  larves  vi- 
vent dans  l'estomac  des  Chevaux,  et  facili- 
tent la  digestion  par  leur  présence. 

3°  L'OEstre  hémorrhoïdal,  OEstrus  hœ- 
morrkoidalis  Linné  ,  Fabr. ,  Fallen  ,  Gas- 
trus hœmorrhoidalis  Meigen.  Se  trouve 
dans  toute  l'Europe.  La  femelle  dépose  ses 
œufs  dans  le  nez  des  Chevaux ,  d'où  ils  sont 
transportés  par  la  langue  dans  la  bouche  et 
ensuite  dans  les  intestins. 

4°  L'OEstre  nasal  ,  OEstrus  nasalis 
Linné,  OEstrus  velerinus  Fabr.,  Fallen, 
Clarck (OEstr.,  tab.  I,f.  26  et  27),  Gastrus 
nasalis  Meigen.  La  larve  de  cette  espèce 
vit  dans  l'œsophage  du  Cheval,  de  l'Ane, 
du  Mulet,  du  Cerf  et  de  la  Chèvre.  Se  trouve 
dans  toute  l'Europe. 

5°  L'OEstre  des  troupeaux,  OEstrus  pe- 
corum  Fabr.,  Fallen,  Gastrus  pecorum 
Meigen.  Cette  espèce  semble  propre  à  la 
Suède,  et  la  larve,  suivant  Fabricius,  vit 
dans  les  intestins  du  bœuf. 

6°  L'OEstre  flavipède  ,  OEstrus  flavipes 
[Encycl.  mélh.).  Cette  espèce,  qui  a  été 
trouvée  dans  les  Pyrénées  par  M.  Al.  Bron- 
gniart,  n'est  pas  bien  connue,      (E.-D.) 

OESTRES  DE  MER.  crust.— Nom  vul- 
gaire des  espèces  du  genre  Cymothoé.  Voy. 
ce  mot. 

OESTRÏDÉES.  OEslrideœ ,  Leach.  ins. 
—  Syn.  d'OEstrides,  Latr.  (E.  D.) 

OESTRIDES.  OEstrides.  ins.— Tribu  de 


l'ordre  des  Diptères,  famille  des  Athéricères, 
établie  par  Latreille  et  comprenant  l'ancien 
genre  OEstrus  de  Linné.  Latreille,  et  d'après 
lui  M.  Macquart  (  Diptères  des  Suites  à  Buf~ 
fon  de  Roret,  1835),  caractérise  ainsi  ces 
Insectes  :  Corps  ordinairement  velu;  trompe 
tantôt  nulle  ou  cachée  dans  la  cavité  buccale 
qui  semble  parfois  fermée,  tantôt  rudimen- 
taire,  et  alors  la  bouche  est  légèrement  fen- 
due ;  palpes  tantôt  distincts,  tantôt  nuls; 
antennes  courtes  ,  insérées  dans  une  cavité 
de  la  face  ;  troisième  article  ordinairement 
globuleux  ;  style  habituellement  dorsal , 
épais  à  sa  face;  abdomen  ovale;  cuillerons 
grands;  ailes  souvent  écartées,  présentant 
trois  cellules  postérieures  :  la  première  sou- 
vent fermée,  quelquefois  entr'ouverte,  quel- 
quefois même  très  ouverte.  A  ces  caractères, 
ajoutons  qu'à  l'état  parfait  ces  Insectes  ont 
le  port  de  la  Mouche  domestique  :  leur  corps 
est  velu  et  coloré  par  bandes ,  à  la  manière 
de  celui  des  Bourdons;  leurs  antennes  sont 
terminées  en  palettes  lenticulaires,  portant 
chacune  sur  le  dos  et  près  de  son  origine 
une  soie  simple;  les  tarses  sont  terminés  par 
deux  crochets  et  deux  pelotes. 

La  tribu  des  OEstrides,  l'une  des  plus  re- 
marquables entre  les  Diptères  par  son  orga- 
nisation et  ses  mœurs,  n'a  pas  de  place  bien 
déterminée  dans  l'ordre  naturel.  Si  le  fa- 
ciès indique  le  voisinage  des  Syrphies  ,  si 
la  grandeur  des  cuillerons  la  rapproche  des 
Muscides  supérieurs  ,  le  peu  de  développe- 
ment des  antennes,  et  surtout  de  la  trompe, 
entièrement  nulle  dans  quelques  genres,  la 
rejette  dans  les  derniers  rangs  des  Muscides. 
Toutefois  les  principaux  entomologistes  ,  et 
en  particulier  Latreille  et  M.  Macquart ,  la 
placent  entre  les  Syrphies  et  les  Muscides , 
en  se  basant  sur  ce  que  des  anomalies  assez 
fréquentes  de  la  trompe  des  Diptères  s'op- 
posent à  ce  que  cet  organe ,  tout  important 
qu'il  est ,  soit  toujours  regardé  comme  un 
caractère  essentiel. 

On  trouve  rarement  ces  Insectes  dans 
leur  état  parfait;  et  le  temps  de  leur  appa- 
rition ,  ainsi  que  les  lieux  qu'ils  habitent, 
sont  très  bornés.  Comme  les  femelles  dé- 
posent leurs  œufs  sur  le  corps  de  plusieurs 
Ruminants ,  c'est  dans  les  bois  et  les  pâtu- 
rages fréquentés  par  ces  animaux  qu'il  faut 
les  chercher.  Chaque  espèce  d'OEstre  est  or- 
dinairement parasite  d'une  même  espèce  do 


OEST 

Mammifère,  et  choisit  pour  placer  ses  œufs 
la  partie  du  corps  qui  peut  seule  convenir  à 
ses  larves,  soit  qu'elles  doivent  y  rester,  soit 
qu'elles  doivent  passer  de  là  dans  l'endroit 
favorable  à  leur  développement.  Le  Bœuf, 
le  Cheval ,  l'Ane,  le  Renne  ,  le  Cerf,  l'Anti- 
lope ,  le  Chameau ,  le  Mouton  et  le  Lièvre, 
sont  jusqu'ici  les  seuls  Mammifères  connus 
sujets  à  recevoir  des  larves  d'OEstres.  Tou- 
tefois, il  paraîtrait  quedes  larves  d'une  espèce 
particulière  de  ce  genre,  nommée  OEslrus 
hominis,  attaqueraient  l'Homme  lui-même  ; 
mais  malgré  les  recherches  de  plusieurs  na- 
turalistes, ce  fait  n'est  pas  encore  démontré 
d'une  manière  tout -à-fait  certaine.  Un 
grand  nombre  de  personnes  se  sont  occupées 
de  ce  sujet  important ,  principalement 
MM.  Say,  Howsley ,  de  Humboldt,  Roulin  , 
Guérin-Méneville,  Justin  Goudot,  et  sur- 
tout M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  qui, 
dans  un  rapport  présenté  en  1838  à  l'Ins- 
titut de  France ,  a  résumé  d'une  manière 
complète  tout  ce  qui  avait  été  publié  sur  ce 
sujet,  et  qui  conclut  que  quoiqu'on  n'ait 
fait  aucune  observation  qui  vienne  démon- 
trer, d'une  manière  directe,  la  présence  de 
larves  d'OEstres  dans  l'Homme ,  on  ne  peut 
cependant  pas,  sans  outrer  le  scepticisme  , 
se  reruser  à  admettre  l'existence  d'OEstres 
cutanés  dans  l'Homme.  Enfin  ,  tout  récem- 
ment ,  M.  Joly  a  lu  un  travail  important  à 
ce  sujet  à  l'Académie  des  sciences  (septem- 
bre 1846);  mais  ce  mémoire  n'étant  pas 
encore  publié,  nous  ne  pouvons  en  par- 
ler ici. 

Les  animaux  craignent  beaucoup  l'OEstre 
lorsqu'il  cherche  à  faire  sa  ponte.  Le  séjour 
des  larves  est  de  trois  sortes ,  qu'on  peut 
distinguer  par  les  dénominations  de  cuti- 
coles,  cavicoles  et  gastricoles,  suivant  qu'el- 
les vivent  dans  les  tumeurs  ou  bosses  for- 
mées sous  la  peau,  dans  quelques  parties  de 
l'intérieur  de  la  tête,  ou  dans  l'estomac  de 
l'animal  destiné  à  les  nourrir.  Les  œufs 
d'où  sortent  les  premières  sont  placés  par  la 
mère  sous  la  peau  qu'elle  a  percée  avec  une 
tarière  écailleuse ,  composée  de  quatre  seg- 
i  ments  rentrant  l'un  dans  l'autre,  armée  au 
bout  de  trois  robustes  crochets  et  de  deux  au- 
tres pièces.  Les  œufs  des  autres  espèces  sont 
simplement  déposés  et  collés  sur  quelques 
parties  de  la  peau,  soit  voisines  des  cavités 
naturelles  et  intérieures  où  les  larves  doivent 


OEST 


763 


pénétrer  et  s'établir,  soit  sujettes  à  être  lé- 
chées par  l'animal  afin  que  les  larves  soient 
transportées  avec  la  langue  dans  la  bouche, 
et  qu'elles  gagnent  de  là  le  lieu  qui  leur 
est  propre.  C'est  ainsi  que  la  femelle  de 
l'OEstre  du  Mouton  place  ses  œufs  sur  le 
bord  interne  des  narines  de  cet  animal,  qui 
s'agite  alors  ,  frappe  la  terre  avec  ses  pieds, 
et  fuit  la  tête  baissée  ;  la  larve  s'insinue 
dans  les  sinus  maxillaires  et  frontaux,  et  se 
fixe  à  la  membrane  interne  qui  les  tapisse  au 
moyen  de  deux  forts  crochets  dont  la  bouche 
est  armée  :  nous  avons  dit  que  c'était  au 
moyen  de  la  langue  du  cheval  que  VOEstrus 
equi  faisait  parvenir  les  larves  dans  son  es- 
tomac; il  en  est  de  même  de  YOE.  hœmor- 
rhoidalis.  C'est  généralement  autour  du  py- 
lore que  l'on  trouve  ces  larves  parfois  en 
grand  nombre,  et  ce  n'est  que  rarement  que 
l'on  en  rencontre  dans  les  intestins. 

Chez  les  OEstres,  l'accouplement  se  fait 
comme  chez  la  plupart  des  Diptères ,  et 
M.  Joly  a  vu  que  la  femelle  reçoit  le  mâle , 
et  n'est  pas  au  contraire  reçue  par  lui,  ainsi 
qu'on  l'avait  prétendu.  Toutes  les  espèces 
doivent  être  ovipares  ,  quoique  le  contraire 
ait  été  dit  :  M.  Joly  a  fait  des  observations 
à  ce  sujet  sur  l'OEstre  du  Cheval  ;  il  a  re- 
cueilli des  œufs  qu'il  a  placés  avec  soin  dans 
un  bocal,  et  il  a  vu  naître  de  jeunes  larves. 
Quant  à  la  forme  des  larves ,  nous  ne  la 
décrirons  pas  ici,  toutes  celles  des  OEstrides 
se  ressemblant  beaucoup  ,  et  ayant  déjà  dit 
quelques  mots  de  celles  des  OEstres  propre- 
ment dites  à  l'article  oestre  ,  auquel  nous 
renvoyons.  C'est  ordinairement  en  juin  et 
juillet  que  les  métamorphoses  s'opèrent  :  les 
larves  parvenues  à  toute  leur  croissance  sont 
rejetées  à  l'extérieur  par  l'anus  des  animaux 
qui  les  ont  nourries;  elles  se  transforment 
en  terre  en  chrysalides,  restent  quelque 
temps  dans  cet  état,  puis  se  métamorphosent 
enfin  en  Insecte  parfait. 

L'anatomio  des  OEstrides  est  encore  assez 
peu  avancée  ,  et  nous  nous  bornerons  à  ci- 
ter à  ce  sujet  quelques  passages  du  travail 
de  M.  Joly.  Quoique  ces  Insectes  aient  été 
quelquefois  désignées  sous  le  nom  d'As- 
tomes  (à,  privatif;  aré^a  ,  bouche),  il 
existe,  au  moins  dans  un  assez  grand  nom- 
bre d'espèces  à  l'état  adulte,  une  ouverture 
buccale  le  plus  souvent  accompagnée  de  deux 
palpes  rudimentaires.  Le  canal  intestinal  est 


764 


OEST 


muni  d'appendices  tout-à-fait  analogues  à 
ceux  dont  sont  pourvus  la  plupart  des  In- 
sectes. Les  organes  respiratoires,  le  système 
nerveux  et  l'appareil  de  la  génération,  sont 
également  construits  d'après  le  type  le  plus 
commun  chez  les  Diptères.  L'organisation 
des  OEstrides  à  l'état  de  larve  offre  égale- 
ment une  assez  grande  ressemblance  avec 
celle  de  certaines  larves  appartenant  aux 
Diptères.  Indépendamment  des  mandibules 
ou  crochets  dont  la  bouche  est  armée  dans 
VOEstrus  equi ,  il  y  a  deux  maxilles  très 
petites,  que  l'on  ne  voit  pas  dans  les  Cépha- 
lémyies  et  Hypodermes.  Dans  les  divers 
groupes,  les  organes  digestifs  offrent  entre 
eux  beaucoup  de  ressemblance.  L'appareil 
respiratoire  est  très  compliqué,  et  c'est  dans 
les  OEstrus  qu'il  a  acquis  son  maximum  de 
perfectionnement.  Ces  Insectes  peuvent  res- 
ter longtemps  sans  respirer  :  plongés  dans 
divers  liquides  (tels  que  l'alcool ,  l'huile 
d'olive ,  l'huile  de  ricin  ),  les  larves  d'GEs- 
trus  equi  et  de  Cephalemyia  ovis  peuvent 
vivre  plusieurs  jours  et  même  plusieurs  se- 
maines ,  tandis  que  des  larves  d'autres  Di- 
ptères périraient  presque  instantanément. 

Un  grand  nombre  de  zoologistes  se  sont 
occupés  des  OEstrides  ;  nous  citerons  prin- 
cipalement les  travaux  de  Réaumur  et  de 
Degéer  (Histoire  des  Insectes);  la  Monogra- 
phie des  OEstrides  de  Clarck,  publiée  en  1 825 
dans  les  Transactions  de  la  Société  linnéenne 
de  Londres,  et  depuis  traduite  en  français  ; 
les  notices  de  Latreille,  dans  le  Dictionnaire 
d'histoire  naturelle  de  Déterville ,  dans  le 
Règne  animal  de  G.  Cuvier  ;  les  travaux  de 
M.  Macquart  (  Diptères  des  Suites  à  Buffon 
de  Roret ,  1835  )  ;  un  mémoire  de  M.  Joly 
intitulé  :  Recherches  zoologiques,  anatomi- 
ques  et  physiologiques  sur  les  OEstrides  en 
général ,  et  particulièrement  sur  les  OEstres 
qui  attaquent  l'Homme,  le  Cheval,  le  Bœuf  et 
le  Mouton,  qui,  malheureusement,  n'est  pas 
encore  publié,  et  n'est  connu  que  par  un 
extrait  que  l'auteur  en  a  donné  dans  le  nu- 
méro du  7  septembre  1846  des  Comptes- 
rendus  de  V  Académie  des  sciences,  etc. 

La  tribu  des  OEstrides  comprend  aujour- 
d'hui un  assez  grand  nombre  d'espèces; 
aussi  n'a-t-on  pas  pu  se  borner  à  n'y  for- 
mer, comme  le  faisait  Linné,  qu'un  seul 
genre.  On  en  admet  en  général  sept,  et  nous 
allons  les  indiquer  en  suivant  la  classifica- 


OGC 

tion  donnée  par  M.  Macquart  (loco   ct- 
lato). 

A.  Une  cavité  buccale  distincte. 

B.  Style  des  antennes  plumeux  (  larves 
cuticolcs). 

Genre  I. — Cutérèbre. 
BB.  Style  des  antennes  nu. 
G.  Point  de  palpes  ni  de  trompe  (larves 
cuticoles). 

Genre  IL  —  Hypoderme. 
CC.  Des  palpes. 

D.  Point  de  trompe  distincte  (  larves  cu- 
ticoles ). 

Genre  III.  —  OEdémagène. 

DD.  Une  trompe  distincte  (larves  cavi- 

coles  ). 

Genre  IV. — Cépbénémyie. 
AA.  Une  cavité  buccale  peu  apparente. 

E.  Ailes  écartées;  cuillerons  grands. 

F.  Deux  cellules  postérieures  aux  ailes 
(larves  cavicoles). 

Genre  V. — Céphalémyie. 
FF.  Quatre  cellules  postérieures  aux  ailes. 

Genre  VI.  —  Colax. 
EE.  Ailes  couchées  ;    cuillerons  médio- 
cres (larves  gastricoles). 

Genre  VII.  —  OEstre. 
En  terminant,  nous  renvoyons  le  lecteur 
à  tous  les  mots  génériques  que  nous  venons 
de    citer ,    et  particulièrement  à  l'article 

OESTRE.  (E.    DESMAREST.) 

OETHRA.  crust.  —  Voy.  jethre. 

OETITE.  min.  —  Voy.  pierre  d'aigle. 

OEUF.  zool.  —  Voy.  ovologie. 

OFFRAYE.  ois.  —  Espèce  de  Balbuzard. 
Voy.  ce  mot. 

*OFFULA.  arach.  —  Sous  ce  nom  est 
désigné  par  M,  Heyden ,  dans  le  journal 
VIsis,  une  nouvelle  coupe  générique  dont 
les  caractères  n'ont  pas  encore  été  publiés. 
Je  crois  que  c'est  au  genre  Sarcoptes  que 
cette  division  générique  doit  être  rapportée. 
Voy.  sarcoptes.  (H-  L.) 

OFTIA,  Adans.  bot.  ph.— Syn.  de  Spiel- 
mannia. 

*OGCEROSTYLUS ,  Cass.  (in  Dict.  se. 
nal.,  XXIII,  513).  bot.  ph.  —  Syn.  de  Sly- 
loncerus,  Labillard. 

*OGCODERES  (  oyxoç ,  grosseur  ;  Sép-n , 


OGO 


OGY 


65 


cou),  ins.  —  Genre  de  ColéDptères  tétramè- 
res,  famille  des  Xylophages,  tribu  des  Lyc- 
tides,  formé  par  Dejean  (Catalogue,  3e  éd., 
p.  337)  avec  deux  espèces  américaines,  les 
0.  asperatus  Dej.  et  lobatus  Lat.  La  pre- 
mière est  des  environs  de  Carthagène  (Nou- 
velle-Grenade), et  la  seconde  se  trouve  à 
Cayenne,  (C.) 

*OGCODES  (oyxwSns ,  tuméfié),  ins.  — 
Genre  de  Tordre  des  Diptères  brachocères  , 
famille  des  Tanystomes  ,  tribu  des  Vésicu- 
leux  ,  établi  par  Latreille  et  adopté  par 
M.  Macquart  (Diptères,  Suites  à  Buffon, 
t.  I ,  p.  368  ).  Ce  dernier  auteur  en  décrit 
3  espèces  :  Og.  gibbosus  Latr.  (Henops  id. 
Fab.  ,  Henops  leucomelas  Fall.  ,  Musca  gib- 
bosa  Linn.  ),  d'Europe;  Og.  rnarginatus 
(  Henops  id.  Meig.  ,  Henops  gibbosus  Fall.) , 
de  France  et  d'Allemagne  ;  Og.  varius  Latr., 
des  environs  de  Paris.  (L.) 

*OGCODOCERA  (byx^,  gonflé  ;  «fcocç, 
antenne),  ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Di- 
ptères brachocères ,  tribu  des  Bombyliens, 
établi  par  M.  Macquart  (Dipt.  exot. ,  t.  II , 
lre  partie,  p.  83),  qui  n'y  rapporte  qu'une 
seule  espèce  ,  Og.  dimidiata ,  originaire  de 
l'Amérique  septentrionale.  (L.) 

OGIERA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées,  tribu  des  Sénécioni- 
dées,  établi  par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat., 
XXXV,  445;  XLIII,  371).  Herbes  de  l'A- 
mérique tropicale.  Voy.  composées.  — 
Ogiera,  Spreng.  (Syst.,  III,  674),  syn. 
d'Euxemia,  Cham. 

OGLIFA  (anagramme  de  Filago).  bot. 
ph.  — Genre  de  la  famille  des  Composées, 
tribu  des  Inulées,  établi  par  De  Candolle 
(Prodr.,  VI,  248)  aux  dépens  des  Filago. 
L'espèce  principale  est  le  Filago  arven- 
sis  L. 

OGNON.  bot.  ph.  —Nom  vulgaire  d'une 
espèce  d'Ail ,  VAllium  cepa  L. 
On  a  aussi  appelé  : 

Ognon  de  Loup,  une  variété  de  Potiron  ; 
Ognon  marin  ,  le  Scilla  maritima; 
Ognon  musqué,  le  Muscari  ; 
Ognon  sauvage,  VHyacinthus  comosus,  etc. 
OGNON  BLANC,  moll.  —  Nom  vulgaire 
et  marchand  de  V Hélix  gigantea. 

OGNONNET.  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
d'une  variété  de  Poires. 

OGOTON.  mam.  —  Ce  nom  et  ceux  de 
Ogotow  et  Ochodone,  ont  été  appliqués  à 


une  espèce  de  Rongeur  du  genre  Pika.  Voy, 
ce  mot.  (E.  D.) 

*OGYDROMITE.  Ogydromites.  crust.— 
Sous  ce  nom  est  désigné,  par  M.  Milne  Ed- 
wards ,  dans  le  tome  V  de  V Histoire  natu- 
relle des  animaux  vertébrés,  par  Lamarck, 
un  genre  de  Crustacés  de  l'ordre  des  Déca- 
podes anomoures,  de  la  famille  des  Aptéru- 
res,  et  qui  paraît  se  rapprocher  plus  des  Dy- 
namènes  {voy.  ce  mot)  que  des  autres  Déca- 
podes, mais  s'en  distingue  par  des  particula- 
rités dans  la  disposition  des  régions  de  la 
carapace ,  des  orbites.  Ce  Crustacé ,  dont 
l'espèce  n'a  pas  encore  reçu  de  nom,  a  été 
rencontré  à  l'état  fossile,  dans  le  terrain 
jurassique ,  aux  environs  de  Terdru ,  par 
M.  Moreau.  (H.  L.) 

*OGYGES.  annél.  —  Genre  non  décrit 
d'Annélides  chétopodes  dans  Rafinesque 
(  Analyse  de  la  nature).  (P.  G.) 

OGYGIA  (nom  mythologique),  crust.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Trilobites,  de  la  famille 
des  Ogygiens,  établi  par  M.  Al.  Brongniart,  et 
dont  les  espèces  qui  le  composent  semblent 
établir  un  passage  entre  les  Asaphes  et  les 
Trinucules  {voy.  ces  mots).  Elles  ont  le  corps 
elliptique,  mais  très  plat,  et  elles  ne  parais- 
sent pas  avoir  la  faculté  de  se  rouler  en 
boule,  comme  les  genres  Asaphus  et  Trinu- 
culus.  La  tête  est  grande  et  se  prolonge  en 
arrière  de  chaque  côté  du  thorax  :  on  y  dis- 
tingue un  lobe  médian,  qui  n'en  occupe  que 
les  deux  tiers  postérieurs;  deux  éminences 
oculiformes,  lisses,  situées  sur  la  partie  in- 
terne et  postérieure  des  joues,   des  lignes 
jugales;  enfin,  une  portion  marginale  très 
large,  qui  présente   en   avant  une  petite 
crête  médiane,  et  se  prolonge  postérieure- 
ment sous  la  forme  de  cornes.  Le  thorax  ne 
se  compose  que  de  huit  ou  dix   anneaux, 
dont  le  lobe  médian  est  petit,  et  dont  les 
pièces  latérales  se  recouvrent  en  arrière  vers 
le  bout.  Quelquefois  ,  ces    lobes    latéraux 
sont  divisés  chacun  en  deux  portions,  par 
une  petite  crête  dirigée  d'avant  en  arrière, 
de  manière  à  rendre  le  tronc  de  l'animal 
quinquélobé,  ou  à  simuler  de  chaque  côté  du 
thorax  une  rangée  de  pattes  lamelleuses. 
Enfin,  l'abdomen  est  très  développé,  sub- 
scutiforme,  et  composé  en  général  de  plu- 
sieurs anneaux  bien  distincts;  son  lobe  mé- 
dian n'occupe  qu'environ  les  deux  tiers  an- 
térieurs de    sa  longueur,  et   souvent   les 


766 


OIA 


OID 


lobes  latéraux  paraissent  être  garnis  en  de- 
hors d'une  bordure  membraneuse.  On  con- 
naît trois  espèces  de  ce  genre ,  dont  l'O- 
cygie  de  Guettard,  Ogygia  Guettardii 
Brongn.  (Crust.  foss.,  p.  28,  pi.  3,  fig.  1), 
est  le  type.  Cette  espèce  a  été  rencontrée 
dans   les  Schistes  ardoisiers  d'Angers. 

.     (H.  L.) 

*OGYGIENS.  Ogygii.  crust.  —  Sous  ce 
nom  est  désignée  ,  par  M.  Milne  Edwards , 
une  famille  de  l'ordre  des  Trilobites,  dont 
les  caractères  peuvent  être  ainsi  formulés: 
Corps  très  aplati  et  ne  paraissant  pas  sus- 
ceptible de  se  rouler  en  boule.  Abdomen  en 
général  très  petit.  Yeux  très  rarement 
granulés,  et  souvent  peu  ou  point  distincts. 
Les  genres  qui  composent  cette  famille  sont 
au  nombre  de  six  ,  et  désignés  sous  les 
noms  de  Pleuracantha,  Trinuculus,  Ogijgia, 
Olarion,  Paradoxides  et  Peltoura.  (H.  L.) 

*0  HIGGINSIA ,  Ruiz  et  Pav.  {Flor.  pé- 
ruv.,  I,  55,  t.  85,  fig.  a,  b).  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Higginsia,  Persoon. 

*OHLENDORFIA,  Lehmann  Kmdexsem. 
Hort.  Hamburg ,  1835).  eot.  ph.  — Syn. 
à'Aptosimum,  Burch. 

*OIACOPODA  (  ofa£,  gouvernail  ;  ^ouç, 
pied),  rept. — Nom  des  Tortues  de  mer  (Ché- 
lonées  et  Sphargis)  dans  Wagler.      (P.  G.) 


*OIACURUS  (  o?a?  ,  gouvernail  ;  olpd , 
queue),  rept.  — .Genre  de  Geckos  ainsi  dé- 
nommé par  M.  Gray.  (P.  G.) 

OICEOPTOMA  (oîxew,  j'habite  ;  mS^a, 
cadavre),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Clavicorncs;  tribu  des 
Silphales,  créé  par  Leach  et  adopté  par  Hope 
(Coleoplerisfs  manual,  t.  III,  1840,  p.  150). 
Deux  espèces  sont  rapportées  au  genre  :  les 
0.  thoracicum  Linn.,  et  tetraspilotum  Hope. 
La  première  est  propre  à  l'Europe»  et  la  se- 
conde aux  Indes  orientales  (Poona).      (C.) 

OIDEMIA,  Temminck.  ois.  —  Syn.  latia 
du  g.  Macreuse.  (Z.  G.) 

OIDES,  Weber.  ins.  —  Syn.  dMrîo- 
rium,  F.  (C.) 

*OIDIÉS.  Oidiœ.  bot.  cr.— Tribu  établie 
par  M.  Léveillé  dans  la  section  des  Hormi- 
scinés,  division  des  Arthrosporés  ,  famille 
des  Champignons.  Voy.  mycologie. 

OÏDIUM,  bot.  cr.  —  Genre  établi  par 
Link  (in  Berl.  Magaz.,  III,  18)  pour  de  pe- 
tits Champignons  qui  croissent  sur  les  plan- 
tes mortes  ou  les  bois  pourris.  Ces  Mucédi- 
nées  présentent  des  filaments  simples  ou  ra- 
meux  très  fins,  transparents,  réunis  par 
touffes  ,  légèrement  entre-croisés ,  cloison- 
nés, et  dont  les  articles  finissent  par  se  sé- 
parer et  former  autant  de  sporules.        _i 


FIN   DU  HUITIEME  VOLUME. 


La  BlbLLoth&qvLZ 
Université  d'Ottawa 
Echéance 


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Uni  vers ity  of  Ottawa 
Date  Due 


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